Le refus de soins

Transcription

Le refus de soins
Le refus de soins
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Un principe
Le refus de soins
• Le refus doit toujours et d’abord être considéré comme un
acte de liberté individuelle : la personne est sujet et non
objet de soins
– Il peut être le moyen ultime d’expression de son existence (conflit
affectif, conditions de vie jugées inacceptables, stress, difficulté, etc.)
– Face à un refus de soin, la préoccupation prioritaire est le confort de
la personne (confort physique, confort psychologique)
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Caractéristiques générales
Le refus de soins
• Le refus de soins est fréquent en cas de maladie d’Alzheimer
– Il peut être explicite, exprimé verbalement
– Il peut être implicite, exprimé par des comportements d’opposition,
d’agitation, de cris, d’agressivité, etc.
– Il peut s’exprimer ponctuellement ou de façon répétée
• Le refus peut concerner n’importe lequel des soins
prodigués à la personne
– Les soins médicaux : traitements, actes médicaux et/ou chirurgicaux,
hospitalisation, etc.
– Les soins en rapport avec la perte d’autonomie : hygiène,
alimentation, etc.
• Les conséquences d’un refus sont très variables
– Certaines peuvent être rapidement très graves pour la personne,
d’autres n’avoir aucun impact sur sa qualité de vie
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La démarche d’analyse du refus
Le refus de soins
• Vérifier que la personne a compris ce qui lui est proposé et
donc ce qu’elle refuse
• Rechercher une cause organique (douleur, inconfort,
infection, etc.), une dépression, des facteurs socioenvironnementaux
• Rechercher la signification du refus à la lumière d’éléments
de l’histoire de vie de la personne, avec l’aide de ses proches
• Engager une réflexion éthique en équipe pluridisciplinaire,
notamment si le refus est réitéré
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Le soin proposé est-il indispensable ?
Est-il proposé au bon moment ?
Quelles sont les conséquences de ce refus ?
Comment accompagner le refus ?
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La décision
Le refus de soins
• La décision face au refus de soins est prise après une
réflexion éthique dans le contexte du plan de soins et de vie
personnalisé
• Elle est partagée et respectée par l’ensemble de l’équipe
• Elle est remise en question régulièrement, et devant tout
changement de situation de la personne
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Le soignant face au refus (1)
Le refus de soins
• Ne jamais chercher à résoudre seul un problème de refus de
soins et en parler systématiquement en équipe
• Ne pas considérer le refus comme une atteinte personnelle
ou professionnelle
– Le refus de soins met le soignant en échec : en refusant, la personne
ne le laisse pas accomplir sa mission
• Ne pas baisser les bras ni abandonner la personne
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Le soignant face au refus (2)
Le refus de soins
• À faire
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Être doux, rester calme et adapter son comportement
Essayer de décaler les soins autant que possible
Être à l’écoute et prendre le temps de connaître la raison du refus
Solliciter l’aide de la personne, privilégier l’autonomie
Demander à un autre membre du personnel d’assurer le soin
Négocier afin d’assurer les soins prioritaires
• À ne pas faire
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–
–
Infantiliser
Faire la morale à la personne
Parler de façon autoritaire
Forcer la personne
Utiliser des moyens de contention
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Situations pratiques
Le refus de soins
• La personne refuse la toilette
• La personne refuse de manger
• La personne refuse un soin médical
!
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La personne refuse la toilette (1)
Le refus de soins
• La toilette est un acte social, culturel, dépendant des
représentations de chacun du propre et du sale
• Elle est un acte symbolique car pour l’entourage et les
soignants, l’hygiène et l’apparence sont les premiers critères
de la qualité des soins, car les plus visibles
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La personne refuse la toilette (2)
Le refus de soins
• La démarche d’analyse du refus
– Rechercher une cause
• Causes organiques : douleur, etc.
• Causes psychiatriques : dépression, syndrome de glissement
• Facteurs socio-environnementaux : stress au moment de la toilette,
modalités, horaires, non respect de l’intimité de la personne, etc.
– Tenter de comprendre la signification du refus dans le contexte de
l’histoire de vie de la personne, avec l’aide de ses proches (habitudes
antérieures, peur de l’eau, etc.)
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La personne refuse la toilette (3)
Le refus de soins
• La prise en charge
– Traiter une cause curable éventuelle, en particulier une douleur à la
mobilisation
– Corriger dans la mesure du possible les facteurs environnementaux
• S’assurer du respect de l’intimité de la personne
• Prendre le temps d’installer une relation de confiance, dans le calme : parler à la
personne avant de la toucher, lui expliquer ce qui va se passer, la laisser faire le plus
possible, ne pas commencer par le visage, etc.
• Proposer différentes modalités pour la toilette (douche, lavabo, baignoire, au lit,
etc.)
• Proposer la toilette à un autre moment
• Tenter d’enlever ou de couvrir le miroir
• S’assurer que la température ambiante et la température de l’eau sont adaptées
– Réflexion en équipe pluridisciplinaire
• Est-il nécessaire de proposer une toilette quotidienne ?
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La personne refuse de manger (1)
Le refus de soins
• Le refus alimentaire est une urgence et doit immédiatement
provoquer une réflexion pluridisciplinaire
– La personne âgée supporte mal la dette nutritionnelle (risque
d’évolution rapide vers un état grabataire, risque d’escarre, de
surinfection, etc.)
• Il est particulièrement anxiogène pour les soignants, la
famille, l’entourage
– Valeur symbolique très forte de l’alimentation
– Mise en échec du soignant
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La personne refuse de manger (2)
Le refus de soins
• La démarche d’analyse du refus alimentaire
– Le distinguer d’une anorexie avec perte d’appétit
– Rechercher une cause
• Causes organiques : troubles de la déglutition, douleur, traitement
médicamenteux anorexigène, apraxie bucco-pharyngée, mycose,
problèmes dentaires, etc.
• Causes psychiatriques : dépression, syndrome de glissement
• Facteurs socio-environnementaux : stress au moment du repas,
mauvaises relations avec les voisins de table, mauvaise qualité des repas,
etc.
– Tenter de comprendre la signification du refus
Chez les personnes atteintes d’une pathologie démentielle, il est souvent difficile de
distinguer les facteurs neurologiques, psychologiques et environnementaux
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La personne refuse de manger (3)
Le refus de soins
• La prise en charge (1)
– Traiter une cause curable éventuelle
– Corriger dans la mesure du possible les facteurs environnementaux
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•
Les conditions du repas conviennent-elles à la personne ?
Les relations avec ses voisins de table sont-elles bonnes ?
Son intimité est-elle respectée ?
Le temps consacré au repas est-il suffisant ?
La personne se sent-elle sous pression au moment des repas ?
Reçoit-elle les aides humaines et/ou techniques dont elle a besoin ?
La qualité des repas est-elle suffisante ?
La texture des aliments est-elle adaptée ?
Si des médicaments sont écrasés dans les plats, ne les rendent-ils pas
immangeables ?
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La personne refuse de manger (4)
Le refus de soins
• La prise en charge (2)
– La décision, après réflexion pluridisciplinaire tient compte de la loi et
s’appuie sur des repères éthiques (droit au refus, recherche de
l’expression de la volonté de la personne, rapport bénéfices/risques,
etc.)
– La prise en charge peut aller du respect de la volonté et de la liberté
de la personne jusqu’à une attitude nutritionnelle active
• Les risques sont d’un côté l’abandon de la personne, de l’autre la
contrainte « pour son bien » mais à quel prix…
– Par exemple, une alimentation par sonde nécessite, en cas de refus, une
contention. Le bénéfice de ce mode d’alimentation devient alors illusoire
– L’arrêt de l’alimentation ne signifie pas l’arrêt des soins
• Les soins de confort sont privilégiés : traitement de la douleur, traitement
des troubles digestifs, etc.
• Une attention particulière est portée aux soins de bouche, même si la
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personne ne s’alimente plus
La personne refuse un soin médical
Le refus de soins
• Des exemples pratiques
– La personne arrache sa perfusion alors qu’elle est très déshydratée
– La personne refuse d’avaler ses comprimés
– La personne refuse d’aller en consultation externe ou de se faire
hospitaliser
• Démarche d’analyse du trouble
– Rechercher une cause
• Causes organiques : douleur, inconfort
• Causes psychiatriques : dépression, syndrome de glissement
– Tenter de comprendre la signification du refus dans le contexte de
l’histoire de vie passée et présente de la personne
• Deuils récents, conflits familiaux, etc.
• Conflits avec d’autres résidents, avec des soignants, etc.
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La personne refuse ses traitements
Le refus de soins
• Prise en charge
– Prise de décision après réflexion éthique en équipe pluridisciplinaire
• Évaluer le rapport bénéfice/risque pour la personne du refus lui-même et
de ses conséquences, notamment sur sa qualité de vie
• Évaluer également le rapport bénéfice/risque des solutions envisagées
• Le refus de soin met-il rapidement la personne en danger ?
• Le soin refusé est-il indispensable (médicament, examen complémentaire,
perfusion, sonde, etc.) ?
• Prise en compte de la volonté de la personne, éventuellement par le biais
de ses directives anticipées, des proches, de la personne de confiance, du
mandataire, etc. (loi 2005-370 du 22 avril 2005)
– Toute décision concernant les soins médicaux est finalement prise
par le médecin traitant en concertation avec le médecin
coordonnateur
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