Quand le corps présidentiel représente

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Quand le corps présidentiel représente
« Congrès AFSP Aix 2015 »
ST GRePo/ Au‐‐delà du mandat : pour une approche globale de la
représentation politique
Fred Jérémie MEDOU NGOA
Université de Douala
[email protected]
Quand le corps présidentiel représente : analyse de la garantie symbolique de
l’ordre politique et de la nation
Résumé :
Cette étude montre que le corps présidentiel représente. Une double articulation est
retenue pour en rendre compte. D’une part, il apparaît que la protection de l’ordre
politique et de la nation est tributaire de la garantie sécuritaire du corps présidentiel.
Et ladite protection est une condition fondamentale de la régularité de la
représentation politique. En témoignent dans le cas d’espèce et à titre d’illustration les
cas américain, rwandais et ivoirien. Par ailleurs, il y a ou il y aurait une fragilité
notable de ladite représentation par celle du corps présidentiel, d’un point de vue
clinique. D’autre part, la lecture de la représentation se fait à l’aune de la mise en
scène du corps présidentiel, et en exergue de son abri officiel. Dès lors, sont
convoquées, la question de l’entretien de la mémoire collective, celle de la mise en
scène du corps présidentiel et de la construction de son image. De plus, l’articulation
entre corps et palais présidentiel permet de donner sens à ce que le ‘‘palais de
l’Unité’’ veut dire, du point de vue de la représentation politique, en prenant
notamment le Cameroun comme emblème des sociétés plurielles et plurales.
Mots clés : Corps présidentiel, représentation politique, ordre politique, nation,
sécurité.
When the presidential body represents: an analysis of the symbolic guarantee of
political order and the nation
Abstract :
This study shows that the presidential body represents. A double articulation is
adopted to analyse this assertion. On the one hand, it is apparent that the protection of
the political order and the nation is dependent on the security guarantee of the
presidential body. This protection is a fundamental requirement for due political
representation. Evidence of such a situation and as an illustration is the case of
America, Rwanda and Ivory Coast. Furthermore, there is or there would be a
significant fragility of this representation by that of the presidential body from a
clinical point of view. On the other hand, an analysis of representation is done in
terms of the dramatization of the presidential body and with emphasis on his official
residence. Thus, the issue of managing the collective memory and that of the
dramatization of the presidential body and the construction of his image. In addition,
the relationship between the body and the presidential palace makes it possible to give
1
meaning to the term “Unity Palace” from the point of view of political representation,
with Cameroon as a symbol of a composite and plural societies.
Keywords: Presidential body, political representation, political order, nation,
security.
Introduction
Le pouvoir s’adresse aux corps et aux objets (Warnier, 2009). Il est figuré dans
une personne (Mappa, 1998 : 166). Ceci focalise l’élu en tant qu’incarnation du corps
politique (Abélès, 1990 : 145). Dans cet ordre d’idées, Ernst Kantorowicz (1989 : 2524) pense que « le corps naturel et le corps politique ne sont pas distincts mais unis, et
comme un seul corps’’ (…). ‘‘Le corps naturel et le corps politique sont amalgamés
en un seul’’1. C’est qu’en effet, le corps est le réceptacle privilégié de la volonté du
pouvoir (Foucault cité par Sémelin, 2005 : 20). A partir de ces postulats, il devient
assez difficile de parler d’intégration nationale, de garantie de l’ordre politique et
public de façon absolue ou de représentation politique sereine en cas d’insécurité, ou
de mise en insécurité du corps du président de la République, pris indistinctement en
tant que figure éminente de la représentation politique. Comme le relève en outre
Ernst Kantorowicz (1989 : 25) : ‘‘en dépit de l’unicité dogmatique des deux corps,
une séparation entre les deux est possible’’. L’on peut dès lors avancer que le corps
naturel du président de la République, pris indistinctement, peut être envisagé en tant
qu’élément central d’intégration de l’ordre politique, et donc d’intégration nationale à
quelques proportions que ce soient.
En effet, le président de la République incarne au plus haut niveau, pour
paraphraser Marc Abélès (1990 : 118, voir aussi Kantorowicz, 1989 : 27), la
représentation politique. Ainsi, pour Peter Berger et Thomas Luckmann (1996 : 107),
« certains rôles n’ont pas d’autres fonctions que cette représentation symbolique de
l’ordre institutionnel en tant que totalité intégrée ». De ce fait, ‘‘la métaphore
corporelle est notamment de large emploi dans les langages traitant de la société, de
son ordre et de son pouvoir (…). L’analogie permet, à la fois, de proposer une
‘‘description’’ de la société en termes d’organes et de fonctions. Et de définir le
rapport du prince à l’ensemble de ses sujets. Platon, dans la République (liv. II),
comparaît déjà le corps politique au corps humain… Cette analogie exprime, selon le
traitement qui lui est donné, une option politique : soit une version ‘‘absolutiste’’ (la
tête commande et les autres organes sont soumis), soit une interprétation ‘‘libérale’’
(tous les organes sont destinés à coopérer) (voir Balandier, 1985 : 322)2. Ici, la
métaphore croise la réalité (Abélès, 1990 : 156).
Dans cet ordre d’idées, il importe de se poser les questions de savoir, de quelle
manière, et par le biais de quels éléments le corps présidentiel représente ou peut-il
représenter ? Qu’est-ce qui fait la particularité de la garantie symbolique de l’ordre
1
Traitant notamment de l’œuvre d’Ernst Kantorowicz, Loïc Blondiaux, 1989, p. 84, fait bien de
rappeler qu’«… à l’image du Christ, le roi est perçu comme une personne géminée, homme par nature
et Dieu par la grâce. Ce modèle primitif de royauté liturgique va s’effacer très vite pour laisser place à
une royauté centrée sur le droit et sur la justice. Un fait décisif concourt à cette évolution : la
substitution, aux XIIème et XIIIème siècles, de la jurisprudence à la théologie comme source principale
d’inspiration des doctrines du pouvoir politique. Instruits du droit romain renaissant, les juristes vont
procéder au détournement des concepts théologiques au profit de l’empereur puis des Etats territoriaux
séculiers ».
2
In Madeleine Grawitz et Jean Leca, 1985.
2
politique et de la nation sous le prisme du corps du représentant suprême ? Deux
articulations sont privilégiées dans ce travail. D’une part, la protection de la nation par
celle du corps présidentiel, d’autre part la représentation politique par la mise en scène
du corps présidentiel et en exergue de son abri officiel.
1- La protection de la nation par celle du corps présidentiel
Il n’existe pas de pays où la sécurité présidentielle n’est pas une condition
pertinente, sinon indispensable de la régularité de la représentation politique. Ainsi, la
protection de la nation tient grand compte de celle du corps présidentiel. Toutefois,
l’on ne saurait minorer le fait selon lequel la fragilité de la représentation politique
peut être rendue possible par la fragilité des dispositifs, et des mécanismes
sécuritaires, voire par celle du corps présidentiel lui-même.
1-1- Sécurité présidentielle comme condition de la régularité de la représentation
L’intégration de l’ordre politique qui implique celle de ses éléments
sociologiques suppose que le pouvoir présidentiel ‘‘républicain’’, au sens de ‘‘chose
publique’’, soit soumis à la protection la plus éminente, quoique non absolue. Elle
suppose en outre qu’il soit néanmoins sujet aux velléités des acteurs du champ
politique, envisagé notamment comme champ de luttes et de forces. Ceci n’empêche
nullement que la quête du fauteuil présidentiel soit entreprise par des acteurs aux
pensées rationnelles ou stratégiques, bien que non constitutionnelles et démocratiques
au travers des alliances opérées inexorablement entre membres de groupes
sociologiques, ethniques ou politiques particuliers. Les coups d’Etat qui ont réussi ici
et là révèlent que la régularité de la représentation politique rentre en situation de
dysfonction, dès lors que le corps du président de la République est mis en insécurité,
de façon partielle ou définitive. Envisageant la question au sujet du souverain,
Georges Balandier pouvait alors écrire auparavant que :
« Son corps physique exprime l’efficacité des pouvoirs dont il est l’unique
détenteur ; déforcé, il recèle une menace de déforcement général qu’il faut
conjurer, et au point extrême, sa mort – risque majeur pour la collectivité et le
monde auquel celle-ci est liée – doit être escamotée, symboliquement
vaincue » (Balandier, 1985 : 33)3.
De nombreuses illustrations peuvent être évoquées, pour rendre compte de ce
qui précède. Mais retenons à titre d’exemple le fait selon lequel le 22 novembre 1963,
le mandat du président américain John Fitzgerald Kennedy en exercice est
tragiquement interrompu par son assassinat, à Dallas. Le 6 avril 1994, le président
rwandais Habyarimana est tué en compagnie du président burundais Cyprien
3
C’est la raison pour laquelle, comme l’ajoute cet auteur, mais à présent au sujet du roi, la royauté ne
meurt pas. Le détour anthropologique ne conduit pas à cette seule constatation. Il est riche
d’enseignement, même limité à un seul ensemble de civilisations, en l’occurrence celles de l’Afrique
de la tradition. L’analogie corporelle s’y retrouve. Au Cameroun, dans les chefferies bamiléké, un
conseil de notables prééminent détient une fonction principale : il est le dépositaire de la coutume, il
fait les chefs. Composé de neuf membres, il renvoie à un double registre, celui du corps dont il figure
les neuf orifices et celui des conditions du bon fonctionnement social, par un jeu de correspondances :
les deux narines (pouvoir), les deux orbites des yeux (sécurité), la bouche (communication), l’orifice du
sexe (fécondité) et l’orifice anal (service) (Voir Balandier, 1985, p. 33).
3
Ntavyamira, hutu comme lui, lors de l’attaque de son avion. Cet assassinat va
déclencher une vague de massacres à l’encontre des Tutsi ainsi que des Hutu modérés
(entre 500 000 et un million de morts), qualifiée par l’Organisation des Nations unies
(ONU) de génocide. En 2012, le président Mbagbo se retranche dans son bunker
avant d’être délogé lors de l’attaque des forces pro Alassane Ouattara. Des exemples
de ce type ne manquent pas.
Notons, pour ceux sélectionnés ici que l’on a affaire à trois cas parmi bien
d’autres qui ont la particularité de donner à retenir que, aussi bien dans l’espace en
avion, en cortège par voiture, que dans un bunker, les systèmes de sécurité justifient
leur bien fondé par la sacralisation sécuritaire du corps du président de la République
en tant que catégorie essentielle qui permet que soit assurée la régularité de la
représentation politique. Toutefois ils peuvent aussi être défiés ou se révéler
inefficaces, ce qui n’est par conséquent pas sans affaiblir le travail présidentiel, à
quelques proportions que ce soient.
Bien plus, et sous une autre mesure, étant donné que la fête abolit bien une
distance sociale (Bourdon, 1992 : 200), il apparaît que la présence présidentielle au
boulevard du 20 mai lors de la fête de l’unité nationale au Cameroun n’est point un
moment de mise en sécurité absolue de son corps, en dépit du dispositif sécuritaire
mobilisé, et dont une grande partie échappe partiellement aux yeux des citoyens en
fête. C’est qu’en effet, ladite fête comme d’autres, n’est pas qu’un moment de
production exclusive du sentiment national tel qu’on le fête. Si cette dialectique
participe à légitimer le pouvoir suprême aux yeux de tous, elle n’est aussi pas sans
assurer en ces lieux, autant que faire se peut, la garantie maximale de l’ordre public.
De façon incidente, l’hypothèse de la menace ou de l’atteinte à l’intégrité de la vie
présidentielle se convertie ou devient synonyme de menace ou de forclusion de
l’intégration de l’ordre public, et donc de l’exercice assurée et sereine de la
représentation politique.
Le dispositif sécuritaire qui entoure le président de la République, dans sa
résidence ou au moindre déplacement4 ne s’efface donc point devant des prestations
enthousiastes de populations amassées le long de quelques rues. Au contraire, il s’y
produit un éveil du sentiment patriotique, nationaliste ou citoyen, du moins de la part
d’une bonne partie des membres de la société. Pour garantir autant que faire se peut
une représentation politique régulière, la mise en sécurité du corps présidentiel
conditionne donc de façon décisive l’intégration de l’ordre ou du corps politique.
Mais il arrive ou peut arriver aussi que celui-ci soit même utilisé pour des usages
fondamentalement tragiques. Ce qui est de nature à créer du trouble dans les
consciences des uns, et à ouvrir des fenêtres d’opportunités politiques pour d’autres,
même en termes d’expectatives, qui peuvent aussi s’avérer quelquefois illusoires.
En tenant compte de ce qui précède, l’on se rappelle que l’annonce en juin
2004, en tant que fait social, au Cameroun de la rumeur faisant état de la « mort du
président de la République », souhaitée sans aucun doute par ses opposants, et son
caractère non avéré enchantant les autres, a créé un sentiment d’attachement à sa
personne, par quelques Camerounais de plus. Ce qui parfois peut être considéré
4
On peut lire à ce sujet, pour le cas français en l’occurrence, « Nicolas Sarkozy, le plus protégé des exprésidents »:http://elections.lefigaro.fr/presidentielle-2012/2012/06/12/0103920120612ARTFIG00492-nicolas-sarkozy-le-plus-protege-des-ex-presidents.php (consulté le 22 janvier
2015).
4
comme une technique peu ordinaire ou peu courante de sondage, subtile ou fortuit, de
l’opinion publique, voire de construction médiate de sa légitimation par l’exploitation
du drame.
L’attitude des citoyens évoquée tantôt se justifie en tenant compte de la fin de
la dualité corporelle du roi d’Ernst Kantorowitz, c’est-à-dire de la séparation
définitive entre les corps naturel et le corps politique, qui sont envisagés selon l’auteur
précédent comme amalgamés en un seul, celui du roi. Et en envisageant l’hypothèse
de la cessation de vie dans le sens d’Alfred Adler (1982), c’est-à-dire dans le sens où
« la mort serait le masque du roi », l’on comprend qu’elle est suspensive de l’activité
de représentation politique non pas forcément sur un plan proprement symbolique
mais fonctionnel. C’est dans cet ordre d’idées que pour éviter la survenue d’un tel cas
de figure, la sécurité du corps présidentiel dépasse et se doit de dépasser l’usage des
ressources essentiellement naturelles, ou considérées comme telles. Ainsi, l’une des
parties du corps du souverain qui est surnaturelle, immortelle, entièrement dépourvue
de faiblesse doit avoir l’ascendance, sinon doit effacer l’autre (Blondiaux, 1989 : 84).
C’est pourquoi, selon Georges Balandier (1985 : 33), …il devient responsable du
cours de la nature comme du bon état de la société ; en conséquence, chacune de ses
actions doit être réglée afin d’empêcher toute perturbation génératrice de désordre.
A titre d’illustration on peut aussi se rappeler que pendant de nombreuses
années, le colonel Avi Sivan5, retraité de l’armée israélienne et ancien attaché de
défense à l’ambassade d’Israël à Yaoundé, a assuré la formation et le commandement
de la Garde présidentielle (GP), qui bénéficie d’un traitement privilégié par rapport
aux forces de sécurité ordinaires. Par conséquent, le déploiement de la GP autour du
président est toujours impressionnant. Dès lors, quand le Président Paul Biya « sort »,
ce qui signifie en général qu’il se rend en l’occurrence à l’aéroport, ses hommes en
armes sont postés tous les cinquante mètres, sur les immeubles et le bord des routes. Il
en est de même tout le long de l’itinéraire qu’emprunte à toute allure le long cortège
présidentiel constitué de voitures noires aux vitres fumées et de motos (Pigeaud,
2011 : 66). Si ce type de scénario sécuritaire peut s’observer dans le cas d’espèce, il
en est de même dans la plupart des Etats du monde, à quelques différences près pour
les mêmes objectifs tout aussi sécuritaires. D’un point de vue historique, ou plus
lointain, l’on peut également rappeler qu’au Cameroun :
« La Garde républicaine, aujourd’hui dissoute, était un corps tout à fait à part,
doté d’équipements modernes, d’armes variées et sophistiquées qui devaient
lui permettre de remplir ses missions avec la plus grande efficacité. Elle était
responsable de la protection rapprochée du chef de l’Etat et de la sécurité du
palais présidentiel. Elle avait donc été de ce fait, surarmée (…). Les éléments
de la Garde républicaine bénéficiaient au sein des Forces armées de privilèges
exclusifs : solde meilleure, logement, transport, ration, habillement, primes
diverses, avancements plus rapides, etc. Au moment où il quittait le pouvoir, et
en récompense de leurs fidèles et loyaux services, dit-on, Ahmadou Ahidjo fit
distribuer aux éléments de la Garde républicaine trois milliards de F CFA… »
(Voir Bandolo, 1986 : 387).
Une telle attention toute particulière pourrait, dans une large mesure, se
justifier par le fait que la fragilité de la représentation politique peut s’objectiver au
5
Décédé en novembre 2010 dans un accident d’hélicoptère de l’armée survenu entre Douala et
Yaoundé.
5
travers de la manipulation non sécurisante, voire non rassurante des dispositifs
sécuritaires chargés de garantir l’intégrité du corps du président de la République.
L’hypothèse de la fragilité de la représentation par celle des dispositifs sécuritaires, et
donc du corps présidentiel se justifie ici au travers du fait qu’elle souligne le caractère
non absolument fiable des moyens et mécanismes chargés de sécuriser le corps du
représentant le plus en vue de l’ordre politique. Et ce qui est dit des moyens et autres
mécanismes peut l’être aussi des individus assurant la garde rapprochée du Président.
L’hypothèse de la mise en insécurité du corps présidentiel qui est tantôt latente, tantôt
manifeste dans les ordres politiques a fait dire à Ahmadou Ahidjo (Voir Bandolo,
1986), alors premier président de la République du Cameroun, que personne n’est
plus gardé et en insécurité qu’un président de la République, malgré tout le dispositif
sécuritaire qui l’entoure. C’est dire que ce qui fait permanemment sa sécurité est
potentiellement aussi ce qui fait son insécurité.
L’exemple du coup d’Etat manqué du 6 avril 1984 au Cameroun a révélé, et
même confirmé la fragilité de la représentation politique, par celle des dispositifs et
même des mécanismes sécuritaires chargés d’assurer la protection du corps
présidentiel. En retour, il est évident que le pays n’était pas assez paisible du point de
vue de l’ordre public. Et c’est aussi parce que le corps présidentiel est resté indemne
qu’il y a eu une continuité politique profitable au régnant de l’heure. Pour minimiser
dès lors la fragilité de la représentation politique en maximisant les dispositifs et
mécanismes sécuritaires de protection du corps présidentiel, il s’observe un
quadrillage sécuritaire contrasté selon qu’on est à Yaoundé, lieu qui abrite le
représentant suprême, ou qu’on en est éloigné. Ainsi :
« La couverture sécuritaire en termes d’infrastructures, d’équipement et de
personnel diffère selon que l’on est dans la capitale politique ou dans les autres
villes. La fourniture sécuritaire allouée à la ville de Yaoundé est nettement
plus considérable que celle des autres villes. Car Yaoundé représente toute
l’importance stratégique du fait qu’il s’agit de la capitale politique. Ce qui
signifie qu’il est le siège des institutions. Il abrite également toutes les
représentations diplomatiques et les élites internes nationales et expatriées. De
ce fait, il nécessite un contrôle accru au détriment des autres villes. Toutefois,
ces prestations sécuritaires ne s’appliquent pas à toute la ville. La carte
sécuritaire de la ville de Yaoundé montre ainsi des îlots de sécurité tels que
Bastos, le quartier Golf où résident les « nouveaux riches » et une partie de
l’establishment, Etoudi (tout le périmètre de la présidence de la République),
etc. » (Belomo, 2007 : 434).
Envisageons à présent comment et pourquoi la représentation politique peut
souffrir dans son fonctionnement en dépit des mécanismes sécuritaires externes, c’està-dire propres à l’homme, et du fait de la mise en crise de ceux qui pourraient être
considérés comme internes d’un point de vue clinique notamment.
1-2- La fragilité de la représentation politique inhérente au corps présidentiel en
prise à la pathologie
Le corps, quel que soit le sens que l’on donne à ce terme polysémique, est au
cœur de l’activité politique (Matonti, 2013 : 129). Ainsi, pour que le corps du
représentant suprême représente, ou assure de façon valable, efficace ou pertinente la
garantie de l’ordre politique et de la nation, les sociétés politiques d’ici et d’ailleurs le
6
veulent surtout en état d’exercer, d’un point de vue physique et cognitif, le pouvoir.
Ce qui est en jeu ici c’est son éligibilité ou non à la candidature de la vacance,
volontairement ou non. Autrement dit, le corps présidentiel se doit, et gagne à être
visiblement en santé, à défaut de l’être surtout réellement. Ceci se justifie par le fait
que le travail de représentation suprême est l’un des plus exigeants et des plus
prenants qui soient. En revanche, comme le note Loïc Blondiaux (1989 : 84), l’une
des parties du corps du souverain est (…) naturelle, mortelle, soumis aux infirmités,
aux tares de l’enfance et de la vieillesse.
L’état pathologique, latent ou manifeste du corps d’un président de la
République, quel qu’il soit, pose donc en clair la question de son état de santé, qui
peut être envisagée de façon variable. Il s’agit en effet d’un problème auquel tous les
Etats peuvent faire face. Et la qualité de la santé physique d’un dirigeant pose ou est à
même de poser les mêmes problèmes de guidance politique, indépendamment des
sociétés politiques considérées. Pour ce faire, Joseph Tonda (2009 : 128) écrit ce qui
suit :
« Certes, ce n’est pas seulement en Afrique que le pouvoir s’identifie à la vie
et à la santé, et que la maladie, supposée ou diagnostiquée du corps du
pouvoir, produit des tensions, révèle des contradictions, provoque des crises
ou alimente des fantasmes de mort (…). Le peuple, partout, manifeste dans les
sociétés contemporaines une attention vigilante à la vie des corps qui le
gouvernent. En Occident le souci du corps beau, du corps fort, jeune, sportif,
dynamique, s’inscrit dans un imaginaire social de la réussite, de la
compétition ».
Dans le contexte américain en l’occurrence:
« L’analyse diachronique le prouve : de Theodore Roosevelt (président de
1901 à 1909)6 à Barack Obama (2008), une grande majorité des occupants de
la Maison Blanche cultivèrent des relations étroites avec le sport ou le monde
du sport affichant en public leur pratique, défendant ses bienfaits pour la
vitalité de la nation, ou l’utilisant à des fins de communication politique. À
force de s’associer régulièrement au monde du sport, ils devinrent aux yeux du
public des « présidents sportifs » (Marquis, 2014 : 1)7.
« La valorisation de l’activité physique et de la force physique qui est
corrélative d’un rapport instrumental au corps font que la maladie est ressentie
d’abord comme une entrave à l’activité physique et occasionne essentiellement
un sentiment de ‘‘faiblesse’’ (…). La maladie c’est ce qui enlève sa force au
malade, c’est-à-dire ce qui lui interdit de ‘‘vivre normalement’’ et de faire de
son corps un usage (professionnel surtout) habituel et familier » (Boltanski,
1971 : 221).
Cette idée de sport permet autant au dirigeant qu’à son peuple de refouler celle
de la pathologie, ou de l’absence – suffisante – de santé et a ici pour antonyme, l’idée
de la vacance. Et à en croire Mbodj, cette dernière suppose en effet une interruption
e
6
Cette étude commence avec Theodore Roosevelt car il fut le premier président du XX siècle, il
grandit dans les années 1870, époque où les sports se professionnalisèrent et se transformèrent en
spectacle, et sa pratique du sport (jujitsu, chasse, etc.) fit de lui l’inventeur de la figure du « président
sportif ».
7
Dans le contexte camerounais, en dehors du sphinx, le Président Paul Biya s’est voit appelé
« l’homme Lion ». Ce qui sur le plan politique signifierait qu’il incarne leurs propriétés.
7
résultant de ce que la personne physique exerçant une compétence donnée, n’est plus
en mesure d’assumer matériellement les tâches qui lui ont été confiées par la légalité.
Cette vacance ne s’attache donc pas au pouvoir qui perdure, mais à l’agent
d’expression qui a perdu les aptitudes, physiques ou juridiques, qui faisaient de lui le
dépositaire de la volonté du pouvoir (Mbodj, 1991 : 231). Or, le but d’un représentant,
et donc d’un Président, dans le cas qui nous occupe ici, n’est pas la perte du pouvoir,
mais sa maîtrise, et/ou son contrôle. Il s’établit donc un rapport implicite ou explicite
entre corps – sain, valide – et pouvoir, ou son exercice, satisfaisante, sujet qui
généralement intéresse à plus d’un titre l’opinion publique. Car ici l’état du corps
présidentiel détermine son travail de représentation, tant pratique que symbolique.
En prenant le cas camerounais, parmi tant d’autres sur la question, et à titre
d’illustration, il apparaît à l’alinéa 4 de l’article 6 de la loi n° 96-06 du 18 janvier
1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972 que la vacance de Présidence
de la République est rendue possible pour cause de décès, de démission ou
d’empêchement définitif constaté par le Conseil constitutionnel. La fragilité de la
représentation politique est donc éminemment liée à celle du corps présidentiel, c’est
le cas ici et ailleurs en l’occurrence :
« …d’une maladie grave du chef de l’Etat frappé par exemple de paralysie
physique ou mentale telle que sa présence physique occulte en réalité un vide à
la tête de l’Etat. De manière générale, l’empêchement physique est rarement
déclaré dans la mesure où l’observation du fonctionnement des régimes
montre souvent la présence au pouvoir de chefs d’Etat gravement malades8.
Dans les régimes africains, cette situation s’explique par le fait qu’un chef
d’Etat, redevenu simple citoyen à l’intérieur de son Etat, est rare. La
sécurisation des avantages tirés de l’exercice du pouvoir passant par son
emprise définitive sur les rênes du pouvoir, la tendance générale est alors de
voir le chef s’accrocher au pouvoir alors même que ses capacités physiques ne
suivent plus. La perpétuation au pouvoir d’un chef malade plonge le régime
dans une situation d’interrègne où s’expriment sans cesse des guerres
successorales » (Mbodj, 1991 : 236).
Il n’est donc pas de doute que le corps présidentiel est un élément pertinent et
essentiel de la représentation politique, qui doit se présenter comme en santé dans la
conscience collective et individuelle des représentés, autant que dans celles des autres
représentants notamment. Frappé par une pathologie invalidante, il offre ou ouvre une
ou plusieurs fenêtres d’opportunités aux acteurs du champ politique qui en sont
intéressés. Il est en effet un élément décisif qui permet de conserver le pouvoir, et à
travers lui de garantir symboliquement l’ordre politique et la nation. La représentation
politique, au travers du corps présidentiel, reçoit en fin de compte des coups selon que
le corps du président de la République est en santé ou non, c’est-à-dire en prise à une
pathologie quelconque, voir invalidante, d’un point de vue physique, et aussi
psychique9.
8
C’est ainsi que Georges Pompidou devait rester au pouvoir jusqu’à sa mort en 1974 alors qu’il était
frappé par une grave maladie.
9
Cette dernière considération ou variable a assurément permis à Stanis Perez d’observer que les images
du dictateur fou, paranoïaque ou cyclothymique, du monarque narcissique, apathique ou pervers,
interrogent sur l’usage normatif de catégories médicales, morales et politiques qui sont étroitement
associées, et au-delà de toute métaphore, dans le verdict ou le diagnostic historique. Cf :
http://static.ow.ly/docs/programme-pouvoir-vf_2Dpb.pdf (consulté le 02 avril 2015).
8
Beaucoup plus lié au corps, la première cause d’ouverture de la vacance de
présidence de la République – énoncée plus haut à savoir l’hypothèse de son décès –
qui est évidemment inhérente au corps de ce dernier, marque la cessation définitive de
la possibilité de représenter. Et tous les pays admettent l’idée de la vacance de
Présidence de la République en cas de fin de vie du représentant suprême. Dans cette
perspective généralisante, Évelyne Cohen et André Rauch écrivent au sujet de la
même question qu’‘‘au plus haut niveau de la société, en la personne du « Prince »,
qu’il soit souverain ou président, chef ou guide, la mort déclenche le deuil de tous les
citoyens’’ (Cohen & Rauch, 2005).
2- Représenter par la mise en scène du corps présidentiel et en exergue de son
abri officiel
Le processus de la représentation politique est tributaire de ce que l’entretien
de l’ordre politique et de la mémoire collective s’effectuent sans négliger l’image et la
mise en scène du corps présidentiel. Dans le même ordre d’idées, l’importance
accordée au palais, en tant qu’abri officiel du corps présidentiel est révélateur de ce
qu’il s’agit du corps du représentant politique suprême.
2-1- Entretien de la mémoire collective, mise en scène du corps présidentiel et
construction de son image
Les images condensent d’autres figures qui servent de modèle au grand
homme et contribuent à lui conférer sa grandeur (Bonhomme & Jaoul, 2010 : 16). Le
corps est donc, en politique, également une image (Matonti, 2013 : 130). En effet :
« Le système symbolique associe le corps naturel de l’homme à deux corps
métaphoriques, le social et le politico-rituel. Mais ce qui se donne à voir de
manière plus générale, c’est le corps en tant que véritable et efficace opérateur
social et politique ; ce qui le transforme notamment en partie constituante et
significative du pouvoir » (Balandier, 1985 : 34).
Par son hexis10 et par les manières de le parer, le corps incarne le pouvoir et en
porte les attributs11 (…). Il symbolise la légitimité (Matonti, 2013 : 129). D’un point
de vue plus général, l’on peut dire que :
« Jamais le corps humain n’a été apparemment autant choyé qu’aujourd’hui.
Que ce soit dans la consommation, dans les loisirs, dans le spectacle, dans la
publicité, le corps est devenu un objet de traitement, de manipulation et de
mise en scène. C’est sur le corps que convergent de nombreux intérêts sociaux
et économiques, de même que c’est sur le corps que s’amoncelle toute une
série de pratiques et de discours » (Perrot, 2002).
Le pouvoir doit dès lors aussi être envisagé sous l’aspect de la mise en scène
sociale, car la société n’est pas seulement vécue (relations) et exprimée
10
Parlant d’hexis corporelle, Pierre Bourdieu, 1980, p. 117, note qu’elle est une mythologie politique
réalisée, incorporée, devenue disposition permanente, manière durable de se tenir, de parler, de
marcher, et, par-là, de sentir et de penser.
11
Les rapports possibles entre chants, chansons, corps présidentiel, pouvoir et/ou politique ont permis
de féconder, d’articuler et d’enregistrer dans les bandes, en chœur et dans les mémoires, des chansons
qui décrivent l’élégance présidentielle en ces termes : ‘‘Paul Biya, Paul Biya, notre Président, Père de
la Nation, Paul Biya toujours chaud gars…’’
9
(symbolisations, représentations explicitées et idéologies), elle est aussi exposée
(Balandier, 1985 : 32712, voir aussi Rivière, 2000 : 158-159). Telle est bien la preuve
que ‘‘gouverner, c’est paraître’’ (Cotteret, 1991). Et ce qui paraît ou qui se doit de
l’être pour gouverner, c’est le corps du gouvernant. C’est ainsi que pour Balandier
(1985 : 33), par sa personne, le rituel et le politique ne font qu’un au service des
forces de vie, donc d’ordre. Ce qui fait dire à Arnaud Mercier (2005 : 31) qu’à travers
des cérémonies civiques, l’objectif est que se dégage de la foule assemblée un
sentiment d’unité, de cohésion. Et tel est généralement bien le cas en l’occurrence lors
de la fête de l’unité nationale au Cameroun évoquée plus haut, laquelle n’a surtout de
sens que vécue et célébrée autour du président de la République, qui gouverne, pour
ne point poser de question à la manière de Robert Dahl (1971).
La fête évoquée précédemment est donc censée entre autres susciter chez les
nationaux, le sentiment d’appartenir tous à une seule et même nation. Et comme le
note Pierre Ansart et Sonia Dayan-Herzbrun (1997 : 12), à la suite d’Anderson
Hobsbawm (1992 : 96), à travers le sentiment national survit aussi un sentiment
d’appartenance (...). De multiples éléments s’y entremêlent : les récits du passé, qui
construisent à la fois des mythes, de la mémoire et de l’histoire, et qui sont menés,
alternativement ou en même temps, sur le mode de la gloire et de la victimisation;
c’est d’eux que provient « la conscience d’appartenir ou d’avoir appartenu à une
entité politique durable ». Tout ceci permet de focaliser l’attention sur le fait que les
rites spécifiques qui agrémentent ladite fête renvoient symboliquement à l’époque des
créations, au temps des commencements où la société retrouve sa verdeur en jouant sa
propre genèse (Voir Balandier, 1967 : 131). Et ceci montre bien que les cérémonies
ritualisées visent à susciter une exaltation collective, à faire monter l’intensité
émotionnelle de la foule soumise aux mises en scène du pouvoir. Car la force du rite
dépend étroitement de l’émotion qu’il soulève (Mercier, 2005 : 35).
L’on est donc bien conscient ici que ‘‘dans le monde moderne, le politique est
omniprésent : mieux même, il se donne en spectacle’’ (Abélès, 1990 : 63). Car de
toute évidence, certains événements sociaux incorporent de la théâtralité, de la
dramatisation ou du suspens, parfois à travers une sorte de « mise en scène du
suspens, parfois du fait d’enchaînements de circonstances particulières. Ils imposent
alors leur propre scénario, en quelque sorte à l’observateur (De Sardan, 2008 : 150).
Ainsi, la dramatisation qui plante le décor de l’activité présidentielle provoque parfois
l’éveil du patriotisme et du nationalisme chez les populations, à partir notamment des
usages que l’on fait de son corps, ou au travers de ce que ce dernier donne à observer.
De toute façon, comme l’indique en effet Marc Abélès (1990 : 117 et 8), l’activité
politique est toujours une activité symbolique (…). Et en nous intéressant aux mises
en scènes de la représentation politique, c’est nos conceptions mêmes du pouvoir et de
la souveraineté, des rapports entre gouvernants et gouvernés que nous interrogeons.
Cette mise en scène du politique produit donc un moment d’enchantement
extériorisé par des actes d’applaudissement et d’émerveillement des populations
s’étant par elles-mêmes mobilisées en cas de déplacement du président de la
République, ou que l’on mobilise à coup de motivations quelconques pour la
circonstance. Et Patrick Charaudeau (2005 : 58) de dire que : « tout ce qui construit
son image de leader charismatique et lui donne de la crédibilité renforce sa
légitimité », laquelle est utile pour conforter l’activité de représentation politique. Ce
d’autant plus qu’un prince doit, comme le rappelle Gaille-Nikodimov, à la suite de
12
In Madeleine Grawitz et Jean Leca, op. cit.
10
Machiavel (2000 : 12), avant tout se préoccuper de n’être pas haï du peuple. Même
s’il est bon de préciser que les applaudissements évoqués tantôt n’obéissent pas aux
mêmes motivations, une remarque qui vaut aussi pour tous les autres rites populaires
(Schemeil, 2010 : 108, voir aussi Aïvo, 2007 : 24, Riutort, 2009 : 56313) notamment.
On peut en effet applaudir par conviction, par enthousiasme ou tout
simplement pour la chance que l’on a eue d’être là au moment où il se passait quelque
chose d’extraordinaire que l’on pourra ensuite raconter fièrement (« j’y étais ! »).
Mais on peut aussi applaudir par conformisme, par cynisme, par crainte d’être
dénoncé comme opposant par une foule dévouée aux gouvernants ou par leurs agents
secrets infiltrés dans la foule. Dès lors, les rites, quels qu’ils soient, engagent
imparfaitement et inégalement ceux qui y participent. Chacun se dédouble, se voyant
prendre part au rite et gardant en même temps une certaine lucidité sur la valeur de
celui-ci. La ritualisation ne fait donc pas plus de miracles que la légitimation’’
(Schemeil, 2010 : 108). Pour le président de la République, qu’il l’ait voulu ou non en
ces moments, c’est le lieu de construction médiatique de sa côte de popularité pour
des fins de légitimation, de régulation des divergences ou d’indication aux citoyens du
cœur du pouvoir et/ou du politique. Car comme l’ajoute Marc Abélès (1990 : 117),
toute société comporte une mise en scène du politique. Ainsi, à la suite de Susan
Bordo, Marzano Michela (2002) note qu’afin d’obtenir succès et pouvoir, c’est le
corps qu’il faut redresser, changer et perfectionner. Et cela est vrai pour tous et toutes,
selon des modalités et des formules générales de domination qui ne sont pas
différentes de la domesticité.
Dans l’espace public ou privé, le corps présidentiel représente donc. Et est en
représentation dans la conscience des citoyens. C’est ainsi qu’il peut être observé que
le monde des appareils administratifs et politiques en est le premier consommateur. Il
est dès lors assez courant de remarquer que sont accrochés aux murs des services
publics, ou des domiciles des citoyens, les portraits du Président en exercice14, avant
que leurs déclassements ne suivent le mouvement du temps de la transition au sommet
du pouvoir15. Avec les processus d’autonomisation et de professionnalisation
politiques, le corps peut sembler moins directement sollicité. Même s’il demeure,
dans les Etats démocratiques, des photos officielles des chefs d’Etat ou de
gouvernement, parfois des timbres à leur effigie de leur vivant, il y a loin des portraits
en majesté des souverains aux photos, mêmes les plus officielles (Matonti, 2013 :
138).
En règle générale, « les représentants sont devenus le corps visible, faillible et
mortel du corps invisible et perpétuel de la nation » (Coulomb-Gully, 2009 : 25). Par
ailleurs, et dans le même ordre d’idées, l’espace médiatique, en tant qu’espace de
communication et qui influence les représentations, modèle les perceptions et oriente
les acteurs et autres agents de l’espace public. Il n’est pas sans intérêt au point où
Roger-Gérard Schwartzenberg, comme l’écrit Christian Delporte (2001 : 113),
13
Cf. Philippe, Riutort, « Mises en scène du pouvoir politique », in Antoine, Cohen et al., 2009,
Nouveau manuel de science politique, Paris, La Découverte.
14
A titre d’illustration dans le contexte français, on lira Delporte Christian, « Incarner la République »
Les affiches présidentielles de François Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac (19741995), Sociétés & Représentations, 2001/2 n° 12, pp. 71-88.
15
Michela Marzano écrit d’ailleurs dans le même ordre d’idées qu’en Egypte, chaque image du corps,
émanant du désir d’une société de l’ériger en norme, fut désirable à son époque et répudiée à la suite de
la transition vers un autre paradigme.
11
dénonçait déjà en en 1977, dans un livre remarqué, les dangers que fait courir à la
démocratie la starisation16 de l’homme politique en ces termes :
« Aujourd’hui, le public est assommé et drogué par l’industrie du spectacle
politique. Autour de lui, l’État spectacle déroule ses fastes tapageurs : portraits
géants des affiches, gros plans de télévision, mirages de la publicité. Tout un
monde d’illusions, d’hallucinations et de rêves supplante la réalité. Jusqu’à
quand17 ? » L’abus et la fascination des images déboucheraient sur une
démocratie factice où l’homme politique incarnerait un personnage plutôt
qu’un projet, où le citoyen serait réduit à l’état de spectateur d’un pouvoir en
représentation permanente ».
Il convient de reconnaître tout de même que le spectateur participe, quoiqu’en
grande partie de façon passive. Néanmoins, l’image de marque de l’homme politique
consacré dans le cas d’espèce en contexte camerounais est assimilé à un objet de culte
– républicain – dans ‘‘Présidence actu’’, une émission de la télévision
gouvernementale. Celle-ci ne reste pas indifférente à l’activité présidentielle, d’un
point de vue éminemment sémiologique18 et fonctionnelle. Et il convient de dire avec
Marlène Coulomb-Gully (2007 : 26) que le corps dont il est question ici n’est pas
‘‘seulement’’19 le corps « réel » de la perception – même s’il ne saurait en être
dissocié –, mais le corps construit par le dispositif médiatique et tel qu’il se donne à
percevoir à la majorité des citoyens dans leur posture quotidienne de réception des
médias.
2-2- Corps et palais présidentiel : ce que le ‘‘Palais de l’Unité’’ veut dire au
Cameroun en tant que société plurielle20 et plurale21
Le monde social (l’ordre des hommes) et le monde naturel (l’ordre des choses)
se trouvent associés dans une même visée, à la fois symbolique et politique. Le
souverain est le lieu de cette relation, le centre de convergence des deux systèmes de
16
On lira dans ce sens, à titre d’exemple, dans le contexte japonais : Seizelet, Éric, « Koizumi
Jun’ichirô, superstar de la vie politique japonaise », Le Temps des médias, 2008/1 n° 10, pp. 115-128.
17
L’État spectacle. Essai sur et contre le Star System en politique, Paris, Flammarion, 1977, p. 313.
18
A l’observation et à la lecture de la presse camerounaise, surtout à capitaux privés, l’on constate une
exploitation de l’image présidentielle dans le sens qui n’est pas toujours celle qui convient à la presse
gouvernementale, notamment Cameroon Tribune (cas en l’occurrence du Journal satirique Le Popoli
qui est spécialisé dans la caricature du Président Paul Biya). Preuve tout au moins que le champ
médiatique camerounais s’est bien ouvert, quoique régulé, dès 1990 avec la consécration des libertés
d’informer et de communiquer. Sur le regard quasi sibyllin de l’image présidentielle que construit de
temps en temps une certaine presse privée - parmi bien d’autres manœuvres d’entrepreneurs politicomédiatiques que le ministre de la communication Issa Tchiroma déconstruit généralement presqu’au
coup par coup, autant que faire se peut - l’on consultera aussi la page 4 de la thèse Ph. D. de François
Marc Modzom soutenue le 22 mai 2015 à l’Université de Yaoundé I, intitulée : Les silences
présidentiels. Analyse des dispositifs et du traitement médiatique de la communication politique de
Paul Biya : Président du Cameroun.
19
C’est nous qui ajoutons.
20
Nous envisageons la société plurielle comme naturellement composite, c’est-à-dire ethniquement
plurielle au point où saute aux yeux sa figure cosmopolite et multiculturelle. Dans cet ordre d’idées, le
Cameroun se présente comme étant constitué de plus de 230 groupes ethniques.
21
Arend Lijphart, 1984, pp. 22-23 note que les sociétés plurales sont profondément divisées suivant
des clivages religieux, idéologique, linguistique, culturel, ethnique ou racial, et virtuellement
constituées en sous-sociétés séparées ayant chacune son parti politique, son groupe d’intérêt et son
moyen de communication ; et ici, la flexibilité nécessaire à la démocratie majoritaire est absente.
12
forces, le point où se conjuguent les effets de la puissance (Balandier, 1985 : 33).
Ainsi :
« Le corps idéal est une instance symbolique enveloppante, qui insère tous les
individus d’une société ou d’un groupe dans des réseaux de significations, de
pratiques et de croyances ; c’est à la fois une instance d’identification et de
reconnaissance qui permet les regroupements, et une instance de classement et
de distinction » (Voir Le Breton & Brohm, cité par Marzano, 2002).
Comment dès lors résoudre l’équation de la construction cognitive, et donc
civique du sens national dans un pays considéré comme constituant l’Afrique en
miniature22, sans recourir notamment aux symboles, seules les plus aptes à fédérer les
éléments constitutifs de la société plurielle et plurale camerounaise ? A ce propos,
Marlène Coulomb-Gully invite à noter que le président de la République est
l’opérateur qui permet le passage du pluriel au singulier, de la diversité à l’unicité par
la production d’une identité collective23. Tixier (cité par Aïvo, 2007 : 46) relève
d’ailleurs qu’il est ‘‘catalyseur’’ et le ‘‘créateur de la nation’’. La métaphore du corps
est l’un des éléments indispensables pour son fonctionnement, et n’est pas oublié par
Théodore Holo24 qui rappelle qu’en Afrique noire francophone - dans lequel se trouve
notamment le Cameroun - le chef de l’Etat est toujours qualifié de ‘‘cœur du
système’’. Et il faut envisager le Palais qui l’abrite, en relation avec le territoire
national, comme un ‘‘cœur politique’’ pour le ‘‘corps national et territorial
camerounais’’ au sens matériel, fonctionnel et éminemment symbolique du terme.
Ceci nécessite, pour être appréhendé de façon plus intelligible, un nécessaire :
« Travail incessant de la culture sur la nature, action continue du corps idéal
sur le corps réel, conformation canonique poussant aux déformations les plus
violentes (…) : il s’agit toujours d’arracher à l’humaine apparence sa trop
humaine apparence, de la socialiser en la dénaturant, de la sublimer (...) afin
d’en détourner le seul destin biologique, d’en faire aussi un instrument
symbolique » (Marzano, 2002).
Le corps est donc, en politique, également (…) une fiction : c’est en termes de
corps qu’est fréquemment figurée la souveraineté ou, réciproquement, qu’est dite
l’unité des citoyens (Matonti, 2013 : 130). Sur le plan constitutionnel, l’article 5
alinéa 1 de la loi n° 96-06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 02
juin 1972 consacré au pouvoir exécutif, dispose que le président de la République est
le chef de l’Etat. Et à l’alinéa 2, il ressort qu’élu de la nation tout entière, il incarne
l’unité nationale.
D’un point de vue symbolique, le Cameroun l’a cristallisé sur le plan
institutionnel et matériel. L’enjeu a été en effet de savoir comment mieux y parvenir
sans que cette arithmétique politique ne soit portée par un, pour tous, sinon par une
22
Sur le Cameroun en tant qu’Afrique en miniature, lire entre autres : Fonlon cité par Nsamenang in
Paul, Nchoji, Nkwi & Francis, B., Nyamnjoh, 1997, p. 79, Zognong, 2002, p. 5 ; Tatah, H., in Paul,
Nchoji, Nkwi & Francis, B., Nyamnjoh, 1997, p. 102 ; Henry, A., 2001, p. 3 ; Mfoulou, 2006, p. 109.
23
Marlène Coulomb-Gully ajoute d’ailleurs, pour ce qui est du contexte français, que le président du
Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, ne dit rien d’autre quand, intronisant le nouveau président
de la République Nicolas Sarkozy lors de la cérémonie d’investiture du 11 mai 2007, il s’adresse à lui
en ces termes : « Vous incarnez la France, vous symbolisez la République, vous représentez tous les
Français ».
24
Théodore Holo, in Joël Frédéric Aïvo, 2007, Le président de la République en Afrique noire
francophone. Genèse, mutations et avenir de la fonction, Paris, L’Harmattan.
13
institution chargée de l’abriter ? Pour résoudre cette équation, il a dénommé son palais
présidentiel, le ‘‘Palais de l’Unité’’. Et, abriter le corps du représentant suprême est le
premier rôle que joue le Palais présidentiel, auquel s’ajoute sa dimension non
seulement fédératrice, mais aussi fonctionnelle au sens du travail présidentiel qui y est
fait.
Par ailleurs, étant donné que la fonction présidentielle est une entreprise
d’intérêt général au plus haut niveau, celui à qui il est réservé la tâche de l’accomplir
bénéficie donc d’une attention toute particulière, tant pour ce qui est de sa sécurité, tel
qu’envisagé plus haut, qu’en ce qui concerne l’occupation, le temps de sa mandature,
d’un abri qui se veut particulier, le Palais présidentiel. Cette habitation, qui n’est pas
une demeure au sens du rapport au temps et donc à la propriété privée, est le lieu de
succession de différents Présidents. Il s’agit à la fois de la résidence officielle de celui
qui tient les commandes de la Nation, et du lieu où se pilote, pour le grand nombre et
à leur place, les politiques publiques au niveau le plus élevé.
La dynamique qui consiste au maintien du corps présidentiel au Palais, qui
résonne ici en termes de maintien au pouvoir - de façon légale et légitime - est au
cœur de l’intégration de l’ordre politique et de la Nation. Si l’on convient de ce que le
Palais présidentiel est le lieu officiel qui abrite le corps présidentiel, animé, alors il
devient possible d’énoncer sereinement qu’il figure le pouvoir25, en même temps qu’il
incarne la Nation26. C’est ainsi que le Palais présidentiel, que l’on désigne au
Cameroun sous les termes ‘‘Palais de l’Unité’’ tel qu’évoqué tantôt est le lieu où est
censé être fédérées toutes les sensibilités qui constituent l’idée ou la réalité d’une
Nation camerounaise en son processus, à la fois de construction permanente et de
cristallisation dans les esprits. A ce titre, Philippe Braud (1985 : 363)27 note ce qui
suit : « Que le pouvoir soit légal ou illégal, légitime ou illégitime, rationnel ou
irrationnel, c’est toujours par référence à un environnement structure/structurant qu’il
trouve sens et existence ». Cette structure est bien dans la capitale politique, où se
trouve un palais dans lequel réside le président de la République, lieu central de la
Nation, ou lieu de la nation censée être assemblée, ne fût-ce que d’un point de vue
éminemment symbolique. Dans cet ordre d’idée, Georges Balandier (1967) ajoute que
l’Etat, ici l’institution présidentielle, devient le principal mécanisme d’intégration
sociale, le principe unificateur’’.
Le corps présidentiel est donc un marqueur ou un indicateur physique, mais
aussi proprement symbolique de la construction de l’unité et de l’intégration nationale
au sens d’une construction discursive et pratique marquées du sceau du sens civique
et républicain.
En guise de conclusion
Les représentations descriptives et substantielles au sens classique du terme ne
résument pas la notion et la réalité de représentation politique. Ce travail rend donc
compte de ce qu’au travers du corps présidentiel, d’un point de vue proprement
physique, se joue la représentation politique au-delà du sens qui est généralement
25
Le palais est le lieu incarné de la nation au regard des attentions diverses qu’il suscite. Le palais de
l’Elysée à Paris par exemple est le cœur du pouvoir. Le Président y vit officiellement. C’est là qu’il
travaille. Voir http://slideplayer.fr/slide/1171334/(consulté le 24 mai 2015).
26
On peut lire dans cet ordre d’idées, la question de l’incarnation de l’unité de la nation par le chef de
l’Etat énoncée par Michel Hastings, 1996, dans Aborder la science politique, Paris, Seuil, p. 85.
27
In Madeleine Grawitz et Jean Leca, 1985.
14
attribué spontanément à cette notion. Et donc au-delà non seulement de la défense des
intérêts des représentés, qui se consolide en politiques publiques et également de la
représentativité des multiples catégories qui forment le corps social ou la société
politique. Le présent travail soutient que la représentation politique, qui est le
processus par lequel des gouvernants se considéreront comme légitimés à parler au
nom d’un ensemble plus large, et autorisés à décider en son nom (Hermet ; Badie,
Birnbaum & Braud, 2001 : 276), est aussi tout autre chose, même si parler et décider
sollicitent indubitablement aussi l’investissement du corps physique du représentant le
plus haut placé dans la hiérarchie politique. L’admission de ce postulat rend possible
la reconnaissance aisée du caractère polysémique de la représentation tel que le
remarquent Pierre Bourdieu (2001 : 259) ou François d’Arcy et Guy Saerz (voir
Ragaru, 1998 : 6). En prenant pour point focal d’analyse le corps présidentiel, il
ressort qu’il est le lieu symbolique suprême d’intégration ou de la garantie de l’ordre
politique et de la nation, en même temps que l’inverse de cette hypothèse peut tout
aussi se vérifier, notamment en cas de crise l’affectant de façon décisive. Ainsi,
‘‘quand le corps présidentiel représente’’ en tant qu’hypothèse s’est lue ici en guise
d’analyse de la garantie symbolique de l’ordre politique et de la nation au travers du
corps présidentiel. C’est une lecture du politique vérifiable, autant au Cameroun que
dans d’autres entités politiques souveraines du monde, chacune avec ses spécificités,
qui pourraient le distinguer des autres, au-delà des points communs, au sens de
l’universalisme, envisagé sous le prisme du politique.
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