Quel “lait 2ème âge” - Secteur Français des Aliments de l`Enfance

Transcription

Quel “lait 2ème âge” - Secteur Français des Aliments de l`Enfance
de 6 mois
à 3 ans
“Laits 2ème âge”
et lait de croissance :
oui, mais lesquels ?
Dossier de presse
S O M M A I R E
De 6 mois à 3 ans, quels laits infantiles ?
Face à la diversité de l’offre : les médecins hésitent parfois et les parents se questionnent souvent.
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Avec la participation de :
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Docteur Alain BOCQUET
Pédiatre à Besançon,
responsable du "groupe nutrition" de l’AFPA
(Association Française de Pédiatrie Ambulatoire).
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Docteur Jean-Pierre CHOURAQUI
Gastroentérologue, pédiatre gastroentérologue et nutritionniste,
Hôpital Couple-Enfant, CHU de Grenoble
page 9 >
Brigitte LELIEVRE
Responsable réglementation du SFAE
Contacts presse : Marion Pouchain & Camille Journet
Tél. 01 45 03 50 32 - [email protected]
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Dr Bocquet
En pharmacie ou en grande surface,
version poudre ou liquide,
parmi la grande variété des “laits 2ème âge”,
comment aider les parents à s’y retrouver ?
Entretien avec le Dr Alain Bocquet, pédiatre à Besançon,
responsable du "groupe nutrition" de l’AFPA (Association Française de Pédiatrie Ambulatoire).
“Dès 6 mois”, “Epaissi”, “Préparation de suite”, “Lait 2ème âge”…
Quel lait infantile pour quel âge ?
Si la maman n’allaite pas ou plus, à partir de 6 mois, les préparations de suite ou laits 2ème âge accompagnent
le début de la diversification.
Diversifier l’alimentation de son enfant, c’est lui donner d’autres aliments que du lait maternel ou infantile. Petit à
petit, il va passer à une alimentation variée. Ses apports lactés doivent rester suffisants et adaptés à son jeune âge.
Cette période de diversification se déroule en deux temps :
• L’introduction progressive d’autres aliments que le lait entre 4 et 6 mois (de préférence pas après 6 mois et
jamais avant 4 mois). Lorsque l’enfant commence à consommer autre chose que du lait et qu’il n’est pas allaité, il
est temps de passer aux préparations de suite ou lait 2ème âge, seul produit spécifiquement conçu pour couvrir les
besoins nutritionnels et physiologiques du nourrisson à partir de 6 mois et jusqu’à 1 an.
• Lorsque la diversification s’intensifie, à partir de
10/12 mois et jusqu’à trois ans, le moment est
venu de remplacer le lait 2ème âge par du lait de
croissance qui couvre l’essentiel des besoins de
l’enfant en vitamines et minéraux, et répond
parfaitement aux besoins physiologiques de l’enfant.
Le choix d’une préparation de suite par les
parents implique le conseil d’un professionnel
de santé qualifié (médecins, sage-femme,
pharmacien) et/ou une lecture attentive des
informations qui figurent sur l’emballage.
Le lait maternel est un aliment idéal.
Il convient parfaitement aux enfants de moins de 6 mois,
et pour accompagner la diversification après 6 mois.
Lorsque la maman ne souhaite pas ou ne peut pas
allaiter son enfant, il lui est recommandé de s’adresser
à son médecin ou à un professionnel de santé pour
bénéficier d’informations et de conseils concernant
les préparations infantiles disponibles.
EN RÉSUMÉ
Appellation commune
er
“Lait 1 âge”
Lait de croissance
DIVERSIFICATION
“Lait 2e âge”
Appellation réglementaire
Période d’utilisation habituelle
Préparation
pour nourissons
Dès la naissance jusqu’à
6 mois ou plus et au moins
jusqu’à 4 mois
Préparation
de suite
De 6 à 12 mois ou plus en relais du lait maternel
ou de la préparation pour nourrissons
Aliment lacté destiné
aux enfants en bas âge
En relais du lait 2e âge de 1 an
jusqu’à 3 ans*
*De préférence au lait de vache.
1
Quel “lait 2ème âge” pour votre tout petit ?
On peut classer les préparations de suite en 3 principales catégories conçues pour répondre à des besoins particuliers
du nourrisson de 6 à 12 mois :
• “Classiques ou standards” si bébé va bien. Ces préparations 2ème âge portent généralement le nom de la marque
du produit suivi d’un numéro 2 en référence à la période d’utilisation 2ème âge. Ils sont disponibles en pharmacie
comme en grande surface.
• Pour les petits troubles fonctionnels de bébé
Vendus en grande surface comme en pharmacie, ils répondent (comme les “laits 2ème âge dits standards ou classiques”)
à la réglementation des préparations de suite, mais ils apportent des réponses spécifiques aux petits désagréments
parfois rencontrés par les bébés et peuvent être utilisés à long terme à la place d’un lait infantile standard :
- Laits infantiles qui améliorent le transit lorsque le bébé n’a pas de selles régulières et/ou suffisantes.
L’accélération du transit est obtenue grâce à une modification de la composition en sucres (plus de lactose) et en
protéines (moins de caséine).
- Laits infantiles “épaissi” destinés aux bébés qui souffrent de petits rejets ou les bébés affamés. Ils sont épaissis
avec de l’amidon qui remplace une partie des sucres du lait. Une viscosité supérieure est ainsi obtenue, sans
calorie supplémentaire, afin de prévenir les “remontées” de lait de l’estomac vers l’œsophage ou d’apporter un
effet satiété plus important pour satisfaire les bébés gloutons.
Ces laits infantiles peuvent être proposés sur conseil du médecin ou d’un professionnel de la petite enfance. Dans
le cas d’un enfant qui régurgite de temps en temps, les parents peuvent essayer de proposer un lait infantile épaissi.
Si l’enfant s’en trouve mieux, l’essai est concluant et il est alors conseillé de poursuivre l’alimentation avec ce type
de lait infantile. Dans le cas contraire les parents doivent demander l’avis du médecin.
• Si bébé souffre d’un état pathologique nécessitant un régime particulier, les préparations infantiles “dits laits
thérapeutiques” (aliments destinés à des fins médicales spéciales) relèvent exclusivement d’un conseil médical.
Ces préparations concernent par exemple les enfants allergiques aux protéines de lait de vache, ou ayant des
régurgitations sévères, ou ne digérant pas le lactose. Elles sont exclusivement distribuées en pharmacie.
Mais aussi, les laits infantiles contenant des…
“probiotiques”
Bactéries bénéfiques
pour l’hôte
ou
“prébiotiques”
Substrats permettant le
développement de bactéries
bénéfiques pour l’hôte
L’intérêt de ces laits infantiles est de faire évoluer la flore intestinale vers une
flore qui se rapproche de celle des enfants nourris au sein, riche en certaines
bactéries bénéfiques, présentes naturellement dans la flore intestinale.
Différents effets bénéfiques sur la santé de l’enfant sont actuellement évoqués
et constituent des voies de recherche.
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Peut-on passer d’un lait infantile à l’autre sans conséquences pour les enfants en bas âge ?
Est-il possible de faire essayer plusieurs laits à bébé pour tester ses préférences ?
En dehors des changements recommandés en fonction de l’âge et des phases de diversification de l’alimentation,
il est conseillé de ne pas changer un lait infantile qui semble convenir à l’enfant. De plus, les laits “dits standards”
répondent aux mêmes exigences réglementaires tant en termes de composition que de qualité et sécurité.
Un changement exceptionnel ne sera donc pas dramatique pour l’enfant même si l’avis médical est toujours préférable.
Par contre, dans le cas des préparations pour petits troubles bénins, le plus sage est de demander conseil à son
médecin ou au pharmacien ou au minimum de bien parcourir les informations présentes sur les étiquetages. Dans
le cas des “laits thérapeutiques” (aliments destinés à des fins médicales spéciales), le conseil médical est indispensable.
Les parents qui décident de changer le lait infantile habituel de l’enfant, s’exposent à des risques de troubles digestifs
ou d’infléchissement de la courbe de croissance.
La décision du médecin de changer ou poursuivre l’alimentation de l’enfant avec le lait habituel est guidée par le
recueil d’informations auprès de la maman sur l’état de son enfant, la courbe de croissance ou les petits troubles
fonctionnels éventuels.
Changement de lait : essentiel à savoir
• La courbe de croissance est un élément de surveillance essentiel de l’alimentation de l’enfant.
Toute anomalie de cette courbe (infléchissement ou accélération) peut amener le médecin à proposer un
changement de lait infantile.
• Si les produits standards sont comparables en terme de contenu, le goût peut être différent. Lorsque la
courbe de croissance s’infléchit chez un enfant qui ne boit pas bien son lait 2ème âge, il est possible d’utiliser
les laitages bébé (yaourts ou petits suisses) fabriqués à partir du lait 2ème âge. Dans cette situation, un
changement de lait infantile peut aussi être proposé par le médecin.
• Lorsqu’un “lait infantile thérapeutique” (aliment destiné à des fins médicales spéciales) a été prescrit en
cas de trouble ou de pathologie diagnostiquée chez l’enfant, il est recommandé aux parents de ne pas en
changer sans le conseil du médecin.
Pharmacie ou grande surface… Où acheter les laits infantiles ?
La plupart des marques de préparations de suite sont vendues en grande surface comme en pharmacie hors cas
particulier des “laits infantiles thérapeutiques” (aliments destinés à des fins médicales spéciales).
Il est important de préciser que le fait d’être vendu en pharmacie n’implique pas une supériorité du lait infantile.
En pharmacie, les parents peuvent bénéficier du conseil du pharmacien tandis qu’en grande surface, ils doivent lire
et décrypter les messages figurant sur les conditionnements pour s’informer sur le lait infantile pour leur enfant.
Et attention aux idées reçues…
Les prix ne sont pas systématiquement plus élevés en pharmacie !
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Quelle formule privilégier : poudre ou liquide ?
Un lait infantile de la même marque a une composition quasiment identique, qu’il soit en poudre ou liquide.
Si les poudres sont moins onéreuses et se conservent mieux, les formes liquides évitent les erreurs de reconstitution
et la formation de grumeaux.
Combien de biberons chaque jour ? Quel volume pour chaque biberon ?
Les quantités nécessaires évoluent avec la croissance et l’âge de l’enfant.
A titre d’exemple et en respectant toujours la proportion d’une mesure de lait en poudre pour 30 ml d’eau :
> à 4 mois : 4 biberons de 210 ml d’eau + 7 mesures de lait infantile en poudre.
> après 6 mois : 4 repas dont 2 biberons de 240 ml d’eau + 8 mesures de lait infantile en poudre.
Les rations sont variables en nombre et en volume d’un enfant à l’autre et des adaptations aux besoins de chacun
sont souvent nécessaires.
La courbe de poids est un élément important de surveillance. Si la courbe de poids de l’enfant évolue trop rapidement,
il sera peut-être nécessaire de limiter les volumes ou de lui donner un lait infantile de satiété.
A l’inverse, si la courbe de croissance stagne, il faudra très certainement revoir le nombre et le volume des biberons.
Pour les enfants gloutons, jamais rassasiés par le biberon
et qui ont des besoins alimentaires importants,
il existe des laits infantiles dits “de satiété”.
En répondant à leur demande, l’augmentation des quantités ou de la fréquence des
prises alimentaires conduit à une augmentation calorique qui peut être préjudiciable
à l’enfant.
Le fait d’utiliser un lait infantile de satiété donne l’impression à l’enfant d’être
mieux rassasié et retarde la sensation de faim sans augmenter le nombre de
calories. Sa composition renforcée en substances qui se digère moins rapidement
(sucres lents et caséine) permet d’espacer les biberons et procure un meilleur
confort à l’enfant comme aux parents.
Inpes, AFSSA, InVS, Assurance Maladie, Ministère de la Santé et des Solidarités. Le guide nutrition de la naissance à 3 ans. La
santé vient en mangeant. PNNS. Décembre 2005.
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Dr Chouraqui
Le lait de croissance :
un complément indispensable
à une alimentation
de plus en plus diversifiée de 1 à 3 ans.
Entretien avec le Dr Jean-Pierre Chouraqui, gastroentérologue, pédiatre gastroentérologue
et nutritionniste, Hôpital Couple-Enfant, CHU de Grenoble
La période de diversification alimentaire ne doit pas débuter avant 4 mois et de préférence pas après 6 mois. A l’âge
de 10/12 mois, l’alimentation de l’enfant est complètement diversifiée et rares sont les enfants qui ont encore des
apports de lait maternel. Néanmoins l’apport lacté reste essentiel et il est important de choisir le lait qui sera le plus
adapté car l’enfant a encore des besoins spécifiques que la diversification alimentaire ne couvre que partiellement.
En quoi le lait de croissance répond-il aux besoins nutritionnels spécifiques des enfants
en bas âge ?
La croissance et le développement intense de l’enfant entre 1 et 3 ans génèrent des besoins nutritionnels
particuliers et différents de ceux de l’adulte.
Le problème qui se pose actuellement au moment de la diversification, c’est que l’alimentation de l’enfant en bas
âge ressemble beaucoup trop vite à celle de l’adulte. De nombreux enfants ont tendance à imiter leurs parents et
consomment trop précocement et en quantité trop importante des aliments destinés aux adultes (pizza, plat
cuisiné…). Ce type d’alimentation peut entraîner des excès en sel, en protéines, sans répondre aux besoins des
enfants de cet âge en acides gras essentiels.
Même avec une diversification alimentaire bien menée, les aliments, surtout en début de diversification, ne peuvent
pas couvrir tous les besoins en nutriments car ils sont introduits en trop faibles quantités. De plus l’expérience du
quotidien démontre qu’il est très difficile, même pour des parents pleins de bonne volonté, de mettre en place une
diversification alimentaire qui suive à la lettre les recommandations, à la fois pour des raisons de praticité et de
disponibilité.
La consommation de lait de croissance constitue donc un apport essentiel et complémentaire pour permettre à
l’enfant de se rapprocher de l’équilibre alimentaire optimal, compte tenu de ses besoins nutritionnels spécifiques.
L’objectif du lait de croissance est double :
- couvrir les besoins en nutriments que la diversification alimentaire ne peut satisfaire,
- compenser ou corriger les écarts induits par nos modes de vie actuels vis-à-vis des apports nutritionnels
recommandés pour les enfants entre 1 et 3 ans. Le lait de croissance constitue un “aliment sécurité” destiné à
prévenir toute insuffisance d’apports nutritionnels pour un coût relativement modeste, mais aussi à
empêcher les excès, notamment en protéines, acides gras saturés, sel…
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Le lait de croissance existe-t-il dans tous les pays d’Europe ?
Atteindre un niveau suffisant d’apport en fer uniquement avec les aliments de diversification est difficile à
réaliser en pratique. Pour arriver à couvrir les besoins en fer et prévenir la carence martiale, il faudrait que
l’enfant mange plus de 100 g de viande par jour, ce qui n’est pas possible, car à l’âge de 2 ans seulement
20 g sont recommandés. Préoccupés par cette insuffisance d’apport, tous les pays du monde ont proposé des
politiques d’enrichissement en fer de l’alimentation.
En France, comme dans tous les pays où l’enfant est grand consommateur de lait et de laitage, c’est le lait
infantile qui est choisi comme vecteur de certains nutriments indispensables, dont le fer. Cette habitude de
consommation justifie la mise en place d’un lait spécifique infantile communément appelé, en France, lait de
croissance.
Dans les pays du nord de l’Europe, les enfants consomment beaucoup de céréales et peu de lait. Le choix de
ces pays est donc d’enrichir les céréales et non pas le lait.
Quels sont les nutriments essentiels apportés par le lait de croissance ?
Quelles différences essentielles avec le lait de vache ?
La consommation de lait de croissance est recommandée pour contribuer aux besoins nutritionnels spécifiques du
jeune enfant ce qui permet de pallier les éventuels déficits ou excès en rapport avec la diversification alimentaire.
Spécialement conçu pour répondre aux besoins nutritionnels, le lait de croissance apporte, en complément d’une
alimentation diversifiée, la juste dose en nutriments nécessaire au développement harmonieux du jeune enfant.
• Fer : le lait de croissance apporte du fer en quantité adaptée aux apports nutritionnels conseillés chez les moins
de trois ans. Il en contient environ 25 fois plus que le lait de vache. La carence en fer est la plus fréquente des
carences nutritionnelles dans les pays industrialisés. Elle touche 20 à 30 % des enfants au cours des 3 premières
années de vie. Elle peut être responsable d’une moindre résistance aux infections(2), d’un retard des acquisitions
cognitives, voire d’un retard de croissance et, à l’extrême, d’une anémie.
• Protéines : le lait de croissance apporte des quantités de protéines plus adaptées aux apports nutritionnels
conseillés chez les moins de trois ans. Il contient moins de protéines que le lait de vache.
Compte tenu du mode de diversification mené en France, les enfants ont tendance à manger trop de protéines. Or,
un apport réduit en protéines pourrait diminuer le risque ultérieur de surpoids et d’obésité(3). De plus, l’excès de
protéines peut entraîner une surcharge rénale chez le petit enfant dont le métabolisme est en cours de développement.
• Lipides(4) : la croissance et le développement rapides d’un enfant de 1 à 3 ans exigent des apports supérieurs en
lipides et acides gras essentiels, du fait d’une dépense énergétique particulièrement élevée par rapport au poids
corporel et au développement du cerveau. Les lipides constituent une source importante d’acides gras
essentiels et d‘énergie au cours de cette période. Ainsi, chez l’enfant en bas âge, la part qu’occupent les
lipides dans l’alimentation doit atteindre 45 à 50 % de l‘apport énergétique total contre 30 % seulement
chez l’adulte. Le lait de croissance contient aussi des acides gras essentiels.
• Vitamine D : comme tout lait infantile, le lait de croissance contient de la vitamine D.
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Donner du lait de vache à l’enfant entre 1 et 3 ans :
est-ce recommandé ?
Avant 3 ans la consommation de lait de vache comme apport lacté principal n’est pas recommandée. L’enfant
a encore des besoins nutritionnels spécifiques que le lait de croissance contribue à couvrir.
Le lait de croissance apporte plus de fer, plus d’acides gras essentiels et moins de protéines et de sodium que
le lait de vache.
Et pourtant, le lait de croissance n’a pas toujours existé…
Que répondre aux mères et grands-mères qui préconisent le lait de vache ?
Autrefois, les enfants étaient allaités plus longtemps et l’alimentation diversifiée seulement à l’âge de 3 ans.
Les besoins de ces enfants plus âgés étaient donc différents de ceux de nos enfants de 1 à 3 ans et les
situations sont peu comparables. Par ailleurs, il est important de préciser que la morbidité et la mortalité
infantile étaient beaucoup plus élevées qu’aujourd’hui.
Comment donner un apport lacté suffisant aux enfants de 1 à 3 ans ? Quels pièges éviter ?
Une consommation minimale de 300 ml/j de lait de croissance met l’enfant à l’abri de déficits potentiels.
En pratique, la quantité recommandée est de 500 ml/j car elle correspond aux 2 biberons quotidiens (petit déjeuner
et goûter). Cet apport lacté n’est pas exclusif. En parallèle, l’alimentation diversifiée peut aussi intégrer des laitages
et fromages fabriqués à partir de lait de vache ou des plats cuisinés maison contenant des ingrédients issus du lait
de vache (gratins avec crème, …).
A cet âge, certains enfants peuvent se mettre à refuser leur biberon de lait de croissance. Il est alors possible de leur
proposer des desserts lactés infantiles. Il sera plus difficile d’atteindre les apports lactés recommandés. Il est
conseillé de faire preuve d’imagination et de proposer du lait de croissance avec les céréales infantiles le matin ou
de l’aromatiser avec un peu de poudre de cacao par exemple, pour que l’enfant l’accepte plus facilement.
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Suivre les modes alimentaires… Un piège à éviter !
Consommer des aliments courants issus de l’agriculture biologique ne garantit ni une composition
nutritionnelle adaptée aux enfants en bas âge, ni un niveau de sécurité sanitaire équivalent à celui des
aliments infantiles.
Les préparations à base de jus végétaux (riz, soja, amande, châtaigne) facilement reconnaissables par la
mention “à base de jus de…” ne sont pas destinés à l’alimentation infantile. D’une grande pauvreté en
calcium, ces boissons sont totalement déséquilibrées pour l’alimentation de l’enfant et n’ont aucun point
commun avec un lait de croissance. Une alimentation exclusive avec ces jus est dangereuse pour l’enfant car
elle peut conduire à la dénutrition ou la malnutrition.
“Un yaourt au soja n’est pas gênant mais l’enfant ne doit pas être nourri exclusivement avec cet aliment”.
Sur quelles études s’appuie-t-on aujourd’hui pour préconiser le lait de croissance
entre 1 et 3 ans ?
Si les études cliniques randomisées ne sont pas encore réalisées en France chez des enfants en bonne santé, les
études de consommation quant à elles tendent à démontrer l’intérêt du lait de croissance par rapport au lait de
vache. Ces études évaluent les apports nutritionnels réels chez des enfants qui consomment du lait de vache ou
chez ceux qui consomment du lait de croissance. Ces apports sont ensuite comparés aux apports nutritionnels conseillés
(ANC*) pour cette tranche d’âge(1).
Ainsi, une publication scientifique éditée en 2012 dans le journal “Public Health Nutrition” a montré qu’à apport
énergétique équivalent, un pourcentage élevé d’enfants nourris au lait de vache avaient des apports inférieurs au
niveau recommandé pour de nombreux nutriments tels que le fer (59 %) ou la vitamine C (49 %)(5). Les apports en
acides gras essentiels se situaient, quant à eux, à la limite des recommandations françaises. Par contre les enfants
consommateurs de lait de croissance avaient de meilleurs apports vis-à-vis des recommandations sauf pour la
vitamine D qui était bien couverte dans un cas comme dans l’autre.
Les apports protéiques étaient significativement au dessus des valeurs recommandées et ce de façon beaucoup plus
importante chez les enfants consommant du lait de vache. A noter que des études interventionnelles démontrent, par
ailleurs, que de faibles apports protéiques diminuent le risque ultérieur de surpoids et d’obésité(3).
*ANC : les ANC indiquent le niveau d’apport nécessaire pour couvrir les besoins pour un nutriment de 97,5 % de la
population considérée.
Ghisolfi J, Vidailhet M, Fantino M, Bocquet A, Bresson JL, Briend A, Chouraqui JP, Darmaun D, Dupont C, Frelut ML, Girardet JP, Goulet O, Hankard R, Rieu D, Turck D. Comité
de nutrition de la Société française de pédiatrie. Lait de vache ou lait de croissance : quel lait recommander pour les enfants en bas âge (1-3 ans) ? Archives de Pédiatrie ;18(4) :
355-358. Doi : 10.1016/j.arcped.2010.12.023
(1)
(2)
Goyens P. Besoins nutritionnels. In : Office de la Naissance et de l’Enfance. Enfant et nutrition. Guide à l’usage des professionnels. Benoît Parmentier Ed, Bruxelles 2009 : 13-31.
Koletzko B, Von Kries R, Closa R, Escribano J, Scaglioni S, Giovannini M, Beyer J, Demmelmair H, Gruszfeld D, Dobrzanska A, Sengier A, Langhendries JP, Rolland
Cachera MF and Veit Grote for the European Childhood Obesity Trial Study Group. Lower protein in infant formula is associated with lower weight up to age 2 y:
a randomized clinical trial. Am J Clin Nutr 2009;89:1836-45.
(3)
(4)
ANSES. Actualisation des apports nutritionnels conseillés pour les acides gras. Rapport d’Expertise Collective, mai 2011.
Ghisolfi J, Fantino M, Turck D, Potier de Courcy G and Vidailhet M. Nutrient intakes of children aged 1-2 years as a function of milk consumption,
cows’ milk or growingup milk. Public Health Nutrition 2006, pp1-11. DOI: 10.1017/S1368980012002893, Published online: 04 July 2012.
(5)
8
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Brigitte Lelièvre
Le cadre réglementaire européen
des laits infantiles :
Quelles règles spécifiques ? Quelles garanties ?
Entretien avec Brigitte Lelièvre, Responsable Réglementation du SFAE
De quelle façon et pourquoi les préparations infantiles sont-elles encadrées ?
Les aliments de l’enfance sont soumis à une réglementation très stricte. Ils sont encadrés par une réglementation
européenne qui garantit que les produits commercialisés pour les nourrissons et des enfants en bas âge répondent
à leurs besoins en termes d’apports nutritionnels comme en termes de qualité et sécurité.
Cette réglementation, en vigueur dans toute l’Europe, tient compte du fait que cette tranche d’âge présente des
particularités physiologiques qui la distingue des enfants plus grands et des adultes.
Immaturité physiologique
Capacités progressives
de mastication
et de dégustation
Croissance rapide
Besoins nutritionnels
particuliers
des 0-3 ans
Fonctions digestives
et métabolisme
immatures
Enzymes digestives immatures
jusqu’à 3-5ans
Elimination rénale immature jusqu’à 2 ans
Fragilité accrue
De 0 à 3 ans : poids de naissance quadruplé - taille doublée - poids du cerveau quadruplé
Les aliments infantiles doivent ainsi répondre aux exigences d’une double réglementation qui prend en compte les
besoins nutritionnels particuliers du jeune enfant et impose des normes de sécurité sanitaire plus strictes que celles
définies pour les autres aliments :
- La réglementation générale des aliments courants qui fixe les règles applicables aux denrées alimentaires
destinées à l’ensemble de la population.
- La réglementation spécifique des aliments de l’enfance qui fixe les règles applicables aux aliments destinés
à la population particulière des nourrissons et enfants en bas âge, de la naissance à 3 ans, du fait de leur immaturité.
Besoins nutritionnels spécifiques du nourrisson et de l’enfant en bas-âge : 2 exemples
• Les apports énergétiques conseillés pour un enfant de 2 ans sont d’environ 1 000 kcal
par jour, soit environ moitié moins que ceux de l’adulte. En effet, pour la majorité des
adultes âgés de 20 à 40 ans, ces apports sont de 2 200 kcal pour les femmes et de
2 700 kcal pour les hommes(1).
• Les lipides représentent, jusqu’à 3 ans, une source importante d’énergie et d’acides
gras essentiels nécessaires à la croissance, au développement cérébral et à la
maturation des fonctions neurosensorielles. Pour ces raisons, les nourrissons et
enfants en bas âge doivent avoir des apports lipidiques plus élevés que les adultes.
La contribution des lipides aux apports énergétiques totaux doit représenter 45 à 50%
jusqu’à 3 ans. Ce n’est qu’à partir de 3 ans que ces besoins évoluent pour atteindre
30-35% des apports énergétiques totaux(1,2).
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Quelles sont les garanties apportées au consommateur par cette réglementation ?
Les directives européennes qui réglementent les aliments de l’enfance sont destinées à imposer et garantir :
une composition adaptée aux besoins nutritionnels spécifiques du petit enfant jusqu’à 3 ans.
Les aliments de l’enfance sont soumis à des critères de composition “quantitatifs” et “qualitatifs” en énergie,
protéines, glucides, lipides, vitamines et minéraux. Ces critères définissent des limites minimales et maximales pour
éviter, par exemple, tout risque d’excès d’apports en vitamines et minéraux.
Comment les apports nutritionnels recommandés sont-ils définis ?
La composition des aliments doit répondre aux besoins nutritionnels particuliers de la population spécifique
des nourrissons et enfants en bas âge jusqu’à 3 ans.
Les critères de composition fixés par des directives européennes sont adoptés sur la base d’avis et/ou de
rapports scientifiques établis par le Comité Scientifique Européen de l’Alimentation Humaine (SCF) et/ou
l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA). Ces rapports sont révisés régulièrement pour tenir
compte de l’évolution des connaissances en matière de nutrition.
La première directive européenne date de 1991 et a été établie à partir d’un rapport SCF des années 89-90.
Un nouveau rapport d’évaluation a vu le jour en 2003. Il a permis la révision des critères de composition et a
donné lieu à la nouvelle directive européenne 2006/141/CE.
une sécurité et une qualité accrues pour tenir compte de la fragilité du petit enfant.
Un principe de précaution “renforcé” s’applique aux aliments de l’enfance et se traduit par :
- l’interdiction d’usage des colorants, édulcorants, conservateurs, hormones et arômes non naturels
(à l’exception de l’éthylvanilline),
- l’emploi restreint de certains additifs autorisés et la mise en place d’une liste positive,
- la fixation de normes spécifiques sur les résidus de pesticides, les contaminants et les critères
microbiologiques.
De nombreuses mesures ont également été prises au niveau européen en ce qui concerne les matériaux au contact
des denrées alimentaires destinées aux nourrissons et enfants en bas âge, notamment par l’interdiction de certains
phtalates comme plastifiants.
un étiquetage permettant un usage approprié des aliments de l’enfance dont les règles sont spécifiques et
différentes de celles imposées aux aliments courants.
Il est très important que les parents prennent connaissance et suivent les instructions préconisées par les
fabricants concernant la préparation et la conservation des produits. Si les parents décident de confier leur
enfant, il est aussi essentiel de rappeler aux personnes concernées qu’elles doivent consulter ces
consignes.
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Comment être certain que le lait infantile choisi correspond aux critères de la réglementation ?
Seuls les aliments conformes aux directives européennes ont l'autorisation d'être commercialisés sous la
dénomination : préparation pour nourrisson de 0 à 6 mois, préparation de suite de 6 à 12 mois ou aliments lactés
destinés aux enfants en bas âge de 1 an à 3 ans.
Acheter des aliments qui ne correspondent pas à ces dénominations implique qu'ils ne sont pas "spécifiquement
conçus pour l'enfant". Dans ce cas, il s'agit d'aliments destinés aux adultes sans les garanties des aliments destinés
aux enfants de bas âge.
A ne pas confondre… préparation de suite encadrée
par la réglementation infantile et jus de soja pour adulte.
Dans toute l’Europe, les préparations de suite à base d’isolats de protéines de soja sont parfaitement encadrées
par la réglementation en terme de composition. Par contre, les jus de soja sont des boissons courantes
destinées à la population générale qui ne sont pas conçues de façon spécifique pour les nourrissons.
Si les premières répondent aux besoins nutritionnels de la tranche d’âge concernée, les seconds sont en réalité
des produits pour adultes qui peuvent s’avérer dangereux chez les moins de 3 ans.
Les aliments à base de protéines de noisettes, d’amandes et autres sources végétales, ne répondent pas aux
exigences légales. Ils ne peuvent, en aucun cas, servir de source protéique unique dans l’alimentation des
nourrissons et jeunes enfants. Seules deux sources de protéines entières reconnues dans toute l’Europe sont
autorisées : protéines de lait vache et protéines de soja. Pour les mamans qui souhaitent donner une
alimentation végétarienne à leur enfant, ces dernières représentent un équivalent prévu dans les directives
autorisées sous la forme de préparations infantiles, mais pas celle de jus de soja !
ANSES. alimentation humaine. les apports conseillés en énergie. http://www.anses.fr/PNS701.htm, accédé le 3/10/2012.
Goyens P. Besoins nutritionnels. In : Office de la Naissance et de l’Enfance. Enfant et nutrition. Guide à l’usage des professionnels.
Benoît parmentier Ed, Bruxelles 2009 : 13-31.
(1)
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