République du Niger
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Organisation mondiale de la Santé Bureau de la Représentation du Niger République du Niger Ministère de la Santé publique Et de la Lutte contre les Endémies PROFIL DU SYSTÈME DE SANTÉ DU NIGER Avril 2005 SOMMAIRE AVANT - PROPOS........................................................................................................................................ 3 1 SITUATION GÉNÉRALE ET TENDANCES ......................................................................................... 3 1.1 1.2 1.3 1.4 2 Contexte général et démographique............................................................................................ 4 Contexte socio-économique ........................................................................................................ 6 Santé environnementale.............................................................................................................. 7 Styles de vie sains, alimentation et nutrition ................................................................................ 8 SITUATION SANITAIRE DU PAYS...................................................................................................... 9 2.1 Mortalité....................................................................................................................................... 9 2.2 Morbidité, incapacité et problèmes de santé principaux .............................................................. 9 3 RÉPONSE DU SYSTÈME NATIONAL DE SANTÉ ........................................................................... 13 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 Politique nationale de santé et plans ......................................................................................... 13 Organisation et structure de gestion du système national de santé........................................... 14 Ressources physiques............................................................................................................... 17 Ressources humaines pour la santé.......................................................................................... 19 Financement de la santé............................................................................................................ 20 Accès aux services de santé et utilisation.................................................................................. 23 Suivi et évaluation du système national de santé ...................................................................... 24 4 CONCLUSION.................................................................................................................................... 25 5 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES............................................................................................... 26 ANNEXES .......................................................................................................................................... 28 1. Carte des infrastructures sanitaires nationales....................................................................... 28 2. Organigramme du Ministère dela Santé ................................................................................. 29 2 AVANT-PROPOS Au cours de ces dernières années, le gouvernement du Niger a entrepris plusieurs réformes de son système de santé. À ce titre on peut citer la formulation d’une nouvelle Politique nationale de santé, la définition des Orientations stratégiques pour le développement sanitaire de la première décennie du 21ème siècle ayant servi à l’élaboration d’un Plan quinquennal de développement sanitaire (PDS) 2005-2009. Ces réformes visent à mieux répondre aux engagements du pays par rapport à l’atteinte des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment à travers la mise en œuvre de la Stratégie de réduction de la Pauvreté (SRP) adoptée en 2002. L’OMS accompagne le gouvernement dans ses efforts en mettant en œuvre une stratégie de coopération avec le pays pour la période 2004-2007. La mise en œuvre de toutes ces réformes nécessite le renforcement du système national d’information sanitaire afin de faciliter la production des rapports d’exécution et leur mise à jour régulière. Ceci permettra de développer à temps des stratégies pour surmonter les principaux problèmes de santé auxquels le pays fait face. Le présent profil pays, source importante d'informations sanitaires, rassemble les informations utiles permettant d’appréhender la situation sanitaire du pays et ses tendances dans leur contexte socio-politique, économique et culturel. 3 1. SITUATION GÉNÉRALE ET TENDANCES 1.1 Contexte général et démographique Le Niger est situé à l’est de l’Afrique occidentale en zone sahélo saharienne. Pays enclavé, sa superficie est de 1 267 000 Km². Niamey sa capitale est à 1 035 Km de Cotonou, le port le plus proche1. Le pays présente du sud au nord trois zones climatiques : la zone soudanienne humide, la zone sahélienne sèche et la zone saharienne désertique qui couvre les 4/5 du pays. La population nigérienne était estimée à 11 000 000 habitants en 2003 avec un taux d’accroissement annuel de 3,1 % et un indice synthétique de fécondité de 7,5 enfants (Recensement général 2001). Selon le rapport sur la santé dans le monde 2000 de l’OMS, l’espérance de vie à la naissance est de 46,2 ans. La densité globale est de 8,5 habitants/Km². Le taux brut de natalité est de 52 pour mille. Avec le taux actuel d’accroissement, la population nigérienne sera de 22,5 millions d’habitants en 20252. Les femmes représentent 50,1 % de la population et les hommes 49,9 %. Les femmes en âge de procréer constituent 42,6 % de la population. La population des moins de 5 ans représente 20,1 %, celle des moins de 15 ans 51 % et celle de plus de 65 ans 5,3 %. L’exode saisonnier vers les pays de la sous-région touche 34 % des hommes et il existe un nomadisme interne dont l’importance n’est pas chiffrée. La population urbaine est de 19,5 %. La religion dominante est l’islam avec plus de 95 % de musulmans à laquelle s’ajoutent le christianisme et l’animisme. En 2002, le taux d’analphabétisme chez les adultes est de 83,5 % et le taux brut de scolarisation de 41,7 %, un des plus bas au monde3. De façon globale, la situation démographique est caractérisée par une forte croissance malgré une mortalité élevée et la jeunesse de la population ainsi que sa faible urbanisation. Les taux de distribution par âge de la population qui sont généralement appliqués sont présentés dans le tableau 1 et correspondent à ceux retrouvés lors de l’enquête MICS de 1998, les résultats par âge du dernier recensement n’étant pas disponibles. Tableau 1 : Taux par âge de la population au Niger, Femmes en âge de procréer et naissances (%) SNIS <1an 1 à 4 ans 5 à 14 ans >15 ans 4,7 16 27,7 51 DHS 98 4,8 16,3 28 Adapté d’après données du SNIS et DHS 98 Femmes en Naissances attendues âge de procréer 22 5,2 50,9 1 OMS-NIGER : Profil pays, Niger, 1994 Ministère des finances et de l’économie –Fonds des Nations Unies pour la Population: Recensement général de la Population et de l’Habitat 2001 Résultats provisoires, décembre 2002 3 Ministère de l’éducation de base 1 et de l’alphabétisation : Rapport annuel 2002 2 4 Tableau 2 : Distribution, croissance et densité de la population de 2004 à 2009 Population1 Région Effectif Population1 % (Est 2004) Agadez Diffa Dosso Maradi Tahoua Tillabery Zinder C. U. N Niamey Total Niger 344 914 2,91 366 643 3,09 1 622 178 2 431 246 2 093 293 2 032 171 3,17 0,52 0,60 4,36 2,37 2,96 2,91 48,65 55,08 3,60 59,04 70,09 2,94 18,74 20,79 2,61 21,21 23,50 2 285 799 17,14 6,33 100,0 402 559 464 933 2 356 796 17,66 18,71 (1988-01) 2 929 571 20,51 749 160 11 856 493 (Est 2009) 1 864 128 13,68 2 218 623 attendue Taux croissance annuelle 2 537 082 861 670 13 702 538 Densité (hab/km2) 2004 Densité (hab/km2) 2009 2,81 14,45 16,29 4,15 3,1 2984,8 9,5 3379,10 10,81 1 Estimé d’après RGP 01, résultats provisoires La région de Maradi est actuellement la région la plus peuplée du pays, abritant 20,4 % soit (1/5ème) de la population totale du pays (RGP 2001). Viennent ensuite les régions de Zinder, de Tahoua et de Tillabéri avec respectivement 18,8 %, 17,7 % et 17,2 % de la population totale. Les régions d’Agadez et de Diffa qui couvrent respectivement les parties septentrionale et orientale du pays sont très peu peuplées. On distingue neuf (9) groupes ethniques au Niger : les Haoussas majoritaires (56 %), les ZarmaSonghai (22 %), les Peuls (8,5 %), les Touaregs (8 %), les Kanouris (4,5 %), les Boudoumas, les Arabes, les Toubous et les Gourmantchés (totalisant ensembles 1 %). Les élections présidentielles et législatives de 1999 ont mis fin à une période de dix ans d’instabilité politique et institutionnelle, caractérisée par des tensions sociales fréquentes ayant eu pour conséquence le retard de la reprise économique. Le Niger a entrepris plusieurs réformes visant la décentralisation administrative pour une meilleure implication des populations dans la prise en charge de leur développement. À cet effet, les premières élections locales viennent d’avoir lieu le 24 juillet 2004 pour élire les conseillers municipaux. Il existe une société civile dynamique intervenant dans plusieurs volets de la vie économique, sociale et culturelle. Dans ce cadre, on peut souligner l’existence et l’apport significatif des ONG et Associations oeuvrant dans le domaine de la santé. Les syndicats regroupés en quatre groupes (USTN, CNT, CDTN, UGTN), constituent une véritable force sociale organisée qui assume pleinement son rôle sur l’échiquier national. Depuis 1990, on assiste à l’émergence de médias privés dont la liberté est garantie par la loi. Le Niger compte 77 radios privées dont 68 communautaires, une télévision publique et une télévision privée, ainsi que 27 journaux privés. Afin de mieux promouvoir le secteur de la communication, le Niger dispose d’une Politique nationale de Communication pour le Développement qui vise à renforcer la liberté et le pluralisme de la presse, à libéraliser davantage le secteur de l’audiovisuel et à promouvoir les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Concernant la lutte contre la corruption, la législation en matière de passation des marchés publics a été révisée et il existe une association nationale de lutte contre la corruption. 5 1.2 Contexte socio-économique Le Niger appartient au groupe des pays les moins avancés (PMA). Selon le rapport mondial sur le développement humain 2004 du PNUD, il est classé 175ème sur 176 pays en terme d’Indice du Développement humain (IDH). Le PIB par habitant est de US $223 en 2003. Le taux de croissance du PIB en termes réels a été de l’ordre de 1,9 % en moyenne par an de 1990 à 2000. La structure du PIB en 2001 était de : secteur primaire 41 %, secteur secondaire 13 % et secteur tertiaire 46 %. L’économie repose sur le secteur agricole qui a connu une croissance de 2,2 % entre 1995 et 2000 mais reste tributaire des aléas climatiques sources d’instabilité des revenus. Le taux de croissance du PIB en terme réel était estimé à 4,1 % en 2004. En 2001, l’encours de la dette publique s’établit à US $2 123 166 667 et représente 99,7 % du PIB. Le service de la dette extérieure représente 33,7 % des recettes budgétaires et 25,1 % des exportations des biens et services. La dette intérieure est estimée en 2002 à environ US $500 000 000 . Les importations représentent 23 % du PIB entre 1994 et 2000. Les exportations du Niger sont fortement concentrées sur des produits primaires à très faible valeur ajoutée comme l'uranium (43,5 % en 1997), les produits de l’élevage (14,8 % en 1997) et enfin les produits agricoles (10,4 % en 1997). Depuis 1982, l’économie du pays est sous ajustement. En 2000, le Niger a été admis à l’Initiative des Pays pauvres très endettés (PPTE). Les ressources PPTE au titre des années 2001 et 2002 ont été estimées à 31 650 000 USD et ont servi essentiellement à financer le Programme spécial du Président de la République axé sur la santé, l’éducation, l’eau et l’agriculture. En 2002, le Niger a adopté la Stratégie de Réduction de la Pauvreté qui servira de cadre de développement pour la période 2002-2015. La situation économique ces dernières années est caractérisée par une faible croissance (en moyenne 2,7 % en termes réels entre 1990 et 2002) avec un taux de croissance réel du PIB de 4,1 % en 2004 contre une croissance démographique annuelle estimée à 3,1 %. Malgré la libéralisation du secteur de la communication avec le vent de la démocratie seulement 33 % des nigériens ont accès aux médias de manière générale. On estime que 63 % de la population nigérienne ne disposent pas d’un dollar par jour pour assurer le minimum de subsistance. Parmi cette population, 34 % vivent en dessous du seuil d’extrême pauvreté. Cette pauvreté touche surtout la femme (73 %) 2. Plus de la moitié des nigériens n’ont pas accès aux services de santé et à peine 50 % ont accès à l’eau potable. Le taux de couverture en évacuation hygiénique des excréta n’est que de 18 % et cache d’énormes disparités entre l’urbain et le rural. Tableau 3 : évolution de la structure du PIB de 1990 à 2000 (prix courant) 1995 secteur primaire secteur secondaire secteur tertiaire Ensemble secteur secteur primaire secteur secondaire secteur tertiaire Ensemble secteur PIB réel, Secteur primaire Secteur secondaire Secteur tertiaire 377,8 1996 1997 1998 1999 montants en milliards de francs CFA 415,2 8 135,8 134,0 131,4 9 Part des différents secteurs dans le PIB (%) 40,8% 35,3% 39,6% 39,6% 17,7% 17,6% 15,9% 14,60% 14,3% 42,1% 41,6% 48,80% 45,8% 46,2% 100% 100% 100% 100% 100% Variation annuelle (en pourcentage) 2,6 3,4 3,3 10,4 -0,6 1,09 0,17 0,77 21,0 -5,0 3,0 5,8 4,2 3,1 2,7 3,20 4,52 4,78 1,85 1,25 2000 37,6% 15,5% 46,9% 100% 0,1 2,6 3,4 -6,89 Source : Ministère des finances et de l’économie Bilan des programmes de réformes économiques et financières 1996-2002, décembre 2002 6 Tableau 4 : Composition des importations 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 Total importations (en milliards de FCFA) 145,9 123,0 110,7 113,8 233,3 228,2 238,6 257,3 En pourcentage (%) du total des importations Produits pétroliers 3,96 4,39 5,21 5,74 4,84 7,53 6,88 6,34 Céréales 4,52 7,15 5,37 5,42 3,82 4,03 4,14 6,09 Biens de consommation 17,01 19,92 22,40 22,85 27,83 24,49 33,11 29,38 Biens de consommation intermédiaire 37,50 32,93 30,71 30,40 26,04 28,99 21,50 25,53 France Nigéria Importations en pourcentage du PIB Pour mémoire : 1998 1999 2000 292,0 264,0 271,8 5,03 7,36 28,56 4,71 7,00 0,00 - 27,77 22,5 - 23,8 21,2 20,9 Provenance des importations en pourcentage (%) 24,0 32,0 25,0 15,0 14,0 12,0 18,7 17,8 18,1 26,9 24,3 23,5 23,8 PIB aux prix du marché 675,2 656,7 620,7 628,8 867,9 1 938,8 1 016,8 1 082,9 1 225,0 243,0 1300,0 Sources : Ministère de l'industrie et de l'énergie ; BCEAO; estimations des services du FMI. En matière de genre, l’analyse des rapports sociaux a permis d’établir une situation de déséquilibre général en faveur des hommes. Sur le plan politique, on compte treize femmes au parlement sur cent treize et six femmes ministres sur un total de 27. Sur le plan éducatif, il existe d’importantes disparités avec un taux net de scolarisation de 25 % pour les filles contre 35 % pour les garçons et 1 % seulement des effectifs du supérieur sont constitués de filles. Concernant l’accès aux services de santé, seuls 5 % des besoins obstétricaux sont couverts et la couverture en consultations prénatales et planification familiale restent très faibles : respectivement 40,4 % et 4,6 % selon l’EDSN-1998. Même si en matière d’emploi la loi consacre l’égalité entre homme et femme, il existe dans la réalité une disparité énorme : 16 % seulement des agents du secteur privé et 17 % de ceux du secteur public sont des femmes12. Cette situation est sans conteste l’une des causes déterminantes du faible niveau de développement humain. 1.3 Santé environnementale Les facteurs environnementaux qui ont une influence significative sur la santé publique sont entre autres : 4 • Le faible accès à l’eau potable : seulement 41 % des ménages nigériens ont accès à l’eau potable. Cette faible accessibilité, associée à la pollution de l’eau de surface ou à la contamination de l’eau de boisson, est à l’origine de certaines maladies hydriques comme le choléra4. • L’insuffisance de l’évacuation des eaux usées, des ordures ménagères et des excréta. En effet, les équipements d’évacuation des eaux usées sont quasi-inexistants; quant aux ordures ménagères, les communes du pays n’en évacuent que 40 % du total. En matière d’évacuation des excréta, 82 % des ménages nigériens ne disposent d’aucune forme de latrine21. • Les maladies liées à la contamination de la chaîne alimentaire : leur fréquence n’est pas encore maîtrisée et le suivi de la qualité et de l’hygiène des aliments demeure au stade embryonnaire. Multiples Indicator Cluster Sample Survey MICSS 2, 2000 7 Par ailleurs, le fort taux d’analphabétisme (83,5 %), le taux d’accessibilité des ménages aux médias (33 %) et l’absence de politique et de lignes directrices en matière de promotion de comportements et d’environnement favorables à la santé, expliquent dans une certaine mesure, la persistance des comportements à risque et un environnement insalubre. 1.4 Styles de vie sains, alimentation et nutrition La situation nutritionnelle s’est détériorée de façon continue depuis 1992. En effet, le pourcentage d’enfants souffrant de retard de croissance et d’insuffisance pondérale est passé respectivement de 32 % et 36 % en 1992 à 40 % en 2000. Les résultats des enquêtes EDSN 1998 et MICS 2000 montrent que la malnutrition des enfants de moins de cinq ans reste un problème fondamental au Niger. En effet, au niveau national, environ 40 % des enfants souffrent d’insuffisance pondérale (poids pour âge) et de retard de croissance (taille pour âge). Ce taux est de 41 % pour les enfants vivant en milieu rural. En milieu urbain, 30 % des enfants souffrent d’insuffisance pondérale et 27 % d’entre eux sont victimes de retard de croissance. Les régions dans lesquelles les enfants souffrent le plus de malnutrition sont Diffa, Zinder et Maradi. Leurs taux sont respectivement de 49 %, 48 % et 45 % pour l’insuffisance pondérale et 42 %, 47 % et 48 % pour le retard de croissance. L’insuffisance pondérale et le retard de croissance affectent environ 41 % des enfants vivant dans un ménage pauvre et un peu plus de 32 % de ceux issus d’un ménage riche. Selon l’enquête MICS 2000, 12 % des enfants ont un faible poids à la naissance (inférieur à 2500 grammes). L’EDS 1998 trouve en moyenne que 20 % des enfants de moins de 3 ans ont reçu, au moins, une dose de vitamine A au cours des 12 mois précédant l’enquête alors que l’enquête MICS 2000 montre un taux de cécité crépusculaire de 2,1 % chez les enfants de 24 à 59 mois ce qui dépasse largement le seuil d’intervention de 1 % fixé par l’OMS. L’enquête nationale sur la prévalence du goitre endémique en milieu scolaire réalisée en 1994 a révélé des taux nationaux de prévalence de 35,8 % de goitre total et de 5,7 % de goitre visible. Les départements les plus affectés sont ceux de Dosso, Maradi et Tahoua avec des taux de prévalence de goitre total supérieurs à 40 %. S’agissant de la couverture des populations en sel iodé la même enquête a révélé que 64 % des ménages consomment du sel iodé. La situation des maladies non transmissibles est assez mal connue car, à l’inverse des maladies infectieuses, il n’existe pas de système de surveillance continue. Cependant, des enquêtes nationales ou localisées, ont permis d’observer les tendances et l’ampleur de certaines d’entre elles. Les résultats de l’enquête nationale de 2002, ont montré que la prévalence de l’HTA est de 8 % chez les populations sédentaires et 5,6 % chez les populations nomades, de 26 % dans la population des sujets âgés de plus 60 ans. Les femmes sont les plus touchées. La prévalence du diabète dans la population générale est 2,2 % avec une létalité intra hospitalière de 17 %5. Les données hospitalières de 1993 à 1995 montrent que parmi les cancers, la fréquence du cancer du col utérin est de 17,3 % et celle du cancer du sein 12,4 %6. Il faut noter la persistance de la pratique du gavage alimentaire chez les femmes pour qu’elles deviennent grosses, ce qui est cause de surpoids, de maladies cardiovasculaires et de diabète. Les mariages consanguins sont encore monnaie courante dans la plupart des zones. Les autres maladies non transmissibles comme celles liées à la santé mentale, à la toxicomanie et au tabagisme restent une source de préoccupation pour les autorités 5 6 Ministère de la Santé publique et de Lute contre les Endémies : Enquête sur l’hypertension et le diabète, 2002 Ministère de la Santé publique et de Lute contre les Endémies : Données hospitalières du cancer du col utérin et du cancer du sein 8 sanitaires nationales. Avec l’évolution de la situation économique, démographique et sociale, la fréquence des maladies non transmissibles est appelée à croître régulièrement et les actions préventives en faveur des principaux facteurs de risques doivent être envisagées précocement. 2. Situation sanitaire Le faible niveau d’éducation, en particulier celui des filles, la pauvreté, la malnutrition, l’accès limité à l’eau potable et à l’assainissement de base favorisent le développement des maladies. En dépit de la mise en œuvre des programmes sanitaires et de l’appui multiforme des partenaires au développement, les indicateurs de santé sont nettement en dessous des normes minimales internationales 2.1. Mortalité L’état de santé des enfants reste caractérisé par une forte mortalité des moins de 5 ans (280 pour 1000). Ce taux affiche ces dix dernières années une tendance sensible à la baisse passant de 318 pour 1000 à 280 pour 1000. La mortalité infanto-juvénile est moins importante en milieu urbain (168 pour mille) qu'en milieu rural (293 pour mille). La mortalité infantile (126 pour 1000), est nettement moins élevée en milieu urbain (75 pour mille) qu'en milieu rural (131 pour mille)7. De meilleures conditions sanitaires et de vie dans les zones urbaines expliqueraient ces différences de mortalité. Les principales causes de mortalité à savoir les infections respiratoires aiguës (IRA), le paludisme, les maladies diarrhéiques, les traumatismes et les brûlures représentent près 70 % de la mortalité globale des enfants de moins 5 ans8. Les causes de la mortalité néonatale sont la souffrance fœtale, les infections et l’insuffisance pondérale à la naissance. La malnutrition constitue le principal facteur aggravant de toutes ces maladies avec plus de 39,8% des enfants de moins de 5 ans qui souffrent d’une insuffisance pondérale, dont 19,5 % sous une forme sévère12. La prévalence de la diarrhée est particulièrement importante chez les jeunes enfants. On enregistre 5-6 épisodes par an et par enfant de moins de 5 ans. La mortalité maternelle reste très élevée avec 700 décès pour 100 000 naissances vivantes. Ses causes directes sont les hémorragies (20 %), les anémies (20 %), les infections puerpérales (18 %), les éclampsies (12 %) et les ruptures utérines (10 %). En plus des conditions socioculturelles défavorables (pratiques néfastes, mariages précoces, multiparité), la mortalité maternelle est due à la faible couverture des besoins obstétricaux essentiels par les services de santé de base et les hôpitaux de référence et ce, pour des raisons liées à l’insuffisance de l’offre et à l’inaccessibilité financière. Les faiblesses de la prise en charge sont attestées par le petit nombre de formations sanitaires (24) où les interventions obstétricales sont pratiquées13. 7 8 Enquête démographique et de santé, DHS 1998, NIGER Ministère de la Santé : Santé et Pauvreté au Niger, Vers les objectifs internationaux, Rapport préliminaire, juillet 2002 9 2.2 Morbidité, incapacité et problèmes de santé principaux Le profil épidémiologique du Niger est caractérisé par la prédominance des maladies transmissibles endémo-épidémiques et l’émergence des maladies non transmissibles a) Maladies transmissibles prioritaires Parmi les maladies transmissibles prioritaires posant un grave problème de santé publique figurent : Le paludisme : Le paludisme est l’une des premières causes de morbidité générale au Niger avec en moyenne 850 000 cas notifiés par an, soit une incidence moyenne de 80 cas pour 1 000 habitants. Les groupes les plus vulnérables sont les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes9. Des tests de chimiosensibilité pratiqués in vivo en 2001 ont montré 14,5 % de résistance à la Chloroquine. Cette résistance à la chloroquine a amené le Niger à adopter une nouvelle politique de traitement préconisant l’utilisation des dérivées de l’artémésinine. En matière de prise en charge, l’enquête nationale de collecte des données de base pour l’Initiative Faire reculer le paludisme (FRP) a montré que seulement 15,3 % des malades vus en consultations externes et 33,3 % des formes graves hospitalisées sont correctement pris en charge dans les formations sanitaires. Seulement 35% de la population utilise la moustiquaire imprégnée d’insecticide10. Le Niger a adhéré à l’Initiative FRP et dispose d’un plan stratégique quinquennal 2001-2005. L’infection à VIH/SIDA : Le taux de séroprévalence est de 0,87 % dans la population adulte (15 à 49 ans), 25,6 % chez les professionnelles du sexe et 3,6 % chez les militaires, selon l’enquête nationale de séroprévalence réalisée en 200211. Cependant, même si la séroprévalence de l’infection à VIH reste faible, il existe des facteurs pouvant contribuer à une propagation rapide de l’infection. Ces facteurs sont liés aux différents comportements à risque (rapports sexuels non protégés), à la grande vulnérabilité des femmes, des jeunes et des populations mobiles et à l’analphabétisme. Le pays dispose d’un plan stratégique multisectoriel à moyen terme (PMT3) couvrant la période 2003-2006 et prenant en compte l’Initiative «3 millions d’ici 2005». La tuberculose : On estime de façon générale la prévalence de la tuberculose à microscopie positive (TPM+) à 3 % et l’incidence à 1,5 pour 1000 : ce qui correspond à un risque annuel d’infection d’environ 2 à 3 %12. Les problèmes majeurs entravant la lutte contre la tuberculose restent : le faible taux de dépistage (58%), le faible taux de guérison (57 %), un taux élevé d’abandon (16 %), un approvisionnement irrégulier et insuffisant en médicaments et réactifs des centres de dépistage et de traitement (CDT) et des centres 12 Enquête démographique et de santé, DHS 1998, NIGER Ministère de la Santé : Santé et Pauvreté au Niger Vers les Objectifs Internationaux, Rapport préliminaire, juillet 2002 Ministère de la Santé publique et de Lute contre les endémies : Plan stratégique quinquennal de lutte contre le paludisme 2000-2005 10 Ministère de la Santé Publique et de lute contre les endémies : Rapport de collecte des données sur la morbidité et la mortalité pour le suivi et évaluation de FR/RBM, juillet 2003 11 Cabinet du Premier Ministre : Plan du cadre stratégique de lute contre les IST/VIH/SIDA 12 Ministère de la Santé publique et de Lute contre les endémies: Plan national de lutte contre la tuberculose 2002-2006 13 9 10 de traitement (CT). La stratégie du traitement par observation directe (DOTS) ne couvre que 60 % des malades. On observe de plus en plus des cas de chimiorésistance et une association de l’infection à VIH/SIDA chez 20 à 23 % des malades tuberculeux. Les schistosomiases : La prévalence de la bilharziose urinaire, forme prédominante, varie de 24 à 90 % selon les systèmes écologiques : les régions du fleuve Niger, du Lac Tchad, du Goulbi de Maradi et des Maggia de l’Ader. Les hommes sont plus touchés que les femmes, la tranche d’âge de 5 à 20 ans est la plus concernée. Dans les zones de forte prévalence, les complications rénales (hydronéphroses) sont fréquentes (30 %) chez les enfants de 7 à 14 ans. Le programme national de lutte contre la bilharziose et les géohelminthes a été lancé en octobre 2004 avec le soutien de Schistosomiasis control Initiative (SCI) pour une durée de quatre (4) ans. L’objectif visé est de traiter deux millions de personnes contre la bilharziose et un million et demi d’enfants contre les vers intestinaux. Maladies à éradiquer et à éliminer : Parmi les maladies à éradiquer ou à éliminer figurent la poliomyélite, le tétanos maternel et néonatal, le trachome, la filariose lymphatique ; elles constituent un problème de santé publique et évoluent sous forme endémique. Par contre la dracunculose est en voie d’éradication (de 31 000 cas en 1991 à 93 cas en 2003) et la lèpre en voie d’élimination (0,82 cas pour 10 000 habitants en 2003)13. L’onchocercose ne constitue plus un problème de santé, mais sa surveillance épidémiologique reste en vigueur. Maladies à potentiel épidémique : La population reste confrontée chaque année aux épidémies de méningites à méningocoques. La méningite est endémique avec de nombreuses poussées épidémiques de plus en plus rapprochées. Les années 1986 (20 140 cas) et 1995 (43 203 cas) ont été particulièrement plus affectées18. Ces dernières années, on observe une diminution significative de l’incidence annuelle de la méningite (8 782 cas en 2003) grâce au renforcement des activités de surveillance, de laboratoire et de prise en charge des cas. Les épidémies sont essentiellement dues à la souche de Neisseria meningitidis du sérogroupe A. Mais l’émergence de la souche Neisseria meningitidis W135, en proportion croissante au cours de ces quatre dernières années, constitue une difficulté supplémentaire dans la stratégie de prévention et de contrôle de la maladie, surtout que le vaccin contre cette souche reste coûteux et très peu disponible sur le marché international. Les autres maladies à potentiel épidémique sont : • 13 La rougeole dont les épidémies surviennent chaque année avec une incidence annuelle moyenne de 43 000 cas recensés entre 2000 et 2003 dans les formations sanitaires du pays. La dernière épidémie est survenue en 2003 avec 50138 cas notifiés. Une enquête approfondie a montré que le taux de létalité de la maladie avoisine 9 %. Le taux de couverture vaccinale varie en dents de scie et reste faible (33 % de moyenne nationale et annuelle). En 2004, le Niger a organisé une campagne de vaccination de masse ciblant les enfants de 9 mois à 15 ans ayant permis d’atteindre un taux de couverture de 94 %, l’objectif étant de réduire la morbidité de 90 %. Ministère de la Santé publique et de lute contre les endémies : Système national d’information sanitaire 11 • Le choléra apparaît presque chaque année en période hivernale, dans les régions de la bande sud du pays, avec une population à risque estimée à 83 % de la population générale et une létalité variant entre 5 et 20 % selon les rapports mensuels sur les maladies à déclaration obligatoire du ministère de la santé publique. • les Shigelloses sont de plus en plus connues avec l’apparition des premières épidémies à Téra, Kollo, Say, Gaya, Diffa, de 2000 à 2002. • La fièvre jaune, même si aucun cas n’a été signalé par défaut de surveillance depuis deux décennies, présente une menace pour le pays avec l’existence de foyers actifs dans certains pays limitrophes du Sud, une couverture vaccinale nationale faible variant de 25 à 32 % et l’existence du vecteur. Pour toutes ces maladies à potentiel épidémique, des actions sont en cours en vue de réduire leur morbidité et leur mortalité. b) Maladies non transmissibles : La situation des maladies non transmissibles est assez mal connue car, à l’inverse des maladies infectieuses, il n’existe pas de système de surveillance continue. Cependant, des enquêtes nationales ou localisées, ont permis d’observer les tendances et l’ampleur de certaines d’entre elles. Les résultats de l’enquête nationale de 2002, ont montré que la prévalence de l’HTA est de 8 % chez les populations sédentaires et 5,6 % chez les populations nomades, de 26 % dans la population des sujets âgés de plus 60 ans. Les femmes sont les plus touchées. La prévalence du diabète dans la population générale est 2,2 % avec une létalité intra hospitalière de 17 %14. Les données hospitalières de 1993 à 1995 montrent que parmi les cancers, la fréquence du cancer du col utérin est de 17,3 % et celle du cancer du sein 12,4 %15. La fréquence de la drépanocytose varie de 22 à 30 % dans la population générale du pays. En ce qui concerne les affections bucco-dentaires, la prévalence de la carie dentaire et des gingivites varient selon l’âge : elle est de 68 % pour la carie dentaire et 99 % pour les gingivites chez les sujets âgés de 18 ans. Quant au noma, il est observé une augmentation des cas dépistés (de 83 en 1993 à 155 en 2002) contre 103 cas en 2004 au cours de ces dernières années grâce aux activités du nouveau programme national de lutte contre le noma. Une analyse de la situation effectuée en 2004 a relevé 39 437 cas d’affections bucco-dentaires c) Incapacité et autres handicaps : Selon le RGP 1988 les personnes handicapées représentent 1,3 % de la population totale. Les infirmités concernées sont la cécité (plus de 2 %), la surdité, la mutité, la surdimutité, les paralysies des membres, les amputations et autres. Selon une enquête réalisée en 2000 par le ministère de la santé dans le cadre de l’évaluation des besoins en santé mentale, sur 468 ménages 15 % comportent en leur sein au moins un malade mental parmi lesquels 60 % ont un âge inférieur à 39 ans. 14 15 Ministère de la Santé Publique et de Lute Contre les Endémies : Enquête sur L’Hypertension et le Diabète, 2002 Ministère de la Santé Publique et de Lute Contre les Endémies : Données Hospitalières du Cancer du col utérin et du cancer du sein 12 3. Réponse du système de santé national 3.1 Politique nationale de santé et plans Politiques et orientations stratégiques : La constitution de la République du Niger de 1999 stipule en son article 11 que « chaque nigérien a droit à la vie, à la santé, à la liberté, à la sécurité, à l’intégrité physique et mentale, à l’éducation et à l’instruction dans les conditions définies par la loi ». Au lendemain de l’Indépendance (1960), la politique sanitaire était axée essentiellement sur la médecine curative individuelle. À partir de 1974, l’option fondamentale était de pratiquer une médecine globale et intégrée, coordonnant les activités préventives, curatives et promotionnelles pour toutes les communautés et visant l’autosuffisance sanitaire. Le Niger a souscrit à plusieurs déclarations régionales et internationales dont celle de Alma-Ata en 1978, du scénario de développement sanitaire en 3 phases (Lusaka en 1985) et de l’Initiative de Bamako en 1987. Le Plan de Développement sanitaire (PDS) 1994-2000 a favorisé l’adoption et la mise en œuvre de la Politique sectorielle de Santé et la politique pharmaceutique nationale en 1995. Son évaluation a révélé certaines insuffisances bien qu’une réduction de la mortalité infanto juvénile de 318 pour mille à 280 pour mille ait été observée16. En 2002 le gouvernement a adopté une nouvelle politique de santé et défini des orientations stratégiques 2002-2011 : il s’agit d’accélérer la mise en œuvre des soins de santé primaires et l’objectif universel de la santé pour tous au 21ème siècle d’une part et des dispositions contenues dans la constitution du 9 août 1999 qui visent à garantir le droit à la santé à tous les citoyens nigériens, d’autre part. Une attention particulière sera accordée à la santé de la reproduction dans ses volets santé de la femme et de l’enfant, la lutte contre le VIH/IST et le paludisme en vue de l’atteinte des objectifs du Millénaire pour le développement en matière de santé. Un plan national de développement sanitaire (PDS) 2005-2009 a été élaboré en prenant en compte toutes les composantes santé de la Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP2 ). Pays sahélien, le Niger est confronté à certaines situations d’urgence et de catastrophes naturelles comme la sécheresse, les famines, les inondations et les épidémies. À cet effet le gouvernement a mis en place un système d’alerte précoce avec un secrétariat national permanent rattaché au cabinet du Premier Ministre avec des antennes dans les huit régions que compte le pays plus actif dans le domaine de la sécurité alimentaire. Un plan national de préparation et de réponse aux urgences sanitaires a été élaboré mais son application tarde faute de financement. Il faut souligner aussi l’existence du comité national de gestion des épidémies qui dispose de démembrements aux niveaux régional et sous régional. Une direction nationale de protection civile existe au ministère de l’intérieur et de la décentralisation chargée de la préparation et de la réponse aux situations de désastre, d’urgence ou de situation humanitaire. 2 Cabinet du Premier Ministre, Stratégie de Réduction de la pauvreté, janvier 2002 16 Ministère de la santé publique : Analyse de la situation sanitaire du Niger 1994-2000, novembre 2000 13 3.2 Organisation et structure de gestion du système national de santé Sur le plan administratif le système de santé est structuré en trois niveaux : central, intermédiaire et périphérique. Le niveau central constitué par le Cabinet du ministre et les Directions centrales, est le lieu de définition de la politique sanitaire, de la mobilisation des ressources, du contrôle de gestion et de l’évaluation des performances. Le niveau intermédiaire constitué de 8 Directions régionales est chargé de la coordination et de l’appui au niveau périphérique ou opérationnel constitué de 42 districts. Du point de vue organisationnel, l’organigramme défini en novembre 2003 a été mis en vigueur mais présentait une absence d’attributions, ce qui a motivé sa révision actuellement en cours. Cette absence d’attributions claires des différentes directions centrales influe négativement sur l’efficacité du système avec comme conséquences, la faiblesse de la coordination, du monitorage, du suivi et de l’évaluation des interventions dans le secteur. Au plan technique le système comprend 3 niveaux : - le premier niveau (opérationnel) s’articule autour du district sanitaire avec son réseau de centres de santé intégrés et de cases de santé; - le deuxième niveau correspond à l’hôpital régional; - le troisième niveau correspond aux hôpitaux et maternités de référence nationale. Il existe des centres spécialisés de référence : le Centre national antituberculeux (CNAT), le Centre national dermato-lèpre (CNDL) et le Centre national de santé de la reproduction (CNSR). Il faut aussi souligner l’existence d’autres établissements d’appui : le Laboratoire national de Santé publique et d’expertise (LANSPEX), le Centre de Recherche médicale et sanitaire (CERMES), l’Office national des produits pharmaceutiques et chimiques (ONPPC) avec 48 officines; le Centre national de Radio Protection de Niamey et 3 écoles publiques de formation paramédicale auxquelles s’ajoutent 2 écoles privées. Au niveau de l’État, la coordination globale de l’aide est assurée par le Ministère des finances et de l’économie. Les mécanismes de coordination et de suivi de l’aide sont essentiellement les évaluations et programmations annuelles des investissements de l’État (PIE) et les revues conjointes avec certains partenaires. Dans le cadre de la mise en œuvre de la SRP, de nouveaux mécanismes et instruments de coordination sont en train d’être mis en place par le gouvernement. Dans le secteur de la santé, un mécanisme de coordination des interventions a été mis en place en 1998. Toutefois, cet instrument n’est pas fonctionnel actuellement. Il existe cependant un comité de coordination interagences des activités vaccinales dont la présidence est assurée par le MSP. La coordination entre les organisations, programmes, fonds et agences du système des Nations Unies est assurée par le Coordonnateur résident. Il existe d’autres mécanismes de coordination des interventions à travers des groupes thématiques : ONUSIDA ; Sécurité alimentaire, genre, communication. L’absence ou les faiblesses des mécanismes actuels de coordination dans le secteur de la santé rendent inefficaces les interventions. Le Niger a choisi d’organiser la participation communautaire aux efforts de santé par la mise en place de structures et de règles de recouvrement partiel des coûts, appuyées d’une gestion transparente, efficace et efficiente dans le cadre du Programme national d’appui aux soins de santé primaires dont la mise en œuvre a démarré en 1995. Ce Programme a permis de mettre en place un système de co-gestion ou gestion participative 14 entendue comme étant la participation de la population à la gestion des services de santé à travers la planification, l’organisation, la mobilisation des ressources, l’exécution, le contrôle et l’évaluation des actions de santé. Les structures retenues sont : - les comités de santé aux niveaux national, régional, sous-régional et local - les comités de gestion émanation des comités de santé aux niveaux régional, sous-régional et local. Les principales faiblesses constatées dans le domaine de la participation communautaire sont les suivantes : les comités de santé ne sont pas mis en place au niveau national, dans les régions, dans certains districts et les aires de santé tandis que les comités de gestion ne maîtrisent pas pleinement leurs rôles et responsabilités. Les membres des comités existants n’ont pas tous été élus démocratiquement comme prévu par les textes qui sont peu ou prou appliqués. La déclaration de Politique sectorielle de Santé de juillet 1995 engageait le Gouvernement à «rendre effective la collaboration intersectorielle pour la résolution des problèmes environnementaux ayant une incidence négative sur la santé». Dans la mise en oeuvre du Plan national de développement sanitaire (PDS) 1994-2000, le Ministère de la Santé publique (MSP) a maintenu la collaboration intersectorielle à travers les relations fonctionnelles habituellement entretenues avec de nombreux secteurs connexes (agriculture, finance, plan, développement social, hydraulique, fonction publique). En plus de ces rapports traditionnels, la création des comités de santé au niveau de certains districts sanitaires a renforcé la collaboration au niveau périphérique. En terme de réalisation, le renforcement de la coordination intra et intersectorielle était envisagé à travers les structures existantes : directions centrales du MSP, COTEDEP, COTEAR, COTECOM et l’utilisation des structures à créer : comité national de santé, comités régionaux et sous-régionaux de santé. L’analyse du dispositif actuel de la collaboration intersectorielle montre des lacunes dans la mise en œuvre de l’approche retenue : - le comité national de santé et le comité technique national de santé ne sont pas mis en place; - les comités de santé régionaux n’existent pas hormis les comités de mise en œuvre du recouvrement des coûts (Maradi, Zinder); - les comités de santé sous-régionaux existants ne fonctionnent pas en conformité avec la réglementation en vigueur (Évaluation du Programme d’appui au secteur de santé, mai 2000). La déclaration de politique sectorielle de santé adoptée en mai 2002 a défini comme objectif la recherche d’un partenariat entre l’État, les populations, les particuliers et les partenaires du développement afin d’accroître les ressources consacrées au secteur et assurer la pérennité des actions qui seront entreprises. Les rôles et responsabilités sont définis dans le document cadre du partenariat édité en 1995 par la Direction des études et de la programmation du ministère de la santé qui est la structure centrale de coordination du partenariat. 15 Une place de choix sera accordée au secteur privé peu développé jusqu’ici. Dans cette perspective une stratégie de développement du privé sera définie et le dispositif législatif et réglementaire sur l’exercice privé des professions de santé sera renforcé. Par ailleurs la promotion de la participation des ONG et associations sera recherchée dans le cadre du partenariat pour garantir la cohérence, la synergie et la complémentarité des interventions nécessaires à un développement sanitaire harmonieux et durable. La médecine traditionnelle constitue souvent le premier recours des populations pour les soins de santé. Une étude réalisée en 1997 a rapporté qu’en milieu rural, 80 à 90 % de la population consultent les tradipraticiens17. Au niveau du nouvel organigramme du ministère figure une direction de la pharmacie, des laboratoires et de la pharmacopée traditionnelle. Un répertoire des tradipraticiens et des plantes médicinales existe et fera l’objet de mise à jour cette année. Les tradipraticiens sont organisés au sein de plusieurs associations : association des tradipraticiens du Niger, Pharmaco santé Amin, coopérative d’herboristerie Banituri. Il existe un document de stratégie nationale de médecine traditionnelle dont les orientations principales sont de mettre à la disposition des populations des médicaments traditionnels dits « améliorés » de qualité et de créer un Institut de Médecine traditionnelle. Entre autres objectifs, cette politique vise la promotion, la conservation et la production des plantes médicinales et la recherche ainsi que l’incorporation de remèdes traditionnels sûrs et ayant fait la preuve de leur efficacité dans les soins de santé primaires. Dans sa mise en œuvre, une concertation et une collaboration étroite seraient développées avec les associations de tradipraticiens recensés sur la base de la qualité de leur pratique, un contrôle de la qualité des produits par le laboratoire national de santé publique d’expertise et (LANSPEX) centre collaborateur de l’OMS, une limitation de la gamme des produits examinés en fonction de certaines pathologies prioritaires, le développement des liens avec la médecine conventionnelle (avec notamment la formation des agents de santé dans ce domaine) et une information de la population sur le recours à une médecine traditionnelle de qualité. Cette politique intégrerait la protection des espèces végétales concernées (création d’arboretums déjà initiés avec quelques partenaires) ainsi que l’appui à de petites unités locales de production qui respecteraient les normes établies. La faculté des sciences de l’Université Abdou Moumouni Dioffo de Niamey participe aussi à l’évaluation des médicaments traditionnels. Un comité consultatif national d’éthique pour la recherche en santé ayant pour mission d’examiner les projets de recherche, y compris les essais thérapeutiques existe depuis 2000. Système de surveillance épidémiologique : La collecte et la notification des données sur les maladies transmissibles ont été possibles grâce à la mise en place d’un système national d’information sanitaire (SNIS). Les données collectées vont du centre de santé intégré au niveau du district sanitaire à la Direction régionale de la santé publique qui les transmet au niveau central. La rétro information est faite à travers des bulletins trimestriels ou mensuels sur les Maladies à Déclaration obligatoire (MDO). De 1992 à 2002, 10 maladies étaient sous surveillance. Avec la mise en œuvre de la Surveillance intégrée des maladies et Riposte (SIMR), 13 autres maladies ont été rajoutées sur la liste faisant un total de 23 maladies. L’évaluation du système national de surveillance épidémiologique en juillet 2002 a montré des forces 16 mais aussi des lacunes dans les compétences des agents de santé en épidémiologie et dans les capacités des laboratoires à accompagner la surveillance épidémiologique. La principale force ainsi identifiée est l’existence de centres de surveillance régionaux et de districts opérationnels. Par ailleurs, pour appuyer la surveillance, un réseau national des laboratoires a été créé et doté en réactifs et matériels de laboratoire. Toutefois, les points suivants méritent une amélioration : l’insuffisance du suivi de la courbe de tendance des maladies prioritaires; l’utilisation insuffisante des données pour la prise de décisions; le retard dans la transmission des rapports au niveau central et la non intégration des maladies non transmissibles dans la surveillance épidémiologique actuelle. Des rencontres transfrontalières sont organisées avec les pays voisins particulièrement sur la maladie du ver de Guinée, les paralysies flasques aigues, les méningites et l’organisation synchronisée des journées nationales de vaccination contre la poliomyélite. 3.3 Ressources physiques du système national de santé 3.3.1 Infrastructures Les infrastructures sanitaires sont constituées de : 3 hôpitaux nationaux, 6 centres hospitaliers régionaux, 3 maternités de référence, 6 centres nationaux de soins spécialisés, 42 hôpitaux de district, trois autres hôpitaux dont un privé, 77 centres de santé intégrés de type 2 (CSI avec maternité), 402 centres de santé intégrés de type 1 (CSI sans maternité) et 650 cases de santé (centre de santé géré par un agent de santé communautaire) fonctionnelles sur les 1000 construites. Le secteur privé compte près de 200 établissements de soins (salles de soins, cabinets médicaux); à cet ensemble s’ajoutent 7 centrales d’approvisionnement et 42 pharmacies privées. En terme de ratios, la couverture est la suivante : • • • • • 1 centre de santé pour 25 000 habitants 1 officine pharmaceutique pour 22 500 habitants 1 lit général pour 3190 habitants 1 lit de maternité pour 577 naissances attendues 1 lit de pédiatrie pour 13 540 enfants de moins de 15 ans Les ratios population/formation sanitaire varient selon les régions de 8 950 à 30 680. Les régions les plus peuplées comme Maradi, Tahoua, Zinder et Tillabéri sont les moins pourvues. 17 Tableau 5 : Densité des formations sanitaires (par hab.) selon la Région de 1994 à 2004 (TIRE DU PDS) Région Population1 FS hab. FS 1994 (CM, PM, DQ, DR, CSMI) 523 538 39 13 424 287 270 27 10 639 CUN AGADEZ DIFFA 204 120 20 10 206 TILLABERI ZINDER 1 634 247 1 716 885 78 65 20 951 26 413 MARADI TAHOUA 1 741 267 1 542 500 55 63 31 660 24 484 DOSSO 1 272 860 45 28 286 Niger 8 922 687 392 22 761 Population2 2004 749 160 344 914 FS (CSI 1, 2, HD) 40 43 Hab/FS 18 729 8 021 38 8 526 115 111 17 671 19 987 2 093 293 92 93 26 426 22 508 1 622 178 90 18 024 612 19 373 366 643 2 032 171 2 218 623 2 431 246 11 856 493 1 RGP 88, 2 RGP 2001 Remarques : La population a été calculée en appliquant les taux spécifiques de croissance de région à partir du RGP 2001. Le nombre d’infrastructures résulte de l’analyse de situation en avril 2004. 3.3.2 Équipements Une croissance considérable en implantation d’équipements biomédicaux a été constatée, avec des investissements effectués au niveau de 25 hôpitaux de district sur financement bi et multilatéraux essentiellement au cours des dernières années dont seuls huit sont opérationnels. L’inexploitation de ces équipements installés depuis plus de cinq ans dans certains hôpitaux de district non fonctionnels, a fait apparaître des défaillances au niveau de certains équipements pour leur mise en route. Beaucoup de produits périssables liés à ces équipements tels que réactifs, films, etc. sont à jeter. Le personnel en poste ou à venir n’est pas formé à leur utilisation. Aucune approche de maintenance n’a été définie pour pérenniser ces investissements. Les centres de santé ont principalement comme équipement de base, les motos, les réfrigérateurs, un microscope, une radio BLU, et l’éclairage des locaux en énergie solaire. La plupart des CSI est dotée du minimum nécessaire pour la vaccination et le diagnostic (motos, réfrigérateurs et microscope). La majorité des CSI construits au cours de cette décennie est équipée d’éclairage et de radio de communication fournis par les programmes de promotion de l’énergie solaire et d’amélioration de la communication. Plus de 75 % des motos à ce niveau ont une moyenne d’âge supérieure à 5 ans. Les plateaux techniques des hôpitaux régionaux n’ont bénéficié d’aucun renouvellement d’équipement depuis 1989 à part le renouvellement des appareils de radiologie et de chirurgie dans certains hôpitaux qui s’est effectué dans le cadre de la coopération bi et multilatérale. La plupart des équipements installés sont en panne. L’acquisition des pièces de rechange devient problématique avec des modèles non disponibles même dans les pays de fabrication. Des équipements destinés à des spécialités sont fournis au niveau de certains CHR alors que ces derniers ne disposent pas de ressources humaines compétentes pour 18 leur manipulation. Cette situation fait ressortir un parc hétéroclite d’équipements qui en majorité sont en fin de chaîne de construction depuis plus de dix ans. Les équipements d’exploitation sont très variés : outre les équipements liés au bâtiment, les groupes électrogènes, les radiocommunications et les équipements frigorifiques pour la conservation des vaccins et des produits de laboratoire ont un rôle majeur. Le parc automobile est composé de 490 unités dont 202 affectés aux services de soins essentiellement destinés aux évacuations sanitaires. La moyenne d’âge de ce parc est de 8 ans. Ils ont pour la plupart été acquis dans le cadre de la coopération. Le parc de motos comprend 546 unités affectées aux services déconcentrés du ministère de la santé (centres de santé, districts). Les services techniques de maintenance sont composés de différents départements : • SERPA : service d’entretien et de réparation du parc automobile, il possède un magasin central d’approvisionnement; • SERAM : service d’entretien et de réparation des appareils médicaux; • SERMEX : service d’entretien et de réparation du matériel d’exploitation (chaîne de froid, bureautique et informatique). Créés en 1978, les services techniques ont progressés par la création des deux nouvelles structures qui sont le SERAM et le SERMEX. Avec l’intervention de l’USAID, ces services ont été implantés dans les régions avec des locaux et outillages conséquents. Le personnel est insuffisant en quantité et en qualité et manque de formation continue ce qui réduit considérablement ses performances. À cela s’ajoute la réduction drastique des budgets de maintenance alloués par l’État. Un document de l’avant-projet de politique de maintenance dans le secteur santé a été élaboré en novembre 2002 mais son adoption n’est pas acquise. 3.3.3 Médicaments et fournitures médicales Depuis 1995, le Niger dispose d’une politique pharmaceutique nationale et d’un plan directeur de mise en œuvre. L’approvisionnement en médicaments se fait à travers 2 réseaux : un réseau public constitué par l’Office national de pharmacie et Produit chimiques avec 48 officines inégalement réparties sur l’ensemble du territoire et un réseau privé comprenant 8 centrales d’achat. Malgré l’existence de ces canaux de distribution, les formations sanitaires publiques connaissent fréquemment de ruptures des stocks de médicaments. L’accessibilité aux médicaments essentiels reste très limitée, vu l’état de pauvreté de la population. Le contrôle de la qualité des médicaments est assuré par le LANSPEX qui utilise moins de 50 % de ses capacités faute de clientèle. L’inspection de pharmacies est faite de façon épisodique par l’Inspection générale de la Pharmacie, des Laboratoires et de la Pharmacopée traditionnelle (IGPL/PT). 3.3.4 Ressources humaines pour la santé L’effectif du personnel du secteur de la santé, toutes catégories confondues, est estimé à 4 481 agents en 2003. Les femmes représentent 47,5 % contre 52,5 % pour les hommes. 19 L’analyse de la distribution du personnel révèle d’importantes disparités entre les régions, et au niveau des régions entre le milieu urbain et le milieu rural. La communauté urbaine de Niamey qui représente 7 % de la population totale, emploie 34 % de l’effectif du personnel. Par ailleurs, 65 % de l’effectif du personnel travaillent dans les chefs-lieux de département, contre 35 % en zones rurales22. Le pays dispose de très peu de spécialistes si l’on se réfère aux besoins réels des populations. Les disciplines où les besoins sont les plus importants sont : la chirurgie, la gynécologie et la biologie. De façon générale, le personnel reste insuffisant au regard des normes internationales comme l’indique le tableau ci-dessous : Tableau 6 : Catégorie Situation du personnel par catégorie en comparaison avec les normes de l’OMS (tiré de la SCP) Effectif actuel 257 14 12 2263 435 Besoins selon normes OMS 1 190 535 238 2 379 523 Médecins Pharmaciens Dentistes Infirmiers SagesFemmes Source : MSP/LCE, octobre 2003 Ecart Normes OMS 1pour 10.000 1pour 20.000 1pour 50.000 1pour 5.000 1pour 5.000 933 521 226 116 88 Situation actuelle 1pour 46.290 1pour 849.757 1pour 991.383 1pour 5257 1pour 6017 La formation initiale est assurée pour les paramédicaux par 2 écoles nationales de santé publique (Niamey et Zinder) et une école privée créée en 2002. Les programmes de formation ne sont plus adaptés aux réalités nationales, et leur révision est bloquée depuis des années compte tenu des incidences financières inhérentes à son adoption. L’institut de santé publique créé en 1999 formant des spécialistes paramédicaux a sorti en 2002 sa première promotion de 19 cadres de santé dont 14 en santé communautaire et 5 en information éducation et communication. La Faculté des Sciences de la Santé de l’Université de Niamey, créée en 1974 forme en moyenne 34 médecins par an. Une section de spécialisation en chirurgie générale (DES) a été ouverte en 1998 et la première promotion est sortie en décembre 2003. Une autre section de spécialisation en gynéco obstétrique a été ouverte en 2001. Compte tenu de l’ajustement structurel, le recrutement des agents de santé dans la fonction publique reste très limité au cours de ces dernières années. 3.3.5 Financement de la santé Le secteur de la santé du Niger associe des sources de financement internes et externes, publiques et privées, pour supporter les services de santé. En 1999, la partie consacrée au fonctionnement représentait 40 % et celle consacrée à l’investissement 60 %. En terme de dépenses de santé par habitant, l’effort consenti reste très faible : moins de US $4 (1999) contre US $6 en 1995. En 2002, la dépense moyenne de santé par habitant est estimée à US $1,218. 18 22 Ministère de la Santé publique : Revues des dépenses publiques : 1998,1999 et 2000 Secteur Santé. Rapport final Ministère de la santé publique : Analyse de la situation sanitaire du Niger 1994-2000, novembre 2000 20 a) Financement public : L’État a alloué sur la période 2001-2004 en moyenne 8,5 % de son budget à la santé, ce qui est toujours inférieur aux 10 % recommandés par l’OMS, et aux 15 % issus des engagements pris par les Chefs d’État et de Gouvernements africains à Abuja (Nigéria) en 2001. Les dépenses effectives de l’État dans le financement de la santé entre 1998 et 2000 se chiffraient respectivement à US $22 000 000 et US $18 000 000 contre US $23 000 000 et US $28 000 000 budgétisés pour les mêmes années. Le financement public représente environ 25 % du total du financement du secteur de la santé (1999)25. En 2000, Le budget de fonctionnement comportait les principales rubriques suivantes : personnel (43 %), matériel (28 %), subventions (20 %), frais médicaux (5 %) et transport (4 %). La part de l’effort national au financement des dépenses d’investissement est très faible (7 % des dépenses totales contre 93 % pour l’apport des partenaires extérieurs). Le financement de la santé reste tributaire de la faible performance de l’économie nationale. Entre 1994 et 1996, le ratio des dépenses publiques de santé sur le PIB a baissé de 2,5 % à 1,6 %, pour remonter en 1999 à 2,9 %. Cependant on observe une légère tendance à la hausse des dépenses publiques de santé liée à l’initiative des Pays pauvres très endettés (PPTE) 25. b) Financement extérieur : En 1999, l’apport de l’aide extérieure représentait 71 % du financement de la santé, 93 % du budget d’investissement et 60 % du budget de fonctionnement (PNDS 2003-2007). L’aide extérieure au secteur de la santé est essentiellement composée de dons et de prêts. Entre 1998 et 1999 l’aide extérieure sous forme d’emprunt était respectivement de US $4 000 000 et US $8 000 000. Pour les mêmes années, l’aide extérieure sous forme de dons était respectivement de US $10 000 000 et US $19 000 000 (Revue des comptes de la santé, 1999)25. c) Financement privé : Il existe peu de données chiffrées sur la part du secteur privé sanitaire dans le financement des dépenses de santé. Selon une étude menée par le Réseau d’Expertise en Développement économique et social (REDES) en 1998, la participation des ONG et associations au financement du secteur sanitaire s’est accrue ces dernières années, passant de US $1 000 000 en 1990 à environ US $8 000 000 en 1996. Les principaux domaines d’intervention des ONG sont : l’information et la communication, la formation, les études et recherches. La couverture régionale des ONG et associations de la santé est fortement croissante ces dernières années. En 1998, on dénombrait 61 ONG en milieu rural et 18 en milieu urbain25. En 2003, leur nombre était de 224, toutes zones d’intervention confondues. d) Autres opérateurs économiques (privés nationaux, firmes pharmaceutiques etc.) Les interventions des autres opérateurs économiques sont ponctuelles et concernent très souvent la construction, l'équipement, la logistique et l'achat des médicaments. Le manque de données ne permet pas d'estimer leur contribution au financement des services publics de santé. La caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) contribue également au financement du secteur de la santé. A titre illustratif, ses dépenses de santé ont fluctué entre US $1 000 000 et US $1 300 000 entre 1990 et 200125. 21 e) Recouvrement des coûts et autre participation communautaire : Afin d'accroître la surface financière des services de santé, un système de recouvrement partiel des coûts a été institué en 1995 par l'État. L’état d'avancement du recouvrement des coûts depuis la mise en œuvre de cette politique est le suivant : sur un total de 413 centres de santé intégrés opérationnels, 352 pratiquent le recouvrement des coûts en 2000, soit un taux de couverture de 85,2 %. Ce taux était à 100 % en 2004. Pour la même année, les recettes générées par le recouvrement des coûts étaient estimées à US $2 083 000, soit 11 % du budget effectivement alloué au MSP en 2000. Toutefois, le développement de la participation communautaire est confrontée à un certain nombre d’obstacles tels que l’insuffisance d’information et de formation, la gestion parfois non transparente des fonds recouvrés et la problématique de la prise en charge des indigents25. f) Dépenses des ménages : Une enquête réalisée sur le budget et la consommation des ménages au Niger de 1989 à 199319 a estimé la part des dépenses de santé et d'hygiène des ménages à US $3,2 par personne et par an en milieu rural et à environ US $5,2 en milieu urbain. Compte tenu de la taille de la population actuelle (10,7 millions) et de la répartition des ménages entre zones urbaine et rurale, et après ajustement aux prix de 1996, ces estimations représentent une dépense total de l’ordre de US $7 800 000, soit environ 1,6 % des dépenses totales de santé. g) Formes d’assurances, mutuelles : Le Niger enregistre un faible taux de couverture du risque maladie, à peine 3,2 % de la population. Les primes représentent environ 17 % des salaires dont 15,4 % dus aux employeurs et 1,6 % aux employés. Les principaux actes couverts sont les soins médicaux y compris les hospitalisations et les évacuations sanitaires. En dehors de la CNSS qui dispose de ses propres structures sanitaires, les assurances achètent les services auprès des structures publiques et privées25. Malgré sa jeunesse, le mouvement mutualiste nigérien est en plein essor avec 12 mutuelles de santé enregistrées dont 9 fonctionnelles et qui concernent particulièrement le personnel d’entreprises ou de sociétés. Treize mutuelles de santé sont en gestation et pourront probablement voir le jour dans les deux prochaines années. En 2004, environ 92 000 adhérents sont couverts pour les services d’hospitalisation, d’évacuations sanitaires, de soins de santé primaires et de médicaments. Les principaux obstacles au développement de la mutualité sont : l’insuffisance d’information du public sur les avantages des mutuelles de santé en matière de couverture de risques maladie ; la faible capacité organisationnelle et managériale des promoteurs et la faiblesse de la capacité monétaire des adhérents potentiels. Depuis l’année 2002 il a été mis en place une structure d’appui et de coordination des activités de promotion des mutuelles de santé. 25 19 Ministère de la Santé publique : Revues des Dépenses Publiques : 1998,1999 et 2000 Secteur santé. Rapport final Banque mondiale : Profil de pauvreté au Niger, novembre 1994) 22 3.3.6 Accès aux services de santé et utilisation Près de 60 % de la population du Niger se trouve à plus de 5 Km d’un centre de santé. Environ 15 % se trouve au-delà de 15 km. Seul 1 nigérien sur 3 utilise une structure de soins curatifs. Dans le domaine préventif et promotionnel, l’utilisation reste encore plus faible : la couverture vaccinale n’a guère dépassé les 50 % ces dix dernières années et le taux d’utilisation de la TRO est seulement de 14 % au niveau national12. La population des zones de très basse densité (nomades et régions orientales) pose des problèmes spécifiques d’accès aux soins). L’analyse du système sanitaire du Niger a permis de mettre en évidence des dysfonctionnements relatifs à l’accessibilité des populations aux structures sanitaires. Ces dysfonctionnements sont à mettre en relation avec une pluralité de facteurs structurels et socioculturels. Du point de vue des obstacles structurels, il faut noter les problèmes liés à l’accessibilité géographique des structures. La plupart des populations vivent en milieu rural loin des structures de santé. Cet éloignement constitue pour elles un réel problème d’accessibilité surtout quand on sait que la plupart des localités du Niger sont enclavées. À cela, il faut ajouter les coûts de transport que les populations jugent exorbitant par rapport à leur pouvoir d’achat. En termes de contraintes structurelles, on peut également soulever : • le manque de personnel pour assurer une bonne couverture du rayon d’implantation de la structure; • les coûts des prestations surtout quand ceux–ci s’accompagnent d’analyses médicales ou d’hospitalisation; • l’absence de consultations foraines; • la charge de travail du praticien quand ce dernier doit à la fois s’occuper du curatif et de l’administratif (remplissage des registres des différentes programmes verticaux, etc.); • le mauvais accueil des personnels de santé vis à vis des usagers allant de la violence verbale à l’indifférence en passant par tous les systèmes de racket et de faveurs; • le manque d’orientation dans les services de santé. 23 Tableau 7 : Populations non couvertes par les formations sanitaires (0-5 km) en 2004 et priorités pour 2009 Région Couverture sanitaire 0-5 km Population 2004 Population couverte Population non couverte Population 2009 Priorité Agadez 48, 52 349 578 169 621 179 958 425 315 3 Diffa 36, 48 372 104 135 731 236 373 452 721 3 Dosso 42, 34 1 646 343 697 095 949 248 2 Maradi 37, 26 2 467 463 919 441 1 548 022 003 028 3 3 002 046 Tahoua 36, 50 2 124 477 775 536 1 348 941 Tillabéry 35, 33 20 62 443 728 738 1 333 706 Zinder 36, 39 2 251 672 819 305 1 432 368 Cu Niamey 100, 00 761 125 761 125 0 Total Niger 41, 86 12 032 641 5 037 430 6 995 211 2 4 584 751 5 2 509 278 6 739 504 7 926 025 1 1 1 1 14 639 547 Source : PDS 2005-2009, novembre 2004 Les programmes de santé en cours d’exécution sont : - Stratégie de prise en charge intégrée des maladies de l’enfant (PCIME) Programme élargi de vaccination Programme de lutte contre le SIDA et les IST Programme de lutte contre le paludisme Programme de lutte contre la bilharziose Programme de lutte contre les maladies diarrhéiques Programme de d’élimination de la lèpre Programme de santé mentale Programme de lutte contre les maladies respiratoires aiguës Le programme de réhabilitation nutritionnelle Programme national d’éradication du ver de Guinée Programme de dévolution des activités de lutte contre de l’onchocercose à la partie nationale Programme national d’élimination de la tuberculose Programme de lutte contre la cécité Programme de lutte contre le noma Initiative hôpitaux amis des bébés. Un programme national de lutte contre la filariose lymphatique et un programme national de lutte contre les maladies cardio-vasculaires et le diabète sont en cours d’élaboration. Il s’y rajoute un projet de Plan de sécurité des injections. 24 Malgré l’absence d’une étude pour déterminer les causes réelles de cette faible utilisation de services, celle-ci pourrait être liée aux facteurs ci-après : insuffisance de la couverture sanitaire physique (48 %), ruptures fréquentes des stocks de médicaments dans les formations sanitaires, mauvais accueil des patients, pesanteurs socioculturelles, pauvreté quasi généralisée de la population. 3.3.7 Suivi et évaluation du système national de santé Des mécanismes de suivi et d’évaluation du système de santé ont été mis en place et permettent périodiquement ou au besoin de disposer des données mesurant les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la politique nationale de santé. À cet effet, un système national d’information sanitaire (SNIS) a été créé en 1988 et a pour rôle principal la production et l’analyse des informations sanitaires. D’autres mécanismes de suivi et d’évaluation participent à la production et à l’analyse des données sanitaires à travers des enquêtes ponctuelles ou périodiques. Des instruments et/ou organes de suivi ont également été mis en place. Il s’agit des mécanismes de concertation comme la coordination des partenaires techniques et financiers du secteur, le comité interagence de coordination des activités d’immunisation, le commissariat au suivi d’évaluation, les comités de gestion à tous les niveaux du système de santé etc. Tous ces mécanismes permettent de mener un suivi régulier de l’état d’avancement des actions inscrites dans les plans et politiques de santé et l’évaluation des résultats obtenus en fonction des objectifs définis. Il s’agit non seulement de mesurer de façon continue l’état d’avancement des actions à mettre en œuvre, mais aussi et surtout d’identifier en cours d’exécution les obstacles à leur réalisation. Ces mécanismes de suivi et d’évaluation fournissent ainsi des informations aux acteurs et décideurs de tous les niveaux du système sanitaire. 4. CONCLUSION : Comme la plupart des systèmes de santé de la région africaine de l’OMS, le système de santé nigérien reste confronté à de nombreux problèmes. En effet, malgré l’application des différentes politiques et orientations stratégiques depuis l’accession du pays à l’indépendance, le système de santé reste peu performant avec un indice de 0,327 de performance en matière de santé selon le Rapport sur la Santé dans le monde 2000 de l’OMS. Cela a pour conséquence la précarité de l’état sanitaire des populations qui va en s’aggravant avec la pauvreté de plus en plus grandissante et l’émergence de nouvelles maladies. L’amélioration de la performance du système de santé passe par la levée des obstacles et défis majeurs auxquels il est confronté en capitalisant au mieux les atouts dont il dispose. En particulier, l’information sanitaire doit être le centre des préoccupations de toute action puisque c’est sur elle que repose les choix efficaces et pertinents des politiques et actions à mener et le suivi régulier de leur mise en oeuvre. À cet égard, la mise à jour périodique du Profil pays reste un défi majeur à relever par le bureau de pays et le gouvernement du Niger. 25 5. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. PNUD : Rapport mondial sur le développement humain 2004, 2004 2. Cabinet du Premier Ministre, Stratégie de Réduction de la pauvreté, janvier 2002 3. Coordination du Système des Nations Unies : Plan Cadre de Nations Unies pour l’Aide au Développement (UNDAF 2004-2007), mai 2003 4. Ministère de la Santé publique et de lute contre les endémies : Plan national de Développement sanitaire (PNDS) 2005-2009, novembre 2004 5. ONU : Coordination résidente du système des Nations Unies : Bilan Commun de Pays : « Combattre la pauvreté : le défi du millénaire », 2001 6. UNION AFRICAINE : Nouveau partenariat pour le développement en Afrique, octobre 2001 7. OMS GENEVE: Programme général de Travail 2002-2005 (GT), avril 2001 8. OMS-NIGER : Profil pays, Niger, 1994 9. Ministère des Finances et l’Économie–Fonds des Nations Unies pour la Population: Recensement général de la Population et de l’Habitat 2001 Résultats Provisoires, décembre 2002. 10. Ministère de l’éducation de base 1 et de l’alphabétisation: Rapport annuel 2002, 2002 11. OMS, Genève, Rapport sur la Santé dans le Monde ,2000 12. Enquête démographique et de Santé, DHS 1998, NIGER 13. Ministère de la Santé : Santé et Pauvreté au Niger Vers les Objectifs Internationaux, Rapport préliminaire, juillet 2002 14. Ministère de la Santé publique et de lutte contre les endémies : Plan stratégique quinquennal de lutte contre le paludisme 2000-2005 15. Ministère de la Santé publique et de lutte contre les endémies : Rapport de collecte des données sur la morbidité et la mortalité pour le suivi et évaluation de FR/RBM, juillet 2003 16. Cabinet du Premier Ministre : Plan cadre stratégique de lute contre les IST/VIH/SIDA 17. Ministère de la Santé publique et de lutte contre les endémies : Plan national de Lutte contre la Tuberculose 2002-2006 18. Ministère de la Santé publique et de lutte contre les endémies : Système d’Information sanitaire 19. Ministère de la Santé publique et de lutte contre les endémies : Enquête sur l’hypertension et le diabète, 2002 20. Ministère de la Santé Publique et de Lute Contre Hospitalières du Cancer du col utérin et du cancer du sein 21. Multiples Indicator Cluster Sample Survey MICSS 2, 2000 26 les Endémies : national Données 22. Ministère de la santé publique : Analyse de la situation sanitaire du Niger1994-2000, novembre 2000. 23. URC enquête dans les formations sanitaires, novembre 2003 24. Ag Arya et Alfari enquête sur la médecine traditionnelle au Niger, 1997 25. Ministère de la Santé publique : Revues des dépenses publiques : 1998,1999 et 2000 Secteur Santé. 26. Banque mondiale : Profil de pauvreté au Niger, novembre 1994 27. Ministère des finances et de l’économie Bilan des programmes de réformes économiques et financières 1996-2002, décembre 2002 28. Programme spécial du Président de la République : Santé et développement juillet 2002. agricole, 6. GLOSSAIRE Les objectifs du Millénaire pour le développement: Les objectifs du Millénaire pour le développement constituent un programme ambitieux qui vise à réduire la pauvreté et à améliorer les conditions de vie auquel les dirigeants mondiaux ont souscrit lors du Sommet du Millénaire en septembre 2000. Il a été établi pour chaque objectif une ou plusieurs cibles, qui devront être atteintes d’ici 2015 pour la plupart, 1990 étant l’année de référence. Les objectifs sont les suivants: Objectif 1 : Éliminer la pauvreté extrême et la faim ; Objectif 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous ; Objectif 3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ; Objectif 4 : Réduire la mortalité infantile ; Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle ; Objectif 6 : Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies ; Objectif 7 : Assurer un environnement durable ; Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement. Les soins de santé primaires : Les soins de santé primaires (SSP) sont des soins de santé essentiels fondés sur des méthodes et une technologie pratiques, scientifiquement viables et socialement acceptables, rendus universellement accessibles aux individus et aux familles dans la communauté par leur pleine participation et à un coût que la communauté et le pays puissent assumer à chaque stade de leur développement dans un esprit d'autoresponsabilité et d'autodétermination. Les SSP comprennent au minimum huit éléments: i) une éducation concernant les problèmes de santé qui se posent ainsi que les méthodes de prévention et de lutte qui leur sont applicables, ii) la promotion de bonnes conditions alimentaires et nutritionnelles, iii) un approvisionnement suffisant en eau saine et des mesures d'assainissement de base, iv) la protection maternelle et infantile y compris la planification familiale, v) la vaccination contre les grandes maladies infectieuses, (vi) la prévention et le contrôle des endémies locales, vii) le traitement des maladies et lésions courantes et viii) la fourniture de médicaments essentiels. Stewardship / Administration générale: L’administration générale consiste à superviser la totalité du système national de santé, en évitant de faire preuve de myopie, d’étroitesse de vue, voire de cécité devant la défaillance du système. 27 ANNEXES Annexe 1 - Carte des infrastructures sanitaires nationales 28 Annexe 2 - Organigramme du MSP 29