La Géothermie en France n°8

Transcription

La Géothermie en France n°8
N°8
a
Géothermie
JUILLET 2010
en rance
L’ É N E R G I E D U S O U S - S O L
>>
S O M M A I R E
Moins de 10 000 tonnes de CO2
par an : la géothermie, une
réponse pour « Aéroports de
Paris » à Orly
>> p.2 et 3
Cité du Design de Saint-Etienne :
chauffage et rafraîchissement
par les racines de la terre
>> p.4 et 5
É D I T O
>>
P ar M. Christian Boissavy,
Président de l’Association
Française des Professionnels
pour la Géothermie
L’Association Française des
Professionnels pour la Géothermie a
été créée le 15 Juin 2010 à Paris
Organisée en quatre filières (production d’électricité, usages directs de la chaleur géothermique, pompes à
chaleur géothermiques dans le tertiaire et le résidentiel collectif, géothermie à l’usage des particuliers), le but de
Le SILEX d’Auxerre : à l’écoute
des cultures musicales et
environnementales
>> p.6 et 7
l’association est d’accroître l’exploitation des ressources géothermiques, particulièrement abondantes en France.
Rénovation basse consommation
réussie en Franche-Comté
pour un équipement tertiaire
>> p.8, 9 et 10
130 personnes, dont une centaine d’adhérents fondateurs, étaient présentes le 15 juin dernier lors de la réunion
Chauffer et rafraîchir en
milieu urbain sans impacter
l’environnement : la restauration
du cinéma Le Louxor
>> p.11
entreprises de forage, des installateurs de chauffage et de climatisation, des fabricants de pompes à chaleur,
Temps fort de la géothermie :
les Assises de la géothermie
en Ile-de-France
>> p.12
et du BRGM. Des commissions sont déjà à l’oeuvre dans les domaines prioritaires de la communication, de la
Les métiers de la géothermie :
Architecte
>> p.13
géothermie sur le terrain, où cette technique reste encore mal connue du public.
Alstom et la géothermie
>> p.14 et 15
nécessite l’industrialisation de la filière géothermique. Il implique de multiplier le nombre de réalisations afin
En bref
Agenda, publications, formation
>> p.16
Elle souhaite également se positionner comme le partenaire professionnel incontournable et l’interlocuteur
privilégié des pouvoirs publics pour la géothermie.
fondatrice. Un premier Conseil d’Administration de 21 membres a été élu dont les représentants des associations
partenaires (AFPAC, ATEE), du Syndicat des Foreurs d’Eau (SFE) et du pôle de compétitivité en géosciences
(Avenia). L’association regroupe des bureaux d’études thermiques, des sociétés d’ingénierie sous-sol, des
des exploitants et des promoteurs de réseaux de chaleur, ainsi que les acteurs manufacturiers de la filière
géothermie et électricité.
L’association va poursuivre le travail de préparation engagé depuis le début de l’année avec le soutien de l’ADEME
formation, de la réglementation, et de la normalisation-certification.
Le déploiement d’un réseau régional de correspondants via l’association va permettre de mieux promouvoir la
Dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, et selon la feuille de route fixée pour 2020, la géothermie doit
contribuer à la production de 2,4 millions de tonnes équivalent pétrole. Cet objectif ambitieux mais réaliste
de rendre la géothermie plus visible et de rattraper ainsi le retard accumulé par rapport à des pays comme
l’Allemagne, la Suisse ou la Suède où, par exemple, la plupart des constructions neuves sont équipées de
systèmes géothermiques. L’atteinte de cet objectif permettrait aussi la création de plusieurs milliers d’emplois,
en particuliers dans les PME et les TPE.
C’est donc avec cette ambition que l’Association Française des Professionnels pour la Géothermie est désormais
en place.
La géothermie en France > N°8
>> Par Norbert Bommensatt
Juillet 2010
Derrick de 38 m permettant le forage et la mise en place de près de 6,5 km de tubes
ADEME IDF, ingénieur géothermie
[email protected]
Moins de 10 000 tonnes de CO2 par an :
© ADP Orly
la géothermie, une réponse
pour « Aéroports de Paris » à Orly
D’ici 2020, la géothermie devrait couvrir 30 % des consommations totales d’énergies
de la plate-forme aéroportuaire d’Orly. Pour ce faire, « Aéroports de Paris » vient de
réaliser des forages pour aller puiser une ressource présente sous l’ensemble du bassin
parisien : l’aquifère du Dogger.
La géothermie
pour permettre
le développement
d’Orly
au plus près de la centrale thermique existante
et se trouve sur la commune de Paray-VieillePoste dans le département de l’Essonne (91).
Mettre en adéquation
potentiel et besoins :
les clés du succès
L’organisation d’Orly en «réseaux de chaleur »
La pertinence de cette solution a été étudiée au
cours d’une étude d’avant projet sommaire menée conjointement par les services techniques
des Aéroports de Paris et le bureau d’études
CFG Services respectivement pour les aspects
valorisation thermique et ressource géothermale.
L
La volonté du groupe « Aéroports de Paris » de
limiter le coût de l’énergie et de réduire le rejet
des émissions polluantes dans l’atmosphère,
conformément aux engagements qu’il a pris
2
lors du Grenelle Environnement, le conduise à
réaliser une opération de géothermie profonde
au Dogger, sur le site d’Orly.
La chaleur issue de la géothermie sera distribuée immédiatement sur les réseaux Ouest
et Sud qui desservent 3 200 équivalents logements. La puissance thermique totale souscrite
par les abonnés de ces deux réseaux existants
est de 32 750 kW. L’eau de retour de ces réseaux servira à alimenter le nouveau réseau de
distribution de chauffage créé pour le complexe
immobilier du projet « Cœur d’Orly ».
A court terme, le réseau Est sera déconnecté du
projet. Il pourra cependant être raccordé dans
une quinzaine d’années lorsque les bâtiments
qu’il alimente auront été réhabilités avec une
distribution de chaleur à plus basse température.
D’autre part, la modélisation numérique du réservoir a montré que la configuration choisie
pour le nouveau doublet qui desservira « Aéro-
Le réseau Nord est alimenté par un réseau
spécifique d’eau surchauffée sur lequel est
raccordé l’échangeur du réseau de l’U.I.O.M.
de Rungis. Ce réseau est déconnecté du projet.
Les travaux d’aménagement ont commencé
en décembre 2009 et la machine de forage a
commencé début mai 2010. L’objectif est de
permettre à l’exploitation d’être fonctionnelle à
l’automne 2010. Pour respecter l’objectif fixé,
trois chantiers ont été menés de front durant la
période « hors chauffe » :
1) les travaux d’adaptation en chaufferie
2) les travaux d’adaptation en aérogare
3) les travaux de forage : réalisation des 2 puits
Les deux forages sont aujourd’hui terminés.
Cependant, les résultats en terme de débit et
de températures ne sont pas, à l’heure où cet
article est publié, encore communiqués.
ÉCHANGEUR DE PLAQUES TITANE (0,8 mm)
PRESSION 11 bar à 300m3/h
CONDUITES
DN250 PN16
FILTRE
A l’horizon 2020, le taux de couverture visé
pour la géothermie est de 30 % des consommations totales d’énergie sur la plate-forme
aéroportuaire d’Orly. Ceci permettrait d’éviter
le rejet d’environ 10 300 tonnes de CO2 dans
l’atmosphère.
Cette opération a nécessité des travaux préalables d’adaptation des réseaux de distribution
de chaleur, puis le forage de deux puits déviés
et orientés (un forage producteur et un forage
injecteur constituant un doublet géothermique)
à une profondeur verticale d’environ 1 745
mètres. Les têtes de puits ont été implantées
Une disponibilité pour
l’hiver 2010
Schéma de principe de fonctionnement
STATION DE
TRAITEMENT
VANNE
POMPE DE
RÉINJECTION 165 kw méc
VERS RÉSEAU URBAIN
PRESSION 23 bar à 300m3/h
CONDUITES
DN250 PN25
VARIATEUR 500 kVA
moyenne tension
VANNE
CÂBLE IMMERGÉ
PUITS DE PRODUCTION
Caractéristiques attendues
• Température : 74°C
• Débit : 250 à 300 m3 /h
• Puissance : 10 MW
PUITS DE RÉINJECTION
COLONNE D’EXHAURE DN175 mm
GROUPE ÉLECTRO-POMPE IMMERGÉ (G.E.I)
* 310 kw méc _ 430 HP
* Aspiration : _ 250 m/sol
LIGNE D’INJECTION D’INHIBITEUR O 16 mm
COMMUN AUX 2 PUITS DEVIES
74 +
_ 1°C
15 g/l
© ADP Orly
Ce réseau de 35 km est actuellement composé
de 4 branches se développant vers le nord,
l’ouest, le sud et l’est. Une cinquième branche
sera développée vers l’est, lors de l’extension
du réseau, envisagée à court-moyen terme,
pour alimenter le nouveau complexe immobilier
du projet « Cœur d’Orly ».
Cette étude a conclu que le pompage et la réinjection d’un débit de 250 à 300 m3 /h d’une eau
à 74°C plus ou moins 1° C serait envisageable
par l’intermédiaire d’un doublet foré en 8’’1/2
au réservoir.
© ADP Orly
e réseau de chaleur du
site aéroportuaire d’Orly
dispose d’une centrale
thermique principale qui assure
le chauffage des bâtiments et
le réchauffage de l’eau chaude
sanitaire pour des abonnés de
type tertiaire et industriel.
L’énergie distribuée provient de
plusieurs sources de chaleur :
l’échangeur de l’Usine d’Incinération d’Ordures Ménagères
(UIOM) de Rungis, les deux générateurs d’eau
surchauffée (ES) alimentés au gaz avec un secours au fioul, et les deux générateurs d’eau
chaude chauffage basse température (ECC) alimentés au gaz. La production annuelle de chaleur a atteint 120 GWh thermiques pour 2007.
ports de Paris » sur le site d’Orly offre une performance thermique optimale tout en garantissant des impacts piézométriques et thermiques
faibles sur les exploitations géothermiques les
plus proches.
Profondeur verticale : 1745 m
Longueur forée totale : 1927 m
* Inclinaison 30°
* Chambre de pompage 13’’3/8
* Tubage de production 9’’5/8
* Trou nu 8’’1/2 au réservoir
+
_ 1420 m
40°C
Cette opération comporte deux principaux aspects :
• l’adaptation des réseaux de distribution
d’énergie calorifique sur la plate-forme aéroportuaire d’Orly,
• la réalisation d’un doublet de forages pour le
captage des eaux géothermales du Dogger et
de l’ensemble des équipements nécessaires
aux transferts hydrauliques des eaux géothermales et aux échanges thermiques avec
le chauffage urbain.
Le dispositif retenu pour le doublet de l’aéroport d’Orly comporte deux puits déviés à partir
d’une plate-forme située au sud immédiat de la
chaufferie existante.
Une déviation des forages de 30° conduit à un
écartement des points d’impact au réservoir de
plus de 1 300 mètres.
L’orientation du doublet, le positionnement du
forage producteur vers le sud et celui du forage
injecteur vers le nord permettent de minimiser
les impacts sur le doublet d’Orly Nouvelet, le
plus proche du secteur.
Pour garantir une utilisation optimale de l’énergie géothermique, des travaux d’adaptation seront nécessaires :
• sur la distribution des réseaux de chaleur à
l’intérieur de la centrale thermique principale,
• dans les sous-stations d’échange chez les
abonnés des réseaux «Ouest» et «Sud»,
• dans les installations de distribution et
d’émission thermiques des bâtiments raccordés à ces mêmes réseaux.
Le budget prévisionnel pour les travaux de
création du doublet géothermique et de l’adaptation des réseaux est d’environ 12 millions
d’euros, subventionné à 25 % par l’ADEME et
le Conseil Régional dans le cadre de la politique
de soutien à la géothermie.
3
La géothermie en France > N°8
Juillet 2010
>> Par Cécile Chery
Secrétaire de rédaction de la revue
Sur la base des informations recueillies auprès de
Pascal PREMILLIEU et Anne ORARD - ingénieurs en
charge du projet à ST ETIENNE METROPLE
[email protected]
Cité du Design de Saint-Etienne :
chauffage et rafraîchissement
par les racines de la terre
La Cité du Design de Saint-Etienne est le premier bâtiment d’envergure en France
associant le concept des pieux géothermiques et celui des sondes pour son chauffage
et son rafraîchissement. L’instrumentation d’un tel système permet de donner des clés
pour faciliter le dimensionnement et donc le développement d’ouvrages similaires.
nauguré à l’automne 2009, le projet aura
nécessité trois ans de travaux et 64 millions
d’euros pour réhabiliter trois bâtiments de
l’ancienne manufacture d’armes, inscrits au
titre des Monuments Historiques, et pour créer
deux nouveaux bâtiments : la Tour Observatoire
et la Platine.
Ce dernier, construction phare de la Cité, est
l’œuvre des architectes Finn Geipel et Guilia
Andi de l’agence LIN. Rectangulaire, ce bâtiment lumineux de 30 m de large s’étend sur
200 m de long. Il offre un mono-espace libre
de tout appui intermédiaire : aucun poteau ni
mur ne cloisonne cette surface de 7 000 m2.
Le concept climatique de ce bâtiment certifié
HQE repose tout d’abord sur son enveloppe,
constituée de plus de 14 000 petits panneaux
interagissant avec les espaces intérieurs qu’ils
protègent pour en assurer les besoins divers.
Équipements énergétiques de
la Platine
Outre cette enveloppe, le chauffage et le rafraîchissement de la Platine sont assurés, en
majorité, par un concept « géothermique » qui
utilise ici trois techniques différentes :
• 100 pieux énergétiques d’une profondeur de
7 à 8 m et d’un diamètre compris entre 60
et 70 cm,
• 24 sondes géothermiques d’une profondeur
de 100 à 200 m,
• un puits canadien.
© ILIN Finn Geipel + Giuila Andi -Yan-Olivier Kunze
I
Le chauffage est assuré par la combinaison
des sondes et des pieux énergétiques avec une
pompe à chaleur. Trois chaudières gaz viennent
en appoint pour le chauffage de la Platine ainsi
que pour les bâtiments existants. Les pieux
permettent aussi un refroidissement direct
(free-cooling) du bâtiment ; un groupe frigorifique assure l’appoint. Enfin, le puits canadien
est utilisé pour assurer le traitement de l’air de
l’espace central de la Platine, l’Agora.
Les pieux
Pour des raisons de portance et de stabilité, le
bâtiment a du être construit sur des pieux en
béton. L’idée a donc été de les utiliser pour les
convertir en pieux énergétiques.
Les pieux installés à la Cité du Design sont des
© ILIN Finn Geipel + Giuila Andi -Yan-Olivier Kunze
École supérieure d’art et design de Saint-Étienne (ESADSE) - ateliers techniques (ATE)
4
Cité du design - Platine
géostructures en béton armé. A l’intérieur de
ceux-ci sont installés deux tubes en polyéthylène de 16 mm de diamètre placés en U, fixés
sur l’armature du ferraillage et noyés dans le
béton pour assurer un bon contact thermique.
Un fluide caloporteur circule dans un réseau en
boucle entre les pieux et la pompe à chaleur,
afin de pouvoir échanger la chaleur ou le froid
du terrain. Cette technologie simple et rationnelle ne demande pas de surcoûts excessifs
mais nécessite une réflexion globale sur les
aspects de la construction et de la consommation d’énergie. Dans une interview accordée
en mars 2009 aux Cahiers Techniques du Bâtiment, René Meunier, chargé de client au sein
de la société Hervé Thermique, explique que
« le principe est de tirer profit des pieux utilisés
pour les fondations en leur ajoutant une fonction géothermique ». Cette technique assure
ainsi une disponibilité énergétique de 80 kW.
32 mm de diamètre en polyéthylène. L’échange
de calories s’effectue sur toute la longueur de
chaque tube permettant de fournir 130 kW.
Le réseau de pieux et le réseau de sondes se
combinent pour alimenter une pompe à chaleur
de type Carrier qui développe 374 kW de puissance.
Les sondes
Le nombre de pieux n’étant pas suffisant pour
assurer la couverture totale des besoins thermiques, 24 sondes géothermiques de 100 m
de profondeur complètent le dispositif. Larges
de 150 mm, elles sont munies d’une boucle de
Une opération instrumentée
Le puits canadien
Le dispositif de chauffage est complété par une
ventilation par puits canadien installé sous la
Platine. Celui-ci a été réalisé le plus simplement
possible en utilisant le vide sanitaire sous le bâtiment.
Pour diffuser le chauffage et le rafraîchissement dans un bâtiment ne comportant ni mur,
ni cloison, la solution est apportée par des
planchers chauffants et rafraîchissants permettant ainsi d’intégrer la géothermie dans un
projet d’architecte.
sondes géothermiques ainsi que le suivi mécanique des pieux, va permettre de répondre à 2
principaux objectifs :
• aider la Cité du Design et l’exploitant à
s’approprier l’outil de supervision pilotant
les équipements techniques dans le but de
mettre en place la meilleure gestion énergétique de la Platine,
• permettre, en plus d’une première expérience
sur la conception et réalisation d’un tel projet,
de faire un suivi détaillé du projet afin d’acquérir une expérience sur le fonctionnement
de ce concept en France.
Ce suivi sera réalisé sur deux ans grâce à un
partenariat entre l’ADEME, EDF, le CSTB, SaintEtienne Métropole et le syndicat mixte « La Cité
du Design ». Pour ce faire, différents paramètres seront surveillés : température du sol,
température extérieure, consommation électrique, consommation thermique, … .
Ce bâtiment constitue la première expérience
sur la conception et la réalisation d’un tel projet
en France. Son suivi énergétique et thermique,
au niveau du bâtiment, du sol, des pieux et des
5
La géothermie en France > N°8
Juillet 2010
>> Par Philippe Sogny
Directeur des services techniques
de la ville d’Auxerre
www.auxerre.com et www.lesilex.fr
Le SILEX d’Auxerre :
à l’écoute des cultures
musicales et environnementales
Le projet du Silex, initié par la mairie d’Auxerre, est de porter une salle de concerts
pensée pour tous, jeunes et moins jeunes, amateurs de Musiques Actuelles, mélomanes
de la création contemporaine d’ici et d’ailleurs, public à la recherche de divertissements,
jeunes artistes en développement ou groupes déjà reconnus médiatiquement.
Le contexte hydrogéologique favorable du site
(nappe d’accompagnement de rivière), ainsi
que la nécessité d’asseoir le bâtiment SILEXSMAC sur des pieux de fondation, ont conduit
la ville d’Auxerre, en partenariat avec la délégation régionale de l’ADEME en Bourgogne et
EDF R&D, à mettre en place un système de
chauffage/rafraîchissement innovant. Il repose
sur une technique de captage de la chaleur
et de frigories dans le sol par des tubes intégrés dans les pieux de fondation du bâtiment.
Les besoins en chauffage/ventilation/rafraîchissement du bâtiment sont assurés par une
pompe à chaleur (PAC) alimentée d’une part,
par 24 pieux de fondation en béton armé de 7 m
de profondeur renfermant un réseau de capteur géothermique, d’autre part, par un pompage d’eau de nappe intervenant en appoint
6
installation pilote sera mis au service de l’intérêt général.
Les premières observations
d’exploitation
Les 2 graphes ci- dessous permettent d’observer le basculement entre les pieux de fondation
et le puits de pompage sur nappe d’eau au mois
de février 2010 visualisé grâce à la puissance
électrique appelée de leurs pompes respectives
en fonction :
• de la puissance appelée de la PAC
• de la température extérieure
Sur le mois de février 2010, le temps de fonctionnement cumulé pour chaque mode est de :
mode puits sur nappe : 30 % décomposés en
• 17 cycles de 12 heures (caractérisant le besoin de régénération naturelle des pieux),
• mode pieux : 70 %, dont 13 % sans pompe
(équilibre thermique) et 57 % avec pompe.
Le mode alternatif de basculement pieux/puits,
lançant un cycle de 12 heures en pompage,
correspond à une température de retour de la
boucle pieux de 6° C et est initié à partir d’une
température extérieure comprise entre 0 et 3° C.
Caractéristiques des installations :
Eléments de l’opération :
• Surface : 1 247 m2
• Acteurs : ville d’Auxerre en partenariat
avec la délégation régionale de l’ADEME
en Bourgogne et EDF R&D
• Coût des travaux : 4,5 M d’euros HT
• Coût des travaux : 6 M d’euros TTC (y
compris pré-études, fondations spéciales,
pieux, puits et renforcement isolation
phonique mais hors foncier, mobilier et
matériel)
Boucle pieux :
• 24 pieux (12 pieux de 600 mm de diamètre
et 12 pieux de 700 mm de diamètre)
• 7 m de profondeur
• 2 boucles en U dans chaque pieu soit 28 m
de tubes de 32 mm de diamètre
Pompe à chaleur :
• puissance électrique absorbée maximum : 80 kW
• puissance chauffage : 250 kW
• puissance frigorifique : 230 kW
• double échangeur : l’un alimenté par la
boucle «pieu» (prioritaire), l’autre par la
nappe avec une pompe à vitesse variable
15 à 25 m3 /h). Fonctionnement simultané
impossible
• COP machine : 4,5 / COP système : 4
© Ville d’Auxerre
Couplage des pieux
et de la nappe
tour d’eau à la PAC est de 30 °C
avec un réglage du condenseur à
6° C d’échauffement (25° C), donnant une différence de température de 5° C en été. Ces valeurs,
en cours de finalisation, visent
l’obtention d’un bon coefficient de
performance de la PAC, et une régénération naturelle du sol sur des
cycles relativement courts.
Au delà de ces températures de
retour de boucle d’eau à la PAC,
Le Silex
le pompage d’eau sur nappe prend
Scène de Musiques Actuelles
le relais.
Cette installation a été mise en
(système plus classique). L’étude de faisabilité service le 15 janvier 2009, avec un coefficient
réalisée par Alto Ingénierie a permis de vérifier de performance (COP) constructeur de 5 (rapl’adéquation entre les besoins thermiques et la port entre énergie produite et énergie consomcapacité énergétique des fondations. Cette der- mée). Au delà des premières constatations
nière dépend du dimensionnement de la boucle sur le fonctionnement des pieux, des réglages
d’eau insérée dans les pieux et de la régéné- se poursuivent pour favoriser leur utilisation.
ration naturelle du sol définie par des études Les installations thermiques et le sol ont été
géologiques préalables.
équipés d’enregistreurs afin d’assurer un suivi
énergétique du bâtiment et afin de constituer
un référentiel «géothermie sur pieux» (effet laPerformance de la PAC
boratoire). Les processus d’épuisement et de
En hiver (mode chauffage), la boucle « pieux »
puise la chaleur du sol pour la transmettre à la
PAC donc le sol se refroidit. La température du
sol, influencée par la température extérieure,
oscille entre 10 et 12 °C. La température minimum de retour d’eau à la PAC a donc été fixée
à 6 °C, donnant une différence de température
de 4 à 6 °C en hiver. Ainsi, tout risque de gel
des terrains en profondeur est écarté.
En été (mode rafraîchissement), la chaleur
Pieux de fondations
est réinjectée dans le sol, rechargeant ainsi la
avant leurs mises en place
boucle d’eau. La température maximum de re© Ville d’Auxerre
C
omplémentaire à l’offre culturelle
déjà existante sur le territoire (scène
conventionnée, festivals..), la Scène de
Musiques ACtuelles d’Auxerre (SMAC) répond
à un besoin identifié depuis près de 10 ans et
qui était peu ou mal satisfait sur le nord de la
Bourgogne jusqu’à présent.
Dans la région, les projets les plus comparables
sont l’Astrolabe à Orléans (à 170 km), la Vapeur
à Dijon (à 150 km) et le Café Charbon à Nevers
(à 140 km).
Le Silex se compose de 2 500 m2 répartis sur
deux niveaux et comprend un studio d’enregistrement et deux espaces dédiés au public : une
grande salle qui permet d’accueillir 500 personnes et un café culturel de 170 places.
recharge thermique de la boucle pieux selon
les demandes de chaud et de froid du bâtiment
sont ainsi particulièrement surveillés. L’intérêt
de cette installation pilote, première en France,
est de mieux connaitre le comportement hydrothermique du sous-sol ainsi que les échanges
thermiques des pieux de fondation avec le
terrain, lorsqu’ils sont couplés à des systèmes
thermodynamiques. Cette installation innovante s’inscrit dans le double objectif de développement durable, à la fois pour les économies
d’énergies engendrées par ces techniques nouvelles, mais aussi pour la réduction des émissions de CO2. Le retour d’expérience de cette
Centrales de traitement d’air
• 3 centrales à fonctionnement indépendant, le freecooling est privilégié,
• 1 centrale salle de spectacle 500 personnes : débit 13 000 m3 /h,
• 2 centrales hall : débit 2 fois 6 000 m3 /h.
7
La géothermie en France > N°8
>> Par Philippe Pedrocchi,
>> Jean-Christophe Léonard,
Rénovation basse consommation
EDF R&D Département Énerbat
(Énergie dans les bâtiments et les
territoires)
réussie en Franche-Comté
pour un équipement tertiaire
L
a société Habitat Développement Local
(HDL) a acquis l’ancienne école JeanJaurès (2 036 m2 shon) à Besançon, et l’a
en partie agrandie pour y installer ses bureaux
et créer un pôle regroupant différentes structures départementales œuvrant pour l’habitat.
L’activité de cette société est, entre autres,
de rénover des bâtiments et de les louer.
Soucieuse des enjeux liés au développement
durable, HDL souhaitait aussi montrer à ses
clients qu’elle maîtrisait l’efficacité énergétique
de la façon la plus crédible qui soit : en se l’appliquant à elle-même.
Le bureau d’études Image et Calcul, basé à
Besançon, s’est donc vu confier la mission de
réhabiliter ce site avec un objectif ambitieux :
ne pas dépasser une consommation de 50
kWhEp/m2 shon.an (Ep: énergie primaire) sur
le poste chauffage, ventilation et climatisation
8
(CVC), dans une région connue pour ses hivers
rigoureux (température de base : - 13° C) et des
étés souvent chauds. La barre était donc placée
haut en terme d’efficacité énergétique. La réalisation du chantier a été confiée à l’entreprise
l’Est Énergie, basée à Besançon. Les sondes
géothermiques verticales ont été réalisées par
l’entreprise Mannfor, également locale.
Minimiser tous les besoins :
chaleur, froid et éclairage
Les déperditions pour les conditions de base
sont de 65 kW, soit 32W/m2 shon. L’isolation
renforcée des parois opaques (une partie de
l’isolation est faite par l’extérieur) conduit à des
coefficients U de l’ordre de 0,27 W/m2.°C. En
plus des 20 cm de laine minérale, l’isolation du
toit est complétée par 8 cm de laine de bois
(U: 0,14 W/m2.°C). L’objectif est ici de renforcer
l’inertie thermique de la toiture pour le confort
d’été. En effet, en plus de sa faible conductivité thermique, la laine de bois bénéficie d’une
masse volumique et d’une capacité thermique
élevées. L’onde de chaleur provenant du toit, en
été, est ainsi retardée de cinq à sept heures,
alors que le personnel a quitté les bureaux.
Les fenêtres sont en aluminium avec des
doubles vitrages argon (Uw: 2 W/m2.°C). Leur
surface est limitée, en moyenne, à 28 % de
la surface des façades. Ces vitrages sont un
bon compromis entre un faible facteur solaire
(38 %) pour limiter les apports solaires, et une
transmission lumineuse élevée (70 %) pour
favoriser l’éclairage naturel. Les parois intérieures des bureaux sont d’ailleurs équipées, en
zone haute, de panneaux translucides permettant à la lumière de pénétrer dans les couloirs
centraux. Pour minimiser les consommations
d’éclairage, des détecteurs de présence ont été
installés dans toutes les circulations et locaux
techniques. Ils pilotent aussi le CVC des locaux
de réunions.
induction, entraînent l’air sur les batteries. Les
déperditions liées au renouvellement d’air sont
réduites au minimum: la ventilation double flux
est équipée d’un échangeur rotatif à haute efficacité (centrale Gold du constructeur Swegon
affichant une efficacité de 80 %).
Les deux ventilateurs hélico-centrifuges sont
équipés de variateurs de vitesse. Le revêtement hygroscopique du récupérateur permet
une humidification de l’air neuf en hiver et sa
déshumidification en été.
La production d’eau chaude et d’eau glacée est
assurée par deux pompes à chaleur (PAC) eau
glycolée/eau (Vitocal 300 G du constructeur
Viessmann.
La puissance calorifique de chacune est de
32,6 kW, la puissance frigorifique de 25,4
kW pour une puissance absorbée de 7,2 kW
(coefficient de performance COP de 4,5 sous
0° C/35° C). En complément, un réchauffeur de
boucle électrique de 9 kW est installé en série
afin de prendre en compte d’éventuels aléas
de mise en œuvre de l’isolation en réhabilitation. Les PAC sont raccordées à un champ de
dix sondes géothermiques verticales pénétrant
chacune à 100 mètres de profondeur.
Installer des matériels
à haute efficacité
Les terminaux de diffusion sont des modules
de type poutres actives fermées. Ce sont des
cassettes sans ventilateurs qui ne nécessitent
ni filtres ni bacs de condensats. Leur maintenance en est grandement simplifiée. Ces
cassettes sont prévues pour fonctionner avec
une température haute en été (17° C) et basse
en hiver (35° C). L’air prétraité en centrale est
amené dans les poutres via des buses qui, par
Technique d’Approvisionnement) et, via un
échangeur, les modules de confort. Dans ce
cas, on rafraîchit sans compression électrique.
En cas de très forte chaleur, la PAC complémente l’apport du géo-cooling. Le schéma de
des 50 kWhEp/m2shon.an malgré un hiver rigoureux. Les autres usages représentent deux
tiers des consommations, soit 37 kWh/m2.an,
dont dix concernent l’éclairage.
Les PAC fonctionnent dans d’excellentes condi-
CTA avec échangeur rotatif Swegon
© EDF R&D
© EDF R&D
Rénover une ancienne école en immeuble de bureaux en atteignant moins de
45 kWhEp/m2shon.an sur le poste chauffage, ventilation et rafraîchissement, c’est
possible. EDF R&D a assuré le suivi de cette installation particulièrement performante.
PAC eau/eau Viessman
Le dimensionnement du champ de capteurs a
été fait sur la base de 50 W/ml. En hiver, l’eau
provenant des sondes est ainsi envoyée vers
les évaporateurs des PAC. En été, la priorité est
donnée au mode géo-cooling : l’eau des sondes
alimente la batterie froide de la CTA (Centrale
principe prévoit une évacuation possible des
calories provenant du condenseur de la PAC
vers les sondes verticales. La quasi-totalité des
pompes de circulation sont équipées de variateurs de vitesse. Enfin, en plus de la détection
de présence, l’éclairage est du type T5. Le coût
des travaux de CVC, avec les sondes géothermiques verticales, s’élève à 194 HT/m2shon.
tions : leur COP machine moyen annuel est de
4,2 et près de 4 en intégrant la consommation
de la pompe qui irrigue les sondes géothermiques. Malgré les frimas de l’hiver 20082009, l’appoint électrique n’a jamais été sollicité. Les PAC n’ont quasiment pas fonctionné
durant l’été, le freecooling assurait seul le rafraîchissement.
Un résultat remarquable
Un site “classe A”
Les consommations finales tous usages s’élèvent à 54 kWh/m2.an. Le poste CVC, en 2008,
représente un tiers des consommations finales
avec 17 kWh/m2.an, c’est-à-dire 44 kWhEp/
m2 shon.an. HDL fait mieux que l’objectif fixé
En intégrant les consommations d’éclairage, ce
site se positionne en classe B d’étiquette énergie, et en classe A en termes d’émissions de
gaz à effet de serre. Une solution gaz + groupe
froid air/eau (hypothèse d’un rendement de
© EDF R&D
Image et Calcul,
Pascal Valladont et Gérard Courgey,
HDL et Daniel Bouscavet, EDF collectivités territoriales
Vue du bâtiment
Juillet 2010
9
Un coût d’exploitation
compétitif
>> Par Cécile Chery,
secrétaire de rédaction de la revue, sur la base des éléments
fournis par Olivier Durier et Philippe Pumain.
[email protected]
Chauffer et rafraîchir en milieu urbain sans impacter l’environnement :
la restauration du cinéma
Le Louxor
Objectif : chauffer et refroidir un bâtiment historique en partie classé.
Contraintes : milieu urbain dense et consommation maximale de
80 kWhEp/m2shon/an (Plan climat de la ville de Paris).
Solution : installation géothermique sur nappe avec forage à
l’intérieur du bâtiment.
L
e cinéma Le Louxor, situé à Paris 10e,
est un des derniers témoignages des cinémas d’avant-guerre influencé par l’art
néo-égyptien.
La géothermie verticale prend encore un net
avantage sur le fossile en terme de coût d’ex-
Cet article est extrait du dossier « Bâtiments
HQE et BBC : quels retours d’expérience ? »
publié dans CVC La revue des climaticiens
n°863 de mars-avril 2010, grâce à l’aimable
autorisation des auteurs de l’article et des
coordinateurs du dossier : Irène Arditi et José
Naveteur ainsi que des membres de la publication et de la rédaction de la revue CVC,
notamment Marie-Laure Falque-Masset, sa
rédactrice en chef.
Nous vous incitons à continuer la lecture de
ce dossier contenant également les articles
suivants :
• « Efficacité énergétique, école Jean-Louis
Marqueze : un bâtiment précurseur » qui
présente également un retour d’expérience
sur un bâtiment neuf chauffé par pompe à
chaleur utilisant l’eau d’une nappe.
• « Retour d’expérience, rénovation d’un site
existant ».
Ce dossier est disponible sur le site de
l’AICVF : http://aicvf.org/la-revue-cvc/n°863marsavril-2010/
© BRGM im@gé
95 % sur PCS) se serait positionnée en classe B
vis-à-vis de l’énergie primaire, mais en classe
B en termes de gaz à effet de serre. La solution
géothermie verticale permet ainsi une diminution de deux tiers des rejets de CO2.
Vue extérieure du cinéma
L’architecte Philippe Pumain, mandataire de la
maitrise d’œuvre chargée de cette réhabilitation, a opté pour la géothermie sur nappe.
“La machine a été placée deux
niveaux au-dessus du positionnement prévu de la tête
de puits”
Le contexte urbain imposant certaines
contraintes, le bureau d’étude thermique et
fluides ainsi que le bureau d’étude hydrogéologique en charge du projet ont donc choisi
de réaliser les forages à l’intérieur même du
bâtiment avec une machine de forage de taille
adaptée. En effet, pour le premier forage, situé
au droit du porche d’entrée, la machine a été
placée deux niveaux au-dessus du positionnement prévu de la tête de puits. Pour réaliser
le second forage, situé au niveau du premier
sous-sol, la machine de forage a été déplacée à
l’intérieur du bâtiment et descendue d’un étage
à travers le plancher du rez-de-chaussée.
10
Juillet 2010
3° C pour une
température initiale d’environ
Forage dans le
15° C alors que
hall
d’entrée par
durant les six
l’entreprise
SANFOR,
mois d’exploifévrier 2010
tation estivale,
elle augmente d’environ 3° C et tombe à environ 12° C. Ainsi, l’exploitation d’un tel doublet
sur une année créé une interférence thermique
globalement nulle du puits d’injection sur le
puits de pompage.
Ces deux forages sont distants d’environ 30 m
et d’une profondeur de 80 m. Le débit moyen
prélevé est d’environ 26 m3 /h en hiver et de 19
m3 /h en été, à une température naturelle attendue autour de 15 à 16° C. Le fluide est ensuite
réinjecté dans le même réservoir, préservant
ainsi la ressource.
L’aquifère du Calcaire grossier du Lutétien a
été retenu par les bureaux d’études et le maitre
d’ouvrage. Il renferme une nappe de grande
extension qui couvre une partie de l’Ile-deFrance. En raison des contraintes techniques
liées à la structure du bâtiment, l’axe du doublet de forage est positionné de façon perpendiculaire à l’axe d’écoulement. Néanmoins, le
forage de prélèvement est situé le plus possible
en amont hydraulique.
Avec une transmissivité de la nappe de 3,77.104 m2 /s, l’incidence thermique du système géothermique sur la température de la ressource
a pu être simulée. A l’issue de cinq mois d’exploitation hivernale, les simulations suggèrent
que la température de la nappe perd environ
Vue en coupe et positionnement
de la machine pour la
réalisation des forages
Le projet :
• Maître d’ouvrage : ville de Paris, propriétaire depuis 2003
• Architectes : Philippe Pumain associé à
Fabre/Speller et Christian Laporte, architecte du Patrimoine
• Bureau d’études Fluides : Louis Choulet
(Ludovic DUHEM)
• Bureau d’étude hydrogéologique : Antéa
(Olivier DURIER)
• Forage : Sanfor (Gérald SANCIER)
• Coût des travaux : 14 Me HT
Données techniques :
• SHON : 1 978 m²
• Solution chauffage/rafraîchissement :
thermofrigopompe
• Besoins :
220 kW de chaud ; 150 kW de froid
• Emetteurs principaux :
ventilo-convecteurs
• Consommation attendue :
79 kWhEp/m2 shon/an
• Émission de gaz à effet de serre attendue :
3 kg éq.CO2/m2shon/an
© BRGM im@gé
Phase chantier, quatre têtes de sondes géothermiques
en attente de raccordement.
ploitation : le MWh chaud sorti PAC est de l’ordre
de 28 euros HT/MWh (prime fixe incluse; le site
est en tarif jaune). Avec une chaudière gaz, il
aurait été proche de 45 euros/MWh. Dans ces
conditions, les coûts du poste énergie sont particulièrement faibles, ils atteignent 5,6 euros/
m2 shon.an, tous usages confondus.
Le poste CVC représente 1,9 euros/m2 shon.
an, dont 1,3 pour la PAC. C’est remarquable.
Cette opération démontre que la géothermie
verticale est un excellent vecteur d’éco-efficacité énergétique. Elle a permis à la société HDL,
avec l’implication de tous les intervenants,
d’atteindre le niveau d’exigence élevé qu’elle
s’était fixé. Trois barres difficiles à franchir, en
énergie primaire, ont été passées : 45 kWhep/
m2.an pour le CVC, 70 pour les usages RT et
140 tous usages confondus. À l’aune des différents suivis effectués par EDF R&D et de la littérature actuelle sur le sujet, cette opération de
rénovation est selon elle, la plus performante
à l’échelle nationale, en termes d’éco-efficacité
énergétique.
© Pumain repris par BRGM
© EDF R&D
La géothermie en France > N°8
11
La géothermie en France > N°8
>> Par Clément MAYOT,
Temps fort de la géothermie :
>> Par Christian BLANCHET,
DRIEE Île-de-France,
chargé de mission géothermie,
www.ile-de-france.drire.gouv.fr/
les Assises de la géothermie
en Ile-de-France
Les métiers de la géothermie :
C
architecte, Sarl MBA Moinard
Blanchet Associés
www.mba-architectes.fr/
Architecte
Être mandataire de l’équipe de maîtrise d’œuvre des projets sur lesquelles il intervient,
implique pour le cabinet d’architectes MBA Moinard Blanchet Associés d’avoir une
connaissance générale de toutes les phases de la construction.
À la suite du colloque organisé en novembre 2008, qui avait rassemblé près de 180
professionnels du secteur de la géothermie, la DRIRE Ile de France, en collaboration avec
l’ADEME Ile de France, a décidé d’aller plus loin et d’organiser le rendez-vous annuel de
la filière, les Assises de la géothermie en Ile de France.
e rendez-vous a pour objectif de traiter
et de débattre de sujets techniques et
économiques propres à cette filière.
Juillet 2010
Centre aquatique de Dompierre sur Besbre
Forage CPCU porte d’Aubervilliers
Ainsi, a eu lieu le 6 avril dernier, à la Cité de
l’architecture et du patrimoine au Trocadéro,
les premières éditions des Assises régionales
de la géothermie en Ile de France. Cette
manifestation a rencontré un vif succès avec
près de 200 participants.
Les secondes éditions de ces Assises auront
donc lieu en avril 2011. Un comité d’organisation réunissant les principaux acteurs de la filière sera mis en place dès septembre prochain.
Il définira les sujets techniques et économiques
qui y seront abordés avec la volonté de traiter,
dès l’année prochaine, de thématiques liées à
toutes les formes de géothermie, superficielles
comme profondes.
E
Le cabinet d’architectes MBA Moinard
Blanchet Associés intervient principalement
dans deux domaines : les logements et les
équipements sportifs. Leurs maîtres d’ouvrage
sont de plus en plus sensibles à étudier des
solutions plus en rapport avec la préservation
de l’environnement. En particulier sur les
piscines, équipements énergivores, il participe
activement à proposer de nouvelles solutions,
dont la géothermie. Plusieurs projets gérés
par le cabinet sont réalisés ou en cours de
réalisation : le centre aqualudique de Moulins
(Allier), la piscine de Dompierre sur Besbre
(Allier) et la piscine de Billom (Puy de Dôme).
Pour ces trois projets, le cabinet travaille avec
le bureau d’études Saunier & Associés.
© BRGM
n tant qu’architecte, un cabinet intervient sur le choix de la géothermie dès
les premières phases de décision sur
le choix de l’énergie, soit sur proposition de
son bureau d’études, soit en incitant celui-ci à
rechercher des productions d’énergie compatibles avec le site.
© MBA
De nombreux sujets techniques y ont été abordés, en particulier les réseaux de chaleur, la
cohabitation entre la géothermie et la cogénération, la géothermie sur l’aquifère de l’albien
et les aides du fonds Chaleur. Ces sujets ont
suscité beaucoup d’intérêt et de débats parmi
les participants, confirmant ainsi la volonté de
la DRIRE de faire de ce rendez-vous un événement annuel.
12
13
La géothermie en France > N°8
Juillet 2010
>> Par Céline Mahieux, Ph.D,
Alstom Power Thermal Products
Global Integration Programs Director,
www.alstom.fr
Alstom
et la Géothermie
Alstom et la géothermie :
Le quartier général du business géothermique
d’Alstom est situé à Morélia au Mexique. Depuis ce centre de compétence, Alstom sert le
marché mondial en s’appuyant sur ses services
d’ingénierie, de production, d’achats et de gestion de projet présents sur les différents continents.
En 1958, Alstom participe à la construction de
la première centrale géothermique de grande
taille au monde (Wairakai en Nouvelle Zélande).
Aujourd’hui, Alstom poursuit son engagement
dans l’utilisation des ressources géothermiques à des fins de production d’électricité en
proposant des produits et solutions innovantes,
modulaires ou « customisées » pour des déploiements rapides et rentables.
L’étude préliminaire est une phase clé pour les
projets géothermiques. Les services proposés
par Alstom incluent l’analyse du fluide géothermique, des études préliminaires de configurations de centrales ainsi que des services de
conseil et de planification de projet. Ces services permettent de diminuer, de manière si-
14
Centrales géothermiques :
Les centrales géothermiques comprennent des
composants communs aux centrales à charbon classiques tels que la turbine à vapeur et
ses auxiliaires, l’alternateur, le condenseur, les
pompes, l’instrumentation et le système de
commande.
Cependant, les composants de la centrale
géothermique doivent pouvoir résister à des
contraintes environnementales et mécaniques
ardues. Au cœur de la centrale, la turbine
géothermique est soumise à de fortes
contraintes : vapeur saturée, impuretés et
conditions sismiques. Toutes les centrales
sont conçues pour résister à
l’érosion, aux endommagements
et pour faciliter l’inspection et la
maintenance.
Par exemple, l’organisation de
l’espace et la conception des composants sont spécialement pensés pour protéger les systèmes
électriques et auxiliaires de la
corrosion qui pourrait se produire
pendant une décharge de la vapeur
(steam venting).
Avec des formes d’aubes optimisées, un
nombre réduit d’étages et des jeux plus importants, les turbines s’adaptent parfaitement,
même aux conditions de fluides géothermiques
les plus rudes. Des « pièges » capturent l’eau
en excès, qui résulte de la condensation entre
chaque étage de turbine, afin de réduire l’érosion des parties mobiles.
© CFG Services
gnificative, le risque associé au développement
de la centrale, tout en donnant une vue intégrée
des meilleures options technico-économiques.
Après cette phase, Alstom propose centrales,
composants et services.
Centrale géothermique de Lahendong en Indonésie, 20 MW de puissance installée
Les matériaux sont également clés dans le
développement de solutions adaptées à la géothermie, avec l’utilisation d’aciers spéciaux et
de traitements thermiques qui protègent les
équipements rotatifs contre les effets corrosifs
des gaz dissous, des impuretés et de l’érosion.
La fermeture quasi-instantanée des valves
d’admission est un point essentiel pour prévenir des blocages qui pourraient résulter de
l’encrassement ou des dépôts provenant des
impuretés du fluide géothermique.
L’un des avantages fondamentaux de la géothermie par rapport aux autres énergies renouvelables telles que le vent ou l’énergie solaire,
Autre exemple de technologie, des éjecteurs
hybrides et des systèmes de pompes à vide
sont utilisés pour extraire les gaz incondensables du condenseur, afin de maintenir un
rendement élevé de ce dernier.
est le caractère constant de la production. Il est
donc nécessaire de porter un soin tout particulier aux activités d’opération et de maintenance
afin d’éviter des arrêts imprévus (« outages »)
et de maximiser l’opération de la centrale.
Avec plus de 200 volcans (actifs), l’Indonésie,
par exemple, possède de grandes ressources
géothermiques qui restent en grande partie encore inexploitées. Alstom y a mené le dévelop-
pement de la centrale géothermique de Lahendong (gestion de projet, ingénierie et supervision de site, ilot électrique, BOP mécanique) de
20 MW, single flash qui a été mise en service
en 2001 et qui a marqué une étape importante
vers l’intensification de l’utilisation du potentiel
géothermique du pays.
Exemples de réalisation :
La base installée d’Alstom comprend des
centrales en différents endroits du globe :
• El Salvador : 10 MW
• DOM : 5 MW
• Indonésie: 20 MW
• Mexique: 161 MW (111 MW en opération,
50 MW en exécution)
• Nouvelle Zélande : 191 MW.
© Alstom
e Groupe développe également des procédés de capture du CO2, et a mis en service des sites pilotes aux Etats-Unis et en
Allemagne.
A titre d’illustration, aujourd’hui, une ampoule
sur quatre dans le monde est alimentée par des
équipements Alstom.
© Alstom
L
Alstom est numéro un mondial dans les centrales électriques clés en main, les
équipements et services pour la production d’électricité et les systèmes de contrôles
environnementaux. L’entreprise propose des solutions pour toutes les sources
d’énergie (charbon, gaz, fuel, nucléaire, hydroélectricité, éolien, géothermie) et
constitue une référence dans les technologies innovantes et respectueuses de
l’environnement (réduction des émissions de CO2 élimination des émissions de
polluants).
15
en ref
>> A
FPAC : nouveau président et nouvelle
feuille de route
Le conseil d’administration de l’AFPAC (Association Française pour les
Pompes à Chaleur) a élu son nouveau président le 23 mars 2010. Il
s’agit de David Bonnet. Il succède à Pierre Sabatier qui prend une juste
retraite professionnelle.
De plus, l’association a présenté le 14 avril sa nouvelle feuille de route
pour développer la filière, promouvoir et encourager la qualité des installations, et ce, après le transfert de Qualipac à Quali’EnR. Parmi ses
principaux objectifs, elle entend « représenter la filière en France et en
Europe et fédérer l’ensemble des acteurs concernés et ce, de l’amont
à l’aval » a souligné David Bonnet en invitant les utilisateurs, les promoteurs, à l’instar de l’Union des Maisons Françaises (UMF), les réparateurs ou encore les associations de consommateurs à le rejoindre.
>> L abellisation des pôles de compétitivité
Le CIATD (Comité Interministériel d’Aménagement et de Développement du Territoire) a annoncé, le 11 mai, la labellisation de 6 nouveaux
pôles de compétitivité. Depuis leur création en 2005, les pôles de compétitivité sont l’image française des clusters anglo-saxons. Ils mettent
en réseau des entreprises de diverses tailles et des centres de formation et de recherches publics comme privés, à l’échelle du territoire.
Le CIAD souhaite fortement qu’un dispositif de suivi soit mis en place
d’ici juillet 2010 pour coordonner les budgets de l’emprunt national et
de la politique des pôles de compétitivité.
Parmi les nouveaux pôles, notons les arrivées remarquées de :
• AVENIA (Aquitaine) : « Ce pôle a pour ambition de devenir un centre
de référence mondialement reconnu sur l’ensemble des technologies
liées au sous-sol, et en particulier en matière de géothermie et de
stockage souterrain de l’énergie et du CO2» (M. Mercier, Ministre de
l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire, 12 mai 2010),
• DREAM « Eaux et milieux » (Centre) : durabilité de la ressource en
eau, énergie renouvelable et milieux naturels, en coordination avec le
pôle à vocation mondiale EAU.
agenda
formation
Introduction et sensibilisation à la géothermie
ADEME/BRGM formation
Pour tout public, cette formation a pour objectifs de :
• acquérir un vocabulaire et des connaissances sur les différentes formes
d’exploitation énergétique du sol et du sous-sol,
• connaître les acteurs et les métiers impliqués dans la réalisation de
projets,
• découvrir le cadre règlementaire et administratif,
• envisager d’utiliser la géothermie comme source d’énergie renouvelable
lorsque les conditions sont favorables.
23-24 septembre, Orléans.
Contact : [email protected]
Pompes à chaleur géothermiques en collectif et tertiaire :
montage de projet - ADEME/BRGM formation
S’adressant à tous les acteurs de la filière des pompes à chaleur géothermiques, cette formation vise à :
• acquérir les compétences nécessaires pour assurer le montage d’un
projet de mise en œuvre de pompes à chaleur (PAC) géothermiques en
collectif et tertiaire,
• mieux appréhender toutes les solutions notamment les PAC géothermiques,
• utiliser les outils et intégrer le développement durable dans tous les aspects du montage de projet.
12-14 octobre, Bordeaux (12 places disponibles).
Contact : [email protected] et [email protected]
Vient de paraître
La Géothermie
Jean Lemale a été l’initiateur de la création de
La Géothermie en France avec Francine Brenière de l’Arene. L’expertise qu’il a acquis au
long de 35 ans de travail dans le domaine de
la géothermie, notamment sur les réseaux de
chaleur en Ile de France, transparait à la lecture de cet ouvrage. Le comité de rédaction
le salue très chaleureusement.
Jean Lemale, La Géothermie, Edition
Dunod, Collections Technique et Ingénierie, Paris,
2009, 320 p. Plus d’informations : www.dunod.com
> 7 décembre 2010, CNIT La Défense, Paris - Réservez votre agenda !
Destinée aux décideurs publics et privés, cette manifestation permettra
d’acquérir les clés de la réussite d’un projet de géothermie. Échanger
sur des retours d’expériences, identifier les facilitateurs locaux, maîtriser son projet, ces différentes thématiques seront à l’honneur pendant
cette journée.
16
Vous souhaitez réagir à nos articles,
vous voulez annoncer des évènements en rapport avec la géothermie,
vous avez des informations ou vous souhaitez écrire un article,
contactez Cécile Chery, [email protected]
ISSN : 1629 - 887X
Géothermie, les clés pour réussir son projet
DIRECTEUR DE PUBLICATION : P. Laplaige/ADEME
RÉDACTEUR EN CHEF : M.-L. Falque-Masset / ARENE Ile-de-France, A. Desplan / BRGM
COMITÉ DE RÉDACTION : C. Mayot / DRIRE Ile-de-France, C. Brun, Conseil Régional
Ile-de-France, J. Cazas / ARENE Ile-de-France, M. Amjahdi/ ADEME Ile-de-France,
J.-L. Nicaise / AGÉMO - N. Bommensatt / ADEME Ile-de-France
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : C. Chery avec la collaboration de M. Chartier.
ÉDITION / RÉALISATION : CONNEXITÉS / ISAK 02 38 55 32 70
DIFFUSION : BRGM/DÉPARTEMENT GÉOTHERMIE - BP 36009 - 45060 ORLÉANS CEDEX 2