La théorie de l`abusé-abuseur en délinquance sexuelle: qui dit vrai?
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La théorie de l`abusé-abuseur en délinquance sexuelle: qui dit vrai?
La théorie de l’abusé-abuseur en délinquance sexuelle : Qui dit vrai ?1 Bruno Pellerin Service correctionnel du Canada Centre d’intervention en délinquance sexuelle (CIDS) Michel St-Yves Sûreté du Québec (service d’analyse du comportement) École nationale de police du Québec Service correctionnel du Canada Jean-Pierre Guay Chercheur post-doctoral Brandeis University Institut Philippe-Pinel de Montréal The purpose of this study is to compare sex offenders who claim to have been sexually abused in the past (n = 137) to sex offenders who report never having been sexually victimized (n = 141). The results show that a greater number of sex offender-victims were exposed to dysfunctional family dynamics, demonstrated some behavioural problems before the age of 18, or have a previous history of sex crimes. In addition, they were more sexually precocious and consider themselves sexually less competent than do sex offenders who have no previous history of sexual victimization. Despite the differences observed between the two groups of sex offenders, covariance analyses reveal that behavioural problems and sexual development are influenced more by exposure to dysfunctional family dynamics than by sexual victimization. Furthermore, whether or not they have been victims, the sex offenders in this study exhibit many common traits. These similarities appear to play a greater role than sexual victimization in the development of sex offenders and therefore deserve increased attention by researchers and clinicians. L'étude vise à comparer des délinquants sexuels qui affirment avoir été abusés sexuellement dans le passé (n = 137) avec des délinquants sexuels qui ne rapportent aucune victimisation sexuelle (n = 141). Les résultats montrent que les délinquants-victimes sont plus nombreux à avoir été exposés à des modèles familiaux inadéquats, à avoir manifesté certains troubles du comportement avant l'âge de 18 ans et à avoir des antécédents judiciaires pour des crimes © 2003 CJCCJ/RCCJP 82 Canadian Journal of Criminology and Criminal Justice January 2003 sexuels. Ils ont également connu une vie sexuelle plus précoce et se considèrent moins compétents sur le plan sexuel que les délinquants-non victimes. Malgré les différences observées entre les deux groupes de délinquants sexuels, des analyses de covariance révèlent que les troubles du comportement et le développement sexuel sont davantage influencés par l'exposition à des modèles familiaux inadéquats que par la victimisation sexuelle. De plus, qu'ils aient été victimes ou non, les délinquants sexuels de notre étude présentent plusieurs points en commun. Ces similitudes semblent d'ailleurs jouer un rôle plus important que la victimisation sexuelle dans le développement de la délinquance sexuelle et, par conséquent, méritent plus d'attention des chercheurs et des cliniciens. Théorie de l’abusé-abuseur Plusieurs études montrent qu'un nombre élevé de délinquants sexuels rapporte avoir été victime d'abus sexuel au cours de leur enfance. De façon générale, les taux de victimisation sexuelle rapportés se situent entre 30 % et 60 % chez les agresseurs sexuels d’enfants (Hanson et Slater 1988; Romano et De Luca 1996; Seghorn, Prentky et Boucher 1987; Tingle, Barnard, Robbins, Newman et Hutchinson 1986) et autour de 25 % chez les agresseurs sexuels de femmes (Seghorn et al. 1987; Tingle et al. 1986), comparativement à des taux variant entre 10 et 17 % dans une population masculine non judiciarisée (Bagley, Wood et Young 1994; Hanson et Slater 1988; Romano et De Luca 1996; Crouch, Hanson, Saunders, Kilpatrick et Resnick 2000). La victimisation sexuelle serait donc un phénomène que l’on retrouverait plus fréquemment chez les délinquants sexuels que chez les individus non criminalisés. C’est d’ailleurs sur ce constat que repose l’hypothèse du cycle de l’abus sexuel (Hanson 1991), que l’on appelle aussi « théorie de l'abusé-abuseur » (Freund et Kuban 1994; Graham 1996) ou encore « syndrome du vampire » (Worling 1995). Selon cette théorie populaire, la délinquance sexuelle s’explique en bonne partie par une victimisation sexuelle antérieure. Or, malgré que certaines études suggèrent qu’il existe une relation entre le fait d’être victime d’abus sexuel et la pédophilie chez les garçons (Bagley et al. 1994; Garland et Dougher 1990, Haywood, Kravitz, Wasyliw, Goldberg et Cavanaugh 1996; Lee, Jackson, Pattison et Ward 2002), le « syndrome du vampire » semble peu fondé et ce, tant sur le plan clinique qu’empirique. Premièrement, la majorité des délinquants sexuels sont de sexe masculin alors que la majorité des victimes sont de sexe féminin (Hanson 1991; Hilton 1993). Deuxièmement, la majorité des garçons victimes d’abus sexuel ne deviennent pas délinquants sexuels (Porter 1986; La théorie de l’abusé-abuseur en délinquance sexuelle : Qui dit vrai ? 83 Breer 1992, Dorais 1997). À cet effet, Widom et Ames (1994) ont réalisé une étude prospective dans laquelle ils n’ont observé que les garçons victimes d'abus sexuel et ceux ayant vécu d’autres types d’abus ne différaient pas quant au taux d’arrestation pour des délits sexuels. D’après les résultats des études de Briggs et Hawkins (1996) et de Lambie, Seymour, Lee et Adams (2002), les garçons victimes d’abus sexuel qui deviennent délinquants sexuels seraient ceux ayant érotisé l’abus sexuel vécu (associé à des affects positifs) et qui auraient eu peu de support social durant leur jeunesse. Troisièmement, la majorité des délinquants sexuels, même chez les agresseurs sexuels d’enfants, ne rapportent pas d’abus sexuel durant leur enfance. En effet, même dans les études de Groth (1979), la majorité des délinquants sexuels (69 % des pédophiles et 71 % des violeurs) ne rapportaient aucune forme de traumatisme sexuel (incluant la circoncision) au cours de leur jeunesse. Certains auteurs suggèrent que les délinquants sexuels qui rapportent avoir été abusé sexuellement sont plus déviants que les autres; plus particulièrement chez les agresseurs sexuels d’enfants (Hanson, 1991). L'étude de Freund et Kuban (1994) semble être la seule dans laquelle des délinquants sexuels, victimes et non victimes, ont été comparés au niveau de leur profil d'excitation sexuel obtenu à l'évaluation phallométrique. Ces auteurs ont observé que la présence d'intérêts sexuels préférentiels pour les enfants (pédophilie fixée) était le meilleur prédicteur d'une victimisation sexuelle auto-révélée. Ceci suggère que les pédophiles qui affirment avoir été victimes d'abus sexuel seraient les plus déviants. Néanmoins, soulignons que même chez les pédophiles primaires (« fixés »), Groth (1979) observait un taux de victimisation sexuelle de seulement 46 % (vs 23 % chez les agresseurs sexuels d’enfants situationnels). En somme, même chez les délinquants sexuels plus chroniques (récidivistes, pédophiles « fixés » et pédophiles homosexuels), les taux de victimisation sexuelle s’avèrent inférieurs à 50 % dans la plupart des écrits consultés. De plus, les résultats de certaines études remettent même en question la véracité des allégations de victimisation chez les délinquants sexuels incarcérés. St-Yves et Pellerin (1999) ont réalisé une étude afin de vérifier si des traces de victimisation sexuelle étaient présentes dans le scénario délictuel des agresseurs sexuels qui rapportent avoir été abusés sexuellement durant leur enfance. Les résultats de cette étude révèlent qu’il n’y a aucune relation significative entre le contexte de victimisation sexuelle et le scénario des délits sexuels. Les auteurs ont aussi constaté qu’il n’y avait pas de relation entre le sexe de l'agresseur des sujets et le sexe de leur victime. En fait, 85,7 % des sujets rappor- 84 Revue canadienne de criminologie et justice pénale janvier 2003 taient avoir été agressés sexuellement par une personne de sexe masculin et 83,3 % avaient agressé sexuellement une personne de sexe féminin. La seule relation significative fut observée au niveau de l'âge de la victimisation sexuelle et l'âge des victimes. Les sujets qui rapportaient avoir été abusés uniquement avant l'âge de 12 ans avaient plus souvent une victime d'âge prépubère, ce qui laisse croire que la victimisation sexuelle a plus d’influence sur la sélection de l’âge des victimes que sur le choix du sexe de celles-ci. Il est intéressant de noter qu'une relation significative a été observée entre le nombre d'abuseurs rapportés par les sujets et le nombre de victimes qu'ils avaient fait. Ceux qui rapportaient avoir été abusés sexuellement par plus d'un individu avaient un nombre plus élevé de victimes. Une telle observation appuie l'hypothèse d’une survictimisation, voire d’une pseudo-victimisation, chez les délinquants sexuels incarcérés, tel que suggéré par plusieurs auteurs (Dhawan et Marshall 1996; Hanson et Slater 1988; Hilton 1993; Langevin, Wright et Handy 1989). À cet égard, les résultats de l’étude de Hindman (1988) sont assez troublants. Celle-ci a observé que le taux de victimisation sexuelle rapporté était de 67 % pour le groupe contrôle de pédophiles. Or ce taux chutait à 29 % chez le groupe de pédophiles qui avaient été informés qu’ils auraient à se soumettre au test du polygraphe. Les bases de la théorie de l'abusé-abuseur en délinquance sexuelle sont donc loin d'être solides, plus particulièrement chez les agresseurs hétérosexuels et chez les agresseurs dits situationnels; il s’avère que ces types de délinquants sexuels représentent la majorité des délinquants sexuels incarcérés (St-Yves, Brien, Guay, Granger, McKibben, Ouimet, Pellerin, Perreault et Proulx 1999). Malgré tout, peu d'auteurs ont jusqu'à présent remis en question cette théorie (Hanson 1991; Hanson et Slater 1988; Hilton 1993; Langevin et al. 1989; Lambie et al. 2002). Afin de clarifier davantage le rôle de la victimisation sexuelle dans le développement de la délinquance sexuelle, Hanson (1991) souligne l'importance d'étudier en quoi diffèrent les délinquants sexuels victimes et non victimes. Seulement deux études se sont prêtées à l’exercice empirique. Une première étude fut réalisée par Seghorn et al. (1987) auprès de 97 violeurs et 54 pédophiles incarcérés, la majorité étant des récidivistes. Les résultats obtenus indiquent, chez les pédophiles comme chez les violeurs, que les sujets qui rapportent avoir été abusés sexuellement sont plus enclins à être issu d’un milieu familial perturbé (négligence parentale, témoins d’actes sexuels déviants, parents avec antécédents psychiatriques, criminels et problèmes de toxicomanie). La théorie de l’abusé-abuseur en délinquance sexuelle : Qui dit vrai ? 85 Une deuxième étude fut réalisée par Langevin et al. (1989) auprès de 408 délinquants sexuels incarcérés. Les résultats obtenus indiquent que les sujets abusés sexuellement étaient moins scolarisés, qu’ils avaient davantage été victimes de violence psychologique par leur père, qu’ils avaient été plus exposés à des parents criminalisés et alcooliques, qu’ils avaient eu plus d'expériences sexuelles avec des garçons durant l'enfance et l'adolescence, qu’ils avaient plus souvent fugué du foyer familial et qu’ils présentaient une plus grande diversité de comportements sexuels déviants (paraphilies multiples). Toutefois, 63 % des délinquants-victimes et 60 % des délinquants-non victimes avaient des antécédents officiels pour des délits sexuels. La présente étude vise donc à répondre à deux questions : 1) Les délinquants sexuels qui rapportent une victimisation sexuelle sont-ils différents des autres délinquants sexuels ? 2) Quel est l’importance de la victimisation sexuelle dans le développement de la délinquance sexuelle ? Afin de répondre à ces deux questions, des délinquants sexuels qui rapportent avoir été victimes d'abus sexuel, seront comparés à des délinquants sexuels qui ne rapportent aucune victimisation sexuelle. Les aspects à l’étude sont : l’exposition à des modèles familiaux inadéquats, la présence de troubles du comportement avant l'âge de 18 ans, le développement sexuel et les antécédents judiciaires. Des analyses multivariées permettront d'évaluer l'influence de la victimisation sexuelle sur les troubles du comportement et sur le développement sexuel. Méthodologie Sujets Deux cent soixante-dix-huit (n = 278) délinquants sexuels ont participé à l'étude. Ils ont commis, pour la présente peine, une ou plusieurs agressions sexuelles. Sur ce nombre, près de la moitié des sujets (49,3 %) ont rapporté une victimisation sexuelle avant l'âge de 18 ans. Les sujets sont presque tous de race blanche (87,8 %). L'âge varie de 19 à 78 ans, avec une moyenne de 38,6 ans (écart-type = 12,6 ans). La majorité des sujets (60,4 %) vivaient seuls (célibataires, séparés, divorcés ou veufs) alors que les autres étaient mariés ou vivaient en union de fait. Contrairement aux observations de Langevin et al. (1989), le niveau académique atteint (mais pas nécessairement complété) est comparable pour les délinquants-victimes et non victimes. 86 Canadian Journal of Criminology and Criminal Justice January 2003 Moins du tiers des sujets (29,1 %) ont une scolarité de niveau primaire, 60,1 % de niveau secondaire, et 10,9 % ont entamé ou complété des études post-secondaires. Le Q.I.2 global moyen est de 81,9 (écarttype = 17,87). Il n'existe aucune différence significative entre le Q.I. des délinquants-victimes et celui des délinquants-non victimes. L'échantillon global comprend 39,9 % de pédophiles (63,1 % de délinquants-victimes), 13,6 % d'hébéphiles (50 % de délinquants-victimes), 41,0 % de violeurs (34,5 % de délinquants-victimes), et 2,5 % d'agresseurs polymorphes (56 % de délinquants-victimes). C'est chez les pédophiles que l'on retrouve le plus haut taux de victimisation sexuelle [χ²(2) = 18,86, p < 0,001]. La proportion de sujets qui a commis un délit sexuel uniquement dans un contexte intrafamilial (inceste, pseudo-inceste, agression sur conjointe ou ex-conjointe) est de 62,5 %. Les autres sujets (37,5 %) ont perpétré au moins une infraction sexuelle à l'extérieur du contexte familial : le taux de victimisation sexuelle des sujets dont le délit s'est produit dans un contexte extrafamilial (40,4 %) n'est pas significativement plus élevé que le taux observé chez les sujets dont le délit s'est produit dans un contexte intrafamilial (59,6 %). Procédure Tous les sujets étaient en processus d'évaluation au Centre régional de réception (CRR)3 lorsqu'ils ont été rencontrés. Les entretiens s'inscrivent dans le cadre d'une évaluation psychologique. Tous les renseignements recueillis servent à la fois à la recherche et à l'élaboration d'un rapport de placement pénitentiaire. Une partie de l'information colligée lors des entretiens est corroborée par des documents officiels (rapport de police, déclaration de la victime, notes de la Cour, etc.). Pour certains renseignements, notamment pour les abus sexuels rapportés en tant que victime, il s'agit d'auto-révélation. Instruments de mesure L'ensemble des données a été recueilli avec l'aide du Questionnaire informatisé pour les délinquants sexuels (QIDS), un questionnaire détaillé, conçu spécifiquement pour l'évaluation des délinquants sexuels (St-Yves, Proulx et McKibben 1994). Ce questionnaire regroupe une multitude de renseignements portant, entre autres, sur les antécédents professionnels et scolaires, les antécédents personnels, familiaux et criminels et le développement sexuel. Les résultats de plusieurs épreuves psychométriques, dont l'évaluation phallométrique, y sont également colligés. La théorie de l’abusé-abuseur en délinquance sexuelle : Qui dit vrai ? 87 Résultats Dans un premier temps, les sujets qui rapportent une victimisation sexuelle ont été comparés avec les sujets qui ne rapportent pas avoir vécu une telle expérience, en fonction d’une série de variables créées à l’aide d’analyses factorielles. Dans un deuxième temps, l’impact relatif de la victimisation sexuelle sur le développement sexuel est comparé à celui des variables concurrentes. Création des échelles relatives aux aspects développementaux Afin d’organiser les différents aspects liés au développement des délinquants sexuels, trois grands blocs d’échelles furent développés à l’aide d’analyses factorielles. Ce sont les échelles relatives aux « Modèles familiaux inadéquats », aux « Troubles de comportement durant la jeunesse » ainsi qu’au « Développement sexuel. » Parmi les échelles relatives aux Modèles familiaux inadéquats, on retrouve une échelle d’exposition à la violence (psychologique / physique), de dépravation, d’abandon, ainsi qu’une échelle associée au fait d’avoir été témoin d’une agression sexuelle. Parmi les échelles relatives aux Troubles du comportement durant la jeunesse, on retrouve les échelles d’antisocialité, de somatisation et d’introversion. Finalement parmi les échelles de Développement sexuel, on retrouve les échelles de compétence sexuelle, de sexualité déviante, de sexualité objectale et de précocité sexuelle. Le détail de la composition de chacune de ces échelles est disponible en Appendice A. Les analyses factorielles ont fait l’objet de rotations orthogonales Varimax, et seules les variables dont les indices de saturation factorielle supérieurs à 0,40 et ne présentant pas de saturations multiples furent retenues. Les analyses subséquentes ont pour base les scores factoriels standardisés. Le tableau 1 démontre que les délinquants-victimes sont plus nombreux que les délinquants-non victimes à avoir été exposés avant l'âge de 18 ans à des modèles familiaux inadéquats, plus spécifiquement à la violence [F = 12,482 p < 0,001] et à la dépravation parentale [F = 5,255 p < 0,05]. Les délinquants-victimes sont également plus nombreux à rapporter certains troubles du comportement (introversion / isolement social) avant l'âge de 18 ans [F = 14,229 p < 0,001], à se considérer incompétent sur le plan sexuel [F = 15,216 p < 0,001] et à rapporter une vie sexuelle précoce [F = 16,324 p < 0,001]. Quant aux antécédents judiciaires, les deux groupes ne se distinguent qu'au niveau des antécédents sexuels. Les délinquants-victimes sont plus nombreux à avoir des antécédents de crimes sexuels, aussi bien à 88 Revue canadienne de criminologie et justice pénale janvier 2003 Tableau 1: Comparaison entre les délinquents victimes et non victimes au niveau du milieu familial, des troubles du comportement, du développement sexuel et des antécédents judiciaires Victimisés n Nonvictimisés n F/Phi/ c2 Exposition à des modèles familiaux inadéquats Violence (psychologique / physique)***a Dépravation parentaleb* Abandon parentalb Témoin d’agression sexuelleb 0,19 –0,19 0,21 –0,19 131 131 131 131 –0,19 –0,19 –0,19 –0,19 135 135 135 135 12,482 5,255 1,038 0,429 Troubles du comportement avant 18 ans Comportements antisociauxb Troubles somatiquesa Introversion / isolement socialb*** –0,19 0,12 –0,19 131 131 131 –0,19 0,11 –0,19 130 130 130 2,036 3,143 14,229 Développement sexuel Compétence sexuellea*** Sexualité dévianteb Sexualité objectalea Précocité sexuelleB*** –0,19 –0,19 0,08 –0,39 95 95 95 95 0,30 –0,19 –0,19 0,24 99 99 99 99 15,216 3,397 0,487 16,324 45,5 % 9,7 % 18,7 % 61 13 25 37,6 % 12,8 % 4,3 % 53 18 6 0,080 –0,048 0,227 64,2 % 42,6 % 44,4 % 88 58 60 64,5 % 50,4 % 20,1 % 91 71 28 –0,003 0,199 0,260 Antécédents judiciairesc Antécédents juvéniles Contre les biens Contre la personne Sexuels*** Antécédents adultes Contre les biens Contre la personne Sexuels*** a = Oneway ANOVA (moyenne du groupe à l’échelle); b = U de Mann-Whitney (médiane du groupe à l’échelle), C = Phi. *p < ,05 ; ** p < ,01 ; *** p < ,001 l'adolescence [χ²(1) = 0,227 p < 0,001] qu'à l'âge adulte [χ²(1) = 0,260 p < 0,001]. Dans l’ensemble, les résultats indiquent que les délinquants sexuels « victimes » se distinguent des délinquants sexuels « non victimes » sur les échelles d’exposition à des modèles familiaux inadéquats (échelles La théorie de l’abusé-abuseur en délinquance sexuelle : Qui dit vrai ? 89 de violence et de dépravation parentale); de troubles du comportement avant 18 ans (échelle d’introversion et d’isolement social); de développement sexuel (échelles de précocité sexuelle et de compétence sexuelle) et d’antécédents judiciaires pour des crimes sexuels (adultes et juvéniles). De tels résultats concordent avec ceux de Langevin et al. (1989) qui ont eux aussi observé que les délinquants sexuels « victimes » étaient plus nombreux que les délinquants sexuels « non victimes » à avoir été exposés à la violence et à la toxicomanie dans leur milieu familial. Concernant le développement sexuel, Langevin et ses collègues (1989) ont également observé que les délinquants-victimes rapportaient une sexualité plus précoce que les délinquants-non victimes. Par contre, Langevin et ses collègues n'ont pas constaté de différences entre les deux groupes au niveau de l'échelle d'introversion sociale du MMPI et au niveau de leurs antécédents judiciaires sexuels. Ces différences pourraient s'expliquer, en partie, par le type d'échantillonnage. L'étude de Langevin et al. (1989) incluait des sujets (homosexuels, bisexuels, transsexuels) qui n'étaient pas des délinquants sexuels. Quel est le poids relatif de la victimisation sexuelle dans le développement de la délinquance sexuelle ? Dans un deuxième temps, nous avons fait des analyses de covariances avec les échelles d’exposition à des modèles familiaux inadéquats et la variable de victimisation sexuelle et ce, afin de mesurer de façon indépendante le poids relatif de chacune de ces variables dans le développement ultérieur de troubles du comportement et du développement sexuel. Le tableau 2 présente les résultats des analyses de covariance (ANCOVA) visant à estimer l’impact relatif de la victimisation sexuelle par rapport aux facteurs développementaux concurrents. En ce qui concerne les troubles du comportement durant la jeunesse, les résultats montrent que la victimisation sexuelle n'est reliée significativement qu'à l'échelle d’introversion [F = 6,33, p < 0,05]. Par contre, le fait d'avoir été exposé à la violence [F = 14,17, p < 0,001] ou à la dépravation parentale [F = 10,15, p < 0,01] permet davantage d'expliquer le résultat à l'échelle d’introversion. De plus, le type d'agresseur exerce un effet comparable à celui de la victimisation sexuelle sur l'introversion ultérieure. Ce sont les pédophiles qui rapportent le plus souvent ce type de trouble du comportement [F = 2,217, p < 0,05]. En ce qui a trait aux résultats à l'échelle d’antisocialité, ceux-ci sont particulièrement influencés par les échelles de violence [F = 15,99, p < 0,001] et 68 16 30 39 18 64 8,222** 10,932** 0,001 0,009 0,340 0,122 2,511* 1,167 0,611* 0,088 5,985*** F 0,038 0,135 0,185 moyenne –0,199 –0,179 –0,014 Somatisation –0,026 0,270 0,471 F 15,989*** 6,430* 16,898*** moyenne –0,426 –0,346 0,013 Antisocialité 4,941*** 0,399 4,687*** 1,335 14,270*** 6,646** 6,333* 2,217* –0,498 –0,063 0,090 moyenne 0,0342 –0,271 0,535 Compét. sexuelle 0,24 5,905* 1,335 56 11 21 29 9 56 n F 14,175*** 10,148** 3,639 0,409 0,116 0,109 moyenne –0,138 –0,370 –0,213 Introversion F 2,439* 2,733 4,302* 2,438* 1,003 3,841* –0,008 –0,403 0,665 F 1,795 2,826 0,739 moyenne –0,245 0,207 0,084 2,026 0,146 8,009** 0,488 0,087 0,016 0,759 0,331 moyenne 0,052 –0,667 –0,126 Sexualité Sexualité déviante objectale 3,238** 0,060 11,027** 1,112 –0,322 –0,752 –0,278 F 1,574 8,269** 2,688 moyenne 0,238 0,047 0,296 Précocité sexuelle Canadian Journal of Criminology and Criminal Justice *p < ,05 ; **p < ,01 ; *** p < ,001 Non-victimisés Pédophiles Hébéphiles Violeurs Victimisés Pédophiles Hébéphiles Violeurs Désorganisation familiale Violence psych. / phys. Toxico. / prom. sexuel. Abandon parental Effets principaux Victimisation sexuelle Type d’agresseur Effets d’interaction Victimisation et type d’agresseur Modèle n Tableau 2: Impact de la désorganisation familiale et de la victimisation sexuelle sur les troubles du comportement et sur le développement sexuel 90 January 2003 La théorie de l’abusé-abuseur en délinquance sexuelle : Qui dit vrai ? 91 d’abandon parental [F = 16,9, p < 0,001]. Soulignons que l'échelle de dépravation parentale a également un effet significatif sur l’antisocialité [F = 6,43, p < 0,05]. Cette fois, la variable décrivant le type d'agresseur indique que ce sont les violeurs qui rapportent le plus souvent des comportements antisociaux [F = 3,61, p < 0,05]. Enfin, les échelles de violence [F = 8,22, p < 0,01] et de dépravation parentale [F = 10,93, p < 0,01] sont les seules variables qui exercent une influence sur le résultat à l'échelle de somatisation. En ce qui concerne maintenant les échelles du développement sexuel, la victimisation sexuelle s'avère fortement liée aux échelles de compétence sexuelle et de précocité sexuelle. Les sujets qui rapportent une victimisation sexuelle se disent moins compétents sur le plan sexuel [F = 14,27, p < 0,001] et rapportent une vie sexuelle plus précoce [F = 11,03, p < 0,01]. Néanmoins, l'échelle de dépravation parentale exerce un effet relativement comparable à celui de la victimisation sexuelle sur l'échelle de précocité sexuelle [F = 11,03 p < 0,01]. De plus, la variable relative au type d'agresseur et l'échelle de dépravation parentale exercent aussi une certaine influence sur l'échelle de compétence sexuelle [respectivement, F = 6,66, p < 0,01, et F = 14,27, p < 0,001]. Ce sont les violeurs qui se considèrent le plus compétent sur le plan sexuel. Enfin, soulignons que l'échelle de violence est la seule qui exerce une influence sur l'échelle de sexualité déviante [F = 8,01, p < 0,01] et que la variable relative au type d'agresseur est la seule qui exerce un effet significatif sur l'échelle de sexualité objectale. Ce sont les violeurs qui rapportent le plus souvent une sexualité objectale [F = 3,84, p < 0,05]. Conclusion Les résultats de la présente étude nous amènent à remettre en question l’importance que l’on accorde généralement au rôle de la victimisation sexuelle pour expliquer la délinquance sexuelle. Certes, le fait d’être victime d’abus sexuel laisse des séquelles psychologiques importantes (Cohen, Spirito, Sterling, Donaldson, Seifer, Plummer, Avila et Ferrer 1996; Garnefski et Diekstra 1997; Zweig, Crockett, Sayer et Vicary 1999) et peut conduire certains garçons victimes à développer des problèmes de comportement sexuel (dont des délits sexuels). Toutefois, la victimisation sexuelle est loin d’être le seul facteur qui peut avoir une incidence sur le développement affectif, sexuel et social des délinquants sexuels. À cet égard, rappelons que la majorité des délinquants sexuels affirment ne pas avoir été victimes d'abus sexuel. D’ailleurs, nos résultats indiquent que le fait d’avoir grandi dans un environnement familial dysfonctionnel est un meilleur facteur explica- 92 Revue canadienne de criminologie et justice pénale janvier 2003 tif que la victimisation sexuelle en ce qui concerne les troubles de comportement durant la jeunesse et les problèmes liés au développement sexuel que l’on retrouve chez les délinquants sexuels. Ainsi, dans l’ensemble, les différences observées entre les délinquants sexuels victimes et non victimes semblent davantage attribuables au milieu familial qu’à la victimisation sexuelle. Ces observations corroborent les résultats obtenus par Lambie et al. (2002) lesquels ont constaté que la principale distinction entre les abusés devenus abuseurs et les abusés non abuseurs était que les hommes victimes devenus abuseurs provenaient d’un milieu familial plus dysfonctionnel et avaient bénéficié de peu de support social comparativement aux hommes victimes non abuseurs. Cela expliquerait pourquoi les délinquants sexuels « victimes » apparaissent comme plus carencés, plus mésadaptés socialement et plus criminalisés. De tels résultats devraient davantage être pris en considération lors de l’évaluation et du traitement des délinquants sexuels. Comme le suggèrent nos résultats, les délinquants sexuels, qu’ils aient été abusés sexuellement ou non et qu’ils soient pédophiles ou violeurs, présentent plusieurs points en commun sur le plan développemental : milieu familial dysfonctionnel, troubles de comportement durant la jeunesse, sexualité problématique (objectale, déviante). À cet égard, on pourrait croire que plusieurs des délinquants sexuels « victimes » de notre étude seraient devenus délinquants sexuels même s’ils n’avaient pas été abusés sexuellement. Les points en commun observés chez les délinquants sexuels, sans égard au choix de leurs victimes, devraient donc être priorisés sur le plan clinique (distorsions cognitives, intérêts sexuels déviants, faibles habiletés sociales). Les résultats de notre étude ont aussi permis de mettre en évidence l’absence de différences entre les délinquants victimes et non victimes quant à leur profil d’excitation sexuelle obtenu à l’évaluation phallométrique. Contrairement à l’étude de Freund et Kuban (1994), nos résultats indiquent que les agresseurs « victimes » n’apparaissent pas plus déviants sexuellement que les agresseurs « non victimes » à l’évaluation phallométrique. Ainsi, le fait que les délinquants-victimes de notre étude présentent plus d’antécédents judiciaires de nature sexuelle que les délinquants-non victimes serait attribuable à d’autres facteurs (par exemple une moins grande sophistication des délits, une moins bonne planification de ceux-ci et, par conséquent, une plus grande probabilité d’être appréhendé). Des études récentes (Lee et al. 2002) soulignent encore le fait que la vic- La théorie de l’abusé-abuseur en délinquance sexuelle : Qui dit vrai ? 93 timisation sexuelle est un facteur développemental important chez les agresseurs sexuels d’enfants. Gardons toutefois à l’esprit les trois points suivants : premièrement la majorité des garçons victimes d’abus sexuels ne deviennent pas abuseurs;deuxièmement, la majorité des délinquants sexuels, même chez les agresseurs sexuels d’enfants, ne rapportent pas de victimisation sexuelle; et troisièmement, les différences observées entre les délinquants sexuels victimes et non victimes semblent davantage attribuables au milieu familial qu’à la victimisation sexuelle comme telle. Malgré tout, peu d’études ont remis en question la théorie de l'abusé-abuseur (Hanson 1991; Hilton 1993; Langevin et al. 1989; Lambie et al. 2002; St-Yves et Pellerin 2002). Bien que les résultats de la présente étude aient permis de relativiser l’importance de la victimisation sexuelle dans l’étiologie de la délinquance sexuelle, certains aspects de la question devront faire l’objet d’études plus approfondies. Par exemple, plusieurs travaux ont souligné la précocité des comportements sexuels déviants (Breer 1987; Ryan 1991; Barbaree, Marshall et Hudson 1993). Or, il existe peu d'études empiriques portant sur les mécanismes cognitifs et affectifs impliqués dans le développement et le maintien des comportements d'agression sexuelle (Knight et Sims-Knight, inédit). Alors que plusieurs micro-théories jalonnent la littérature sur la délinquance sexuelle, peu de travaux visent une intégration de ces dernières en un seul et même modèle théorique. À cet effet, des énergies devront être déployées, entre autres, vers le développement de mesures valides des concepts liés à la délinquance sexuelle et vers l’élaboration de modèles théoriques intégrés, prenant en compte les différents aspects développementaux de la question, y compris la victimisation sexuelle. Notes 1. Cette recherche a été subventionnée par le Département de recherche du Service correctionnel du Canada (245-M2/343). Les commentaires sont ceux des auteurs et ne représentent pas nécessairement ceux du Service correctionnel du Canada. Toute correspondance devra être adressée à Bruno Pellerin ou Michel St-Yves, Service correctionnel du Canada, Centre régional de réception, 246 Montée Gagnon, Ste-Anne des Plaines, (Québec) JON 1HO. 2. Le Q.I. est évalué avec l'aide d'un instrument standardisé : le Test d'aptitudes informatisé (Pépin et Loranger 1996). 3. Dans le cadre d'une politique de placement pénitentiaire centralisée, le 94 Canadian Journal of Criminology and Criminal Justice January 2003 CRR a comme principale vocation d'évaluer les détenus fédéraux (sentence de deux ans et plus) et de les orienter, selon leurs besoins en matière de programmes institutionnels et de sécurité, vers les établissements recommandés par une équipe multidisciplinaire. Il s'agit d'un établissement à sécurité maximale. Références Bagley, C., M. Wood, and L. Young 1994 Victim to abuser: Mental health and behavioral sequels of child sexual abuse in a community survey of young adult males. Child Abuse and Neglect 18: 683–697. Barbaree, H., W.L. Marshall, and S.M. Hudson 1993 The Juvenile Sex Offender. New York, NY: Guilford Press. Breer, J. 1987 The Adolescent Molester. Springfield, IL: Charles Thomas. Breer, W. 1992 Diagnosis and treatment of the young male victim of sexual abuse. Springfield, Ill: C.C. Thomas. Briggs, F. and R.M.F. Hawkins 1996 A comparison of the childhood experiences of convicted male child molesters and men who were sexually abused in childhood and claimed to be non offenders. Child Abuse and Neglect 20: 221-233. Cohen, Y., A. Spirito, C. Sterling, D. Donaldson, R. Seifer, B. Plummer, R. Avila, and K. Ferrer 1996 Physical and Sexual Abuse and their Relation to Psychiatric Disorder and Suicidal Behavior among Adolescents who are Psychiatrically Hospitalized. 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Troubles du comportement durant la jeunesse (avant 18 ans) Antisocialité : Attitude rebelle, tempérament colérique, mensonge chronique, fugues; Somatisation : Troubles du sommeil, cauchemars, plaintes physiques, énurésie; Introversion : Isolement social, image de soi négative. Développement sexuel Compétence sexuelle : Sexualité déviante : Sexualité objectale : Précocité sexuelle : Satisfaction sexuelle, compétence sexuelle, trouble sexuel, fantasmes déviants, fréquence des relations sexuelles, nombre de partenaires sexuelles; Orientation sexuelle, masturbations compulsives, paraphilies sexuelles, fait de la prostitution; Usage de matériel pornographique, fréquentation de prostituées, fréquentation de bars érotiques; Âge des premières masturbations, âge des premiers contacts sexuels (non abusifs).