Concerts du temps de Pâques 2015 Dietrich BUXTEHUDE (1637

Transcription

Concerts du temps de Pâques 2015 Dietrich BUXTEHUDE (1637
Le Petit Chœur d’Occitanie présente :
Éditorial
Concerts du temps de Pâques 2015
Renouant la grande tradition de l’époque baroque,
le Petit Chœur d’Occitanie présente ce soir huit cantates
de Dietrich BUXTEHUDE, l’un des plus grands musiciens allemands
de la fin du XVIIe siècle.
Ces œuvres ne sont nullement des cantates liturgiques. En effet,
dans la tradition luthérienne, il existe deux types de cantates – œuvre
musicale mettant essentiellement en valeur, comme son nom l’indique,
la voix, avec un accompagnement instrumental. D’une part, certaines
sont
destinées
à
s’intégrer
dans
le
déroulement
de la liturgie : elles encadrent souvent le sermon. Mais d’autre part,
l’autre type de cantate fut créée dans le cadre de cette invention baroque
du « Concert Spirituel » - une forme de récital inventé
de manière presque concomitante dans les églises luthériennes
du nord de l’Allemagne et à la catholique Cour de Versailles.
Les œuvres que nous avons choisies illustrent le moment – clef
de l’année liturgique du triduum pascal – Jeudi Saint, Vendredi Saint,
Samedi Saint - centré sur la mort et sur la résurrection du Christ.
Ces huit pièces composant ce récital s’organisent en réalité
en deux ensembles d’inégale importance. Le premier, cycle monumental
composé de sept cantates d’une très grande expressivité, a pour thème
la Passion. La huitième cantate, illustrant la joie pascale, est une œuvre
isolée,
plus
longue
que
chacune
des
sept
autres,
d’une structure très différente, tant musicalement qu’orchestralement.
Dietrich BUXTEHUDE
(1637 – 1707)
Membra Jesu Nostri (BuxWV 75)
Heut triumphieret
Gottes Sohn
(BuxWV 43)
Dietrich BUXTEHUDE
Servian, 12 avril 2015
Nissan-lez-Ensérune, 2 mai 2015
(1637 – 1707)
Dietrich
BUXTEHUDE
était
titulaire
des
orgues
de la Marienkirche (église Notre-Dame) de Lübeck. Organiste
flamboyant à la virtuosité redoutable, improvisateur de génie,
impressionnant architecte d’œuvres complexes, BUXTEHUDE
avait repris la tradition des Abendmusiken (concerts spirituels) créées
par son beau-père et prédécesseur à la Marienkirche, Franz TÜNDER,
qui avaient une grande réputation dans tout le monde germanique
du XVIIe siècle finissant.
En 1705 – 1706, un tout jeune musicien d’une vingtaine d’années,
n’hésita pas à effectuer à pieds un exténuant périple de 400 kilomètres
pour venir les écouter et pour prendre des leçons du vieux maître.
S’attardant à Lübeck, il s’attira les foudres de ses employeurs.
Mais, au contact de l’organiste de Lübeck, son style fut à jamais
transfiguré, devenant plus ample, plus savant, plus structuré,
plus solide, en un mot plus brillant. Par la suite, il composa,
entre autres œuvres, des centaines de cantates, mais celles-ci uniquement
destinées à la liturgie. Ce jeune musicien avait pour nom JohannSebastian BACH…
Le Cycle des Membra Jesu Nostri (BuxWV 75)
Le cycle des Membra Jesu nostri se compose de sept cantates
latines. En effet, contrairement à une idée reçue, le latin était encore
utilisé, pour les grandes fêtes du moins, par les Luthériens aux XVIIe
et XVIIIe siècles.
Elles exigent un effectif choral à cinq voix et cinq solistes – nous
avons choisi de confondre les deux, ce qui est tout à fait
dans l’esprit de l’œuvre et, selon certains musicologues, pourrait être
le dispositif de leur création -, un petit orchestre à cordes, composé
de trois à cinq instruments, selon les cantates, et un continuo – entendons
par là un accompagnement supplémentaire.
D’une immense expressivité, d’une très grande force,
très variée, destinée au Vendredi Saint, cette œuvre toute baroque illustre
le thème des sept plaies du Christ sur la Croix, dont chacune donne son
titre à une Cantate : «Aux pieds», «Aux genoux»,
«Aux mains», «Au flanc», «A la poitrine», «Au cœur», «Au visage».
Le plan de chacune des cantates est fixe : un Prélude instrumental
ouvre la pièce, suivi d’un chœur initial (de trois à cinq voix, selon
les cas), construit sur une citation biblique, amplifié
et commenté par trois pièces plus intimes - soli, trios ou quintets –,
scandées par une ritournelle instrumentale, et conclu par la reprise
du chœur initial de la Cantate (remplacé par un long Amen fugué
pour la dernière cantate).
Les textes non bibliques sont tous médiévaux, extraits
de la Rythmica Oratio du cistercien Arnulf de LOUVAIN
(XIIIe siècle) pour l’essentiel de l’œuvre, d’un poème attribué
à saint Bernard de CLAIRVAUX (Cantate « Au flanc ») et d’un texte
du prémontré Hermann Joseph von STEINFELD (Cantate « Au visage »).
Heut triumphieret Gottes Sohn (BuxWV 43)
« Aujourd’hui triomphe le Fils de Dieu ». Le chœur à cinq voix,
une fois encore, entonne cette joyeuse phrase après une élégante
introduction confiée aux cordes suivie d’une éclatante fanfare.
Mais la cantate qui s’ouvre de la sorte présente une architecture
fondamentalement différente des sept précédentes. A cette ouverture
tripartite succède une alternance de cinq couplets, confiés à un effectif
vocal en soli, duo, trio et quintet et de cinq refrains clamant la victoire
du Christ sur la mort (« Victoria, victoria ! »). L’œuvre se clôt
sur brillant un Alléluia fugué.
L’effectif instrumental est plus brillant que dans les Membra Jesu
Nostri, obligatoirement en quintet à cordes – formation caractéristique
de l’époque baroque, alors que les époques postérieures lui ont préféré
le quatuor - complété d’un continuo de Trompettes et de timbales
(facultatives)…
Portrait présumé
de Dietrich BUXTEHUDE
(1637 - 1707)
dans le tableau
« Scène de musique dans un intérieur
ou Allégorie de l’amitié » (1674)
de Johannes VOORHOUT
(1647 – 1723)
Dietrich BUXTEHUDE
(1637 – 1707)
Membra
Jesu Nostri
Cantate I
A Ses Pieds
Cantate II
A Ses Genoux
Cantate III
A Ses Mains
CHŒUR S1 – S2 – A – T – B
Voici sur les monts les pieds
de l’Évangélisateur
Et de l’annonciateur de Paix.
(Nahum, II, 1)
CHŒUR S1 – S2 – A – T – B
Vous serez portés au sein
Et sur les genoux, vous serez caressés.
(Isaïe, LXVI, 12)
CHŒUR S1 – S2 – A – T – B
Que sont ces plaies au milieu de Tes
mains ?
(Zacharie, XIII, 6)
ARIA I T
Salut, Jésus, roi des Saints,
Espoir votif des pécheurs,
Pendant au bois de la croix, tel un
accusé
Homme qui es le vrai Dieu,
Chancelant sur Tes genoux défaillants.
ARIA I S1
Salut, Jésus, le Bon Pasteur,
Exténué dans Ton agonie,
Toi qui as été disloqué par le bois,
Et Toi qui, Tes saintes mains étendues,
Es rivé au bois.
QUINTET S1 – S2 – A – T – B
Salut, Sauveur du monde,
Saluet, salut, cher Jésus,
C’est à Ta Croix que vraiment
je voudrais m’attacher,
Tu sais pourquoi
Donne-moi Ta richesse.
ARIA I S1
Les clous de Tes pieds, les dures plaies
Si profondément gravées en Toi
Je les baise avec affection
Tremblant à ta vue
Me rappelant Tes blessures.
ARIA II B
Doux Jésus, Dieu de pitié,
Je crie vers Toi, bien qu’accusé,
Montre Toi bienveillant envers moi,
Et ne repousse pas l’indigne que je suis
De Tes pieds sacrés.
CHŒUR S1 – S2 – A – T – B
Voici sur les monts les pieds
de l’Évangélisateur
Et de l’annonciateur de Paix.
Traduction du texte
des sept cantates.
Légende :
S 1 : .... Soprano 1
S 2 : .... Soprano 2
A : ...... Alto
T : ....... Ténor
B : ....... Basse
ARIA II A
Que Te répondrai-je,
Moi qui suis vil par mes actes et dans
mon cœur ?
Qu’offrirai-je en retour à Celui qui
m’aime,
Qui a choisi de mourir pour moi,
Afin que je ne meure point d’une
double mort ?
TRIO S1 – S2 - B
Que Te chercher avec une âme pure
Soit mon premier souci.
Ce n’est là ni labeur ni peine,
Mais je serai guéri et purifié,
Quand je Te tiendrai embrassé.
CHŒUR S1 – S2 – A – T – B
Vous serez portés au sein
Et sur les genoux, vous serez caressés.
ARIA II S2
Saintes mains, je vous embrasse
Et je me plais à gémir sur vous.
Je rends grâce pour tant de plaies
Pour les clous cruels, pour ces saintes
gouttes
Pleurant en les embrassant.
TRIO T – A – B
Lavé dans Ton sang,
Tout entier je me recommande à Toi
Que Tes saintes mains que voici
Me protègent, Ô Jésus Christ,
Dans les périls extrêmes ?
CHŒUR S1 – S2 – A – T – B
Que sont ces plaies au milieu de Tes
mains ?
Cantate IV
A Son Flanc
Cantate V
A Sa Poitrine
Cantate VI
A Son Cœur
Cantate VII
A Son Visage
CHŒUR S1 – S2 – A – T – B
Debout, mon amie, ma belle, et viens,
Ma colombe, dans les creux de la
pierre,
Dans les cavités du rocher.
(Cantique des Cantiques, II – 13 &
14)
CHŒUR EN TRIO A – T – B
A la manière d’enfants nouveaux-nés,
dotés de raison,
Et sans feinte, vous désirez le lait
afin de grandir en Lui
Dans le Salut, si cependant vous goûtez
Que le Seigneur est bon.
(Ière Épître de Pierre, II, 2 & 3)
CHŒUR EN TRIO S1 – S2 - B
Tu as blessé mon cœur,
Ma sœur, mon épouse.
(Cantique des Cantiques, IV, 9)
CHŒUR S1 – S2 – A – T – B
Illumine ta face sur Ton serviteur
Dans Ta miséricorde, sauve-moi.
(Psaume XXXI, 17)
ARIA I S1
Cœur du Roi Suprême, je te salue.
Je te salue, le cœur joyeux.
T’embrasser me délecte
Et ceci atteint mon cœur
Si bien que Tu l’incites à Te parler.
TRIO A – T - B
Salut, tête couverte de sang,
Toute couronnée d’épines,
Disloquée, blessée,
Frappée par le roseau,
Visage couvert de crachats.
ARIA II S2
Qu’au travers de la moelle de mon
cœur,
Celui d’un pécheur et d’un accusé,
Ton amour se diffuse,
Par lequel Ton cœur est saisi,
Languissant de la blessure d’amour.
ARIA II A
Puisqu’il me faut mourir,
Ne me fais point défaut alors,
A l’heure terrible de la mort,
Sans tarder, Jésus,
Viens me protéger et libère-moi.
ARIA I S1
Salut, flanc du Sauveur,
Dans lequel se trouve le miel de
douceur,
Dans lequel se révèle la force d’Amour,
Duquel jaillit une fontaine de sang
Qui lave les cœurs souillés.
ARIA I A
Salut, Dieu, mon Sauveur,
Doux Jésus, mon amour.
Salut, poitrine digne de révérence,
Qu’il faut toucher en tremblant,
Demeure d’Amour.
TRIO A – T – B
Voilà, je m’approche de Toi,
Pitié, Jésus, si je faute,
La honte au front,
De ma propre volonté, je vins
cependant vers Toi
Examiner Tes blessures.
ARIA II T
Donne-moi une poitrine pure,
Ardente, pieuse, gémissante,
Une volonté de refus
Qui toujours se conforme à Toi,
Après s’être jointe à l’abondance de Tes
vertus.
ARIA II S2
Qu’à l’heure de ma mort, mon souffle
Pénètre Ton flanc, Jésus.
Qu’en expirant il aille en Toi
Afin que le farouche lion ne se jette sur
lui
Mais qu’il demeure auprès de Toi.
ARIA III B
Salut, temple véritable de Dieu.
Je Te supplie de me prendre en pitié,
Toi, Arche de tout bien,
Fais que je sois placé auprès des Élus,
Vase riche, Dieu de tous.
CHŒUR S1 – S2 – A – T – B
Debout, mon amie, ma belle, et viens,
Ma colombe, dans les creux de la
pierre,
Dans les cavités du rocher.
ARIA III B
Je crie de la voix vivante de mon cœur.
Doux cœur, car je T’aime.
Penche-Toi sur mon cœur
Pour qu’il puisse s’attacher
CHŒUR EN TRIO S1 – S2 - B
Tu as blessé mon cœur,
Ma sœur, mon épouse.
QUINTET S1 – S2 – A – T – B
Alors que Tu m’ordonnes de partir,
Cher Jésus, apparais alors.
O Toi qui aimes,
Toi que l’on doit embrasse,
En personne, montre-Toi alors
Sur la Croix, véhicule du Salut.
CHŒUR FINAL S1 – S2 – A – T – B
Amen !
CHŒUR EN TRIO A – T – B
A la manière d’enfants nouveaux-nés,
dotés de raison,
Et sans feinte, vous désirez le lait
afin de grandir en Lui
Dans le Salut, si cependant vous goûtez
Que le Seigneur est bon.
Traduction : J. MERCIER.