la Golf Court Academy
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Architecture Propos recueillis par PATRICE BOISSONNAS - Photos DR Ballyneal dans le Colorado, considéré par certains experts comme le meilleur tracé de Doak. Le terrain naturellement ondulé se prête idéalement au style minimaliste de l’architecte. Les trous sont davantage « trouvés » que « créés ». journaldugolf.fr septembre 2014 Comment voyez-vous l’avenir de l’architecture de golf ? À quoi peut-on s’attendre ? T. D. : Je pense que le minimalisme finira par passer. Dans tous les business créatifs, le vent finit toujours par tourner car, à un moment donné, on se lasse de ce que tout le monde imite. À ses débuts, Pete Dye imitait Robert Trent Jones car c’est ce que tout le monde aimait. Puis soudainement, il a fait Harbour Town (en 1969) où il a pris l’exact contrepied du style de Trent Jones en livrant un parcours court, étroit, imprévisible, incitant les joueurs à retrouver leur toucher et leur créativité. Depuis, Dye a fait école et c’est à partir de son enseignement que j’ai bâti ma propre philosophie. Je suis convaincu qu’il y a de la place pour autre chose en architecture de golf. Certains s’y essaient déjà, avec des résultats mitigés. Dans quelle mesure l’avenir de l’architecture de golf dépend-il du progrès technique ? T. D. : La gestion de l’eau est le seul aspect technique qui peut vraiment impacter notre business. Ça devient un sujet compliqué partout. L’eau est souvent rare et souvent de mauvaise qualité. C’est une priorité pour notre industrie, sinon on ne pourra plus construire de nouveaux parcours. On n’a pas encore de vraie réponse et, malgré ce qu’on raconte parfois, on gaspille encore trop d’eau. TOM DOAK, « TRÉSOR VIVANT » DE L’ARCHITECTURE Ces dernières années, on a vu sortir de terre de très bons parcours requérant d’importants mouvements de terrain (le Golf National, Kingsbarns…). Pensez-vous que ce style « maximaliste » puisse produire d’aussi bons résultats que le minimalisme que vous professez ? T. D. : Oui je le crois. C’est plus difficile à faire, mais c’est possible. D’ailleurs j’ai déjà réalisé quelques projets avec de très gros terrassements, comme Stone Eagle (près de Palm Springs en Californie) et je suis tout à fait prêt à en refaire. Croyez-le ou non mais il est très difficile de créer un parcours original sur un site tout nu, même si on vous donne des moyens illimités pour le sculpter. Je faisais partie de l’équipe de Pete Dye lorsqu’il construisait son Stadium course à PGA West (également près de Palm Springs). On pouvait faire absolument ce qu’on voulait mais, au final, le parcours ressemble étrangement à Sawgrass qui avait été créé dans les mêmes conditions. Pour ne pas >>> Un an après sa première rencontre avec Journal du Golf (JDG n° 84 mars 2013), nous retrouvons Tom Doak près de Saint-Émilion, inspectant le chantier de son premier parcours sur le continent européen. Infatigable lorsqu’il parle d’architecture, le maestro américain se livre à cœur ouvert à un moment où, au sommet de sa gloire, il cherche à donner un nouveau rythme à sa carrière. Mondialement connu pour ses parcours stars (Pacific Dunes, Cape Kidnappers, Barnbougle Dunes…), Tom Doak se démarque par son style « minimaliste » qui a aujourd’hui fait école. Fidèles à cette philosophie, ses tracés naissent des reliefs naturels du terrain avec très peu de terrassements pour des effets subtils et fondus dans le paysage, sans quête du spectaculaire. Doak est certainement aujourd’hui un des plus grands experts en design de golf. Fin analyste de centaines de parcours, écrivain renommé, grand connaisseur de l’histoire et surtout vrai passionné du jeu, ce véritable « trésor vivant » méritait bien une deuxième interview. Êtes-vous plus libre aujourd’hui qu’il y a vingt ans ? T. D. : Financièrement oui, ce qui me permet de choisir mes projets, mais sinon c’est plutôt tout le contraire ! Quand j’ai démarré, je n’avais rien à perdre et, pour me distinguer, je devais être audacieux et faire les choses autrement. Mais tout cela change dès lors que vous êtes connu. On vous recrute pour faire ce qu’on a déjà vu de vous. Il y a une pression des clients qui attendent un certain type de parcours et vous perdez automatiquement en liberté. 96 Après avoir quitté Pete Dye (Doak a collaboré trois ans avec Dye au milieu des années 80), vous vous êtes lancé en solo en baptisant votre agence Renaissance Golf Design. Avez-vous le sentiment d’avoir contribué à une renaissance de l’architecture ? T. D. : Je pense avoir contribué à ce que les gens regardent à nouveau les parcours classiques (construits entre 1900 et 1940). Même si je n’ai jamais cessé d’être architecte, j’ai d’abord été connu comme écrivain et j’ai beaucoup écrit que, quel que soit l’architecte, ce sont les meilleurs sites qui font les meilleurs parcours. Petit à petit, des promoteurs ont commencé à rechercher de très bons sites. Ce fut un grand changement et j’en ai été un peu à l’origine. Mike Keiser, par exemple, (homme d’affaires à l’origine du resort de Bandon Dunes en Oregon) aimait ce que j’écrivais. En bon investisseur, il a compris la liberté qu’un bon site lui donnerait car, soudainement, il n’avait plus besoin d’un grand architecte, juste d’un bon architecte. www.golfcourt.fr ou contactez-nous au 1. Session d’1 journée Progresser Niveau 2 2. Session Aimpoint 3. Session Performance / Wedging 02 32 40 68 54 TRÉE 201 N E REMISE 10% Claude BROUSSEAU Directeur d’Instruction. Rodolphe BERRUBÉ Instructeur. sur présentation du code Frédéric Grosset-Grange Intervenant. GCA092014 GOLF COURT ACADEMY 26 avenue Marc de La Haye 27100 Le Vaudreuil TÉL. : 02 32 40 68 54 [email protected] > Wedging > Performance > Aimpoint Conception Nord-Ouest Création 02 32 82 39 37 - Photographies : Claude Rodriguez© 2012 Pour devenir un GRAND du PETIT jeu, visitez notre site internet et inscrivez-vous ou offrez un stage directement en ligne Avec ses installations «indoor» dotées des dernières technologies, ses zones exclusives de petit jeu et ses baies de wedging, la Golf Court Academy est particulièrement outillée pour vous accompagner dans l’amélioration de votre petit jeu et donc de vos futures performances golfiques. … et continue à faire de vous un GRAND du PETIT jeu ! 4 Êtes-vous un meilleur architecte maintenant qu’il y a vingt ans ? T. D. : Je pense que mon travail est meilleur car j’ai une meilleure équipe. J’attire des gens de grand talent, et cela m’aide beaucoup. Mais ma philosophie n’a absolument pas changé et, si je devais réécrire aujourd’hui The Anatomy of a Golf Course (livre de référence publié en 1992 dans lequel Doak décrit sa conception de l’architecture), je n’aurais vraiment pas grand-chose à modifier. Si votre carrière devait s’arrêter maintenant, seriez-vous satisfait de votre bilan ou sentez-vous que vous avez encore beaucoup à accomplir ? T. D. : Un peu les deux. Il se trouve que je me suis posé cette question récemment lorsque j’ai été admis au Michigan Golf Hall of Fame. D’un côté, je sais que je n’ai plus grand-chose à prouver mais, en même temps, il m’est difficile de résister à un beau projet. Ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui j’ai envie de ralentir le rythme, de jouer plus de parcours, et notamment mes parcours. Il y en a certains que j’ai beaucoup pratiqués mais ceux qui se trouvent loin de chez moi, je ne les ai pour ainsi dire jamais joués ! lance les sessions Grand Jeu… R Journal du Golf : Saint-Émilion sera votre premier parcours sur le continent et seulement le deuxième en Europe (après le Renaissance Club en Écosse). Pourquoi avoir tant attendu pour venir de ce côté-ci de l’Atlantique ? Tom Doak : J’ai aujourd’hui la chance d’être un architecte connu et on me propose régulièrement de nouveaux projets parmi lesquels je choisis ceux que je souhaite réaliser. Pendant un temps, je pense que j’ai été simplement moins connu en Europe qu’aux États-Unis et c’est peut-être moins le cas désormais. Nous avons déjà examiné plusieurs projets ici sur le continent mais, pour un premier parcours dans cette partie du monde, nous voulions quelque chose de vraiment spécial. Et ce fut Saint-Émilion. la Golf Court Academy Architecture journaldugolf.fr septembre 2014 répéter cette erreur, Pete Dye a par la suite pris l’habitude de demander d’abord à ses équipes de lui fabriquer des reliefs à partir desquels il pourrait imaginer un parcours unique. Vous avez déjà réalisé plus de trente parcours à travers le monde, mais vous êtes également très actif en matière de restauration de parcours d’avant-guerre. Votre confrère Bill Coore (auteur, avec Ben Crenshaw, de la restauration très médiatisée de Pinehurst n° 2) déclarait récemment que restaurer est plus difficile que de créer. Êtes-vous d’accord ? T. D. : Je suis partiellement d’accord avec cela, mais tout dépend ce que Bill voulait dire exactement. Restaurer est toujours très politique. Il faut gérer beaucoup d’opinions différentes, beaucoup de résistance au changement. On prend toujours le risque de détruire une chose à laquelle les gens sont attachés. Lorsqu’on crée un nouveau parcours, on n’a pas à plaire à tout le monde mais d’autres difficultés surgissent : tout prend très longtemps et il est difficile de garder l’enthousiasme et la volonté de tout le monde au-delà d’une certaine durée. Au contraire, une restauration va vite car chacun souhaite que le parcours rouvre au plus tôt. NE DÉPENSEZ PLUS INUTILEMENT EN MATÉRIEL CLUBMAKER / CLUBFITTER Vous avez toujours restauré des architectes classiques MacKenzie, Ross, Tillinghast… Pourriez-vous un jour restaurer un parcours plus récent, un Pete Dye par exemple ? T. D. : Je ne pourrais répondre qu’au cas par cas. Un jour on m’a proposé de refaire le parcours de Mike Strantz au Monterey Peninsula CC (voisin de Pebble Beach et de Cypress Point). J’ai refusé car je savais que Strantz aimait son parcours et, sauf vraie bonne raison, aucun architecte ne devrait modifier l’œuvre d’un confrère sans son accord si celui-ci est encore vivant. C’est une question de respect de la propriété intellectuelle. J’espère que mes collègues auront la même courtoisie envers moi. Pour prendre un autre exemple, je trouve que le parcours de Robert Trent Jones à Ballybunion a des greens vraiment trop petits. Mais Trent Jones les aimait comme cela. De quel droit irais-je déformer son œuvre ? En revanche, si les parcours ont été modifiés et qu’il s’agit de les refaire comme avant, alors je serais toujours partant sous réserve que ce soit pertinent, bien sûr. Je pourrais tout à fait restaurer un Pete Dye d’autant plus que, ayant travaillé pour lui à mes débuts, je connais très bien son style et son mode de pensée. Mais en réalité, ses parcours ont peu changé, ou alors il les a changés lui-même, comme Crooked Stick (hôte du PGA Championship 1991 remporté par John Daly). Au début, c’était un tracé de jeunesse hésitant entre différents styles. Maintenant tout y est plus homogène et affirmé. Et vos propres parcours ? Vous aimeriez les améliorer, les rénover ? T. D. : Pour ce que j’en sais, mes parcours ont assez peu évolué. Mon tout premier parcours High Pointe est malheureusement fermé mais, si je devais y retravailler, faudrait-il le montrer exactement comme il était quand j’étais jeune débutant ou au contraire l’améliorer ? C’est une question difficile. Je pense que je préférerais le laisser intact, comme témoignage historique. En général, j’aime mes parcours à 100 % quand ils ouvrent et je ne change pas d’avis par la suite. Pendant la construction, nous passons tellement de temps sur le site que peu de choses nous échappent. Il est très rare qu’on se dise après coup : « Zut, on n’avait pas pensé à ça. » Pour autant, il est très difficile de porter un regard frais sur un parcours qu’on a construit. Pendant les premières années, on y retourne surtout pour régler des problèmes et il faut laisser passer pas mal de temps pour pouvoir l’apprécier comme un simple golfeur et se faire un vrai avis. J’espère toujours avoir plus de temps pour revoir mes parcours car je fais mon métier par passion, pas pour l’argent. Que voudriez-vous dire aux architectes qui pourraient restaurer vos parcours à l’avenir ? T. D. : Figurez-vous que j’ai un projet de livre un peu à ce sujet. J’ai toujours résisté à décrire mes trous aux joueurs qui vont les découvrir. Je veux les laisser apprécier avec leurs yeux sans leur dire ce qu’il faut en penser ni comment les jouer. Mais j’aimerais publier un livre expliquant, au moins pour un parcours, pourquoi je l’ai fait ainsi, étape par étape. On ne sait pas ce que MacKenzie pensait de Cypress Point. C’est le type de livre qui manque vraiment dans la bibliothèque des fans d’architecture. J’aimerais notamment pouvoir expliquer comment j’en suis arrivé au routing (disposition et ordre des trous) définitif car c’est toujours le plus difficile à réussir. >>> Cape Kidnappers en Nouvelle-Zélande. Sans doute le site le plus spectaculaire sur lequel un golf a jamais été construit. Tom Doak a eu la chance de travailler sur de nombreux sites de premier choix. Tél. : 01 39 16 18 60 www.golfnswing.com [email protected] Architecture F É D É R A T I O N F R A N Ç A I S E D E G O L F Avec la licence 16 mois, ÉLARGISSEZ VOTRE TERRAIN DE JEU Fin 2012, vous aviez mené une rébellion contre les changements prévus sur le Old Course à Saint-Andrews (voir JDG n° 84 mars 2013). Que s’est-il passé depuis ? T. D. : Pour tout vous dire, je n’y suis pas retourné depuis mais je crois que le Royal & Ancient a été au bout du programme qu’il s’était fixé. Ma pétition est restée malheureusement sans réponse. Le R&A a tout fait pour que cela aille vite. Pour les arrêter, il aurait fallu envoyer quelqu’un sur place pour faire un scandale. Pour ma part, j’avais choisi la voie diplomatique en sollicitant l’intervention des présidents d’associations d’architectes. Mais ces gens-là représentent des groupes aux points de vue trop divers et il leur est impossible de parler d’une même voix. Avec le recul, je me dis que j’aurais dû me rendre moi-même sur place. Ma conviction est que si le Old Course n’est pas sacré, alors rien n’est sacré. Vous êtes actuellement sollicité dans le monde entier, notamment en Chine et en Nouvelle-Zélande. L’an dernier, vous nous disiez que vous rêviez de construire un grand parcours en Chine pour servir de vitrine architecturale dans une région où votre philosophie minimaliste n’est pas implantée. Haikou pourrait-il être ce projet ? T. D. : Haikou sera un grand parcours mais pas vraiment une vitrine de mon style. Le site que l’on nous a confié est une île au milieu d’une rivière avec un sol plutôt bon. Mais notre client exige que l’on importe des matériaux encore plus parfaits et que l’on fasse beaucoup de terrassements. Le coût n’a pas l’air d’être un problème pour lui car il s’attend à retrouver sa mise en vendant de l’immobilier. Comme vous le savez, j’ai une préférence pour l’architecture simple, minimale, mais les Chinois n’ont pas peur de la complexité et, à Haikou, on est loin du minimalisme. Les golfs en Chine ont la réputation d’être très standardisés, tous les parcours devant satisfaire à un cahier des charges précis (par 72, longueur de championnat…). Est-ce vrai ? T. D. : Oui en grande partie. Les Chinois semblent avoir une idée très précise de ce qu’ils attendent d’un parcours de golf. Le cas de mon client actuel est un peu différent. Il a beaucoup voyagé et vu de très bons parcours dans le monde entier. Il comprend la bonne architecture et, avec sa grande sensibilité artistique, il est peutêtre le meilleur client que je pouvais rêver d’avoir en Chine. Mais malgré tout, il est entouré de Chinois qui fonctionnent avec leur culture et qui cherchent en priorité le profit. Pour Haikou, j’avais prévu un par 71 mais mon client a exigé un par 72, notamment pour ne pas avoir à s’en expliquer. À l’origine, je devais dessiner deux parcours pour ce client. Il m’a promis que si le second voyait le jour, il me laisserait faire ce que je voulais. Construit-on beaucoup de nouveaux golfs en Chine ? T. D. : Non, car il est très difficile d’obtenir des permis. Les restrictions d’eau sont une des raisons mais j’ai l’impression que les freins sont surtout culturels. Là-bas, le golf est associé à un univers gardé, privé, riche et donc difficile à justifier dans un pays communiste. Paradoxalement le gouvernement tient un discours plutôt opposé au golf, mais beaucoup d’officiels adorent jouer, parier et faire des affaires en jouant. On estime qu’il y aurait environ 550 parcours en Chine. Tous ont été construits au cours des dix ou quinze dernières années. Cherchez-vous à vous implanter davantage en Asie ? T. D. : Non, pas vraiment. Quand on est basé aux États-Unis (Tom Doak vit dans le Michigan), il est dur de travailler en Asie car le voyage est épuisant. D’ailleurs, les premiers architectes à avoir travaillé en Chine venaient du Japon ou de Taïwan. Parfois personne ne se souvient de leur nom. Je ne cherche pas à être le grand bâtisseur du golf chinois comme le fut Donald Ross en Amérique. J’aimerais que quelqu’un le soit, mais pas moi. J’y retournerai volontiers pour certains projets vraiment bons, mais je ne cherche pas à m’y développer particulièrement. Je ne m’explique pas très bien pourquoi les Chinois font de plus en plus appel à des designers connus car, dans le monde du golf, à part Tiger Woods, ils ne connaissent personne ! 100 Comment expliquer la beauté de l’architecture de golf à des nongolfeurs ? T. D. : C’est difficile à expliquer mais c’est facile à montrer. Ma femme et mon fils ne jouent pas au golf mais ils savent reconnaître un très bon parcours. Ils arrivent même à identifier les styles de certains architectes. Lorsqu’ils sont attentifs à trop de détails, les architectes ne voient pas toujours l’essentiel alors que, pour ceux qui ont davantage de recul, cela leur saute aux yeux. L’architecture est en grande partie un art de la composition. Personnellement, je n’ai aucune formation artistique mais je suis naturellement doué en composition. Je sais faire en sorte que les choses aillent bien ensemble. Un photographe célèbre m’a un jour fait prendre conscience de cela. En regardant mes clichés, il m’a fait observer que je cadrais très bien mes prises. Ce qui est à la fois très important et très difficile en architecture, c’est de concevoir des parcours aussi bons que beaux. Lorsqu’un trou n’est pas à la hauteur de ce qu’il promet visuellement, on ressent comme un malaise. Je vais vous donner un exemple. On vise toujours vers ce que l’on voit. S’il y a une belle vue à l’horizon et que le green est décalé de quelques degrés par rapport à cette vue, on va viser la vue, manquer le green et éprouver une sensation déplaisante. Les architectes savent tout cela et c’est à eux de choisir s’ils préfèrent mettre les joueurs en confiance ou non. Pete Dye adorait créer de l’inconfort. Vous êtes un vrai passionné de golf. Pouvez-vous nous décrire ce que vous appréciez tant dans ce jeu et ce que vous ressentez quand vous le pratiquez ? T. D. : Il y a tant de choses, tellement d’aspects dans le golf qui méritent qu’on s’y attache. Être au contact de la nature est certainement essentiel, ce que trop d’architectes négligent à mon avis. Ils se concentrent presque exclusivement sur la variété et l’intérêt des coups à jouer, mais seuls 10 ou 20% des joueurs sont sensibles à cela. Pour la plupart des golfeurs, c’est surtout le génie du lieu qui prime, ce sont des impressions que l’on éprouve et qu’on peut difficilement décrire. Un jour, j’ai lu je ne sais plus où que le golf recouvrait les trois grands thèmes de la littérature classique : l’homme face à la nature, l’homme face aux autres hommes et l’homme face à lui-même. C’est peut-être cela qui le rend si spécial. Pour contacter Patrice Boissonnas : [email protected] © ffgolf - Photo : Sacha Goldberger / HAVAS SPORTS & ENTERTAINMENT - ffgolf - 68, rue Anatole-France - 92309 Levallois-Perret - N° Orias 11 060 481 Stone Eagle près de Palm Springs en Californie. Un site superbe mais difficile, contraignant l’architecte à travailler contre-nature en réalisant d’importants mouvements de terrain. Selon vous, pourquoi si peu de gens ont-ils un œil sur l’architecture de golf ? T. D. : Probablement parce que la plupart des golfeurs ne regardent les parcours qu’au travers de leur propre jeu et, donc, passent à côté de beaucoup de choses. Ce qui convient bien à l’un ne conviendra pas forcément à l’autre et vice versa. Par exemple un bunker à 230 mètres du départ ne présente pas la même menace selon le type de joueur que vous êtes. Bien entendu, les architectes cherchent à varier la disposition des obstacles d’un trou à l’autre pour interpeller un maximum de joueurs mais on peut rarement plaire à tout le monde. D’une manière générale, même si vous n’avez pas que votre jeu en tête, l’appréciation d’un parcours reste essentiellement subjective. Dès le 1er septembre 2014, la ffgolf vous permet de devenir licencié jusqu’au 31 décembre 2015. Alors, n’attendez plus ! Renseignements et souscriptions dans les clubs de la ffgolf ou sur ffgolf.org www.ffgolf.org