L`acquisition de la continence

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L`acquisition de la continence
L’acquisition de la continence
Par Monica MEJIA, Psychologue Clinicienne
En guise d’introduction, pour mieux se situer dans le développement de l’enfant, voici
les capacités et jeux d’un enfant de 24 mois à 36 mois.
Attention : Cela peut varier d’un enfant à l’autre en fonction de son environnement, la
place que vous lui laissez pour s’entrainer ainsi que de ses centres d’intérêt.
Langage
Il cite des objets usuels, des vêtements, des parties de son corps ; il invente des histoires ; ses phrases
commencent souvent par « je » ou « c’est moi.. »
Gestes et attitudes
L’enfant montre de l’intérêt à se déshabiller, au niveau de l’équilibre il est stable et peut se tenir sur
une jambe ; mange seul, il découvre la fourchette et continue à se servir, il se montre intéressé par son
sexe et s’identifie à maman ou papa.
Activités et jouets
Il est attiré par les premiers jeux de société (lotos, dominos, puzzles), il aime se déguiser et imite les
bruits des animaux, il imite différents rôles qu’il observe chez l’adulte (le docteur, la marchande, faire la
cuisine, le ménage), il est attiré par les jeux de bricolage.
L’acquisition de la continence (ou de la propreté, dans le langage courant) est avant tout
une question d’autonomie pour l’enfant. Le bon moment est celui où l’enfant est
physiologiquement et psychologiquement prêt.
Tel que pour d’autres étapes du développement, chaque enfant dispose d’un
« programme unique», ce qui explique que les enfants n’acquièrent pas tous les mêmes
compétences en même temps.
L’entourage social, le contexte et l’histoire familiale, vont jouer un rôle important dans le
développement de l’autonomie chez l’enfant. Etre dans un climat rassurant et sécurisant
est primordiale pour gagner en confiance. C’est pour cela qu’il est préférable (dans la
mesure du possible) que ce soit la famille qui décide le moment pour commencer.
Ensuite, la cohérence du discours entre les grand-parents, les nounous, les amis ou
encore, le personnel de la crèche, va motiver l’enfant dans cette démarche.
S’il n’est pas prêt à acquérir la continence, la plupart des stratégies vont « tomber à
l’eau », générant des sentiments d’échec et un manque de confiance tant pour les parents
que pour les enfants. Sans oublier que cette situation peut être à l’origine des premiers
conflits entre parents et enfants ainsi qu’avec l’entourage au sujet de l’enfant.
Faites confiance à l’enfant et observez les changements qui se mettent peu à peu en
place :
Monica MEJIA – Psychologue Clinicienne – La Vie des Parents
41 Rue Bahon Rault, 35760 St. Grégoire – Téléphone : 06 37 38 51 27 – 02 99 87 53 96 (Cabinet) – [email protected]
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L’acquisition de la continence
Par Monica MEJIA, Psychologue Clinicienne
Vous changez moins de couches
Jusqu’à l’âge de 20 mois, l’enfant mouille souvent sa couche. S’attendre à ce qu’il contrôle
sa vessie est probablement encore ambitieux. Cependant, un enfant qui passe 1 ou 2
heures avec la couche sèche et qui, occasionnellement, se lève le matin avec la couche
sèche, est physiquement prêt à acquérir la continence.
Vous pouvez, à peu près, prédire son transit intestinal
Que ce soit le matin, après les repas ou avant d’aller au lit le soir, un rythme régulier
vous aidera à anticiper à quel moment lui proposer le pot. Cela peut également
augmenter les chances de motiver l’enfant. Dans tous les cas, il est préférable de se
focaliser sur les occasions où il accepte volontiers d’aller sur le pot plutôt que sur le
résultat lui-même.
Il s’exprime lors qu’il fait « pipi », « popo » ou « caca »
Certains enfants sont fiers de vous annoncer qu’ils font « caca » ou « pipi », d’autres
s’expriment par leur comportement (par exemple, en se cachant, en allant dans un coin,
en grognant). Peu importe le moyen d’expression, si l’enfant s’aperçoit de ce qui se passe
dans son corps, il est en mesure d’acquérir la « propreté ».
Il réagit aux couches « sales »
Arrive une période où il est dégouté par ses matières fécales, au même titre qu’avoir les
mains sales ou collantes le dérange. Il se peut qu’il veuille se débarrasser de sa couche.
C’est alors une excellente occasion pour proposer le pot et observer sa réaction.
Il est capable de retirer ses vêtements
Quand l’enfant ressent l’envie de faire ses besoins, le pot est d’une grande aide s’il est
capable de baisser son pantalon, soulever la robe ou la jupe, retirer les collants … baisser
sa couche-culotte ou sa culotte.
Il comprend le langage autour des toilettes
Il sait ce que signifie aller sur le pot ou aux toilettes. Indépendamment de la
terminologie que vous souhaitez utiliser, « uriner » au lieu de « faire pipi », « faire ses
besoins » au lieu de « faire caca ou popo », il comprend le langage familial et sait
l’associer aux parties du corps concernées.
Il vous observe
Si l’acquisition de la propreté trottine dans la tête de l’enfant, il demandera aux experts
(voir : les parents) comment cela se passe aux toilettes. Ne soyez pas étonnés qu’il vous
suive pour jeter un coup d’oeil. Certes, partager ce moment intime peut être délicat pour
certains parents. Aussi, si vous n’êtes pas à l’aise, n’hésitez pas à refuser. Mettez des
mots sur ce que vous ressentez. L’enfant saura comprendre et cela l’aidera à développer
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sa propre intimité.
Tout cela se met-il en place totalement ou partiellement ?
L’adulte peut contribuer à ce que cette transition se passe dans le calme :
• Choisissez un moment « calme » au sein de la famille. Que cela ne coïncide pas avec un
déménagement, un deuil, l’arrivée d’une petite soeur ou d’un petit frère. Acquérir la
continence lui demande de la concentration et de laisser tomber une relation de bébé
avec papa et maman, ça sera plus simple, pour lui et pour vous d’avoir à gérer une
seule chose à la fois.
• L’enfant a besoin d’être encouragé de façon positive: « c’est chouette d’avoir une
culotte », « bientôt tu pourras tirer la chasse d’eau comme maman ou papa » mais ne
rentrez pas en conflit avec la couche et ne le traitez pas de bébé s’il veut la porter, cela
créer des résistances.
• Complimenter ses acquis (arriver à boire sans renverser son verre, manger tout seul,
partager un jouet...) l’aidera à être fier de grandir. Néanmoins, ne lui demandez trop
d’expertise dans ses gestes : il s’exerce et est en constant apprentissage. Se sentir en
échec lui donnera envie de revenir sur ses jours de bébé et de se comporter en
conséquence.
• Evitez de montrer de la répulsion ou émettre des commentaires du genre « oh, ça sent
la rose » (sur un ton sarcastique) ou encore « Beurk » ou « tu sens mauvais »...
L’enfant se sentira plus à l’aise s’il ressent l’élimination comme un processus naturel.
• Parfois les poupées peuvent être d’une grande aide pour expliquer à l’enfant ce qui se
passe lorsqu’on boit et qu’on élimine. Il pourra par la suite « faire semblant »
d’accompagner sa poupée tel que vous le faites avec lui.
• A la maison ou lors des vacances, et s’il est d’accord, le laisser sans couche avec une
culotte peut l’aider à se familiariser avec la situation. Cela demande de la patience et
de la disponibilité. En effet, des « accidents » peuvent se produire (l’enfant peut être
concentré dans son jeu ou ne pas avoir pu anticiper). Dans ce cas, des mots simples,
rassurants tels que « ce n’est pas grave, la prochaine fois tu y arriveras, peut être, tu
est en train d’apprendre à faire comme maman et papa » aideront l’enfant à se donner
une chance, encore et encore jusqu’à ce qu’il y arrive et prenne l’habitude.
• Aller ensemble choisir le pot ou des culottes le mettra au centre du processus. Il se
sentira pris en compte et motivé à se « lancer dans l’aventure » !
Monica MEJIA – Psychologue Clinicienne – La Vie des Parents
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• Pot, réducteur ou toilette directement ? A vous d’observer les préférences de votre
enfant et de lui laisser le libre choix. Garçons et filles peuvent réagir différemment
devant ces possibilités. La littérature propose souvent le pot car l’enfant peut y aller
de lui même et car il est plus stable. Cependant, pour certains enfants, il sera plus
attirant de faire comme maman ou papa, malgré l’inconfort de toilettes beaucoup trop
grands pour lui.
Dans tous les cas, n’hésitez pas à faire le lien « Tu peux commencer sur le pot et quand tu
voudras tu pourras demander à maman ou à papa de t’accompagner aux toilettes»
Ça y est, la couche est partie!
Plus du tout de couche dans la journée (la continence pendant la nuit peut venir un peu
plus tard, il vous montrera quand il sera prêt) : L ‘enfant vous demandera peut être de
temps en temps de lui la remettre. Il a besoin de savoir si vous êtes surs et convaincus
que c’est le moment pour lui de passer à un autre stade. Revenir en arrière, sauf cas
particuliers (hospitalisation, maladie, évènement important dans la famille) peut semer
le doute et induire à la régression.
Pour finir, faire appel aux livres afin d’avoir plus de pistes peut vous rendre plus
confiants dans l’accompagnement que vous procurez à l’enfant, mais n’oubliez pas que
chaque enfant a son rythme et qu’il est essentiel de l’observer et d’être à l’écoute de
ses besoins. Pour le reste : faites lui confiance.
Pour aller plus loin :
Pour les parents :
• CLERGET, S. et MAYO, C. Les pipis font de la résistance. Comment aider
l’enfant à devenir propre ? Ed. Albin Michel, 2006.
• DENY, M. La propreté : conseils et astuces au quotidien. Séries : Le petit guide
parents. Ed. Nathan, 2009.
Pour lire avec les enfants :
• COURTIN, T. T’choupi va sur le pot. Ed. Nathan, 2005.
• FORD, B. et WILLIAMS, S. Sur le pot comme un grand ! Ed. Albin Michel
Jeunesse, 2006.
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Par Monica MEJIA, Psychologue Clinicienne
• MILLER, V. Le petit pot d’Alfred. Ed. Nathan, 1991.
• ROSS, T. Je veux mon p’tipot ! Ed. Folio Benjamin, 1986.
• VAN GENECHTEN, G. Qu’y a-t-il dans ta couche ? Ed. Albin Michel Jeunesse,
2009.
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