strategies d` externalisation logistique
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STRATÉGIES D’EXTERNALISATION LOGISTIQUE UN RISK MANAGEMENT “SUR MESURE” ? Yvette MASSON FRANZIL (Université Paul Verlaine Metz) Université Nancy 2 Université Paul Verlaine Metz C AHIER DE R ECHERCHE N °2009-04 CEREFIGE Université Nancy 2 13 rue Maréchal Ney 54000 Nancy France Téléphone : 03 54 50 35 80 Fax : 03 54 50 35 81 [email protected] www.univ-nancy2.fr/CEREFIGE n° ISSN 1760-4893 1 STRATEGIES D’ EXTERNALISATION LOGISTIQUE. UN RISK MANAGEMENT « SUR MESURE » ? RÉSUME : L’externalisation d’activités logistiques est l’un des moyens de plus en plus utilisés par l’entreprise manufacturière en quête de flexibilité. Maîtriser les risques inévitablement liés à telles pratiques constitue un enjeu majeur pour le donneur d’ordre. Examinant le cas de l’externalisation logistique au sein de l’industrie laitière française, l’auteur s’interroge sur la manière d’identifier les risques et établit différentes stratégies d’évitement ou d’amenuisement. Une façon de montrer que la gestion des risques liés à l’externalisation est à considérer de manière spécifique et à affiner en fonction des caractéristiques des activités externalisées. Mots-clés : externalisation logistique, risques, Risk Management, industrie laitière française. ABSTRACT: Logistics Outsourcing is one of the means increasingly used by the manufacturing company looking for flexibility. Controlling the risks strongly related to such practices constitutes a major challenge for the outsourcer. This study investigates the case of logistics outsourcing into the French Dairy Product Industry and identifies the risks by suggesting various strategies for risk avoidance and dwindling. We show that the risk management related to outsourcing must be considered in a specific way and it should be refined according to the characteristics of the externalized activities. Key Words: Logistics Outsourcing, Risk, Risk Management, French Dairy Product Industry. 2 - Dans le domaine logistique, les pratiques d’externalisation, nouvelle forme de business entre firmes (Halikas et Virolainen, 2005) se sont généralisées (Andersson et Norrman, 2005). Attirées par les avantages financiers et la flexibilité escomptés, nombreuses sont les entreprises qui n’ont pas évalué à leur juste hauteur les risques nouveaux induits par de telles pratiques (Paulsson, 2005 ; Gratacap et Gaultier-Gaillard, 2006). C’est ainsi que de multiples chroniques et articles de vulgarisation relatent la déception des donneurs d’ordre et la vague de re-internalisations parfois consécutives… Pourtant, Ré internaliser après avoir externalisé n’est pas anodin car l’externalisation n’est pas une simple opération de sous-traitance ; au contraire, elle est un acte stratégique qui s’inscrit dans la durée et dont les conséquences organisationnelles sont difficilement réversibles. Maîtriser les risques encourus à l’occasion de telles pratiques est un enjeu primordial pour le donneur d’ordre. Il l’est particulièrement en contexte de Supply Chain pour plusieurs raisons majeures : - la nature même de la chaîne logistique, la complexité des activités ainsi que la multitude d’acteurs qui interagissent dans ce contexte accroissent la probabilité de survenance de risques qui demeurent récurrents (Anderson et Normann, 2005) ; - Réduction des coûts et contrôle de pertes probables sont les objectifs essentiels de la gestion des risques (Willet, 1901). En contexte de Supply Chain, de nombreuses études ont montré qu’une gestion efficace du risque était créatrice de valeur (Gratacap et Gaultier-Gaillard, 2006 ; Tang, 2007), - L’évaluation du risque est elle-même un déterminant de la décision d’externaliser ou non certaines activités (Rao et Young, 1994). Notre recherche poursuit plusieurs objectifs : - s’interroger sur les raisons qui fondent la récurrence des risques en contexte d’externalisation logistique. L’identification des risques potentiels est une étape fondamentale du processus de leur gestion (Anderson et Normann, 2005). Si les risques persistent, cette phase est elle bien menée ? Si non, quelle grille d’appréhension utiliser ? - A partir d’une nouvelle manière de repenser le risque, établir les recommandations pour optimiser la gestion du Risk Management, Pour satisfaire à ces objectifs, l’article s’appuie sur les résultats d’une recherche portant sur les déterminants d’externalisation logistique des produits finis menée au sein de l’industrie laitière française. Cette recherche se fonde sur les deux hypothèses suivantes : les déterminants de la décision l’externalisation logistique différent selon les activités composant la Supply Chain. Le management des risques potentiels associés est à appréhender selon la même démarche tenant compte des spécificités des activités externalisées. La démarche heuristique comporte une approche conceptuelle de l’externalisation et du Supply Chain Risk Management (I). L’objectif de ce premier chantier est de pointer les particularités des concepts appréhendés ainsi que l’approche qui répond à une posture d’individualisme méthodologique, partant de la complexité des situations organisationnelles comme postulat de base. Puis, les hypothèses trouveront une confirmation empirique en contexte d’industrie laitière française. 3 Cette étude permet in fine de dégager les stratégies d’amenuisement ou d’évitement des risques. (II) I. VISER LES SPÉCIFICITÉS PAR UNE MISE EN PERSPECTIVE CONCEPTUELLE 1. Externalisation logistique et Supply Chain Risk Management 1.1. Les concepts d’externalisation et d’externalisation logistique Sur un plan théorique, le concept d’externalisation a fait l’objet de nombreux travaux de recherche et les définitions données sont nombreuses et variées. L’externalisation est souvent évoquée comme synonyme d’autres notions plus anciennes, comme la soustraitance ou l’impartition, alors que ces concepts recoupent des réalités différentes. A propos de l’impartition, l’influence des travaux précurseurs de Barreyre (1968) est à signaler. Cet auteur, définit l’impartition comme « l’action par laquelle un agent économique charge un autre agent de la production d’un bien destiné à entrer dans la combinaison du produit final de l’agent impartiteur considéré ». Dans les années 70, les pratiques d’impartition se cantonnaient plutôt à la production de biens. Cependant, à partir des années 1990, leur champ d’application s’élargit à des fonctions de soutien ou administratives de l’entreprise, jusqu’alors inconnues en terme d’externalisation (Perrotin et Loubère, 2001). La décision d’externalisation devient ainsi un acte stratégique, se traduisant comme la volonté des firmes de se recentrer sur leur cœur de métier ou de rechercher des savoir-faire manquants à l’externe. La multiplication des travaux de recherches sur d’externalisation, a conduit actuellement à une certaine stabilisation du concept. Dans son travail de recherche sur les stratégies d’externalisation, Barthélemy (2001, pp. 78) distingue clairement l’externalisation de la sous-traitance, du downsizing et reingeneering en le définissant comme « le fait de confier une activité et son management à un fournisseur où à un prestataire extérieur plutôt que de la réaliser en interne ». Selon l’auteur, trois éléments essentiels caractérisent l’externalisation : 1) l’activité est préalablement assurée par l’outsourcer, 2) l’activité externalisée s’accompagne fréquemment d’un transfert d’actifs, 3) la relation entre l’outsourcer et le prestataire est une relation de long ou moyen terme. Quant à l’externalisation logistique, plusieurs termes anglo-saxons synonymes sont utilisés pour désigner le concept : « outsourcing », « third party logistics » (TPL) ou « contract logistics » (Larson & Kulchitsky, 1999). La revue des définitions données à ces concepts (par ex. : Lieb & Randall, 1996; Langley, Dobrey, & Newton, 1997; Murphy & Poist, 1998; Skoejtt-Larsen, 2000) nous a permis de définir l'externalisation logistique comme le fait de confier tout ou partie d'une chaîne logistique, assurée préalablement à l'interne, avec transfert éventuel de ressources, sur une durée de long terme, à un prestataire extérieur, dans un objectif de performance. Cette définition incluant une dimension stratégique, est distinguée des notions souvent apparentées, voire confondues, de sous-traitance, impartition, etc. Au-delà de quelques divergences conceptuelles et sémantiques, il convient de noter que ces pratiques s’inscrivent dans le paradigme des relations inter-firmes induites par la reconfiguration des activités économiques. 4 Confrontées aux pressions environnementales et à l’incertitude, les organisations se sont métamorphosées et de nouvelles structures alliant flexibilité et dynamisme sont apparues. Les pratiques d’externalisation ont émergé comme formes hybrides de coopération situées le long d’un continuum entre marché et hiérarchie. De manière concomitante, elles ont participé à l’apparition de nouveaux risques (Paullson, 2005 ; Brindley et Ritchie, 2005). 1.2. Les concepts de Risque, risque en logistique et le management associé (Supply Chain Risk Management Les sciences économiques ont été les premières à s’intéresser à la notion de risque. Le calcul économique existe depuis Colbert au 17ème siècle. En économie, le but des études de risques est de faciliter la prise de décision dans les situations où certaines variables ne sont pas maîtrisées. Parmi les domaines d’application privilégiés des analyses de risques se trouvent les marchés financiers, les problèmes d’assurance ou d’investissement. Ces analyses sont fondées sur les résultats de « théories du risque » d’essence mathématique, dites théorie des probabilités, dont la théorie de « l’utilité espérée» est la plus utilisée (Kast, 1999). Le risque y est défini par des situations aléatoires probabilisables (Kast, 2004), les situations non probabilisables étant définies en « incertitude » (Knight, 1921). C’est en effet, la publication en 1921 de l’ouvrage séminal de Knight qui a constitué, dans l’analyse économique, une première introduction capitale des concepts de risque et d’incertitude. Selon cet auteur, il existe deux types d’ « incertitude » l’une étant mesurable, l’autre non. Cependant, si l’incertitude est incommensurable, elle n’est pas « probabilisable ». Alors que l’incertitude est caractérisée par une probabilité subjective, le risque l’est par une « probabilité objective » (Knight, op. cit.). Dès lors, le risque défini par une mesure de probabilités, reposant le plus souvent sur la théorie de l’utilité espérée ou ses prolongements (Schmidt, 1999), apparaît comme « gérable ». Comme pour les autres disciplines, la distinction fondamentale entre les deux situations, de « risque et d’incertitude » établie par Knight se retrouve dans le domaine logistique (Rowe 1977; Knight, Op.Cit.). Dans ce secteur, Andersson et Normann (2005, Op.Cit.), écrivent que :” (…) Supply chain risks comprise risks due to variations in information, material and product flows, which originate at the original supplier and lead to the delivery of the final product to the end user1.” Les sources de risques (Voir tableau A) se dispersent le long d’un continuum où se mêlent subtilement situations de risque et d’incertitude (Ritchie et Brindley, 2005. Cf. Figure 1.). Trois niveaux de risques se distinguent : opérationnel (niveau 1), tactique (niveau 2) et enfin stratégique (niveau 3). Loin d’être statiques, le risque en SC et son management sont des processus dynamiques liés à la nature de la chaîne (Deloach, 2000) et à de nouvelles formes relationnelles qui impactent les différents niveaux (Ritchie et Brindley, 2005, Op.Cit.). Dans ce contexte, les risques sont idiosyncrasiques, évolutifs et nécessitent une gestion spécifique (Ritchie et Brindley, Ibid.) 1 Les risques en Supply Chain comportent des aléas dus aux variations des flux d'informations et matériels, du fournisseur initial jusqu’à la livraison du produit au client final » 5 Figure 1. Supply Chain Risk Continuum (Inspiré et traduit de Ritchie et Brindley, 2005, p.29) Incertitude stratégique (Niveau 1) Supply Chain Risk Management Risques tactiques (Niveau 2) Risque & incertitude Risques Opérationnels (Niveau 3) Tableau A. Les principales sources de risques et d’incertitude Inspiré d’une revue de la littérature et notamment des typologies établies par Hiles et Barnes (2001) et Deloach (2000) ainsi que des résultats de nos propres travaux. Incertitude L'incertitude est « interne » et « externe » (souvent liées) Stratégique Incertitude interne : difficulté pour les entreprises à établir (Niveau 3) avec précision leurs besoins futurs ; reliée directement à Tactiques (Niveau 2) Opérationnels (Niveau 1) l'incertitude de l'industrie dans laquelle évolue l'entreprise. Incertitude externe : l'incertitude technologique, légale, réglementaire, fiscale et l'incertitude concurrentielle. Risques liés aux défaillances dans les flux matériels Risques liés aux défaillances dans les systèmes d'information (notamment : erreurs humaines involontaires dans l’exercice des activités, les procédures inadéquates ou erreurs volontaires : opportunisme, sabotage ...etc.) 1.2.3. Le management du risque en Supply Chain Le Supply Chain Risk Management (SCRM), discipline relativement récente est apparue avec le développement rapide des pratiques de Supply Chain Management dans les années 1990. Définie par Paullsson (2005) comme : « un mode de gestion des risques, en contexte de supply Chain, seul ou en collaboration avec les autres acteurs/partenaires, afin de maîtriser et réduire les sources de risques naissant des incertitudes liées aux pratiques logistiques », il a évolué dans les mêmes conditions que le SCM d’où il émerge (Cooper et Al., 1997 ; Paullson, Op.Cit.). Le SCRM a connu deux phases essentielles d’évolution. Fin des années 1980, la gestion des risques se cantonnait à une gestion des sinistres et à un suivi périodique des polices et primes d’assurance. Avec l’importance accrue de la logistique au début de la dernière décennie, le management du risque comporte de nouveaux enjeux. 6 En entreprise, l’apparition de Risk managers consacre la gestion du risque en supply Chain comme un outil de pilotage opérationnel et d’aide à la décision stratégique. Compliquée à modéliser du fait des interactions inopinées, irrégulières et souvent très brèves des nombreux acteurs gravitant dans la chaîne, amalgame entre niveaux de risque individuels et collectif, la gestion du risque impacte directement la performance (Ritchie et Brindley, 2005, pp. 32-33). Le processus de gestion des risques sur lequel nous nous adossons comporte trois phases principales : (1) Identification, (2) Evaluation (3) Mesures de Prévention (Figure 2) (1) Raisons des choix D’externalisation = Identifier facteurs de risques (2) Evaluer les risques induits R n R= Σ P(CNi)* A(CNi) i=1 R : exposition au risque Où : P (Cni) : probabilité d’une conséquence indésirable i A (Cni) : ampleur de la perte due à i Si R acceptable (3) Prévention = Mise en place stratégies D’évitement ou d’amenuisement des risques Figure 2. Les trois étapes de gestion du risque en Externalisation logistique 2. Le Supply Chain Risk management en contexte d’outsourcing: un enjeu d’importance dans un « désert » d’études empiriques Si la littérature traitant le management du risque en général est particulièrement abondante, peu d’écrits se sont penchés sur la notion de risque liée à l’externalisation logistique (Andersson et Norrman, 2005, p. 162). Dans le domaine général de la gestion du risque en Supply Chain, Paullsson (Ibid.) répertorie les articles académiques et les classe selon la nature des risques étudiés. Il constate ainsi que l’article le plus ancien remonte à 1983, le suivant à 1987 puis une carence de papier jusqu’en 1995. 7 Entre 1995 et 2003, la littérature à ce sujet connaît une expansion régulière. Les écrits portent cependant davantage sur des catégorisations, des propositions de modèles et autres mesures de calcul de prévention des risques liées à une logistique opérationnelle. Il est intéressant de noter que parmi les types de risques étudiés, rares sont les auteurs qui s’intéressent, dans la période de référence, à ceux relatifs à l’ outsourcing. Quelques tentatives isolées sont cependant à remarquer. En 1988, Walker identifie trois types de risques liés à la relation entre donneurs d’ordre et prestataires : risques d’appropriation, de diffusion technologique et de dégradation de produits. Deux risques majeurs (non spécifiques du reste à l’activité logistique) : perte d’avantage compétitif du fait des ressources externalisées et danger de dépendance du donneur d’ordre envers son prestataire sont identifiés par Lonsdale (1999). Jüttner et Al. (2002) classifient le risque en trois catégories : externe à la Supply Chain, interne et relevant des relations réticulaires (network relations). Rao et Young (1994) considèrent que le contrôle du risque est l’élément contingent majeur à une décision d’externalisation vs internalisation logistique, les facteurs de risques émergeant avant et après la transaction. Lalonde et Cooper (1989) distinguent un certain nombre de risques dans une relation d’outsourcing en séparant les risques encourus par le donneur d’ordre et ceux encourus par le prestataire. Selon ces auteurs, le niveau de risque est proportionnel à l’accord contractuel. Plus la durée du contrat est longue et le nombre de fournisseurs faible, plus l’exposition au risque (R) augmente. Deux constats émergent de cette compulsion d’écrits heuristiques : - les recherches empiriques relatives à la prévention des risques en matière d’outsourcing logistique sont rares. Elles sont inexistantes s’agissant de considérer les risques résultant de l’externalisation en considérant les raisons ayant provoqué la décision. De plus, les écrits à ce sujet sont exclusivement de source anglo saxonne. Enfin, des éléments de contingence s’exercent inévitablement (par exemples, la culture, le secteur d’activité, la prise en compte environnementale …). Nous soutenons que les risques encourus à l’occasion des pratiques d’outsourcing sont récurrents car des lacunes existent au niveau de leur identification. Celle-ci devrait s’effectuer à la lumière des déterminants des choix d’externalisation ; selon notre hypothèse, ils différent en fonction des caractéristiques des activités confiées à l’externe(CF. Figure 2).. Notre étude empirique a montré par exemple, que plus les activités sont stratégiques moins elles sont externalisées car le niveau de risque est, dans ces cas, plus élevé. Au niveau conceptuel même, le risque et le Supply Chain Risk portent intrinsèquement les limites d’une approche intégrée que certains chercheurs prônent (Bishop, 1996 ; Rhode, 2000) alors même qu’ils reconnaissent que la gestion des risques doit tenir compte des spécificités et qu’elle diffère selon le domaine étudié. La recherche empirique (II) tente de combler ces lacunes. L’enquête quantitative isole les déterminants de la décision d’externalisation d’activités logistiques (2.1.). Elle identifie par là même les facteurs de risques à leur source. Dans une seconde étape, l’étude qualitative complète le processus de gestion des risques liés à l’externalisation (2.2) par leurs évaluation et prévention (Phases 2 et 3 du SCRM). 8 II. DES STRATÉGIES D’AMENUISEMENT OU D’ÉVITEMENT DES RISQUES. LE CAS DE L’EXTERNALISATION LOGISTIQUE DANS L’INDUSTRIE LAITIÈRE FRANÇAISE 2.1. Identifier les facteurs de risques à leur source : les déterminants de la décision d’externalisation logistique de produits finis L’étude par questionnaires (méthodologie en Encadré 1) a pour objectif fondamental d’identifier les raisons qui guident les choix d’externalisation logistique. Les résultats de cette étude nous permettent de confirmer la première partie de l’hypothèse émise à l’origine : les déterminants de la décision l’externalisation logistique différent selon les caractéristiques des activités composant la Supply Chain. 1 : Une enquête par questionnaires a été réalisée auprès des 850 entreprises de l’industrie laitière en France. Ce secteur est l’un des principaux clients des prestataires logistiques. Deuxième industrie agroalimentaire en termes de chiffre d'affaires, la branche laitière comporte 700 sites de transformation et de nombreuses firmes de dimension internationale (Danone, Lactalis, Bongrain, Sodiaal).Cette filière appartient à un secteur accusant des mutations technologiques et sociales importantes: entre 1984 et 1998, le secteur des Industries Agro Alimentaires (IAA) a perdu 25% de ses effectifs suite aux exigences en matière de productivité et aux mouvements de concentration par croissance externe. ENCADRÉ L’externalisation de certaines fonctions, dont la logistique, a également accru cette tendance (Girard et Al., 2002). 53 questionnaires au total (dont 51 exploitables) soit un taux de retour de 6%, ont été obtenus. Ce taux considéré comme correct, est à nuancer du phénomène de concentration par création de filiales. De ce fait, le directeur logistique d’un groupe gère souvent la fonction logistique de plusieurs sociétés. Les indicateurs de mesure des variables ont été créés en s’inspirant des travaux de la littérature et de l’enquête exploratoire. Le processus de mesure des variables s’est inscrit dans le cadre du paradigme répandu de Churchill. Un travail de purification des différentes échelles a été effectué par une analyse en composantes principales (ACP). Ces différentes analyses ont permis de figer la mesure des groupes de variables explicatives (6 méta variables) et expliquées (4 méta variables). Une analyse des régressions a enfin permis d’isoler les influences guidant les choix. Les raisons de l’externalisation Les statistiques élémentaires relatives à l’externalisation par activité logistique montrent que les activités de soutien (transport, stockage et entreposage) sont généralement confiées à l’externe. L’analyse des régressions établit que les méta variables explicatives de nature économique issues de la théorie des coûts de transaction : Incertitude réglementaire, Fréquence des activités, Spécificité : réintégration coûteuse » exercent une influence prépondérante dans ce choix. Les variables de nature stratégique sont absentes. 9 Pour les managers, les activités de soutien n’apportent pas de plus-value en terme d’avantage concurrentiel. L’hypothèse théorique est validée : moins une activité est reconnue comme contribuant à l’avantage concurrentiel, plus elle est allouée à l’externe. Les variables organisationnelles retenues : taille, niveau de compétences et structuration de la fonction logistique n’influencent pas directement les choix. Quant aux activités de gestion à fort potentiel stratégique car proches du client, elle sont très peu voire non externalisées dans l’industrie étudiée. 2.2. Prévenir les risques identifiés : l’enquête qualitative Afin de confirmer la seconde hypothèse heuristique et isoler les stratégies d’évitement ou d’amenuisement des risques encourus, une enquête qualitative -adaptée dans ce type d’étude du fait de la complexité de la question- a été menée dans un second temps. Elle a été complétée par l’étude des contrats d’externalisation des sociétés interviewées et par une revue des travaux de la littérature qui, à titre exploratoire, nous a permis de réaliser le support d’entretien (Barthélemy, 2001). Des entretiens semi-directifs ont été menés avec des donneurs d’ordre, directeurs logistiques, managers de supply Chain ou Président Directeur Général de sociétés de taille diverses et cinq prestataires (une première vague en 2005 et une seconde en 2007 soit au total 23 entretiens et 18 contrats étudiés dans le secteur de référence) (Tableau B). Tableau B. Recueil des données : entreprises interviewées et contrats étudiés selon l’importance des effectifs Nombre d’entretiens Donneurs d’ordre 18 Moins de 50 salariés De 50 à 500 salariés De 500 à 1000 Plus de 1000 5 6 4 3 1 7 8 2 + Prestataires : 5 Contrats étudiés (µ) : 18 (µ) Certaines des entreprises interviewées ne nous ont pas autorisés à consulter le contrat ; certaines n’ont pas établi de contrat. L’analyse des données, inspirée de l’analyse multi-cas de Hubermann et Miles (2003), a été réalisée en deux étapes : analyse « intra-cas » et analyse transversale facilitant les comparaisons dans un second temps. Des contrats d’externalisation de durée courte ou moyenne Les résultats des analyses ont établi que la durée des contrats est plutôt courte ou moyenne : elle ne dépasse pas les trois années même si les prestataires seraient amateurs de durées plus longues (cinq ans). Les durées les plus pratiquées varient de une à deux années. Plusieurs raisons sont évoquées : la complexité à écrire des contrats, la recherche de flexibilité, la confiance dans les affaires qui n’est pas fortuite mais qui se réfère à des logiques d’image, de réputation, de logique « gagnant gagnant »… 10 La rédaction des contrats La plupart des entreprises, même celles dotées d’un pôle juridique, ont insisté sur la difficulté à écrire les clauses contractuelles. En domaine logistique, cette difficulté est aggravée du fait de la complexité et de la diversité des transactions. De nombreux managers ont évoqué : « La difficulté, la complexité, le temps passé, le coût élevé…» L’incomplétude des contrats résulte essentiellement de l’opportunisme calculateur des parties et des asymétries d’information. Le contrat qui est un mécanisme d’allocations de ressources (Brousseau E., 1997, op.cit., pp. 110 à 115) est une « collection de clauses » (Brousseau E., Ibid., p.112) qui a un triple objectif : - assurer la coordination, répartir les résultats de l’arrangement entre les parties et garantir la réalisation des promesses. Les petites ou très petites entreprises ne concluent en général qu’un accord écrit sur les prix des prestations : « se lancer dans la rédaction d’un contrat qui ne sera d’ailleurs jamais parfait, qui entraînera des discussions à ne plus finir, des complications, une perte de temps (les affaires n’attendent pas…)» constitue une aventure qui les rebute. Ils déclarent « fonctionner sur la base de la confiance ». Le rôle de la confiance L’étude qualitative a mis en exergue, de manière inattendue, le rôle important de la confiance. Ainsi, dans plusieurs entreprises, les facteurs « temps » et « expérience » ont souvent été avancés comme fondements de la confiance. Le co-gérant d’une petite fromagerie évoque : « les trente années de relations avec ses grossistes distributeurs…» mais aussi « nos grands-parents étaient déjà en affaire… ». Le directeur logistique de la société R. parle de « l’ancienneté » de certains prestataires au service de l’entreprise. Ce manager rapporte l’épisode où, s’étant rendu compte que le contrat conclu pour cinq années avec un prestataire était fortement pénalisant, le prestataire a accepté sa renégociation en des termes plus équitables pour le donneur d’ordre. Cela avait été rendu possible grâce à des relations de longue durée car, selon ce dernier, « rien (dans le contrat) ne l’obligeait à re-négocier…». Par conséquent, le contrôle par la confiance apparaît suffisant et efficace, en raison notamment de sa souplesse par rapport au contrat formel. Cette atmosphère de confiance facilite certaines initiatives hors des règles existantes. Celles ci sont non seulement génératrices d’économies de coûts de coordination mais renforcent également la solidité des relations (Buckley P.J. et Casson M., 1988). La confiance comporte une double dimension morale et technique souvent évoquée dans la littérature2. La dimension morale se fonde sur l’honnêteté, la loyauté, l’éthique…alors que la confiance technique est assise sur la compétence, les savoir-faire des parties. 2 Par exemple : Bidault F. et Jarillo J.C, 1995 ; Ring P.S. et Van de Ven H., 1992 ; Williamson O.E., 1985, Neuville J.P. (1998). 11 La confiance peut également être confortée par le processus « temps » qui apporte l’expérience des relations de long terme en instaurant la solidarité entre les intervenants (Plociniczak S. et Guennif S., 2002). Les travaux sur la coopération et les relations inter organisationnelles ont mis en évidence ces différents aspects. L’intérêt à une collaboration étroite entre « Donneur d’ordre/Prestataire » La plupart des entreprises interviewées ont insisté sur le bénéfice important à établir les accords contractuels sur la base d’un partenariat étroit Donneur d’ordre/prestataire. Ces résultats rejoignent les résultats des travaux académiques problématique (Hallikas-Virolainen, 2005). consacrés à cette Au final, l’ensemble de ces résultats nous a permis de dresser le tableau C (en Annexe unique). Celui-ci synthétise les Raisons et stratégies d’évitement ou d’amenuisement des risques à l’occasion de l’externalisation d’activités logistiques de soutien. Conclusion L’analyse et l’évaluation des risques en contexte d’externalisation logistique sont des actes de gestion extrêmement importants qui, au delà des impacts sur la performance, peuvent aller jusqu’à mettre en cause la responsabilité contractuelle du donneur d’ordre et du prestataire. Ces risques demeurent récurrents car ils sont souvent mal identifiés et sousestimés. L’objectif principal de cette recherche empirique au socle méthodologique rigoureux était de montrer qu’un traitement non uniforme de la gestion des risques identifiés à partir des raisons des choix d’externalisation, pouvait améliorer leur maîtrise. Nos hypothèses trouvent, par là même, sinon une validation mais une première voie de confirmation dans le secteur étudié. La recherche souligne que les risques inhérents à une externalisation logistique existent mais qu’ils sont gérables. Ainsi, l’attention apportée à la rédaction du contrat en minimisant les risques préserve la création de valeur escomptée à travers les relations inter organisationnelles de ce type de partenariat. Ces résultats vont dans le sens des travaux de Andersson et Norman, 2005 et Pruth (2002). Parmi d’autres conclusions, les clauses contractuelles gagnent à intégrer la dimension évolutive des prestations d'externalisation qu'il s'agisse de conditions techniques, financières ou de qualité. Le rôle majeur de la confiance a été souligné ; il est particulièrement prégnant dans des relations d’affaires anciennes. Les relations partenariales étroites entre donneurs d’ordre et prestataires sont susceptibles de diminuer les risques d’opportunisme des prestataires. Ces résultats rejoignent ceux de Anderson et Norman précités. Les limites de cette analyse tiennent pour l’essentiel à la spécificité du secteur étudié à la jeunesse et à la rareté des travaux sur le SCRM en contexte d’outsourcing. De ce fait, nos résultats ne peuvent, faute de travaux similaires, être confrontés à d’autres résultats. Les voies d’élargissement sont multiples. Ces résultats devraient être vérifiés dans d’autres secteurs d’activité. Il serait pertinent d’y intégrer la dimension environnementale, la responsabilité sociale et leurs incidences en la matière. Le rôle important de la confiance mériterait également des approfondissements en tant que facteur reconnu de prévention de risques. 12 ANNEXE UNIQUE Tableau C. Raisons et stratégies d’évitement ou d’amenuisement des risques à l’occasion de l’externalisation d’activités logistiques de soutien. RAISONS DES CHOIX D’EXTERNALISATION DES ACTIVITES DE SOUTIEN Economiques (TCT) RISQUES INDUITS PHASES (1) & (2) STRATÉGIES D’EVITEMENT ET D’AMENUISEMENT DES RISQUES PHASE (3) - Opportunisme latent des prestataires, asymétrie d’informations, incomplétude contractuelle entraînant surcoûts, coûts cachés, non prévus… - connaître parfaitement l’identité du prestataire choisi. - exercer une veille soutenue sur la vague de nouveaux entrants du marché des prestataires - rédiger le contrat avec rigueur : clauses de prix, de contrôle des performances ou bâtir une relation sur le long terme, la confiance, des relations interpersonnelles éprouvées… - tenir compte des coûts liés à la négociation du contrat et au contrôle de la prestation du partenaire. - prévoir dans le contrat des clauses d’arbitrage efficaces, en cas de litige - définir précisément les indicateurs de qualité des prestations. Prévoir une révision annuelle au minimum. - mettre en place un contrôle de gestion rigoureux (s’assurer que les SI sont compatibles) - disposer d’une solide expertise juridique en interne ; dans le cas contraire, faire appel à des expertises extérieures Dépendance - veiller aux situations pouvant résulter de l’état de dépendance entre les parties : moral des personnels, 13 sentiment de frustrations.. préjudiciables au bon fonctionnement des échanges Transfert des contraintes liées à la variation de la demande consommateurs Incapacité prestataire Transfert des contraintes sanitaires et réglementaires à un prestataire Incapacité, opportunisme prestataire du - Evaluation du prestataire : s’assurer que le prestataire dispose de capacités suffisantes (en moyens physiques mais également humains) pour y faire face - Evaluation du fournisseur du - Maintien d’une Structure de sauvegarde : conserver une Perte d’expertise compétence minimale en interne pour Déclin organisationnel3 éviter perte totale d’expertise et problèmes liés à l’opportunisme (informations cachées, tronquées…) - mettre en place un contrôle strict et suivi (s’agissant de produits périssables destinés à l’alimentation humaine) Transfert des contraintes Risque sociales modification social : organiser ex ante une de la communication et une concertation relation d’emploi, adéquates avec les salariés concernés détérioration du climat social, - s’assurer du suivi par le prestataire - Eclatement de la des évolutions d’emploi et de carrière communauté de travail, des salariés transférés perte du sens du travail en groupe Transfert de la charge d’investissements (camions réfrigérés, palettiseurs, surfaces de stockage..) à un prestataire Incapacité, incompétence du prestataire Perte d’expertise Transfert des problèmes Incapacité - s’assurer de la stabilité et pérennité financière du prestataire - conserver une compétence minimale à l’interne - négocier un droit de regard et une concertation préalable aux choix d’équipements - désigner des personnes ressources clefs chez le prestataire et en interne du - s’assurer de l’expertise du prestataire 3 Expression empruntée à S. Lahiri et R.W. Renn, Organizational Decline and the Impact of Environmental Challenges of the 21st Century, Paper presented at the Annual Conference of Academy of Management, 31.3-2.4, Chicago. 14 liés à la qualité des prestataire dans ce domaine produits et à la relation Dévalorisation image - s’informer de la bonne réputation du avec la clientèle de marque, réputation, prestataire perte de confiance de la - exiger des références auprès d’autres clientèle donneurs d’ordre, la démonstration des compétences détenues Interdépendance des activités : dévalorisation image de marque, réputation du donneur d’ordre - identifier les liens qui peuvent exister entre les activités à externaliser ou conservées en interne - prévoir des mécanismes pour une coordination optimale des activités entre elles Dilution des responsabilités - bien définir les responsabilités respectives et la répartition des rôles entre D.O, prestataire (voire sous traitants du prestataire) Inadéquation culturelle - s’assurer que le prestataire a une culture (qualité, R.H…) compatible avec le prestataire Inefficacité des relations de travail entre les parties - rencontres préalables entre cadres, stages communs de formation.. 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