Les séductions de l`opéra

LE MAG
Mardi 24 août 2010
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Entre Forrest Gump
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LES SOMMETS DU CLASSIQUE
Humilité,
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Les séductions de l’opéra
MUSIQUE Des jeunes chanteurs présentent un «Don Giovanni» époustouflant
à la Ferme-Asile. Courez-y!
VÉRONIQUE RIBORDY
Une mignonne jeune fille vêtue de
bleu danse sur les tables, entourée des
paysans conviés à sa noce. Don Giovanni l’aperçoit et la journée bascule
dans les cris et la fureur.
«Don Giovanni», c’est bien sûr
l’opéra le plus célèbre de Mozart, créé
à Prague en 1787, il y a plus de deux
cents ans. «Don Giovanni», c’est aussi
un mythe, le mythe du séducteur, un
homme tout à la fois fascinant et
odieux, follement libre et inéluctablement enchaîné à ses pulsions. C’est ce
monument, cet opéra des opéras, que
Jean-Luc Follonier et Julie Beauvais
ont entrepris de monter à Sion avec
des chanteurs lyriques pour la plupart
valaisans. Avec deux buts: faire un
spectacle populaire et donner un coup
de jeune à une histoire archi-connue.
Un rythme
de comédie musicale
Bingo. La scénographie de Julie
Beauvais fait merveille. Après «Les Noces de Figaro» et «La Bohême», Julie a
aiguisé son regard pour une mise en
scène encore plus dynamique et vivante. Le décor bouge au rythme des
nombreux rebondissements de l’intrigue. La scène est utilisée dans toutes
sa profondeur, par des chanteurs bondissants.
Tous semblent à peine sortis d’un
stage des arts du cirque, ils se tortillent, chaloupent, se battent, parcourent la scène avec une vitalité inépuisable. Evidemment, la plupart sont
très jeunes, à peine sortis du conservatoire. Donna Elvira (Laure Barras) affiche 25 ans, Donna Anna (Nathalie
Constantin), à peine plus, Zerline
(Etelle Poscio) beaucoup moins: les
personnages ont l’âge d’une comédie
musicale pour teen-agers et transmettent leur folle vitalité à la musique. Au
milieu de cette bande tournoyante,
Don Giovanni lui-même a l’air d’un
adolescent.
Mais la mise en scène, même la
meilleure, ne serait rien sans les voix.
Et elles sont époustouflantes. JeanLuc Follonier aurait réuni «la distribu-
tion idéale» Professeur au conservatoire, il a formé Stéphane Karlen et
Frédéric Moix, avant d’avoir Estelle
Poscio comme élève. La benjamine
fait ses débuts de soliste après avoir
chanté dans les chœurs des «Noces» et
de «La Bohème». On retrouve avec
plaisir les excellents Stéphane Karlen
et Frédéric Moix, une Nathalie Constantin qui entre-temps a fait ses débuts à l’opéra de Lausanne. A ce noyau
dur viennent s’ajouter Laure Barras et
des chanteurs issus de conservatoires
suisses romands.
Des conquêtes dangereuses
Ils donnent vie à Don Giovanni et à
ses conquêtes, aussi bien masculines
que féminines. Car Don Giovanni a un
valet, Leporello, qui reste auprès de
lui, même dans les pires moments.
Durant le premier acte, Don Giovanni
tue accidentellement le père de Donna Anna, une jeune femme qu’il a séduite. Donna Anna et son frère, Don
Ottavio, jurent de se venger. Mais Don
Giovanni est déjà passé à d’autres
aventures, séduisant tour à tour Donna
Elvira, en lui promettant le mariage, et
Zerlina, une jeune paysanne sur le
point de se marier. Lors du deuxième
acte, Don Giovanni poussera les transgressions jusqu’à la mort.
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Faire chanter les Valaisans
Frédéric Moix campe un incroyable Leporello, à la fois plein d’affection
pour son maître et trop lâche pour le
fuir. Don Giovanni croise des femmes
qui représente chacune un caractère
bien particulier; la pureté et la fraîcheur d’une jeune fille pour Zerline, la
violence de l’attraction physique pour
Dona Anna, la passion intransigeante
et mature de Donna Elvira.
Jean-Luc Follonier a fondé Ouverture-Opéra pour faire chanter les jeunes chanteurs lyriques de ce canton.
La renommée de ces productions
commence à franchir les frontières. La
production pourrait être présentée
hors canton. Ce Don Giovanni juvénile et passionné a en tout cas tout
pour séduire.
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