La Voix Syndicale de L`Essonne
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La Voix Syndicale de L`Essonne
de l’Essonne Prix 1,50 € N° 97 Bimestriel de l’Union Départementale CGT de l’Essonne Corbeil-essonnes et la CGT 110 ans de vie commune SOMMAIRE pages 22 - 23 Transition énergétique Deux professionnels CGT éclairent pages 9 - 11 CGT Éduc’Action 91 refuse une réforme sacrifiée Comité Général de l’UD les 18 et 19 juin (p. 4) La maternité de Dourdan enfin visible du Conseil général (p. 5-6) Formation syndicale : le programme 2015 (p. 7-8) Nouveau collectif pour la CSD Territoriaux (p. 12) Macron flingue les Prud’hommes (p. 15-16) Renault-Lardy : poussée électorale CGT (p. 17) Carrefour Market : le mouvement pour les salaires se développe (p. 19) Dimanche bidon dans Agora sinistrée (p. 21) page 13 12 Place des Terrasses de l’Agora 91 034 évry Cedex Directrice de publication : Véronique Josien tél. 01 60 78 28 41 - fax 01 60 78 55 43 - [email protected] Commission paritaire N° 0715S06300 Merci Charb l’UD CGT 91 ! - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - Février - Mars 2015 - IMPROFFSET 10 avenue Emile Aillaud 91350 Grigny La Voix Syndicale de L’Essonne Entre et [email protected] MACIF : MUTUELLE ASSURANCE DES COMMERÇANTS ET INDUSTRIELS DE FRANCE ET DES CADRES ET SALARIÉS DE L’INDUSTRIE ET DU COMMERCE. Société d’assurance mutuelle à cotisations variables. Entreprise régie par le Code des assurances. Siège social : 2 et 4 rue de Pied de Fond 79000 Niort. Inscrite au registre des démarcheurs bancaires et financiers sous le n°2103371860HQ. Intermédiaire en opérations de banque pour le compte exclusif de Socram Banque. éditorial Nouvelle page et nouveau stylo D’octobre 2014 à février 2015, la confédération CGT a traversé une zone de turbulences. Les remous ont touché toutes ses organisations. Ils ont bousculé la sensibilité de nombreux militants. Pour celles et ceux de l’Essonne, il s’agit de repartir du bon pied. L’Union départementale est décidée à prendre toute sa part. Les évènements qui ont fait basculer notre CGT dans la rubrique des faits divers appartiennent au passé. Il nous faut retrouver une dynamique revendicative forte. C’est ce que nous attendions, dans le 91 et ailleurs. Avec une élection à plus de 80 % du nouveau Bureau confédéral et du secrétaire général, nous avons fait face à nos responsabilités sans céder aux pressions. Elles étaient pourtant fortes. Nos adversaires de toujours, patronat et libéralisme politique, ont utilisé les ficelles médiatiques habituelles, mensonge et mauvaise foi, pour nous salir. Quelques bons amis de la gauche caviar ou foie gras leur ont donné un coup de main. Ils ont perdu, mais ceci doit servir d’avertissement. Nous ne devons accepter aucun manquement à l’intérieur de notre organisation. L’honnêteté qui est la marque de nos militants ne le tolérerait pas. Les marionnettes libérales Aujourd’hui, nous retrouvons la CGT combative que les salariés attendent sur le terrain de la lutte pour le progrès social. Celle que l’on attend à chaque rentrée sociale, celle qui s’insurge du sort fait à nos camarades dans les entreprises, celle qui revendique, celle qui va fêter ses 120 ans de combats et qui rappelle son engagement dans la Résistance et pour les avancées sociales. Les terrains de lutte ne manquent pas. Accouchée au forceps du 49.3, la loi Macron est une compilation de 500 pages de libéralisme à mettre en œuvre par celui qui dénonçait la finance au Bourget en 2012 et son complice-concurrent Manuel Valls. Elle est aussi une insulte à l’intelligence. Qui va croire que remplacer la SNCF par Eurolines développera l’emploi ? Que la concurrence entre notaires va créer des usines ? Que flinguer les Comités d’Entreprise va augmenter le pouvoir d’achat ? Pendant ce temps-là, les affaires continuent, business as usual… Des preuves ? 54 milliards de dividendes distribués en 2014, plus qu’en 2007 avant la crise ! Les révélations « Swissleaks » sur les évadés fiscaux européens et français pointent un total de 2 000 milliards d’euros disparus. Et l’argent manquerait aux États ? Le premier qui rigole touche un dividende. Les traders troïka qui gèrent Bruxelles et Berlin veulent étrangler la Grèce de Syriza. La CGT a affiché son soutien au peuple grec et appelé au rassemblement du 15 février. Nous en sommes fiers et nous continuerons. L’Europe n’a aucune vocation à être un laboratoire financier écrasant les luttes sociales. La lutte de classes n’est pas une expression obscène ou obsolète. Elle existe comme l’oxygène dans l’air. C’est le capitalisme qui produit l’effet de serre. Le bla-bla ou la négo ? La loi Macron fait remonter les pires remugles des heures sombres du salariat : travail de nuit, du dimanche, aliénation au travail, soumission complète du travailleur au capital. Ensemble de mesures pour relancer l’économie ? Foutaises ! En fait catalogue de régressions, comme le montrent les exigences du Medef: fusion des CE et CHSCT, seuils sociaux, informations au CE réduites, mise sous tutelle des Conseils de Prud’hommes, droit de grève rétréci… Gattaz et Valls appellent ça dialogue social. Le nom exact est bla-bla réformiste. La CGT n’est pas là pour signer ce que le patronat a déjà décidé avec ses relais gouvernementaux. Dialoguer n’est pas négocier. L’indispensable négociation est fondée sur un rapport de forces. Celuici est créé par les luttes. Ce n’est pas très difficile à comprendre. Sans des luttes de masse, menées démocratiquement par des salariés bien organisés, le stylo syndical ne peut signer que des capitulations. La CGT à tous ses échelons a besoin d’analyses, de discussions, mais surtout d’actions. Les contacts permanents de l’UD 91 et des militants de l’Essonne montrent dans ces dernières semaines une soif accrue d’intervention dans une économie et un système social français qui se délitent. Les premières déclarations de Philippe Martinez indiquent cette direction. La décision de faire du 9 avril 2015 une large journée d’action interprofessionnelle et intersyndicale est une bonne nouvelle. Notre UD en fait un objectif prioritaire. La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 3 - Février - Mars 2015 - Ollivier Champetier La Voix Syndicale Ont participé à ce numéro 97 de la Voix Syndicale Intervenants: Yannick BILIEC Pierre BENOIT Jean-Louis BETOUX Cécile CAVELIER Ollivier CHAMPETIER Catherine DEGROOTE Gilbert DUBANT Éric DUMAS Olivier FÉGUEUX Anne FONTAINE Florent GRIMALDI Véronique JOSIEN Éric LESAGE Catherine LUBIN Frédéric MOREAU Hubert LASSERRE Christophe POILLY Yves PRADILLO Administratif et technique : Brigitte BLANCHE Publicité : COMEDIANCE 01 49 22 74 57 g ACTU - UD 18 et 19 Juin 2015 Pourquoi un Comité général de l’UD CGT de l’Essonne ? Le Comité Général est l’instance statutaire d’une Union départementale CGT entre deux congrès. L’Essonne en tiendra un les jeudi 18 et vendredi 19 juin 2015 à la Maison des Syndicats d’Évry. Plusieurs raisons expliquent cette tenue. D’abord un besoin de faire le point départemental. Deux ans ont passé depuis le dernier congrès de l’UD 91. Les changements n’ont pas manqué, dans la CGT et l’UD de l’Essonne. Cela mérite examen. La direction confédérale (voir page 3) a connu depuis l’automne 2014 des remous qui se sont répercutés dans le syndicalisme et la société. La crise a été surmontée, mais les questions d’orientations sont toujours là. Chaque organisation doit y participer. La direction de l’UD 91 ne s’est jamais départie d’une analyse fondée sur la lutte de classes dotée d’une organisation de masse. Un Comité général est un repère et une impulsion. « Nous avons besoin de fixer ensemble nos priorités, la résistance que nous engageons face à l’austérité ne se suffira pas d’échanges de mails ! », résume Ollivier Champetier. La boussole collective Le résultat de la journée du 9 avril sera une indication sur la capacité syndicale à combattre l’austérité. « Nous allons avoir besoin de toute notre CGT, de toute l’efficacité de nos structures pro et interpro pour se lancer dans cette bataille. Le 9 avril n’est pas un « one-shot ». La réussite se démontrera dans notre capacité à poursuivre cette construction interprofessionnelle. Depuis longtemps, nous déplorons les appels successifs des professions, certes légitimes, mais souvent isolés et usant à terme les militants. Notre problème n’est pas de faire ou ne pas faire, mais tient plus à notre dispersion ». L’UD CGT 91 vit depuis toujours dans un organigramme fluctuant où territoires et professions sont les abscisses et ordonnées, avec leurs UL, USD, CSD, bases, UP, etc. Dans cette diversité, des structures se créent, se développent, s’étiolent et renaissent. Toutes ont besoin de complémentarité et de solidarité. C’est le rôle d’un Comité général et d’un Congrès de les convier régulièrement, et même exceptionnellement si la situation le demande. C’est le cas aujourd’hui. L’URIF CGT réunit le 26 mars l’ensemble des Unions Locales d’Île de France pour une réflexion commune débouchant sur plus d’efficacité. Le Comité Général des 18 et 19 juin 2015 est de la même eau. « Nous avons réellement besoin d’être en position de décider pour améliorer nos fonctionnements, sortir des constats sur nos difficultés pour s’engager vers les nécessaires transformations », estime le Bureau de l’UD. « Comment traiter, informer, alerter un maximum de salariés sur l’ensemble des champs de négociations imposées et leurs conséquences sociales pour le monde du travail, si nous ne sommes pas nous-mêmes investis ? » Lucidité et mobilisation L’année 2015 est surplombée par un anniversaire, les 120 ans de la CGT. « L’histoire est un combat syndical », dit l’IHS CGT Île-de-France, qui a réalisé avec l’URIF une exposition consacrée à la CGT régionale depuis 1895. Celle-ci sera présente au Comité Général. La mémoire collective a tendance à ne retenir que les pages lumineuses : la lutte pour la journée de 8 heures et la paix avec Jaurès, les congés payés du Front Populaire, l’épopée de la Résistance, les conquêtes de la Libération, les acquis de 68 ou de 81. Les scissions de 1921 et 1947, le reflux des adhésions dans les années 90, les crises d’orientation récentes ont moins de succès dans les sagas populaires. C’est une erreur de cacher la poussière sous le tapis. À regarder seulement les lumières, on oublie les structures qui conditionnent la vie actuelle de la CGT, empilées au fil des années. Témoignages historiques, mais aussi maquis pour initiés où le salarié lambda de bonne volonté se perd facilement. Faciliter l’accès de tous à une activité syndicale immédiatement perceptible est une nécessité impérieuse. Les luttes qui réussissent ne sont pas issues du « dialogue social » entre pouvoirs publics bienveillants, patronat motivé et syndicats bien élevés. C’est le décor rêvé de la signature d’un accord, mais la condition sine qua non est une mobilisation de masse en amont. La CGT doit être au départ et à l’arrivée. C’est le programme du Comité Général de juin 2015. La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 4 - Février - Mars 2015 - G.D. g LUTTES Santé publique et incohérence de l’A.R.S. La maternité de Dourdan en lutte est enfin visible du Conseil général Décrire la santé publique comme victime de l’austérité est une triste banalité. La future « loi Touraine » et la politique continue de l’ARS (Agence Régionale de Santé) confirment. Cependant, de fortes résistances s’amplifient et remportent des succès. Les actions de la population et des syndicats dans le maintien de la maternité de Dourdan et du service de réanimation de l’hôpital d’Arpajon le montrent. Les dossiers prennent une dimension politique avec la motion du Conseil Général de l’Essonne fin janvier 2015. Dans le second semestre 2015, la ministre Marisol Touraine déposera une « Loi Santé » à l’Assemblée nationale. « Ce projet aborde une nouvelle organisation de soins au plan national pour les hôpitaux publics et renforce les pouvoirs des ARS », estime la responsable de la CSD Santé 91, Catherine Degroote. « Il accélère la marchandisation de la santé, aggrave les inégalités à l’accès des soins pour tous et entre les territoires. Cela dégage le gouvernement d’une garantie de soins de qualité à chacun, quels que soient ses moyens financiers et sa résidence ». 600 bébés recherchent des anesthésistes Il s’agit, par « économies d’échelle » et logique comptable, de regrouper arbitrairement des activités et des personnels sans tenir compte des réalités humaines. Le cas de la maternité de Dourdan est emblématique. L’ARS Île-de-France veut fermer cette maternité pour la transférer sur le site d’Étampes du CHSE (Centre Hospitalier Sud-Essonne). Pour justifier une décision purement administrative, il faut des prétextes. En province, le seuil des 300 accouchements par an a été utilisé au nom de la « sécurité » des parturientes pour fermer des sites. À Dourdan, échec statistique. « La maternité de Dourdan assure entre 500 et 600 accouchements par an, elle ne tombe donc pas sous le couperet des 300 », rétorque Catherine Lubin, auxiliaire puéricultrice et responsable CGT. L’ARS explore donc un autre terrain : les personnels nécessaires ne seraient pas là. Catherine Lubin parmi les manifestants du 27 janvier (DR) « Nous rencontrons des problèmes de démographie médicale, comme beaucoup d’établissements, concernant surtout les anesthésistes et bientôt les pédiatres, ainsi que les gynécologues obstétriciens », dit la syndicaliste. « C’est pour cela qu’ils veulent regrouper les naissances sur le site d’Étampes, mais la CGT n’est pas convaincue de l’efficacité et de la volonté de la recherche de candidatures. Nous avons demandé une commission de transparence pour les appels à candidatures, car d’après la direction, il y aurait eu 26 candidatures d’anesthésistes depuis juillet 2014, mais aucune n’a été retenue. Bizarre, non ? Si l’on veut fermer un site, c’est toujours facile de dire qu’il n’y a pas assez de médecins ». La réunion animée du 27 janvier L’intersyndicale CGT, CFDT et SUD mobilise la population et les personnels. Début 2015, plus de 100 personnes venues de Dourdan, Étampes et Arpajon sont reçues à Évry pendant trois heures par une ARS « mal à l’aise devant une succession d’interventions cohérentes, pertinentes, précises », selon les visiteurs qui ajoutent : « Selon l’ARS, seule la démographie médicale justifie la fermeture du site de Dourdan. Mais si des recrutements sont effectués, alors tout peut être revu ! Tout est entre les seules mains du Directeur et du Président de la Commission médicale de l’établissement ». L’intersyndicale appelle à venir le 27 janvier 2015 au Conseil de Surveillance du CHSE, à Étampes, qui doit en parler, théoriquement en l’absence de la CGT. Celle-ci ne l’entend pas de cette oreille et s’invite le jour dit à la réunion en compagnie des autres organisations, du personnel de la maternité, des médecins, des élus de Dourdan. Le refus des candidatures médicales est démonté. « 26 candidatures pour Dourdan et aucune de recevable ! On n’a vraiment pas de chance ! Il a même été reproché à certains candidats leurs exigences financières démesurées, alors que la direction préfère dépenser quatre fois plus cher pour des médecins intérimaires plutôt que d’assurer la sécurité pérenne de la maternité. Où est la logique ? ». Déstabilisée, la direction du CHSE botte en touche et annonce un prochain rendez-vous le 3 février. Il n’aura pas lieu pour cause d’annulation officielle. « Ils ont senti la pression qui montait », sourit Catherine Lubin. « Le directeur, ainsi que le président de la Commission Médicale, n’avait certainement pas envie de revivre ça une deuxième fois, puisqu’ils étaient déjà au conseil de surveillance du 27 janvier 2015 sur Dourdan. Ils ont donc préféré annuler la veille au soir ». La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 5 - Février - Mars 2015 - .../... LUTTES La mobilisation persiste et signe Presque simultanément, le 26 janvier 2015, le Conseil Général de l’Essonne adopte une motion « contre les projets de fermeture du service de réanimation du Centre hospitalier d’Arpajon et de la maternité de Dourdan ». Jérôme Guedj, le président (PS), marque son « désaccord avec les orientations de l’ARS », le report de la convention entre celle-ci et le département, « l’attachement des élus à maintenir des hôpitaux généralistes et de proximité ». De mauvais esprits pourraient voir dans cette prise de position tardive une relation avec les élections départementales de mars 2015. Plus intéressant est l’examen des « considérants » de la motion. Elle rappelle que « la fusion des hôpitaux de Dourdan et d’Étampes a été réalisée au 1er janvier 2011, sur la base d’un rapport préconisant le maintien des activités de médecine-chirurgie-obstétrique sur chacun des sites et que la maternité de Dourdan répond pleinement aux exigences de qualité du Ministère de la Santé ». D’autre part, les deux sites du CHSE sont distants de 20 kilomètres, sans transports publics directs. Conséquences : « des prises de risques non maîtrisées et des traumatismes psychologiques pour les femmes enceintes, ainsi que des surcoûts importants pour les familles et la Sécurité Sociale ». La messe est dite au Conseil Général, mais la motion du 26 janvier n’a rien apporté sur le terrain et la direction du CHSE n’a pas plus changé d’avis que l‘ARS. Catherine Lubin n’a pas varié non plus : « Les agents du site de Dourdan, et surtout ceux de la maternité, sont de nouveau mobilisés. On a distribué des tracts sur les marchés et les communes environnantes, et on ne va pas s’arrêter, avec l’association de défense, la pétition en ligne, les réunions publiques. La population dourdannaise est en renfort. Nous sommes toujours en étroite colla- boration avec la Mairie de Dourdan. Nous venons d’apprendre que l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) va venir faire une enquête sur la faisabilité du projet médical et d’établissement, notamment sur le rapatriement de l’ensemble des naissances sur le site d’Étampes. C’est un point positif pour nous ». Méconnaissance des réalités Pour le Conseil Général, la motion du 26 janvier 2015 ne s’arrête pas à Dourdan. Elle refuse la fermeture du service de réanimation de l’hôpital d’Arpajon « Il n’a pas été démontré que le maintien de l’activité de réanimation sur le site d’Arpajon ferait obstacle au développement du CHSF (Évry, NDLR) ou au projet médical du territoire. En revanche, le transfert sera davantage reporté sur le centre hospitalier de Longjumeau, le CHSE et les hôpitaux de Paris ». Le Conseil Général note aussi que son département « est déjà très en deçà du nombre de lits préconisés, soit 9 lits de réanimation pour 100 000 habitants. On ne saurait mieux dire, tout au plus se demander les raisons d’un si rapide dessillement dans le regard de l’actuelle majorité départementale. Les saignées budgétaires successives du CHSF, les réductions drastiques dans les établissements psychiatriques, comme Perray-Vaucluse, les regroupements aléatoires entre Orsay et Longjumeau, ont fait de la santé publique dans l’Essonne une victime permanente. L’attitude de la maire de Dourdan, Maryvonne Boquet (PS), également présidente de l’association de défense, soutenant depuis le début le maintien de sa maternité, tranche d’ailleurs dans la durée avec ses collègues du département. Le 30 janvier 2015, elle déclarait dans un communiqué : « C’est méconnaître le territoire et les bassins de vie que d’imaginer, simplement parce qu’on l’a décidé dans un bureau à Paris, que les parturientes qui accouchent à Dourdan iront à Étampes. À moins que le dessein final soit la fermeture de l’ensemble du site dourdannais . » « Il faut garantir à chaque individu » résume Catherine Degroote à propos de la « loi Touraine », Une manifestation dans les rues d’Arpajon « des soins de qualité à proximité le 11 avril 2014 (Photo Pierre Benoit) Sur le bassin de vie d’Arpajon de 177 000 habitants, en forte progression démographique, la suppression des 8 lits de réanimation entrainera de fait une mise en danger des habitants et détruira un hôpital de proximité, tant sur le plan social qu’économique ». de son domicile. Mais les moyens financiers pour travailler correctement n’apparaissent pas dans cette loi. C’est pour ça que nous la combattons ». G.D. La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 6 - Février - Mars 2015 - g Formations Formation syndicale Le programme des stages 2015 Compensation du salaire pendant un congé de formation économique, sociale et syndicale: où en est-on depuis le 1er janvier 2015 ? Concrètement, le droit des salariés au congé de formation économique sociale et syndicale n’a pas changé. Le congé de formation peut être pris sur une durée minimum d’une demi-journée à 12 jours maximum par an (18 pour les animateurs et formateurs). Le Code du travail est clair : l’employeur ne peut s’opposer au congé de formation que s’il estime que cette absence pourrait avoir des conséquences préjudiciables à la bonne marche de l’entreprise, après avis conforme du Comité d’entreprise ou, s’il n’en existe pas, des délégués du personnel. Le refus de l’employeur doit être motivé et notifié au salarié dans un délai de 8 jours. Fonds paritaire et maintien du salaire Ce qui a changé, c’est la création et le fonctionnement d’un fonds paritaire chargé de récolter les ressources (cotisations employeurs et subventions de l’état) et de les redistribuer. (Loi n° 2014-288 abrogeant le 0,08 / 1000). Les entreprises contribuent, depuis le 1er janvier 2015, au 0,016 % qui est, entre autres, destiné à la prise en charge des pertes de salaire, et ne peuvent pas craindre de ne pas être remboursées. (Décret 2014-1718 du 30 décembre 2014 institué par l’article L. 2135-9 du Code du travail). Le salaire doit donc être maintenu, car l’employeur se fait rembourser sur justificatif, soit directement par l’association paritaire en charge de gérer le fonds paritaire de financement des organisations syndicales, soit par l’organisation syndicale organisatrice de la formation. Le décret relatif au financement des organisations syndicales va être publié dans les jours qui viennent. Il faut porter dans la CGT que la compensation du salaire doit être réalisée par le fonds paritaire directement à l’employeur avec des procédures et des règles de vérifications. Les cinq organisations représentatives sont d’accord pour la mise en place d’une association qui gérera ce fond paritaire et pour le versement rapide des premiers fonds. Ne sont pas concernés : - Les ECO-CE et CHSCT dont le salaire, pour les titulaires, est à la charge de l’employeur. - Les formations des conseillers prud’hommes dont le salaire est remboursé par l’État. La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 7 - Février - Mars 2015 - .../... Formations Formations 2015 Toutes les IN’Formation syndicales sont à demander à votre syndicat, à votre UL, à l’UD. Pour tous les nouveaux syndiqués, des niveaux 1 sont organisés par les Unions Locales, au programme : « Le salariat », « La société », « Comment élaborer nos revendications », « Le syndicalisme, la CGT ». En 2014, 131 stagiaires les ont suivis. Brétigny 9 au 13 mars et 7 au 11 septembre Corbeil 13 au 17 avril et 21 au 25 septembre 23 au 27 novembre Étampes 30 mars au 3 avril Évry 30 mars au 3 avril et 15 au 19 juin et 16 au 20 novembre Viry- Val d’yerres 13 au 17 avril Massy Dates à venir Les Ulis 22 au 26 juin Sainte-geneviève-des-bois 9 au 13 mars Pour les conseillers prud’hommes Hiérarchie des normes, lecture des arrêts 12-13 mars Référé-Conciliation 26-27 mars Sanctions disciplinaires 24-25 septembre Procédure collective, 7-8-9 octobre Garantie AGS, session 4 du 14 au 18 septembre Revendiquez de nouveaux droits ! Prise de parole, argumenter et négocier : 16-17 mars Délégué syndical : du 28 septembre au 2 octobre Paroles de stagiaires « Plus nous nous formons, plus nous pourrons faire respecter nos droits. L’enrichissement de nos connaissances renforcera nos pratiques.» Délégué du Personnel 12-13 mars et 5-6 novembre « J’ai pris la mesure de l’ampleur des attributions du DP et du poids potentiel qu’il a lors des échanges et rapports de forces au sein de l’entreprise. J’ai les outils et leviers pour mener notre action, tels que l’utilisation du Code du Travail, l’assistance de représentants syndicaux de l’UD, le recours à l’Inspection du Travail et le maillage des différents IRP » « Le stage permet de lever les approximations de langage qui font qu’on croit des choses plus qu’on ne les sait » « En cas de tensions, lis ta convention! Dans la bataille, brandis le Code du Travail!» « Je conseille ce stage à tous les DP qui ignorent tout du droit d’alerte !» CoGiTiel 9 au 11 mars et 7 au 9 octobre « Approche concrète de la responsabilité du trésorier et de la gestion des adhérents. CoGiTiel est indispensable et doit être promu sur l’ensemble des bases syndicales » « Je ressors blindée et prête à affronter plus sereinement le fameux CoGiTiel. En plus, si un jour je sèche devant mon écran, je peux compter sur l’aide des formateurs. Merci l’UD !» « Simple d’utilisation, et un livret d’aide magique grâce à ses explications très bien détaillées » Politique financière 30 mars au 1er avril et 16 au 18 novembre « Apport syndical en politique financière et exercices pratiques sur supports réels, merci pour l’animation conviviale et l’accueil de l’UD » « Formation indispensable ! Ça m’a permis de bien comprendre l’ampleur de cette responsabilité » « Je ressors boostée avec conseils et astuces pour attaquer la trésorerie de mon syndicat, fini les angoisses !» Rédaction d’un tract 5-6 octobre « Enfin je vais oser poser des mots sur des tracts ! J’ai les outils maintenant » « Nos tracts seront plus clairs et plus nous serons clairs, plus les salariés viendront nous rejoindre, soignons notre rédaction !» «Des idées bien mieux rangées dans ma tête, merci !» ECO CE 16 au 20 mars et 5 au 9 octobre « J’ai les outils pour comprendre les finances, la formation professionnelle et juridique, les mécanismes économiques du CE pour mieux se positionner dans les négociations et revendications à mener » « Face à notre employeur, on ne se laissera plus faire ! Nous sommes maintenant encore plus nombreux à connaître nos droits !» « Camarade élu, la formation ECO-CE montre que toutes les instances sont très liées entre elles en cas de litige ou de conflit » CHSCT 9 au 13 mars et 16 au 20 novembre « Les points juridiques, mises en situation de réunion de CH, ordre du jour… m’ont permis d’améliorer mes connaissances et d’avoir des arguments face à l’employeur » « Viens faire cette formation, tu en ressortiras plus fort ainsi que la CGT !» « Super échanges entre tous les participants privé et public. Je rentre armée, inscrivez vous ! » Niveau 2 - 1ère partie 2 au 6 novembre Niveau 2 - 2e partie 23 au 27 marsà Courcelles « Stage enrichissant permettant d’acquérir de nouvelles techniques dans la bataille des idées et le rapport de force » « Venir en formation dépasse le simple cadre d’un apprentissage « scolaire », c’est aussi échanger sur la réalité du travail et les situations existantes. S’enrichir syndicalement, c’est s’enrichir humainement » « Ça redonne du sens au mot collectif, ça aide à se présenter devant les salariés en « étant porté » par notre organisation, on prend conscience que la CGT, c’est nous » « J’ai entendu, lu et vu des thèmes et des mots que j’avais cru disparus ! On est fier d’être syndicaliste et de retrouver les valeurs de la CGT » « Être à l’écoute, partager, échanger, se rassembler pour lutter et proposer des changements vers un monde sans capitalisme, courage camarades !» « Le combat syndical est un travail qui remet l’humain au centre de toutes les conquêtes, apprenons à être tous ensemble acteurs de ce combat et à transformer la société pour qu’elle soit à l’image de nos attentes ». La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 8 - Février - Mars 2015 - g actualités Transition énergétique Les enjeux, les pièges et les actions L’énergie est la question centrale des prochaines années. Elle touche le monde entier par le gaz à effet de serre. Elle concerne le confort et le pouvoir d’achat de toutes les familles françaises. Les privatisations menacent à la fois la sécurité d’approvisionnement et la stabilité des tarifs. La CGT mène l’action sur deux fronts : conserver aux personnels un statut menacé par la loi d’octobre 2014, encore en navette parlementaire ; expliquer aux citoyens les enjeux d’une partie complexe et vitale. « La Voix Syndicale » a demandé à deux militants CGT d’éclairer le dossier : Christophe Poilly, secrétaire général de la CGT Énergie 91, et Olivier Fégueux, de la Fédération CGT Mines-Énergie. La Voix Syndicale. Dans un débat publié sur le site de la FNME/CGT, « Transition énergétique : la face cachée de la loi », un intervenant estime que « certains amendements avaient été déposés et n’avaient qu’une seule finalité : libéraliser complètement la distribution d’énergie, que ce soit l’électricité et le gaz ». Estimez-vous que ces dangers ont disparu ? Christophe Poilly. L’Europe prévoit de finaliser l’ouverture des concessions. Les lois Métropole et Transition énergétique vont avoir un impact direct sur l’avenir de la distribution de l’électricité et du gaz. Elles vont permettent le grignotage des deux entreprises ERDF et GRDF au fil du temps, multiplier les acteurs, remettre en cause le monopole actuel et fragiliser les conditions de travail et le statut national des industries électriques et gazières . Olivier Fégueux. Je ne ferai pas ici la liste des 3 000 amendements au projet de loi, la plupart techniques, mais j’attire l’attention sur ceux qui visaient à augmenter les contraintes, obligations et charges Olivier Fégueux (DR) des distributeurs d’énergie (ERDF et GRDF). Certains souhaitaient remettre en cause le système actuel des concessions et prônaient une ouverture à la concurrence, voire une reprise de la distribution par les collectivités locales sous forme de SPL, sociétés publiques, mais de droit social privé. Si ces amendements n’ont pas été retenus, le danger est toujours présent avec l’entrée au Conseil de surveillance d’ERDF d’un représentant des autorités organisatrices du réseau de distribution, ou encore le fort lobbying de certains parlementaires pour donner la possibilité aux gestionnaires de réseau de plus de 100 000 clients, de s’extraire du mécanisme de la péréquation tarifaire est susceptible de remettre en cause ce fondement de la solidarité territoriale et donc conduire à terme à un effondrement du système actuel de la distribution ! Christophe Poilly (DR) Le fait de prévoir la remise aux autorités concédantes 18 mois avant l’échéance de la concession d’un inventaire détaillé et localisé du patrimoine concédé, peut sembler anodine pour les non-initiés… Mais c’est en réalité une porte ouverte en grand pour une remise en cause du système actuel des concessions, soit par une reprise par les collectivités locales, soit par une ouverture à la concurrence. Face à ces risques, la FNMECGT organise une veille nationale. Elle demande à ses organisations de se déployer en direction des élus sur tout le territoire en lien avec l’interprofessionnel. Il est indispensable de faire signer la pétition en direction des usagers et d’utiliser tous les moyens pour se faire entendre, aussi bien dans la rue que dans les entreprises. L.V.S. Dans votre syndicat en Essonne, la transition énergétique a-t-elle déjà fait l’objet de débats syndicaux ? Si oui, à quel niveau et sous quelle forme ? C.P. Oui, notre syndicat a débattu en CE de syndicat, et avec le personnel, sous forme de réunion du personnel et aussi par voie régulière de tracts venant de notre Fédé. L.V.S. Les débats sur la « transition énergétique » impliquent souvent que ce concept va de soi. Pouvez- LaLa Voix Voix Syndicale Syndicale - nouvelle - nouvelle série série - N° - N° 9793 - page - page 9 -9 Février - Avril -- Mai Mars 2014 2015 - - .../... g actualités vous rappeler ce que signifie cette expression pour la CGT ? O.F. 80 % des ressources de la planète sont utilisées par 20 % de la population. Ces ressources vont se raréfier ou pour le moins être plus chères à extraire. L’équation n’est pas simple à résoudre : produire plus d’énergie au niveau mondial tout en diminuant par deux les émissions de gaz à effet de serre. Pour la France, l’objectif est une diminution par quatre à horizon 2050. Pour la CGT, il faut en priorité s’attaquer aux deux sources les plus polluantes qui sont l’industrie et surtout les transports, mais aussi investir sérieusement dans la recherche pour trouver une solution à la captation du CO2, permettant la mise en œuvre de nouvelles filières d’avenir comme la biomasse. Le projet de loi « Transition Energétique » proposé n’est pas à la hauteur des enjeux posés et répond essentiellement aux exigences du capitalisme et des traités européens, donc la privatisation du secteur de l’énergie. Alors que la filière nucléaire est quasi nulle en rejet de gaz à effet de serre, le projet de loi entérine la fermeture de 24 GW de production électronucléaire, en diminuant la part du nucléaire de 75 à 50 %, soit la fermeture de deux réacteurs par an au cours des 10 prochaines années. La question de pénurie d’électricité à terme est posée. Pour la CGT, la recherche peut nous permettre de faire sauter des verrous technologiques et changer de modèle. Il faut créer les conditions d’économies d’énergie, d’efficacité énergétique, lutter contre le gaspillage d’énergie, qui tient principalement à l’organisation libérale de la société. Il faut agir sur l’isolation des logements, donc créer de l’emploi dans ce secteur, en sachant que la filière du bâtiment a perdu 70 000 emplois en deux ans. Il faut agir sur les transports, collectifs, multi-modal, fluvial, ferroviaire. C’est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre. Sur l’urbanisme, les gens doivent pouvoir habiter près de leur lieu de travail. Un véritable mix énergétique permettrait d’utiliser les énergies en complémentarité en privilégiant celles émettant pas ou peu de G.E.S, en travaillant aussi sur les techniques de capture du CO2. Il est nécessaire de renforcer notre filière nucléaire en termes d’approvisionnement face à la demande avec un haut niveau de sûreté, donc une maîtrise publique, tout en donnant les moyens pour l’Autorité de Sureté Nucléaire et l’IRSN d’être indépendants. Les questions de la sous-traitance se posent. Nous demandons la réinternalisation des activités sous-traitées avec un même niveau de garanties collectives pour tous les salariés du secteur de l’énergie. modèle social français. Montrer du doigt les prétendus régimes privilégiés accentue ce malaise social. L’opposition entre les salariés, chômeurs et retraités a toujours été le slogan du MEDEF. Avec la catastrophe nucléaire de Fukushima gérée par l’opérateur privé Tepco, le sentiment de danger nucléaire s’est accru, sans aucune analyse sérieuse. Nos centrales nucléaires doiventelles être gérées par le privé ou par un service public avec un haut niveau de sûreté ? La réponse de la CGT est oui au service public de l’énergie. Nous continuerons d’être présents avec l’interprofessionnel dans les lieux de débats, sur le pavé et dans les entreprises, pour contrer un projet de loi néfaste pour les salariés et les populations. L.V.S. Estimez-vous que les travaux menés au sein de la Fédération CGT Mines-Énergie sont suffisamment relayés par les bases professionnelles et territoriales ? C.P. Je pense qu’à ce sujet, on est en deçà de l’enjeu, que cela soit dans notre syndicat, les UL ou l’UD. Mais il est vrai que la finalité de cette loi n’est pas palpable et que la multiplication des attaques de tout genre, la loi Macron ou les prud’hommes, rend la tâche difficile. L.V.S. Pensez-vous que le « pôle public de l’énergie » que propose la CGT va de soi dans l’opinion publique ou qu’il faut en préciser davantage les contours et l’intérêt ? O.F. La France a déjà effectué plusieurs transitions énergétiques par O.F. Depuis 2012, notre priorité a été de confédéraliser les enjeux pour que chaque organisation interprofessionnelle, UD et UL, soit en capacité d’agir dans les débats mais aussi pèsent sur les initiatives revendicatives. Des débats et initiatives ont eu lieu sur l’ensemble du territoire mais nous pouvons constater un manque de participations militantes et citoyennes. Plusieurs raisons l’expliquent : les mauvais coups quotidiens des patrons et du gouvernement sur l’emploi, le pouvoir d’achat, l’inquiétude du lendemain pour les familles, la stigmatisation systématique de notre le passé. Elle a su mettre en place un service public national du gaz et de l’électricité pour répondre aux besoins du pays au sortir de la guerre. Fournir une énergie de qualité à un prix stable et bas était un formidable défi pour les usagers et pour l’industrie. Mais ce modèle social cohérent a été remis fondamentalement en cause dès les années 2 000 sous l’impulsion de Bruxelles. Avant la loi de privatisation d’août 2004, l’opinion publique était satisfaite du modèle énergétique français (EDF-GDF) mais depuis, elle s’est fortement dégradée. Après la privatisation, avec l’entrée des actionnaires, il a été créé une multitude La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 10 - Février - Mars 2015 - actualités de filiales d’EDF et GDF Suez avec, comme seul objectif, les profits ! En dehors d’un contexte national public, « intégrer » les filiales de production (RTE, GRT Gaz) et de distribution (ERDF, GRDF, Poweo, etc) ne peuvent fournir une réponse cohérente et optimale pour les usagers. L’énergie n’est pas une marchandise comme les autres. La CGT propose donc, de donner aux citoyens la maîtrise de ce secteur clé pour le fonctionnement de notre société en créant le Pôle Public de l’Énergie. Nous proposons de créer une structure juridique indépendante, qui fixerait un cadre législatif, une nouvelle nationalisation, à toutes les les usagers, dans les débats publics, de faire connaitre nos propositions cohérentes pour un réel service public de l’électricité et du gaz afin de porter ensemble nos exigences. entreprises du secteur de l’énergie. Le fonctionnement des entreprises serait démocratisé, les élus territoriaux et les salariés du secteur auraient des droits nouveaux ou renforcés et les associations d’usagers seraient concrètement impliquées. Le Pôle Public de l’Énergie favoriserait le développement des filières industrielles nécessaires aux réalisations à venir, financées par des fonds publics, échappant aux pratiques spéculatives. La CGT propose aussi de créer une Agence européenne de l’énergie, indépendante de Bruxelles avec pour mission de valoriser les groupements d’achats de long terme (le déficit de la balance commerciale est dû pour 55 milliards d’euros aux importations de pétrole et pour 16 milliards d’euros aux importations de gaz), la sécurité d’approvisionnement ou bien encore l’interconnexion des réseaux nationaux afin d’éviter les black-outs d’électricité et de gaz. Il est nécessaire d’en discuter avec risques sur notre statut passe vraiment dans le personnel. En tous cas, le personnel est informé régulièrement par voie de tract ! Il ne faut aussi pas oublier la forte implication et mobilisation de notre Section Retraités. Nous avons continué d’informer le personnel, nos « inactifs » ainsi que les usagers, pendant les mois de février et mars. Un préavis est aussi déposé par notre Fédé du 16 Février au 22 Mars, avec des interventions sur l’outil de travail et des interpellations de nos élus. L.V.S. Estimez-vous que vos collègues, syndiqués ou non, ont une vision précise des menaces statutaires de la loi du 14 octobre 2014 ? C.P. Je pense que le message n’est pas simple à faire comprendre. Beaucoup pensent que ce ne sont que des simples hypothèses et que la CGT en rajoute. Je pense qu’il faut malheureusement du temps pour que l’information sur les L.V.S. Une camarade de la Fédération, à propos de la journée d’action du 29 janvier 2015, dit « qu’il ne s’agit pas d’un mouvement corporatiste, mais d’une bataille d’intérêt général». Qu’en pensez-vous ? C.P. Nous avons organisé, sur tous les sites de l’Essonne, des réunions d’information, début janvier, sur la loi et la manifestation du 29 Janvier. La participation à ces réunions a été différente suivant les endroits, les évènements tragiques du mois de Janvier n’ont certainement pas aidé à mobiliser sur ce dossier ! Nous avons quand même mis en place deux bus à destination de la manifestation. Le taux de grévistes a été, en moyenne, de 20 % et 60 agents ont participé à la manif, malgré le temps pourri ! O.F. Le 29 janvier à Paris, à l’appel de la FNME CGT et FO, 17 000 agents se sont rassemblés pour défiler sur le pavé parisien. Notre cortège a ensuite convergé, avec la manifestation des cheminots qui étaient près de 15 000 pour s’opposer à la casse du service public des transports. C’est du jamais vu depuis dix ans dans notre corporation, avec des pourcentages dépassant les 50 % de grévistes dans un grand nombre d’entreprises et d’unités de l’énergie. C’est donc une majorité de citoyens, qu’ils soient cadres, agents de maîtrise, d’exécution et beaucoup de jeunes qui ont clairement exprimé leur opposition à la « ligne » patronale et gouvernementale d’austérité et de privatisation d’un secteur vital pour la nation. Dès maintenant, chaque député, chaque sénateur et chaque employeur va devoir prendre ses responsabilités face à une mobilisation croissante, que nous allons élargir davantage aux usagers. Le vote du 3 mars au Sénat n’est évidemment pas la fin de la dynamique engagée le 29 janvier. Les militants CGT continuent à informer, rassembler en AG les salariés du secteur de l’énergie sur les lieux de travail. La presse a beaucoup parlé de la coupure d’électricité qu’a connu Manuel Valls quand il était venu pour un meeting à Audincourt, dans le Doubs. Il a été réduit au silence pendant une heure. Nous voulions qu’il expérimente une des conséquences de la loi « Transition Energétique », avec la future flambée des prix. Ce sont 11 millions de familles en précarité énergétique qui subissent chaque jour la pression d’une possible coupure d’électricité ou de gaz. La bataille contre ce projet de loi ne peut être gagnée qu’avec l’intervention citoyenne. (Propos recueillis par Gilbert Dubant) La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 11 - Février - Mars 2015 - g actu - CSD Conférence départementale de la CSD 91 Nouveau collectif et nouvelles perspectives pour les territoriaux CGT La conférence de la Coordination Départementale Syndicale (CSD) s’est tenue à l’Union locale CGT de Corbeil-Essonnes les jeudi 12 et vendredi 13 février 2015. Elle ouvre de nouvelles perspectives aux syndicats des personnels territoriaux. tous déclinent avec un grand soin du détail et un investissement constant les choix programmatiques de leurs édiles. Certains, pour avoir été démocratiquement élus, n’en sont pas pour autant devenus propriétaires des lieux et des person- Une mauvaise réponse : le compromis boiteux, le repli sur soi, le profil bas… et l’illusion de confort qu’ils apportent. Une bonne réponse : la syndicalisation bien sûr ! Un choix pas toujours facile… les syndicats sont parfois pris de vitesse ; ils ont aussi leurs fragilités. L’histoire récente le rappelle. Et la discrimination guette plus que jamais les francs tireurs… Alors quelle meilleure solution que de fédérer nos forces, avec obstination, constance et visibilité ? Un besoin de changement 44 syndicats rattachés à des collectivités territoriales sur le département de l’Essonne regroupent des centaines d’agents de toute catégorie, militant quotidiennement pour le renforcement d’un service public de haute qualité, accessible à tous et sur tout le territoire. Les 12 et 13 février, à l’UL de Corbeil-Essonnes, plus de la moitié des syndicats étaient présents à la Conférence. Par leurs réponses à un questionnaire détaillé, tous ont eu l’opportunité de contribuer efficacement à l’élaboration du document d’orientation qui a été adopté pour les trois ans à venir. Face aux aberrations du quotidien Les participants à la conférence sont les militants du service public œuvrant pour les usagers de toutes générations. Qu’il s’agisse des personnels de services dédiés à la jeunesse et à l’enfance, à la politique de la ville, à l’entretien, à la culture, à l’action sociale, aux finances, etc, nels attachés aux services de leur collectivité. Pourtant, les agents, titulaires ou contractuels, et notamment les plus précaires d’entre eux, restent parfois confrontés quotidiennement aux aberrations d’une gestion versatile et de courte vue. Comment admettre la fuite en avant d’élus pressés de céder des pans entiers du service public à la soustraitance ? Comment défendre des missions de service public au sein d’équipes territoriales désormais soumises aux diktats de l’austérité et aux incertitudes du charcutage territorial à venir ? Combien de lauréats au concours… sans poste, combien de mises au placard, de carrières ralenties, de réorganisations de services à l’arrache, sans passer par le Comité Technique Paritaire (CTP), de chantage au régime indemnitaire, combien de fiches de poste incohérentes, d’évaluations bâclées ? Et combien de conflits, combien de souffrances ? Maltraitance locale et politique nationale régressive … Un syndicat, 10 syndicats, 40 syndicats, et plus encore à l’avenir, une Fédération des Services Publics, une Union Départementale, des Unions Locales et leurs centaines de syndicats d’entreprise, c’est bien ! Avec une Coordination Syndicale Départementale (CSD), c’est encore mieux. Cette cheville ouvrière permet un travail au plus près du terrain et s’est engagée à multiplier les passerelles d’un syndicat à l’autre, entre des problématiques partagées. L’expérience d’un territoire nourrit le combat des autres. Les syndicats les mieux armés ont eu l’occasion de manifester leur colère par des mouvements d’envergure, les pages de « La Voix Syndicale » en ont régulièrement rendu Les membres du nouveau collectif - Brigitte BUREAU, du syndicat des territoriaux de Draveil - Thierry DEKYNDT, du syndicat de Brétigny-sur-Orge - Anne FONTAINE du syndicat de la Communauté d’Agglomération d’Évry Centre Essonne - Isabelle GUERRIB du syndicat de Longjumeau - Derek MEUNIER, du syndicat de la Communauté d’Agglomération du Plateau de Saclay - Angélique TARRAGO, du syndicat de Verrières-le-Buisson La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 12 - Février - Mars 2015 - actu - CSD compte. De nouveaux syndicats se sont créés ces mois derniers, solidement épaulés par le collectif de la CSD, qui œuvrait depuis de longues années à leur renforcement en multipliant les rencontres avec les personnels, les AG et des modules de formations très diversifiés. Les élections professionnelles du 4 décembre ont confirmé notre position dans un contexte difficile. Chacun des participants à la conférence l’a senti : le besoin de rupture avec les pratiques en vigueur au sein de certaines de nos collectivités territoriales s’est unanimement manifesté. Cette volonté de changement a affecté aussi la CSD, qui en est ressortie remodelée à neuf et bien déterminée à mettre en place les réponses aux attentes les plus pressantes. Six membres ont été élus au Collectif et vont travailler de conserve. Le cahier des charges Le cahier des charges élaboré collectivement par l’ensemble des syndicats est clair et foisonnant : refonte de la communication, parrainage intersyndical, travail territorial affiné avec tous les secteurs professionnels, rencontres régulières entre Ce beau plan de bataille partagé ne sera gagnant que s’il est porteur d’une réciprocité indéfectible : que chaque militant conforte l’autre et élus, journées d’études thématiques, ciblage de la formation des élus au plus près de l’actualité revendicative et des besoins de terrain, meilleure utilisation du Cogitiel, orientation juridique, etc. Les besoins sont flagrants, les propositions abondent ; les réalisations ne suivront qu’avec la contribution et l’ambition de tous. la syndicalisation ira de soi. Notre syndicat doit redevenir désirable. C’est avec tous, usagers, salariés ou privés d’emploi, agents territoriaux chargés de la mettre en œuvre que nous, militants, imaginerons l’architecture, le contenu et l’organisation des missions publiques de demain ! Anne Fontaine Éduc’action Réforme sacrifiée, éducation prioritaire et formation professionnelle Les attentats de janvier 2015 ont mis les projecteurs sur le rôle de l’école. On a moins parlé des moyens impartis, de l’éducation prioritaire à la formation professionnelle. Les proclamations gouvernementales ne suffisent pas à masquer les manques criants des outils dont disposent les enseignants. Après les attentats de Charlie Hebdo, l’école a été mise en première ligne. On a demandé aux enseignants de réagir dans l’urgence, dans l’émotion, les supports pédagogiques n’ont été mis à disposition qu’une dizaine de jours plus tard. Il y a eu quelques attitudes provocatrices propres à l’adolescence, des propos et des réflexions de certains jeunes qui nécessitent des échanges, et non pas de la répression. Malheureusement, très rapidement, une crispation répressive a eu lieu. Il est nécessaire de défendre notre rôle d’éducateur. Une série de mesures a été annoncée, notamment de « Renforcer les actions contre les déterminismes sociaux et territoriaux » (mesure 8 de la grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République). On pourrait attendre un renforcement des politiques d’éducation prioritaire. Malheureusement, la « grande » réforme de l’Éducation prioritaire est sacrifiée sur l’autel de l’austérité. Comment s’annonce cette réforme ? La logique d’école en réseaux rattachés à un collège est rendue incontournable, cela génère des inégalités. Lorsque la sectorisation des collèges favorise la mixité sociale, dans les écoles, les collègues et les élèves sont privés de droits et de moyens ! La situation de certaines écoles qui accueillent des élèves défavorisés sans être rattachées à un réseau est donc problématique. En plus, comme tout doit se faire à budget constant, le nombre de réseaux est insuffisant. L’administration se retrouve obligée de mettre en place une liste complémentaire d’écoles « à attention particulière ». Mais c’est du bricolage, des écoles élémentaires entrent en éducation prioritaire, mais la maternelle voisine reste à l’écart. Contrairement aux promesses, la place des lycées ne semble plus être dans l’éducation prioritaire. Le LP Mendès-France à Ris-Orangis, le Lycée Doisneau à Corbeil qui accueillent des élèves fragiles socialement et scolairement, perdent des moyens à la rentrée prochaine! La difficulté sociale ne commencerait qu’en CP pour se terminer en 3e ? La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 13 - Février - Mars 2015 - .../... actualités Quelle situation pour la formation professionnelle ? Mais même dans les collèges qui entrent dans les nouveaux réseaux d’éducation prioritaire (REP et REP+), la situation se dégrade. Alors que leurs effectifs augmentent, certains perdent même des heures. Au collège Pablo Neruda de Grigny, établissement « REP+ préfi- Depuis plusieurs années, le rectorat prend prétexte de la saturation des lycées de certains bassins pour transférer les sections d’enseignement professionnel. L’année der- gurateur », les moyens pour la prochaine rentrée sont en baisse. Alors que cette année, l’effectif moyen en 3e y était déjà de plus de 27 élèves par classe. Beau symbole ! Comme souvent, beaucoup d’effets d’annonces, mais pas de vrais moyens ! nière, pour faire de la place pour les Secondes générales au Lycée Geoffroy Saint-Hilaire d’Étampes, plusieurs formations ont été transférées au LP Blériot. Cette année, nouveau jeu de chaises musicales. Cette fois, le projet est de transférer les bacs pro Gestion Administration du lycée Monge de Savigny vers Morangis. Tout cela, sans tenir compte des difficultés de transport pour les élèves. Les élèves de Seconde pro servent de variable d’ajustement pour résoudre les problèmes de manque de place en lycée… C’est symptomatique de la place actuelle de la voie professionnelle dans le système scolaire. Le lycée professionnel de Cerny a des formations réputées. C’est l’un des rares LP publics qui forme en aéronautique. Air France y recrute des élèves en fin de Seconde pour son CFA. Le lycée est agréé « PART », une Certification Aéronautique au niveau européen obligatoire pour que les élèves soient embauchés. Le cahier des charges de cette certification est extrêmement contraignant, il stipule que l’effectif des classes ne peut excéder 28 élèves. En voulant faire passer les classes à 30, on retire de fait la certification. À force de vouloir faire des économies, on prend des risques avec l’insertion professionnelle des élèves. Yannick Biliec Maison des syndicats d’Évry 3 heures pour les lycéens sans-papiers Samedi 7 février après-midi, la salle des congrès de la Maison des Syndicats d’Evry accueillait une initiative du RESF 91 (Réseau Education Sans Frontière), soutenue notamment par la CGT éduc’action, membre fondateur du Réseau. Dans la salle, jeunes régularisés, jeunes sans-papiers, représentants de plusieurs syndicats, éducateurs, assistantes sociales, professeurs, CPE et proviseur, associations essonniennes, élus du Conseil régional et du Conseil Général. Un diaporama a permis de rappeler quelques actions menées dans le cadre du RESF pour et avec les jeunes majeurs depuis 2008, puis une vidéo réalisée en 2007 a été diffusée, dans laquelle les jeunes expliquaient leur vie de sans-papiers. Plusieurs jeunes de cette vidéo sont ensuite venus témoigner de ce qu’ils sont devenus : Victor, assistant d’éducation, Verlain, analyste de base de données, Farnez, chargé de relation clientèle, père d’un enfant, Khaoula, en BTS, devenue française. Besma n’a pas pu se déplacer mais a témoigné dans « Le Parisien ». Elle est titulaire d’un master en développement urbain et social, travaille comme référente familiale, a obtenu la nationalité française, vient d’avoir un bébé. Ils insistent sur l’importance de se faire connaître, qui permet aussi de ne plus se sentir seul. Les obstacles Les témoignages et les échanges avec la salle ont été particulièrement riches et ont permis de toucher du doigt une dure réalité, mais aussi d’entrevoir des espoirs et d’entendre de belles personnes qui donnent confiance en l’avenir. Chacun a pu rappeler son engagement auprès des jeunes sans-papiers, l’organisation de la campagne de soutien, les actions de sensibilisation du personnel éducatif. Jean-Claude Auguin, de l’UL-CGT Massy, a pu faire utilement le lien avec les travailleurs sans-papiers, et la lutte syndicale qui a conduit à la régularisation de 20 000 d’entre eux, par la mise en place d’un rapport de force. Hakim Nadour, Conseiller Principal et militant CGT Educ’action de l’Essonne, a témoigné de la manière dont certains lycéens sans-papiers ont pu se faire connaître. « J’ai pu intervenir, au milieu de jeunes étudiant(e)s sans-papiers sur la difficulté d’entrer dans la vie professionnelle lorsqu’on n’a obtenu qu’un titre de séjour étudiant sans autorisation de travail, ce qui est souvent le cas pour nos lycéens sans-papiers. Alors qu’ils pensaient être tirés d’affaire, un second obstacle semble se dresser devant eux. Et ce n’est pas facile à vivre ». La conclusion de cet après-midi est venue d’elle même : le combat continue ! Frédéric Moreau, CGT Educ’action et RESF 91. La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 14 - Février - Mars 2015 - g actualités Conseils de Prud’hommes Éric Lesage : « Quand on veut tuer son chien… » La loi va transformer profondément, à partir de 2018, les pouvoirs et le fonctionnement des organes prud’homaux. Éric Lesage, président CGT du Conseil d’Évry, répond à la Voix Syndicale. La Voix Syndicale. La loi du 20 novembre 2014 autorise le gouvernement à prendre des ordonnances pour constituer les nouveaux conseils de prud’hommes. Le mandat des conseillers actuels est prolongé jusqu’au 31 décembre 2017. Comment la CGT se prépare-t-elle à ces changements ? Éric Lesage. Le projet du 20 novembre 2014 a été adopté par la loi du 18 décembre 2014 en procédure accélérée. La volonté est de supprimer purement et simplement les élections prud’homales résultant des lois Boulin de 1979, au profit d’un mode de désignation. Le gouvernement est autorisé, dans un délai de 18 mois, à prendre par ordonnance la désignation des Conseillers prud’hommes, en fonction de l’audience des organisations syndicales et patronales. La loi sur la représentativité est détournée de son but initial qui était la légitimité dans les négociations de chaque organisation aux niveaux des entreprises, des branches professionnelles et au plan national. Pour faire simple, il s’agit de la seule élection qui donne une vraie photographie sociale et «politique» du monde du travail. Une chose est sûre, c’est la volonté du gouvernement de légiférer par ordonnance, ce qui implique un affaiblissement du Parlement. Le 26 janvier dernier, une manifestation d’ampleur a eu lieu sur tout le territoire contre ce projet et des actions ont été menées dans bon nombre de Conseils de prud’hommes jusqu’au 17 février 2015, date de la scélérate loi Macron par le 49-3. C’est une loi « fourre-tout » qui traite aussi bien des prud’hommes Éric Lesage (DR) que du transport en autocar, de l’actionnariat salarié, du travail du dimanche et de nuit, de la réforme des notaires et j’en passe. Pour les prud’hommes, si rien ne bouge, nous devons être prêts pour affronter ce mode de désignation. Au terme des élections professionnelles dans chaque entreprise, l’audience syndicale est mesurée. Au niveau de chaque département, il sera procédé à la désignation des Conseillers prud’homaux dont le nombre sera fonction du pourcentage obtenu par chaque organisation syndicale. L.V.S. Quelles sont les dimensions de cette nouvelle donne ? É.L. L’enjeu est tout simplement colossal. Comment devons-nous nous préparer à une telle éventualité ? En premier lieu, le vote professionnel au sein des entreprises doit se passer dans les meilleures conditions. Cela peut sembler paradoxal, mais nous savons par expérience qu’au-delà de la présence syndicale au sein de chaque entreprise, il nous faut absolument prendre en considération l’établissement de protocoles préélectoraux en fonction des spécificités de chaque entreprise, selon la répartition du personnel des établissements concernés. Plus que jamais, nous devons exercer un contrôle accru de la part de nos délégués de liste sur les Présidents des bureaux de vote qui sont en charge de rédiger les procès-verbaux des élections professionnelles. Cela passe ensuite par une bonne information de nos délégués. Aujourd’hui, nous sommes submergés de listings relatifs aux procès-verbaux des élections professionnelles truffés d’erreurs. Pour bien comprendre le processus, la Confédération nous renvoie par l’intermédiaire du ministère les procès-verbaux des élections professionnelles qui ne peuvent faire l’objet d’un enregistrement sur le site du gouvernement. Et pour cause, il existe un trop grand nombre d’anomalies permettant de les valider sur le fichier « MARS », le site officiel du gouvernement. Ils ne peuvent donc être comptabilisés au titre de la représentativité. Comme par hasard, c’est la CGT qui, en premier lieu, en fait les frais. La rectification des procèsverbaux frappés d’anomalies relève de la seule initiative de l’employeur. Il y a urgence que nos élus CGT concernés par ce problème fassent pression auprès des employeurs concernés afin de rectifier les procès-verbaux litigieux. C’est malheureusement la seule voie de recours possible aujourd’hui, mais elle ne pourra que nous renforcer dans notre rôle de première organisation syndicale de défense des salariés. L.V.S. Sur quoi porte l’opposition de la CGT : le système de désignation par représentation syndicale, le rôle des magistrats, d’autres aspects ? É.L. La CGT est contre cette nouvelle loi, qui exclut la possibilité pour près de 5 millions de chômeurs de pouvoir prendre part au vote, sans compter les milliers de travailleurs étrangers. Mais ce n’est La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 15 - Février - Mars 2015 - .../... g actualités pas le seul élément d’opposition. Pour réformer les prud’hommes, le gouvernement s’appuie sur de nombreux rapports commandés par la garde des Sceaux remettant en cause l’efficacité de la justice en général, et plus particulièrement, la justice prud’homale. En 2013, l’état a été condamné 66 fois pour dysfonctionnement de la justice civile, pour un montant total de 190 000 €, dont 51 condamnations portant sur un déni de justice en matière prud’homale, d’où la nécessité de revoir en profondeur cette juridiction. Toutefois, si l’on s’en tient au raisonnement de notre gouvernement, c’est bien « l’arbre qui cache la forêt » La vraie question est pourquoi les juridictions civiles, qui ont toujours fonctionné de la même façon depuis plus de 50 ans, connaissent des difficultés sérieuses depuis une vingtaine d’années ? Tout simplement parce qu’au fil des ans, les gouvernements successifs n’ont pas mis les moyens nécessaires à son bon fonctionnement. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre connaissance du rapport biannuel de la Commission européenne pour l’efficacité de la justice (CEPEJ). En 2012, la France était 37e sur 45 pays, derrière la Géorgie, la Turquie, Chypre, et comptait 2,9 procureurs en moyenne pour 100 000 habitants alors que la moyenne européenne se situait à 11,8. Voilà ce que l’on nous cache. Il s’agit bel et bien d’un manque récurrent de moyens alloués à la justice. Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. L.V.S. Est-ce que loi nouvelle égale contraintes nouvelles ? É.L. L’extension de la formation restreinte, 2 conseillers au lieu de 4 sur demande du bureau de conciliation, aura comme conséquence inéluctable un engorgement supplémentaire et des jugements expéditifs encore plus défavorables aux salariés. Tous les conseillers prud’hommes doivent suivre une formation initiale obligatoire. À défaut d’y participer, ils seront considérés comme « démissionnaires ». Ils devront se conformer à des «obligations déontologiques » regroupées dans un recueil élaboré par le Conseil supérieur de la prud’homie. Une commission de discipline aura le pouvoir de prendre des sanctions contre les conseillers É.L. Voilà un argument qui ne date pas d’aujourd’hui. C’est vrai, mais comme d’habitude, aucun des rapports n’explique ce phénomène, ne donne les mesures pour des élections prud’homales idéales. qui auront manqué à leurs devoirs dans l’exercice de leurs fonctions : blâme, suspension jusqu’à 6 mois, déchéance et interdiction d’exercer la fonction de conseiller jusqu’à 10 ans ou déchéance définitive. Auparavant, les conseillers pourront se voir infliger un « avertissement » de la part des premiers présidents de Cour d’Appel, alors qu’il existe dans le Code du travail un chapitre consacré aux sanctions des conseillers prud’homaux manquant à leurs devoirs. Le projet crée surtout de nouvelles procédures visant à accélérer les jugements. Les litiges soumis à plusieurs Conseils de prud’hommes, et plus particulièrement des litiges portant sur les licenciements économiques, pourront être jugés par un seul conseil désigné par le président de la cour d’appel, ou par le président de la chambre sociale de la Cour de cassation si les conseils de prud’hommes ressortent de cours d’appel différentes. Alors oui, pour toutes ces raisons, la CGT est farouchement opposée à toute réforme remettant en cause les prud’hommes. Manifestation CGT en 2008 pour soutenir le Conseil d’Étampes, disparu depuis (La Voix Syndicale) L.V.S. Les partisans de la loi Macron mettent en avant la faible participation au dernier scrutin prud’homal de 2008 (25,63 % contre 62,07 % en 1979). Que dire des salariés qui n’ont pas pu voter lors des dernières élections, soit parce que l’employeur ne leur a pas permis de voter, soit encore que toutes les conditions n’étaient pas réunies pour permettre un vote loyal ! Que dire des travailleurs étrangers et des 5 millions de chômeurs qui ne pourront plus prendre part au vote ! Près de 70 % des salariés en Ilede-France travaillent dans des entreprises de moins de 11 salariés. On sait comment il est difficile de se syndiquer dans les petites structures. Plus encore, comment organiser un scrutin loyal des élections prud’homales au niveau des mairies dont dépendent ces entreprises ? On mesure donc immédiatement l’impact des conditions d’un scrutin prud’homal au sein de ces petites entités. La Voix Syndicale donnera dans son prochain numéro la suite de l’entretien avec Éric Lesage sur les conseils de prud’hommes. La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 16 - Février - Mars 2015 - g élections Renault-Lardy Forte progression aux élections professionnelles Du 3 au 5 février 2015 se sont déroulées les élections professionnelles du site de Renault-Lardy. Voici les principaux résultats par rapport aux dernières élections de 2010. Pour les élections du Comité d’Etablissement, il n’est pas facile de faire des comparaisons, car le périmètre a changé (en 2010, c’était Rueil – Lardy alors que pour 2015, c’est Lardy seul). Progression importante de la CGT par rapport à 2010 pour atteindre 49,3 %. La CGT confirme ainsi sa place de première organisation syndicale sur Lardy. Baisse de la CFE/CGC, qui reste malgré tout la 2e organisation syndicale (23,8 %) devant la CFDT (21,3 %) qui maintient ses résultats. SUD avec 5,6 % progresse peu et n’est pas représentative. La participation est en légère baisse (- 4 % environ) avec tout de même un excellent niveau de plus de 71 % de votants. Ces résultats sont le travail de toute l’équipe des élus de la CGT, mais aussi de tous ses syndiqués, candidats et sympathisants qui participent à l’activité syndicale de manière régulière avec nous. C’est le vote de tous les salariés qui partagent une partie de nos préoccupations, de nos revendications et de nos actions. Ces élections donnent également la représentativité syndicale sur l’établissement. Suivant la nouvelle loi de représentativité syndicale de 2008, SUD qui n’a pas obtenu 10 % ne sera pas représentative. Pour la CGT, les résultats au Comité d’établissement sont nettement supérieurs aux résultats en DP (+8,9 %). C’est une reconnaissance du travail et de l’investissement pour faire évoluer et pour moderniser le CE. Au 3° collège (Ingénieurs et cadres), la CGT avait fait une progression très significative avec un bond de 10 points entre 2006 et 2010. En 2015, cette progression se poursuit puisque plus d’un ingénieur et cadre sur cinq a voté pour la CGT (22,6 %). C’est un signe important que cette catégorie du personnel a voulu adresser à la direction. La CGT souhaitait obtenir un élu au 3e collège en CE, mais il manque seulement 2 voix. La CFDT progresse de + 8,1 % pendant que la CFE/CGC poursuit sa dégringolade (-12,9 %). élections Comité d’établissement Lardy CGT CFE/CGC CFDT SUD FO 2010 % CE titulaire (Rueil – Lardy) 2015 % CE titulaire (Lardy seul) 36,1 % 35,6 % 21,3 % 5,5 % 1,5 % 49,3 % 23,8 % 21,3 % 5,6 % / 2010 Nombre d’élus CE titulaire (Rueil – Lardy) 4 4 2 0 0 2015 Nombre d’élus CE titulaire (Lardy seul) 4 2 2 0 / CGT CFDT CFE/CGC 3° collège 2006 Rueil - Lardy 7,8 % 22,7 % 68,5 % 3° collège 2010 Rueil - Lardy 17,8 % 22,6 % 59,6 % 3° collège 2015 Lardy Seul 22,6 % 30,7 % 46,7 % Delta 2010 - 2015 + 4,80 % + 8,10 % - 12,90 % Élections Délégué du Personnel Lardy La CGT confirme là aussi sa place de 1ère organisation avec plus de 40 % des votants, mais avec un léger recul sur ces élections DP avec un report des voix sur SUD qui obtient un élu DP suppléant au détriment de la CFE/CGC. CGT CFE/CGC CFDT SUD FO % en 2010 DP titulaire % en 2015 DP titulaire 42,6 % 26,2 % 24,5 % 4,5 % 2,3 % 40,4 % 26,6 % 24,6 % 8,4 % / Élus CGT en DP Lardy On l’avait indiqué, les résultats de ces élections, au-delà de la représentativité de chacune des élections, c’est aussi et surtout des élus, des mandats, des moyens pour mener l’activité syndicale tout au long des 4 années qui vont venir. Ces résultats nous permettent d’avoir une équipe d’élus rajeunie et renouvelée avec 12 élus DP à Lardy. La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 17 - Février - Mars 2015 - g actualités La CGT confirmée première organisation à La Poste Les élections professionnelles qui se sont déroulées du 1er au 4 décembre 2014 ont permis d’élire les représentants des salariés qui siègent dans les instances locales et nationales. La CGT, au plan national, maintient sa première place avec 26,54 % des suffrages et conserve ses 4 sièges au Comité Technique national. En Essonne, la CGT FAPT a progressé de 1,8 % et a obtenu un siège en Comité Technique. Elle reste 4e organisation syndicale sur le département, mais réalise un bon score sur le site de Courtabœuf où la CGT obtient 40 % des suffrages, lui permettant d’avoir 2 sièges CHSCT en local. La participation à 75,63 % est en légère baisse par rapport à 2011. C’est le vote électronique qui a été mis en œuvre pour la première fois dans l’entreprise La Poste, créant entre autres une discrimination pour les métiers de la distribution, qui représentent encore la majorité des salariés et n’ont pu voter qu’à 66,5 %. À cela s’ajoutent de nombreuses irrégularités et anomalies constatées et dénoncées tout au long du scrutin. Et que dire de l’engagement partisan de la direction et de son PDG dans la campagne, qui ont organisé une opération de dénigrement des organisations syndicales non signataires de l’accord « un avenir pour chaque postier »! Globalement, ce scrutin électronique est intervenu dans un contexte de déstabilisation politique et sociale dans l’entreprise et au-delà, de restructurations incessantes, de destruction massive d’emplois, de recomposition syndicale ainsi que d’une campagne calomnieuse envers la CGT. La progression de la CGT sur le département est porteuse d’espoir et avec ses syndiqués, elle reste plus que jamais déterminée pour continuer à défendre les intérêts individuels et collectifs des personnels. Y.P. SNECMA CorbeiL recul de la CGT au CE et aux DP Les élections professionnelles de 2015 pour la SNECMA Corbeil n’ont pas été favorables à la CGT par rapport au scrutin précédent de 2011. La CGC perd également des voix au CE et aux DP. La plus forte progression aux deux suffrages est enregistrée par l’UNSA. Le recul de la CGT doit cependant être relativisé. Dans le 1er collège du Comité d’Établissement, elle reste la première organisation devant la CFDT, qui prend la tête dans le 2e collège et la majorité en sièges. Pour les Délégués du Personnel, la CGT obtient la majorité absolue (55,78 %) dans le 1er collège et passe de peu derrière la CFDT pour l’ensemble. La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 18 - Février - Mars 2015 - g actualités Désaccord NAO à Coca-Cola La profondeur du fossé Le 2 février 2015, les NAO (Négociations Annuelles Obligatoires) ont conclu à un constat de désaccord entre la direction et les quatre syndicats participants. L’intransigeance de la première et les divisions revendicatives des seconds sont les principales explications. La CGT demande 400 euros d’augmentation annuelle, le paiement d’un 14e mois, une prime annuelle de carburant, parmi les 20 revendications affichées. Une position très en pointe par rapport aux trois autres organisations (CFDT, FO, CGC). Cette dernière avait des demandes catégorielles et un souhait d’une « enveloppe globale de 3,5 % hors certifications et promotions ». La CFDT et FO se montrant également conciliants, la direction n’a pas eu de mal à diminuer encore. Résultat : une augmentation générale de 0,7 % en une fois, au 1er avril 2015 et 1,5 % pour les CDD. Le déficit d’emplois au plan national est donc de 111 sur une année (près de 4,7 %) pour revenir au niveau de 2002. L’unité de production de Grigny a un effectif de 245 salariés, dont 141 ouvriers et employés (57,55 %). La disproportion entre femmes et hommes est encore plus prononcée que dans les autres sites, puisque l’emploi féminin, tous statuts confondus, ne représente que 7,34 %. La principale revendication commune est bien entendu mesures individuelles et les primes les salaires, d’où la demande d’augmentation annuelle de la CGT. d’ancienneté. Rien à craindre donc pour un groupe international qui, pour la Disparition France, a enregistré 346 départs, dont 54 licenciements, et seulement 235 embauches, dont 67 L’USR perd Roger Diot Lyonnaise des Eaux Grève sur les salaires en février Les salariés de la Lyonnaise des Eaux et de ses filiales ont été appelés à débrayer du vendredi 20 au mardi 24 février 2015 par l’intersyndicale CGT, FO et CFDT. Ce mouvement est dû à l’obstination du groupe à refuser toute augmentation décente lors des NAO, en dépit de moyens financiers importants. L’intersyndicale estime « les dernières propositions toujours aussi désastreuses, 0,05 % pour les bas salaires ». Sont mises en parallèle les largesses pour l’actionnaire unique Suez Environnement, qui se voir créditer de millions pour racheter un concurrent ou changer de nom, pendant que les principaux dirigeants font des tournées de grands ducs gastronomiques. « Pour le personnel de Lyonnaise et de ses filiales qui sont la vache à lait de Suez Environnement, nous n’avons plus que du petit lait périmé, nous voulons aussi de la crème ! ». Après des NAO infructueuses, les syndicats CGT, FO, CFDT déposent le 13 février 2015 un préavis de grève. La direction les reçoit le 18, mais campe sur ses positions : augmentations individuelles. L’intersyndicale maintient son mot d’ordre. Les salariés refusent une deuxième année consécutive sans augmentation générale. Ils estiment que le discours de la direction se résume à un monologue : « Nous ne changerons pas de politique salariale pour 2015, nous sommes dans un univers contraint et notre position ne changera pas ». Les dirigeants de la Lyonnaise ont manifestement choisi un blocage complet du dialogue. Dès lors, la seule réponse syndicale est la construction d’un rapport de force capable de rétablir des négociations sur un terrain et un ton différents. Il est donc probable que le mouvement de grève de février 2015 ne restera pas sans suite. Roger Diot, né en janvier 1932, nous a quittés le 9 janvier 2015. Les retraités CGT de l’Essonne saluent la mémoire d’un camarade actif et sympathique. Il a été tour à tour peintre en bâtiment et métreur en peinture. Il s‘est syndiqué à la CGT au début de sa retraite, stimulé par son épouse. Il a pris rapidement ses marques auprès de l’organisation syndicale de l’USR CGT 91. Membre de la CE, il a été présent à toutes les réunions, à la mise sous pli de la Voix Syndicale de l’Essonne, a participé à toutes les manifestations et travaux. Il y mettait toute son énergie. Même déjà souffrant, il voulait montrer que le syndicat était pour lui, pour tous, un soutien et un espoir pour des jours meilleurs. Il fut victime d’un AVC en 2012 qui l’a obligé à se mettre en retrait de la vie syndicale. Ses camarades de l’UD, de l’USR et de la Voix Syndicale adressent un souvenir ému à Roger et leurs amicales condoléances à son épouse. La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 19 - Février - Mars 2015 - g actualités Carrefour Market : Mouvement maintenu et élargi pour les revalorisations de salaires La manifestation organisée par la CGT vendredi 20 a été retenue par la presse nationale, mais elle est la concrétisation d’un mouvement engagé depuis le 6 février dans les Carrefour Market, et qui devrait continuer. Moins de 1 100 euros net par mois, hors tickets restaurant et mutuelle, avec 19 ans d’ancienneté, c’est le salaire du délégué national CGT à Carrefour Market, Laurent Lamaury. Il a participé aux NAO qui ont précédé le déclenchement du mouvement le 6 février. « La direction est partie d’une augmentation des salaires de 0,1 % pour arriver péniblement à 0,6 % . C’est inacceptable ». Le mouvement se construit avec des disparités régionales, où émerge entre autres l’Île-de-France. « Les collègues de Carrefour Market gagnent encore moins que ceux des hypermarchés, qui ne sont pourtant pas bien payés », explique Martine Namèche, militante CGT du Commerce dans l’Essonne. « Et tous ont en prime les maladies, avec beaucoup de TMS (Troubles MusculoSquelettiques, NDLR), avec des souseffectifs et des cadences infernales ». Débrayages tournants La CGT organise depuis plusieurs semaines des débrayages ponctuels de quelques heures les vendredis, samedis et dimanches, dans les magasins où la mobilisation a mûri. Le mouvement parvient à constituer un rassemblement vendredi 20 février 2015 d’environ 150 salariés devant le siège du groupe à Boulogne-Billancourt. Sur le coup, la direction est ébranlée et promet un protocole de fin de conflit pour le 24, avant de se rétracter, probablement confortée par une NAO signée FO, CFTC, CFDT et CGC. « De 24 à 33 centimes d’augmentation par jour, une baguette de pain tous les deux jours », ironise la CGT, premier syndicat dans l’entreprise. « Nous n’allons pas nous résigner », commente Laurent Lamaury. « Tant qu’on n’aura rien, on continuera nos actions chaque week-end devant les magasins ». Des initiatives se préparent en Essonne et des arrêts de travail ont eu lieu à Verrières-le-Buisson le 6 mars et à Morangis le 7. La direction a une grosse marge de négociation, avec un chiffre d’affaires de + 3,9 % en 2014. De leur Au micro, Laurent Lamaury le 20 février devant le siège de Carrefour (DR) côté, les salariés n’ont que la CGT pour se défendre. Les élections professionnelles du 25 mars pour les Délégués du Personnel et le Comité d’Entreprise dans de nombreuses entreprises du commerce donneront des indications intéressantes sur la manière dont les salariés jugent la position des autres syndicats acquis depuis longtemps à la direction. L’épicerie pas très fine Sur le fond, la position de la direction est difficilement défendable si l’on regarde des chiffres fournis par le cabinet Secafi. De 2011 à 2013, sur 3 milliards d’euros de profits nets, 1,3 milliard a été versé versés aux actionnaires (soit 56 % des résultats) au détriment des salaires. De 2013 à 2016, Carrefour devrait percevoir 1,5 milliard d’euros d’aides publiques (issues de nos impôts) sans contrepartie et sans avoir de comptes à rendre. « La CGT est la seule organisation syndicale chez Carrefour Market à dénoncer les augmentations de salaires minables, alors que le groupe bénéficie depuis trois ans d’allégements fiscaux conséquents, et a touché 194 millions de CICE en deux ans », ajoute Laurent Lamaury. Travail du dimanche : L’UL CGT de Massy sur le terrain contre la banalisation Le 15 février était un dimanche particulier, où les militants de l’UL CGT de Massy ont décidé de militer tracts en main contre la loi Macron et la corvée dominicale. « Si la plupart des salariés de Leroy-Merlin et de - X % travaillent le dimanche, est-ce parce qu’ils s’ennuient ce jour-là ? Non, c’est parce qu’ils ont des salaires de misère ! Si des étudiants travaillent le dimanche, est-ce parce qu’ils ne savent pas occuper leurs loisirs ? Non, c’est parce que leur situation ne leur permet pas de suivre leurs études sans travailler ». L’argumentaire de l’Union locale a été distribué à 2 000 exemplaires dimanche 15 février entre 14 et 16 heures par une vingtaine de cégétistes de Massy et des environs, dans une ambiance amicale et interprofessionnelle. L’initiative était principalement dirigée vers les clients des deux enseignes visées, apparemment peu gênés d’être freinés dans leur fièvre acheteuse. « Globalement, nous avons été plutôt bien accueillis », dit la secrétaire générale de l’UL, Brigitte Gabriel, « certains ont même pris le temps de la discussion, créant ainsi de mini-embouteillages ». À Massy, la CGT a été rejointe par la CFE-CGC locale et l’organisation « Femmes Égalité ». Tous estiment que la banalisation du travail du dimanche profite aux grandes enseignes au détriment des petits commerces de proximité, en accentuant la flexibilité des horaires au lieu de permettre une réelle augmentation des salaires. « Elle va pénaliser les milliers de salariés du commerce qui sont des femmes, mettant en jeu leur santé, leur vie familiale ». La rémunération, elle aussi banalisée, sera à terme celle des jours de semaine. La CGT demande un Smic à 1 700 E mensuel et des bourses d’études adaptées. La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 20 - Février - Mars 2015 - g actualités Agora d’Évry et travail du dimanche La CGT prépare une nouvelle campagne Les vendeurs médiatiques du travail le dimanche devraient faire un tour au centre commercial d’Évry, l’Agora et trouver des vitamines pour le faire fonctionner en semaine. Fin janvier 2015, Mediapart a consacré un long papier à un commerce en plein marasme. 2 200 salariés, plus de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, incessant turn-over d’enseignes et de personnel, le portrait de Mediapart est durement lucide. « L’Agora d’Évry est en perte de vitesse économique à cause de la crise, de la concurrence des voisins plus modernes, de la saturation commerciale de l’Essonne, de la vente en ligne ». Le travail du dimanche ? « Le jeudi, il y a une nocturne et il n’y a personne à partir de 19 heures. Les gens n’ont pas de fric. C’est la crise. » Largement interrogé dans l’article, le secrétaire de l’UL CGT d’Évry, Jean-Louis Betoux, confirme. La Voix Syndicale. Où en est-on des ouvertures du dimanche ? Jean-Louis Betoux. Notre UL CGT a mené des actions à l’Agora en décembre dernier. Le constat est que le dimanche correspond plus à une sortie « culturelle » en famille qu’à une réelle volonté d’achat de la part des consommateurs. Plein de monde dans les allées, presque personne dans les boutiques ! LVS. Qui sont les salariés de l’Agora ? J-L.B. En grande majorité des jeunes femmes, souvent diplômées. La plus grande partie ont des contrats précaires à temps partiel subi. L.V.S. La CGT a mené une campagne à l’Agora en 2011. Elle a été bien accueillie, mais le syndicalisme ne semble pas avoir progressé. Pourquoi ? J-L.B. La jeunesse des salariés peut expliquer en partie la méconnaissance du syndicalisme, peu ou pas étudié dans les cursus scolaires et universitaires. Le faible taux de syn- Jean-Louis Betoux (DR) dicalisme s’explique tout simplement par l’impossibilité d’implanter des délégués du personnel dans les 200 enseignes de moins de onze salariés. À cet effet, la CGT revendique l’installation d’un syndicat multi-professionnel au sein même du Centre Commercial. En 2011, l’UD 91 et l’UL CGT d’Évry avaient mené une campagne de sensibilisation syndicale (DR) L.V.S. L’UD 91 est aux portes de l’Agora. Pourquoi les salariés ne viennent-ils pas se renseigner ? J-L.B. Bien sûr que les salariés connaissent l’adresse de l’UD à proximité, et aussi de l’UL, mais souvent trop tard, quand le mal est fait, quand la lettre de licenciement vient d arriver à domicile. Notre rôle se limite trop souvent à jouer au pompier de service, à obtenir réparation des vies privées plutôt qu’à anticiper. L.V.S. La Fédération CGT du Commerce a-t-elle une activité en relation avec l’UD et l’UL sur l’Agora d’Évry ? J-L.B. Oui, notre Union locale a engagé un travail de fond avec toutes les structures de la CGT, en relation avec un camarade de la commission Exécutive de la Fédé du Commerce, Pascal Zoublir, qui est aussi membre de la C.E. de l’U.D. L.V.S. L’initiative de la CGT en 2011 avait été positive. Pourquoi n’a-t-elle pas été renouvelée depuis ? J-L.B. Les contacts n’ont jamais été rompus, mais il nous faut aujourd’hui frapper plus fort pour dénoncer le coup de force du gouvernement pour faire adopter la loi Macron au travers du 49-3 et réaffirmer notre opposition à l’ouverture du centre commercial le dimanche. L.V.S. Concrètement, quelles formes prendra cette nouvelle campagne CGT ? J-L.B. Nous voulons nous adresser à tout le monde, employeurs et salariés. On va interpeller les employeurs par une adresse aux commerçants indépendants, aux gérants, aux franchisés, toutes enseignes confondues, sous la forme d’une lettre publique revendiquant le droit des salariés de se syndiquer et de se structurer quelque soit la taille de l’entreprise. On va également interpeller les pouvoirs politiques, et en particulier le maire socialiste d’Évry sur leur pouvoir de dire non à cette société consumériste. Nous revendiquons le droit pour tous au repos hebdomadaire consacré à la famille, à la culture, aux sports, etc. L.V.S. Sur le respect du Code du Travail, la DIRECCTE 91 a-t-elle été saisie par la CGT d’infractions à la législation ? J-L.B. Bien sûr que la DIRECCTE est saisie par la CGT ou par les salariés, mais les moyens matériels et humains sont en constante diminution, avec des inspecteurs non remplacés et des visites inopinées quasiment nulles dans les petites enseignes. D’autre part, on ne peut pas dire que la répression des fraudes à la consommation soit très active dans ce centre commercial... Il est plus facile de licencier un étudiant salarié qui a écoulé gratuitement des sandwichs à la fermeture d’un magasin que de contrôler les arrière-boutiques de certaines enseignes... La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 21 - Février - Mars 2015 - (Propos recueillis par Gilbert Dubant) g Histoire L’UL CGT de Corbeil-Essonnes a 110 ans De la société des chapeliers à l’intervention économique En 2015, l’Union locale CGT de Corbeil-Essonnes aura 110 ans. Le texte suivant est tiré d’une conférence donnée en mars 2012 aux Archives départementales de l’Essonne par Sylvie Contrepois, sociologue. En 1793, la loi Le Chapelier interdit les corporations. Les grèves et les organisations syndicales sont horsla-loi jusqu’en 1884. Cependant, des organisations apparaissent au cours du XIXe siècle. Dans le bassin de Corbeil-Essonnes, la première société de secours mutuel naît en 1833, à l’initiative des ouvriers de la manufacture textile de Chantemerle. Elle s’installe d’emblée dans une relation assez coopérative avec le pouvoir local, comme premier épargnant de la Caisse d’Épargne de Corbeil, dès sa fondation en 1835. Sachant que le fondateur de cette caisse d’épargne n’est autre qu’Ernest Féray, le patron de la filature de Chantemerle, on peut s’interroger sur l’indépendance de la société de secours mutuels. La première initiative d’organisation professionnelle semble celle de la société des chapeliers d’Essonnes dès 1876. Cette initiative reste longtemps isolée. Le 29 mars 1881, le Préfet écrit : « Il ne s’est produit dans le département de Seine-et-Oise pendant l’exercice 1880, aucune grève qui mérite d’être signalée à votre attention (…) Les rapports entre ouvriers et patrons sont généralement faciles dans ma circonscription et la plupart des difficultés qui surviennent se terminent presque toujours à l’amiable et sans que mon administration ait à intervenir, à quelque titre que ce soit ». En 1899, cinq organisations naissent à Corbeil et Essonnes. Le premier constat est celui de leur précarité. Plusieurs dissolutions interviennent très rapidement. Cette fragilité a pour première raison l’isolement dans lequel se trouvent la plupart des groupements, que la CGT créée en 1895 ne suffit pas à rompre. Cette confédération est faiblement structurée à ses débuts et elle n’est pas encore en mesure d’apporter un soutien efficace aux initiatives locales. La filature de Chantemerle (Fonds Breteau). 1905 : sept structures unies dans l’indépendance Il faudra attendre 1905 pour que les syndicats de Corbeil et d’Essonnes créent une UL, « l’union des syndicats de Corbeil-Essonnes”. Elle regroupe sept organisations. Les buts affichés affirment l’indépendance matérielle vis-à-vis du patronat, des notables et des partis: « L’union interdit dans les assemblées toute discussion politique, en conséquence, l’union n’adhère à aucune organisation politique et ne participera à aucun congrès politique. Chacun de ses membres restant à cet égard libre de faire individuellement ce qui lui convient ». Une certaine forme d’échange avec les autorités est recherchée, à travers des demandes de subventions d’activités ou de la mise en place de premières institutions. Une première alliance s’est construite pour obtenir la création du tribunal des Prud’hommes à Corbeil, qui commence à fonctionner en 1902. Toutes les organisations ne sont pas affiliées à la CGT et celles qui le sont semblent avoir une autonomie assez importante. Ce syndicalisme cherche surtout la conciliation. La première guerre mondiale, la révo- lution russe, la création du PCF en 1920, le Komintern et l’ISR (Internationale Syndicale Rouge) dirigées par Moscou, la scission de 1921 à 1936 entre Confédérés et Unitaires à la CGT vont changer l’esprit et la forme des activités. L’affaire Campanaud De 1919 à la fin des années 60, on observe une très importante évolution du statut et de la place des organisations syndicales. Dans la région de Corbeil-Essonnes–Évry, l’affaire Campanaud est intéressante. Elle survient en février 1920 chez les cheminots du PLM. Jean-Baptiste Campanaud, menuisier au dépôt de Villeneuve Saint-Georges et responsable de la propagande syndicale, sollicite une permission de deux jours auprès de la direction de la Compagnie pour assister à la réunion de la commission administrative de l’Union des syndicats PLM, qui se tient à Dijon. Son congé est refusé, mais Campanaud passe outre, arguant que la Compagnie lui avait promis d’accorder toutes facilités aux délégués pour mission syndicale. Il est sanctionné d’une mise à pied de deux jours, ce qui déclenche immédiatement la grève de 1600 cheminots au dépôt de Villeneuve Saint-Georges ; grève qui s’étend rapidement à l’ensemble du PLM en un mouvement de grève géné- La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 22 - Février - Mars 2015 - histoire Les salariés de Decauville en grève, 1906. (Fonds Breteau) rale. Au cœur des revendications, il y avait bien sûr le respect du droit syndical, mais aussi le statut des cheminots et l’échelle des salaires. La grève, moyennant une interruption de quelques semaines, perdure finalement jusqu’au mois de mai, se solde par un échec et la révocation de 18 000 salariés. Les appareils syndicaux se constituent La période 1919-1970 voit apparaître quatre nouvelles confédérations : la CFTC en 1919, la CGC en 1944, FO, issue d’une scission de la CGT en 1947, et finalement la CFDT en 1964. Cette évolution du paysage syndical n’est pas immédiatement visible dans la région de Corbeil-Essonnes – Évry, où la CGT reste de loin l’organisation majoritaire jusque dans les années 1980. De 1919 à la fin des années 60 se constituent de véritables appareils syndicaux avec des permanents et Pendant ses 30 années de direction communiste, l’équipe municipale a soutenu les luttes des salariés. Ici, Roger Combrisson et Aline Marti intervenant au cours d’un meeting des travailleurs de l’imprimerie Hélio en grève. (Fonds Breteau) l’acquisition d’un patrimoine immobilier. L’Union syndicale CGT de Corbeil-Essonnes, qui a demandé pendant plusieurs décennies aux autorités locales le financement d’une Bourse du travail, sans succès, parvient à acheter un bâtiment dans les années 1930, grâce à une collecte. Progressivement, les UL parviennent à financer des permanents. Les syndicats locaux fournissent, par ailleurs, de nombreux militants pour les directions fédérales et confédérales. André Malterre, directeur des services administratifs et juridiques des papeteries Darblay, a été secrétaire général adjoint de la CGC dès 1947 et il en devient le secrétaire général en 1950. Roger Combrisson, Maire de Corbeil-Essonnes, fut le secrétaire général du syndicat national des cadres CGT de la SNCF de 1953 à 1959. 1968 : les salariés entrent dans l’économie Les conflits sociaux ont principalement concerné les salaires, la reconnaissance des qualifications professionnelles, les carrières, les conditions de travail, le temps de travail… Cette amélioration de la condition salariale prévaut également dans la gestion municipale de la toute nouvelle ville de Corbeil-Essonnes (1951). Ainsi, l’équipe municipale du communiste Roger Combrisson comprend une dizaine d’ouvriers des entreprises de la ville et oriente son action sur le développement d’équipements collectifs et de services publics de proximité accessibles par tous. En revanche, la question de l’exercice du pouvoir syndical dans le champ économique est très peu abordée. Le mouvement de 1968 repose avec force la question du pouvoir d’intervention des salariés dans le champ économique. Dès le début des années 1970, les salariés de la Snecma se mobilisent en faveur de la réorientation de l’entreprise vers la production de moteurs civils. Avec la crise, on voit se développer de nombreuses luttes locales, au cours des années 1970, pour empêcher les plans de licenciement ou les fermetures d’entreprise. Les syndicats prennent l’habitude d’interpeller les élus locaux et l’opinion publique. C’est notamment le cas lors des restructurations de la Néogravure ou de la Papeterie. Après 1981, les lois Auroux développent la démocratie dans les entreprises (droit d’expression, CHSCT, prérogatives économiques des CE), mais les syndicats des entreprises traditionnelles mettent du temps à s’en saisir, sauf lors des restructurations ou fermetures. Ainsi, les droits d’expertise économique ont été mobilisés à la Papeterie à la fin des années 1990 pour tenter d’empêcher la fermeture définitive de l’entreprise. De même, les salariés de Belin à Ris-Orangis ont alerté l’opinion publique sur le comportement économique irresponsable de Danone. Plus récemment, les syndicats d’Hélio Corbeil se sont mobilisés pour reprendre leur entreprise dans le cadre d’une SCOP. Même si l’unité de production a fermé, l’affaire Danone a donné lieu à de nouvelles tentatives législatives sur le rôle de veto que pourraient jouer les CE en cas de restructuration. Malgré la crise et un affaiblissement général, mais non univoque, il existe toujours un renouvellement des forces syndicales et un fond de contestation sociale (1986, 1995, 2002, 2010). On peut donc envisager que l’action syndicale dans le champ économique puisse prendre beaucoup plus de force. La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 23 - Février - Mars 2015 - Sylvie Contrepois g www. essonne.fr TOUTE L’ACTUALITÉ DE VOTRE DÉPARTEMENT PARTOUT AVEC VOUS