La Voix Syndicale de L`Essonne

Transcription

La Voix Syndicale de L`Essonne
de l’Essonne
Prix 1,50 €
N° 97
Bimestriel de l’Union Départementale CGT de l’Essonne
Corbeil-essonnes et la CGT
110 ans de vie commune
SOMMAIRE
pages
22 - 23
Transition énergétique
Deux professionnels
CGT éclairent
pages 9 - 11
CGT
Éduc’Action
91
refuse une
réforme
sacrifiée
Comité Général de l’UD
les 18 et 19 juin (p. 4)
La maternité de Dourdan
enfin visible du Conseil
général (p. 5-6)
Formation syndicale :
le programme 2015 (p. 7-8)
Nouveau collectif pour la
CSD Territoriaux (p. 12)
Macron flingue les
Prud’hommes (p. 15-16)
Renault-Lardy : poussée
électorale CGT (p. 17)
Carrefour Market :
le mouvement pour les
salaires se développe (p. 19)
Dimanche bidon dans
Agora sinistrée (p. 21)
page 13
12 Place des Terrasses de l’Agora 91 034 évry Cedex
Directrice de publication : Véronique Josien
tél. 01 60 78 28 41 - fax 01 60 78 55 43 - [email protected]
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Merci Charb l’UD CGT 91 !
- La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - Février - Mars 2015 -
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La Voix Syndicale
de L’Essonne
Entre
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éditorial
Nouvelle page et nouveau stylo
D’octobre 2014 à février
2015, la confédération
CGT a traversé une zone
de turbulences. Les remous ont touché toutes
ses organisations. Ils ont
bousculé la sensibilité de
nombreux militants. Pour
celles et ceux de l’Essonne, il s’agit de repartir
du bon pied. L’Union départementale est décidée
à prendre toute sa part.
Les évènements qui ont
fait basculer notre CGT
dans la rubrique des faits
divers appartiennent au
passé. Il nous faut retrouver une dynamique revendicative forte. C’est ce que
nous attendions, dans le
91 et ailleurs.
Avec une élection à plus de
80 % du nouveau Bureau
confédéral et du secrétaire
général, nous avons fait
face à nos responsabilités
sans céder aux pressions.
Elles étaient pourtant
fortes. Nos adversaires de
toujours, patronat et libéralisme politique, ont utilisé les ficelles médiatiques
habituelles, mensonge et
mauvaise foi, pour nous
salir. Quelques bons amis
de la gauche caviar ou foie
gras leur ont donné un
coup de main. Ils ont perdu, mais ceci doit servir
d’avertissement.
Nous ne devons accepter aucun manquement à
l’intérieur de notre organisation. L’honnêteté qui est
la marque de nos militants
ne le tolérerait pas.
Les marionnettes
libérales
Aujourd’hui, nous retrouvons la CGT combative
que les salariés attendent
sur le terrain de la lutte
pour le progrès social.
Celle que l’on attend à
chaque rentrée sociale,
celle qui s’insurge du sort
fait à nos camarades dans
les entreprises, celle qui
revendique, celle qui va
fêter ses 120 ans de combats et qui rappelle son
engagement dans la Résistance et pour les avancées sociales.
Les terrains de lutte ne
manquent pas. Accouchée
au forceps du 49.3, la loi
Macron est une compilation de 500 pages de libéralisme à mettre en œuvre
par celui qui dénonçait la
finance au Bourget en 2012
et son complice-concurrent Manuel Valls. Elle est
aussi une insulte à l’intelligence. Qui va croire que
remplacer la SNCF par Eurolines développera l’emploi ? Que la concurrence
entre notaires va créer
des usines ? Que flinguer
les Comités d’Entreprise
va augmenter le pouvoir
d’achat ?
Pendant ce temps-là, les affaires continuent, business
as usual… Des preuves ?
54 milliards de dividendes
distribués en 2014, plus
qu’en 2007 avant la crise !
Les révélations « Swissleaks » sur les évadés fiscaux européens et français pointent un total de
2 000 milliards d’euros
disparus. Et l’argent manquerait aux États ? Le premier qui rigole touche un
dividende.
Les traders troïka qui
gèrent Bruxelles et Berlin
veulent étrangler la Grèce
de Syriza. La CGT a affiché
son soutien au peuple grec
et appelé au rassemblement du 15 février. Nous
en sommes fiers et nous
continuerons. L’Europe n’a
aucune vocation à être un
laboratoire financier écrasant les luttes sociales. La
lutte de classes n’est pas
une expression obscène
ou obsolète. Elle existe
comme l’oxygène dans
l’air. C’est le capitalisme
qui produit l’effet de serre.
Le bla-bla
ou la négo ?
La loi Macron fait remonter les pires remugles des
heures sombres du salariat : travail de nuit, du dimanche, aliénation au travail, soumission complète
du travailleur au capital.
Ensemble de mesures
pour relancer l’économie ? Foutaises ! En fait
catalogue de régressions,
comme le montrent les
exigences du Medef: fusion des CE et CHSCT,
seuils sociaux, informations au CE réduites, mise
sous tutelle des Conseils
de Prud’hommes, droit
de grève rétréci… Gattaz
et Valls appellent ça dialogue social. Le nom exact
est bla-bla réformiste. La
CGT n’est pas là pour signer ce que le patronat a
déjà décidé avec ses relais
gouvernementaux.
Dialoguer n’est pas négocier. L’indispensable négociation est fondée sur un
rapport de forces. Celuici est créé par les luttes.
Ce n’est pas très difficile
à comprendre. Sans des
luttes de masse, menées
démocratiquement
par
des salariés bien organisés, le stylo syndical ne
peut signer que des capitulations.
La CGT à tous ses échelons a besoin d’analyses,
de
discussions,
mais
surtout d’actions. Les
contacts permanents de
l’UD 91 et des militants de
l’Essonne montrent dans
ces dernières semaines
une soif accrue d’intervention dans une économie et un système social
français qui se délitent.
Les premières déclarations de Philippe Martinez
indiquent cette direction.
La décision de faire du 9
avril 2015 une large journée d’action interprofessionnelle et intersyndicale
est une bonne nouvelle.
Notre UD en fait un objectif prioritaire.
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 3 - Février - Mars 2015 -
Ollivier Champetier
La Voix Syndicale
Ont participé
à ce numéro 97
de la Voix Syndicale
Intervenants:
Yannick BILIEC
Pierre BENOIT
Jean-Louis BETOUX
Cécile CAVELIER
Ollivier CHAMPETIER
Catherine DEGROOTE
Gilbert DUBANT
Éric DUMAS
Olivier FÉGUEUX
Anne FONTAINE
Florent GRIMALDI
Véronique JOSIEN
Éric LESAGE
Catherine LUBIN
Frédéric MOREAU
Hubert LASSERRE
Christophe POILLY
Yves PRADILLO
Administratif
et technique :
Brigitte BLANCHE
Publicité :
COMEDIANCE
01 49 22 74 57
g
ACTU - UD
18 et 19 Juin 2015
Pourquoi un Comité général de l’UD CGT
de l’Essonne ?
Le Comité Général est l’instance
statutaire d’une Union départementale CGT entre deux congrès.
L’Essonne en tiendra un les jeudi
18 et vendredi 19 juin 2015 à la
Maison des Syndicats d’Évry.
Plusieurs raisons expliquent cette
tenue. D’abord un besoin de faire le
point départemental. Deux ans ont
passé depuis le dernier congrès
de l’UD 91. Les changements n’ont
pas manqué, dans la CGT et l’UD
de l’Essonne. Cela mérite examen.
La direction confédérale (voir
page 3) a connu depuis l’automne
2014 des remous qui se sont
répercutés dans le syndicalisme et la société. La crise
a été surmontée, mais les
questions d’orientations sont
toujours là. Chaque organisation doit y participer.
La direction de l’UD 91 ne
s’est jamais départie d’une
analyse fondée sur la lutte de
classes dotée d’une organisation de masse. Un Comité
général est un repère et une
impulsion. « Nous avons besoin de fixer ensemble nos
priorités, la résistance que nous
engageons face à l’austérité ne se
suffira pas d’échanges de mails ! »,
résume Ollivier Champetier.
La boussole collective
Le résultat de la journée du 9 avril
sera une indication sur la capacité
syndicale à combattre l’austérité.
« Nous allons avoir besoin de toute
notre CGT, de toute l’efficacité de
nos structures pro et interpro pour
se lancer dans cette bataille. Le
9 avril n’est pas un « one-shot ».
La réussite se démontrera dans
notre capacité à poursuivre cette
construction interprofessionnelle.
Depuis longtemps, nous déplorons les appels successifs des professions, certes légitimes, mais
souvent isolés et usant à terme les
militants. Notre problème n’est pas
de faire ou ne pas faire, mais tient
plus à notre dispersion ».
L’UD CGT 91 vit depuis toujours
dans un organigramme fluctuant
où territoires et professions sont
les abscisses et ordonnées, avec
leurs UL, USD, CSD, bases, UP,
etc. Dans cette diversité, des structures se créent, se développent,
s’étiolent et renaissent. Toutes ont
besoin de complémentarité et de
solidarité. C’est le rôle d’un Comité général et d’un Congrès de les
convier régulièrement, et même
exceptionnellement si la situation
le demande.
C’est le cas aujourd’hui. L’URIF
CGT réunit le 26 mars l’ensemble
des Unions Locales d’Île de France
pour une réflexion commune débouchant sur plus d’efficacité.
Le Comité Général des 18 et 19 juin
2015 est de la même eau. « Nous
avons réellement besoin d’être
en position de décider pour améliorer nos fonctionnements, sortir des constats sur nos difficultés
pour s’engager vers les nécessaires
transformations », estime le Bureau
de l’UD. « Comment traiter, informer,
alerter un maximum de salariés sur
l’ensemble des champs de négociations imposées et leurs conséquences sociales pour le monde
du travail, si nous ne sommes pas
nous-mêmes investis ? »
Lucidité
et mobilisation
L’année 2015 est surplombée par
un anniversaire, les 120 ans de la
CGT. « L’histoire est un combat syndical », dit l’IHS CGT Île-de-France,
qui a réalisé avec l’URIF une exposition consacrée à la CGT régionale
depuis 1895. Celle-ci sera présente
au Comité Général.
La mémoire collective a tendance
à ne retenir que les pages lumineuses : la lutte pour la journée de
8 heures et la paix avec Jaurès, les
congés payés du Front Populaire, l’épopée de la Résistance, les conquêtes de la
Libération, les acquis de 68
ou de 81. Les scissions de
1921 et 1947, le reflux des adhésions dans les années 90,
les crises d’orientation récentes ont moins de succès
dans les sagas populaires.
C’est une erreur de cacher la
poussière sous le tapis.
À regarder seulement les lumières, on oublie les structures qui conditionnent la
vie actuelle de la CGT, empilées au
fil des années. Témoignages historiques, mais aussi maquis pour initiés où le salarié lambda de bonne
volonté se perd facilement. Faciliter l’accès de tous à une activité
syndicale immédiatement perceptible est une nécessité impérieuse.
Les luttes qui réussissent ne sont
pas issues du « dialogue social »
entre pouvoirs publics bienveillants, patronat motivé et syndicats bien élevés. C’est le décor
rêvé de la signature d’un accord,
mais la condition sine qua non
est une mobilisation de masse en
amont. La CGT doit être au départ
et à l’arrivée. C’est le programme
du Comité Général de juin 2015.
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 4 - Février - Mars 2015 -
G.D.
g
LUTTES
Santé publique et incohérence de l’A.R.S.
La maternité de Dourdan en lutte
est enfin visible du Conseil général
Décrire la santé publique comme victime de l’austérité est une triste banalité. La future « loi Touraine » et la
politique continue de l’ARS (Agence
Régionale de Santé) confirment.
Cependant, de fortes résistances
s’amplifient et remportent des succès. Les actions de la population et
des syndicats dans le maintien de
la maternité de Dourdan et du service de réanimation de l’hôpital d’Arpajon le montrent.
Les dossiers prennent une
dimension politique avec la
motion du Conseil Général
de l’Essonne fin janvier 2015.
Dans le second semestre
2015, la ministre Marisol
Touraine déposera une « Loi
Santé » à l’Assemblée nationale. « Ce projet aborde une
nouvelle organisation de
soins au plan national pour
les hôpitaux publics et renforce les
pouvoirs des ARS », estime la responsable de la CSD Santé 91, Catherine Degroote. « Il accélère la marchandisation de la santé, aggrave
les inégalités à l’accès des soins
pour tous et entre les territoires.
Cela dégage le gouvernement d’une
garantie de soins de qualité à chacun, quels que soient ses moyens
financiers et sa résidence ».
600 bébés recherchent
des anesthésistes
Il s’agit, par « économies d’échelle »
et logique comptable, de regrouper
arbitrairement des activités et des
personnels sans tenir compte des
réalités humaines. Le cas de la maternité de Dourdan est emblématique.
L’ARS Île-de-France veut fermer
cette maternité pour la transférer sur le site d’Étampes du CHSE
(Centre Hospitalier Sud-Essonne).
Pour justifier une décision purement administrative, il faut des
prétextes. En province, le seuil des
300 accouchements par an a été
utilisé au nom de la « sécurité » des
parturientes pour fermer des sites.
À Dourdan, échec statistique.
« La maternité de Dourdan assure
entre 500 et 600 accouchements par
an, elle ne tombe donc pas sous le
couperet des 300 », rétorque Catherine Lubin, auxiliaire puéricultrice
et responsable CGT. L’ARS explore
donc un autre terrain : les personnels nécessaires ne seraient pas là.
Catherine Lubin parmi les manifestants
du 27 janvier (DR)
« Nous rencontrons des problèmes
de démographie médicale, comme
beaucoup d’établissements, concernant surtout les anesthésistes et
bientôt les pédiatres, ainsi que les
gynécologues obstétriciens », dit la
syndicaliste. « C’est pour cela qu’ils
veulent regrouper les naissances
sur le site d’Étampes, mais la CGT
n’est pas convaincue de l’efficacité
et de la volonté de la recherche de
candidatures. Nous avons demandé
une commission de transparence
pour les appels à candidatures, car
d’après la direction, il y aurait eu 26
candidatures d’anesthésistes depuis
juillet 2014, mais aucune n’a été retenue. Bizarre, non ? Si l’on veut fermer
un site, c’est toujours facile de dire
qu’il n’y a pas assez de médecins ».
La réunion animée
du 27 janvier
L’intersyndicale CGT, CFDT et SUD
mobilise la population et les personnels. Début 2015, plus de 100
personnes venues de Dourdan,
Étampes et Arpajon sont reçues
à Évry pendant trois heures par
une ARS « mal à l’aise devant une
succession d’interventions cohérentes, pertinentes, précises »,
selon les visiteurs qui ajoutent :
« Selon l’ARS, seule la démographie médicale justifie la fermeture
du site de Dourdan. Mais si des
recrutements sont effectués, alors
tout peut être revu ! Tout est entre
les seules mains du Directeur et du Président de la
Commission médicale de
l’établissement ». L’intersyndicale appelle à venir le
27 janvier 2015 au Conseil
de Surveillance du CHSE, à
Étampes, qui doit en parler,
théoriquement en l’absence
de la CGT.
Celle-ci ne l’entend pas de
cette oreille et s’invite le
jour dit à la réunion en compagnie des autres organisations, du
personnel de la maternité, des médecins, des élus de Dourdan. Le refus des candidatures médicales est
démonté. « 26 candidatures pour
Dourdan et aucune de recevable !
On n’a vraiment pas de chance ! Il a
même été reproché à certains candidats leurs exigences financières
démesurées, alors que la direction
préfère dépenser quatre fois plus
cher pour des médecins intérimaires plutôt que d’assurer la sécurité pérenne de la maternité. Où est
la logique ? ».
Déstabilisée, la direction du CHSE
botte en touche et annonce un prochain rendez-vous le 3 février. Il
n’aura pas lieu pour cause d’annulation officielle.
« Ils ont senti la pression qui montait », sourit Catherine Lubin. « Le
directeur, ainsi que le président de
la Commission Médicale, n’avait
certainement pas envie de revivre
ça une deuxième fois, puisqu’ils
étaient déjà au conseil de surveillance du 27 janvier 2015 sur
Dourdan. Ils ont donc préféré annuler la veille au soir ».
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 5 - Février - Mars 2015 -
.../...
LUTTES
La mobilisation
persiste et signe
Presque simultanément, le 26 janvier 2015, le Conseil Général de l’Essonne adopte une motion « contre
les projets de fermeture du service
de réanimation du Centre hospitalier d’Arpajon et de la maternité de
Dourdan ». Jérôme Guedj, le président (PS), marque son « désaccord
avec les orientations de l’ARS »,
le report de la convention entre
celle-ci et le département, « l’attachement des élus à maintenir des
hôpitaux généralistes et de proximité ».
De mauvais esprits pourraient voir
dans cette prise de position tardive une relation avec les élections
départementales de mars 2015.
Plus intéressant est l’examen des
« considérants » de la motion. Elle
rappelle que « la fusion des hôpitaux de Dourdan et d’Étampes a
été réalisée au 1er janvier 2011, sur
la base d’un rapport préconisant
le maintien des activités de médecine-chirurgie-obstétrique sur chacun des sites et que la maternité de
Dourdan répond pleinement aux
exigences de qualité du Ministère
de la Santé ».
D’autre part, les deux sites du
CHSE sont distants de 20 kilomètres, sans transports publics
directs. Conséquences : « des
prises de risques non maîtrisées et
des traumatismes psychologiques
pour les femmes enceintes, ainsi
que des surcoûts importants pour
les familles et la Sécurité Sociale ».
La messe est dite au Conseil Général, mais la motion du 26 janvier
n’a rien apporté sur le terrain et
la direction du CHSE n’a pas plus
changé d’avis que l‘ARS. Catherine
Lubin n’a pas varié non plus : « Les
agents du site de Dourdan, et surtout ceux de la maternité, sont de
nouveau mobilisés. On a distribué
des tracts sur les marchés et les
communes environnantes, et on ne
va pas s’arrêter, avec l’association
de défense, la pétition en ligne, les
réunions publiques. La population
dourdannaise est en renfort. Nous
sommes toujours en étroite colla-
boration avec la Mairie de Dourdan. Nous venons d’apprendre que
l’IGAS (Inspection Générale des
Affaires Sociales) va venir faire une
enquête sur la faisabilité du projet
médical et d’établissement, notamment sur le rapatriement de l’ensemble des naissances sur le site
d’Étampes. C’est un point positif
pour nous ».
Méconnaissance
des réalités
Pour le Conseil Général, la motion
du 26 janvier 2015 ne s’arrête pas
à Dourdan. Elle refuse la fermeture du service de réanimation de
l’hôpital d’Arpajon « Il n’a pas été
démontré que le maintien de l’activité de réanimation sur le site d’Arpajon ferait obstacle au développement du CHSF (Évry, NDLR) ou au
projet médical du territoire. En revanche, le transfert sera davantage
reporté sur le centre hospitalier de
Longjumeau, le CHSE et les hôpitaux de Paris ». Le Conseil Général
note aussi que son département
« est déjà très en deçà du nombre
de lits préconisés, soit 9 lits de réanimation pour 100 000 habitants.
On ne saurait mieux dire, tout au
plus se demander les raisons d’un
si rapide dessillement dans le regard de l’actuelle majorité départementale. Les saignées budgétaires
successives du CHSF, les réductions drastiques dans les établissements psychiatriques, comme Perray-Vaucluse, les regroupements
aléatoires entre Orsay et Longjumeau, ont fait de la santé publique
dans l’Essonne une victime permanente. L’attitude de la maire de
Dourdan, Maryvonne Boquet (PS),
également présidente de l’association de défense, soutenant depuis
le début le maintien de sa maternité, tranche d’ailleurs dans la durée avec ses collègues du département. Le 30 janvier 2015, elle
déclarait dans un communiqué :
« C’est méconnaître le territoire et
les bassins de vie que d’imaginer,
simplement parce qu’on l’a décidé
dans un bureau à Paris, que les parturientes qui accouchent à Dourdan iront à Étampes. À moins que
le dessein final soit la fermeture de
l’ensemble du site dourdannais . »
« Il faut garantir à chaque individu » résume Catherine Degroote
à propos de la « loi Touraine »,
Une manifestation dans les rues d’Arpajon
« des soins de qualité à proximité
le 11 avril 2014 (Photo Pierre Benoit)
Sur le bassin de vie d’Arpajon de
177 000 habitants, en forte progression démographique, la suppression des 8 lits de réanimation entrainera de fait une mise en danger
des habitants et détruira un hôpital
de proximité, tant sur le plan social
qu’économique ».
de son domicile. Mais les moyens
financiers pour travailler correctement n’apparaissent pas dans
cette loi. C’est pour ça que nous la
combattons ».
G.D.
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 6 - Février - Mars 2015 -
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Formations
Formation syndicale
Le programme des stages 2015
Compensation du salaire pendant
un congé de formation économique, sociale et syndicale: où en
est-on depuis le 1er janvier 2015 ?
Concrètement, le droit des salariés au congé de formation économique sociale et syndicale n’a
pas changé. Le congé de formation peut être pris sur une durée
minimum d’une demi-journée à 12
jours maximum par an (18 pour les
animateurs et formateurs).
Le Code du travail est clair : l’employeur ne peut s’opposer au congé
de formation que s’il estime que cette
absence pourrait avoir des conséquences préjudiciables à la bonne
marche de l’entreprise, après avis
conforme du Comité d’entreprise ou,
s’il n’en existe pas, des délégués du
personnel. Le refus de l’employeur
doit être motivé et notifié au salarié
dans un délai de 8 jours.
Fonds paritaire
et maintien du salaire
Ce qui a changé, c’est la création et
le fonctionnement d’un fonds paritaire chargé de récolter les ressources (cotisations employeurs
et subventions de l’état) et de les
redistribuer. (Loi n° 2014-288 abrogeant le 0,08 / 1000).
Les entreprises contribuent, depuis le 1er janvier 2015, au 0,016 % qui
est, entre autres, destiné
à la prise en charge des
pertes de salaire, et ne peuvent
pas craindre de ne pas être remboursées. (Décret 2014-1718 du 30
décembre 2014 institué par l’article
L. 2135-9 du Code du travail).
Le salaire doit donc être maintenu,
car l’employeur se fait rembourser
sur justificatif, soit directement par
l’association paritaire en charge de
gérer le fonds paritaire de financement des organisations syndicales,
soit par l’organisation syndicale organisatrice de la formation.
Le décret relatif au financement des
organisations syndicales va être publié dans les jours qui viennent.
Il faut porter dans la CGT que la
compensation du salaire doit être
réalisée par le fonds paritaire directement à l’employeur avec des
procédures et des règles de vérifications. Les cinq organisations
représentatives sont d’accord
pour la mise en place d’une association qui gérera ce fond paritaire
et pour le versement rapide des
premiers fonds.
Ne sont pas concernés :
- Les ECO-CE et CHSCT dont le
salaire, pour les titulaires, est à la
charge de l’employeur.
- Les formations des conseillers
prud’hommes dont le salaire est
remboursé par l’État.
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 7 - Février - Mars 2015 -
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Formations
Formations 2015
Toutes les IN’Formation syndicales sont à demander à votre
syndicat, à votre UL, à l’UD.
Pour tous les nouveaux syndiqués, des niveaux 1 sont organisés par les Unions Locales, au
programme : « Le salariat », « La
société », « Comment élaborer
nos revendications », « Le syndicalisme, la CGT ». En 2014, 131 stagiaires les ont suivis.
Brétigny 9 au 13 mars
et 7 au 11 septembre
Corbeil 13 au 17 avril
et 21 au 25 septembre
23 au 27 novembre
Étampes 30 mars au 3 avril
Évry 30 mars au 3 avril
et 15 au 19 juin
et 16 au 20 novembre
Viry- Val d’yerres 13 au 17 avril
Massy Dates à venir
Les Ulis 22 au 26 juin
Sainte-geneviève-des-bois
9 au 13 mars
Pour les conseillers prud’hommes
Hiérarchie des normes, lecture
des arrêts 12-13 mars
Référé-Conciliation 26-27 mars
Sanctions disciplinaires
24-25 septembre
Procédure collective, 7-8-9 octobre
Garantie AGS, session 4 du 14
au 18 septembre
Revendiquez de nouveaux droits !
Prise de parole, argumenter
et négocier : 16-17 mars
Délégué syndical :
du 28 septembre au 2 octobre
Paroles de stagiaires
« Plus nous nous formons, plus nous
pourrons faire respecter nos droits.
L’enrichissement de nos connaissances renforcera nos pratiques.»
Délégué du Personnel
12-13 mars et 5-6 novembre
« J’ai pris la mesure de l’ampleur
des attributions du DP et du poids
potentiel qu’il a lors des échanges
et rapports de forces au sein de l’entreprise. J’ai les outils et leviers pour
mener notre action, tels que l’utilisation du Code du Travail, l’assistance
de représentants syndicaux de l’UD,
le recours à l’Inspection du Travail
et le maillage des différents IRP »
« Le stage permet de lever les approximations de langage qui font
qu’on croit des choses plus qu’on
ne les sait »
« En cas de tensions, lis ta convention! Dans la bataille, brandis le
Code du Travail!»
« Je conseille ce stage à tous les DP
qui ignorent tout du droit d’alerte !»
CoGiTiel 9 au 11 mars
et 7 au 9 octobre
« Approche concrète de la responsabilité du trésorier et de la gestion
des adhérents. CoGiTiel est indispensable et doit être promu sur
l’ensemble des bases syndicales »
« Je ressors blindée et prête à affronter plus sereinement le fameux CoGiTiel. En plus, si un jour je sèche devant mon écran, je peux compter sur
l’aide des formateurs. Merci l’UD !»
« Simple d’utilisation, et un livret
d’aide magique grâce à ses explications très bien détaillées »
Politique financière
30 mars au 1er avril
et 16 au 18 novembre
« Apport syndical en politique financière et exercices pratiques sur
supports réels, merci pour l’animation conviviale et l’accueil de l’UD »
« Formation indispensable ! Ça m’a
permis de bien comprendre l’ampleur de cette responsabilité »
« Je ressors boostée avec conseils et
astuces pour attaquer la trésorerie de
mon syndicat, fini les angoisses !»
Rédaction d’un tract 5-6 octobre
« Enfin je vais oser poser des mots sur
des tracts ! J’ai les outils maintenant »
« Nos tracts seront plus clairs et plus
nous serons clairs, plus les salariés
viendront nous rejoindre, soignons
notre rédaction !» «Des idées bien
mieux rangées dans ma tête, merci !»
ECO CE 16 au 20 mars
et 5 au 9 octobre
« J’ai les outils pour comprendre les
finances, la formation professionnelle
et juridique, les mécanismes économiques du CE pour mieux se positionner dans les négociations et revendications à mener »
« Face à notre employeur, on
ne se laissera plus faire ! Nous
sommes maintenant encore
plus nombreux à connaître nos
droits !»
« Camarade élu, la formation
ECO-CE montre que toutes les
instances sont très liées entre
elles en cas de litige ou de conflit »
CHSCT 9 au 13 mars
et 16 au 20 novembre
« Les points juridiques, mises en
situation de réunion de CH, ordre
du jour… m’ont permis d’améliorer
mes connaissances et d’avoir des
arguments face à l’employeur »
« Viens faire cette formation, tu en
ressortiras plus fort ainsi que la
CGT !»
« Super échanges entre tous les participants privé et public. Je rentre
armée, inscrivez vous ! »
Niveau 2 - 1ère partie
2 au 6 novembre
Niveau 2 - 2e partie
23 au 27 marsà Courcelles
« Stage enrichissant permettant
d’acquérir de nouvelles techniques
dans la bataille des idées et le rapport de force »
« Venir en formation dépasse le
simple cadre d’un apprentissage
« scolaire », c’est aussi échanger sur
la réalité du travail et les situations
existantes. S’enrichir syndicalement,
c’est s’enrichir humainement »
« Ça redonne du sens au mot collectif, ça aide à se présenter devant les
salariés en « étant porté » par notre
organisation, on prend conscience
que la CGT, c’est nous »
« J’ai entendu, lu et vu des thèmes
et des mots que j’avais cru disparus ! On est fier d’être syndicaliste et
de retrouver les valeurs de la CGT »
« Être à l’écoute, partager, échanger, se rassembler pour lutter et
proposer des changements vers un
monde sans capitalisme, courage
camarades !»
« Le combat syndical est un travail
qui remet l’humain au centre de
toutes les conquêtes, apprenons à
être tous ensemble acteurs de ce
combat et à transformer la société
pour qu’elle soit à l’image de nos
attentes ».
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 8 - Février - Mars 2015 -
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actualités
Transition énergétique
Les enjeux, les pièges et les actions
L’énergie est la question centrale
des prochaines années. Elle touche
le monde entier par le gaz à effet
de serre. Elle concerne le confort
et le pouvoir d’achat de toutes les
familles françaises. Les privatisations menacent à la fois la sécurité
d’approvisionnement et la stabilité
des tarifs.
La CGT mène l’action sur deux
fronts : conserver aux personnels
un statut menacé par la loi d’octobre 2014, encore en navette parlementaire ; expliquer aux citoyens
les enjeux d’une partie complexe
et vitale.
« La Voix Syndicale » a demandé
à deux militants CGT d’éclairer le
dossier : Christophe Poilly, secrétaire général de la CGT Énergie 91,
et Olivier Fégueux, de la Fédération CGT Mines-Énergie.
La Voix Syndicale. Dans un
débat publié sur le site de
la FNME/CGT, « Transition
énergétique : la face cachée de la loi », un intervenant estime que « certains
amendements avaient été
déposés et n’avaient qu’une
seule finalité : libéraliser
complètement la distribution d’énergie, que ce soit
l’électricité et le gaz ». Estimez-vous que ces dangers
ont disparu ?
Christophe Poilly. L’Europe prévoit de finaliser
l’ouverture des concessions. Les
lois Métropole et Transition énergétique vont avoir un impact direct
sur l’avenir de la distribution de
l’électricité et du gaz. Elles vont
permettent le grignotage des deux
entreprises ERDF et GRDF au fil du
temps, multiplier les acteurs, remettre en cause le monopole actuel
et fragiliser les conditions de travail
et le statut national des industries
électriques et gazières .
Olivier Fégueux. Je ne ferai pas
ici la liste des 3 000 amendements
au projet de loi, la plupart techniques, mais j’attire l’attention sur
ceux qui visaient à augmenter les
contraintes, obligations et charges
Olivier Fégueux (DR)
des distributeurs d’énergie (ERDF
et GRDF). Certains souhaitaient remettre en cause le système actuel
des concessions et prônaient une
ouverture à la concurrence, voire
une reprise de la distribution par
les collectivités locales sous forme
de SPL, sociétés publiques, mais de
droit social privé.
Si ces amendements n’ont pas été
retenus, le danger est toujours présent avec l’entrée au Conseil de
surveillance d’ERDF d’un représentant des autorités organisatrices du
réseau de distribution, ou encore
le fort lobbying de certains parlementaires pour donner la possibilité aux gestionnaires de réseau de
plus de 100 000 clients, de s’extraire
du mécanisme de la péréquation
tarifaire est susceptible de remettre
en cause ce fondement de la solidarité territoriale et donc conduire
à terme à un effondrement du système actuel de la distribution !
Christophe Poilly (DR)
Le fait de prévoir la remise aux autorités concédantes 18 mois avant
l’échéance de la concession d’un
inventaire détaillé et localisé du
patrimoine concédé, peut sembler
anodine pour les non-initiés… Mais
c’est en réalité une porte ouverte en
grand pour une remise en
cause du système actuel
des concessions, soit par
une reprise par les collectivités locales, soit par une
ouverture à la concurrence.
Face à ces risques, la FNMECGT organise une veille
nationale. Elle demande
à ses organisations de se
déployer en direction des
élus sur tout le territoire en
lien avec l’interprofessionnel. Il est indispensable de
faire signer la pétition en
direction des usagers et
d’utiliser tous les moyens pour se
faire entendre, aussi bien dans la
rue que dans les entreprises.
L.V.S. Dans votre syndicat en Essonne, la transition énergétique
a-t-elle déjà fait l’objet de débats
syndicaux ? Si oui, à quel niveau et
sous quelle forme ?
C.P. Oui, notre syndicat a débattu
en CE de syndicat, et avec le personnel, sous forme de réunion du
personnel et aussi par voie régulière de tracts venant de notre Fédé.
L.V.S. Les débats sur la « transition
énergétique » impliquent souvent
que ce concept va de soi. Pouvez-
LaLa
Voix
Voix
Syndicale
Syndicale
- nouvelle
- nouvelle
série
série
- N°
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9 -9 Février
- Avril -- Mai
Mars
2014
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actualités
vous rappeler ce que signifie cette
expression pour la CGT ?
O.F. 80 % des ressources de la planète sont utilisées par 20 % de la
population. Ces ressources vont se
raréfier ou pour le moins être plus
chères à extraire. L’équation n’est
pas simple à résoudre : produire
plus d’énergie au niveau mondial
tout en diminuant par deux les
émissions de gaz à effet de serre.
Pour la France, l’objectif est une diminution par quatre à horizon 2050.
Pour la CGT, il faut en priorité s’attaquer aux deux sources les plus
polluantes qui sont l’industrie et
surtout les transports, mais aussi
investir sérieusement dans la recherche pour trouver une solution à
la captation du CO2, permettant la
mise en œuvre de nouvelles filières
d’avenir comme la biomasse.
Le projet de loi « Transition Energétique » proposé n’est pas à la hauteur des enjeux posés et répond
essentiellement aux exigences
du capitalisme et des traités européens, donc la privatisation du secteur de l’énergie.
Alors que la filière nucléaire est
quasi nulle en rejet de gaz à effet
de serre, le projet de loi entérine
la fermeture de 24 GW de production électronucléaire, en diminuant
la part du nucléaire de 75 à 50 %,
soit la fermeture de deux réacteurs
par an au cours des 10 prochaines
années. La question de pénurie
d’électricité à terme est posée.
Pour la CGT, la recherche peut nous
permettre de faire sauter des verrous technologiques et changer de
modèle. Il faut créer les conditions
d’économies d’énergie, d’efficacité
énergétique, lutter contre le gaspillage d’énergie, qui tient principalement à l’organisation libérale de
la société. Il faut agir sur l’isolation
des logements, donc créer de l’emploi dans ce secteur, en sachant que
la filière du bâtiment a perdu 70 000
emplois en deux ans.
Il faut agir sur les transports, collectifs, multi-modal, fluvial, ferroviaire.
C’est le premier secteur émetteur
de gaz à effet de serre. Sur l’urbanisme, les gens doivent pouvoir habiter près de leur lieu de travail. Un
véritable mix énergétique permettrait d’utiliser les énergies en complémentarité en privilégiant celles
émettant pas ou peu de G.E.S, en
travaillant aussi sur les techniques
de capture du CO2.
Il est nécessaire de renforcer notre
filière nucléaire en termes d’approvisionnement face à la demande
avec un haut niveau de sûreté, donc
une maîtrise publique, tout en donnant les moyens pour l’Autorité de
Sureté Nucléaire et l’IRSN d’être
indépendants. Les questions de la
sous-traitance se posent. Nous demandons la réinternalisation des activités sous-traitées avec un même
niveau de garanties collectives
pour tous les salariés du secteur de
l’énergie.
modèle social français. Montrer du
doigt les prétendus régimes privilégiés accentue ce malaise social.
L’opposition entre les salariés, chômeurs et retraités a toujours été le
slogan du MEDEF.
Avec la catastrophe nucléaire de
Fukushima gérée par l’opérateur
privé Tepco, le sentiment de danger
nucléaire s’est accru, sans aucune
analyse sérieuse.
Nos centrales nucléaires doiventelles être gérées par le privé ou
par un service public avec un haut
niveau de sûreté ? La réponse de
la CGT est oui au service public de
l’énergie. Nous continuerons d’être
présents avec l’interprofessionnel dans les lieux de débats, sur le
pavé et dans les entreprises, pour
contrer un projet de loi néfaste pour
les salariés et les populations.
L.V.S. Estimez-vous que les travaux
menés au sein de la Fédération
CGT Mines-Énergie sont suffisamment relayés par les bases professionnelles et territoriales ?
C.P. Je pense qu’à ce sujet, on est en
deçà de l’enjeu, que cela soit dans
notre syndicat, les UL ou l’UD. Mais
il est vrai que la finalité de cette loi
n’est pas palpable et que la multiplication des attaques de tout genre,
la loi Macron ou les prud’hommes,
rend la tâche difficile.
L.V.S. Pensez-vous que le « pôle
public de l’énergie » que propose
la CGT va de soi dans l’opinion publique ou qu’il faut en préciser davantage les contours et l’intérêt ?
O.F. La France a déjà effectué plusieurs transitions énergétiques par
O.F. Depuis 2012, notre priorité a
été de confédéraliser les enjeux
pour que chaque organisation interprofessionnelle, UD et UL, soit
en capacité d’agir dans les débats
mais aussi pèsent sur les initiatives
revendicatives.
Des débats et initiatives ont eu
lieu sur l’ensemble du territoire
mais nous pouvons constater un
manque de participations militantes et citoyennes. Plusieurs
raisons l’expliquent : les mauvais
coups quotidiens des patrons et
du gouvernement sur l’emploi, le
pouvoir d’achat, l’inquiétude du
lendemain pour les familles, la stigmatisation systématique de notre
le passé. Elle a su mettre en place un
service public national du gaz et de
l’électricité pour répondre aux besoins du pays au sortir de la guerre.
Fournir une énergie de qualité à un
prix stable et bas était un formidable
défi pour les usagers et pour l’industrie. Mais ce modèle social cohérent a été remis fondamentalement
en cause dès les années 2 000 sous
l’impulsion de Bruxelles.
Avant la loi de privatisation d’août
2004, l’opinion publique était satisfaite du modèle énergétique français
(EDF-GDF) mais depuis, elle s’est
fortement dégradée. Après la privatisation, avec l’entrée des actionnaires, il a été créé une multitude
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 10 - Février - Mars 2015 -
actualités
de filiales d’EDF et GDF Suez avec,
comme seul objectif, les profits !
En dehors d’un contexte national
public, « intégrer » les filiales de production (RTE, GRT Gaz) et de distribution (ERDF, GRDF, Poweo, etc) ne
peuvent fournir une réponse cohérente et optimale pour les usagers.
L’énergie n’est pas une marchandise comme les autres. La CGT propose donc, de donner aux citoyens
la maîtrise de ce secteur clé pour le
fonctionnement de notre société en
créant le Pôle Public de l’Énergie.
Nous proposons de créer une structure juridique indépendante, qui
fixerait un cadre législatif, une nouvelle nationalisation, à toutes les
les usagers, dans les débats publics, de faire connaitre nos propositions cohérentes pour un réel
service public de l’électricité et du
gaz afin de porter ensemble nos
exigences.
entreprises du secteur de l’énergie.
Le fonctionnement des entreprises
serait démocratisé, les élus territoriaux et les salariés du secteur
auraient des droits nouveaux ou
renforcés et les associations d’usagers seraient concrètement impliquées. Le Pôle Public de l’Énergie
favoriserait le développement des
filières industrielles nécessaires
aux réalisations à venir, financées
par des fonds publics, échappant
aux pratiques spéculatives. La CGT
propose aussi de créer une Agence
européenne de l’énergie, indépendante de Bruxelles avec pour mission de valoriser les groupements
d’achats de long terme (le déficit de
la balance commerciale est dû pour
55 milliards d’euros aux importations de pétrole et pour 16 milliards
d’euros aux importations de gaz),
la sécurité d’approvisionnement ou
bien encore l’interconnexion des
réseaux nationaux afin d’éviter les
black-outs d’électricité et de gaz.
Il est nécessaire d’en discuter avec
risques sur notre statut passe vraiment dans le personnel. En tous
cas, le personnel est informé régulièrement par voie de tract !
Il ne faut aussi pas oublier la forte
implication et mobilisation de notre
Section Retraités. Nous avons
continué d’informer le personnel,
nos « inactifs » ainsi que les usagers, pendant les mois de février et
mars. Un préavis est aussi déposé
par notre Fédé du 16 Février au 22
Mars, avec des interventions sur
l’outil de travail et des interpellations de nos élus.
L.V.S. Estimez-vous que vos collègues, syndiqués ou non, ont une
vision précise des menaces statutaires de la loi du 14 octobre 2014 ?
C.P. Je pense que le message n’est
pas simple à faire comprendre.
Beaucoup pensent que ce ne sont
que des simples hypothèses et que
la CGT en rajoute. Je pense qu’il
faut malheureusement du temps
pour que l’information sur les
L.V.S. Une camarade de la Fédération, à propos de la journée d’action du 29 janvier 2015, dit « qu’il ne
s’agit pas d’un mouvement corporatiste, mais d’une bataille d’intérêt
général». Qu’en pensez-vous ?
C.P. Nous avons organisé, sur tous
les sites de l’Essonne, des réunions
d’information, début janvier, sur la
loi et la manifestation du 29 Janvier. La participation à ces réunions
a été différente suivant les endroits,
les évènements tragiques du mois
de Janvier n’ont certainement pas
aidé à mobiliser sur ce dossier !
Nous avons quand même mis en
place deux bus à destination de la
manifestation. Le taux de grévistes
a été, en moyenne, de 20 % et 60
agents ont participé à la manif, malgré le temps pourri !
O.F. Le 29 janvier à Paris, à l’appel
de la FNME CGT et FO, 17 000 agents
se sont rassemblés pour défiler sur
le pavé parisien. Notre cortège a
ensuite convergé, avec la manifestation des cheminots qui étaient près
de 15 000 pour s’opposer à la casse
du service public des transports.
C’est du jamais vu depuis dix ans
dans notre corporation, avec des
pourcentages dépassant les 50 %
de grévistes dans un grand nombre
d’entreprises et d’unités de l’énergie.
C’est donc une majorité de citoyens,
qu’ils soient cadres, agents de maîtrise, d’exécution et beaucoup de
jeunes qui ont clairement exprimé
leur opposition à la « ligne » patronale et gouvernementale d’austérité et de privatisation d’un secteur
vital pour la nation.
Dès maintenant, chaque député,
chaque sénateur et chaque employeur va devoir prendre ses responsabilités face à une mobilisation
croissante, que nous allons élargir
davantage aux usagers. Le vote
du 3 mars au Sénat n’est évidemment pas la fin de la dynamique
engagée le 29 janvier. Les militants
CGT continuent à informer, rassembler en AG les salariés du secteur
de l’énergie sur les lieux de travail.
La presse a beaucoup parlé de la
coupure d’électricité qu’a connu
Manuel Valls quand il était venu
pour un meeting à Audincourt,
dans le Doubs. Il a été réduit au
silence pendant une heure. Nous
voulions qu’il expérimente une des
conséquences de la loi « Transition
Energétique », avec la future flambée des prix. Ce sont 11 millions de
familles en précarité énergétique
qui subissent chaque jour la pression d’une possible coupure d’électricité ou de gaz. La bataille contre
ce projet de loi ne peut être gagnée
qu’avec l’intervention citoyenne.
(Propos recueillis par Gilbert Dubant)
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 11 - Février - Mars 2015 -
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actu - CSD
Conférence départementale de la CSD 91
Nouveau collectif et nouvelles perspectives
pour les territoriaux CGT
La conférence de la Coordination
Départementale Syndicale (CSD)
s’est tenue à l’Union locale CGT
de Corbeil-Essonnes les jeudi 12 et
vendredi 13 février 2015. Elle ouvre
de nouvelles perspectives aux syndicats des personnels territoriaux.
tous déclinent avec un grand soin du
détail et un investissement constant
les choix programmatiques de
leurs édiles. Certains, pour avoir
été démocratiquement élus, n’en
sont pas pour autant devenus propriétaires des lieux et des person-
Une mauvaise réponse : le compromis boiteux, le repli sur soi, le profil
bas… et l’illusion de confort qu’ils
apportent. Une bonne réponse : la
syndicalisation bien sûr ! Un choix
pas toujours facile… les syndicats
sont parfois pris de vitesse ; ils
ont aussi leurs fragilités. L’histoire
récente le rappelle. Et la discrimination guette plus que jamais les
francs tireurs… Alors quelle meilleure solution que de fédérer nos
forces, avec obstination, constance
et visibilité ?
Un besoin de changement
44 syndicats rattachés à des collectivités territoriales sur le département de l’Essonne regroupent des
centaines d’agents de toute catégorie, militant quotidiennement pour
le renforcement d’un service public
de haute qualité, accessible à tous
et sur tout le territoire. Les 12 et 13
février, à l’UL de Corbeil-Essonnes,
plus de la moitié des syndicats
étaient présents à la Conférence. Par
leurs réponses à un questionnaire
détaillé, tous ont eu l’opportunité de
contribuer efficacement à l’élaboration du document d’orientation qui a
été adopté pour les trois ans à venir.
Face aux aberrations
du quotidien
Les participants à la conférence
sont les militants du service public
œuvrant pour les usagers de toutes
générations. Qu’il s’agisse des personnels de services dédiés à la jeunesse et à l’enfance, à la politique
de la ville, à l’entretien, à la culture,
à l’action sociale, aux finances, etc,
nels attachés aux services de leur
collectivité. Pourtant, les agents,
titulaires ou contractuels, et notamment les plus précaires d’entre eux,
restent parfois confrontés quotidiennement aux aberrations d’une
gestion versatile et de courte vue.
Comment admettre la fuite en avant
d’élus pressés de céder des pans
entiers du service public à la soustraitance ? Comment défendre des
missions de service public au sein
d’équipes territoriales désormais
soumises aux diktats de l’austérité
et aux incertitudes du charcutage
territorial à venir ? Combien de lauréats au concours… sans poste,
combien de mises au placard, de
carrières ralenties, de réorganisations de services à l’arrache, sans
passer par le Comité Technique Paritaire (CTP), de chantage au régime
indemnitaire, combien de fiches de
poste incohérentes, d’évaluations
bâclées ? Et combien de conflits,
combien de souffrances ? Maltraitance locale et politique nationale régressive …
Un syndicat, 10 syndicats, 40 syndicats, et plus encore à l’avenir, une
Fédération des Services Publics,
une Union Départementale, des
Unions Locales et leurs centaines
de syndicats d’entreprise, c’est
bien ! Avec une Coordination Syndicale Départementale (CSD), c’est
encore mieux. Cette cheville ouvrière permet un travail au plus près
du terrain et s’est engagée à multiplier les passerelles d’un syndicat
à l’autre, entre des problématiques
partagées. L’expérience d’un territoire nourrit le combat des autres.
Les syndicats les mieux armés ont
eu l’occasion de manifester leur colère par des mouvements d’envergure, les pages de « La Voix Syndicale » en ont régulièrement rendu
Les membres
du nouveau collectif
-  Brigitte BUREAU, du syndicat
des territoriaux de Draveil
-  Thierry DEKYNDT, du syndicat
de Brétigny-sur-Orge
-  Anne FONTAINE du syndicat
de la Communauté d’Agglomération d’Évry Centre Essonne
-  Isabelle GUERRIB du syndicat
de Longjumeau
-  Derek MEUNIER, du syndicat
de la Communauté d’Agglomération du Plateau de Saclay
-  Angélique TARRAGO, du syndicat de Verrières-le-Buisson
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 12 - Février - Mars 2015 -
actu - CSD
compte. De nouveaux syndicats se
sont créés ces mois derniers, solidement épaulés par le collectif de
la CSD, qui œuvrait depuis de longues années à leur renforcement en
multipliant les rencontres avec les
personnels, les AG et des modules
de formations très diversifiés. Les
élections professionnelles du 4 décembre ont confirmé notre position
dans un contexte difficile.
Chacun des participants à la conférence l’a senti : le besoin de rupture
avec les pratiques en vigueur au sein
de certaines de nos collectivités territoriales s’est unanimement manifesté. Cette volonté de changement
a affecté aussi la CSD, qui en est ressortie remodelée à neuf et bien déterminée à mettre en place les réponses
aux attentes les plus pressantes. Six
membres ont été élus au Collectif et
vont travailler de conserve.
Le cahier des charges
Le cahier des charges élaboré collectivement par l’ensemble des syndicats est clair et foisonnant : refonte
de la communication, parrainage
intersyndical, travail territorial affiné
avec tous les secteurs professionnels, rencontres régulières entre
Ce beau plan de bataille partagé ne
sera gagnant que s’il est porteur
d’une réciprocité indéfectible : que
chaque militant conforte l’autre et
élus, journées d’études thématiques,
ciblage de la formation des élus au
plus près de l’actualité revendicative
et des besoins de terrain, meilleure
utilisation du Cogitiel, orientation
juridique, etc. Les besoins sont flagrants, les propositions abondent ;
les réalisations ne suivront qu’avec
la contribution et l’ambition de tous.
la syndicalisation ira de soi. Notre
syndicat doit redevenir désirable.
C’est avec tous, usagers, salariés ou
privés d’emploi, agents territoriaux
chargés de la mettre en œuvre que
nous, militants, imaginerons l’architecture, le contenu et l’organisation
des missions publiques de demain !
Anne Fontaine
Éduc’action
Réforme sacrifiée, éducation prioritaire
et formation professionnelle
Les attentats de janvier 2015 ont
mis les projecteurs sur le rôle
de l’école. On a moins parlé des
moyens impartis, de l’éducation
prioritaire à la formation professionnelle. Les proclamations gouvernementales ne suffisent pas à
masquer les manques criants des
outils dont disposent les enseignants.
Après les attentats de Charlie Hebdo, l’école a été mise en première
ligne. On a demandé aux enseignants de réagir dans l’urgence,
dans l’émotion, les supports pédagogiques n’ont été mis à disposition
qu’une dizaine de jours plus tard. Il
y a eu quelques attitudes provocatrices propres à l’adolescence, des
propos et des réflexions de certains jeunes qui nécessitent des
échanges, et non pas de la répression. Malheureusement, très rapidement, une crispation répressive a
eu lieu. Il est nécessaire de défendre
notre rôle d’éducateur.
Une série de mesures a été annoncée, notamment de « Renforcer les
actions contre les déterminismes
sociaux et territoriaux » (mesure 8
de la grande mobilisation de l’École
pour les valeurs de la République).
On pourrait attendre un renforcement des politiques d’éducation
prioritaire. Malheureusement, la
« grande » réforme de l’Éducation
prioritaire est sacrifiée sur l’autel de
l’austérité.
Comment s’annonce
cette réforme ?
La logique d’école en réseaux rattachés à un collège est rendue incontournable, cela génère des inégalités.
Lorsque la sectorisation des collèges
favorise la mixité sociale, dans les
écoles, les collègues et les élèves
sont privés de droits et de moyens !
La situation de certaines écoles qui
accueillent des élèves défavorisés
sans être rattachées à un réseau est
donc problématique. En plus, comme
tout doit se faire à budget constant,
le nombre de réseaux est insuffisant.
L’administration se retrouve obligée
de mettre en place une liste complémentaire d’écoles « à attention particulière ». Mais c’est du bricolage, des
écoles élémentaires entrent en éducation prioritaire, mais la maternelle
voisine reste à l’écart. Contrairement
aux promesses, la place des lycées
ne semble plus être dans l’éducation
prioritaire. Le LP Mendès-France à
Ris-Orangis, le Lycée Doisneau à
Corbeil qui accueillent des élèves
fragiles socialement et scolairement,
perdent des moyens à la rentrée prochaine! La difficulté sociale ne commencerait qu’en CP pour se terminer
en 3e ?
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 13 - Février - Mars 2015 -
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actualités
Quelle situation pour
la formation professionnelle ?
Mais même dans les collèges qui
entrent dans les nouveaux réseaux d’éducation prioritaire (REP
et REP+), la situation se dégrade.
Alors que leurs effectifs augmentent, certains perdent même des
heures. Au collège Pablo Neruda de
Grigny, établissement « REP+ préfi-
Depuis plusieurs années, le rectorat prend prétexte de la saturation
des lycées de certains bassins pour
transférer les sections d’enseignement professionnel. L’année der-
gurateur », les moyens pour la prochaine rentrée sont en baisse. Alors
que cette année, l’effectif moyen en
3e y était déjà de plus de 27 élèves
par classe. Beau symbole ! Comme
souvent, beaucoup d’effets d’annonces, mais pas de vrais moyens !
nière, pour faire de la place pour
les Secondes générales au Lycée
Geoffroy Saint-Hilaire d’Étampes,
plusieurs formations ont été transférées au LP Blériot.
Cette année, nouveau jeu de chaises
musicales. Cette fois, le projet est
de transférer les bacs pro Gestion
Administration du lycée Monge de
Savigny vers Morangis. Tout cela,
sans tenir compte des difficultés de
transport pour les élèves. Les élèves
de Seconde pro servent de variable
d’ajustement pour résoudre les
problèmes de manque de place en
lycée… C’est symptomatique de la
place actuelle de la voie professionnelle dans le système scolaire.
Le lycée professionnel de Cerny a
des formations réputées. C’est l’un
des rares LP publics qui forme en aéronautique. Air France y recrute des
élèves en fin de Seconde pour son
CFA. Le lycée est agréé « PART », une
Certification Aéronautique au niveau
européen obligatoire pour que les
élèves soient embauchés. Le cahier
des charges de cette certification est
extrêmement contraignant, il stipule
que l’effectif des classes ne peut
excéder 28 élèves. En voulant faire
passer les classes à 30, on retire de
fait la certification. À force de vouloir
faire des économies, on prend des
risques avec l’insertion professionnelle des élèves.
Yannick Biliec
Maison des syndicats d’Évry
3 heures pour les lycéens sans-papiers
Samedi 7 février après-midi, la
salle des congrès de la Maison des
Syndicats d’Evry accueillait une
initiative du RESF 91 (Réseau Education Sans Frontière), soutenue
notamment par la CGT éduc’action,
membre fondateur du Réseau.
Dans la salle, jeunes régularisés,
jeunes sans-papiers, représentants
de plusieurs syndicats, éducateurs,
assistantes sociales, professeurs,
CPE et proviseur, associations essonniennes, élus du Conseil régional et du Conseil Général.
Un diaporama a permis de rappeler quelques actions menées dans
le cadre du RESF pour et avec les
jeunes majeurs depuis 2008, puis
une vidéo réalisée en 2007 a été diffusée, dans laquelle les jeunes expliquaient leur vie de sans-papiers.
Plusieurs jeunes de cette vidéo
sont ensuite venus témoigner de
ce qu’ils sont devenus : Victor, assistant d’éducation, Verlain, analyste de base de données, Farnez,
chargé de relation clientèle, père
d’un enfant, Khaoula, en BTS, devenue française. Besma n’a pas pu
se déplacer mais a témoigné dans
« Le Parisien ». Elle est titulaire d’un
master en développement urbain
et social, travaille comme référente
familiale, a obtenu la nationalité
française, vient d’avoir un bébé.
Ils insistent sur l’importance de se
faire connaître, qui permet aussi de
ne plus se sentir seul.
Les obstacles
Les témoignages et les échanges
avec la salle ont été particulièrement riches et ont permis de toucher du doigt une dure réalité, mais
aussi d’entrevoir des espoirs et
d’entendre de belles personnes qui
donnent confiance en l’avenir.
Chacun a pu rappeler son engagement auprès des jeunes sans-papiers, l’organisation de la campagne
de soutien, les actions de sensibilisation du personnel éducatif.
Jean-Claude Auguin, de l’UL-CGT
Massy, a pu faire utilement le lien
avec les travailleurs sans-papiers,
et la lutte syndicale qui a conduit à
la régularisation de 20 000 d’entre
eux, par la mise en place d’un rapport de force.
Hakim Nadour, Conseiller Principal et militant CGT Educ’action de
l’Essonne, a témoigné de la manière
dont certains lycéens sans-papiers
ont pu se faire connaître.
« J’ai pu intervenir, au milieu de
jeunes étudiant(e)s sans-papiers
sur la difficulté d’entrer dans la vie
professionnelle lorsqu’on n’a obtenu qu’un titre de séjour étudiant
sans autorisation de travail, ce qui
est souvent le cas pour nos lycéens
sans-papiers. Alors qu’ils pensaient
être tirés d’affaire, un second obstacle semble se dresser devant eux.
Et ce n’est pas facile à vivre ».
La conclusion de cet après-midi
est venue d’elle même : le combat
continue !
Frédéric Moreau,
CGT Educ’action et RESF 91.
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 14 - Février - Mars 2015 -
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actualités
Conseils de Prud’hommes
Éric Lesage : « Quand on veut tuer son chien… »
La loi va transformer profondément, à partir de 2018, les pouvoirs et le fonctionnement des organes prud’homaux. Éric Lesage,
président CGT du Conseil d’Évry,
répond à la Voix Syndicale.
La Voix Syndicale. La loi du 20 novembre 2014 autorise le gouvernement à prendre des ordonnances
pour constituer les nouveaux
conseils de prud’hommes. Le mandat des conseillers actuels est prolongé jusqu’au 31 décembre 2017.
Comment la CGT se prépare-t-elle
à ces changements ?
Éric Lesage. Le projet du 20 novembre 2014 a été adopté par la loi
du 18 décembre 2014 en procédure
accélérée. La volonté est de supprimer purement et simplement les
élections prud’homales résultant
des lois Boulin de 1979, au profit d’un mode de désignation. Le
gouvernement est autorisé, dans
un délai de 18 mois, à prendre
par ordonnance la désignation
des Conseillers prud’hommes, en
fonction de l’audience des organisations syndicales et patronales.
La loi sur la représentativité est détournée de son but initial qui était la
légitimité dans les négociations de
chaque organisation aux niveaux
des entreprises, des branches professionnelles et au plan national.
Pour faire simple, il s’agit de la
seule élection qui donne une vraie
photographie sociale et «politique»
du monde du travail. Une chose est
sûre, c’est la volonté du gouvernement de légiférer par ordonnance,
ce qui implique un affaiblissement
du Parlement.
Le 26 janvier dernier, une manifestation d’ampleur a eu lieu sur
tout le territoire contre ce projet et des actions ont été menées
dans bon nombre de Conseils de
prud’hommes jusqu’au 17 février
2015, date de la scélérate loi Macron par le 49-3.
C’est une loi « fourre-tout » qui
traite aussi bien des prud’hommes
Éric Lesage (DR)
que du transport en autocar, de
l’actionnariat salarié, du travail du
dimanche et de nuit, de la réforme
des notaires et j’en passe.
Pour les prud’hommes, si rien ne
bouge, nous devons être prêts pour
affronter ce mode de désignation.
Au terme des élections professionnelles dans chaque entreprise, l’audience syndicale est mesurée. Au
niveau de chaque département, il
sera procédé à la désignation des
Conseillers prud’homaux dont le
nombre sera fonction du pourcentage obtenu par chaque organisation syndicale.
L.V.S. Quelles sont les dimensions
de cette nouvelle donne ?
É.L. L’enjeu est tout simplement colossal. Comment devons-nous nous
préparer à une telle éventualité ?
En premier lieu, le vote professionnel au sein des entreprises doit se
passer dans les meilleures conditions. Cela peut sembler paradoxal,
mais nous savons par expérience
qu’au-delà de la présence syndicale au sein de chaque entreprise,
il nous faut absolument prendre
en considération l’établissement
de protocoles préélectoraux en
fonction des spécificités de chaque
entreprise, selon la répartition
du personnel des établissements
concernés.
Plus que jamais, nous devons exercer un contrôle accru de la part
de nos délégués de liste sur les
Présidents des bureaux de vote
qui sont en charge de rédiger les
procès-verbaux des élections professionnelles. Cela passe ensuite
par une bonne information de nos
délégués.
Aujourd’hui, nous sommes submergés de listings relatifs aux procès-verbaux des élections professionnelles truffés d’erreurs.
Pour bien comprendre le processus, la Confédération nous renvoie
par l’intermédiaire du ministère
les procès-verbaux des élections
professionnelles qui ne peuvent
faire l’objet d’un enregistrement
sur le site du gouvernement. Et
pour cause, il existe un trop grand
nombre d’anomalies permettant de
les valider sur le fichier « MARS »,
le site officiel du gouvernement. Ils
ne peuvent donc être comptabilisés au titre de la représentativité.
Comme par hasard, c’est la CGT
qui, en premier lieu, en fait les
frais. La rectification des procèsverbaux frappés d’anomalies relève de la seule initiative de l’employeur. Il y a urgence que nos élus
CGT concernés par ce problème
fassent pression auprès des employeurs concernés afin de rectifier
les procès-verbaux litigieux. C’est
malheureusement la seule voie de
recours possible aujourd’hui, mais
elle ne pourra que nous renforcer
dans notre rôle de première organisation syndicale de défense des
salariés.
L.V.S. Sur quoi porte l’opposition
de la CGT : le système de désignation par représentation syndicale,
le rôle des magistrats, d’autres
aspects ?
É.L. La CGT est contre cette nouvelle loi, qui exclut la possibilité
pour près de 5 millions de chômeurs de pouvoir prendre part au
vote, sans compter les milliers de
travailleurs étrangers. Mais ce n’est
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 15 - Février - Mars 2015 -
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actualités
pas le seul élément d’opposition.
Pour réformer les prud’hommes,
le gouvernement s’appuie sur de
nombreux rapports commandés
par la garde des Sceaux remettant
en cause l’efficacité de la justice en
général, et plus particulièrement, la
justice prud’homale.
En 2013, l’état a été condamné 66
fois pour dysfonctionnement de la
justice civile, pour un montant total
de 190 000 €, dont 51 condamnations portant sur un déni de justice
en matière prud’homale, d’où la
nécessité de revoir en profondeur
cette juridiction.
Toutefois, si l’on s’en tient au raisonnement de notre gouvernement,
c’est bien « l’arbre qui cache la forêt » La vraie question est pourquoi
les juridictions civiles, qui ont toujours fonctionné de la même façon
depuis plus de 50 ans, connaissent
des difficultés sérieuses depuis
une vingtaine d’années ? Tout simplement parce qu’au fil des ans, les
gouvernements successifs n’ont
pas mis les moyens nécessaires
à son bon fonctionnement. Pour
s’en convaincre, il suffit de prendre
connaissance du rapport biannuel
de la Commission européenne pour
l’efficacité de la justice (CEPEJ).
En 2012, la France était 37e sur 45
pays, derrière la Géorgie, la Turquie, Chypre, et comptait 2,9 procureurs en moyenne pour 100 000
habitants alors que la moyenne
européenne se situait à 11,8.
Voilà ce que l’on nous cache. Il
s’agit bel et bien d’un manque récurrent de moyens alloués à la justice. Quand on veut tuer son chien,
on dit qu’il a la rage.
L.V.S. Est-ce que loi nouvelle égale
contraintes nouvelles ?
É.L. L’extension de la formation restreinte, 2 conseillers au lieu de 4 sur
demande du bureau de conciliation,
aura comme conséquence inéluctable un engorgement supplémentaire et des jugements expéditifs encore plus défavorables aux salariés.
Tous les conseillers prud’hommes
doivent suivre une formation initiale obligatoire. À défaut d’y participer, ils seront considérés comme
« démissionnaires ». Ils devront
se conformer à des «obligations
déontologiques » regroupées dans
un recueil élaboré par le Conseil
supérieur de la prud’homie.
Une commission de discipline
aura le pouvoir de prendre des
sanctions contre les conseillers
É.L. Voilà un argument qui ne date
pas d’aujourd’hui. C’est vrai, mais
comme d’habitude, aucun des rapports n’explique ce phénomène, ne
donne les mesures pour des élections prud’homales idéales.
qui auront manqué à leurs devoirs
dans l’exercice de leurs fonctions :
blâme, suspension jusqu’à 6 mois,
déchéance et interdiction d’exercer
la fonction de conseiller jusqu’à 10
ans ou déchéance définitive.
Auparavant, les conseillers pourront se voir infliger un « avertissement » de la part des premiers
présidents de Cour d’Appel, alors
qu’il existe dans le Code du travail
un chapitre consacré aux sanctions
des conseillers prud’homaux manquant à leurs devoirs.
Le projet crée surtout de nouvelles
procédures visant à accélérer les
jugements. Les litiges soumis à plusieurs Conseils de prud’hommes,
et plus particulièrement des litiges
portant sur les licenciements économiques, pourront être jugés par
un seul conseil désigné par le président de la cour d’appel, ou par le
président de la chambre sociale de
la Cour de cassation si les conseils
de prud’hommes ressortent de
cours d’appel différentes.
Alors oui, pour toutes ces raisons,
la CGT est farouchement opposée
à toute réforme remettant en cause
les prud’hommes.
Manifestation CGT en 2008 pour
soutenir le Conseil d’Étampes, disparu
depuis (La Voix Syndicale)
L.V.S. Les partisans de la loi Macron mettent en avant la faible
participation au dernier scrutin prud’homal de 2008 (25,63 %
contre 62,07 % en 1979).
Que dire des salariés qui n’ont pas
pu voter lors des dernières élections, soit parce que l’employeur
ne leur a pas permis de voter, soit
encore que toutes les conditions
n’étaient pas réunies pour permettre un vote loyal ! Que dire des
travailleurs étrangers et des 5 millions de chômeurs qui ne pourront
plus prendre part au vote !
Près de 70 % des salariés en Ilede-France travaillent dans des entreprises de moins de 11 salariés.
On sait comment il est difficile
de se syndiquer dans les petites
structures. Plus encore, comment
organiser un scrutin loyal des élections prud’homales au niveau des
mairies dont dépendent ces entreprises ? On mesure donc immédiatement l’impact des conditions
d’un scrutin prud’homal au sein de
ces petites entités.
La Voix Syndicale donnera
dans son prochain numéro
la suite de l’entretien
avec Éric Lesage
sur les conseils
de prud’hommes.
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 16 - Février - Mars 2015 -
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élections
Renault-Lardy
Forte progression
aux élections professionnelles
Du 3 au 5 février 2015 se sont déroulées les élections
professionnelles du site de Renault-Lardy.
Voici les principaux résultats par rapport aux dernières élections de 2010. Pour les élections du Comité
d’Etablissement, il n’est pas facile de faire des comparaisons, car le périmètre a changé (en 2010, c’était
Rueil – Lardy alors que pour 2015, c’est Lardy seul).
Progression importante de la CGT par rapport à 2010
pour atteindre 49,3 %. La CGT confirme ainsi sa place
de première organisation syndicale sur Lardy.
Baisse de la CFE/CGC, qui reste malgré tout la 2e organisation syndicale (23,8 %) devant la CFDT (21,3 %) qui
maintient ses résultats. SUD avec 5,6 % progresse peu
et n’est pas représentative.
La participation est en légère baisse (- 4 % environ)
avec tout de même un excellent niveau de plus de 71 %
de votants.
Ces résultats sont le travail de toute l’équipe des élus
de la CGT, mais aussi de tous ses syndiqués, candidats
et sympathisants qui participent à l’activité syndicale
de manière régulière avec nous. C’est le vote de tous
les salariés qui partagent une partie de nos préoccupations, de nos revendications et de nos actions.
Ces élections donnent également la représentativité
syndicale sur l’établissement. Suivant la nouvelle loi
de représentativité syndicale de 2008, SUD qui n’a pas
obtenu 10 % ne sera pas représentative.
Pour la CGT, les résultats au Comité d’établissement
sont nettement supérieurs aux résultats en DP (+8,9 %).
C’est une reconnaissance du travail et de l’investissement pour faire évoluer et pour moderniser le CE.
Au 3° collège (Ingénieurs et cadres), la CGT avait fait
une progression très significative avec un bond de 10
points entre 2006 et 2010. En 2015, cette progression se
poursuit puisque plus d’un ingénieur et cadre sur cinq
a voté pour la CGT (22,6 %). C’est un signe important
que cette catégorie du personnel a voulu adresser à la
direction. La CGT souhaitait obtenir un élu au 3e collège en CE, mais il manque seulement 2 voix. La CFDT
progresse de + 8,1 % pendant que la CFE/CGC poursuit
sa dégringolade (-12,9 %).
élections Comité d’établissement Lardy
CGT
CFE/CGC
CFDT
SUD
FO
2010
% CE
titulaire
(Rueil –
Lardy)
2015
% CE
titulaire
(Lardy
seul)
36,1 %
35,6 %
21,3 %
5,5 %
1,5 %
49,3 %
23,8 %
21,3 %
5,6 %
/
2010
Nombre
d’élus CE
titulaire
(Rueil –
Lardy)
4
4
2
0
0
2015
Nombre
d’élus CE
titulaire
(Lardy
seul)
4
2
2
0
/
CGT
CFDT
CFE/CGC
3° collège 2006
Rueil - Lardy
7,8 %
22,7 %
68,5 %
3° collège 2010
Rueil - Lardy
17,8 %
22,6 %
59,6 %
3° collège 2015
Lardy Seul
22,6 %
30,7 %
46,7 %
Delta 2010 - 2015
+ 4,80 %
+ 8,10 %
- 12,90 %
Élections Délégué du Personnel Lardy
La CGT confirme là aussi sa place de 1ère organisation
avec plus de 40 % des votants, mais avec un léger recul
sur ces élections DP avec un report des voix sur SUD qui
obtient un élu DP suppléant au détriment de la CFE/CGC.
CGT
CFE/CGC
CFDT
SUD
FO
% en 2010
DP titulaire
% en 2015
DP titulaire
42,6 %
26,2 %
24,5 %
4,5 %
2,3 %
40,4 %
26,6 %
24,6 %
8,4 %
/
Élus CGT en DP Lardy
On l’avait indiqué, les résultats de ces élections, au-delà de la représentativité de chacune des élections, c’est
aussi et surtout des élus, des mandats, des moyens
pour mener l’activité syndicale tout au long des 4
années qui vont venir. Ces résultats nous permettent
d’avoir une équipe d’élus rajeunie et renouvelée avec
12 élus DP à Lardy.
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 17 - Février - Mars 2015 -
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actualités
La CGT confirmée
première organisation à La Poste
Les élections professionnelles
qui se sont déroulées du 1er au 4
décembre 2014 ont permis d’élire
les représentants des salariés qui
siègent dans les instances locales
et nationales.
La CGT, au plan national, maintient
sa première place avec 26,54 % des
suffrages et conserve ses 4 sièges
au Comité Technique national.
En Essonne, la CGT FAPT a progressé de 1,8 % et a obtenu un siège en
Comité Technique. Elle reste 4e organisation syndicale sur le département, mais réalise un bon score sur
le site de Courtabœuf où la CGT obtient 40 % des suffrages, lui permettant d’avoir 2 sièges CHSCT en local.
La participation à 75,63 % est en légère baisse par rapport à 2011. C’est
le vote électronique qui a été mis en
œuvre pour la première fois dans
l’entreprise La Poste, créant entre
autres une discrimination pour les
métiers de la distribution, qui représentent encore la majorité des salariés et n’ont pu voter qu’à 66,5 %.
À cela s’ajoutent de nombreuses irrégularités et anomalies constatées
et dénoncées tout au long du scrutin. Et que dire de l’engagement partisan de la direction et de son PDG
dans la campagne, qui ont organisé
une opération de dénigrement des
organisations syndicales non signataires de l’accord « un avenir pour
chaque postier »!
Globalement, ce scrutin électronique est intervenu dans un
contexte de déstabilisation politique et sociale dans l’entreprise
et au-delà, de restructurations incessantes, de destruction massive
d’emplois, de recomposition syndicale ainsi que d’une campagne
calomnieuse envers la CGT.
La progression de la CGT sur le département est porteuse d’espoir et
avec ses syndiqués, elle reste plus
que jamais déterminée pour continuer à défendre les intérêts individuels et collectifs des personnels.
Y.P.
SNECMA CorbeiL
recul de la CGT au CE et aux DP
Les élections professionnelles de 2015 pour la SNECMA
Corbeil n’ont pas été favorables à la CGT par rapport au
scrutin précédent de 2011. La CGC perd également des
voix au CE et aux DP. La plus forte progression aux deux
suffrages est enregistrée par l’UNSA.
Le recul de la CGT doit cependant être relativisé.
Dans le 1er collège du Comité d’Établissement, elle reste
la première organisation devant la CFDT, qui prend la
tête dans le 2e collège et la majorité en sièges.
Pour les Délégués du Personnel, la CGT obtient la majorité absolue (55,78 %) dans le 1er collège et passe de peu
derrière la CFDT pour l’ensemble.
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 18 - Février - Mars 2015 -
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Désaccord NAO à Coca-Cola
La profondeur du fossé
Le 2 février 2015, les NAO (Négociations Annuelles Obligatoires) ont
conclu à un constat de désaccord
entre la direction et les quatre syndicats participants. L’intransigeance de la première et
les divisions revendicatives
des seconds sont les principales explications.
La CGT demande 400 euros
d’augmentation annuelle,
le paiement d’un 14e mois,
une prime annuelle de carburant, parmi les 20 revendications affichées. Une
position très en pointe
par rapport aux trois autres organisations (CFDT, FO, CGC). Cette
dernière avait des demandes catégorielles et un souhait d’une « enveloppe globale de 3,5 % hors certifications et promotions ». La CFDT et FO
se montrant également conciliants,
la direction n’a pas eu de mal à diminuer encore. Résultat : une augmentation générale de 0,7 % en une fois,
au 1er avril 2015 et 1,5 % pour les
CDD. Le déficit d’emplois au plan
national est donc de 111 sur une année (près de 4,7 %) pour revenir au
niveau de 2002.
L’unité de production de
Grigny a un effectif de 245
salariés, dont 141 ouvriers et
employés (57,55 %). La disproportion entre femmes et
hommes est encore plus prononcée que dans les autres
sites, puisque l’emploi féminin, tous statuts confondus,
ne représente que 7,34 %.
La principale revendication
commune est bien entendu
mesures individuelles et les primes les salaires, d’où la demande d’augmentation annuelle de la CGT.
d’ancienneté.
Rien à craindre donc pour un
groupe international qui, pour la
Disparition
France, a enregistré 346 départs,
dont 54 licenciements, et seulement 235 embauches, dont 67
L’USR perd Roger Diot
Lyonnaise des Eaux
Grève sur les salaires en février
Les salariés de la Lyonnaise des
Eaux et de ses filiales ont été appelés à débrayer du vendredi 20
au mardi 24 février 2015 par l’intersyndicale CGT, FO et CFDT. Ce
mouvement est dû à l’obstination
du groupe à refuser toute augmentation décente lors des NAO,
en dépit de moyens financiers importants.
L’intersyndicale estime « les dernières propositions toujours aussi
désastreuses, 0,05 % pour les bas
salaires ». Sont mises en parallèle
les largesses pour l’actionnaire
unique Suez Environnement, qui
se voir créditer de millions pour
racheter un concurrent ou changer
de nom, pendant que les principaux dirigeants font des tournées
de grands ducs gastronomiques.
« Pour le personnel de Lyonnaise
et de ses filiales qui sont la vache
à lait de Suez Environnement,
nous n’avons plus que du petit lait
périmé, nous voulons aussi de la
crème ! ».
Après des NAO infructueuses, les
syndicats CGT, FO, CFDT déposent
le 13 février 2015 un préavis de
grève. La direction les reçoit le
18, mais campe sur ses positions :
augmentations individuelles. L’intersyndicale maintient son mot
d’ordre.
Les salariés refusent une deuxième
année consécutive sans augmentation générale. Ils estiment que le
discours de la direction se résume
à un monologue : « Nous ne changerons pas de politique salariale
pour 2015, nous sommes dans un
univers contraint et notre position
ne changera pas ».
Les dirigeants de la Lyonnaise ont
manifestement choisi un blocage
complet du dialogue. Dès lors,
la seule réponse syndicale est la
construction d’un rapport de force
capable de rétablir des négociations sur un terrain et un ton différents. Il est donc probable que
le mouvement de grève de février
2015 ne restera pas sans suite.
Roger Diot,
né en janvier
1932, nous a
quittés le 9
janvier 2015.
Les
retraités CGT de
l’Essonne saluent la mémoire d’un
camarade actif et sympathique.
Il a été tour à tour peintre en bâtiment et métreur en peinture. Il s‘est
syndiqué à la CGT au début de sa
retraite, stimulé par son épouse. Il
a pris rapidement ses marques auprès de l’organisation syndicale de
l’USR CGT 91. Membre de la CE, il a
été présent à toutes les réunions, à
la mise sous pli de la Voix Syndicale
de l’Essonne, a participé à toutes
les manifestations et travaux. Il y
mettait toute son énergie. Même
déjà souffrant, il voulait montrer
que le syndicat était pour lui, pour
tous, un soutien et un espoir pour
des jours meilleurs. Il fut victime
d’un AVC en 2012 qui l’a obligé à se
mettre en retrait de la vie syndicale.
Ses camarades de l’UD, de l’USR et
de la Voix Syndicale adressent un
souvenir ému à Roger et leurs amicales condoléances à son épouse.
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 19 - Février - Mars 2015 -
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actualités
Carrefour Market : Mouvement maintenu et élargi
pour les revalorisations de salaires
La manifestation organisée par la
CGT vendredi 20 a été retenue par
la presse nationale, mais elle est la
concrétisation d’un mouvement
engagé depuis le 6 février dans
les Carrefour Market, et qui devrait continuer.
Moins de 1 100 euros net par mois,
hors tickets restaurant et mutuelle,
avec 19 ans d’ancienneté, c’est le
salaire du délégué national CGT
à Carrefour Market, Laurent Lamaury. Il a participé aux NAO qui
ont précédé le déclenchement du
mouvement le 6 février. « La direction
est partie d’une augmentation des
salaires de 0,1 % pour arriver péniblement à 0,6 % . C’est inacceptable ».
Le mouvement se construit avec des
disparités régionales, où émerge entre
autres l’Île-de-France. « Les collègues
de Carrefour Market gagnent encore
moins que ceux des hypermarchés,
qui ne sont pourtant pas bien payés »,
explique Martine Namèche, militante
CGT du Commerce dans l’Essonne. «
Et tous ont en prime les maladies, avec
beaucoup de TMS (Troubles MusculoSquelettiques, NDLR), avec des souseffectifs et des cadences infernales ».
Débrayages tournants
La CGT organise depuis plusieurs semaines des débrayages ponctuels de
quelques heures les vendredis, samedis et dimanches, dans les magasins
où la mobilisation a mûri. Le mouvement parvient à constituer un rassemblement vendredi 20 février 2015
d’environ 150 salariés devant le siège
du groupe à Boulogne-Billancourt.
Sur le coup, la direction est ébranlée et promet un protocole de fin de
conflit pour le 24, avant de se rétracter, probablement confortée par une
NAO signée FO, CFTC, CFDT et CGC.
« De 24 à 33 centimes d’augmentation
par jour, une baguette de pain tous les
deux jours », ironise la CGT, premier
syndicat dans l’entreprise.
« Nous n’allons pas nous résigner »,
commente Laurent Lamaury. « Tant
qu’on n’aura rien, on continuera nos
actions chaque week-end devant les
magasins ». Des initiatives se préparent en Essonne et des arrêts de travail ont eu lieu à Verrières-le-Buisson
le 6 mars et à Morangis le 7.
La direction a une grosse marge de
négociation, avec un chiffre d’affaires de + 3,9 % en 2014. De leur
Au micro, Laurent
Lamaury le 20 février
devant le siège de
Carrefour (DR)
côté, les salariés n’ont que la CGT
pour se défendre. Les élections professionnelles du 25 mars pour les
Délégués du Personnel et le Comité
d’Entreprise dans de nombreuses
entreprises du commerce donneront
des indications intéressantes sur la
manière dont les salariés jugent la
position des autres syndicats acquis
depuis longtemps à la direction.
L’épicerie
pas très fine
Sur le fond, la position de la direction est difficilement défendable
si l’on regarde des chiffres fournis par le cabinet Secafi. De 2011
à 2013, sur 3 milliards d’euros de
profits nets, 1,3 milliard a été versé
versés aux actionnaires (soit 56 %
des résultats) au détriment des
salaires. De 2013 à 2016, Carrefour devrait percevoir 1,5 milliard
d’euros d’aides publiques (issues
de nos impôts) sans contrepartie et
sans avoir de comptes à rendre.
« La CGT est la seule organisation
syndicale chez Carrefour Market à
dénoncer les augmentations de salaires minables, alors que le groupe
bénéficie depuis trois ans d’allégements fiscaux conséquents, et a
touché 194 millions de CICE en
deux ans », ajoute Laurent Lamaury.
Travail du dimanche : L’UL CGT de Massy
sur le terrain contre la banalisation
Le 15 février était un dimanche
particulier, où les militants de l’UL
CGT de Massy ont décidé de militer
tracts en main contre la loi Macron
et la corvée dominicale.
« Si la plupart des salariés de Leroy-Merlin et de - X % travaillent
le dimanche, est-ce parce qu’ils
s’ennuient ce jour-là ? Non, c’est
parce qu’ils ont des salaires de misère ! Si des étudiants travaillent
le dimanche, est-ce parce qu’ils ne
savent pas occuper leurs loisirs ?
Non, c’est parce que leur situation
ne leur permet pas de suivre leurs
études sans travailler ».
L’argumentaire de l’Union locale a
été distribué à 2 000 exemplaires
dimanche 15 février entre 14 et 16
heures par une vingtaine de cégétistes de Massy et des environs,
dans une ambiance amicale et
interprofessionnelle. L’initiative
était principalement dirigée vers
les clients des deux enseignes
visées, apparemment peu gênés
d’être freinés dans leur fièvre acheteuse. « Globalement, nous avons
été plutôt bien accueillis », dit la
secrétaire générale de l’UL, Brigitte
Gabriel, « certains ont même pris le
temps de la discussion, créant ainsi
de mini-embouteillages ».
À Massy, la CGT a été rejointe par
la CFE-CGC locale et l’organisation « Femmes Égalité ». Tous estiment que la banalisation du travail
du dimanche profite aux grandes
enseignes au détriment des petits
commerces de proximité, en accentuant la flexibilité des horaires au
lieu de permettre une réelle augmentation des salaires. « Elle va
pénaliser les milliers de salariés du
commerce qui sont des femmes,
mettant en jeu leur santé, leur vie
familiale ». La rémunération, elle
aussi banalisée, sera à terme celle
des jours de semaine. La CGT demande un Smic à 1 700 E mensuel et
des bourses d’études adaptées.
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 20 - Février - Mars 2015 -
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actualités
Agora d’Évry et travail du dimanche
La CGT prépare une nouvelle campagne
Les vendeurs médiatiques du travail
le dimanche devraient faire un tour
au centre commercial d’Évry, l’Agora et trouver des vitamines pour le
faire fonctionner en semaine. Fin
janvier 2015, Mediapart a consacré
un long papier à un commerce en
plein marasme.
2 200 salariés, plus de 400 millions
d’euros de chiffre d’affaires annuel,
incessant turn-over d’enseignes et de
personnel, le portrait de Mediapart
est durement lucide. « L’Agora d’Évry
est en perte de vitesse économique
à cause de la crise, de la concurrence des voisins plus modernes, de
la saturation commerciale de l’Essonne, de la vente en ligne ».
Le travail du dimanche ? « Le
jeudi, il y a une nocturne et il
n’y a personne à partir de 19
heures. Les gens n’ont pas de
fric. C’est la crise. »
Largement interrogé dans
l’article, le secrétaire de l’UL
CGT d’Évry, Jean-Louis Betoux, confirme.
La Voix Syndicale. Où en
est-on des ouvertures du dimanche ?
Jean-Louis Betoux. Notre UL CGT a
mené des actions à l’Agora en décembre dernier. Le constat est que
le dimanche correspond plus à une
sortie « culturelle » en famille qu’à
une réelle volonté d’achat de la part
des consommateurs. Plein de monde
dans les allées, presque personne
dans les boutiques !
LVS. Qui sont les salariés de l’Agora ?
J-L.B. En grande majorité des jeunes
femmes, souvent diplômées. La plus
grande partie ont des contrats précaires à temps partiel subi.
L.V.S. La CGT a mené une campagne
à l’Agora en 2011. Elle a été bien
accueillie, mais le syndicalisme ne
semble pas avoir progressé. Pourquoi ?
J-L.B. La jeunesse des salariés peut
expliquer en partie la méconnaissance du syndicalisme, peu ou pas
étudié dans les cursus scolaires et
universitaires. Le faible taux de syn-
Jean-Louis Betoux (DR)
dicalisme s’explique tout simplement par l’impossibilité d’implanter
des délégués du personnel dans les
200 enseignes de moins de onze salariés. À cet effet, la CGT revendique
l’installation d’un syndicat multi-professionnel au sein même du Centre
Commercial.
En 2011, l’UD 91 et l’UL CGT d’Évry
avaient mené une campagne
de sensibilisation syndicale (DR)
L.V.S. L’UD 91 est aux portes de
l’Agora. Pourquoi les salariés ne
viennent-ils pas se renseigner ?
J-L.B. Bien sûr que les salariés
connaissent l’adresse de l’UD à
proximité, et aussi de l’UL, mais souvent trop tard, quand le mal est fait,
quand la lettre de licenciement vient
d arriver à domicile. Notre rôle se limite trop souvent à jouer au pompier
de service, à obtenir réparation des
vies privées plutôt qu’à anticiper.
L.V.S. La Fédération CGT du Commerce a-t-elle une activité en relation
avec l’UD et l’UL sur l’Agora d’Évry ?
J-L.B. Oui, notre Union locale a engagé un travail de fond avec toutes
les structures de la CGT, en relation
avec un camarade de la commission
Exécutive de la Fédé du Commerce,
Pascal Zoublir, qui est aussi membre
de la C.E. de l’U.D.
L.V.S. L’initiative de la CGT en 2011
avait été positive. Pourquoi n’a-t-elle
pas été renouvelée depuis ?
J-L.B. Les contacts n’ont jamais été
rompus, mais il nous faut aujourd’hui
frapper plus fort pour dénoncer le
coup de force du gouvernement
pour faire adopter la loi Macron au
travers du 49-3 et réaffirmer notre
opposition à l’ouverture du centre
commercial le dimanche.
L.V.S. Concrètement, quelles formes
prendra cette nouvelle campagne
CGT ?
J-L.B. Nous voulons nous adresser
à tout le monde, employeurs et salariés. On va interpeller les employeurs
par une adresse aux commerçants indépendants, aux gérants,
aux franchisés, toutes enseignes
confondues, sous la forme d’une
lettre publique revendiquant le
droit des salariés de se syndiquer et de se structurer quelque
soit la taille de l’entreprise. On
va également interpeller les pouvoirs politiques, et en particulier
le maire socialiste d’Évry sur leur
pouvoir de dire non à cette société consumériste. Nous revendiquons le droit pour tous au repos
hebdomadaire consacré à la famille, à
la culture, aux sports, etc.
L.V.S. Sur le respect du Code du
Travail, la DIRECCTE 91 a-t-elle été
saisie par la CGT d’infractions à la
législation ?
J-L.B. Bien sûr que la DIRECCTE est
saisie par la CGT ou par les salariés,
mais les moyens matériels et humains sont en constante diminution,
avec des inspecteurs non remplacés
et des visites inopinées quasiment
nulles dans les petites enseignes.
D’autre part, on ne peut pas dire
que la répression des fraudes à la
consommation soit très active dans
ce centre commercial... Il est plus
facile de licencier un étudiant salarié
qui a écoulé gratuitement des sandwichs à la fermeture d’un magasin
que de contrôler les arrière-boutiques de certaines enseignes...
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 21 - Février - Mars 2015 -
(Propos recueillis par
Gilbert Dubant)
g
Histoire
L’UL CGT de Corbeil-Essonnes a 110 ans
De la société des chapeliers
à l’intervention économique
En 2015, l’Union locale CGT de Corbeil-Essonnes aura 110 ans. Le texte
suivant est tiré d’une conférence
donnée en mars 2012 aux Archives
départementales de l’Essonne par
Sylvie Contrepois, sociologue.
En 1793, la loi Le Chapelier interdit
les corporations. Les grèves et les
organisations syndicales sont horsla-loi jusqu’en 1884.
Cependant, des organisations apparaissent au cours du XIXe siècle.
Dans le bassin de Corbeil-Essonnes,
la première société de secours mutuel naît en 1833, à l’initiative des
ouvriers de la manufacture textile
de Chantemerle.
Elle s’installe d’emblée dans une
relation assez coopérative avec le
pouvoir local, comme premier épargnant de la Caisse d’Épargne de
Corbeil, dès sa fondation en 1835.
Sachant que le fondateur de cette
caisse d’épargne n’est autre qu’Ernest Féray, le patron de la filature de
Chantemerle, on peut s’interroger
sur l’indépendance de la société de
secours mutuels. La première initiative d’organisation professionnelle
semble celle de la société des chapeliers d’Essonnes dès 1876.
Cette initiative reste longtemps isolée. Le 29 mars 1881, le Préfet écrit :
« Il ne s’est produit dans le département de Seine-et-Oise pendant
l’exercice 1880, aucune grève qui
mérite d’être signalée à votre attention (…) Les rapports entre ouvriers
et patrons sont généralement faciles
dans ma circonscription et la plupart des difficultés qui surviennent
se terminent presque toujours à
l’amiable et sans que mon administration ait à intervenir, à quelque
titre que ce soit ».
En 1899, cinq organisations naissent
à Corbeil et Essonnes. Le premier
constat est celui de leur précarité.
Plusieurs dissolutions interviennent
très rapidement. Cette fragilité a
pour première raison l’isolement
dans lequel se trouvent la plupart
des groupements, que la CGT créée
en 1895 ne suffit pas à rompre. Cette
confédération est faiblement structurée à ses débuts et elle n’est pas
encore en mesure d’apporter un soutien efficace aux initiatives locales.
La filature de Chantemerle
(Fonds Breteau).
1905 : sept structures unies
dans l’indépendance
Il faudra attendre 1905 pour que les
syndicats de Corbeil et d’Essonnes
créent une UL, « l’union des syndicats de Corbeil-Essonnes”. Elle regroupe sept organisations.
Les buts affichés affirment l’indépendance matérielle vis-à-vis du
patronat, des notables et des partis:
« L’union interdit dans les assemblées toute discussion politique,
en conséquence, l’union n’adhère
à aucune organisation politique et
ne participera à aucun congrès politique. Chacun de ses membres restant à cet égard libre de faire individuellement ce qui lui convient ».
Une certaine forme d’échange avec
les autorités est recherchée, à travers des demandes de subventions
d’activités ou de la mise en place
de premières institutions. Une première alliance s’est construite pour
obtenir la création du tribunal des
Prud’hommes à Corbeil, qui commence à fonctionner en 1902.
Toutes les organisations ne sont
pas affiliées à la CGT et celles qui le
sont semblent avoir une autonomie
assez importante. Ce syndicalisme
cherche surtout la conciliation. La
première guerre mondiale, la révo-
lution russe, la création du PCF en
1920, le Komintern et l’ISR (Internationale Syndicale Rouge) dirigées
par Moscou, la scission de 1921 à
1936 entre Confédérés et Unitaires
à la CGT vont changer l’esprit et la
forme des activités.
L’affaire Campanaud
De 1919 à la fin des années 60, on
observe une très importante évolution du statut et de la place des
organisations syndicales.
Dans la région de Corbeil-Essonnes–Évry, l’affaire Campanaud
est intéressante. Elle survient en
février 1920 chez les cheminots du
PLM. Jean-Baptiste Campanaud,
menuisier au dépôt de Villeneuve
Saint-Georges et responsable de la
propagande syndicale, sollicite une
permission de deux jours auprès de
la direction de la Compagnie pour
assister à la réunion de la commission administrative de l’Union
des syndicats PLM, qui se tient à
Dijon. Son congé est refusé, mais
Campanaud passe outre, arguant
que la Compagnie lui avait promis d’accorder toutes facilités aux
délégués pour mission syndicale.
Il est sanctionné d’une mise à pied
de deux jours, ce qui déclenche
immédiatement la grève de 1600
cheminots au dépôt de Villeneuve
Saint-Georges ; grève qui s’étend
rapidement à l’ensemble du PLM
en un mouvement de grève géné-
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 22 - Février - Mars 2015 -
histoire
Les salariés de Decauville en grève,
1906. (Fonds Breteau)
rale. Au cœur des revendications, il
y avait bien sûr le respect du droit
syndical, mais aussi le statut des
cheminots et l’échelle des salaires.
La grève, moyennant une interruption de quelques semaines, perdure
finalement jusqu’au mois de mai, se
solde par un échec et la révocation
de 18 000 salariés.
Les appareils syndicaux
se constituent
La période 1919-1970 voit apparaître
quatre nouvelles confédérations : la
CFTC en 1919, la CGC en 1944, FO,
issue d’une scission de la CGT en
1947, et finalement la CFDT en 1964.
Cette évolution du paysage syndical n’est pas immédiatement visible
dans la région de Corbeil-Essonnes
– Évry, où la CGT reste de loin l’organisation majoritaire jusque dans
les années 1980.
De 1919 à la fin des années 60 se
constituent de véritables appareils
syndicaux avec des permanents et
Pendant ses 30 années de direction communiste, l’équipe municipale a soutenu
les luttes des salariés. Ici, Roger Combrisson et Aline Marti intervenant au cours
d’un meeting des travailleurs de l’imprimerie Hélio en grève. (Fonds Breteau)
l’acquisition d’un patrimoine immobilier. L’Union syndicale CGT de
Corbeil-Essonnes, qui a demandé
pendant plusieurs décennies aux autorités locales le financement d’une
Bourse du travail, sans succès, parvient à acheter un bâtiment dans les
années 1930, grâce à une collecte.
Progressivement, les UL parviennent
à financer des permanents.
Les syndicats locaux fournissent,
par ailleurs, de nombreux militants
pour les directions fédérales et
confédérales. André Malterre, directeur des services administratifs
et juridiques des papeteries Darblay, a été secrétaire général adjoint
de la CGC dès 1947 et il en devient
le secrétaire général en 1950. Roger
Combrisson, Maire de Corbeil-Essonnes, fut le secrétaire général du
syndicat national des cadres CGT
de la SNCF de 1953 à 1959.
1968 : les salariés
entrent dans l’économie
Les conflits sociaux
ont principalement
concerné les salaires,
la
reconnaissance
des
qualifications
professionnelles, les
carrières, les conditions de travail, le
temps de travail…
Cette amélioration de
la condition salariale
prévaut également
dans la gestion municipale de la toute
nouvelle ville de Corbeil-Essonnes (1951).
Ainsi, l’équipe municipale du communiste Roger Combrisson comprend
une dizaine d’ouvriers des entreprises
de la ville et oriente son action sur le
développement d’équipements collectifs et de services publics de proximité accessibles par tous.
En revanche, la question de l’exercice du pouvoir syndical dans le
champ économique est très peu
abordée. Le mouvement de 1968 repose avec force la question du pouvoir d’intervention des salariés dans
le champ économique. Dès le début
des années 1970, les salariés de la
Snecma se mobilisent en faveur de
la réorientation de l’entreprise vers
la production de moteurs civils.
Avec la crise, on voit se développer de nombreuses luttes locales,
au cours des années 1970, pour
empêcher les plans de licenciement
ou les fermetures d’entreprise. Les
syndicats prennent l’habitude d’interpeller les élus locaux et l’opinion
publique. C’est notamment le cas
lors des restructurations de la Néogravure ou de la Papeterie.
Après 1981, les lois Auroux développent la démocratie dans les
entreprises (droit d’expression,
CHSCT, prérogatives économiques
des CE), mais les syndicats des entreprises traditionnelles mettent du
temps à s’en saisir, sauf lors des restructurations ou fermetures. Ainsi,
les droits d’expertise économique
ont été mobilisés à la Papeterie à
la fin des années 1990 pour tenter
d’empêcher la fermeture définitive
de l’entreprise. De même, les salariés de Belin à Ris-Orangis ont alerté
l’opinion publique sur le comportement économique irresponsable de
Danone. Plus récemment, les syndicats d’Hélio Corbeil se sont mobilisés pour reprendre leur entreprise
dans le cadre d’une SCOP.
Même si l’unité de production a
fermé, l’affaire Danone a donné
lieu à de nouvelles tentatives législatives sur le rôle de veto que
pourraient jouer les CE en cas de
restructuration.
Malgré la crise et un affaiblissement général, mais non univoque,
il existe toujours un renouvellement
des forces syndicales et un fond de
contestation sociale (1986, 1995,
2002, 2010). On peut donc envisager que l’action syndicale dans le
champ économique puisse prendre
beaucoup plus de force.
La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 97 - page 23 - Février - Mars 2015 -
Sylvie Contrepois
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