Rue Frontenac - Primeur – Peter Frampton, 35 ans après LE disque

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Rue Frontenac - Primeur – Peter Frampton, 35 ans après LE disque
Rue Frontenac - Primeur – Peter Frampton, 35 ans après LE disque
Écrit par Philippe Rezzonico
Jeudi, 21 avril 2011 10:16 - Mis à jour Samedi, 30 avril 2011 01:23
Il y a 35 ans, son vinyle double Frampton Comes Alive! était l’album le plus vendu du moment.
Trois décennies après son dernier passage à Montréal, Peter Frampton se pointera au Festival
de jazz cet été pour offrir son classique en version intégrale. Pour l’occasion, le Britannique
naturalisé américain explique à Rue Frontenac la genèse de son disque, son impact… et ce
qu’il aurait fait différemment à l’époque.
Avouons-le, tout adolescent qui a commencé à écouter de la musique anglo-saxonne dans la
deuxième portion des années soixante-dix est tombé sur le cul à l’écoute de Frampton Comes
Alive!
Pardi, le
monsieur arrivait à faire parler sa guitare !
Évidemment, quand tu as 15 ans, que tu découvres un artiste et que tu ne connais rien, rayon
guitares, tu ne sais forcément pas ce qu’est une talkbox, ce machin qui permet de fusionner sa
voix au son de son instrument. D’ailleurs, a posteriori, pas sûr que beaucoup d’adultes qui ont
écouté l’album dans le temps le savaient eux-mêmes.
N’empêche, l’impact de ce disque dont les trois extraits (Do You Feel Like We Do, Show Me the
Way, Baby, I Love Your Way
) ont joué
– et jouent encore – sur les ondes des radios rock, fut immédiat. Il faut se rappeler que,
historiquement, les disques live n’avaient pas la cote.
Il y avait déjà des classiques, que l’on pense à Get Yer Ya-Ya’s Out!, des Stones, ou Live at
Leeds
,
des Who. Sauf qu’il s’agissait d’exceptions. Non seulement les disques enregistrés en
spectacle n’étaient pas les plus rentables, mais les performances étaient le plus souvent
immortalisées dans des conditions d’enregistrement risibles selon les standards d’aujourd’hui.
Continuité
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Écrit par Philippe Rezzonico
Jeudi, 21 avril 2011 10:16 - Mis à jour Samedi, 30 avril 2011 01:23
À bien des égards, Frampton Comes Alive! a marqué une époque. Bien que pour Frampton
lui-même, qui sera à la salle Wilfrid-Pelletier le 30 juin, ce disque ait été dans la continuité de ce
qu’il avait fait au sein de Humble Pie.
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À la fin de l’année 1976, Frampton Comes Alive! s’était vendu à six millions d’exemplaires. Photo cou
« On était la même équipe, j’avais le même agent, et c’était pas mal la même façon de
procéder, se souvient Frampton, joint en Californie. On sentait qu’on en était au même point
que lorsqu’on avait enregistré Performance – Rockin’ the Fillmore, avec Humble Pie. Il
s’agissait de la même forme d’art, bien que pour un genre de musique différent.
« Mais on se disait qu’il était temps de passer au live, après quatre albums studio, parce qu’à
ce moment, mon public de scène était plus imposant. Mon album précédent, Frampton, s’était
écoulé à environ 350 000 exemplaires, ce qui était plus que tous mes albums solos précédents
réunis. »
Frampton n’a donc pas eu trop de difficulté à vendre l’idée du disque aux dirigeants de A&M,
mais l’opération devait être relativement modeste.
« Ça devait être un disque simple, essentiellement pour des raisons de coûts, note celui qu’on
verra à Tout le monde en parle, dimanche. On avait décidé d’enregistrer un soir au Marin Civic
Center, puis deux autres shows au Winterland Ballroom (à San Francisco). Ça ressemblait à la
formule Humble Pie. Pour Rockin’…, on avait enregistré deux shows. On est donc revenus à
New York avec l’idée de graver cinq chansons. Jerry Moss, le copropriétaire d’A&M, se pointe
en studio, écoute nos bandes, hoche la tête et dit : “Mais c’est incroyable ! Où est le reste ?”
« Il n’y avait pas vraiment de reste. En fait, on avait plein d’autres chansons enregistrées, mais
on n’était pas très satisfaits de la prise de son, de ceci, de cela. Il nous a répondu : “C’est trop
bon. On va jusqu’au bout.” Et c’est comme ça qu’on a enregistré d’autres performances et que
le disque est devenu un double. »
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Écrit par Philippe Rezzonico
Jeudi, 21 avril 2011 10:16 - Mis à jour Samedi, 30 avril 2011 01:23
L’impact
Et là, la vie de Frampton s’est transformée. À la fin de l’année 1976, Frampton Comes Alive!
s’était vendu à six millions d’exemplaires. Et les spectacles s’ajoutaient aux spectacles. Et on
voulait un nouveau disque. Et Frampton était sollicité de toutes parts. Bénédiction ou
malédiction ?
« Peu importe qui vous êtes, un succès de ce genre, ça affecte n’importe qui, peu importe
l’étendue de votre carrière. Ici, on est passé d’un extrême à l’autre en une nuit. Pourtant, j’avais
déjà 15 ans de carrière quand c’est survenu. Nous étions complètement ébahis de l’accueil du
public et des ventes incroyables, mais ça a aussi causé des tas de problèmes.
« Si c’était à refaire, j’aurais géré les choses de façon différente. Déjà qu’on était souvent sur la
route, la demande de spectacles a été décuplée. Mais on s’est aussi retrouvés bien plus vite
que prévu en studio. Il y a des gens qui voulaient miser sur l’impact du disque. Des gens qui
avaient leurs propres plans et qui étaient cupides. Comes Alive!, c’était dix albums en un. On
n’aurait pas dû se précipiter en studio pour faire I’m in You, le disque suivant. En rétrospective,
ce fut une mauvaise décision. Nous n’étions pas prêts, mais… hé ! qui étais-je pour le savoir ? Il
n’y avait pas eu de précédent.
F
rampton Comes Alive!
venait de dépasser les ventes mondiales de l’album de Carole King (
Tapestry
). »
L’un des impacts les plus importants aux yeux de Frampton fut la perception du public.
Professionnel au très jeune âge de dix ans, guitariste du groupe The Herd à ses 16 printemps,
Frampton ne voulait pas de l’étiquette de jeune idole qui lui collait un peu à la peau depuis que
des magazines britanniques spécialisés l’avaient désigné « Visage » de 1968, l’année de ses
dix-huit ans. Retour du balancier, donc.
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Écrit par Philippe Rezzonico
Jeudi, 21 avril 2011 10:16 - Mis à jour Samedi, 30 avril 2011 01:23
Beau gosse
Le beau gosse, avec ses longs cheveux bouclés, occupait tout l’espace de la pochette de Fram
pton Comes Alive!
Même le magazine Rolling Stone l’avait mis en une, torse nu, pour les besoins d’un texte signé
par son pote Cameron Crowe. Pour Frampton, c’était la vedette pop qui prenait le dessus sur le
musicien respecté de ses pairs.
« Aujourd’hui, Dieu merci, je n’ai plus à me m’occuper de mon allure (rires). Mais il est vrai qu’il
y a quelque chose d’injuste avec la perception dans ce milieu. Si tu parais trop bien, tu ne peux
jamais être crédible aux yeux de certains. C’est particulièrement vrai pour les femmes. Il y en a
qui sont tellement belles qu’elles ne reçoivent jamais le mérite qui leur est dû pour leur art. On
ne voit que leur apparence. Le grand Laurence Olivier disait de son épouse (Vivien Leigh) :
“Elle est bien trop belle.” »
À lire aussi : Ce que nous réserve Frampton le 30 juin
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