daby touré - Live
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DABY TOURÉ Nouvelle biographie STÉRÉO SPIRIT Sortie le 12 février Daby Touré vient d’enregistrer Stéréo Spirit en Angleterre, dans les studios Realworld. Avec ce deuxième album, il espère enrichir de sonorités inédites une musique pop aux origines anglo-saxonnes, et créer un genre d’essence africaine. Une musique qui mériterait de rencontrer le grand public de la variété internationale et qui, malgré la barrière de la langue, sortirait enfin des bacs étriqués et isolés des « musiques du monde », pour exister comme musique tout court. Daby serait-il sur le point de réussir ce pari ambitieux ? En unissant la diversité culturelle de ses pays d’origine à celle du « vieux continent », il a construit un pont entre deux mondes et deux musiques. Ce pont lui a permis de franchir les frontières pour donner vie à un langage poétique et à un son universel. Un e voc ati on i mp ér ieuse Daby Touré naît en décembre 1971 à Boutilimit, en Mauritanie. Il n’y grandit pas. Sa famille vit au cœur d’une vaste zone géographique qui couvre la Mauritanie, la Casamance, et toute la région du fleuve Sénégal, de son delta jusqu’à sa source en Guinée Conakry. À la séparation de ses parents, Daby suit son père en Casamance. C’est le début d’une longue série de déplacements dans le territoire ouest africain entre les villes de Ziguinchor, Dakar, Nouakchott, et le village de Djéol. D’un pays et d’une famiIle à l’autre, Daby est tour à tour élevé par sa grand-mère, son père et ses oncles. Ses innombrables voyages lui ont apporté une parfaite maîtrise des langues wolof, soninké et pulaar. Né d’une mère mi-toucouleur, mi-maure, il parle aussi le hassanya, la langue maure. Lorsque à l’âge de dix-huit ans Daby quitte son pays, il est armé de solides atouts culturels et linguistiques qui façonneront l’essence de sa musique, et la poésie de ses paroles. En cachette et malgré les sévères corrections reçues quand on le trouve une guitare à la main - son père voulait le voir acquérir les diplômes qui lui assureraient « un vrai métier » - Daby apprend seul à jouer de cet instrument. Enfant, il explore les richesses musicales de son continent et montre rapidement un intérêt particulier pour des musiques très structurées : chants et danses traditionnels wolof, soninké, pulaar et maure, les harmonies mandingues et sud-africaines, la variété zaïroise de Tabu Ley et Franco, le Bembeya Jazz de la Guinée de Sékou Touré… Parallèlement, il entre en contact avec les musiques anglo-saxonnes en usant les trop rares cassettes qu’il arrive à se procurer. Il connaît chaque accord des albums de Dire Straits. Admiratif du groupe The Police, il décortique le jeu de son batteur Stewart Copeland, il est aussi subjugué par la précision des enregistrements de Bob Marley. En France, il profite de la diversité musicale que lui offre son pays d’accueil pour parfaire ses connaissances. Avec une écoute toujours exigeante, il dévore les nouveaux sons que lui propose la scène pop. Il approche aussi le milieu du jazz-rock et se lie d’amitié avec le groupe Sixun. Cette longue formation d’autodidacte lui apportera un son et un style uniques. Rea lw orld pu bli e l’ albu m Di am à l’ au to mn e 2004 En 2001, Daby s’enferme dans son petit home studio improvisé au milieu du salon pour se consacrer à la réalisation d’un album. Il crée et peaufine une maquette sans aucune certitude de la voir un jour exister. Qu’il chante en wolof, soninké, pulaar ou dans une langue imaginaire de sa création, ses paroles restent incompréhensibles à nos oreilles occidentales, mais elles participent à l’onirisme de sa musique. À Paris, rares sont les maisons de disque qui prêtent véritablement attention à son projet. Daby décide de tenter sa chance en Angleterre, il envoie sa maquette chez Realworld et, dans un juste retour de l’amour qu’il a toujours porté à la musique anglo-saxonne, le label de Peter Gabriel le signe instantanément pour la réalisation de trois albums. Peter Gabriel confie d’abord à Daby les premières parties de sa tournée européenne, et l’invite chaque soir à partager un duo sur scène. À la sortie de Diam, la presse est unanime, l’accueil enthousiaste. « Folk raffiné et aérien d’une rare intensité, fantastique compositeur, guitariste hors pair, arrangeur avisé…», les superlatifs ne manquent pas. Sans compromis, Daby Touré a su imposer une musique où se mêlent harmonieusement ses cultures africaine et occidentale. Aujourd’hui, il séduit un public toujours plus large, et s’affirme sur les scènes internationales (tournées aux USA, au Canada, en Palestine…). Il a donné à son nouvel opus une tonalité encore plus chaleureuse et un son « authentique ». On devine son envie d’acquérir une légitimité auprès d’un public qu’il sait exigeant, même intransigeant, celui des régions où il a grandi. Daby aimerait réaliser un rêve, organiser sa première tournée sur le continent africain. Il appréhende la réaction du public. Vibrera-t-il à la modernité et l’originalité d’un son qu’il ne connaît pas ? Daby annoncerait-il alors l’arrivée d’une nouvelle génération d’artistes ? Laurent Chardon www.realworldrecords.com/dabytouré - www.blueline.fr c onc er t P aris L a Ci ga le 20 mars 200 Extraits de presse : « (…) Chez Daby Touré, tout est harmonie et quiétude, chaque titre imprégné d’une sérénité acoustique épurée (…). Guitariste hors pair, arrangeur avisé, il nous embarque dans les eaux d’un folk raffiné et aérien d’une rare intensité. Une boussole à suivre les yeux fermés et les oreilles… grandes ouvertes. » « Douze chansons en peul, wolof, pular ou anglais, ciselées avec grâce et savoir faire.(…). Une musique qui mériterait de rencontrer le grand public de la variété internationale et qui, malgré la barrière de la langue, sortirait enfin des bacs étriqués et isolés des "musiques du monde", pour exister comme musique tout court. Daby serait-il sur le point de réussir ce pari ambitieux ? » LEXIQUE STEREO SPIRIT KEBALUSO : parle de la détermination d’un homme à vouloir rester optimiste. Dans ce monde, il construit et sans cesse son travail est sapé, mais il reconstruit aussitôt, en chantant… BAYE : l’histoire de deux jeunes qui s’aiment, mais ne savent pas encore qu’ils vont devoir se séparer à cause du refus de leur famille respective. SETAL : voie, regarde, admire l’espace, la beauté, l’immensité de ce monde et de l’univers face auquel je me sens tout petit, émerveillé par toutes ces étoiles. KIYE : le vrai soleil qui nous permettra de voir, car le jour où Kiyé sera là, on pourra enfin voir et se rendre compte des injustices. WE DON’T NEED : J’avais envie d’une chanson à travers laquelle n’importe quel individu pourrait exprimer sa révolte et son ras-le-bol, et son envie de vivre en paix et dans la dignité. BIBOU : un hommage à quelqu’un que j’aime et que j’estime par dessus tout. BANTA : parle de séparations difficiles, du moment crucial où l’on doit quitter ceux ou celui qu’on aime, ou un endroit qu’on affectionne. YAFODE : je demande pardon à tous ceux que j’ai pu offenser dans ma vie sans le savoir. Soyons plus tolérants. MY LIFE : l’histoire d’un homme qui n’en peut plus de se voir dicter sa conduite par la société. YAKAARE : cette chanson est dédiée aux enfants livrés à eux-mêmes, en guerre, dans la rue, et qui pourtant sont l’avenir de leur pays. AM : Un homme assis au bord du fleuve qui l’a vu grandir, et là, il se rappelle de bons souvenirs de son enfance : l’insouciance, les jeux, la musique, les jeunes filles… WASSO : parle de la terre, l’origine de tout pour les gens du Sud de la Mauritanie et plus précisément dans le village de Djeol, les terres de Wasso sont une fierté. C’est l’essence même de la vie : la saison des pluies, la saison sèche, les récoltes, le bétail… Paris 08/03/2007 - Daby Touré, deux en un Stereo Spirit, c’est ainsi que Daby Touré a baptisé son nouvel opus comme une allégorie de sa propre vie. Fils de l’Afrique, grandi entre Mauritanie et Sénégal, et enfant du monde moderne, il est le griot de ses propres humeurs et élans qu’il couche avec délicatesse et talent sur des musiques aux arrangements "pop". Rencontre. Un passé chargé. Un père médecin et musicien qui ne souhaite pas que son fils le devienne. Une enfance tout en aller-retour entre le désert mauritanien et la Casamance, au sud du Sénégal. Un passage à l’âge adulte marqué par une transplantation sur le sol français, quand son père Hamidou Touré, rejoint ses frères Sixu et Ismaël au sein des déjà légendaires Touré Kunda. Voilà en quelques phrases, le profil de ce musicien "fils de", qui a su se faire un prénom, trouver son propre son. "Je suis né en plein désert, confie Daby Touré, mais c’est réellement à Djéole, en Casamance, au contact des cultures soninké, toucouleur et wolof que s’est forgée ma personnalité. A l’adolescence, je suis revenu à Nouakchott avant de m’envoler en 1989 pour la France avec mon père" relate Daby Touré avant de tracer une sorte d’itinéraire bis, plus musical. "Très jeune, j’ai baigné dans un environnement traditionnel, bercé par les instruments de mes ancêtres. Ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai été attiré par la guitare et que j’ai commencé à m’intéresser aux autres musiques. Mais le véritable déclencheur a été mon arrivée en France. C’est là que j’ai pu commencer à jouer avec des musiciens d’autres cultures". Laddé, un premier album enregistré avec son cousin Omar sous le nom de Touré Touré sort en 1999. Convaincu qu’il n’avancera bien que seul aux commandes, Daby s’enferme dans sa chambre et compose, arrange et fignole sur son home-studio le squelette de Diam, un premier solo signé par Realworld, le label de Peter Gabriel, en 2004. Les fondations sont déjà profondément ancrées en terre pop. Un bon traitement "Depuis, je n’ai pas arrêté de composer, explique Daby Touré. De manière spontanée, serai-je tenté d’ajouter. Même si j’ai parfois prévu des choses, anticipé des constructions, je les ai souvent modifiées. C’est en fait un album assez spontané où les couleurs se sont imposées d’elle-même comme par évidence. Simplement. Parce qu’elle me faisait du bien. En cela, je peux dire que la musique est une thérapie pour moi" précise celui qui affirme avoir besoin de cela pour vivre. "En fait, la musique me permet d’unifier ou plutôt de mettre en relation, de faire le pont entre les différentes cultures qui sont les miennes. Stereo Spirit, reflète tout à fait cela". Effectivement, la douzaine de plages de ce nouvel album tisse des liens entre son héritage culturel pastoral et son quotidien, son urbanité actuelle. "J’ai réalisé lors d’une tournée aux Etats-Unis, que je pouvais aussi bien vivre à New York qu’à Paris ou dans mon village en Afrique, que j’étais à l’aise dans tous ses pays, dans toutes ses cultures. Sentiment que je ressens exactement de la même manière lorsque que je rentre en Mauritanie ou au Sénégal. Je suis bien partout en fait... " avoue ce "terrien qui n’a pas peur d’évoluer" comme il se définit luimême. "Tout resserrer sur moi..." Auteur, compositeur, arrangeur et réalisateur de ce Stereo Spirit, Daby Touré a choisi d’occuper tous les postes clés dans la conception de cet album. "J’espère avoir été au plus loin de ce que je pouvais. J’ai travaillé plusieurs années comme musicien au sein de formations. J’ai aussi bossé en duo avec mon cousin (Omar Touré avec qui il forme les Touré Touré - NDR), je sais par expérience que si je veux pouvoir affirmer mon son, j’ai besoin de tout faire. A l’époque des Stones ou des Beatles, les groupes étaient fixes sur plusieurs années. Les musiciens s’y consacraient pleinement. Un groupe avait de fait, le temps et les moyens de parvenir à une certaine maturité, à une certaine maîtrise du son. Je n’ai jamais eu ce temps, jamais eu la possibilité de pousser à plusieurs cette recherche de cohérence, ce travail de laboratoire. C’est pourquoi j’ai décidé de tout resserrer sur moi" confie-t-il avant de revenir sur le rôle tenu par Bob Coke qui l’a conseillé, assisté dans la réalisation de cet album. "Bob est un grand producteur qui a, par exemple travaillé sur le premier Ben Harper. Il m’a apporté plus de maturité et d’expérience ainsi qu’une certaine assurance et une oreille que je n’avais pas. C‘est comme un recul indispensable, une distance nécessaire avec ce que tu crées" analyse le créateur et ultime décideur sur cet album. Un optimiste pratiquant... Si Daby est le seul maître à bord de son Stereo Spirit, cet album n’est en rien égocentré. "Mes chansons parlent des enfants, de l’affection qu’ils sont en droit de recevoir, de l’amour entre les êtres humains et des relations complexes qu’ils entretiennent. Ce sont des histoires vécues directement ou indirectement, des histoires différentes les unes des autres" résume Daby Touré. "C’est un album optimiste. De toute façon, on n’a pas le choix, on doit le rester. Parfois, je lis dans un regard tant de beauté et de sincérité que je me dis que j’ai bien fait d’y croire." Daby Touré Stereo Spirit. (Realworld/Virgin/EMI) 2007 Le 20 mars à la Cigale à Paris Daby Touré sera l'invité de l'émission Musiques du monde le mardi 27 mars Agenda World Daby Touré, précieux «Diam» Par Bouziane DAOUDI mardi 15 mars 2005 La Cigale. 120, bd Rochechouart, 75 018. Ce soir 20 heures. 20 €. Rens. : 01 49 25 81 75. Descendant de la fratrie sénégalaise Touré Kunda, Daby Touré, fils de Hamidou, est né à Nouakchott, capitale famélique de Mauritanie où il s'est nourri de musiques, d'Oum Kalsoum à Marley en passant par Police ou Dire Straits. Daby a fait de son héritage musical un disque dépouillé, un des meilleurs de 2004, Diam . Des histoires de béguin et d'aversion, de traîtrise et de délivrance, des compositions fluides basées sur la guitare. Cyrille Dufay, manipulateur de la scène électronique, façonne, lui, l'écrin pour ses mélodies précieuses. Des musiques intimistes, à la croisée de la pop planétaire et de la musique panafricaine, des rythmes qui ont séduit l'assagi Peter Gabriel. L'ange avisé de la world music a signé Daby et l'a propulsé en première partie de sa tournée européenne en 2004. On le retrouve aujourd'hui tenant ses promesses en tête d'affiche. http://www.liberation.fr/page.php?Article=282454 © Libération Afro-folk Daby Touré Dans la famile Touré, on demande Daby, fils d’Hamidou, neveu de Sixu et Ishmael (qui formèrent les Touré Kunda, le groupe qui au début des années 1980 propulsa la musique africaine en France) et cousin d’Omar, avec qui il forma le duo Touré Touré. Parisien depuis longtemps déjà, Daby, qui a des attaches au Sénégal, en Mauritanie et au Mali, nous a offert l’an dernier «Diam» (Real World-Virgin), un bijou de disque où sa voix gracile caresse des mélodies qui semblent rêver tout haut de son enfance africaine sur un tapis de claviers électroniques (Cyrille Dufay), de guitare électrique (Jean-Baptiste Nallet), de violoncelle (Vincent Segal) et de percussions (Cyril Atef, Stéphane Edouard). Un grand songwriter africain moderne, dans la lignée des Lokua Kanza, Geoffrey Oryema ou Rokia Traoré... Le 15, la Cigale Daby Touré, orfèvre en mélodies. Crée le 11/03/2005 à 7 h 00 Révélé par Peter Gabriel en première partie de sa dernière tournée, ce jeune franco-mauritanien vient illuminer de son talent la scène afro-pop. Il a débarqué sans bruit, en juin dernier, avec son premier album sous le bras, inconnu de tous, et en l’espace de quelque mois, pris dans la tornade d’un engouement général, le nom de Daby Touré s’est retrouvé sur toutes les lèvres. Sa voix a envahi les ondes radio, son album Diam , vendu à plus de 30 000 exemplaires, vient d’être réédité, et le petit génie n’en finit pas de remplir les salles et d’être programmé dans les plus grands festivals de ce printemps (Francofolies, Musiques Métisses…). Mais qui est donc ce trublion venu de nulle part, aux allures d’ado nonchalant et rigolard, qui sans prévenir, est venu rafraîchir nos oreilles parfois lasses de sonorités convenues ? En premier lieu, il est un fantastique compositeur, créateur de mélodies afro-pop parfaitement inédites, d’emblée séduisantes. Car Daby Touré, qui n’est autre que le fils d’un des frères Touré Kunda, a su s’affranchir d’un héritage familial de poids. Sans autre influence que ses propres inspirations, ce jeune francomauritanien a imposé de façon fulgurante son empreinte musicale, mêlant les cultures afro-occidentales qui sont les siennes. Chez Daby Touré, tout est harmonie et quiétude, chaque titre imprégné d’une sérénité acoustique épurée (en soninké, pular et wolof Diam signifie « paix »). Guitariste hors pair, arrangeur avisé, il nous embarque dans les eaux d’un folk raffiné et aérien d’une rare intensité. Une boussole à suivre les yeux fermés et les oreilles…grandes ouvertes ! Diam – RealWorld/Virgin En concert à Paris, la Cigale le 15 mars, en province de mars à juillet. Daby Touré, l'étoile folk de Nouakchott LE MONDE | 05.10.04 | 13h47 Le jeune homme né en Mauritanie sort un premier album harmonieux, "Diam", dans lequel il chante en wolof, en soninké et en pular, intégrant influences occidentales et africaines. Il est en tournée en France. Ce fut l'éclaircie dans la grisaille de la rentrée discographique : Diam, "Paix", un titre joliment provocateur en ces années de sinistrose post-11-Septembre. Le premier album d'un parfait inconnu, Daby Touré, originaire de Mauritanie, un pays qui s'était jusqu'alors fait plutôt discret sur la carte des musiques africaines. Et dont on parle sporadiquement, quand ses conflits ethniques se réveillent. La concorde promise par le mot Diam existe triplement sur ce disque : oralement, par la coexistence pacifique de trois langues parlées au sud de ce pays bordé par le fleuve Sénégal : wolof, soninké et pular - langue des Toucouleur, peuple issu des Peuls - ; culturellement, par une sensibilité qui accepte les influences occidentales sans se laisser vampiriser ; musicalement, par l'harmonie entre un folk s'inclinant devant la toutepuissance de la mélodie et une machinerie légère. Diam serait canonique de la "world music", ou de son équivalent français, si l'intéressé n'en récusait farouchement l'appellation : "Musiques du monde ? J'aimerais bien qu'on dise à un peintre qu'il fait des peintures du monde !". Daby Touré porte des dreadlocks, joue de la guitare acoustique et invoque le respect des traditions en travaillant avec des logiciels. "L'Afrique reste figée comme si on était banni du monde qui évolue, dit-il, alors qu'on dispose de l'information avec les satellites. Il y a une modernité fantôme : tout est délabré mais il y a des portables au village." Pour l'heure, le jeune homme goûte aux joies des marathons promotionnels. Chouchouté par la critique, Diam lui vaut, assure-t-il avec une pointe de forfanterie, d'être très sollicité. Il a conscience de son talent : "J'ai une idée très précise de ce que je veux faire, même dans les trois albums qui viennent." On s'interroge : le surdoué aurait-il déjà de quoi remplir une trilogie ? "Non, dix disques. J'ai pas arrêté de bosser, j'ai cette chance de pouvoir composer des chansons." Ce don viendrait-il de sa condition de "fils de"? Son père, Hamidou Touré, fut membre de Touré Kunda, trio passeur de la musique sénégalaise dans les années 1980. Cela ne suffit pas à l'intimider : "Mon père est arrivé dans Touré Kunda en 1989 et il y est resté un an. Ils n'ont fait qu'un disque ensemble, Salam." Afin que l'on comprenne cette généalogie qui relie Sénégal et Mauritanie, Daby Touré aime conter l'histoire familiale : son grand-père homonyme appartenait à une fratrie de cordonniers dans le village de Kaye, situé au Mali. Les quatre frères traquaient le crocodile pour fabriquer chaussures, sacs et portefeuilles. Et puis le marigot s'est tari, entraînant la disparition progressive du précieux saurien : "Cette sécheresse les a amenés à se séparer pour subvenir aux besoins de leur famille. Le premier est allé en Guinée, le second en Mauritanie, le troisième, mon grand-père, s'est installé au Sénégal, à Ziguinchor - fief des Touré Kunda -, et le dernier est resté là-bas. Actuellement, j'ai une grande famille au Mali que je ne connais pas. J'ai pu aller en Casamance et ensuite je suis retourné à Nouakchott. Ce qui explique pourquoi je parle toutes ces langues." Cette poésie vernaculaire, incompréhensible (donc onirique) pour le béotien, fait le charme de Diam. On sait seulement que Daby Touré parle d'amour, celui qu'il porte à la famille, aux femmes et aux enfants. Fils unique d'Hamidou Touré, infirmier le jour, musicien la nuit, et d'une femme mi-maure, mi-toucouleur, Daby Touré hésite en revanche à s'exprimer sur la situation politique de la République islamique : "Ma mère vit en Mauritanie avec une grande famille. Cela ne sert donc à rien de me demander ce que je pense du régime. On n'a pas de démocratie, tout le monde le sait. Si je dis quelque chose, non seulement ça ne va rien changer, mais je vais avoir des problèmes et on va enfermer ma famille. J'en connais qui ne peuvent plus rentrer chez eux. Ils sont en exil, se rongent, deviennent malades." IL REPREND "SWEET HOME ALABAMA" Daby Touré se considère "autant mauritanien que français", depuis que son père a quitté Nouakchott pour rejoindre Touré Kunda à Paris, en 1989. Hamidou Touré ne l'aura guère aidé dans sa vocation : "Il voulait d'abord que j'aie des diplômes, un minimum de savoir. Pour lui, c'était un métier à risques, alors que pour moi c'était une expérience personnelle." L'adolescent s'inscrit en lycée d'enseignement professionnel, option vente commerciale, à Romainville (Seine-Saint-Denis), "car c'était le seul moyen d'arrêter le long cycle". Les VRP se passeront de lui. Le soir, il chante du rock'n'roll et reprend, avec une ironie mordante, Sweet Home Alabama, l'hymne du groupe américain Lynyrd Skynyrd, cultivant la nostalgie des idéaux ségrégationnistes des Confédérés. Les choses deviennent sérieuses avec Touré-Touré, duo constitué avec son cousin Omar, qui publie l'album Laddé. Quelques-uns perdent la tête sur ces "Beatles africains"; lui, il considère que la parenté avec Touré Kunda était trop évidente et que l'exercice relevait de l'"exorcisme". A cette époque, il s'amourache du jazz-rock en se liant d'amitié avec le groupe Sixun et se focalise sur la virtuosité instrumentale. Fausse piste, mais le temps n'aura pas été perdu. Rompu à la technique, il peut redécouvrir les vertus de la simplicité. Le folk africain a une longue histoire - Ali Farka Touré, Geoffrey Oryema et Ismaël Lô l'ont précédé - qui passe par des correspondances complexes entre les musiques mandingues et le blues du Mississippi. Mais c'est surtout avec la Grande-Bretagne que Daby Touré a noué des relations affectives. En usant, enfant, les cassettes de Dire Straits et de The Police, puis en croisant la route de Peter Gabriel. Personne en France n'avait prêté l'oreille à Diam, à ce chant d'oiseau, cette guitare cristalline ou ces percussions sensuelles : "Je n'ai jamais eu ne serait-ce qu'une réponse des maisons de disques, sauf pour me dire que je devais faire des chansons en français. Ça m'a fait mal, et je me suis refermé sur moi. J'ai lu Zola, Racine, Corneille. "Ô rage, ô désespoir...", j'adore ça. Il n'y a aucune raison que je ne chante pas en français, mais il ne faudra pas qu'on me l'impose." Heureusement, il y eut un mail de Realworld, le label fondé par Peter Gabriel. Quelques mois plus tard, Daby Touré était invité par l'ancien chanteur de Genesis à chanter en sa compagnie In Your Eyes, sur la scène de Bercy. Ce qui en dit long sur le jugement des décideurs français du disque, sans doute trop affairés à dénicher la nouvelle star de la télé-réalité. Bruno Lesprit Disques World Daby Touré Par Bouziane DAOUDI vendredi 10 septembre 2004 Daby Touré Diam (Real World/Virgin). Le Franco-Mauritanien Daby Touré signe avec ce premier album solo l'un des meilleurs disques de l'année, pas seulement en musique africaine mais en musique tout court. Voix douce, guitare soyeuse, Daby Touré cisèle une douzaine de ballades admirables, de l'ouvrage raffiné sur un rythme fluide ponctué par des percussions délicates. Des mélodies dont la pureté semble évidente, mais qui ont dû exiger beaucoup de minutie. Daby Touré a assuré la première partie de la récente tournée de Peter Gabriel qui ne tarit pas d'éloges sur le prodige. Fils de Hamidou Touré, l'aîné de la fratrie Touré Kunda, né il y a une trentaine d'années à Nouakchott puis installé en France à ses 18 ans, Daby Touré a fondé en 1992 à Montreuil un groupe énergique qui redonne vitalité à l'Afrique-sur-Seine. Riche d'une première jeunesse mauritanienne baignée par les rythmes africains tout en captant sur la radio Police, Marley ou Dire Straits, puis d'une seconde, française, séduite par le jazz, Daby Touré enrichit cette musique universelle aux racines africaines qui émerge doucement depuis une dizaine d'années. http://www.liberation.fr/page.php?Article=237571 © Libération
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