Nouvelle VLEP et nouvelle méthode de mesurage pour les
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Nouvelle VLEP et nouvelle méthode de mesurage pour les
NOUVELLE VLEP ET NOUVELLE MÉTHODE DE MESURAGE POUR LES CONCENTRATIONS ATMOSPHÉRIQUES DE FIBRES D’AMIANTE POURQUOI ET QUELLES EN SONT LES CONSÉQUENCES ? Pascal Andujar Service de Pneumologie et Pathologie Professionnelle CHI Créteil INSERM U955 Université Paris-Est Créteil Plan • Contexte : • MCOP et fibre WHO • VLEP Amiante actuelle et Méthodologie de mesurage • Avis et Rapport ANSES (ex-AFSSET) – 2009 • Evaluation des risques sanitaires liés aux fibres courtes et fibres fines d’amiante • Décret 2012-639 du 4 mai 2012 • Nouvelle VLEP Amiante Contexte : MCOP et fibre WHO • Fin des années 1960 : • Microscopie optique à contraste de phase (MCOP) = Méthode de mesurage référence internationale choisie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) suite à un consensus établi sur des considérations métrologiques • Fibre WHO définie par l’OMS (limite des techniques de mesurage en MCOP) • Longueur : L ≥ 5 µm • Diamètre : 0,2 < d < 3 µm • Rapport : L/d ≥ 3 En milieu de travail • Fibres WHO comptées en MOCP • Valeur limite d’exposition professionnelle sur 1 heure : 0,1 f/cm3 (100 f/L) • Technique de mesure : microscopie optique en contraste de phase (MOCP) • Dimensions mesurées en MOCP : L ≥ 5 µm, 0,2 µm < d < 3 µm et L/d ≥ 3 NB : Pour information, l’environnement professionnel actuel concerne, outre les chantiers de désamiantage, des activités au contact avec des matériaux ou produits contenant de l’amiante susceptibles d’exposer le travailleur aux fibres d’amiante tant dans l’environnement extérieur. Exemple : travaux sur de l’asphalte amianté, transfert de matériaux amiantés…) que dans l’environnement intérieur. Microscopie optique à contraste de phase (MCOP) • Amosite x40 Environnement général • Fibres WHO comptées en META • Valeur réglementaire : 5 f/L • Technique de mesure : microscopie électronique à transmission analytique (META) • Dimensions mesurées en META : L ≥ 5 µm, 0,01 µm < d < 3 µm et L/d ≥ 3 NB : Pour information, l’environnement général intérieur concerne les bâtiments résidentiels ou non résidentiels mais également les environnements professionnels définis par une exposition « passive » des travailleurs tels que les bureaux, commerces, locaux industriels dont, par exemple, une partie du bâtiment contient des MPCA toujours en place…Ces situations ne concernent pas les expositions liées directement à une activité aux postes de travail au contact de MPCA. Microscopie électronique à transmission analytique (META) Dodson RF, et al. Asbestos fiber length as related to potential pathogenicity: a critical review. Am J Ind Med 2003. 44:291-7. • Revue de la littérature sur : • pertinence de la définition d’une fibre • pathogénicité des fibres d’amiante selon leurs paramètres dimensionnels, notamment les fibres courtes d’amiante (FCA) • Données disponibles : • => hypothèse que les fibres d’amiante induisent une réponse pathologique quelle que soit leur longueur. L’exclusion des FCA dans la genèse des pathologies liées à l’amiante serait donc critiquable. Saisines de l’AFSSET • 7 février 2005 : Saisine de l’AFSSET par les directions générales de la santé (DGS) et du travail (DGT), et la direction des études économiques et de l’évaluation environnementale (D4E), • Evaluation des risques sanitaires liés aux FCA • FCA = L < 5 µm, d < 3 µm et rapport L/d ≥ 3. • 16 mai 2007 : Mission complémentaire à la demande de la direction de la prévention des pollutions et des risques (DPPR), la DGS et la DGT • Extension des investigations aux fibres fines d’amiante (FFA) • FFA = L ≥ 5 µm, d < 0,2 µm et rapport L/d ≥ 3 Saisines de l’AFSSET 3 axes : 1. Evaluer de la toxicité des FCA et des FFA 2. Déterminer de la possibilité de granulométrique des fibres selon : caractériser la répartition • les circonstances d’exposition (population générale ou professionnelle) • la nature de l’amiante (chrysotile ou amphibole) 3. Evaluer les risques pour la santé humaine liés à une exposition aux : • FCA (non pris en compte dans la réglementation actuelle) • FFA (non prises en compte dans la réglementation professionnelle actuelle) et la redéfinition si nécessaire d’un nouveau seuil de protection pour la population générale. Saisines de l’AFSSET • Pertinence des dispositions réglementaires en vigueur, notamment : 1. Seuil actuel de protection des travailleurs fixé VLEP à 100 fibres par litre (0,1 f/mL) d’amiante sur 1 heure 2. Absence de comptage des FCA professionnel 3. Analyse des possibilités et limites offertes par la microscopie électronique à transmission analytique (META) pour mieux comptabiliser l’ensemble des fibres d’amiante, dont les FFA, par rapport à la MOCP et des FFA en milieu Avis et rapports d’expertise collective AFSSET 2009 • Février 2009. Les fibres courtes et les fibres fines d’amiante. Prise en compte du critère dimensionnel pour la caractérisation des risques sanitaires liés à l’inhalation d’amiante. Réévaluation des données toxicologiques, métrologiques et épidémiologiques dans l’optique d’une évaluation des risques sanitaires en population générale et professionnelle. 2009. Valeurs limites d’exposition en milieu professionnel : Évaluation des effets sur la santé et des méthodes de mesure des niveaux d’exposition sur le lieu de travail pour les fibres d’amiante • Août Toxicité des FFA et FCA • A l’heure actuelle, aucune étude expérimentale ne permet d’évaluer avec précision la relation dose-effet pour chaque classe granulométrique des fibres d’amiante, indépendamment des autres classes granulométriques. => mélange de types de fibres dans tout échantillon employé +++ • Plusieurs travaux suggèrent que : • des facteurs autres que dimensionnels interviennent dans les propriétés cancérogènes des fibres d’amiante : • réactivité de surface, • composition chimique • interaction avec certaines molécules comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques. • Ces facteurs conditionnent la biopersistance des fibres d’amiante, quelle que soit leur classe granulométrique Toxicité des FFA • Données expérimentales chez l’animal • Plus grand pouvoir cancérogène des fibres « longues » par rapport à celui des fibres « courtes ». • Augmentation significative du nombre de tumeurs en relation avec la diminution du diamètre des fibres (0,25 µm < d <1,5 µm) et cela indépendamment de la longueur, y compris pour des longueurs < 8 µm. • Données in vitro • Rôle majeur des paramètres dimensionnels (effets plus importants avec la diminution du diamètre) dans les propriétés cancérogènes des fibres d’amiante. • Au total : Les éléments recueillis sont concordants pour affirmer l’existence d’un effet cancérogène induit par les FFA. Toxicité des FCA • Données expérimentales chez l’animal • Nombre de tumeurs induites par les FCA nul ou faible selon les protocoles et les variétés minéralogiques d’amiante. • Données in vitro • Rôle majeur des paramètres dimensionnels (effets plus importants avec l’augmentation de la longueur) dans les propriétés cancérogènes des fibres d’amiante. • Effets cytotoxiques et génotoxiques ou sur la mitose liés aux FCA. Toxicité des FCA • De nombreuses limites, liées notamment aux contraintes expérimentales, viennent nuancer ces résultats et leur interprétation quant au potentiel toxique des FCA. • conditions de préparation et d’analyse des échantillons, • nombre d’animaux utilisés • présence systématique et simultanée de fibres L > 5 µm et de fibres L < 5 µm dans les échantillons • Données épidémiologiques : • Un effet cancérogène ne peut être écarté, bien que les résultats indiquent un effet de nul à faible par rapport aux fibres longues d’amiante. • Au total : L’existence d’un effet cancérogène des FCA ne peut pas être écartée. Evaluation des méthodes de mesure des expositions • Aucune des méthodes actuellement disponibles ne convient parfaitement pour mesurer l'exposition professionnelle aux fibres d'amiante, surtout les plus fines d’entre elles : Microscopie optique à contraste de phase (MOCP) Microscopie électronique à balayage analytique (MEBA) Microscopie électronique à transmission analytique (META) • par voie indirecte • par voie directe • Cependant, possibilité d’adaptation des 2 méthodes META pour quantifier les fibres quel que soient leur caractère dimensionnel : • voie indirecte = Affranchissement du risque de perte de fibres et de modification de leur répartition granulométrique au cours de la phase de préparation • voie directe = Obtention une répartition optimale du dépôt sur le filtre lors du prélèvement METHODES METROLOGIQUES • En France, la mesure des expositions repose jusqu’à présent sur la technique : • MOCP en milieu professionnel (norme XP X 43-269 :2002) • META en environnement général (méthode indirecte, norme NFX 43-050 :1996) • MOCP : Méthode de référence internationale en milieu professionnel • Fibres mesurées actuellement : L > 5µm, 0,2µm < d < 3µm, L/d ≥ 3 • Avantages : simplicité + faible coût • Limites : pas d’identification de la nature des fibres + non prise en compte des FCA + pas de mesure possible des FFA (d < 0,2 µm) • META : • Fibres mesurées actuellement : L > 5µm, d < 3µm, L/d ≥ 3 • Avantages : identification de la nature des fibres + mesure des FCA + FFA • Limites : accessibilité + faible coût • Au total : • Différence de sensibilité entre les 2 techniques • Absence d’identification de la nature des fibres par la MOCP • Pas de modélisation fiable permettant de passer d’une mesure réalisée par une technique à l’autre. • Facteurs de conversion moyens (MOCP vers la META) allant de 1,7 à 4 proposés en fonction des types de fibres, pouvant atteindre 30 selon certains travaux. • Conclusion : La META est la seule méthode permettant une identification précise des fibres d’amiante et le comptage des différentes classes de fibres. Evaluation de l’exposition • ENVIRONNEMENT GENERAL EXTERIEUR. • Laboratoire d’études des particules inhalées (LEPI – ville de Paris) • Ré-analyse de prélèvements effectués entre 1993 et 1995 en Ile de France, en prenant en compte la totalité des classes dimensionnelles. • Echantillons = uniquement du chrysotile. • Fibres WHO + FFA : • Niveau médian = 0,12 f/L • Niveau maximal = 0,47 f/L • 0,32 et de 2,73 • FCA : • Niveau médian = 0,32 f/L • Niveau maximal = 2,73 f/L • Seuil réglementaire fixé actuellement pour l’environnement général repose sur le fond de pollution établi à partir de mesures réalisées en Ile de France en 1974 (concentrations maximales à 5 f/L pour les fibres d’amiante définies par une longueur supérieure à 5 µm). • Le fond de pollution ainsi déterminé pour l’agglomération parisienne dans les années 1990 apparait largement inférieur à celui des années 1970 puisque les concentrations maximales des fibres de longueur supérieure à 5 µm ont été divisées par 10. Evaluation de l’exposition • ENVIRONNEMENT GENERAL INTERIEUR. • Laboratoire d’études des particules inhalées (LEPI – ville de Paris) • Ré-analyse de prélèvements de 105 échantillons en provenance de bâtiments divers (entre 1997 et 2004). • Echantillons (n=105) : >90% chrysotile. • Valeurs : • • • • FCA = limite de détection - 630,9 f/L FFA = limite de détection - 14,0 f/L Fibres WHO (d < 3 µm) = 16,3 f/L FCA : variation en fonction du type de matériaux : ≈ 4 % (flocages) ; ≈ 71% (amiante ciment) ; ≈ 98% (calorifuges) • reflet d’une dégradation variable des matériaux situés à proximité des prélèvements. • à nuancer en raison du faible nombre de prélèvements et de l’absence de représentativité (série rétrospective sans tirage aléatoire des situations documentées). • FFA : ≈ 1,5% à 16,5% des fibres comptées. Evaluation de l’exposition • ENVIRONNEMENT PROFESSIONNEL • Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail (Québec) 1990 à 2006 • 7 secteurs industriels (asphalte, fabrication de freins, mines, textile, enlèvement, recyclage et amiante ciment) • 192 échantillons (98% chrysotile) • Valeurs • FCA : 87% à 96% des échantillons • moyenne = 16,3 f/mL - maximum = 505,2 f/mL • FFA : 2,1 à 5,6 % des échantillons • moyenne = 0,4 f/mL - maximum = 18,4 f/mL • Fibres WHO (0,2 < d < 3 µm) • moyenne = 0,5 f/mL - maximum = 9,3 f/mL • Dans les limites de la comparaison de données acquises avec des méthodologies analytiques différentes, les données historiques recensées dans la littérature semblent toutefois indiquer une variation plus importante de ces différentes classes granulométriques, en particulier des FCA. • Les données par secteurs sont insuffisantes pour pouvoir être exploitées et déterminer d’éventuelles variations significatives de la distribution des FCA entre les secteurs. Recommandations 2009 de l’AFSSET : Nouvelle VLEP amiante • VLEP de l’amiante sur 8h (journée classique de travail) à 10f/L (0,01f/ml) CAR : • Effet cumulatif des fibres d’amiante • aucune toxicité aiguë dans la littérature • (réglementation de nombreux pays Européens, comme en Suisse, l’Allemagne ou les Pays-Bas) NB : - VLEP 100f/L = 3,3 cas de cancers de plus pour 1000 travailleurs - VLEP 10 f/L = 3,3 cas de cancers supplémentaires pour 10000 • Nouvelle VLEP = étape pertinente dans le progrès vers la réduction du risque d’exposition à l’amiante en France (Avis AFSSET) CAR : Amiante = puissant cancérogène sans seuil Valeur cible de 0,03 f/L correspondant à un niveau de risque de 10-6 selon le modèle retenu. Recommandations 2009 de l’AFSSET : Prise en compte des fibres fines d’amiante • Prise en compte des FFA +++ (représentent jusqu’à 20% dans les échantillons) • potentiel cancérogène de ces fibres pour la mesure des niveaux d’empoussièrement en milieu de travail Modification de la méthode de mesurage indispensable. • Adaptation de la méthode META (directe ou indirecte) pour une application en milieu professionnel. Recommandations de l’AFSSET - 2009 • Autres recommandations : • Appliquer le principe ALARA « As Low As Reasonably Achievable” en présence d’une substance cancérogène sans seuil • Pas de VLCT => Ne pas dépasser 5 x VLEP-8h pendant 15 minutes afin de limiter les niveaux d’exposition sur de courtes durées Nouvelle VLEP • Décret 2012-639 du 4 mai 2012 : • Définition d’une nouvelle VLEP • à compter du 1er juillet 2015 : • VLEP sur 8 heures = 10 fibres d’amiante par litre. • Comptabilisation Fibres WHO + FFA en META +++ • Evaluation des risques professionnels et nouvelles modalités de mesurage du niveau d’empoussièrement • Fin de la distinction entre matériaux friables et non friables. • Certification des entreprises