Aux origines du monde grec

Transcription

Aux origines du monde grec
II. Les valeurs communes du monde grec au Ve
siècle avant Jésus-Christ
1) Un peuple de commerçants et de marins
De quoi vivaient les habitants de Massalia ?
« Les Massaliotes occupent un territoire dont le sol, favorable à
la culture de l’olivier et de la vigne, est, en revanche, par sa
nature âpre, beaucoup trop pauvre en blé. Aussi les vit-on dès
le début, plus confiants dans les ressources que pouvait leur
offrir la mer que dans celles de l’agriculture, chercher à utiliser
de préférence les conditions heureuses où ils se trouvaient
placés pour la navigation et le commerce maritime. Plus tard
cependant, à force d’énergie et de bravoure, les Massaliotes
réussirent à s’emparer d’une partie des campagnes qui
entourent leur ville. »
Source : STRABON, Géographie, IV, 1, Ier siècle ap. J.-C.
Massalia :
une cité-État
Montagnes
Campagne…
Frappe sa
propre
monnaie
pour montrer
son
indépendance
Une
communauté
d’hommes dans
une ville fortifiée
…………..
…cultivée
Mer méditerranée
………………………
Commerce avec les
autres
………………………
cités grecques
………………………..
et les Gaulois
Se défend
contre ses
ennemis
Nomos, argent,
vers 470-440
av. J.-C.,
Métaponte (Sicile)
Dionysos au centre
tenant un canthare
s’approche d’une vigne,
amphore tyrrhénienne
à figures noires,
céramique, VIe siècle
avant Jésus-Christ,
Athènes
Gaulage des olives, amphore
à figures noires, céramique,
Attique, vers 520 av. J.-C.
Un paysage grec typique :
oliviers devant un temple
de la Concorde (vers 440-430
av. J.-C.), Agrigente (Sicile)
Les produits échangés en méditerranée
Navire de commerce,
terre cuite,
VIe siècle av. J.-C.,
Chypre
Navire de
commerce,
terre cuite,
VIe siècle av. J.-C.,
Chypre
Navires de commerce et de guerre,
coupe (kylix) attique à figures noires, céramique,
vers 520-500 av. J.-C., Athènes
Les navires de commerce, qui partaient des colonies
comme Massalia, transportaient du vin, du blé, de
l’huile d’olive, des métaux ou des vases. Ce commerce
maritime permit aux cités grecques de s’enrichir. La mer
était donc au cœur de l’identité des Grecs de l’Antiquité.
L’enfant grec, bande dessinée de Jacques MARTIN, 1980
Le cratère de Vix :
un exemple
du commerce
grec en
méditerranée
Cratère de Vix
(Côte-d'Or), bronze,
Ve siècle av. J.-C.
Cratère de Vix
Grand cratère à volutes à figures
noires, dont il manque le pied,
céramique, VIe siècle av. J.-C., produit
à Athènes, découvert en Etrurie
Gorgone
de Vix
Gorgones sur anse de cratère,
bronze, époque archaïque (620480 avant J.-C.), Grèce (cidessous), Italie du Sud (en bas à
gauche)
Anses de cratère à tête de
Gorgone, céramique,
vers 350-340 av J.-C., La Pouille
Antéfixe à tête de Gorgone, terre
cuite, époque archaïque (620-480
avant J.-C.), Grèce ou Italie du Sud
Chars sur le cratère de Vix
Départ du guerrier,
psykter à figures noires, céramique,
VIe siècle avant J.-C., Athènes
Scène de combat, hydrie à
figures noires, céramique, VIe
siècle avant J.-C., Athènes
Chars, hydrie à figures noires
et à fond blanc, céramique,
vers 510-500 av. J.-C.,
Athènes
Défilé de chars,
fragment de
cratère
géométrique
attique,
céramique, VIIIe
siècle av. J.-C.,
Athènes
Course de chars, oenochoé à figures noires, céramique, vers 510500 av J.-C., Athènes
Défilé de chars, loutrophore protoattique orientalisante, céramique,
vers 690 av. J.-C., Athènes
Départ en char, hydrie à figures
noires, céramique, VIe siècle av.
J.-C., Athènes
Aurige vainqueur, cratère en cloche à
figures rouges, céramique, vers 390 av.
J.-C., Métaponte
Hélios et son quadrige, plat
circulaire apulien, céramique,
IVe siècle av. J.-C., La Pouille
2) Un peuple uni par ses dieux et ses rites
Qui les habitants de Massalia priaient-ils ?
« L’Acropole [de Massalia] contient deux temples, l’Ephesium
et le temple d’Apollon Delphinien : ce dernier rappelle le culte
commun à tous les Ioniens : quant à l’autre, il est spécialement
consacré à Diane d’Ephèse. […] Les Phocéens […] bâtirent le
temple, puis, pour honorer dignement celle qui leur avait servi
de guide, ils lui décernèrent le titre de grande prêtresse. De leur
côté, toutes les colonies de Massalia réservèrent leurs premiers
honneurs à la même déesse, s’attachant, tant pour la disposition
de sa statue que pour tous les autres rites de son culte, à
observer exactement ce qui se pratiquait dans la métropole. »
Source : STRABON, Géographie, IV, 1, Ier siècle ap. J.-C.
Apollon
et Artémis,
céramique,
BRYGOS,
vers 470
av. J.-C.,
Athènes
Massalia :
une cité-État
…………………
Priait ses dieux
…………………
protecteurs
Montagnes
Campagne…
Frappe sa
propre
monnaie
pour montrer
son
indépendance
Une
communauté
d’hommes dans
une ville fortifiée
…………..
…cultivée
Mer méditerranée
………………………
Commerce avec les
autres
………………………
cités grecques
………………………..
et les Gaulois
Se défend
contre ses
ennemis
Les
principaux
lieux de la
cité de
Massalia
selon leur
fonction
Théâtre
Agora
Temples d’Artémis et d’Apollon Remparts
Artisans
Port
 Port (fonction économique)
 Remparts (fonction
politique)
 Temples d’Artémis et
d’Apollon (fonction religieuse)
 Agora (fonction politique)
 Théâtre (fonction de loisir)
Comme tous les Grecs, les Massaliotes croyaient en
plusieurs dieux : ils étaient polythéistes. Ils honoraient
Artémis et Apollon, leurs dieux protecteurs, dans les
temples de l’acropole.
Maquette
des temples d’Artémis
et d’Apollon à Massalia
(VIe siècle avant J.-C.)
Temple d’Apollon
à Delphes
(370-330 avant J.-C.)
Temple d’Artémis à Gerasa
(actuelle Jordanie)
(IIe siècle après J.-C.)
Temple d’Apollon
à Pompéi
(VIe siècle avant J.-C.)
Maquette
du temple d’Artémis
à Ephèse
e
(VI siècle avant J.-C.)
Le sanctuaire de Delphes
Vues du sanctuaire
de Delphes
Le sanctuaire
d’Athèna
Pronaia
à Delphes
Le trésor
de Marseille
à Delphes
Le trésor des Athéniens,
vers 490-485 av. J.-C.
Le trésor de Marseille
à Delphes
La Pythie
dans le
temple
d’Apollon,
Ve siècle
av. J.-C.
Comme tous les Grecs, les Massaliotes allaient
en pèlerinage à Delphes, sanctuaire du dieu
Apollon. Ils y disposaient même d’un trésor pour
y déposer leurs offrandes. Ils s’y rendaient pour
écouter la Pythie (prêtresse d’Apollon) leur
révéler l’oracle (le message) du dieu.
3) Un peuple uni autour d’un poète commun : Homère
Homère, le premier des poètes
« De quel parents chacun des dieux naquit, ou si tous existèrent
de tout temps, quelles sont leurs formes, ce n’est, pour ainsi dire,
que d’hier qu’on le sait. Je pense en effet qu’Homère et Hésiode
ne vivaient que quatre cents ans au plus avant moi. Or ce sont
eux qui, dans leurs poèmes, ont fait pour les Grecs une
théogonie1 ; eux qui ont donné aux dieux leurs qualificatifs, qui
ont partagé entre eux les honneurs et les compétences, et ont
tracé leurs figures ; les autres poètes, qu’on dit les avoir
précédés, ne sont venus, du moins à mon avis, qu’après eux. »
Source : HÉRODOTE, Enquête, II, 53, Ve siècle av. J.-C.
1. Théogonie : récits qui expliquent la naissance et présentent la
famille des dieux polythéistes.
Grâce à qui, selon Hérodote, les Grecs connaissent-ils leurs dieux ?
C’est Homère et Hésiode qui ont révélé aux Grecs les caractéristiques des dieux.
Selon Hérodote, combien de temps le sépare d’Homère ?
Homère aurait vécu « au plus » 400 ans avant le Ve siècle av. J.-C., c’est-à-dire au
IXe siècle. Aujourd’hui les historiens le situent plutôt au VIIIe siècle av. J.-C.
Selon Hérodote, qu’a fait Homère qui le distingue des « autres poètes » ?
Homère n’a été précédé par personne : il est, historiquement, selon Hérodote,
le premier des poètes à avoir raconté la vie des dieux.
Homère, le premier des poètes
« De quel parents chacun des dieux naquit, ou si tous existèrent de tout
temps, quelles sont leurs formes, ce n’est, pour ainsi dire, que d’hier qu’on le
sait. Je pense en effet qu’Homère et Hésiode ne vivaient que quatre cents ans
au plus avant moi. Or ce sont eux qui, dans leurs poèmes, ont fait pour les
Grecs une théogonie1 ; eux qui ont donné aux dieux leurs qualificatifs, qui ont
partagé entre eux les honneurs et les compétences, et ont tracé leurs figures ;
les autres poètes, qu’on dit les avoir précédés, ne sont venus, du moins à mon
avis, qu’après eux. »
Source : Hérodote, Enquête, II, 53, Ve siècle av. J.-C.
1. Théogonie : récits qui expliquent la naissance et présentent la famille des
dieux polythéistes.
Malgré leurs divisions en cités parfois rivales,
tous les Grecs pensaient que le poète Homère
avait été, au VIIIe siècle av. J.-C., le premier à
leur faire connaître leurs nombreux dieux.
Homère sur les pièces de monnaies,
preuve de l’unité du monde grec
Monnaie de Smyrne (Ionie),
bronze, 7,89 g., Ø : 2,3 cm., IIe siècle av. J.-C.
OMHPOC : Homeros
Main droite
appuyée sur
le siège
Homère assis
CMYPNAIΩN : Smyrnaiôn
Monnaie de Colophon (Ionie),
bronze, 8,05 g., Ø : 2 cm., vers 250-150 av. J.-C.
Le menton sur
la main droite
Homère
sur un
trône
Un
volumen
sur les
genoux
Lyre
Apollon,
dieu de
la
musique
Patère
Monnaie d’Ios (Cyclades),
bronze, 3,82 g., Ø : 1,1 cm., IIe siècle av. J.-C.
OMHPOΣ : Homeros
Cheveux ceints
de la ténie
Tête d’Homère
barbue
Monnaie d’Amastris (Paphlagonie),
bronze, 13,31 g., Ø : 2,7 cm., IIe siècle av. J.-C.
OMHPOC : Homeros
Cheveux
ceints de
la ténie
Tête
d’Homère
barbue
AMACTPIANΩN : Amastrianôn
Rameau
d’olivier
en fruits
Corne
d’abondance
Dieu-fleuve
Parthénios
ΠAPΘENIOC : Parthénios
« Partout chaque cité revendique Homère
si bien qu’on pourrait le dire citoyen du monde. » (Proclus)
Symbole d’unité nationale en Grèce aujourd’hui
Drachme, alliage de cuivre (92 %), aluminium
(6 %) et nickel (2 %), 9 g., Ø : 27,5 mm.,
2000, Grèce
Homère, un célèbre inconnu
Homère,
marbre, époque
romaine
Portrait imaginaire
d’Homère aveugle,
marbre,
IIe siècle av. J.-C.
Homère aveugle, biscuit
de porcelaine dure,
1804-1814, Sèvres
Loué à travers les siècles
Homère, prince des poètes, en
humaniste, gravure, XVIe siècle
Homère prophète, gravure,
XVIIe siècle
L’apothéose d’Homère, Paul et Raymond Balze, 1855
Livre p. 36-37. Consignes…
 Rangée A :
1. D’après l’introduction en haut de la page 36, que raconte
l’Iliade d’Homère ?
2. Lisez le document 1 page 36.
3. Répondez sur votre cahier aux questions 2, 3 et 6 p. 37.
 Rangée B :
1. D’après l’introduction en haut de la page 36, que raconte
l’Odyssée d’Homère ?
2. Lisez le document 4 page 37.
3. Répondez sur votre cahier aux questions 4, 5 et 6 p. 37.
Réponses aux questions :
1. L’Iliade d’Homère raconte la guerre de Troie.
1. L’Odyssée d’Homère raconte le retour d’Ulysse vers
son royaume, après sa participation à la guerre de
Troie.
2. Les personnages de ce combat sont le grec Achille
et le troyen Hector. Le combat commence par un
affrontement à coups de lance, puis Hector s’empare
de son glaive pour blesser Achille, lequel, plus
rapide, le blesse mortellement au cou.
AXIΛΛEYΣ : Achille
HEKTOP : Hector
3. Sur le vase, on peut voir les deux guerriers
s’affrontant avec leur lance. Achille s’avance vers
Hector qui semble tomber. La victoire d’Achille est
représentée par le départ du dieu Apollon, à droite,
qui ne soutient plus son héros Hector.
AXIΛΛEYΣ : Achille
HEKTOP : Hector
3. Sur le vase, on peut voir les deux guerriers
s’affrontant avec leur lance. Achille s’avance vers
Hector qui semble tomber. La victoire d’Achille est
représentée par le départ du dieu Apollon, à droite,
qui ne soutient plus son héros Hector.
ΑΘΕΝΑΙΑ : Athéna
Le
cheval
de Troie,
Grecs cachés
amphore,
dans le cheval
terre
cuite,
VIIe av.
J.-C.,
Armée troyenne
Grèce
Armée grecque
4. Les Grecs ont remporté la guerre de Troie grâce à la
ruse d’Ulysse : cachés dans un cheval en bois offert
aux Troyens, qui l’ont fait rentrer dans leur ville, ils en
sont sortis à la nuit tombée pour l’envahir.
5. Le Cyclope est un géant qui
ne possède qu’un œil au
milieu du front. C’est le fils du
dieu de la mer, Poséidon.
Pour échapper au cyclope,
Ulysse et ses compagnons
l’enivrent. Polyphème
s’endort. Ulysse en profite
pour saisir un pieu et
l’aveugler.
L’aveuglement du Cyclope,
amphore à col, céramique,
vers 520 av. J.-C., Italie
6. Les dieux pour les Grecs interviennent dans la vie
des hommes. Dans le combat entre Achille et Hector,
Athéna et Apollon encouragent et soutiennent leur
héros respectif. Ulysse a provoqué la colère de
Poséidon et celui-ci l’empêche de rentrer chez lui.
Homère dans l’enseignement grec
A. « Lorsque les enfants connaissent l’alphabet et doivent
désormais comprendre ce qui est écrit, comme auparavant ce
qu’ils entendaient, [les maîtres d’école] leur donnent à lire, assis
sur leurs bancs, les poèmes des grands poètes et les forcent à les
apprendre par cœur ; car ils sont riches en avertissements, mais
aussi en descriptions, louanges et éloges des héros du passé, afin
que l’enfant brûle de les imiter et aspire à leur ressembler. »
Source : PLATON, Protagoras, 325c-326e, Ve siècle av. J.-C.
B.« Mon père, dit Nicératos, désirant que je devienne un homme
accompli, me força à apprendre tout Homère ; aussi, même
aujourd'hui, suis-je capable de réciter par cœur l’Iliade et
l’Odyssée. »
Source : XÉNOPHON, Le Banquet, III, 5, Ve-IVe siècle av. J.-C.
Dans quels textes les enfants grecs apprennent-ils à lire ?
C’est dans les poèmes d’Homère, l’Iliade et l’Odyssée,
que les jeunes Grecs (à partir de 5 ans) apprennent à lire.
Quels sont les l’objectifs de cet enseignement ?
• Puiser des modèles de comportement qui ressemblent à ceux des héros ;
• Conserver ces modèles en mémoire durant toute sa vie ;
• Former « un homme accompli ».
Homère dans l’enseignement grec
A. « Lorsque les enfants connaissent l’alphabet et doivent désormais comprendre ce
qui est écrit, comme auparavant ce qu’ils entendaient, [les maîtres d’école] leur
donnent à lire, assis sur leurs bancs, les poèmes des grands poètes et les forcent à les
apprendre par cœur ; car ils sont riches en avertissements, mais aussi en descriptions,
louanges et éloges des héros du passé, afin que l’enfant brûle de les imiter et aspire à
leur ressembler. »
Source : PLATON, Protagoras, 325c-326e, Ve siècle av. J.-C.
B. « Mon père, dit Nicératos, désirant que je devienne un homme accompli, me força
à apprendre tout Homère ; aussi, même aujourd'hui, suis-je capable de réciter par
cœur l’Iliade et l’Odyssée. »
Source : XÉNOPHON, Le Banquet, III, 5, Ve-IVe siècle av. J.-C.
Extrait sonore : Iliade, chant I, vers 1-16 selon la théorie
du professeur Gregory Nagy (université d’Harvard)
Μῆνιν ἄειδε θεὰ Πηληϊάδεω Ἀχιλῆος
οὐλομένην, ἣ μυρί᾽ Ἀχαιοῖς ἄλγε᾽ ἔθηκε,
πολλὰς δ᾽ ἰφθίμους ψυχὰς Ἄϊδι προΐαψεν
ἡρώων, αὐτοὺς δὲ ἑλώρια τεῦχε κύνεσσιν
οἰωνοῖσί τε πᾶσι, Διὸς δ᾽ ἐτελείετο βουλή,
ἐξ οὗ δὴ τὰ πρῶτα διαστήτην ἐρίσαντε
Ἀτρεΐδης τε ἄναξ ἀνδρῶν καὶ δῖος Ἀχιλλεύς.
τίς τ᾽ ἄρ σφωε θεῶν ἔριδι ξυνέηκε μάχεσθαι;
Λητοῦς καὶ Διὸς υἱός· ὁ γὰρ βασιλῆϊ χολωθεὶς
νοῦσον ἀνὰ στρατὸν ὄρσε κακήν, ὀλέκοντο δὲ λαοί,
οὕνεκα τὸν Χρύσην ἠτίμασεν ἀρητῆρα
Ἀτρεΐδης· ὁ γὰρ ἦλθε θοὰς ἐπὶ νῆας Ἀχαιῶν
λυσόμενός τε θύγατρα φέρων τ᾽ ἀπερείσι᾽ ἄποινα,
στέμματ᾽ ἔχων ἐν χερσὶν ἑκηβόλου Ἀπόλλωνος
χρυσέωι ἀνὰ σκήπτρωι, καὶ λίσσετο πάντας Ἀχαιούς,
Ἀτρεΐδα δὲ μάλιστα δύω, κοσμήτορε λαῶν·
Extrait sonore : Iliade, chant I, vers 1-16 selon la théorie
du professeur Gregory Nagy (université d’Harvard)
« Chante la colère, déesse, du fils de Pélée, Achille, colère funeste,
qui causa mille douleurs aux Achéens, précipita chez Hadès mainte
âme forte de héros, et fit de leurs corps la proie des chiens et des
oiseaux innombrables : la volonté de Zeus s’accomplissait.
Commence à la querelle qui divisa l’Atride, roi de guerriers, et le divin
Achille.
Quel dieu, en cette querelle, les lança l’un contre l’autre ? – Le fils de
Latone et de Zeus. Irrité contre le roi, il suscita dans l’armée un mal
pernicieux, et les troupes périssaient, parce que Chrysès avait été
outragé, lui, le prêtre, par l’Atride. Chrysès était venu aux vaisseaux
fins des Achéens pour délivrer sa fille, apportant une rançon immense.
Ses mains tenaient les bandelettes d’Apollon qui frappe au loin, fixées
au sommet du sceptre doré. Il suppliait tous les Achéens, et surtout
les deux Atrides, rangeurs de troupes. »
Source : HOMÈRE, L’Illiade, trad. par Eugène LASSERRE, 2000, p. 23.
De la transmission orale des poèmes homériques
Naïskos avec l’effigie
d’un poète, hydrie à
figures rouges,
céramique,
vers 360-350 av. J.-C.,
Métaponte
Préparatifs d’un concours
musical, gobelet
(mastoïde) à figures
noires, céramique, VIe
siècle av. J.-C., Athènes
Concours musical
entre Apollon,
Marsyas et les
Muses, lekanè à
figures rouges,
vers 360-350
av. J.-C., Paestum
Musiciens, amphore
à col à figures noires,
céramique,
VIe siècle av. J.-C.,
Athènes
Femme jouant de
la lyre, lécythe à
fond blanc,
céramique,
vers 460 av. J.-C.,
Athènes
Récital d’un citharède entre deux auditeurs, amphore pseudo-panathénaïque
attique à figures rouges, céramique, vers 530 av. J.-C., Athènes
Couronne et
longue branche
de lauriers
Une muse
s’avance
en pinçant
les cordes
de sa lyre
Apollon
juvénile
assis sur
une chaise
à dossier
Apollon et une
muse, hydrie
attique à
figures rouges,
céramique,
vers 450-430
av. J.-C.,
Athènes
Phorminx, reconstituée
Traverse en bois ou en métal par Christian Girbal
Cornes
de
bovidés
Cordes
pincées
en boyau
animal
Cornes
de
bovidés
Caisse de résonance
en bois ou en métal
recouverte d’une
peau d’animal tendue
Satyre avec sa lyre,
cratère en cloche à figures
rouges, céramique,
Ve siècle av. J.-C., Athènes
Extrait sonore : Odyssée, VIII, v. 267-299, selon la
théorie des professeurs Danek et Hagel (Vienne)
ἀμφ᾽ Ἄρεος φιλότητος εὐστεφάνου τ᾽ Ἀφροδίτης,
ὡς τὰ πρῶτα μίγησαν ἐν Ἡφαίστοιο δόμοισι
λάθρηι, πολλὰ δ᾽ ἔδωκε, λέχος δ᾽ ἤισχυνε καὶ εὐνὴν
Ἡφαίστοιο ἄνακτος. ἄφαρ δέ οἱ ἄγγελος ἦλθεν
Ἥλιος, ὅ σφ᾽ ἐνόησε μιγαζομένους φιλότητι.
Ἥφαιστος δ᾽ ὡς οὖν θυμαλγέα μῦθον ἄκουσε,
βῆ ῥ᾽ ἴμεν ἐς χαλκεῶνα κακὰ φρεσὶ βυσσοδομεύων,
ἐν δ᾽ ἔθετ᾽ ἀκμοθέτωι μέγαν ἄκμονα, κόπτε δὲ δεσμοὺς
ἀρρήκτους ἀλύτους, ὄφρ᾽ ἔμπεδον αὖθι μένοιεν.
αὐτὰρ ἐπεὶ δὴ τεῦξε δόλον κεχολωμένος Ἄρει,
βῆ ῥ᾽ ἴμεν ἐς θάλαμον, ὅθι οἱ φίλα δέμνι᾽ ἔκειτο,
ἀμφὶ δ᾽ ἄρ᾽ ἑρμῖσιν χέε δέσματα κύκλωι ἁπάντηι·
πολλὰ δὲ καὶ καθύπερθε μελαθρόφιν ἐξεκέχυντο,
ἠύτ᾽ ἀράχνια λεπτά, τά γ᾽ οὔ κέ τις οὐδὲ ἴδοιτο,
οὐδὲ θεῶν μακάρων· πέρι γὰρ δολόεντα τέτυκτο.
αὐτὰρ ἐπεὶ δὴ πάντα δόλον περὶ δέμνια χεῦεν,
εἴσατ᾽ ἴμεν ἐς Λῆμνον, ἐυκτίμενον πτολίεθρον,
ἥ οἱ γαιάων πολὺ φιλτάτη ἐστὶν ἁπασέων.
Extrait sonore : Odyssée, VIII, v. 267-299, selon la
théorie des professeurs Danek et Hagel (Vienne)
οὐδ᾽ ἀλαοσκοπιὴν εἶχε χρυσήνιος Ἄρης,
ὡς ἴδεν Ἥφαιστον κλυτοτέχνην νόσφι κιόντα·
βῆ δ᾽ ἰέναι πρὸς δῶμα περικλυτοῦ Ἡφαίστοιο
ἰσχανόων φιλότητος ἐυστεφάνου Κυθερείης.
ἡ δὲ νέον παρὰ πατρὸς ἐρισθενέος Κρονίωνος
ἐρχομένη κατ᾽ ἄρ᾽ ἕζεθ᾽· ὁ δ᾽ εἴσω δώματος ἤιει,
ἔν τ᾽ ἄρα οἱ φῦ χειρί, ἔπος τ᾽ ἔφατ᾽ ἔκ τ᾽ ὀνόμαζε·
δεῦρο, φίλη, λέκτρονδε τραπείομεν εὐνηθέντες·
οὐ γὰρ ἔθ᾽ Ἥφαιστος μεταδήμιος, ἀλλά που ἤδη
οἴχεται ἐς Λῆμνον μετὰ Σίντιας ἀγριοφώνους.
ὣς φάτο, τῆι δ᾽ ἀσπαστὸν ἐείσατο κοιμηθῆναι.
τὼ δ᾽ ἐς δέμνια βάντε κατέδραθον· ἀμφὶ δὲ δεσμοὶ
τεχνήεντες ἔχυντο πολύφρονος Ἡφαίστοιο,
οὐδέ τι κινῆσαι μελέων ἦν οὐδ᾽ ἀναεῖραι.
καὶ τότε δὴ γίγνωσκον, ὅ τ᾽ οὐκέτι φυκτὰ πέλοντο.
… à la transmission écrite
Muse lisant un volumen, lécythe à figures
rouges, vers 435-425 av. J.-C., Athènes
L’une des plus anciennes éditions de
l’Odyssée (Chant X, v. 418-482.),
papyrus,
dernier quart du IIIe siècle av. J.-C.
Volumen de l’Odyssée, papyrus, IIIe siècle av. J-C
Fragment de papyrus avec
récit de l’Odyssée d’Homère,
époque hellénistique
(323-31 avant J.-C.)
Tous les Grecs apprenaient à lire dans
les mêmes textes, transmis de
génération en génération : l’Iliade et
l’Odyssée. Les écoliers cherchaient des
modèles de vie héroïque dans ces
mythes appris par cœur, qui permirent
de fixer peu à peu l’écriture alphabétique.
Un mythe est un récit merveilleux
racontant la vie, hors du temps de
l’histoire, de dieux et de héros.
Partagé par tout un peuple, il en assure
l’unité culturelle.