Lire en Vendée n°28 - Vendée Historial, les Amis du Musée

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Lire en Vendée n°28 - Vendée Historial, les Amis du Musée
Lire en Vendée
Échos Musées
n° 28
Revue de la Société des Écrivains de Vendée
et des amis de l’Historial de la Vendée
É
Éruption
2014
La Bibliodiversité
vendéenne
LES ÉCRIVAINS
DE VENDÉE
LES AMIS DE L’HISTORIAL
DE LA VENDÉE
La Bibliodiversité à la Vendéenne
Impossible aujourd’hui d’échapper à la «biodiversité». On ne sait pas toujours
ce que ça veut dire, mais enfin, en société, ça vous pose. Alors, je me risquerai à
célébrer ici la «bibliodiversité» à la Vendéenne, telle que vous la découvrez dans
ce nouveau numéro de notre revue
L’écriture est un espace infini. On écrit en prose,
on brode des poèmes. Et voilà que naissent sous
des plumes vendéennes des romans, des essais, des
nouvelles, des récits, des biographies, des histoires
et des rêves, des éloges ou des pamphlets, des BD,
de la science-fiction et des polars, des revues et des
dictionnaires. Prolifiques et inlassables, les écrivains
vendéens parlent de leur région, de son histoire, de
son patrimoine, de ce qu’elle leur inspire. Ils écrivent
pour les gens d’ici – quelquefois dans la langue de
chez nous - et pour ceux d’ailleurs, pour les jeunes
et pour ceux qui le sont moins, pour ceux des villes
comme pour ceux des mers et des campagnes. Pour
les savants et pour ceux qui, n’ayant pas eu la chance
d’apprendre bien longtemps, en savent pourtant
beaucoup.
La rédaction de «Lire en Vendée» s’intéresse autant qu’elle le peut à toutes ces formes et à tous ces
domaines de l’écriture. Les partenariats avec les Amis
de l’Historial et le Centre vendéen de recherches historiques s’inscrivent dans la mission de notre Société
2
des écrivains de Vendée. Depuis plusieurs numéros,
le cinéma y a trouvé sa place. Trop longtemps absent, le théâtre occupe cette fois un espace important où nous le retrouverons régulièrement.
Amis lecteurs, vous pouvez vous procurer gratuitement «Lire en Vendée» chez les libraires et dans les
grandes surfaces et commerces qui nous font l’amitié de distribuer notre revue et qui sont d’ailleurs –
on nous le dit – très rapidement dévalisés...
Alors, chers lecteurs, demandez et lisez Lire en
Vendée, lisez les auteurs vendéens. Ils feront le reste.
Gilles Bély
On nous fait part de la disparition de notre ami
Octave Fort, nous lui consacrerons un hommage
dans le prochain numéro et présentons nos condoléances les plus sincères à la famille.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
la revue des Gueux
Irène Devaux
L’été cuisant, l’été de braise
A brûlé l’or de mes printemps.
Toute l’ardeur de sa fournaise
En a consumé les instants.
Comme la Fleur qu’un soleil dore
Se fane au milieu du bouquet
Mon cœur s’est arrêté d’éclore
Sans une larme et sans un regret.
Lire en Vendée
Échos Musées
n° 28
Revue de la Société des Écrivains de Vendée
et des amis de l’Historial de la Vendée
J’ai tant accroché de tendresses
Au fil du rêve de tes yeux
Qu’il me reste encor les caresses
D’un automne irisé de feux.
Alors je reprendrai ma plume
Dans un grand vent de liberté...
Près du brasier qui se consume
J’effeuillerai mon bel été.
Au mois de décembre dernier, notre société était
en deuil. Notre amie, Irène DEVAUX nous avait
quittés. Pendant de nombreuses années, elle a été
notre dévouée secrétaire. Personnellement, je lui suis
redevable du fait qu’elle m’a délivré de tout souci
financier pendant le septennat de ma présidence,
mais avant tout, elle a
dirigé l’Essor Poétique
auquel elle a consacré
tout son temps et son
talent. Cette association
lui doit sa vitalité actuelle
et son dévouement a
été récompensé par une
promotion dans l’ordre
des Palmes académiques.
Irène Devaux a brillé
dans toutes les matières
littéraires, en particulier dans le théâtre. Qui aurait
pensé que cette femme discrète était un poète délicat,
respectueux des règles classiques ? Son œuvre était
un mélange de sensibilité et d’humour. Elle aimait
la vie et formait avec son mari un couple fusionnel.
Dans le jeu des mots qu’elle maniait avec aisance,
elle savait réunir beauté et harmonie. Elle avait
donné cette belle définition de la poésie :
Au creux de nos jours gris, n’est-elle pas un rayon de
lumière, l’infinie transparence qui guide notre main. La
poésie est la passerelle qui nous ouvre une impalpable
liberté... Alors, écrire c’est pour que tout que ce qu’on
aime ne meure jamais !
É
Éruption
2014
La Bibliodiversité
vendéenne
Sommaire
4
12
14
18
20
34
36
40
les Prix
Printemps du livre
Éditions jeunesse
Armel de Wismes
Au Théâtre, au Cinéma
le père Philibert
des libraires...
les sorties
44
48
50
L’Historial, publications
Archéologie
Activités et expositions du Musée
La nature, Clemenceau...
70 Nos sélections
104 Le coin du Centre Vendéen
de Recherches Historiques
108 Les pages des Écrivains de la mer
Michel Dillange
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
3
Prix des Écrivains de Vendée 2013
Les Prix des Écrivains de Vendée
remis à l’Hôtel du Département
Les lauréats 2013, Frédérique Jaumouillé et Henry-Pierre Troussicot, en compagnie de Michel Dillange, François Bon, Joseph
Vrignon et Gilles Bely
Les lauréats des Prix de
la Société des écrivains de
Vendée ont été récompensés le 11 décembre 2013 à
l’Hôtel du Département, à
La Roche-sur-Yon. En présence de François Bon, Président de la Commission
des Affaires culturelles du Conseil général,
et de Joseph Vrignon, Président du Crédit
Mutuel Océan.
Frédérique Jaumouillé a obtenu le Prix de la SEV
pour son livre Peuple afghan, où es-tu?, paru aux éditions des Chantuseries (voir Lire en Vendée n° 27).
Grand reporter à France 2, Jérôme Bony, qu’elle
avait rencontré lors de sa mission en Afghanistan en
1981, avait tenu à venir pour ce moment qui a ému
tous ceux qui ont assisté à cette cérémonie.
Le Prix des écrivains de Vendée – Crédit Mutuel
Océan a été remis à Henry-Pierre Troussicot pour
son livre de chroniques vendéennes Ceux des bords
de l’Auzance, paru aux éditions Hérault.
À l’issue de cette réception, les lauréats et leurs
éditeurs ont partagé un sympathique déjeuner avec
de nombreux auteurs, membres de la SEV.
Gilles Bély
4
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Prix des Écrivains de Vendée 2014
On ne lâche rien !
Chacun a défendu son auteur,
sa conception du Prix
on s’est mis d’accord :
le Prix des Écrivains de Vendée à
La Vendée pour les nuls
et le Prix Crédit Mutuel Océan à
La Floride
Michel Chamard
La Vendée pour les Nuls
First, 424 p., 22,95 €
C’est un livre sur la Vendée qui fera date. Il n’est pas
seulement (pas du tout) pour les nuls ! Il est écrit
par un historien qui est aussi journaliste (et vice versa). Il balaie large. Il va du temps des dinosaures au
Vendée Globe, en passant par la Réforme et le temps
des guerres. Il promène le lecteur comme personne
à travers « le seul département devenu province ».
Il donne à découvrir dix figures de l’Histoire, dix
artistes, dix recettes... Il analyse en profondeur le
« miracle vendéen ». Il est d’une richesse inouïe.
Il est d’une lecture facile, truffé d’anecdotes et plein
de clins d’œil humoristiques. On peut l’ouvrir n’importe où et picorer au gré des envies. Il est l’œuvre
d’un amoureux de la Vendée, d’un écrivain habile,
car il est, mine de rien, très écrit. La simplicité est
l’apanage des grands. C’est, à sa manière, un chef
d’œuvre, d’une grande sensibilité. Il a sa place
dans toutes les bibliothèques de la Vendée. Et de
ceux d’ailleurs qui veulent la découvrir jusqu’à l’intime.
Yves Viollier
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Le Jury prend le café, les délibérations et les
échanges à la Chevillonnière sont déjà du passé, avec
un jury enrichi de deux nouveaux membres, Régine
Albert et Frédérique Mory qui connaissent bien la littérature vendéenne, font partie d’autres jurys et ont
déjà toutes deux été primées par notre association avec
Je me souviens de Rose pour Régine en 2012 et
Vendée secrète, pour Frédérique avec Anne Cluzel en
2004.
Tout est dit, les recensions suivent sur cette page
et la suivante, mais vous aurez aussi votre mot à dire,
dès que vous les aurez lus, ceux qui ont gagné, et les
autres ; ils n’ont pas perdu, ils reviendront avec de
nouveaux ouvrages pour enrichir encore la littérature vendéenne.
Il est aussi beaucoup d’autres bons livres, que
vous retrouverez dans ce numéro et d’autres auteurs
qui promettent et tiendront leurs promesses. Il en
est forcément aussi qui nous ont échappé : à vous de
nous les signaler, à vous de nous envoyer vos livres.
Tout cela n’est qu’une timide tentative pour vous
introduire dans la « Bibliodiversité littéraire » évoquée dans l’éditorial de Gilles Bély.
Jean de Raigniac
Catherine Girard-Augry
La Floride
Une conquête assassinée
Expéditions
du capitaine huguenot
René de Laudonnière
Durand-Peyrolles. 260 p., 20 €
Un bon ouvrage, une histoire véridique : l’épopée
des Huguenots en Floride et leurs tentatives successives (en 1562,1563, 1565) pour s’implanter dans
cette région. Et leur massacre à Fort Caroline (près
de l’actuelle ville de Jacksonville aux États-Unis) surnommé par les Historiens « massacre de Matanzas ».
5
Prix des Écrivains de Vendée 2014
Pour l’authenticité : Il s’agit des mémoires manuscrits du Capitaine René de Laudonnière (15301574) qui a été chargé par l’Amiral de Coligny
d’implanter avec Jean Ribault, capitaine également,
une colonie française en Floride. Un manuscrit écrit
en latin et à la plume d’oie, retrouvé dans un tiroir
secret d’un magnifique secrétaire en bois d’ébène…
Écrit d’après des notes prises lors de ses expéditions
en Floride puisqu’il s’agissait de rédiger pour le roi
un rapport sur les avantages qu’il y aurait à fonder
une colonie dans cette région si prometteuse.
Pour la partie roman : Tamara, la princesse indienne
a-t-elle existé ? Mais des pages d’histoires féroces
nous ramènent vite à la réalité de l’Histoire. Nous
sommes au début des guerres de Religion et l’aventure française va s’achever dans les massacres de colons, tous Huguenots, qui refusent de renier leur foi.
Massacres ordonnés par les armées du roi Philippe II
d’Espagne qui convoitait lui aussi cette terre.
Pendant ce temps là, en France, des affrontements
tout aussi barbares sévissaient à travers le pays.
Stéphane Loiseau
Un siècle trop tard
Durand-Peyrolles, 238 p., 218 €
Attention, embarquement immédiat. Étonnante, cette histoire,
même si vous n’êtes pas vraiment
amateur de science fiction, vous allez remonter le temps et vivre une
aventure peu ordinaire.
Étonnant aussi, la justesse du ton, on s’embarque
dans l’imaginaire mais on n’en rajoute pas, on se
contente d’évoluer dans une histoire d’aventures
avec une intrigue policière, un suspense grandissant,
un zeste de roman d’amour et un happy end ! Tous
les ingrédients d’une bonne croisière et d’un bon
livre.
Stéphane Loiseau confirme dans ce second roman
ses talents d’imagination mais surtout de romancier
à l’écriture sobre et efficace à un rythme très soutenu, un talent à suivre, si vous restez dans notre
siècle !
Frédérique Mory
J. R.
Chloé Chamouton
Les mystères de Vendée
de Borée, 407 p., 26 €
Les auteurs vendéens qui se sont
imprégnés du mystère et du fantastique sont nombreux. Qui ne se
souvient de L’enjomineur de Pierre
Bordage et de La nuit de la sorcière de Jean-Claude
Lumet, pour ne citer ques ces deux-là ? C’est assez
dire si la Vendée est une terre de mythes et de légendes, à commencer par l’incontournable Mélusine. Spécialiste du genre, Chloé Chamouton a déjà
exploré les mystères de la Loire-Atlantique. Elle
fouille aujourd’hui ceux de la Vendée et ils sont légion. Les fées, les galipotes, les sources miraculeuses
et les saints guérisseurs, Belesbat et Mortevieille, les
mégalithes et les arbres sacrés, l’alchimie, jusqu’à
la potion miracle du Docteur Rouger et à la malle
sanglante du Puits d’Enfer : rien ne paraît échapper sa quête. Elle signe là un recueil à la fois savant
et savoureux, certes très éclectique, mais d’une rare
densité. Aussi est-on plutôt enclin à lui pardonner
quelques contre-vérités historiques: les chouans en
Vendée ou la «nature vierge» des marais... aménagés
dès le XIe siècle.
G. B.
6
France Duclos
Contre vents et marées
Geste, 379 p., 25 €
Enseignante, puis bibliothécaire,
France Duclos a entrepris d’écrire
la saga d’une famille originaire
des Olonnes, tout au long du XXe
siècle. Après «Aux portes des Olonnes» (2009), ce
deuxième roman s’étend de la Guerre froide à la
Guerre d’Algérie, une époque troublée donc. La
famille est souvent dispersée, le père étant en occupation à Berlin d’abord, puis mobilisé en Algérie.
L’intrigue se noue autour d’Alice qui tisse les liens
familiaux, notamment avec sa mère et son frère jumeau. Une éducation stricte dans des les pensionnats étouffants d’une religion punitive et repliée sur
elle-même, un amour fusionnel et orageux avec un
rebelle, l’apprentissage de l’émancipation féminine :
France Duclos s’est complètement immergée dans
cette famille particulière, avec un sens réel de l’intrigue et un souci, peut-être excessif, du détail. Ses
lecteurs attendront avec gourmandise la suite de la
saga.
G. B.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Hommage à Ménie Grégoire
C’est la littérature
qui révéla Ménie Grégoire
Marie Laurentin, alias Ménie Grégoire,
nous a quittés le 16 août dernier, au lendemain de ses 95 ans. Cette grande dame de
la radio (RTL) était aussi une Vendéenne de
Saint-Laurent-sur-Sèvre. C’est la littérature
qui lui avait mis le pied à l’étrier
C’est un de ses tout premiers livres, Le métier de
femme (Plon, 1964), qui lui ouvrira les portes de la
presse, puis des studios, notamment RTL, en 1967.
Sur Radio-Luxembourg, comme on disait encore à
cette époque, cette native de Cholet animera « Allô
Ménie », titre de cette émission « révolutionnaire »
où, en direct téléphonique avec des auditrices, elle
osait évoquer la sexualité, la souffrance des femmes
aussi. Ce, avec un franc-parler éducatif à une époque
où les femmes ne pouvaient guère s’exprimer librement.
Cholet ? Elle y était née, un 15 août, en 1919,
y vécut avec ses parents (place Travot), y fit ses
premières classes avant de poursuivre ses études
supérieures d’histoire et d’égyptologie à Paris. Cependant, jamais elle ne se définira Choletaise mais
toujours Vendéenne, ce que rappellent les premières
lignes de son autobiographie (Telle que je suis, Plon,
1976). D’ailleurs, elle venait très souvent dans la résidence secondaire familiale, le Moulin de Plassard,
sur les bords de la Sèvre nantaise, à Saint-Laurentsur-Sèvre.
La demeure sera, plus tard, habitée par le Docteur Jean Laurentin, un des frères de Ménie, un autre
de ses frères étant devenu l’abbé Laurentin, théologien de renom, qui travailla longtemps au Vatican.
La Dame
Puy-du-Fou
du
Maurice Laurentin était son père. Architecte, mais aussi
écrivain, érudit. Il
est la clé de voûte
de ce que deviendra
Ménie, qui est aussi
Marie en patois, ce
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
qui lui est resté. C’est à sa mort, en 1959,
qu’elle comprit à quel point son père fut
« l’être humain », ce roi autour duquel s’organisait
l’espèce humaine. C’est aussi à sa mort qu’elle ne
pratiquera plus la religion telle que lui avait enseigné
son père. À sa mort qu’elle « se construira ».
Plus de 15 ans à RTL, un an à FR3, chroniqueuse
à Marie-Claire et France-Soir, Ménie Grégoire écrira aussi plus de 25 livres. Elle vit à Paris mais aussi
sur les bords de Loire. Elle revient régulièrement en
Vendée. En 1990, elle reçoit, à l’Hôtel du Département, le Prix des Écrivains de Vendée pour son roman
La Dame du Puy-du-Fou (De Fallois Éditions). En
2000, elle sort Ces
Dames de la Loire
(Plon) qui, sous
forme de roman,
conte
l’histoire
d’une de ses aïeules.
En 2003, elle fut
la vedette du salon
du livre de SaintGervais. Ménie approche alors de ses
84 ans La même
année, l’écrivaincinéaste
Gilbert
Prouteau, qui lui
était proche, lui remet le Prix Agrippa
d’Aubigné à Maillezais. « Je ne viens
pas aussi souvent
que je le voudrais en Vendée, précisait-elle à cette
occasion. Mais j’assume mon surmoi vendéen, dans
mon âme comme dans mon corps ».
Philippe Gilbert
7
Assemblée générale
Conviviale et sérieuse
L’assemblée générale
à la Chevillonnière, 23 mai 2014
C’était une première :
l’assemblée générale de la SEV
sur les terres de son président
Jean de Raigniac a accueilli les auteurs vendéens à la Chevillonnière
Une assemblée générale, c’est d’abord du sérieux. Elle s’est tenue en fin de matinée, en présence
d’une trentaine d’adhérents qui doivent être remerciés pour leur fidélité à ce moment important de
la vie de toute association qui se respecte. Après la
lecture des statuts, qui mériteront d’être actualisés,
et la présentation des comptes de l’exercice et du bilan financier, approuvés à l’unanimité, l’assemblée a
procédé à l’élection de son conseil d’administration.
Pour des raisons élémentaires de bon fonctionnement de la SEV et de mise en oeuvre de la revue Lire
en Vendée, il correspond de fait au Comité de rédaction de la revue qui se réunit plusieurs fois par an.
L’assemblée générale a élu, à l’unanimité des
voix, les administrateurs suivants :
Jean de Raigniac, président en exercice, Yves
Viollier et Jacques Bernard, vice-présidents, Gilles
Bély, secrétaire, Alain Perrocheau, responsable du
site internet de la Société, Philippe Gilbert, Michel
Dillange, président d’honneur, Evelyne Thomer,
Régine Albert, René Moniot-Beaumont, Michel
Chamard, Lydie Gaborit, Jean-Claude Lumet,
Frédérique Mory-Raulo.
Le conseil d’administration se réunira ultérieurement pour élire le bureau de la Société.
Alain Perrocheau, responsable du site internet
de la SEV, a souligné la forte progression des consultations qui dépassent les 10 000 pages lues par an.
Il a invité les membres de la SEV à poursuivre leurs
efforts pour enrichir le site de la Société.
À l’issue d’un déjeuner très amical, Joël Bonnemaison a présenté sa comédie Mais où est donc passé
Darwin ?, une pièce inspirée d’un épisode de la vie
de Sarah Bernhardt.
En compagnie de trois autres comédiens, il a
joué cette pièce, très appréciée par le public.
G. B.
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Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Prix Charette au Refuge de Grasla
Clemenceau... tout simplement
Claude Mercier,
Prix Charette 2014
Le Prix Charette 2014, décerné dans
la cadre du Refuge du Livre de Grasla, a
été remis lundi 15 septembre, à l’Hôtel du
Département, à Claude Mercier pour son
livre « Clemenceau... tout simplement »,
paru aux Éditions de l’Étrave
Yves Viollier, président du jury, lui a remis le traditionnel trophée, en présence de Bruno Retailleau,
Président du Conseil général, de Wilfrid Montassier, Président du Refuge de Grasla, des membres
du jury et de nombreux auteurs de la Société des
Ecrivains de Vendée.
Claude Mercier qui a si souvent incarné sur
scène le Père la Victoire a fait «du Clemenceau» en
présentant son livre, avec beaucoup d’émotion et de
verve. Accessible à tous, cet ouvrage, servi par une
mise en pages remarquable et une très riche iconographie, retrace au jour le jour, avec sincérité et passion, le parcours du Grand Vendéen.
poète, homme de radio et de télé, organisateur et
animateur de salons littéraires, à commencer par celui de Saint-Gervais, si cher à son cœur.
La cuvée 2014 du prix Charette s’illustre aussi
par les quatre autres ouvrages sélectionnés par le
jury:
L’île d’Yeu dans la Grande Guerre,
de Jean-François Henry (CVRH),
Qu’un sang impur...,
de Gildard Guillaume (Albin Michel),
Le printemps des massacres,
de Gilles Perraudeau (Durand-Peyrolles)
et Le vieil homme sur le toit,
de Peter Robert Scott (Les Chantuseries).
Gilles Bély
Parfaitement inscrit dans l’esprit du Prix Charette, qui veut
mettre en lumière l’esprit d’indépendance et de liberté, cette récompense salue aussi toute l’œuvre
d’un écrivain aux multiples facettes, auteur, conteur, comédien,
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
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Les trois autres ouvrages nominés : Sorti de rien (Irène Frain), Le sang de la
trahison (Hervé Jourdain), De tempête et d’espoir (Marina Dédéyan).
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Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Printemps du livre
Philippe Besson
La maison atlantique
Cette maison atlantique n’est pas exactement
située, mais on l’imagine volontiers sur la côte
charentaise, peut-être du côté de l’île de Ré. Une
maison de vacances, entre la plage et les bistrots du
port, dans la langueur de juillet. La maison n’a pas
beaucoup d’importance en elle-même, mais elle est
le cadre d’une tragédie moderne où le lecteur retrouvera des accents raciniens. Parce que la vengeance
doit s’accomplir.
Le jury du Prix Ouest a de la suite dans les
idées. Année après année, il construit un
palmarès qui allie l’exigence de l’écriture
à la profondeur du roman. Rien d’étonnant à ce qu’après Jean-Louis Trassard
et L’Homme des haies, il ait choisi, dès le
premier tour et à une forte majorité, le
roman de Philippe Besson, La Maison atlantique, paru aux éditions Julliard
Au début, ce n’est qu’un marivaudage. Un tout
jeune homme qui a vu sa mère mourir de tristesse
et d’overdose de médicaments, alors qu’il avait seize
ans, un père brillant, volage et absent, un couple de
voisins qui vont, malgré eux, devenir les instruments
du drame. La mécanique infernale qui conduit au
meurtre se met en place, et s’emballe, implacablement.
C’est un roman dur et exigeant. Un roman de
notre temps, porté par le talent d’un auteur inclassable. «Je songeais que deux hommes étaient morts
et que je n’y étais pas pour rien», écrit le narrateur
dans les dernières pages du livre. Philippe Besson
nous donne un drame moderne. Davantage encore :
une tragédie éternelle dans la langue d’aujourd’hui.
C’est cette osmose rare et obsédante qui a immédiatement emporté l’adhésion du jury.
G. B.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
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Le Printemps du Livre
de Montaigu :
un nouveau et éclatant succès
On croyait avoir atteint des sommets,
l’an passé. L’affluence a encore été plus
grande au Printemps du Livre, les 11,12 et
13 avril, cette année. La foule s’est pressée
le samedi 12 en particulier, pour rencontrer les auteurs.
Des chiffres à donner le tournis.
Voici, en quelques chiffres, une preuve,
s’il en était besoin du succès de Printemps
du Livre 2014.
40 000 visiteurs se sont bousculés dans
les allées pendant ces trois jours.
Plus de 10 000 livres ont été vendus.
Plus de 270 écrivains étaient présents
sur les stands.
480 spectateurs ont assisté à la lecture
publique de Lorant Deutsch, le samedi
soir.
Plus de 1 000 spectateurs ont suivi les
différentes conférences.
4 000 scolaires ont été accueillis le vendredi.
Une organisation parfaite.
Depuis qu’il s’est transporté dans le
cadre (splendide) du théâtre de Thalie,
l’avis des auteurs comme des visiteurs est
unanime : l’organisation du Printemps est
parfaite. C’est sans doute la cause de ce succès grandissant. Auteurs comme visiteurs
reconnaissent qu’il se passe là quelque
chose de rare dans les autres salons et fêtes
du livre. Il y a une proximité vraie entre
auteurs et lecteurs. L’ambiance est simple
et chaleureuse. On peut se parler. On fait
d’authentiques rencontres.
Tout est en place pour accueillir les uns
et les autres. Les visiteurs viennent « faire
leur marché ». Ils repartent avec des sacs
bourrés de livres. Et la fête est exceptionnelle.
Montaigu est bien devenu, le temps
d’un week-end, la capitale littéraire du
Grand Ouest. Le prochain Printemps du
Livre aura lieu les 27, 28, 29 mars. Retenez
déjà ces dates. On nous annonce encore de
belles surprises et de riches rencontres.
Y. V.
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Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Printemps du livre
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
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Retrouvez Les Minots (renseignements, commandes) : www.editionslesminots.com
Contact : 26, rue du Puits, La Roussière, 85320 Château-Guibert
02 51 31 77 34 / 06 38 91 88 24 , [email protected]
ici, et en couverture, fragment d’un bloc à colorier créé par les Minots pour Montaigu
Les Minots, vous connaissez ? Si oui, lisez quand même
ce qui suit pour compléter vos
connaissances. Sinon, vous
avez beaucoup à apprendre…
Tout comme moi avant de rédiger mon article !
Les Minots, maison d’édition pour la jeunesse, « ça vous
parle ? » pour employer un de
ces irritants tics de langage à la
mode. Eh bien, je vais vous en
parler, de cette maison implantée à Château-Guibert
14
L’édition jeunesse ? Bof !
Débarrassons-nous d’abord d’un préjugé qui
consiste à dire, pour mieux botter en touche : « Je
suis bien trop vieux pour m’intéresser à l’édition jeunesse. » Trop vieux pour quoi ? Pour ne pas savoir
que, dans le monde de l’édition qui souffre de la
crise, le secteur jeunesse est celui qui tire le mieux
son épingle du jeu, toutes proportions gardées évidemment ? Pour ignorer que c’est la branche de
l’édition la plus florissante, la plus créative ? Qu’elle
connaît des tirages à faire pâlir d’envie les quatre
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Une maison d’édition pour la jeunesse
Angéline Chusseau sur le stand des Minots au salon de Montaigu (avril 2014)
Les MINOTS,
une maison d’édition pour la jeunesse, 100 % vendéenne
cinquièmes de nos écrivains, y compris ceux de la
Société des Écrivains de Vendée ?
Tout cela en préambule pour resituer le livre
pour le jeune public a là sa vraie place. Beaucoup
sont restés sur des schémas obsolètes quand les Bibliothèques multicolores, roses ou vertes, rouge et or
monopolisaient le marché. Feuilletez les catalogues
des petits et des grands éditeurs. Tous ont dû créer
un secteur jeunesse.
Mon ronchon de service qui n’est jamais à court
d’arguments a vite fait de me chanter le refrain bien
connu : « Et puis…, les jeunes ne lisent pas ou ne lisent plus. » Ah ! bon ? Donc, les Grasset, Gallimard,
Hachette, Seuil, Flammarion, etc. jusqu’aux Minots
vont engloutir des millions d’euros pour des jeunes
qui ne lisent plus. Bizarre, non ? Sont-ils donc tous
suicidaires à ce point ?
Tout le monde, chez ses enfants, petits-enfants,
arrière-petits-enfants a entendu parler des bibliothèques et de leur activité « bébés lecteurs ». C’est
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
sûr qu’on ne va pas leur refiler le dernier Prix Goncourt à nos petits biberonnants. Il faut leur trouver
de la nourriture à mettre sous leur dent qui n’a pas
encore commencé à pointer. C’est donc qu’à partir
du berceau, il y a tout un marché qui se développe à
grande allure. Les collections se multiplient pour les
moins de deux ans, pour les plus de trois ans, pour
les 5-7 ans, pour les 7-9 ans, les 9-12 ans, etc. Et
comme on dit familièrement, ça cartonne !
Une nouvelle maison d’édition tout près
de chez vous
Ne cherchons pas ailleurs ce que nous avons chez
nous. Pour ceux qui ne la connaissent pas encore,
je propose de vous présenter cette jeune maison
d’édition entièrement vendéenne, imaginée, lancée
et dirigée par une jeune éditrice qui n’a rien d’une
rêveuse mais qui accomplit son rêve tout en gardant un solide sens des réalités. Le vieux Corneille
15
a encore et toujours raison quand il affirmait que la
valeur n’attend pas, etc. Vous connaissez la fin.
« Les Minots ». Éditrice : Angéline Chusseau.
Adresse : 85320 Château-Guibert. Venue de la
Haute-Marne où elle est née et a grandi, Angéline
s’est solidement ancrée en Vendée où l’ont menée
les circonstances de la vie. Et la Vendée, elle y vit, y
travaille et entend bien y rester. Saluons donc notre
Vendéenne d’adoption, son imagination, sa ténacité,
ses belles réalisations que je mentionnerai plus loin.
En créant sa maison d’édition en octobre 2012,
elle cherchait dans son passé un mot à la fois court et
ludique. Dans sa pêche aux noms, elle a trouvé « les
Minots » , appellation affectueuse pour les enfants .
Pas mal !
En moins de deux ans, elle a publié 7 albums et
3 mini-romans et se fixe l’objectif de sortir 4 nouveaux albums et 2 mini-romans par an. Tranches
d’âges : de deux à douze ans mais il faut bien admettre que la plupart de ses publications passionnent autant les (tout-)jeunes, de 4 à 12 ans, que les
adultes. Laissez-la souffler un peu : elle croule sous
les manuscrits. En revanche, achetez-lui ses livres,
lisez-les, offrez-les !
Son métier est un métier d’artisan, de passion,
de liberté, d’échanges. Très exigeante sur la présentation, la qualité de ses histoires et de ses illustrations, elle s’est entourée d’un maquettiste et d’un
correcteur qui viennent de références de l’édition
(Bayard jeunesse, Casterman). Elle a son propre comité de lecture (libraires, enseignants, pédagogues).
Le temps de consolider les fondations de sa maison,
elle assure elle-même la promotion et la distribution
de ses livres et ses albums. Tout cela pour un petit
salaire qui n’est même pas régulier.
Elle entend rester la patronne des Minots car,
passé le temps de la concertation avec ceux qui l’entourent et la conseillent, c’est elle seule qui choisit et
qui assume le risque de publier.
Le tirage de chaque titre est de 1500 exemplaires,
ce qui est loin d’être négligeable quand on sait que la
vente moyenne d’un livre en France est inférieure à
1000 exemplaires.
Un parcours atypique
Quel est le parcours professionnel d’Angéline
Chusseau ? Le plus atypique qui soit ! Au premier
abord, il n’est pas évident que le milieu pharmaceutique soit le plus court chemin qui mène à l’édition
quoique… en y réfléchissant bien… Le fait est que
l’ancienne préparatrice en pharmacie, après quelques
cours de peinture et d’histoire de l’art, est bel et bien
devenue une éditrice à part entière et à temps plus
que complet. Elle a vite appris à concocter des préparations à base d’ingrédients dont elle a le secret.
Sans contre-indications particulières. Les mots et les
images s’assemblent, se complètent et ça s’appelle un
livre pour la jeunesse. N’empêche que ce n’est pas
évident, ça s’apprend, c’est tout un art et, en fin de
compte, un très bel art.
Angéline estime qu’après avoir franchi le premier pas, après avoir abandonné une certaine sécurité financière et professionnelle, elle est « en accord
à 200 % » avec ce qu’elle voulait faire. Nul regret du
passé. Elle est obstinément, complètement tournée
vers le futur de ses petits minots, ses enfants de mots
et d’images qui l’occupe à 100%.
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Made in China ? Ah ! non !
Faites le test : prenez un livre jeunesse et vérifiez
où il a été imprimé. Le nombre de livres imprimés
en Chine (puis vendus en France) est impressionnant.
Tous les livres des Minots sont vendéens à 100 %,
tout chauvinisme mis à part. Ils sont imprimés par
Pollina, l’excellente imprimerie vendéenne de Chasnais près de Luçon. Pollina, pour ceux qui l’ignoreraient encore, est l’un des principaux producteurs de
livres en… Europe (68 millions d’exemplaires par
an !). Ils publient livres, BD, magazines, catalogues,
dictionnaires, beaux livres. Eh oui ! Fallait le dire !
Pollina bénéficie du label imprimeur Imprim’ Vert
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Une maison d’édition pour la jeunesse
dont le papier porte le logo PEFC. Cela signifie que
le papier des livres imprimés est « issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. »
Les Minots se montrent de plus en plus dans les
manifestations autour du livre dans la région (Montaigu, Luçon, Saint-Gervais, Jard-sur-Mer, Bulles de
Sèvre à Saint-Laurent-sur-Sèvre, Le Langon…) mais
ils commencent à essaimer plus large (Bretagne, Salons du livre de Paris, de Montreuil…)
Méthodiquement,
patiemment,
Angéline
consolide sa maison et se construit une crédibilité
auprès des libraires, ses premiers partenaires, des
médiathèques, bibliothèques mais aussi dans les salons en contact direct avec ses lecteurs, présents ou
à venir. Sans compter son temps, ses déplacements.
Avec le sourire.
Désormais, avant d’acheter un livre jeunesse,
ayez la curiosité d’aller faire un tour sur le site des
Minots. Dans une librairie, une bibliothèque, un
salon, arrêtez-vous un instant. Soyez curieux : feuilletez un livre de la collection et n’hésitez pas à offrir
un petit Minot. Vous ne mettrez pas en difficulté le
chiffre d’affaires des livres imprimés en Chine mais,
surtout, vous contribuerez à augmenter l’audience
et la crédibilité de cette jeune maison d’édition vendéenne. Si la revue Lire en Vendée a une raison d’être,
c’est bien de mettre en lumière les réalisations les
plus originales autour du livre comme les Minots.
D’un ancien éditeur à une jeune éditrice :
Louis Dubost (Le Dé bleu)
Angéline, marquise des Minots ! J’éprouve,
depuis que nous nous sommes rencontrés une première fois au Salon du Livre de Jeunesse d’Aizenay,
une grande faiblesse (accentuée par une sénilité précoce, sans doute) pour la jeune éditrice et son travail. D’une part, j’admire son audace raisonnée (on
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
s’en aperçoit très vite quand on discute avec elle)
pour se lancer dans l’aventure de l’édition dont je
connais pour les avoir vécus durant 35 ans les “joies”
du galérien, d’autre part je suis ébahi par la qualité
professionnelle de son travail d’édition acquise aussi
rapidement (j’ai bien mis 20 ans avant d’en arriver
là). Et puis, d’un point de vue plus personnel (et
affectif ), il ne me déplaisait pas qu’au moment où je
cessais à Chaillé mon activité éditoriale une sorte de
relève et de relais se passait à 8 km, à Château-Guibert. Elle sait bien que, si elle a besoin de conseils
ou d’aide, je suis à 10 mn en vélo. Je sais non moins
bien qu’elle n’en a guère besoin, qu’elle trace sa route
avec sûreté et en toute liberté. Les Minots sont devenus en deux ans un lieu incontournable de l’édition
en Vendée et bien au-delà. Et c’est bien parti pour
durer !
Louis Dubost
Le dernier né : « Le Loup Beauté »
Oubliez l’histoire du loup
qui dévore tout ce qui est
chair humaine ou animale de
Mère-grand aux trois petits
cochons. Le Loup Beauté est
d’une autre trempe. Sa passion des bottes et du cuir le
pousse à ouvrir une boutique
de mode à la plus grande satisfaction de sa clientèle animale la plus huppée. Ce Loup
Beauté, soucieux de son apparence, est un Loup
botté avant tout ! Après tout, il y avait bien l’illustre
Chat botté de Perrault qui se sentait bien seul dans
sa catégorie.
Autant dire que dans la famille de ce loup peu
ordinaire, ça grince des dents : comment un loup,
digne de ce nom, peut-il se désintéresser de la charcuterie ancestrale ? Et pourtant, la vie et le bonheur
du Loup Beauté s’inscriront dans cette voie si éloignée des traditions familiales.
Le Loup Beauté est un superbe livre cartonné
dont l’histoire écrite par Angéline Chusseau est magnifiquement illustrée par Mélanie Desplanches. Il
s’adresse aux petits de 4 à 8 et même bien au-delà.
L’auteur aborde finement et avec humour le thème
de la différence.
Jean-Claude Lumet
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Armel de Wismes :
Les grandes heures
de la Vendée
Il était venu m’accueillir, à l’huis de son
immeuble, juste en face de la cathédrale
de Nantes. Il habitait au 3e étage, qu’un
vieil escalier de pierre dur au mollet, desservait approximativement
Un vrai danger pour les citadins que cet escalier, qui avait fait chuter mon hôte, je l’ai appris plus
tard, moult fois. Quand il ouvrit la porte j’aperçus
un homme frétillant en pyjama. Il était pourtant
près de cinq heures de l’après-midi.
« Comme je n’arrête pas de tomber dans ce fichu
escalier, et qu’après çà je dois m’aliter, autant rester
en pyjama le plus souvent... »
C’est à cette époque, que je fis physiquement la
connaissance d’Armel de Wismes, le plus pétillant,
le plus malicieux des auteurs nantais.
Nous gravîmes les pierres usées, érodées, disjointes qui tenaient lieu de marches, jusqu’à son son
appartement.
Avec trente ans de plus que moi, il me prit bien
trois mètres d’avance et me priant d’entrer il me dit :
J’ai lu votre Charette, et je vous ai préparé une
post-face. J’espère qu’elle vous plaira !... »
Elle me plaisait d’avance, mais, je me retins de lui
dire. Publié aux Éditions du Rocher, je m’étais mis
sans vergogne dans la peau de François Athanase
Charette de la Contrie. D’autres l’ont fait depuis,
mais en ce temps là, c’était un peu présomptueux.
J’ai gardé cette post-face, écrite de sa main. D’un
seul trait, d’un seul jet, sans une rature sans même
un oubli de ponctuation. Bien sûr, je n’ai pas changé
une virgule, de peur que son « sang ne coagule ».
Nous sommes restés longtemps à deviser, dans cette
pièce que je revis souvent au cours d’autres visites.
Un désordre charmant que ce bureau en manière de
capharnaüm, où traînaient livres, tableaux, documents de toutes espèces.
- Pardonnez le désordre ... mais vous savez que je
suis célibataire.
Je savais ! Et comme je lui demandais pourquoi,
un peu bêtement, il eut cette réponse !
Pour ne pas, en prenant une épouse, que les autres
femmes soient jalouses.
Et puis les heures passèrent, à parler de Charette
18
et de ses confrères en rébellion. Je trouvais Bonchamps magnifique, Stofllet irritant, La Rochejacquelain flamboyant, d’Elbée attachant, mais plus
que tous les autres : Charette indépendant !
J’ajoutais prudemment : « selon moi bien entendu ». Le baron Armel de Wismes m’approuva
totalement. Inutile de décrire, le plaisir qu’il me fit.
Peu à peu, en le revoyant fréquemment, une complicité s’établit entre nous, au point que nous mimes
sur pied un projet entre la farce et la dramaturgie.
Je crois à ce qu’il m’a dit qu’il m’aimait un peu...Je
crois que je l’aimais beaucoup.
Souventes fois, plus tard, je passais chercher Armel de Wismes, pour déjeuner dans une petite auberge qui donnait sur les remparts du château des
Ducs de Bretagne. Le « Pont Levis ».
Et si nous refaisions le procès de Charette ? Les
jurés ce seront les spectateurs. Qui fut dit, fut fait.
Le tribunal pour rire, mit sont siège au Centre de
Communication de l’Ouest (le CCO) de Nantes.
Sorte de petite tour Montparnasse... en raccourci,
animée par Jean Amyot d’Inville, qui appréciait fort,
lui aussi, le baron de Wismes. Mais qui Amyot d’Inville n’appréciait pas ? Il avait de quoi être content
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Armel de Wismes
car la grande salle du CCO était pleine, au moment
où il nous annonça, un rien fébrile :
« Le ministre Hervé de Charette, qui a appris
notre « procès » s’invite et veut être témoin de la
défense de son ancêtre... »
Au passage le chevalier Charette, n’avait pas eu
d’enfants et n’était donc l’ancêtre de personne ! Pas
même du ministre de l’époque. Ce qui n’empêchait
pas – nous sembla-t-il l’excitation de Jean Amyot
d’Inville, qui venait d’être prévenu par téléphone
de l’arrivée impromptue du membre du gouvernement. Les témoins au demeurant, qu’ils fussent
pour ou contre le Chevalier Charette, et que nous
avions choisis soigneusement se montrèrent fort pittoresques et le plus souvent talentueux. : Jean Joël
Brégeon écrivain, Jean Huguet éditeur, Jean Yves de
la Patellière le cousin du cinéaste Denis de la Patellière, Hervé de Charette, et Armel de Wismes bien
entendu, emportèrent l’adhésion de la majorité des
deux centaines de spectateurs, et donc des jurés. Le
Chevalier Charette fut acquitté ce soir là et put repartir libre et réhabilité, auprès de ses amazones qui
l’attendaient à Fonteclose. Nous avions refait l’histoire. Mais quelle soirée !
Armel de Wismes a toujours aimé la Vendée et
la mer. Cet historien, qui était aussi peintre, et dans
une moindre mesure romancier (il n’a écrit que deux
romans) possédait un véritable trésor d’archives et
de documents sur Nantes, la Bretagne, et les Océans
qui grondent. Qui grondent de boucaniers, de corsaires et de pirates. Les livres d’Armel de Wismes
chantaient souvent le temps de la grande marine à
voile de la course au large et de ces officiers loyaux
ou flibustiers. Ces capitaines Michel, Montaubon,
De Graff et bien sûr, l’effroyable vendéen Jean David
Nau, dit L’Olonnois.
On retiendra pour nos amis écrivains de Vendée
« Pirates et Corsaires » (éditions France-Empire) ou
encore « Histoire de la Vendée » (du même éditeur)
parmi la trentaine d’ouvrages du baron.
Entre le souffle des grands espaces et des inoubliables présences que sont : Aliénor d’Aquitaine, Richard Cœur de Lion, Saint Louis, Louis XI, Henri IV,
Louis XIII et Richelieu, Rabelais, Calvin, Grignon de
Montfort, Charette « roi de la Vendée », mais aussi
Napoléon, Clemenceau, et de Lattre... La Vendée !
Armel de Wismes la ressuscite, vraie physionomie
de cette vieille terre, si longtemps convoitée, où se
mêlent toujours, l’histoire et la légende, le sens du
sacré et l’amour de la liberté.
Pour la confection de cet articulet à l’usage du
magazine Lire en Vendée, j’ai relu la post-face dont
m’avait gratifié Armel de Wismes. À côté de son
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
émouvant et très amical hommage, j’ai retrouvé
l’humour, l’ironie parfois, le sérieux de l’historien,
et le dilettante du convive des déjeuners du « Pont
Levis » façon Paul Guth, qui avait avec le baron
quelques traits en commun.
Artésien d’origine (mais non point Basset) nantais d’adoption, Vendéen de cœur, écrivain d’histoires et de l’Histoire, toujours la malice d’Armel de
Wismes jaillira de son cœur, brillera dans ses yeux.
Joël Bonnemaison
19
Jean-Claude Martineau,
l’écrivain de théâtre
au million de spectateurs
Le théâtre a souvent été aux abonnés
absents dans la revue Lire en Vendée
Cela signifie-t-il que personne n’écrit
pour le théâtre dans le département ?
Le théâtre n’est plus ce qu’il était, mon
bon Monsieur !
Si cet art de la scène a tenu un rôle majeur pour
ne pas dire essentiel de l’Antiquité gréco-romaine à
nos grands auteurs classiques et romantiques, il a vu,
depuis le XIXe siècle le roman dans tous ses états lui
voler la vedette. Oh ! bien sûr, le public va toujours
au théâtre pour applaudir un Feydeau, un Molière
ou un contemporain porté par des comédiennes ou
comédiens de renom. Et puis, les gens aiment aller
passer un bon moment avec la troupe locale pour le
spectacle annuel.
Les plus anciens¸ même ceux qui regardaient
peu… ou pas, se souviennent ou parlent avec nostalgie de l’émission Au théâtre ce soir. Depuis quelques
années, les retransmissions en direct de pièces à
succès assurent de belles audiences aux chaînes publiques.
Ainsi, si Molière avait été vendéen en ce début
de XXIe siècle, ses nouveautés auraient-elles trouvé
un écho dans cette belle revue ? J’ose le croire. Le
fait est qu’à celui qui s’est plaint du peu de place accordée à la scène dans ces pages, on a confié la tâche
de matière à sujet. Résultat : j’ai gagné un travail
forcément bénévole. Avec plaisir, je dois le dire.
De quoi se plaint-on alors ? C’est vrai qu’on lit
peu de théâtre de nos jours. Je pourrais faire une enquête auprès de mes illustres collègues de la Société
des Écrivains de Vendée pour savoir quelle pièce ils
ont lue récemment, je suis à peu près sûr du résultat.
À leur décharge, je dois dire que les livrets de théâtre
ont une couverture et une présentation austères et
sont plus destinés à être photocopillés, au mépris
de la législation pour les besoins des troupes, qu’à
s’exposer dans un présentoir de librairie.
On lit peu et on connaît peu. D’un côté, le
théâtre est réputé élitiste ou difficile, destiné à la sélection officielle du Festival d’Avignon. De l’autre,
on le qualifie de boulevard ou d’amateur avec un
brin de condescendance, voire de mépris, pour
avancer une excuse valable de ne pas en lire. Oubliant que dans le Molière que nous vénérons tous,
20
il y a beaucoup de farce, de rire, de burlesque…, on
dirait aujourd’hui d’amateur. Trêve de condescendance et arrêtez le mépris, s’il vous plaît !
Des talents nouveaux
Personnellement, j’ai découvert de grands talents chez nos jeunes auteurs francophones. J’insiste
sur le dernier adjectif car il faut tirer un grand coup
de chapeau à ces écrivains de théâtre nés à l’étranger, ne parlant pas notre langue et qui, par choix, se
sont mis à écrire en français parce que notre langue
leur permet d’exprimer et de mettre en scène leurs
rêves, leurs peurs, leurs drames, etc. Je pense à Adel
Hakim à Wajdi Mouawad, édités par L’Avant-Scène.
Des textes forts, violents ou poétiques, écrits superbement. Mais pour vous faire rire ou vous émouvoir,
il y a le jeune et talentueux Florian Zeller la brillante
Yasmina Reza, les confirmés E-E Schmitt ou Ribes.
D’autres aussi font ou feront parler d’eux dans les
années à venir : Marin Ledun, etc.
Le théâtre en Vendée ? Ça existe ?
Après ce préambule pour parler du théâtre en
France, j’en viens au théâtre chez nous. La Vendée
se distingue tout d’abord à plus d’un titre : elle est
dans le trio de tête des départements qui comptent
le plus de troupes de théâtre amateur et cela depuis
fort longtemps. Particularité héritée de notre passé
bicéphale. Il y avait les troupes de patronage, avec
la bénédiction des autorités ecclésiastiques, et celles
des associations laïques, sans bénédiction surtout,
qui rivalisaient d’ardeur sur tous les plans. Certaines
des ces troupes sont centenaires ou presque : La Genétouze, Antigny…
Oui, le théâtre en Vendée se porte bien. Il y en
a désormais pour tous les goûts et tous les publics.
Avec des formations solides en lycées, des Printemps
théâtraux, des festivals divers (Souffleur d’Arundel),
des troupes professionnelles et un nombre considérable de troupes de théâtre amateur. Amateur ne
signifiant pas amateurisme mais plutôt au sens de
ceux qui aiment le théâtre et qui font tout pour évoluer dans le jeu scénique et pour plaire au public.
Et en Vendée,
qui écrit pour le théâtre ?
Ça doit bien exister une personne qui se donne
la peine d’imaginer un spectacle, de créer des personnages, de ciseler des dialogues, d’écrire des didascalies. Oui, oui, je vous assure, ça existe. Et même
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Au théâtre, la Vendée
quelqu’un qui a un succès… incroyable pour ne pas
dire phénoménal ! Vous ne le connaissez pas ? D’où
la nécessité impérieuse de vous présenter ce phénomène (qu’il me permette ce terme affectueux).
Quand vous aurez pris connaissance des chiffres,
vous serez d’accord avec moi.
Encart publicitaire
Pas de spectacle sans suspense. J’ouvre une parenthèse-pub comme à la télé. Je remercie la BDV
(la Bibliothèque départementale de la Vendée) d’avoir
lancé cette initiative originale qui s’appelle Les Voyageurs du Soir (http://voyageursdusoir.vendee.fr). Depuis trois ans, chaque année, elle propose à ceux qui
fréquentent le réseau des bibliothèques des pistes
de découvertes et de lectures autour d’un thème.
En 2013-2014, il y en avait huit (Jazz way of life,
Incroyable fantasy, Jamais sans ma guitare, Detective
story : le polar anglais, Didascalies et Cie : du texte à
la scène, Talents en images : quand le récit s’anime,
Destination aventure : l’appel de l’inconnu, Vies d’artistes : un festival de beaux-arts). Le voyage Didascalies et Cie fut une belle balade au cœur du monde
du théâtre qu’on m’a demandé de parrainer jusqu’en
juin. Allez vous promener sur le site. Que vous soyez
amateurs, professionnels, lecteurs assidus ou occasionnels, éveillez votre curiosité ! Visitez les différents blogs de ces voyages qui ont tous un parrain
animateur, empruntez un livre, une pièce, lisez les
billets qui sont postés chaque mois, réagissez ! Devenez acteurs de votre lecture ! Bravo à la BDV qui sait
proposer des pistes originales et séduisantes avec des
choix qui méritent un coup de chapeau et profitezen pour pousser les portes de nos bibliothèques qui
ont presque toutes été dépoussiérées, rénovées. Fin
de cette parenthèse utile.
Un petit tour par la SACD
À ceux qui ne connaissent pas bien le milieu du
théâtre, la SACD est moins connue que la SACEM
et pourtant elle marche vers ses 250 ans d’existence.
Or la Société des auteurs et compositeurs dramatiques
(SACD), fondée en 1777 par Beaumarchais, est la
plus ancienne des sociétés françaises de gestion collective des droits d’auteurs. Elle s’attache à percevoir
et répartir les droits des 48 000 auteurs membres
de la SACD représentant les répertoires du spectacle
vivant et de l’audiovisuel : auteurs de théâtre, chorégraphes, metteurs en scène, compositeurs, réalisateurs, scénaristes… Elle déclare se consacrer à la
défense des intérêts matériels et moraux de la profession tout entière. » (Wikipédia).
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
C’est cette vieille dame fort respectable qui enregistre les représentations déclarées par les troupes de
théâtre et qui reverse leurs droits chaque mois aux
auteurs. Mais on sait que tous les spectacles ne font
pas forcément l’objet d’une déclaration et que les
troupes de théâtre ont souvent tendance à minorer
le nombre de spectateurs.
Pour les auteurs de théâtre qui en sont sociétaires, la SACD est d’une aide précieuse aussi bien
dans la protection de leurs œuvres que pour la collecte et la redistribution des droits d’auteur. Sans
compter tout le volet social d’aides ou le côté mutuelle de santé.
Et maintenant, Mesdames et Messieurs…,
le phénomène Martineau
« Phénomène » : le mot n’est pas trop fort. Même
si Jean-Claude Martineau. récuse ce terme par modestie, je sais de quoi je parle, je viens de ce milieu
des planches. Je pense qu’après avoir lu les lignes qui
suivent vous serez convaincus que je n’enjolive pas.
Je m’en tiens tout simplement aux comptes de la
SACD qui sont souvent en-dessous de la réalité.
Jean-Claude Martineau, de Boufféré, a contracté
le virus du théâtre à l’âge de 26 ans. Quarante-deux
ans plus tard, il est irrécupérable. Il n’y a que ceux
qui n’ont jamais attrapé ce virus qui ne peuvent pas
comprendre les formes diverses sous lesquelles il se
manifeste. Il est résistant et le remède se trouve précisément dans la maladie elle-même. Mais loin de
tourner en rond ou d’être ballotté du côté cour au
côté jardin, cet univers apparemment clos ouvre les
21
plus vastes horizons et permet les modes d’expression les plus variés.
Pour lui, le meilleur des conservatoires a été
l’immersion totale dans la troupe locale de Boufféré.
Il a commencé à jouer dans La Cagnotte de Labiche
et, heureux veinard, il a gagné le gros lot. La passion
du théâtre et la passion tout court lui sont arrivées
en même temps. Et après avoir beaucoup joué, après
être passé par la case mise en scène, il s’est mis en retrait pour laisser la place aux plus jeunes. Est arrivée
alors la période écriture qui a commencé il y a dix
ans quand il quitté la carrière de … préparateur en
pharmacie. Pour les deux principaux articles qu’on
m’a demandé d’écrire, celui sur la maison d’éditions
Les Minots et celui sur le théâtre, les protagonistes
ont été tous les deux préparateurs en pharmacie, Angéline Chusseau et Jean-Claude Martineau. Neau.
Bizarre, non ? Je n’y suis pour rien.
L’écriture et l’édition
La rage d’écrire pour la scène a saisi notre ancien
acteur à la retraite. Dans ces cas-là, on commence
modestement à échafauder une intrigue avec nulle
ambition de rivaliser avec les grands dramaturges.
Le titre de cette première pièce : Mauvaises pioches.
Il y a des titres qui, contrairement aux apparences,
portent bonheur. Deux mois après l’envoi à un éditeur de théâtre, la pièce est acceptée et entre, en avril
2005, au catalogue des Éditions théâtrales Art et Comédie, 3 rue de Marivaux 75002 Paris. Sans avoir
été jouée une seule fois !
La troupe vendéenne de Saint-Georges-de-Montaigu va la créer quelques mois plus tard et ce sera
l’enclenchement de la spirale du succès, le début du
rire en cascade estampillé JCM que déclenchent automatiquement ses comédies. Tapez donc le nom de
Jean-Claude Martineau sur le site www.artcomedie.
com et faites connaissance avec l’univers théâtral de
notre Vendéen. Au total, six comédies seront publiées par Art et Comédie, entre autres Larguez les
amarres ! ou Trente kilomètres à pied, etc.
En peu d’années, le dramaturge a compris les
lois du genre et sait admirablement tirer les ficelles
de l’art de la comédie pour vous concocter du surmesure entre 1 h 30 et 2 heures.
L’écriture sans édition
Notre auteur boufféréen ne s’est pas arrêté en si
bon chemin. Les Trente kilomètres à pied sont loin
déjà. Il est devenu un marathonien de l’écriture
22
de la scène. Ses autres pièces, toutes déposées à la
SACD, n’ont pas été éditées mais on peut en retrouver les références, le sujet et la distribution sur deux
autres sites que les passionnés du théâtre connaissent bien : Le Proscénium (www.leproscenium.com)
et La Théâtrothèque (www.theatroteque.com). Sur ces
sites-là, vous trouverez l’ensemble des seize pièces
écrites par Jean-Claude Martineau. Citons Tranches
de bluff ou Casting de rêve ou encore Vous mendierez
tant. Sans oublier une de ses préférées, Midi, dernier
délai.
Les troupes de théâtre amateur s’y précipitent
et viennent y faire leur « bonne pioche » pour leur
spectacle annuel. Elles ont rapidement plébiscité
l’écriture de Jean-Claude Martineau, à la fois drôle
et irrésistible, bien ficelée et redoutablement efficace. Les acteurs y trouvent leur compte, les spectateurs en ont pour leur argent, tout le monde en
redemande et les foules de fans enthousiastes grossissent.
Le train Martineau. est lancé, sorte de TGV d’un
genre nouveau…, un Théâtre de Grande Variété.
Un succès aux dimensions de La France… mille
représentations par an et un million de spectateurs !
Cela peut sembler facile de faire rire les spectateurs du cru, ceux qui connaissent et côtoient au
quotidien les acteurs occasionnels ou habituels. Qui
ne l’a jamais fait s’y essaie !
Mais si le succès local essaime aux dimensions de
toute la France et de quelques pays francophones,
c’est qu’il y a un talent certain et reconnu. C’est finalement tout un art de conquérir presque tous les
départements français et de déborder sur la Suisse, la
Belgique, le Canada, au point de comptabiliser bon
an mal an entre 800 et 1000 représentations par an.
C’est le nombre attesté par la SACD des spectacles
officiellement déclarés. Quant aux autres, ceux joués
sous le manteau, sans publicité pour ne pas avoir
à payer de droits, on ne peut qu’extrapoler. Sans
risque de se tromper beaucoup, on pourrait majorer
le chiffre de 10%.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Au théâtre, la Vendée
Faisons les comptes. 1000 représentations par
année multipliées par une moyenne de 150 à 200
spectateurs, ça fait entre 150 000 et 200 000 personnes qui vont applaudir les pièces de JCM. Et
comme le succès dure déjà depuis pas mal d’années
et que de nouvelles pièces vont venir s’ajouter aux
autres, le million de spectateurs est en vue sinon dépassé. Chapeau, M. Martineau ! Belle réussite !
Ce qui fait que notre auteur, méconnu de beaucoup, fait désormais partie des 10 écrivains de
théâtre (professionnel et amateur) qui totalisent le
plus grand nombre de représentations par an en
France. Et pour le connaître, je vous assure qu’il n’a
pas la grosse tête.
Comparaison dramaturge écrivain
Quel écrivain, prenant conscience de ces chiffres
astronomiques au regard de ses 500, 1 000, 3 000
ou 5 000 exemplaires de livres vendus (ce qui est
déjà un beau succès de ce côté-ci de l’écriture) ne
rêverait de rencontrer semblable public et surtout
de connaître la recette du succès pour l’appliquer à
la vente de ses livres ? Il ne sied sans doute pas de
parler argent ici. Ce serait vulgaire dans notre beau
pays où on cherche souvent à en savoir un peu plus
sur ce que gagne le voisin. Pour établir un point de
comparaison entre le livre et le livret de théâtre, une
représentation équivaut environ à 100-200 livres
vendus et quelquefois bien plus. Faites vous-mêmes
le calcul. Celui qui écrit pour le théâtre a un but :
continuer à écrire pour ses futurs acteurs, pour son
public, pour les emmener dans son monde de fantaisie. Il ne pense pas en termes de séances de dédicaces et ne recherche nullement une place dans les
salons du livre. C’est un autre monde qui réserve
cependant des émotions très fortes.
Vous allez comprendre. L’auteur de théâtre qui
se glisse incognito dans une salle où l’on joue une de
ses pièces vit des sensations intenses bien difficiles
à décrire. C’est un véritable bonheur, un réconfort
qu’aucun médicament ne peut procurer quand on
entend une salle comble rire aux éclats, applaudir à
tout rompre et sortir de la salle avec un large sourire
sur le visage. La jouissance est secrète et forte.
Et quand dans sa vie, le doute, la fatigue effleurent l’auteur, quel meilleur remède que de se remémorer le rire des spectateurs et de se dire alors : « J’ai
apporté des moments de détente à des centaines de
milliers de spectateurs qui ont peut-être dix fois plus
de raisons d’être déprimés que moi. L’écho de leurs
rires est le meilleur des dopants, mon carburant. »
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Oui, c’est ce que se
dit Jean-Claude Martineau quand, à vingt ou
trente reprises dans une
année, il va assister à
l’une de ses représentations. Ce sont ses salons
du livres à lui, la rencontre avec son public,
son plein de vitamines.
Le théâtre a cela de magique : il emporte dans
l’instant une salle entière vers l’émotion, le délire.
Des rires à gorges déployées par centaines, par dizaines, centaines de milliers.
Jean-Claude Martineau, continuez à distiller
cette potion magique pour le plus grand nombre.
Vous ne pensiez pas il y a dix ans atteindre ce premier million de spectateurs. Le deuxième est entamé. Potion, ai-je dit. Oh oui ! De celle qui redonne
au spectateur ce qui est le propre de l’homme : le
RIRE ! Je ne sais pas si l’ancien préparateur en pharmacie l’avait imaginée de longue date. Pour service
médical rendu à la lutte contre le stress et la morosité, vous mériteriez bien plus qu’une médaille. En
fait, vous l’avez déjà, c’est la fidélité de votre public.
Chers lecteurs, vous qui ne connaissiez pas ce
dramaturge (qui n’aime pas ce mot), guettez les articles de presse lors de la prochaine saison théâtre,
vous tomberez forcément sur un spectacle Martineau (476 représentations en Vendée, 522 en
Maine-et-Loire, 457 en Loire-Atlantique, 311 en
Ille-et-Vilaine). Allez en applaudir un au moins !
Quand on m’a demandé d’écrire un article sur
le théâtre, mes dix collègues présents autour de la
table ne vous connaissaient pas. J’avais promis un
petit article, ils m’en ont demandé un grand. Je leur
ai obéi, le voici. Je promets que le prochain sera nettement plus court. Il fallait bien frapper fort les trois
coups de la rentrée du théâtre sur la scène de Lire en
Vendée.
Jean-Claude Martineau, vous m’avez dit avoir
envie de vous lancer dans un autre genre d’écriture.
Pourquoi pas un roman ? Ou alors donnez-nous de
vos… nouvelles. Sur votre site, il y a déjà des poèmes
(pause-theatre.fr).
Les Écrivains de Vendée ne vous connaissaient
pas ou très peu, le public non plus. Je viens de faire
mon devoir de mémoire. Avec tout ce que vous avez
écrit, vous êtes bien un écrivain à part entière. Mais
aussi entièrement à part, du côté cour et du côté jardin où vous aimez bien jouer. Comme je vous comprends ! Il ne vous manque plus que le côté… salons
du livre. Ça viendra, Jean-Claude !
Jean-Claude Lumet
23
troupe hors concours pour la pièce de Bonnemaison :
Mais où est donc passé Darwin ?
La Vendée est un terreau riche de talents
d’écriture en tout genre, comme celle des
auteurs de pièces de théâtre
quelle ambiance ce festival du théâtre
amateur qui s’est déroulé du 4 au 9 début
novembre 2013 à La Tranche sur mer !
Une idée formidable de Joël Bonnemaison auteur, et organisateur des festivités, avec le soutien efficace et convivial de Monsieur Serge Kubrik maire
de La Tranche sur Mer, et de son conseil municipal. Une manifestation qui prend de l’ampleur au fil
des ans puisque certaines troupes des départements
voisins concourent, Bretagne, Pays de Loire, PoitouCharentes ou Deux-Sèvres.
Quinze pièces de plus d’une heure sont jouées
dans la superbe salle des Floralies sous les yeux attentifs des douze membres du jury, journalistes, écrivains, commerçants, retraités, homme de théâtre,
mais aussi devant le public tranchais, fidèle et assidu.
Salle comble assurée à chaque représentation,
celle du matin ou la quatrième pièce de la journée
qui débute tardivement : 23 heures.
Les Tranchais apportent leurs sandwichs ou demandent un en-cas sur place pour ne pas louper
une séance. Au bar, entre les spectacles, ou dans les
longues queues jusque sur le parking, les commentaires fusent... Chacun se veut critique l’espace d’une
séance, chacun apprécie ces talents cachés qui œuvrent dans l’ombre pour nous ravir.
Pour cette édition 2013, deux pièces de haut niveau retiennent d’emblée l’attention du jury mais
aussi du public enthousiaste qui salue debout et rappelle les comédiens plusieurs fois :
La compagnie d’Aigrefeuille pour La
guerre des têtes écrite et mise en scène par Ni24
comédiens : Philippe Peron, Damien Robin , Romain
Bonnet pour «Bleu orange»
colas Brandicourt sur le thème revisité de Roméo et Juliette, façon BD. Les familles des
« chapeaux ronds » et la famille des « chapeaux pointus »... Hilarant ! Une pièce homogène avec des comédiens si bons qu’il était impossible de se décider
sur le meilleur. Leur revenait le Prix de la tulipe d’or
d’autant plus que le final était un bouquet d’artifices
sur un ralenti où chaque acteur «amateur» donne le
meilleur.
Et puis du grand théâtre pour Bleu orange, Philippe Péron, Prix du meilleur comédien, où il a été
cruel pour le jury de décerner ce trophée à un seul
tant les trois comédiens avaient un jeu d’égale intensité, avec du souffle et un sacré talent pour une
pièce exigeante sur le milieu de la psychiatrie : Philippe Péron, Romain Bonnet étaient les médecins
Damien Robin le malade, Jean-François Chevret le
metteur en scène de La compagnie du Théâtr’Happé
de La Roche sur Yon et Grains de Sel.
Citons aussi Nathalie Guibert nommée meilleure
actrice pour la seconde fois et pour sa prestation
dans La soeur du Grec, Compagnie des Tréteaux de
la marelle de Mouilleron le Captif, troupe créative
et dynamique que tout le monde attend tous les ans
pour l’originalité et la drôlerie et l’originalité de ses
textes d’un talent vendéen et qui récoltent toujours
plusieurs trophées.
Amateurs ? Vous avez dit Amateurs ?
Certaines pièces, de talents vendéens «amateurs»
valent bien celles de «grands auteurs» et de grands
comédiens, jouées dans de «Grands théâtres», foi de
jurée, conquise !
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Au théâtre, la Vendée
remise des Prix de la Tulipe d’or
Joël Bonnemaison initiateur et organisateur du festival
Enfin la remise des Prix : un moment fort qui
clôt le festival. Les jurés bien nourris, un peu fatigués
sont muets comme des carpes. Rien n’a filtré. Suspense... Les troupes fébriles attendent les résultats.
Le public aussi. Beaucoup d’émotion.
Sept trophées sont prêts sur scène ainsi que des
chèques pour récompenser le meilleur metteur en
scène, le meilleur texte (quand il s’agit d’un texte
d’auteur amateur) costume, comédienne, comédien
et enfin la Tulipe d’or pour la meilleure pièce ou la
pièce coup de cœur.
maître d’œuvre du salon, est jouée avant la remise
officielle des Prix : Virgile et Salomon, Le Verger, Six
petit morts et puis s’en vont, La Part du Tigre, Le café
du Palais, Qui veut tuer l’Empereur ?, Landru ou la
femme au foyer, Nom de Zeus, Mais où est donc passé
Darwin ?, pour l’édition 2013.
Pour cette sixième édition 2013 ont été récompensés en présence de personnalités, M. le maire
Serge Kubryk, Sylviane Bulteau, député de Vendée,
l’invité d’honneur, Christophe Bourseillé, Joël Bonnemaison, écrivains et journalistes :
Le Grand Prix de la Tulipe d’or : La compagnie
d’Aigrefeuille avec La guerre des têtes, écrite et mise
en scène Nicolas Brandicourt
Meilleure comédienne : Nathalie Guibert dans
La soeur du grec compagnie Les Tréteaux de la marelle de Mouilleron le Captif.
Meilleur comédien : Philippe Peron dans Bleu
Orange Compagnie Théâtr’ Happé de la Roche sur
Yon et Grains de Sel.
Mise en scène : La soeur du Grec troupe de
Mouilleron le Captif
Costume : Les 5 dits du Prince compagnie l’Entracte de Grosbreuil.
Texte ou adaptation : Saynettes et sans bavures
compagnie les Alizés de Rezé.
Tous les ans une pièce de Joël Bonnemaison,
homme de lettres, de théâtre mais aussi initiateur et
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Entrée libre et gratuite pour toutes les représentations pour les Tranchais et autres.
Bravo à tous les acteurs de cette belle manifestation qui suivent et qui œuvrent pour faire vivre et
reconnaître les talents vendéens.
Eveline Thomer
Compagnie Artémise, lauréats de la Tulipe d’or 2013
25
Au théâtre, la Vendée
Virginie Massif
Mylène Demongeot,
Virginie Massif
Joël Bonnemaison
vedettes du festival tranchais,
cuvée 2014
Quelle semaine que celle du 3 au 8 novembre dernier à La Tranche-sur-Mer !
Les émotions n’ont pas manqué à cette
7e édition du festival de théâtre amateur
D’abord, le créateur et concepteur de la manifestation, Joël Bonnemaison, a apporté une présentation aussi subtile que soignée, avant et après chaque
pièce sélectionnée, chacune vue par une salle des
Floralies pleine de 350 personnes. Et cette empathie
du public avec l‘ami Bonnemaison, artiste-journaliste-anar, ce touche-à-tout dont le théâtre reste sa
passion le plus vive, fut une de ces émotions de cette
semaine tranchaise !
Le programme concocté en fut une deuxième.
Du boulevardier au méditatif, rien n’a manqué dans
les genres, soit dix pièces jouées.
26
La Mouilleronnaise rayonne sur les
planches
La plus belle émotion du jury (4 femmes, 2
hommes) est venue de Virginie Massif, actrice
des Tréteaux de la Marelle, de Mouilleron-le-captif. Quand elle a joué dans le (trop) boulevardier
Panique au ministère, elle rayonnait, le mot n’est
pas trop fort, d’une intensité à brûler les planches, à
sauver n’importe quelle pièce ! Et sa Tulipe du prix
d’interprétation féminine fut follement applaudie à
l’heure du palmarès, par un public tranchais qui
s’est désormais habitué à cette manifestation, s’y est
même initié, comme un vrai moment culturel, de
plus hors saison estivale !
Enfin, rappelons que l’énoncé du palmarès, le
samedi 8 novembre, fut marqué par la présence de
Mylène Demongeot. Bien dans sa peau, elle a joué
le jeu avec simplicité et joie de vivre à la cérémonie
de ces « oscars ». Celle dont la carrière a rebondi
avec Camping, celle qui fut Milady de Winter, version Mousquetaires 1961, celle qui était la compagne de Marc Simenon, fut aussi une concurrente
directe de Brigitte Bardot, en 1958. Luis Bunuel
en personne, devait tourner La Femme et le pantin,
mais fut en butte aux producteurs quand il exigea
« la » Demongeot. Les producteurs voulaient Bardot. Bunuel ne changea pas d’avis, se retira. C’est
Duvivier qui le remplaça. Avec Bardot.
L’anecdote fut rappelée sur scène, au grand bonheur de « la » Demongeot. Peut-être ce dont elle
aime à se rappeler le plus dans sa longue carrière :
que le grand Bunuel ne jura que par elle !
Quelle semaine, je vous dis !
PhilG
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Au cinéma, la Vendée
André Popp,
arrangeur
hors-pair
de la musique
française
Le Sud-Vendéen André
Popp (1924-2014), au nom
prédestiné, aura traversé son
siècle avec l’aura d’un grand
monsieur de la musique
Il était né à Fontenay-le-Comte,
André Popp est mort en mai dernier à
Puteaux, en région parisienne
En 1967, la chanson Love is blue
lui apporta une notoriété internationale
Popp, au nom prédestiné, un « grand bonhomme » de la musique française, nous a
quittés discrètement, en mai dernier,
à l’âge de 90 ans
Jeune, André Popp sera marqué par la pratique
de l’orgue à l’Institution Saint-Joseph. Dans sa ville
natale, il rencontre le jeune Jean Broussolle, futur
« Compagnon de la chanson » (un des 9 chanteurs
accompagnant notamment Edith Piaf au faîte de
leur gloire). Tous deux « montent » à Paris après la
guerre, font du cabaret, Popp joue, Brussolle chante.
La chance tourne à leur avantage quand ils écrivent
une série de chansons pour Catherine Sauvage. Au
piano, Popp compose dès lors pour Bourvil et travaille aussi pour la télé naissante. On lui devra les
indicatifs d’émissions comme La tête et les jambes
ou Des chiffres et des lettres. Il devient chef d’orchestre chez Philips, aux côtés de Michel Legrand.
Il compose pour Henri Salvador, Jacques Brel, Juliette Gréco, plus tard pour Marie Laforêt, Françoise
Hardy, Sheila…
Entre-temps, en 1956, il a cartonné avec son
disque « Piccolo Saxo et cie », conte musical coréalisé
avec Jean Brussolle, le « Compagnon » charismatique (1920-1980), touchant tout particulièrement
le public enfant. En 1960, le musicien-arrangeur
remporte le prix de l’Eurovision avec la chanson
Tom Pillibi, interprétée par Jacqueline Boyer.
La gloire internationale en 1967
Au cinéma, domaine où il se fera rare. En 1955,
il compose la bande originale de Tintin et le mystère
de la Toison d’or (1961), celui avec Georges Wilson
dans le rôle du capitaine Haddock, Jean-Pierre Talbot étant Tintin.
Mais son plus gros succès, il l’obtient en 1967
avec Love is blue (L’amour est bleu), chanson numéro 1 aux États-Unis, grâce à l’interprétation de
l’orchestre de Paul Mauriat. C’est la consécration
pour l’arrangeur dont le leitmotiv a toujours été de
« rendre la musique accessible au plus grand nombre
à tout âge ». Ce qui finira d’ailleurs par se réaliser
grâce au cinéma, avec la sortie en 2006 de Piccolo,
Saxo et compagnie en long-métrage d’animation,
d’Erici Gutierrez et Marco Villamizar, avec les voix
de Jean-Baptiste Maunier (Les Choristes) et d’Anaïs.
Arrangements : André Popp. Film visible à partir
de l’âge de 3 ans ! Le sud-Vendéen a su boucler la
boucle.
PhilG
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
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Le CRILJ Vendée
Lulu femme nue, une bande dessinée, a
été adaptée en images en 2013 pour le cinéma. Un tournage de plus sur notre département, signé Solveig Anspach, avec
Karin Viard
Un centre de ressources et de promotion
pour la littérature jeunesse
Relancé en 2005, le Centre de recherches et d’information sur la littérature de jeunesse de la Vendée
(CRILJ) publie chaque année la brochure «Une année de lecture» qui présente et analyse 150 ouvrages
destinés aux jeunes lecteurs, de la petite enfance aux
grands ados. Un outil incontournable pour éclairer
les propositions des libraires, des médiathèques et
bibliothèques, des centres de loisirs et des écoles.
Ce travail d’analyse et de sélection est le fruit
de la réflexion d’une vingtaine de bénévoles de l’association qui se retrouvent une fois par mois. Elles
examinent entre 150 et 300 titres chaque année. La
littérature jeunesse est en effet foisonnante, mais sa
durée de vie est courte. Les sorties très nombreuses,
à la rentrée comme au printemps, appellent une attention constante sur tout ce qui paraît. Enfin sur
presque tout...
Albums, romans, documentaires, contes, aventures, histoire, BD, mangas, poésie, textes illustrés,
rééditions, sans oublier les livres CD, les angles de la
littérature jeunesse sont vraiment très divers. Pour figurer dans la brochure annuelle, les albums doivent
recueillir un avis positif de six membres du CRILJ,
les romans, les BD et les contes de trois ou quatre.
L’équipe du CRILJ s’attache particulièrement à
promouvoir les jeunes auteurs et les petites maisons
d’édition. Et naturellement les nombreux auteursillustrateurs vendéens que l’on retrouvera dans les
pages BD de Lire en Vendée. La Direction départementale de la Cohésion sociale (DDCS) apporte son
appui aux bénévoles du CRILJ. La brochure Une année de lecture est en effet très utilisée dans le cadre de
l’opération Lire et faire lire. La réforme des rythmes
scolaires ouvrira des temps de lecture plus larges : le
CRILJ aura donc certainement l’occasion d’y apporter ses ressources et ses compétences.
G. B.
28
Au tout début, il y a la BD d’Etienne Davodeau.
Né en 1965 dans le Maine-et-Loire, l’auteur venait
souvent passer ses vacances d’été sur la côte vendéenne où il situe sa bande dessinée parue en deux
tomes : le premier, en 2008, qui obtint de nombreux prix et le second en 2010 (parus aux éditions
Futuropolis). Du même auteur, je signale l’album
Les Mauvaises Gens sur la jeunesse militante de ses
parents et qui a raflé, en 2006, une moisson enviable
de prix : le Prix de la Critique, le Prix France Info,
le Prix du scénario, le Prix public du meilleur album
eu Festival d’Angoulême.
Ce film de Sólveig Anspach, avec Karin Viard,
Bouli Lanners, Claude Gensac, est sorti sur les
écrans le 22 janvier 2014.
Attention : la Lulu du film est différente de celle
de la BD. Et pourtant, les deux Lulu ne s’opposent
pas radicalement.
Le film a été tourné dans notre département,
terre de contraste par excellence, en grande partie
à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, aux Sables d’Olonne,
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
« Lulu, femme nue » de Vendée
St-Hilaire-de-Riez… après la saison estivale pour
une plus grande liberté de tournage.
C’est le second film que la réalisatrice tourne
avec Karin Viard. Pour le premier, Haut les cœurs !
Karin Viard a obtenu le César de la meilleure actrice.
Pour ceux qui ne connaissent ni le film ni l’actrice,
procurez-vous le DVD : c’est un film d’une rare intensité avec une comédienne exceptionnelle et bouleversante. Un film qui vous marquera longtemps.
L’histoire ? À la suite d’un entretien d’embauche
qui se passe mal, Lulu décide de ne pas rentrer chez
elle et part en laissant son mari et ses trois enfants.
Elle n’a rien prémédité, ça se passe très simplement.
Elle s’octroie quelques jours de liberté, seule, sur la
côte, sans autre projet que d’en profiter pleinement
et sans culpabilité. En chemin, elle va croiser des
gens qui sont, eux aussi, au bord du monde : un
drôle d’oiseau couvé par ses frères, une vieille qui
s’ennuie à mourir et une employée harcelée par sa
patronne… Trois rencontres décisives qui vont aider
Lulu à retrouver une ancienne connaissance qu’elle
a perdu de vue : elle-même.
Une journée avec Karin Viard
J’ai eu la chance - Jean-Claude Lumet pour vous
servir - d’assister à la projection du film Lulu femme
nue en avant-avant-première lors d’une projection
privée au Gaumont de Rennes. Ce mardi 21 janvier
2014, en début de matinée, la veille de la sortie du
film en salles, nous étions une petite dizaine de spectateurs à avoir le privilège de découvrir le film.
Privilège et chance également de déjeuner avec
Karin Viard pendant près de deux heures après une
séance photos avec la comédienne. Ouest-France,
pour la sortie du film, avait choisi une lectrice et
deux lecteurs du journal pour cette occasion unique.
J’en étais !
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Lors de ce déjeuner
dans les locaux de la Rédaction d’Ouest-France,
à Rennes, j’ai le privilège de pouvoir discuter
librement avec Karin
Viard. Ce fut une rencontre hors du temps,
inoubliable, chaleureuse
et tout en même temps
très détendue. Dès les
premières minutes, le
tutoiement s’est imposé
et jamais nous n’avons
senti une quelconque distance entre la comédienne
et nous. À vrai dire, Karin Viard est une vraie star, si
proche, si palpable et pourtant intouchable.
Mais d’emblée, j’étais en harmonie avec cette
actrice aux talents multiples, comédienne capable
de jouer avec un égal bonheur les comédies les plus
débridées comme les drames personnels les plus intenses.
Au cours de ces deux heures, nous avons pu
aborder tous les sujets que nous souhaitions dans la
plus totale liberté : enfance, carrière, famille, projets.
Bien sûr, il fut question avec elle du tournage du
film en Vendée, de ses partenaires, Bouli Lanners,
un gros nounours, Claude Gensac, délicieuse (oui, la
fameuse Ma Biche de de Funès dans Le Gendarme de
Saint-Tropez, c’est elle !)
Mais j’avais l’antistar totale face à nous. Jamais
nous n’avons senti, y compris quand nous voulions
prendre des photos, que nous avions avec nous une
actrice que de nombreux réalisateurs s’arrachent. En
ce début d’année 2014, elle est à l’affiche de trois
films. Nous étions quatre et, dans ce quatuor improvisé, chacun pouvait se sentir la vedette à tour de
rôle selon les moments.
Ces quelques heures, dans un programme qu’on
sait surchargé, Karin Viard nous en a fait cadeau sans
précipitation, sans sms, sans coups de téléphone qui
viennent interrompre notre échange. Sans caprices
de star surtout. Un cadeau qui porte la marque de
cette grande actrice populaire : exceptionnel ! Oui,
foi de J-C L, même si je n’ai pas la certitude que Sidney soit mon oncle, j’aime le 7e art et j’ai rencontré
une vraie star du XXIe siècle.
Dernière info : le magazine Première n’avait
d’ailleurs que ce qualificatif pour la prestation de
Karin Viard dans Lulu, femme nue.
Ex-cep-tion-nel !
Jean-Claude Lumet
29
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Catherine Breillat
Marie-Hélène et Catherine Breillat,
elles ont fait carrière au cinéma,
elles ont d’incontestables attaches
dans le sud-Vendée
Nom : Breillat. Prénoms : Marie-Hélène et Catherine. Ces deux soeurs reconnues, aux carrières
différentes dans le cinéma français, ont des attaches
vendéennes profondes, de vraies racines. La première est née à Talence (en 1947) et la deuxième
à Bressuire (1948). Entre la Gironde et les DeuxSèvres, leur père, le Docteur Marcel Breillat. Il fit ses
premières études au collège François-Viète à Fontenay-le-Comte. Et il vint ensuite souvent en Vendée,
dans le giron familial. Car la grand-mère, Claire
Breillat, habitait rue Gaston Guillemet, à Fontenayle-Comte. Et l’arrière-grand-mère était installée à
Auzay.
Marie-Hélène Breillat
Rappelons que Marie-Hélène Breillat fut une
merveilleuse Claudine dans les années 70 pour le petit écran. On la vit aussi beaucoup au cinéma à une
époque : dans Mourir d’aimer (1971) avec Annie
Girardot ; La mandarine, avec à nouveau Annie Girardot et Jean Rochefort (1972) ; aux côté de Pierre
Clémenti dans L’ironie du sort (1974), d’Édouard
Molinaro qui adaptait un roman de Paul Guimard
(originaire de Loire-Atlantique) ; également aux côtés de Christopher Lee et Bernard Menez dans Dracula père et fils (1976). Incontestablement l’une des
ingénues les plus séduisantes du cinéma français.
Sa soeur Catherine est la réalisatrice du sulfureux
mais admirable Romance en 1999, long métrage où
l’héroïne, femme délaissée, entreprend une descente
vers les méandres de ses fantasmes, film cru cassant
les tabous sans jamais briser le filigrane du romantisme de l’action. Catherine fut également scénariste
de La peau, de Liliana Cavani en 1981, mais aussi
pour Et vogue le navire de Fellini en 1983, et Police,
de Maurice Pialat en 1985. Excusez du peu !
PhilG
30
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Au cinéma, la Vendée
Notre chronique cinéma est particulièrement nourrie, avec un clin
d’œil aux racines vendéennes des
sœurs Breillat, avec la sortie de films
tournés en Vendée (Lulu Femme
nue, Monstrum) mais aussi Le général du Roy, tourné par Nina Companeez l’année dernière en Vendée,
notamment en forêt de Grasla, à la
Rabatelière et à la Chabotterie
À cette occasion, nous diffusons
l’interview du conseiller général de
Saint-Fulgent (et maire de La Rabatelière) Wilfried Montassier
Celui qui est aussi le président du
Refuge de Grasla a été le principal
interlocuteur vendéen de la metteur en scène de ce divertissement
historique tout a fait réussi
Nina Companeez imprime son talent sur les
Guerres de Vendée.
On ne pensait pas que cette grande dame du cinéma en avait « encore sous la semelle », tant elle
avait réussi, pour la télévision, À la recherche du
temps perdu, sans oublier le très populaire feuilleton
des Dames de la côte. La télévision a été son moyen
d’exprimer son art de la mise en scène, sa rigueur,
son sens du détail, sa finesse. Celle qui fut la fille
du scénariste Jacques Companeez a cependant débuté au cinéma, en 1972, avec le magnifique Faustine et le bel été, avec Muriel Catala, Isabelle Adjani,
Jacques Marchall… Et, en 1974, le beaucoup moins
réussi Colinot trousse-chemise, avec Brigitte Bardot
dans son dernier rôle et Francis Huster, qui sera
longtemps l’homme de sa vie.
Aussi, Le général du Roy, diffusé en avant-première à La Roche-sur-Yon en décembre 2013, et à la
télévision quelques semaines plus tard, est une réussite confirmant le talent de cette femme de cinéma,
qui a adapté une œuvre de Daphné du Maurier se
déroulant durant la guerre civile en… Angleterre !
Et c’est peut-être la véritable originalité de ce film
durant les Guerres de Vendée. Car ce long-métrage
n’est pas un film de plus sur ce thème. Cette fille de
parents russes et juifs qui fuiront la Révolution bolchévique 1917, puis l’Allemagne d’Hitler en 1933,
a ajouté son raisonnement parallèle à cette guerre
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Nina, fille de russes juifs, au travail,
à La Rabatelière
Scène de repos entre deux prises. Nina Companeez,
assise, refait le point avec Samuel Le Bihan
civile, qu’elle considère comme une ombre sur la
révolution. Tout en réalisant un divertissement intelligent, malgré des moyens modestes (la Région
Pays-de-Loire n’a pas participé à ce tournage). Avec
également une belle distribution, Samuel Le Bihan
en tête, et des rôles de femmes particulièrement
émouvants, interprétés par Louise Monot et Sarah
Biasini (la fille de Romy Schneider).
PhilG
31
Bruno Retailleau entre Sarah Biasini et Nina Companeez, lors de l’avant-première à la Roche-sur-Yon
Louise Monot est à côté de Wilfried Montassier
« Sa transposition du roman de
Daphné du Maurier m’a bluffé ! »
Interview :
Wilfried Montassier, conseiller général,
président du refuge de Grasla
Wilfried Montassier, avec-vous eu un contact privilégié avec Nina Companeez ?
Oui, car nous nous sommes beaucoup vu avant
le premier coup de manivelle en avril 2013, dans le
refuge de Grasla. Elle est venu à plusieurs reprises
chez moi et je la cornaquais en Vendéen sur les lieux
de tournage qu’elle envisageait. Nous avons eu de
longues conversations, surtout sur son projet de
film. Car elle restait extrêmement concentrée sur
l’écriture du scénario, le nourrissait sans cesse. Nous
avons évidemment beaucoup évoqué les Guerres de
Vendée. Je puis vous assurer qu’elle était très documentée. Elle avait un regard extérieur pertinent. Et
singulier, surtout pas distancié. Car c’est aussi le regard d’une femme qui a connu les deux plus grandes
terreurs du XXe siècle, en Union soviétique et en Allemagne.
Nina Companeez tient le bras de Samuel Le Bihan
qui tient la canne
Wilfried Montassier tient la serviette !
Vous avez apprécié l’adaptation d’un roman anglais sur cette guerre civile de Vendée ?
Transposer le roman de Daphné du Maurier
comme elle l’a fait m’a bluffé. Nous ne sommes pas
dans la caricature avec ce film, mais plutôt dans le
mouvement populaire, le mouvement de liberté, de
vivre aussi, et ça s’entend dans le film ! De toute
façon, j’ai été bluffé par ce petit bout de femme de
75 ans, d’une belle vitalité physique, de la verdeur
de son intelligence, de ses éclats plein de jeunesse, de
sa gourmandise du savoir et de la vie.
La Vendée l’a beaucoup aidée pour parvenir à ce
résultat ?
On s’est mis en quatre pour elle au conseil général, notamment en lui mettant à disposition des
bâtiments à La Roche-sur-Yon, notamment pour la
gestion des costumes. D’ailleurs, elle était exigeante
sur la véracité des costumes. On lui a aussi mis, avec
la communauté de communes de Saint-Fulgent, des
locaux pour le casting. Beaucoup de bénévoles du
Refuge de Grasla ont été recrutés, ainsi que d’autres,
tous Vendéens. Là aussi, elle était exigeante, elle
savait quelles « gueules » elle cherchait. Quant au
tournage, le refuge de Grasla est un des lieux qui a
le plus servi pour ce tournage, ainsi que La Rabatelière, à la Chabotterie aussi, avec la scène d’initiation
amoureuse dans un arbre… Je peux vous dire que
tout l’argent de la production est à l’écran.
Propos recueillis par PhilG
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Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Au cinéma, la Vendée
Monstrum, au coeur des ténèbres
Pas besoin d’un budget démesuré pour
faire un bon film
Avec 150 000 € et sans aide publique,
le réalisateur indépendant vendéen Éric
Dick signe son deuxième film
Monstrum est un véritable petit bijou,
sorti en janvier 2014, en première
au cinéma le Club, à Challans,
Monstrum raconte les derniers jours de
Gilles de Rais à partir des minutes du procès qui le conduira à la pendaison avec
ses sinistres compagnons
Monstrum frôle par instant le thriller le plus noir.
La force de ce long-métrage est son huis-clos intime
Accusé d’enlèvements, de meurtres d’enfants
(entre 140 et 800 victimes selon les historiens), de
pédophilie, de crimes divers et de commerce avec le
diable, le Maréchal de France, ancien compagnon
de Jeanne d’Arc, se livre à toutes les horreurs imaginables au fond des culs de basse fosse de ses châteaux
de Machecoul, Champtocé, Pouzauges. On est loin
du Gilles de Rais de la lumière des grandes épopées
de la guerre de Cent ans. Dick explore avec sa caméra la part sombre de ce personnage fascinant. Toute
la grandeur du film vient de ce huis-clos intime
avec l’âme tourmentée d’un monstre qui commet
les pires horreurs mais qui ne cesse jamais d’être un
homme, un croyant, qui demande pardon à Dieu,
conscient de ses crimes et incapables de se réfréner.
Tourné en 2013,
ce film est signé Érick Dick (à gauche), avec à ses côtés
Cédric Spinassou, qui joue Gilles
Éric Maillet, Carmelo Carpetino, Didier Brice,
Jacques Raveleau-Duparc et Christian Van Tomme
font aussi partie de la distribution
Servi par un Cédric Spinassou éblouissant, quasi
en état de grâce, le monstre touche en faisant horreur.
Doté d’un casting d’acteurs remarquables, éclairé
magnifiquement, porté par des choeurs de jeunes
Vendéens, Monstrum, qui frôle par instant le thriller
noir inspiré des romans noirs de MM Radcliffe et
de Sade, pose la question de la liberté : libre d’agir
sans frein, comme le fut Gilles, seigneur intouchable
du royaume de France en 1440, jusqu’où l’homme
peut-il aller dans l’horreur ? On touche l’indicible.
Même l’Inquisiteur frémit. Oui, mais Gilles, Prométhée du mal, mystique fou, alcoolique pervers,
cherche aussi quelque part la lumière, la grâce.
Éric Dick, originaire de Challans, réussit ce tour
de force de nous faire entrer comme un scanner
dans le cerveau malade de Gilles. Il filme à ras les
visages, dans les châteaux de Sigournais, Saint-Mesmin et Machecoul, dans une pénombre savante de
torches grésillantes et de souterrains lugubres (ceux
de Petosse), pour la confrontation ultime avec le
Créateur. Gilles avoue, se repent. La lumière tremblotante du salut éclaire comme une lune pâle l’insondable noirceur de Barbe-Bleue.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Marc Lambrechts
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Ragon,
« ma » conscience politique pour
0,20 €…
Un jour d’été de l’année dernière,
j’étais à Paris, boulevard Saint-Michel.
Boul’Mich, qu’on dit, là où de nombreux
libraires proposent, sur le trottoir, devant
leur vitrine, des livres d’occasion à des
prix imbattables : 0,20 euros
C’est fou, non !
Mais on a beau aimer lire, on ne peut tout lire
et les livres s’accumulent sur nos rayons, tapissant
les murs du domicile, sans parler de ceux qu’il faut
monter au grenier parce qu’on se refuse à les vendre
ou les donner. Comme si posséder un livre était
aussi précieux que de le lire (quand on le lit !), vaste
débat…
34
Aussi, ce jour-là, pour ne pas céder à la tentation,
je m’éloignai du trottoir et regardai ces rayonnages
de livres d’occase de plus loin, certain d’échapper à
ma drogue favorite.
Lorsque je le vis !
J’ai certes une bonne vue, mais distinguer un
livre parmi des milliers d’autres sur le Boul’Mich,
c’est l’étrange aventure qui m’est arrivée ce jour
d’été là. Ce livre dépassait le format de poche et
avait une couverture bleu pâle. Le visage de femme
qui l’illustre aussi. Oui, c’est bien La louve de Mervent, de Michel Ragon, chez Albin Michel, qui me
rapproche de ce bac. Je m’en saisis, paye 0,20 euros
dans la boutique et… je lis ! Sur une terrasse ensoleillée de ce boulevard, peut-être au même endroit
ou le poète bachique Raoul Ponchon, né à la Rochesur-Yon, venait régulièrement y boire autre chose
que du café, jusqu’à la fin des années trente.
J’ai toujours aimé lire Ragon. Ses trois meilleures
œuvres (L’accent de ma mère, les mouchoirs rouges de
Cholet, La mémoire des vaincus) devraient être lues
par tous les Vendéens ! Sans oublier les autres… Je
dois à l’auteur aux origines fontenaisiennes d’avoir
élaboré « ma » conscience politique, ni plus ni
moins, avec son histoire romancée de l’anarchie libertaire dans La mémoire des vaincus. Ce livre (en
poche), que j’ai relu deux autres fois sur quinze ans,
fait partie de mon top 10 !
Mais je n’avais jamais pris le temps de m’attaquer
à La louve de Mervent. J’ai commencé boul’Mich.
Et j’ai terminé quelques jours plus tard cette épopée de 1832, la dernière des Guerres de Vendée,
pas celle de la Duchesse de Berry, mais celle du fils
des Dôchagne (personnage emblématique dans Les
mouchoirs rouges de Cholet) et de Louison, impressionnant portrait de femme (celle de la couverture)
et de toute une bande de gueux clandestins qui en
feront voir aux sbires de Louis-Philippe dans une
lutte oubliée des historiens, même vendéens.
Merveilleux Ragon ! Où la lecture qui dissipe
tout chagrin, vous réconcilie avec les paysages et l’air
que vous respirez, vous donne du grain à moudre
sans en avoir l’air, vous laisse une trace dans la réflexion.
Ragon est le seul Vendéen que j’avais jusqu’à présent déniché dans les bacs du boul’Mich. Ce même
été, quand je suis arrivé à Toulouse, les bouquinistes
envahissaient la place du Capitole. Je cherchais du
Ragon, parmi des piles où l’ouvrage pouvait varier
de 1 à 5 euros. Pas de Ragon, pas d’autre Vendéen…
Mais en cherchant bien, je trouvais : Le Simenon ou
la condition humaine, du juge Gallot, et Le roman
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
La chronique du père Philibert
d’un rebelle, de Gilbert Prouteau. L’un et
l’autre avaient leur cote : 10 euros chacun !
J’ai poursuivi mes vacances, à Evaules-Bains, dans le plus grand hôtel du
département de la Creuse, là-même où
George Sand venait se prélasser. Dans leur
bibliothèque, encore un Vendéen : Viollier, avec La Malvoisine, réédité chez Laffont. Un de mes préférés du gars de Château-Fromage !
Enfin, quand je me suis retrouvé à
l’hôtel Ibis, à Lausanne, chez nos amis
suisses et francophones, la bibliothèque
de l’hôtel ne comportait aucun écrivain
vendéen, mais un Corrézien : Claude
Michelet ! Celui qui avait présidé le salon
de Grasla, quelques jours auparavant, en
juillet 2013. Ce livre était un de ses plus
récents : Ils attendaient l’aurore (RobertLaffont). Peut-être le meilleur livre du fils
du ministre résistant gaulliste, Edmond
Michelet, que Claude a vu se faire arrêter par la Gestapo. En tout cas, son père
aurait été fier de cet ouvrage et de son fils,
plus encore que Des grives aux loups qui a
fait sa gloire.
Puis, je suis revenu à Paris et, mu par
l’instinct, je suis retourné Boul’Mich en
me disant que le jour où je trouverais un
de mes livres ici, à 0, 20 euros, je serais un
grand écrivain ! Je me contenterais même
de retrouver un de mes livres sur un videgrenier du pays maraîchin pour flatter ma
vanité !
Je suis retourné à hauteur du bac et de
la librairie où j’avais découvert La louve de Mervent.
À l’intérieur, au premier étage, j’ai alors découvert, une curiosité de
Ragon, Drôles de voyages,
qu’il avait écrit en 1953
(publié par Albin Michel), car l’autodidacte
vendéen (90 ans cette
année) qui fut bouquiniste, a écrit tôt et beaucoup, dès les années cinquante. Et cette fois-ci,
moi qui ai tant voyagé
et m’en vante beaucoup,
suis à nouveau tombé en
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
extase. Ragon, par son style déjà fluide, est aussi un
routard avant l’heure. Il raconte, sac au dos, l’Allemagne après la guerre, le Danemark, l’Angleterre et
son exquise amie Penny, la Yougoslavie…
C’est fabuleux ! Oh,
le livre était un peu fatigué je ne l’ai pas payé
trop cher : 7 euros ! car
dans le magasin, il n’y
a plus de livres à 0,20
euro. Mais Drôles de
voyages est aussi rentré
dans mon top 10.
Quel été !
PhilG
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Agora, la Roche sur Yon
Va, cours, vole et prends ton livre !
Agora, incontournable en Vendée !
22 personnes animent cette librairie
phare de la Vendée
Des professionnels résolument tournés
vers tout ce qui bouge
et...
aux valeurs traditionnelles de la librairie
en attachant un intérêt tout particulier
aux auteurs vendéens :
le rayon Régionalisme, fer de lance de la
librairie, avec Étienne Froger et MarieOdile Perrocheau
Valeurs traditionnelles ?
Votre premier « stylo », vous le trouverez dans
le rayon papeterie au sous-sol avec des articles de
qualité, un domaine réservé aux mains habiles, des
cartes pour toutes occasions...
Papeterie, d’accord, cela ne se trouve pas partout
et vous avez le meilleur choix à Agora mais c’est surtout la librairie qui nous intéresse et dans un magasin qui donne maintenant à la fois sur la rue des
Sables et la rue La Fayette, avec plus de 1200 m2 à
votre disposition vous devriez trouver tout ce que
vous voulez !
Vous le trouverez, bien sûr, mais vous auriez dû
le chercher d’abord sur le site internet www.librairie-agora.com, parmi tous les ouvrages existants (plus
36
d’un million de références !), où vous auriez aussi pu
consulter les résumés des livres, donner votre avis
sur vos lectures, réserver ou commander avant de retirer vos livres à Agora. N’oubliez pas non plus notre
page Facebook, http://fzcebook.com/agoralaroche.
Bravo ! facile le site internet !
et le libraire alors ? Pourquoi 22 perVRQQHV GHV SURIHVVLRQQHOV TXDOL¿pV "
Pour livrer les livres ?
Bien sûr, ce que l’on recherche à Agora après son
premier stylo, c’est le conseil et la nouveauté parmi
les rayons où s’étalent à foison les derniers Prix littéraires, les meilleurs romans, les livres d’art avec les
« Poche », le rayon Jeunesse, livres et albums pour
enfants, bandes dessinées, et une documentation
complète sur tous les pays du monde ! avec même
France-Loisirs ! ...mais un site internet, Facebook,
il faut aussi du monde pour s’en occuper, si vous
voulez vous y retrouver !
Les auteurs,
Le plus remarquable, le plus recherché et la fierté
d’Agora, c’est la rencontre avec les auteurs et surtout
les auteurs vendéens.
En effet, les Vendéens, mais pas que...
Les auteurs célèbres, les people, vous pouvez les
rencontrer à Agora en de nombreuses séances de
dédicace, mais ce qui nous intéresse surtout, ce sont
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
J’ai poussé la porte de la librairie
les Vendéens et le rayon qui leur est réservé : le rayon
Régionalisme !
Le Régionalisme, une vocation maison pour
Agora qui recherche le contact avec les auteurs.
Michel Gauvrit se souvient avec émotion et bonheur des débuts d’Yves Viollier avec Jean Huget et
Le Cercle d’Or. Agora veut être la première librairie
des premiers livres des nouveaux auteurs. une sorte
de « naisseur » de talents.
Et il en défile des auteurs, chez Agora, l’incontournable !
À Agora, on fait du dépôt !
Je suis bien placé pour le savoir, c’est la librairie
où les Éditions de Bonnefonds ont fait le meilleur carton (sauf pour le livre sur le canton de Saint-Gilles)
et c’est presque le dernier libraire qui nous reste
même si je n’ai pas oublié les conseils de la Librairie
Coiffard à Nantes lorsque nous nous sommes lancés
mais quelle fierté et quelle joie que le premier dépôt
à Agora !
Agora ouvre donc ses portes aux auteurs vendéens pour les assister dans leurs premiers pas, leur
première confrontation avec le public et les acheteurs. Agora, c’est fait pour ça ! C’est aussi pour cela
que notre revue y est si bien accueillie et tellement
demandée, Lire en Vendée et Agora, même combat !
Mais n’oublions pas les lecteurs, tout cela, c’est
pour que chacun reparte de la librairie avec l’assurance d’avoir en poche le meilleur livre possible à
continuer à lire dès la porte franchie...
Jean de Raigniac
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Librairie Agora
11, rue Georges Clémenceau
85000 La Roche-sur-Yon
02 51 44 58 90
Rayon librairie : 02 51 44 58 81
Rayon papeterie : 02 51 44 58 86
Lundi, 15h - 19h, Mardi au
samedi de 9h30 -19h
Librairie indépendante de référence,
label de qualité décerné par le Ministère de la
Culture et de la Communication
Plan d’accès. Site web : www.librairie-agora.com
Facebook, http://fzcebook.com/agoralaroche
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La Maison de la Presse, Les Herbiers
En plein cœur de la ville,
la Maison de la Presse attire un grand
nombre de visiteurs
On y vient évidemment pour la presse
du jour et pour les magazines On y vient
naturellement pour la librairie qui propose à longueur d’année les livres les plus
récents comme les livres plus anciens
qu’il suffit de commander pour les avoir
quelques jours plus tard
Dirigée par Francine et Jacques Fillon
depuis le 1er octobre 2010, la Maison vous
réserve un accueil chaleureux
Anita est préposée à la caisse et vous dirige en souriant vers les rayons qui vous
intéressent
Anita à la caisse
Un service pour les lectrices et lecteurs
La plus ancienne employée de la maison est Josée. Depuis 1979, elle accueille les clients et si vous
voulez un avis sur les livres, romans, poésie ou autre
littérature, elle est « calée » pour répondre à vos demandes. Elle se dit polyvalente puisqu’on peut aussi
bien la trouver, suivant les besoins, à la caisse ou affairée au rayon presse. Depuis 2009, est venue la rejoindre, au rayon librairie et à temps partiel, Lucile,
également préposée aux relations avec les établissements scolaires et aux expositions du lieu récemment ouvert au sous-sol, baptisé tout simplement
le Garage.
Le choix des livres
Les deux employées font elles-mêmes le choix
des livres pour la vente. Elles bénéficient du service
des offices du livre qui les démarchent régulièrement. Les établissements scolaires commandent
leurs ouvrages par l’intermédiaire de la Librairie de
la Presse.
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Lucile et Josée
Les petits cœurs roses
Avec Lucile et Josée, lectrices et lecteurs bénéficient d’un conseil de lecture pertinent et avisé. Au
rayon romans et nouveautés en littérature, poésie
et bande dessinée, l’œil est accroché par des cœurs
roses. Il suffit de s’approcher et vous constatez que
ces jolis cœurs, couverts d’une écriture manuscrite, donnent l’avis et l’impression des vendeuses
et conseillères en lecture. Ce qui ne vous empêche
pas de questionner directement Josée et Lucile. Elles
vous expliquent avec enthousiasme leurs coups de
cœur et vous conseillent s’il s’agit d’un cadeau.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
J’ai poussé la porte de la librairie
« Le Garage »
Depuis Noël 2011, ce lieu magique est ouvert
en permanence. Il a été inauguré avec « le garage du
Père Noël » en fin d’année 2011. Depuis s’y sont
déroulés de nombreux temps forts d’expositions, de
rencontres, de lectures publiques. Il est ouvert à tous
les arts. Ainsi, en cette période de mai/juin 2014,
on peut y découvrir une exposition artisanale : bijoux faits main, savonnerie, couture fantaisie…. Les
thèmes sont affichés dans la librairie, on peut également consulter le site www.infobeton.fr pour être
tenu au courant des activités proposées.
Les Libraires Indépendants
La Maison de la Presse adhère à cette association
qui permet de grouper les achats auprès des éditeurs.
L’établissement fonctionne également avec la carte
Atout qui permet aux usagers de bénéficier d’une
remise de 5 % sur tous les achats de librairie. Le
client dispose en outre d’un conseil personnalisé. En
plus des cœurs roses cités plus haut, on remarque
également, sur la table des nouveautés, de petites
fiches jaunes qui donnent aux lecteurs des informations diverses, soit sur l’auteur (un nouveau livre,
par exemple), soit sur un sujet d’actualité traité dans
l’ouvrage. Avec les bibliothèques des Herbiers et
de la Communauté de Communes, la Maison de la
Presse a signé un contrat d’approvisionnement. Un
partenariat a été créé pour la manifestation annuelle
(octobre/novembre) intitulée « Livres en fête ».
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Françoise et Jacques Fillon
Maison de la Presse, 12 rue de l’Église, Les Herbiers 85500
Tél. 02 51 67 16 01, Fax 02 51 67 24 50
Courriel : [email protected]
Pour tous les goûts
Que l’on soit fans de bandes dessinées, de guides
touristiques, de poésie, de littérature pour enfants,
de romans étrangers, de philosophie ou de livres
ésotériques (la liste peut s’allonger...) chacun trouve
son bonheur. Le rayon Livres de Poche est impressionnant. Le choix, le conseil, l’accueil chaleureux,
que souhaiter de mieux pour les accros de lecture et
de découverte de nouveaux talents ?
Régine Albert
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Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Les sorties d’Éveline, Lydie, Manuelle et les autres
la journée des écrivains de la mer
à Jard-sur-Mer
Sixième édition
Date judicieusement choisie : le pont du 1° mai jette
sur la promenade de nombreux touristes avides de
retrouver les écrivains régionaux.
Grand succès encore cette année avec plus de 80 écrivains et un lectorat venu de : Lille, Angers, Nantes,
La Rochelle, Avignon, Rennes, Vannes, Bordeaux,
Toulouse, Paris et sa région, et bien sûr la Vendée et
d’ailleurs
Un coup de chapeau pour Nadège Sciaudeau, responsable de l’espace culturel, les organisateurs et la
mairie pour l’accueil et le sang froid indispensable
pour décider suivant le temps capricieux encore cette
année ou les chapiteau ont du résister à quelques
bourrasques, et à la dernière minute, de rester ou
non en bord de mer !
Grâce à eux que de belles rencontres !
Foule au salon de L'Épine à Noirmoutier
ces 8 et 9 août 2014, un record de visiteurs !
Une belle réussite en ces périodes de crise
De nombreux lecteurs et vacanciers de toute la
France et de l'étranger pour un peu de soleil dans
ce salon littéraire et pour leur petit marché de livres,
certains ayant même déplacé leurs dates de vacances,
heureux de retrouver leurs auteurs préférés.
Rencontres et discussions passionnantes, ambiance
chaleureuse, les organisateurs avaient rivalisé d'idées
ingénieuses : concours de dictée, initiation à la BD ; nombreux spectacles : magie, pièce en parlange, concours
de nouvelles en association avec les éditions Pastel,
peinture, sculpture...
Écriture et art... Un grand salon !
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
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L’incontournable salon de Saint-Gervais
C’est le salon
qui lance la
saison, le salon
qui donne le
ton, les 5 et 6
avril 2014.
Claude Mercier a remis son Prix du Héron Cendré
au livre de Claude Cayado et Palcale Alletru :
Photos... Miroir des mots
Littoral vendéen
4e Salon du livre ancien 12 et 13 Avril
2014
au Château d’Olonne, Salle Plissonneau
Bibliophilie pour tous les passionnés de l’Ouest.
Estimation gratuite d’ouvrages.
Une quinzaine de libraires venus de plusieurs régions. Des transactions importantes ont déjà eu
lieu lors des précédentes manifestations pour des
ouvrages dits « incunables » ou « post-incunables ».
Cette édition annuelle, la seule en Vendée, est toujours très attendue. Fil conducteur autour du roman
policier, du roman noir et du thriller
Organisé par l’association LivrEbook., http://www.
salondulivreancien.com, 06 67 33 50 88
la bande dessinée à l’honneur au salon
de l’Épine des 8 et 9 août à la Salangane
Parrain et marraine : Frédéric Bremaud et Paola
Antista qui sortent, entre autres, cet été un album
dédié à Noirmoutier. Une sorte de guide de voyage
en bande dessinée. Ils organiseront tous les deux un
atelier pour les enfants.
Une cinquantaine d’auteurs et de nombreuses animations autour des lettres et des arts.
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Poèmes, timbres
et billets de banque
Angel Sanchez
à Saint-Fulgent
3 août - 27 septembre 2014
Associer le livre et l’image, Angel
Sanchez a exposé ses œuvres en
juillet et août à Saint-Fulgent, dans le hall de l’immeuble de la Communauté de communes.
Cette exposition se composait de trois parties :
- Des extraits du livre « Sur le chemins des mots »
(Premier prix de poésie francophone, à Barcelone,
en 2012),
- Des extraits du livre « Les personnages célèbres
sur les billets de banque et les timbres » : 26 personnages, de Jacques Cœur à Saint-Exupéry. Avec
des documents anciens du canton de Saint-Fulgent
datant des années 1800 et antérieures,
- Une enveloppe souvenir comportant la photo d’un
élément du patrimoine du canton, oblitérée d’un
cachet philatélique agréé par la Poste.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Les sorties d’Éveline, Lydie, Manuelle et les autres
Déjeuner d’été des écrivains du 8 août
Le Langon, 15 et 16 novembre 2014
Nous essaierons en 2015 d’éviter le doublon avec
le salon de L’Épine mais les écrivains venus à Brétignolles ne regrettent pas non plus ces retrouvailles
autour d’un repas de chef, à la sauce auvergnate,
chez Jany Rosset ! Merci Jany !
Entre plaine et marais,
quatrième salon du livre de l’association d’Animation culturelle langonnaise avec plus d’une trentaine d’auteurs cette année et un hommage particulier à la mémoire d’Eugène Olivier, né aux Huttes,
un village du Langon, et à sa passion du marais, son
livre Souvenir d’un huttier du Marais poitevin, réédité en format de poche par le parc interrégional du
Marais poitevin.
ANNONCES :
Le pôle culturel du Pays de Pouzauges
propose un festival polar dont le gros
temps fort se déroulera tout le mois de
février 2015
La nouvelle Fête
du roman Régional
à Palluau
le 11 octobre 2014
Lancement réussi pour ce
nouveau salon avec Yves
Viollier très à l’honneur et
la parution d’un livre de
Contes en Pays de Palluau
(voir dans nos sélections,
régionalisme)
3e édition du salon de Barbâtre
les 25 et 26 octobre
40 écrivains, peintres, photographes, maisons d’édition dans la salle des Oyats malgré un trop beau
temps qui avait retenu sans doute les lecteurs à la
plage...
Conférences, lecture et concours de nouvelles, remise des prix ! Découverte de très jeunes talents...
Merci à Michel Fourage de savoir toujours dénicher ces jeunes Vendéens pour la plupart mais aussi
Lyonnais ou autres, et de mettre ainsi en lumière
leur travail.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Cécile Girard
Service Lecture Publique,
Maison de l’intercommunalité,
La Fournière - 85700 Pouzauges
02.51.57.88.55, [email protected]
Salon du livre de Noirmoutier
3e week-end Littér’HER jeunesse
11 et 12 juillet 2015
Espace Hubert Poignant (Ex Prée au Duc)
Noirmoutier en l’île
Prix 2015 du roman policier de Vendée
Nouveau concours littéraire lancé par Diffusion
des Mots, 9, esplanade Olivettes 85600 Montaigu »
et « ELLA éditions ».
Le lauréat verra son manuscrit publié et diffusé
au minimum dans tout le département.
Les romans doivent être des romans policiers
s’adressant à un large public, inspirés de faits réels
ou complètement imaginaire, avec, outre la trame
de suspense et enquête, une mise en valeur marquée
de la Vendée (histoire, géographie, personnalités,
etc.).
Il ne suffit donc pas que l’ouvrage soit uniquement « situé » en Vendée.
Envoyer son manuscrit avant le 15 mars 2015.
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Katsushika Hokusai (1760-1849), Série :
Les trente-six vues du Mont Fuji Vent frais par matin clair
Japon, époque d’Edo (1603-1868), vers 1830-1832, estampe,
xylographie en couleur (nishiki-e) sur papier,
Clemenceau possédait un tirage de cette estampe aujourd’hui
conservée à Saint-Vincent-sur-Jard (CLE1936001826),
© Giverny, Fondation Claude Monet, Académie des Beaux-Arts
44
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Échos-Musées
Les amis
de l’Historial de la Vendée
L’Historial
classé 5e musée
de France !
La Conservation des Musées et Expositions
ainsi que les Amis de l’Historial de la Vendée
sont heureux de vous annoncer le classement
de notre musée à la 5e place des musées de
France des villes de moins de 20 000 habitants !
Parmi les critères pris en compte figurent
l’accueil du public, le détail des collections, le
nombre de visiteurs ainsi que la qualité des services et celles des publications.
Pour plus d’informations sur ce palmarès,
rendez-vous avec le numéro 416 du Journal des
Arts, du 20 juin au 3 juillet 2014.
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
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De nombreuses publications ont
été réalisées en cette première partie de l’année 2014
Elles accompagnaient les expositions passées ou à venir, ainsi que la
mise en valeur d’un site touristique
et patrimonial particulièrement important pour la Vendée :
L’abbaye de Maillezais
La nature pour passion : les naturalistes
de la Vendée
Exposition. Les Lucssur-Boulogne,
Historial de la Vendée. 2014
240 p. ; 32,00 €, illustrations en couleurs
sous la direction de
Christophe Vital
des hommes politiques les plus importants de son
temps. Cependant, moins connu est son goût pour
les arts, attirance qu’il n’a cessé de cultiver tout au
long de sa carrière.
Ainsi, parce que Georges Clemenceau est le type
même de « l’homme pluriel » que Michel Foucault
définira bien plus tard, il nous a semblé important
de révéler dans quels domaines et sous quelles formes
l’art a traversé la vie et l’œuvre de celui qui ne fut pas
seulement homme d’État et chef de guerre. De plus,
parce que Clemenceau, tout en étant indéfectiblement attaché à la Vendée, n’est pas l’homme d’une
seule terre, il nous a semblé intéressant de voir comment sa géographie intime et intellectuelle s’enrichit
et se modifie par la fréquentation des arts.
Écrivain, critique d’art, collectionneur, spectateur, commanditaire, modèle ou simple acheteur,
Clemenceau fut fondamentalement un esthète.
A l’occasion de la commémoration de la Première
Guerre mondiale, il était indispensable et exaltant
de rencontrer cette facette surprenante et inexplorée de sa personnalité. Pour ce colloque, les champs
de recherche des interventions ont recouvert l’ensemble des arts tels que la littérature, le cinéma, la
photographie, le théâtre, les arts plastiques…
Ce colloque fera l’objet d’une publication.
L’intérêt porté par les naturalistes à la Vendée, au
cours de l’histoire est mis en lumière. On peut citer
par exemple : B. Palissy qui étudia, au XVIe siècle,
les buttes coquillères de Saint-Michel-en-l’Herm, J.M. Bachelot de la Pylaie, passionné par les algues,
l’entomologiste A. Fauvel, etc.
L’action de Clemenceau en faveur des artistes
modernes est examinée. Elle s’exerça sur des registres
différents : dans le domaine de la presse, quand il
confia, en 1883, à Gustave Geffroy, la rédaction de
la critique d’art de son journal La justice, ou dans
les combats qu’il mena pour défendre la cause des
artistes novateurs, comme Claude Monet.
Un colloque international, Clemenceau et les
arts, a connu un franc succès et a attiré de nombreux
auditeurs, les 20 et 21 mars 2014. Il doit sa réalisation, en visioconférence à l’Historial de la Vendée,
aux partenariats instaurés avec l’Institut National
d’Histoire de l’Art (INHA), le Centre Vendéen de
Recherches Historiques, le musée national des arts
asiatiques – Guimet.
Connu comme « le Tigre » ou « le Tombeur
de ministère », Georges Clemenceau s’inscrit dans
l’Histoire et la mémoire nationale comme l’un
46
Clemenceau,
le Tigre et l’Asie
Exposition, Paris,
Musée Guimet
du 12 mars au 16 juin 2014
aux Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la
Vendée, de novembre
2014 à février 2015
320 p., 42 €, illustrations en couleurs
Critique d’art, collectionneur, ou commanditaire, ce catalogue illustre la passion de
Georges Clemenceau pour l’Extrême-Orient à
travers la présentation de sa collection d’objets
d’art (estampes, kôgôs, boîtes à encens, etc.).
Son unique voyage en Asie en 1920 est retracé
et ses rapports diplomatiques et politiques avec
le continent asiatique évoqués.
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
Les publications
Photographie, Les vestiges de l’abbatiale-cathédrale de Maillezais, © Conseil général de la Vendée - Marion Cellier
L’Abbaye de Maillezais
Un lieu unique de par son histoire et son
architecture qui vit encore aujourd’hui
Bâtie il y a plus de mille ans, l’abbaye Saint-Pierre
de Maillezais reste grandiose et impressionnante par
ses 55 mètres de hauteur sous voûte, chef-d’œuvre
dont les ruines donnent encore un aperçu de sa puissance et de son riche passé. Elle vous dévoile un pan
de ses mystères à travers ce guide de visite, qui vous
accompagnera dans vos déambulations au sein du
réfectoire, de la salle capitulaire et du scriptorium,
vous emmenant ainsi à la découverte de la vie des
moines au Moyen Âge.
Vous avez pu, durant tout l’été, l’aborder de
manière interactive par le biais des visites guidées,
à thématiques historiques et artistiques, ou par la
voie musicale avec l’animation Maillezais, Schola
Cantorum mais aussi théâtrale, grâce à Maillezais,
sentinelle du marais, spectacle itinérant qui vous
a entraîné dans le tourbillon d’un voyage dans le
temps unique !
Le son et lumière Des Pierres et des Hommes vous
a offert une autre approche de sa magnificence et
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
son histoire mouvementée, tandis que les Journées
du Patrimoine, les 20 et 21 septembre 2014, ont
été l’occasion de (re)découvrir l’abbaye tout en festoyant comme il y a 500 ans, lors de la Renaissance
artistique et littéraire, avec Maillezais, Journée rabelaisienne. Outre le spectacle de musiques et danses
Concordances, le repas Renaissance qui s’en est suivi vous a permis de faire ripailles et de prendre des
forces avant de danser au bal, au son des luth, guiterne, hautbois et basson ! Enfin, rendez-vous aux
portes de l’Orient pour la Foire de Noël de Bethléem en décembre prochain !
Maillezais : sur les pas
d’une abbaye millénaire
Direction du Patrimoine
Culturel- Conseil général de la Vendée
Marion Cellier
Marion Blanchet,
Introduction
de Christophe Vital
35 p., 6 €, illustrations
en noir et en couleurs,
cartes
47
Pour l’année 2014, trois sites archéologiques du
département ont pu être mis en lumière.
Une première exposition,
« À la découverte du Langon
antique » a été présentée
dans le grand hall de l’Historial,
du 22 mars au 24 avril
Affiche, À la découverte du Langon antique – Les Journées de
l’Antiquité, Exposition du 22 mars au 24 avril 2014,
Historial de la Vendée, Les Lucs-sur-Boulogne,
© Conseil général de la Vendée - Lycée Notre-Dame-du-Roc
Un petit tour vers l’Archéologie
entre fouilles, exposition
et Journée du patrimoine
Afin de présenter au public les collections archéologiques méconnues,
conservées dans les dépôts et les réserves,
l’Historial et la Conservation des musées
(Conseil général de la Vendée) réalisent,
en collaboration avec l’Inrap (Institut
national de recherches archéologiques
préventives) des expositions dossiers intra et extra muros
48
Elle s’inscrivait dans le cadre des journées de
l’Antiquité. Cette manifestation régionale, qui
a lieu tous les deux ans, a pour objectif de faire
connaître la richesse du patrimoine antique. Pour
cette neuvième édition, une soixantaine d’initiatives
ont été proposées, émanant d’institutions diverses :
musées, université, sites archéologiques, médiathèques, Centre Départemental de Documentation
Pédagogique, académie de Nantes. L’exposition sur
le Langon était surtout l’aboutissement d’un projet
pédagogique mené sur deux années avec 16 élèves
latinistes, encadrés par leurs professeurs, du Lycée
Notre-Dame-du-Roc à la Roche-sur-Yon, et un
hommage rendu à Émile Bernard qui, durant une
vingtaine d’années, a effectué des recherches sur le
Marais poitevin. Les ateliers destinés à la réalisation
de cette exposition ont été, pour les élèves, l’occasion de travailler et d’échanger avec des chercheurs
et des professionnels du monde de l’archéologie et
des musées.
Photographie, Abbaye de Maillezais, vue des ailes est et sud,
© Conseil général de la Vendée - Marion Blanchet
Durant ce week-end, les visiteurs ont pu appréhender, à partir de visites thématiques organisées les
7 et 8 juin à l’abbaye de Maillezais, les différentes
recherches menées depuis 1989 : les fouilles programmées du front occidental par E. Barbier, les
fouilles de l’enceinte néolithique par N. Le Meur
et la visite de l’hôtellerie des laïcs par M. Blanchet.
Pour compléter, une exposition, retraçant les deux
siècles d’archéologie à Maillezais, était visible dans
l’avant nef jusqu’aux journées du Patrimoine du 20
et 21 septembre.
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
Archéologie Vendéenne
Photographie, Abbaye de Maillezais, vue aérienne,
© Conseil général de la Vendée - Patrick Durandet
Photographie,Reconstitution du combat entre Agrippa d’Aubigné
et son fils Constant, à l’abbaye de Maillezais, lors d’une animation estivale, © Conseil général de la Vendée - Marion Cellier
Affiche,
Fouille à Jard,
quelle Histoire !
5 000 ans d’occupation humaine
au Grand Essart,
Exposition du
23 mai au 18
octobre 2014,
Espace culturel,
Jard-sur-Mer,
© Inrap Damien Séris
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
Entre-temps, déambulant sur le plateau, petits
et grands pouvaient profiter des démonstrations
des savoir-faire médiévaux: ateliers des tailleurs de
pierre, enlumineur ou encore vitrailliste. Parallèlement étaient exposées, dans le grand hall de l’Historial et durant tout l’été, quelques-unes des plus
belles pièces inédites issues des fouilles anciennes.
Enfin au centre culturel de Jardsur-Mer était également présentée,
du 23 mai au 18 octobre, l’exposition Fouille à Jard, quelle Histoire !
5000 ans d’occupation humaine au
Grand Essart
En 2007, un projet d’aménagement de lotissement, au lieu-dit Le Grand Essart, est à l’origine
d’une fouille archéologique menée par l’Inrap. Le
travail des archéologues a révélé cinq millénaires
d’occupation humaine mais a surtout permis la
découverte d’une vaste villa. Cette exploitation agricole gallo-romaine, couvrant environ quatre hectares, s’est développée du Ier au IVe siècle de notre
ère. Cette exposition, coproduite par l’Inrap et le
Conseil général de la Vendée, avec le soutien de la
mairie de Jard-sur-Mer et le Service régional de l’archéologie (Drac des Pays de la Loire), présente le résultat de cette fouille et les plus beaux objets mis au
jour aux habitants de la commune et aux estivants.
S. Corson – M. Blanchet
49
La Nature pour passion
Du 25 avril au 31 août 2014
Les Lucs-sur-Boulogne
Historial de la Vendée
Retour sur la dernière exposition de
l’Historial qui a reçu un accueil très favorable, rendu accessible aux plus jeunes
grâce à une signalisation ludique et des
animations pédagogiques, elle a reçu un
bel accueil du public
Le musée des Lucs-sur-Boulogne a choisi cette
année de proposer une thématique encore inédite
pour le public. Les visiteurs ont pu découvrir l’intérêt des savants de différentes époques pour notre
territoire.
L’intérêt des naturalistes pour la Vendée s’est
manifesté très tôt, du Moyen Âge - même si ce ne
furent que les prémices d’un intérêt grandissant - à
son apogée, « l’âge d’or des naturalistes », au travers
des sociétés savantes du XIXe siècle. Les plus grands
scientifiques français mais aussi étrangers vinrent y
étudier le sol, la faune et la flore. Pour n’en citer
que quelques-uns : François Viète, célèbre mathématicien qui concourra avant Kepler à la découverte
des trajectoires elliptiques des planètes du système
solaire ; Bachelot de la Pylaie, zoologiste et botaniste
féru d’algues au point d’être surnommé par les habitants de l’Ile d’Yeu, le « Père Goémon » ; Adolphe de
Graslin et Albert Fauvel, célèbres entomologistes ;
ainsi que le botaniste suisse, de Candolle. Leurs enthousiastes successeurs, tels Georges Durand, pluridisciplinaire détenteur d’une des plus prestigieuses
collections naturalistes de France ; Joseph Charrier,
son ami de toujours, botaniste et collectionneur invétéré ; ou bien encore Henry des Abbayes, dont les
travaux sur les lichens conservent encore à ce jour
une renommée internationale.
Une mise en scène ludique intégrait des espaces
d’expérimentations à l’attention du public, pour
permettre aux visiteurs, et plus particulièrement les
enfants, d’entrer de plain-pied dans un sujet d’une
grande richesse.
Mélisse officinale collectée à Puybelliard (Vendée), le 8 août
1906, Planche d’herbier , Collection Georges Durand, Dépôt du
MNHN à l’Historial de la Vendée
© Conseil général de la Vendée – Conservation départementale
des musées, Patrick Durandet
50
Cette exposition fut accompagnée d’un catalogue traitant de sujets de fond et de focus sur des
points plus précis, avec l’iconographie de nombreux
prêts prestigieux comme l’un des plus gros fragments au monde de la météorite de Chantonnay,
conservé au Kunsthistoriches Museum de Vienne,
en Autriche et des « types », spécimens de coquillages
d’une incomparable valeur scientifique, donc jamais
prêtés habituellement pour des expositions, découverts pour la première fois en Océanie ou en Corse
par Jean-René Quoy ou bien encore Charles Payraudeau, et bien d’autres encore.
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
La Nature pour Passion
Anonyme, Dans un pré en fleurs, Georges Durand, Armand et deux autres entomologistes récoltent des insectes, Photographie
Collection Georges Durand, Dépôt du MNHN à l’Historial de la Vendée, © Conseil général de la Vendée – Conservation départementale des musées, Patrick Durandet
Boîte de phasmes, Collection Georges Durand, Dépôt du MNHN à l’Historial de la Vendée
© Conseil général de la Vendée – Conservation départementale des musées, Patrick Durandet
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
51
André Astoul (1886-1950), Clemenceau en tigre, étude, XXe siècle
Dessin, fusain, craie blanche et rouge
© Mouilleron-en-Pareds, Musée national des Deux-Victoires –
Clemenceau – De Lattre de Tassigny
52
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
Clemenceau, le Tigre et l’Asie
Le rapport de Clemenceau
à l’Asie
On ne présente plus Georges Clemenceau (1841-1929), ce médecin, journaliste
et homme politique qui est une des plus
grandes figures de l’Histoire de France.
La mémoire a retenu le « premier flic de
France » qui dota le pays d’une des polices
les plus modernes au monde; mais aussi le
«tombeur de ministères », le « Tigre » et
enfin le « Père la Victoire », pour son rôle
déterminant dans l’issue du premier conflit
mondial.
Cependant ces derniers mois ont permis
de porter un regard inattendu et pour le
moins inédit sur ce grand amoureux de la
France qui fut aussi un grand amoureux
de l’Asie. Au point d’y accomplir un long
voyage, une fois libéré du poids des responsabilités et malgré son grand âge.
Exposition
du 14 Novembre 2014 à Février 2015
Les Lucs-sur-Boulogne,
Historial de la Vendée
Cette manifestation a reçu
le «label Centenaire»
de la Mission du Centenaire
de la Première Guerre mondiale
Dans le cadre de l’année Clemenceau et
les arts / 2014, organisée par le Conseil
général de la Vendée, l’Historial ouvre
un deuxième volet consacré au « Père la
Victoire » et éclaire sur sa passion pour
les cultures d’Asie et le rôle que ce continent a joué, tant dans sa vie politique que
personnelle
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
L’homme politique et l’Asie
Toute sa vie, Georges Clemenceau s’est intéressé à cette partie du monde et en particulier à l’Extrême-Orient. Sa relation à « l’Asie jaune », telle qu’il
la nomme, transparaît dans tous les domaines : son action de parlementaire et d’homme d’État, de journaliste et d’écrivain, de collectionneur et de voyageur.
Son visage même, que ses contemporains qualifient
de «Mongol», de «Hun» ou de «Kalmouk », le ramène
à l’Asie. Et ce, jusqu’au surnom de «Tigre », qu’il aurait
gagné après être devenu ministre de l’Intérieur en
1906. Cet animal est en effet, en Asie, symbole de
bravoure et d’héroïsme. Dans ses discours, il dénonce les méfaits de la domination de « l’homme
blanc », incarnée par l’impérialisme occidental, en
particulier en Indochine. S’opposant à Jules Ferry, il
est le tenant de l’égale dignité des « races » et des civilisations. Il défend une idéologie favorable à l’Extrême-Orient et conforme aux valeurs universelles
qu’il défend. Ainsi, la révolte des Boxers en Chine
en 1900-1901 l’amène à mener une campagne de
presse pour défendre le peuple chinois face aux
réactions européennes. Les deux guerres ayant pour
53
protagoniste le Japon confirment à ses yeux la place
centrale de ce pays dans l’avenir de ce continent.
Georges Clemenceau entretient d’ailleurs des
rapports privilégiés avec de hautes personnalités
japonaises, dont le marquis Saionji Kinmochi, futur
premier ministre, avec lequel la France signera des
traités quelques années plus tard...
Il fut à la fois un orientaliste promoteur du dialogue et un homme d’État chez qui la défense et la
tentation de l’Extrême-Orient ont été source d’émotions, d’échanges et d’actions.
Le collectionneur « japonisant » peu orthodoxe
Toujours singulière dans son approche, la passion de Clemenceau pour l’Asie ne s’inscrit pas dans
la mode que suscite cette partie du monde pour
ses contemporains. Ainsi, contrairement aux Goncourt ou encore à Clémence d’Ennery, il n’est pas
seulement un collectionneur amateur d’exotisme
facile. Sa démarche intellectuelle est double ; elle
s’inscrit dans la tradition accumulative des cabinets
de curiosités, mais elle est aussi une recherche de
connaissances raisonnées et modernes sur l’Asie vécue et comprise. Son intérêt pour les arts d’Asie ne
se limite donc pas à l’aspect décoratif des œuvres.
Clemenceau recherche leur signification profonde
et la pensée dont ils sont issus. Sa démarche est également rationnelle.
Georges Clemenceau, comme la plupart des
autres «japonistes», fréquente assidûment les grands
marchands d’art, notamment Siegfried Bing ; ce
dernier publie à partir de 1888 une revue, Le Japon
artistique, à laquelle Clemenceau est abonné. C’est
ainsi qu’il rassemble une remarquable collection
d’art japonais, composée de céramiques, d’estampes
et de bois sculptés. Il se découvre avec les pays d’Asie
des affinités philosophiques et spirituelles, dont témoigne notamment son dernier ouvrage, Au soir de
la pensée, publié en 1927.
Parmi ses collections, il peut être cité les quelques
trois mille boîtes appelées kôgô. Elles sont destinées
à recueillir des substances aromatiques à brûler lors
de la cérémonie du thé (chanoyu) qui suscite chez
lui une véritable fascination. Elles révèlent l’exceptionnelle habileté des artisans japonais ; elles sont
prétextes à tous les mimétismes, des animaux parfaitement reproduits aux figures mythologiques ou
humaines humoristiques, en passant par la flore la
plus délicate, des instruments de musique... Enfin,
se trouvent également plusieurs statues du Bouddha
54
les 500 Kôgô de la collection Georges Clemenceau
présentés à l’Historial
et de divinités bouddhiques, parmi lesquelles les très
belles pièces du Gandhâra qu’il donna au musée
Guimet en 1927.
Le voyageur (1920-1921) empreint de
spiritualité
Clemenceau se rend en Asie après son retrait définitif de la vie politique. Il atteint Colombo (Sri
Lanka) en octobre 1920 et parcourt ensuite l’Indo-
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
Clemenceau, le Tigre et l’Asie
Clemenceau dans son cabinet de travail, 8 rue Franklin, à Paris, 1925, Photographie,
plusieurs objets asiatiques sont visibles sur le bureau dont la statuette du pèlerin Saigyô Hôshi et des sculptures du Gandhâra,
© Mary Evans / Rue des Archives
nésie (Java, Bali), Singapour, la Malaisie (Penang),
la Birmanie (Rangoon, Mandalay, Pagan), avant de
rejoindre « les Indes » à l’invitation du maharajah
de Bikaner, rencontré à la Conférence de la Paix à
Paris en 1919. Le maharajah, connaissant la passion
de Clemenceau pour la chasse, convia celui qu’on
surnommait « le Tigre » à chasser l’animal dont il
portait le nom. Ce périple nous est connu à travers
ses lettres, par le récit de son compagnon de voyage
Nicolas Pietri et par de nombreuses photographies.
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
Clemenceau, tout en acceptant poliment les invitations des personnalités, préféra se mêler aux populations et se rendre dans les lieux saints du bouddhisme originel.
L’étude des religions et des philosophies orientales – taoïsme, confucianisme, hindouisme,
bouddhisme – permet à Clemenceau de trouver de
nouveaux éclairages sur l’Homme et sa place dans
l’univers. Esprit curieux et ouvert, il n’écarte aucune pensée ni croyance, mais garde une fascination
constante pour la figure du Bouddha.
55
Georges Clemenceau à Saint-Vincent-sur-Jard avec ses koinobori,
1927, Photographie
© Collection musée Clemenceau, Paris / Droits réservés
Georges Clemenceau à Saint-Vincent sur Jard avec ses Kalnahori, 1927, Collection musée Clemenceau, Paris / droits réservés
« Que voulez-vous, je suis bouddhiste ! », ditil par boutade le 21 février 1891, aux journalistes
de l’hebdomadaire Le Gaulois venus l’interroger, lui
anticlérical notoire, à la sortie de la première cérémonie bouddhique à laquelle il venait d’assister au
musée Guimet.
L’un de ses derniers livres de chevet fut d’ailleurs
l’ouvrage de René Grousset Sur les traces du Bouddha.
Mais toujours vendéen
De ce périple, le vieux Tigre rassemblera de
nombreux souvenirs à la « bicoque » de Saint-Vincent-sur-Jard perchée sur la dune vendéenne, face à
l’Océan. Comme la dépouille de tigre qu’il tua lors
d’une battue dans l’État de Gwalior en Inde auprès
du maharadjah de Bîkaner. C’est aussi à Saint-Vincent-sur-Jard qu’il aimait faire flotter au vent du
large, en haut d’un grand mât, les koinobori que lui
56
avait offerts l’ambassadeur du Japon. Marquant une
des portes d’entrée, deux renards du culte shintô
de l’époque Edo montaient la garde, tandis qu’une
construction qu’il appelait son « kiosque Trianon »
servait au cérémonial du thé. Lieu de ressourcement, de méditation et d’écriture, la petite maison
vendéenne cachait derrière sa modeste apparence
de véritables trésors de l’art asiatique : des objets
mais également de magnifiques ouvrages sur l’Asie
du Sud-est et l’art nippon. Dans cette retraite vendéenne, il portait une attention particulière à son
jardin, échangeant régulièrement avec Claude Monet, son meilleur ami avec lequel il partageait le
goût du japonisme qui joua un rôle essentiel dans la
naissance de l’impressionnisme.
C’est peut-être cette passion qu’il voua à l’Asie et
au bouddhisme qui donna à cet homme de combat
une forme de sagesse et de sérénité à la fin de sa vie.
Une passion pour les horizons lointains qui ne l’a
jamais éloigné de sa passion pour « le pays natal »
comme il aimait à dire. Pour cette terre vendéenne
qu’il a tant aimée et dans laquelle il repose auprès
de son père, dans un ultime geste de fidélité à la
Vendée.
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
Clemenceau, le Tigre et l’Asie
Georges Clemenceau dans le palais d’Amber, 1921, Photographie, Collection musée Clemenceau, Paris, © Collection musée
Clemenceau, Paris / Droits réservés
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
57
L’exposition à l’Historial de la Vendée
Deux statues représentant des renards, emblèmes du dieu des
récoltes, Inari, Japon, XIXe siècle, Bronze, Dans sa maison de
Saint-Vincent-sur-Jard, Clemenceau aimait placer ses renards
en bronze à l’entrée de sa chambre qu’ils gardaient, à l’imitation de ceux placés sur le seuil des sanctuaires shintô au Japon,
Saint-Vincent-sur-Jard, maison de Georges Clemenceau,
Centre des monuments nationaux – CLE 1936001513 et CLE
1936001514, © Centre des monuments nationaux / Lewandowski, Hervé
58
L’espace modulable de l’Historial de la Vendée
permet, dans une scénographie totalement renouvelée pour cette exposition, la mise en valeur de près
de mille objets et œuvres. Ils évoquent l’attrait pour
l’Extrême-Orient de Georges Clemenceau et retracent les étapes de son voyage en Asie du Sud-Est et
en Inde à travers des oeuvres d’une grande diversité :
estampes, sculptures, documents graphiques, livres,
photographies et de nombreux objets d’art (céraÉchos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
Clemenceau, le Tigre et l’Asie
Georges Clemenceau au Gal Vihâra, Polonnaruva, 1921, Photographie, © Collection musée Clemenceau, Paris / Droits réservés
miques, porcelaines, grès, laques, textiles).
Le parcours explore le rapport entre Clemenceau
et l’Extrême Orient du point de vue politique à travers ses rencontres privilégiées avec hautes personnalités et dignitaires asiatiques et du point de vue
personnel du collectionneur d’art oriental.
Passionné par l’art asiatique, comme nombre de
ses contemporains « japonisants » du XIXe siècle,
Georges Clemenceau rassemble, en une dizaine
d’années, une remarquable collection d’art japonais
(estampes, céramiques, bois sculptés) comprenant
en particulier quelques trois milles kôgô (boîtes à
encens utilisées lors de la cérémonie du thé) – dont
cinq cents sont exposées à l’Historial. Sculptures et
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
dessins illustrent sa grande curiosité pour les religions et philosophies orientales et sa fascination
pour la figure de Bouddha.
Deux tableaux de Claude Monet représentant le
Mont Kolsaas ainsi que neuf estampes issues de la
série des Trente-six vues du Mont Fuji d’Hokusai
ayant appartenu à l’artiste ami de Clemenceau et
prêtées par la Fondation Claude Monet de Giverny,
oeuvres très rares, s’ajoutent à l’exposition initiale et
sont exceptionnellement montrées au public.
Photographies d’époque et écrits retracent le
voyage en Asie que Clemenceau effectue, en 1920,
après son retrait de la vie politique. Ce périple qui
le mène du Sri-Lanka aux « Indes », en passant par
59
Les animations
Les Ateliers
Dimanche 30 novembre : L’Art d’offrir au Japon
Ateliers Mizuhiki et origata (cordelettes nouées de façon
significative) et origata (manière d’emballer un cadeau)
Intervenante : Toshie Heaulme (Association Atlantique
Japon).
Public visé : enfants à partir de 6 ans et adultes.
Dimanche 14 décembre
Ateliers d’initiation japonaise calligraphie
Intervenante : Yoko Watase (Association Atlantique
Japon).
Pour enfants et adultes à partir de10 ans.
Georges Clemenceau « à la rose », 1922, Photographie, Collection musée Clemenceau, Paris / Droits réservés, © Collection
musée Clemenceau, Paris / Droits réservés
l’Indonésie, Singapour, la Malaisie et la Birmanie
sera une source essentielle pour la rédaction de son
ouvrage, testament intellectuel, Au soir de la pensée.
L’exposition se conclut sur l’influence que les
cultures asiatiques ont pu avoir sur certains artistes
français de la fin du XIXe siècle, dont Georges Clemenceau était le protecteur, l’admirateur ou l’ami.
On y admire un ensemble d’estampes d’Hokusai qui
appartenaient à son ami Claude Monet et qui ont
inspiré le peintre, particulièrement dans sa série de
représentations du Mont Kolsaas sous la neige. Traditions et décors chinois transparaissent également
dans l’unique pièce de théâtre créée par Clemenceau, Le Voile du Bonheur, dont l’édition originale,
des photographies de scènes sont visibles. S’y ajoute
l’écoute de l’enregistrement inédit de la partition de
Gabriel Fauré composé pour cette pièce.
Cette exposition sur l’influence politique, artistique, spirituelle des cultures asiatiques sur Clemenceau, à travers une collection exceptionnelle d’objets provenant, entre autres, du Musée Clemenceau
à Paris, du Musée national des arts asiatiques-Guimet, de la maison de Georges Clemenceau à SaintVincent-sur-Jard et de collections particulières, est
également un éclairage sur l’impact de cette redécouverte de l’Extrême-Orient et sur l’ouverture des
esprits au monde, à l’aube du XXe siècle.
Mardi 30 décembre : Ateliers Kirigami
(Art de la découpe du papier au Japon)
Intervenante : Toshie Heaulme (Association Atlantique
Japon).
Public visé : enfants à partir de 6 ans et adultes
Dimanche 11 janvier : Ateliers Préparation du nouvel an
chinois
Intervenant : Institut Confucius Angers.
Public visé : Tous publics à partir de 6 ans
Tous les ateliers sont au même prix : 5 €/personne - Sur
réservation au 02.51.47.61.61
Les projections enfants ou adultes
Mercredi 03 décembre : « Les Enfants Loups, Ame et Yuki »
réalisé par Mamoru Hosada –
Film d’animation japonais, 2012, 1h57.
Public visé : enfants à partir de 6 ans. Auditorium –
15h00.
Dimanche 07 décembre : « Mémoires d’une princesse des
Indes ».
Documentaire de Françoise Levie, 2010, 1h16. Public
visé : adultes et adolescents. Lieu : Auditorium – 15h45.
Dimanche 25 janvier :
- « Le Japonisme ».
Documentaire d’Henry Colomer, 1992, 32 min.
Public visé : adultes et adolescents.
Auditorium – 15h00
- « Quand le Japon s’ouvrit au monde ».
Documentaire de Jean-Claude Lubtchansky, 1998, 52
minutes.
Public visé : adultes et adolescents. Auditorium – 15h40
Accès aux projections : Tarifs d’entrée au musée – Pas de
réservation.
60
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
Culture TV
Les journées thématiques
Dimanche 16 novembre et dimanche 27 décembre :
Le thé au musée
Le 16 novembre :
Cérémonie traditionnelle du thé par Aïké Aka
(Association Atlantique Japon)
dégustation et conférence sur le thé
(Club des Buveurs de thé)
Le 27 décembre :
Cérémonie de thé, démonstration de Taï Chi Chuan
par Philippe Brethomé, projection « Un monde de thé »
Dimanche 14 décembre 2014 : Journée d’étude Asie
Visite guidée de l’exposition et conférences proposées
par les commissaires d’exposition du musée Guimet
Samedi 20 et dimanche 21 décembre :
L’Ikebana (art floral japonais) à l’honneur !
Démonstration d’Ikebana (20 et 21 décembre)
Exposition (jusqu’au 23 décembre)
Intervenant :
Monoïque Paulat (Association Atlantique Japon)
Public familial. Démonstrations à 14 h 45 et 16 h 30.
Accès aux journées thématiques : Tarifs d’entrée au
musée – Renseignements au 02.51.47.61.61
Les conférences
Affiche de l’exposition Culture TV – Saga de la télévision française, © Musée des arts et métiers-Cnam/ Buildozer
Dimanche 23 novembre :
Conférence inaugurale à la journée Asie
« Clemenceau ou la Tentation de l’Orient ».
Intervenant : Matthieu Séguéla, Chercheur-associé à la
Maison franco-japonaise.
Culture TV
Saga de la télévision française
Les spectacles
Dimanche 7 décembre : spectacle de danse indienne
Danses traditionnelles indiennes (Kathak) et projection
d’un documentaire sur Gayatri Devi.
Intervenant : Association Bindi - Nantes
Public visé : public familial
Lieu : Hall - 15h et 17h
Dimanche 28 décembre : Spectacles de Noël
Théâtre d’ombres du Cambodge, de Thaïlande, de
Malaisie et d’Indonésie.
Compagnie Jeux de vilains (45) - 2 spectacles :
- 14h30 : Le Râmâyana (enfants à partir de 6 ans)
- 16h45 : Les aventures de Pak Okli (enfants à partir de
3 ans)
Accès aux spectacles :
Tarifs d’entrée au musée.
Renseignements au 02.51.47.61.61
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
Exposition
du 11 avril 2015 au 30 août 2015
Les Lucs-sur-Boulogne,
Historial de la Vendée
En partenariat avec le Centre National des Arts
et Métiers, le Conseil général de la Vendée présente une exposition tout public réunissant petits
et grands devant le « petit écran ». « Cette étrange
lucarne », comme la nommait le Canard Enchaîné
au début des années 1960, accompagne chacun, au
quotidien, depuis son apparition en 1935, comme
une « fenêtre ouverte sur le monde ».
L’exposition s’articule autour de trois axes : la
technologie de cette étrange machine, le contenu
des émissions proposées et enfin une approche sociétale qui place la télévision au cœur des débats et
de la vie politique. Bien évidemment, les liens de la
télévision avec la Vendée ne sont pas oubliés.
61
Récepteur de télévision type 441 lignes LMT modèle 3703A
et loupe accessoire, 1947
© Musée des arts et métiers-Cnam/Droits réservés
Mobilier comprenant un récepteur de télévision à tube cathodique, 1935
© Musée des arts et métiers-Cnam/Droits réservés
L’invention de la télévision
1856 puis 1873 marquent le début des découvertes à l’origine de la télévision. Il faut cependant
attendre le première moitié du siècle dernier pour
créer ce qui permet en 1950 de voir fleurir les postes
sur tout le territoire. Leur généralisation dans les
foyers français est ensuite rapide malgré le coût très
élevé que représente cet achat. Les années 1960 et
1970 voient le poste de télévision prendre des formes
plus design, s’adaptant ainsi à l’univers domestique
des français.
Viennent ensuite, les améliorations qui permettent d’obtenir une image de meilleure qualité.
L’arrivée du numérique en 2005 bouleverse la diffusion, augmentant le nombre de chaînes de 4 à 24,
dont 16 gratuites. La TNT signe la disparition des
téléviseurs à tubes cathodiques, supplantés par deux
technologies nouvelles : le LCD (liquid cristal display) et le plasma. L’époque des encombrantes et
lourdes télévisions laisse la place à celle des écrans
plats et de la haute définition.
Désormais les années où tous les Français regardaient la même émission à la même heure sont
belles et bien terminées. L’incursion d’Internet dans
la télévision rend possible de nouveaux modes de
visionnage, tels que le différé et la consommation
à la carte, payante ou gratuite. Cette nouvelle pratique influe sur le succès des émissions, permettant
de capter un plus large public.
62
Les émissions proposées à la télévision
« Y a quoi à la télé ce soir ? ». Cette petite phrase,
lancée dans de nombreux foyers, est révélatrice de la
pléiade de programmes s’offrant aux téléspectateurs.
Fiction, programmes culturels ou de jeunesse,
divertissement, sport, autant d’éléments formant
une mosaïque de choix. Objet technique, la télévision n’en est pas moins un moyen d’évasion et de
loisirs, dont la programmation a beaucoup évolué.
La fiction regroupe d’abord des films de cinéma.
Peuvent être cités Thierry la Fronde, Rocambole,
Vidocq… sans compter les incontournables d’aujourd’hui.
Les émissions culturelles doivent apprendre et
éduquer sans ennuyer. Les deux dominantes, en ce
domaine, sont les documentaires et les magazines,
même si la frontière entre les deux est souvent floue.
Sont également présents les détracteurs du
« petit écran » qui dénoncent le détournement et
l’endormissement des consciences qu’il provoque
notamment par les émissions de variétés, de jeux,
et la télé-réalité. Apparue en France en 2001, cette
dernière a connu un engouement immédiat qui ne
cesse depuis de faire des émules…
Les programmes jeunesse, quant à eux, font
leur apparition dès les débuts de la télévision ; à
commencer par Les Beaux jeudis, diffusés à la fois
à la télévision et à la radio entre 1947 et 1950. Les
enfants pouvaient y découvrir des clowns et des
concours de chant. Puis de 1950 à 1961, le Club
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
Culture TV
Pour compléter cette exposition il sera proposé
aux visiteurs un aperçu des liens qui unissent la télévision et la Vendée, avec par exemple la célèbre série
du Manège Enchanté. Un programme d’animations,
comme toujours, accompagnera Culture TV - Saga
de la télévision française à l’Historial de la Vendée,
en 2015.
Récepteur de télévision en couleurs,
intégré dans une console, vers 1970
© Musée des arts et métiers-Cnam/photo Michèle Favareille
du jeudi introduit une touche éducative envers les
écoliers pendant leur jour de congé. Entre 1987 et
1997, l’ensemble des programmes jeunesse de TF1
est animé par Dorothée, allant même jusqu’à occuper 30 heures d’antenne hebdomadaires avec le Club
Dorothée.
Le sport enfin, dont le spectacle était autrefois
réservé aux amateurs des stades, voit son audience
augmenter. La télévision le démocratise et offre la
possibilité d’assister aux compétitions les plus populaires, à l’instar du football ou du rugby, ou d’en découvrir d’autres comme le biathlon ou la Formule 1.
Le Manège Enchanté et quelques personnages et accessoires.
Cette série destinée aux enfants,
tournée par Serge Danot (1931 – 1990) à Cugand, en Vendée,
fut diffusée à la télévision à partir du 5 octobre 1964
sur la première chaîne de l’ORTF.
© Conseil général de la Vendée - Patrick Durandet
Les arènes de l’information
La troisième partie de la saga télévisuelle française aborde la question de la place que tient la télévision dans les opinions et débats politiques. En
effet, ce média de masse a un rôle central dans les
démocraties. Il est, ainsi, monopolisé par le pouvoir
politique dès les années 1950 avec la création de la
Radiodiffusion-télévision française (RTF) en 1949,
transformée en Office de Radiodiffusion-télévision
française (ORTF) en 1964. Cette main-mise politique sur les informations est dénoncée lors des évènements de mai 1968. Commence alors une période
de libéralisation et de réformes, tandis que l’offre audiovisuelle augmente. La révolution du numérique
et de l’internet modifie progressivement le rapport à
la télévision qui reste cependant une source majeure
d’actualités et le premier moyen de s’informer en
période électorale, notamment par les débats entre
candidats. Bien que concurrencé, le poids de l’image
télévisée reste primordial dans notre société.
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
63
Photographie, La Procession aux Flambeaux du mois de février et la basilique Notre-Dame du Rosaire, à Lourdes, © Sanctuaires ND
Lourdes P. Vincent
L’Ave Maria des Vendéens
ou Salut d’arrivée à Notre-Dame de Lourdes, chant composé par
l’abbé Jean Gaignet en 1872
Extrait de l’ouvrage Cantique-récit de l’Apparition de NotreDame de Lourdes en six dizaines de strophes, abbé Jean Gaignet,
imprimerie H. de Broca, Rodez, 1875, page 12
© Bibliothèque Nationale de France – Département Littérature
et Art/Droits réservés
64
Page de titre extraite de l’ouvrage Cantique-récit de l’Apparition
de Notre-Dame de Lourdes en six dizaines de strophes, abbé Jean
Gaignet, imprimerie H. de Broca, Rodez, 1875.
© Bibliothèque Nationale de France – Département Littérature
et Art/Droits réservés
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L’abbé Gaignet, Grand Témoin
L’ave Maria de Lourdes
par l’abbé Gaignet,
un patrimoine oral de la Vendée
Le 11 mai 1839 naissait au Gué-deVelluire, en Vendée, Jean Pierre Jules
Gaignet, compositeur et écrivain, auteur
de l’Ave Maria de Lourdes, l’un des chants
les plus connus des pèlerins
Professeur au Petit Séminaire des Sables d’Olonne
en 1862, puis ordonné prêtre, Jean Gaignet devient
l’année suivante professeur d’Écriture Sainte au
Grand Séminaire de Luçon. Sulpicien en 1885, il
prend ensuite les fonctions de Supérieur du Grand
Séminaire de Limoges avec le titre de Vicaire général. Vingt ans plus tard, lors des mesures d’exclusion
des sulpiciens en 1905, il se réfugie dans sa congrégation à Issy-les-Moulineaux. Il y poursuit des travaux de publication désormais consacrés à Bossuet.
Terrassé par une apoplexie le premier février 1907,
il décède sept ans plus tard. Il est inhumé auprès des
seins au Gué-de-Velluire.
En 1872, l’abbé Gaignet, encore marqué par le
décès de deux frères lors de la guerre de 1870, compose un chant de salut à la Vierge pour les Vendéens
se rendant à Lourdes. Ce pèlerinage est encore jeune
puis Mgr Laurence, évêque de Tarbes, n’a authentifié les apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous qu’en janvier 1962. Le chant de l’abbé vendéen est intitulé Le Salut d’arrivée à Notre-Dame de
Lourdes ou Ave Maria des Vendéens. Il comprend huit
couplets et commence ainsi :
Sur cette colline
Marie apparut
Au front qu’Elle incline
Rendons le salut : Ave
Le Révérend Père Sempé apprécie cet air d’une
grande simplicité. Il encourage son auteur à composer un cantique relatant intégralement les Apparitions de Notre-Dame de Lourdes à Bernadette Soubirous, quinze ans auparavant. Bien que malade et
alité, l’abbé Gaignet réalise six dizaines de strophes
en soixante-huit couplets. Le Chapelet de NotreDame de Lourdes, achevé en 1873, est chanté pour la
première fois à l’occasion du pèlerinage du diocèse
de Luçon, le 27 mai de cette même année. Particulièrement remarqué, il gagne immédiatement la faveur
des pèlerins de Lourdes, toutes origines confondues.
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Photographie, L’abbé Jean Gaignet (1839 – 1914)
Extrait de la fiche Jean Gaignet, Association diocésaine de Luçon
© Diocèse de Luçon. Archives historiques
Il est alors publié à de nombreuses reprises sous le
titre Cantique-récit de l’Apparition de Notre-Dame de
Lourdes. L’Ave Maria des Vendéens y est ajouté.
Le refrain des chansons s’inspire d’un air populaire local : Si (se) Canti dit aussi Aqueras Montanhas, considéré comme l’hymne occitan. La légende
prétend qu’il fut composé par Gaston Fébus, comte
de Foix-Béarn au XIVe siècle, connu comme lettré
et fin stratège. En 1842, la mélodie, facile à retenir, est recueillie par l’abbé Lambillotte, sulpicien,
et est utilisée ensuite par l’abbé Gaignet. En 1969, le
chant est modifié, rajeuni et renommé L’Ave Maria
de Lourdes par le chanoine Le Bas du diocèse de Versailles. En parallèle, la musique est harmonisée par
le Père Lesbordes, maître de choeur des Sanctuaires.
Le cantique ne comporte plus que soixante-quatre
couplets suivant assez fidèlement le cours des Apparitions. Traduit dans une multitude de langues,
devenu LE cantique de Lourdes, L’Ave Maria est
chanté chaque soir d’avril à fin octobre lors de la
procession mariale aux flambeaux.
65
Article 2 – Objet et moyens d’action
L’association dénommée “ASSOCIATION DES AMIS DE
L’HISTORIAL DE LA VENDÉE” a pour but :
1 – de donner son appui à la réalisation et au fonctionnement
de l’Historial de la Vendée aux Lucs-sur-Boulogne (Vendée),
en contribuant à l’enrichissement de ses collections, à
l’amélioration de ses aménagements et, en général, au
développement de son action matérielle et morale, de
son rayonnement auprès du public, tant en France qu’à
l’étranger.
66
Les moyens d’action de l’association consistent notamment à
aider à l’acquisition d’objets et d’œuvres propres à enrichir
l’Historial de la Vendée dans ses différentes activités :
musée, photothèque, phonothèque, etc… Elle s’attachera
à provoquer des acquisitions et des dons de personnes
physiques ou morales, à organiser des conférences, des
expositions ou des manifestations diverses, à aider à la
réalisation de toute publication intéressant l’Historial.
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
Les Amis de l’Historial de la Vendée
02 51 47 61 61- www.ami-historial-vendee.com, e-mail : [email protected]
Les Amis de l’Historial ont organisé de nombreuses
manifestations ces 12 derniers mois avec des visites guidées
des expositions organisées par l’Historial, le Rallye du
Patrimoine le 8 mai, la sortie à Bouin le 12 juin avec Théo
Rousseau, et aidé l’Historial pour l’organisation matérielle
GH GHX[ FROORTXHV j O¶+LVWRULDO ¿Q SRXU OH e
DQQLYHUVDLUH GHV pYpQHPHQWV GH HQ 9HQGpH SXLV HQ
SRXU OH FROORTXH VXU &OHPHQFHDX HW OHV$UWV qui se
prolonge le 14 décembre par une nouvelle journée sur ce
thème.
Ils viennent également en appui du personnel de
l’Historial lors de la Nuit des Musées, les journées du
Patrimoine et lors des nocturnes de l’Historial.
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
67
Les sorties des amis de l’Historial
68
Échos-Musées - décembre 2014 - avril 2015
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du Vendée Globe et des chefs cuisiniers vendéens !
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69
Marie Desmée
Tissages
Soc et Foc, 12 €
Une fois de plus chez Soc et Foc,
un magnifique petit livre d’art tissé
comme une étoffe précieuse par
Marie Desmée, peintre et poète.
Dans la pure tradition de l’art du
tissage, ici la chaîne est la page du
visuel aux couleurs chatoyantes où s’enroulent et
virevoltent les fils blancs qui proposent autant de
Paul Bergèse
Si tu soulèves le paysage
Soc et Foc, 12 €
Si tu soulèves le rideau, tu découvres le paysage. Si tu soulèves
le paysage, comme on le ferait du
coin du rideau, tu découvres tout
ce que la vue d’ensemble pouvait
te cacher. Ce livre s’adresse aux
plus petits comme aux plus grands. De derrière ce
Gaston Herbreteau
Butinage(s)
Soc et Foc,12€
À destination d’abord des enfants
mais aussi de tous ceux qui sont
encore capables, bien après l’enfance, de s’émerveiller des mots et
de les lancer en l’air comme une
balle pour les rattraper avec adresse
et euphorie, Gaston Herbreteau nous livre ses nouvelles leçons de butinage. Comme un papillon ou
une abeille apprendrait cet acte existentiel à leurs pe-
Jacques Allemand
L’enfant multipliée
Soc et Foc,12€
Sur des pages colorées et richement ornées par les aquarelles
de Marianne Moisan-Armand,
Jacques Allemand nous offre cette
«enfant multipliée». Spécialiste de
Jules Supervielle qui fut l’objet de sa thèse, il nous
70
chemins pour découvrir le monde, et parfois s’arrangent en dentelle. Sur la page blanche, juste en
face, quelques vers courts constituent la trame où la
poésie dévide sa dentelle de mots pour éclairer de
sa lumière intérieure les images déjà si lumineuses.
La peintre-poète tisse le lecteur à l’intérieur de son
œuvre pour des instants magiques, et c’est pour lui
un jeu de liberté.
Ce que l’on tisse
est le fil invisible
qui nous lie au monde
paysage, Julie Maurice a extrait de très jolies images
qui donnent à voir de ses coups de pinceaux magiques et de ses couleurs rutilantes, les fleurs et les
animaux si proches. Les courts poèmes de Paul Bergèse expliquent, prolongent et dérident en jouant
avec les mots. Ils sont des instantanés pleins de vie
et de fantaisie. Le monde pétille, autour de nous, et
si tu soulèves le paysage…, le bonheur est garanti !
Tu soulèves le paysage.
C’est l’instant où le criquet
rêve de voir la mer
tits s’il ne leur était pas naturel, il montre que jouer
avec le langage est simple et réjouissant et que ce
jeu, sans que nous nous en apercevions, fait grandir.
Les jolies illustrations de Brunella Baldi augmentent le plaisir de mots qui dansent.
Soleil en fleur
tourne tourne
tournesol
Soleil qui rit
pluie de rayons
tout nous sourit
emmène sur les pas de cette fillette qui s’aventure
dans un monde presque mystérieux de mer et de
nuages où elle demeure prisonnière. Heureusement,
ses lectures et son imagination la transportent et
nous transportent. Un petit bijou d’art et de poésie,
comme ceux auxquels Soc et Foc nous a régulièrement habitués.
Et si l’envie la prend
personne pour l’entendre ni même la gronder
la mer prend tout si distraitement
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Nos sélections, poésie
Éric Thibaudeau
Le vide… n'est pas le vide
Le Jarosset-Poésies nomades
Le désespoir a ses arcanes et ses
pudeurs qui n'appartiennent qu'à
celui qui les vit âprement et sans
retour. Pour Éric Thibaudeau,
l'écriture est ici pour un être torturé une manière de se libérer du
mal-être, une tentative pour muer
la solitude en plénitude, un appel de la lumière pour
oublier la noirceur d'un monde intime qui se livre
en même temps qu'il commence de se désagréger.
Vincent Langlais
Messages - Dialogue avec la planète
- Requiem
Trois recueils publiés fin 2012 et en 2013 nous
Jean-Pierre Sautreau
Camelus
Dans le jardin de mon père
Soc et Foc,12 €
Jean-Pierre Sautreau et Camélus,
qui avaient déjà collaboré chez Soc
et Foc en 2005, nous reviennent
avec « Dans le jardin de mon père ». Le thème du
jardin n’est pas qu’un thème à la mode, c’est un
thème universel de la poésie, et les poèmes en prose
de Jean-Pierre Sautreau sont, malgré leur allure de
Un bel exercice de mise à nu, difficile mais quelque
part apaisant, dans une langue qui cogne et heurte
les contraires pour mieux dire, pour mieux se dire.
Le poète est attachant, mais plus encore l'homme
qui est derrière, qui a besoin d'être lu, sans aucun
doute, pour franchir un nouveau pas vers l'accomplissement.
Quelle importance
d'être loin du monde
pour fermer les choses
sur une vie
qui n'existe pas
arrivent de Vincent Langlais, poète originaire de
La Roche-sur-Yon, qui nous livrent une belle âme
éprise d’idéal, qui entend faire passer ses messages
à travers la poésie. Rêves et souvenirs, venus de l’intimité profonde nourrissent le premier recueil. Le
second est davantage une réflexion poético-philosophique sur notre bonne vieille terre, que nous nous
sommes mis à malmener depuis quelques décennies.
Le plus récent offre des textes qui s’appuient sur la
richesse d’êtres proches disparus et qui prolongent
les dialogues spirituels que le poète a pu avoir avec
eux. Vincent Langlais se crée un univers où la lumière se bat pour émerger de l’ombre.
Voir le bout du chemin comme une jetée
où l’âme volatile prend son bel envol
récit, bien plus que la simple mémoire suscitée.
L’émotion sans cesse maîtrisée, et parfois simplement sous-jacente, s’accompagne d’un décalage
entre les mots et les expressions dont il joue avec
bonheur, sans nostalgie mais avec une grande finesse
et une pudeur qui ne dit que du bout des lèvres un
grand amour. Le fils dit écrire comme le père jardinait. Au bout de l’allée du jardin, nous sommes les
heureux récepteurs d’une belle leçon de vie que la
poésie magnifie.
À son image, toujours entretenir mon jardin en état de
poésie pour que le poème m’y surprenne
Alain Perrocheau
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
71
La livraison de l’automne des Éditions Soc et Foc est comme d’habitude magnifique. Elle se compose
de quatre recueils esthétiques et essentiels qui allient le texte et l’image avec tout le savoir-faire
confirmé de ces «faiseurs de livres».
Luciel Roux
Un temps pour tout
Un temps pour tout de Lucile Lux
nous donne de jolies illustrations
tour à tour espiègles et tourmentées à cause du
Anne Pastor Cadou
Dunité
Ce sont cette fois de superbes photographies de Marie-Geneviève Lavergne qui enluminent ces très riches heures de la dune. L’ensemble
ne manque pas… d’unité ! Cette dune c’est l’ourlet
de la mer, celle qui permet l’approche de la masse
liquide toujours en mouvement, dont la nature est
Bernard Grasset
Les hommes tissent
le chemin - Voyage 2
Nous sommes très heureux que les
pérégrinations de Bernard Grasset, assurément l’un des meilleurs
poètes vendéens actuels, l’aient
amené à faire escale chez Soc et Foc. La première
partie de la trilogie avait été publiée en 2008. La
troisième est en cours d’écriture. La rencontre d’un
Jacques Thomassaint
Les gens polis ne font pas
la guerre à autrui
La guerre, par ces temps de commémorations si dignes, peut aussi
se traiter sur tous les tons. Jacques
Thomassaint a choisi l’humour et la dérision, et son
jeu constant sur les mots se nourrit d’une dénoncia-
temps qui passe. Son texte coule comme un souffle
au travers des images, brodant, de ses petits bouts
de phrases économes, le tissu de la vie, parfois léger, parfois pesant, dans lequel s’enroulent plaisir et
douleur à peine esquissés, à peine suggérés. Un bel
album de poche à inventorier et à méditer.
peut-être avant tout de susciter la réflexion. Laquelle
s’émaille d’instantanés et de sensations, de sensualités et d’alarmes qui sont la vie même. A lire pieds
nus, sur une plage à peine ensoleillée, pour s’enrichir
et se poser, pour une séance de quiétude humaine.
Emmène-moi, veux-tu
Et retournons à la mer, comme
d’habitude.
Comme toujours
lieu et d’un moment privilégié fait ensuite sourdre
un poème, goutte à goutte. A travers ces textes, le
voyage est exploration et recherche, de l’univers
aussi bien que de l’humanité. Le sens profond de la
vie apparaît alors à travers des mots simples. C’est la
magie qui habite le poète. Les peintures aux couleurs
éclatantes de Jean Kerinvel donnent richesse et complexité comme en contrepoint. Un livre splendide.
Écouter, chercher,
Silence des heures,
Écrire, vivre,
Arpèges du cœur
tion implacable. Si quelque gravité se niche tout à
coup au creux d’une page, le poème suivant balaie la
ride du doute et les dessins espiègles de Pierre Rosin
nous ramènent sur la bonne voie, celle du jeu d’une
langue qui n’est pas sans évoquer celles de Prévert
ou de Desnos.
Le calumet de la paix
Ne veut plus s’allumer
Calamité
Il est tout calaminé
Et voilà la paix… encalminée
A. P.
72
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Poésie
Jigmé Thrinlé Gyatso
Lumineux Arpèges
L’Astronome, 93 p., 9 €
Lumineux Arpèges fait suite à Silencieux Arpèges (Lire en Vendée No
26). Dans ces poèmes en forme
d’arpèges, illustrés par J. L. Karcher, Jigmé Thrinlé Gyatso évoque
Jigmé Thrinlé Gyatso
Préface Yvon Le Men,
illustrations Pedro de Leo
Extrêmes Saisons
L‘Astronome, 109 p.,12 €
Au fil des saisons, le moine poète
est profondément attentif à ce
qu’il perçoit et reçoit comme autant de cadeaux : les
nuages, les plantes qu’il connaît par leurs noms, la
lumière ... mais aussi la sagesse, la poétique, l’amitié ... Tout est d’égale importance, tout mérite un
égal respect, les saisons extérieures et les saisons intérieures, le profond et le superficiel, l’universel et
Liska, Gilles Brulet,
Michel Lautru, Jean-Claude Touzeil
Illustrations Agnès Rainjonneau
Tétracordes,
un livre à quatre voix
Soc et Foc, 6 €
À quatre, ils ont joué sur Internet. Le résultat ? De
courts textes poétiques mis en page de manière
rigolote. Le livre est un pliage, les poèmes se pro-
Béatrice Libert
Illustrations : Nancy Pierret
Dans les bras du monde
Soc et Foc, 12 €
Une trentaine de comptines composent ce livre qui charmera les
enfants. Les adultes l'aimeront en
Christine Ledissez
Moira
Auto, 62 p., 8.5 €
Moira un recueil à l’écriture
limpide. Chez Christine Ledissez, on peut lire entre les lignes.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
notre monde, devenu fou qui court à sa perte. Mais
il montre aussi qu’on peut porter sur les choses un
autre regard que celui du désir et de la domination.
Les pratiques du bouddhisme tantrique : méditation, visualisations, mantras, font naître, dans le
silence, un autre langage, celui du poète. La perception de la lumière intérieure peut grandir jusqu’à
l’illumination de la claire lumière.
Lydie Gaborit
l’anecdotique, les images poétiques et les idées philosophiques ou scientifiques. Tout se rejoint et finit
par ne plus faire qu’un. L’abondance, l’extrême de
l’été nous emportent dans un mouvement de danse,
un formidable élan de jeunesse, de joie, de vie, d’enthousiasme. L’automne évoque maints aspects de la
nature sous le défilé continu des nuages. Sous différentes formes poétiques, l’hiver décrit la nature; c’est
aussi le temps de la réflexion sur l’hiver de la vie,
du cœur des hommes et de certaines communautés.
Les émerveillements du printemps s’accordent aux
haïkus non mesurés. Une dernière et secrète saison,
toute intérieure, termine ce recueil.
LG
mènent sur les pages, s'incrustent entre les illustrations, se déplient dans tous les sens. Cela donne un
accordéon très amusant, coloré, où l'on débusque
les mots. Même les lettres s'en donnent à cœur joie
et font parfois des galipettes.
Quand ma main se sera envolée
Plus loin que plus loin
Et que le travail sera fini
Je mangerai la nuit
retrouvant leur faculté d'émerveillement. Les illustrations régaleront petits et grands. Modernes, poétiques, elles éclatent de couleurs. Les titres sont autant d'invitations à se glisser entre les mots comme
sous un édredon bien doux.
Ils ont pour titres : Comptine des cailloux - L'ortie
froissée - Colis postal .... C'est une invitation à lire et
à rêver.
Régine Albert
Elle sait avec quelques mots peindre ambiance
et tranche de vie à merveille.
Chaque poème de quelques lignes, 4 ou 5 parfois, raconte toute une histoire. Une jolie poésie accessible à tous. À avoir sur sa table de nuit
pour en savourer quelques instants avant de
dormir.
E. T.
73
Marcel Grelet
Les Landes-Rouges
Ella, 345 p., 18 €
Qui pouvait savoir qu’il existait
une complicité jamais avouée
entre le baron Pierre-Henri de Béjarreau, châtelain du bocage et son
Marcel Grelet
Naufrages à Croix-de-Vie
L’Apart. 252 p., 18 €
J’ai personnellement découvert
Marcel Grelet écrivain en 2009,
via son excellent livre, Le dernier
canasson. L’année suivante, il récidivait dans la qualité avec La ballade de Jenny. Aujourd’hui, il nous entraîne dans le
métayer Joseph Parraud ? L’un dilapide sa fortune et
l’autre élargit son domaine agricole. Pourtant, à l’automne de leur existence une complicité non avouée
existe.
Marcel Grelet nous entraîne dans la vie des paysans
de la Vendée comme une sorte « d’ethnologue » littéraire de notre département ?
RMB
monde des pêcheurs de sardines.
Ancien agriculteur, Marcel Grelet connait néanmoins parfaitement le monde de la pêche. Il sait
raconter et décrire. Avec son talent habituel, il ne
nous réclame aucun effort pour l’accompagner dans
son imaginaire né d’une gravure originale sur une
boite de conserve ! La mythologie, le fantastique et
le passé y demeurent farouchement présents.
Il ne nous reste plus qu’à nous détendre et à suivre,
au fil des pages, une histoire que l’auteur a su rendre
passionnante.
Jacques Bernard
Isabelle Kreidi
Les évadés du ciel
Jets d’Encre, 106 p., 14 €
Voilà un livre qui met de bonne
humeur, bien que Dieu, le personnage principal, soit en pleine dépression depuis que certains de ses
Armande Burneau Laville
Un caillou
dans la chaussure
Ella, 240 p., 17 €
Une réussite ce premier livre ! joli
puzzle de personnages attachants,
bien campés, qui se croisent et se
rassemblent. D’une plume musicale, part petites touches, l’auteur explore l’âme
écorchée d’individus ballottés par la vie mais rattrapés par la destinée. Au gré des chapitres, la mosaïque prend forme. Tout a un sens.
74
locataires, et non des moindres, ont pris la poudre
d’escampette. Nietzche, Kant et Descartes, morts
une première fois, frôlent une seconde fois la mort
car ils commencent à périr d’ennui. Ni une, ni deux,
ils quittent le reposoir paradisiaque pour revenir sur
terre goûter à des plaisirs plus émoustillants. Un
conte moral à déguster au soleil ou dans les brumes
de la rentrée.
R. A.
Mathilde attend son marin parti pêcher malgré
la tempête... Elle prie afin qu’il largue à jamais la
bouteille, Job chemine vers la Vendée, en quête de
Miette, son amour inachevé. Esméralda s’éprend
d’un troubadour, Papé récolte le miel et son petit
fils Pistou parle aux abeilles.
Un représentant de commerce ôte ses chaussures
pour tremper ses pieds dans l’océan... Puis croise
Mathilde... Tout un art d’aborder les douleurs secrètes avec élégance et bonheur.
écriture légère, juste, épurée avec en fond la Vendée
discrète, présente.
E. T.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Romans
Marlène Manuel
L’héritière des Sables d’or
Past’Elles, 296 p., 18 €
La modestie de la Noirmoutrine
Marlène Manuel est une vertu,
un défaut aussi. Car sa puissance
romancière ne souffre pas d’être
comparée à Tatiana de Rosnay, par
exemple. Mais Marlène est impliquée avec le vieil
hebdomadaire Les Veillées des chaumières, dans un
Yves Viollier
Les deux écoles
Robert Laffont, 270 p., 19 €
Le livre s’ouvre sur la manifestation du 24 Juin 1984 qui a vu
défiler dans Paris une marée
humaine, pendant des heures.
Peut-être le plus grand rassemblement que la capitale ait connu de toute son
histoire. Une foule immense aux accents de kermesse, sans violence, toute empreinte de joie et
de bonne humeur. Et l’on remonte cinquante
années dans l’histoire des écoles. Au temps où
elles se faisaient la guerre. L’école laïque ou républicaine et l’école catholique dénommée aussi
l’école libre. Pour le curé Cador et M. Nouzille,
l’instituteur de « la laïque », les occasions sont
Philippe de Villiers
Le roman de Saint Louis
Albin Michel, 528 p., 22 €
Le Roman de Charette nous avait
conquis. Le Roman de Saint-Louis
nous a émerveillés.
La France a besoin de talents littéraires aptes à remettre à l’heure les pendules de
l’Histoire trop souvent bafouée.
Philippe de Villiers a créé une “cinéscénie sur papier” et il n’hésite pas à déclarer : “C’est comme si
j’avais trempé ma plume dans de l’encre 3 D”.
Tout est vrai dans Le Roman de Saint-Louis : les
personnages, les événements, les paysages et même
l’insolite et l’introuvable. L’auteur emploie les termes
du XIIIe siècle et recrée avec réalisme l’ambiance
de l’époque, ce qui ne l’empêche pas de glisser des
phrases à l’emporte-pièce qui nous ramènent avec
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
carcan précis. Carcan qui n’empêche cependant pas
la création, avec une intrigue élaborée, avec l’amour
en toile de fond. Mais l’auteur n’est jamais larmoyant et toujours bien documenté. L’héritière des
Sables d’Or nous embarque à La Guérinière dans les
années 80, mêlant une ambiance réelle à la fiction.
Avec son précédent livre, Au nom de la vérité, Marlène Manuel avait été nominée au prix des Écrivains
de Vendée. Tandis qu’à Rennes, elle avait reçu le
Grand Prix du roman du Conseil général d’Ille-etVilaine.
PhilG
multiples de s’affronter, même au cours des
matches de football. C’est le quotidien du village que fait revivre l’auteur. Tout est sujet à
querelles entre les deux clans. Et le passage des
prédicateurs de missions donne aux croyants
un nouvel élan pour affirmer leur foi. Pourtant
deux copains, même s’ils ne fréquentent pas la
même école, sont capables de garder intacte
leur amitié, jusqu’au jour où le drame arrive.
Les amis de toujours, voisins, élèveront un mur
entre leurs deux demeures, un mur qui symbolise la rupture entre leurs familles. Il faudra des
années avant que les liens rompus se ressoudent,
par la grâce d’un enfant. Un très beau roman,
qui prend sa source dans des faits réellement vécus en Vendée. La plume de romancier d’Yves
Viollier fait merveille. Il nous touche au cœur.
R. A.
vivacité à la dure réalité de notre temps.
Tout y est conjugué avec justesse : le réalisme, la
vérité, le décor, le caractère des personnages qui y
revivent, ce qui fait qu’on s’y croit, qu’on s’y installe
et qu’on ferme ce livre avec regret, impatients d’y
revenir.
Et en prime, le lecteur bénéficie du talent : un ingrédient qui ne s’acquiert pas, mais que certains ont
la chance de porter en eux comme un don du ciel et
dont le devoir est d’en faire profiter leurs contemporains.
C’est bien ce que sait faire Philippe de Villiers.
André Hubert Hérault
Son Jeanne d’Arc vient de paraître !
75
Romans
Yannick Chauvin
Frères de sang
Pascal Galodé, 271 p., 20 €
Quatre histoires. Quatre fratricides qui puisent leurs sources
dans la mythologie ou dans l’Histoire. L’auteur Yannick Chauvin
nous fait vivre ces drames à travers
quatre passions différentes. La jalousie : Caïn et Abel.
La soif du pouvoir : Romulus et Rémus. L’amour ou
le dépit : Horace et sa sœur Camille. Des divergences
d’opinions : Les Frères Diaz (moins célèbres). Il
Eveline Thomer
Hasard ou Destin
Ella, 254 p., 22 €
« Ses livres marient les histoires de
famille, le suspense et l’amour » annonce la quatrième de couverture.
On ne change pas une recette qui
marche. Cette fois Eveline Thomer situe son intrigue dans le vignoble vendéen.
La vigne se donne en héritage. Mais les héritiers
Mireille Calmel
La Marquise de Sade
XO, 230 p., 16 € 90
Voilà un joli livre drôlement bien
écrit, sensuel et tendre, autrement
plus subtil et mieux mené que
les 50 nuances de Grey ! Nous
sommes en été 1763, Renée Pélagie de Montreuil est depuis quelques mois l’adorable
Christian Berjon
La belle endormie
Les Chantuseries, 129 p., 15 €
François Harmann est un grand
voyageur et son gros sac de cuir
pour son reflex numérique ne le
quitte jamais. Un jour, une lettre d’un notaire de
Saint-Gismond en Vendée vient troubler son ordre
des choses : « J’ai le regret de vous informer du décès
de votre tante … ». De Genève, la plaque tournante
de son existence, il saute dans un avion pour Nantes
et se retrouve chez le notaire. Un peu plus tard, il
76
donne vie à ses personnages avec un réel talent de
conteur. Ses héros vivent, s’expriment et nous font
partager leurs émotions, leurs bons ou mauvais sentiments, leurs défauts.
Yannick Chauvin, ancien journaliste, passionné
d’Histoire est un écrivain vendéen (il réside à Noirmoutier) qui a déjà signé plusieurs ouvrages. Il maitrise son sujet. Un sujet peu facile. C’est aussi un
écrivain de talent : originalité et maîtrise des histoires, qualité du style, références historiques (quand
il y en a), l’ouvrage est maîtrisé. Et pourtant…qui
aurait pu faire dialoguer Eve et Adam ? Caïn et ce
pauvre Abel ? Il l’a fait. Très bien.
Frédérique Mory
risquent de se déchirer. C’est fréquent dans les histoires de famille. Le hasard ou le destin arrangeront
bien les choses. L’amour du vin et de Basile rend la
narratrice « transparente ». (Le récit est à la première
personne).
Et tout s’achève sur un baiser, des baisers, chez Eveline Thomer. Tandis que le récit commence par « Je
te réveille ma belle ? Désolée, mais c’est important,
j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle à t’annoncer... »
Y. V.
Marquise de Sade, pudique et effarouchée mais qui
ne le restera pas longtemps grâce à une mystérieuse
lettre qui l’informera de l’inconduite de son époux.
Un billet anonyme qui ouvre à la belle Marquise des
horizons délicieusement interdits...
Se lit d’une traite pour l’écriture, pour l’histoire et
bien sûr pour le côté un peu coquin !
Mireille nous avait laissé entrevoir ce talent érotique
dans ses précédents ouvrages et laisse ici courir librement sa plume.
E. T.
passe le porche de la Rollandière, la propriété dont il
vient d’hériter avec Marie-Cécile, la petite fille d’une
amie de sa tante qu’il avait connue dans sa jeunesse.
Muni d’une torche, François découvre dans le capharnaüm de cet héritage une grosse sacoche en cuir
: un appareil photographique et des plaques gravées,
dont celle d’une jeune femme endormie, cette dernière le trouble.
L’auteur, fils de photographe, photographe luimême, sait que la photographie est la preuve de ce
qui a été vu.
RMB
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Romans
Maud Vinatier
Incendie de parcours
Lamongie, 294 p., 19 €
Maud Vinatier était correspondante Ouest-France à Soullans
quand cette catastrophe, banale et
extraordinaire, lui est tombée dessus : sa maison a brûlé entièrement, un jour d’hiver !
C’est le récit de son nid familial perdu dans les marais inondés de Soullans en direction de Sallertaine,
ce nid anéanti par les flammes ; ce qu’elle raconte,
Héléna Doyle
Les ailes d’argent
Durand-Peyroles, 257 p., 21 €
En lisant les premières lignes on
s’imagine entrer dans l’atmosphère
d’un bon roman anglais. Et puis,
quelques paragraphes plus loin, le
doute s’insinue : Helena Doyle estelle une « frenchie » qui a adopté un nom anglais ?
Une américaine qui s’imagine en Angleterre? Bon,
on décide qu’elle est anglaise. Et puis son roman
est très anglais.
Les premières pages sont pleines d’espoir. Tiens, un
bon livre ? Mais nous plongeons vite dans l’irréel.
Dans un monde géré par les fées.
Un point d’interrogation : « Shanna », l’héroïne, en
Cent minutes
C
JJulien Morit
Bookelis, 471 p., 15.90 €
B
H
Henry
et Anthony disparaissent
m
mystérieusement. Elisabeth et Julia, leurs épouses, essaient de les
li
retrouver. Dans ce roman, où les
re
aaventures se succèdent sans arrêt,
heure par heure, jour après jour. Le vécu, la sincérité
sont là, un sacré coup de plume aussi ! avec du jus,
du style. Et de l’énergie. Elle a su regarder en face
cette maison qui brûle, qui n’était pas qu’une maison
mais aussi un projet de vie. Elle déroule son journal
de bord avec la volonté d’écrire pour se guérir, mais
développe ce journal comme un scénario de cinéma.
Elle revient aussi, par flash-back, sur son parcours de
vie et vous mène dans sa barque par le bout de son
joli nez. Maud sauvée des flammes donne déjà sa
patte dans le titre : Incendie de parcours !
PhilG
est-elle une ? Et sa grand-mère ? Une vieille fée ?
Les pouvoirs de Shanna sont immenses. Et quand
les chevaux se mettent à parler, on est en plein surréalisme. Quelle imagination ! Quelques scènes torrides nous ramènent dans le concret. L’amant de la
jeune fée, l’héroïne du livre, n’appartient pas à ce
monde là. C’est un bon mâle bien de chez nous. On
craint pour lui l’esprit du mal qui, ici, est baptisé «
Moloch ».
Pour nous résumer, le roman commence bien, puis
tombe dans l’illogisme. Celui des fées. Dans ce
conte de fées moderne, elles ont des ailes d’argent.
Le titre de ce livre le précise. Un livre à envoyer à
Roman Polanski qui a déjà tourné « Le bal des vampires » et fait appel au Diable (dans « Rose- Mary
baby »). Un coup de baguette magique et …hop, un
scénario !
F. M.
les choses et les événements, les procédés utilisés
obéissent à des lois et à une logique qui ne sont pas
celles de notre monde scientifique. Une montre dont
le cadran est divisé en 100 minutes et certaine clé
permettent de se déplacer instantanément dans l’espace et dans le temps. Pendant que nos héros essaient de se retrouver en famille, Allan, passionné
d’informatique, avec son ami Greg, met au point un
programme qui va faire de lui l’une des plus grosses
fortunes d’Angleterre.
LG
Pierrette Gobin-Vaillant
Quand une porte claque
Durand-Peyrolles, 108 p., 12 €
Quand une porte claque ou, plus
précisément, quand quelqu’un
claque une porte, tout est changé.
C’est le point commun à ces nouvelles, par ailleurs différentes les unes des autres.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
L’auteure nous installe dans un certain monde, un
certain état d’esprit jusqu’au moment où tout bascule. Les personnages sont gens qu’on rencontre
tous les jours, mis en scène avec humour. Ce qui
leur arrive,les moments heureux comme les drames,
n’a rien d’exceptionnel
pourtant notre intérêt de lecteur ne se relâche jamais, comme si c’était notre histoire ou celle de personnes proches de nous.
LG
77
Madeleine Lucet-Pavageau
Un fiacre nommé désir
Amalthée, 298 p., 19 € 50
Deux histoires en parallèle composent ce livre. Rodolphe, 50 ans,
est le neveu de Julie, 89 ans, ancienne concertiste, star aux nombreux amants. Sa vue baisse. Son neveu fragile et
hypocondriaque est son « liseur ». Un jour, il lui
apporte un livre Le Fiacre dont l’histoire se déroule
en Normandie, au moment du coup d’état de Napoléon III. Dans le Perche, plus précisément au Manoir de L’Arçonnière, où deux frères…
Et c’est ce roman là qui nous passionne. Celui de la
tante et de son neveu, beaucoup moins. On tourne
vite les pages pour retrouver le sauvage Hyacinthe
et son frère Simon, infirme, artiste et cultivé, tous
deux fils du Général de Bonsan-Desormaux et de
son épouse Blanche. Un vicomte qui s’est illustré
durant les guerres de Vendée auprès du Général
Catelineau. Deux frères que tout sépare et qui vont
se déchirer lorsqu’une intrigante vient dérégler un
semblant d’entente. De lecture en lecture, la tension
monte. On vit au rythme de Mona, la gouvernante,
de Clotilde qui deviendra Chloé en épousant Simon
(tout en lorgnant sur Hyacinthe) lui faisant reconnaître un enfant qui n’est pas de lui mais qui assurera la dynastie du nom. Les deux frères s’affrontent.
Jalousies, trahisons, drame. Les deux fictions n’en
font plus qu’une dans les dernières pages, quand
tante Julia (toujours accompagnée de Rodolphe)
passionnée par cette histoire s’intéresse au Manoir
de L’Arçonnière, retrouvant une descendante de Simon prénommée…Simone.
F. M.
Isabelle Prouteau
Philippe Gilbert
Les mots de passe
Dans les pas
de Gilbert Prouteau
Petit Pavé, 260 p., 22 €
On sait l’extraordinaire touche-àtout, sportif, cinéaste, romancier,
essayiste, poète, que fut l’écrivain du Haut-Bocage qui nous a tiré sa révérence l’année dernière.
L’homme savait être à la fois profond et facétieux. Nul
doute qu’il jubile de voir ses Mots de passe faire d’en-
gageants clins d’œil aux amateurs de littérature. Une
biographie de son admirateur le journaliste Philippe
Gilbert, quelques introductions d’Yves Viollier, Jean
Billaud et Isabelle Prouteau à qui il avait «ordonné»
de taper tous ces mots de passe, avant de retrouver l’un des derniers textes de Gilbert Prouteau luimême, une «introduction à la morale de l’histoire.
Ensuite, c’est son catalogue intime de citations classées en trois parties intitulées «L’amour et la mort»,
«La mesure du temps» et Plaisirs d’amour». Aphorismes, extraits versifiés, affirmations incontestables
comme autant de conseils, cheminent au cours de
l’histoire du livre et font scintiller, longtemps après
l’arrivée de la nuit, les étoiles de la pensée.
A. P.
Shuryä
L’Elfe et le Crâne de Cristal
Mélinée, 117 p., 14,50 €
Envolez-vous dans un monde galactique, éthérique.
Avec un brin d’appréhension, je
me suis embarqué avec les trois
héros mythiques du livre, en prenant bien soin,
comme le suggère l’auteur, de sortir « de son mental ordinaire.». Enfin de me récupérer dans ce conte
fantastique, ésotérique, en compagnie de Sylvania
l’Elfe, un Crâne de Cristal, plus un Dragon. Et, me
voilà parti dans cette randonnée interstellaire avec
des retours sur terre où l’Amour existe, à travers des
transmutations, où la fantaisie, l’humour cheminent
avec le merveilleux. Ce conte me rappelle Baudelaire
dans son poème Élevation quand il écrit :
Par-delà le soleil par-delà les éthers
Par-delà les confins des sphères étoilées
Mon esprit tu te meus avec agilité.
J’avoue que je ne suis pas revenu indemne de cette
escapade galactique... J’ai vécu l’apesanteur dans
mon fauteuil. Je me suis retrouvé « éthéré… » La
preuve que j’ai marché, j’ai eu du mal à retrouver le
plancher des vaches…
Pierre Yborra
78
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Romans
Hélène Caillaud
Christophe Blanc
Le nœud du monde
L‘Harmatan, 207 p., 20.50 €
À l’époque où l’on vient de découvrir de nouveaux mondes, au temps
des idées nouvelles, de la Réforme,
des guerres de religion et de l’Inquisition, Janeiro,
jeune moine portugais, est envoyé au Kongo en qualité d’ambassadeur. il doit transmettre le soutien de
ses supérieurs au roi chrétien, Afonso, dont les petitsenfants ont mystérieusement disparu au cours d’un
voyage vers le Portugal. Le jeune intellectuel, naïf et
Régine Albert
Deux Sœurs
Ella, 15 €
Monique et Odile n’ont qu’un an
d’écart mais tout les sépare. La plus
jeune des deux sœurs est solide, raisonnable, courageuse et volontaire.
La seconde est fragile, malhabile,
lente et incapable de s’assumer. Placées chez les religieuses à la mort de leurs parents, les deux petites
un peu prétentieux, va faire le rude apprentissage de
la vie avec les marins; il apprend à comprendre des
hommes qui, à première vue semblaient peu recommandables. Il connaît les tempêtes et la maladie. Sa
rencontre avec le roi est très enrichissante. Afonso
est un grand sage et un fin politique. II aurait été
un saint si c’était possible lorsqu’on a le pouvoir et
qu’on est entouré de politiciens corrompus dominés
par les riches marchands d’esclaves. Quand il se rend
compte qu’on s’est servi de sa naïveté, Janeiro se
détache de sa hiérarchie et poursuit, seul, l’enquête
sur la disparition des enfants royaux. De retour en
Europe, il trouve un monde violent et corrompu.
LG
vendéennes vont grandir ensemble puis se séparer,
chacune suivant sa voie, mais sans jamais rompre le
lien qui les unit. Les lettres qu’elles s’écrivent sont
touchantes de tendresse et de simplicité. Elles nous
permettent de suivre leurs parcours croisés et de
partager leur quotidien, leurs joies mais aussi leurs
peines.
Prix des Écrivains de Vendée en 2012 pour son livre
« Je me souviens de Rose », Régine Albert signe sans
doute avec « Deux Sœurs » son plus beau livre, passant du style régionaliste qui la caractérisait jusquelà à une écriture de portée plus universelle.
Christine Chamard
Philippe Plaisance
Quai des Argentats
Geste, 520 p., 27 €
Insolent, inconvenant, incandescent, un livre qui en désorientera
plus d’un parce que la relation avec
une fillette de 12 ans de la part
d’un homme à l’âge du démon
de midi reste chose ambiguë. Cette histoire sur un
fond guimauve, un peu mièvre et datée, avec aussi
quelque longueurs, vous prend sérieusement au collet avec une écriture déliée et entraînante, un déroulement bien rythmé et des personnages finement
décrits, étudiés et attachants. Une bonne occasion
pour nous aussi de sortir un peu et de faire du régionalisme en Dordogne, avec un auteur proche de
Jean Huguet, qui nous fait découvrir cette région
aux origines préhistoriques où flottaient encore des
gabares au siècle dernier, quai des Argentats...
J. R.
Anita Jack
Détruire sa vie,
mode d’emploi
Amalthée, 621 p., 22.90 €
Pendant quelques jours, Anna et
Hugo ont véçu une belle histoire
d’amour dans une île de rêve. Chacun d’eux a reconnu en l’autre
l’homme /la femme de sa vie. Mais ils sont mariés.
Faut-il, comme Hugo, dire la vérité à sa femme
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
et divorcer ? Ou, comme Anna, protéger un mari
distant, introverti mais psychologiquement fragile,
en restant avec lui et en faisant souffrir celui qui
l’aime et qu’elle aime ? Le souvenir d’un événement
tragique, dans son adolescence, explique son attitude. La souffrance et le sentiment de culpabilité la
conduisent au bord de la folie.
Une histoire captivante bien que parfois un peu longue. Beaucoup de justesse dans l’analyse des sentiments.
LG
79
Philippe Roirand
Zone Destin
Les Chantuseries, 177 p., 17 €
Tchernobyl … qui peut penser se
trouver dans cet enfer nucléaire ?
Pourtant des hommes militaires
pour les uns, mutants pour d’autres
et des factions que tout oppose
vivent l’Expérience Lambda. Une sorte de parcours
pour atteindre la centrale détruite et complètement
Ismaël Ben-Mesbah
Il était une fois les voisins
Édilivres, 256 p., 21,50 €
C’est un film qu’évoque la lecture
jubilatoire des nouvelles d’Ismaël
Ben-Mesbach, son tout dernier
livre. Ce film : Les casse-pieds,
souvenez-vous, c’était le titre de ce
long-métrage de Jean Dréville, avec Noël-Noël, film
qui obtint même le Prix Delluc à la fin des années
quarante.
fermée au monde. Tolik, le chef, avec Nicolaï dit La
Loutre, Zangief dit Le Fou et Sergueï dit Le Tatoué
se groupe pour tenter de parvenir au cœur vivant de
la centrale. Un véritable voyage initiatique où chacun cherche sa vérité intérieure, Lisa, une gamine
trouvée par hasard dans la forêt bouleverse cette
expédition inhumaine.
C’est à seize ans que l’auteur passionné par la catastrophe nucléaire a écrit ce roman Zone Destin.
Sa destiné est toute tracée, nous écrire encore des
romans si passionnant.
RMB
Et dans sa saga des voisins, l’auteur, né en Kabylie, arrivé en France en 1965, installé aujourd’hui
en Vendée, pointe d’autres casse-pieds, pire que la
famille : le voisin ! Ben-Mesbah, qui aime la tranquillité et la sérénité, nous croque une galerie de
ces voisins d’un joli coup de plume, acéré par une
pointe d’humour dont il ne se départit jamais,
même dans les cas les plus catastrophiques de ces
voisins qui donnent envie de suivre les traces du
père de Foucauld ! Tandis que d’autres, parmi ces
casse-pieds, sont inénarrables ! Pas moins de douze
récits vous permettent d’entrer dans leurs commérages par effraction et dans les tourments fatalistes
de son auteur.
PhilG
Jacques Bernard
Le Fantôme du Hallay
On retrouve avec plaisir les héros
de Jacques Bernard : Kevin, Christelle et leur Mercedes Vitamine,
dans une nouvelle histoire pleine
de rebondissements. Le fantôme
qui hante la chapelle du Hallay
à Bouféré est-il sorti de l’imagination d’une veuve
joyeuse ou est-il l’ombre d’un malfrat ? La solution
passe pa la découverte d’une petite culotte de taille
38 !
Le ton est toujours alerte et léger et le suspense plus
rose que vraiment noir. L’auteur nous fait un clin
d’œil complice dans ce petit roman qui est l’occasion de nous assurer que sa vie sentimentale est au
beau fixe !
Michel Dillange
Jacques Bernard
Le Malheur de Sophie
VPCC, 136 p., 9,95 €
Comme le dit si bien son compère
Michel, les histoires de Jacques
sont toutes de la même veine et
l’on s’en trouve très bien. L’intrigue
du polar se tient au mieux et par-
80
vient encore à nous surprendre même si le bonheur
du lecteur est surtout dans la gouaille et le plaisir de
vivre bonhomme de notre Jacques bien-aimé.
Je ne me souviens même plus s’il y avait une petite
culotte dans ce nouvel épisode mais comme toujours dans ces cas là le doute entretient le suspense
et la convoitise plus que des remords qui seraient ici
tout-à-fait déplacés.
J. R.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Romans
Maurice Ravanne
La Souris
Ella, 230 p., 18 €
Juin 1940, les Allemands envahissent la France. À bord de la superbe
locomotive Mikado 141C196, sur-
Eloïse Averty
En héritage
Ella, 330 p., 19 €
Alors que les Républicains avancent
sur l’Ouest et que la révolte gronde,
Adélaïde se lance à la recherche de
François.
Marie-Noelle Cossais
Rêve et/ou réalité ?
Durand-Peyrolles. 106 p. 12 €
Le titre résume ce livre. Sophie,
l’héroïne, mariée, trois enfants, en
congé parental, dépassée par ses
tâches quotidiennes de femme au
foyer –qui ne l’intéressent guère- s’ennuie. Et fuit la
réalité en s’inventant une existence parallèle.
En rêvant à une vie où elle est plus libre, plus cour-
Jean-Bruno Alexandre
Concerto pour vos sens
Amalthée 186 p., 18.90 €
En écrivant cet ouvrage, JeanBruno Alexandre a l’intention et
la certitude de procurer à ses lecteurs un grand plaisir. Il s’adresse
à eux directement, dans sa présentation puis au cours du récit, entrecoupé de ses
commentaires sur les personnages, du jugement de
leurs actes ... Le plaisir ressenti par ces personnages
concerne tous les sens. Il le partage et fait passer son
nommée « La Souris » Bomère et Jacques fuient à
travers le réseau totalement désorganisé. Ils tentent
de soustraire «La Souris» à l’oppresseur nazi. «La
Souris» nous entraîne ainsi au cœur de la débâcle.
Ce témoignage étonnant illustre une facette totalement méconnue de la guerre, et nous ouvre au
monde merveilleux des locomotives à vapeur.
E. T.
Entraînés par la jeune challandaise Eloïse Averty,
nous plongeons au cœur d’amours perturbées par
les traditions et les troubles qui bientôt dévasteront
la Vendée.
Une histoire romancée émaillée de documents et
lettres authentiques sur les guerres de Vendée.
Son premier roman.
E. T.
tisée, plus aisée. Une vie où elle prend plaisir à exercer son métier (nous ne saurons pas lequel). Mais
la réalité s’impose toujours. Jusqu’à ce que sa santé
s’en mêle, la faisant brusquement retomber du rêve
dans le vécu. Retrouvant le quotidien avec ses côtés
positifs : l’affection de son mari, des siens. Reprendra-t-elle le dessus ?
« L’existence n’est pas un long fleuve tranquille, elle
en est parfaitement consciente, mais que la vie est
belle ! ».
On le sait. Mais c’est ainsi que se termine le livre.
F. M.
enthousiasme dans un style alerte. Il décrit longuement, avec une précision méticuleuse, les personnes,
leur habillement, le menu de leurs repas, la vaisselle
dans laquelle ils sont servis, tout ce qui peut évoquer
la beauté, la qualité. « Tout le monde il est beau,
tout le monde il est gentil» chez Sophie, fille d’un
viticulteur renommé du Médoc. Les règles du bon
goût, de la morale, de l’hygiène, sont respectées par
des gens qui savent rester modestes et sincères. Musique, peinture, l’art occupe une grande place dans
cette vie. Amour, amitié, vie professionnelle, tout
leur réussit ; jusqu’au jour où un drame vient les
toucher au plus profond de leurs sentiments. Comment vont réagir nos épicuriens ?
LG
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81
Jim Morin
Des Lendemains
qui chantent
Nouvelles
Durand-Peyrolles. 92 p. 12 €
Ce n’est pas fréquent, les livres
de bonnes nouvelles. En voici
un qui en annonce onze. Toutes empreintes de
sensibilité et des petites joies qui font heureusement partie de notre quotidien. Elles alternent
avec les peines de la vie qui ont été ou sont celles
de l’auteur, et il nous les fait partager. Ses personnages ont des goûts simples, terroir, province (à ne
Christoph Chabirand
Les Yeux vair
Orphie, 280 p., 18 €
Christophe Chabirand est un natif
de Luçon (1958), turbulent élève
du collège Beaussire puis du lycée
Atlantique, avant de poursuivre
ses études pour devenir instituteur.
Une profession qu’il exerce depuis bientôt trente ans
sur l’île de la Réunion. Chabirand est aussi devenu
écrivain, auteur de nouvelles surtout, même si son
précédent livre est un polar (Datura et soleil noir,
Orphie), réussi d’ailleurs. Avec son dernier recueil
de nouvelles, Les Yeux vair, le Luçonnais est à la
pas prendre dans le sens péjoratif, mais « authentique »). Très vite, un mot, une expression, un
lieu nous rappellent que l’auteur est vendéen : les
noms de famille en eau, le maraîchinage dans le
Marais Breton, et le vocabulaire…. du « fion » au
« nioleau » (petite barque à fond plat) et bien d’autres
qui ponctuent une ligne, un paragraphe. Oui, nous
sommes en Vendée...Dans son avant-propos, Jim
Morin nous confie qu’atteint par une leucémie, il
s’est immergé dans l’orthographe. Puis dans les Ateliers d’Écriture. Et enfin dans l’Écriture. Une façon
d’oublier le présent en écrivant.
Ce recueil de nouvelles est son premier livre. On ne
peut que lui conseiller de continuer dans cette voie.
F. M.
maturité de son style, qu’il a épuré. Moins proche
de Bukowski, plus près de Maupassant. Ce musicien
dans l’âme (il joue du trombone dans le groupe Djazadonf ) a enfin trouvé le second souffle qui mène le
lecteur par le bout du nez dans ces 42 histoires. Elles
ont souvent pour cadre la Réunion, sa deuxième
patrie, mais elles s’adressent par le thème à tous. On
aimera tout particulièrement la nouvelle Le combat,
l’histoire de quatre copains comme cochons, une
amitié qui va dégénérer et trouver une fissure qui ne
se refermera pas.
D’une manière générale, Christoph Chabirand serpente entre l’existentiel et l’essentiel, entre la comédie et le drame, entre l’absurde et le réel. Son dernier
livre est son meilleur livre !
PhilG
Bernard Brunelière
Rebelles de plein droit
en plein cœur
Durand-Peyrolles, 92 p., 12 €
De bien beaux portraits comme
le souligne la préface Jean-Pierre
Collectif
Vent des Lettres
Durand-Peyrolles, 136 pages. 14 €
Dix auteurs tous édités aux Editions Durand-Peyrolles sont réunis
dans cet ouvrage, avec leur personnalité, leur sensibilité et leur
plume. Dix styles différents pour
dix histoires, certaines courtes,
d’autres plus longues avec en filigrane la Vendée,
région qui se fait présente ou plus discrète selon les
auteurs. Vendée du Bocage ou Vendée de l’Océan,
82
Majzer louant un humaniste dont l’originalité de
l’œuvre compose l’unité d’une conviction - d’une foi fondée sur la justice et où l’amour abonde.
Bernard reprend donc la plume et sait choisir et
nous faire aimer ses héros, même si ce n’était pas
forcément les nôtres au départ.
J. R.
Vendée du Nord ou du Sud, Vendée de la plaine,
c’est la région d’origine ou de cœur de ces écrivains
et tous, toutes l’évoquent fort bien.
Là, c’est une Vendée au double cœur blessée par les
guerres. Ou l’histoire du blason du premier seigneur
de Vouvant. La magie d’une vieille malle à double
fond qui révèle des secrets. Dans un vieux livre :
l’histoire d’une tempête où la mer se rapproprie son
territoire. Ou un voyage entre « ici et là-bas » : c’est
à dire entre plaine et marais. Priorité donc aux légendes, aux histoires régionales ou tout simplement
…imaginées. Pour le plaisir des auteurs et pour le
nôtre.
F. M.
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Nouvelles
Francoise Bidois
Fanou Alvarez
Internet et net
Le désir amoureux
Édilivre, 134 p., 14 €
Souvenir d’Antan, 90 pa., 21 €
Françoise Bidois, native de Brest,
a très longtemps vécu sur le littoral vendéen avant de se réfugier
dans le bocage (à Fougeré), histoire d’écrire Internet et Net. Ces
contes et nouvelles narrent la longue descente aux
enfers de celles, jeunes et moins jeunes, qui se sont
fait piéger sur le Net par des hommes si bien sous
tous rapports, révélant leur perversité une fois leur
piège refermé. Pervers, voleurs, capteurs, violeurs
même… Françoise Bidois raconte quelques histoires
édifiantes, probablement vécues par des proches, si
ce n’est elle.
Pierre Vandrepote
L’amour en moins
et autres nouvelles
Apogée, 168 p.,17 €
La couverture rouge de ce livre
évoque le feu, la passion. Or, le
titre - l’Amour en moins - semble
contredire cette première impression. Dans ces textes courts, à l’écriture raffinée,
Mais la native de Brest a de la ressource et le style vibrant. La violence conjugale n’a pas tué tout
désir, ce fil conducteur de la vie et,
en même temps que son recueil de
contes prévenant de la perversité,
elle sort dans Le désir amoureux, de beaux poèmes
qu’elle qualifie d’érotiques, qui sont surtout très
aimants, à l’image de celui qu’elle a intitulée « Aimez-moi tendrement ». Poèmes pour lesquels elle a
pris un pseudo (Fanou Alvarez). Qu’elle a aussi écrit
pour se guérir.
PhilG
on côtoie des personnages étranges ou ordinaires,
confrontés à un choix de vie, à des rencontres qui
peuvent changer leur destin. Plutôt que de nouvelles, il s’agit de portraits, d’instantanés. Chaque
texte nous amène à découvrir un fragment de vie,
une histoire singulière. Ce qui n’empêche pas le lecteur de se reconnaître dans les sentiments, les hésitations, les accidents de la vie que connaissent les
acteurs de ces 32 récits. A la fin du livre, on a envie
de revenir à l’un ou l’autre des destins évoqués qui
nous sont finalement si proches.
R. A.
Mathilde Weber
De Casa la blanche
à Paris la Grise
Dorval, 114 p., 13 €
Yann raconte ses souvenirs, une
enfance insouciante au Maroc
après-guerre, une enfance un peut
exotique donc mais qui vous rap-
pellera avec bonheur forcément la votre, Un bon
témoignage sur une époque et sur des territoires.
La fin m’a surpris et touché : ce n’est pas Yann, dont
le prénom n’apparaît jamais, qui raconte, mais son
épouse qui reconstitue son enfance ; elle cherche en
fait à comprendre le regard de son mari en retrouvant le monde qui l’a forgé. Cela change d’un coup
de cadre et d’angle et cette histoire simple prend
alors une autre dimension, avec un autre regard, celui d’une femme toujours amoureuse...
J. R.
Thierry Radière
Confidences et solitudes
De plus en plus courtes
Jacques Flament, 90 p., 12 €
Ces confidences sont écrites à la
première personne par des êtres
pourtant très différents par leur
âge, leur sexe, leur place dans la
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société. Leur point commun est qu’ils ne s’y sentent
pas bien ; seuls, au milieu des autres, ils se cherchent.
Pas d’événements ni de personnages extraordinaires
dans la plupart de ces nouvelles ; ce sont les situations, les actes de la vie courante qui prennent un
caractère dramatique car les faits de la vie banale
reflètent la vie intérieure et inconsciente.
Thierry Radière raconte dans un langage simple,
très agréable à lire.
LG
83
Peter Robert Scott
Le vieil homme sur le toit
Les Chantuseries, 352 p., 20 €
Cet auteur est Anglais mais écrit en
Français. Et rudement bien ! Pourtant, il fut d’abord acteur et dramaturge dans la langue de Shakespeare. Puis il est devenu résident
en sud-Vendée, à Liez. Et il narre cet homme médi-
tant sur son toit, avec un humour certain, révélant
une savoureuse musicalité dans son écriture, sans
flonflons.
L’histoire de cet homme jouant de son violon sur
son toit de maison lui a valu une nomination au
prix Charette, particulièrement relevé cette année.
Au passage, on applaudira l’éditeur de cet ouvrage,
Bertrand Illegems, créateur des Chantuseries au Poiré-sur-Vie. L’ancien journaliste de Presse Océan vit sa
reconversion dans l’édition avec qualité, originalité
et bonheur dans ses prises de risques.
PhilG
Thierry Piet
Le mange-disque
et autres souvenirs
Écho Optique, 160 p., 12 €
Thierry Piet est connu comme
poète, par les nombreux recueils
qu’il a publiés aux Éditions Écho
Optique. Il décide ici de dévider
le fil de sa mémoire et d’effeuiller
un à un les souvenirs d’une enfance dans un milieu
familial modeste mais chaleureux, entre Bocage, ce-
lui proche de Moncoutant, et Plaine, à Fontenayle-Comte. De petits chapitres courts, presque des
instantanés de vie au sein d'une famille où chacun
est bien à sa place : parents, grands-parents, frères
et sœurs. Petites contrariétés et grands bonheurs se
succèdent au rythme de sa passion pour la chanson, qu’il écoute d’abord à la radio puis grâce à un
mange-disque, particulièrement Sheila qui est sa
chanteuse préférée. Le livre simple d’un bonheur
simple dans un langage simple. Beaucoup de ceux
qui furent enfants dans les années 60 y retrouveront
un peu de leur propre vie.
A. P.
Témoignages, essais...
Roger Poingt
Chemin de rencontres
Formation des adultes
ruraux (1953-2014)
Hérault, 368 p., 60 illustrations, 28 €
Des champs de la métairie vendéenne que travaillait sa famille,
Roger Poingt respirait l’air de
l’océan tout proche. C’est la montagne pourtant qui
l’a aspiré et c’est là qu’il a construit, patiemment et
avec ses équipes, les outils de formation pour les ruraux qui s’engageaient alors dans les activités du tourisme. Ce fut l’aventure alpestre de l’AFRAT, prolongée ensuite dans le COFRAT en Pays de la Loire.
Roger Poingt propose ici un récit de vie, émouvant
et passionné. Récit de vies au pluriel plutôt, tant
se confondent et se nourrissent les uns les autres le
parcours personnel, la vie familiale, le métier, la découverte d’horizons nouveaux. Cet itinéraire repose
tout entier sur deux mouvements qui, au mitan du
XXe siècle, ont mis le monde agricole et rural sur
l’orbite du progrès et lui ont permis d’en façonner
les outils nécessaires : la Jeunesse Agricole Catholique
et les Maisons Familiales Rurales. Le goût du concret,
le temps de la réflexion pour agir juste et mieux,
la pédagogie de l’alternance expliquent la réussite
des outils mis en place. Ces hommes et ces femmes,
entreprenants, formés aux réalités concrètes du tourisme, n’ont pas gardé jalousement leurs acquis.
Ils se sont investis dans le développement de territoires ruraux, souvent défavorisés. Ils ont aussi partagé avec l’auteur cet appétit d’une Europe et d’un
monde toujours à découvrir.
Roger Poingt raconte presque au jour le jour les péripéties de ses engagements et en tire les leçons, avec
enthousiasme souvent, en laissant parfois percer une
pointe d’amertume, lorsque les projets n’aboutissent
pas complètement. Dans un domaine original, son
récit rejoint et enrichit la saga d’une belle aventure
humaine : la promotion des hommes et des femmes
du monde rural dans la deuxième moitié du XXe
siècle.
G. B.
84
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Témoignages, essais...
Bernard Nicolas
Passé sous silence
en Algérie
L’Harmattan, 46 p., 25,50 €
Ce témoignage sur la guerre d’Algérie, paru son compte d’auteur, est
réédité en raison de son succès mérité ; Gilles Bély avait en son temps
Olivier Gaignet
Ma paroisse.Com (Tome 5)
381 p., 30 €
Le tome 5 de Ma paroisse.com clôt
le cycle de la publication d’un
prêtre blogueur, Olivier Gaignet,
curé de Fontenay-le-Comte et de
Fontaines, de 2007 à 2012. Son blog fut en réalité
sa troisième paroisse, rassemblant chaque jour plu-
relevé la qualité de l’ouvrage en notant la position
délicate des jeunes appelés confrontés à une guerre
cruelle et aux débordements et comportements de
certains officiers. C’est effectivement très bien noté,
sobrement, Bernard Nicolas ayant toujours réussi à
refuser de participer personnellement à une action
contraire à ses convictions d’humanité. Cela donne
une autre dimension à ce journal de la vie ordinaire
d’un appelé en Algérie.
J. R.
sieurs centaines de paroissiens du net. Il poursuit
aujourd’hui son ministère à Mortagne-sur-Sèvre.
Ses lecteurs fidèles retrouveront pleinement dans ce
dernier opus le pasteur curieux, ouvert au monde,
assoiffé de communication. Écrits avant l’arrivée du
pape François, ces billets quotidiens s’inscrivent parfaitement dans l’esprit nouveau qu’il fait souffler sur
l’Église et sur le monde. Au risque salutaire d’énerver les nostalgiques d’une religion corsetée et repliée
sur elle-même et sur un passé révolu.
G. B.
Mireille Bouquet-Dechaume
Faire son livre
quelle aventure !
Fait de société, 105 p.
Mireille Bouquet-Dechaume a
écrit un premier livre Je ne vous
appellerai jamais Maman. Curieusement, un deuxième ouvrage le
suit : Faire son livre, quelle aventure !
Elle passe en revue toutes les affres de l’apprentie en
lettres face au monde de l’Édition. Un voyage souvent traumatisant qui commence par la rédaction
de son manuscrit puis par la recherche d’un éditeur.
Nul ne peut oublier ce jeu de piste du début en écriture, qui doit se terminer chez un libraire. Même,
un des plus illustres écrivains, Marcel Proust, a
commencé son aventure littéraire en finançant la
sortie de sa première œuvre : c’était Du côté de chez
Swann.
Écrire oui ! Être édité ?
RMB
Dominique Dumollard
Dans quelle société voulons-nous vivre ?
Écrituriales, 204 pages, 12 €
Dans son antre du Longeron, à un
pas de la Vendée et deux de Cholet (ne lui dites-pas qu’il n’est pas
Vendéen !), Dominique Dumollard a conçu un essai
sur la société d’aujourd’hui, celle dont il pressent un
besoin de profonde mutation.
Cadre dans de grandes entreprises, consultant dans
des cabinets-conseils, Dumollard écrit une analyse
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
qui a pouvoir de se lire comme un roman. Un ouvrage où il exprime de nombreuses craintes, notamment celle que nous vivons, à savoir « une fausse démocratie », dont l’arme suprême est l’argent. « Nous
sommes plutôt en oligarchie », analyse le cadre.
L’abstention aux élections ? « C’est un fait particulièrement important et grave ».
Les trente glorieuses, mai 68, l’endettement à partir de 1974, l’Asie et le pouvoir planétaire, rien
n’échappe à son analyse. Et la seule force sur laquelle
peut encore « compter notre société pour faire bouger les choses est celle des citoyens. Auront-ils la sagesse d’exiger plutôt que de s’indigner ? »
PhilG
85
Didier Giroud-Piffoz
Lettres d’amour
d’un grand-père
à ses petits-enfants
L’Onde, 236 p.,
Il est précisé : « Cet ouvrage
peut être lu sans avoir lu les précédents… » Je n’aime pas trop
prendre une œuvre sans connaître les précédents vo-
lumes, pourtant le mot « Lettres » m’attire, j’apprécie
particulièrement l’art épistolaire ; il nécessite de la virtuosité et de la sincérité, quel bonheur de lire Madame de Sévigné ; eh bien, j’ai pris du plaisir à lire
les missives de Didier Giroud-Piffoz. Que d’amour
dans ces lettres ! Quelle bonne idée littéraire d’avoir
décidé d’écrire chaque mois, lors de l’anniversaire de
leur naissance à chacun de ses petits-enfants depuis
quatorze ans. Nous sommes au troisième tome, je
vous laisse découvrir le nombre de ses petites-filles
et petits-fils.
RMB
Yves Joguet
Un Connu au bataillon
Durand-Peyroles. 104 p., 14 €
Le temps passe très vite et les souvenirs s’effacent. Seuls les événements importants laissent une
trace, mais qu’en est-il de la vie quotidienne ? Heutrace
reusement, il y a toujours quelques témoins pour
nous rapporter ce qu’ils ont vécu au jour le jour.
Yves Joguet évoque ce service militaire que les jeunes
générations n’ont pas connu, service effectué dans
le prestigieux Bataillon de Joinville. C’était, pour
beaucoup de ruraux, leur première sortie du milieu
familial. Apprentissage de la vie collective, de l’amitié, de la solidarité; mais également, la découverte
de l’Armée, du paquetage, de la revue de détail, la
discipline et les défilés!
Enfin, il nous donne une vision particulière de la
Guerre d’Algérie, aujourd’hui si lointaine. Guerre
vécue par un appelé qui a porté l’uniforme, durant
vingt-huit mois, sans romantisme ni héroïsme.
M.D.
Francis Bergeron
illustrations Fanny Lesaint
Orélian Bordesoule
et le mystère d’Arundel
Beaupré, 94 p., 9 € 90
C’est une intrigue policière bien
menée qui pourrait, en version
adulte, s’adresser « aux parents ». Mais elle est destinée aux enfants à partir de 8 ans. Elle se déroule
aux Sables d’Olonne, la veille du départ du Vendée
Globe. Où est donc passé Tanguy Guenolé, le skipper du « Régal du Berry » ?… le nom de la société
qui sponsorise le bateau. Et le sponsor est le Papa
d’Orélian.
Marie-Claude Bellande
Christophe Ménard, Karl Morais
Bibouné et Charliri
refont le monde
suivi de Monsieur Miaou,
Sté des écrivains, 27 p.,
Livre pour enfant, il est toujours plaisant de s’y
plonger, une bonne façon de retrouver quelques
Parallèlement à la Police, Orélian enquête de son
côté avec son ami Mathias. Il faut retrouver le skipper ! Ils le retrouveront après une course-poursuite
sur skate-board à travers les Sables, de la place de la
Poissonnerie à la rue des Halles, de la rue de l’Enfer
à la rue de la Patrie. (On croit reconnaître ici ou là
le logis de Longpré où habite la famille d’Orélian…)
Et du quai des Boucaniers à La Chaume, au souterrain qui conduit à une cave de la Tour Arundel :
plus précisément au « cachot de la chèvre » où est
enfermé le prisonnier. Question : par qui Tanguy le
skipper a-t-il été kidnappé ? Par les trois frères ChowPing, des chinois gros comme des sumos (qui, eux,
sont japonais). Quel suspense !
F. M.
émotions d’antan. Je vous invite à connaître Bibouné, l’oiseau roi. et connaître les états d’âme de
Bibouné. Il n’y a pas que notre grand fabuliste Jean
de La Fontaine qui fait parler les animaux, notre auteur y excelle. Monsieur Miaou apparaît dessiné et
colorié en bleu page 21. N’existe-t-il pas des petits
personnages de bandes dessinées de cette couleur ?
Je n’ai pas pu m’empêcher d’y penser.
Quand même un chat qui aime danser avec des souris, ce n’est pas ordinaire !
RMB
86
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Jeunesse, divers
Anne Dumergue
Illustrations Bruno Dumergue
Jules et l’arc-en-ciel
Durand-Peyroles. 100 p., 10 €
L’histoire : un petit garçon prénommé Jules s’endort, par un bel
après-midi d’été, dans son petit bateau. Et il rêve…
Il fait un étrange voyage. Perdu en pleine mer, il
est sauvé lorsqu’un arc-en-ciel apaise la tempête et
le conduit sur une plage bordée d’une forêt mysté-
rieuse. Il y rencontre la fée Hemera et ses amis : le
chat malin qui s’appelle Malice, Grumpy le hibou,
jamais content, Sammy l’écureuil peureux, Minirel
le babouin barbu qui a un don d’invisibilité et Marc
le sanglier, un grand susceptible ! Tous vont l’aider à
affronter le sorcier Erèbe qui a subtilisé le médaillon
magique de la fée…
Après maintes chicanes et péripéties, la petite
troupe traverse à nouveau un bel arc-en-ciel. Jules
se réveille dans son bateau. Heureux de retrouver
sa mère et sa petite sœur inquiètes de son sommeil
profond. La vie est belle !
F. M.
Serge Perrotin
L’échange de Maison
Durand-Peyroles, 124., 9 €
Les histoires pour enfants sont un
genre particulier. Après de nombreux scénarios de B.D., Serge Perrotin s’est essayé à l’écriture. Après
un premier «voyage-enquête»,
suivant une heureuse formule, nous voici dans une
nouvelle aventure d’Alex et Tais.
Didier Giroud Piffoz
Sœur Yvonne
vendéenne d’Ahmedabad
Ella, 200 p., 17 €
Joli témoignage d’une Vendéenne
hors norme ! Émaillé de quelques
Cette fois-ci, nos héros se retrouvent en Australie,
à la suite d’un échange de logements pour les vacances. Pour eux, c’est un dépaysement complet.
Après un voyage en avion, légèrement mouvementé,
ils découvrent la conduite à gauche et des animaux
étranges. Une petite enquête mystérieuse les mettra
en contact avec des aborigènes et leurs dessins. Le
tout forme un mélange agréable et instructif qui ravira de jeunes lecteurs.
À quand le prochain volume ?
M. D.
photos, lettres et quelques textes de sœur Yvonne,
elle-même, ce livre reflète la vie d’abnégation de
cette religieuse extraordinaire...
« Sœur Yvonne à 95 ans poursuivra son combat
jusqu’à sa mort à plus de 101 ans. Presque aveugle
et sourde, à l’aide de sa canne, elle profite encore de
la Jeep du père qui va dire la messe dans les villages
pour aller visiter les plus démunis. »
E. T.
Yannick Hélary
Bruno de la Pintière
Le Bouquin de Vénerie
Hérault, 214 p., 33 €
Yannick Hélary est veneur et sonneur. Il nous livre un “dico” d’expressions de vénerie rempli de malice et d’esprit.
On y trouve des définitions académiques et des
termes bien de chez nous, le tout est émaillé de
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
riches sous-entendus et rythmé de contrepèteries
avec en prime quatre-vingt-dix-neuf fanfares, paroles et musique.
En vénerie, on “parle”, on “crie” et on “sonne”.
Une fois la chasse terminée, il reste à “écrire” et à
“dessiner”. C’est à quoi se sont attelés avec brio les
auteurs de ce truculent ouvrage qui bénéficie de
cinquante illustrations dues à la plume alerte, humoristique et surtout talentueuse de Bruno de La
Pintière.
AHH
87
Jeunesse
Jean-Claude Lumet
William Poire
au Sénégal (tome V)
Petit Pavé, 244 p., 17 €
Votre interlocuteur, qui aime tant
se vanter qu’il fut cancre légendaire,
le seul de sa classe qui n’obtint pas
son CAP routier au lycée Guitton à
La Roche-sur-Yon, est vert de rage ! Vraiment énervant ce cancre de William Poire, personnage créé par
l’enseignant vendéen Jean-Claude Lumet ! Énervant
d’être aussi fort d’être aussi cancre ! Ces nouvelles
aventures, les cinquièmes, transportent ce dernier de
classe au Sénégal, chez son copain Omar, l’avantdernier de la classe !
Car William reste le plus fort, même quand il écrit
à son grand-père, le seul membre de la famille qui
ne le rouspète pas pour ses résultats scolaires. C’est
promis, Papy, il lui ramènera une poudre « affreudisiaque », ce qui évidemment lui vaudra un sermon
de Mamy. Car William ne se contente pas d’être
cancre, il est aussi gaffeur. Avec Poire, on peut rire
à toutes les pages et dans cet épisode, on découvre
aussi un merveilleux pays : le Sénégal. Lumet, le
Vendéen de Thouarsais-Bouildroux connaît bien
ce pays d’Afrique pour y avoir démarré sa carrière
d’enseignant et gardé des amis pour la vie. Mais
Jean-Claude Lumet annonce que ces aventures de
William sont les dernières ! On ne peut s’y résoudre.
Comment cet enfant grandira-t-il ? Comment cet
autodidacte s’en sortira-t-il jeune adulte ? Lumet
ne peut nous priver d’une suite. Votre interlocuteur
veut boire le calice jusqu’à la lie.
PhilG
Raynaldine Ridel
Une vie de chien… heureux
40 p., nombreuses illustrations, 12,50 €, renseignements auprès de l’auteur, 06 82 79 33 39
Raynaldine Ridel est auteur-illustrateur. Cette jeune
Belvérine a aussi animé des ateliers pour les enfants,
par le biais du Conseil général. Elle était présente
au salon du livre de Saint-Gervais, pour dédicacer
son ouvrage référence, un livre pour enfants contant
Yvan Magaud
Duel de Fées
Durand-Peyroles, 135 p., 15 €
Les légendes ont engendré bien des
romans. C’est cette voie qu’a choisi Yvan Magaud. La fée Mélusine
réalise que tous ses malheurs pro-
l’amour de son chien. D’où le titre de son ouvrage,
ce chien heureux qu’elle nomme Oman dans son récit, qui dans la réalité était un jeune berger belge.
Un livre frais, pour enfants et pour adultes le lisant
aux petits ! Avec ce chien heureux, on se retrouve
même sur le Gois !
Raynaldine n’en est pas à son coup d’essai avec cet
ouvrage. On lui doit trois précédents albums : Les
oiseaux des marais ; La grenouille et l’oiseau ; Histoire
d’une amitié.
PhilG
viennent d’une même personne : Morgane, la reine
d’Avalon. Aidée par Viviane, une fidèle amie de sa
mère, elle entreprend de se venger. Mais Morgane
est bien décidée à mater son ennemie et à conserver
sa domination sur tout ce qui constitue la magie de
Brocéliande.
Une écriture alerte. Des dialogues qui donnent vie
au récit. Un bon travail d’écrivain, agréable à lire.
Jacques Bernard
Jean-François Dubois
Les Kabouters et Mathilde
Édilivre, 30 p., 8 € 50
Grand Ami rencontre une petite
fille de sept ans environ prénommée Mathilde.
Ensemble, l’homme et l’enfant
vont découvrir un monde qui associe le réel à l’imaginaire. celui de Zif, Pok et Bun les
trois nains malins….
88
Un conte pour enfant très joliment écrit par le Docteur Jean-François Dubois durant ses études de médecine (Grand Ami, c’est lui), et qu’il vient de faire
paraître. Un texte poétique offert aujourd’hui « à
mes enfants et mes petits-enfants et à tous les enfants que j’ai soignés et qui, devenus parents, m’ont
confié leurs propres enfants ».
Trente pages de bonheur et de sensibilité que les
grands liront aussi avec plaisir.
F. M.
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Nouvelles, Divers
Bruno Picquet
Tribulations à l’intérieur
d’un cerveau tourmenté
Lettmotif, 126 p., 14 €
Ce natif du bocage a fini sa carrière
professionnelle comme commissaire de police à Nantes et profite
de ce temps désormais libre pour
Joël Bonnemaison
La fabuleuse histoire
des Trésors
La Monnaie, 400 p., 29.90 €
Du théâtre au roman policier, de
l’essai au pamphlet, Joël Bonnemaison part ici à la conquête des
trésors du monde. Enfouis, engloutis, cachés, volés,
à découvrir, l’histoire rocambolesque d’une soixan-
Michel & Danielle Bayer
Chapelle St- Hilaire de la Dive
60 p., chez l’auteur
Cette brochure cherche un éditeur pour élargir la diffusion des
recherches des Bayer sur ce lieu
écrire. Il sort son deuxième ouvrage, encore une fois
à l’écriture léchée. Le titre laisserait à penser qu’il
aborde une méditation mais ce sont des nouvelles.
Treize exactement, et autant de tribulations, celle
d’un chapeau magique, celle de miroirs envoûtants,
celle d’un ordinateur en fin de vie, d’un violon qui
mène en prison !... Le commissaire divisionnaire a
bien mené sa barque à nouvelles. Ses récits sont plus
proches du fantastique que d’un cerveau tourmenté.
En trois mots : on se pourlèche.
PhilG
taine de fortunes inestimables. L’invincible Armada,
les Templiers ou celle qui sombra peut-être dans le
Rhin, Al Capone, Law, Charette, le train postal Gasgow-Londres, Toutankhamon ou Napoléon. Il y en a
pour toutes les imaginations, tous les goûts. Une superbe iconographie séduira les bibliophiles. Quatre
cents pages d’évasion, de merveilleux, d’histoires et
de légendes émaillées de diamants, d’or, de bijoux
et de mystères. Mais si la légende est plus belle que
l’histoire, il faut toujours imprimer la légende !
E. T.
d’exception, la Dive et sa chapelle, redevenues île
lors de la tempête Xynthia en 2010. Superbes l’iconographie, la recherche, la restauration ; une merveilleuse action pour la découverte, la restauration
et la transmission de notre patrimoine. Un exemple
à suivre pour tous ceux qui ont à cœur de ne pas
laisser s’écrouler nos trésors.
J. R.
Marie-Claire Bruno
Une cure de jouvence
120 p., 9 €
Marie-Claire nous étonnera toujours. Après avoir - bien - étudié
le sujet du respect des personnes
âgées en maison de retraite (Je vous avais promis
2012), elle change complètement de genre avec ce
roman champêtre et plein d’humour. Cinq années
de la vie d’une petite station thermale : personnages
hauts en couleur, joies, drames, intrigue… Une histoire qui vous permettra de vous évader du quotidien et vous fera sourire à maintes reprises. Une cure
de bonne humeur !
Thérèse Davesne
Chantal Rautureau
Lola
280 p., 19 €
Est-ce que ce livre a bien sa place
dans cette honorable revue ? Lola
collectionne les amants, les histoires, les malheurs et trouve rarement le plus petit des bonheurs. Une triste existence
remplie de rencontres et de quelques relations qui
reviennent épisodiquement. Mais qu’elle traverse
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
avec soumission et gaieté. Tout cela, et il s’en passe
de belles, se déroule aux Sables d’Olonne et dans le
pittoresque quartier de La Chaume. Dans les bars,
les commerces et dans bien des lieux familiers pour
qui connaît la ville ! Et même dans le Bocage où serveuse quelque temps au Puy du Fou, elle croise Philippe de Villiers. Il lui fait une bise ! Lola ou le dur
côté de la vie. Avec Bertrand, Tristan, Matt, Magid
et les autres. Un bon point pour les nombreux portraits de personnages très bien croqués.
F. M.
89
Robert et Pierrette Loiseau
Le cidre de la pomme acide
de Bretagne
La mirabelle, fruit d’or de
Lorraine
254 p., 15 €
Quel point commun entre un
jeune Breton citadin et une jolie
Lorraine subissant le joug allemand dans sa campagne pendant la guerre ? A priori aucun…
Chacun d’eux décrit la période d’avant-guerre, les
années 39 à 45 et l’après-guerre, les contraintes et les
privations vécues de part et d’autre, la vie de labeur,
la solidarité, le courage et les rares joies… Le destin amène Robert à Metz pour son service militaire.
C’est le coup de foudre et un mariage heureux.
Ce livre écrit « à quatre mains », plein d’émotion et
d’humour, nous fait traverser la France et découvrir
les us et coutumes de chacune des deux régions.
Dix ans après le décès de son épouse, Robert Loiseau, habitant Saint Vincent-sur-Jard, autoédite ce
double témoignage poignant.
T. D.
Marie-France Thiery-Bertaud
Vendée en 40 recettes
Mines de Rien. 15 €
Il est difficile de juger un livre de
cuisine sans en avoir mitonné certaines recettes. Mais l’auteur saupoudre ses quarante plats d’idées
originales ou d’alliances gustatives
nouvelles, d’où un intérêt immédiat pour ce livre!
John Paul Carmona
Yeu à la bouche
un chef à l’île d’Yeu
L’épure, 78 p., en français
suivies d’une english version, 20 €
Un livre de recettes pas comme
les autres. L’auteur s’appelle John
Paul Carmona, grand Chef dont le restaurant est en
Californie et dont les recettes ont comme base des
produits du sol et de la mer de l’île d’Yeu. Il y est
Quelques exemples : les langoustines sablaises en
salade tiède au foie de canard (p.27). Une salade
de mogettes aux coques (p.33). Un tartare d’huîtres
aux dés de pommes, salicorne et blanc de Brem
(p.35). Ou un petit lapin qui s’était « enivré » à
la bière Mélusine - et au Cognac (p.69). Passionnée
par l’histoire culinaire de la Vendée, Marie-France
Thiery-Bertaud a été deux fois sollicitée par France
3 pour représenter sa région dans l’émission « Midi
en France ».
F. M.
venu en vacances et en est tombé amoureux. Dans
une courte préface, il en parle avec un enthousiasme
communicatif. Les titres de ses recettes éveillent la
curiosité et l’appétit par des associations inattendues, l’emploi d’herbes et d’épices. On trouvera, par
exemple, des patagos (Vénus) avec des mogettes et de
l’huile d’immortelles des dunes ou des pâtes fraîches
à l’encre de seiche.
Les explications sont claires, les recettes facilement
réalisables, les photos nombreuses. Les textes ont été
rédigés par Sophie Archambeau et Angélique Villeneuve.
L G.
Florence Thuillier
Le jeu de l’âne
[email protected], 25 €
Quelque chose de nouveau, de ludique et d’éducatif inspiré du jeu de l’oie, pour les
curieux, les amoureux de l’île de Noirmoutier et les
enfants à partir de 4 ans. Un parcours initiatique
autour de l’île. L’oie est ici remplacé par l’âne, ou
plutôt cagnot en patois vendéen, qui accueille le
joueur sur le passage du Gois et le fait ressortir par
le pont après lui avoir fait vivre quantité d’aventures
pour découvrir les richesses de l’île (son histoire, sa
géographie et son économie).
Bonus lorsque le joueur se trouve sur une case où le
joyeux petit âne caracole, mais attention des pièges
lui son tendus : si les dés le conduisent sur la case des
cabines de plage, obligation d’y enfiler son maillot
et de passer deux tours. Mais le sort peut le diriger
au château où il brûlera les étapes....
Pour être incollable, un livret donne des explications
sur chaque image symbole, des images très joliment
dessinées et colorées qui traduisent à merveille l’ambiance de l’île.
E. T.
90
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Policier
Jean-Luc Loiret
Le marché aux tueurs
Legestenoir, 446 p., 13.90 €
Je me suis bien sûr précipité sur ce
livre dès réception pour retrouver
les nouvelles aventures de Venturini & Co.
L’intrigue, toujours aussi énigma-
Jean-Luc Loiret
Tu l’emporteras pas
au paradis !
Venturini, 384 p., 17 €
Jean-Luc Loiret est bien un maître.
ce dernier policier est encore plus
consommé que les précédents ; les
us, les manières, les méthodes, les
considérations existentielles sont toujours de mise
dans l’histoire et pimentent toujours avec la même
Hervé Perton
Illustrations : Jérem’
Forces de l’Ordre
Crazy World, 12 €
Le monde policier est une source
intarissable d’événements hors du
commun ...
C’est ainsi que s’ouvre la préface du livre sous-titré
Michel Dillange
R.A.S. à Solutré
100 p., 10 €
On connaît la délicatesse et le talent de Michel Dillange, l’ancien
président des Écrivains de Vendée. Ce Luçonnais d’origine a signé une quinzaine d’ouvrages, dans des genres différents. Pour exemple les deux avant-derniers : Le
pêcheur et le poisson bleu (Chantuseries Éditions)
et une Histoire de la Vendée monumentale (Geste
Éditions). Car ce retraité de 81 ans, avec sa barbe de
mandarin occidental, est un ancien architecte. Il fut
même chargé de la première agence des Bâtiments
de France à Paris.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
tique et imprévue, n’est qu’un prétexte pour nous
convier aux dessous d’une enquête à la Venturini,
aux dessous des rapports entre policiers...
Une série de portraits attachants et les tribulations
des personnages et de leurs sentiments les uns envers
les autres... Une peinture toute en finesse avec tous
les ingrédients d’un excellent polar.
Je me précipite donc sur le nouveau, arrivé aujourd’hui...
J. R.
efficacité les enquêtes du commissaire Venturini
mais ici la chasse au tueur prend le devant de la
scène et le rythme ne faiblit pas.
Il fallait bien aussi que notre commissaire et son
équipe montrent que ce sont eux qui mènent la
danse, face à un commissaire Lebeau vraiment à
coté de la plaque et à un, une, juge d’instruction elle
aussi hors des clous.
Venturini & Co mènent donc le bal pour notre bon
plaisir et nous rassurent sur la qualité de notre police !
J. R.
« Interventions insolites », L’auteur sait de quoi il
parle, il est lui-même policier municipal en Vendée
depuis 1994. Observateur privilégié, il relate les faits
divers récoltés à travers le monde dans l’exercice de
cette profession où tout peut arriver. Les surprises
sont innombrables et si elles sont souvent cocasses,
elles sont parfois tragiques. Un bon moment de lecture.
R. A.
Dans son dernier livre, un roman court, il change
encore de genre, fait cette fois-ci dans la politiquefiction avec R.A.S. à Solutré. Un polar avec pour
toile de fond la fameuse roche que célèbre chaque
lundi de Pâques le président de la République François Mitterrand. Flics, barbouzes et journalistes se
croisent sur l’événement qui pourrait devenir un
fait divers des plus étranges après la découverte d’un
cadavre dans le village. Un cadavre qui ressemble
étrangement au président des Français de 1981 à
1995… Dillange distrait ses lecteurs en les menant
au bout de l’intrigue sans coup férir. Et il semble
également beaucoup s’être amusé à écrire cette
histoire. Son style léché est débridé, relâché. C’est
peut-être ce qui le rend aussi dynamique dans cette
histoire pas si abracadabrante que ça !
PhilG
91
Le souvenir vendéen
N° 266, 68 pages, 8 €
Dans la préface du dernier numéro
paru en mai, le directeur de la publication Michel Chatry tance certains responsables de l’Éducation
nationale sur leur perception des
Guerres de Vendée 220 ans plus
tard ! Pas de quoi refaire une nouvelle guerre, ironise-t-il, en déplorant ce lavage de
cerveau sur la réalité historique, notamment l’horrible répression militaire républicaine.
Ce numéro est aussi l’occasion de rendre hommage
à Thérèse Rouchette, « l’historienne des oubliés »,
et de donner des avis sur Le général du Roy, le film
de Nina Companeez tourné aux
Brouzils et que nous évoquons
avec enthousiasme dans ce numéro de Lire en Vendée. La Revue du
Souvenir vendéen est plus mitigée.
Daniel J. Amaglio estime que « le
miracle ne s’est pas produit » avec
ce téléfilm.
Est aussi évoqué l’Oratorio du pardon au Vendespace en mars dernier.
La revue a apprécié à sa juste mesure l’intervention
de Bruno Retailleau, avant que Bruno Coulais ne
joue cet oratorio écrit par Yves Viollier devant trois
mille personnes. Enfin, on aimera l’explication donnée sur le surnom de « damnion » par les Maraîchins
aux Bocains naguère.
PhilG
numéro 268, 70 p., 7 €
s’abonner : BP 40612, 49306, Cholet cedex ;
www.souvenir vendéen.org, 02 41 62 11 31
Bien sûr, avec ce trimestriel, on
sort des frontières du département Vendée pour celle de la
« grande Vendée », celle militaire de
1793…. Car la revue, qui est aussi
de recherches, garde son attachement à cette épouvantable guerre
civile qui fit tache sur la Révolution. Cette revue est
même indispensable pour tous ceux qui connaissent
les grandes lignes, l’insurrection, la bataille de Cholet, la virée de Galerne, les Colonnes infernales…
À propos de la Virée de Galerne, on se souvient tous
qu’après la défaite de Cholet en octobre 1793, sur
les bords de Loire, Bonchamps accorde le fameux
pardon ; tandis que Lescure, le « saint du Poitou »,
grièvement blessé, meurt durant la Virée, le 4 novembre 1793. Où ? Aux Besnardières, en Mayenne.
Il faut lire Paul Liguine, auteur du « reportage » intitulé : Ici Saint Lescure est mort. Autre article passionnant, et terrifiant, celui du rédacteur Daniel J. Amaglio sur la guillotine dressée aux Sables d’Olonne. Il
rappelle qu’en avril 1793, la Commission républicaine fera venir la guillotine de Fontenay-le-Peuple
(son nom alors), en attendant qu’un charpentier sablais (Nobiron) en fabrique une, la lame forgée par
Troussicot, le maréchal-ferrant de Commequiers.
Cruelle ironie, ce couperet façonné de ses mains, lui
tranchera la tête quelques mois plus tard.
Mais cette guillotine, placée au bout du remblai est
exposée aux embruns salins et se dégrade. Ce qui explique que la Comtesse de La Rochefoucauld-Bayers
et son fidèle fermier Joseph Thoumazeaux seront fusillés. Face à la guillotine.
PhilG
Société d’Histoire et d’études
du Pays Challandais
Vendée du Nord-Ouest
juin 2014, 228 pages, 30 €
Cette revue est d’abord le carnet de
bord des activités de l’association
qui n’en manque pas. C’est aussi la
publication des recherches que les
érudits de l’association mènent avec une belle passion et une belle réussite sur tout ce qui concerne
le Pays Challandais. Une mine de renseignements
les plus divers que l’on découvre dans ce précieux
bulletin qui fête cette année son 40e anniversaire.
On y parle de tout, même de foot et de cinéma et
d’espions, rien d’étonnant quand on sait que notre
ami Philippe Gilbert s’investit de plus en plus dans
cette revue aussi ! Théo Rousseau est intarissable sur
les huîtres de Bouin et Philippe Jaunet sur l’histoire
de Mermande mais on saura tout sur les meuniers,
un maréchal-ferrant, les faux assignats, Jean-Baptiste de Couetüs, second de Charette, Victor Hugo
et même un « Perroquet Vert », maison-buvette pour
laquelle L’auteur note que les vieux Challandais sont
d’une discrétion remarquable.
J. R.
92
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Revues
Drac Pays de la Loire
Parlez-moi Patrimoines
Revues disponibles gratuitement
à la DRAC des Pays de la Loire
[email protected]
À l’occasion du centenaire de la
loi sur les monuments historiques,
la Direction régionale des Affaires
culturelles des Pays de la Loire vient d’inaugurer une
collection de revues consacrées au patrimoine. Les
deux premiers ouvrages, remarquablement illustrés,
présentent deux domaines patrimoniaux particulièrement riches.
Le premier, Une foule d’objets (120 p.), s’intéresse
à quelques-uns des 16 000 objets protégés en Pays
de la Loire. Certains sont prestigieux : la Tenture de
l’Apocalypse à Angers ou le Belem, bateau emblématique du port de Nantes. Huit articles sont consacrés à des objets vendéens, comme le bronze du Tigre
à Mouilleron-en-Pareds, les Muses du Château de
Terre-Neuve à Fontenay-le-Comte, la Descente de
Croix de Lubin Baugin dans la cathédrale de Luçon
ou encore les retables de l’église Saint-Martin du Bernard.
Le second numéro, Des immeubles
dans tous leurs états (84 p.), met en
évidence, parmi 2 000 immeubles
protégés, des bâtiments très différents et des parcs et jardins
remarquables. Son déroulé, plus
thématique, emmène en Vendée
vers les églises de Sainte-Cécile
et de Saint-Louis à La Roche-sur-Yon, le jardin de
William Christie à Thiré, le phare de l’Armandèche
aux Sables-d’Olonne, le château en béton armé de
Luçon. Sans oublier à la veille de cette année du
centenaire de la guerre de 14-18, le monument de
Clemenceau à Sainte-Hermine et sa « bicoque » de
Saint-Vincent-sur-Jard.
G. B.
DI ME Z-OU
N° 20, juin 2014, 72 p., 9 €
Un numéro spécial rempli de souvenirs, de témoignages et de recherches sur les effets de la Guerre
de 14 sur les habitants du pays des
Revue Administration
Contacts : Tél : 01 45 64 47 09
[email protected]
12,50 € (conditions particulières à partir de
10 exemplaires)
Publication, dirigée par JeanClaude VACHER, ancien Préfet
de Vendée, ni aussi austère ni technique que son titre pourrait le laisser penser…
Ses dernières parutions abordent,
comme à l’habitude, des problématiques de la société française qui
nous concernent tous.
Défense : nouvelles donnes, n° 242
dans lequel figurent les signatures
de tout ce que lla France compte de hauts respond
sables (dont le Chef d’Etat Major des Armées, un
Vendéen !) n’esquive, par exemple, aucune des
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Achards. Ces faits précis nous donnent un éclairage
très concret sur la vie aux Achards pendant la guerre
et sur celle des soldats. Un beau travail de recherche
de fonds pour que ne se perde pas le souvenir et
la reconnaissance dus à tous pendant cette période
particulièrement cruelle...
J. R.
contradictions entre engagements
de la France dans le monde et
contraintes budgétaires…
Accompagner le handicap, (n°243),
pour sa part, fait le point très complet des dispositions existantes
pour tous les handicapés. Ce numéro, en effet, nous rappelle - ou
nous apprend – que si bon nombre
de progrès ont été accomplis en matière de connaissance des handicaps, leur accompagnement et leur
prise en charge sont encore perfectibles…
La revue s’est vu décerner le label « Centenaire de
14-18 » pour ses rubriques « Histoire » et « Mémoire ».
les deux prochains numéros traiteront respectivement de Les Métropoles, villes du futur, n° 245
mars 2015, et de L’administration de la Montagne,
n° 246 juin 2015, confirmant ainsi l’éclectisme de
cette revue.
93
Roger Albert
Mémoire d’un pays
Geste, 226 p., 25 €
Ses responsabilités et ses engagements citoyens et professionnels,
son attachement à sa commune
de La Tardière, on fait de Roger
Albert un témoin attentif et éclairé des évolutions de la vie rurale d’un village - et
de quelques autres aux alentours – dans la seconde
moitié du XXe siècle. Ce livre de mémoire se nourrit d’entretiens avec des anciens, entre entre 1996
et 1998, puis dix ans plus tard. L’intérêt de ces témoignages n’est pas dans leur nouveauté, mais bien
davantage dans leur proximité et dans leur liberté.
Roger Albert les restitue dans toute leur fraîcheur
et leur spontanéité. Les anecdotes cocasses, jamais
méchantes, les souvenirs et des nostalgies bien compréhensibles illustrent les richesses et les peines des
générations d’avant, avec l’espoir constructif qu’elles
serviront à celles d’aujourd’hui et de demain qui,
sans toujours bien le savoir, leur doivent beaucoup.
G. B.
Contes en pays de Palluau
Le Jarosset, 180 p., 15 €
La belle initiative du Festival de
l’Ecriture de Terroir et du roman
régional du Pays de Palluau est
l’occasion aussi de la publication
d’un livre de contes. Un concours
de contes et nouvelles est à l’origine de ce recueil « Il
était une fois, en Pays de Palluau... ». Douze contes
des douze lauréats commencent par cette incantation merveilleuse et on est embarqué à la découverte
de la source fabuleuse, des épouvantails du bord de
la Vie, de la légende de la chapelle fondue... Un second festival devrait voir le jour l’an prochain. Et un
nouveau livre de contes !
Y. V.
Monique et Alexis Bétus
Le canton de Challans
Sutton, 128 p., 21 €
Dans la très dense collection Mémoire en images, les éditions Sutton
poursuivent leur tour de Vendée
des cantons. Avec les six communes de celui de Challans. Le concept demeure:
en général, pour chaque page, deux cartes postales
ou photos anciennes, une solide légende. Pour les
sources et les documents, les auteurs ont consolidé
Louis Moinard
Grandir là où on a été semé
196 p., 15 €
Il a trait les vaches, conduit les
bœufs et les chevaux, puis il s’est
retrouvé un jour sénateur de la
Vendée, dans les ors du Sénat. Et,
au fond, il trouve ça tout naturel.
C’était évidemment improbable. À 83 ans, Louis
Moinard, questionné par Janine Tirbois et Annie
Jauzelon, raconte son parcours étonnant. Le petit
garçon de Denant, le collégien de Saint-Jo à Fontenay, le militant de la JAC, le responsable des lai-
de nombreuses contributions. Le marais breton vendéen offre naturellement des angles très originaux à
la mémoire : le maraîchinage, la chasse, le bal chez
Raballand, le canard des princes, la foire des quatre
jeudis, le groupe folklorique du Bouquet d’ajoncs,
la yole qui amène Mgr Cazaux... L’album met aussi
en évidence quelques grandes figures qui ont illustré
ou développé la région: André de Rivaudeau, poète
de la Renaissance, René Bazin, l’aviatrice Jacqueline
Auriol, Michel Vrignaud, l’âme du basket challandais, les maires Jean Léveillé et Louis-Claude Roux
par exemple.
G. B.
teries coopératives, le maire, le conseiller général, le
sénateur, le père de famille aussi racontent tour à
tour les étapes d’un cheminement comme il n’en est
guère plus. Son histoire personnelle est aussi celle
de plusieurs générations, de la guerre de 39 - 45 à
nos jours. Elle croise des visages connus de l’histoire
contemporaine, avec une fraîcheur et un engagement serein qui réconcilient avec ce que la responsabilité civique porte en elle de meilleur. Un apport
précieux à l’histoire de la Vendée, en particulier celle
d’un sud souvent trop ignoré.
Cet ouvrage est notamment disponible à l’Abbaye
de Nieul-sur-l’Autise, à l’Office de tourisme de
Maillezais et au Musée de la Mine de Faymoreau.
G. B.
94
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Régionalisme
Philippe Gilbert
Crimes et catastrophes
de Vendée
Geste, 232 p., 18 €
Philippe Gilbert est journaliste et
il adore écrire des nouvelles. Métier et passion se conjuguent en lui
pour raconter une trentaine de faits
divers, des crimes et des catastrophes survenus en
Vendée depuis le XVIIe siècle jusqu’à aujourd’hui.
Philippe Gilbert a relu les journaux qui ont relaté
ces événements. Il rappelle les naufrages du Lancastria et du Saint-Philibert, le coup de grisou de
Faymoreau ou l’accident ferroviaire de Chantonnay
en 1957. Les lecteurs se passionneront comme lui
pour le crime non élucidé de l’infirmière de Maillé,
la folle équipée du tireur fou qui répandit la peur
sur toute la Vendée (1972), la rocambolesque odyssée du cercueil du Maréchal Pétain ou la tentative
d’attentalors de la venue de Jean-Paul II, en 1996, à
Saint-Laurent-sur-Sèvre.
Au total, une trentaine d’histoires troussées d’une
plume alerte, avec le souci de la mise en scène et du
détail significatif. Un hommage confraternel aussi
aux journalistes vendéens qui ont écrit au jour le
jour sur ces faits divers tragiques ou parfois sordides.
Tous ces événements dramatiques qui ont secoué
notre région et qui resteront dans les mémoires.
G. B.
Jacques Braud
Ja
Les genoux écorchés
L
SSouvenir d’une enfance en Vendée
Geste, 440 p., 23 €
G
O
Originaire
de Croix-de-Vie, où
il passe ses grandes vacances avec
ses grands-parents, Jacques Braud
se
Maurice Bedon
Les cantons de SainteHermine et de Mareuil
Sutton, 128 p., 21 €
Maurice Bedon poursuit assidûment sa quête de l’histoire
vendéenne à travers les photographies du temps passé. Il s’intéresse aujourd’hui aux cantons, encore existants, de
Sainte-Hermine et de Mareuil. Deux cantons qui
se ressemblent, aux limites méridionales du bocage,
nous raconte son enfance et sa jeunesse dans les collines du bocage autour de Mareuil, au bord du Lay,
les jeux, la bibliothèque et ses mystères, la magie
de Noël, les culottes courtes, le collège de garçons
de Luçon… certains événements peuvent marquer
toute une vie.
Il évoque ces écorchures de l’enfance dont nous portons longtemps les cicatrices, sur les genoux et dans
la mémoire...
jouxtant l’un la plaine et l’autre le marais. L’Histoire pourtant, les sépare. Sainte-Hermine, favorable aux idées révolutionnaires, a été épargnée par
les Colonnes infernales. Mareuil fut, par contre, le
théâtre de plusieurs batailles sanglantes qui furent
des désastres pour les Vendéens. Plus de 250 cartes
postales racontent la vie quotidienne de ces contrées
paisibles, tout au long du XXe siècle.
La grande figure de Georges Clemenceau, les souvenirs de son enfance à l’Aubraie, sa présence idéalisée
avec les Poilus dans le monument de Sainte-Hermine, émergent tout naturellement de cette mémoire en images.
G. B.
Marc Gilbert
Jacques Bousseau
Sculpteur des rois
de France et d’Espagne
Chavagnes Présence du Passé, 189 p., 24 €
On ne dira jamais assez la contribution essentielle des associations
locales du patrimoine, nombreuses et très vivantes
chez nous, à la mémoire de la Vendée. Créée voici un
quart de siècle par Amblard de Guerry, l’association
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
chavagnaise met en lumière un sculpteur méconnu,
y compris de ses concitoyens. Célèbre pendant sa
vie, Jacques Bousseau tomba ensuite dans l’oubli.
Né en 1681 dans une famille d’humbles métayers,
remarqué par l’évêque de Luçon, il apprend son
métier auprès des maîtres parisiens et obtient le prix
de Rome. Il travaille pour Versailles, les Invalides et
Saint-Denis, où ses œuvres sont toujours visibles. Sa
carrière connaît son apogée en Espagne, auprès du
roi Philippe V. Très documenté, cet ouvrage présente
aussi de nombreuses œuvres de ce grand sculpteur.
G. B.
95
Gilles Perraudeau
Le Printemps des massacres
Durand-Peyrolles, 212 p., 17 €
Né et installé à Bois-de-Céné,
commune vendéenne limitrophe
de la Loire-Atlantique, Gilles Perraudeau fut, plus de trente ans durant, professeur de lettres au lycée privé de Machecoul. Cette ville, il la connaît. Et il sait qu’elle doit sa
réputation à sa mâche, à sa fine Seguin (une eau-devie), au château de Gilles de Rais, aux cycles Gitane
chers à Hinault et Guimard et... aux massacres !
Il s’agit de ceux perpétrés par des Blancs contre des
Bleus. Des milliers de paysans sortis de la brume un
11 mars 1793, face à une centaine de gardes nationaux et de bourgeois acquis à la cause de la Révolution. Les Bleus tentent de parlementer, mais c’est le
dérapage. La ville est prise, vingt à trente Bleus sont
tués.
L’infâme Souchu, Blanc puis Bleu, puis Blanc, vaniteux et ambitieux, prend alors la tête du tribunal,
fait condamner et exécuter dix à douze personnes
par jour jusqu’au 22 avril 1793. Environ cent cinquante victimes au total. La Convention en fera une
propagande, annonçant huit cents morts et lançant
la répression et les suites qu’on connaît, « inaugurant » la guerre civile qui allait marquer la Vendée
et l’Ouest.
Mettant en scène personnages existants et imaginaires, Perraudeau colle aux faits, gardant ses distances : on a peu d’archives sur ce massacre. Mais, les
historiens Jean-Yves Clément et Reynald Seycher, aux
opinions différentes, minimisent eux aussi.
Dans Machecoul aux draps trempés de la sueur de
la peur, Perraudeau s’immisce dans les jours les plus
meurtriers de l’histoire de cette ville. Son roman est
d’une veine populaire, dans le sillage de l’écrivain
vendéen Yves Viollier. Le Cénéen confirme son talent après avoir reçu le prix du Héron cendré au Salon
du livre de Saint-Gervais en 2011.
Philippe Gilbert
Gilles Perraudeau
Maraîchins, nous voilà !
Geste, 210 p., 25 €
Le titre, un rien provocateur, trouvera son explication à la fin du
roman. Celui-ci débute en 1940,
dans une commune indéterminée
du marais breton vendéen. Un territoire singulier dont Gilles Perraudeau connaît tous
les recoins, toutes les figures et toutes les histoires.
Les titres des chapitres s’inspirent de Rabelais et c’est
à sa manière que nous sont racontées les tribulations
de Placide Crosnière. Et surtout celles de ses voisins,
les Raballand, les Gauvrit, les Milcent, toutes et tous
distingués par de subtils sobriquets pour qu’on ne
les confonde point. La première partie, avec l’arrivée
des Allemands et les jeunes années de Placide, est la
plus savoureuse. Après, on se perd un peu dans un
détour humanitaire par Ouagadougou... Mais Placide revient au pays et prend la tête de la contestation contre le Bourinne-Land et le Maraichin’
Park, une sorte de Puy du Fou maraîchin, et les
envahisseurs nantais et parisiens qui colonisent les
charrauds, à la recherche d’ un «maraîchin dream»
snobinard... Mais les Maraîchins finiront par garder
leur marais réel...
G. B.
Françoise Dulong-Laurraine
Esprit-Henri
Baudry d’Asson
Le Hérisson, 294 p., 18 €
Esprit Baudry d’Asson de Grezée
s’est démarqué de son clan mais en
en défendant et en conservant les vraies valeurs. Il
s’est ensuite également démarqué de la République
quand celle-ci, avec la Terreur, n’avait plus aucune
référence à quelque valeur que ce soit.
Plus de deux siècles après qui a encore cette indépendance d’esprit ? Les clans sont les mêmes et on le
ressent fortement dans ce livre !
L’auteur évoque ces clans mais n’en parle finalement
pas au niveau familial même si la branche de Grezée
semble ne plus avoir de liens avec les autres Baudry.
Dommage, mon père a dressé une généalogie plus
complète que l’auteur sur les Baudry de Grezée, établie à partir des documents de l’autre branche (disponible à tous aux Archives de la Vendée).
Merci à l’auteur et à Chassin (La Vendée Patriote)
pour cet éclairage très détaillé et documenté sur ce
général vendéen «hors les douze» qui a commandé
militairement en second la Vendée jusqu’en 1793.
Son amitié avec Lequinio laisse également un peu
d’ambiguïté sur ses relations avec les personnages en
vue à l’époque et sur ses convictions personnelles.
J. R.
96
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Régionalisme
Jean-Claude Chatelier
Une famille vendéenne
dans la tourmente de la guerre
1939-1945
Geste, 262 p., 22 €
Quatre cents lettres échangées
entre les membres de sa famille,
de 1939 à 1955, ont décidé JeanClaude Chatelier à raconter leur histoire. Elle s’articule autour de Benjamin, le grand-père de l’auteur,
charpentier-menuisier à Sainte-Hermine, résistant
de la première heure, déporté – il ne reviendra pas
de Buchenwald - et de son fils Gérard requis pour
le STO en 1943. Ces lettres, ardemment espérées,
censurées parfois, maintiennent les liens familiaux
et racontent en même temps la vie quotidienne et
les angoisses des petites gens du monde rural pendant l’Occupation, à la Libération et dans les premières années de l’après-guerre. La joie de la liberté
retrouvée n’empêche pourtant pas les doutes sur le
passé, ni les tensions familiales. Un livre-témoignage
important pour ne pas oublier les années noires
G. B
Art et Patrimoine
Marie-Thérèse Reau
Patrice Giraud
Luçon, ville épiscopale
303,
Cahiers du Patrimoine n° 107, 288 p., 28 €
Recenser, étudier et faire
connaître le patrimoine culturel est
une compétence régionale. Dans ce
cadre a été réalisé l’inventaire général du patrimoine
de Luçon entre 2006 et 2011, par Marie-Thérèse
Réau, chercheur, et Patrice Giraud, photographe en
confrontant le terrain et les sources, pour tout voir
de l’urbanisme à l’architecture et au mobilier.
L’histoire de Luçon est très liée avec l’Histoire,
qu’elle soit politique, religieuse, sociale... La publication suit un plan chronologique, les œuvres savantes
telles que les traités d’architecture et les oeuvres
régionales sont datées en comparant avec les autres
M-F et J-F Michel, D et J Vitrat
François Théodore Legras
376 p., 75 €
L’histoire d’une dynastie industrielle phare dans la verrerie et
cristallerie artistique et populaire
française de 1839 à 1928, une épopée, un catalogue, une découverte de cette aventure
prodigieuse de créateurs et énergiques industriels de
renommée mondiale.
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villes, et les oeuvres de la ville entre elles. Ainsi à
Fontenay-le-Comte les développements ne sont
pas de la même époque. À Luçon, il y a très peu de
traces de la Renaissance, contrairement à Fontenay.
Il ressort de cet inventaire l’importance du fait
religieux. La véritable naissance de la ville est le fait de
l’évêché en 1317, même si l’évêque et le chapitre avaient
en charge la gestion du port et du marais », rappelle-telle. À partir de 1469, les chanoines se construisent
les grandes maisons à l’extérieur de l’évêché, c’est le
quartier canonial. Enfin, au XIXe, avec le retour de
l’évêque et la prospérité économique apparaissent
les bâtiments publics et de belles demeures.
Parmi les richesses patrimoniales, la voûte peinte
de la chapelle des Ursulines. Je n’en connais pas de
cette ampleur ailleurs qu’en Bretagne et à Luçon. Je
retiendrai aussi l’ancien collège Richelieu (ancien séminaire), l’orfèvrerie de Mgr Baillès et les oeuvres de
Goudji.
Magnifiquement édité, documenté et illustré, cet
ouvrage de référence est un plaisir de découverte
insoupçonnée pour les amateurs de d’art et bien entendu de l’Art Français. Il témoigne de la richesse
d’une époque au travers d’archives familiales qui
sont un véritable trésor national.
Remercions les auteurs pour ce travail exemplaire
et la communication de leurs archives si riches et si
évocatrices au moment où l’on cherche à redécouvrir les savoir-faire d’antan.
J. R.
97
Art et Patrimoine
Henri-Pierre Troussicot
Un graveur
en Vendée
Bonnefonds, 120 p., 22 €
Un grand épouvantail dans les vignes, un
autre dans un arbre
gardent un monde où la nature est reine, pure et
belle. Des poules picorent dans la cour, des moineaux grappillent, très haut dans le ciel plane une
nuée de rapaces, au loin sur la grève quelques pécheurs se mêlent aux piquets qui jonchent la dune,
monde insolite livré par le stylet d’Henry-Pierre
Troussicot, une invitation à la quiétude, à la plénitude, à l’essentiel.
Ces morceaux choisis de la Vendée seront ainsi gravés dans nos mémoires et changeront notre regard
sur les paysages, les choses et les hommes qui les ont
marqués.
Noir et blanc pour l’infini des couleurs de la Vendée, Henry-Pierre Troussicot laisse une empreinte
bien à lui dans le monde de la gravure, déjà si bien
représenté en Vendée. Toutes ces scènes sont de petits chefs-d’œuvre, des portes ouvertes sur le rêve, la
joie et la vie.
J. R.
Robert de Gouttepagnon
Guy de Raigniac
Les vacances de Guy
Deuxième cahier 1922-1926
Bonnefonds, 224 p., 20 €
Il y a donc eu un premier cahier
(1917-1921) que nous avons
feuilleté, ravis, comme on tourne
les pages de carnets surannés sortis de la poussière
d’un vieux tiroir, en espérant y percer quelques secrets intimes. On tourne les pages de ce second avec
le même plaisir. Guy de Raigniac a maintenant 13
ans. Son cahier court jusqu’à ses 17 ans. Robert de
Gouttepagnon, son oncle, en a 54. Ses dessins à la
plume et ses aquarelles sont toujours d’une précision
et d’une fraîcheur extrêmes.
Ça commence par : « 13 juillet. Voici la distribution des prix terminée. J’en ai eu ma part et puis
jouir de mes vacances sans réserve. » Et la chronique
de l’été continue, pleine de jeux, de balades à cheval, de visites de châteaux. Ce sera la même chose
avec les vacances des étés suivants, mais on voit que
le jeune Raigniac grandit, les jeux ne sont plus les
mêmes, les centres d’intérêt non plus. Ce cahier, remarquablement édité, première partie en fac-similé,
seconde en caractère d’imprimerie pour faciliter la
lisibilité, avec des photographies et des documents
complémentaires, se révèle une nostalgique et
tendre chronique d’une certaine Vendée. La Vendée
des châteaux et des grandes familles. Une Vendée
qu’on n’oubliera pas grâce à ce témoignage précieux
du neveu et de son oncle. Et Guy de Raigniac peut
écrire pour conclure : « Je m’incline en demandant à
Dieu de continuer à me donner de bonnes vacances
quand l’heure viendra. »
Y. V.
98
Louise Robin
Villas et édifices
du Remblai des
Sables d’Olonne
Beaupré, 144 p.,24,90 €
Un régal d’inventaire et
de révélation du patrimoine architectural sablais.
Louise Robin, on le sait, est une spécialiste de l’Art
contemporain. Chargée de cours à l’Université de
Rennes II, elle accompagne de façon très pédagogique et séduisante le lecteur dans une balade à travers le temps et les styles du patrimoine balnéaire
de « la plus belle plage d’Europe ». Ça commence
de l’autre côté du chenal, rive La Chaume, avec la
villa Tertrais-Chailley, le petit château d’un industriel au XIXe siècle. On continue côté plage, avec la
villa La Chimère, antérieurement villa Margot, puis
le Palazzo Clementine, la demeure la plus emblématique du Remblai avec sa tour à échauguette, et la
coquine Maison de plaisir sur la place Navarin avec
ses fresques d’Othellaud Astoul dans le salon réservé aux rendez-vous galants... Près d’une centaine
d’édifices sont présentés, illustrés de photographies
de Vincent Jacques. Ce nouvel ouvrage vient compléter le précédent ouvrage des éditions de Beaupré
Villas et édifices balnéaires des Sables d’Olonne. Un
livre superbe qui donne et apprend à mieux voir et,
si besoin, à protéger.
Y. V.
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La bande dessinée
TERRA INCOGNITA
T4
Scénario : Serge Perrotin
Dessin : Chami
Couleurs : Bry
Éditions : Monkey verde
Au cours d’un voyage au
Mexique, et suite à un
concours de circonstances
exceptionnelles,
JeanBaptiste Le Naëc, jeune
archéologue en rupture
de ban, effectue un saut
de cinq siècles dans le passé. D’abord épouvanté par
cette perspective impossible, il va ensuite progressivement l’admettre afin de mettre en oeuvre un projet insensé : changer le cours de l’histoire.
Avec ce Tome 4 de la série Terra incognita, le scénariste Serge Perrotin prolonge et renouvelle avec bonheur les thèmes abordés dans la première trilogie : le
voyage dans le temps, un homme partagé entre plusieurs femmes et les cultures amérindiennes… Le
tout au service d’un récit d’aventures où se croisent
pièces précolombiennes volées, danseuse sensuelle
et conteur de vieilles légendes indiennes…
Après une pause de huit années, le dessinateur yonnais Chami replonge dans le bain de la bande dessinée et prend les pinceaux pour donner une suite
rythmée au premier cycle de sa série. Avec son complice scénariste, il créé pour l’occasion les éditions
Monkey Verde qui accueillent la nouveauté et la réédition des trois premiers tomes de la série.
BG
ATALANTE
L’ODYSSEE T1
Scénario : Crisse
Dessin et couleurs : Evana
Éditions : Soleil
Ramses,
le
chaton
d’Ishanti, trouve un passage dans le temps et l’espace qui conduit la jeune
danseuse égyptienne à
l’époque où régnaient
les Dieux de la Grèce
antique. Une époque où
elle va rencontrer Atalante alors qu’elle n’est encore
qu’une enfant…
Avec Atalante Odyssée Didier Crisse fait une pierre,
deux coups. Il propose en effet un cross over Ishanti/
Atalante - les deux héroïnes popularisées dans ses sagas d’Héroïc Fantasy éponymes - tout en permettant
aux lecteurs de découvrir la jeunesse d’Atalante.
Pour cette nouvelle série, Crisse a confié son scénario à Yvana, une artiste au style maîtrisé, marquée
par les influences de Disney et des mangakas. Une
dessinatrice qui signe ici un premier album aux couleurs chatoyantes destiné à un public très jeune. Les
lecteurs adultes, eux, risquent de passer leur chemin,
quelque peu désarçonnés par la linéarité et la simplicité du récit.
Serge Perrotin
LES ARCANES DU
MIDI-MINUIT T11
Scénario : Jean-Charles
Gaudin
Dessin : Cyril Trichet
Couleurs : Yoann Guillo
Éditions : Soleil
Quelques jours après
l’ouverture de leur nouvelle horlogerie, Jim
et Jenna disparaissent.
Leurs amis vont remuer
ciel et terre afin de retrouver les cousins volatilisés. Une disparition qui
semble liée à leur étrange dualité…
Avec ce 11e tome, le scénariste Jean-Charles Gaudin
aborde enfin le pouvoir énigmatique de ses deux héros. En fouillant leur passé, il apporte ainsi une réponse au mystère de leur interchangeabilité obtenue
grâce au contact de leurs mains posées sur un miroir. L’enquête, entre passé et présent, est plaisante
et donne envie de lire la fin de cet épisode prévu en
deux tomes.
Le dessinateur Cyril Trichet livre une fois de plus
un sans faute. On aimerait, cependant, qu’il s’écarte
d’une partition qu’il maîtrise sur le bout des doigts
afin de suivre les chemins plus risqués de l’expérimentation. Même si l’on sait que celle-ci n’est pas
toujours prisée d’un lectorat bd trop souvent enclin
au conservatisme…
SP
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99
élégant et efficace. La palette de couleurs de Caroline Houdelot apporte chatoiements et esthétisme à
des planches de très belle facture.
BG
LANCE CROW DOG
Intégrale
Scénario : Serge Perrotin
Dessin : Gaël Séjourné
Couleurs : Verney & Le Prince
Éditions : Sandawe
L’AUTRE TERRE T3
Scénario : Serge Perrotin
Dessin : Beno
Couleurs : Caroline Houdelot
Éditions : Joker
Elijah et Selma, les deux terriens égarés, veulent rejoindre leurs amis retenus prisonniers dans un camp
situé au pôle Nord de cette autre Terre. Ils s’envolent vers un septentrion glacé où ils découvrent une
base secrète perdue au milieu des neiges. Un peuple
primitif asservi y œuvre à l’extraction d’un combustible extraordinaire. Un carburant appelé Oodgeroo
qui alimentera le formidable astronef qui pourrait
ramener les deux naufragés terriens sur leur planète
d’origine…
Avec ce troisième et dernier opus, le scénariste mathurinois Serge Perrotin boucle sa trilogie de science
fiction. Un cycle qui, au-delà des aventures et des
péripéties propres au genre, questionne sur la mémoire individuelle. En quoi est-elle fidèle au vécu du
corps qui l’abrite ? Pourrait-elle être manipulée ? Que
reste-t-il d’un peuple qui perd sa mémoire ? Autant
de questions qui traversent un récit tout public et lui
apportent ainsi une profondeur inattendue.
Beno livre, avec ce troisième volume, un dessin
abouti. Les influences de son maître Crisse sont digérées et laissent place à un travail plus personnel,
100
L’intégrale Lance Crow
Dog regroupe les cinq premières enquêtes de l’agent
métis. Lance Crow Dog
est un sang-mêlé. Fils d’un
père sioux oglala et d’une
mère irlandaise, il est inspecteur détaché à l’agence locale du F.B.I. d’Albuquerque. Flic blanc pour les indiens, il n’est qu’un
indien pour les flics. Partagé entre ses deux cultures
Lance traîne sa mélancolie et ses doutes existentiels sur les highways du Nouveau-Mexique. Perdu,
Lance Crow Dog l’est bel et bien jusqu’au jour où
ses supérieurs oblige le farouche solitaire à faire
équipe avec la séduisante agente Helen Catwright,
une indian lover amoureuse des cultures amérindiennes. Ils vont former un duo de choc où la cohabitation suspicieuse du début va bientôt faire place à
une attirance réciproque. Mais une attirance capricieuse, contrariée par le lourd passé du jeune métis.
Avec ce récit, le scénariste Serge Perrotin signe une
sorte de « nouveau western». Western, car il est bien
question, ici, de cow-boys et d’indiens, et «nouveau»
car l’auteur nous brosse le portrait d’une Amérique
fort éloignée des canons hollywoodiens. Une Amérique authentique où les minorités ethniques – et
plus particulièrement celles des communautés indiennes – sont le plus souvent réduites au rôle de
laissés pour compte du rêve américain. Chaque
aventure nous fait découvrir une nouvelle enquête
et un nouveau peuple amérindien. Lance Crow Dog
est ainsi à la bande dessinée ce que sont à la littérature noire les romans de Tony Hillerman.
Avec les aventures de l’agent métis, le dessinateur
castelolonnais Gaël Séjourné signe ses premières publications. A cet effet, il est intéressant de suivre au
fil des cinq albums l’évolution du futur dessinateur
de Jour J. Le trait semi réaliste, hésitant, du premier
tome, fait peu a peu place à un trait réaliste loin
de tout académisme rigide. En l’espace de quelques
albums, Séjourné va trouver un style qui le place
d’entrée dans la famille élégante des Gibrat, Lepage
et Manara. Son dessin est mis en couleurs par les
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
La bande dessinée
talentueux Verney et Le Prince. Munis de pinceaux
traditionnels ou numériques, ils rendent crédible cet
Ouest américain contemporain et l’habillent d’une
palette de toute beauté.
BG
VIGILANTES T3
Scénario :
Jean-Charles Gaudin
Dessin : Riccardo Crosa
Couleurs :
Stéphane Paitreau
Éditions : Soleil
Un homme politique,
Peter Stahl, brigue un
des plus hauts postes de
l’État… Daryl, Zack,
Curtis et Jesse sont
quatre anciens amis qui
se sont perdus de vue.
Ils sont les seuls à connaître la véritable personnalité de Stahl qui a commis des crimes atroces, il y a
une trentaine d’années. À l’époque, en grands fans
de super-héros, ils avaient formé un groupe secret
nommé les « Vigilantes » pour le combattre. Aujourd’hui, ils arrivent à Pitsgreen, la ville où tout
a commencé. Alors qu’ils retrouvent pleinement
l’usage de leurs « supers pouvoirs », les souvenirs de
leur première lutte contre Peter Stahl mettent à vif
de vieilles et terrifiantes blessures, et réveillent une
nouvelle menace…
Avec ce troisième et avant dernier tome, le scénariste Jean-Charles Gaudin ne relâche pas la pression. Le rythme de son thriller - qui n’a rien à envier
aux meilleures productions littéraires du genre - va
crescendo tout en prenant le temps de camper solidement chacun des sept personnages principaux
coincés entre passé et présent. C’est en effet dans la
parfaite maîtrise de ces allers retours incessants entre
années 80 et années 2010, entre monde de l’adolescence et monde adulte, que réside le succès de la
tétralogie.
Succès également porté par le dessin de Riccardo
Crosa. Celui-ci se bonifie au fil des albums. Son trait
s’assouplie et ses personnages dégagent maintenant
une vraie séduction. Un challenge loin d’être évident lorsque l’on doit reconnaître sept personnages
au fil des trente ans qui séparent les deux périodes
du cycle.
Le coloriste Stéphane Paitreau apporte quant à lui
ambiances, lisibilité et esthétisme au formidable
noir et blanc de Crossa.
SP
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LES ENQUÊTES
DU MISTERIUM T1
Scénario : Jean-Charles Gaudin
Dessin & couleurs : Brice Cossu
Éditions : Soleil
Au XIIIe siècle, une
troupe de saltimbanques
sillonne la campagne
française afin de divertir seigneurs et villageois. Ils sont également
connus pour être de fins
limiers capables d’élucider les mystères les plus
étranges.
Jean-Charles Gaudin
écrit avec Les enquêtes
du Mystérium une nouvelle série où cohabitent
aventures, enquêtes et cadre moyenâgeux. A l’instar
des protagonistes de sa série à succès « Les Arcanes
du Midi-Minuit », on retrouve ici un couple fraternel chargé de conduire les investigations d’une
petite troupe d’amis.
Le dessinateur Brice Cossu propose un dessin grand
public au style maîtrisé, influencé par les mangas et
la bande dessinée transalpine.
Les enquêtes du Misterium font partie de ces bandes
dessinées qui n’ont d’autres ambitions que de divertir petits et grands. Pari réussi.
SP
ALBAN DMERLU
Scénario : Polpino
Dessin & couleurs :
Polpino
Éditions : Beaupré
Un nouveau Polpino que
les Sablais connaissent
bien.
Superbes dessins même
si les héros ne sont pas
des canons de beauté et
ne nous incitent pas vraiment à aller sur la plage
qui est belle même si avant tout, les filles sont belles.
Comme toujours, il y a les Chaumois et les «zestivants» mais surtout un humour de fond, sur fond de
dérision sur les Chaumois eux-mêmes, propre aux
dessinateurs humoristes à la page.
Belle réalisation pour les éditions de Beaupré qui ne
lâchent rien de ce qui concerne le patrimoine sablais
ou chaumois.
J. R.
101
Jean-Camille Emeriau
Pierre Thibaudeau
P’tit Jean le Brigand
1762-1826
La Chouette, 416 p., 22 €
La Chouette, 216 p., 20 €
Avec un manuscrit de famille, ses
archives, sa généalogie, récits et
traditions orales, Jean-Camille
Emeriau restitue la vie de son arrière-arrière… grand-oncle, p’tit Jean Allaire, au
XVIIIe siècle, dans ces années de pain noir et de soupe
sans sel.
Michel Hayart
Le Palimpseste
de l’espérance
Baudelaire,198 p.,17 €
Ghislaine Pommeret
La Moulonne
Édilivre 153 p.,14.5 €
Ghislaine Pommeret a su faire un
roman avec des bons sentiments. Il
n’y a pas de méchant dans cette histoire, rien que des gens de bonne
volonté. La tragédie qui bouleverse
leur vie paisible est provoquée par
Jean Favreau
Villes océanes
Auto, 132 p., 9 €
J’avoue avoir été dérouté par ce
livre que j’ai très vite situé entre
Boris Vian, mai 68, et les Élucubrations d’Antoine que je n’avais pas
du tout non plus aimés au départ
O va pas se passer de même !
La Grande Guerre de 1793 en
Vendée Maritime, entre Les
Sables-d’Olonne et La Roche-surYon, avec les gars du général Joly,
qui se battait pour Dieu et le Roi,
mais ne se privait pas de critiquer, avec toute la rudesse de ses manières, ni les prêtres, ni les nobles de son
entourage.
Il faut être acteur de sa vie, nous confie Michel
Hayard, cadre en retraite licencié, en en réécrivant
le manuscrit (un palimpseste est un parchemin utilisé une seconde fois) pour rebondir, réaliser un rêve
et partager une expérience ; l’entreprise l’a fait vivre
mais c’est aussi un enfer...
la Moulonne, une rivière jusqu’alors paisible, elle
aussi. René, l’enfant qui raconte, ses parents, un
petit frère inattendu, dans leur ferme et les moines
d’un monastère voisin vont vivre en autarcie, isolés
du monde, pendant plusieurs mois. René s’aperçoit
que ce petit monde cache des mystères qu’il cherche
à élucider.
Une histoire intéressante et bien racontée qu’on lirait avec plus de plaisir si l’auteure avait fait corriger
les fautes d’orthographe et de conjugaison.
LG
pour m’en mordre les doigts par la suite. Un besoin
de vivre, d’exister en jouant avec les mots qui finit
par une entrée dans un monde étrange mais tout
aussi réel. Une vision onirique, délirante et délurée
à travers une peinture au couteau abstraite mais très
évocatrice et colorée malgré la noirceur des êtres de
ces villes océanes aux eaux si profondes. Un petit
coup de spleen très réussi pour vous rappeler les errements de vos rêves de jeunesse.
J. R.
Marie-Claire Archambaud
La Charette à Papot
www.biographe.pro,168 p., 10 €
Si tu veux parler de l’univers, parle
d’abord de ton village (Léon Tolstoï)
Un récit authentique, émouvant et
détaillé sur la vie du monde agricole dans le secteur
102
de Coëx de 1939 à 1959, mais pas que…
Marie-Claire Archambaud a beaucoup réfléchi
pendant sa jeunesse et analysé chaque événement
ou épreuve qu’elle vivait. Elle s’est posé nombre de
questions quant à son environnement catholique.
Elle l’a subi tout en s’y sentant attirée… jusqu’à sa
décision d’entrer en religion à 20 ans.
Un tel choix peut-il être irréversible ?
T. D.
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
Communiqués et dernière minute
Je viens de créer une maison
d’édition jeunesse, Au Loup Éditions, en Vendée, à La Châtaigneraie. Nous avons publié à ce
jour quatre titres : trois contes
pour enfants ainsi qu’un roman
pour les lecteurs à partir de 10
ans. Je suis l’auteur des textes de
c quatre livres, sous mon pseuces
donyme Laurence Erwin.
(www.auloup-editions.fr).
J’ai eu la chance de participer, au salon du livre de
Barbâtre, avec Mandar, l’un
de nos illustrateurs.
Au Loup Éditions compte
pour l’instant trois auteurs, tous Vendéens avec
Mandar et Brand Alexander.
Aurore Mazoyer
Laurence Erwin et Mandar
L
et pour animal favori Griffou, un chat-fantôme lui
aussi. Naturellement, il leur arrivera de nombreuses
aventures que Myrta partagera avec ses amis du collège. Laurence Erwin raconte avec talent et humour
ces aventures où l’on croise sirènes et vampires. Belle
couverture et belles illustrations. Les lecteurs adolescents découvriront avec plaisir ce premier tome
d’une série prometteuse.
Myrta Tome 1
M
Les Sirènes kleptomanes
L
Au Loup, 212 p., 8,50 €
A
La
L jeune Myrtha est une collégienne un peu différente des autres, elle a pour amie
Zombinina, une jeune fantôme,
Les 10 Ragondins
et le Ragondor
Au Loup, 40 p., 12,50 €
Ces ragondins coquins sont
bien plus charmants que leurs
modèles réels. Justin creuse son
terrier. La solitude lui pèse mais, peu à peu, il rencontrera des amis avec lesquels se distraire. Après
Louis Dubost
L
Martin Lersch
M
D ou trois mots
Deux
rrepiqués là
Tarabuste, 96 p., 30 €
T
Pour
Martin,
rap-
Le Tôkaïdô à La Roche-surYon. Louis Dubost écrit, lui, le potager : des mots
pelez-vous l’exposition
Jean Menand
Je
Champougnes
C
Ella, 15 €, 192 p., 15 €
E
P
Premier
roman de Jean Menand,
éécrivain né en Vendée et actuellement enseignant près de Perle
pignan, Champougnes est une
p
eespèce d’OVNI. En effet, il s’agit
certainement du seul roman qui n’évoque pas directement la guerre 14-18 tout en nous frappant
Lire en Vendée - décembre 2014 - avril 2015
E.T.
avoir batifolé au bord de la rivière, ils partiront à la
recherche du mystérieux Ragondor... Un album très
frais, très bien illustré aux couleurs chatoyantes, qui
ravira les enfants et même les grands. On peut noter
aussi l’aspect pédagogique du texte, réel tout en restant discret. Un récit très inventif pour compter et
apprendre les jours de la semaine. À partir de 3 ans.
E.T.
entre les mottes, les carrés de légumes comme autant d’alexandrins boiteux et de paragraphes poétiques. pour rencontrer des poètes, des philosophes,
quelques hommes politiques et... surtout sept
merlots et merlottes (les petits-enfants de l’auteur)
d’épave dans les allées. Un ensemble sarclé par la
tendresse où par ailleurs la bêche tourne et retourne
des interrogations qui nous concernent tous, jardiniers ou pas. Alors que trop d’écolo-bobos bavassent, le poète est un lanceur d’alerte...
à l’estomac (dans les dernières pages) sur le drame
que fut cette guerre. Champougnes, c’est un village
digne de Marcel Pagnol ou Jean Giono, mais pas
n’importe quel village ! Il ne possède pas de monument aux morts, tous ses hommes sont revenus sains
et saufs de la guerre.
Mais de nous jours, forcément, un village dont tous
les hommes ont survécu, c’est louche… Et lorsque
les commémorations du 11 novembre approchent,
le maire est dans tous ses états.
Christophe Prat
103
Le coin du CVRH
Centre vendéen de recherches historiques
Le mot d’actualité
À la rencontre
de Jean-François
Henry
L’île d’Yeu n’a pas de secrets pour lui. Et pour
cause. Issu d’une longue lignée d’ « Islais », JeanFrançois Henry a consacré l’essentiel de ses recherches au milieu maritime, et à son île natale en
particulier.
Le Centre vendéen de recherches historiques a un nouveau directeur, à la suite de
mon départ fin octobre 2014.
Je suis arrivé à la tête du CVRH voici plus
de trois ans, avec une mission claire : redonner
un coup de fouet au Centre dans la continuité
de ce qu’avait conçu mon prédécesseur, Alain
Gérard.
Contrairement aux prévisions pessimistes
qui ont entouré mon arrivée, les résultats sont
là : nouvelle convention négociée avec la Sorbonne, rajeunissement du Conseil scientifique
du CVRH, calendrier éditorial rempli jusqu’en
2018, tenue de deux colloques universitaires
dans l’attente d’un troisième en 2017, mise en
place de synergies avec d’autres pôles scientifiques ou culturels vendéens (Historial, ICES,
Ethnodoc et bien entendu Société des écrivains de Vendée)…
C’est ce qui m’a amené à prendre, dès l’année dernière, la décision de cesser mes fonctions à l’automne 2014, mission accomplie en
dépit de turbulences inéluctables : quand on
procède à des réformes, on bouscule des habitudes.
Le Centre est à nouveau sur de bons rails,
avec un directeur décidé à poursuivre cette politique d’ouverture. Le doyen Pierre Yannick
Legal, professeur d’histoire du droit à l’université de Nantes est un universitaire vendéen
qui accompagne le centre depuis ses débuts et
pour qui la Vendée n’a pas de secrets.
Quant à moi, je compte me consacrer à
de nouveaux projets d’écriture, à mes cours à
l’ICES, mais aussi à la relance de la série des
« Grands témoins de l’Historial », que j’ai créée
en 1999 avec Christophe Vital et que j’avais dû
abandonner faute de temps en 2011.
Michel Chamard
104
Ce petit homme jovial et d’une grande courtoisie est docteur en Histoire (avec une thèse sur…
l’île d’Yeu sous Louis XIV) et licencié ès sciences de
l’éducation. Cela l’a conduit à être professeur d’Histoire moderne à l’Université catholique d’Angers, à
donner un cours d’Histoire religieuse au séminaire
de Nantes, et à diriger le Centre de formation des
professeurs de l’enseignement catholique en LoireAtlantique.
En marge de ses activités universitaires, il poursuit des travaux personnels qui le conduisent à publier dans de nombreuses revues (Recherches vendéennes, Le Chasse-marée, revues du Bas-Poitou ou
de la Société d’émulation de la Vendée…), à participer à des colloques (du Collège de France sur
la foi chrétienne et le milieu maritime, du Centre
vendéen de recherches historiques sur les Vendéens
et la mer…), à être associé à diverses expositions
de la Conservation des musées de la Vendée (Les
Vendéens grands voyageurs, Les Peintres de l’île
d’Yeu…). Parmi ses publications, avant cette étude
sur l’île d’Yeu en 14-18, une biographie de sa grandmère Alice Henry, préfacée par Henri Queffélec, et
L’Ile d’Yeu au large de la guerre de Vendée.
Même dans sa vie personnelle, Jean-François
Henry ne s’éloigne jamais beaucoup de la mer.
Quand il ne fabrique pas des maquettes de bateaux
ou ne met pas celles-ci en bouteille, il initie ses
petits-enfants à l’histoire de l’île de leurs aïeux. Et
quand il préside la Société des amis de la cathédrale
de Nantes, il n’oublie pas que cette cité d’armateurs
fut longtemps l’un des principaux ports de mer
français.
M. C.
Le coin du CVRH - décembre 2014 - avril 2015
87, rue Chanzy, 85000 La Roche sur Yon
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Jean-François Henry
L’île d’Yeu
dans la Grande Guerre
Chronique
de la vie quotidienne
CVRH, 279 p., 23 €
La guerre de 14-18 à l’île d’Yeu ? Est-ce possible ?
C’est en mer, bien loin du Chemin des Dames et de
Verdun, des tranchées et des assauts sanglants à la
baïonnette. Et pourtant, c’est bien la guerre. Parce
que les marins sont mobilisés, sur le front ou sur les
navires de guerre, parce que les poseurs de mines et
les sous-marins allemands rôdent aux abords de l’île,
parce que le pain manque et que la misère est partout. Parce que des « indésirables », des Allemands,
des Austro-Hongrois, sont parqués dans la citadelle
de Pierre-Levée. Des espions, sûrement.
Jean-François Henry raconte moins la guerre
que ce qu’elle fait vivre aux Îslais. C’est en fait une
chronique de la vie quotidienne, entre les événements douloureux et la guerre sous-marine, le chapelet des naufrages et les secours aux rescapés. Ce
n’est pas l’histoire des combattants, mais celle que la
population reçoit et dont elle s’empare. Deux naufrages marquent profondément la mémoire locale:
celui de l’Ymer et celui du Séquana, en 1917. Le
souvenir du premier, un vapeur norvégien, secouru
dans des conditions dramatiques par le canot de sauvetage de l’île d’Yeu, et dont le naufrage provoqua
la mort de onze personnes, s’incarne encore dans le
monument offert en reconnaissance par la Norvège.
Le naufrage du Séquana, torpillé quelques mois plus
tard, a laissé moins de traces. 207 passagers y ont
pourtant trouvé la mort, dont 198 tirailleurs sénagalais, des « nègres » comme on dit à l’époque...
Le récit, au jour le jour de ces années noires, repose sur les lettres des marins, les témoignages écrits
des familles, les journaux régionaux et les bulletins
paroissiaux rédigés par deux curés, parfois très engagés, dix ans après la loi de séparation de l’Église et de
l’État. La religion marque profondément les mentalités îliennes et l’on redouble de prières pour faire
violence au Ciel afin que l’ennemi soit vaincu.
Incrédules, les Îslais voient apparaître les «aéros», guettent des sous-marins dont ils n’ont pas la
moindre idée, subissent les restrictions alimentaires.
La guerre empêche ou ralentit le départ des thoniers
et ruine l’économie de l’île. Ils craignent aussi les
exactions des prisonniers de la citadelle, des rivaux
bien sûr pour le ravitaillement. La vie continue malgré tout et l’auteur parsème son récit d’anecdotes
bien senties.
Le coin du CVRH - décembre 2014 - avril 2015
Après l’armistice, vient le temps des commémorations et du souvenir, des monuments aux morts et
des visites officielles. Celles des héros de la Grande
Guerre, le maréchal Pétain, le général Buat, MajorGénéral du Grand Quartier Général, et du Commandant Jean de Lattre de Tassigny qui embarque
sa future épouse pour une sortie nocturne et romantique au large de l’île...
Jean-François Henry, habité par l’esprit de l’île
d’Yeu, propose là un récit original et captivant, pétri
d’humanité.
G. B.
Les jardins de William Christie
CVRH, 64 p., 9 €
« De ce jardin, je suis le maître et l’esclave »,
écrit William Christie à propos de son domaine
enchanté de Thiré. C’est un jardin pour la musique, pour la méditation et le partage que décrit avec discrétion ce petit album bilingue
(français-anglais) écrit à plusieurs mains par les
amis du musicien. De courts textes se contentent d’accompagner – et c’est très bien ainsi –
les images séduisantes et contrastées du jardin.
Henry-Claude Cousseau, conservateur général
du patrimoine, avoue qu’il ne sait à quel endroit
va sa prédilection...
G. B.
Vient de sortir :
Mémoires
de Mme de Sapinaud
édition critique établie
et présentée par Pierre Rézeau
retrouvez tous nos ouvrages
en vente et notre actualité sur :
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105
Le coin du CVRH
Centre vendéen de recherches historiques
Julien Boureau
L’archange
saint Michel
CVRH, 64 p., 8 €
Pour inaugurer « Trésors de Vendée », la nouvelle
collection du CVRH, tout incitait à se hisser au
point culminant du département, le Mont Mercure.
Pour le panorama très vaste qu’il offre sur toute la
région et pour la statue de l’archange, de nouveau
rayonnante de splendeur, qui a retrouvé sa place au
sommet de l’église paroissiale, le 29 septembre 2013.
Tous les Vendéens connaissent et admirent cette
statue, à commencer par l’auteur, Julien Boureau,
conservateur des antiquités et objets d’arts de Vendée et directeur de la nouvelle collection. Il habite à
deux kilomètres... Mais son histoire est plus méconnue. Julien Boureau la raconte par le menu. C’est
la sœur jumelle de la statue qui couronne la basilique de Fourvière à Lyon. Elle a été conçue en 1884
-1885 dans les ateliers parisiens Gaget-Gauthier.
Elle est haute de dix mètres et pèse 1 800 kg. Les autorités de Fourvière ayant décliné l’invitation pour
sa présentation, elle est choisie pour l’exposition
universelle de Paris en 1889. Celle de la Tour Eiffel.
Inscrite depuis 2006 à l’inventaire des Monuments historiques, la statue en cuivre avait beaucoup
souffert de la tempête de février 1957. Immédiatement déposée, elle a été replacée par hélicoptère le
15 août 1961. Elle montrait de nouveau des signes
de faiblesse, ce qui a motivé cette nouvelle restauration. Elle est recouverte de 220 grammes d’or pour
une surface de 150 m2.
La statue de l’archange est fortement symbolique
et s’inscrit dans l’histoire de la Vendée. En particulier
dans la période de reconstruction intense des églises,
sous l’impulsion de Mgr Catteau, évêque de Luçon
de 1877 à 1915. C’est le curé Migné, influencé par
son confrère de La Flocellière, l’abbé Dalin, un autre
prêtre bâtisseur - qui entreprend la reconstruction
de l’église. Il veut la couronner par une statue monumentale... qu’il n’imaginait sans doute pas aussi
colossale. Elle se lit aussi comme un symbole de la
lutte de la société vendéenne contre la politique anticléricale de la IIIe République. L’archange de lumière témoigne du renouveau spirituel de la Vendée
au XIXe siècle et prend aujourd’hui toute sa place
dans son patrimoine architectural.
106
Cinquante œuvres d’art incarnant chacune un
lieu sont « pressenties » pour entrer dans cette collection, facilement accessible à tous points de vue,
rigoureuse, bien illustrée et agréable à parcourir. Le
prochain ouvrage devrait s’intéresser aux retables de
l’église de Saint-Aubin-la-Plaine.
G. B.
Jean Artarit
Fontenay-le-Comte
sous la Révolution
Les malentendus
de la liberté
CVRH, 490 p., 24 €
Jean Artarit poursuit avec bonheur ses recherches sur les événements et les personnages des
Guerres de Vendée. Après avoir analysé les mémoires
de Lequinio, représentant en mission dans l’Ouest,
(Lire en Vendée n°25), il s’est plongé dans les années
de la Révolution à Fontenay-le-Comte, alors cheflieu du département de la Vendée. Le sous-titre de
cet ouvrage, les malentendus de la liberté, exprime
exactement le dilemme tragique de la cité des beaux
esprits, qui accueille avec enthousiasme le souffle
de liberté et d’égalité du printemps révolutionnaire.
Elle va bientôt déchanter. Fidèles à la République
naissante, ses administrateurs, issus de la bourgeoisie
intellectuelle, et ses citoyens tentent de résister à la
Terreur qui déferle sur eux et sur les campagnes qui
l’environnent.
C’est que Fontenay - qui n’est pas encore Fontenay-le-Peuple - donne politiquement le la au département : sur les quatorze députés poitevins du tiers
état, à la Constituante, quatre sont Fontenaysiens.
La ville n’est pas non plus déchristianisée : en 1790,
on recense quatre-vingt prêtres nés à Fontenay. Le
savoir, l’humanisme et une foi enracinée expliquent
peut-être l’attitude singulière de la ville pendant ces
années terribles.
On sait que les Vendéens révoltés prennent la ville
le 25 mai 1793 et y installent un Comité royaliste.
Mais, après la déroute de Luçon, les Républicains la
réinvestissent. Quand les colonnes infernales brûlent
le pays et assassinent les Vendéens décimés par les
combats et le désastre de la Virée de galerne, le comité révolutionnaire de Fontenay dénonce l’aveugle
Le coin du CVRH - décembre 2014 - avril 2015
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politique de destruction. Il résiste vaille que vaille.
C’est pourquoi Fontenay sera relativement épargné par la Terreur. Dans cette ville qui compte alors
7 000 habitants, la guillotine coupera pourtant 250
têtes, le plus souvent totalement innocentes. La légende veut qu’un marronnier poussant à l’endroit
du supplice produise depuis des fleurs roses, puisant
leur couleur dans le sang versé là... Attachées au
principe d’humanité, les autorités fontenaysiennes
parviendront à soustraire bien des prisonniers aux
mains des bourreaux.
On retrouve naturellement dans ce récit la double
approche de Jean Artarit. Celle de l’érudit qui traque
dans les archives la trace des acteurs principaux,
mais qui s’intéresse aussi aux plus modestes, aux
femmes notamment. Leurs biographies occupent,
en annexe de l’ouvrage, plus de 140 pages... Psychiatre et psychanalyste, l’auteur plonge son regard
dans le tréfonds des mémoires et des consciences.
Car la Révolution n’a pas été qu’un mouvement de
masse. Elle a placé chacun et chacune devant son
idéal, ses convictions, ses responsabilités. Et devant
le dilemme - cet « entre deux », pour reprendre le
mot d’Alain Gérard dans la préface de l’ouvrage auquel ils ont été confrontés.
D’autres domaines ont aussi été explorés : la poésie, la philosophie, l’édition, les lieux de mémoire et
d’exposition.
Ce premier colloque aura une postérité. Toujours en prologue du Printemps du Livre, il se déroulera les 26 et 27 mars prochain, à l’ICES, puis à
Montaigu. Le premier colloque était plutôt centré
sur les écrivains vendéens. Le second élargira le propos à ceux qui, sans être forcément du pays, ont écrit
sur la Vendée... et sur ses écrivains. Le programme
n’est pas entièrement finalisé, mais on peut d’ores
et déjà retenir des interventions autour des lettres
en bas Poitou, d’Alphonse de Châteaubriant et de
Marc Helder, d’Agrippa d’Aubigné, de La Popelinière, de Richelieu, de Benjamin Fillon, ou encore
de Pauline de la Lézardière.
Ce colloque, comme le précédent, est notamment organisé par Jean-Marc Joubert, directeur du
Département de Lettres de l’I.C.E.S (jmjoubert@
ices.fr).
Renseignements bientôt disponibles sur le site
du CVRH : histoire-vendee.com et sur le site de
l’ICES : ICES.fr
G. B.
La Vendée littéraire
Actes du colloque
des 18-19 avril 2013
CVRH, 310 p., 20 €
En ouverture du Printemps du
Livre 2013 de Montaigu, l’Institut
catholique d’études supérieures
(ICES) a organisé, avec le concours
du CVRH, un premier colloque autour de la Vendée littéraire. Le CVRH publie aujourd’hui les actes
de ce colloque qui rassemblent une vingtaine de
contributions d’intervenants très divers, écrivains,
historiens, universitaires, journalistes, acteurs de la
vie culturelle dans le département ou ailleurs.
Ce colloque s’est intéressé à des figures vendéennes de l’écriture et de la pensée comme Jean
Yole, Louis Chaigne, Jean Rivière, Clemenceau,
Jean Huguet, Michel Ragon, Pierre Bordage ou Yves
Viollier.
Le coin du CVRH - décembre 2014 - avril 2015
Si, depuis ce printemps, vous avez consulté
notre site internet, vous avez constaté qu’il a
fait peau neuve. La nouveauté la plus voyante
est la boutique en ligne : passez vos commandes de chez vous ! (Mais n’en oubliez pas
votre libraire !)
Côté nouvelles rubriques, jetez un coup d’œil
aux portraits des auteurs, plus étoffés, à la revue de presse (avec parfois des liens videos et
audios) et aux figures de Vendée. Également
bientôt en ligne, et en lien avec la bibliothèque de Vendée, des vidéos de nos auteurs
présentant leurs ouvrages.
Les réseaux sociaux n’ont pas été oubliés : un
compte twitter (@CVRHVendée) et une page
facebook (facebook.com/pages/Centrevendeen-derecherches-historiques) pour suivre plus régulièrement les activités du CVRH et partager vos
bonheurs de lecture.
107
Les pages des écrivains de la Mer
Prix littéraire Écume de mer
et Prix commandant Jean Loreau
de l’année 2014
René Moniot-Beaumont
Les causeries écrites
à l’encre salée
Cheminance, 182 p., 15 €
La Maison des écrivains de la
mer abrite dans ses murs le jury
des prix littéraires de la Fédération
nationale du Mérite maritime et de
la Médaille d’Honneur des Marins.
Le 8 avril 2014, à Saint-GillesCroix-de-Vie, le
prix Écume de
mer a été attribué
à Songeries d’un rêveur insulaire de
Jean-Marie Gilory, écrit dont le
style est novateur et vous emmène
vers les immensités de l’âme des
gens de mer ; le prix du commandant Jean Loreau à Jacques Nougier pour L’albatros et le Tamaris,
terrible histoire de naufragés des
mers du Sud dont la survie est liée à un albatros.
La Fédération du Mérite maritime a remis aux
auteurs leur récompense à Saint-Malo le 16 mai
2014, lors de son congrès annuel. Le peuple de la
mer et les amoureux du grand large apprécieront ces
deux formidables ouvrages issus du large.
RMB
108
Elles sont épatantes les causeries de René Moniot-Beaumont !
Cet ancien officier de la marine
n’est pas un « taiseux », comme beaucoup de marins,
même s’il préfère écrire que parler. Il se considère
d’ailleurs comme un « littérateur de la mer », avec
une pointe de fatalisme : « la littérature n’est-elle pas
la vie pour ceux qui la lisent et la mort pour celui
qui l’écrit » ?
Bien vu ! Car Les causeries écrites à l’encre salée
sont celles d’un écrivain qui connaît son sujet, l’aime
en tout cas, donne des références, Conrad, Loti,
Hugo, London, Stevenson, Melville, sans oublier
Rabelais, George Sand, Tristan Corbière et Eugène
Sue ! Lorrain de naissance depuis longtemps réfugié en Vendée maritime, René Moniot-Beaumont
revient aussi sur son épopée du Cap Horn qu’il a
doublé avec la joie d’un enfant qui réalise ce vieux
rêve de toucher « le bout du doigt du monde ».
La mer, René l’écrit dans tous ses états, en s’intéressant aux trésors, aux pirates, aux naufrages, aux
chapelles, aux chiens à bord, à la vision féminine
de l’océan…. « La mer est la seule maîtresse qu’une
femme peut accepter » prévient celui qui est aussi
président de la Maison des écrivains de la mer à SaintGilles-Croix-de-Vie.
PhilG
Les écrivains de la mer - décembre 2014 - avril 2015
Les pages des écrivains de la Mer
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Marc Elder, les écrivains de marine
et l’île de Noirmoutier
La municipalité de Noirmoutier-en-l’Île et son
maire Noël Faucher avaient décidé lors du centenaire du Prix Goncourt 2013, d’honorer la mémoire
de Marc Elder, auteur d’un des chefs-d’œuvre de la
littérature maritime : Le Peuple de la mer, ouvrage
dont les héros vivent de la pêche à L’Herbaudière.
Les Rencontres avec la mer organisées les 13, 14 et
15 juin dernier par l’association Printemps Lecture
et Culture de l’île de Noirmoutier dont le président
est Jacques Oudin, vice-président du Conseil général, ont permis d’associer à cette inauguration le
prestigieux corps des écrivains de marine présidé par
Didier Decoin, secrétaire de l’Académie Goncourt.
Nous avions aussi le bonheur de recevoir l’arrière-petite-fille de l’écrivain Anne-Sophie Tendron.
Dider Decoin était accompagné de neuf auteurs de marine : Patrick Poivre d’Arvor, Jean-Michel Barrault, l’amiral François Bellec, le capitaine
de vaisseau Loïc Finaz, Patrice Franceschi, Olivier
Frebourg, Hervé Hamon, Yann Queffelec et Daniel
Rondeau, un équipage littéraire et maritime que
Marc Elder aurait certainement apprécié.
Avoir choisi la rue qui borde l’hôtel Jacobsen qui
va devenir prochainement l’Hôtel de la mer rappelle
que l’île de Noirmoutier est bien celle du peuple inspiré par la mer !
René Moniot Beaumont
Les écrivains de la mer - décembre 2014 - avril 2015
Petite Histoire
de la littérature maritime
à travers les vitrines
de la nouvelle exposition 2014/2015
de la Maison des écrivains de la mer
à Saint-Gilles-Croix-de-Vie
109
Les pages des écrivains de la Mer
L’association de la Maison des écrivains de la
mer a le plaisir de vous proposer cette année un
voyage au long cours dans l’histoire de la littérature
maritime.
Notre première vitrine vous amènera dans le
monde antique des Égyptiens aux Romains en passant par les Grecs et notre cher Homère et l’Odyssée.
Il n’est pas difficile de remonter l’histoire de
la littérature maritime à l’Antiquité. C’est Loïc du
Rostu, un historien de la mer de Saint-Gilles-Croixde-Vie qui citait dans une ébauche historique littéraire la première phrase écrite au sujet des bateaux
sur le tombeau du pharaon Snefrou, vers 2650 avant
J.-C. : «Arrivée de quarante bateaux chargés de bois
de cèdre». On trouve dans le Livre des morts de
l’Égypte pharaonique un chapitre pour gouverner
une Barque dans le monde inférieur.
Petite Histoire
de la littérature maritime
La locution littérature maritime a été que très
rarement employée dans l’histoire littéraire des pays.
Pourtant, le monde de la mer se place dans la culture
écrite comme un véritable genre littéraire. Les Grecs
appelaient littérature la langue des dieux, elle s’applique parfaitement dans ce voyage au long cours
d’écrit à l’encre salée.
Bien entendu, nous ne pouvons pas citer les
mille et un auteurs du large et du peuple de la mer
qui forment l’équipage international de notre nef
littéraire. Ceux que vous allez découvrir dans nos
vitrines ont traversé la dure critique de l’oubli à travers les siècles, ils ont écrit, soit un chef-d’oeuvre de
la littérature maritime, soit ils ont amorcé un nouveau style qui a bouleversé l’art de l’écrit à l’encre
salée. Nous n’oublions pas tous les écrivains d’hier
et, d’aujourd’hui, qui enchantent nos moments de
lecture, nous vous en parlerons sur le bord de la Vie
à Saint-Gilles-Croix-de-Vie
110
Ensuite, vous allez parcourir plusieurs milles au
large (quatre pas dans notre site littéraire) pour rejoindre les Vikings et leurs SAGAS. Pendant trois
siècles, vers l’an 800 après J.-C., ils terroriseront les
eaux et terres européennes et ils découvriront l’Amérique. Dans la même vitrine, Simbad le marin vous
attend dans ce merveilleux conte arabe : Les Mille et
une nuits. La lampe d’Aladin est du décor.
On ne pouvait pas faire l’impasse avec les
Grandes Découvertes. Le récit du voyage de Don
Cristobal Colon révèle l’âme sensible à la poésie de
la mer de l’amiral. Quelque temps après, cette vitrine nous parle de Rabelais, écrivain de la mer avec
le Quart Livre.
La littérature flibustière, celle des pirates a sa
propre vitrine, avec des documents et objets dont
une reproduction de la célèbre île au Trésor de Stevenson.
Le roman maritime tel que l’on peut le concevoir débute pratiquement au XVIIIe siècle avec un
roman inoubliable Paul et Virginie de Bernardin de
Saint-Pierre. Dans cette nouvelle vitrine, les enfants
pourront voir un Robinson Crusoë à leur hauteur.
Nous avons réservé pour le roman maritime
français avec des auteurs comme Eugène Sue, dit le
père du roman maritime français (beaucoup d’entre
nous ne connaissent que ses ouvrages terrestres
comme Les Mystères de Paris). Saviez-vous que
Georges Sand, une authentique Berrichonne, avait
écrit parmi ses belles œuvres littéraires terrestres un
ouvrage maritime l’Uscoque, une histoire curieuse de
pirates ? Tout au long de notre périple littéraire maritime, nous retrouverons les écrivains français et
étrangers du cap Horn.
Les écrivains de la mer - décembre 2014 - avril 2015
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La Bretagne est représentée par les œuvres telles
que : Pêcheurs d’Islande de Pierre Loti, Le Gardien de
feu d’Anatole Le Braz, la famille Toudouze avec la
grande série des Cinq jeunes filles à Majorque… sur
l’Aréthuse, etc.
Une vitrine est dédiée aux écrivains du peuple
de la mer qui est le titre de ce chef d’œuvre de la
littérature maritime de Marc Elder, prix Goncourt
1913. Roger Vercel, Hemingway, Anita Conti,
Henri Queffélec sont de l’aventure.
Le vingtième siècle nous attire avec une présentation des écrivains à hauteur d’homme, la mer cesse
d’être un élément mystérieux. Les voiles fleurissent
le long des côtes. Le paquebot rapproche les continents. Les marins parlent et pourtant ils ne sont pas
souvent loquaces, ils dévoilent la vérité de ceux qui
travaillent, luttent et souffrent à bord. On y retrouve
Monfreid, Giono, Mac Orlan, etc.
Les navigateurs solitaires comme Slocum, Tabarly, Alain Gerbault, l’Argentin Vito Dumas, prennent « Homme libre, toujours tu chériras la mer » de
Baudelaire comme devise.
Tout un mur accompagné d’un lutrin est réservé
aux auteurs du roman maritime anglo-américain
comme James-Fenimore Cooper, Edgar Alan Poe,
Hermann Melville, Jack London, etc..
Nous vous présentons aussi les romanciers historiques de la mer Paul Chack, Georges Blond, Cecil Scott Forester, Patrick O’Brian Alexander Kent
et le corsaire allemand Felix Von Luckner, Nicolas
Montserrat avec Mer Cruelle, est aussi embarqué
dans cet équipage.
Vous terminerez votre visite par les romans maritimes dessinés, c’est-à-dire nos B.D. de la mer où
vous pourrez retrouver, entre autres un capitaine
grognon bien connu.
Bon embarquement !
René Moniot Beaumont
Ouvert de 15 h 00 à 1 9h 00 le samedi du 15 avril
au 15 juin et jours fériés
Ouvert les jeudi, vendredi, samedi, dimanche du
16 juin au 15 septembre
Ouvert toute l’année sur rendez-vous pour les
groupes : 02 51 98 55 04
Roland Mornet
La Tragédie
du Saint-Philibert
Geste, 408 p., 27 €
Le 14 juin 1931, non loin de
l’embouchure de la Loire, le SaintPhilibert entraînait dans son naufrage 409 personnes, hommes,
femmes et enfants, seulement 8 passagers retrouveront la terre ferme.
Roland Mornet, ancien capitaine d’un navire
océanographique, reprend chaque phase de l’horrible catastrophe, et dissèque les rapports et témoignages pour approcher le plus près possible de la
vérité. Il rencontre les familles de victimes, analyse
chaque fait, et par-delà les rumeurs et les légendes
vous restitue la vérité de ce jour qui devait être une
joyeuse croisière vers Noirmoutier qui se termine
par un cauchemar maritime.
RMB
Les écrivains de la mer - décembre 2014 - avril 2015
111
Lire en Vendée a pour mission
de faire connaître
les œuvres littéraires vendéennes.
Merci de communiquer vos ouvrages à :
Société des écrivains de Vendée,
Bibliothèque pour tous
85280 La Ferrière
LES ÉCRIVAINS
DE VENDÉE
LES AMIS
DE L’HISTORIAL
DE LA VENDÉE
)MPRIMERIE/FFSET#INQ²DITIONs
Lire en Vendée est une publication
de la Société des Écrivains de Vendée
Mise en pages : J. R.
Imprimerie Offset 5 Édition, La Mothe-Achard
Ce numéro est tiré à 6 000 exemplaires.
Site Internet : www.ecrivains-vendee.fr