LA SAGA 2000-2001 DE LA DISTRIBUTION ET DU

Transcription

LA SAGA 2000-2001 DE LA DISTRIBUTION ET DU
www.dvsm.fr
DISTRIBUTION
La saga de la première
décennie numérique
Premier épisode
N° 100 – Novembre 2011 – 8,90 euros
ELECTRONIQUES
EMBARQUÉES:
L'autoradionesombrepas
TÉLÉVISION :
LESTÉLÉCOMS EN 2011 :
JEUVIDÉO :
La connexion
en fer de lance
Tout le monde
est servi !
10 ans d'évolution
de la clientèle
S
O M M A I R E
60 LE CLOUD DU SPECTACLE
Pour le numérique, avoir de la mémoire équivaut
à être dans les nuages
62 LES CONSOMMABLES DANS LA LUMIÈRE
Les CD, DVD et autres supports s’effacent : la
lumière high-tech se propose pour la relève dans
les rayons
6 DVSM INFOS
64 LES LEÇONS DE STEVE JOBS
Cent fois, mais pas sans foi, les infos sont
arrivées là. Toute l’actualité du numérique
Le secret d’un succès : faire exactement le
contraire de ce que font les principaux acteurs
du numérique
22 UN TERRAIN PAS COMME LES AUTRES
66 LA PROPRE RÉVOLUTION
Une décennie de vie et de vente au cœur de la
révolution numérique
DU NUMÉRIQUE
En une décennie, l’EGP et les objets numériques
comme ceux qui les vendent sont devenus
exemplaires pour l’environnement
34 TV HIER : UN PASSÉ PAS SI SIMPLE
Avant de se connecter, quand le téléviseur et la
télévision changeaient de siècle
37 TV AUJOURD’HUI :
LA CONNEXION PREND FORME
Notre dossier sur la véritable actu TV de cette
saison
40 TV DEMAIN : QUAD NEUF !
Où l’on parle déjà de hautes, très hautes
définitions !
70 ELECTRONIQUES EMBARQUÉES :
42 TÉLÉCOMS : TOUT LE MONDE
L’AUTORADIO TOUJOURS EN PISTE
Ah ! Si seulement les enseignes voulaient s’en
apercevoir...!
EST SERVICE !
On a passé le cap de 100 % de possession.
Voici venir l’ère de l’ultra-mobile
74 AMÉLIORER LA SÉCURITÉ
Avec la complicité de la FICIME, quelques points
essentiels pour les PME
76 JOUONS LE JEU... VIDÉO
Les clients du jeu ont peut-être plus changé que
les consoles
DVSM, Distribution, Ventes & Services Magazine N° 100
Parution du 10 novembre 2011.
Prix du numéro : 8,90 euros.
Abonnements : un an (10 numéros) : 89 euros
Deux ans (20 numéros) : 178 euros.
46 LA NOUVELLE IMAGE S’EXPOSE
Après dix ans pour effacer l’argentique, la photo
numérique met ses charmes en lumière
RÉDACTION, PUBLICITÉ, ADMINISTRATION, ABONNEMENTS :
BP 50119 - 93271 Sevran Cedex. Tél. : 01 43 83 41 24
Fax : 01 43 83 26 33 - Email : [email protected]
RÉDACTEUR EN CHEF : Yves Dupré.
ASSISTANTE : Véronique Duhamel.
PRINCIPAUX COLLABORATEURS : Geneviève Beauvarlet, Maria Geyer,
André Jull, Christophe Perrier, Jérôme Larpège.
DIRECTEUR ARTISTIQUE, 1 RÉDACTEUR GRAPHISTE : Max Pagis.
COORDINATION : Armelle Ecouteau.
52 DU LOURD DESKTOP AU NOTEBOOK
POUR TOUS
En dix ans, le PC est à la fois resté lui-même et
devenu un autre
ER
56 LES HAUTES GAMMES TIENNENT SALON
PUBLICITÉ : au support. Imprimé en France. Dépôt légal : à date de
parution. ISNN, 1626-7702.
On pourrait les croire statiques face à l’histoire
mais, audio ou vidéo, elles vont influencer les
produits du cœur du marché de demain
* DVSM, Distribution, Ventes & Services Magazine est une publication éditée
par Retail Dynamik France* SARL. 73-75, rue de la Plaine. 75020 - Paris.
GÉRANT, DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : B. Sailliard.
Reproduction, même partielle, interdite. Tous droits réservés pour tous pays * Marques déposées.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
3
E
D I T O
N
OUS y voilà, 2011arrive bientôt à son terme,
La devanture,
c'est
la devanture
et avec ce millésime, se termine la première
vraie décennie du 21e siècle (l’an 2000 ayant
été la dernière année du 20e siècle). Cette presque fin
d’année coïncide aussi avec la parution de ce numéro
100, ce qui n’est pas tout à fait le fruit du hasard. Pour
nos lecteurs fidèles qui avaient déjà depuis plus de vingt
ans pris l’habitude de feuilleter leur magazine préféré
quand celui-ci s’appelait encore Vente Numérique &
Multimédia, nous avions souhaité souligner par un air
de nouveauté l’entrée dans une époque qui
s’annonçait à la fois prometteuse et inquiétante. En
dix ans, et même un peu plus, la somme des évènements qui ont propulsé, accompagné, parfois freiné
et à tout moment interpellé les professionnels de
l’électronique pour tous, aura été au-delà de toutes
les prévisions. Nous allons revoir en textes et en
images quelques souvenirs dans les pages qui suivent,
mais qui ne sont cependant surtout pas une rétrospective. C’est plutôt à travers un regard sur hier,
aujourd’hui et surtout sur demain que nous avons
souhaité franchir cette étape.Avec à l’esprit un paramètre très important : les prévisions faites il y a 10
ans, notamment en ce qui concerne la place prise par
les nouvelles techniques et les nouveaux usages.
Aucun segment ne s’est limité à ce que l’on
en attendait de plus innovant et même
révolutionnaire. Les téléviseurs, les télécommunications, la photographie, les ordinateurs et bien d’autres équipements n’ont plus grand chose de commun avec ceux qui inondaient les rayons à l’automne 2000 ou 2001.Autour de nous, beaucoup de choses se sont aussi
transformées, et même le monde du commerce est entré dans une nouvelle époque avec un nouveau compétiteur : l’univers des enseignes en ligne. Beaucoup de métamorphoses qui, n’en doutons pas, en annoncent d’autres. D’ici 2020, il est probable que les produits numériques vendus
aujourd’hui et qualifiés d’avant-gardistes seront considérés comme... nous considérons aujourd’hui les équipements de l’an 2000 : désuets, dépassés, bien rustiques, bref, comme des objets du
passé et... démodés.A bien y réfléchir, c’est peut-être le monde des consommateurs qui est resté
le plus pareil à lui-même. Certes, ils ont pris l’habitude de fureter sur la toile pour comparer les
produits, observer les prix, et éventuellement acheter. Mais dans des proportions bien moins
importantes pour l’ensemble de leurs achats que pour des acquisitions dans les gammes numéYVES DUPRÉ
riques. Toutes familles de produits confondues, les parts du on-line n’ont pas encore atteint 5 %,
rédacteur en chef
et l’alimentaire reste aux alentours de seulement 1 %. Logique : qui achèterait des produits frais
sans même les voir ?Voir est d’ailleurs un verbe qui reste essentiel dans la relation avec la clientèle. Le téléphone, inventé par Graham Bell bien avant Facebook permet de se parler à distance à tout moment.
Certains usages sont assumés par les techniques de télétel, alors que le Minitel (qui cessera en 2012 toute
activité, pour son trentième anniversaire) a aussi rendu possibles bien des échanges. mais il a fallu attendre
Internet, qui permet aux clients de voir les articles qu’ils veulent acheter, non pas pour que naisse la vente
à distance, mais pour que celle-ci aille du catalogue en papier aux écrans du Web.Voir les produits, voir les
clients, voir le vendeur... un éléments éternel. C’est pour cela que depuis l’antiquité, les marchés restent
des valeurs sûres. Les clients aiment qu’on s’occupe d’eux avec amabilité, qu’on les informe avec sourire
et compétence, qu’on les aide à franchir le pas pour des actes d’achats qui les rendent un peu hésitants
(allez donc faire tout cela à travers un écran d’ordinateur). Et ils aiment voir les produits. Le lèche-vitrine
n’est pas près de se démoder, et la vitrine pas davantage. En 2020, il y a fort à parier que cela n’aura toujours pas fondamentalement changé. 쐍
[email protected]
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
5
DVSM-INFOS
ONDES INOFFENSIVES
C’est officiel : les
institut spécialisé dans les
menée de 1990 à nos
on s’en doutait un peu.
ne serait-ce que par
téléphones mobiles ne
pathologies cancéreuses
jours. N’en déplaisent aux
Avec plus d’un terrien sur
l’apparition de pathologies
présentent aucun risque
de Copenhague, qui a
éternels angoissés et à
deux utilisant un mobile
carcinogènes. Certains
de déclenchement d’un
rendu publiques les
ceux qui, indirectement
ou un smartphone très
l’ignorent, mais la plupart
cancer du cerveau, même
conclusions d’une
mais rarement
quotidiennement, si le
des pays « modernes »
en cas d’utilisation
expérimentation au long
inconsciemment, font du
risque avait été avéré,
utilisent des dispositifs de
prolongée. C’est ce
cours, sur plus de 350 000
marché de l’angoisse leur
l’épidémie se serait depuis
veille qui permettent de
qu’affirme un très sérieux
utilisateurs de mobiles,
petit fonds de commerce,
longtemps fait connaître,
détecter les affections qui
surgissent d’une manière
TVNUM : CHARLES BORNOT
CONFIRMÉ À LA PRÉSIDENCE
anormalement fréquente.
Le tabac, par exemple, a
bien été identifié comme
actif d’une évidente
celui de président de SELEC TV. Il poursuivra le déve-
tumoriginécité, et ne
loppement de la société TV NUMERIC, distributeur
soulève aucun doute
indépendant de la TNT, et s’attellera au lancement de
quant à sa dangerosité.
SELEC TV, première offre en vidéo à la demande en
Pourtant, il effraye moins
mode push, à la fois sur le satellite et la TNT.
même chez les paniqués
Charles Bornot, que les professionnels connaissent
de l’antenne-relais, dont
bien et apprécient, a pris la succession de Marc Olivier,
certains continuent, clopin
qui a choisi de se consacrer à des développements
et surtout clopant, de
personnels. Il se félicite du maintien de LCI sur la TNT
fumer plus « d’un paquet
payante, et souligne l’impérative nécessité de renfor-
par jour », selon
cer l’offre payante de la TNT de façon conséquente en
l’expression usuelle. En
intégrant plusieurs nouveaux éditeurs, et rejoindre
cette saison où les infos ne
ainsi les modèles à succès proposés dans différents
sont pas toutes d’un
pays européens où les chaînes de la TNT payante
caractère très réjouissant,
dernier, Charles Bornot (photo) a été confirmé au
représentent 50 % de l’ensemble de l’offre numérique
il semblait de bon aloi de
poste de président de la société TV Numeric, ainsi qu’à
terrestre.
commencer par une
A la suite du Conseil de Surveillance du 30 septembre
쐍
bonne nouvelle.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
6
쐍
ARMES DE PERSUASION
MASSIVES
résultats, et qu’il ne peut
y avoir qu’une seule
vérité. Après tout, de ces
classements, hormis les
C’est clair, ça s’égratigne
estime avoir surpassé Acer
en hauts lieux industriels.
sur le marché chinois.
dirigeants des deux
En cause : les parts de
Acer affirme être mieux
mastodontes pour dorer
marché. Les protagonistes :
classé qu’Asus en Europe.
leur blason face aux
Acer et Asus (Asusteck).
Chacun s’appuie sur les
actionnaires et aux
Les armes : les statistiques
statistiques d’IDC et de
conseils d’administration,
provenant des bureaux
Gartner, qui sont
tout le monde se moque.
d’analystes. Les deux
forcément fausses, l’une
Mais la bataille démontre
firmes asiatiques font le
ou l’autre ou les deux à la
où sont les préoccupations
bras de fer verbal sur le
fois, puisqu’elles ne
des managers dans
registre des chiffres. Asus
donnent pas les mêmes
l’industrie.
쐍
HARMAN INAUGURE
lage. Il s’agissait de donner à l’espace tout ce qui était nécessaire
pour combiner le travail des équipes (incluant celles des divisions
travaillent en « B to B », comme par exemple en première monte avec
les constructeurs d’automobiles, s’agissant de l’électronique embarquée), l’organisation des lieux et la mise en place d’un show-room à
la hauteur du matériel que les marques du Groupe proposent. Le
tout, non seulement en respectant l’architecture et en sachant
marier un environnement typiquement représentatif du quartier et
des ingrédients plus modernes.
L’exercice est plutôt réussi, et dans l’effervescence festive de
l’inauguration de ce show-room, les compliments fusent, tout
comme les commentaires admiratifs. Du très bon travail qui, une
fois de plus, et comme toujours lorsque l’on observe un matériel bien exposé, fait regretter
Alors que bien des entreprises ont, au fil des
que cette qualité de mise en place ne soit pas
ans, déserté la capitale pour s’installer dans les
davantage dupliquée dans les points de vente.
innombrables zones d’activité que compte la
Reste que chez Harman, le show-room perfor-
banlieue parisienne, Harman France a suivi un
mant est un outil de tradition. Il constitue un
trajet diamétralement opposé. La filiale du
instrument indéniable pour présenter toutes les
Groupe américain a abandonné, sans regret, la
gammes aux professionnels. Celui du quartier
presque lugubre zone du 93 pour s’implanter
de la Nation arrive à point, à l’heure où bien des
voici quelques années déjà dans Paris intra-
responsables du terrain envisagent une réelle
muros. A deux pas de la place de la Nation, elle
prise en compte des montées en gamme, planche
a trouvé dans ce quartier calme et bourgeois le
de salut incontournable pour une restauration de
lieu idéal pour déployer ses services. Ajoutons
la valeur et de la profitabilité. En somme, une
que la « rue des Colonnes du Trône » où est dé-
inauguration dans l’air du temps.
쐍
sormais implantée l’entreprise est une voie
privée, avec un accès limité aux riverains, ce
qui ajoute une note supplémentaire à l’ambiance douillette et accueillante de ce petit coin
de la grande ville.
Cette implantation vient,
voici quelques semaines, de ponctuer une
étape de son remode-
왘왘
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 99
7
DVSM-I
N F O S
TÉLÉVISEURS : STOP OU ENCORE ?
INDUSTRIE CHERCHE DÉSESPÉRÉMENT VOIE D’AVENIR
Si quelque responsable
le flanc non seulement le
maintenue pour les
navire californien. Lequel
dans l’univers de
Japon, mais aussi les
linéaires). En fait, quand
de l’ancien ou du
l’industrie nourrissait
zones industrielles
on cherche à résumer, on
nouveau PDG, avait tort ?
soudain l’envie d’émettre
délocalisées vivant en
s’aperçoit que tous les
L’avenir le dira. Quelles
des critiques à l’égard de
partie grâce aux
industriels
que soient l’ampleur de
la distribution et de ses
composants nippons. Les
souhaiteraient se
la tempête et les options
stratégies parfois
inondations en Thaïlande
concentrer sur du haut
de navigation,
discutables,
viennent de porter un
de gamme profitable et
pertinentes ou
l’atmosphère qui règne
nouveau coup sévère à
si possible contourner
aberrantes, seront
aujourd’hui côté
ce secteur déjà groggy.
les écueils de la
partout désignés comme
production aurait pour
Mais sans ces accidents
production. Tout cela
les meilleurs capitaines
effet de l’en dissuader.
naturels, l’univers de
parce que depuis des
ceux qui auront mené au
Des reproches et sous-
l’électronique et du
années, il faut bien le
port leur bâtiment, si
dire, le sport à la mode
possible avec le moins de
pertes possibles. Ce qui
surtout à conquérir des
laisse aussi une place
altéré les ventes au
3e trimestre de 2011, »
mentionne le groupe
coréen, qui a vu son CA se
parts de marché en
royale à la chance.
réduisant les coûts et la
Dans le même esprit, les
replier de 4 %, par rapport
à la période identique de
profitabilité, donc les
capitaines dans la
marges. Nous en
distribution ne doivent
reparlons un peu plus
surtout pas profiter de
entendus avaient en
multimédia, déjà en proie
loin, et en évoquant
ce que l’industrie titube
effet été parfois perçus à
à de sérieuses
Steve Jobs, celui qui, au
pour se croire autorisés à
propos d’enseignes trop
interrogations, aurait
nez et à la barbe de tout
la moindre arrogance.
exigeantes à l’égard de
malgré tout rencontré le
un métier, a fait
Les pas en avant suivis de
leurs fournisseurs ou
désarroi dans lequel il se
exactement le contraire.
pas en arrière ne
assidues à l’excès dans la
trouve, et auquel les
Le créneau des
manquent pas. Carrefour,
démolition de la valeur,
responsables ne
téléviseurs n’est pas le
en pleine transformation
comprenez, des
parviennent pas à
seul concerné. Dans le
de ses hypers au concept
étiquettes. Mais le
apporter des réponses
Planète, pourrait bien
spectacle actuel d’un
durablement valides.
faire rendre fissa son
secteur industriel en
Panasonic, qui avait voici
tablier à celui qui a
profond malaise impose
quelques saisons
décidé cette grandiose
2010. La firme a livré
6,8 millions de téléviseurs
au cours de ces trois mois,
un record absolu pour
cette période, mais avec
un repli du CA de 7 %.
Toutefois, avec une
réduction des coûts et
une optimisation de son
mix-produits (portant
notamment sur les écrans
LED et les TV 3D) le résultat
d’exploitation de cette
une prudente réserve.
annoncé des ambitions
mutation. Toujours est-il
L’ultime mais colossal
fortes sur le créneau du
qu’à l’heure où l’on
division s’est amélioré de
17 %. Pour la téléphonie
mobile, la recette s’est
grain de sable qui semble
téléviseur LCD, renonce
imagine mal le moindre
avoir tout précipité dans
et indique préférer
foyer se passer d’écrans,
une situation qui était
sourcer ses composants.
on ne compte plus les
érodée de 8,5 %, (déficit
d’exploitation
de 128 millions de dollars),
groupes qui ne veulent
déjà tendue se situe dans
Sony qui enregistre des
l’interminable crise
pertes sévères a, par la
multimédia, les repères
plus en fabriquer. De la
économique et
voix de ses responsables,
semblent envolés de la
même manière, pour
financière, qui se
annoncé depuis cet été
même manière. D’où des
l’ordinateur qui, de
prolonge depuis le grand
une réorientation de sa
changements de cap
bureau, portable ou
ce qui va induire une
concentration de
l’entreprise sur les
smartphones et les
téléphones « LTE » (Long
chaos des subprimes, et
stratégie vers des
aussi inattendus que
même sans clavier (c’est
dont on se demande si
produits rentables. La
diamétralement
alors une tablette) fait
Terme Evolution).
L’électroménager se
maintient avec même une
elle ne va pas entraîner
télé, oui, mais la télé
opposés. HP, qui avait au
définitivement et
l’euro dans sa propre
pour filer vers le
mois d’août choisi de
inéluctablement partie
apocalypse. En 2011,
précipice, non ! Philips a
renoncer au marché des
de la panoplie actuelle ou
comme pour remuer le
renoncé, finalisant la
ordinateurs, décide
potentielle de chacun
croissance de la recette de
1 % et une amélioration
du résultat d’exploitation
de 11 %. Globalement,
couteau dans la plaie, la
vente de 70 % de son
finalement d’y rester.
des 7 milliards de
nature s’en est mêlée. Le
activité TV à une
Entre les deux décisions,
terriens, les attitudes à
tsunami au printemps
entrepise chinoise (la
un nouveau capitaine a
son égard chancellent.
avait sévèrement mis sur
marque va bien sûr être
pris les commandes du
Réalité ou cauchemar ?
8
« La stagnation de
l’économie mondiale a
dans l’industrie consiste
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
LG : ventes
en recul mais
résultats
d'exploitation
améliorés
LG améliore ses résultats
d’exploitation
쐍
sur l’ensemble de ses
activités.
쐍
왘왘
DVSM-I
N F O S
sa série Voyager. Ces deux
CABASSE NAVIGUE SUR
L'OCÉAN
voies, Voyager 40, 50, 60
et 70 délivrent une qualité
musicale exceptionnelle.
Réalisées à partir des
livraisons en J+1 dans la
meilleures technologies
plupart des cas. On attend
maison, elles mettent en
120 collaborateurs dans
œuvre des twetters Kortec
Sony a repris
les parts
d'Ericsson dans
l'alliance Sony
Ericsson
cette unité qui devrait
à dôme souple, tandis que
être opérationnelle dès le
les woofers injectés de
prochain printemps.
graphite diffusent des
Pour 1,05 milliard d’euros,
sons graves puissants. De
payés cash, Sony vient
쐍
Boston
dans le vent !
plus, grâce à leurs coques
d’opérer la reprise dont
waterproof en
les rumeurs indiquaient
Le constructeur
polypropylène, ces
l’imminence depuis
d’enceintes haut de
sympathiques
quelques temps. La firme
Voir et entendre : c'est l'objectif de la « croisière » que
gamme a présenté quatre
transductrices résistent
japonaise vient donc de
Cabasse organise depuis fin octobre et jusqu'à la fin de
nouveaux modèles
aux intempéries et aux
faire de Sony Ericsson une
l'année, avec l'enceinte acoustique « Océan », qui sera en
d’enceintes murales de
températures les plus
filiale à part entière, tout
démonstration chez un certain nombre de spécialistes
haute performance dans
extrêmes.
en reprenant dans la
쐍
Artis. les escales sont prévues à Dax (Alliance) Rennes
même transaction un
(C'Nario), Toulouse (ADHF), Nantes (Perrin Acoustic) et
important portefeuille de
Lille (Sonor Plus).
쐍
brevets portant sur 5
familles majeures de
l’univers des télécoms.
BOULANGER OPTIMISE SES « OUTILS »
C’est le terme d’un long
Pour la région Ouest, la
de 37 000 mètres carrés
épisode, puisque Sony
GSS au logo orange
exploitée par ND Logistics
s’était engagé sur le
ouvrira prochainement
(Groupe Norbert
créneau des mobiles sous
une troisième plate-forme
Dantressangle) va fluidifier
son propre nom, avant de
régionale, située au sud
le travail d’environ 35
créer il y a 10 ans la joint-
d’Angers, à Beaulieu-sur-
magasins, qui vont
venture avec le suédois
Layon. Cette installation
pouvoir disposer de
Ericsson.
쐍
LA TNT ET LES QUESTIONS CLÉS
Quelque émoi, des commentaires, des humeurs bonnes et d'autres
Enfin et pour poursuivre sur la valeur ajoutée apportée à l’utilisateur, rap-
moins, ont agrémenté le paysage médiatique au moment où ont été
pelons qu’à technologie du futur, il faut des contenus de demain, adap-
exposées des évolutions prochaines de la TNT. Le Simavelec a tenu à cla-
tés tant à l’écran large du salon qu’aux produits plus individuels comme
rifier sa position dans un communiqué qu'il est intéressant de publier
les tablettes. Pour le Simavelec, les contenus qui apporteront un vrai
intégralement. « Alors que Michel Boyon (CSA) s’est récemment prononcé
« plus » devront donc prendre en compte la 3D (pour les contenus « pre-
pour l’adoption d’une nouvelle norme technique pour la diffusion des
mium ») et la mobilité (afin de recevoir l’ensemble des chaînes de la TNT
futures chaînes de la TNT, il importe de revenir sur
sans solliciter le réseau « broadband »).
quelques éléments fondamentaux », indique le syn-
En conclusion, il va de soi qu’il n’appartient pas aux
dicat professionnel par la vois de Bernard Heger
industriels d’interférer avec les décisions du gou-
(photo), son secrétaire général. « En premier lieu, il
vernement ; le Simavelec souligne cependant que
convient de rappeler que les technologies ont, par
l’intégration massive du DVB-T2 dans les terminaux
nature, vocation à évoluer. Le passage au DVB-T2,
ne pourra se réaliser techniquement qu’à fin 2013
dont l’efficacité spectrale est d’environ 50 % supé-
(à condition que les modalités du DVB-T2 soient
rieure à celle du DVB-T, s’avère donc incontournable,
sanctuarisées d’ici à la fin de l’année).
non seulement en France mais également dans
Pour bénéficier des nouveaux services portés par
l’ensemble des pays, notamment européens.
le DVB-T2, le consommateur devra simplement
Ensuite, il est fondamental de souligner que les consommateurs, de leur
acquérir un téléviseur avec adaptateur DVB-T2 intégré ou un adaptateur
côté, n’acquièrent pas une technologie mais bien des contenus. L’on peut
idoine. Au lancement du DVB-T2, les produits commercialisés aujourd’hui
citer en exemple la Grande-Bretagne où les téléspectateurs regardent des
et ceux déjà installés dans les foyers continueront bien entendu à rece-
contenus en haute définition, apportant une rupture par rapport à la défi-
voir l’ensemble des contenus actuels de la TNT, pour lesquels la norme ne
nition standard et portés par un DVB-T2 totalement transparent pour eux.
change pas. »
쐍
왘왘
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
10
DVSM-I
N F O S
THAÏLANDE : LES INONDATIONS
PARALYSENT L’INDUSTRIE
masses d’eau qui ont de la
plusieurs mètres d’eau et
sorte épargné
risquent d’être détruites
sont réduites à une totale
partiellement les zones
ou fortement
inactivité, pour une durée
indéterminée.
Les inondations qui
entreprises industrielles.
habitées, mais ont en
endommagées quand les
touchent la région de
Sous la menace de crues
revanche très vite envahi
effets de la crue
d’électronique embarquée
쐍
LG présente
l’Optimus Hub
Bangkok ont depuis
meurtrières, les autorités
des zones industrielles. De
s’estomperont. La
plusieurs semaines une
thaïlandaises ont
nombreuses unités de
production de disques
incidence désastreuse sur
initialement été
production se sont
durs ainsi que celle
Le LG Optimus Hub est un
de nombreuses
contraintes de dévier des
retrouvées ainsi sous
d’équipements
nouveau modèle de milieu
de gamme qui succède à
amateurs extrêmement
chevronnés. Son design
est inspiré de celui des
reflex EOS, et elle met en
l’Optimus One sorti il y a
plus d’un an chez LG. Ce
nouveau cellulaire est
plutôt destiné aux ados,
avec un prix très attractif.
œuvre un système
d’impression exclusif qui
De plus, il évoluera sous
l’OS Android 2.3
utilise 12 réservoirs
différents séparés. Cinq
encres monochromes
sont dédiées à des tirages
noir et blanc d’une qualité
extrême, tandis que des
Gingerbread. Ce nouveau
smartphone propose un
écran tactile de 3,5 pouces
offrant une résolution
HGVA (480 x 320 pixels) et
encres pigmentées Lucia,
d’une nouvelle
génération, prennent en
charge les couleurs. Des
ombres, des nuances, une
étendue de couleurs
CANON : L'EOS EN MASSE
reproductibles
exceptionnelle sont mises
C’est fait : le cinquante
dépassés d’ici peu,
fait aussi bien de la vidéo
millionième reflex
d’autant qu’un nouveau
Full HD que les prises de
impression qui prend en
de la génération EOS
navire amiral a été
vues photo, et brille sur
charge le 1 200 dpi, avec la
a été fabriqué par Canon,
dévoilé dans la gamme :
tous les registres en
possibilité d’atteindre une
tandis que pour
l’EOS-1DX, reflex
termes de performances.
impression allant jusqu’à 4
les optiques, ce sont plus
professionnel de nouvelle Pour clients pros, ou
à profit dans une
800 x 2 400 dpi ! Cette
amateurs de niveau
qualité record s’obtient de
équivalent.
surcroît avec une rapidité
쐍
extrême (plus que deux
Canon : du pro
grand format
Pixma Pro9500 Mark II). La
Voici un sommet
machine accepte des
qui est atteint par cette
papiers eux aussi aux
nouvelle imprimante, la
caractéristiques extrêmes,
fois plus vite que sur une
Pixma-Pro-1, une jet
en qualité comme en
d’encre en A3+ destinée
grammage. Disponible
aux professionnels ou aux
courant novembre.
쐍
une luminosité
de 550 cd/m2. De plus,
il offre un APN
de 5 mégapixels avec
enregistrement vidéo en
VGA. Il intègre un
processeur Qualcomm
MSM 7227T cadencé à
800 MHz, accompagné de
4 Go d’espace de stockage
et d’un port microSD. Il
de 70 millions d’objectifs
génération, équipé d’un
EF qui sont sortis
capteur C-MOS plein
Bluetooth 3.0, la
des ateliers de la firme
format (18,1 millions de
japonaise. Des chiffres
pixels). A la pointe de la
qui seront forcément
embarque un GPS, le
connectique GSM quadribande, l’HSDPA bi-bande
jusqu’à 3,2 Mb/s et
technologie, cet appareil
également le Wi-Fi.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
12
쐍
왘왘
DVSM-I
N F O S
VERBATIM
STORE 'N' GO TRAVELLER HDD
Verbatim propose
750 Go. Disponible en noir
sécurité accrue, Nero
une solution de stockage
ou argent, il est conçu
BackItUp and Burn
sécurisée et facile
pour absorber les chocs
Essentials permettent des
à utiliser pour les
grâce à sa coque en
sauvegardes
professionnels
caoutchouc dur. Le
automatiques ou
en déplacement.
Traveller n’a pas besoin de
manuelles des fichiers et
Store ‘n’ Go Traveller est
source d’énergie externe
dossiers. Par ailleurs, il
en effet un nouveau
pour fonctionner puisqu’il
dispose du logiciel « Green
disque dur externe
est plug’n’play. Il est aussi
Button » qui éteint le
portable 2’’5 d’une
100 % compatible avec
disque dur lorsque celui-ci
capacité de stockage de
l’USB 2.0. Pour une
n’est pas utilisé.
쐍
RÉMUNÉRATION DE LA COPIE PRIVÉE : LE TON MONTE !
Sept syndicats *
complexe et coûteux.
licite. Les consommateurs
l’adoption d’un texte
qu’une intervention
d’industriels réunis dans
Surtout, il impose aux
auront donc à supporter
affectant l’autorité de la
législative efface, du
revers de la plume, les
le collège industriel de la
professionnels d’acquitter
un taux de rémunération
plus haute juridiction
Commission Copie Privée
une rémunération pour
pourtant invalidé par le
administrative française
effets d’une décision du
viennent de manifester
copie privée dont le droit
Conseil d’Etat, pendant 24
et celle de la juridiction
Conseil d’Etat et engage
leur plus vive opposition
communautaire interdit
mois supplémentaires.
suprême européenne. La
la responsabilité de l’Etat
au projet de loi relatif à la
pourtant qu’ils puissent
Enfin, par une autre
rémunération des ayants
français devant les
rémunération pour copie
être débiteurs. Par
pirouette juridique, ce
droit au titre de
institutions européennes.
privée présenté lors du
ailleurs, soulignent-ils
même projet de loi
l’exception de copie
En conclusion, les
Conseil des ministres du
encore, le projet de loi
neutralise les actions
privée est certes une
industriels soutiennent
26 octobre 2011. Ce
que plutôt que de tenter
texte, estiment-ils,
de pallier artificiellement
revient à contredire les
les nombreux
termes de l’arrêt rendu
dysfonctionnements de
par le Conseil d’Etat du
la rémunération pour
17 juin 2011 qui, en
copie privée, l’urgence
annulant la décision n°11
est à la rénovation
de la Commission pour
profonde d’un système
copie privée, jugeait que
devenu totalement
les supports acquis à des
inadapté à l’ère
fins d’usages
numérique. Les
professionnels devaient
industriels souhaitent
être exclus du champ de
être pleinement associés
la rémunération pour
à cette rénovation, aux
copie privée
prévoit que les barèmes
contentieuses qui
préoccupation légitime,
côtés des ayants droit et
conformément à l’arrêt
annulés par le Conseil
viendraient contester les
admettent les
des consommateurs. Dans
de la Cour de Justice de
d’Etat seront maintenus
effets de la décision n°11
organisations
cette attente, ils
l’Union Européenne
pendant une période de
de la Commission pour
professionnelles. Elle ne
appellent le Parlement à
du 21 octobre 2010 dit
30 mois et non de 6
copie privée. Pour les
constitue cependant pas,
rejeter le projet de loi et
« Padawan ». Il apparaît,
comme le Conseil d’Etat
industriels - directement
dans le contexte qui
notamment les articles 4 à
reprennent les
l’avait pourtant décidé.
concernés par ce projet
succède à l’annulation de
6 qui vont à l’encontre de
industriels, que le projet
Une telle prorogation
en leur qualité de
la décision n°11, un motif
la décision du Conseil
de loi présenté prévoit
vient pénaliser les
débiteurs de la
impérieux d’intérêt
d’Etat autant que du droit
non pas un système
consommateurs qui
rémunération pour copie
général qui justifierait
européen.
d’exonération mais de
pouvaient espérer que le
privée - les dispositions
remboursement a
nouveau barème vienne
de ce projet sont
posteriori pour les usages
compenser seulement un
inacceptables et doivent
professionnels par le biais
manque à gagner pour les
être purement et
d’un mécanisme
ayants droit du seul fait
simplement abandonnées,
particulièrement
des actes de copie privée
sauf à conduire à
*La FEVAD, Fédération du e-commerce et des la vente à distance, la
Fédération Française des Télécoms, le Groupement des Industries
des Technologies de l’Information et de la Communication, le
Syndicat de l’Industrie des Technologies de l’Information, le
Simavelec, le Secimavi, et le SNSII, Syndicat National des Supports
d’Image et d’Information.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
14
쐍
왘왘
DVSM-I
N F O S
géo-marketing, les
sociétés d’assurance et
d’autres clients pourront
utiliser « Custom Probe
Counts » comme une base
de données
complémentaire
aux outils traditionnels
TOMTOM LICENSING
PRÉSENTE SON SERVICE
CUSTOM PROBE COUNTS
pour rendre les études
amateurs d’envahir
géo-localisées encore
en masse les allées
plus efficaces
du hall ou se tenait la
et fiables. Utilisant
seconde édition
Sony invite
vos clients à
l’aventure !
la base de données du
de ce qui est, toutes
Sony propose à vos clients
trafic historique
catégories confondues, le
des offres exceptionnelles
de quatre mille milliards
plus grand salon se tenant
sur une sélection de
de relevés de TomTom,
en France et concernant
produits. Ces offres sont
ce service « Custom Probe
l’univers des loisirs
valables du 1er novembre
Counts » révèle le nombre
numériques, en nombre
2011 au 12 janvier 2012. La
de passages des
de visiteurs. Mais en plus
marque rembourse ainsi
Ce produit lié au trafic
fréquentation des routes
utilisateurs de GPS sur
de cette réussite
jusqu’à 100 euros pour
fournit des indicateurs sur
de manière globale. Les
n’importe quelle portion
incontestable, cet
l’achat d’un caméscope,
l’intensité de la
agences spécialisées en
de route à toute période
événement donne aussi
20 euros ou un casque
de la journée ou sur un
au jeu vidéo et aux loisirs
ZX300 pour l’achat d’un
jour particulier. Le résultat
interactifs l’occasion de
d’une requête « Custom
bénéficier d’une audience
TÉLÉVISEURS : L'OBLIGATION
DÉCLARATIVE PAR LES REVENDEURS
VA-T-ELLE ÊTRE ABROGÉE ?
Probe Counts » est
médiatique à la hauteur
accessible via Internet et
de ce que représente
C'est ce qu'ont demandé des députés UMP dans une
disponible sous quelques
cette activité sur le plan
proposition de loi enregistrée à la Présidence de
heures. TomTom offre
économique. Les
l'Assemblée nationale le 18 octobre dernier. Cette
pour ce produit une
différents reportages
déclaration imposant aux revendeurs de révéler
couverture globale
diffusés sur de
l'identité des acheteurs de téléviseurs avait été ins-
de 40 pays.
nombreuses chaînes de
taurée en 1949 par l'administration fiscale dont on
peut saluer son talent pour avoir une attitude visionnaire. Elle prévoyait il y a plus de 60 ans le bond spectaculaire promis au petit écran, alors que le 819 lignes
쐍
Paris Games
Week : au-delà
du succès
télévision et les échos
dans tous les médias
apporte de l’eau au
Walkman Série E 8 Go,
moulin d’un secteur qui
Comme il fallait s’y
ne peut que prendre de
jusqu’à 50 euros pour
attendre, le salon Paris
l’ampleur, compte tenu de
l’achat d’une station
Games Week 2011
la progression des outils
d’accueil, une clé USB
a constitué une nouvelle
et services numériques
Wi-Fi pour l’achat d’un
occasion pour les
dans la vie quotidienne.
쐍
téléviseur, jusqu’à 7 films
en VOD pour l’achat d’un
téléviseur, d’un lecteur
Blu-ray ou d’un Home
Cinéma. De plus, Sony
noir et blanc était seulement en passe d'être mis en
service et qu'à peine quelques milliers de privilégiés
offre 6 mois de musique
disposaient d'un récepteur. Le filon avait été reniflé de
illimitée pour l’achat d’un
narines bien inspirées, mais aujourd'hui, alors que 95 %
ordinateur VAIO ou d’une
des foyers sont équipés, qu'il est commode d'acquérir
Sony Tablet, ainsi que trois
un matériel sous le nom d'un ami déjà équipé, ou
logiciels de création
même de régler en espèces en indiquant une adresse
(photo, vidéo et musique)
poétique, la déclaration devient obsolète. C'est ce que
pour l’achat d’un
résume le projet de loi qui ajoute aussi que la posses-
ordinateur VAIO ! Ces
sion d'un récepteur fait aussi partie des éléments
offres sont consultables,
déclaratifs liés aux impôts locaux et auxquels sont sou-
ainsi que les références
mis tous les contribuables. Une seconde déclaration
des produits concernées,
ne sert donc à rien. Nous sommes bien de cet avis.
sur www.sony.fr/
쐍
nos-promotions.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
16
쐍
왘왘
DVSM-I
N F O S
d’intérêt et les radars.
refroidissement exclusive,
pixels, ultra grand angle 24
L’application est
utilisant un radiateur à
mm avec un zoom
compatible avec le
ailettes cuivrées, pour une
optique x12, 5. Il filme des
AKG, Groupe Harman, vient d’annoncer la sortie son
nouveau système
meilleure dissipation de la
vidéos HD (720p) et
nouveau casque K550 dévoilé en mai dernier. Ce
d’exploitation iOS5. Côté
chaleur. Par sécurité, il
possède entre autre le
casque audio haut de gamme, au format serre-tête
prix, ceux qui ne sont pas
entame une sauvegarde
Mode Easy (« facile »).
avec des finitions noir métallisé, est destiné selon son
encore utilisateurs de
automatique de tous les
fabricant aux audiophiles avertis. Les écouteurs sont
l’application TomTom
fichiers en cours
devront débourser 59,99
d’utilisation dès que
euros pour cette nouvelle
l’autonomie passe sous la
version 1.9. Pour les
barre des 5 %. Quant à sa
autres, la mise à jour est
fonctionnalité « Instant On
LE CASQUE AKG K550 ENFIN
DISPONIBLE
gratuite.
쐍
», elle permet de sortir
Asus Zenbook
쐍
Sagemcom
dévoile
deux nouvelles
couleurs
de Sixty
l’appareil d’une période
Après la version orange, le
veille (jusqu’à 15 jours) en
Sixty ajoute à sa gamme
Alliant élégance et
deux secondes
une version couleur neige
puissance, le Zenbook est
seulement.
et une version rouge, en
disponible en versions 11
쐍
édition limitée ! Le Sixty
processeurs Intel Core de
Casio : des
clients attrapés
au vol !
deuxième génération,
Casio a mis en place une
chromée à l’arrière, ainsi
et 13 pouces (28 cm et 33
cm environ). Il intègre les
dispose d’un support
combiné en aluminium et
d’une petite plaque
fermés, vraiment très larges (haut-parleurs de 50 mm)
128Go de stockage SSD
opération promotionnelle
que de nombreux atouts
et englobent complètement l’oreille (circum aural)
pour 4Go de RAM ainsi
spéciale qui ne manque
techniques : un combiné
pour une immersion annoncée comme totale. AKG met
qu’un port USB 3.0. La
pas de hauteur pour cet
sans fil, un navigateur
en avant sa légèreté (305 grammes) et son confort.
technologie audio et les
hiver. Ainsi, du 15
tactile placé autour d’un
Le K550 est également pliable, afin de faciliter le ran-
haut-parleurs ont été
novembre au 31 décembre
écran vidéo, un fameux
gement ou le transport. Il restitue le son selon une
développés en
2011, pour tout achat d’un
chenillard lumineux
interminable courbe de réponse en fréquence (12 à
collaboration avec la firme
appareil de la gamme High
(presque aussi enchanteur
28 000 kHz) et assure une pression acoustique respec-
danoise Bang & Olufsen.
Zoom, Exilim-ZS100, la
table (116 dB).
Cet ordinateur dispose
marque offre un billet
d’une technologie de
d’avion aller-retour pour
쐍
TOMTOM APP POUR
IPHONE
TomTom vient de lancer la
prix. Pour les utilisateurs
version 1.9 de son
actuels, la mise à jour est
application, désormais
d’ailleurs déjà disponible
améliorée pour iPhone et
et gratuite. Par ailleurs, les
que les authentiques
iPad. Cette dernière a été
personnes intéressées par
chenillards collectors de
optimisée pour les
l’HD trafic pourront
chez Superelek), un
utilisateurs de la célèbre
l’acheter depuis
répondeur « virtuel », un
tablette : la résolution est
l’application. Côté mise à
répertoire de 150
jour, l’utilisateur
numéros, la restriction
bénéficiera d’une carte
d’appel qui permet de
routière actualisée avec
bloquer la numérotation
les nouveaux tracés
de certains préfixes,
routiers, des informations
l’affichage
heure/date/durée d’appel,
précises sur les points
la fonction mains libres
plus élevée et offre un
affichage plus net sur le
EN VOITURE, TÉLÉPHONER
AVEC UN MOBILE COÛTE CHER !
dix destinations au choix :
grâce à son haut-parleur
Londres, Valence, Rome,
et son micro, la
Dublin, Lisbonne, Madrid,
compatibilité GAP et PABX
Vos clients seront heureux que vous puissiez les infor-
Milan, Berlin, Stockholm et
et enfin 10 sonneries, dont
grand écran LCD.
mer sur les sanctions encourues dans les principaux
Amsterdam. Pour
l’indispensable sonnerie
L’interface quant à elle a
pays européens. A lire en détail sur www.dvsm.fr, dans
mémoire, l’Exilim-ZS100
Hifi «Old school »,
été améliorée sans pour
le Petit Journal de DVSM du 27 octobre dernier.
est un APN doté d’un
identique à la version
capteur de 14,1 millions de
originale du S63.
autant faire augmenter les
쐍
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
18
쐍
왘왘
DVSM-I
N F O S
SLEEPY JACK ET DEATH
WORK SUR XPERIA PLAY
Photogénie est un logiciel
gratuit de création photo
(compatible Mac ou PC)
permettant de préparer sa
commande de tirages
photo (livres albums,
objets photo, photos
déco, tirages et posters,
etc.) sans être connecté
sur le Web. Permettant la
sauvegarde des projets
d’album (entre autres), il
et à connecter. Adapté
analogiques, il est
conserve les commandes
à une utilisation nomade,
également pourvu d’un
Sony Ericsson (ou plutôt
sans oublier les tanks et
autant qu’on le désir et
le K330 pèse tout juste
port HDMI pour un
Sony... tout court
autres chars d’assaut. Et
permet de valider ses
1,24 kg et ne dépasse pas
raccordement simple aux
désormais) annonce que
ce sur 45 niveaux et dans
achats lors d’une
218 x 168 x 46,5 mm, soit
ordinateurs, lecteurs DVD
deux jeux très attendus
3 lieux différents dans un
prochaine connexion. Une
près de la moitié d’une
ou consoles de jeux. Le
débarquent sur Xperia
environnement
offre de découverte est
feuille de papier A4. La
K330 est de surcroît
PLAY : Sleepy Jack, le
apocalyptique marqué par
valable jusqu’au 31 janvier
luminosité de 500 ANSI
compatible DLP 3D,
nouveau titre de SilverTree
les tirs de représailles et
2012 : Fujifilm offre le Livre
lumens associée au taux
ce qui permet de regarder
Media, et Death Work, un
les assauts répétés des
Album de son choix (hors
de contraste de 4000:1
n’importe quel contenu
ver de terre diabolique et
adversaires. Disponible au
format A3, 30 x 44 cm) ou
garantit des images nettes
3D en portant
redoutable. Sleepy Jack
prix de 220 euros.
est un jeu d’arcade au
쐍
Jack dans un voyage
Myfujifilm
en version
hors ligne
coloré et mouvementé au
Créer son « Livre Photo »
cœur de ses rêves.
dans le train, en voiture,
Disponible au prix de 3.99
en vacances ou en week-
graphisme étonnant,
consistant à guider Sleepy
un tirage photo déco
et vivantes, et une
des lunettes DLP 3D.
(jusqu’au format 30x45cm)
performance de
Ca va se vendre, dis ?
à valoir sur tout le site
projection à fort impact.
www.myfujifilm.fr via
La résolution 1280 x 800
Photogénie.
쐍
WXGA native, qui peut être
poussée jusqu’à une
쐍
Eco-systèmes
participe
à l'opération
« Passion
Commerce »
euros. Dans Death Worm,
end loin de toute
Pourquoi pico ?
Parce que
c'est beau !
l’utilisateur devient lui
connexion Internet,
A la fois pico-projecteur et
haute définition. Le K330
Eco-systèmes s’associe au
même un ver de terre
tel est le nouveau service
projecteur Home Cinéma,
est également silencieux,
Centre d’Etudes et de
résolution Full HD 1920 X
1080, autorise la
reproduction de contenu
affamé. Grâce aux touches
offert par le site
le K330 veut faire la
ne dépassant pas un
Formation des Assistants
directionnelles du Xperia
www.myfujifilm.fr grâce
différence. Dernier né de
souffle de 29 dBA en mode
techniques du Commerce,
PLAY, il faudra nourrir la
au logiciel Photogénie
la famille de
Eco. En plus des ports
des Services et du
petite bête en s’attaquant
téléchargeable
vidéoprojecteurs d’Acer,
VGA, vidéo composite,
Tourisme (CEFAC) dans le
aux forces militaires, de
gratuitement sur la page
le K330 est compact,
vidéo/audio composite
cadre de l’opération
l’infanterie aux aéronefs
d’accueil du site. En effet,
facile à transporter
pour les signaux
Passion Commerce. Sous
le signe de l’innovation du
commerce, un tour de
BEST-SELLER KINECT POUR XBOX 360
France de 50 étapes qui a
débuté le 19 septembre
toujours aussi fun. Avec plus de trois millions d'exem-
2011 et durera jusqu’à
plaires du premier Kinect Sports vendus à ce jour,
mars 2012 au sein du
« Kinect Sports: Saison 2 » reprend le flambeau de cette
réseau des Chambres de
série best-seller sur Kinect, avec cette fois-ci tennis,
Commerce et d’Industrie
ski, golf, base-ball, football US et fléchettes. En plus
pour sensibiliser les
des six sports dans leur version complète, 17 nou-
professionnels du secteur
veaux défis sont proposés afin de se mesurer à ses
sur la collecte et le
amis (et rivaux) sur le Xbox LIVE ou directement dans
recyclage des appareils
le salon. Et pour que le jeu ne s’arrête jamais, dès
électriques et
novembre et tous les mois jusqu'à la fin du printemps
électroniques usagés et
2012, de nouvelles extensions de jeu seront mises en
leur présenter les
Ce Noël sera assez sportif pour Kinect, surtout avec la
ligne pour proposer aux clients plus de défis, d'ac-
solutions simples et de
sortie de Kinect Sports : Saison 2 qui proposera des
tivités, de parcours, et même un sport supplémentaire
proximité pour les
activités en compétition ou en collaboration, mais
dans le courant du printemps 2012.
magasins et les
쐍
consommateurs.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
20
쐍
L
E
T
E R R A I N
La saga de la première
décennie numérique
Premier épisode
HIER, AUJOURD’HUI, DE
DVSM est né en l’an 2000. Du moins, sous ce nouveau titre. Les
professionnels ayant un pied dans l’électronique de loisirs depuis
un certain temps, voire un temps certain, se souviennent que ce
re-baptême était une manière de symboliser une double étape :
celle du cap de 20 ans d’information déjà franchi, et l’arrivée
dans un nouveau siècle, et même un nouveau millénaire ! Une
nouvelle période que nous n’avions pas hésité à pressentir
comme immergée dans un gigantesque bouleversement. La
décennie que nous venons de vivre n’a pas démenti cette prévision et, déjà, les questions se multiplient à propos de l’avenir.
Que vendra-t-on dans les linéaires en 2020 ? La HD sera-t-elle
dépassée ? Les tablettes auront-elles fait naufrage sous les agressions de nouveautés pour l’heure non encore imaginées ? Et
d’ailleurs, les linéaires eux-mêmes seront-ils toujours les clés de
voûte d’une forme dominante du commerce ?
Si la parution d’un numéro 100 constitue une bonne occasion de
regarder dans le rétroviseur « toute une époque » qui s’éloigne,
c’est aussi l’instant opportun pour songer à l’avenir, exercice ô
combien plus délicat. Les choses ne se passent que rarement
comme on l’imagine. Trop d’événements imprévus entrent dans
la danse et changent à leur manière le cours de l’histoire. Ils
imposent des révisions dans les plannings, tandis qu’une autre
forme de facteurs arrivant de nulle part apporte aussi son pesant
d’inattendu : les initiatives. Sur presque un demi-siècle, celles-ci
l’ont pratiquement toujours emporté face aux prévisions sages
appuyées sur ces fameuses tendances lourdes, qui s’évaporent
dès que le vent tourne un peu.
En 2000, il aurait été assez facile, comme il l’est pour les dix ans
qui viennent, d’imaginer que jusqu’à 2011, des tempêtes, des
canicules, des attentats meurtriers et des périodes de crise économique viendraient perturber les courants d’affaires. Qui en
revanche aurait vu le segment du téléviseur archi-dominé par un
outsider coréen ? Quel analyste aurait osé annoncer la prépondérance d’une firme californienne sur des pans entiers de
l’électronique de loisirs et des télécoms ? Qui se serait hasardé
à soutenir qu’en cette seule période, la plus que séculaire photo
argentique serait totalement reléguée au musée des antiquités ?
L’histoire est un éternel recommencement, mais elle ne recommence jamais la même chose. Nous vous proposons, à travers ce
numéro 100 et dans un second volet le mois prochain, car le
sujet est immense, d’évoquer ces onze années (mais comment
dissocier l’an 2000 de la vraie première décennie du siècle ? ) de
l’univers EGP - télécoms - multimédia, envisager son futur, et
sans oublier un présent très animé. 쐍
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
22
Electronique, multimédia, télécoms :
Une distribution
pas comme les autres
Entre 2000 et 2011, vendre des chaussures, distribuer des
outils de jardin, commercialiser de jolis bouquets de fleurs
ou animer un rayon de pâtisseries sont des activités qui ont
sans doute évolué, mais qui sont malgré tout restées aussi
un peu les mêmes. Rien à voir avec l’immense métamorphose que l’univers de l’électronique pour le plus grand
nombre a vécue, sous l’impulsion de la vague numérique.
MAIN…
« Evolutions historiques, périodes charnières, virages majeurs » : les expressions
ne manquent pas dans les réserves des
médias pour décrire des moments forts.
L’excès dans le vocabulaire est d’ailleurs
fréquent dans les envolées lyriques face à
des évènements qui n’ont pas toujours
la portée que les gazettes leur attribuent
sur l’instant. Mais en ce qui concerne la
première décennie du nouveau siècle, et
pour la distribution, le risque de surabondance dans les superlatifs n’existe
pas. Surgissant avec Internet, la version
en ligne de cette activité a bel et bien
marqué d’une empreinte indélébile l’histoire du commerce. Celui-ci ne sera
jamais plus comme avant. Pour les produits des rayons et des points de vente
dédiés à l’électronique de loisirs et de
Avec le nouveau siècle, s’ouvre à Marne-la-Vallée le centre commercial Val d’Europe. Son style et sa
géométrie tranchent avec les concepts classiques, intégrant une zone entièrement dédiée à la
restauration, un aménagement haut de gamme (fauteuils en cuir dans toute la galerie), l’ensemble
abrité dans très belle architecture inspirée des structures métalliques d’un Paris de la belle époque. Le
centre commercial de Bègles, près de Bordeaux, a servi de « prototype ».
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
23
communication, cette nouvelle voie a mis
la main sur au moins un cinquième, voire
un quart du marché. Avec cette particularité : le commerce est entré dans la
génération numérique en grande partie
grâce aux équipements et aux services
qu’il a lui-même diffusés. Nombreux sont
probablement les clients ayant acquis
dans un classique magasin « physique »
l’ordinateur, la box ADSL ou la tablette
lui permettant de ne plus y remettre les
pieds, et de faire ses emplettes uniquement via le « on-line ». De là à imaginer
le commerce physique entièrement
dévoré par les « e-camelots », il y a bien
plus qu’un pas. Galeries marchandes et
boutiques sympas ont encore de l’avenir,
même pour les produits numériques.
Le commerce et la révolution,
la révolution et le commerce
Il faut cependant se garder d’observer
les évolutions de la période 2000-2011
comme des transformations simples, se
limitant à des transferts liés à la compétitivité des uns et des autres. Comme
l’ont été les autres grandes métamorphoses du commerce, celle que nous
avons vu naître avec le Net et qui n’est
pas terminée s’inscrit dans un cadre évolutif bien plus important, lié à un développement nouveau qui implique toutes les
activités de la vie quotidienne. C’est dans
ce genre de circonstances qu’avaient été
vécues des transformations plus anciennes,
comme l’émergence et la puissante progression du « grand commerce ». Ainsi,
c’est le développement de l’automobile
qui a créé un terrain fertile aux hypermarchés, épaulé par l’extension des zones
왘왘
L
E
T
E R R A I N
Seules les boutiques spécialisées en télécoms bien gérées, et souvent reliées
à une certaine forme de centralisation, réussiront à ne pas chanceler dans
les accélérations puissantes du secteur, et face à la volonté de prise en
mains au moins en partie de la distribution des produits et services par les
opérateurs.
A Val d’Europe, l’hypermarché Auchan,
qu’inaugure Francis Cordelette, alors directeur
général d’Auchan (il pilote depuis les destinées
de Boulanger, toujours au sein de l’empire
Mulliez) est dans la mouvance de l’époque. Une
place large et soignée a été réservée aux biens
culturels
périurbaines. La poussée démographique
des trente glorieuses est à l’origine de
cette révolution du monde marchand,
laquelle a aussi pris naissance sous les
initiatives d’entrepreneurs bien inspirés,
les inventeurs ou créateurs, dans le sens
le plus noble de ces termes. Les hypermarchés (dont on oublie parfois qu’ils
sont nés en France, tout comme les
grands magasins) ne se sont propagés que
grâce à une conjonction de facteurs favorables : croissance, poussée démographique, extension des zones urbaines,
émergence d’un équipement automobile
de grande ampleur. Retirez un seul de ces
ingrédients, et plus rien ne fonctionne
(message à ceux qui veulent la mort de
l’automobile !) C’est le syndrome classique de la poule et de l’œuf, avec un
commerce qui crée la révolution dans des
usages, et des usages nouveaux générateurs de pratiques inédites dans le commerce.
Il y a cependant un autre axe qui entraîne
des transformations profondes dans le
monde de la distribution. Il s’agit de son
organisation. Sur ce plan, les évolutions
majeures ont été vécues non au cours des
10 années les plus récentes, mais sur près
d’un demi-siècle. Elles se résument par un
mot : la centralisation que l’on englobe ou
assimile volontiers avec la « concentration ». Les professionnels savent - ce que
le grand public ne perçoit pas toujours que cette manière de concevoir l’activité
commerciale « moderne » et centralisée
ne se résume pas à acheter des volumes
les plus importants possibles pour obtenir
de meilleures conditions chez les fournisseurs, même si ce point de « détail » n’est
jamais devenu secondaire ! La conception
En 2001, les produits culturels sur supports
physiques explosent ! Le DVD et le CD sont les
rois d’un créneau où la cassette vidéo reste
solide. Arnaud Lagardère et Richard Branson
(Virgin) étrennent une formule de franchise pour
le mégastore des Champs Elysées.
Autre aventure : en 2001, Thierry Guet est aux
commandes de Planète Saturn. Il inaugure le
magasin du centre de Lyon, coup d’envoi d’une
nouvelle époque, le concept d’HyperMedia lancé
par le géant allemand de la distribution ne
parvenant pas à un décollage satisfaisant dans
l’Hexagone. L’ouverture de Lyon sera suivie
quelques mois plus tard par celle de Lille, dans le
centre commercial Euralille. L’aventure n’a pas
fini d’être agitée !
d’un commerce organisé de la sorte va de
l’exploitation d’une enseigne d’autant plus
connue qu’elle est répandue, à une analyse sans cesse plus pertinente des opportunités de marchés. Une grosse structure
centralisée peut financer des études, organiser des tests, se doter d’équipes
d’experts spécialistes des questions de
financements,des ressources humaines,de
la communication, des questions juridiques, etc., inaccessibles à des indépendants. Et au cours des décennies récentes,
pratiquement tous les professionnels du
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
24
commerce sont venus les uns après les
autres à cette approche, soit dans le cadre
de leurs groupes, pour les plus grands, soit
dans des organisations fédérant des entreprises personnelles. Le secteur de l’EGP
n’a pas évolué différemment des autres
branches de la distribution. Il suffit de se
promener dans n’importe quel espace
commercial pour s’en apercevoir. Au point
que la duplication des mêmes enseignes
un peu partout sur le territoire émousse
l’intérêt d’un public qui aimerait voir
« autre chose » quand il se promène dans
une galerie marchande qu’il ne fréquente
pas d’une manière régulière. Force est de
constater que sur de nombreux points,
l’organisation du commerce n’est pas véritablement différente entre distribution
physique et commerce sur le Net.
Mais on ne peut nier que la centralisation rend commode l’évolution des
enseignes en forces d’exigences auprès
de tous les interlocuteurs : pouvoirs
publics, collectivités locales, sans oublier
les fournisseurs. Exigences qui peuvent
porter sur les prix de cession et sur
beaucoup d’autres points : participation
à l’effort promotionnel, organisation de
flux tendus, etc.
Le on-line n’a pas tout dévoré
Comme pour la peste, les proliférations
de nouvelles formes de commerce ont
en général pour effet de déclencher de
grandes peurs. Jadis, de nombreux pessimistes épris de catastrophismes prévoyaient ainsi que les hypermarchés
absorberaient à terme la totalité des
courants de distribution dans notre pays.
Au point d’avoir déclenché des prises de
position du législateur, qui s’est « fendu »
de quelques textes dont on sait aujourd’hui qu’ils n’ont pas apporté que des
bienfaits à la distribution, ni grande ni
petite. Et surtout, chacun a pu constater
que l’hypermarché n’est pas devenu le
왘왘
L
E
T
E R R A I N
A Rosny II, en novembre 2001, la FNAC ouvre son point de vente, séparé de
celui de Darty par une simple cloison. L’enseigne est en pleine phase
d’expansion. En 2012, elle abandonnera cet emplacement pour adopter à
son tour une surface nettement plus imposante, reprenant une large part
de l’espace laissé vacant par le BHV dans son ultime formule au sein de ce
centre de Seine-Saint-Denis.
Rosny (93), mais à l’opposé du centre Rosny II, par rapport à l’autoroute :
voici le symbole parfait des ouvertures de centres commerciaux mal ficelés.
A un moment, les enseignes installées dans cet espace qui donne une
véritable dimension du vide (surtout en clientèle) se sont crues sauvées par
l’arrivée tonitruante de Saturn. Hélas, trop de trafic tue le trafic. Bloqués
pendant des heures dans les embouteillages découlant d’une infrastructure
routière défaillante, les clients ont juré qu’on ne les y reprendrait plus.
commerce unique. Bien d’autres formules ont perduré, et se sont même
quelquefois bien développées. Jusqu’à ce
commerce de centre ville, dont seul
monsieur Tout-le-monde et quelques
élus rêveurs croient qu’il échappe encore aux impératifs de regroupement,
n’est pas mort sous les attaques concurrentielles de la GSA. Ses animateurs
nous confient même qu’il souffre bien
davantage - parfois jusqu’à en mourirdes chantiers d’installations de tramways
qui désarticulent des avenues pendant
plusieurs années, poussant une clientèle
à aller s’approvisionner ailleurs. Une
belle occasion pour le public de goûter
aux charmes d’un stationnement gratuit
et non limité ; alors que la baguette de
pain du boulanger traditionnel voit son
coût se décomposer en au moins 80
centimes d’euros pour la mie et la
croûte, et un ou deux euros dans
l’horodateur, quand ce n’est pas le PV
qui, a lui seul, vaut presque autant que
tous les pains multipliés qu’un célèbre
individu sachant marcher sur l’eau avait
offert à ses convives.
Arrivé avec pour principal bagage une
compétitivité extrême, le on-line a
démontré qu’il était aussi en mesure de
séduire bien des clients grâce à d’autres
atouts. Le premier d’entre eux est ce que
l’on ne peut plus qualifier d’amplitude
horaire, mais de disponibilité permanente. Le confort dans l’exploration des
gammes, qui peut se faire d’un clic, dans la
journée ou agréablement installé le soir
à la maison, est un élément très apprécié.
Tout comme la possibilité d’échapper
Il faut un bon rodage
à toutes les
mécaniques. Celle des
points de vente du
réseau Bouygues ne se
portera que mieux
d’une évolution de sa
livrée vers des
nuances moins
explosives.
comme indispensable. On imagine mal
un audiophile s’offrir des enceintes acoustiques uniquement d’après les explications alignées sur les écrans d’un site de
vente en ligne.
Le physique et Internet :
l’alliance inattendue.
Investir dans les services : voilà le rêve de tout
patron de GSS. Hervé Skornik, aujourd’hui
président du directoire de Darty, lance la
DartyBox.
aux surcharges des zones commerciales
les jours de grande affluence. De même,
faire des achats sur le web évite les
déplacements vers des points de vente
où les équipements convoités ne sont
pas disponibles. Autant de facteurs motivants pour des chalands qui, en revanche,
aiment le réel. La volonté absolue du
client de pouvoir acheter quelque chose
vu en vrai ne s’observe pas que sur les
fruits et légumes. L’électronique y est
aussi confrontée, et cela d’autant plus si
un essai est espéré ou même considéré
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
26
Mais cette rencontre avec un nouveau
mode d’accès à la clientèle démontre
désormais des atouts auxquels les professionnels du terrain ne songeaient pas
forcément il y a une dizaine d’années.
Car la toile est devenue un moyen extrêmement efficace de combiner les deux
modèles. Les GSS en profitent sans
compter. D’une offre sur le site, le client
sait qu’il peut accéder au « prix du Net
» tout en sachant où aller chercher luimême son achat là où il est disponible.
Dans un bon nombre de cas, cela se fait
dans un laps de temps très court,
quelques jours, la journée, voire une
heure ou deux. La grande distribution
alimentaire n’échappe pas à cette opportunité, multipliant la formule baptisée «
drive », en bon franglais.
En revanche, le spectre de concurrents
redoutables en compétitivité parce que
leur statut de distributeur en ligne leur
왘왘
L
E
T
E R R A I N
Le moins cher et l’achat malin, le public adore, à toutes les époques. C’est
sur cette réalité porteuse que repose le principe d’Electro-Dépôt, le très
proche cousin de Boulanger.
Inauguré boulevard Philippe Auguste dans les années 90, le magasin
Surcouf s’est déplacé pour une implantation immense avenue Daumesnil. Il
draine quotidiennement une foule de clients qui viennent chercher ce que
l’on ne trouve pas ailleurs, en produits et en explications. Mais l’enseigne
sera vendue à la FNAC, qui n’a rien compris au concept, tentant
stupidement de le «rationaliser», et en réalité, vide ce lieu exceptionnel de
l’essentiel de son intérêt et de bon nombre de ses clients.
permettrait d’échapper aux coûts que
génèrent les points de vente s’efface. Les
clients vont massivement vers les enseignes connues, en ligne comme dans le
commerce physique. L’image d’Epinal
présentant un site marchand installé
dans une ferme isolée reconvertie et
n’ayant qu’un coût de fonctionnement
infinitésimal se range dans le tiroir des illusions perdues. Un site bien organisé, avec
des pages web bien faites, qui « coulent »
sans turbulence,claires et agréables à compulser, le tout relayé par une logistique
tournant comme une horloge, sont des
impératifs qui supposent des investissements conséquents. Amateurs, go home !
Si l’apparition du commerce en ligne a
fait fortement évoluer les créneaux
EGP-télécoms et loisirs interactifs, il n’a
pas tout révolutionné pour autant. 99 %
des achats de nourriture se font toujours au niveau physique, et 96 % des
actes d’achats, toutes disciplines confondues, restent dans le camp des magasins.
Il faut d’ailleurs prendre avec des pincettes certaines statistiques qui mélangent un peu tout et font du on-line un
phénomène d’une ampleur encore plus
grande, brouillant la vision que l’on peut
avoir aujourd’hui des actes d’achats des
consommateurs. Si, par exemple, les
titres de transport (billet d’avion ou de
TGV) s’achètent désormais massivement
en ligne, peut-on ranger leur acquisition
par les voyageurs dans la même catégorie que l’achat d’un téléviseur, d’une
paire de baskets, d’un canapé d’angle ou
d’un poulet cuit ?
Non dématérialisé, le point de vente
classique a quand même vécu des étapes
Agrandir, cela peut
quand même être une
excellente méthode de
rajeunissement. A
Bordeaux Le Lac, les
réaménagements du
milieu de la décennie
ont été profitables.
importantes au cours de la dernière
décennie écoulée. Sur le front des plus
grandes structures, bien des questions
ont commencé à être soulevées. Deux
d’entre elles concernent les centres
commerciaux. De nombreux observateurs spécialisés s’accordent sur un premier constat : les ouvertures récentes
Agrandir, agrandir ! Voilà qui n’est pas toujours
synonyme de réussite. A Parinor, les perspectives
enjouées de 2008 se sont un peu évaporées. le
centre tourne toujours plutôt bien, mais certaines
de ses zones (celles de l’agrandissement) ont du
mal à rester très actives.
ont désormais du mal à décoller. Les
promoteurs l’admettent : il faut plus de
temps, au moins de 5 ans, pour qu’un
centre atteigne un régime de croisière
satisfaisant. A cela, une explication que
ces acteurs de l’immobilier commercial
avancent volontiers : les centres ont tendance à se voir implantés dans des secteurs géographiques où les populations
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
28
n’arrivent qu’ultérieurement et progressivement, alors que dans le passé, ces
implantations se réalisent sur de zones
de chalandise déjà bien peuplées.A titre
d’exemple, le centre commercial de
Claye-Souilly (Seine-et-Marne) en pleine
transformation avec à la clé un agrandissement de plus de 20 000 mètres carrés
(une surface équivalente à celle de l’hypermarché Carrefour qui lui sert de
locomotive !) sera alimenté par une
clientèle résidant dans des programmes
immobiliers voisins pour lesquels le premier coup de pioche n’a pas encore été
donné.
Mais en revanche, on ne peut pas parler
de zones sans population pour des
centres comme les Armoiries (94), le
Millénaire (aux portes de Paris), Odysseum à Montpellier, ou le Carré de Soie,
dans l’agglomération lyonnaise. Serionsnous face à une situation de surnombre ?
La réponse positive est tentante, mais
sans doute trop rapide. Le Millénaire, à
Aubervilliers, est assez difficile d’accès
(euphémisme !), et c’est une réalisation
commerciale en périphérie de la capitale,
une disposition délicate, les parisiens
étant peu équipés en véhicule.
L’automobile serait-elle moins importante que par le passé pour les grandes
zones commerciales ? Absolument pas,
왘왘
L
E
T
E R R A I N
S’il est un segment de la distribution qui a en travers de la gorge ce qui s’est
produit dans la vague numérique, c’est bien celui des spécialistes photo. Les
mieux structurés, les mieux fédérés ont trouvé leur nouveau régime de
croisière. D’autres moins chanceux, dépendant plus du seul seul créneau
des travaux grand public (développement - tirage) ont peut-être bien
ouvert des pizzerias.
A raison de 4 à 6 ouvertures par an pour la plupart des enseignes, les GSS
ont incontestablement pris du poids sur le marché. Boulanger semble être
celle qui a le mieux négocié ce début de siècle.
en dépit de ce que prétendent certains
adversaires de ce mode de transport surtout animés par leur dada « anti-un-peutout » à connotation souvent quelque
peu électorale. En revanche, les responsables du centre commercial La Vache
Noire, à Arcueil, soulèvent un autre point
important : la présence ou non d’un
hypermarché jouant le rôle de locomotive. A la Vache Noire, pas d’hyper. Tout
juste un Monoprix avec une offre alimentaire d’une ampleur conforme à ce
que propose ce genre de point de vente.
Certes, ce centre de la banlieue sud
encore jeune fonctionne correctement,
sans plus, si l’on en croit ce qu’en disent
des responsables d’enseignes qui y sont
implantées. Mais la volonté de faire tourner correctement cet ensemble est
farouche, et ne manque pas d’intérêt.
L’hyper ou le parking ?
En effet, l’hyper pour un centre commercial est une arme à double tranchant.
S’il amène un trafic important, il crée
aussi des courants de circulation importants, et favorise l’apparition de zones
où les chalands ne viennent plus assez.
Nous touchons du doigt la deuxième
question que nous évoquions plus haut. Au
centre commercial O’Parinor, ex-Parinor,
au cœur du « Neuf Trois » (Aulnay-sousBois) agrandi il n’y a que quelques saisons, le déséquilibre entre « l’aile Carrefour » et la zone opposée de la galerie
est devenu plus que préoccupant. On n’y
compte plus les cellules vides, abandonnées par des points de vente n’ayant pas
trouvé leur équilibre. Là où Boulanger
vient de convertir l’un des ex-magasins
Jeroen V.M. Hafkamp,
directeur général du
centre commercial
de Vijnegem, près
d’Anvers (Belgique)
explique comment un
centre commercial
peut vivre mieux sans
la présence d’un
hypermarché.
Saturn repris cette année, l’ambiance
peut par moment virer au franchement
lugubre ! La multiplicité des axes d’activités dans les zones commerciales ne
démontre pas une pertinence intangible.
A Odysseum (Montpellier) des enquêtes
montrent que des courants cohabitent,
mais ne s’additionnent pas réellement,
les commerces pour les usages courants
(hyper inclus) ne profitant pas des axes
de loisirs (cinémas...), de balade « lèchevitrines » avec points de vente assimilables à ceux d’un centre-ville un peu
haut de gamme et de l’équipement en
meuble discount (Ikea).
D’où l’intérêt pour le cas de la Vache
Noire ou d’autres concepts, comme ceux
que nous sommes allés découvrir au-delà
de nos frontières, mais pas aux antipodes.
A Wijnegem - à prononcer en passant
vite à autre-chose- près de la superbe
ville flamande d’Anvers (Belgique), le
centre commercial a vécu une aventure
à contre-courant. Il y avait à cet emplacement un hypermarché GB de 20 000
mètres carrés », explique JeroenV.M.
Hafkamp, directeur général du centre.
A travers quelques étapes, cet établissement s’est replié sur 2 000 mètres carrés, et ne sera plus installé que sur 1 000
mètres carrés d’ici une toute prochaine
transformation. Et le patron de centre
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
30
affirme sans détour qu’il aurait même
volontiers accepté qu’il n’y ait plus du
tout de surface alimentaire. Sans une
locomotive surpuissante mais aussi accaparante de la clientèle que peut l’être
une grande surface alimentaire, la vie de
Wijnegem est beaucoup plus équilibrée.
Même combat et même réussite (et
même équipe) sur la face est de la même
métropole flamande. A Sint Niklaas, le
centre commercial Waasland vit sans
hypermarché, sereinement, avec quand
même une surface alimentaire moyenne,
mais sans comparaison possible avec une
GSA à la mode de chez nous. Certes, la
Belgique n’est pas aussi riche en hypermarchés que la France (même à surface
comparable) mais le concept y est
connu. Il faut fouiller un peu plus pour
comprendre quelles recettes permettent
de nourrir une vie commerciale sereine.
C’est JeroenV.M. Hafkamp qui révèle le
plus important : il faut animer, sans cesse,
et surtout, aller à la recherche d’enseignes originales, quitte à aller puiser
dans les ressources d’entrepreneurs
indépendants. « Nous avons un minimum
de 30 % de ces boutiques originales ».
Comprenez : que l’on ne retrouve pas
dans les autres centres.A LaVache Noire
aussi, la nécessité d’une animation soutenue et d’investissements de marketing
왘왘
L
E
T
E R R A I N
Les enseignes physiques se dotent de sites Internet, et réciproquement, les
sites marchands les plus en verve ouvrent des espaces dans des lieux de
forte commercialité. Ce Pixmania sera bientôt à même d’accueillir les
clients d’un grand centre commercial de la région parisienne.
A force d’en être réduits aux ouvertures
minimums, certains hypers s’endormaient.
Carrefour a engagé une cure de Jouvence qui,
même si le concept ne semble pas convaincre les
actionnaires, n’était pas du luxe. Si s’ ajoutent
des fruits et légumes de qualité (le citron
pré-moisi et la tomate farineuse, on s’en lasse),
la « Planet » pourrait revivre avec bonheur.
plus importants que ce qui est couramment engagé est mise en évidence.Tout
comme cette recherche d’une différenciation, que le centre d’Arcueil vient de
cultiver en accueillant une implantation
du Furet du Nord, la célèbre libraire de
la région lilloise, qui compte 12 points
de vente dans son fief originel.
Electronique et distribution :
l’époque de grandes vagues !
Parallèlement aux évolutions entre GSA
et commerce en ligne, bien d’autres
lignes de force ont émaillé l’histoire de
ces presque 600 semaines. Déjà amorcée par le lancement des téléphones cellulaires du réseau européen GSM, la prolifération des boutiques de téléphonie
mobile s’est poursuivie. Mais les croissances selon les secteurs ayant connu des
évolutions, certains de ces acteurs, qui
s’étaient lancés dans l’aventure comme
d’autres avaient ouvert des vidéoclubs
aux belles heures du magnétoscope, ont
eu à composer avec des conditions plus
rigoureuses. D’autant que les opérateurs
ont amplifié leur stratégie consistant à
déployer les réseaux propriétaires, en
propre ou avec quelques formules de
franchise. Une manière de mieux appréhender le travail opéré face à la clientèle.
Autres boutiques qui n’ont cessé jusqu’à
ces derniers temps de se multiplier : les
spécialistes du jeu vidéo. Principalement
Micromania, et Game (ex-Score Games)
et quelques autres acteurs se sont
implantés dans les centres de villes et
Comme sur des roulettes, il accompagne le
monde de la distribution, ayant même réussi à
se faire une place, sous forme de petit dessin,
dans le commerce en ligne. Mais là aussi les
choses bougent. La concurrence se fait plus
vigoureuse, les concepts évoluent, les matières
s’adoucissent.
dans les galeries marchandes. Entre les
dernières bourrasques de la tempête de
fin 99 et nos jours, tous les centres commerciaux ont accueilli progressivement
les implantations de ces deux familles
qui... ne se connaissent guère autrement
que par leurs rapports de bon voisinage,
et dont les activités, curieusement, sont
en train de se rapprocher.
Mais le public aime bien la spécialisation,
qui est rassurante. Jeux et télécoms resteront sans doute encore longtemps
dans la lumière des zones marchandes,
alors que dans le secteur de la photographie, c’est une véritable hécatombe
dont les dix années écoulées resteront
le symbole. Le nombre des spécialistes a
fondu de plus de 80 %, parce que les travaux photo ont soit disparu des préoccupations des utilisateurs, soit migré vers
des automatismes accessibles en galerie
ou sur internet. Internet, fossoyeur des
zones de commerce ? Pas tant que cela.
Si les « clic et mortar » (boutiques +
sites) ont trouvé la martingale en proposant aux clients de commander sur la
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
32
toile et de venir vite chercher leurs acquisitions, les enseignes uniquement en ligne
doivent réagir.Tous les acteurs majeurs de
ce secteur ouvrent de-ci de-là des points
dans des zones commerçantes, et même
dans des centres commerciaux d’ampleur :
rien ne remplacerait-il le contact avec le
chaland ?
Plus classiquement, le monde de l’hypermarché est presque resté figé, en semihibernation, faute de nouvelles autorisations d’ouvertures. La dernière, à
Val-d’Europe, avec un hypermarché
Auchan de 16 000 mètres carrés, fut
d’ailleurs, à l’aube de la décennie, l’une
des dernières ouvertures de ce genre.
Certes il y a eut Collégien (77) et le
centre commercial Bay2, mais c’était un
déplacement de quelques centaines de
mètres d’une ex-implantation jadis sous
l’enseigne Continent. Il y a eu aussi
Carré Sénart (77), et surtout, sur tout le
territoire, des quantités d’agrandissements, donnant de l’air à des surfaces
qui commençaient à s’époumoner. En
revanches les réseaux des GSS se sont
développés régulièrement. Darty qui
était à environ 150 points de vente au
début du millénaire en est à plus de 220,
Boulanger est passé d’une cinquantaine à
90, sans compter les 30 points de vente
Saturn repris cette année. La FNAC avait
développé d’une manière plus mesurée
son réseau, mais elle accélère et vise des
implantations plus grandes,en optant pour
des magasins aussi bien en ville qu’en galeries marchandes ou en « stand alone »
dans des zones commerciales. Un déploiement qui, finalement se fait en phase
avec le développement des ventes, et
l’accroissement de la population. Lequel
se poursuit sans relâche, doucement,
sûrement, ce qui permet de nourrir un
espoir concret : plus il y aura de clients,
plus on leur vendra des équipements. 쐍
T
É L É V I S E U R S
, T
É L É V I S I O N
Ces spectateurs sont remplis d’espoir ! En début d’après-midi, ils assistent à la FNAC Etoile (à Paris) aux débuts de l’équipe de France de football dans la
Coupe du Monde 2002. Les écrans dans le rayon le soulignent : le plat n’est pas encore arrivé.
Téléviseurs :
Un passé pas si simple
En dix ans, le téléviseur, clé de
voûte historique du marché de
l’EGP, est passé par une phase de
métamorphose sans précédent. Il
a de surcroît bénéficié d’un
environnement très favorable.
Belle époque ou années folles ?
1998 : les Bleus remportent la Coupe du
Monde de football. La France vibre tout
entière, dans une effervescence que la
perspective de l’an 2000 attise. Dans les
rayons, de grands écrans plats, principalement ornés du logo Philips, ont pris
place. Leur image est moyenne, un peu
terne. Et leurs étiquettes provoquent
quelques exclamations. « Douze mille,
non cent vingt mille, mais douze,
attends… mais non, c’est bien 120 000
francs ! Non mais tu t’rends compte,
douze briques pour une télé ? » s’exclame un chaland qui s’y est repris à plusieurs fois pour réaliser ce que valait cet
objet encore du futur. Dans des réunions
de revendeurs, la célèbre firme hollandaise, qui tient le haut du pavé sur le
marché français du petit écran, n’est pas
passé loin de la rébellion. « Nous leur
avons expliqué que nous avions l’habiDistribution, Ventes & Services Magazine n° 100
34
tude de proposer à nos clients des produits performants, et qu’à ce prix-là, les
performances techniques rendaient cet
écran inacceptable et invendable dans
nos rayons » nous confiait à cette époque et sans détour un revendeur spécialiste extrêmement connu du nord-est de
la banlieue parisienne. Certes, l’écran
plat balbutiait, mais un changement
majeur apparaissait comme imminent.
En 2000, les Bleus renouent avec le succès, cette fois au niveau européen. Mais
l’écran plat n’est toujours pas tout à fait
prêt pour une vie au grand large. Ce
n’est qu’au moment où le coup d’envoi
Si les écrans plats ont fondamentalement
transformé la vie du téléviseur dans les
foyers, ils ont eu aussi une immense
influence bénéfique sur la vie des rayons.
Bien moins encombrants, ils sont aussi
légers à livrer ou à emporter, et même en
amont, entre les usines et les lieux de
distribution, la logistique s’est
considérablement allégée tout en offrant au
public des écrans beaucoup plus grands.
Leurre exquis : certes, l’interactivité
est - peut-être - l’avenir du petit écran,
même si, en 2011, cette certitude n’est pas
encore totalement établie, notamment
dans l’esprit du public, en dépit de la foi
inébranlable de l’industrie. Mais cette
initiative avec à la clé le rachat d’une firme
d’outre-Atlantique n’était guère
convaincant.
Sur ce guide d’une enseigne qui s’agite souvent,
presque toute l’ambiance de l’univers TV et
image du début de la décennie est résumé !
Quand on parle téléviseurs et télévision, on ne pense pas souvent à l’antenniste. Si la TNT lui a donné
du travail, l’ADSL ne lui a pas rendu service. Comme le maréchal-ferrant ou l’allumeur de réverbères,
cet adepte de l’escalade sera-t-il victime des progrès techniques ?
de la Coupe du Monde (toujours de
football !) est donné que les modèles de
taille fine sont réellement et concrètement mis en place. Honnêtement, leurs
images ne sont pas encore sublimes, fort
loin de celles des meilleurs cathodiques,
dont bien des experts affirment qu’ils
ont encore de nombreuses années à
vivre. Mais l’histoire est toujours émaillée
d’imprévu. Le téléviseur plat alors annoncé depuis cinq ans devrait être au
plasma, et c’est finalement la technique
du LCD qui quelques années après surgit et s’impose, faisant en quelques saisons basculer la totalité du marché.
Pour les consommateurs, la forme plate
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
35
est un atout, mais c’est surtout le gain
en profondeur qui transforme tout. En
2002, si le plat commence à chauffer, rien
d’autre de très porteur n’est encore sur
les rails. Et notamment pas la haute définition que les US commencent pourtant
à promouvoir avec énergie. L’idée d’une
télévision numérisée transmise par des
moyens terrestres commence bien à
émerger, sans même qu’il soit simplement envisagé d’y intégrer de la HD.
Quand cette perspective est évoquée
face à certains hauts responsables d’une
électronique bien de chez nous, aujourd’hui naufragée, ils répondent du « Tak »
왘왘
T
É L É V I S E U R S
, T
au tac qu’ils visent surtout une interactivité qui pourrait au passage avoir la propriété de rendre un peu captifs clients et
opérateurs. Preuve que l’électronique ne
fait pas toujours rêver que les clients...
La perspective de la TNT n’emballe pas
tout le monde. Les acteurs du satellite
voient même dans cette télévision
numérique de terre une attaque au ras
des pâquerettes. D’ailleurs, ce lancement
sitôt décidé entraîne sans délai l’annonce
de l’ADSL, à la limite de la précipitation.
TPS et le groupe TF1 sont les acteurs de
cette contre-offensive. Laquelle donne le
signal de ce qu’il faut prosaïquement
identifier comme une lutte entre entités
amorçant une conquête de parts de
marchés aujourd’hui encore et même
plus que jamais d’actualité.
Rayons TV : fin de la simplicité
Jusqu’en 2000, approximativement, téléviseur et télévision étaient des choses
simples, du binaire par oui ou non. Les
options pour enrichir le menu d’un
consommateur au-delà des cinq canaux
de base se résumaient à Canal Plus, un
bouquet satellite parmi un choix de
deux, et éventuellement, une captation
satellite en « free to air », offre assez peu
« sexy » du fait du choix très limité de
chaînes en français.
Puis, est venue la succession des avalanches : laTNT, les écrans de plus en plus
É L É V I S I O N
Les dix années passées ont été fortement
influencées par cette initiative de la TNT, lancée
avec 14 chaînes initialement.
plats et de moins en moins chers, avec
l’entrée en scène de la HD se permettant d’évoluer en normes et en dénominations. Sans oublier l’émergence des
box ADSL, avec des abonnements dans
lesquels la valeur de chaque composante
est celle que veut bien lui attribuer le
consommateur. Comme le téléphone est
un outil totalement indispensable dans
un foyer, et que la connexion à Internet,
qui ne l’était pas il y a 10 ans, l’est devenue depuis, la télévision est souvent le
maillon faible dans la valorisation. « La
télévision dans un triple play a presque
toujours une valeur « zéro », expliquait
il y a quelques mois Maxime Saada, directeur adjoint du Groupe Canal Plus.
En résumé, le téléviseur a profité d’une
myriade d’innovations tant sur le plan
physique que sur celui des performances,
accompagnée d’une véritable révolution
sur le registre des programmes et la
manière d’y accéder. Avec en prime un
ultime agent accélérateur : celui que
constituait l’arrêt des transmissions analogiques. Un environnement assez
confus et désordonné certes, mais largement suffisant pour provoquer une
probable sur-vitesse dans les ventes de
ces dernières années. Probable, mais pas
certaine. Les volumes ont aussi augmenté par une croissance démographique régulière, et par l’élargissement
du statut du téléviseur devenu bien plus
abordable et logeable que par le passé.
Non seulement il est passé du stade
d’équipement du ménage à celui d’équipement de l’individu, mais parallèlement,
il a troqué sa condition de point focal de
Direction le futur, mais
faut-il en faire un
fromage ? La première
salve d’interruption de
l’analogique est un bon
souvenir, puisque tout
s’est bien passé au cœur
de la Seine-et-Marne.
L’interactivité est dans l’air, mais est-elle promise à un avenir sur un téléviseur « seul », ou plutôt dans
des couplages entre TV et d’autres instruments (à l’image des duos téléviseurs - tablettes que
quelques marques lancent actuellement) ?
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
36
la pièce principale du logement à celui
d’un instrument dont chaque pièce,
séjour, cuisine, chambre à coucher, chambres d’enfants se doit de plus en plus souvent d’être dotée. Faut-il encore évaluer
le taux d’équipement par ménage, ou
serait-il d’ores et déjà plus juste de mesurer la possession par individu ? D’où des
questions importantes dont une surpasse
toutes les autres : le marché pourra-t-il
se maintenir à des niveaux proches de
ceux qui ont ponctué les années de cette
première décennie du nouveau millénaire ? Va-t-il au contraire se replier sur
une cadence plus mesurée ? Et derrière
ces deux interrogations, en surgit une
autre : un repli serait-il catastrophique,
puisqu’il existe beaucoup d’autres équipements numériques à vendre aux clients,
lesquels ne peuvent pas tout s’offrir au
même moment ? 쐍
Les enjeux sont immenses
pour la TV connectée. Samsung
a non seulement fait un immense
show à l’époque de l’IFA (Berlin,
septembre 2011), mais a aussi
fait passer le message dans
la capitale allemande.
TV connectée :
Gagnera à être connue
Accueillie timidement par la distribution au moment de son lancement, la télévision connectée commence à trouver
sa place dans les rayons.Cette évolution technologique majeure redéfinit la place et le rôle du petit écran.A ce titre,
elle mérite toute l’attention des points de vente d’autant plus qu’elle est génératrice de valeur.
La télévision connectée, encore appelée
Smart TV ou TV intelligente, a fait son
apparition à la fin 2009 mais les premiers
résultats marquants n’ont été enregistrés
qu’à partir de 2010. C’est donc un marché encore très jeune mais très prometteur puisque toutes les grandes marques
du secteur s’appliquent à proposer désormais une offre TV connectée assez riche.
Sur 2011, on s’attend à une progression
très encourageante des ventes avec une
augmentation de 30 % à 35 % par rapport
à 2010.Aurélie Devallet (chef de groupe
TV pour Panasonic) se montre résolument confiante : « En 2011, nous avons
assisté à un gros boom de la TV connectée. Sur la période de janvier à fin août, le
marché a doublé par rapport à la même
période, l’année passée. Nous sommes
ainsi passé de 320 000 à 740 000 pièces ».
De son côté, Timothée Gourdon (chef
produits TV pour Philips) est encore plus
optimiste : « En 2011, il devrait se vendre
2 millions de pièces, soit plus de 20 %
d’un marché estimé entre 8, 5 et 9 millions d’unités », affirme-t-il. Mais il est
vrai que certains acquéreurs ont acheté
un téléviseur connecté sans même être
mis au courant de cette particularité.
Beaucoup ne l’ont découverte qu’en
déballant l’écran TV et en l’installant. « Et
sur tous les écrans connectés vendus et
utilisés à domicile, combien sont réellement connectés ? » se demande Benjamin
Clark (responsable produits EGP pour
Toshiba). « A l’heure actuelle, la qualité
d’image et la taille de l’écran sont encore
les premiers critères d’achat », reconnaît
Timothée Gourdon (Philips), le fait que
le téléviseur soit connectable ne rentre
pas dans les critères de décision prioritaires ». En France, il importe cependant
de souligner que le parc des téléviseurs
connectés dépasse déjà le million d’unités. Une jolie performance pour une
technologie qui est arrivée au même
moment que la spectaculaire 3D et qui a
donc souffert d’une concurrence inévi-
LG est au nombre des
fabricants qui
investissent avec
dynamisme ce créneau
nouveau.
왘왘
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
37
T
É L É V I S E U R S
, T
table. Pourtant, Alexandre Fourmond
(directeur du marketing chez LG pour la
branche EGP) ne veut pas s’arrêter à cet
état de fait, préférant mettre l’accent sur
la complémentarité : « Des contenus 3D
sont aujourd’hui directement accessibles
par la télévision connectée, nous dit-il,
car la plupart des Smart TV sont également compatibles 3D ».
La TV connectée
apporte de la valeur ajoutée
Si 2010 fut l’année de la 3D, 2011 et
2012 pourraient être les années de la
télévision connectée. C’est en tout cas
l’avis de Nicolas Ferry (chef de groupe
TV/Audio/Vidéo pour Samsung) : « La TV
connectée est clairement notre cheval
de bataille pour cette année, affirme-t-il.
La TV connectée offre de nouvelles fonctionnalités et permet un usage différent
de la télévision. On acquiert désormais
plusieurs produits en un seul ». Et il précise que 80 % des téléviseurs LED de la
gamme Samsung 2011 sont désormais
connectables. Chez Panasonic, 70 % des
téléviseurs de la marque sont connectés.
Aurélie Devallet (Panasonic) reconnaît
volontiers que pour l’heure : « L’offre TV
connectée est plus présente sur les
grandes tailles d’écrans (40 pouces et
plus) que sur les 37 et 32 pouces et a
fortiori, on la trouve encore
moins sur les tailles inférieures. 85 % des modèles 47
pouces et plus sont connectés », observe-t-elle. Rien
d’étonnant par conséquent à
ce que le prix moyen d’un
téléviseur connecté demeure assez élevé
(il a cependant perdu 20 % en un an)
pour venir se situer aux alentours de
909 euros contre un prix moyen marché
(toutes tailles et fonctionnalités confondues) de 449 euros. La différence mérite
assurément que l’on accorde une attention soutenue à la TV connectée. « Sur
un total comprenant une cinquantaine
de références, nous avons 22 écrans
Smart TV », recense Timothée Gourdon
(Philips). Cela concerne les séries 6000,
7000, 8000 et 9000. Il y a eu un fort
mouvement de progression entre 2009
et 2011, constate-t-il.
Si la télévision connectée est vendue et
démontrée en magasin comme un nouveau moyen de surfer sur Internet,
É L É V I S I O N
Cette illustration met
en lumière les
spécificités des
différents marchés. En
Allemagne, cette
présentation est
accompagnée de la
mention « Internet
TV », qui peut être mal
interprétée en France.
Par ailleurs, le marché
français pose le
problème de la dualité
avec ce que font les
Box ADSL, très
répandues, et grâce
auxquelles déjà bien
des services interactifs
sont accessibles.
Délicat, l’exercice !
l’argument sera bien peu convaincant et
n’aura que peu de portée auprès d’un
client qui dans la plupart des cas, possède déjà un ordinateur et peut-être
aussi une tablette. « Quel intérêt de
retrouver sur un téléviseur ce que l’on a
déjà sur son PC ? Il faut rester assez
simple et conseiller le client sur ce qui
présente pour lui un réel intérêt,
conseille Benjamin Clark (Toshiba).Tout
ce qui est lié à la catch up TV ou à la
VOD a du sens pour un utilisateur. C’est
pourquoi enVOD, nous essayons d’avoir
une offre thématique la plus complète
possible. L’autre grand centre d’intérêt,
c’est l’intégration du réseau social avec
Facebook et la fonction transversale sur
le portail qui offre un usage intéressant ».
Toshiba a en effet mis l’accent sur les
contenus.Tous les téléviseurs connectés
de dernière génération de la marque
bénéficient maintenant de la plate-forme
Toshiba Places qui donne accès à une
kyrielle de services parmi lesquels la
base vidéo de l’INA, Dailymotion,
L’Equipe.fr, Les Pages jaunes, Flickr, le
service de vidéo à la demande Vidéo
Futur… Les utilisateurs duToshiba Places
pourront s’échanger entre eux des photos ou vidéos. Parmi les cinq univers du
portail Toshiba Places, le Music Place permet d’accéder à plus de 200 radios et à
des concerts en VOD.
De son côté, Samsung propose un très
large choix de contenus personnalisés
sur ses Smart TVS. Cela donne par
exemple 6500 programmes de TF1
Vision, des épisodes de séries américaines (Dr House,The Mentalist ou Les
Experts) visionnables seulement 24
heures après leur diffusion aux EtatsUnis. Explore 3D permet de regarder
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
38
gratuitement en 3D des vidéos musicales, des bandes-annonces, des documentaires ou des dessins animés en 3D.
Et avec le Smart View, il devient possible
de regarder les images en provenance de
la Smart TV sur un smartphone ou sur
une tablette via une liaison Wi-Fi. Cette
application est d’ores et déjà disponible
sur les Smart TV LED des séries D7000
et D8000.
« Nous mettons l’accent sur la VOD et
la Catch up TV mais aussi sur la musique », nous révèle Patrick Moncet
(Home Video Senior Product Manager
chez Sony). Movies Unlimited permet
ainsi de regarder un large choix de films
des grands studios tandis que Music
Unlimited donne accès à plus de 7 millions de titres à la demande. Un partenariat a par ailleurs été passé avec M6
Replay. Et le navigateur Internet Opera
permet d’accéder instantanément à ses
sites Internet favoris.
« Nous avons passé des accords avec
tous les grands, Canal,TF1, NRJ, nous dit
Alexandre Fourmond (LG) et avec My
Fox TV, nous avons le premier système
d’alarme, de vidéo surveillance et de
domotique entièrement actionnable
depuis un téléviseur LG. On peut ainsi
contrôler ce qui se passe dans une
chambre d’enfant ou même dans une
résidence secondaire ». Et de conclure :
« Cette nouvelle application s’inscrit au
cœur de notre stratégie qui vise à simplifier au maximum la vie du consommateur ». Précisons que My Fox TV est
directement accessible via la déjà célèbre
télécommande gyroscopique Magic
Control de la marque.
Timothée Gourdon (Philips) insiste sur
ce qu’il considère comme les piliers de la
Smart TV : l’application dédiée my
remote qui permet de remplacer la
commande d’origine, de partager les
images du téléviseur, de naviguer via son
smartphone quelle que soit la marque
ou la configuration (Apple ou Android).
Il insiste aussi sur la fonction USB
Recording et sur la Pause Live TV pour
éviter les écrans publicitaires.
De son côté, Panasonic a entièrement
repensé Viera Connect et Viera Market.
Rappelons que Viera Connect est un
logiciel qui permet aux utilisateurs de
personnaliser leur interface avec des
widgets et des applications diverses
telles que Facebook, Eurosport, l’Equipe,
Arte, Euronews, Picasa, Bloomberg, Allô
Ciné, etc. Le partenariat avec Acetrax
Movies permet de regarder les dernières
superproductions hollywoodiennes mais
aussi les séries TV en vogue.Youtube et
Dailymotion font partie de la panoplie
sans oublier la fonction Skype. Les appels
sont alors passés via la petite caméra
Panasonic HD (TY-CC10). Quant àViera
Market, il permet non seulement l’accès
à un portail d’applications en ligne mais
aussi de passer directement commande
de divers accessoires tels que des
lunettes 3D, une webcam, etc. Une application nouvelle qui vient renforcer
l’interactivité et faciliter la vie de l’utilisateur.
Comme à chaque fois qu’une nouvelle
technologie arrive sur le marché, ce sont
bien évidemment les spécialistes indépendants, les groupements (Digital,
Connexion, Gitem, Euronics...) et les
multi-spécialistes (Boulanger, Darty,
Fnac…) qui se sont montrés les plus
réactifs. Ce sont donc ces réseaux qui,
sans surprise, réalisent la majeure partie
des ventes. Et ce, en dépit d’une mise en
avant en magasin qui (ainsi que nous le
verrons plus loin) demeure encore très
perfectible...
Plus occupés à vendre des petites tailles
d’écrans ou à reporter leur attention sur
la 3D, les hypermarchés n’ont pas encore
tous pris le train de la télévision connectée. Mais gageons qu’ils ne resteront pas
à quai bien longtemps et ce, surtout si la
TV connectée s’impose sur des tailles
d’écrans moyennes ou même petites, ce
qui apparaît comme très probable, au
cours des années à venir. L’e-commerce
sur ce créneau est bien sûr pour l’heure
inexistant car disqualifié pour vendre
Les grandes marques se
mobilisent pour créer des
espaces de contenus et
applications.
une technologie très innovante qui
nécessite des explications fournies et
idéalement appuyées par une démonstration convaincante, intelligemment
mise en scène.
La distribution doit donner vie
à la TV connectée
Nos nombreuses et récurrentes promenades dans les points de vente nous obligent à constater que la TV connectée est
bien mal mise en valeur. Les espaces
dédiés sont quasi inexistants et les rayons
offrent peu de repères à la clientèle pour
l’informer des avantages apportés par les
Smart TVs. Comment s’étonner, dans ces
conditions, que certains utilisateurs aient
pu acquérir un écran TV connecté sans
même en soupçonner les aptitudes ?
Dans quelques magasins Darty, une signalétique informe le client : Darty, livre, installe et connecte votre TV connectée dit
le panneau apposé au-dessus de l’écran
TV. La formule est pour le moins lapidaire
et ne retiendra l’attention que d’un client
déjà informé ou ayant entendu parler de
cette évolution technologique. Nos questions aux forces de vente nous conduisent à ajouter un zéro pointé sur le chapitre de la formation : ou ils n’ont rien
compris ou ils le font exprès ! «Vous avez
une Box ? Donc vous êtes connecté »
nous a ainsi expliqué un intervenant très
sûr de son fait (nous nous sommes
même fait gronder en exprimant un
doute quant à la justesse de la réponse ! )
Il est vrai que pour un point de vente, la
mise en place n’est certes pas des plus
simples. Elle nécessite en effet une
connexion à Internet qui implique le passage de câbles dans les rayons avec à la
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
39
clé la résolution des éventuels problèmes
d’interférences entre le Bluetooth et le
Wi-Fi. Il faut donc revoir l’architecture
intérieure du magasin et repenser la
décoration. Ou encore, concevoir des
unités de démo en vase clos, fictifs, cela
serait mieux que rien. Pour un point de
vente qui réalise une part importante de
son chiffre d’affaires avec les écrans TV,
c’est une transformation à laquelle il faudra sans doute songer car la télévision
connectée est un concept durablement
entré dans le PAF (paysage audiovisuel
français). Elle offre un excellent moyen
de monter en gamme et apporte de la
valeur à un marché dont les prix ne cessent de chuter. Les vidéos de démonstration conçues par les constructeurs
permettent d’apporter à moindres frais
une information au client. Elle sont utiles
en période de défrichage mais serontelles suffisantes quand la clientèle sera
mieux informée et surtout plus avide de
démonstrations souhaitant davantage
comparer et de tester par elle-même les
apports, bénéfices et facilités d’utilisation
que décline la télévision connectée ? Rien
n’est moins sûr ! Tout marché apportant
de la valeur ajoutée (fort bienvenue, en
ces temps difficiles) implique des investissements en homme et en matériel. Les
points de vente qui dans les prochains
mois sauront s’adapter le plus vite aux
exigences nouvelles de ce nouveau marché seront à n’en pas douter en mesure
de prendre quelques longueurs d’avance
sur leurs concurrents.
Car avec l’arrivée de la télévision connectée, il ne suffit plus désormais de faire la
preuve par l’image, il faut l’apporter par
l’usage ! 쐍
Christophe Perrier
왘왘
TÉLÉVISEURS, TÉLÉVISION
L'écran du salon :
Quad neuf !
Le téléviseur, et plus largement l’écran, reste un composant
majeur dont les performances intrinsèques n’ont pas fini de
progresser. Ne le dites pas encore aux clients, mais la meilleure
de nos hautes définitions, le célèbre « Full HD » ou plus rigoureusement HD1080p entame ses dernières heures de gloire.
Quad : voilà un mot qui pourrait avoir d’ici
quelques années une place importante
dans le quotidien des rayons. Encore que
le vocabulaire soit bien fragile face aux initiatives des industriels. Pour le futur, nous
pourrions nous attarder sur la télévision
connectée. Mais celle-ci n’est pas pour
« plus tard », elle est déjà du domaine du
présent, d’où le dossier que vous venez
de compulser dans les pages qui précèdent. La connexion, c’est une gigantesque
masse de contenus, les moyens d’y accéder et des applications. Ces ingrédients
peuvent d’ailleurs avoir une influence sur
la nature du spectacle et sur le dispositif
technique retenu (il peut y en avoir plusieurs). Impossible de prévoir ce qui
déterminera les choix, irrémédiablement
liés aux initiatives des forces diffusantes en
présence. En revanche, il est inéluctable de
voir les débits progresser. A l’heure où
beaucoup s’agitent en tentant d’accélérer
la fibre et sont débit théorique de 100 Mo,
certains pays asiatiques développent déjà
du 1 Go. Dans quelle perspective ?
D’abord, rendre plus fluide le trafic. C’est
comme sur le périphérique parisien : si les
voitures y circulaient à 300 km/h au lieu de
80, cette voie urbaine permettrait, sans
qu’il faille ni l’élargir ni en créer une
seconde, d’y faire passer deux ou trois fois
plus de véhicules. Il en va de même pour
le « data » qui, pour sa part, ne risque pas
le carambolage. Ensuite, il faut se préparer
à véhiculer des « convois » de données
nettement plus lourds, car la définition du
son et des images va poursuivre sa progression.
Il reste que pour l’heure, la notion de télévision connectée ne semble pas encore
évoquer beaucoup de choses dans l’esprit
du consommateur totalement profane. En
revanche, chez ce dernier, il existe désormais un ancrage extrêmement puissant de
l’écran dans la vie quotidienne.A l’avenir,
c’est plus d’écran que de téléviseur qu’il
Sharp, numéro un -et de loin- du téléviseur au
Japon, montre un peu partout ses dalles de très
hautes définition,un format sur lequel les instances
de normalisation internationales sont en train
d’entériner des caractéristiques qui permettront à
ces écrans d’être largement diffusés d’ici quelques
années. Attention : la montée en qualité est vertigineuse ! On passe de 2 millions de pixels sur un
HD1080p à environ 35 millions dans le cas présent.
faudra peut-être parler. Cet écran, dans la
pièce principale, le salon, est un lieu de
convergence pour la famille, complété par
des écrans individuels, une sorte
d’éclatement personnalisé pour une autre
consommation des contenus imagés.
Cette double conception (qui se complète
elle-même par le ou les écrans de la mobilité) est un bien qu’il ne faut pas gaspiller.
Après avoir été dissimulé (même dans des
meubles de style !) cet « épouvantable
écran » que l’on de devait pas montrer est
l’instrument autour duquel s’organise
l’aménagement de l’habitation. Pas seulement dans la pièce principale : la présence
d’un sympathique LCD est d’emblée envisagée dans la cuisine, dans la chambre à
coucher, dans les chambres d’enfants etc.
Ce sont autant d’endroits où la présence
induit déjà et induira davantage encore
des ventes de renouvellement. Il y a deux
décennies, un téléviseur était à renouveler de temps à autres dans le logement
d’un consommateur, aujourd’hui, c’est de
plus en plus souvent au moins deux appareils qui devront naturellement être remplacés s’ils viennent à défaillir, ou s’avèrent
un peu trop démodés.
Dans ces conditions, il est clair que le repère numéro un pour les clients va encore
DEMAIN
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
40
rester durant des années l’aptitude à restituer de belles et grandes images. L’état
déprimant dans lequel se trouve l’industrie, qui a perdu dans ses batailles
pour la suprématie l’essentiel de la profitabilité, n’est pas lié à l’évolution technique, mais à une dérive dans les stratégies, un phénomène qui, ayant atteint le
plus haut niveau, va inéluctablement toucher à sa fin.
La 3D reste un objectif pour l’indstrie. Toshiba
persiste et re-persiste, dans ses formules sans
lunettes qui, montée de la définition aidant, ont
plus d’avenir qu’on l’imagine.
Qualité de l’image
et évolution des ventes :
la 3D reste en embuscade
Certains grands acteurs du secteur se
sont cassé les dents sur cet écueil. Mais
avec des milliards de foyers à équiper et
ré-équiper dans le monde, le schéma
d’une fin du marché de l’écran est comme
ces figures impossibles, dans laquelle
l’artiste parvient à donner une perspective trompeuse, qui ne résiste pas à une
observation attentive et soutenue. Du
reste, l’industrie ne ménage pas ses
efforts, et les développements d’écrans
de technologies nouvelles foisonnent. Et
Les technologies
fondamentales d’écrans ne
sont pas toutes épuisées.
L’OLED, que l’on attend un
peu façon Sœur Anne, a
permis à un outsider de
créer ce prototype en
forme de dôme.
Mitsubishi opte pour sa
part pour un éclairage
arrière en technologie
laser. Contraste et rendu
des couleurs « à tomber
par terre », selon la
formule familière.
si certains géants semblent en passe de
jeter l’éponge sur ce créneau, d’autres
tout aussi mastodontesques sont pr^ts à
se glisser dans les places laissées vacantes. C’est au dernier CEATEC 2011,
salon japonais hautement technologique
tenu début octobre, que sont apparues
sous le patronyme « Quad », notamment
chez Sharp et Toshiba, des dalles nouvelles qui laissent loin en retrait la haute
définition en HD 1080p qui fait actuellement les beaux jours de nos hauts de
gammes. Sous les yeux de près de
180 000 visiteurs, ce salon dévoile chaque année les composants électroniques
et IT qui animeront les produits du futur,
et souvent d’un futur extrêmement
proche. Certaines des innovations montrées cette année avaient d’ailleurs déjà
été pressenties sous l’apparition de proDistribution, Ventes & Services Magazine n° 100
41
totypes à diverses occasions, telles que
le CES, l’IFA (déjà en 2010 ! ) et quelques
autres. Il faut avoir à l’esprit que l’on ne
parviendra pas à faire un écran plus plat
qu’il l’est déjà. Et compte tenu des
dimensions des pièces où ils sont installés, les téléviseurs ne pourront pas grandir davantage, même si les programmes
qui les nourrissent sont souvent de la
soupe. C’est donc dans la direction de la
qualité des images qu’une partie du
devenir de l’écran s’oriente. Même
«excellentes», par rapport à ce que nous
avons connu dans le passé, les restitutions actuelles sont encore très largement perfectibles. Et heureusement,
l’écran du salon ne sert pas seulement à
diffuser des programmes de télévision.
Les autres sources d’images, dont celles
faites par les utilisateurs, tant à l’aide de
leurs APN qu’au moyen de leurs smartphones (l’iPhone 4S est doté d’un capteur de 8 Mp), vont monter en puissance, 3D incluse.A propos de soupe et
de programmes, l’ensemble de l’industrie
du matériel est et sera de plus en plus
tributaire de la qualité et de l’intérêt des
contenus. Sur ce plan, l’industrie de l’EGP
devrait sans doute trouver des méthodes susceptibles d’influencer dans le
bon sens le monde de la production télévisuelle et cinématographique. La seule
perspective de pouvoir disposer de
chaînes nombreuses est un atout dont
les charmes sont désormais épuisés. Les
consommateurs savent en effet qu’avec
plusieurs dizaines ou même centaines de
chaînes, il n’y a pas forcément de quoi
meubler une soirée. En ajouter ne les
fera pas saliver. D’autant plus qu’avec les
banques de programmes accessibles à
tout moment, nous frôlerons tôt ou tard
le « trop de choix qui tue le choix ».
Il aura fallu attendre l’ère des écrans
plats pour que les images se convertissent au relief. Curieusement, et comme
victimes d’une sorte d’effet d’hystérésis,
bien des points de vente se sont enfin
équipés de manière moins indigente pour
montrer des couples écrans - lunettes
opérationnels. Il n’est jamais trop tard
pour bien faire. Le relief est cependant
un atout pour l’avenir de l’écran, surtout
si l’on parvient à se défaire de l’idée
selon laquelle il s’agirait d’un effet spécial
tendance cinéma, mais plus simplement
exactement l’inverse, à savoir un moyen
de reproduire la réalité. 쐍
T
É L É C O M S
,
T É L É V I S I O N
t
Premier vole
, I
N T E R N E T
Télécoms :
Révolutions à répétition
En 2000,le monde des télécommunications était en pleine effervescence.Dix ans plus tard,il l’est toujours,après avoir traversé les
épisodes d’un feuilleton qui aura certainement apporté les transformations de la vie quotidienne les plus sensibles de toutes
celles résultant de l’émergence du numérique. Pour la distribution, cette aventure aura aussi modifié sensiblement certains axes
de l’activité commerciale : rien ne sera plus comme avant. D'autant plus qu'aujourd'hui, tout le monde est servi… ou presque !
Lorsque durant l’an 2000, le titre DVSM
est venu remplacer « Vente » sur la Une
de votre magazine professionnel préféré,
la vogue des téléphones mobiles étaient
déjà bien amorcée. Une douzaine avant
ce millésime inoubliable, nous avions eu
l’audace de prédire l’échec inéluctable
d’un système que notre opérateur historique avait lancé avec force et conviction :
le Bi-bop. Ce téléphone mobile avait
certes un design sympathique, mais imposait à son utilisateur de se positionner
près d’une borne, en général dans une
rue. Et encore, cet utilisateur ne pouvait
guère qu’appeler, mais bien plus difficilement recevoir des appels. Un tel système
pour la poche gauche du consommateur
n’avait aucun avenir, dès l’instant où pour
sa poche droite, devait arriver à court
terme un mobile lui permettant d’appeler
ou d’être joint où qu’il soit. C’est ce qui
est arrivé, et à l’aube du nouveau millénaire, la téléphonie mobile commençait
déjà à s’orienter vers des aptitudes plus
vastes et ambitieuses. Le bout du sans fil
consentait à mettre quelques électrons
dans le vaste univers du multimédia. Le
Bi-bop était oublié.
Si pour les consommateurs, cette révolution est immense, elle a aussi modifié
certains repères bien établis dans la distribution. La notion simple d’un équipement vendu en échange d’un montant
clairement indiqué sur une étiquette a
soudain vacillé. Dans la période d’installation du marché, les opérateurs se
sont livrés à une course sans merci, afin
de conquérir des abonnés. Mieux vaut
avoir une clientèle acquise qu’il suffit de
fidéliser, que de devoir aller la chercher
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
42
chez les concurrents. Pour cela, a été
imaginé le principe des subventions, qui
fait fondre comme neige au soleil la
valeur apparente des équipements aux
yeux du public. Cette transformation est
extrêmement déstabilisante pour des
animateurs de points de vente qui avaient
pour habitude d’utiliser les atouts des
appareils pour argumenter et déclencher
des actes d’achat.
A ce moment et dans cette brume promotionnelle, les mobiles dont le prix
apparent descend jusqu’à 1 franc dans
quelques cas extrêmes restent des
objets techniques complexes à fabriquer.
Mais leur valeur est-elle de 100, 1 000,
3 000 francs ? Brouillard et confusion, un
flou d’un nouveau genre n’a pas disparu,
à l’heure des box, des tablettes et des
smartphones. Pour ces derniers, la valeur
D’HIER À AUJOURD’HUI,
TOUT LE MONDE A ÉTÉ SERVI
Il ne faut pas oublier la mode. Le tactile
commence à faire son apparition sous forme
de… réplique encore mal adaptée au concept
d’un nouvel entrant qui ne prend pas ses clients
pour des pommes. Le geste du tactile ne suffit pas.
est quand même perçue, notamment par
les clients les plus passionnés.A son arrivée l’iPhone 4S, arraché à quelques millions d’exemplaires à travers le monde
en quatre jours, a été acquis par des
consommateurs qui en connaissent la
valeur réelle. Mais une fois en régime de
croisière, le flou revient. De même, dans
Fin 2000, les trois opérateurs (à l’époque France Télécom (Itinéris), « Cegetel-SFR »,
et Bouygues Télécom se partageaient le parc des abonnés aux mobiles à raison de
14,3 millions pour l’opérateur historique, 10,2 millions pour SFR et 5,2 millions
pour le groupe Bouygues, dernier arrivé sur ce marché. En tout, 29,68 millions
d’individus avaient déjà un téléphone mobile, (contre seulement 5,8 millions au 31
décembre 1997) un parc dans lequel 45 % étaient représentés par le pré-payé,
une formule qui venait justement de séduire 69 % des nouveaux abonnés (ventes
nettes) entrés dans la mouvance du téléphone dans la poche en décembre 2000. Ce
parc équivaut à un taux de possession de 49,4 % d’une population française alors
évaluée à 60,8 millions d’individus. Avec plus de 29 millions d’abonnés, l’ART soulignait que cela représentait un Français sur deux, mais aurait pu ajouter que cela
correspondait aussi, en théorie, à plus d’un téléphone pour chacun des 23 à 24 millions de ménages de chez nous. Théorie, car dans les abonnés des temps lointains,
nombreux étaient ceux qui avaient besoin d’un téléphone cellulaire pour leur travail. Car même avec les subventions, ce téléphone vagabond encore bien jeune
dans les esprits était relativement onéreux.
Fin septembre 2011, l’INSEE estime la population de l’Hexagone à 64,9 millions
d’individus, et le parc recensé par l’ARCEP est de... 64,905 millions d’abonnements
(en fait, des cartes SIM en circulation). Nous sommes à 100 %, et il faut noter que
le pré-payé ne pèse plus que 28,2 % du parc. Il ne reste plus qu'à aller conquérir
d'autres cibles. Car même avec ce taux que l'on pourrait croire infranchissable, il
reste de belles perspectives pour le segment des télécoms. 쐍
HIER
Les packs sont là : à
l’entrée dans le
nouveau siècle, ils
s’imposent comme la
formule à vendre dans
les rayons télécoms.
Le message devient
une image : le
téléphone mobile et
son marché viennent
de mettre un pied
dans le multimédia, un
virage sans retour
possible.
un abonnement triple-play, comment
chaque individu décompose-t-il la structure de ce qu’il paye ? Combien, sur les
29 ou 39 euros qu’il débourse est attribué au téléphone, à l’accès Internet ou à
la réception des chaînes de TV ?
Génération spontanée,
génération champignon
Comme ce fut le cas lors de l’émergence
de nouveaux marchés, une explosion du
nombre de points de vente dédiés à
cette téléphonie mobile bondissante n’a
pas tardé à se produire. Comme pour la
vidéo et les vidéoclubs, ou la micro avec
les boutiques d’informatique, cette génération a pendant toute une période plutôt
bien vécu, même avec des principes de
gestion parfois légers qu’une croissance
effrénée pardonne. Selon les diverses
sources disponibles il y a dix ans (les pointages fiables et exhaustifs sont rares),
cette population de points de vente
dédiés aux télécoms a été évaluée à plus
de 10 000, voire 12 à 14 000 établissements ! Mais les réseaux d’opérateurs et
la distribution structurée ont petit à
petit repris les commandes sur un secteur où la petite aventure se devait de
laisser la place à une stratégie beaucoup
mieux charpentée. La téléphonie mobile
a vécu ses années folles, jusqu’à ce que
l’un des principaux bouquets de télévision par satellite, sous la menace d’une
déstabilisation par l’avènement de la
TNT (télévision numérique terrestre),
décide de précipiter la diffusion par
l’ADSL, le haut débit ou broadband,
selon la terminologie anglo-saxonne.
A cet instant, l’opérateur de téléphonie
et son réseau de distribution venait de
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
43
changer de métier. Sans en avoir toujours immédiatement pris conscience,
tous les intervenants de ce secteur se
trouvaient soudain propulsés dans un
beaucoup plus vaste univers où contenus et contenants allaient s’unir, pour un
commerce dans lequel les motivations
de la clientèle se préparaient à une
métamorphose aussi spectaculaire
qu’avait été leur attrait pour la téléphonie mobile quelques années auparavant.
On ne peut que le constater avec le
recul : l’actualité a été d’une densité
extrême, avec des cœurs de métiers se
renouvelant à la vitesse de l’éclair. Dans
tout réseau de distribution, le temps est
l’un des ingrédients les plus importants.
Il demande à être préservé, cultivé dans
la durée. Un établissement n’est efficace
que quand les clients le connaissent,
l’identifient, savent ce que l’on peut y
왘왘
T
É L É C O M S
,
T É L É V I S I O N
, I
N T E R N E T
Tout cela devient à la
fois un peu fou et un peu
flou. Mais avec Internet
et l’ADSL, la distribution
doit se faire une raison.
Son travail passe par la
vente de services.
Avec les box, c’est le triple
play qui débarque en
rayon. Les structures des
espaces de vente, équipes
incluses, entrent dans une
zone de turbulences.
acquérir avec confiance. Mais le temps
doit aussi être exploité avec dynamisme.
L’idéal est d’avoir une image stable et
fidélisante au long cours, tout en donnant envie aux chalands de venir découvrir du nouveau à chacune de leurs visites. Comment suivre une telle ligne de
conduite quand parallèlement, ce qui est
proposé évolue sans cesse, et qui plus
est, en apportant des propositions auxquelles ne peut s’attendre la clientèle.
Ainsi, initialement, un téléphone ne pouvait servir qu’à téléphoner, pour tout
esprit relationnel. C’est encore l’idée
définitive que s’en fait tout individu en
2000. Que cet instrument accepte de
transmettre aussi des messages courts,
SMS, Textos et autres déclinaisons des
antiques « pagers », soit ! Mais que l’on
se mette soudain à prendre des photos,
écouter de la musique, s’ouvrir à des utilisations de type « multimédia », n’y a-til pas de quoi être déstabilisé ?
Deux axes (au moins),
un seul client
Avec ces transformations, la téléphonie
mobile a instauré une sorte de double
défi aux acteurs du terrain. Double défi
consistant à répondre aux attentes d’un
duo de fournisseurs, constitué de l’industriel et de l’opérateur. Ce dernier va
pendant des années cultiver des formules
afin de se caler le mieux possible, -et si
possible mieux que le concurrent- dans
ce qui doit apparaître au client comme lui
convenant le mieux, autrement dit une
architecture de son abonnement lui donnant la perspective de pouvoir téléphoner le plus longtemps possible, selon les
rythmes de sa vie quotidienne. La segmentations forfaits - prépayé est toujours
sur ces deux axes que les préoccupations
de l’offre ont généré il y a bien longtemps. Mais les clients ont aussi des
motivations pour des objets techniques
qui les font rêver, ce que savent bien les
professionnels dans les rayons. Il n’est
pas impossible que le résumé d’au moins
une facette des années vécues depuis
l’an 2000 se situe dans ces deux lignes de
force de l’opérateur et de l’enseigne, le
premier ne prenant le mobile et ses
atouts que pour un alibi (noble) destiné
à vendre du « transports de données »
(via les jadis célèbres « autoroutes de
l’information »), le second agissant avec
une prise en compte souvent prioritaire
de ce que l’industrie lui a fourni.
Aujourd’hui plus que jamais, arrivent
dans les boutiques ou dans les rayons des
clients qui, d’emblée, annoncent qu’ils
veulent le dernier Galaxy ou le plus
récent iPhone. Il n’est pas impossible que
sans aller jusqu’à l’agacement, certains
opérateurs vivent avec un léger inconfort
cette fascination du public pour les équipements. Laquelle est cependant une
chance à non seulement préserver, mais
même à cultiver. Nous avons eu l’occasion
d’assister à des choix de consommateurs,
sur le terrain, finalement très favorables à
l’opérateur, dans un sacrifice consenti par
le client pour acquérir le mobile convoité.
La simplicité n’est pas un luxe
Bien entendu, il serait stupide d’opposer
les attentes d’acteurs n’ayant d’autres
choix que d’avancer unis, et de ne pas
admettre que chacun doit trouver sa
part d’intérêt dans l’incontournable vie
commune imposée par le secteur des
télécoms. Mais cet intérêt est concrètement bien difficile à conjuguer avec les
impératifs des uns et des autres. Il y a en
France trois opérateurs (qui en attendent de pied ferme un quatrième) et une
petite série de MVNO (1). Avec des initiatives commerciales au moins deux fois
par an chez chacun d’entre eux, tous
ensemble ont créé une jungle tarifaire dans
laquelle il est bien difficile d’évoluer.
Complexe pour des forces de vente que le
CROISSANCE : SOYONS PRÉCIS SUR LES MOTS
En matière de statistiques, le marché des télécoms n'est pas comme ceux du matériel électronique, avec des entrées dans les stocks, des sorties via les caisses des
enseignes, et donc une « simple » procédure de suivi pour savoir où en est le secteur dans ses activités. Les enseignes comme les opérateurs diffusent du matériel,
ce dernier étant souvent inclus dans des packs, des formules avec ou sans abonnement côtoient un flux de distribution de cartes SIM seules, autant de méthodes qui
rendent peu commodes les opérations de comptage. GfK, panéliste quasi unique
dans les biens d'équipements qui nous concernent, a le plus souvent travaillé sur des
données « hors opérateurs », qu'il complète aujourd'hui d'une manière très efficace
avec des suivis de l'équipement des ménages. Pour les télécoms, ce sont donc les
chiffres de l'ART (Autorité de Régulation des Télécoms) devenue l'ARCEP (Autorité de
Régulation des Communications Electroniques et des Postes) qui a donc servi de
repère majeur à l'ensemble du métier.
Mais le vocabulaire est à prendre avec un sens qui implique une bonne attention
lorsque l'on prend connaissance des résultats. Notamment avec ce terme de croissance souvent utilisé, et qui concerne le parc d'abonnés (en fait, de cartes SIM en
circulation et actives) et non l'évolution des ventes. Ainsi, quand sur une période,
il se vend moins de téléphones mobiles qu'au cours de la même période d'une
année antérieure, le marché des mobiles se replie, mais le parc est quand même en
croissance, puisqu'il accueille de nouveaux abonnés. 쐍
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
44
DEMAIN : LES TÉLÉCOMS ONT DE L'AVENIR
Naturellement, tout le monde songe aux perspectives venues des tablettes et des smartphones pour les années à venir. Mais en
téléphonie, il reste encore à quelques zones cellulairement en partie désertiques. Si fin 2011, l’Ile-de-France est en tête de
l’équipement avec un taux de pratiquement 150 %, bien des régions peuvent enrichir leur parc. Fin 2005, alors que l’équipement
en métropole était de 79,4 %, les retardataires, Franche Comté, Basse Normandie et Bretagne, n’affichaient respectivement que
58,4, 60,1 et 60,4 % d'individus équipés.
Le fond de la classe reste en septembre 2011 centré sur les mêmes régions, avec l’Auvergne et la Bretagne à 79 % et 78 % en
Franche Comté. Styles de vie, moyens économiques des ménages et parfois encore couverture perfectible sont au nombre des
freins qui tôt ou tard, finiront par lâcher. La prochaine conversion des mobiles en instruments de paiement provoquera sans doute
une poussée supplémentaire. Et à côté de ces ingrédients « numériques », le progrès technique ne peut qu’attiser les motivations
de renouvellement. Du bout du « sans fil », le mobile se transforme doucement en une sorte de prolongement de l’individu.
L’aventure ne fait que commencer ! 쐍
DEMAIN
Depuis quelques mois,
un nouvel objet vient de
se glisser dans le décor :
toujours les télécoms,
mais bien au-delà des
téléphones, la tablette
est là !
Les services, certes, mais
sans oublier le produit.
Tels les fougueuses
berlinettes italiennes, les
mobiles vedettes se font
désirer et tirent le restent
du marché.
consommateur regarde droit dans les
yeux,attendant non seulement la meilleure
formule, dans le genre téléphoner plus en
payant moins, mais souhaitant aussi que
l’interlocuteur derrière le comptoir sache
lui dire sans hésiter si tel mobile a bien un
capteur de 6 millions de pixels avec une
visée grand angle et un flash automatique,
et si sa restitution du MP3 est facile à
retransmettre sur son autoradio. Tout le
monde parle des usages : nous y sommes.
Le secteur des télécoms évolue bien plus
que d’autres dans un paysage aux
facettes multiples et souvent complexes.
Rien à voir avec un rayon de téléviseurs,
où il n’y a finalement que les petits, les
moyens et les grands, ceux qui sont très
perfectionnés et ceux dont les fonctions
sont rudimentaires, et deux ou trois promos ronflantes. Justement, quand on dispose d’un rayon TV, d’un rayon hi-fi, d’un
bel espace photo numérique... bref, d’une
foule de produits relativement simples à
vendre, est-ce judicieux de consacrer
beaucoup d’énergie à diffuser des services plus ardus à expliquer et seulement
rémunérateurs si l’on se met réellement
les mains dans le « cambouis » ?
D’autant que pour mieux maîtriser ce
Dans la distribution, certains ont pris conscience
de la faiblesse de quelques scores divers. Il faut
remettre les services au cœur d’une action bien
charpentée.
qui se passe entre lui et l’utilisateur,
l’opérateur n’a pas lésiné sur le déploiement de son propre réseau, avec des
points de vente très réactifs, pilotés « de
l’intérieur », et donc forcément dans
l’axe défini par la stratégie maison. Mais
ces réseaux composés de centaines de
magasins tous très bien situés ont aussi
un coût, qui pourrait un jour se révéler
lourd à supporter, notamment quand les
grands courants de croissance seront
épuisés. Dans cette inéluctable perspective, mieux vaut ne pas se priver de ce
que peuvent apporter les enseignes,
toutes les enseignes, quitte à prendre en
mains une partie de ce qu’elles gèrent
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
45
avec une certaine maladresse. Depuis
quelques saisons, à travers des initiatives
comme celles entre Carrefour et Orange
ou SFR et la FNAC, le travail est intense.
Il devrait permettre de mieux aborder les
années de futur, au cours desquelles les
enseignes, généralistes ou plus spécialisées sur les produits techniques, auront
aussi tout à gagner dans un savoir-faire
face à une clientèle convertie aux usages
du couple télécoms-multimédia. L’avancée
des téléviseurs connectés ou la montée
en puissance des tablettes sont des facteurs qui tendront encore davantage à
rapprocher les axes du numérique. Mieux
vaut savoir appréhender le plus vite possible tous ces objets. 쐍
(1) Les MVNO sont des opérateurs virtuels ne disposant pas
de leur propre réseau de relais plantés dans les collines de nos
campagnes et fichés sur les toits des édifices urbains. Ces
MVNO qui « louent » des lignes sur les réseaux des grands
opérateurs, ont franchi en septembre le seuil des 10 % de
parts de marché.
LA NOUVELLE IMAGE
L’IMAGE NUMÉRIQUE ET SES MARCHÉS
P HOTO
NUMÉRIQUE :
AU CŒUR D'U
Le rendez-vous parisien de la photographie n’a pas déçu. Une
bonne nouvelle pour les professionnels qui diffusent des
équipements liés aux images numériques. Ils peuvent se
rassurer : l’intérêt et les passions sont toujours au rendez-vous
et devraient permettre de maintenir un bon courant d’affaires
au cours des prochaines saisons. Ce show devrait aussi
alimenter une réflexion à propos de la manière dont la
nouvelle image s'expose au quotidien dans les rayons.
serait-ce que par le biais des smartphones
et surtout des tablettes, instruments qui à
la fois entrent dans le jeu (vidéo) et, parallèlement, se mêlent aussi de la prise de vue
et de sa restitution, qu’elle soit photo ou
vidéo. Dans les deux domaines, jeu et
image, la technologie disponible est déjà
bien entrée dans le giron de la 3D.
Une actualité abondante
Du reste, à propos de relief, les participants
Bonne nouvelle en effet. Enfin presque.
même acheter des APN et des accessoires.
à ce salon de la photo savaient-ils que la
Nous reviendrons sur ce « presque » un peu
Plus de 71 000 entrées, ce qui place cette
toute première exposition de clichés en 3D
plus loin. En quelques jours, le ciel a bas-
manifestation au sommet des évènements
venait d’être organisée à Paris ? Première
culé. Les douceurs estivales qui avaient
qui impliquent techniques et services
exposition de notre ère moderne et sur
bercé les moments intenses du Salon Hi-Fi
numériques, juste derrière le Paris Games
écran LCD, faut-il préciser, car la restitution
Audio Vidéo (lire à quelques pages d’ici) le
Week (jeu vidéo). Bien sûr, dans l’univers de
des trois dimensions est ancienne et a déjà
week-end précédent n’auront pas tenu jus-
la photo, rares sont les professionnels qui
donné lieu à de multiples exhibitions à tra-
qu’à ce début d’octobre. Ce qui n’a pas
portent une attention à ce moment effer-
vers les âges. Dans le cas présent, c’est la
empêché des quantités respectables de
vescent du ludique. Dommage car, les
console 3DS portable de Nintendo qui était
visiteurs de venir jusqu’à la Porte de
clientèles qui le fréquentent vont inélucta-
au service de cette première. Sa place au
Versailles pour admirer, rêver, et parfois
blement croiser la route des images, ne
salon aurait été méritée.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
46
Le spectacle
(Panasonic) n’est pas
seulement une manière de
se mettre en avant pour
une marque. C’est aussi
pour les visiteurs
l’occasion de réaliser des
clichés. Essentiel !
N SALON ACTIF
La mise en avant
des produits (Sony)
se fait aussi avec
l’empreinte de
chaque constructeur.
Il faut permettre au
visiteur de graver
dans sa mémoire ce
qu’il a vu, et dont il se
souviendra pendant
des années.
Quand la nouveauté est de plus événementielle
(Nikon), voire historique, le spectacle est à son
comble. Si la nouveauté est compacte, autant le
faire voir en grand !
Les équipements
vedettes (Canon
reflex) constituent
naturellement l’un
des attraits majeurs
d’un tel salon. Les
visiteurs en 2011
n’ont pas été déçus.
La photo numérique n’a cependant pas
« hybrides » - même s’ils ne sont pas bapti-
manqué d’atouts au cours de ces cinq jour-
sés de cette manière - de Nikon, l’un des
nées, grâce à des nouveautés finalement
deux géants du reflex. C’est l’un des privi-
assez nombreuses. Avec au casting des
lèges de ce marché à ne jamais perdre de
innovations majeures, comme les premiers
vue : il compte de nombreux acteurs qui
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
47
왘왘
L
A
N O U V E L L E
I M A G E
L’IMAGE NUMÉRIQUE ET SES MARCHÉS
PHÉBUS ET BORÉE !
Inutile de revenir sur cette décennie vécue par un métier de la photo qui a subi de
plein fouet tous les changements possibles. La rupture argentique - numérique lui a
imposé l’entrée de plain-pied dans un monde que la photo en France connaissait
mal, celui des grandes surfaces généralistes ou alimentaires, avec ses volumes, ses
contraintes de compétitivité, ses approximations dans le savoir-vendre. La disparition du concept classique des travaux a mis également de nombreux professionnels
dans une situation définitivement en impasse. Et pour parachever le séisme, une
nouvelle forme de commerce sur le Net a porté l’ultime rafale, dans cette tempête
sans précédent, venue tout changer sans espoir de retour. Mais pour contrer ce
redoutable coup de tabac façon Phébus, le dieu du vent, Borée est venu remplir
d’une nouvelle lumière le ciel
de l’image numérique.
Au-delà de cette période de
big-bang qui a imposé au
terrain une recomposition totale de ses structures, ce sont
les habitudes des consommateurs qui sont entrées à leur
tour dans ce champ révolutionnaire. Dès le milieu de la
décennie, les grandes orientations nouvelles étaient tracées. 쐍
HIER
Le salon et l’événement : l’occasion rêvée de
bâtir des actions commerciales (Pentax).
Voilà une vedette qui mériterait plus de lumière,
surtout dans la vie courante, au gré des rayons :
l’album, sous toutes ses formes (Fujifilm)
Rappeler une image, des
thèmes de
communication : autre
impératif pour tout
exposant (Nikon).
Quand le lien se crée
entre ceux qui accueillent
les visiteurs et les
ambiances (Canon).
bre avaient été évoquées dans nos deux
rayons de caméscopes fleurissaient aux
numéros précédents), il y a toujours des
quatre coins des plus pertinentes GSS et
enseignements à puiser dans l’ambiance
même dans les hypermarchés ? Que ceux
d’un salon. Ainsi, nous ne pouvons que
qui ont oublié de prolonger cette heureuse
constater l’attrait que les animations exer-
habitude soient montrés d’un doigt accu-
cent sur le public. Panasonic (qui avait sans
sateur ! Et dire que certains animateurs
aucun doute osé les plus spectaculaires),
Canon, Nikon, Sony, TCP, étaient au nombre
de ces générateurs de spectacles, qui ont
aussi pour finalité de donner aux amateurs
l’occasion de faire de multiples prises de
La 3D ne se comprend jamais mieux que quand
elle concerne directement l’individu, autrement
dit, le client déjà potentiel.
vues. Un moment unique car une fois reve-
sont tous très actifs sur le plan de
l’attractivité laisse la place aux alignements
nus dans les rayons photo des enseignes,
l’innovation et de la recherche dans les dif-
secs et laconiques de produits et éti-
férenciations. Rien ne peut-être plus ani-
quettes. Comment se fait-il qu’il n’y ait
mateur, surtout pour un domaine qui
plus rien à viser avec un reflex ou un com-
compte de nombreux amateurs éclairés et
pact expert dans un espace de vente, alors
actifs.
que voici quelques années, les petites
Outre les nouveautés (dont un bon nom-
scènes et les décors colorés dédiés aux
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
48
Une prise de vues en rafale plus rapide que
l’ombre du photographe : Sony en fait une
démonstration plus qu’active !
La distribution est présente et très active. L’observation
attentive des visiteurs devenant clients, de leur approche des produits,
de leurs questions, de leurs réactions est extrêmement enrichissante.
seulement des boîtiers, mais aussi des
tes d’appareils avaient culminé à environ
concepts (hybrides, reflex, compacts
2,5 millions d’unités. Le numérique a pro-
experts), mais des accessoires : optiques,
pulsé ce nombre d’actes d’achat à un
flashs, filtres, pieds, éclairages, Une simple
rythme annuel proche de 5 millions. Il
arithmétique permet de réaliser à quel
existe donc des millions de consomma-
point les nouveaux clients de la photo sont
teurs qui n’ont jamais pu se rendre compte
nombreux. Au début de la décennie, à
concrètement de la différence qui existe
l’heure où l’argentique dominait, les ven-
entre un autofocus et son concurrent, un
LES PIXELS S’ENVOLENT
La presse en a parlé, les passionnés
en ont abreuvé leurs conversations :
le voilà en vrai de vrai (Fujifilm). Admirons !
d’enseignes se demandent que faire de la
place dont elles disposent, au détour de
circonstances nouvelles... Le rayon statique
est un mode de présentation trop insipide
pour une ligne de produits telle que celle
de la photo.
Remarquez : il n’y aurait que la tristesse du
décor à déplorer, le mal serait moindre.
Mais il y a plus ennuyeux. Dans notre pays
de 65 millions d’habitants, 71 000 ont pu
La relativement faible présence d’un
public jeune au Salon de la Photo est un
signe qu’il ne faut pas négliger. Le
monde des pixels nous a démontré qu’il
n’était pas toujours de ceux qui plongent vite et sans hésiter dans les nouvelles pratiques. Celles-ci seront inéluctablement imprégnées dans l’univers
ultra-communicant et à haut débit qui
commence à se construire. Et néanmoins, les « fondamentaux » de l’image
ne vont pas s’effacer, comme par
exemple la mise en service de nouveaux
capteurs, aptes à aller chercher et retenir mieux que jamais le moindre photon.
Vers 2002-2003, quand les CCD atteignaient les 4 à 5 Mp, beaucoup estimaient que
la lutte des mégapixels arrivait à son terme. Présenté par Canon comme un prototype de laboratoire il y a un an, ce capteur de 120 millions de pixels (photo) le
confirme : les avancées techniques vont se poursuivre, et elles serviront encore
longtemps de repères dans la compétition commerciale. Facette communication,
des modèles sont déjà parmi nous, comme par exemple le service iCloud d’Apple.
Il devrait susciter l’apparition d’appareils qui, sitôt réalisés les clichés, transmettrons
ceux-ci dans un stockage de cette génération nuageuse, l’utilisateur étant certain de
ne plus jamais les égarer, ni les détruire, tout en se passant totalement de support
de sauvegarde. 쐍
DEMAIN
découvrir, prendre en main et tester non
왘왘
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
49
L
A
N O U V E L L E
I M A G E
L’IMAGE NUMÉRIQUE ET SES MARCHÉS
Nous,
après tout,
nous sommes là
pour faire
des photos !
pseudo grand angle de 28 mm et un vrai à
24, un zoom moyen ou un véritable téléobjectif simple mais redoutable (comme de
nombreux bridges en proposent) etc. Sans
cette possibilité de découverte active, le
métier perd inéluctablement des ventes.
Francis Dupas, de Camara,
estime la saison correcte, si l’on tient compte
de tous les événements vécus.
dent des reflex, on se prend à regretter
qu’une meilleure sélectivité des réseaux ne
soit permise aux fournisseurs.
D’une manière plus intime, certains acteurs
du segment de la distribution, présents au
Il n’y a pas
que le reflex,
le bridge,
l’hybride...
Dans le compacts,
les adeptes
des conditions
extrêmes ont
de quoi se divertir,
comme avec
ce record
dans le concept,
signé Pentax.
salon, ont évoqué une année quelque peu
Olympus a été ces dernières saisons l’un des
animateurs majeurs du créneau de l’hybride.
un peu peur, résume Francis Dupas, PdG du
Le salon de la photo est un lieu de loisirs
groupement Camara. La saison dans son
perturbée. « La période des fêtes nous fait
pour les visiteurs, mais pour les profes-
ensemble est malgré tout pas trop mau-
sionnels, c’est un instrument de travail qui
vaise, mais nous savons que nous n’aurons
devrait permettre à tout un domaine de
pas tous les produits récents et de bonne
puiser l’inspiration génératrice d’un travail
valeur avant le début 2012 ». En substance,
plus efficace et plus profitable. Mais quand
et suite aux difficultés provoquées par le
on observe comment certaines GSS, désor-
tsunami, les milieux et hauts de gammes
mais surtout passionnées de cuisine, ven-
récents ne seront certainement pas aussi
SALON CP+, YOKOHAMA :
LES INDUSTRIELS JAPONAIS VEULENT METTRE EN AVANT LEUR PHOTO NUMÉRIQUE
La troisième édition d’un salon qui se tiendra début 2012 à Yokohama démontre s’il en était besoin l’esprit
toujours dynamique qui anime les professionnels de l’Empire du Soleil levant.
Alors que le Salon de la Photo connaît en ce moment même un
franc succès à la Porte de Versailles, les industriels japonais
préparent activement l’avenir. Pas seulement celui du 9 au 12
février 2012, période ou le troisième CP+ sera organisé par les
membres de la CIPA (Camera & Imaging Products Association),
mais celui d’un futur où comme le souligne cette organisation
professionnelle, la photo numérique va de plus en plus
s’installer aux côtés d’équipements numériques (écrans, mobilité...) et d’usages (partage, stockage « cloud »...) totalement
innovants. Si les industriels du Japon ont réussi à capitaliser
sur les générations actuelles (ils revendiquent plus de 78 % de
parts du marché mondial des APN, et même 99,2 % sur le créneau des appareils à objectifs interchangeables), ils savent que
tous les meilleurs scores ne sont que du domaine du passé, et
qu’il convient de ne jamais abandonner l’offensive. Ce salon,
dont comprend que les initiateurs souhaitent faire une sorte
d’équivalence du CEATEC pour l’électronique, autrement dit non
seulement un vitrine pour les produits, mais aussi un point de
convergence pour les techniques et les développements en
cours, a dores et déjà franchi le cap de 50 000 visiteurs. Visant
une audience internationale, il devrait bénéficier du vide laissé
par les vicissitudes rencontrées par les événements
qu’organisaient la PMA, et une sorte de noyade dans l’immense
univers de l’électronique numérique que symbolise la présence
de la photo au CES (Consumers Electronics Show). Rendez-vous
à Yokohama en février, où il faut en général moins doux qu’à
Barcelone. Encore que... 쐍
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
50
Si certains observateurs
ont trouvé
que les adeptes jeunes
n’étaient pas en nombre
très élevé au salon,
la clientèle féminine
(et souvent jeune)
est en revanche
fort bien représentée.
disponibles que souhaité pour la période la
tion 2010. Ce qui nous a donné envie d’obser-
plus chaude de l’année, côté ventes bien
ver cette année avec plus d’attention. La
entendu. Et encore, devons nous ajouter
remarque n’était pas fausse. Les visiteurs
que lorsque se tenait le Salon de la Photo,
plutôt jeunes n’étaient certes pas absents,
les inondations en Thaïlande n’avaient pas
mais quand même fortement disséminés
commencé. Or, indirectement, il est pres-
dans une masse de public d’âge intermé-
que impossible que les arrêts de nom-
diaire et de seniors. Il faut se garder de
breuses usines liées à l’industrie électronique et noyées sous plusieurs mètres
d’eau n’aient aucune répercussion sur les
lignes de produits de la nouvelle image.
Enfin presque..., mais encore...
Panasonic a beaucoup investi dans l’hybride,
mais ses bridges à zoom étendus font aussi
partie de ses chevaux de bataille.
Il faut aller au bout du bout des enseignements qu’un salon peut apporter. En plus
d’animation, comment ne pas avoir remarqué le nombre de visiteurs qui, selon ce
qu’ils en disaient eux-mêmes, venaient
pour recueillir des informations données
par des interlocuteurs compétents. «Ils n’y
connaissent rien dans les magasins» est
Le bridge avec zoom extrême est devenu l’une
des stars des ventes, à juste titre, et voisi l’un des
derniers nés les plus attractifs du moment
(Fujifilm)
une réflexion que nous avons beaucoup
tirer des conclusions extrêmes de cette
entendue. Heureusement qu’un salon per-
observation (que des photos de l’évé-
met à ceux qui ont le loisirs de venir le visi-
nement confirment), mais quand même
ter de contourner cet obstacle. Enfin, il
s’intéresser à un futur où il serait construc-
reste une ultime observation : dans le
tif de mieux cibler toutes les tranches
public qui est venu à la Porte de Versailles,
d’âges (qui sont forcément consomma-
il faut le constater, les visiteurs jeunes
trices d’APN, les volumes de ventes an-
étaient assez peu nombreux. « On voit sur-
nuels le démontrent). Sans être une mau-
tout des seniors » mentionnait déjà un
vaise nouvelle, c’est quand même un point
démonstrateur sur un stand lors de l’édi-
important à ne pas quitter du regard.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
51
쐍
M
U LT I M É D I A
2001 : les rayons d’ordinateurs présentent le plus souvent des alignements de PC dits « de bureau ».
D’une micro
à l’autre :
Le portable détrône
Il suffit de regarder un linéaire micro du début de la décennie et de le comparer à
Cela était à prévoir : la domination inéluctable des ordinateurs portables finirait
tôt ou tard par s’imposer. En 2000, la possession d’un ordinateur à la maison n’est
pas encore quasi obligatoire. Elle progresse, mais le PC fait surtout vibrer les
clientèles jeunes, pas encore toute la
famille. Et d’ailleurs, qu’en ferait-elle ?
Internet balbutie. Et avec lui, tout ce qui
peut aider un consommateur dans la vie
courante n’est encore qu’en devenir.
L’ordinateur vise ceux qui travaillent dans
des bureaux - et éventuellement le soir et
le week-end à la maison - ainsi que les
jeunes, pour les jeux, et pour télécharger
et copier, en très bas débit, des succès du
disque grâce à un certain Napster, vedette
du peer-to-peer. Pour des raisons pratiques et techniques, le desktop est le
favori. Il permet aux utilisateurs éclairés
de faire évoluer leurs configurations, ne
serait-ce que pour suivre le feuilleton des
générations successives de microprocesseurs ou, plus simplement encore,
d’ajouter des barrettes de mémoire.
C’est dans ces mécanismes que le futur
du notebook se construit. La joyeuse
quincaillerie pour amateurs qui profite à
Surcouf, dans ses 12 000 mètres carrés
de l’avenue Daumesnil, ainsi qu’à la galaxie de micro-boutiques venues s’agglomérer à ses abords (et notamment rue
Montgallet, dans le 12e arrondissement
de la capitale), constitue un pôle d’activité particulièrement animé. Cartes,
ventilateurs, boîtiers, disques durs,
nappes, alimentations partent comme de
petits pains. Mais cette méthode place
aussi tout PC sédentaire loin des
concepts d’une production de masse.
Impossible, dans ces conditions, d’avoir
La progression du
taux d’équipement
des foyers a été
assez forte, mais
malgré cela, un foyer
sur deux ne disposait
pas encore
d’ordinateur il n’y a
que 5 à 6 ans.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
52
De nos jours, les notebooks ont pris le pouvoir en termes de visibilité. Les configurations pour gamers sont en général nettement moins en vedette.
l’ordinateur sédentaire
un rayon actuel pour comprendre ce qui s’est passé dans l’univers de l’ordinateur.
des ordinateurs à des coûts réellement
réduits. Alors que, par exemple, et à
l’image de la plupart des équipements
électroniques, les lecteurs de DVD sont
fabriqués dans des unités de production
d’où sortent mensuellement 200 à
300 000 pièces, surveillées par seulement quelques intervenants, chaque PC
possède son petit potentiel de main
d’œuvre, parfois réalisée dans un assemblage « main » sous les yeux du client.
C’est l’époque où, dans ses enquêtes,
GfK met aussi en lumière une réalité :
de nombreux consommateurs n’éprouvent aucune envie de posséder un ordinateur, ne sachant tout simplement pas
ce qu’ils en feraient.
Internet se développe
et le PC s’envole
Sur le terrain, les parcours divergent. Les
grandes surfaces alimentaires ont bien
analysé la situation : il y a une clientèle
capable de répondre à des offres pro-
LES NOTEBOOKS ONT MIS
DU TEMPS À S’IMPOSER
Début 2005, si 45 % des foyers ont un
ordinateur à la maison (5% de plus qu’un
an avant), seulement 12 % ont un notebook. L’ordinateur sert souvent à jouer,
mais les foyers équipés désormais se
connectent en masse.
motionnelles lancées à des moments
clés : rentrée des classes, période de
fêtes... Elles ne se font pas prier pour
remplir leurs catalogues « BAL » et
orner leurs panneaux d’affichage avec ce
produit qui, faut-il le préciser, est en
pleine croissance. Actions ponctuelles
qui siphonnent aux bonnes périodes un
peu (ou beaucoup) du CA des spécialistes, mais n’empêchent pas ces mêmes
enseignes d’avoir le reste de l’année des
offres très minimalistes. Les GSS suivent
la cadence, sans pouvoir profiter des
mêmes effets de trafic, et les spécialistes
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
53
brun ou brun-blanc restent, il faut bien le
reconnaître, un peu dépassés.
Mais soudain, le paysage change. Internet
se propage, les débats autour du e-commerce et de ses méthodes (et de ses
prix) émoustillent. La photo numérique
commence aussi à se propager, et il
paraît que l’on peut traiter les images
avec un ordinateur, les stocker, et les
imprimer avec une machine de couleur
ivoire un peu lugubre, que l’on trouve au
rayon bureautique. L’ordinateur pourrait
entrer au foyer, mais il a encore un
sérieux handicap : son encombrement.
Au moins autant dévoreur de place que
le téléviseur cathodique, il nécessite
quand on l’adopte une petite architecture d‘intérieur. Avec un PC, celui qui a
bien tout prévu dans son magasin vend
aussi le meuble pour le mettre en place,
comme on vend des citrons avec les
bourriches d’huîtres.
Mais voilà que la révolution qui rôde à
cette époque autour du téléviseur ne va
pas oublier l’ordinateur. Ce dernier va,
왘왘
M
U LT I M É D I A
Rentrée des classes 2001 : il y a de la promo dans l’air !
lui aussi, se convertir doucement mais
sûrement à l’écran plat. De là à l’intégrer
dans un ensemble bien cerné, compact, il
n’y a qu’un pas. Ensuite, tout n’est plus
qu’une question de temps et d’évolution
sur fond de croissance. Le notebook
extrêmement onéreux à ses origines va
au fil des années devenir compétitif face
aux configurations dites de bureau (dont
une frange de l’offre a évolué vers les
joueurs... pardon, les « gamers »).
Autant que des téléviseurs,
sauf pour la marge !
Il ne faudra finalement que quelques saisons pour que se renverse la vapeur. Et
dès 2006, l’ordinateur sur le créneau
grand public voit ses volumes de ventes
flirter avec ceux du petit écran, lequel va
ensuite s’envoler jusqu’à des sommets
célestes, mais grâce à une conjonction
entre HD, TNT et Box, sans oublier
l’attrait du plat. En clair, en une petite
décennie, l’ordinateur est passé du stade
d’un équipement pour public initié à
celui d’un bien « durable », que tout
foyer se doit de posséder, au même titre
que le réfrigérateur, le lave-linge et la
petite lucarne.
Côté distribution, l’ordinateur a aussi fait
quelques dégâts. Les périodes de promotions un peu folles, qui avaient pour
finalité de générer du trafic, ont gravement écorné la profitabilité du produit,
un phénomène amplifié par les ambitions en volumes de quelques acteurs
asiatiques, qui s’étonnent aujourd’hui
d’enregistrer de… lourdes pertes. Alors
que le téléviseur, bien que chahuté sur
ce plan, est resté malgré tout un produit
dans l’ensemble assez profitable, le notebook s’est transformé à certains mo-
ments en véritable symbole d’une électronique ayant perdu le sens de sa
propre existence commerciale. Les
enseignes on-line n’ont pas manqué de
mettre leur grain de sel dans l’érosion
permanente des étiquettes.
L’ordinateur
réellement menacé ?
Aujourd’hui, le notebook tient bon, mais
voit quelques nuages surgir à l’horizon.
Le principal s’appelle « tablette », un
équipement qu’un professionnel décrit
avec un peu d’excès de la manière suivante : « c’est un notebook sans clavier.
La preuve : on vend des claviers pour
Non portable, un PC prend de la place !
tablettes ! » C’est moins dans le profil
de l’appareil que dans les usages que
peuvent en faire les individus que le futur
du PC (ou Mac) se discerne. Pour surfer
sur le Net, aller sur les réseaux sociaux,
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
54
voir duYoutube ou regarder des photos,
une belle tablette peut largement suffire.
Tout comme pour gérer quelques tâches
administratives, et faire des achats en
ligne. Hélas pour l’ordinateur, la tablette
apporte des fonctions innovantes qui
n’ont pas été contemporaines de l’apogée du notebook dont en particulier
l’ex-édition sur papier-presse et livresqui pourrait déferler numériquement
dans quelques années. Et encore hélas
pour ce même ordinateur, le téléviseur
qui tend à devenir connecté (en plus de
sa capacité à fonctionner avec une
tablette) pourrait aussi constituer une
sorte de « concurrence par le haut ».
Qui plus est, des fournisseurs célèbres
viennent de prendre l’initiative de coupler dans leur offres TV et tablettes,
alors que ces dernières entrent dans des
initiatives inédites de fournisseurs de
contenus (Canal, par exemple).
Tout entre tablettes et PC pourrait donc
s’articuler autour des concepts techniques fondamentaux de ces machines,
leur « noyau fonctionnel », en quelque
sorte. Depuis l’origine, les ordinateurs
sont animés par des « DOS » (Disk Operating Systems). La tendance tablette, fille
naturelle du smartphone, va vers des
électroniques gérant plutôt les différentes formes de connectivité, avec ou
sans fil. De là à prédire la disparition à
terme de l’ordinateur ou du notebook, il
y a un pas qu’il serait très audacieux de
vouloir franchir sans plus attendre.
Beaucoup trop d’inconnues émaillent
encore ce futur. Et à court terme, le
notebook reste un article important
pour les rayons, le desktop trouvant luimême ses propres raisons de ne pas
sombrer. Ne lâchons pas la proie pour
l’ombre. 쐍
Salon HiFi AV High End :
Audio et vidéo
bien intégrés
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
56
Elipson est une ancienne marque bien de chez
nous, qui a su unir la tradition et le présent, sans
oublier le design.
Dès le hall, c’est le plus prestigieux matériel de ce
domaine qui est en valeur et en lumière.
Macintosh, la légende, ne fait pas fantasmer que
les regards de seniors. La fascination accroche
toutes les tranches d’âge.
Le matériel est visible de près, le
public peut le toucher, le soumettre à
un minutieux examen avant de
passer à l’écoute.
HIER
UN DRÔLE DE « MONDIAL »
TSF assure en France la distribution des
enceintes dessinées par Philippe Starck et
produites par Parrot. La technologie Bluetooth
qu’elles exploitent est un facteur de confort et
d’acceptabilité : les câbles dans ce domaine sont
toujours perçus d’une manière plus négative
que le moindre cheveu dans la soupe
Le salon Hi-fi Home
Cinéma a, une fois de plus,
attiré une belle affluence
au début du mois
d’octobre.DVSM
participait à l’événement.
L’été était revenu. Sans prévenir mais
avec force. La capitale cherchait un peu
d’air frais, tandis que sur les plages normandes, l’affluence était maximale.
Autant d’indices laissant supposer que
les loisirs d’intérieur ne pouvaient que
perdre de leur impact. Ecouter une sym-
En 2000, rien n’est facile ! Pas
même l’organisation de salons, en
dépit de l’ambiance porteuse de
l’époque. Voulant semble-t-il changer d’air, ou peut-être même changer d’ère, les animateurs d’un syndicat de firmes spécialisées dans la
hi-fi - qui viennent doucement,
enfin, à l’audio ET vidéo - ont cherché et trouvé un organisateur volontaire, la société Secession (dont
les managers sont d’authentiques
spécialistes des salons à Paris, ayant notamment construit et piloté celui de la navigation). C’est ainsi que naît le 15 septembre 2000 le premier MSI, Mondial Son et
Image, dans une chaleur étouffante. Il en faut davantage, côté thermomètre, pour
que la clim se mette en marche Porte de Versailles. Qu’à cela ne tienne. Le succès
d’estime rencontré par ce nouveau salon pourrait lui donner des chances de se prolonger dans l’avenir.
Mais doucement, au fil des ans, ceux qui ont demandé ce salon finissent par se dire
que finalement, c’est une manifestation qui ne les intéresse guère. Avec adresse,
l’organisateur la fait évoluer en y accueillant le secteur de la photo, en pleine effervescence pour cause de débarquement des techniques numériques. Le MIS, puis
MIPS, finira par se repositionner en tant que Salon de la Photo, celui que nous
avons vécu il y a quelques semaines seulement. Jean-Pierre Bourgeois, commissaire général de l’événement, qui a vécu l’aventure dans son intégralité, reste zen
et se borne à afficher son éternel sourire en guise de commentaire. 쐍
HIER
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
57
왘왘
Mais qu’on le
veuille ou non, ici
comme dans les
points de vente,
l’écoute est une
priorité, et une
raison de se
déplacer jugée
valable par les
amateurs.
Le programme
pour les
professionnels,
distributeurs
comme
intégrateurs, était
dense et riche en
thèmes.
Une bonne restitution sonore ne tient qu’à un
fil ! Pour pas plus de 1 600 euros, ces câble pour
relier des équipements hi-fi brilleront par un
immense respect des signaux que des
conducteurs trop roturiers abîment plus qu’on
l’imagine en les transportant. Ces
spécialistes le confirment : il y a des
clients pour cela. Et c’est bien
connu : quand on compte,
on n’aime pas !
Des Îles britanniques ou un certain Cook
qui n’était pas capitaine leur avait donné
le jour, les belles Kef sont parties prendre des
attaches dans l’ex-dépendance de Sa Gracieuse
Majesté, Hong-Kong. Elle n’ont pour autant rien
perdu de leur noblesse.
phonie sur un superbe ensemble hi-fi au
coin du feu, quand la bise rôde et que les
feuilles jaunies se laissent porter jusqu’au
sol comme dans une défaite inéluctable,
quoi de plus agréable ?
Mais s’abandonner dans des décibels
onctueux quand tout le monde s’est rassemblé autour des grillades, à l’ombre
d’un parasol, impensable ! Et pourtant si.
Ils sont venus nombreux. Le Pullman
Rive Gauche a même frôlé les limites
d’une belle petite cohue, démontrant
que le son et l’image ont des adeptes
tous temps.
Les conférences,
mi-business, mitechniques, ont
été suivies avec
beaucoup
d’assiduité.
C’est d’ailleurs un peu le même constat
que l’an dernier, et aussi les années antérieures. Comme insensible aux turbulences médiatiques ou numériques qui
servent de décor aux loisirs électroniques, le salon Hi-fi et Home Cinéma
provoque bien du remue-méninges. Une
fois de plus, une question taraude les
esprits. Exploite-t-on assez cette motivation d’une partie de la population pour
les belles choses de l’audio et de la
vidéo ? Quand on songe aux résultats
des dernières saisons, et aux lamentations de nombreux professionnels à propos du CA et de la profitabilité, la réponse est déjà toute trouvée. Mais à
force de le répéter et ne voir que bien
peu de choses évoluer, nous finirons par
le dire : tant pis ! Tant pis pour ceux qui
ne jurent toujours que par le moins cher
désastreux, et qui oublient des ingrédients essentiels, tels que la passion, la
recherche de l’excellence, les plaisirs
physiologiques générés par l’oreille et
l’œil ou les deux à la fois. Dans le hall du
palace parisien, le ton est donné. Les
façades de la gamme Macintosh alternent le sombre brillant et les lumières
subtiles. La plus prestigieuse des marques émerveille les visiteurs qui n’ont
pas les moyens de s’offrir un rêve de ce
niveau, et titille l’émoustillement volubile
des connaisseurs. Dans les couloirs, on
se bouscule, on attend son tour pour
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
58
A bien y regarder, des noms que l’on croyait
disparus sont encore à l’affiche : Teac
une démonstration in vivo. Côté conférences, les professionnels sont aussi au
rendez-vous. L’intégration est dans l’air.
La vague des clients qui veulent des équipements connectés qui marchent bien
mais renoncent à bâtir eux-mêmes leurs
ensembles gonfle de jour en jour. Et
nombreux sont ceux qui l’ont compris :
il y a là une excellente filière pour qui
veut reprendre la main face à une tendance broyeuse des structures de distribution, même hautement charpentée.
Tout le monde n’y viendra pas. Tant
mieux ! Cela laissera plus de place à
ceux qui feront la jonction entre une
compétence, un savoir-faire et un savoirvendre.
SUCCÈS COLOSSAL ET RETOMBÉES MÉDIATIQUES
La SPAT, société organisatrice du salon, a
indiqué que cette édition 2011 avait enregistré une fréquentation record, en progression de plus de 30 % par rapport au
salon 2010, au cours de la journée du
samedi, en dépit d’une météo estivale.
Quand le thème des salons est abordé
avec les fournisseurs (et exposants potentiels), nombreux sont les responsables de
firmes qui font un peu la grimace et évoquent les coûts, toujours estimés trop
importants. Cette réaction, qui ressemble
à celle également récurrente à l’égard de
la communication, est pour le moins
déconcertante, et démontre que nombreux sont ceux qui imaginent que les
marchés tournent d’eux-mêmes. Or,
aucun secteur ne vit s’il n’est soutenu
par des initiatives constantes envers les
clientèles. Le salon Hi-FI de début octobre, manifestation de seulement deux jours, a tout
de même réussi à déclencher des retombées importantes. A
titre d’exemple, cette Une d’un grand hebdomadaire, qui
détecte non pas un phénomène passéiste, comme cela est trop
souvent imaginé pour la hi-fi, mais une vogue de passionnés
qu’il baptise les « Dingos de l’audio, de plus en plus nombreux ». De fait, la SPAT a constaté un rajeunissement sensible
Le groupement Cinéfeel a bien joué. Sa
convention s’est greffée sur l’événement
- une manière très incisive d’affirmer sa
spécificité aussi bien envers une clientèle
nourrie qu’à l’attention des fournisseurs.
Mais les week-ends ont un défaut que
chacun connaît bien : ils ne durent que
deux jours. L’édition 2011 se ponctue
rapidement, comme à regret.
Tout naturellement, les impacts de la
conjoncture n’ont pas été oubliés. Les
firmes exposantes ont, comme l’ensemble du pays, subi les conséquences
d’événements ayant rendu la marche des
du panel. Conséquence logique d’un
élargissement voulu des cibles, qui
est passé par des méthodes simples,
comme la mise en billetterie dans les
FNAC des entrées au salon.
Côté pros, les conférences que nous
avions annoncées ont, elles aussi, connu
un succès indéniable. Les spécialistes du
terrain ont bien identifié cette perspective
porteuse qui sourd de l’alliance entre la
diffusion du matériel, son installation et
sa mise en fonction chez les clients.
Ceci étant, d’autres perspectives s’ouvrent
pour la saison à venir. L’hôtel où prenait
place ce salon depuis bon nombre
d’années s’avère trop petit et des développements devraient voir le jour dans les
prochains mois. L’organisateur envisage
donc un virage, incluant des perspectives
de rapprochement, avec la High End
Society (dont l’émanation est notamment
un salon se tenant annuellement à Munich et qui fait référence
en la matière sur le Vieux Continent) pour ce qui concerne le
haut de gamme, et avec Maison & Objet pour l’intégration.
Sans en dire davantage, il se dit à la SPAT qu’une synthèse des
deux lignes de force mériterait « un palais » pour s’exposer.
Message (à peine) codé… ! 쐍
Si l’affluence du samedi fut extrême, celle du
dimanche n’a pas non plus été rachitique. Où
l’on voit que certains couloirs ne sont pas faits
pour laisser déambuler autant de visiteurs
passionnés.
Petites radios au
look rétro : voilà
des best-sellers
bien dans leur
époque, capables
de capter les webradios à la
perfection.
Le salon avait des
partenaires de
grande qualité.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
59
affaires plus périlleuse qu’en temps ordinaires. « On y va, je voudrais passer à la
jardinerie » vient de dire une épouse à
son cher compagnon qui tire un peu sur
la ficelle en s’attardant encore devant
quelques belles références aux textures
charmeuses.
Car les jardineries sont ouvertes tous
les dimanches. Qu’en est-il des magasins
qui vendent ces belles compositions
vidéo-acoustiques ? Leurs animateurs
ont-ils seulement songé à se glisser dans
les espaces-temps disponibles de leurs
clients ? 쐍
M
É M O I R E
,
S T O C K A G E
A côté des équipements qui
servaient à diffuser des contenus,
ceux permettant de conserver et
gérer les collections des utilisateurs,
autrement dit les discothèques et
vidéothèques, ont amorcé depuis
une décennie une métamorphose
qui n’est pas terminée, et qui ne
prête guère à l’optimisme pour tout
ce qui avait pu prendre place dans
les rayons de la distribution.
Le support matériel est
probablement condamné,
sauf peut-être pour quelques
sauvegardes de précaution.
Musique, cinéma, vidéo :
Bientôt le cloud du spectacle !
Cloud : nuage en anglais. Un terme imagé,
à défaut d’être poétique, pour désigner
ce qui se trouve non pas dans le ciel mais
bien plus matériellement rangé dans des
systèmes de stockage géants, des centres
de données ou data centers, tenus par
quelques mastodontes. Qui sont-ils ?
Qui se cache derrière ces derniers ? Des
« opérateurs », des sociétés qui ont en
façade des activités très diverses, mais
dont la stratégie est tout de même de
conquérir des consommateurs, et si possible, les rendre captifs. Ils attendent et
commencent à traquer des pans entiers
de clients utilisateurs qui, dans un pre-
mier temps, auront sans doute des réticences à l’idée de confier à autrui des
documents personnels de toutes sortes :
photos, vidéos, mais aussi tôt ou tard des
pièces administratives. En contrepartie,
des arguments de sécurité devraient les
amadouer. Nous arrivons à l’heure où
conserver des œuvres à domicile
devient un réflexe d’un autre temps.
Pour l’électronique, cette transformation
prépare la fin concrète de toute une
époque. Car les équipements vendus et
qui constituent l’outillage de l’utilisateur
consommant musique et images auront
aussi été une clé de voûte des ventes.
L’édition papier est désormais en première ligne. Qu’en restera-t-il dans une dizaine d’années ?
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
60
Certains acteurs de l’univers numérique en sont
déjà au travaux (très) pratiques.
Cette tendance est déjà largement
amorcée. Il y a dix ans, il se vendait
annuellement en France aux alentours
de 3 millions de magnétoscopes. Platines
pour disques analogiques, magnétophones, magnétocassettes, lecteurs enregistreurs de CD, de DVD, de BluRay, baladeurs à cassettes ou à mémoire
flash, disques durs : tous ces équipements ont servi à des dizaines de millions d’individus, et occupé l’essentiel des
ventes et de l’attention portée à l’EGP, à
ses possibilités, à ses performances. Leur
fin de règne a sonné.
De 2000 à 2010, pour simplifier, la révolution spontanée, qui avait commencé
dans les années 90 avec le MP3 et le
peer-to-peer, n’a fait que s’amplifier. Les
tenants des œuvres enregistrées ont
progressivement perdu la main, face à
une double transformation, constituée
d’une part d’une dématérialisation progressive des œuvres, et d’autre part de
LE DESTIN BROUILLÉ DES ÉTAGÈRES SUÉDOISES
Billy broie du noir. Billy, c’est (certainement) l’inventeur de l’étagère vedette d’une
grande surface du meuble en kit venue du pays des rennes. Depuis des années, Billy
accueille comme ses copines toutes aussi nobles (puisque ses panneaux sont pleins de
particules) des millions de microsillons, de CD, de cassettes audio ou vidéo, de DVD,
de disquettes, et de livres de tous les genres. Si le numérique parvient un jour à préserver la forêt en lui évitant le destin tragique que lui faisait subir une société surconsommant du papier, il va aussi éviter aux grands arbres de périr pour se transformer en étagères, bibliothèques et autres planches de rangement. Après l’arrivée de
l’écran plat, ceci pourrait bien être la seconde révolution permettant de dégager un
peu de place dans les logements. Nous avions récemment attiré l’attention sur le fait
que la numérisation du livre ferait plus de victimes chez les imprimeurs que chez les
auteurs et les éditeurs. Dès lors que le contenu de la Bibliothèque Nationale est en
passe de tenir sur une simple carte micro SD, les fabricants et les vendeurs d’étagères
sont dans la même situation : face à un avenir préoccupant. 쐍
l’apprivoisement des nouveaux usages.A
quoi cela peut-il servir de stocker des
centaines de morceaux de musique si
ceux-ci peuvent à tout moment être
écoutés à volonté à partir de platesformes d’écoute telles que Deezer (et
des quantités d’autres) ?
Même le téléchargement perd de sa raison d’être, si les voies véhiculant les données ont un calibre suffisant pour une
écoute en débit permanent (le streaming) simplement épaulée par une
mémoire tampon gommant les turbulences de transmission. Justement, les
capacités des réseaux progressent. Etant
limitées, elles avaient permis pendant
une période de préserver tout ce qui
était lié à une certaine qualité. Les
charmes du MP3 ne flattent l’oreille que
de ceux qui n’ont jamais entendu autre
chose. En musique comme en vidéo, la
voie royale pour la renaissance de restitutions de très grande qualité s’ouvre
désormais.
Le MP3 devrait mourir
dans cette nouvelle bataille
Si les temps « héroïques » que nous
vivons auront été, faute de capacités de
transmissions suffisantes, l’ère des
musiques comprimées et des vidéos au
format timbre-poste, l’avenir laisse entrevoir des perspectives nettement plus
encourageantes, même pour des sites
tels que YouTube ou DailyMotion. Ceux-ci
migreront inéluctablement vers des formats confortables, que les équipements
de capture dont vont disposer les
consommateurs (smartphones, microcaméscopes numériques,APN,…) quand
ils ne les possèdent pas déjà, permettent
d’atteindre au moindre coût. La musique
au format CD et même « master », en
qualité studio, commence à se répandre
sur les installations de bon niveau.
Ainsi, alors que les perspectives sont
mitigées pour la distribution en ce qui
concerne les équipements liés au stockage et à l’enregistrement, elles apparais-
sent bien plus prometteuses pour les dispositifs appelés à distiller ces contenus :
écrans, enceintes acoustiques, amplification. Ce qui n’est pas une si mauvaise
nouvelle, puisque cette probable évolution va vers un travail des enseignes
moins lié à l’activité d’opérateurs de
toutes sortes, et davantage axé sur la
qualité des équipements. 쐍
LA PHOTO DANS LA MÊME MOUVANCE,
MAIS AVEC NUANCES
Les amateurs de clichés vont-ils
continuer à stocker leurs clichés
sur des supports qui risquent
de pâtir des problèmes de
compatibilité liés à l’évolution
des standards ? Difficile à imaginer. Historiquement, l’outil le
plus utilisé pour le stockage
des photos était le tiroir d’une
commode, lui-même recevant
la boîte de chaussures dans
laquelle les tirages sur papier
- encore blottis dans l’enveloppe du labo - allaient trouver un refuge pour des
décennies. Puis est venue l’heure de gloire des cartes mémoires, des CD et DVD inscriptibles, et des disques durs. Aujourd’hui, le cloud frappe à la porte. Cloud ou
conservation sur un espace hors du domicile, comme le célèbre Picasa, l’album en
ligne de Google, qui compresse tout ce qu’on lui confie. Les inconvénients, pour
l’utilisateur, ont deux visages. Le premier est cette contrainte technique de taille, qui
n’est pas mince, à l’heure où le moindre cliché réalisé avec un reflex grand public
de bonne catégorie flirte avec les 8 Mo. Mais comme pour la musique ou la vidéo,
cet inconvénient n’est que passager. Le second est plus intime : qui n’aura pas un
petit pincement à l’idée que le conservateur nuageux pourrait, un jour sombre,
perdre ses précieux souvenirs dans une tempête, un tsunami, une révolte ouvrière,
une défaillance des services de dératisation ou par le geste malencontreux d’un
intervenant éméché ! A la limite, ne plus pouvoir mettre la main sur les œuvres complètes de la Callas ou de Lavilliers, ce n’est pas si grave, tout peut se retrouver. Mais
la vidéo de tante Christine le jour où elle avait préparé ce sublime boudin grillé pour
l’anniversaire du cousin Max, si c’est perdu, c’est perdu ! 쐍
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
61
C
O N S O M M A B L E S
Le marché des
consommables a très
largement contribué durant
des années à la santé des
rayons et points de vente,
non seulement grâce aux
ventes, mais aussi aux trafic
qu'ils généraient.
Téléchargement, streaming
et autres modes de
consommation à partir de
plates-formes telles que
celles de la VOD ou de la
catch-up rendent obsolètes
les bonnes vieilles habitudes.
Une raison impérieuse de
faire une place large à de
nouveaux types de
consommables high-tech.
Les rayons
pleins de cassettes,
CD et autres
supports vierges
font partie du passé.
Consommables de demain :
De la mémoire à la lumière
Olivier Lemaire, directeur général de
Verbatim en France se rappelle : « En
2000, nous étions en pleine phase d’effervescence avec les supports enregistrables ». Le CD offrait une excellente
capacité (pour l’époque) avec ses 7 à
800 Mo que tout consommateur pouvait s’offrir pour des sommes très
abordables. Le DVD s’envolait, et les
nombreux magnétoscopes encore vendus aux consommateurs donnaient au
marché des cassettes vierges un tonus
spectaculaire. La belle époque pour les
consommables a commencé à s’émousser sous des coups et des... coûts répétés ressemblant à un acharnement. Les
coups furent ceux de la technique, à
prendre en compte jusque dans les évolutions de la télévision. Quand un
consommateur dispose d’une multitude
de contenus à voir sur des chaînes de TV
devenues nombreuses, ses envies de
stocker s’émoussent.
Aujourd’hui, à l’heure du téléchargement, on observe un phénomène qui
s’était déjà manifesté il y a un quart de
Puissance, mais économie : cette lampe de
format PAR 38, une dimension que les
spécialistes de la lampe connaissent, « crache »
une lumière intense et très agréable. Elle a un
avenir dans les foyers, mais aussi dans l’univers
du commerce, ne consommant que 18 watts
(contre 150 pour l’ex-format à filament).
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
62
siècle, lors de l’envolée des premiers
magnétoscopes : les amateurs qui stockent des contenus en ont déjà plus
qu’ils pourront en consommer. La
même attitude fut encore remarquée
quand, il y a 10 à 12 ans, les ados
copiaient via le peer-to-peer des milliers de morceaux de musique, bien
au-delà de leurs capacités d’écoute,
même s’ils avaient consacré l’intégralité de leur vie à cette seule occupation. Ce n’est pas un coup, mais un
contrecoup !
Les coûts furent ceux des redevances
pour les auteurs. « Coûts et blessures
avec intention de donner la mort »
dirait n’importe quel juge d’instruction à
l’examen du dossier. Une application de
prélèvements obligatoires conçue et
appliquée typiquement à la française,
c’est-à-dire davantage conçue pour
abreuver le pré carré d’un petit cercle
de lobbying bien ficelé qu’en fonction
d’une approche pertinente (des quantités de consommateurs ont versé et versent encore une obole aux auteurs de
petites chansons quand ils sauvegardent
leurs photos de famille ou leurs relevés
de comptes bancaires), et avec excès. Le
poids des redevances est si lourd que
depuis bien longtemps, les utilisateurs
assidus s’approvisionnent à l’étranger,
éventuellement dans les enseignes en
ligne hors du territoire que leurs
conseillent des sites bien de chez nous.
Un ancien président de la République, lors
de sa campagne électorale, avait affirmé
que trop d’impôt tuait l’impôt. Il a dû
ensuite oublier cette vérité, et ses successeurs feindre de l’ignorer. Bref, notre
marché des consommables d’enregistrement a pratiquement succombé prématurément. Nous persistons, sur ce sujet,
à prétendre que la seule redevance applicable était la redevance zéro, et nous
avons eu l’occasion de démontrer pourquoi. (Nous remettons en ligne ces éléments, sur www.dvsm.fr, rubrique Editos
et Humeurs )
L’industrie
nous éclaire sur l’avenir
La distribution, dans le domaine de
l’électronique, vend aujourd’hui des produits qui n’existaient même pas il y a une
dizaine d’années. Mais beaucoup d’autres
ont disparu. « Il restera du stockage de
données à l’avenir, mais plus assez pour
équilibrer une activité » constate en substance Olivier Lemaire. Pour l’heure, les
disques durs, les petites clés USB, les
cartes de mémoires flash ont encore une
vie très active. Mais les progrès des nouveaux modes de sauvegarde pourraient
les rendre obsolètes à relativement
court terme. Chez Verbatim, l’heure
d’une ouverture à de nouveaux domaines a sonné. Avec les aptitudes technologies colossales de sa maison-mère
Mitsubishi, la marque aligne déjà une
impressionnante panoplie de lampes
extrêmement performantes. « Nous
avons énormément travaillé en R&D, et
disposons d’une quantité colossale de
brevets. Ce que nous proposons aujourd’hui n’est qu’un début. Les produits que
nous allons vendre dans ce domaine
n’auront rien à voir avec ce que l’on
trouve pour le moment dans les rayons »,
affirme Olivier Lemaire, évoquant des
production chinoises flatteuses mais aux
performances moyennes, formule adoptée pour ne vexer personne.
Olivier Lemaire constate une évolution sensible
sur le marché des mémoires,
et brosse un tableau intéressant
pour les composants d’éclairage high-tech.
Des études de marchés récentes montrent d’ailleurs que face à une production venue de l’Empire du Milieu un peu
sauvage et à la technologie encore très
perfectible, les grands groupes industriels devraient vite reprendre la main,
sur des sujets où les performances et la
sécurité vont avoir une grande impor-
tance. Pour Verbatim, cette ligne de produits pourrait devenir à moyen terme la
première activité. Dans les rayons,
l’ampoule d’hier a vécu. (le filament va
même être sous peu totalement interdit, ce qui est peut-être aussi un peu
excessif (Lire sur www.dvsm.fr, Rubrique
« Dossiers », un petit sujet à ce propos).
Les consommateurs, pour des équipements devenant onéreux, vont devenir
très attentifs à ce qu’ils vont acheter.
Voilà qui devrait apporter de l’eau au
moulin de bien des linéaires. L’éclairage
de demain sera d’ailleurs en liaison de
plus en plus étroite avec les équipements
électroniques, ne serait-ce que pour gérer
l’énergie consommée, mais aussi pour
piloter des forme d’éclairage apportant
du confort et de la qualité de vie. De
l’éclairage façon produit banal, voici venir
la lumière du nouveau siècle, mécanismes d’argumentation et de hiérarchies de gammes déjà usitées dans les
consommables classiques se portant aux
avant-postes de cette commercialisation
où l’interlocuteur dans son point de
vente devra en « connaître un rayon ». 쐍
LES ACCESSOIRES ONT PRIS LE RELAIS
Si les consommables de stockage risquent de doucement s'effacer des rayons
(avec des nuances, car les disques durs,
par exemple, ont encore de belles saisons à vivre dans les rayons) d'autres
familles de produits sont venues pour
occuper des places vacantes. On les
appelle globalement « accessoires », un
terme qui jadis n'avait qu'une importance très moyenne dans les courants
d'affaires. Destinés aux téléphones
mobiles, aux smartphones, aux tablettes, aux consoles de jeu, aux ordinateurs,
etc., ils sont produits par une quantité impressionnante d'entreprises, qui bénéficient
des progrès apportés à ce type de fabrications. La CAO à portée des PME, les matériaux aux couleurs et aux textures superbes, les bureaux de design sans cesse sollicités conjuguent leurs actions pour aboutir à des offres extrêmement « sexy ». Les
enseignes ont d'ailleurs compris tout l'intérêt de telles offres, qu'il faut concevoir
avec soin. Lors du dernier MedPi, Banque Magnétique avait concocté une approche
concernant la seule téléphonie mobile, un travail qui avait suscité l'intérêt de nombreux acheteurs, qui ont à l'aide de cet exercice mieux mesuré l'ampleur qu'un tel
assortiment peut prendre, et l'intérêt qu'il peut représenter pour la clientèle.
Mélangeant mode, fonctions utiles, optimisation des usages, ces accessoires sont des
éléments attractifs pour les linéaires, des instruments très efficaces pour générer des
entrées dans les espaces de vente et, cerise sur le gâteau, des refuges de profitabilité qui changent de la sempiternelle GLD. Revers de la médaille : la constitution de
rayons réellement efficaces passe au minimum par une sélection très affinée dans
l'assortiment et un savoir-faire indispensable dans la construction du facing. On n'a
rien sans rien… 쐍
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
63
P
E R S O N N A G E S
Les leçons
de Steve Jobs
Pas par magie, mais grâce à des méthodes logiques et
rigoureuses, Steve Jobs a entraîné l’entreprise qu’il avait créée
dans des succès insolents et à répétition. Il y a beaucoup de
choses à retenir de ce parcours sans équivalence.
La disparition de Steve Jobs a été ponctuée par une véritable avalanche médiatique, où se mêlaient une admiration infinie pour ce personnage qualifié de génie
et de visionnaire, et une crainte avouée
pour l’avenir. Que va devenir l’entreprise
de Cupertino désormais ? C’est une question omniprésente et plus égoïste qu’on
l’imagine qui en dissimule une autre :
qu’allons-nous devenir si cette firme ne
parvenait plus à jouer le rôle de locomotive du marché ? Il faut bien le reconnaître : une part considérable du business,
pour l’industrie comme les opérateurs et
les fournisseurs des contenus, est issue
ou largement influencée par ce qu’a imaginé et mis sur pied Apple. Autrement
dit : avec quoi travaillerait ce métier s’il
n’y avait pas eu l’iPod, l’iPhone, l’iPad,
iTunes, etc. ? Depuis les fabricants de
« docking stations » (stations d’accueil)
jusqu’à certains quadricoptères, il est
probable que cet univers n’aurait pas
connu la même destinée.
prise de ce grand secteur à avoir éliminé
de sa stratégie un écueil qui hante et
mobilise presque tous les autres
acteurs : faire « moins cher » que les
autres.
Doit-on considérer ce choix comme une
attitude géniale ou est-ce plus simplement de la logique ? Fallait-il s’appeler
Steve Jobs pour comprendre que l’on fait
de meilleurs profits en vendant plus cher
qu’en laminant les tarifs ? Cette ligne de
conduite a été suivie d’une manière historique. Aux grandes heures des première générations du Macintosh, la
machine vivait à des niveaux de prix qui
n’avaient rien à voir avec ceux de la
concurrence. Un tel positionnement a
pour effet de doper l’attachement d’une
Surtout pas moins cher
Créateur génial ? Manager hors normes ?
Steve Jobs possédait sans le moindre
doute ces qualités. Mais personne ne
saura jamais réellement, dans ses succès,
quelle était la part de ce qui était prévu,
calculé, prémédité, et celle forcément
non nulle de choses positives arrivées
ensuite, pas tout à fait par hasard, mais
quand même dans le feu des circonstances.
Un fait est malgré tout incontestable :
Apple est pratiquement la seule entreDistribution, Ventes & Services Magazine n° 100
64
clientèle à la marque qui l’adopte. Un
client qui opte pour un équipement de
valeur élevée en tire toujours une certaine fierté et il fait des envieux. Le phénomène est identique dans bien d’autres
activités, telles que la mode ou l’automobile. Le possesseur d’une berline
allemande performante, cossue et un
peu chère se sent le plus souvent transcendé socialement face à celui qui se
contente d’une banale voiture « ordinaire ».
La valeur plus élevée crée d’elle-même
un positionnement qui unit clientèle et
marque. L’un des secrets d’Apple, s’il y
en a réellement, se situe dans ce détail
bien classique. Positionnement et attachement à la marque permettent même
de s’affranchir de quelques faiblesses et
de contourner les comparaisons. Quand
l’iMac a surgi, cet ordinateur est arrivé
avec son standing, son look, son caractère. Il a été adopté en masse. Plus cher
qu’un banal PC, il n’était pourtant pas un
équipement aux prestations et aux performances tellement plus élevées que ce
que proposait la concurrence. Plus récemment, les petites difficultés radio-électriques de l’iPhone 4
comme ses aptitudes bien modestes en photo numérique ne
l’ont pas empêché de connaître
le succès que nous savons.
teurs. Quelques mois avant le lancement
de l’iPhone, il n’y avait pratiquement
aucun concurrent ou spécialiste estimant
que la société à la pomme croquée avait
la moindre chance de réussite dans le
monde des télécoms. Excellente analyse,
qui n’est pas à la gloire des analystes ! «
Depuis, tout le monde court derrière »
résumait récemment dans DVSM avec
L’effet de surprise
n’a rien de négligeable
Mais un positionnement élevé
et un peu techno-chic ne suffisent pas. Celui-ci ne peut être
efficace que si, parallèlement,
les critères de l’innovation sont
là. Les adeptes des jeux d’échecs
définissent cela comme jouer
avec les blancs, avoir « un coup
d’avance ». Dans le cas présent,
bien plus que l’appareil numérique, c’est à chaque fois
l’usage tout entier qui a été
pensé, bâti, et assumé par
Apple. Cela aussi bien avec les
baladeurs qu’avec les smartphones et désormais les
tablettes. Cet usage englobe
toutes les composantes de ce
que fera un utilisateur au
moyen de son équipement, utilisateur qui dès lors devient aussi captif.
C’est presque diabolique ! Maintes fois,
l’industrie a imaginé et mis à la disposition de la clientèle des machines aptes à
réaliser des fonctions extrêmement
novatrices et performantes. Mais c’est à
l’utilisateur (ou à d’autres protagonistes)
que la mise en œuvre complète était
confiée ou plutôt... abandonnée. D’où les
impératifs de normes, standards et
autres étapes dans lesquelles les accords
ne sont pas toujours faciles à obtenir,
dévorant beaucoup de temps. Les usages
autour des produits Apple n’ont eu à se
mettre en phase avec aucun standard, du
moins pour ce qui concerne le fonctionnement général.
Reste l’effet de surprise, non sur la clientèle, mais sur les éventuels compéti-
justesse Philippe Barthelet, patron de
Samsung France. Les temps de réaction
ou de riposte ont été longs, assez en
tout cas pour qu’Apple s’installe en
maître du créneau.
La distribution bien « suivie »
D’une manière ultra-traditionnelle chez
Apple, le rôle de la distribution n’a jamais
été envisagé à la légère. Il y a un quart de
siècle, quand le Mac était le seul fleuron
de la firme, les contrats des distributeurs
agréés étaient déjà rigoureux et remplis
d’exigences. Pas question d’attirer, de
servir et de suivre les clients sans observer toute une panoplie de règles. Pas
question non plus de mettre les produits
n’importe où, n’importe comment, chez
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
65
qui souhaitait les vendre. Même la
FNAC, qui avait une excellente compétence sur le créneau des utilisateurs professionnels (micro, vidéo et photo
notamment) avait fini par jeter l’éponge
face aux souhaits impératifs de la
marque. Nous ne sommes plus à la
même époque. Mais tout le monde sait
sur le terrain que ce fabricant ne laisse
pas les enseignes faire à leur
guise, du merchandising aux
positionnements prix, en passant par ce qui concerne les
forces de vente. On ne peut le
contester, la méthode a du bon.
Partout où les produits Apple
sont exposés, ils le sont d’une
manière très qualitative. La
marque a réussi à imposer des
mises en place impensables ou
presque avant cela. Comme par
exemple les séries de Nano,
avec tout leur nuancier coloré.
Mais cela ne se passe pas sans
quelques grincements de dents.
« Ce sont des tyrans ! » réagissait un responsable d’enseigne,
qui reconnaissait volontiers
que la méthode n’était pas « un
mal nécessaire, mais un mal
profitable ». A coup sûr, cette
démarche en a depuis inspiré
beaucoup d’autres
S’il fallait, pour l’ensemble des
segments du numérique, ne
retenir qu’une empreinte déterminante dans cette période
2000-2011, ce serait sans doute
celle de cette firme qu’il faudrait mettre à l’honneur. Une empreinte
en total décalage avec une atmosphère
qui depuis des années, est empoisonnée
par la perte de la valeur et de la profitabilité.
Sans Steve Jobs aux commandes, la magie
pourrait s’estomper. Rares sont les cas
dans lesquels la disparition des fondateurs charismatiques n’a pas été suivie,
quelques années plus tard, par une banalisation des sociétés qu’ils avaient créées.
Mais après tout, même Steve Jobs aurait
pu à son tour connaître des revers ou
des succès moins évidents. Comme les
stars disparues au sommet de leur
gloire, il ne risque plus aucune disgrâce.
Le sort en a décidé autrement. Il règne
désormais au royaume des héros éternels. 쐍
E
C O L O G I E
,
D É V E L O P P E M E N T
D U R A B L E
Jetons, jetons, il en restera toujours quelque chose…
Le numérique
dans sa propre évolution
La décennie écoulée aura été celle des bouleversements les plus spectaculaires sur le plan
de la préservation de la planète. La priorité pour l’avenir est simple : ne pas relâcher les
efforts, informer et convaincre la clientèle.
Il faut reconnaître avec objectivité que
durant des décennies, le développement
économique et industriel s’est opéré sur
la planète selon un principe, celui de
l’autruche. Les biens durables, électroménager, électronique grand public,
automobile et autres, se sont propagés
dans les foyers de ce que l’on appelait le
monde occidental sans que soit pris en
compte le devenir de tous ces équipements une fois leur vie active achevée.
Certes, quelques âmes jugées plus sensibles exprimaient de temps en temps
leur inquiétude face à l’ampleur prise par
les cimetières de voitures et des stocks
de vieux pneus amoncelés dans d’immenses terrains vagues, mais la compression des uns, l’incinération sans précaution des autres suffiraient, du moins
l’espérait-on, à résoudre tout problème.
Mais à y regarder de plus près, certains
observateurs plus attentifs que d’autres
finissent par attirer l’attention du plus
grand nombre, en mettant en évidence
les effets nocifs et souvent irréversibles
de l’abandon de certains matériaux dans
la nature. Des années 70 à la fin du XXe
siècle, la prise de conscience est lente
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
66
mais concrète. De tous côtés, un début
de réaction se manifeste sous l’apparence de mesures de toutes sortes. Elles
sont prises dans un certain désordre, et
parfois accompagnées d’un certain
trouble que les facettes politiques des
élans écologistes ne servent guère. Les
envolées presque lyriques pour une
terre pure ont même de-ci de-là des origines un peu suspectes. Dans les années
80, certains groupes industriels d’outreRhin avaient ainsi propulsé des initiatives
en faveur de la préservation de l’environnement afin de redorer leur image,
UNE PLANÈTE SAINE PASSE PAR L’ÉLECTRONIQUE
DEMAIN
L’industrie électronique est en pointe sur de nombreux thèmes
qui conditionneront dans l’avenir la préservation d’un monde
vivable. Les recherches qui ont permis d’étendre les autonomies des équipements nomades, tels que baladeurs, téléphones,
tablettes, ont conduit les industriels à faire des progrès considérables sur les performances des batteries, avec des déclinaisons dans de nombreux modèles, dont l’automobile. Les panneaux photovoltaïques sont issus des mêmes entreprises, et
profitent d’un certain cousinage avec la production des écrans
plats. L’éclairage, dont nous parlons par ailleurs, est entré dans
une évolution où la consommation évolue selon des facteurs
inverses aux durées de vie et aux performances.
Et bien sûr, les équipements mobiles personnels vont pouvoir de
mieux en mieux contribuer à une gestion optimale des ressources naturelles. 쐍
Laurent Abadie, président de Panasonic Europe, montre lors de l’IFA 2011
un véhicule électrique dans lequel les batteries développées par le
groupe industriel japonais jouent un rôle « essenciel ».
après avoir pollué d’une manière outrancière quelque fleuve célèbre... Sur la planète, certaines industries font même
preuve d’un culot monstre, en soutenant
des mesures très strictes pour la protection du cadre de vie sur leur propre
sol national, tout en délocalisant leurs
unités de production les plus polluantes
vers des pays où les règles écologiques
restent inexistantes. Des spécialistes
affirment que nous ne sommes toujours
pas sortis de cette situation peu flatEco-systèmes est
un éco-organisme extrêmement
actif, et dont les initiatives
se voient sur le terrain.
teuse, mentionnant des décideurs occidentaux qui entérinent discrètement,
sans sourciller, ce genre d’attitudes.
2000-2011 : tout se met
en place pour les DEEE
Les équipements encombrants,
qui ne sont pas forcément les plus polluants,
rencontrent moins d’inertie face à la collecte
que les très petits produits.
Mais voyons plutôt le côté sympathique
de la médaille. Car sur le plan du développement durable et la prise en compte
de l’environnement, ce début de siècle
aura été notamment pour l’Hexagone et
d’une manière plus large, pour toute
l’industrie de notre domaine, une péDistribution, Ventes & Services Magazine n° 100
67
riode de véritable virage décisif. Un
changement profond s’est traduit par un
constat irréversible : plus rien ne se crée,
ne se décide, ne se lance ou ne se diffuse
sans que les contraintes liées à l’environnement n’aient été prises en compte.
Certes, les industriels ne manquent pas
de souligner leur attitude citoyenne, parfois même avec un peu d’excès, comme
ces bons élèves qui ne manquent pas
d’afficher haut et fort leur statut « exemplaire ». Mais n’y a-t-il pas que le résultat
qui compte ? Celui-ci s’exprime par une
liste impressionnante de méthodes de
왘왘
E
C O L O G I E
,
D É V E L O P P E M E N T
fabrications modifiées, de matériaux
exclus des productions, d’éléments récupérés pour être recyclés. Les efforts ont
aussi été majeurs sur la réduction des
consommations, sans oublier une reconception vertigineuse des emballages. En
une dizaine d’années, cette industrie
s’est métamorphosée, dans le bon sens.
Au bout de la chaîne, c’est-à-dire dans le
duo distribution-consommateurs, le travail est également fort bien engagé.
Appuyé par le « Grenelle de l’environnement », le changement d’attitudes et de
procédures est spectaculaire. La prise en
compte de la fin de vie des équipements
est à présent totalement intégrée aux
pratiques quotidiennes. Elle a non seulement permis de récupérer des quantités
immenses d’équipements qui auraient
jadis été sauvagement éparpillés de
décharges en rebus sans règle, aux
conséquences désastreuses. Mais de surcroît, sous l’action de certains éco-organismes, et en particulier Eco-systèmes, la
validité d’une seconde vie possible pour
de nombreux appareils a été démontrée.
Reconditionnés, ceux-ci peuvent à des
coûts très modestes rendre service à
des foyers ou des personnes en difficulté, en leur donnant accès à des biens
durables en bon état de marche. Le recyclage étant lui-même confié à des intervenants souffrant de légers handicaps et
bénéficiant de la sorte d’une occupation,
c’est un bon point de plus qui s’ajoute à
cette longue collection de louanges.
Mais le conte de fée n’est pas encore
arrivé à son terme. Il reste beaucoup de
choses à faire dans cet immense défi.
Dans ce qu’il faut encore accomplir, une
part importante se situe au niveau des
consommateurs. Doucement, ceux-ci
font entrer dans leurs habitudes les
réflexes favorables à la collecte et au
recyclage. Doucement mais pas plus, sans
doute parce qu’il faut du temps pour que
les mentalités évoluent, et aussi pour que
toutes les dispositions pratiques se mettent en place.
Si les équipements les plus encombrants
- sans doute parce que, précisément, ils
encombrent - vont de plus en plus dans
les circuits de collecte, pour lesquels la
distribution se mobilise très activement,
il n’en va pas de même pour les petits
produits électroniques, téléphones mobiles en tête. Il se vend environ 20 à 22
millions de ces téléphones chaque année
D U R A B L E
Les enseignes ont pris
à bras-le-corps la
récupération des
anciens équipements,
ce qui est souvent plus
facile à dire qu’à mettre
en œuvre.
Il n’y a pas que l’électronique qui soit concernée :
les consommables, tels que piles ou cartouches
d’encre nuisent à l’environnement quand ils
sont jetés n’importe où.
en France, et le plus souvent, le nouveau
mobile chasse l’ancien vers... un tiroir, où
il pourrait passer des années. Dans de
très nombreuses circonstances, les
acquéreurs d’un nouveau téléphone
conservent l’ancien par précaution. « Si
le nouveau a un problème, celui-ci qui
marche bien peut encore me dépanner.
Je le garde » estime un client sortant
d’une boutique spécialisée, soulignant
que rien ne lui a été suggéré pour récupérer son téléphone usagé.
La participation du terrain est incontestablement le meilleur atout pour réussir
ce travail de collecte, qui ne peut que
s’amplifier. Très imprudemment, l’industrie de l’éclairage a mis en circulation
toute la famille des lampes dites fluocompactes. Celles-ci, contre lesquelles
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
68
pestent bien des utilisateurs (très onéreuses, elles ne produisent une lumière
intense - mais un peu lugubre - qu’audelà d’un temps de mise sous tension
interminable), s’avèrent catastrophiquement polluantes. Et complexes à récupérer. Quand l’une d’elle se casse, tout
individu normalement réactif prend une
pelle et une balayette et déverse les
morceaux dans la poubelle la plus
proche. Et voilà débris et polluants partis dans la nature, au sens « propre », si
l’on peut dire. Pour l’heure, une lampe
sur trois de cette famille est récupérée
par le bon circuit. Du moins le pense-ton, car le parc installé est moins facile à
évaluer que celui des téléviseurs. Voilà
l’exemple des produits pour lesquels
l’information des consommateurs portant sur un recyclage correct va devoir
se faire plus intense, tout comme la mise
en place de moyens pratiques plus performants, plus commodes et dans certains cas plus incitatifs que ceux déjà mis
en œuvre.
Cette année, Eco-Sytèmes a pris une initiative extrêmement ambitieuse, en mettant en place une vague de plus de 3 500
équipements de collecte des DEEE de
petite taille. Nous sommes sur la bonne
voie. Il faut persévérer, et souhaiter que
ces précautions onéreuses et contraignantes ne seront pas gaspillées par
l’attitude de pays où pour l’heure, tout le
monde se moque pas mal de ces préoccupations. Or, la planète est un tout, et
en pourcentage de ses surfaces habitées,
la proportion des régions où l’avenir du
sol, de l’air et de l’eau est méticuleusement pris en compte au-delà des discours reste grandement minoritaire. 쐍
L’autoradio ne lâche
pas le volant
Le marché de l’autoradio et plus généralement de l’électronique embarquée est toujours en proie aux
mêmes difficultés. Le produit ne fait plus guère rêver et la distribution baisse les bras, se contentant
trop souvent d’accompagner une tendance qu’elle juge irréversible. Pourtant, il existe encore des
produits attractifs et des solutions innovantes qui permettraient d’amorcer un retour à la valeur…
Au cours de ces dix dernières années, le
marché de l’électronique embarquée a
connu une crise majeure. Il a subi de plein
fouet le développement croissant du
nombre de véhicules équipés en première
monte. Pour beaucoup d’utilisateurs, il ne
devenait donc plus nécessaire d’acquérir
un autoradio. L’érosion des prix nourrie
par les no-names mais aussi systématiquement orchestrée et relayée par certains
distributeurs a contribué à faire souffler un
vent de pessimisme et à alimenter la « sinistrôse ». En 2010, il s’est toutefois vendu
1 million d’autoradios sur le marché français pour un chiffre d’affaires estimé à 75
millions d’euros. Pour un secteur que cer-
tains annonçaient déjà moribond,le cadavre
continuait de bien bouger et démontrait
qu’il avait encore de beaux restes ! Selon
Richard Faÿs (directeur commercial France
et Belgique pour Clarion) :« Le marché est
actuellement difficile et surtout pour les
marques «A » car elles doivent faire face au
marché de la première monte et à l’offensive des produits sans marque ».
La dématérialisation
des contenus s’est imposée
C’est la raison pour laquelle Clarion a
voulu se redéployer sur le marché français avec une équipe de 9 commerciaux
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
70
qui vont sur le terrain pour relayer le message de la marque. « Malgré un contexte
difficile, nous avons des ambitions renforcées avec des gammes qui suivent mieux la
tendance et répondent aux attentes et
demandes des consommateurs », nous
dit-il. Mais ces tendances, quelles sontelles ? Pour Nicolas Mougenot (directeur
général d’Alpine France) : « Il est aujourd’hui inconcevable qu’un produit ne soit
pas en mesure de piloter un baladeur de
la marque à la pomme ou de lire les clés
USB ». « Il y a déjà huit ou neuf ans, poursuit-il, nous fumes les premiers à avoir
sorti un autoradio sans mécanique.
Aujourd’hui, le concept s’est imposé et a
HIER
150 HEURES DE MUSIQUE
SUR UN AUTORADIO
Octobre 2011 : Pioneer ose la mémoire flash et le disque dur ! Tous les
deux sur le même équipement, référencé DEH-P900HDD, le disque dur de
10 Go et le slot pour carte Memory Stick constituent une alliance d’avantgarde qui démontre que le futur est bien engagé ! Peut-être qu’aujourd’hui
encore, un tel couple proposé - avec des capacités conformes aux standards de 2011 - aurait une dose d’attractivité non négligeable. Encore
assez rare il y a 10 ans, la musique se diffusait sur ce beau combiné dans
un tout jeune format baptisé MP3, parfumé d’un soupçon de scandale, et
pas à portée de toutes les bourses.
HIER
쐍
été accepté par tous ». Force est de
constater que dans l’univers de l’électronique embarquée, la dématérialisation
des contenus s’est imposée encore plus
rapidement que dans les autres secteurs de
l’électronique grand public. Les constructeurs qui, les premiers, ont su répondre à
cette attente et l’anticiper sont ceux qui
connaissent aujourd’hui les meilleurs
résultats. C’est par exemple le cas des
marques réputées telles que Pioneer ou
Alpine dont le chiffre d’affaires, selon
Nicolas Mougenot, est en légère croissance par rapport à 2010.
« Sur un marché en déflation, il faut être
plus réactif que jamais et savoir adopter
très rapidement les nouvelles technologies », renchérit Roger David Lellouche
(directeur général deTakara). Selon lui, les
produits Bluetooth, compatibles Ipod et
Iphone font désormais partie de la panoplie indispensable d’un constructeur sans
oublier la navigation qui acquiert une part
plus importante sur les autoradios et bien
sûr,les autoradios sans mécanique CD (les
fameux « mechaless »).« La tendance générale est à la dématérialisation », conclue-til. « Dans ce contexte, la stratégie de
Takara consiste à proposer le bon produit
au bon prix ! » Toutefois, les autoradios
avec CD n’ont pas encore dit leur dernier
mot puisque sur le total des ventes, il s’en
écoule encore aujourd’hui largement plus
de 80 %. Une clientèle plus traditionnelle
et rassurée par le support CD continue
d’exister. Il serait par conséquent hasardeux de la négliger au profit des jeunes
générations familiarisées avec les Ipods et
autres Iphones...
Dans un environnement difficile, Olivier
Humbaire (directeur général de Pioneer)
se félicite de la bonne dynamique autour
du Bluetooth. Pour sa part, Mustapha
uniquement la partie audio. Mais ce n’était
qu’une première étape et l’App. Radio
arrivé sur le marché en juin dernier est
désormais 100 % compatible avec les
iPhones et permet d’accéder à toutes les
applications Automotive telles que la navigation ou l’Info Trafic, sans oublier la
recherche des playlists et l’accès aux smart
radios. « Plus de 50 % de nos gammes sont
compatible iPhone, nous dit-il. C’est une
véritable innovation que Pioneer a su anticiper et initier. L’App. Radio remporte un
vif succès auprès de tous les « iPhones
addicts » qui peuvent désormais accéder à
leurs pages Facebook. Et avec un prix
public de 380 euros, le produit reste accessible. On entre aujourd’hui sur un marché de masse. C’est un véritable tournant
Le combiné
évolue, perd sa
mécanique,
s'ouvre à
l'environnement
numérique, mais
reste un produit
incontournable.
Les amateurs de
« grand son »
l'auto restent
présents, mais
l'offre visible est
insuffisante sur le
terrain pour
motiver de
nouveaux
prospects en
nombre suffisant.
Anbar (directeur du département Electronique embarquée pour Pioneer) nous
rappelle qu’il y a trois ans, les premiers
produits compatibles iPod lancés par la
marque offraient une compatibilité assez
basique puisqu’il s’agissait de récupérer
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
71
stratégique pour l’entreprise », souligne
t-il. L’idée étant de permettre aux utilisateurs de smartphones de pouvoir télécharger sans devoir souscrire un abonnement supplémentaire. Mais Pioneer
n’en restera pas là car en avril prochain,
왘왘
sera lancé un nouveau produit avec
connectique HDMI et compatible avec les
applications tournant avec la plateforme
Android.A terme, 80 % du marché seront
donc couverts. Les constructeurs sont
intéressés et des solutions d’origine
seront prochainement livrées en usine.On
assiste donc là à une vraie tendance de
fond qui ne va que s’amplifier au cours de
ces prochaines années.
Sur l’année 2011, on note une montée en
puissance plus forte que jamais des autoradios avec fonction USB », souligne
Olivier Morel (Responsable Marketing
pour Kenwood). Il s’en félicite car cette
fonction permet de relever légèrement le
prix de l’autoradio qui subit chaque année
une érosion d’environ 10 %. Il est vrai que
le prix moyen de ce produit est aujourd’hui extrêmement bas, puisqu’il se situe
aux alentours de 70 euros (et l’on voit
parfois des offres à moins de 50 euros,
voire moins de 40 euros). L’étiquette de
l’autoradio remonte à 79 euros dès lors
qu’il est doté de la fonction USB tandis
qu’un modèle Ipod « culmine » à 99 euros.
Ces fonctions possèdent donc un double
avantage. Elles sont non seulement
demandées et plébiscitées par la clientèle
mais elles permettent aussi de faire croître
le prix moyen ou en tout cas, d’en juguler
la chute.
Centre Auto :
Une distribution trop attentiste
et quelque peu atone
« En France, le marché est difficile, voire
très difficile », constate Guy Bonneville
(directeur de la Division Autoradio chez
Focal). Sur cent personnes interrogées, la
moitié pense que l’autoradio et l’installation d’origine sont suffisants mais il faut
s’attacher à convaincre les 50 % restants
qui seraient prêts à changer les haut-parleurs sans pour autant tout casser et
modifier l’habitacle ». Et d’ajouter que
dans cette optique, le kit 207, spécialement étudié pour la Peugeot 207, rencontre un bon accueil auprès de la distribution et du client final. Il dresse le même
constat avec le kit BMW. « Ce sont de
vraies propositions. Les kits dédiés permettent de personnaliser l’offre et de
répondre ainsi à une demande. Et de
conclure : « Le marché est assez morose,
la clientèle tuning existe toujours mais ça
ne suffit pas. Il faut aller chercher des
Si certaines enseignes
du segment des centres
auto ont soigné la mise en
scène de l'électronique,
d'autres ne manifestent
guère d'empressement
pour ce sujet.
Le haut-parleur, qui à lui
seul permet de
métamorphoser la qualité
d'écoute, est aussi une
ligne de produits à ne pas
sous-estimer.
clients ». Ce que n’a pas su faire la distribution serait-on tenté d’ajouter, tant il est
vrai que l’autoradio (ou en tout cas les
nouvelles fonctions dont il est doté) figure
parmi les produits les moins connus et les
moins bien mis en valeur de l’EGP.
Dans l’Hexagone, ce sont toujours les
centresAuto (Norauto,Feu vert,Autobacs,
etc.) qui réalisent près de 70% des ventes
d’autoradios. Ces dernières années, ils
avaient souvent déclassé ce produit et les
autres équipements d’électronique embarquée au profit des purs accessoires automobiles. Dans les points de vente,les pneus,
jantes, pare-brises (remplacement), appuietêtes et autres étaient en effet beaucoup
mieux mis en valeur que les produits de
l’électronique embarquée,souvent relégués
en fond de magasin, contre une paroi mal
éclairée. Certains magasins s’étaient recentrés sur les GPS portables,marché qui avait
alors le vent en poupe. Mais comme les
GPS commencent à donner aujourd’hui
quelques signes d’essoufflement, les autoDistribution, Ventes & Services Magazine n° 100
72
radios sont l’objet d’un retour en grâce et
font donc très logiquement leur réapparition sur les présentoirs.C’est une tendance
qui mérite d’être soulignée mais l’effort
doit se poursuivre et trop de centres auto
conservent encore des modes de présentation peu attractifs, avec des autoradios
tristement alignés sans signe distinctif ou
valorisant et surtout,sans aucune possibilité
d’écoute digne de ce nom (il fut pourtant
une époque où chaque magasin accueillait
un véhicule équipé).
Cette approche doit être revue et ce,
d’autant que la vente des autoradios via
Internet progresse régulièrement,au point
d’être actuellement créditée d’environ
10 %. Les centres auto ne sont plus les
seuls à vendre des autoradios et ce, même
si à l’exception notable de Boulanger, les
multi spécialistes se sont depuis longtemps désintéressés de ce secteur. Et la
remarque vaut aussi pour la grande distribution dans son ensemble. Rares sont en
effet les hypermarchés qui présentent
DEMAIN
L’AUTOMOBILE DEVIENT CONNECTÉE
Pour des raisons bien compréhensibles, les techniques nouvelles entrent moins vite dans les véhicules particuliers ou utilitaires qu’au salon ou dans la poche de l’utilisateur. L’univers de
l’automobile est tributaire de ses rythmes de production. C’est une industrie lourde, où les
modèles sont durant plusieurs années au stade de l’étude et de la préparation à la production.
Les conditions de fonctionnement d’une électronique dans tout véhicule imposent aussi des adaptations pas toujours simples, avec du mouvement, des chocs et secousses, de la chaleur, du froid,
sans oublier une prise en compte impérative de l’ergonomie, pas seulement pour le confort de
l’utilisateur, mais aussi pour la sécurité...
Un combiné ne doit pas défaillir sous prétexte qu’on le met en marche dans une auto stationnée
l’hivers par -10° ou en plein soleil aux heures chaudes de juillet. L’aftermarket offre une voie intermédiaire, un peu moins véloce que le secteur des produits classiques, mais plus prompt que
l’industrie automobile. Presque cinq ans après les débuts de l’iPhone, les spécificités d’une utilisation réellement en ligne avec applications arrivent désormais. Néanmoins, il ne faudra pas
s’étonner si, avant l’an 2020, l’automobile et ses accessoires s’orientent aussi vers des concepts
tels que le cloud, avec une prise en charge de la sécurité que pourrait bien appréhender la génération des ex-avertisseurs de radars.
DEMAIN
쐍
encore une offre d’autoradios. Il reste en
revanche entre 50 et 70 installateurs spécialistes répartis sur toute la France
(Prestige Autoradio en région parisienne
ou Dufourd à La Rochelle, par exemple).
Leur notoriété n’est plus à faire. Les
concernant, le bouche à oreille fonctionne
plutôt bien et il sont à juste titre appréciés
d’une clientèle de passionnés souvent
fidèles et enthousiastes. Ces spécialistes
réalisent un travail remarquable, naturellement orienté vers les installations de haut
de gamme ou le tuning. Rien d’étonnant
par conséquent à ce que les marques
«A » soient leurs interlocuteurs tout désignés. Ce que nous confirme Nicolas
Mougenot (Alpine) : « On continue à privilégier ce type de distribution qui connaît
bien la marque et sait vendre et installer
les produits à valeur ajoutée ».
Le marché de l’autoradio et de l’électronique embarquée observe encore une
petite saisonnalité qui reste principalement liée à la période estivale précédant
les grands départs en vacances mais aussi
à la traditionnelle période de fin d’année,
époque généralement très faste pour
toutes les familles de produits de l’électronique grand public. Entre ces deux
grands pics de ventes, certains ajustements seront bien sûr nécessaires. La
vente et l’installation d’écrans pour les
passagers arrière étant par exemple plus
demandées avant les départs en vacances.
Mais comme la majeure partie des ventes
d’autoradios passe toujours par les
centres auto,la sortie des catalogues (celui
de Norauto paraît par exemple au mois
d’octobre) influe bien évidemment sur les
pics de vente et conjointement, sur
l’évolution des prix car pour de nombreux
Car accessoiristes, l’occasion est trop tentante de pratiquer des prix d’appel.
Les produits innovants
ne demandent qu’à être connus
Nicolas Mougenot (Alpine) constate pour
sa part un regain d’intérêt pour les écrans.
« Alpine privilégie l’intégration dans le
véhicule avec notamment des systèmes
plafonniers avec de grands écrans très
typés « monospace ». Ils sont pensés pour
être installés et intégrés de façon cohérente », précise-t-il. De l’avis général, les
écrans portables qui se fixaient à l’appuietête du siège avant n’ont pas convaincu les
utilisateurs et ont même largement
contribué à écarter la clientèle de ce type
de produits. Les prix étaient certes attractifs mais la qualité d’image laissait à désirer
tout comme la supposée facilité d’installation. Le retour à l’écran intégré est donc
annoncé et pour les points de vente, c’est
là une nouvelle offre qui vient s’ajouter à
celles déjà existantes. Il ne faut pas la négliger et ce, d’autant que le prix des écrans
en haute définition est désormais beaucoup plus accessible (souvent moins de
900 euros). D’autres constructeurs
(Pioneer, notamment) préfèrent cependant associer les écrans aux caméras de
recul. Les deux concepts ont leur intérêt,
mais c’est à la distribution qu’il convient
de faire valoir leurs avantages respectifs.
Autoradios CD ou mechaless, compatibiDistribution, Ventes & Services Magazine n° 100
73
lités Bluetooth, USB, Ipods et Iphones,
écrans intégrés, kits d’enceintes personnalisés… L’offre des produits d’électronique embarquée est extrêmement riche
et diversifiée. Elle répond aux attentes de
tous les types de clientèles mais la distribution n’a pas tout mis en œuvre pour
mettre en avant ces produits à valeur
ajoutée et dont la technologie n’a rien à
envier à d’autres secteurs de l’EGP jugés
plus rentables.Tout dernièrement,Alpine a
ainsi dévoilé l’ICS-X8, une station qui utilise Mirror Link un nouveau standard de
liaison développé par le Car Consortium
Connectivity. La station multimédia Alpine
ICS-X8 avec module Bluetooth et écran
tactile de 7 pouces est compatible avec les
smartphones Nokia. Les utilisateurs peuvent ainsi utiliser la navigation, écouter de
la musique ou téléphoner depuis l’habitacle
de leur véhicule. Une nouvelle solution
pratique et ingénieuse pour l’aftermarket
mais qu’il conviendra de présenter et de
démontrer comme il se doit, en magasin.
La première monte s’est certes généralisée mais ce n’est pas un obstacle insurmontable. Trop peu d’utilisateurs savent
qu’ils peuvent déjà améliorer leur installation en conservant leur autoradio d’origine
mais en changeant leurs haut-parleurs et
qu’il existe pour cela des kits adaptés à tous
les types de véhicules s’installant sans
dénaturer l’habitacle.Les solutions existent
dans tous les domaines de l’électronique
embarquée. La distribution doit maintenant retrouver l’envie de les promouvoir
et de les faire connaître ! 쐍
Christophe Perrier
R
É G L E M E N TAT I O N
Pratique :
Améliorer la sécurité
dans l’entreprise
La mise en place un CHSCT en huit questions
La sécurité dans l’entreprise n’est pas un sujet à prendre à la légère. La FICIME nous permet
de faire toute la lumière sur un impératif majeur,grâce à des explications simples et directes.
La mise en place d’un CHSCT, ou
Comité d’Hygiène, de Sécurité et des
Conditions de Travail, est obligatoire à
partir de 50 salariés. Dans les entreprises de moins de 50 salariés, en principe, ce sont les délégués du personnel
qui sont investis des missions du
CHSCT. Mais, l’inspecteur du travail peut
imposer la création d’un tel dispositif en
raison notamment de la nature des travaux, de l’agencement ou de l’équipement des locaux.
1/ Sous quelle forme
doit-on désigner les membres
du CHSCT afin d’éviter
les recours ?
C’est le collège composé de représentants du personnel, constituant ce que
l’on appelle un collège désignatif, qui
désigne les membres du CHSCT. Et c’est
au chef d’établissement qu’incombe
l’obligation de convoquer le collège désignatif. Tout salarié de l’entreprise a vocation à être membre du CHSCT.
2/ Lors du départ
d’un membre
du CHSCT, quel est le délai
de vacance du poste
pour son remplacement ?
Les représentants du personnel CHSCT
sont désignés pour une durée de deux
ans. Lorsque, pendant la durée normale
de son mandat, un représentant du personnel cesse ses fonctions, (décès,
démission, résiliation du contrat de travail), il est remplacé dans le délai d’un
mois, pour la période du mandat restant
à courir. Il n’est pas pourvu à son remplacement si la période de mandat restant à courir est inférieure à trois mois.
(Art. R 4613-5 du code du travail). Le
collège chargé de désigner les membres
de la représentation du personnel se
réunit dans un délai de quinze jours à
compter des dates d’expiration du mandat ou d’ouverture de la vacance.
Le procès-verbal de la réunion du collège, renouvelant le comité ou palliant la
vacance du siège, est remis dès sa
conclusion à l’employeur. Ce dernier
l’adresse à l’inspecteur du travail, dans
un délai de huit jours à compter de la
réception.
3/ Quelles sont
les obligations
d’un membre du CHSCT ?
Les membres du comité sont tenus à
une obligation de discrétion à l’égard des
informations présentant un caractère
confidentiel et données comme telles
par l’employeur. Ils sont tenus au secret
professionnel pour toutes les questions
relatives aux procédés de fabrication. Le
non respect de l’obligation de discrétion
est susceptible de justifier des sanctions
disciplinaires contre les représentants du
personnel, pouvant aller après autorisation de l’inspecteur du travail, jusqu’à la
rupture du contrat de travail pour faute
lourde, en fonction de la faute commise.
Il pourrait aussi justifier un recours en
responsabilité civile afin d’obtenir la réparation du préjudice subi par l’entreprise.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
74
4/ Quel est le rôle
du secrétaire du CHSCT ?
Le secrétaire du CHSCT est désigné par
les membres représentants du personnel du CHSCT. Il a un rôle d’animation et
de représentation auprès des instances
extérieures. Il reçoit les questions des
autres membres et les porte à l’ordre du
jour des réunions. Il diffuse également
l’information qu’il reçoit aux autres
membres du CHSCT. Il établit par
ailleurs, avec le président du CHSCT,
l’ordre du jour des réunions. Il rédige les
procès verbaux des réunions, ainsi que
les extraits de délibérations. Il donne
l’impulsion de l’activité du CHSCT en
fonction de l’orientation de celui-ci, définie collectivement avec les élus.
5/ Quel est le rôle
attribué au CHSCT ?
Le CHSCT est l’instance où s’étudie la
politique de l’établissement en matière
de prévention des risques professionnels
et d’amélioration des conditions de travail. Il procède à l’analyse des risques
professionnels auxquels peuvent être
exposés les salariés de l’établissement
ainsi qu’à l’analyse des conditions de travail.
Il contribue à la promotion de la prévention des risques professionnels dans
l’établissement et suscite toutes initiatives qu’il estime utile dans cette perspective. Il peut proposer, à cet effet, des
actions de prévention, et si l’employeur
s’y refuse, ce dernier devra motiver sa
décision.
Le CHSTC donne aussi son avis sur les
documents se rattachant à sa mission et
il doit être consulté dans un grand
nombre de cas, notamment avant toute
décision d’aménagement important
modifiant les conditions d’hygiène et de
santé ou les conditions de travail.
Il procède à des visites périodiques des
lieux de travail (trimestrielles) et peut
mener des enquêtes dans certaines circonstances notamment en cas d’accident
grave.
Il est consulté préalablement en ce qui
concerne sa compétence sur le règlement intérieur.
Il est prévu que le document unique soit
tenu à la disposition des membres du
CHSCT.
Il est également consulté sur le bilan et
le programme annuel de prévention des
risques professionnels et des conditions
de travail.
Lors des travaux effectués dans un établissement par une personne extérieure,
s’il l’estime nécessaire, le CHSCT de
l’entreprise utilisatrice compétent charge
un ou plusieurs de ses membres représentant le personnel de participer à
l’inspection commune préalable au commencement de travaux.
6/ Qui doit établir
le procès verbal de la réunion
du CHSCT, doit-il être transmis
à l’inspection du travail ?
A l’issue des réunions, un procès verbal
doit être établi sous la responsabilité du
secrétaire. Ce procès verbal est communiqué aux membres du CHSCT. Son
affichage n’est pas prévu par le code du
travail, le CHSCT ne disposant pas légalement d’un panneau d’affichage. Les procès verbaux sont conservés dans l’établissement et mis à disposition de
l’inspecteur du travail, du médecin inspecteur du travail et des agents de service de prévention et des organismes de
sécurité sociale.
7/ Quel est le rôle
du médecin du travail
et son pouvoir
dans le cadre du CHSCT ?
Le médecin du travail conseille dans les
domaines suivants : l’amélioration des
conditions de vie et de travail dans
l’entreprise, l’adaptation des postes, des
techniques et des rythmes de travail à la
physiologie du corps, et la protection des
salariés contre l’ensemble des nuisances
contre les risques d’accident du travail
ou des maladies professionnelles ou
l’utilisation des produits dangereux.
8/ Qui a la possibilité
de participer
au CHSCT
avec voix consultative ?
Les membres de droit sont :
- le médecin du travail, le chef du service
sécurité et des conditions de travail ou,
à défaut l’agent chargé de la sécurité et
des conditions de travail,
- les personnes techniquement qualifiées, notamment le responsable de la
formation, la conseillère du travail,
l’assistante du service social, l’infirmière
du travail.
- l’inspecteur du travail et les agents des
services de prévention des organismes
de sécurité sociale qui doivent être
informés des réunions et peuvent y
assister.
Les membres convoqués doivent avoir
connaissance de l’ordre du jour. Seuls
ont voix délibérative le président et les
membres élus, titulaires ou suppléants
remplaçant un titulaire absent, représentant le personnel. (L4614-2 du code du
travail). 쐍
La FICIME – Fédération des Entreprises Internationales de la
Mécanique et de l’Electronique – à laquelle est affilié le SECIMAVI,
regroupe plus de 250 entreprises générant 290 000 emplois et
réalisant un chiffre d’affaires total estimé à 45 milliards d’euros.
Avec une très forte représentativité dans les secteurs des biens
durables, la FICIME offre un accompagnement et un soutien aux
entreprises à travers une large gamme de services dans le domaine
juridique, droit social, douane, environnement, formation, technique, statistiques,
documentation. FICIME CONSEIL apporte la gestion individuelle des plans de formation. Pour toute information : 01 44 69 40 82 ou www.ficime.org 쐍
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
75
JEUX VIDÉOS
LOISIRS INTERACTIFS
Jeux pour petits écrans :
Jeu pour petits et grands
une décennie, la clientèle des rayons jeux vidéo a
changé ! Elle a connu plusieurs refontes dans ses
modes de consommation et d’utilisation des consoles
et logiciels. Si, en l’an 2000, il était encore assez simple
de segmenter clientèles et produits, en 2011, la donne se corse…
E
les hardcore gamers est
devenu apte à satisfaire des
populations novices en
termes de jeu. L’entrée du
Net dans les usages courants
a aussi bouleversé le marché.
Ce nouvel outil rivalise
largement avec les magasins
physiques pour les ventes
comme pour l’expérience de
jeu. Pour comprendre ces
mutations, il faut remonter le
N
Si l’on demandait au
consommateur de jeux vidéo
comment il s’est
métamorphosé de l’an 2000
à nos jours, cela
ressemblerait à cet
autoportrait : « En l’an 2000,
je jouais le plus souvent sur
PC, je n’étais pas encore
connecté à Internet mais de
toute façon, je n’y voyais pas
de réel intérêt autre que
pour travailler... En 2011, j’ai
quatre consoles, dont deux
de salon, je joue en ligne et
sur les réseaux sociaux
quasiment tous les jours,
j’achète souvent des jeux
d’occasion ou en
téléchargement...
Je considère mon
smartphone comme ma
quatrième plate-forme de
jeu. Je suis un joueur
occasionnel mais assidu !
C’était
il y a bien longtemps
Cette description rapide
pourrait déconcerter. En dix
ans, le profil type du joueur a
tellement changé qu’il est
devenu très difficile
aujourd’hui de véritablement
segmenter les clientèles. Et
d’autant plus, les titres ! Ce
qui jadis touchait uniquement
Même avec des titres
forts, le marché et les
rayons tournent
historiquement sous
l’influence des
machines.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
76
temps et observer les
évolutions techniques et les
motivations qu’elles ont
créées.
Au début des années 2000,
les jeux vidéo se portent
bien. De plus en plus de
foyers se sont équipés de
PC. Des magasins spécialisés
ouvrent un peu partout et
une nouvelle génération de
consoles 128 bits nettement
plus puissantes que les 32
bits voit le jour. Playstation 2
de Sony et Dreamcast de
Sega captivent par leur
puissance de calcul, leurs
graphismes et l’interface de
gestion intégrée. Nintendo et
le géant Microsoft sont eux
aussi sur le point de se
lancer dans la bataille avec la
Gamecube, le Gameboy
Advance, et la Xbox. Côté
PC, on découvre les
possibilités du processeur
Pentium III et les MMO
commencent à prendre de
l’ampleur...
Cependant, si ces nouvelles
machines sont plus
puissantes, elles ne modifient
pas réellement la façon de
jouer d’un public toujours
majoritairement composé
d’ados et de jeunes adultes
masculins. Les premiers
modes multijoueurs on line
pour consoles, annoncés
comme une révolution par
les divers constructeurs de
l’époque, ne séduisent pas en
raison du prix prohibitif des
modems et de l’accès encore
restreint à Internet. En
magasin, on retrouve une
clientèle type, souvent à la
recherche du dernier
blockbuster sanguinolent et
violent. Certains parents
viennent aussi, mais pour des
jeux ludo-éducatifs sur PC
pour leurs enfants, aide
scolaire en toile de fond.
D’ailleurs, le secteur
ludo-éducatif se porte plutôt
bien.Ainsi, l’industrie du jeu
vidéo engrangeait
mondialement 6 milliards de
dollars en 2000, 11 milliards
en 2002, et 18 milliards en
2003, et 891 millions d’euros
pour la France. Dans le
détail, le marché des
programmes interactifs
de loisirs hors ligne en 2000
(ventes réalisées en France)
était en CD-Rom de
12 850 000 unités vendues
(+15 % depuis 1999), pour
Le monde du jeu vidéo aime se faire peur et souffre d’une permanente angoisse existentielle traduite par une question : vais-je disparaître ? Oui, sans doute un jour, comme l’Atlantide et comme les mammouths. Et même, à terme
comme notre belle planète ! Mais avant cela, peu de risque, même si le cadre et les règles du marché évoluent, comme
cela se produit sur tous les marchés.Heureusement pour les observateurs que dans les autres segments du numérique,
les professionnels du téléviseur, de la photo, des télécoms, de la hi-fi ne sont pas dans ce même vertige morbide du
«quoi, moi, demain» ! En attendant, et plutôt que de consommer en excès des anxiolytiques, les graphes explicatifs des
meilleurs panélistes colmatent les tendances au désespoir.
doigt dans la haute définition.
Plus puissante qu’un PC de
son époque, capable
d’afficher des graphismes en
haute définition, elle peut
accéder à divers services en
ligne via son navigateur
intégré. Elle permet ainsi de
jouer en réseau et de
stocker ses données sur un
disque dur optionnel de 20
Go. Bref, le cousinage avec
un PC est de plus en plus
frappant et la polyvalence
semble être de rigueur pour
un CA de 338 millions
d’euros, en augmentation de
2 %. 13,32 millions de
logiciels pour consoles
avaient été diffusés (+ 24 %
en un an), pour un CA de
475 millions d’euros, soit
19 % de croissance.
Les next-gen attaquent !
Décembre 2005 : la Xbox de
Microsoft, première console
dite « next-gen », arrive en
Europe. Le jeu vidéo met un
cette nouvelle génération de
machines comme le
confirmera ensuite la PS 3 de
Sony. Sortie au mois de mars
2007 en Europe, cette
dernière dispose des mêmes
atouts que la Xbox 360 et
propose en plus un disque
dur intégré et un lecteur
Blu-ray : on passe au Full HD.
Face à cette surenchère de
puissance, Nintendo agit en
outsider, misant sur
l’originalité plutôt que sur la
performance.Ainsi, même si
FAIRE COMME SI…
SIMULATION, SPORTS, MUSIQUE, LES AUTRES CLÉS DE VOÛTE DU JEU
Jouer, pour les petits comme pour les grands, revient souvent à simuler la réalité. Le football, les
courses de voitures et même les titres articulés autour de la musique, dans lesquels le joueur se glisse
dans la peau de ses stars préférées sont au nombre des succès qui ont depuis l’origine du jeu engendré des succès gigantesques. C’est une facette qui se
marie mal sur le plan intellectuel avec les jeux assimilables à des œuvres presque cinématographiques.
Et pourtant, elles sont de nature à prolonger au-delà
de toute visibilité dans le temps un marché nourri.
Comment imaginer qu’un jour, il n’y ait plus aucun
amateur susceptible de se glisser, sans risque, derrière le volant d’une Formule 1, même en sortant
régulièrement de la piste à 250 km/h ? C’est aussi un
créneau générateur de nombreuses ventes induites en
accessoires notamment. Tout comme le célèbre Flight
Simulator, un logiciel qui n’est plus totalement du jeu,
mais une véritable activité de loisir à part entière, hélas bien piètrement et stupidement traitée par
dessus la jambe, de l’édition à la distribution. Sans parler des simulations ferroviaires, qui touchent
aussi au monde des modélistes, marché de niche superbe, totalement ignoré ou presque par une distribution qui cherche désespérément des moyens de relever son CA.
왘왘
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
77
la Wii dispose bien des
incontournables
fonctionnalités Internet des
autres consoles modernes
ainsi que d’une capacité de
stockage de données, elle
compense son sérieux
décalage technique par la
reconnaissance de
La bonne conscience : lié à
l’ordinateur, l’avenir du jeu a songé
un moment vivre aussi à travers
l’éducatif, un segment resté
malingre, à l’image des produits
imaginés pour ce supposé créneau.
mouvements. Par ailleurs, si
sa nouvelle console portable,
la DS, a de quoi rougir face
aux caractéristiques
techniques impressionnantes
de la PSP de Sony, elle
possède un stylet et un
écran tactile qui feront bien
des envieux.
Alors que le jeu vidéo
s’impose comme un loisir à
part entière, l’Hexagone
s’équipe. En 2006 le paysage
du jeu vidéo s’étoffe. Un
ménage sur deux est équipé
d’un micro-ordinateur, et
28 % des foyers possèdent
une console de salon, 14 %
une console portable. Et un
foyer sur dix possède même
les trois à la fois. La cible
grandit. Près de 13 millions
d’individus âgés de onze ans
et plus déclaraient avoir
pratiqué un jeu vidéo au
cours de l’année 2006.
Néanmoins, ils étaient
en majorité jeunes (50 %
ayant moins de 24 ans)
et près des 2/3 étant des
hommes (65 %).
Jeux et linéaires :
Souvenirs de
Milieu des années 2000
en rayon
A première décennie du nouveau siècle a été mar-
quée par des titres qui sont devenus cultes ! Les
joueurs du monde entier se sont retrouvés sur ces softs
qui font partie désormais de la culture gamer.
L
Pour les professionnels du
terrain, cette narration doit
ressembler à une
rétrospective presque
lancinante, encore qu’avec les
années qui se suivent, la
notion du temps puisse se
brouiller. Mais rapportée à la
vie des rayons et aux luttes
entres types d’enseignes, cet
écoulement du temps
ludique prend un relief plus
instructif. Le milieu de la
décennie est marqué par
l’arrivé de la Wii et de la DS.
C’est toute une nouvelle
clientèle qui dès lors déferle
dans les rayons et points de
vente. Depuis que les
consoles existent, elles ont
toujours été accompagnées
d’accessoires pour interagir
avec l’écran.Vers 2005,
on assiste à la multiplication
des périphériques sous
l’impulsion de Sony qui
commercialise micros,
caméras et buzzers pour
accompagner ses jeux.
Cependant, aucune grande
marque n’a encore osé
vendre des consoles munies
de systèmes de contrôle
La décennie écoulée a été le
théâtre d’initiatives
vidéoludiques audacieuses,
certaines tombées en
désuétude, d’autres ayant connu
la gloire. Peu importe l’ampleur
du succès commercial, tous ont
laissé des traces dans l’esprit
de ceux qui œuvrent
face à la clientèle.
Ainsi, la défunte Dreamcast avait
accueilli un véritable chefd’œuvre à l’aube du troisième
millénaire : Shenmue ! En avance
de plusieurs années sur son
temps, ce jeu de rôle
extraordinairement immersif
permettait d’évoluer jour après
jour dans une petite ville
japonaise des années 80 recréée
dans les moindres détails. Le
joueur incarnait un jeune
homme prêt à tout pour
retrouver le redoutable assassin
de son propre père. En marge
d’une enquête principale
passionnante, c’est surtout
l’atmosphère unique de
Shenmue ainsi que sa réalisation
époustouflante qui a émerveillé.
Vagrant Story, sorti en 2000, fut
un jeu au scénario solide et à
l’univers soigné avec des
personnages charismatiques. Il
alliait fond et forme grâce à un
système de combat et de forge
inédits. La plupart de ses sons et
de ses idées de game-design ont
été ensuite injectés dans Final
Fantasy XII, six ans plus tard.
Flop relatif : il a eu la malchance
de sortir la même année que
Deus Ex, ce dernier
ayant remporté la victoire
parce qu’il a bien mieux redéfini
le monde du FPS. 2002
a vu naître Metal Gear Solid 2
Dans le rythme des ventes,
il faut depuis toujours intégrer les
repositionnements.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
78
qui a contribué à rapprocher
le jeu vidéo du
7e art. Si l’aventure
en elle-même était relativement
brève, les innombrables
cinématiques, souvent centrées
sur la personnalité des
protagonistes, ont permis à
Hideo Kojima de narrer une
histoire d’une rare richesse à
l’époque. Quant au gameplay, il
mêlait action et infiltration avec
une caméra surélevée capable
de se muer en vue subjective
pour les besoins de la
progression. Malgré une
certaine rigidité, Sons of Liberty
demeure certainement l’un des
meilleurs jeux
d’action/infiltration de l’histoire.
Ico est sans conteste un des
jeux les plus reposants ayant
jamais existé (sorti en 2002).
Profitant d’une touche artistique
impeccable, le titre de Sony
nous contait l’histoire d’Ico,
jeune garçon pourvu de cornes
et de la jeune Yorda. Ico
proposait une autre vision du
jeu vidéo, de celles qui stimulent
l’imagination et les sens. L’essai
sera d’ailleurs transformé
quelques années plus tard
avec le majestueux
Shadow of the Colossus.
Beyond Good & Evil était un
soft particulièrement envoûtant
sorti en 2003. Il fut conçu en
grande partie par Michel Ancel,
le créateur de Rayman.
L’ambition d’Ancel était de
créer un univers où l’on puisse
se sentir libre de partir à
l’aventure. Mélangeant donc
aventure, exploration, phases en
véhicule, combat et infiltration
dans un univers coloré et baigné
rayons
d’admirables compositions
musicales, le jeu se démarque
par une approche poétique et
relativement adulte. Considéré
par beaucoup comme le « Zelda
français », BGE a pourtant
constitué un échec commercial
pour Ubisoft.The Legend of
Zelda:The Wind Waker
rencontra un accueil très mitigé
en 2003. Pourtant, c’était le
premier opus à tenter une
approche artistique novatrice et
audacieuse.The Wind Waker
captive avant tout le joueur par
sa profondeur de jeu.
L’exploration maritime
est mise au premier plan et
invite à naviguer librement sur
des flots tantôt calmes, tantôt
déchaînés. Le gameplay quasi
parfait était ici transcendé avec
autant de pertinence que de
légèreté pour rendre
l’expérience de jeu inoubliable.
Resident Evil 4, du millésime
2005, regorge de scènes plus
cultes les unes que les autres. En
dépoussiérant le gameplay des
anciens opus, Shinji Mikami, le
créateur de la série, renvoyait
Leon S. Kennedy (héros du
deuxième opus) en Espagne à la
recherche de la fille du
président des Etats-Unis. Un
scénario convenu certes mais
pour un résultat surprenant qui
a su bousculer la donne établie
de l’époque dans la conception
même de ce titre de
survival-horror qui reste encore
aujourd’hui une référence
absolue en la matière.
Sorti en 2006 sur PC et
Xbox 360 (et un peu plus tard
sur PS3), Oblivion est le
quatrième épisode de la série
des Elder Scrolls, qui tente à
cette occasion de séduire un
plus large public en opérant une
légère simplification sur le
système de jeu. Il regorge de
quêtes bénéficiant d’un réel
effort d’écriture et qui se
révèlent souvent plus prenantes
que la trame principale. Les
systèmes de combat rendent
l’action plus dynamique que par
le passé.Au final, cet épisode
très réussi a permis à de
nombreux joueurs de découvrir
la série.The Witcher est
certainement la meilleure
surprise de ces dernières
années en matière de jeu de
rôle sur PC (2007). Il proposait
une aventure scénarisée dans
l’univers dark fantasy réaliste et
mature de l’écrivain Andrzej
Sapkowski. Doté d’une
évolution de personnage
intéressante et d’un système de
combat dynamique,The Witcher
brille surtout par son scénario
et par son ambiance
incomparable, propice à
l’immersion. Sans compter que
tout au long de l’aventure, il
était primordial d’effectuer des
choix dont le joueur ne
mesurerait les conséquences
qu’à long terme.
GTA IV (2008) est issu d’une
série qui a donné naissance à un
genre tout particulier. Connu
par n’importe quel joueur
même le plus occasionnel, GTA
est une franchise d’une richesse
intarissable. Grâce à un
gameplay plus souple, à une
multitude de détails animant les
PNJ, à des dialogues absolument
légendaires et à une réalisation
exceptionnelle malgré
l’immensité de la map, GTA IV
s’est imposé comme le meilleur
jeu du genre sur PC et consoles.
Monster Hunter Freedom Unite
(2009) est sans aucun doute à
l’heure actuelle, le jeu de chasse
virtuelle de référence sur
consoles. Proposant plus de
400 quêtes jouables seul ou à
4 en réseau local, ce titre
d’exception signé Capcom invite
à affronter des créatures
terrifiantes dans des
environnements sauvages
magnifiques. Monster Hunter
Freedom Unite permet
également de crafter des milliers
d’objets, de gérer une ferme et
d’élever des Felynes qui peuvent
assister le joueur au combat.
Bénéficiant d’un gameplay
extrêmement riche, d’une
réalisation parfaite et d’une
durée de vie phénoménale pour
un titre nomade, ce soft a
suscité un tel engouement au
Japon que les ventes de PSP se
sont envolées lors de sa sortie
en 2008. Il aura fallu attendre
longtemps avant que le Dark
Knight ne trouve un véritable
hymne à sa gloire. Batman
Arkham Asylum sorti en 2009
représentait enfin un flamboyant
hommage au héros masqué dans
la mesure où l’ensemble du titre
fut peaufiné à l’extrême. Du
sensationnel rendu visuel à
l’excellente bande-son en
passant par un gameplay
incroyablement captivant, les
développeurs ne laissèrent rien
au hasard. L’œuvre est d’une
incroyable justesse oscillant
constamment entre combats
énergiques et infiltration tout
aussi intéressante. Généreux
jusqu’au-boutisme, le titre de
Rocksteady se prédestinait donc
à rentrer de lui-même dans la
légende au même titre que son
principal protagoniste. La série
Pokémon a toujours été très
prolifique. Néanmoins, la
génération Or/Argent parue sur
Gameboy en 2001 garde une
place à part dans le cœur des
fans.Ajoutant une centaine de
créatures aux 151 Pokémon
d’origine, les épisodes Or et
Argent prenaient également en
compte un cycle jour/nuit
indexé sur l’horloge interne de
la console. Les versions Or et
Argent ont occupé les dresseurs
en herbe des centaines d’heures
durant et ce n’est pas un hasard
si Nintendo a décidé de
commercialiser des remakes DS
en 2010. Beaucoup de jeux ont
tenté de redonner vie à une
glorieuse licence en repartant
de zéro, mais peu ont réussi à
susciter autant d’impatience que
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
79
le nouveau Tomb Raider
annoncé pour le 4e trimestre
2012. Plus mature, plus obscur,
plus offensif que tous les
précédents volets, le titre verra
une Lara à peine sortie de
l’adolescence, seule face aux
innombrables dangers d’une île
où elle a échoué suite à un
naufrage dont elle est l’unique
survivante. Ce titre fait appel à
l’utilisation d’un nouveau
moteur graphique (le Crystal
Engine) ainsi qu’une mise en
scène destinée à faire naître un
sentiment d’angoisse chez le
joueur.Toujours prévu en 2012,
Hitman :Absolution sur
Playstation 3 est un jeu
d’Infiltration dans lequel on
retrouvera l’Agent 47 toujours
aussi méticuleux et efficace. Ses
contrats le mèneront aux
quatre coins du globe et lui
permettront cette fois de régler
ses conflits intérieurs.
IO Interactive a ici décidé de
produire un jeu plus immersif
et cinématographique et a donc
dans ce but, quelque peu
chamboulé les mécaniques en
optant pour une infiltration
qui mise plus sur l’aptitude
à se fondre dans l’obscurité
et derrière les murs
que sur la capacité à revêtir
un déguisement.
Si les premiers jeux vidéo
comme Pong ne s’encombraient
pas d’un scénario, la donne a
rapidement changé. Les créateurs
voient dans ce nouveau média
un excellent moyen de raconter
des histoires. Qu’il soit exposé
sous forme textuelle, diffusé au
travers de dialogues ou dévoilé
par une sublime cinématique, le
scénario tient aujourd’hui une
grande place dans de
nombreuses expériences
vidéoludiques.Ainsi, les titres
que nous avons cités et bien
d’autres sont considérés
aujourd’hui comme
des chefs-d’œuvre de l’art
immersif qu’est devenu le
game... pardon, le jeu ! 쐍
M.G
왘왘
autres que les sempiternelles
manettes connues depuis
toujours du grand public. En
sortant sa DS à écran tactile
en 2005 et sa Wii à détection
de mouvements en 2006,
Nintendo se lance dans la
conquête d’une nouvelle
cible qui n’en est plus une :
tout le monde !
Et ça marche ! DS et Wii
s’arrachent comme des
petits pains, battant tous les
succès de la Balance Board,
et celui des instruments en
plastique pourtant très
onéreux nécessaires sur les
jeux musicaux. Cette
révolution dans les usages
conduit avec elle non
seulement une toute
nouvelle frange de la
population jadis insensible
aux jeux vidéos mais elle
amène aussi des titres par
centaines. Le line-up de la DS
Le jeu vidéo, dont notre territoire s’est révélé fertile en créateurs, a eu du
mal à exister à la hauteur de ce qu’il représente, ne serait-ce
qu’économiquement. Son statut s’est enfin éclairci grâce à l’action du SELL,
qui a mis sur pied des manifestations majeures, dont le salon Paris Games
Week, et pour les professionnels, l’IDEF. C’est dans le cadre de ce dernier que
nous voyons de gauche à droite François Klipfel (GfK), Stephan Bole
(Nintendo) et Philippe Sauze (alors PDG d’Electronics Arts France) devant le
Palais des Festivals à Cannes (2006)
Cette photo date
d’avant l’euro : guère
de changement dans
le paysage, non ? Et si
les enseignes
cherchaient à évoluer
un peu, histoire de ne
pas se retrouver un
beau (?) matin
désagréablement
décalées par rapport
au monde
(commercial inclus)
qui les entoure ?
records de ventes.
L’utilisation du stylet a beau
être rudimentaire, la
détection de mouvements
des Wiimotes inconstante,
les joueurs adoptent en
masse ces nouvelles façons
de jouer. Une tendance qui
se confirme en 2008 avec le
linéaires et les rayons se
doivent de disposer d’un
espace de « test » pour les
tapis, guitares, cannes à pêche
et armes è feu (fictives).
Les clients viennent en
famille pour choisir leur titre
du week-end, car depuis la
Wii, on joue ensemble. Le
jeu n’est plus seulement un
plaisir solitaire.Autre
orientation en croissance : la
clientèle féminine fait aussi
une belle percée, adoptant
en force les Sodoku, Brain
Training ou encore cours de
cuisines sur DS. Les jeux de
rôle prennent une direction
nouvelle. Finis les héros de
cape et d’épée. Nous
assistons à l’éclosion de jeux
de rôle animaliers. Il devient
possible de posséder un,
deux, dix chiens, de les
élever, les nourrir, les câliner,
le tout dans une DS. Les
clientes sont à la recherche
de jeux aux frontières du
« has-been », une sorte de
réminiscence de leur
enfance. Le rêve de
l’éternelle petite marchande,
infirmière ou fermière
reprend tout son sens. Les
consommateurs de jeu
commencent à être plus
difficilement identifiables. Ils
échappent à la méthode bien
frise ainsi l’irrationnel, on
vend des jeux qui offrent du
tout et souvent du n’importe
quoi. Les rayons explosent
sous l’avidité des éditeurs
prêts à tout pour les
alimenter. Les accessoires
pour Wii nécessitent une
nouvelle ergonomie dans les
Tout le monde s’est intéressé, s’intéresse et s’intéressera au jeu (sauf Darty,
ou si peu...), même des enseignes qui ont fait figure d’étoiles filantes sur
notre territoire (PC City, l’erreur à la française du groupe Dixons)
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
80
cadrée des enseignes selon
laquelle dominaient deux
catégories distinctes :
les hardcore gamers et les
passifs / actifs, en clair, les
joueurs du dimanche !
Il faudra véritablement
attendre 2009 - 2010 pour
voir apparaître des
approches plus spécifiques et
mieux structurées
pour cerner et différencier
les clients.
Les joueurs d’aujourd’hui :
clientèles sous influence
Pour l’heure, et en attendant
la suite - c’est-à-dire ce futur
qui arrive toujours trop vite -
La PS2 restera dans l’histoire du
ludique numérique comme l’un des
plus beaux succès. Elle fut dans un
premier temps massivement
adoptée aussi comme un lecteur de
DVD performant et abordable.
LE JEU, C'EST LA VIE
manette comme console de jeu indépendante, Sony annonce de
son côté sortir une fonctionnalité similaire entre sa Playstation 3,
déjà dans les salons, et la Vita attendue le 22 février en Europe.
Cette fonctionnalité, baptisée Remote Play, permettra d’utiliser la
console portable pour jouer sans téléviseur. De même, si l’on savait
que la Vita pourrait servir de manette pour la PlayStation, elle permettra aussi de disposer d’options supplémentaires dans les jeux.
Sony en a fait la démonstration avec Little Big Planet où un joueur
contrôlait un avion sur la Vita, ouvrant la voie au joueur étant sur
la PlayStation. Le marché du jeu video a déjà un pied dans un
autre futur commun aux bien culturels avec la dématérialisation
qui est en marche, les smartphones et consoles de jeux dont les univers se rapprochent de plus en plus, les nextgen et le parc des
consoles renouvelés d’ici 2013, Facebook qui devient un acteur a
part entière du jeu vidéo, un même jeu jouable sur plusieurs supports, les tablettes tactiles qui se prêtent parfaitement à l’exercice
de jeux video ainsi que des jeux directement sur nos TV via certains
FAI et constructeurs. Sans oublier que la console peut aussi se transformer en interface active pour un bouquet de chaînes de TV diffusé par satellite. D’où ce pronostic qui peut paraître insolite :
autant de choses promettant de s’imbriquer constituent un panorama peut-être un peu trop vaste et confus, alors que la clientèle
aime les choses simples. Si les rayons savent conserver une attractivité et une spécialisation bien visible, l’avenir d’un axe de jeu
clair est assuré. Trop de diversité peut tuer la diversité. 쐍
Etroitement lié aux aptitudes des machines, le jeu vidéo a vécu la
décennie écoulée sous l’influence globale de deux générations en
versions salon et en versions portables. Les prochaines évolutions
techniques des consoles déjà annoncées vont probablement entraîner d’autres façons de jouer. Vont-elles pour autant engendrer des
tendances de nature comparable à celles connues hier dans les
courants porteurs ? Le fameux cadencement selon des cycles de
consoles est-il appelé à se prolonger dans le futur ? Côté consoles
connues ou annoncées, les nouvelles pratiques sont de fait inéluctables. La Xbox 360 qui permet depuis peu de commander la navigation dans les menus par le biais de la voix va affranchir le
consommateur encore un peu plus de tout ce qui est lié aux
manettes et accessoires. A l’opposé, Nintendo avec sa Wii U présente une nouvelle manière d’utiliser la manette. Alors que
Microsoft met Kinect au cœur de son système, Nintendo offre à sa
nouvelle console un contrôleur qui se présente comme un instrument inédit avec en son centre un écran tactile de 6,2 pouces qui
prend des airs de tablette avec 2 sticks analogiques, une croix
directionnelle, 4 boutons classiques et 4 gâchettes. S’y ajoutent un
accéléromètre et un capteur gyroscopique, comme sur la 3DS.
L’image pourra être affichée en HD sur le téléviseur comme sur
l’écran de cette manette. De plus, la Wii U permettra aussi de
contrôler la Nintendo 3DS et les Wiimotes, Wii fit et autres accessoires Wii devenant rétro-compatibles avec la dernière née de « la
firme à Mario ».
Si Nintendo pour sa Wii U met en avant la possibilité d’utiliser la
DEMAIN
les consommateurs de jeux
vidéo répondraient à deux
groupes et six segments bien
spécifiques. Dans le premier
groupe de segments, se
classent des clients jouant
moins de 20 heures par
semaine. Nous y retrouvons
les dormant gamers
(désolés pour ces
anglissismes qui agacent,
mais le jeu vidéo n’étant pas
ukrainien...) qui portent un
intérêt important aux jeux
vidéo. Ils sont fans et
dépensent beaucoup pour
pouvoir jouer. Mais des
changements dans leurs
styles de vie (travail, famille,
enfants, études...) ont
profondément réduit leurs
temps de jeu. Une offre de
titres adaptés à leur mode de
vie s’impose (mobilité, par
exemple). Les « occasional
gamers » bien connu des
enseignes sont les joueurs de
casual games de base,
adeptes presque
exclusivement à des puzzles,
time managements,
hidden objects et adaptations
de jeux de sociétés...
Le second groupe concerne
les joueurs jouant plus de
20 heures par semaine. La
première classe dans ce
groupe représente
les power gamers qui ont
une forte attente en
hardware et en logiciels. Ils
jouent beaucoup en nombre
d’heures mais également en
valeur : ce segment
représente (selon Parks
Associates) 30 % des
recettes alors qu’ils ne sont
que 11% sur le marché.
L’achiever, l’adepte du jeu
de rôle ainsi que
le mercenary sont des soussegments des power gamers.
Ce sont des clients parfaits.
Même s’ils tempèrent leurs
ardeurs en raison de la crise,
ils ne peuvent pas concevoir
de ne pas posséder le
dernier titre ou la dernière
M.G
Pas si facile de se propulser sur le marché des consoles. Aujourd’hui adoptée
par de nombreux amateurs, la ligne Xbox a mis des années à atteindre des
niveaux de diffusion à la hauteur de la réputation de son promoteur.
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
81
왘왘
Les circuits spécialistes du jeu
jouent un rôle essentiel sur le marché, avec une implantation dense
sur l’ensemble du territoire.
Très dépendant de la technique, le
jeu évolue en permanence, et il
serait étonnant que cette
caractéristique qui lui est propre
disparaisse.
Avec les nouveaux modes d’exploitation,
les formats des rayons grandissent, ce qui apporte de l’eau au moulin
des GSS (ici, Boulanger) et même des hypers.
pour retrouver leurs amis
(réseau) ou s’en faire de
nouveaux (réseautage). La
dimension sociale se
manifeste également par les
modes multijoueurs
physiques avec la famille ou
les amis. Ils sont les
premières cibles des jeux
item selling (option d’achat de
pièces supplémentaires dans
les jeux : ameublement,
tenues, véhicules, armes,
terrains, etc.) sur Internet. Ils
sont difficilement touchables
en rayon, leur prédilection va
essentiellement vers le Net,
joueurs intenses mais jouant
surtout à des jeux
occasionnels. Les puzzles,
time management ou jeux
de sociétés oscillent
entre vrais challenges et
passion chronophage. Ils sont
également intéressés par les
outils communautaires
mis en place par le
social gaming (ordre de
classement notamment) mais
ne veulent pas investir du
temps dans les univers
virtuels ou les MMO. Enfin,
les incidental gamers
jouent beaucoup mais
uniquement pour combattre
l’ennui. Ils n’ont pas
beaucoup d’intérêt pour le
média jeu vidéo. Le genre le
plus représenté dans ce
segment est le MMORPG. (1)
Le jeu devenu très grand
public voit aussi sa pratique
se développer largement,
tirant parti des nombreux
supports désormais
disponibles : ordinateurs,
tablettes, consoles et
téléphones mobiles. La
multiplication des écrans
démultiplie les habitudes de
jeux.Ainsi, toutes les
personnes intéressées par
des jeux occasionnels jouent
désormais sur leurs
smartphones qui, comme
les tablettes, ouvrent la voie
au jeu nomade.
James Rebours, nouveau président du SELL, démontre à travers le 20e
anniversaire de Sonic que si la technique évolue, les repères au long cours
existent aussi, fidélisant la clientèle d’une manière désormais
transgénérationnelle.
console sortie.
Les social gamers viennent en
deuxième position. Ils jouent
rarement seuls, sont attirés
par le jeu en ligne à la fois
mais certains jeux multijoueurs de quête et
d’expansion par challenge
peuvent les séduire.
Les leisure gamers sont des
Distribution, Ventes & Services Magazine n° 100
82
La fameuse classification
PEGI qui s’appliquait aux jeux
sur consoles et ordinateurs
s’expatrie sur les
smartphones. Récemment,
PEGI lançait une application
gratuite pour iPhone, iPod
Touch et autre iPad ainsi que
pour les smartphones sous
Androïd. Elle permet
d’accéder à la classification
de tous les jeux référencés
dans le système PEGI depuis
sa création en 2003. Cette
application est même
disponible sur la plate-forme
Windows 7, gratuitement et
en 11 langues ! De quoi
souligner que le marché des
jeux vidéo sur téléphones
mobiles devrait continuer à
croître ! Il pourrait atteindre,
selon les estimations, entre
10 et 11 milliards en 2015.
Reste que pour les
enseignes, cette évolution
tous azimuts n’est pas sans
poser quelques problèmes,
en matière de structure
des rayons. En exposer
un peu partout
n’est pas une solution,
et les laisser en un seul
point... non plus. 쐍
(1)
Vous êtes perdu, ces expressions
anglo-saxophoniennes vous paraissent
être de l’hébreu ? DVSM a pensé à
vous : un petit lexique sur ce
vocabulaire a été publié dans notre
numéro 87 page 53 (avril 2010)
A lire ou relire sur www.dvsm.fr.