bulletin 2010-II - Haute Ecole Paul
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Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Le Bulletin Scientifique de la Haute Ecole Paul-Henri Spaak Numéro 4 – Décembre 2010 Le bulletin scientifique de la Haute Ecole Spaak contribue à assurer la visibilité de la recherche développée au sein de la Haute Ecole. Il permet la diffusion des résultats obtenus par les unités de recherche de la Haute Ecole Sommaire du numéro 4 Paramédical A.Grosjean, E. Fabbri, M. Amand, T. Snoeck, C. Keuterickx, E. Feldheim, C. Balestra Réduction du risque de chute et amélioration de l’équilibre des personnes âgées par des exercices utilisant une console de jeux L. Deconde , A.Tomé ., F.Pastouret , E. Fumière , O. Leduc A contribution to the study of the potential effects of a calf compression guard on blood lactate concentration in marathon runners. Technique L. Marwaha, F. Tondeur Fonction de réponse du détecteur CdZnTe SPEAR G. Cinelli, F. Tondeur Vingt années d’études de la pollution par le radon à l’ISIB. IV : Cartographie du risque radon en région wallonne Inconnu, Trèsconnu Page 1 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Réduction du risque de chute et amélioration de l’équilibre des personnes âgées par des exercices utilisant une console de jeux A.Grosjean, E. Fabbri, M. Amand, T. Snoeck, C. Keuterickx, E. Feldheim, C. Balestra Laboratoire de Physiologie Environnementale et Occupationnelle, ISEK, H.E. P.-H. Spaak, Bruxelles, Belgique Correspondance : [email protected] Résumé : La console de jeux Wii Fit™ de Nintendo permet de nombreux exercices sollicitant toutes les parties du corps ainsi que l’équilibre. Cet article tente d’évaluer son intérêt pour l’amélioration de la marche et de l’équilibre ainsi que la réduction du risque de chutes chez les personnes âgées. Des tests spécifiques sont appliqués à un échantillon de personnes de plus de 65 ans réparties en un groupe expérimental et un groupe contrôle. Après six semaines d’exercices avec la console, une amélioration significative est observée dans le groupe expérimental. Mots-clés : équilibre, chutes, personnes âgées. 1. Introduction Le vieillissement induit une dégénérescence de l’ensemble des fonctions de l’organisme. Il touche notamment les systèmes gérant le maintien de l’équilibre (Mourey, 2009). Par conséquent, la chute chez la personne âgée est un phénomène fréquent. D’après (Ozcan, 2005), ces risques pourraient être minimisés par un entraînement physique régulier. Le type d’exercices proposés se base sur une rééducation composée principalement d’exercices d’équilibre, de renforcements musculaires et de mobilisations articulaires (Fauchard, 2009). L’utilisation de consoles de jeux proposant des exercices adéquats pourrait-elle maintenir la motivation chez les personnes âgées et participer à un programme de rééducation en kinésithérapie ? La console de jeux Nintendo®, appelée Wii Fit™, a été utilisée dans le cadre de cette étude. Notre choix s’est porté sur cette console car elle permet des exercices qui impliquent la totalité du corps. Parmi les logiciels disponibles, divers jeux sollicitant l’équilibre sont plus nombreux que ceux proposés avec d’autres consoles du même fabricant. L’objectif de cet article est d’évaluer l’impact d’une activité physique assistée par la console Wii Fit™ sur l’équilibre, la marche et le risque de chute chez les personnes âgées. 2. Matériel et méthode 2.1. Population L'échantillon observé se composait de 21 personnes âgées de plus de 65 ans avec une moyenne d’âge de 85,67 ans (± 6,14). Les sujets ont été repartis selon l’envie des personnes à participer a l’expérience, entre un groupe contrôle (n = 11 ; 9 femmes et 2 hommes) et un groupe expérimental (n = 10 ; 9 femmes et 1 homme) (Tableaux I et II). Notre expérimentation exigeait que les sujets soient autonomes à la marche et aient une vision et une audition efficientes, compte tenu de l’importance de celles-ci dans l’utilisation de la Wii Fit™. L’utilisation d’orthèses permettait l’inclusion des sujets dans l’échantillon. Les critères A.Grosjean, E. Fabbri, M. Amand, T. Snoeck, C. Keuterickx, E. Feldheim, C. Balestra Page 1 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II d’exclusion concernaient l’existence de pathologies cardiovasculaires, respiratoires et/ou neurologiques graves, et la présence de troubles oculaires et/ou auditifs non corrigés ainsi que les sujets de moins de 65 ans. L’expérimentation s’est déroulée au sein d’une résidence pour personnes âgées à raison de 2 fois par semaine pendant 6 semaines pour le groupe Wii Fit™. Alors que le groupe contrôle n’a pas participé à l’activité. Tableau I : Données biométriques du groupe contrôle Patients F. Ma. Ma. Je. Flo. He. Je. Ro. El. Je. Iv. Sexe (H/F) Age (Années) Poids (kg) Taille (cm) F F F F F F F H F H F Moyenne Ecart-type 90 93 84 85 83 84 88 97 89 85 97 88,64 5,12 48 49 57 41 65 63 64 58 69 73 64 59,08 9,84 143 153 162 158 165 151 157 161 151 185 163 159 10,80 MMS (/30) 26 26 25 27 28 27 25 25 24 24 24 25,55 1,37 Tableau II : Données biométriques du groupe contrôle Patients Sexe (H/F) Age (Années) Poids (kg) Taille (cm) MMS (/30) Jo. F 84 59,2 145 27 Co. F 90 72,4 162 26 Ma. F 72 59,2 158 26 Ga. F 80 68,0 167 27 Cl. F 86 57,0 164 28 Jo. F 78 47,8 158 27 Vi. F 88 75,7 174 24 Ph. H 87 90,7 173 24 An. F 82 55,3 152 25 Ma-J. F 77 58,7 157 26 Moyenne 82,4 64,4 161 26 Ecart type 5,66 12,45 9,1 1,33 A.Grosjean, E. Fabbri, M. Amand, T. Snoeck, C. Keuterickx, E. Feldheim, C. Balestra Page 2 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II 2.2. Matériel Les outils d’évaluation utilisés dans le cadre de cette étude sont : le test de Tinetti, la plateforme de force, le Functionnal Reach test (FRT), un test navette chronomètre (test ISEK), l’échelle de Berg, le Time up and go test (TUG) et le test d’appui unipodal chronométré (Mourey 2009, Thoumie 1999, Amand 2010, Bogle Thorban 1996, Potsiadlo 1991, Vellas 1997). Ils permettent d’évaluer successivement l’équilibre - associé ou non aux tâches fonctionnelles - et le risque de chute. La qualité et la vitesse de marche ont également été évaluées par le test des 6 minutes de marche (TM6) (Beauchet 2002). Les jeux proposés par la console Wii Fit™ étaient les principaux outils utilisés pour la réalisation des entraînements proposés. Ces exercices fonctionnent avec une plateforme fixe appelée : Wii balance boardTM. Les quatre capteurs de pression dont elle est pourvue permettent de déterminer visuellement l’évolution du trajet de la projection du centre de gravité. Cette évaluation permet un feedback visuel utilisable par le sujet examiné. En fonction des résultats obtenus, Wii Fit, propose plus de quarante exercices repartis en quatre groupes. L’étude s’est basée sur cinq jeux spécifiques pour une rééducation de l’équilibre et de la posture. "Le yoga" travaille le maintien de la posture rachidienne et l’équilibre. "La chasse aux poissons" et "Le slalom de ski" travaillent le déplacement du poids du corps latéralement. "Le jeu des billes" demande un déplacement latéral et antéropostérieur du centre de gravité du corps. "Le funambule" entraîne la gestion de l’équilibre. 3. Résultats L’analyse statistique des données a été réalisée après vérification de la normalité de l’échantillon par le test de Kolmogorov-Smirnov. Le choix s’est porté sur des tests non paramétriques. Le test de Wilcoxon a permis d’analyser les éventuelles modifications consécutives à l’entraînement. Le seuil de signification a été posé à p < 0,05. 3.1. Comparaisons des résultats au sein des 2 groupes après 6 semaines d’entraînement L’évolution des résultats des deux groupes est présentée en figure 1. Les étoiles sont utilisées pour caractériser le niveau de signification des variations observées au sein de chaque groupe. A.Grosjean, E. Fabbri, M. Amand, T. Snoeck, C. Keuterickx, E. Feldheim, C. Balestra Page 3 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Figure 1 : Différences intragroupes après 6 semaines (NS: p > 0,05 ; *: p < 0,05 ; **: p < 0,01 ; ***: p < 0,001) Le test de Tinetti permet d’évaluer les anomalies de l’équilibre et de la marche du sujet âgé. Lorsque le score est inférieur à vingt, il y a une majoration du risque de chutes (Beauchet, 2002). L’Institut National d’Assurance Maladie et Invalidité place ce seuil a 19. Ce test a été divisé en deux parties, la partie équilibre (test de Tinetti 1) et la partie marche (test de Tinetti 2). Nous avons observé une amélioration hautement significative des résultats pour le groupe expérimental (p = 0,0039 pour le test de Tinetti 1, p = 0,0091 pour le test de Tinetti 2 et p = 0,0080 pour le test de Tinetti total). Les scores sont passes de 18,8/28 (± 4,64) à 25,7/28 (± 1,77) après 6 semaines d’entraînement sur la console de jeux. Au sein du groupe contrôle, nous avons noté une diminution hautement significative du score (p = 0,0058 pour le test de Tinetti 1 et p = 0,0059 pour le test de Tinetti total). Les résultats étaient semblables pour l’échelle de Berg. Nous avons observé une diminution hautement significative du score pour le groupe contrôle (p = 0,0029). Et une augmentation très hautement significative pour le groupe expérimental (p = 0,0003). En ce qui concerne le test d’appui unipodal et le functional reach test, les scores obtenus ont diminué de façon non significative pour le groupe contrôle. En revanche, le groupe Wii Fit™ a vu ses valeurs augmenter de façon hautement significative (p = 0,0059 pour l’appui unipodal et p = 0,0020 pour le FRT). Le test Time up and go a montré des valeurs diminuées de façon hautement significative pour le groupe expérimental (p = 0,0098). En valeurs brutes, les sujets ont réalisé le test en 19,9 secondes (± 5,15) en moyenne avant l’entraînement. Apres les six semaines, les valeurs du groupe contrôle ont augmente de façon non significative. A.Grosjean, E. Fabbri, M. Amand, T. Snoeck, C. Keuterickx, E. Feldheim, C. Balestra Page 4 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Le test pour évaluer la surface de déplacement du centre de pression plantaire a connu une diminution très hautement significative de l’amplitude du déplacement du centre de pression (p = 0,0002) pour le groupe Wii Fit. Dans le groupe expérimental, la vitesse de marche et le test de marche des 6 minutes ont augmenté de manière hautement significative avec une valeur identique (p = 0,0039) pour ces deux tests. La distance initiale parcourue était de 245,63 mètres. Au test final, elle était en moyenne de 299,21 mètres. Dans le groupe contrôle, les valeurs des deux tests ont diminué sans que cela soit significatif. 3.2. Comparaisons des résultats entre les 2 groupes après 6 semaines d’’entraînement Cette comparaison est donnée dans les figures 2 et 3. La différence entre les 2 groupes est hautement significative pour le test de Tinetti 2 (p = 0,0052), le Time up and go test (p = 0,0035), le test des 6 minutes (p = 0,001), le test d’appui unipodal (p = 0,0077) et le functionnal reach test (p = 0,0035) (figure 3). Les résultats sont très hautement significatifs pour le test de Tinetti 1 (p = 0,0003), le test de Tinetti total (p = 0,0004), la vitesse de marche en 6 minutes (p = 0,0008) et pour l’échelle de Berg (p < 0,001). En ce qui concerne le test ISEK, les participants obtiennent des temps légèrement meilleurs que les personnes du même age sans que cela ne soit significatif (p = 0,85). Les résultats nous permettent d’observer une amélioration significative de chaque test pour le groupe expérimental et une diminution générale des capacités du groupe contrôle. Figure 2 : Différences intergroupes après 6 semaines (NS: p > 0,05 ; *: p < 0,05 ; **: p < 0,01 ; ***: p < 0,001) A.Grosjean, E. Fabbri, M. Amand, T. Snoeck, C. Keuterickx, E. Feldheim, C. Balestra Page 5 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Figure 3 : Comparaison intergroupe après 6 semaines (**: p< 0,01) 4. Discussion Cette étude portait sur l’évaluation de l’impact d’un entraînement spécifique de la population âgée. Elle a montré que la console de jeux Nintendo® : Wii Fit™ est un outil parfaitement adapté en vue d’une amélioration de la marche et de l’équilibre, et d’une réduction des facteurs de risques associés aux chutes chez la personne âgée. Les groupes ont été formés selon l’envie des personnes à participer ou non à cette expérimentation. La motivation des sujets pour le groupe Wii Fit™ était remarquable. Ce facteur non négligeable peut être une des causes de l’augmentation considérable des résultats. Cependant, on ignore si le groupe était naturellement motivé ou si l’aspect ludique a contribué à cette importante motivation. En ce qui concerne le groupe contrôle, la motivation et l’envie de participer à cette étude étaient moindres. Des résultats récents confirment nos résultats. (Nitz, 2009) ont également observé une augmentation des résultats de force et d’équilibre après un entraînement de type Wii Fit™ réalisé auprès d'une population âgée de 30 à 60 ans. Aux résultats obtenus pour cette tranche d’âge, nous ajoutons des résultats tout aussi positifs pour une population de seniors. L’observateur était le même pour tous les tests initiaux et finaux. Cette condition était importante dans l’évaluation du test de Tinetti. Celui-ci est examino-dépendant (Mourey, 2009). La littérature diverge quant à l’utilisation de tests visant à evaluer l’equilibre, la qualité et la vitesse de marche. Certains comme (Ben Achour Lebib, 2006) soulignent l’aspect limite du Time Up and Go Test pour l’évaluation de l’équilibre. D'autres estiment qu’il s’agit du test le plus simple en consultation et probablement le plus fiable (Yelnik, 2007) et concluent en la fiabilité et la validité du Time Up and Go test pour quantifier la mobilité fonctionnelle (Podsiadlo, 1991). Une autre étude (Perrenou 2005) considèrent que le Berg Balance Scales et le Functional Reach Test ne répondent pas aux critères requis pour être une référence absolue en A.Grosjean, E. Fabbri, M. Amand, T. Snoeck, C. Keuterickx, E. Feldheim, C. Balestra Page 6 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II matière d’échelle générique d’évaluation de l’equilibre. Cependant, ces différentes échelles sont les plus utilisées dans le domaine gériatrique. Des lors, nous avons repris dans notre étude les tests les plus utilisés dans des études semblables. Les patients ont répondu à un questionnaire destiné à exprimer les facilités et les difficultés éprouvées lors de l’entraînement. Ces données subjectives présentent l’intérêt de fournir des indications sur le ressenti des sujets. Lesquels sont unanimes quant au bénéfice des exercices proposés sur leur équilibre et la qualité de leur marche. Par ailleurs, cette expérience leur a apporté une dimension nouvelle au niveau social. Du reste, tous les participants étaient prêts à renouveler l’expérience si celle-ci leur était encore proposée par la suite. 5. Conclusion Nous avons envisagé l’utilisation de nouvelles technologies dans un autre cadre que celui du divertissement. Nous avons observé l’évaluation de l’impact d’un entraînement de type Wii Fit™ sur l’equilibre, la marche et le risque de chutes des personnes âgées. Nos résultats tendent à montrer que cette console de jeux est adaptée à la rééducation spécifique d’une population âgée vivant en institution. De ce fait, la console et les logiciels utilisés constituent un outil complémentaire utilisable dans le cadre de la kinésithérapie gériatrique. REFERENCES Amand M, Meeus P, Theunissen S, Balestra C., 2010, L’Inter-age Score to Evaluate Kinesthetic abilities (Test ISEK) évolue symétriquement à la force manuelle à la préhension (Grip test). Kinesither Rev (104-105):37-43. Beauchet O, Dubost V, Nevers A, Stierlam F, M AB, Mourey F, et al., 2002, Development of a clinical test of gait in frail elderly by a cognitive approach of locomotion. Ann Readapt Med Phys. 45(3):123-30. Ben Achour Lebib S, Missaoui B, Miri I, Ben Salah FZ, Dziri C., 2006, Role of the Neurocom Balance Master in assessment of gait problems and risk of falling in elderly people. Ann Readapt Med Phys. 49(5):210-7. Bogle Thorban LD, Newton RA, 1996, Use of the Berg balance test to predict falls in elderly persons. Phys Ther. 1996; 76-6 :576-85. Fauchard T, Le Cren F., 2009, Présentation intégrée d’equilibre dynamique (PIED). Science et sports; 24:152-9 Mourey F., 2009, Rééducation en gériatrie. EMC (Elsevier Masson, Paris) Kinésithérapie-Médecine physique-réadaptation; 26-590-A-10. Nitz JC, Kuys S, Isles R, Fu S.2009, Is the Wii Fit™ a new-generation tool for improving balance, health and well-being? A pilot study, .Climacteric. Ozcan A, Donat H, Gelecek N, Ozdirenc M, Karadibak D., 2005, The relationship between risk factors for falling and the quality of life in older adults. BMC Public Health.; 5:90. Perennou D, Decavel P, Manckoundia P, Penven Y, Mourey F, Launay F, et al., 2005, Evaluation of balance in neurologic and geriatric disorders. Ann Readapt Med Phys. 48(6):317-35. Podsiadlo D, Richardson S., 1991, The timed « Up & Go » : a test of basic functional mobility for frail elderly persons. J Am Geriatr Soc., 39(2):142-8. Thoumie P. Posture, 1999, Equilibre et chutes, Bases théorique de la prise en charge en rééducation. EMC(Elsevier Masson,Paris) Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation; 26-452-A-10. Vellas BJ, Wayne SJ, Romero L, Baumgartner RN, Rubenstein LZ, Garry PJ., 1997, One-leg balance is an important predictor of injurious falls in older persons. J Am Geriatr Soc. 45(6):735-8 Yelnik A., 2007, Evaluation clinique de l’equilibre. Collège français des enseignants universitaires de médecine physique et réadaptation. A.Grosjean, E. Fabbri, M. Amand, T. Snoeck, C. Keuterickx, E. Feldheim, C. Balestra Page 7 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II A contribution to the study of the potential effects of a calf compression guard on blood lactate concentration in marathon runners. L. Deconde , A.Tomé ., F.Pastouret , E. Fumière , O. Leduc Unité de Lympho-Phlébologie., H.E. P.-H. Spaak, Bruxelles, Belgique Correspondance : [email protected] Abstract: The aim of this study was to observe the effect of a calf compression guard (C.G.) on lactate’s concentrations in long distance runners.The test consisted in running a marathon. We have realized blood sampling firstly at rest and after the marathon (between the third and eighth minute), on fifteen male subjects who were wearing only one C.G.. Blood sampling were done on both legs (with and without the C.G.) and at earlobe, then were analyzed using the handheld lactate analyzer Accusport®. The statistical analysis determine a very significant difference between lactate’s values at rest and post race, thus for the two measurements at the local level but not for the central one. Moreover we notice a very significant difference after the race between lactate’s concentration in the leg with and the leg without C.G. Measurements of blood lactate are lower with calf compression guard, but we cannot extrapolate on the explanations of this observation. It would therefore be interesting to investigate the kinetics of production and elimination of the lactate by means of other tools as the M.R. spectroscopy Résumé: L’objectif de cette étude était d’observer les effets d’un bas de compression lorsqu’il est porté pendant un effort de longue durée. Nous avons réalisé des microprélèvements sanguins chez quinze sujets masculins qui portaient chacun un seul bas. Cela au repos, donc avant le test du marathon, puis après leur arrivée (entre la troisième et huitième minute post effort). L’échantillonnage a été fait sur la jambe avec le bas, sur la jambe sans, et au niveau du lobe de l’oreille. Les mesures de lactatémie furent ensuite effectuées à l’aide de l’analyseur de lactate portatif Accusport®. L’analyse statistique des donnés montre une différence très significative entre le taux de lactate enregistré au niveau local avant et après la course, mais par contre aucune différence significative au niveau central. Nous observons aussi une différence très significative après l’effort entre la jambe avec la compression et la jambe sans. La jambe avec le bas de compression présentant une concentration de lactate bien inférieure à la seconde. Bien que les outils d’investigation utilisés nous permettent d’observer ces variations dans le taux de lactate, il faudrait recourir à d’autres techniques comme la spectroscopie R.M. afin d’analyser la cinématique d’élimination du lactate. Mots-clés : effort ,manchon de compression, lactate L.Deconde, A.Tomé, F.Pastouret, E.Fumière O.Leduc Page 1 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II 1. Introduction: After the development of training techniques to enhance sports performance, we are now seeing the development of medical technologies adapted to the sportsmen. The use of compression guards is one of those new technologies given to athletes. This would enable both training and racing to improve performance and maximize recovery. (Bringard 2007). Previously, studies using medical compression have concluded that this type of clothing could promote peripheric circulation and venous return and reduce the accumulation of lactate after exercise. (Chatard 2004). This kind of compression (Compression guard with inversed pressure: C.G.) is mostly used by long distance athletes. Faced with this fashion, it seems interesting to study the variation of lactate concentration in marathon runners. 2. Population: Fifteen healthy male subjects (age 36,3 ±12,7;height 180 ±6,33 cm; weight 76,7± 6,4 kg) participated in the study. The participants were volunteers and gave their informed consent prior to testing.(see in Appendices). All of them were involved in a physical activity at least three times a week, and most of them with specific training to achieve the goal which was to finish the marathon. 3. Experimental Procedures: The experimental protocol was approved by the Academic Ethical Committee of Brussels Alliance for Research and Higher Education. 3.1. Test: Consisted in running the 42,195 km during the Brussels Marathon the 4th of October 2010. 3.2. The calf compression guards (C.G.): The medical stockings for venous diseases are designed with a principle of gradual decreased pressure from the bottom up. For the sport practice, (Couzan 2002) recommend a calf compression guard which should exert a gradually increased pressure from the bottom up, it means low pressure around the ankle and higher pressure at the calf. The Compressport® guards worn during the experiment are designed according to this principle of inverted pressure. These guards are available in 4 different sizes according to two parameters: the maximal calf perimeter (in cm) and the tibia length (in cm). In order to have the precise individual size we have measured by means of cloth tape the maximal calf perimeter and the tibia length (knee joint line to the medial malleola tip). Based on the measured values we used the Compressport® size table to best fit our subjects. 3.3. Measurement of pressure under the guard: To assess the pressure exerted by the compression guard on the runner’s leg we have used a pressure sensor (Kompritest-DGBM). This one was placed on the skin at the maximal perimeter of the calf. Two measurements have been done, one with the subject standing up, the second one when he was in the prone position. L.Deconde, A.Tomé, F.Pastouret, E.Fumière O.Leduc Page 2 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II 3.4. Measurements of blood lactates: Blood samples were obtained by means of sterile single use lancets, Accu-Check® Softclix® Pro, which are inserted in a lancing device of Softclix®Pro type. The lactate blood concentration was measured by means of Accusport portable lactate analyser (BoehringerMannheim®) and lactate test strips (Roche®). All these devices allow us to determine the capillary blood lactate levels. The range of measurement is 0,8 to 22mmol/L for the blood values and 0,7 to 26mmol/L for the plasma values. The strong association of Accusport portable lactate measures with values obtained from laboratory analyser as been confirmed for workloads producing lactate in the range of 1-13mmol/L (Pinnington 2001). Subjects were tested at 2 different moments: Before the warm up and then straight after crossing the finish line. At every turn, we have done 3 micro blood samples, respectively from the calf with the guard, from the calf without the guard and the last from the earlobe. Thus 6 samples per runner have been analyzed. The values registered at the calf, will be the local indicator of lactate concentration, and those collected at the right earlobe will be the central indicator. The first part of samples (rest values) was withdrawn after five minutes rest on a chair. The post effort sampling has been done in between the third and eighth minute. Although many studies on the concentration of lactate post-exercise have been conducted, most authors recommend different latencies before the onset of the peak lactate. We relied on the study of (Gass 1981). They studied lactate measurement after a 30- minutes maximal effort on a treadmill. They agree that to obtain the lactate peak the sample can be made between the third and eighth minute post exercise. After the race we did the sampling in the same order as for data at rest and between the third and eighth minutes after the subjects crossed the finishing lane. 3.5. Statistical analysis: We have defined the normality of our population based on the Kolmogorov-Smirnoff test. Thus, we used the paired parametric t test of Student. (P<0,05). 4. Results We remind you that two series of sampling were made. In tables 1 and 2, the first sampling tallies with the data "rest" and the second with the data "post race". We have decided that participants should wear the C.G. in a random way on the left or right leg in order to limit the bias due to the possible difference of laterality. The statistical interpretation of our results has been done thanks to the software: GraphpadPrism version 5. Table 1 and table 2 are respectively the blood lactate concentration of our samples in mmol.L1 and expressed in percentage. The percentage conversion was conducted in order to have greater clarity in our results. Indeed it allowed us to analyze each subject individually with his control value which is the blood lactate concentration at rest. This for the calf with C.G., the calf without C.G., or the earlobe. L.Deconde, A.Tomé, F.Pastouret, E.Fumière O.Leduc Page 3 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Rest Calf with CG n°1 n°2 n°3 n°4 n°5 n°6 n°7 n°8 n°9 n°10 n°11 n°12 n°13 n°14 n°15 Right earlobe 2 1,6 1,8 0,8 2,2 0,8 0,8 2,2 0,8 3 0,8 1,5 1,1 2 2,2 Mean SD Subject Post Race 2,4 2,7 2,4 0,8 2,2 3,5 3,2 0,8 0,8 3,1 1,8 2,9 2,5 2,3 2,2 Calf without CG 3,1 2,7 2,1 0,8 2,1 2,9 3,4 0,8 0,8 3,7 1,6 2,8 2,6 3,5 2,1 Right earlobe 0,8 2 2,2 0,8 3,6 0,8 1,4 3 4,1 1 2,6 1,7 1,6 1,7 2,4 Calf Calf with without CG CG 7,8 1,3 12,3 3,9 6,5 2,1 11 5,7 11,3 3,1 3 1,3 9,6 3,2 9,7 4,5 16,3 3,2 2,4 2,2 20,8 6,6 14,1 15,9 8,3 4,5 7,7 3 18,3 7,2 1,57 2,24 2,33 1,98 10,61 4,51 0,68 0,83 0,95 0,98 5,01 3,49 -1 Table1: Blood lactate concentration in mmol.L : Subject Rest Control Control Value Calf Value Calf without C.G. with C.G. Control Value Earlobe n°1 n°2 n°3 n°4 n°5 n°6 n°7 n°8 n°9 n°10 n°11 n°12 n°13 n°14 n°15 Mean SD 40 125 122,22 100 163,64 100 175 136,36 512,5 33,33 325 113,33 145,45 85 109,09 Post Race Calf without C.G. 251,61 455,56 309,52 1375,00 538,10 103,45 282,35 1212,50 2037,50 64,86 1300,00 503,57 319,23 220,00 871,43 Right earlobe Calf with C.G. 54,17 144,44 87,50 712,50 140,91 37,14 100,00 562,50 400,00 70,97 366,67 548,28 180,00 130,43 327,27 100 100 100 152,40 656,31 257,52 0 0 0 116,14 557,08 207,95 Table 2: Blood lactate concentration expressed in percentage: L.Deconde, A.Tomé, F.Pastouret, E.Fumière O.Leduc Page 4 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II 0,0036 Variation % 0,0022 1200 Earlobe 1050 Calf without C.G. 900 Calf with C.G. 750 600 0,0133 450 300 0,1135 150 Control Value 100% 0 Graphic 1: Representation of blood lactate concentration in percentage. 5. Discussion: At a central level our data did not establish a significant difference (p>0,05) before and post effort. The statistical difference recorded by our software is p= 0,1135, average post exercise right earlobe 152,4% SD 116. This could be explained by the fact that for any sub maximal exercise, the lactate concentration increases during the first 10 minutes and then decreases to nearly reach the rest value. (Astrand and al, 1963) [6]. Locally, all our data reflect a significant difference. Firstly for the calf without C.G., we note a p value = 0,0022 which means that the difference between the lactate concentration at rest and after the race is very significant. The average in percentage is 656,31, SD 557,08. If we look closely at the raw data after the race (table 1 and 2), for the calf without compression, we find that four of them are much higher than those of other subjects. However we also find these values for the calf with compression. We can then ask ourselves if these subjects are not conditioned in any other phase than the aerobic. Indeed, runners were not equipped with a heart rate monitor and thus an acceleration during the last kilometer could explain the high lactate levels corresponding to a supra-maximal effort. Secondly for the calf with the C.G. the p value indicates 0, 0133. We therefore observe here also a very significant increase in lactate concentration in the samples with calf compression (mean 257,52, SD 207,95), but less than for the data concerning the calf without C.G.. However, what seems to be really interesting is to compare is the both legs after the race. Indeed while analyzing the data of the calf with and without C.G., p=O,OO36 indicates a very significant difference. Regarding the values announced by the Accusport portable lactate analyser (BoehringerMannheim®), (Bosquet 1998) have managed a study and have found in their lactate measurement tool a SEM equal to 1,53 mmol.L-1. Since the SEM is present for all our measurements, be it before or after the exercise, our results remain usable. So there is certainly an effect on the local lactate concentration while wearing a C.G.. Although our experiments allow us to assert this observation, we are not able to explain the effect of the compression on the lactate’s possible appearance or clearance. L.Deconde, A.Tomé, F.Pastouret, E.Fumière O.Leduc Page 5 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II According to (Jouvensal 1997), we would need to resort to the lactate MR spectroscopy to observe the kinetics of production and elimination of the lactate. Another means would be the biopsy which is used to establish a microscopic examination for the ultra structural and biochemical studies. This method was moreover used by (Freund 1981) for the research works concerning the kinematics of lactate’s disappearance. Henceforth, we are going to ponder over the pressure exercised by the C.G. at the calf level. As seen above, the pressure was measured for each subject in two different positions: standing and prone. The average values are respectively 62,07 and 57,64 mmHg. We notice that according to the compression guard designer (Compressport), the average pressure would be at least 20mmHg which is much lower than our measures. Also in a study on reversed compression, (Partsch 2005) have highlighted the occurrence of occlusion of the calf veins to the pressure around 25mmHg in the supine position and around 70mmHg in the erect position. Thus we wonder if the pressure exerted by C.G. would have not collapse the sub cutaneous capillaries, therefore causing a lower perfusion and thus a smaller amount of lactate where we collect samples. 6. Limits: Here we will raise up some points that could be improved in future studies. The runners were not all of the same level, time of effort vary from 3h15min to 4h40min, thus the C.G. were worn for different lengths of time. We have to wonder about the fact that this parameter could have an incidence on the results. It would certainly be interesting to have a sample of runners who can provide equivalent performance to standardize the compression time. As we have seen previously, some lactate concentrations were abnormally high compared to the average. The heart rate monitoring would have been a really useful tool, to make sure the subjects were performing at a sub maximal work rate. 7. Conclusion: Our study demonstrated that there is a very significant post exercise difference between the lactates concentration analyzed in the leg with C.G. and that without compression (p=0,0036). We also notice a very significant difference between the concentration of lactate at the calf level before and after the race with or without C.G., however, the presence of lactate is much lower in the calf which was wearing the C.G.. These differences are present only at the local level. Indeed the values registered at the earlobe are not significantly different comparing before and after the effort (p= 0,1135). Although the statistical analysis of our data indicates there is a very big decrease of the blood lactate rate at the local level for the leg which wore the compression, we cannot extrapolate from these facts. We cannot say if this decrease is due to a lesser production or a better elimination of the lactate. REFERENCES Bringard A., Denis R., Belluye N., Perrey S., 2007, Compression élastique externe et fonction musculaire chez l'homme, in Science et Sport; 22: 1 : 3-13. Chatard J.C., Atlaoui D., Farjanel J., Louisy F., Rastel D., Guezennec C.Y., 2004, Elastic stockings, performance and leg pain recovery in 63-year-old sportsmen, in European Journal of Applied Physiology 93: 347-352. L.Deconde, A.Tomé, F.Pastouret, E.Fumière O.Leduc Page 6 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Couzan S., Prüfer M., Ferret J.M., Mismetti P., Pouget J.F., 2002, Un nouveau concept de contentioncompression : apport de l’écho-Doppler couleur avec prise des pressions veineuses et de l’IRM, in Phlébologie 55: 2: 159-171. Pinnington H., Dawson B., 2001, Examination of the validity and reliability of the Accusport blood lactate analyser, in Journal of Science and Medicine in Sport 4 : 129-138. Gass G.S, Rogers S, Mitchell R., 1981, Blood lactate concentration following maximum exercise in trained subject, in Brit. J. Sports Med. 15: 3: 171-6. Astrand P.O., Hallback and al., 1963, Blood lactates after prolonged exercise, in Journal of Applied Physiology 18: 619-622. Bosquet L., Mercier D., Leger L., 1998, Validité de l’analyseur de lactate portatif Accusport®, in Sciences et Sports 13: 138-141. Jouvensal L., Bloch G., 1997, Spectroscopie RMN du lactate dans le muscle squelettique: visibilité, quantification et mesure de l'enrichissement au carbone 13 par édition a double quantum, in Travaux universitaires, thèse de nouveaux doctorat n°:97 ECAP 0051. Freund H., Zouloumian P., 1981, Lactate after exercise in man IV Physiological observation et models predictions, in European Journal of Applied Physiology 46: 161-176. Parsch B., Partsch H., 2005, Calf compression pressure required to achieve venous closure from supine to standing position, in Journal of Vascular Surgery 42:734-8. L.Deconde, A.Tomé, F.Pastouret, E.Fumière O.Leduc Page 7 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Fonction de réponse du détecteur CdZnTe SPEAR L. Marwaha, F. Tondeur Laboratoire de Physique Nucléaire et de Radiations, ISIB, Haute Ecole P.-H. Spaak, Bruxelles, Belgique Correspondance : [email protected] , [email protected] Résumé : La fonction de réponse du détecteur CdZnTe SPEAR développé par eV Microelectronics a été étudiée en détail. Ce détecteur de photons compact comprend le cristal de CdZnTe et le préamplificateur. Il est opérationnel à la température ambiante, pour une gamme d’énergie allant de 10 keV à 1 MeV, avec une résolution inférieure à 4% à 122 keV. Le but de l’étude est d’établir une approximation analytique empirique de la fonction de réponse spectrale du détecteur, à utiliser dans des simulations de type Monte Carlo. Plusieurs radionucléides émetteurs gamma ont été utilisés : 241Am, 109Cd, 57Co et 137Cs. Outre l’élargissement Gaussien, on note que chaque pic possède une queue d’allure exponentielle sur son flanc de basse énergie, d’autant plus marquée que l’énergie des photons est élevée. Les paramètres caractérisant cette queue et l’élargissement ont été évalués. Mots-clés : Détecteur CdZnTe, CZT 1. Synthèse générale Le détecteur CdZnTe est un détecteur semi-conducteur de photons dans le domaine X/γ, qui possède une résolution en énergie attractive pour un détecteur non refroidi, ainsi qu’un coût compétitif. Il est retenu ici comme détecteur d’un système de contrôle spectral des appareils à RX. L’interprétation des spectres énergétiques est cependant rendue plus complexe en raison d’une particularité du détecteur, qui est un déficit de collecte des charges libérées, surtout les trous, fonction de la distance entre le point d’interaction du photon détecté et les électrodes. Ce déficit de charge entraîne la génération par le détecteur d’impulsions dont l’amplitude est plus ou moins affaiblie Lorsqu’on applique la technique standard de conversion de l’amplitude en énergie, ces impulsions apparaissent comme des événements de détection de photons d’énergie plus faible qu’en réalité. La réponse du détecteur à un faisceau de photons monoénergétiques semble donc étalée vers les basses énergies. Dans la représentation graphique du spectre, qui est la courbe du nombre d’impulsions, en fonction de leur énergie apparente, on observe, en plus du pic attendu, une « queue » de basse énergie, dont l’allure est exponentielle (fig.1). Ce travail est consacré à évaluer les paramètres caractéristiques de cette queue. On montre que la queue exponentielle dépend de façon importante du traitement électronique des impulsions. Marwaha, Tondeur Page 1 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II 120 100 80 60 40 20 0 1 11 21 31 41 51 Fig. 1. Pic spectral de réponse à des photons monoénergétiques, avec queue exponentielle (Données fictives) 2. Introduction Le but de notre étude est de caractériser la réponse du détecteur CZT « SPEAR ». Le principal problème dans l’utilisation du CZT réside dans ses capacités limitées de collecte des charges libérées. Le piégeage des trous entraîne une formation plus lente des impulsions, donc un temps de montée plus grand, mais aussi une amplitude plus faible. Il en résulte un effet d’étalement en « queue » dans le spectre (Miyajima 2002a, Miyajima 2002b). Cet article s’attache à caractériser cet étalement, et propose une approximation analytique empirique de la réponse du détecteur, en vue par exemple d’une utilisation dans des simulations de spectres de type Monte Carlo. Un modèle analytique plus élaboré a été mis au point par Leclair (2006), basé sur l’équation de Hetch, et testé pour les rayons gamma de 241Am à 60 keV. La méthode que nous proposons sur base empirique est plus simple et s’applique à une gamme d’énergies plus étendue. 3. Dispositif expérimental Le détecteur SPEAR (Single Point Extended Area Radiation) de eV Microelectronics comprend un cristal de 5x5x5 mm3 et un préamplificateur hybride à bas bruit. Il se prête à des réalisations de faible encombrement, de par ses dimensions limitées (diamètre 13 mm, longueur 89 mm).Il fonctionne à la température ambiante. Il est efficace dans une gamme d’énergies allant de 10 keV à 1 MeV, avec une résolution meilleure que 4% à 122 keV. Nous avons procédé à des mesures en géométrie de faisceau étroit : le détecteur a été placé dans un blindage avec collimateur (fig.2). Différentes sources radioactives, principalement 241 Am, 109Cd, 57Co et 137Cs ont été utilisées pour acquérir les spectres expérimentaux à différentes énergies. Selon leur activité, le sources ont été placées de 5 cm à 20 cm du détecteur. Les spectres ont été acquis par un DSA-1000 (Desktop Spectrum Analyzer) de Canberra. Marwaha, Tondeur Page 2 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Fig. 2. Schéma du blindage de Pb et Cu entourant le détecteur. 4. Optimisation des paramètres opérationnels Le DSA-1000 a été utilisé pour procéder au filtrage numérique des impulsions, qui permet une certaine réduction de l’effet de queue. L’optimisation de cette fonction porte sur le temps de montée (µs) et le sommet plat (µs). On a également optimisé la haute tension alimentant le détecteur. Le temps de montée est le temps que met le signal de sortie du détecteur pour parcourir un certain intervalle en pourcentage de son amplitude totale (par exemple de 10% à 90%) (McNaught 1997). Ce paramètre agit symétriquement sur le temps de montée et le temps de descente du filtre numérique appliqué par le DSA. Comme lors du filtrage Gaussien conventionnel, ce filtre détermine le degré de filtrage du bruit de fond (Canberra 2005). Dans le cas présent, il permet aussi de réduire la prise en compte de la collecte des trous, plus lente que celle des électrons, et plus sensible au déficit de collecte des charges. Les spectres du 109 Cd (88 keV) et du 57Co (122 keV) ont été mesurés pour différents temps de montée à partir de la valeur minimale proposée par le DSA (0.4 µs). La fig.3 montre le changement de la largeur des pics spectraux pour des temps de montée croissants. On observe que la largeur des pics (FWHM) est la plus faible pour le temps de montée le plus bas de 0,4 µs. Fig. 3. Largeur à mi-hauteur du pic pour 109Cd (88 keV) et en fonction du temps de montée Marwaha, Tondeur 57 Co (122 keV), Page 3 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Le paramètre “sommet plat” détermine la durée de la partie centrale du filtre numérique, qui vise à ajuster celui-ci aux caractéristiques de la collection de charge du détecteur, pour minimiser le déficit balistique. Le DSA-1000 permet de varier ce paramètre de 0 to 3 µs. . Le spectre du 57Co a été utilisé pour optimiser cette valeur. La fig.4 montre clairement l’élargissement du pic quand la durée du sommet plat augment, la valeur optimale étant 0 µs. Fig. 4. Variation du pic du 57Co avec la durée du sommet plat (FT=flat top) La tension d’alimentation du détecteur a été variée de 500 V à 1000 V (qui est le maximum admis), avec les temps optimaux de montée (0.4 µs) et de sommet plat (0 µs). On a considéré ici trois émetteurs : 241Am (60 keV), 109Cd (88 keV) et 57Co (122 keV). La largeur à mihauteur FWHM pour chacun d’eux est donnée dans la table 1. On y voit que, au-delà de 600V, la tension a peu d’impact, l’optimum étant voisin de 800 V. Isotope 241 Am Cd 57 Co 109 FWHM 500 V (In %) 5.12 4.14 4.33 Tab. 1. FWHM 600 V (In %) 4.39 3.83 4.10 FWHM 700 V (In %) 4.30 3.76 3.95 FWHM 800 V (In %) 4.31 3.82 3.88 FWHM 900 V (In %) 4.45 3.78 3.96 FWHM 1000 V (In %) 4.18 3.85 4.28 Largeur des pics selon la haute tension 5. Modèle de fonction de réponse Avec les paramètres optimaux, les spectres de 241Am (60 keV), 109Cd (88 keV), 57Co (122 keV) et 137Cs (662 keV) ont été obtenus. La portion du spectre attribuable au pic photoélectrique principal (ou les deux pics à 122 et 136 keV pour Co) a été ajustée avec une fonction de réponse M(E) définie par la convolution gaussienne d’une fonction F(E) « pic + exponentielle » : F ( E ) = α . exp(β E ) + γ .δ ( E − Eγ ) M (E) = ( E − E ' )2 1 .∫ dE '.F ( E ' ). exp− 2σ 2 σ 2π Marwaha, Tondeur Page 4 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II La fonction F(E) peut être caractérisée par l’exposant β et par la fraction du nombre d’impulsions incluse dans la partie exponentielle. Un programme C++ a été rédigé pour calculer le spectre avec ce modèle. Les paramètres ont été ajustés pour reproduire au mieux les mesures. La Table 2 donne les valeurs de l’exposant et de la fraction exponentielle pour chaque source. Isotope 241 Am Cd 57 Co 137 Cs 109 Energy (MeV) 0.06 0.088 0.122 0.662 Tail Fraction (In %) 7.33 44.30 71.36 90.90 Exponential β (MeV) 223.39 165.05 80.03 11.05 Fraction exponentielle (tail fraction) et exposant β pour quatre sources Tab. 2. La Fig. 4 montre le spectre calculé, comparé au spectre expérimental, pour pour 109Cd et la Fig.6 pour 57Co. 241 Am, la Fig. 5 . Fig. 5. Comparaison des spectres calculé et mesuré pour Am-241 Fig. 6. Comparaison des spectres calculé et mesuré pour Cd-109 Marwaha, Tondeur Page 5 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Fig. 7. Comparaison des spectres calculé et mesuré pour Co-57 Pour appliquer le calcul à des spectres contenant des pics à d’autres energies, ainsi que des événements de diffusion Compton, il faut connaître les valeurs de l’exposant β et de la fraction exponentielle Tf à toute énergie. C’est pourquoi nous avons développé deux formules d’interpolation pour ces paramètres: Tf (E) = 0.91 [(1 – e-x) / x] où x = 1 / (9000 * E4) β (E) = 6.4135 * E-1.27 Les valeurs de ces paramètres dépendent fortement des valeurs adoptées pour le filtrage temporel. Elles pourraient aussi varier d’un cristal détecteur à l’autre. Donc, chaque utilisateur souhaitant appliquer notre approche doit répéter les opérations décrites plus haut pour son détecteur et pour son électronique d’acquisition. 6. Conclusion La fonction de réponse du détecteur CdZnTe SPEAR peut être décrite par un modèle simple “pic + exponentielle” avec élargissement gaussien. Toutefois, les paramètres du modèle doivent être redéterminés pour chaque détecteur individuel, ainsi que pour chaque système d’acquisition des spectres. Remerciements : This contribution is a part of the FIRST-HE project “MICOS” supported by the Walloon region under contract n°816824. The shield was manufactured by BALTEAU NDT and the detector was provided by CANBERRA for testing. REFERENCES Miyajima, S., Sakuragi, H., Matsumoto, M., 2002, Nucl. Instr. and Meth., A 485, 533 Miyajima, S., Imagawa, K., Phys. Med. Biol. 2002; 47, 3959 LeClair R.J., Wang, Y., Zhao, P., Boileau, M., Wang, L., Fleurot, F., 2006, Med Phys. 33(5):1329 McNaught, A.D., Wilkinson, A., 1997, IUPAC Compendium of Chemical Terminology ; 67, 1751 Canberra Industries Inc., 2005, DSA-1000, Hardware Manual Marwaha, Tondeur Page 6 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Vingt années d’études de la pollution par le radon à l’ISIB IV : Cartographie du risque radon en région wallonne G. Cinelli1, F. Tondeur2 1 Dipartimento di Scienze della Terra e Geologico-Ambientali, Alma Mater Studiorum Università di Bologna, Bologna, Italia 2 Laboratoire de physique nucléaire et des radiations LPNR, I.S.I.B., H.E. P.-H. Spaak, Bruxelles, Belgique Correspondance : [email protected] [email protected] Résumé : Cet article présente une carte du risque associé au radon en Wallonie, basée sur les deux bases de données étudiées dans l’article précédent (Tondeur 2010) . Les données (des concentrations du radon mesurées au rez de chaussée) sont regroupées par unité géologique. On suppose, pour chaque unité, que la distribution des données peut être approchée par une loi log-normale. Pour chaque unité, une déviation standard logarithmique moyenne est évaluée, en tenant compte de la variabilité plus grande des mesures de type « court terme ». Pour chaque nœud d’une grille de 1 km, on détermine le contexte géologique local et la déviation standard logarithmique qui lui correspond. Pour chaque nœud, la moyenne logarithmique locale est ensuite calculée par une moyenne mobile des données relatives à la même unité géologique, et la loi log-normale permet alors de calculer le pourcentage prévu de bâtiments dépassant le niveau de référence européen (400 Bq/m3). Cette carte est la première, pour la région wallonne, à intégrer complètement l’information géologique. Mots-clés : radon, cartographie du risque radon, géologie, géostatistique. 1. Synthèse générale La pollution par le radon dans les bâtiments est considérée comme la seconde cause de cancer du poumon après le tabac. Le radon est un gaz radioactif naturel issu du sous-sol et des matériaux de construction. La contribution du sous-sol étant prédominante en région wallonne, on comprend aisément que le niveau de risque y soit intimement associé à la nature géologique des roches, et donc à la localisation de la maison. Cela conduit à l’idée qu’il est utile de cartographier ce risque et de définir les régions affectées par le problème. Cependant, d’autres facteurs influencent le niveau de risque, comme la structure du bâtiment, la nature des matériaux, les habitudes de vie (ventilation, …). Ces facteurs sont très variables d’un bâtiment à l’autre et, dans une zone donnée, peuvent être considérés comme induisant des variations aléatoires du risque radon. Localement, la concentration du radon dans les maisons radon est donc une variable aléatoire, qui présente de fait une grande variabilité d’une maison à l’autre. On observe que le logarithme de la concentration du radon (en Bq/m3), mesurée au rez de chaussée des maisons d’une zone donnée, suit approximativement une loi normale (distribution approximativement log-normale). On caractérise souvent le niveau local du risque par le pourcentage de maisons dépassant le niveau de référence recommandé par l’Union Européenne (400 Bq/m3), qui est appliqué de facto en Belgique en l’absence d’une réglementation nationale spécifique. Dans le présent travail, ce pourcentage est calculé en chaque noeud d’une grille kilométrique couvrant la région wallonne et Bruxelles, en faisant l’hypothèse d’une distribution locale log-normale. La Cinelli, Tondeur Page 1 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II carte que nous proposons est basée sur les mesures qui ont été décrites dans l’article précédent de cette série (Tondeur 2010). Après avoir déterminé l’unité géologique présent en chaque nœud de la grille, la moyenne logarithmique locale est déterminée à partir des données les plus proches relevant de la même unité. On utilise comme valeur de la déviation standard logarithmique, une valeur moyenne pour les données de l’ensemble de l’unité géologique, tenant compte de la plus grande variabilité des mesures « court terme ». La résolution kilométrique est suffisante pour une carte globale, mais pas pour les besoins concrets (savoir si telle maison ou tel terrain est dans une zone affectée). La méthode est toutefois utilisable pour n’importe quelle résolution, la taille des fichiers à manipuler limitant en pratique l’étendue des zones qu’on peut examiner avec une résolution plus fine. La carte qui a été réalisée est basée sur la carte géologique numérisée. Actuellement, celle-ci ne signale pas la présence ou l’absence des dépôts limoneux quaternaires, qui sont renseignés ponctuellement dans la version papier, mais pas délimités. Il s’agit des dépôts de loess examinés dans le second article de cette série (Tondeur 2009). Notre carte est valable en l’absence de dépôt limoneux. Une carte séparée a été réalisée pour les terrains limoneux, la présence ou non de limon, et donc quelle carte utiliser, devant être déterminée au cas par cas. 2. Introduction Dans beaucoup de pays, l’exposition au radon est reconnue comme une contribution majeure à la dose de radiations reçue par la population (Dubois 2005). L’Agence Internationale de recherche sur le Cancer (IARC), une agence de l’OMS spécialisée dans le cancer, ainsi que le Programme National de Toxicologie américain, ont classé le radon dans la liste des agents cancérigènes pour l’homme. Des épidémiologistes ont aussi étudié le risque sanitaire associé au radon, que ce soit dans les maisons (Darby 2005), ou dans d’autre lieux comme les mines (Tomasek 2002). Une analyse groupée des résultats collectés en Europe, en Amérique du nord, et en Chine, a confirmé que le radon dans les maisons contribue significativement au risqué de cancer du poumon (U.S.EPA 2008, WHO 2008). La Commission Internationale de Protection Radiologique (ICRP 1990) et une directive européenne 96/29/EURATOM (1996) recommandent l’identification des zones où une proportion élevée de maisons pourraient présenter un risque élevé de pollution par le radon, et devraient être considérées comme « zones affectées par le radon », dans lesquelles des actions spécifiques visant à protéger la population devraient être entreprises. Pour identifier ces zones, la plupart des pays d’Europe ont organisé des campagnes de mesure du radon dans les habitations, ainsi que des mesures du radon dans le sol. Un recensement et une évaluation des méthodes utilisés dans les pays de l’Union Européenne ont été présentés par le Centre Commun de Recherche (JRC) de la Commission Européenne (Dubois. 2005). Ce rapport a souligné la grande variété des méthodes utilisées pour établir les « cartes du radon ». Les cartes existantes diffèrent par la variable représentée, par la résolution spatiale, par le recours ou pas à l’interpolation et par le type d’interpolation, et par le choix des niveaux de la variable qui sont représentés (Bossew 2006). La variation de la disponibilité du radon provenant du sous-sol est multifactorielle et il est difficile d’en obtenir une formulation générale. Deux groupes de facteurs prédisposent à des niveaux élevés de radon dans les maisons. Il s’agit de la situation territoriale caractérisée par la géologie locale, la géomorphologie et le type de sol, et les caractéristiques régionales des bâtiments, comme le type de construction, les fondations, le type de fourniture d’eau, l’âge moyen etc. Certains pays d’Europe ont établi des cartes donnant l’estimation par zone du niveau moyen de concentration du radon dans les bâtiments, sur base des mesures de radon dans les Cinelli, Tondeur Page 2 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II bâtiments. D’autres pays ont préféré utiliser des indicateurs indirects du risque pour prévoir la carte des zones affectées (Kemski. 2009, Mikšová 2002). Ces indicateurs peuvent être la concentration du radium dans le sol, celle du radon, ainsi que la perméabilité du sol. Le choix de l’indicateur de risque est largement lié à la disponibilité ou non de données le concernant. Peu de pays ont mesuré systématiquement le radon dans le sol, mais beaucoup ont organisé des campagnes de mesure dans les maisons, et sont donc naturellement conduits à utiliser ces données comme base de leur carte du risque. Cependant, même si la carte est basée sur les mesures dans les bâtiments, il est utile de prendre en considération certaines informations concernant le sol et le sous-sol. Si ces informations ne sont pas directement disponibles, on peu tenter de les corréler aux données géologiques, lithologiques et pédologiques, pour lesquelles des cartes existent en général. C’est la méthodologie adoptée pour établir la carte du risque radon au Royaume Uni, et qui a été suivie dans ses principes dans le présent travail. Pour 430000 données collectées au Royaume Uni dans les maisons, une analyse de variance a montré que seulement 29% de la variance peut être relié à un facteur connu comme l’unité géologique locale, le type de maison (avec ou sans cave, etc…), l’utilisation de double vitrage, l’étage des pièces de vie (living et chambre), ou l’âge du bâtiment. Parmi ces facteurs, la géologie à elle seule explique 20% de la variance (Miles 2005), et est donc le principal facteur, si pas le seul, qui puisse être utilement utilisé pour stratifier les données. . Le but de cet article est de produire une carte du risqué de pollution des bâtiments par le radon en région wallonne. L’indicateur choisi est le pourcentage des habitations ayant, au rez de chaussée, une concentration du radon dépassant le niveau de référence recommandé par la Commission Européenne (400 Bq/m3) , en accord avec la définition des zones affectées proposée par la CIPR (ICRP 1990), et en utilisant les catégories de pourcentages adoptées en Belgique par l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (FANC 2009). Le premier stade est de regrouper les données par unités géologiques. Ces unités ont été présentées dans l’article précédent (Tondeur 2010) et groupent des formations d’âges similaires en respectant deux contraintes: leurs niveaux moyens de radon dans les habitations doit être similaire, et le groupe formé doit être suffisamment fourni pour permettre une analyse statistique. En chaque lieu considéré (il s’agira ici des noeuds d’une grille kilométrique), l’unité géologique locale est déterminée grâce à la carte géologique. On a montré dans la même référence et dans (Cinelli 2009) que les données relevant d’une même unité géologique peuvent être raisonnablement décrites par une distribution log-normale. La moyenne logarithmique locale des concentrations du radon dans les bâtiments est prédite à partir des données proches relevant de la même unité géologique, par la méthode de la moyenne mobile comme justifié dans (Tondeur 2010). On suppose une déviation standard logarithmique constante au sein de chaque unité géologique, ce qui permet de calculer immédiatement le pourcentage de maisons dépassant le niveau de référence. 3. Instruments et méthodes 3.1. Bases de données Les deux bases de données utilisées ont été présentées en détail dans l’article précédent (Tondeur 2010). Il s’agit d’une part de environ 7500 mesures de longue durée (3 mois) au rez de chaussée rassemblées par l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (FANC) et de environ 5000 mesures de courte durée (3 à 4 jours) effectuées par l’ISIB. Les données FANC sont des mesures par détecteur de traces de type Makrofol, alors que les données ISIB sont des mesures par charbon actif et spectrométrie gamma. Comme démontré par (Tondeur 2010), les Cinelli, Tondeur Page 3 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II deux bases de données sont statistiquement équivalentes quand il s’agit de calculer la moyenne logarithmique dans une zone géologique donnée.. Par contre, la déviation standard logarithmique st plus élevée pour les données ISIB, comme on s’y attend étant donné leur plus grande variabilité temporelle. Pour chaque donnée, les coordonnées géographiques sont connues, ce qui permet de déterminer automatiquement la formation géologique locale grâce à la carte géologique numérisée (SGB). Cependant, cette carte n’indique la présence éventuelle des dépôts quaternaires de limon (loess) que de façon ponctuelle dans sa version « image », sans délimiter ces dépôts. Pour chaque donnée, une inspection visuelle de la carte a permis de déterminer, pas toujours avec certitude hélas, si le loess est présent ou pas. Lorsque la présence de loess est avérée, il est considéré comme étant la formation géologique locale. On a en effet vu précédemment que le loess joue un rôle particulier dans la pollution par le radon (Tondeur 2009), et ne peut pas être négligé. Cependant, l’absence de délimitation de zones couvertes de loess nous empêche de l’inclure comme zone géologique dans la cartographie du risque. On proposera en fait deux cartes couvrant l’ensemble de la Wallonie : une pour les terrains sans loess, l’autre pour les terrains avec loess, laissant à l’utilisateur la tâche de contrôler lui-même la présence de loess. 3.2. Organisation des données par unité géologique Pour les besoins d’une cartographie géostatistique, le nombre de données dans chaque unité cartographiée doit être suffisant. Cela a imposé le regroupement de certains étages géologiques en unités plus larges. Cependant, pour garder des unités assez homogènes, on s’est limité à regrouper des étages contigus dans le temps et présentant une moyenne logarithmique des mesures de radon peu différente. Le tableau 1 donne la liste des 20 groupes ainsi obtenus. Devillien Revinien Salmien Gedinnien Siegénien Emsien Couvinien Givétien Frasnien Famennien Tournaisien Viséen Namurien Westphalien Trias + Jurassique Crétacé Paléocène + Eocène Oligocène Loess et alluvions des pentes Alluvions des fonds de vallée Tab. 1. Cinelli, Tondeur Liste des unités géologiques retenues Page 4 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II 3.3. Variabilité des données Les données ISIB présentent une plus grande variabilité que les données FANC. Idéalement, on ne devrait utiliser que des données « long terme » pour caractériser le niveau de risque. Cependant, dans certaines régions, et aussi sur certaines unités géologiques, il y a trop peu de données long terme, et on doit se reposer sur les données court terme. Il faut dès lors trouver le moyen de corriger leur déviation standard logarithmique trop élevée. Si l’on fait l’hypothèse que la variabilité temporelle des données court terme est statistiquement indépendante de la variabilité géologique, on peut écrire : σ ST 2 ≅ σ LT 2 + σ ∆t 2 où les σ sont les déviations standard géométriques, l’indice ST indiquant « court terme » LT « long terme » et ∆t « temporel ». On peut alors extraire le dernier terme d’un ajustement de la corrélation qui doit exister entre les deux premiers. Ceux-ci sont évalués pour chaque unité géologique. Cet ajustement est montré dans la figure 1. Le coefficient de détermination est médiocre, mais les données présentent des grandes incertitudes dues au nombre peu élevé de cas dans plusieurs unités géologiques. Rien qu’en excluant les groupes de moins de 30 données, on fait monter R2 à 0.5. Mais même pour 100 données, les incertitudes restent importantes. Ceci illustre la difficulté qu’il y a à obtenir une valeur précise de la déviation standard géométrique sur base d’un échantillonnage local. Cette raison nous amène à utiliser pour chaque unité géologique, la déviation standard logarithmique de l’ensemble des données de l’unité. Fig. 1. Variance des données logarithmiques court terme (axe vertical) corrélée avec celle des données long terme (axe horizontal) Il est à présent possible de corriger la déviation standard logarithmique “court terme”, pour établir l’équivalence avec son pendant « long terme »: σ STcorr 2 ≅ σ ST 2 − σ ∆t 2 L’étape finale est, pour chaque unité géologique, d’évaluer la moyenne des variances long et court terme, pondérée par le nombre de données de chaque type : σ2 = N ST Cinelli, Tondeur ( 1 2 2 N ST ∗ σ STcorr + N LT ∗ σ LT + N LT ); Page 5 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II 3.4. Choix de la méthode géostatistique La cartographie géostatistique consiste à prévoir en n’importe quel point la valeur d’une variable aléatoire définissable en tout point de l’espace (ici : la surface topographique 2D), à partir d’un échantillonnage en un nombre limité de points. De façon générale, les méthodes géostatistiques combinent l’interpolation avec un degré variable de lissage. La méthode du krigeage (kriging) est la plus utilisée en géostatistique (Langley 1971). Cette méthode tient compte de la corrélation spatiale des données exprimées par le variogramme. Elle consiste schématiquement en une moyenne des données d’un voisinage choisi, en pondérant plus les données proches lorsque le variogramme révèle une corrélation des données à courte distance. L’analyse des variogrammes effectuée pour les données wallonnes dans (Tondeur 2010) n’a montré qu’un faible niveau de corrélation spatiale. Les données sont compatibles avec un modèle de variogramme constant, donc avec l’absence de corrélation. Dans cette hypothèse, le krigeage est équivalent avec la méthode de la moyenne mobile, à savoir la simple moyenne non pondérée des données situées dans un voisinage choisi. Cette méthode est celle qui va être utilisée pour prédire en tout point la moyenne logarithmique des concentrations du radon au rez de chaussée. Le voisinage choisi est celui qui contient 30 données. Il est cependant limité à un rayon de 20 km, à condition que celui-ci contienne au moins 20 données. Sinon, les données sont considérées comme insuffisantes. Dans ce cas, une valeur indicative est calculée, en portant le rayon maximum à 50 km et le nombre de données minimum à 10. Cette valeur indicative permettra de porter l’effort de nouvelles mesures en priorité dans de zones où une suspicion de risque élevé existe. Ce calcul se fait séparément pour chaque unité géologique, avec le logiciel SURFER (SURFER 1999), pour les points d’une grille kilométrique couvrant tout le territoire de la région wallonne. Une grille plus fine peut être adoptée, mais implique bien entendu la manipulation d’une quantité d’information plus élevée. La carte géologique numérisée permet de déterminer l’unité géologique locale pour chaque point de la grille. On applique, pour ce point, la moyenne mobile des données voisines relatives à cette unité géologique. 3.5. Calcul du pourcentage de cas dépassant le niveau de référence On a vu dans (Tondeur 2010) que la loi log-normale est approximativement adéquate pour décrire les concentrations mesurées dans les habitations d’une même unité géologique. Sur base de la moyenne logarithmique prédite en chaque point de la grille kilométrique, et de la déviation standard logarithmique calculée pour chaque unité géologique, le modèle lognormale permet d’évaluer le pourcentage de cas dépassant 400 Bq/m3 , le niveau de référence européen qui est utilisé en Belgique. (x − lm )2 1 ∗ %aboveAL = ∫ exp − δx ∗ 100 2 5.99 2 ∗σ G σ G ∗ 2 ∗π ∞ où σG est la déviation standard logarithmique de l’unité géométrique, lm la moyenne logarithmique prédite par la méthode de la moyenne mobile, et 5.99 = ln(400) est le logarithme du niveau de référence C’est ce pourcentage que nous avons choisi comme indicateur du risque. Il correspond à la définition des zones affectées proposée par la CIPR : une zone où plus de 1% des habitations dépasse le niveau de référence choisi. Cinelli, Tondeur Page 6 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II 4. Cartes du risque de pollution par le radon Fig. 2. Carte de la proportion de maisons dépassant 400 Bq/m3, pour les zones sans couverture limoneuse La figure 2 donne la carte obtenue en appliquant cette méthode, pour les situations sans couverture de loess. L’échelle donne la proportion prévue de maisons dépassant 400 Bq/m3. La zone grise indique une région où les données sont très insuffisantes (pas même assez pour calculer le niveau indicatif). Des petites croix en surimpression indiquent une valeur indicative en cas de données insuffisantes. La relation avec la géologie est assez évidente quand cette carte est mise en parallèle avec une carte géologique simplifiée (fig.3). La principale zone affectée, clairement visible dans le sud, correspond au massif ardennais et au massif de Stavelot, où affleurent des roches dont l’âge va du Cambrien au Dévonien inférieur. L’extrême sud, la Gaume ou Lorraine belge, est cependant épargné. Il s’agit dans ce cas de formations du Trias et du Jurassique. Au sud de la Meuse, le Condroz présente une géologie complexe. Sa partie sud est le synclinorium de Dinant où alternent des bandes du Famennien (peu affecté) et du Dinantien (généralement affecté). Plus au nord, de part et d’autre de la Meuse, le Dinantien et l’Ordovicien/Silurien du synclinorium de Namur sont généralement affectés. Au nord de la région, un chapelet de points chauds est observé, certains associés aux affleurements du Cambrien et de l’Ordovicien du massif du Brabant (Tondeur 2004), et d’autres au Dinantien. On note aussi au nord-est le point chaud de Visé, où ont été réalisées les premières observations en Belgique de la pollution par le radon. Comme l’indique la figure 2, la région bruxelloise n’est pas une zone affectée par le radon. Cinelli, Tondeur Page 7 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II Fig. 3. Carte géologique simplifiée de la région wallonne. La figure 2 est valable s’il n’y a pas de couverture limoneuse. De façon générale, le limon n’est pas une unité géologique affectée. La figure 4 donne la carte du risque sur le limon. Le massif ardennais y apparaît comme zone affectée, mais le limon n’y est jamais épais, et est sans doute insuffisant pour masquer le risque élevé associé aux roches sous-jacentes. Fig. 4. Carte du risque radon en présence de dépôts limoneux. L’échelle des couleurs est la même qu’à la fig. 2 5. Conclusion Les cartes données dans cet article sont les premières, pour la Belgique, à tenir compte de façon détaillée de l’information géologique. Elles donnent une information beaucoup plus précise que les cartes existantes, qui sont basées sur les limites administratives. Pour la première fois, on montre de façon claire la complexité de la carte du risque radon dans la Cinelli, Tondeur Page 8 Haute Ecole Paul-Henri Spaak - Commission de la Recherche Bulletin scientifique 2010-II région du Condroz, ainsi qu’au nord du sillon Sambre-Meuse. Elles devraient permettre un nouveau stade de l’action contre le radon, jusqu’ici très centrée sur le massif ardennais. Dans certaines zones, les données disponibles ne sont pas suffisantes pour effectuer une prévision fiable du niveau de risque. Des campagnes de mesures ciblées sont indispensables pour collecter plus de données dans ces zones. Remerciements : Ce travail a été partiellement financé par l’AFCN dans le cadre d’une convention de collaboration AFCN-IRISIB.. REFERENCES Bossew, P., Dubois, G., 2006 From Babel to the round table of Camelot: on setting up a common language and objective for European radon risk mapping. 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