Frédéric Chopin au-delà des clichés
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Frédéric Chopin au-delà des clichés
ACTUALITÉS (1810-1849) Frédéric Chopin au-delà des clichés Archives Pleyel ANNIVERSAIRE. Nous ne ferons pas l’insulte à nos lecteurs de leur rappeler ici la vie et l’œuvre de Frédéric Chopin ! Mais son bicentenaire, dont nous avons déjà largement fait état, est aussi l’occasion de s’interroger sur le compositeur et son œuvre et d’aller au-delà des images toutes faites qui parfois prévalent encore. L’ami de Ravel Jacques de Zogheb aurait demandé un jour au compositeur du Boléro ce qu’il pensait de Chopin. A quoi Ravel aurait répondu: «C’est le plus grand des Italiens.» On a beau connaître l’amour du compositeur pour les paradoxes, cela peut surprendre. Et pourtant, la mélodie chopinienne est bien d’essence belcantiste. Ce qu’il recherchait, et pas seulement dans les Nocturnes, dont on sait à quel point ils furent influencés par Bellini, c’était l’équivalent d’une messa di voce, la fluidité et la coloration d’un aria de bel canto. Allez faire ça avec un piano. Mais, précisément, les pianos du temps de Chopin commençaient à pouvoir produire ce legato cantabile sans lequel la musique romantique n’aurait simplement pas pu exister. D’où, chez Chopin, l’abondance d’ineffables cantilènes, l’Andante spianato op.22, les sections centrales du Scherzo et de la Marche funèbre de la Sonate n°2, presque tous les Nocturnes, les seconds thèmes des premiers mouvements des deux concertos. Mais l’on pourrait prolonger la liste. Et d’ailleurs, ce n’est pas pour rien que Chopin s’est adonné, comme d’autres, à la variation sur des motifs d’opéras. A partir de “Je vends des scapulaires” de Hérold, de la “Marche des Puritains” de Bellini et surtout du duo “La ci darem la mano” de Mozart, il a composé de petits opéras pianistiques. Ce n’est pas là ce qu’il a fait de plus caractéristique, mais, chez lui, le goût pour la beauté vocale n’est pas un détail secondaire. Voici pour l’italianità. Pour autant, ceux qui considèrent que Chopin a l’âme slave n’ont pas tout à fait tort. Même s’il est un peu facile, sous prétexte qu’il était polonais, qu’il aimait sa patrie, qu’il vivait à l’époque romantique, d’en induire que sa musique serait le parangon des vertus slaves. En fait, c’est plus compliqué. Une musique littéralement inouïe Comme tout véritable créateur, Chopin est d’abord lui-même et n’entretient avec son environnement que des rapports un peu lointains. En fait, dans le monde musical de son temps, c’est une sorte d’ovni. Comme, par ailleurs, Wagner dans un genre bien différent. Que l’on écoute ce qui se compose pour le piano dans ces années (ne parlons pas de Liszt ou de Schumann, bien sûr, mais de tous les pianistes-compositeurs qui se multiplient au rythme des fabriques de piano). Rien ne ressemble à Chopin. Des valses, on en a composé, des mazurkas, des études, des polonaises aussi. Mais pas comme les siennes. L’harmonie en est proprement inouïe (au sens étymologique), ainsi que la composition. Voyez les Valses, ses pages les plus connues et les plus coulantes. Voyez comme chaque section se déduit comme naturellement de la précédente, bien qu’il enchaîne en fait des épisodes contrastés, par d’étranges glissements harmoniques qui, pourtant, ont l’air parfaitement naturels. Ce qui le distingue de tant de musiciens moyens, c’est bien la dialectique de l’ordre et de l’imagination, c’est la composition. Pas étonnant si un compositeur d’aujourd’hui, Régis Campo, déclarait un jour : « Chopin dont on porte aux nues (à juste titre, d’ailleurs) l’incroyable originalité des tournures mélodiques et harmoniques tisse un réel système d’écriture complexe – et donc fatalement en connexion avec nos préoccupations d’aujourd’hui. » Une fois que l’on a compris cela, il est plus facile d’aller chercher Chopin là où il est réellement, c’est-à-dire dans le discours même, dans les notes, plutôt que dans les circonstances extérieures. Encore aujourd’hui, hélas, et tout particulièrement en cette année de bicentenaire, sa médiatisation se fait sur des thèmes romantiques éculés, et sur une idée un peu simplette, à savoir que l’œuvre se déduit de la vie, et que Chopin est ce qu’il est parce que la Pologne a été malmenée par les Russes, parce qu’il a aimé George Sand, parce qu’ils sont partis ensemble à Chopin en quelques dates 1810 Naissance à Zelazowa Wola (22 février ou 1er mars) 1819 Premier séjour à Vienne 1830-31 Second séjour à Vienne 1831 Installation à Paris 1832 Premier concert parisien 1835-37 “Fiançailles” avec Marie Wodzinska 1836 Rencontre de George Sand 1838-39 Séjour à Majorque 1847 Rupture avec George Sand 1848 Dernier concert à Paris. Séjour à Londres 1849 Mort à Paris (17 octobre) Anniversaire Robert Schumann (1810-1856), un dossier à lire dans notre prochain numéro. La Lettre du Musicien – 2e quinzaine de mai 2010 – n° 388 11 ACTUALITÉS Une Pologne plus rêvée que revendiquée Majorque, parce qu’il était reçu dans les salons chics, parce qu’il souffrait de tuberculose. Il importe donc moins de le remettre en son temps que de comprendre en quoi il est différent – et personnel. Certes, Liszt a écrit : « Le sentiment inspirateur de Chopin ne se révèle tout entier que lorsqu’on a été dans son pays, qu’on y a vu l’ombre laissée par les siècles écoulés, qu’on en a suivi les contours grandissants comme ceux du soir, qu’on y a rencontré ce fantôme de gloire, revenant inquiet qui hante son patrimoine, qui apparaît pour effrayer ou attrister les cœurs alors qu’on s’y attend le moins1. » Tout cela est bien poétique, mais l’on pourrait en dire autant de n’importe quel Polonais. On a également beaucoup glosé sur le caractère national (iste) de cette musique. Elle fut certainement pour la Pologne une référence identitaire. Le cinéaste Andrzej Zulawski, qui a réalisé un film sur le compositeur (La Note bleue), expliquait un jour que dans la Pologne communiste où il vécut sa jeunesse, il avait fini par détester Chopin tant il était mis à toutes les sauces par le régime. Mais le culte chopinien n’avait pas attendu le régime communiste. Si Paderewski fut nommé président du Conseil, il le devait en grande partie à son talent d’interprète de Chopin. Or, c’est un principe, dès que l’on associe trop un musicien à une cause politique, il faut se méfier. De même que l’on a trop surnommé Debussy «Claude de France», Chopin, tout polonais qu’il soit, ne peut se limiter à une cause politique, si noble soit-elle. D’abord, ce qui est un peu gênant pour la cause, c’est qu’installé à Paris pendant dix-sept ans, il ne trouva jamais l’occasion de revenir au pays natal, comme s’il avait choisi d’être un Polonais sans Pologne. Certes, il a composé cinquante-sept Mazurkas et seize Polonaises, sans compter la Krakowiak. Mais enfin, ce n’est ni Bartok, ni Canteloube, ni Villa-Lobos. L’ethnomusicologie n’existait pas et le rapport entre ces œuvres polonaises et la véritable musique polonaise est d’ordre métonymique. Une mazurka de Chopin est plus chopinienne que polonaise. Comme l’a écrit fort lucidement Wilhelm von Lenz: «Il représentait la Pologne, sa patrie, telle qu’il la rêvait dans les salons parisiens sous Louis-Philippe2.» Un compositeur tout entier voué au piano Tous les commentateurs de Chopin ne pouvaient que le remarquer, il est le seul compositeur de son temps (et même plus) à s’être attaché à ce point à un instrument unique. En ces temps où la symphonie triomphe, il n’écrit pour l’orchestre que d’habiles parties d’accompagnement d’œuvre concertantes, et surtout dans sa jeunesse. L’âge romantique est celui du lied ou de la romance, il ne composera que quelques mélodies polonaises sans prétention. Son œuvre de musique de chambre n’est pas absolument négligeable, mais enfin, n’eûtil composé que son Trio, ou même la Sonate pour violoncelle et piano, qu’il ne serait pas demeuré dans les mémoires. Sa production pianistique, en revanche, est presque entièrement de très haut niveau. Sans vouloir crier au génie à propos de toute œuvrette, il faut reconnaître que sa première œuvre, la Polonaise en sol mineur de 1817 (il a 7 ans), est au-dessus du médiocre. Et par la suite, même s’il sacrifie parfois – rarement – à des usages mondains, Chopin est toujours Chopin. Son goût pour la retenue classique, qui transparaît dans bien des anecdotes le concernant, son admiration pour les maîtres et son intelligente réflexion sur l’art l’ont préservé de la vulgarité revendiquée et du pathos qui envahissent parfois la musique romantique, jusque chez les meilleurs de ses contemporains. D’un autre côté, en un temps où commence à se manifester un penchant néoclassique, notamment chez Mendelssohn et Schumann, on ne note chez lui aucune référence directe au passé, fût-ce à Bach ou à Mozart. Leur semence a été enfouie et intériorisée. Et lorsqu’il abordera une forme académique comme la Sonate, il va lui infuser un souffle neuf qui ne doit rien à aucun prédécesseur, fût-ce à Beethoven, dont il connaissait pourtant la musique. Que l’on écoute le finale de la Sonate “funèbre” ou, plus rare, le premier mouvement, très étrange, de la Sonate n°1, l’on comprendra leur totale originalité. Pour le reste, au contraire de tant de musiques romantiques descriptives ou évocatrices de récits sentimentaux, sa musique n’appelle pas la narration, ne mime aucune réalité, ni affective ni extérieure, au contraire de ce que l’on prétend souvent. Si elle peut posséder un impact affectif, cela vient de l’auditeur. Le compositeur ne l’a pas cherché. Aussi est-ce par un regrettable malentendu que l’on associe à certaines de ces pièces des “sujets”: le Prélude «à la goutte d’eau», imitant la pluie frappant au carreau, un jour d’angoisse où George Sand et ses enfants étaient sortis par mauvais temps! la Valse «de l’adieu» ou celle du «petit chien» qui poursuit sa queue, l’Etude « révolutionnaire » et, par-dessus tout, « Tristesse de Chopin » (l’Etude op.10 n°3)! Chopin et la postérité Après sa mort, Chopin devint un mythe. Tout récemment, le pianiste anglais Jonathan Plowright a publié un intéressant CD où il réunit diverses œuvres de la fin du 19e et du 20e siècle, composées en hommage à Chopin, qui a décidément fécondé l’imagination de ses successeurs plus que quiconque. On le retrouve chez Fauré, Massenet ou le jeune Debussy, on le retrouve chez Granados, il est indispensable pour comprendre la musique russe postromantique, particulièrement Rachmaninov et Scriabine, pour ne parler que de très grands noms du piano. Mais, surtout, il aura suscité des générations d’interprètes. De même que les musiques de Rossini, Bellini ou Verdi semblent n’être là que pour s’incarner en une voix, Chopin (et ce n’est pas chez lui une faiblesse, au contraire) existe par ses interprètes et vice versa. Que serait-il sans Rubinstein, Cortot, François, Arrau et tant d’autres? Mais que seraient-ils sans lui? On a pu avoir l’impression qu’un pianiste romantique devait choisir entre deux options : être chopinien ou lisztien (certains heureux comme Claudio Arrau furent les deux). Ainsi Cziffra était plus lisztien que chopinien, et Rubinstein l’inverse. C’est que chacun des deux compositeurs proposait une voie singulière, presque irréductible. Alors que Liszt poussait le piano jusqu’à ses ultimes possibilités, en faisait le concurrent de tout un orchestre, Chopin, jusqu’au bout, en dépit de l’industrialisation naissante du roi des instruments, de l’instrument-machine, tint jusqu’au bout à lui conserver ce caractère vocal, humain, intime quoique parfois puissant. Ravel avait raison: Chopin pensait la musique comme un compositeur italien! Jacques Bonnaure 1. F. Liszt, Chopin, 1852 2. Wilhelm von Lenz, Les grands pianistes de notre temps que j’ai personnellement connus, Berlin, 1872 Voir page 27 les festivals “Chopin” 12 La Lettre du Musicien – 2e quinzaine de mai 2010 – n° 388 ACTUALITÉS Pour retrouver Chopin… Les livres zoli lève ici le voile sur ces trois années douloureuses. Zurfluh Editeur, 2010, 124 p. – 10 € Il n’est pas question de recenser ici tout ce qui s’est écrit sur Chopin – depuis Liszt en 1852 –, un numéro entier de La Lettre du Musicien n’y suffirait sans doute pas ! Nous nous limitons aux parutions les plus récentes, celles liées à l’année Chopin. Frédéric Chopin – Aperçus biographiques Cette “vie de Chopin”, parue en Italie en 1989, l’année de la mort de son auteur, Maria Gondolo della Riva Masera, est aujourd’hui traduite. Le propos va à l’encontre des idées reçues et tend à montrer, loin de l’image du compositeur romantique « évanescent et neurasthénique », un Chopin « pragmatique, organisé, sûr de son talent ». Chopin et Pleyel Spécialiste de Chopin, Jean-Jacques Eigeldinger s’attache ici aux relations entre le compositeur et la maison Pleyel dont on sait que les pianos le séduisirent: «Les pianos Pleyel sont non plus ultra », écrivait-il en 1831. C’est l’occasion de découvrir la personnalité et l’œuvre de Camille Pleyel, peu connues jusqu’ici, dans leur relation avec Chopin. Au-delà, c’est un magistral tableau de la société musicale sous la monarchie de Juillet que brosse l’auteur. C’est aussi un beau livre, largement illustré de documents d’époque. Michel de Maule, 2010, 256 p. – 19 € Frédéric Chopin – L’âme du piano Non pas une biographie romancée, mais une biographie qui se lit comme un roman. Rien de nouveau n’y apparaît, mais Claude Clément nous livre un récit écrit avec goût qui constitue une excellente initiation à la vie de Chopin. Fayard, 2010, 372 p. – 40 € Editions du Jasmin, 2010, 256 p. – 16 € Frédéric Chopin, George Sand – De la rupture aux souvenirs On sait comment prit fin la longue liaison de Chopin et de George Sand : « Donnez-moi quelquefois de vos nouvelles », écrira la romancière à la fin de sa lettre de rupture. On la jugea souvent sévèrement, son absence au chevet de Chopin malade puis à ses funérailles scandalisa. Comment les deux amants vécurent-ils leur séparation? N’y eut-il qu’indifférence ou acrimonie? Xavier Vez- La Lettre du Musicien – 2e quinzaine de mai 2010 – n° 388 Rappel des livres récemment présentés Les Etés de Frédéric Chopin à Nohan par Jean-Yves Patte et Yves Henry, Editions du Patrimoine, 2009, 112 p. (+ 4 CD) – 39 € (LM 380) Frédéric Chopin par Jean-Jacques Eigeldinger, Fayard-Mirare, 2010, 168 p. – 12 € (LM 382) Les Deux Ames de Frédéric Chopin par Jean-Yves Clément, Presses de la Renaissance, 2010, 126 p. – 14 € (LM 383) Nuits de l’âme par Jean-Yves Clément (poèmes sur les Nocturnes de Chopin), Le Cherche-Midi, 2009, 64 p. – 7 € (LM 383) Aspects de Chopin par Alfred Cortot, Albin Michel, 1949, rééd. 2010, 288 p. – 20 € (LM 384) Frédéric Chopin par Adélaïde de Place et Abdel Rahman El Bacha, Bleu Nuit Editeur, 2010, 176 p. – 20 € (LM 384) Chopin par Pascal Fautrier, Gallimard Folio, 2010, 464 p. – 8,70 € (LM 384) Chopin par Michel Pazdro, Gallimard Découvertes, 1989, rééd. 2010, 160 p. – 14 € (LM 384) La Fantaisie-Impromptu de Chopin par Alexandre Sorel, entretiens avec Jean-Jacques Eigeldinger et Abdel Rahman El Bacha, Symétrie, 2010, 48 p. – 15 € (LM 366). A paraître, dans la même collection : Le Nocturne op. 9 n° 3 de Chopin, entretien avec Bruno Rigutto. 13 ACTUALITÉS Les disques “CHOPIN, CET INCONNU” Un dossier qui aborde notamment les œuvres les moins jouées de Chopin. A lire dans notre hors-série Piano 23 (2009-2010). En bonus : un CD Chopin par Yves Henry, piano. Piano 23, 188 p. – 19 € port compris Là aussi, impossible de faire ici le tour de la question. Nous nous limitons à une sélection, présentant les intégrales, quelques enregistrements “incontournables” et des nouveautés ou rééditions récentes. Quelques intégrales La Lettre du Musicien • “Intégrale Chopin” (rééditions et nouveaux enregistrements), par Leif Ove Andsnes, Claudio Arrau, Daniel Barenboïm, Garrick Ohlsson, Danielle Laval, Cécile Ousset, Alexis Weissenberg… (16 CD, EMI Classics) • “Intégrale sur instruments d’époque” par Fou Ts’ong, Dang Thai Son, Nelson Goerner, Tatiana Shebanova, Wojcieh Switala, Janusz Olejnicsak, Kevin Kenner…, publiée par l’Institut Frédéric-Chopin de Varsovie (Codaex) • L’œuvre pour piano par Vladimir Ashkenazy (Decca), Abdel Rahman El Bacha (Forlane), Nikita Magaloff (Philips), Eugene Mursky (Profil Hänssler), Garrick Ohlsson (Helios), Arthur Rubinstein (RCA), Tatiana Shebanova (Dux) 14, rue Violet, 75015 Paris www.la-lettre-du-musicien.com • “Chez Pleyel, un concert de Chopin à Paris, février 1842”, pièces diverses par Alain Planès, piano Pleyel de 1836 (HM) • “Chopin à Vienne” par Pierre Goy, pianoforte (Lyrinx) • “De l’enfance à la plénitude, de 1817 à 1848” par Anne Queffélec (Mirare) • “The Essential Chopin”, par Arthur Rubinstein, Shura Cherkassky, Vladimir Horowitz… (8 CD Profil Hänssler) • “Journal intime”, mazurkas, ballades, écossaises… par Alexandre Tharaud (Virgin Classics) • “Player Piano”, vol. 2. Archives sur rouleaux Bösendorfer-Ampico, gravées vers 1900 par d’Albert, Rosenthal, Busoni, Levitzki, Godowsky… (MDG) • “Polonia”, polonaises, mazurkas, préludes… par Didier CastellJacomin (Cristal Records Classic) • Sélection de pièces de Chopin (+ Cramer) par Jean-Pierre Marty (Solstice) • Sélection de pièces par Jonathan Plowright (Helios) • Mélodies par Konrad Jarnot, baryton, et Eugene Mursky, piano (Profil Hänssler) • Trio pour piano op. 8 ; Introduction et polonaise brillante op. 3 (+ Liszt) par le Trio Chausson (Mirare) • Pièces pour violoncelle par Andreas Brantelid (EMI Classics) Quelques récitals de référence Préludes par Martha Argerich (DG) Nocturnes par Claudio Arrau (Philips) Pièces diverses par Alfred Cortot (Naxos Historical) Anthologie par Samson François (EMI) Valses par Dinu Lipatti (EMI) Etudes par Murray Perahia (Sony) Concertos par Krystian Zimerman (DG) Nouveautés et rééditions récemment parues • Ballades (+ Nocturnes) : Etsuko Hirosé (Mirare) • Mazurkas : Evgueni Koroliov (Tacet) • Nocturnes : François Chaplin (Zig Zag Territoires), Nelson Freire (Decca) et Yundi (EMI Classics) • Préludes (+ Polonaises) : Laure Favre-Kahn (Transart Live) • Sonate n° 2 : Hélène Tysma (+ 24 Préludes) (Oehms) • Sonate n° 3 : Nikolai Lugansky (Onyx Classics) • Valses : Alice Sara Ott (DG) et Ingrid Fliter (EMI) • Concertos : Rafael Blechacz et l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, dir. Jerzy Semkow (DG) • “Ballades, Préludes et Nocturnes” par Arthur Schoonderwoerd, piano Pleyel de 1836 (Alpha Production) “Chopin at the Opera”. Documentaire qui témoigne notamment des influences du bel canto dans l’œuvre du compositeur (DVD Arthaus) “Chopin et George Sand, une passion flamboyante” : George Sand (Marie-Christine Barrault) interrogée en 1850 par un journaliste (Alain Duault), tandis que la musique de Chopin (jouée par Yves Henry) ponctue l’entretien (Saphir). 1 Mots croisés “Chopin” par Hélène Jarry 3 4 5 6 7 8 9 10 I HORIZONTAL I. Un parmi 24. Tête d’un confrère fréquenté à Paris. II. Prénom d’un de ses interprètes roumains. George s’en donnait l’allure en argot. III. Il connaissait celles de l’harmonie. Il ne pouvait vivre sans lui. IV. Les dernières d’Horowitz. Pour en finir avec le collègue parisien. V. Yves incomplet. Comme les relations avec George sur la fin. VI. La queue d’un piano de son concurrent. Poète français né deux ans avant lui, sans queue ni tête. VII. Revoir ma Pologne ? Lettres de Paderewski. VIII. Elle. Il en connut 39. IX. Personnage d’un Carnaval dont une pièce lui rend hommage. X. Il en venait. Il le fut au clavier. VERTICAL 1. Souvenirs du pays. 2. Un de ses grands interprètes. 3. Un peu plus, il était édité. La valse en est. 4. Concurrent en noir et blanc. Jour festif du mois où il serait né. 5. Comme son boléro. Précède la tonalité. Nécessaire à l’obtention. 6. Toujours elle, plus jeune. Il s’appelait Louis-Philippe. 7. L’eau qui entoure Majorque l’est moins que l’océan, mais quand même. Tonalité de son opus 1. 8. Cinquante-huit polonaises d’origine. 9. Une grosse qui n’était pas encore là quand il se rendit à Londres. En plein rêve. 10. Il en rencontra en 1848 mais en avait composé dès 1826. 2 (Solution page 27) 14 II III IV V VI VII VIII IX X La Lettre du Musicien – 2e quinzaine de mai 2010 – n° 388 ACTUALITÉS Les partitions Parmi tous les compositeurs romantiques, Chopin fait partie de ceux dont les œuvres ont été le plus souvent rééditées. Les partitions posthumes et les versions alternatives ont enrichi un catalogue qui ne brillait dans la première moitié du 20e siècle que grâce à la notoriété de certaines pièces qu’il fallait savoir jouer (combien de petits chiens ont valsé dans les boudoirs et combien de gouttes d’eau ont noyé les claviers…). Après la Seconde Guerre mondiale, les matériels se sont enrichis de commentaires souvent très détaillés, comme ceux d’Alfred Cortot (Salabert). Puis les partitions Urtext se sont imposées au point qu’il n’est plus envisageable de travailler sur des éditions trop anciennes, souvent entachées d’erreurs. Les éditions critiques présentent les pièces en détail, les décortiquent mesure après mesure jusque dans les moindres doigtés et appogiatures, précisant les phrasés, l’utilisation de la pédale… Une œuvre “sacralisée” regrettent certains, qui constatent que les grands interprètes du passé ne prenaient pas toujours autant de précautions musicologiques pour nous livrer des témoignages de référence. Tour d’horizon des éditeurs Plusieurs éditions de l’intégrale de l’œuvre de Chopin sont en cours. Chez Peters, la nouvelle édition critique à laquelle collaborent John Rink, Jim Samson et Jean-Jacques Eigeldinger propose plusieurs volumes pour l’année 2010. Ils sont consacrés aux Etudes, Impromptus, Polonaises et Sonates ainsi qu’au Second Concerto pour piano (réduction pour deux pianos). Chez Henle, au sein d’une édition presque complète, trois nouvelles partitions sont disponibles: la Ballade op.52, la Sonate op.4 ainsi que la Polonaise op. 53. La reproduction en fac-similé de cette pièce est également parue. Mentionnons aussi des partitions chez Eulenburg (les Concertos pour piano au format de poche avec CD), les Polonaises, Nocturnes et matériels d’orchestre, encore les Concertos chez Breitkopf & Härtel, les Impromptus et Etudes chez Wiener Urtext, les Mazurkas et Préludes chez Universal. N’oublions pas les éditions Musica Budapest (EMB) et Riccordi Milan qui offrent de nombreuses pièces de Chopin, tout comme Schirmer (Ballades, Impromptus…). PWM Edition (Polskie Wydawnictwo Muzyczne) a terminé en avril dernier l’édition nationale de l’œuvre de Chopin (37 volumes!), une somme placée sous la direction de Jan Ekier. Du côté français, on notera la collection Urtext qui paraît chez Henry Lemoine et qui inclut notamment les Valses, Préludes et Nocturnes. Chez Hit Diffusion, le pianiste Roger Cohen a réuni un recueil de 24 pièces qui représentent un panorama complet de l’art du compositeur, de sa jeunesse à la fin de sa vie. Une sélection originale destinée pour l’essentiel à des élèves en milieu et fin de deuxième cycle (avec CD). Les éditions Combre proposent les Valses, la Berceuse et diverses autres pièces. Anne Fuzeau Productions se consacre exclusivement à la parution de fac-similés avec, entre autres, une sélection de Valses. Soulignons par ailleurs les publications de Paul Beuscher (Valses), Salabert (Nocturnes), mais aussi Durand (Polonaises)… Une découverte : Chopin habitait l’hôtel Prince de Galles ! Chopin a déménagé en mai 1849 au 74, rue de Chaillot à Paris. Il était alors très lié avec la célèbre soprano Jenny Lind qui s’installa en mai-juin 1849 tout près au 63, Champs-Elysées. Au cours de leurs recherches sur Jenny Lind et son étroite relation avec Chopin, les musicologues Cecilia et Jens Jorgensen ont découvert que l’ancienne adresse de Chopin était devenue, en 1929, 12, rue Quentin-Bauchart. L’hôtel Prince de Galles, inauguré en 1928, donne sur le 33, avenue George-V et le 12, rue Quentin-Bauchart. Il occupe donc l’emplacement de l’immeuble où Chopin jouissait d’un appartement de 234 m2 qu’il occupa jusqu’en septembre 1849. Le 6 octobre prochain, une plaque commémorative sera apposée, en présence de l’Ambassadeur de Pologne et sous l’égide de la Société Chopin à Paris. A cette occasion, sera présenté en avant-première le livre (en français) sur Chopin et Jenny Lind de Cecilia et Jens Jorgensen, et la pianiste Caroline Sageman donnera un récital à 20 h 30, organisé par la Société Chopin à Paris. Rens. 01 45 00 22 19 La Lettre du Musicien – 2e quinzaine de mai 2010 – n° 388 15