L`huile tropicale
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L`huile tropicale
L’huile tropicale Un dossier pédagogique du WWF-Suisse sur l'huile de palme et le soja Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 1 Avant-propos Quel est le lien entre le pain que nous mangeons au petit déjeuner et la destruction de forêts tropicales ? Entre du linge propre et des arbres en feu? Ce lien est l'huile de palme, contenue dans les lessives et la margarine et qui provient de palmiers plantés sur des surfaces de forêt tropicale déboisées et brûlées à cet effet. La problématique de l'huile de palme constitue un bon exemple des impacts écologiques et sociaux dévastateurs que peut avoir notre comportement de consommateurs, bien au-delà des frontières de notre pays. Et cela, sans que nous en soyons conscients. La culture du soja a des conséquences similaires pour l'homme et pour l'environnement. En Amérique du Sud, on détruit des forêts et des savanes à la valeur inestimable pour planter des champs de soja. L'huile produite à partir de soja connaît des usages aussi multiples que l'huile de palme. Mais la plus grande partie du soja atterrit dans les mangeoires des porcs et des vaches. La forêt tropicale doit reculer pour que nous, les Européens, n'ayons pas à renoncer à notre steak juteux. Ce dossier pédagogique vise à exposer le contexte écologique, social et économique qui se cache derrière les emballages colorés des supermarchés. Il donne un aperçu des flux de marchandises à l'échelle planétaire, en remontant du produit fini à son origine sous les Tropiques. Il s'agit de sensibiliser à une problématique mais aussi d'exposer les opportunités qui s'offrent à la production de marchandises agricoles dans les pays du Sud. Le présent document permet de mieux comprendre les intérêts contradictoires des acteurs et des personnes concernées dans le commerce international du soja et de l'huile de palme. Il a pour but d’expliquer la dynamique de l'extension vertigineuse des plantations d'huile de palme et des champs de soja. Et enfin : cet outil pédagogique montre que des solutions sont envisageables, pour autant que toutes les personnes concernées y collaborent.Chacun doit être prêt à faire des concessions, que ce soit les entreprises qui cultivent et transforment l'huile de palme et le soja, les organisations écologistes et sociales, les investisseurs et les banques, les supermarchés, ou les consommatrices et consommateurs. Le WWF opte pour la solution de la collaboration. Il négocie avec des entreprises pour que l'on cesse de produire de l'huile de palme et du soja au détriment de précieuses forêts tropicales. Il fait pression sur les banques et les investisseurs pour qu'ils arrêtent de financer des entreprises qui détruisent la forêt. Il influe également sur les lois nationales et les accords commerciaux internationaux. Et il fournit un travail de sensibilisation, dont vous avez un bon exemple entre les mains. Nous sommes tous une partie de la solution ! Peter Kyburz Responsable du département Jeunesse & Environnement Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 2 Matthias Diemer Responsable de la campagne en faveur de la forêt Impressum Edition WWF Suisse Ecole Ch. de Poussy 14 1214 Vernier Tél. +41 (0)22 939 39 90 Fax +41 (0)22 939 39 91 [email protected] www.wwf.ch Direction du projet Susanne Arnold, WWF Suisse Rédaction, coordination, mise en page et composition achaos Bildung & Information, Soleure Heinz Urben Auteurs Sabine Roth, Soleure Heinz Urben, Soleure Illustrations Alain Gruber, Laufwerk Berne Collaboration Christian Stocker, WWF Suisse Traduction Fabienne Juilland Le matériel d'enseignement sur le thème de l'huile tropicale peut être directement téléchargé sur Internet en format pdf à l'adresse : www.checkyouroil.org ou être obtenu sous forme de photocopies auprès du WWF Suisse (adresse voir «éditeur»). 1ère édition 2004 © WWF Suisse 2004 Hormis pour un usage scolaire, le présent document ne peut être polycopié sans autorisation spéciale. © 1986, WWF – World Wide Fund for Nature ® WWF Registered Trademark Owner Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 3 Sommaire L'huile de palme Introduction Le chocolat, une menace pour les rhinocéros Fiche de travail «Ils mettent le feu à la forêt tropicale» Le palmier à huile – La plante à tout faire Fiche de travail «Le palmier à huile - une plante géniale» Fiche de travail «Huile de palme et de palmiste» En visite dans la jungle Fiche de travail «En visite dans la jungle» 5 8 11 12 15 17 18 22 Comment l'huile de palme arrive dans notre assiette 24 Fiche de travail «Comment l'huile de palme arrive dans notre assiette» 28 Le soja Introduction 29 Les vaches suisses grignotent la forêt amazonienne 31 Fiche de travail «Les vaches suisses grignotent la forêt amazonienne» 36 La reine des fèves Fiche de travail «Un produit sain à cultiver soi-même» Des champs de soja à perte de vue ! Fiches de travail «Culture du soja» 37 40 41 44 / 45 Devenir des consommateurs de soja à l'esprit critique 46 Check-list pour le travail de communication Propositions d'actions Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 4 48 49 L’huile de palme Les plantations détruisent la forêt tropicale Chaque jour, nous consommons de l'huile de palme, cachée dans une multitude de produits. Sans le savoir, nous accélérons ainsi la destruction des forêts tropicales. En effet, d'immenses surfaces de forêts sont déboisées pour aménager des plantations de palmiers à huile. Mais ce n'est pas forcément une fatalité, vu qu’il est possible de couvrir nos besoins croissants en huile de palme sans détruire des écosystèmes précieux. L'huile de palme, cachée dans les produits les plus divers L'huile de palme se prête à de multiples usages. On en trouve dans des produits alimentaires, sous l'appellation d'«huile végétale» ou de «graisse végétale» : dans des biscuits ou des plats préparés tout comme dans la margarine, la glace ou les sucreries. Chimiquement modifiée, l'huile de palme est utilisée dans des savons, des lessives et des produits cosmétiques, sous les dénominations de «Cetyl Palmitate», «Sodium Palm Kernelate» ou d'«Isopropyl Palmitate». Toutefois, ces substances peuvent aussi être produites à partir d'autres matières premières. L'huile de palme, une substance géniale Le palmier à huile (Elaeis guineensis) est originaire de l'ouest de l'Afrique, où il représente une source de nourriture, une matière textile et un remède traditionnel. Sa culture commerciale sur de grandes surfaces remonte au début du siècle passé seulement. En 1848, les Hollandais introduisirent les quatre premiers palmiers à huile en Indonésie. Aucune autre plante oléifère ne s'est étendue sous les Tropiques aussi rapidement que le palmier à huile au cours des cinquante dernières années. Aujourd'hui, Elaeis guineensis est la plante oléifère la plus productive du monde. On utilise autant la pulpe du fruit que les graines pour produire de l'huile. Les trois produits suivants sont les principaux biens d'exportation des pays cultivateurs : • L'huile de palme brute est le produit primaire provenant de la pulpe des fruits, de la taille d'une prune. Les fruits récoltés doivent être transformés sur place, car ils pourrissent rapidement. Contrairement à d'autres huiles végétales, l'huile de palme brute reste ferme à température ambiante, ce qui constitue un avantage. • L'huile de palmiste est produite à partir des graines. Le rendement est bien moindre qu'en utilisant la pulpe du fruit. L'huile de palmiste ressemble à la graisse de coco par son goût, sa couleur et sa consistance et elle présente les mêmes possibilités d'utilisation que l'huile de palme brute. Les graines peuvent être stockées pendant une longue période. Elles peuvent donc être transportées sur de longues distances et transformées ailleurs. • Le tourteau des noyaux de palmiers est constitué des résidus subsistant après le pressage. Ces résidus sont séchés et moulus. Le tourteau de noyaux est principalement utilisé comme nourriture pour les animaux. Bien qu'il ne soit qu'un sous-produit de la fabrication de l'huile, il revêt une grande importance dans le secteur de la nourriture pour les animaux. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 5 Le boom de l'huile de palme a laissé des traces La consommation d'huile de palme a pratiquement doublé au cours des 10 dernières années. Un cinquième de l'huile végétale utilisée dans le monde provient de palmiers à huile. Des pronostics assurent que la consommation d'huile de palme va continuer d'augmenter et aura à nouveau doublé d'ici 2020. D'immenses plantations récentes de palmiers à huile assurent la relève. La Malaisie et l'Indonésie sont les principaux pays producteurs et fournissent les quatre cinquièmes de l'huile de palme utilisée dans le monde. Le boom de l'huile de palme a laissé des traces. En Indonésie, par exemple, les monocultures de palmiers à huile recouvrent une superficie sept fois plus importante qu'il y a vingt ans. Au cours de l'année dernière, on a cultivé des palmiers à huile sur plus de 4,1 millions d'hectares, soit une surface représentant les deux-tiers de la Suisse. Les plantations s'enfoncent toujours plus profondément dans la forêt. Si les coupes de bois et l'aménagement de cultures à la place des forêts se poursuit au rythme actuel, en 2005 il n'y aura plus de forêts humides en plaine sur l'île indonésienne de Sumatra, selon des indications fournies par la Banque mondiale. A Bornéo, la situation n'est guère plus réjouissante. L'aménagement de cultures a souvent des impacts s'étendant bien au-delà des limites des plantations. Par exemple lorsque le feu, moyen rapide et peu coûteux utilisé pour convertir en terrain agricole une forêt tropicale vierge fraîchement défrichée, est mal maîtrisé. Très souvent, les feux échappent à tout contrôle et détruisent d'immenses surfaces de forêts. Le feu couve souvent durant des semaines dans les sols riches en tourbe. Année après année, des nuages de fumée noire masquent le soleil dans de vastes régions d'Asie du Sud-Est. Gestion irresponsable de la forêt tropicale Il est facile de trouver des surfaces de forêts tropicales pour y aménager des cultures. Le bénéfice est double puisqu'il provient du bois tropical puis de l'huile de palme fournie par les plantations. Après trois ans, on peut déjà procéder à la première récolte sur une plantation de palmiers à huile, à la grande joie des investisseurs. Mais au final, c'est la nature qui paie la facture. Les monocultures détruisent le milieu de vie des éléphants d'Asie, des orangs-outangs, des rhinocéros de Sumatra et d'autres espèces menacées. Des surfaces forestières autrefois étendues sont morcelées. Il en résulte des conflits toujours plus fréquents avec les éléphants. Quand leur territoire se limite à de petits refuges isolés, ils deviennent agressifs et pénètrent toujours plus fréquemment dans les plantations. Ils sont alors capturés, voire tués. Situation des ouvriers travaillant dans les plantations Le travail dans les plantations est dangereux et le taux d'accidents est élevé (épines pointues des feuilles, couteaux affûtés, poids des infrutescences et utilisation de produits chimiques). De surcroît, ce travail est malsain et mal payé. Le revenu journalier d'un ouvrier est inférieur à deux dollars. De nombreux ouvriers sont à la merci d'un licenciement et les inégalités sont grandes, notamment entre journaliers et employés fixes, et entre hommes et femmes. Selon des estimations sur le travail au noir, plus de 800’000 ouvriers, provenant d'Indonésie, du Bangladesh et des Philippines sont employés illégalement en Malaisie. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 6 Esquisses de solutions et premiers succès La culture de palmiers à huile n'est pas fondamentalement une mauvaise chose. Tout dépend de l'endroit où les plantations sont aménagées et de la façon dont elles sont gérées. Au lieu de prendre du terrain sur la forêt tropicale, il convient de se servir d'abord des surfaces inutilisées et déjà déboisées, qui existent déjà en grandes quantités. L'exploitation du sol doit être planifiée avec soin et les plantations gérées dans le respect de l'homme et de la nature. Cela implique notamment un usage modéré des engrais et des insecticides et des conditions de travail équitables pour les ouvriers. La recherche commune de solutions porte déjà de premiers fruits : quatre banques néerlandaises se sont engagées à ne plus financer de plantations ayant nécessité le sacrifice de forêts tropicales. La Migros a défini des critères sociaux et écologiques sévères pour l'huile de palme et elle s'efforce d'utiliser un pourcentage toujours plus important d'huile de palme répondant à ces conditions. Cependant, des normes généralement reconnues font encore défaut. Une étape décisive a été franchie fin août à Kuala Lumpur, en Malaisie. Pour la première fois, des représentants de l'économie et de groupes d'intérêts ont rencontré des services gouvernementaux et des associations écologistes et sociales pour débattre des possibilités de produire de l'huile de palme de manière durable. Cette «table ronde pour une huile de palme durable» avait été organisée par six entreprises et associations, en collaboration avec le WWF. Elle a débouché sur une déclaration qui permet à des entreprises de s'engager en faveur d'une huile de palme produite selon les critères du développement durable. Les entreprises sont maintenant appelées à signer cette déclaration et à contribuer à l'élaboration de critères certifiant un respect écologique, et à les respecter. Rôle des consommateurs et consommatrices Le WWF est d'avis que le boycott ne constitue pas une solution adéquate. En effet, il menacerait les sources de revenus de millions de personnes dans les pays producteurs. En n'achetant pas d'huile de palme, on perd aussi tout moyen d'influer sur son mode de production. En tant que consommateurs, nous pouvons nous informer de manière critique auprès des producteurs et des vendeurs et exiger de l'huile de palme produite selon les critères du développement durable. Nous montrons ainsi qu'il existe une demande pour une huile de palme écologique et permettons à de meilleures méthodes de production de s'imposer. Depuis avril 2003, plus de 600 consommatrices et consommateurs s'engagent dans le cadre de l'action «Check your Oil – Save the Forests» lancée par le WWF. Ils écrivent à des entreprises et motivent d'autres personnes à s'engager à leur tour. Les réponses des entreprises sont ensuite publiées sur Internet. Il s'avère qu'elles ne sont de loin pas toutes à même de donner des renseignements pertinents. Selon le WWF, c'est justement dans ce domaine qu'il faut agir : producteurs, transformateurs et vendeurs doivent tirer à la même corde et veiller à ce que les besoins croissants en huile de palme ne soient pas couverts au détriment des forêts tropicales. D’autres renseignements sur cette action figurent sur le site Internet www.checkyouroil.org (uniquement en allemand) Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 7 Le chocolat, une menace pour les rhinocéros Idée directrice En consommant des produits contenant de l'huile de palme, nous détruisons indirectement des milieux de vie précieux car des forêts tropicales sont déboisées et brûlées pour la plantation de palmiers à huile. Nous utilisons chaque jour de l'huile de palme, sans nous en rendre compte la plupart du temps : on peut en trouver dans les pâtisseries, la margarine, les soupes, les plats tout préparés et beaucoup d'autres produits alimentaires, mais aussi dans des produits cosmétiques comme du rouge à lèvres ou de la crème pour la peau. Les produits pour la douche et les lessives peuvent aussi contenir de l'huile de palme, car elle sert à fabriquer des substances détergentes, appelées agents tensio-actifs. L'huile de palme est rarement explicitement mentionnée, mais souvent signalée par l'appellation «huile végétale». Dans cette série de leçons, les élèves se familiarisent avec la problématique de l'huile de palme et étudient les indications de contenu données sur les emballages. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 8 Informations didactiques Objectifs pédagogiques • Les élèves découvrent les produits pouvant contenir de l'huile de palme. • Ils comprennent pourquoi nous détruisons la forêt tropicale en consommant ces produits. • Ils ont lu les compositions de différents produits et savent que des appellations comme «graisse végétale» ou «Cetyl Palmitate» peuvent signifier huile de palme. Niveau 4ème – 9ème année Matériel Produits pour le panier à commissions : • Madeleines • Crackers • Barres de chocolat • Produit pour la douche • Crème pour les mains • Emballages vides de différents produits (pas seulement de ceux qui contiennent de l'huile de palme) • Fiche de travail «Ils mettent le feu à la forêt tropicale» (p. 11) • Trois grandes affiches Déroulement de l’activité 1. L’enseignant-e apporte un panier à commissions dans la salle de classe. Les différents produits qu’il contient sont découverts par l’ensemble des élèves. Les produits alimentaires sont distribués et goûtés. Le produit pour la douche et la crème pour les mains sont placés à un endroit visible de tous. Après avoir mangé, les élèves peuvent sentir l'odeur du produit pour la douche et se crémer les mains. Conserver l'emballage de tous les produits. 2. Les élèves lisent au tableau noir les déclarations suivantes : En consommant des barres de chocolat, des biscuits, des crackers etc, nous avons en partie : - déboisé et brûlé de la forêt tropicale - détruit l'espace de vie d'éléphants d'Asie, de rhinocéros, d'orangsoutangs, de tigres et d'autres animaux des forêts tropicales - tué quantité d'animaux - exterminé de nombreuses espèces animales et végétales - exploité des ouvriers dans les plantations, dans des conditions inhumaines 3. Les élèves discutent par petits groupes afin de savoir si ces affirmations sont exactes. 4. Les opinions et les arguments sont présentés à la classe. Travaux préparatoires • Lire l'avant-propos et le texte introductif sur l'huile de palme • Acheter des produits pour le panier à commissions • Collecter des emballages • Ecrire des assertions (voir esquisse de la leçon, point 2) au tableau noir ou sur un transparent • Copier la fiche de travail Lieu Salle de classe 5. L’enseignant-e déclare que ces affirmations sont exactes, car tous les produits consommés contiennent une substance qui a un rapport avec les forêts tropicales. Les élèves peuvent maintenant trouver par eux-mêmes de quelle substance il s'agit. 6. Fiche de travail «Ils mettent le feu à la forêt tropicale» : les élèves la lisent et essaient de répondre aux questions. 7. Les réponses sont comparées et commentées en classe. Temps à consacrer 4 – 5 leçons 8. L’enseignant-e résume : l'huile de palme est une substance géniale. On en trouve donc dans un très grand nombre de produits. Cette huile est extraite, par pressage, des fruits des palmiers à huile. Ces palmiers sont cultivés dans des pays tropicaux dans de vastes plantations nécessitant beaucoup de place. Il est fréquent que l'on déboise et que l'on brûle de précieuses forêts tropicales pour aménager ces cultures de palmiers à huile. Le milieu de vie de plantes et d'animaux comme l'orang-outang, le rhinocéros, le tigre, l'éléphant d'Asie, etc. se restreint donc toujours plus et la survie de ces espèces est sérieusement menacée. En outre, les ouvriers des plantations travaillent dans des conditions difficiles : ils ne gagnent que peu d'argent et fournissent un travail pénible et dangereux. 9. Les élèves examinent plus précisément la composition des produits du panier à commissions et d'autres marchandises et les classent dans Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 9 trois catégories représentées par trois grandes affiches portant les titres suivants : - Produits contenant de l'huile de palme - Produits contenant peut-être de l'huile de palme - Produits ne contenant pas d'huile de palme La Migros a convenu avec le WWF qu'elle utiliserait progressivement dans ses produits de l'huile de palme produite selon les critères du développement durable et que sa présence serait déclarée sur l'emballage 10. Les élèves présentent à la classe ce qu'ils ont découvert en lisant les indications de contenu et essaient de classer leurs produits dans l'un des trois groupes. Il est probable qu'ils jugent que de nombreux produits ne contiennent pas d'huile de palme car celle-ci ne figure pas explicitement dans la composition. L’enseignant-e explique qu'on a un petit peu triché sur la fiche de travail en y ajoutant le mot «huile de palme». La réalité est un peu différente. Souvent, on peut voir «graisse» ou «huile végétale» à la place d'«huile de palme» sur l'emballage. Mais on peut aussi appeler ainsi d'autres huiles. Parfois, on parle aussi de «graisse de palme». Dans les produits cosmétiques, l'huile de palme est parfois déclarée comme «Cetyl Palmitate», «Ascorbyl Palmitate», «Isopropyl Palmitate», «Sodium Palm Kernelate» ou «Hydrogenated Palm Glycerides Citrate». On ne sait pas alors avec certitude si ces produits contiennent de l'huile de palme chimiquement modifiée. En effet, ces substances peuvent aussi être produites à partir d'autres huiles. Les appellations sont inscrites sur les affiches. 11. Après ces explications, les élèves examinent une nouvelle fois les emballages et attribuent les produits à la bonne catégorie, puis collent l’emballage sur l’affiche correspondante. 12. Les élèves apportent d'autres emballages de produits consommés, annoncent à la classe si ce produit contient de l'huile de palme ou si l'on peut supposer qu'il en contient et mettent l'emballage sur la bonne affiche. Suite du travail Série de leçons «Le palmier à huile - une plante géniale» Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 10 Fiche de travail «Ils mettent le feu à la forêt tropicale» Barre de chocolat Ingrédients : sucre, sirop de glucose, farine de froment, beurre de cacao, lait écrémé en poudre, beurre concentré, dérivé de petit-lait, graisse de palme, lactose, émulsifiant, poudre à lever, sel, arôme Produit pour la douche Composants : Eau, Sodium Laureth Sulfate, Cocamidopropyl Betaine, Sodium Cocoamphoacetate, Glycérine, Sodium Chloride, Hydrogenated Castor Oil, Huile de Palme, Sodium Benzoate, Acide Citrique, Parfum Crème pour les mains Composants : Eau, Paraffinum Liquidum, Cera Microcristallina, Glycérine, Huile de Palme, Lanolin Alcohol, Sulfate de Magnesium, Decyl Oleate, Panthenol, Acide Citrique , Magnesium Stearate, Parfum Crackers Composition : Farine de froment, graisse de palme non durcie, sirop de glucose, œufs, extrait de malt, levure, poudre à lever, sel Madeleines Ingrédients : Farine de froment, sucre, huiles végétales (huile de tournesol, huile de palme), œufs, poudre à lever, miel, sel, agent conservateur, arôme citron Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale Tâches à exécuter Lis attentivement la composition des produits présentés ci-dessus, puis réponds aux questions suivantes sur une feuille de papier ou dans ton cahier : 1. Quelle est la substance contenue dans tous ces produits ? 2. Explique ce que tu sais de cette substance. 3. De quelle plante pourrait-elle provenir ? 4. Où pousse cette plante ? 5. En consommant cette substance, par ex. dans une barre chocolatée, des crackers, ou des pâtisseries, nous pouvons devenir des incendiaires de la forêt tropicale. Pourquoi ? Parles-en avec ton voisin puis note tes idées. 11 Le palmier à huile – La plante à tout faire Idée directrice Depuis toujours, les huiles et les graisses naturelles ont une grande importance pour l'être humain. Elles nous apportent de l'énergie et des acides gras essentiels, indispensables à notre vie. Elles constituent donc un élément primordial de notre alimentation. Depuis plus de 4’000 ans, les graisses et les huiles sont aussi utilisées pour les soins du corps et servent de combustible pour les lampes. Aujourd'hui, l'huile de palme est l'une des principales huiles alimentaires. Disponible en grandes quantités, elle est bon marché et se prête à de multiples usages. En outre, elle reste ferme à température ambiante, ce qui constitue un avantage décisif pour l'industrie alimentaire. La plupart d'entre nous n'avons encore jamais vu de palmier à huile car il ne pousse que dans des régions au climat tropical. Dans cette série de leçons, les élèves se familiarisent avec cette plante et s'intéressent à la production et aux propriétés de l'huile de palme. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 12 Informations didactiques Objectifs pédagogiques • Les élèves peuvent dessiner un palmier à huile et ses fruits. • Ils savent d'où il vient, où on le cultive aujourd'hui et ce dont il a besoin pour prospérer. • Ils peuvent expliquer comment on produit de l'huile de palme, connaissent ses possibilités d'utilisation et ses propriétés. Niveau ème 5 ème -9 année Matériel • Fiche de travail «Le palmier à huile - une plante géniale» (p. 15) • Fiche de travail «Huile de palme et de palmiste» (p. 17) • Atlas • Matériel à dessin et affiches (papier, markers, crayons de couleur, gouache, pinceaux, ciseaux, colle, etc.) Travaux préparatoires • • • • Copier les fiches de travail Préparer le matériel pour dessiner Les élèves doivent pouvoir se servir de l'atlas Série de leçons «Le chocolat, une menace pour les rhinocéros» Lieu Salle de classe Temps à consacrer Déroulement de l’activité 1. L’enseignant-e introduit la leçon en expliquant quelle est la plante qui fournit cette huile de palme si appréciée et si utilisée. Les élèves reçoivent la fiche de travail «Le palmier à huile - une plante géniale». Ils lisent le paragraphe «Généralités» et soulignent ce qu'ils ne comprennent pas. Les questions de compréhension sont examinées en commun. 2. Les élèves répondent à deux aux questions de la fiche de travail «Le palmier à huile - une plante géniale». 3. Les réponses sont comparées et corrigées avec toute la classe. (voir réponses p. 14). On donne des explications et des compléments d'information si nécessaire. 4. Sur la base du paragraphe «Caractéristiques» de la fiche de travail «Le palmier à huile - une plante géniale», les élèves dessinent seuls un palmier à huile, une infrutescence et une vue en coupe d'un fruit. L’enseignant-e apporte son aide et corrige lorsque c'est nécessaire. 5. L’enseignant-e distribue la fiche de travail «Huile de palme et de palmiste». Travail de groupe : chaque groupe prend un paragraphe du texte et prépare un bref exposé en présentant et en expliquant le contenu du texte de manière vivante et avec des illustrations, de façon qu'il soit compréhensible pour tous. Variantes Pour faire plus vite, on donne à copier aux élèves les illustrations sur le palmier à huile de la page 14. Ils colorient les dessins sur la base du paragraphe «Caractéristiques» de la fiche de travail «Le palmier à huile - une plante géniale». 5 – 6 leçons En guise d'introduction à cette série de leçons, on pourrait visiter un jardin botanique ou la serre tropicale d'un zoo, où l'on voit souvent des palmiers. On peut par exemple utiliser comme matériel éducatif l'huile de palme de la marque Rapunzel, qui provient de plantations n'ayant pas contribué à la destruction des forêts tropicales. On peut aussi manger en classe des dattes ou une noix de coco, qui sont d'autres produits de palmiers. Les noyaux des dattes pourront être plantés dans un pot. Après quelque temps, on voit généralement apparaître de petites feuilles de palmier, longues et étroites. Peut-être quelqu'un possède-til chez lui un cocotier qu'il peut apporter en classe. Suite du travail Série de leçons «En visite dans la jungle» Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 13 Réponses aux questions de la fiche de travail «Le palmier à huile – une plante géniale» (p.16) 1. Le cocotier, le dattier, le palmier kitul (production de sucre), le palmier chonta (cœurs de palmier), le palmier sago (amidon) Attention : le bananier n'est pas un palmier 2. Le Liberia, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Gabon, le Congo 3. La Malaisie comprend d'une part la péninsule s'étendant au sud de la Thaïlande et le nord de l'île de Bornéo d’autre part. Font partie de l'Indonésie : Sumatra, Java, les Célèbes, les Moluques, Irian Jaya (à l'ouest de la Papouasie - Nouvelle-Guinée) et le sud de l'île de Bornéo. 4. Tous ces pays sont situés autour de l'Equateur et ont un climat chaud et humide (tropical). 5. Un arbre de nos contrées fait facilement une trentaine de mètres (les épicéas situés à des endroits favorables en forêt peuvent même dépasser les 45 mètres). Les grands bâtiments ou les clochers des églises peuvent aussi servir de points de comparaison. 6. Les cacahuètes, le soja, le colza, les olives, les chardons, les noix et les noisettes, les amandes, les graines de tournesol, les graines de courge, les graines de sésame et de lin, les pépins de raisin et bien d'autres plan tes servent à produire de l'huile. Dans la fabrication de produits cosmétiques, on utilise aussi de l'huile d'avocat, de jojoba, de graines de cynorhodon, d'onagre, d'argousier etc. 7. Les plantes suivantes poussent en Suisse (mais on ne les utilise pas toutes pour produire de l'huile) : le soja, le colza, les char dons, les noyers et noisetiers, le tournesol, la courge, le lin, la vigne, le cynorhodon, l'onagre et l'argousier. Fruit Inflorescence Fruit vu en coupe Infrutescence Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 14 Fiche de travail Le palmier à huile – une plante géniale Généralités Comme son nom l'indique, ce palmier produit de l'huile. Celle-ci est extraite de ses fruits et de ses graines. Le palmier à huile est originaire d'Afrique de l'ouest, du golfe de Guinée. On retrouve ce mot dans son nom scientifique : «Elaeis guineensis». En Afrique, le palmier à huile constitue depuis des siècles une source de nourriture et un remède naturel, et on utilise également ses fibres. Des graines de palmier à huile ont été amenées en Amérique centrale il y a 200 ans. Un peu plus tard, en 1848, des navigateurs hollandais plantèrent les premiers palmiers à huile en Indonésie. On en trouve aujourd'hui dans toutes les régions tropicales du monde. La culture des palmiers pour la production d'huile est très répandue en Malaisie, en Indonésie, au Nigeria, en Thaïlande et en Colombie. Dans tous les pays où l'on cultive des palmiers à huile, l'huile de palme est un produit alimentaire important pour la population locale. Le palmier à huile a besoin de beaucoup de lumière, d'une température moyenne de 26 degrés, de suffisamment d'eau, d'une bonne terre et d'un sol aéré. Les palmiers à huile sauvages peuvent atteindre 30 mètres de haut. Il existe plusieurs variétés de palmiers à huile. Les variétés cultivées sont plus petites et plus larges que les palmiers sauvages, ce qui facilite la récolte des fruits. Les palmiers des plantations donnent aussi plus de fruits que les sauvages. On estime que les palmiers à huile vivent jusqu'à 120 ans environ. Mais dans les plantations, on les remplace par de jeunes palmiers après une trentaine d'années car il est trop difficile de procéder à la récolte sur de hauts palmiers. Généralement, un jeune palmier porte des fruits après trois ans et produit ensuite une quinzaine d'infrutescences par année. Une infrutescence peut peser jusqu'à 50 kilos. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 15 Caractéristiques Questions Le tronc du palmier à huile est brun et un peu plus épais à la base. Souvent, les vieilles feuilles sont coupées et l'on voit alors les restes des pétioles orientés vers le haut. Le tronc a donc un aspect dentelé, comme s’il était recouvert d'écailles. Avec le temps, les restes des pétioles de la partie inférieure du tronc finissent par tomber. La base de celui-ci devient plus lisse et marquée d'anneaux irréguliers. Le tronc est surmonté d'une grande couronne, d'où partent quantité de feuilles longues et pennées. Les feuilles sont vert foncé et peuvent mesurer jusqu'à six mètres de long. Elles se composent d'une longue tige légèrement recourbée et de nombreuses petites folioles étroites et brillantes, qui partent en biais de chaque côté de la tige. L'extrémité des folioles est pointue et il faut faire attention à ne pas se piquer aux petits palmiers ou aux feuilles qui pendent. Les fleurs poussent avec les feuilles au sommet du palmier, formant des inflorescences coniques arrondies. Il y a des fleurs mâles et femelles. Pour qu'il y ait des fruits, il faut que le pollen des fleurs mâles soit porté par le vent sur les fleurs femelles. L'inflorescence femelle sort d'un grand bourgeon sur une tige verte, courte et épaisse. Lorsque les feuilles vertes du bourgeon s'ouvrent, on voit apparaître une inflorescence vert clair, épineuse, en forme de hérisson, se terminant en pointe. Une quantité de fleurs blanches se cache entre les piquants. Chacune de ces fleurs donnera ensuite naissance à un fruit de palmier à huile. Une infrutescence se compose donc d'innombrables fruits, étroitement serrés entre les épines vertes. Au moment de la récolte, les fruits sont rouge orangé à châtain et les épines sont brun clair. Une infrutescence mesure environ 70 centimètres de long sur 50 centimètres de large et ressemble à un gros hérisson. Les fruits du palmier à huile sont oblongs et plus ou moins de la taille d'un pruneau. Leur surface est lisse et de couleur rouge orangé à brun rouge. La pulpe du fruit, jaune, molle et fibreuse, fait environ 5-10 millimètres d'épaisseur. Les fruits renferment un noyau. Celui-ci possède une arille très épaisse et dure, de couleur brun foncé, qui cache à son tour une amande ronde et blanche. 1. Connais-tu d'autres palmiers dont les fruits sont comestibles ou entrent dans la fabrication de produits alimentaires ? 2. Cherche dans l'atlas le golfe de Guinée, la patrie d'origine du palmier à huile et nomme les pays situés dans cette région. 3. Le palmier à huile est aujourd'hui répandu dans toutes les régions tropicales. Toutefois, il est principalement cultivé sur de grandes surfaces en Malaisie et en Indonésie. Recherche la Malaisie et l'Indonésie dans l'atlas et note les îles appartenant à ces deux pays. 4. Quel est le point commun entre tous les pays tropicaux ? 5. 30 mètres, cela représente quelle hauteur ? Cherche un point de comparaison près de ton école. 6. Quelles plantes servent également à produire de l'huile ? 7. Lesquelles de ces plantes poussent en Suisse ? Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 16 Fiche de travail Huile de palme et de palmiste Récolte On sait que les fruits du palmier à huile sont mûrs quand on voit les premiers d'entre eux tomber par terre. Les grandes infrutescences sont alors détachées du palmier. Pour ce faire, on fixe un couteau recourbé à une longue tige de bambou. La lame est posée sur la tige d'une infrutescence et tirée d'un coup vers le bas. On coupe ainsi la tige et l'infrutescence tombe par terre. Cette opération n'est pas sans danger pour les ouvriers. Ils doivent faire attention à ne pas se faire piquer par les feuilles pointues des palmiers. Dans les grandes plantations, on utilise des tracteurs avec des plates-formes réglables pour récolter les fruits. L'huile de palme Les fruits du palmier à huile s'abîment rapidement et il faut donc s'en occuper juste après la récolte. On les amène dans des huileries, généralement aménagées tout près des plantations. On traite d'abord les infrutescences entières à la vapeur, ce qui permettra la conservation de l'huile. Les fruits sont ensuite détachés de l'infrutescence dans de grandes "secoueuses". Ils sont cuits pour que la pulpe se sépare du noyau. La pulpe est ensuite pressée pour produire une huile de palme rouge orangé qu'on appelle huile de palme brute. Cette huile est vendue après avoir été épurée. A température ambiante, l'huile de palme se compose d'éléments solides et fluides. Les éléments solides sont faciles à prélever. On obtient ainsi de l'huile de palme blanche et solide et de l'huile de palme rouge et fluide. Plus tard, ces huiles de palme subissent généralement un nouveau processus de transformation afin de les blanchir, de les désodoriser ou de les durcir davantage encore. Huile de palmiste Les noyaux des fruits du palmier à huile contiennent aussi de l'huile. Cependant, le rendement des noyaux est bien moindre que celui de la pulpe. Les noyaux des fruits sont détachés de la pulpe et lavés dans les huileries. Ils sont ensuite séchés et brisés. Les amandes blanches à l'intérieur sont séparées de leur peau, lavées une nouvelle fois et séchées. Elle sont ensuite moulues, puis généralement amenées à très haute température. Elles sont alors pressées afin d'en extraire l'huile de palmiste. Une fois refroidie, cette huile est blanchâtre à jaunâtre et ferme. Elle ressemble beaucoup à la graisse de coco. Restes Les fibres des fruits, pressées et séchées, et les téguments des graines peuvent servir de combustible pour les séchoirs, ou d'engrais pour les cultures. Les résidus des infrutescences sont également brûlés ou compostés. Ce qui reste dans la presse lors de la production de l'huile est appelé tourteau. Le tourteau des fruits du palmier à huile sert souvent de nourriture pour les animaux. Les pays qui cultivent des palmiers à huile le vendent en Europe, où il est mélangé à la nourriture des porcs, des poules et des vaches. Rendement Un hectare (100 mètres sur 100 mètres) de palmiers à huile fournit 4 à 6 tonnes d'huile par année, selon la variété de palmier, les conditions météorologiques et l'entretien. Le colza, une plante oléifère cultivée en Suisse, fournit «seulement» un peu plus d'une tonne d'huile par hectare. Une tonne de fruits de palmier à huile (attention ! pas une tonne d'infrutescences) produit environ 200 kilos d'huile, ce qui représente le rendement le plus élevé de toutes les plantes oléifères. Propriétés et utilisation Aujourd'hui, l'huile de palme est l'une des principales huiles alimentaires du monde. Presque toujours sans le savoir, nous consommons chaque jour de l'huile de palme ou nous en utilisons sous une forme ou une autre. Cette substance géniale peut entrer dans la composition de produits très différents. L'huile de palme est disponible en grandes quantités, elle est bon marché et reste ferme à température ambiante. D'autres huiles doivent être durcies par des opérations compliquées et à grands frais. Pour la margarine, on a besoin de graisse végétale ferme. Nous trouvons de l'huile de palme dans de nombreux produits proposés par nos supermarchés : la margarine, le chocolat, les glaces, les gâteaux, les biscuits et autres sucreries, mais aussi les crackers, les chips, les pâtes et les petits pains, les soupes, les sauces, les frites et les plats préparés contiennent souvent de l'huile de palme. Mais elle reste «invisible» car l'emballage n'indique souvent que «graisse végétale» ou «huile végétale». De l'huile de palmiste est souvent utilisée dans les crèmes pour la peau, les laits de protection solaire, les lotions pour le corps, les rouges à lèvres et d'autres produits cosmétiques. L'huile de palmiste permet de fabriquer des substances détersives utilisées dans les produits pour la douche, les shampooings, les lessives et les produits de nettoyage. On trouve aussi de l'huile de palme ou de palmiste chimiquement modifiée dans les lubrifiants, les bougies, les peintures et les vernis. De grandes quantités d'huile de palme sont utilisées dans l'industrie de l'acier comme agent anti-corrosif. Et en Malaisie, Mercedes Benz étudie la possibilité d'utiliser l'huile de palme comme carburant pour les voitures. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 17 En visite dans la jungle Idée directrice Les forêts tropicales humides comptent parmi les régions les plus riches en espèces de notre planète. Certes, depuis des siècles les habitants de la forêt chassent, cueillent des plantes, déboisent et entretiennent de petites surfaces, mais leur influence sur l'environnement est si restreinte que l'écosystème n'est pas perturbé. En Asie du Sud-Est, il est toujours plus fréquent que la forêt tropicale cède le pas aux plantations car la demande en huile de palme est en constante augmentation. Depuis 25 ans, la culture de palmiers à huile connaît une forte croissance en Indonésie. Une étude a établi que la consommation mondiale d'huile de palme allait doubler au cours des 20 prochaines années. Les petites cultures aménagées autrefois par la population locale étaient très importantes pour le développement économique de la région. Puis les petits paysans ont commencé à collaborer avec les grandes entreprises. Cette collaboration s'est bien passée au début mais elle a souvent abouti à une situation de dépendance des paysans. Néanmoins, les emplois dans l'industrie de l'huile de palme revêtent une importance majeure pour les pays cultivateurs. Le WWF s'engage pour que l'huile de palme soit produite de façon durable et commercialisée de manière équitable. Dans cette série de leçons, les élèves se familiarisent avec la vie traditionnelle des habitants de la jungle sur l'île de Sumatra. Ils discutent les différents scénarios envisageables en se mettant à la place des diverses personnes concernées et élaborent des critères pour une «bonne» plantation. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 18 Informations didactiques Objectifs pédagogiques • Les élèves peuvent décrire la vie traditionnelle dans la jungle des Suku Anak Dalam. • Ils ont joué différentes situations en rapport avec la forêt tropicale et les plantations et se sont mis à la place de différentes personnes concernées. • Ils peuvent nommer au moins 6 critères pour une «bonne» plantation. Niveau 5ème – 9ème année Matériel Déroulement de l’activité 1. L’enseignant-e distribue la fiche de travail «En visite dans la jungle». Les élèves la lisent et soulignent les mots et les phrases qu'ils ne comprennent pas. Les questions de compréhension sont examinées en commun. 2. Après avoir lu le texte, les élèves essayent de répondre aux questions suivantes : 1. Comment vivaient autrefois les Suku Anak Dalam ? 2. Peuvent-ils continuer à mener leur mode de vie traditionnel ? Quelles sont les perspectives d'avenir du peuple de la jungle ? 3. Jawan dit : «Dans une petite forêt, on ne peut pas vivre heureux.» Pourquoi dit-il cela ? Les réponses sont ensuite discutées en commun (voir réponses dans l’ encadré ci-contre) • Fiche de travail «En visite dans la jungle» (p. 22) Travaux préparatoires • Série de leçons «Le palmier à huile - une plante géniale» • Copier la fiche de travail Lieu Salle de classe Temps à consacrer 7 – 8 leçons Réponses aux questions de la fiche de travail «En visite dans la jungle» (p. 22) 1. Autrefois, les Suku Anak Dalam vivaient du produit de la chasse et de la cueillette dans la forêt tropicale de Sumatra, dans de petites maisons de bois et de feuillages. Ils ne déboisaient que de petites surfaces pour aménager leurs habitats successifs. Ils trouvaient dans la forêt tout ce dont ils avaient besoin pour leur vie quotidienne. Ils vivaient en harmonie avec la forêt. Il est devenu toujours plus difficile pour les Suku Anak Dalam de continuer à mener ce mode de vie traditionnel. 2. L'influence de la culture occidentale - amenée par l'école, les colons, les nouvelles routes, les commerces - est de plus en plus présente dans leur vie et suscite chez eux de nouvelles attentes. Le savoir ancien se perd et de moins en moins de gens veulent encore vivre dans la forêt humide, de manière traditionnelle. En outre, les surfaces forestières deviennent toujours plus morcelées et il est difficile de répondre aux besoins quotidiens avec une petite Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 3. Jeux de rôle : Les élèves vont maintenant s’intéresser à une portion de forêt tropicale humide, telle qu'on en trouve dans la patrie de Jawan. A travers différentes situations, il vont jouer divers rôles et discuter en se mettant à la place des différents représentants d'intérêts pour savoir si ils sont d'accord avec le projet du propriétaire de l'huilerie et du marchand de bois. 4. Présentation de la première situation : La demande en huile de palme connaît une énorme augmentation sur le plan mondial. Le gouvernement de Sumatra souhaiterait accroître la production d'huile de palme et aménager de nouvelles plantations afin de pouvoir vendre de grandes quantités d'huile à l'étranger. L'argent ainsi gagné est très important pour Sumatra ! Le propriétaire de l'huilerie et le marchand de bois se sont mis d'accord et proposent le projet suivant : ils aimeraient demander aux Suku Anak Dalam, les habitants de cette région de forêt tropicale, d'aller vivre en ville. En contrepartie, ils recevraient un peu d'argent de l'Etat. On abattrait d'abord les magnifiques arbres de la forêt pour vendre à bon prix leur bois à l'étranger. On brûlerait ensuite les souches restantes avant d'aménager une plantation de palmiers à huile. Les Suku Anak Dalam, qui vivaient ici auparavant, pourraient alors revenir chez eux et travailler dans la plantation. 5. Distribution des rôles (les intervenants proposés sont décrits en p. 20). Participent au débat : le marchand de bois, Jawan, qui habite la forêt, le propriétaire de l'huilerie, la représentante du gouvernement de Sumatra, la militante du WWF, le rhinocéros de Sumatra. Deux à trois élèves de la classe peuvent aussi prendre part à la discussion et faire valoir leur propre opinion. Tous les participant-e-s s'assoient à une «table ronde» et les autres élèves sont auditeurs. L’enseignant-e anime le débat. Jawan prend la parole et donne son avis sur le projet. Ensuite, les différents participant-es prennent part au débat et font des déclarations. L’enseignant-e peut donner des informations complémentaires. Le débat ne doit pas aboutir à une décision définitive. Il s'agit seulement de faire comprendre les différents intérêts en présence et de faire saisir le conflit à la classe. 19 surface de forêt. 3. Dans une petite forêt, on trouve par exemple beaucoup moins de muntjaks, une sorte de cerf constituant une source de nourriture im portante pour les Suku Anak Dalam. Lorsque beaucoup de gens vivent sur une petite surface, il n'y a pas assez de fruits pour tout le monde. Pour trouver suffisamment de nourriture, les habitants de la jungle ont besoin de grandes surfaces de forêt où ils peuvent se déplacer. Les différents intérêts des intervenants Le marchand de bois : Veut vendre le plus possible de bois tropical. Jawan : Veut que le plus possible de forêt tropicale soit préservé et ne soit pas déboisé ni brûlé. Propriétaire de l'huilerie : Désire aménager les plus grandes plantations possibles pour produire de l'huile de palme. Représentante du gouvernement : Aimerait garantir la survie de la population locale, qui connaît un important accroissement, et créer des emplois. Militante du WWF : Vise à protéger la forêt tropicale, qui constitue un milieu digne d'être préservé tout en assurant la qualité de vie de la population et en lui offrant un avenir. Rhinocéros de Sumatra : Mène une vie tranquille dans la forêt tropicale. Il a besoin de toutes sortes de plantes pour se nourrir et de vastes territoires forestiers d'un seul tenant. L'argent, le cœur du problème ! Les véritables propriétaires de la forêt tropicale, les Suku Anak Dalam, doivent presque toujours céder à la pression du gouvernement et des entreprises. Ils ne peuvent généralement pas faire valoir leurs prétentions à la possession d'un morceau de forêt tropicale. Les grands arbres des forêts vierges sont coupés et le bois vendu à un prix élevé. La végétation restante et les souches des arbres sont brûlées. Des plantations sont aménagées avec une partie de l'argent issu de la vente du bois. Le commerce des bois tropicaux est donc extrê- Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 6. Les différents intérêts des intervenant-es au débat sont répertoriés au tableau noir (voir encadré ci-contre) 7. Débat en classe : Comment les participant-es à la discussion ont-ils fait valoir leur opinion ? Le débat aurait-il pu aussi prendre une autre direction ? Qui a réellement le plus de poids dans une telle discussion et qui peut imposer ses intérêts ? Pourquoi ? 8. L’enseignant-e informe : Comme nous l'avons découvert, dans le pays de Jawan, la forêt tropicale continue malheureusement d'être déboisée et brûlée afin d'aménager des cultures de palmiers à huile, malgré tous les bons arguments que l'on peut donner contre cette pratique. Bientôt Jawan travaillera aussi dans une plantation. Lire en complément «L’argent, le cœur du problème!» dans l’encadré ci-contre. 9. Présentation de la deuxième situation : Nous allons cette fois nous intéresser aux conditions de travail des ouvriers employés dans les plantations. Les ouvriers des plantations doivent exécuter un travail dur et dangereux, durant 12 heures par jour. Ils ne reçoivent en contrepartie qu'un salaire très modeste qui leur permet à peine de survivre. Les palmiers à huile sont traités avec des produits toxiques et nuisibles. Ces produits chimiques entraînent des éruptions cutanées et des inflammations des yeux chez les ouvriers. En réclamant un vêtement protecteur ou un salaire plus élevé au propriétaire de la plantation, ils courent le risque d'être renvoyés. D'immenses quantités de fruits du palmier à huile viennent d'être récoltées dans toute l'Asie du Sud-Est. Des litres et des litres d'huile de palme ont été obtenus par pressage - beaucoup plus que l'on peut en exporter vers l'Europe et les autres continents. Comme il y a beaucoup plus d'huile que ce dont on a besoin, les prix baissent rapidement. Les propriétaires des huileries veulent se débarrasser d'une partie de cette huile et doivent accepter ces baisses de prix. Le propriétaire de la plantation gagne aussi moins d'argent et ne peut plus verser leur salaire aux ouvriers pendant deux mois. Les ouvriers décident d'unir leurs forces et de menacer le propriétaire de la plantation au moyen d'une insurrection armée. Ils ne tolèrent plus ces injustices ! 10. Débat en classe : Quelles sont les revendications des ouvriers de la plantation ? On en fait la liste au tableau noir. 11. Au cours d'une deuxième table ronde, la situation présentée est discutée et l'on se demande comment on pourrait empêcher une insurrection armée des ouvriers. Participent au débat : le propriétaire de la plantation, le propriétaire de l'huilerie, un marchand d'huile de palme en Europe, 3-4 ouvriers de la plantation, un représentant du gouvernement de Sumatra, 23 élèves de la classe. L’enseignant-e anime le débat et donne la parole aux ouvriers de la plantation qui présentent leurs revendications. 12. Analyse de la deuxième table ronde : Comment le débat s'est-il dé- 20 mement lucratif : les entreprises tirent plusieurs revenus du même bout de terrain. En outre, le palmier à huile se cultive bien dans les régions tropicales. Rares sont les espèces cultivées prospérant sous ce climat. Il faut pourvoir aux besoins de la population de l'Indonésie, qui connaît une croissance importante. Le pays a donc besoin d'argent et de places de travail. La vie traditionnelle dans la forêt primitive ne fonctionne qu'avec un nombre restreint d'habitants. Des plantations de palmiers à huile peuvent assurer les conditions d'existence de la population indigène. Critères pour une «bonne» plantation - Cartographier et protéger les forêts les plus précieuses, afin d'éviter qu'elles soient remplacées par des plantations. - Protéger la forêt située le long des cours d'eau. - Planter des palmiers à huile là où la forêt a déjà été déboisée précédemment. - Aménager des plantations en terrasses pour éviter un lessivage et une érosion du sol. - Ne pas aménager de plantations sur du terrain très pentu. - Lors de l'aménagement des plantations, ne pas brûler les souches et les broussailles, afin que les petits animaux puissent y trouver refuge et s'y nourrir. - Faire pousser des plantes basses sous les palmiers afin de protéger le sol. (Les labiées protègent le sol et lui amènent naturellement de l'engrais sous forme d'azote.) - Composter le reste des infrutescences et les résidus du pressage des fruits et les répandre sur le sol de la plantation. - Ne pas utiliser d'engrais chimiques et de produits toxiques afin de ne pas polluer l'eau et de ne pas porter atteinte aux êtres humains, aux animaux et à l'équilibre écologique. - Garantir aux travailleurs un revenu, une sécurité sociale et des prestations sanitaires. - Respecter le droit des habitants à posséder et à exploiter du terrain. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale roulé? A quelles solutions les participant-es sont-ils parvenus ? Ces solutions sont-elles réalistes ? Y a-t-il encore d'autres solutions ? La solution proposée permet-elle d'empêcher une insurrection armée ? 13. Travail de groupe : Pour assurer la survie de la population locale, il faut des plantations de palmiers à huile dans la patrie de Jawan. Comment et où pourrait-on aménager des cultures qui ne portent pas atteinte aux êtres humains, aux animaux et aux plantes ? 14. Les propositions des groupes sont présentées et discutées. Les critères d’une «bonne» plantation sont répertoriés et notés au tableau noir (voir liste ci-contre). Si nécessaire, l’enseignant-e commente les propositions des élèves. 15. Débat avec toute la classe : Comment pouvons-nous nous assurer en tant que consommateurs qu'il s'agit bien d'une huile de palme provenant de «bonnes» plantations ? Que pouvons-nous faire pour que l'huile de palme que nous trouvons sur notre table ne provienne plus que de «bonnes» plantations ? Suite du travail D'autres scénarios peuvent être discutés en classe. Voici quelques propositions: - Une organisation écologiste a appelé au boycott de l'huile de palme dans le monde entier. Les ventes se mettent à diminuer rapidement et les producteurs d'huile de palme n'arrivent plus à écouler leur marchandise. - L'eau du ruisseau qui passe près de la fabrique d'huile de palme et du village est très polluée. Toutes sortes de déchets provenant des huileries y sont rejetés. On pourrait facilement l'éviter en utilisant comme engrais des déchets végétaux et en construisant un bassin de retenue pour les eaux usées issues de la fabrique d'huile de palme (un étang où le matériel végétal est décomposé par des organismes aquatiques). Mais le propriétaire de l'huilerie n'est pas d'accord. - Depuis que les plantations s'enfoncent toujours plus profondément dans la forêt tropicale, les incidents avec les éléphants se font plus nombreux : lorsqu'ils doivent se contenter de petites surfaces de forêt, ils deviennent agressifs. Des éléphants sauvages ont fait irruption dans une ville de Sumatra après l'aménagement d'une plantation. Ils ont détruit des champs et tué des habitants. L'entreprise qui cultive les palmiers à huile veut maintenant empoisonner tous les éléphants des environs. Série de leçons «Comment l'huile de palme arrive dans notre assiette» (p. 24) 21 Fiche de travail En visite dans la jungle La forêt tropicale humide de Sumatra Les forêts tropicales humides s'étendent comme une ceinture tout autour du globe, à la hauteur de l'Equateur. L'île indonésienne de Sumatra est, elle aussi, couverte de jungle. Ici des arbres gigantesques partent à l'assaut du ciel, des lianes grimpent le long des arbres, des orchidées aux teintes éclatantes répandent leur parfum. Diverses espèces de singes telles que les orangs-outangs et les nasiques escaladent les arbres. Des crapauds volants sautent de branche en branche avec une grande aisance. Des aigles couronnés, des oiseaux aux reflets changeants et des papillons de toutes les couleurs se perchent sur les branches. Par terre, rhinocéros, tapirs, pythons réticulés, tigres et pangolins vivent dans la pénombre de la forêt. Sous le sol, des fourmis myrmica cultivent des champignons dont elles nourrissent leurs larves. Nulle part ailleurs, on ne trouve une telle multiplicité d'êtres vivants que dans la forêt tropicale humide. Le peuple des Suku Anak Dalam Presque toutes les forêts tropicales sont habitées. Un peuple vit depuis des temps immémoriaux dans la jungle de Sumatra : les Suku Anak Dalam. Les navigateurs hollandais leur ont aussi donné le nom de Kubus. Jadis ce peuple ne vivait que de la chasse ainsi que des plantes et des fruits comestibles qu'ils trouvaient dans la forêt. Leur mode de vie ne portait guère atteinte à la forêt. Les Suku Anak Dalam n'ont jamais construit de grandes maisons car ils changeaient souvent de domicile. Comme il fait toujours chaud chez eux, de simples huttes couvertes de feuilles leur suffisaient amplement. Les Suku Anak Dalam ne possédaient que le strict minimum, afin de ne pas avoir à transporter trop de choses. Le peuple Kubu avait une connaissance très précise des plantes et des animaux de la forêt humide. Ce savoir était toujours transmis aux enfants par les parents et les anciens. Quand quelqu'un était malade, on allait chercher des plantes curatives en forêt. Autrefois, les Suku Anak Dalam n'avaient que faire de l'argent. Il n'existait de toute façon pas de magasins et ils n'avaient pas besoin d'acheter quoi que ce soit : ils trouvaient tout ce qui leur fallait dans la forêt. La situation aujourd'hui Par le passé, les Suku Anak Dalam vivaient partout dans la partie sud de Sumatra. Maintenant ils ont été contraints de se retrancher sur un petit territoire, le Bukit Duabelas. Bukit Duabelas signifie «les douze sommets». Un millier de représentants du peuple Kubu y vit en petits groupes. Leur existence a changé : aujourd'hui, il y a des écoles, des routes et des commerces et aussi de l'argent. Quelques Suku Anak Dalam, qui étaient attachés à la vie traditionnelle dans la forêt tropicale, sont d'avis que l'argent n'apporte que des soucis. Ils aimeraient que leurs enfants n’en soient pas dépendants. Ils trouvent aussi qu'à l'école les enfants sont influencés par des idées qui ne conviennent pas aux Kubus. Ils s'y familiarisent avec des objets et des comportements qui coûtent de l'argent. Ils n'apprennent pas à vivre dans la forêt tropicale. C'est la raison pour laquelle tous les enfants Kubus ne vont pas à l'école. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 22 Mais un grand nombre de Suku Anak Dalam se sont habitués à cette nouvelle situation. Ils ont commencé à vendre des fruits de la jungle sur le marché et à gagner de l'argent. Quelques Kubus cultivent aussi des palmiers à huile. Les habitants de la jungle se laissent souvent persuader par des entreprises de quitter leur forêt. Ils reçoivent de l'Etat en guise de dédommagement une petite somme d'argent qui leur permet de vivre et de se nourrir durant quelques mois. La forêt tropicale est ensuite déboisée dans les régions abandonnées. Les troncs des grands arbres séculaires sont vendus et les souches restantes brûlées. Les palmiers à huile sont cultivés en monoculture, c'est-à-dire qu'on ne cultive qu'une seule variété de plante sur une grande surface. Jawan raconte Jawan vit avec sa femme Nika et ses trois enfants à l'intérieur de l'île de Sumatra. Aucun chemin ne mène à l'endroit où ils vivent. On doit marcher toute une journée à travers la forêt tropicale humide pour atteindre leur foyer. Jawan habite avec sa famille près d'un petit ruisseau d'eau claire, au milieu de la forêt, comme autrefois. Il raconte : «Nous allons bientôt déménager dans une autre partie de la forêt. Nous avons vécu ici neuf mois pour récolter des fruits. Umbunton, Codo-Koiaa, Poa-sijoou et Tampui : tels sont les fruits les plus importants pour nous. Nous chassons aussi de temps à autre, surtout des cerfs. Il y aussi des tigres dans la forêt. Mais nous ne chassons jamais les tigres, seulement les animaux que nous pouvons manger. J'aimerais que la forêt reste telle qu'elle a toujours été. Mes petits-enfants doivent aussi avoir la possibilité d'habiter ici. Mais pour que cela fonctionne, il faut que la forêt soit assez grande pour que nous puissions changer de lieu et vivre sur de grands territoires. Dans une petite forêt, on ne peut pas vivre heureux. Il faut se battre pour la forêt, tout comme mon père se battait déjà pour la protéger. A l'époque, une entreprise avait abattu des arbres. Après le déboisement, la situation a encore empiré : on a planté des palmiers à huile dans toute la région. Les plantations sont devenues beaucoup trop vastes et elles empiètent non seulement sur la forêt, mais aussi sur notre vie.» Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 23 Comment l'huile de palme arrive dans notre assiette Idée directrice L'huile de palme n'est pas une mauvaise chose en soi, mais elle ne doit pas provenir de plantations ayant nécessité le sacrifice de forêts tropicales. Les palmiers à huile peuvent être cultivés selon les principes du développement durable et il y a assez de terrain inutilisé. Lorsque les plantations sont gérées de manière écologique et qu'elles assurent un revenu convenable aux ouvriers, nous pouvons même apporter une contribution importante à la protection de la nature et à la justice sociale dans les pays du Sud en achetant des produits à base d'huile de palme. En tant que consommateurs, nous avons un pouvoir qu'il ne faut pas sousestimer. Nous pouvons exiger des producteurs et des distributeurs qu'ils nous fournissent de l'huile de palme produite de manière durable. Migros, par exemple, est la première entreprise au monde à avoir élaboré et mis en œuvre, en collaboration avec le WWF, des critères pour une huile de palme durable. Dans cette série de leçons, les élèves apprennent comment l'huile de palme arrive dans nos assiettes. Ils réfléchissent à ce qu'ils pourraient faire pour empêcher le déboisement de la forêt tropicale au profit de la culture de palmiers à huile. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 24 Informations didactiques Objectifs pédagogiques • Les élèves arrivent à expliquer comment l'huile de palme parvient aux consommateurs. • Ils savent comment on peut produire de l'huile de palme de manière durable. • Ils ont développé et mis en œuvre des idées pour favoriser la production et la transformation d'huile de palme selon les critères du développement durable. Déroulement de l’activité 1. Fiche de travail «Comment l'huile de palme arrive dans nos assiettes» Les élèves découpent les illustrations et l'encadré pour le titre et les mettent dans le bon ordre. Ils contrôlent la succession des images avec leur voisin-e de banc, écrivent au crayon une légende pour chaque photo ainsi qu'un titre. 2. La succession des images est discutée en classe et on cherche les titres et légendes les plus pertinents. Les élèves collent les illustrations sur une feuille. Niveau 4ème – 9ème année Matériel • Fiche de travail «Comment l'huile de palme arrive dans notre assiette» (p. 28) • Ciseaux • Colle • Matériel pour peindre Travaux préparatoires • Série de leçons «En visite dans la jungle» • Copier la fiche de travail Lieu Salle de classe Temps à consacrer 6 – 7 leçons (sans actions) Des solutions sont possibles L'huile de palme n'est pas une mauvaise chose en soi. Elle joue un rôle prépondérant comme produit alimentaire et comme additif. De plus, la culture du palmier à huile offre un revenu à des millions de personnes sous les Tropiques. Rien qu'en Indonésie, 4.5 millions de personnes vivent directement ou indirectement de l'industrie de l'huile de palme. En outre, l'huile de palme constitue un produit alimentaire très important dans tous les pays producteurs. Boycotter les produits qui contiennent de l'huile de palme n'est donc pas une solution. On peut agir plus efficacement à d'autres niveaux. Il est possible de cultiver des palmiers à huile sans déboiser des forêts tropicales. Il y a suffisamment de terrain convenant à cet usage. Des plantations de palmiers à huile peuvent être aménagées sur des friches ou sur d'autres surfaces Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 3. Pour contrôler si la matière est assimilée, les élèves écrivent un texte d'au moins 20 lignes en rapport avec les images et cherchent un titre percutant. Ils lisent le texte d'un-e camarade et le corrigent ensemble. 4. L’enseignant-e corrige les textes et, si nécessaire, commente les erreurs de fond avec toute la classe. 5. Débat en commun sur les questions suivantes : L'huile de palme, c'est une bonne ou une mauvaise chose ? Pour faire cesser la déforestation, faut-il que nous n'achetions plus de produits contenant de l'huile de palme ? Est-ce possible ? Pourrions-nous continuer à nous nourrir comme nous en avons l'habitude ? En quoi cela compliquerait-il nos achats si nous décidions de renoncer complètement aux produits renfermant de l'huile de palme ? Quelles conséquences cela aurait-il pour nous et pour les habitants des pays producteurs? Il va probablement ressortir de la discussion qu'il est difficile pour nous de renoncer entièrement aux produits contenant de l'huile de palme. Par ailleurs, un boycott menacerait les emplois de millions de personnes dans les pays producteurs. Renoncer complètement aux produits alimentaires contenant de l'huile de palme n'est donc pas une solution. 6. Conclusion: l'huile de palme n'est pas une mauvaise chose en soi. Tout dépend du type de culture ! Se rappeler les critères définis pour une «bonne» plantation dans la série de leçons «En visite dans la jungle». 7. Les élèves reprennent la fiche de travail «Comment l'huile de palme arrive dans nos assiettes» et expliquent de quelle sorte d'huile de palme («bonne» ou «mauvaise») il s'agit. 8. Les élèves se demandent quelles images de la fiche de travail on pourrait compléter ou remplacer pour que la «mauvaise» huile de palme devienne de la «bonne» huile de palme. Les propositions sont discutées en commun et illustrées par des dessins. 9. Les élèves réfléchissent par petits groupes aux possibilités d'action dont ils disposent pour ne plus menacer la forêt tropicale par la consommation de produits contenant de l'huile de palme. Ils envisagent les démar- 25 ches qu'ils pourraient entreprendre dans ce but. non-boisées, exploitées par l'agriculture. En Malaisie, on a par exemple remplacé des plantations d'hévéas par des palmiers à huile. Il est vrai que les conflits d'exploitation sont certainement plus aigus dans le cas de surfaces déjà entretenues que lorsqu'on déboise des forêts tropicales. Les forêts ne seraient plus menacées si l'on adoptait une planification intelligente et prévoyante. Lorsque d'autres plantes peuvent pousser dans les plantations, que l'on ne brûle pas les buissons et les souches et qu'on laisse assez de place à la nature, lorsque les cultures sont entretenues avec le moins possible de produits chimiques et d'engrais artificiels et que les travailleurs touchent un salaire correct garanti, nous favorisons même la justice sociale et la protection de la nature dans les pays du Sud. En achetant des produits contenant de l'huile de palme issue de ce type d'exploitations certifiées! Des solutions constructives sont donc possibles! Mais toutes les personnes concernées doivent en être convaincues : les producteurs, les marchands, les propriétaires des usines de transformation et les vendeurs d'huile de palme, sans oublier les consommateurs. Ces derniers peuvent : - lire attentivement la composition des produits. Tout ce qui contient de l'huile ou de la graisse végétale ainsi que les cosmétiques, les lessives et le savon sont en principe suspects - s'informer : les produits suspects contiennentils de l'huile de palme, et si oui, d'où provientelle et comment a-t-elle été produite ? - exiger des produits contenant de l'huile de palme issue de cultures responsables - demander aux fabricants des produits et aux distributeurs comment ils contrôlent si l’'on n'a pas déboisé de forêt tropicale pour produire l'huile de palme utilisée La pression des consommateurs et consommatrices contraint les fabricants et les vendeurs à prendre leurs responsabilités et à demander aux producteurs de produire cette huile de manière durable. Les produits contenant de l'huile ayant nécessité le déboisement et l'incendie de forêts tropicales dignes d'être protégées, auront ainsi bientôt disparu des rayons de nos magasins. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 10. Les propositions de solutions sont répertoriées et discutées en classe. On examine dans quelle mesure elles sont applicables. Lire “Des solutions sont possibles”, p. 25 – 26. 11. Un plan d'action est élaboré en commun : QUI fait QUOI, COMMENT, avec QUI et d'ici QUAND ? Variantes On peut suggérer aux élèves de faire pression sur les fabricants et les vendeurs. Ces derniers doivent être à même de dire si leurs produits contiennent de l'huile de palme et, le cas échéant, d'indiquer d'où elle vient, si elle a été produite de manière durable et ce que consent l'entreprise pour protéger la forêt tropicale. Les élèves choisissent un produit qui contient de l'huile de palme. On définit ensemble des critères et des arguments à faire valoir dans une lettre adressée aux fabricants et aux vendeurs de produits contenant de l'huile de palme. Les élèves imaginent leur propre lettre sur la base de ces mots-clefs. La lettre est corrigée par le maître / la maîtresse. Suite du travail Les élèves se prononcent sur les réponses reçues et élaborent un tract sur les produits contenant de l'huile de palme et ne menaçant pas la forêt tropicale. 26 Comment l'huile de palme arrive dans notre assiette Solution de la fiche de travail 6 Transport par bateau de l'huile de palme brute 1 7 Raffinage de l'huile de palme (décoloration, durcissement) Forêt tropicale intacte 2 8 Déboisement et évacuation des troncs d’arbre Acheminement aux usines de transformation 3 9 Feu de brousse Utilisation dans des produits de consommation 4 10 Plantation de palmiers à huile Vente 5 11 Pressage de l'huile de palme dans l'huilerie Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale Consommation 27 Fiche de travail - Découpe les 11 cases. - Mets-les dans le bon ordre et numérote-les. - Ecris une courte légende au crayon dans l'encadré à côté de l'image. (Que se passe-t-il sur l'image ?) - Ecris un titre, également au crayon, dans l'encadré du haut. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 28 Soja Les champs de soja aussi détruisent la forêt tropicale La fève de soja est une autre plante dont la culture entraîne le déboisement de grandes surfaces de forêt tropicale et d'autres sites dignes d'être protégés. La production de soja continue aussi d'augmenter en raison de la demande croissante en huile végétale et en fourrage végétal, à la suite de la crise de l'ESB (Encephalite Spongiforme Bovine, maladie de la vache folle). La savane brésilienne, le cerrado en portugais, présente naturellement un grand nombre d'espèces. Des champs de soja ont été aménagés sur une grande partie de sa surface tandis que la culture de variétés résistant à l'humidité s'étend toujours plus dans la région amazonienne. La majeure partie du soja d'Amérique du Sud est transformée en fourrage et exportée vers l'Europe. L'huile de soja produite au cours de ce processus, a des propriétés similaires à l'huile de palme et elle est utilisée à des fins analogues. Une ancienne plante aux nombreuses qualités La fève de soja, dont le nom scientifique est Glycine soja, appartient à la grande famille des fabacées ou légumineuses. Les Chinois cultivent le soja depuis plus de 6'000 ans et il représente un de leurs principaux produits alimentaires. Cette fève constitue une denrée de base des peuples de l'Est asiatique en raison de ses multiples possibilités d'utilisation, de sa valeur nutritive et de sa productivité. On peut le manger cuit, grillé, germé, sous forme de farine, de fromage, de condiment, de sauce, de lait ou de pain de soja. En 2000, 73’400 kilomètres carrés de terrain (soit la superficie du territoire de Bavière, ou pratiquement deux fois la surface de la Suisse) ont été plantés avec des fèves de soja et cette tendance est fortement à la hausse. Le 40% du soja produit dans le monde entier provient des Etats-Unis. Suivent le Brésil, avec environ 19% et le pays d'origine, la Chine, avec12%. Un fourrage problématique Un kilo de soja contient autant de protéines que trois kilos de viande de bœuf ou dix litres de lait. La fève de soja pourrait donc représenter notre plus importante source de protéine. Cependant, nous ne consommons qu'une petite partie du soja produit. Le reste est transformé en fourrage ou en huile de soja. Un véritable gaspillage quand on pense qu'il faut sept kilos de soja pour produire un kilo de viande ! Une grande partie du soja produit dans le monde provient de pays en voie de développement ou d'industrialisation, comme le Brésil ou la Chine, ce qui pose également problème. De gros importateurs d'aliments pour le bétail soustraient pour ainsi dire leur source de protéines à la population locale et font monter les prix du soja par leur pouvoir d'achat. Des produits à base de soja génétiquement modifié Les Etats-Unis, principal importateur de soja, utilisent souvent de la semence génétiquement modifiée. On sait encore peu de choses sur les conséquences négatives que pourraient avoir les organismes génétiquement modifiés (OGM) sur l'être humain et l'environnement et le risque est difficile à estimer. Les fèves de soja peuvent arriver sur notre table sous forme d'huile, Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 29 de produits à base de soja comme le tofu, ou, indirectement, dans la viande des animaux qu'elles ont servi à nourrir. Selon le degré de transformation, il est difficile d'établir s'il s'agit de soja OGM. La liberté de choix des consommateurs et consommatrices s'en trouve donc limitée. Le cerrado est en danger Le cerrado brésilien, un paysage de savane unique, est également menacé par le développement des champs de soja. Dans cette savane, on trouve principalement des oiseaux, des insectes et des fleurs. Les grands mammifères y sont plutôt rares, à l'exception du loup à crinière, du tapir ou du jaguar. La faune du cerrado compte également des nandous – de grands oiseaux coureurs, assez semblables à des autruches – ainsi que de nombreuses espèces de chauves-souris et de petits rongeurs. Le cerrado s'étend dans une plaine chaude et sèche, aussi vaste que l'Europe de l'Ouest, parfois traversée de cours d'eau et de forêts. Les arbres ne sont pas très hauts. Beaucoup d'entre eux ont un tronc tortueux, une écorce épaisse et des feuilles persistantes. De nombreux buissons possèdent des fleurs magnifiques, aux couleurs éclatantes. Des fougères, des orchidées et des palmiers poussent également dans cette savane. Le cerrado ressemble à un superbe jardin sauvage aux nombreuses espèces animales et végétales endémiques. Cependant, les champs de soja empiètent toujours davantage sur ce paradis. Le 95% de la farine de soja importée dans l'UE provient d'Amérique du Sud. En Suisse aussi, on importe surtout du soja du Brésil car on n'y a pas planté jusqu'ici de variétés génétiquement modifiées. Toutefois, l'utilisation de semence de soja OGM est aussi autorisée au Brésil depuis l'automne 2003. Ce règlement est pour le moment limité à une année. Les nombreuses exploitations brésiliennes, souvent immenses, offrent un emploi à beaucoup de gens. Cependant, l'agriculture intensive a des effets dévastateurs sur l'environnement brésilien. Des monocultures s'étendent aujourd'hui là où la savane et la forêt humide offraient autrefois un espace de vie à une faune et une flore extrêmement diversifiées. Possibilités d'action des consommateurs Nous les consommateurs, nous pouvons agir si nous savons quels produits contiennent du soja. Pour faire pression et trouver des solutions, nous avons la possibilité de demander aux fabricants et aux distributeurs d'où provient le soja utilisé et comment il a été cultivé. En réduisant notre consommation de viande, nous contribuons aussi à ce que moins de fèves de soja ne servent dorénavant à engraisser le bétail. La pression des consommateurs et consommatrices a déjà porté ses fruits dans de nombreux domaines : il existe ainsi un label pour le bois produit de manière durable (label FSC) et, depuis plusieurs années déjà, on peut acheter des produits bio au supermarché. L'envoi de lettres et la demande répétée d'informations permettent d'obtenir de bons résultats sans boycott. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 30 Les vaches suisses grignotent la forêt amazonienne Idée directrice Avec l'expansion du commerce mondial, nous, les consommateurs et consommatrices, nous étendons notre influence sur toutes les parties du monde. De nombreuses matières premières à la base de notre nourriture et des objets de notre quotidien sont originaires d'autres continents. Souvent, nous ne sommes pas du tout conscients des conséquences que peuvent avoir nos achats. Parfois, ces effets sont positifs, notamment lorsqu'on crée des places de travail et de meilleures conditions d'existence. Dans d'autres cas, la production des matières premières ou des marchandises importées peut occasionner des problèmes écologiques ou sociaux dans les pays producteurs. Le soja est un produit problématique : pour le cultiver, on détruit des surfaces de forêt tropicale et de savane au Brésil, notre principal pays fournisseur. Nous avons surtout besoin de soja pour le fourrage des animaux et comme additif alimentaire, sous forme d'huile. Mais nous ne sommes guère conscients de consommer couramment du soja. Tout comme l'huile de palme, l'huile de soja est utilisée dans une multitude de produits, sous la dénomination «huile végétale». Un quart de l'huile végétale consommée dans le monde provient de fèves de soja. Il s'agit de la plante oléifère la plus importante au monde. Dans cette série de leçons, les élèves découvrent et comprennent la notion d'«empreinte écologique». Ils étudient l'huile de soja, son utilisation et la problématique de la culture du soja. Ils réfléchissent également à notre consommation de viande. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 31 Informations didactiques Déroulement de l’activité 1. Suspendre une grande carte du monde ou la projetter contre la paroi. Objectifs pédagogiques • Les élèves sont conscients des impacts que peut avoir la consommation de produits. • Les élèves connaissent l'expression «empreinte écologique» et peuvent l'expliquer par un exemple. • Ils comprennent en quoi nous détruisons la forêt tropicale en consommant des produits contenant de l'huile de soja ou du soja. • Ils savent que le soja sert à engraisser des animaux et ils ont remis en question notre consommation de viande. Niveau 6ème – 9ème année 2. A l’aide de cette carte, les élèves racontent dans quelles régions ils sont déjà allés et de coller des post-it (de la même couleur) aux endroits concernés. 3. Débat avec toute la classe : Au cours de nos voyages, nous avons laissé ce qu'on appelle une ''empreinte écologique'' dans de nombreuses régions. Qu'entend-on par là ? 4. L’enseignant-e affirme que nous n'avons même pas besoin de voyager pour laisser des traces dans des pays étrangers. Comment est-ce possible ? Les élèves y réfléchissent dans le cadre d'une discussion commune ou par petits groupes. Matériel • Grande carte du monde ou transparent avec une carte du monde • Petits post-it de deux couleurs différentes • Produits pouvant contenir de l'huile de soja : - margarine - rouge à lèvres - glace - soupe en poudre - lessive - biscuits (une sorte contenant de la «graisse végétale») • Un morceau de viande de bœuf indigène, si possible sous vide • Fiche de travail «Les vaches suisses grignotent la forêt amazonienne» (p. 36) Travaux préparatoires • Acheter le matériel • Copier la fiche de travail Lieu Salle de classe Temps à consacrer 4 – 5 leçons L'empreinte écologique Un grand nombre de nos actions ont un impact sur la nature. Partout où nous passons, nous laissons des traces, et pas seulement avec nos pieds. Nous soulevons peut-être un caillou, cueillons des fleurs, jetons des déchets ou nous émettons des gaz d'échappement avec notre voiture. Par notre consommation, nous laissons des traces dans le monde entier tout en restant chez Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 5. Des exemples d'empreinte écologique sont donnés en classe : Lorsque je bois du jus d'orange, je laisse des empreintes écologiques au Brésil (possible pays d'origine des oranges). Lorsque je porte un pull-over en coton, je laisse des empreintes écologiques en Inde et au Portugal (où l'on a pu cultiver le coton et fabriquer le pull-over). Les élèves collent un post-it d'une autre couleur sur les régions du globe où ils ont laissé une empreinte de ce genre. 6. Débat avec toute la classe : Tous les habitants de la planète laissent-ils des empreintes aussi nombreuses et aussi grandes ? Y a-t-il des différences ? Pourquoi y a-t-il des différences ? Quelle sont les empreintes laissées chez nous par les gens des pays du Sud ? Qu'impliquent nos empreintes pour les habitants des différents pays où nous l es laissons ? 7. Etude des produits suivants : de la margarine, du rouge à lèvres, de la glace, du potage en poudre, de la lessive et des biscuits. L’enseignant-e explique qu’en consommant ces produits, nous laissons toutes sortes d'empreintes car ils contiennent de nombreuses matières premières. Il y a un composant de tous ces produits qui peut venir du Brésil. Mais la substance que nous recherchons est souvent mentionnée dans la composition sous un autre nom. Les élèves examinent les emballages et essaient de trouver de quoi il s'agit. 8. L’enseignant-e donne l'information recherchée : «Tous les produits que je vous ai montrés contiennent de l'huile végétale ou un dérivé chimique de l'huile végétale. L'huile utilisée provient souvent du Sud. Il s'agit presque toujours d'huile de palme ou de soja, mentionnée dans la composition sous l'appellation «huile végétale (partiellement durcie)» ou «graisse végétale». Nous mangeons ou nous utilisons pratiquement chaque jour un produit contenant de l'huile de soja. Il s'agit de l'huile végétale la plus utilisée au monde. Outre les articles présentés, beaucoup d'autres produits contiennent du soja ou de l'huile de soja : par exemple, la mayonnaise, les 32 nous. Pour que je mange une banane, par exemple, il a fallu planter des bananiers. On a donc besoin de terrain agricole. Pour entretenir les bananiers, récolter, emballer et transporter les bananes, il faut du personnel et du matériel. Une banane a donc nécessité beaucoup de travail avant d'atterrir dans notre panier à commissions! Par ma consommation, je laisse ce qu'on appelle une empreinte écologique dans un pays lointain et partout où la banane a passé pour arriver jusqu'à nous. Le WWF a créé un site Internet, www.footprint.ch, où l'on peut calculer son empreinte écologique de façon ludique, sur la base de sa consommation personnelle. La surface nécessaire pour fournir les différentes ressources utilisées – énergie, produits alimentaires, eau – est extrapolée à l'ensemble de la population mondiale. Le résultat indique combien de planètes seraient nécessaires si tous les êtres humains consommaient autant et de la même manière. Si nous avons besoin de plus qu'une planète, notre style de vie n'est pas durable. La moyenne de la population suisse est de 2.6 planètes. Les habitants des pays riches du Nord laissent des empreintes écologiques particulièrement grandes. C'est-à-dire qu'ils consomment beaucoup de ressources pour couvrir leurs besoins, donnent naissance à de nombreux processus dans le monde et produisent d'immenses quantités de déchets. Les empreintes des habitants des pays pauvres du Sud sont beaucoup plus petites car ils n'achètent et ne consomment pas autant de choses et ils mangent souvent de la nourriture qu'ils ont produite eux-mêmes. Il est important que nous fassions attention à ne pas «écraser» notre planète avec des empreintes écologiques trop grandes et trop nombreuses, afin que la nature puisse continuer à nous fournir ce dont nous avons besoin ! Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale pâtes à tartiner, les barres de chocolat, les pâtisseries, les plats préparés, les produits cosmétiques, le savon, les produits de nettoyage, les peintures et les encres. Le soja est une plante parente de nos haricots. On peut manger les fèves de soja, en tirer de nombreux produits, y compris de l'huile. Le soja est souvent utilisé comme fourrage. Bien que le soja pousse aussi en Suisse, nous achetons la plus grande partie de notre soja au Brésil. Cette plante y est cultivée sur d'immenses surfaces. La demande en soja continue d'augmenter, ce qui a des conséquences graves au Brésil : on y détruit le cerrado, un merveilleux paysage de savane, pour planter de nouveaux champs de soja. De nombreux animaux vivent dans le cerrado, dont le jaguar, un splendide félin, et le loup à crinière, un magnifique prédateur. En outre, les champs pénètrent toujours plus profondément dans la forêt tropicale du sud de la région amazonienne, faisant disparaître le milieu de vie de nombreuses espèces animales et végétales. En consommant des produits contenant du soja, nous laissons donc des empreintes problématiques au Brésil, qui menacent le jaguar et beaucoup d'autres animaux !» 9. Réflexion de groupe : «Manger un morceau de viande de bœuf constitue aussi une menace pour le jaguar du Brésil, bien que la viande provienne de Suisse.» Les élèves réfléchissent par petits groupes à cette affirmation. 10. Les élèves font part de leurs réflexions à la classe. L’enseigant-e expose, si nécessaire, les faits précis : «Les mélanges de fourrage contiennent de la farine de soja. Le soja provient principalement du Brésil. Nos vaches mangent donc aussi de la farine de soja du Brésil. La nourriture destinée aux porcs et aux poules renferme encore plus de farine de soja. Pour produire de la viande suisse, on a donc cultivé du soja au Brésil, sur des champs empiétant toujours plus sur le cerrado et la forêt tropicale. En mangeant de la viande, je fais peser une menace sur le jaguar et sur d'autres animaux vivant au Brésil. 11. Les élèves lisent la fiche de travail «Les vaches suisses grignotent la forêt amazonienne» et répondent aux questions. 12. Les réponses sont discutées et corrigées. (Solutions en page 34) 13. Débat avec toute la classe sur les questions suivantes : - Suis-je obligé-e de manger de la viande tous les jours ? - La viande est-elle saine ? - A quoi est-ce que je contribue en mangeant de la viande provenant d'animaux nourris avec du soja brésilien ? - Un paysan fait paître ses vaches presque toute l'année. Elles mangent de l'herbe, du foin, du maïs du pays stocké dans des silos et un peu d'orge moulu. Il vend la viande de ses bêtes. Est-ce que tu l'achèterais 33 Tous les animaux d'élevage ne font pas les mêmes dégâts indirects En Suisse, ce pays de prairies et de pâturages, l'élevage de ruminants devrait être particulièrement intéressant sur le plan écologique. Les vaches et les moutons peuvent idéalement convertir l'herbe en lait et en viande. Les porcs et les poules, par contre, ne peuvent valoriser qu'un faible pourcentage de fourrage grossier. Leur appareil digestif nécessite le recours à des quantités beaucoup plus grandes d'aliments concentrés. Jusqu'ici, on a utilisé relativement peu de fourrages concentrés - 400-500 kg par animal et par année - pour l'élevage de bovins en Suisse. Dans l'UE, on utilise déjà 2’000-3’000 kg de fourrage concentré par animal et par année, et aux Etats-Unis, les quantités devraient être encore plus importantes. Avec l'ouverture des frontières, le prix du fourrage va aussi baisser en Suisse. Le recours néfaste aux fourrages concentrés dans l'élevage des bovins va donc se propager chez nous aussi dans le futur. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale volontiers ? Lire ”Tous les animaux d’élevage ne font pas les mêmes dégâts indirects”, p. 34 Suite du travail Réaliser en classe un sondage sur la quantité de viande mangée par toute la famille pendant une semaine. Série de leçons «La reine des fèves» Solutions aux questions de la fiche de travail «Les vaches suisses grignotent la forêt amazonienne» (p. 36) 1. Environ un kilo. (50 kg par année reviennent à environ 1 kg par semaine, étant donné qu’il y a 52 semaines dans une année.) 2. Fourrage grossier = herbe et foin ; le fourrage grossier est un fourrage à faible valeur énergétique Fourrage concentré = fourrage à haute valeur énergétique, c'est-àdire riche en protéines, composé de soja, de maïs ou d'autres céréales, de colza ou de pois. 3. Les bovins peuvent vivre sans problème avec du foin et de l'herbe. Nous leur donnons du fourrage concentré pour qu'ils grandissent et fournissent de la viande plus rapidement et que les vaches donnent plus de lait. 4. Les céréales et le soja cultivés en Suisse ne suffisent pas pour produire le fourrage concentré nécessaire. Nous devons importer du soja et des céréales pour le fourrage. 5. Depuis qu'on ne peut plus donner de farine animale aux animaux d'élevage, il faut trouver d'autres substances protéinées pour le fourrage. Le soja représente un substitut approprié à la farine animale ; sa consommation a donc considérablement augmenté après la crise de l'ESB. 6. D'immenses surfaces de la savane du cerrado, où vivent de nombreuses espèces animales et végétales, et des portions toujours plus vastes de la forêt amazonienne sont transformées en champs de soja. 7. La forêt tropicale humide et la savane sont des milieux d'une valeur inestimable où vivent un grand nombre d'espèces. Avec l'expansion des plantations de soja, des animaux comme le jaguar sont menacés de disparition. En plus de la destruction de la végétation, les sols et l'eau sont pollués avec les produits toxiques et les engrais utilisés par l'agriculture intensive. 8. Une tonne de soja permet de nourrir beaucoup plus de gens qu'une vache engraissée avec ce soja. 34 Une autre «huile tropicale» Tout comme le palmier à huile, le soja est une plante dont la culture entraîne la destruction de vastes pans de forêt tropicale. En Amérique du Sud, au Brésil et en Argentine surtout, la surface cultivée de soja a augmenté de deux tiers depuis 1995. De larges secteurs du cerrado, la savane brésilienne, ont déjà été transformés en champs de soja. On cultive toujours plus de variétés résistant à l'humidité dans la région amazonienne. La majeure partie du soja sud-américain est transformée en fourrage et exportée en Europe. L'huile de soja est un sous-produit résultant du processus de fabrication de la farine de soja. Transformation du soja Champs de soja Fèves de soja Broyage Farine de soja Huile de soja Industrie chimique Encre Peinture Lubrifiant Huiles etc. Industrie alimentaire Cosmétiques détergents Industrie chimique Margarine Graisse de cuisine Mayonnaise Biscuits Crème à café etc. Savon Lessives Cosmétiques etc. Plastique Cosmétiques Peinture Encre etc. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 35 Industrie des fourrages Fourrage Viande Produits à base de viande etc. Industrie alimentaire Pâtes Sauce soja Aliments pour bébés Farine Succédanés de viande etc. Fiche de travail Les vaches suisses grignotent la forêt amazonienne Surfaces cultivées à l'étranger pour de la viande suisse En moyenne, chaque Suisse et Suissesse mange plus de 50 kilos de viande par année : principalement du porc, du bœuf, de la volaille et du veau. Et tous ces animaux ont du être nourris avec du fourrage. Prenons l'exemple des vaches : normalement, une vache mange de l'herbe et du foin, ce qu'on appelle du fourrage grossier. En Suisse, nous avons des pâturages à profusion qui nous permettent de nourrir un grand nombre de ruminants. Mais aujourd'hui, on donne aussi du fourrage concentré aux bovins, pour qu'ils grandissent et produisent plus vite de la viande. Les vaches donnent aussi plus de lait lorsqu'elles reçoivent du fourrage concentré. Le fourrage concentré est composé avant tout de farine de soja, de maïs et de céréales. La demande en viande implique une certaine quantité de fourrage concentré pour engraisser le bétail, et la surface cultivée en Suisse ne suffit pas à produire le fourrage nécessaire. C’est pourquoi nous devons acheter des céréales et du soja à l'étranger. Rien que pour la consommation suisse de viande, 97'000 hectares de soja sont cultivés à l'étranger, soit une surface aussi grande que le canton de Thurgovie. Nous importons également de grandes quantités de céréales étrangères. Toujours de nouveaux champs de soja Depuis que la farine animale est interdite dans toute l'Europe, suite à l'affaire de l'ESB (maladie de la vache folle), il faut la remplacer par une autre substance riche en protéines et il s'agit dans la plupart des cas du soja. Le Brésil, notre plus important fournisseur, a dû vendre encore plus de soja à l'Europe depuis cet évènement. Des surfaces de cultures beaucoup plus grandes ont donc dû voir le jour au Brésil. Une grande partie du cerrado, la savane brésilienne, est déjà détruite et transformée en champs. Les grandes quantités d'engrais et de produits phytosanitaires (pour les soins à appotés aux végétaux) utilisés polluent le sol et l'eau. Seul un tiers du cerrado est encore à l'état naturel. Mais si la demande en soja continue d'augmenter, ces territoires devront eux aussi capituler devant les plantations de soja. Au Nord, le cerrado disparaît au Questions sur le texte profit de la forêt amazonienne. Les forêts humides cons- 1. Quelle est la quantité moyenne de viande que tituent les milieux les plus riches en espèces de notre consomme un Suisse / une Suissesse chaplanète. Pourtant, la déforestation s'y poursuit en faque semaine ? Fais le calcul ! veur des terres agricoles. 2. Explique les notions de fourrage grossier et de fourrage concentré. 3. Les bovins ont-ils besoin de fourrage concenNotre immense consommation de viande pose protré pour vivre ? blème à plusieurs égards : tout le soja et les céréales 4. Le soja et les céréales poussent aussi en que nous donnons à nos animaux d'élevage pourraient Suisse. Pourquoi nos bêtes ne mangent-elles faire vivre beaucoup plus de gens que la viande de ces pas ce fourrage indigène ? animaux. Le soja séché contient plus de protéines que 5. Pourquoi la demande en soja a-t-elle aug la viande et il constitue un aliment très sain ! ! C'est du menté après la crise de la vache folle? gaspillage de «faire passer» le soja et les céréales par 6. Où voit-on apparaître au Brésil de nouvelles un animal quand on pourrait manger directement ces cultures de soja ? aliments. Précisément, la nourriture est rare et chère 7. Pourquoi l'extension des surfaces cultivées dans les pays producteurs, qui sont des pays pauvres. pose-t-elle problème ? Les céréales ou le soja cultivé pourraient offrir de la 8. Avec quoi peut-on nourrir le plus de gens ? nourriture à une grande quantité de gens ! Une tonne de fèves de soja ou une vache qui aurait mangé une tonne de soja durant son existence ? Nos animaux mangent le pain des pauvres Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 36 La reine des fèves Idée directrice La gousse de soja, dont le nom scientifique est Glycine max, fait partie des légumineuses. Ce légume très sain possède de nombreuses qualités. En Chine, sa patrie d'origine, le soja est cultivé depuis 6’000 ans et, pendant longtemps, il a constitué la principale nourriture des habitants de ce pays. On l'appelait la «reine des fèves». Les Chinois ont une longue tradition de produits à base de soja ; il existe environ 12'000 sortes de produits différents. Le soja est la principale source d'huile et de protéines au monde. La production de soja continue d'augmenter. Il existe quantité de nouvelles variétés cultivées, que l'on fait pousser dans de nombreuses régions de la planète. Dans cette série de leçons, les élèves font pousser des plantules de soja pour les manger et effectuent des recherches dans différents domaines en rapport avec le soja. Ils écrivent des fiches d'information pour constituer un dossier sur tout ce qu'il est utile de savoir sur la plante de soja et ses produits dérivés. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 37 Informations didactiques Objectifs pédagogiques • Les élèves ont fait pousser des plantules de soja en classe et ils savent comment procéder. • Ils se sont intéressés de près à un thème en rapport avec le soja, ont réuni des informations et rédigé une fiche d'information. • Ils connaissent les principales données relatives au thème du soja. Niveau 5ème – 9ème année Matériel • Ustensiles pour planter et goûter le soja (voir fiche de travail p. 40) Travaux préparatoires • Se procurer le matériel nécessaire • Assurer un accès à Internet ou réunir des livres, des articles de journaux et des informations tirées d'Internet sur le thème du soja • Série de leçons «Les vaches suisses grignotent la forêt amazonienne» Lieu Salle de classe Temps à consacrer 8 –10 leçons Déroulement de l’activité 1. Les élèves font pousser par petits groupes des plantules de soja selon les indications figurant sur la fiche de travail «Un produit sain cultiver soimême» (p. 40). 2. En introduction, résumer les informations de la leçon précédente : Nous avons appris que nous consommons presque chaque jour du soja, sans nous en rendre compte. Mais cette plante est problématique pour plusieurs raisons. Sa culture détruit des paysages méritants d'être protégés. Ce n'est pas une fatalité. En étant bien informés, nous pouvons influer, en tant que consommateurs, sur le mode de production du soja et contribuer un tant soit peu à la préservation de précieux milieux de vie. Nous allons donc réunir le plus possible de connaissances autour de la plante de soja.» 3. Par groupe, les élèves choisissent un des thèmes suivants : - la plante de soja (aspect, provenance) - importance du soja en Asie - huile de soja et produits contenant de l'huile de soja - le soja génétiquement modifié - le soja dans le fourrage - le tofu et les autres produits à base de soja - la lécithine de soja - le soja - sa valeur nutritive et son rôle pour la santé Après avoir choisi un thème en rapport avec la soja, les élèves réunissent le plus possible de matériel sur ce sujet. L’enseignant-e donne quelques conseils pour ce travail : pour se procurer des informations sur Internet, il est recommandé d'entrer d'abord le mot «soja» dans un moteur de recherche comme www.google.ch et de recueillir ensuite des informations sur les sous-thèmes choisis via une recherche dans les résultats. S'il n'y a pas d'accès Internet à l'école, mettre à la disposition des élèves du matériel sur le thème du soja. 4. Les groupes effectuent des recherches et rédigent les fiches d'information. Les élèves résument les informations trouvées concernant leur thème sur une page A4. Ils ne doivent pas copier de phrases toutes faites mais trouver leurs propres formulations. Les textes doivent être aisément compréhensibles pour tous et illustrés si possible avec des dessins. Ils notent également cinq questions auxquelles leurs camarades devront répondre à l'aide des résumés figurant sur les fiches d'information. 5. Ils photocopient leurs fiches d'information et les distribuent à l’ensemble de la classe, puis ils présentent les résultats de leur travail sous forme d’un bref exposé. Les camarades tentent de répondre aux questions en s‘aidant de la fiche d’information. 6. Pour contrôler que la matière est assimilée, on demande aux élèves de répondre aux questions posées par les groupes. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 38 Suite du travail Cuisiner des plats avec du soja dans le cadre des cours de cuisine. Goûter différents produits à base de soja comme le lait de soja, le yoghourt au soja, les desserts au soja, le tofu, la saucisse de soja (éventuellement des produits de différentes sortes et marques). Débat sur les avantages et inconvénients des organismes génétiquement modifiés. Série de leçons «Des champs de soja à perte de vue» Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 39 Fiche de travail Un produit sain à cultiver soi-même On peut facilement faire germer des graines de soja en très peu de temps, chez soi ou en classe. Les pousses sont très saines et contiennent beaucoup de vitamines et de matières minérales importantes pour notre corps. En lisant ce qui suit, tu apprendras comment on fait pousser du soja. Tu pourras renouveler l'expérience avec des graines de radis, de moutarde, de cresson, de tournesol, de lentilles, de pois chiches, de luzerne et avec des graines de céréales, comme le blé, le seigle, l'avoine ou l'orge. Il est recommandé d'acheter les graines dans un magasin bio. Les semences biologiques ne sont pas exposées à des rayons et ne subissent pas de traitements chimiques. Demande toujours au magasin si la semence convient pour la germination ! Il est important de passer les pousses plusieurs fois par jour sous l'eau courante afin qu'elles ne pourrissent pas. Quelques graines forment des racines avec des poils très fins que l'on peut facilement confondre avec de la moisissure. Si tu n'es pas sûr que les plantules soient comestibles, rince-les bien à l'eau puis vérifie qu'elles ne sentent pas mauvais. Tu te rendras compte rapidement si les pousses sont fraîches. Tu peux les répandre sur une tranche de pain beurré, les ajouter à la salade et à de nombreux plats. Tu peux aussi les mélanger à de la pâte à pain et cuire un «pain aux pousses». Attention, il ne faudrait pas manger de grandes quantités de germes crus de légumineuses comme les fèves de soja, les lentilles ou les pois chiches. Pour confectionner des sandwichs et des salades, tu dois les blanchir une demi-minute dans de l'eau bouillante légèrement salée. Matériel • • • • • • • graines de soja vert (haricot Mungo) pouvant germer bocal à confitures ou à conserves gaze synthétique élastique grand tamis assiette cuillère à soupe On trouve aussi dans le commerce des bocaux spéciaux pour les pousses, avec un couvercle inoxydable muni d'un tamis ou encore des récipients appropriés en terre cuite ou en plastique. Culture de plantules de soja 1. Mettre quelques cuillères de fèves de soja dans un bocal de façon à en couvrir le fond. Remplir le bocal d'eau et laisser gonfler les graines pendant plusieurs heures (durant la nuit). Ne pas exposer le bocal à la lumière directe du soleil. 3. Couvrir le bocal avec la gaze et la fixer avec un élastique. Faire tenir le bocal, ouverture en bas, en équilibre sur une cuillère placée dans une assiette, de façon à laisser l'air circuler dans le bocal et l'eau s'écouler. Répéter l'opération après quelques heures. Rincer les fèves de soja deux à trois fois par jour au cours des jours suivants et replacer le bocal à l'envers sur la cuillère. 2. Verser l'eau le deuxième jour. Vider les fèves de soja dans le tamis et les rincer à grande eau, puis les laisser s'égoutter et les remettre dans le bocal. 4. Lorsque les pousses sont environ trois fois plus grandes que la graine, on peut les passer rapidement dans de l'eau bouillante et les manger, par exemple dans un sandwich. 30 secondes Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 40 Des champs de soja à perte de vue ! Idée directrice Sous l'impulsion d'un marché d'exportation florissant, la culture du soja continue de se développer, surtout au Brésil. 60% des fèves de soja et 95% de la farine de soja importés dans l'UE proviennent d'Amérique du Sud. En Suisse aussi, on importe avant tout du soja brésilien car aucune variété génétiquement modifiée n'y a été cultivée jusqu'à maintenant. Mais, depuis l'automne 2003, l'utilisation de soja transgénique est également autorisée au Brésil. Pour le moment, ce règlement n'est valable qu'une année. Les exploitations brésiliennes sont des entreprises soit nationales soit familiales. Un grand nombre d'entre elles sont gigantesques et offrent un emploi à quantité de gens. Cependant, l'agriculture intensive a des conséquences dévastatrices sur l'environnement brésilien. Là où la savane et la forêt tropicale offraient jadis un milieu à une flore et une faune extrêmement diversifiées, s'étendent aujourd'hui des monocultures qui ne leur laissent plus guère de place. Dans cette série de leçons, les élèves découvrent le paysage du cerrado et sa faune. Ils étudient les évolutions qu'a connues ce biotope et apprennent comment se passe la culture du soja dans une grande exploitation brésilienne. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 41 Informations didactiques Objectifs pédagogiques • Les élèves peuvent décrire le paysage du cerrado et connaissent plusieurs animaux qui y vivent. • Ils savent que le cerrado se restreint toujours plus au profit des terres agricoles et que les cultures gagnent aussi sur la forêt tropicale. • Ils se sont intéressés de plus près à une exploitation agricole brésilienne. Déroulement de l’activité 1. L’enseignant-e lit le texte «La savanne du cerrado, au Brésil» (voir page 43). Les élèves doivent fermer les yeux et imaginer cette région. 2. Les élèves dessinent ou peignent le cerrado à partir des informations données. 3. Débat avec toute la classe : Pourquoi le cerrado est-il si précieux ? Que nous apporte la préservation de ce type de milieu ? Est-il important pour toi que l'on sauvegarde des espèces animales comme le jaguar ? Niveau 5ème – 9ème année Matériel • Papier à dessin • Matériel de peinture • Fiches de travail «Culture du soja» (pp. 44-45) • Bouts de papier de la taille d'une carte postale • Micro ou objet représentant un micro Travaux préparatoires • Série de leçons «La reine des fèves», p. 37 • Photocopier les fiches de travail • Préparer le matériel nécessaire Lieu Salle de classe Temps à consacrer 6 – 7 leçons 4. Fiches de travail «Culture du soja» (pp. 44-45). Les élèves lisent les deux articles de journaux «Le Brésil est en passe de devenir le plus grand producteur de soja au monde» et «En Amazonie, de nouvelles routes ouvrent la voie à la culture du soja». Les questions de compréhension sont abordées en classe. 5. Les élèves répondent aux questions de la fiche de travail. 6. Les réponses sont commentées et corrigées. (Réponses, voir page 43) 7. Les élèves lisent le texte «Une grande entreprise familiale au Brésil» et soulignent les mots et les phrases qu'ils ne comprennent pas. Les questions de compréhension sont abordées en classe. 8. L’enseignant-e informe : «Imaginez que Rubens Navarro et sa famille viennent nous voir en classe. Vous avez l'occasion fabuleuse de poser des questions à un producteur de soja.» Par deux, les élèves réfléchissent à des questions sur le thème du soja et les notent sur de petits billets. Ils notent en haut à quel membre de la famille la question s'adresse. Pour se préparer à l'interview en classe, les groupes s'exercent par oral à répondre à leurs propres questions. 9. Interview : On forme une pile avec tous les billets. Un-e élève lit une question, se dirige spontanément vers un-e camarade de classe et lui tend un micro. La personne interrogée doit donner la réponse la plus plausible possible. 10. Les élèves s'expriment sur le déroulement de l'interview : Comment me suis-je senti quand j'ai dû répondre tout à coup à une question ? A quelles questions était-il particulièrement difficile de répondre ? Quelles sont les réponses qui m'ont paru crédibles ? Comment se présente d'une manière générale l'avenir des producteurs brésiliens de soja ? La culture du soja au Brésil est-elle proche de la nature ? Quels changements devraiton apporter à l'agriculture pour que les animaux du cerrado ne disparaissent pas ? Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 42 La savane du cerrado, au Brésil Le cerrado s'étend sur une surface aussi vaste que l'Europe de l'Ouest. Toute l'année, il y fait aussi chaud que chez nous en été. Des vents chauds y soufflent souvent, l'air est sec et le ciel presque toujours sans nuages. Dans cette partie du Brésil, le terrain est relativement plat et couvert d'herbe et d'arbres. Par endroits, on y rencontre aussi de la forêt, des plans d'eau et des cours d'eau. Les arbres ne sont pas très hauts et beaucoup d'entre eux ont un tronc tortueux, une écorce épaisse et des feuilles persistantes. Un grand nombre de buissons ont de magnifiques fleurs, aux couleurs éclatantes. Dans le cerrado, poussent aussi des fougères, des orchidées et des palmiers. Ce paysage préservé ressemble à un superbe jardin sauvage. Quantité d'espèces animales et végétales vivent dans la savane brésilienne. Nombre d'entre elles ne se rencontrent qu'au cerrado et nulle part ailleurs. C'est la savane des oiseaux, des insectes et des fleurs. Il n'y a pas beaucoup de grands mammifères en Amérique du Sud. Le loup à crinière et le jaguar sont deux prédateurs vivant dans le cerrado, mais il est rare qu'on puisse en apercevoir. Le tapir et le tamanoir (grand fourmilier) comptent parmi les autres grands habitants de la savane. Vivent également dans le cerrado le chat des pampas – un nocturne –, le cochon d'Inde, le nandou – un grand oiseau coureur assez semblable à une autruche –, et de nombreuses espèces de chauve-souris et de petits rongeurs. Suite du travail Réunir une série de questions sur la culture du soja en Suisse. Pius interviewer les paysans des environs qui cultivent du soja. Visiter des monocultures d'épicéas et poser au garde-forestier des questions sur les problèmes liés aux monocultures. Série de leçons «Devenir des consommateurs et consommatrices critiques» Réponses aux questions de la fiche de travail «Culture du soja» (p. 44) 1. Ce sont les Etats-Unis qui produisent actuellement le plus de soja (env. 75 millions de tonnes) ; suivent le Brésil (33 millions de tonnes), l'Argentine (20 millions de tonnes) et la Chine (15 millions de tonnes). 2. Le cerrado est progressivement converti en terres agricoles, le plus souvent en champs de soja. Cela signifie que la savane, où vivent un grand nombre d'espèces, cède la place à de gigantesques monocultures. Des mammifères, des insectes, des amphibiens, des reptiles et des oiseaux perdent leur milieu de vie et le sol est pollué par les produits phytosanitaires (destinés à soigner les végétaux) et les engrais. 3. Oui, les champs de soja pénètrent de plus en plus profondément dans la forêt tropicale. On peut maintenant cultiver des variétés sélectionnées pour résister à l'humidité à des endroits autrefois inadaptés. 4. On construit cette nouvelle route pour poser une grande conduite de gaz naturel et y faire des réparations dans le futur. 5. Un grand nombre de personnes peut pénétrer dans la forêt tropicale en empruntant les routes. La tentation est grande d'y couper des arbres afin de vendre un bois tropical toujours très apprécié. En l'absence de routes, il est impossible de transporter ces troncs pesants. En outre, on peut cultiver du soja dans les surfaces récemment déboisées. On pourra ensuite transporter et vendre cette production de soja. A nouveau, seule une route permet cette exploitation. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 43 Fiche de travail Culture du soja Le Brésil est en passe de devenir le plus grand producteur de soja au monde En Amazonie, de nouvelles routes ouvrent la voie à la culture du soja En l'espace de 10 ans, le Brésil pourrait supplanter les Etats-Unis et devenir le plus important producteur de soja au monde. La surface consacrée à la culture du soja augmente de 10% par année au Brésil. Le Ministère américain de l'agriculture estime qu'elle va continuer à s'accroître pour atteindre 100 millions d'hectares (soit Petrobras, l'entreprise pétrolière nationale du Brésil, a reçu l'autorisation de faire passer un gazoduc de 550 kilomètres dans le bassin ouest de l'Amazonie. Deux routes seront aménagées le long du pipeline pour sa construction et son entretien. Des associations écologistes craignent que l'on ne profite de ces nouvelles routes pour pénétrer dans des régions jusque-là 15 fois la superficie de la Suisse). Cette croissance concerne surtout le Mato Grosso et d'autres Etats brésiliens du centre-ouest. D'immenses portions de la savane du cerrado y sont converties en terres agricoles. Mais cette extension se déplace toujours plus vers le Nord, dans la forêt tropicale humide. Questions 1. Quel pays est aujourd'hui le plus gros producteur de soja au monde ? Et le deuxième plus important ? 2. Que se passe-t-il dans le cerrado ? 3. Y a-t-il aussi des champs de soja dans la forêt amazonienne ? 4. Pourquoi va-t-on construire une nouvelle route à travers la forêt amazonienne ? 5. Quel problème les routes construites dans la forêt tropicale occasionnent-elles ? Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 44 préservées et les convertir en terrains agricoles. En outre, l'asphaltage d'une autre piste de 784 kilomètres de long, traversant le bassin sud de l'Amazonie, rendrait accessibles 80'000 hectares de forêts, avec le risque de les voir déboisés au profit de la culture du soja, qui se déplace toujours plus de la savane à la forêt primitive. Une grande entreprise familiale au Brésil lise des produits chimiques pour éliminer la mauvaise herbe. Il recourt à de nombreuses machines : pour étendre l'engrais, ensemencer, traiter les plantes de soja avec des produits chimiques et pour récolter les fèves de soja. L'exploitation du Cerrado et la ferme où habite la famille Navarro emploient un personnel nombreux. Neuf familles en tout vivent et travaillent dans les deux exploitations. Rubens Navarro doit souvent faire appel à des ouvriers supplémentaires. Ceux-ci sont alors payés chaque jour et ne bénéficient pas d'un contrat de travail. Rubens et Ana Navarro vivent dans une ferme au sud du Brésil. Rubens est entrepreneur, il possède deux grandes exploitations agricoles : la ferme où il vit avec sa famille et une grande exploitation dans le cerrado. Ana est femme au foyer et elle aide aussi aux travaux agricoles. Caterina, leur fille, étudie l'agronomie à l'université, dans une ville qui se trouve à environ 90 kilomètres. Elle ne rentre à la ferme que le week-end. Plus tard, Caterina aimerait reprendre les deux exploitations. Son frère Nazareno fréquente une école privée dans une petite ville où il se rend chaque jour en bus. Les Navarro n'élèvent pas d'animaux mais cultivent du soja, du blé et du maïs sur les 500 hectares entourant leur ferme. A titre de comparaison, une ferme de taille moyenne sur le Plateau suisse exploite 18 hectares de terrain environ. L'argent que lui rapportent ses deux exploitations permet à la famille Navarro de vivre confortablement, avec l'électricité, plusieurs voitures, la télévision et des téléphones portables. Rubens Navarro cultive ses fèves de soja pour l'exportation, c'està-dire pour la vente à l'étranger. Les fèves de soja récoltées sont vendues à des marchands qui les livrent à des fabriques, où l'huile de soja est extraite des fèves par pressage. Le tourteau, c'est-à-dire les résidus du pressage, est moulu pour produire de la farine de soja, vendue comme fourrage. Au Brésil, il y a aussi des familles qui vivent dans de petites fermes et y cultivent du soja et d'autres plantes. Mais le soja exporté ne provient que de grandes exploitations. La deuxième exploitation de la famille se trouve dans la région du Mato Grosso, plus précisément dans le cerrado, à plus de mille kilomètres de leur domicile. C'est le frère de Rubens qui s'occupe de cette ferme. Il a son domicile en ville et se rend à l'exploitation chaque lundi. Il y reste toute la semaine pour surveiller le travail effectué. La ferme possède 2500 hectares de plantations de soja, soit l'équivalent de 140 exploitations agricoles suisses de taille moyenne ! Avant que Rubens ne construise sa ferme dans le Mato Grosso, la région était encore couverte de savane. Il a déboisé la forêt avec son frère et un grand nombre d'ouvriers et brûlé le bois car personne ne pouvait l'utiliser. Aujourd'hui il ne se rend à l'exploitation que s'il y a des décisions importantes à prendre. Sur le terrain agricole gagné sur le cerrado, on a planté du riz pendant une année, puis du soja, sans interruption. Les champs s'étendent à perte de vue. Rubens ne fait pas labourer le sol mais il uti- Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale Les animaux qui ont toujours vécu dans les prairies du cerrado, au milieu des arbres, ne trouvent plus de refuge et de nourriture dans les champs de soja : leur ancien biotope est détruit. Mais Rubens est d'avis que les paysans en savent aujourd'hui plus sur la protection de l'environnement qu'il y a quelques années, grâce aux émissions de télévision. Il existe aussi des dispositions légales portant sur la taille maximale des champs et demandant le maintien de quelques arbres et buissons entre les surfaces cultivées. Mais il est difficile de contrôler leur application car les cultures sont immenses et s'étendent continuellement. On sait toutefois qu'un grand nombre de paysans ne respectent pas ces lois agricoles. 45 Devenir des consommateurs de soja à l'esprit critique Stoppez la destruction du Cerrados ! Idée directrice La culture du soja détruit des paysages dignes d'être protégés. Dans les monocultures exploitées de manière intensive, on utilise beaucoup trop de produits chimiques. Nous devons agir, nous les consommateurs, afin de trouver une solution ! Pour faire pression, nous pouvons demander aux fabricants et aux distributeurs d'où provient le soja utilisé et comment il a été cultivé. Mais, pour cela, il nous faut d'abord savoir quels produits contiennent du soja. Dans cette série de leçons, les élèves s'intéressent de manière critique à la consommation de produits qui contiennent du soja. Ils se rendent dans des magasins d'alimentation pour s'informer sur l'offre en produits à base de soja, sur la provenance et les méthodes de production du soja utilisé. Ils réalisent une manifestation publique pour informer les gens sur la problématique du soja. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 46 Informations didactiques Déroulement de l’activité Objectifs pédagogiques 1. Travail de groupe : Les élèves débattent des arguments pour ou contre la consommation de produits contenant du soja ou de l'huile de soja. • Les élèves connaissent des arguments pour ou contre la consommation de soja. • Ils ont recueilli des informations sur les produits au soja et la viande (de bœuf) dans différents commerces et comparé leurs fournisseurs. • Ils ont rendu le public attentif à la problématique du soja. Niveau 4ème – 9ème année Matériel • Tout ce qui est nécessaire pour effectuer un travail de communication et d'information Travaux préparatoires • Série de leçons «Des champs de soja à perte de vue» (p. 41) Lieu • Salle de classe • Magasins d'alimentation • Lieu approprié pour le travail d'information et de communication 2. Les groupes présentent le fruit de leurs réflexions à la classe. L’enseignant-e recueille les arguments pour ou contre au tableau noir. 3. Débat avec toute la classe : Faut-il boycotter les produits contenant du soja ? Qu'est-ce qui est dangereux dans un boycott ? Que pouvons-nous faire pour ne pas détruire, en consommant des produits contenant du soja, les précieux espaces de vie d'animaux comme le jaguar ? A quels critères les produits au soja doivent-ils répondre pour que nous soyons sûrs que ni la forêt tropicale ni la savane ne sont menacées ? Qui pourrait nous aider dans cette tâche ? 4. Les élèves font la liste des questions sur le thème du soja qu'ils aimeraient poser plus tard aux personnes responsables des magasins d'alimentation. Ils les résument dans un questionnaire standardisé. (Questions possibles, voir page 48) 5. Travail de groupe : Les élèves demandent personnellement, par téléphone ou par écrit à différents commerces s'il serait possible de poser quelques questions sur l'assortiment de produits contenant du soja au gérant-e ou à une autre personne responsable. Temps à consacrer 6. Les élèves réalisent les interviews. 6 – 7 leçons, sans compter la planification et la réalisation du travail de communication et d'information 7. Les réponses sont résumées et comparées avec celles des autres groupes. Arguments pour la consommation du soja - Le soja est riche en substances nutritives, il contient beaucoup de vitamines et de substances minérales et il est bon pour la santé - Le soja est une bonne alternative à la viande - On trouve de l'huile de soja dans un grand nombre de produits auxquels je ne veux pas renoncer - Le soja a bon goût Arguments contre la consommation du soja - Les cultures de soja détruisent la savane et la forêt tropicale, qui sont des milieux menacés - Le soja ne vient généralement pas de Suisse et il doit donc être transporté sur de longues distances, ce qui porte atteinte à l'environnement - Le soja peut être génétiquement modifié - Je n'aime pas le goût du soja Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 8. Les différents commerces sont évalués en fonction des critères suivants: - Trouve-t-on dans l'offre des produits dont la composition mentionne clairement la présence d'huile de soja ? - Trouve-t-on dans l'offre des produits contenant du soja dont la culture n'a pas nécessité la destruction de forêt tropicale ? - Trouve-t-on dans l'offre de la viande de bœuf issue d'élevages utilisant un faible pourcentage de fourrage concentré ? - Est-ce que l'offre ne comprend aucun produit avec du soja génétiquement modifié ? - La personne interviewée était-elle bien informée ? - Le commerce s'engage-t-il pour la sauvegarde de milieux de vie précieux? Le commerce reçoit une étoile à chaque fois que la réponse est Oui. 9. La cotation avec les étoiles, accompagnée d'un commentaire, est remise aux personnes interviewées dans les commerces. 10. La classe organise une action sur le thème du soja ou de l'huile tropicale en général, en s’aidant de la check-list (p. 48) et des propositions d’actions (pp. 49-50). 47 Questions possibles - Quels sont les produits contenant du soja qu’offre votre établissement/magasin ? - Dans quels produits alimentaires trouve-t-on du soja ou de l'huile de soja ? - Sous quelle appellation le soja et l'huile de soja sont-ils déclarés ? (Le groupe fait lui-même des recherches après l'interview) - De quel pays provient le soja utilisé ? - Le soja a-t-il été cultivé dans des exploitations proches de la nature ? - Le soja présent dans les produits est-il génétiquement modifié ? - La culture du soja détruit des milieux dignes d'être préservés. Que fait le commerce contre l'exploitation abusive de la savane et de la forêt tropicale ? - Quel produit contenant du soja peut-on recommander, parmi ceux proposés dans votre magasin ? Pour quelles raisons ? (Le groupe fait aussi des recherches lui-même après l'interview.) - Propose-t-on de la viande indigène ? - Les vaches qui ont fourni la viande ont-elles mangé du fourrage concentré contenant du soja ? - Y a-t-il différentes sortes de viande de bœuf ? - En quoi résident les différences ? Check-list pour le travail de communication et d'information Thème • • • • Quel thème choisissons-nous ? Quel est le cœur de notre message ? Qu'avons-nous déjà réalisé sur ce thème ? Nos connaissances et le matériel à notre disposition suffisent-ils pour nous présenter devant un public ? • Nos déclarations sont-elles claires et compréhensibles ? Destinataires • Qui voulons-nous atteindre avec notre message ? • Comment faire passer notre message le plus efficacement possible auprès des destinataires ? Lieu • Où a lieu la manifestation, quels sont les locaux convenant particulièrement bien à notre objectif ? • Qui faut-il informer ? Personnel • • • • • Qui fait quoi à quel moment ? Un organigramme a-t-il été établi ? Toutes les personnes concernées ont-elles été invitées et informées ? Qui informe les médias ? Qui est l'interlocuteur de toutes les personnes concernées ? Planification • • • • • • • Trouver une date favorable (pas de grandes manifestations en parallèle) Réserver un local, régler la question du financement. A quoi les éventuelles recettes seront-elles affectées ? Commander du matériel au WWF. Contrôler et ordonner son propre matériel. Concevoir une invitation sous forme de flyer ou de lettre. Annexer un plan. Faire contrôler si tout est en ordre à des personnes de l'extérieur : Qui organise quoi ? Quand ? Pourquoi ? Pour qui ? • Envoyer ou distribuer les invitations suffisamment tôt. • Mettre en place des affiches, informer les médias. • Contrôler que tout le matériel nécessaire soit disponible dans les locaux. Déroulement de la manifestation • Commencer et terminer à l'heure. • Saluer l'assistance. Introduction brève et claire, explications simples. Les orateurs doivent respecter leur temps de parole, si possible répondre tout de suite aux questions, prendre congé des personnes présentes. Après la manifestation • Qu'est-ce qui s'est bien passé ? Que pourrait-on améliorer ? • Recueillir les réactions des participant-e-s, par exemple avec un sondage ou une feuille d’évaluation. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 48 Beaucoup d'autres propositions d'actions et d'idées figurent sur le site Propositions d'actions A l'école www.checkyouroil.org du WWF (seulement disponible en allemand). • Organiser des journées ou une semaine consacrées à l'huile tropicale en proposant différentes actions sur le thème «Nous protégeons la savane et la forêt tropicale.» • Mettre sur pied une exposition ou une série de conférences sur le thème de l'huile tropicale. • Organiser un concours à l’école, qui récompenserai une bonne action en faveur de la forêt tropical ou des savannes du Cerrado. • Les élèves organisent une soirée pour les parents sur le thème de l'huile tropicale : posters d'information, brefs exposés, conseils d'achats, repas avec des produits contenant de l'huile tropicale ou du soja issus de cultures durables. • Imaginer une pièce de théâtre ou un sketch sur le thème de l'huile tropicale. • Imaginer des jeux sur le thème de l'huile tropicale et organiser une aprèsmidi de jeux avec une autre classe. • Créer avec les élèves des posters pour un parcours sur le thème de l'huile tropicale et réaliser ce parcours avec d'autres classes, des enseignant-e-s, des parents, des autorités, etc. • Inventer une chanson ou un rap sur le thème de l'huile tropicale. • Faire venir l’animation « Tuga et le chapeau magique » du WWF, qui présente la problématique de la destruction de la forêt tropicale aux classes enfantines. Dans ton village ou en ville • Mettre sur pied une exposition sur la problématique de l'huile tropicale, en collaboration avec un commerce (qui soutiendra l'huile tropicale durable), une banque (qui ne doit pas financer de plantations de soja ou de palmiers à huile dans la savane ou la forêt tropicale), la section régionale du WWF ou une autre instance de protection de l'environnement. On peut utiliser à cet effet les fiches d'information, les affiches ou les brefs exposés élaborés en classe. • Monter un stand d'information dans un supermarché et/ou au marché hebdomadaire, avec des informations détaillées sur les produits contenant de l'huile de palme, sur ce que nous devons et pouvons faire en tant que consommateurs et consommatrices. • Actions de distribution de dépliants ou d'affichage devant des banques ou des commerces, avec des informations sur la problématique de l'huile tropicale. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 49 Collaboration avec des médias locaux et régionaux • Série d'articles sur la problématique de l'huile tropicale dans des médias locaux ou régionaux • Organiser et réaliser une manifestation publique avec des médias locaux ou régionaux (débat public, exposition, parcours sur l'huile tropicale, etc.) Actions politiques • Inviter en classe des politicien-ne-s en charge de l'environnement et leur poser des questions sur la problématique de l'huile tropicale. • Elaborer des revendications politiques sur la problématique de l'huile tropicale, inviter des spécialistes (représentant-e-s de grandes banques, politicien-ne-s, gérant-e-s de filiales de magasins d'alimentation, etc.) et discuter les revendications émises. Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale 50