L`huile tropicale

Transcription

L`huile tropicale
L’huile
tropicale
Un dossier pédagogique du WWF-Suisse
sur l'huile de palme et le soja
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
1
Avant-propos
Quel est le lien entre le pain que nous mangeons au petit déjeuner et la
destruction de forêts tropicales ? Entre du linge propre et des arbres en
feu? Ce lien est l'huile de palme, contenue dans les lessives et la margarine
et qui provient de palmiers plantés sur des surfaces de forêt tropicale déboisées et brûlées à cet effet.
La problématique de l'huile de palme constitue un bon exemple des impacts écologiques et sociaux dévastateurs que peut avoir notre comportement de consommateurs, bien au-delà des frontières de notre pays. Et cela,
sans que nous en soyons conscients. La culture du soja a des conséquences similaires pour l'homme et pour l'environnement. En Amérique du Sud,
on détruit des forêts et des savanes à la valeur inestimable pour planter des
champs de soja. L'huile produite à partir de soja connaît des usages aussi
multiples que l'huile de palme. Mais la plus grande partie du soja atterrit
dans les mangeoires des porcs et des vaches. La forêt tropicale doit reculer
pour que nous, les Européens, n'ayons pas à renoncer à notre steak juteux.
Ce dossier pédagogique vise à exposer le contexte écologique, social et
économique qui se cache derrière les emballages colorés des supermarchés. Il donne un aperçu des flux de marchandises à l'échelle planétaire, en
remontant du produit fini à son origine sous les Tropiques. Il s'agit de sensibiliser à une problématique mais aussi d'exposer les opportunités qui s'offrent à la production de marchandises agricoles dans les pays du Sud. Le
présent document permet de mieux comprendre les intérêts contradictoires des acteurs et des personnes concernées dans le commerce international du soja et de l'huile de palme. Il a pour but d’expliquer la dynamique de
l'extension vertigineuse des plantations d'huile de palme et des champs de
soja.
Et enfin : cet outil pédagogique montre que des solutions sont envisageables,
pour autant que toutes les personnes concernées y collaborent.Chacun
doit être prêt à faire des concessions, que ce soit les entreprises qui cultivent et transforment l'huile de palme et le soja, les organisations écologistes et sociales, les investisseurs et les banques, les supermarchés, ou les
consommatrices et consommateurs.
Le WWF opte pour la solution de la collaboration. Il négocie avec des entreprises pour que l'on cesse de produire de l'huile de palme et du soja au
détriment de précieuses forêts tropicales. Il fait pression sur les banques et
les investisseurs pour qu'ils arrêtent de financer des entreprises qui détruisent la forêt.
Il influe également sur les lois nationales et les accords commerciaux internationaux.
Et il fournit un travail de sensibilisation, dont vous avez un bon exemple
entre les mains.
Nous sommes tous une partie de la solution !
Peter Kyburz
Responsable du département
Jeunesse & Environnement
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
2
Matthias Diemer
Responsable de la campagne
en faveur de la forêt
Impressum
Edition
WWF Suisse
Ecole
Ch. de Poussy 14
1214 Vernier
Tél. +41 (0)22 939 39 90
Fax +41 (0)22 939 39 91
[email protected]
www.wwf.ch
Direction du projet
Susanne Arnold, WWF Suisse
Rédaction, coordination, mise en page et composition
achaos Bildung & Information, Soleure
Heinz Urben
Auteurs
Sabine Roth, Soleure
Heinz Urben, Soleure
Illustrations
Alain Gruber, Laufwerk Berne
Collaboration
Christian Stocker, WWF Suisse
Traduction
Fabienne Juilland
Le matériel d'enseignement sur le thème de l'huile tropicale peut être
directement téléchargé sur Internet en format pdf à l'adresse :
www.checkyouroil.org ou être obtenu sous forme de photocopies auprès
du WWF Suisse (adresse voir «éditeur»).
1ère édition 2004
© WWF Suisse 2004
Hormis pour un usage scolaire, le présent document ne peut être polycopié
sans autorisation spéciale.
© 1986, WWF – World Wide Fund for Nature
® WWF Registered Trademark Owner
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
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Sommaire
L'huile de palme
Introduction
Le chocolat, une menace pour les rhinocéros
Fiche de travail «Ils mettent le feu à la forêt tropicale»
Le palmier à huile – La plante à tout faire
Fiche de travail «Le palmier à huile - une plante géniale»
Fiche de travail «Huile de palme et de palmiste»
En visite dans la jungle
Fiche de travail «En visite dans la jungle»
5
8
11
12
15
17
18
22
Comment l'huile de palme arrive dans notre assiette 24
Fiche de travail «Comment l'huile de palme arrive dans notre assiette» 28
Le soja
Introduction
29
Les vaches suisses grignotent la forêt amazonienne 31
Fiche de travail «Les vaches suisses grignotent la forêt amazonienne» 36
La reine des fèves
Fiche de travail «Un produit sain à cultiver soi-même»
Des champs de soja à perte de vue !
Fiches de travail «Culture du soja»
37
40
41
44 / 45
Devenir des consommateurs de soja à l'esprit critique 46
Check-list pour le travail de communication
Propositions d'actions
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
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L’huile de palme
Les plantations détruisent la forêt tropicale
Chaque jour, nous consommons de l'huile de palme, cachée dans une multitude de produits. Sans le savoir, nous accélérons ainsi la destruction des
forêts tropicales. En effet, d'immenses surfaces de forêts sont déboisées
pour aménager des plantations de palmiers à huile. Mais ce n'est pas forcément une fatalité, vu qu’il est possible de couvrir nos besoins croissants en
huile de palme sans détruire des écosystèmes précieux.
L'huile de palme, cachée dans les produits les plus divers
L'huile de palme se prête à de multiples usages. On en trouve dans des
produits alimentaires, sous l'appellation d'«huile végétale» ou de «graisse
végétale» : dans des biscuits ou des plats préparés tout comme dans la
margarine, la glace ou les sucreries. Chimiquement modifiée, l'huile de palme
est utilisée dans des savons, des lessives et des produits cosmétiques,
sous les dénominations de «Cetyl Palmitate», «Sodium Palm Kernelate» ou
d'«Isopropyl Palmitate». Toutefois, ces substances peuvent aussi être produites à partir d'autres matières premières.
L'huile de palme, une substance géniale
Le palmier à huile (Elaeis guineensis) est originaire de l'ouest de l'Afrique,
où il représente une source de nourriture, une matière textile et un remède
traditionnel. Sa culture commerciale sur de grandes surfaces remonte au
début du siècle passé seulement. En 1848, les Hollandais introduisirent les
quatre premiers palmiers à huile en Indonésie. Aucune autre plante oléifère
ne s'est étendue sous les Tropiques aussi rapidement que le palmier à huile
au cours des cinquante dernières années. Aujourd'hui, Elaeis guineensis
est la plante oléifère la plus productive du monde.
On utilise autant la pulpe du fruit que les graines pour produire de l'huile.
Les trois produits suivants sont les principaux biens d'exportation des pays
cultivateurs :
• L'huile de palme brute est le produit primaire provenant de la pulpe des
fruits, de la taille d'une prune. Les fruits récoltés doivent être transformés
sur place, car ils pourrissent rapidement. Contrairement à d'autres huiles
végétales, l'huile de palme brute reste ferme à température ambiante, ce
qui constitue un avantage.
• L'huile de palmiste est produite à partir des graines. Le rendement est
bien moindre qu'en utilisant la pulpe du fruit. L'huile de palmiste ressemble
à la graisse de coco par son goût, sa couleur et sa consistance et elle présente les mêmes possibilités d'utilisation que l'huile de palme brute. Les
graines peuvent être stockées pendant une longue période. Elles peuvent
donc être transportées sur de longues distances et transformées ailleurs.
• Le tourteau des noyaux de palmiers est constitué des résidus subsistant
après le pressage. Ces résidus sont séchés et moulus. Le tourteau de noyaux
est principalement utilisé comme nourriture pour les animaux. Bien qu'il ne
soit qu'un sous-produit de la fabrication de l'huile, il revêt une grande importance dans le secteur de la nourriture pour les animaux.
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Le boom de l'huile de palme a laissé des traces
La consommation d'huile de palme a pratiquement doublé au cours des 10
dernières années. Un cinquième de l'huile végétale utilisée dans le monde
provient de palmiers à huile. Des pronostics assurent que la consommation
d'huile de palme va continuer d'augmenter et aura à nouveau doublé d'ici
2020. D'immenses plantations récentes de palmiers à huile assurent la relève. La Malaisie et l'Indonésie sont les principaux pays producteurs et fournissent les quatre cinquièmes de l'huile de palme utilisée dans le monde.
Le boom de l'huile de palme a laissé des traces. En Indonésie, par exemple,
les monocultures de palmiers à huile recouvrent une superficie sept fois
plus importante qu'il y a vingt ans. Au cours de l'année dernière, on a cultivé des palmiers à huile sur plus de 4,1 millions d'hectares, soit une surface
représentant les deux-tiers de la Suisse. Les plantations s'enfoncent toujours plus profondément dans la forêt. Si les coupes de bois et l'aménagement de cultures à la place des forêts se poursuit au rythme actuel, en 2005
il n'y aura plus de forêts humides en plaine sur l'île indonésienne de Sumatra, selon des indications fournies par la Banque mondiale. A Bornéo, la
situation n'est guère plus réjouissante. L'aménagement de cultures a souvent des impacts s'étendant bien au-delà des limites des plantations. Par
exemple lorsque le feu, moyen rapide et peu coûteux utilisé pour convertir
en terrain agricole une forêt tropicale vierge fraîchement défrichée, est mal
maîtrisé. Très souvent, les feux échappent à tout contrôle et détruisent d'immenses surfaces de forêts. Le feu couve souvent durant des semaines dans
les sols riches en tourbe. Année après année, des nuages de fumée noire
masquent le soleil dans de vastes régions d'Asie du Sud-Est.
Gestion irresponsable de la forêt tropicale
Il est facile de trouver des surfaces de forêts tropicales pour y aménager
des cultures. Le bénéfice est double puisqu'il provient du bois tropical puis
de l'huile de palme fournie par les plantations. Après trois ans, on peut déjà
procéder à la première récolte sur une plantation de palmiers à huile, à la
grande joie des investisseurs. Mais au final, c'est la nature qui paie la facture. Les monocultures détruisent le milieu de vie des éléphants d'Asie, des
orangs-outangs, des rhinocéros de Sumatra et d'autres espèces menacées.
Des surfaces forestières autrefois étendues sont morcelées. Il en résulte
des conflits toujours plus fréquents avec les éléphants. Quand leur territoire
se limite à de petits refuges isolés, ils deviennent agressifs et pénètrent
toujours plus fréquemment dans les plantations. Ils sont alors capturés,
voire tués.
Situation des ouvriers travaillant dans les plantations
Le travail dans les plantations est dangereux et le taux d'accidents est élevé
(épines pointues des feuilles, couteaux affûtés, poids des infrutescences et
utilisation de produits chimiques). De surcroît, ce travail est malsain et mal
payé. Le revenu journalier d'un ouvrier est inférieur à deux dollars. De nombreux ouvriers sont à la merci d'un licenciement et les inégalités sont grandes, notamment entre journaliers et employés fixes, et entre hommes et
femmes. Selon des estimations sur le travail au noir, plus de 800’000 ouvriers,
provenant d'Indonésie, du Bangladesh et des Philippines sont employés
illégalement en Malaisie.
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Esquisses de solutions et premiers succès
La culture de palmiers à huile n'est pas fondamentalement une mauvaise
chose. Tout dépend de l'endroit où les plantations sont aménagées et de la
façon dont elles sont gérées. Au lieu de prendre du terrain sur la forêt tropicale, il convient de se servir d'abord des surfaces inutilisées et déjà déboisées, qui existent déjà en grandes quantités. L'exploitation du sol doit être
planifiée avec soin et les plantations gérées dans le respect de l'homme et
de la nature. Cela implique notamment un usage modéré des engrais et des
insecticides et des conditions de travail équitables pour les ouvriers.
La recherche commune de solutions porte déjà de premiers fruits : quatre
banques néerlandaises se sont engagées à ne plus financer de plantations
ayant nécessité le sacrifice de forêts tropicales. La Migros a défini des critères sociaux et écologiques sévères pour l'huile de palme et elle s'efforce
d'utiliser un pourcentage toujours plus important d'huile de palme répondant à ces conditions. Cependant, des normes généralement reconnues
font encore défaut.
Une étape décisive a été franchie fin août à Kuala Lumpur, en Malaisie. Pour
la première fois, des représentants de l'économie et de groupes d'intérêts
ont rencontré des services gouvernementaux et des associations écologistes et sociales pour débattre des possibilités de produire de l'huile de palme
de manière durable. Cette «table ronde pour une huile de palme durable»
avait été organisée par six entreprises et associations, en collaboration avec
le WWF. Elle a débouché sur une déclaration qui permet à des entreprises
de s'engager en faveur d'une huile de palme produite selon les critères du
développement durable. Les entreprises sont maintenant appelées à signer
cette déclaration et à contribuer à l'élaboration de critères certifiant un respect écologique, et à les respecter.
Rôle des consommateurs et consommatrices
Le WWF est d'avis que le boycott ne constitue pas une solution adéquate.
En effet, il menacerait les sources de revenus de millions de personnes
dans les pays producteurs. En n'achetant pas d'huile de palme, on perd
aussi tout moyen d'influer sur son mode de production.
En tant que consommateurs, nous pouvons nous informer de manière critique auprès des producteurs et des vendeurs et exiger de l'huile de palme
produite selon les critères du développement durable. Nous montrons ainsi
qu'il existe une demande pour une huile de palme écologique et permettons à de meilleures méthodes de production de s'imposer.
Depuis avril 2003, plus de 600 consommatrices et consommateurs s'engagent dans le cadre de l'action «Check your Oil – Save the Forests» lancée
par le WWF. Ils écrivent à des entreprises et motivent d'autres personnes à
s'engager à leur tour. Les réponses des entreprises sont ensuite publiées
sur Internet. Il s'avère qu'elles ne sont de loin pas toutes à même de donner
des renseignements pertinents. Selon le WWF, c'est justement dans ce domaine qu'il faut agir : producteurs, transformateurs et vendeurs doivent tirer
à la même corde et veiller à ce que les besoins croissants en huile de palme
ne soient pas couverts au détriment des forêts tropicales. D’autres renseignements sur cette action figurent sur le site Internet www.checkyouroil.org
(uniquement en allemand)
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7
Le chocolat, une menace
pour les rhinocéros
Idée directrice
En consommant des produits contenant de l'huile de palme, nous détruisons indirectement des milieux de vie précieux car des forêts tropicales
sont déboisées et brûlées pour la plantation de palmiers à huile. Nous utilisons chaque jour de l'huile de palme, sans nous en rendre compte la plupart du temps : on peut en trouver dans les pâtisseries, la margarine, les
soupes, les plats tout préparés et beaucoup d'autres produits alimentaires,
mais aussi dans des produits cosmétiques comme du rouge à lèvres ou de
la crème pour la peau. Les produits pour la douche et les lessives peuvent
aussi contenir de l'huile de palme, car elle sert à fabriquer des substances
détergentes, appelées agents tensio-actifs. L'huile de palme est rarement
explicitement mentionnée, mais souvent signalée par l'appellation «huile
végétale». Dans cette série de leçons, les élèves se familiarisent avec la
problématique de l'huile de palme et étudient les indications de contenu
données sur les emballages.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
8
Informations didactiques
Objectifs pédagogiques
• Les élèves découvrent les produits pouvant contenir de
l'huile de palme.
• Ils comprennent pourquoi nous détruisons la forêt
tropicale en consommant ces produits.
• Ils ont lu les compositions de différents produits et
savent que des appellations comme «graisse végétale»
ou «Cetyl Palmitate» peuvent signifier huile de palme.
Niveau
4ème – 9ème année
Matériel
Produits pour le panier à commissions :
• Madeleines
• Crackers
• Barres de chocolat
• Produit pour la douche
• Crème pour les mains
• Emballages vides de différents produits (pas seulement
de ceux qui contiennent de l'huile de palme)
• Fiche de travail «Ils mettent le feu à la forêt tropicale»
(p. 11)
• Trois grandes affiches
Déroulement de l’activité
1. L’enseignant-e apporte un panier à commissions dans la salle de
classe. Les différents produits qu’il contient sont découverts par l’ensemble des élèves. Les produits alimentaires sont distribués et goûtés.
Le produit pour la douche et la crème pour les mains sont placés à un
endroit visible de tous. Après avoir mangé, les élèves peuvent sentir l'odeur
du produit pour la douche et se crémer les mains.
Conserver l'emballage de tous les produits.
2. Les élèves lisent au tableau noir les déclarations suivantes :
En consommant des barres de chocolat, des biscuits, des crackers etc,
nous avons en partie :
- déboisé et brûlé de la forêt tropicale
- détruit l'espace de vie d'éléphants d'Asie, de rhinocéros, d'orangsoutangs, de tigres et d'autres animaux des forêts tropicales
- tué quantité d'animaux
- exterminé de nombreuses espèces animales et végétales
- exploité des ouvriers dans les plantations, dans des conditions
inhumaines
3. Les élèves discutent par petits groupes afin de savoir si ces affirmations sont exactes.
4. Les opinions et les arguments sont présentés à la classe.
Travaux préparatoires
• Lire l'avant-propos et le texte introductif sur l'huile de
palme
• Acheter des produits pour le panier à commissions
• Collecter des emballages
• Ecrire des assertions (voir esquisse de la leçon, point 2)
au tableau noir ou sur un transparent
• Copier la fiche de travail
Lieu
Salle de classe
5. L’enseignant-e déclare que ces affirmations sont exactes, car tous les
produits consommés contiennent une substance qui a un rapport avec
les forêts tropicales. Les élèves peuvent maintenant trouver par eux-mêmes de quelle substance il s'agit.
6. Fiche de travail «Ils mettent le feu à la forêt tropicale» : les élèves la
lisent et essaient de répondre aux questions.
7. Les réponses sont comparées et commentées en classe.
Temps à consacrer
4 – 5 leçons
8. L’enseignant-e résume : l'huile de palme est une substance géniale. On
en trouve donc dans un très grand nombre de produits. Cette huile est
extraite, par pressage, des fruits des palmiers à huile. Ces palmiers sont
cultivés dans des pays tropicaux dans de vastes plantations nécessitant
beaucoup de place. Il est fréquent que l'on déboise et que l'on brûle de
précieuses forêts tropicales pour aménager ces cultures de palmiers à huile.
Le milieu de vie de plantes et d'animaux comme l'orang-outang, le rhinocéros, le tigre, l'éléphant d'Asie, etc. se restreint donc toujours plus et la survie de ces espèces est sérieusement menacée. En outre, les ouvriers des
plantations travaillent dans des conditions difficiles : ils ne gagnent que peu
d'argent et fournissent un travail pénible et dangereux.
9. Les élèves examinent plus précisément la composition des produits
du panier à commissions et d'autres marchandises et les classent dans
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
9
trois catégories représentées par trois grandes affiches portant les titres
suivants :
- Produits contenant de l'huile de palme
- Produits contenant peut-être de l'huile de palme
- Produits ne contenant pas d'huile de palme
La Migros a convenu avec le WWF qu'elle utiliserait progressivement dans ses produits de l'huile
de palme produite selon les critères du développement durable et que sa présence serait déclarée sur l'emballage
10. Les élèves présentent à la classe ce qu'ils ont découvert en lisant les
indications de contenu et essaient de classer leurs produits dans l'un des
trois groupes. Il est probable qu'ils jugent que de nombreux produits ne
contiennent pas d'huile de palme car celle-ci ne figure pas explicitement
dans la composition. L’enseignant-e explique qu'on a un petit peu triché
sur la fiche de travail en y ajoutant le mot «huile de palme». La réalité est
un peu différente. Souvent, on peut voir «graisse» ou «huile végétale» à la
place d'«huile de palme» sur l'emballage. Mais on peut aussi appeler ainsi
d'autres huiles. Parfois, on parle aussi de «graisse de palme». Dans les
produits cosmétiques, l'huile de palme est parfois déclarée comme «Cetyl
Palmitate», «Ascorbyl Palmitate», «Isopropyl Palmitate», «Sodium Palm
Kernelate» ou «Hydrogenated Palm Glycerides Citrate». On ne sait pas
alors avec certitude si ces produits contiennent de l'huile de palme chimiquement modifiée. En effet, ces substances peuvent aussi être produites
à partir d'autres huiles.
Les appellations sont inscrites sur les affiches.
11. Après ces explications, les élèves examinent une nouvelle fois les emballages et attribuent les produits à la bonne catégorie, puis collent l’emballage sur l’affiche correspondante.
12. Les élèves apportent d'autres emballages de produits consommés,
annoncent à la classe si ce produit contient de l'huile de palme ou si l'on
peut supposer qu'il en contient et mettent l'emballage sur la bonne affiche.
Suite du travail
Série de leçons «Le palmier à huile - une plante géniale»
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
10
Fiche de travail
«Ils mettent le feu à la forêt tropicale»
Barre de chocolat
Ingrédients : sucre, sirop de glucose,
farine de froment, beurre de cacao, lait
écrémé en poudre, beurre concentré,
dérivé de petit-lait, graisse de palme,
lactose, émulsifiant, poudre à lever, sel,
arôme
Produit pour
la douche
Composants : Eau, Sodium Laureth
Sulfate, Cocamidopropyl Betaine,
Sodium Cocoamphoacetate, Glycérine, Sodium Chloride, Hydrogenated Castor Oil, Huile de Palme,
Sodium Benzoate, Acide Citrique,
Parfum
Crème
pour les mains
Composants : Eau, Paraffinum
Liquidum, Cera Microcristallina,
Glycérine, Huile de Palme,
Lanolin Alcohol, Sulfate de
Magnesium, Decyl Oleate,
Panthenol, Acide Citrique ,
Magnesium Stearate, Parfum
Crackers
Composition : Farine de froment,
graisse de palme non durcie, sirop
de glucose, œufs, extrait de malt,
levure, poudre à lever, sel
Madeleines
Ingrédients : Farine de froment, sucre,
huiles végétales (huile de tournesol,
huile de palme), œufs, poudre à lever,
miel, sel, agent conservateur, arôme
citron
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
Tâches à exécuter
Lis attentivement la composition des produits
présentés ci-dessus, puis réponds aux questions suivantes sur une feuille de papier
ou dans ton cahier :
1. Quelle est la substance contenue dans tous
ces produits ?
2. Explique ce que tu sais de cette substance.
3. De quelle plante pourrait-elle provenir ?
4. Où pousse cette plante ?
5. En consommant cette substance, par ex.
dans une barre chocolatée, des crackers,
ou des pâtisseries, nous pouvons devenir
des incendiaires de la forêt tropicale. Pourquoi ? Parles-en avec ton voisin puis note
tes idées.
11
Le palmier à huile –
La plante à tout faire
Idée directrice
Depuis toujours, les huiles et les graisses naturelles ont une grande importance pour l'être humain. Elles nous apportent de l'énergie et des
acides gras essentiels, indispensables à notre vie.
Elles constituent donc un élément primordial
de notre alimentation. Depuis plus de 4’000 ans,
les graisses et les huiles sont aussi utilisées
pour les soins du corps et servent de combustible pour les lampes. Aujourd'hui, l'huile de
palme est l'une des principales huiles alimentaires. Disponible en grandes quantités, elle est
bon marché et se prête à de multiples usages.
En outre, elle reste ferme à température ambiante, ce qui constitue un avantage décisif
pour l'industrie alimentaire.
La plupart d'entre nous n'avons encore jamais
vu de palmier à huile car il ne pousse que dans
des régions au climat tropical. Dans cette série
de leçons, les élèves se familiarisent avec cette
plante et s'intéressent à la production et aux propriétés de l'huile de palme.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
12
Informations didactiques
Objectifs pédagogiques
• Les élèves peuvent dessiner un palmier à huile et ses
fruits.
• Ils savent d'où il vient, où on le cultive aujourd'hui et ce
dont il a besoin pour prospérer.
• Ils peuvent expliquer comment on produit de l'huile de
palme, connaissent ses possibilités d'utilisation et ses
propriétés.
Niveau
ème
5
ème
-9
année
Matériel
• Fiche de travail «Le palmier à huile - une plante géniale»
(p. 15)
• Fiche de travail «Huile de palme et de palmiste»
(p. 17)
• Atlas
• Matériel à dessin et affiches
(papier, markers, crayons de couleur, gouache,
pinceaux, ciseaux, colle, etc.)
Travaux préparatoires
•
•
•
•
Copier les fiches de travail
Préparer le matériel pour dessiner
Les élèves doivent pouvoir se servir de l'atlas
Série de leçons «Le chocolat, une menace pour les
rhinocéros»
Lieu
Salle de classe
Temps à consacrer
Déroulement de l’activité
1. L’enseignant-e introduit la leçon en expliquant quelle est la plante qui
fournit cette huile de palme si appréciée et si utilisée. Les élèves reçoivent la fiche de travail «Le palmier à huile - une plante géniale». Ils lisent le
paragraphe «Généralités» et soulignent ce qu'ils ne comprennent pas. Les
questions de compréhension sont examinées en commun.
2. Les élèves répondent à deux aux questions de la fiche de travail «Le
palmier à huile - une plante géniale».
3. Les réponses sont comparées et corrigées avec toute la classe. (voir
réponses p. 14). On donne des explications et des compléments d'information si nécessaire.
4. Sur la base du paragraphe «Caractéristiques» de la fiche de travail
«Le palmier à huile - une plante géniale», les élèves dessinent seuls un
palmier à huile, une infrutescence et une vue en coupe d'un fruit. L’enseignant-e apporte son aide et corrige lorsque c'est nécessaire.
5. L’enseignant-e distribue la fiche de travail «Huile de palme et de palmiste». Travail de groupe : chaque groupe prend un paragraphe du texte
et prépare un bref exposé en présentant et en expliquant le contenu du
texte de manière vivante et avec des illustrations, de façon qu'il soit compréhensible pour tous.
Variantes
Pour faire plus vite, on donne à copier aux élèves les illustrations sur le
palmier à huile de la page 14. Ils colorient les dessins sur la base du paragraphe «Caractéristiques» de la fiche de travail «Le palmier à huile - une
plante géniale».
5 – 6 leçons
En guise d'introduction à cette série de leçons, on pourrait visiter un jardin
botanique ou la serre tropicale d'un zoo, où l'on voit souvent des palmiers.
On peut par exemple utiliser comme matériel éducatif l'huile de palme de la
marque Rapunzel, qui provient de plantations n'ayant pas contribué à la
destruction des forêts tropicales.
On peut aussi manger en classe des dattes ou une noix de coco, qui sont
d'autres produits de palmiers. Les noyaux des dattes pourront être plantés
dans un pot. Après quelque temps, on voit généralement apparaître de petites feuilles de palmier, longues et étroites. Peut-être quelqu'un possède-til chez lui un cocotier qu'il peut apporter en classe.
Suite du travail
Série de leçons «En visite dans la jungle»
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
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Réponses aux questions de la fiche de travail
«Le palmier à huile – une plante géniale» (p.16)
1. Le cocotier, le dattier, le palmier kitul (production de sucre), le palmier chonta (cœurs de
palmier), le palmier sago (amidon)
Attention : le bananier n'est pas un palmier
2. Le Liberia, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le
Togo, le Bénin, le Nigeria, le Cameroun, la
Guinée équatoriale, le Gabon, le Congo
3. La Malaisie comprend d'une part la péninsule
s'étendant au sud de la Thaïlande et le nord
de l'île de Bornéo d’autre part.
Font partie de l'Indonésie : Sumatra, Java, les
Célèbes, les Moluques, Irian Jaya (à l'ouest de
la Papouasie - Nouvelle-Guinée) et le sud de
l'île de Bornéo.
4. Tous ces pays sont situés autour de l'Equateur et ont un climat chaud et humide (tropical).
5. Un arbre de nos contrées fait facilement une
trentaine de mètres (les épicéas situés à des
endroits favorables en forêt peuvent même
dépasser les 45 mètres). Les grands bâtiments
ou les clochers des églises peuvent aussi servir de points de comparaison.
6. Les cacahuètes, le soja, le colza, les olives,
les chardons, les noix et les noisettes, les
amandes, les graines de tournesol, les graines de courge, les graines de sésame et de
lin, les pépins de raisin et bien d'autres plan
tes servent à produire de l'huile. Dans la fabrication de produits cosmétiques, on utilise
aussi de l'huile d'avocat, de jojoba, de graines
de cynorhodon, d'onagre, d'argousier etc.
7. Les plantes suivantes poussent en Suisse
(mais on ne les utilise pas toutes pour produire de l'huile) : le soja, le colza, les char
dons, les noyers et noisetiers, le tournesol, la
courge, le lin, la vigne, le cynorhodon, l'onagre et l'argousier.
Fruit
Inflorescence
Fruit
vu en coupe
Infrutescence
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
14
Fiche de travail
Le palmier à huile – une plante géniale
Généralités
Comme son nom l'indique, ce palmier produit de l'huile. Celle-ci est extraite de ses fruits et de ses graines.
Le palmier à huile est originaire d'Afrique de l'ouest, du golfe de Guinée. On retrouve ce mot dans son nom
scientifique : «Elaeis guineensis». En Afrique, le palmier à huile constitue depuis des siècles une source de
nourriture et un remède naturel, et on utilise également ses fibres.
Des graines de palmier à huile ont été amenées en Amérique centrale il y a 200 ans. Un peu plus tard, en
1848, des navigateurs hollandais plantèrent les premiers palmiers à huile en Indonésie. On en trouve
aujourd'hui dans toutes les régions tropicales du monde. La culture des palmiers pour la production d'huile
est très répandue en Malaisie, en Indonésie, au Nigeria, en Thaïlande et en Colombie. Dans tous les pays où
l'on cultive des palmiers à huile, l'huile de palme est un produit alimentaire important pour la population
locale.
Le palmier à huile a besoin de beaucoup de lumière, d'une température moyenne de 26 degrés, de suffisamment d'eau, d'une bonne terre et d'un sol aéré. Les palmiers à huile sauvages peuvent atteindre 30
mètres de haut. Il existe plusieurs variétés de palmiers à huile. Les variétés cultivées sont plus petites et plus
larges que les palmiers sauvages, ce qui facilite la récolte des fruits. Les palmiers des plantations donnent
aussi plus de fruits que les sauvages.
On estime que les palmiers à huile vivent jusqu'à 120 ans environ. Mais dans les plantations, on les remplace par de jeunes palmiers après une trentaine d'années car il est trop difficile de procéder à la récolte sur
de hauts palmiers. Généralement, un jeune palmier porte des fruits après trois ans et produit ensuite une
quinzaine d'infrutescences par année. Une infrutescence peut peser jusqu'à 50 kilos.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
15
Caractéristiques
Questions
Le tronc du palmier à huile est brun et un peu plus épais à la base. Souvent, les vieilles feuilles sont coupées
et l'on voit alors les restes des pétioles orientés vers le haut. Le tronc a donc un aspect dentelé, comme
s’il était recouvert d'écailles. Avec le temps, les restes des pétioles de la partie inférieure du tronc finissent par tomber. La base de celui-ci devient plus lisse et marquée d'anneaux irréguliers.
Le tronc est surmonté d'une grande couronne, d'où partent quantité de feuilles longues et pennées.
Les feuilles sont vert foncé et peuvent mesurer jusqu'à six mètres de long. Elles se composent d'une
longue tige légèrement recourbée et de nombreuses petites folioles étroites et brillantes, qui partent en
biais de chaque côté de la tige. L'extrémité des folioles est pointue et il faut faire attention à ne pas se
piquer aux petits palmiers ou aux feuilles qui pendent.
Les fleurs poussent avec les feuilles au sommet du palmier, formant des inflorescences
coniques arrondies. Il y a des fleurs mâles et
femelles. Pour qu'il y ait des fruits, il faut que
le pollen des fleurs mâles soit porté par le vent
sur les fleurs femelles. L'inflorescence femelle
sort d'un grand bourgeon sur une tige verte,
courte et épaisse. Lorsque les feuilles vertes
du bourgeon s'ouvrent, on voit apparaître une
inflorescence vert clair, épineuse, en forme de
hérisson, se terminant en pointe. Une quantité de fleurs blanches se cache entre les piquants. Chacune de ces fleurs donnera ensuite naissance à un fruit de palmier à huile.
Une infrutescence se compose donc d'innombrables fruits, étroitement serrés entre les
épines vertes. Au moment de la récolte, les
fruits sont rouge orangé à châtain et les épines sont brun clair. Une infrutescence mesure
environ 70 centimètres de long sur 50 centimètres de large et ressemble à un gros hérisson. Les fruits du palmier à huile sont oblongs
et plus ou moins de la taille d'un pruneau.
Leur surface est lisse et de couleur rouge
orangé à brun rouge. La pulpe du fruit, jaune,
molle et fibreuse, fait environ 5-10 millimètres d'épaisseur. Les fruits renferment un
noyau. Celui-ci possède une arille très
épaisse et dure, de couleur brun foncé, qui
cache à son tour une amande ronde et blanche.
1. Connais-tu d'autres palmiers dont les fruits sont comestibles ou entrent dans la fabrication de produits alimentaires ?
2. Cherche dans l'atlas le golfe de Guinée, la patrie d'origine du palmier à huile et nomme les pays situés
dans cette région.
3. Le palmier à huile est aujourd'hui répandu dans toutes les régions tropicales. Toutefois, il est principalement cultivé sur de grandes surfaces en Malaisie et en Indonésie. Recherche la Malaisie et l'Indonésie
dans l'atlas et note les îles appartenant à ces deux pays.
4. Quel est le point commun entre tous les pays tropicaux ?
5. 30 mètres, cela représente quelle hauteur ? Cherche un point de comparaison près de ton école.
6. Quelles plantes servent également à produire de l'huile ?
7. Lesquelles de ces plantes poussent en Suisse ?
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
16
Fiche de travail
Huile de palme et de palmiste
Récolte
On sait que les fruits du palmier à huile sont mûrs quand on voit les premiers d'entre eux tomber par terre. Les
grandes infrutescences sont alors détachées du palmier. Pour ce faire, on fixe un couteau recourbé à une longue tige
de bambou. La lame est posée sur la tige d'une infrutescence et tirée d'un coup vers le bas. On coupe ainsi la tige et
l'infrutescence tombe par terre. Cette opération n'est pas sans danger pour les ouvriers. Ils doivent faire attention à
ne pas se faire piquer par les feuilles pointues des palmiers. Dans les grandes plantations, on utilise des tracteurs
avec des plates-formes réglables pour récolter les fruits.
L'huile de palme Les fruits du palmier à huile s'abîment rapidement et il faut donc s'en occuper juste après la récolte. On les amène
dans des huileries, généralement aménagées tout près des plantations. On traite d'abord les infrutescences entières
à la vapeur, ce qui permettra la conservation de l'huile. Les fruits sont ensuite détachés de l'infrutescence dans de
grandes "secoueuses". Ils sont cuits pour que la pulpe se sépare du noyau. La pulpe est ensuite pressée pour
produire une huile de palme rouge orangé qu'on appelle huile de palme brute. Cette huile est vendue après avoir été
épurée.
A température ambiante, l'huile de palme se compose d'éléments solides et fluides. Les éléments solides sont
faciles à prélever. On obtient ainsi de l'huile de palme blanche et solide et de l'huile de palme rouge et fluide. Plus
tard, ces huiles de palme subissent généralement un nouveau processus de transformation afin de les blanchir, de
les désodoriser ou de les durcir davantage encore.
Huile de palmiste Les noyaux des fruits du palmier à huile contiennent aussi de l'huile. Cependant, le rendement des noyaux est bien
moindre que celui de la pulpe. Les noyaux des fruits sont détachés de la pulpe et lavés dans les huileries.
Ils sont ensuite séchés et brisés. Les amandes blanches à l'intérieur sont séparées de leur peau, lavées une nouvelle
fois et séchées. Elle sont ensuite moulues, puis généralement amenées à très haute température. Elles sont alors
pressées afin d'en extraire l'huile de palmiste. Une fois refroidie, cette huile est blanchâtre à jaunâtre et ferme. Elle
ressemble beaucoup à la graisse de coco.
Restes
Les fibres des fruits, pressées et séchées, et les téguments des graines peuvent servir de combustible pour les
séchoirs, ou d'engrais pour les cultures. Les résidus des infrutescences sont également brûlés ou compostés. Ce
qui reste dans la presse lors de la production de l'huile est appelé tourteau. Le tourteau des fruits du palmier à huile
sert souvent de nourriture pour les animaux. Les pays qui cultivent des palmiers à huile le vendent en Europe, où
il est mélangé à la nourriture des porcs, des poules et des vaches.
Rendement
Un hectare (100 mètres sur 100 mètres) de palmiers à huile fournit 4 à 6 tonnes d'huile par année, selon la variété de
palmier, les conditions météorologiques et l'entretien. Le colza, une plante oléifère cultivée en Suisse, fournit «seulement» un peu plus d'une tonne d'huile par hectare.
Une tonne de fruits de palmier à huile (attention ! pas une tonne d'infrutescences) produit environ 200 kilos d'huile, ce
qui représente le rendement le plus élevé de toutes les plantes oléifères.
Propriétés et
utilisation
Aujourd'hui, l'huile de palme est l'une des principales huiles alimentaires du monde. Presque toujours sans le savoir,
nous consommons chaque jour de l'huile de palme ou nous en utilisons sous une forme ou une autre. Cette substance géniale peut entrer dans la composition de produits très différents. L'huile de palme est disponible en grandes
quantités, elle est bon marché et reste ferme à température ambiante. D'autres huiles doivent être durcies par des
opérations compliquées et à grands frais. Pour la margarine, on a besoin de graisse végétale ferme.
Nous trouvons de l'huile de palme dans de nombreux produits proposés par nos supermarchés : la margarine, le
chocolat, les glaces, les gâteaux, les biscuits et autres sucreries, mais aussi les crackers, les chips, les pâtes et les
petits pains, les soupes, les sauces, les frites et les plats préparés contiennent souvent de l'huile de palme. Mais elle
reste «invisible» car l'emballage n'indique souvent que «graisse végétale» ou «huile végétale».
De l'huile de palmiste est souvent utilisée dans les crèmes pour la peau, les laits de protection solaire, les lotions pour
le corps, les rouges à lèvres et d'autres produits cosmétiques. L'huile de palmiste permet de fabriquer des substances détersives utilisées dans les produits pour la douche, les shampooings, les lessives et les produits de nettoyage.
On trouve aussi de l'huile de palme ou de palmiste chimiquement modifiée dans les lubrifiants, les bougies, les
peintures et les vernis.
De grandes quantités d'huile de palme sont utilisées dans l'industrie de l'acier comme agent anti-corrosif. Et en
Malaisie, Mercedes Benz étudie la possibilité d'utiliser l'huile de palme comme carburant pour les voitures.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
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En visite dans la jungle
Idée directrice
Les forêts tropicales humides comptent parmi les régions les plus riches en
espèces de notre planète. Certes, depuis des siècles les habitants de la forêt
chassent, cueillent des plantes, déboisent et entretiennent de petites surfaces, mais leur influence sur l'environnement est si restreinte que l'écosystème n'est pas perturbé. En Asie du Sud-Est, il est toujours plus fréquent que
la forêt tropicale cède le pas aux plantations car la demande en huile de palme
est en constante augmentation. Depuis 25 ans, la culture de palmiers à huile
connaît une forte croissance en Indonésie. Une étude a établi que la consommation mondiale d'huile de palme allait doubler au cours des 20 prochaines
années. Les petites cultures aménagées autrefois par la population locale
étaient très importantes pour le développement économique de la région.
Puis les petits paysans ont commencé à collaborer avec les grandes entreprises. Cette collaboration s'est bien passée au début mais elle a souvent abouti
à une situation de dépendance des paysans. Néanmoins, les emplois dans
l'industrie de l'huile de palme revêtent une importance majeure pour les pays
cultivateurs. Le WWF s'engage pour que l'huile de palme soit produite de
façon durable et commercialisée de manière équitable. Dans cette série de
leçons, les élèves se familiarisent avec la vie traditionnelle des habitants de la
jungle sur l'île de Sumatra. Ils discutent les différents scénarios envisageables
en se mettant à la place des diverses personnes concernées et élaborent des
critères pour une «bonne» plantation.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
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Informations didactiques
Objectifs pédagogiques
• Les élèves peuvent décrire la vie traditionnelle dans la
jungle des Suku Anak Dalam.
• Ils ont joué différentes situations en rapport avec la forêt
tropicale et les plantations et se sont mis à la place de
différentes personnes concernées.
• Ils peuvent nommer au moins 6 critères pour une
«bonne» plantation.
Niveau
5ème – 9ème année
Matériel
Déroulement de l’activité
1. L’enseignant-e distribue la fiche de travail «En visite dans la jungle».
Les élèves la lisent et soulignent les mots et les phrases qu'ils ne comprennent pas. Les questions de compréhension sont examinées en commun.
2. Après avoir lu le texte, les élèves essayent de répondre aux questions suivantes :
1. Comment vivaient autrefois les Suku Anak Dalam ?
2. Peuvent-ils continuer à mener leur mode de vie traditionnel ? Quelles
sont les perspectives d'avenir du peuple de la jungle ?
3. Jawan dit : «Dans une petite forêt, on ne peut pas vivre heureux.» Pourquoi dit-il cela ?
Les réponses sont ensuite discutées en commun (voir réponses dans l’
encadré ci-contre)
• Fiche de travail «En visite dans la jungle» (p. 22)
Travaux préparatoires
• Série de leçons «Le palmier à huile - une plante
géniale»
• Copier la fiche de travail
Lieu
Salle de classe
Temps à consacrer
7 – 8 leçons
Réponses aux questions de la fiche de travail
«En visite dans la jungle» (p. 22)
1. Autrefois, les Suku Anak Dalam vivaient du
produit de la chasse et de la cueillette dans la
forêt tropicale de Sumatra, dans de petites
maisons de bois et de feuillages. Ils ne déboisaient que de petites surfaces pour aménager
leurs habitats successifs. Ils trouvaient dans la
forêt tout ce dont ils avaient besoin pour leur
vie quotidienne. Ils vivaient en harmonie avec
la forêt. Il est devenu toujours plus difficile
pour les Suku Anak Dalam de continuer à mener ce mode de vie traditionnel.
2. L'influence de la culture occidentale - amenée
par l'école, les colons, les nouvelles routes, les
commerces - est de plus en plus présente
dans leur vie et suscite chez eux de nouvelles
attentes. Le savoir ancien se perd et de moins
en moins de gens veulent encore vivre dans la
forêt humide, de manière traditionnelle. En
outre, les surfaces forestières deviennent toujours plus morcelées et il est difficile de répondre aux besoins quotidiens avec une petite
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
3. Jeux de rôle : Les élèves vont maintenant s’intéresser à une portion de
forêt tropicale humide, telle qu'on en trouve dans la patrie de Jawan. A
travers différentes situations, il vont jouer divers rôles et discuter en se mettant à la place des différents représentants d'intérêts pour savoir si ils sont
d'accord avec le projet du propriétaire de l'huilerie et du marchand de bois.
4. Présentation de la première situation :
La demande en huile de palme connaît une énorme augmentation sur le
plan mondial. Le gouvernement de Sumatra souhaiterait accroître la production d'huile de palme et aménager de nouvelles plantations afin de pouvoir vendre de grandes quantités d'huile à l'étranger. L'argent ainsi gagné
est très important pour Sumatra ! Le propriétaire de l'huilerie et le marchand
de bois se sont mis d'accord et proposent le projet suivant : ils aimeraient
demander aux Suku Anak Dalam, les habitants de cette région de forêt
tropicale, d'aller vivre en ville. En contrepartie, ils recevraient un peu d'argent de l'Etat. On abattrait d'abord les magnifiques arbres de la forêt pour
vendre à bon prix leur bois à l'étranger. On brûlerait ensuite les souches
restantes avant d'aménager une plantation de palmiers à huile. Les Suku
Anak Dalam, qui vivaient ici auparavant, pourraient alors revenir chez eux et
travailler dans la plantation.
5. Distribution des rôles (les intervenants proposés sont décrits en p. 20).
Participent au débat : le marchand de bois, Jawan, qui habite la forêt, le
propriétaire de l'huilerie, la représentante du gouvernement de Sumatra, la
militante du WWF, le rhinocéros de Sumatra. Deux à trois élèves de la classe
peuvent aussi prendre part à la discussion et faire valoir leur propre opinion.
Tous les participant-e-s s'assoient à une «table ronde» et les autres élèves
sont auditeurs. L’enseignant-e anime le débat. Jawan prend la parole et
donne son avis sur le projet. Ensuite, les différents participant-es prennent
part au débat et font des déclarations. L’enseignant-e peut donner des informations complémentaires. Le débat ne doit pas aboutir à une décision
définitive. Il s'agit seulement de faire comprendre les différents intérêts en
présence et de faire saisir le conflit à la classe.
19
surface de forêt.
3. Dans une petite forêt, on trouve par exemple
beaucoup moins de muntjaks, une sorte de
cerf constituant une source de nourriture im
portante pour les Suku Anak Dalam. Lorsque
beaucoup de gens vivent sur une petite surface, il n'y a pas assez de fruits pour tout le
monde. Pour trouver suffisamment de nourriture, les habitants de la jungle ont besoin
de grandes surfaces de forêt où ils peuvent se
déplacer.
Les différents intérêts des intervenants
Le marchand de bois : Veut vendre le plus possible de bois tropical.
Jawan : Veut que le plus possible de forêt tropicale soit préservé et ne soit pas déboisé ni brûlé.
Propriétaire de l'huilerie : Désire aménager les
plus grandes plantations possibles pour produire
de l'huile de palme.
Représentante du gouvernement : Aimerait
garantir la survie de la population locale, qui connaît un important accroissement, et créer des
emplois.
Militante du WWF : Vise à protéger la forêt tropicale, qui constitue un milieu digne d'être préservé tout en assurant la qualité de vie de la population et en lui offrant un avenir.
Rhinocéros de Sumatra : Mène une vie tranquille dans la forêt tropicale. Il a besoin de toutes
sortes de plantes pour se nourrir et de vastes
territoires forestiers d'un seul tenant.
L'argent, le cœur du problème !
Les véritables propriétaires de la forêt tropicale,
les Suku Anak Dalam, doivent presque toujours
céder à la pression du gouvernement et des entreprises.
Ils ne peuvent généralement pas faire valoir leurs
prétentions à la possession d'un morceau de
forêt tropicale. Les grands arbres des forêts vierges sont coupés et le bois vendu à un prix élevé.
La végétation restante et les souches des arbres
sont brûlées. Des plantations sont aménagées
avec une partie de l'argent issu de la vente du
bois.
Le commerce des bois tropicaux est donc extrê-
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
6. Les différents intérêts des intervenant-es au débat sont répertoriés au
tableau noir (voir encadré ci-contre)
7. Débat en classe : Comment les participant-es à la discussion ont-ils fait
valoir leur opinion ? Le débat aurait-il pu aussi prendre une autre direction ?
Qui a réellement le plus de poids dans une telle discussion et qui peut imposer ses intérêts ? Pourquoi ?
8. L’enseignant-e informe : Comme nous l'avons découvert, dans le pays
de Jawan, la forêt tropicale continue malheureusement d'être déboisée et
brûlée afin d'aménager des cultures de palmiers à huile, malgré tous les
bons arguments que l'on peut donner contre cette pratique. Bientôt Jawan
travaillera aussi dans une plantation. Lire en complément «L’argent, le cœur
du problème!» dans l’encadré ci-contre.
9. Présentation de la deuxième situation : Nous allons cette fois nous
intéresser aux conditions de travail des ouvriers employés dans les plantations. Les ouvriers des plantations doivent exécuter un travail dur et dangereux, durant 12 heures par jour. Ils ne reçoivent en contrepartie qu'un salaire
très modeste qui leur permet à peine de survivre. Les palmiers à huile sont
traités avec des produits toxiques et nuisibles. Ces produits chimiques entraînent des éruptions cutanées et des inflammations des yeux chez les
ouvriers. En réclamant un vêtement protecteur ou un salaire plus élevé au
propriétaire de la plantation, ils courent le risque d'être renvoyés.
D'immenses quantités de fruits du palmier à huile viennent d'être récoltées
dans toute l'Asie du Sud-Est. Des litres et des litres d'huile de palme ont été
obtenus par pressage - beaucoup plus que l'on peut en exporter vers l'Europe et les autres continents. Comme il y a beaucoup plus d'huile que ce
dont on a besoin, les prix baissent rapidement. Les propriétaires des huileries veulent se débarrasser d'une partie de cette huile et doivent accepter
ces baisses de prix. Le propriétaire de la plantation gagne aussi moins d'argent et ne peut plus verser leur salaire aux ouvriers pendant deux mois. Les
ouvriers décident d'unir leurs forces et de menacer le propriétaire de la
plantation au moyen d'une insurrection armée. Ils ne tolèrent plus ces injustices !
10. Débat en classe : Quelles sont les revendications des ouvriers de la
plantation ?
On en fait la liste au tableau noir.
11. Au cours d'une deuxième table ronde, la situation présentée est discutée et l'on se demande comment on pourrait empêcher une insurrection
armée des ouvriers. Participent au débat : le propriétaire de la plantation, le
propriétaire de l'huilerie, un marchand d'huile de palme en Europe, 3-4
ouvriers de la plantation, un représentant du gouvernement de Sumatra, 23 élèves de la classe. L’enseignant-e anime le débat et donne la parole aux
ouvriers de la plantation qui présentent leurs revendications.
12. Analyse de la deuxième table ronde : Comment le débat s'est-il dé-
20
mement lucratif : les entreprises tirent plusieurs
revenus du même bout de terrain. En outre, le
palmier à huile se cultive bien dans les régions
tropicales. Rares sont les espèces cultivées
prospérant sous ce climat. Il faut pourvoir aux
besoins de la population de l'Indonésie, qui connaît une croissance importante. Le pays a donc
besoin d'argent et de places de travail. La vie
traditionnelle dans la forêt primitive ne fonctionne
qu'avec un nombre restreint d'habitants. Des
plantations de palmiers à huile peuvent assurer
les conditions d'existence de la population indigène.
Critères pour une «bonne» plantation
- Cartographier et protéger les forêts les plus
précieuses, afin d'éviter qu'elles soient remplacées par des plantations.
- Protéger la forêt située le long des cours
d'eau.
- Planter des palmiers à huile là où la forêt a
déjà été déboisée précédemment.
- Aménager des plantations en terrasses pour
éviter un lessivage et une érosion du sol.
- Ne pas aménager de plantations sur du terrain
très pentu.
- Lors de l'aménagement des plantations, ne
pas brûler les souches et les broussailles, afin
que les petits animaux puissent y trouver refuge et s'y nourrir.
- Faire pousser des plantes basses sous les
palmiers afin de protéger le sol. (Les labiées
protègent le sol et lui amènent naturellement
de l'engrais sous forme d'azote.)
- Composter le reste des infrutescences et les
résidus du pressage des fruits et les répandre
sur le sol de la plantation.
- Ne pas utiliser d'engrais chimiques et de produits toxiques afin de ne pas polluer l'eau et
de ne pas porter atteinte aux êtres humains,
aux animaux et à l'équilibre écologique.
- Garantir aux travailleurs un revenu, une sécurité sociale et des prestations sanitaires.
- Respecter le droit des habitants à posséder et
à exploiter du terrain.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
roulé? A quelles solutions les participant-es sont-ils parvenus ? Ces solutions sont-elles réalistes ? Y a-t-il encore d'autres solutions ? La solution
proposée permet-elle d'empêcher une insurrection armée ?
13. Travail de groupe : Pour assurer la survie de la population locale, il faut
des plantations de palmiers à huile dans la patrie de Jawan. Comment et où
pourrait-on aménager des cultures qui ne portent pas atteinte aux êtres
humains, aux animaux et aux plantes ?
14. Les propositions des groupes sont présentées et discutées. Les
critères d’une «bonne» plantation sont répertoriés et notés au tableau noir
(voir liste ci-contre). Si nécessaire, l’enseignant-e commente les propositions des élèves.
15. Débat avec toute la classe : Comment pouvons-nous nous assurer en
tant que consommateurs qu'il s'agit bien d'une huile de palme provenant
de «bonnes» plantations ? Que pouvons-nous faire pour que l'huile de palme
que nous trouvons sur notre table ne provienne plus que de «bonnes» plantations ?
Suite du travail
D'autres scénarios peuvent être discutés en classe. Voici quelques propositions:
- Une organisation écologiste a appelé au boycott de l'huile de palme dans
le monde entier. Les ventes se mettent à diminuer rapidement et les producteurs d'huile de palme n'arrivent plus à écouler leur marchandise.
- L'eau du ruisseau qui passe près de la fabrique d'huile de palme et du
village est très polluée. Toutes sortes de déchets provenant des huileries y
sont rejetés. On pourrait facilement l'éviter en utilisant comme engrais des
déchets végétaux et en construisant un bassin de retenue pour les eaux
usées issues de la fabrique d'huile de palme (un étang où le matériel végétal est décomposé par des organismes aquatiques). Mais le propriétaire de
l'huilerie n'est pas d'accord.
- Depuis que les plantations s'enfoncent toujours plus profondément dans
la forêt tropicale, les incidents avec les éléphants se font plus nombreux :
lorsqu'ils doivent se contenter de petites surfaces de forêt, ils deviennent
agressifs. Des éléphants sauvages ont fait irruption dans une ville de Sumatra après l'aménagement d'une plantation. Ils ont détruit des champs et tué
des habitants. L'entreprise qui cultive les palmiers à huile veut maintenant
empoisonner tous les éléphants des environs.
Série de leçons «Comment l'huile de palme arrive dans notre assiette»
(p. 24)
21
Fiche de travail
En visite dans la jungle
La forêt tropicale humide
de Sumatra
Les forêts tropicales humides s'étendent comme une ceinture tout autour du globe, à la hauteur de
l'Equateur. L'île indonésienne de Sumatra est, elle aussi, couverte de jungle. Ici des arbres gigantesques partent à l'assaut du ciel, des lianes grimpent le long des arbres, des orchidées aux teintes
éclatantes répandent leur parfum. Diverses espèces de singes telles que les orangs-outangs et les
nasiques escaladent les arbres. Des crapauds volants sautent de branche en branche avec une
grande aisance. Des aigles couronnés, des oiseaux aux reflets changeants et des papillons de toutes les couleurs se perchent sur les branches. Par terre, rhinocéros, tapirs, pythons réticulés, tigres
et pangolins vivent dans la pénombre de la forêt. Sous le sol, des fourmis myrmica cultivent des
champignons dont elles nourrissent leurs larves. Nulle part ailleurs, on ne trouve une telle multiplicité
d'êtres vivants que dans la forêt tropicale humide.
Le peuple des Suku
Anak Dalam
Presque toutes les forêts tropicales sont habitées. Un peuple vit depuis des temps immémoriaux
dans la jungle de Sumatra : les Suku Anak Dalam. Les navigateurs hollandais leur ont aussi donné le
nom de Kubus.
Jadis ce peuple ne vivait que de la chasse ainsi que des plantes et des fruits comestibles qu'ils
trouvaient dans la forêt.
Leur mode de vie ne portait guère atteinte à la forêt. Les Suku Anak Dalam n'ont jamais construit de
grandes maisons car ils changeaient souvent de domicile. Comme il fait toujours chaud chez eux, de
simples huttes couvertes de feuilles leur suffisaient amplement. Les Suku Anak Dalam ne possédaient que le strict minimum, afin de ne pas avoir à transporter trop de choses.
Le peuple Kubu avait une connaissance très précise des plantes et des animaux de la forêt humide.
Ce savoir était toujours transmis aux enfants par les parents et les anciens. Quand quelqu'un était
malade, on allait chercher des plantes curatives en forêt.
Autrefois, les Suku Anak Dalam n'avaient que faire de l'argent. Il n'existait de toute façon pas de
magasins et ils n'avaient pas besoin d'acheter quoi que ce soit : ils trouvaient tout ce qui leur fallait
dans la forêt.
La situation aujourd'hui
Par le passé, les Suku Anak Dalam vivaient partout dans la partie sud de Sumatra. Maintenant ils ont
été contraints de se retrancher sur un petit territoire, le Bukit Duabelas. Bukit Duabelas signifie «les
douze sommets». Un millier de représentants du peuple Kubu y vit en petits groupes. Leur existence
a changé : aujourd'hui, il y a des écoles, des routes et des commerces et aussi de l'argent. Quelques
Suku Anak Dalam, qui étaient attachés à la vie traditionnelle dans la forêt tropicale, sont d'avis que
l'argent n'apporte que des soucis. Ils aimeraient que leurs enfants n’en soient pas dépendants. Ils
trouvent aussi qu'à l'école les enfants sont influencés par des idées qui ne conviennent pas aux
Kubus. Ils s'y familiarisent avec des objets et des comportements qui coûtent de l'argent. Ils n'apprennent pas à vivre dans la forêt tropicale. C'est la raison pour laquelle tous les enfants Kubus ne
vont pas à l'école.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
22
Mais un grand nombre de Suku Anak Dalam se sont habitués à cette nouvelle situation. Ils ont
commencé à vendre des fruits de la jungle sur le marché et à gagner de l'argent. Quelques Kubus
cultivent aussi des palmiers à huile. Les habitants de la jungle se laissent souvent persuader par des
entreprises de quitter leur forêt. Ils reçoivent de l'Etat en guise de dédommagement une petite somme
d'argent qui leur permet de vivre et de se nourrir durant quelques mois. La forêt tropicale est ensuite
déboisée dans les régions abandonnées. Les troncs des grands arbres séculaires sont vendus et les
souches restantes brûlées.
Les palmiers à huile sont cultivés en monoculture, c'est-à-dire qu'on ne cultive qu'une seule variété
de plante sur une grande surface.
Jawan raconte
Jawan vit avec sa femme Nika et ses trois enfants à l'intérieur de l'île de Sumatra. Aucun chemin ne
mène à l'endroit où ils vivent. On doit marcher toute une journée à travers la forêt tropicale humide
pour atteindre leur foyer. Jawan habite avec sa famille près d'un petit ruisseau d'eau claire, au milieu
de la forêt, comme autrefois. Il raconte :
«Nous allons bientôt déménager dans une autre partie de la forêt. Nous avons vécu ici neuf mois
pour récolter des fruits. Umbunton, Codo-Koiaa, Poa-sijoou et Tampui : tels sont les fruits les plus
importants pour nous. Nous chassons aussi de temps à autre, surtout des cerfs. Il y aussi des tigres
dans la forêt. Mais nous ne chassons jamais les tigres, seulement les animaux que nous pouvons
manger. J'aimerais que la forêt reste telle qu'elle a toujours été. Mes petits-enfants doivent aussi
avoir la possibilité d'habiter ici. Mais pour que cela fonctionne, il faut que la forêt soit assez grande
pour que nous puissions changer de lieu et vivre sur de grands territoires. Dans une petite forêt, on
ne peut pas vivre heureux.
Il faut se battre pour la forêt, tout comme mon père se battait déjà pour la protéger. A l'époque, une
entreprise avait abattu des arbres. Après le déboisement, la situation a encore empiré : on a planté
des palmiers à huile dans toute la région. Les plantations sont devenues beaucoup trop vastes et
elles empiètent non seulement sur la forêt, mais aussi sur notre vie.»
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
23
Comment l'huile de palme
arrive dans notre assiette
Idée directrice
L'huile de palme n'est pas une mauvaise chose en soi, mais elle ne doit pas
provenir de plantations ayant nécessité le sacrifice de forêts tropicales. Les
palmiers à huile peuvent être cultivés selon les principes du développement
durable et il y a assez de terrain inutilisé. Lorsque les plantations sont gérées
de manière écologique et qu'elles assurent un revenu convenable aux
ouvriers, nous pouvons même apporter une contribution importante à la
protection de la nature et à la justice sociale dans les pays du Sud en achetant des produits à base d'huile de palme.
En tant que consommateurs, nous avons un pouvoir qu'il ne faut pas sousestimer. Nous pouvons exiger des producteurs et des distributeurs qu'ils
nous fournissent de l'huile de palme produite de manière durable. Migros,
par exemple, est la première entreprise au monde à avoir élaboré et mis en
œuvre, en collaboration avec le WWF, des critères pour une huile de palme
durable. Dans cette série de leçons, les élèves apprennent comment l'huile
de palme arrive dans nos assiettes. Ils réfléchissent à ce qu'ils pourraient
faire pour empêcher le déboisement de la forêt tropicale au profit de la culture de palmiers à huile.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
24
Informations didactiques
Objectifs pédagogiques
• Les élèves arrivent à expliquer comment l'huile de
palme parvient aux consommateurs.
• Ils savent comment on peut produire de l'huile de
palme de manière durable.
• Ils ont développé et mis en œuvre des idées pour
favoriser la production et la transformation d'huile de
palme selon les critères du développement durable.
Déroulement de l’activité
1. Fiche de travail «Comment l'huile de palme arrive dans nos assiettes» Les élèves découpent les illustrations et l'encadré pour le titre et les
mettent dans le bon ordre. Ils contrôlent la succession des images avec
leur voisin-e de banc, écrivent au crayon une légende pour chaque photo
ainsi qu'un titre.
2. La succession des images est discutée en classe et on cherche les
titres et légendes les plus pertinents. Les élèves collent les illustrations sur
une feuille.
Niveau
4ème – 9ème année
Matériel
• Fiche de travail «Comment l'huile de palme arrive dans
notre assiette» (p. 28)
• Ciseaux
• Colle
• Matériel pour peindre
Travaux préparatoires
• Série de leçons «En visite dans la jungle»
• Copier la fiche de travail
Lieu
Salle de classe
Temps à consacrer
6 – 7 leçons (sans actions)
Des solutions sont possibles
L'huile de palme n'est pas une mauvaise chose
en soi. Elle joue un rôle prépondérant comme
produit alimentaire et comme additif. De plus, la
culture du palmier à huile offre un revenu à des
millions de personnes sous les Tropiques. Rien
qu'en Indonésie, 4.5 millions de personnes vivent
directement ou indirectement de l'industrie de
l'huile de palme. En outre, l'huile de palme constitue un produit alimentaire très important dans
tous les pays producteurs.
Boycotter les produits qui contiennent de l'huile
de palme n'est donc pas une solution. On peut
agir plus efficacement à d'autres niveaux. Il est
possible de cultiver des palmiers à huile sans
déboiser des forêts tropicales. Il y a suffisamment de terrain convenant à cet usage. Des
plantations de palmiers à huile peuvent être aménagées sur des friches ou sur d'autres surfaces
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
3. Pour contrôler si la matière est assimilée, les élèves écrivent un texte
d'au moins 20 lignes en rapport avec les images et cherchent un titre percutant. Ils lisent le texte d'un-e camarade et le corrigent ensemble.
4. L’enseignant-e corrige les textes et, si nécessaire, commente les erreurs de fond avec toute la classe.
5. Débat en commun sur les questions suivantes : L'huile de palme, c'est
une bonne ou une mauvaise chose ? Pour faire cesser la déforestation,
faut-il que nous n'achetions plus de produits contenant de l'huile de palme
? Est-ce possible ?
Pourrions-nous continuer à nous nourrir comme nous en avons l'habitude ?
En quoi cela compliquerait-il nos achats si nous décidions de renoncer complètement aux produits renfermant de l'huile de palme ? Quelles conséquences cela aurait-il pour nous et pour les habitants des pays producteurs?
Il va probablement ressortir de la discussion qu'il est difficile pour nous de
renoncer entièrement aux produits contenant de l'huile de palme. Par ailleurs,
un boycott menacerait les emplois de millions de personnes dans les pays
producteurs. Renoncer complètement aux produits alimentaires contenant
de l'huile de palme n'est donc pas une solution.
6. Conclusion: l'huile de palme n'est pas une mauvaise chose en soi. Tout
dépend du type de culture ! Se rappeler les critères définis pour une «bonne»
plantation dans la série de leçons «En visite dans la jungle».
7. Les élèves reprennent la fiche de travail «Comment l'huile de palme
arrive dans nos assiettes» et expliquent de quelle sorte d'huile de palme
(«bonne» ou «mauvaise») il s'agit.
8. Les élèves se demandent quelles images de la fiche de travail on pourrait compléter ou remplacer pour que la «mauvaise» huile de palme devienne de la «bonne» huile de palme. Les propositions sont discutées en
commun et illustrées par des dessins.
9. Les élèves réfléchissent par petits groupes aux possibilités d'action
dont ils disposent pour ne plus menacer la forêt tropicale par la consommation de produits contenant de l'huile de palme. Ils envisagent les démar-
25
ches qu'ils pourraient entreprendre dans ce but.
non-boisées, exploitées par l'agriculture. En Malaisie, on a par exemple remplacé des plantations d'hévéas par des palmiers à huile.
Il est vrai que les conflits d'exploitation sont certainement plus aigus dans le cas de surfaces
déjà entretenues que lorsqu'on déboise des forêts tropicales. Les forêts ne seraient plus menacées si l'on adoptait une planification intelligente
et prévoyante. Lorsque d'autres plantes peuvent
pousser dans les plantations, que l'on ne brûle
pas les buissons et les souches et qu'on laisse
assez de place à la nature, lorsque les cultures
sont entretenues avec le moins possible de produits chimiques et d'engrais artificiels et que les
travailleurs touchent un salaire correct garanti,
nous favorisons même la justice sociale et la
protection de la nature dans les pays du Sud. En
achetant des produits contenant de l'huile de
palme issue de ce type d'exploitations certifiées!
Des solutions constructives sont donc possibles!
Mais toutes les personnes concernées doivent
en être convaincues : les producteurs, les marchands, les propriétaires des usines de transformation et les vendeurs d'huile de palme, sans
oublier les consommateurs. Ces derniers peuvent :
- lire attentivement la composition des produits.
Tout ce qui contient de l'huile ou de la graisse
végétale ainsi que les cosmétiques, les lessives et le savon sont en principe suspects
- s'informer : les produits suspects contiennentils de l'huile de palme, et si oui, d'où provientelle et comment a-t-elle été produite ?
- exiger des produits contenant de l'huile de
palme issue de cultures responsables
- demander aux fabricants des produits et aux
distributeurs comment ils contrôlent si l’'on n'a
pas déboisé de forêt tropicale pour produire
l'huile de palme utilisée
La pression des consommateurs et consommatrices contraint les fabricants et les vendeurs à
prendre leurs responsabilités et à demander aux
producteurs de produire cette huile de manière
durable. Les produits contenant de l'huile ayant
nécessité le déboisement et l'incendie de forêts
tropicales dignes d'être protégées, auront ainsi
bientôt disparu des rayons de nos magasins.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
10. Les propositions de solutions sont répertoriées et discutées en classe.
On examine dans quelle mesure elles sont applicables. Lire “Des solutions
sont possibles”, p. 25 – 26.
11. Un plan d'action est élaboré en commun : QUI fait QUOI, COMMENT,
avec QUI et d'ici QUAND ?
Variantes
On peut suggérer aux élèves de faire pression sur les fabricants et les vendeurs. Ces derniers doivent être à même de dire si leurs produits contiennent de l'huile de palme et, le cas échéant, d'indiquer d'où elle vient, si elle
a été produite de manière durable et ce que consent l'entreprise pour protéger la forêt tropicale. Les élèves choisissent un produit qui contient de
l'huile de palme. On définit ensemble des critères et des arguments à faire
valoir dans une lettre adressée aux fabricants et aux vendeurs de produits
contenant de l'huile de palme. Les élèves imaginent leur propre lettre sur la
base de ces mots-clefs. La lettre est corrigée par le maître / la maîtresse.
Suite du travail
Les élèves se prononcent sur les réponses reçues et élaborent un tract sur
les produits contenant de l'huile de palme et ne menaçant pas la forêt tropicale.
26
Comment l'huile de palme arrive dans notre assiette
Solution de la fiche de travail
6
Transport par bateau
de l'huile de palme
brute
1
7
Raffinage de l'huile de
palme (décoloration,
durcissement)
Forêt tropicale intacte
2
8
Déboisement et
évacuation des
troncs d’arbre
Acheminement aux
usines de transformation
3
9
Feu de brousse
Utilisation dans
des produits de
consommation
4
10
Plantation de
palmiers à huile
Vente
5
11
Pressage de l'huile de
palme dans l'huilerie
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
Consommation
27
Fiche de travail
- Découpe les 11 cases.
- Mets-les dans le bon ordre et numérote-les.
- Ecris une courte légende au crayon dans l'encadré à côté de
l'image. (Que se passe-t-il sur l'image ?)
- Ecris un titre, également au crayon, dans l'encadré du haut.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
28
Soja
Les champs de soja aussi détruisent la forêt tropicale
La fève de soja est une autre plante dont la culture entraîne le déboisement
de grandes surfaces de forêt tropicale et d'autres sites dignes d'être protégés. La production de soja continue aussi d'augmenter en raison de la demande croissante en huile végétale et en fourrage végétal, à la suite de la
crise de l'ESB (Encephalite Spongiforme Bovine, maladie de la vache folle).
La savane brésilienne, le cerrado en portugais, présente naturellement un
grand nombre d'espèces. Des champs de soja ont été aménagés sur une
grande partie de sa surface tandis que la culture de variétés résistant à
l'humidité s'étend toujours plus dans la région amazonienne. La majeure
partie du soja d'Amérique du Sud est transformée en fourrage et exportée
vers l'Europe. L'huile de soja produite au cours de ce processus, a des
propriétés similaires à l'huile de palme et elle est utilisée à des fins analogues.
Une ancienne plante aux nombreuses qualités
La fève de soja, dont le nom scientifique est Glycine soja, appartient à la
grande famille des fabacées ou légumineuses. Les Chinois cultivent le soja
depuis plus de 6'000 ans et il représente un de leurs principaux produits
alimentaires. Cette fève constitue une denrée de base des peuples de l'Est
asiatique en raison de ses multiples possibilités d'utilisation, de sa valeur
nutritive et de sa productivité. On peut le manger cuit, grillé, germé, sous
forme de farine, de fromage, de condiment, de sauce, de lait ou de pain de
soja.
En 2000, 73’400 kilomètres carrés de terrain (soit la superficie du territoire
de Bavière, ou pratiquement deux fois la surface de la Suisse) ont été plantés avec des fèves de soja et cette tendance est fortement à la hausse. Le
40% du soja produit dans le monde entier provient des Etats-Unis. Suivent
le Brésil, avec environ 19% et le pays d'origine, la Chine, avec12%.
Un fourrage problématique
Un kilo de soja contient autant de protéines que trois kilos de viande de
bœuf ou dix litres de lait. La fève de soja pourrait donc représenter notre
plus importante source de protéine. Cependant, nous ne consommons
qu'une petite partie du soja produit. Le reste est transformé en fourrage ou
en huile de soja. Un véritable gaspillage quand on pense qu'il faut sept kilos
de soja pour produire un kilo de viande !
Une grande partie du soja produit dans le monde provient de pays en voie
de développement ou d'industrialisation, comme le Brésil ou la Chine, ce
qui pose également problème. De gros importateurs d'aliments pour le bétail soustraient pour ainsi dire leur source de protéines à la population locale et font monter les prix du soja par leur pouvoir d'achat.
Des produits à base de soja génétiquement modifié
Les Etats-Unis, principal importateur de soja, utilisent souvent de la semence génétiquement modifiée. On sait encore peu de choses sur les conséquences négatives que pourraient avoir les organismes génétiquement
modifiés (OGM) sur l'être humain et l'environnement et le risque est difficile
à estimer. Les fèves de soja peuvent arriver sur notre table sous forme d'huile,
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
29
de produits à base de soja comme le tofu, ou, indirectement, dans la viande
des animaux qu'elles ont servi à nourrir.
Selon le degré de transformation, il est difficile d'établir s'il s'agit de soja
OGM. La liberté de choix des consommateurs et consommatrices s'en trouve
donc limitée.
Le cerrado est en danger
Le cerrado brésilien, un paysage de savane unique, est également menacé
par le développement des champs de soja. Dans cette savane, on trouve
principalement des oiseaux, des insectes et des fleurs. Les grands mammifères y sont plutôt rares, à l'exception du loup à crinière, du tapir ou du
jaguar. La faune du cerrado compte également des nandous – de grands
oiseaux coureurs, assez semblables à des autruches – ainsi que de nombreuses espèces de chauves-souris et de petits rongeurs. Le cerrado s'étend
dans une plaine chaude et sèche, aussi vaste que l'Europe de l'Ouest, parfois traversée de cours d'eau et de forêts. Les arbres ne sont pas très hauts.
Beaucoup d'entre eux ont un tronc tortueux, une écorce épaisse et des
feuilles persistantes. De nombreux buissons possèdent des fleurs magnifiques, aux couleurs éclatantes.
Des fougères, des orchidées et des palmiers poussent également dans cette
savane. Le cerrado ressemble à un superbe jardin sauvage aux nombreuses espèces animales et végétales endémiques.
Cependant, les champs de soja empiètent toujours davantage sur ce paradis. Le 95% de la farine de soja importée dans l'UE provient d'Amérique du
Sud. En Suisse aussi, on importe surtout du soja du Brésil car on n'y a pas
planté jusqu'ici de variétés génétiquement modifiées. Toutefois, l'utilisation
de semence de soja OGM est aussi autorisée au Brésil depuis l'automne
2003. Ce règlement est pour le moment limité à une année.
Les nombreuses exploitations brésiliennes, souvent immenses, offrent un
emploi à beaucoup de gens. Cependant, l'agriculture intensive a des effets
dévastateurs sur l'environnement brésilien. Des monocultures s'étendent
aujourd'hui là où la savane et la forêt humide offraient autrefois un espace
de vie à une faune et une flore extrêmement diversifiées.
Possibilités d'action des consommateurs
Nous les consommateurs, nous pouvons agir si nous savons quels produits
contiennent du soja. Pour faire pression et trouver des solutions, nous avons
la possibilité de demander aux fabricants et aux distributeurs d'où provient
le soja utilisé et comment il a été cultivé. En réduisant notre consommation
de viande, nous contribuons aussi à ce que moins de fèves de soja ne
servent dorénavant à engraisser le bétail.
La pression des consommateurs et consommatrices a déjà porté ses fruits
dans de nombreux domaines : il existe ainsi un label pour le bois produit de
manière durable (label FSC) et, depuis plusieurs années déjà, on peut acheter des produits bio au supermarché. L'envoi de lettres et la demande répétée d'informations permettent d'obtenir de bons résultats sans boycott.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
30
Les vaches suisses grignotent
la forêt amazonienne
Idée directrice
Avec l'expansion du commerce mondial, nous, les consommateurs et consommatrices, nous étendons notre influence sur toutes les parties du monde.
De nombreuses matières premières à la base de notre nourriture et des
objets de notre quotidien sont originaires d'autres continents. Souvent, nous
ne sommes pas du tout conscients des conséquences que peuvent avoir
nos achats. Parfois, ces effets sont positifs, notamment lorsqu'on crée des
places de travail et de meilleures conditions d'existence. Dans d'autres cas,
la production des matières premières ou des marchandises importées peut
occasionner des problèmes écologiques ou sociaux dans les pays producteurs. Le soja est un produit problématique : pour le cultiver, on détruit des
surfaces de forêt tropicale et de savane au Brésil, notre principal pays fournisseur. Nous avons surtout besoin de soja pour le fourrage des animaux et
comme additif alimentaire, sous forme d'huile. Mais nous ne sommes guère
conscients de consommer couramment du soja. Tout comme l'huile de
palme, l'huile de soja est utilisée dans une multitude de produits, sous la
dénomination «huile végétale». Un quart de l'huile végétale consommée dans
le monde provient de fèves de soja. Il s'agit de la plante oléifère la plus
importante au monde. Dans cette série de leçons, les élèves découvrent et
comprennent la notion d'«empreinte écologique». Ils étudient l'huile de soja,
son utilisation et la problématique de la culture du soja. Ils réfléchissent
également à notre consommation de viande.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
31
Informations didactiques
Déroulement de l’activité
1. Suspendre une grande carte du monde ou la projetter contre la paroi.
Objectifs pédagogiques
• Les élèves sont conscients des impacts que peut avoir
la consommation de produits.
• Les élèves connaissent l'expression «empreinte écologique» et peuvent l'expliquer par un exemple.
• Ils comprennent en quoi nous détruisons la forêt tropicale en consommant des produits contenant de l'huile
de soja ou du soja.
• Ils savent que le soja sert à engraisser des animaux et
ils ont remis en question notre consommation de
viande.
Niveau
6ème – 9ème année
2. A l’aide de cette carte, les élèves racontent dans quelles régions ils
sont déjà allés et de coller des post-it (de la même couleur) aux endroits
concernés.
3. Débat avec toute la classe : Au cours de nos voyages, nous avons
laissé ce qu'on appelle une ''empreinte écologique'' dans de nombreuses
régions. Qu'entend-on par là ?
4. L’enseignant-e affirme que nous n'avons même pas besoin de voyager
pour laisser des traces dans des pays étrangers. Comment est-ce possible ?
Les élèves y réfléchissent dans le cadre d'une discussion commune ou par
petits groupes.
Matériel
• Grande carte du monde ou transparent avec une carte
du monde
• Petits post-it de deux couleurs différentes
• Produits pouvant contenir de l'huile de soja :
- margarine
- rouge à lèvres
- glace
- soupe en poudre
- lessive
- biscuits (une sorte contenant de la «graisse végétale»)
• Un morceau de viande de bœuf indigène, si possible
sous vide
• Fiche de travail «Les vaches suisses grignotent la forêt
amazonienne» (p. 36)
Travaux préparatoires
• Acheter le matériel
• Copier la fiche de travail
Lieu
Salle de classe
Temps à consacrer
4 – 5 leçons
L'empreinte écologique
Un grand nombre de nos actions ont un impact
sur la nature. Partout où nous passons, nous
laissons des traces, et pas seulement avec nos
pieds. Nous soulevons peut-être un caillou,
cueillons des fleurs, jetons des déchets ou nous
émettons des gaz d'échappement avec notre
voiture.
Par notre consommation, nous laissons des traces dans le monde entier tout en restant chez
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
5. Des exemples d'empreinte écologique sont donnés en classe : Lorsque je bois du jus d'orange, je laisse des empreintes écologiques au Brésil
(possible pays d'origine des oranges). Lorsque je porte un pull-over en coton, je laisse des empreintes écologiques en Inde et au Portugal (où l'on a
pu cultiver le coton et fabriquer le pull-over). Les élèves collent un post-it
d'une autre couleur sur les régions du globe où ils ont laissé une empreinte
de ce genre.
6. Débat avec toute la classe : Tous les habitants de la planète laissent-ils
des empreintes aussi nombreuses et aussi grandes ? Y a-t-il des différences ? Pourquoi y a-t-il des différences ? Quelle sont les empreintes laissées
chez nous par les gens des pays du Sud ? Qu'impliquent nos empreintes
pour les habitants des différents pays où nous l
es laissons ?
7. Etude des produits suivants : de la margarine, du rouge à lèvres, de la
glace, du potage en poudre, de la lessive et des biscuits. L’enseignant-e
explique qu’en consommant ces produits, nous laissons toutes sortes d'empreintes car ils contiennent de nombreuses matières premières. Il y a un
composant de tous ces produits qui peut venir du Brésil. Mais la substance
que nous recherchons est souvent mentionnée dans la composition sous
un autre nom. Les élèves examinent les emballages et essaient de trouver
de quoi il s'agit.
8. L’enseignant-e donne l'information recherchée : «Tous les produits
que je vous ai montrés contiennent de l'huile végétale ou un dérivé chimique de l'huile végétale. L'huile utilisée provient souvent du Sud. Il s'agit
presque toujours d'huile de palme ou de soja, mentionnée dans la composition sous l'appellation «huile végétale (partiellement durcie)» ou «graisse
végétale». Nous mangeons ou nous utilisons pratiquement chaque jour un
produit contenant de l'huile de soja. Il s'agit de l'huile végétale la plus utilisée au monde. Outre les articles présentés, beaucoup d'autres produits
contiennent du soja ou de l'huile de soja : par exemple, la mayonnaise, les
32
nous. Pour que je mange une banane, par exemple, il a fallu planter des bananiers. On a donc
besoin de terrain agricole. Pour entretenir les
bananiers, récolter, emballer et transporter les
bananes, il faut du personnel et du matériel. Une
banane a donc nécessité beaucoup de travail
avant d'atterrir dans notre panier à commissions!
Par ma consommation, je laisse ce qu'on appelle
une empreinte écologique dans un pays lointain
et partout où la banane a passé pour arriver jusqu'à nous.
Le WWF a créé un site Internet,
www.footprint.ch, où l'on peut calculer son
empreinte écologique de façon ludique, sur la
base de sa consommation personnelle. La surface nécessaire pour fournir les différentes ressources utilisées – énergie, produits alimentaires,
eau – est extrapolée à l'ensemble de la population mondiale. Le résultat indique combien de
planètes seraient nécessaires si tous les êtres
humains consommaient autant et de la même
manière. Si nous avons besoin de plus qu'une
planète, notre style de vie n'est pas durable. La
moyenne de la population suisse est de 2.6 planètes.
Les habitants des pays riches du Nord laissent
des empreintes écologiques particulièrement
grandes. C'est-à-dire qu'ils consomment beaucoup de ressources pour couvrir leurs besoins,
donnent naissance à de nombreux processus
dans le monde et produisent d'immenses quantités de déchets. Les empreintes des habitants
des pays pauvres du Sud sont beaucoup plus
petites car ils n'achètent et ne consomment pas
autant de choses et ils mangent souvent de la
nourriture qu'ils ont produite eux-mêmes.
Il est important que nous fassions attention à ne
pas «écraser» notre planète avec des empreintes
écologiques trop grandes et trop nombreuses,
afin que la nature puisse continuer à nous fournir
ce dont nous avons besoin !
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
pâtes à tartiner, les barres de chocolat, les pâtisseries, les plats préparés,
les produits cosmétiques, le savon, les produits de nettoyage, les peintures
et les encres.
Le soja est une plante parente de nos haricots. On peut manger les fèves de
soja, en tirer de nombreux produits, y compris de l'huile. Le soja est souvent utilisé comme fourrage.
Bien que le soja pousse aussi en Suisse, nous achetons la plus grande
partie de notre soja au Brésil. Cette plante y est cultivée sur d'immenses
surfaces.
La demande en soja continue d'augmenter, ce qui a des conséquences
graves au Brésil : on y détruit le cerrado, un merveilleux paysage de savane,
pour planter de nouveaux champs de soja. De nombreux animaux vivent
dans le cerrado, dont le jaguar, un splendide félin, et le loup à crinière, un
magnifique prédateur. En outre, les champs pénètrent toujours plus profondément dans la forêt tropicale du sud de la région amazonienne, faisant
disparaître le milieu de vie de nombreuses espèces animales et végétales.
En consommant des produits contenant du soja, nous laissons donc des
empreintes problématiques au Brésil, qui menacent le jaguar et beaucoup
d'autres animaux !»
9. Réflexion de groupe : «Manger un morceau de viande de bœuf constitue aussi une menace pour le jaguar du Brésil, bien que la viande provienne
de Suisse.» Les élèves réfléchissent par petits groupes à cette affirmation.
10. Les élèves font part de leurs réflexions à la classe. L’enseigant-e
expose, si nécessaire, les faits précis : «Les mélanges de fourrage contiennent de la farine de soja. Le soja provient principalement du Brésil. Nos
vaches mangent donc aussi de la farine de soja du Brésil. La nourriture
destinée aux porcs et aux poules renferme encore plus de farine de soja.
Pour produire de la viande suisse, on a donc cultivé du soja au Brésil, sur
des champs empiétant toujours plus sur le cerrado et la forêt tropicale. En
mangeant de la viande, je fais peser une menace sur le jaguar et sur d'autres
animaux vivant au Brésil.
11. Les élèves lisent la fiche de travail «Les vaches suisses grignotent
la forêt amazonienne» et répondent aux questions.
12. Les réponses sont discutées et corrigées. (Solutions en page 34)
13. Débat avec toute la classe sur les questions suivantes :
- Suis-je obligé-e de manger de la viande tous les jours ?
- La viande est-elle saine ?
- A quoi est-ce que je contribue en mangeant de la viande provenant d'animaux nourris avec du soja brésilien ?
- Un paysan fait paître ses vaches presque toute l'année. Elles mangent
de l'herbe, du foin, du maïs du pays stocké dans des silos et un peu
d'orge moulu. Il vend la viande de ses bêtes. Est-ce que tu l'achèterais
33
Tous les animaux d'élevage ne font pas les
mêmes dégâts indirects
En Suisse, ce pays de prairies et de pâturages,
l'élevage de ruminants devrait être particulièrement intéressant sur le plan écologique. Les vaches et les moutons peuvent idéalement convertir l'herbe en lait et en viande. Les porcs et les
poules, par contre, ne peuvent valoriser qu'un
faible pourcentage de fourrage grossier. Leur
appareil digestif nécessite le recours à des quantités beaucoup plus grandes d'aliments concentrés. Jusqu'ici, on a utilisé relativement peu de
fourrages concentrés - 400-500 kg par animal et
par année - pour l'élevage de bovins en Suisse.
Dans l'UE, on utilise déjà 2’000-3’000 kg de fourrage concentré par animal et par année, et aux
Etats-Unis, les quantités devraient être encore
plus importantes. Avec l'ouverture des frontières,
le prix du fourrage va aussi baisser en Suisse. Le
recours néfaste aux fourrages concentrés dans
l'élevage des bovins va donc se propager chez
nous aussi dans le futur.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
volontiers ? Lire ”Tous les animaux d’élevage ne font pas les mêmes
dégâts indirects”, p. 34
Suite du travail
Réaliser en classe un sondage sur la quantité de viande mangée par toute
la famille pendant une semaine.
Série de leçons «La reine des fèves»
Solutions aux questions de la fiche de travail «Les vaches suisses
grignotent la forêt amazonienne» (p. 36)
1. Environ un kilo. (50 kg par année reviennent à environ 1 kg par semaine, étant donné qu’il y a 52 semaines dans une année.)
2. Fourrage grossier = herbe et foin ; le fourrage grossier est un
fourrage à faible valeur énergétique
Fourrage concentré = fourrage à haute valeur énergétique, c'est-àdire riche en protéines, composé de soja, de maïs ou d'autres
céréales, de colza ou de pois.
3. Les bovins peuvent vivre sans problème avec du foin et de l'herbe.
Nous leur donnons du fourrage concentré pour qu'ils grandissent et
fournissent de la viande plus rapidement et que les vaches donnent
plus de lait.
4. Les céréales et le soja cultivés en Suisse ne suffisent pas pour produire le fourrage concentré nécessaire. Nous devons importer du
soja et des céréales pour le fourrage.
5. Depuis qu'on ne peut plus donner de farine animale aux animaux
d'élevage, il faut trouver d'autres substances protéinées pour le
fourrage. Le soja représente un substitut approprié à la farine animale ; sa consommation a donc considérablement augmenté après
la crise de l'ESB.
6. D'immenses surfaces de la savane du cerrado, où vivent de nombreuses espèces animales et végétales, et des portions toujours
plus vastes de la forêt amazonienne sont transformées en champs
de soja.
7. La forêt tropicale humide et la savane sont des milieux d'une valeur
inestimable où vivent un grand nombre d'espèces. Avec l'expansion
des plantations de soja, des animaux comme le jaguar sont menacés de disparition. En plus de la destruction de la végétation, les
sols et l'eau sont pollués avec les produits toxiques et les engrais
utilisés par l'agriculture intensive.
8. Une tonne de soja permet de nourrir beaucoup plus de gens qu'une
vache engraissée avec ce soja.
34
Une autre «huile tropicale»
Tout comme le palmier à huile, le soja est une plante
dont la culture entraîne la destruction de vastes
pans de forêt tropicale. En Amérique du Sud, au
Brésil et en Argentine surtout, la surface cultivée
de soja a augmenté de deux tiers depuis 1995. De
larges secteurs du cerrado, la savane brésilienne,
ont déjà été transformés en champs de soja. On
cultive toujours plus de variétés résistant à l'humidité dans la région amazonienne. La majeure partie du soja sud-américain est transformée en fourrage et exportée en Europe. L'huile de soja est un
sous-produit résultant du processus de fabrication
de la farine de soja.
Transformation du soja
Champs de soja
Fèves de soja
Broyage
Farine de soja
Huile de soja
Industrie
chimique
Encre
Peinture
Lubrifiant
Huiles
etc.
Industrie
alimentaire
Cosmétiques
détergents
Industrie
chimique
Margarine
Graisse de
cuisine
Mayonnaise
Biscuits
Crème à café
etc.
Savon
Lessives
Cosmétiques
etc.
Plastique
Cosmétiques
Peinture
Encre
etc.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
35
Industrie des
fourrages
Fourrage
Viande
Produits à
base de
viande
etc.
Industrie
alimentaire
Pâtes
Sauce soja
Aliments pour
bébés
Farine
Succédanés
de viande etc.
Fiche de travail
Les vaches suisses grignotent
la forêt amazonienne
Surfaces
cultivées à
l'étranger
pour de la
viande suisse
En moyenne, chaque Suisse et Suissesse mange plus de 50 kilos de viande par année : principalement du
porc, du bœuf, de la volaille et du veau. Et tous ces animaux ont du être nourris avec du fourrage. Prenons
l'exemple des vaches : normalement, une vache mange de l'herbe et du foin, ce qu'on appelle du fourrage
grossier. En Suisse, nous avons des pâturages à profusion qui nous permettent de nourrir un grand nombre
de ruminants.
Mais aujourd'hui, on donne aussi du fourrage concentré aux bovins, pour qu'ils grandissent et produisent
plus vite de la viande. Les vaches donnent aussi plus de lait lorsqu'elles reçoivent du fourrage concentré. Le
fourrage concentré est composé avant tout de farine de soja, de maïs et de céréales. La demande en viande
implique une certaine quantité de fourrage concentré pour engraisser le bétail, et la surface cultivée en
Suisse ne suffit pas à produire le fourrage nécessaire. C’est pourquoi nous devons acheter des céréales et
du soja à l'étranger. Rien que pour la consommation suisse de viande, 97'000 hectares de soja sont cultivés
à l'étranger, soit une surface aussi grande que le canton de Thurgovie. Nous importons également de grandes quantités de céréales étrangères.
Toujours de
nouveaux
champs de
soja
Depuis que la farine animale est interdite dans toute l'Europe, suite à l'affaire de l'ESB (maladie de la vache
folle), il faut la remplacer par une autre substance riche en protéines et il s'agit dans la plupart des cas du
soja. Le Brésil, notre plus important fournisseur, a dû vendre encore plus de soja à l'Europe depuis cet
évènement. Des surfaces de cultures beaucoup plus grandes ont donc dû voir le jour au Brésil. Une grande
partie du cerrado, la savane brésilienne, est déjà détruite et transformée en champs. Les grandes quantités
d'engrais et de produits phytosanitaires (pour les soins à appotés aux végétaux) utilisés polluent le sol et
l'eau. Seul un tiers du cerrado est encore à l'état naturel. Mais si la demande en soja continue d'augmenter,
ces territoires devront eux aussi capituler devant les
plantations de soja. Au Nord, le cerrado disparaît au Questions sur le texte
profit de la forêt amazonienne. Les forêts humides cons- 1. Quelle est la quantité moyenne de viande que
tituent les milieux les plus riches en espèces de notre
consomme un Suisse / une Suissesse chaplanète. Pourtant, la déforestation s'y poursuit en faque semaine ? Fais le calcul !
veur des terres agricoles.
2. Explique les notions de fourrage grossier et
de fourrage concentré.
3. Les bovins ont-ils besoin de fourrage concenNotre immense consommation de viande pose protré pour vivre ?
blème à plusieurs égards : tout le soja et les céréales 4. Le soja et les céréales poussent aussi en
que nous donnons à nos animaux d'élevage pourraient
Suisse. Pourquoi nos bêtes ne mangent-elles
faire vivre beaucoup plus de gens que la viande de ces
pas ce fourrage indigène ?
animaux. Le soja séché contient plus de protéines que 5. Pourquoi la demande en soja a-t-elle aug
la viande et il constitue un aliment très sain ! ! C'est du
menté après la crise de la vache folle?
gaspillage de «faire passer» le soja et les céréales par 6. Où voit-on apparaître au Brésil de nouvelles
un animal quand on pourrait manger directement ces
cultures de soja ?
aliments. Précisément, la nourriture est rare et chère 7. Pourquoi l'extension des surfaces cultivées
dans les pays producteurs, qui sont des pays pauvres.
pose-t-elle problème ?
Les céréales ou le soja cultivé pourraient offrir de la 8. Avec quoi peut-on nourrir le plus de gens ?
nourriture à une grande quantité de gens !
Une tonne de fèves de soja ou une vache qui
aurait mangé une tonne de soja durant son
existence ?
Nos animaux
mangent le
pain des pauvres
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
36
La reine des fèves
Idée directrice
La gousse de soja, dont le nom scientifique est Glycine max, fait partie des
légumineuses. Ce légume très sain possède de nombreuses qualités. En
Chine, sa patrie d'origine, le soja est cultivé depuis 6’000 ans et, pendant
longtemps, il a constitué la principale nourriture des habitants de ce pays.
On l'appelait la «reine des fèves». Les Chinois ont une longue tradition de
produits à base de soja ; il existe environ 12'000 sortes de produits différents.
Le soja est la principale source d'huile et de protéines au monde. La production de soja continue d'augmenter. Il existe quantité de nouvelles variétés cultivées, que l'on fait pousser dans de nombreuses régions de la planète.
Dans cette série de leçons, les élèves font pousser des plantules de soja
pour les manger et effectuent des recherches dans différents domaines en
rapport avec le soja. Ils écrivent des fiches d'information pour constituer un
dossier sur tout ce qu'il est utile de savoir sur la plante de soja et ses produits dérivés.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
37
Informations didactiques
Objectifs pédagogiques
• Les élèves ont fait pousser des plantules de soja en
classe et ils savent comment procéder.
• Ils se sont intéressés de près à un thème en rapport
avec le soja, ont réuni des informations et rédigé une
fiche d'information.
• Ils connaissent les principales données relatives au
thème du soja.
Niveau
5ème – 9ème année
Matériel
• Ustensiles pour planter et goûter le soja (voir fiche de
travail p. 40)
Travaux préparatoires
• Se procurer le matériel nécessaire
• Assurer un accès à Internet ou réunir des livres, des
articles de journaux et des informations tirées
d'Internet sur le thème du soja
• Série de leçons «Les vaches suisses grignotent la forêt
amazonienne»
Lieu
Salle de classe
Temps à consacrer
8 –10 leçons
Déroulement de l’activité
1. Les élèves font pousser par petits groupes des plantules de soja selon
les indications figurant sur la fiche de travail «Un produit sain cultiver soimême» (p. 40).
2. En introduction, résumer les informations de la leçon précédente :
Nous avons appris que nous consommons presque chaque jour du soja,
sans nous en rendre compte. Mais cette plante est problématique pour plusieurs raisons. Sa culture détruit des paysages méritants d'être protégés.
Ce n'est pas une fatalité. En étant bien informés, nous pouvons influer, en
tant que consommateurs, sur le mode de production du soja et contribuer
un tant soit peu à la préservation de précieux milieux de vie. Nous allons
donc réunir le plus possible de connaissances autour de la plante de soja.»
3. Par groupe, les élèves choisissent un des thèmes suivants :
- la plante de soja (aspect, provenance)
- importance du soja en Asie
- huile de soja et produits contenant de l'huile de soja
- le soja génétiquement modifié
- le soja dans le fourrage
- le tofu et les autres produits à base de soja
- la lécithine de soja
- le soja - sa valeur nutritive et son rôle pour la santé
Après avoir choisi un thème en rapport avec la soja, les élèves réunissent le
plus possible de matériel sur ce sujet.
L’enseignant-e donne quelques conseils pour ce travail : pour se procurer
des informations sur Internet, il est recommandé d'entrer d'abord le mot
«soja» dans un moteur de recherche comme www.google.ch et de recueillir
ensuite des informations sur les sous-thèmes choisis via une recherche dans
les résultats. S'il n'y a pas d'accès Internet à l'école, mettre à la disposition
des élèves du matériel sur le thème du soja.
4. Les groupes effectuent des recherches et rédigent les fiches d'information. Les élèves résument les informations trouvées concernant leur
thème sur une page A4. Ils ne doivent pas copier de phrases toutes faites
mais trouver leurs propres formulations. Les textes doivent être aisément
compréhensibles pour tous et illustrés si possible avec des dessins. Ils notent également cinq questions auxquelles leurs camarades devront répondre à l'aide des résumés figurant sur les fiches d'information.
5. Ils photocopient leurs fiches d'information et les distribuent à l’ensemble de la classe, puis ils présentent les résultats de leur travail sous
forme d’un bref exposé. Les camarades tentent de répondre aux questions
en s‘aidant de la fiche d’information.
6. Pour contrôler que la matière est assimilée, on demande aux élèves
de répondre aux questions posées par les groupes.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
38
Suite du travail
Cuisiner des plats avec du soja dans le cadre des cours de cuisine.
Goûter différents produits à base de soja comme le lait de soja, le yoghourt
au soja, les desserts au soja, le tofu, la saucisse de soja (éventuellement
des produits de différentes sortes et marques).
Débat sur les avantages et inconvénients des organismes génétiquement
modifiés.
Série de leçons «Des champs de soja à perte de vue»
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
39
Fiche de travail
Un produit sain à cultiver soi-même
On peut facilement faire germer des graines de soja en très peu de temps, chez soi ou en classe. Les
pousses sont très saines et contiennent beaucoup de vitamines et de matières minérales importantes
pour notre corps. En lisant ce qui suit, tu apprendras comment on fait pousser du soja. Tu pourras
renouveler l'expérience avec des graines de radis, de moutarde, de cresson, de tournesol, de lentilles,
de pois chiches, de luzerne et avec des graines de céréales, comme le blé, le seigle, l'avoine ou l'orge.
Il est recommandé d'acheter les graines dans un magasin bio. Les semences biologiques ne sont pas
exposées à des rayons et ne subissent pas de traitements chimiques. Demande toujours au magasin
si la semence convient pour la germination ! Il est important de passer les pousses plusieurs fois par
jour sous l'eau courante afin qu'elles ne pourrissent pas. Quelques graines forment des racines avec
des poils très fins que l'on peut facilement confondre avec de la moisissure. Si tu n'es pas sûr que les
plantules soient comestibles, rince-les bien à l'eau puis vérifie qu'elles ne sentent pas mauvais. Tu te
rendras compte rapidement si les pousses sont fraîches. Tu peux les répandre sur une tranche de pain
beurré, les ajouter à la salade et à de nombreux plats. Tu peux aussi les mélanger à de la pâte à pain
et cuire un «pain aux pousses». Attention, il ne faudrait pas manger de grandes quantités de germes
crus de légumineuses comme les fèves de soja, les lentilles ou les pois chiches. Pour confectionner
des sandwichs et des salades, tu dois les blanchir une demi-minute dans de l'eau bouillante légèrement salée.
Matériel
•
•
•
•
•
•
•
graines de soja vert (haricot Mungo) pouvant germer
bocal à confitures ou à conserves
gaze synthétique
élastique
grand tamis
assiette
cuillère à soupe
On trouve aussi dans le commerce des bocaux spéciaux pour les pousses, avec un couvercle inoxydable muni d'un tamis ou encore des récipients appropriés en terre cuite ou en plastique.
Culture de plantules de soja
1. Mettre quelques cuillères de
fèves de soja dans un bocal
de façon à en couvrir le
fond. Remplir le bocal d'eau
et laisser gonfler les graines
pendant plusieurs heures
(durant la nuit). Ne pas exposer le bocal à la lumière directe du soleil.
3. Couvrir le bocal avec la gaze
et la fixer avec un élastique.
Faire tenir le bocal, ouverture
en bas, en équilibre sur une
cuillère placée dans une
assiette, de façon à laisser
l'air circuler dans le bocal et
l'eau s'écouler. Répéter
l'opération après quelques
heures. Rincer les fèves de
soja deux à trois fois par jour
au cours des jours suivants
et replacer le bocal à l'envers sur la cuillère.
2. Verser l'eau le deuxième jour.
Vider les fèves de soja dans
le tamis et les rincer à
grande eau, puis les laisser
s'égoutter et les remettre
dans le bocal.
4. Lorsque les pousses sont
environ trois fois plus grandes que la graine, on peut
les passer rapidement dans
de l'eau bouillante et les
manger, par exemple dans
un sandwich.
30 secondes
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
40
Des champs de soja
à perte de vue !
Idée directrice
Sous l'impulsion d'un marché d'exportation florissant, la culture du soja
continue de se développer, surtout au Brésil. 60% des fèves de soja et 95%
de la farine de soja importés dans l'UE proviennent d'Amérique du Sud. En
Suisse aussi, on importe avant tout du soja brésilien car aucune variété
génétiquement modifiée n'y a été cultivée jusqu'à maintenant. Mais, depuis
l'automne 2003, l'utilisation de soja transgénique est également autorisée
au Brésil. Pour le moment, ce règlement n'est valable qu'une année.
Les exploitations brésiliennes sont des entreprises soit nationales soit familiales. Un grand nombre d'entre elles sont gigantesques et offrent un emploi
à quantité de gens. Cependant, l'agriculture intensive a des conséquences
dévastatrices sur l'environnement brésilien. Là où la savane et la forêt tropicale offraient jadis un milieu à une flore et une faune extrêmement diversifiées, s'étendent aujourd'hui des monocultures qui ne leur laissent plus guère
de place.
Dans cette série de leçons, les élèves découvrent le paysage du cerrado et
sa faune. Ils étudient les évolutions qu'a connues ce biotope et apprennent
comment se passe la culture du soja dans une grande exploitation brésilienne.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
41
Informations didactiques
Objectifs pédagogiques
• Les élèves peuvent décrire le paysage du cerrado et
connaissent plusieurs animaux qui y vivent.
• Ils savent que le cerrado se restreint toujours plus au
profit des terres agricoles et que les cultures gagnent
aussi sur la forêt tropicale.
• Ils se sont intéressés de plus près à une exploitation
agricole brésilienne.
Déroulement de l’activité
1. L’enseignant-e lit le texte «La savanne du cerrado, au Brésil» (voir
page 43). Les élèves doivent fermer les yeux et imaginer cette région.
2. Les élèves dessinent ou peignent le cerrado à partir des informations
données.
3. Débat avec toute la classe : Pourquoi le cerrado est-il si précieux ? Que
nous apporte la préservation de ce type de milieu ? Est-il important pour toi
que l'on sauvegarde des espèces animales comme le jaguar ?
Niveau
5ème – 9ème année
Matériel
• Papier à dessin
• Matériel de peinture
• Fiches de travail «Culture du soja» (pp. 44-45)
• Bouts de papier de la taille d'une carte postale
• Micro ou objet représentant un micro
Travaux préparatoires
• Série de leçons «La reine des fèves», p. 37
• Photocopier les fiches de travail
• Préparer le matériel nécessaire
Lieu
Salle de classe
Temps à consacrer
6 – 7 leçons
4. Fiches de travail «Culture du soja» (pp. 44-45). Les élèves lisent les
deux articles de journaux «Le Brésil est en passe de devenir le plus grand
producteur de soja au monde» et «En Amazonie, de nouvelles routes
ouvrent la voie à la culture du soja». Les questions de compréhension
sont abordées en classe.
5. Les élèves répondent aux questions de la fiche de travail.
6. Les réponses sont commentées et corrigées.
(Réponses, voir page 43)
7. Les élèves lisent le texte «Une grande entreprise familiale au Brésil»
et soulignent les mots et les phrases qu'ils ne comprennent pas. Les questions de compréhension sont abordées en classe.
8. L’enseignant-e informe : «Imaginez que Rubens Navarro et sa famille
viennent nous voir en classe. Vous avez l'occasion fabuleuse de poser
des questions à un producteur de soja.» Par deux, les élèves réfléchissent
à des questions sur le thème du soja et les notent sur de petits billets. Ils
notent en haut à quel membre de la famille la question s'adresse. Pour se
préparer à l'interview en classe, les groupes s'exercent par oral à répondre à leurs propres questions.
9. Interview : On forme une pile avec tous les billets. Un-e élève lit une
question, se dirige spontanément vers un-e camarade de classe et lui tend
un micro. La personne interrogée doit donner la réponse la plus plausible
possible.
10. Les élèves s'expriment sur le déroulement de l'interview : Comment
me suis-je senti quand j'ai dû répondre tout à coup à une question ? A
quelles questions était-il particulièrement difficile de répondre ? Quelles sont
les réponses qui m'ont paru crédibles ? Comment se présente d'une manière générale l'avenir des producteurs brésiliens de soja ? La culture du
soja au Brésil est-elle proche de la nature ? Quels changements devraiton apporter à l'agriculture pour que les animaux du cerrado ne disparaissent pas ?
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
42
La savane du cerrado, au Brésil
Le cerrado s'étend sur une surface aussi vaste
que l'Europe de l'Ouest. Toute l'année, il y fait
aussi chaud que chez nous en été. Des vents
chauds y soufflent souvent, l'air est sec et le ciel
presque toujours sans nuages. Dans cette partie
du Brésil, le terrain est relativement plat et couvert d'herbe et d'arbres. Par endroits, on y rencontre aussi de la forêt, des plans d'eau et des
cours d'eau. Les arbres ne sont pas très hauts et
beaucoup d'entre eux ont un tronc tortueux, une
écorce épaisse et des feuilles persistantes. Un
grand nombre de buissons ont de magnifiques
fleurs, aux couleurs éclatantes. Dans le cerrado,
poussent aussi des fougères, des orchidées et
des palmiers. Ce paysage préservé ressemble à
un superbe jardin sauvage.
Quantité d'espèces animales et végétales vivent
dans la savane brésilienne. Nombre d'entre elles
ne se rencontrent qu'au cerrado et nulle part
ailleurs. C'est la savane des oiseaux, des insectes et des fleurs. Il n'y a pas beaucoup de grands
mammifères en Amérique du Sud. Le loup à crinière et le jaguar sont deux prédateurs vivant
dans le cerrado, mais il est rare qu'on puisse en
apercevoir. Le tapir et le tamanoir (grand fourmilier) comptent parmi les autres grands habitants
de la savane. Vivent également dans le cerrado
le chat des pampas – un nocturne –, le cochon
d'Inde, le nandou – un grand oiseau coureur
assez semblable à une autruche –, et de nombreuses espèces de chauve-souris et de petits
rongeurs.
Suite du travail
Réunir une série de questions sur la culture du soja en Suisse. Pius interviewer les paysans des environs qui cultivent du soja.
Visiter des monocultures d'épicéas et poser au garde-forestier des questions sur les problèmes liés aux monocultures.
Série de leçons «Devenir des consommateurs et consommatrices critiques»
Réponses aux questions de la fiche de travail «Culture du soja» (p. 44)
1. Ce sont les Etats-Unis qui produisent actuellement le plus de soja (env.
75 millions de tonnes) ; suivent le Brésil (33 millions de tonnes), l'Argentine (20 millions de tonnes) et la Chine (15 millions de tonnes).
2. Le cerrado est progressivement converti en terres agricoles, le plus souvent en champs de soja. Cela signifie que la savane, où vivent un grand
nombre d'espèces, cède la place à de gigantesques monocultures. Des
mammifères, des insectes, des amphibiens, des reptiles et des oiseaux
perdent leur milieu de vie et le sol est pollué par les produits phytosanitaires (destinés à soigner les végétaux) et les engrais.
3. Oui, les champs de soja pénètrent de plus en plus profondément dans la
forêt tropicale. On peut maintenant cultiver des variétés sélectionnées
pour résister à l'humidité à des endroits autrefois inadaptés.
4. On construit cette nouvelle route pour poser une grande conduite de gaz
naturel et y faire des réparations dans le futur.
5. Un grand nombre de personnes peut pénétrer dans la forêt tropicale en
empruntant les routes. La tentation est grande d'y couper des arbres
afin de vendre un bois tropical toujours très apprécié. En l'absence de
routes, il est impossible de transporter ces troncs pesants. En outre, on
peut cultiver du soja dans les surfaces récemment déboisées. On pourra
ensuite transporter et vendre cette production de soja. A nouveau, seule
une route permet cette exploitation.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
43
Fiche de travail
Culture du soja
Le Brésil est en passe de devenir le plus
grand producteur de soja au monde
En Amazonie, de nouvelles routes ouvrent
la voie à la culture du soja
En l'espace de 10 ans, le Brésil
pourrait supplanter les Etats-Unis
et devenir le plus important producteur de soja au monde. La
surface consacrée à la culture du
soja augmente de 10% par année
au Brésil. Le Ministère américain
de l'agriculture estime qu'elle va
continuer à s'accroître pour atteindre 100 millions d'hectares (soit
Petrobras, l'entreprise pétrolière
nationale du Brésil, a reçu l'autorisation de faire passer un gazoduc
de 550 kilomètres dans le bassin
ouest de l'Amazonie. Deux routes
seront aménagées le long du pipeline pour sa construction et son
entretien. Des associations écologistes craignent que l'on ne profite
de ces nouvelles routes pour pénétrer dans des régions jusque-là
15 fois la superficie de la Suisse).
Cette croissance concerne surtout
le Mato Grosso et d'autres Etats
brésiliens du centre-ouest. D'immenses portions de la savane du
cerrado y sont converties en terres
agricoles. Mais cette extension se
déplace toujours plus vers le Nord,
dans la forêt tropicale humide.
Questions
1. Quel pays est aujourd'hui le plus gros producteur de soja au
monde ? Et le deuxième plus important ?
2. Que se passe-t-il dans le cerrado ?
3. Y a-t-il aussi des champs de soja dans la forêt amazonienne ?
4. Pourquoi va-t-on construire une nouvelle route à travers la forêt
amazonienne ?
5. Quel problème les routes construites dans la forêt tropicale occasionnent-elles ?
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
44
préservées et les convertir en terrains agricoles. En outre, l'asphaltage d'une autre piste de 784 kilomètres de long, traversant le bassin
sud de l'Amazonie, rendrait accessibles 80'000 hectares de forêts,
avec le risque de les voir déboisés
au profit de la culture du soja, qui
se déplace toujours plus de la
savane à la forêt primitive.
Une grande entreprise familiale au Brésil
lise des produits chimiques pour éliminer la mauvaise herbe. Il recourt à de nombreuses machines : pour étendre l'engrais, ensemencer, traiter les plantes de soja avec des produits chimiques et
pour récolter les fèves de soja. L'exploitation du Cerrado et la ferme
où habite la famille Navarro emploient un personnel nombreux. Neuf
familles en tout vivent et travaillent dans les deux exploitations.
Rubens Navarro doit souvent faire appel à des ouvriers supplémentaires. Ceux-ci sont alors payés chaque jour et ne bénéficient
pas d'un contrat de travail.
Rubens et Ana Navarro vivent dans une ferme au sud du Brésil.
Rubens est entrepreneur, il possède deux grandes exploitations
agricoles : la ferme où il vit avec sa famille et une grande exploitation dans le cerrado. Ana est femme au foyer et elle aide aussi aux
travaux agricoles. Caterina, leur fille, étudie l'agronomie à l'université, dans une ville qui se trouve à environ 90 kilomètres. Elle ne
rentre à la ferme que le week-end. Plus tard, Caterina aimerait reprendre les deux exploitations.
Son frère Nazareno fréquente une école privée dans une petite
ville où il se rend chaque jour en bus. Les Navarro n'élèvent pas
d'animaux mais cultivent du soja, du blé et du maïs sur les 500
hectares entourant leur ferme. A titre de comparaison, une ferme
de taille moyenne sur le Plateau suisse exploite 18 hectares de
terrain environ.
L'argent que lui rapportent ses deux exploitations permet à la famille Navarro de vivre confortablement, avec l'électricité, plusieurs
voitures, la télévision et des téléphones portables.
Rubens Navarro cultive ses fèves de soja pour l'exportation, c'està-dire pour la vente à l'étranger.
Les fèves de soja récoltées sont vendues à des marchands qui les
livrent à des fabriques, où l'huile de soja est extraite des fèves par
pressage. Le tourteau, c'est-à-dire les résidus du pressage, est
moulu pour produire de la farine de soja, vendue comme fourrage.
Au Brésil, il y a aussi des familles qui vivent dans de petites fermes
et y cultivent du soja et d'autres plantes. Mais le soja exporté ne
provient que de grandes exploitations.
La deuxième exploitation de la famille se trouve dans la région du
Mato Grosso, plus précisément dans le cerrado, à plus de mille
kilomètres de leur domicile. C'est le frère de Rubens qui s'occupe
de cette ferme. Il a son domicile en ville et se rend à l'exploitation
chaque lundi. Il y reste toute la semaine pour surveiller le travail
effectué. La ferme possède 2500 hectares de plantations de soja,
soit l'équivalent de 140 exploitations agricoles suisses de taille
moyenne ! Avant que Rubens ne construise sa ferme dans le Mato
Grosso, la région était encore couverte de savane. Il a déboisé la
forêt avec son frère et un grand nombre d'ouvriers et brûlé le bois
car personne ne pouvait l'utiliser. Aujourd'hui il ne se rend à l'exploitation que s'il y a des décisions importantes à prendre.
Sur le terrain agricole gagné sur le cerrado, on a planté du riz pendant une année, puis du soja, sans interruption. Les champs s'étendent à perte de vue. Rubens ne fait pas labourer le sol mais il uti-
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
Les animaux qui ont toujours vécu dans les prairies du cerrado, au
milieu des arbres, ne trouvent plus de refuge et de nourriture dans
les champs de soja : leur ancien biotope est détruit. Mais Rubens
est d'avis que les paysans en savent aujourd'hui plus sur la protection de l'environnement qu'il y a quelques années, grâce aux
émissions de télévision. Il existe aussi des dispositions légales
portant sur la taille maximale des champs et demandant le maintien de quelques arbres et buissons entre les surfaces cultivées.
Mais il est difficile de contrôler leur application car les cultures sont
immenses et s'étendent continuellement. On sait toutefois qu'un
grand nombre de paysans ne respectent pas ces lois agricoles.
45
Devenir des
consommateurs de soja
à l'esprit critique
Stoppez la destruction du Cerrados !
Idée directrice
La culture du soja détruit des paysages dignes d'être protégés. Dans les
monocultures exploitées de manière intensive, on utilise beaucoup trop de
produits chimiques. Nous devons agir, nous les consommateurs, afin de
trouver une solution ! Pour faire pression, nous pouvons demander aux fabricants et aux distributeurs d'où provient le soja utilisé et comment il a été
cultivé. Mais, pour cela, il nous faut d'abord savoir quels produits contiennent du soja.
Dans cette série de leçons, les élèves s'intéressent de manière critique à la
consommation de produits qui contiennent du soja. Ils se rendent dans des
magasins d'alimentation pour s'informer sur l'offre en produits à base de
soja, sur la provenance et les méthodes de production du soja utilisé. Ils
réalisent une manifestation publique pour informer les gens sur la problématique du soja.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
46
Informations didactiques
Déroulement de l’activité
Objectifs pédagogiques
1. Travail de groupe : Les élèves débattent des arguments pour ou contre
la consommation de produits contenant du soja ou de l'huile de soja.
• Les élèves connaissent des arguments pour ou contre
la consommation de soja.
• Ils ont recueilli des informations sur les produits au soja
et la viande (de bœuf) dans différents commerces et
comparé leurs fournisseurs.
• Ils ont rendu le public attentif à la problématique du
soja.
Niveau
4ème – 9ème année
Matériel
• Tout ce qui est nécessaire pour effectuer un travail de
communication et d'information
Travaux préparatoires
• Série de leçons «Des champs de soja à perte de vue»
(p. 41)
Lieu
• Salle de classe
• Magasins d'alimentation
• Lieu approprié pour le travail d'information et de communication
2. Les groupes présentent le fruit de leurs réflexions à la classe. L’enseignant-e recueille les arguments pour ou contre au tableau noir.
3. Débat avec toute la classe : Faut-il boycotter les produits contenant du
soja ? Qu'est-ce qui est dangereux dans un boycott ? Que pouvons-nous faire
pour ne pas détruire, en consommant des produits contenant du soja, les précieux espaces de vie d'animaux comme le jaguar ? A quels critères les produits
au soja doivent-ils répondre pour que nous soyons sûrs que ni la forêt tropicale
ni la savane ne sont menacées ? Qui pourrait nous aider dans cette tâche ?
4. Les élèves font la liste des questions sur le thème du soja qu'ils aimeraient poser plus tard aux personnes responsables des magasins d'alimentation. Ils les résument dans un questionnaire standardisé. (Questions possibles, voir page 48)
5. Travail de groupe : Les élèves demandent personnellement, par téléphone ou par écrit à différents commerces s'il serait possible de poser quelques questions sur l'assortiment de produits contenant du soja au gérant-e
ou à une autre personne responsable.
Temps à consacrer
6. Les élèves réalisent les interviews.
6 – 7 leçons, sans compter la planification et la réalisation
du travail de communication et d'information
7. Les réponses sont résumées et comparées avec celles des autres groupes.
Arguments pour la consommation du soja
- Le soja est riche en substances nutritives, il
contient beaucoup de vitamines et de substances minérales et il est bon pour la santé
- Le soja est une bonne alternative à la viande
- On trouve de l'huile de soja dans un grand
nombre de produits auxquels je ne veux pas
renoncer
- Le soja a bon goût
Arguments contre la consommation du soja
- Les cultures de soja détruisent la savane et la
forêt tropicale, qui sont des milieux menacés
- Le soja ne vient généralement pas de Suisse et
il doit donc être transporté sur de longues distances, ce qui porte atteinte à l'environnement
- Le soja peut être génétiquement modifié
- Je n'aime pas le goût du soja
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
8. Les différents commerces sont évalués en fonction des critères suivants:
- Trouve-t-on dans l'offre des produits dont la composition mentionne clairement la présence d'huile de soja ?
- Trouve-t-on dans l'offre des produits contenant du soja dont la culture n'a
pas nécessité la destruction de forêt tropicale ?
- Trouve-t-on dans l'offre de la viande de bœuf issue d'élevages utilisant
un faible pourcentage de fourrage concentré ?
- Est-ce que l'offre ne comprend aucun produit avec du soja génétiquement
modifié ?
- La personne interviewée était-elle bien informée ?
- Le commerce s'engage-t-il pour la sauvegarde de milieux de vie précieux?
Le commerce reçoit une étoile à chaque fois que la réponse est Oui.
9. La cotation avec les étoiles, accompagnée d'un commentaire, est remise aux personnes interviewées dans les commerces.
10. La classe organise une action sur le thème du soja ou de l'huile tropicale en général, en s’aidant de la check-list (p. 48) et des propositions d’actions (pp. 49-50).
47
Questions possibles
- Quels sont les produits contenant du soja
qu’offre votre établissement/magasin ?
- Dans quels produits alimentaires trouve-t-on
du soja ou de l'huile de soja ?
- Sous quelle appellation le soja et l'huile de soja
sont-ils déclarés ? (Le groupe fait lui-même
des recherches après l'interview)
- De quel pays provient le soja utilisé ?
- Le soja a-t-il été cultivé dans des exploitations
proches de la nature ?
- Le soja présent dans les produits est-il
génétiquement modifié ?
- La culture du soja détruit des milieux dignes
d'être préservés. Que fait le commerce contre
l'exploitation abusive de la savane et de la
forêt tropicale ?
- Quel produit contenant du soja peut-on recommander, parmi ceux proposés dans votre magasin ? Pour quelles raisons ? (Le groupe fait
aussi des recherches lui-même après l'interview.)
- Propose-t-on de la viande indigène ?
- Les vaches qui ont fourni la viande ont-elles
mangé du fourrage concentré contenant du
soja ?
- Y a-t-il différentes sortes de viande de bœuf ?
- En quoi résident les différences ?
Check-list pour le travail
de communication et d'information
Thème
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Quel thème choisissons-nous ?
Quel est le cœur de notre message ?
Qu'avons-nous déjà réalisé sur ce thème ?
Nos connaissances et le matériel à notre disposition suffisent-ils pour
nous présenter devant un public ?
• Nos déclarations sont-elles claires et compréhensibles ?
Destinataires
• Qui voulons-nous atteindre avec notre message ?
• Comment faire passer notre message le plus efficacement possible auprès
des destinataires ?
Lieu
• Où a lieu la manifestation, quels sont les locaux convenant particulièrement bien à notre objectif ?
• Qui faut-il informer ?
Personnel
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Qui fait quoi à quel moment ?
Un organigramme a-t-il été établi ?
Toutes les personnes concernées ont-elles été invitées et informées ?
Qui informe les médias ?
Qui est l'interlocuteur de toutes les personnes concernées ?
Planification
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Trouver une date favorable (pas de grandes manifestations en parallèle)
Réserver un local, régler la question du financement.
A quoi les éventuelles recettes seront-elles affectées ?
Commander du matériel au WWF.
Contrôler et ordonner son propre matériel.
Concevoir une invitation sous forme de flyer ou de lettre. Annexer un plan.
Faire contrôler si tout est en ordre à des personnes de l'extérieur :
Qui organise quoi ? Quand ? Pourquoi ? Pour qui ?
• Envoyer ou distribuer les invitations suffisamment tôt.
• Mettre en place des affiches, informer les médias.
• Contrôler que tout le matériel nécessaire soit disponible dans les locaux.
Déroulement de la manifestation
• Commencer et terminer à l'heure.
• Saluer l'assistance. Introduction brève et claire, explications simples. Les
orateurs doivent respecter leur temps de parole, si possible répondre tout
de suite aux questions, prendre congé des personnes présentes.
Après la manifestation
• Qu'est-ce qui s'est bien passé ? Que pourrait-on améliorer ?
• Recueillir les réactions des participant-e-s, par exemple avec un sondage
ou une feuille d’évaluation.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
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Beaucoup d'autres propositions d'actions
et d'idées
figurent sur le site
Propositions d'actions
A l'école
www.checkyouroil.org
du WWF (seulement disponible en allemand).
• Organiser des journées ou une semaine consacrées à l'huile tropicale en
proposant différentes actions sur le thème «Nous protégeons la savane
et la forêt tropicale.»
• Mettre sur pied une exposition ou une série de conférences sur le thème
de l'huile tropicale.
• Organiser un concours à l’école, qui récompenserai une bonne action en
faveur de la forêt tropical ou des savannes du Cerrado.
• Les élèves organisent une soirée pour les parents sur le thème de l'huile
tropicale : posters d'information, brefs exposés, conseils d'achats, repas
avec des produits contenant de l'huile tropicale ou du soja issus de cultures durables.
• Imaginer une pièce de théâtre ou un sketch sur le thème de l'huile tropicale.
• Imaginer des jeux sur le thème de l'huile tropicale et organiser une aprèsmidi de jeux avec une autre classe.
• Créer avec les élèves des posters pour un parcours sur le thème de l'huile
tropicale et réaliser ce parcours avec d'autres classes, des enseignant-e-s,
des parents, des autorités, etc.
• Inventer une chanson ou un rap sur le thème de l'huile tropicale.
• Faire venir l’animation « Tuga et le chapeau magique » du WWF, qui présente la problématique de la destruction de la forêt tropicale aux classes
enfantines.
Dans ton village ou en ville
• Mettre sur pied une exposition sur la problématique de l'huile tropicale,
en collaboration avec un commerce (qui soutiendra l'huile tropicale durable), une banque (qui ne doit pas financer de plantations de soja ou de
palmiers à huile dans la savane ou la forêt tropicale), la section régionale
du WWF ou une autre instance de protection de l'environnement. On peut
utiliser à cet effet les fiches d'information, les affiches ou les brefs exposés élaborés en classe.
• Monter un stand d'information dans un supermarché et/ou au marché
hebdomadaire, avec des informations détaillées sur les produits contenant de l'huile de palme, sur ce que nous devons et pouvons faire en tant
que consommateurs et consommatrices.
• Actions de distribution de dépliants ou d'affichage devant des banques
ou des commerces, avec des informations sur la problématique de l'huile
tropicale.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
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Collaboration avec des médias
locaux et régionaux
• Série d'articles sur la problématique de l'huile tropicale dans des médias
locaux ou régionaux
• Organiser et réaliser une manifestation publique avec des médias locaux
ou régionaux (débat public, exposition, parcours sur l'huile tropicale, etc.)
Actions politiques
• Inviter en classe des politicien-ne-s en charge de l'environnement et leur
poser des questions sur la problématique de l'huile tropicale.
• Elaborer des revendications politiques sur la problématique de l'huile tropicale, inviter des spécialistes (représentant-e-s de grandes banques, politicien-ne-s, gérant-e-s de filiales de magasins d'alimentation, etc.) et
discuter les revendications émises.
Dossier pédagogique du WWF sur le thème de l'huile tropicale
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