Module Sacrements de l`initiation

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Module Sacrements de l`initiation
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MODULE SUR LES SACREMENTS DE L’INITIATION CHRETIENNE : PERE DOMINIQUE GARNIER
Triptyque des sept sacrements de ROGER VAN DER WEYDN
1) L’EGLISE, SACREMENT DU SALUT (17 JANVIER 2011)
Que signifie et d’où vient le mot ‘sacrement’ ?
Tout d’abord, question de vocabulaire : deux termes en latin (traduisent le grec mysterion) : à la
fois serment (sacramentum), acte d’initiation au moyen d’un signe déterminé, et mystère
religieux (mysterium), signe sacré se rapportant à une réalité cachée.
Dans le nouveau testament : à la fois dévoilement d’un secret (mysterium) : « Personne ne
connaît le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler ». (Luc.10, 21-22), et plan
secret de Dieu (sacramentum) : « A vous il a été donné de connaître les mystères du
Royaume des cieux. » (Mt.13, 11)
Chez Saint Paul, le sacrement est comme la révélation du mystère. La notion de sacrement
met en valeur la connaissance et donc la réalisation, l’accomplissement du dessein de Dieu.
Eph.1, 9 : "Il nous a fait connaître le mystère (sacramentum) de sa volonté, le dessein
bienveillant qu’il a d’avance arrêté en lui-même".
Eph.3, 9 : "Dieu réalise le mystère (sacramentum) tenu caché depuis toujours en lui, le
créateur de l’univers".
A partir du IV siècle avec Justin et St Augustin les deux mots expriment une même
réalité : « le dessein éternel et divin manifesté et réalisé en la personne de Jésus » (Justin), « il
n’y a pas d’autre mystère que le Christ » (St Augustin)
Au XIIème siècle, Hugues de Saint Victor assigne au sacrement trois éléments constitutifs :
« il a le caractère d’un signe, il est institué par le Christ, il sanctifie par la grâce qu’il
contient »
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« L’emploi du mot sacrement pour désigner les "sept" sacrements n’apparait qu’au XIIème
siècle. Le mot sera de plus en plus réservé pour désigner les 7 réalités sacramentelles,
reléguant dans l’ombre le fait qui fonde ces sacrements, le rôle sacramentel du Verbe
incarné et de L’Eglise » (P. Woillez, 2009, Mystère et sacrement).
Qu’est-ce qu’un sacrement ?
A partir de ce que nous en dit le Catéchisme de l’église catholique, nous pouvons voir, comme
l’exprime déjà le triptyque des Sept Sacrements de Rogier Van der Weyden, que la sacramentalité
vient du Christ et se communique dans l’Eglise. C’est pourquoi se trouve plantée au milieu de ce
tableau la croix du Christ autour de laquelle sont célébrés les sept sacrements dans l’Eglise.
1) Le Christ sacrement du Père
Dans son sens plénier, la réalité du sacrement exprime la mission propre du Fils qui, dans
l’Incarnation, nous obtient la grâce de l’Amour du Père. Toute l’efficacité des sacrements
vient de l’offrande de Jésus-Christ sur la croix, de son sacerdoce éternel.
« Si le sacrement est la réalisation du mystère ou du dessein trinitaire, le Christ est l’unique
sacrement de Dieu. /…/ Il est la manifestation terrestre visible du salut. Cet homme concret,
Jésus, Fils de Dieu, est voulu par le Père comme l’unique accès à la réalité du salut ; il est le
seul médiateur entre Dieu et les hommes /…/ Par le mystère Pascal, il réalise et rend présente
dans le monde la volonté salvifique du Père : Il manifeste l’amour divin pour les hommes et
l’amour de l’homme pour Dieu. /…/ Le mystère de l’amour du Christ pour le Père est le
fondement de sa communication infaillible de grâce. Il doit diviniser et renouveler
entièrement toute l’humanité, jusque dans sa corporéité. » (P. Woillez)
2) L’Eglise sacrement universel du salut.
« L’œuvre salvifique de son humanité sainte et sanctifiante est le sacrement du salut qui se
manifeste dans les sacrements de l’Eglise ; les sept sacrements sont les signes et les
instruments par lesquels l’Esprit Saint répand la grâce du Christ, qui est la tête, dans l’Eglise
qui est son corps ; l’Eglise contient donc et communique la grâce invisible qu’elle signifie ; c’
est en ce sens analogique qu’elle est appelée « sacrement ». », (CEC 774).
L’église est née du don total du christ pour notre salut : « car c’est du coté du Christ endormi
sur la croix qu’est né l’admirable sacrement de l’Eglise toute entière » (Sacrosanctum
Concilium, 5).
« L’Eglise, à laquelle nous sommes tous appelés dans le Christ et dans laquelle nous acquérons la
sainteté par la grâce de Dieu, n’aura sa consommation que dans la gloire céleste /…/. Le Christ élevé
de terre a tiré à lui tous les hommes ; ressuscité des morts, il a envoyé sur ses apôtres son Esprit de
vie et par lui a constitué son Corps, qui est l’Eglise, comme le sacrement universel du salut ; assis à la
droite du Père, il exerce continuellement son action dans le monde pour conduire les hommes vers
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l’Eglise, se les unir par elle plus étroitement et leur faire part de sa vie glorieuse en leur donnant pour
nourriture son propre Corps et son Sang. » (Lumen gentium n° 48).
L’Eglise est à la foi le sacrement de l’union intime des hommes avec Dieu et le sacrement de
l’union du genre humain (LG 1) : cette unité est déjà commencée puisque l’Eglise rassemble
des hommes « de toute nation, race, peuple et langue (Apoc.7) et en même temps l’Eglise
est « signe et instrument de la pleine réalisation de cette unité qui doit encore venir », (CEC
775).
Cette Eglise, acquise par le Christ au prix de son sang (Ac 20, 28) « lui sert d’instrument de la
rédemption de tous les hommes… L’Eglise tend vers un but unique : l’avènement du règne de
Dieu et le salut du genre humain (LG 9).
L’Eglise est ainsi » le projet visible de l’amour de Dieu pour l’humanité » (CEC 776) qui veut
que « le genre humain tout entier constitue un seul Peuple de Dieu, se rassemble dans le
corps unique du Christ, soit construit en un seul temple du Saint Esprit (Ad Gentes, 7).
2) LE BAPTEME (24 JANVIER 2011)
Introduction sur les sacrements de l’Initiation chrétienne :
« La communion de vie dans l'Église s'obtient par les sacrements de l'initiation chrétienne :
Baptême, Confirmation et Eucharistie. Le Baptême est ‘‘la porte de la vie spirituelle ; par lui,
nous devenons membres du Christ et de son Corps, l'Église’’. En recevant la Confirmation, les
baptisés ‘‘sont plus parfaitement liés à l'Église, sont dotés d'une force spéciale de l'Esprit
Saint, et sont ainsi plus strictement tenus, en tant que vrais témoins du Christ, de répandre
et de défendre la foi par la parole et par l'action’’. L'itinéraire de l'initiation chrétienne
atteint sa perfection et son point culminant par l'Eucharistie, par laquelle le baptisé est
inséré pleinement dans le Corps du Christ. » (Jean Paul II Ecclesia in América, 1999)
La notion d'initiation chrétienne véhicule donc deux affirmations centrales :
Elle met l'accent sur l'unité de ces trois sacrements, alors que dans nos esprits ils sont
devenus largement autonomes : « Parler d'initiation chrétienne, c'est situer ces
sacrements dans une même visée. C'est comprendre qu'on ne devient pas chrétien à part
entière par le seul baptême » (P.de Clerck)
Elle attire l'attention sur la manière dont on devient chrétien, par initiative divine
plus que par volonté personnelle : » c'est Dieu qui fait le premier pas, c'est Lui qui nous aime
le premier, c'est Lui qui nous fait vivre (nous sauve). Le fait d'être baptisé par un ministre
montre que la grâce nous vient de Dieu, à travers le geste accompli par quelqu'un qui n'est
qu'un serviteur. La seule condition, de notre part, est d'acquiescer, de correspondre, de dire
oui ; car en christianisme l'engagement est indispensable, mais il est toujours second, fruit de
la découverte de Dieu et non condition mise par Dieu pour nous trouver aimables. On est fait
chrétien par la grâce de Dieu. » (P.de Clerck).
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I - Le Baptême dans le Nouveau Testament :
Moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; mais lui, il vous baptisera dans l’Esprit Saint » (Marc 1, 78). Jean-Baptiste administrait un baptême de repentir. Jésus a voulu le recevoir. « Une fois
baptisé, Jésus sortit aussitôt de l’eau. Voilà que les cieux s’ouvrirent pour lui, et il vit l’Esprit
de Dieu qui descendait comme une colombe et venait sur lui. Alors une voix qui venait des
cieux disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur » (Matthieu 3, 16-17).
Le baptême chrétien est radicalement différent du baptême de Jean : « Par le baptême de la
Nouvelle Loi, les hommes sont baptisés intérieurement par le Saint-Esprit, c’est là une action
propre à Dieu. Par le baptême de Jean, seul le corps était purifié par l’eau » (Saint Thomas
d’Aquin, Somme théologique, III, q. 38 a. 2 ad 1).
Ce baptême est désigné par Jésus lui-même comme étant autre que celui de Jean. Et il
exprime ce désir de passer par ce baptême : « Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en
coûte d’attendre qu’il soit accompli ! » (Luc 12, 50). Et il demande à ses apôtres, qui sont
pourtant passés par le baptême de Jean : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire,
recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? » (Mc 10, 38). Il s’agit, bien sûr, de sa
mort et de sa résurrection, de sa plongée dans la mort pour en ressortir vainqueur par la
résurrection.
Ainsi, Saint Paul exprime avec force dans son épître aux Romains (lecture phare de la Vigile
pascale) : « Ne le savez-vous donc pas : nous tous, qui avons été baptisés en Jésus-Christ,
c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême dans sa mort, nous avons
été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de
même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts » (Rm 6,
3-4).
Jésus, en se faisant baptiser dans les eaux du Jourdain, institue le baptême chrétien. Il donne
l’ordre à ses apôtres de baptiser toutes les nations « au nom du Père et du Fils et du SaintEsprit » (Matthieu 28, 19), ce qu’ils commencent à faire dès le jour de la Pentecôte, où
« trois mille personnes environ » (Actes 2, 41) le reçoivent
II - Les noms du Baptême chrétien
Baptême, du grec baptizô, ‘immerger’, ‘plonger’.
Bain de la régénération et de la rénovation dans l’Esprit Saint : « Par le bain du baptême, il
nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint », (Tite 3, 5).
Illumination : « Vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour » (1Th 5, 5). « Autrefois,
vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière. » (Ép 5, 8).
« Le baptême est le plus beau et le plus magnifique des dons de Dieu. *…+ Nous l’appelons
don, grâce, onction, illumination, vêtement d’incorruptibilité, bain de régénération, sceau, et
tout ce qu’il y a de plus précieux. Don, parce qu’il est conféré à ceux qui n’apportent rien ;
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grâce, parce qu’il est donné même à des coupables ; baptême, parce que le péché est
enseveli dans l’eau ; onction, parce qu’il est sacré et royal (tels sont ceux qui sont oints) ;
illumination, parce qu’il est lumière éclatante ; vêtement, parce qu’il voile notre honte ;
bain, parce qu’il lave ; sceau, parce qu’il nous garde et qu’il est le signe de la seigneurie de
Dieu » (St Grégoire de Nazianze).
III - La nécessité du Baptême
C’est le premier des sacrements de l’initiation chrétienne, en quelque sorte le sacrement
« fondateur » de la vie chrétienne : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de
renaître, ne peut voir le règne de Dieu » (Jn 3, 5 - entretien avec Nicodème). « Celui qui croira
et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné » (Mc 16, 16). Ces
paroles du Christ nous montrent la nécessité du baptême, et nous renvoient à cette
question : pourquoi être baptisé ?
Le rituel de l’initiation des adultes pose cette question :
Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ?
- La foi
Que vous apporte la foi ?
- La vie éternelle
Oui nous croyons ‘‘en un seul baptême pour la rémission des péchés’’. Mais quand on n’a
pas péché, de quoi nous sauve-t-il ? Est-il nécessaire : Oui, même pour les petits enfants, le
baptême est nécessaire, « parce que, étant nés avec le péché originel, les petits enfants ont
besoin d’être délivrés du pouvoir du Malin et d’être introduits dans le royaume de la liberté
des fils de Dieu » (CEC 258).
IV- Les grâces du Baptême
« Le Baptême remet le péché originel, tous les péchés personnels et les peines dues au
péché. Il fait participer à la vie divine trinitaire par la grâce sanctifiante, par la grâce de la
justification qui incorpore au Christ et à son Église. Il donne part au sacerdoce du Christ et il
constitue le fondement de la communion avec tous les chrétiens. Il dispense les vertus
théologales et les dons de l’Esprit Saint. Le baptisé appartient pour toujours au Christ : il est
marqué du sceau indélébile du Christ. » (CEC 263).
V- Les rites du Baptême
« Quand il [le baptisé] sera remonté, il sera oint par le prêtre de l'huile de l'action de grâces
avec ces mots : Je t'oins d'huile sainte au nom de Jésus Christ. Et ainsi chacun après s'être
essuyé se rhabillera, et ensuite ils entreront dans l'église. L'évêque en leur imposant la main
dira l'invocation : Seigneur Dieu, qui les as rendus dignes d'obtenir la rémission des péchés
par le bain de la régénération, rends-les dignes d'être remplis de l'Esprit Saint et envoie sur
eux ta grâce, afin qu'ils te servent suivant ta volonté… Ensuite, en répandant l'huile d'action
de grâce de sa main et en posant (celle-ci) sur la tête, il dira : Je t'oins d'huile sainte en Dieu
le Père tout-puissant et dans le Christ Jésus et dans l'Esprit Saint. Et après l'avoir signé au
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front, il lui donnera le baiser et dira : Le Seigneur soit avec toi. Et celui qui a été signé dira : Et
avec ton Esprit…" (Tradition apostolique d'Hippolyte, 21, 3e siècle).
La croix : « Le premier geste, *…+ c’est le signe de la croix, qui nous est donné comme
bouclier qui doit protéger cet enfant dans sa vie ; c’est comme un « indicateur » pour le
chemin de la vie, parce que la croix est le résumé de la vie de Jésus. » (Benoït XVI, Homélie
du 10 janvier 2006).
L’entrée dans l’église : « Le baptême comme entrée dans la communauté du Christ est
interprété comme une renaissance… cette renaissance implique le pouvoir créateur de
l’Esprit de Dieu, mais par le sacrement, elle implique aussi le sein maternel de l’Eglise qui
accueille et qui accepte. (Jésus de Nazareth, Benoit XVI).
L’imposition de la main (et l’effata) : « Jésus les embrassait et les bénissait en leur imposant
les mains » (Mc 10, 16).
L’eau : L’eau est le symbole de la vie : le Baptême est une vie nouvelle dans le Christ. /…/
L’huile : « L’huile est le symbole de la force, de la santé, de la beauté, parce qu’il est
vraiment beau de vivre en communion avec le Christ. /…/
Le vêtement blanc : « Puis le vêtement blanc, comme expression de la culture de la beauté,
de la culture de la vie. /…/
Le cierge : « Et enfin, la flamme du cierge, comme expression de la vérité qui resplendit dans
les ténèbres de l’histoire et nous indique qui nous sommes, d’où nous venons et où nous
devons aller » (Benoît XVI, Homélie, 10 janvier 2006).
3) LA CONFIRMATION (31 JANVIER 2011)
La confirmation et l initiation chrétienne
« Par le sacrement de la confirmation le lien des baptisés avec l’Eglise est rendu plus parfait,
ils sont enrichis d’une force spéciale de l’Esprit Saint et obligés ainsi plus strictement à
répandre et à défendre la foi par la parole et par l action en vrais témoins du Christ »(Lg 11)
Le concile Vatican II, dans la constitution Lumen Gentium a voulu réagir contre la
séparation des trois sacrements de l’initiation.
Au cours des premiers siècles les sacrements du baptême et de la confirmation étaient
donnés dans une même célébration. Cette pratique est toujours en usage en Orient où
l’unité des trois sacrements a été gardée en faisant du prêtre leur ministre ordinaire.
L'Occident a préféré maintenir le lien de l'initiation chrétienne à l'évêque, pour la
confirmation; ce fut la cause principale de la dissociation entre baptême et confirmation.
Aujourd’hui, le rituel du baptême rappelle ce qui suit :
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« Selon l'usage le plus ancien, toujours observé dans la liturgie romaine elle-même, un
adulte ne sera pas baptisé sans recevoir la confirmation aussitôt après le baptême, sauf
si une raison grave s'y oppose.
Ce lien manifeste l'unité du mystère pascal, le rapport étroit entre la mission du Fils et le
don de l'Esprit Saint, et la conjonction de ces sacrements par lesquels le Christ et l'Esprit
se communiquent avec le Père aux baptisés ». (Rituel n°34 initiation chrétienne)
La raison invoquée est l’unité du mystère pascal : »On devient chrétien non par le seul
baptême, mais par l'insertion dans le mystère pascal. Or celui-ci n'est pas «simple», car
l'amour du Père se manifeste autant par la mission du Fils que par le don de l'Esprit.
Même si ces deux sacrements se trouvent séparés dans le temps, ils ne se comprennent
que dans leurs rapports mutuels, comme Pâques et Pentecôte. (P.de CLERCK)
« Dans tous les sacrements le saint esprit est source de notre sanctification ; cependant
c’ est tout spécialement en célébrant la confirmation que l’ église confesse qu’elle est le
temple de l esprit, l église de la pentecôte ;la mission qu’ elle accomplit n est pas son
œuvre, mais l œuvre de l esprit en elle et par elle ; »vous allez recevoir une force, celle
de l’ esprit saint qui descendra sur vous…Vous serez alors mes témoins jusqu’aux
extrémités du monde (Ac 1,8) ;cette promesse s’ est réalisée le jour de la pentecôte ,elle
s accomplit dans l église tout au long de son histoire par les sacrements, notamment par
la confirmation ; aussi chaque baptisé doit il être préparé à recevoir la confirmation »
(Jean Paul II allocution 27/03/1987)
La confirmation dans l’économie du salut
Sous l’Ancienne alliance, les prophètes ont annoncé la venue de l’Esprit : « Sur lui reposera l’Esprit de
Yahvé, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de
piété, esprit de crainte de Dieu » (Isaïe 11, 2)
Lors du baptême du christ :» celui que Dieu a envoyé fait entendre les paroles de Dieu, car c’est sans
mesure que Dieu lui donne l’Esprit » (Jean 3, 34).
Pendant la pâque : « Jésus répandit sur les apôtres son souffle et leur dit « recevez l Esprit Saint »
(Jean 20,22)
Le jour de la pentecôte : » Tous furent alors remplis de l’Esprit Saint, et ils se mirent à parler
en d’autres langues, suivant ce que l’Esprit leur donnait de proférer » (Actes 2, 1-4). L’apôtre
Pierre proclame alors que les temps messianiques sont arrivés : « c’est là ce qui a été dit par
le prophète Joël : Il arrivera dans les derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit
sur toute chair : vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions et vos
vieillards des songes. Oui, en ces jours-là, je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et
sur mes servantes : ils prophétiseront » (Actes 2, 15-18). Pierre exhorte son auditoire en ces
termes : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ
pour la rémission de ses péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit, car la promesse
vaut pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, aussi nombreux que les
appellera le Seigneur notre Dieu » (Actes 2, 38-39).
« Depuis ces temps, les apôtres, pour accomplir la volonté du Christ, communiquèrent aux néophytes,
par l’imposition des mains, le don de l’Esprit qui porte à son achèvement la grâce du baptême
« (Actes8, 15-17).
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A L’imposition des mains qui est à l origine du sacrement de la confirmation s’est ajoutée une
onction d huile parfumée (chrême) ; cette onction illustre le nom de chrétien qui signifie « oint » et
qui tire son origine de celui du christ lui-même :
« Le Christ n’a pas été oint par une huile ou par un parfum corporel de la main des hommes.
Mais le Père, qui l’a établi à l’avance Sauveur de la totalité de l’Univers, l’a oint de l’Esprit
Saint, comme l’a dit Pierre : Jésus de Nazareth, que Dieu a oint de l’Esprit Saint (Actes 10,
38). Et de même que le Christ a été vraiment crucifié, vraiment enseveli, vraiment ressuscité,
et qu’à vous il a été accordé au baptême d’être crucifiés avec lui, ensevelis avec lui,
ressuscités avec lui dans une certaine imitation, ainsi en est-il du chrême. Lui a été oint d’une
huile intelligible d’exultation, c’est-à-dire de l’Esprit Saint, appelé huile d’exultation, parce
qu’il est la cause de l’exultation spirituelle ; vous, vous avez été oints du parfum, devenus
participants au Christ » (saint Cyrille de Jérusalem, Catéchèses mystagogiques, 3, 33).
Nécessité et sujet de la confirmation
« La réception de ce sacrement est nécessaire à l’accomplissement de la grâce baptismale » (Cec
1285)
La confirmation « sacrement de la maturité chrétienne » :« les fidèles sont tenus par l’obligation de
recevoir ce sacrement en temps opportun » (Code de droit canonique, canon 890), car sans la
confirmation et l’Eucharistie, le sacrement du baptême est, certes, valide et efficace, mais l’initiation
chrétienne reste inachevée » (Cec n° 1306)
« Un candidat pour la confirmation qui a atteint l’âge de raison doit professer la foi, être en état de
grâce. Il doit également « avoir l’intention de recevoir le sacrement et être préparé à assumer son rôle
de disciple et de témoin du Christ, dans la communauté ecclésiale et dans les affaires
temporelles « (Code de droit can.889)
« Dans le rite latin, le ministre ordinaire de la confirmation est l’évêque […]. Les évêques
sont les successeurs des apôtres, ils ont reçu la plénitude du sacrement de l’ordre.
/../L’administration de ce sacrement par eux marque bien qu’il a pour effet d’unir ceux qui le
reçoivent plus étroitement à l’Église, à ses origines apostoliques et à sa mission de témoigner
du Christ » (Cec 1313)
Dans les Églises orientales, le prêtre est le ministre ordinaire du sacrement. Il administre
cependant la confirmation avec le saint chrême consacré par le patriarche ou l’évêque, ce qui
exprime l’unité apostolique de l’Église dont les liens sont renforcés par le sacrement de
confirmation
Les signes et les rites de la confirmation
« Très tôt, pour mieux signifier le don du Saint-Esprit, s’est ajoutée à l’imposition des mains
une onction d’huile parfumée (chrême) » (Cec n° 1289).
Dans le rite latin, le rite essentiel « est conféré par l’onction du saint chrême sur le front, faite en
imposant la main, et par ces paroles : « sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu » (Paul VI,
constitution apostolique Divinæ consortium naturæ) »
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L’imposition des mains, faite sur tous les confirmands à la fois, est introduite par une monition et
accompagnée par une prière : « Dieu très bon, Père de Jésus, le Christ, notre Seigneur, regarde ces
baptisés sur qui nous imposons les mains. Par le baptême, tu les as libérés du péché, tu les as fait
renaître de l’eau et de l’Esprit ; comme tu l’as promis, répands maintenant sur eux ton Esprit Saint ;
donne-leur en plénitude l’Esprit qui reposait sur ton Fils Jésus : esprit de sagesse et d’intelligence,
esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et d’affection filiale ; remplis-les de l’esprit
d’adoration. Par Jésus-Christ. »
Dans les Églises orientales, l’onction du myron « se fait après une prière d’épiclèse *ou invocation de
l’Esprit Saint+, sur les parties les plus significatives du corps avec la formule »je te marque de l’Esprit
Saint »
Les effets de la confirmation
« Le baptême est suivi du sceau (signaculum) spirituel, parce que, après la source, il reste à accomplir
la perfection. Cela a lieu quand, à l’invocation du prêtre, l’Esprit Saint est répandu, Esprit de sagesse
et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de science et de piété, Esprit de crainte sacrée :
sept, en tant que puissances de l’Esprit. Et certes toutes les vertus ont rapport à l’Esprit, mais celles-ci
sont pour ainsi dire principales. Telles sont les sept vertus que tu reçois quand tu es marqué du
sceau » (saint Ambroise, De Sacramentis 3, 8).
« par le sacrement de confirmation, le lien des baptisés avec l’Église est rendu plus parfait, ils sont
enrichis d’une force spéciale de l’Esprit Saint et obligés ainsi plus strictement à répandre et à défendre
la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ » (Lumen gentium, n° 11).
« la confirmation « apporte croissance et approfondissement de la grâce baptismale : — elle nous
enracine plus profondément dans la filiation divine qui nous fait dire « Abba, Père » (Romains 8,
15) ; — elle nous unit plus fermement au Christ ; — elle augmente en nous les dons de l’Esprit
Saint ; — elle rend notre lien avec l’Église plus parfait ; — elle nous accorde une force spéciale de
l’Esprit Saint pour répandre et défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du
Christ, pour confesser vaillamment le nom du Christ et pour ne jamais éprouver de la honte à
l’égard de la Croix » (Cec n° 1303)
L’EUCHARISTIE (LUNDI 7 FEVRIER)
L’Eucharistie, plénitude de l'initiation chrétienne.
Dans son Exhortation Apostolique sur l’Eucharistie, Benoît XVI, après avoir rappelé que
« l’Eglise est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire le signe et
l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (L.G. 1),
inscrit le sacrement de l’Eucharistie au cœur du mystère de l’Eglise. Comme le disent les
Pères du Concile Vatican II : « La très sainte Eucharistie contient en effet l’ensemble des
biens spirituels de l’Eglise, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, qui par sa
Chair, vivifiée et vivifiante par l’Esprit Saint, procure la vie aux hommes, et les invite et les
conduit à s’offrir eux-mêmes, à offrir leurs travaux et toutes les choses créées, en union avec
lui » (P.O. 5).
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Il inscrit ensuite l’Eucharistie au terme de l’initiation chrétienne : « Si l'Eucharistie est
véritablement source et sommet de la vie et de la mission de l'Église, il s'ensuit avant tout
que le chemin de l'initiation chrétienne a pour point de référence la possibilité d'accéder à
ce sacrement. A ce sujet, comme l’ont dit les Pères synodaux, nous devons nous demander
si, dans nos communautés chrétiennes, le lien étroit entre le Baptême, la Confirmation et
l’Eucharistie est suffisamment perçu. Il ne faut jamais oublier, en effet, que nous sommes
baptisés et confirmés en vue de l'Eucharistie /.../ Le sacrement du Baptême, par lequel nous
avons été conformés au Christ, incorporés à l'Église et établis fils de Dieu, constitue la porte
d'entrée à tous les sacrements. Par lui, nous sommes insérés dans l'unique Corps du Christ
(cf. 1 Co 12, 13), peuple sacerdotal. Cependant, c'est la participation au Sacrifice
eucharistique qui perfectionne en nous ce qui est donné dans le Baptême. Les dons de
l'Esprit sont aussi donnés pour l'édification du Corps du Christ (1 Co 12) et pour un plus
grand témoignage évangélique dans le monde. Par conséquent, la sainte Eucharistie porte
l'initiation chrétienne à sa plénitude et elle se situe comme le centre et la fin de toute la vie
sacramentelle. », (Benoit XVI, Sacramentum Caritatis, n° 17, 2007).
L’institution de l’Eucharistie
Jésus a institué l’Eucharistie au cours de la Cène, son dernier repas le soir du Jeudi Saint. Ce
repas est celui de la Pâque, c’est-à-dire du repas rituel qui constitue le mémorial de
l’événement fondateur du peuple d’Israël : la libération d’Egypte. Ce repas rituel était la
mémoire du passé, mais c’est aussi l’annonce d’une libération à venir.
« En instituant le sacrement de l’Eucharistie, Jésus anticipe et intègre le Sacrifice de la croix
et la victoire de la résurrection. », (Sacramentum Caritatis, 10). Jésus se révèle comme le
véritable agneau immolé, et il montre ainsi que « cette mort, en soi violente et absurde, est
devenue en Lui un acte suprême d’amour et pour l’humanité une libération définitive du
mal » (id.).
« En célébrant la dernière Cène avec ses apôtres au cours du repas Pascal, Jésus a donné son
sens définitif à la Pâque juive. En effet, le passage de Jésus à son Père par sa mort et sa
résurrection, la Pâque nouvelle, est anticipé dans la Cène et célébré dans l’Eucharistie qui
accomplit la Pâque juive et anticipe la Pâque finale de l’Église dans la gloire du Royaume », (J
.Danielou, Bible et liturgie).
Ce grand mystère a été annoncé lors de la multiplication des cinq pains et des deux poissons,
dont le Christ offre une explication dans le discours sur le Pain de Vie qu’il a prononcé dans
la synagogue de Capharnaüm. « C’est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel : si
quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma
chair, pour la vie du monde » (Jean 6, 51). « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure
en moi et moi en lui » (Jean 6, 56).
L’Eucharistie : il est grand le mystère de la foi !
« L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyez en Celui qu’il vous a envoyé » (Jean 6,29) :
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La présence du véritable Corps du Christ et du véritable Sang du Christ dans ce
sacrement, « on ne l’apprend point par les sens, mais par la foi seule, laquelle s’appuie sur
l’autorité de Dieu… « Ceci est mon Corps qui sera livré pour vous » (Luc 22,19). Ne va pas te
demander si c’est vrai, mais accueille plutôt avec foi les paroles du Seigneur, parce que Lui,
qui est la Vérité, ne ment pas », (CEC 1381).
« C’est par la conversion du pain et du vin au Corps et au Sang du Christ que le Christ devient
présent en ce sacrement. » (CEC 1375). C’est ce que l’on appelle la transsubstantiation. Pour
éclairer ce mystère, action de l’Esprit Saint qui transforme la substance du pain et de vin,
Benoît XVI écrit : « La conversion substantielle du pain et du vin en son corps et en son sang
met dans la création le principe d’un changement radical, comme une sorte de ‘fission
nucléaire’, pour utiliser une image qui nous est bien connue, portée au plus intime de l’être,
un changement destiné à susciter un processus de transformation de la réalité, dont le
terme ultime sera la transfiguration du monde entier, jusqu’au moment où Dieu sera tout en
tous. » (Sacramentum Caritatis, 11).
L’Eucharistie sacrifice du Christ et de son corps, l’Eglise
Sacrifice de la rédemption et, en même temps, sacrifice de la Nouvelle Alliance :
Elle est un sacrifice « parce qu’elle représente (rend présent) le sacrifice de la Croix, parce
qu’elle en est le mémorial, et parce qu’elle en applique le fruit » (CEC 1366).
Le Christ s’est offert une fois pour toutes, mais sa mort n’a pas mis fin à son sacerdoce, et il a
laissé à son Eglise la célébration d’un sacrifice non sanglant, où serait représenté le sacrifice
unique et sanglant de la Croix, dont la mémoire traverserait les siècles et dont les mérites
s’appliqueraient à la rédemption de tous les péchés du monde.
L’Église, présentée par saint Paul sous l’image d’un corps dont le Christ est la tête (1 Cor.
12 ,12), est donc offerte avec le Christ à l’autel, et l’Eucharistie se présente à nous comme le
sacrifice de l’Église, et donc de ses membres. Tous ceux qui prennent part à la messe, sans
sacrifier comme le prêtre, « offrent avec lui, en vertu du sacerdoce commun leurs propres
sacrifices spirituels, représentés par le pain et le vin depuis le moment de leur présentation à
l’autel. *…+ Le pain et le vin deviennent, en un certain sens, le symbole de tout ce que
l’assemblée eucharistique apporte d’elle-même en offrande à Dieu, et offre en esprit »,
(Jean-Paul II, Lettre à tous les évêques sur le sacrement de l’Eucharistie, 24 février 1980,
n° 9). Ainsi, « le sacrifice du Christ présent sur l’autel donne à toutes les générations de
chrétiens la possibilité d’être unis à son offrande » (CEC 1368).
L’Eucharistie action de grâce et louange au Père
L’Eucharistie est la prière sacerdotale de Jésus à son Père, elle est le sommet de la prière. On
y reconnaît quatre finalités :
L’adoration véritable, finalité latreutique (adorer).
L’action de grâce, finalité eucharistique.
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La réparation des péchés des hommes, finalité satisfactoire.
L’intercession, finalité impétratoire (obtenir).
Les effets, ou fruits de l’Eucharistie
En recevant la communion, c’est nous qui nous convertissons dans le Christ : « Tu ne Me
transformeras pas en toi, comme la nourriture en ta chair, mais c’est toi qui te transformeras
en Moi » (saint Augustin, Confessions VII, 10, 16).
D’autre part, la Communion « fait grandir notre union au Christ et avec son Église. Elle
maintient et renouvelle la vie de grâce reçue au Baptême et à la Confirmation, et elle
accroît l’amour envers le prochain. En nous fortifiant dans la charité, elle efface les péchés
véniels et nous préserve, pour l’avenir, des péchés mortels » (Compendium 292), accordant
la persévérance dans le bien.
L’Eucharistie est aussi le gage ou la garantie de la gloire future ou à venir. « Le Christ ayant
passé de ce monde au Père, nous donne dans l’Eucharistie le gage de la gloire auprès de Lui :
la participation au Saint Sacrifice nous identifie avec son Cœur, soutient nos forces au long
du pèlerinage de cette vie, nous fait souhaiter la Vie éternelle et nous unit déjà à l’Église du
Ciel, à la Sainte Vierge Marie et à tous les Saints » (CEC 1419).
Conclusion : Sacrement offert pour la multitude :
N’oublions pas, enfin, que l’Eucharistie a une dimension missionnaire ; nous la célébrons
« pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». De ce fait, nous allons à la messe pour le
monde, pour que le monde soit sauvé. « En s’unissant au Christ, le peuple de la nouvelle
Alliance, loin de se refermer sur lui-même, devient « sacrement » pour l’humanité, signe et
instrument du salut opéré par le Christ, lumière du monde et sel de la terre pour la
rédemption de tous. La mission de l’Eglise est en continuité avec celle du Christ. » (Jean-Paul
II, encyclique n° 22). En effet, Jésus dit : « Buvez-en tous : car ceci est mon sang, le sang de la
nouvelle alliance, répandu pour la multitude en rémission des péchés » (Matthieu 26, 27-28).
Ainsi, « l’Eucharistie est la source et le sommet de toute évangélisation, puisque son but est
la communion de tous les hommes avec le Christ et en lui avec le Père et l’Esprit Saint » (id.).
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