InterAction n°52 – Avril 2007

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InterAction n°52 – Avril 2007
Sommaire
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10/12
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14/15
16/17
18/19
Édito
Visage
Catherine Chermain, enseignante spécialisée à l’institut médico-éducatif Henri Lafay.
Interview
Bernard Perret, vice-président de L’agglo, chargé de l’habitat, la politique de la ville et les gens du voyage.
Table ronde
Aidant familial : choix de vie ou nécessité sociale ?
Entretien
Jacques Laderrière, président du comité Handisport de l’Ain.
Action sociale
La CAF de l’Ain met en place une action territorialisée.
Logement
Premier bilan de la nouvelle compétence Logement du Conseil général.
Solidarité
Le fonds de l’action sanitaire et sociale de la CPAM vient au secours des plus démunis.
21/28
Les directeurs, seuls maîtres à bord ?
Huit pages qui plongent au cœur du patronat social de l’Ain. Témoignages et tableau
comparatif à l’appui, un éclairage pertinent sur le rôle, la fonction, la mission, le
ressenti de treize directeurs d’organismes et associations d’action sociale.
29
Gestion d’établissement
Secrétaire général de l’ORSAC, Olivier Rochette souhaite renforcer l’identité collective de l’association.
Seniors
Le Centre du bénévolat des pays de l’Ain (ALFA3A) filme la mémoire des personnes âgées.
Intégration scolaire
Reportage à l’école de Saint-Jean-le-Vieux, qui accueille des enfants de l’ITEP du Château de Varey.
Handicap
Un point sur la scolarité au sein de l’ADAPEI, établissement par établissement.
Vie des quartiers
Bourg Habitat et ses partenaires organisent des animations en lien étroit avec les habitants.
Vu d’Europe
Système judiciaire accusatoire contre système inquisitoire.
30/31
32/33
38/39
40/41
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Le Magazine trimestriel de l’action sociale dans l’Ain
Directeur de la publication : Jacques DUPOYET. Directeur de la rédaction : Alain Gilbert. Comité de rédaction : ALFA3A, OPAC de l’Ain, ORSAC, CAF de l’Ain,
Conseil général de l’Ain, SEMCODA, ADAPEI, Bourg Habitat, MSA, CPAM, Les Mutuelles de l’Ain. Rédactrice en chef : Pauline Froppier. Rédaction : Agnès Bureau,
Pauline Froppier, Alain Gilbert, Solange Gouraud, Annick Puvilland, Caroline Rohrhurst. Couverture : H. Convert. Réalisation : M&G Éditions – 158, boulevard de
Brou, 01000 Bourg-en-Bresse – Tél. : 04 74 24 69 13 – Fax : 04 74 45 07 08 – E-mail : [email protected] – Site : www.interaction01.info.
Impression : Imprimerie des 2 Ponts. Tirage : 10 000 ex. – N° ISSN 1260-528X
InterAction n° 52 • avril 2007 • 1 •
Interlignes
; Les rendez-vous du CREFE
Le Centre de ressources enfance famille école
Ain-Rhône, dont le siège est à Villeurbanne
(69), a ouvert une antenne à Bourg-en-Bresse
en octobre 2006 et un centre de documentation
partagé avec le centre ressources illettrisme de
l’Ain « Ecrit 01 ». Ouvert à tous*, il permet de
consulter et emprunter un grand choix de livres,
revues et cassettes vidéo sur la parentalité, les
relations familles-professionnels, l’accueil de la petite enfance, l’adolescence,
les relations interculturelles etc. Des bibliographiques thématiques peuvent
être envoyées par mail.
Ouvert à tous les professionnels intéressés, un groupe d’échanges de pratiques
sur « Accompagner les familles dans le suivi de la scolarité de leur enfant » se
déroule à Bourg-en-Bresse les 20 avril et 10 mai, de 9 à 13 h.
Pour les professionnels et bénévoles des circonscriptions d’action sociale
de Jassans, de Châtillon et du secteur Villefranche-Beaujolais, un cycle de
4 rencontres sur « Connaître les familles issues de l’immigration » a débuté
en mars. Dernier rendez-vous le jeudi 3 mai, de 9 à 13 h, au centre social
de Jassans, sur « Immigration turque : ses spécificités ». Ce cycle a déjà été
organisé pour le secteur Pays de Gex / Bellegarde et le bassin burgien.
10, allée de Challes (Bourg-en-Bresse) – Tél. 04 74 22 65 07
www.crefe.asso.fr – [email protected]
* Du lundi au vendredi sauf mercredi après-midi, de 9 à 12 h et de 14 h à 16 h 30. Permanence de
la documentaliste (Chantal Belingard) le jeudi et le vendredi, de 10 à 12 h et de 14 h à 16 h 30.
Tél. 04 74 23 36 59.
; La fête de l’Homme debout
Le 26 août, 217e anniversaire de la Déclaration
des droits de l’homme et
du citoyen, la 5e fête de
l’Homme debout invite le
public à Cuisiat. Lancé en
2003, à l’initiative du comité des fêtes de TreffortCuisiat et des associations
Hémagogus et Roule ta
bosse, ce festival « humanitaire, humaniste et
La fête 2006 s’orchestrait autour du thème de la
solidaire » est désormais
tolérance, avec au programme entre autres des
organisé par un collectif
danses Hakas.
d’associations. L’esprit
reste le même. Au programme : des animations de rue, des spectacles multiculturels, du cirque, de la musique, des expositions…
http://perso.orange.fr/hommedebout/
Tél. 06 79 24 39 31 (Stéphane Leroi)
; Point Info Famille
Le 23 mars, l’Union départementale des associations familiales a ouvert le
premier PIF (Point Info Famille)* de l’Ain. Service gratuit et ouvert à tous,
labellisé par la DDASS, le PIF informe sur les démarches administratives et
associatives et oriente vers les services spécialisés si besoin. Identifiable
par son logo, il est implanté au siège de l’UDAF à Bourg-en-Bresse et dans
cinq antennes locales à Saint-Trivier-sur-Moignans, Saint-Trivier-de-Courtes,
Ceyzériat, Saint-Maurice-de-Gourdans et Lagnieu.
Les demandes peuvent être effectuées sur place à l’accueil ou par téléphone
ou courriel.
Tél. 04 74 32 11 46 (Véronique Robardet) – [email protected]
*Direction départementale des affaires sanitaires et sociales. Le comité de pilotage du PIF réunit
divers partenaires : CAF, MSA, centres sociaux…
• 2 • InterAction n° 52 • avril 2007
 Ils partent, ils arrivent
UDAF
Françoise Defrasne a succédé à Pierre Bonaz en 2006 à la direction de
l’Union départementale des associations familiales. Elle dirigeait auparavant
un centre social à Strasbourg (Bas-Rhin).
Résidence Ary Geoffray
François Dezecache a succédé à Jean Brouens à la direction de la résidence
pour personnes âgées Ary Geoffray à Villereversure (MSA), en février. Il
dirigeait auparavant le foyer La Roche fleurie à Prémeyzel (Orsac).
; Au Café des Possibles
De novembre à juin, tous les deux
mois, un vendredi soir, la compagnie Arnica invite à échanger sur
les rapports qu’entretient l’individu
avec le collectif, en compagnie de
six artistes (musiciens, comédiens,
auteur). Ouvert à tous, ce Café des
Possibles se tient au Rétro Bar,
à Neuville-sur-Ain. Chacun est
convié à apporter une chose qu’il
a envie de partager avec les autres (photo, texte, objet...). Au terme de la
discussion, la « rapporteuse » rédige une synthèse et propose une nouvelle
pensée pour la date suivante.
Prochains rendez-vous le 4 mai, à 19 heures. Le 8 juin, le café de clôture-bilan
se tiendra autour d’un repas, au parc des Peupliers.
Tél. 04 74 37 76 94 – [email protected]
; Des nouvelles d’Atelec Lettres pour l’être
Atelec en fête
Après Bourg-en-Bresse
en 2005 et Oyonnax en
2006, Montluel accueillera
cette année les « Atelec en
fête », le vendredi 15 juin,
de 14 à 18 heures, à la
MJC. Marraine de cette
3e journée, Nic Mazodier,
écoutante, écrivain et actrice, mettra en voix des
textes écrits par les participants aux ateliers « Lire Lors de la journée « Atelec en fête » 2006,
écrire compter » qui, eux, parrainée par l’écrivain Abdelkader Djemaï.
présenteront leur travail
effectué autour d’extraits de son ouvrage De bouche à oreille.
Une exposition montrera les diverses réalisations et actions (écrits, arts
plastiques, visites…) de l’ensemble des ateliers Atelec.
Présents sur Ambérieu, Bellegarde, Bourg-en-Bresse, Miribel, Montluel, Nantua,
Oyonnax et Saint-Maurice-de-Beynost, les Atelec sont fréquentés au total
par plus de 250 personnes.
Sur les bancs du séminaire Socrates
Les séminaires européens réunissant des ateliers d’alphabétisation français,
belge, écossais, espagnol et suisse* se poursuivent. En novembre 2006,
trois animateurs et trois apprenants des Atelec ont participé à la troisième
rencontre, en Écosse. La quatrième se déroule du 23 au 27 avril, au Pays
basque espagnol.
Tél. 04 74 22 48 36 – [email protected]
* Voir InterAction n° 49, p. 45.
Édito
Le grand âge
de raison
Été 2003, une canicule fatale pour près de 15 000 de nos aînés nous mettait
face à nos responsabilités. Un chiffre qui place la France au triste second rang
du nombre de décès des pays européens après l’Italie. On se souvient de ces
images, de ces dépouilles jamais réclamées par les familles. On se souvient
du plan “Vieillissement et solidarité“ et sa fameuse journée de solidarité
permettant de récupérer quelques subsides pour pallier la solitude, l’isolement
des personnes âgées.
C’est un fait, l’allongement de la vie, l’éclatement des familles, vont rendre les
derniers jours difficiles pour nombre de nos papys et mamys boomers. Alors, on
construit des maisons de retraite médicalisées, des petites unités de vie. Nos
politiques enchaînent les plans. Le prochain, « Solidarité grand âge », a pris
cette année la relève du précédent. Construire des équipements, c’est bien, il en
faut. Cela constitue aussi un gisement d’emplois de proximité, souvent féminin,
qui se professionnalise de plus en plus.
L’investissement financier pour la prise en charge de la grande dépendance
est certes réel. Mais le coût moyen d’une place en établissement spécialisé
revient à 1 500 € alors que le montant moyen des revenus des retraités se situe
autour de 1 200 €. Comment pouvoir solvabiliser le coût de la dépendance,
sans la faire peser sur les familles ? La question a été posée récemment par le
ministre. Il faudra certainement trancher rapidement entre une augmentation
des contributions sociales (encore une !) ou le recours à l’assurance privée
(prise en charge à deux vitesses ?). Une voie n’a peut-être pas été suffisamment
explorée : l’harmonisation des prix pratiqués par les différents établissements…
Entre privé et public, le fossé qui se creuse est-il justifié ?
Et qu’en est-il de l’accompagnement social de nos aînés ? Ça et là, des actions
se réalisent, et notre magazine les relate
souvent… Malgré tout, on apprend aussi
qu’en France le taux de suicide des
personnes âgées est le plus élevé
d’Europe*. Arrivera-t-on un jour à ne
plus avoir à découvrir des personnes
âgées, mortes dans leur appartement,
dans l’indifférence générale ? Et on
a le culot de dire que ce sont des
« morts naturelles »…
* (voir page 35)
Pauline Froppier
© D. Gillet
InterAction n° 52 • avril 2007 • 3 •
Interlignes
; Culture et handicap : spécial musées
; Un nounours pour un sourire
Lundi 30 avril, à 16 heures, au
musée de la Bresse (Saint-Cyr-surMenthon), les professionnels et
bénévoles du tourisme et du handicap sont invités à découvrir les
actions et outils mis en place par
les Musées des pays de l’Ain pour
les personnes handicapées. Outre
les maquettes et fac-similé d’œuvres
tactiles, bandes multimédia, visites
pour malentendants, les musées
s’équipent en 2007 de nouvelles
aides à la visite pour les déficients
mentaux, les non-voyants (guides
en braille) et les mal-voyants (guides en gros caractères). Menées
en partenariat avec les associa- Une nouvelle brochure détaille tous
tions de personnes handicapées, les outils pour l’accessibilité des
ces actions pourraient déboucher personnes handicapées au musée de
sur l’obtention du label Tourisme et la Bresse. © A. Klaeyle
handicap. La demande d’agrément
est en cours.
Cet après-midi d’Éductour sera suivi d’une soirée de sensibilisation et d’information sur le handicap, ouverte à tous, à 20 h 15, avec au programme
un film sur l’accessibilité des lieux culturels aux personnes handicapées
et un débat.
Réservations pour l’Eductour : tél. 04 74 32 10 60 (Conservation
départementale)
Renseignements sur la soirée : 04 74 45 23 04 (Résonance
Contemporaine)
Du 2 au 5 mai, l’office de tourisme de Meximieux accueille le 1er festival
« Un nounours pour un sourire » organisé par l’association Minnielud. De
novembre à avril, cette jeune association a collecté plus de 500 peluches
usagées qui, rénovées par Isabelle Vuillerod, créatrice d’ours de collection,
seront proposées à la vente. L’intégralité des bénéfices sera versé à la Fédération des maladies orphelines (FMO), association nationale reconnue
d’utilité publique.
Aider les personnes malades est l’un des deux objectifs de Minnielud,
l’autre étant de de transmettre les savoirs de la fabrication des ours de
collection.
www.au-pays-des-ours.com – [email protected]
Tél. 04 74 61 01 90
; L’ISO à l’ADAPEI
L’ADAPEI poursuit la politique de certification ISO 9001 version 2000 de
ses établissements. Ainsi, en 2006, l’IME Les Sapins, les foyers Sous-Bois
et Val-Fleuri d’Oyonnax, le foyer de Courtes-Vernoux, le foyer Musinens et
le CAT Bellegarde Industrie, et la MAS Les Montaines de Meillonnas ont
rejoint la liste des établissements déjà certifiés.
; Un Bol d’Air pour les randonneurs handicapés
; L’actualité de la santé en Rhône-Alpes en ligne
Mis en ligne en septembre 2006, à l’initiative d’une journaliste spécialisée,
le site www.ra-sante.com informe sur l’actualité des établissements de
santé, forme et bien-être, et de la recherche médicale en Rhône-Alpes. On
y trouve entre autres un annuaire des établissements, classés par spécialité
et département, et un forum. Une newsletter grand public et bientôt une
lettre professionnelle trimestrielle complètent le site, actualisé plusieurs fois
par semaine. Une édition papier est en projet.
; Vilhop’Ain
Durant deux ans, une vingtaine de professionnels de santé (médecins,
pharmaciens, kinésithérapeutes, infirmiers…), des secteurs Bresse et Revermont, se sont réunis régulièrement afin de créer un réseau permettant
d’assurer une véritable continuité des soins entre ville et services hospitaliers et d’apporter ainsi un meilleur service aux patients. Le projet est au
point, l’association Vilhop’Ain a été créée en novembre. Reste à trouver les
financements pour un indispensable poste de coordonnateur.
11 rue des Dîmes 01000 Bourg-en-Bresse
[email protected]
; Le tir à l’arc Beursault s’ouvre au Handisport
Soutenue par le Comité national et régional sportif, la 1re Compagnie
des archers Montmerle 3 Rivières a aménagé ses pas de tir afin d’ouvrir
la pratique du tir Beursault aux personnes handicapées. En 2008, le club
souhaite organiser un championnat de l’Ain de tir Beursault handisport.
« Aucun concours n’existe au niveau national, ce sera une première ! »
souligne le président, Roger Dugand.
Le club compte une cinquantaine de licenciés de tir à l’arc (tir fédéral et
tir Beursault), dont trois personnes handicapées.
Tél. 04 74 69 31 08
• 4 • InterAction n° 52 • avril 2007
© Bol d’Air
« Ensemble, la nature accessible » est le slogan de l’association.
Créée en mai 2006 à l’initiative d’accompagnateurs montagne du Doubs, du
Jura et de l’Ain, l’association Bol d’Air ouvre la randonnée aux personnes
handicapées, en mettant à disposition des professionnels de la montagne
et des bénévoles des clubs les moyens d’accompagnement spécifique
adaptés : matériel, itinéraires, formations. Terrain d’action : l’ensemble du
massif jurassien, des confins de l’Alsace à ceux de la Savoie.
Le 5 mars, une dizaine de personnes (animateurs bénévoles, accompagnateurs professionnels, représentants du centre de médecine physique et
de réadaptation L’Orcet, et de la Grande traversée du Jura) ont participé à
une journée d’essai de matériels adaptés, à Aranc.
Des formations à l’accompagnement en randonnée de déficients visuels et
de personnes handicapées psychiques sont en projet, ainsi qu’une formation
à la qualification Handisport, en partenariat avec le comité Handisport du
Jura. « Pour l’instant, seuls deux accompagnateurs ont cette qualification,
un dans le Jura et dans le Beaujolais ! » souligne Thierry Nezot, animateur
coordonnateur de l’association.
Côté matériel, Bol d’Air a acquis une joélette et un fauteuil tout-terrain,
auxquels s’ajoutent deux joélettes et un fauteuil mis à disposition par
l’association des accompagnateurs de montagne de l’Ain.
L’association est soutenue par le Fonds social européen, le Conseil régional
de Franche-Comté, la fondation de France et la fondation Macif.
Rue du Docteur Droux 39300 Chapois
Tél. 03 84 51 49 90 – [email protected]
Visage
« Tout enfant a
droit à l’école »
Catherine
Chermain
Enseignante
spécialisée, elle a
intégré à la rentrée
2006 le poste créé
à l’institut médicoéducatif Henri-Lafay
qui accueille
de jeunes autistes.
«
métier, je le vis à 200 % ! Quand je ne
M ontravaille
pas, je lis des livres sur le sujet,
je vais à des conférences, je m’informe sur les
dernières recherches, je reste en contact ». Son
métier d’enseignante, Catherine Chermain l’a
choisi par vocation. Sa spécialisation, c’est plutôt
par hasard, lorsqu’en 1996, après avoir enseigné
dix ans sur le secteur de Neuville-les-Dames, elle
effectue un remplacement au centre de réadaptation fonctionnelle de Romans-Ferrari. « Cette
découverte du milieu handicapé m’a vraiment
intéressée, j’ai décidé de continuer ».
Sur sa lancée, elle suit une formation longue sur
« Handicap moteur et enfant malade » et rejoint
l’équipe enseignante du lieu. Six ans plus tard,
face au projet de déménagement du centre sur
la région lyonnaise, elle réoriente son parcours.
Avec deux volontés : rester dans l’Ain et dans
l’enseignement spécialisé, « car c’est une manière
d’enseigner beaucoup plus riche, une approche
globale de l’enfant et pas seulement de l’élève ».
Du handicap physique, elle passe alors au handicap intellectuel et enseigne en CLIS (classe
d’intégration scolaire) à Châtillon-sur-Chalaronne
durant deux ans.
Un travail d’équipe
Septembre 2006, nouvelle étape : elle prend
en charge l’unité d’enseignement qui ouvre à
l’IME Henri-Lafay à Bourg-en-Bresse. « J’avais
envie de retrouver un travail d’équipe » explique
l’enseignante. Géré par l’APAJH*, l’établissement
accueille 12 jeunes autistes, de 6 à 18 ans. La
« classe » se déroule le matin, du lundi au vendredi. Comment enseigner à des enfants dont
la pathologie se caractérise par le repli sur soi et
la difficulté de communiquer avec l’extérieur ?
« Par un travail en petits groupes, pour amener
l’enfant à être avec les autres. L’apprentissage
de la vie sociale est une des bases de la scolarité.
L’objectif reste, lorsque c’est possible, la scolarité
en milieu ordinaire. » Via des outils adaptés,
« très individualisés, correspondant au niveau
de développement de chacun », petits et grands
deviennent élèves. Les ados ont rendez-vous
avec « l’actu », abordent la lecture, l’écriture, la
compréhension de l’image. « Ils ont un potentiel.
On a envie de leur donner les moyens de l’utiliser,
la capacité de s’ouvrir au monde, de partager,
d’accompagner leur évolution. Mais c’est parfois
difficile de trouver le chemin pour accéder à cette
intelligence qui est là et ne peut pas s’exprimer.
C’est un métier où il faut savoir rester humble.
On travaille sur l’humain, c’est fragile, mouvant,
émouvant. »
Un des éléments clés du travail, insiste Catherine,
est le travail d’équipe. « Le lien avec les autres
professionnels (éducateurs, psychologue, psychomotricienne) est très important. Il permet de
croiser les regards sur l’enfant. »
Le lien se noue aussi avec les familles, à leur
demande. « L’arrivée d’un enseignant dans l’établissement leur redonne espoir. Leur enfant a droit
à l’école, comme tout enfant. »
Accompagner l’enfant et l’enseignant
L’après-midi, Catherine Chermain rejoint le Sessad
(Service d’éducation spéciale et de soins à domicile) de l’APAJH. Là, elle apporte, un soutien pédagogique aux enfants intégrés en classe ordinaire,
à la demande des enseignants. « L’intégration pour
tous est une belle idée à défendre mais il faut y
mettre les moyens, prévient-elle. Les enseignants
sont souvent démunis face à ce nouveau public, il
y a tout un travail d’accompagnement à faire. »
Matin et après-midi constituent un travail à
100 %, que Catherine prolonge par une quête
permanente d’informations sur l’autisme, la
pédagogie… « C’est difficile d’en sortir, c’est peutêtre trop par moments, reconnaît-elle. Mais c’est
un choix, un plaisir aussi bien sûr. »
• A.P.
* Association pour adultes et jeunes handicapés.
InterAction n° 52 • avril 2007 • 5 •
Interview
BERNARD PERRET, VICE-PRÉSIDENT DE L’AGGLO EN CHARGE DE L’HABITAT, DE LA POLITIQUE DE LA VILLE ET
« C’est le rôle de l’élu
Jeune élu en 2001, Bernard Perret
est loin d’être un « professionnel » de
la politique. En charge de dossiers
sociaux complexes, il s’investit
depuis six ans avec sa volonté d’agir,
parfois à contre-courant des autres
élus, toujours sans langue de bois.
Discrètement, il impose son style
« poil à gratter », sans heurts mais
avec conviction.
■ Lors de votre élection en 2001 à la
mairie de Viriat, vous vous étiez opposé
à une opération de construction de logements sociaux. Avec le recul, quel regard
portez-vous sur ce dossier ?
À l’époque j’ai pensé, et je pense toujours,
qu’un projet de 440 logements au centrevillage de Viriat, dont une bonne partie de
logements sociaux, ne correspondait pas à la
taille de la commune. Viriat est une commune
très étendue avec un centre-village d’environ
900 personnes. Ramener 440 logements,
même échelonnés sur une période de 10 ans,
signifiait un doublement de la population du
centre-village. Le risque de déséquilibre était
important avec peut-être même un risque
de rejet de la nouvelle population, quelle
qu’elle soit. Je ne l’interprète pas comme une
position anti-logement social de la part de la
population : il s’agissait surtout du rejet d’un
projet vécu comme démesuré par rapport à
un équilibre existant.
• 6 • InterAction n° 52 • avril 2007
Aujourd’hui et pendant ces six ans, nous
avons travaillé sur le parcours résidentiel
sur la sensibilisation au logement social.
La population a bien compris qu’il fallait
des logements sociaux pour contribuer au
dynamisme de la commune. Il n’y a pas de
souci là-dessus.
■ Pour autant, la commune, comme
d’autres au sein de L’agglo, ne répond pas
à l’obligation des 20 % de la loi SRU…
Ce qui bloque, c’est surtout la lourdeur et la
longueur pour construire un projet. Entre la
décision de réaliser une opération de logement, quelle que soit la destination (social
ou accession à la propriété), et la livraison, il
se passe des années. Nous avons un exemple
très concret au Crêt Délia à l’ouest de Viriat.
Il a fallu acquérir les terrains, modifier le PLU
(plan local d’urbanisme) qui ne correspondait
pas tout à fait sur la hauteur des bâtiments,
convaincre la population. De plus, nous
avons travaillé dans une démarche haute
qualité environnementale avec les services
de L’agglo. Finalement, entre les premières
démarches de réflexion en 2002 et la pose
de la première pierre prévue en 2007, il se
sera passé cinq ans. Voilà. Quand j’entends
les commentaires de journalistes ou responsables politiques qui souhaitent que l’on
pénalise les maires qui ne répondent pas à
l’obligation des 20 %, leur interdire de se
représenter, etc. cela me fait réagir. Ils ne se
rendent pas compte. Même avec beaucoup
de volonté, on ne construit pas du logement
social d’un claquement de doigts. Cela dit,
il y a un guide voté par L’agglo, le PLH (plan
local de l’habitat), qui fixe des objectifs. Il
explique très concrètement comment, sur
20 ans, les communes déficitaires au regard
de la loi SRU doivent rattraper leur retard. Il
n’a jamais dit qu’il fallait le faire en 3 ans, non
seulement pour préserver les équilibres mais
aussi compte tenu des délais incompressibles
qui incombent à ce type d’opérations.
DES GENS DU VOYAGE ET MAIRE DE VIRIAT.
de
convaincre »
■ Au sein de L’agglo, cette obligation est
bien acceptée ?
Depuis le PLH, toutes les communes ont
construit du logement social, même celles
qui n’en avaient pas. Il y a fondamentalement
un changement d’image du logement social.
C’est vraiment un logement de qualité.
Pratiquement 70 % de la population est
susceptible de pouvoir en bénéficier. C’est
un réel besoin.
■ Beaucoup d’opérations se font actuellement avec le souci d’assurer de la mixité
dans les logements. Le parcours résidentiel
ne se fait plus suffisamment…
La mixité se fait à l’initiative soit des bailleurs
soit des communes. À côté des 70 logements
du Crêt Délia, dont la moitié est en accession
sociale et l’autre en locatif social, il reste dix
terrains à bâtir en lotissement. Il y aura une
mixité au niveau des formes d’habitat et une
mixité de la population, entre locataires ou
accédants.
La rupture du parcours résidentiel se fait
aujourd’hui entre la location et la première
accession à la propriété. Les terrains sont
trop chers. Il est du devoir des politiques et
des collectivités de s’emparer du problème
pour constituer des réserves foncières pour
proposer des terrains aux primo-accédants à
des tarifs à peu près corrects. C’est vraiment
le rôle des communes et je m’aperçois qu’on
ne l’a pas fait suffisamment dans le passé.
L’établissement public foncier local (EPFL),
dont une des missions est de constituer des
réserves foncières pour l’habitat, ne pourra
pas tout faire. Cela ne doit pas dessaisir les
communes du problème. Il faut jouer sur
les deux tableaux, voire trois avec les intercommunalités.
■ On vous a confié un portefeuille plutôt
difficile au sein de L’agglo. Comment avezvous pris ces dossiers en main ?
Je connaissais l’habitat de par mon métier
et ma formation, du côté constructeur. Je
ne connaissais pas vraiment le côté maîtrise
d’ouvrage public. Mais ce n’est pas ce qui m’a
été le plus difficile à appréhender.
La politique de la ville a, en revanche, été plus
obscure au début. Mais avec les techniciens de
L’agglo, j’ai été vite formé. Pour les personnes
qui ne vivent pas de l’intérieur la politique
de la ville, c’est incompréhensible.
■ Mais pourquoi confier ce domaine à un
jeune élu ?
Les élus en charge de cela sont peut-être
un peu à part ! En fait, c’était une nouvelle compétence pour la collectivité territoriale. Personne n’avait d’antériorité dans
ce domaine. On a peut-être pensé qu’il n’y
aurait pas grand-chose à faire sur ce dossier.
Finalement, la politique de la ville, par ses
enjeux, c’est quelque chose qui
me plaît. Je suis très attaché aux
enjeux sociaux. Tout ce qui est
lié à la cohésion sociale est très
important.
■ C’est un attribut du maire
d’avoir la fibre sociale ?
Oui tout à fait, il faut que cela
le reste. Le maire doit être imprégné de notions d’écoute
et de compréhension. C’est
évident. On ne peut pas être maire si on
n’est pas à l’écoute de sa population. Il faut
pouvoir recevoir les gens qui demandent des
rendez-vous le samedi matin pour exposer des
problèmes les plus variés et essayer de trouver
des solutions. Ensuite, toutes les questions
beaucoup plus techniques demandent certainement un investissement autre de la part
d’un jeune élu, comme les questions d’urbanisme. Pour Viriat, commune semi-rurale de
5 000 habitants, les gens viennent nous voir
une fois sur deux pour des problèmes liés à
l’urbanisme. Il faut alors bien connaître son
PLU pour pouvoir répondre à des questions
comme : « est-ce que mon fils peut construire
sur mon terrain ? », « est-ce que je peux faire
un petit étang ? »….
■ Comment sont les relations entre les
petites communes et les travailleurs
sociaux ?
Pour les communes comme Viriat, l’accompagnement social passe par un centre
médico-social (CMS) qui, je le rappelle, est
sous la responsabilité de la DIPAS. Il y a des
problèmes de disponibilité des travailleurs
sociaux. Ça pourrait être mieux. Nos dossiers mériteraient surtout d’être mieux suivis
InterAction n° 52 • avril 2007 • 7 •
cette collaboration demande à être
accentué. Il faut renforcer les liens.
Il faut que les structures d’insertion évoluent dans une démarche
de professionnalisation dans le
cadre de l’ANRU. N’importe qui
ne fait pas de la démolition, ni
de la plomberie. Il faut pouvoir
apporter quelque chose de très
professionnel. Dans l’ensemble, il y
a toutefois eu une évaluation assez
positive. À l’issue des chantiers,
certains bénéficiaires sont entrés
en formation, d’autres ont été
embauchés. Les services de L’agglo
ont fourni un travail colossal. Il
faut continuer à regarder dans
chaque marché quelle part peut
être réservée à l’insertion.
(surendettement, aide au budget, aide sociale
pour les familles en difficulté).
■ Pourquoi L’agglo s’est-elle tant investie
sur le renouvellement urbain de la Reyssouze ?
La Reyssouze, c’est un quartier de 5 000
personnes. On connaît tous quelqu’un qui
y a habité à un moment ou un autre. C’est
pourquoi le dossier est très bien passé à
L’agglo, sans protestation. Quand on regarde
de manière historique le développement du
quartier, il a bien existé pour répondre à un
besoin économique. On avait besoin de maind’œuvre, donc de logements. On ne remercie
ensuite pas assez la population…
On aurait pu encore attendre. Mais le jour où
il y a beaucoup de problèmes, comme dans
d’autres agglomérations, c’est souvent trop
tard. Bourg a souhaité anticiper les problèmes. Le fait d’améliorer la qualité de vie des
habitants me paraît naturel. Et l’ensemble des
habitants a bénéficié d’un relogement !
■ Cette opération a engagé des chantiers
d’insertion. Comment s’est déroulé le travail en collaboration avec les entreprises
et associations d’insertion ?
Répondre dans le cadre précis d’un marché public n’est pas très courant pour une
entreprise d’insertion. Il a fallu les épauler
là-dessus. Il faut aussi arriver à bien cibler
le public concerné. Ce premier épisode de
• 8 • InterAction n° 52 • avril 2007
■ La réalisation d’infrastructures d’accueil des gens du
voyage pose-t-elle encore des
difficultés ?
Le schéma départemental se met en place
tout doucement. Sur le petit accueil familial,
les petits passages, cela fonctionne bien
sur L’agglo, grâce aux deux aires d’accueil
du Pennessuy à Bourg et de Monternoz à
Péronnas. Petit à petit, les intercommunalités
du département s’équipent. Cette question
va se résoudre.
Le problème le plus épineux concerne les
grands passages. Il y a 11 terrains identifiés
sur le département pouvant accueillir ces
grands passages, mais seulement un ou deux
ont été réalisés. Sur L’agglo il n’y en a pas. Les
intercommunalités sont plutôt en retard dans
ce domaine. L’agglo a décidé de réaliser un
terrain de moyen passage (50 caravanes au
plus) à Saint-Denis-lès-Bourg et un pour les
grands passages à Viriat.
■ Ce n’est pas forcément un sujet très
facile à faire passer auprès de la population…
Les gens du voyage ont le droit d’avoir des
places d’accueil et les communes doivent les
accueillir. Maintenant, les gens du voyage ont
aussi des obligations pour les grands passages.
J’en vois deux : limiter la taille des groupes
et avoir l’obligation de s’annoncer au moins
trois mois en avance. À plus de 100 caravanes, il est impossible de trouver du terrain
pour tout le monde. On est, le plus souvent,
dans le cadre de migrations religieuses. Les
pasteurs font souvent l’effort de s’annoncer.
Lorsque ces passages sont annoncés, nous
répondons toujours présent, nous trouvons
toujours une solution, avec un agriculteur
ou un autre, même si nous n’avons pas de
grands terrains identifiés.
Chaque fois qu’il y a des problèmes, c’est
lorsque les groupes téléphonent le vendredi
ou le samedi pour le dimanche. Là, on ne peut
pas répondre. Et même si on avait un grand
terrain, il faut s’assurer de sa disponibilité. Les
pasteurs, quand ils se rencontrent en mars
ou avril, doivent se mettre d’accord sur leur
itinéraire, limiter les groupes et écrire aux
communes bien avant leur arrivée.
■ Les jeunes dans les petites communes
se plaignent souvent du manque de lieux
de rencontre. C’est un problème qui vous
concerne ?
Chaque commune doit apporter une réponse
appropriée à sa taille. Bien souvent on fait
des efforts sur la petite enfance. Mais il faut
trouver des passerelles pour accompagner
les jeunes de la petite enfance jusqu’à 20/25
ans. Dire « tiens, je vais positionner un local
pour les jeunes à tel endroit », ça n’a pas de
sens. Ce sera une pierre posée dans un désert
si autour il n’y a pas le dispositif d’accompagnement qui a incité au début les enfants
puis les ados à aller dans des structures
appropriées en fonction de leur âge. Il faut
proposer quelque chose de cohérent. Cette
proposition doit se faire avec l’ensemble
des associations culturelles et sportives de
la commune, les services municipaux, s’ils
existent, et les écoles. C’est ce qu’on appelle
le projet éducatif local qui permet de proposer
un système cohérent, transversal.
■ Comment le maire tient-il face à tous
ces dossiers difficiles ?
C’est le rôle de l’élu de convaincre. Il faut
surtout tenir la longueur des dossiers. On
a souvent la volonté d’agir mais on passe
son temps à brasser des papiers. Ça, c’est
usant. Après, convaincre les gens, c’est plutôt
passionnant.
■ Comptez-vous vous représenter aux
prochaines municipales ?
Je ne sais pas… on verra… Il y a encore des
beaux projets à défendre… En tout cas, je
ne repartirai pas sans une équipe motivée
(comme c’est le cas actuellement), car un
maire sans son équipe ne peut pas faire
grand-chose !
Propos recueillis par Pauline Froppier
Un an après
LA PORTE OUVERTE
De la difficulté
d’être parent
L’idée de la Porte ouverte
est née grâce à un petit
groupe de travailleurs
sociaux, de la Sauvegarde
de l’enfance et du Conseil
général, qui avaient une
préoccupation commune :
la nécessité de créer
un lieu d’accueil des
parents, une structure
en amont des procédures
administratives ou
juridiques, en dehors des
champs traditionnels du
social.
Derrière la Porte ouverte, un local
coloré et convivial.
La Porte ouverte
38, avenue de Saint-Exupéry
01200 Bellegarde-sur-Valserine
Tél. 04 50 56 27 06
E
n septembre 2005, est née la Porte ouverte,
à Bellegarde. Un lieu d’accueil agréable
mais banalisé, installé physiquement en dehors
de toute structure officielle, dans un immeuble
d’un quartier de la ville. La règle du jeu, c’est
l’anonymat, la gratuité, l’informel. Deux fois par
semaine, le mardi de 16 h 30 à 19 h 30 et le jeudi
de 13 h 30 à 16 h 30, cinq accueillants se relaient,
par binômes, pour tenir les permanences. Pas de
rendez-vous, pas de convocation non plus, ils
attendent que l’on pousse la porte. Une maman
qui vient avec ses trois enfants en bas âge, un
parent confronté au mutisme d’un adolescent, un
couple qui s’interroge sur la parentalité, il n’y a pas
de règle. Tous les parents sont les bienvenus.
Les mères en éclaireur
pensait, qu’être parent, pour chacun d’entre
nous, ce n’est pas simple tous les jours ».
Entre le doute et la honte
L’équipe est à l’écoute. En fonction de la personnalité des gens, des problèmes qu’ils rencontrent,
elle s’adapte. « Dans chaque intervention, confie
pourtant Nicole Grevot, on retrouve un sentiment
de honte, de fiasco. Les parents se demandent où
et quand ils se sont trompés. C’est souvent très
fort émotionnellement. Notre rôle est de les aider
à cheminer dans une réflexion, les rassurer ».
« D’une interaction à l’autre, c’est très différent,
renchérit Marie Carminati. Les parents peuvent
s’adresser à nous simplement parce qu’ils cherchent des limites éducatives ou, plus douloureusement, parce qu’ils sont confrontés à des
tendances suicidaires de leur enfant ».
En moyenne, les travailleurs sociaux accueillent
au moins un parent par permanence. Ils regrettent
que certains publics hésitent à pousser la porte,
notamment ceux qui font par ailleurs l’objet
d’intervention des services sociaux. Mais plusieurs
actions, débats et actions de communication,
ont été prévues pour tenter de sensibiliser tous
les parents.
• C.R.
Après 15 mois de pratique, l’équipe a un peu
revu sa copie. D’une part, les cinq travailleurs
sociaux ne sont plus que quatre. Maryse Bare,
puéricultrice au centre médico-social de FerneyVoltaire, Marie Carminati, assistante sociale sur
la circonscription de Nantua, Nicole Grevot,
assistante sociale sur la circonscription de SaintGenis-Pouilly, et Pierre Tavernier, éducateur à
la Sauvegarde de l’enfance, attendent d’ailleurs
du renfort…
Ensuite, les parents qu’ils attendaient ne
sont pas forcément ceux qui ont franchi
la porte. « On pensait avoir beaucoup de
familles monoparentales, mais en fait non.
La démarche première, la première visite,
c’est bien souvent la mère qui la fait. Puis
le couple, souvent, revient pour d’autres
temps de parole ».
Pas forcément aisés mais pas non plus
en situation de précarité, les parents
sont issus de toutes les catégories socioprofessionnelles. « Nous avons reçu des
enseignants, des paramédicaux, dit Marie
Carminati. Dans l’ensemble d’ailleurs, ce
sont plutôt des personnes en capacité de
réfléchir à leurs problèmes qui viennent Marie Carminati et Nicole Grevot, assistantes sociales, ont voulu
un lieu d’échanges et d’écoute, moins stigmatisant que les champs
nous voir. Et l’on a bien vu, comme on le traditionnels de l’intervention sociale.
InterAction n° 52 • avril 2007 • 9 •
Table ronde
Aidant familial :
choix de vie ou
Aidant familial : ce terme
récent recouvre une réalité
vieille comme l’humanité,
à laquelle tout le monde
se trouve confronté un
jour. Le vieillissement de la
population, l’éclatement
des familles, l’isolement
rendent la tâche ardue
pour l’aidant aujourd’hui.
Quel rôle joue l’aidant
dans la société ? Bénéficie
t-il d’un soutien et d’un
statut à la hauteur de la
contribution sociale qu’il
apporte ?
Jeanne Stark
Service social de la CRAM
“ Il faut, longtemps à
l’avance, préparer le
malade à son entrée en
institution.”
■ Qui sont les aidants familiaux ?
L’aidant familial s’occupe, de façon non professionnelle, d’une personne de son entourage
dépendante, pour toutes les activités de la vie
quotidienne. « On ne peut pas vraiment parler de
profil-type, commente Philippe Marissal, même si
deux aidants sur trois sont des femmes. L’aide peut être
apportée à un parent, un conjoint vieillissant ou malade, mais aussi à un enfant, à un adulte handicapé, ou
à une personne atteinte de maladie psychique. L’aidant
qui s’occupe de son enfant est en moyenne âgé de 52
ans, cet âge s’élève à 71 ans quand la personne aidée
est un conjoint ou l’un des parents. » Marie-Noëlle
Béréziat remarque que « l’aidant doit veiller à tout »,
ce qui peut le conduire à un état d’épuisement
physique et psychologique. « Le taux de mortalité
est deux fois plus élevé chez les aidants, à tranche d’âge
égale, alerte Philippe Marissal. Et le taux de morbidité
(stress, dépression) est supérieur de 75 %. » Lucette
Rigollet en témoigne : « Avec ma mère très âgée
et ma sœur handicapée, j’ai du arrêter de travailler.
J’étais trop fatiguée. » Le sentiment de solitude et
d’isolement est fréquent chez l’aidant. Mireille
Millet, dont la mère, aujourd’hui en institution,
est atteinte de la maladie d’Alzheimer, se souvient
qu’elle ne pouvait jamais sortir, n’avait plus de
temps libre. Et l’aidant est souvent désorienté face
à un malade dont il ne reconnaît plus les réactions.
Il doit faire le deuil de l’enfant, du conjoint, du
parent qu’il a connu ou dont il rêvait. « Ma mère
a eu une période d’agressivité envers moi, se rappelle
Mireille Millet. Elle me griffait, me mordait. » Ce
désarroi est d’autant plus grand que l’aidant ne
sait où demander de l’aide et ne connaît en général
pas ses droits.
■ Entre vocation et obligation, les aidants familiaux répondent-ils à une nécessité sociale ?
C’est d’abord parce qu’elles sont impliquées
affectivement que des personnes deviennent
aidants familiaux, sans l’avoir demandé. « Le rôle
de l’aidant correspond bien à la définition du mot
“vocation”, lance Jeanne Blanchard : aptitude pour
un genre de vie, fonction naturelle d’un groupe, être
qualifié pour un rôle. » Le respect, le devoir naturel
vis-à-vis d’un proche sont des motifs qui expliquent en partie l’investissement de l’aidant. JeanMichel Fonquernie constate qu’avec les malades
d’Alzheimer, un état fusionnel se crée. L’aidant
s’investit énormément puisqu’il doit à chaque instant surveiller le malade. De plus, il reste toujours
au premier plan pour assurer une communication
non verbale de qualité, qui passe par le toucher,
la parole, le regard. Au-delà du lien affectif, tous
s’accordent à dire qu’être aidant est une nécessité
incontournable. La solidarité familiale ne joue pas
toujours et l’aidant est parfois l’unique membre
de la famille qui accepte de tenir ce rôle. Mireille
Millet souligne que sa sœur ne donne plus aucune
nouvelle depuis que la maladie de sa mère est
diagnostiquée. Philippe Marissal enchaîne : « Les
aidants familiaux font tellement d’heures de présence
qu’aucun payeur officiel ne pourrait les prendre en
Marie-Noëlle
Béréziat
Nathalie Vignal
Lucette Rigollet
Assistante sociale MSA
Ergothérapeute, Association
des paralysés de France
“ Le soutien collectif
permet aux aidants de
s’entraider et de parler
de leur vécu.”
“ Nous rééquilibrons les
relations aidant/aidé en
faisant intervenir une tierce
personne.”
“ Après mes grandsparents et mes parents,
mes filles sont prêtes à
prendre la relève pour
s’occuper de ma sœur.”
• 10 • InterAction n° 52 • avril 2007
Aidante familiale
nécessité sociale ?
charge. La surveillance nocturne, par
exemple, est vraiment le parent pauvre de
l’aide au quotidien et coûte excessivement
cher. » Enfin, Leslie Wacogne complète :
« Sans les aidants, on ne pourrait pas
maintenir les personnes handicapées à
domicile. »
Jeanne Blanchard
Présidente de l’UNAFAM
(Union nationale des amis et
familles de malades mentaux)
“ Un grand nombre d’aidants
déclarent que leur santé
mentale et physique ainsi que
leur situation financière se
sont détériorées.”
■ Comment aider les aidants ?
Plusieurs organismes et associations
proposent un soutien collectif qui
© MSA
permet de rompre l’isolement. « Nous
donnons aux aidants des informations L’aidant est souvent un parent proche.
pour qu’ils connaissent leurs droits et nous
proposons des temps de formation très concrets, ex- au rôle unique d’aidant et la relation de couple est
plique Marie-Noëlle Béréziat. La MSA et la CRAM restaurée. » Tous les participants reconnaissent
établissent aussi des plans d’aide individualisés dans que des avancées ont eu lieu au niveau des lois,
le cadre de l’allocation personnalisée d’autonomie mais qu’elles restent encore insuffisantes. Jeanne
(APA). » Jean-Michel Fonquernie insiste sur l’im- Starck pointe le manque de structures adaptées
portance du soutien psychologique : « Les aidants et les listes d’attente énormes pour avoir une
Alzheimer ont un sentiment très fort de culpabilité, place en institution. « Le projet d’un congé familial
lié à une grande souffrance. Lors des rencontres, de trois mois présenté à la conférence des familles anous les aidons à analyser ce ressenti et à en sortir. t-il un sens pour les aidants retraités ? », s’interroge
Nous leur proposons aussi de prendre conscience de Jeanne Blanchard. Philippe Marissal dénonce le
leurs limites et d’accepter de souffler, dans l’intérêt de montant de l’APA divisé par trois après 60 ans,
tous. » Guillaume Ogier, directeur de Vivre En les plans d’aide sectorisés, sans vision globale
Ville 01, propose un accueil de jour et un accom- de la personne. Un statut d’aidant reconnu par
pagnement à la vie sociale à domicile. « L’accueil les pouvoirs publics est nécessaire, « ou plutôt un
temporaire permet aux parents de prendre un temps de principe de reconnaissance qui passe par une indemliberté et au malade de sortir de sa routine. » Nathalie nisation » précise Leslie Wacogne.
Vignal ajoute : « Quand une tierce personne assure la
• S.G.
toilette ou donne le repas, le conjoint n’est plus réduit
Guillaume Ogier
Directeur de « Vivre en ville 01 »
“ Les associations doivent pouvoir
soutenir les aidants dans les
situations d’urgence.”
Jean-Michel Fonquernie
Président d’Ain Alzheimer
“ Une place en institution dans
l’Ain coûte entre 1 500 et
2 500 euros par mois.”
Mireille Millet
Philippe Marissal
Leslie Wacogne
“ J’avais l’impression
d’abandonner Maman
en la mettant dans une
institution, pourtant elle
est heureuse là-bas.”
“ Les plans d’aide sont
destinés aux personnes
âgées sans tenir compte
de la diversité des âges
dans la dépendance.”
“ Nous proposons des
intervenants extérieurs pour
soulager la tâche des aidants.”
Aidante familiale
Médecin généraliste
Assistante sociale,
Association des paralysés
de France
InterAction n° 52 • avril 2007 • 11 •
Vers une reconnaissance
officielle des aidants familiaux
Aider les aidants ne peut être que profitable… aux aidés, c’est une
évidence qui a ponctué les échanges de la table ronde. Au-delà des
groupes de soutien, les aidants ont besoin d’une validation par la
société du travail irremplaçable qu’ils fournissent.
Des mesures existent déjà. Lors de la dernière Conférence de la famille,
en juillet 2006, Philippe Bas, ministre délégué aux personnes âgées
et à la famille, a présenté plusieurs propositions d’aide aux aidants
dont une au moins est appliquée : depuis janvier 2007, le congé de
soutien familial permet à l’aidant, salarié depuis deux ans, de bénéficier d’un arrêt de travail de 3 mois, renouvelable dans la limite d’un
an pour l’ensemble de sa carrière. Ce congé l’assure de ne pas perdre
son emploi et de garder ses droits sociaux pendant qu’il se consacre
à la personne aidée. Mais il n’est pas rémunéré.
Une validation des acquis
Une formation gratuite devrait être mise en place dans l’année. Elle
permettra aux aidants d’apprendre les gestes les plus efficaces pour
assister leurs proches. Un « carnet de l’aidant » doit aussi être créé.
Son but : accompagner le début de parcours de l’aidant en lui donnant
des informations sur ses droits et mettre en valeur l’expérience qu’il
acquiert peu à peu. Un autre projet consiste à valider les acquis de
l’expérience d’aidant familial (VAE). Cette mesure, réclamée par le
collectif d’associations d’aide aux aidants, permettrait une reconnaissance officielle du travail de l’aidant familial et lui ouvrirait
les portes des carrières médico-sociales. Son application n’est pas
encore à l’ordre du jour.
Enfin, la Conférence de la famille instaure le « droit au répit » pour
permettre à l’aidant de prendre un temps de repos et de détente de
quelques heures ou quelques jours. Cette mesure implique l’augmentation du nombre de places d’accueil de jour et d’hébergement
temporaire.
Développer les structures d’accueil
Pas toujours adaptées au malade, les structures d’accueil sont en
nombre insuffisant. « Un homme de 30 ans handicapé n’est pas à sa
place dans une maison de retraite ! », dénonce Leslie Wacogne. Pour les
malades d’Alzheimer, il manque 779 places dans des unités spécifiques,
dans l’Ain. Le malade n’est pas bien pris en charge lorsqu’il est placé
dans une structure qui n’est pas équipée pour sa pathologie. Philippe
Marissal fait remarquer que ce plan d’aide ne tient pas compte de
la grande diversité des aidants et des patients. De plus, en fonction
du territoire, les gens n’ont pas les mêmes besoins. « Ne demandez
pas à la population du Valromey de réagir comme la population de
Bourg. Ce ne sont pas les mêmes personnes, pas les mêmes façons de
gérer, pas les mêmes contraintes. » L’accueil temporaire peut être une
introduction à l’entrée définitive en institution. Mais les maisons de
retraite refusent souvent de prendre des malades de moins de 60 ans
par manque de budget : elles touchent trois fois moins de subventions
qu’avec des malades plus âgés. Les structures spécialisées sont trop
peu nombreuses et le coût financier, important pour l’aidant, n’est
pas compensé par les différentes aides sociales.
La solidarité est indéniablement valorisée et mise en avant avec la
reconnaissance des aidants familiaux. Mais, rappelle l’UNAF, « les
mesures d’aide ne peuvent en aucune façon être un prétexte au désengagement de l’État dans le cadre d’une politique globale de solidarité
nationale en faveur des personnes en situation de handicap ».
• S.G.
• 12 • InterAction n° 52 • avril 2007
• Combien d’aidants ?
Il n’existe pas de recensement officiel des aidants familiaux. La Conférence de
la famille 2006 avance le nombre de 307 000 tandis que l’AFM (Association
française contre la myopathie) parle de 5 millions. L’UNAF (Union nationale
des associations familiales) établit une moyenne avec une estimation de
2 millions. Le temps d’accompagnement s’élève à cinq heures par jour,
contre une heure cinquante pour un allocataire ne bénéficiant que d’une
aide extérieure.
• Combien d’aidés ?
Selon la Drees*, 185 000 enfants sont en situation de handicap, 2 millions
d’adultes handicapés vivent à domicile, 1,3 million de personnes âgées
sont dépendantes. Les personnes gravement malades ne sont pas répertoriées.
* Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques
• Collectif inter-associatif : 16 associations ayant trait au handicap
réfléchissent sur l’amélioration de la qualité de vie des personnes handicapées,
des personnes dépendantes et de leurs aidants familiaux, et œuvrent pour
la reconnaissance du rôle majeur des aidants non professionnels.
www.unaf.fr
• Informations - Groupes de parole
– La CRAM et la MSA, en partenariat avec le Conseil général, les centres
communaux d’action sociale, les travailleurs sociaux et les services de maintien
à domicile, proposent des cycles d’informations et d’échange destinés aux
aidants, et des groupes de parole destinés aux personnes vivant avec des
patients atteint de pathologies graves.
Tél. 0820 904 122
– L’association Ain Alzheimer organise
des cycles de rencontres animés par une
psychologue, un accueil des familles sur
rendez-vous et une permanence téléphonique quotidienne.
Tél. 04 74 52 10 90
– L’association Aidants organise une permanence téléphonique et des « cafés de
l’aidant » dans toute la France.
www.aidants.fr
Alzheimer Europe a publié
– L’UNAFAM-AIN propose des permanences Le guide des aidants.
à Ambérieu-en-Bugey, Bourg-en-Bresse et
Ferney-Voltaire.
Tél. 04 74 32 11 39
Service téléphonique Écoute-Famille : 01 42 63 03 03
• Accueil temporaire
– Le gouvernement a annoncé la création de 2 500 places d’accueil de jour
et 1 100 places d’hébergement temporaire par an pendant cinq ans.
– Des accueils de jour existent pour les personnes handicapées psychiques :
Vivre en ville 01 à Bourg et Ambérieu et le Groupement d’entraide mutuelle
(GEM) à Ferney-Voltaire.
Les Lucioles, à Reyrieux, accueillent les malades d’Alzheimer. Certains
hôpitaux locaux et maisons de retraite disposent de places temporaires
d’accueil de jour.
Vivre en ville 01 : 04 74 22 49 67 – GEM : 04 50 42 18 21
Les Lucioles : 04 74 00 85 01
• Le maintien à domicile
Plusieurs services d’aides à domicile existent dans l’Ain. On peut consulter
les adresses sur www.ain.fr
Le SESVAD (service spécialisé pour une vie autonome à domicile) de l’APF
favorise la vie à domicile et l’autonomie des personnes handicapées. Différents
professionnels (assistante sociale, ergothérapeute, éducatrice spécialisée)
interviennent à la demande, ponctuellement ou sur plusieurs mois.
www.apf.asso.fr – Tél. 04 74 50 49 24
Entretien
« 600 jeunes
handicapés et valides
vont se rencontrer »
Jacques Laderrière. Le président du Comité de l’Ain Handisport
mise sur la jeunesse pour développer la pratique du sport handicapé.
ses, progressivement, évoluent. Aujourd’hui
le comité compte 14 sections officielles,
bientôt 15. L’offre commence à s’étoffer et le
nombre de pratiquants aussi avec un total de
80 licenciés dont 40 réellement actifs.
■ Comment est né le comité de l’Ain
Handisport ?
Handisport 01 est né en 2001, créé par
un petit groupe de pratiquants dont Pierre
Challes qui est aujourd’hui le permanent du
comité. Il y avait alors un manque réel dans la
pratique du sport handicapé dans l’Ain. Il n’y
avait pas de structures, juste des individualités
qui pratiquaient le sport handicapé, en allant
à Lyon ou en Haute-Savoie.
L’idée était de dire « il existe des possibilités de
faire du sport même quand on est
handicapé, nous vous offrons ces
possibilités ».
■ Il n’y avait pas de structure
sportive pour les personnes
handicapées ?
Une seule, le CAT de Virieu
le Petit, qui avait une section
intégrée mais qui de fait était
rattachée à la ligue RhôneAlpes Handisport. Notre objectif était de structurer les
pratiques, de les mettre à la
disposition des personnes intéressées et de faire savoir que
ces pratiques existent. Les cho-
■ Comment comptez-vous développer la
pratique et sensibiliser les publics ?
Pour attirer les gens vers le handisport, il
faut les sensibiliser dès le plus jeune âge.
Un partenariat a été établi avec l’Éducation
nationale pour développer la pratique du sport
handicapé dans les milieux scolaires, par la
signature de conventions avec l’Inspection
académique de l’Ain, l’UNSS, l’USEP et
l’UGSEL*. Le but est d’intégrer au maximum
les jeunes dans la pratique sportive scolaire,
avec les autres, sans discrimination. Et l’inspecteur d’académie soutient le comité dans
cette action.
L’autre question était de savoir comment
toucher les gens. Au sein du comité, nous
nous sommes aperçus qu’un handicapé
fréquentait au moins trois fois par mois un
cabinet médical ou paramédical. Il fallait
donc faire une campagne d’information
dans les cabinets médicaux, avec l’accord
des médecins de l’Ain.
Ensuite, pour développer la pratique, nous
avons choisi de créer des évènements : en
2003, les championnats de France de course,
à Bourg-en-Bresse, et plus récemment un
marathon ouvert aux fauteuils, sur SaintVulbas. Et puis cette année, du 17 au 20 mai,
le comité départemental accueillera les 18es
Jeux nationaux de l’avenir handisport.
■ Comment vous êtes-vous engagés dans
cette aventure ?
Les jeunes sont notre avenir et en particulier
l’avenir du sport. Il y a deux ans, le comité s’est
rendu à Limoges pour assister à la 17e édition
des Jeux et voir si nous étions capables de les
organiser. Nous avons déposé une candidature
pour l’édition 2007, qui a été retenue. Grâce
à cette manifestation, des jeunes de toute la
France, handicapés et valides, 600 au total,
âgés de 12 à 20 ans, vont se rencontrer. Ce
sera une occasion unique
de montrer que ces jeunes
sont des athlètes à part
entière, d’essayer de changer le regard des valides
et d’inciter les personnes
handicapées à pratiquer
un sport. Ces jeux seront
une belle réussite.
Propos recueillis
par Caroline Rohrhurst
* Union nationale du sport scolaire,
Union sportive de l’enseignement du
1er degré, Union générale sportive de
l’enseignement libre.
InterAction n° 52 • avril 2007 • 13 •
CAF
SCHÉMA DIRECTEUR D’ACTION SOCIALE
Hervé Chesnel et Jacqueline Berry, en tandem pour
l’application des nouvelles orientations.
Le schéma directeur
d’action sociale
2005/2008 de la CAF est
celui des changements,
non seulement sur
les divers champs
d’intervention de la
branche famille, mais
aussi dans l’organisation
même de sa mission.
Avec pour visée première :
un renforcement de
ses actions dans une
nouvelle organisation de
proximité.
La CAF joue la
de la prox
E
n 2007, la CAF de l’Ain met en place une
action sociale territorialisée. « C’est une
petite révolution pour notre organisme dont
le travail s’est toujours effectué de façon très
centralisée ! » Hervé Chesnel, directeur de la
CAF, insiste sur les impacts que cette réorganisation a sur les partenariats et les modalités de
travail. « Nous avions jusqu’ici une convention
de polyvalence signée avec le Conseil général :
nos travailleurs sociaux étaient associés à ceux
du Conseil général au sein des circonscriptions
d’action sociale. » La montée en charge des
compétences du Département mobilise de plus
en plus les travailleurs sociaux, rendant difficile
la mise en œuvre des objectifs CAF. Or, parallèlement, la branche famille renforce son action
sociale en direction des familles. Une nouvelle
convention cadre a été conclue avec le Conseil
général, recouvrant l’ensemble des champs de
coopération dans le domaine social.
Un engagement de proximité
Les nouvelles modalités de travail adoptées
ont obtenu l’adhésion complète du Conseil
d’administration et des travailleurs sociaux.
Désormais, l’action sociale de la CAF se rapproche davantage des réalités des territoires.
« Cette organisation va répondre à trois objectifs :
aller au devant des familles, agir en partenariat
avec les autres acteurs de l’action sociale, et faire
avec les familles, en adaptant notre action en
fonction de leurs besoins. » Les huit circonscriptions d’action sociale ont été
regroupées en quatre grands
territoires, avec pour chacun
un conseiller de territoire
et une équipe de trois ou
quatre travailleurs sociaux.
À partir d’un événement important dans la situation des
familles (impayé de loyer,
déclaration d’isolement…),
les travailleurs sociaux se
© CAF
rendront chez les allocataires pour analyser leur
La petite enfance reste l’une des principales priorités de la CAF.
• 14 • InterAction n° 52 • avril 2007
situation et envisager un accompagnement.
Des actions collectives vont aussi se mettre en
place. « Nous pourrons, par exemple, inviter les
bénéficiaires de l’allocation de parent isolé (API)
à des réunions d’information. »
Par ailleurs, le conseiller de territoire sera le
représentant de la CAF, l’interlocuteur privilégié
des partenaires, des collectivités locales et des
associations. « Il aura pour tâche d’analyser les
besoins en amont, d’établir des diagnostics, de
donner des conseils ou réorienter une aide. »
De nouvelles priorités
Cette territorialisation a aussi touché d’autres
domaines d’intervention. Ainsi, la petite enfance
a fait l’objet de fortes évolutions. « On a pu lire
ou entendre, ça et là, que la CAF se désengageait
dans le soutien à la petite enfance. C’est un point
de vue que je ne peux pas partager, car notre
contribution reste conséquente. » Jacqueline
Berry souhaite bien remettre les choses à leur
place. La petite enfance reste l’une des principales interventions de la CAF de l’Ain. L’aide
sera toutefois mieux répartie sur le territoire.
L’apparition de la notion de territoires prioritaires modifie donc la donne. « Nous sommes
encore loin d’avoir une couverture suffisante, il
y a beaucoup de secteurs ruraux où il va falloir
développer des lieux de multi-accueil. » Autre
avancée notable que relève Jacqueline Berry :
la professionnalisation du métier d’assistante
maternelle donne à la fonction une véritable
reconnaissance.
La branche famille va par ailleurs renforcer son
soutien à la parentalité. « Le budget a été voté en
Conseil d’administration pour le développement
de la médiation familiale et l’ouverture de lieux
d’accueil parents-enfants, comme La Porte
ouverte à Bellegarde », souligne Jacqueline
Berry. Ce travail se fera en partenariat avec le
Conseil général et la DDASS, « en veillant à ne
pas empiler des financements sur des mêmes
actions et à coordonner nos interventions. »
• P.F.
carte
imité
Les autres champs d’intervention du schéma directeur d’action sociale
• Centres sociaux et structures
de voisinage
Actuellement, il existe 22 centres sociaux
et quatre structures de voisinage agréés par
la CAF. Des territoires sont insuffisamment
couverts. L’implantation d’un centre social
se négocie avec les élus locaux. Il s’agit de
mener tout un travail de mobilisation et de
conviction autour de l’intérêt de ce type
d’aménagement, dans le cadre des politiques
de cohésion sociale et de citoyenneté.
La CAF s’appuie sur un partenariat avec la
Fédération des centres sociaux et le Conseil
général.
• Soutien aux loisirs des
jeunes
Envoyés dès septembre, les
Bons loisirs jeunes (BLJ)
permettent aux jeunes
de payer une partie de
l’inscription au sein d’un
club ou d’une association
sportive, culturelle ou de
loisirs agréée par la CAF. De
septembre 2005 à juin 2006,
il y a eu une augmentation
de + 14,5 % d’utilisateurs.
• Lutte contre le logement indécent
Ce point fait l’objet d’un repositionnement
transversal entre les différents services de
la CAF. La décence du logement se vérifie
par le service prestations qui verse les
aides au logement : en cas de logement
indécent, l’allocation ne sera plus versée au
propriétaire, mais au locataire. L’intervention
du CAL-PACT permet de poser un diagnostic
sur l’état du logement. Les services de la
CAF pourront intervenir sur les cas les plus
difficiles, lorsque notamment le propriétaire
refuse de faire les travaux nécessaires : le but
est d’éviter aux gens de se mettre en situation
d’impayés, en demandant au tribunal de
diminuer ou suspendre le versement du loyer
au propriétaire.
• Aide aux familles vulnérables
Dans le cadre de la
nouvelle organisation
territoriale, une
démarche d’accès aux
droits aux prestations
familiales sera
développée auprès des
familles en difficulté.
Les travailleurs sociaux
pourront intervenir
à l’ouverture d’un
droit (comme l’API)
pour proposer un
entretien à domicile
et définir une offre de
services complémentaires. Cela pourra être
l’occasion, dans un deuxième temps, de
remobiliser un allocataire autour d’un projet
personnalisé d’accompagnement dans la vie
quotidienne.
• Vacances des familles
et des enfants
Finis les bons
vacances. La
CAF de l’Ain a
adhéré au service
VACAF. Ce service
mutualisé propose
aux allocataires
un système de
tiers payant pour
des séjours en
équipements
(campings, centres
de vacances…)
labellisés VACAF.
En 2005, les séjours sociaux familiaux sont
passés sous le label VACAF ; en 2006, les
séjours familiaux en campings et centres de
vacances. En 2007, ce sont les vacancesenfants (colonies) qui sont concernées par
cette mutation, avec l’agrément de plus de
© CAF
50 associations du département de l’Ain
gestionnaires de séjours de vacances dans
toute la France.
• Aide aux centres de loisirs
La fréquentation des centres de loisirs
sans hébergement (CLSH) pendant les
petites vacances et les vacances d’été est
en constante augmentation depuis plusieurs
années. La CAF continue à attribuer une aide
en 2007 sous forme de bons et une réflexion
est engagée avec la Fédération des centres de
loisirs pour trouver une forme plus simple et
mieux adaptée à cette évolution.
• Gens du voyage
Cette action se décline en trois axes :
participation au financement de la création
d’aires d’accueil (1 000 € par place),
contribution au financement de la mission
de médiation assurée par la Sauvegarde de
l’enfance, et mise en place de nouveaux prêts
pour l’achat de caravanes.
InterAction n° 52 • avril 2007 • 15 •
Conseil général
POLITIQUE LOGEMENT
Les premiers
d’une dyna
© D. Gillet
Suite à sa demande
et conformément
aux dispositions de la
loi du 13 août 2004,
le Conseil général
de l’Ain est chargé
depuis le 1er janvier
2006, par délégation
de compétence, de la
répartition des aides à la
pierre de l’État, en plus
de ses interventions en
fonds propre. Quinze
mois après, c’est l’heure
d’un premier bilan.
D
Géographiquement, sur le département, deux
ès 2001, le Conseil général avait conduit
territoires se révèlent être de gros consommaun programme qui s’appelait « 1 000
logements sociaux en 2005 ». La prise de comteurs d’aides publiques, Bourg et la Plaine de
l’Ain d’une part, le Pays de Gex et Bellegarde
pétence par le Conseil général des attributions
d’autre part, représentant à eux deux près de
ordinairement assumées par l’État devait donc
60 % de la totalité des aides versées
être une deuxième phase dans la
en 2006. Le territoire de la Côtièredynamique engagée par le Conseil
Dombes-Val de Saône en a absorbé
général en faveur du logement. « C’est un succès
Un an après, les chiffres sont très
du département. » 20 %, le reste étant partagé entre
les zones d’Oyonnax-Nantua et le
satisfaisants, au-delà parfois des
Bugey.
résultats escomptés. « C’est un sucDu côté des aides au secteur privé, deux objectifs
cès du département, déclare ainsi Charles de la
étaient visés : la production de logements en
Verpillière, président du Conseil général. Nous
loyer conventionné et des sorties de vacance.
avons dépassé les objectifs assignés par l’État
« Les chiffres affichés dans le plan Borloo étaient
puisque nous comptabilisons, pour 2006, le
très ambitieux, indique à ce sujet Marc Ournac,
financement de 1 012 logements sociaux. 981
responsable du service logement, et pour certaiétaient attendus. Les objectifs ont été atteints
à 111 % ».
nes classifications, pour les logements indignes
par exemple, l’appréciation d’un département à
l’autre est très subjective ». Concrètement donc,
Les chiffres de 2006
sur le parc privé, les objectifs n’ont pas été atDans la convention signée entre l’État et le
teints. Sur les 300 logements à loyer maîtrisé qui
Conseil général, les chiffres à atteindre étaient
étaient demandés, 144 ont été réalisés. Sur les
donc clairement définis, selon chaque domaine
170 logements vacants qui devaient être remis
d’intervention accordé en délégation.
sur le marché, 103 l’ont réellement été.
Pour les aides publiques destinées à la cons« Mais nous avons un taux de réalisation qui est
truction, un objectif de 911 logements avait été
tout à fait dans la moyenne régionale » explique
fixé, 1 012 ont été financés (dont un tiers dans le
Marc Ournac qui soulève en même temps un
Pays de Gex). Et une majorité de ces logements
problème réel, celui de la motivation des prorelèvent du Prêt locatif à usage social (PLUS),
priétaires.
« Il est évident que les propriétaires,
« produit standard » du logement social.
dit-il, ont du mal à venir sur ces champs-là. Plus
les loyers sont modérés, plus les aides que nous
apportons sont importantes. Et la Région accorde
aussi des aides pour la rénovation des logements
à loyer maîtrisé. Mais ça ne suffit pas toujours
à convaincre. Ce n’est pas qu’une question de
raisonnement économique pour les propriétaires.
Cela relève aussi de leur appréciation, parfois
subjective, du risque locatif. »
… et en 2007 ?
© OPAC
Une opération de l’OPAC menée à Buellas en 2006 : 2 logements collectifs et 5 individuels.
• 16 • InterAction n° 52 • avril 2007
Dans la continuité de 2006, l’action du Conseil
général en faveur du logement bénéficie en 2007
des mêmes aides de l’État, soit une enveloppe
de 3 280 000 euros à destination du parc public,
une autre de 4 053 000 euros en dotation de base
résultats
mique
© SEMCODA
À Saint-André de Bagé, un projet mené par la
Semcoda via un financement du Conseil général :
22 pavillons dont un adapté pour une personne
handicapée.
pour le privé plus une dotation spécifique de
430 000 euros pour du maintien à domicile.
À ces aides de l’État, s’ajoutent celles du Conseil
général :
– pour le parc public, 6 millions d’euros vers
l’offre nouvelle (construction et acquisition
amélioration), 1 million en réhabilitation/
démolition ;
– pour le parc privé, 500 000 euros en accompagnement des aides de l’ANAH et 1 million
pour l’accession à la propriété (logements de
plus de 15 ans avec prêt à taux zéro et travaux
d’amélioration).
Et une enveloppe du Conseil régional : 2,1 millions d’euros pour le parc public, 150 000 euros
pour le privé.
La première année de convention entre l’État
et le Département a donc porté ses fruits et
2007, visant toujours à dépasser les 1 000
logements sociaux construits par an, devrait
confirmer le succès de la politique logement
engagée dans l’Ain. De nouveaux outils sont
d’ailleurs en train de se mettre en place, comme
l’Établissement public foncier local (EPFL) ou la
Maison du logement, qui devraient intensifier
la tendance.
• C.R.
Au service du logement
Le service logement du Conseil
général est composé de quatre
personnes, placées sous la
responsabilité de Marc Ournac,
directeur.
Deux agents sont chargés de
l’instruction des dossiers de l’ANAH,
auparavant traités par la DDE, et
deux agents s’occupent des autres
sujets, les dossiers relatifs au parc
public, les aides à l’accession,
l’Établissement public foncier local.
D’autres arrivées liées à la mise en
place de l’EPFL sont prévues dans le
courant de l’année.
Un Établissement public foncier local
juridiquement créé
L’arrêté préfectoral du 18 décembre 2006
a juridiquement créé l’Établissement
public foncier local de l’Ain suivi, le
20 décembre 2006, de son assemblée
générale constitutive.
Onze Établissements publics de
coopération intercommunale (EPCI) et
quinze communes isolées ont d’ores et déjà
adhéré à l’EPFL, couvrant une population
de 341 285 habitants. Et d’autres sont
en cours d’adhésion. L’objectif fixé était
une adhésion de 250 000 habitants, à la
constitution.
La vocation de l’établissement est
« d’intervenir en soutien opérationnel des
collectivités locales adhérentes pour les
aider à mettre en application leurs stratégies
d’aménagement du territoire en :
– acquérant des réserves foncières pour le
compte de ses membres,
– apportant assistance et conseil en
ingénierie foncière ».
L’EPFL a le statut juridique d’Établissement
public à caractère industriel et commercial
(ÉPIC). Il est financé par des dotations de
la Région et du Département.
Son directeur est en cours de
recrutement.
Bientôt, une Maison du logement
La Maison du logement de l’Ain, sorte
de guichet unique destiné à regrouper
les différents acteurs du logement, est en
« construction ». Après la mise en place du
cahier des charges par un bureau d’études,
en lien avec les associations concernées,
une étude a été lancée au mois de janvier
pour tenter de définir les modalités de
fonctionnement de cette Maison.
L’objectif est de créer une structure
parfaitement lisible pour le public, pour
optimiser les moyens débloqués par le
Conseil général. Les conclusions de l’étude
sont attendues pour le début de l’été.
Réalisée par
Bourg Habitat
à Saint-Denislès-Bourg, la
PUV (Petite
unité de vie) La
Chenevière :
22 logements
individuels pour
les personnes
âgées.
InterAction n° 52 • avril 2007 • 17 •
CPAM
SOLIDARITÉ
Au secours des
Chaque année, un
budget alloué par la
Caisse nationale de
l’assurance maladie
permet d’abonder un
fonds d’aides spécifiques,
le fonds de l’action
sanitaire et sociale
(ASS). Répondant à la
priorité d’accès aux soins
pour tous, cette manne
financière arrive pour
beaucoup comme une
bouée de sauvetage...
R
orthopédiques, changes pour incontinence,
éservés à une population protégée par le
prothèse capillaire, séances d’ergothérapie…) »
régime général, les fonds de l’ASS sont
Toutes les interventions ne se font qu’en dernier
distribués aux Caisses primaires en fonction de
recours, après utilisation des voies légales. Il n’y
plusieurs indicateurs : la tension économique
a pas de barèmes de ressources définis, mais le
du département, le niveau de précarité des
niveau de ressources reste discriminant. « Un des
populations, la proportion des 18/25 ans et des
grands principes est qu’il y a toujours un reste à
plus de 75 ans (les plus touchés par la précarité)
charge pour la personne, si modeste soit-il. Les
et l’état de santé des populations.
conseillers sont plus que sensibles au fait que la
Revus en 2006, les critères d’attribution de
personne sollicite la caisse avant
l’aide s’appliquent non seule« L’aide financière a fait
de faire la dépense plutôt que
ment aux allocataires de RMI
beaucoup pour les soins d’être mis devant le fait accompli »,
ou de petites indemnités de
souligne Christine Rat.
chômage, mais aussi à ceux
dentaires, l’optique ou
Les demandes d’aides financières
qui travaillent avec un faible
l’audioprothèse. »
pour un arrêt de travail de plus de
salaire, à temps partiel ou
3 mois ou une dépense importante supérieure à
en contrat précaire. Le principe reste le même
305 euros sont évaluées par le service social de
pour tous : l’aide doit être ponctuelle et en lien
la CRAM qui le transmet à la commission.
direct avec la maladie (handicap, accident du
travail…)
Un axe fort : le maintien à domicile
Quatre champs d’intervention sont définis : l’accès aux soins, l’aide aux populations précaires,
C’est une enveloppe importante d’intervention
le handicap, et le maintien à domicile.
auprès des personnes malades et/ou handica« Le service action sanitaire et sociale n’a aucune
pées. Pour les personnes de moins de 60 ans,
délégation pour l’attribution des aides. Tous les
c’est la Croix-Rouge qui organise le service.
dossiers sont présentés de façon individuelle et
« Une évaluation médicale sur la capacité de la
anonyme à une commission composée de huit
personne à pouvoir faire ou pas est doublée d’une
conseillers de la CPAM », explique Christine Rat,
évaluation sociale sur l’entourage familial, l’isoresponsable du service. Une grosse responsabilité
lement, le logement… » L’aide ménagère fournie
pour ces conseillers qui se réunissent deux fois
est en principe ponctuelle. Mais Christine Rat
par mois et étudient en moyenne 40 dossiers
constate qu’elle devient de plus en plus souvent
par séance !
pérenne. L’isolement de plus en plus grand de
ces personnes reste la principale difficulté que
Une batterie d’aides
leurs moyens financiers n’arrivent hélas pas à
combler.
Les aides financières sont
Une ligne budgétaire est prévue aussi pour le
attribuées dans le cadre
maintien à domicile des personnes handicapées.
d’un arrêt de travail deEn 2006, elle était de 57 940 €. « La nouvelle
puis plus de 3 mois où la
allocation de compensation du handicap laisse
situation budgétaire est
parfois un reste à charge très important pour
déséquilibrée pour aider
la personne dans l’achat de matériel, l’adaptaà régler des factures imtion du logement : un fonds de compensation
payées. « Nous aidons
est alors activé, auquel contribuent l’État, le
aussi beaucoup pour les
Département, Les Mutuelles de l’Ain, la MOFA,
soins dentaires, l’optique
la MSA et la CPAM. »
ou
l’audio-prothèse
ou
© CNAM
• P.F.
encore sur les prestations
L‘accès aux soins pour tous est une priorité de la CPAM.
non remboursées (semelles
• 18 • InterAction n° 52 • avril 2007
plus démunis
Michel Morel, président du Conseil de la CPAM
« La CPAM ne doit plus être la seule à intervenir »
Comment se définit une
politique d’action sanitaire et
sociale à la CPAM ?
L’assurance maladie défend des
valeurs de solidarité et d’égal accès
aux soins pour tous. L’action sanitaire
et sociale s’inscrit dans une politique
nationale avec des objectifs et des
indicateurs à suivre : l’assurance
maladie doit s’engager auprès des
populations en difficulté, fragilisées
par la maladie ou le handicap.
Quelques marges de manœuvre
nous sont laissées en fonction des
spécificités départementales. Les
conseillers élus ont ainsi une certaine
liberté pour la répartition de l’aide. Par
exemple, dans l’Ain, nous accordons
un financement pour l’aide à domicile,
ce que d’autres départements ne font
pas ou peu. La CPAM doit pouvoir
éviter à celui qui vit petitement et
tombe malade de se retrouver dans la
précarité. On a été généreux pendant
longtemps. Tous les dossiers étaient
systématiquement orientés vers nous.
Le Conseil souhaite qu’aujourd’hui,
la CPAM ne soit plus la seule à
intervenir pour aider les gens malades
qui sont déjà en grande précarité.
D’autres organismes, notamment
les circonscriptions communales
d’action sociale, peuvent aussi être
sollicitées.
n
Quelles dif f icultés la
commission rencontre-t-elle
dans le choix des dossiers ?
En 2000, le budget de l’ASS était
de 975 000 €. En 2007, il est de
728 000 €, avec une augmentation
de près de 50 % des demandes. Cette
baisse peut se justifier par la mise
en place de la CMU qui a permis
n
L’ASS en chiffres et dans le détail
• Croissance régulière
Le nombre de demandes d’aide financière augmente
régulièrement depuis l’année 2000, période de référence
qui a vu la mise en place de la CMU.
2000 : 615 dossiers
2001 : + 20 % (739)
2002 : + 37 % (843)
2003 : + 47 % (906)
2004 : + 57 % (966)
2005 : + 46 % (900)
2006 : 824 dossiers.
La baisse en 2006 est due à une rupture des crédits. Il n’y
a pas eu d’effet de rattrapage de l’absence de commissions
en juin et juillet.
• Répartition en 2006
53 %
Aide ménagère
de couvrir des personnes dont les
ressources étaient en dessous des
minima sociaux. Mais il reste tous
ceux qui dépassent juste d’au plus
20 % les plafonds définis pour la
CMU. Pour ceux-là, le ministère
a décidé que notre diminution de
budget serait reversée pour aider
à financer une partie des frais de
mutuelle.
n Quelle conséquence aura cette
baisse des crédits ?
Depuis 1976, l’ASS de l’Ain intervient
en grande partie pour l’aide au
maintien à domicile. Cette aide
ménagère, fournie dans le cadre d’une
convention avec la Croix-Rouge, va
être réduite. Le budget de l’ASS va
être rééquilibré au profit des aides
financières directes aux soins. Car la
priorité nationale est aujourd’hui dans
l’accès aux soins pour tous. Nous
constatons que la maladie aggrave ou
met des gens dans la précarité, même
dans notre département où le taux de
chômage est faible. Cette nouvelle
orientation se fera en douceur, sur
plusieurs années et sans rupture
brutale.
47 %
Aide financière
15 %, divers
(prothèses capillaires,
orthopédie…)
28 %, arrêt de travail
de + de 3 mois
1 %, hospitalisation
3 %, optique
5 %, prothèses auditives
10 %, invalidité
38 %, frais dentaire
• Bénéficiaires en 2006
Pour l’aide ménagère, 80 % du public aidé sont des
personnes seules ou des familles monoparentales (10 %).
26 % sont au RMI ou avec de petites indemnités chômage
et 2/3 du public aidé sont en situation de handicap moteur
et/ou psychique.
• En plus…
À côté des interventions classiques, il existe des prestations
supplémentaires facultatives, soumises à un barème de
ressources :
– prise en charge ponctuelle du ticket modérateur, ne se
substituant pas à une mutuelle ;
– indemnités journalières maternité pour les femmes
enceintes qui occupent des postes pénibles.
• Soins palliatifs
Dans le cadre d’une convention avec le réseau OSIRIS, l’ASS
peut prendre en charge l’aide humaine et technique pour
le maintien à domicile de personnes en soins palliatifs, en
fonction des ressources des personnes.
InterAction n° 52 • avril 2007 • 19 •
Interlignes
Communauté de communes du Pays de Gex
Des gouttes d’euros pour le Togo
●
L’eau va-t-elle devenir la richesse naturelle la
mieux partagée du monde ? Sur elle planent
tant de menaces qu’elle constitue un enjeu
de survie pour l’humanité. On peut toujours
rêver… Dans le Pays de Gex, on a choisi de
payer : un mètre cube d’eau distribué, un
centime d’euro prélevé. Sachant que les 60 000
habitants de la région en utilisent annuellement
cinq millions de mètres cubes, on obtient au
bout du réseau d’eau la rondelette somme
de 50 000 €. Quatre années seront donc nécessaires pour financer la
construction du barrage de Danyi-Dzogbegan évaluée à 200 000 €. On
a trop qualifié les actions humanitaires menées en Afrique de gouttes
d’eau pour ne pas se réjouir cette fois que des gouttes d’euros soient
capables de changer le destin d’un village aussi peuplé que Thoiry.
Un bassin pour les bassines
À Danyi-Dzogbegan, femmes et enfants connaissent sur le bout des
pieds le chemin qui mène au lointain marigot. Chacun le parcourt
plusieurs fois par jours chargé de bidons et de bassines que la distance
alourdit à chaque pas. Désormais, enfants et
femmes comptent les jours : en 2008, l’eau
du barrage irriguera le village grâce à une
installation conçue par Hydraulique sans
Frontières. Un barrage dressé sur la rivière,
une pompe qui envoie l’eau vers un bassin
de 120 m3 aménagé au-dessus du village, un
réseau qui distribue la manne. Un procédé
déjà utilisé pour les barrages hydroélectriques
dont les pompes remontent la nuit les mètres
cubes qui seront turbinés au petit jour.
On imagine la joie des 4 500 habitants de
ce village des hauts plateaux togolais quand la délégation gessienne,
emmenée par son président Étienne Blanc, est venue l’été dernier, en
présence des autorités civiles, coutumières, religieuses et militaires,
poser la première pierre de l’ouvrage. On pouvait même lire la liesse
sur les visages durant la projection de photographies et d’un film,
commentée par le vice-président chargé de l’eau et de l’assainissement,
Guy Maurin, qui a voulu que ses collègues du
conseil communautaire touchent des yeux
pour voir les bienfaits de leur décision. Une
décision qui fait honneur à la communauté
de communes du Pays de Gex, comme le
soulignera son président.
Les bienfaits de la loi
Inutile de se cacher derrière le petit doigt de la
solidarité : cette coopération n’a pas fait, à sa
source, l’unanimité dans un Pays de Gex pourtant ouvert au monde
entier. Des retenues mais, à dire vrai, pas de tirs de barrage. Les réserves
n’ont d’ailleurs pas résisté à l’épreuve des faits. L’engagement de la
communauté de communes est conforme à la lettre et à l’esprit de
la loi Oudin qui autorise les collectivités locales à mener des actions
de solidarité ou d’urgence en matière d’eau et d’assainissement. Le
choix du petit Togo, pays loin d’être tiré d’affaire, s’avère fort judicieux.
La solidité technique et sanitaire du dossier, un des plus importants
montés par Hydraulique sans Frontières, semble sans faille. Pas de
risque d’« arrosage » financier, pas de frais de fonctionnement, pas
de puits sans fond : le projet a même retenu
l’attention de l’Agence française de développement qui a décidé de se réengager au
Togo. Alors même que la construction du
barrage a commencé, elle devrait participer
au côté de la communauté de communes
au quart de la dépense.
En 2008, avec un an d’avance, les neuf points
de distribution du réseau seront installés au
village. Un contrôle quantitatif et qualitatif
assurera la « transparence » de l’installation
confiée à un comité de gestion local. Le
bassin aura supprimé les bassines pour mieux les remplir de l’écot de
l’Allondon, de l’Ouye, du Grand Jounans, petits ruisseaux qui ont fait
naître une grande rivière, dans un Pays de Gex qui sera à l’avenir de
plus en plus confronté à son approvisionnement en eau.
• A.G.
l Direction Saint-Julien
l Tout savoir sur le logement social
l Observatoire de l’habitat
Depuis mars, la Communauté
de communes du Pays de Gex
propose, tous les lundis, un service de transport à la demande
pour les personnes sans moyen
de locomotion souhaitant visiter leurs proches à l’hôpital
de Saint-Julien-en-Genevois.
La navette (un minibus de 8
places, accessible aux personnes en fauteuil roulant) passe à
domicile. Coût du trajet aller-retour : 8 €.
Réservations le vendredi
au n° vert 0800 02 14 14
Le service Aménagement de la
Communauté de communes
du Pays de Gex et la circonscription d’action sociale de
Saint-Genis-Pouilly ont réalisé
un guide pratique destiné
aux personnes souhaitant
déposer une demande de
logement social. Disponible
dans divers lieux (Communauté de communes,
mairies, antennes du Conseil général, agences
des bailleurs sociaux…), la plaquette de 4 pages
explique clairement le circuit de la demande et le
rôle de chaque partenaire.
Publiés début 2006, les résultats de l’Observatoire
de l’habitat de la Communauté de communes du
Pays de Gex dressent une radiographie précise de
l’état des lieux du logement : parc public, privé,
social, répartition par commune, construction,
profil du demandeur de logement social, évolution
des coûts etc.
On y apprend entre autres que 48 % des logements
sont des logements collectifs, 56 % des occupants
sont propriétaires, 942 logements en moyenne sont
mis en chantier par an depuis 2001, le parc locatif
social compte 3 900 logements, 1 423 demandes de
logement social ont été reçues en 2005/2006.
• 20 • InterAction n° 52 • avril 2007
Dossier
Directeurs, seuls maîtres à bord ?
Qui sont-ils ?
Organisme
Nom
Âge
Formation
Postes précédents
Date
de nomination
Mode de nomination
ADAPEI
Richard
Aumond
61
Kinésithérapie
ENSP*
École de management
Directeur d’établissement
Directeur de services sociaux
2000
Par le CA, après intervention
d’un cabinet de recrutement
ADMR
Robert
Fontaine
56
Maîtrise de sociologie
DEUG d’animation
Entré à l’ADMR en 1977
1986
Par le CA
ALFA3A
Jacques
Dupoyet
55
Bancaire et marchés financiers
Entré à l’Alatfa en 1975
1981
Par le CA
Bourg Habitat
Jean-Luc Luez
55
Licence en lettres
DESS de Droit public
Services de l’Équipement
École des travaux publics
1997
Par le CA, après intervention
d’un cabinet de recrutement
CAF
Hervé Chesnel
58
IEP de Grenoble
Licence en Droit
CNESSS**
CAF de Dijon et Auxerre
Directeur adjoint
en 1985
Directeur
en 1994
Par le CA, sur liste d’aptitude
CPAM
Yves Petit
58
EN3S**
URCAM, URSSAF et autres caisses
2005
Par le directeur de la CNAM
DIPAS
Thierry
Clément
47
Maîtrise en Sciences
économiques/Droit public
ENSP*
Inspecteur de l’action sociale dans
le Territoire de Belfort
Recruté en 1988
Nommé en 1999
Par le président du Conseil
général
MSA
Claude Laurent
56
CNESSS**
MSA d’Alençon et de Savoie
Directeur adjoint
en 1991
Directeur
en 1992
Par le CA, sur liste d’aptitude
Les Mutuelles de
l’Ain
Jean-Pierre
Gallet
52
Ingénieur en cybernétique
DESS management
Les Mutuelles de l’Ardèche
1996
Par le président après sélection
par un cabinet de recrutement
et entretiens avec un jury
OPAC
Georges
Bulllion
56
Doctorat en sciences
économiques
Directeur de la SVU
Directeur de l’OPAC de
Villeurbanne
Directeur puis président
de l’ARRA-HLM
Février 2005
Par le CA sur proposition du
président
ADSEA
Sauvegarde de
l’enfance
Alain Bouchon
43
CAFDES*** à l’ENSP*
Formation d’animateur
Directeur d’établissement
Directeur d’association
2002
Par le CA
SEMCODA
Gérard Lévy
57
BTS
Caisse d’épargne
Entré en 1982
Nommé en 2001
Par le P-DG et le CA
UDAF
Françoise
Defrasne
47
IEP Grenoble
2 DEA
Directrice d’une fédération ADMR
2006
Par le CA avec commission
d’embauche
* ENSP : École nationale de la Santé publique
** CNESSS et EN3S : Centre national d’études supérieures de la Sécurité sociale, devenu École nationale supérieure de la Sécurité sociale
*** CAFDES (Certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement social)
• 22 • InterAction n° 52 • avril 2007
Que font-ils ?
Titre
Statut
Équipe de direction
Nombre de CA
et d’administrateurs
Effectif
Budget
ou chiffre
d’affaires
Directeur général
Contrat défini comme
une “ feuille de
route ”
• Avec le secrétaire général
et les cadres
• Avec les directeurs
d’établissements
6 par an
Un bureau de 10 membres
29 administrateurs
1 300 salariés
68 M€
Directeur
Contrat
Une directrice adjointe
6 à 7 CA par an
32 administrateurs
600 personnes employées
10 M€
Directeur général
Contrat
Comité de direction avec
3 directeurs de pôles
5 par an
17 administrateurs
700 permanents
800 vacataires
29 M€
Directeur général
Contrat
Aujourd’hui : présidente,
vice-président et DG.
Demain : DG, directeur
adjoint et cadres.
I CA par mois
15 administrateurs
(23 à terme)
100 salariés
22 M€
Directeur
Cadre national
• Directeur
• Agent comptable
• 2 directeurs adjoints
5 CA par an
24 administrateurs
275 dont 197 au siège
422 M€
Directeur
départemental
Cadre national
• Directeur
• Agent comptable
• 2 directeurs adjoints
• une attachée de direction
Un conseil toutes les 6 semaines
(8 à 10 par an)
25 conseillers
500 employés
dont 350 au siège
982 M€
Directeur général
adjoint chargé de
la prévention et des
affaires sociales
Détaché sur un emploi DGA, directrice adjointe,
16 cadres
fonctionnel
Une réunion de bureau du Conseil
général tous les lundis
4 sessions par an du Conseil
général
450 dont 70 au siège et 380
répartis dans les circonscriptions
d’action sociale
160 M€
Directeur
Lettre de mission
• Directeur
• Agent comptable
• 1 directeur adjoint
5 à 6 CA par an
29 administrateurs
153 employés
250 M€
Directeur général
Convention collective
de la Mutualité
• Directeur
• 3 cadres de direction et
2 cadres supérieurs
5 CA par an
26 administrateurs (Les Mututelles
de l’Ain) et 39 des Mutualités de
l’Ain-RSS
350 dont 100 au siège
70 M€
Directeur général
Contrat
DG
DGA
4 directeurs de services
Un bureau de 5 membres
Un CA de 27 membres
560 salariés
125 M€
Directeur général
Contrat avec
délégations
DG et directeurs de services
Un CA de 15 membres + 5 invités
Un bureau de 9 membres
250 en 2006
(permanents et vacataires)
6,5 M€
Directeur
Contrat avec
délégations
4 directeurs de département
5 CA par an
18 administrateurs
400 salariés
140 M€
Directrice
Contrat avec
délégations
Directrice et collaborateurs
directs
6 CA et 6 réunions de bureau
13 administrateurs
17 salariés
800 000 €
InterAction n° 52 • avril 2007 • 23 •
Dossier
Directeurs, seuls maîtres à bord ?
Directeurs, seuls
Exercice redoutable que cette plongée au cœur du patronat social de l’Ain. Cette
curieuse envie nous est venue après une table ronde consacrée dans le numéro 47
d’InterAction au rôle des administrateurs dans les organismes sociaux. Quelque peu
taraudés par nos interrogations sur leurs relations avec messieurs leurs directeurs, ils
ont fini par nous répondre que nous n’avions qu’à nous adresser à eux. Dont acte,
dix-huit mois plus tard, avec l’idée saugrenue d’aller demander à ces directeurs (qui
sont aussi, pour la plupart, nos interlocuteurs aux comités de rédaction du journal)
s’ils sont bien des patrons.
Charbonnier est-il maître chez lui ? Pour répondre à cette question, nous avons tenu
à joindre à ce panel de “poids lourds” un échantillon représentatif de directeurs
d’associations de taille similaire : l’ADMR (association d’aide à domicile en milieu
rural), l’UDAF (Union départementale des associations familiales) et la Sauvegarde de
l’enfance, ce qui nous donne, tout compte fait, treize interlocuteurs à la douzaine.
Plus petit commun dénominateur
Une heure d’entretien, un tableau à remplir pour faciliter les comparaisons, pas de
questions taboues (sauf pour les salaires, car nous n’avons pas osé) : chacun s’est
prêté de bonne grâce à l’exercice, sans langue de bois décelable, parfois avec un
peu de “off” pour ne pas froisser de susceptibilité. En tout cas, pas de quoi fâcher
un président ni pousser un administrateur à la démission.
Comme le veut la loi du genre, il convient à partir des données recueillies de dresser
le portrait-robot de qui occupe la fonction, telle qu’elle est exercée chez nos treize
interlocuteurs. Le patron est bien sûr un homme, âgé de 54 ans, en place depuis plus
de dix ans, diplômé mais pas directement pour le poste qu’il occupe aujourd’hui,
venu d’ailleurs que l’Ain et déjà en place dans l’organisme au moment de sa nomination par le conseil d’administration au poste de directeur général. Ajoutons qu’il
est en paix avec son conseil d’administration, en phase avec son comité de direction
et en bon terme avec ses salariés. Voilà pour le plus petit commun dénominateur.
Au-delà, cette enquête nous démontre que chaque poste de directeur a ses particularités liées à la nature de l’organisme, aux responsabilités des administrateurs,
à l’ouverture d’esprit de son président et à la délégation de compétences qui tient
lieu de feuille de route.
Richard Aumond, directeur général de l’ADAPEI
« Quand je suis arrivé, en septembre 2000, j’ai dû mettre en
place un plan de redressement : fonctionnement démocratique,
respect du conseil d’administration, transparence totale des
actions en cours, amélioration des prises en charge, partenariats avec les tutelles, mise en place d’un projet individualisé
pour chaque usager. J’ai été, en quelque sorte, élu sur un
programme, après avoir été sélectionné par un cabinet de
recrutement et choisi par le conseil d’administration. J’ai ajouté
à ce programme un élément fondamental, à mes yeux, et qui le
reste toujours : pas de rétention d’information. Pour le directeur
général que je suis, la transparence est l’exigence première
de l’exercice du pouvoir. »
Une nouvelle race de directeurs ?
Les directeurs en place devraient se méfier un peu plus des directrices à venir.
Françoise Defrasne est de celles-ci. C’est la seule femme du panel, la dernière investie,
presque la plus jeune. Elle est arrivée d’Alsace en juillet dernier pour prendre la
direction de l’UDAF. Une femme adoubée par des femmes, majoritaires au sein de
l’union départementale, au terme d’un recrutement national. L’impétrante n’y est pas
allée par quatre chemins : à la commission de sélection, elle a demandé copie du
rapport financier de l’association. « À travers le budget, on a l’histoire condensée
de la structure. » Une précaution ? Non, la volonté d’être à son poste, porteuse des
valeurs de l’UDAF qui attend d’elle restructuration et développement. Françoise
Defrasne utilise le vocabulaire de sa génération mais aussi les termes de sa formation
universitaire : économie sociale, stratégie, convention d’objectifs.
Son profil risque demain de faire référence en matière de recrutement : une tête bien
faite, particulièrement en matière de gestion, une aptitude à diriger « avec fermeté
mais sans autoritarisme », une compréhension actée de la répartition des rôles entre
administrateurs, président et directeur. Elle gère, recrute, donne « un maximum
d’informations et travaille de concert avec tout le monde ». Personnellement, elle
apprécie.
On notera au passage que, sauf promotion interne, prévue ou provoquée, les directeurs sont désormais tous choisis à partir d’une sélection opérée par un cabinet de
recrutement. Recourir à des chasseurs de tête contraint les administrateurs (qui n’ont
pas droit à l’erreur) à dresser le portrait-robot du directeur idéal et permet au futur
• 24 • InterAction n° 52 • avril 2007
Alain Bouchon, directeur général de la
Sauvegarde de l’enfance (ADSEA)
« Par contrat, j’ai accepté les valeurs de l’association, les
attributions et les missions qu’elle me confie. J’ai une fiche de
poste avec des délégations bien précises. Cette définition de
la fonction, propre à la Sauvegarde de l’Ain, me procure une
marge de manœuvre pour assurer l’interface entre le conseil
d’administration qui prend les décisions politiques et l’équipe
qui assure l’exécutif. Si un nouveau président arrive et veut
jouer au P-DG, je négocierai mon départ. Le conflit, pour
moi, résiderait dans le fait qu’il veuille mettre son nez dans
les affaires courantes. Nous n’aurions plus cette communauté
de pensée qui fait que le couple président-directeur fonctionne
bien. Je dois pouvoir rendre des comptes en permanence mais
aussi me sentir libre. »
maîtres à bord ?
élu de disposer d’une définition de poste qu’il pourra, à l’occasion, utiliser comme
un bouclier. Plusieurs de nos interlocuteurs avaient sous le coude le précieux contrat
fixant missions et délégations. On ne sait jamais…
Un long fleuve pas tranquille
Georges Bullion, directeur général de l’OPAC
« J’ai un accord tactique avec le président Yves Clayette :
la mise en musique des orientations décidées par le conseil
d’administration, c’est moi, ce qui me laisse une liberté de
manœuvre assez considérable, mais dans le respect du contrat
et de ceux qui l’ont signé.
Le profil du directeur de l’OPAC ressemble à celui d’un chef
d’entreprise, sauf qu’il gère des problèmes de société, avec
la volonté de la changer. Il y a, dans cette démarche, plus
de militance que de recherche du profit, même si la bonne
gestion fait partie de notre métier. Nous n’avons pas la culture
du résultat. La cause du logement social doit être défendue
bien au-delà de son poids économique. »
Le fossé se creuse entre la fonction de directeur et l’onction du conseil d’administration. Il se creuse plus par érosion, lente et inéluctable, que par volonté de
séparer deux berges sensées canaliser, en bonne intelligence, un pouvoir difficile à
endiguer. La faute à qui ? La faute à un courant qui s’amplifie. L’action sociale n’est
pas un long fleuve tranquille, mais une force qui va, charriant des compétences et
des missions nouvelles, grossissant les budgets et les effectifs. « J’aime m’investir
dans de nouveaux chantiers. » À la tête de la Dipas, Thierry Clément a été gâté :
APA, plans départementaux, compétence Logement, Maison départementale des
personnes handicapées… Depuis 1982, le Conseil général a donné le branle de
la décentralisation. Les associations sont venues dans l’Ain en appui d’une politique
budgétivore. ALFA3A, l’ADAPEI, la Sauvegarde, l’ADMR ont connu, de ce fait,
pareil développement depuis vingt ans. La SEMCODA, l’OPAC et Bourg Habitat
sont encouragées à répondre aux besoins de logements sociaux. La CAF, la MSA,
Les Mutuelles de l’Ain, l’UDAF sont devenues les partenaires d’actions très ciblées.
Un développement qui impose plus de technicité financière, plus de compétences
juridiques, plus de capacité de recrutement à haut niveau. Plus de moyens aussi.
À lui seul, le directeur est devenu dans la plupart des cas un généraliste qui doit
s’appuyer sur une équipe de direction pour faire face à cette croissance. Richard
Aumond a misé sur les 17 directeurs d’établissements, associés de plus près à la
marche quotidienne de l’association. Jacques Dupoyet a resserré sa garde avec des
directeurs de pôles. Les trois bailleurs sociaux et Les Mutuelles de l’Ain sont allés plus
avant dans ce qui équivaut à une logique d’entreprise, dans un secteur concurrentiel
avec obligation de faire du résultat : « J’ai reçu des délégations ; j’en donne. À la
SEMCODA, les directeurs de département recrutent leurs propres collaborateurs »
assure Gérard Lévy. Hors de là, point de salut. Les directeurs ont fait leur deuil de
l’omnipotence, pas de l’omniprésence.
Le capital bon sens
On ne saurait demander à un conseil d’administration de suivre en détail la marche
de l’organisme qu’il représente. D’ailleurs, on ne lui demande pas, sous peine de
Hervé Chesnel, directeur de la CAF de l’Ain
« Par tempérament, je suis un rassembleur et je fais en sorte
que tout le monde travaille en synergie. Le conseil d’administration est pour moi un atout qui me laisse une autonomie de
fonctionnement importante, ce qui, soit dit en passant, est plutôt
rare dans une administration. Nous avons notre financement,
nos obligations, nos orientations qui nous permettent d’aller
de l’avant de manière résolue.
J’estime qu’il n’y a pas d’enjeu de pouvoir mais bien un dialogue
constructif pour des services de bonne qualité et des actions de
partenariat, propres à l’Ain. Autant de caractéristiques qui font
que nous sommes en pointe sur de nombreux domaines. »
« Le président du Conseil général est le patron. Mon rôle est de le soutenir dans sa fonction politique.
Nous ne sommes pas dans la logique directeur-conseil d’administration. Il oriente, il recrute ; je conseille,
j’influence. Il délègue beaucoup, mais reste très présent. Nous nous connaissons très bien puisqu’il a
été mon vice-président aux affaires sociales. Je sais comment il fonctionne. Pas besoin de lui apporter
beaucoup d’explications, il connaît, comprend et va à l’essentiel. Si j’insiste, je sais qu’il tiendra compte
de mon avis. J’ai un rôle d’interface :
celui de pouvoir exprimer en termes
politiques ce que mes collaborateurs
auront à formuler en termes techniques. La contrepartie veut qu’il ne
vienne pas manager à ma place.
Une collectivité départementale est
un univers complexe fait d’hommes
et de femmes avec un directeur général, des conseillers généraux, des
vice-présidents délégués, où tout n’est
pas codifié. La complexité fait partie
des plaisirs de la fonction ! »
© D. Gillet
Thierry Clément, directeur de la DIPAS-Conseil général (Direction de la
prévention et de l’action sociale)
InterAction n° 52 • avril 2007 • 25 •
Dossier
Directeurs, seuls maîtres à bord ?
Directeurs, seuls maîtres à bord ? (suite)
confusion des genres et de conflits. Être à l’initiative, incarner la continuité ne donnent
pas tous les droits, surtout quand les ressources de l’association sont le produit de
subsides versés par l’État ou les collectivités locales, qui se gardent bien d’appliquer
le principe du “Qui paie, décide”. Aux administrateurs d’apprécier si le directeur
mène bien la barque en veillant à ce qu’il ne mène pas sa barque, sinon, on risque
de chavirer. Et dans chavirer, il y a le mot virer. « J’ai vu des directeurs rester sur le
carreau du fait de changements politiques ou d’incompatibilité d’humeurs » glisse
Georges Bullion.
Administrateurs et directeurs y regardent à deux fois avant d’en arriver aux lettres
recommandées, même si certains patrons expliquent qu’ils préfèreraient se démettre
plutôt que se soumettre. « Si conflit il y avait eu, je serais parti » confie Hervé Chesnel
qui a connu quatre présidents. Robert Fontaine en a vu se succéder neuf. Jacques
Dupoyet, qui n’en a eu que deux en vingt ans, dit tout son « bonheur d’avoir pu
travailler avec eux ».
Les conflits entre directeurs et présidents sont-ils fréquents ? À cette question, les
intéressés ne cherchent pas de réponses de complaisance. « Très franchement,
non » tranche Jean-Pierre Gallet qui doit, lui, composer avec deux présidents et
deux conseils d’administration. Très curieusement, tous livrent d’emblée la même
explication : la clarté des éléments d’information apportés au conseil d’administration. L’entourloupe n’est pas de mise ; la transparence est de règle. À l’UDAF, à
l’ADMR où R. Fontaine passe des heures à préparer des vidéoprojections pour que
les administrateurs puissent voter à bulletin secret, à la MSA « où je donne tous les
éléments d’information pour qu’ils décident en toute connaissance de cause. Cela
ne m’empêche pas de donner aussi mon avis » résume Claude Laurent.
Tous les directeurs célèbrent même les vertus de la confrontation avec les administrateurs, y compris Thierry Clément qui considère les 43 conseillers généraux de
l’Ain comme de vrais interlocuteurs de terrain. Le mot qui revient le plus dans leurs
propos : le bon sens, c’est-à-dire un intérêt bien partagé. Ce qui ne veut pas dire
qu’il n’y ait pas parfois divergences de vue. En cas contraire, on ne manquerait
pas d’accuser les conseils d’administration d’être des chambres d’enregistrement.
Les administrateurs ne sont pas des actionnaires. « Nous sommes des sociétés de
personnes et non des sociétés de capitaux » plaide Jean-Pierre Gallet.
Françoise Defrasne, directrice de l‘UDAF
« Le conseil d’administration se réunit tous les deux mois. Le
président mène les débats. Tous les deux mois, en alternance,
a lieu une réunion de bureau. Entre temps, des administrateurs
participent à des groupes de travail. Celui consacré au Point Info
Famille s’est réuni par exemple cinq fois depuis septembre.
Je rencontre le président une fois par semaine. Je réfère, je
donne un maximum d’informations, nous décidons de concert.
J’apprécie beaucoup la clarté de ces relations que je n’ai pas
connue ailleurs. Quand la répartition des rôles est limpide, il
est intéressant d’échanger avec un conseil d’administration
aux sensibilités variées, d’avoir des débats de fond sur des
questions de société. Je leur apporte des éléments d’information, de compréhension, mais il y a des sujets sur lesquels je
n’interviens pas. »
Présidents potiches et directeurs croupions
En retour, chacun son pré carré. La feuille de route des directeurs trace leurs missions
et précise les délégations de compétences en matière de gestion, de recrutement,
« Un directeur est confronté sans cesse à la complexité. Il doit être un spécialiste de tout et avoir
une connaissance transversale de chaque problème qui se pose à lui. Il y a des moments où je
n’en peux plus car cela devient surhumain ! Nous sommes aussi dans la négociation permanente. Il
faut savoir arrondir les angles, bien
connaître ses interlocuteurs.
Le conseil d’administration m’a
confié cinq missions : représenter
l’association auprès des instances
statutaires, assurer la production des
services, développer l’ingénierie
sociale, manager le personnel,
assurer la gestion administrative et
financière. Avec un directeur qui
n’aurait pas la fibre militante et qui
ne partagerait pas les valeurs de
l’association, tout cela risquerait
de voler en éclats. Car il faut aussi
avoir la fibre ! »
• 26 • InterAction n° 52 • avril 2007
© J.F. Basset
Robert Fontaine, directeur de l’ADMR
Jacques Dupoyet, directeur général d’ALFA3A
« J’ai trouvé, dans les missions que remplit l’association, des
réponses à notre volonté de servir, d’être attentifs à la personne,
de témoigner de “bienveillance”. Cette conception, ces valeurs,
il va de soi qu’elles sont partagées par tous les administrateurs.
Elles transcendent l’association.
La confiance est de règle : le conseil d’administration me
témoigne de la sienne ; je dois moi-même déléguer en
faisant confiance. Je dois savoir aussi m’effacer pour passer
le relais, partager avec l’équipe qui m’entoure, en veillant à
l’indépendance de nos actions. Je ne suis pas le directeur
d’une association militante mais agissante, soumise à une
évolution permanente des métiers, des publics, des lieux et
des interlocuteurs. C’est grâce aux valeurs que nous défendons
que nous lui donnons sa stabilité. »
de marchés, de stratégie. Des attributions à géométrie variable selon la nature du
conseil d’administration. Extrêmement “normée” dans les organismes de protection
sociale, très cadrée chez les bailleurs, très politique au Conseil général, la marge de
manœuvre a tout intérêt à être écrite, surtout dans les associations où le curseur est
plus mobile. L’embauche constitue, par exemple, une ligne de démarcation. Le droit
de parler à la presse aussi. Juridique ou médiatique, la volonté de représenter une
association dont on détient les rênes est compréhensible. Il n’empêche : beaucoup
de directeurs incarnent leur organisme à l’extérieur. Une personnalisation dont tout
président pourrait prendre ombrage.
Une formule résume au mieux le mode d’emploi cher aux directeurs : le président
préside et le directeur dirige, ce qui signifie, si on entre dans le détail, que le conseil
d’administration oriente et contrôle et que le patron gère et rend des comptes. Bien
appliquée, la formule est gage de longévité.
De son échauguette, Thierry Clément dresse un constat qui a de quoi rassurer : « Je
constate que beaucoup de partenariats, dans lesquels le Conseil général s’engage,
s’établissent avec de vraies associations, représentatives, où les conseils d’administration vivent, où les directeurs tiennent leur place, toute leur place, rien que leur
place. Elles ne sont pas sous influence – on nous taxerait d’ingérence et de gestion
de fait ! –, mais elles s’engagent à nos côtés, sur des objectifs, des financements et
des évaluations. Je ne trouve pas qu’il y ait dans l’Ain des directeurs croupions et
des présidents potiches. Chacun a gagné sa place. On a su éviter les conflits de
pouvoir. » Le directeur de la DIPAS situe la menace plutôt du côté des administrateurs :
« Le maintien des administrateurs est un enjeu de taille. Si l’association n’arrive pas à
“recruter”, on court à la catastrophe. » Solution préconisée : « Bien recaler le projet
associatif en ayant à l’esprit que les emplois ne sont pas tenus par des bénévoles
mais par des salariés. » Cette responsabilité-là s’impose à toutes les autres.
Jean-Pierre Gallet, directeur général
des Mutuelles de l’Ain
« On me juge sur une équation : le développement de l’activité
et le critère des finances. Est-ce que le compte de résultat est
conforté de manière raisonnée et raisonnable ? Je prépare le
rendu des comptes avec le trésorier qui donne les éléments
structurants. À moi ensuite d’en faire la présentation aux
administrateurs. Là, cela devient très technique.
Quand on en arrive au conflit entre un directeur et un président
et son conseil d’administration, c’est que, dans les deux sens,
on n’a pas réussi l’alchimie. C’est comme ça qu’un président
peut devenir P-DG ! »
Les gardiens du temple
Mis à part Bourg Habitat, où le conseil d’administration se réunit chaque mois pour
passer en revue aussi bien les “bricoles” que les dossiers de fond, on remarquera
que la fréquence de convocation des administrateurs tourne autour de cinq fois dans
l’année. Les intéressés trouveront sûrement cette cadence insuffisante, surtout quand
on connaît la complexité de la gestion de chaque structure. Pour remédier à ce décalage, beaucoup d’organismes ont recours aux réunions de bureau, une solution
intermédiaire dont Georges Bullion chante les mérites et Alain Bouchon les exigences.
Il ne s’agit en rien d’une garde rapprochée mais plutôt d’un conseil permanent où
siègent les administrateurs les plus compétents, voire les plus motivés.
Les directeurs en place resteront-ils les derniers gardiens du temple, celui où brûle
la flamme des convictions qu’ils défendent ? À les écouter, on n’est pas loin de le
penser. Tous ont “la fibre”. Aucun de nos entretiens ne s’est cantonné à la seule
technicité des postes qu’ils occupent. Tous ont fait vibrer la corde sensible de leur
mission : le social. Ils sont à la fois la lettre et l’esprit. L’esprit de servir la cause qui
les emploie.
Ils ont la foi. Elle est indispensable quand on dirige – le mot présider est mal venu – les
destinées d’une association fortement marquée par ses origines (ALFA3A, l’ADAPEI,
l’ADMR, l’UDAF, la Sauvegarde). Elle est sans cesse à retremper dans les principes
fondateurs chez les bailleurs sociaux et les mutuelles qui pourraient céder aux lois
de la rentabilité et ne voir dans les bilans que des chiffres. Elle est menacée dans
les organismes de protection et de répartition sociales, marqués par les idéaux de
l’après-guerre, mais tarabustés par les signes avant-coureurs d’une rigueur financière
venue d’en haut. D’autant qu’à ces injonctions budgétaires s’ajoutent désormais les
contrats d’objectifs et de gestion qui n’ont pas que des inconvénients, selon Hervé
Chesnel : ils permettent de cadrer et d’étaler dans le temps des objectifs qui sont
arrêtés en accord avec les administrateurs.
La CNAM a ouvert une brèche dans la citadelle des conseils d’administration en
Claude Laurent, directeur de la MSA
« Je n’ai pas de problème avec l’équipe de direction parce
que j’ai eu la chance de pouvoir la recruter. Je sais avec qui
je travaille et les missions ont été définies en toute clarté. C’est
meilleur pour l’interne. “De qui je dépends et pour quoi je suis
payé ?” : tout le monde devrait être en mesure de répondre
à ces deux questions.
Les salariés eux aussi apprécient cette clarté. Certains m’appellent “patron”. Cela ne me déplaît pas : il y a en moi un
fond de paternalisme qui ne doit pas être confondu avec
favoritisme. Je suis pour une hiérarchie transversale. Je ne crois
pas que ça puisse fonctionner comme ça ailleurs. D’ailleurs,
je ne serais pas à l’aise… »
InterAction n° 52 • avril 2007 • 27 •
Dossier
Directeurs, seuls maîtres à bord ?
Directeurs, seuls maîtres à bord ? (suite)
faisant de ses administrateurs des conseillers et de ses directeurs des pions déplacés
par Paris. « Si je ne conviens pas, je peux me retrouver à Hazebrouck » explique
avec humour Yves Petit, directeur de la CPAM de l’Ain. Le poids de la tutelle, c’està-dire des directions nationales, et, derrière elles, des ministères, se fait de plus en
plus pesant. Hervé Chesnel estime que l’implication locale et la loyauté avec le
conseil d’administration en place sont les meilleurs contre-feux. Mais le national sera
de plus en plus amené à décider à la place du local, à la place d’administrateurs
appelés, toujours au nom des grands principes, à voir leur rôle se réduire. Le lien
de dépendance avec le directeur, et tous ceux qu’il représente, sera coupé. Au nom
des règles de bonne gestion. Imaginons que le Conseil général de l’Ain, deus ex
machina des politiques d’action sociale engagées dans le département, applique
les mêmes règles. Le partenariat serait soumis aux lois de la dépendance et les
directeurs n’auraient plus à rendre de comptes qu’à ceux qui financent et non qu’à
ceux qui dépensent. Une hypothèse que repousse Jacques Dupoyet, viscéralement
attaché à l’indépendance d’action d’ALFA3A. « Je crois qu’il faut envisager pour
nos associations la possibilité de prendre une autre dimension. »
Ne soyons pas naïfs : la logique du résultat prévaut aussi pour les opérateurs sociaux.
Elle est implacable pour l’OPAC et la SEMCODA, société d’économie mixte qui en
fait son originalité, et pour Bourg Habitat dont le statut sera bientôt aligné sur celui
des offices publics de l’habitat. Elle est redoutable pour Les Mutuelles de l’Ain qui
doivent défendre l’intérêt général de leurs adhérents en les protégeant au mieux, au
meilleur coût. Elle est souhaitable pour les autres organismes qui gèrent de l’argent
public. Les principes de l’économie libérale font-ils peu à peu tache d’huile sur
l’économie sociale, à l’image de ce qui s’est passé dans la gestion des hôpitaux
publics ? La rentabilité au meilleur coût, alors que nous en sommes pour l’heure à la
qualité, à moindre frais. Là va se jouer l’avenir du système.
Gérard Lévy, directeur de la SEMCODA
« Je me considère comme un patron et, à ce titre, je consacre
beaucoup de mon temps au développement de nos projets et
au management de nos équipes. Je suis aussi très pointilleux
sur la formation du personnel. J’ai la chance de travailler avec
un conseil d’administration composé d’élus et de partenaires
privés. Les débats qu’il mène le sont dans le cadre d’une
entreprise et hors de toute considération politique. Mes
rapports avec le P-DG sont quasi quotidiens. Ils sont fondés
sur la confiance et le respect. Le management, c’est moi. Il l’a
bien compris et il n’y a pas besoin d’enfoncer le clou. Mais il
est dans les faits le vrai patron, celui qui donne des pouvoirs
et des missions. Au quotidien, cela marche mieux que bien ;
sinon, ce serait invivable ! »
Le combat des chefs
Dans ce large tour d’horizon, la MSA fait un peu figure de village gaulois. Menacées
dans l’existence même de leur “régime”, obligées de s’unir avec d’autres départements,
les caisses départementales continuent de reposer sur un socle : leurs administrateurs
sont élus au suffrage universel, leurs conseils d’administration sont paritaires, leur
directeur interchangeable, et leurs actions contrôlées par la tutelle. Un cadre et de
la souplesse. Reste, une fois le tamis secoué, un président élu, des choix délibérés
et un esprit de résistance étayé par de salutaires valeurs. Un modèle ? Non, une
potion qui aura besoin d’être magique si l’on doit faire preuve d’invincibilité pour
refuser la parisianisation… et le combat des chefs.
Yves Petit, directeur de la CPAM
« Un directeur de caisse doit se garder de dresser les uns contre les autres, de jouer sur la diversité
des administrateurs. Il doit jouer la transparence et – c’est là où je veux aboutir – proposer des
orientations pour bâtir une politique.
Si le directeur est partisan, cela se
sent très vite. Il trahit sa fonction et
sort du cadre du service public qu’il
a mission de défendre.
Je sais que les administrateurs ont
mal vécu le fait que le législateur leur
enlève du pouvoir. C’est pourquoi
je veille énormément à ce que le
vote du budget ou la définition de
l’action sanitaire et sociale propre
à notre caisse soient des moments
forts qui se traduisent par des actes
importants. »
• 28 • InterAction n° 52 • avril 2007
Jean-Luc Luez, directeur de Bourg Habitat
« Avant de devenir directeur de Bourg Habitat, j’ai servi l’État
au sein de l’Équipement. Ici, j’ai le sentiment de mon utilité
“immédiate”. Nous ne sommes pas dans le contrôle mais dans
l’action. La différence est de taille. Dans ce métier passionnant,
souvent décrié, je suis confronté à tous les aspects de la gestion :
administrative, financière, technique, manageuriale.
Les décisions que nous prenons nous appartiennent et l’on sait
tout de suite si elles sont bonnes. Dans mes rencontres avec les
habitants, je perçois mieux les réalités du lien social.
Je crois qu’il est essentiel de savoir où l’on veut aller et de savoir
tracer le chemin à suivre, pour vous et vos collaborateurs. »
ALFA3A
ACTION SENIORS
Tracer son silla
Après une mise en confiance par les bénévoles, le
tournage peut commencer.
Sur l’écran noir, les vies
s’animent. C’est la force
de l’image, qui permet
de conserver une trace
de la vie de nos anciens,
du passé pourtant
pas si lointain riche
d’enseignements. Pour
conserver cette mémoire,
le Centre du bénévolat
des Pays de l’Ain et ses
partenaires poursuivent
un programme
d’enregistrements
vidéos de témoignages
auprès des personnes
âgées : une manière de
tracer des sillages où les
générations suivantes
peuvent prendre racine.
• En chiffres
En tout, 40 sillages sont
programmés : 30 pour les
retraités de la CRAM,
10 pour ceux de la MSA.
Ceux du régime agricole sont
déjà tournés. Il en reste une
vingtaine à réaliser pour les
ressortissants du régime général.
• Partenaires
Plusieurs financeurs se sont
rapidement engagés sur cette
action : le Conseil régional
Rhône-Alpes, le Conseil général
de l’Ain, la Caisse d’épargne
Rhône-Alpes-Lyon, L’agglo,
la ville de Bourg, la Caisse
régionale d’assurance maladie
et la MSA.
• 30 • InterAction n° 52 • avril 2007
L
e programme Sillage a vu le jour en 2004.
Pilote de l’action, le Centre du bénévolat
des Pays de l’Ain (CBPA) s’est donné pour objectif
de recueillir et graver la mémoire des seniors et
retraités sur des supports vidéos, traçant ainsi
leurs sillages. « L’originalité de la démarche n’est
pas tant dans la réalisation d’un documentaire
ou d’une œuvre journalistique, mais vraiment de
créer du lien social en permettant à un ancien
d’offrir son témoignage du passé aux siens. Les
histoires récoltées ne sont pas prévues pour une
diffusion publique. Seul l’auteur peut en disposer comme il l’entend », souligne Yves Lepecq,
directeur du CBPA.
Une organisation bien rôdée
À petits pas, les “sillageurs” racontent leur vie,
leur passion, les traditions et métiers d’antan.
C’est aussi une façon pour eux de sortir de
leur solitude, de faire travailler leur mémoire.
Pas question de rechercher des témoignages
bien précis ou exemplaires. « Tous les sillages
sont intéressants. D’une vie toute simple, on
peut tirer beaucoup d’enseignements. Les gens
se libèrent parfois d’un poids qu’ils ont porté
toute leur vie », explique Toussaint Cézette,
bénévole et membre du Caméra club bressan,
qui fournit du matériel et un soutien technique
non négligeable. Il constitue avec Joël Bargs,
coordinateur de l’action au CBPA, le point
central de l’organisation du projet. « La MSA ou
la CRAM nous propose des personnes relevant
de leur régime. Nous nous rendons ensuite sur
Un tournage demande énormément de matériel.
leur lieu de vie pour faire quelques repérages,
discuter et mettre en confiance la personne.
C’est une étape primordiale pour la réussite
du tournage », explique Joël Bargs. Lors de ce
premier contact, l’équipe et la personne définissent aussi les conditions dans lesquelles le
sillage sera filmé et diffusé.
Le tout premier enregistrement était collectif,
lors d’une visite de résidents de la maison
de retraite de Villereversure à la ferme des
Mangettes. En découvrant, pour certains qui
ne sont pas nés en Bresse, le mode de vie à
l’ancienne, ce fut l’occasion de raconter leur
propre anecdote d’enfance. De ces sillages
collectifs naissent bien souvent des sillages
individuels. Chaque tournage engage deux à
trois personnes pendant près de trois heures. À
l’issue du montage, l’équipe de tournage remet
au “sillageur” son film après l’avoir regardé et
commenté avec lui.
Une action fédératrice
Grâce au financement des partenaires, le Centre
s’est équipé d’une caméra et d’un banc de montage numérique pour conserver les messages sur
Cd-Rom ou DVD. À côté des financeurs, d’autres
partenaires techniques se sont associés. Ainsi,
Charles Vieudrin de Tropiques FM participe
régulièrement au tournage, comme la section
BTS du lycée Léonard de Vinci de Villefontaine
(38), les Archives départementales de l’Ain et
la bibliothèque de Bourg. « Le plus difficile pour
nous reste de fidéliser les jeunes bénévoles,
souvent étudiants, qui puissent s’investir dans la
durée sur le programme. Ils sont ensuite pris par
diverses obligations. Depuis le début, les équipes
ont souvent changé. » Joël Bargs et Toussaint
Cézette lancent donc régulièrement un appel
aux bonnes volontés, auprès du Bureau d’information jeunesse, de la Maison des étudiants
ou lors de manifestations publiques comme le
forum des associations.
« Si nous subventionnons cette action, c’est parce
qu’elle nous paraît particulièrement innovante.
Elle répond à nos critères d’attribution, explique
age
Témoignages
Tradition
Joël Bargs, Toussaint Cézette et une bénévole devant
le banc de montage
Nathalie Basset, responsable du pôle contrôle
et conseil au département Personnes âgées et
handicapées de la CRAM Rhône-Alpes. Le fait
qu’elle soit encadrée et conduite par des bénévoles de tous âges permet aussi de renforcer le
lien intergénérationnel qui nous paraît essentiel.
Les interviews menées par des étudiants vont
dans ce sens. » Et Nadège Thévenet, conseillère
gérontologique de la MSA, renchérit : « pour la
MSA, ce projet permet de collecter la mémoire
des personnes âgées en milieu rural, en collectif
ou individuellement. L’objectif est de pouvoir
ultérieurement proposer ces témoignages à une
diffusion en cercle restreint, avec l’accord des
personnes. » Engagée à titre personnel dans le
programme, comme bénévole au sein du CBPA,
elle participe aux tournages. « J’ai toujours aimé
écouter les gens parler, raconter leurs histoires.
Ici, c’est très valorisant pour la personne âgée
de pouvoir graver son histoire pour ses enfants
et petits-enfants. »
• P.F.
René Marion et Gilbert Curt ont depuis
longtemps une passion commune : ils
fabriquent la goutte. Avec l’alambic du
village, ils se retrouvent deux fois par
an, tôt le matin, et distillent lentement
les prunes qu’ils ont récoltées. Ils ont
appris avec leurs pères, puis beaucoup
« sur le tas ». « À l’époque, tout le monde
distillait un peu. Surtout le raisin, on avait
des pieds de vigne dans chaque ferme.
Après la guerre, il a fallu les arracher,
car ce raisin de mauvaise qualité était
dangereux pour la santé. » La goutte
s’est alors faite avec des fruits. Très au
courant de la réglementation, ils savent
qu’au 31 décembre, ils n’auront plus
droit qu’à 500° par an en payant une
taxe. Mais cela ne les arrêtera pas. « On
le fait surtout pour le côté folklorique ! »
Leur sillage, ils l’ont enregistré ensemble,
lors d’une journée de fabrication : charger
les chaudières à 6 heures afin que le feu
soit parfait pour la cuisson du fruit qui
donnera une blanquette (le premier jus
très clair) à 25°, puis faire passer deux
fois cette blanquette, très doucement…
pas plus de 4 litres par heure… « Si on veut
faire les choses correctement, il faut deux
jours : l’un pour faire la blanquette, l’autre
pour faire la goutte ! » Par ce témoignage,
ils veulent surtout laisser la trace de leur
savoir-faire à leurs petits-enfants, même
si pour l’instant, « ils sont un peu jeunes
pour comprendre » !
Militant
Robert Truchon a toujours eu en tête un
jour de réaliser un document retraçant sa
vie et celle de sa femme. « Mes enfants et
mes petits-enfants me l’ont demandé il y
a longtemps, mais je n’avais encore rien
fait. » La proposition de Nadège Thévenet
de la MSA d’enregistrer leur « sillage »
est alors bien tombée. Témoin de la vie
rurale, il raconte comment il allait à l’école
distante de 4 km de l’exploitation, en vélo
les jours de beau temps, à pied lorsqu’il
neigeait ou pleuvait ! Dans une classe
unique, il a fait toute sa scolarité avec la
même maîtresse, jusqu’au certif ! « Quand
on compare avec aujourd’hui, c’est vrai
que bien des choses ont changé ! » Mais
c’est aussi son témoignage d’agriculteur,
de militant syndical et de bénévole qu’il
a voulu porter. « J’ai de vagues souvenirs
de mon père qui était très militant. Je
voulais laisser une trace plus concrète à
mes enfants. » Plein d’humilité, il souhaite
que son « sillage » reste confidentiel et
privé. Mais cela lui a donné des idées :
« maintenant que j’ai des arrière-petitsenfants, je veux aller plus loin, et faire
quelque chose qui rassemble les images de
ce qu’a pu être notre vie. » Alors il fait des
recherches généalogiques aux Archives
départementales, retourne sur les lieux
de son enfance, pour garder encore une
autre trace et attacher un peu plus ses
descendants à leurs racines.
InterAction n° 52 • avril 2007 • 31 •
Reportage
Une passerelle
En souffrance
psychique ou physique,
se traduisant le plus
souvent par des troubles
du comportement et
des difficultés scolaires
énormes, certains
enfants sont placés en
ITEP (Institut éducatif,
thérapeutique et
pédagogique). L’objectif
étant de les aider à
reprendre confiance en
eux-mêmes, construire
leur personnalité qui leur
permettra de trouver leur
place. Au Château de
Varey, certains enfants
bénéficient d’une mesure
d’intégration scolaire en
milieu scolaire ordinaire.
• 32 • InterAction n° 52 • avril 2007
I
l est neuf heures dans la petite école
élémentaire de Saint-Jean-le-Vieux.
Un jour ordinaire pour les 120 élèves de l’école
répartis en cinq classes. Là, pas de cloche qui
sonne. René Billon, le directeur, tape deux fois
dans ses mains : les élèves se rangent immédiatement en rang devant leur classe.
Un petit groupe de neuf élèves, un peu plus
grands que les autres, se rassemble auprès de leur
maître, Jacques Pichard, enseignant à l’ITEP du
Château de Varey. Depuis 1967, l’ITEP accueille
des jeunes en difficulté d’apprentissage scolaire,
ayant des troubles du comportement. Anthony,
Jean-Lou, Christopher, Agnès, Jason, David, Anis,
Géraldine et Tony sont en classe « passerelle ».
Initiée depuis près de cinq ans par René Billon et
Jacques Pichard, cette classe intégrée bénéficie
du soutien des parents de l’école. L’organisation
est maintenant bien rodée.
Une intégration réfléchie
Détaché de l’ITEP où il travaille pour la 24e année,
Jacques Pichard vient tous les jours faire la classe
à Saint-Jean-le-Vieux. Sept de ses élèves arrivent
du Château en bus tous les matins, deux autres
viennent par leurs propres moyens car ils sont
logés dans leur famille ou en famille d’accueil.
Pour le déjeuner, ils font l’aller-retour au Château
de Varey et reviennent l’après-midi. « C’est trop
difficile de les faire manger à la cantine de l’école.
Les cantines sont souvent des lieux bruyants
où il faut rester attentif à ce qui se passe. Nous
avons essayé une année, mais cela n’a pas fonctionné. » Besoin de se retrouver dans un univers
qu’ils maîtrisent mieux, un environnement qu’ils
connaissent…
« Ce n’est pas toujours facile pour ces élèves
d’être constamment confrontés à la “norme”. Il
faut veiller à ne pas trop leur en demander d’un
coup », souligne René Billon. On ne peut pas
avoir les mêmes attentes d’une classe ordinaire
que d’une classe en difficulté. Il y a des choses
que l’on accepte plus facilement dans la classe
passerelle, sur l’attention, le comportement ou le
suivi du programme scolaire, même si les adultes
veillent à ce que ces choses se remettent en place
doucement. Jacques Pichard adapte d’ailleurs
toujours ses réponses à la personnalité de chacun
de ses enfants. Il connaît leur difficulté et sait
anticiper les réactions de chacun en fonction
des caractères.
Faire ensemble
Ce matin, la classe passerelle de Jacques retrouve
les 18 élèves de CM2 de René pour le cours de
sport. « Nous essayons de faire des cours communs,
lorsque les matières s’y prêtent, comme le sport
ou toute activité ludique. » René Billon et Jacques
Pichard sont alors rejoints par Vincent Giroux,
professeur de sport au Château de Varey. Jean-Lou
prend les sifflets et tout le monde se dirige vers
le gymnase de la commune : au programme, une
heure de handball. Après l’échauffement – « Lève
bien les bras, Jason ! » - on entame le jeu. « On
fait six équipes de quatre pour l’entraînement ! »
Jacques Pichard veille à avoir une certaine mixité
dans les groupes. Une fille fronce un peu le nez
en voyant arriver un « grand » dans son groupe,
mais finalement tout se passe bien… « Il faut
dire que celui-là a eu un peu de mal au début à
contrôler sa force et il ne sait pas reconnaître ses
erreurs », explique Jacques. Vient la distribution
des maillots : les matchs commencent. C’est
parfois un peu la bataille pour décider qui doit
arbitrer et avoir le sifflet. « Anis, tu as déjà fait,
laisse la place à Agnès ! » lance Anthony. « Non,
pour la vie
elle sait pas faire ! », rétorque Anis. « C’est chacun
son tour », insiste Jacques. Bref, des chamailleries
de gosses comme tous les autres gosses, sans
grande conséquence. Ce matin-là, les matchs
sont plutôt dynamiques. « Ça joue bien, là ! »,
lancent les instits, heureux !
Dans la cour, pendant les récrés, les élèves ne se
mélangent pas trop. La classe passerelle reste
souvent dans son coin. « Bien que cette année,
mon groupe soit plus sociable que l’an dernier ! » Et
aujourd’hui, ils ont décidé de jouer tous ensemble,
au ballon prisonnier.
De nouvelles expériences
Retour en classe. Anis, Agnès, Jean-Lou et Tony
vont préparer la salle polyvalente pour un entraînement au prochain défi maths. « Ils doivent
résoudre une série d’énigmes, par équipes, en
une heure. À la fin de l’heure, l’équipe rend une
seule feuille portant les réponses trouvées. » Les
élèves de Jacques Pichard sont rejoint par les 26
enfants de CE2 de la classe d’Evelyne Billon. Ce
défi maths vient d’être mis en place cette année,
à titre expérimental. Une autre classe du Château
de Varey sera ensuite associée à la rencontre
prévue plus tard dans l’année. « L’objectif est de
mélanger les trois classes au sein des groupes et
de lancer trois défis. Ils doivent arriver à travailler
de manière autonome et surtout, ensemble, pour
trouver les solutions ! » De leur côté, Anthony,
Jean-Lou et Christopher dessinent sur leurs
feuilles, pas très motivés. Agnès, Jason et David
travaillent de manière individuelle, mais vers la
fin, mettent en commun le fruit de leur réflexion
pour remettre une seule copie. À la table d’Anis,
Géraldine et Tony, il y a un peu plus d’animation.
Finalement, c’est en duo que le groupe finit : Tony
est mis à l’écart. « Il a encore du mal à accepter
ses erreurs et a parfois des réactions très enfantines », explique Jacques Pichard. Au final, tous
jouent le jeu, les CE2 comme la classe passerelle.
« Rappelez-vous comment c’était difficile pour
vous au début de travailler ensemble. Vous avez
fait de gros progrès ». Jacques Pichard sait aussi
encourager les efforts de chacun. Autre grande
première : à la fin du mois de mars, la classe
passerelle est partie une semaine avec les CM2
dans un gîte-bergerie pour une classe transplantée sur le thème de l’agnelage. Les élèves
ont travaillé auparavant le sujet en classe et fait
des recherches documentaires. Et voir ses élèves
dans ce genre de situations permet à Jacques de
réajuster ensuite sa pédagogie.
Car il ne faut pas se tromper : le but ultime de
la classe passerelle est d’amener ces jeunes à se
réinsérer dans le système scolaire traditionnel.
Et en quatre ans, le système a fait ses preuves :
à de rares exceptions près, tous ont réintégré
des SEGPA (Sections d’enseignement général et
professionnel adaptées), qui les ont pour certains,
amenés jusqu’au bac pro ! Grâce à ces bons
résultats, Jacques Pichard
espère que la classe passerelle continuera d’exister.
Car cette aventure est aussi
basée sur la personnalité
des gens qui la mènent :
René Billon et Jacques
Pichard vont prendre bientôt leur retraite, sans être
pour autant assurés de la
pérennité de cette action.
• P.F.
InterAction n° 52 • avril 2007 • 33 •
Interlignes
l Dépister le cancer colo-rectal
l « Dans les cordes » de la Reyssouze
L’ODLC (Office départemental de
lutte contre le cancer) va lancer
le dépistage du cancer colo-rectal.
40 000 nouveaux cas apparaissent
par an en France, avec un taux de
mortalité à 50 %. « C’est un cancer
en constante augmentation (+67 % en
25 ans), déplore le Dr Jean Bruhière,
gastro-entérologue coordinateur du
dépistage dans l’Ain. L’amélioration
de ce chiffre ne peut se faire que par
le dépistage systématique des sujets
sans symptôme ni antécédents famiLa recherche de sang dans les selles se liaux. » Ce type de cancer débutant
fait au moyen du test Hémoccult II.
toujours par la présence d’un polype
bénin, le dépistage consiste à chercher
la présence de sang dans les selles par un test simple à faire chez soi et à
renvoyer dans un laboratoire du CHU de Grenoble.
« Dans l’Ain, nous avons dénombré 133 000 personnes de 50 à 74 ans concernées par ce dépistage. » Grâce à celui-ci, un tiers de la mortalité pourrait
être évité, explique le Dr Philippe Winckel, président de l’ODLC. La première
vague de dépistage aura lieu sur la circonscription d’action sociale de Châtillonsur-Chalaronne début mai. L’action s’étendra sur Nantua et Bourg fin 2007.
D’ici deux ans, l’ensemble de l’Ain devrait être couvert.
Tél. 04 74 45 30 30
Le 2 mars, Bourg-en-Bresse a accueilli en avant-première nationale le film Dans
les cordes en présence de sa réalisatrice, Magaly Richard-Serrano, et de ses
trois principaux comédiens, dont Richard Anconina. De nombreux habitants
de la Reyssouze assistaient à l’événement. Une partie du film a en effet été
tournée dans un immeuble de la rue Blériot voué à la démolition dans le cadre
de l’opération de renouvellement urbain du quartier, au printemps 2006.
« On cherchait une cité HLM qui ne soit pas une caricature, qui soit vivable,
à dimension humaine » explique la réalisatrice. Le partenariat entre Bourg
Habitat et la société de production du film s’est concrétisé par la mise à disposition des lieux et un échange actif entre des jeunes du quartier et l’équipe
de tournage. « On a été hyper bien accueillis, les habitants venaient voir le
tournage, c’était une très bonne ambiance. »
Le cinéma était aussi au cœur de l’action, financée par le contrat de ville,
dans laquelle se sont impliqués des jeunes du quartier en 2006 : réaliser un
docu-fiction témoignant des réactions des habitants face à la transformation
de leur quartier. Au fil des ateliers ciné et avec l’accompagnement du réalisateur
professionnel Fabrice Hoffmann, le projet a pris forme. Tourné en juin 2006,
Adieu ma Reyssouze ? était présenté le 2 mars, en première partie du long
métrage. « J’ai été impressionné par la qualité du film » a souligné Richard
Anconina. « Quand j’ai su que des immeubles allaient être démolis, j’ai eu
vraiment la haine. Participer à ce film m’a fait comprendre en quoi ce projet
de rénovation urbaine est bon pour la ville » dit Hakima, qui s’est investie
dans l’écriture du scénario et le tournage de ce court métrage de 25 mn.
Adieu ma Reyssouze ? sera projeté à nouveau cet été, dans le cadre des
« Passeurs d’images » (ex-Un été au ciné - Cinéville).
l Côté BB
Née en 2004 à Izernore, l’association Côté BB a pour but premier de réunir
parents et professionnels de la santé et de la petite enfance. Elle compte
aujourd’hui une centaine d’adhérents, dont un tiers de professionnels de
santé. Les rendez-vous sont nombreux : rencontres du mardi (hors vacances
scolaires) pour échanger sur la maternité et le maternage, goûters-partage
mensuels du jeudi, soirées thématiques et formations. L’association met à
disposition également une bibliothèque et organise deux braderies de matériel
de puériculture par an.
Les prochaines soirées aborderont l’ostéopathie (22 mai, à Oyonnax), « Que
faire en cas d’accident ? » (12 juin, à Izernore), « Allaitement maternel et travail »
(16 octobre, à Izernore), « Quel jeu à quel âge ? » (13 novembre, à Oyonnax).
Un stage sur la communication non violente est programmé en avril, suivi
d’une deuxième session en décembre, axée sur l’éducation. Une formation
au secourisme devrait également s’inscrire au programme de fin d’année. En
2008, l’association souhaite organiser un salon Côté BB à Oyonnax.
www.assocotebb.org – [email protected]
Tél. 06 70 70 62 88 (Céline Boymond)
De l’écriture du scénario jusqu’au montage, des jeunes du quartier ont réalisé
de A à Z un film-témoignage éloquent.
l Développer la kinésithérapie au Tchad
Née à Belley en 2006 et présente également depuis mars à Besançon (Doubs), à l’initiative de
Julien Bernard, masseur-kinésithérapeute, la jeune ONG (organisation non gouvernementale)
Kiné-Tchad a pour but de développer la kinésithérapie et la rééducation au Tchad, en formant les
personnels de santé à la rééducation à base communautaire, technique consistant à soigner le
patient devant sa famille afin que ceux-ci visualisent les gestes à effectuer et les reproduisent par
la suite. « La capacité d’apprentissage pratique des populations est très forte, en raison de leur
culture orale » souligne J. Bernard. L’association souhaite ainsi agir tant auprès des populations
sédentaires que nomades.
Une première mission de trois membres (kinésithérapeute, médecin généraliste et neuropsychologue) s’est rendue sur place à l’automne dernier. Une mission longue d’un an est envisagée,
ainsi que des missions courtes.
L’association est reconnue d’intérêt général. L’adhésion est gratuite. Les dons peuvent être
défiscalisés.
http://.kine.tchad.free.fr – [email protected] – Tél. 06 78 67 63 94
• 34 • InterAction n° 52 • avril 2007
La rééducation à base communautaire permet de
transmettre des connaissances minimales à la population,
afin que certains de ses membres puissent développer une
pratique élémentaire de soin.
Interlignes
Personnes âgées
Prévenir les risques de suicide
●
En France, le taux de décès par suicide atteint
son maximum chez les hommes de 85 ans et
plus (124 pour 100 000 hommes). À cet âge, il
est 10 fois plus élevé qu’entre 15 et 24 ans. Le
pays détient d’ailleurs le triste record du plus
élevé taux de suicide des plus de 75 ans, par
rapport à l’Europe et aux États-Unis. L’Ain est
dans la moyenne nationale. Les chiffres* sont
éloquents – et certainement sous-évalués ! –.
Mais le sujet reste tabou.
Afin d’intervenir le plus en amont possible et
prévenir le suicide, trois partenaires, l’ADAG BB
(Association d’action gérontologique du bassin
burgien), le CMPPA (Centre médico-psychologique pour personnes âgées) et l’Asdomi,
service de soins infirmiers à domicile, ont créé
dès 1999 une cellule permanente de prévention
des situations à risque chez la personne âgée.
L’Asdomi s’est retirée du comité de pilotage en
2002 mais reste partenaire de l’action, inscrite
au Programme régional santé.
pratiques de repérage des risques. La cellule
organise régulièrement des sessions d’information, avec apports théoriques et mises en
situation pratique via des jeux de rôle. 235
personnes (médecins hospitaliers et libéraux,
infirmiers, professionnels de l’aide à domicile
etc.) ont ainsi été sensibilisées en 2006.
Simple à utiliser, une grille d’évaluation des
situations de détresse chez la personne âgée
liste les signes et les critères d’alerte.
La cellule a également réalisé et diffusé auprès
des médecins de l’Ain un mini-guide pratique
de prévention.
Créer une dynamique de réseau
Seules deux cellules spécialisées existent en
Rhône-Alpes, à Saint-Étienne et Bourg-enBresse. La cellule du bassin burgien souhaite
étendre son action à l’ensemble du département. « Un questionnaire a été transmis à
l’ensemble des CLIC (Centres locaux d’inforRéalisé par la cellule, ce guide pratique donnant
mation et de coordination gérontologique) et
des indices de repérage du risque suicidaire chez
Apporter un appui technique
des centres médico-sociaux. Ils peuvent être
la personne âgée a été envoyé à tous les médecins
« C’est une problématique très particulière. libéraux de l’Ain.
des relais d’information » souligne Patricia
Aucune prévention n’est possible si on reste
Masson, chargée du développement de la
uniquement du côté sanitaire. Il faut aussi que les proches de la per- cellule de prévention. Objectif : qu’un véritable réseau, un « dispositif
sonne âgée puissent repérer les signes, alerter. On est à l’articulation de vigilance », se mettent en place autour de la personne âgée en
entre le social et le sanitaire, deux mondes qui souvent s’ignorent », situation de souffrance.
reconnaît Jean-Claude Blond, médecin psychiatre, responsable du dis• A.P.
positif personnes âgées du CPA (Centre psychothérapique de l’Ain).
La cellule s’adresse à tous ceux, professionnels et bénévoles, qui œuvrent
Cellule de prévention des situations de détresse
auprès des personnes âgées, à domicile et en institution. Ils peuvent y
chez la personne âgée
trouver aide, conseil et accompagnement. Elle n’a pas pour vocation
70,
boulevard
de
Brou
01000 Bourg-en-Bresse, tél. 04 74 22 11 11
d’intervenir directement auprès de la personne âgée en détresse mais
Permanence
du
comité
technique le lundi, de 13 h 30 à 15 heures.
d’apporter un appui technique à ceux qui l’entourent.
[email protected]
Pour bien prévenir, il faut sensibiliser, informer, former, offrir des outils
l Taux de suicide pour 100 000 habitants, selon le sexe et l’âge, en 2002 *
140
Hommes
Femmes
Les deux sexes
120
65/74 ans
75/84 ans
85 ans et plus
32,4
38,2
60,3
124,3
Hommes
100
80
Femmes
15,0
13,4
14,8
20,5
Ensemble
23,6
24,6
32,5
48,8
l À savoir
60
40
20
0
55/64 ans
Âge
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Champ : France métropolitaine – Source : Inserm, CépiDc
* Source : Études et résultats n° 488, mai 2006, DREES, consultable sur le site internet
www.sante.gouv.fr
100
• Le taux de suicides augmente avec l’âge, celui des tentatives diminue : les
personnes âgées optent pour des moyens radicaux. La pendaison est le premier
mode de suicide chez les hommes, quel que soit l’âge.
• En 2006, la cellule de prévention a suivi 33 dossiers, dont 16 nouveaux.
• Le comité technique de la cellule réunit un médecin psychiatre, une psychologue, une infirmière psychiatrique, une assistante sociale, une coordinatrice.
• La cellule peut aussi intervenir, dans le cadre du suicide d’un résident dans
une structure, auprès des professionnels ou des résidents, en proposant un
groupe de parole.
InterAction n° 52 • avril 2007 • 35 •
Adapei
SCOLARITÉ ET HANDICAP
Établissements spéciali
cherchent temps
1975-2005, trente ans
séparent les deux lois
sur la scolarisation des
enfants handicapés.
Que va apporter cette
nouvelle loi ? De quels
enseignements les
enfants bénéficient-ils
aujourd’hui ? Et doit on
souhaiter, demain, une
intégration systématique
en milieu ordinaire ?
Un point sur la scolarité
au sein de l’ADAPEI,
établissement par
établissement.
D
déficit de confiance en soi » explique Laurence
ans l’Ain, l’ADAPEI gère quatre instituts
Romeggio, directrice pédagogique de l’IME.
médico-éducatifs (IME), deux dans le
« Nous travaillons beaucoup sous forme de
secteur de Bourg-en-Bresse, un à Oyonnax et
classes coopératives, avec des projets. Le niveau
l’autre à Belley. Près de 400 enfants handicapés
y sont accueillis, en internat ou semi-internat.
va de la maternelle grande section au CE2. Et
Et moins d’un tiers bénéficient d’apprentissages
nous essayons d’individualiser au maximum
scolaires. Certains parce qu’ils ne sont pas en
les projets, avec une réévaluation de celui-ci au
âge scolaire. D’autres parce qu’ils n’en ont pas
moins une fois par an. » Parmi les élèves accueillis
les capacités. Mais pour une grande majorité,
par l’ADAPEI, un est scolarisé à l’extérieur, en
il s’agit plus d’une question de
d’enseignement général
« Un enfant sur deux Section
moyens, insuffisants pour mettre en
et professionnel adapté (SEGPA).
pourrait bénéficier Pour les autres, l’équipe a fait
place des temps d’enseignement à
destination de tous les enfants.
le choix de limiter les sorties en
d’enseignements
milieu ordinaire, « lorsque celles-ci
scolaires. »
ont un objectif de réussite, comme
D’un IME…
les
stages
AFPS*
ou les courses UNSS** » précise
Les quatre établissements, dans ce domaine,
la
directrice
pédagogique.
présentent une forte hétérogénéité.
À Oyonnax, à l’IME Les Sapins, il existe égaleAu sein de l’IME Georges Loiseau à Villereversure,
ment une unité d’enseignement, avec un seul
qui accueille des enfants de 12 à 18 ans préseninstituteur spécialisé. 103 enfants présentant
tant un déficit intellectuel léger ou moyen, il
un déficit intellectuel moyen ou lourd avec
existe une unité d’enseignement. Elle est compodes troubles associés du comportement sont
sée de 7 enseignants mis à disposition par l’Éduaccueillis, « dont la moitié pourrait bénéficier
cation nationale, et d’une directrice pédagogique.
d’apprentissages scolaires » affirme son diSur les 100 jeunes qui fréquentent l’IME, tous
recteur, Bernard Varinard. Au total pourtant,
sont donc scolariune vingtaine d’enfants seulement figure sur
sés. Les 12-14 ans
l’emploi du temps du maître, Jacques Clairmidy.
bénéficient d’une
Et parfois seulement pour une ou deux heures
scolarité à temps
hebdomadaires. « Nous avons une classe à la
plein, adaptée à
carte, dit le directeur, avec des petits groupes
leur problématiconstitués
par niveau autour de l’apprentissage
que, tandis que les
de
la
lecture.
» « Notre axe, confirme l’instituteur,
14-18 ans ont un
c’est
l’apprentissage
de la lecture, la lecture outil
enseignement en
essentiellement,
comme
lire une étiquette ou un
temps partagé, en
panneau.
Mais
aujourd’hui
c’est très frustrant car
alternance avec de
plusieurs
enfants
pourraient
intégrer un groupe
la formation prode
pré-lecture
si
l’IME
bénéficiait
d’un poste
fessionnelle. On y
supplémentaire.
Le
pire,
c’est
que
dès
qu’ils ont
fait des maths, du
16 ans, les enfants arrêtent la lecture du jour au
Au Prélion, deux éducateurs pallient l’absence d’enseignant, en proposant
français, des sciendes activités périscolaires.
lendemain, et qu’ils perdent tout ».
ces et de l’histoire
géographie, une fois que les enfants ont repris
… à l’autre
confiance en eux bien sûr, et en parallèle du
travail effectué avec les éducateurs. « Tous
Deux établissements, L’Armaillou à Belley et
les enfants, lorsqu’ils arrivent ici, sont en soufle Prélion à Bourg-en-Bresse, n’ont pas d’enfrance, en échec scolaire massif et avec un gros
seignant. Ils accueillent des enfants avec des
• 36 • InterAction n° 52 • avril 2007
sés
scolaires…
déficiences mentales moyennes à sévères avec
parfois des troubles associés (autisme ou psychose). Et pour leur scolarisation, il n’y a que la
« débrouille » ou bien les classes adaptées.
Au Prélion ainsi, depuis 2006, deux éducateurs spécialisés se sont formés, pour pallier
l’absence d’enseignant. Toujours à partir d’un
projet personnalisé, avec un programme à la
carte, les enfants qui le peuvent font un peu
de lecture, d’écriture, participent à des ateliers
de logique ou de mobilisation de la pensée.
Cinq groupes éducatifs ont accès, au quotidien,
à des activités dites périscolaires. Quelques
enfants sont également scolarisés en classe
d’intégration scolaire (CLIS) ou en unité pédagogique d’intégration (UPI), sur l’agglomération
burgienne. Mais beaucoup n’ont pas accès à de
véritables enseignements. « Nous n’avons même
pas les moyens de les évaluer efficacement,
pour éventuellement orienter certains vers une
scolarisation extérieure, regrette le directeur.
La création d’un poste d’enseignant au sein de
notre IME nous permettrait d’avancer ».
À Belley, c’est le même constat. « Ici, dit François
Deprés, directeur de l’IME, il y a beaucoup d’enfants qui restent sans possibilité d’enseignement
en interne, alors qu’ils peuvent apprendre. La
loi de février 2005 affirme que lorsqu’il n’est
pas possible de scolariser un enfant handicapé
en milieu ordinaire, il doit bénéficier d’une
scolarité en milieu spécialisé. Ce qui n’est pas
Du neuf pour 2007/2008
Depuis plusieurs années, l’ADAPEI demande
des créations de postes d’enseignant spécialisé
au sein de ses établissements. L’objectif pour
la rentrée 2007 était de disposer d’au moins un
enseignant par IME, grâce à une création de
poste et à un redéploiement interne. Depuis
quelques semaines, le verdict est tombé,
annoncé par l’inspecteur d’académie. Un
poste sera ouvert sur l’IME du Prélion, en
remplacement d’un poste existant à l’IME de
Villereversure. Celui qui était attendu à Belley
n’a en revanche pas été accordé.
possible aujourd’hui. »
Sur 78 pensionnaires,
sept sont scolarisés
en CLIS à l’école de la
Vieille Porte et 10 en
UPI au collège d’Artemare. Entre l’IME
et les deux CLIS de la
Vieille Porte, un véritable partenariat a
d’ailleurs été mis en
place, que voudrait encore renforcer François
Deprés. « Nous avons à l’IME une plate-forme
technique de qualité. L’Éducation nationale, de
son côté, offre ses compétences d’enseignement.
Je crois à la mutualisation des moyens, en dépit
de la complexité administrative » dit-il. Une
opinion que partagent Dominique Sahuc et
Hélène Mazaud, les deux enseignants de CLIS,
en évoquant les difficultés liées au dépistage
des déficiences des enfants. « L’école doit rester
l’école, confient-ils, mais ce qu’il faut protéger
avant tout c’est l’identité de chaque enfant.
La question que l’on doit se poser, aujourd’hui
et demain, c’est comment inscrire ces enfants
dans la dimension sociale ? »
À Oyonnax, les enseignements sont
axés sur la lecture outil.
• C.R.
*Attestation de formation aux premiers secours
**Union nationale des sports scolaires
Le handicap, les familles, l’école
La loi de 1975 édictait le droit à une éducation
pour tout enfant handicapé. La loi « pour
l’égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes
handicapées » du 11 février 2005 affirme aller
plus loin en disposant (article 19) que tout
enfant handicapé est de droit un élève, acteur
de ses apprentissages.
Les directeurs de structures d’accueil d’enfants
handicapés mentaux savent bien que l’école,
c’est le rêve de toutes les familles. Un rêve
bien légitime lorsque l’on est confronté à la
Les enfants de l’IME de Villereversure,
en stage AFPS.
différence et au regard des autres. Mais qu’en
est-il dans la réalité ? Ne vaudrait-il pas mieux
distinguer le handicap moteur du handicap
psychique ? Faut-il réellement laisser croire aux
parents que les enfants handicapés seront
tous des écoliers comme les autres ? Et estce bien toujours dans l’intérêt de l’enfant de
le remettre dans un milieu ordinaire qui l’a
généralement déjà rejeté ?
La loi dit que l’école est un droit pour tous.
Mais quelle école ?
InterAction n° 52 • avril 2007 • 37 •
Interlignes
Forum du bénévolat
Zoom sur la vie associative dans l’Ain
●
Jeudi 8 mars, journée de la femme, c’était aussi la journée du bénévolat dans l’Ain : le premier forum-rencontre
organisé par le CBPA, à la salle des fêtes de Bourg-en-Bresse, a attiré un large public.
Près de 9 000 associations actives, dont 1 400 associations
employeurs, plus de 500 nouvelles associations chaque année,
quelque 100 000 bénévoles réguliers ou occasionnels : extraits
d’une étude menée par le Cerphi*, ces chiffres démontrent
la vitalité de la vie associative dans l’Ain. En parallèle, une
autre étude montre que nombre d’associations éprouvent
des difficultés à recruter des bénévoles réguliers.
Promouvoir le bénévolat et aider les associations – sociales
et humanitaires notamment – à recruter et fidéliser, informer le grand public, et ouvrir le dialogue, tel était le but du
premier Forum du bénévolat organisé par le CBPA (Centre
du bénévolat des pays de l’Ain)**. La vaste salle des fêtes
de Bourg-en-Bresse n’a pas désempli de la journée, les 200
programmes imprimés ont vite été épuisés !
Stands associatifs, exposition Paroles de bénévoles, résultats
des enquêtes Panorama de la vie associative dans l’Ain et
L’opinion des responsables associatifs de l’Ain sur le bénévolat***, tables rondes sur le bénévolat tremplin vers l’emploi
et sur l’exercice du bénévolat aujourd’hui et le recrutement Les deux tables rondes ont fait salle comble.
de bénévoles : la journée a été riche d’enseignements sur le
Ce jeudi-là, en tout cas, l’accueil était convivial. Et les premières
pourquoi et le comment du bénévolat. Des témoignages forts
ont convaincu, si besoin était, des vertus du bénévolat qui redonne réactions des participants, acteurs associatifs, partenaires ou simples
confiance en soi, permet d’utiliser et renforcer ses compétences, et visiteurs, incitent à reconduire la rencontre l’année prochaine.
Deux jours plus tard, le 10 mars, à la maison des syndicats, c’était
ainsi ouvre des pistes de retour à l’emploi salarié.
au tour des jeunes de témoigner de leur engagement associatif et
humanitaire, et d’exposer les divers dispositifs du bénévolat et du
Accueillir et fidéliser
Conseiller scientifique de France Bénévolat, auteur d’une étude sur le volontariat, lors d’un forum Déclic’solidaire, organisé par des étudiants
bénévolat comme facteur d’employabilité, Dominique Thierry a souligné en licence professionnelle Management des associations. La rencontre
également l’importance de l’accueil au sein des associations. Directeur était certes plus modeste mais non moins riche d’ouvertures. Elle est
du CBPA, Yves Le Pecq confirme : « Les associations se plaignent de aussi à renouveler.
• A.P.
leurs difficultés à recruter mais ne s’interrogent pas sur comment être
accueillantes, motiver, fidéliser les bénévoles ! Certaines offrent des
d’étude et de recherche sur la philanthropie
conditions meilleures que d’autres pour l’exercice du bénévolat ». Les ***Centre
En partenariat avec le CEUBA (Centre universitaire de Bourg et des pays de l’Ain), l’association
EPI, L’agglo, la Maison des étudiants et le Bureau information jeunesse.
formations à l’accueil seraient peut-être à relancer…
*** Disponibles sur le site www.cerphi.org
l Ils ont dit
« Environ 30 % des bénévoles accueillis au CVPA sont des demandeurs
d’emploi. Parmi eux, 20 % sont des “stratèges” : ils viennent parce qu’ils savent
que le bénévolat va les aider dans leur recherche d’emploi ; 40 % sont des
“découvreurs”, sans idée précise ; 20 % sont des habitués du bénévolat, ils
ne voient pas forcément le lien avec leur recherche d’emploi ; 20 % viennent
parce qu’il y a de la lumière, pour sortir de leur isolement. »
Dominique Thierry, vice-président de France Bénévolat
« Les associations sont des gisements de valeur ajoutée humaine. »
Jean-François Debat, conseiller régional
Au forum Déclic’solidaire, les jeunes ont témoigné de leur expérience
associative.
• 38 • InterAction n° 52 • avril 2007
« Le bon équilibre dans une association qui a délégation du service public
de l’emploi, c’est 80 % de salariés / 20 % de bénévoles. »
Hubert Guillet, directeur de l’association EPI (Espace projet d’insertion)
Interlignes
l L’OPAC se branche
l Les CUCS succèdent aux contrats de ville
La convention a été signée le 8 mars.
Le Syndical intercommunal d’électricité du département de l’Ain (SIEA) et
l’OPAC ont signé en mars une convention de partenariat définissant quatre
actions prioritaires à mener : optimiser les consommations d’énergie sur les
parties communes, réfléchir aux choix techniques et énergétiques dans le cadre
d’opérations nouvelles et de grosses réhabilitations, valoriser les certificats
d’économie d’énergie obtenus en contrepartie de travaux d’isolation ou de
chauffage, réfléchir sur la réalisation d’opérations énergies renouvelables ou de
production d’électricité sur le patrimoine existant. Les partenaires s’engagent
pour trois ans. Un comité de suivi se chargera tous les ans d’établir un bilan
des actions engagées.
l Top départ pour le Rallye emploi
Le 1er janvier, les Contrats
urbains de cohésion sociale (CUCS) ont succédé aux contrats de ville.
Élaborés en partenariat*
et signés pour 3 ans, ces
nouveaux outils visent,
dans la continuité des
précédents, à favoriser
l’égalité des chances
entre tous les habitants
et rattraper les retards
© Studio Herwey
de développement des
Parmi les quartiers soutenus en priorité : le quartier
quartiers en difficulté.
Croix-Blanche, à Bourg-en-Bresse.
Nouveautés : une approche plus territoriale et la possibilité de financements pluriannuels.
S’appuyant sur des indicateurs nationaux, une géographie prioritaire a été
établie : les quartiers classés en priorité 1 et 2 bénéficient des crédits spécifiques
politique de la ville, tandis que le niveau 3 requiert une simple mobilisation
des crédits et moyens de droit commun.
Trois agglomérations sont concernées dans l’Ain : Bellegarde, Bourg-en-Bresse
et Oyonnax. Sont classés en niveau 1, à Bourg, les quartiers Reyssouze, Pont
des Chèvres, Croix-Blanche, et à Oyonnax, La Plaine et La Forge.
L’approche thématique n’est pas oubliée. Sur chaque territoire, des priorités
d’action sont définies. Thèmes récurrents : l’habitat et le cadre de vie, l’emploi et
l’insertion, l’éducation et la parentalité, la prévention de la délinquance. L’objectif
transversal restant l’intégration et la lutte contre les discriminations.
* État, villes, EPCI (établissements publics de coopération intercommunale), Conseil général,
Conseil régional, CAF, bailleurs sociaux.
l Sécurité 2006 : un bilan contrasté
© Mission locale jeunes
Lors de la préparation avant le départ du Rallye emploi 2006.
Depuis six ans, les trois Lions Club de Bourg et ses partenaires* organisent
le Rallye emploi. Le 22 mai prochain, une centaine de demandeurs d’emploi
volontaires partiront de la salle des fêtes de Bourg-en-Bresse, par équipes de
deux ou trois, pour visiter plus de 600 entreprises du bassin de Bourg. Objectif :
récolter le maximum de promesses d’embauches qui seront réservés aux
participants pendant 15 jours, avant d’être consultables à l’ANPE. L’opération
est ouverte à tous les demandeurs d’emploi, inscrits ou non à l’ANPE. Au-delà
de la possibilité de retrouver un travail, cette action vise avant tout à mobiliser
les participants à la prospection directe en entreprise, leur donner l’envie de
contacter les décideurs et les inscrire dans une démarche dynamique.
En mai 2006, les « rallyemen » avaient récolté 289 promesses d’emploi. 155
se sont transformées en offres, dont 121 étaient pourvues à la mi-août. Sur
les 98 participants, 58 avaient plus de 36 ans, 67 étaient des femmes. Sur les
70 % recontactés en début d’année, 70 % étaient en emploi, 80 % estimaient
avoir été « reboostés », 90 % avaient un retour positif sur l’action.
Tél. 04 74 23 38 77 (ANPE)
ou 04 74 45 35 37 (Mission locale jeunes)
* L’agglo, l’ANPE, la Mission locale jeunes, la Chambre de commerce et d’industrie, la Chambre
de métiers, la CGPME, le MEDEF de l’Ain, la Ville de Bourg, l’association EPI (espace projet
insertion), le réseau d’insertion des femmes, Bresse diffusion et PO Infor.
Une baisse de 8,9 % de la délinquance sur voie publique, de
7,1 % de la criminalité organisée
et de la délinquance spécialisée,
mais une hausse des violences
contre les personnes de 9,1 %
et de 32,6 % de la délinquance
économique et financière : le bilan
2006 de la sécurité publique se
révèle contrasté.
Au total, la délinquance poursuit sa
baisse : 3 925 faits en moins depuis
2002 (- 14,42 %, - 9,44 % en
France). Avec un taux de criminalité
de 42,49 pour 1 000 habitants,
l’Ain se classe à un rang honorable :
59e sur 96 départements. Côté
positif, les attaques aux biens
(cambriolages, vols d’automobiles,
vols à la roulotte) diminuent. Côté
négatif, les violences physiques,
sexuelles, et menaces de violences
augmentent.
La part des mineurs dans le total
des mis en cause s’élève à 19,4 %
(18,3 % en France), soit une hausse
de 28,3 % en un an. 40,6 % des
mis en cause pour des infractions
de délinquance de voie publique
sont des mineurs.
Le taux d’élucidation global, en
hausse depuis 5 ans, s’élève à
33,1 %. Objectif 2007 : 35 %.
Côté sécurité routière, les actions
de prévention et répression portent
leurs fruits : le nombre d’accidents
de la route a chuté de 834 en 2002
à 541 en 2006, soit une baisse de
10,4 %. Le nombre de tués a même
atteint un « record » historique :
depuis les premières statistiques
des années 75, il n’a jamais été
aussi faible (68 en 2006). Une
baisse à poursuivre…
[email protected] : c’est l’adresse mail sur laquelle vous pouvez nous écrire pour nous faire part de vos réactions de
lecteur, apporter une contribution à un de nos articles ou proposer un sujet.
InterAction n° 52 • avril 2007 • 39 •
Bourg Habitat
VIE DES QUARTIERS
Des animations
Les fêtes de quartiers réunissent tous les habitants
autour d’activités diverses et conviviales, pour petits et
grands.
Tout au long de l’année
et dans tous les quartiers,
Bourg Habitat et ses
partenaires proposent,
en lien étroit avec
les habitants, des
animations festives,
sportives, culturelles
et artistiques.
C
aînés répètent leur pièce sur la vie du quartier.
onstruire des logements adaptés aux
La Z Compagnie accompagne les habitants dans
besoins et les mettre à disposition des
un spectacle vivant. D’autres participent à des
personnes aux revenus modestes. C’est la voateliers percussions de la MJC. Les habitants
cation de tout bailleur social. À Bourg Habitat,
préparent aussi une exposition-témoignage.
l’action ne s’arrête pas là. Il y a déjà plus de
Le premier samedi, le festival de jazz de la ville
dix ans, l’office municipal s’associait au centre
passera par la Reyssouze. Et le deuxième, le
social et à divers partenaires pour la première
festival Interfolklores traversera le champ de
fête de quartier. « Depuis des années, la fête de
foire pour rejoindre la fête. Ce jour-là, le Vélo
la Reyssouze est vraiment un temps fort pour
club bressan et les jeunes sportifs résidant aux
toute la ville. Autrefois, la Renaissance ouvrait
Trois Saules proposeront démonsla fête dès le matin avec le lâcher
de ballons, qui existe toujours mais « Un temps fort pour trations et initiations.
a changé de site » rappelle MarieMais la fête n’est qu’un des volets
toute la ville. »
Claude Desfarges, présidente de
des animations proposées par
Bourg Habitat. Aujourd’hui, l’exemBourg Habitat. Balcons fleuris,
décorations de Noël, concours de création
ple a fait des petits : les Vennes, Terre des fleurs,
artistique : toutes les occasions sont bonnes
le Pont des Chèvres, la Croix Blanche et le Canal
pour dynamiser la vie locale, faire se rencontrer
ont aussi leur fête, organisée avec, par et pour
les habitants, créer du lien social… et montrer
les habitants, en début d’été.
que, quand on vit dans un « quartier », on peut
Au fil des ans, la fête de la Reyssouze a changé
réussir et s’épanouir !
de site et le rendez-vous 2007 retournera sur le
site originel. « Les nombreuses actions menées
• A.P.
dans le cadre de l’opération de renouvellement
urbain donneront à l’événement une dimension
d’ouverture. Ce sera un festival sportif et culturel,
émanant des habitants sous l’égide de la Ville de
Bourg, du centre social et de la MJC. »
Dynamiser la vie locale
La fête s’étalera sur deux samedis, les 30 juin et
7 juillet. Ouverte à tous, elle sera multiculturelle
et intergénérationnelle. Et particulièrement
sportive en juillet… Tour de France oblige !
Tout le monde met la main à la pâte. Les contes
imaginés par les enfants seront de la partie. Les
Autre saison, autre concours, mais même
état d’esprit : depuis deux ans, Bourg
Habitat invite à rivaliser autour des
décorations de Noël. Une soixantaine
de locataires jouent déjà le jeu, faisant
briller de mille lumières leurs fenêtres,
façades et terrasses bien au-delà du
traditionnel 8 décembre. Remise des prix
au printemps, avec annonce du concours
de fleurissement.
• 40 • InterAction n° 52 • avril 2007
En 2003, Bourg Habitat a convié tous ses locataires
à dévoiler leurs talents artistiques. Près de 70 ont
participé à ce premier concours de création (peinture,
sculpture, dessin, photo, écriture), qui a donné lieu
à une conviviale remise de prix et à une série de
mini-expositions dans les agences. L’expérience est à
renouveler.
Interlignes
l Un pass’âge actif à Hauteville
l Partenariat MSA / Familles rurales
Depuis cinq ans, à Hauteville, l’espace municipal petite enfance et l’école
maternelle voisine développent, en accord avec les parents, des échanges
actifs permettant de faciliter le passage de la crèche à l’école… et vice-versa.
« Tous les matins, j’emmène ceux qui en ont envie dans une classe du 1er
cycle, pendant une heure. Les plus grands peuvent rester la matinée » explique
Anna Pinelli, responsable pédagogique de l’Espace petite enfance.
Éducatrices petite enfance, directrice, enseignantes et ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) de l’école : les équipes de personnel des deux structures
participent pleinement à
l’expérience. Celle-ci se
révèle positive dans les
deux sens : d’une part,
elle permet aux tout-petits
de préparer leur entrée
en maternelle et donc de
mieux s’y intégrer ; d’autre
part, elle permet aux plus
jeunes écoliers de venir se
réconforter un moment
chez les tout-petits, en
Le passage sécurisé reliant l’espace municipal
cas de fatigue ou d’apprépetite enfance à l’école maternelle facilite les
hension de l’école.
échanges entre les deux structures.
Depuis l’automne, le passage entre les deux structures est sécurisé par un escalier fermé par des barrières
de bois. Aménagé par la municipalité, ce « pass’âge » les reliant officiellement
a été inauguré le 16 mars. Une première étape vers un véritable pôle petite
enfance pour les 0/6 ans en projet, mené en partenariat avec la commune et
l’Éducation nationale.
l Un centre pour une 2e chance
Un centre « Défense, 2e chance », placé sous la double tutelle des ministères
de la Défense et de l’Emploi, la cohésion sociale et le logement, a ouvert
à Ambronay le 20 février. Installé dans les anciens locaux de l’ESCAT (établissement spécialisé du commissariat de l’Armée de terre), il dispose de 40
places pour accueillir, en internat, des filles et garçons, de 18 à 21 ans, en
difficulté scolaire et risque de marginalisation. Tous volontaires, ils signent
un contrat de 6 mois à 2 ans, répondant à un projet éducatif global, avec
une formation visant une insertion professionnelle durable. Une allocation
mensuelle de 140 € leur est versée, auxquels s’ajoutent à partir du 3e mois
160 €, capitalisés et remis en fin de formation.
Tél. 01 47 71 48 88
Le mouvement Familles rurales rassemble au niveau national près de 180 000
familles adhérentes.
Partenaires depuis de nombreuses années, la MSA et la fédération départementale
Familles rurales ont signé en janvier dernier une convention officialisant leur
engagement mutuel pour 6 ans. Basé sur une valeur commune, la solidarité,
et sur une volonté partagée de dynamiser le milieu rural, le partenariat pluriannuel 2006-2011 porte sur cinq thèmes d’actions prioritaires : l’accueil du jeune
enfant, les loisirs éducatifs, la conciliation vie familiale / vie professionnelle ;
la parentalité ; les jeunes ; la santé et la prévention des conduites à risques ;
la communication aux familles et aux associations.
La MSA versera une aide financière de 7 300 € pour les exercices 2006, 2007
et 2008 et pourra accorder des subventions complémentaires.
Dans l’Ain, Familles rurales réunit 35 associations, soit 1 750 familles adhérentes.
Le réseau compte 10 centres de loisirs (+ une ouverture prévue à l’automne à
Injoux-Génissiat), 16 accueils périscolaires (+ 1 en projet à Sergy), 8 haltesgarderies et crèches, 2 relais assistantes maternelles, 4 associations d’activités
de loisirs, 1 école de musique, et est labellisé Point d’appui « Envie d’agir »
par la Direction départementale de la Jeunesse et des sports.
La fédération mène des actions d’accompagnement de projets, propose des
formations pour les bénévoles (gestion d’une association) et les salariés (petite
enfance, enfance et jeunesse), organise des soirées d’information sur des
thèmes liés à la parentalité, l’adolescence… Un nouvel axe d’action se profile
en 2007 : développer des services à la personne (garde, soutien scolaire…)
complémentaires à ceux déjà présents sur le département.
l Un mois à Belo Horizonte
Chaque année, la fondation Rotary invite des jeunes
de 25 à 29 ans, non rotariens, en activité et ayant
deux ans d’expérience professionnelle – de tous
métiers – à participer à un échange actif avec un
pays étranger. Accompagnés d’un rotarien, les candidats sélectionnés séjournent un mois, en avril/mai,
dans une famille d’accueil. Au programme : des
visites et rencontres, et une journée de découverte
professionnelle par semaine. Le coût du voyage est
pris en charge par la fondation. Les participants
n’ont à payer que l’assurance et leur passeport.
Connaître la langue du pays est exigé mais une aide
est apportée pour des cours de perfectionnement.
Les Rotary clubs locaux parrainent les candidats
au départ et reçoivent les visiteurs. Car l’échange
est à double sens : en parallèle, de jeunes étrangers
• 42 • InterAction n° 52 • avril 2007
sont reçus un mois en France.
En 2006, l’échange de groupe d’études organisé
par le district 1710 (Ain, Loire, Rhône) a permis à
quatre jeunes de découvrir le Nouveau-Mexique ;
en 2007, ils étaient cinq à séjourner en Oklahoma.
En 2008, destination Belo Horizonte, au Brésil. Avis
aux intéressés : les candidatures sont ouvertes, pour
une sélection en novembre.
« C’est une véritable découverte professionnelle et
ethnique, tous les participants reviennent enthousiastes, souligne Éric Perret, du Rotary club Bourg
Jacobins. Participer à un échange, c’est ouvrir ses
yeux et son cœur, donner autant que recevoir,
voir le monde comme il est vraiment, aimer et
comprendre les hommes qui le composent ». Un
seul regret, déplore l’organisateur : « Les employeurs
Cinq jeunes Français ont été invités à séjourner un
mois en Oklahoma.
ne sont pas toujours prêts à accorder un mois de
vacances à cette période ».
Tél. 04 74 51 41 14 ou 06 68 26 08 59
[email protected]
Interlignes
l Du nouveau à l’hôpital local de Thoissey
l Bugey’expo : accent sur l’emploi
En décembre 2006, l’hôpital local de Thoissey a ouvert deux places d’accueil de
jour pour malades d’Alzheimer. L’accueil se fait à la journée ou demi-journée,
avec ou sans repas, du lundi au samedi.
Créée en 2005, avec le soutien de la DRAC* et l’ARH** dans le cadre des
actions « Culture
à l’hôpital », une
chorale réunit une
vingtaine de résidants, deux fois
par mois, sous la
baguette du chef
de chœur Roland
Meneguz. Après
s’être produite une première fois en spectacle le 4 décembre 2006 dans
l’établissement, une nouvelle représentation est en projet, en échange avec
la chorale de l’Amitié (Saint-Didier-sur-Chalaronne).
Tél. 04 74 04 99 00
Organisé par l’Union des commerçants de Belley (UCAB) et la Chambre de
métiers et de l’artisanat de l’Ain, le 4e salon Bugey’expo, les 20/21 avril, au
boulodrome de Belley, met l’accent sur l’emploi. Au programme : des informations sur l’apprentissage et sur la VAE (validation des acquis de l’expérience)
et un forum des métiers.
Tél. 04 74 47 49 44
* Direction régionale des affaires culturelles.
** Agence régionale de l’hospitalisation.
l Une pyramide solidaire
20 000 boîtes de conserves pleines formant une pyramide de 5,86 m de hauteur, redistribuées ensuite aux personnes en difficulté : l’originale opération
de solidarité lancée par le comité du Secours populaire d’Ambérieu en 1996,
soutenue par 42 communes et 65 écoles, avait été couronnée de succès.
L’association relance le projet en 2007. Déjà 48 communes et 72 écoles se
sont déclarées partenaires. En mars, une dizaine de réunions publiques ont
invité les habitants à apporter leur pierre à l’édifice.
La pyramide sera érigée les 1er et 2 juin, à l’Espace 1500 d’Ambérieu, lors d’une
fête de la solidarité animée le samedi par les associations musicales et sportives
locales. Le record de 1996 est à battre. Les boîtes complèteront ensuite les colis
alimentaires distribués chaque mardi et vendredi à près de 70 bénéficiaires
(personnes seules ou familles). Les personnes souhaitant aider à l’édification
de la pyramide et l’organisation de la fête seront les bienvenues.
À noter : depuis janvier, les colis comprennent aussi des produits frais, collectés
chaque jour par les bénévoles auprès d’une grande surface qui a proposé de
les donner à quatre jours de la date de péremption.
Tél. 04 74 38 02 14 (M. Lyaudet)
[email protected]
l Un transport à la demande à Belley
En novembre 2004, le centre social
(ALFA3A) de Belley lançait un premier
service de transport à la demande,
ouvert aux habitants de la ville. En
2005, l’expérimentation s’est étendue
à 7 puis 11 autres communes. Le
service compte plus d’une centaine
d’utilisateurs, essentiellement des
personnes âgées, et effectue près de
250 déplacements (aller-retour) par
mois. Les personnes sont prises en
charge et ramenées à domicile.
Depuis mars, ce service est proposé
par la communauté de communes
Belley Bas-Bugey, qui l’a confié après Le centre social s’est équipé de deux
appel d’offres au centre social. Il est véhicules supplémentaires, de 9 et 5
ouvert aux personnes âgées et aux places.
personnes handicapées ou à mobilité réduite, du lundi au vendredi, de 8 h 30
à 12 heures et de 13 h 30 à 18 heures, sur les 23 communes du territoire. Il
suffit de réserver par téléphone, au plus tard 48 heures à l’avance. Les tarifs
vont de 1,50 € à 5 €.
Tél. 04 79 81 26 56
l Un « café des âges » à Bourg
Le 27 avril, à 18 heures, le centre social des Vennes, à Bourg-en-Bresse,
organise un premier « café des âges », moment de rencontre et débat sur la
question du vivre ensemble entre générations dans notre société. Le café sera
illustré : dès janvier, les habitants étaient invités à envoyer des photos de deux
personnes ayant une différence d’âge de 40 ans ou plus, afin de réaliser une
exposition-diorama. Projetées ce soir-là, les photos seront ensuite exposées
jusqu’au 5 mai puis éventuellement dans d’autres lieux.
Tél. 04 74 21 71 86 – http://perso.orange.fr/les.vennes
l Maîtriser les dépenses de santé
• Deux ans après la signature de la convention médicale
préconisant de « soigner mieux en dépensant mieux »,
la CPAM de l’Ain dresse à nouveau un bilan positif
avec une économie réalisée de 2 M€, s’ajoutant aux
5 M€ déjà économisés en 2005. Cette maîtrise des
dépenses a été possible grâce à la sensibilisation des
médecins sur 8 postes de dépenses (affections longue
durée, arrêts de travail, antibiotiques, anxiolytiques
et hypnotiques, statines, médicaments antiulcéreux,
médicaments génériques, transports).
• Depuis décembre 2006, un service téléphonique
renseigne les assurés sur les tarifs des professionnels
de santé, des établissements et des autres professions
sanitaires, transporteurs ou fournisseurs : Info soins,
08 20 904 122.
• Une campagne de renforcement des contrôles des
arrêts de travail et de chasse aux abus a été lancée
en 2006. Neuf mesures de suppression d’indemnités
journalières ont été prononcées (pour des départs
illicites à l’étranger notamment), quatre plaintes sont
en cours d’instruction pour du travail pendant une
période indemnisée et de nombreux avertissements
ont été donnés. Autre constat : les abus, individuels
et isolés, deviennent des fraudes, collectives et organisées, parfois menées par de véritables organisations
crapuleuses. La CPAM et d’autres organismes (Assedic,
CAF, URSSAF, etc.) se sont engagés dans une lutte
commune contre ces fraudes.
En 2007, la CPAM poursuit le renforcement de ses
contrôles, avec une attention particulière au secteur
des transports, qui coûte chaque année 17 M€.
Les médecins ont été sensibilisés sur divers postes de
dépenses, afin de « soigner mieux en dépensant mieux ».
© CNAM
InterAction n° 52 • avril 2007 • 43 •
Vu d’Europe
SYSTÈME JUDICIAIRE ACCUSATOIRE CONTRE SYSTÈME INQUISITOIRE
Mixed salad
En matière de justice,
les pays européens ont
beau s’enraciner dans
des cultures différentes,
ils évoluent lentement
vers des régimes mixtes,
chacun s’efforçant de
compenser ses faiblesses
en piochant dans les
recettes des autres.
Car l’objectif commun
est d’assurer une justice
équitable.
« Pauvre » justice…
L’Union européenne a réalisé la
première étude comparative des
systèmes judiciaires européens,
qu’elle a publiée en octobre
2006.*
La France se distingue par les
faibles moyens financiers attribués à la Justice et par la lenteur
du traitement des affaires, mais
aussi par l’importance de l’aide
judiciaire et le libre accès à la justice civile. Partout ailleurs qu’en
France, qu’en Espagne et qu’au
Luxembourg, des frais doivent
être acquittés par un usager avant
d’engager une procédure.
Disponible sur le site du Conseil
de l’Europe, www.coe.int/cepej
*effectuée par la Commission européenne pour
l’efficacité de la justice (Cepej).
• 44 • InterAction n° 52 • avril 2007
point de vue judiciaire
D’ unautant
que géographique,
une mer sépare le Royaume-Uni
et la France. Les pays anglo-saxons
ont un système basé sur la « common law », où le droit s’appuie
sur un petit nombre de lois et se
construit essentiellement par la
jurisprudence. En France et dans
le reste de l’Europe (continentale),
c’est le système très réglementaire
de la « civil law » qui prévaut, les
juges interprétant et appliquant
un ensemble de lois. Autant dans
les pays scandinaves, le droit reste
néanmoins peu codifié, autant en
© Hervé Jardin
France, le principe législatif a été
appliqué avec frénésie puisque
notre droit distingue aujourd’hui environ 5 500
délits différents et près de 450 crimes. « Notre
société est une société “pénalisée”, où le principe
est celui de l’interdiction », constate Michel Gaget,
juge au TGI de Saint-Étienne.
Pays de common law et pays de civil law s’opposent également en matière pénale : système
accusatoire contre système « inquisitoire ». Dans
le premier, le procès est mené à la barre entre
les magistrats du parquet et les avocats, avec
un juge arbitre et garant de la procédure. Dans
le système inquisitoire à la française, le juge est
beaucoup plus actif, il conduit les investigations
et se doit d’instruire l’affaire « à charge et à
décharge ».
La vérité, but ultime
Souvent mis dos à dos, ces deux systèmes judiciaires ne sont pourtant pas étanches et, au
sein de l’Europe, les emprunts mutuels ont laissé
place à des systèmes mixtes. Le droit au silence
et le jury populaire sont de purs produits de la
tradition de la common law, alors que la garde à
vue, introduite en Angleterre en 1984, est typique
de la procédure pénale française.
Vu d’outre-Manche, le système français souffre
cependant de certains défauts typiquement
hexagonaux, tels sa lenteur et la trop grande
proximité avec le pouvoir politique. Ainsi, les
délais excessifs entre la fin de l’instruction et
l’audience ont été soulignés dans une enquête
comparative des systèmes judiciaires européens
(voir encadré).
À l’inverse, le système français a des vertus, soulignées par un professeur de droit à l’Université
de Cambridge, J.R. Spencer. La procédure pénale
est clairement orientée sur « la manifestation
de la vérité », grâce notamment à une enquête
préliminaire organisée. Dans les pays de common
law, « le seul devoir du tribunal est de décider
si la partie poursuivante a pu le convaincre du
bien-fondé de son accusation ». Sur ce point,
la procédure britannique est en train de se
« franciser ».
Intime conviction
Le principe de l’intime conviction est un autre
fondement du système judiciaire français. « Le
juge pénal a l’obligation d’apprécier les preuves
qui lui sont présentées. » Ainsi, l’aveu n’est qu’une
preuve parmi d’autres. Considéré comme une
garantie de bonne justice et de démocratie, ce
principe implique que ni la culpabilité ni la peine
ne sont négociables. La procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité,
instaurée par la loi du 9 mars 2004 et inspirée
du « plaider coupable » américain, a donc logiquement suscité des débats enflammés.
• A.B.
Interlignes
Scandaleuse lenteur
La France est confrontée à l’exigence de parvenir à accélérer le traitement des affaires civiles et pénales. Un exemple : les procédures
de licenciement et de divorce sont en France parmi les plus longues
d’Europe. En matière pénale, certains magistrats s’interrogent :
pourquoi ne pas instaurer un système où le prévenu pourrait plaider
coupable ou non à la fin de l’instruction, en fonction de la force des
preuves accumulées ? Cela éviterait de reprendre en audience tout ce
qui concerne la mise à jour de la culpabilité. Une façon intelligente
de reprendre « le meilleur du système anglo-saxon ».
l Du nouveau à la rentrée scolaire 2007
Dimension européenne
Depuis une vingtaine d’années, le système judiciaire français doit
intégrer la dimension européenne. Ainsi, depuis 1981, tout citoyen
français peut faire un recours directement devant la Cour européenne
des droits de l’homme qui siège à Strasbourg, pour ester contre l’État.
Il peut notamment faire valoir la notion de « délai raisonnable » pour
un procès ou le fait qu’un procès ne lui paraît pas équitable.
En Angleterre, il est interdit pour un magistrat d’adhérer à un parti
politique et de participer publiquement à ses activités.
L’Italie, de tradition « civil law », a adopté en 1989 une procédure
accusatoire. Mais sa mise en œuvre n’est pas simple.
En Allemagne, la « rétention provisoire » ne peut être ordonnée que
si la personne est très sérieusement soupçonnée et qu’il existe un
risque majeur d’entrave à l’enquête. En Espagne, tout interrogatoire
d’une personne gardé à vue se fait en présence d’un avocat.
Le principe de l’opportunité des poursuites est une particularité
française. C’est au procureur de juger si la plainte ou le procèsverbal justifie une poursuite ou un classement. Depuis que la règle
d’une réponse judiciaire à chaque infraction a été affirmée par le
gouvernement, le procureur motive chaque décision de classement
sans suite.
Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité
Instaurée par la loi du 9 mars 2004, cette procédure permet au
procureur de la République, pour des délits punis jusqu’à 5 ans d’emprisonnement, de proposer une ou plusieurs peines à une personne
majeure qui reconnaît sa culpabilité. La peine proposée peut être un
emprisonnement, d’un an maximum, et sans dépasser la moitié de
la peine encourue. Cette procédure visait en grande partie à soulager
l’encombrement des audiences correctionnelles.
La carte des systèmes judiciaires dans le monde
« Mieux répartir les moyens, dans un souci de solidarité et d’équité ».
La volonté de Jean-Paul Vignoud, inspecteur académique de l’Ain *, se
traduit, pour la rentrée scolaire 2007, par divers ajustements :
– création de 3 nouvelles UPI (unités pédagogiques d’intégration, pour
l’accompagnement des élèves en situation de handicap, en collège et
lycée) et 4 dispositifs relais (pour l’accueil temporaire des élèves en
rupture avec l’institution scolaire) ;
– transfert de places de CLIS (classe d’intégration scolaire) de Bourg à
Pont-d’Ain afin de répondre à la demande sur le secteur d’Ambérieu,
transfert d’un poste en IME (institut médico-éducatif) de Villereversure
à Péronnas ;
– création d’une école maternelle à Ars-sur-Formans, d’un RPI (regroupement pédagogique intercommunal) Apremont/Charix, et fusions
d’écoles dans divers secteurs ;
– création de 6 classes bilangues (55 déjà existantes), 11 sections européennes, 6 sections sportives et ouvertures d’options latin et grec.
Ces mesures s’accompagnent de formations de personnel et création de
postes supplémentaires : 4 affectés aux dispositifs relais, 1 médecin, 2
infirmières, 15 professeurs des écoles, 6 professeurs en UPI et dispositifs
relais, 3 pour les réseaux d’aide spécialisée (+ 7 sous réserve), 3 pour les
unités d’enseignement en établissement spécialisé, 1 pour les TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement)
et postes « langues vivantes » allemand et italien. Afin d’accompagner
les élèves, notamment ceux en situation de handicap, 246 recrutements
en contrats aidés sont prévus.
Dans le second degré, 13,6 postes d’enseignants sont supprimés (4 liés
à l’évolution démographique et 9 à la régulation des décharges de service
au prorata du pourcentage d’élèves). Le nombre d’élèves continue en
effet à diminuer dans les collèges et lycées, alors qu’il augmente dans
le 1er degré.
* et coordonnateur académique pour la scolarisation des élèves en situation de handicap.
Les décisions pour la rentrée sont prises par l’Inspection d’académie, après consultation
du CDEN (Conseil départemental de l’Éducation nationale) qui réunit des parents, des
élus, des représentants syndicaux…
l Un PIJ pour la Côtière
Légende :
● civil law
● common law
● droit coutumier
● droit musulman
● common law et civil law
Un Point information jeunesse a ouvert en février, au centre social de
Saint-Maurice-de-Beynost. Créé à l’initiative des communes de Beynost,
Miribel et Saint-Maurice, il permet aux jeunes de s’informer sur les métiers et formations, le logement, la santé, les loisirs, la vie pratique etc.
Animé par Franck Guscioni, le PIJ est équipé d’un coin cyber de 7 postes
informatiques.
Une journée spéciale Jobs d’été est prévue en avril/mai.
Tél. 04 78 55 53 30
InterAction n° 52 • avril 2007 • 45 •
Interlignes jeunes
l Ambassadeurs d’avenir
l Afri-Carriat énergie
Installée depuis mi-décembre dans
des locaux neufs mis à disposition par la Communauté de communes de Miribel et du Plateau
(CCMP), la Mission locale jeunes
de la Côtière* mène une démarche
active de sensibilisation des entreprises à l’emploi des jeunes. Déjà
près d’une cinquantaine de chefs
d’entreprises, de tous secteurs et
Les nouveaux locaux permettent
toutes tailles, se sont engagés à
d’accueillir au mieux les jeunes et les
être des « ambassadeurs d’avenir »,
entreprises.
c’est-à-dire à faire découvrir aux
jeunes les métiers, les accueillir en formation ou stage de découverte, les
aider à construire un parcours professionnel, à tester leurs compétences et à
s’orienter. Un dispositif de parrainages est en projet, ainsi que des rencontres
thématiques jeunes/entreprises.
« Le CARED (contrat d’aide et de retour à l’emploi durable) est un outil à
développer, indique Emmanuelle Broyer, responsable de la MLJ. On peut aussi
aider les entreprises à demander des formations spécifiques financées par
la Région grâce au Contrat territorial emploi formation (CTEF). » Objectif
final : faire coïncider les offres et les demandes d’emploi sur le secteur, en
amenant les jeunes et les entreprises à mieux se connaître, loin des idées
fausses et des préjugés.
Tél. 04 72 88 08 88 – www.mljetvous.com
Depuis quatre ans, des élèves de la filière Électrotechnique du lycée professionnel Carriat (Bourg-en-Bresse) s’investissent dans le projet « Du soleil pour
de l’eau » au Burkina Faso. Les actions sont très concrètes : conception et
installation de pompages solaires, fontaines et adductions d’eau. Un chantier
se déroule sur place tous les deux ans. Le prochain, en février 2008, permettra
d’équiper un orphelinat d’un pompage solaire.
Afin de pérenniser l’action, soutenue par des partenaires privés et institutionnels,
une association a été créée en novembre 2006 : Afri-Carriat énergie.
Tél. 04 74 22 48 57 (Régine Dubois, présidente)
* Antenne de la MLJ de Bourg-en-Bresse, elle a pour secteur les communautés de communes
de Miribel et de Montluel (où se déroulent des permanences).
Les lycéens à l’œuvre sur le terrain.
l Bienvenue aux Juniors associations
l Un blog pour les jeunes de l’Ain
Depuis 1998, les groupes de mineurs
ayant un projet peuvent constituer une junior association afin
de le mettre en œuvre en toute
autonomie (y compris de gestion,
l’ouverture d’un compte bancaire
étant possible, avec autorisation de
deux parents). L’habilitation, accordée pour un an (année scolaire),
peut être renouvelée.
Le dispositif du Réseau national
des juniors associations est relayé
sur le terrain par la Ligue de l’enseignement, les centres sociaux et les
MJC. Depuis sa création, un millier de juniors associations ont été habilitées en
France. Plus de la moitié sont nées dans des villes de moins de 5 000 habitants.
Chaque année, le Réseau national des juniors associations convie à deux temps
forts : une rencontre nationale de 3 jours et son assemblée générale.
Dans l’Ain, la formule séduit petit à petit. La FOL (Fédération des œuvres
laïques) est relais départemental depuis 2001. Une dizaine de juniors associations ont été habilitées, aux quatre coins du département, en milieu rural
ou péri-urbain. Les projets, accompagnés ou non par une structure jeunesse,
concernent essentiellement la solidarité internationale, le sport, la culture
et la sensibilisation à la protection de l’environnement. La moyenne d’âge
des membres oscille entre 12 et 16 ans. « C’est le premier pas dans la vie
associative pour les mineurs. Le but est vraiment de les rendre responsables »
rappelle Sylvain Bouttier, délégué départemental.
Tél. 04 74 23 80 14
www.juniorassociation.org – [email protected]
• 46 • InterAction n° 52 • avril 2007
Fin mars, dans le cadre de la
Semaine de l’internet, le BIJ
(Bureau information jeunesse)
de Bourg-en-Bresse a lancé un
nouveau blog à destination
des jeunes de l’Ain. Ils peuvent
y poser leurs questions, participer à un débat d’actualité
mensuel et à des sondages,
trouver des informations sur
les structures d’Information
jeunesse du département,
s’abonner à une newsletter,
trouver des liens utiles.
« Ce blog, précisent les trois
animateurs du BIJ, sera un outil
vivant et réactif, permettant de favoriser les échanges entre les jeunes ».
Tél. 04 74 24 69 49
www.exprimetoi01.com
l Coup de pouce aux projets humanitaires
Ouvert aux groupements de collégiens et lycéens et associations d’étudiants de
la région Rhône-Alpes, le concours lancé par l’association Uni-Terre donnera
un coup de pouce financier à un, deux ou trois projets d’utilité sociale, qu’elle
soit locale, nationale ou internationale. Total des dotations : 7 600 €. Un stand
sera mis à disposition des lauréats lors du Salon de la solidarité organisé par
l’association, en octobre 2007, au centre commercial de la Part-Dieu. Date
limite d’envoi des dossiers : 13 juillet.
Tél. 04 72 60 60 60
www.partdieu.com
Zoom jeunes
Marie DARME
« De la terre au consomm’acteur »
« Auprès des jeunes, le milieu rural peut paraître
ringard, reconnaît
Marie Darme, 18
ans. Le but de
notre action,
c’est de montrer
qu’au contraire,
il est dynamique ! » Nul besoin
de résider au fin
fond de la campagne pour avoir envie de
mieux la faire connaître :
Marie habite à Saint-Denislès-Bourg et les sept autres complices du projet « De la terre
au consomm’acteur » viennent pour la plupart des environs de
Bourg. Ils constituent l’équipe locale du MRJC (Mouvement rural
de jeunesse chrétienne).
Leur projet, primé par la MSA dans le cadre de son appel à projets
jeunes « Mieux vivre en milieu rural » et par le Fonds départemental
d’aide à l’initiative des jeunes *, vise un large public. « On a décidé
de faire un journal de 4 pages, gratuit, en couleurs, pour présenter
les pays de l’Ain avec, chaque fois, un article sur des producteurs
qui pratiquent la vente directe et un sur une initiative locale, pas
forcément dans le domaine agricole. On a commencé par la Bresse »
explique Marie.
Partager les tâches
Édité à plus de 500 exemplaires, le 1er numéro, sorti en mai 2006,
a été distribué dans divers lieux (lycées agricoles, points de vente
collectifs, mairies…). « On a aussi organisé une animation sur le
marché de Saint-Denis, avec un débat. Les gens ont participé, il y a
eu vraiment un très bon échange ». Le 2e numéro, paru en février,
est consacré au Bugey. « On partage vraiment toutes les tâches :
la recherche de contacts, les visites, la rédaction, la distribution…
Pour le 3e, on va en Revermont. »
À la rentrée prochaine, Marie rejoindra le milieu urbain : « Après
la terminale, je vais suivre une année de remise à niveau en Arts
appliqués à Lyon pour entrer ensuite en BTS ». Pas question pour
autant de quitter l’équipe, avec laquelle se profile déjà « un projet
plus conséquent, toujours avec le même fil conducteur ».
Marie le pensait sûrement déjà au départ, elle en est réellement
convaincue maintenant : « En travaillant tous ensemble, on peut
vraiment créer quelque chose, agir sur notre territoire. »
● A.P.
* Dispositif cofinancé par la Direction départementale de la Jeunesse et des sports et le
Conseil général.
Romain DELORE
S’engager à fond dans la vie associative
Bac S et DUT Génie électrique industriel : Romain Delore n’avait
pas le bagage habituel des candidats à l’entrée en licence professionnelle Management des associations. « Il a fallu convaincre le
Ceuba * ! » Il avait par contre un atout essentiel : une déjà solide
expérience de la vie associative.
« J’ai commencé en 2004 » explique le jeune homme de 21 ans,
originaire de Thil. Depuis, il n’a plus arrêté : très vite, il préside la
fédération des associations étudiantes de l’IUT Lyon I puis devient
administrateur de Gaélis (Groupement des associations étudiantes
de Lyon indépendantes et solidaires). L’été 2006, il s’engage au sein
de Solidarité Sida et œuvre au festival Solidays. En octobre, il crée
à Montluel l’association Médit1son, avec pour but de promouvoir
la scène culturelle locale et aider les groupes de musiques actuelles
émergents.
Sa nouvelle orientation est donc bien déterminée : « Je n’adhère
pas à l’idée d’avoir pour seul but de gagner de l’argent et faire vivre
une entreprise. Ce que j’ai trouvé dans la vie associative correspond
plus à ce que j’ai envie de vivre : être en contact avec les gens, aider
les autres, s’engager, défendre des idées ».
Organiser des événements
En 2007, il a co-organisé le « Déclic solidaire » (voir p. 38). Bilan
mitigé : « On n’a pas réussi à mobiliser beaucoup de jeunes extérieurs
mais ceux qui sont venus étaient vraiment
intéressés, les partenaires nous
ont très bien accueillis et,
pour le concert du soir
au profit de l’association
À demi-voix, le bar était
plein ! »
D’avril à juillet, il effectue son stage d’études au sein de Gaélis.
Mission : organiser la
rencontre annuelle entre
élus associatifs étudiants
et promouvoir le nouveau
journal et la webradio. En parallèle, vice-président de l’association
des 40 ans des IUT de Lyon, il multiplie les
démarches pour organiser le gala d’octobre.
Et il commence à postuler à un futur emploi salarié, « dans une
association culturelle ou étudiante, une MJC etc. » Nul doute que,
là aussi, son expérience sera un facteur-clé sur son CV.
● A.P.
* Centre universitaire de Bourg et des Pays de l’Ain (antenne de Lyon III).
InterAction n° 52 • avril 2007 • 47 •
Vie des associations
; L’Atelier d’évasion
; Tu déchaînes ton cœur
Créé en 2006 par un jeune couple
de Saint-Denis-lès-Bourg, l’Atelier
d’évasion propose d’organiser des
ateliers créatifs (pour enfants, ados,
adultes, valides ou non) explorant
diverses pratiques à partir des arts
plastiques, pour des particuliers,
des organismes, des écoles… Une
action a été menée dans le cadre
du CEL (contrat éducatif local) de Certines. Au-delà des ateliers, l’association
souhaite mettre en place, pour et avec les personnes handicapées, des séjours
de vacances adaptés et des week-ends d’échanges artistiques.
Tél. 04 74 22 72 75 – 06 68 56 66 54
[email protected]
Née fin 2006, l’association « Tu déchaînes ton cœur » allie tourisme, sport
et solidarité : soutenue par l’UFOLEP, le Conseil général, le Comité départemental du tourisme et la Ville de Lagnieu, elle a pour but d’organiser chaque
année une épreuve cyclosportive de découverte du Bugey, au profit d’une
cause humanitaire. Premier rendez-vous le 9 septembre 2007 avec, au choix,
deux épreuves chronométrées (144 et 105 km) et une randonnée (45 km).
L’engagement des sportifs sera défiscalisé jusqu’à 66 %. La recette sera versée
au comité France Alzheimer, pour la recherche médicale sur cette maladie,
cause nationale 2007.
Tél. 04 74 40 33 10 (Jacques Bartholot, président)
www.ville-lagnieu.fr
[email protected]
; La ferme à réceptacles
Le 5 mai, la Ferme à réceptacles organise sa première soirée à Saint-Juliensur-Reyssouze avec, au programme, des spectacles courts et très divers,
dans une conviviale ambiance « cabaret », pour public intergénérationnel.
Créée en septembre 2006 par des jeunes, nouveaux arrivants en milieu rural,
l’association a pour but de promouvoir les arts vivants, tant au niveau de la
création que de la formation, pour tous publics, ceci sur un territoire offrant
jusque-là peu d’activités culturelles.
Deuxième rendez-vous du 22 au 28 juillet, au festival « Chapon pointu ! »
qui mêlera les propositions : les deux journées d’ouverture et de clôture inviteront à découvrir spectacles et expositions, les autres à s’initier et croiser
les pratiques artistiques.
Tél. 04 74 52 69 27 – lafermeareceptacles@voilà.fr
; Septième sens ou le sens
critique
Permettre de comprendre le monde
et faire avancer les idées face aux
problèmes actuels (injustice, écologie,
démocratie) est le but de l’association
Septième sens, née en juillet 2006 à
Bourg-en-Bresse. « Il ne s’agit pas
d’imposer des points de vue mais
de diffuser le sens critique, contre la
normalisation de la pensée », souligne
la présidente, Nathalie Vallée.
Appel est lancé aux personnes souhaitant enrichir la médiathèque par le
don d’ouvrages (livres, DVD). Ceux-ci
sont mis ensuite à disposition du
public intéressé, en consultation ou
en prêt, ou vendus afin de renforcer
ce fonds documentaire. L’association
diffuse également (en vente) des
revues militantes.
Côté débats, deux ont déjà été organisés, en partenariat avec la Frapna
(sur les peuples primitifs et le développement durable) et le Cinémateur
(autour du film d’Al Gore sur le réchauffement de la planète). Le 13 mai,
l’association sera présente à la fête
d’Attac à Attignat.
Autre action : un concours de nouvelles sur la « rumeur d’un monde
• 48 • InterAction n° 52 • avril 2007
sens dessus dessous » lancé en début d’année (date limite des envois :
20 avril). Les œuvres primées seront
publiées.
Tél. 04 74 21 91 82
; Ain-Québec
Affiliée à la fédération nationale
France-Québec, la nouvelle association Ain-Québec a un double but :
créer des liens d’amitié et agir pour la
francophonie. « Notre première action
a détoné ! reconnaît son président,
Marc Martin. Il s’agissait d’une soirée
sur l’adoption internationale. » La
fédération a effet entre autres objectifs
de porter « des regards croisés sur les
enjeux communs de société ».
Plus ludique était le rendez-vous du
16 mars, avec l’organisation au collège
de Bâgé-la-Ville de la dictée francophone proposée par France-Québec.
Festif était le rendez-vous du 25 mars,
en forme de repas-spectacle québécois. Sont également programmées ce
printemps des soirées décentralisées
sur « voyager à l’étranger ».
Tél. 06 66 04 84 29 (Marc
Martin) ou 06 11 82 01 81
(Marie Rouxel)
[email protected]
; Au service des associations
Pour tout savoir sur les aides
À voir jusqu’au 30 juin, à l’antenne du
Conseil régional à Bourg-en-Bresse, l’exposition « Autour de la vie associative »
offre un panorama pratique des aides aux
associations pouvant être apportées par la
Région et par divers partenaires. Complétée
par l’exposition « Paroles de bénévoles »
réalisée par l’AGLCA, qui met l’accent sur
l’engagement et l’expérience des bénévoles,
elle est visible du lundi au vendredi, de
13 h 30 à 17 heures.
En outre, des ateliers thématiques gratuits,
ouverts à tous, animés par des représentants de la Région ou de la DDJS
(Direction départementale de la Jeunesse et des sports) sont programmés.
Lors du prochain, le 24 avril, à 18 heures, organisé en lien avec l’AGLCA, les
associations seront invitées à exprimer leurs besoins, en vue de la création
d’un pôle ressources pour la vie associative dans l’Ain.
Tél. 0 810 251 800 (n° Azur, coût d’un appel local)
Pôle ressources
L’étude pour la création d’un pôle ressources pour la vie associative *,
soutenue par le Conseil régional, est dans sa phase active de diagnostic
des besoins. Le futur pôle n’a pas pour vocation de se substituer aux divers
dispositifs déjà en place mais, au contraire, de valoriser l’existant, d’orienter
vers les structures et de mieux répondre aux spécificités territoriales.
* Le projet est piloté par l’AGLCA et géré par un collectif réunissant l’AGLCA, la direction
départementale de la Jeunesse et des sports, l’Addim, Ain profession sport, le Comité
départemental olympique sportif, le Ceuba et la Ligue de l’enseignement.
Mobiliser les bénévoles
À noter parmi les formations proposées par l’AGLCA : « Mobiliser les
bénévoles » le 2 mai, à 20 heures, à la Maison de la vie associative.
Tél. 04 74 19 23 43 – [email protected]
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