InterAction n°52 – Avril 2007
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InterAction n°52 – Avril 2007
Sommaire 3 5 6/8 10/12 13 14/15 16/17 18/19 Édito Visage Catherine Chermain, enseignante spécialisée à l’institut médico-éducatif Henri Lafay. Interview Bernard Perret, vice-président de L’agglo, chargé de l’habitat, la politique de la ville et les gens du voyage. Table ronde Aidant familial : choix de vie ou nécessité sociale ? Entretien Jacques Laderrière, président du comité Handisport de l’Ain. Action sociale La CAF de l’Ain met en place une action territorialisée. Logement Premier bilan de la nouvelle compétence Logement du Conseil général. Solidarité Le fonds de l’action sanitaire et sociale de la CPAM vient au secours des plus démunis. 21/28 Les directeurs, seuls maîtres à bord ? Huit pages qui plongent au cœur du patronat social de l’Ain. Témoignages et tableau comparatif à l’appui, un éclairage pertinent sur le rôle, la fonction, la mission, le ressenti de treize directeurs d’organismes et associations d’action sociale. 29 Gestion d’établissement Secrétaire général de l’ORSAC, Olivier Rochette souhaite renforcer l’identité collective de l’association. Seniors Le Centre du bénévolat des pays de l’Ain (ALFA3A) filme la mémoire des personnes âgées. Intégration scolaire Reportage à l’école de Saint-Jean-le-Vieux, qui accueille des enfants de l’ITEP du Château de Varey. Handicap Un point sur la scolarité au sein de l’ADAPEI, établissement par établissement. Vie des quartiers Bourg Habitat et ses partenaires organisent des animations en lien étroit avec les habitants. Vu d’Europe Système judiciaire accusatoire contre système inquisitoire. 30/31 32/33 38/39 40/41 44 Le Magazine trimestriel de l’action sociale dans l’Ain Directeur de la publication : Jacques DUPOYET. Directeur de la rédaction : Alain Gilbert. Comité de rédaction : ALFA3A, OPAC de l’Ain, ORSAC, CAF de l’Ain, Conseil général de l’Ain, SEMCODA, ADAPEI, Bourg Habitat, MSA, CPAM, Les Mutuelles de l’Ain. Rédactrice en chef : Pauline Froppier. Rédaction : Agnès Bureau, Pauline Froppier, Alain Gilbert, Solange Gouraud, Annick Puvilland, Caroline Rohrhurst. Couverture : H. Convert. Réalisation : M&G Éditions – 158, boulevard de Brou, 01000 Bourg-en-Bresse – Tél. : 04 74 24 69 13 – Fax : 04 74 45 07 08 – E-mail : [email protected] – Site : www.interaction01.info. Impression : Imprimerie des 2 Ponts. Tirage : 10 000 ex. – N° ISSN 1260-528X InterAction n° 52 • avril 2007 • 1 • Interlignes ; Les rendez-vous du CREFE Le Centre de ressources enfance famille école Ain-Rhône, dont le siège est à Villeurbanne (69), a ouvert une antenne à Bourg-en-Bresse en octobre 2006 et un centre de documentation partagé avec le centre ressources illettrisme de l’Ain « Ecrit 01 ». Ouvert à tous*, il permet de consulter et emprunter un grand choix de livres, revues et cassettes vidéo sur la parentalité, les relations familles-professionnels, l’accueil de la petite enfance, l’adolescence, les relations interculturelles etc. Des bibliographiques thématiques peuvent être envoyées par mail. Ouvert à tous les professionnels intéressés, un groupe d’échanges de pratiques sur « Accompagner les familles dans le suivi de la scolarité de leur enfant » se déroule à Bourg-en-Bresse les 20 avril et 10 mai, de 9 à 13 h. Pour les professionnels et bénévoles des circonscriptions d’action sociale de Jassans, de Châtillon et du secteur Villefranche-Beaujolais, un cycle de 4 rencontres sur « Connaître les familles issues de l’immigration » a débuté en mars. Dernier rendez-vous le jeudi 3 mai, de 9 à 13 h, au centre social de Jassans, sur « Immigration turque : ses spécificités ». Ce cycle a déjà été organisé pour le secteur Pays de Gex / Bellegarde et le bassin burgien. 10, allée de Challes (Bourg-en-Bresse) – Tél. 04 74 22 65 07 www.crefe.asso.fr – [email protected] * Du lundi au vendredi sauf mercredi après-midi, de 9 à 12 h et de 14 h à 16 h 30. Permanence de la documentaliste (Chantal Belingard) le jeudi et le vendredi, de 10 à 12 h et de 14 h à 16 h 30. Tél. 04 74 23 36 59. ; La fête de l’Homme debout Le 26 août, 217e anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la 5e fête de l’Homme debout invite le public à Cuisiat. Lancé en 2003, à l’initiative du comité des fêtes de TreffortCuisiat et des associations Hémagogus et Roule ta bosse, ce festival « humanitaire, humaniste et La fête 2006 s’orchestrait autour du thème de la solidaire » est désormais tolérance, avec au programme entre autres des organisé par un collectif danses Hakas. d’associations. L’esprit reste le même. Au programme : des animations de rue, des spectacles multiculturels, du cirque, de la musique, des expositions… http://perso.orange.fr/hommedebout/ Tél. 06 79 24 39 31 (Stéphane Leroi) ; Point Info Famille Le 23 mars, l’Union départementale des associations familiales a ouvert le premier PIF (Point Info Famille)* de l’Ain. Service gratuit et ouvert à tous, labellisé par la DDASS, le PIF informe sur les démarches administratives et associatives et oriente vers les services spécialisés si besoin. Identifiable par son logo, il est implanté au siège de l’UDAF à Bourg-en-Bresse et dans cinq antennes locales à Saint-Trivier-sur-Moignans, Saint-Trivier-de-Courtes, Ceyzériat, Saint-Maurice-de-Gourdans et Lagnieu. Les demandes peuvent être effectuées sur place à l’accueil ou par téléphone ou courriel. Tél. 04 74 32 11 46 (Véronique Robardet) – [email protected] *Direction départementale des affaires sanitaires et sociales. Le comité de pilotage du PIF réunit divers partenaires : CAF, MSA, centres sociaux… • 2 • InterAction n° 52 • avril 2007 Ils partent, ils arrivent UDAF Françoise Defrasne a succédé à Pierre Bonaz en 2006 à la direction de l’Union départementale des associations familiales. Elle dirigeait auparavant un centre social à Strasbourg (Bas-Rhin). Résidence Ary Geoffray François Dezecache a succédé à Jean Brouens à la direction de la résidence pour personnes âgées Ary Geoffray à Villereversure (MSA), en février. Il dirigeait auparavant le foyer La Roche fleurie à Prémeyzel (Orsac). ; Au Café des Possibles De novembre à juin, tous les deux mois, un vendredi soir, la compagnie Arnica invite à échanger sur les rapports qu’entretient l’individu avec le collectif, en compagnie de six artistes (musiciens, comédiens, auteur). Ouvert à tous, ce Café des Possibles se tient au Rétro Bar, à Neuville-sur-Ain. Chacun est convié à apporter une chose qu’il a envie de partager avec les autres (photo, texte, objet...). Au terme de la discussion, la « rapporteuse » rédige une synthèse et propose une nouvelle pensée pour la date suivante. Prochains rendez-vous le 4 mai, à 19 heures. Le 8 juin, le café de clôture-bilan se tiendra autour d’un repas, au parc des Peupliers. Tél. 04 74 37 76 94 – [email protected] ; Des nouvelles d’Atelec Lettres pour l’être Atelec en fête Après Bourg-en-Bresse en 2005 et Oyonnax en 2006, Montluel accueillera cette année les « Atelec en fête », le vendredi 15 juin, de 14 à 18 heures, à la MJC. Marraine de cette 3e journée, Nic Mazodier, écoutante, écrivain et actrice, mettra en voix des textes écrits par les participants aux ateliers « Lire Lors de la journée « Atelec en fête » 2006, écrire compter » qui, eux, parrainée par l’écrivain Abdelkader Djemaï. présenteront leur travail effectué autour d’extraits de son ouvrage De bouche à oreille. Une exposition montrera les diverses réalisations et actions (écrits, arts plastiques, visites…) de l’ensemble des ateliers Atelec. Présents sur Ambérieu, Bellegarde, Bourg-en-Bresse, Miribel, Montluel, Nantua, Oyonnax et Saint-Maurice-de-Beynost, les Atelec sont fréquentés au total par plus de 250 personnes. Sur les bancs du séminaire Socrates Les séminaires européens réunissant des ateliers d’alphabétisation français, belge, écossais, espagnol et suisse* se poursuivent. En novembre 2006, trois animateurs et trois apprenants des Atelec ont participé à la troisième rencontre, en Écosse. La quatrième se déroule du 23 au 27 avril, au Pays basque espagnol. Tél. 04 74 22 48 36 – [email protected] * Voir InterAction n° 49, p. 45. Édito Le grand âge de raison Été 2003, une canicule fatale pour près de 15 000 de nos aînés nous mettait face à nos responsabilités. Un chiffre qui place la France au triste second rang du nombre de décès des pays européens après l’Italie. On se souvient de ces images, de ces dépouilles jamais réclamées par les familles. On se souvient du plan “Vieillissement et solidarité“ et sa fameuse journée de solidarité permettant de récupérer quelques subsides pour pallier la solitude, l’isolement des personnes âgées. C’est un fait, l’allongement de la vie, l’éclatement des familles, vont rendre les derniers jours difficiles pour nombre de nos papys et mamys boomers. Alors, on construit des maisons de retraite médicalisées, des petites unités de vie. Nos politiques enchaînent les plans. Le prochain, « Solidarité grand âge », a pris cette année la relève du précédent. Construire des équipements, c’est bien, il en faut. Cela constitue aussi un gisement d’emplois de proximité, souvent féminin, qui se professionnalise de plus en plus. L’investissement financier pour la prise en charge de la grande dépendance est certes réel. Mais le coût moyen d’une place en établissement spécialisé revient à 1 500 € alors que le montant moyen des revenus des retraités se situe autour de 1 200 €. Comment pouvoir solvabiliser le coût de la dépendance, sans la faire peser sur les familles ? La question a été posée récemment par le ministre. Il faudra certainement trancher rapidement entre une augmentation des contributions sociales (encore une !) ou le recours à l’assurance privée (prise en charge à deux vitesses ?). Une voie n’a peut-être pas été suffisamment explorée : l’harmonisation des prix pratiqués par les différents établissements… Entre privé et public, le fossé qui se creuse est-il justifié ? Et qu’en est-il de l’accompagnement social de nos aînés ? Ça et là, des actions se réalisent, et notre magazine les relate souvent… Malgré tout, on apprend aussi qu’en France le taux de suicide des personnes âgées est le plus élevé d’Europe*. Arrivera-t-on un jour à ne plus avoir à découvrir des personnes âgées, mortes dans leur appartement, dans l’indifférence générale ? Et on a le culot de dire que ce sont des « morts naturelles »… * (voir page 35) Pauline Froppier © D. Gillet InterAction n° 52 • avril 2007 • 3 • Interlignes ; Culture et handicap : spécial musées ; Un nounours pour un sourire Lundi 30 avril, à 16 heures, au musée de la Bresse (Saint-Cyr-surMenthon), les professionnels et bénévoles du tourisme et du handicap sont invités à découvrir les actions et outils mis en place par les Musées des pays de l’Ain pour les personnes handicapées. Outre les maquettes et fac-similé d’œuvres tactiles, bandes multimédia, visites pour malentendants, les musées s’équipent en 2007 de nouvelles aides à la visite pour les déficients mentaux, les non-voyants (guides en braille) et les mal-voyants (guides en gros caractères). Menées en partenariat avec les associa- Une nouvelle brochure détaille tous tions de personnes handicapées, les outils pour l’accessibilité des ces actions pourraient déboucher personnes handicapées au musée de sur l’obtention du label Tourisme et la Bresse. © A. Klaeyle handicap. La demande d’agrément est en cours. Cet après-midi d’Éductour sera suivi d’une soirée de sensibilisation et d’information sur le handicap, ouverte à tous, à 20 h 15, avec au programme un film sur l’accessibilité des lieux culturels aux personnes handicapées et un débat. Réservations pour l’Eductour : tél. 04 74 32 10 60 (Conservation départementale) Renseignements sur la soirée : 04 74 45 23 04 (Résonance Contemporaine) Du 2 au 5 mai, l’office de tourisme de Meximieux accueille le 1er festival « Un nounours pour un sourire » organisé par l’association Minnielud. De novembre à avril, cette jeune association a collecté plus de 500 peluches usagées qui, rénovées par Isabelle Vuillerod, créatrice d’ours de collection, seront proposées à la vente. L’intégralité des bénéfices sera versé à la Fédération des maladies orphelines (FMO), association nationale reconnue d’utilité publique. Aider les personnes malades est l’un des deux objectifs de Minnielud, l’autre étant de de transmettre les savoirs de la fabrication des ours de collection. www.au-pays-des-ours.com – [email protected] Tél. 04 74 61 01 90 ; L’ISO à l’ADAPEI L’ADAPEI poursuit la politique de certification ISO 9001 version 2000 de ses établissements. Ainsi, en 2006, l’IME Les Sapins, les foyers Sous-Bois et Val-Fleuri d’Oyonnax, le foyer de Courtes-Vernoux, le foyer Musinens et le CAT Bellegarde Industrie, et la MAS Les Montaines de Meillonnas ont rejoint la liste des établissements déjà certifiés. ; Un Bol d’Air pour les randonneurs handicapés ; L’actualité de la santé en Rhône-Alpes en ligne Mis en ligne en septembre 2006, à l’initiative d’une journaliste spécialisée, le site www.ra-sante.com informe sur l’actualité des établissements de santé, forme et bien-être, et de la recherche médicale en Rhône-Alpes. On y trouve entre autres un annuaire des établissements, classés par spécialité et département, et un forum. Une newsletter grand public et bientôt une lettre professionnelle trimestrielle complètent le site, actualisé plusieurs fois par semaine. Une édition papier est en projet. ; Vilhop’Ain Durant deux ans, une vingtaine de professionnels de santé (médecins, pharmaciens, kinésithérapeutes, infirmiers…), des secteurs Bresse et Revermont, se sont réunis régulièrement afin de créer un réseau permettant d’assurer une véritable continuité des soins entre ville et services hospitaliers et d’apporter ainsi un meilleur service aux patients. Le projet est au point, l’association Vilhop’Ain a été créée en novembre. Reste à trouver les financements pour un indispensable poste de coordonnateur. 11 rue des Dîmes 01000 Bourg-en-Bresse [email protected] ; Le tir à l’arc Beursault s’ouvre au Handisport Soutenue par le Comité national et régional sportif, la 1re Compagnie des archers Montmerle 3 Rivières a aménagé ses pas de tir afin d’ouvrir la pratique du tir Beursault aux personnes handicapées. En 2008, le club souhaite organiser un championnat de l’Ain de tir Beursault handisport. « Aucun concours n’existe au niveau national, ce sera une première ! » souligne le président, Roger Dugand. Le club compte une cinquantaine de licenciés de tir à l’arc (tir fédéral et tir Beursault), dont trois personnes handicapées. Tél. 04 74 69 31 08 • 4 • InterAction n° 52 • avril 2007 © Bol d’Air « Ensemble, la nature accessible » est le slogan de l’association. Créée en mai 2006 à l’initiative d’accompagnateurs montagne du Doubs, du Jura et de l’Ain, l’association Bol d’Air ouvre la randonnée aux personnes handicapées, en mettant à disposition des professionnels de la montagne et des bénévoles des clubs les moyens d’accompagnement spécifique adaptés : matériel, itinéraires, formations. Terrain d’action : l’ensemble du massif jurassien, des confins de l’Alsace à ceux de la Savoie. Le 5 mars, une dizaine de personnes (animateurs bénévoles, accompagnateurs professionnels, représentants du centre de médecine physique et de réadaptation L’Orcet, et de la Grande traversée du Jura) ont participé à une journée d’essai de matériels adaptés, à Aranc. Des formations à l’accompagnement en randonnée de déficients visuels et de personnes handicapées psychiques sont en projet, ainsi qu’une formation à la qualification Handisport, en partenariat avec le comité Handisport du Jura. « Pour l’instant, seuls deux accompagnateurs ont cette qualification, un dans le Jura et dans le Beaujolais ! » souligne Thierry Nezot, animateur coordonnateur de l’association. Côté matériel, Bol d’Air a acquis une joélette et un fauteuil tout-terrain, auxquels s’ajoutent deux joélettes et un fauteuil mis à disposition par l’association des accompagnateurs de montagne de l’Ain. L’association est soutenue par le Fonds social européen, le Conseil régional de Franche-Comté, la fondation de France et la fondation Macif. Rue du Docteur Droux 39300 Chapois Tél. 03 84 51 49 90 – [email protected] Visage « Tout enfant a droit à l’école » Catherine Chermain Enseignante spécialisée, elle a intégré à la rentrée 2006 le poste créé à l’institut médicoéducatif Henri-Lafay qui accueille de jeunes autistes. « métier, je le vis à 200 % ! Quand je ne M ontravaille pas, je lis des livres sur le sujet, je vais à des conférences, je m’informe sur les dernières recherches, je reste en contact ». Son métier d’enseignante, Catherine Chermain l’a choisi par vocation. Sa spécialisation, c’est plutôt par hasard, lorsqu’en 1996, après avoir enseigné dix ans sur le secteur de Neuville-les-Dames, elle effectue un remplacement au centre de réadaptation fonctionnelle de Romans-Ferrari. « Cette découverte du milieu handicapé m’a vraiment intéressée, j’ai décidé de continuer ». Sur sa lancée, elle suit une formation longue sur « Handicap moteur et enfant malade » et rejoint l’équipe enseignante du lieu. Six ans plus tard, face au projet de déménagement du centre sur la région lyonnaise, elle réoriente son parcours. Avec deux volontés : rester dans l’Ain et dans l’enseignement spécialisé, « car c’est une manière d’enseigner beaucoup plus riche, une approche globale de l’enfant et pas seulement de l’élève ». Du handicap physique, elle passe alors au handicap intellectuel et enseigne en CLIS (classe d’intégration scolaire) à Châtillon-sur-Chalaronne durant deux ans. Un travail d’équipe Septembre 2006, nouvelle étape : elle prend en charge l’unité d’enseignement qui ouvre à l’IME Henri-Lafay à Bourg-en-Bresse. « J’avais envie de retrouver un travail d’équipe » explique l’enseignante. Géré par l’APAJH*, l’établissement accueille 12 jeunes autistes, de 6 à 18 ans. La « classe » se déroule le matin, du lundi au vendredi. Comment enseigner à des enfants dont la pathologie se caractérise par le repli sur soi et la difficulté de communiquer avec l’extérieur ? « Par un travail en petits groupes, pour amener l’enfant à être avec les autres. L’apprentissage de la vie sociale est une des bases de la scolarité. L’objectif reste, lorsque c’est possible, la scolarité en milieu ordinaire. » Via des outils adaptés, « très individualisés, correspondant au niveau de développement de chacun », petits et grands deviennent élèves. Les ados ont rendez-vous avec « l’actu », abordent la lecture, l’écriture, la compréhension de l’image. « Ils ont un potentiel. On a envie de leur donner les moyens de l’utiliser, la capacité de s’ouvrir au monde, de partager, d’accompagner leur évolution. Mais c’est parfois difficile de trouver le chemin pour accéder à cette intelligence qui est là et ne peut pas s’exprimer. C’est un métier où il faut savoir rester humble. On travaille sur l’humain, c’est fragile, mouvant, émouvant. » Un des éléments clés du travail, insiste Catherine, est le travail d’équipe. « Le lien avec les autres professionnels (éducateurs, psychologue, psychomotricienne) est très important. Il permet de croiser les regards sur l’enfant. » Le lien se noue aussi avec les familles, à leur demande. « L’arrivée d’un enseignant dans l’établissement leur redonne espoir. Leur enfant a droit à l’école, comme tout enfant. » Accompagner l’enfant et l’enseignant L’après-midi, Catherine Chermain rejoint le Sessad (Service d’éducation spéciale et de soins à domicile) de l’APAJH. Là, elle apporte, un soutien pédagogique aux enfants intégrés en classe ordinaire, à la demande des enseignants. « L’intégration pour tous est une belle idée à défendre mais il faut y mettre les moyens, prévient-elle. Les enseignants sont souvent démunis face à ce nouveau public, il y a tout un travail d’accompagnement à faire. » Matin et après-midi constituent un travail à 100 %, que Catherine prolonge par une quête permanente d’informations sur l’autisme, la pédagogie… « C’est difficile d’en sortir, c’est peutêtre trop par moments, reconnaît-elle. Mais c’est un choix, un plaisir aussi bien sûr. » • A.P. * Association pour adultes et jeunes handicapés. InterAction n° 52 • avril 2007 • 5 • Interview BERNARD PERRET, VICE-PRÉSIDENT DE L’AGGLO EN CHARGE DE L’HABITAT, DE LA POLITIQUE DE LA VILLE ET « C’est le rôle de l’élu Jeune élu en 2001, Bernard Perret est loin d’être un « professionnel » de la politique. En charge de dossiers sociaux complexes, il s’investit depuis six ans avec sa volonté d’agir, parfois à contre-courant des autres élus, toujours sans langue de bois. Discrètement, il impose son style « poil à gratter », sans heurts mais avec conviction. ■ Lors de votre élection en 2001 à la mairie de Viriat, vous vous étiez opposé à une opération de construction de logements sociaux. Avec le recul, quel regard portez-vous sur ce dossier ? À l’époque j’ai pensé, et je pense toujours, qu’un projet de 440 logements au centrevillage de Viriat, dont une bonne partie de logements sociaux, ne correspondait pas à la taille de la commune. Viriat est une commune très étendue avec un centre-village d’environ 900 personnes. Ramener 440 logements, même échelonnés sur une période de 10 ans, signifiait un doublement de la population du centre-village. Le risque de déséquilibre était important avec peut-être même un risque de rejet de la nouvelle population, quelle qu’elle soit. Je ne l’interprète pas comme une position anti-logement social de la part de la population : il s’agissait surtout du rejet d’un projet vécu comme démesuré par rapport à un équilibre existant. • 6 • InterAction n° 52 • avril 2007 Aujourd’hui et pendant ces six ans, nous avons travaillé sur le parcours résidentiel sur la sensibilisation au logement social. La population a bien compris qu’il fallait des logements sociaux pour contribuer au dynamisme de la commune. Il n’y a pas de souci là-dessus. ■ Pour autant, la commune, comme d’autres au sein de L’agglo, ne répond pas à l’obligation des 20 % de la loi SRU… Ce qui bloque, c’est surtout la lourdeur et la longueur pour construire un projet. Entre la décision de réaliser une opération de logement, quelle que soit la destination (social ou accession à la propriété), et la livraison, il se passe des années. Nous avons un exemple très concret au Crêt Délia à l’ouest de Viriat. Il a fallu acquérir les terrains, modifier le PLU (plan local d’urbanisme) qui ne correspondait pas tout à fait sur la hauteur des bâtiments, convaincre la population. De plus, nous avons travaillé dans une démarche haute qualité environnementale avec les services de L’agglo. Finalement, entre les premières démarches de réflexion en 2002 et la pose de la première pierre prévue en 2007, il se sera passé cinq ans. Voilà. Quand j’entends les commentaires de journalistes ou responsables politiques qui souhaitent que l’on pénalise les maires qui ne répondent pas à l’obligation des 20 %, leur interdire de se représenter, etc. cela me fait réagir. Ils ne se rendent pas compte. Même avec beaucoup de volonté, on ne construit pas du logement social d’un claquement de doigts. Cela dit, il y a un guide voté par L’agglo, le PLH (plan local de l’habitat), qui fixe des objectifs. Il explique très concrètement comment, sur 20 ans, les communes déficitaires au regard de la loi SRU doivent rattraper leur retard. Il n’a jamais dit qu’il fallait le faire en 3 ans, non seulement pour préserver les équilibres mais aussi compte tenu des délais incompressibles qui incombent à ce type d’opérations. DES GENS DU VOYAGE ET MAIRE DE VIRIAT. de convaincre » ■ Au sein de L’agglo, cette obligation est bien acceptée ? Depuis le PLH, toutes les communes ont construit du logement social, même celles qui n’en avaient pas. Il y a fondamentalement un changement d’image du logement social. C’est vraiment un logement de qualité. Pratiquement 70 % de la population est susceptible de pouvoir en bénéficier. C’est un réel besoin. ■ Beaucoup d’opérations se font actuellement avec le souci d’assurer de la mixité dans les logements. Le parcours résidentiel ne se fait plus suffisamment… La mixité se fait à l’initiative soit des bailleurs soit des communes. À côté des 70 logements du Crêt Délia, dont la moitié est en accession sociale et l’autre en locatif social, il reste dix terrains à bâtir en lotissement. Il y aura une mixité au niveau des formes d’habitat et une mixité de la population, entre locataires ou accédants. La rupture du parcours résidentiel se fait aujourd’hui entre la location et la première accession à la propriété. Les terrains sont trop chers. Il est du devoir des politiques et des collectivités de s’emparer du problème pour constituer des réserves foncières pour proposer des terrains aux primo-accédants à des tarifs à peu près corrects. C’est vraiment le rôle des communes et je m’aperçois qu’on ne l’a pas fait suffisamment dans le passé. L’établissement public foncier local (EPFL), dont une des missions est de constituer des réserves foncières pour l’habitat, ne pourra pas tout faire. Cela ne doit pas dessaisir les communes du problème. Il faut jouer sur les deux tableaux, voire trois avec les intercommunalités. ■ On vous a confié un portefeuille plutôt difficile au sein de L’agglo. Comment avezvous pris ces dossiers en main ? Je connaissais l’habitat de par mon métier et ma formation, du côté constructeur. Je ne connaissais pas vraiment le côté maîtrise d’ouvrage public. Mais ce n’est pas ce qui m’a été le plus difficile à appréhender. La politique de la ville a, en revanche, été plus obscure au début. Mais avec les techniciens de L’agglo, j’ai été vite formé. Pour les personnes qui ne vivent pas de l’intérieur la politique de la ville, c’est incompréhensible. ■ Mais pourquoi confier ce domaine à un jeune élu ? Les élus en charge de cela sont peut-être un peu à part ! En fait, c’était une nouvelle compétence pour la collectivité territoriale. Personne n’avait d’antériorité dans ce domaine. On a peut-être pensé qu’il n’y aurait pas grand-chose à faire sur ce dossier. Finalement, la politique de la ville, par ses enjeux, c’est quelque chose qui me plaît. Je suis très attaché aux enjeux sociaux. Tout ce qui est lié à la cohésion sociale est très important. ■ C’est un attribut du maire d’avoir la fibre sociale ? Oui tout à fait, il faut que cela le reste. Le maire doit être imprégné de notions d’écoute et de compréhension. C’est évident. On ne peut pas être maire si on n’est pas à l’écoute de sa population. Il faut pouvoir recevoir les gens qui demandent des rendez-vous le samedi matin pour exposer des problèmes les plus variés et essayer de trouver des solutions. Ensuite, toutes les questions beaucoup plus techniques demandent certainement un investissement autre de la part d’un jeune élu, comme les questions d’urbanisme. Pour Viriat, commune semi-rurale de 5 000 habitants, les gens viennent nous voir une fois sur deux pour des problèmes liés à l’urbanisme. Il faut alors bien connaître son PLU pour pouvoir répondre à des questions comme : « est-ce que mon fils peut construire sur mon terrain ? », « est-ce que je peux faire un petit étang ? »…. ■ Comment sont les relations entre les petites communes et les travailleurs sociaux ? Pour les communes comme Viriat, l’accompagnement social passe par un centre médico-social (CMS) qui, je le rappelle, est sous la responsabilité de la DIPAS. Il y a des problèmes de disponibilité des travailleurs sociaux. Ça pourrait être mieux. Nos dossiers mériteraient surtout d’être mieux suivis InterAction n° 52 • avril 2007 • 7 • cette collaboration demande à être accentué. Il faut renforcer les liens. Il faut que les structures d’insertion évoluent dans une démarche de professionnalisation dans le cadre de l’ANRU. N’importe qui ne fait pas de la démolition, ni de la plomberie. Il faut pouvoir apporter quelque chose de très professionnel. Dans l’ensemble, il y a toutefois eu une évaluation assez positive. À l’issue des chantiers, certains bénéficiaires sont entrés en formation, d’autres ont été embauchés. Les services de L’agglo ont fourni un travail colossal. Il faut continuer à regarder dans chaque marché quelle part peut être réservée à l’insertion. (surendettement, aide au budget, aide sociale pour les familles en difficulté). ■ Pourquoi L’agglo s’est-elle tant investie sur le renouvellement urbain de la Reyssouze ? La Reyssouze, c’est un quartier de 5 000 personnes. On connaît tous quelqu’un qui y a habité à un moment ou un autre. C’est pourquoi le dossier est très bien passé à L’agglo, sans protestation. Quand on regarde de manière historique le développement du quartier, il a bien existé pour répondre à un besoin économique. On avait besoin de maind’œuvre, donc de logements. On ne remercie ensuite pas assez la population… On aurait pu encore attendre. Mais le jour où il y a beaucoup de problèmes, comme dans d’autres agglomérations, c’est souvent trop tard. Bourg a souhaité anticiper les problèmes. Le fait d’améliorer la qualité de vie des habitants me paraît naturel. Et l’ensemble des habitants a bénéficié d’un relogement ! ■ Cette opération a engagé des chantiers d’insertion. Comment s’est déroulé le travail en collaboration avec les entreprises et associations d’insertion ? Répondre dans le cadre précis d’un marché public n’est pas très courant pour une entreprise d’insertion. Il a fallu les épauler là-dessus. Il faut aussi arriver à bien cibler le public concerné. Ce premier épisode de • 8 • InterAction n° 52 • avril 2007 ■ La réalisation d’infrastructures d’accueil des gens du voyage pose-t-elle encore des difficultés ? Le schéma départemental se met en place tout doucement. Sur le petit accueil familial, les petits passages, cela fonctionne bien sur L’agglo, grâce aux deux aires d’accueil du Pennessuy à Bourg et de Monternoz à Péronnas. Petit à petit, les intercommunalités du département s’équipent. Cette question va se résoudre. Le problème le plus épineux concerne les grands passages. Il y a 11 terrains identifiés sur le département pouvant accueillir ces grands passages, mais seulement un ou deux ont été réalisés. Sur L’agglo il n’y en a pas. Les intercommunalités sont plutôt en retard dans ce domaine. L’agglo a décidé de réaliser un terrain de moyen passage (50 caravanes au plus) à Saint-Denis-lès-Bourg et un pour les grands passages à Viriat. ■ Ce n’est pas forcément un sujet très facile à faire passer auprès de la population… Les gens du voyage ont le droit d’avoir des places d’accueil et les communes doivent les accueillir. Maintenant, les gens du voyage ont aussi des obligations pour les grands passages. J’en vois deux : limiter la taille des groupes et avoir l’obligation de s’annoncer au moins trois mois en avance. À plus de 100 caravanes, il est impossible de trouver du terrain pour tout le monde. On est, le plus souvent, dans le cadre de migrations religieuses. Les pasteurs font souvent l’effort de s’annoncer. Lorsque ces passages sont annoncés, nous répondons toujours présent, nous trouvons toujours une solution, avec un agriculteur ou un autre, même si nous n’avons pas de grands terrains identifiés. Chaque fois qu’il y a des problèmes, c’est lorsque les groupes téléphonent le vendredi ou le samedi pour le dimanche. Là, on ne peut pas répondre. Et même si on avait un grand terrain, il faut s’assurer de sa disponibilité. Les pasteurs, quand ils se rencontrent en mars ou avril, doivent se mettre d’accord sur leur itinéraire, limiter les groupes et écrire aux communes bien avant leur arrivée. ■ Les jeunes dans les petites communes se plaignent souvent du manque de lieux de rencontre. C’est un problème qui vous concerne ? Chaque commune doit apporter une réponse appropriée à sa taille. Bien souvent on fait des efforts sur la petite enfance. Mais il faut trouver des passerelles pour accompagner les jeunes de la petite enfance jusqu’à 20/25 ans. Dire « tiens, je vais positionner un local pour les jeunes à tel endroit », ça n’a pas de sens. Ce sera une pierre posée dans un désert si autour il n’y a pas le dispositif d’accompagnement qui a incité au début les enfants puis les ados à aller dans des structures appropriées en fonction de leur âge. Il faut proposer quelque chose de cohérent. Cette proposition doit se faire avec l’ensemble des associations culturelles et sportives de la commune, les services municipaux, s’ils existent, et les écoles. C’est ce qu’on appelle le projet éducatif local qui permet de proposer un système cohérent, transversal. ■ Comment le maire tient-il face à tous ces dossiers difficiles ? C’est le rôle de l’élu de convaincre. Il faut surtout tenir la longueur des dossiers. On a souvent la volonté d’agir mais on passe son temps à brasser des papiers. Ça, c’est usant. Après, convaincre les gens, c’est plutôt passionnant. ■ Comptez-vous vous représenter aux prochaines municipales ? Je ne sais pas… on verra… Il y a encore des beaux projets à défendre… En tout cas, je ne repartirai pas sans une équipe motivée (comme c’est le cas actuellement), car un maire sans son équipe ne peut pas faire grand-chose ! Propos recueillis par Pauline Froppier Un an après LA PORTE OUVERTE De la difficulté d’être parent L’idée de la Porte ouverte est née grâce à un petit groupe de travailleurs sociaux, de la Sauvegarde de l’enfance et du Conseil général, qui avaient une préoccupation commune : la nécessité de créer un lieu d’accueil des parents, une structure en amont des procédures administratives ou juridiques, en dehors des champs traditionnels du social. Derrière la Porte ouverte, un local coloré et convivial. La Porte ouverte 38, avenue de Saint-Exupéry 01200 Bellegarde-sur-Valserine Tél. 04 50 56 27 06 E n septembre 2005, est née la Porte ouverte, à Bellegarde. Un lieu d’accueil agréable mais banalisé, installé physiquement en dehors de toute structure officielle, dans un immeuble d’un quartier de la ville. La règle du jeu, c’est l’anonymat, la gratuité, l’informel. Deux fois par semaine, le mardi de 16 h 30 à 19 h 30 et le jeudi de 13 h 30 à 16 h 30, cinq accueillants se relaient, par binômes, pour tenir les permanences. Pas de rendez-vous, pas de convocation non plus, ils attendent que l’on pousse la porte. Une maman qui vient avec ses trois enfants en bas âge, un parent confronté au mutisme d’un adolescent, un couple qui s’interroge sur la parentalité, il n’y a pas de règle. Tous les parents sont les bienvenus. Les mères en éclaireur pensait, qu’être parent, pour chacun d’entre nous, ce n’est pas simple tous les jours ». Entre le doute et la honte L’équipe est à l’écoute. En fonction de la personnalité des gens, des problèmes qu’ils rencontrent, elle s’adapte. « Dans chaque intervention, confie pourtant Nicole Grevot, on retrouve un sentiment de honte, de fiasco. Les parents se demandent où et quand ils se sont trompés. C’est souvent très fort émotionnellement. Notre rôle est de les aider à cheminer dans une réflexion, les rassurer ». « D’une interaction à l’autre, c’est très différent, renchérit Marie Carminati. Les parents peuvent s’adresser à nous simplement parce qu’ils cherchent des limites éducatives ou, plus douloureusement, parce qu’ils sont confrontés à des tendances suicidaires de leur enfant ». En moyenne, les travailleurs sociaux accueillent au moins un parent par permanence. Ils regrettent que certains publics hésitent à pousser la porte, notamment ceux qui font par ailleurs l’objet d’intervention des services sociaux. Mais plusieurs actions, débats et actions de communication, ont été prévues pour tenter de sensibiliser tous les parents. • C.R. Après 15 mois de pratique, l’équipe a un peu revu sa copie. D’une part, les cinq travailleurs sociaux ne sont plus que quatre. Maryse Bare, puéricultrice au centre médico-social de FerneyVoltaire, Marie Carminati, assistante sociale sur la circonscription de Nantua, Nicole Grevot, assistante sociale sur la circonscription de SaintGenis-Pouilly, et Pierre Tavernier, éducateur à la Sauvegarde de l’enfance, attendent d’ailleurs du renfort… Ensuite, les parents qu’ils attendaient ne sont pas forcément ceux qui ont franchi la porte. « On pensait avoir beaucoup de familles monoparentales, mais en fait non. La démarche première, la première visite, c’est bien souvent la mère qui la fait. Puis le couple, souvent, revient pour d’autres temps de parole ». Pas forcément aisés mais pas non plus en situation de précarité, les parents sont issus de toutes les catégories socioprofessionnelles. « Nous avons reçu des enseignants, des paramédicaux, dit Marie Carminati. Dans l’ensemble d’ailleurs, ce sont plutôt des personnes en capacité de réfléchir à leurs problèmes qui viennent Marie Carminati et Nicole Grevot, assistantes sociales, ont voulu un lieu d’échanges et d’écoute, moins stigmatisant que les champs nous voir. Et l’on a bien vu, comme on le traditionnels de l’intervention sociale. InterAction n° 52 • avril 2007 • 9 • Table ronde Aidant familial : choix de vie ou Aidant familial : ce terme récent recouvre une réalité vieille comme l’humanité, à laquelle tout le monde se trouve confronté un jour. Le vieillissement de la population, l’éclatement des familles, l’isolement rendent la tâche ardue pour l’aidant aujourd’hui. Quel rôle joue l’aidant dans la société ? Bénéficie t-il d’un soutien et d’un statut à la hauteur de la contribution sociale qu’il apporte ? Jeanne Stark Service social de la CRAM “ Il faut, longtemps à l’avance, préparer le malade à son entrée en institution.” ■ Qui sont les aidants familiaux ? L’aidant familial s’occupe, de façon non professionnelle, d’une personne de son entourage dépendante, pour toutes les activités de la vie quotidienne. « On ne peut pas vraiment parler de profil-type, commente Philippe Marissal, même si deux aidants sur trois sont des femmes. L’aide peut être apportée à un parent, un conjoint vieillissant ou malade, mais aussi à un enfant, à un adulte handicapé, ou à une personne atteinte de maladie psychique. L’aidant qui s’occupe de son enfant est en moyenne âgé de 52 ans, cet âge s’élève à 71 ans quand la personne aidée est un conjoint ou l’un des parents. » Marie-Noëlle Béréziat remarque que « l’aidant doit veiller à tout », ce qui peut le conduire à un état d’épuisement physique et psychologique. « Le taux de mortalité est deux fois plus élevé chez les aidants, à tranche d’âge égale, alerte Philippe Marissal. Et le taux de morbidité (stress, dépression) est supérieur de 75 %. » Lucette Rigollet en témoigne : « Avec ma mère très âgée et ma sœur handicapée, j’ai du arrêter de travailler. J’étais trop fatiguée. » Le sentiment de solitude et d’isolement est fréquent chez l’aidant. Mireille Millet, dont la mère, aujourd’hui en institution, est atteinte de la maladie d’Alzheimer, se souvient qu’elle ne pouvait jamais sortir, n’avait plus de temps libre. Et l’aidant est souvent désorienté face à un malade dont il ne reconnaît plus les réactions. Il doit faire le deuil de l’enfant, du conjoint, du parent qu’il a connu ou dont il rêvait. « Ma mère a eu une période d’agressivité envers moi, se rappelle Mireille Millet. Elle me griffait, me mordait. » Ce désarroi est d’autant plus grand que l’aidant ne sait où demander de l’aide et ne connaît en général pas ses droits. ■ Entre vocation et obligation, les aidants familiaux répondent-ils à une nécessité sociale ? C’est d’abord parce qu’elles sont impliquées affectivement que des personnes deviennent aidants familiaux, sans l’avoir demandé. « Le rôle de l’aidant correspond bien à la définition du mot “vocation”, lance Jeanne Blanchard : aptitude pour un genre de vie, fonction naturelle d’un groupe, être qualifié pour un rôle. » Le respect, le devoir naturel vis-à-vis d’un proche sont des motifs qui expliquent en partie l’investissement de l’aidant. JeanMichel Fonquernie constate qu’avec les malades d’Alzheimer, un état fusionnel se crée. L’aidant s’investit énormément puisqu’il doit à chaque instant surveiller le malade. De plus, il reste toujours au premier plan pour assurer une communication non verbale de qualité, qui passe par le toucher, la parole, le regard. Au-delà du lien affectif, tous s’accordent à dire qu’être aidant est une nécessité incontournable. La solidarité familiale ne joue pas toujours et l’aidant est parfois l’unique membre de la famille qui accepte de tenir ce rôle. Mireille Millet souligne que sa sœur ne donne plus aucune nouvelle depuis que la maladie de sa mère est diagnostiquée. Philippe Marissal enchaîne : « Les aidants familiaux font tellement d’heures de présence qu’aucun payeur officiel ne pourrait les prendre en Marie-Noëlle Béréziat Nathalie Vignal Lucette Rigollet Assistante sociale MSA Ergothérapeute, Association des paralysés de France “ Le soutien collectif permet aux aidants de s’entraider et de parler de leur vécu.” “ Nous rééquilibrons les relations aidant/aidé en faisant intervenir une tierce personne.” “ Après mes grandsparents et mes parents, mes filles sont prêtes à prendre la relève pour s’occuper de ma sœur.” • 10 • InterAction n° 52 • avril 2007 Aidante familiale nécessité sociale ? charge. La surveillance nocturne, par exemple, est vraiment le parent pauvre de l’aide au quotidien et coûte excessivement cher. » Enfin, Leslie Wacogne complète : « Sans les aidants, on ne pourrait pas maintenir les personnes handicapées à domicile. » Jeanne Blanchard Présidente de l’UNAFAM (Union nationale des amis et familles de malades mentaux) “ Un grand nombre d’aidants déclarent que leur santé mentale et physique ainsi que leur situation financière se sont détériorées.” ■ Comment aider les aidants ? Plusieurs organismes et associations proposent un soutien collectif qui © MSA permet de rompre l’isolement. « Nous donnons aux aidants des informations L’aidant est souvent un parent proche. pour qu’ils connaissent leurs droits et nous proposons des temps de formation très concrets, ex- au rôle unique d’aidant et la relation de couple est plique Marie-Noëlle Béréziat. La MSA et la CRAM restaurée. » Tous les participants reconnaissent établissent aussi des plans d’aide individualisés dans que des avancées ont eu lieu au niveau des lois, le cadre de l’allocation personnalisée d’autonomie mais qu’elles restent encore insuffisantes. Jeanne (APA). » Jean-Michel Fonquernie insiste sur l’im- Starck pointe le manque de structures adaptées portance du soutien psychologique : « Les aidants et les listes d’attente énormes pour avoir une Alzheimer ont un sentiment très fort de culpabilité, place en institution. « Le projet d’un congé familial lié à une grande souffrance. Lors des rencontres, de trois mois présenté à la conférence des familles anous les aidons à analyser ce ressenti et à en sortir. t-il un sens pour les aidants retraités ? », s’interroge Nous leur proposons aussi de prendre conscience de Jeanne Blanchard. Philippe Marissal dénonce le leurs limites et d’accepter de souffler, dans l’intérêt de montant de l’APA divisé par trois après 60 ans, tous. » Guillaume Ogier, directeur de Vivre En les plans d’aide sectorisés, sans vision globale Ville 01, propose un accueil de jour et un accom- de la personne. Un statut d’aidant reconnu par pagnement à la vie sociale à domicile. « L’accueil les pouvoirs publics est nécessaire, « ou plutôt un temporaire permet aux parents de prendre un temps de principe de reconnaissance qui passe par une indemliberté et au malade de sortir de sa routine. » Nathalie nisation » précise Leslie Wacogne. Vignal ajoute : « Quand une tierce personne assure la • S.G. toilette ou donne le repas, le conjoint n’est plus réduit Guillaume Ogier Directeur de « Vivre en ville 01 » “ Les associations doivent pouvoir soutenir les aidants dans les situations d’urgence.” Jean-Michel Fonquernie Président d’Ain Alzheimer “ Une place en institution dans l’Ain coûte entre 1 500 et 2 500 euros par mois.” Mireille Millet Philippe Marissal Leslie Wacogne “ J’avais l’impression d’abandonner Maman en la mettant dans une institution, pourtant elle est heureuse là-bas.” “ Les plans d’aide sont destinés aux personnes âgées sans tenir compte de la diversité des âges dans la dépendance.” “ Nous proposons des intervenants extérieurs pour soulager la tâche des aidants.” Aidante familiale Médecin généraliste Assistante sociale, Association des paralysés de France InterAction n° 52 • avril 2007 • 11 • Vers une reconnaissance officielle des aidants familiaux Aider les aidants ne peut être que profitable… aux aidés, c’est une évidence qui a ponctué les échanges de la table ronde. Au-delà des groupes de soutien, les aidants ont besoin d’une validation par la société du travail irremplaçable qu’ils fournissent. Des mesures existent déjà. Lors de la dernière Conférence de la famille, en juillet 2006, Philippe Bas, ministre délégué aux personnes âgées et à la famille, a présenté plusieurs propositions d’aide aux aidants dont une au moins est appliquée : depuis janvier 2007, le congé de soutien familial permet à l’aidant, salarié depuis deux ans, de bénéficier d’un arrêt de travail de 3 mois, renouvelable dans la limite d’un an pour l’ensemble de sa carrière. Ce congé l’assure de ne pas perdre son emploi et de garder ses droits sociaux pendant qu’il se consacre à la personne aidée. Mais il n’est pas rémunéré. Une validation des acquis Une formation gratuite devrait être mise en place dans l’année. Elle permettra aux aidants d’apprendre les gestes les plus efficaces pour assister leurs proches. Un « carnet de l’aidant » doit aussi être créé. Son but : accompagner le début de parcours de l’aidant en lui donnant des informations sur ses droits et mettre en valeur l’expérience qu’il acquiert peu à peu. Un autre projet consiste à valider les acquis de l’expérience d’aidant familial (VAE). Cette mesure, réclamée par le collectif d’associations d’aide aux aidants, permettrait une reconnaissance officielle du travail de l’aidant familial et lui ouvrirait les portes des carrières médico-sociales. Son application n’est pas encore à l’ordre du jour. Enfin, la Conférence de la famille instaure le « droit au répit » pour permettre à l’aidant de prendre un temps de repos et de détente de quelques heures ou quelques jours. Cette mesure implique l’augmentation du nombre de places d’accueil de jour et d’hébergement temporaire. Développer les structures d’accueil Pas toujours adaptées au malade, les structures d’accueil sont en nombre insuffisant. « Un homme de 30 ans handicapé n’est pas à sa place dans une maison de retraite ! », dénonce Leslie Wacogne. Pour les malades d’Alzheimer, il manque 779 places dans des unités spécifiques, dans l’Ain. Le malade n’est pas bien pris en charge lorsqu’il est placé dans une structure qui n’est pas équipée pour sa pathologie. Philippe Marissal fait remarquer que ce plan d’aide ne tient pas compte de la grande diversité des aidants et des patients. De plus, en fonction du territoire, les gens n’ont pas les mêmes besoins. « Ne demandez pas à la population du Valromey de réagir comme la population de Bourg. Ce ne sont pas les mêmes personnes, pas les mêmes façons de gérer, pas les mêmes contraintes. » L’accueil temporaire peut être une introduction à l’entrée définitive en institution. Mais les maisons de retraite refusent souvent de prendre des malades de moins de 60 ans par manque de budget : elles touchent trois fois moins de subventions qu’avec des malades plus âgés. Les structures spécialisées sont trop peu nombreuses et le coût financier, important pour l’aidant, n’est pas compensé par les différentes aides sociales. La solidarité est indéniablement valorisée et mise en avant avec la reconnaissance des aidants familiaux. Mais, rappelle l’UNAF, « les mesures d’aide ne peuvent en aucune façon être un prétexte au désengagement de l’État dans le cadre d’une politique globale de solidarité nationale en faveur des personnes en situation de handicap ». • S.G. • 12 • InterAction n° 52 • avril 2007 • Combien d’aidants ? Il n’existe pas de recensement officiel des aidants familiaux. La Conférence de la famille 2006 avance le nombre de 307 000 tandis que l’AFM (Association française contre la myopathie) parle de 5 millions. L’UNAF (Union nationale des associations familiales) établit une moyenne avec une estimation de 2 millions. Le temps d’accompagnement s’élève à cinq heures par jour, contre une heure cinquante pour un allocataire ne bénéficiant que d’une aide extérieure. • Combien d’aidés ? Selon la Drees*, 185 000 enfants sont en situation de handicap, 2 millions d’adultes handicapés vivent à domicile, 1,3 million de personnes âgées sont dépendantes. Les personnes gravement malades ne sont pas répertoriées. * Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques • Collectif inter-associatif : 16 associations ayant trait au handicap réfléchissent sur l’amélioration de la qualité de vie des personnes handicapées, des personnes dépendantes et de leurs aidants familiaux, et œuvrent pour la reconnaissance du rôle majeur des aidants non professionnels. www.unaf.fr • Informations - Groupes de parole – La CRAM et la MSA, en partenariat avec le Conseil général, les centres communaux d’action sociale, les travailleurs sociaux et les services de maintien à domicile, proposent des cycles d’informations et d’échange destinés aux aidants, et des groupes de parole destinés aux personnes vivant avec des patients atteint de pathologies graves. Tél. 0820 904 122 – L’association Ain Alzheimer organise des cycles de rencontres animés par une psychologue, un accueil des familles sur rendez-vous et une permanence téléphonique quotidienne. Tél. 04 74 52 10 90 – L’association Aidants organise une permanence téléphonique et des « cafés de l’aidant » dans toute la France. www.aidants.fr Alzheimer Europe a publié – L’UNAFAM-AIN propose des permanences Le guide des aidants. à Ambérieu-en-Bugey, Bourg-en-Bresse et Ferney-Voltaire. Tél. 04 74 32 11 39 Service téléphonique Écoute-Famille : 01 42 63 03 03 • Accueil temporaire – Le gouvernement a annoncé la création de 2 500 places d’accueil de jour et 1 100 places d’hébergement temporaire par an pendant cinq ans. – Des accueils de jour existent pour les personnes handicapées psychiques : Vivre en ville 01 à Bourg et Ambérieu et le Groupement d’entraide mutuelle (GEM) à Ferney-Voltaire. Les Lucioles, à Reyrieux, accueillent les malades d’Alzheimer. Certains hôpitaux locaux et maisons de retraite disposent de places temporaires d’accueil de jour. Vivre en ville 01 : 04 74 22 49 67 – GEM : 04 50 42 18 21 Les Lucioles : 04 74 00 85 01 • Le maintien à domicile Plusieurs services d’aides à domicile existent dans l’Ain. On peut consulter les adresses sur www.ain.fr Le SESVAD (service spécialisé pour une vie autonome à domicile) de l’APF favorise la vie à domicile et l’autonomie des personnes handicapées. Différents professionnels (assistante sociale, ergothérapeute, éducatrice spécialisée) interviennent à la demande, ponctuellement ou sur plusieurs mois. www.apf.asso.fr – Tél. 04 74 50 49 24 Entretien « 600 jeunes handicapés et valides vont se rencontrer » Jacques Laderrière. Le président du Comité de l’Ain Handisport mise sur la jeunesse pour développer la pratique du sport handicapé. ses, progressivement, évoluent. Aujourd’hui le comité compte 14 sections officielles, bientôt 15. L’offre commence à s’étoffer et le nombre de pratiquants aussi avec un total de 80 licenciés dont 40 réellement actifs. ■ Comment est né le comité de l’Ain Handisport ? Handisport 01 est né en 2001, créé par un petit groupe de pratiquants dont Pierre Challes qui est aujourd’hui le permanent du comité. Il y avait alors un manque réel dans la pratique du sport handicapé dans l’Ain. Il n’y avait pas de structures, juste des individualités qui pratiquaient le sport handicapé, en allant à Lyon ou en Haute-Savoie. L’idée était de dire « il existe des possibilités de faire du sport même quand on est handicapé, nous vous offrons ces possibilités ». ■ Il n’y avait pas de structure sportive pour les personnes handicapées ? Une seule, le CAT de Virieu le Petit, qui avait une section intégrée mais qui de fait était rattachée à la ligue RhôneAlpes Handisport. Notre objectif était de structurer les pratiques, de les mettre à la disposition des personnes intéressées et de faire savoir que ces pratiques existent. Les cho- ■ Comment comptez-vous développer la pratique et sensibiliser les publics ? Pour attirer les gens vers le handisport, il faut les sensibiliser dès le plus jeune âge. Un partenariat a été établi avec l’Éducation nationale pour développer la pratique du sport handicapé dans les milieux scolaires, par la signature de conventions avec l’Inspection académique de l’Ain, l’UNSS, l’USEP et l’UGSEL*. Le but est d’intégrer au maximum les jeunes dans la pratique sportive scolaire, avec les autres, sans discrimination. Et l’inspecteur d’académie soutient le comité dans cette action. L’autre question était de savoir comment toucher les gens. Au sein du comité, nous nous sommes aperçus qu’un handicapé fréquentait au moins trois fois par mois un cabinet médical ou paramédical. Il fallait donc faire une campagne d’information dans les cabinets médicaux, avec l’accord des médecins de l’Ain. Ensuite, pour développer la pratique, nous avons choisi de créer des évènements : en 2003, les championnats de France de course, à Bourg-en-Bresse, et plus récemment un marathon ouvert aux fauteuils, sur SaintVulbas. Et puis cette année, du 17 au 20 mai, le comité départemental accueillera les 18es Jeux nationaux de l’avenir handisport. ■ Comment vous êtes-vous engagés dans cette aventure ? Les jeunes sont notre avenir et en particulier l’avenir du sport. Il y a deux ans, le comité s’est rendu à Limoges pour assister à la 17e édition des Jeux et voir si nous étions capables de les organiser. Nous avons déposé une candidature pour l’édition 2007, qui a été retenue. Grâce à cette manifestation, des jeunes de toute la France, handicapés et valides, 600 au total, âgés de 12 à 20 ans, vont se rencontrer. Ce sera une occasion unique de montrer que ces jeunes sont des athlètes à part entière, d’essayer de changer le regard des valides et d’inciter les personnes handicapées à pratiquer un sport. Ces jeux seront une belle réussite. Propos recueillis par Caroline Rohrhurst * Union nationale du sport scolaire, Union sportive de l’enseignement du 1er degré, Union générale sportive de l’enseignement libre. InterAction n° 52 • avril 2007 • 13 • CAF SCHÉMA DIRECTEUR D’ACTION SOCIALE Hervé Chesnel et Jacqueline Berry, en tandem pour l’application des nouvelles orientations. Le schéma directeur d’action sociale 2005/2008 de la CAF est celui des changements, non seulement sur les divers champs d’intervention de la branche famille, mais aussi dans l’organisation même de sa mission. Avec pour visée première : un renforcement de ses actions dans une nouvelle organisation de proximité. La CAF joue la de la prox E n 2007, la CAF de l’Ain met en place une action sociale territorialisée. « C’est une petite révolution pour notre organisme dont le travail s’est toujours effectué de façon très centralisée ! » Hervé Chesnel, directeur de la CAF, insiste sur les impacts que cette réorganisation a sur les partenariats et les modalités de travail. « Nous avions jusqu’ici une convention de polyvalence signée avec le Conseil général : nos travailleurs sociaux étaient associés à ceux du Conseil général au sein des circonscriptions d’action sociale. » La montée en charge des compétences du Département mobilise de plus en plus les travailleurs sociaux, rendant difficile la mise en œuvre des objectifs CAF. Or, parallèlement, la branche famille renforce son action sociale en direction des familles. Une nouvelle convention cadre a été conclue avec le Conseil général, recouvrant l’ensemble des champs de coopération dans le domaine social. Un engagement de proximité Les nouvelles modalités de travail adoptées ont obtenu l’adhésion complète du Conseil d’administration et des travailleurs sociaux. Désormais, l’action sociale de la CAF se rapproche davantage des réalités des territoires. « Cette organisation va répondre à trois objectifs : aller au devant des familles, agir en partenariat avec les autres acteurs de l’action sociale, et faire avec les familles, en adaptant notre action en fonction de leurs besoins. » Les huit circonscriptions d’action sociale ont été regroupées en quatre grands territoires, avec pour chacun un conseiller de territoire et une équipe de trois ou quatre travailleurs sociaux. À partir d’un événement important dans la situation des familles (impayé de loyer, déclaration d’isolement…), les travailleurs sociaux se © CAF rendront chez les allocataires pour analyser leur La petite enfance reste l’une des principales priorités de la CAF. • 14 • InterAction n° 52 • avril 2007 situation et envisager un accompagnement. Des actions collectives vont aussi se mettre en place. « Nous pourrons, par exemple, inviter les bénéficiaires de l’allocation de parent isolé (API) à des réunions d’information. » Par ailleurs, le conseiller de territoire sera le représentant de la CAF, l’interlocuteur privilégié des partenaires, des collectivités locales et des associations. « Il aura pour tâche d’analyser les besoins en amont, d’établir des diagnostics, de donner des conseils ou réorienter une aide. » De nouvelles priorités Cette territorialisation a aussi touché d’autres domaines d’intervention. Ainsi, la petite enfance a fait l’objet de fortes évolutions. « On a pu lire ou entendre, ça et là, que la CAF se désengageait dans le soutien à la petite enfance. C’est un point de vue que je ne peux pas partager, car notre contribution reste conséquente. » Jacqueline Berry souhaite bien remettre les choses à leur place. La petite enfance reste l’une des principales interventions de la CAF de l’Ain. L’aide sera toutefois mieux répartie sur le territoire. L’apparition de la notion de territoires prioritaires modifie donc la donne. « Nous sommes encore loin d’avoir une couverture suffisante, il y a beaucoup de secteurs ruraux où il va falloir développer des lieux de multi-accueil. » Autre avancée notable que relève Jacqueline Berry : la professionnalisation du métier d’assistante maternelle donne à la fonction une véritable reconnaissance. La branche famille va par ailleurs renforcer son soutien à la parentalité. « Le budget a été voté en Conseil d’administration pour le développement de la médiation familiale et l’ouverture de lieux d’accueil parents-enfants, comme La Porte ouverte à Bellegarde », souligne Jacqueline Berry. Ce travail se fera en partenariat avec le Conseil général et la DDASS, « en veillant à ne pas empiler des financements sur des mêmes actions et à coordonner nos interventions. » • P.F. carte imité Les autres champs d’intervention du schéma directeur d’action sociale • Centres sociaux et structures de voisinage Actuellement, il existe 22 centres sociaux et quatre structures de voisinage agréés par la CAF. Des territoires sont insuffisamment couverts. L’implantation d’un centre social se négocie avec les élus locaux. Il s’agit de mener tout un travail de mobilisation et de conviction autour de l’intérêt de ce type d’aménagement, dans le cadre des politiques de cohésion sociale et de citoyenneté. La CAF s’appuie sur un partenariat avec la Fédération des centres sociaux et le Conseil général. • Soutien aux loisirs des jeunes Envoyés dès septembre, les Bons loisirs jeunes (BLJ) permettent aux jeunes de payer une partie de l’inscription au sein d’un club ou d’une association sportive, culturelle ou de loisirs agréée par la CAF. De septembre 2005 à juin 2006, il y a eu une augmentation de + 14,5 % d’utilisateurs. • Lutte contre le logement indécent Ce point fait l’objet d’un repositionnement transversal entre les différents services de la CAF. La décence du logement se vérifie par le service prestations qui verse les aides au logement : en cas de logement indécent, l’allocation ne sera plus versée au propriétaire, mais au locataire. L’intervention du CAL-PACT permet de poser un diagnostic sur l’état du logement. Les services de la CAF pourront intervenir sur les cas les plus difficiles, lorsque notamment le propriétaire refuse de faire les travaux nécessaires : le but est d’éviter aux gens de se mettre en situation d’impayés, en demandant au tribunal de diminuer ou suspendre le versement du loyer au propriétaire. • Aide aux familles vulnérables Dans le cadre de la nouvelle organisation territoriale, une démarche d’accès aux droits aux prestations familiales sera développée auprès des familles en difficulté. Les travailleurs sociaux pourront intervenir à l’ouverture d’un droit (comme l’API) pour proposer un entretien à domicile et définir une offre de services complémentaires. Cela pourra être l’occasion, dans un deuxième temps, de remobiliser un allocataire autour d’un projet personnalisé d’accompagnement dans la vie quotidienne. • Vacances des familles et des enfants Finis les bons vacances. La CAF de l’Ain a adhéré au service VACAF. Ce service mutualisé propose aux allocataires un système de tiers payant pour des séjours en équipements (campings, centres de vacances…) labellisés VACAF. En 2005, les séjours sociaux familiaux sont passés sous le label VACAF ; en 2006, les séjours familiaux en campings et centres de vacances. En 2007, ce sont les vacancesenfants (colonies) qui sont concernées par cette mutation, avec l’agrément de plus de © CAF 50 associations du département de l’Ain gestionnaires de séjours de vacances dans toute la France. • Aide aux centres de loisirs La fréquentation des centres de loisirs sans hébergement (CLSH) pendant les petites vacances et les vacances d’été est en constante augmentation depuis plusieurs années. La CAF continue à attribuer une aide en 2007 sous forme de bons et une réflexion est engagée avec la Fédération des centres de loisirs pour trouver une forme plus simple et mieux adaptée à cette évolution. • Gens du voyage Cette action se décline en trois axes : participation au financement de la création d’aires d’accueil (1 000 € par place), contribution au financement de la mission de médiation assurée par la Sauvegarde de l’enfance, et mise en place de nouveaux prêts pour l’achat de caravanes. InterAction n° 52 • avril 2007 • 15 • Conseil général POLITIQUE LOGEMENT Les premiers d’une dyna © D. Gillet Suite à sa demande et conformément aux dispositions de la loi du 13 août 2004, le Conseil général de l’Ain est chargé depuis le 1er janvier 2006, par délégation de compétence, de la répartition des aides à la pierre de l’État, en plus de ses interventions en fonds propre. Quinze mois après, c’est l’heure d’un premier bilan. D Géographiquement, sur le département, deux ès 2001, le Conseil général avait conduit territoires se révèlent être de gros consommaun programme qui s’appelait « 1 000 logements sociaux en 2005 ». La prise de comteurs d’aides publiques, Bourg et la Plaine de l’Ain d’une part, le Pays de Gex et Bellegarde pétence par le Conseil général des attributions d’autre part, représentant à eux deux près de ordinairement assumées par l’État devait donc 60 % de la totalité des aides versées être une deuxième phase dans la en 2006. Le territoire de la Côtièredynamique engagée par le Conseil Dombes-Val de Saône en a absorbé général en faveur du logement. « C’est un succès Un an après, les chiffres sont très du département. » 20 %, le reste étant partagé entre les zones d’Oyonnax-Nantua et le satisfaisants, au-delà parfois des Bugey. résultats escomptés. « C’est un sucDu côté des aides au secteur privé, deux objectifs cès du département, déclare ainsi Charles de la étaient visés : la production de logements en Verpillière, président du Conseil général. Nous loyer conventionné et des sorties de vacance. avons dépassé les objectifs assignés par l’État « Les chiffres affichés dans le plan Borloo étaient puisque nous comptabilisons, pour 2006, le très ambitieux, indique à ce sujet Marc Ournac, financement de 1 012 logements sociaux. 981 responsable du service logement, et pour certaiétaient attendus. Les objectifs ont été atteints à 111 % ». nes classifications, pour les logements indignes par exemple, l’appréciation d’un département à l’autre est très subjective ». Concrètement donc, Les chiffres de 2006 sur le parc privé, les objectifs n’ont pas été atDans la convention signée entre l’État et le teints. Sur les 300 logements à loyer maîtrisé qui Conseil général, les chiffres à atteindre étaient étaient demandés, 144 ont été réalisés. Sur les donc clairement définis, selon chaque domaine 170 logements vacants qui devaient être remis d’intervention accordé en délégation. sur le marché, 103 l’ont réellement été. Pour les aides publiques destinées à la cons« Mais nous avons un taux de réalisation qui est truction, un objectif de 911 logements avait été tout à fait dans la moyenne régionale » explique fixé, 1 012 ont été financés (dont un tiers dans le Marc Ournac qui soulève en même temps un Pays de Gex). Et une majorité de ces logements problème réel, celui de la motivation des prorelèvent du Prêt locatif à usage social (PLUS), priétaires. « Il est évident que les propriétaires, « produit standard » du logement social. dit-il, ont du mal à venir sur ces champs-là. Plus les loyers sont modérés, plus les aides que nous apportons sont importantes. Et la Région accorde aussi des aides pour la rénovation des logements à loyer maîtrisé. Mais ça ne suffit pas toujours à convaincre. Ce n’est pas qu’une question de raisonnement économique pour les propriétaires. Cela relève aussi de leur appréciation, parfois subjective, du risque locatif. » … et en 2007 ? © OPAC Une opération de l’OPAC menée à Buellas en 2006 : 2 logements collectifs et 5 individuels. • 16 • InterAction n° 52 • avril 2007 Dans la continuité de 2006, l’action du Conseil général en faveur du logement bénéficie en 2007 des mêmes aides de l’État, soit une enveloppe de 3 280 000 euros à destination du parc public, une autre de 4 053 000 euros en dotation de base résultats mique © SEMCODA À Saint-André de Bagé, un projet mené par la Semcoda via un financement du Conseil général : 22 pavillons dont un adapté pour une personne handicapée. pour le privé plus une dotation spécifique de 430 000 euros pour du maintien à domicile. À ces aides de l’État, s’ajoutent celles du Conseil général : – pour le parc public, 6 millions d’euros vers l’offre nouvelle (construction et acquisition amélioration), 1 million en réhabilitation/ démolition ; – pour le parc privé, 500 000 euros en accompagnement des aides de l’ANAH et 1 million pour l’accession à la propriété (logements de plus de 15 ans avec prêt à taux zéro et travaux d’amélioration). Et une enveloppe du Conseil régional : 2,1 millions d’euros pour le parc public, 150 000 euros pour le privé. La première année de convention entre l’État et le Département a donc porté ses fruits et 2007, visant toujours à dépasser les 1 000 logements sociaux construits par an, devrait confirmer le succès de la politique logement engagée dans l’Ain. De nouveaux outils sont d’ailleurs en train de se mettre en place, comme l’Établissement public foncier local (EPFL) ou la Maison du logement, qui devraient intensifier la tendance. • C.R. Au service du logement Le service logement du Conseil général est composé de quatre personnes, placées sous la responsabilité de Marc Ournac, directeur. Deux agents sont chargés de l’instruction des dossiers de l’ANAH, auparavant traités par la DDE, et deux agents s’occupent des autres sujets, les dossiers relatifs au parc public, les aides à l’accession, l’Établissement public foncier local. D’autres arrivées liées à la mise en place de l’EPFL sont prévues dans le courant de l’année. Un Établissement public foncier local juridiquement créé L’arrêté préfectoral du 18 décembre 2006 a juridiquement créé l’Établissement public foncier local de l’Ain suivi, le 20 décembre 2006, de son assemblée générale constitutive. Onze Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) et quinze communes isolées ont d’ores et déjà adhéré à l’EPFL, couvrant une population de 341 285 habitants. Et d’autres sont en cours d’adhésion. L’objectif fixé était une adhésion de 250 000 habitants, à la constitution. La vocation de l’établissement est « d’intervenir en soutien opérationnel des collectivités locales adhérentes pour les aider à mettre en application leurs stratégies d’aménagement du territoire en : – acquérant des réserves foncières pour le compte de ses membres, – apportant assistance et conseil en ingénierie foncière ». L’EPFL a le statut juridique d’Établissement public à caractère industriel et commercial (ÉPIC). Il est financé par des dotations de la Région et du Département. Son directeur est en cours de recrutement. Bientôt, une Maison du logement La Maison du logement de l’Ain, sorte de guichet unique destiné à regrouper les différents acteurs du logement, est en « construction ». Après la mise en place du cahier des charges par un bureau d’études, en lien avec les associations concernées, une étude a été lancée au mois de janvier pour tenter de définir les modalités de fonctionnement de cette Maison. L’objectif est de créer une structure parfaitement lisible pour le public, pour optimiser les moyens débloqués par le Conseil général. Les conclusions de l’étude sont attendues pour le début de l’été. Réalisée par Bourg Habitat à Saint-Denislès-Bourg, la PUV (Petite unité de vie) La Chenevière : 22 logements individuels pour les personnes âgées. InterAction n° 52 • avril 2007 • 17 • CPAM SOLIDARITÉ Au secours des Chaque année, un budget alloué par la Caisse nationale de l’assurance maladie permet d’abonder un fonds d’aides spécifiques, le fonds de l’action sanitaire et sociale (ASS). Répondant à la priorité d’accès aux soins pour tous, cette manne financière arrive pour beaucoup comme une bouée de sauvetage... R orthopédiques, changes pour incontinence, éservés à une population protégée par le prothèse capillaire, séances d’ergothérapie…) » régime général, les fonds de l’ASS sont Toutes les interventions ne se font qu’en dernier distribués aux Caisses primaires en fonction de recours, après utilisation des voies légales. Il n’y plusieurs indicateurs : la tension économique a pas de barèmes de ressources définis, mais le du département, le niveau de précarité des niveau de ressources reste discriminant. « Un des populations, la proportion des 18/25 ans et des grands principes est qu’il y a toujours un reste à plus de 75 ans (les plus touchés par la précarité) charge pour la personne, si modeste soit-il. Les et l’état de santé des populations. conseillers sont plus que sensibles au fait que la Revus en 2006, les critères d’attribution de personne sollicite la caisse avant l’aide s’appliquent non seule« L’aide financière a fait de faire la dépense plutôt que ment aux allocataires de RMI beaucoup pour les soins d’être mis devant le fait accompli », ou de petites indemnités de souligne Christine Rat. chômage, mais aussi à ceux dentaires, l’optique ou Les demandes d’aides financières qui travaillent avec un faible l’audioprothèse. » pour un arrêt de travail de plus de salaire, à temps partiel ou 3 mois ou une dépense importante supérieure à en contrat précaire. Le principe reste le même 305 euros sont évaluées par le service social de pour tous : l’aide doit être ponctuelle et en lien la CRAM qui le transmet à la commission. direct avec la maladie (handicap, accident du travail…) Un axe fort : le maintien à domicile Quatre champs d’intervention sont définis : l’accès aux soins, l’aide aux populations précaires, C’est une enveloppe importante d’intervention le handicap, et le maintien à domicile. auprès des personnes malades et/ou handica« Le service action sanitaire et sociale n’a aucune pées. Pour les personnes de moins de 60 ans, délégation pour l’attribution des aides. Tous les c’est la Croix-Rouge qui organise le service. dossiers sont présentés de façon individuelle et « Une évaluation médicale sur la capacité de la anonyme à une commission composée de huit personne à pouvoir faire ou pas est doublée d’une conseillers de la CPAM », explique Christine Rat, évaluation sociale sur l’entourage familial, l’isoresponsable du service. Une grosse responsabilité lement, le logement… » L’aide ménagère fournie pour ces conseillers qui se réunissent deux fois est en principe ponctuelle. Mais Christine Rat par mois et étudient en moyenne 40 dossiers constate qu’elle devient de plus en plus souvent par séance ! pérenne. L’isolement de plus en plus grand de ces personnes reste la principale difficulté que Une batterie d’aides leurs moyens financiers n’arrivent hélas pas à combler. Les aides financières sont Une ligne budgétaire est prévue aussi pour le attribuées dans le cadre maintien à domicile des personnes handicapées. d’un arrêt de travail deEn 2006, elle était de 57 940 €. « La nouvelle puis plus de 3 mois où la allocation de compensation du handicap laisse situation budgétaire est parfois un reste à charge très important pour déséquilibrée pour aider la personne dans l’achat de matériel, l’adaptaà régler des factures imtion du logement : un fonds de compensation payées. « Nous aidons est alors activé, auquel contribuent l’État, le aussi beaucoup pour les Département, Les Mutuelles de l’Ain, la MOFA, soins dentaires, l’optique la MSA et la CPAM. » ou l’audio-prothèse ou © CNAM • P.F. encore sur les prestations L‘accès aux soins pour tous est une priorité de la CPAM. non remboursées (semelles • 18 • InterAction n° 52 • avril 2007 plus démunis Michel Morel, président du Conseil de la CPAM « La CPAM ne doit plus être la seule à intervenir » Comment se définit une politique d’action sanitaire et sociale à la CPAM ? L’assurance maladie défend des valeurs de solidarité et d’égal accès aux soins pour tous. L’action sanitaire et sociale s’inscrit dans une politique nationale avec des objectifs et des indicateurs à suivre : l’assurance maladie doit s’engager auprès des populations en difficulté, fragilisées par la maladie ou le handicap. Quelques marges de manœuvre nous sont laissées en fonction des spécificités départementales. Les conseillers élus ont ainsi une certaine liberté pour la répartition de l’aide. Par exemple, dans l’Ain, nous accordons un financement pour l’aide à domicile, ce que d’autres départements ne font pas ou peu. La CPAM doit pouvoir éviter à celui qui vit petitement et tombe malade de se retrouver dans la précarité. On a été généreux pendant longtemps. Tous les dossiers étaient systématiquement orientés vers nous. Le Conseil souhaite qu’aujourd’hui, la CPAM ne soit plus la seule à intervenir pour aider les gens malades qui sont déjà en grande précarité. D’autres organismes, notamment les circonscriptions communales d’action sociale, peuvent aussi être sollicitées. n Quelles dif f icultés la commission rencontre-t-elle dans le choix des dossiers ? En 2000, le budget de l’ASS était de 975 000 €. En 2007, il est de 728 000 €, avec une augmentation de près de 50 % des demandes. Cette baisse peut se justifier par la mise en place de la CMU qui a permis n L’ASS en chiffres et dans le détail • Croissance régulière Le nombre de demandes d’aide financière augmente régulièrement depuis l’année 2000, période de référence qui a vu la mise en place de la CMU. 2000 : 615 dossiers 2001 : + 20 % (739) 2002 : + 37 % (843) 2003 : + 47 % (906) 2004 : + 57 % (966) 2005 : + 46 % (900) 2006 : 824 dossiers. La baisse en 2006 est due à une rupture des crédits. Il n’y a pas eu d’effet de rattrapage de l’absence de commissions en juin et juillet. • Répartition en 2006 53 % Aide ménagère de couvrir des personnes dont les ressources étaient en dessous des minima sociaux. Mais il reste tous ceux qui dépassent juste d’au plus 20 % les plafonds définis pour la CMU. Pour ceux-là, le ministère a décidé que notre diminution de budget serait reversée pour aider à financer une partie des frais de mutuelle. n Quelle conséquence aura cette baisse des crédits ? Depuis 1976, l’ASS de l’Ain intervient en grande partie pour l’aide au maintien à domicile. Cette aide ménagère, fournie dans le cadre d’une convention avec la Croix-Rouge, va être réduite. Le budget de l’ASS va être rééquilibré au profit des aides financières directes aux soins. Car la priorité nationale est aujourd’hui dans l’accès aux soins pour tous. Nous constatons que la maladie aggrave ou met des gens dans la précarité, même dans notre département où le taux de chômage est faible. Cette nouvelle orientation se fera en douceur, sur plusieurs années et sans rupture brutale. 47 % Aide financière 15 %, divers (prothèses capillaires, orthopédie…) 28 %, arrêt de travail de + de 3 mois 1 %, hospitalisation 3 %, optique 5 %, prothèses auditives 10 %, invalidité 38 %, frais dentaire • Bénéficiaires en 2006 Pour l’aide ménagère, 80 % du public aidé sont des personnes seules ou des familles monoparentales (10 %). 26 % sont au RMI ou avec de petites indemnités chômage et 2/3 du public aidé sont en situation de handicap moteur et/ou psychique. • En plus… À côté des interventions classiques, il existe des prestations supplémentaires facultatives, soumises à un barème de ressources : – prise en charge ponctuelle du ticket modérateur, ne se substituant pas à une mutuelle ; – indemnités journalières maternité pour les femmes enceintes qui occupent des postes pénibles. • Soins palliatifs Dans le cadre d’une convention avec le réseau OSIRIS, l’ASS peut prendre en charge l’aide humaine et technique pour le maintien à domicile de personnes en soins palliatifs, en fonction des ressources des personnes. InterAction n° 52 • avril 2007 • 19 • Interlignes Communauté de communes du Pays de Gex Des gouttes d’euros pour le Togo ● L’eau va-t-elle devenir la richesse naturelle la mieux partagée du monde ? Sur elle planent tant de menaces qu’elle constitue un enjeu de survie pour l’humanité. On peut toujours rêver… Dans le Pays de Gex, on a choisi de payer : un mètre cube d’eau distribué, un centime d’euro prélevé. Sachant que les 60 000 habitants de la région en utilisent annuellement cinq millions de mètres cubes, on obtient au bout du réseau d’eau la rondelette somme de 50 000 €. Quatre années seront donc nécessaires pour financer la construction du barrage de Danyi-Dzogbegan évaluée à 200 000 €. On a trop qualifié les actions humanitaires menées en Afrique de gouttes d’eau pour ne pas se réjouir cette fois que des gouttes d’euros soient capables de changer le destin d’un village aussi peuplé que Thoiry. Un bassin pour les bassines À Danyi-Dzogbegan, femmes et enfants connaissent sur le bout des pieds le chemin qui mène au lointain marigot. Chacun le parcourt plusieurs fois par jours chargé de bidons et de bassines que la distance alourdit à chaque pas. Désormais, enfants et femmes comptent les jours : en 2008, l’eau du barrage irriguera le village grâce à une installation conçue par Hydraulique sans Frontières. Un barrage dressé sur la rivière, une pompe qui envoie l’eau vers un bassin de 120 m3 aménagé au-dessus du village, un réseau qui distribue la manne. Un procédé déjà utilisé pour les barrages hydroélectriques dont les pompes remontent la nuit les mètres cubes qui seront turbinés au petit jour. On imagine la joie des 4 500 habitants de ce village des hauts plateaux togolais quand la délégation gessienne, emmenée par son président Étienne Blanc, est venue l’été dernier, en présence des autorités civiles, coutumières, religieuses et militaires, poser la première pierre de l’ouvrage. On pouvait même lire la liesse sur les visages durant la projection de photographies et d’un film, commentée par le vice-président chargé de l’eau et de l’assainissement, Guy Maurin, qui a voulu que ses collègues du conseil communautaire touchent des yeux pour voir les bienfaits de leur décision. Une décision qui fait honneur à la communauté de communes du Pays de Gex, comme le soulignera son président. Les bienfaits de la loi Inutile de se cacher derrière le petit doigt de la solidarité : cette coopération n’a pas fait, à sa source, l’unanimité dans un Pays de Gex pourtant ouvert au monde entier. Des retenues mais, à dire vrai, pas de tirs de barrage. Les réserves n’ont d’ailleurs pas résisté à l’épreuve des faits. L’engagement de la communauté de communes est conforme à la lettre et à l’esprit de la loi Oudin qui autorise les collectivités locales à mener des actions de solidarité ou d’urgence en matière d’eau et d’assainissement. Le choix du petit Togo, pays loin d’être tiré d’affaire, s’avère fort judicieux. La solidité technique et sanitaire du dossier, un des plus importants montés par Hydraulique sans Frontières, semble sans faille. Pas de risque d’« arrosage » financier, pas de frais de fonctionnement, pas de puits sans fond : le projet a même retenu l’attention de l’Agence française de développement qui a décidé de se réengager au Togo. Alors même que la construction du barrage a commencé, elle devrait participer au côté de la communauté de communes au quart de la dépense. En 2008, avec un an d’avance, les neuf points de distribution du réseau seront installés au village. Un contrôle quantitatif et qualitatif assurera la « transparence » de l’installation confiée à un comité de gestion local. Le bassin aura supprimé les bassines pour mieux les remplir de l’écot de l’Allondon, de l’Ouye, du Grand Jounans, petits ruisseaux qui ont fait naître une grande rivière, dans un Pays de Gex qui sera à l’avenir de plus en plus confronté à son approvisionnement en eau. • A.G. l Direction Saint-Julien l Tout savoir sur le logement social l Observatoire de l’habitat Depuis mars, la Communauté de communes du Pays de Gex propose, tous les lundis, un service de transport à la demande pour les personnes sans moyen de locomotion souhaitant visiter leurs proches à l’hôpital de Saint-Julien-en-Genevois. La navette (un minibus de 8 places, accessible aux personnes en fauteuil roulant) passe à domicile. Coût du trajet aller-retour : 8 €. Réservations le vendredi au n° vert 0800 02 14 14 Le service Aménagement de la Communauté de communes du Pays de Gex et la circonscription d’action sociale de Saint-Genis-Pouilly ont réalisé un guide pratique destiné aux personnes souhaitant déposer une demande de logement social. Disponible dans divers lieux (Communauté de communes, mairies, antennes du Conseil général, agences des bailleurs sociaux…), la plaquette de 4 pages explique clairement le circuit de la demande et le rôle de chaque partenaire. Publiés début 2006, les résultats de l’Observatoire de l’habitat de la Communauté de communes du Pays de Gex dressent une radiographie précise de l’état des lieux du logement : parc public, privé, social, répartition par commune, construction, profil du demandeur de logement social, évolution des coûts etc. On y apprend entre autres que 48 % des logements sont des logements collectifs, 56 % des occupants sont propriétaires, 942 logements en moyenne sont mis en chantier par an depuis 2001, le parc locatif social compte 3 900 logements, 1 423 demandes de logement social ont été reçues en 2005/2006. • 20 • InterAction n° 52 • avril 2007 Dossier Directeurs, seuls maîtres à bord ? Qui sont-ils ? Organisme Nom Âge Formation Postes précédents Date de nomination Mode de nomination ADAPEI Richard Aumond 61 Kinésithérapie ENSP* École de management Directeur d’établissement Directeur de services sociaux 2000 Par le CA, après intervention d’un cabinet de recrutement ADMR Robert Fontaine 56 Maîtrise de sociologie DEUG d’animation Entré à l’ADMR en 1977 1986 Par le CA ALFA3A Jacques Dupoyet 55 Bancaire et marchés financiers Entré à l’Alatfa en 1975 1981 Par le CA Bourg Habitat Jean-Luc Luez 55 Licence en lettres DESS de Droit public Services de l’Équipement École des travaux publics 1997 Par le CA, après intervention d’un cabinet de recrutement CAF Hervé Chesnel 58 IEP de Grenoble Licence en Droit CNESSS** CAF de Dijon et Auxerre Directeur adjoint en 1985 Directeur en 1994 Par le CA, sur liste d’aptitude CPAM Yves Petit 58 EN3S** URCAM, URSSAF et autres caisses 2005 Par le directeur de la CNAM DIPAS Thierry Clément 47 Maîtrise en Sciences économiques/Droit public ENSP* Inspecteur de l’action sociale dans le Territoire de Belfort Recruté en 1988 Nommé en 1999 Par le président du Conseil général MSA Claude Laurent 56 CNESSS** MSA d’Alençon et de Savoie Directeur adjoint en 1991 Directeur en 1992 Par le CA, sur liste d’aptitude Les Mutuelles de l’Ain Jean-Pierre Gallet 52 Ingénieur en cybernétique DESS management Les Mutuelles de l’Ardèche 1996 Par le président après sélection par un cabinet de recrutement et entretiens avec un jury OPAC Georges Bulllion 56 Doctorat en sciences économiques Directeur de la SVU Directeur de l’OPAC de Villeurbanne Directeur puis président de l’ARRA-HLM Février 2005 Par le CA sur proposition du président ADSEA Sauvegarde de l’enfance Alain Bouchon 43 CAFDES*** à l’ENSP* Formation d’animateur Directeur d’établissement Directeur d’association 2002 Par le CA SEMCODA Gérard Lévy 57 BTS Caisse d’épargne Entré en 1982 Nommé en 2001 Par le P-DG et le CA UDAF Françoise Defrasne 47 IEP Grenoble 2 DEA Directrice d’une fédération ADMR 2006 Par le CA avec commission d’embauche * ENSP : École nationale de la Santé publique ** CNESSS et EN3S : Centre national d’études supérieures de la Sécurité sociale, devenu École nationale supérieure de la Sécurité sociale *** CAFDES (Certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement social) • 22 • InterAction n° 52 • avril 2007 Que font-ils ? Titre Statut Équipe de direction Nombre de CA et d’administrateurs Effectif Budget ou chiffre d’affaires Directeur général Contrat défini comme une “ feuille de route ” • Avec le secrétaire général et les cadres • Avec les directeurs d’établissements 6 par an Un bureau de 10 membres 29 administrateurs 1 300 salariés 68 M€ Directeur Contrat Une directrice adjointe 6 à 7 CA par an 32 administrateurs 600 personnes employées 10 M€ Directeur général Contrat Comité de direction avec 3 directeurs de pôles 5 par an 17 administrateurs 700 permanents 800 vacataires 29 M€ Directeur général Contrat Aujourd’hui : présidente, vice-président et DG. Demain : DG, directeur adjoint et cadres. I CA par mois 15 administrateurs (23 à terme) 100 salariés 22 M€ Directeur Cadre national • Directeur • Agent comptable • 2 directeurs adjoints 5 CA par an 24 administrateurs 275 dont 197 au siège 422 M€ Directeur départemental Cadre national • Directeur • Agent comptable • 2 directeurs adjoints • une attachée de direction Un conseil toutes les 6 semaines (8 à 10 par an) 25 conseillers 500 employés dont 350 au siège 982 M€ Directeur général adjoint chargé de la prévention et des affaires sociales Détaché sur un emploi DGA, directrice adjointe, 16 cadres fonctionnel Une réunion de bureau du Conseil général tous les lundis 4 sessions par an du Conseil général 450 dont 70 au siège et 380 répartis dans les circonscriptions d’action sociale 160 M€ Directeur Lettre de mission • Directeur • Agent comptable • 1 directeur adjoint 5 à 6 CA par an 29 administrateurs 153 employés 250 M€ Directeur général Convention collective de la Mutualité • Directeur • 3 cadres de direction et 2 cadres supérieurs 5 CA par an 26 administrateurs (Les Mututelles de l’Ain) et 39 des Mutualités de l’Ain-RSS 350 dont 100 au siège 70 M€ Directeur général Contrat DG DGA 4 directeurs de services Un bureau de 5 membres Un CA de 27 membres 560 salariés 125 M€ Directeur général Contrat avec délégations DG et directeurs de services Un CA de 15 membres + 5 invités Un bureau de 9 membres 250 en 2006 (permanents et vacataires) 6,5 M€ Directeur Contrat avec délégations 4 directeurs de département 5 CA par an 18 administrateurs 400 salariés 140 M€ Directrice Contrat avec délégations Directrice et collaborateurs directs 6 CA et 6 réunions de bureau 13 administrateurs 17 salariés 800 000 € InterAction n° 52 • avril 2007 • 23 • Dossier Directeurs, seuls maîtres à bord ? Directeurs, seuls Exercice redoutable que cette plongée au cœur du patronat social de l’Ain. Cette curieuse envie nous est venue après une table ronde consacrée dans le numéro 47 d’InterAction au rôle des administrateurs dans les organismes sociaux. Quelque peu taraudés par nos interrogations sur leurs relations avec messieurs leurs directeurs, ils ont fini par nous répondre que nous n’avions qu’à nous adresser à eux. Dont acte, dix-huit mois plus tard, avec l’idée saugrenue d’aller demander à ces directeurs (qui sont aussi, pour la plupart, nos interlocuteurs aux comités de rédaction du journal) s’ils sont bien des patrons. Charbonnier est-il maître chez lui ? Pour répondre à cette question, nous avons tenu à joindre à ce panel de “poids lourds” un échantillon représentatif de directeurs d’associations de taille similaire : l’ADMR (association d’aide à domicile en milieu rural), l’UDAF (Union départementale des associations familiales) et la Sauvegarde de l’enfance, ce qui nous donne, tout compte fait, treize interlocuteurs à la douzaine. Plus petit commun dénominateur Une heure d’entretien, un tableau à remplir pour faciliter les comparaisons, pas de questions taboues (sauf pour les salaires, car nous n’avons pas osé) : chacun s’est prêté de bonne grâce à l’exercice, sans langue de bois décelable, parfois avec un peu de “off” pour ne pas froisser de susceptibilité. En tout cas, pas de quoi fâcher un président ni pousser un administrateur à la démission. Comme le veut la loi du genre, il convient à partir des données recueillies de dresser le portrait-robot de qui occupe la fonction, telle qu’elle est exercée chez nos treize interlocuteurs. Le patron est bien sûr un homme, âgé de 54 ans, en place depuis plus de dix ans, diplômé mais pas directement pour le poste qu’il occupe aujourd’hui, venu d’ailleurs que l’Ain et déjà en place dans l’organisme au moment de sa nomination par le conseil d’administration au poste de directeur général. Ajoutons qu’il est en paix avec son conseil d’administration, en phase avec son comité de direction et en bon terme avec ses salariés. Voilà pour le plus petit commun dénominateur. Au-delà, cette enquête nous démontre que chaque poste de directeur a ses particularités liées à la nature de l’organisme, aux responsabilités des administrateurs, à l’ouverture d’esprit de son président et à la délégation de compétences qui tient lieu de feuille de route. Richard Aumond, directeur général de l’ADAPEI « Quand je suis arrivé, en septembre 2000, j’ai dû mettre en place un plan de redressement : fonctionnement démocratique, respect du conseil d’administration, transparence totale des actions en cours, amélioration des prises en charge, partenariats avec les tutelles, mise en place d’un projet individualisé pour chaque usager. J’ai été, en quelque sorte, élu sur un programme, après avoir été sélectionné par un cabinet de recrutement et choisi par le conseil d’administration. J’ai ajouté à ce programme un élément fondamental, à mes yeux, et qui le reste toujours : pas de rétention d’information. Pour le directeur général que je suis, la transparence est l’exigence première de l’exercice du pouvoir. » Une nouvelle race de directeurs ? Les directeurs en place devraient se méfier un peu plus des directrices à venir. Françoise Defrasne est de celles-ci. C’est la seule femme du panel, la dernière investie, presque la plus jeune. Elle est arrivée d’Alsace en juillet dernier pour prendre la direction de l’UDAF. Une femme adoubée par des femmes, majoritaires au sein de l’union départementale, au terme d’un recrutement national. L’impétrante n’y est pas allée par quatre chemins : à la commission de sélection, elle a demandé copie du rapport financier de l’association. « À travers le budget, on a l’histoire condensée de la structure. » Une précaution ? Non, la volonté d’être à son poste, porteuse des valeurs de l’UDAF qui attend d’elle restructuration et développement. Françoise Defrasne utilise le vocabulaire de sa génération mais aussi les termes de sa formation universitaire : économie sociale, stratégie, convention d’objectifs. Son profil risque demain de faire référence en matière de recrutement : une tête bien faite, particulièrement en matière de gestion, une aptitude à diriger « avec fermeté mais sans autoritarisme », une compréhension actée de la répartition des rôles entre administrateurs, président et directeur. Elle gère, recrute, donne « un maximum d’informations et travaille de concert avec tout le monde ». Personnellement, elle apprécie. On notera au passage que, sauf promotion interne, prévue ou provoquée, les directeurs sont désormais tous choisis à partir d’une sélection opérée par un cabinet de recrutement. Recourir à des chasseurs de tête contraint les administrateurs (qui n’ont pas droit à l’erreur) à dresser le portrait-robot du directeur idéal et permet au futur • 24 • InterAction n° 52 • avril 2007 Alain Bouchon, directeur général de la Sauvegarde de l’enfance (ADSEA) « Par contrat, j’ai accepté les valeurs de l’association, les attributions et les missions qu’elle me confie. J’ai une fiche de poste avec des délégations bien précises. Cette définition de la fonction, propre à la Sauvegarde de l’Ain, me procure une marge de manœuvre pour assurer l’interface entre le conseil d’administration qui prend les décisions politiques et l’équipe qui assure l’exécutif. Si un nouveau président arrive et veut jouer au P-DG, je négocierai mon départ. Le conflit, pour moi, résiderait dans le fait qu’il veuille mettre son nez dans les affaires courantes. Nous n’aurions plus cette communauté de pensée qui fait que le couple président-directeur fonctionne bien. Je dois pouvoir rendre des comptes en permanence mais aussi me sentir libre. » maîtres à bord ? élu de disposer d’une définition de poste qu’il pourra, à l’occasion, utiliser comme un bouclier. Plusieurs de nos interlocuteurs avaient sous le coude le précieux contrat fixant missions et délégations. On ne sait jamais… Un long fleuve pas tranquille Georges Bullion, directeur général de l’OPAC « J’ai un accord tactique avec le président Yves Clayette : la mise en musique des orientations décidées par le conseil d’administration, c’est moi, ce qui me laisse une liberté de manœuvre assez considérable, mais dans le respect du contrat et de ceux qui l’ont signé. Le profil du directeur de l’OPAC ressemble à celui d’un chef d’entreprise, sauf qu’il gère des problèmes de société, avec la volonté de la changer. Il y a, dans cette démarche, plus de militance que de recherche du profit, même si la bonne gestion fait partie de notre métier. Nous n’avons pas la culture du résultat. La cause du logement social doit être défendue bien au-delà de son poids économique. » Le fossé se creuse entre la fonction de directeur et l’onction du conseil d’administration. Il se creuse plus par érosion, lente et inéluctable, que par volonté de séparer deux berges sensées canaliser, en bonne intelligence, un pouvoir difficile à endiguer. La faute à qui ? La faute à un courant qui s’amplifie. L’action sociale n’est pas un long fleuve tranquille, mais une force qui va, charriant des compétences et des missions nouvelles, grossissant les budgets et les effectifs. « J’aime m’investir dans de nouveaux chantiers. » À la tête de la Dipas, Thierry Clément a été gâté : APA, plans départementaux, compétence Logement, Maison départementale des personnes handicapées… Depuis 1982, le Conseil général a donné le branle de la décentralisation. Les associations sont venues dans l’Ain en appui d’une politique budgétivore. ALFA3A, l’ADAPEI, la Sauvegarde, l’ADMR ont connu, de ce fait, pareil développement depuis vingt ans. La SEMCODA, l’OPAC et Bourg Habitat sont encouragées à répondre aux besoins de logements sociaux. La CAF, la MSA, Les Mutuelles de l’Ain, l’UDAF sont devenues les partenaires d’actions très ciblées. Un développement qui impose plus de technicité financière, plus de compétences juridiques, plus de capacité de recrutement à haut niveau. Plus de moyens aussi. À lui seul, le directeur est devenu dans la plupart des cas un généraliste qui doit s’appuyer sur une équipe de direction pour faire face à cette croissance. Richard Aumond a misé sur les 17 directeurs d’établissements, associés de plus près à la marche quotidienne de l’association. Jacques Dupoyet a resserré sa garde avec des directeurs de pôles. Les trois bailleurs sociaux et Les Mutuelles de l’Ain sont allés plus avant dans ce qui équivaut à une logique d’entreprise, dans un secteur concurrentiel avec obligation de faire du résultat : « J’ai reçu des délégations ; j’en donne. À la SEMCODA, les directeurs de département recrutent leurs propres collaborateurs » assure Gérard Lévy. Hors de là, point de salut. Les directeurs ont fait leur deuil de l’omnipotence, pas de l’omniprésence. Le capital bon sens On ne saurait demander à un conseil d’administration de suivre en détail la marche de l’organisme qu’il représente. D’ailleurs, on ne lui demande pas, sous peine de Hervé Chesnel, directeur de la CAF de l’Ain « Par tempérament, je suis un rassembleur et je fais en sorte que tout le monde travaille en synergie. Le conseil d’administration est pour moi un atout qui me laisse une autonomie de fonctionnement importante, ce qui, soit dit en passant, est plutôt rare dans une administration. Nous avons notre financement, nos obligations, nos orientations qui nous permettent d’aller de l’avant de manière résolue. J’estime qu’il n’y a pas d’enjeu de pouvoir mais bien un dialogue constructif pour des services de bonne qualité et des actions de partenariat, propres à l’Ain. Autant de caractéristiques qui font que nous sommes en pointe sur de nombreux domaines. » « Le président du Conseil général est le patron. Mon rôle est de le soutenir dans sa fonction politique. Nous ne sommes pas dans la logique directeur-conseil d’administration. Il oriente, il recrute ; je conseille, j’influence. Il délègue beaucoup, mais reste très présent. Nous nous connaissons très bien puisqu’il a été mon vice-président aux affaires sociales. Je sais comment il fonctionne. Pas besoin de lui apporter beaucoup d’explications, il connaît, comprend et va à l’essentiel. Si j’insiste, je sais qu’il tiendra compte de mon avis. J’ai un rôle d’interface : celui de pouvoir exprimer en termes politiques ce que mes collaborateurs auront à formuler en termes techniques. La contrepartie veut qu’il ne vienne pas manager à ma place. Une collectivité départementale est un univers complexe fait d’hommes et de femmes avec un directeur général, des conseillers généraux, des vice-présidents délégués, où tout n’est pas codifié. La complexité fait partie des plaisirs de la fonction ! » © D. Gillet Thierry Clément, directeur de la DIPAS-Conseil général (Direction de la prévention et de l’action sociale) InterAction n° 52 • avril 2007 • 25 • Dossier Directeurs, seuls maîtres à bord ? Directeurs, seuls maîtres à bord ? (suite) confusion des genres et de conflits. Être à l’initiative, incarner la continuité ne donnent pas tous les droits, surtout quand les ressources de l’association sont le produit de subsides versés par l’État ou les collectivités locales, qui se gardent bien d’appliquer le principe du “Qui paie, décide”. Aux administrateurs d’apprécier si le directeur mène bien la barque en veillant à ce qu’il ne mène pas sa barque, sinon, on risque de chavirer. Et dans chavirer, il y a le mot virer. « J’ai vu des directeurs rester sur le carreau du fait de changements politiques ou d’incompatibilité d’humeurs » glisse Georges Bullion. Administrateurs et directeurs y regardent à deux fois avant d’en arriver aux lettres recommandées, même si certains patrons expliquent qu’ils préfèreraient se démettre plutôt que se soumettre. « Si conflit il y avait eu, je serais parti » confie Hervé Chesnel qui a connu quatre présidents. Robert Fontaine en a vu se succéder neuf. Jacques Dupoyet, qui n’en a eu que deux en vingt ans, dit tout son « bonheur d’avoir pu travailler avec eux ». Les conflits entre directeurs et présidents sont-ils fréquents ? À cette question, les intéressés ne cherchent pas de réponses de complaisance. « Très franchement, non » tranche Jean-Pierre Gallet qui doit, lui, composer avec deux présidents et deux conseils d’administration. Très curieusement, tous livrent d’emblée la même explication : la clarté des éléments d’information apportés au conseil d’administration. L’entourloupe n’est pas de mise ; la transparence est de règle. À l’UDAF, à l’ADMR où R. Fontaine passe des heures à préparer des vidéoprojections pour que les administrateurs puissent voter à bulletin secret, à la MSA « où je donne tous les éléments d’information pour qu’ils décident en toute connaissance de cause. Cela ne m’empêche pas de donner aussi mon avis » résume Claude Laurent. Tous les directeurs célèbrent même les vertus de la confrontation avec les administrateurs, y compris Thierry Clément qui considère les 43 conseillers généraux de l’Ain comme de vrais interlocuteurs de terrain. Le mot qui revient le plus dans leurs propos : le bon sens, c’est-à-dire un intérêt bien partagé. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas parfois divergences de vue. En cas contraire, on ne manquerait pas d’accuser les conseils d’administration d’être des chambres d’enregistrement. Les administrateurs ne sont pas des actionnaires. « Nous sommes des sociétés de personnes et non des sociétés de capitaux » plaide Jean-Pierre Gallet. Françoise Defrasne, directrice de l‘UDAF « Le conseil d’administration se réunit tous les deux mois. Le président mène les débats. Tous les deux mois, en alternance, a lieu une réunion de bureau. Entre temps, des administrateurs participent à des groupes de travail. Celui consacré au Point Info Famille s’est réuni par exemple cinq fois depuis septembre. Je rencontre le président une fois par semaine. Je réfère, je donne un maximum d’informations, nous décidons de concert. J’apprécie beaucoup la clarté de ces relations que je n’ai pas connue ailleurs. Quand la répartition des rôles est limpide, il est intéressant d’échanger avec un conseil d’administration aux sensibilités variées, d’avoir des débats de fond sur des questions de société. Je leur apporte des éléments d’information, de compréhension, mais il y a des sujets sur lesquels je n’interviens pas. » Présidents potiches et directeurs croupions En retour, chacun son pré carré. La feuille de route des directeurs trace leurs missions et précise les délégations de compétences en matière de gestion, de recrutement, « Un directeur est confronté sans cesse à la complexité. Il doit être un spécialiste de tout et avoir une connaissance transversale de chaque problème qui se pose à lui. Il y a des moments où je n’en peux plus car cela devient surhumain ! Nous sommes aussi dans la négociation permanente. Il faut savoir arrondir les angles, bien connaître ses interlocuteurs. Le conseil d’administration m’a confié cinq missions : représenter l’association auprès des instances statutaires, assurer la production des services, développer l’ingénierie sociale, manager le personnel, assurer la gestion administrative et financière. Avec un directeur qui n’aurait pas la fibre militante et qui ne partagerait pas les valeurs de l’association, tout cela risquerait de voler en éclats. Car il faut aussi avoir la fibre ! » • 26 • InterAction n° 52 • avril 2007 © J.F. Basset Robert Fontaine, directeur de l’ADMR Jacques Dupoyet, directeur général d’ALFA3A « J’ai trouvé, dans les missions que remplit l’association, des réponses à notre volonté de servir, d’être attentifs à la personne, de témoigner de “bienveillance”. Cette conception, ces valeurs, il va de soi qu’elles sont partagées par tous les administrateurs. Elles transcendent l’association. La confiance est de règle : le conseil d’administration me témoigne de la sienne ; je dois moi-même déléguer en faisant confiance. Je dois savoir aussi m’effacer pour passer le relais, partager avec l’équipe qui m’entoure, en veillant à l’indépendance de nos actions. Je ne suis pas le directeur d’une association militante mais agissante, soumise à une évolution permanente des métiers, des publics, des lieux et des interlocuteurs. C’est grâce aux valeurs que nous défendons que nous lui donnons sa stabilité. » de marchés, de stratégie. Des attributions à géométrie variable selon la nature du conseil d’administration. Extrêmement “normée” dans les organismes de protection sociale, très cadrée chez les bailleurs, très politique au Conseil général, la marge de manœuvre a tout intérêt à être écrite, surtout dans les associations où le curseur est plus mobile. L’embauche constitue, par exemple, une ligne de démarcation. Le droit de parler à la presse aussi. Juridique ou médiatique, la volonté de représenter une association dont on détient les rênes est compréhensible. Il n’empêche : beaucoup de directeurs incarnent leur organisme à l’extérieur. Une personnalisation dont tout président pourrait prendre ombrage. Une formule résume au mieux le mode d’emploi cher aux directeurs : le président préside et le directeur dirige, ce qui signifie, si on entre dans le détail, que le conseil d’administration oriente et contrôle et que le patron gère et rend des comptes. Bien appliquée, la formule est gage de longévité. De son échauguette, Thierry Clément dresse un constat qui a de quoi rassurer : « Je constate que beaucoup de partenariats, dans lesquels le Conseil général s’engage, s’établissent avec de vraies associations, représentatives, où les conseils d’administration vivent, où les directeurs tiennent leur place, toute leur place, rien que leur place. Elles ne sont pas sous influence – on nous taxerait d’ingérence et de gestion de fait ! –, mais elles s’engagent à nos côtés, sur des objectifs, des financements et des évaluations. Je ne trouve pas qu’il y ait dans l’Ain des directeurs croupions et des présidents potiches. Chacun a gagné sa place. On a su éviter les conflits de pouvoir. » Le directeur de la DIPAS situe la menace plutôt du côté des administrateurs : « Le maintien des administrateurs est un enjeu de taille. Si l’association n’arrive pas à “recruter”, on court à la catastrophe. » Solution préconisée : « Bien recaler le projet associatif en ayant à l’esprit que les emplois ne sont pas tenus par des bénévoles mais par des salariés. » Cette responsabilité-là s’impose à toutes les autres. Jean-Pierre Gallet, directeur général des Mutuelles de l’Ain « On me juge sur une équation : le développement de l’activité et le critère des finances. Est-ce que le compte de résultat est conforté de manière raisonnée et raisonnable ? Je prépare le rendu des comptes avec le trésorier qui donne les éléments structurants. À moi ensuite d’en faire la présentation aux administrateurs. Là, cela devient très technique. Quand on en arrive au conflit entre un directeur et un président et son conseil d’administration, c’est que, dans les deux sens, on n’a pas réussi l’alchimie. C’est comme ça qu’un président peut devenir P-DG ! » Les gardiens du temple Mis à part Bourg Habitat, où le conseil d’administration se réunit chaque mois pour passer en revue aussi bien les “bricoles” que les dossiers de fond, on remarquera que la fréquence de convocation des administrateurs tourne autour de cinq fois dans l’année. Les intéressés trouveront sûrement cette cadence insuffisante, surtout quand on connaît la complexité de la gestion de chaque structure. Pour remédier à ce décalage, beaucoup d’organismes ont recours aux réunions de bureau, une solution intermédiaire dont Georges Bullion chante les mérites et Alain Bouchon les exigences. Il ne s’agit en rien d’une garde rapprochée mais plutôt d’un conseil permanent où siègent les administrateurs les plus compétents, voire les plus motivés. Les directeurs en place resteront-ils les derniers gardiens du temple, celui où brûle la flamme des convictions qu’ils défendent ? À les écouter, on n’est pas loin de le penser. Tous ont “la fibre”. Aucun de nos entretiens ne s’est cantonné à la seule technicité des postes qu’ils occupent. Tous ont fait vibrer la corde sensible de leur mission : le social. Ils sont à la fois la lettre et l’esprit. L’esprit de servir la cause qui les emploie. Ils ont la foi. Elle est indispensable quand on dirige – le mot présider est mal venu – les destinées d’une association fortement marquée par ses origines (ALFA3A, l’ADAPEI, l’ADMR, l’UDAF, la Sauvegarde). Elle est sans cesse à retremper dans les principes fondateurs chez les bailleurs sociaux et les mutuelles qui pourraient céder aux lois de la rentabilité et ne voir dans les bilans que des chiffres. Elle est menacée dans les organismes de protection et de répartition sociales, marqués par les idéaux de l’après-guerre, mais tarabustés par les signes avant-coureurs d’une rigueur financière venue d’en haut. D’autant qu’à ces injonctions budgétaires s’ajoutent désormais les contrats d’objectifs et de gestion qui n’ont pas que des inconvénients, selon Hervé Chesnel : ils permettent de cadrer et d’étaler dans le temps des objectifs qui sont arrêtés en accord avec les administrateurs. La CNAM a ouvert une brèche dans la citadelle des conseils d’administration en Claude Laurent, directeur de la MSA « Je n’ai pas de problème avec l’équipe de direction parce que j’ai eu la chance de pouvoir la recruter. Je sais avec qui je travaille et les missions ont été définies en toute clarté. C’est meilleur pour l’interne. “De qui je dépends et pour quoi je suis payé ?” : tout le monde devrait être en mesure de répondre à ces deux questions. Les salariés eux aussi apprécient cette clarté. Certains m’appellent “patron”. Cela ne me déplaît pas : il y a en moi un fond de paternalisme qui ne doit pas être confondu avec favoritisme. Je suis pour une hiérarchie transversale. Je ne crois pas que ça puisse fonctionner comme ça ailleurs. D’ailleurs, je ne serais pas à l’aise… » InterAction n° 52 • avril 2007 • 27 • Dossier Directeurs, seuls maîtres à bord ? Directeurs, seuls maîtres à bord ? (suite) faisant de ses administrateurs des conseillers et de ses directeurs des pions déplacés par Paris. « Si je ne conviens pas, je peux me retrouver à Hazebrouck » explique avec humour Yves Petit, directeur de la CPAM de l’Ain. Le poids de la tutelle, c’està-dire des directions nationales, et, derrière elles, des ministères, se fait de plus en plus pesant. Hervé Chesnel estime que l’implication locale et la loyauté avec le conseil d’administration en place sont les meilleurs contre-feux. Mais le national sera de plus en plus amené à décider à la place du local, à la place d’administrateurs appelés, toujours au nom des grands principes, à voir leur rôle se réduire. Le lien de dépendance avec le directeur, et tous ceux qu’il représente, sera coupé. Au nom des règles de bonne gestion. Imaginons que le Conseil général de l’Ain, deus ex machina des politiques d’action sociale engagées dans le département, applique les mêmes règles. Le partenariat serait soumis aux lois de la dépendance et les directeurs n’auraient plus à rendre de comptes qu’à ceux qui financent et non qu’à ceux qui dépensent. Une hypothèse que repousse Jacques Dupoyet, viscéralement attaché à l’indépendance d’action d’ALFA3A. « Je crois qu’il faut envisager pour nos associations la possibilité de prendre une autre dimension. » Ne soyons pas naïfs : la logique du résultat prévaut aussi pour les opérateurs sociaux. Elle est implacable pour l’OPAC et la SEMCODA, société d’économie mixte qui en fait son originalité, et pour Bourg Habitat dont le statut sera bientôt aligné sur celui des offices publics de l’habitat. Elle est redoutable pour Les Mutuelles de l’Ain qui doivent défendre l’intérêt général de leurs adhérents en les protégeant au mieux, au meilleur coût. Elle est souhaitable pour les autres organismes qui gèrent de l’argent public. Les principes de l’économie libérale font-ils peu à peu tache d’huile sur l’économie sociale, à l’image de ce qui s’est passé dans la gestion des hôpitaux publics ? La rentabilité au meilleur coût, alors que nous en sommes pour l’heure à la qualité, à moindre frais. Là va se jouer l’avenir du système. Gérard Lévy, directeur de la SEMCODA « Je me considère comme un patron et, à ce titre, je consacre beaucoup de mon temps au développement de nos projets et au management de nos équipes. Je suis aussi très pointilleux sur la formation du personnel. J’ai la chance de travailler avec un conseil d’administration composé d’élus et de partenaires privés. Les débats qu’il mène le sont dans le cadre d’une entreprise et hors de toute considération politique. Mes rapports avec le P-DG sont quasi quotidiens. Ils sont fondés sur la confiance et le respect. Le management, c’est moi. Il l’a bien compris et il n’y a pas besoin d’enfoncer le clou. Mais il est dans les faits le vrai patron, celui qui donne des pouvoirs et des missions. Au quotidien, cela marche mieux que bien ; sinon, ce serait invivable ! » Le combat des chefs Dans ce large tour d’horizon, la MSA fait un peu figure de village gaulois. Menacées dans l’existence même de leur “régime”, obligées de s’unir avec d’autres départements, les caisses départementales continuent de reposer sur un socle : leurs administrateurs sont élus au suffrage universel, leurs conseils d’administration sont paritaires, leur directeur interchangeable, et leurs actions contrôlées par la tutelle. Un cadre et de la souplesse. Reste, une fois le tamis secoué, un président élu, des choix délibérés et un esprit de résistance étayé par de salutaires valeurs. Un modèle ? Non, une potion qui aura besoin d’être magique si l’on doit faire preuve d’invincibilité pour refuser la parisianisation… et le combat des chefs. Yves Petit, directeur de la CPAM « Un directeur de caisse doit se garder de dresser les uns contre les autres, de jouer sur la diversité des administrateurs. Il doit jouer la transparence et – c’est là où je veux aboutir – proposer des orientations pour bâtir une politique. Si le directeur est partisan, cela se sent très vite. Il trahit sa fonction et sort du cadre du service public qu’il a mission de défendre. Je sais que les administrateurs ont mal vécu le fait que le législateur leur enlève du pouvoir. C’est pourquoi je veille énormément à ce que le vote du budget ou la définition de l’action sanitaire et sociale propre à notre caisse soient des moments forts qui se traduisent par des actes importants. » • 28 • InterAction n° 52 • avril 2007 Jean-Luc Luez, directeur de Bourg Habitat « Avant de devenir directeur de Bourg Habitat, j’ai servi l’État au sein de l’Équipement. Ici, j’ai le sentiment de mon utilité “immédiate”. Nous ne sommes pas dans le contrôle mais dans l’action. La différence est de taille. Dans ce métier passionnant, souvent décrié, je suis confronté à tous les aspects de la gestion : administrative, financière, technique, manageuriale. Les décisions que nous prenons nous appartiennent et l’on sait tout de suite si elles sont bonnes. Dans mes rencontres avec les habitants, je perçois mieux les réalités du lien social. Je crois qu’il est essentiel de savoir où l’on veut aller et de savoir tracer le chemin à suivre, pour vous et vos collaborateurs. » ALFA3A ACTION SENIORS Tracer son silla Après une mise en confiance par les bénévoles, le tournage peut commencer. Sur l’écran noir, les vies s’animent. C’est la force de l’image, qui permet de conserver une trace de la vie de nos anciens, du passé pourtant pas si lointain riche d’enseignements. Pour conserver cette mémoire, le Centre du bénévolat des Pays de l’Ain et ses partenaires poursuivent un programme d’enregistrements vidéos de témoignages auprès des personnes âgées : une manière de tracer des sillages où les générations suivantes peuvent prendre racine. • En chiffres En tout, 40 sillages sont programmés : 30 pour les retraités de la CRAM, 10 pour ceux de la MSA. Ceux du régime agricole sont déjà tournés. Il en reste une vingtaine à réaliser pour les ressortissants du régime général. • Partenaires Plusieurs financeurs se sont rapidement engagés sur cette action : le Conseil régional Rhône-Alpes, le Conseil général de l’Ain, la Caisse d’épargne Rhône-Alpes-Lyon, L’agglo, la ville de Bourg, la Caisse régionale d’assurance maladie et la MSA. • 30 • InterAction n° 52 • avril 2007 L e programme Sillage a vu le jour en 2004. Pilote de l’action, le Centre du bénévolat des Pays de l’Ain (CBPA) s’est donné pour objectif de recueillir et graver la mémoire des seniors et retraités sur des supports vidéos, traçant ainsi leurs sillages. « L’originalité de la démarche n’est pas tant dans la réalisation d’un documentaire ou d’une œuvre journalistique, mais vraiment de créer du lien social en permettant à un ancien d’offrir son témoignage du passé aux siens. Les histoires récoltées ne sont pas prévues pour une diffusion publique. Seul l’auteur peut en disposer comme il l’entend », souligne Yves Lepecq, directeur du CBPA. Une organisation bien rôdée À petits pas, les “sillageurs” racontent leur vie, leur passion, les traditions et métiers d’antan. C’est aussi une façon pour eux de sortir de leur solitude, de faire travailler leur mémoire. Pas question de rechercher des témoignages bien précis ou exemplaires. « Tous les sillages sont intéressants. D’une vie toute simple, on peut tirer beaucoup d’enseignements. Les gens se libèrent parfois d’un poids qu’ils ont porté toute leur vie », explique Toussaint Cézette, bénévole et membre du Caméra club bressan, qui fournit du matériel et un soutien technique non négligeable. Il constitue avec Joël Bargs, coordinateur de l’action au CBPA, le point central de l’organisation du projet. « La MSA ou la CRAM nous propose des personnes relevant de leur régime. Nous nous rendons ensuite sur Un tournage demande énormément de matériel. leur lieu de vie pour faire quelques repérages, discuter et mettre en confiance la personne. C’est une étape primordiale pour la réussite du tournage », explique Joël Bargs. Lors de ce premier contact, l’équipe et la personne définissent aussi les conditions dans lesquelles le sillage sera filmé et diffusé. Le tout premier enregistrement était collectif, lors d’une visite de résidents de la maison de retraite de Villereversure à la ferme des Mangettes. En découvrant, pour certains qui ne sont pas nés en Bresse, le mode de vie à l’ancienne, ce fut l’occasion de raconter leur propre anecdote d’enfance. De ces sillages collectifs naissent bien souvent des sillages individuels. Chaque tournage engage deux à trois personnes pendant près de trois heures. À l’issue du montage, l’équipe de tournage remet au “sillageur” son film après l’avoir regardé et commenté avec lui. Une action fédératrice Grâce au financement des partenaires, le Centre s’est équipé d’une caméra et d’un banc de montage numérique pour conserver les messages sur Cd-Rom ou DVD. À côté des financeurs, d’autres partenaires techniques se sont associés. Ainsi, Charles Vieudrin de Tropiques FM participe régulièrement au tournage, comme la section BTS du lycée Léonard de Vinci de Villefontaine (38), les Archives départementales de l’Ain et la bibliothèque de Bourg. « Le plus difficile pour nous reste de fidéliser les jeunes bénévoles, souvent étudiants, qui puissent s’investir dans la durée sur le programme. Ils sont ensuite pris par diverses obligations. Depuis le début, les équipes ont souvent changé. » Joël Bargs et Toussaint Cézette lancent donc régulièrement un appel aux bonnes volontés, auprès du Bureau d’information jeunesse, de la Maison des étudiants ou lors de manifestations publiques comme le forum des associations. « Si nous subventionnons cette action, c’est parce qu’elle nous paraît particulièrement innovante. Elle répond à nos critères d’attribution, explique age Témoignages Tradition Joël Bargs, Toussaint Cézette et une bénévole devant le banc de montage Nathalie Basset, responsable du pôle contrôle et conseil au département Personnes âgées et handicapées de la CRAM Rhône-Alpes. Le fait qu’elle soit encadrée et conduite par des bénévoles de tous âges permet aussi de renforcer le lien intergénérationnel qui nous paraît essentiel. Les interviews menées par des étudiants vont dans ce sens. » Et Nadège Thévenet, conseillère gérontologique de la MSA, renchérit : « pour la MSA, ce projet permet de collecter la mémoire des personnes âgées en milieu rural, en collectif ou individuellement. L’objectif est de pouvoir ultérieurement proposer ces témoignages à une diffusion en cercle restreint, avec l’accord des personnes. » Engagée à titre personnel dans le programme, comme bénévole au sein du CBPA, elle participe aux tournages. « J’ai toujours aimé écouter les gens parler, raconter leurs histoires. Ici, c’est très valorisant pour la personne âgée de pouvoir graver son histoire pour ses enfants et petits-enfants. » • P.F. René Marion et Gilbert Curt ont depuis longtemps une passion commune : ils fabriquent la goutte. Avec l’alambic du village, ils se retrouvent deux fois par an, tôt le matin, et distillent lentement les prunes qu’ils ont récoltées. Ils ont appris avec leurs pères, puis beaucoup « sur le tas ». « À l’époque, tout le monde distillait un peu. Surtout le raisin, on avait des pieds de vigne dans chaque ferme. Après la guerre, il a fallu les arracher, car ce raisin de mauvaise qualité était dangereux pour la santé. » La goutte s’est alors faite avec des fruits. Très au courant de la réglementation, ils savent qu’au 31 décembre, ils n’auront plus droit qu’à 500° par an en payant une taxe. Mais cela ne les arrêtera pas. « On le fait surtout pour le côté folklorique ! » Leur sillage, ils l’ont enregistré ensemble, lors d’une journée de fabrication : charger les chaudières à 6 heures afin que le feu soit parfait pour la cuisson du fruit qui donnera une blanquette (le premier jus très clair) à 25°, puis faire passer deux fois cette blanquette, très doucement… pas plus de 4 litres par heure… « Si on veut faire les choses correctement, il faut deux jours : l’un pour faire la blanquette, l’autre pour faire la goutte ! » Par ce témoignage, ils veulent surtout laisser la trace de leur savoir-faire à leurs petits-enfants, même si pour l’instant, « ils sont un peu jeunes pour comprendre » ! Militant Robert Truchon a toujours eu en tête un jour de réaliser un document retraçant sa vie et celle de sa femme. « Mes enfants et mes petits-enfants me l’ont demandé il y a longtemps, mais je n’avais encore rien fait. » La proposition de Nadège Thévenet de la MSA d’enregistrer leur « sillage » est alors bien tombée. Témoin de la vie rurale, il raconte comment il allait à l’école distante de 4 km de l’exploitation, en vélo les jours de beau temps, à pied lorsqu’il neigeait ou pleuvait ! Dans une classe unique, il a fait toute sa scolarité avec la même maîtresse, jusqu’au certif ! « Quand on compare avec aujourd’hui, c’est vrai que bien des choses ont changé ! » Mais c’est aussi son témoignage d’agriculteur, de militant syndical et de bénévole qu’il a voulu porter. « J’ai de vagues souvenirs de mon père qui était très militant. Je voulais laisser une trace plus concrète à mes enfants. » Plein d’humilité, il souhaite que son « sillage » reste confidentiel et privé. Mais cela lui a donné des idées : « maintenant que j’ai des arrière-petitsenfants, je veux aller plus loin, et faire quelque chose qui rassemble les images de ce qu’a pu être notre vie. » Alors il fait des recherches généalogiques aux Archives départementales, retourne sur les lieux de son enfance, pour garder encore une autre trace et attacher un peu plus ses descendants à leurs racines. InterAction n° 52 • avril 2007 • 31 • Reportage Une passerelle En souffrance psychique ou physique, se traduisant le plus souvent par des troubles du comportement et des difficultés scolaires énormes, certains enfants sont placés en ITEP (Institut éducatif, thérapeutique et pédagogique). L’objectif étant de les aider à reprendre confiance en eux-mêmes, construire leur personnalité qui leur permettra de trouver leur place. Au Château de Varey, certains enfants bénéficient d’une mesure d’intégration scolaire en milieu scolaire ordinaire. • 32 • InterAction n° 52 • avril 2007 I l est neuf heures dans la petite école élémentaire de Saint-Jean-le-Vieux. Un jour ordinaire pour les 120 élèves de l’école répartis en cinq classes. Là, pas de cloche qui sonne. René Billon, le directeur, tape deux fois dans ses mains : les élèves se rangent immédiatement en rang devant leur classe. Un petit groupe de neuf élèves, un peu plus grands que les autres, se rassemble auprès de leur maître, Jacques Pichard, enseignant à l’ITEP du Château de Varey. Depuis 1967, l’ITEP accueille des jeunes en difficulté d’apprentissage scolaire, ayant des troubles du comportement. Anthony, Jean-Lou, Christopher, Agnès, Jason, David, Anis, Géraldine et Tony sont en classe « passerelle ». Initiée depuis près de cinq ans par René Billon et Jacques Pichard, cette classe intégrée bénéficie du soutien des parents de l’école. L’organisation est maintenant bien rodée. Une intégration réfléchie Détaché de l’ITEP où il travaille pour la 24e année, Jacques Pichard vient tous les jours faire la classe à Saint-Jean-le-Vieux. Sept de ses élèves arrivent du Château en bus tous les matins, deux autres viennent par leurs propres moyens car ils sont logés dans leur famille ou en famille d’accueil. Pour le déjeuner, ils font l’aller-retour au Château de Varey et reviennent l’après-midi. « C’est trop difficile de les faire manger à la cantine de l’école. Les cantines sont souvent des lieux bruyants où il faut rester attentif à ce qui se passe. Nous avons essayé une année, mais cela n’a pas fonctionné. » Besoin de se retrouver dans un univers qu’ils maîtrisent mieux, un environnement qu’ils connaissent… « Ce n’est pas toujours facile pour ces élèves d’être constamment confrontés à la “norme”. Il faut veiller à ne pas trop leur en demander d’un coup », souligne René Billon. On ne peut pas avoir les mêmes attentes d’une classe ordinaire que d’une classe en difficulté. Il y a des choses que l’on accepte plus facilement dans la classe passerelle, sur l’attention, le comportement ou le suivi du programme scolaire, même si les adultes veillent à ce que ces choses se remettent en place doucement. Jacques Pichard adapte d’ailleurs toujours ses réponses à la personnalité de chacun de ses enfants. Il connaît leur difficulté et sait anticiper les réactions de chacun en fonction des caractères. Faire ensemble Ce matin, la classe passerelle de Jacques retrouve les 18 élèves de CM2 de René pour le cours de sport. « Nous essayons de faire des cours communs, lorsque les matières s’y prêtent, comme le sport ou toute activité ludique. » René Billon et Jacques Pichard sont alors rejoints par Vincent Giroux, professeur de sport au Château de Varey. Jean-Lou prend les sifflets et tout le monde se dirige vers le gymnase de la commune : au programme, une heure de handball. Après l’échauffement – « Lève bien les bras, Jason ! » - on entame le jeu. « On fait six équipes de quatre pour l’entraînement ! » Jacques Pichard veille à avoir une certaine mixité dans les groupes. Une fille fronce un peu le nez en voyant arriver un « grand » dans son groupe, mais finalement tout se passe bien… « Il faut dire que celui-là a eu un peu de mal au début à contrôler sa force et il ne sait pas reconnaître ses erreurs », explique Jacques. Vient la distribution des maillots : les matchs commencent. C’est parfois un peu la bataille pour décider qui doit arbitrer et avoir le sifflet. « Anis, tu as déjà fait, laisse la place à Agnès ! » lance Anthony. « Non, pour la vie elle sait pas faire ! », rétorque Anis. « C’est chacun son tour », insiste Jacques. Bref, des chamailleries de gosses comme tous les autres gosses, sans grande conséquence. Ce matin-là, les matchs sont plutôt dynamiques. « Ça joue bien, là ! », lancent les instits, heureux ! Dans la cour, pendant les récrés, les élèves ne se mélangent pas trop. La classe passerelle reste souvent dans son coin. « Bien que cette année, mon groupe soit plus sociable que l’an dernier ! » Et aujourd’hui, ils ont décidé de jouer tous ensemble, au ballon prisonnier. De nouvelles expériences Retour en classe. Anis, Agnès, Jean-Lou et Tony vont préparer la salle polyvalente pour un entraînement au prochain défi maths. « Ils doivent résoudre une série d’énigmes, par équipes, en une heure. À la fin de l’heure, l’équipe rend une seule feuille portant les réponses trouvées. » Les élèves de Jacques Pichard sont rejoint par les 26 enfants de CE2 de la classe d’Evelyne Billon. Ce défi maths vient d’être mis en place cette année, à titre expérimental. Une autre classe du Château de Varey sera ensuite associée à la rencontre prévue plus tard dans l’année. « L’objectif est de mélanger les trois classes au sein des groupes et de lancer trois défis. Ils doivent arriver à travailler de manière autonome et surtout, ensemble, pour trouver les solutions ! » De leur côté, Anthony, Jean-Lou et Christopher dessinent sur leurs feuilles, pas très motivés. Agnès, Jason et David travaillent de manière individuelle, mais vers la fin, mettent en commun le fruit de leur réflexion pour remettre une seule copie. À la table d’Anis, Géraldine et Tony, il y a un peu plus d’animation. Finalement, c’est en duo que le groupe finit : Tony est mis à l’écart. « Il a encore du mal à accepter ses erreurs et a parfois des réactions très enfantines », explique Jacques Pichard. Au final, tous jouent le jeu, les CE2 comme la classe passerelle. « Rappelez-vous comment c’était difficile pour vous au début de travailler ensemble. Vous avez fait de gros progrès ». Jacques Pichard sait aussi encourager les efforts de chacun. Autre grande première : à la fin du mois de mars, la classe passerelle est partie une semaine avec les CM2 dans un gîte-bergerie pour une classe transplantée sur le thème de l’agnelage. Les élèves ont travaillé auparavant le sujet en classe et fait des recherches documentaires. Et voir ses élèves dans ce genre de situations permet à Jacques de réajuster ensuite sa pédagogie. Car il ne faut pas se tromper : le but ultime de la classe passerelle est d’amener ces jeunes à se réinsérer dans le système scolaire traditionnel. Et en quatre ans, le système a fait ses preuves : à de rares exceptions près, tous ont réintégré des SEGPA (Sections d’enseignement général et professionnel adaptées), qui les ont pour certains, amenés jusqu’au bac pro ! Grâce à ces bons résultats, Jacques Pichard espère que la classe passerelle continuera d’exister. Car cette aventure est aussi basée sur la personnalité des gens qui la mènent : René Billon et Jacques Pichard vont prendre bientôt leur retraite, sans être pour autant assurés de la pérennité de cette action. • P.F. InterAction n° 52 • avril 2007 • 33 • Interlignes l Dépister le cancer colo-rectal l « Dans les cordes » de la Reyssouze L’ODLC (Office départemental de lutte contre le cancer) va lancer le dépistage du cancer colo-rectal. 40 000 nouveaux cas apparaissent par an en France, avec un taux de mortalité à 50 %. « C’est un cancer en constante augmentation (+67 % en 25 ans), déplore le Dr Jean Bruhière, gastro-entérologue coordinateur du dépistage dans l’Ain. L’amélioration de ce chiffre ne peut se faire que par le dépistage systématique des sujets sans symptôme ni antécédents famiLa recherche de sang dans les selles se liaux. » Ce type de cancer débutant fait au moyen du test Hémoccult II. toujours par la présence d’un polype bénin, le dépistage consiste à chercher la présence de sang dans les selles par un test simple à faire chez soi et à renvoyer dans un laboratoire du CHU de Grenoble. « Dans l’Ain, nous avons dénombré 133 000 personnes de 50 à 74 ans concernées par ce dépistage. » Grâce à celui-ci, un tiers de la mortalité pourrait être évité, explique le Dr Philippe Winckel, président de l’ODLC. La première vague de dépistage aura lieu sur la circonscription d’action sociale de Châtillonsur-Chalaronne début mai. L’action s’étendra sur Nantua et Bourg fin 2007. D’ici deux ans, l’ensemble de l’Ain devrait être couvert. Tél. 04 74 45 30 30 Le 2 mars, Bourg-en-Bresse a accueilli en avant-première nationale le film Dans les cordes en présence de sa réalisatrice, Magaly Richard-Serrano, et de ses trois principaux comédiens, dont Richard Anconina. De nombreux habitants de la Reyssouze assistaient à l’événement. Une partie du film a en effet été tournée dans un immeuble de la rue Blériot voué à la démolition dans le cadre de l’opération de renouvellement urbain du quartier, au printemps 2006. « On cherchait une cité HLM qui ne soit pas une caricature, qui soit vivable, à dimension humaine » explique la réalisatrice. Le partenariat entre Bourg Habitat et la société de production du film s’est concrétisé par la mise à disposition des lieux et un échange actif entre des jeunes du quartier et l’équipe de tournage. « On a été hyper bien accueillis, les habitants venaient voir le tournage, c’était une très bonne ambiance. » Le cinéma était aussi au cœur de l’action, financée par le contrat de ville, dans laquelle se sont impliqués des jeunes du quartier en 2006 : réaliser un docu-fiction témoignant des réactions des habitants face à la transformation de leur quartier. Au fil des ateliers ciné et avec l’accompagnement du réalisateur professionnel Fabrice Hoffmann, le projet a pris forme. Tourné en juin 2006, Adieu ma Reyssouze ? était présenté le 2 mars, en première partie du long métrage. « J’ai été impressionné par la qualité du film » a souligné Richard Anconina. « Quand j’ai su que des immeubles allaient être démolis, j’ai eu vraiment la haine. Participer à ce film m’a fait comprendre en quoi ce projet de rénovation urbaine est bon pour la ville » dit Hakima, qui s’est investie dans l’écriture du scénario et le tournage de ce court métrage de 25 mn. Adieu ma Reyssouze ? sera projeté à nouveau cet été, dans le cadre des « Passeurs d’images » (ex-Un été au ciné - Cinéville). l Côté BB Née en 2004 à Izernore, l’association Côté BB a pour but premier de réunir parents et professionnels de la santé et de la petite enfance. Elle compte aujourd’hui une centaine d’adhérents, dont un tiers de professionnels de santé. Les rendez-vous sont nombreux : rencontres du mardi (hors vacances scolaires) pour échanger sur la maternité et le maternage, goûters-partage mensuels du jeudi, soirées thématiques et formations. L’association met à disposition également une bibliothèque et organise deux braderies de matériel de puériculture par an. Les prochaines soirées aborderont l’ostéopathie (22 mai, à Oyonnax), « Que faire en cas d’accident ? » (12 juin, à Izernore), « Allaitement maternel et travail » (16 octobre, à Izernore), « Quel jeu à quel âge ? » (13 novembre, à Oyonnax). Un stage sur la communication non violente est programmé en avril, suivi d’une deuxième session en décembre, axée sur l’éducation. Une formation au secourisme devrait également s’inscrire au programme de fin d’année. En 2008, l’association souhaite organiser un salon Côté BB à Oyonnax. www.assocotebb.org – [email protected] Tél. 06 70 70 62 88 (Céline Boymond) De l’écriture du scénario jusqu’au montage, des jeunes du quartier ont réalisé de A à Z un film-témoignage éloquent. l Développer la kinésithérapie au Tchad Née à Belley en 2006 et présente également depuis mars à Besançon (Doubs), à l’initiative de Julien Bernard, masseur-kinésithérapeute, la jeune ONG (organisation non gouvernementale) Kiné-Tchad a pour but de développer la kinésithérapie et la rééducation au Tchad, en formant les personnels de santé à la rééducation à base communautaire, technique consistant à soigner le patient devant sa famille afin que ceux-ci visualisent les gestes à effectuer et les reproduisent par la suite. « La capacité d’apprentissage pratique des populations est très forte, en raison de leur culture orale » souligne J. Bernard. L’association souhaite ainsi agir tant auprès des populations sédentaires que nomades. Une première mission de trois membres (kinésithérapeute, médecin généraliste et neuropsychologue) s’est rendue sur place à l’automne dernier. Une mission longue d’un an est envisagée, ainsi que des missions courtes. L’association est reconnue d’intérêt général. L’adhésion est gratuite. Les dons peuvent être défiscalisés. http://.kine.tchad.free.fr – [email protected] – Tél. 06 78 67 63 94 • 34 • InterAction n° 52 • avril 2007 La rééducation à base communautaire permet de transmettre des connaissances minimales à la population, afin que certains de ses membres puissent développer une pratique élémentaire de soin. Interlignes Personnes âgées Prévenir les risques de suicide ● En France, le taux de décès par suicide atteint son maximum chez les hommes de 85 ans et plus (124 pour 100 000 hommes). À cet âge, il est 10 fois plus élevé qu’entre 15 et 24 ans. Le pays détient d’ailleurs le triste record du plus élevé taux de suicide des plus de 75 ans, par rapport à l’Europe et aux États-Unis. L’Ain est dans la moyenne nationale. Les chiffres* sont éloquents – et certainement sous-évalués ! –. Mais le sujet reste tabou. Afin d’intervenir le plus en amont possible et prévenir le suicide, trois partenaires, l’ADAG BB (Association d’action gérontologique du bassin burgien), le CMPPA (Centre médico-psychologique pour personnes âgées) et l’Asdomi, service de soins infirmiers à domicile, ont créé dès 1999 une cellule permanente de prévention des situations à risque chez la personne âgée. L’Asdomi s’est retirée du comité de pilotage en 2002 mais reste partenaire de l’action, inscrite au Programme régional santé. pratiques de repérage des risques. La cellule organise régulièrement des sessions d’information, avec apports théoriques et mises en situation pratique via des jeux de rôle. 235 personnes (médecins hospitaliers et libéraux, infirmiers, professionnels de l’aide à domicile etc.) ont ainsi été sensibilisées en 2006. Simple à utiliser, une grille d’évaluation des situations de détresse chez la personne âgée liste les signes et les critères d’alerte. La cellule a également réalisé et diffusé auprès des médecins de l’Ain un mini-guide pratique de prévention. Créer une dynamique de réseau Seules deux cellules spécialisées existent en Rhône-Alpes, à Saint-Étienne et Bourg-enBresse. La cellule du bassin burgien souhaite étendre son action à l’ensemble du département. « Un questionnaire a été transmis à l’ensemble des CLIC (Centres locaux d’inforRéalisé par la cellule, ce guide pratique donnant mation et de coordination gérontologique) et des indices de repérage du risque suicidaire chez Apporter un appui technique des centres médico-sociaux. Ils peuvent être la personne âgée a été envoyé à tous les médecins « C’est une problématique très particulière. libéraux de l’Ain. des relais d’information » souligne Patricia Aucune prévention n’est possible si on reste Masson, chargée du développement de la uniquement du côté sanitaire. Il faut aussi que les proches de la per- cellule de prévention. Objectif : qu’un véritable réseau, un « dispositif sonne âgée puissent repérer les signes, alerter. On est à l’articulation de vigilance », se mettent en place autour de la personne âgée en entre le social et le sanitaire, deux mondes qui souvent s’ignorent », situation de souffrance. reconnaît Jean-Claude Blond, médecin psychiatre, responsable du dis• A.P. positif personnes âgées du CPA (Centre psychothérapique de l’Ain). La cellule s’adresse à tous ceux, professionnels et bénévoles, qui œuvrent Cellule de prévention des situations de détresse auprès des personnes âgées, à domicile et en institution. Ils peuvent y chez la personne âgée trouver aide, conseil et accompagnement. Elle n’a pas pour vocation 70, boulevard de Brou 01000 Bourg-en-Bresse, tél. 04 74 22 11 11 d’intervenir directement auprès de la personne âgée en détresse mais Permanence du comité technique le lundi, de 13 h 30 à 15 heures. d’apporter un appui technique à ceux qui l’entourent. [email protected] Pour bien prévenir, il faut sensibiliser, informer, former, offrir des outils l Taux de suicide pour 100 000 habitants, selon le sexe et l’âge, en 2002 * 140 Hommes Femmes Les deux sexes 120 65/74 ans 75/84 ans 85 ans et plus 32,4 38,2 60,3 124,3 Hommes 100 80 Femmes 15,0 13,4 14,8 20,5 Ensemble 23,6 24,6 32,5 48,8 l À savoir 60 40 20 0 55/64 ans Âge 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Champ : France métropolitaine – Source : Inserm, CépiDc * Source : Études et résultats n° 488, mai 2006, DREES, consultable sur le site internet www.sante.gouv.fr 100 • Le taux de suicides augmente avec l’âge, celui des tentatives diminue : les personnes âgées optent pour des moyens radicaux. La pendaison est le premier mode de suicide chez les hommes, quel que soit l’âge. • En 2006, la cellule de prévention a suivi 33 dossiers, dont 16 nouveaux. • Le comité technique de la cellule réunit un médecin psychiatre, une psychologue, une infirmière psychiatrique, une assistante sociale, une coordinatrice. • La cellule peut aussi intervenir, dans le cadre du suicide d’un résident dans une structure, auprès des professionnels ou des résidents, en proposant un groupe de parole. InterAction n° 52 • avril 2007 • 35 • Adapei SCOLARITÉ ET HANDICAP Établissements spéciali cherchent temps 1975-2005, trente ans séparent les deux lois sur la scolarisation des enfants handicapés. Que va apporter cette nouvelle loi ? De quels enseignements les enfants bénéficient-ils aujourd’hui ? Et doit on souhaiter, demain, une intégration systématique en milieu ordinaire ? Un point sur la scolarité au sein de l’ADAPEI, établissement par établissement. D déficit de confiance en soi » explique Laurence ans l’Ain, l’ADAPEI gère quatre instituts Romeggio, directrice pédagogique de l’IME. médico-éducatifs (IME), deux dans le « Nous travaillons beaucoup sous forme de secteur de Bourg-en-Bresse, un à Oyonnax et classes coopératives, avec des projets. Le niveau l’autre à Belley. Près de 400 enfants handicapés y sont accueillis, en internat ou semi-internat. va de la maternelle grande section au CE2. Et Et moins d’un tiers bénéficient d’apprentissages nous essayons d’individualiser au maximum scolaires. Certains parce qu’ils ne sont pas en les projets, avec une réévaluation de celui-ci au âge scolaire. D’autres parce qu’ils n’en ont pas moins une fois par an. » Parmi les élèves accueillis les capacités. Mais pour une grande majorité, par l’ADAPEI, un est scolarisé à l’extérieur, en il s’agit plus d’une question de d’enseignement général « Un enfant sur deux Section moyens, insuffisants pour mettre en et professionnel adapté (SEGPA). pourrait bénéficier Pour les autres, l’équipe a fait place des temps d’enseignement à destination de tous les enfants. le choix de limiter les sorties en d’enseignements milieu ordinaire, « lorsque celles-ci scolaires. » ont un objectif de réussite, comme D’un IME… les stages AFPS* ou les courses UNSS** » précise Les quatre établissements, dans ce domaine, la directrice pédagogique. présentent une forte hétérogénéité. À Oyonnax, à l’IME Les Sapins, il existe égaleAu sein de l’IME Georges Loiseau à Villereversure, ment une unité d’enseignement, avec un seul qui accueille des enfants de 12 à 18 ans préseninstituteur spécialisé. 103 enfants présentant tant un déficit intellectuel léger ou moyen, il un déficit intellectuel moyen ou lourd avec existe une unité d’enseignement. Elle est compodes troubles associés du comportement sont sée de 7 enseignants mis à disposition par l’Éduaccueillis, « dont la moitié pourrait bénéficier cation nationale, et d’une directrice pédagogique. d’apprentissages scolaires » affirme son diSur les 100 jeunes qui fréquentent l’IME, tous recteur, Bernard Varinard. Au total pourtant, sont donc scolariune vingtaine d’enfants seulement figure sur sés. Les 12-14 ans l’emploi du temps du maître, Jacques Clairmidy. bénéficient d’une Et parfois seulement pour une ou deux heures scolarité à temps hebdomadaires. « Nous avons une classe à la plein, adaptée à carte, dit le directeur, avec des petits groupes leur problématiconstitués par niveau autour de l’apprentissage que, tandis que les de la lecture. » « Notre axe, confirme l’instituteur, 14-18 ans ont un c’est l’apprentissage de la lecture, la lecture outil enseignement en essentiellement, comme lire une étiquette ou un temps partagé, en panneau. Mais aujourd’hui c’est très frustrant car alternance avec de plusieurs enfants pourraient intégrer un groupe la formation prode pré-lecture si l’IME bénéficiait d’un poste fessionnelle. On y supplémentaire. Le pire, c’est que dès qu’ils ont fait des maths, du 16 ans, les enfants arrêtent la lecture du jour au Au Prélion, deux éducateurs pallient l’absence d’enseignant, en proposant français, des sciendes activités périscolaires. lendemain, et qu’ils perdent tout ». ces et de l’histoire géographie, une fois que les enfants ont repris … à l’autre confiance en eux bien sûr, et en parallèle du travail effectué avec les éducateurs. « Tous Deux établissements, L’Armaillou à Belley et les enfants, lorsqu’ils arrivent ici, sont en soufle Prélion à Bourg-en-Bresse, n’ont pas d’enfrance, en échec scolaire massif et avec un gros seignant. Ils accueillent des enfants avec des • 36 • InterAction n° 52 • avril 2007 sés scolaires… déficiences mentales moyennes à sévères avec parfois des troubles associés (autisme ou psychose). Et pour leur scolarisation, il n’y a que la « débrouille » ou bien les classes adaptées. Au Prélion ainsi, depuis 2006, deux éducateurs spécialisés se sont formés, pour pallier l’absence d’enseignant. Toujours à partir d’un projet personnalisé, avec un programme à la carte, les enfants qui le peuvent font un peu de lecture, d’écriture, participent à des ateliers de logique ou de mobilisation de la pensée. Cinq groupes éducatifs ont accès, au quotidien, à des activités dites périscolaires. Quelques enfants sont également scolarisés en classe d’intégration scolaire (CLIS) ou en unité pédagogique d’intégration (UPI), sur l’agglomération burgienne. Mais beaucoup n’ont pas accès à de véritables enseignements. « Nous n’avons même pas les moyens de les évaluer efficacement, pour éventuellement orienter certains vers une scolarisation extérieure, regrette le directeur. La création d’un poste d’enseignant au sein de notre IME nous permettrait d’avancer ». À Belley, c’est le même constat. « Ici, dit François Deprés, directeur de l’IME, il y a beaucoup d’enfants qui restent sans possibilité d’enseignement en interne, alors qu’ils peuvent apprendre. La loi de février 2005 affirme que lorsqu’il n’est pas possible de scolariser un enfant handicapé en milieu ordinaire, il doit bénéficier d’une scolarité en milieu spécialisé. Ce qui n’est pas Du neuf pour 2007/2008 Depuis plusieurs années, l’ADAPEI demande des créations de postes d’enseignant spécialisé au sein de ses établissements. L’objectif pour la rentrée 2007 était de disposer d’au moins un enseignant par IME, grâce à une création de poste et à un redéploiement interne. Depuis quelques semaines, le verdict est tombé, annoncé par l’inspecteur d’académie. Un poste sera ouvert sur l’IME du Prélion, en remplacement d’un poste existant à l’IME de Villereversure. Celui qui était attendu à Belley n’a en revanche pas été accordé. possible aujourd’hui. » Sur 78 pensionnaires, sept sont scolarisés en CLIS à l’école de la Vieille Porte et 10 en UPI au collège d’Artemare. Entre l’IME et les deux CLIS de la Vieille Porte, un véritable partenariat a d’ailleurs été mis en place, que voudrait encore renforcer François Deprés. « Nous avons à l’IME une plate-forme technique de qualité. L’Éducation nationale, de son côté, offre ses compétences d’enseignement. Je crois à la mutualisation des moyens, en dépit de la complexité administrative » dit-il. Une opinion que partagent Dominique Sahuc et Hélène Mazaud, les deux enseignants de CLIS, en évoquant les difficultés liées au dépistage des déficiences des enfants. « L’école doit rester l’école, confient-ils, mais ce qu’il faut protéger avant tout c’est l’identité de chaque enfant. La question que l’on doit se poser, aujourd’hui et demain, c’est comment inscrire ces enfants dans la dimension sociale ? » À Oyonnax, les enseignements sont axés sur la lecture outil. • C.R. *Attestation de formation aux premiers secours **Union nationale des sports scolaires Le handicap, les familles, l’école La loi de 1975 édictait le droit à une éducation pour tout enfant handicapé. La loi « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » du 11 février 2005 affirme aller plus loin en disposant (article 19) que tout enfant handicapé est de droit un élève, acteur de ses apprentissages. Les directeurs de structures d’accueil d’enfants handicapés mentaux savent bien que l’école, c’est le rêve de toutes les familles. Un rêve bien légitime lorsque l’on est confronté à la Les enfants de l’IME de Villereversure, en stage AFPS. différence et au regard des autres. Mais qu’en est-il dans la réalité ? Ne vaudrait-il pas mieux distinguer le handicap moteur du handicap psychique ? Faut-il réellement laisser croire aux parents que les enfants handicapés seront tous des écoliers comme les autres ? Et estce bien toujours dans l’intérêt de l’enfant de le remettre dans un milieu ordinaire qui l’a généralement déjà rejeté ? La loi dit que l’école est un droit pour tous. Mais quelle école ? InterAction n° 52 • avril 2007 • 37 • Interlignes Forum du bénévolat Zoom sur la vie associative dans l’Ain ● Jeudi 8 mars, journée de la femme, c’était aussi la journée du bénévolat dans l’Ain : le premier forum-rencontre organisé par le CBPA, à la salle des fêtes de Bourg-en-Bresse, a attiré un large public. Près de 9 000 associations actives, dont 1 400 associations employeurs, plus de 500 nouvelles associations chaque année, quelque 100 000 bénévoles réguliers ou occasionnels : extraits d’une étude menée par le Cerphi*, ces chiffres démontrent la vitalité de la vie associative dans l’Ain. En parallèle, une autre étude montre que nombre d’associations éprouvent des difficultés à recruter des bénévoles réguliers. Promouvoir le bénévolat et aider les associations – sociales et humanitaires notamment – à recruter et fidéliser, informer le grand public, et ouvrir le dialogue, tel était le but du premier Forum du bénévolat organisé par le CBPA (Centre du bénévolat des pays de l’Ain)**. La vaste salle des fêtes de Bourg-en-Bresse n’a pas désempli de la journée, les 200 programmes imprimés ont vite été épuisés ! Stands associatifs, exposition Paroles de bénévoles, résultats des enquêtes Panorama de la vie associative dans l’Ain et L’opinion des responsables associatifs de l’Ain sur le bénévolat***, tables rondes sur le bénévolat tremplin vers l’emploi et sur l’exercice du bénévolat aujourd’hui et le recrutement Les deux tables rondes ont fait salle comble. de bénévoles : la journée a été riche d’enseignements sur le Ce jeudi-là, en tout cas, l’accueil était convivial. Et les premières pourquoi et le comment du bénévolat. Des témoignages forts ont convaincu, si besoin était, des vertus du bénévolat qui redonne réactions des participants, acteurs associatifs, partenaires ou simples confiance en soi, permet d’utiliser et renforcer ses compétences, et visiteurs, incitent à reconduire la rencontre l’année prochaine. Deux jours plus tard, le 10 mars, à la maison des syndicats, c’était ainsi ouvre des pistes de retour à l’emploi salarié. au tour des jeunes de témoigner de leur engagement associatif et humanitaire, et d’exposer les divers dispositifs du bénévolat et du Accueillir et fidéliser Conseiller scientifique de France Bénévolat, auteur d’une étude sur le volontariat, lors d’un forum Déclic’solidaire, organisé par des étudiants bénévolat comme facteur d’employabilité, Dominique Thierry a souligné en licence professionnelle Management des associations. La rencontre également l’importance de l’accueil au sein des associations. Directeur était certes plus modeste mais non moins riche d’ouvertures. Elle est du CBPA, Yves Le Pecq confirme : « Les associations se plaignent de aussi à renouveler. • A.P. leurs difficultés à recruter mais ne s’interrogent pas sur comment être accueillantes, motiver, fidéliser les bénévoles ! Certaines offrent des d’étude et de recherche sur la philanthropie conditions meilleures que d’autres pour l’exercice du bénévolat ». Les ***Centre En partenariat avec le CEUBA (Centre universitaire de Bourg et des pays de l’Ain), l’association EPI, L’agglo, la Maison des étudiants et le Bureau information jeunesse. formations à l’accueil seraient peut-être à relancer… *** Disponibles sur le site www.cerphi.org l Ils ont dit « Environ 30 % des bénévoles accueillis au CVPA sont des demandeurs d’emploi. Parmi eux, 20 % sont des “stratèges” : ils viennent parce qu’ils savent que le bénévolat va les aider dans leur recherche d’emploi ; 40 % sont des “découvreurs”, sans idée précise ; 20 % sont des habitués du bénévolat, ils ne voient pas forcément le lien avec leur recherche d’emploi ; 20 % viennent parce qu’il y a de la lumière, pour sortir de leur isolement. » Dominique Thierry, vice-président de France Bénévolat « Les associations sont des gisements de valeur ajoutée humaine. » Jean-François Debat, conseiller régional Au forum Déclic’solidaire, les jeunes ont témoigné de leur expérience associative. • 38 • InterAction n° 52 • avril 2007 « Le bon équilibre dans une association qui a délégation du service public de l’emploi, c’est 80 % de salariés / 20 % de bénévoles. » Hubert Guillet, directeur de l’association EPI (Espace projet d’insertion) Interlignes l L’OPAC se branche l Les CUCS succèdent aux contrats de ville La convention a été signée le 8 mars. Le Syndical intercommunal d’électricité du département de l’Ain (SIEA) et l’OPAC ont signé en mars une convention de partenariat définissant quatre actions prioritaires à mener : optimiser les consommations d’énergie sur les parties communes, réfléchir aux choix techniques et énergétiques dans le cadre d’opérations nouvelles et de grosses réhabilitations, valoriser les certificats d’économie d’énergie obtenus en contrepartie de travaux d’isolation ou de chauffage, réfléchir sur la réalisation d’opérations énergies renouvelables ou de production d’électricité sur le patrimoine existant. Les partenaires s’engagent pour trois ans. Un comité de suivi se chargera tous les ans d’établir un bilan des actions engagées. l Top départ pour le Rallye emploi Le 1er janvier, les Contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) ont succédé aux contrats de ville. Élaborés en partenariat* et signés pour 3 ans, ces nouveaux outils visent, dans la continuité des précédents, à favoriser l’égalité des chances entre tous les habitants et rattraper les retards © Studio Herwey de développement des Parmi les quartiers soutenus en priorité : le quartier quartiers en difficulté. Croix-Blanche, à Bourg-en-Bresse. Nouveautés : une approche plus territoriale et la possibilité de financements pluriannuels. S’appuyant sur des indicateurs nationaux, une géographie prioritaire a été établie : les quartiers classés en priorité 1 et 2 bénéficient des crédits spécifiques politique de la ville, tandis que le niveau 3 requiert une simple mobilisation des crédits et moyens de droit commun. Trois agglomérations sont concernées dans l’Ain : Bellegarde, Bourg-en-Bresse et Oyonnax. Sont classés en niveau 1, à Bourg, les quartiers Reyssouze, Pont des Chèvres, Croix-Blanche, et à Oyonnax, La Plaine et La Forge. L’approche thématique n’est pas oubliée. Sur chaque territoire, des priorités d’action sont définies. Thèmes récurrents : l’habitat et le cadre de vie, l’emploi et l’insertion, l’éducation et la parentalité, la prévention de la délinquance. L’objectif transversal restant l’intégration et la lutte contre les discriminations. * État, villes, EPCI (établissements publics de coopération intercommunale), Conseil général, Conseil régional, CAF, bailleurs sociaux. l Sécurité 2006 : un bilan contrasté © Mission locale jeunes Lors de la préparation avant le départ du Rallye emploi 2006. Depuis six ans, les trois Lions Club de Bourg et ses partenaires* organisent le Rallye emploi. Le 22 mai prochain, une centaine de demandeurs d’emploi volontaires partiront de la salle des fêtes de Bourg-en-Bresse, par équipes de deux ou trois, pour visiter plus de 600 entreprises du bassin de Bourg. Objectif : récolter le maximum de promesses d’embauches qui seront réservés aux participants pendant 15 jours, avant d’être consultables à l’ANPE. L’opération est ouverte à tous les demandeurs d’emploi, inscrits ou non à l’ANPE. Au-delà de la possibilité de retrouver un travail, cette action vise avant tout à mobiliser les participants à la prospection directe en entreprise, leur donner l’envie de contacter les décideurs et les inscrire dans une démarche dynamique. En mai 2006, les « rallyemen » avaient récolté 289 promesses d’emploi. 155 se sont transformées en offres, dont 121 étaient pourvues à la mi-août. Sur les 98 participants, 58 avaient plus de 36 ans, 67 étaient des femmes. Sur les 70 % recontactés en début d’année, 70 % étaient en emploi, 80 % estimaient avoir été « reboostés », 90 % avaient un retour positif sur l’action. Tél. 04 74 23 38 77 (ANPE) ou 04 74 45 35 37 (Mission locale jeunes) * L’agglo, l’ANPE, la Mission locale jeunes, la Chambre de commerce et d’industrie, la Chambre de métiers, la CGPME, le MEDEF de l’Ain, la Ville de Bourg, l’association EPI (espace projet insertion), le réseau d’insertion des femmes, Bresse diffusion et PO Infor. Une baisse de 8,9 % de la délinquance sur voie publique, de 7,1 % de la criminalité organisée et de la délinquance spécialisée, mais une hausse des violences contre les personnes de 9,1 % et de 32,6 % de la délinquance économique et financière : le bilan 2006 de la sécurité publique se révèle contrasté. Au total, la délinquance poursuit sa baisse : 3 925 faits en moins depuis 2002 (- 14,42 %, - 9,44 % en France). Avec un taux de criminalité de 42,49 pour 1 000 habitants, l’Ain se classe à un rang honorable : 59e sur 96 départements. Côté positif, les attaques aux biens (cambriolages, vols d’automobiles, vols à la roulotte) diminuent. Côté négatif, les violences physiques, sexuelles, et menaces de violences augmentent. La part des mineurs dans le total des mis en cause s’élève à 19,4 % (18,3 % en France), soit une hausse de 28,3 % en un an. 40,6 % des mis en cause pour des infractions de délinquance de voie publique sont des mineurs. Le taux d’élucidation global, en hausse depuis 5 ans, s’élève à 33,1 %. Objectif 2007 : 35 %. Côté sécurité routière, les actions de prévention et répression portent leurs fruits : le nombre d’accidents de la route a chuté de 834 en 2002 à 541 en 2006, soit une baisse de 10,4 %. Le nombre de tués a même atteint un « record » historique : depuis les premières statistiques des années 75, il n’a jamais été aussi faible (68 en 2006). Une baisse à poursuivre… [email protected] : c’est l’adresse mail sur laquelle vous pouvez nous écrire pour nous faire part de vos réactions de lecteur, apporter une contribution à un de nos articles ou proposer un sujet. InterAction n° 52 • avril 2007 • 39 • Bourg Habitat VIE DES QUARTIERS Des animations Les fêtes de quartiers réunissent tous les habitants autour d’activités diverses et conviviales, pour petits et grands. Tout au long de l’année et dans tous les quartiers, Bourg Habitat et ses partenaires proposent, en lien étroit avec les habitants, des animations festives, sportives, culturelles et artistiques. C aînés répètent leur pièce sur la vie du quartier. onstruire des logements adaptés aux La Z Compagnie accompagne les habitants dans besoins et les mettre à disposition des un spectacle vivant. D’autres participent à des personnes aux revenus modestes. C’est la voateliers percussions de la MJC. Les habitants cation de tout bailleur social. À Bourg Habitat, préparent aussi une exposition-témoignage. l’action ne s’arrête pas là. Il y a déjà plus de Le premier samedi, le festival de jazz de la ville dix ans, l’office municipal s’associait au centre passera par la Reyssouze. Et le deuxième, le social et à divers partenaires pour la première festival Interfolklores traversera le champ de fête de quartier. « Depuis des années, la fête de foire pour rejoindre la fête. Ce jour-là, le Vélo la Reyssouze est vraiment un temps fort pour club bressan et les jeunes sportifs résidant aux toute la ville. Autrefois, la Renaissance ouvrait Trois Saules proposeront démonsla fête dès le matin avec le lâcher de ballons, qui existe toujours mais « Un temps fort pour trations et initiations. a changé de site » rappelle MarieMais la fête n’est qu’un des volets toute la ville. » Claude Desfarges, présidente de des animations proposées par Bourg Habitat. Aujourd’hui, l’exemBourg Habitat. Balcons fleuris, décorations de Noël, concours de création ple a fait des petits : les Vennes, Terre des fleurs, artistique : toutes les occasions sont bonnes le Pont des Chèvres, la Croix Blanche et le Canal pour dynamiser la vie locale, faire se rencontrer ont aussi leur fête, organisée avec, par et pour les habitants, créer du lien social… et montrer les habitants, en début d’été. que, quand on vit dans un « quartier », on peut Au fil des ans, la fête de la Reyssouze a changé réussir et s’épanouir ! de site et le rendez-vous 2007 retournera sur le site originel. « Les nombreuses actions menées • A.P. dans le cadre de l’opération de renouvellement urbain donneront à l’événement une dimension d’ouverture. Ce sera un festival sportif et culturel, émanant des habitants sous l’égide de la Ville de Bourg, du centre social et de la MJC. » Dynamiser la vie locale La fête s’étalera sur deux samedis, les 30 juin et 7 juillet. Ouverte à tous, elle sera multiculturelle et intergénérationnelle. Et particulièrement sportive en juillet… Tour de France oblige ! Tout le monde met la main à la pâte. Les contes imaginés par les enfants seront de la partie. Les Autre saison, autre concours, mais même état d’esprit : depuis deux ans, Bourg Habitat invite à rivaliser autour des décorations de Noël. Une soixantaine de locataires jouent déjà le jeu, faisant briller de mille lumières leurs fenêtres, façades et terrasses bien au-delà du traditionnel 8 décembre. Remise des prix au printemps, avec annonce du concours de fleurissement. • 40 • InterAction n° 52 • avril 2007 En 2003, Bourg Habitat a convié tous ses locataires à dévoiler leurs talents artistiques. Près de 70 ont participé à ce premier concours de création (peinture, sculpture, dessin, photo, écriture), qui a donné lieu à une conviviale remise de prix et à une série de mini-expositions dans les agences. L’expérience est à renouveler. Interlignes l Un pass’âge actif à Hauteville l Partenariat MSA / Familles rurales Depuis cinq ans, à Hauteville, l’espace municipal petite enfance et l’école maternelle voisine développent, en accord avec les parents, des échanges actifs permettant de faciliter le passage de la crèche à l’école… et vice-versa. « Tous les matins, j’emmène ceux qui en ont envie dans une classe du 1er cycle, pendant une heure. Les plus grands peuvent rester la matinée » explique Anna Pinelli, responsable pédagogique de l’Espace petite enfance. Éducatrices petite enfance, directrice, enseignantes et ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) de l’école : les équipes de personnel des deux structures participent pleinement à l’expérience. Celle-ci se révèle positive dans les deux sens : d’une part, elle permet aux tout-petits de préparer leur entrée en maternelle et donc de mieux s’y intégrer ; d’autre part, elle permet aux plus jeunes écoliers de venir se réconforter un moment chez les tout-petits, en Le passage sécurisé reliant l’espace municipal cas de fatigue ou d’apprépetite enfance à l’école maternelle facilite les hension de l’école. échanges entre les deux structures. Depuis l’automne, le passage entre les deux structures est sécurisé par un escalier fermé par des barrières de bois. Aménagé par la municipalité, ce « pass’âge » les reliant officiellement a été inauguré le 16 mars. Une première étape vers un véritable pôle petite enfance pour les 0/6 ans en projet, mené en partenariat avec la commune et l’Éducation nationale. l Un centre pour une 2e chance Un centre « Défense, 2e chance », placé sous la double tutelle des ministères de la Défense et de l’Emploi, la cohésion sociale et le logement, a ouvert à Ambronay le 20 février. Installé dans les anciens locaux de l’ESCAT (établissement spécialisé du commissariat de l’Armée de terre), il dispose de 40 places pour accueillir, en internat, des filles et garçons, de 18 à 21 ans, en difficulté scolaire et risque de marginalisation. Tous volontaires, ils signent un contrat de 6 mois à 2 ans, répondant à un projet éducatif global, avec une formation visant une insertion professionnelle durable. Une allocation mensuelle de 140 € leur est versée, auxquels s’ajoutent à partir du 3e mois 160 €, capitalisés et remis en fin de formation. Tél. 01 47 71 48 88 Le mouvement Familles rurales rassemble au niveau national près de 180 000 familles adhérentes. Partenaires depuis de nombreuses années, la MSA et la fédération départementale Familles rurales ont signé en janvier dernier une convention officialisant leur engagement mutuel pour 6 ans. Basé sur une valeur commune, la solidarité, et sur une volonté partagée de dynamiser le milieu rural, le partenariat pluriannuel 2006-2011 porte sur cinq thèmes d’actions prioritaires : l’accueil du jeune enfant, les loisirs éducatifs, la conciliation vie familiale / vie professionnelle ; la parentalité ; les jeunes ; la santé et la prévention des conduites à risques ; la communication aux familles et aux associations. La MSA versera une aide financière de 7 300 € pour les exercices 2006, 2007 et 2008 et pourra accorder des subventions complémentaires. Dans l’Ain, Familles rurales réunit 35 associations, soit 1 750 familles adhérentes. Le réseau compte 10 centres de loisirs (+ une ouverture prévue à l’automne à Injoux-Génissiat), 16 accueils périscolaires (+ 1 en projet à Sergy), 8 haltesgarderies et crèches, 2 relais assistantes maternelles, 4 associations d’activités de loisirs, 1 école de musique, et est labellisé Point d’appui « Envie d’agir » par la Direction départementale de la Jeunesse et des sports. La fédération mène des actions d’accompagnement de projets, propose des formations pour les bénévoles (gestion d’une association) et les salariés (petite enfance, enfance et jeunesse), organise des soirées d’information sur des thèmes liés à la parentalité, l’adolescence… Un nouvel axe d’action se profile en 2007 : développer des services à la personne (garde, soutien scolaire…) complémentaires à ceux déjà présents sur le département. l Un mois à Belo Horizonte Chaque année, la fondation Rotary invite des jeunes de 25 à 29 ans, non rotariens, en activité et ayant deux ans d’expérience professionnelle – de tous métiers – à participer à un échange actif avec un pays étranger. Accompagnés d’un rotarien, les candidats sélectionnés séjournent un mois, en avril/mai, dans une famille d’accueil. Au programme : des visites et rencontres, et une journée de découverte professionnelle par semaine. Le coût du voyage est pris en charge par la fondation. Les participants n’ont à payer que l’assurance et leur passeport. Connaître la langue du pays est exigé mais une aide est apportée pour des cours de perfectionnement. Les Rotary clubs locaux parrainent les candidats au départ et reçoivent les visiteurs. Car l’échange est à double sens : en parallèle, de jeunes étrangers • 42 • InterAction n° 52 • avril 2007 sont reçus un mois en France. En 2006, l’échange de groupe d’études organisé par le district 1710 (Ain, Loire, Rhône) a permis à quatre jeunes de découvrir le Nouveau-Mexique ; en 2007, ils étaient cinq à séjourner en Oklahoma. En 2008, destination Belo Horizonte, au Brésil. Avis aux intéressés : les candidatures sont ouvertes, pour une sélection en novembre. « C’est une véritable découverte professionnelle et ethnique, tous les participants reviennent enthousiastes, souligne Éric Perret, du Rotary club Bourg Jacobins. Participer à un échange, c’est ouvrir ses yeux et son cœur, donner autant que recevoir, voir le monde comme il est vraiment, aimer et comprendre les hommes qui le composent ». Un seul regret, déplore l’organisateur : « Les employeurs Cinq jeunes Français ont été invités à séjourner un mois en Oklahoma. ne sont pas toujours prêts à accorder un mois de vacances à cette période ». Tél. 04 74 51 41 14 ou 06 68 26 08 59 [email protected] Interlignes l Du nouveau à l’hôpital local de Thoissey l Bugey’expo : accent sur l’emploi En décembre 2006, l’hôpital local de Thoissey a ouvert deux places d’accueil de jour pour malades d’Alzheimer. L’accueil se fait à la journée ou demi-journée, avec ou sans repas, du lundi au samedi. Créée en 2005, avec le soutien de la DRAC* et l’ARH** dans le cadre des actions « Culture à l’hôpital », une chorale réunit une vingtaine de résidants, deux fois par mois, sous la baguette du chef de chœur Roland Meneguz. Après s’être produite une première fois en spectacle le 4 décembre 2006 dans l’établissement, une nouvelle représentation est en projet, en échange avec la chorale de l’Amitié (Saint-Didier-sur-Chalaronne). Tél. 04 74 04 99 00 Organisé par l’Union des commerçants de Belley (UCAB) et la Chambre de métiers et de l’artisanat de l’Ain, le 4e salon Bugey’expo, les 20/21 avril, au boulodrome de Belley, met l’accent sur l’emploi. Au programme : des informations sur l’apprentissage et sur la VAE (validation des acquis de l’expérience) et un forum des métiers. Tél. 04 74 47 49 44 * Direction régionale des affaires culturelles. ** Agence régionale de l’hospitalisation. l Une pyramide solidaire 20 000 boîtes de conserves pleines formant une pyramide de 5,86 m de hauteur, redistribuées ensuite aux personnes en difficulté : l’originale opération de solidarité lancée par le comité du Secours populaire d’Ambérieu en 1996, soutenue par 42 communes et 65 écoles, avait été couronnée de succès. L’association relance le projet en 2007. Déjà 48 communes et 72 écoles se sont déclarées partenaires. En mars, une dizaine de réunions publiques ont invité les habitants à apporter leur pierre à l’édifice. La pyramide sera érigée les 1er et 2 juin, à l’Espace 1500 d’Ambérieu, lors d’une fête de la solidarité animée le samedi par les associations musicales et sportives locales. Le record de 1996 est à battre. Les boîtes complèteront ensuite les colis alimentaires distribués chaque mardi et vendredi à près de 70 bénéficiaires (personnes seules ou familles). Les personnes souhaitant aider à l’édification de la pyramide et l’organisation de la fête seront les bienvenues. À noter : depuis janvier, les colis comprennent aussi des produits frais, collectés chaque jour par les bénévoles auprès d’une grande surface qui a proposé de les donner à quatre jours de la date de péremption. Tél. 04 74 38 02 14 (M. Lyaudet) [email protected] l Un transport à la demande à Belley En novembre 2004, le centre social (ALFA3A) de Belley lançait un premier service de transport à la demande, ouvert aux habitants de la ville. En 2005, l’expérimentation s’est étendue à 7 puis 11 autres communes. Le service compte plus d’une centaine d’utilisateurs, essentiellement des personnes âgées, et effectue près de 250 déplacements (aller-retour) par mois. Les personnes sont prises en charge et ramenées à domicile. Depuis mars, ce service est proposé par la communauté de communes Belley Bas-Bugey, qui l’a confié après Le centre social s’est équipé de deux appel d’offres au centre social. Il est véhicules supplémentaires, de 9 et 5 ouvert aux personnes âgées et aux places. personnes handicapées ou à mobilité réduite, du lundi au vendredi, de 8 h 30 à 12 heures et de 13 h 30 à 18 heures, sur les 23 communes du territoire. Il suffit de réserver par téléphone, au plus tard 48 heures à l’avance. Les tarifs vont de 1,50 € à 5 €. Tél. 04 79 81 26 56 l Un « café des âges » à Bourg Le 27 avril, à 18 heures, le centre social des Vennes, à Bourg-en-Bresse, organise un premier « café des âges », moment de rencontre et débat sur la question du vivre ensemble entre générations dans notre société. Le café sera illustré : dès janvier, les habitants étaient invités à envoyer des photos de deux personnes ayant une différence d’âge de 40 ans ou plus, afin de réaliser une exposition-diorama. Projetées ce soir-là, les photos seront ensuite exposées jusqu’au 5 mai puis éventuellement dans d’autres lieux. Tél. 04 74 21 71 86 – http://perso.orange.fr/les.vennes l Maîtriser les dépenses de santé • Deux ans après la signature de la convention médicale préconisant de « soigner mieux en dépensant mieux », la CPAM de l’Ain dresse à nouveau un bilan positif avec une économie réalisée de 2 M€, s’ajoutant aux 5 M€ déjà économisés en 2005. Cette maîtrise des dépenses a été possible grâce à la sensibilisation des médecins sur 8 postes de dépenses (affections longue durée, arrêts de travail, antibiotiques, anxiolytiques et hypnotiques, statines, médicaments antiulcéreux, médicaments génériques, transports). • Depuis décembre 2006, un service téléphonique renseigne les assurés sur les tarifs des professionnels de santé, des établissements et des autres professions sanitaires, transporteurs ou fournisseurs : Info soins, 08 20 904 122. • Une campagne de renforcement des contrôles des arrêts de travail et de chasse aux abus a été lancée en 2006. Neuf mesures de suppression d’indemnités journalières ont été prononcées (pour des départs illicites à l’étranger notamment), quatre plaintes sont en cours d’instruction pour du travail pendant une période indemnisée et de nombreux avertissements ont été donnés. Autre constat : les abus, individuels et isolés, deviennent des fraudes, collectives et organisées, parfois menées par de véritables organisations crapuleuses. La CPAM et d’autres organismes (Assedic, CAF, URSSAF, etc.) se sont engagés dans une lutte commune contre ces fraudes. En 2007, la CPAM poursuit le renforcement de ses contrôles, avec une attention particulière au secteur des transports, qui coûte chaque année 17 M€. Les médecins ont été sensibilisés sur divers postes de dépenses, afin de « soigner mieux en dépensant mieux ». © CNAM InterAction n° 52 • avril 2007 • 43 • Vu d’Europe SYSTÈME JUDICIAIRE ACCUSATOIRE CONTRE SYSTÈME INQUISITOIRE Mixed salad En matière de justice, les pays européens ont beau s’enraciner dans des cultures différentes, ils évoluent lentement vers des régimes mixtes, chacun s’efforçant de compenser ses faiblesses en piochant dans les recettes des autres. Car l’objectif commun est d’assurer une justice équitable. « Pauvre » justice… L’Union européenne a réalisé la première étude comparative des systèmes judiciaires européens, qu’elle a publiée en octobre 2006.* La France se distingue par les faibles moyens financiers attribués à la Justice et par la lenteur du traitement des affaires, mais aussi par l’importance de l’aide judiciaire et le libre accès à la justice civile. Partout ailleurs qu’en France, qu’en Espagne et qu’au Luxembourg, des frais doivent être acquittés par un usager avant d’engager une procédure. Disponible sur le site du Conseil de l’Europe, www.coe.int/cepej *effectuée par la Commission européenne pour l’efficacité de la justice (Cepej). • 44 • InterAction n° 52 • avril 2007 point de vue judiciaire D’ unautant que géographique, une mer sépare le Royaume-Uni et la France. Les pays anglo-saxons ont un système basé sur la « common law », où le droit s’appuie sur un petit nombre de lois et se construit essentiellement par la jurisprudence. En France et dans le reste de l’Europe (continentale), c’est le système très réglementaire de la « civil law » qui prévaut, les juges interprétant et appliquant un ensemble de lois. Autant dans les pays scandinaves, le droit reste néanmoins peu codifié, autant en © Hervé Jardin France, le principe législatif a été appliqué avec frénésie puisque notre droit distingue aujourd’hui environ 5 500 délits différents et près de 450 crimes. « Notre société est une société “pénalisée”, où le principe est celui de l’interdiction », constate Michel Gaget, juge au TGI de Saint-Étienne. Pays de common law et pays de civil law s’opposent également en matière pénale : système accusatoire contre système « inquisitoire ». Dans le premier, le procès est mené à la barre entre les magistrats du parquet et les avocats, avec un juge arbitre et garant de la procédure. Dans le système inquisitoire à la française, le juge est beaucoup plus actif, il conduit les investigations et se doit d’instruire l’affaire « à charge et à décharge ». La vérité, but ultime Souvent mis dos à dos, ces deux systèmes judiciaires ne sont pourtant pas étanches et, au sein de l’Europe, les emprunts mutuels ont laissé place à des systèmes mixtes. Le droit au silence et le jury populaire sont de purs produits de la tradition de la common law, alors que la garde à vue, introduite en Angleterre en 1984, est typique de la procédure pénale française. Vu d’outre-Manche, le système français souffre cependant de certains défauts typiquement hexagonaux, tels sa lenteur et la trop grande proximité avec le pouvoir politique. Ainsi, les délais excessifs entre la fin de l’instruction et l’audience ont été soulignés dans une enquête comparative des systèmes judiciaires européens (voir encadré). À l’inverse, le système français a des vertus, soulignées par un professeur de droit à l’Université de Cambridge, J.R. Spencer. La procédure pénale est clairement orientée sur « la manifestation de la vérité », grâce notamment à une enquête préliminaire organisée. Dans les pays de common law, « le seul devoir du tribunal est de décider si la partie poursuivante a pu le convaincre du bien-fondé de son accusation ». Sur ce point, la procédure britannique est en train de se « franciser ». Intime conviction Le principe de l’intime conviction est un autre fondement du système judiciaire français. « Le juge pénal a l’obligation d’apprécier les preuves qui lui sont présentées. » Ainsi, l’aveu n’est qu’une preuve parmi d’autres. Considéré comme une garantie de bonne justice et de démocratie, ce principe implique que ni la culpabilité ni la peine ne sont négociables. La procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, instaurée par la loi du 9 mars 2004 et inspirée du « plaider coupable » américain, a donc logiquement suscité des débats enflammés. • A.B. Interlignes Scandaleuse lenteur La France est confrontée à l’exigence de parvenir à accélérer le traitement des affaires civiles et pénales. Un exemple : les procédures de licenciement et de divorce sont en France parmi les plus longues d’Europe. En matière pénale, certains magistrats s’interrogent : pourquoi ne pas instaurer un système où le prévenu pourrait plaider coupable ou non à la fin de l’instruction, en fonction de la force des preuves accumulées ? Cela éviterait de reprendre en audience tout ce qui concerne la mise à jour de la culpabilité. Une façon intelligente de reprendre « le meilleur du système anglo-saxon ». l Du nouveau à la rentrée scolaire 2007 Dimension européenne Depuis une vingtaine d’années, le système judiciaire français doit intégrer la dimension européenne. Ainsi, depuis 1981, tout citoyen français peut faire un recours directement devant la Cour européenne des droits de l’homme qui siège à Strasbourg, pour ester contre l’État. Il peut notamment faire valoir la notion de « délai raisonnable » pour un procès ou le fait qu’un procès ne lui paraît pas équitable. En Angleterre, il est interdit pour un magistrat d’adhérer à un parti politique et de participer publiquement à ses activités. L’Italie, de tradition « civil law », a adopté en 1989 une procédure accusatoire. Mais sa mise en œuvre n’est pas simple. En Allemagne, la « rétention provisoire » ne peut être ordonnée que si la personne est très sérieusement soupçonnée et qu’il existe un risque majeur d’entrave à l’enquête. En Espagne, tout interrogatoire d’une personne gardé à vue se fait en présence d’un avocat. Le principe de l’opportunité des poursuites est une particularité française. C’est au procureur de juger si la plainte ou le procèsverbal justifie une poursuite ou un classement. Depuis que la règle d’une réponse judiciaire à chaque infraction a été affirmée par le gouvernement, le procureur motive chaque décision de classement sans suite. Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité Instaurée par la loi du 9 mars 2004, cette procédure permet au procureur de la République, pour des délits punis jusqu’à 5 ans d’emprisonnement, de proposer une ou plusieurs peines à une personne majeure qui reconnaît sa culpabilité. La peine proposée peut être un emprisonnement, d’un an maximum, et sans dépasser la moitié de la peine encourue. Cette procédure visait en grande partie à soulager l’encombrement des audiences correctionnelles. La carte des systèmes judiciaires dans le monde « Mieux répartir les moyens, dans un souci de solidarité et d’équité ». La volonté de Jean-Paul Vignoud, inspecteur académique de l’Ain *, se traduit, pour la rentrée scolaire 2007, par divers ajustements : – création de 3 nouvelles UPI (unités pédagogiques d’intégration, pour l’accompagnement des élèves en situation de handicap, en collège et lycée) et 4 dispositifs relais (pour l’accueil temporaire des élèves en rupture avec l’institution scolaire) ; – transfert de places de CLIS (classe d’intégration scolaire) de Bourg à Pont-d’Ain afin de répondre à la demande sur le secteur d’Ambérieu, transfert d’un poste en IME (institut médico-éducatif) de Villereversure à Péronnas ; – création d’une école maternelle à Ars-sur-Formans, d’un RPI (regroupement pédagogique intercommunal) Apremont/Charix, et fusions d’écoles dans divers secteurs ; – création de 6 classes bilangues (55 déjà existantes), 11 sections européennes, 6 sections sportives et ouvertures d’options latin et grec. Ces mesures s’accompagnent de formations de personnel et création de postes supplémentaires : 4 affectés aux dispositifs relais, 1 médecin, 2 infirmières, 15 professeurs des écoles, 6 professeurs en UPI et dispositifs relais, 3 pour les réseaux d’aide spécialisée (+ 7 sous réserve), 3 pour les unités d’enseignement en établissement spécialisé, 1 pour les TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) et postes « langues vivantes » allemand et italien. Afin d’accompagner les élèves, notamment ceux en situation de handicap, 246 recrutements en contrats aidés sont prévus. Dans le second degré, 13,6 postes d’enseignants sont supprimés (4 liés à l’évolution démographique et 9 à la régulation des décharges de service au prorata du pourcentage d’élèves). Le nombre d’élèves continue en effet à diminuer dans les collèges et lycées, alors qu’il augmente dans le 1er degré. * et coordonnateur académique pour la scolarisation des élèves en situation de handicap. Les décisions pour la rentrée sont prises par l’Inspection d’académie, après consultation du CDEN (Conseil départemental de l’Éducation nationale) qui réunit des parents, des élus, des représentants syndicaux… l Un PIJ pour la Côtière Légende : ● civil law ● common law ● droit coutumier ● droit musulman ● common law et civil law Un Point information jeunesse a ouvert en février, au centre social de Saint-Maurice-de-Beynost. Créé à l’initiative des communes de Beynost, Miribel et Saint-Maurice, il permet aux jeunes de s’informer sur les métiers et formations, le logement, la santé, les loisirs, la vie pratique etc. Animé par Franck Guscioni, le PIJ est équipé d’un coin cyber de 7 postes informatiques. Une journée spéciale Jobs d’été est prévue en avril/mai. Tél. 04 78 55 53 30 InterAction n° 52 • avril 2007 • 45 • Interlignes jeunes l Ambassadeurs d’avenir l Afri-Carriat énergie Installée depuis mi-décembre dans des locaux neufs mis à disposition par la Communauté de communes de Miribel et du Plateau (CCMP), la Mission locale jeunes de la Côtière* mène une démarche active de sensibilisation des entreprises à l’emploi des jeunes. Déjà près d’une cinquantaine de chefs d’entreprises, de tous secteurs et Les nouveaux locaux permettent toutes tailles, se sont engagés à d’accueillir au mieux les jeunes et les être des « ambassadeurs d’avenir », entreprises. c’est-à-dire à faire découvrir aux jeunes les métiers, les accueillir en formation ou stage de découverte, les aider à construire un parcours professionnel, à tester leurs compétences et à s’orienter. Un dispositif de parrainages est en projet, ainsi que des rencontres thématiques jeunes/entreprises. « Le CARED (contrat d’aide et de retour à l’emploi durable) est un outil à développer, indique Emmanuelle Broyer, responsable de la MLJ. On peut aussi aider les entreprises à demander des formations spécifiques financées par la Région grâce au Contrat territorial emploi formation (CTEF). » Objectif final : faire coïncider les offres et les demandes d’emploi sur le secteur, en amenant les jeunes et les entreprises à mieux se connaître, loin des idées fausses et des préjugés. Tél. 04 72 88 08 88 – www.mljetvous.com Depuis quatre ans, des élèves de la filière Électrotechnique du lycée professionnel Carriat (Bourg-en-Bresse) s’investissent dans le projet « Du soleil pour de l’eau » au Burkina Faso. Les actions sont très concrètes : conception et installation de pompages solaires, fontaines et adductions d’eau. Un chantier se déroule sur place tous les deux ans. Le prochain, en février 2008, permettra d’équiper un orphelinat d’un pompage solaire. Afin de pérenniser l’action, soutenue par des partenaires privés et institutionnels, une association a été créée en novembre 2006 : Afri-Carriat énergie. Tél. 04 74 22 48 57 (Régine Dubois, présidente) * Antenne de la MLJ de Bourg-en-Bresse, elle a pour secteur les communautés de communes de Miribel et de Montluel (où se déroulent des permanences). Les lycéens à l’œuvre sur le terrain. l Bienvenue aux Juniors associations l Un blog pour les jeunes de l’Ain Depuis 1998, les groupes de mineurs ayant un projet peuvent constituer une junior association afin de le mettre en œuvre en toute autonomie (y compris de gestion, l’ouverture d’un compte bancaire étant possible, avec autorisation de deux parents). L’habilitation, accordée pour un an (année scolaire), peut être renouvelée. Le dispositif du Réseau national des juniors associations est relayé sur le terrain par la Ligue de l’enseignement, les centres sociaux et les MJC. Depuis sa création, un millier de juniors associations ont été habilitées en France. Plus de la moitié sont nées dans des villes de moins de 5 000 habitants. Chaque année, le Réseau national des juniors associations convie à deux temps forts : une rencontre nationale de 3 jours et son assemblée générale. Dans l’Ain, la formule séduit petit à petit. La FOL (Fédération des œuvres laïques) est relais départemental depuis 2001. Une dizaine de juniors associations ont été habilitées, aux quatre coins du département, en milieu rural ou péri-urbain. Les projets, accompagnés ou non par une structure jeunesse, concernent essentiellement la solidarité internationale, le sport, la culture et la sensibilisation à la protection de l’environnement. La moyenne d’âge des membres oscille entre 12 et 16 ans. « C’est le premier pas dans la vie associative pour les mineurs. Le but est vraiment de les rendre responsables » rappelle Sylvain Bouttier, délégué départemental. Tél. 04 74 23 80 14 www.juniorassociation.org – [email protected] • 46 • InterAction n° 52 • avril 2007 Fin mars, dans le cadre de la Semaine de l’internet, le BIJ (Bureau information jeunesse) de Bourg-en-Bresse a lancé un nouveau blog à destination des jeunes de l’Ain. Ils peuvent y poser leurs questions, participer à un débat d’actualité mensuel et à des sondages, trouver des informations sur les structures d’Information jeunesse du département, s’abonner à une newsletter, trouver des liens utiles. « Ce blog, précisent les trois animateurs du BIJ, sera un outil vivant et réactif, permettant de favoriser les échanges entre les jeunes ». Tél. 04 74 24 69 49 www.exprimetoi01.com l Coup de pouce aux projets humanitaires Ouvert aux groupements de collégiens et lycéens et associations d’étudiants de la région Rhône-Alpes, le concours lancé par l’association Uni-Terre donnera un coup de pouce financier à un, deux ou trois projets d’utilité sociale, qu’elle soit locale, nationale ou internationale. Total des dotations : 7 600 €. Un stand sera mis à disposition des lauréats lors du Salon de la solidarité organisé par l’association, en octobre 2007, au centre commercial de la Part-Dieu. Date limite d’envoi des dossiers : 13 juillet. Tél. 04 72 60 60 60 www.partdieu.com Zoom jeunes Marie DARME « De la terre au consomm’acteur » « Auprès des jeunes, le milieu rural peut paraître ringard, reconnaît Marie Darme, 18 ans. Le but de notre action, c’est de montrer qu’au contraire, il est dynamique ! » Nul besoin de résider au fin fond de la campagne pour avoir envie de mieux la faire connaître : Marie habite à Saint-Denislès-Bourg et les sept autres complices du projet « De la terre au consomm’acteur » viennent pour la plupart des environs de Bourg. Ils constituent l’équipe locale du MRJC (Mouvement rural de jeunesse chrétienne). Leur projet, primé par la MSA dans le cadre de son appel à projets jeunes « Mieux vivre en milieu rural » et par le Fonds départemental d’aide à l’initiative des jeunes *, vise un large public. « On a décidé de faire un journal de 4 pages, gratuit, en couleurs, pour présenter les pays de l’Ain avec, chaque fois, un article sur des producteurs qui pratiquent la vente directe et un sur une initiative locale, pas forcément dans le domaine agricole. On a commencé par la Bresse » explique Marie. Partager les tâches Édité à plus de 500 exemplaires, le 1er numéro, sorti en mai 2006, a été distribué dans divers lieux (lycées agricoles, points de vente collectifs, mairies…). « On a aussi organisé une animation sur le marché de Saint-Denis, avec un débat. Les gens ont participé, il y a eu vraiment un très bon échange ». Le 2e numéro, paru en février, est consacré au Bugey. « On partage vraiment toutes les tâches : la recherche de contacts, les visites, la rédaction, la distribution… Pour le 3e, on va en Revermont. » À la rentrée prochaine, Marie rejoindra le milieu urbain : « Après la terminale, je vais suivre une année de remise à niveau en Arts appliqués à Lyon pour entrer ensuite en BTS ». Pas question pour autant de quitter l’équipe, avec laquelle se profile déjà « un projet plus conséquent, toujours avec le même fil conducteur ». Marie le pensait sûrement déjà au départ, elle en est réellement convaincue maintenant : « En travaillant tous ensemble, on peut vraiment créer quelque chose, agir sur notre territoire. » ● A.P. * Dispositif cofinancé par la Direction départementale de la Jeunesse et des sports et le Conseil général. Romain DELORE S’engager à fond dans la vie associative Bac S et DUT Génie électrique industriel : Romain Delore n’avait pas le bagage habituel des candidats à l’entrée en licence professionnelle Management des associations. « Il a fallu convaincre le Ceuba * ! » Il avait par contre un atout essentiel : une déjà solide expérience de la vie associative. « J’ai commencé en 2004 » explique le jeune homme de 21 ans, originaire de Thil. Depuis, il n’a plus arrêté : très vite, il préside la fédération des associations étudiantes de l’IUT Lyon I puis devient administrateur de Gaélis (Groupement des associations étudiantes de Lyon indépendantes et solidaires). L’été 2006, il s’engage au sein de Solidarité Sida et œuvre au festival Solidays. En octobre, il crée à Montluel l’association Médit1son, avec pour but de promouvoir la scène culturelle locale et aider les groupes de musiques actuelles émergents. Sa nouvelle orientation est donc bien déterminée : « Je n’adhère pas à l’idée d’avoir pour seul but de gagner de l’argent et faire vivre une entreprise. Ce que j’ai trouvé dans la vie associative correspond plus à ce que j’ai envie de vivre : être en contact avec les gens, aider les autres, s’engager, défendre des idées ». Organiser des événements En 2007, il a co-organisé le « Déclic solidaire » (voir p. 38). Bilan mitigé : « On n’a pas réussi à mobiliser beaucoup de jeunes extérieurs mais ceux qui sont venus étaient vraiment intéressés, les partenaires nous ont très bien accueillis et, pour le concert du soir au profit de l’association À demi-voix, le bar était plein ! » D’avril à juillet, il effectue son stage d’études au sein de Gaélis. Mission : organiser la rencontre annuelle entre élus associatifs étudiants et promouvoir le nouveau journal et la webradio. En parallèle, vice-président de l’association des 40 ans des IUT de Lyon, il multiplie les démarches pour organiser le gala d’octobre. Et il commence à postuler à un futur emploi salarié, « dans une association culturelle ou étudiante, une MJC etc. » Nul doute que, là aussi, son expérience sera un facteur-clé sur son CV. ● A.P. * Centre universitaire de Bourg et des Pays de l’Ain (antenne de Lyon III). InterAction n° 52 • avril 2007 • 47 • Vie des associations ; L’Atelier d’évasion ; Tu déchaînes ton cœur Créé en 2006 par un jeune couple de Saint-Denis-lès-Bourg, l’Atelier d’évasion propose d’organiser des ateliers créatifs (pour enfants, ados, adultes, valides ou non) explorant diverses pratiques à partir des arts plastiques, pour des particuliers, des organismes, des écoles… Une action a été menée dans le cadre du CEL (contrat éducatif local) de Certines. Au-delà des ateliers, l’association souhaite mettre en place, pour et avec les personnes handicapées, des séjours de vacances adaptés et des week-ends d’échanges artistiques. Tél. 04 74 22 72 75 – 06 68 56 66 54 [email protected] Née fin 2006, l’association « Tu déchaînes ton cœur » allie tourisme, sport et solidarité : soutenue par l’UFOLEP, le Conseil général, le Comité départemental du tourisme et la Ville de Lagnieu, elle a pour but d’organiser chaque année une épreuve cyclosportive de découverte du Bugey, au profit d’une cause humanitaire. Premier rendez-vous le 9 septembre 2007 avec, au choix, deux épreuves chronométrées (144 et 105 km) et une randonnée (45 km). L’engagement des sportifs sera défiscalisé jusqu’à 66 %. La recette sera versée au comité France Alzheimer, pour la recherche médicale sur cette maladie, cause nationale 2007. Tél. 04 74 40 33 10 (Jacques Bartholot, président) www.ville-lagnieu.fr [email protected] ; La ferme à réceptacles Le 5 mai, la Ferme à réceptacles organise sa première soirée à Saint-Juliensur-Reyssouze avec, au programme, des spectacles courts et très divers, dans une conviviale ambiance « cabaret », pour public intergénérationnel. Créée en septembre 2006 par des jeunes, nouveaux arrivants en milieu rural, l’association a pour but de promouvoir les arts vivants, tant au niveau de la création que de la formation, pour tous publics, ceci sur un territoire offrant jusque-là peu d’activités culturelles. Deuxième rendez-vous du 22 au 28 juillet, au festival « Chapon pointu ! » qui mêlera les propositions : les deux journées d’ouverture et de clôture inviteront à découvrir spectacles et expositions, les autres à s’initier et croiser les pratiques artistiques. Tél. 04 74 52 69 27 – lafermeareceptacles@voilà.fr ; Septième sens ou le sens critique Permettre de comprendre le monde et faire avancer les idées face aux problèmes actuels (injustice, écologie, démocratie) est le but de l’association Septième sens, née en juillet 2006 à Bourg-en-Bresse. « Il ne s’agit pas d’imposer des points de vue mais de diffuser le sens critique, contre la normalisation de la pensée », souligne la présidente, Nathalie Vallée. Appel est lancé aux personnes souhaitant enrichir la médiathèque par le don d’ouvrages (livres, DVD). Ceux-ci sont mis ensuite à disposition du public intéressé, en consultation ou en prêt, ou vendus afin de renforcer ce fonds documentaire. L’association diffuse également (en vente) des revues militantes. Côté débats, deux ont déjà été organisés, en partenariat avec la Frapna (sur les peuples primitifs et le développement durable) et le Cinémateur (autour du film d’Al Gore sur le réchauffement de la planète). Le 13 mai, l’association sera présente à la fête d’Attac à Attignat. Autre action : un concours de nouvelles sur la « rumeur d’un monde • 48 • InterAction n° 52 • avril 2007 sens dessus dessous » lancé en début d’année (date limite des envois : 20 avril). Les œuvres primées seront publiées. Tél. 04 74 21 91 82 ; Ain-Québec Affiliée à la fédération nationale France-Québec, la nouvelle association Ain-Québec a un double but : créer des liens d’amitié et agir pour la francophonie. « Notre première action a détoné ! reconnaît son président, Marc Martin. Il s’agissait d’une soirée sur l’adoption internationale. » La fédération a effet entre autres objectifs de porter « des regards croisés sur les enjeux communs de société ». Plus ludique était le rendez-vous du 16 mars, avec l’organisation au collège de Bâgé-la-Ville de la dictée francophone proposée par France-Québec. Festif était le rendez-vous du 25 mars, en forme de repas-spectacle québécois. Sont également programmées ce printemps des soirées décentralisées sur « voyager à l’étranger ». Tél. 06 66 04 84 29 (Marc Martin) ou 06 11 82 01 81 (Marie Rouxel) [email protected] ; Au service des associations Pour tout savoir sur les aides À voir jusqu’au 30 juin, à l’antenne du Conseil régional à Bourg-en-Bresse, l’exposition « Autour de la vie associative » offre un panorama pratique des aides aux associations pouvant être apportées par la Région et par divers partenaires. Complétée par l’exposition « Paroles de bénévoles » réalisée par l’AGLCA, qui met l’accent sur l’engagement et l’expérience des bénévoles, elle est visible du lundi au vendredi, de 13 h 30 à 17 heures. En outre, des ateliers thématiques gratuits, ouverts à tous, animés par des représentants de la Région ou de la DDJS (Direction départementale de la Jeunesse et des sports) sont programmés. Lors du prochain, le 24 avril, à 18 heures, organisé en lien avec l’AGLCA, les associations seront invitées à exprimer leurs besoins, en vue de la création d’un pôle ressources pour la vie associative dans l’Ain. Tél. 0 810 251 800 (n° Azur, coût d’un appel local) Pôle ressources L’étude pour la création d’un pôle ressources pour la vie associative *, soutenue par le Conseil régional, est dans sa phase active de diagnostic des besoins. Le futur pôle n’a pas pour vocation de se substituer aux divers dispositifs déjà en place mais, au contraire, de valoriser l’existant, d’orienter vers les structures et de mieux répondre aux spécificités territoriales. * Le projet est piloté par l’AGLCA et géré par un collectif réunissant l’AGLCA, la direction départementale de la Jeunesse et des sports, l’Addim, Ain profession sport, le Comité départemental olympique sportif, le Ceuba et la Ligue de l’enseignement. Mobiliser les bénévoles À noter parmi les formations proposées par l’AGLCA : « Mobiliser les bénévoles » le 2 mai, à 20 heures, à la Maison de la vie associative. Tél. 04 74 19 23 43 – [email protected] ÉCOUTER ET CONCEVOIR Création graphique et conception de documents COMPOSER ET ILLUSTRER Mise en page et traitement de l’image IMPRIMER ET DIFFUSER Impression numérique, offset, rotative Mailings et routage A G E N C E D E C O M M U N I C AT I O N 158, boulevard de Brou – 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 24 69 13 – Fax 04 74 45 07 08 – Mail : [email protected]