Position de la Fédération de crosse du Québec relativement à la

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Position de la Fédération de crosse du Québec relativement à la
Position de la Fédération de crosse du Québec
relativement à la bagarre en crosse.
Introduction
La Fédération de crosse du Québec est un organisme qui est
reconnu par le Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement
supérieur (MEES) et qui s’inscrit dans le cadre des programmes
éducatifs et sportifs de ce ministère.
La Fédération entretient avec ce ministère (Direction des Sports
et Direction de la Promotion de la Sécurité) des programmes et
activités de partenariat qui visent la promotion du sport et la
sécurité des participants.
D’autre part la Fédération de crosse du Québec signe des accords
de partenariat avec ses membres et partenaires pour assurer la
saine gestion des activités en crosse.
1. Les protocoles avec les partenaires
La Fédération de crosse du Québec, chaque année, signe des
protocoles d’entente avec ses partenaires (ligues, associations,
réseaux) afin de tenter de clarifier les processus de gestion des
activités des ligues, associations et partenaires et afin de bien
camper les responsabilités de la Fédération en termes de régie et
de sécurité.
Les protocoles actuels font état de l’atteinte de buts généraux :
« Mettre l’accent et insister sur le jeu propre, le fair-play, l’esprit
sportif, la sécurité physique et psychologie des joueurs et le
respect entre tous les intervenants;
reconnaître le bien-fondé de la robustesse et de l’esprit de
compétition à la condition expresse et absolue qu’ils soient
canalisés dans les limites permises par les règles de jeu et qu’ils
soient respectueux de l’esprit sportif. »
Les protocoles inscrivent, dans leurs responsabilités que les
ligues et associations « veillent à ce qu’elles-mêmes, les équipes,
les joueurs, les entraîneurs, les dirigeants d’équipes et les
administrateurs se conforment à leurs propres règlements
généraux et aux annexes significatives : guide de sanction, règles
de jeu, protocole d’entente avec la FCQ et contrat des joueurs et
codes d’éthiques.
Les termes du partenariat avec les ligues et associations sont
clairs et définis dans le cadre de protocoles formels.
2. Le point de vue de la Fédération
La Fédération de crosse du Québec, à titre d’organisme
d’éducation et de régie, veut émettre son point de vue dans le
débat qui a souvent cours concernant les bagarres à la crosse.
2.1 La bagarre fait-elle partie du jeu?
Les arguments qui circulent souvent proposent que la bagarre
« fait partie du jeu dans les sports de contact ». Nous inscrivons
notre désaccord formel et total face à cette opinion erronée.
1; la bagarre est une infraction aux règles de jeu; règle 45 de la
CLA (Association canadienne de crosse)
2; la bagarre n’est pas une habileté liée aux techniques ou aux
tactiques du sport de la crosse; nulle part dans les documents du
PNCE pour les entraîneurs est-ce que la bagarre n’est mentionnée
comme un outil technique ou tactique légitime ou acceptable;
3; la bagarre est une agression à l’endroit d’un adversaire qui va à
l’encontre de tous les documents qui sont mentionnés à tous les
protocoles d’entente avec la Fédération;
4; la bagarre est un geste dont l’objectif (blesser l’adversaire)
porte directement atteinte à la sécurité physique et psychologique
des participants; cette agression peut même être considérée
comme une voie de fait punissable par le Code criminel et
passible d’emprisonnement;
5; la bagarre est un geste qui peut entraîner la perte de la
couverture d’assurance accident mais aussi de couverture en
responsabilité civile car l’assureur pourrait facilement
argumenter qu’il ne s’agit pas d’un accident sportif mais
clairement d’un geste volontaire non couvert par les assurances;
6; la bagarre est une action qui a pour conséquence directe
d’arrêter le jeu; elle ne fait pas partie du jeu, elle l’arrête, elle le
paralyse, elle le nie; tous les athlètes doivent arrêter de jouer
quand deux d’entre eux décident de se battre; il n’y a plus de jeu;
7; la crosse est un sport dans le quel certains contacts
réglementés sont permis; la crosse n’est pas un sport de combat;
la bagarre, en crosse, quand elle survient, n’est aucunement régie
ou réglementée comme elle l’est dans tous les sports de combat;
en crosse, elle est une infraction, une délinquance et une
agression pures et simples;
8; il est totalement irresponsable sur le plan civil, et éducatif,
d’introduire des notions de sports de combat dans un sport où
certains contacts sont permis et de les laisser sans aucune forme
de régie ou de gouvernance.
Nous affirmons, sans réserve, que la bagarre ne fait pas partie du
sport de la crosse.
Quand elle survient elle est la conséquence de l’absence de
discipline des athlètes qui, se substituant aux officiels,
prétendent « régler des comptes » ou « diminuer le nombre de
cheap shots » en enfreignant tout simplement les règles de jeu.
Les officiels sont là justement pour faire appliquer les règles de
jeu. Dans un sport organisé et régi correctement il n’appartient
pas aux joueurs, qui qu’ils soient, d’être ‘’juges’’, ‘’justiciers’’
ou policiers à leur convenance.
Lorsqu’on laisse libre cours à cet état de fait, on s’aperçoit que
rapidement les ‘’juges’’, ‘’justiciers’’ ou ‘’policiers’’ deviennent
des agresseurs, ou des hors-la loi, qui se cachent sous le ronflant
titre de ‘’policiers’’ ou de ‘’protecteurs’’ et ne respectent plus les
règles qu’ils prétendent défendre.
L’utilisation de ‘’justiciers’’ ou de ‘’policiers’’ ne fait
qu’instaurer et entretenir un cercle vicieux de violence car on ne
peut jamais avoir le dernier mot dans un cycle de ‘’vengeance’’.
La dernière équipe agressée dans un match cherchera à
‘’corriger’’ l’agresseur dans le prochain match…et ainsi de suite.
Le sens du sport ne repose pas sur la vengeance.
Marquer des buts, faire des passes, effectuer des tirs précis,
donner des mises en échec, assurer des circulations tactiques,
récupérer des balles libres, gérer des avantages numériques,
structurer des sorties de zone, contrer un adversaire à un contre
un, déjouer un adversaire à un contre un, planifier des écrans ou
des bloques et des sorties de bloque, gérer les processus de
changements de joueurs, assurer un équilibre entre l’offensive et
la défensive, assurer la garde de son but, voilà des éléments qui
font partie du jeu et qui lui donnent un sens. Le jeu, c’est ça.
Se battre est un comportement délinquant, une action délictuelle
qui empêche le déroulement normal du jeu et qui enfreint l’esprit
du sport.
La bagarre ne fait pas partie du jeu; c’est de l’anti-jeu. Le
Rapport Néron ‘’sur la violence au hockey’’ le disait il y a
quarante ans déjà !
2.2 Est-ce que la bagarre est un outil crédible pour diminuer le
nombre de « cheap shots »?
Plusieurs arguent, trop souvent encore, que si on permettait aux
joueurs de se battre il y aurait alors un effet dissuasif à l’endroit
de ceux qui se permettent des « cheap shots » ou des gestes non
détectés par les officiels lors de matches de crosse. Une bonne
correction les ferait réfléchir, entend-on souvent.
Bien que cet argument semble alléchant en surface il ne résiste
aucunement à l’analyse parce que tous les administrateurs
responsables disposent déjà de beaucoup d’autres ressources que
la bagarre s’ils veulent, réellement, de façon crédible et efficace,
mettre fin à la pratique des « cheap shots ».
Les ligues, qui actuellement n’ont aucune donnée crédible sur les
auteurs et le nombre de « cheap shots », ont des observateurs à
chaque match qui peuvent facilement faire rapport des « cheap
shots » qui seraient « donnés » sans que les arbitres ne les aient
vus. Sur la foi du rapport de ces observateurs neutres, les ligues
peuvent alors suspendre les auteurs de ces gestes inacceptables.
Chaque équipe peut très facilement identifier auprès des
gestionnaires des ligues les adversaires à surveiller qui ont
recours à la pratique des « cheap shots ». Dénoncer une pratique
anti-sportive implique évidemment, aussi, le courage de dénoncer
celui qui y a recours si on veut que cette pratique incorrecte
cesse.
Toutes les équipes ont des entraîneurs certifiés qui, de façon
éducative, pourraient très bien interdire cette pratique auprès de
leurs propres joueurs et sanctionner leurs joueurs fautifs sans
pour autant abdiquer leurs responsabilités et espérer que
quelqu’un d’autre ne le fasse à leur place.
Et, finalement, les athlètes qui veulent vraiment faire du sport
peuvent très facilement comprendre que la dignité d’un sportif ne
passe pas par la pratique des « cheap shots » mais par le respect
des règles du jeu.
Les ‘’cheap shots’’ne font pas plus partie du sport de la crosse
que la bagarre. Un ‘’cheap shot’’ est une infraction; et on ne
corrige pas une faute par une autre. Surtout dans un sport encadré
par des officiels responsables…
Légitimer la bagarre pour prétendre enrayer le nombre de «cheap
shots » équivaudrait à armer tous les passagers d’un avion afin de
déjouer les projets de détournement d’avion de terroristes
potentiels ou, aussi, à armer tous les clients d’une banque afin de
décourager les auteurs de braquages potentiels….
Est-ce que, dans un bain de sang, une ‘’bonne correction’’ ferait
vraiment réfléchir les auteurs d’un braquage de banque ou de
détournement d’avion?
2.3 Est-ce que la bagarre est un outil pour promouvoir la crosse?
Plusieurs arguent aussi que la bagarre attire les foules et permet
aux gestionnaires des équipes ou des ligues de rencontrer leurs
dépenses ou de boucler leurs budgets…
La réponse évidente à la question, quand on regarde certaines
autres stratégies commerciales dans certaines autres activités,
c’est que oui, la bagarre est « vendeuse » et « « rentable » …mais
à courts termes. Elle ne sert pas le développement du sport et
n’attire pas une relève qui veut jouer à la crosse!
Par contre, d’une part, nous ne retrouvons pas d’objectifs
commerciaux dans les buts et objectifs des ligues et associations
amateurs liées par voie de protocole avec la Fédération de crosse
du Québec.
Nous ne comprenons pas, d’autre part, pourquoi des objectifs non
identifiés (rentabilité financière, attirer des foules, boucler des
budgets) auraient plus de poids que des objectifs éducatifs et
sportifs effectivement identifiés.
Si la bagarre est vendeuse il faut se demander à quel public on
veut s’adresser et surtout pourquoi notre sport aurait à faire sa
promotion en « vendant » un élément illégal qui ne fait pas partie
des habiletés reconnues et enseignées dans ce sport.
C’est certain que la bagarre et la violence vont attirer des
spectateurs; d’autres activités l’ont démontré.
Mais, ce faisant ces gestionnaires ou promoteurs ont permis à
tous de voir quels étaient leurs intérêts véritables et quelles
définitions réelles ils donnaient aux notions de fair-play, de
respect, de sécurité, de compétition, d’éducation et du sport luimême.
A l’instar de d’autres sports où la bagarre est absente, ou
relativement rare, ce devrait être des facteurs tels que la beauté
du jeu, l’enjeu, l’équilibre des forces, le sentiment
d’appartenance ou la saine rivalité qui attirent non seulement les
spectateurs, si on le souhaite, mais aussi de nouveaux adeptes de
la crosse!
La Fédération de crosse du Québec affirme qu’on ne devrait pas
faire la promotion du sport de la crosse en encourageant la
bagarre. Et la meilleure façon de la décourager est d’envoyer un
message très clair à ceux qui se battent; il importe de mettre de
l’avant et de maintenir des sanctions significatives à l’endroit de
tous ceux qui se battent en crosse.
La crosse est un sport de règles; elle n’est pas un sport de combat
non réglementé.
La Fédération de crosse du Québec est un organisme de régie et
d’éducation qui ne peut, en aucun temps et d’aucune façon,
s’associer à la promotion, en crosse, de comportements
belliqueux, délinquants, non régis, non organisés et non
réglementés.
Conclusion
Il importe de savoir que tous les guides de sanctions, en crosse,
au Québec et à travers tout le Canada, sont conçus de façon à
expulser des compétitions dûment sanctionnées les délinquants
qui se battent.
Cette tendance a cours parce que tous les dirigeants de toutes les
associations provinciales de crosse estiment que la bagarre ne fait
pas partie du jeu et que ceux qui se bagarrent ne méritent tout
simplement pas le privilège de jouer à la crosse.
Parce que la crosse est un sport noble.
La Fédération de crosse du Québec affirme que la bagarre ne fait
pas partie du jeu et encourage ses membres bien plus à faire la
promotion de la crosse, et de ses éléments positifs, que de céder à
la tentation d’en promouvoir les caractères illégaux à des fins
commerciales ou fallacieusement éducatives.
Mars 2016