Réhabilitation des légumineuses en région Centre
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Réhabilitation des légumineuses en région Centre
MÉMOIRE Présenté par : Samuel EBRAN Dans le cadre de la dominante d’approfondissement : Production et Innovation dans les Systèmes Techniques végétaux Stage effectué du (jj/mm/aa) : 01/03/2009 au 31/12/2009 À: Conseil régional du Centre Direction agriculture et forêt 9 rue Saint Pierre Lentin 45041 Orléans Sur le thème : Réhabilitation des légumineuses en région Centre Pour l’obtention du : DIPLÔME D’INGÉNIEUR D’AGROPARISTECH Cursus ingénieur agronome et du DIPLÔME D’AGRONOMIE APPROFONDIE Enseignant/e-tuteur responsable de stage : Marianne LE BAIL Maître de stage : Sylvain REVERCHON Soutenu le : 04/12/2009 2 Table des matières 1. Introduction ............................................................................................. 5 1.1. Périmètre de l’étude ............................................................................... 5 1.2. Présentation de la démarche.................................................................... 5 1.3. Le Conseil régional du Centre................................................................... 6 2. Biologie et conduite des cultures des principales légumineuses ............. 10 2.1. Généralités sur les légumineuses.............................................................10 2.2. Principe de la fixation symbiotique de l’azote chez les légumineuses ............11 2.3. L’essentiel sur la botanique et la culture des principales légumineuses .........12 3. Analyse globale sur le marché des légumineuses et ses évolutions ........ 15 3.2. Secteurs de la production végétale ..........................................................15 3.2. Utilisations des légumineuses..................................................................23 3.3. Les différents circuits possibles entre la production et les utilisations finales .......................................................................................................26 4. Les enjeux liés à la réhabilitation des légumineuses en région Centre ... 30 4.1. Développer durablement les systèmes de production agricole de la région .......................................................................................................30 4.2. Diminuer la dépendance protéique de la région .........................................30 5. Diagnostic régional ................................................................................. 31 5.1. Raisons qui font que les légumineuses sont ou ont été cultivées en région Centre ..............................................................................................31 5.2. Freins au développement des légumineuses en région Centre .....................35 6. Un contexte favorable............................................................................. 40 6.1. Des innovations variétales récentes .........................................................40 6.2. Le bilan de santé de la PAC.....................................................................40 6.3. Environnement du projet : le développement de la production de tourteaux de colza .......................................................................................41 7. Pistes retenues pour développer les cultures légumineuses en région Centre......................................................................................................... 42 7.1. Structuration territoriale de filières agricoles.............................................42 7.2. Appui technique ....................................................................................44 8. Conclusion .............................................................................................. 46 3 4 1. Introduction Dans le contexte actuel marqué par une prise en compte de plus en plus importante du développement durable dans notre société, le Conseil régional du Centre a décidé d’entamer une réflexion sur les cultures légumineuses (pois, féverole, lupin, luzerne, trèfle, etc). Produites localement, ces cultures présentent de nombreux intérêts. Elles permettent aux élevages régionaux d’être moins dépendants en sources protéiques extérieures (tourteaux de soja américains notamment). A l’échelle de la rotation culturale ces cultures permettent une utilisation réduite en intrants (engrais, produits phytosanitaires, carburants). Enfin, d’un point de vue sociétal, les légumineuses permettent de redorer significativement l’image de l’agriculture. Au cours de ces dernières années, les surfaces en protéagineux et en légumineuses fourragères ont fortement régressé. A titre d’exemple, les surfaces de pois en région Centre étaient voisines de 100 000 hectares en 1990. Elles sont passées à un peu moins de 20 000 hectares en 2009. 1.1. Périmètre de l’étude Afin d’enrichir la réflexion engagée, j’ai été amené à approfondir la question dans le cadre de mon mémoire de fin d’étude. L’objet de mon travail a été d’étudier l’intérêt d’un plan régional pour la réhabilitation des légumineuses dans les systèmes de grande culture et dans les systèmes d’élevage. 1.2. Présentation de la démarche L’objectif de mon travail a été double. D’une part, il s’agissait d’avoir une analyse la plus précise possible sur les légumineuses et sur les logiques de développement qui s’y rattachent. D’autre part, j’ai incité une dynamique régionale pour réhabiliter les légumineuses. Pour parvenir à cela, j’ai procédé de la façon suivante. Dans un premier temps, j’ai réalisé l’état de l’art sur cette thématique. J’ai étudié la bibliographie existante au niveau national, supranational et au niveau régional. Par ailleurs, je me suis entretenu avec des experts tant au niveau de la production des légumineuses que des utilisations de celles-ci. A partir de là, j’ai réalisé un travail d’enquêtes sur le terrain auprès de différents acteurs du monde agricole présents en région Centre : agriculteurs, organismes de développement, organisations de producteurs et organismes stockeurs. Au total, j’ai rencontré une trentaine de personnes au cours des mois de mai et juin 2009. Il a été fait en sorte que ces personnes représentent la plus grande diversité possible dans le monde agricole de la région Centre et que l’ensemble de la filière légumineuse soit représenté. En ce qui concerne le choix des agriculteurs, les critères ont été les suivants : - diversité de systèmes de production : avec ou sans légumineuses, avec ou sans élevage, - diversité des ateliers d’élevage, - un maximum de milieux géographiques de la région. 5 Les entretiens étaient de type semi directifs afin de laisser une large part à l’échange tout en suivant une trame de discussion. Après avoir synthétisé les résultats de ce travail, j’ai organisé une réunion avec toutes les parties prenantes ayant un lien direct avec la thématique des légumineuses en région Centre. Là, j’ai pu partager mon analyse de la situation et des pistes intéressantes concernant le développement des légumineuses en région Centre ont vu le jour. 1.3. Le Conseil régional du Centre 1.3.1. Territoire Le Conseil régional du Centre est une collectivité territoriale située en plein cœur de la France, au sud de la région Parisienne. Elle est constituée de six départements : le Loiret, l’Eure-et-Loir, le Loir-et-Cher, l’Indre-et-Loire, l’Indre et le Cher. Avec ses 39 151 km² c’est la quatrième région française pour la superficie, derrière Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes et l’Aquitaine. En revanche, en terme de population, elle n’est qu’au 13ème rang avec 2,538 millions d’habitants1. La Loire constitue une colonne vertébrale d’Est en Ouest. De part et d’autre de cet axe s’étendent des plaines et des plateaux au relief le plus souvent plat (Beauce, Sologne, Brenne), parfois ondulé (Boischaut au sud, Perche au nord ouest). L’agriculture occupe une place très importante dans les paysages de la région Centre : 59 % du territoire est dédié à cette activité (cf. figure 1). Figure 1 : L'occupation du territoire en 2007 (source : Agreste) On compte 17 644 exploitations professionnelles dont les deux tiers sont spécialisées en production végétale (cf. figure 2). Les systèmes de grande culture sont largement dominants dans les plaines de la Beauce, de Champagne berrichonne et le Gâtinais. Pour ce qui est des productions maraîchères, horticoles et viticoles, on les retrouve majoritairement sur l’axe ligérien. Les exploitations orientées productions animales sont quant à elles peu présentes en région Centre mais elles sont garantes d’un tissu socioéconomique vivant dans certaines zones (Boischaut, Brenne, Perche). 1 Estimation de l’INSEE pour le 1er janvier 2008 6 Les régions naturelles du Centre 7 Figure 2 : Orientations technico-économiques des exploitations professionnelles en région Centre en 2007 (source : Agreste) 1.3.2. Historique des Conseil Régionaux et compétences Les Régions ont pris corps au sortir de la seconde guerre mondiale, lorsque est apparu le besoin de disposer d’un cadre géographique dont la dimension permette de mettre en œuvre une planification et une réelle politique d’aménagement du territoire et de développement économique. La Région Centre est l’une des 26 Régions que compte la France (22 en métropole et 4 en outre-mer). Le découpage du territoire en régions remonte à 1955. C’est la loi du 5 juillet 1972 qui a fait naître les espaces régionaux. Constituée d’abord sous forme d’établissement public, la Région est devenue dix ans plus tard, avec la mise en œuvre des lois de décentralisation du 2 mars 1982, une collectivité territoriale de plein exercice, au même titre que la commune ou le département. Les conseillers régionaux sont élus au suffrage universel direct depuis 1986. La durée du mandat est de six ans. Aujourd’hui, l’assemblée régionale du Centre compte soixante-dix-sept élus. La majorité actuelle est constituées des groupes politiques suivants : le Parti Socialiste, le Parti Radical de Gauche, le Parti Communiste Français et les Verts. Les compétences de la Région Centre sont nombreuses : les lycées, la formation, les transports, le développement économique, la culture, le tourisme, l’environnement, l’aménagement du territoire, etc. L’agriculture est quant à elle une composante à géométrie variable dans la politique régionale car elle est transversale au développement économique, à l’environnement et à l’aménagement du territoire. De plus cette thématique est présente à tous les étages du mille-feuilles administratif français (Europe, Etat, Régions, Départements, Pays). Cette situation se traduit par un fort manque d’efficacité pour l’action publique locale. Pour le citoyen lambda, la politique agricole régionale manque grandement de visibilité à cause de cela. 8 Une stratégie agricole pour la Région Centre a été adoptée en juin 2006 à partir d’un travail de concertation avec la Chambre régionale d’agriculture, les Chambres d’agriculture départementales, les six Conseils Généraux (les Départements), la Confédération Paysanne et Nature Centre. Six axes structurants ont été retenus pour l’action publique : - la création de dynamiques de filières (axe 1) - la création d’une démarche d’animation transversale des filières agroalimentaires (axe 2) - l’installation et l’emploi en milieu agricole pour permettre le renouvellement du tissu agricole (axe 3) - le renforcement du développement de l’agriculture biologique (axe 4) - le soutien de la diversification des activités et la plus grande autonomie d’approvisionnement en intrants (axe 5) - la promotion des productions régionales (axe 6) Le thématique de la réhabilitation des légumineuses rentre tout à fait dans la stratégie globale de développement de l’agriculture de la Région Centre. Elle porte sur les axes 4 et 1 : autonomie en intrants et logiques de filières. 9 2. Biologie et conduite légumineuses des cultures des principales 2.1. Généralités sur les légumineuses Appartenant à la classe des dicotylédones, les légumineuses sont une famille de plantes qui comprennent près de 18000 espèces2. Cette famille se retrouve dans quasiment tous les biotopes terrestres à l’exception du continent Antarctique, ce qui explique sa formidable diversité d’espèces. Les principales légumineuses cultivées (le pois, la féverole, le lupin, le soja, la luzerne, le trèfle, etc) ont toutes la particularité de fixer l’azote atmosphérique grâce à un système racinaire original permettant une symbiose entre la plante et des bactéries du sol. Cette propriété confère deux intérêts de poids à ces plantes sur le plan environnemental et sur le plan économique. Premièrement, elles permettent de limiter fortement l’utilisation des engrais azotés de synthèse, intrants non renouvelables car nécessitant de grandes quantités de gaz naturel pour leur fabrication. Deuxièmement, les légumineuses sont des plantes riches en protéines. Ces nutriments sont indispensables à l’alimentation animale et humaine. Aujourd’hui, les agriculteurs sont demandeurs de solutions économiquement viables face à l’augmentation de leurs charges. De plus en plus cherchent à avoir une ferme la plus autonome possible. Dans ce contexte, il serait donc intéressant que les légumineuses soient encouragées. Les cultures légumineuses peuvent être divisées en trois catégories : les protéagineux, les légumes secs et les légumineuses fourragères. Les protéagineux sont cultivés pour leurs graines, riches en protéines de bonne valeur alimentaire pour l’élevage et la nutrition humaine. Dans l’agriculture européenne, le pois, la féverole et le lupin représentent la grande majorité des protéagineux. Le soja a un statut particulier. Cette plante tropicale est cultivée pour ses graines qui sont tout d’abord triturées pour la production d’huile. Le co-produit issu de cette transformation, appelé tourteau, est quant a lui utilisé pour l’alimentation animale. Les légumes secs sont des légumineuses dont les graines sont utilisées pour l’alimentation humaine. Les espèces les plus représentées en Europe sont les fèves, les haricots, les lentilles et les pois chiches. Ces graines ont pour point commun d’avoir de bonnes qualités nutritives de part leurs richesses en protéines (20 – 25%), en glucides (environ 60%), en vitamines et en minéraux. Les légumineuses fourragères sont cultivées pour leurs parties végétatives. Elles sont utilisées dans l’alimentation animale des herbivores essentiellement : bovins, ovins, caprins et équidés. En effet, seuls les herbivores sont capables de digérer correctement la cellulose de ces plantes. La luzerne est la légumineuse fourragère la plus représentée en France en prairies artificielles avec en 2007 près de 300 000 hectares3. La luzerne peut être pâturée ou bien récoltée en vert pour faire de l’ensilage, du foin ou pour être déshydratée. Bien 2 3 Selon l’International Legume Database & Information Service Source : Agreste 10 que moins présentes, les autres légumineuses fourragères ne sont pas à négliger, notamment le trèfle violet, le trèfle blanc ou encore le sainfoin. Ces espèces ont également de bonnes qualités pour les systèmes d’élevage : appétence, qualités nutritives, rendements. Deux possibilités s’offrent aux agriculteurs produisant des légumineuses fourragères : cultiver des prairies avec une seule espèce, on parle dans ce cas de cultures pures, ou bien combiner des légumineuses avec des graminées, on parle dans ce deuxième cas de prairies multi espèces. D’après Coop de France Déshydratation, les associations de la luzerne avec une graminée semblent présenter des avantages sur l’occupation du sol et sur la qualité du fourrage. Des expérimentations sont actuellement en cours pour avoir des références précises à ce sujet. 2.2. Principe de la fixation symbiotique de l’azote chez les légumineuses Peu après le début de croissance de la légumineuse, des bactéries du sol du genre Rhizobium ou Bradyrhizobium envahissent les racines et prolifèrent dans les cellules corticales de la plante hôte. L’infection de la plante se traduit par la formation de nouveaux organes sur la racine : les nodules. Là, les bactéries captent l’air du sol. Elles permettent la transformation de l’azote de l’air en ammoniac grâce à l’action de l’enzyme nitrogénase. Cet ammoniac est ensuite transformé par la plante pour la fabrication d’acides aminés, les briques élémentaires constituant les protéines. En retour, la plante va apporter des éléments nutritifs indispensables pour un bon développement des bactéries. La fixation symbiotique de l’azote ne va fonctionner pleinement qu’avec de faibles concentrations de nitrates dans l’environnement direct de la racine. La fertilisation azotée sur des légumineuses est donc inutile. Figure 3 : schéma de la fixation symbiotique de l'azote chez une légumineuse 11 2.3. L’essentiel sur la botanique et la culture des principales légumineuses Pois Féverole Luzerne Taxonomie Classe Dicotylédone Dicotylédone Famille Fabacées (légumineuses) Fabacées (légumineuses) Dicotylédone Fabacées (légumineuses) Nom latin Pisum sativum Vicia faba Medicago sativa Plante grimpante herbacée annuelle Plante herbacée annuelle Plante herbacée pérenne 30 à 50 cm 100 à 130 cm 30 à 70 cm Système radiculaire pivotant Système radiculaire pivotant puissant Système radiculaire pivotant puissant 2 types sur les variétés récentes (type "afila") : feuilles larges et vrilles pour les types "afila" Gousses de 4 à 15 cm de long contenant 2 à 10 graines de 5 à 8 mm de diamètre variétés d'hiver : 150 à 200 g Feuilles larges Feuilles larges Morphologie Hauteur à la récolte Racines Feuilles Fruits Poids de 1000 grains (PMG) Gousses de 15 à 25 cm de long contenant Gousses enroulées en spirales qui 3 à 8 graines réniformes (longueur des renfernent les graines graines : 20-25 mm) 400 à 600 g 2,2 g variétés de printemps : 220 à 300 g Ecologie Phytogéographie Sol Plante de climat tempéré, frais et relativement humide Plante de climat tempéré, frais et relativement humide Culture présente dans quelques pays (Chine, Canada, Australie, France, Espagne, Allemagne) Tous types de sol sauf les limons battants Sols profonds à privilégier, avec une bonne capacité de rétention en eau Culture présente dans quelques pays (Royaume-Uni, France, Australie, Chine) Tous types de sol y compris ceux touchés par Aphanomyces Sols profonds à privilégier, avec une bonne capacité de rétention en eau Sols indemnes d'Aphanomyces (faire un test) pH supérieur ou égal à 6 optimum de pH compris entre 6,5 et 7 Plante présente sur tous les continents, dans une grande variété de biotopes Tous types de sol y compris ceux touchés par Aphanomyces Sols profonds à privilégier, avec une bonne capacité de rétention en eau optimum de pH compris entre 6,5 et 7,2 (en dessous de 6,5, besoin d'un chaulage) Conduite de culture en région Centre Semis Roulage Fertilisation Pois d'hiver : du 01/11 au 20/11 Féverole d'hiver : 20/10 au 20/11 Dose en sols limoneux : 130 à 160 kg/ha Dose indicative pour un PMG de 550 g : de 110 kg/ha pour 20 grains/m² (limons) jusqu'à 165 kg/ha pour 30 grains/m² (sols caillouteux) Féverole de printemps : 10/02 au 20/03 Semis d'été : entre le 01/07 et le 15/08 Semis de printemps : environs du 20/03 Semis en pur ou en mélange en fonction des débouchés et des choix de l'agriculteur Dose conseillée pour un PMG de 2,2 g : Pois de printemps : 20/02 au 15/03 Dose en sols limoneux pour un PMG de Dose indicative pour un PMG de 550 g : de 25 kg/ha 250 g : 200 kg/ha 165 kg/ha pour 30 grains/m² (limons) jusqu'à 220 kg/ha pour 40 grains/m² (sols caillouteux) Systématique en sol caillouteux Roulage indispensable pour favoriser le contact entre les graines et le sol Azote : inutile Azote : inutile Azote : inutile Phosphore et potasse : pour un objectif Phosphore et potasse : pour un objectif de rendement de 55 q/ha sans de rendement de 50 q/ha sans exportation exportation des pailles, compter 55 kg des pailles, compter 55 kg de P205 et 75 de P205 et 85 kg de K20 kg de K20 Potasse : dans des systèmes à 4 coupes, besoin d'apporter entre 650 et 800 kg de K2O en 3 ans pour 2 années de production Magnésie : en sol pauvre, réaliser un apport de 30 à 60 kg de MgO au printemps Phosphore : pour 2 années de production, comprise entre 11 et 13 t de MS/ an, il faut apporter entre 200 et 240 kg de P2O5 avant le labour Bore : dans les sols battants, froids, ph>7,5; il est recommandé d'apporter 1 kg/ha de Bore au stade "boutons floraux" Magnésie : pour 2 années de production de 13 t de MS/ha, il faut apporter 40 kg/ha avant le labour Interventions Récolte Rendements cf. figure 5 cf. figure 6 cf. figure 7 Pois d'hiver : 20/07 Féverole d'hiver : 05/08 3 à 4 fauches Pois de printemps : 30/07 Féverole de printemps : 10/08 moy 2004-08, région Centre :42 q/ha (Agreste) potentiels moyens de 55-60 q/ha en limons profonds de Beauce (Agralys) moy 2004-08, région Centre : 30 q/ha (Agreste) potentiels de 50-55 q/ha en limon profonds de Beauce (Agralys) en pur : 9,5 TMS/ha (Beauce, 2009) Non connus précisémment aujourd'hui pour la région Centre. Travaux menés par l'OIER des Bordes sur la période 2009-2011 sur différents mélanges) Figure 4 : L’essentiel sur la botanique et la culture des principales légumineuses (sources : Arvalis pour le pois et la féverole, Coop de France déshydratation pour la luzerne) 12 Figure 5: Interventions sur la culture du pois (source : Arvalis) Figure 6 : Interventions sur la culture de la féverole (source : Arvalis) 13 Figure 7 : Interventions sur la luzerne (source : Coop de France déshydratation) 14 3. Analyse globale sur le marché des légumineuses et ses évolutions 3.2. Secteurs de la production végétale 3.1.1. Evolution de la production des protéagineux L’embargo américain sur les exportations de soja a marqué le monde agricole en 1973. A cette époque, l’Union européenne connaissait un déficit de matières riches en protéines s’élevant à 81 %. La réaction de la France a été immédiate. Dès 1974, un plan protéines national a été lancé, avec un volet principal consacré au développement des protéagineux. Au niveau européen, les premières organisations communes de marché (OCM) sur les légumineuses se sont mises en place en 1978. Elles concernaient alors le pois, la féverole et la luzerne déshydratée. Pour le pois et la féverole, un prix minimum garanti à destination des producteurs était en place entre 1978 et 1992. Ce prix variait selon les cours des céréales et du soja. Ainsi, il permettait de bien réguler le marché. Un système spécifique de subventions pour le pois et la féverole à destination de l’alimentation humaine a vu le jour en 1982. Une nouvelle production, le lupin, a quant à elle été intégrée dans le marché commun en 1984. Ce système d’aides à la production, couplé à un fort investissement dans la recherche et le développement, a permis d’augmenter significativement les surfaces en protéagineux. De 20 000 hectares en 1973, elles sont passées à un peu plus de 700 000 hectares au début des années 1990 (cf. figure 17). C’est la culture du pois qui a connu le plus vif intérêt de la part des producteurs. Contrairement à la féverole et au lupin, le pois a montré de bons résultats dès le début dans de très nombreuses régions. Dans le cadre de contraintes budgétaires, un système de quantité maximale garantie a été mis en place dans le cadre de l’OCM protéagineux entre 1988 et 1992. Un palier ayant pour référence historique 1987 a été établi à 3,5 millions de tonnes au niveau européen. Si cette limite était dépassée, le prix garanti baissait. L’année 1992 a marqué un tournant dans la libéralisation progressive de l’agriculture. Le prix minimum garanti a été remplacé par une aide à l’hectare payée au producteur en fonction des rendements moyens en céréales d’une région donnée (primes compensatoires)4. Les répercussions sur les surfaces de protéagineux ont été désastreuses (cf. figure 8). Les différentes réformes qui ont suivies ont maintenu le cap de la libéralisation. Depuis 2006 en France, les protéagineux bénéficient d’une aide dite spécifique de 55,57 €/ha. Cette subvention s’ajoute aux droits à paiements uniques (DPU), subventions issues du découplage à 75 % de la production. Les 25 % restant sont des aides couplées à la production et calculées en fonction des rendements moyens en céréales d’une région donnée. Ces 25 % s’ajoutent également aux DPU et à l’aide spécifique de 55,57 €. Le bilan de santé de la PAC prévoit une réorientation des aides agricoles. Il est prévu un découplage total à partir de 2010 pour les surfaces en céréales et oléoprotéagineux. L’aide spécifique de 4 Source : INRA, La filière protéagineuse. Quels défis ? 15 55,57 € pour les protéagineux disparaîtra en 2012. Malgré cela, les protéagineux vont quand même bénéficier de soutiens grâce à un renforcement des aides sur le deuxième pilier (développement rural et environnement) ainsi que des aides nationales. Les politiques européennes et françaises de soutien aux biocarburants ont permis d’augmenter très fortement les surfaces en colza (voir annexes). Une aide aux cultures énergétiques s’élevant à 45 €/ha a d’ailleurs été instaurée dans ce cadre. Dans la plupart des rotations culturales de la région Centre, le colza, ainsi que d’autres cultures énergétiques (betterave, tournesol), rentrent en concurrence avec les légumineuses car ces espèces sont toutes de très bonnes têtes de rotation ; elles structurent très bien le sol. Aujourd’hui, les agriculteurs préfèrent bien souvent le colza aux protéagineux car cette culture est économiquement plus rentable. Cependant, l’introduction d’avantage de légumineuses dans les assolements est indispensable car les bénéfices sont plus intéressants au regard de la seule marge brute du colza : - La diversification des cultures et l’allongement des rotations culturales permettent de baisser la pression en maladies sur les cultures, - Les charges en produits phytosanitaires et en engrais sont diminuées sur l’ensemble du système de production, - Les agriculteurs passent moins de temps dans leurs champs. Comme nous venons de le voir, les baisses de surfaces en protéagineux à partir de 1993 sont en grande partie imputables aux politiques agricoles. Cependant d’autres facteurs expliquent cette baisse. A partir des années 1990, Aphanomyces euteiches, un champignon nuisible sur les légumineuses et extrêmement dommageable sur le pois, s’est étendu dans le nord de la France. Le pois ne peut aujourd’hui pas être cultivé sur des parcelles contaminées car les pertes de rendements sont très élevées. Selon un expert d’Arvalis, près de 70 % des terres agricoles d’Eure-et-Loir sont contaminées par ce champignon. Aujourd’hui sur ces terres, seule la féverole peut être cultivée car elle est résistante à Aphanomyces. Malheureusement le potentiel de rendement de cette espèce est très variable et en moyenne inférieur à celui du pois. Il faudra attendre d’ici 4 à 5 ans pour voir sur le marché des variétés de pois résistantes à Aphanomyces. Depuis les années 2000, les rendements des protéagineux ont particulièrement été pénalisés par des stress climatiques fréquents en fin de cycle : températures trop élevées et manque d’eau en l’absence d’irrigation. Ces aléas climatiques répétés sont probablement le fruit du changement climatique. Ils ont découragé de nombreux producteurs. Depuis peu de temps, des variétés de type hiver en pois et en féverole ont été élaborées par les sélectionneurs. Ces variétés, plus précoces que celles de printemps, réduisent fortement les risques de fin de cycle. Bien que très récentes, elles ont donc la possibilité de trouver un marché porteur. 16 Figure 8 : Evolution des surfaces des principaux protéagineux (pois, féverole, lupin) en France entre 1970 et 2008 (source : Eurostat) 17 3.1.2. Evolution de la production des légumineuses fourragères Face à la baisse des activités d’élevage et face à des systèmes d’affourragement basés sur le maïs, fortement développés en France au cours du XXème siècle, les légumineuses fourragères ont continuellement vu leurs surfaces décroître. Sur le plan régional, la superficie des surfaces toujours en herbe (essentiellement des mélanges graminées + légumineuses) a diminué de près de 20 % entre 1989 et 1999, passant de 375 000 ha à 300 000 ha (cf. figure 9). Entre 1999 et 2007, elle s’est stabilisée autour de 300 000 ha. En ce qui concerne les prairies artificielles, c’est-à-dire les prairies qui rentrent dans une logique de rotation de culture (prairies implantées pour au maximum 3 ans), la baisse a été très spectaculaire entre 1989 et 2007 : - 59% pour la luzerne et – 70 % pour le trèfle (cf. figure 10). Là aussi, un palier existe à partir des années 2000. Le plan protéine français puis l’OCM fourrages séchés, mis en place à la fin des années 1970, sont les deux politiques publiques d’importance qui ont tentées de limiter l’érosion des surfaces en luzerne et en trèfle à destination de la déshydratation. Dans les années 1980, les déshydrateurs percevaient une aide à la transformation s’élevant à 100 euros / tonne de produit fini. Progressivement, avec les différentes réformes de la PAC, le soutien à la déshydratation a diminué, avec aujourd’hui une aide s’établissant à 33 € / t. Aujourd’hui, un peu plus d’un million de tonnes de luzerne déshydratée sont produits en France sur environ 70 000 hectares selon la SIDESUP5, essentiellement en Champagne Ardenne. Cela représente 25 % du total des surfaces en luzerne. En région Centre, seuls 860 ha ont été récoltés en 2008 mais la filière luzerne bio connaît un fort développement (140 ha en 2008, 350 ha prévus en 2010). Face à l’intérêt du secteur de l’alimentation animale pour ce produit, il est important de pérenniser ce secteur. 5 Coopérative de déshydratation de luzerne située dans le Loiret 18 Evolution des surfaces toujours en herbe entre 1989 et 2007 en région Centre 390000 370000 Surfaces (ha) 350000 330000 310000 290000 270000 250000 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 Figure 9 : Evolution des surfaces toujours en herbe en région Centre entre 1989 et 2007 (source des données : Agreste) Hectares Surfaces de luzernes et de trèfles en prairies artificielles dans la région Centre entre 1989 et 2007 (données Agreste) 22000 20000 18000 16000 14000 12000 10000 8000 6000 4000 2000 0 1985 luzerne trèfle 1990 1995 2000 2005 2010 Figure 10 : Evolution des surfaces de luzerne et de trèfle en prairies artificielles en région Centre entre 1989 et 2007 (source des données : Agreste) 19 3.1.3. Les systèmes de productions de la région Centre qui intègrent des légumineuses locales La région Centre se caractérise par une diversité de systèmes de productions (voir annexe) : grandes cultures en Beauce et en Champagne berrichonne, polyculture-élevage dans le Boischaut et en Touraine. Tous ces systèmes sont adaptés à l’intégration de légumineuses dans leurs assolements. Chacun d’entre eux possède des spécificités qu’il faut analyser séparément pour bien prendre en compte toute la diversité de l’agriculture régionale. 3.1.3.1. Les systèmes de grande culture Les systèmes de grande culture représentent 61 % des orientations techniques des exploitations de la région. Certaines régions agricoles du Centre en sont des emblèmes : la Beauce et le Gâtinais au nord de la Loire, la Champagne berrichonne un peu plus au sud. Les céréales sont les cultures les plus représentées : 60 à 75 % des assolements en moyenne. Les oléagineux (colza et tournesol), les cultures industrielles (betterave, pomme de terre) et les légumineuses complètent les assolements. Les rotations culturales sont le plus souvent courtes. La base des rotations classiques est la suivante : - Tête de rotation – Blé – Blé - Tête de rotation – Blé – Blé – Orge - Tête de rotation – Blé – Orge Les têtes de rotation sont des cultures qui permettent de bien structurer le sol grâce à des racines profondes et pivotantes (cf. figure 11). Parmi elles, on peut citer le colza, le tournesol, le maïs, la betterave, la pomme de terre et les légumineuses (pois, féverole, luzerne). Les agriculteurs de grande culture de la région choisissent le plus fréquemment le colza ou le tournesol. En effet, la demande en huiles végétales liée au développement des biocarburants est de plus en plus forte (voir annexe). Dans les systèmes de grande culture, les graines d’oléagineux sont acheminées le plus souvent vers des usines de trituration qui se trouvent toutes en dehors du territoire régional. La fabrication d’huile végétale pure n’est encore aujourd’hui qu’anecdotique (cf. chapitre 6.3). Les potentialités agronomiques sont différentes suivant les milieux : elles vont être plus grandes en Beauce qu’en Champagne Berrichonne. En Beauce, les sols sont profonds et l’irrigation est souvent possible. En revanche, en Champagne Berrichonne, 70 % des sols sont superficiels. La ferme type de Beauce en non irrigué représente 150 hectares, sur lesquels travaille une personne à plein temps, aidée de main-d’œuvre temporaire pour la moisson. Un travail mené par Arvalis a estimé la marge brute d’exploitation moyenne à 937 €/ha en 2007. Avec une telle marge plusieurs scénarii d’assolement ont été élaborés (cf. figure 12). Il faut noter que certains assolements simulés intègrent du pois. Ils procurent une marge globale équivalente à des assolements classiques sans pois (colza–blé–orge par exemple). Ce travail d’Arvalis est cependant à relativiser et à recontextualiser. En effet, 2007 a été une année particulière avec des prix en engrais azotés et en matières premières agricoles élevés. Ce type de simulation est certes intéressant, mais il doit être réactualiser chaque année pour permettre de faire des prévisions d’assolement sur le court terme. Par exemple, ces simulations d’assolements ont été publiées en février 2006 et elles ont pu permettre à certains agriculteurs d’ajuster leur assolement pour 2007. 20 Figure 11 : profils racinaires du blé, du maïs et de la luzerne (source : Coop de France Déshydratation) Figure 12 : scénarios d'assolements qui procurent une marge identique en Beauce en 2007 (Arvalis) 21 3.1.3.2. Les légumineuses dans les systèmes fourragers Les prairies sont les systèmes fourragers les plus classiques intégrant des légumineuses. En région Centre, elles sont peu nombreuses. La surface totale de prairies (prairies non permanentes et surfaces toujours en herbe) ne représente que 11,2 % du territoire, alors que pour la France métropolitaine, elle est de 24,1 %6. Les petites régions agricoles du Centre où l’on peut trouver le plus de prairies sont le¨Perche au nord, le Boischaut au sud, le Pays Fort et le Sancerrois à l’est. Certaines prairies sont composées de cultures légumineuses pures uniquement, le plus souvent de la luzerne ou du trèfle violet. Elles sont souvent appelées prairies artificielles car elles ne sont implantées que pour 2 ou 3 ans dans la majorité des cas. Elles rentrent donc dans des logiques d’assolement. Elles permettent d’avoir un fourrage très riche en protéines (entre 20 et 25 % de la matière sèche). En région Centre, 3,1 % des prairies sont de ce type. Les prairies les plus couramment rencontrées sont les prairies d’associations (1 graminée + 1 légumineuse) et les prairies multi-espèces (plusieurs graminées + plusieurs légumineuses). Agronomiquement parlant, l’alimentation azotée des graminées se fait grâce aux légumineuses. La fertilisation azotée est inutile sur les prairies d’associations et les prairies multi-espèces. Selon Pascale Pelletier d’Arvalis, le développement des légumineuses fourragères viendrait plus facilement par le biais d’implantations de prairies multi-espèces riches en légumineuses que par des légumineuses pures, trèfle violet ou luzerne. En effet, les prairies multi-espèces sont plus productives que les légumineuses pures et leurs marges de progrès est forte en terme de quantité de matière sèche produite et de qualité des fourrages (teneur en protéines). Mis à part les systèmes prairiaux, il existe un autre type de production fourragère incluant des légumineuses. Il s’agit des cultures d’association céréale(s) + légumineuse(s). Cela se rencontre parfois en agriculture biologique et moins fréquemment en agriculture conventionnelle. A titre d’exemple, on peut citer les associations suivantes : - pois fourrager + blé - triticale + avoine + pois fourrager 6 Source Agreste 22 3.2. Utilisations des légumineuses Depuis des millénaires, les plantes légumineuses sont utilisées par l’homme pour son alimentation mais également pour celle des animaux qu’il élève. Après une perte de vitesse au cours du XXème siècle causée par la concurrence avec des plantes de grandes cultures telles que le blé, l’orge, le maïs et le riz, qui ont été fortement sélectionnées génétiquement, les légumineuses suscitent de nouveau l’intérêt de la part de la profession agricole pour leurs qualités environnementales et pour des questions d’autonomie protéique. 3.2.1. Utilisations des légumineuses dans les formules alimentaires pour animaux d’élevage 3.2.1.1. Le pois Le pois est une culture adaptée à l’alimentation des monogastriques de part ses qualités nutritionnelles : richesse en amidon de 45 % et en protéines de 21 % (UNIP, Guide de culture 2007-2008). L’incorporation de pois dans des rations pour porcs se justifie pleinement de part la contrainte de couverture de ces animaux en acides aminés notamment en lysine. Des études de l’Institut Technique du Porc ont montré qu’il n’y a pas de limites d’incorporation du pois dans l’alimentation du porc charcutier. En revanche pour les porcelets 2ème âge, la limite est à 30 %. Pour les truies, le pois peut être incorporé jusqu’à 30 % en gestation et 15 % en lactation. L’incorporation de pois dans les rations de volailles est tout à fait intéressante d’un point de vue nutritionnel, à condition de ne pas dépasser 25-30 % en volaille de chair et 20 % en pondeuse (UNIP, 2003). Dans la pratique le pois n’est intéressant économiquement que pour des productions de type label ou de type intermédiaire. Les volailles de la filière Loué par exemple imposent dans leur cahier des charges un pourcentage de pois fixe en plus des 75 % de céréales. Il est possible d’introduire de la farine de pois dans les rations pour ruminants, jusqu’à 6 kg par vache et par jour. Malheureusement, la qualité nutritive de cet aliment reste à ce jour trop moyenne chez les ruminants par rapport aux porcs et aux volailles. En revanche, la paille de pois est un excellent fourrage pour ces animaux. 2 à 3 tonnes de matière sèche par hectare peuvent être récoltés. Ces pailles constituent un aliment très appétant et elles ont des valeurs énergétiques et protéiques supérieures à celles de céréales et voisines de celles des foins de luzerne récoltés à floraison (UNIP, 1997). 3.2.1.2. La féverole Avec une composition proche de celle du pois, la féverole est un aliment adapté à l’alimentation des porcs et des volailles. Aujourd’hui, les taux d’incorporation sont inférieurs à ceux du pois : 10 à 15 % pour les porcs charcutiers, 15 % pour les porcelets 2ème âge, 10 % pour les truies et jusqu’à 20 % chez les volailles. Les progrès génétiques récents pourront augmenter ces taux avec l’arrivée sur le marché de variétés avec moins de facteurs antinutritionnels (tannins, vicine et convicine). 23 3.2.1.3. Le lupin Sur le plan nutritionnel, les graines de lupin sont très adaptées aux rations pour ruminants. Cet aliment est riche en protéines avec un taux de 34,1 % et en matières grasses avec un taux de 8,4 % (UNIP, 2005). L’introduction dans les rations peut atteindre 6 kg par jour. Pour une valorisation optimale, l’extrusion des graines est recommandée. Avec ce traitement thermique, les protéines seront protégées d’une dégradation trop rapide dans le rumen de l’animal. 3.2.1.4. La luzerne La luzerne est une culture très intéressante pour l’alimentation de nombreux animaux, ruminants ou non : bovins, caprins, ovins, chevaux, lapins. Cela s’explique par ses apports en fibres et en cellulose, ainsi que par son taux élevé de protéines, de 18 à 25% ! Pour les ruminants, la luzerne peut être pâturée, apportée sous forme d’ensilage ou encore sous forme d’aliment déshydraté. La déshydratation de la luzerne a l’avantage d’améliorer la digestibilité, la qualité nutritive et la durée de conservation de cet aliment. Pour la production laitière, l’utilisation de luzerne déshydratée améliore la qualité du lait avec une augmentation du taux de protéines (BILLON, 2009). En ce qui concerne les volailles, la richesse de la luzerne en pigments naturels (lutéines, carotène) permet une coloration naturelle des œufs et de la chair. Compte tenu de la faible valorisation de la cellulose par ces animaux, les niveaux d’incorporation dans les rations doivent être limités à 5 %. Par ailleurs, la filière porcine peut également utiliser la luzerne déshydratée notamment pour les truies gestantes, à cause de son apport en fibres intéressant. 3.2.2. Utilisations des légumineuses en alimentation humaine La consommation de légumineuses par l’homme connaît de fortes disparités entre les différentes régions du monde. Dans l’Asie du Sud-Est et au niveau du pourtour méditerranéen, elle va être relativement importante. Par exemple, les Indiens consomment beaucoup de pois, les Egyptiens sont davantage tournés vers la féverole et les Maghrébins vers la fève. Pour ce qui est de la France et de l’Union européenne, la consommation par l’homme de légumineuses est plus faible et elle repose aujourd’hui essentiellement sur des cultures à forte valeur ajoutée : haricots, petits pois (pois immatures), pois chiches et lentilles. Par ailleurs, il faut noter que les ingrédients alimentaires à base de légumineuses (amidons et protéines de pois notamment) connaissent un fort développement depuis quelques années. Dans le contexte actuel où de nouvelles préoccupations nutritionnelles et environnementales apparaissent, ce débouché de l’alimentation humaine pourrait être de plus en plus important dans les années à venir. 3.2.3. Utilisations non alimentaires des légumineuses Des laboratoires de recherche et des industries commencent à utiliser certaines légumineuses comme matières premières. Un débouché prometteur est la fabrication d’ingrédients non-alimentaires à base de pois. Par exemple, certaines protéines de pois peuvent rentrer dans la composition de colles. L’amidon du pois pourrait quant à lui être transformé en éthanol à des fins énergétiques (Crépon, 2006). En ce qui concerne la luzerne, quelques 24 utilisations non alimentaires sont également étudiées. On peut notamment citer le projet de Bio Rational Technology France, une start-up de Dreux qui travaille actuellement sur la production de protéines à usage thérapeutique à partir de luzerne bio. 3.2.4. Conclusion sur les débouchés des légumineuses : des débouchés diversifiés pour une offre limitante Les utilisations des légumineuses sont comme nous venons de le voir très variées. Le débouché en alimentation animal reste aujourd’hui prépondérant. Pour les légumineuses fourragères, c’est quasiment le seul. Pour les protéagineux, il est très important également. Néanmoins, soutenus par une recherche et un développement actifs, les débouchés des protéagineux pour l’alimentation humaine et pour des ingrédients non-alimentaires se sont également bien développés en France ces dernières années. Comme le montre la figure 13 ci-dessous, les utilisations de pois fourrager dans l’alimentation des animaux d’élevage ont baissé fortement dans les années 2000. En effet, l’offre s’est érodée (cf. figure 8), et comme le pois est une matière première facilement substituable dans les rations, il a pu être remplacé par des tourteaux de soja et de colza. Sur la même période, le marché de l’alimentation humaine et celui des ingrédients non-alimentaires (en bleu sur la figure 13), se sont bien développés. L’enjeu de ces prochaines années sera de reconquérir le marché de l’alimentation animal et de continuer à progresser sur les autres marchés. Dans une logique d’autonomie protéique, cela ne pourra passer que par une augmentation significative de l’offre. Figure 13 : Utilisations du pois en France entre 2000 et 2009 (source: UNIP d'après Douanes, prévisions pour 2008-2009) Au cours des années 2000, il y a eu deux débouchés principaux pour la féverole (cf. figure 14) : l’alimentation animale et l’exportation vers l’Egypte en qualité alimentation humaine. Une augmentation de l’offre en féverole devrait, d’une part répondre à la demande des fabricants d’aliments et d’autre part, elle devrait continuer de répondre à la demande du marché égyptien. 25 Figure 14 : Utilisations de la féverole en France entre 2000 et 2009 (source: UNIP d'après Douanes, prévisions pour 2008-2009) 3.3. Les différents circuits possibles entre la production et les utilisations finales L’étude des différents circuits possibles entre les producteurs de légumineuses et les utilisateurs finaux est une étape préalable indispensable pour la réalisation d’une politique régionale cohérente et structurante. Ce chapitre sera donc consacré à l’analyse des trois principaux schémas qui connectent la production et les utilisations finales : la filière selon les règles du libre échange, la filière territorialisée et l’autoconsommation. 3.3.1. Filière légumineuse selon les règles du libre échange Les théories de l’économiste Ricardo puis celles de ses pairs ont au XIXème siècle posées les bases de l’intérêt du commerce international. Ces thèses reposent sur les avantages comparatifs qu’une nation peut avoir par rapport à d’autres pour produire un bien. Aujourd’hui ces théories sont toujours d’actualité, quelque soit la nature du bien. C’est sur ces principes que reposent les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Avec les différentes crises actuelles que nous connaissons, ce modèle libreéchangiste met en lumière un certain nombre de limites : augmentation des inégalités, problème de l’accès à l’alimentation, désastres écologiques. Dans le cas particulier du commerce international des protéagineux, le bilan de ces dernières décennies est catastrophique. L’exemple du soja américain est sans doute le plus marquant. Les négociations dans le cadre de l’OMC et de la PAC ont conduit à des spécialisations de grandes zones géographiques : l’Union européenne s’est tournée vers la production massive de céréales et les Amériques se sont spécialisées vers la production de soja. Aujourd’hui, le soja est un aliment phare dans de nombreux élevages européens car ses protéines sont les moins chères sur le marché mondial. Cependant, dans un contexte où les marchés des matières premières agricoles se renchérissent et deviennent très volatils, l’accroissement des surfaces en légumineuses en Europe est une nécessité afin d’assurer un développement durable à l’agriculture, notamment en renforçant l’autonomie protéique des systèmes d’élevage. A la fin des années 1990, l’Union européenne présentait un déficit de matières riches en 26 protéines s’élevant à 70%. Ces dernières années, il est passé à environ 77%7. L’interdiction totale en 2000 de l’utilisation des farines animales pour l’alimentation des animaux d’élevage explique en grande partie cette accentuation de la dépendance protéique de l’Union Européenne vis-à-vis de l’extérieur. En 2006, l’Union européenne a importé 37,2 millions de tonnes de soja. 56% proviennent du Brésil, 38% d’Argentine et 6% des Etats-Unis (DROS, 2006). La situation au Brésil est particulièrement préoccupante puisque l’explosion de la production de soja dans ce pays provoque des désastres socio-économiques et environnementaux importants. Les expropriations des petits propriétaires agricoles provoquent un exode rural et une paupérisation importante de ces populations. La recherche de nouvelles terres agricoles par les grands propriétaires conduit à une déforestation massive totalement regrettable d’un point de vue environnemental. Les monocultures de soja, non recommandables d’un point de vue agronomique, se font au détriment des cultures vivrières : cela menace fortement l’accès à l’alimentation de millions de Brésiliens, notamment celle des petits agriculteurs qui ont été expropriés ! Le déficit en matières riches en protéines s’élevait à 45% en France en 2007 selon l’UNIP. Il faut noter que ce pourcentage est moins élevé que celui concernant l’ensemble de l’Union européenne et ce grâce à la forte disponibilité des co-produits issus de cultures énergétiques (tourteaux de colza, drèches de blé et de betterave). En ce qui concerne les légumineuses, nous l’avons vu dans le chapitre 3.1, les surfaces sont aujourd’hui trop faibles. Elles ne permettent pas de couvrir l’ensemble des besoins en protéines végétales. La figure 15 le montre très bien. Figure 15 : Bilan des matières riches en protéines en France en 2005-2006 (source : UNIP, 2007) 7 source : Association européenne de recherche sur les protéagineux 27 3.3.2. Filière légumineuse territorialisée Dans un processus de développement durable, les structurations de filières agricoles au sein d’un territoire donné sont indispensables afin de bien prendre en compte les spécificités locales qui s’y rattachent. L’enjeu principal de telles démarches est la pérennisation du tissu agricole au niveau de territoires. Le Conseil régional du Centre et ses partenaires ont acquis depuis plusieurs années un savoir-faire sur la structuration de filières agricoles à l’échelle de la région, avec notamment deux outils particulièrement efficaces : les Contrats d’Appui aux Projets de Filières (CAP Filières) et les Contrats de Pays. Les CAP filières permettent aujourd’hui de dynamiser certaines filières considérées comme étant prioritaires. Aujourd’hui, une dizaine de ces CAP sont en place. Ils concernent les filières suivantes : les bovins viande, les bovins lait, l’arboriculture, le cheval, les viandes blanches, les ovins, les caprins, l’horticulture, la forêt, les légumes, la viticulture et l’apiculture. Bien que n’ayant pas suffisamment de recul (Le premier CAP a été signé en février 2007) ces dispositifs semblent rencontrer beaucoup de succès. Les Contrats de Pays permettent d’aider au développement à l’échelle de Pays, unités géographiques comprenant 2 à 3 cantons généralement. Les Pays sont également appelés « Territoires de projets » car ils permettent de mettre en œuvre des actions les impactant positivement. Une typologie d’actions est nécessairement décidée au préalable avec la Région afin d’assurer une cohérence entre les différents dispositifs existant, et ainsi être le plus efficace possible dans l’aménagement durable des territoires. Il faut noter que les Pays fonctionnent uniquement à partir de fonds publics provenant de la Région. Le développement des légumineuses en région Centre pourrait donc s’appuyer, au moins en partie, sur les CAP Filières et les Contrats de Pays. D’une manière générale, la territorialisation d’une filière légumineuse doit passer par la production locale de protéagineux, de luzerne, de trèfle et autres légumineuses, par une transformation locale et par des utilisations locales. Ce schéma peut sembler ambitieux, mais il est de toute évidence réaliste et nécessaire. 3.3.3. L’autonomie protéique stricte des exploitations agricoles : l’autoconsommation Le circuit le plus court entre la production et les utilisations est l’autoconsommation. Ce modèle peut sembler à première vue le meilleur car il permet l’autonomie la plus complète. Cependant, l’autoconsommation n’est pas adaptée à tous les systèmes de production agricole. Pour ce qui est de l’autonomie protéique stricte des exploitations agricoles, seules celles combinant une production végétale riche en protéines et de l’élevage peuvent y accéder. Les élevages de ruminants peuvent avoir une alimentation produite totalement sur la ferme grâce à des systèmes à base d’herbe. Contrairement à des systèmes à base de maïs qui nécessitent une source protéique complémentaire, l’herbe utilisée seule permet de couvrir l’ensemble des besoins nutritifs des ruminants. Bien choisir les espèces d’herbes dans le but d’avoir un affouragement autonome conditionne l’efficacité d’une exploitation agricole. Les cultures de luzerne, de trèfle, de sainfoin ou d’autres légumineuses herbagères 28 permettent d’avoir dans les rations des protéines végétales de qualité et en quantité importante. D’après Coop de France Déshydratation, la luzerne fournit 2500 kg de protéines par hectare quand le soja n’en fournit que 800. Les élevages porcins et les élevages de volailles peuvent eux aussi se tourner vers l’autonomie protéique, notamment en utilisant du pois ou de la féverole dans les rations. Avant d’être distribuées, ces récoltes doivent être transformées (granulation, extrudation) puis mélangées avec d’autres matières premières (blé, tourteau de colza, etc). L’Association Interrégionale des Fabricants d’Aliments à la Ferme (AIRFAF) s’implique beaucoup pour l’autoconsommation dans les élevages porcins. Avec l’appui d’instituts techniques (ITP, ADAESO, UNIP, ARVALIS), elle permet de soutenir le développement de la fabrication d’aliments à la ferme. L’autoconsommation peut présenter une limite du fait de la forte variabilité de la composition des matières premières produites sur la ferme. Les animaux d’élevages ont besoin de rations équilibrées qui couvrent l’ensemble de leurs besoins et cela quelle que soit cette variabilité. Afin de la gérer, il est nécessaire de concevoir des rations en fonction des évolutions de composition et de disponibilité des matières premières. Depuis quelques années, il existe des automates capables de réaliser ce travail indispensable pour l’aval de la filière, de plus en plus demandeuse de produits finis normés. Selon les statistiques de l’UNIP, les utilisations de protéagineux directement à la ferme ont tendance à se développer. Pour le pois, le taux de collecte était de 90 % en 1998. Il est passé à 85 % en 2004. La part d’autoconsommation a donc progressé de 50 % en France sur cette période. 29 4. Les enjeux liés à la réhabilitation des légumineuses en région Centre La mise en place en juin 2008 d’un Agenda 21 pour la Région Centre a formalisé les orientations de la collectivité en faveur du développement durable. La réhabilitation des cultures légumineuses s’ancre principalement dans deux thèmes d’action prioritaires de ce document : - Structurer les filières économiques et anticiper les mutations, - Préserver la biodiversité et les ressources naturelles. 4.1. Développer durablement les systèmes de production agricole de la région Aujourd’hui, les systèmes de production de la région Centre gagneraient à utiliser de nouveau les légumineuses car ces cultures favorisent le développement durable de l’agriculture. Sur un plan économique, à l’échelle de la rotation culturale, la compétitivité liée à ces cultures est assurée, avec notamment une utilisation réduite en intrants (engrais, produits phytosanitaires, carburants). Cela est bien sûr tout à fait bénéfique pour l’environnement. Les légumineuses améliorent la qualité des sols, elles réduisent leur érosion et elles favorisent la biodiversité. Enfin, d’un point de vue sociétal, les légumineuses permettent de redorer significativement l’image de l’agriculture. Ce dernier point est tout à fait important dans notre région souvent décriée pour son agriculture pas assez soucieuse de l’environnement. Un tel travail de réhabilitation des légumineuses contribuerait à rapprocher les citoyens de la région Centre de leur agriculture. 4.2. Diminuer la dépendance protéique de la région Les élevages de la région sont aujourd’hui trop dépendants de l’extérieur, notamment à cause des importations de soja, culture dont les protéines sont actuellement les moins chères sur le marché mondial. Afin de sécuriser le marché régional, l’agriculture du Centre doit renforcer la production locale de protéines. Cela passe d’une part, par le développement des cultures légumineuses et d’autre part, par une bonne valorisation des tourteaux d’oléagineux (cf. chapitre 6.3). Les débouchés des légumineuses sont aujourd’hui relativement importants : alimentation des différentes filières animales, alimentation humaine, filières alimentaires non-OGM, ingrédients alimentaires et non-alimentaires, énergie. Le développement des légumineuses est donc une nécessité afin d’apporter à ces débouchés des protéines locales et de qualité. Afin de se démarquer des tourteaux de soja d’importation, les productions de la région devront mettre en avant des signes de qualité qui précisent l’origine locale et l’absence d’OGM. De telles démarches permettraient aux produits de gagner en valeur ajoutée. 30 5. Diagnostic régional Afin d’enrichir la réflexion engagée par le Conseil régional du Centre, j’ai réalisé un travail d’enquêtes sur le terrain auprès de différents acteurs : agriculteurs, organismes de développement, organisations de producteurs et organismes stockeurs. L’objectif a été d’avoir une analyse la plus précise possible sur les légumineuses et sur les logiques de développement qui s’y rattachent. 5.1. Raisons qui font que les légumineuses sont ou ont été cultivées en région Centre 5.1.1. Raisons agronomiques Fixation de l’azote atmosphérique Les légumineuses ont la particularité de fixer l’azote atmosphérique grâce à un système racinaire original permettant une symbiose entre la plante et des bactéries du sol (voir chapitre 2.2). Cette propriété confère un intérêt de poids à ces plantes sur le plan environnemental et sur le plan économique. Elles permettent de limiter fortement l’utilisation des engrais azotés de synthèse, intrants non renouvelables car nécessitant de grandes quantités de gaz naturel pour leur fabrication. Baisse de la pression en adventices et en maladies à l’échelle de la rotation Dans une succession culturale, les bénéfiques. D’une part, les rotations réduire les pressions en maladies, adventices. Grâce à des rotations désherbants sont fortement réduites. légumineuses ont de multiples effets vont s’allonger. Cela va permettre de en ravageurs et surtout en plantes avec légumineuses, les charges en Les agriculteurs recherchent des cultures de printemps car elles coupent les rotations. Elles permettent de baisser la pression en adventices et en maladies. En outre, elles permettent un étalement du temps de travail. C’est en partie pour cette raison que le pois de printemps a connu du succès dans les années 80 et 90. Le pois d’hiver n’est apparu que depuis la fin des années 80. De part son cycle plus long, il est moins sensible à des stress climatiques tout en permettant des potentiels de rendements satisfaisants. Effet précédent Les légumineuses sont de bons précédents. Le premier effet se traduit par des économies d’azote sur la culture suivante. Pour un blé de pois par exemple, 40 à 50 unités d’azote sont économisées selon l’UNIP. Cela est tout à fait considérable sachant que le prix de l’engrais azoté de synthèse est indexé sur celui du gaz naturel. Un second effet positif constaté est un gain de rendement sur la culture suivante (voir tableau 1). 31 En région Centre, la culture du blé dur s’est fortement développée ces dernières années grâce à un débouché porteur en alimentation humaine. Un céréalier du Boischaut nord, a choisi d’intégrer cette culture dans son assolement. Afin de répondre au problème du fort besoin de cette culture en azote, il a décidé de la faire précéder d’un pois. Dans cette succession, l’effet précédent permet d’apporter une partie de l’azote sous forme naturelle et gratuite. Écarts de rendements du blé par rapport à un blé de blé en fonction de différents précédents Hypothèses de prix du blé et gain net par rapport au blé de blé 100 €/t 150 €/t 200 €/t blé de blé 0 0 0 0 blé de pois + 8.6 qx +86 €/ha +129 €/ha +172 €/ha blé de colza + 5.2 qx +52 €/ha +78 €/ha +104 €/ha blé de maïs + 4.2 qx +42 €/ha +63 €/ha +84 €/ha blé de betterave + 3 qx +30 €/ha +45 €/ha +60 €/ha Tableau 1 : Des gains de rendement sur la culture suivante en Eure-et-Loir (source : UNIP, d’après CER 28) Intérêt de la féverole dans certaines situations Contrairement au pois, la féverole est une espèce résistante à Aphanomyces. Dans un sol contaminé par ce champignon, la féverole est un substitue correct à condition qu’un débouché existe. Son système racinaire est très puissant ce qui permet de bien structurer le sol. Pour ce qui est de la récolte, la féverole pose moins de problème que le pois. En effet, les premières graines sont assez hautes (20 – 25 cm). Un céréalier de la Champagne berrichonne, a conçu une rotation type pensée dans sa globalité. Celle-ci s’étale sur quatre ans et intègre une féverole de printemps, un colza, un blé tendre et un blé dur, ainsi que trois intercultures (cf. figure 16 ci-dessous). 32 Figure 16: rotation type d'un céréalier de Champagne berrichonne (en rouge : les cultures de vente, en vert : les intercultures) Ce système est en semis direct car l’agriculteur cherche à faire fonctionner pleinement la biologie de ses sols, et ainsi minimiser ses charges en intrants. Les trois intercultures vont permettre de couvrir le sol et piéger les nitrates. Les légumineuses en années 2 et 3 vont en plus augmenter le stock d’azote dans la biomasse au bénéfice du colza et des 2 blés. Autre point intéressant, l’agriculteur a pris soin de faire précéder sa féverole par un sorgho car il existe dans ce cas un effet allélopathique positif. 5.1.2. Autonomie des élevages Autonomie en élevage porcin En région Centre, de nombreux producteurs de porcs cherchent à être le plus autonome possible pour l’alimentation de leurs animaux. C’est pourquoi beaucoup fabriquent leurs aliments dans leur ferme avec différentes matières premières (céréales, tourteaux de colza, tourteaux de soja, pois). Les éleveurs de porcs peuvent intégrer du pois et de la féverole dans les rations, encore faut-il que ces matières premières soient disponibles et avec des prix intéressants. Actuellement en région Centre, certains produisent du pois pour être autoconsommé sur leur exploitation. D’autres font des contrats avec des cultivateurs locaux. Un intérêt de ce type de pratiques est de limiter les variations de prix sur une période donnée. Au cours de mon travail, j’ai enquêté trois éleveurs de porc assez bien représentatifs de la région et avec des stratégies très différentes : - Le premier possède un élevage de 70 truies en hors-sol et il achète la totalité des aliments chez un grossiste. - Le second, implanté dans la Beauce, a 305 truies. Il n’est autonome qu’à 30 % pour l’alimentation grâce à sa SAU de 47 hectares (un tiers de maïs, un tiers de blé, un tiers d’orge). Il doit acheter des compléments riches en protéines à l’extérieur : tourteaux de soja, tourteaux de colza et minéraux. - Le troisième, implanté dans la Champagne berrichonne, possède 200 truies. Il est quasiment autonome pour l’alimentation de ses animaux. Pour eux, il produit sur son exploitation 30 hectares de colza (transformés sous forme de tourteaux fermiers), 35 hectares de pois, 110 hectares de blé et 20 hectares d’orge. Il doit cependant acheter un peu compléments à l’extérieur afin d’avoir des rations bien équilibrées. 33 Autonomie en élevage de ruminants Les cultures de légumineuses fourragères (luzerne, trèfle, lupin, vesce, fenugrec, lotier, mélilot, minette, sainfoin), en pure ou en associations, sont très souvent destinées à l’alimentation des élevages de ruminants. Le pâturage et la distribution en foin sont les modes d’alimentation les plus courants aujourd’hui pour les légumineuses fourragères. Un technicien élevage à la Chambre d’agriculture du Loir-et-Cher, m’a expliqué que des aléas climatiques forts peuvent être des événements déclencheurs en faveur des légumineuses fourragères. Lors de la canicule de 2003 par exemple, les dégâts sur maïs ont été considérables alors qu’ils ont été bien moindres sur des cultures de légumineuses comme la luzerne. Les prairies à base de légumineuses sont beaucoup plus résistantes à la sécheresse que les prairies de graminées ou les cultures de maïs. La sécurisation des stocks fourragers est un élément clé dans les exploitations d’élevage, et dans ce cadre, les prairies riches en légumineuses ont largement leurs places. Un éleveur en bovins lait dans la Touraine cultive depuis plusieurs années de la luzerne et du trèfle violet en cultures pures. Ces plantes sont implantées pour 3 ans et elles rentrent dans des logiques de rotations longues. Les premières coupes sont enrubannées et les suivantes sont transformées en foin. Avec comme autres cultures dans son assolement des céréales, du maïs et du lupin, l’agriculteur a une stratégie qui consiste à sécuriser l’alimentation des bovins sur toute l’année. L’évolution de cette exploitation se poursuit aujourd’hui avec une conversion en bio, gage de qualité pour le consommateur. En région Centre, l’OIER8 des Bordes, un centre de recherche et d’expérimentation réalise de nombreux travaux sur les systèmes prairiaux et l’alimentation des bovins allaitants. Des essais sur différents mélanges multiespèces (3 à 8 plantes en mélange) sont réalisés actuellement. Ce type de mélange intègre systématiquement une ou plusieurs légumineuses afin d’avoir des fourrages productifs et de qualité (protéines). 5.1.3. Déshydratation de la luzerne En système de grande culture, la déshydratation est un débouché intéressant pour la luzerne, mais une des conditions majeures est d’être à proximité d’une usine. En région Centre, il n’y a aujourd’hui qu’une usine de ce type (SIDESUP). Seuls des cultivateurs d’Eure-et-Loir et du Loiret ont la possibilité de faire de la luzerne pour la déshydratation. En 2008, environ 90 adhérents de la SIDESUP en ont cultivé sur 860 hectares, dont 7 en bio sur 140 hectares. Parmi les 3 agriculteurs adhérents à la SIDESUP que j’ai rencontré, tous ont mis en avant les qualités agronomiques exceptionnelles de la luzerne dans un assolement beauceron : « La luzerne implantée sur 3 ans nettoie la parcelle », « La luzerne a besoin de très peu de traitements ». Malheureusement, en conventionnel, la rentabilité économique de cette culture est limite. La production de la luzerne déshydratée bio permet en revanche une bonne marge pour l’agriculteur. Ce marché de la luzerne bio, bien que de petite taille aujourd’hui, est en fort développement. 8 Organisme Inter Etablissement Réseau Chambre Agriculture 34 5.2. Freins au développement des légumineuses en région Centre 5.2.1. Freins économiques Les agriculteurs des zones de grande culture ont systématiquement considérés que le manque de rentabilité sur les cultures de légumineuses était le frein numéro un, bien devant des problèmes d’ordre techniques. Les agriculteurs préfèrent le plus souvent d’autres têtes de rotation comme le colza, le tournesol, le maïs ou la betterave qui ont des marges plus intéressantes. Pois Luzerne non irriguée* Colza Maïs grain 4,2 9,5 3,3 9,4 160** 45 274** 123** 670 430 900 1160 55 0 0 0 0 0 45 0 - charges opérationnelles (€/ha) 250*** 130 350*** 400*** = Marge brute (€/ha) 570 300 595 760 Rendement moyen Centre 2004-08 (t/ha), source AGRESTE (sauf luzerne) x contexte de prix au 07/07/09 (€/t) = Produit (€/ha) + aide protéagineux (€/ha) + aide aux cultures énergétiques (€/ha) * chiffres SIDESUP (coopérative de déshydratation dans le Loiret) pour 2009 en luzerne non irriguée ** source : La France Agricole (prix départ Eure-Eure-et-Loir pour le pois ; prix départ Châteauroux pour le colza ; prix départ Beauce pour le maïs grain) *** charges opérationnelles moyennes des agricultures enquêtés Tableau 2 : Calculs de marges brutes moyennes pour certaines têtes de rotation en région Centre en conventionnel pour l’année 2009 Le tableau 2 permet de situer la marge du pois et de la luzerne par rapport à deux autres têtes de rotation, le colza et le maïs grain qui sont deux cultures très présentes en région Centre (326500 ha pour le colza, 112500 ha pour le maïs grain en 2007, source Agreste). Régulièrement, les agriculteurs résonnent culture par culture pour les marges, alors qu’ils ont tout intérêt à raisonner sur la rotation culturale. Des travaux sont menés par l’UNIP afin de montrer l’intérêt d’un raisonnement économique qui se base sur une approche système (cf. figure 17). 35 Figure 17 Evolution des marges brutes par rotation (moyennes Eure-et-Loir + Aisne + Aube), source UNIP La rotation en rouge s’étale sur cinq ans et est la seule parmi les quatre à intégrer un pois (Pois-Blé-Colza-Blé-Orge). En terme de marge moyenne sur l’ensemble de la rotation, elle est voisine de la rotation Colza-Blé-Orge, très classique en système de grande culture. 5.2.2. Freins techniques Les freins techniques qui vont être développés dans ce chapitre ont souvent été hiérarchisés comme secondaires, en comparaison avec le frein économique qui lui a été prépondérant dans les discours des agriculteurs enquêtés. Il faut néanmoins travailler ces freins techniques car dans bien des situations, ils peuvent être éliminés par diverses alternatives auxquelles les agriculteurs ne pensent pas forcément. Problématique Aphanomyces L’Aphanomyces est un des freins techniques le plus important à ce jour. Lorsqu’une parcelle est contaminée par ce champignon, la culture du pois est inenvisageable puisque des pertes de 20 à 50 quintaux/ha sont à prévoir. La situation est particulièrement préoccupante en Eure-et-Loir puisque, selon Arvalis, 70 % des parcelles sont aujourd’hui atteintes. Cela est principalement dû à des temps de retour du pois trop courts (2 – 3 ans), régulièrement pratiqués entre les années 80 et 2000. Sur une parcelle contaminée, il faut compter 10 à 20 ans de non culture de pois pour que le champignon 36 disparaisse. Malgré tous ces points négatifs, une note d’optimisme apparaît aujourd’hui puisque des travaux de sélection devraient permettre la mise en marché d’ici 4 à 5 ans de variétés de pois résistantes à Aphanomyces. Manque de jours disponibles pour réaliser les semis Selon un technicien de la Chambre d’agriculture de l’Indre-et-Loire, il arrive régulièrement qu’il y ait des difficultés pour les semis, la part d’aléatoire étant très forte. En région Centre, il peut arriver qu’il y ait trop peu de jours disponibles pour réaliser cette étape, notamment pour les variétés de type hiver. Dans tous les cas, il faut que les sols soient bien ressuyés. Manque de produits phytosanitaires homologués La protection phytosanitaire est très problématique sur le lupin et dans une moindre mesure sur la féverole. Pour le lupin, il y a un fort manque de produits homologués en désherbants. Pour la féverole, les solutions de désherbage en post-levée sur dicotylédones ne sont pas assez sélectives de cette culture. Difficultés de récolte du pois Au cours du travail d’enquête, les difficultés de récolte du pois ont régulièrement été citées comme étant un autre frein important. Lorsque les grains sont trop proches du sol, les moissonneuses ramassent beaucoup de terre et de pierres. Cela pose des problèmes d’usure du matériel et les récoltes doivent alors être nettoyées. Pour lever ces problèmes, les agriculteurs ont deux solutions aujourd’hui. Ils peuvent choisir des variétés de pois récentes qui ont de bonnes tenues de tige. La deuxième option est de se tourner vers la culture de la féverole qui présente l’avantage d’avoir un port naturellement plus élevé que le pois avec des graines assez hautes. Régression des potentiels de rendement Les potentiels de rendements des protéagineux régressent depuis 2000 environ avec des rendements très irréguliers d’une année à l’autre dans une même exploitation. Les causes de ces phénomènes ne sont connues qu’en partie : - proportion de pois croissante dans des zones à moindre potentielle par rapport à des zones à fort potentiels, - stress climatiques notamment en fin de cycle (effet changement climatique ?), - temps de retour trop courts, - problématique Aphanomyces (notamment dans les zones à fort potentiels : Beauce, etc). 37 Evolution des rendements des principaux protéagineux en région Centre (données Agreste) 60 rendements (q/ha) 50 40 féverole pois 30 lupin Moy. mobile sur 5 ans (pois) Moy. mobile sur 5 ans (féverole) 20 Moy. mobile sur 5 ans (lupin) 10 0 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 Figure 18: Evolution des rendements des principaux protéagineux en région Centre (source : Agreste) 38 5.2.3. Freins au changement La profession agricole a été pendant longtemps sur un modèle très utilisateur d’intrants. Conscients de cette réalité, un certain nombre d’agriculteurs ont repensé en profondeur leur système de production pour le rendre plus durable. Mais pour la majorité des exploitants, le frein au changement est souvent trop lourd à surmonter. Le changement est trop souvent synonyme d’insécurité et d’incertitudes, à tord. Pour un technicien de la Chambre d’agriculture de l’Indre-et-Loire, le frein évoqué est très souvent d’ordre économique mais le frein réel est d’ordre psychologique. Les intérêts agronomiques des légumineuses sont souvent sous-estimés à l’échelle de la rotation culturale par quasiment toute la profession agricole. C’est là encore un frein de taille. Comment bien promouvoir une culture si on ne montre pas l’ensemble de ses atouts ? 5.2.4. Manque de structuration des débouchés Les organismes stockeurs sont parfois réticents à collecter des protéagineux faute de volumes suffisants. La féverole par exemple, bien qu’elle puisse être une très bonne alternative au pois dans certaines situations (parcelles contaminées par Aphanomyces), n’est quasiment pas cultivée en région Centre faute de volume suffisant. En 2007, seuls 2000 ha de féverole ont été cultivés dans la région. Avec le plan de soutien sur les protéagineux issu du bilan de santé de la PAC, le courant va changer. Pour la campagne 2009-2010, les derniers échos de la part d’ARVALIS et des coopératives font états de surfaces en forte hausse. Les organismes stockeurs devront donc se prendre en main afin d’assurer d’une part la collecte des protéagineux, pois et féverole, sur l’ensemble des territoires de la région et, d’autre part, ils devront faire en sorte d’avoir des débouchés durables. Pour cela, de nouvelles formes de contractualisation sont nécessaires entre les organismes stockeurs et les industries de transformation. Les éleveurs que j’ai rencontrés ont souvent expliqués que le manque de débouchés locaux était un frein particulièrement important. Guillaume Bretin, éleveur de chèvres dans l’Indre, m’a par exemple dit que si une usine de déshydratation de luzerne s’implantait dans sa zone, de nombreux agriculteurs ajouteraient une culture de luzerne dans leur assolement. 39 6. Un contexte favorable 6.1. Des innovations variétales récentes Bien que les surfaces des cultures légumineuses soient à la baisse, de nombreuses innovations variétales récentes sont apparues ces dernières années. En ce qui concerne la seule culture du pois, 68 variétés ont été inscrites au Catalogue officiel entre 2000 et 2008. Pour cette espèce, des améliorations génétiques ont été obtenues sur la résistance à la verse. Autre nouveauté, des variétés de type hiver sont apparues sur pois, mais aussi sur féverole. En région Centre, elles sont souvent bien adaptées et présentent régulièrement des potentiels de rendement supérieurs aux variétés de printemps. En ce qui concerne la luzerne, 18 variétés ont été inscrites au Catalogue officiel entre 2000 et 2008. Les innovations génétiques sur cette culture portent essentiellement sur des améliorations de potentiels de rendement et des améliorations du taux de protéines. 6.2. Le bilan de santé de la PAC Le bilan de santé de la PAC qui a été acté le 1er août 2009 à Bruxelles va permettre un ajustement des aides communautaires jusqu’en 2013. En ce qui concerne les protéagineux (pois, féverole et lupin), l’aide spécifique de 55,57 €/ha pour ces cultures est maintenu jusqu’en 2011. En plus de cela s’ajoute une aide complémentaire pour 2010, 2011 et 2012 pour les protéagineux avec les montants indicatifs suivants : - 150 €/ha en 2010 pour une surface cible de 267 000 ha - 125 €/ha en 2011 pour une surface cible de 320 000 ha - 100 e/ha en 2012 pour une surface cible de 400 000 ha Deux mesures vont permettre de façon indirecte de soutenir la production de protéagineux. Pour 2010, une mesure « diversité des assolements » sera mise en place. Elle sera ouverte aux agriculteurs qui consacrent au moins 70 % de leur surface agricole utile aux grandes cultures (COP, lin et chanvre) et qui implantent au moins 4 cultures différentes, dont une culture d’oléagineux ou de protéagineux. Le montant de l’aide est fixé à 25 € par hectare de la sole cultivée. La seconde mesure indirecte est la MAE rotationnelle. Elle s’adressera aux agriculteurs des zones intermédiaires, c’est-à-dire des départements dont le rendement de référence est inférieur à 60 quintaux par hectare. Et seuls seront éligibles les agriculteurs consacrant plus de 60 % des surfaces de leur exploitation aux grandes cultures. Le montant de l’aide sera de 32 € par hectare engagé sur une période de 5 ans, à condition que l’agriculteur respecte des contraintes d’assolement et de rotation. En ce qui concerne les systèmes prairiaux, l’objectif affiché est de maintenir les surfaces. Au niveau national, l’herbe qui représente 45% de la surface agricole nationale est un enjeu de taille pour la pérennité de nombreux élevages. Le rééquilibrage des aides issu du bilan de santé va permettre la création d’un DPU « herbe », dont les montants indicatifs sont dans le tableau ci-dessous : 40 Figure 19 : Montants indicatifs des DPU "herbes" (source : MAP) 6.3. Environnement du projet : le développement production de tourteaux de colza de la La culture du colza s’est fortement développée en France depuis le début des années 1990 grâce à l’apparition du marché des biocarburants. La production de tourteaux de cette culture a logiquement augmenté. Elle est passée de 440 000 tonnes en 1996 à 1,30 million de tonnes en 2007 selon les données des Huileries de France. La totalité de ces tourteaux est aujourd’hui utilisée pour l’alimentation animale, le plus souvent par des fabricants d’aliments du bétail, et plus rarement directement à la ferme. Ce dernier débouché représentait environ 150 agriculteurs en région Centre en 2007 et une quarantaine d’unités de trituration selon Alter’énergies, l’association qui anime le réseau huiles végétales pures en région Centre. Avec 1 million de tonnes de colza récoltés en 2008, la région Centre représente à elle seule 20 % de la production française de cette culture. Cependant, il n’y a pas d’usine industrielle de trituration sur le territoire et donc la grande majorité des graines sont exportées vers des régions voisines. Le développement des huiles végétales pures est une opportunité pour les agriculteurs qui souhaitent renforcer l’autonomie de leur exploitation. En plus de produire un biocarburant directement utilisable sur la ferme, les tourteaux vont permettre d’apporter une source protéique intéressante aux animaux d’élevage. L’institut de l’élevage à réalisé des essais concluant que les tourteaux de colza peuvent être incorporés dans les rations pour herbivores, pour porcins et pour volailles. Dans le cas de l’utilisation de tourteaux gras, c’est-à-dire issus d’une pression à froid des graines, le taux de matière grasse est plus élevé par rapport à un tourteau industriel. Afin de l’utiliser pour l’alimentation animale, il convient au préalable d’analyser sa composition. En région Centre des références ont été élaborées par Alter’énergies pour connaître la valeur alimentaire de ces tourteaux. Le Conseil régional du Centre soutient financièrement un programme d’actions piloté par Alter’énergies portant sur le développement des huiles végétales pures. Un état des lieux, des recherches et des expérimentations sont réalisés sur les axes suivants : - les itinéraires culturaux économes en colza et en tournesol, - l’optimisation du process de production (pressage, filtration, stockage), - la valorisation des tourteaux en alimentation animale, - les conditions de l’utilisation de l’huile dans les moteurs. Ce programme a pour objectif de renforcer l’autonomie des exploitations grâce aux huiles végétales pures et aux tourteaux gras qui y sont associés. En ce qui 41 concerne les rations pour les herbivores, les tourteaux de colza peuvent remplacer facilement le tourteau de soja. Pour les rations des porcs, le tourteau de colza est intéressant mais il ne se suffit pas à lui-même. Il est nécessaire d’apporter une seconde source protéique comme du pois ou de la féverole afin d’apporter tous les acides aminés nécessaires à ces animaux. 7. Pistes retenues pour développer légumineuses en région Centre les cultures Afin d’être complémentaire avec les mesures nationales qui sont favorables aux cultures légumineuses, la Région Centre et ses partenaires ont travaillé conjointement afin d’aller plus loin. Des pistes ont été trouvées pour réhabiliter ces cultures et à plus long terme les pérenniser dans les systèmes de production de la région. 7.1. Structuration territoriale de filières agricoles A travers ses politiques, la Région Centre souligne l’importance d’un développement cohérent et pérenne des filières agricoles. Dans ce cadre, elle accompagne des projets dans des filières correctement organisées, grâce à des dispositifs appelés CAP Filières. Ils concernent essentiellement les filières d’élevage : viandes blanches (porcins, volailles, lapins), bovins viandes, bovins lait, caprins, ovins, etc. Ces dispositifs comportent tous un volet sur l’alimentation animale : aides à l’investissement pour des matériels de fabrication d’aliments à la ferme, le stockage d’aliments à la ferme, etc. Dans l’avenir, il serait donc tout à fait judicieux de s’appuyer sur ces CAP afin de développer la production et les utilisations de légumineuses à l’échelle de la région. Des rapprochements entre éleveurs et céréaliers de la région seraient intéressants. Cela pourrait se faire notamment par le développement de contrats de matières premières agricoles (pois, féverole, effluents d’élevage, etc). Par exemple, les éleveurs de porcs recherchent très souvent un maximum d’autonomie pour l’alimentation de leurs animaux. En région Centre, ils pratiquent régulièrement l’autoconsommation et/ou le commerce local de matières premières agricoles. 42 Piste d’action chiffrée : Création d’une brochure à destination des agriculteurs : « Contractualiser des protéagineux ou des légumineuses fourragères entre céréaliers et éleveurs de la région Centre. Intérêts, conseils et démarches possibles » Ce qu’il doit y avoir dans cette brochure : mon diagnostic régional synthétisé intérêts de la contractualisation entre agriculteurs de la région: o utilisation de légumineuses locales, et tracées (augmentation de la qualité) o sécurisation sur les prix (lissage possible lors de contractualisations sur plusieurs années) o soutien de la production de légumineuses locales lien internet vers le site de la Région (avec le diagnostic complet) lien internet vers un forum de petites annonces à créer (voir plus bas) Création d’un contrat type entre producteurs et utilisateurs de légumineuses Objectifs : Développer les contrats locaux de légumineuses Faciliter les échanges entre éleveurs et cultivateurs de la région Budget : brochure : 8 jours à 350 €/j + impression en 3000 exemplaires et diffusion (1000 €) = 5800 € création d’un contrat type et animation par le réseau Impact : 20 jours à 350 €/j = 7000 € Financeurs : Région + éventuellement FEADER (mesure 111-B) Une condition importante pour le développement local des légumineuses est d’avoir des débouchés présents. Pour cela, il est nécessaire d’avoir des volumes de production minimum à l’échelle d’un bassin de production. Afin d’assurer une augmentation de la diversité des productions végétales dans les assolements d’un territoire, il est indispensable d’avoir un renforcement de l’organisation au niveau des débouchés. Un travail spécifique avec les organismes stockeurs sera à réaliser dans les prochains mois sur les points suivants : - la collecte du pois et de la féverole à la vue du plan de relance protéagineux, - le développement de passerelles avec les élevages de la région Centre : création de filières régionales voire interrégionales, développement de la traçabilité des produits9 (s’inspirer de la démarche d’étiquetage de la filière Loué par exemple : « Nourri sans utilisation d’OGM », fabrication d’aliments à partir de matières premières de la région pour les élevages de la région, - le développement de nouveaux modes de contractualisation avec des engagements de prix et de quantités entre producteurs et organismes stockeurs et entre industriels et organismes stockeurs. 9 93 % des Français estiment qu’il est anormal que les producteurs qui donnent de la nourriture contenant des OGM à leurs animaux n’aient aucune obligation de le mentionner sur les produits (selon l’étude d’Efficience 3 présentée lors sur Salon de l’Agriculture en 2009) 43 7.2. Appui technique Les légumineuses doivent regagner l’intérêt des agriculteurs, des techniciens, des organismes stockeurs, des semenciers et d’une façon plus générale de toute la profession agricole. Cela passe par une sensibilisation accrue de ces personnes avec de la formation, des diffusions de résultats. Un bon levier en matière d’appui technique réside selon certaines personnes enquêtées par des communications au champ. Les axes de communication suivants doivent particulièrement être développés : approches systèmes de production, économies de désherbants, économies d’azote, efficience de l’utilisation de l’eau en système irrigué. Aujourd’hui en région Centre, certaines expérimentations intégrant des légumineuses existent mais elles manquent souvent de visibilité. Par exemple, il existe déjà en région des essais rotations longue durée conduits par les Chambres d’agriculture. Il y en a notamment 2 dans le Loiret, quelques autres dans l’Indre. Par ailleurs, certains groupes d’agriculteurs font également des essais de leur côté (CETA, CIVAM). Ce type de démarche exemplaire serait très intéressant à utiliser dans le cadre de démonstrations à la parcelle pour faire évoluer les pratiques en agriculture. Lors du travail d’enquêtes, l’étude des marges rotationnelles a été citée par certaines personnes comme étant indispensable (cf. figure 17). Avec cette approche, l’introduction de légumineuses dans une succession de cultures montre son intérêt sur le plan économique, surtout des contextes de prix de l’énergie élevés. La production de références à partir de marges rotationnelles est donc tout à fait utile pour donner des arguments économiques en faveur des légumineuses. L’UNIP réalise des travaux actuellement sur ce sujet grâce à des données de centres de gestion. Des résultats plus précis et plus récents que ceux présentés en figure 17 vont sortir très prochainement. Le choix d’une culture et d’une variété doit être réalisé suivant la spécificité du système de production. Par exemple, dans un sol caillouteux du Gâtinais, la culture de la féverole est plus intéressante que la culture du pois car les graines de la féverole sont plus hautes que celles du pois, et donc on évite ainsi d’abîmer la moissonneuse-batteuse. 44 Piste d’action chiffrée : journées de formation à destination des agriculteurs Pour les agriculteurs en grandes cultures : 24 formations d’une journée sur la région Centre (4 formations par département) Nombre minimum de participants : 20 par journée de formation Chaque journée de formation devra comprendre une partie théorique et une partie visite d’exploitation. La partie théorique devra : souligner les avantages des cultures légumineuses à l’échelle des rotations culturales. o Sur le plan agronomique et environnemental (réduction de l’utilisation des engrais azotés, effets précédents, allongement des rotations et donc baisse de la pression en adventices) o Sur le plan économique. Des éléments chiffrés devront apparaître (par exemple les marges rotationnelles calculées par l’UNIP) être adaptée à chacun des secteurs géographiques (conseils adaptés pour le choix des variétés en fonction des caractéristiques pédoclimatiques de la zone, etc) Dans chaque département, les exploitations qui seront visitées devront être exemplaires sur le point de la durabilité. Elles devront comporter des légumineuses dans leur assolement. Budget : 1 journée d’animation à 550 € x 24 formations = 13 200 € Financeurs : Région + éventuellement FEADER (mesure 111-B) Pour les éleveurs de porcs : 3 formations d’une journée dans la région (environ une formation pour 2 départements) Nombre minimum de participants : 10 par journée de formation Chaque journée de formation devra comprendre une partie théorique et une partie visite d’exploitation. La partie théorique devra avoir un volet sur les productions végétales et un volet sur l’utilisation en alimentation porcine : Pour la partie sur les productions végétales, les avantages des cultures légumineuses seront bien mis en évidence à l’échelle des rotations culturales : o Sur le plan agronomique et environnemental (réduction de l’utilisation des engrais azotés, effets précédents, allongement des rotations et donc baisse de la pression en adventices) o Sur le plan économique. Des éléments chiffrés devront apparaître (par exemple les marges rotationnelles calculées par le CER de l’Eure et Loir) Pour la partie sur l’alimentation animale : o les derniers chiffres de l’IFIP concernant les taux d’incorporation du pois et de la féverole devront apparaître o l’intérêt d’associer des matières premières locales (tourteaux de colza, protéagineux, céréales) devra être mis en avant. Les intérêts en matière de traçabilité et donc de renforcement de la qualité seront exposés. Les exploitations porcines qui seront visitées devront être exemplaires. Elles devront produire des légumineuses pour l’alimentation de leurs animaux. Budget : 1 journée d’animation à 550 € x 3 formations = 1650 € Financeurs : Région + éventuellement FEADER (mesure 111-B) Remarque : Pour les élevages d’herbivores, il existe déjà des actions d’appui technique programmées dans les CAP Filières (Carrefour caprins, Tech-Ovin, journées techniques à la ferme des Bordes). La poursuite d’un appui technique concernant les légumineuses pour les herbivores doit se faire dans ce cadre. 45 8. Conclusion Cette thématique très transversale des légumineuses est particulièrement complexe à appréhender. Elle implique de nombreux acteurs du monde agricole qui sont plus ou moins directement concernés, et qui ont des intérêts souvent très différents. Néanmoins, lors de mon travail sur le sujet, j’ai constaté que les deux principaux enjeux sous-jacents aux cultures légumineuses étaient acceptés par toutes les personnes que j’ai pu rencontrer, ce qui est tout à fait encourageant pour la suite ! A titre de rappel, ces enjeux sont les suivants : le renforcement de l’autonomie protéique des élevages, et le développement durable des systèmes de production dans la région Centre. Le travail que j’ai mené a permis d’apporter une première expertise sur la place des légumineuses en région Centre. Mon analyse qui a été présenté aux partenaires concernés par le sujet a pu être affinée de façon concertée, et dans les mois qui viennent, le travail que j’ai initié va se poursuivre avec certains acteurs régionaux pour élaborer des actions concrètes à partir des pistes qui ont été identifiée. 46 Références bibliographique ALIBERT L. Une alimentation protéique autonome : faisabilité technique et économique. IFIP, Présentation PowerPoint BILLON A., NEYROUMANDE E., DESHAYES C., Janvier 2009. Pour une alimentation en Europe moins dépendante du soja d’importation – cas de la France –. WWF, ENESAD, 49 p. CARROUEE B., 31-05-07. Les bénéfices environnementaux des protéagineux dans les rotations de grandes cultures. UNIP, présentation PowerPoint. CARROUEE B. et al, 2003. Les protéagineux : intérêt dans les systèmes fourragers français et européens. Fourrages, (174), 163-182. Confédération Paysanne, 2002. Un plan protéines pour l’Europe. 26 p. Coop de France déshydratation, 2008. 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Principaux partenaires de la Direction de l’agriculture du Conseil régional du Centre - Liste des personnes enquêtées - Guide d’entretien pour les agriculteurs - Evolution des surfaces en pois en région Centre - Evolution des surfaces des principales cultures légumineuses (sauf pois) dans la région Centre - Surfaces cumulées en colza et en tournesol en France entre 1989 et 2010 - Surfaces de colza et de tournesol en région Centre entre 1989 et 2007 - Production mondiale de protéagineux - Place des protéagineux dans les cultures arables - Bilan des matières riches en protéine dans l’Union Européenne - Elevages porcins, bovins, caprins et ovins en région Centre - La filière légumineuse en région Centre - Composition des graines des principaux protéagineux - Histoire des légumineuses dans les assolements depuis la période galloromaine jusqu’à nos jours 51 Principaux partenaires de la Direction de l’agriculture du Conseil régional du Centre Organismes de développement agricole Chambre régionale d’agriculture du Centre Chambres départementales d’agriculture de la région Centre Fédération régionale des CIVAM Organisations territoriales Exécutif du Conseil régional (président et viceprésidents) Autres directions (aménagement du territoire, environnement, tourisme, industrie, recherche, artisanat, lycées, énergie, budget, etc) Direction de l’agriculture du Conseil régional du Centre Stations d’expérimentation INRA Collectivités territoriales en région Centre et à l’extérieur (Régions françaises coordonnées au sein de l’ARF, Régions étrangères partenaires, Départements) Pays, Agglomérations et Parcs naturels régionaux ARDEAR Centre Recherche / expérimentation Etat (CPER 2007-2013) Energie en agriculture Fédération régionale des CUMA Organisations de producteurs et interprofessions (politiques de filières agricoles) Alter énergie ADEME Centre COVALOR (promotion des produits agroalimentaires de la région Centre) Centréco (Agence de développement économique en région Centre) En gras : partenaires les plus importants 52 Liste des personnes enquêtées NOM Prénom Organisme / profession Commune Dpt AILLIOT BEAUVALLET BELIERES BELLUT BOURREAU BOUTTET BRETIN BRULE CARROUEE CHARPENTIER Bernard Gérard Jean-Marie Janick Jean-Marie Delphine Guillaume Eric Benoit Hubert Chambre d'agriculture de l'Eure-et-Loir Agriculteur SIDESUP CIVAM de Valençay / agriculteur FRCIVAM Centre Arvalis - Institut du végétal Agriculteur Agriculteur UNIP Agriculteur 28 45 45 36 36 91 36 28 75 36 CHEVALIER COSTOMIRIS DECHENE DUBOIS DURAND Bruno Delphine Bruno Gaëtan André FERET GAIMON GERMAIN GOUSSAULT HOCHEDEL LEJARS LEROY MENOUVRIER MERY PREVERAL RENARD RONCE TASSIN TOUSSAINT VOITURIN Marine Alain Jean Christian Olivier Laurent Didier Corinne Hubert Hélène Denis Damien Benoit Pierre Thierry Chambre d'agriculture de l'Indre-et-Loire CIVAM de Valençay Agriculteur UNIP Chambre d'agriculture du Loir-et-Cher GD CIVAM Indre / Chambre d'agriculture de l'Indre Agriculteur Agriculteur Chambre d'agriculture du Loir-et-Cher FDGEDA du Cher Chambre d'agriculture du Loiiret Chambre d'agriculture du Loir-et-Cher Chambre d'agriculture du Loiiret CIVAM de Valençay ARIPORC (Association porcine régionale) Agriculteur GEETA de Pithiviers Chambre régionale d'agriculture du Centre Agralys Agriculteur Chartres Manchecourt Engenville Villentrois Maron Boigneville Sembleçay Illiers-Combray Paris Brives Chambray-lesTours Valençay Betz-le-Château Paris Blois Châteauroux Fléré-la-Rivière Ladon Oucques Saint Doulchard Orléans Blois Orléans Valençay Blois Outarville Pithiviers-le-Vieil Orléans Châteaudun Aulnay-la-Rivière 36 36 45 41 18 45 41 45 36 41 45 45 45 28 45 53 37 36 37 75 41 Guide d’entretiens pour les agriculteurs Objectifs du travail d’enquête : diagnostiquer les pratiques actuelles et anciennes des agriculteurs en matière de légumineuses (pois, féverole, lupin, luzerne, trèfle,…) ; évaluer les conditions de développement de ces cultures. - Nom de l’agriculteur : - Petit pays agricole : 1. Les productions : voir tableaux 2. L’appareil de production : voir tableaux 3. Quelles sont les raisons qui font que vous cultivez/utilisez (ou que vous avez cultivé/utilisé) ou non des légumineuses ? Ces raisons peuvent être d’ordre agronomiques, économiques, des questions d’autonomie, de qualité, de connaissances et de références,… 4. Après ce premier diagnostic sur votre système, je voudrais recueillir votre opinion plus générale sur la manière dont les légumineuses ont évolué 5. Pois a. dans la région ? b. en France ? Année 1993 2005 2008 Surface en France 740 000 ha 320 000 ha 100 000 ha Quelle est votre analyse sur la baisse des surfaces en pois en France ? Luzerne Année 1970 2006 Surface en France 960 000 ha 300 000 ha Quelle est votre analyse sur la baisse des surfaces en luzerne en France ? 6. A partir de cette première vision de ce qui est ou a été, je voudrais discuter avec vous des conditions de l’extension dans votre système des cultures légumineuses. 7. D’une manière plus générale, je voudrais comprendre les freins au développement des légumineuses de votre point de vue dans la région. 54 Evolution des surfaces en pois en région Centre (source Agreste) 120000 Surfaces (ha) 100000 80000 60000 40000 20000 0 1985 1990 1995 2000 2005 2010 Surfaces (ha) Evolution des surfaces des principales cultures légumineuses (sauf pois) dans la région Centre 24000 22000 20000 18000 16000 14000 12000 10000 8000 6000 4000 2000 0 1985 1990 Luzerne (prairie artificielle) 1995 2000 Trèfle violet (prairie artificielle) 2005 Féveroles (et fèves) 2010 Lupin doux Source : AGRESTE 55 Surfaces cumulées en colza et en tournesol en France entre 1989 et 2010 (putatif) Données Agreste + projection CETIOM pour 2010 (objectif français de 7% de biocarburants) 3000000 hectares 2500000 2000000 1500000 1000000 500000 0 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 Surfaces de colza et de tournesol en région Centre entre 1989 et 2007 (données Agreste) 350000 Hectares 300000 250000 200000 Colza 150000 Tournesol 100000 50000 0 1985 1990 1995 2000 2005 2010 56 Production mondiale de protéagineux (soja inclus) 57 Place des protéagineux dans les cultures arables - Comparaison entre l’Union européenne et quelques grands pays agricoles - 58 Bilan des matières riches en protéines dans l’Union européenne Source : Association européenne Association Européenne de recherche sur les Protéagineux 59 Elevages porcins en région Centre Elevages bovins en région Centre 60 Elevages caprins en région Centre Elevages ovins en région Centre 61 La filière légumineuses en région Centre 62 Composition des graines des principaux protéagineux (source : Arvalis - UNIP) Graine du pois Graine de féverole matière grasse 2% matière grasse 2% minéraux 4% autres fibres et sucres solubles 12% minéraux 3% autres fibres et sucres solubles 14% cellulose 6% amidon 51% protéines 24% cellulose 9% amidon 44% protéines 29% Graine de lupin blanc amidon 1% matière grasse 10% minéraux 4% protéines 40% autres fibres et sucres solubles 31% cellulose 14% 63 Histoire des légumineuses dans les assolements depuis la période gallo-romaine jusqu’à nos jours Les légumineuses ont été très souvent présentes dans les rotations culturales au cours des siècles passés. A l’époque gallo-romaine, l’agriculture remplissait bien son rôle de production alimentaire pour les populations. Les agronomes latins tels que Caton l’ancien, Varron et surtout Columelle, souvent désigné comme « le prince des agronomes latins », ont grandement contribué à une agriculture à la fois intensive et respectueuse de la nature. Dans les ouvrages qu’ils ont écrits10, les mérites des rotations biennales céréale/légumineuse étaient bien mis en avant. La productivité était au rendez-vous. Après la chute de l’empire romain, tous les secteurs de l’économie se sont fortement dégradés11. Cela semble être dû en grande partie au contexte politique de l’époque. A la fin du Vème siècle, le labeur gallo romain est quasiment réduit à néant, les techniques des agronomes latins sont perdues et les nouveaux colons repartent d’un niveau très bas. Peu de documents écrits concernant l’agriculture du haut Moyen Age nous sont parvenus. Ce n’est qu’à partir de l’an mil que les techniques agricoles sont inventoriées en France. Le Clergé a joué un rôle considérable à cette œuvre. Grâce à ce travail, on apprend que la technique des assolements triennaux est apparue en France au cours du IXème siècle. Cette pratique a été couramment utilisée jusqu’au XIXème siècle dans le nord de la France. Elle consistait en la rotation suivante : blés d'hiver (bons blés ou hivernois) en première sole, blés de printemps (gros blés ou trémois) qui sont des céréales secondaires ou des légumineuses comme les lentilles, pois, fèves en deuxième sole puis une jachère. Cette technique était très souvent associée à de l’élevage : le bétail pouvait paître les chaumes des récoltes ainsi que les plantes présentes lors de la jachère. Le sol profitait en retour de la matière organique apportée par les déjections des animaux. L’assolement triennal, basé sur l’agronomie et respectant la nature, a permis de nourrir la population pendant des siècles. A partir du XIXème siècle, la modernisation de l’agriculture s’est traduite par un développement important de la mécanisation et par l’utilisation de produits chimiques (engrais et produits phytosanitaires). Ce processus s’est vérifié tout au long du XXème siècle. Au sortir de la seconde guerre mondiale, l’enjeu premier de l’agriculture était la productivité. Sous la pression du puissant lobby de l’industrie chimique, l’intensification s’est faite au détriment de l’environnement : pollution des nappes phréatiques et des cours d’eau, pollution et érosion des sols, etc. Dans une logique de spécialisation, un grand nombre d’exploitations agricoles ont peu à peu délaissé les connaissances et les techniques se basant sur l’agronomie ; les légumineuses ont été délaissés à cause de la mondialisation principalement : les importations de soja se font au détriment de la production locale de matières riches en protéines. Depuis quelques années, la tendance est à un retour davantage d’écologie en 10 Libri de re rustica, 1533 (recueil des œuvres des agronomes romains) Source : « Pages d’histoire » de l’agriculture et de son ministère http://agriculture.gouv.fr/histoire/2_histoire/index_histoire_agriculture.htm 11 64 agriculture. Les démarches d’agriculture raisonnée et même biologique qui se multiplient le prouvent. La réhabilitation des cultures légumineuses est dans cette logique totalement nécessaire afin d’avoir des systèmes agricoles à la fois écologiques et intensifs. 65 66 Summary In the context of sustainable development, agriculture production systems in Centre region have to improve significantly their environmental performances, and in the same time they have to look for an economic efficiency at the farm scale, and a coherence at the territorial scale. For plant production, a reduction of the inputs and a bigger diversity in crops are necessary. In an other hand, breeders are very dependent of material rich in protein importations, because their is not enough local production. The territorial rehabilitation of legumes – pea, alfafa, faba bean, clover, etc – could be a major advantage for the regional agriculture. In this document, I explain the situation concerning legumes at different spatial scales. I present a large focus on the production sector and on the uses. Specificities of Centre region are taken into account with an approach of the different agriculture production systems of the region : breeding systems, crop systems. The objective of my work was to analyse legumes in Center region and to begin a regional dynamic for the rehabilitation of these crops. To achieve that, I did an investigation. I interviewed different people: farmers, development organisms, productors organisations, cooperatives. The aim of this work was to have a precise analyse on legumes and on the development process associated with that. In the actual context linked to the CAP health check, protein crops and grass productions will be significantly supported in the futur, at least until 2013. Actions hypothesis elaborated by the Regional Council of Centre and their partners have the ambition to develop legumes in the agricultural systems of the region on the short term and on the long term. On a first hand, a section concerning legumes could be integrated in the plan of the Region which support breeding, the “CAP Filières”. On an other hand, it could be interesting to favour technical support for farmer. These supports will must have production systems approaches to demonstrate the usefulness of legumes. 67 Résumé Dans une optique de développement durable, les systèmes de production agricole de la région Centre doivent significativement améliorer leurs performances environnementales tout en cherchant une efficience économique à l’échelle de l’exploitation et une cohérence à l’échelle du territoire. Au niveau des productions végétales, cela passe par une limitation du recours aux intrants et par une plus grande diversité des assolements. De leur côté, les éleveurs sont très dépendants des importations de matières riches en protéines, faute d’offre locale suffisante. La réhabilitation territoriale des légumineuses − pois, luzerne, féverole, trèfle, etc − représenterait donc un atout majeur pour l’agriculture régionale. Dans ce mémoire de fin d’étude, je présente la situation concernant les légumineuses à différentes échelles spatiales. Je brosse notamment un large panorama sur le secteur de la production et sur les utilisations. Les spécificités de la région Centre sont prises en compte avec une approche des différents systèmes agricoles de la région : systèmes d’élevages, systèmes de polyculture-élevage, systèmes de grande culture. L’objectif de mon travail a été d’analyser la filière légumineuse en région Centre et d’inciter à une dynamique régionale pour la réhabilitation de ces cultures. Pour cela, j’ai effectué un travail d’enquêtes de terrain auprès de différents acteurs : agriculteurs, organismes de développement, organisations de producteurs et organismes stockeurs. Le but de ce travail a été d’avoir une analyse la plus précise possible sur les légumineuses et sur les logiques de développement qui s’y rattachent. Avec le contexte actuel lié au bilan de santé de la PAC, les protéagineux et les productions herbagères vont être significativement soutenus dans le futur, au moins jusqu’en 2013. Les pistes d’actions élaborées par le Conseil régional du Centre et ses partenaires ont l’ambition de développer la présence de ces cultures dans les systèmes de la région sur le court terme et le long terme. D’une part, il faudrait intégrer un volet sur les légumineuses dans les dispositifs de la Région qui soutiennent les filières d’élevage, les CAP Filières. D’autre part, il serait intéressant de favoriser des démarches d’appui technique à destinations des agriculteurs. Ces actions devront avoir des approches systèmes de production afin de démontrer l’utilité des légumineuses. 68