La dyspraxie - janvier 2010

Transcription

La dyspraxie - janvier 2010
DEFINITION
«Troubles de l’anticipation, de la régulation, de l’ajustement et de l’organisation de l’action intentionnelle et finalisée, qui se traduisent par une anomalie de la
réalisation gestuelle.» Docteur V. Leroy-Malherbe.
DESCRIPTION
Ces troubles de l’acquisition de l’automatisation des gestes volontaires retentissent significativement sur l’adaptation de l’enfant dans sa vie quotidienne et scolaire.
Il peut avoir des difficultés pour l’habillage, les jeux de construction, legos, puzzles, dessins, pour l’écriture, la lecture, la géométrie, la pose des opérations…
«C’est un enfant anormalement «maladroit» qui ne peut organiser les gestes que pourtant il conçoit bien et dont toutes les réalisations motrices ou graphiques sont
médiocres, informes, brouillonnes.» Docteur M. Mazeau.
PROCEDURE
Etape 1 : Les enseignants repèrent en utilisant leurs outils d’observation et d’évaluation collective de la classe.
repérage
(Exemple : évaluations nationales ou internes à la classe…)
L’analyse des évaluations doit être faite en équipe : enseignants de l’école, du Réseau d’aides spécialisées, du Réseau de Réussite Scolaire…
Etape 2 : Les enseignants mettent en place une différenciation pédagogique en classe et/ou avec le RASED.
Etape 3 : Si celle-ci ne suffit pas, le médecin de l’Éducation nationale et le psychologue scolaire dépistent individuellement à l’aide d’outils
dépistage
étalonnés et normalisés.
Etape 4 : Après la synthèse de ce dépistage, si on suspecte un trouble pour l’élève, il sera orienté par le médecin de l’Éducation nationale,
pour finalisation du diagnostic, vers des structures (centres de référence) et / ou des professionnels extérieurs.
diagnostic
Etape 5 : Si un diagnostic est posé, ces professionnels définissent les besoins et les soins de l’enfant.
Etape 6 : Les prises en charge et leur articulation comprennent :
adaptation
•
la rééducation et la guidance parentale pour le soin (ergothérapie, psychomotricité, orthophonie, suivi psychologique extérieur…) ;
•
l’adaptation pédagogique en lien avec les professionnels de l’école et les structures de soins, la famille.
Ces adaptations seront définies dans un projet qui peut prendre la forme d’un Projet d’Accueil Individualisé (P.A.I.) ou d’un Projet Personnalisé de
Scolarisation (P.P.S.) notamment. Les parents peuvent saisir, s’ils le souhaitent, la Maison Départementale des Personnes Handicapées (M.D.P.H.).
L’accompagnement de la famille et sa collaboration sont indispensables à toutes les étapes. L’explicitation du projet doit permettre l’adhésion de l’élève et
encourager ses progrès.
ADAPTATIONS
Les élèves n’ont pas besoin en général de l’ensemble des adaptations mentionnées ci-après. Il s’agira, en réunion d’équipe éducative ou d’équipe de
suivi de la scolarisation, de sélectionner les aides pertinentes pour chacun.
Les élèves n’ont pas besoin des mêmes aides tout au long de leur parcours. Certaines apparaîtront en fonction de la complexification des
apprentissages ou seront abandonnées lorsqu’elles n’apporteront plus de plus-value pour l’enfant. Il est nécessaire que l’enseignant soit dans une
posture d’écoute de l’élève, qui devient rapidement capable de dire ce qui l’aide réellement et ce dont il n’a plus besoin.
Les adaptations, proposées et retenues par l’ensemble des partenaires du parcours scolaire de l’élève, figureront dans le projet.
A RETENIR
•
•
•
•
L’efficience intellectuelle de l’enfant, ses capacités d’apprentissage sont préservées.
L’enfant dyspraxique n’est pas paresseux. Il ne s’agit pas d’une immaturité affective, ni d’une insuffisance des stimulations ou d’entraînement mais d’une
atteinte neurologique fonctionnelle ou structurelle.
Des aides et adaptations pédagogiques en liaison avec les partenaires extérieurs devront accompagner tout le parcours de formation de l’élève.
Le redoublement scolaire ne se justifie pas systématiquement. Il est important que l’élève évolue avec ses pairs.
LIENS
http://www.bienlire.education.fr/
http://www.apedys.org/
http://www.coridys.asso.fr/
http://www.inshea.fr/
http://www.federation-fla.asso.fr/
http://www.dyspraxie.info/dyspraxies.htm
Page 1 : définition et procédure
Pages 2 à 4 : pistes pédagogiques
OUTILS INFORMATIQUES PAYANTS ou GRATUITS
OPEN OFFICE ou WORD : utilisation du mode formulaires
PICTOP : manipulation d’étiquettes
DRAGON NATURALLY SPEAKING : synthèse vocale
TGT : Trousse Géo Tracé
CABRI – GEOGEBRA – ACCESSMATH – DECLIC - GEOPLAN
PUZI : puzzles pour enfants handicapés moteurs
Logiciels de dessin à télécharger… PAINT, PHOTOPHILTRE…
Groupe départemental de travail Elèves à besoins éducatifs particuliers
Commission Troubles spécifiques des apprentissages
DANS MA CLASSE
Toutes les activités nécessitent une prise d’informations complexes
Les incontournables
Je cible les apprentissages essentiels. Je libère l’élève des contraintes techniques. Je valorise l’effort fourni et les performances réussies. J’accepte la lenteur des
enfants dyspraxiques.
L’élève dyspraxique est fatigable d’un point
de vue cognitif et moteur et il a :
une discrimination visuelle défaillante ;
une exploration peu efficace du champ
visuel ;
une poursuite oculaire discontinue ;
une coordination motrice inadaptée.
Il lui est difficile :
de coordonner les gestes visuel et
manuel ;
de se repérer dans l’espace ;
de s’orienter dans les tableaux à
double entrée ;
de situer les uns par rapport aux autres
les éléments d’un schéma ;
de construire une image ;
de réaliser des puzzles et construire
des figures géométriques ;
de trouver une information dans un
texte (ce qui peut provoquer une
absence de réponse qui n’est pas due
à l’incompréhension) ;
de tenir compte simultanément des
différents éléments composant une
tâche.
Installer correctement et confortablement l'élève.
Je place l’élève par rapport au tableau en fonction de l'étendue de son champ visuel.
Je favorise l'appui des avant-bras en adaptant la hauteur et la forme de la table (évidée par exemple au niveau de la poitrine).
Je m’assure que les pieds de l'élève reposent sur le sol ou sur un repose-pieds.
Adapter la présentation de la tâche.
Je privilégie une présentation simple, aérée, structurée, régulière et prévisible.
J’aménage l’espace graphique : forme, taille et matière du support.
J’évite la multiplication et l'éparpillement des informations sur le support.
Je dispose un seul exercice par feuille.
J’évite les exercices où il s'agit de relier.
Aider à la prise d'indices visuels.
Je m'assure que le texte propose un bon contraste visuel (qualité des photocopies).
Dans les tableaux : je contraste les différentes lignes et je matérialise la colonne à l'aide d'un cache.
Dans les textes : je surligne une ligne sur deux.
Dans les cartes, les frises chronologiques, les schémas : j’agrandis, je surligne, j’aère, je contraste et j’étaye verbalement.
L’oralisation des consignes, l’explicitation par l’enseignant et la verbalisation par l’élève améliorent la prise d’informations et facilitent les réalisations.
Développer la phase de clarté cognitive.
J’expose clairement les objectifs.
Je reformule les consignes.
J’utilise un vocabulaire précis et concret.
Verbaliser des stratégies et favoriser la métacognition.
Je sollicite la mémoire auditive.
Je verbalise les stratégies, je suggère des procédures et je guide l'élève dans ses choix.
Je lis les questions avant le texte pour orienter l'attention.
Je guide l’élève dans sa réflexion pour qu'il comprenne ses mécanismes de réussite et d'erreur.
Aider matériellement.
Je propose différents espaces de travail : sol, table, plan incliné, support vertical, sur lesquels je peux fixer la feuille (anti-dérapant, aimant, pâte adhésive…).
Je prévois de placer éventuellement des points de repères en couleurs, bien discernables, voire en relief, pour mieux percevoir l’espace du support avec la main
ou l’outil scripteur.
ÉVALUATION
Je donne du temps supplémentaire.
Je privilégie le recours à l’oral, au raisonnement, au formel.
Je laisse les référents à disposition.
Je réduis la quantité à produire.
J’utilise les adaptations comme lors des apprentissages.
Adaptation des outils scripteurs
Il lui est difficile :
d’écrire en cursive (il préfère écrire en
majuscules d’imprimerie) ;
de reproduire le modèle graphique ;
de dessiner (dessins pauvres souvent
qualifiés d’immatures) ;
de programmer et planifier des
mouvements notamment en motricité
fine.
Maîtrise de la langue
LECTURE
Il a :
une poursuite oculaire discontinue ;
une exploration peu efficace du champ
visuel.
Il lui est difficile :
de trouver une information dans un
texte (d’où une éventuelle absence de
réponse qui n’est pas due à
l’incompréhension) ;
de mémoriser les digraphes : oi, ou,
on, au… ;
de mémoriser et lire les sons
complexes ;
de déchiffrer ;
de différencier les lettres proches dans
leurs formes (h/n/r) ou dans leur
orientation ( p/q - d/b).
ECRITURE
Il lui est difficile :
d’appréhender l’espace ;
de planifier logiquement des actions ;
de mémoriser tous les éléments ou les
prendre en compte simultanément.
J’adapte le support d'écriture.
Je tiens compte des choix de l'élève qui sait comment compenser ses troubles pour la position de la feuille sur la table.
Je choisis une feuille blanche unie sur laquelle je trace un lignage simple ou double adapté à la taille d'écriture de chaque élève.
Je propose des lignes de couleur pour situer le haut et le bas des lettres.
Je repère la gauche et la droite, le début et la fin de la ligne par des points ou des traits de couleur.
Je fournis une ardoise effaçable...
J’adapte l'outil scripteur.
Je propose différents outils en fonction de chaque élève : crayon à papier, feutre ou stylo en fonction de la pression exercée, crayon à facettes (section triangulaire)
pour une meilleure préhension.
Je mets à disposition l’ordinateur.
J’adapte les outils d’expression artistique aux difficultés spécifiques des élèves : allongement du manche de pinceau, rouleaux, tampons, adaptation du calibre
(feutre), flacons-réservoirs à peinture ou flacons d’encre en roller.
Je limite la copie et j’aménage les exercices de copie.
J’évite la copie d’un modèle inscrit au tableau (passage du plan vertical au plan horizontal).
J’écris le modèle sur la feuille pour que l’élève le reproduise en dessous.
J’écris le modèle en script pour une meilleure distinction des lettres et je l’épelle en même temps.
Je décris verbalement la trajectoire de la lettre.
Je travaille en lien avec l'ergothérapeute.
Je laisse à disposition le bracelet lesté (type haltère avec fixation velcro) pour modérer les mouvements parasites.
LECTURE
J’adapte le texte à lire.
Je donne des repères pour favoriser une lecture continue.
J’augmente l'espace entre les mots, la taille des interlignes, la taille des caractères.
J'adapte la police de caractères en fonction des indications de l’ergothérapeute et/ou de l’orthoptiste.
Je surligne une ligne sur deux d'une couleur différente.
Je segmente le texte en entourant les mots ou en les séparant par des barres obliques.
Je focalise le regard sur la ligne à lire avec le doigt, avec une feuille de couleur, un cache de lecture.
Je pointe chaque début et fin de ligne (exemple : un point vert en début de ligne, un point rouge en fin de ligne).
Je m'appuie sur la verbalisation.
Je décris la forme des lettres pour favoriser l'élaboration d'images mentales personnalisées.
J'utilise un logiciel permettant le retour vocal (cf. encadré).
J'utilise les procédures analytiques sans faire l'impasse sur le sens de ce qui est lu.
Je renforce et je maintiens le désir de lire.
Je pratique la lecture offerte par le maître, je favorise la lecture à plusieurs voix, la lecture de textes déjà lus par l'enseignant.
J'utilise des textes courts.
J'utilise des moyens audio-visuels ou multimédia.
AIDES
avec support individuel
ECRITURE
- lexique
Je favorise l'utilisation de documents référents.
- liste de connecteurs
J’aide l’élève à relire sa production.
logiques et temporels
Pour la dictée, je propose une dictée à trous élaborée, par exemple, dans WORD (formulaire bloqué).
- mots invariables
Les trous peuvent être des mots ou seulement quelques lettres…
- règles d’accord…
Je n’évalue qu’un critère, par exemple les accords dans le groupe nominal.
Pour la production d’écrits, j’utilise la dictée à l’adulte et des logiciels « parlants ».
J’apporte des éléments visuels, matériels ou verbaux (images, marionnettes, tarot des contes …).
Je propose des scenarii (séries d’actions stéréotypées : téléphoner, préparer le café…).
Je mets à disposition des techniques ou démarches d’auteurs (mots-valises, découpage/assemblage pour créer des mots nouveaux…).
Je donne des contraintes (mot particulier à utiliser…).
J’affiche une trame visuelle du schéma narratif.
Mathématiques
CONSTRUCTION DU NOMBRE
Il lui est difficile de gérer des coordinations complexes :
parcourir des yeux, unité par unité, les éléments de la
collection ;
pointer du doigt chaque objet une fois et une seule sans en
oublier ;
dérouler oralement la comptine des mots nombres qui
correspondent au rang de l’objet pointé ;
dénombrer répondre à la question : « Combien y en a-til ? » le cardinal de la collection est le dernier mot nombre
prononcé ;
appréhender globalement des quantités ;
retenir les mots nombres, lire et écrire ces mots à l’aide des
nombres.
TECHNIQUES OPERATOIRES
Il lui est difficile de poser les opérations en colonnes :
problème d’alignement des chiffres ;
mauvaise distinction entre la droite et la gauche ;
mise en page délicate à réaliser à l’ordinateur.
Les élèves dyspraxiques sont
fatigables et lents car leurs gestes
ne sont pas automatisés.
Ils ont souvent un excellent niveau
verbal.
Ils ont du mal à se repérer dans
l’environnement : ils situent avec
difficulté les objets par rapport à
eux et les objets entre eux.
Ils sont souvent déprimés par le fait
de ne pas réussir à réaliser ce qu’ils
conçoivent.
EPS
GEOMETRIE
Il lui est difficile :
de tracer-mesurer ;
de situer les objets les uns par rapport aux autres ;
de s’orienter :
⇒ pour percevoir ou tracer des obliques,
⇒ pour relier deux points,
⇒ pour lire un tableau, un graphe, un schéma, une courbe.
CONSTRUCTION DU NOMBRE
J’utilise des collections d’objets déplaçables.
J’organise la collection en ligne avec un intervalle suffisamment grand pour éviter de pointer deux fois le même objet.
Je propose des stratégies.
Je suggère d’accélérer ou de ralentir de débit de comptine orale.
Je fais nommer le mot nombre en y associant un frappé sur la table.
Je m’appuie sur les compétences « d’un expert ».
Je demande à un élève d’énoncer la comptine pendant que l’élève déplace les objets.
Je montre les objets pendant que l’élève compte.
J’utilise des supports favorisant la mémorisation.
Je fournis toujours les référents sur support écrit : bande numérique, tableaux de correspondance entre les mots et les nombres.
Je favorise l’utilisation des référents individuels ou collectifs.
Je continue à fournir des repères spatiaux comme les points de couleur (cf. Adapter le texte à lire).
TECHNIQUES OPERATOIRES
Je libère des contraintes d’organisation spatiale.
J’évite les dispositions en colonne.
Je fournis un tableau de numération.
Je favorise la verbalisation des principes de l’opération et de son fonctionnement.
Je favorise des procédures :
•
calcul mental ;
•
travail sur les ordres de grandeur ;
•
utilisation de la calculatrice.
c
+
+
d
2
2
u
8
4
5
3
0
9
3
8
2
ESPACE ET GEOMETRIE / GRANDEURS ET MESURES
Je mets à disposition des outils adaptés : règle avec un ergot central pour mieux la saisir, règle en métal plus lourde pour éviter le glissement,
fixation d'une bande anti-adhésive sous la règle (toile émeri ou antidérapant vendu dans les magasins spécialisés, ou bande de velcro).
Pour les productions géométriques, je favorise le recours à l'informatique à l'aide de logiciels.
Toutes les pratiques sportives sont possibles, mais elles doivent être adaptées.
Avant tout, les dyspraxiques sont des enfants animés d’un même élan que les autres: ils ont envie de jouer, de s’exprimer, de se mesurer, de se dépasser…
Je diminue les temps de jeu.
Je réduis le nombre de variables :
•
pour construire une chorégraphie, un enchaînement d’acrosport, de gymnastique ;
•
pour un jeu collectif, réduire le nombre de joueurs, prendre des projectiles non rebondissants mais roulants au sol, simplifier les règles en gardant le sens du
jeu ;
•
pour l’orientation : passer de la 3D à la 2D, utiliser des codages écrits.
J’évite absolument les doubles tâches : par exemple, jongler sur la poutre, marcher en rythme…
Je donne des repères visuels très lisibles : plots de couleurs / terrain, foulards pour repérer les joueurs.
Je fais réaliser le geste virtuellement avant de le faire effectuer physiquement, en athlétisme par exemple.
J’aide les élèves à se positionner même dans un espace simple et connu.
Je cible les apprentissages essentiels et aide à l’équipement pour éviter d’épuiser les élèves avant l’activité : mettre une chasuble pour un sport collectif, attacher les
foulards, les rollers…
Je les amène à la réussite, les encourage en créant des barèmes adaptés et surtout en ne comparant pas leurs performances à celles des autres.