Pour Lacoste, des raquettes en bois made in Savoie

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Pour Lacoste, des raquettes en bois made in Savoie
28 | LUNDI 4 MAI 2015 | LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ
PORTRAIT
ÉCONOMIE | L’artisan albertvillois Alain Zanco met son savoir­faire au service de la marque au crocodile
Cinéma : que la Force
de Star Wars soit avec vous
Alors que le premier épisode de la nouvelle
trilogie, « Le Réveil de la Force », est prévu pour
le 18 décembre prochain, aujourd’hui a lieu le
« Star Wars Day », jour de célébration de
l’épopée spatiale initiée par George Lucas. Une
date tient à un jeu de mots, qui ne se comprend
qu’en VO : le 4 mai, en anglais, se dit « May, the
fourth ». Ce qui se prononce et s’entend comme
« May the Force ». « Que la force soit avec toi »
en VF, soit la phrase culte de la saga. Photo DR
Pour Lacoste, des raquettes
en bois made in Savoie
BIO EXPRESS
Alain Zanco nait à Voiron,
en Isère, il y a 58 ans.
Comme son père travaille
chez Rossignol, il profite
des ateliers pour y préparer
ses skis de compétition.
Meurtre de Saïda en 1996 : le suspect
renvoyé devant les assises de l’Isère
À 15 ans, il rêve d’être pilote
d’avion. Mais après un BTS
de fabrication mécanique, il
doit se résoudre à entrer
dans la vie active.
Le juge d’instruction grenoblois en charge des
dossiers sur les meurtres de Sarah Syad en 1991 et
Saïda Berch en 1996 a rendu la semaine dernière
une ordonnance de mise en accusation dans le
cadre de ce dernier dossier. L’homme de 39 ans
mis en examen et écroué en juillet 2013 après la
découverte de son ADN devrait donc être jugé
pour meurtre sur mineur de quinze ans par la cour
d’assises de l’Isère, probablement l’an prochain.
L’ordonnance dans le cadre de l’autre dossier n’a
pas encore été rendue.
Il obtient son premier
emploi chez Pomagalski à
la cellule prototypes de
1980 à 1983.
HyperCacher : Coulibaly armé
par l’extrême droite ?
Il par ensuite faire carrière
chez Rossignol de 1983 à
2006. Après le changement
de propriétaire du groupe, il
choisit de se lancer seul.
L’ancien mercenaire en Angola, Congo et Croatie,
Claude Hermant, par ailleurs ex­membre du
service d’ordre du Front national, a été mis en
examen en janvier pour trafic d’armes présumé.
Selon le journal La Voix du Nord, son réseau
ménerait tout droit à Amedy Coulibaly, l’auteur de
la tuerie de l’Hyper Cacher du 9 janvier dernier.
Il reprend ses études et
passe, au rythme de deux
jours par mois, un master
en ingénierie de projet.
Vendée : la mère des enfants morts
hospitalisée en psychiatrie
La femme de 34 ans découverte samedi après­midi
dans une rivière en Vendée où ses deux enfants
sont morts a été hospitalisée en psychiatrie
samedi soir. Une autopsie du corps des deux
enfants, une fillette de quatre ans et un garçon de
six ans, va être réalisée afin de déterminer l’origine
du décès.
Haute­Garonne : jeté dans le canal
et sauvé par un joggeur médecin
Un marginal de 41 ans, fortement alcoolisé, a été
jeté dans le canal à Toulouse samedi soir par deux
hommes et n’a dû la vie qu’à un médecin qui faisait
son jogging dans les parages. L’homme était en
train de se noyer dans le canal de Brienne, une
branche du canal du Midi lorsque le médecin est
descendu dans l’eau peu profonde à cet endroit et
l’a sauvé.
Lot : un homme meurt
en luttant contre un incendie
Les pompiers du Lot ont découvert le corps d’un
homme de 55 ans, décédé en luttant contre
l’incendie de l’habitation située au­dessus de son
bar­restaurant à Luzech (Lot) dans la nuit de
samedi à dimanche. La thèse accidentelle est
privilégiée.
Renseignement : les députés votent
Les députés devraient approuver demain le projet
de loi sur le renseignement, défendu par le
gouvernement au nom de la lutte contre le
terrorisme, en dépit d’oppositions de tous bords
contre un « texte liberticide ». Fait inédit sous la
Ve République, François Hollande a annoncé qu’il
saisirait le Conseil Constitutionnel au terme de la
discussion parlementaire – le texte doit passer au
Sénat fin mai – pour apporter la « garantie » que
ce texte est « bien conforme » à la loi
fondamentale.
Vallaud­Belkacem pas candidate aux
régionales en Rhône­Alpes­Auvergne
La ministre de l’Éducation Najat Vallaud­Belkacem
a exclu hier sur France 3 d’être tête de liste en
Rhône­Alpes­Auvergne aux élections régionales de
décembre. Logiquement, c’est donc le président
sortant de Rhône­Alpes, le socialiste Jean­Jack
Queyranne, qui brigue un troisième mandat, qui
devrait prendre la tête de liste.
Chrétiens d’Orient : premier
pèlerinage à Lourdes
L’archevêque de Lourdes a appelé hier la France à
« ouvrir plus grand ses portes » aux chrétiens
irakiens ou syriens chassés par les djihadistes de
l’État islamique, à l’ouverture du premier
pèlerinage des chrétiens d’Orient à Lourdes.
USA : le couvre­feu levé à Baltimore
La maire de Baltimore a levé hier le couvre­feu
instauré mardi dernier après de violentes
manifestations contre les brutalités policières
ayant suivi la mort d’un jeune Noir. « Ma priorité
était d’assurer la sécurité, la paix, la santé et le
bien­être des habitants de Baltimore », a justifié
Stephanie Rawlings­Blake.
En 2006, il crée AZ en Isère
avant de s’installer à
Albertville en 2011.
« Avec cette raquette, le toucher de balle n’est perturbé par aucun élément extérieur », atteste cet expert en mécanique du sport. Photo Le DL/ Sylvain MUSCIO
PAR LAURENCE VEUILLEN
La marque au crocodile a choisi un
créateur albertvillois, Alain Zanco,
pour imaginer sa nouvelle raquette
vintage. Un savant mariage de bois et
de matériaux composites qui puise
dans le savoir-faire de cet expert en
ski sur-mesure.
C
e qui plaît à Alain Zanco, c’est...
« le mouton à cinq pattes » ! Ce
qui le fait cogiter. À l’image de
ces raquettes d’exception marquées
d’un crocodile vert... Elles viennent
juste de naître dans l’atelier AZ, au
cœur d’Albertville, au terme de qua­
tre années de recherche et de tests.
Mais comment la marque Lacoste
a­t­elle eu l’idée de venir chercher,
dans la cité olympique, cette toute
petite entreprise pour créer sa ra­
quette vintage ? Un modèle fabriqué
à 650 exemplaires numérotés. Des
petits bijoux où se marient bois et
graphite, entre tradition et innova­
tion, et pour qui une campagne de
communication internationale de
haut vol a été concoctée.
Les plus folles histoires naissent
souvent d’une rencontre toute sim­
ple. Cette fois, c’était lors d’un ren­
dez­vous d’affaires à Annecy chez
un ami d’Alain Zanco... Dans le bu­
reau, les représentants de la marque
au crocodile se laissent surprendre
par une paire de skis AZ. Des plan­
ches haute couture. « Ils ont dit : on
veut la même chose dans une ra­
quette, raconte Alain Zanco. Pour
me tester, ils m’ont demandé de faire
une réplique de la raquette avec la­
quelle René Lacoste a gagné la cou­
pe Davis en 1927. Puis, ils m’ont
commandé une raquette contempo­
raine. Moi je n’ai rien garanti. Ce
n’était pas trop mon truc, le tennis. »
« J’étais un électron libre »
Mais ça l’a fait « phosphorer ». Et il
aime ça, Alain Zanco. Lui le petit
Isérois, titulaire d’un BTS en fabrica­
tion mécanique, qui a débuté chez
Pomagalski dans la cellule prototy­
pes. Et poursuivi sa carrière en sur­
fant sur le développement de l’infor­
matique et l’analyse des performan­
ces des skieurs et de leur matériel.
Chez Rossignol, durant 23 ans, il a
ainsi exploré l’univers du ski et
poussé plus loin ses limites. Jusqu’à
créer, en 1995, une cellule de déve­
loppement avancé : « J’étais un élec­
tron libre. On créait des produits
avant même que le service marke­
ting n’y songe ».
Petit à petit, Alain Zanco ébauche
ce qui va devenir sa marque : « Je
voulais imaginer les skis de demain
en prenant en compte le pilote. Le
ski doit être le prolongement du
skieur...»
En 2006, Zanco s’envole. Quitte
Rossignol. Reprend ses études pour
obtenir un master en ingénierie de
projet. Et crée sa propre société en
Isère, avant de s’installer à Alber­
tville, plus près des stations et des
skieurs... « Mon idée, c’était de faire
un ski de haute qualité, une subtile
alliance entre le matériau naturel, le
bois, et le composite moderne. Trou­
ver l’équilibre qui permet de passer
au­delà de ce que l’on connaît... »
Ses objectifs : légèreté, performance
et confort. Son exigence : l’esthétis­
me.
Les skis AZ sont beaux. De la ver­
sion gold à celle asymétrique. Des
produits de luxe pensés pour une
clientèle de passionnés voulant s’of­
frir un produit d’exception. Chaque
année, l’atelier albertvillois façonne
une soixantaine de paires de ski,
dont deux sur­mesure...
Du sur­mesure pensé pour coller à
la morphologie, la sportivité et au
mental du skieur. Questionnaire
psychologique et multiple tests de
prototypes à l’appui. « Pour un plai­
sir maximal. » Et un budget de 25
000 euros alors que “le ski prêt à
porter” s’affiche à 3 700 euros.
C’est ce savoir­faire qui a inspiré la
marque Lacoste. Et l’a poussé à in­
vestir dans des machines spécifiques
à la LT12, nom de code de ces ra­
quettes “retour vers le futur”. 300
sont déjà commercialisées. Au prix
de 550 euros. À New­York, Dubaï,
Moscou, Megève ou Paris... 350
autres sont en gestation.
« Dans ces raquettes, je n’ai mis
que mon savoir faire, sourit le créa­
teur. C’est l’essentiel. » Son savoir­
faire, du carbone « fabriqué au Ja­
pon juste pour cette raquette » et du
bois choisi, bille après bille, par
Alain Zanco lui­même.
Du noyer, du balsa et du tilleul : des
essences sélectionnées pour les qua­
lités mécaniques déjà valorisées
dans les skis AZ. Le noyer parce qu’il
« gomme les vibrations qui pertur­
bent les sensations du skieur comme
du joueur de tennis. » Le tilleul pour
sa légèreté. Le balsa pour son effet
« accordéon » : « Dans le cadre de la
raquette comme dans les skis, le fil
du bois est debout. Il joue l’auto­sta­
bilisateur avec un effet mémoire... »
Voilà de quels bois sont faits les
LT12 ! Des raquettes testées et ap­
prouvées par quelques grands noms
du tennis : « Forget, Leconte, Kuer­
ten », lance en passant Alain Zanco
en réfléchissant déjà à une future
création. Une nouvelle raquette de
luxe ? « Pourquoi pas... »
Dans sa tanière albertvilloise, l’ex­
pert prépare d’autres coups, discrè­
tement. À la tête de sa petite entre­
prise de quatre salariés, il fourmille
d’idées mais, à 58 ans, il se demande
aussi qui prendra le relais. « Fau­
drait me trouver un clone... »