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NUMÉRO 7 NOS ARTISTES D'ICI ET DE LÀ-BAS HAYARI avril > juillet 2010 ÉVÈNEMENTS L'autre 8 mai 1945 / Fête du 5 juillet ÉDITO -------------------------------------- « J’étais décidé. Je voyais donc loin. Très loin. » Le 8 mai 45 en belles lettres Dans l’Histoire de l’Algérie colonisée depuis plus d’un siècle, le 8 mai 45 fait date parce que ce jour-là tout un peuple est descendu dans la rue française pour dire qu’elle ne l’était plus désormais. En ce jour du 8 mai 45, la colonisation en tant que système qui ne laisse aucune chance au colonisateur de se dédouaner en quoi que ce soit - ni culture du bâti et de la terre, ni médecins et instituteurs qui tiennent dans une quelconque tentative de positiver par leurs bienfaits un méfait fondateur et absolu -, s’est vue brusquement et visiblement mise en faillite par une masse de taiseux en souffrance d’expression et d’existence. Ce jour-là, la foule des « Arabes » vomissait soudain une colère grosse d’un ressentiment accumulé pendant trop longtemps. Dans l’histoire de la colonie française donnée comme modèle, les choses avaient mûri et le temps était venu pour le colonisé d’exiger de ses faux maîtres qu’ils récoltassent dans l’amertume et la violence ce qu’ils avaient semé depuis plus d’un siècle de déshonneur. A la faveur de la manifestation de tout un peuple, la date du 8 mais 45 est venue imposer dans notre Histoire l’inéluctable nécessité de l’indépendance de l’Algérie. L’examen de ce lent processus historique est en principe la chasse gardée des historiens soucieux d’examiner les mécanismes des événements qui s’agencent dans le temps sous la forme globale de causes et d’effets, les grandes causes générant de grands effets. Mais pour autant, dans cette Histoire des hommes, les écrivains ont eux aussi leur mot à dire en nous livrant une représentation concrète et vécue par des personnages de papier et de substitution. Dib, Feraoun, Mammeri, Kateb et tant d’autres étaient dotés d’un excellent pouvoir dire, à même de mettre en livre, page après page, l’ordre NUMÉRO 7 colonial inauguré en 1830 et défait en 1962. Entre des dates majeures comme celles-ci, Kateb Yacine nous demande de retenir la date du 8 mai 45 dans une fiction sérieuse : Nedjma. La date du 8 mai 45 apparaît presque à la fin de Nedjma. « Ouvriers agricoles, ouvriers, commerçants. Soleil. Beaucoup de monde. L’Allemagne a capitulé. Couples. Brasseries bondées... Aujourd’hui, 8 mai, est-ce vraiment la victoire ? L’hymne commence sur des lèvres d’enfants : De nos montagnes s’élève/La voix des hommes libres. » A livre ouvert par Kateb Yacine, le lecteur se trouve dans la rue devenue massivement algérienne le 8 mai 45. Témoin, acteur de l’événement, l’écrivain tranche à vif dans le réel - pas question de tout raconter dans le détail -, pour nous en faire sentir et retenir l’essentiel. Le mouvement de la foule qui gronde d’espoir en ruminant l’amertume passée, l’ordre de sa marche comme si la discipline lui était naturelle. Ne manque pas même l’odeur (celle des animaux qui accompagnent les paysans) à ce spectacle sensationnel qui comble pratiquement tous nos autres sens : le regard et l’oreille, mais aussi le toucher au coude à coude des manifestants, l’astre d’un jour festif réchauffant l’esprit et le cœur. C’est si bon. « Aujourd’hui, 8 mai, est-ce vraiment la victoire ? » Non. Mais les Algériens s’en rapprochent. En ce printemps 1945, y en a marre, la coupe est pleine à ras bord d’injustice et d’humiliation. Et comme Kateb est un bon romancier, il s’arrange pour remplir ses pages de Nedjma de toute la misère ordinaire dans la colonie algérienne, avant d’en arriver au 8 mai 45 qui survient au final comme un aboutissement naturel d’un parcours narratif et historique. Un formidable effet d’une grande cause légitimée par les méfaits commis sur le petit peuple des Algériens « imaginés » par Kateb. Rien de mieux que le senti pour valider le ressentiment dans une fiction sérieuse. Nedjma. Quelques scènes choisies, à garder en mémoire comme dans un livre d’Histoire. Cette Algérienne n’a pas de nom, ça va de soi. Elle est la bonne d’une brute, M. Ricard, qui la serre à la gorge quotidiennement en un rituel d’accusation qui réfère à un air connu qui chante que tous les Arabes sont des voleurs. La servante humiliée ne dit rien n’a d’autre choix que de bien travailler et durement en attendant d’être payée en maltraitance jour après jour. En attendant l’exceptionnel dans le pire : être saoulée de force le soir du mariage de son patron, marmonner quelque parole réprobatrice, impuissante à se protéger de la cravache hargneuse qui lui cingle le visage. Un coup, un autre. Et soudain, un jeune ouvrier, Mourad, surgit pour mettre fin à la fête et à la trop longue humiliation de la servante arabe dans la nuit coloniale. Des coups de couteau et voilà le justicier meurtrier croupissant dans une cellule de Lambèse. Les copains de Mourad, par crainte d’une revanche des colons, désertent la place et se mettent à errer sur les routes en quête d’un endroit où travailler et dormir, fourbus et transis au petit matin, jour après jour. Exister dans le pays qui est le leur ? C’est trop demander. Ces jeunes Algériens pourtant savent lire et écrire. Ils ont fait des études comme Lakhdar qui découvre dans les livres comment un homme peut prétendre à une condition d’hommes debout, en ordre de marche aux côtés de ses frères. Alors, on comprendra que ce jeune Algérien quitte un jour son collège, comme Kateb dans la vraie vie, pour se retrouver dans la manifestation du 8 mai 45 au milieu des paysans et des ouvriers. Un même combat pour tous, malgré les mots qui cognent dans la tête de l’étudiant : « Fallait pas quitter le collège » … « Mais j’ai ressenti la force des idées » … « J’étais décidé. Je voyais donc loin. Très loin. » Arrêté, Lakhdar sera torturé puis jeté en prison comme Mourad. Pour eux comme pour des millions d’Algériens internés dans le camp colonial, il n’y a plus tout autour que les murs et les sentinelles corses descendants des Romains. Infâme répétition de l’Histoire. Alors, oui, fallait quitter le collège et les champs et les chantiers. Oui, fallait descendre dans la rue pour la rendre algérienne un 8 mai 45. Grande cause. Gros effets. Aujourd’hui encore, on parle du 8 mai 45. Tout le monde a son mot à dire, même s’il est subjectif comme celui d’un romancier avantagé par sa posture d’acteur et de témoin de l’événement. L’objectif à atteindre se moque de la hauteur des murs et vise l’horizon de notre Histoire en perpétuel devenir, en attente d’un florilège de dates légitimant nos actions. Aïcha KassouL Écrivaine SOMMAIRE AVRIL MAI JUIN juillet 2010 MUSIQUES DANSE EXPOSITIONS ÉVÈNEMENTS PROGRAMME RENCONTRES PROJECTIONS HOMMAGES D'ICI ET DE LÀ-BAS THÉÂTRE ÉDITION NOUVELLES CULTURELLES 12 ÉVÈNEMENTS L'autre 8 mai 1945 Fête du 5 juillet 04 MUSIQUES Saadeddine EL ANDALOUSSI / Samir TOUMI / Brahim HADJ KACEM / Hamdi BENAMI / Cheb FOUZI / Réda SIKA 07 DANSE Caroline ACHOURI & Sarah AVRIL « Raqsbelia » 08 EXPOSITIONS Boubekeur Hamsi «La terre est mon village » Djilali KADID « La couleur des mots » 21 PROGRAMME avril-mai-juin-juillet 2010 24 RENCONTRES « Aupès des auteurs d'ici et d'ailleurs » Rachid Boudjedra « Les figuiers de Barbarie » Mohamed REBAH « Des chemins et des Hommes » 28 PROJECTIONS Le dernier Safar de Djamel AZIZI Mamya CHENTOUF de Baya ELHACHEMI : « Militante de la première heure » 36 HOMMAGES kalila « Kalila » s’inscrit dans cette volonté de nous ouvrir les uns aux autres, de dépoussiérer les ponts censés nous rapprocher dans un monde souvent intolérant et injuste. Ali ALI-KHODJA « L'alchimiste et l'œuvre philosophale » Taos AMROUCHE « Taos en Provence » 35 ARTISTES D'ICI ET DE LÀ-BAS HAYARI - Sublimer les femmes 35 THÉÂTRE La Compagnie Culturelle du Théâtre de Sétif « Baroud Pacha » 36 LE MONDE DE L'ÉDITION Photographies de couverture Droits Réservés Création graphique ResPublika Impression Euroscanner mars. 2010 Maison d'édition MÉDIA PLUS - Pour la promotion du livre en Algérie 38 NOUVELLES CULTURELLES 39 CONTACTS MUSIQUE / KALILA / 04 MUSIQUES Saadeddine EL ANDALOUSSI, EN HOMMAGE A MUSTAPHA SKANDRANI vendredi 9 AVRIL à 20H30 Très jeune, Saad-Eddine El Andaloussi est tombé dans la musique araboandalouse. A 13 ans il fait sa première apparition publique. Passionné de musique arabo-andalouse, il fait des études en musicologie à la Sorbonne Paris IV. Après un D.E.A, il réalise une thèse sur les formes musicales algéroises. Il donne de nombreuses conférences dans le monde sur ce sujet qui lui tient à cœur. Reconnu pour ses compétences, il devient spécialiste de cette musique dite « savante ». Il réalise le premier CD-ROM interactif et didactique de « musique et chants arabo andalous » à partir d’une Nouba chantée. Saad Eddine enseigne cet art et dirige actuellement l’ensemble El-Andaloussia de Paris à la Cité des arts. Il développe une méthode d’apprentissage pour des choristes de tous horizons culturels. Il a rendu hommage aux plus grandes voix et maîtres de musique arabo-andalouse, entre autres Ahmed SERRI, Abdelghani BELKAID, Sadek El-BEDJAOUI. Il a donné des concerts dans des lieux et espaces prestigieux tels que l’UNESCO, la Grande Cathédrale d’Evry, la Sorbonne, les Centres culturels arabes et à travers toute la France. On ne compte plus le nombre de festivals auxquels il a participé, sans oublier les « Rencontres des conservatoires du Bassin Méditerranéen » à Séville, au Portugal, en Allemagne aux USA. La presse mondiale a salué son talent, la maitrise de son art et sa voie chaude et suave que nous allons savourer au CCA à l’occasion de cette soirée de musique arabo-andalouse. Samir TOUMI samedi 10 AVRIL à 20H30 Né en 1972 à Alger, Samir a déjà un riche parcours dans la musique andalouse et Haouzi. Il fait partie, depuis 1979, de l'association El-Djazairia El-Mossilia où il apprend à jouer de la mandoline et du violon. Ingénieur agronome de formation, Samir a choisi la musique comme domaine de prédilection. Entre 1992 et 1993, il crée sa propre troupe avec des musiciens chevronnés. De festivals en festivals, de manifestations en manifestations, Toumi et sa troupe se font un large public et partagent également des fêtes familiales. Sa musicalité prise sur les bases de musique andalouse prend un tout autre style en y intégrant de la musique populaire maghrébine. Même si Hawzi reste son genre préféré, Samir Toumi interprète tous les genres musicaux du patrimoine algérien et maghrébin. A travers ses nombreux albums, il rend hommage au Hawzi et à l'andalous ainsi qu'au constantinois, à l’Oranais et à l’Algérois. Samir Toumi ambitionne d'apporter au Hawzi la touche qui le fera durer et s'ouvrir à d'autres styles. Sa soirée au CCA va, à coup sûr, nous confirmer cette tendance. Il saura comme à son habitude faire vibrer la salle du Centre culturel algérien où son fidèle public sera comme à l’accoutumé au rendez vous. Hamdi BENANI samedi 22 mai à 20H30 Hamdi BENANI, a plus d‘une cinquantaine d’années de carrière. « L’Ange blanc », comme on le surnomme, n’est plus à présenter. Le prince du MALOUF est tombé dans ce genre musical très jeune, guidé par son père artiste et son oncle musicien et compositeur. Il a fait des débuts qui ont été très prometteurs en participant à de nom- Brahim HADJ KACEM vendredi 28 MAI à 20H30 Brahim HADJ KACEM est né à Tlemcen et c’est dans ce berceau de la musique arabo-andalouse qu'Il a été élevé. A 9 ans, il est déjà élève dans les associations de musique arabo andalouse. Il a commencé dans l’oralité et interprète le répertoire andalous dans la pure tradition et n’a de cesse de se perfectionner. Une formation classique était nécessaire pour le jeune Brahim qui a intégré l’association Gharnata d’abord (de 1984 à 1986). Les études finies, il obtient un diplôme d’ingénieur d’état et se consacre davantage à la musique. Il réalise son premier album en 1993. Brahim commence une carrière de chanteur et se produit au Maghreb et dans les salles les plus prestigieuses de France. Il côtoie ainsi plusieurs figures artistiques dont Nouri Koufi, Fewzi Kalfat, Tewfik Benghabrit, Salah Boukli et Ness Issawa, qui l’ont guidé dans son parcours. Les enregistrements sonores de Cheikhs Rédouane Bensari, Abdelkrim Dali, Sadek Bédjaï 05 / KALILA / MUSIQUE breux et divers festivals, première télévision en 1967 et en 1968 premier enregistrement avec le célèbre Hadj Mohamed FERGANI. Hamdi BENANI a représenté l’Algérie dans le monde entier en Ambassadeur de la musique MALOUF. Il a chanté devant nombreux chefs d’États et a partagé la scène avec de grands artistes arabes et européens. Il n’a de cesse de se produire pour promouvoir ce genre musical. Il a enregistré une vingtaine d’albums qui participent également à la sauvegarde de ce patrimoine culturel. Son nouvel album, qui sort courant avril, est intitulé « Promesses » et à travers lequel ‘’l’Ange blanc’’ promet de combler ses fans. L’album fédère plusieurs cultures dans une ambiance sentimentale et nostalgique. Gageons que le public qui l’apprécie sera au rendez vous lors du concert de samedi et que ce grand séducteur leur fera passer une soirée inoubliable. et l’Association Nassim El Andalous d’Oran, l’on également aidé. En 2004, il s’installe à Paris où il enseigne les mathématiques. Il poursuit, en parallèle, sa passion musicale. En décembre 2006, il participe au premier festival international de la musique andalouse. Et à partir de là, il est présent sur tous les festivals et grands évènements organisés dans des salles prestigieuses comme l’UNESCO, la SORBONNE. Actuellement, il donne des cours de chant au Centre d’animation Dunois de Paris et dirige la chorale NOUBA crée en 2008. Brahim, nous fera partager un doux moment de musique et sa sérénité communicative mêlée à de la générosité, nous transporte et nous émeut. Cheb FOUZI Vendredi 4 JUIN à 20H30 Cheb FOUZI, de son vrai nom Houari BELLAL, a débuté sa carrière d’artiste en 1989 en participant à plusieurs émissions culturelles et associations et en animant des soirées. Cheb FOUZI est de la trempe de Cheb HASNI. Il sera rendu célèbre par plusieurs titres dont « Rani Chad Fi Rabi » ou encore « Cha rahe sari ». Il a vécu à Oran où il a poursuivi sa scolarité. Après l’obtention d’un diplôme d’Ingénieur d’Etat en Génie Mécanique, il se tourne vers la musique et décide de faire de la chanson sa profession. En 1995, il sort son premier album « Sédicave » et participe au festival du raï aux cotés de Cheb El Hindi et Cheba Zahouania. Il n’a de cesse de participer à différents festivals organisés à ALGER, Oran et à réaliser des clips. Actuellement, Cheb FOUZI est à sont 7e album. Une ascension fulgurante va le propulser sur les devants des scènes internationales. Il fait parler de lui en 2009 puisqu’il est découvert par le public français avec le tube « Fils d’émigré » où il est l’invité de « Lim & Zeler », deux stars du rap français. Cheb FOUZI a déjà un long palmarès. Son professionnalisme, sa collaboration avec les plus grands chanteurs du raï feront de lui un espoir de ce genre musical. On n’a pas fini d’entendre parler de lui. La soirée au CCA sera "explosive" et l’ambiance assurée. L. D DANSE / KALILA MUSIQUE / KALILA / 06 / 06 Soirée musicale avec Réda SIKA le vendredi 7 mai, à 20h30. ----- Réda sikA La chanson est un language universel... Kalila : Réda SIKA est connu pour la musique Chaâbi, flamenco et latino. Où classez vous la chanson sortie lors de l’événement Algérie/Egypte ? De son vrai nom BENJMAA, Réda SIKA est auteur compositeur interprète qui évolue dans divers domaines : musique, fabrication de générique, bande sonore. Cet algérois de 35 ans est aussi le collaborateur de différents noms de la scène artistique comme Zakia MOHAMED ou Mohamed LAMINE. Il a fréquenté le conservatoire des beaux arts en 1985 en classe d'andalous Multi-instrumentiste et 1991, il crée son premier groupe de flamenco sous le nom de ‘’Mosaïque’’ après ‘’Moresquo’’. En 1994, il obtient le premier prix de flamenco avec le Gouvernorat du Grand Alger à l’époque. Le même trophée lui a été décerné trois années de suite. Il participe à plusieurs concerts en Algérie et à l’étranger et réalise nombre de tournées en France avec l’ONCI, en Tunisie et au Maroc. ‘’Méditeraneo‘’, est son dernier groupe de 2000 à 2004. De son premier album ‘’si tu savais’’ (2004), au cinquième ‘’aalache ana’’ (2009) en passant par ‘’el denya’’ (2005), ‘’samhouni’’ (2006), "Réda SIKA live" (2008), Réda SIKA a enregistré également plus de vingt duo avec, entre autres, Mohamed LAMINE, "mama mya", Boualme CHAKER, "si tu savais", Chebba SIHEM "el maghbouna", YOUSS "algérienne", Zakia MOHAMED "hbibi wella li"… Il a participé aux premières parties de grands artistes, dont Claude BARZOTI, Cheb KHALED, sans compter d’autres œuvres de compositeurs, paroliers et musiciens de renom. Dépassant le cadre de son style initial, mélange entre le chaabi, latino et flamenco, Réda SIKA a su encourager les algériens ainsi que l’équipe nationale grâce à sa chanson « Baila Baila » sortie pour l’occasion. La soirée du 7 mai nous réserve des surprises entre rythme flamenco et Chaabi, dans une ambiance festive aux couleurs du pays. Réda SIKA : La chanson est et un langage universel et celle du match est sortie du cœur c’étais un peu ce que je voulais envoyer comme message a cause de l’agression égyptienne contre notre équipe algérienne. KALILA : Quels sont vos projets d’avenir ? R. S : Beaucoup de concerts, inchallah, pour pouvoir partager des moments de plaisir avec le public, et l’enregistrement de mon 6eme album. KALILA : Qu’est ce que vous nous réservez pour la soirée du 7 mai au CCA ? R. S : Des chansons de mes albums avec le mélange latino chaabi et des rythmes méditerranéens. Camélia BERKANI www.redasika.tk 07 / KALILA / DANSE DANSE Rencontres dansées autour de l’Inde et du Maghreb Spectacle chorégraphié et interprété par Caroline ACHOURI et Sarah AVRIL, Vendredi 30 avril à 20h30. ----- RAQSBELIA Deux femmes, un dialogue Un aller/retour de l’Inde au Maghreb, en passant par l’Egypte. Une rencontre entre danse orientale traditionnelle et danse indienne kalbelia. Ces deux interprètes jouent avec le style, le mouvement, l’énergie de chaque danse, et entament un dialogue gestuel nourri par leurs personnalités, donnant ainsi corps à une création entremêlée aux saveurs épicées et rythmées. Caroline Achouri Sarah Avril Présente au Moyen-Orient depuis des millénaires, la danse orientale est issue d'une tradition gestuelle et orale transmise par les femmes de génération en génération. Loin de la vision mercantile et pailletée qu'un tourisme forcené n'a cessé d'amplifier, la danse orientale possède son histoire et ses techniques propres. Formée par Leïla Haddad, Caroline Achouri a reçu d'elle une technique implacable, ainsi qu'une intransigeance quant au mode de diffusion de cette danse. Des voyages réguliers dans les pays arabes, lui ont permis de parfaire sa formation artistique avec des chorégraphes tels que Ibrahim Akef, Mahmoud Reda et Diana Mahiou. Pour pouvoir retranscrire cette danse, elle a complété son apprentissage par une étude socioculturelle, linguistique et musicale du monde arabe. Professeure à Toulouse depuis 1997, elle créé la Compagnie Al-Raqs en 1999, qui met en valeur les musiques et les danses traditionnelles orientales, tout en les inscrivant dans un processus de création artistique et scénique. Par ailleurs, dans un esprit de recherche et de création corporelle et artistique, elle est amenée à explorer de nouvelles techniques chorégraphiques dérivées de la danse orientale, telle que la fusion tribale, qu’elle utilise aujourd’hui largement dans ses créations, et qu’elle enseigne dans ses ateliers et cours les plus avancés. www.carolineachouri.com www.myspace.com/carolineachouri Ethnologue de formation, Sarah Avril effectue plusieurs voyages au Rajasthan, où elle est initiée à la danse kalbelia. Elle donne des spectacles et propose des stages en région toulousaine et dans toute la France. Formée également au flamenco, à la danse orientale, à la danse contemporaine et au yoga, elle développe à la fois une pédagogie ludique adaptée à cette pratique et son propre langage gestuel. La danse indienne kalbelia ou danse gitane est une danse populaire du Rajasthan au nord-ouest de l’Inde. Traditionnellement nomades et charmeurs de serpents, les Kalbelias dansent dans leur vie quotidienne. Danse d’improvisation, dynamique, expressive, elle est rythmée par la frappe des pieds, un déhanchement, une gestuelle riche et de longs tournoiements. Elle puise son inspiration à la fois dans les traditions indiennes et dans les chorégraphies de Bollywood. [email protected] www.sarah-avril.org EXPOSITIONS / KALILA / 08 EXPOsitions Boubekeur HAMSI Exposition de peinture, du mercredi 12 mai au vendredi 28 mai. Vernissage et projection du documentaire "une empreinte de la vie" en présence du réalisateur. Débat animé par Nadia AGSOUS 18h30. ----- La terre L'art de Hamsi Boubekeur est le fruit d'une émotion. C'est un sentiment généreux. Un langage qui lui permet d'exorciser sa nostalgie et de communiquer avec sa terre natale, l'Algérie. C'est en tant que chanteur et compositeur qu'il entame sa trajectoire artistique. Sa musique est un mélange harmonieux de mélodies de sa « berbérie » natale et des notes musicales occidentales. Il se dégage de ses chansons un air de liberté, d'espoir et d'amour. Avide d'explorer d'autres champs artistiques, il se lance dans l'écriture de contes et publie plusieurs livres dont « Contes berbères de Kabylie ». Racontés dans un langage agréable, ces histoires nous entraînent dans un univers magique où le bien triomphe sur le mal; où le rêve et la réalité se mêlent et s'entremêlent. Et sa trajectoire artistique poursuit son cours. En 1988, Hamsi BoubekeuR se verse dans la peinture naïve, style pictural figuratif. Il peint sur papier, sur toile et sur d'autres supports, maniant habillement le pinceau, la gouache, l'acrylique, l'encre de chine. Dans son atelier bruxellois, une collection de tableaux. Des assiettes peintes sur céramique à froid. Des miroirs. Des plaques en bois. Des bannières, une série de réalisations récentes en acryliques sur papier spécial. Des calebasses. Et des dessins de mains en couleur et à l'encre de chine qui sont à l'origine de l'opération internationale, « Les Mains de l'Espoir ». Le tout décoré de motifs géométriques inspirés de l'art pictural berbéro-kabyle et des souvenirs de son enfance. Le figuier. L'olivier. Le palmier. Les villages nichés dans les interstices des montagnes. Des hommes. Des femmes. Des foules qui révèlent l'intimité de leur monde. En les peignant, le peintre les immortalise et les universalise. Et voilà qu'ils s'offrent à nous dans la beauté du geste créateur du peintre et de son imaginaire qui nous immerge dans ses rêves inachevés. Doucement. Lentement, l'œil se laisse éblouir par cette peinture figurative du détail, de la minutie, de la spontanéité dominée par une kyrielle de couleurs chaudes et éclatantes où dominent le rouge, le jaune, le vert... Et voilà que le regard est propulsé au cœur du soleil et des symboles de l'Algérie. Son Algérie. Celle qu'il a forgée au fil des jours dans les méandres de son exil créateur. « Lorsque la tristesse me prend et que la nostalgie de ma terre natale est trop dure, je me tourne vers mes pinceaux et mes souvenirs. Ils me rassurent et dessinent mon avenir », confie Hamsi Boubekeur, ce bâtisseur de passerelles, ce passeur de messages porteurs de valeurs universelles. De Bruxelles, le peintre reconstitue les fascinants visages de sa terre natale. Au cœur de son exil, il tait sa nostalgie par un, deux, trois, quatre... coups de pinceaux. Le geste créateur ! Des histoires en devenir... Naissance d'une foule de personnages. Leur rêve ? Graver leur récit sur les deux rives de la méditerranée, ce pont qui lie et relie et qui vient nous rappeler que la vie est un incessant va et vient des humanités et des cultures, démarche qui a fait valoir à notre artiste d'être promu Officier de l'ordre de la couronne en octobre 2009. « Une journée dans le village » (Triptyque formé de 2 éléments de 50 x 70 cm et d'un élément de 50 x 60 cm ) Acrylique sur toile. Nadia AGSOUS Journaliste 09 / KALILA / EXPOSITIONS est mon village Biographie ------------------------------ Boubekeur HAMSI en quelques dates 1952 : Naissance à Bejaïa (Algérie) 1976-1978 : Il travaille au Centre de recherche anthropologique, préhistorique et ethnologique (C.R.A.P.E.) comme assistant ethnomusicologue auprès de Mouloud Mammeri et participe à des missions au cours desquelles il recueille des chants folkloriques des différentes régions d’Algérie. 1979 : Il s'installe à Paris. 1980-81 : Il migre à Bruxelles 1982-89 : Il réalise l'album ‘’Le chant des profondeurs’’, la musique du Documentaire “Kateb Yacine, l’amour et la révolution” et publie des livres de contes dont un 45 T ’’Si tu veux la paix prépare l’enfance” au profit de l'Unicef. 1994 : Il initie le projet ‘’ Les Mains de l’Espoir ‘’ qui prend une ampleur internationale. Son objectif ? Transmettre un message de paix, de non-violence et du respect de la personne humaine à travers le monde 2009 : Il se lance dans la création de bannières. Ces ‘’Paroles tissées’’ se déclinent sous forme de longues bandes de papier ornementées de dessins et de symboles inspirés de l’art pictural berbère. Hamsi metro 1 et 2 « Boubeker Hamsi devant les panneaux restaurés de la station de métro Lemonnier à Bruxelles » (Photo de Steven BOXTEL) Mauresque 53 x 228 cm Acrylique sur papier spécial « Une empreinte de la vie » «Je pense que la vie est là et qu'il ne faut pas être pessimiste. Toute cette vie, toutes ces couleurs, j'ai envie qu'elles sortent de mes œuvres et qu'elles se déversent sur les corps des gens», (citation de HAMSI Boubekeur). En 1998, Hamsi Boubekeur est sollicité pour décorer les murs de la station de métro « Lemonier» située dans le centre ville de Bruxelles. S'inspirant de son projet, «les mains de l'Espoir » qui vise la transmission d'un message de paix à travers le monde, l'artiste peintre, promu Officier de l'Ordre de la Couronne en octobre 2009, réalise une oeuvre sous forme d'une quarantaine de mains qu'il peint sur des panneaux de multiplex marins, coordonnés en trois ensembles de cinq mètres de haut. En 1999, la station, ornementée de ces mains décorées de symboles berbères, est inaugurée en la présence de personnalités belges et algériennes. Au fil des ans, la station Lemonier se dégrade sous l'effet de la pollution et de l'humidité. Sur les murs, des traces d'usure et de vieillissement... Des travaux de réfection s'imposent. Voici venu le temps du remodelage des panneaux en bois plaqué sur du mur cimenté et leur remplacement par un projet qui vise l'intégration des dessins des mains dans le décor de la station rénovée en tenant compte des mobiliers urbains, des panneaux publicitaires, des indications … Ce projet permettra à l'œuvre de HamsI Boubekeur de bénéficier « d'un grand éclat et d'une longue espérance de vie» et ce, grâce à la technique de la sérigraphie sur tôle émaillée. Le travail consistera à scanner les dessins de ces mains, symboles du partage, du don et du contre-don et tracées à l'encre de chine pour réaliser des reproductions de trois mètres de haut. Ainsi, une «trentaine d'œuvres seront combinées, reproduites, agrandies dans seize dimensions différentes». Au total, trois cent panneaux iront recouvrir les murs de la station que le peintre rêve de baptiser «la station du bien-être ». C'est ce processus de transformation que tentent de dévoiler Yves Gervais et Stéphanie Meyer à travers leur documentaire, « Une empreinte de la vie », projeté à Béjaia en août 2009 et sélectionné au Festival CinéRail de Paris en mars 2010. Nadia AGSOUS Evènement organisé en collaboration avec M. Jean-Pol BARAS, délégué des gouvernemants de la Communauté Française de Belgique et de la Région Wallonne. Délégation Générale de Wallonie Bruxelles www.hamsi.be EXPOSITIONS / KALILA / 10 « La couleur des mots » Exposition de peinture du 2 au 25 juin 2010. Vernissage mercredi 2 juin à 18h30. ----- DJILALI KADID KALILA : Djilali Kadid, dans cette exposition vous nous présentez une galerie de portraits de fleurons de la littérature algérienne, et par là même une des facettes de votre talent de peintre, celle de portraitiste. Comment se sont effectués vos choix parmi ce panthéon des grandes figures littéraires algériennes ? Fadhma Aït Mansour Amrouch Djilali Kadid : J’ai toujours aimé la littérature et les écrivains. Adolescent, j’avais dessiné au crayon les portraits des poètes que j’admirais, les romantiques surtout, d’après des documents que je trouvais dans les manuels scolaires de l’époque, Lamartine, Vigny, Hugo, Musset, mais aussi les romanciers Chateaubriand, Balzac, Stendhal, et bien d’autres. Pour ce qui est des écrivains algériens, c’est exactement la même chose, en peignant leurs portraits, je leur témoigne mon admiration et ma reconnaissance pour ce que leurs écrits m’ont apporté. Il n’y a pas eu de choix préétabli ni d’intention particulière, mais simplement un point de départ, Kateb Yacine, dont j’avais déjà peint le portrait à différentes périodes. Instinctivement, je suis revenu, après tant d’années, vers ce genre qui m’a passionné dès mes années d’apprentissage. Il y a trois ou quatre ans, je recevais les programmes du Centre culturel, justement, illustrés chaque fois par une photo d’un de nos écrivains. Les clichés me parlaient, je les mettais de côté avec le vague projet d’en faire quelque chose. C’est ainsi que le thème a éclos, et qu’à la suite de Kateb, j’ai entrepris les portraits de Dib, puis de Feraoun, d’Amrouche et de sa mère, Fadhma Aït-Mansour Amrouche, de Sénac, de Pélégri, de Mammeri, de Belamri.... Il y a cependant un autre facteur, humain, ou affectif, c’est ma rencontre avec la plupart de ces écrivains et mon amitié avec certains parmi eux : Kateb, Pélégri et Belamri, notamment. Mais j’avais aussi sympathisé avec Mohamed Dib, ici même au Centre culturel, et plusieurs fois croisé Mammeri et échangé avec lui, deux ans avant son décès. Ce facteur a dû jouer dans le déclenchement de ce thème, d’autant que toutes ces figures nous ont quitté, parfois assez prématurément. Mes portraits sont un peu un dialogue posthume, un échange qui se poursuit outre-terre avec ces « voix chères qui se sont tues »... La couleur des mots KALILA : L’invention de la photographie a bouleversé la pratique séculaire du portrait peint, alors comment pratique-t-on cet art à l’ère de l’instantané ? La force du portrait peint tient de son souci de la physionomie des sentiments. Cette approche plus « psychologique » du portrait que ne permet pas le cliché photographique est-elle la vôtre ? D. K : La question touche à divers paliers ce thème : la condition du portrait peint à l’ère de l’instantané et du numérique, le rapport entre peinture et photographie, la différence entre ces deux modes d’expressions. Il est vrai que la photographie, dès son apparition, s’est accaparée du portrait, jusque- 11 / KALILA / EXPOSITIONS là totalement dévolu à la peinture mais aussi à la sculpture. C’était d’autant plus normal qu’à ce moment-là la peinture et la sculpture nourrissaient d’autres ambitions que celle de la représentation réaliste. La photographie a pris le relais pour ainsi dire et pas seulement pour le portrait, pour le paysage aussi et même pour la nature morte. Mais les choses ne sont pas aussi simples car ces deux modes d’expressions ont leurs lois, leurs spécificités respectives et ne traitent pas ces thèmes de la même manière. En un mot, ce que la peinture par ses moyens propres peut exprimer ou rendre, la photographie ne le peut pas. Et vice-versa. C’est pour cela que le portrait peint me semble à l’heure actuelle toujours aussi légitime et aussi valable qu’à l’époque de Titien ou d’Ingres. A la différence près qu’à ces époques-là, grâce au phénomène de la commande, ce genre très spécifique prospérait à vue d’œil et a pu ainsi écrire l’un des chapitres majeurs de l’histoire de l’art, alors qu’à l’heure actuelle il est totalement délaissé et banalisé dans l’esprit du public submergé par l’imagerie d’une société de consommation en perte de vitesse. Je tiens à signaler que la plupart de mes portraits sont inspirés de photos, parfois célèbres. C’est un dialogue passionnant que celui entre un peintre et des photographes, parce que plein de défis, car comment rester peintre en s’inspirant de clichés photographiques, c’est là que se situe l’enjeu, le corps à corps, comme avec tout motif, de quelque source qu’il provienne. A la faveur de ce dialogue silencieux mais ô combien édifiant, tout en gardant ma spécificité de peintre, j’ai pu mesurer la richesse et la valeur de la photographie. Je ne sais pas jusqu’où mes portraits ne sont pas aussi un hommage à ces photographes, célèbres ou anonymes, qui les ont inspirés ! KALILA : Ce regard que vous portez sur les écrivains algériens, ce « dialogue » que vous instaurez avec leurs images est une chose qui vous est habituelle puisque dans vos travaux de critique d’art vous conversez avec des peintres. Les nombreux entretiens que vous avez réalisés avec des peintres algériens ont participé a mettre des mots sur leurs couleurs. Ici vous donnez des couleurs à nos inventeurs de mots les plus célèbres. Ce besoin de compréhension et de partage avec les artistes et d’appréhension de notre culture vous est-il inhérent ? D. K : Ce parallèle que vous faites entre mes portraits d’écrivains et mes dialogues avec des artistes, algériens et autres, est très pertinent, car il met le doigt sur quelque chose pour moi d’essentiel, le désir d’entrer en contact avec l’autre, de le connaître, et partant, de le faire connaître et aimer. C’est drôle, c’est quelque chose auquel je n’ai pas pensé : les peintres m’inspirent pour l’écriture, et les écrivains pour la peinture. En effet ces Portraits rejoignent ces Dialogues, deux approches différentes mais équivalentes, mues par un même besoin de connaissance, de contact avec des personnalités chères, d’exploration de parcours intellectuels, artistiques et humains. Paul Eluard écrivait : « Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré ». On peut le dire de tous les artistes. J’ai pour ma part toujours trouvé mon inspiration chez les autres et à travers les autres, et cette inspiration prend souvent sa source dans mon admiration pour ces autres. Il y a longtemps de cela j’avais publié dans la revue Actualité de l’Emigration, un entretien avec le peintre Alfred Manessier, que j’avais intitulé : « Passion de l’Autre ». C’est un peu de cela qu’il s’agit : un désir de partage, de connaissance de l’autre, de communion avec lui dans l’intimité de sa création romanesque, poétique ou artistique, ou simplement dans son humanité. Propos recueillis par Amina F. wwwdjilalikadid.com ÉVÈNEMENTS / KALILA / 12 ÉVÈNEMENTS Le CCA organise le samedi 8 mai 2010 un événement (rencontre, projection d’un film et exposition) autour de cet autre 8 mai 1945. L'AUTRE 8 MAI 1945 Dans la liesse de la victoire sur le nazisme, ce 8 mai 1845, des Algériens ont revendiqué leur volonté d’indépendance. Ils subiront durant plusieurs semaines une violente répression conduite par l’armée française et des milices civiles d'origine européenne. dans le constantinois (Sétif, Guelma, Kharata …). Elle fera des milliers de victimes. Kalila consacre le dossier de son N°7 à cet autre 8 mai 1945. 65 ans après, les massacres, «une illustration de la nature pathogène de la colonisation », comme le souligne si bien l’historien Jean-Louis Planche, auteur de ‘’Sétif 1945, Histoire d’un massacre annoncé’’, rappellent à la mémoire collective la cruauté du colonialisme. « On désigne par "massacres du 8 mai 1945" la tragédie que fut l’extermination de 20 à 30 000 Musulmans, pour l’essentiel par des milices civiles, dans le département alors français de Constantine. On la situe à Sétif, ville ravagée ce jour-là par une émeute. Mais les massacres, dans leur irrationalité monstrueuse, ont débuté le 9 mai, au lever du jour à Guelma, petite ville paisible à 200 kilomètres vers l’Est, puis se sont manifestés à nouveau à Sétif, avant de déferler sur le département pendant plusieurs mois. En septembre 1945, on pouvait voir "au cimetière de Constantine, décharger d’une camionnette les cadavres des fusillés de la veille, qui furent abandonnés sans sépulture », écrit l’historien dans une contribution à Kalila. « L’Algérie commémore le soixante-cinquième anniversaire des massacres de Sétif et Guelma perpétrés par l’armée française et de nombreuses milices coloniales composées de civils d’origine européenne. Bilan : entre 20 000 et 30 000 victimes arrêtées, torturées et exécutées sommairement pour rétablir l’ordre et terroriser les populations « indigènes », souligne de son côté Olivier Le Cour Grandmaison, auteur de ‘’Coloniser – Exterminer : Sur la guerre et l’État colonial’’. De son côté, Hamou AMIROUCHE, auteur de l’ouvrage ‘’AKFADOU: Un an avec le colonel Amirouche’’, Casbah Editions(2009), nous confie : « "L'indépendance ne se donne pas, elle s'arrache", ne cessait de répéter mon père, forgeron de profession, militant nationaliste de l'Etoile nord-africaine, puis du PPA-MTLD, quelques jours avant l'insurrection du 8 mai 1945 ». Il relève que. La hargne cruelle mise en mai 1945, dans les grandes villes de l'est du pays, pour réaffirmer" la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française en Algérie" proclamait le général De Gaulle, dans un message adressé au général gouverneur Yves Châtaigneau [1], inspira plus de haine à son tour que de frayeur. Les nouvelles des massacres étaient confirmées de partout et partout avaient dépassé l’entendement ». L'historien et écrivain Mohamed Harbi nous livre quelques réflexions sur les évènements de mai 45 en soulignant que "la politique française a crée en Algérie une situation qui rend l'insurrection légitime." A. Fatiha 13 / KALILA / ÉVÈNEMENTS Par Hamou AMIROUCHE, Universitaire et écrivain Un forgeron H. AMIROUCHE Mohand Ameziane AMIROUCHE et le 8 mai 1945 "L'indépendance ne se donne pas, elle s'arrache", ne cessait de répéter mon père, forgeron de profession, militant nationaliste de l'Etoile nord-africaine, puis du PPA-MTLD, quelques jours avant l'insurrection du 8 mai 1945. Il tenait en main un fusil de guerre, le caressait amoureusement, le démontait, le graissait et le remontait l'espace d'un éclair. Le 11 mai 1945, un peloton de soldats français et de Tabors marocains firent irruption dans notre demeure à Tazmalt, découvrirent l'arme et se mirent à le battre avec une sauvagerie inouïe. Ma mère, mes frères et moi, témoins forcés et impuissants, ne pouvions leur opposer que nos larmes. Mon père concéda bien des années plus tard que les coups de pied aux côtes et de matraque même s’ils lui faisaient perdre connaissance à intervalles réguliers étaient comme des caresses comparées à la gégène, la baignoire et la bouteille de la PRG (Police de Renseignements Généraux) de la prison civile de Bougie en novembre 1954. Aucun désir pourtant de rechercher ses tortionnaires, aucune haine ne perlaient de ses récits entamés mais jamais achevés, suggérés plutôt que décrits, par excès de pudeur caractéristique de notre culture. On apprendra plus tard que les militants nationalistes comme mon père s'en sont sortis à bon compte. La hargne cruelle mise en mai 1945, dans les grandes villes de l'est du pays, pour réaffirmer "la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française en Algérie" proclamait le général De Gaulle, dans un message adressé au général gouverneur Yves Châtaigneau [1], inspira plus de haine à son tour que de frayeur. Les nouvelles des massacres étaient confirmées de partout et partout avaient dépassé l’entendement. On saura quelques années après que sous l'œil bienveillant ou indifférent des autorités coloniales, et préfigurant l'Organisation Armée Secrète (OAS) 17 ans plus tard, les colons s'organisèrent en milices et s'adonnèrent aux expéditions punitives pour venger les quelques quatre vingt huit colons tués (rapport du commissaire de Police d'Alger, M. Bergé) [2]. Beaucoup de colons se sont vantés d'avoir fait des hécatombes comme à l'ouverture de la chasse. L'un d'eux aurait tué à lui seul "quatre vingt trois merles..." (Algériens) Selon André Prenant, géographe et spécialiste de la démographie algérienne, qui s'est rendu dans la région de Sétif trois ans après les massacres, "toute la région restait frappée de deuil. Il y avait des morts dans chaque famille..."La répression de mai 1945 fut, de l'avis unanime de tous les historiens, quelque chose d'effroyable que l'on retienne les chiffres algériens ou ceux d'André Prenant: "Je pense qu'il y a eu entre 20.000 et 25.000 victimes. Les familles se taisaient et n'osaient même pas déclarer leurs morts", ajouta-t-il [3]. L'Algérie connaît pendant plus de deux semaines un déchaînement de folie meurtrière et hystérique. De nombreux dirigeants et militants du PPA, des Amis du Manifeste dont Ferhat Abbas et de l'Association des Oulémas furent arrêtés. Des tribunaux militaires prononcèrent 2000 condamnations, dont 151 à mort. Certains d'entre eux, ne devaient recouvrer la liberté qu’au moment où l’Algérie s’apprêtait à célébrer la fin des ténèbres coloniales. La "pacification", un euphémisme qui sera exhumé pendant la Révolution, ne prendra fin qu'avec la "reddition officielle" des tribus, "organisée comme un grand spectacle" à la plage des Falaises, entre Jijel et Kherrata le 22 mai [4]. Peu à peu la plupart des prisonniers dont mon père, dans un geste d’apaisement, furent libérés. Ce fut un autre homme qui nous revint de la Prison civile de Bejaia. "C’est désormais la fin de la “poulitique”, ne cessait-il de marmonner, la fin des “assimilationnistes”, des “intégrationnistes”, des "rattacheurs" de l'Algérie à la France. Nous ne déploierons plus de drapeaux dans les manifestations et nous faire massacrer. Ce sera désormais une autre forme de lutte, une lutte sans merci. "Ils concluaient, selon un euphémisme savoureux de De Gaulle, "que leur libération ne viendrait pas par la voie légale"[6] Deux ans après, le premier groupe armé, l'Organisation spéciale (l'OS) fut structuré à l’échelle nationale. Et sept ans après commença à sonner le glas du colonialisme en Algérie. Mon père fut emprisonné de nouveau dès le 3 novembre 1954, à la même Prison civile de Bejaia, puis à Saint-Maurice l'Ardoise et enfin à la prison de Berrouaghia jusqu'à la fin de la guerre. Pour ma part, le spectacle des tortures infligées à mon père, en 1945, lorsque j'avais 7 ans, associé aux vertus de la résistance armée, à l'amour de la Patrie, à la fierté d'être algérien qu'il m'inculqua dès l'enfance m'amenèrent à prendre les armes contre l'occupant à l'âge de 19 ans. J'eus ainsi l'extraordinaire privilège de servir durant près d'un an sous les ordres d'un héros hors du commun, le colonel Amirouche. Hamou Amirouche, auteur de l'ouvrage AKFADOU : Un an avec le colonel Amirouche, Casbah Editions (2009). ------------------------------ Notes 1. Henri Alleg, Henri Alleg, La Guerre d'Algérie, T.I, Temps Actuels, Paris 1981 p. 258. 2. Ali Habib, "Mai 1945 : répression à Sétif" dans La Guerre d'Algérie, "Le Monde et Librio" Paris: 2003 p.18. 3. La Guerre d'Algérie, 1954-1962, Librio, Le Monde, Op.cit. p.19. 4. La Guerre d'Algérie, Librio, Le Monde, Op.Cit. p. 19 5. Ibid. p.19. 6. Charles de Gaulle, Mémoires d'Espoir, le Renouveau, 1958-1962 Plon 1970 p. 18 ÉVÈNEMENTS / KALILA / 14 Par Mohamed historien et écrivain HARBI, Quelques réflexions Nos connaissances sur les événements de mai 1945 en Algérie ont connu une appréciable avancée. Débats politiques et recherches historiques sont étroitement liés. Cette politisation d’un épisode tragique de l’histoire algérienne était inévitable. Les historiens ne peuvent y échapper et doivent l’assumer. Le sens de ces événements est à inscrire dans le temps long, dans la société et la culture, dans la continuité de la résistance aussi. Il m’est difficile d’en rendre compte dans un espace limité. Je me propose donc d’évoquer certains aspects de ce conflit, la dimension géopolitique, l’irruption de la violence politique, le poids du religieux dans la mobilisation, les données historiques ne sont rappelées que dans la mesure où elles fournissent une connaissance indispensable étayer l’analyse. 1 - La dimension géopolitique Après avoir été trois siècles durant un partenaire dans les relations internationales, l’Algérie est devenue un enjeu. Son annexion arbitraire par la France n’a pas empêché des acteurs étatiques et nonétatiques de plaider la cause de son émancipation nationale. En vertu du concept islamique de la nationalité, tous les sultans ottomans ont refusé d’entériner son annexion. En 1888, à une époque de forte tension entre l’Empire ottoman et la France, Abdelhamid faisait dire au représentant français Montebello « qu’il espérait qu’on n’exigerait pas de lui la reconnaissance explicite de la souveraineté de la France sur l’Algérie. Aucun de ses prédécesseurs n’ayant acquiescé à la conquête de l’Algérie, il ne pouvait rompre ouvertement avec cette tradition sans froisser ouvertement les sentiments les plus respectables de ses sujets musulmans ». Au cœur de l’Empire, l’élite émigrée n’a pas renoncé à la libération du pays. « Bien que vivant en terre d’islam, ils aspirent à revenir chez eux, tel cet Algérien qui déclarait au drogman [interprète] du Consulat de France à Beyrouth : « Les Algériens aiment jusqu’à l’adoration leur pays ; ils reviendront, et l’exaspération sera un jour à son comble, c’est alors que le gouvernement français s’apercevra de ses torts ». Ces Algériens, là où ils se trouvent, utilisent des moyens divers pour mettre à profit les contradictions entre les grandes puissances : insurrections comme en Kabylie et dans le Constantinois (1871), dans le Sud-Constantinois (1916-1917) ; démarches politiques : « Mémoire du Comité algéro-tunisien » au Congrès de la Paix au terme duquel ce comité revendique l’indépendance de l’Algérie et de la Tunisie ; Pétition de l’Emir Khaled au Président américain Wilson (1919) dans laquelle Khaled demande la mise en œuvre du principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à l’Algérie ; intervention de Messali Hadj au Congrès anti-impérialiste de Bruxelles (1927) exigeant « la restauration de l’Etat algérien ». Le débarquement américain au Maghreb (1942) au cours de la seconde guerre mondiale, la guerre des ondes que se livrent les grandes puissances en Méditerranée, la Conférence des Etats arabes à Alexandrie (25 septembre 1944), la constitution de la Ligue arabe (22 mars 1945) hostile à toute « francisation autoritaire de l’Algérie » laissent augurer de nouvelles opportunités pour secouer le joug colonial et contribuent à l’effervescence politique. 2 - La question de l’insurrection Si les circonstances extérieures donnent l’impression de se prêter à des changements dans les colonies en vertu de la réaffirmation dans la charte de l’Atlantique du principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la solidarité entre les Alliés face aux puissances de l’Axe prime sur leurs rivalités. Le problème majeur du mouvement national algérien, c’est sa segmentation et son manque de cohésion. La société a connu, depuis la conquête française, un nivellement sans précédent au Maghreb. Tous les groupes sociaux qui fournissaient des cadres à la société ont disparu. Les changements imposés par le haut au peuple qui vit de la tradition sont à l’origine d’une brisure entre lui et les élites nouvelles éduquées à l’occidentale. Le vide est comblé par une élite plébéienne issue de l’émigration en France et des villes et villages. C’est elle qui prend la première en charge le destin du pays en épousant l’idéologie nationaliste. Son parti, le Parti du Peuple Algérien, interdit en septembre 1939, décimé par la répression se maintient difficilement à flots. Une de ses factions influente à la Casbah d’Alger l’a quitté au profit du Comité révolutionnaire Nord-Africain (CARNA). La divergence portait sur les alliances tactiques. Le CARNA privilégiait l’alliance avec l’Allemagne nazie. Exclus par Messali, alors emprisonné, ses membres seront réintégrés en 1944 après avoir fait amende honorable. La direction du PPA a pour animateur, le Dr Lamine Debaghine, partisan de la lutte armée pour arracher l’indépendance. Selon Omar Oussedik, un de ses collaborateurs, il aurait été à l’origine d’un projet d’insurrection soumis à Messali, alors en résidence surveillée à Chellala. Mais si sur la mise en œuvre de ce projet les preuves manquent, ses activités en vue de parvenir à la réalisation d’un front national nous sont connues par un témoignage du Dr Mostefaï Chawki qui l’a accompagné en décembre 1940 à un rendez-vous avec Ferhat Abbas. Selon Mostefaï, la première tentative de Debaghine d’amener Abbas à rejoindre le camp nationaliste a échoué. Econduit, il revient à la charge après le débarquement anglo-américain et réussit sa démarche. Après bien des péripéties rendues scrupuleusement par le Professeur Mahfoud Kaddache, dans son histoire du nationalisme algérien, cet épisode 15 / KALILA / ÉVÈNEMENTS sur les événements de mai 1945 eut une suite « le Manifeste du peuple algérien dont l’additif adopté par les élus musulmans à l’Assemblée financière propose qu’à la fin des hostilités, l’Algérie devra être érigée en Etat souverain » fédéré à la France. Ses représentants au CFLN, gauche et droite confondues, rejettent le projet et oppose aux revendications algériennes l’ordonnance du 7 mars 1944, une version améliorée du projet Blum-Violette. La différence porte sur le nombre de bénéficiaires de la citoyenneté française de 85 000 à 90 000 au lieu de 65 000. Trop peu et trop tard. Frustrés, les aspirations populaires vont s’investir dans le mouvement des « Amis du Manifeste et de la liberté » dont la force résidait dans la confiance qu’il redonnait aux Algériens d’un avenir autre que dans sa capacité à les encadrer et à les discipliner. Ce front commun entre PPA, Oulémas et partisans de Ferhat Abbas n’est pas exempt de graves divergences. a- Contrairement aux Oulémas et au PPA qui à cause des différences de langue et de religion ont défini l’identité nationale sur une base ethno-religieuse, Ferhat Abbas s’est forgé une identité nationale souple, ouverte et universaliste. b- Le PPA est hostile à une République algérienne fédérée à la République française. c- Les divergences sont encore plus grandes sur les rôles respectifs du politique et du religieux. Enfin la mobilisation populaire n’a pas été suscitée et encadrée par le seul PPA. A la base les Oulémas y ont pris une large part avec des mots d’ordre conformes à leur vision propre de la nationalité algérienne. La politique de la direction du PPA visait à faire intervenir les EtatsUnis pour en finir avec la colonisation française. C’est dans cet esprit qu’il a organisé le 1er mai 1945 des manifestations distinctes de celles de la CGT et du PCA et avec son drapeau, consacré drapeau algérien au cours de la guerre de libération. L’organisation du 8 mai participait du même esprit. Elles se voulaient pacifiques. La tournure qu’elles ont prises à Sétif et à Guelma s’explique par trois facteurs qui ont créé une situation explosive, favorable à toutes les aventures. • le romantisme révolutionnaire de dirigeants du PPA porteurs d’une conception conspiratrice de la vie politique qui a galvanisé une opinion braquée contre un projet de « francisation autoritaire » des élites et du pays. • L’action du parti colonial hégémonique dans l’administration. Désireux d’éradiquer le nationalisme, il n’a cessé face à la montée du mouvement de masse, de crier au feu et d’interpréter les faits à la lumière d’un projet insurrectionnel. • L’importance de la mobilisation religieuse dans les zones rurales et même dans les villes qui place un conflit politique sous le signe du Djihad n’est pas sans risque. Cela appelle la censure des mœurs, la référence à la notion « d’infidélité » etc … Dans ces conditions, la moindre étincelle pouvait provoquer l’incendie. C’est ce qui est advenu en mai 1945. A Sétif, l’hypothèse d’ « un déclenchement spontané et intempestif de l’émeute » est plus que probant. A Guelma, la thèse d’une subversion européenne annonçant l’OAS émise par Jean-Pierre Peyroulou entraine l’adhésion. L’ordre donné par le PPA pour élargir le soulèvement de Sétif et de contraindre l’armée française à disperser ses forces. L’annulation de cet ordre n’a d’intérêt que pour l’histoire interne du PPA et pour ses projets à venir. L’attention doit donc se concentrer sur le traitement des soulèvements, qui a fait dire à Jean-Charles Jauffret qu’il se rapproche « plus des opérations de guerre en Europe que des guerres coloniales traditionnelles ». Reste un point en relation avec l’actualité : le poids du religieux dans la mobilisation une approche plus conforme aux événements et aux pratiques du PPA et des Oulémas ne peut ignorer que la rencontre entre les AML et la population n’aurait pu se faire sans la médiation du religieux qui est un ressort du fonctionnement de la société. Par certains aspects, le soulèvement dans la région de Sétif est proche d’un conflit religieux. Lors de la conquête française où l’Emir Abdelkader a proclamé le djihad proscrit l’alcool, les jeux, l’usage du tabac et de la musique, la religiosité et l’exigence éthique ne sont pas des accessoires. Les logiques et les conduites des acteurs sont commandées par l’identité culturelle largement imprégnée des valeurs islamiques. Cette tradition n’a jamais perdu de sa pertinence mais en raison de l’hégémonie chez les élites occidentalisées du paradigme de la modernisation et de la sécularisation, elle a été sous-estimée ou ignorée. Tant qu’il en sera ainsi, la politique par le haut et la politique par le bas ne concorderont pas, et ce au détriment de l’idéal démocratique. Concluons La politique française a créé en Algérie une situation qui rend l’insurrection légitime. Mais si en 1945, le projet insurrectionnel agitait bien des esprits, les preuves d’une mise en œuvre ont fait défaut. Aujourd’hui, c’est en admettant que l’Algérie française était impossible que le débat sur ces événements de mai 1945 quittera le domaine de la propagande pour celui de l’histoire, une histoire reconnue de tous les gens honnêtes. Mohammed HARBI ÉVÈNEMENTS / KALILA / 16 Par Olivier Le Cour Grandmaison, historien et écrivain 8 mai 1945 en Algérie : des massacres orphelins 8 mai 2010. La France célèbre comme il se doit la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Nul doute que le président de la République, notamment, voit dans cette date un formidable motif de fierté nationale lui qui affirme être si soucieux de rétablir et d’entretenir ce sentiment parmi les citoyens. 8 mai 2010. L’Algérie commémore le soixante-cinquième anniversaire des massacres de Sétif et Guelma perpétrés par l’armée française et de nombreuses milices coloniales composées de civils d’origine européenne. Bilan : entre 20 000 et 30 000 victimes arrêtées, torturées et exécutées sommairement pour rétablir l’ordre et terroriser les populations « indigènes » Une seule et même date. Deux histoires diamétralement opposées en même temps que liées l’une à l’autre cependant que la première est exaltée, et la seconde enfouie dans le bilan réputé positif de la colonisation établi par Nicolas Sarkozy qui a réhabilité, comme jamais depuis 1962, le passé impérial du pays afin de satisfaire aux exigences d’un électorat ultra nécessaire à sa victoire. Pour recouvrer son autorité en Europe et dans le monde, la France libre, et l’écrasante majorité des forces politiques qui la composaient, gaullistes, communistes et socialistes, étaient prêtes à tout pour défendre l’empire et, dans le cas particulier des départements français d’Algérie, pour perpétuer la domination de la métropole imposée depuis cent quinze ans. Monarchique d’abord, républicaine ensuite, impériale après et de nouveau républicaine après la chute de Napoléon III, la France a longtemps soumis, comme l’écrivait Ferhat Abbas, les « Arabes » au régime du « talon de fer » et du « mépris », au Code de l’indigénat, aux tribunaux répressifs, à l’internement administratif et aux amendes collectives. Sans oublier les nombreux massacres commis par l’armée d’Afrique pour conquérir l’Algérie et rétablir l’ordre colonial lorsque celui était contesté par les « indigènes». Jusqu’en 1945, ces derniers n’étaient que des « sujets français », des assujettis en fait comme en droit, privés des libertés démocratiques élémentaires. A cela s’ajoutaient de nombreuses dispositions discriminatoires et racistes qui ne pesaient que sur eux. C’est contre cet ordre pour eux dictatorial, injuste et inégalitaire que manifestaient donc ceux qui s’étaient rassemblés à Sétif en ce 8 mai 1945. On connait la suite : le déchaînement de la violence et de la terreur d’Etat avec son cortège de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Une fois encore, en ce mois de mai 2010, ce passé n’a toujours pas droit de cité de ce côté-ci de la Méditerranée, ni dans les discours des plus hauts responsables de l’Etat, ni dans ceux des dirigeants de la gauche parlementaire, ni dans la plupart des grands médias français. Mépris, silence, oubli. Sinistre combinaison aux effets délétères. Jusqu’à quand ? Olivier Le Cour Grandmaison 17 / KALILA / ÉVÈNEMENTS Par Jean-Louis PLANCHE, auteur de ‘’Sétif 1945 : histoire d’un massacre annoncé’’ historien et écrivain Une illustration de la nature pathogène de la colonisation : les massacres du 8 mai 1945 On désigne par "massacres du 8 mai 1945" la tragédie que fut l’extermination de 20 à 30 000 Musulmans, pour l’essentiel par des milices civiles, dans le département alors français de Constantine. On la situe à Sétif, ville ravagée ce jour-là par une émeute. Mais les massacres, dans leur irrationalité monstrueuse, ont débuté le 9 mai, au lever du jour à Guelma, petite ville paisible à 200 kilomètres vers l’Est, puis se sont manifestés à nouveau à Sétif, avant de déferler sur le département pendant plusieurs mois. En septembre 1945, on pouvait voir "au cimetière de Constantine, décharger d’une camionnette les cadavres des fusillés de la veille, qui furent abandonnés sans sépulture". Nous sommes là face à un fait historique démesuré, même quant au bilan des morts. Les morts n’apparaissent ni dans l’état-civil, ni dans le recensement de 1946. Peu d’enquêteurs venus d’Alger ou de Paris se sont risqués à compter les cadavres. En 1952, le nouveau gouverneur général Léonard demandera à son cabinet un bilan sur archives. "Les Européens sont très discrets à ce sujet, écrit-il. Ceux qui ont vécu la chose donnent des évaluations allant de 6 000 à 15 000. On peut, semble-t-il, admettre comme vraisemblable le chiffre de 10 000." Mais le bilan n’a pas pris en compte les chiffres concernant la région d’El Achir, dont les archives avaient disparu. Il est possible de combler la lacune, en recourant aux documents de l’Office of Strategic Command, service américain de renseignement. A partir d’informations venues d’officiers généraux français, il estime à 6 000 le nombre des morts à Sétif et El Achir. Son décompte total s’élève à 17 400 morts, mais il omet les régions de Skikda, d’Annaba, de Guenzet. 30 000 morts est le chiffre ramené d’Algérie par monseigneur Roncalli qui viendra en visite en avril 1950. Représentant du Pape à Paris, il s’attardera dans le Constantinois, accompagné de monseigneur Duval, alors évêque de Constantine. Ayant compris que la fin de l’Algérie française était inéluctable, Mgr Roncalli contribuera en 1954 à la nomination de monseigneur Duval comme archevêque d’Alger. Devenu Pape en 1958 sous le nom de Jean XXIIII, il soutiendra de toute son autorité pendant la Guerre d’Algérie l’engagement de celui-ci en faveur des Algériens. Dans l’espace, les massacres sont nettement circonscrits aux limites du Constantinois. L’armée comprit vite qu’elle ne pourrait réduire seule la fureur homicide des civils européens. Elle établit sur les routes de rocade un cordon de postes militaires, parcouru par des auto-mitrailleuses et des half-tracks, afin d’empêcher que les deux autres départements ne soient contaminés. Il reste à comprendre comment, dans un département qui avait traversé sans agitation la Seconde Guerre mondiale, 20 à 30 000 Musulmans ont pu payer de leur vie le retour à la paix. Le rythme des morts, plusieurs centaines par jour au départ, s’explique par l’implication des Européens, organisés en milices. L’atrocité particulière à ces massacres leur vient d’être, pour l’essentiel, des massacres de voisinage, comme ceux des guerres civiles. En ville, souvent ce sont les voisins qui désignent les victimes, dans les villages le propriétaire mitoyen, le notable. Dans la rocaille ou les taillis, c’est un Européen du pays qui sait guider l’armée ou la milice vers les hameaux, au travers de la végétation ; à moins qu’il ne prenne la tête de bandes infernales qui surgissent au lever du jour, tuant à la grenade et à l’arme automatique, pillant puis incendiant ruines et cadavres. Le silence qui a longtemps recouvert l’événement est une autre caractéristique. Pourtant dès les premiers jours, la rumeur des massacres avait couru dans Paris. Le 19 mai, L’Humanité, premier quotidien de France par le tirage, annonce déjà 6 000 morts. Tous les partis et groupes politiques, qui ont depuis une semaine dépêché en Algérie des enquêteurs, s’émeuvent. A l’Assemblée nationale les présidents de commission, socialistes ou communistes, veulent un débat. Mais l’opinion est abreuvée d’autres horreurs. Depuis mai, les cohortes de déportés des camps nazis en Allemagne débarquent. Lorsqu’à la Chambre s’ouvre le débat sur l’Algérie, qu’Adrien Tixier, ministre de l’intérieur, est parvenu à retarder jusqu’au 10 juillet, les bancs sont loin d’être au complet. Dans son intervention, Adrien Tixier reprend le chiffre officiel de 1 500 morts. Jean Louis PLANCHE ÉVÈNEMENTS / KALILA / 18 Ouvrages sur le 8 mai 1945 « Les massacres de Guelma : Algérie, Mai 1945 : une enquête inédite sur la furie des milices coloniales » (2006/Ed. LA DÉCOUVERTE) De Marcel REGGUI Rédigé en 1946, le document présenté dans ce livre est exceptionnel. Son auteur, Marcel Reggui (19051996), y retrace les massacres d’Algériens perpétrés en mai 1945 dans la petite ville algérienne de Guelma, par des milices de colons français. Ils coûtèrent notamment la vie à la sœur et à deux des frères de Marcel Reggui. C'est ce qui le conduisit à réaliser "à chaud "une enquête approfondie sur ce drame. Marcel Reggui écrivit ce récit pour que l'histoire de ces folles journées de Guelma ne soit pas effacée en France. Mais il ne rendit jamais public son témoignage, déposé chez son ami l'écrivain Jean Amrouche. Redécouvert en 2003 par son fils, Pierre Amrouche, ce texte bouleversant enfin ressuscité, accompagné ici de plusieurs documents d'archives en relation avec lui, constitue une pièce essentielle pour mieux connaître l'une des pages les plus sombres et les plus ambiguës de l'histoire coloniale française. « Sétif 1945 : Histoire d’un massacre annoncé » (2006/Ed. PERRIN) ET (2006/Ed. CHIHA EDITIONS) De Jean-Louis Planche Le 8 mai 19445, deux faits mineurs survenus à Sétif et à Guelma déclenchent le plus grand massacre de l'histoire de la France contemporaine, en temps de paix : au moins 20 000 et probablement 30 000 Algériens sont tués par les Européens. Grâce au dépouillement des archives des ministères de l'Intérieur, de la Guerre et de celles de Matignon, à de multiples entretiens avec des témoins, des acteurs et des journalistes, l'historien Jean-Louis Planche reconstitue le processus de cette « Grande Peur », survenue dans le département d'Algérie le moins politisé. Il montre, à l'origine, l'imbrication entre les conséquences immédiates de la guerre mondiale (notamment la présence américaine), les ravages du marché noir qui a déstructuré la société coloniale et une épuration politique manquée. « GUELMA, 1945 : une subversion française dans l’Algérie coloniale » (2009/Ed. LA DÉCOUVERTE) De Jean Pierre PEYROULOU Ce livre déplace la question de Sétif vers Guelma. Il resitue le massacre dans le temps long de la colonisation et dans une Algérie à la croisée des chemins depuis le débarquement de 1942, l’installation de de Gaulle à Alger, et l’affirmation d’une nation algérienne. Le nationalisme avait acquis une exceptionnelle intensité dans le Constantinois. Le 8 mai 1945, jour des célébrations de la victoire alliée, la poussée du mouvement national algérien se heurta à une réaction européenne d’une rare violence : dans les semaines suivantes, des civils européens desserrèrent l’étau algérien en « purgeant » la région de Guelma de ses nationalistes – assassinant des centaines d’entre eux –, et s’opposèrent à la politique de réformes. Un mouvement non seulement répressif, mais subversif, organisé, qui bénéficia de la participation des pouvoirs publics et des élus. Retraçant très précisément le déroulement de ce drame, cet ouvrage en propose également une réinterprétation. Jean-Pierre Peyroulou décèle en effet dans l’action des Européens des logiques subversives préfigurant celle de l’OAS en 1961-1962. Il examine le fonctionnement d’un État et d’une société coloniale qui élaborèrent une raison d’État rampante pour recouvrir la réalité et la nature des violences, et les chemins tortueux qu’elle emprunta entre Guelma, Constantine, Alger et Paris… 19 / KALILA / ÉVÈNEMENTS Célébration du 48e anniversaire ----de l'indépendance nationale Exposition collective du 30 juin au 9 juillet. Vernissage samedi 3 juillet à 17h00. FÊTE DU 5 JUILLET / EXPOSITION Nos jeunes talents Dalila BETINA « Des photographes ont su saisir des regards, des instants furtifs immortalisés où l'âme semble être dévoilée. Je prends à mon tour le relais par le biais de mon pinceau, ma toile et mes couleurs afin de révéler l'âme de ces femmes, hommes et enfants. Réussirai-je à les sublimer en y mettant un peu de mon âme ? Je l'espère, car je suis profondément sensible à tous ces visages graves parfois, souriants souvent mais toujours fiers et altiers. » Hacene BENSAAD « L’art pour moi est un moyen d’expression, à travers lequel je traduis mes émotions, dire et redire des choses sous forme de langage picturale. Matières, formes et couleurs deviennent un orchestre d’harmonie, et tout cela nous dévoile ce côté avant-gardiste, car l’art est aussi ce miroir sociétale que l’artiste transmet sous toute ses formes d’interprétations. A travers ma peinture j’essai de projeter cette expression, en me détournant de l’aspect figuratif pour une lecture plus conceptuel, un passage du figuratif au semi-figuratif. » Reda DENNOUN « Une image poétique qui navigue dans l'horizon de la pensée tel un spasme du psychisme , là ou la matière devient comme un nuage indéfini et sans limite. » ÉVÈNEMENTS / KALILA / 20 « Dessine moi un autre monde », nouvel album de Si Kamel, en concert le samedi 3 juillet 2010, à 18h00. FÊTE DU 5 JUILLET / CONCERT DE SI KAMEL ----- « Dessine moi un autre monde » Après « Solo », premier album remarqué en tant qu’auteur, compositeur, réalisateur, arrangeur et interprète, Si Kamel revient avec un nouveau album, « Dessine-moi un autre monde », une nouvelle signature qui marque un tournant dans son inspiration. Après avoir partagé les scènes avec les plus grands noms du raï, du jazz, de la salsa et de la variété, il nous offre un nouvel album. Si « Solo » ouvrait le champ entre raï et jazz avec des arrangements et un mixage aux sonorités résolument internationales, «Dessine-moi un autre monde» ne manquera pas de vous surprendre par son inventivité et sa diversité, autant que par un retour aux origines du pur raï oranais ». Car c’est une véritable histoire du Raï que Si-Kamel nous propose. Entre l’énergie fébrile et festive de « Jalousie » ou « C’est pas la peine », ou encore le groove funk d’acier de « Kindire Nenssake », le son oranais retrouve aussi ses racines et ses lettres de noblesse avec des ballades résolument poétiques comme « Fatima » et « Dessine-moi un autre monde ». Si-Kamel n’a rien oublié de l’engagement et de la sensibilité qui avaient marqué son premier album « Solo »; le poignant « Mazel » ou « Hayartini » vibrant hommage à l’Algérie blessée et à son ami Hassni prématurément disparu. « Dessine-moi un autre monde » est un album d’une totale générosité. Le mélange des cultures qui caractérisait si bien « Solo » n’a pas été oublié, loin s’en faut : « Wahran » nous ramène aux racines mêmes du raï de la plus pure souche. L’alternance de l’arabe et du français dans les textes ne surprendra personne. Si-Kamel conserve en lui l’empreinte de ses deux cultures en saluant les deux pays qui l’ont accueilli. Comme « Solo », ce deuxième album aux termes d’un travail acharné et passionné, nous ouvre grandes les portes d’une sensibilité intacte et d’un travail mélodique parfaitement maîtrisé." Ainsi, après de nombreuses années d'expérience en tant qu’ « accompangneur », compositeur et arrangeur, Si-Kamel décide de créer sa propre musique avec un nouveau style : une synthèse de la musique Raï, née et enrichie grâce aux empreintes accumulées au fil des années (jazz, salsa, funk, variétés ...). Il débute sa carrière musicale en Algérie avec Messaoud Bellemou (célèbre trompettiste de Raï). Il étudie au Conservatoire "Guitare International Jazz" et poursuit son parcours en autodidacte pour ce qui est du Jazz-Harmonie. Son expérience s’enrichie au hil des années ("Jazz Trio", Olivier Montréal (saxophoniste), Dizzi Pat McKinney (clavier), salsa, funk, "Jazz Godspel" (3 ans), Godspel Mass Choir (Joël Pharaon), Oxygen (Willy Scova), Bovick Shamar (musique camerounaise, album à Studiomania). En 1993, il réalise réalisation et assure les arrangements de l’album "Denida" avec la chanteuse Kashmire. De la création du groupe "Baroud" en 1994, à la sortie de son dernier album « Dessine-moi un autre Monde » en passant par ses multiples tournées de par le monde (Etats-Unis, Canada, ex-URSS, Hollande, Angleterre, Espagne, Italie, Suisse, Pays Scandinaves, Algérie, Tunisie, Maroc, etc ...), la carrière de ce chanteur qui a gagner en maturité est très riche. PROGRAMME DU CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN avril mai juin juillet 2010 MUSIQUE SAMEDI 12 JUIN Vendredi 7 MAI Vendredi 9 AVRIL > 20H30 SAADEDDINE EL ANDALOUSSI EN HOMMAGE A MUSTAPHA SKANDRANI Salué par la presse mondiale pour son talent, ce passionné de musique arabo-andalouse fera le bonheur du public du CCA avec une soirée qui ne manquera pas de nous faire voyager à travers des airs andalous hauts en couleurs. > 20H30 Réda SIKA De son vrai nom BENJMAA, Réda SIKA est auteur compositeur interprète qui évolue dans divers domaines : musique, fabrication de générique, bande sonore. Dépassant le cadre de son style initial, mélange entre le chaabi, latino et flamenco, Réda SIKA s’est fait remarqué par une chanson « événementielle », « Baila Baila » sortie pour encourager nos Verts qualifiés au Mondial 2010. SAMEDI 29 MAI > 20H30 Hamdi BENANI Hamdi BENANI, « L’ange blanc », comme on le surnomme, nous revient avec un nouvel album, « Promesses », à travers lequel il promet de combler ses fans. L’album fédère plusieurs cultures dans une ambiance sentimentale et nostalgique. > 20H30 Rym HAKIKI Reconnue par son talent de vocaliste, Rym HAKIKI est l’une des grandes voix de la musique arabo-andalouse. Son album de consécration « Sabra » l’a confirmée dans sa position en tant que « nouvelle merveille » de la chanson andalouse. 13 euros 13 euros 13 euros Vendredi 18 juin > 20H30 Kamel MESBAH Kamel MESBAH partagera avec le public du Centre Culturel Algérien sa passion de la musique, à l’occasion de cette soirée « prometteuse . 13 euros 13 euros DANSE VENDREDI 28 MAI SAMEDI 10 AVRIL > 20H30 > 20H30 SAMIR TOUMI Fort d’un parcours aussi riche que varié, Samir TOUMI chante le Hawzi en lui apportant une touche particulière qui l’ouvre à d’autres styles. Il saura, comme à son habitude, faire vibrer la salle du Centre culturel algérien où son fidèle public sera comme à l’accoutumé au rendez vous. BRAHIM HADJ KACEM Le chanteur, qui a côtoyé plusieurs figures de la musique arabo-andalouse de la stature de Nouri Koufi, Fewzi Kalfat, Tewfik Benghabrit, Salah Boukli et Ness Issawa, est en perpétuelle recherche de la perfection. Il fait la joie de son public à chaque fois qu’il se produit. Il nous le promet pour la soirée de vendredi 28 mai au CCA. 13 euros 13 euros Vendredi 4 JUIN > 20H30 CHEB FOUZI Cheb FOUZI, de son vrai nom Houari BELLAL, est de la trempe de Cheb HASNI. Il sera rendu célèbre par plusieurs titres dont « Rani Chad Fi Rabi » ou encore « Cha rahe sari ». le chanteur est à sont 7e album poursuivant ainsi une ascension fulgurante qui va le propulser sur les devants des scènes internationales. 13 euros VENDREDI 30 AVRIL > 20H30 Spectacle de danse : « RAQSBELIA » Rencontres dansées autour de l’Inde et du Maghreb, spectacle chorégraphié et interprété par Caroline ACHOURI et Sarah AVRIL. 13 euros EXPOSITIONS RENCONTRES HOMMAGE CINÉMA « Auprès des auteurs D’ici et d’ailleurs », rencontres animées par Djilali BENCHEIKH, écrivain, journaliste et chroniqueur littéraire. MERCREDI 14 AVRIL JEUDI 1ER AVRIL Du mercredi 12 au vendredi 28 mai « La terre est mon village » Hamsi Boubekeur Mercredi 12 mai à 18H30 : projection de film documentaire « Une empreinte de la vie » en présence du réalisateur Yves GERVAIS, suivie du vernissage de l'exposition d'Hamsi. A l’occasion de la restauration des panneaux peints par Hamsi Boubekeur dans la station de métro Lemonier, au cœur de la capitale belge, un documentaire est réalisé par Yves Gervais et Stéphanie Meyer. Parallèlement à la présentation de ces travaux de grande ampleur, une exposition nous permet de découvrir d’autres facettes du travail de cet artiste algérien installé à Bruxelles. Entrée Libre > 18H30 Rencontre autour du thème « L’humour » avec Nora ACEVAL qui nous racontera des contes pimentés sur « la science des femmes », et Benabdella MEDIENE. Il nous présentera son roman ‘’Au Temps pour moi’’ ( Riveneuve Edition). JEUDI 15 AVRIL > 18H30 Rencontre autour du thème : ‘’Comment peut-on écrire quand on est universitaire ? avec le poète et universitaire Habib TENGOUR et son complice Nourredine SAADI. JEUDI 29 AVRIL > 18H30 Rencontre avec Ahmed KALOUAZ autour de son dernier livre « Avec tes mains » (2009/ed. ROUERGUE) et Karima Berger auteur « de Eclats d'Islam - Chroniques d'un itinéraire spirituel » (2009/Ed. Albin Michel). CONFÉRENCES JEUDI 27 mai DU Mercredi 2 au vendredi 25 juin « La couleur des mots » Djilali KADID L’artiste nous présente une galerie de portraits peints du panthéon de la littérature algérienne à l’exemple de KATEB Yacine, Mouloud MAMMERI, Mohammed DIB, Rabah BELAMRI, Mouloud FERAOUN… Vernissage mercredi 2 juin à 18H30 / Entrée Libre > 19H00 « LE DERNIER SAFAR » de Djamel AZIZI Après ‘’Naquel el ahlem’’ (Le transporteur de rêves), un documentaire de 52 mn, le réalisateur Djamel AZIZI récidive avec ‘’Le dernier Safar’’, une fiction de plus d’une heure sur projectionniste d’un âge respectable, qui sillonne avec son camion des villages enclavés pour projeter des films. Entrée libre A 18H30 : Conférence sur la vie et l’œuvre de Ali Ali Khodja, avec la participation de Abderrahmane Ali Khodja, fils du défunt, et de Ameziane Ferhani, journaliste et critique d’art. Elle sera suivie du vernissage d’une exposition de Ali Ali Khodja. Exposition du 14 au 21avril / Entrée Libre > 18H30 Rencontre avec Akli TADJER, le romancier le plus parisien des Algériens, avec son tout dernier ouvrage « Western », et Nadia GALY, auteur du roman « Le cimetière de SaintEugène ». JEUDI 17 juin MARDI 20 AVRIL Hommage à Ali Ali KHODJA « L’alchimiste et l’œuvre philosophale » "Le 7 février 2010, à 87 ans, le grand peintre s’en est allé, aussi jeune qu’il l’était à sa naissance, toujours curieux, enthousiaste, pensif et créatif." MARDI 15 juin > 19H00 Mamya Chentouf : militante de la première heure Dans ce documentaire de Baya EL HACHEMI, Mamya Chentouf, militante de la première heure, remonte le cours de sa vie. A travers son récit, nous feuilletons les pages de l’Histoire de l’Algérie. Entrée libre THÉÂTRE > 18H30 Rencontre avec Rachid BOUDJEDRA autour de son nouveau roman « Les figuiers de Barbarie » (2010 /Ed. Grasset). Avec ce texte habité de bruits et de fureur, élégiaque et épique, politique et intimiste, Rachid BOUDJEDRA nous donne son grand roman sur l’Algérie. VENDREDI 2 AVRIL > 20H30 « Baroud Pacha » Une pièce de la Compagnie Culturelle du Théâtre de Sétif. Un spectacle en arabe pour les grands et les petits. 13 euros SAMEDI 24 AVRIL Hommage à Taos AMROUCHE A 15H00 : Projection du film « Sur les traces de Taos Amrouche » A 16H00 : Vernissage de l’exposition « Taos en Provence », œuvres de Denise Barbaroux. A 18H30 : Conférence avec la participation de Denise BRAHIMI, universitaire et auteur du livre « Taos Amrouche romancière » (éd Joëlle Losfeld, 1995), sur le thème ‘’Les romans de Taos Amrouche’’, de Djohar GHERSI, universitaire et psychanalyste, ‘’La quête du lieu chez Taos Amrouche’’, de Youcef NACIB, universitaire, connu pour ses travaux de recherche sur la tradition orale: ‘’Les chants de Taos AMROUCHE et l'évolution de la question amazighe depuis sa disparition’’ et de Hervé SANSON, chercheur sur les littératures maghrébines francophones et berbères. ÉVÈNEMENTS Commémoration du 65e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 SAMEDI 8 MAI Projection du Film « Mémoires du 8 mai 1945 » de Mariem Hamidat et François Nemeta, suivie d’une rencontre-débat avec la participation de Mohammed REBAH (Alger), auteur du livre « Des Chemins et des Hommes »(Ed Milles-feuilles, Alger), des historiens Jean-Louis PLANCHE et Gilles MANCERON. Célébration du 48e anniversaire de l’indépendance nationale SAMEDI 3 juillet A 17H00 : Vernissage d’une exposition collective de jeunes talents algériens Dalila BETINA, Hacene BENSAAD et Réda DENNOUN. Exposition du 1er au 9 juILLET A 18H00 : Concert avec Si Kamel Après « Solo », premier album remarqué en tant qu’auteur, compositeur, réalisateur, arrangeur et interprète, Si Kamel revient avec un nouveau album, « Dessine-moi un autre monde », une nouvelle signature qui marque un tournant dans son inspiration. Entrée libre RENCONTRES / KALILA / 24 RENCONTRE Les jeudis du CCA ‘’Auprès des auteurs d’ici et d’ailleurs’’ La lettre de Djilali BenchEikh Le directeur du centre culturel algérien m’a demandé d’animer deux séances littéraires par moi à partir du mois d’Avril. C’est avec plaisir que j’ai accepté une telle proposition qui me permettra de servir de façon vivante la littérature d’origine algérienne. Dans la mesure du possible nous élargirons ce projet à l’écrit universel… Le premier jeudi, ce sera le premier avril avec un rendez vous autour d’un thème cher à tous : L’humour ; l’humour n’est ce pas l’amour sans chaînes ? C’est pourquoi une femme libre Nora ACEVAL nous racontera des contes pimentés sur la science des femmes. Nous verrons comment le prince ne peut être jugé apte à régner qu’après avoir appris toutes les ruses du continent féminin. Y parviendra-t-il ? Ce n’est pas gagné. Nora ACEVAL sera le majeur de cette première séance que je souhaite enjouée et instructive. A coté d’elle j’ai invité un joker, un jeune écrivain de 52 ans qui fête son premier roman. Benabdella MEDIENE nous présentera « Au Temps pour moi » chez Riveneuve Edition. Sa chronique parisienne délirante et tendre est vécue tambour battant par cet oranais des Charente parisien jusqu’au bout des ongles. - Le 15 avril à la deuxième séance nous poserons cette question insolite : Comment peuton écrire quand on est universitaire ? Pour dénouer le piège, un tandem bien connu, le poète et universitaire Habib TENGOUR et son complice Nourredine SAADI. Autres invités pressentis pour les rendez vous suivants : BenabdalaH MEDIENE Ce livre commence dans les brumes de l’alcool avec la fielleuse tentation du suicide. Il s’achève tel un nouveau départ par la perspective d’un voyage Paris Timimoun via Oran. Perspective du sable caressant, de la lumière bleue du ciel, de la sagesse intemporelle et discrète des gens du sud. Entre ces deux moments extrêmes, il y a le temps d’une existence enjouée et grave, mélancolique et trépidante toujours imbibée d’une tendresse à fendre les étoiles. Une chronique secouée par l’éclat de rire de la vie, intitulée ‘’Au Temps pour moi’’, publiée chez Riveneuve édition. Une chronique goûteuse signée Benabdalla MEDIENE. C’est le premier opus de ce quinqua né en Charente-Maritime, façonné par la faconde oranaise de l’indépendance avant un enracinement parisien au cœur de la ville des bars obscurs et des lumières tamisées. Entre le personnage central Nasser et l’auteur il n’y a pas l’épaisseur d’un papier cigarette. La similitude s’étend jusqu’à la localisation géographique des lieux de maraude de ce chasseur de rêves invétéré. Les neuvièmes, dixième et onzième arrondissements circonscrivent une quadrature du cercle fraternel dans laquelle s’ébroue ce rédacteur réviseur affligé de chômage chronique et de culture endémique. - le 29 avril Akli TADJER le romancier le plus parisien des Algériens avec son tout dernier ouvrage ‘’Western’’ et Nadia GALY, auteur du roman ‘’Le cimetière de Saint-Eugène’’. - Le 17 juin nous recevrons Ahmed KALOUAZ autour de son dernier livre ‘’Avec tes mains’’ (2009/ed. ROUERGUE) Rendez vous donc le premier Avril au CCA. Pour ceux qui pensent à un Poisson les poêles à frire sont acceptées. A Bientôt Djilali Benchikh Avec le désenchantement des poètes maudits il carbure au pétrole de l’amitié, ce puits inépuisable dont il allume les geysers avec le briquet de l‘humour. Et quelques roteuses pétaradantes. Quand on est fauché on ne compte pas. Cet homme qu’on croirait désinvolte est handicapé par une soif absolue de tendresse. A Travers toutes les conneries qu’il commet ou qu’il émet, éclate ce cri feutré et pourtant assourdissant : Aimez–moi. Ah l’amour ! précisément. Tout va bien en principe pour ce poète éperdu qui vibrionne son art lumineux avec des réparties imparables. Il promène nonchalamment sa dégaine de séducteur bérbéro-parisien qui lui vaut des succès foudroyants. Aussi bien masculins que féminins. N’est-ce pas son charme et un peu son érudition qui le font embaucher dans l’hebdomadaire de la gauche, une heureuse façon pour lui de joindre l’utile à l’agréable. La fin du chômage, c’est la résurrection christique. Surtout dans cette équipe de joyeux drilles qui travaillent en chantant. Une bande de pros militants qui l’accueillent, l’adoptent, l’adulent avant que le fiel de la jalousie ne s’insinue dans le jeu du tandem Nadège-Mireille. Tout va bien donc jusqu’à ce qu’un des ses potes l’invite à déguster un whisky qui selon ses propos « sait se tenir ». At home, il y a Catherine, la cousine de Michel : le coup de foudre est instantané. Il se construit en fait sur un rapport de violence verbal sulfureux. La cousine étale sans trop y croire un racisme cynique de bas étage. Un combat de félins s’engage entre les deux. L’amour à mort. Catherine devient le fil rouge d’un Nasser confit d’amour et parfois de rage. Mais Nasser n’est pas célibataire. Il a une compagne, Nadia une âme noble, énigmatique, patiente, dénuée de jalousie malsaine, épargnée par la petitesse. Elle est l’oasis. Elle attend son homme sans trop y croire. Elle le 25 / KALILA / RENCONTRES connaît trop. Il faut le protéger, surtout de lui même. C’est bien ce que pensent aussi les fistons. D’abord Hakim l’aîné, sûr et appliqué et puis le cadet, Mehdi : garçonnet trisomique, un génial bon sens à faire fondre les montagnes. Avec ce trio Nasser a la chance des olives comme on dit à Madrid. Une baraka de marabout qui l’aide aussi à maîtriser la dive bouteille, cette autre ensorceleuse qui le menace dans son essence. Djilali Bencheikh Journaliste, écrivain et chroniqueur littéraire NORA ACEVAL Il était une fois un prince doué en diverses matières. De la philosophie aux mathématiques, de la rhétorique à la médecine. Mais au moment de lui transmettre le trône du royaume son père le sultan lui tint à peu près ce langage. « Mon fils, tu es certes doué en bien des domaines mais pour régner de façon souveraine et sans discussion il te manque une aptitude singulière : il te manque la science des femmes. » Ainsi commence ce récit truculent de la conteuse Nora ACEVAL intitulé précisément ‘’La science des femmes et de l’amour’’, publié aux Ed. Al Manar. L’auteur nous avait régalé dans une précédente édition avec des contes libertins venus d’Afrique du Nord et notamment des hautes plaines du Sud Ouest algérien, son humus natal. Cette fois, elle nous propose un roman épique bien plus élaboré qui procède des poupées russes à la manière des contes de Schéhérazade. Non situé géographiquement il pourrait avoir pour décor le Levant comme le Couchant. Voilà donc le prince parti à la recherche de son Graal. Par monts et par vaux, il chevauche à travers la steppe ou le désert sa fine jument nommée Blanche. Lui même n’a pas de nom comme si chacun des mâles lecteurs pouvait se reconnaître dans sa quête et sa stature. D’aventure en aventure, à mesure que son expérience se nourrit de témoignages sur l’art de la ruse féminine, le prince consigne sur son parchemin les trésors que constituent toutes les ficelles féminines destinées à embobiner le beauf gras. Il n’hésite pas non plus à payer si l’on peut dire de sa personne et vit une ou deux aventures avec une nomade, un test qui faillit lui coûter cher. Un autre prince le double du notre se rappela ce mot du poète qui dit que toute douceur doit s’achever sous peine de prendre un goût amer. Les anecdotes sur la benoiterie masculine s’enchaînent les unes dans les autres en une sorte de puzzle infini, de labyrinthe interminable: à donner le vertige. Comment ne pas céder à la tentation de les dire toutes ; optons pour l’une d’elles qui met en scène un marchand torturé. Sur son enseigne il a écrit que la femme vaut une intelligence, l’homme vaut deux intelligences. Une jeune femme vexée par un tel complexe de supériorité lui demanda la raison d’un tel label. Peu convaincue par son argumentaire elle se promet de lui faire changer d’avis. Les jours suivants elle passa et repassa devant l’échoppe, avec ses plus beaux atours et kholée de façon aguichante. Au bout de quelques jours le commerçant était à ses genoux et la suppliait de devenir son épouse. Je suis la fille du cadi lui dit-elle, adresse toi à lui pour demander ma main. Comment est ce possible mais on dit que la fille du cadi est muette aveugle bossue et dieu sait quoi encore. Ce n’est qu’un leurre une parade répondit la ribaude. En fait mon père fait ainsi monter les enchères. Il veut être sûr de celui qui me prendra pour épouse voila pourquoi il a mis au point ce test. Mais si tu veux m’avoir tu dois insister au moins trois fois pour le convaincre Ainsi fit le marchand qui le jour des noces se retrouva en fait avec la vraie fille du cadi : muette sourde et bien affligée physiquement. Depuis, convaincu de la puissance intellectuelle des femmes il s’est résolu à changer l’enseigne de son échoppe ; Nourri de toutes ces expériences édifiantes le prince poursuivit sa route. Ultime étape sa rencontre avec Adassa la chef nomade. Habillé en berger le prince entre en contact avec elle avant que la magicienne ne finisse par céder à son charme. Morale il n’y a que l’amour qui peut vaincre la ruse des femmes. Eurent-ils beaucoup d’enfants ? L’histoire ne le dit pas. Cela s’appelle la science des femmes et de l’amour. Un roman conte de Nora Aceval Ed Al Manar - Paris. Rachid boudjedra Les figuiers de Barbarie Deux hommes, le narrateur et son cousin et ami OMAR, se retrouvent côte à côte dans le vol Alger-Constantine. A dix mille mètres d’altitude et en moins de soixante minutes, c’est leur destin, et celui de tout un pays à travers le leur, qui va se jouer au fil de la conversation et des réminiscences. Leur vie se confond malgré la différence qui les sépare : Omar issu d’une famille « plutôt aristocratique, d’origine turque et dont le chef était un riche propriétaire terrien qui possédait ce haras connu dans toute la région et au-delà ». La famille du narrateur était certes aisée mais sans plus. L’amitié entre les deux dépasse ces considérations. A travers elle, c’est l’histoire de l’Algérie qui est décrite : de la guerrede libération nationale, à aujourd’hui. La discussion lors de ce vol Alger-Constantine était tel un flash back, un retour en arrière comme indispensable pour revoir et corriger certaines étapes des deux histoires enchevêtrées. Une thérapie pour guérir certaines blessures. « Omar s’était-il débarrassé de ses démons au cours de ce vol durant lequel nous avons ressassé ce sentiment de culpabilité et de honte dont il souffrait, mais aussi toute l’histoire de ce pays tant et tant de fois envahi, colonisé, désintégré ? ». Question posée par le narrateur en dernière page du roman sans donner de réponse. « Les figuiers de barbarie », un titre judicieux. Il reflète la résistance, l’endurance de toute un peuple, mais également « une Algérie sereine dont les deux protagonistes ne cessent de rêver. Avec ce texte habité de bruit et de fureur, élégiaque et équipe, politique et intimiste, Rachid BOUDJEDRA nous donne son grand roman sur l’Algérie ». C. M Rencontre avec Rachid BOUDJEDRA 27 mai à 18H30. RENCONTRES / KALILA / 26 Mohammed REBAH « Un ouvrage original et d'une valeur « C’est un ouvrage original et d’une valeur historique incontestable ». Cette phrase tirée de la préface d’Ahmed AKKACHE résume, à elle seule, la pertinence du livre ‘’Des Chemins et des Hommes’’ de Mohamed REBAH, publié chez les éditions Mille-Feuilles (Alger) en 2009. C’est un véritable travail d’investigation que Mohamed REBAH a mené sur les traces de son frère N o u r E d d i n e , un militant de première heure, qui, à l’âge de 20 ans à peine a écrit « partout ce sont des jeunes prêts à sacrifier leurs 20 ans pour ce noble et pur idéal qu'est la liberté ». C’était en 1952. Au départ, l’auteur voulait écrire un livre sur son frère aîné. L'ouvrage a pris une tournure historique qui permet au lecteur de mieux comprendre l’engagement politique et militaire d’autres héros, femmes et hommes, qui ont donné leur vie pour l’indépendance du pays. Nour Eddine, qui symbolise cet engagement, est mort pour l’indépendance de son pays en 1957, à fleur de l’âge. Il avait 25 ans. « Sa mort hante mes nuits… », confia Le capitaine Ali LOUNICI à Mohamed REBAH en 2003, au cours d’une discussion autour du livre-témoignage, ‘’ Algerie, récit anachronique’’ de Daniel TIMSIT dans lequel, le souvenir de Nour Eddine REBAH est évoqué. Ali LOUNICI est décédé le 22 septembre 2006 à Alger. « Depuis cette matinée effrayante de vendredi 13 septembre 1957, les restes blanchis de Nour Eddine sont éparpillés au fond d’un ravin, à Bouhandès, à quelques kilomètres au sudouest de Chréa, dans la vallée aujourd’hui reverdie d’Oued Merdja », écrit l’auteur. A tra- historique incontestable » vers le souvenir de ce frère martyr, Mohamed REBAH revient sur l’itinéraire d’autres martyrs. Des haut fait d’armes sont décrits avec une grande précision en respectant la chronologie de chacun, ce qui dénote de la qualité des recherches effectuées par l’auteur. Chaque date, chaque lieu et chaque détail à son importance chez l’auteur qui évoque la mémoire de Nour Eddine. Et pour nous faire comprendre l’éveil politique de ce martyr, L’écrivain remonte au 5 mai 1945. « Élève de la classe de sixième au Collège moderne de garçons du boulevard Guillaume dans le quartier populaire de Bab El Oued, n‘était pas indifférent à la situation des jeunes de son âge, privés d’école et du minimum vital, qu’il rencontrait sur le chemin du collège. Beaucoup de ces jeunes étaient venus des douars lointains, fuyant la misère noire des montagnes (…) les revendications de ces jeunes à peine sortis de l’adolescence sont faciles à comprendre : le pain, l’instruction, l’apprentissage, le sport. « Du pain ! », c’est justement le slogan des femmes qui manifestent en mars 1945, à Oran. Leur aspiration à la dignité était également grande », écrit en page 117 Mohamed REBAH en évoquant la vie de son frère avant le maquis. Il nous apprend que Nour Eddine « s’engagea dans la lutte armée en octobre 1955. Il intégra, à Alger, un groupe des Combattants de la Libération (CDL), crées au mois de juin de la même année par le PCA. Les CDL, dont l’ossature était formée par d’anciens membres de l’UJDA, entamaient alors un programme d’implantation dans les zones urbaines où le PCA avait de solide assises (Alger, Constantine, Oran, Orléansville, Duperré) ». « Dirigeant de l'Union de la Jeunesse Démocratique Algérienne (UJDA), il (Nour Eddine) symbolise l'engagement des jeunes communistes dans le combat libérateur au sein de l'Armée de Libération Nationale (ALN), aux côtés d'autres jeunes qui regardaient dans la même direction », souligne l’auteur à Kalila. Mohamed REBAH consacre, par ailleurs, une partie de son ouvrage à plusieurs héros de la guerre de libération nationale, dont Mustapha SAADOUN, né le 26 août 1918 à Cherchell. Il revient sur le parcours de ce combattant : de l’école française où Mustapha SAADOUN entre en octobre 1925 - le seul « arabe » de sa classe en section « A »- à son engagement politique. L’auteur plonge le lecteur dans cet univers où la prise de conscience précoce rimait avec l’engagement de toute une famille. Mustapha SAADOUN, mort le 26 janvier 2009, comptait dans sa famille des vaillants combattants comme lui : ces deux frères Mahfoud et Nour Eddine, sans oublier ses cousins. Le moudjahid était l’un des membres fondateurs du Mouloudia sportif de Cherchell, équipe de football qui a donné de nombreux martyrs parmi ses éléments. Abdelkader CHOUKHAL, Pierre GHENASSIA, Raymonde PESCHARD, Abderrahmane TALEB, Maurice AUDIN, ses oncles Makhlouf et Ali LONGO, Odet VOIRIN et bien d’autres héros sont cités par Mohamed REBAH à travers cet ouvrage dont la lecture est vivement conseillée. A. Fatiha 27 / KALILA / RENCONTRES INTERVIEW KALILA : Pourquoi un livre sur Nour Eddine REBAH, votre frère? Est-ce une quête de vérité ou un hommage à un martyr ? Mohamed REBAH : A l'occasion de la célébration de la "Journée Internationale de Solidarité des Jeunes et des Étudiants contre le colonialisme, Nour Eddine REBAH écrivait, en substance, le 21 février 1952, dans l'organe central du Parti Communiste Algérien (PCA), Liberté : "...partout ce sont des jeunes prêts à sacrifier leurs 20 ans pour ce noble et pur idéal qu'est la liberté." Il avait vingt ans en 1952. Il a été conséquent avec lui-même. Il est mort pour l'indépendance de son pays. Dirigeant de l'Union de la Jeunesse Démocratique Algérienne (UJDA), il symbolise l'engagement des jeunes communistes dans le combat libérateur au sein de l'Armée de Libération Nationale (ALN), aux côtés d'autres jeunes qui regardaient dans la même direction. Mon travail consiste dans la recherche de la vérité historique. KALILA : Comment un ouvrage sur votre frère Nour Eddine, martyr de la révolution armée nationale, s’est –il transformé en une histoire émouvante sur ces femmes et ces hommes qui ont sacrifié leur vie pour la liberté du pays ? Mustapha Saadoun, Abderrahmane Taleb, vos oncles Makhlouf et Ali Longo, Maurice Audin, Raymonde Peschard font partie de ces héros M. R : Nour Eddine n'était pas le seul à engager sa vie dans cette voie pleine de courage : détruire le pouvoir colonial pour construire, avec le peuple une fois libéré, une société juste et solidaire. Parmi les hommes et les femmes qui ont choisi le même chemin, j'ai parlé de Maurice AUDIN, Abdelkader CHOUKHAL, Pierre GHENASSIA, henassia, Raymonde Peschard, Abderrahmane Taleb qui ont versé leur sang pour que vive l'Algérie, pour ce qui nous fait vivre aujourd'hui. Comme eux, Mustapha Saadoun et Odet Voirin étaient au contact incessant de la mort. Ils ont survécu miraculeusement à la guerre. Comme le souligne Ahmed Akkache dans sa préface, j'ai trouvé en Mustapha Saadoun "l'homme capable de raconter les espoirs, les combats et les sacrifices de toute une génération..." "Des Chemins et des Hommes" repose essentiellement sur le témoignage de ce" témoin du siècle". « C'est ma façon de contribuer à l'écriture de l'histoire » KALILA : Vous rapportez des faits marquants en citant des dates et des lieux, des noms de martyrs avec une grande précision. C’est une véritable enquête qui vous a demandé, je suppose, une longue période de recherche ? M. R : J'ai recueilli le maximum d'informations - souvent par bribes fugitives - au cours des cérémonies commémoratives où l'émotion est très forte. Dans la récolte des faits, j'ai veillé à la vraisemblance. KALILA : Évoquer la mémoire de ces chouhada, décrire les chemins qu’ils ont empruntés, revenir sur des épisodes difficiles. Est-ce pour vous, moudjahid, un devoir de mémoire, une façon de contribuer à l’écriture de cette Histoire ? M. R : C'est ma façon de contribuer à l'écriture de l'histoire, comme le soulignent Ahmed AKKACHE, écrivain, dans sa préface, et Mohamed BOUHAMIDI, philosophe et critique littéraire au quotidien algérien ‘’La Tribune’’. Propos recueillis par A. Fatiha CINÉMA / KALILA / 28 PROJECTIONS «Le dernier Safar », film de Djamel AZIZI, présenté le 20 avril à 19h00. ----- Après ‘’Naquel el ahlem’’ (Le transporteur de rêves), un documentaire de 52 mn, le réalisateur Djamel AZIZI récidive avec ‘’Le dernier Safar’’, une fiction de plus d’une heure qui traite du même sujet: un projectionniste d’un âge respectable, qui sillonne avec son camion des villages enclavés pour projeter des films et faire partager sa passion avec les populations locales. Amou Salah est un vieux projectionniste dans une salle du Cinéma à Alger. Arrive la retraite, il refuse de rester sans activité. Le poids des années ne le dissuade pas. L’âge avancé ne constitue pas un handicap pour lui. Au contraire, il s’arme de sa passion du cinéma, de son amour du partage, de sa générosité débordante pour sillonner les villages les plus enclavés afin de présenter, aux enfants et aux adultes, des films de fiction à même de les faire voyager à travers des contrées les plus lointaines. Mourad KIAT, qui incarne le personnage principal de ce long métrage, est dans son élément puisqu’il est projectionniste dans la vie et un cinéphile jusqu'au bout des ongles. LE DERNIER SAFAR DE DJAMEL AZIZI Transporteurs de rêves clichés stéréotypés. Au-delà de l’histoire qui véhicule des messages de sagesse, de beauté et de bonté de l’âme, la fiction de Djamel AZIZI est une virée dans l’Algérie profonde avec toute sa chaleur et sa convivialité. Le réalisateur affectionne ce genre de thèmes qui donnent la possibilité de partager avec d’autres leur passion, leur travail. Dans "Transporteurs de bonheur" réalisé en 2002, Djamel AZIZI a mis en scène des transporteurs qui approvisionnent les populations de l’extrême sud du pays en sillonnant, en caravane de 20 camions, plus de trois mille kilomètres dans le désert. « En documentaire, on apprend à rester humble, du fait de notre rapport à une réalité parfois dure. » Le film nous fait voyager à travers des paysages fabuleux de notre pays. Des lieux où la montage et la mer font bon ménage en offrant aux spectateurs des sites magnifiques loin des cartes postales et des Comme les "Transporteurs de bonheur", Amou Salah « transporte » une joie de vivre, aussi éphémère soit-elle, à des populations qui attendent son passage comme un grand événement. Le réalisateur avait traité du même sujet à travers un documentaire de 52 mn. « Ma 29 / KALILA / CINéMA ‘’Le dernier SAFAR’’ (2009) long-métrage, couleur, 1H20, VOSV PRODUCTEUR, REALISATEUR. Coproduction (Youksproductions, Ministère de la Culture et BLprod) Mourad Kiat, Nabil HAÏDI, Mohamed CHERGUI, Abdelkrim LARBAOUI, Mohamed BEYAZA, Mbarek BENZITOU. Musique : Marwane FARAH Scénario et réalisation : Djamel AZIZI Directeur de la Photographie: Nabil MECHKAL Ingénieur de Son : Mohamed ZIOUANI Chef de montage : Hélène Viallat Producteur : Lotfi BOUCHOUCHI Coproducteur : Djamel AZIZI Coproductions : Bl prod et Youksproductions fiction s’inscrit dans le sillage du documentaire » le transporteur de rêves’’. J’avais alors beaucoup de matières, ce qui m’a permis d’en réaliser une fiction», explique AZIZI dans un entretien à Kalila. Le sujet le fascine également. « Enfant dans un village lointaine, YOUSK, près de Tébessa, le cinéma me fascinait. Il est venu à nous, dans notre village grâce aux « transporteurs de rêves » qui créaient l’événement en proposant des films intéressants aux bambins tous heureux du scintillement des lumières », confie-t-il. La curiosité du moment s’est transformée au fil des années en une passion qui a conduit M. AZIZI, scientifique de formation, à suivre des études supérieures en cinéma et audiovisuel à Paris (Sorbonne), de réalisateur (E.S.E.C-Paris) et en journalisme audiovisuel (Institut de Hautes Etudes d’Art et de Communication (Paris). « Je ne suis pas issu d’une famille cinéphile. A 19 ans, j’ai acheté une caméra super 8 et j’ai commencé, en profane, à filmer des instantanés, des scènes de tous les jours. Plus tard, l’occasion m’a été offerte pour poursuivre des études dans le domaine et réaliser des documentaires et des fictions : huit courts, moyens et longs métrages en tout », ajoute-t-il. « A travers mon film, c’est également la situation des salles de cinéma en Algérie que je voulais montrer. Notre pays nous a permis de rêver, car il y avait la possibilité de le faire grâce aux cinébus qui sillonnaient les villages et grâce également aux nombreuses salles qui y existaient dans un temps pas aussi lointain », regrette M. AZIZI qui reste toutefois optimiste quant à la relance de ce créneau culturel. A. Fatiha Filmographie - Transporteur de rêves, (2007) documentaire, Couleur, 55 mn. AUTEUR, REALISATEUR, Coproduction (BL prod et Ministère de la Culture). - Prophète en son pays (2004) : long-métrage en poste de production, Couleur, 80 mn. AUTEUR, REALISATEUR, Coproduction (Focus production, Ministère de la culture) - Transporteurs de bonheur (2002) : documentaire, Couleur, 55 mn. AUTEUR, REALISATEUR /Production (FRP, France 5, Voyage et CNC) - Le Blouson vert (1999): Fiction, 35 Mm, Couleur, 15mn. AUTEUR, REALISATEUR, PRODUCTEUR. - Message d’Alger (1997) : Fiction, 35 Mm, Couleur, 13 mn. AUTEUR, REALISATEUR, PRODUCTEUR. - La Colombe (1993): Fiction, 35 mm, Couleur, 14 mn AUTEUR, REALISATEUR, COPRODUCTEUR. - Baby-Sitting (1996) : Reportage, Vidéo, Couleur, 27 mn. AUTEUR REALISATEUR. - Retour péplum (1994) : Reportage, Vidéo, Couleur, 26 mn. Document universitaire sur le péplum. CINÉMA / KALILA / 30 « Militante de la première heure », documentaire de Baya EL HAchemi sur Mamya CHENTOUF, présenté le 15 juin à 19h00. ----- Mamya Chentouf Militante Dans ce documentaire de Baya EL HACHEMI, Mamya Chentouf, militante de la première heure, remonte le cours de sa vie. A travers son récit, nous feuilletons les pages de l’Histoire de l’Algérie. Nous partagerons ses joies et ses peines. Nous découvrirons le quotidien des hommes et des femmes qui ont permis à une Nation de voir le jour et à un peuple de sortir des ténèbres… Le film, comme un fil conducteur, nous renseigne sur les différentes étapes qui ont marqué la vie de cette militante, de sa naissance en 1922, dans une famille conservatrice, à son engagement, en passant par son enfance et son instruction. Elle était la fierté de tous car elle était « la première indigène, dont la famille avait bravé toute une communauté en l’inscrivant à l’école française ». « La mère de Mamya leva les yeux et implora le ciel afin que sa gamine suive l’exemple de cette Halima Ben Abed ». Malgré les résistances du grand-père qui refusait que sa petite-fille « le déshonore en franchissant les murailles de sa demeure », les parents inscrivent leur fille à l’école. Le film revient sur les événements de cette période qui ont accompagné la jeunesse de Mamya. Étudiante à l’université, elle prend attache avec les deux premières universitaires : Nafissa Hamoud, fille du Muphti d’Alger, et El Aldjia Noureddine inscrites toutes les deux à la faculté de Médecine d’Alger. Mais il reprendre le chemin du village où, brusquement hier ne ressemblait plus au présent. Cette guerre allait secouer les familles, briser les barrières qui les protégeaient les uns des autres. Mais, dans un désir ardent de survie, les trois communautés furent acculées à resserrer les liens pour vaincre l’ennemi commun: le fascisme. Préoccupé par l’anéantissement de ce fléau, l’occupant fit mine de tolérer l’esclave d’hier. Il poussa ses représentants indigènes à faire croire à toute la communauté que le colonisateur serait prêt à leur accorder la liberté de s’organiser, une fois la victoire obtenue… Des militants qui activaient dans la clandestinité se firent connaitre. Ils s’organisèrent. Messali hadj créa le premier parti politique. Le père de Mamya devint un de ses membres actifs et entraina avec lui sa fille. Ce parti comprit l’avantage qu’il pouvait tirer de l’élément féminin. Il leur ouvrit ses portes. Il fit appel à Mamya et l’élite cultivée, issue, notamment de la minorité musulmane aisée. Ayant suivi l’appel de l’Association des Oulamas, cette classe avait inscrit les filles dans les écoles, notamment celles ouvertes par l’Association. Des manifestations pacifiques furent programmées. Des « indigènes » sortirent, arborant des drapeaux aux trois couleurs : blanc, vert et rouge. Ils furent accueillis mais, mains sur la gâchette. Tirant sur tout ce qui bougeait. Intimant aux « hordes d’indigènes » l’ordre de se taire. D’oublier les promesses et de retourner à la case d’avant guerre. On ramassa ses blessés. On enterra ses morts. Mais on déterra la hache de guerre aux multiples visages. Bien sûr, la lutte était inégale. La communauté était divisée. Ce n’est qu’en 1946 que le Parti Populaire Algérien (PPA) créa les premières cellules féminines. EN 1947 des femmes issues de milieux différents, se regroupèrent dans l’Association des Femmes Musulmanes Algériennes (AFMA). L’université d’Alger comptait 2000 étudiantes. 150 indigènes, dont une dizaine de filles qui composèrent le noyau dirigeant de l’Association qui, sous l’impulsion, ajouta à ses objectifs socioculturels, le volet politique. En 1948, pour inciter plus de femmes à participer activement au combat politique, quelques unes seront élues au Comité Directeur du PPA (véritable révolution et début de la participation effective de la lutte des femmes pour l’indépendance). L’action des universitaires femmes dépassa le cadre communautaire. Très vite, elles établirent des relations d’amitié avec d’autres organisations estudiantines, notamment chrétiennes et communistes. L’engagement de plusieurs chrétiennes pour la cause nationale date de cette période. Certaines occuperont une place de choix au sein du mouvement révolutionnaire et résident encore en Algérie. Mamya nous permettra de les entendre. Très active, elle participera 31/ KALILA / CINéMA de la première heure aux grands rassemblements à Paris des étudiants maghrébins qui rêvent du Grand Maghreb Uni. En 1950, on célébrait le 8 mars… dans une salle, lieu de rencontres des femmes de différentes communautés, unies par un même combat : égalité et droit des travailleuses. Mamya, invitée à prendre la parole, fait applaudir son parti (PPA) et invite les présentes à méditer sur les citations de Staline et de Roosevelt sur la libération des peuples colonisés. Quelques années après, les mots ont perdu de leur sens. Ils ne suffisent plus à faire patienter des hommes et des femmes qui aspirent à une vie meilleure, en ce monde et non plus dans l’au-delà… Le combat politique s’étant essoufflé sans donner de fruits, la frange des durs prit les choses en mains. Dans certaines régions, à l’insu des chefs de partis structurés. Le premier Novembre restera dans l’Histoire. La répression fut féroce. Comme des milliers d’autres femmes, Mamya connaitra arrestation, interrogatoires et cris de militantes qu’on torturait pour lui arracher des aveux. Mamya renouera de nouveau avec le déracinement. Toute sa famille est contrainte à l’exil. Mais cette fois-ci, elle ne suivra pas son père sur le chemin qu’il s’est tracé. Elle s’engagera aux côtés de son mari, dans les rangs du FLN. Les réseaux pour l’exil la mèneront à Tunis et de là, elle entamera une autre mission : représenter les femmes algériennes au sein des Associations ou expliquer aux dirigeants de certains pays la légitimité du combat d’un peuple pour sa liberté… HOMMAGE / KALILA / 32 HOMMAGE Hommage à Ali ALI-KHODJA, le 14 avril. ----- ALI ALI-KHODJA L’alchimiste et l’œuvre philosophale A 87 ans, le grand peintre s’en est allé, aussi jeune qu’il l’était à sa naissance, toujours curieux, enthousiaste, pensif et créatif. Sa vie et son œuvre illustrent à merveille cette rare capacité à toujours s’interroger sur le monde, à se garder intact pour l’étonnement, finalement à réussir la gageure de demeurer enfant, après bien des décennies, quelques guerres, d’innombrables déconvenues et un bouleversement radical du monde. Né en 1923 dans le quartier merveilleux de Bologhine (anciennement Saint-Eugène), dans une famille modeste, bien que descendante directe de l’avant-dernier dey d’Alger, il avait perdu son père à l’âge de 4 ans et avait été élevé par une mère qui, disait-il, le poussait avec ses frère, à « être digne en toute circonstance et, même sans un douro en poche » à se tenir « comme des princes ». Tout un programme ! Ses oncles maternels, les prestigieux Mohammed et Omar Racim, pionniers et maîtres incontestés, respectivement, de la miniature et de l’enluminure, décidérent de lui apprendre leurs arts. C’est donc, enfant, qu’il entra dans l’univers somptueux des arts appliqués anciens. Il y excella, mais peut-être plus qu’il n’en fallait, car, très tôt, l’ennui le gagna pendant que son jeune esprit s’ouvrait à la pensée, la science et la recherche, consommant avec avidité livres et revues. La répétition des arts appliqués lui semblait intolérable pendant que, sous ses yeux, notamment lors de la deuxième guerre mondiale, il voyait s’écrouler un monde et en naître un nouveau. De là, grandit en lui une incroyable pulsion vers la modernité qu’il nourrit jusqu’à sa dernière journée, le 7 février 2010, vieil homme, aussi, sinon plus branché sur les nouvelles technologies de communication que les jeunes des cybercafés d’Algérie. Il est, avec Zmirli et Khadda, un des rares peintres algériens à avoir écrit sur sa pratique. Mais, de plus, il écrivait des nouvelles, des poèmes, des réflexions philosophiques sur toutes sortes de sujets. Le renouveau figure au centre de ses textes, englobant les relations entre la science et l’art ainsi que l’indispensable indépendance de ce dernier. A propos de l’imaginaire, il affirmait : « Sans cette projection dans l'âme des choses et dans les temps futurs et passés, nous nous trouvons rivés à la monotonie de la répétition qui nous maintient en dehors du renouveau ». De même, écrivait-il : «…l’art en général ne peut être abordé sans s’opposer aux directives conventionnelles et aux orientations doctrinales qui maintiennent l’artiste dans une situation de dépendance et de reclus, appliquant simplement les orientations d’un pouvoir paralysé par sa crainte du renouveau». Jamais, il ne s’est départi de cette attitude, ne rechignant pas à tout remettre en cause, allant toujours sur les sentiers escarpés du questionnement. Ainsi se développa chez lui, une peinture abstraite, non pas par alignement aux tendances actuelles, ni surtout par mode, mais dans le prolongement d’une pensée philosophique que l’on pourrait qualifier d’art conceptuel si ce concept lui-même n’était pas si galvaudé et déformé. Ali-Khodja fut un peintre des couleurs plus que des formes parce qu’il recherchait ce qui se cachait derrière l’apparent et parce qu’aussi l’infiniment petit le fascinait. Mais, taxée de « bourgeoise » par certains qui préconisaient le primat du signe traditionnel comme affirmation de l’identité, mal vue par les tenants des arts appliqués qui ne comprenaient pas sa défection initale, cette démarche ne fut pas toujours comprise. Elle demeure pourtant une référence précieuse pour une définition de la modernité de l’art algérien comme de l’Algérie toute entière. Si peu regardant sur la « gestion de sa carrière », privilégiant la recherche sur la diffusion, il ne fit, durant sa longue vie artistique, qu’une trentaine d’expositions, dont seulement sept personnelles ! Sa première remontait pourtant à 1946 dans une librairie de l’actuelle rue Didouche Mourad. Plus qu’un peintre, il fut un alchimiste tourmenté par la recherche d’une œuvre philosophale. Ce qu’il laisse d’œuvres resplendit de profondeur et de magnificience et nous indique des voies qui dépassent de loin l’art. Ameziane Ferhani Journaliste et critique d'art PROGRAMME CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN À PARIS MERCREDI 14 AVRIL Hommage à Ali Ali KHODJA « L’alchimiste et l’œuvre philosophale » A 18H30 : Conférence sur la vie et l’œuvre Ali Ali Khodja, avec la participation de Abderrahmane Ali Khodja, fils du défunt, et de Ameziane Ferhani, journaliste et critique d’art. Elle sera suivie du vernissage d’une exposition d'œuvres Ali Ali Khodja. 33 / KALILA / HOMMAGE Hommage à Taos AMROUCHE, le 24 avril. ----- TAOS AMROUCHE Taous en Provence « Taos en Provence », c’est l’intitulé de l’exposition des œuvres de Denise Barbaroux représentant Marie-Louise Taos Amrouche, son entourage, ses objets familiers, à Saint Michel l’Observatoire où elle a vécu les dernières années de sa vie et où elle a souhaité être enterrée. Ma rencontre avec Denise s’est faite par le plus grand des hasards, mais si l’on se réfère au monde de Taos qu’est ce que hasard veut dire ? En 2006, trente ans après la mort de la cantatrice, j’ai souhaité qu’un hommage lui soit rendu au Maghreb des livres où j’étais cette année-là chargée de l’organisation des tables rondes. Mais le principe de l’hommage étant dans cette structure basé sur au moins une publication de référence sur le sujet, j’ai découvert avec surprise qu’il n’y avait rien sur le marché et rien de prévu au niveau des maisons d’édition la concernant. J’ai alors fait part de ma frustration à des amis accueillis à Saint Michel à leur arrivée d’Algérie et qui y ont rencontré Denise Barbaroux, et j’ai décidé d’entamer avec elle un travail dont je ne savais pas encore à l’époque quelle forme il allait prendre. Puis l’idée d’une exposition à Paris de ces œuvres entreposées depuis trente ans dans la galerie marseillaise du Cours Lieutaud m’a paru séduisante et a été finalement menée à bien en même temps qu’un autre projet en phase de réalisation. Les tableaux de Denise Barbaroux exposés ici font partie de sa collection privée. Depuis 1948, elle n'a pas cessé de peindre à l'huile et au pastel des paysages de Haute Provence, des marchés provençaux, les calanques, les pointus, le Vieux Port ainsi que quelques portraits, à forte valeur affective, de Taos Amrouche et de sa fille. Les artistes étant depuis toujours le miroir privilégié de leur époque, ma démarche a consisté en la recherche de ce que ces tableaux « disent » en plus de « montrer », et je me suis appuyée pour cela sur les souvenirs de l’artiste dont la mémoire intacte a su retisser les fils d’une histoire hors du commun. Il m’a semblé nécessaire de porter à la connaissance du grand public l’expression de cette amitié entre deux femmes exceptionnelles en remontant jusqu’aux circonstances qui ont donné lieu à cette production d’images représentant la grande dame du chant berbère ancestral et de la littérature algérienne ; nécessaire de partager l’immense privilège d’être parmi les premiers admirateurs de ce qui est l’incarnation d’une rencontre rare entre deux personnalités, deux sensibilités, deux exigences. Pour peindre Taos, Denise n’avait pas seulement recours à l’impulsion de sa main et à la richesse de sa palette. Des heures de discussions, d'émotions partagées, et la vie passée par-là avec ses épreuves, font que chaque toile est l’illustration d’une réalité vécue intensément, un témoignage inestimable de la vie dans ce village provençal, où la beauté des lieux a fait que se sont rencontrés là, à un moment donné, une pléthore d’artistes : cantatrice, producteur de musique, artistes peintres, éditeur, photographe, antiquaire, amateurs d’arts …De sa terrasse, Taos avait une très belle vue sur les collines verdoyantes, les somptueux champs de lavandes et de sauges sclarées à l’odeur entêtante, entre jasmin et oranger en fleur disait-elle, et au loin les Alpes de Haute Provence qui lui rappelaient le Djurdjura. Ce décor flamboyant, on le retrouve par bribes dans le travail du peintre et les couleurs à la fois somptueuses et raffinées nous font découvrir un regard d'artiste toujours émerveillée. On devine dans ses œuvres à la fois des instants de bonheur qu'elle a su saisir au millième de seconde et on peut alors dire, c’est un peintre de la joie de vivre !, mais aussi des instants de gravité extrême lorsque la maladie de son modèle s’installe, et que la vie et la mort sont en jeu. Peintre figuratif utilisant le pastel pour rendre l’instantanéité des choses, Denise nous donne pourtant à voir parfois une figuration de l’invisible, et ce désir de communication qu’elle évoque après le décès de Taos et qu’elle pense maintenir avec elle en peignant tout ce qui lui fut proche, est de cet ordre là. La femme représentée est petite, plutôt mince, même si dans un tableau elle dit avoir grossi, très belle. Les traits de son visage sont d’une incomparable finesse, ses vêtements très colorés, sa coiffure en chignon haut telle que « l’estrangère » est apparue la première fois. « Je ne ressemble à personne... Je viens d’Afrique » fait dire Taos à un de ses personnages de roman. Cet être qui ne ressemble à personne et que nous donnent à voir les tableaux, est né le 4 mars 1913 à Tunis « rue des marchands d’huile ». Son enfance est décrite dans « Rue des Tambourins » son deuxième roman. La profession du père, employé des chemins de fer, permet de fréquents retours à Ighil Ali en Kabylie, berceau de la famille, et la présence quasi permanente de la grand-mère paternelle, kabyle transplantée, facilite l’apprentissage de la langue d’origine. Les parents sont chrétiens, la grand-mère musulmane ; ils parlent français, elle parle kabyle, et la langue arabe est présente dans la rue ; les enfants portent un double prénom. Ces identités multiples qui ont imprégné l’enfance et l’adolescence de Taos feront que « chaque fois qu’elle apparaît … il lui faut porter jusqu’à l’excès la volonté de se faire comprendre ». Et cet excès fut une des sources d’inspiration pour Denise Barbaroux. Sadia Barèche SAMEDI 24 AVRIL Hommage à Taos AMROUCHE A 15H00 : Projection du film « Sur les traces de Taos Amrouche ». A 16H00 : vernissage de l’exposition « Taos en Provence », des œuvres de Denise Barbaroux. A 18H30 : Conférence avec la participation de Denise BRAHIMI, universitaire et auteur du livre « Taos Amrouche romancière » (éd Joëlle Losfeld, 1995), sur le thème ‘’Les romans de Taos Amrouche’’, de Djohar GHERSI, universitaire et psychanalyste, ‘’La quête du lieu chez Taos Amrouche’’, de Youcef NACIB, universitaire, connu pour ses travaux de recherche sur la tradition orale : ‘’Les chants de Taos Amrouche et l'évolution de la question amazighe depuis sa disparition’’ et de Hervé SANSON, chercheur sur les littératures maghrébines francophones et berbères. NOS ARTISTES D'ICI ET DE LÀ BAS / KALILA / 34 ARTISTE D'ICI ET DE LÀ BAS HAYARI est un styliste, il nous présente, ici, son parcours et sa maison de Haute Couture. HAYARI Sublimer la femme ----- KALILA : Pouvez-vous nous donner quelques éléments de votre parcours artistique dans la haute couture ? HAYARI : J’ai commencé à Batna, grâce à ma grand-mère couturière qui m’a initié à la couture (je possède encore sa machine à coudre !!). Tout en poursuivant mes études universitaires (licence d’Anglais), je me suis intéressé à ce domaine en franchissant un pas supplémentaire. En effet, j’ai ouvert un show room pour robe de mariée et fait de la création de broderie toujours dans ma ville, aidé en cela par ma sœur jumelle, une excellence brodeuse à Batna. Mes clientes étaient Constantinoises, oranaises, algéroises. J’ai habillé des animatrices de la Télévision algérienne, la chanteuse Warda El Djazairia et bien d’autres. Mon travail m’a permis de franchir les frontières nationales. À Titre d’exemple, j’ai été invité par la ville de Lyon pour présenter 25 de mes créations. J’ai été repéré par M. Paillot, directeur de l’École Supérieure de Mode de Lyon, à qui je dois beaucoup. J’ai répondu à sa proposition de rejoindre son École. Mon expérience s’est enrichie par l’obtention d’un diplôme à Paris. Avant d’ouvrir ma propre maison de Haute Couture au nom de HAYARI, j’étais designer dans une Maison de Haute Couture, av. Montaigne. KALILA : Êtes-vous en train de réaliser vos rêves ? H : Oh oui, je suis en train de réaliser mes rêves totalement. Habiller la femme c’est la sublimer, ressortir toute sa beauté intrinsèque. Mon rêve était de voir mes modèles dans des défilés à l’échelle mondiale. C’est objectif atteint, puisque mes œuvres sont présentes au Japon, aux États Unis, en Arabie saoudite, au Qatar et bien entendu en Europe. KALILA : Pouvez-vous nous citer quelques noms parmi les personnalités que vous avez habillées ? HAYARI : Bien sûr. Adrianna KAREMBU, Barbara ALENKA, la grande chanteuse d’Opéra Nathalie DESAY figurent parmi les personnalités qui ont porté des robes du soir de ma création. KALILA : Il n’y aurait pas dans certains modèles une inspiration de tenues d'Algérie qui est avant tout votre berceau ? HAYARI : Lorsque je travaille, les thèmes dirigent souvent ma création. Mon inspiration peut effectivement intervenir par les sollicitations des clientes, où lors d’un voyage effectué soit en Moyen-Orient, au Japon ou ailleurs. En Algérie il y a une telle diversité que dans chaque coin du pays j’emprunte quelques éléments ; un motif, une dentelle, une broderie ou un simple détail susceptible d’apporter une valeur ajoutée à ma création du moment. KALILA : Pouvez-vous nous décrire votre lieu de création, votre atelier. J’imagine que vous avez une équipe sur qui vous comptez vraiment ? HAYARI : Bien sûr j’ai une équipe très efficace en commençant par la 1è main, d’une modéliste, des premières mains qui viennent de chez Yves Saint Laurent, Dior, Chanel et Hugues qui s’occupe de toute la communication, des divers contrats et des défilés. > De haut en bas et de gauche à droite Soir de Paris / Belle de Paris I / Belle de Paris II / Nuit Blanche à Paris I / Bonheur de Paris / Nuit de Paris KALILA : Quels sont vos projets ? HAYARI : Je viens de clôturer deux défilés des plus prestigieux de la mode parisienne, à savoir le Carrousel du Louvres et le Palais Brongniart. En plus de la préparation d’un défilé qui aura lieu à Moscou au mois d’Avril, je travaille actuellement sur la nouvelle collection qu’on envisage de présenter à Londres et mon rêve est d’organiser une semaine de la Mode en Algérie comme il en existe à Paris, à New York, à Milan. L. D 35 / KALILA / THÉÂTRE THÉÂTRE La Compagnie Culturelle du Théâtre de Sétif nous présente la pièce « BAROUD PACHA » le 2 avril 20h30. ----- BAROUD PACHA Une pièce de la Compagnie Culturelle du Théâtre de Sétif Ce spectacle qui enchantera autant les grands que les petits est une adaptation libre d’un texte de Mamdouh Adouane. Cet auteur syrien s’est très largement inspiré du patrimoine oral populaire arabe pour la rédaction de son livre. La Compagnie Culturelle du Théâtre de Sétif se l’est réapproprié pour lui donner les couleurs d’un humour plus typiquement algérien. Cette pièce jouée en arabe est interprétée par Fares BOUSSAADA, Fayçal DOUAG et Abdelmalek BOUSSAHEL. Trois acteurs que vous connaissez déjà : Fares Boussaada nous a fait rire pendant près de cinq ans avec ses chroniques hebdomadaires dans l’émission télévisée SARAHA RAHA. Fayçal Douag, est un autre habitué du petit écran que l’on peut voir entre autre dans « Douar Echaouia » tandis que Abdelmalek Boussahel a participé à « Aamer ya nassi » et « Erih fi chebak ». La Compagnie Culturelle du Théâtre de Sétif n’en est pas à sa première mise en scène collective. La troupe a participé, avec d’autres pièces, à des festivals de théâtre notamment à la vingtième édition du festival international du théâtre euro-méditerranéen à Conversano en Italie et au festival international du théâtre arabe en 2006 où la troupe a décroché le prix du meilleur spectacle. La compagnie de Sétif récidive avec ce conte de Djoha qui a tourné un an durant sur tout le territoire algérien. ÉDITION / KALILA / 36 LE MONDE DE L’ÉDITION « Le pied de Hanane » (2009/Ed. CASBAH, Algérie) De Aicha KASSOUL Je ne connais pas cette fille, Hanane. L’autre non plus, ma petite-fille de quelques heures. Même pas le temps d’avoir deux pieds pour marcher. Infinité de tendresse dans une Algérie dévorée par Cronos. L’ogre fou. Entre ses mains mythiques et celles historiques des corrupteurs d’une jeunesse en mal de passage, e, partance pour l’au-delà, ciel éternel ou mer infernale, je n’ai pas su faire mieux que de parler. C’est ce que les deux filles m’ont dit. Laisse-nous perler, nous terre et cendre Née à Blida, licenciée es lettres classiques et docteur d’État en littérature française et comparée, Aicha KASSOUL a enseigné pendant de longues années à la faculté des lettres de l’université d’Alger où elle a aussi assumé des fonctions de responsabilité et dirigé des travaux de recherche. Elle est actuellement détachée au Ministère des Affaires Étrangères. Elle produit et anime une émission littéraire à la Chaine III de la Radio algérienne : Un monde qui nous rassemble parce qu’il nous ressemble. « Survivre à GAZA » (2009/Ed. KOUTOUBIA, France ) Récits de Mohamed AL-RANTISSI Propos recueillis par Christophe OBERLIN et Jacques-Marie BOURGET Pour la première fois un Palestinien, qui n’est ni un combattant ni un responsable politique, raconte l’histoire de sa famille. Il le fait avec une lucidité exceptionnelle. Nous allons de la Palestine tranquille, celle des champs d’orangers que l’on irrigue le soir, à la Palestine déchirée, de feu et de sang. L’auteur décrit d’abord l’exil intérieur, celui imposé aux siens par les milices juives en 1947 lors de la création d’Israël. Il rapporte les récits de l’exode entendus de la bouche des réfugiés, puis son propre témoignage prend le relais. Au sein de son peuple, où le temps de l’adolescence n’existe pas, dès l’âge de huit ans Mohamed al-Rantissi devient un témoin de l’histoire des Palestiniens et plus particulièrement de celle de Gaza, montrant comment on peut survivre en enfer et devenir médecin sur une terre sans université. Revit ici Abdelaziz alRantissi, le frère de l’auteur, que l’on voit évoluer de la laïcité à la « solution » religieuse. Et fonder le Hamas auquel il donnera une audience internationale, avant d’être assassiné. On voit la « montée » du mouvement islamique et la répression israélienne qui l’accompagne. Les événements rapportés, avec des mots simples mais forts, jusqu’à la sanglante attaque de Gaza en janvier 2009, permettent enfin de mieux comprendre cette histoire récente et peut-être les solutions de demain. Mohamed al-Rantissi est un chirurgien orthopédiste palestinien, âgé aujourd’hui de cinquante ans. En 1947 sa famille a été contrainte de fuir les milices des organisations combattantes juives. Né à Gaza dans un camp de réfugiés, il a étudié en Syrie, au Bangladesh, en Irak et en France et dirige actuellement le service de chirurgie réparatrice de l’hôpital Nasser à Khan Younès, au sud de la bande de Gaza. Il est le frère d’Abdelaziz al-Rantissi, cofondateur du Hamas, assassiné par Israël en 2004. « Sîne le dernier poète » (2009/Ed. ATRIA, France) De Noureddine SEOUDI Comment une conque couverte de symboles en njomalil ou langue des étoiles, la plus ancienne et mère de toutes les langues, a-t-elle pu échouer sur les berges du Nahdor, alors que la rivière ne communique pas avec l’océan ? Quelqu’un l’a-t-il placée là délibérément ? Quel message renferme-t-elle. Le mage Falden, terriblement inquiet suite à la découverte de ce mystérieux coquillage, décide de quitter le Naharina pour rejoindre Kudram, la cité des mages. Se joignent à lui Imrou et Rânsa, deux adolescents qu’il a recueillis enfants, ainsi que leurs amis : Siméon, Dalim et Selma. Ce long voyage parsemé d’embûches, de rencontres inquiétantes, fantastiques va révéler nos compagnons : les apparences sont souvent trompeuses… Notre petit groupe sera-t-il le bienvenu à Kudram ? La prochaine guerre de l’Arbre serait-elle imminente ? Quel sera le destin de chacun d’entre eux ? Quel rôle décideront-ils de jouer dans cet avenir incertain ? Noureddine SEOUDI né à Alger en 1971, Noureddine SEOUDI vit dans le nord de la France depuis l’âge de 2 mois. Féru de poésie, sa rencontre avec les poètes, sa rencontre avec les poètes de l’Arabie préislamique lui feront découvrir un univers peuplé de chevaliers, de djinns, de devins, de dragons et autres créatures extraordinaires. De là naîtra l’idée du monde de Sîn, l’une des plus anciennes évocations de la lune. « Sîn, le dernier poète » est le premier volet d’une trilogie inspirée de la mythologie orientale. 37 / KALILA / ÉDITION Média Plus, Maison d'édition fondée par Saïd Yassine HANNACHI. SaÏd YASsine hannachi Pour la promotion du livre en Algérie Aux côtés des trois grandes maisons publiques Algériennes, on dénombre plus de cinquante éditeurs privés d’importance inégale. Seule une vingtaine parmi eux demeurent actifs sur le terrain. Ils sont versés dans la littérature, l’histoire, l’essai et le patrimoine. Média-Plus en fait partie. Selon Saïd Yassine Hannachi, « les difficultés d’exercer sont diverses et identifiées. Elles varient selon que l’on est à la capitale ou à l’intérieur du pays. Le ministère de la Culture joue un rôle important ces dernières années dans l’aide à la publication. Mais d’autres problèmes persistent. En effet l’absence de textes sur le développement économique livresque mène inévitablement à une confusion de rôles ». Il estime que le prix du livre local reste « abordable mais celui importé est relativement cher pour les lecteurs à faible revenu. Les rééditions ou traductions garanties par l’achat des droits d’auteurs publiés à l’étranger, en particulier ceux des écrivains algériens, est une alternative pour faciliter la circulation des textes à un prix abordable ». Pour le responsable de Média Plus, des actions qui doivent être menées résident dans « la mise en place d’une loi sur le développement des métiers du livre, la promotion du livre et de la lecture publique et la pérennité des aides à la publication ». « La déclaration de Yasmina Khadra dans un récent numéro de Jeune Afrique est significative à plus d’un titre : Si de belles surprises continuent de paraître en termes de romans, d’essais et de bandes dessinées, c’est grâce à la volonté de quelques passionnés. Mais la passion peut vite s’éroder à cause des difficultés et faute d’une vraie politique du livre. C’est un combat titanesque », ajoute-t-il. Présentation de Média Plus -----------------------------Média Plus, maison d’édition, fut fondée en 1991 par Saïd Yassine Hannachi. Au cours de la première phase de cette aventure (1993-1997), l’éditeur « a pu avoir des signatures prestigieuses dans son catalogue et publier un guide touristique (700 sites recensés), œuvre de Marc Côte, éminent géographe et professeur émérite à l’université d’Aix en Provence ». Contraint d’abandonner momentanément l’édition en raison « de difficultés en tout genre, surtout financières, en l’absence de toute aide à l’époque », M. Hannachi revient en 2003, avec la réédition des œuvres de Malek Haddad, alors introuvables en Algérie, grâce au concours de Julliard, et la publication de nombreux ouvrages de référence, un catalogue modeste mais étoffé et de qualité en histoire, littérature, essais, beaux livres, patrimoine, tourisme. Exercer hors de la capitale est certes défavorisant, mais l’éditeur implanté à Constantine semble réussir son défi. Il réussi à s’imposer à l’échelle nationale et offrir aux lectrices et lecteurs un choix judicieux d’ouvrages de qualité. Le catalogue compte 60 titres. Parmi les projets de Média Plus, on citera la publication d’ouvragesen chantier en littérature, histoire et beaux livres ; choix diversifiés pour répondre à certains besoins des lecteurs, le lancement de deux collections, l’une dédiée aux meilleurs textes et auteurs (Collection Nedjma) et l’autre de poche (Jib) et la publication de deux livres Événement, mars 2010 : ‘’l’Olympe des infortunes’’ de Yasmina Khadra, et ‘’Constantine et sa région vues du ciel’’ de Yann Arthus-Bertrand. NOUVELLES CULTURELLES / KALILA / 38 NOUVELLES CULTURELLES _La Maison de l’Artisanat à Alger Dans le but de promouvoir le secteur artisanal, une maison de l’artisanat fut inaugurée par son Excellence Monsieur le Président de la République Abdelaziz Bouteflika, le samedi 08 avril 2006. Des ateliers de production et de vente du produit artisanal ont été mis en place dans l’un des plus vieux quartier populaire de Bab el Oued, réunissant 18 des meilleurs artisans en : bijouterie, broderie, dinanderie, céramique, travail du cuir, cuivre retourné, poterie, vitrail et tricotage-bonneterie. Nous vous invitons à venir le visiter. Vous trouverez le meilleur accueil, la qualité et la création. Adresse : (En face du Centre Commercial said Touati) 20, rue Nacer El hamdi Oued Korreich Triolet (Bab el oued) Alger Contact pour tous renseignements : Mme khodja : 07 71 26 91 18 _L’ivrEscQ, Magazine Littéraire L’ivrEscQ se veut un magazine ambitieux qui offre un patchwork de recherche inédit, et vous guide dans l’actualité de livre par des entretiens, de larges extraits, de l’envol poétique, des critiques, des commentaires sur des sujets d’actualité ou des grandes questions de l’heure. Nous évoquerons des enquêtes sur les phénomènes d’édition, sur les droits d’auteurs, sur la protection intellectuelle. Nous sommes confrontés, à de nouvelles phases de croissance sans limites, les informations électroniques : paradoxe, ces mêmes bases de données, sont en quelque sorte victimes de leur richesse et l’utilisateur a besoin d’être guidé dans cet univers quasi opaque par la saturation d’informations, d'où l’idée d’un magazine susceptible de les canaliser. Conséquemment, pour répondre aux besoins et aux attentes d’un lectorat précis (les papivores !...), l’équipe de L’ivrEscQ s’est attelée à un travail rigoureux et sélectif, allant de l’innovation à l’originalité, passant par l’universalité mais tout en faisant sien, le devoir de promouvoir le livre. Chère lectrices, chers lecteurs, nous vous attendons nombreux pour partager avec nous notre passion du livre algérien. Nadia SEBKHI Directrice générale de L’ivrEscQ. POUR LES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP L’ACCÈS AUX DIFFÉRENTS SERVICES DU CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN EST ASSURÉ LE CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN VOUS PROPOSE : UNE BIBLIOTHÈQUE DE CONSULTATION www.cca-paris-biblio.com UNE CINÉMATHÈQUE UNE VIDÉOTHÈQUE DES CONFÉRENCES ET DES SÉMINAIRES À CARACTÈRE CULTUREL ET SCIENTIFIQUE DES RENCONTRES LITTÉRAIRES DES EXPOSITIONS DE PEINTURES, DE PHOTOS ET DE SCULPTURES DES SPECTACLES ET DES CONCERTS DES ATELIERS CULTURELS ARTS PLASTIQUES ENFANTS & ADULTES MUSIQUE ARABO-ANDALOUSE ENFANTS & ADULTES DANSES MAGHREBINE & ORIENTALE CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN 171, RUE DE LA CROIX-NIVERT 75015 PARIS TÉL. 01 45 54 95 31 - FAX. 01 44 26 30 90 www.cca-paris.com [email protected] Choisis ton compagnon, avant de choisir ton chemin.* *proverbe algérien Choisissez Aigle Azur pour ses vols quotidiens vers toute l’Algérie. (194 vols / semaine) Création ResPublika_mars 2010_AIGLE AZUR // RCS ZI 309 755 387 aigleazur.fr 0 810 797 997