numér o 7

Transcription

numér o 7
NUMÉRO 7
NOS ARTISTES
D'ICI ET DE LÀ-BAS
HAYARI
avril > juillet 2010
ÉVÈNEMENTS L'autre 8 mai 1945 / Fête du 5 juillet
ÉDITO
--------------------------------------
« J’étais décidé.
Je voyais donc loin.
Très loin. »
Le 8 mai 45
en belles
lettres
Dans l’Histoire de l’Algérie colonisée depuis
plus d’un siècle, le 8 mai 45 fait date parce
que ce jour-là tout un peuple est descendu
dans la rue française pour dire qu’elle ne
l’était plus désormais. En ce jour du 8 mai
45, la colonisation en tant que système qui
ne laisse aucune chance au colonisateur
de se dédouaner en quoi que ce soit - ni
culture du bâti et de la terre, ni médecins et
instituteurs qui tiennent dans une quelconque tentative de positiver par leurs bienfaits
un méfait fondateur et absolu -, s’est vue
brusquement et visiblement mise en faillite
par une masse de taiseux en souffrance
d’expression et d’existence. Ce jour-là, la
foule des « Arabes » vomissait soudain une
colère grosse d’un ressentiment accumulé
pendant trop longtemps. Dans l’histoire de
la colonie française donnée comme modèle, les choses avaient mûri et le temps était
venu pour le colonisé d’exiger de ses faux
maîtres qu’ils récoltassent dans l’amertume
et la violence ce qu’ils avaient semé depuis
plus d’un siècle de déshonneur. A la faveur
de la manifestation de tout un peuple, la
date du 8 mais 45 est venue imposer dans
notre Histoire l’inéluctable nécessité de l’indépendance de l’Algérie. L’examen de ce
lent processus historique est en principe
la chasse gardée des historiens soucieux
d’examiner les mécanismes des événements qui s’agencent dans le temps sous
la forme globale de causes et d’effets, les
grandes causes générant de grands effets.
Mais pour autant, dans cette Histoire des
hommes, les écrivains ont eux aussi leur
mot à dire en nous livrant une représentation concrète et vécue par des personnages
de papier et de substitution. Dib, Feraoun,
Mammeri, Kateb et tant d’autres étaient
dotés d’un excellent pouvoir dire, à même
de mettre en livre, page après page, l’ordre
NUMÉRO 7
colonial inauguré en 1830 et défait en 1962.
Entre des dates majeures comme celles-ci,
Kateb Yacine nous demande de retenir la
date du 8 mai 45 dans une fiction sérieuse : Nedjma.
La date du 8 mai 45 apparaît presque à la
fin de Nedjma. « Ouvriers agricoles, ouvriers,
commerçants. Soleil. Beaucoup de monde.
L’Allemagne a capitulé. Couples. Brasseries
bondées... Aujourd’hui, 8 mai, est-ce vraiment la victoire ? L’hymne commence sur
des lèvres d’enfants : De nos montagnes
s’élève/La voix des hommes libres. »
A livre ouvert par Kateb Yacine, le lecteur se
trouve dans la rue devenue massivement
algérienne le 8 mai 45. Témoin, acteur de
l’événement, l’écrivain tranche à vif dans le
réel - pas question de tout raconter dans le
détail -, pour nous en faire sentir et retenir
l’essentiel. Le mouvement de la foule qui
gronde d’espoir en ruminant l’amertume
passée, l’ordre de sa marche comme si
la discipline lui était naturelle. Ne manque
pas même l’odeur (celle des animaux qui
accompagnent les paysans) à ce spectacle
sensationnel qui comble pratiquement tous
nos autres sens : le regard et l’oreille, mais
aussi le toucher au coude à coude des manifestants, l’astre d’un jour festif réchauffant
l’esprit et le cœur. C’est si bon. « Aujourd’hui,
8 mai, est-ce vraiment la victoire ? » Non.
Mais les Algériens s’en rapprochent. En ce
printemps 1945, y en a marre, la coupe est
pleine à ras bord d’injustice et d’humiliation.
Et comme Kateb est un bon romancier, il
s’arrange pour remplir ses pages de Nedjma de toute la misère ordinaire dans la colonie algérienne, avant d’en arriver au 8 mai
45 qui survient au final comme un aboutissement naturel d’un parcours narratif et historique. Un formidable effet d’une grande
cause légitimée par les méfaits commis sur
le petit peuple des Algériens « imaginés »
par Kateb. Rien de mieux que le senti pour
valider le ressentiment dans une fiction sérieuse. Nedjma. Quelques scènes choisies,
à garder en mémoire comme dans un livre
d’Histoire.
Cette Algérienne n’a pas de nom, ça va de
soi. Elle est la bonne d’une brute, M. Ricard,
qui la serre à la gorge quotidiennement en
un rituel d’accusation qui réfère à un air
connu qui chante que tous les Arabes sont
des voleurs. La servante humiliée ne dit
rien n’a d’autre choix que de bien travailler
et durement en attendant d’être payée en
maltraitance jour après jour. En attendant
l’exceptionnel dans le pire : être saoulée
de force le soir du mariage de son patron,
marmonner quelque parole réprobatrice,
impuissante à se protéger de la cravache hargneuse qui lui cingle le visage. Un
coup, un autre. Et soudain, un jeune ouvrier,
Mourad, surgit pour mettre fin à la fête et
à la trop longue humiliation de la servante
arabe dans la nuit coloniale. Des coups de
couteau et voilà le justicier meurtrier croupissant dans une cellule de Lambèse.
Les copains de Mourad, par crainte d’une
revanche des colons, désertent la place et
se mettent à errer sur les routes en quête
d’un endroit où travailler et dormir, fourbus et transis au petit matin, jour après
jour. Exister dans le pays qui est le leur ?
C’est trop demander. Ces jeunes Algériens
pourtant savent lire et écrire. Ils ont fait des
études comme Lakhdar qui découvre dans
les livres comment un homme peut prétendre à une condition d’hommes debout, en
ordre de marche aux côtés de ses frères.
Alors, on comprendra que ce jeune Algérien quitte un jour son collège, comme
Kateb dans la vraie vie, pour se retrouver
dans la manifestation du 8 mai 45 au milieu des paysans et des ouvriers. Un même
combat pour tous, malgré les mots qui
cognent dans la tête de l’étudiant : « Fallait
pas quitter le collège » … « Mais j’ai ressenti
la force des idées » … « J’étais décidé. Je
voyais donc loin. Très loin. »
Arrêté, Lakhdar sera torturé puis jeté en
prison comme Mourad. Pour eux comme
pour des millions d’Algériens internés dans
le camp colonial, il n’y a plus tout autour
que les murs et les sentinelles corses descendants des Romains. Infâme répétition
de l’Histoire. Alors, oui, fallait quitter le collège et les champs et les chantiers. Oui, fallait descendre dans la rue pour la rendre
algérienne un 8 mai 45. Grande cause.
Gros effets. Aujourd’hui encore, on parle du
8 mai 45. Tout le monde a son mot à dire,
même s’il est subjectif comme celui d’un romancier avantagé par sa posture d’acteur
et de témoin de l’événement. L’objectif à atteindre se moque de la hauteur des murs et
vise l’horizon de notre Histoire en perpétuel
devenir, en attente d’un florilège de dates
légitimant nos actions.
Aïcha KassouL
Écrivaine
SOMMAIRE
AVRIL
MAI
JUIN
juillet
2010
MUSIQUES
DANSE
EXPOSITIONS
ÉVÈNEMENTS
PROGRAMME
RENCONTRES
PROJECTIONS
HOMMAGES
D'ICI ET DE LÀ-BAS
THÉÂTRE
ÉDITION
NOUVELLES
CULTURELLES
12
ÉVÈNEMENTS
L'autre 8 mai 1945
Fête du 5 juillet
04 MUSIQUES
Saadeddine EL ANDALOUSSI / Samir TOUMI /
Brahim HADJ KACEM / Hamdi BENAMI /
Cheb FOUZI / Réda SIKA
07 DANSE
Caroline ACHOURI & Sarah AVRIL « Raqsbelia »
08 EXPOSITIONS
Boubekeur Hamsi «La terre est mon village »
Djilali KADID « La couleur des mots »
21 PROGRAMME
avril-mai-juin-juillet 2010
24 RENCONTRES
« Aupès des auteurs d'ici et d'ailleurs »
Rachid Boudjedra « Les figuiers de Barbarie »
Mohamed REBAH « Des chemins et des Hommes »
28 PROJECTIONS
Le dernier Safar de Djamel AZIZI
Mamya CHENTOUF de Baya ELHACHEMI : « Militante de la première heure »
36 HOMMAGES
kalila
« Kalila » s’inscrit dans cette volonté
de nous ouvrir les uns aux autres,
de dépoussiérer les ponts censés
nous rapprocher dans un monde
souvent intolérant et injuste.
Ali ALI-KHODJA « L'alchimiste et l'œuvre philosophale »
Taos AMROUCHE « Taos en Provence »
35 ARTISTES D'ICI ET DE LÀ-BAS
HAYARI - Sublimer les femmes
35 THÉÂTRE
La Compagnie Culturelle du Théâtre de Sétif « Baroud Pacha »
36 LE MONDE DE L'ÉDITION
Photographies de couverture
Droits Réservés
Création graphique
ResPublika
Impression
Euroscanner
mars. 2010
Maison d'édition MÉDIA PLUS - Pour la promotion du livre en Algérie
38 NOUVELLES CULTURELLES
39 CONTACTS
MUSIQUE / KALILA / 04
MUSIQUES
Saadeddine
EL ANDALOUSSI,
EN HOMMAGE
A MUSTAPHA SKANDRANI
vendredi 9 AVRIL
à 20H30
Très jeune, Saad-Eddine El Andaloussi est tombé dans la musique araboandalouse. A 13 ans il fait sa première apparition publique. Passionné de
musique arabo-andalouse, il fait des
études en musicologie à la Sorbonne
Paris IV. Après un D.E.A, il réalise une
thèse sur les formes musicales algéroises.
Il donne de nombreuses conférences dans le monde sur ce sujet qui
lui tient à cœur. Reconnu pour ses
compétences, il devient spécialiste
de cette musique dite « savante ». Il
réalise le premier CD-ROM interactif
et didactique de « musique et chants
arabo andalous » à partir d’une Nouba chantée.
Saad Eddine enseigne cet art et dirige
actuellement l’ensemble El-Andaloussia de Paris à la Cité des arts. Il
développe une méthode d’apprentissage pour des choristes de tous
horizons culturels.
Il a rendu hommage aux plus grandes voix et maîtres de musique arabo-andalouse, entre autres Ahmed
SERRI, Abdelghani BELKAID, Sadek
El-BEDJAOUI. Il a donné des concerts
dans des lieux et espaces prestigieux
tels que l’UNESCO, la Grande Cathédrale d’Evry, la Sorbonne, les Centres
culturels arabes et à travers toute la
France. On ne compte plus le nombre
de festivals auxquels il a participé,
sans oublier les « Rencontres des
conservatoires du Bassin Méditerranéen » à Séville, au Portugal, en Allemagne aux USA.
La presse mondiale a salué son talent, la maitrise de son art et sa voie
chaude et suave que nous allons
savourer au CCA à l’occasion de
cette soirée de musique arabo-andalouse.
Samir TOUMI
samedi 10 AVRIL
à 20H30
Né en 1972 à Alger, Samir a déjà un
riche parcours dans la musique andalouse et Haouzi. Il fait partie, depuis 1979, de l'association El-Djazairia
El-Mossilia où il apprend à jouer de
la mandoline et du violon. Ingénieur
agronome de formation, Samir a
choisi la musique comme domaine de
prédilection.
Entre 1992 et 1993, il crée sa propre
troupe avec des musiciens chevronnés. De festivals en festivals, de manifestations en manifestations, Toumi
et sa troupe se font un large public et
partagent également des fêtes familiales. Sa musicalité prise sur les bases
de musique andalouse prend un tout
autre style en y intégrant de la musique populaire maghrébine.
Même si Hawzi reste son genre préféré, Samir Toumi interprète tous les genres musicaux du patrimoine algérien
et maghrébin. A travers ses nombreux
albums, il rend hommage au Hawzi et
à l'andalous ainsi qu'au constantinois,
à l’Oranais et à l’Algérois. Samir Toumi
ambitionne d'apporter au Hawzi la
touche qui le fera durer et s'ouvrir à
d'autres styles. Sa soirée au CCA va,
à coup sûr, nous confirmer cette tendance. Il saura comme à son habitude
faire vibrer la salle du Centre culturel
algérien où son fidèle public sera comme à l’accoutumé au rendez vous.
Hamdi BENANI
samedi 22 mai
à 20H30
Hamdi BENANI, a plus d‘une cinquantaine d’années de carrière. « L’Ange
blanc », comme on le surnomme,
n’est plus à présenter. Le prince du
MALOUF est tombé dans ce genre
musical très jeune, guidé par son
père artiste et son oncle musicien et
compositeur.
Il a fait des débuts qui ont été très
prometteurs en participant à de nom-
Brahim
HADJ KACEM
vendredi 28 MAI
à 20H30
Brahim HADJ KACEM est né à Tlemcen et c’est dans ce berceau de la
musique arabo-andalouse qu'Il a été
élevé. A 9 ans, il est déjà élève dans
les associations de musique arabo
andalouse. Il a commencé dans
l’oralité et interprète le répertoire andalous dans la pure tradition et n’a
de cesse de se perfectionner. Une
formation classique était nécessaire
pour le jeune Brahim qui a intégré
l’association Gharnata d’abord (de
1984 à 1986). Les études finies, il obtient un diplôme d’ingénieur d’état et
se consacre davantage à la musique.
Il réalise son premier album en 1993.
Brahim commence une carrière de
chanteur et se produit au Maghreb
et dans les salles les plus prestigieuses de France. Il côtoie ainsi plusieurs
figures artistiques dont Nouri Koufi,
Fewzi Kalfat, Tewfik Benghabrit, Salah
Boukli et Ness Issawa, qui l’ont guidé
dans son parcours. Les enregistrements sonores de Cheikhs Rédouane
Bensari, Abdelkrim Dali, Sadek Bédjaï
05 / KALILA / MUSIQUE
breux et divers festivals, première
télévision en 1967 et en 1968 premier
enregistrement avec le célèbre Hadj
Mohamed FERGANI. Hamdi BENANI
a représenté l’Algérie dans le monde
entier en Ambassadeur de la musique MALOUF. Il a chanté devant nombreux chefs d’États et a partagé la
scène avec de grands artistes arabes
et européens.
Il n’a de cesse de se produire pour
promouvoir ce genre musical. Il a
enregistré une vingtaine d’albums
qui participent également à la sauvegarde de ce patrimoine culturel.
Son nouvel album, qui sort courant
avril, est intitulé « Promesses » et à travers lequel ‘’l’Ange blanc’’ promet de
combler ses fans. L’album fédère plusieurs cultures dans une ambiance
sentimentale et nostalgique. Gageons
que le public qui l’apprécie sera au
rendez vous lors du concert de samedi et que ce grand séducteur leur fera
passer une soirée inoubliable.
et l’Association Nassim El Andalous
d’Oran, l’on également aidé.
En 2004, il s’installe à Paris où il enseigne les mathématiques. Il poursuit, en parallèle, sa passion musicale. En décembre 2006, il participe
au premier festival international de la
musique andalouse. Et à partir de là,
il est présent sur tous les festivals et
grands évènements organisés dans
des salles prestigieuses comme
l’UNESCO, la SORBONNE. Actuellement, il donne des cours de chant au
Centre d’animation Dunois de Paris
et dirige la chorale NOUBA crée en
2008.
Brahim, nous fera partager un doux
moment de musique et sa sérénité
communicative mêlée à de la générosité, nous transporte et nous
émeut.
Cheb FOUZI
Vendredi 4 JUIN
à 20H30
Cheb FOUZI, de son vrai nom Houari
BELLAL, a débuté sa carrière d’artiste
en 1989 en participant à plusieurs
émissions culturelles et associations
et en animant des soirées.
Cheb FOUZI est de la trempe de
Cheb HASNI. Il sera rendu célèbre
par plusieurs titres dont « Rani Chad
Fi Rabi » ou encore « Cha rahe sari ».
Il a vécu à Oran où il a poursuivi sa
scolarité. Après l’obtention d’un diplôme d’Ingénieur d’Etat en Génie
Mécanique, il se tourne vers la musique et décide de faire de la chanson
sa profession.
En 1995, il sort son premier album
« Sédicave » et participe au festival
du raï aux cotés de Cheb El Hindi et
Cheba Zahouania. Il n’a de cesse de
participer à différents festivals organisés à ALGER, Oran et à réaliser des
clips.
Actuellement, Cheb FOUZI est à sont
7e album. Une ascension fulgurante
va le propulser sur les devants des
scènes internationales. Il fait parler
de lui en 2009 puisqu’il est découvert par le public français avec le
tube « Fils d’émigré » où il est l’invité
de « Lim & Zeler », deux stars du rap
français. Cheb FOUZI a déjà un long
palmarès. Son professionnalisme, sa
collaboration avec les plus grands
chanteurs du raï feront de lui un espoir de ce genre musical. On n’a pas
fini d’entendre parler de lui. La soirée
au CCA sera "explosive" et l’ambiance assurée.
L. D
DANSE / KALILA
MUSIQUE
/ KALILA
/ 06
/ 06
Soirée musicale
avec Réda SIKA
le vendredi 7 mai,
à 20h30.
-----
Réda sikA
La chanson
est un language
universel...
Kalila : Réda SIKA est connu
pour la musique Chaâbi, flamenco
et latino. Où classez vous la chanson
sortie lors de l’événement
Algérie/Egypte ?
De son vrai nom BENJMAA, Réda SIKA est auteur
compositeur interprète qui évolue dans divers
domaines : musique, fabrication
de générique, bande sonore.
Cet algérois de 35 ans est aussi le collaborateur de
différents noms de la scène artistique
comme Zakia MOHAMED ou Mohamed LAMINE.
Il a fréquenté le conservatoire des beaux arts en
1985 en classe d'andalous Multi-instrumentiste et
1991, il crée son premier groupe de flamenco
sous le nom de ‘’Mosaïque’’ après ‘’Moresquo’’.
En 1994, il obtient le premier prix de flamenco
avec le Gouvernorat du Grand Alger à l’époque. Le
même trophée lui a été décerné
trois années de suite. Il participe à plusieurs
concerts en Algérie et à l’étranger et réalise nombre
de tournées en France avec l’ONCI, en Tunisie et au
Maroc. ‘’Méditeraneo‘’, est son dernier groupe de
2000 à 2004. De son premier album ‘’si tu savais’’
(2004), au cinquième ‘’aalache ana’’ (2009) en
passant par ‘’el denya’’ (2005), ‘’samhouni’’ (2006),
"Réda SIKA live" (2008), Réda SIKA a enregistré
également plus de vingt duo avec, entre autres, Mohamed LAMINE,
"mama mya", Boualme CHAKER, "si tu savais", Chebba SIHEM
"el maghbouna", YOUSS "algérienne", Zakia MOHAMED "hbibi wella li"…
Il a participé aux premières parties de grands artistes, dont Claude BARZOTI,
Cheb KHALED, sans compter d’autres œuvres de compositeurs, paroliers et
musiciens de renom. Dépassant le cadre de son style initial, mélange entre le
chaabi, latino et flamenco, Réda SIKA a su encourager les algériens ainsi que
l’équipe nationale grâce à sa chanson « Baila Baila » sortie pour l’occasion.
La soirée du 7 mai nous réserve des surprises entre rythme flamenco et
Chaabi, dans une ambiance festive aux couleurs du pays.
Réda SIKA : La chanson est et un langage universel et celle du match est sortie
du cœur c’étais un peu ce que je voulais
envoyer comme message a cause de
l’agression égyptienne contre notre équipe algérienne.
KALILA : Quels sont vos projets
d’avenir ?
R. S : Beaucoup de concerts, inchallah,
pour pouvoir partager des moments de
plaisir avec le public, et l’enregistrement
de mon 6eme album.
KALILA : Qu’est ce que vous
nous réservez pour la soirée
du 7 mai au CCA ?
R. S : Des chansons de mes albums avec
le mélange latino chaabi et des rythmes
méditerranéens.
Camélia BERKANI
www.redasika.tk
07 / KALILA / DANSE
DANSE
Rencontres dansées autour de
l’Inde et du Maghreb
Spectacle chorégraphié
et interprété par
Caroline ACHOURI
et Sarah AVRIL,
Vendredi 30 avril à 20h30.
-----
RAQSBELIA
Deux femmes,
un dialogue
Un aller/retour de l’Inde au
Maghreb, en passant par l’Egypte.
Une rencontre entre danse
orientale traditionnelle et danse
indienne kalbelia.
Ces deux interprètes jouent
avec le style, le mouvement,
l’énergie de chaque danse,
et entament un dialogue
gestuel nourri par leurs personnalités,
donnant ainsi corps
à une création entremêlée
aux saveurs épicées et rythmées.
Caroline Achouri Sarah Avril
Présente au Moyen-Orient depuis des millénaires,
la danse orientale est issue d'une tradition gestuelle et orale transmise par les femmes de génération en génération. Loin de la vision mercantile et
pailletée qu'un tourisme forcené n'a cessé d'amplifier, la danse orientale possède son histoire et
ses techniques propres.
Formée par Leïla Haddad, Caroline Achouri a reçu
d'elle une technique implacable, ainsi qu'une intransigeance quant au mode de diffusion de cette danse. Des voyages
réguliers dans les pays arabes, lui ont permis de parfaire sa formation
artistique avec des chorégraphes tels que Ibrahim Akef, Mahmoud Reda
et Diana Mahiou. Pour pouvoir retranscrire cette danse, elle a complété
son apprentissage par une étude socioculturelle, linguistique et musicale
du monde arabe.
Professeure à Toulouse depuis 1997, elle créé la Compagnie Al-Raqs en
1999, qui met en valeur les musiques et les danses traditionnelles orientales, tout en les inscrivant dans un processus de création artistique et
scénique.
Par ailleurs, dans un esprit de recherche et de création corporelle et
artistique, elle est amenée à explorer de nouvelles techniques chorégraphiques dérivées de la danse orientale, telle que la fusion tribale, qu’elle
utilise aujourd’hui largement dans ses créations, et qu’elle enseigne
dans ses ateliers et cours les plus avancés.
www.carolineachouri.com
www.myspace.com/carolineachouri
Ethnologue de formation, Sarah Avril effectue
plusieurs voyages au Rajasthan, où elle est initiée à la danse kalbelia. Elle donne des spectacles et propose des stages en région toulousaine et dans toute la France. Formée également
au flamenco, à la danse orientale, à la danse
contemporaine et au yoga, elle développe à
la fois une pédagogie ludique adaptée à cette
pratique et son propre langage gestuel.
La danse indienne kalbelia ou danse gitane est une danse populaire du
Rajasthan au nord-ouest de l’Inde. Traditionnellement nomades et charmeurs de serpents, les Kalbelias dansent dans leur vie quotidienne.
Danse d’improvisation, dynamique, expressive, elle est rythmée par la
frappe des pieds, un déhanchement, une gestuelle riche et de longs
tournoiements. Elle puise son inspiration à la fois dans les traditions indiennes et dans les chorégraphies de Bollywood.
[email protected]
www.sarah-avril.org
EXPOSITIONS / KALILA / 08
EXPOsitions Boubekeur HAMSI
Exposition de peinture,
du mercredi 12 mai
au vendredi 28 mai.
Vernissage et projection
du documentaire
"une empreinte de la vie"
en présence du réalisateur.
Débat animé par Nadia AGSOUS
18h30.
-----
La terre
L'art de Hamsi Boubekeur est le fruit d'une émotion. C'est un sentiment généreux. Un langage qui lui permet d'exorciser sa nostalgie
et de communiquer avec sa terre natale, l'Algérie.
C'est en tant que chanteur et compositeur qu'il entame sa trajectoire
artistique. Sa musique est un mélange harmonieux de mélodies de sa
« berbérie » natale et des notes musicales occidentales. Il se dégage de
ses chansons un air de liberté, d'espoir et d'amour.
Avide d'explorer d'autres champs artistiques, il se lance dans l'écriture
de contes et publie plusieurs livres dont « Contes berbères de Kabylie ».
Racontés dans un langage agréable, ces histoires nous entraînent dans
un univers magique où le bien triomphe sur le mal; où le rêve et la réalité
se mêlent et s'entremêlent.
Et sa trajectoire artistique poursuit son cours. En 1988, Hamsi BoubekeuR
se verse dans la peinture naïve, style pictural figuratif. Il peint sur papier,
sur toile et sur d'autres supports, maniant habillement le pinceau, la
gouache, l'acrylique, l'encre de chine.
Dans son atelier bruxellois, une collection de tableaux. Des assiettes
peintes sur céramique à froid. Des miroirs. Des plaques en bois. Des
bannières, une série de réalisations récentes en acryliques sur papier
spécial. Des calebasses. Et des dessins de mains en couleur et à l'encre
de chine qui sont à l'origine de l'opération internationale, « Les Mains de
l'Espoir ». Le tout décoré de motifs géométriques inspirés de l'art pictural
berbéro-kabyle et des souvenirs de son enfance.
Le figuier. L'olivier. Le palmier. Les villages nichés dans les interstices des
montagnes. Des hommes. Des femmes. Des foules qui révèlent l'intimité
de leur monde. En les peignant, le peintre les immortalise et les universalise. Et voilà qu'ils s'offrent à nous dans la beauté du geste créateur
du peintre et de son imaginaire qui nous immerge dans ses rêves inachevés.
Doucement. Lentement, l'œil se laisse éblouir par cette peinture figurative du détail, de la minutie, de la spontanéité dominée par une kyrielle
de couleurs chaudes et éclatantes où dominent le rouge, le jaune, le
vert... Et voilà que le regard est propulsé au cœur du soleil et des symboles de l'Algérie. Son Algérie. Celle qu'il a forgée au fil des jours dans
les méandres de son exil créateur. « Lorsque la tristesse me prend et
que la nostalgie de ma terre natale est trop dure, je me tourne vers mes
pinceaux et mes souvenirs. Ils me rassurent et dessinent mon avenir »,
confie Hamsi Boubekeur, ce bâtisseur de passerelles, ce passeur de
messages porteurs de valeurs universelles.
De Bruxelles, le peintre reconstitue les fascinants visages de sa terre natale. Au cœur de son exil, il tait sa nostalgie par un, deux, trois, quatre...
coups de pinceaux. Le geste créateur ! Des histoires en devenir... Naissance d'une foule de personnages. Leur rêve ? Graver leur récit sur les
deux rives de la méditerranée, ce pont qui lie et relie et qui vient nous
rappeler que la vie est un incessant va et vient des humanités et des
cultures, démarche qui a fait valoir à notre artiste d'être promu Officier
de l'ordre de la couronne en octobre 2009.
« Une journée dans le village » (Triptyque formé de 2 éléments de 50 x 70 cm
et d'un élément de 50 x 60 cm ) Acrylique sur toile.
Nadia AGSOUS
Journaliste
09 / KALILA / EXPOSITIONS
est mon village
Biographie
------------------------------
Boubekeur
HAMSI
en quelques
dates
1952 : Naissance
à Bejaïa (Algérie)
1976-1978 : Il travaille
au Centre de recherche
anthropologique, préhistorique
et ethnologique (C.R.A.P.E.)
comme assistant ethnomusicologue
auprès de Mouloud Mammeri
et participe à des missions
au cours desquelles il recueille
des chants folkloriques
des différentes régions d’Algérie.
1979 : Il s'installe à Paris.
1980-81 : Il migre à Bruxelles
1982-89 : Il réalise l'album
‘’Le chant des profondeurs’’,
la musique du Documentaire
“Kateb Yacine, l’amour
et la révolution” et publie
des livres de contes dont un 45 T
’’Si tu veux la paix prépare l’enfance”
au profit de l'Unicef.
1994 : Il initie le projet
‘’ Les Mains de l’Espoir ‘’
qui prend une ampleur
internationale. Son objectif ?
Transmettre un message de paix,
de non-violence et du respect
de la personne humaine à travers
le monde
2009 : Il se lance dans la création
de bannières. Ces ‘’Paroles tissées’’
se déclinent sous forme de longues
bandes de papier ornementées
de dessins et de symboles inspirés
de l’art pictural berbère.
Hamsi metro 1 et 2 « Boubeker Hamsi devant les panneaux restaurés
de la station de métro Lemonnier à Bruxelles » (Photo de Steven BOXTEL)
Mauresque 53 x 228 cm
Acrylique sur papier spécial
« Une empreinte de la vie »
«Je pense que la vie est là et qu'il ne faut pas être pessimiste. Toute cette vie,
toutes ces couleurs, j'ai envie qu'elles sortent de mes œuvres et qu'elles se déversent
sur les corps des gens», (citation de HAMSI Boubekeur).
En 1998, Hamsi Boubekeur est sollicité pour décorer les murs de la station de métro
« Lemonier» située dans le centre ville de Bruxelles.
S'inspirant de son projet, «les mains de l'Espoir » qui vise la transmission d'un message
de paix à travers le monde, l'artiste peintre, promu Officier de l'Ordre de la Couronne
en octobre 2009, réalise une oeuvre sous forme d'une quarantaine de mains qu'il peint
sur des panneaux de multiplex marins, coordonnés en trois ensembles de cinq mètres
de haut. En 1999, la station, ornementée de ces mains décorées de symboles berbères,
est inaugurée en la présence de personnalités belges et algériennes.
Au fil des ans, la station Lemonier se dégrade sous l'effet de la pollution et de l'humidité.
Sur les murs, des traces d'usure et de vieillissement... Des travaux de réfection s'imposent.
Voici venu le temps du remodelage des panneaux en bois plaqué sur du mur cimenté
et leur remplacement par un projet qui vise l'intégration des dessins des mains dans le décor
de la station rénovée en tenant compte des mobiliers urbains, des panneaux publicitaires,
des indications …
Ce projet permettra à l'œuvre de HamsI Boubekeur de bénéficier « d'un grand éclat
et d'une longue espérance de vie» et ce, grâce à la technique de la sérigraphie sur tôle
émaillée. Le travail consistera à scanner les dessins de ces mains, symboles du partage,
du don et du contre-don et tracées à l'encre de chine pour réaliser des reproductions de trois
mètres de haut. Ainsi, une «trentaine d'œuvres seront combinées, reproduites, agrandies
dans seize dimensions différentes». Au total, trois cent panneaux iront recouvrir les murs
de la station que le peintre rêve de baptiser «la station du bien-être ».
C'est ce processus de transformation que tentent de dévoiler Yves Gervais
et Stéphanie Meyer à travers leur documentaire, « Une empreinte de la vie »,
projeté à Béjaia en août 2009 et sélectionné au Festival CinéRail de Paris en mars 2010.
Nadia AGSOUS
Evènement organisé en collaboration avec M. Jean-Pol BARAS,
délégué des gouvernemants de la Communauté Française de Belgique
et de la Région Wallonne.
Délégation Générale
de Wallonie Bruxelles
www.hamsi.be
EXPOSITIONS / KALILA / 10
« La couleur des mots »
Exposition de peinture
du 2 au 25 juin 2010.
Vernissage
mercredi 2 juin
à 18h30.
-----
DJILALI KADID
KALILA : Djilali Kadid, dans cette exposition vous nous présentez une galerie
de portraits de fleurons de la littérature
algérienne, et par là même une des facettes de votre talent de peintre, celle de
portraitiste. Comment se sont effectués
vos choix parmi ce panthéon des grandes figures littéraires algériennes ?
Fadhma Aït Mansour Amrouch
Djilali Kadid : J’ai toujours aimé la littérature et les écrivains. Adolescent, j’avais
dessiné au crayon les portraits des poètes
que j’admirais, les romantiques surtout,
d’après des documents que je trouvais
dans les manuels scolaires de l’époque,
Lamartine, Vigny, Hugo, Musset, mais
aussi les romanciers Chateaubriand, Balzac, Stendhal, et bien d’autres. Pour ce qui
est des écrivains algériens, c’est exactement la même chose, en peignant leurs
portraits, je leur témoigne mon admiration
et ma reconnaissance pour ce que leurs
écrits m’ont apporté. Il n’y a pas eu de
choix préétabli ni d’intention particulière,
mais simplement un point de départ, Kateb Yacine, dont j’avais déjà peint le portrait à différentes périodes. Instinctivement,
je suis revenu, après tant d’années, vers
ce genre qui m’a passionné dès mes années d’apprentissage. Il y a trois ou quatre
ans, je recevais les programmes du Centre culturel, justement, illustrés chaque fois
par une photo d’un de nos écrivains. Les
clichés me parlaient, je les mettais de côté
avec le vague projet d’en faire quelque
chose. C’est ainsi que le thème a éclos,
et qu’à la suite de Kateb, j’ai entrepris les
portraits de Dib, puis de Feraoun, d’Amrouche et de sa mère,
Fadhma Aït-Mansour Amrouche, de Sénac, de Pélégri, de
Mammeri, de Belamri.... Il y a cependant un autre facteur,
humain, ou affectif, c’est ma rencontre avec la plupart de ces
écrivains et mon amitié avec certains parmi eux : Kateb, Pélégri et Belamri, notamment. Mais j’avais aussi sympathisé avec
Mohamed Dib, ici même au Centre culturel, et plusieurs fois
croisé Mammeri et échangé
avec lui, deux ans avant son
décès. Ce facteur a dû jouer
dans le déclenchement de ce
thème, d’autant que toutes
ces figures nous ont quitté,
parfois assez prématurément. Mes portraits sont un
peu un dialogue posthume,
un échange qui se poursuit
outre-terre avec ces « voix
chères qui se sont tues »...
La
couleur
des mots
KALILA : L’invention de la
photographie a bouleversé
la pratique séculaire du
portrait peint, alors comment pratique-t-on cet art
à l’ère de l’instantané ? La
force du portrait peint tient
de son souci de la physionomie des sentiments.
Cette approche plus « psychologique » du portrait que ne
permet pas le cliché photographique est-elle la vôtre ?
D. K : La question touche à divers paliers ce thème : la condition du portrait peint à l’ère de l’instantané et du numérique,
le rapport entre peinture et photographie, la différence entre
ces deux modes d’expressions. Il est vrai que la photographie, dès son apparition, s’est accaparée du portrait, jusque-
11 / KALILA / EXPOSITIONS
là totalement dévolu à la peinture mais aussi à la sculpture.
C’était d’autant plus normal qu’à ce moment-là la peinture et
la sculpture nourrissaient d’autres ambitions que celle de la
représentation réaliste. La photographie a pris le relais pour
ainsi dire et pas seulement pour le portrait, pour le paysage
aussi et même pour la nature morte. Mais les choses ne sont
pas aussi simples car ces deux modes d’expressions ont
leurs lois, leurs spécificités respectives et ne traitent pas ces
thèmes de la même manière. En
un mot, ce que la peinture par ses
moyens propres peut exprimer ou
rendre, la photographie ne le peut
pas. Et vice-versa. C’est pour cela
que le portrait peint me semble à
l’heure actuelle toujours aussi légitime et aussi valable qu’à l’époque
de Titien ou d’Ingres. A la différence
près qu’à ces époques-là, grâce
au phénomène de la commande,
ce genre très spécifique prospérait
à vue d’œil et a pu ainsi écrire l’un
des chapitres majeurs de l’histoire
de l’art, alors qu’à l’heure actuelle il
est totalement délaissé et banalisé
dans l’esprit du public submergé
par l’imagerie d’une société de
consommation en perte de vitesse.
Je tiens à signaler que la plupart
de mes portraits sont inspirés de
photos, parfois célèbres. C’est un dialogue passionnant que
celui entre un peintre et des photographes, parce que plein
de défis, car comment rester peintre en s’inspirant de clichés
photographiques, c’est là que se situe l’enjeu, le corps à corps,
comme avec tout motif, de quelque source qu’il provienne.
A la faveur de ce dialogue silencieux mais ô combien édifiant, tout en gardant ma spécificité de peintre, j’ai pu mesurer
la richesse et la valeur de la photographie. Je ne sais pas
jusqu’où mes portraits ne sont pas aussi un hommage à ces
photographes, célèbres ou anonymes, qui les ont inspirés !
KALILA : Ce regard que vous portez sur les écrivains algériens, ce
« dialogue » que vous instaurez
avec leurs images est une chose qui
vous est habituelle puisque dans
vos travaux de critique d’art vous
conversez avec des peintres. Les
nombreux entretiens que vous avez
réalisés avec des peintres algériens
ont participé a mettre des mots sur
leurs couleurs. Ici vous donnez des
couleurs à nos inventeurs de mots
les plus célèbres. Ce besoin de compréhension et de partage avec les
artistes et d’appréhension de notre
culture vous est-il inhérent ?
D. K : Ce parallèle que vous faites
entre mes portraits d’écrivains et
mes dialogues avec des artistes, algériens et autres, est très pertinent,
car il met le doigt sur quelque chose pour moi d’essentiel, le
désir d’entrer en contact avec l’autre, de le connaître, et partant, de le faire connaître et aimer. C’est drôle, c’est quelque
chose auquel je n’ai pas pensé : les peintres m’inspirent pour
l’écriture, et les écrivains pour la peinture. En effet ces Portraits
rejoignent ces Dialogues, deux approches différentes mais
équivalentes, mues par un même besoin de connaissance,
de contact avec des personnalités chères, d’exploration de
parcours intellectuels, artistiques et humains. Paul Eluard écrivait : « Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui
est inspiré ». On peut le dire de tous les artistes. J’ai pour ma
part toujours trouvé mon inspiration chez les autres et à travers les autres, et cette inspiration prend souvent sa source
dans mon admiration pour ces autres. Il y a longtemps de
cela j’avais publié dans la revue Actualité de l’Emigration, un
entretien avec le peintre Alfred Manessier, que j’avais intitulé
: « Passion de l’Autre ». C’est un peu de cela qu’il s’agit : un
désir de partage, de connaissance de l’autre, de communion
avec lui dans l’intimité de sa création romanesque, poétique
ou artistique, ou simplement dans son humanité.
Propos recueillis par Amina F.
wwwdjilalikadid.com
ÉVÈNEMENTS / KALILA / 12
ÉVÈNEMENTS
Le CCA organise
le samedi 8 mai 2010
un événement
(rencontre, projection d’un film
et exposition)
autour de cet autre
8 mai 1945.
L'AUTRE
8 MAI 1945
Dans la liesse de la victoire sur le nazisme, ce 8 mai 1845, des Algériens
ont revendiqué leur volonté d’indépendance. Ils subiront durant plusieurs semaines une violente répression conduite par l’armée française et des milices
civiles d'origine européenne.
dans le constantinois (Sétif, Guelma, Kharata …). Elle fera des milliers
de victimes. Kalila consacre le dossier de son N°7 à cet autre 8 mai 1945.
65 ans après, les massacres, «une illustration de la nature pathogène
de la colonisation », comme le souligne si bien l’historien
Jean-Louis Planche, auteur de ‘’Sétif 1945, Histoire d’un massacre annoncé’’,
rappellent à la mémoire collective la cruauté du colonialisme.
« On désigne par "massacres du 8 mai 1945" la tragédie
que fut l’extermination de 20 à 30 000 Musulmans, pour l’essentiel
par des milices civiles, dans le département alors français de Constantine.
On la situe à Sétif, ville ravagée ce jour-là par une émeute.
Mais les massacres, dans leur irrationalité monstrueuse, ont débuté le 9 mai,
au lever du jour à Guelma, petite ville paisible à 200 kilomètres vers l’Est,
puis se sont manifestés à nouveau à Sétif, avant de déferler
sur le département pendant plusieurs mois. En septembre 1945, on pouvait
voir "au cimetière de Constantine, décharger d’une camionnette
les cadavres des fusillés de la veille, qui furent abandonnés sans sépulture »,
écrit l’historien dans une contribution à Kalila.
« L’Algérie commémore le soixante-cinquième anniversaire des massacres
de Sétif et Guelma perpétrés par l’armée française et de nombreuses milices
coloniales composées de civils d’origine européenne. Bilan : entre 20 000
et 30 000 victimes arrêtées, torturées et exécutées sommairement
pour rétablir l’ordre et terroriser les populations « indigènes »,
souligne de son côté Olivier Le Cour Grandmaison,
auteur de ‘’Coloniser – Exterminer : Sur la guerre et l’État colonial’’.
De son côté, Hamou AMIROUCHE, auteur de l’ouvrage ‘’AKFADOU:
Un an avec le colonel Amirouche’’, Casbah Editions(2009), nous confie :
« "L'indépendance ne se donne pas, elle s'arrache", ne cessait de répéter
mon père, forgeron de profession, militant nationaliste de l'Etoile
nord-africaine, puis du PPA-MTLD, quelques jours avant l'insurrection
du 8 mai 1945 ». Il relève que. La hargne cruelle mise en mai 1945,
dans les grandes villes de l'est du pays, pour réaffirmer" la volonté
de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte
à la souveraineté française en Algérie" proclamait le général De Gaulle,
dans un message adressé au général gouverneur Yves Châtaigneau [1],
inspira plus de haine à son tour que de frayeur. Les nouvelles des massacres
étaient confirmées de partout et partout avaient dépassé l’entendement ».
L'historien et écrivain Mohamed Harbi nous livre quelques réflexions
sur les évènements de mai 45 en soulignant que "la politique française
a crée en Algérie une situation qui rend l'insurrection légitime."
A. Fatiha
13 / KALILA / ÉVÈNEMENTS
Par Hamou
AMIROUCHE,
Universitaire et écrivain
Un forgeron
H. AMIROUCHE
Mohand Ameziane
AMIROUCHE
et le 8 mai 1945
"L'indépendance ne se donne pas, elle s'arrache",
ne cessait de répéter mon père, forgeron
de profession, militant nationaliste de l'Etoile
nord-africaine, puis du PPA-MTLD,
quelques jours avant l'insurrection du 8 mai 1945.
Il tenait en main un fusil de guerre, le caressait
amoureusement, le démontait, le graissait
et le remontait l'espace d'un éclair.
Le 11 mai 1945, un peloton de soldats français
et de Tabors marocains firent irruption
dans notre demeure à Tazmalt,
découvrirent l'arme et se mirent à le battre
avec une sauvagerie inouïe. Ma mère,
mes frères et moi, témoins forcés et impuissants,
ne pouvions leur opposer que nos larmes.
Mon père concéda bien des années plus tard
que les coups de pied aux côtes et de matraque
même s’ils lui faisaient perdre connaissance à intervalles
réguliers étaient comme des caresses comparées à la gégène,
la baignoire et la bouteille de la PRG (Police de Renseignements
Généraux) de la prison civile de Bougie en novembre 1954.
Aucun désir pourtant de rechercher ses tortionnaires,
aucune haine ne perlaient de ses récits entamés
mais jamais achevés, suggérés plutôt que décrits,
par excès de pudeur caractéristique de notre culture.
On apprendra plus tard que les militants nationalistes comme mon
père s'en sont sortis à bon compte. La hargne cruelle mise en mai
1945, dans les grandes villes de l'est du pays, pour réaffirmer "la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à
la souveraineté française en Algérie" proclamait le général De Gaulle,
dans un message adressé au général gouverneur Yves Châtaigneau
[1], inspira plus de haine à son tour que de frayeur.
Les nouvelles des massacres étaient confirmées de partout et partout
avaient dépassé l’entendement. On saura quelques années après
que sous l'œil bienveillant ou indifférent des autorités coloniales, et
préfigurant l'Organisation Armée Secrète (OAS) 17 ans plus tard, les
colons s'organisèrent en milices et s'adonnèrent aux expéditions punitives pour venger les quelques quatre vingt huit colons tués (rapport
du commissaire de Police d'Alger, M. Bergé) [2]. Beaucoup de colons
se sont vantés d'avoir fait des hécatombes comme à l'ouverture de
la chasse. L'un d'eux aurait tué à lui seul "quatre vingt trois merles..."
(Algériens)
Selon André Prenant, géographe et spécialiste de la démographie
algérienne, qui s'est rendu dans la région de Sétif trois ans après
les massacres, "toute la région restait frappée de deuil. Il y avait des
morts dans chaque famille..."La répression de mai 1945 fut, de l'avis
unanime de tous les historiens, quelque chose d'effroyable que l'on
retienne les chiffres algériens ou ceux d'André Prenant: "Je pense
qu'il y a eu entre 20.000 et 25.000 victimes. Les familles se taisaient
et n'osaient même pas déclarer leurs morts", ajouta-t-il [3]. L'Algérie
connaît pendant plus de deux semaines un déchaînement de folie meurtrière et hystérique. De nombreux
dirigeants et militants du PPA, des Amis du Manifeste
dont Ferhat Abbas et de l'Association des Oulémas
furent arrêtés. Des tribunaux militaires prononcèrent
2000 condamnations, dont 151 à mort. Certains d'entre eux, ne devaient recouvrer la liberté qu’au moment
où l’Algérie s’apprêtait à célébrer la fin des ténèbres
coloniales. La "pacification", un euphémisme qui sera
exhumé pendant la Révolution, ne prendra fin qu'avec
la "reddition officielle" des tribus, "organisée comme
un grand spectacle" à la plage des Falaises, entre Jijel
et Kherrata le 22 mai [4]. Peu à peu la plupart des prisonniers dont mon père, dans un geste d’apaisement,
furent libérés. Ce fut un autre homme qui nous revint de la Prison civile
de Bejaia.
"C’est désormais la fin de la “poulitique”, ne cessait-il de marmonner,
la fin des “assimilationnistes”, des “intégrationnistes”, des "rattacheurs"
de l'Algérie à la France. Nous ne déploierons plus de drapeaux dans
les manifestations et nous faire massacrer. Ce sera désormais une
autre forme de lutte, une lutte sans merci. "Ils concluaient, selon un
euphémisme savoureux de De Gaulle, "que leur libération ne viendrait
pas par la voie légale"[6]
Deux ans après, le premier groupe armé, l'Organisation spéciale
(l'OS) fut structuré à l’échelle nationale. Et sept ans après commença
à sonner le glas du colonialisme en Algérie. Mon père fut emprisonné
de nouveau dès le 3 novembre 1954, à la même Prison civile de Bejaia, puis à Saint-Maurice l'Ardoise et enfin à la prison de Berrouaghia
jusqu'à la fin de la guerre.
Pour ma part, le spectacle des tortures infligées à mon père, en 1945,
lorsque j'avais 7 ans, associé aux vertus de la résistance armée, à
l'amour de la Patrie, à la fierté d'être algérien qu'il m'inculqua dès l'enfance m'amenèrent à prendre les armes contre l'occupant à l'âge de 19
ans. J'eus ainsi l'extraordinaire privilège de servir durant près d'un an
sous les ordres d'un héros hors du commun, le colonel Amirouche.
Hamou Amirouche,
auteur de l'ouvrage AKFADOU : Un an avec le colonel Amirouche,
Casbah Editions (2009).
------------------------------
Notes
1. Henri Alleg, Henri Alleg, La Guerre d'Algérie, T.I, Temps Actuels,
Paris 1981 p. 258.
2. Ali Habib, "Mai 1945 : répression à Sétif" dans La Guerre d'Algérie,
"Le Monde et Librio" Paris: 2003 p.18.
3. La Guerre d'Algérie, 1954-1962, Librio, Le Monde, Op.cit. p.19.
4. La Guerre d'Algérie, Librio, Le Monde, Op.Cit. p. 19
5. Ibid. p.19.
6. Charles de Gaulle, Mémoires d'Espoir, le Renouveau,
1958-1962 Plon 1970 p. 18
ÉVÈNEMENTS / KALILA / 14
Par Mohamed
historien et écrivain
HARBI,
Quelques réflexions
Nos connaissances sur les événements de mai 1945 en Algérie
ont connu une appréciable avancée. Débats politiques
et recherches historiques sont étroitement liés. Cette politisation
d’un épisode tragique de l’histoire algérienne était inévitable.
Les historiens ne peuvent y échapper et doivent l’assumer.
Le sens de ces événements est à inscrire dans le temps long,
dans la société et la culture, dans la continuité de la résistance
aussi. Il m’est difficile d’en rendre compte dans un espace limité.
Je me propose donc d’évoquer certains aspects de ce conflit,
la dimension géopolitique, l’irruption de la violence politique,
le poids du religieux dans la mobilisation, les données
historiques ne sont rappelées que dans la mesure
où elles fournissent une connaissance indispensable
étayer l’analyse.
1 - La dimension géopolitique
Après avoir été trois siècles durant un partenaire dans les relations
internationales, l’Algérie est devenue un enjeu. Son annexion arbitraire par la France n’a pas empêché des acteurs étatiques et nonétatiques de plaider la cause de son émancipation nationale. En vertu du concept islamique de la nationalité, tous les sultans ottomans
ont refusé d’entériner son annexion. En 1888, à une époque de forte
tension entre l’Empire ottoman et la France, Abdelhamid faisait dire
au représentant français Montebello « qu’il espérait qu’on n’exigerait
pas de lui la reconnaissance explicite de la souveraineté de la France
sur l’Algérie. Aucun de ses prédécesseurs n’ayant acquiescé à la
conquête de l’Algérie, il ne pouvait rompre ouvertement avec cette
tradition sans froisser ouvertement les sentiments les plus respectables de ses sujets musulmans ». Au cœur de l’Empire, l’élite émigrée
n’a pas renoncé à la libération du pays. « Bien que vivant en terre d’islam, ils aspirent à revenir chez eux, tel cet Algérien qui déclarait au
drogman [interprète] du Consulat de France à Beyrouth : « Les Algériens aiment jusqu’à l’adoration leur pays ; ils reviendront, et l’exaspération sera un jour à son comble, c’est alors que le gouvernement
français s’apercevra de ses torts ». Ces Algériens, là où ils se trouvent,
utilisent des moyens divers pour mettre à profit les contradictions entre les grandes puissances : insurrections comme en Kabylie et dans
le Constantinois (1871), dans le Sud-Constantinois (1916-1917) ; démarches politiques : « Mémoire du Comité algéro-tunisien » au Congrès
de la Paix au terme duquel ce comité revendique l’indépendance de
l’Algérie et de la Tunisie ; Pétition de l’Emir Khaled au Président américain Wilson (1919) dans laquelle Khaled demande la mise en œuvre
du principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à l’Algérie ;
intervention de Messali Hadj au Congrès anti-impérialiste de Bruxelles (1927) exigeant « la restauration de l’Etat algérien ».
Le débarquement américain au Maghreb (1942) au cours de la seconde guerre mondiale, la guerre des ondes que se livrent les grandes puissances en Méditerranée, la Conférence des Etats arabes à
Alexandrie (25 septembre 1944), la constitution de la Ligue arabe (22
mars 1945) hostile à toute « francisation autoritaire de l’Algérie » laissent augurer de nouvelles opportunités pour secouer le joug colonial
et contribuent à l’effervescence politique.
2 - La question de l’insurrection
Si les circonstances extérieures donnent l’impression de se prêter à
des changements dans les colonies en vertu de la réaffirmation dans
la charte de l’Atlantique du principe du droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes, la solidarité entre les Alliés face aux puissances de
l’Axe prime sur leurs rivalités. Le problème majeur du mouvement national algérien, c’est sa segmentation et son manque de cohésion. La
société a connu, depuis la conquête française, un nivellement sans
précédent au Maghreb. Tous les groupes sociaux qui fournissaient
des cadres à la société ont disparu. Les changements imposés par
le haut au peuple qui vit de la tradition sont à l’origine d’une brisure
entre lui et les élites nouvelles éduquées à l’occidentale. Le vide est
comblé par une élite plébéienne issue de l’émigration en France et
des villes et villages. C’est elle qui prend la première en charge le
destin du pays en épousant l’idéologie nationaliste.
Son parti, le Parti du Peuple Algérien, interdit en septembre 1939, décimé par la répression se maintient difficilement à flots. Une de ses
factions influente à la Casbah d’Alger l’a quitté au profit du Comité
révolutionnaire Nord-Africain (CARNA). La divergence portait sur les
alliances tactiques. Le CARNA privilégiait l’alliance avec l’Allemagne
nazie. Exclus par Messali, alors emprisonné, ses membres seront
réintégrés en 1944 après avoir fait amende honorable. La direction
du PPA a pour animateur, le Dr Lamine Debaghine, partisan de la
lutte armée pour arracher l’indépendance. Selon Omar Oussedik, un
de ses collaborateurs, il aurait été à l’origine d’un projet d’insurrection
soumis à Messali, alors en résidence surveillée à Chellala. Mais si sur
la mise en œuvre de ce projet les preuves manquent, ses activités en
vue de parvenir à la réalisation d’un front national nous sont connues
par un témoignage du Dr Mostefaï Chawki qui l’a accompagné en
décembre 1940 à un rendez-vous avec Ferhat Abbas. Selon Mostefaï,
la première tentative de Debaghine d’amener Abbas à rejoindre le
camp nationaliste a échoué. Econduit, il revient à la charge après le
débarquement anglo-américain et réussit sa démarche. Après bien
des péripéties rendues scrupuleusement par le Professeur Mahfoud
Kaddache, dans son histoire du nationalisme algérien, cet épisode
15 / KALILA / ÉVÈNEMENTS
sur les événements de mai 1945
eut une suite « le Manifeste du peuple algérien dont l’additif adopté
par les élus musulmans à l’Assemblée financière propose qu’à la fin
des hostilités, l’Algérie devra être érigée en Etat souverain » fédéré à
la France. Ses représentants au CFLN, gauche et droite confondues,
rejettent le projet et oppose aux revendications algériennes l’ordonnance du 7 mars 1944, une version améliorée du projet Blum-Violette.
La différence porte sur le nombre de bénéficiaires de la citoyenneté
française de 85 000 à 90 000 au lieu de 65 000. Trop peu et trop tard.
Frustrés, les aspirations populaires vont s’investir dans le mouvement
des « Amis du Manifeste et de la liberté » dont la force résidait dans
la confiance qu’il redonnait aux Algériens d’un avenir autre que dans
sa capacité à les encadrer et à les discipliner.
Ce front commun entre PPA, Oulémas et partisans de Ferhat Abbas
n’est pas exempt de graves divergences.
a- Contrairement aux Oulémas et au PPA qui à cause des différences
de langue et de religion ont défini l’identité nationale sur une base
ethno-religieuse, Ferhat Abbas s’est forgé une identité nationale souple, ouverte et universaliste.
b- Le PPA est hostile à une République algérienne fédérée à la République française.
c- Les divergences sont encore plus grandes sur les rôles respectifs
du politique et du religieux.
Enfin la mobilisation populaire n’a pas été suscitée et encadrée par
le seul PPA. A la base les Oulémas y ont pris une large part avec des
mots d’ordre conformes à leur vision propre de la nationalité algérienne.
La politique de la direction du PPA visait à faire intervenir les EtatsUnis pour en finir avec la colonisation française. C’est dans cet esprit
qu’il a organisé le 1er mai 1945 des manifestations distinctes de celles
de la CGT et du PCA et avec son drapeau, consacré drapeau algérien
au cours de la guerre de libération. L’organisation du 8 mai participait
du même esprit. Elles se voulaient pacifiques. La tournure qu’elles ont
prises à Sétif et à Guelma s’explique par trois facteurs qui ont créé
une situation explosive, favorable à toutes les aventures.
• le romantisme révolutionnaire de dirigeants du PPA porteurs d’une
conception conspiratrice de la vie politique qui a galvanisé une opinion braquée contre un projet de « francisation autoritaire » des élites
et du pays.
• L’action du parti colonial hégémonique dans l’administration. Désireux d’éradiquer le nationalisme, il n’a cessé face à la montée du
mouvement de masse, de crier au feu et d’interpréter les faits à la
lumière d’un projet insurrectionnel.
• L’importance de la mobilisation religieuse dans les zones rurales et
même dans les villes qui place un conflit politique sous le signe du
Djihad n’est pas sans risque. Cela appelle la censure des mœurs, la
référence à la notion « d’infidélité » etc …
Dans ces conditions, la moindre étincelle pouvait provoquer l’incendie. C’est ce qui est advenu en mai 1945.
A Sétif, l’hypothèse d’ « un déclenchement spontané et intempestif de
l’émeute » est plus que probant. A Guelma, la thèse d’une subversion
européenne annonçant l’OAS émise par Jean-Pierre Peyroulou entraine l’adhésion.
L’ordre donné par le PPA pour élargir le soulèvement de Sétif et de
contraindre l’armée française à disperser ses forces. L’annulation de
cet ordre n’a d’intérêt que pour l’histoire interne du PPA et pour ses
projets à venir. L’attention doit donc se concentrer sur le traitement
des soulèvements, qui a fait dire à Jean-Charles Jauffret qu’il se rapproche « plus des opérations de guerre en Europe que des guerres
coloniales traditionnelles ».
Reste un point en relation avec l’actualité : le poids du religieux dans
la mobilisation une approche plus conforme aux événements et aux
pratiques du PPA et des Oulémas ne peut ignorer que la rencontre
entre les AML et la population n’aurait pu se faire sans la médiation
du religieux qui est un ressort du fonctionnement de la société. Par
certains aspects, le soulèvement dans la région de Sétif est proche
d’un conflit religieux. Lors de la conquête française où l’Emir Abdelkader a proclamé le djihad proscrit l’alcool, les jeux, l’usage du tabac
et de la musique, la religiosité et l’exigence éthique ne sont pas des
accessoires. Les logiques et les conduites des acteurs sont commandées par l’identité culturelle largement imprégnée des valeurs islamiques. Cette tradition n’a jamais perdu de sa pertinence mais en
raison de l’hégémonie chez les élites occidentalisées du paradigme
de la modernisation et de la sécularisation, elle a été sous-estimée
ou ignorée. Tant qu’il en sera ainsi, la politique par le haut et la politique par le bas ne concorderont pas, et ce au détriment de l’idéal
démocratique.
Concluons
La politique française a créé en Algérie une situation qui rend l’insurrection légitime. Mais si en 1945, le projet insurrectionnel agitait
bien des esprits, les preuves d’une mise en œuvre ont fait défaut.
Aujourd’hui, c’est en admettant que l’Algérie française était impossible que le débat sur ces événements de mai 1945 quittera le domaine
de la propagande pour celui de l’histoire, une histoire reconnue de
tous les gens honnêtes.
Mohammed HARBI
ÉVÈNEMENTS / KALILA / 16
Par Olivier
Le Cour Grandmaison,
historien et écrivain
8 mai 1945 en Algérie :
des massacres orphelins
8 mai 2010. La France célèbre comme il se doit la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Nul doute que le président
de la République, notamment, voit dans cette date un formidable
motif de fierté nationale lui qui affirme être si soucieux de rétablir
et d’entretenir ce sentiment parmi les citoyens. 8 mai 2010. L’Algérie commémore le soixante-cinquième anniversaire des massacres de Sétif et Guelma perpétrés par l’armée française et de
nombreuses milices coloniales composées de civils d’origine européenne. Bilan : entre 20 000 et 30 000 victimes arrêtées, torturées
et exécutées sommairement pour rétablir l’ordre et terroriser les
populations « indigènes » Une seule et même date. Deux histoires diamétralement opposées en même temps que liées l’une à
l’autre cependant que la première est exaltée, et la seconde enfouie dans le bilan réputé positif de la colonisation établi par Nicolas Sarkozy qui a réhabilité, comme jamais depuis 1962, le passé
impérial du pays afin de satisfaire aux exigences d’un électorat
ultra nécessaire à sa victoire.
Pour recouvrer son autorité en Europe et dans le monde, la France
libre, et l’écrasante majorité des forces politiques qui la composaient,
gaullistes, communistes et socialistes, étaient prêtes à tout pour défendre l’empire et, dans le cas particulier des départements français
d’Algérie, pour perpétuer la domination de la métropole imposée
depuis cent quinze ans. Monarchique d’abord, républicaine ensuite,
impériale après et de nouveau républicaine après la chute de Napoléon III, la France a longtemps soumis, comme l’écrivait Ferhat Abbas,
les « Arabes » au régime du « talon de fer » et du « mépris », au Code
de l’indigénat, aux tribunaux répressifs, à l’internement administratif
et aux amendes collectives. Sans oublier les nombreux massacres
commis par l’armée d’Afrique pour conquérir l’Algérie et rétablir l’ordre colonial lorsque celui était contesté par les « indigènes». Jusqu’en
1945, ces derniers n’étaient que des « sujets français », des assujettis
en fait comme en droit, privés des libertés démocratiques élémentaires. A cela s’ajoutaient de nombreuses dispositions discriminatoires
et racistes qui ne pesaient que sur eux. C’est contre cet ordre pour
eux dictatorial, injuste et inégalitaire que manifestaient donc ceux qui
s’étaient rassemblés à Sétif en ce 8 mai 1945. On connait la suite : le
déchaînement de la violence et de la terreur d’Etat avec son cortège
de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Une fois encore, en ce mois de mai 2010, ce passé n’a toujours pas
droit de cité de ce côté-ci de la Méditerranée, ni dans les discours
des plus hauts responsables de l’Etat, ni dans ceux des dirigeants
de la gauche parlementaire, ni dans la plupart des grands médias
français. Mépris, silence, oubli. Sinistre combinaison aux effets délétères. Jusqu’à quand ?
Olivier Le Cour Grandmaison
17 / KALILA / ÉVÈNEMENTS
Par Jean-Louis PLANCHE,
auteur de ‘’Sétif 1945 :
histoire d’un massacre annoncé’’
historien et écrivain
Une illustration de la nature
pathogène de la colonisation :
les massacres du 8 mai 1945
On désigne par "massacres du 8 mai 1945"
la tragédie que fut l’extermination de 20 à 30 000
Musulmans, pour l’essentiel par des milices civiles,
dans le département alors français de Constantine.
On la situe à Sétif, ville ravagée ce jour-là par une
émeute. Mais les massacres, dans leur irrationalité
monstrueuse, ont débuté le 9 mai, au lever du jour
à Guelma, petite ville paisible à 200 kilomètres vers l’Est,
puis se sont manifestés à nouveau à Sétif, avant de déferler
sur le département pendant plusieurs mois. En septembre 1945,
on pouvait voir "au cimetière de Constantine, décharger
d’une camionnette les cadavres des fusillés de la veille,
qui furent abandonnés sans sépulture".
Nous sommes là face à un fait historique démesuré, même quant
au bilan des morts. Les morts n’apparaissent ni dans l’état-civil, ni
dans le recensement de 1946. Peu d’enquêteurs venus d’Alger ou
de Paris se sont risqués à compter les cadavres. En 1952, le nouveau
gouverneur général Léonard demandera à son cabinet un bilan sur
archives. "Les Européens sont très discrets à ce sujet, écrit-il. Ceux qui
ont vécu la chose donnent des évaluations allant de 6 000 à 15 000.
On peut, semble-t-il, admettre comme vraisemblable le chiffre de 10
000." Mais le bilan n’a pas pris en compte les chiffres concernant la
région d’El Achir, dont les archives avaient disparu.
Il est possible de combler la lacune, en recourant aux documents de
l’Office of Strategic Command, service américain de renseignement.
A partir d’informations venues d’officiers généraux français, il estime
à 6 000 le nombre des morts à Sétif et El Achir. Son décompte total
s’élève à 17 400 morts, mais il omet les régions de Skikda, d’Annaba,
de Guenzet.
30 000 morts est le chiffre ramené d’Algérie par monseigneur Roncalli qui viendra en visite en avril 1950. Représentant du Pape à Paris,
il s’attardera dans le Constantinois, accompagné de monseigneur
Duval, alors évêque de Constantine. Ayant compris que la fin de l’Algérie française était inéluctable, Mgr Roncalli contribuera en 1954 à la
nomination de monseigneur Duval comme archevêque d’Alger. Devenu Pape en 1958 sous le nom de Jean XXIIII, il soutiendra de toute
son autorité pendant la Guerre d’Algérie l’engagement de celui-ci en
faveur des Algériens.
Dans l’espace, les massacres sont nettement circonscrits aux limites du Constantinois. L’armée comprit vite
qu’elle ne pourrait réduire seule la fureur homicide des
civils européens. Elle établit sur les routes de rocade un
cordon de postes militaires, parcouru par des auto-mitrailleuses et des half-tracks, afin d’empêcher que les
deux autres départements ne soient contaminés.
Il reste à comprendre comment, dans un département qui avait traversé sans agitation la Seconde Guerre mondiale, 20 à 30 000 Musulmans ont pu payer de leur vie le retour à la paix. Le rythme des
morts, plusieurs centaines par jour au départ, s’explique par l’implication des Européens, organisés en milices. L’atrocité particulière à
ces massacres leur vient d’être, pour l’essentiel, des massacres de
voisinage, comme ceux des guerres civiles. En ville, souvent ce sont
les voisins qui désignent les victimes, dans les villages le propriétaire
mitoyen, le notable. Dans la rocaille ou les taillis, c’est un Européen du
pays qui sait guider l’armée ou la milice vers les hameaux, au travers
de la végétation ; à moins qu’il ne prenne la tête de bandes infernales
qui surgissent au lever du jour, tuant à la grenade et à l’arme automatique, pillant puis incendiant ruines et cadavres.
Le silence qui a longtemps recouvert l’événement est une autre caractéristique. Pourtant dès les premiers jours, la rumeur des massacres avait couru dans Paris. Le 19 mai, L’Humanité, premier quotidien
de France par le tirage, annonce déjà 6 000 morts. Tous les partis et
groupes politiques, qui ont depuis une semaine dépêché en Algérie
des enquêteurs, s’émeuvent. A l’Assemblée nationale les présidents
de commission, socialistes ou communistes, veulent un débat. Mais
l’opinion est abreuvée d’autres horreurs. Depuis mai, les cohortes
de déportés des camps nazis en Allemagne débarquent. Lorsqu’à
la Chambre s’ouvre le débat sur l’Algérie, qu’Adrien Tixier, ministre
de l’intérieur, est parvenu à retarder jusqu’au 10 juillet, les bancs sont
loin d’être au complet. Dans son intervention, Adrien Tixier reprend le
chiffre officiel de 1 500 morts.
Jean Louis PLANCHE
ÉVÈNEMENTS / KALILA / 18
Ouvrages sur le 8 mai 1945
« Les massacres de Guelma : Algérie,
Mai 1945 : une enquête inédite sur la furie
des milices coloniales »
(2006/Ed. LA DÉCOUVERTE)
De Marcel REGGUI
Rédigé en 1946, le document présenté dans ce livre
est exceptionnel. Son auteur, Marcel Reggui (19051996), y retrace les massacres d’Algériens perpétrés
en mai 1945 dans la petite ville algérienne de Guelma, par des milices de colons français. Ils coûtèrent
notamment la vie à la sœur et à deux des frères de
Marcel Reggui. C'est ce qui le conduisit à réaliser "à
chaud "une enquête approfondie sur ce drame.
Marcel Reggui écrivit ce récit pour que l'histoire de
ces folles journées de Guelma ne soit pas effacée
en France. Mais il ne rendit jamais public son témoignage, déposé chez son ami l'écrivain Jean
Amrouche. Redécouvert en 2003 par son fils, Pierre
Amrouche, ce texte bouleversant enfin ressuscité,
accompagné ici de plusieurs documents d'archives
en relation avec lui, constitue une pièce essentielle
pour mieux connaître l'une des pages les plus sombres et les plus ambiguës de l'histoire coloniale
française.
« Sétif 1945 : Histoire d’un massacre annoncé »
(2006/Ed. PERRIN) ET (2006/Ed. CHIHA EDITIONS)
De Jean-Louis Planche
Le 8 mai 19445, deux faits mineurs survenus à Sétif
et à Guelma déclenchent le plus grand massacre
de l'histoire de la France contemporaine, en temps
de paix : au moins 20 000 et probablement 30 000
Algériens sont tués par les Européens.
Grâce au dépouillement des archives des ministères de l'Intérieur, de la Guerre et de celles de Matignon, à de multiples entretiens avec des témoins,
des acteurs et des journalistes, l'historien Jean-Louis
Planche reconstitue le processus de cette « Grande
Peur », survenue dans le département d'Algérie le
moins politisé. Il montre, à l'origine, l'imbrication
entre les conséquences immédiates de la guerre
mondiale (notamment la présence américaine), les
ravages du marché noir qui a déstructuré la société
coloniale et une épuration politique manquée.
« GUELMA, 1945 : une subversion française
dans l’Algérie coloniale »
(2009/Ed. LA DÉCOUVERTE)
De Jean Pierre PEYROULOU
Ce livre déplace la question de Sétif vers Guelma. Il
resitue le massacre dans le temps long de la colonisation et dans une Algérie à la croisée des chemins depuis le débarquement de 1942, l’installation
de de Gaulle à Alger, et l’affirmation d’une nation
algérienne.
Le nationalisme avait acquis une exceptionnelle
intensité dans le Constantinois. Le 8 mai 1945, jour
des célébrations de la victoire alliée, la poussée
du mouvement national algérien se heurta à une
réaction européenne d’une rare violence : dans
les semaines suivantes, des civils européens desserrèrent l’étau algérien en « purgeant » la région
de Guelma de ses nationalistes – assassinant des
centaines d’entre eux –, et s’opposèrent à la politique de réformes. Un mouvement non seulement
répressif, mais subversif, organisé, qui bénéficia de
la participation des pouvoirs publics et des élus.
Retraçant très précisément le déroulement de ce
drame, cet ouvrage en propose également une
réinterprétation. Jean-Pierre Peyroulou décèle en
effet dans l’action des Européens des logiques subversives préfigurant celle de l’OAS en 1961-1962. Il
examine le fonctionnement d’un État et d’une société coloniale qui élaborèrent une raison d’État
rampante pour recouvrir la réalité et la nature des
violences, et les chemins tortueux qu’elle emprunta
entre Guelma, Constantine, Alger et Paris…
19 / KALILA / ÉVÈNEMENTS
Célébration du 48e anniversaire ----de l'indépendance nationale
Exposition collective
du 30 juin au 9 juillet.
Vernissage samedi 3 juillet
à 17h00.
FÊTE DU 5 JUILLET / EXPOSITION
Nos jeunes
talents
Dalila BETINA
« Des photographes ont su saisir des regards,
des instants furtifs immortalisés où l'âme semble être dévoilée.
Je prends à mon tour le relais par le biais de mon pinceau,
ma toile et mes couleurs afin de révéler l'âme de ces femmes,
hommes et enfants.
Réussirai-je à les sublimer en y mettant un peu de mon âme ?
Je l'espère, car je suis profondément sensible à tous ces visages
graves parfois, souriants souvent mais toujours fiers et altiers. »
Hacene BENSAAD
« L’art pour moi est un moyen d’expression, à travers
lequel je traduis mes émotions, dire et redire des choses
sous forme de langage picturale.
Matières, formes et couleurs deviennent un orchestre
d’harmonie, et tout cela nous dévoile ce côté avant-gardiste,
car l’art est aussi ce miroir sociétale que l’artiste transmet
sous toute ses formes d’interprétations.
A travers ma peinture j’essai de projeter cette expression,
en me détournant de l’aspect figuratif pour une lecture
plus conceptuel, un passage du figuratif au semi-figuratif. »
Reda DENNOUN
« Une image poétique qui navigue dans l'horizon de la pensée
tel un spasme du psychisme , là ou la matière devient
comme un nuage indéfini et sans limite. »
ÉVÈNEMENTS / KALILA / 20
« Dessine moi un autre monde »,
nouvel album de Si Kamel,
en concert le samedi 3 juillet 2010,
à 18h00.
FÊTE DU 5 JUILLET / CONCERT DE SI KAMEL
-----
« Dessine moi
un autre monde »
Après « Solo », premier album remarqué en tant qu’auteur, compositeur, réalisateur, arrangeur et interprète, Si Kamel revient avec
un nouveau album, « Dessine-moi un autre monde », une nouvelle
signature qui marque un tournant dans son inspiration.
Après avoir partagé les scènes avec les plus grands noms du raï,
du jazz, de la salsa et de la variété, il nous offre un nouvel album. Si
« Solo » ouvrait le champ entre raï et jazz avec des arrangements et
un mixage aux sonorités résolument internationales, «Dessine-moi
un autre monde» ne manquera pas de vous surprendre par son inventivité et sa diversité, autant que par un retour aux origines du pur
raï oranais ». Car c’est une véritable histoire du Raï que Si-Kamel nous
propose. Entre l’énergie fébrile et festive de « Jalousie » ou « C’est pas
la peine », ou encore le groove funk d’acier de « Kindire Nenssake »,
le son oranais retrouve aussi ses racines et ses lettres de noblesse
avec des ballades résolument poétiques comme « Fatima » et « Dessine-moi un autre monde ». Si-Kamel n’a rien oublié de l’engagement
et de la sensibilité qui avaient marqué son premier album « Solo »; le
poignant « Mazel » ou « Hayartini » vibrant hommage à l’Algérie blessée et à son ami Hassni prématurément disparu.
« Dessine-moi un autre monde » est un album d’une totale générosité.
Le mélange des cultures qui caractérisait si bien « Solo » n’a pas été
oublié, loin s’en faut : « Wahran » nous ramène aux racines mêmes
du raï de la plus pure souche. L’alternance de l’arabe et du français
dans les textes ne surprendra personne. Si-Kamel conserve en lui
l’empreinte de ses deux cultures en saluant les deux pays qui l’ont
accueilli. Comme « Solo », ce deuxième album aux termes d’un travail
acharné et passionné, nous ouvre grandes les portes d’une sensibilité intacte et d’un travail mélodique parfaitement maîtrisé."
Ainsi, après de nombreuses années d'expérience en tant qu’ « accompangneur », compositeur et arrangeur, Si-Kamel décide de créer
sa propre musique avec un nouveau style : une synthèse de la musique Raï, née et enrichie grâce aux empreintes accumulées au fil des
années (jazz, salsa, funk, variétés ...).
Il débute sa carrière musicale en Algérie avec Messaoud Bellemou
(célèbre trompettiste de Raï). Il étudie au Conservatoire "Guitare International Jazz" et poursuit son parcours en autodidacte pour ce qui
est du Jazz-Harmonie. Son expérience s’enrichie au hil des années
("Jazz Trio", Olivier Montréal (saxophoniste), Dizzi Pat McKinney (clavier), salsa, funk, "Jazz Godspel" (3 ans), Godspel Mass Choir (Joël
Pharaon), Oxygen (Willy Scova), Bovick Shamar (musique camerounaise, album à Studiomania). En 1993, il réalise réalisation et assure
les arrangements de l’album "Denida" avec la chanteuse Kashmire.
De la création du groupe "Baroud" en 1994, à la sortie de son dernier
album « Dessine-moi un autre Monde » en passant par ses multiples
tournées de par le monde (Etats-Unis, Canada, ex-URSS, Hollande,
Angleterre, Espagne, Italie, Suisse, Pays Scandinaves, Algérie, Tunisie,
Maroc, etc ...), la carrière de ce chanteur qui a gagner en maturité est
très riche.
PROGRAMME
DU CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN
avril mai juin juillet 2010
MUSIQUE
SAMEDI 12 JUIN
Vendredi 7 MAI
Vendredi 9 AVRIL
> 20H30
SAADEDDINE EL ANDALOUSSI
EN HOMMAGE
A MUSTAPHA SKANDRANI
Salué par la presse mondiale pour
son talent, ce passionné de musique
arabo-andalouse fera le bonheur du
public du CCA avec une soirée qui ne
manquera pas de nous faire voyager
à travers des airs andalous hauts en
couleurs.
> 20H30
Réda SIKA
De son vrai nom BENJMAA, Réda SIKA
est auteur compositeur interprète qui
évolue dans divers domaines : musique, fabrication de générique, bande
sonore. Dépassant le cadre de son
style initial, mélange entre le chaabi,
latino et flamenco, Réda SIKA s’est
fait remarqué par une chanson « événementielle », « Baila Baila » sortie
pour encourager nos Verts qualifiés
au Mondial 2010.
SAMEDI 29 MAI
> 20H30
Hamdi BENANI
Hamdi BENANI, « L’ange blanc », comme on le surnomme, nous revient avec
un nouvel album, « Promesses », à travers lequel il promet de combler ses
fans. L’album fédère plusieurs cultures dans une ambiance sentimentale
et nostalgique.
> 20H30
Rym HAKIKI
Reconnue par son talent de vocaliste,
Rym HAKIKI est l’une des grandes
voix de la musique arabo-andalouse.
Son album de consécration « Sabra »
l’a confirmée dans sa position en tant
que « nouvelle merveille » de la chanson andalouse.
13 euros
13 euros
13 euros
Vendredi 18 juin
> 20H30
Kamel MESBAH
Kamel MESBAH partagera avec le
public du Centre Culturel Algérien sa
passion de la musique, à l’occasion de
cette soirée « prometteuse .
13 euros
13 euros
DANSE
VENDREDI 28 MAI
SAMEDI 10 AVRIL
> 20H30
> 20H30
SAMIR TOUMI
Fort d’un parcours aussi riche que varié, Samir TOUMI chante le Hawzi en
lui apportant une touche particulière
qui l’ouvre à d’autres styles. Il saura,
comme à son habitude, faire vibrer la
salle du Centre culturel algérien où son
fidèle public sera comme à l’accoutumé
au rendez vous.
BRAHIM HADJ KACEM
Le chanteur, qui a côtoyé plusieurs
figures de la musique arabo-andalouse de la stature de Nouri Koufi,
Fewzi Kalfat, Tewfik Benghabrit,
Salah Boukli et Ness Issawa, est en
perpétuelle recherche de la perfection. Il fait la joie de son public à
chaque fois qu’il se produit. Il nous le
promet pour la soirée de vendredi 28
mai au CCA.
13 euros
13 euros
Vendredi 4 JUIN
> 20H30
CHEB FOUZI
Cheb FOUZI, de son vrai nom Houari
BELLAL, est de la trempe de Cheb
HASNI. Il sera rendu célèbre par
plusieurs titres dont « Rani Chad Fi
Rabi » ou encore « Cha rahe sari ». le
chanteur est à sont 7e album poursuivant ainsi une ascension fulgurante
qui va le propulser sur les devants
des scènes internationales.
13 euros
VENDREDI 30 AVRIL
> 20H30
Spectacle de danse : « RAQSBELIA »
Rencontres dansées autour de l’Inde
et du Maghreb, spectacle chorégraphié et interprété par Caroline
ACHOURI et Sarah AVRIL.
13 euros
EXPOSITIONS
RENCONTRES
HOMMAGE
CINÉMA
« Auprès des auteurs
D’ici et d’ailleurs »,
rencontres animées
par Djilali BENCHEIKH,
écrivain,
journaliste
et chroniqueur littéraire.
MERCREDI 14 AVRIL
JEUDI 1ER AVRIL
Du mercredi 12
au vendredi 28 mai
« La terre est mon village »
Hamsi Boubekeur
Mercredi 12 mai à 18H30 :
projection de film documentaire
« Une empreinte de la vie »
en présence du réalisateur
Yves GERVAIS, suivie du vernissage
de l'exposition d'Hamsi.
A l’occasion de la restauration des panneaux peints par Hamsi Boubekeur
dans la station de métro Lemonier, au
cœur de la capitale belge, un documentaire est réalisé par Yves Gervais
et Stéphanie Meyer.
Parallèlement à la présentation de
ces travaux de grande ampleur, une
exposition nous permet de découvrir
d’autres facettes du travail de cet artiste algérien installé à Bruxelles.
Entrée Libre
> 18H30
Rencontre autour du thème « L’humour » avec Nora ACEVAL qui nous racontera des contes pimentés sur « la
science des femmes », et Benabdella
MEDIENE. Il nous présentera son roman ‘’Au Temps pour moi’’ ( Riveneuve
Edition).
JEUDI 15 AVRIL
> 18H30
Rencontre autour du thème : ‘’Comment peut-on écrire quand on est universitaire ? avec le poète et universitaire Habib TENGOUR et son complice
Nourredine SAADI.
JEUDI 29 AVRIL
> 18H30
Rencontre avec Ahmed KALOUAZ autour
de son dernier livre « Avec tes mains »
(2009/ed. ROUERGUE) et Karima Berger auteur « de Eclats d'Islam - Chroniques d'un itinéraire spirituel »
(2009/Ed. Albin Michel).
CONFÉRENCES
JEUDI 27 mai
DU Mercredi 2
au vendredi 25 juin
« La couleur des mots »
Djilali KADID
L’artiste nous présente une galerie
de portraits peints du panthéon de la
littérature algérienne à l’exemple de
KATEB Yacine, Mouloud MAMMERI,
Mohammed DIB, Rabah BELAMRI,
Mouloud FERAOUN…
Vernissage mercredi 2 juin
à 18H30 / Entrée Libre
> 19H00
« LE DERNIER SAFAR »
de Djamel AZIZI
Après ‘’Naquel el ahlem’’ (Le transporteur de rêves), un documentaire de 52
mn, le réalisateur Djamel AZIZI récidive
avec ‘’Le dernier Safar’’, une fiction de
plus d’une heure sur projectionniste d’un
âge respectable, qui sillonne avec son camion des villages enclavés pour projeter
des films.
Entrée libre
A 18H30 :
Conférence sur la vie et l’œuvre de
Ali Ali Khodja, avec la participation
de Abderrahmane Ali Khodja, fils du
défunt, et de Ameziane Ferhani,
journaliste et critique d’art. Elle sera
suivie du vernissage d’une exposition
de Ali Ali Khodja.
Exposition du 14 au 21avril
/ Entrée Libre
> 18H30
Rencontre avec Akli TADJER, le romancier le plus parisien des Algériens, avec son tout dernier ouvrage
« Western », et Nadia GALY, auteur
du roman « Le cimetière de SaintEugène ».
JEUDI 17 juin
MARDI 20 AVRIL
Hommage à Ali Ali KHODJA
« L’alchimiste et l’œuvre
philosophale »
"Le 7 février 2010, à 87 ans, le grand
peintre s’en est allé, aussi jeune qu’il
l’était à sa naissance, toujours curieux,
enthousiaste, pensif et créatif."
MARDI 15 juin
> 19H00
Mamya Chentouf :
militante de la première heure
Dans ce documentaire de Baya EL HACHEMI, Mamya Chentouf, militante de
la première heure, remonte le cours de
sa vie. A travers son récit, nous feuilletons
les pages de l’Histoire de l’Algérie.
Entrée libre
THÉÂTRE
> 18H30
Rencontre avec Rachid BOUDJEDRA autour de son nouveau roman
« Les figuiers de Barbarie » (2010
/Ed. Grasset). Avec ce texte habité
de bruits et de fureur, élégiaque et
épique, politique et intimiste, Rachid
BOUDJEDRA nous donne son grand
roman sur l’Algérie.
VENDREDI 2 AVRIL
> 20H30
« Baroud Pacha »
Une pièce de la Compagnie Culturelle
du Théâtre de Sétif. Un spectacle en
arabe pour les grands et les petits.
13 euros
SAMEDI 24 AVRIL
Hommage à Taos AMROUCHE
A 15H00 :
Projection du film « Sur les traces
de Taos Amrouche »
A 16H00 :
Vernissage de l’exposition
« Taos en Provence »,
œuvres de Denise Barbaroux.
A 18H30 :
Conférence avec la participation
de Denise BRAHIMI, universitaire et
auteur du livre « Taos Amrouche romancière » (éd Joëlle Losfeld, 1995),
sur le thème ‘’Les romans de Taos
Amrouche’’, de Djohar GHERSI, universitaire et psychanalyste, ‘’La quête du lieu chez Taos Amrouche’’, de
Youcef NACIB, universitaire, connu
pour ses travaux de recherche sur la
tradition orale: ‘’Les chants de Taos
AMROUCHE et l'évolution de la question amazighe depuis sa disparition’’
et de Hervé SANSON, chercheur sur
les littératures maghrébines francophones et berbères.
ÉVÈNEMENTS
Commémoration du 65e anniversaire des massacres du 8 mai 1945
SAMEDI 8 MAI
Projection du Film « Mémoires du 8
mai 1945 » de Mariem Hamidat et
François Nemeta, suivie d’une rencontre-débat avec la participation de
Mohammed REBAH (Alger), auteur du
livre « Des Chemins et des Hommes »(Ed Milles-feuilles, Alger), des historiens Jean-Louis PLANCHE et Gilles
MANCERON.
Célébration du 48e anniversaire de l’indépendance nationale
SAMEDI 3 juillet
A 17H00 :
Vernissage d’une exposition collective
de jeunes talents algériens
Dalila BETINA, Hacene BENSAAD
et Réda DENNOUN.
Exposition du 1er au 9 juILLET
A 18H00 :
Concert avec Si Kamel
Après « Solo », premier album remarqué en tant qu’auteur, compositeur,
réalisateur, arrangeur et interprète, Si
Kamel revient avec un nouveau album,
« Dessine-moi un autre monde », une
nouvelle signature qui marque un tournant dans son inspiration.
Entrée libre
RENCONTRES / KALILA / 24
RENCONTRE
Les jeudis du CCA
‘’Auprès des auteurs d’ici et d’ailleurs’’
La lettre de Djilali BenchEikh
Le directeur du centre culturel algérien m’a
demandé d’animer deux séances littéraires
par moi à partir du mois d’Avril. C’est avec
plaisir que j’ai accepté une telle proposition
qui me permettra de servir de façon vivante
la littérature d’origine algérienne. Dans la mesure du possible nous élargirons ce projet à
l’écrit universel…
Le premier jeudi, ce sera le premier avril
avec un rendez vous autour d’un thème cher
à tous : L’humour ; l’humour n’est ce pas
l’amour sans chaînes ?
C’est pourquoi une femme libre Nora ACEVAL nous racontera des contes pimentés sur
la science des femmes. Nous verrons comment le prince ne peut être jugé apte à régner qu’après avoir appris toutes les ruses du
continent féminin. Y parviendra-t-il ? Ce n’est
pas gagné.
Nora ACEVAL sera le majeur de cette première séance que je souhaite enjouée et
instructive.
A coté d’elle j’ai invité un joker, un jeune écrivain de 52 ans qui fête son premier roman.
Benabdella MEDIENE nous présentera « Au
Temps pour moi » chez Riveneuve Edition. Sa
chronique parisienne délirante et tendre est
vécue tambour battant par cet oranais des
Charente parisien jusqu’au bout des ongles.
- Le 15 avril à la deuxième séance nous poserons cette question insolite : Comment peuton écrire quand on est universitaire ? Pour
dénouer le piège, un tandem bien connu, le
poète et universitaire Habib TENGOUR et son
complice Nourredine SAADI.
Autres invités pressentis pour les rendez vous
suivants :
BenabdalaH
MEDIENE
Ce livre commence dans les brumes de l’alcool avec la fielleuse
tentation du suicide. Il s’achève tel un nouveau départ
par la perspective d’un voyage Paris Timimoun via Oran.
Perspective du sable caressant, de la lumière bleue du ciel,
de la sagesse intemporelle et discrète des gens du sud.
Entre ces deux moments extrêmes, il y a le
temps d’une existence enjouée et grave, mélancolique et trépidante toujours imbibée d’une
tendresse à fendre les étoiles. Une chronique
secouée par l’éclat de rire de la vie, intitulée
‘’Au Temps pour moi’’, publiée chez Riveneuve édition. Une chronique goûteuse signée
Benabdalla MEDIENE. C’est le premier opus de
ce quinqua né en Charente-Maritime, façonné par la faconde oranaise de l’indépendance
avant un enracinement parisien au cœur de
la ville des bars obscurs et des lumières tamisées. Entre le personnage central Nasser et l’auteur il n’y a pas l’épaisseur
d’un papier cigarette. La similitude s’étend jusqu’à la localisation géographique des lieux de maraude de ce chasseur de rêves invétéré. Les neuvièmes,
dixième et onzième arrondissements circonscrivent une quadrature du cercle fraternel dans laquelle s’ébroue ce rédacteur réviseur affligé de chômage
chronique et de culture endémique.
- le 29 avril Akli TADJER le romancier le plus
parisien des Algériens avec son tout dernier
ouvrage ‘’Western’’ et Nadia GALY, auteur du
roman ‘’Le cimetière de Saint-Eugène’’.
- Le 17 juin nous recevrons Ahmed KALOUAZ
autour de son dernier livre
‘’Avec tes mains’’ (2009/ed. ROUERGUE)
Rendez vous donc le premier Avril au CCA.
Pour ceux qui pensent à un Poisson les poêles
à frire sont acceptées.
A Bientôt Djilali Benchikh
Avec le désenchantement des poètes maudits il carbure au pétrole de l’amitié, ce puits
inépuisable dont il allume les geysers avec le
briquet de l‘humour. Et quelques roteuses pétaradantes. Quand on est fauché on ne compte
pas. Cet homme qu’on croirait désinvolte est
handicapé par une soif absolue de tendresse.
A Travers toutes les conneries qu’il commet ou
qu’il émet, éclate ce cri feutré et pourtant assourdissant : Aimez–moi. Ah l’amour ! précisément. Tout va bien en principe pour ce poète
éperdu qui vibrionne son art lumineux avec des réparties imparables. Il promène nonchalamment sa dégaine de séducteur bérbéro-parisien qui lui
vaut des succès foudroyants. Aussi bien masculins que féminins.
N’est-ce pas son charme et un peu son érudition qui le font embaucher dans
l’hebdomadaire de la gauche, une heureuse façon pour lui de joindre l’utile
à l’agréable. La fin du chômage, c’est la résurrection christique. Surtout dans
cette équipe de joyeux drilles qui travaillent en chantant. Une bande de pros
militants qui l’accueillent, l’adoptent, l’adulent avant que le fiel de la jalousie
ne s’insinue dans le jeu du tandem Nadège-Mireille.
Tout va bien donc jusqu’à ce qu’un des ses potes l’invite à déguster un whisky
qui selon ses propos « sait se tenir ». At home, il y a Catherine, la cousine de
Michel : le coup de foudre est instantané. Il se construit en fait sur un rapport
de violence verbal sulfureux. La cousine étale sans trop y croire un racisme
cynique de bas étage. Un combat de félins s’engage entre les deux. L’amour
à mort. Catherine devient le fil rouge d’un Nasser confit d’amour et parfois de
rage. Mais Nasser n’est pas célibataire. Il a une compagne, Nadia une âme
noble, énigmatique, patiente, dénuée de jalousie malsaine, épargnée par
la petitesse. Elle est l’oasis. Elle attend son homme sans trop y croire. Elle le
25 / KALILA / RENCONTRES
connaît trop. Il faut le protéger, surtout de lui même. C’est bien ce que pensent
aussi les fistons. D’abord Hakim l’aîné, sûr et appliqué et puis le cadet, Mehdi : garçonnet trisomique, un génial bon sens à faire fondre les montagnes.
Avec ce trio Nasser a la chance des olives comme on dit à Madrid. Une
baraka de marabout qui l’aide aussi à maîtriser la dive bouteille, cette autre
ensorceleuse qui le menace dans son essence.
Djilali Bencheikh
Journaliste, écrivain et chroniqueur littéraire
NORA ACEVAL
Il était une fois un prince doué en diverses matières.
De la philosophie aux mathématiques, de la rhétorique
à la médecine. Mais au moment de lui transmettre le trône
du royaume son père le sultan lui tint à peu près ce langage.
« Mon fils, tu es certes doué en bien des domaines
mais pour régner de façon souveraine et sans discussion
il te manque une aptitude singulière : il te manque
la science des femmes. »
Ainsi commence ce récit truculent de la conteuse Nora ACEVAL intitulé précisément ‘’La science
des femmes et de l’amour’’, publié aux Ed. Al
Manar. L’auteur nous avait régalé dans une
précédente édition avec des contes libertins
venus d’Afrique du Nord et notamment des
hautes plaines du Sud Ouest algérien, son humus natal. Cette fois, elle nous propose un roman épique bien plus élaboré qui procède des
poupées russes à la manière des contes de
Schéhérazade. Non situé géographiquement
il pourrait avoir pour décor le Levant comme le
Couchant. Voilà donc le prince parti à la recherche de son Graal. Par monts
et par vaux, il chevauche à travers la steppe ou le désert sa fine jument nommée Blanche.
Lui même n’a pas de nom comme si chacun des mâles lecteurs pouvait se
reconnaître dans sa quête et sa stature.
D’aventure en aventure, à mesure que son expérience se nourrit de témoignages sur l’art de la ruse féminine, le prince consigne sur son parchemin les
trésors que constituent toutes les ficelles féminines destinées à embobiner le
beauf gras. Il n’hésite pas non plus à payer si l’on peut dire de sa personne
et vit une ou deux aventures avec une nomade, un test qui faillit lui coûter
cher. Un autre prince le double du notre se rappela ce mot du poète qui dit
que toute douceur doit s’achever sous peine de prendre un goût amer. Les
anecdotes sur la benoiterie masculine s’enchaînent les unes dans les autres
en une sorte de puzzle infini, de labyrinthe interminable: à donner le vertige.
Comment ne pas céder à la tentation de les dire toutes ; optons pour l’une
d’elles qui met en scène un marchand torturé. Sur son enseigne il a écrit que
la femme vaut une intelligence, l’homme vaut deux intelligences. Une jeune
femme vexée par un tel complexe de supériorité lui demanda la raison d’un
tel label.
Peu convaincue par son argumentaire elle se promet de lui faire changer
d’avis. Les jours suivants elle passa et repassa devant l’échoppe, avec ses
plus beaux atours et kholée de façon aguichante. Au bout de quelques jours
le commerçant était à ses genoux et la suppliait de devenir son épouse.
Je suis la fille du cadi lui dit-elle, adresse toi à lui pour demander ma main.
Comment est ce possible mais on dit que la fille du cadi est muette aveugle
bossue et dieu sait quoi encore.
Ce n’est qu’un leurre une parade répondit la ribaude. En fait mon père fait
ainsi monter les enchères. Il veut être sûr de celui qui me prendra pour épouse
voila pourquoi il a mis au point ce test. Mais si tu veux m’avoir tu dois insister
au moins trois fois pour le convaincre
Ainsi fit le marchand qui le jour des noces se retrouva en fait avec la vraie
fille du cadi : muette sourde et bien affligée physiquement. Depuis, convaincu
de la puissance intellectuelle des femmes il s’est résolu à changer l’enseigne de son échoppe ; Nourri de toutes ces expériences édifiantes le prince
poursuivit sa route. Ultime étape sa rencontre
avec Adassa la chef nomade. Habillé en berger
le prince entre en contact avec elle avant que la
magicienne ne finisse par céder à son charme.
Morale il n’y a que l’amour qui peut vaincre la
ruse des femmes. Eurent-ils beaucoup d’enfants ? L’histoire ne le dit pas. Cela s’appelle la
science des femmes et de l’amour.
Un roman conte
de Nora Aceval Ed Al Manar - Paris.
Rachid boudjedra
Les figuiers de Barbarie
Deux hommes, le narrateur et son cousin
et ami OMAR, se retrouvent côte à côte
dans le vol Alger-Constantine.
A dix mille mètres d’altitude
et en moins de soixante minutes,
c’est leur destin, et celui de tout un pays
à travers le leur, qui va se jouer au fil
de la conversation et des réminiscences.
Leur vie se confond malgré la différence
qui les sépare : Omar issu d’une famille
« plutôt aristocratique, d’origine turque
et dont le chef était un riche propriétaire terrien qui possédait ce haras
connu dans toute la région et au-delà ».
La famille du narrateur était certes aisée mais sans plus.
L’amitié entre les deux dépasse ces considérations.
A travers elle, c’est l’histoire de l’Algérie qui est décrite :
de la guerrede libération nationale, à aujourd’hui.
La discussion lors de ce vol Alger-Constantine était tel un flash back, un retour
en arrière comme indispensable pour revoir et corriger certaines étapes des
deux histoires enchevêtrées. Une thérapie pour guérir certaines blessures.
« Omar s’était-il débarrassé de ses démons au cours de ce vol durant lequel
nous avons ressassé ce sentiment de culpabilité et de honte dont il souffrait,
mais aussi toute l’histoire de ce pays tant et tant de fois envahi, colonisé, désintégré ? ». Question posée par le narrateur en dernière page du roman sans
donner de réponse.
« Les figuiers de barbarie », un titre judicieux. Il reflète la résistance, l’endurance de toute un peuple, mais également « une Algérie sereine dont les deux
protagonistes ne cessent de rêver. Avec ce texte habité de bruit et de fureur,
élégiaque et équipe, politique et intimiste, Rachid BOUDJEDRA nous donne
son grand roman sur l’Algérie ».
C. M
Rencontre avec Rachid BOUDJEDRA
27 mai à 18H30.
RENCONTRES / KALILA / 26
Mohammed REBAH
« Un ouvrage
original
et d'une valeur
« C’est un ouvrage original et d’une valeur
historique incontestable ». Cette phrase
tirée de la préface d’Ahmed AKKACHE
résume, à elle seule, la pertinence du livre
‘’Des Chemins et des Hommes’’
de Mohamed REBAH, publié
chez les éditions Mille-Feuilles (Alger)
en 2009.
C’est un véritable
travail d’investigation que Mohamed REBAH a
mené sur les traces de son frère
N o u r E d d i n e ,
un militant de
première heure,
qui, à l’âge de
20 ans à peine
a écrit « partout
ce sont des jeunes prêts à sacrifier leurs 20 ans pour ce noble et pur idéal
qu'est la liberté ». C’était en 1952. Au départ,
l’auteur voulait écrire un livre sur son frère
aîné. L'ouvrage a pris une tournure historique
qui permet au lecteur de mieux comprendre
l’engagement politique et militaire d’autres
héros, femmes et hommes, qui ont donné leur
vie pour l’indépendance du pays.
Nour Eddine, qui symbolise cet engagement,
est mort pour l’indépendance de son pays
en 1957, à fleur de l’âge. Il avait 25 ans. « Sa
mort hante mes nuits… », confia Le capitaine
Ali LOUNICI à Mohamed REBAH en 2003, au
cours d’une discussion autour du livre-témoignage, ‘’ Algerie, récit anachronique’’ de Daniel TIMSIT dans lequel, le souvenir de Nour
Eddine REBAH est évoqué. Ali LOUNICI est décédé le 22 septembre 2006 à Alger.
« Depuis cette matinée effrayante de vendredi
13 septembre 1957, les restes blanchis de Nour
Eddine sont éparpillés au fond d’un ravin, à
Bouhandès, à quelques kilomètres au sudouest de Chréa, dans la vallée aujourd’hui
reverdie d’Oued Merdja », écrit l’auteur. A tra-
historique
incontestable »
vers le souvenir de ce frère martyr, Mohamed
REBAH revient sur l’itinéraire d’autres martyrs.
Des haut fait d’armes sont décrits avec une
grande précision en respectant la chronologie
de chacun, ce qui dénote de la qualité des
recherches effectuées par l’auteur. Chaque
date, chaque lieu et chaque détail à son importance chez l’auteur qui évoque la mémoire
de Nour Eddine. Et pour nous faire comprendre l’éveil politique de ce martyr, L’écrivain
remonte au 5 mai 1945. « Élève de la classe
de sixième au Collège moderne de garçons
du boulevard Guillaume dans le quartier populaire de Bab El Oued, n‘était pas indifférent
à la situation des jeunes de son âge, privés
d’école et du minimum vital, qu’il rencontrait
sur le chemin du collège. Beaucoup de ces
jeunes étaient venus des douars lointains,
fuyant la misère noire des montagnes (…) les
revendications de ces jeunes à peine sortis de
l’adolescence sont faciles à comprendre : le
pain, l’instruction, l’apprentissage, le sport. «
Du pain ! », c’est justement le slogan des femmes qui manifestent en mars 1945, à Oran.
Leur aspiration à la dignité était également
grande », écrit en page 117 Mohamed REBAH
en évoquant la vie de son frère avant le maquis. Il nous apprend que Nour Eddine « s’engagea dans la lutte armée en octobre 1955. Il
intégra, à Alger, un groupe des Combattants
de la Libération (CDL), crées au mois de juin de
la même année par le PCA. Les CDL, dont l’ossature était formée par d’anciens membres
de l’UJDA, entamaient alors un programme
d’implantation dans les zones urbaines où le
PCA avait de solide assises (Alger, Constantine, Oran, Orléansville, Duperré) ».
« Dirigeant de l'Union de la Jeunesse Démocratique Algérienne (UJDA), il (Nour Eddine)
symbolise l'engagement des jeunes communistes dans le combat libérateur au sein
de l'Armée de Libération Nationale (ALN), aux
côtés d'autres jeunes qui regardaient dans la
même direction », souligne l’auteur à Kalila.
Mohamed REBAH consacre, par ailleurs, une
partie de son ouvrage à plusieurs héros de la
guerre de libération nationale, dont Mustapha
SAADOUN, né le 26 août 1918 à Cherchell. Il
revient sur le parcours de ce combattant : de
l’école française où Mustapha SAADOUN entre en octobre 1925 - le seul « arabe » de sa
classe en section « A »- à son engagement
politique. L’auteur plonge le lecteur dans cet
univers où la prise de conscience précoce rimait avec l’engagement de toute une famille.
Mustapha SAADOUN, mort le 26 janvier 2009,
comptait dans sa famille des vaillants combattants comme lui : ces deux frères Mahfoud
et Nour Eddine, sans oublier ses cousins. Le
moudjahid était l’un des membres fondateurs
du Mouloudia sportif de Cherchell, équipe de
football qui a donné de nombreux martyrs
parmi ses éléments.
Abdelkader CHOUKHAL, Pierre GHENASSIA,
Raymonde PESCHARD, Abderrahmane TALEB, Maurice AUDIN, ses oncles Makhlouf
et Ali LONGO, Odet VOIRIN et bien d’autres
héros sont cités par Mohamed REBAH à travers cet ouvrage dont la lecture est vivement
conseillée.
A. Fatiha
27 / KALILA / RENCONTRES
INTERVIEW
KALILA : Pourquoi un livre sur Nour Eddine REBAH, votre
frère? Est-ce une quête de vérité ou un hommage à un
martyr ?
Mohamed REBAH : A l'occasion de la célébration de la "Journée Internationale de Solidarité des Jeunes et des Étudiants
contre le colonialisme, Nour Eddine REBAH écrivait, en substance, le 21 février 1952, dans l'organe central du Parti Communiste Algérien (PCA), Liberté : "...partout ce sont des jeunes
prêts à sacrifier leurs 20 ans pour ce noble et pur idéal qu'est
la liberté." Il avait vingt ans en 1952.
Il a été conséquent avec lui-même. Il est mort pour l'indépendance de son pays. Dirigeant de l'Union de la Jeunesse
Démocratique Algérienne (UJDA), il symbolise l'engagement
des jeunes communistes dans le combat libérateur au sein
de l'Armée de Libération Nationale (ALN), aux côtés d'autres
jeunes qui regardaient dans la même direction.
Mon travail consiste dans la recherche de la vérité historique.
KALILA : Comment un ouvrage sur votre frère Nour Eddine,
martyr de la révolution armée nationale, s’est –il transformé
en une histoire émouvante sur ces femmes et ces hommes
qui ont sacrifié leur vie pour la liberté du pays ? Mustapha
Saadoun, Abderrahmane Taleb, vos oncles Makhlouf et Ali
Longo, Maurice Audin, Raymonde Peschard font partie de
ces héros
M. R : Nour Eddine n'était pas le seul à engager sa vie dans
cette voie pleine de courage : détruire le pouvoir colonial pour
construire, avec le peuple une fois libéré, une société juste et
solidaire.
Parmi les hommes et les femmes qui ont choisi le même chemin, j'ai parlé de Maurice
AUDIN, Abdelkader CHOUKHAL, Pierre GHENASSIA, henassia, Raymonde Peschard, Abderrahmane Taleb qui ont versé
leur sang pour que vive l'Algérie, pour ce qui nous fait vivre
aujourd'hui.
Comme eux, Mustapha Saadoun et Odet Voirin étaient au
contact incessant de la mort. Ils ont survécu miraculeusement
à la guerre.
Comme le souligne Ahmed Akkache dans sa préface, j'ai
trouvé en Mustapha Saadoun "l'homme capable de raconter
les espoirs, les combats et les sacrifices de toute une génération..." "Des Chemins et des Hommes" repose essentiellement sur le témoignage de ce" témoin du siècle".
« C'est ma façon de
contribuer à l'écriture
de l'histoire »
KALILA : Vous rapportez des faits marquants en citant des
dates et des lieux, des noms de martyrs avec une grande
précision. C’est une véritable enquête qui vous a demandé,
je suppose, une longue période de recherche ?
M. R : J'ai recueilli le maximum d'informations - souvent par
bribes fugitives - au cours des cérémonies commémoratives
où l'émotion est très forte. Dans la récolte des faits, j'ai veillé à
la vraisemblance.
KALILA : Évoquer la mémoire de ces chouhada, décrire les
chemins qu’ils ont empruntés, revenir sur des épisodes difficiles. Est-ce pour vous, moudjahid, un devoir de mémoire,
une façon de contribuer à l’écriture de cette Histoire ?
M. R : C'est ma façon de contribuer à l'écriture de l'histoire,
comme le soulignent Ahmed AKKACHE, écrivain, dans sa
préface, et Mohamed BOUHAMIDI, philosophe et critique littéraire au quotidien algérien ‘’La Tribune’’.
Propos recueillis par A. Fatiha
CINÉMA / KALILA / 28
PROJECTIONS
«Le dernier Safar »,
film de Djamel AZIZI,
présenté le 20 avril
à 19h00.
-----
Après ‘’Naquel el ahlem’’ (Le transporteur de rêves),
un documentaire de 52 mn, le réalisateur Djamel AZIZI
récidive avec ‘’Le dernier Safar’’, une fiction de plus
d’une heure qui traite du même sujet: un projectionniste
d’un âge respectable, qui sillonne avec son camion des
villages enclavés pour projeter des films et faire partager
sa passion avec les populations locales.
Amou Salah est un vieux projectionniste dans une salle du Cinéma à
Alger. Arrive la retraite, il refuse de rester sans activité. Le poids des
années ne le dissuade pas. L’âge avancé ne constitue pas un handicap pour lui. Au contraire, il s’arme de sa passion du cinéma, de son
amour du partage, de sa générosité
débordante pour sillonner les villages les plus enclavés afin de présenter, aux enfants et aux adultes,
des films de fiction à même de les
faire voyager à travers des contrées
les plus lointaines. Mourad KIAT, qui
incarne le personnage principal de
ce long métrage, est dans son élément puisqu’il est projectionniste
dans la vie et un cinéphile jusqu'au bout des ongles.
LE DERNIER SAFAR
DE DJAMEL AZIZI
Transporteurs
de rêves
clichés stéréotypés. Au-delà de l’histoire qui véhicule des messages
de sagesse, de beauté et de bonté de l’âme, la fiction de Djamel
AZIZI est une virée dans l’Algérie profonde avec toute sa chaleur et
sa convivialité. Le réalisateur affectionne ce genre de thèmes qui donnent la possibilité de partager avec
d’autres leur passion, leur travail.
Dans "Transporteurs de bonheur"
réalisé en 2002, Djamel AZIZI a
mis en scène des transporteurs qui
approvisionnent les populations de
l’extrême sud du pays en sillonnant,
en caravane de 20 camions, plus de
trois mille kilomètres dans le désert.
« En documentaire,
on apprend à rester humble,
du fait de notre rapport
à une réalité parfois dure. »
Le film nous fait voyager à travers des paysages fabuleux de notre
pays. Des lieux où la montage et la mer font bon ménage en offrant
aux spectateurs des sites magnifiques loin des cartes postales et des
Comme les "Transporteurs de bonheur", Amou Salah « transporte »
une joie de vivre, aussi éphémère soit-elle, à des populations qui
attendent son passage comme un grand événement. Le réalisateur
avait traité du même sujet à travers un documentaire de 52 mn. « Ma
29 / KALILA / CINéMA
‘’Le dernier SAFAR’’
(2009)
long-métrage,
couleur,
1H20,
VOSV
PRODUCTEUR, REALISATEUR. Coproduction
(Youksproductions, Ministère de la Culture et BLprod)
Mourad Kiat, Nabil HAÏDI, Mohamed CHERGUI,
Abdelkrim LARBAOUI, Mohamed BEYAZA, Mbarek BENZITOU.
Musique : Marwane FARAH
Scénario et réalisation : Djamel AZIZI
Directeur de la Photographie: Nabil MECHKAL
Ingénieur de Son : Mohamed ZIOUANI
Chef de montage : Hélène Viallat
Producteur : Lotfi BOUCHOUCHI
Coproducteur : Djamel AZIZI
Coproductions : Bl prod et Youksproductions
fiction s’inscrit dans le sillage du documentaire » le transporteur de
rêves’’. J’avais alors beaucoup de matières, ce qui m’a permis d’en
réaliser une fiction», explique AZIZI dans un entretien à Kalila. Le sujet
le fascine également. « Enfant dans un village lointaine, YOUSK, près
de Tébessa, le cinéma me fascinait. Il est venu à nous, dans notre
village grâce aux « transporteurs de rêves » qui créaient l’événement
en proposant des films intéressants aux bambins tous heureux du
scintillement des lumières », confie-t-il. La curiosité du moment s’est
transformée au fil des années en une passion qui a conduit M. AZIZI,
scientifique de formation, à suivre des études supérieures en cinéma
et audiovisuel à Paris (Sorbonne), de réalisateur (E.S.E.C-Paris) et en
journalisme audiovisuel (Institut de Hautes Etudes d’Art et de Communication (Paris). « Je ne suis pas issu d’une famille cinéphile. A 19 ans,
j’ai acheté une caméra super 8 et j’ai commencé, en profane, à filmer
des instantanés, des scènes de tous les jours. Plus tard, l’occasion
m’a été offerte pour poursuivre des études dans le domaine et réaliser des documentaires et des fictions : huit courts, moyens et longs
métrages en tout », ajoute-t-il. « A travers mon film, c’est également la
situation des salles de cinéma en Algérie que je voulais montrer. Notre pays nous a permis de rêver, car il y avait la possibilité de le faire
grâce aux cinébus qui sillonnaient les villages et grâce également
aux nombreuses salles qui y existaient dans un temps pas aussi lointain », regrette M. AZIZI qui reste toutefois optimiste quant à la relance
de ce créneau culturel.
A. Fatiha
Filmographie
- Transporteur de rêves, (2007) documentaire, Couleur, 55 mn.
AUTEUR, REALISATEUR, Coproduction (BL prod et Ministère
de la Culture).
- Prophète en son pays (2004) : long-métrage en poste
de production, Couleur, 80 mn.
AUTEUR, REALISATEUR, Coproduction (Focus production,
Ministère de la culture)
- Transporteurs de bonheur (2002) : documentaire, Couleur,
55 mn. AUTEUR, REALISATEUR /Production (FRP, France 5,
Voyage et CNC)
- Le Blouson vert (1999): Fiction, 35 Mm, Couleur, 15mn.
AUTEUR, REALISATEUR, PRODUCTEUR.
- Message d’Alger (1997) : Fiction, 35 Mm, Couleur, 13 mn.
AUTEUR, REALISATEUR, PRODUCTEUR.
- La Colombe (1993): Fiction, 35 mm, Couleur, 14 mn
AUTEUR, REALISATEUR, COPRODUCTEUR.
- Baby-Sitting (1996) : Reportage, Vidéo, Couleur, 27 mn.
AUTEUR REALISATEUR.
- Retour péplum (1994) : Reportage, Vidéo, Couleur, 26 mn.
Document universitaire sur le péplum.
CINÉMA / KALILA / 30
« Militante de la première heure »,
documentaire de Baya EL HAchemi
sur Mamya CHENTOUF,
présenté le 15 juin
à 19h00.
-----
Mamya Chentouf
Militante
Dans ce documentaire de Baya EL HACHEMI,
Mamya Chentouf, militante de la première heure,
remonte le cours de sa vie. A travers son récit,
nous feuilletons les pages de l’Histoire de l’Algérie.
Nous partagerons ses joies et ses peines.
Nous découvrirons le quotidien des hommes
et des femmes qui ont permis à une Nation
de voir le jour et à un peuple de sortir des ténèbres…
Le film, comme un fil conducteur, nous renseigne sur les différentes étapes qui ont marqué la vie de cette militante, de sa
naissance en 1922, dans une famille conservatrice, à son engagement, en passant par son enfance et son instruction. Elle
était la fierté de tous car elle était « la première indigène, dont
la famille avait bravé toute une communauté en l’inscrivant à
l’école française ». « La mère de Mamya leva les yeux et implora le ciel afin que sa gamine suive l’exemple de cette Halima
Ben Abed ». Malgré les résistances du grand-père qui refusait
que sa petite-fille « le déshonore en franchissant les murailles
de sa demeure », les parents inscrivent leur fille à l’école. Le
film revient sur les événements de cette période qui ont accompagné la jeunesse de Mamya. Étudiante à l’université,
elle prend attache avec les deux premières universitaires :
Nafissa Hamoud, fille du Muphti d’Alger, et El Aldjia Noureddine inscrites toutes les deux à la faculté de Médecine d’Alger.
Mais il reprendre le chemin du village où, brusquement hier
ne ressemblait plus au présent. Cette guerre allait secouer les
familles, briser les barrières qui les protégeaient les uns des
autres. Mais, dans un désir ardent de survie, les trois communautés furent acculées à resserrer les liens pour vaincre
l’ennemi commun: le fascisme. Préoccupé par l’anéantissement de ce fléau, l’occupant fit mine de tolérer l’esclave d’hier.
Il poussa ses représentants indigènes à faire croire à toute la
communauté que le colonisateur serait prêt à leur accorder la
liberté de s’organiser, une fois la victoire obtenue… Des militants qui activaient dans la clandestinité se firent connaitre. Ils
s’organisèrent. Messali hadj créa le premier parti politique. Le
père de Mamya devint un de ses membres actifs et entraina
avec lui sa fille. Ce parti comprit l’avantage qu’il pouvait tirer de
l’élément féminin. Il leur ouvrit ses portes. Il fit appel à Mamya
et l’élite cultivée, issue, notamment de la minorité musulmane
aisée. Ayant suivi l’appel de l’Association des Oulamas, cette
classe avait inscrit les filles dans les écoles, notamment celles ouvertes par l’Association. Des manifestations pacifiques
furent programmées. Des « indigènes » sortirent, arborant des
drapeaux aux trois couleurs : blanc, vert et rouge. Ils furent
accueillis mais, mains sur la gâchette. Tirant sur tout ce qui
bougeait. Intimant aux « hordes d’indigènes » l’ordre de se taire. D’oublier les promesses et de retourner à la case d’avant
guerre. On ramassa ses blessés. On enterra ses morts. Mais
on déterra la hache de guerre aux multiples visages. Bien
sûr, la lutte était inégale. La communauté était divisée. Ce
n’est qu’en 1946 que le Parti Populaire Algérien (PPA) créa
les premières cellules féminines. EN 1947 des femmes issues
de milieux différents, se regroupèrent dans l’Association des
Femmes Musulmanes Algériennes (AFMA). L’université d’Alger
comptait 2000 étudiantes. 150 indigènes, dont une dizaine
de filles qui composèrent le noyau dirigeant de l’Association
qui, sous l’impulsion, ajouta à ses objectifs socioculturels, le
volet politique. En 1948, pour inciter plus de femmes à participer activement au combat politique, quelques unes seront
élues au Comité Directeur du PPA (véritable révolution et début
de la participation effective de la lutte des femmes pour l’indépendance). L’action des universitaires femmes dépassa le
cadre communautaire. Très vite, elles établirent des relations
d’amitié avec d’autres organisations estudiantines, notamment chrétiennes et communistes. L’engagement de plusieurs
chrétiennes pour la cause nationale date de cette période.
Certaines occuperont une place de choix au sein du mouvement révolutionnaire et résident encore en Algérie. Mamya
nous permettra de les entendre. Très active, elle participera
31/ KALILA / CINéMA
de la première
heure
aux grands rassemblements à Paris des étudiants maghrébins qui rêvent du Grand Maghreb Uni. En 1950, on célébrait
le 8 mars… dans une salle, lieu de rencontres des femmes
de différentes communautés, unies par un même combat :
égalité et droit des travailleuses. Mamya, invitée à prendre la
parole, fait applaudir son parti (PPA) et invite les présentes à
méditer sur les citations de Staline et de Roosevelt sur la libération des peuples colonisés. Quelques années après, les mots
ont perdu de leur sens. Ils ne suffisent plus à faire patienter
des hommes et des femmes qui aspirent à une vie meilleure,
en ce monde et non plus dans l’au-delà… Le combat politique s’étant essoufflé sans donner de fruits, la frange des durs
prit les choses en mains. Dans certaines régions, à l’insu des
chefs de partis structurés. Le premier Novembre restera dans
l’Histoire. La répression fut féroce. Comme des milliers d’autres
femmes, Mamya connaitra arrestation, interrogatoires et cris
de militantes qu’on torturait pour lui arracher des aveux. Mamya renouera de nouveau avec le déracinement. Toute sa famille est contrainte à l’exil. Mais cette fois-ci, elle ne suivra pas
son père sur le chemin qu’il s’est tracé. Elle s’engagera aux côtés de son mari, dans les rangs du FLN. Les réseaux pour l’exil
la mèneront à Tunis et de là, elle entamera une autre mission :
représenter les femmes algériennes au sein des Associations
ou expliquer aux dirigeants de certains pays la légitimité du
combat d’un peuple pour sa liberté…
HOMMAGE / KALILA / 32
HOMMAGE
Hommage à Ali ALI-KHODJA,
le 14 avril.
-----
ALI ALI-KHODJA
L’alchimiste et l’œuvre philosophale
A 87 ans, le grand peintre s’en est allé, aussi jeune qu’il l’était
à sa naissance, toujours curieux, enthousiaste, pensif et créatif.
Sa vie et son œuvre illustrent à merveille cette rare capacité à toujours s’interroger sur le monde, à se garder intact pour l’étonnement,
finalement à réussir la gageure de demeurer enfant, après bien des
décennies, quelques guerres, d’innombrables déconvenues et un
bouleversement radical du monde. Né en 1923 dans le quartier merveilleux de Bologhine (anciennement Saint-Eugène), dans une famille
modeste, bien que descendante directe de l’avant-dernier dey d’Alger, il avait perdu son père à l’âge de 4 ans et avait été élevé par une
mère qui, disait-il, le poussait avec ses frère, à « être digne en toute
circonstance et, même sans un douro en poche » à se tenir « comme
des princes ». Tout un programme !
Ses oncles maternels, les prestigieux Mohammed et Omar Racim,
pionniers et maîtres incontestés, respectivement, de la miniature et
de l’enluminure, décidérent de lui apprendre leurs arts. C’est donc,
enfant, qu’il entra dans l’univers somptueux des arts appliqués anciens. Il y excella, mais peut-être plus qu’il n’en fallait, car, très tôt,
l’ennui le gagna pendant que son jeune esprit s’ouvrait à la pensée,
la science et la recherche, consommant avec avidité livres et revues.
La répétition des arts appliqués lui semblait intolérable pendant que,
sous ses yeux, notamment lors de la deuxième guerre mondiale, il
voyait s’écrouler un monde et en naître un nouveau. De là, grandit
en lui une incroyable pulsion vers la modernité qu’il nourrit jusqu’à
sa dernière journée, le 7 février 2010, vieil homme, aussi, sinon plus
branché sur les nouvelles technologies de communication que les
jeunes des cybercafés d’Algérie.
Il est, avec Zmirli et Khadda, un des rares peintres algériens à avoir
écrit sur sa pratique. Mais, de plus, il écrivait des nouvelles, des
poèmes, des réflexions philosophiques sur toutes sortes de sujets.
Le renouveau figure au centre de ses textes, englobant les relations
entre la science et l’art ainsi que l’indispensable indépendance de ce
dernier. A propos de l’imaginaire, il affirmait : « Sans cette projection
dans l'âme des choses et dans les temps futurs et passés, nous nous
trouvons rivés à la monotonie de la répétition qui nous maintient en
dehors du renouveau ». De même, écrivait-il : «…l’art en général ne
peut être abordé sans s’opposer aux directives conventionnelles et
aux orientations doctrinales qui maintiennent l’artiste dans une situation de dépendance et de reclus, appliquant simplement les orientations d’un pouvoir paralysé par sa crainte du renouveau». Jamais, il
ne s’est départi de cette attitude, ne rechignant pas à tout remettre en
cause, allant toujours sur les sentiers escarpés du questionnement.
Ainsi se développa chez lui, une peinture abstraite, non pas par alignement aux tendances actuelles, ni surtout par mode, mais dans le
prolongement d’une pensée philosophique que l’on pourrait qualifier
d’art conceptuel si ce concept lui-même n’était pas si galvaudé et
déformé. Ali-Khodja fut un peintre des couleurs plus que des formes
parce qu’il recherchait ce qui se cachait derrière l’apparent et parce
qu’aussi l’infiniment petit le fascinait. Mais, taxée de « bourgeoise »
par certains qui préconisaient le primat du signe traditionnel comme
affirmation de l’identité, mal vue par les tenants des arts appliqués
qui ne comprenaient pas sa défection initale, cette démarche ne fut
pas toujours comprise. Elle demeure pourtant une référence précieuse pour une définition de la modernité de l’art algérien comme de
l’Algérie toute entière.
Si peu regardant sur la « gestion de sa carrière », privilégiant la recherche sur la diffusion, il ne fit, durant sa longue vie artistique, qu’une
trentaine d’expositions, dont seulement sept personnelles ! Sa première remontait pourtant à 1946 dans une librairie de l’actuelle rue
Didouche Mourad. Plus qu’un peintre, il fut un alchimiste tourmenté
par la recherche d’une œuvre philosophale. Ce qu’il laisse d’œuvres
resplendit de profondeur et de magnificience et nous indique des
voies qui dépassent de loin l’art.
Ameziane Ferhani
Journaliste et critique d'art
PROGRAMME
CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN À PARIS
MERCREDI 14 AVRIL
Hommage à Ali Ali KHODJA
« L’alchimiste et l’œuvre
philosophale »
A 18H30 :
Conférence sur la vie et l’œuvre Ali Ali Khodja, avec la participation de Abderrahmane
Ali Khodja, fils du défunt, et de Ameziane
Ferhani, journaliste et critique d’art. Elle
sera suivie du vernissage d’une exposition
d'œuvres Ali Ali Khodja.
33 / KALILA / HOMMAGE
Hommage
à Taos AMROUCHE,
le 24 avril.
-----
TAOS AMROUCHE
Taous en Provence
« Taos en Provence », c’est l’intitulé de l’exposition des œuvres
de Denise Barbaroux représentant Marie-Louise Taos Amrouche,
son entourage, ses objets familiers, à Saint Michel
l’Observatoire où elle a vécu les dernières années de sa vie
et où elle a souhaité être enterrée.
Ma rencontre avec Denise s’est faite par le plus grand des hasards,
mais si l’on se réfère au monde de Taos qu’est ce que hasard veut
dire ? En 2006, trente ans après la mort de la cantatrice, j’ai souhaité
qu’un hommage lui soit rendu au Maghreb des livres où j’étais cette
année-là chargée de l’organisation des tables rondes. Mais le principe de l’hommage étant dans cette structure basé sur au moins une
publication de référence sur le sujet, j’ai découvert avec surprise qu’il
n’y avait rien sur le marché et rien de prévu au niveau des maisons
d’édition la concernant. J’ai alors fait part de ma frustration à des
amis accueillis à Saint Michel à leur arrivée d’Algérie et qui y ont rencontré Denise Barbaroux, et j’ai décidé d’entamer avec elle un travail
dont je ne savais pas encore à l’époque quelle forme il allait prendre.
Puis l’idée d’une exposition à Paris de ces œuvres entreposées depuis trente ans dans la galerie marseillaise du Cours Lieutaud m’a
paru séduisante et a été finalement menée à bien en même temps
qu’un autre projet en phase de réalisation.
Les tableaux de Denise Barbaroux exposés ici font partie de sa collection privée. Depuis 1948, elle n'a pas cessé de peindre à l'huile et au
pastel des paysages de Haute Provence, des marchés provençaux,
les calanques, les pointus, le Vieux Port ainsi que quelques portraits,
à forte valeur affective, de Taos Amrouche et de sa fille.
Les artistes étant depuis toujours le miroir privilégié de leur époque,
ma démarche a consisté en la recherche de ce que ces tableaux
« disent » en plus de « montrer », et je me suis appuyée pour cela sur
les souvenirs de l’artiste dont la mémoire intacte a su retisser les fils
d’une histoire hors du commun. Il m’a semblé nécessaire de porter
à la connaissance du grand public l’expression de cette amitié entre
deux femmes exceptionnelles en remontant jusqu’aux circonstances
qui ont donné lieu à cette production d’images représentant la grande dame du chant berbère ancestral et de la littérature algérienne ;
nécessaire de partager l’immense privilège d’être parmi les premiers
admirateurs de ce qui est l’incarnation d’une rencontre rare entre
deux personnalités, deux sensibilités, deux exigences.
Pour peindre Taos, Denise n’avait pas seulement recours à l’impulsion
de sa main et à la richesse de sa palette. Des heures de discussions,
d'émotions partagées, et la vie passée par-là avec ses épreuves, font
que chaque toile est l’illustration d’une réalité vécue intensément,
un témoignage inestimable de la vie dans ce village provençal, où
la beauté des lieux a fait que se sont rencontrés là, à un moment
donné, une pléthore d’artistes : cantatrice, producteur de musique,
artistes peintres, éditeur, photographe, antiquaire, amateurs d’arts
…De sa terrasse, Taos avait une très belle vue sur les collines verdoyantes, les somptueux champs de lavandes et de sauges sclarées
à l’odeur entêtante, entre jasmin et oranger en fleur disait-elle, et au
loin les Alpes de Haute Provence qui lui rappelaient le Djurdjura. Ce
décor flamboyant, on le retrouve par bribes dans le travail du peintre
et les couleurs à la fois somptueuses et raffinées nous font découvrir
un regard d'artiste toujours émerveillée. On devine dans ses œuvres
à la fois des instants de bonheur qu'elle a su saisir au millième de
seconde et on peut alors dire, c’est un peintre de la joie de vivre !,
mais aussi des instants de gravité extrême lorsque la maladie de son
modèle s’installe, et que la vie et la mort sont en jeu.
Peintre figuratif utilisant le pastel pour rendre l’instantanéité des choses, Denise nous donne pourtant à voir parfois une figuration de l’invisible, et ce désir de communication qu’elle évoque après le décès
de Taos et qu’elle pense maintenir avec elle en peignant tout ce qui
lui fut proche, est de cet ordre là.
La femme représentée est petite, plutôt mince, même si dans un
tableau elle dit avoir grossi, très belle. Les traits de son visage sont
d’une incomparable finesse, ses vêtements très colorés, sa coiffure
en chignon haut telle que « l’estrangère » est apparue la première
fois. « Je ne ressemble à personne... Je viens d’Afrique » fait dire Taos
à un de ses personnages de roman. Cet être qui ne ressemble à
personne et que nous donnent à voir les tableaux, est né le 4 mars
1913 à Tunis « rue des marchands d’huile ». Son enfance est décrite
dans « Rue des Tambourins » son deuxième roman. La profession du
père, employé des chemins de fer, permet de fréquents retours à
Ighil Ali en Kabylie, berceau de la famille, et la présence quasi permanente de la grand-mère paternelle, kabyle transplantée, facilite
l’apprentissage de la langue d’origine. Les parents sont chrétiens, la
grand-mère musulmane ; ils parlent français, elle parle kabyle, et la
langue arabe est présente dans la rue ; les enfants portent un double
prénom. Ces identités multiples qui ont imprégné l’enfance et l’adolescence de Taos feront que « chaque fois qu’elle apparaît … il lui faut
porter jusqu’à l’excès la volonté de se faire comprendre ». Et cet excès
fut une des sources d’inspiration pour Denise Barbaroux.
Sadia Barèche
SAMEDI 24 AVRIL
Hommage à Taos AMROUCHE
A 15H00 :
Projection du film
« Sur les traces
de Taos Amrouche ».
A 16H00 :
vernissage de l’exposition
« Taos en Provence »,
des œuvres de Denise Barbaroux.
A 18H30 :
Conférence avec la participation de Denise
BRAHIMI, universitaire et auteur du livre
« Taos Amrouche romancière » (éd Joëlle
Losfeld, 1995), sur le thème ‘’Les romans
de Taos Amrouche’’, de Djohar GHERSI,
universitaire et psychanalyste, ‘’La quête du
lieu chez Taos Amrouche’’, de Youcef NACIB, universitaire, connu pour ses travaux
de recherche sur la tradition orale : ‘’Les
chants de Taos Amrouche et l'évolution
de la question amazighe depuis sa disparition’’ et de Hervé SANSON, chercheur sur
les littératures maghrébines francophones
et berbères.
NOS ARTISTES D'ICI ET DE LÀ BAS / KALILA / 34
ARTISTE
D'ICI
ET DE LÀ
BAS
HAYARI
est un styliste,
il nous présente, ici, son parcours
et sa maison de Haute Couture.
HAYARI
Sublimer la femme
-----
KALILA : Pouvez-vous nous donner quelques éléments de votre parcours
artistique dans la haute couture ?
HAYARI : J’ai commencé à Batna, grâce à ma grand-mère couturière qui m’a
initié à la couture (je possède encore sa machine à coudre !!). Tout en poursuivant mes études universitaires (licence d’Anglais), je me suis intéressé à ce
domaine en franchissant un pas supplémentaire. En effet, j’ai ouvert un show
room pour robe de mariée et fait de la création de broderie toujours dans ma
ville, aidé en cela par ma sœur jumelle, une excellence brodeuse à Batna.
Mes clientes étaient Constantinoises, oranaises, algéroises. J’ai habillé des
animatrices de la Télévision algérienne, la chanteuse Warda El Djazairia et
bien d’autres. Mon travail m’a permis de franchir les frontières nationales. À Titre d’exemple, j’ai été invité par la ville de Lyon pour présenter 25 de mes créations. J’ai été repéré par M. Paillot, directeur de l’École Supérieure de Mode
de Lyon, à qui je dois beaucoup. J’ai répondu à sa proposition de rejoindre
son École. Mon expérience s’est enrichie par l’obtention d’un diplôme à Paris.
Avant d’ouvrir ma propre maison de Haute Couture au nom de HAYARI, j’étais
designer dans une Maison de Haute Couture, av. Montaigne.
KALILA : Êtes-vous en train de réaliser vos rêves ?
H : Oh oui, je suis en train de réaliser mes rêves totalement. Habiller la femme
c’est la sublimer, ressortir toute sa beauté intrinsèque. Mon rêve était de voir
mes modèles dans des défilés à l’échelle mondiale. C’est objectif atteint, puisque mes œuvres sont présentes au Japon, aux États Unis, en Arabie saoudite,
au Qatar et bien entendu en Europe.
KALILA : Pouvez-vous nous citer quelques noms parmi les personnalités
que vous avez habillées ?
HAYARI : Bien sûr. Adrianna KAREMBU, Barbara ALENKA, la grande chanteuse
d’Opéra Nathalie DESAY figurent parmi les personnalités qui ont porté des robes du soir de ma création.
KALILA : Il n’y aurait pas dans certains modèles une inspiration de tenues
d'Algérie qui est avant tout votre berceau ?
HAYARI : Lorsque je travaille, les thèmes dirigent souvent ma création. Mon
inspiration peut effectivement intervenir par les sollicitations des clientes, où
lors d’un voyage effectué soit en Moyen-Orient, au Japon ou ailleurs. En Algérie il y a une telle diversité que dans chaque coin du pays j’emprunte quelques
éléments ; un motif, une dentelle, une broderie ou un simple détail susceptible
d’apporter une valeur ajoutée à ma création du moment.
KALILA : Pouvez-vous nous décrire votre lieu de création, votre atelier.
J’imagine que vous avez une équipe sur qui vous comptez vraiment ?
HAYARI : Bien sûr j’ai une équipe très efficace en commençant par la 1è main,
d’une modéliste, des premières mains qui viennent de chez Yves Saint Laurent, Dior, Chanel et Hugues qui s’occupe de toute la communication, des divers contrats et des défilés.
> De haut en bas et de gauche à droite
Soir de Paris / Belle de Paris I / Belle de Paris II /
Nuit Blanche à Paris I / Bonheur de Paris / Nuit de Paris
KALILA : Quels sont vos projets ?
HAYARI : Je viens de clôturer deux défilés des plus prestigieux de la mode
parisienne, à savoir le Carrousel du Louvres et le Palais Brongniart. En plus de
la préparation d’un défilé qui aura lieu à Moscou au mois d’Avril, je travaille
actuellement sur la nouvelle collection qu’on envisage de présenter à Londres
et mon rêve est d’organiser une semaine de la Mode en Algérie comme il en
existe à Paris, à New York, à Milan.
L. D
35 / KALILA / THÉÂTRE
THÉÂTRE
La Compagnie Culturelle
du Théâtre de Sétif
nous présente la pièce
« BAROUD PACHA »
le 2 avril 20h30.
-----
BAROUD PACHA
Une pièce de la
Compagnie Culturelle
du Théâtre de Sétif
Ce spectacle qui enchantera autant les
grands que les petits est une adaptation
libre d’un texte de Mamdouh Adouane.
Cet auteur syrien s’est très largement
inspiré du patrimoine oral populaire arabe
pour la rédaction de son livre.
La Compagnie Culturelle du Théâtre de
Sétif se l’est réapproprié pour lui donner
les couleurs d’un humour
plus typiquement algérien.
Cette pièce jouée en arabe est interprétée
par Fares BOUSSAADA, Fayçal DOUAG et Abdelmalek BOUSSAHEL. Trois acteurs que vous
connaissez déjà : Fares Boussaada nous a
fait rire pendant près de cinq ans avec ses
chroniques hebdomadaires dans l’émission
télévisée SARAHA RAHA. Fayçal Douag, est
un autre habitué du petit écran que l’on peut
voir entre autre dans « Douar Echaouia » tandis que Abdelmalek Boussahel a participé à
« Aamer ya nassi » et « Erih fi chebak ».
La Compagnie Culturelle du Théâtre de Sétif
n’en est pas à sa première mise en scène
collective. La troupe a participé, avec d’autres
pièces, à des festivals de théâtre notamment
à la vingtième édition du festival international
du théâtre euro-méditerranéen à Conversano en Italie et au festival international du
théâtre arabe en 2006 où la troupe a décroché le prix du meilleur spectacle.
La compagnie de Sétif récidive avec ce conte
de Djoha qui a tourné un an durant sur tout
le territoire algérien.
ÉDITION / KALILA / 36
LE MONDE DE L’ÉDITION
« Le pied de Hanane »
(2009/Ed. CASBAH, Algérie)
De Aicha KASSOUL
Je ne connais pas cette fille, Hanane.
L’autre non plus, ma petite-fille de quelques heures. Même pas le temps d’avoir
deux pieds pour marcher. Infinité de tendresse dans une Algérie dévorée par
Cronos. L’ogre fou. Entre ses mains mythiques et celles historiques des corrupteurs d’une jeunesse en mal de passage,
e, partance pour l’au-delà, ciel éternel ou
mer infernale, je n’ai pas su faire mieux
que de parler. C’est ce que les deux filles
m’ont dit. Laisse-nous perler, nous terre et
cendre
Née à Blida, licenciée es lettres classiques
et docteur d’État en littérature française
et comparée, Aicha KASSOUL a enseigné pendant
de longues années à la faculté des lettres
de l’université d’Alger où elle a aussi assumé
des fonctions de responsabilité et dirigé
des travaux de recherche.
Elle est actuellement détachée au Ministère
des Affaires Étrangères.
Elle produit et anime une émission littéraire
à la Chaine III de la Radio algérienne :
Un monde qui nous rassemble parce qu’il nous
ressemble.
« Survivre à GAZA »
(2009/Ed. KOUTOUBIA, France )
Récits de Mohamed AL-RANTISSI
Propos recueillis par
Christophe OBERLIN
et Jacques-Marie BOURGET
Pour la première fois un Palestinien, qui
n’est ni un combattant ni un responsable
politique, raconte l’histoire de sa famille.
Il le fait avec une lucidité exceptionnelle.
Nous allons de la Palestine tranquille,
celle des champs d’orangers que l’on irrigue le soir, à la Palestine déchirée, de feu
et de sang. L’auteur décrit d’abord l’exil
intérieur, celui imposé aux siens par les
milices juives en 1947 lors de la création
d’Israël. Il rapporte les récits de l’exode
entendus de la bouche des réfugiés, puis
son propre témoignage prend le relais.
Au sein de son peuple, où le temps de
l’adolescence n’existe pas, dès l’âge de
huit ans Mohamed al-Rantissi devient un
témoin de l’histoire des Palestiniens et
plus particulièrement de celle de Gaza,
montrant comment on peut survivre en
enfer et devenir médecin sur une terre
sans université. Revit ici Abdelaziz alRantissi, le frère de l’auteur, que l’on voit
évoluer de la laïcité à la « solution » religieuse. Et fonder le Hamas auquel il donnera une audience internationale, avant
d’être assassiné. On voit la « montée » du
mouvement islamique et la répression israélienne qui l’accompagne. Les événements rapportés, avec des mots simples
mais forts, jusqu’à la sanglante attaque
de Gaza en janvier 2009, permettent enfin de mieux comprendre cette histoire
récente et peut-être les solutions de demain.
Mohamed al-Rantissi est un chirurgien
orthopédiste palestinien, âgé aujourd’hui
de cinquante ans. En 1947 sa famille
a été contrainte de fuir les milices
des organisations combattantes juives.
Né à Gaza dans un camp de réfugiés, il a étudié
en Syrie, au Bangladesh, en Irak et en France
et dirige actuellement le service de chirurgie
réparatrice de l’hôpital Nasser à Khan Younès,
au sud de la bande de Gaza. Il est le frère
d’Abdelaziz al-Rantissi, cofondateur du Hamas,
assassiné par Israël en 2004.
« Sîne le dernier poète »
(2009/Ed. ATRIA, France)
De Noureddine SEOUDI
Comment une conque couverte de symboles en njomalil ou langue des étoiles, la plus ancienne et mère de toutes
les langues, a-t-elle pu échouer sur les
berges du Nahdor, alors que la rivière
ne communique pas avec l’océan ?
Quelqu’un l’a-t-il placée là délibérément ? Quel message renferme-t-elle.
Le mage Falden, terriblement inquiet
suite à la découverte de ce mystérieux
coquillage, décide de quitter le Naharina pour rejoindre Kudram, la cité des
mages. Se joignent à lui Imrou et Rânsa,
deux adolescents qu’il a recueillis enfants, ainsi que leurs amis : Siméon, Dalim et Selma. Ce long voyage parsemé
d’embûches, de rencontres inquiétantes, fantastiques va révéler nos compagnons : les apparences sont souvent
trompeuses…
Notre petit groupe sera-t-il le bienvenu
à Kudram ? La prochaine guerre de l’Arbre serait-elle imminente ? Quel sera le
destin de chacun d’entre eux ? Quel rôle
décideront-ils de jouer dans cet avenir
incertain ?
Noureddine SEOUDI né à Alger en 1971,
Noureddine SEOUDI vit dans le nord de la
France depuis l’âge de 2 mois. Féru de poésie, sa
rencontre
avec les poètes, sa rencontre avec les poètes
de l’Arabie préislamique lui feront découvrir un
univers peuplé de chevaliers, de djinns, de devins,
de dragons
et autres créatures extraordinaires. De là naîtra
l’idée du monde de Sîn, l’une des plus anciennes
évocations de la lune. « Sîn, le dernier poète »
est le premier volet d’une trilogie inspirée de la
mythologie orientale.
37 / KALILA / ÉDITION
Média Plus,
Maison d'édition fondée
par Saïd Yassine
HANNACHI.
SaÏd YASsine hannachi
Pour la promotion
du livre en Algérie
Aux côtés des trois grandes maisons
publiques Algériennes, on dénombre
plus de cinquante éditeurs privés
d’importance inégale.
Seule une vingtaine parmi eux
demeurent actifs sur le terrain.
Ils sont versés dans la littérature,
l’histoire, l’essai et le patrimoine.
Média-Plus en fait partie.
Selon Saïd Yassine Hannachi, « les difficultés d’exercer sont diverses et identifiées. Elles varient selon que l’on est à la capitale ou à l’intérieur du pays. Le
ministère de la Culture joue un rôle important ces dernières années
dans l’aide à la publication. Mais d’autres problèmes persistent. En
effet l’absence de textes sur le développement économique livresque
mène inévitablement à une confusion de rôles ».
Il estime que le prix du livre local reste « abordable mais celui importé
est relativement cher pour les lecteurs à faible revenu. Les rééditions
ou traductions garanties par l’achat des droits d’auteurs publiés à
l’étranger, en particulier ceux des écrivains algériens, est une alternative pour faciliter la circulation des textes à un prix abordable ».
Pour le responsable de Média Plus, des actions qui doivent être menées résident dans « la mise en place d’une loi sur le développement
des métiers du livre, la promotion du livre et de la lecture publique et
la pérennité des aides à la publication ». « La déclaration de Yasmina
Khadra dans un récent numéro de Jeune Afrique est significative à
plus d’un titre : Si de belles surprises continuent de paraître en termes
de romans, d’essais et de bandes dessinées, c’est grâce à la volonté
de quelques passionnés. Mais la passion peut vite s’éroder à cause
des difficultés et faute d’une vraie politique du livre. C’est un combat
titanesque », ajoute-t-il.
Présentation de Média Plus
-----------------------------Média Plus, maison d’édition, fut fondée en 1991 par Saïd Yassine
Hannachi. Au cours de la première phase de cette aventure
(1993-1997), l’éditeur « a pu avoir des signatures prestigieuses
dans son catalogue et publier un guide touristique (700 sites
recensés), œuvre de Marc Côte, éminent géographe et professeur
émérite à l’université d’Aix en Provence ». Contraint d’abandonner
momentanément l’édition en raison « de difficultés en tout genre,
surtout financières, en l’absence de toute aide à l’époque »,
M. Hannachi revient en 2003, avec la réédition des œuvres
de Malek Haddad, alors introuvables en Algérie, grâce au
concours de Julliard, et la publication de nombreux ouvrages
de référence, un catalogue modeste mais étoffé et de qualité
en histoire, littérature, essais, beaux livres, patrimoine, tourisme.
Exercer hors de la capitale est certes défavorisant, mais l’éditeur
implanté à Constantine semble réussir son défi. Il réussi
à s’imposer à l’échelle nationale et offrir aux lectrices et lecteurs
un choix judicieux d’ouvrages de qualité.
Le catalogue compte 60 titres.
Parmi les projets de Média Plus,
on citera la publication d’ouvragesen chantier en littérature, histoire
et beaux livres
; choix diversifiés pour répondre à certains besoins
des lecteurs, le lancement de deux collections,
l’une dédiée aux meilleurs textes et auteurs
(Collection Nedjma) et l’autre de poche (Jib) et la publication
de deux livres Événement, mars 2010 :
‘’l’Olympe des infortunes’’ de Yasmina Khadra,
et ‘’Constantine et sa région vues du ciel’’ de Yann Arthus-Bertrand.
NOUVELLES CULTURELLES / KALILA / 38
NOUVELLES
CULTURELLES
_La Maison de l’Artisanat à Alger
Dans le but de promouvoir le secteur
artisanal, une maison de l’artisanat fut
inaugurée par son Excellence Monsieur
le Président de la République Abdelaziz
Bouteflika, le samedi 08 avril 2006.
Des ateliers de production et de vente du
produit artisanal ont été mis en place dans
l’un des plus vieux quartier populaire de
Bab el Oued, réunissant 18 des meilleurs
artisans en :
bijouterie, broderie, dinanderie, céramique, travail du cuir, cuivre retourné, poterie, vitrail et tricotage-bonneterie.
Nous vous invitons à venir le visiter. Vous
trouverez le meilleur accueil, la qualité et
la création.
Adresse :
(En face du Centre Commercial
said Touati)
20, rue Nacer El hamdi Oued Korreich
Triolet (Bab el oued) Alger
Contact
pour tous
renseignements :
Mme khodja : 07 71 26 91 18
_L’ivrEscQ, Magazine Littéraire
L’ivrEscQ se veut un magazine ambitieux
qui offre un patchwork de recherche inédit, et vous guide dans l’actualité de livre
par des entretiens, de larges extraits, de
l’envol poétique, des critiques, des commentaires sur des sujets d’actualité ou
des grandes questions de l’heure.
Nous évoquerons des enquêtes sur les
phénomènes d’édition, sur les droits
d’auteurs, sur la protection intellectuelle.
Nous sommes confrontés, à de nouvelles phases de croissance sans limites, les
informations électroniques : paradoxe,
ces mêmes bases de données, sont en
quelque sorte victimes de leur richesse et
l’utilisateur a besoin d’être guidé dans cet
univers quasi opaque par la saturation
d’informations, d'où l’idée d’un magazine
susceptible de les canaliser. Conséquemment, pour répondre aux besoins et aux
attentes d’un lectorat précis (les papivores !...), l’équipe de L’ivrEscQ s’est attelée
à un travail rigoureux et sélectif, allant
de l’innovation à l’originalité, passant par
l’universalité mais tout en faisant sien, le
devoir de promouvoir le livre.
Chère lectrices, chers lecteurs, nous vous
attendons nombreux pour partager avec
nous notre passion du livre algérien.
Nadia SEBKHI
Directrice générale de L’ivrEscQ.
POUR LES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP L’ACCÈS AUX DIFFÉRENTS
SERVICES DU CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN EST ASSURÉ
LE CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN VOUS PROPOSE :
UNE BIBLIOTHÈQUE DE CONSULTATION
www.cca-paris-biblio.com
UNE CINÉMATHÈQUE
UNE VIDÉOTHÈQUE
DES CONFÉRENCES ET DES SÉMINAIRES
À CARACTÈRE CULTUREL ET SCIENTIFIQUE
DES RENCONTRES LITTÉRAIRES
DES EXPOSITIONS DE PEINTURES, DE PHOTOS
ET DE SCULPTURES
DES SPECTACLES ET DES CONCERTS
DES ATELIERS CULTURELS
ARTS PLASTIQUES
ENFANTS & ADULTES
MUSIQUE ARABO-ANDALOUSE
ENFANTS & ADULTES
DANSES MAGHREBINE & ORIENTALE
CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN
171, RUE DE LA CROIX-NIVERT
75015 PARIS
TÉL. 01 45 54 95 31 - FAX. 01 44 26 30 90
www.cca-paris.com
[email protected]
Choisis ton compagnon,
avant de choisir
ton chemin.*
*proverbe algérien
Choisissez Aigle Azur pour ses vols quotidiens vers toute l’Algérie.
(194 vols / semaine)
Création ResPublika_mars 2010_AIGLE AZUR // RCS ZI 309 755 387
aigleazur.fr
0 810 797 997