La mise en scène d`images à caractère sexuel en publicité
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La mise en scène d`images à caractère sexuel en publicité
La mise en scène d’images à caractère sexuel en publicité dans l’industrie du luxe PAR: Agathe NOVA [email protected] JURY: Jean-Eric PELET Janvier 2006 La mise en scène d’images à caractère sexuel en publicité dans l’industrie du luxe Résumé : Nous présentons dans ce travail le sujet de la mise en scène d’images à caractère sexuel en publicité dans l’industrie du luxe. L’objectif est de mettre en lumière l’efficacité d’une telle stratégie et de mieux comprendre ses impacts sur les consommateurs et les non consommateurs de luxe. A partir d’une revue de littérature et d’investigations qualitatives et quantitatives que nous présentons dans ce travail, nous apportons des éléments de réponse à la question : la mise en scène d’images à caractère sexuel dans la publicité a-t-elle permis de recruter un nouveau segment de population au début des années 2000 ? Mots clefs : Publicité, Sexe, Luxe, Consommateur, Mémorisation, Marque, Comportement d’achat The use of sexual images in advertising in the luxury industry Abstract: In this work, we present a subject on the use of sexual images in advertising in the luxury industry. The aim of this research is to highlight the effectiveness of such a strategy and to better understand its impacts on the consumers and non consumers of luxury products. Using a literature review and presented qualitative and quantitative investigations, we propose to find an answer out to the question: did the use of sexual images in advertising in the luxury industry succeed in attracting a new segment of population at the beginning of the 21st century? Key words: Advertising, Sex, Luxury, Consumer, Brand, Memory, Purchase Behaviour. 7 Remerciements Je tenais à exprimer ma profonde reconnaissance à Monsieur Jean-Eric Pelet, pour la confiance qu’il m’a accordée et ses encouragements. Ses conseils, ses apports et son exigence ont guidé et enrichi l’ensemble de ma réflexion. Un grand merci à tous les membres de ma petite famille, Nicolas et Gaspard, tout particulièrement, pour leurs encouragements et leurs brillantes idées. Mes remerciements s’adressent également à toute l’équipe du 32, rue Colbert pour leur soutien constant ces derniers mois difficiles, le ur bonne humeur et leur grain de folie. Enfin, je souhaitais remercier tout spécialement Maxime pour ses encouragements, son aide et pour m’avoir donner toute son affection quand j’en avais besoin. Merci. 8 Table des matières Chapitre 1 : Introduction et Présentation générale de la recherche ..p. 12 Section 1 : L’approfondissement des fondements théoriques du concept de Publicité……………………………………………………………..p. 12 1. Objectifs d’une publicité…………………………………….p. 14 2. Principes d’une publicité…………………………………….p. 14 3. Réactions du consommateur………………………………...p. 15 4. Publicité et Mémoire………………………………………...p. 16 5. Publicité et Image…………………………………………...p. 18 Section 2 : L’approfondissement des fondements théoriques du concept de Provocation et de Sexe en Publicité……………………………….p. 20 1. Le recours à la provocation en publicité…………………….p. 20 2. L’utilisation du sexe en publicité……………………………p. 22 2.1 Contenu des publicités à caractère sexuel……………….p. 23 2.2 Evolution du recours au sexe en publicité…………...p. 25 2.3 Les effets du recours au sexe en publicité…………..p. 26 2.3.1 Publicité et réponses émotionnelles……….p. 26 2.3.2 Publicité et réponses comportementales…...p. 28 PARTIE I : Cadre général et méthodologie de la recherche ………..p. 40 Chapitre 2 : Le cadre général et les hypothèses de la recherche ……p. 40 Section 1 : Présentation du cadre général de la recherche ………….p. 40 Section 2 : Les hypothèses de la recherche …………………………...p. 40 9 Chapitre 3 : Méthodologie de la recherche …………………………..p. 42 Section 1 : Etude Qualitative : Les Entretiens ……………………….p. 42 1. Présentation des entretiens qualitatifs……………………….p. 42 1.1 Conception et réalisation………………………………...p. 42 1.2 Echantillon………………………………………………p. 43 1.3 Déroulement des entretiens……………………………...p. 43 1.4 Objectifs………………………………………………...p. 44 2. Enseignements de l’étude qualitative………………………..p. 44 Section 2 : Etude Quantitative : Le Questionnaire …………………..p. 46 1. Conception et réalisation…………………………………….p. 46 2. Echantillon…………………………………………………..p. 46 PARTIE II : Présentation et discussion des résultats……………….p. 47 Chapitre 4 : Les résultats de la recherche …………………………....p. 47 1. Hypothèses 1 et 2……………………………………………p. 47 2. Hypothèse 3…………………………………………………p. 56 3. Hypothèse 4…………………………………………………p. 59 4. Hypothèse 5…………………………………………………p. 63 5. Hypothèse 6…………………………………………………p. 64 6. Hypothèse 7…………………………………………………p. 66 7. Hypothèse 8…………………………………………………p. 67 8. Hypothèse 9………………………………………………....p. 69 9. Hypothèse 10………………………………………………..p. 71 10. Hypothèse 11………………………………………………..p. 72 Chapitre 5 : Discussion des résultats………………………………....p. 73 Section 1 : Les principales contributions théoriques de la recherche p.74 10 1. Publicité à caractère sexuel et Consommateur………………p. 74 1.1 Le genre des consommateurs……………………………p. 74 1.2 L’âge des consommateurs……………………………….p. 75 2. Publicité à caractère sexuel ou la volonté de choquer………p. 77 2.1 Degré d’intensité sexuelle……………………………….p. 77 2.2 Caractère sexiste…………………………………………p. 78 2.3 Vulgarité du modèle……………………………………..p. 79 3. Pertinence des publicités à caractère sexuel dans l’industrie du luxe…………………………………………………………..p. 79 3.1 De par la nature du produit et de ses bénéfices………….p. 80 3.2 De par l’objectif: rajeunir l’image de la marque………...p. 81 3.3 De par la recherche artistique et esthétique entreprise…..p. 81 4. Publicité à caractère sexuel et réponses émotionnelles……...p. 82 4.1 L’agacement/l’irritation/l’énervement…………………..p. 83 4.2 L’excitation……………………………………………...p. 83 4.3 La répulsion……………………………………………...p. 84 4.4 L’indifférence……………………………………………p. 84 4.5 L’incompréhension……………………………………...p. 84 4.6 Le rire…………………………………………………....p. 85 4.7 La surprise……………………………………………….p. 85 5. Publicité à caractère sexuel et Impact mémoriel…………….p. 85 6. Publicité à caractère sexuel et Image de marque……………p. 86 7. Publicité à caractère sexuel et Comportement d’achat……...p. 88 Section 2 : Les limites et voies de recherche………………………….p. 91 Conclusion générale……………………………………………………p. 94 Bibliographie…………………………………………………………...p. 95 Annexes………………………………………………………………..p. 101 11 Chapitre 1 : Introduction et présentation générale de la recherche C’est à la fin des années 90 que le marché du luxe connaît une réelle ouverture. Lasses de ne vendre leurs produits qu’à un segment limité de la population depuis des années ou conscientes de l’évolution de leur clientèle, les marques de luxe ont voulu marquer les esprits et rajeunir leur image. Celles-ci décident d’adopter une politique de croissance interne qui passe notamment par une stratégie de diversification. Leur but est d’atteindre un public plus large et de renouveler leurs clientèles de base, notamment en attirant la jeune génération. Afin d’aborder ce nouveau marché, elles décident de remettre en question leurs méthodes de communication traditionnelles : il s’agit de faire évoluer leur vision très classique du luxe. C’est Tom Ford alors directeur de création chez Gucci qui lance le début de la nouvelle ère « porno chic », « puisant son inspiration dans les codes pornographiques » et mettant en scène la nudité de la femme (Lugrin, 2002). Les maisons de haute couture décident de ne plus confier leurs campagnes de publicité à des agences mais plutôt à leurs équipes de créations. Il ne suffit pas simplement de montrer un produit pour le vendre. Il faut susciter le désir chez le consommateur et associer le produit au plaisir. Le « porno chic » doit alors ressembler à une œuvre d’art. Le paysage publicitaire du monde du luxe change du tout au tout. Puisque la différentiation ne se fait plus de manière qualitative entre les produits, la publicité devient alors un outil de différentiation. Les principales marques de haute couture et de luxe, Dior, Givenchy, Ungaro, Yves Saint Laurent, Vuitton ou Versace réinventent alors leurs stratégies publicitaires. Or ce type de stratégie, si elle permet d’accroître le chiffre d’affaires, peut également se révéler très risquée, au risque de discréditer la marque et donc perdre une partie de sa clientèle d’origine. En effet, la clientèle de base est susceptible de rejeter la diminution du caractère élitiste et donc de se tour ner vers des marques répondant mieux à leur désir d’exceptionnel. Mais cette 12 clientèle traditionnel dispose d’un pouvoir d’achat élevé et constituerait une grande perte pour le chiffre d’affaires. La diversification des marques de luxe constitue donc un exercice très délicat. Le haut de gamme doit savoir garder ses valeurs tout en essayant de s’adapter au marché dans lequel nous évoluons. Sur la base de ce constat, la recherche se propose de mieux comprendre quels ont été les impacts du porno chic et des publicités sexuelles sur les consommateurs réguliers et fidèles à l’industrie du luxe et sur les potentiels consommateurs que cette nouvelle stratégie cherche à recruter. En outre, elle a pour but d’étudier l’influence de ces publicités sur leur opinion à l’égard de la marque, du produit et sur leur comportement d’achat. La question centrale de la recherche peut donc être formulée de la façon suivante : La mise en scène d’images à caractère sexuel en publicité a–t-elle permis de recruter un nouveau segment de population dans l’industrie du luxe au début des années 2000 ? Pour cela, dans un premier temps, les apports essentiels des travaux publiés dans la littérature sur la publicité en général seront explicités. Le but est avant tout de mieux comprendre pourquoi la publicité est un outil très intéressant à exploiter pour modifier la stratégie globale d’une marque de par le rôle qu’elle exerce sur le consommateur. Puis, dans un second temps, les principaux éléments relevés dans la littérature sur le recours à la provocation et le sexe en publicité seront présentés. Le but général de la recherche sera alors fixé. 13 Section 1 : L’approfondissement des fondements théoriques du concept de Publicité 1. Objectifs d’une publicité Pour Belch & Belch (2001, p. 15), la publicité définit toute forme de communication impersonnelle à but lucratif mettant en avant une organisation, un produit, un service ou une idée par un sponsor connu »1 et « sa nature propre est d’être un outil de communication à vertu persuasive.»2 (Thorson, 1990). Schudson (1984) rapproche la publicité à un art réaliste capitaliste. Elle serait un moyen de rentrer dans le moi du consommateur, de faire appel à son intimité et de mettre en scène des moments dont il rêve. Elle permet de créer une véritable relation avec l’individu et de faire susciter un désir chez lui. En effet, elle pousse le consommateur à penser que le produit qu’elle met en avant est nécessaire à son équilibre. Enfin, son but principal est de retenir l’attention du public en ayant un impact sur sa mémoire et ainsi d’influencer son opinion à l’égard de la marque (Alba, Hutchinson, & Lynch, 1991). Nous développerons d’ailleurs ce dernier point plus largement par la suite. La stratégie des grandes marques de luxe a ainsi pour objectif de faire susciter un désir chez le consommateur de part une publicité à caractère sexuel afin de retenir toute son attention. 2. Principes d’une publicité Le principe même d’une publicité est d’envoyer un stimulus à un certain nombre d’individus et ce, afin de diriger leur acte d’achat. L’individu décode alors le message diffusé par la publicité. Des variables interviennent 1 “Advertising is defined as any paid form of non personal communication about an organization, product, service, or idea by an identified sponsor" (Belch & Belch, 2001) 2 “By its very nature advertising is a form of persuasive communication” (Thorson, 1990) 14 et viennent influencer son choix. Si celle-ci s’avère persuasive, elle exercera une influence sur sa façon de consommer (Sheth, 1974). Sheth (1974) met en évidence l’existence de différents facteurs susceptibles de faire varier la réception d’un stimulus chez l’individu. L’aspect cognitif intervient tout d’abord dans sa perception d’une publicité : ce qui lui est décrit peut être interprété différemment car chaque consommateur n’a pas la même perception du produit. De plus, el s préférences de l’individ u font varier son opinion sur le produit. Enfin, le contexte influence ses réactions et son état d’esprit (physique, mental, social). De même, d’après Sheth (1974), chaque publicité se différencie et n’a pas les mêmes répercussions sur le public. En effet, le mécanisme utilisé (taille, couleur, illustration) varie ainsi que le contenu du message (accentuation sur les bénéfices du produit, argumentation rationnelle ou émotionnelle). En outre, la crédibilité et la popularité d’une marque ainsi que son niveau d’expertise dans la communication sont des facteurs susceptibles d’influencer le succès ou l’échec d’une publicité. 3. Réactions du consommateur Le visionnage d’une publicité entraîne chez l’individu une réaction immédiate. En effet, celle-ci intervient de façon directe et brève sur ses sentiments et non sur ses émotions (Wessman and Ricks, 1966). En revanche, ses effets demeurent très ambivalents. Chaque individu perçoit de façon très différente le sens d’une publicité, ce en fonction de sa personnalité, de ses valeurs ou de son humeur. Dans leur étude, Aaker, Stayman et Vézina (1988) ont mis en évidence des réactions parfois très extrêmes. Si une publicité peut être perçue de façon très positive par son auditoire (heureux, impressionné, excité)3 , elle peut également être source de mal-être (peur, dégoût, angoisse) 4 et de critiques (stupide, inutile, ennuyeux) 5 . Et ces sentiment s sont susceptibles d’influencer l’acte d’achat. 3 « delighted », « amazed », « excited » « fear », « disgusted », « anxious » 5 « stupid », « helpless », « bored » 4 15 Par conséquent, la publicité est une composante du mix 6 à manier avec prudence et intelligence, en fo nction des cibles (Aaker, Stayman, Vézina, 1988). D’après Berger et Mitchell (1989), une publicité génère dans tous les cas une réaction chez le consommateur, qu’elle soit positive ou négative. C’est l’opinion que forme celui-ci à l’égard de la publicité et du produit qui intervient dans sa décision d’achat. Ainsi, si l’individu a une opinion positive d’une publicité, les répercussions sur ses intentions d’achat seront bénéfiques. L’intérêt de notre recherche est donc de mettre évidence el s sentiments éprouvés par les consommateurs et les non consommateurs de luxe à l’égard des publicités à caractère sexuel et d’en comprendre les impacts. 4. Publicité et Mémoire D’un point de vue théorique, les chercheurs s’appuient sur deux modèles à savoir le Traitement de l’Information (« Information Processing ») et la Hiérarchie d’Effets (« Hierarchy of Effects »), apparus dans les années 60, pour expliquer les effets de la publicité sur l’individu et sa mémoire (Reichert, 2002). Ces deux modèles supposent que l’individu passe par un certain nombre d’étapes lorsqu’il est face à un tel mode de communication (Barry et Howard, 1990). La persuasion est le résultat final de ce processus cognitif. En revanche, si un élément de la publicité détourne son attent ion, cette dernière n’atteindra pas son objectif (Gagné et Medsker, 1996). Afin d’optimiser leurs dépenses, les annonceurs ont intérêt à veiller de près à leur stratégie publicitaire. Il est ainsi essentiel pour eux de mettre en lumière les éléments d’une publicité efficace, susceptible d’agir directement sur le consommateur sur le court et le long terme. Le modèle Hiérarchie d’Effets, établi par St Elmo Lewis en 1898, met en évidence la présence de quatre effets apparaissant de façon consécutive chez le consommateur après visionnage d’une publicité. Ces derniers sont regroupés sous le nom 6 On entend par mix marketing l’ensemble des outils dont l’entreprise dispose pour atteindre ses objectifs auprès du marché cible : le produit, le prix, la promotion, la distribution (Kotler et Dubois, 2000). 16 d’AIDA, à savoir « attention, intérêt, désir et action » (Barry et Howard, 1990). D’après Vakratsas et Ambler (1999), consciemment ou inconsciemment, la publicité agit sur l’aspect cognitif du consommateur (mémoire, conscience, attitude à l’égard de la marque) avant qu’elle n’agisse sur son comportement. Trois éléments influenceraient et biaiseraient la réponse de l’individu : sa motivation, sa capacité à traiter l’information et son attitude à l’égard de la publicité. Cependant, ces consommateurs ne peuvent passer en un seul instant du statut d’individus désintéressés au statut d’acheteurs convaincus d’une marque (Lavidge et Steiner, 1961). Krugman (1965) montre qu’un message publicitaire n’entraîne pas toujours un changement d’opinion. Il arrive en effet qu’un changement comportemental apparaisse au préalable. Preston (1972) résume le travail de Krugman de la façon suivante: lorsqu’un individu n’est pas familiarisé avec une marque ou un produit et qu’il ne prête pas une attention particulière à la publicité, il n’établit que quelques connections avec celle-ci. Mais, lorsqu’il est en phase de réaliser son acte d’achat et qu’il a le choix entre divers produits, il se remémorera la publicité qu’il a visionnée et basera sa décision d’achat sur cette dernière. En revanche, un individu prêtant une réelle considération à la publicité verra son opinion et son comportement d’achat influencés respectivement par cette dernière. Dans une étude de Pashupati (2003), le consommateur mémorisait le nom d’une marque sans pour autant se souvenir de la publicité ou du moyen de communication aya nt promu cette dernière. 7 Le but des publicitaires est donc avant tout d’avoir un impact sur la mémoire des consommateurs et de leur faire mémoriser le nom de leur marque, peu importe ce que pense l’auditoire de la publicité elle-même. Ce dernier rejoint l’opinion de Stewart (1986) qui a montré que pour être percutante, une publicité doit se différencier. Thorson, Chi et Leavitt (1992), quant à eux, ont mis en évidence l’impact sur la mémoire des publicités faisant appel aux émotions, hypothèse confirmée plus tard par le travail de Pashupati (2003): une publicité 7 Familiarity-based sleeper effect (Pashupati, 2003) 17 suscitant chez le consommateur un fort niveau d’émotions sera plus facilement mémorisée qu’une publicité produisant une réponse neutre. En effet, les publicités perçues négativement sont plus faciles à mémoriser, et ce sur un long terme, suivi des publicités neutres puis des publicités positives. De plus, il est mis en évidence qu’une publicité acceptée positivement par l’individu aura une influence positive sur la marque (et vice versa). En revanche, ce n’est pas parce qu’une publicité est mieux mémorisée par un individu que ce dernier reportera un jugement positif sur la marque elle-même. L’ensemble de ces théories suggère ainsi que la publicité agit directement sur la mémoire des consommateurs. D’un point de vue managérial, il est donc recommandé aux marques de luxe de créer des publicités susceptibles de recueillir l’opinion favorable de l’auditoire. Notre travail cherchera donc à mettre en lumière l’impact des publicités à caractère sexuel sur la mémoire des consommateurs et non consommateurs de luxe et d’en comprendre les effets. D’ailleurs, le caractère pictural d’une publicité est susceptible d’exercer un réel impact sur la mémoire du consommateur. 5. Publicité et Image Afin d’être plus percutant, nombre de publicitaires ont fondé leur stratégie sur l’aspect pictural de leurs publicités. Adam et Bonhomme (1997) ont exploré les caractéristiques de l’ « argumentation iconique » en publicité et soulignent que cette stratégie permet à la marque de faire parler d’elle et d’être mémorisée plus facilement, l’image exerçant un véritable pouvoir de séduction sur le consommateur. Le concept de «communication contact » est défini comme une stratégie de persuasion publicitaire visant à attirer l’attention du public sur la publicité sans pour autant mettre le produit en avant. D’après une étude de Dale (1989), « 30% des gens se souviendraient de ce qu’ils voient et seulement 10% de ce qu’ils lisent. » Le visuel est donc un élément essentiel en communication pour persuader et informer. L’image n’est plus là pour illustrer un propos mais pour transporter un message. Et c’est là la force de persuasion des publicités « iconiques ». Ces dernières 18 sont ainsi beaucoup plus efficaces en terme de mémorisation que les publicités « textuelles », permettant de créer un débat autour de la marque et de susciter l’acte d’achat à long terme. Childers et Houston (1984) mettent en évidence l’importance de la relation existant entre les différents éléments présents sur une publicité. Une image est considérée interactive lorsqu’il existe une uniformité au sein de ses éléments et une cohérence dans la relation entre stimulus et cible. La façon dont l’espace est occupée est primordiale : pour être efficaces, les publicitaires doivent se concentrer sur la recherche d’unité dans la perception. En effet, deux objets seront plus facilement associés s’ils interagissent l’un sur l’autre plutôt que s’ils sont seulement l’un à coté de l’autre. Si ces conditions sont réunies, une publicité agira sur le consommateur de façon inconsciente et sera retenue plus facilement. D’après Nelson et al (1976), alors que les mots sont moins précis, l’image permet au contraire au consommateur d’accéder et de saisir plus distinctement les stimuli et d’avoir un accès de qualité aux messages sensoriels délivrés par la publicité. Andersson et al (2004) mettent en lumière le fait qu’une publicité picturale permet d’exprimer plus facilement des sentiments. Il sera alors interprété correctement. Comme la théorie du « Traitement de l’Information » le montre, le but principal de l’image est de persuader l’individu. L’image a pour but de réveiller chez l’auditoire un sentiment de déjà vu et d’être associée à sa propre expérience. Dans leur étude, Andersson et al (2004) font référence à Edfeldt (1992) dont le modèle souligne la difficulté des publicitaires de mettre les bons mots et images sur le message qu’ils veulent diffuser. C’est en effet le public, premier récepteur du message, qui va en interpréter les sens à sa façon, avec toute son individualité. Ainsi, à chaque étape, des éléments viennent modifier le sens initial du message (expériences individuelles, préférences…). Les publicitaires doivent donc porter une attention toute particulière à l’image qu’ils utilisent pour mettre en avant leurs produits. En effet, celle-ci est porteuse d’un certain nombre de valeurs qui tendent à influencer le consommateur et le futur du produit. Notre recherche étudiera si le caractère pictural et esthétique des publicités de luxe est adapté à la communication de produits de luxe. 19 Section 2 : L’approfondissement des fondements théoriques du concept de Provocation et de Sexe en publicité 1. Le recours à la provocation en publicité Dans le but de répondre aux exigences d’un contexte très concurrentiel, les annonceurs ont décidé, depuis le début des années 70, de jouer sur les sentiments des consommateurs et de mettre en scène dans la publicité une certaine forme de provocation, ce afin de mieux se différencier. En effet, de par son caractère choquant, la provocation incite à la controverse et permet à la marque d’être mémorisée plus facilement par les consommateurs (Vézina, 1997). « En impliquant fortement le consommateur, le shockvertising garantit la remarquabilité de l’annonce et augmente son taux de mémorisation de manière substantielle » (Lugrin, 2001). Doit être considérée comme choquante toute publicité, quel qu’en soit le support, qui présente des thèmes sans relation objective avec le produit ou l’entreprise et susceptible d’entraîner de violentes réactions auprès des consommateurs dans le but d’accroître la notoriété de l’entreprise » (Lugrin, 2002). Il s’agit d’un type de publicité allant outre la morale et les normes établies par la société et faisant fi des tabous. Ces publicités se distinguent de par le thème mis en scène, le but et l’absence de cohérence entre la publicité et le produit ou la marque (Lugrin, 2002). Faire appel à un désagrément physique ou moral, à une scène suggestive, représenter l’infériorité d’un personnage et ne fournir aucune information sur le produit influencerait le niveau d’irritation des consommateurs envers la publicité (Aaker et Bruzzone, 1985). Les publicités à caractère sexuel de l’industrie du luxe se basent justement sur des scènes très suggestives. Notre recherche a donc pour but de comprendre si ces dernières viennent choquer le public et de quelle façon. Une publicité ne sera pas perçue de la même façon par tous les segments de population. Des données d’ordre socioéconomiques et démographiques entrent en jeu: les classes sociales de niveau supérieur, les jeunes et les non utilisateurs du produit mis en avant sont plus susceptibles de ressentir un 20 sentiment d’irritation à son égard. (Aaker et Bruzzone, 1985). Bauer et Greyser (1968, p.285) soutiennent que les non utilisateurs des produits mis en avant par une publicité sont souvent les plus irrités par cette dernière. Ne connaissant pas les bénéfices et les vertus du produit, leur point de vue est directement influencé par le spot publicitaire. Notre recherche aura pour objectif d’étudier les réactions des non consommateurs de produits de luxe visés par les publicités à caractère sexuel pour vérifier la validité de ces informations. Mais ce n’est pas parce qu’une publicité est « irritante » que le produit promu va être acheté en plus grande quantité par le consommateur. Aucun rapport de cause à effet direct n’a été prouvé jusque là. Il s’agit donc d’une stratégie risquée, à manipuler avec précaution afin que la marque ne perde pas de sa crédibilité (Aaker et Bruzzone, 1985) Darren et al (2003) soulignent qu’une publicité choquante sera efficace si le message véhiculé et la mise en scène de la publicité sont cohérents. En effet, le choc ne doit pas être un simple moyen pour attirer l’attention du public, il doit contribuer à faire passer un message. Cette stratégie semble néanmoins être plus adaptée pour promouvoir de nouveaux produits ou une nouvelle marque, afin de marquer les esprits. En outre, elle cible plus les jeunes, segment de la population particulièrement attiré par l’idée d’aller à l’encontre des normes sociales. Ceci représente un point positif pour les grandes marques de luxe qui cherchent avant tout à s’adresser aux jeunes par le biais de leurs publicités choquantes. De Pelsmacker et Van Den Bergh (1996) explorent les effets du recours à la provocation en publicité et tentent de discerner ce qui est et ce qui n’est pas provocateur. D’après eux, la provocation entraîne une réaction négative des consommateurs à l’égard de la publicité elle- même, rendant floue leur perception globale, mais n’influençant pas leur comportement d’achat et leur sentiment envers la marque. De Pelsmacker et Van Den Bergh (1996) montrent dans leur étude qu’hommes et femmes perçoivent de la même façon la provocation en publicité, ce qui va à l’encontre de théories comme celles de Latour (1990), qui avait mis en valeur une différence de réaction en fonction du sexe. 21 L’utilisation de la provocation en publicité est certes perçue de façon négative par les consommateurs par rapport à une publicité « neutre » mais elle n’influence pas leur regard sur le produit et sur son image de marque. Le recours à cette stratégie n’est pas l’idée la plus pertinente en terme de communication cependant (De Pelsmacker et Van Den Bergh, 1996). L’intention d’achat des sujets ne varie pas en fonction du degré de provocation des publicités: il y a une très faible relation entre les deux. Cette hypothèse est limitée par le fait que d’autres critères entrent en jeu dans l’achat d’un produit: si un produit plaît au consommateur, peu importe la façon dont il est mis en avant (De Pels macker et Van Den Bergh, 1996). Parmi les techniques provocatrices, l’utilisation du sexe en publicité a fait son apparition à la fin des années 90 chez les grandes marques de luxe. 2. L’utilisation du sexe en publicité Avides de provocation, les publicitaires ont alors pris d’assaut l’image de la femme, sujet qui a toujours été des plus sensibles, et l’exploitation de sa nudité. En effet, la femme demeure la cible de nomb reux stéréotypes, sa personnalité et son rôle au sein de la société ayant été difficilement reconnus par les hommes pendant très longtemps. Considérées comme des «objets sexuels » avant tout, elles ont souffert d’un réel manque de crédibilité. Et c’est cette image précise que les pub licitaires ont décidé très tôt de mettre en scène. L’utilisation de l’image de la femme et le recours à des images à caractère sexuel ont alors fait leur apparition (Lundstrom, 1977). Les explications quant à son origine varient selon les auteurs. Pour certains, elle résulte des revendications des femmes elles- mêmes: à l’époque, ces dernières se considéraient minoritaires et militaient pour un droit à la parole et un droit à l’image. Afin de se renouveler, les publicitaires se sont emparé de cette revendication et en ont fait un véritable phénomène de mode en faisant apparaître la femme dans toute sa nudité (Klein, 2001). Pour d’autres, mettre en scène l’image de la femme en publicité répondrait plus à un souci de cohérence avec les attentes des consommateurs, des messages sur le thème de l’érotisme par exemple étant seuls capables de séduire un 22 public avide de superficialité (Gérard, 1972). Mais la nudité demeure un sujet relativement tabou et son utilisation en publicité est source de vives réactions de la part des consommateurs (Tissier-Desbordes et Manceau, 2003). Cette stratégie, non sans risque, a fait l’objet d’un grand nombre de recherches, les effets qu’elle entraînerait n’étant pas des moindres. Les études menées sur ce sujet mettent en évidence des résultats assez contradictoires. 2. 1 Contenu des publicités à caractère sexuel Si la nudité était simplement suggérée en publicité au milieu du XXème siècle, elle est devenue parfois l’essence même des stratégies publicitaires cette dernière décennie (Lundstrom, Chestnut et al, 1977 ; Elliott et al, 1995 ; Tissier-Desbordes et Manceau, 2003 et Reichert et Carpenter, 2004). Au début des années 90, la publicité pour le parfum Obsession mettant en scène un couple en plein acte sexuel montre à quel point la publicité a évolué: certains auteurs l’accuse même de « pornographie commercial » (Elliott et al, 1995). L’augmentation du recours au sexe dans les médias ces dernières années peut être en partie expliquée par un fort libéralisme sexuel, néanmoins limité par d’autres facteurs (valorisation des valeurs familiales, peur du sida) (Reichert, 1990). Si pour Pollay (1986), la publicité reflèterait les valeurs de la société dans laquelle nous vivons, pour Soley et Reid (1988), elle mettrait en scène l’attitude et le comportement sexuel de notre époque. D’après Chestnut et al (1977), c’est en émettant un stimulus d’ordre sexuel et en excitant le désir de l’auditoire que l’on retient de façon optimum son attention. Pour Mittal et Lassar (2000), le recours au sexe en publicité est en effet le meilleur moyen de vendre. Reichert (2002) se réfère à Courtney et Whipple (1983) pour mettre en lumière cette nouvelle pratique publicitaire: « Le sexe dans la publicité fait référence à différentes formes de sexualité (nudité, images crues, allusions, ambiguïtés) utilisées comme un vecteur de communication pour une grande 23 variété de produits. ». 8 D’après Reichert et Carpenter (2004), cela regroupe l’ensemble des messages publicitaires ayant recours à des images à caractère sexuel, diffusés par les médias, dans l’unique but de persuader et de vendre au consommateur un produit de marque. Il convient néanmoins de définir de façon plus détaillée le type d’images à caractère sexuel contenues dans une publicité. Dans la majorité des cas, le caractère sexuel d’une publicité réside dans la façon dont un homme ou une femme sont représentés dans leur nudité (Reichert, 2002). La majorité des recherches se fondent ainsi sur le degré d’habillement des modèles et ses répercussions sur l’opinion des consommateurs (Steadman, 1969; Peterson & Kerin, 1977; Simpson, Horton, & Brown, 1996). Soley et Reid (1988) ont d’ailleurs établi une échelle permettant de définir les différents degrés de nudité d’un modèle: « sage, suggestif, partiellement vêtu, nu »9 . Notre recherche visera à étudier les réactions des consommateurs et non consommateurs à l’égard des publicités à caractère sexuel en fonction du degré d’intensité sexuelle employé. En outre, les publicitaires jouent sur l’attirance physique de leurs modèles: c’est en effet pour eux un moyen de charmer le consommateur et de susciter en lui un certain désir. De plus, plus leurs attitudes seront suggestives, plus le caractère sexuel de la publicité sera prononcé. Le contexte dans lequel le(s) modèle(s) évolue(nt) peut également contribuer à rendre l’atmosphère plus sexuelle (Reichert, 2002). Certaines publicités mettent en scène une interaction entre deux ou plusieurs individus. Ces dernières revêtent un caractère hautement pornographique (Elliott, 1995) : « baisés, étreintes, caresses, relations sexuelles simulées, fellations, strip-tease et voyeurisme»10 (Reichert, 2002). D’après Harrisson (2001), le sexe est un moyen d’émoustiller le public, de jouer sur ses sentiments et de susciter un désir. Les femmes apparaissent comme de véritables objets sexuels, très faibles face à des hommes 8 “ Sex in advertising is a sexuality in the form of nudity, sexual imagery, innuendo, and double entendre . . . employed as an advertising tool for a wide variety of products" (Courtney et Whipple, 2002) 9 “demure, suggestive, partially clad, nude” (Soley et Reid, 1988) 10 “Kissing, embracing, caressing, simulated oral or coital sex, stripping, and voyeurism”(Reichert, 2002) 24 présentés comme dominants et forts (regard vers le sol, debout face à la femme à terre…) (Harrisson, 2001). Grésy (2003) propose une définition des différents types de pub licités: les « publicités égalitaires » sous-entendant une absence de relation dominant/dominé entre hommes et femmes ; les publicités discriminantes caractérisées par une hiérarchie homme/femme bien distincte (ex: la femme au foyer, n’ayant aucun droit à la parole, devant satisfaire toutes les volontés de l’homme), ce stéréotype qui, d’après l’auteur, ne devrait pas persister à l’heure où nombre de progrès ont été faits en terme d’égalité des sexes ; les publicités agressives structurées par la viole nce et la sexualité: l’humain redevient animal, le concept de génération disparaît, la notion de sexe (homme/femme) devient floue ; et les publicités angoissantes, caractérisées par une « identité sexuée troublée » et suscitant une grande réflexion chez le récepteur, le frappant « physiquement ». (Grésy, 2003) L’étude de Grésy (2003) montre qu’au début du XXI ème siècle, les deux principaux types d’appel en publicité sont les publicités agressives et les publicités angoissantes. 2. 2 Evolution du recours au sexe en publicité Depuis quelques années, le recours au sexe en publicité est devenu de plus en plus explicite. Dans une de leurs études, Soley et Reid (1988) établissent une comparaison entre le degré de nudité des modèles dans les années 60 et dans les années 80 dans six des magazines les plus lus (Cosmopolitan, Time, Playboy, Newsweek, Redbook et Esquire). De plus en plus de modèles sont habillés de façon suggestive, partiellement ou entièrement nus (Reichert et al, 1999). Les femmes seraient représentées de façon plus explicites et provocantes dans les ma gazines que les hommes en 1993 (Reichert et Carpenter, 2003) tout comme le contact physique homme/femme. Le corps de la femme serait représenté de façon plus féminine et stéréotypée et le corps de l’homme rendu plus masculin. Les publicités mettent l’accent de plus en plus sur le comportement actif de l’homme et passif de la femme. Comme il a déjà été mis en évidence par d’autres études, les publicités à caractère sexuel sont devenues plus explicites en 1993 dans les magazines 25 féminins et masculins que dans les magasines ciblant un large public. En outre, la femme serait de plus en plus représentée de façon décorative dans les magazines masculins que dans les magazines féminins. Ces résultats montrent que les publicitaires se soucient de la cible qu’ils désirent toucher lorsqu’ils publient une publicité dans un magazine (Reichert et al, 1999 ; Reichert et Carpenter, 2004). Avoir recours à des images à caractère sexuel ou provocatrices est certes un moyen efficace d’attirer l’attention de l’auditoire. Mais plus les consommateurs sont confrontés à ce type de message, plus ils s’y habituent. Par conséquent, leurs réactions initiales évoluent avec le temps et deviennent moins intenses. C’est pourquoi les publicitaires ne cessent de repousser les frontières de l’acceptable et mettent en scène des images de plus en plus osées sexuellement (Reichert et Carpenter, 2004). 2. 3 Les effets du recours au sexe en publicité 2. 3. 1 Publicité et répons es émotionnelles D’après LaTour (1990; LaTour et Henthorne, 1993; LaTour et al., 1990), l’excitation et les réactions affectives des individus à l’égard des messages à caractère sexuel auraient un impact sur leurs opinions à l’égard de la publicité elle- même. LaTour (1990) se réfère à Thayer (1978) pour montrer que le niveau d’excitation augmente en intensité en fonction du caractère explicite des images sexuelles apparaissant en publicité. En effet, les individus ressentiront un sentiment d’excitation positive en réponse à une image à caractère sexuel, et auront une opinion positive à l’égard de la publicité (et vice versa). Ces conclusions rejoignent celles de Belch et al (1981) et Siglimpaglia et al. (1979). L’hypothèse de base sur lequel se fonde LaTour (LaTour, 1990 ; LaTour et al., 1990 ; LaTour & Henthorne, 1993)) est la suivante: alors que les hommes sont susceptibles de ressentir un sentiment d’excitation «positif » variable à l’égard de ce type de publicité, les femmes ont tendance à éprouver le sentiment inverse, ce qui suscite chez elles une véritable tension lorsqu’elles sont confrontées à ce type de publicité. Nous verrons par la suite si les différences homme/femme sont significatives en terme de réaction. 26 D’après le modèle de Thayer (1978), deux groupes de deux facteurs intimement reliés existent, à savoir le «Haut niveau d’activation »11 regroupant énergie et tension et la « Désactivation »12 réunissant calme et fatigue. LaTour (1990) a recours à trois publicités différentes, faisant chacune la promotion d’une bouteille de parfum. Ce type de produit est fréquemment mis en avant de façon érotique lorsqu’il est promu. Le fait que cette publicité s’adresse à la fois aux hommes (acheteurs de parfums pour leur femme) et aux femmes a été également pris en compte. Les trois publicités mettent en avant le même produit mais de façon différente: présence d’une femme nue sur une première, semi nue sur une seconde et habillée sur la dernière. Les résultats mettent en évidence des réactions similaires au sein de chaque groupe « homme » et chaque groupe « femme » et montrent que la publicité mettant en scène une femme nue suscite de vives réactions au sein de chaque groupe. Il est prouvé que cette publicité est plus facilement mémorisée que les autres par les ho mmes et leur procurent un sensation d’ « énergie », contrairement aux femmes, qui se révèlent être beaucoup plus « tendues » quant à la vision de ce type de publicité, et par conséquent plus « fatiguées ». D’après Belch et al (1981), hommes et femmes ressentent un sentiment d’excitation lorsque l’utilisation de la nudité en publicité est plus ouverte. En revanche, le sexe du modèle intervient dans le jugement du public à l’égard de la publicité : en effet, cette dernière sera reçue de façon plus favorable par un homme si le modèle mettant en avant le produit est une femme, et vice versa. Si leurs résultats différent quelque peu, LaTour (1990), Belch et al.(1981) et Sciglimpaglia et al. (1979) ont tous mis en lumière la relation directe existant entre le caractère explicite d’un message sexuel et le niveau d’excitation d’un individu. En outre, les réactions affectives du public seraient conditionnées par leur sexe et le sexe du modèle. 11 12 “High Activation” (Thayer, 1978) “Deactivation” (Thayer, 1978) 27 2. 3. 2 Publicité et réponses comportementales Publicité, attention et mémo risation Les recherches réalisées jusqu’à présent ont montré que l’utilisation d’images à caractère sexuel en publicité permettait d’attirer l’attention de l’auditoire (Chestnut et al., 1977; Belch et al., 1981; Dudley, 1999; Reichert et al., 2001). Les résultats de l’étude de Dudley (1999) montrent qu’une publicité présentant un autobronzant sans avoir recours à un modèle, que ce dernier soit dévêtu ou non, attire beaucoup moins le public. En outre, plus la publicité aura recours à la nudité, mieux elle retiendra l’attention de l’audience et sera mémorisée par l’individu (Reichert et al., 2001). Soley et Reid (1981, 1983) soutiennent d’après leurs recherches que la présence d’un modèle féminin occupant une fonction décorative au sein d’une publicité (attirante physiquement mais sans relation aucune avec le produit) permet au consommateur de mémoriser plus aisément une publicité. D’après eux, le seul fait de reconnaître et de se souvenir d’une publicité peut être considéré comme une preuve de l’attention que porte un consommateur à cette dernière. Les résultats des recherches de Chestnut et al (1977) montrent que l’exercice d’un stimulus à caractère sexuel sur le consommateur n’est pas sans conséquence. En effet, cette stratégie influencerait la façon dont l’individu perçoit le message et exercerait ainsi un impact sur sa mémoire long terme. Par conséquent, il serait plus susceptible d’être retenu et mémorisé par l’auditoire. En revanche, ceci n’engendrerait pas une mémorisation de la marque. Certaines recherches ont montré que les publicités à caractère sexuel impliqueraient et intéresseraient plus les consommateurs (Bello et al., 1983; Dudley, 1999 ; Reichert & Alvaro, 2001; Reichert et al., 2001). C’est ce que l’étude de Bello et al. (1983) a permis de mettre en évidence: cette dernière analyse les réactions d’un groupe d’individus composé d’hommes et de femmes de 18-24 ans face à une publicité pour les jeans Calvin Klein. Ces derniers sont mis en avant grâce à la présence de Brooke Shields, demandant au pub lic:" Tu veux savoir ce qu’il y a entre moi et mon Calvin ? 28 Rien."13 Une version ne contenant aucune allusion sexuelle leur est également présentée. Les résultats montrent que la version à caractère sexuel intéresse et captive davantage les hommes et les fe mmes interrogés (Bello et al, 1983). Enfin, un consommateur se rappellerait plus facilement d’un slogan d’une publicité à caractère sexuel que d’un slogan diffusé dans une publicité neutre (Grazer et Keesling, 1995; Reichert & Alvaro, 2001). Grazer et Keesling (1995) mettent en garde les marques décidant de mettre au point une telle stratégie publicitaire. La nature du produit elle- même est une variable à prendre en compte. En effet, pour certains produits, l’impact de l’utilisation d’images à caractère sexuel n’influence pas forcément de façon positive les fonctions cognitives et conatives de l’individu. Notre recherche étudiera en conséquence la pertinence du recours au sexe pour promouvoir des produits de l’industrie du luxe. Il est important de trouver un juste milieu afin d’attirer l’attention du public de façon optimum sans détourner son regard sur la marque et le produit euxmêmes. Un individu aura tendance à mémoriser plus facilement une marque si elle est mise en avant par une publicité utilisant peu de références sexuelles. Ainsi, l’utilisation du sexe en publicité à tous les niveaux, en particulier modéré et fort, vient influencer la façon dont l’individu reçoit et traite l’information (Grazer et Keesling, 1995). Lorsque le recours au sexe est justifié et en cohérence avec le message diffusé par la publicité alors ce dernier est intégré plus facilement par le consommateur. En revanche, si son utilisation est gratuite alors il aura pour seul effet de détourner l’attention du consommateur (Severn et al, 1990). D’après Baker et al (1977), le sexe du modèle mettant en avant le produit et son niveau d’attraction sont deux facteurs influençant le niveau d’attention porté par l’auditoire à l’égard d’une publicité. Hommes et femmes préfèrent une publicité ayant recours à un modèle du sexe opposé, en outre attirant, pour promouvoir un produit. Cependant, une telle stratégie n’influencerait pas le niveau de mémorisation de la marque par le public et n’aurait pas un impact significatif d’un point de vue cognitif. 13 :"You want to know what comes between me and my Calvins? Nothing" 29 L’étude de Steadman (1969) n’a pas permis d’identifier l’impact immédiat d’une publicité à caractère sexuel sur la mémoire du consommateur. En outre, il semblerait que le niveau de mémorisation de la marque diminuerait graduellement au fil du temps (Steadman, 1969 ; Reichert & Alvaro, 2001). D’après MacInnis, Moorman, et Jaworski (1991), une information non appropriée dans une publicité peut produire un effet contre productif. En effet, mettre en avant une publicité par le biais d’images à caractère sexuel capte l’attention du consommateur et ainsi limite sa capacité de traitement de l’information. Par conséquent, comme Reichert (2002) le souligne, le recours au sexe en publicité a des effets mitigés. S’il permet sans nul doute d’attirer l’attention de l’auditoire, il conduit dans la plupart des cas à la détourner du message diffusé par la publicité. En effet, d’un point de vue cognitif, l’individu aura tendance à se concentrer sur les éléments sexuels de la publicité sans pour autant prêter attention à son message. Nous tenterons donc de savoir si l’utilisation d’images sexuelles a un impact sur la mémoire du consommateur et si ce dernier joue un rôle positif. Relations existantes entre publicité, produit, marque et acte d’achat Les répercussions d’une publicité à caractère sexuel sur le consommateur et ses intentions d’achat restent mitigées. Certaines études ont montré que ces dernières permettaient de modifier son comportement d’achat de façon positive (Dudley, 1999 ; Grazer et Keesling, 1995; Severn et al., 1990). La tendance des publicités des années 70 était de mettre l’accent sur les stéréotypes de l’image féminine pour vendre. L’étude de Lundstrom et Siglimplaglia (1977) montre que, contrairement aux hommes, les femmes portent un regard négatif sur les marques utilisant une telle stratégie, et supposent que ces mêmes marques ne traitent pas de façon juste les femmes dans leur métier. Elles estiment être représentées injustement : incapables de prendre de décisions, seulement capables de rester dans leurs foyers et « objets de sexe ». En revanche, ceci ne semble pas influer sur leur comportement d’achat vis-à-vis de la marque. 30 Pour Baker et al. (1977), seules les femmes modifieraient leurs comportements d’achat à la vue d’une publicité ayant recours à un modèle du sexe opposé au physique attirant. Peterson et Kerin (1977) fondent leur recherche sur quatre types de publicités présentant le même produit: une où le produit se suffit à luimême, puis d’autres mises en avant par une présence féminine à l’attitude de plus en plus érotique. En fonction de chacune d’entre elles, le sujet donne son opinion sur la publicité elle- même, sur le produit et sur la marque. Cette expérience a été renouvelée pour deux types de produits. Les résultats montrent que le s hommes sont plus favorables à ces publicités que les femmes. Si la nudité est seulement suggérée et qu’elle reste cohérente avec le type de produit promu, la publicité, le produit et la marque ont la faveur du public. L’étude de LaTour (1990) montre que les publicités mettant en scène des images sexuelles entraînent une réponse négative des consommateurs en terme d’éthique et de moral. En outre, ce même type de publicité entraîne une réponse négative des consommateurs vis-à-vis de la publicité ellemême, de la marque et de leurs intentions d’achat. Le recours au sexe gratuit en publicité n’est pas accepté: les publicités mettant en avant des images à caractère sexuel sont jugées « éthiquement incorrectes ». Le rôle des publicitaires est donc d’étudier les limites à ne pas franchir pour rester « éthiquement correct ». Les auteurs leur recommandent d’être très attentifs et de se soucier des conséquences sociales que cette stratégie peut entraîner, en particulier sur un public non ciblé par le type de produit promu (Could, 1994). Dudley (1999) se fonde sur l’opinion d’un public de jeunes, hommes et femmes, entre 19 et 25 ans. Son étude consiste à étudier les réactions de cette audience à la vue de 4 différentes publicités promouvant un même produit: un autobronzant. Chacune d’elles met en évidence ce produit de façon différente: produit se suffisant à lui- même, produit présenté par une femme en maillot de bain, produit présenté par une femme torse nu et enfin, produit présenté par une femme complètement nue. Les résultats montrent que la publicité présentant l’autobronzant sans avoir recours à un modèle, que ce dernier soit dévêtu ou non, attire beaucoup moins le public. En 31 revanche, plus la publicité a recours à la nudité, mieux elle retiendra l’attention de l’audience et sera mémorisée par l’individu. Cette publicité a un certain impact sur les marques qui en font usage. Ainsi, celles-ci se distinguent beaucoup plus de celles n’y ayant pas recours. D’après Severn et al.(1990), les consommateurs seraient moins susceptibles de reconnaître et de se souvenir d’une marque dont la publicité a recours à des images à caractère sexuel. Les publicités utilisant des images de sexe pour mettre en avant leurs produits susciteraient chez le consommateur un faible jugement sur le produit et sur le message. L’intensité de cet effet serait régulée par le niveau d’information contenu dans le message: si un grand nombre d’informations est fourni dans la publicité, le consommateur se souviendra plus aisément de la marque. La publicité serait perçue de façon favorable par les consommateurs. Ces derniers reporteraient leur attitude positive sur la marque et sur leurs intentions d’achat. L’attitude du consommateur à l’égard de la publicité est une variable influençant de façon non négligeable le regard sur la marque et les intentions d’achat du consommateur. En revanche, il s’avère plus difficile pour ce dernier de saisir le réel message d’une publicité si cette dernière comporte des caractères sexuels. En outre, la présence d’images à caractère sexuel dans une publicité n’entraîne effectivement pas un jugement de la part des consommateurs sur les produits. Contrairement à ce que pensait l’auteur, si le nombre d’informations fournies sur le produit est faible, la réflexion sur le produit sera plus importante. De plus, il semble que les publicités ayant recours à des images à caractère sexuel influenceraient plus les consommateurs à s’arrêter sur la façon dont le message passe qu’une publicité plus neutre. Enfin, si le consommateur perçoit de façon favorable les publicités ayant recours à des images sexuelles, et répercute cette opinion positive sur ses intentions d’achat, il n’éprouve néanmoins pas un sentiment plus fort à l’égard de la marque (Severn et al., 1990). Reichert et al (1999) soulignent les effe ts négatifs que peuvent entraîne r cette stratégie sur la publicité elle- même, son message, la marque, et l’intention d’achat du consommateur. Le sentiment d’excitation suscité par ce type d’image est susceptible d’influencer l’acte d’achat. En effet, c’est un moyen de stimuler le consommateur et de donner une direction à ses 32 intentions (Reichert, 2002). Les recherches de Mittal et Lassar (2000) se basant sur des publicités pour des parfums viennent confirmer ce point de vue. Contrairement à Latour and Henthorne (1993), leur étude n’identifient pas une influence négative exercée par la publicité sur l’image de marque et l’intention d’achat. Enfin, d’après Bello et al. (1983), une publicité à fortes connotations sexuelles exercerait le même effet qu’une publicité neutre sur le comportement d’achat du consommateur. Le but des publicitaires est de trouver un juste milieu dans leur utilisation du sexe et de mettre en scène des images sexuelles de façon modérée. En effet, c’est cette stratégie seulement qui permettrait de stimuler l’intention d’achat (Grazer & Keesling, 1995; LaTour &, 1994). Autres variables § Congruence avec le produit Le sexe n’est pas utilisé en publicité pour tous types de produits. En effet, la mise en scène de modèles dans des positions plus que suggestives et provocantes se retrouve principalement dans des publicités pour parfums, produits de la haute couture, produits de beauté et santé, tabac ou boissons alcoolisées (Reichert, 2002). Et la plupart des recherches analysant l’utilisation du sexe en publicité se basent sur leurs publicités: parfums (LaTour, 1990; Reichert et al., 2001), jeans (Bello et al., 1983; LaTour et Henthorne, 1994), autobronzant (Dudley, 1999), boissons alcoolisées (Grazer & Keesling, 1995), cigarettes et automobiles (Reid & Soley, 1981, 1983). Ainsi, le recours au sexe est justifié de part la nature du produit mis en avant et de part les bénéfices directs liés à son utilisation (Reichert et Carpenter, 2004). Il semblerait que plus de 60 % des pub licités représenteraient les femmes dans un rôle purement décoratif. Sa seule mission est d’être sexy et attirante, ce afin d’allécher le consommateur et d’exciter les besoins primaires de ce dernier (Sullivan et O'Connor, 1988). 33 Peterson et Kerin (1977) et Simpson et al. (1996) ont, dans leurs études, tenté de mettre en évidence la relation existant entre la pertinence de cette stratégie et son influence sur l’opinion des consommateurs. Peterson et Kerin (1977) montrent que la femme est considérée comme exploitée lorsqu’elle est mise en scène nue pour promouvoir des produits n’ayant aucun rapport avec cette idée. Au contraire, si le produit a un lien direct, la nudité de la femme permettra de communiquer plus aisément et contribuera à mettre en valeur le message diffusé. Entre ces deux extrêmes, et dans la plupart des cas, la femme ne revêt qu’un rôle superficiel et « décoratif ». Il est donc recommandé aux publicitaires de choisir un modèle en fonction du produit mis en avant. L’étude de Simpson et al. (1996) se base, elle, sur une publicité utilisant un modèle masculin. Elle reprend les recherches de Peterson et Kerin (1977) et montre que l’opinion des consommateurs à l’égard de la publicité et de la marque tend à être négatif lorsque le recours au sexe est inadapté. Baker et al. (1977) viennent confirmer cette hypothèse. Si la présence du modèle renforce le message diffusé par la publicité, il ne fera qu’en augmenter la crédibilité. Il est important de le faire participer et de l’associer au produit et à la marque afin de lui donner une cohérence et une signification (Chestnut et al., 1977). L’étude de Dudley (1999) met en évidence un résultat surprenant à savoir la plus facile acceptation d’un modèle nue que d’un modèle torse nue par l’audience. Il semble donc plus adapté de recourir à la nudité elle- même que d’ajouter un simple piquant en suggérant qu’à moitié la nudité de la femme. Cependant, cela reste un risque à prendre pour la marque elle- même qui est susceptible d être fortement critiquée en ayant recours à cette stratégie. D’après Harrisson (2001), peu importe le produit mis en avant, l’image de la femme est utilisée pour vendre et pour séduire le consommateur. L’auteur cite l’exemple de la publicité pour le parfum «Obsession » où le corps nu d’une femme est mis en évidence pour exciter le désir du public. Les critiques ne cessent de fulminer quant à ces publicités, reprochant aux publicitaires de profiter de la faiblesse des hommes et de leur intérêt pour le sexe en général, leur suggérant que le produit promu parviendra à assouvir 34 leurs désirs. Harrisson (2001) dénonce donc un abus de la part des publicitaires d’avoir recours à ce type de stratégie. Tissier-Desbordes et Manceau (2003) se concentrent essentiellement sur les réactions de femmes à l’égard du sexe en publicité. Leur étude montre que celles-ci critiquent vivement le recours à la nudité et préfèrent quand celle-ci est simplement suggérée. Ce point de vue n’est que renforcé quand la catégorie du produit mis en avant n’a aucun lien avec la représentation qui en est faite, et que la femme est alors seulement utilisée en tant qu’objet. Si le produit mis en avant plaît au consommateur, l’exigence de congruence de leur part en sera moindre. Peu importe la forme, c’est sur le produit qu’il y a focalisation. Le concept d’ « implication » du sujet est en effet souligné et remet en cause l’idée de congruence évoquée précédemment. Pour Elliott et al (1995), la publicité est une expression de l’imagination des publicitaires. La sexualité devient un langage du désir et son utilisation en publicité peut se rapprocher d’une certaine forme d’art. Lipotvetsky (1991) vient réfuter cette idée. D’après lui, le rôle de la publicité a évolué depuis 1960. Depuis cette dernière décennie, celle-ci ne se proclament plus avantgardiste, c’est elle qui suit les évolutions de la société. C’est la société qui fait la publicité et non l’inverse. Et celle-ci s’en inspire pleinement: elle « s’enrichit dans ses moyens d’intervention et de séduction ». Lipotvetsky (1991) met en évidence la différence fondamentale existante entre art et publicité, à savoir la finalité mercantile de la publicité. Son auteur aura beau exprimer pleinement ses angoisses et ses émotions, avec le plus grand souci d’esthétique, la publicité aura toujours un fondement commercial. Or l’art, par principe, n’a aucune finalité mercantile et aucune exigence de réussite. De plus, il est personnel, c’est le travail sur soi d’un seul individu, contrairement à la publicité, qui fait intervenir plusieurs personnes et qui répond aux attentes d’une seul personne : l’annonceur. La publicité a un but utile: vendre un produit. Enfin, l’art va à l’encontre des normes établies par la société et n’hésite pas à franchir les interdits: il se proclame « révolutionnaire ». En revanche, la publicité répond aux attentes du moment, aux phénomènes de mode. Ainsi, la publicité ne cherche plus à séduire mais à «convaincre », peu importe la manière, du moment qu’elle est efficace et percutante. 35 Par conséquent, le sexe doit être utilisé de façon pertinente en publicité afin d’exercer une influence positive sur l’opinion des consommateurs à l’égard de la marque et du produit lui- même. Les recherches effectuées à ce sujet sont néanmoins limitées et seront approfondies par notre étude. § Différences individuelles: genre , âge, personnalité D’après Lundstrom et Siglimplaglia (1977), ce sont plutôt les femmes jeunes, à revenu supérieur et ayant reçu une bonne éducation qui rejettent le statut traditionnel accordé à la femme. D’après elles, une certaine forme de respect s’est néanmoins développée à leur égard ces dernières années. Mais un grand nombre d’entre elles révèlent ne pas vouloir acheter un produit de la marque concernée après visionnage d’une publicité manipulant leur image. En revanche, cette opinion ne provient pas des femmes les plus critiques à l’égard des représentations féminines dégradantes. C’est donc plus le concept de publicité qui est critiqué que la marque elle- même. Les femmes n’établissent pas un lien direct entre les deux. Lundstrom et Siglimplaglia (1977) soulignent qu’il est important de communiquer de façon différente à chaque segment de population et de tenir compte des évolutions de la société. LaTour (1990) insiste lui aussi sur l’importance à attacher à la cible potentielle d’une publicité de ce type et à ses réactions. Ces dernières doivent être analysées et étudiées. La femme est considérée comme un véritable objet sexuel, source de haut désir chez l’homme. Et c’est cette excitation du désir sexuel qui va à l’encontre de la pensée féministe (MacKay et Covell, 1997). Il semble donc inadapté d’employer une telle stratégie pour vendre un produit à des femmes. Elliott et al (1995) soulignent qu’hommes et femmes n’ont pas la même réceptivité: les femmes seraient plus attirées par le romantisme 14 et les hommes, par un aspect sexuel et par le coté domination homme/femme 15 ». Les deux genres estiment qu’un tel type de stratégie est légitime si hommes et femmes sont mis en scène de façon égale. La publicité peut alors revêtir 14 « softcore » (Elliott et al, 1995) 15 « hardcore (Elliott et al, 1995) 36 des formes artistiques. En revanche, le « hardcore » est très fortement rejeté, se basant essentiellement sur des stéréotypes et représentant la femme comme un objet. De plus, hommes et femmes n’ont pas la même façon d’interpréter une publicité et de parler de connotations sexuelles, les femmes en parlent par exemple beaucoup plus avec humour. En revanche, tous les deux n’acceptent pas les stéréotypes et l’objectification de la femme. Tissier-Desbordes et Manceau (2003) montrent que la nudité est dans l’ensemble rejetée par le public féminin. Différentes variables susceptibles d’influencer l’opinion des femmes vis-à-vis de ces publicités ont ainsi été mises en évidence par l’auteur après étude. Il est apparu que les femmes avaient « peur du sexe ». Il semble a priori déjà difficile pour un sujet d’en parler ouvertement. En outre, le recours à des représentations d’images « sexuelles » est estimé provocant, répondant seulement à un processus de mémorisation. De plus, l’opinion des femmes semble être influencée par le niveau d’esthétisme de la publicité. En effet, une publicité mettant en scène un modèle féminin nu peut être associée à une certaine recherche artistique. Si la beauté de la femme est réellement mise en avant, le public ne sera pas choqué par sa nudité et ne considérera pas la publicité provocatrice. Enfin, l’humour est une variable permettant de tempérer le niveau de provocation ressenti par la femme. L’idée de rire d’elle- même ne les réduit pas seulement au rôle de « femme objet » et leur confère une certaine intelligence et une certaine forme de réflexion. L’étude de Mittal et Lassar (2000) consiste à faire observer à des consommateurs des publicités à caractère sexuel plus ou moins prononcé. L’ensemble de l’auditoire estime critiquable éthiq uement le recours à de telles pratiques. En revanche, l’attitude des consommateurs à l’égard de la publicité elle- même varie en fonction des individus. Les principales variables sont leur degré de liberté sexuel et la force de manipulation d’une telle stratégie. Cette étude recommande donc aux professionnels de la publicité de prendre en compte précisément leur cible pour déterminer chacune de leurs stratégies publicitaires. En outre, ces derniers doivent rechercher un certain niveau de cohérence dans leur politique de communication. Mittal et Lassar (2000) se réfèrent à l’échelle précédemment utilisée par Latour and Henthorne (1993) lors de l’une de 37 leurs études: référence à l’élément moral (adapté/non adapté, juste/injuste, moralement acceptable/moralement inacceptable) et au concept de relativisme (culturellement acceptable/culturellement inacceptable, traditionnellement acceptable/traditionnellement inacceptable). Les résultats de leur étude ne mettent pas en évidence une différence d’opinion en fonction du sexe de l’individu ; des déviations s’identifieraient plus en fonction de l’âge de l’auditoire. L’opinion d’un individu à l’égard d’une publicité dépend en partie de son niveau éthique et n’est pas entièrement associée à son contenu sexuel. De plus, l’étude montre qu’il n’existe pas de réponse universelle à ce type de publicité. Les réactions dépendent de la cible. En effet, le libéralisme sexuel est une variable influençant grandement le point de vue éthique du consommateur mais aussi son attitude à l’ égard de la publicité. Ainsi, les individus à fort libéralisme sexuel porteront un jugement positif aux publicités à fort caractère sexuel et inversement. C’est pourquoi, pour certains segments de population, une publicité à fort contenu sexuel sera plus désirable qu’une autre, à faible connotation. En outre, Elliott et al (1995) insistent sur la variable âge dans leur étude: une personne plus âgée ne percevra pas toujours les connotations sexuelles d’une publicité. Ceci est lié à leur expérience et à leur culture. Par conséquent, le recours au sexe sera accepté s’il cible une population adaptée et s’il se fait par le biais de médias ad hoc. Enfin, d’autres facteurs comme les valeurs, la culture et l’éducation font varier les réactions des individus. À l’aide de l’outil d’analyse de Reidenbach-Robin, à savoir « l’échelle multidimensionnelle éthique », LaTour et Henthorne (1994) tentent d’expliquer le ressenti des consommateurs face aux annonceurs ayant recours à des images sexuelles pour promouvoir leurs produits. Le questionnaire distribué aux membres de l’étude se base sur les variables de l’échelle de Reidenbach-Robin (1990), se définissant par trois dimensions : l’ « équité morale » regroupe ce que le sujet a appris au sein de sa famille et de l’école afin de se faire sa propre définition de ce qui est et de ce qui n’est pas acceptable, en publicité par exemple (Gilly, 1988). La « dimension relativiste » définit ce qui est culturellement et traditionnellement acceptable ou non acceptable par la 38 société. Le « Contrat » fait référence au contrat moral, passé entre l’individu et la société. Les interviewés doivent remplir ce questionnaire en faisant référence à ces trois dimensions et donnent leur avis sur deux publicités, dont l’une d’entre elles a recours à des images sexuelles. Les sujets confrontent toutes les valeurs qu’ils ont adoptées depuis leur enfance, de part leur évolution dans la société et de part leur culture. Les résultats sont très hétérogènes. Les travaux effectués auparavant portent en général sur les conséquences directes du recours au sexe en publicité mais ne se concentrent pas sur un secteur précis. L’intérêt de notre travail est donc d’étudier l’influence de cette stratégie sur un secteur en particulier, ce afin de pouvoir établir une véritable corrélation entre publicité, marque, produit et comportement d’achat et d’analyser son efficacité. Il nous semblait donc logique de cibler notre étude sur un secteur fondant toute sa stratégie publicitaire sur ce principe ces dernières années: l’industrie du luxe. Nous avons bâti un modèle conceptuel du comportement des consommateurs à l’égard des publicités de l’industrie du luxe, nous mettrons en place une étude qualitative (entretiens semi directifs). Les éléments de réponses fournis nous permettront d’établir nos hypothèses. Un questionnaire viendra par la suite les infirmer ou les confirmer. 39 PARTIE I : Cadre général et méthodologie de la recherche Chapitre 2 : Le cadre général et les hypothèses de la recherche Section 1 : Le cadre général de la recherche Proposition de modèle conceptuel Premiers achats de produit de luxe: Habitué ou nouveau consommateur Etats internes Stimulus Publicité à caractère sexuel • Degré de sexe • Vulgarité • Sexisme • Affectif • Cognitif Réponses • Opinion marque • Comportement d’achat Fréquence d’achat de produits de luxe Section 2 : Les hypothèses de la recherche Notre revue de littérature a permis de mettre en évidence une liste d’hypothèses. Ces dernières s’appuient sur l’ensemble des concepts analysés. Hypothèse 1: Le recours au sexe dans les publicités de l’industrie du luxe n’est pas perçu de façon favorable par les consommateurs réguliers et 40 fidèles de luxe. Cette mauvaise image conduit à une perte de repères et se répercut e sur la marque et sur le comportement d’achat des consommateurs. Hypothèse 2: Le recours au sexe dans les publicités de l’industrie du luxe n’est pas perçu de façon favorable par les consommateurs potentiels, « non utilisateurs du produit », ce qui réduit leur enclin à acheter des produits de luxe et à diriger leurs actes d’achat vers la marque. Hypothèse 3: Le genre des consommateurs conditionne leur opinion à l’égard de la marque ayant recours au sexe en publicité ainsi que leur comportement d’achat. Hypothèse 4: L’âge des consommateurs conditionne leur opinion à l’égard de la marque ayant recours au sexe en publicité ainsi que leur comportement d’achat. Hypothèse 5: Le recours à des images sexuelles en publicité crée un sentiment d’irritation face à la publicité et réduit l’intention d’achat des consommateurs de luxe. Hypothèse 6: Le caractère pornographique et sexiste des images contribue à choquer l’auditoire. Hypothèse 7 : La publicité agit directement sur la mémoire du consommateur. Le recours à la provocation est un moyen d’avoir un impact sur cette dernière. Hypothèse 8: L’utilisation du sexe en publicité doit s’avérer pertinente pour être acceptée par les consommateurs. Hypothèse 9: L’utilisation du sexe pour mettre en avant un produit de luxe répond à une démarche artistique (recherche d’esthétisme). 41 Chapitre 3 : Méthodologie de la recherche Section 1 : Etude Qualitative : Les Entretiens Afin de préciser notre sujet et d’affiner notre recherche, une étude exploratoire a été menée sous la forme d'entretiens semi-directifs. Ce type d’entretiens permet à l’interviewé de s’exprimer librement sur un sujet. L’interviewer définit au préalable un guide d’entretien, listant les principaux thèmes qui seront abordés. Celui-ci sert de fil conducteur pendant l’entretien et permet d’approfondir les concepts importants si le répondant ne les aborde pas spontanément (Evrard et al, 2003). 1. Présentation des entretiens qualitatifs 1. 1 Conception et réalisation La première étape consista à former un corpus de publicités. Afin de tester l’incidence du sexe en publicité dans l’industrie du luxe, nous avons sélectionné nos publicités en fonction des critères suivants : - Média utilisé: Nos recherches s’appuient seulement sur les publicités issues de la presse écrite. C’est en effet les publicités pub liées dans les magazines (supports papiers) qui ont principalement fait l’objet de controverses lors de la vague du porno chic. Notre panel de publicité se limite à la France. Il regroupe des publicités issues des magazines Elle, Biba, Cosmopolitan et Madame Le Figaro, parues entre la fin des années 90 et le début des années 2000. - Produits mis en avant : Nos recherches se basent essentiellement sur les publicités pour des produits de luxe féminins (vêtements et maroquinerie) et pour des parfums. Les publicités de produits pour les marques Yves Saint Laurent, Dior, Gucci, Ungaro ou Givenchy ont été sélectionnées. - Intensité d’images à caractère sexuel dans la publicité: Nous avons choisi de reprendre l’échelle établie par Soley et Reid (1988) définissant les différents degrés de nudité d’un modèle: « sage, suggestif, partiellement vêtu, nu » et nous avons choisi des publicités couvrant ces 4 degrés. 42 L’intérêt de cette interview fut de mettre en évidence la relation existante dans l’ind ustrie du luxe entre publicité, marque et intention d’achat. En outre, nous souhaitions comparer el s comportements des répondants ainsi que ce qu'ils retiennent de la publicité en fonction du degré de sexe utilisé. Notre corpus de pub licités se composait de 17 publicités. Lors des entretiens, nous présentions aux répondants un panneau mettant en évidence l’ensemble de ces publicités. Les publicités les plus choquantes côtoyaient ainsi les publicités plus douces. Les entretiens, d’une durée de 15 à 30 minutes, ont été intégralement enregistrés dans l'ordinateur et retranscrits dans un fichier texte avec des commentaires sur la réaction des interviewés. Chaque personne interviewée répondit spontanément aux questions. Tous étaient équipés d'un microcasque afin de pouvoir exploiter une réponse claire lors de l’analyse. 1. 2 Echantillon 10 personnes de la cible, hommes et femmes, ont été interviewées. Le but de l’étude fut de regrouper des acheteurs réguliers et fidèles de produits de luxe. La cible choisie se compose de 40 % hommes et de 60 % de femmes ayant entre 25 et 58 ans, de différentes catégories sociales, de différents niveaux d’éducation, habitant principalement Paris ou la région parisienne et fréquentant les magasins de luxe parisiens. Nous sommes parfaitement conscients qu’acheter un parfum de la marque Dior n’est pas exclusivement réservé à une population d’un niveau social supérieur. Nous avons donc cherché à interviewer une population se constituant d’acheteurs réguliers de luxe, cette sélection s’étant effectuée en fonction du type de produits achetés et de la fréquence des achats. 1. 3 Déroulement des entretiens Les interviews ont été effectuées à la sortie des grands magasins de luxe localisés sur les Champs-Élysées à Paris et sur les Grands Boulevards. Les 10 individus composant notre échantillon ont tous été abordés à l’intérieur de ces magasins. Le motif de l’interview prétexté à la population interrogée fut le suivant: une étude sur le secteur du luxe. Il s’agissait en effet de ne pas révéler les intentions premières de l’étude pour ne pas fausser les résultats. 43 Notre principal souci fut de privilégier no tre relation avec l’interviewé, le sexe étant un sujet délicat et sensible dont les individus ne parlent pas forcément très librement dans notre société. 1. 4 Objectifs Afin d’optimiser au maximum chacune des interviews, il nous semblait primordial de prendre un certain recul par rapport aux principaux concepts discutés dans cet étude. En fonction du discours du répondant, des relances ont été effectuées. Ce guide a cherché à éclairer les réponses aux questions suivantes : § Le recours au sexe en publicité a-t-il un impact sur les réponses des consommateurs ? § Est ce que les consommateurs éprouvent des émotions particulières lorsqu’ils visionnent une publicité ayant recours au sexe ? Si oui, l’utilisation du sexe affecte-t-elle leurs émotions? § Le recours au sexe en publicité influence t- il les réponses comportementales des consommateurs ? § Permet- il de faciliter la mémorisation des informations diffusées par la publicité ? 2. Enseignements de l’étude qualitative Ce premier travail nous a permis de mettre en évidence les caractéristiques des réactions des consommateurs à l’égard de la publicité provocante dans le domaine du luxe. L’analyse des entretiens a contribué à enrichir certaines de nos hypothèses et à en mettre d’autres en évidence. Les hypothèses 1, 3, 4, 5, et 6 ont été confirmées. En revanche, l’hypothèse 2 établie à la suite de notre revue de littérature est fortement remise en cause après analyse des résultats de notre étude qualitative. En effet, il semblerait que : Hypothèse 2 : Le recours au sexe dans les publicités de l’industrie du luxe serait perçu de façon favorable par les consommateurs potentiels, jusque là « non utilisateurs du produit ». Ce type de publicité aurait permis de rajeunir 44 l’image des marques de luxe et ainsi modifié de façon positive le comportement d’achat des « non consommateurs ». L’hypothèse 7 a été décomposée en deux hypothèses, après étude qualitative. Par conséquent: Hypothèse 7: La publicité agit directement sur la mémoire du consommateur. Le recours à la provocation est un moyen d’avoir un impact sur cette dernière. Hypothèse 8: Les publicités à caractère sexuel se multiplient dans les magazines. Le recours au sexe n’a plus la même influence sur la mémoire des consommateurs. L’hypothèse 8 initiale est légèrement modifiée. Notre étude qualitative montre que l’ensemble des personnes interrogées considère comme pertinent le recours au sexe en publicité pour promouvoir des produits de l’industrie du luxe. Hypothèse 9: L’utilisation du sexe en publicité est considérée comme pertinente par l’ensemble des consommateurs pour promouvoir des produits de luxe : § Elle est justifiée par le produit mis en avant et par les bénéfices qu’il procure, § Elle répond à une recherche artistique, § Elle permet de rajeunir l’image d’une marque. En outre, les résultats de l’étude nous permettent d’établir deux nouvelles hypothèses: Hypothèse 10: Mettre en scène des images à caractère érotique en publicité est mieux accepté par l’ensemble des consommateurs que d’avoir recours à la pornographie. Hypothèse 11: L’utilisation du sexe en publicité a permis aux grandes marques de luxe de faire parler d’elles et d’inciter les potentiels consommateurs à visiter leurs nouvelles collections. 45 Section 2 : Partie Quantitative : Le Questionnaire Les résultats de notre étude qualitative nous ont aidé à mettre en place une étude quantitative à savoir la création d’un questionnaire dont les réponses sont venues tester la validité de nos hypothèses. 1. Conception et réalisation Le questionnaire administré comporte 24 questions fermées. Pour certaines questions, le choix de réponses est multiple. Le répondant peut également refuser le choix qui lui est proposé et se réfugier dans la catégorie « ne sait pas ». Certaines questions sont dichotomiques. D’autres sont représentées par des échelles d’attitude (échelle de Likert). Les questions sont progressives. Le questionnaire répond à un plan précis: au début des données d’ordre socio-économiques sont à renseigner (genre, age, revenu). Puis deux questions sur le comportement d’achat du consommateurs sont posées, afin d’identifier si le consommateur est un nouveau consommateur (il achète des produits de luxe depuis la vague porno chic), récent (depuis 1 an ou moins) ou habitué (avant les vague porno chic et les années 2000). Chacune des modalités de réponse ont été rédigées en fonction des résultats de l’étude qualitative. 2. Echantillon Nous avons effectué un questionnaire dans les rues parisiennes et lyonnaises où les grands magasins de luxe sont localisés. 230 personnes ont ainsi été sondées. Il s’agit d’un nombre correct pour obtenir une analyse pertinente. L’échantillon peut être qualifié de spontané. Le but de ce questionnaire était de regrouper deux types de populations: une population acheteuse régulière et fidèle de luxe à l’époque de la vague porno chic et une autre effectuant de très rares ou même aucun achat de luxe, mais attirée par ce secteur et ayant les moyens de s’acheter des produits de luxe à cette même époque. 58,3 % de femmes et 41, 7 % d’hommes ont répondu à ce questionnaire (annexe 4 pour d’autres donnée). 46 PARTIE II : Présentation et Discussion des résultats Chapitre 4 : Les résultats de la recherche 1. Hypothèses 1 et 2 Dans un souci de clarté et de précision, nous avons préféré distinguer les hypothèses 1 et 2 mais leur analyse demeure similaire. H1: Le recours au sexe dans les publicités de l’industrie du luxe n’a pas été perçu de façon favorable par les consommateurs de luxe. Cette mauvaise image se répercute sur la marque et sur le comportement d’achat de ces consommateurs. H2: Le recours au sexe dans les publicités de l’industrie du luxe serait perçu de façon favorable par les consommateurs potentiels, jusque là « non utilisateurs du produit ». Cette image se répercute sur l’image de la marque de façon positive et modifie le comportement d’achat des « non consommateurs » à la hausse. Premiers achats de produits de luxe et Perception des publicités sexuelles Statistique descriptive: Parmi les personnes interrogées consommant des produits de luxe depuis plus de 5 ans, l’utilisation du sexe en publicité pour promouvoir les produits de luxe a été perçue de façon négative: agacement (69%), incompréhension (51,8%), répulsion (24,5%). Parmi les personnes interrogées consommant des produits de luxe depuis le début de la vague porno chic, l’utilisation du sexe en publicité pour promouvoir les produits de luxe a été perçue de façon positive: séduction (59,8%), surprise (53,7%), excitation (22%). 47 Test statistique : La signification de l’étude des tris croisés est certifiée par le test du Chi deux. C’est celui-ci qui va nous permettre de vérifier la relation de dépendance existante entre la variable « Premiers achats de produit de luxe » et «Perception du recours au sexe en publicité »: le fait d’être un consommateur ou un non consommateur du produit de luxe a-t-il ou non une influence sur le type de sentiment ressenti à l’égard des publicités à caractère sexuel ? Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 308,86. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 16 nous montre que la liaison est très significative au seuil de significatio n fixé (5 %) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table. Il existe donc bien un lien de dépendance entre le comportement d’achat des individus et leur perception des publicités à caractère sexuel. Afin de mettre en évidence la force de l’associa tion entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient de contingence. C = 0,757. Cette valeur indique une relation très forte entre les deux variables. Il n’est pas possible ici de calculer la valeur maximale que peut prendre C, le nombre de colonnes étant supérieur au nombre de lignes. La première partie de nos hypothèses est donc validée. Premiers achats de produits de luxe et Opinion à l’égard de la marque Seules les personnes ayant répondu que les publicités à caractère sexuel avaient eu un impact sur leur opinion à l’égard des marques de luxe ont répondu à cette question, soit 163 personnes (environ 71% de la population). Statistique descriptive : Opinion à l'égard de la marque Premiers achats de produit de luxe < = 1 an 1 - 5 ans > 5 ans TOTAL positif 100% 97,3% 0,0% 46,1% négatif 0,0% 2,7% 100% 53,9% TOTAL 100% 100% 100% 100% 48 Ces résultats soulignent que 97,3% des personnes achetant des produits de luxe depuis la vague porno chic (depuis 2000) considèrent que les publicités à caractère sexuel ont eu un impact positif sur leur opinion à l’égard des marques y ayant recours. En outre, les 100% des consommateurs de luxe disent percevoir de façon négative l’impact de ces publicités sur leur opinion. Test statistique: Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 157,17. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 2 nous montre que la liaison est très significative au seuil de signification fixé (5 %) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table. Il existe donc bien un lien de dépendance entre le comportement d’achat des individus et leur opinion à l’égard de la marque. Afin de mettre en évidence la force de l’association entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient de contingence. C = 0,981. Cette valeur indique une relation très forte entre les deux variables. L’hypothèse est validée. Comportement d’achat et impact sur le comportement d’achat Statistique descriptive Impact comportement d'achat Premiers achats de produit de luxe < = 1 an 1 - 5 ans > 5 ans TOTAL oui 33,3% 89,0% 57,6% 67,8% non 55,6% 7,3% 37,4% 27,4% peut etre ne sait pas 11,1% 2,4% 5,0% 4,3% 0,0% 1,2% 0,0% 0,4% 89% des personnes ayant commencé à acheter des produits de luxe à l’époque de la vague porno chic déclarent que les publicités à caractère sexuel ont eu un impact sur leur comportement d’achat. 57,6% des consommateurs de l’avant vague porno chic déclarent de même. 49 TOTAL 100% 100% 100% 100% Calcul du coefficient de corrélation linéaire de Pearson: L’objectif est d’étudier si la variable impact comportement d’achat et la variable premiers achats de produits de luxe, mesurées sur le même ensemble d’observations, varient de façon analogue. La variable que nous cherchons à expliquer est la variable « Impact comportement d’achat » (Y), et la variable explicative est la variable « Premiers achats de produits de luxe » (X). L’équation de la droite de régression est : Y = 0.139 * X +1.016 Impact comportement d'achat 0,31 0,24 Premiers achats de produit de luxe Le coefficient de corrélation multiple est : R = 0,13. Ce coefficient de corrélation caractérise une liaison linéaire peu significative et une association faible entre les deux variables. R² = 0,0169. Le modèle est donc de très faible qualité. En effet, la variable « Premiers achats de produits de luxe » explique seulement 1,8% de la variance de « Impact comportement d’achat ». Pour estimer la qualité de l’ajustement dans la population, nous souhaitons savoir si, au seuil de 5%, le R² est significativement différent de 0 dans la population. Le calcul du coefficient de Fisher est égal à : F = 4,21. La valeur de 4,21 signifie que l’hypothèse nulle (R² = 0) est rejetée avec 0% de chances d’erreur dans la conclusion. Bien que très faible, R² n’est pas nul dans la population, et nous permet de conclure à l’existence d’un effet des variables indépendantes sur la variable dépendante. 50 Comportement d’achat et Variation du comportement d’achat Statistique descriptive: Seules les personnes ayant répondu que les publicités sexuelles avaient eu un impact sur leur comportement d’achat ont répondu à cette question, soit 156 personnes (environ 68% de la population). Variation du comportement d'achat A la hausse A la baisse Ne sait pas Premiers achats de produit de luxe < = 1 an 100% 0,0% 0,0% 1 - 5 ans 95,9% 2,7% 1,4% > 5 ans 1,2% 97,5% 1,2% TOTAL 47,1% 51,6% 1,3% TOTAL 100% 100% 100% 100% Les résultats de notre étude sont très parlants: parmi les personnes interrogées déclarant avoir modifié leur comportement d’achat ces dernières années depuis le début de la vague porno chic, 95,9% des personnes achetant des produits de luxe depuis la vague porno chic ont augmenté leurs achats à la hausse (ils ont en effet commencé à consommer des produits de luxe). Le reste se compose d’individus ayant consommé des produits de luxe depuis la vague porno chic et ayant eu tendance à diminuer le nombre d’achats ces dernières années. En outre, 97,5% des consommateurs habitués de luxe ont vu leur comportement d’achat baisser. Calcul du coefficient de corrélation linéaire de Pearson: L’objectif est d’étudier si la variable variation du comportement d’achat et la variable premiers achats de produits de luxe, mesurées sur le même ensemble d’observations, varient de façon analogue. La variable que nous cherchons à expliquer est la variable « Variation du comportement d’achat » (Y), et la variable explicative est la variable « Premiers achats de produits de luxe » (X). L’équation de la droite de régression est : Y = 0.857 * X -0.598 Le coefficient de corrélation multiple est : R = 0,88. Ce coefficient de corrélation caractérise une liaison linéaire très significative et une association très forte entre les deux variables. 51 Variation du comportement d'achat 0,24 0,24 Premiers achats de produit de luxe R² = 0,7744. Le modèle est donc de très bonne qualité. En effet, la variable Premiers achats de produits de luxe explique seulement 77,3% de la variance de Variation du comportement d’achat. Pour estimer la qualité de l’ajustement dans la population, nous souhaitons savoir si, au seuil de 5%, le R² est significativement différent de 0 dans la population. Le calcul du coefficient de Fisher est égal à : F = 527,55. La valeur de 527,55 signifie que l’hypothèse nulle (R² = 0) est rejetée avec 0% de chances d’erreur dans la conclusion. R² n’est pas nul dans la population, et nous permet de conclure à l’existence d’un effet des variables indépendantes sur la variable dépendante. Cette première analyse a permis de répondre à la première partie de nos hypothèses. Une partie de nos hypothèses a été ici validée: en effet, la perception des publicités sexuelles est différente selon le comportement d’achat d’origine des consommateurs. En outre, ce dernier détermine bien le type d’impact des publicités à caractère sexuel sur l’opinion à l’égard des marques de luxe. En revanche, pour l’ensemble des consommateurs, les publicités à caractère sexuel ont eu un impact sur le comportement d’achat. Mais celui-ci diffère bien selon les groupes de personnes interrogés. Nous allons maintenant mettre en lumière la relation existante entre perception des publicités sexuelles et opinion à l’égard de la marque. 52 Perception des publicités sexuelles et impact sur l’opinion à l’égard d’une marque Statistique descriptive : 78,4 % des personne s irritées par les publicités sexuelles ainsi que 91,2 % des individus éprouvant de la répulsion et 84,2% des personnes excitées soulignent l’existence d’un impact des publicités à caractère sexuel sur leur opinion à l’égard des marques. Que le sentiment éprouvé soit connoté positivement ou négativement, les réponses sont plus ou moins similaires. Test statistique: Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 82,28. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 24 nous montre que la liaison est très significative au seuil de signification fixé (5 %) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table. Il existe donc bien un lien de dépendance entre ces deux variables. Afin de mettre en évidence la force de l’association entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient de contingence. C = 0,623. Cette valeur indique une relation très forte entre les deux variables. Perception des publicités sexuelles et opinion à l’égard d’une marque Seules les personnes ayant répondu que les publicités sexuelles avaient eu un impact sur leur opinion à l’égard de la marque ont répondu à cette question, soit 165 personnes (environ 72% de la population). Statistique descriptive: Les réponses sont très tranchées: 100% des personnes excitées et séduites par l’aspect pictural des publicités à caractère sexuel ont répondu que ces dernières avaient eu un impact positif sur leur opinion à l’égard de la marque. 98,7% des personnes irritées, 100% des individus éprouvant de la répulsion à l’égard de ces publicités et 98,1% des personnes ayant mal compris cette stratégie soulignent l’impact négatif. 53 Test statistique: Le fait d’être irrité ou de ne pas comprendre les buts d’une telle stratégie a-t-il ou non une influence sur l’opinion des consommateurs à l’égard de la marque ? Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 261,95.La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 8 nous montre que la liaison est très significative au seuil de signification fixé (5 %) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table. Il existe donc bien un lien de dépendance entre ces deux variables. Afin de mettre en évidence la force de l’association entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient de contingence. C = 0,783. Cette valeur indique une relation très forte entre les deux variables. Perception des publicités à caractère sexuel et impact sur le comportement d’achat Statistique descriptive Impact comportement d'achat oui Perception des publicités sexuelles Agacement/ Enervement/ Irritation 72,2% Excitation 89,5% Répulsion 88,2% Indifférence 17,6% Incompréhension (absence de lien entre le produit et sa mise en scène)62,3% Séduction (caractère pictural de la publicité) 87,3% Rires 70,4% Surprise 69,6% Autres 64,5% TOTAL 69,1% non 23,7% 5,3% 8,8% 67,6% 33,8% 10,9% 29,6% 29,0% 25,8% 26,6% peut etre ne sait pas TOTAL 4,1% 5,3% 2,9% 11,8% 3,9% 1,8% 0,0% 1,4% 6,5% 3,8% 0,0% 0,0% 0,0% 2,9% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 3,2% 0,5% 72,2% des personnes irritées déclarent que l’utilisation du sexe en publicité a eu un impact sur leur comportement d’achat. 87,3% des personnes séduites par l’image de la publicité en disent de même. Test statistique : Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 75,87. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 24 nous montre que la liaison est très significative au seuil de signification fixé (5 %) car le Chi2 calculé est 54 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% supérieur au Chi2 de la table. Il existe donc bien un lien de dépendance entre ces deux variables et la dépendance est très significative: le type de sentiment ressenti par le consommateur à l’égard des publicités sexuelles influence son comportement d’achat. Afin de mettre en évidence la force de l’association entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient de contingence. C = 0,498. Cette valeur indique une relation forte entre les deux variables. Perception des publicités sexuelles et variation du comportement d’achat Seules les personnes ayant répondu que les publicités sexuelles avaient eu un impact sur leur comportement d’achat ont répondu à cette question, soit 156 personnes (environ 68 % de la population). Statistique descriptive Variation du comportement d'achat A la hausse A la baisse Ne sait pas TOTAL Perception des publicités sexuelles Agacement/ Enervement/ Irritation 1,4% 97,2% 1,4% 100% Excitation 94,1% 5,9% 0,0% 100% Répulsion 0,0% 100% 0,0% 100% Indifférence 50,0% 50,0% 0,0% 100% Incompréhension (absence de lien entre le produit et sa mise en scène) 2,1% 95,8% 2,1% 100% Séduction (caractère pictural de la publicité) 97,9% 2,1% 0,0% 100% Rires 89,5% 5,3% 5,3% 100% Surprise 79,6% 18,4% 2,0% 100% Autres 95,0% 5,0% 0,0% 100% TOTAL 46,4% 52,3% 1,3% 100% Parmi les personnes déclarant avoir modifié leur comportement d’achat depuis la vague porno chic, 97,2% des individus irrités par les publicités à caractère sexuel disent avoir revu à la baisse ce dernier. 97,9% des personnes séduites par ces publicités déclarent avoir modifié à la hausse leur comportement d’achat. Test statistique: Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 250,06. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 16 nous montre que la liaison est très 55 significative au seuil de signification fixé (5 %) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table. Il existe donc bien un lien de dépendance entre ces deux variables et la dépendance est très significative. Afin de mettre en évidence la force de l’association entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient de contingence. C = 0,498. Cette valeur indique une relation forte entre les deux variables. Ces résultats valident la deuxième partie de nos hypothèses: en effet, la perception des publicités à caractère sexuel conditionne l’opinion des consommateurs à l’égard des marques ainsi que leur comportement d’achat: un consommateur irrité par une publicité à caractère sexuel aura tendance à avoir une opinion négative de la marque et viendra ainsi modifier son comportement d’achat à la baisse. Le contraire pour un sentiment « positif ». 2. Hypothèse 3 H3: Le genre des consommateurs conditio nne leur opinion à l’égard des marques ayant recours au sexe en publicité, ainsi que leur comportement d’achat. Sexe et Impact opinion à l’égard de la marque Statistique descriptive: Seulement 59,4% des hommes pour 79,1% des femmes soulignent l’impact des publicités à caractère sexuel sur leur opinion à l’égard des marques y ayant recours. Test statistique: Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 11,96. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 3 nous montre que la liaison est très significative au seuil de signification fixé (5 %) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table. Il existe donc bien un lien de dépendance entre ces deux variables et la dépendance est très significative: 1-p = 99,25%. Le fait d’être 56 du sexe masculin ou féminin a une influence sur l’opinion à l’égard d’une marque. Nous avons également calculé le coefficient de contingence. C = 0,222 3. Cette valeur indique une relation somme toute assez faible entre les deux variables, malgré le caractère nettement significatif du Chideux. Il n’est pas possible ici de calculer la valeur maximale que peut prendre C, le nombre de colonnes étant supérieur au nombre de lignes. Sexe et Opinion à l’égard de la marque Statistique descriptive: Seules les personnes ayant répondu que les publicités sexuelles avaient eu un impact sur leur opinion à l’égard des marques de luxe ont répondu à cette question, soit 165 personnes (environ 72% de la population). Opinion à l'égard de la marque SEXE Masculin Féminin TOTAL positif 42,1% 48,1% 46,1% négatif 57,9% 51,9% 53,9% TOTAL 100% 100% 100% 53,9% de l’échantillon souligne l’impact négatif de l’utilisation du sexe en publicité sur leur opinion à l’égard des marques de luxe. En revanche, au sein de cette population les différences hommes/femmes ne sont pas significatives. Test statistique : Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 =0,55. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 1 nous montre que la liaison n’est pas significative au seuil de signification fixé (1%) car le Chi2 calculé est inférieur au Chi2 de la table. Pour mesurer la force de l’association entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient Phi, les deux variables étudiées étant des variables nominales binaires. Phi = 0,0033. Nous remarquerons donc une association faible puisque son intensité est d’environ 0,33% du maximum possible. 57 Sexe et impact comportement d’achat Statistique descript ive : 58,3% des hommes interrogés déclarent que l’utilisation d’images à caractère sexuel en publicité a un impact sur leur comportement d’achat, contre 74,6% des femmes. Relation Sexe / Impact comportement d'achat 0,7% 3,0% 134 21,6% 6,3% 35,4% 74,6% 58,3% 0 Masculin oui ne sait pas Féminin non peut etre Test statistique : Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 8,15. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 3 nous montre que la liaison est significative au seuil de signification fixé (1%) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table: 1-p = 95,70%. Afin de mettre en évidence la force de l’association entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient de Cramer, sachant que min (1, 3). V = 0,108. Ce résultat indique une association très faible entre les deux variables. Sexe et Variation du comportem ent d’achat Statistique descriptive : Seules les personnes ayant répondu que les publicités sexuelles avaient eu un impact sur leur comportement d’achat ont répondu à cette question, soit 157 personnes (environ 68% de la population). 58 Variation du comportement d'achat A la hausse A la baisse Ne sait pas SEXE Masculin 42,1% 57,9% 0,0% Féminin 50,0% 48,0% 2,0% TOTAL 47,1% 51,6% 1,3% TOTAL 100% 100% 100% 51,6% de l’échantillon souligne avoir revu à la baisse leur comportement d’achat et 47,1% à la hausse. Au sein de ces deux populations, la proportion hommes/femmes ne différe que très peu. Test statistique: Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 2,31. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 2 nous montre que la liaison n’est pas significative au seuil de signification fixé (1%) : 1-p = 68,48%. Le fait d’être du sexe masculin ou féminin n’a pas une influence sur la variable variation du comportement d’achat. Afin de mettre en évidence la force de l’association entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient de Cramer, sachant que min (1, 2). V = 0,086. Ce résultat indique une association très faible entre les deux variables. Ces résultats viennent ainsi infirmer notre hypothèse initiale: si les hommes ont été moins influencé par les publicités à caractère sexuel que les femmes, leur opinion à l’égard des marques de luxe et leur comportement d’achat demeurent simi laires. 3. Hypothèse 4: H4: L’âge des consommateurs conditionne leur opinion à l’égard de la marque ayant recours au sexe en publicité ainsi que leur comportement d’achat. 59 Age et Impact opinion de la marque Impact opinion à l'égard de la marque AGE 18-25 ans 25-35 ans 35-45 ans 45-60 ans Plus de 60 ans TOTAL oui 80,4% 75,4% 60,9% 59,0% 76,7% 70,9% non 15,2% 17,4% 26,1% 17,9% 20,0% 19,1% peut etre ne sait pas 2,2% 7,2% 13,0% 23,1% 3,3% 9,6% 2,2% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,4% TOTAL 100% 100% 100% 100% 100% 100% 70,9% de la population interrogée déclare que les publicités a caractère sexuel ont eu un impact sur leur opinion à l’égard des marques de luxe. En revanche, les différences entre les classes ne sont pas flagrantes. Test statistique : Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 20,30. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 12 nous montre que la liaison est peu significative au seuil de signification fixé (5 %) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table. La dépendance entre ces deux variables est peu significative: 1-p = 93,84%. Par conséquent, le fait d’avoir 18-25 ans, 25-35 ans, 35-45 ans, 45-60 ans et plus de 60 ans n’ influence pas significativement l’opinion à l’égard des marques de luxe. Afin de mettre en évidence la force de l’association entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient de Cramer, sachant que min (4, 3). V = 0,148. Ce résultat indique une association faible entre les deux variables. Age et Opinion à l’égard de la marque Statistique descriptive: Seules les personnes ayant répondu que les publicités sexuelles avaient eu un impact sur leur opinion à l’égard de la marque ont répondu à cette question, soit 165 personnes (environ 72% de la population). 60 Opinion à l'égard de la marque AGE 18-25 ans 25-35 ans 35-45 ans 45-60 ans Plus de 60 ans TOTAL positif 94,7% 67,9% 14,3% 0,0% 0,0% 46,1% négatif TOTAL 5,3% 32,1% 85,7% 100% 100% 53,9% 100% 100% 100% 100% 100% 100% Ces résultats mettent en évidence les différences d’opinions en fonction des âges. En effet, parmi les personnes interrogées, 94,7% des 18-25 ans, 67,9% des 25-35 ans et seulement 14,3% des 35-45 ans ont souligné le caractère positif de cet impact. En outre, aucune des personnes interrogées âgées entre 45 et 60 ans ou de 60 ans et + n’a déclaré que les publicités à caractère sexuel dans l’industrie du luxe avait eu un impact positif. De toute évidence, il existe des différences d’opinions à travers les âges. Test statistique: Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 97,10. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 4 nous montre que la liaison est très significative au seuil de signification fixé (5 %) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table. La dépendance entre ces deux variables est très significative: 1-p = >99,99%. Afin de mettre ne évidence la force de l’association entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient de Cramer, sachant que min (4, 1). V = 0,671. Ce résultat indique une association forte entre les deux variables. Age et Impact comportement d’achat Statistique descriptive : Impact comportement d'achat AGE 18-25 ans 25-35 ans 35-45 ans 45-60 ans Plus de 60 ans TOTAL oui 76,1% 75,4% 58,7% 51,3% 73,3% 67,8% non 15,2% 23,2% 39,1% 38,5% 23,3% 27,4% peut etre ne sait pas 6,5% 1,4% 2,2% 10,3% 3,3% 4,3% TOTAL 2,2% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,4% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 61 67,8% des personnes interrogées déclarent que les publicités à caractère sexuel ont eu un impact sur leur comportement d’achat. En revanche, on ne discerne pas de différence significative à travers les âges. Test statistique: Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 =20,02. La consultation de la table de distrib ution du Chi2 pour un degré de liberté de 12 nous montre que la liaison est peu significative au seuil de signification fixé (5 %) car le Chi2 calculé n’est pas supérieur au Chi2 de la table : 1-p = 93,34%. Afin de mettre en évidence la force de l’association entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient de Cramer, sachant que min (4, 3). V = 0,148. Ce résultat indique une association faible entre les deux variables. Age et Variation du comportement d’achat Statistique descriptive: Seules les personnes ayant répondu que les publicités sexuelles avaient eu un impact sur leur opinion à l’égard de la marque ont répondu à cette question, soit 157 personnes (environ 68% de la population). Relation Age / Variation du comportement d'achat 71,2% 94,3% 85,7% 100,0% 100,0% 25,0% 5,7% 18-25 ans A la hausse 14,3% 3,8% 25-35 ans A la baisse 35-45 ans 45-60 ans Plus de 60 ans Ne sait pas Test statistique: Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 =99,92. La consultation de la table de distribution du Chi2 62 pour un degré de liberté de 8 nous montre que la liaison est très significative au seuil de signification fixé (5 %) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table. La dépendance entre ces deux variables est très significative : 1p = >99,99%. Afin de mettre en évidence la force de l’association entre ces deux variables, nous avons calculé le coefficient de Cramer, sachant que min (4, 2). V = 0,399. Ce résultat indique une association moyenne entre les deux variables. Les résultats de notre questionnaire viennent ici confirmer notre hypothèse initiale: si l’ensemble des personnes interrogées déclarent que les publicités sexuelles ont eu un impact sur leur opinion à l’égard des marques de luxe, la nature de cet impact diffère en fonction des âges. 4. Hypothèse 5 H5: Le recours à des images sexuelles en publicité crée un sentiment d’irritation face à la publicité qui réduit l’intention d’achat des consommateurs de luxe. Cette hypothèse reprend les résultats de nos premières hypothèses mais elle est plus spécifique puisqu’elle se concentre sur l’ana lyse du sentiment d’irritation. Perception des publicités à caractère sexuel Agacement/ Enervement/ Irritation Excitation Répulsion Indifférence Incompréhension Séduction (caractère pictural de la publicité) Rires Surprise Autres 21,9% 4,3% 7,7% 7,7% 17,4% 12,4% 6,1% 15,6% 7,0% 63 Perception des publicités à caractère sexuel et Impact sur le comportement d’achat Statistique descriptive: Seules les personnes ayant répondu que les publicités sexuelles suscitaient en eux un sentiment d’irritation et d’agacement ont répondu à cette question, soit 97 personnes (environ 42% de la population). Impact comportement d'achat oui non peut etre ne sait pas 72,2% 23,7% 4,1% 0,0% Variation du comportement d'achat Non réponse A la hausse A la baisse Ne sait pas 26,8% 1,0% 71,1% 1,0% Test statistique : Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 =127,54. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 3 nous montre que la différence est très significative au seuil de signification fixé (5%) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table: 1-p = >99,99%. Les résultats de notre étude confirment ainsi cette hypothèse. 5. Hypothèse 6 H6 : C’est essentiellement le caractère pornographique et sexiste des images qui contribue à choquer l’auditoire. 64 Calcul du coefficient de corrélation linéaire de Pearson: L’objectif est d’étudier si la variable choc et les variables degré de sexe, vulgarité du modèle et caractère sexiste, mesurées sur le même ensemble d’observation, varient de façon analogue. L’équation de la droite de régression est : Y = +0.273 * Degré de sexe +0.171 * Vulgarité du modèle +0.484 * Caractère sexiste +0.376 Le coefficient de corrélation multiple est : R = 0,88. Ce coefficient de corrélation caractérise une liaison linéaire significative et une association très forte entre les variables. R² = 0,776. Le modèle est donc de bonne qualité. En effet, les trois variables expliquent 77.6% de la variance de la variable choc. Pour estimer la qualité de l’ajustement dans la population, nous souhaitons savoir si, au seuil de 5%, le R² multiple est significativement différent de 0 dans la population. Le calcul du coefficient de Fisher est égal à : F = 48,18. La valeur de 48,18 signifie que l’hypothèse nulle (R² = 0) est rejetée avec 0% de cha nces d’erreur dans la conclusion. R² n’est pas nul dans la population, et nous permet de conclure à l’existence d’un effet certain des variables indépendantes sur la variable dépendante. Choc Nb. cit. Fréq. 43 100 30 48 9 230 18,7% 43,5% 13,0% 20,9% 3,9% 100% tout à fait d'accord plutot d'accord sans opinion plutot pas d'accord pas du tout d'accord TOTAL OBS. Parmi les personnes ayant répondu « tout à fait d’accord » et « plutôt d’accord » à la question « les publicités sexuelles sont-elles choquantes ? », soit 143 personnes (62% de la population): 143 personnes ont répondu « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord » à la question sur le degré de sexe ; 135 personnes ont répondu de même à la question caractère sexiste et 116 personnes à la question vulgarité du modèle. Notre hypothèse initiale est donc confirmée. 65 6. Hypothèse 7 H7: La publicité agit directement sur la mémoire du consommateur. Le recours à la provocation est un moyen d’avoir un impact sur cette dernière. Statistique descriptive: 40,4% des personnes interrogées déclarent que les publicités à caractère sexuel ont eu un impact sur leur mémoire, au début de la vague porno chic. En outre, 33,9% sous-entendent que peut-être, et seulement 21,3% répond que ce n’a pas été le cas. La question est à réponse unique sur une échelle. Les paramètres sont établis sur une notatio n de 1 (oui) à 4 (ne sait pas). Impact mémoriel au début de la vague oui peut etre ne sait pas non TOTAL OBS. Moyenne = 2,07 Ecart-type = 1,14 Nb. cit. Fréq. 93 78 10 49 230 40,4% 33,9% 4,3% 21,3% 100% La moyenne est de 2,07, ce qui signifie qu’en moyenne, les personnes interrogées ont répondu « peut-être » à la question de l’impact mémoriel au début de la vague porno chic. L’écart type de cette série est de 1,14. En pratique, cela signifie qu’en moyenne l’écart observé entre n’importe laquelle des réponses à la question posée et la moyenne de la série sera de 1,14. Nous discernons des différences entre les consommateurs. Impact mémoriel au début de la vague Premiers achats de produit de luxe < = 1 an 1 - 5 ans > 5 ans TOTAL oui 55,6% 62,2% 26,6% 40,4% peut etre ne sait pas 33,3% 31,7% 35,3% 33,9% 11,1% 4,9% 3,6% 4,3% non 0,0% 1,2% 34,5% 21,3% TOTAL 100% 100% 100% 100% 66 62,2% des personnes consommant des produits de luxe depuis moins de 5 ans ont répondu « oui » à la question de l’impact des publicités sexuelles sur la mémoire au début de la vague porno chic, pour 26,6% des habitués. Test statistique: Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 46,91. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 6 nous montre que la liaison est très significative au seuil de signification fixé (5 %) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table. Il existe donc bien un lien de dépendance entre ces deux variables. Nous avons calculé le coefficient de continge nce. C = 0,452. Cette valeur indique une relation moyenne entre les deux variables, malgré le caractère nettement significatif du Chi-deux. Notre hypothèse n’est donc que partiellement validée puisque la variable « Premiers achats de produits de luxe » influence les résultats. 7. Hypothèse 8 H8: Les publicités à caractère sexuel se multiplient dans les magazines. Le recours au sexe n’a plus la même influence sur la mémoire des consommateurs. Statistique descriptive: Impact mémoriel depuis la vague oui peut etre non ne sait pas TOTAL OBS. Moyenne = 2,82 Ecart-type = 0,81 Nb. cit. Fréq. 22 34 138 36 230 9,6% 14,8% 60,0% 15,7% 100% La question est à réponse unique sur une échelle. Les paramètres sont établis sur une notation de 1 (oui) à 4 (ne sait pas). 67 La moyenne est de 2,82, ce qui signifie qu’en moyenne, les personnes interrogées ont répondu « non » à la question de l’impact mémoriel au début de la vague porno chic. L’écart type de cette série est de 0,81. En pratique, cela signifie qu’en moyenne l’écart observé entre n’importe laquelle des réponses à la question posée et la moyenne de la série sera de 0,81. On discerne quelques différences en fonction du comportement d’achat des personnes interrogées : 24,4% des nouveaux consommateurs de luxe ont répondu « oui » à cette question pour 0,7% des habitués. Mais dans l’ensemble, les réponses de chaque modalité tendent plus vers le « non ». Impact mémoriel depuis la vague Premiers achats de produit de luxe < = 1 an 1 - 5 ans > 5 ans TOTAL oui peut etre 11,1% 24,4% 0,7% 9,6% 11,1% 11,0% 17,3% 14,8% non ne sait pas TOTAL 22,2% 18,3% 13,7% 15,7% 100% 100% 100% 100% 55,6% 46,3% 68,3% 60,0% Il est également intéressant de comparer les réponses aux deux questions sur la mémoire. Impact mémoriel depuis la vague Impact mémoriel au début de la vague oui non peut etre ne sait pas TOTAL oui non 20,4% 2,0% 2,6% 0,0% 9,6% 68,8% 98,0% 32,1% 10,0% 60,0% peut etre ne sait pas 4,3% 0,0% 38,5% 0,0% 14,8% 6,5% 0,0% 26,9% 90,0% 15,7% En effet, 68,8% des personnes ayant répondu « oui » à la première question sur la mémoire ont répondu « non » à la seconde. Seuls 20,4% d’entre eux ont répondu « oui » à la deuxième question. Notre hypothèse est vérifiée par les résultats de notre questionnaire si toutefois les résultats différent en fonction du comportement d’achat initial des consommateurs. 68 TOTAL 100% 100% 100% 100% 100% 8. Hypothèse 9 H9: L’utilisation du sexe en publicité est considérée comme pertinente par l’ensemble des consommateurs pour promouvoir des produits de luxe: Elle est à la fois: - justifiée par le produit mis en avant et par les bénéfices qu’il procure, - répond à une recherche artistique, - permet de rajeunir l’image d’une marque. Statistique descriptive: L’ensemble des consommateurs semble en moyenne « plutôt d’accord » avec l’utilisation du sexe en publicité. En effet, 59,8% et 32,9% des nouveaux consommateurs de luxe sont respectivement « tout à fait d’accord » et « plutôt d’accord » avec cette stratégie. Et 46% des habitués du luxe se déclarent « plutôt d’accord ». Néanmoins, 19,4% d’entre eux se déclarent « pas du tout d’accord ». Calcul du coefficient de corrélation linéaire de Pearson: L’objectif est d’étudier si la variable « Pertinence de l’utilisation » et la variable « Premiers achats de produits de luxe », mesurées sur le même ensemble d’observations, varient de façon analogue. Pertinence de l'utilisation 0,39 0,24 Premiers achats de produit de luxe La variable que nous cherchons à expliquer est la variable « Pertinence de l'utilisation » (Y), et la variable explicative est la variable « Premiers achats 69 de produits de luxe » (X). L’équation de la droite de régression est : Y = +1.197 * X -0.619 Le coefficient de corrélation multiple est: R = 0,52. Ce coefficient de corrélation caractérise une liaison linéaire peu significative et une association faible entre les deux variables. R² = 0,2704. Le modèle est donc de faible qualité. En effet, la variable Premiers achats de produits de luxe explique seulement 27.3% de la variance Pertinence de l' utilisation. Pour estimer la qualité de l’ajustement dans la population, nous souhaitons savoir si, au seuil de 5%, le R² multiple est significativement différent de 0 dans la population. Le calcul du coefficient de Fisher est égal à : F = 85,70. La valeur de 85,70 signifie que l’hypothèse nulle (R² = 0) est rejetée avec 0% de chances d’erreur dans la conclusion. Bien que faible, R² n’est pas nul dans la population, et nous permet de conclure à l’existence d’un effet certain des variables indépendantes sur la variable dépendante. Notre hypothèse initiale est donc partiellement confirmée: nouveaux et habitués de luxe estiment pertinent le recours au sexe en publicité dans l’industrie du luxe. 164 personnes sont « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord » sur le fait que le recours au sexe en publicité dans l’industrie du luxe se justifie par le produit mis en avant et les bénéfices qu’il procure. 149 personnes sont « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord » sur le fait que le recours au sexe en publicité dans l’industrie du luxe se justifie par la volonté des marques de se rajeunir. Ce sont davantage les nouveaux consommateurs de luxe qui partagent ce pont de vue. 121 personnes sont « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord » sur le fait que le recours au sexe en publicité dans l’industrie du luxe se justifie par sa démarche artistique. Néanmoins ce dernier critère est plus mitigé, il ne fait pas la majorité, particulièrement chez les habitués du luxe. 70 Test statistique: test du Chi-2 Bénéfices produit: La différence avec la répartition de référence est très significative. Chi2 = 122,13, à un degré de liberté de 4, 1-p = >99,99%. Rajeunissement de la marque: La différence avec la répartition de référence est très significative. Chi2 = 70,74, à un degré de liberté de 4, 1-p = >99,99%. Démarche artistique: La différence avec la répartition de référence est très significative. Chi2 = 56,22, à un degré de liberté de 4, 1-p = >99,99%. Ces chiffres confirment notre hypothèse. 9. Hypothèse 10 H10: Mettre en scène des images à caractère érotique en publicité est mieux accepté par l’ensemble des consommateurs que d’avoir recours à la pornographie. Statistique descriptive: Comme le met en évidence ce graphique, 44,3% des personnes interrogées sont tout à fait d’accord pour dire que mettre en scène des images érotiques en publicité est plus acceptable que des images pornographiques. En outre, seulement 2,2% ne sont pas du tout d’accord. Degré de sexe tout à fait d'accord plutot d'accord sans opinion plutot pas d'accord pas d'accord 44,3% 25,7% 15,2% 12,6% 2,2% Test statistique: Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 =117,30. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 4 nous montre la différence avec la répartition de 71 référence est très significative au seuil de signification fixé (5%) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table: 1-p = >99,99%. Ces résultats viennent confirmer notre hypothèse initiale. 10. Hypothèse 11 H11: L’utilisation du sexe en publicité a permis aux grandes marques de luxe de rajeunir leur image et de faire parler d’elles afin d’inciter les potentiels consommateurs à visiter leurs nouvelles collections. Statistique descriptive: Comme nous l’avons vu précédemment, la vague porno chic a exercé un impact sur le niveau de consommation des personnes ne consommant pas jusque là des produits de luxe: en effet, 95,9% d’entre elles ont modifié leur comportement d’achat à la hausse. Tendance centrale mise en évidence par le mode et les fréquences: d’après les résultats de notre questionnaire, 60 personnes (soit 40,3%) auraient modifié leur comportement d’achat à la hausse du fait du rajeunissement apportée aux marques, 43 personnes (30,9%) du fait d’une adhésion plus grande à l’image des marques et 36 (24,5%) en contribuant à faire parler de la marque. Notre hypothèse de base ne se vérifie donc pas entièrement. Test statistique: Le calcul de la valeur du Chi2 associée à ce tableau conduit à Chi2 = 419,56. La consultation de la table de distribution du Chi2 pour un degré de liberté de 7 nous montre que la différence est très significative au seuil de signification fixé (5%) car le Chi2 calculé est supérieur au Chi2 de la table: 1-p = >99,99%. Notre hypothèse initiale est partiellement confirmée: en effet, l’utilisation du sexe en publicité a permis aux grandes marques de luxe de rajeunir leur image. Mais le deuxième effet invoqué est la plus grande adhésion des consommateurs à l’image des marques de luxe. 72 Chapitre 5: Discussion des résultats, limites et voies de recherche L’étude de la littérature sur le recours au sexe en publicité nous a montré que son bien fondé et sa pertinence dépendaient d’un certain nombre de facteurs. Partant de ce constat, la recherche a posé la question de la contribution possible de l’utilisation du sexe en publicité dans l’industrie du luxe. Ce dernier chapitre est consacré à la discussion des résultats des tests statistiques relatifs aux hypothèses de recherche présentés précédemment. Son but est de présenter les principaux enseignements et ainsi de conclure su notre travail. Jusqu’aux années 2000, la majorité des grandes marques de luxe se caractérisait par leur coté classique et traditionnel et séduisait ainsi une certaine catégorie de population, à savoir les CSP++ de plus de 35 ans. Les années 2000 et le début de la vague porno chic marquent alors un grand changement puisque les marques de luxe décident de donner une nouvelle image d’elles- mêmes, d’étendre leurs produits à un public plus vaste. On commence alors à parler de « démocratisation » du luxe (Lugrin, 2002). En adoptant une telle stratégie, l’objectif principal des grandes marques de luxe était de conquérir un nouveau segment : une population plus jeune, et ainsi redonner un nouveau souffle à leur marque. Les résultats indiquent que cette stratégie a été très efficace en terme de recrutement : en effet, nombre de jeunes ont été séduits par la nouvelle image des produits de luxe. Si certains ont été influencés par la publicité elle- même, d’autres ont profité du débat qui entourait le porno chic pour pénétrer dans les magasins de luxe et se familiariser avec leurs collections. Mais la vague porno chic des années 2000 a avant tout contribué à segmenter le marché des grandes marques de luxe. Les répercussions sur le comportement d’achat des habitués du luxe n’ont pas été des moindres. En effet, la vague porno chic a provoqué une perte de repères et une déception de la plupart des consommateurs fidèles. C’est donc l’image des marques qui a été touchée très rapidement. Si certains consommateurs ont perdu toute confiance en leurs marques favorites et ont décidé de les boycotter du 73 jour au lendemain, d’autres ont simplement limité leurs achats. Après quelques années, ces mêmes personnes ont cessé de boycotter leurs marques et leur comportement d’achat s’est stabilisé. La majorité d’entre eux ont d’ailleurs compris la stratégie des grandes marques de luxe et ont du accepter cette nouvelle segmentation, si toutefois ils ne désirent pas être associé à cette nouvelle image. Dans une première section, les principales contributions théoriques de la recherche seront présentées. Une seconde section discute les limites inhérentes à ce travail et suggère des voies de recherches susceptibles de prolonger la réflexion engagée. Section 1 : Les principales contributions théoriques de la recherche 1. Publicités à caractère sexuel et Consommateurs 1. 1 Le genre des consommateurs Notre étude qualitative vient supporter le travail de Peterson et Kerin (1977) en montrant que le recours au sexe en publicité est perçu plus favorablement par les hommes que par les femmes. En effet, les hommes se disent séduits par les modèles en présence. Certaines femmes, quant à elle, remettent en question cette utilisation de la femme et rejettent l’idée de femme objet. Mais les résultats de notre étude quantitative viennent infirmer partiellement cette hypothèse. Dans l’ensemble, les femmes semblent avoir été plus influencées que les hommes par les publicités sexuelles dans leur jugement à l’égard des marques. Ces résultats confirment donc le travail d’Elliott et al. (1995) qui soutiennent qu’hommes et femmes n’ont pas la même réceptivité du sexe en publicité. En revanche, l’impact sur leur opinion à l’égard des marques et sur leur comportement d’achat demeure similaire. En effet, d’après la moitié des hommes et des femmes interrogés, l’utilisation du sexe en publicité a exercé un impact positif/négatif sur leur opinion à l’égard des marques de luxe. Cependant aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les hommes et les femmes. 74 En ce qui concerne l’impact sur le comporteme nt d’achat, les femmes à nouveau, semblent avoir été plus influencées par ces publicités. Mais contrairement à ce que soutient Baker et al. (1977), hommes et femmes ont modifié leur comportement d’achat. A nouveau la moitié des hommes et des femmes ont revu à la hausse leur comportement d’achat avec la vague porno chic, et l’autre moitié à la baisse. L’intérêt était donc de savoir quelle catégorie de personnes (habitués ou nouveaux consommateurs) avait vu son comportement d’achat évolué. Et l’ensemble des personnes interrogées ayant vu leur comportement d’achat augmenter à la hausse regroupe des « nouveaux consommateurs de luxe » alors que les individus ayant diminué leurs actes d’achat sont des habitués du luxe. En conséquence, ce travail de recherche met en évidence que les femmes semblent plus influencées par les publicités à caractère sexuel que les hommes. En revanche, hommes et femmes ont modifié de la même façon leur opinion à l’égard des marques de luxe et leur comportement d’achat. 1. 2 L’âge des consommateurs Notre étude qualitative a montré que l’âge du consommateur conditionne son opinion à l’égard de la publicité. La catégorie 45-60 ans perçoit en effet beaucoup moins favorablement l’utilisation du sexe en publicité que les 2530 ans. Les résultats de notre étude quantitative viennent ici conforter cette idée. Ceci va donc à l’encontre du travail de Lundstrom et Siglimpaglia (1977), d’après qui les femmes jeunes rejettent les publicités sexuelles. L’ensemble des personnes interrogées déclare que ce type de publicité a eu un impact sur leur opinion à l’égard des marques. En revanche, les différences sont significatives en fonction des ages. Les 18-25 ans et les 2535 ans soulignent le caractère positif de cet impact. En effet, ces deux tranches d’âges sont les cibles principales du porno chic : les deux segments que cherche nt à recruter les marques de luxe. Ces résultats montrent que la stratégie des grandes marques de luxe a été efficace. Ce sont ces mêmes catégories qui ont augmenté massivement leurs actes d’achats. Les principales raisons invoquées pour expliquer cette hausse sont les suivantes : les jeunes consommateurs ont été attirées par la nouvelle image 75 des marques de luxe, à savoir une image rajeunie, moderne et beaucoup moins classique. En outre, ces éléments ont permis à cette classe d’âge d’adhérer plus facilement à l’image de la marque et de se retrouver dans ses valeurs. Enfin, cette population souligne que le caractère choc de ces publicités a permis de faire parler d’elles. Ainsi, il aurait incité les non consommateurs à visiter les magasins de luxe et à se familiariser avec les nouvelles collections. « J’ai commencé à acheter des produits Dior il y a quelques années seulement…parce qu’avant, la marque ne me plaisait pas tellement…leurs vêtements ne me correspondaient pas, je ne m’identifiais pas tellement à leur image…Mais depuis quelques années, la marque a rajeuni terriblement et son image est beaucoup plus moderne et glamour…ces publicités m’ont donc donné l’envi d’entrer dans les boutiques Dior et de voir ce qu’ils vendaient. » « J’ai bien aimé ce coté femme fatale sexy que la marque a mis de plus en plus en avant ces dernières années, qui a complètement reboosté la marque. (…) Je pense sincèrement que cela a permis à Dior et à bien d’autres marques de luxe de se refaire une nouvelle clientèle. Cela a rajeuni leur image. Les 35-45 ans, 45-60 ans et les plus de 60 ans, quant à eux, dénoncent les répercussions négatives des publicités à caractère sexuel sur leur opinion à l’égard des marques de luxe. En effet, ces publicités viennent remettre en cause le coté traditionnel et classique des marques de luxe pour imposer une image plus jeune et plus accessible de la marque. Les consommateurs initiaux ne se retrouvent donc que très peu dans cette nouvelle image et ont vu leurs actes d’achat diminuer. En effet, ces derniers dénoncent une vulgarisation des marques et expliquent leur comportement par une perte de repères et une absence d’adhésion avec la nouvelle image de marque. Ces résultats ne soutiennent donc pas le travail d’Elliott et al. (1995) pour qui les femmes plus âgées ne perçoivent pas toutes les connotations sexuelles d’une 76 publicité à caractère sexuel et par conséquent ne modifient pas leur comportement d’achat. « Au début, je n’ai plus eu envi d’acheter, je trouvais ces vêtements vulgaires. Je n’avais pas envi d’être assimilée à ce genre d’image. » « En ce qui me concerne, je n’ai pas eu envi d’acheter du Dior ces dernières années. Car je ne me retrouvais plus dans leur image. Et quelque chose que je ne désire pas, je ne l’achète pas. » 2. Publicités à caractère sexuel ou la volonté de choquer Notre travail révèle que la majorité des consommateurs se dit choquée par les publicités à caractère sexuel de l’industrie du luxe. A nouveau, des différences subsistent entre catégories de population : les habitués du luxe, et les personnes de plus de 35 ans sont plus choqué s que les nouveaux consommateurs, et les personnes âgées entre 18 et 35 ans. Ces résultats ne sont donc pas conformes aux attentes des grandes marques de luxe puisque ces dernières avaient justement pour objectif de choquer une certaine classe de population jusque là non consommatrice de produits de luxe pour ainsi être mieux mémorisées. Or ce n’est pas cette catégorie là qui s’avère le plus choquée. C’est al base de toute la stratégie des marques de luxe, à savoir l’aspect purement provocateur de ces publicités qui est remis en question par les habitués du luxe. Ceci soutient donc le travail d’Aaker, Stayman et Vézina (1988): la provocation doit être utilisée de façon prudente en publicité en fonction des cibles qu’elle touche. Nos entretiens ont permis de mettre en évidence trois facteurs susceptibles d’influencer le degré de choc ont été mis en évidence. 2. 1 Degré d’intensité sexuelle Les publicités utilisées par les grandes marques de luxe ne comportent pas toutes les mêmes connotations sexuelles. En effet, si certaines ont seulement 77 un caractère érotique (« soft »), d’autres sont davantage pornographiques (« trash »). Et le degré de sexe utilisé dans une publicité fait varier les réactions des consommateurs. Notre travail met en lumière une différence essentielle entre érotisme et pornographie. Mettre en scène des images à caractère érotique en publicité est en effet beaucoup mieux accepté que d’avoir recours à la pornographie. Pornographie est très souvent assimilé aux termes « choc » et « vulgarité » dont la connotation est très péjorative, contrairement à l’érotisme, plus souvent associé à la « sensualité » et au « glamour ». « Tant que l’on ne tombe pas dans le trash, l’absurde et le porno cru et tant que le sexe n’est pas montré de façon affiché, cela ne me dérange pas. Le coté érotique me plait plutôt au contraire…il faut juste ne pas dépasser certaines limites, c’est tout !» Les publicitaires jouent sur l’attirance physique de leurs modèles pour susciter l’excitation du public. Mais notre étude, tout comme celle de Baker (1977) et de Latour (1990), montre que si les hommes sont susceptibles de ressent ir ce type de sentiment à l’égard des publicités à caractère sexuel, les femmes ont tendance à éprouver le sentiment inverse. Notre travail de recherche recommande donc aux publicitaires de se contenter de « suggérer » la nudité et d’être moins « explicite », une utilisation abusive étant susceptible de desservir le produit mis en avant. Ces conclusions viennent conforter les résultats de l’étude de Tissier-Desbordes et Manceau (2003) et de Peterson et Kerin (1977) : si la nudité est seulement suggérée et qu’elle reste cohérente avec le type de produit promu, la publicité, le produit et la marque ont la faveur du public. 2.2 Caractère sexiste Plus une publicité a des connotations sexistes et représente la femme comme un simple objet, plus elle choque. Si la présence d’un modèle au sein d’une publicité n’est pas justifiée ou s’il n’existe aucune interaction entre ce dernier, le produit et la mise en scène alors la publicité sera remise en cause. 78 Donner une image de la femme «objet » est donc très mal considérée, en particulier par les habitués du luxe qui dénoncent très fortement cette stratégie et refusent que la seule mission de la femme soit d’être sexy, attirante et inutile (Sullivan et O’Connor, 1988). « L’image de la femme est bafouée, c’est un simple objet sexuel, c’est inacceptable et choquant, cette publicité ne donne pas envie de lui ressembler. Je ne me retrouve pas du tout dans cette personne. » « Cette jeune fille est considérée comme un simple objet de désir, c’est la représentation même de la luxure. A part cela, sa présence n’a aucun intérêt. Je trouve cela honteux ! » 2.3 Vulgarité du modèle A nouveau plus le modèle est vulgaire, plus la publicité choque. Sa vulgarité dépend de l’expression de son visage, de sa gestuelle et de l’environneme nt dans lequel il évolue. Ce sont surtout les habitués du luxe qui soulignent l’importance de ce critère. En revanche, il semblerait que donner à la femme une image sexy et moderne n’a rien à voir avec l’idée de vulgarité. Notre travail montre donc qu’il est important de poser des limites au recours à la provocation en publicité. En outre, d’après Darren et al. (2003), le choc ne doit pas être un simple moyen pour attirer l’attention du public. L e recours au sexe doit s’avérer pertinent et doit se justifier en fonction des produits qu’il met avant. 3. Pertinence des publicités à caractère sexuel dans l’industrie du luxe Notre travail montre que l’utilisation du sexe en publicité dans l’industrie du luxe est estimée pertinente par l’ensemble des consommateurs, habitués comme non habitués des produits de luxe. En effet, le luxe est considéré comme l’un des rares secteurs pouvant se permettre d’avoir recours à une telle stratégie publicitaire. Néanmoins, il semblerait que les habitués du 79 luxe, en particulier les personnes de plus de 45 ans seraient moins favorables à cette idée. Trois motifs ont été évoqués pour justifier de la pertinence des publicités à caractère sexuel. 3. 1 Justification de par la nature du produit et de ses bénéfices L’objectif des produits de luxe et de haute couture est en effet de mettre en valeur le corps humain. Fonder la communication de ces produits sur ce dernier semble ainsi justifié. En outre, les publicités à caractère sexuel de luxe supposent très souvent une adéquation entre le produit et le modèle. Si le recours au sexe dans une publicité est justifié par le produit mis en avant et par les bénéfices qu’il procure, il sera considéré comme pertinent par les consommateurs. Ces résultats viennent donc confirmer les travaux de Grazer et Keesling (1995) et Reichert et Carpenter (2004). « Les produits de luxe ont pour but de rendre la femme séduisante et surtout de l’habiller. Nous la montrer nue est donc un très bon moyen de communiquer sur les produits de luxe. » « Le luxe permet à la femme d’être sexy, de ne plus être nue et d’être ellemême. Le porno chic s’appuie justement sur la valorisation du corps humain. C’est donc un très bon support publicitaire ». La pertinence de cette stratégie est néanmoins remise en question : ce n’est que si la mise en scène est bien faite (cohérence entre le modèle, son univers et le produit) que le recours au sexe peut être justifié. Lors de nos entretiens, plus de la moitié de notre échantillon ont fait référence aux publicités d’autres produits tels que l’automobile ou les télécommunications pour mieux justifier de la pertinence du recours au sexe en publicité dans l’industrie du luxe. Ce dernier est un secteur qui s’y prête beaucoup mieux. « Il est beaucoup plus adapté de mettre en scène une femme ou un homme nu pour vendre un vêtement ou un parfum que pour vendre une voiture. 80 3. 2 Justification de par l’objectif : rajeunir l’image d’une marque Les consommateurs de luxe de la vague porno chic estiment que le sexe en publicité est un moyen efficace de rajeunir l’image parfois trop traditionnelle de certaines marques de luxe. C’est pour cette raison qu’ils sont devenus consommateurs à leur tour. Cette opinion n’est pas partagée par les habitués du luxe. Néanmoins, si ces derniers mettent en cause les mérites de cette stratégie, ils ont toutefois conscience du phénomène porno chic et de ses fins. Les habitués du luxe parlent de « réponse à une problématique marketing ». En effet, ces derniers font la différence entre deux catégories bien distinctes : les produits de luxe classiques et les produits de luxe modernes, qui ne s’adressent pas à la même clientèle et qui ne communiquent pas de la même façon en conséquence. « Les marques essaient d’attirer une clientèle fortunée de plus en plus jeune. Mettre l’accent sur le coté branché, érotique est ainsi très tendance. » 3. 3 Justification de par la recherche artistique et esthétique entreprise L’ensemble des personnes interviewées lors de nos entretiens soulignent que le luxe, et en particulier la haute couture, est une forme d’art. Par conséquent, le porno chic est un moyen adapté pour promouvoir ces produits, ce dernier répondant en effet à cette même recherche artistique. Notre travail met en évidence l’importance pour les consommateurs du caractère esthétique des publicités présentées. En effet, ces derniers mettent en avant le coté artistique de chacune des publicités. « Ces « La images mise en sont scène artistiquement a un but précis très jolies. » de séduction.» « Les jeux de couleurs avec cette luminosité sont très beaux, les couleurs, chatoyantes et contrastées ». 81 Si les nouveaux consommateurs sont très nombreux à partager cette opinion, les habitués de luxe ne sont pas convaincus de cette démarche artistique. Ils reconnaissent le caractère esthétique de ces photographies, mais ils remettent parfois en cause sa superficialité. Il semblerait que le caractère esthétique dépendrait de la publicité et du degré de sexe utilisé. Si le modèle est vulgaire et l’image trop pornographique, l’esthétique de la publicité est remise en cause. Des interrogations concernant cette stratégie subsistent néanmoins. Certains consommateurs, habitués et nouveaux, remettent en question sa validité et mettent en évidence un éventuel problème de ciblage. Le nombre de publicités à caractère sexuel est plus élevé dans les magazines féminins que dans la presse généraliste. Ce sont donc les femmes les premières touchées par le porno chic. Or vendre un parfum pour femme par le biais d’un modèle féminin nu semble donc peu adapté. « Ce genre de publicité plait aux hommes, il y a donc un vrai problème de cible car il s’agit de produits pour les femmes. Et je conçois tout à fait qu’une femme ne soit pas attirée par ce genre de publicité. » « Je lis des magazines pour hommes et peu de ces publicités y paraissent. Je pense que le problème est là en fait. La cible est mal définie et mal touchée. » Ces informations viennent en conséquence confirmer le travail de De Pelsmacker et Van Den Bergh (1996) : le recours au sexe en publicité n’est pas l’idée la plus pertinente en terme de communication. 4. Publicités à caractère sexuel et Réponses émotionnelles Comme l’ont mis en évidence Aaker, Stayman et Vézina (1988), le sens d’une publicité peut être perçu de façon totalement différente en fonction 82 des individus : si une publicité peut avoir une influence positive, elle peut également être source de mal être et de critiques. 4.1 L’agacement/ l’énervement/ l’irritation Notre travail confirme que le recours à des images à caractère sexuel en publicité suscite chez le consommateur un sentiment d’irritation face à la publicité elle- même et ainsi réduit son intention d’achat. Ce sentiment est évidemment éprouvé par une certaine catégorie de la population puisque la quasi- totalité des individus irrités par ces publicités regroupe des consommateurs habitués du luxe. L’hypothèse d’ Aaker, Bruzzone, Donald (1985), à savoir que les jeunes et non utilisateurs du produit mis en avant sont plus susceptibles de ressentir un sentiment d’irritation à son égard ne se vérifie donc pas. En revanche, notre travail supporte le fait suivant: faire appel à une scène suggestive, représenter l’infériorité d’un personnage et ne fournir aucune information sur le produit influence le niveau d’irritation des consommateurs envers la publicité (Aaker et Bruzzone, 1985) . « J’éprouve un sentiment d’agressivité à l’égard de la publicité Dior. » « Utiliser notre instinct bestial pour faire vendre me semble honteux. Ces publicités m’agacent et m’interloquent. Elles n’ont aucun sens. » Les individus irrités par ces publicités ont une opinion négative des marques de luxe et viennent ainsi modifier à la baisse leur comportement d’achat. 4. 2 L’excitation Chez d’autres (seulement 4,3% de la population interrogée), en particulier chez les hommes, et le plus souvent chez les nouveaux consommateurs de luxe, les publicités à caractère sexuel peuvent susciter de l’excitation. Le coté exhibitionniste et attirant a été cité plusieurs fois pour justifier ce sentiment. Il semblerait que le niveau d’excitation augmenterait si le modèle 83 n’est pas seul et s’il est entouré d’autres modèles, du même sexe ou du sexe opposé. « J’aime ce petit coté un peu érotique et exhibitionniste. Je trouve cela moderne. » Ceci confirme le travail de Schudson (1984), d’après qui la publicité est un moyen de rentrer dans le moi du consommateur, de susciter le désir et de faire appel à son intimité. 4. 3 La répulsion En outre, certains (7,7% de la population interrogée) dénoncent l’aspect répulsif des publicités à caractère sexuel, en particulier les habitués du luxe, femmes, de plus de 35 ans. Ce sentiment dépend majoritairement du degré de sexe utilisé dans la publicité: la vision d’une femme presque nue déplait particulièrement surtout lorsqu’elle est entourée d’un individu du sexe opposé. « Cette publicité de Yves Saint Laurent m’inspire le dégoût. » « J’éprouve même de la répulsion à la vision de cette femme nue. » 4.4 L’indifférence Certains sont indifférents (7,7% de la population interrogée) à ces publicités et ces dernières n’influencent aucunement leur comportement d’achat. La majorité des personnes indifférentes sont néanmoins des habitués du secteur du luxe. La plupart du temps, ces personnes ne prêtent pas attention à la publicité en général. 4.5 L’incompréhension 17,4 % de la population interrogée déclarent n’avoir pas compris les fondements de la stratégie des marques de luxe. Ce sont principalement les habitués du luxe qui éprouvent ce sentiment. En effet, l’utilisation du sexe 84 en publicité du jour au lendemain dans l’industrie du luxe a suscité de vives réactions et beaucoup d’incompréhensions. Ce résultat vient contredire l’hypothèse de pertinence des publicités à caractère sexuel. Pourquoi ressentir ce sentiment d’incompréhension si le recours au sexe est considéré pertinent ? Nous pouvons déduire de cela que les habitués du luxe ont du mal à trouver une cohérence et une signification à cette stratégie (Baker et al ; 1977 ; Chestnut et al. ; 1977). 4.6 Le rire Pour d’autres (6,1% de la population interrogée), l’utilisation du sexe en publicité a suscité le rire. Ce sont majoritairement les nouveaux consommateurs qui soulignent le caractère humoristique d’une telle stratégie. En effet, ces derniers apprécient le coté décalé et second degré de ces publicités. Cette catégorie de population, elle aussi, n’attache pas une attention particulière à la publicité en général. 4.7 La surprise Enfin, les 15,6 % restants de la population interrogée se déclarent surpris par la stratégie des marques de luxe. En effet, il s’agit d’un changement très radical du mode de communication des marques de luxe. Nouveaux consommateurs et habitués du marché de luxe éprouvent tous deux ce sentiment puisque des deux cotés cette stratégie était très inattendue. 5. Publicités à caractère sexuel et Impact mémoriel Au début de la vague porno chic, les publicités à caractère sexuel ont exercé un réel impact sur la mémoire des consommateurs, consciemment ou inconsciemment. Les trois quarts des personnes interrogées lors de nos entretiens se souvenaient avoir vu plus des 2/3 des publicités leur étant présentées pendant l’interview. Pour certains, seules les publicités choquantes et très extrêmes étaient susceptibles d’être mémorisées. Ceci vient confirmer le travail de Vézina (1997) : de part son caractère choquant, la provocation incite à la controverse et permet à la marque d’être 85 mémorisée plus facilement par les consommateurs. Notre travail vient conforter celui de Thorson, Chi et Leavitt (1992) qui ont mis en évidence l’impact sur la mémoire des publicités faisant appel aux émotions. « Les publicités vont m’influencer si elles sont soit trop belles, soit trop provocantes, dans l’excès en fait. » Pour d’autres, ce processus n’est qu’inconscient. « Inconsciemment, ce type de publicité a peut être pu m’inciter à mémoriser et à me souvenir plus facilement d’une marque que d’une autre. » En outre, il semblerait que le degré d’originalité peut avoir un impact sur la mémoire des consommateurs (Chestnut et al, 1977 ; Belch et al, 1981 ; Dudley, 1999 ; Reichert et al, 2001). De plus, pour captiver le consommateur, une publicité doit susciter un intérêt. « En référant à quelque chose de connu, ou que j ai envi de connaître ou qui me passionne, une publicité réussit à me captiver. » Néanmoins, ces résultats demeurent mitigés : en effet, habitués du luxe et nouveaux consommateurs ne partagent pas tout à fait le même avis. Les habitués du luxe ne sont pas persuadés de l’impact que peut exercer les publicités provocatrices sur leur mémoire. « Certaines publicités sont très charismatiques et n’ont absolument aucun rapport avec le sexe. ». 86 Si le nombre de publicités dans les magazines ne cesse d’augmenter, les publicités à caractère sexuel, tout particulièrement, occupent une place prépondérante. D’après notre étude qualitative, environ 60% des publicités paraissant dans les magazines ont une orientation sexuelle, de degrés différents cependant. L’ensemble de l’auditoire remet en cause la prépondérance de ces publicités dans les magazines. L’effet désiré, à savoir choquer et créer un avantage comparatif, n’existe plus, toutes les publicités sont semblables. Si une grande majorité souligne l’impact du sexe en publicité sur leur mémoire au début de la vague porno chic, plus des 2/3 déclarent que ces publicités ont un impact moindre sur leur mémoire de nos jours. Et cet impact est encore plus faible pour les habitués du luxe. 6. Publicités à caractère sexuel et Image de marque Le recours au sexe en publicité est perçu de façon différente par les consommateurs. Mais néanmoins les sentiments éprouvés à l’égard de ces publicités se répercutent sur leur opinion à l’égard de la marque. Comme le soulignait Pashupati (2003), il existe bien une relation entre publicité et marque. En effet, la population regroupant les nouveaux consommateurs de luxe parle d’un impact positif des publicités à caractère sexuel. Quant à la population regroupant les habitués du luxe, elle met en lumière les répercussions négatives d’une telle stratégie. Les publicitaires ne peuvent se satisfaire de créer des publicités irritantes pour permettre aux consommateurs de les mémoriser (Pashupati, 2003). Les marques de luxe se sont donc segmentées en deux catégories bien distinctes, ciblant deux clientèles tout à fait différentes. Certaines se sont donc retrouvées dans cette nouvelle catégorie : la catégorie de la femme moderne, sexy et délurée. « Maintenant, j’adore l’image que Dior donne de la femme : moderne, sexy et dynamique. Je m’y retrouve beaucoup plus qu’il y a quelques années… » 87 Et d’autres ont peu à peu perdus leurs repères avec la marque et ne se retrouvent plus dans son image. Les femmes sont « déçues » par leurs marques favorites. Notre travail vient donc confirmer les travaux précédents : les publicités à caractère sexuel entraînent une réponse négative des consommateurs vis-à-vis de la publicité elle-même et de la marque (Latour, 1990 ; Reichert et al., 1999 ; Reichert, 2002 ; Mittal et Lassar ; 2000). « Je n’avais pas envi d’être assimilé à ce genre d’image. Je reste néanmoins un peu perplexe et j’ai été très déçue par la marque. » « Je n’ai pas envi de m’identifier à ces femmes, beaucoup trop bimbos, sexy, vulgaires et délurées, rien à voir avec moi. » Pour d’autres, mais pour une minorité, le sentiment est mitigé. La nouvelle image sur laquelle la marque communique offre un brin de fraîcheur et de jeunesse aux collections classiques également. « Au contraire, d’une certain coté, je suis contente de voir que des jeunes femmes s’habillent en Dior, et que la marque n’est pas seulement réservée à des femmes comme moi ! » 7. Publicités à caractère sexuel et Comportement d’achat Comme le soulignaient Berger et Mitchell dans leurs recherches (1989), c’est l’opinion que forme le consommateur à l’égard de la publicité qui intervient dans sa décision d’achat. Notre travail vient confirmer cette hypothèse. Il existe bien une relation entre publicité et comportement d’achat. 88 En outre, notre étude montre que la plupart des individus ayant souligné un impact négatif / positif des publicités sexuelles sur leur opinion à l’égard des marques ont également modifié leur comportement d’achat. Par conséquent, le lien marque / comportement d’achat existe bien. « On achète en fonction de l’image à laquelle on se réfère. Les publicités vulgaires et choquantes ont forcément des répercussions négatives. En ce qui me concerne, je n’ai plus eu envi d’acheter du Dior ces dernières années. Je ne me retrouvais plus dans leur image. » A nouveau, deux catégories se distinguent : les nouveaux consommateurs de luxe et les habitués du luxe. La majorité des habitués du luxe déclarent avoir modifié à la baisse leur comportement d’achat depuis la vague porno chic, alors que les nouveaux consommateurs ont augmenté logiquement leurs actes d’achats. Ceci vient donc confirmer partiellement les travaux de Dudley (1999), Grazer et Keesling (1995) et Severn et al (1990) : les publicités à caractère sexuel permettent de modifier le comportement d’achat du consommateur de façon positive. Comme nous l’avons vu précédemment, les principales raisons invoquées pour expliquer cette hausse du comportement d’achat sont les suiva ntes : les publicités à caractère sexuel ont permis de rajeunir la marque. En outre, elles ont contribué à une meilleure adhésion du consommateur avec l’image de la marque. Enfin, elles ont incité des novices en luxe à visiter les nouvelles collections. « En ce qui me concerne, moi cela m’a séduit et ma copine également. En fait cela m’a donné l’envi de voir ce qu’il y avait dans leurs magasins, de les connaître. » En outre, les principales raisons invoquées pour expliquer cette baisse du comportement d’achat des habitués du luxe ont été : le sentiment de perte de 89 repères et d’adhésion avec l’image de la marque comme nous l’avons expliqué précédemment, lié très souvent avec le sentiment de vulgarisation de la marque ; et l’image de la femme bafouée. Ce sont les deux premières raisons les plus souvent citées néanmoins. Les publicités à caractère sexuel ont poussé certains consommateurs à boycotter leurs marques. En effet, le taux de boycott des grandes marques de luxe au début de la vague porno chic était de 58,8 %. Quelques années après la vague porno chic, celui-ci a diminué puisque seulement 17, 3 % des habitués du luxe ayant commencé à boycotter certaines marques au début de la vague porno chic continuent à boycotter ces mêmes marques de nos jours. « Au début, cela a eu des répercussions négatives sur mon comportement d’achat mais je suis rapidement resté fidèle à mes magasins favoris. » « Au début, je n’ai plus eu envi d’acheter, je trouvais ça vulgaire. (…) Mais rapidement, je suis revenu à mes premières amours, car j’aime tout simplement ces vêtements. » La vague porno chic a donc été la source de nombreux rebondissements. Si les consommateurs de luxe ont tout de suite voulu marquer leur mécontentement, rapidement, ils ont changé d’avis. Ceci est souvent lié à une prise de conscience du phénomène. En effet, les habitués du luxe ont pour la plupart compris la stratégie des marques, à savoir toucher une nouvelle population tout en conservant leurs clientèle s initiales. « La seule différence c’est que nous n’achetons pas les mêmes produits. Le porno chic a donc contribué à séparer en quelque sorte la marque en deux. ». Les marques de luxe visent en effet à satisfaire deux segments bien distincts de la population, les jeunes et les plus classiques. 90 Section 2 : Les limites et voies de recherches Notre travail comporte certaines limites. L’objectif de ce dernier visait à mettre en évidence l’impact du recours au sexe en publicité. Or le sexe est un sujet plus ou moins tabou au sein de notre société. En conséquence, il nous a semblé difficile lors de nos entretiens de pouvoir parler librement avec nos interlocuteurs de ce sujet et d’obtenir le maximum d’informations. Nous aurions souhaité pouvoir effectuer nos interviews soit au domicile des personnes interrogées, soit dans un endroit de tout confort afin de privilégier notre relation avec l’interviewé, ce qui n’a pas été le cas pour des raisons techniques. En outre, notre questionnaire a été administré à 230 personnes. Ce nombre est limité car il nous a été parfois très difficile de trouver des personnes à interroger. En effet, il s’agit d’une cible assez spécifique. Et nous avons tenté tant bien que mal de réunir à la fois des nouveaux consommateurs de luxe ainsi que des habitués. C’est pour cela que la catégorie « consommateur de luxe depuis moins d’un an » existe, regroupant les individus n’appartenant pas à ces deux catégories. De plus, dans notre analyse quantitative, nous avons essentiellement pris en compte la variables « Premiers achats de produits de luxe ». Nous n’avons pas tenu assez compte de la variable « Fréquence des achats ». Nous avons ainsi fondé notre recherche sur des résultats de consommateurs ponctuels de luxe, peu concernés par le porno chic. Les résultats ne sont donc pas entièrement valides. Enfin, concernant l’analyse des données, certains des résultats de nos tests statistiques ont été biaisés. En effet, les règles du chi2 ne sont pas toujours applicables. Pour que le test soit fiable, il faut que l’effectif attendu pour chaque case du tableau soit supérieur à 5 : ce test est assez sensible à la taille de l’échantillon. Or dans la majorité de notre analyse, nous avons du analyser des tableaux dont certaines cases étaient bien inférieures à 5. Il aurait bien sur été très intéressant de mener cette étude au début de la vague porno chic. En effet, ce travail de recherche intervient un peu 91 tardivement dans le sens où les sentiments des individus à l’égard des publicités à caractère sexuel se sont modifiés. Leurs réponses ne sont donc pas toujours objectives et spontanées. Afin d’enrichir ce travail, il serait judicieux de rencontrer des grands noms du luxe, de discuter de leur stratégie marketing et d’obtenir des résultats chiffrés du succès ou de l’échec du porno chic. Enfin, il serait également intéressant de mener cette étude au niveau national, et non se limiter seulement à Paris ou à Lyon. Des réponses plus variées pourraient ainsi être mis en évidence. 92 Conclusion générale Notre travail de recherche met en évidence des changements non négligeables dans le monde du luxe du fait de la vague porno chic. En effet, les grandes marques de luxe ont réussi à atteindre leurs objectifs en terme de recrutement: ces dernières se sont élargies à un public nouveau, plus jeune et plus moderne. Dans cette optique, elles ont su changer leur image et ainsi communiquer différemment. Le pari semble avoir été gagné puisque de nombreux non consommateurs de luxe, hommes et femmes, sont devenus des fidèles après la vague porno chic. Cette dernière, de par son caractère provocateur, a permis aux marques de faire parler d’elles. En outre, elle a contribué à rajeunir leur image classique et traditionnelle et à donner envi au public de connaître les nouvelles collections de luxe. En revanche, cette vague a eu des répercussions très négatives sur la clientèle traditionnelle de luxe. Celle-ci s’est avérée très surprise et agacée par la nouvelle façon de communiquer des marques. Les raisons invoquées sont avant tout la perte d’identification avec l’image que cherchait à diffuser les marques de luxe, et la vulgarisation de ces dernières. Celles-ci ont été discréditées et ont perdu temporairement une partie de leur clientèle d’origine. Cependant, les consommateurs de luxe ont pris conscience peu à peu de leur stratégie et sont rapidement redevenus fidèles. Néanmoins, tous ont conscience de la segmentation qui s’est opérée au sein de chaque marque. Le luxe s’adresse maintenant à une population plus large. Les publicités à caractère sexuel se multiplient ces dernières années et n’obtiennent plus l’effet escompté : choquer. Elles attirent moins l’attention et sont plus difficilement mémorisées. Récemment, les grandes marques de luxe sont revenues à des publicités plus classiques, érotiques et non pornographiques. Le haut de gamme a donc su garder ses valeurs tout en s’adaptant au marché. 93 Bibliographie Aaker D. A. et Bruzzone D. E. (1985), Causes of irritation in advertising, Journal of Marketing, 49, 2, 47-57 Aaker D.A., Stayman D. et Vézina R. (1988), Identifying feelings elicited by advertising, Psychology & Marketing, 5, 1, 1-16 Adam J.M. et Bonhomme M. (1997), L’argumentation publicitaire, rhétorique de l’éloge et de la persuasion, éds. Nathan Université, Paris, 199-213 Alba, Hutchinson et Lynch J.G. (1991), Memory and Decision Making, eds. Englewood Cliffs, NJ: Prentice-Hall, 1-49. Andersson S., Hadelin A., Nilsson A. et Welander C. 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Quels sont les sentiments que vous ressentez lorsque vous visionnez ce type de publicités ? 2. L’utilisation du sexe en publicité affecte-t-elle vos émotions? Si oui, de quelle manière ? 3. Etes-vous choqué par ces images ? Si oui, de quelle façon ? 4. Qu’est ce qui vous plait et vous déplait ? Pouvez-vous donner des exemples ? 5. Que changeriez- vous dans ces images afin qu’elles vous plaisent davantage? 6. Que pensez- vous de l’esthétique de ces images? 7. Imaginons que vous êtes une consommatrice assidue de produits Dior. Vous visionnez cette publicité sur un magazine. Quelles sont les répercussions sur votre opinion à l’égard de la marque Dior et sur votre comportement d’achat ? 8. L’utilisation du sexe pour promouvoir ce type de produits vous semble-t-elle pertinente ? 9. Quels sont les impacts de ce type de publicité sur votre mémoire ? Les mémorisez- vous plus facilement ? 10. A quelle fréquence par mois voyez vous des publicités dans les magazines ? 11. A quelle fréquence par mois voyez vous ce type de publicités dans les magazines ? 104 12. En quelques mots, pouvez-vous me dire si vous vous sentez manipulée par ce type de publicité ? 13. D’après vous, dans quelle mesure le sexe et la nudité doivent être utilisés de façon ouverte en publicité ? 14. Enfin, pouvez-vous dire lesquelles de ces publicités vous préférez? Pourquoi ? 105 - Annexe 2 Panel de publicités utilisé pour mener l’étude qualitative Publicité n°1 : 106 Publicité n°2 : 107 Publicité n°3 : Publicité n°4: 108 Publicité n°5 : Publicité n°6 : 109 Publicité n°7: Publicité n° 8 : 110 Publicité n°9 : Publicité n°10 : 111 Publicité n°11 : Publicité n°12: 112 Publicité n°13 : Publicité n°14 : 113 - Annexe 3 - Questionnaire utilisé pour mener l’étude quantitative 114 - Annexe 4 - SEXE Masculin Féminin TOTAL OBS. AGE 18-25 ans 25-35 ans 35-45 ans 45-60 ans Plus de 60 ans TOTAL OBS. Nb. cit. Fréq. 96 134 230 41,7% 58,3% 100% Nb. cit. Fréq. 46 69 46 39 30 230 20,0% 30,0% 20,0% 17,0% 13,0% 100% Premiers achats de produit de luxe < = 1 an 1 - 5 ans > 5 ans TOTAL OBS. PRODUIT DE LUXE ACHETES 0-1 1-3 3-5 5 et + TOTAL OBS. Nb. cit. Fréq. 9 82 139 230 3,9% 35,7% 60,4% 100% Nb. cit. Fréq. 52 106 51 21 230 22,6% 46,1% 22,2% 9,1% 100% 115 - Annexe 5 Document intermédiaire, première étape de la recherche Document intermédiaire La mise en scène d’images à caractère sexuel en publicité dans l’industrie du luxe PAR: Agathe NOVA [email protected] JURY: Jean-Eric PELET Décembre 2004 116 Sommaire 1. Note de synthèse 2. Grille d’hypothèses et méthodologie associée 3. Guide d’entretien 4. Synthesis of our work 5. Références bibliographiques 6. Fiches de lecture 117 Note de synthèse L’hétérogénéité des réactions des consommateurs à l’égard de la publicité ne permet pas d’identifier pleinement son rôle et l’intensité de ses effets. Provoquant à la fois des sentiments ambivalents et extrêmes chez chacun d’entre nous, elle est aussi bien capable de soulever des réactions très positives que de susciter un profond mal-être chez le consommateur (Aaker, Stayman, Vézina, 1988). Ses effets sont conditionnés par le type de message mis en avant et par la façon dont il est mis en scène. Faire appel à un désagrément physique ou moral, à une scène suggestive, représenter l’infériorité d’un personnage et ne fournir aucune information sur le produit est facteur du niveau d’irritation des consommateurs envers la publicité. En outre, une publicité ne sera pas perçue de la même façon par tous les segments de population. Des données d’ordre socioéconomiques et démographiques entrent en jeu : les classes sociales de niveau supérieur, les jeunes et les non utilisateurs du produit mis en avant sont plus susceptibles de ressentir un sentiment d’irritation à son égard. (Aaker et Bruzzone, 1985). Afin de répondre aux exigences d’un contexte très concurrentiel, les publicitaires ont décidé, depuis le début des années 70, de jouer sur les sentiments des consommateurs et de mettre en scène dans la publicité une certaine forme de provocation, ce afin de mieux se différencier. De part son caractère choquant, la provocation incite à la controverse et permet à la marque d’être mémorisée plus facilement par les consommateurs (Vézina, 1997). Choquer permet de retenir leur attent ion et de susciter chez eux une activité cognitive, permettant de mieux leur faire mémoriser le message diffusé. En revanche, son efficacité en publicité dépend de la cohérence entre le message et sa mise en scène (Darren, Frankenberger, Manchanda, 2003). Avides de provocation, les publicitaires ont alors pris d’assaut l’image de la femme, sujet qui a toujours été des plus sensibles, et l’exploitation de sa nudité. En effet, la femme demeure la cible de nombreux stéréotypes, sa personnalité et son rôle au sein de la société ayant été difficilement reconnus 118 par les hommes pendant très longtemps. Considérées comme des «objets sexuels » avant tout, elles ont souffert d’un réel manque de crédibilité. Et c’est cette image précise que les publicitaires ont très tôt décidée de mettre en scène. L’utilisation de l’image de la femme et le recours à des images à caractère sexuel ont alors fait leur apparition et sont devenus parfois l’essence même des stratégies publicitaires. (Lundstrom, 1977). Les explications quant à son origine varient selon les auteurs. Pour certains, elle résulte des revendications des femmes elles- mêmes : à l’époque, ces dernières se considéraient minoritaires et militaient pour un droit à la parole et un droit à l’image. Afin de se renouveler, les publicitaires se sont emparées de cette revendication et en ont fait un véritable phénomène de mode en faisant apparaître la femme dans toute sa nudité (Klein, 2001).Pour d’autres, mettre en scène l’image de la femme en publicité répondrait plus à un souci de cohérence avec les attentes des consommateurs, des messages sur le thème de l’érotisme par exemple étant seuls capables de séduire un public avide de superficialité (Gérard, 1972). Cette stratégie, non sans risque, a fait l’objet d’un grand nombre de recherches, les effets qu’elle entraînerait n’étant pas des moindres. Les études menées sur ce sujet mettent en évidence des résultats assez contradictoires. Les consommateurs,en général plus les femmes que les hommes, ne percevraient pas de façon favorable la publicité elle- même, et répercuteraient cette opinion négative sur le produit mis en avant et sur la marque. Cette critique se base essentiellement sur l’utilisation gratuite de l’image de la femme. Suggérer simplement la femme dans son intimité demeurerait plus acceptable néanmoins (Peterson, 1977). En outre, avoir recours à une telle stratégie publicitaire influerait directement sur le comportement d’achat des consommateurs : la vue d’une publicité ayant recours au sexe de façon gratuite pour vend re un produit réduirait leur intention d’achat, particulièrement chez les femmes. Ce concept irait à l’encontre de leurs valeurs, de leur culture et des normes imposées par la société (LaTour, 1994). Pour d’autres, avoir recours à cette stratégie rendrait flou le contenu du message diffusé dans la publicité et ne permettrait, pas plus qu’une publicité « neutre », de retenir l’attention des consommateurs sur la marque. En revanche, elle serait perçue de façon favorable et aurait des répercussions 119 positives sur les intentions d’achat des consommateurs, sans pour autant renforcer le lien avec la marque (Severn, 1990). Néanmoins, le recours au sexe en publicité semblerait être accepté à plusieurs conditions. Si la façon dont le message est mis en avant – utilisation de la nudité de la femme – reste congruent avec le type de produit, alors la mise en scène de l’image féminine ne sera pas considérée comme gratuite et sera perçue positivement par les consommateurs. En outre, si elle simplement suggérée, la nudité ne sera pas rejetée (Peterson, 1977 ; Tissier-Desbordes et Manceau, 2003). Les femmes sont particulièrement réticentes à l’usage de leur nudité si le modèle qui les représente est évoqué sans humanité, sans humour, et simplement de façon superficielle (Tissier-Desbordes et Manceau, 2003). Les publicitaires ne voient pas de limites à leur travail et se prétendent artistes avant tout. Or aller à l’encontre des normes établies et mettre en scène les tabous de la société ne sont pas leurs rôles. La publicité n’est pas l’œuvre d’une personne et répond en outre à des exigences économiques. Il semble donc difficilement concevable de l’associer à l’art, activité gratuite et résultante d’une seule personne, l’artiste. Les travaux effectués auparavant portent en géné ral sur les conséquences directes du recours au sexe en publicité mais ne se concentrent pas sur un secteur précis. L’intérêt de notre travail est donc d’étudier l’influence de cette stratégie sur un secteur en particulier, ce afin de pouvoir établir une véritable corrélation entre publicité, marque, produit et comportement d’achat et d’analyser son efficacité. Il nous semblait donc logique de cibler notre étude sur un secteur fondant toute sa stratégie publicitaire sur ce principe ces dernières années : l’industrie du luxe. Depuis le milieu des années 90, les principales marques de haute couture et de luxe, Dior, Gucci, Yves Saint Laurent ou Versace ont réinventé leurs stratégies publicitaires. Lasses de ne vendre leurs produits qu’à un segment limité de la population depuis des années ou conscientes de l’évolution de leur clientèle, les marques de luxe ont voulu marquer les esprits et rajeunir leur image. Afin de cibler une population plus large, le « porno chic » est 120 alors apparu, « puisant son inspiration dans les codes pornographiques » et mettant en scène plus particulièrement la nudité de la femme (Lugrin, 2002). Dans l’ensemble, les études réalisées soulignent l’opinion très défavorable des femmes envers les publicités ayant recours à des images à caractère sexuel (Peterson et Kerin, 1977, Grésy, 2003) Quelle est donc l’opinion des consommateurs face à cette stratégie publicitaire qui vise à révolutionner les marques de luxe ? Qu’en pensent les consommateurs réguliers et fidèles à l’industrie du luxe et les consommateurs potentiels que cette nouvelle stratégie cherche à « recruter » ? Ont-elles une influence sur leur opinion à l’égard de la marque, du produit et sur leur comportement d’achat ? Est-ce seulement un sentiment d’irritation à l’égard de la publicité en général ? En outre, les produits de luxe résultent du travail de créateurs : créer un vêtement ou ce que dégage un parfum est le résultat d’un certain travail artistique. Mais la publicité de ces produits peut-elle se permettre de prendre la forme d’un art à part entière ? Avoir recours à la nudité de la femme est- il congruent avec les produits de luxe ? Comment l’industrie du luxe s’est alors emparée de la publicité provocatrice à la fin du XX ème siècle ? Comment a-t-elle décidé de changer sa stratégie publicitaire pour recruter un nouveau segment de la population ? La mise en scène d’images à caractère sexuel dans la publicité est-elle une stratégie efficace et logique pour attirer une nouvelle clientèle en particulier dans l’industrie du luxe ? Afin de pouvoir bâtir un modèle conceptuel du comportement des consommateurs à l’égard des publicités de l’industrie du luxe, nous mettrons en place une étude qualitative (entretiens semi-directifs). Les éléments de réponses fournis nous permettront d’établir nos hypothèses. Un questionnaire viendra par la suite les infirmer ou les confirmer. 121 Grilles d’hypothèses et méthodologie associée La mise en place d’un guide d’entretien semi-directif nous permettra de mettre en évidence les caractéristiques des réactions des consommateurs à l’égard de la publicité dans le domaine de luxe. L’analyse des éléments de mettre en place une étude quantitative. Afin d’éclairer notre démarche, voici une liste d’hypothèses que nos recherches pourraient venir confirmer ou infirmer. Il est évident que nous ne pouvons pas pour l’instant élaborer des hypothèses précises, notre étude qualitative ne s’étant pas encore déroulée à ce jour. Il s’agit donc seulement d’une proposition d’éléments d’étude que nous supposons indispensables à tester. Hypothèse 1 : Le recours au sexe dans les publicités de l’industrie du luxe n’est pas perçu de façon favorable par les consommateurs réguliers et fidèles de luxe. Cette mauvaise image conduit à une perte de repères et se répercute sur les produits eux- mêmes et sur la marque, et entraîne une certaine perte de confiance. Hypothèse 2 : Le recours au sexe dans les publicités de l’industrie du luxe n’est pas perçu de façon favorable par les consommateurs potentiels, « non utilisateurs du produit », ce qui réduit leur enclin à acheter des produits de luxe et à diriger leurs actes d’achat vers la marque. Hypothèse 3 : Le genre des consommateurs conditionne leur opinion à l’égard de la marque ayant recours au sexe en publicité et des produits ainsi que leur comportement d’achat. 122 Hypothèse 4 : L’âge des consommateurs conditionne leur opinion à l’égard de la marque ayant recours au sexe en publicité et des produits ainsi que leur comportement d’achat. Hypothèse 5 : Ce n’est pas le recour s à des images sexuelles en publicité qui réduit l’intention d’achat des consommateurs de luxe. C’est un sentiment d’irritation face à la publicité globalement. Hypothèse 6 : Le luxe, de part sa recherche de l’esthétisme, est considéré comme une certaine forme d’art par les consommateurs. Le recours au sexe dans la publicité semble logique : il s’agit d’une démarche artistique pour mettre en avant des produits. Il y a bien congruence entre le produit et la façon dont il est mis en avant. 123 Guide d’entretien La première partie de notre étude consistera à mettre en place des entretiens semi directifs. Il s’agira en fait d’interviewer une certaine cible de personnes et de leur montrer un corpus de publicités que nous aurons sélectionné auparavant. Le but de notre étude étant de mettre en lumière la façon dont les images à caractère sexuel sont perçues par les consommateurs en publicité et viennent influencer leur comportement d’achat, il nous semble important d’analyser les réactions spontanées de ces derniers à la vue de publicités ayant recours au sexe. 1. La première étape consistera donc à sélectionner dans la presse notre corpus de publicités. Afin de tester l’incidence du sexe en publicité dans l’industrie du luxe, nous sélectionnerons nos publicités en fonction des critères suivants : ð Média utilisé : tous supports, presse écrite et publicités TV diffusées en France, ce afin de cerner tous les effets du recours au sexe en publicité et de balayer un large éventail de publicités. Nous limiterons notre panel de publicité à la France car nous voulons que les personnes interrogées n’aient eu accès qu’aux publicités diffusées en France, pour ne pas biaiser les résultats. ð Produits mis en avant : produits de luxe essentiellement féminins (haute couture, parfums), domaines à préciser. ð Intensité d’images à caractère sexuel dans la publicité : en effet, nous choisirons des publicités mettant en scène des images à caractère sexuel de niveaux différents (absent, faible, fort). Les publicités peuvent présenter des hommes, des femmes ou des couples. ð Esthétique de l’image 124 2. La deuxième étape consistera à former un corpus de publicités « truquées » (presse écrite) : nous choisirons des publicités de luxe ayant recours au sexe de façon assez forte. Nous cacherons le produit et la marque et remplacerons cette dernière par une marque de prêt-à-porter par exemple. Seule l’image et la façon dont le message est diffusé seront conservées. Nos entretiens seront réalisés auprès d’hommes et de femmes, de 20 à 80 ans approximativement, de catégories sociales supérieures, achetant ou ne achetant peu ou presque des produits de l’industrie du luxe, et habitant la région parisienne. 3. La troisième étape sera la suivante : afin de pouvoir cibler notre panel de consommateurs, nous effectuerons un questionnaire des plus brefs dans les rues parisiennes où les grands magasins de luxe sont localisés ainsi qu’auprès des principales parfumeries. Nous sommes parfaitement conscients qu’acheter un parfum de la marque Dior ou Yves Saint Laurent n’est pas réservé à une population d’un niveau social supérieur. Nous estimerons donc arbitrairement qu’une personne est plus « acheteuse » de luxe qu’une autre : elle ne limitera pas ses achats à un parfum des marques citées précédemment par an mais à plusieurs achats (dont au moins un ou deux autre que le parfum). Nous évaluerons donc si elle est une consommatrice régulière de luxe en fonction de la fréquence de ses achats. Ce questionnaire se composera des questions suivantes : ð « Achetez- vous des produits de luxe ? » ð Si oui, « à quelle fréquence et quels types de produits ? » ð Si non, « Est-ce la barrière financière qui influence votre décision d’achat ? » ð Si oui, fin du questionnaire. Si non, question suivante. ð « Seriez-vous susceptib le d’acheter des produits de luxe ? » ð Si non, fin du questionnaire. Si oui, question suivante. ð « Est-ce que les produits de luxe vous plaisent ? » ð Si non, fin du questionnaire. Si oui, question suivante. 125 Le but de ce questionnaire est de regrouper deux types de population : une population acheteuse régulière et fidèle de luxe et une autre effectuant de très rares ou même aucun achat de luxe, mais attirée par ce secteur et ayant les moyens de s’acheter des produits de luxe. 4. Une quinzaine de personnes, ho mmes et femmes, par catégorie, sera sélectionnée. C’est eux qui seront interviewés par la suite lors de notre quatrième étape. Le motif de l’interview prétexté aux deux populations sera le suivant : une étude sur le secteur du luxe. Il s’agit en effet de ne pas révéler les intentions premières de l’étude pour ne pas fausser les résultats. Les interviews seront effectuées soit au domicile des personnes interrogées, soit dans un endroit de tout confort. L’intérêt est en fait de privilégier la relation avec l’interviewé. En effet, le sexe étant un sujet délicat et sensible dont les individus ne parlent pas forcément très librement dans notre société, nous souhaitons installer une atmosphère de confiance et de sécurité. Chaque entretien sera enregistré sur dictaphone. Deux types d’interviews, en fonction des deux types de personnes interrogées, auront lieu. Les questions seront similaires néanmoins. Afin de mettre en lumière le lien direct entre publicité et comportement d’achat, nous présenterons aux personnes interrogées les publicités que nous aurons truqués et nous leur poserons les questions suivantes. Ces questions se préciseront par la suite. ð « Que pensez- vous de cette publicité ? » ð « Etes-vous choqué par ce type de publicité ? » ð « Quels sont les élément s qui vous plaisent dans cette publicité ? » ð « A votre avis, quels produits et quelles marques pourraient être mis en avant de cette façon ? » ð « Pourriez- vous acheter un produit qui vous plaît mis en avant par une publicité ayant recours au sexe ? » ð « Sans connaître la marque de ce produit, en admettant qu’il vous plaise, pourriez- vous l’acheter ? » 126 L’intérêt est donc de mettre en évidence la relation entre publicité, marque et comportement d’achat. Ne connaissant pas les produits et les marques mis en avant par ces publicités, les personnes interrogées donnent leur opinion à l’égard du type de message utilisé et les réactions qu’il suscite. Leurs réponses ne sont pas biaisées et sont plus objectives. La deuxième partie de l’interview se basera sur les publicités de luxe. Les questions suivantes seront posées : ð « Que pensez- vous de cette publicité ? » ð « Quels sont les sentiments que vous ressentez à la vue de cette publicité ? » ð « Quels sont les éléments qui vous plaisent dans cette publicité ? » ð « Est-ce que la publicité vient influencer votre comportement d’achat en général? » ð « Est-ce que ce type de publicité vient influencer votre comportement d’achat ? » ð « Achèteriez- vous ce produit si vous le pouviez / vouliez ? » ð « Pensez- vous que la façon dont est mis en scène ce message est adaptée au produit mis en avant ? » ð « Quels sont vos sentiment à l’égard de la marque qui a recourt à ce type de publicité ? » ð « Quels sont d’après vous ses intentions ? » L’intérêt de cette interview est de mettre en évidence la relation qu’il existe dans l’industrie du luxe entre publicité, marque et intention d’achat. Un questionnaire ciblant une population, tenant compte des résultats apportés par l’étude qualitative réalisée précédemment viendra vérifier les hypothèses que nous aurons élaborées. 127 Synthesis of our work The wide range of consumers’ attitudes toward advertising does not help us to identify clearly its real role and the strength of its effects. Advertising gives rise to different kind of feelings, very ambivalent and very extreme ones. It can not only lead people to feel very positive and delighted but it can also create a very irritating feeling (Aaker, Stayman, Vézina, 1988). The effects of an advertisement are governed by the type of appeal it uses and by the way it is executed. “Irritation levels are hypothesized to be higher when physical discomfort or tensions are shown, a person is being put down, or there is a suggestive scene.”(Aaker and Bruzzone, 1985). No product information in advertising can also lead to increase irritation. Moreover, advertising is not perceived in the same way by all the segments of population. Socio economical and demographical data have to be taken into account: higher social class, youngsters and product non-users are more likely to feel more irritated by advertising (Aaker and Bruzzone, 1985). Since the beginning of the seventies, to answer to the requirements of a very competitive context, advertisers have decided to play around with consumers’ feelings and to use provocation. According to them, that was the right way to differentiate themselves. Provocation is a very controversial topic as it shocks people and it improves brand recall (Vézina, Paul, 1997). “The shock appeal is effective at encouraging subjects to remember advertising.”(Darren, Frankenberger, Manchanda, 2003). It involves a cognitive activity as it conducts consumers to think about the message. On the other hand, the efficiency of this kind of strategy depends on the consistency between the message and the way it is executed (Darren, Frankenberger, Manchanda, 2003). To achieve their aim, advertisers did no hesitate to use a very sensitive topic: the feminine image. The role portrayal of women has always been a real problem in our society as women have been stereotyped and criticized a lot. Most of men considered women as sexual objects, which makes them suffer from a very important lack of credibility. That is this image that 128 advertisers have decided to play with. The use of women image and sexual appeals became the essence of advertising strategies (Lundstrom, 1977). Explanations given to justify its origin vary according to the authors. Some writers have hypothesized that the use of women image is the result of women wills. Actually, minorities, particularly women, were campaigning for their rights in society: they wanted to be more present in medias. Advertisers immediately seized their claims and took benefit of the situation: they took into account their demand and staged women nudity. But this was only an exc use to change and to renew their strategy (Klein, 2001). Some other writers said that using image such like sex in advertising was more consistent with consumer expectancies as it seems the best way to catch audience attention (Gérard, 1972). But this strategy was considered as very risky: a variety of theories have been advanced to study its effects on consumers but offered very contradictory results. Generally, more than men, women do not have a positive opinion about advertisement when it uses sexual appeal and transfer this feeling on brand image. “The advertisement containing a nude model was consistently perceived as the least appealing, while the associated product and producing company were perceived as, respectively possessing the lowest quality and being the least reputable.” (Peterson, 1977) According to them, using women image just to sell products is superficial and not justified. Nevertheless, nudity of women is rather acceptable when it is only suggested. Furthermore, using sexual appeals would have a direct influence on consumer behaviour. This strategy would reduce consumers’ intentions to buy the product, particularly among women. This concept goes against their values, culture and norms established by the society (LaTour, 1994). Some other authors consider that this strategy is not especially efficient to catch consumers’ attention; they do not really get the message of the ad. Using sex in advertising makes the message unclear. On the other hand, it would be favourably perceived by consumers and could have positive repercussions on purchase behaviour of consumers. But it would not lead to strengthen the link between ad and brand image (Severn, 1990). 129 Nevertheless, using sex appeals in advertising could be accepted if it met several conditio ns. Actually, if the way a message is spread remains congruent with the product displayed, the feminine image and the use of her nudity will be justified and will be perceived in a favourable way by consumers. (Peterson, 1977 et Tissier-Desbordes and Manceau, 2003) Nudity is only accepted if it is just suggested. Moreover, it is very important for women to represent women nudity with humanity and humour. They want women to be realist and not superficial (Tissier-Desbordes and Manceau, 2003). Advertisers do not know the limits of their work. Going against norms established by the society and staged taboos are not their roles. Advertising answers to economic requirements, unlike art, which is not a mercenary activity and which is the work of only one person (Art et Publicité 18901990, 1991). Previous researches highlight the direct effects of sex appeal in advertising but do not concentrate themselves on one industry. Our work is also to study the influence of this strategy on a particular sector. The aim of this study is to establish a relationship between advertising, brand, product and consumers’ purchasing behaviour and to test the efficiency of such a strategy. That is why it sounded accurate to focus our study on one sector, basing its whole strategy on sexual appeals the last few years: the luxury industry. Since the middle of the nineties, the main luxury brands such as Dior, Gucci, Yves Saint Laurent or Versace have re- invented their advertising strategy. Just fed up with selling products to a very limited segment of population or aware of the evolution of their customers, luxury brands have decided to change completely their image to target a larger population. What is called in France the “porno chic” has appeared a few years ago, inspired by pornographic codes (Lugrin, 2002). As emphasized in previous studies, women did not perceive favourably advertisements using sex appeals (Peterson, 1977, Grésy, 2001). Consequently, what do they think about this ne w advertising strategy that 130 aims to revolution luxury brands? What do the regular and loyal consumers and the potential consumers this strategy aims think about it? What about men? Do these advertisings have an influence on their attitude toward brand, product displayed and consumers’ purchasing behaviour? Is it rather an irritation feeling about advertising in general? Furthermore, luxury products result of designers work. Is advertising concerning these products a proper art? Is it congruent to use sex and nudity to promote luxury products? How did luxury industry seize provocation advertising at the end of the 20th century? How did they change their advertising strategy to target a new segment of population? Is it an efficient and a consistent strategy to use sexual appeals in advertising to attract new customers, particularly in the luxury industry? Our work will also study the effects of this strategy on regular and loyal consumers. To build our conceptual model of consumers’ behaviour toward luxury industry products, we will organise interviews. The main theoretical conclusions will help us to establish hypotheses. 131 Bibliographie Aaker D. A. et Bruzzone D. E. (1985), Causes of irritation in advertising, Journal of Marketing, 49, 2, 47-57 Aaker A., Stayman D., Vézina R. (1988), Identifying feelings elicited by advertising, Psychology & Marketing, 5, 1, 1-16 Adam J.M. et Bonhomme M. (1997), L’argumentation publicitaire, rhétorique de l’éloge et de la persuasion, éds. Nathan Université, Paris, 199-213 Art et Pub 1890-1990 (1991), Entretien avec Gilles Lipotvetsky, Editions du Centre Pompidou, Paris, Grande Galerie, 498-517 Bauer R.A. et Greyser S.A. (1968), Advertising in American : The Consumer View, Boston, MA : Harvard University Could S.J. (2003), Toward a theory of advertising lovemaps in marketing communications: overdetermination, postmodern thought and the advertising hermeneutic circle, Sex in Advertising; Perspectives on the erotic appeal, eds. T. Reichert & J.Lambiase, 151-170 Darren W. Dahl, Frankenberger Kristina D., Manchanda Rajesh V. (2003), Does it pay to shock? Reactions to shocking and non shocking advertising, Journal of Advertising Research, 43, 3, 269-280 De Pelsmacker P. et Van Den Bergh J. (1996), The communication effects of provocation in advertising, International Journal of Advertising, 15, 203221 Gérard A.BL. (1972), Les critiques de la publicité, La publicité branche-clé du Marketing, éds. Dunod, Paris, 196-201 132 Gilly M.C. (1988), Sex roles in advertising: a comparison of television advertisements in Australia, Mexico and the United States, Journal of marketing, 52, 2, 75-85 Grésy B. (2003), Annexe, L’image des femmes dans la publicité, éds. La documentation française, Paris, 65-79 Klein N. (2001), No Logo La Tyrannie des marques, éds. Actes Sud, 143152 LaTour M.S. (1990), Female nudity in print advertising: an analysis of gender differences in arousal and ad response, Psychology & Marketing, 7, 1, 65-81 LaTour M. S. et Henthorne T. L. (1994), Ethical judgements of sexual appeals in print advertis ing, Journal of Advertising, 23, 3, 81-91 Lugrin G., (2001), Ames sensibles s’abstenir : Entre surenchère homosexuelle et « Glam trash », la polémique du porno chic, Com Analysis, Septembre, Internet Lundstrom W.J. et Siglimplaglia D. (1977), Sex role portrayals in advertising, Journal of Marketing, 14, July, 72-79 Moore D.L. et Hutchinson J.W. (1983), The Effects of Ad Effect on Advertising Effectiveness, Advances in Consumer Research, 10, eds. Ann Arbor, MI: Association for Consumer Research, 526-531 Peterson R. A. & R.A. Kerin (1977), The female role in advertisements: some experimental evidence, Journal of Marketing, 41, October, 59-63 133 Ray M.L. et Batra R. (1983), Emotion and Persuasion in Advertising : What we do and Dont know about Affect, Advances in Consumer Research, 10, eds. Ann Arbor, MI: Association for Consumer Research Reidenbach R.E. et Robin D.P. (1990), Toward the development of a multidimensional scale for improving evaluatio ns of business ethics, Journal of Business Ethics, 9, 639-653 Severn J, Belch G.E. et Belch A., (1990), The effects of sexual and nonsexual advertising appeals and information level on cognitive processing and communication effectiveness, Journal of Advertising, 19, 1, 14-22 Tissier-Desbordes E., Manceau D., (2003), La réception de la représentation de la nudité en publicité : provocation ou esthétisme, mémoire ESC-EAP Vezina R. et Paul O. (1997), Provocation in advertising: a conceptualization and an empirical assessment, International Journal of Research in Marketing, 14, 177-192 Wessman A.E. et Ricks D.G. (1966), Mood and Personality. New York, NY: Holt, Rinehart & Winston 134 1. Référence: Aaker D. A. et Bruzzone, D. E. (1985), Causes of irritation in advertising, Journal of Marketing, 49, 2, 47-57 Idée dominante : Ce texte s’interroge sur le sentiment d’irritation pouvant être éprouvé par le public à l’égard d’une publicité. L’auteur montre que celui-ci varie en fonction du type de produit mis en avant et en fonction de son auditoire. Il étudie également les caractéristiques qui font qu’une publicité est plus « irritante » qu’une autre. Résumé : L’étude cherche à mettre en évidence les sentiments et les réactions des individus à l’égard des publicités diffusées aux heures de grande écoute. Le sentiment d’irritation est ressenti pour une catégorie spécifique de publicité, elle dépend du type de produit. Pour certains produits (ex : hygiène féminine), il est plus suscité par la vision du produit lui-même, que par la façon dont il est mis en avant. Mais en général, c’est plutôt le contraire qui se vérifie. L’auteur tente d’identifier le type de personnes jugeant une publicité « irritante ». D’après lui, cela permettrait de limiter par la suite l’exposition de cette partie de la population à ce type de spots publicitaires. Le niveau d’irritation varie en fonction de la classe sociale du public : les classes sociales supérieures s’avèrent plus irritées que les classes populaires : un plus grand niveau de réflexion se cache t-il derrière ce constat ? En outre, les hommes semblent, dans l’ensemble, plus irrités par certaines publicités que les femmes (ex : cosmétique), de même pour les jeunes par rapport aux plus âgées. L’hypothèse de Bauer and Greyser (1968, p.285) soutenant que des personnes n’utilisant pas les produits mis en avant par la publicité sont souvent plus irrités est validée. Ne connaissant pas les bénéfices du produit, leur point de vue est directement influencé par le spot publicitaire. La copy strategy des publicités a également une influence non négligeable sur le niveau d’irritation ressenti par les consommateurs et c’est un élément sur lequel les publicitaires peuvent agir. D’après l’étude, le niveau d’irritation augmente quand la publicité met en avant un « désagrément physique ou moral, une situation peu vraisemblable, l’antipathie, des scènes suggestives, ou une volonté de rabaisser un individu. Au contraire, lorsqu’elle informe sur le produit ou qu’elle inspire une ambiance chaleureuse par exemple, la publicité est considérée beaucoup moins irritante. » (Aaker et Bruzzone, 1985,p.52). D’après l’auteur, le modèle J (Moore and Hutchinson 1983, Ray and Batra 1983) est plus ou moins confirmé par l’étude : les publicités les plus irritantes sont le plus souvent les mieux mémorisées. Mais ce n’est pas parce qu’une publicité est « irritante » que le produit promu va être acheté en plus grande quantité par le consommateur. Aucun rapport de cause à effet direct n’a été prouvé jusque là. Il s’agit donc d’une stratégie risquée, à manipuler avec prudence afin que la marque ne perde pas de sa crédibilité. Notes d’intérêt relatives aux hypothèses validées par l’étude : Hypothèse 1 : Le type de produit conditionne le niveau d’irritation ressenti par le consommateur à l’égard de celui-ci. Dans la plupart des cas, c’est plus la mise en scène du produit qui irrite que le produit lui-même. Cette hypothèse est intéressante pour répondre à notre problématique en ce qui concerne la mise en scène des publicités des produits de luxe, susceptible d’irriter les consommateurs, de part leur exploitation de la femme et du sexe. Hypothèse 2 : Le sentiment d’irritation varie en fonction des segments de la population. Les classes sociales de niveau supérieur, les jeunes et les non utilisateurs du produit forment trois catégories susceptibles de s’irriter plus facilement. Un point intéressant est ici soulevé puisque la cible directe de l’industrie de luxe est essentiellement constituée de jeunes, d’une classe sociale plus ou moins aisée et jusqu’à présent non consommatrice. Hypothèse 3 : Les caractéristiques d’une publicité qui suscite l’irritation définissent et regroupent ce qui fonde les publicités de l’industrie du luxe : « désagrément physique ou moral, personnage rabaissé, scène suggestive, aucune information sur le produit. » 135 2. Référence : Aaker A., Stayman D., Vézina R. (1988), Identifying feelings elicited by advertising, Psychology & Marketing, 5, 1, 1-16 Mots clés : comportement du consommateur, sentiments, impacts de la publicité, ambivalence Idée dominante : Les sentiments et émotions ressentis par les individus face à une publicité représentent des outils non négligeables pour mieux en comprendre sa nature. Cette étude met en évidence l’impact de la publicité sur le consommateur et les sentiments qu’elle crée chez ce dernier. Résumé : D’après les auteurs, il convient plutôt d’évoquer le terme « feeling » qu’ «emotion » pour parler de l’impact de la publicité sur l’individu : en effet, lorsqu’un individu se retrouve face à une publicité, la réaction qu’elle entraîne est immédiate. La publicité intervient de façon brève et rapide sur ses sentiments. On ne peut donc pas parler d’émotions, terme qui désigne quelque chose de beaucoup plus fort. (Wessman and Ricks, 1966) Cette étude se compose en plusieurs étapes, s’inspirant des méthodes des psychologues et des spécialistes de la publicité. Une liste non exhaustive de tous les sentiments ressentis à l’égard de la publicité a été dressée en fonction des réponses des sujets interrogés, à savoir ce qu’ils ressentaient face à une publicité. Après classement, 31 sentiments se sont distingués. Certains d’entre eux avaient été mis en valeur par des études précédentes, d’autres non, preuve que la publicité évolue et doit être analysée régulièrement pour mieux comprendre ses effets. Face à la diversité des adjectifs cités, 22 catégories regroupant des termes se rapprochant le plus des sentiments éprouvés par les consommateurs, se sont dessinées. La publicité crée des sentiments très positifs, très forts et très chaleure ux : Joyeux, Guai, Heureux, Content, Impressionné/Ahuri, Gentil, Chaleureux/Tendre, Détendu 16 . En outre, elle a un grand pouvoir : Intéressé, Captivé, Contemplatif, Fort/Confiant, Vigoureux/Avide de challenge, Fier, Débordant d’énergie/impulsif, Convaincu. 17 . Mais elle est également source de mal être : Peur, Malade, Perdu, Triste, Angoissé, Dégoûté, Désagréable, de mauvaise humeur, Frustré 18 et de critiques : Indifférent, Lassé, Inutile, Stupide, Décevant, Bête, Irritant19 . Notes d’intérêt relatives aux hypothèses : Hypothèse 1 : La publicité procure des sentiments très différents chez chacun d’entre nous. Ses effets sont donc très ambivalents. On peut on déduire que chaque individu perçoit de façon très différente la publicité, en fonction de son humeur, ses valeurs… Hypothèse 2 : La publicité entraîne des réactions très extrêmes chez l’individu. Il s’agit donc d’une variable du mix à manier avec prudence et intelligence, en fonction de la cible, pour qu’elle soit efficace. Ces sentiments éprouvés peuvent partiellement expliquer la décision d’achat du consommateur. 16 17 « Playful/Childish, Humorous, Delighted, Amazed, Friendly, Warm/Tender, Eager/Excited, Relaxed » « Interested, Set/Informed, Contemplative, Strong/Confident, Vigorous/ Challenged, Pride, Energetic/impulsive, Persuaded / Expectant » 18 « Fear », bad/sick , confused, sad, anxious, disgusted, disagreeable, moody / frustrated » 19 « Indifferent, bored, helpless, ugly / stupid, pity / deceived, mad, irritated ». 3. Référence : Art et Pub 1890-1990, (1991), Entretien avec Gilles Lipotvetsky, Editions du Centre Pompidou, Paris, Grande Galerie, 498-517 Idée dominante : Ce texte met en évidence les points communs et les différences existants entre l’art et la publicité. Résumé : Si jusqu’au 19ème siècle, art et publicité entretenaient des relations très étroites par le biais des « affiches publicitaires », qui mettaient plus en valeur l’image que le message à proprement parler, le 20ème siècle est marqué par une séparation de ces deux concepts. L’objectif est clair pour la publicité : communiquer plus sur le produit et adopter un langage approprié. Mais la publicité continue en parallèle à tirer parti des idées des principaux mouvements artistiques. En revanche, les années 60 sont marquées par l’influence prépondérante de la publicité sur le domaine artistique : celle-ci envahit complètement le pop art. C’est un véritable moment de gloire : la publicité, « marchande de rêve et de bonheur », fait évoluer les consommateurs vers une nouvelle ère, l’ère de la consommation de masse. Mais depuis, le rôle de la publicité à évolué : celle-ci ne se proclame plus avant-gardiste, c’est elle qui suit les évolutions de la société. C’est la société qui fait la publicité et non l’inverse. Et celle -ci s’en inspire pleinement : elle « s’enrichie dans ses moyens d’intervention et de séduction ». En outre, la différence fondamentale entre art et publicité, et sur laquelle se fonde l’auteur, est la finalité mercantile de la publicité. Son auteur aura beau exprimer pleinement ses angoisses et ses émotions, avec le plus grand souci d’esthétique, la publicité aura toujours un fondement commercial. Or l’art, par principe, n’a aucune finalité mercantile et aucune exigence de réussite. L’art n’est pas dirigé par des grands principes. De plus, il est personnel, c’est le travail sur soi d’un seul individu, contrairement à la publicité, qui fait intervenir plusieurs personnes et qui répond aux attentes d’une seule personne : l’annonceur. La publicité a un but utile : vendre un produit. Enfin, d’après l’auteur, l’art va à l’encontre des normes établies par la société et n’hésite pas à franchir les interdits : il se proclame « révolutionnaire ». En revanche, la publicité doit savoir rencontrer les attentes du public. Elle répond aux attentes du moment, aux phénomènes de mode. Ainsi, la publicité ne cherche plus à séduire mais à « convaincre ». Notes d’intérêt relatives aux hypothèses : Hypothèse 1 : L’art est « révolutionnaire », il va à l’encontre des normes établies et n’a pas de limites, contrairement à la publicité qui doit répondre aux attentes du moment. Hypothèse 2 : Est-ce que la publicité peut être « révolutionnaire » et franchir les limites imposées par la société ? Qu’en pense alors le public ? Hypothèse 3 : L’art n’a pas une finalité mercantile. L’artiste est seul maître de son œuvre, il ne doit pas répondre à des exigences extérieures (exigences du marché). La publicité ne peut prétendre être un art. La publicité dans l’industrie du luxe, par son recours à la provocation va outre les normes et met en scène les tabous de la société, ce qui n’est pas son rôle. 137 4. Référence: Darren W. Dahl, Frankenberger Kristina D., Manchanda Rajesh V. (2003), Does it pay to shock? Reactions to shocking and non shocking advertising, Journal of Advertising Research, 43, 3, 269-280 Idée dominante : Ce texte montre en quoi une publicité choquante est plus facilement mémorisée par le public par rapport à une publicité plus « neutre ». Résumé : Choquer l’auditoire est devenu une technique très prisée ces dernières années dans le domaine de la publicité. Le nombre de publicités se multipliant, il a fallu trouver de nouveaux moyens pour se distinguer et attirer l’attention. On entend par « publicité choquante » un type de publicité allant au-delà de la morale et des normes établies par la société et faisant fi des tabous. Les auteurs posent deux hypothèses concernant ce sujet qui sont par la suite validées par leur étude : les publicités choquantes attirent plus l’attention des consommateurs que des publicités « neutres ». Il est plus facile de les mémoriser et de les reconnaître. En outre, les publicités choquantes sont efficaces car elles créent un effet de surprise chez le consommateur : en mettant en scène des situations où la morale est bafouée et les normes violées, la publicité suscite chez le consommateur une véritable activité cognitive. Le message est alors analysé, mémorisé et vient influencer le comportement du consommateur. En l’occurrence, dans leur étude, les auteurs analysent les réactions d’étudiants à l’égard d’une publicité de prévention contre le sida. L’étude montre que la publicité la plus choquante entraîne chez eux une vraie réflexion et la mise en place d’un comportement adapté aux attentes de la publicité. En outre, les auteurs soulignent qu’une publicité choquante sera efficace si le message véhiculé et la mise en scène de la publicité sont cohérents. Cette étude comporte néanmoins quelques limites : est-ce qu’une publicité choquante est mémorisée à long terme ? L’effet de surprise ne risque-t-il pas également de réduire, le public risquant de s’habituer à ce type de message. Les publicités choquantes semblent être adaptées pour promouvoir de nouveaux produits ou une nouvelle marque, afin de marquer les esprits. En outre, elles ciblent plus les jeunes, segment de la population particulièrement attiré par l’idée d’aller à l’encontre des normes sociales. Il serait intéressant d’étudier plus précisément les caractéristiques d’une publicité choquante afin de savoir en quoi elle est efficace. D’après les auteurs, cette stratégie publicitaire doit être utilisée avec précaution et intelligence : le choc ne doit pas être un simple moyen pour attirer l’attention du public, il doit contribuer à faire passer un message. Notes d’intérêt relatives aux hypothèses validées : Hypothèse 1 : Les publicités choquantes retiennent l’attention des consommateurs, ce qui explique le recours des publicitaires de l’industrie du luxe à la provocation, afin qu’elles soient mémorisées. Hypothèse 2 : Une publicité choquante suscite une véritable activité cognitive chez le consommateur et vient influencer son comportement. En l’occurrence, le recours au choc et à la provocation en publicité dans l’industrie du luxe est plus gratuit. Il s’agit d’un sujet à débattre : est-ce un moyen de faire passer un message implicite ? Hypothèse 3 : Une publicité choquante est efficace si le message véhiculé et la mise en scène sont cohérents. Mais est-ce que la publicité dans l’industrie du luxe allie ces deux éléments ? 138 5. Référence: De Pelsmacker P. et Van Den Bergh J. (1996), The communication effects of provocation in advertising, International Journal of Advertising, 15, 203-221 Idée dominante : Ce texte explore les effets du recours à la provocation en publicité et tente de discerner ce qui est provocateur, de ce qui ne l’est pas. La provocation semble entraîner une réaction négative des consommateurs à l’égard de la publicité elle -même, rendant flou leur perception globale, mais n’influençant pas leur comportement d’achat et leur sentiment envers la marque. Ceci suppose donc une faible corrélation entre la publicité et la marque. Résumé : Ce texte définit ce qu’est la provocation : il montre que dans l’ensemble les sujets interrogés se sentent difficilement provoqués. Pour les auteurs, la nudité n’est pas considérée comme une provocation s’il y a un rapport direct entre le produit et le recours à la nudité de la femme. L’étude montre qu’hommes et femmes perçoivent de la même façon la provocation en publicité, ce qui va à l’encontre de théories comme celles de Latour (1990), qui avait mis en valeur une différence de réaction en fonction du sexe. En outre, il semble plus difficile de reconnaître le produit mis en avant lorsque la stratégie publicitaire employée repose sur la provocation. Reconnaître une marque semble également plus difficile dans l’ensemble pour le consommateur lorsque le degré de provocation est élevé. L’utilisation de la provocation en publicité est certes perçue de façon négative par les consommateurs par rapport à une publicité « neutre » mais elle n’influence pas leur regard sur le produit et sur son image de marque. Le recours à cette stratégie n’est pas l’idée la plus pertinente en terme de communication néanmoins. L’intention d’achat des sujets ne varie pas en fonction du degré de provocation des publicités : il y a une très faible relation entre les deux. Cette hypothèse est limitée par le fait que d’autres critères entrent en jeu dans l’achat d’un produit : si un produit plaît au consommateur, peu importe la façon dont il est mis en avant. Les variables socioéconomiques et démographiques n‘influencent en aucun cas la vision du consommateur envers la provocation. Si l’usage de la provocation n’influence pas négativement le produit et son image de marque, il ne permet pas non plus de l’améliorer et d’augmenter les intentions d’achat des consommateurs. En revanche, cette étude montre que le public n’est pas favorable à la publicité provocatrice elle -même mais qu’il ne répercute pas son opinion sur la marque. Il semblerait intéressant de mettre en place une étude sur deux marques différentes, vendant les mêmes produits, ciblant les mêmes consommateurs, utilisant les mêmes réseaux de distribution, au même prix et ayant à sa disposition le même budget pour communiquer. Cela permettrait de mettre en évidence pleinement les effets de la provocation. Notes d’intérêt relatives aux hypothèses validées : Hypothèse 1 : Les variables socio-économiques et démographiques n’influencent pas l’opinion des consommateurs envers la provocation, hypothèse à vérifier dans notre étude. Hypothèse 2 : L’opinion des consommateurs vis-à-vis des publicités ayant recours à la provocation n’est pas favorable mais on ne discerne aucune implication sur le produit lui-même, la marque et l’intention d’achat. Cela nous conduit à nous interroger sur le rôle de la provocation : si elle ne permet pas d’augmenter les intentions d’achat des consommateurs, à quoi sert elle ? N’est-ce pas une stratégie risquée pour les marques de l’industrie de luxe ? 139 6. Référence : Gérard A.BL. (1972), Les critiques de la publicité, La publicité branche-clé du Marketing, éds. Dunod, Paris, 196-201 Mots clés : publicité, passivité, sexualité, attentes du consommateur Idée dominante : L’auteur souligne le nécessaire recours à des messages sans grande noblesse, seuls capable de séduire un public avide de superficialité. Les publicitaires diffusent alors ces messages, peu importe les motivations. Résumé : La publicité, outil de communication de masse, doit répondre aux attentes d’un large public et ne peux ainsi faire appel à des « sentiments plus élevés » que tout le monde ne partage pas forcément. L’auteur relativise par la suite cette idée en soulignant rapidement le but de la publicité : vendre un produit quelconque, ce qui ne nécessite pas forcément une grande noblesse de paroles. L’auteur s’interroge donc sur les réponses que l’on peut apporter aux principales critiques de la publicité, en particulier « l’appel à des motivations peu nobles ». Pour l’auteur, le public a la publicité qu’il mérite. Si les publicitaires sont obligés de recourir à des messages plus ou moins primaires, c’est parce que le public y est sensible. En résumé, les principales attaques lancées aux publicitaires concernent le niveau d’élaboration des messages envoyés au public. Ceux-ci contribuent à un certain conformisme et ne relèvent pas d’un haut niveau intelle ctuel. Mais la publicité n’a qu’un objectif : promouvoir un produit afin d’augmenter son niveau de vente. Pour parvenir à ce but, il est normal qu’elle prenne en compte les attentes du public. Or « les recherches entreprises révèlent que le meilleur moyen, le plus efficace, le plus rapide, est un appel à la sexualité, à la paresse ou à la gourmandise. » (Gérard, 1972) Le type d’appel publicitaire dépend principalement des consommateurs. Des recherches sont effectuées avant toute mise en place d’une publicité sur une population test. « La gourmandise, le goût du confort, l’érotisme, dans une société donnée, sont quasi universels et uniformes. » (Gérard, 1972) D’après l’auteur, il n’est pas possible dans la publicité d’avoir des aspirations très élevées. En effet, la recherche de spiritualité, de finesse et de moralité ne semble pas conciliable avec les exigences du monde commercial. Les interprétations, visions et opinions des choses varient en fonction de l’être humain. Or, la publicité par définition est une communication de masse. Ainsi la meilleure façon d’être impactant est de répondre aux attentes de l’ensemble des consommateurs. L’auteur n’hésite pas à mettre en valeur le fait que la publicité peut s’élever vers des notions plus « nobles » et plus « philanthropiques » mais que les exigences du commerce ne permettent pas (Gérard, 1972). D’après lui, il faut d’ailleurs relativiser ce recours à des « sentiments et instincts peu nobles », les produits vendus n’étant que de simples objets de consommation. Notes d’intérêt relatives aux hypothèses : Hypothèse : le public a la publicité qu’il mérite : c’est pour mieux le convaincre que les publicitaires ont recours à des images sur des thèmes « primaires ». Le recours à un certain type de provocation (sexualité, érotisme par exemple) serait donc une réponse des publicitaires à un public, avide de superficialité. 140 7. Référence : Grésy B. (2003), Annexe, L’image des femmes dans la publicité , éds.La documentation française, Paris, 65-79 Mots clés : provocation, hypersexualité, discrimination, agressivité, angoisse Idée dominante : L’auteur met en lumière la façon dont la femme est représentée en publicité et décrit les principaux types de publicités qui la mettent en scène. Il met en avant le concept de « porno chic ». Résumé : Deux enquêtes sont à l’origine de ce texte : un sondage Ipsos effectué pour le Secrétariat d’Etats aux Droits de l’Homme ainsi qu’une étude menée sur 40 publicités presse, 4 publicités télévisuelles, 6 affichages, 3 magazines, tous recueillis entre décembre 2000 et mai 2001 (Grésy, 2003). Si en moyenne 50% de la population interrogée est choquée par la manière dont sont montrées les femmes dans la publicité (presse, TV, affichage), ces dernières se sentent bien évidemment plus concernées que les hommes par ce phénomène de provocation qui est en pleine croissance ces dernières années. Sont principalement critiquées les publicités « qui montrent des femmes qui ont des attitudes sexuellement provocantes » (Grésy, 2003). Quatre types de publicité sont mis en évidence par l’auteur : Publicités égalitaires (Grésy, 2003) : Seul postulat : ce type de publicité sous entendrait l’absence de relation dominant / dominé, c’est-à-dire l’absence de hiérarchie, entre hommes et femmes, cependant bien distincts « sexuellement ». D’ après l’auteur, les publicités égalitaires seront peut être celles d’un avenir moins discriminant. (Grésy, (2003) • Publicités discriminantes (Grésy, 2003) : Contrairement à la publicité égalitaire, la hiérarchie homme / femme est bien distincte dans ce type d’appel (ex : la femme au foyer, n’ayant aucun droit à la parole, devant satisfaire toutes les volontés de l’homme). D’après l’auteur, ce stéréotype ne devrait pas persister à l’heure où nombre de progrès ont été faits en terme d’égalité des sexes. • Publicités agressives (Grésy, 2003) : Les tabous ont fortement évolué ces dernières années. La sexualité qui, était autrefois un sujet des plus sensibles est devenu un thème beaucoup plus abordable, dont les gens parlent plus librement. Les « grandes différences fondatrices de l’humanité » (Grésy, 2003) sont réduites à néant ; l’humain redevient animal, le concept de génération disparaît, la notion de sexe (homme / femme) devient floue. Le porno chic et l’explosion d’une « hypersexualité violente » sont les conséquences de ce bouleversement des tabous (« sadomasochisme, mais aussi sodomie, voyeurisme, (…), tournante, onanisme (…), zoophilie. » (Grésy, 2003) Violence et sexualité structurent les publicités agressives. • Publicités angoissantes (Grésy, 2003) : « l’identité sexuée est troublée ». Il s’agit de publicités très impactantes, suscitant une grande réflexion chez le récepteur, le frappant « physiquement ». (Grésy, 2003) D’après les résultats de l’étude, les 2 principaux types d’appel en publicité sont les publicités agressives et les publicités angoissantes, théâtres d « hypersexualité violente ». • Notes d’intérêt relatives aux hypothèses : Hypothèse 1 : La femme sert avant tout à attirer l’œil des consommateurs et mettre en avant le produit et la marque : son rôle est purement superficiel. Est-ce le cas pour les marques de l’industrie du luxe ? Hypothèse 2 : Le « porno chic » permet à la publicité de faire parler d’elle -même. En mettant en scène des images à caractère sexuel, la publicité ne suscite le débat que par propre intérêt. Peut-on remettre en cause le rôle de la publicité ? Hypothèse 3 : La publicité est le théâtre d’une « hypersexualité violente », résultat d’une évolution des mentalités, de ce qui est tabou et de ce qui ne l’est pas. 141 8. Référence : Klein N. (2001), No Logo La Tyrannie des marques, éds. Actes Sud, 143-152 Mots clés : minorités, invisibilité, stéréotypes, marketing identitaire, phénomène de mode Idée dominante : Ce chapitre explore la naissance du marketing identitaire, ses origines et ses conséquences au sein du monde de la publicité. L’auteur explique que le marketing identitaire est apparu à la demande des minorités ethniques et sexuelles (« femmes »), qui se disaient pas assez « «représentées » dans l’univers des médias. Résumé : L’auteur met en avant l’absence de représentation dans le monde des médias et de la publicité, des minorités ethniques (noirs, asiatiques) et des minorités sexuelles (les femmes, représentées comme inférieures aux hommes et peu mises en avant). D’après ces minorités, cette « invisibilité » ne fait que renforcer le regard négatif que la société porte sur elles (« C’était l’absence de modèles qu’on pût voir dans des positions de pouvoir dans la société. (Klein, 2001) et les médias ne font qu’entretenir ces stéréotypes. Les minorités réclament leurs droits et militent pour un marketing plus « identitaire » et plus juste : elles souhaitent une meilleure visibilité au sein de l’univers des médias. Cette idée soulèvera de nombreux débats mais finalement parviendra à voir le jour, dès 1992. En revanche, le monde des médias et de la publicité ne semble pas avoir satisfait les minorités pour les mêmes motivations. Phénomène de mode ? Les marques ont compris la stratégie à adopter : répondre pleinement aux attentes de la société. Pour assurer le succès d’une marque, il faut mettre en valeur le phénomène de diversité. Toutes les marques sur le marché s’emparent donc de ce concept. « De la diversité, tu en voulais, en voilà » (Klein, 2001). Les marques mettent en scène les différences raciales et les couleurs (Gap, Nike), les différences sexuelles (l’homosexualité par Diesel, le « chic lesbien ») les 5 années qui suivent. Peu importe la cause qu’elles soutiennent, les marques veulent être dans le coup. Elles n’agissent pas par conviction mais plutôt par simple souci économique. « Le couronnement de la diversité sexuelle et raciale en tant que nouvelle superstar de la publicité » (Klein, 2001) n’est donc pas considéré comme une réussite par ceux qui plaidaient la bonne cause. L’auteur remet en cause les éventuelles revendications sociales des publicitaires, qui , d’après lui, n’agissent que par intérêt. Le but final n’a pas été atteint : ceux qui croyaient qu’en agissant sur les média s, les inégalités raciales et sexuelles s’atténueraient dans le monde réel, remettent en cause le marketing identitaire. « La politique identitaire ne combattait pas le système. Elle alimentait la nouvelle industrie du branding. » (Klein, 2001) Notes d’intérêt relatives aux hypothèses : Hypothèse : Ce sont les minorités, qu’elles soient sexuelles ou raciales, qui ont souhaité se voir mettre en scène dans l’univers des médias. La publicité en chef de file s’est alors emparée de leur image, non pour satisfaire leurs attentes, mais plutôt pour suivre un phénomène de mode. Le recours à des images sexuelles dans la publicité de l’industrie de luxe est donc éphémère et gratuit. Il n’a pas un but social ; il tire juste profit d’un nouveau phénomène. 142 9. Référence: LaTour M. S. et Henthorne T. L. (1994), Ethical judgements of sexual appeals in print advertising, Journal of Advertising, 23, 3, 81-91 Idée dominante : À l’aide de l’outil d’analyse de Reidenbach-Robin (Reidenbach-Robin, 1990) à savoir « l’échelle multidimensionelle éthique », les auteurs tentent d’expliquer le ressenti des consommateurs face aux publicitaires ayant recours à des images sexuelles pour promouvoir leurs produits. Ce texte s’intéresse à l’opinion du public quant à la publicité elle-même, quant à la marque et quant à leurs éventuelles intentions d’achat. Résumé : Les hypothèses posées par l’auteur sont les suivantes : les publicités mettant en scène des images sexuelles entraînent une réponse négative des consommateurs en terme d’éthique et de moral. En outre, ce même type de publicité entraîne une réponse négative des consommateurs vis-à-vis de la publicité elle -même, de la marque et de leurs intentions d’achat. Le questionnaire distribué aux membres de l’étude se base sur les variables de l’échelle de Reidenbach-Robin (1990), se définissant par 3 dimensions : « moral equity » regroupe ce que le sujet a appris au sein de sa famille et de l’école afin de se faire sa propre définition de ce qui est et de ce qui n’est pas acceptable, en publicité par exemple (Gilly, 1988). « Relativism dimension » définit ce qui est culturellement et traditionnellement acceptable ou non acceptable par la société. « Contractualism » fait référence au « contrat » moral, passé entre l’individu et la société. Les interviewés doivent remplir ce questionnaire en faisant référence à ces trois dimensions et donnent leur avis sur deux publicités, dont l’une d’entre elles a recours à des images sexuelles. Les résultats valident les deux hypothèses mises en avant par l’auteur. Les sujets confrontent toutes les valeurs qu’ils ont adoptées depuis leur enfance, de part leur évolution dans la société et de part leur culture. L’accumulation de ces données montre que le recours au sexe gratuit en publicité n’est pas accepté : les publicités mettant en avant des images à caractère sexuel sont jugées « éthiquement incorrect ». Les résultats mettent en évidence l’influence négative du sexe en publicité pour la marque et pour le produit mis en avant. Le rôle des publicitaires est donc d’étudier les limites à ne pas franchir pour rester « éthiquement correct ». Les auteurs leur recommandent d’être très attentifs à ce type de stratégie et de se soucier des conséquences sociales qu’elle peut entraîner, en particulier sur un public non ciblé par le type de produit promu. (Could, 1994) En outre, il est recommandé aux publicitaires de réfléchir sur le sens moral de ce type d’appel. L’idée d’utiliser le sexe pour faire vendre un produit est aujourd’hui dépassée et n’est plus tellement source de provocation. Le courant féministe s’étant particulièrement développé, afficher la nudité de la femme et entrer dans son univers sexuel semble être devenu un cliché. Notes d’intérêt concernant les hypothèses validées par l’étude : Hypothèse 1 : Hommes et femmes estiment « non éthique » le recours à des images à caractère sexuel en publicité pour vendre un produit n’y sont pas favorables. Cette hypothèse est intéressante pour notre recherche. Elle fait appel à la dimension éthique de l’individu, à sa morale, à son système de valeurs, éléments à exploiter dans notre étude. Hypothèse 2 : Si hommes et femmes ne sont pas favorables à ce type de publicité, ils répercutent également leurs opinions sur le produit mis en avant, sur la marque et sur leurs intentions d’achat, comportement qu’ils n’adoptent pas du tout pour une publicité « neutre ». Cette hypothèse est partagée particulièrement par les femmes. La relation publicité-intention d’achat est à explorer dans notre recherche pour voir si elle est valable dans l’industrie du luxe. 143 10. Référence : Lugrin G. (2001), Ames sensibles s’abstenir Entre surenchère homosexuelle et « Glam trash », la polémique du porno chic, Com Analysis, Septembre, Internet Mots clés : « porno chic », art, culture, infériorité de la femme, comportement du consommateur Idée dominante : Le « porno chic », stratégie publicitaire du début du XX ème siècle, adoptée plus particulièrement par l’industrie du luxe et de la mode, « puise son inspiration dans les codes pornographiques ». Technique provocatrice et moyen de mémorisation idéal, le porno chic a été et est toujours sujet à controverse. Résumé : Le « porno chic » relève entre autre de la montée du « chic lesbien » du début des années 90. Les maisons de haute couture, comme la plupart des industries ayant mis en place des stratégies de « shockvertising », décident de créer leurs campagnes publicitaires en interne, sans avoir recours à des agences de publicités. C’est alors le rôle des créateurs, artistes avant tout, d’imaginer leurs publicités. Toutes les marques prennent d’assaut le « porno chic » : « Chanel, Dior, Dolce & Gabbana, Gucci, Moschino, Rochas, Saint Laurent, Sisley, Ungaro, Vuitton, Weston… ». Faire appel aux « pulsions sexuelles refoulées » des consommateurs est le meilleur moyen de se distinguer par rapport aux autres. Les consommateurs de luxe ont quelque peu changé ces dernières années. Le luxe doit donc répondre à des attentes différentes. D’ après Nathalie Varagnat (Euro RSCG) dans un article de Stratégies (30 mars 2001), quatre cibles acheteuses de luxe peuvent être mises en évidence : « les gardiens du temple » (les habitués et les fidèles du luxe, ayant d’importants moyens financiers, et sur lesquels la pub a peu d’effets (non ciblés par le « porno chic »), « les statutaires » (les nouveaux riches, soucieux de leur image à l’égard de la société. Cible direct du « porno chic » car suiveurs de mode), « les trendsetters » (personnalités du milieu de la mode) et « les bobos » (bourgeois bohèmes). Les produits de luxe ont une vraie personnalité et peuvent être rapprochés d’une certaine recherche artistique. Il semble donc logique que les publicitaires aient recours à l’originalité pour les mettre en avant, et n’hésitent pas à franchir les barrières de l’interdit. D’après l’auteur, le « porno chic » ne se base pas sur le thème de la sexualité de façon « gratuite ». Derrière cette stratégie, se cache une réelle réflexion, à savoir poser « la question du rapport à la sexualité, de ses différentes manifestations, de pratiques sexuelles variées, parfois marginales, parfois taboues ». Les représentations de certaines techniques peuvent néanmoins être sujettes à controverse, comme le sadomasochisme, la zoophilie (Ungaro) ou la pédophilie (Diesel). Le paradoxe persiste : le marché du luxe voit ses ventes augmenter même si la majorité des Français se dit révoltée par ce type d’appel. La tendance « porno chic » commence également à se démocratiser et n’est plus le domaine privé du marché du luxe. Notes d’intérêt relatives aux hypothèses : Hypothèse 1 : C’est parce que les consommateurs de luxe ont changé ces dernières années que les publicitaires ont décidé mettre en place une nouvelle stratégie se basant sur le « porno chic ». Cette hypothèse reste à démontrer : n’est-ce pas plutôt, au contraire, pour cibler de nouveaux consommateurs que les publicitaires ont choisi cette stratégie ? Hypothèse 2 : Les produits de luxe sont le résultat d’une certaine recherche artistique des créateurs. L’art franchissant tous les interdits, ils considèrent leur métier de la même façon et mettent en scène le sexe, l’un des principaux tabous de notre société, en publicité. Cette hypothèse est discutable, reste à savoir ce qu’en pense les consommateurs. Hypothèse 3 : Le recours à la sexualité n’est pas « gratuit » en publicité. Mais à quoi sert-il précisément ? Pourquoi le sexe et non un autre tabou est-il exploité ? 11. Référence: Lundstrom W.J. et Siglimplaglia D. (1977), Sex role portrayals in advertising, Journal of Marketing, 14, July, 72-79 144 Idée dominante : Le texte s’interroge sur l’opinion des hommes et des femmes à l’égard des stéréotypes en publicité. Il souligne la façon dont ces types de publicité peuvent influencer leur décision d’achat. Résumé : Depuis les années 70, les publicités mettant en avant les stéréotypes de l’image féminine pour vendre leurs produits n’ont fait qu’augmenter. La présente étude cherche à donc à comprendre les incidences de son utilisation en publicité. Les résultats montrent qu’hommes et femmes ne perçoivent pas du tout de la même façon la manière dont ils sont représentés. Les femmes estiment être représentées injustement : incapables de prendre des décisions, seulement capable de rester dans leurs foyers et « objets de sexe ». Elles portent un regard négatif sur les marques utilisant de telles stratégies pour vendre leurs produits, et supposent que ces mêmes marques ne traitent pas de façon juste les femmes dans leur métier. En revanche, ceci ne semble pas influer sur leur comportement d’achat vis-à-vis de la marque. Les critiques lancées sur la représentation des femmes en publicité sont plus souvent d’origine féminine : ces femmes sont le plus souvent jeunes, ont un niveau de revenu élevé, appartiennent à une classe sociale supérieure, ont reçu un bon niveau d’éducation et n’ont pas une culture très traditionnelle. Diffuser de façon stéréotypée l’image féminine est critiqué de part et d’autre par les femmes mais de façon très différente. En général, ce sont plutôt les femmes jeunes, à revenu supérieur et ayant reçu une bonne éducation qui rejettent le statut traditionnel accordé à la femme. D’après elles, une certaine forme de respect s’est néanmoins développée à leur égard ces dernières années. Mais un grand nombre d’entre elles révèlent ne pas vouloir acheter un produit de la marque concernée après visionnage de la publicité. En revanche, cette opinion ne provient pas des femmes les plus critiques à l’égard des représentations féminines dégradantes. Ceci nous montre donc que c’est plus le concept de publicité qui est critiqué que la marque elle -même. Elles n’établissent pas un lien direct entre les deux. Ce texte souligne qu’il est important de communiquer de façon différente à chaque segment de population et de tenir compte des évolu tions de la société. Notes d’intérêt concernant les hypothèses : Hypothèse 1 : Les femmes estiment être très mal représentées en publicité, en particulier les femmes jeunes, ayant un niveau de revenu élevé, appartenant à une classe sociale supérieure, ayant reçu un bon niveau d’éducation et n’ayant pas une culture très traditionnel, qui considèrent être montrées comme des « objets sexuels ». Il s’agit d’une hypothèse intéressante à re-confirmer dans notre étude, puisque le « porno chic » cible directement ce segment de la population. Hypothèse 2 : Si la plupart des femmes estime que leur représentation en publicité est injuste et ne souhaitent pas acheter les produits d’une marque ayant recours à une telle stratégie, les femmes les plus critiques ne partagent pas cette opinion, ce qui n’a aucune incidence sur leur intention d’achat. Par conséquent, le « porno chic » est-il seulement réprimandé ? Les femmes les plus critiques à son égard sont-elles quand même consommatrices de luxe ? Est-ce le concept de « Publicité » qui est plutôt critiqué ? 12. Référence: Peterson R. A. & R.A. Kerin (1977), The female role in advertisements : some experimental evidence, Journal of Marketing,41, October ,59-63 145 Idée dominante : Le présent article vise à mettre en évidence les effets directs du recours à la nudité, en particulier celle de la femme, et du sexe en publicité. Cette stratégie est de plus en plus utilisée par les marques, quelque soient leurs secteurs, pour vendre leurs produits. L’auteur explore ses fondements et ses effets. Résumé : L’étude cherche ici à mieux comprendre le comportement du consommateur face à ce type de publicité, face au produit mis en avant dans la publicité et face à la marque elle -même. Quatre types de publicités présentant le même produit ont été présentés aux sujets : dans la première, le produit se suffisait à lui-même, puis dans les autres, il était mis en avant par une présence féminine, ayant une attitude de plus en plus sexuelle selon les publicités. En fonction de chaque publicité, le sujet devait donner son opinion sur la publicité elle -même, sur le produit et sur la marque. Cette expérience a été renouvelée pour deux types de produits. Les résultats montrent que les hommes sont plus favorables à ces types de publicités que les femmes. En outre, il apparaît que la publicité présentant le produit en ayant recours à la nudité de la femme est la moins bien perçue de toutes, que le jugement associé au produit et à la marque ne sont pas des plus positifs. En revanche, les résultats montrent que si la nudité est seulement suggérée et qu’elle reste cohérente avec le type de produit promu, la publicité, le produit et la marque ont la faveur du public. D’après l’auteur, la femme est exploitée lorsque la publicité la met en scène, nue, pour promouvoir des produits n’ayant aucun rapport avec cette idée. Au contraire, si le produit a un lien direct, la nudité de la femme permettra de communiquer plus aisément et contribuera à mettre en valeur le message diffusé. Entre ces deux extrêmes, la femme revêt un rôle superficiel, elle a juste un aspect « décoratif ». La plupart des publicités ayant recours à la nudité considèrent la femme en tant que telle. L’auteur s’interroge également sur le rôle de la publicité dans la société. D’après lui, la publicité n’est pas avant - gardiste et ce n’est pas à elle de définir de nouvelles normes. Il pense ainsi que les conséquences d’un telle stratégie peuvent être négatifs et influer sur l’opinion générale des consommateurs vis-à-vis des produits et de la marque elle -même. Notes d’intérêt concernant les hypothèses : Hypothèse 1 : Pour recevoir un avis favorable du public, une publicité ayant recours à la nudité doit être congruente avec le type de produit mis en avant et le message utilisé. Cette hypothèse est intéressante à exploiter : peut-on dire qu’il y a congruence entre les produits de luxe (haute couture, parfums…) et le recours à la nudité ? Cette hypothèse s’avère discutable. Hypothèse 2 : Une publicité ayant recours à la nudité n’est pas perçu de façon favorable par les consommateurs, ce qui entraîne des conséquences négatives sur les produits et sur la marque. Cette hypothèse suggère que les publicités de luxe utilisant des images sexuelles ne séduisent pas les consommateurs et ne les poussent ni à acheter les produits correspondants ni à avoir un jugement favorable vis-à-vis de la marque. Hypothèse 3 : La nudité de la femme est acceptée en publicité si elle est seulement suggérée. Peut-on considérer que la nudité dans le publicité de l’industrie du luxe est suggérée ou clairement affichée ? Hypothèse 4 : Les hommes sont moins « choquées » par l’utilisation de la nudité de la femme en publicité que ces dernières. Cette hypothèse n’a pas un grand intérêt puisqu notre étude se concentrera essentiellement sur les réactions des femmes. 13. Référence: Severn J, Belch G.E. et Belch .A., (1990), The effects of sexual and non-sexual advertising appeals and information level on cognitive processing and communication Effectiveness, Journal of Advertising, 19, 1, 14-22 146 Idée dominante : Le présent article analyse l’intérêt d’utiliser des stimuli sexuels pour communiquer sur un produit ainsi que les effets résultants de cette stratégie sur le comportement du consommateur et sur son activité cognitive. Résumé : D’après l’auteur, les consommateurs seraient moins susceptibles de reconnaître et de se souvenir d’une marque dont la publicité a recours à des images à caractère sexuel. L’intensité de cet effet serait néanmoins régulée par le niveau d’information contenu dans le message. En outre, les publicités utilisant des images de sexe pour mettre en avant leurs produits susciteraient chez le consommateur un faible jugement sur le produit et sur le message. L’intensité de cet effet serait régulée par le niveau d’information contenu dans le message, en particulier si le message apporte un grand nombre d’éléments informatifs sur le produit. De plus, elles pousseraient le consommateur à analyser la façon dont le message est diffusé, plutôt que de focaliser sur le contenu du message lui-même. Enfin, elle serait perçue de façon favorable par les consommateurs. Ces derniers reporteraient leur attitude positive sur la marque et sur leurs intentions d’achat. L’attitude du consommateur à l’égard de la publicité est une variable influençant de façon non négligeable le regard sur la marque et les intentions d’achat du consommateur. Une étude qualitative a été réalisée, consistant à interroger 180 élèves, entre 18 et 26 ans, sur leurs avis à l’égard de publicités comportant chacune des références plus ou moins importantes au sexe, sur leurs opinions à l’égard du produit mis en avant et sur leurs propensions à acheter des produits de la marque correspondante. Les résultats suivants sont apparus, venant confirmer et infirmer les hypothèses précédemment exposées. Les deux premières hypothèses sont en partie validées : en effet, l’étude montre que la présence d’images à caractère sexuel n’empêche pas le consommateur de reconnaître et de se souvenir de la marque. C’est plus le niveau d’information contenu dans la publicité qui va jouer un rôle : si un grand nombre d’informations est fourni dans la publicité, le consommateur se souviendra plus aisément de la marque. En revanche, il s’avère plus difficile pour ce dernier de saisir le réel message d’une publicité si cette dernière comporte des caractères sexuels. En outre, la présence d’images à caractère sexuel dans une publicité n’entraîne effectivement pas un jugement de la part des consommateurs sur les produits. En revanche, contrairement à ce que pensait l’auteur, si le nombre d’informations fournies sur le produit est faible, la réflexion sur le produit sera plus importante. La troisième hypothèse est confirmée par l’étude : il semble que les publicités ayant recours à des images à caractère sexuel pousseraient plus les consommateurs à s’arrêter sur la façon dont le message est fait passé qu’une publicité plus neutre. Enfin, la dernière hypothèse est partiellement confirmée : si le consommateur perçoit de façon favorable les publicités ayant recours à des images sexuelles, et répercute cette opinion positive sur ses intentions d’achat, il n’éprouve néanmoins pas un sentiment plus fort à l’égard de la marque. Notes d’intérêt concernant les hypothèses : Hypothèse 1 : Le consommateur parviendrait à identifier et à retenir les marques dont les publicités ont recours à des images à caractère sexuel aussi bien que pour des publicités plus neutres. L’intérêt pour une marque de luxe d’avoir recours à une telle stratégie est donc discutable, d’autant plus que cette dernière rend trouble le message véhiculé. Hypothèse 2 : Dans une publicité ayant recours à des images à caractère sexuel, le produit mis en avant ferait l’objet d’un plus grand nombre de jugements, qu’ils soient positifs ou négatifs, si le nombre d’informations véhiculé est faible. C’est un critère important à prendre en compte pour les publicités dans l’industrie du luxe. Hypothèse 3 : Une publicité mettant en scène des images à caractère sexuel arrêterait plus les consommateurs qu’une publicité neutre. N’est-ce donc pas seulement pour se faire remarquer que les publicités dans l’industrie du luxe ont recours à de telles stratégies ? 147 Hypothèse 4 : Les publicités à caractère sexuel ne renforcent pas le lien entre la marque et le consommateur mais sont en revanche perçues de façon favorable. Ce sentiment se répercute sur leurs intentions d’achat. Est-ce que ces mêmes hypothèses s’adapteront au segment de population que les marques de l’industrie du luxe cible ? 14. Réfé rence: Adam JM., Bonhomme M. (1997), L’argumentation publicitaire, rhétorique de l’éloge et de la persuasion, éds. Nathan Université, Paris, 199-213 Idée dominante : Ce texte explore les caractéristiques de l’ « argumentation iconique » en publicité. Cette stratégie permet à la marque de faire parler d’elle et d’être mémorisée plus facilement, l’image exerçant un véritable pouvoir de séduction sur le consommateur. Résumé : Le concept de « communication contact » est défini par l’auteur comme une stratégie de persuasion publicitaire visant à attirer l’attention du public sur la publicité et à faire parler d’elle, sans pour autant mettre le produit en avant. Il s’agit juste pour sa marque d’être facilement mémorisée. D’après une étude de Dale (1989), 30% des gens se souviennent de ce qu’ils voient et seulement 10% de ce qu’ils lisent. » Par conséquent, le visuel est un élément essentiel en communication pour persuader et informer. Le cas Bally est analysé : une étude a été effectuée concernant ses nouvelles formes de publicité utilisées pour promouvoir ses produits. Cette stratégie a été mise en place pour faire évoluer la marque et la redynamiser. Elle se fonde sur l’imagination du consommateur, présentant seulement le nom de la marque et un visuel très orig inal. Le produit n’apparaît pas et c’est au consommateur d’avoir recours à son imagination pour deviner quels produits sont ciblés, s’il ne connaît pas la marque. L’auteur met ici en évidence l’intention de Bally de communiquer sur sa marque et non sur ses produits en ayant recours à cette stratégie : Bally souhaite s’aligner sur le segment des marques hauts de gamme. Ne présentant aucun texte, cette publicité existe pour son visuel. L’image n’est plus là pour illustrer un propos mais pour transporter un message. Et c’est là la force de persuasion des publicités « iconiques ». Ces dernières sont donc beaucoup plus efficaces en terme de mémorisation que les publicités « textuelles », permettant de créer un débat autour de la marque et de susciter l’acte d’achat à long terme. Il s’agit de créer un véritable univers autour de la marque et une véritable image. L’argumentation iconique est très efficace puisque l’image permet d’exercer un « pouvoir de séduction » sur le consommateur, lui faisant croire que « sa contemplation engage la jouissance du produit dont elle n’est qu’un substitut illusoire ». Notes d’intérêt concernant les hypothèses validées par l’étude : Hypothèse 1 : L’image véhicule un message à elle toute seule, elle se substitue au texte. Hypothèse 2 : L’ambiguïté de son analyse suscite le débat auprès des consommateurs et lui permet d’être mémorisée facilement. Par conséquent, est-ce une solution efficace pour les publicités de l’industrie du luxe de se fondre essentiellement sur l’aspect visuel ? 15. Référence : Tissier-Desbordes E., Manceau D., La réception de la représentation de la nudité en publicité : provocation ou esthétisme, Mémoire ESC-EAP 148 Idée dominante : Ce texte s’interroge sur les réactions des femmes vis-à-vis des publicités mettant en évidence des femmes ayant des « attitudes sexuellement provocantes ». Il définit les variables les influençant et souligne en quoi ce type de publicité est considéré comme choquant ou non. Résumé : La nudité a été, et demeure toujours un suje t relativement tabou au sein de notre société. Les publicitaires en ont recours de plus en plus pour promouvoir leurs produits, ce qui suscite de vives réactions de la part des consommateurs. L’auteur de ce texte cherche ainsi à mettre en évidence les facteurs qui influencent l’opinion de ces derniers à l’égard des publicités mettant en scène la nudité féminine. Son étude exploratoire se concentre essentiellement sur les réactions de femmes. Les résultats mis en avant montrent que celles-ci critiquent vivement le recours à la nudité et préfèrent quand celle -ci est simplement suggérée. Ce point de vue n’est que renforcé quand la catégorie du produit mis en avant n’a aucun lien avec la représentation qui en est faite, et que la femme est alors seulement utilisée en tant qu’objet. Enfin, les femmes représentées sont considérées pas assez « humaines » et pas assez « réelles » ce qui fait entrave au processus d’identification des femmes aux modèles. Tous ces éléments montrent que la nudité est dans l’ensemble rejetée par le public féminin. Cinq variables susceptibles d’influencer l’opinion des femmes vis-à-vis de ces publicités ont ainsi été mises en évidence par l’auteur après étude. Il est apparu que les femmes avaient « peur du sexe ». Il semble a priori déjà difficile pour un sujet d’en parler ouvertement. En outre, le recours à des représentations d’images « sexuelles » est estimé provocant, répondant seulement à un processus de mémorisation. Le concept de « congruence » est également mis en avant par l’étude, congruence entre la publicité basée sur des images sexuelles et sur la catégorie de produit mis en avant, mais également congruence avec le message véhiculé par la publicité, congruence avec le slogan, et congruence avec le contexte. De plus, l’étude montre que si le produit mis en avant plaît au consommateur, l’exigence de congruence de leur part en sera moindre. Peu importe la forme, c’est sur le produit qu’il y a focalisation. Le concept d’ « implication » du sujet est en effet souligné et remet en cause l’idée de congruence évoquée précédemment. En outre, l’opinion des femmes semble être influencé par le niveau d’esthétisme de la publicité. En effet, une publicité mettant en scène un modèle féminin nu peut être associée à une certaine recherche artistique ou esthétique. Si la beauté de la femme est réellement mise en avant, le public ne sera pas choqué par sa nudité et ne considérera pas la publicité provocatrice. Enfin, l’humour est une variable permettant de tempérer le niveau de provocation ressenti par la femme. L’idée de rire d’elle -même ne les réduit pas seulement au rôle de « femme objet » et leur confère une certaine intelligence et une certaine forme de réflexion. L étude nous révèle donc un double sentiment des femmes vis-à-vis des publicités mettant en scène la nudité féminine : les femmes n’ont pas envie de faire paraître leurs réelles appréciations même si elles la rejettent dans l’ensemble. Elles savent que le but premier des publicitaires est de les choquer et elles ne souhaitent pas répondre à leurs attentes. Notes d’intérêt relatives aux hypothèses validées par cette étude exploratoire : Hypothèse 1 : La nudité est rejetée par les femmes lorsque les modèles sont représentés comme des objets, sans aucune « humanité ». En effet, si on leur confère une certaine forme d’intelligence, de beauté ou d’humour, elle est plus tolérée. Hypothèse 2 : Si le produit mis en avant reste congruent avec le type de message, la nudité sera plus acceptée par les femmes, surtout si elles se sentent attirées et « impliquées dans le produit ». Hypothèse 3 : Si le modèle féminin nu est de toute beauté et représenté de façon très esthétique, la nudité sera perçue de façon positive. Ce modèle s’intéresse seulement à la « réception de la nudité » en publicité par un public féminin et ne se concentre pas sur l’efficacité de ce type de message, en terme d’ « intention d’achat », de « mémorisation » et d’ « attitude à l’égard de la marque ». 16. Référence: Vezina R. et Paul O. (1997), Provocation in advertising : a conceptualization and an empirical assessment, International Journal of Research in Marketing, 14, 177-192 149 Mots clés : comportement du consommateur, provocation, différence, ambiguïté, tabou, mémorisation Idée dominante : Le recours croissant des publicitaires à la provocation ces dernières années permet à la marque de se différencier dans un contexte très concurrentiel. La provocation, de par son caractère choquant, incite la controverse et permet à la marque d’être mémorisée par les consommateurs. Résumé : La provocation est définie comme : « un recours délibéré, dans un contenu publicitaire, à des stimuli voulant choquer au moins une partie de l’auditoire à cause de son niveau de différence, d’ambiguïté ou d’incongruité, et/ou parce qu’elle réfère aux valeurs ou tabous qui ne sont habituellement pas abordés dans la publicité. » (Vézina et Paul, 1997, p.179). Elle fait référence à l’aspect controversé du message publicitaire et non à la controverse que peut inspirer le produit. Les caractéristiques d’un message ayant recours à la provocation sont les suivantes: pas de référence dans la publicité au produit lui-même, aux bénéfices recherchés par les consommateurs ou aux spécificités du produit. Le message évoque certains besoins ou valeurs du consommateur, mais ces besoins ou valeurs sont indirectement reliés au produit. Elle ne se réfère en aucun cas à la cible du message. La provocation implique la différence, l’ambiguïté et l’utilisation d’un tabou. Au moins deux de ces caractéristiques doivent être présentes dans une publicité pour qu’elle soit dite « provocatrice ». La différence est un concept original et innovant : la pertinence et l’attirance des informations transmises joue un rôle important dans la différence. Lorsque la curiosité du consommateur est satisfaite, le message n’a plus d’importance car il n’est pas distinctif. (Vézina et Paul, 1997, p.179180). L’ambiguïté du message publicitaire donne lieu à une certaine ambivalence des interprétations : le manque de clarté du stimulus pour communiquer sur la marque, ses produits et ses attributs ne permet pas de percevoir le message envoyé de façon évidente. Vézina et Paul souligne le rapprochement des notions d’ambiguïté et d’incongruité fait par les consommateurs : le récepteur perd en quelque sorte ses repères et se questionne sur le recours d’un tel stimulus par l’émetteur (l’annonceur). (Vézina et Paul, 1997, p.180). Le tabou (d’ordre religieux, sexuel ou racial) mis en scène dans des campagnes publicitaires peut générer de vives réactions de la part des consommateurs. Il s’agit d’un élément clé puisque différence et ambiguïté ne suffisent pas à elles seules à créer une réelle provocation. Mais le recours à la provocation demeure discutable : elle peut affecter le consommateur positivement ou négativement. En effet, l’objectif premier est de faire parler les consommateurs de la marque, de susciter des réactions et ainsi de la faire connaître. Une publicité « choquante » marquera plus les esprits et sera « mémorisée » par les consommateurs. L’effet peut donc être considéré comme positif puisque les individus prennent conscience de la marque et du contenu de la publicité. Mais, une publicité provocatrice peut être plus ou moins mal perçue par le public : son aspect choquant peut inciter certains consommateurs à boycotter la marque et ses produits ou à réduire leurs intentions d’achat. L’effet négatif est relatif à la possibilité de changement des attitudes envers la marque. Celui-ci tend à se rendre de plus en plus flou pour se transformer en effet positif, spécialement en terme de mémorisation. (Vézina et Paul, 1997). Notes d’intérêt relatives aux hypothèses : Hypothèse 1 : La provocation est fonction du niveau de tabou, de distinction et d’ambiguïté. Or deux de ces éléments sont bien présents dans les publicités de l’industrie du luxe. Le sujet tabou est le sexe, la différence repose sur la façon peu habituelle dont sont mis en avant les produits (vêtements, parfums…). Le critère de l’ambiguïté est discutable en revanche (ex : bouteilles de parfums apparaissant sur les publicités). Hypothèse 2 : La tabou est un élément clé : différence et ambiguïté ne suffisent pas à elles seules à créer une réelle provocation. Il s’agit d’une hypothèse intéressante : est-ce seulement le recours à des images sexuelles qui rend les publicités de l’industrie du luxe provocatrices ? 150 Hypothèse 3 : Une publicité provocatrice ne fait pas référence au produit lui-même, aux bénéfices recherchés par les consommateurs ou aux spécificités du produit. Le message évoque certains besoins ou valeurs du consommateur, mais ces besoins ou valeurs sont indirectement reliés au produit. Elle ne se réfère en aucun cas à la cible du message. Il est en effet difficile de cerner le réel bénéfice des produits dans les publicités de l’industrie du luxe. Hypothèse 4 : L’effet négatif est relatif à la possibilité de changement des attitudes envers la marque. Celui-ci tend à se rendre de plus en plus flou pour se transformer en effet positif, spécialement en terme de mémorisation. Cette hypothèse reste à démontrer pour les publicités de l’industrie du luxe. 151