Hot to Trot Le prince des jeux

Transcription

Hot to Trot Le prince des jeux
HIGHER LEARNING
HAUTES ÉTUDES
Hot to Trot
Taking a swing at polo in Montego Bay, Jamaica.
Le prince des jeux
Partie de polo à Montego Bay, en Jamaïque.
By / par susan nerberg illustrations By / de Lauchie Reid
I thunder along on my trusty mount, Slick, and take aim, swinging the
mallet over my head. I lower it with a swoosh and – bam! – send the ball flying.
We speed up, Slick and I, for a second strike. But as I lean down to hit the ball,
gravel sprays in all directions, and the ball, well, it’s still sitting there in its
spot. I pull Slick around and come back at my target. Again. And again.
Let’s call that first hit a lucky strike; I quickly discover that polo is easier said
than done. Before coming to the Half Moon Equestrian Centre in Montego Bay
for my introductory polo lesson, I’d thought, If Prince Charles can do it, so can I.
The truth is, this ancient team sport – the earliest recorded game took place
2,600 years ago in Persia – requires not only stamina and flexibility but also
lightning-speed reaction and superb hand-eye coordination. The basic rules
of the game: Three or four players per team use long-handled mallets to drive
a wooden ball into the goal of their opponents. My opponent seems to be the
ball itself.
Before my lesson, I met with Trina deLisser in her trophy-filled office.
(She’s won a slew of stadium jumping events.) She owns Slick and the other
20-odd horses at the Half Moon Equestrian Centre. Housed in a whitewashed
colonial-style barn, the centre offers everything from polo lessons to jumping
and dressage. Pretty unusual, considering most resorts only offer horseback
Sur ma fière monture, Slick, je fonds comme l’éclair, brandis mon maillet audessus de ma tête et clac ! frappe la balle à toute volée. Slick et moi accélérons
pour une deuxième tentative. Je m’élance de nouveau, vise et… envoie en l’air une
rafale de graviers. La balle n’a pas bougé d’un pouce. Demi-tour, Slick et moi allons
remettre ça. Encore. Et encore.
Ce premier coup tenait de la chance, car à vrai dire le polo est plus malaisé qu’il
n’y paraît. Avant de me présenter au Half Moon Equestrian Centre de Montego
Bay pour un cours d’initiation, j’étais convaincue que si le prince Charles peut le
faire, je le peux aussi. Mais ce sport d’équipe ancestral (la première partie jamais
recensée a eu lieu en Perse il y a 2600 ans) réclame endurance et souplesse, ainsi
que des réflexes fulgurants et une coordination main-œil hors pair. Les règles de
base : trois ou quatre joueurs par équipe cherchent à placer une balle de bois dans
les buts adverses au moyen de longs maillets. Cette satanée balle, pour le moment,
est mon pire adversaire.
Avant ma leçon, j’ai rencontré Trina deLisser, la propriétaire de Slick et de la
vingtaine de destriers qui logent au centre, dans son bureau encombré de trophées
(le saut d’obstacles, c’est son rayon). Logé dans une écurie coloniale aux murs
chaulés, le centre offre des cours de polo, de saut et de dressage, chose inusitée
ici où la plupart des complexes hôteliers ne proposent, au mieux, que des
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3.2010
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HIGHER LEARNING
HAUTES ÉTUDES
Shake, Shake, Shake, Señora
Our writer gets into the spirit at a distilling course
in Spokane, Washington.
À fond la cuve
Notre journaliste explore les arcanes de la fabrication
du gin à Spokane, Washington.
By / Par Charlene Rooke illustrations By / de Lauchie Reid
It’s 8:45 a.m. and I’m licking raw 190-proof alcohol that smells like modelairplane glue off my fingers in between sips from a shot glass of gin. Yup, this
is pretty much what I’d hoped my crash course in distilling would be like.
I’m at Dry Fly Distillery in Spokane, Washington, to learn how to distill
small-batch artisan spirits – a craft that’s equal parts chemistry, mechanics
and bookkeeping, and as artistic as being a chef. Co-owners Don Poffenroth
and Kent Fleischmann dreamt up this distillery on a fishing trip (hence the
name). They wanted to make a product that shares the natural beauty of the
great Pacific Northwest, so they use only locally grown ingredients.
The pan my classmates and I keep dipping our pinkies into is at the end of
a giant chemistry set made up of couplings, hoses and massive copper and
stainless steel vats. We’re tasting the essence of soft white winter wheat that’s
been combined with enzymes, then fermented with yeast and finally boiled
to extrude its by-products: CO2 and alcohol. This is where the record keeping
comes in. We monitor temperature (to one-tenth of a degree!), volume and
alcohol percentages at various set times – all key for a consistent product.
That said, the most important part is the distiller’s taste. Poffenroth
Il est 8 h 45 et j’en suis à me lécher les doigts pour goûter de l’alcool brut à 95°
sentant la colle d’avion tout en sirotant un petit verre de gin. En plein ce que j’attendais
de mon cours intensif de distillation.
Je suis à la distillerie Dry Fly de Spokane, dans l’état de Washington, pour apprendre à distiller de petites cuvées d’eaux-de-vie artisanales, un art qui fait appel tant à
la chimie et à la mécanique qu’à la tenue de dossiers, mais qui demande la créativité
d’un chef. Les proprios Don Poffenroth et Kent Fleischmann ont eu l’idée de leur
distillerie lors d’une partie de pêche (Dry Fly signifiant « mouche sèche »). Voulant
un produit qui fasse connaître la beauté naturelle du Nord-Ouest Pacifique, ils ne se
servent que d’ingrédients locaux.
Le bac dans lequel mes camarades et moi trempons et retrempons le petit doigt
se trouve à la sortie d’un énorme montage de chimie, tout en tuyaux, raccords et
vastes cuves de cuivre et d’inox. Ce que nous goûtons, c’est de l’essence de blé tendre
blanc d’hiver additionnée d’enzymes, fermentée par ajout de levure et portée à
ébullition pour en extraire les sous-produits : CO2 et alcool. C’est ici que la tenue de
dossiers entre en jeu : il faut noter la température (au dixième de degré près), le
volume et le titre d’alcool à divers moments précis. La qualité constante du produit
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11.2010
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HIGHER LEARNING HAUTES ÉTUDES
The Way of the Sword
Our writer tries kenjutsu in Tokyo – and almost
makes the cut.
Escrime et châtiment
À Tokyo, notre auteur se fend en quatre pour
apprendre le kenjutsu.
By / Par Will Aitken illustrations By / de Lauchie Reid
The great Tetsuro Shimaguchi is helping me with my diagonal slice.
Clack! Clack! Clack! I pivot about in a soft-shoe shuffle, and as I come to face
him, I slice my sword – a wooden one, don’t worry – downward from his left
shoulder to his right thigh. Tumbling to the floor as if eviscerated, he lies
defeated, repressing a smile. I droop my sword beside his head in victory.
Despite the surroundings – a mirrored dance studio in Tokyo’s Shinjuku
district, where I’m learning kenjutsu, the art of Japanese sword fighting – I’m
pumped as if I’d really slain a mortal enemy. No question Shimaguchi is an
honourable opponent; he choreographed the legendary sword fight in the
snowy Japanese garden in Quentin Tarantino’s Kill Bill: Vol. 1, in addition to
having his own cameo in the film.
Under the influence of Zen Buddhism, the 600-year-old tradition of kenjutsu became not only a fighting style but a way of life. Just as you don’t plop
a bunch of posies in a vase and call it ikebana, with kenjutsu you don’t just
pick up a sword and start swinging. Ceremony is key because this sport
encompasses spiritual and moral dimensions, and focuses on fulfillment
and personal growth. Standing over my “slain” sensei, I certainly do feel
Le grand Tetsuro Shimaguchi m’aide à maîtriser le coup de taille en diagonale.
Clac ! Clac ! Clac ! Je pivote en glissant les pieds jusqu’à lui faire face et j’abats mon
sabre (de bois, n’ayez crainte) dans un axe allant de son épaule gauche à sa cuisse
droite. Comme éventré, il s’écroule face contre terre, défait, en réprimant un sourire.
J’abaisse ma lame près de sa tête en signe de suprématie.
En dépit du lieu (un studio de danse bardé de miroirs dans l’arrondissement
tokyoïte de Shinjuku, où j’apprends le kenjutsu, l’art japonais du sabre), je suis aussi
fébrile que si je venais de pourfendre un ennemi juré. Shimaguchi est un adversaire
plus qu’honorable : c’est lui qui a chorégraphié pour Quentin Tarantino le fameux
combat de sabres dans le jardin japonais enneigé de Tuer Bill, volume 1, où il faisait
aussi une brève apparition.
Sous l’influence du zen, la tradition six fois centenaire du kenjutsu a évolué de
technique de combat en mode de vie. Tout comme placer un bouquet dans un vase
n’est pas synonyme d’ikebana, il ne suffit pas de sabrer pour pratiquer le kenjutsu.
Le cérémonial et le respect des formes sont essentiels, car ce sport axé sur la
réalisation de soi et la croissance personnelle comporte également des aspects
moraux et spirituels. Dominant mon sensei « mort », je ressens un sentiment
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9.2010
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