Des obstacles à franchir
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Des obstacles à franchir
BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 1 à32 Région “Bretagne Développement Durable“ Kerne Elagage soigne ses hommes à36 Gros plan Ils sont jeunes et viennent de créer leur “boîte“ à38 Enquête Nº186àMAI 08à4,20 E Le coaching, de moins en moins tabou dans les PME Valorisation des sous-produits de l‘agro-alimentaire Des obstacles à franchir BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 2 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 3 édito sommaire “ ACTUALITÉS A L’AFFICHE FOCUS : Les cavistes professionnels indépendants AILLEURS : Le pôle Prod’innov (Aquitaine) 5 12 16 .................................................................................................................................................................................... .................. ................................................... ENTREPRISES Nexes Visio (22)développe la visio-conférence 21 Le cochon de Ty Neuden (29) réinvente la cochonnaille 22 Pièces Services Grue (56) travaille à l’international 23 ....................................... .... ’avenir de l’industrie dépend de la capacité des PME à garder les yeux ouverts sur la mondialisation”. Tel est le récent message qu’Alain Juillet, haut responsable à l’intelligence économique lançait depuis la CCI de Morlaix à l’occasion d’une conférence, la première d’un cycle sur l’intelligence économique. L ............................ DOSSIER Valorisation des sous-produits 24 de l’agro-alimentaire Entretien : Mélanie Chauvin, responsable de la valorisation 31 des matières organiques à l’Ademe Bretagne ................................................................................................................................... ................ RÉGION Bretagne développement durable Développement durable : Kerne Elagage (29) ....................................................................................... ......................................... 32 34 GROS PLAN Séréni’t, conciergerie d’entreprise à Plérin (22) Julien Colliaux a créé Affaire de Steel à Saint-Malo (35) ........................................ ............ 36 37 PRATIQUES ENQUÊTE : Le coaching fait son entrée dans les PME JURIDIQUE : L’approbation des comptes Bulletin d’abonnement ................... ........................................................... .................................................................................................................................... Ce numéro comporte un encart Prevent’Ouest Responsable Publication : VÉRONIQUE MAIGNANT 02 99 25 41 39 Assistante rédaction et développement : ANNIE RENAULT Ont collaboré à ce numéro : EDITION “BRETAGNE ECONOMIQUE” CRCI : 1, RUE DU GÉNÉRAL GUILLAUDOT CS 14422 • 35044 RENNES CEDEX C. CHERON – A. DESSAUVAGES-GIARD V. ERMEL – A. LETESTU – V. MAIGNANT S. MARSHALL – Y. POUCHARD – V. ROLLAND Publicité : 02 99 25 41 36 Rédaction : Tél. 02 99 25 41 37 - Fax 02 99 63 35 28 e-mail : bret-eco@iway. fr Couverture : VÉRONIQUE MAIGNANT Directeur de la publication : JEAN-FRANÇOIS LE TALLEC Création, maquette & photogravure : ODÉBI Directeur délégué : RÉMI BILGER Impression : CLOÎTRE IMPRIMEURS Comité de rédaction : JACQUES FEUNTEUNA – YOUENN LE BOULC’H PHILIPPE SERDET – VANESSA ERMEL – MARIO PIROMALLI – RONAN PERENNOU – PATRICK SOLO – FRANÇOIS CLÉMENT 38 41 43 Car l’intelligence économique est devenue au fil des ans un instrument essentiel de la stratégie d’entreprise. Elle consiste à utiliser tous les moyens légaux d’information pour comprendre ce qui se passe ailleurs et pour rester compétitif. Cela signifie aussi, apprendre à innover tout en sachant protéger ses innovations. Si les grandes entreprises ont intégré depuis longtemps ces dimensions dans leur mode d’organisation, il n’en est pas de même dans la plupart des PME. C’est pourquoi, dès aujourd’hui, nous engageons, avec les CCI de Bretagne, en partenariat avec la Drire, le Conseil régional et l’Agence de développement économique, une opération intelligence économique. Destinée aux dirigeants de PME-PMI bretonnes, elle se déroulera sur les années 2008-2010. Elle aura pour objet de les aider à structurer leur système d’information. Cibler les informations utiles, gérer en interne le flux d’informations, protéger des éléments sensibles matériels et immatériels, identifier des personnes en charge de la veille sont des enjeux essentiels pour demeurer compétitif et préserver notre tissu industriel. A travers cette opération régionale, 250 entreprises seront sensibilisées à cet enjeu dans le cadre de réunions organisées dans toute la Bretagne et une soixantaine bénéficiera d’un pré-diagnostic réalisé par les CCI avec l’intervention d’un consultant pour la mise en place d’une organisation adaptée d’intelligence économique. Maquette de couverture : HOKUS POKUS Je vous invite à participer nombreux, le 20 mai prochain à partir de 17 heures à l’ESC Rennes, au Forum de l’intelligence économique que nous organisons dans le cadre de la présentation et du lancement de cette action. Jean-François LE TALLEC Président de la CRCI Bretagne 3 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 4 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 5 Le réseau des CCI FINISTÈRE IMAGERIE Equipé depuis plus d’un an d’un tomographe, le CRT de Morlaix enregistre une croissance rapide de son activité d’expertise et de contrôle 3D. Cette technologie qui utilise les rayons X, donc non destructive, permet d’aller plus loin que les outils de numérisation “classiques” (laser, optique…). Les pièces sont radiographiées et leurs volumes dévoilés dans leurs moindres détails. En un an, plus de cinquante entreprises du Grand Ouest ont déjà fait appel à l’expertise 3D du CRT. Toutes les activités industrielles (plasturgie, mécanique, électronique…) et tous les secteurs économiques (automobile, télécommunications, aéronautique, nautisme, défense, génie thermique…) sont intéressés pour la mise au point d’un prototype, l’analyse de dysfonctionnements ou encore le contrôle de conformité d’une pièce. CONTACT : CRT de Morlaix 02 98 15 22 55 [email protected] CÔTES D’ARMOR MORBIHAN INTERNATIONAL TOURISME 13 entreprises bretonnes au VIV Europe de Moscou Fréquentation au beau fixe A l’instar des années précédentes, le Morbihan arrive en tête des quatre départements bretons pour la fréquentation touristique régionale. En 2007, le nombre de nuitées touristiques en Morbihan est estimé à 33,3 millions, un chiffre équivalent à celui de l’année précédente. A noter cependant une baisse du nombre de nuitées des étrangers. Parallèlement, l’étude révèle un taux d’occupation disparate dans le secteur hôtelier, avec une hausse sur les extrêmes (hôtels sans étoiles et hôtels classés en 3 ou 4 étoiles). Quant à la progression régulière de la fréquentation en mars-avril et en septembre, elle engagera les acteurs du tourisme à œuvrer pour le déploiement d’offres adaptées pour ces périodes hors saison. L’ouverture de la Cité de la Voile à Lorient y contribuera déjà très certainement pour 2008. Photo : Belle Ile en Mer - Source CRT Du 27 au 29 mai prochain, treize entreprises bretonnes du secteur de l’élevage (alimentation animale, santé, produits vétérinaires, équipements, génétiques ou encore services) participeront au salon international VIV Europe. Habituellement organisé aux Pays-Bas, cet événement important pour le milieu de la production animale aura lieu pour la première fois en Russie. Cette action régionale, menée par CCI International en partenariat avec UBIFRANCE, va permettre aux exposants de développer, à terme, l’exportation sur les marchés de la Russie et des pays d’Europe de l’Est. CONTACT : CCI International Bretagne Frédéric Barbier - 02 96 75 11 53 [email protected] ACTUALITÉS La 3D au service du développement et de l’innovation dans les PME ILLE-ET-VILAINE INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE Anticiper les attentes des consommateurs Afin d’aider les acteurs de la chaîne alimentaire à anticiper les évolutions des marchés, la CCI Rennes développe un dispositif d’intelligence économique basé sur la production de connaissances stratégiques. Cette expertise, mobilisée à travers l’accompagnement individuel, la formation et l’animation collective, permet aux entreprises d’identifier les facteurs clés de compétitivité et de pérennité. Ainsi, en mars, la CCI a déployé et mis en scène ce dispositif à l’occasion de deux opérations phare : au salon CFIA, avec un riche programme de tables-rondes réunissant au total 14 acteurs de l’agroalimentaire et visant à éclairer les marchés à haut potentiel de croissance et le Café Concept. Organisé en partenariat avec l’Ifhor, sur le thème “Tendances from London”, cette réunion a accueilli 70 professionnels de la restauration hors foyer. L’année 2008 s’annonce encore riche en rendez-vous. CONTACT : Nadège Clapham - 02 99 33 66 93 ou [email protected] 5 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 6 ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT L’activité “inspection industrielle” bientôt localisée sur le site de la Technopole de Brest ■ Nouvelle ligne de production pour Satimo (Plouzané-29). Le rachat d’Antenessa aujourd’hui digéré (conception-fabrication d’instruments de mesures de champs électromagnétiques/design d’antennes), Satimo, société issue de Sup Elec créée en 1986, fait profiter son site brestois du “rapatriement de Paris, en deux étapes dont la première avant cet été, d’une ligne de production au terme de plus d’un an de tests,” confirme Pauline Bernière, responsable marketing & communication de Satimo, qui emploie 110 salariés entre son site parisien, son pôle brestois (22 ingénieurs), le reste se distribuant entre ses antennes internationales (USA, Japon, Italie). Cette nouvelle ligne atteste des évolutions de l’expertise de Satimo (mesure des performances d’antennes). “Il s’agit de scanners qui envoient des ondes au-dessus et sous les lignes de production. L’objectif étant de déceler tous les défauts, poches d’air, caillots… dans les matériaux. Autrement dit, la technologie du microondes appliquée aux matériaux de construction, composites, bois…” Un gros marché en prévision : “quand les donneurs Votre Agence Locale partenaire de vos recrutements 6 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 d’ordre adoptent la solution, ils peuvent vouloir la décliner en douze mois sur l’ensemble de leurs sites.” A cet effet, Satimo-Brest va opérer un déplacement dans de nouveaux bâtiments sur la technopole locale avec salle de mesure, halle de production… Contact : 02 98 05 13 34 ■ Après Paris et Lyon, ELOsystèmes (siège social à Brest) souhaite ouvrir des agences à Bordeaux, Nîmes, Strasbourg et Lille. Racheté en 2007 par Locken (75), ELOsystemes est désormais filiale à 100 % du groupe ELOmobile dirigé par Roland de la Chapelle. Avec une cinquantaine de personnes dont 40 basées à Brest, ELOsystèmes conçoit et commercialise des solutions clé en main d’informatique embarquée destinées aux secteurs du transport. Il est 2ème sur le marché français. Traçabilité des données sociales (conduite, repos, congés, travail), traçabilité des données moteurs (régime moteur, coup de frein, vitesse, ralenti), géolocalisation, aide à la navigation, capteurs spécifiques pour les poids lourds BTP, gestion de températures frigo avec suivi de la chaîne du froid pour éviter toute rupture, gestion des pesées, ces solutions coûtent entre 50 et 80 euros par mois selon la formule choisie. Avec 400 clients répartis sur toute la France, le CA 2007 se situe aux alentours de 4,5 millions d’euros. Les perspectives 2008 sont à la hausse. Il faut dire que face à l’explosion du prix du carburant, les transporteurs sont de plus en plus enclins à trouver des solutions leur permettant de réduire la facture énergie. Contact : 02 98 05 70 60 ■ 500 000 euros d’investissements dans les lignes de production et de conditionnement de La Compagnie des Pêches (transformation et spécialisation dans le surimi et la crevette). Avec deux sites à Saint-Malo (8 500 m2 dédiés au bâtonnet de surimi avec 300 personnes/ 30 autres occupées à la cuisson des crevettes), la Compagnie des Pêches de SaintMalo ne souffre ni sur le marché intérieur (75% de ses résultats) ni sur sa zone export (25 %). “Là où d’autres importent des USA ou d’Asie leur matière première, le poisson, nous le “fabriquons” explique Hubert Drieu La Rochelle, directeur industriel R&D qui souligne en forme d’exemple que la compagnie, “c’est 27 navires dont deux pour la grande pêche mais également 24 crevettiers en Guyane.” La Compagnie des Pêches, c’est aussi une unité de recherche Santé. Trois ingénieurs-chercheurs s’activent sur les peptides marins, “manière de valoriser nos ressources en travaillant sur deux axes : la vieillesse et la santé”. Un marché en devenir qui vise, “via la mise au point d’ingrédients, et non pas de médicaments, la prévention des maladies telles que l’obésité”. Un projet auquel collaborent deux autres industriels bretons (dont LRBeva à Rennes), colabellisé depuis mars par le Pôle NSL (Nord Pas-de-Calais) et par Valorial depuis décembre 2007. Contact : 06 07 81 63 40 DEVELOPPEMENT 18/04/08 16:00 Page 7 tional. Europe de l’Ouest, Europe du Sud ? “Nous avons déjà des clients à l’étranger. Il faut surtout bien définir sa fenêtre de tir. S’engager hors de nos frontières doit répondre à des critères : un pays accessible en moins de 2 heures depuis Paris, avec de bonnes rotations aériennes et dans lequel le haut débit est encore “devant nous. Pas derrière nous.” Contact : 02 99 32 02 84 ■ 26 millions d’euros de CA attendus en 2008 par Niji qui réfléchit à répéter son “essai” lillois à l’étranger. Depuis son siège de Cesson-Sévigné (35) où elle emploie plus de ■ Avec Cloître Rennes, le groupe brestois envisage 100 salariés, un site à Paris 1 million d’euros de CA supplémentaire pour son (170 personnes) et depuis prochain exercice. Implanté à Saint-Thonan (29) où il l’an passé un 3ème à Lille (15 emploie une centaine de salariés, l’imprimeur compte personnes), la société, spéaussi des bureaux commerciaux à Paris. En décidant de Hugues Meili, PDG de Niji cialisée dans les réseaux et réintégrer aujourd’hui sa filiale rennaise Rennes Quadrie, les applications pour les renommée Cloître Rennes, le groupe “appuie sa logique opérateurs de télécommunication, connaît une croissance de d’évolution et de progression”, témoigne Philippe Mérer, l’ordre de 25 %. En 2007, Niji a réalisé un CA de 20,2 millions directeur commercial. “En 2007, entre le site brestois et notre d’euros et un résultat net de 0,9 million d’euros. Des résultats entité parisienne, nous avons réalisé 12 millions d’euros de à mettre au compte de 120 références clients, pointe Hugues CA, auxquels sont venus s’ajouter les 700 000 euros dégagés Meili, PDG de la société. Niji se distingue aussi via son exper- par Rennes Quadrie. Avec aujourd’hui 3 personnes sur tise dans la téléphonie sur IP pour les PME. L’entreprise s’ac- Rennes, dont une nouvelle attachée commerciale, nous tive aussi au développement de la TV sur mobile et des ser- entendons muscler toute notre partie commerciale sur l’Ille et vices liés au divertissement par l’image. Un peu à l’étroit dans Vilaine pour 1 million d’euros de résultat attendu.” Cloître, qui ses locaux de 700 m2, Niji (qui poursuit le recrutement de 100 a investi l’an passé 760 000 euros dans une machine personnes cette année) sait qu’elle devra déménager “au numérique et vient de passer commande pour une seconde, détour de l’automne 2009”. D’ici là, son implantation à Lille, avoue qu’on parle beaucoup de normes environnementales et “création ex-nihilo dédiée au domaine de la relation client sent une accélération des prises de conscience. multi-canal”, lui donne des idées pour s’engager à l’interna- Contact : 02 99 84 57 57 ACTUALITÉS BAT BE 186 part1 - 170408 7 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 8 FINANCES ACTUALITÉS De gauche à droite : Pierre Delourmel (président) et Yves Breu (DG) ■ La Banque Populaire de l’Ouest achève son plan d’investissement matériel et poursuit sa politique de recrutement auprès, notamment, des femmes de 45 à 55 ans. D’ici fin 2008, l’ensemble des 149 agences du réseau BPO auront été transformées en agences conseil libre-service. “Cela représente, depuis 2006, 66 millions d’euros d’investissement. Nous avons ouvert deux agences en 2007 dont une à Plougastel-Daoulas (29) et huit autres verront le jour cette année”, développe Yves Breu, directeur général. 96 personnes ont été recrutées en 2007, parmi elles des femmes de plus de 45 ans. “Elles seront 35 à la fin de l’année. Leur maturité et leur stabilité correspondent aux attentes de notre clientèle”. Avec un effectif total de 1 520 personnes, dont 45 % partiront en retraite dans les 10 ans, la formation reste un enjeu majeur pour attirer et fidéliser de nouveaux salariés : “nous dépensons 2 450 euros par personne et par an en formation” révèle Yves Breu. Côté résultats, “nous avons gagné des parts de marché en crédits et en ressources.” En 2007, le résultat net s’établit à 31,5 millions d’euros en hausse de 8,7 %, l’encours moyen de crédits est de 5,2 milliards d’euros en hausse de 12,2 % et les dépôts gérés s’élèvent à 6,7 milliards d’euros, soit une hausse de 7 %. “Même si le coefficient d’exploitation à 67,8 % subit une légère altération, le ratio de solvabilité reste élevé avec un taux à 11,9 %, soit 3 points au-dessus de la moyenne constatée dans le secteur. 2007 a été une bonne année car nous n’avons pas subi de grosses défaillances”, conclut le directeur général. Notons que la BPO reste proche des créateurs d’entreprise puisqu’elle détient 23 % de parts de marché sur la distribution de prêts à la création d’entreprise. Contact : 02 99 29 79 79 ■ “Nous misons sur 10 salariés d’ici fin 2008. Implanter In&Fi Crédits à Rennes a été une très bonne chose. Le marché est là.” Eric Menard et Jean-Philippe Denizane, tous deux franchisés, négocient pour le compte du particulier le meilleur crédit, pour un projet immobilier comme l’achat d’un bien de consommation. “Le courtier est devenu indispensable”, s’enthousiasme Philippe Denizane, fort d’une centaine de dossiers traités pour le 1er exercice 2007-2008 et qui mise sur une équipe de 10 personnes d’ici la fin de l’année. “Notre valeur ajoutée par rapport à une recherche sur Internet du meilleur taux ? Nous négocions en direct avec la banque pour notre client avec une obligation de résultat puisque nous ne sommes payés (1 % du montant emprunté) que si l’affaire est conclue.” D’où une sélection en amont, au regard des revenus du client, du meilleur interlocuteur bancaire. “On ne met pas en concurrence 15 banques par principe. On creuse le profil de notre client et si le taux est un élément important, c’est le coût global du crédit qui reste un facteur déterminant.” Une expertise qui va jusqu’à la renégociation de prêts en cours et la restructuration de dettes, avec un pouvoir de négociation fort du réseau In&Fi qui compte 110 agences dans l’hexagone. Contact : 02 99 63 70 53 8 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 18/04/08 16:00 DEVELOPPEMENT ■ 41 millions de CA pour Novatech (Pont-de-Buis-29) qui jongle entre ses approvisionnements et les besoins des clients. “C’est notre 6ème année d’existence puisque nous sommes nés des cendres de Solectron (groupe US qui s’est délesté de la PME en 2002 NDLR), souligne volontiers Jean-Yves Bonnet, dirigeant de cette PME (solutions techniques de nouveaux produits, industrialisation technologique, process de production complexes) qui emploie 300 salariés contre 270 en 2005. Raison de cette bonne santé ? “Nous avons étendu le panel de nos clients en France avec, à côté des télécoms, du médical et de l’électroménager haut de gamme, le Page 9 secteur de la Défense.” Valeur ajoutée de l’entreprise ? “Ce que j’appelle le multi-unitaire. Autrement dit, le produit en petite et moyenne série.” D’où la nécessité d’une “forte réactivité et de compétitivité : on nous demande toujours plus de serrer les prix.” Et ce, dans un contexte qui a vu le marché se franciser. “Les concurrents extra nationaux disparaissent les uns après les autres. En fait, les grands groupes se recentrent sur la France.” Avec de nouveaux investissements opérés chaque année, Novatech doit résoudre une autre problématique : la prise de risque. “Nous recevons des commandes à honorer en 15 jours. Or, nous devons nous approvisionner en pièces des mois auparavant. D’où des acrobaties au niveau des stocks qui nous restent sur les bras. On attend alors une prochaine commande ou on réussit à convaincre nos donneurs d’ordre de nous les racheter… en prévision de leurs futurs besoins.” Contact : 02 98 81 32 00 ACTUALITÉS BAT BE 186 part1 - 170408 9 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT 16:00 Page 10 COUP DE POUCE ■ D’ici 2011, La Poste investira ■ “Invitation à la ferme”, une 81 millions en Bretagne pour nouvelle gamme en ultra-frais moderniser l’activité courrier et de yaourts, fromages frais et 3,4 milliards à l’échelon natioautres crèmes dessert. A 36 ans, nal. “Sur un CA 2007 de 11,5 milJean-Michel Péard (Rennes) a traliards d’euros, 3% sont issus du parvaillé 10 ans chez Masterfood. Il y a ticulier et 97% strictement liés à l’acun an, il démissionne dans le cadre tivité économique”, déclarait en avril d’un congé création d’entreprise. Son dernier Raymond Redding, directeur projet : mettre sur pied un réseau de frangénéral délégué du groupe La Poste, chise fermière pour agriculteurs désireux de en déplacement à Rennes. Il venait transformer eux mêmes leurs produits : “Beaucoup parmi la nouvelle génération veuannoncer la mutation industrielle et lent créer des emplois, des produits sains à forte valeur ajoutée et vendre localement sociale en cours à La Poste en vue pour éviter par exemple qu’un yaourt parcourt 9 600 km avant d’être avalé.” Avec de préparer l’ouverture du marché son frère, ingénieur en transformation laitière, aujourd’hui agriculteur, et un autre en 2011. Deux plates-formes indusassocié, ils testent depuis 8 mois son idée. Un premier laboratoire de transformation trielles courrier (PIC) verront le jour a été installé à la ferme. Pour la mise au point des recettes, il travaille avec le lycée en 2011 en Bretagne. Celle de professionnel de la Lande du Breil (Rennes). Rennes Atalante le soutient dans le Rennes, d’une surface de 24 000 m2, déploiement de son site Internet. Objectif de la première année : transformer 100 000 sera construite sur la Zac Mi voie-Le litres de lait en 800 000 yaourts et autres desserts sans conservateurs, colorants ni Vallon, au sud de Rennes, pour un OGM. Pour être référencé par les grandes enseignes de distribution, il a créé la marmontant de 48 millions d’euros. A que “Invitation à la ferme”. Les Leclerc et Super U situés dans un rayon très proche Brest, il s’agira de l’agrandissement de cette première unité de transformation laitière distribuent, aujourd’hui, en rayon de l’actuel centre de traitement du ultra-frais ces produits directement issus de la ferme. “Nous sommes à des niveaux courrier de Brest Guipavas dont le de prix plus élevés, mais en s’associant à nous, la grande distribution travaille son coût se chiffre à 12 millions d’euros. image auprès des consommateurs de plus en plus soucieux de manger sain, déveAvec ces nouveaux outils industriels, loppe ce jeune créateur. Nous sommes sur un marché de niche mais les résultats La Poste entend traiter 4 millions de encourageants de cette première unité vont m’amener dans les mois à venir à déveplis par jour sur l’ensemble de la lopper ce concept (labo transformation, recettes et marketing) auprès d’agriculteurs région en garantissant une distribudésireux de retrouver une certaine maîtrise de leurs produits”. tion à j+1. A Vannes, c’est un centre Contact : 06 26 24 03 76 ou www.invitationalaferme.com d’appels téléphoniques national pour les clients particuliers qui verra le jour en 2009 avec la création de 30 postes de téléopérateurs : montant de l’investissement : 400 000 euros. Enfin, à Saint-Brieuc, c’est une plate-forme nationale relation Entreprises qui sera créée avec, à la clé, 35 emplois et 400 00 euros d’investissement. “Pour nous, la Bretagne devient un pôle tertiaire de la relation client. Avec ces De gauche à droite : Raymond Redding, DG délégué du Groupe La Poste, et Yvon Pinvidic, Directeur Courrier Haute Bretagne investissements colossaux, 3,4 milliards programmés sur l’ensemble de la France sur 3 ans, nous espérons être l’un des trois acteurs européens qui resteront au final à l’ouverture totale de tous les marchés du courrier au 1er janvier 2011” déclarait Raymond Redding. 10 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 11 LE VOLONTARIAT INTERNATIONAL EN ENTREPRISE (VIE), UNE FORMULE SOUPLE POUR SE DÉVELOPPER À L’INTERNATIONAL Une soixantaine d’entreprises bretonnes ont participé au 1er Forum VIE organisé à Rennes par UBIFRANCE, CCI International et la DRCE . L’objectif : proposer aux 250 étudiants présents une mission à l’international. Malgré les nombreux avantages qu’offre la formule : un coût mensuel net se situant entre 1 550 euros et 2 800 euros, une gestion administrative, sociale et logistique prise en charge par UBIFRANCE (le VIE n’est pas salarié de l’entreprise), un accès possible à une aide régionale, un droit au crédit d’impôt export, seulement 65 entreprises bretonnes utilisent aujourd’hui un volontaire international en entreprise. Souvent réservées à la prospection et au développement commercial, les missions s’adressent à des étudiants autonomes, âgé de 18 à 28 ans, désireux de mener une première expérience professionnelle à l’étranger pour une durée maximale de 24 mois. A l’issue de cette période, l’entreprise peut choisir de recruter le jeune en CDI. C’est le cas de Pharmaouest, SAS créée en 1981, reprise en 1998 par Fréderic Mittre et employant 83 salariés à MiniacMorvan (35). Spécialisée dans l’hygiène et le confort de la personne dépendante, l’entreprise a réalisé en 2007 un CA de 12,5 millions d’euros dont 12 % à l’export. “L’Allemagne représente 50 % des débouchés à l’international, précise Frédéric Mittre, le reste est réparti sur l’Europe. Aujourd’hui, je suis à la recherche de deux VIE pour compléter mon réseau commercial en Allemagne. J’en ai déjà deux en poste. Ce pays est un marché naturel, le premier partenaire commercial de la France et pourtant peu de jeunes sont intéressés par cette destination. Je viens d’embauFrédéric Mittre cher en CDI, au poste de responsable export, un jeune volontaire. Basé à Hanovre, il a su, durant 18 mois et en toute autonomie, développer mon portefeuille clients.” En effet, si l’expérience est concluante, beaucoup d’entreprises transforment l’essai en CDI. Et le DG de poursuivre : “un volontaire me coûte 1 800 euros net par mois. 1 600 euros lui sont rétribués par UBIFRANCE qui gère tout : assurance, salaire, cotisations et autres déclarations”, conclut ce dirigeant. ACTUALITÉS Pharmaouest cherche VIE pour l’Allemagne Véronique Maignant Contact : UBIFRANCE: 02 99 84 84 03 CCI International : 02 99 25 41 31 - DRCE : 02 99 84 84 00 11 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 12 ACTUALITÉS FOCUS PETIT TOUR DE BRETAGNE DES CAVISTES PROFESSIONNELS INDÉPENDANTS (Pour bien servir Bacchus Foires aux vins en GMS ou salons gastronomiques, “grosses réclames” dans les boîtes aux lettres, vente sur Internet : boisson “culturelle” par excellence en France, le vin est plus que jamais tiré par de multiples acteurs. Il faut dire que le nectar de Bacchus rapporte gros1 et suscite des fièvres qui n’ont d’équivalents que les soldes ! Dans ce contexte, la résistance des cavistes indépendants s’est très bien organisée. Là où la boucherie-charcuterie a cédé, le caviste n’a pas dévissé. “Caviste ? Un métier où il y a à boire et à manger” Avec quelque 400 cavistes adhérents, pour 2 500 à 3 000 professionnels identifiés dans l’hexagone, la Fédération nationale des cavistes indépendants “n’a pas à rougir de ce nombre, souligne Gérard Antoine, coprésident. Au contraire, avec pareil ratio, nous sommes en tête des fédérations, par métier.” Créée en 1994, la FNCI pointe d’emblée un problème de “périmètre”. De fait, 12 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 qu’appelle-t-on un caviste indépendant ? “Si vous tenez compte des grandes chaînes, des franchisés, des épiceries fines… on atteint 6 000 points de vente. Prenez Saint-Emilion en pleine saison, avec les châteaux qui ouvrent leur caveau aux touristes, on recense sur place près de 55 cavistes… quand deux vrais indépendants exercent réellement toute l’année !” Ce phénomène de multiplication des “cavistes” touche aussi la Bretagne, à l’image de la capitale rennaise où Gérard Antoine dénombre “dans les 38 cavistes entre le centre et sa périphérie. Sauf qu’on trouve pas mal d’opportunistes attirés par l’argent qu’il y a à se faire.” Car, marché il y a bien. “Si dans les années 60 on buvait en moyenne 58 l. par personne par an, en 2007, le nombre est tombé à 28 l. mais au profit de la qualité avec des spécialistes capables de vous proposer un vin de Loire ou un Bourgogne à Montpellier”. Ajoutez à cela les sommeliers qui, faute de trouver une place dans un restaurant, ouvrent leur affaire, et l’on comprend que “caviste” soit aujourd’hui une tendance de fonds. Si la “part de gâteau” ne va pas en s’accroissant – Gérard Antoine évoque une autorégulation à venir – il souligne dans le même temps “que lorsqu’une Foire aux vins se targue de proposer sur 15 jours, 800 références… un vrai caviste, lui, présente le même chiffre toute l’année. Et si les cavistes ne “font” que 7 % en volume du vin vendu en France, sur la production de qualité, en revanche, ils atteignent près de 30 % !” 18/04/08 16:00 Page 13 Les Caves du Tregor à Saint-Quay Perros (22) 1 200 contacts relancés chaque année Parti de “zéro” il y a 20 ans, Jacques Le Calvez “participe aujourd’hui à la vie de 8 familles”. Comprendre qu’avec 8 salariés dans ses Caves du Trégor dont un responsable de cave, le professionnel n’est pas peu fier “d’avoir tenu le coup dans cette jungle qu’est devenue la distribution du vin. Je suis parti d’une activité où j’étais seul à attendre le client, à un point de vente de 250 m2 dédié à deux activités : la vente au détail pour le particulier et une autre orientée vers le secteur CHR, 40 % de mes résultats. Si j’ai réussi à mon niveau, c’est parce que je me suis entouré de collaborateurs brillants. Mon premier salarié, formé à Paris, je suis allé le chercher ! Je ne me permettrais pas de juger ce qui se fait ailleurs, dans la GMS notamment… disons que j’ai des doutes sur certaines compétences. Quant au marketing, ça tombe bien que vous me posiez la question : tous les ans, le weekend du 9 mai, j’adresse un courrier nominatif basé sur mon portefeuille clients qui s’appuie sur les règlements par chèque : soit 1 200 contacts !” Une base de données sans cesse réévaluée au fil des nouveaux paiements. Un sens de la proximité – “je suis avant tout le relais entre un terroir, des producteurs qui ont les mains violettes et des clients” – et du service qui va jusqu’à la mise à disposition dans le cadre de réception (du mariage au méchoui) de tonnelets factices pour égayer les tables, de carafes, de flûtes… “Croyez-le si vous voulez : en 20 ans, je n’ai jamais demandé d’acomptes et je n’ai pas été “trahi” une seule fois. C’est aussi pour lever le stress de ce type de céré- monies que le professionnel, après avoir estimé budget et consommation, met 36 bouteilles à disposition quand 30 ont été estimées raisonnables : le client ne payant que ce qu’il a consommé au final.” A suivre le métier de Jacques Le Calvez, pas de doute : “le caviste indépendant a encore une énorme place dans le paysage”. Encore plus s’il propose du whisky à la vente (200 références ici) et s’il dispose d’un parking (30 places dans le cas présent). Situé en zone commerciale face à une grande surface du sport, Jacques Le Calvez s’est toujours tenu hors du centre-ville. Un choix et une politique commerciale qui ne s’embarrassent pas des “modes” pour séduire. “Les vins bio ? Bien sûr que j’en ai mais je ne les mets pas plus en avant que d’autres. Avant toute chose, on les goûte et on voit s’ils apportent, ou non, quelque chose de gustatif. Et toujours dans une optique de rapport qualité-prix.” Cépages et Découverte à Vannes “Un carton offert pour un acheté” ! Mais qu’est-ce qu’on vous vend ? ACTUALITÉS BAT BE 186 part1 - 170408 Un premier magasin Cépages et Découverte ouvert à Vannes il y a 3 ans, un second à Sarzeau l’an passé : avec 250 000 euros de CA pour, au total, 100 000 euros d’investissements, JeanFrançois Dubois, venu de l’événementiel sportif, n’a pas raté sa reconversion. “J’avais fait une étude de marché. En France, on boit moins, c’est vrai, mais on consomme mieux. Il y a de la place pour nous, ça ne fait pas de doute. D’autant plus que la Bretagne évolue. Il fut un temps où la majorité des cavistes proposait du 13 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 14 Jean-François Dubois, Cépages et Découverte, défend la qualité et le prix “plaisir”. ACTUALITÉS de vente. Via une mini-flotte de véhicules, de la fourgonnette au 6 tonnes. “Mon frère et moi avons passé notre permis poids lourd. On a pu bénéficier de subventions mais, un camion, c’est tout de même dans les 30 000 euros d’investissements.” Auxquels s’ajoute chaque année le budget alloué aux deux mois de “tournée” dans les vignobles : “de 6 000 à 10 000 euros au minimum pour les frais de déplacement”. 600 références et au moins 450 fournisseurs n’empêchent pas les deux professionnels de tout re-goûter chaque année. Un gage de sérieux qui fait la différence auprès de la cinquantaine de restaurateurs qu’ils fournissent aussi. “Croyez-nous, face à France Boisson ou aux représentants, notre connaissance des vins, toujours à jour, fait très bien la différence.” Beau parcours pour un garçon qui, étudiant en Bourgogne, a commencé dans le métier en organisant des soirées dégustation… à domicile. Formule magique pour Les Vignes de Merlin (29) vrac, c’est à dire du vin en cuve avec des clients qui venaient remplir leur “cubi”. A part dans les terres, les cavistes ferment aujourd’hui leurs cuves.” Fort de ce constat en forme de changements de “mœurs”, le professionnel se “projette dans l’avenir. Je ne veux proposer que des vins pertinents. Des vins de terroir qui racontent une vie.” Soit la rencontre d’un terroir et de vignerons alimentée par 400 références et une centaine de fournisseurs. “La qualité et le prix “plaisir”, voilà ce que je défends. Certes, je ne propose pas de vins à 2 euros comme en grande surface mais je peux vous en faire découvrir à 4… 5 euros ! Les caves ont la réputation de coûter plus cher. C’est faux et avec le développement du bag in box, ramené à la bouteille, alors oui, vous avez un vin à deux euros ! De toute façon, quand je vois des offres de GMS – “un carton de vin offert pour un acheté !” – je me pose la question : mais qu’est ce qu’on vous vend ? Qu’est-ce qu’on achète ?” Informatisé dès le début, JeanFrançois ouvre un compte fidélité pour chaque client et, s’il se refuse aux promos “tête de gondole”, il a opté, via l’e-mail “plus économique que l’affranchissement”, pour des opérationsdégustation ou découvertes de nouveaux produits… Ce qui lui ramène des clients qui lui avaient fait “des infidélités”… Ouverte en 1994 à Saint-Pol-de-Léon par Gilles Izoulet, la cave Les Vignes de Merlin a dû compter avec 5 cavistes locaux “qui se positionnent avec près de 300 m2 de surface de vente, des places de parking et visent la clientèle anglaise et irlandaise en faisant du Wine and Beer que les clients achètent directement sur palette !” Nulle animosité pourtant dans la bouche de Gilles qui a opté pour le qualitatif, voire le haut de gamme. “Non pas que l’on marge énormément sur un grand cru et vous ne vendez pas tous les jours une bouteille à 1 500 euros, mais c’est un vrai choix qui me vaut une clientèle de connaisseurs, locale mais aussi anglo-irlandaise.” Un positionnement qui passe aussi par un “emplacement numéro 1” place de la cathédrale, un esprit “épicerie fine” avec les très sélects thés Kousmichoff et un vrai travail de …terrain. Bien décidé à associer le vin au sport, Gilles Izoulet s’est très vite fait connaître de tournois de golf et autres rallyes automobiles. Du café au coin du bivouac au… container de bouteilles, il suffit parfois de savoir écouter. “J’apprends un jour par un copilote que son oncle installé en Louisiane veut vendre du vin au secteur du CHR. Je me suis dit : il va devoir passer par de nombreux intermédiaires là où je peux lui faire une offre globale et variée. J’ai pris 50 bouteilles et je suis monté le voir à Paris.” Affaire conclue. Une première palette de 600 bouteilles déjà partie, c’est un container de 1 200 autres qui va prendre la direction de la Louisiane. “Un marché de 50 000 euros”. ■ Serge Marshall 1 Même en “déclin”, le vin reste la principale source d’apport Passage de “col” réussi pour Le Cellier vitréen (35) d’alcool puisqu’il représente environ 60 % de la quantité totale Trois caves, c’est aussi une entreprise. A suivre le rythme de travail et d’investissements de Jérôme Jeuland, on n’en doute pas : dans la foulée de l’ouverture du Cellier vitréen en 1995, il enchaîne sur une deuxième affaire à Fougères avant d’ouvrir en 2002 sa 3ème cave à Dinard. Au total, 12 salariés pour 1,8 million d’euros de CA, toujours en progression. Avec une explication : “en termes de prix d’achat, on est dans la colonne grossiste avec des tarifs préférentiels et des conditionnements-transport excellents. Prenez un caviste qui n’a qu’une affaire : sur la base de 120 bouteilles achetées, on va lui facturer de 0,60 à 0,80 euro le colis. Nous ? 25 centimes !” Une vraie force de frappe adossée à un entrepôt de 450 m2 à Vitré d’où la marchandise part sur les 3 points (hypermarchés et supermarchés) représente le circuit privilégié d’alcool ingéré par nos compatriotes. La grande distribution 14 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 (en volume) par les ménages français pour leur approvisionnement en vin. Ce circuit (hors hard discounters) a représenté en 2004, selon TNS Secodip, près de 60% des achats de vin/ Sources Onivins-Viniflhor BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 15 DÉVELOPPEMENT ACTUALITÉS ■ Avec une vingtaine de bateaux par an et un CA de 100 000 euros (réparation et hivernage compris), ACB (Atelier Composites de la Baie) poursuit son développement depuis Saint-Pol-de-Léon (29). Son PDG, Serge Leroux, emploie 3 salariés dans son local de 1 000 m2. “Dans le Finistère nord, on ne compte qu’un autre chantier avec nous.” Avec des clients - associations, clubs, écoles de voile – dépendant des budgets alloués par les collectivités, le chantier a observé ce premier semestre un attentisme en raison des élections tandis que le salon du nautisme de Paris, “passage obligé”, a déçu “avec une vraie baisse de fréquentation à mettre en perspective avec la baisse du pouvoir d’achat”. Grâce à son site Internet (qui lui ramène une clientèle nationale) et sa réputation pour des interventions sur la caravelle, «le bateau du coin», ACB table aussi sur la signature en cours, au moment où nous bouclons notre numéro, pour la construction de 2 à 3 bateaux supplémentaires. De quoi alimenter l’atelier où quelque 15 000 euros vont être investis “afin d’améliorer l’outil de travail et rendre les conditions d’hygiène et de sécurité encore meilleures”. Contact : 02 98 15 85 33 Présence au salon BioFach à Nüremberg en Février laquelle Celte et Nature a fait appel à une agence commerciale. Encore une question de maîtrise. “La mission de cette agence ? Faire référencer nos produits en direct dans des enseignes telles que Leclerc, Super U ou Champion”. En défendant le “bon goût et le produit sain”, Celte et Nature, dont les premières pâtes vont être mises sur le marché, entend rester compétitive : “nous ne sommes pas frappés par la hausse des matières premières ; nous n’utilisons pas de beurre et cultivons nos céréales.” Contact : 02 98 94 55 06 La Caravelle, une spécialité d’ACB ■ “Nous sommes sur une bonne pente. Nous profitons à plein de la vogue du bio”. Beau motif de satisfaction pour Vincent Bugnet et Serge Morineau. Après avoir lancé, il y a 5 ans, la marque Celte et Nature (Tourch-29), ils viennent d’atteindre l’équilibre avec leurs derniers résultats (150 000 euros). “Nous avons repéré une demande pour le bio et nous avons fait certifier la moitié de notre gamme dont nos articles au sarrasin et à l’épeautre qui ne contiennent ni protéines de lait, ni gluten.” Avec à ce jour une centaine de clients de détails en France et un grossiste qui distribue leurs produits en région parisienne, la société a fait le choix de la sous-traitance (biscuiteries de Bretagne, CAT de Rosporden pour les emballages…). “A chacun sa maîtrise, défend Vincent qui s’active déjà à relancer sa brioche à l’épeautre et à développer une gamme de produits pour la GMS, cible pour 15 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 16 AILLEURS ACTUALITÉS ( AQUITAINE : LE PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ PROD’INNOV NE S’APPUIE QUE SUR LES PME 3 QUESTIONS À JEAN ROQUAIN, PRÉSIDENT DU PÔLE “Travailler avec un pôle breton ne me pose aucun problème” Unique par son association entre les industries agroalimentaires et pharmaceutiques, en vue d’un meilleur partage de connaissances, d’expériences et de savoir-faire en nutrition et santé, Prod’Innov, pôle de compétitivité aquitain, ne s’appuie que sur les PME et TPE. Explications de Jean Roquain, président du pôle, qui ne comprend pas qu’il soit à ce point “exemplaire”. BE : Depuis deux ans, Prod’Innov a labellisé au total plus de 90 projets. “L’essentiel des partenaires de ces projets sont des PME voire des TPE. Les grandes entreprises en sont pratiquement absentes.” Vous rendez-vous compte à quel point vous êtes atypique ? Jean Roquain : Vous ne croyez pas si bien dire. Je me souviens d’une réunion à Bordeaux sur le thème précisément des aides aux PME. Etaient notamment présents des étrangers quand soudain, au milieu de 300 personnes, j’entends de la bouche d’un officiel espagnol : “les pôles français ont la réputation de ne travailler qu’avec les grosses entreprises !” Je me suis aussitôt levé pour apporter un démenti… en m’appuyant sur ce qui se passe chez nous. Je m’explique : notre pôle est à la croisée de l’agroalimentaire et de ce que nous nommons la pharmatech-santé. Or, en Aquitaine, nous n’avons pas de grosses entreprises dans ces secteurs. Certes, sont présents Lesieur dans le premier cas et Sanofi et BMS-Upsa dans le second, mais uniquement avec des sites de production : ces entreprises n’ont pas leurs centres de R&D chez nous, ce ne sont donc pas a priori des partenaires. En revanche, on dénombre dans les IAA, 600 PME et dans les 50 à s’illustrer en pharma-tech-santé. Ce que je ne comprends pas, c’est que toutes les régions françaises sont ainsi “faites” de PME et TPE. Nous le savons : tous secteurs confondus, au moins 80 % des sièges d’entreprise sont en Ile-de-France. Alors, comment se fait-il que nous soyons à ce point “atypiques” comme vous dites ? (rires). 16 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 Jean Roquain, président du Pôle Prod’innov BE : “Venez partager notre ambition.” Dès la page d’accueil de votre site, vous vous montrez très encourageants. Peut-être avez-vous aussi une méthode qui sait capter mieux que d’autres les PME ? Jean Roquain : Et pourtant nous n’avons que deux ans. Cela dit, nous avons pu nous appuyer sur deux associations interprofessionnelles de la région : le Gipso qui existe depuis plus de 30 ans et l’Ardia rattachée à l’association nationale des industries agroalimentaires. Nous avons ainsi commencé par faire des tournées dans les départements et à communiquer : newsletters, relais d’information sur les sites de ces deux associations ou dans la presse régionale. Les entreprises nous connaissent donc, même si je confesse qu’on peut toujours faire mieux en communication. Autre atout : nos chargés de mission. Nous disposons de 4 ingénieurs qui font ce que j’appelle de l’ingénierie de projet et accompagnent les PME : où et comment trouver un partenaire, développement d’une idée, pistes… BE : Avec un tissu industriel riche de 1 000 partenaires, de clients et sous-traitants et des laboratoires de recherche ciblés en nutrition humaine, vous n’hésitez pas à clamer : “Confiez-nous vos projets d’implantation ou de développement”. Et si une PME bretonne ne veut pas déménager mais tisser des liens avec ces acteurs ? Jean Roquain : Je vous voir venir (rires). Vous voulez me “pointer” sur un éventuel refus d’accueillir des PME 18/04/08 16:00 Page 17 Photo : Ellipse Pharmaceuticals aidé à se faire labelliser et avec qui nous signons une convention. Tout simplement parce que nos champs d’action ne connaissent pas de frontières ! Je me suis aussi rapproché de l’Inra de Clermont-Ferrand, de Toulouse et de Nantes. Vous me parlez de l’Inra-Agrocampus de Rennes ? Je suis tout à fait ouvert à une rencontre. Qu’une école ou un pôle soit breton – je pense à Valorial – ou strasbourgeois ne me pose aucun problème. Prenez les projets du FUI1 : ils sont par définition collaboratifs et peuvent comporter des partenaires Prod’innov, se sont 40 000 emplois industriels, 1 500 hors de la région, publics comme prichercheurs et plus de 1 000 entreprises représentées vés. C’est le cas de la plupart de nos dossiers, je le répète, et en particulier extraterritoriales. Si tel est votre reproche “déguisé” concer- pour nos 8 projets financés par le FUI. C’est vrai aussi que nant nos actions au seul nom d’UN territoire, sachez qu’il est les partenariats sont parfois le fait du hasard, que tout le infondé ! Mon souhait personnel est que de plus en plus de monde ne “bouge” pas à la même vitesse, qu’il faut relanprojets soient inter-pôles, de façon à avoir une visibilité cer les interlocuteurs. Tout est toujours une question de internationale beaucoup plus évidente – nous avons égale- désir… réciproque. ment des accords de coopération avec d’autres pays – et je ■ Propos recueillis par Serge Marshall vais vous le prouver. Nous sommes en relation avec deux pôles de Midi-Pyrénées : Cancer-Bio-Santé et AgriMip Fonds unique interministériel Innovation, tout juste né en juillet dernier, que nous avons ACTUALITÉS BAT BE 186 part1 - 170408 1 17 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 18 BRETAGNE EN RÉSEAU AGENDA ACTUALITÉS ■ Start-West - 8èmes rencontres du capital et de l’innovation les 13 et 14 mai à Nantes Contact : 02 40 44 63 78 ■ 3ème édition du colloque européen sur les molécules et ingrédients santé MIS les 14 et 15 mai à Rennes Contact : 02 99 38 33 30 ■ Les Ateliers de Rennes biennale d’art contemporain du 16 mai au 20 juillet www.lesateliersderennes.fr ■ 10ème édition du Carrefour international du bois du 28 au 30 mai à Nantes Contact : 02 40 44 20 20 timbershow.com ■ 30 mai au 1er juin salon Terralies, salon de l’agriculture en Côtes d’Armor Parc de Brezillet à Saint-Brieuc Contact : 02 96 79 21 30 [email protected] ■ 3 juin – journée-rencontre “amélioration de la performance et prévention des TMS” Maison de l’agriculture de Rennes Contact : ABEA 02 99 25 41 50 ■ 11 et 12 juin, 2èmes rencontres nationales Ports de plaisance et développement durable au centre de congrès du Quartz à Brest Contact : 01 45 15 09 54 (presse) ■ Salon des solutions techniques territoriales (équipement de la ville, route et voirie urbaine) du 11 au 13 juin parc des expos de la Beaujoire à Nantes Contact : 02 40 52 08 11 ■ Prévent’ouest 2008 les 18 et 19 juin Parc des expos de la Beaujoire à Nantes Contact : www.preventica.com 18 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 STAGESOUEST.COM MET EN LIGNE ÉTUDIANTS ET ENTREPRISES ( Au cœur de la cible Créé en novembre 2004, le site www.stagesouest.com1 met aujourd’hui en ligne plus de 10 000 offres de stages. Une aubaine pour les 2 500 entreprises inscrites, qui souhaitent avant tout cibler un profil de poste pointu et dénicher la perle rare. “De septembre 2006 à juillet 2007, nous avons enregistré 15 000 demandes de stages, explique Denis Hervé, un des responsables du site, en poste chez ouestfrance-emploi.com. Aujourd’hui, notre priorité est de trouver pour tous les étudiants inscrits une entreprise en adéquation avec les besoins exprimés. Ceux-ci se concentrent autour de 4 pôles : le commercial-marketing-communication, la gestion financière et juridique, le high-tech-Internet -informatique et l’industrie-technique. Côté entreprises, elles recherchent en priorité les étudiants disposant d’un bac +3 ou 4 suivi par les bac +5 et bac +2.” A 31 ans, Françoise Cloarec est adjointe RH et responsable formation au sein du groupe Locmaria dont le siège social est basé à Rennes. 350 salariés y travaillent, répartis sur 6 sites de production dont trois en Bretagne. Etudiante, cette jeune femme utilisait stagesouest.com pour sélectionner les offres de stages et postuler aux offres. C’est tout naturellement qu’à son arrivée chez Locmaria, il y a plus de trois ans, elle décide de s’y inscrire, cette fois en tant que recruteur. “Ce site a le gros avantage d’être entièrement gratuit. Les annonces sont faciles à mettre en ligne. D’une manière génale, il est ludique et souple, explique Françoise Cloarec. Je dépose une quinzaine d’offres de stages par an, tant pour l’export que la Françoise Cloarec du groupe Locmaria qualité, le marketing ou encore le commercial. Pour chacune, nous recevons une vingtaine de réponses, émanant d’étudiants de bac +2 à bac +5 dont la durée de stage de fin d’études varie de 3 à 6 mois. Ils sont rémunérés au-dessus de ce que la loi prévoit et perçoivent en plus une petite indemnité pour leurs frais de déplacement et de logement.” En effet, toute entreprise qui s’inscrit sur stagesouest.com s’engage à respecter la charte des stages telle que définie, de façon à éviter toute offre d’emploi déguisée. “Un taux de réponses élevé me permet de cibler au plus juste, poursuit Françoise Cloarec. En fonction des besoins des différents sites, je privilégie les candidatures locales.” Enfin, un autre avantage non négligeable de stagesouest.com est qu’il permet aux entreprises de se faire connaître auprès de nombreux étudiants en France et en Europe. Bien connu auprès du public étudiant, le site draine de nombreuses candidatures spontanées qui permettent aux entreprises d’effectuer des recrutements de qualité à différents niveaux de responsabilité. ■ Véronique Maignant 1 Les partenaires à l’initiative du site sont : les CRCI de Bretagne et des Pays de la Loire, ouestfrance-emploi.com, Ouest-France, l’Upib, le Medef des Pays de la Loire et Idées 18/04/08 16:00 RÉGION ■ En 2007, seule une entreprise familiale sur deux a préparé sa transmission. C’est un des points qui ressort de l’enquête sur les entreprises familiales menée par le cabinet PricewaterhouseCoopers dans 28 pays. “C’est particulièrement vrai en France où le système de gouvernance d’entreprise qui est un vrai système de management est en retard par rapport aux Anglosaxons”, explique Jean-Luc Brionne, spécialiste de la transmission au sein de la délégation bretonne. Les entreprises familiales, c’est-à-dire celles dont 51 % du capital sont détenus par une même famille, représentent la moitié des entreprises en Europe. Elles réalisent 35 à 65 % du PNB selon les pays. “Les résultats de l’enquête montrent une certaine incohérence entre les intentions des dirigeants en matière de succession et ce qui se passe concrètement.” En effet, si dans une grande majorité, les dirigeants estiment que le capital restera dans le giron familial, plus de 50 % d’entre eux ne disposent d’aucun plan de succession sauf dans le cas du décès ou de l’invalidité du dirigeant. Plus des deux tiers des entreprises répondantes n’ont adopté aucun processus pour la résolution de conflits entre les membres de la famille. “En France, poursuit Jean-Luc Brionne, nous sommes rentrés dans la culture de la plus-value la meilleure. Les PME bretonnes suivent la tendance et privilégient de moins en moins la solution familiale”. Faute également de solliciter les cadres pour la reprise, les actionnaires ont tendance à vendre à des groupes extérieurs ou étrangers. “Il nous est très difficile d’arrêter ce mouvement même si Page 19 ■ Depuis le 1er avril, Air-France et KLM proposent aux entreprises du Grand Ouest une ouverture sur l’international via Amsterdam. Relié directement et quotidiennement au Hub d’Amsterdam-Schiphol, le Grand Ouest a accès, aujourd’hui, depuis l’aéroport de Nantes, à de nouvelles destinations desservies uniquement par KLM. 5ème ville d’affaire d’Europe après Londres, Franckfort, Paris et Bruxelles, Amsterdam est une plaque tournante vers les marchés internationaux. Au total, ce sont 58 destinations uniques et nouvelles (inexistantes au départ de Paris) qui sont désormais proposées via ce hub. Dallas, Portland, Seattle (Amérique du Nord), Chengdu (Chine), Hyderabad (Inde), Taipei (Taiwan), Koweit ou bien encore Nairobi sont parmi les 37 destinations uniques Longs courriers. 21 destinations uniques sur l’Europe (Maastricht, Riga…) viennent aussi d’être ouvertes. La liaison s’effectue par la compagnie Régional à raison de 2 vols quotidiens du lundi au vendredi. Les relations économiques entre la Bretagne et les Pays-Bas sont loin d’être négligeables et n’ont cessé de croître ces dernières années : en 2007, le Aéroport Amsterdam-Schiphol montant de nos exportations s’élève à 395 millions d’euros, celui de nos importations à 420 millions. De beaux fleurons de notre économie sont détenus majoritairement par des capitaux néerlandais. C’est le cas d’AES Chemunex (Redon), Celtic nutrition animale (Crévin), Isobox technologies (Douarnenez), Néolait (Yffiniac), Nowak (Guipry) ou encore Phillips à Rennes. Au final, en 2007, plus d’une quarantaine de PME bretonnes sont ,en partie ou de façon majoritaire, contrôlées par des capitaux d’origine néerlandaise. Elles étaient 25 en 2005 (source : CRCI Bretagne). Contact : www.airfrance.fr le dispositif des droits de succession va dans le bons sens et tend à se simplifier. La baisse d’un point de la valeur des entreprises, constatée depuis quelques mois, le durcissement des conditions bancaires et le retour en Bretagne de ACTUALITÉS BAT BE 186 part1 - 170408 cadres à la recherche de conversion vont peut-être freiner le nombre croissant d’opérations de rachat d’entreprises bretonnes menées par des groupes extérieurs et étrangers”, conclut ce spécialiste. 19 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 18/04/08 16:00 Page 20 ACTUALITÉS Photo UPS BAT BE 186 part1 - 170408 DEVELOPPEMENT ■ UPS double ses capacités dans l’Ouest. Numéro 1 mondial de la livraison de colis, UPS vient d’ouvrir à SaintJacques-de-la-Lande, à proximité de Rennes, un nouveau centre d’une surface de 2 400 m2. C’est le seul centre en France, à ce jour, à regrouper l’ensemble des activités d’UPS : un centre d’enlèvement et de distribution des colis, une plate-forme de transit routier et un centre opérationnel aérien international. Equipé des dernières technologies, ce centre aérien international traite jusqu’à 1 900 colis par heure soit 22 tonnes par jour. Il relie directement la région Ouest au hub de Cologne. Un Boeing 737 d’une capacité de 11,5 tonnes atterrit en provenance de Cologne à 5h06 sur l’aéroport de Rennes-SaintJacques, pour en repartir à 22h20, cinq jours sur sept. Le rayonnement géographique du centre UPS couvre la totalité des départements bretons, auxquels s’ajoutent pour certaines opérations les départements de la Loire-Atlantique (44), du Maine et Loire (49), de la Manche (50), de la Mayenne (53) et de la Vendée (85). 20 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 Contact : 02 98 68 02 05 ■ 7,7 millions d’euros de CA pour Castel (Landivisiau-29) qui mise sur sa R&D et la sous-traitance. Forte d’une progression à deux chiffres, cette PME de 78 salariés joue plus que jamais de la R&D et de l’innovation, confirme Bruno Madec, PDG, “avec 2 à 3 % du chiffre d’affaire investis chaque année à ce poste, déployé entre recherche et opérationnel, et qui occupera sous peu 10 personnes.” Si le dirigeant souligne comment les clients ont enfin accepté de “payer le prix dû, ce qui nous permet de retrouver de la marge sur les produits alors que l’acier a encore progressé de 18 % depuis le début de l’année”, il remarque aussi que le marché s’est assaini entre la concentration de ses clients et la disparition de certains fournisseurs. Après une année 2005 qui avait vu le marché s’effondrer, Castel tire aujourd’hui son épingle du jeu via sa spécialisation dans 4 branches : équipement portuaire, industriel, agricole et pour la manutention. Une polyvalence qui paie : “cette année, le marché agricole se tend, alors nous nous recentrons plus dans l’industriel.” RÉGION ■ Henri Civel (groupe Asteel-Redon) prend la tête de la Meito jusqu’en 2010. Avec un budget 2008 en hausse à 1,22 million d’euros et 270 entreprises adhérentes, la Mission pour l’électronique, l’informatique et les télécommunications de l’Ouest entame une nouvelle ère. Après trois années de turbulences, la Meito est désormais financée par la seule Région Bretagne, les quatre Conseils généraux et les communautés de communes de Brest, Quimper, Vannes et Lorient. En déclinant sur trois ans “Meito 2010”, ses représentants souhaitent particulièrement développer la veille en termes de marchés et d’usages pour toute la filière et fournir un soutien personnalisé aux PME. Pour l’heure, dans le cadre de l’automobile embarquée et en lien avec la filière auto, elle inaugure ce mois-ci la plate-forme Opase. D’un montant total de 239 000 euros, cette plate-forme, basée au siège de la Meito à Rennes, permet aux entreprises d’utiliser des équipements de tests et de mesures à moindre coût “dans le domaine du hard”. Contact : 02 99 84 85 00 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 21 NEXES VISIO DÉVELOPPE LA VISIOCONFÉRENCE VERS LES PME Issus du monde des télécoms, ils ont flairé les premiers frémissements d’un marché jusqu’alors réservé aux multinationales. Depuis avril 2005, à la tête de Nexes Visio à Trégueux (22), Arnaud Beyer et Frédéric Grange s’attaquent aux PME et collectivités locales. Depuis, les frémissements se sont transformés en véritable mouvement de fond. Dans les locaux de Nexes Visio, des écrans de toutes tailles investissent les bureaux. La Chine, l’Australie ou plus modestement Toulouse… Ils transportent le visiteur dans les lointains bureaux de leurs partenaires. “Les télécommunications, la communication, c’était un peu notre background”, indique Arnaud Beyer pour expliquer la création de Nexes Visio. “On sentait que les échanges dans les entreprises se modifiaient, c’était le moment de se lancer”. Issus du monde des télécoms, les deux associés ont créé leur entreprise sous une approche nouvelle. “Avec le développement des réseaux haut-débit, un potentiel énorme s’ouvrait aux PME, souligne Frédéric Grange. Mais pour l’exploiter, l’idée était de monter une structure entièrement dédiée à la visioconférence pour les accompagner dans ce changement. Car autant les multinationales disposent des services techniques nécessaires, autant les PME réclament une palette de services qui n’existaient pas vraiment sur le marché”. D’emblée, les deux hommes mènent leur action selon 4 axes : parler “usages” et non technologie afin de proposer des solutions sur-mesure ; être multi-marques, garant de leur indépendance ; garder une notion de proximité par des partenariats régionaux ; faire de la visioconférence leur cœur de métier. “Se spécialiser dans la visioconférence a été pris comme une folie au départ, rappelle Frédéric Beyer. Car les entreprises qui la proposaient avaient d’abord un cœur de métier dans l’audiovisuel ou les réseaux informatique. C’était un petit marché et peu de monde savait de quoi il retournait précisément”. Aujourd’hui, les choses ont sérieusement évolué… On peut même dater ce retournement. ENTREPRISES Communications illimitées Brieuc, ils parcourent le Grand Ouest, d’une installation à l’autre. “Depuis septembre 2007, on a vraiment senti une prise de conscience, constate Arnaud Beyer. Le nombre de nos installations, notamment dans les collectivités locales, a augmenté de manière impressionnante”. Ainsi, d’une année sur l’autre, sans pour autant tout attribuer au Grenelle de l’environnement, Nexes Visio compte plus 40 % d’installations pour un chiffre d’affaire de 600 000 euros en 2007. Reconnue comme une alternative aux déplacements, renforcée par la flambée des prix du pétrole, la visioconférence devient un outil majeur de la communication et de l’organisation interne des entreprises. “Sans compter l’évolution des réseaux ADSL, qui sont aujourd’hui notre support principal et offrent des communications illimitées”, souligne Frédéric Grange. Une technologie qu’ils estiment urgent d’assimiler, la France souffrant d’un sous-équipement important en la matière par rapport à ses voisins européens. Conseils généraux et PME pour un usage courant, hôpitaux pour des consultations à distance, ANPE pour des antennes de proximité dédiées aux entretiens mensuels, écoles primaires pour l’enseignement à distance… Les installations de Nexes Visio sont extrêmement variées. “Nous sommes conscients que nous avons fait naître quelque chose ; il s’agit de le porter encore plus loin. Il y a un tel potentiel sur le marché français aujourd’hui, de telles applications encore inexplorées, que nous n’en sommes encore qu’à la première étape”, conclut Arnaud Beyer. ■ Véronique Rolland De Grenelle à Saint-Brieuc Depuis le Grenelle de l’environnement, on peut dire que les deux techniciens de Nexes Visio ne chôment pas. Du siège près de Saint- L’enseignement à distance dans les écoles, une des applications de la visio-conférence 21 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 22 ENTREPRISES LE COCHON DE TY NEUDEN RÉINVENTE LA COCHONNAILLE Cochon qui s’en dédit Pour Magali Bernard, co-dirigeante, priorité à la saveur Pour revaloriser l’image de la production porcine et de la charcuterie en général, Magali Bernard met les bouchées doubles à Lothey (29). Son “Cochon de Ty Neuden” adossé à l’élevage de son mari est un vrai succès. En plein champ, le bâtiment blanc de 300 m2, où mènent les pancartes aux deux cochons roses dansant, logo de la maison, surprend le nouveau venu mais plus les nombreux habitués. Dans la petite boutique de vente directe, une vitrine réfrigérée présente côtes et autres rôtis tandis que sur des étagères, les verrines de terrines aguichent le chaland. Par une vitre, s’aperçoivent à l’œuvre des charcutiers souriants, loin de l’ambiance des usines aux cadences folles. “Nous avons repensé la façon de travailler le porc et les gens ont l’air d’apprécier, raconte Magali Bernard. Pour cela, deux principes intangibles : innovation des produits et priorité à la saveur.” La jeune femme qui rêvait de devenir prof de gym a réorienté ses études vers la comptabilité pour assister son mari et son beau-frère, descendants d’éleveurs de porcs depuis trois générations. Une exploitation du coup atypique : seulement 250 truies-mères et 170 hectares pour produire leur alimentation en interne. Rien à voir avec l’industriel hors-sol, nourri de produits d’importation. “Malgré leur plus grande qualité, nos bêtes partaient sur le marché sans distinction avec les autres. D’où l’idée de les valoriser nous-mêmes sur place.” Le cochon de Ty Neuden nourrit aussi la Garde Républicaine à Paris Dix salariés En 2000, Magali ouvre donc une modeste boutique à la ferme. “Seule, je vendais de la viande fraîche découpée et un peu de charcuterie fabriquée en sous-traitance car nous n’avions pas de laboratoire aux normes. Je traitais un cochon par semaine.” Elle commence à fournir des restaurants et court les marchés environnants avec un fourgon. Pour répondre à la demande croissante, un bâtiment laboratoire-stockage-boutique-bureau est construit dans un champ voisin en 2002. Aujourd’hui à la SARL Le Cochon de Ty Neuden, ils sont dix à travailler, dont 5 charcutiers, un commercial et un livreur, pour traiter 50 porcs par semaine, soit la moitié de la production annuelle de la ferme. “L’initiative n’a pas été forcément bien vue par certains éleveurs mais j’étais convaincue d’avoir raison face aux crises du porc à répétition et aux attentes des consommateurs.” Magali Bernard multiplie les circuits de distribution : la vente sur place qui représente toujours 10 % du CA, la fourniture de restaurants, cantines scolaires, maisons de retraite, cercles de la gendarmerie, la réalisation de buffets… mais aussi la vente en entreprises via les CE ou avec l’aval des dirigeants pour des commandes hebdomadaires livrées sur le lieu de travail quelle que soit la quantité. “La viande fraîche ne représente plus que 35 % des ventes au profit des verrines et plats préparés en pleine explo22 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 sion. Nous livrons sur tout le Finistère et de plus en plus bien audelà : pour l’anecdote, nous envoyons 300 à 400 kilos de produit par semaine à Paris pour nourrir la Garde Républicaine !” Reprendre pour s’étendre Le chiffre d’affaires d’un million d’euros, en progression de 15 % par an, devrait encore exploser. “Les verrines pour l’instant conditionnées à l’extérieur vont l’être chez nous à la fin juin et les plats préparés vendus sous vide aujourd’hui le seront alors en barquettes micro-ondables. Avant l’été, notre site marchand sur internet sera opérationnel.” Mais Magali Bernard regarde aussi en dehors de ses murs : “pour augmenter notre gamme de 150 références, nous nous fixons comme objectif dans un à deux ans de reprendre une autre entreprise complémentaire.” A un moment où les consommateurs s’inquiètent des OGM et où on parle de réintroduire les farines animales dans l’alimentation des porcs, l’élevage au naturel des cochons des Bernard peut jouer une belle carte personnelle. ■ Yves Pouchard BAT BE 186 part1 - 170408 18/04/08 16:00 Page 23 ENTREPRISES Le chantier de Dubaï City Center aux Émirats Arabes Unis POUR PIÈCES SERVICES GRUE, TRAVAILLER À L’INTERNATIONAL EST UNE SECONDE NATURE PSG prend de la hauteur ! Non, vous ne rêvez pas… c’est bel et bien du russe, de l’espagnol ou de l’anglais que vous entendrez en entrant chez Pièces Services Grues. Et pourtant, nous sommes à Theix dans le Morbihan. 85% de l’activité de cette PME, spécialisée dans la commercialisation de grues d’occasion et de pièces détachées pour grues, s’effectuent à l’étranger. “Ce n’est plus en Europe mais partout ailleurs dans le monde que le marché de la construction explose”. Ce potentiel international, Eric Audrain, actuel dirigeant de la société, l’avait très vite compris. En 2000, alors âgé de 29 ans, lui et sa jeune épouse hésitent. Que faire ? Acheter une maison, pour faire comme tout le monde, ou se lancer dans une toute autre aventure : raccrocher leurs casquettes de vendeur automobile et de coiffeuse pour celles d’entrepreneurs. Pas besoin de tergiverser trop longuement. En 2001, leur chemin croise celui de Marcel et Geneviève Le Guern, fondateurs, en 1995, de PSG. Pendant 18 mois, ils vont leur transmettre les moindres rouages du métier, avant de leur passer le flambeau. Moyen-Orient, les chantiers ont besoin de mâts, les bâtiments vont chatouiller le ciel à plus de 100 m !” Il décide alors d’ajouter à “la gamme de références de la société, des grues d’occasion complètes et des mâtures”. L’idée était là, la réussite plus très loin. Un premier accord est signé avec un Libanais, pour la livraison de sept engins sur un chantier au Qatar. L’équipe solutionne les difficultés logistiques d’empaquetage… Un dernier obstacle reste néanmoins à surmonter : le vertige des banques. “Le prix d’une grue avoisine le million d’euros, sans parler des conditions de change entre une grue achetée en Chine et revendue au Moyen-Orient !” Cette étape aura certainement était la plus périlleuse pour le couple Audrain, contraint d’honorer seul, cette première commande, sans la moindre garantie financière. Après quelques mois sombres, PSG parvient à se relever et les contrats avec les géants étrangers de la construction se multiplient, l’entreprise sort de l’ombre et gagne peu à peu du terrain dans le monde entier, en Russie, au Moyen-Orient, en Amérique latine… Alors que le chiffre d’affaires plafonnait à 300 000 euros entre 1995 et 2001, il grimpe depuis, en flèche : “multiplié par dix en 2007, il devrait atteindre 5 à 6 millions d’euros en 2008, dont 60 % pour le MoyenOrient et 15 % pour les pays de l’Est alors que l’activité ne s’y développe que depuis 6 mois”. Le rêve “américain” Nouveau cap à l’horizon… Emballé, Eric Audrain se lance pleinement dans ce nouveau challenge. “J’ai commencé par faire ce que je maîtrisais le mieux : le commercial. J’ai suivi pendant 6 mois un stage intensif d’anglais à la Chambre de commerce puis décidé, un samedi matin, de voir plus loin. J’ai surfé sur Internet à la recherche d’éventuels prospects. Au hasard, j’ai envoyé une vingtaine de mailings à travers le Moyen-Orient. Le lundi, onze demandes de cotation m’attendaient au bureau”. Il saisit immédiatement l’opportunité. Le marché mondial se porte bien, partout on construit de plus en plus, de plus en plus haut…. “Au PSG entretient, depuis 2005, d’étroites relations avec un fournisseur en Chine. “Pour répondre à l’évolution du marché, nous évoquons l’éventuelle création, fin 2008, d’une usine de construction de grues neuves, certainement à proximité du port de Shanghai pour faciliter le transit. Le marché chinois est désormais incontournable. Il sait produire, en masse, mais manque toujours la qualité, alors qu’un chantier immobilisé parce qu’une grue est défectueuse coûte très cher. Nous avons donc un rôle à jouer”. ■ Aurélie Dessauvages - Giard 23 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:01 Page 24 DOSSIER VALORISATION DES SOUS-PRODUITS DE L’AGRO-A Des obstacles à fra 24 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:01 Page 25 O-ALIMENTAIRE ranchir ... Et qui va donner le coup d’envoi de la seconde mi-temps ? En matière de valorisation des déchets issus de l’industrie agro-alimentaire, la situation apparemment stable est en constante évolution car la réglementation européenne et le raisonnement économique poussent à trouver des solutions nouvelles. Le problème, c’est que l’innovation coûte cher. Si les pouvoirs publics ne peuvent ni ne veulent porter tout le risque industriel, qui va financer les prototypes quand les porteurs de projet s’épuisent ? outes filières confondues, les industries agro-alimentaires bretonnes produisent 1 431 506 tonnes de déchets, valorisés ou éliminés, estime la mission menée en 2003 par l’Upib, l’Abea et la Région Bretagne. Un gisement de matières brutes qui se répartit à peu près également entre le Finistère, le Morbihan et l’Ille-et-Vilaine, les Côtes-d’Armor représentant 17 % des tonnages. Si tous les secteurs sont concernés, le plus gros pourvoyeur de déchets est représenté par les abattoirs (52 %), suivis par l’industrie laitière (25 %) puis la conserverie et la transformation de fruits et légumes (11 %). Il est plutôt rassurant de constater que les premiers déchets organiques produits en Bretagne sont issus des sous-produits animaux (SPA) à savoir des déchets de catégorie 3, “à bas risque”, représentant 34 % des tonnages. Viennent ensuite les sous-produits des industries laitières puis les boues d’épuration générées par les grosses unités industrielles. T Le respect des normes au prix fort On constate que plus de la moitié (55 %) des sous-produits retournent vers l’agriculture. L’alimentation des animaux d’élevage (27 %), l’épandage (près de 22 %) et le petfood (18 %) sont les débouchés les plus “naturels” de ces déchets, en particulier les sous-produits 25 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:01 Page 26 DOSSIER STALAVEN A DÉVELOPPÉ UNE SOLUTION PROPRE “La vertu a un prix” On distingue les circuits courts, de plus en plus limités mais intéressants pour les produits végétaux, et les circuits industriels impliquant un traitement. En fonction de la nature des déchets, la démarche commence par un tri efficace, la détermination de l’intérêt agronomique, nutritif et énergétique, du déchet, la garantie d’innocuité et la traçabilité de circuits afin de trouver les solutions adaptées, explique l’Ademe. L’offre de solutions est également limitée par le coût du transport et la nécessité de massifier les flux pour trouver un optimum économique. Les filières ne sont pas non plus forcément pérennes. On sait que la réglementation s’alourdit en permanence, que les plans d’épandage connaissent une restriction de plus en plus sévère et que la demande sociale évolue. Les notions de développement durable interrogent en profondeur tous les acteurs, et pas seulement les associations de défense de l’environnement. Il y a donc un défi à relever pour transformer des déchets en sous-produits. Du déchet au sous-produit Des co-produits végétaux destinés aux éleveurs Producteur de salades composées, Stalaven traite essentiellement des déchets de légumes et a développé une solution propre, explique Philippe Robert, responsable environnement. Tout démarre par le tri. Les coproduits non contaminés par des produits animaux sont directement incorporés à l’alimentation animale chez des éleveurs avec qui l’entreprise a passé une convention. Stalaven prend en charge le transport et cède gratuitement les déchets “pour éviter les conflits si l’agriculteur détectait un problème de qualité”. Les déchets animaux et végétaux en suspension dans les eaux de lavage sont tamisés et partent en compostage sur une plate-forme gérée par un syndicat de gestion des déchets. Là encore, l’entreprise paie le coût du transport. Ils contribuent à la production d’un compost certifié Cerafel, vendu par le syndicat. Les eaux résiduelles subissent un prétraitement physico-chimique à l’usine, éliminant 90% de matières en suspension et 80% de la charge polluante organique (DCO). Elles sont ensuite acheminées vers la station intercommunale, un service payant en fonction des volumes traités. Les boues résiduelles sont incinérées “et c’est très cher”. La vertu a donc un prix. provenant des conserveries de fruits et légumes. Les sous-produits animaux sont soumis à une réglementation particulière qui les soustrait d’office à ces filières. Jusqu’à aujourd’hui, les filières de traitement semblent bien établies et les industriels acceptent de payer les services de prestataires pour se mettre en accord avec une réglementation fortement resserrée suite aux diverses crises sanitaires. Mais ces solutions sont chères : selon l’étude citée plus haut, la destruction des boues séchées par incinération coûte en moyenne 331 euros la tonne, celle des graisses de flottation s’élève à 134 euros et la récupération des sous-produits animaux de catégorie 1 (les plus dangereux) par les équarrisseurs se monte à 121 euros la tonne. En parallèle, le coût moyen de l’épandage n’est que de 11 euros la tonne. Les prix s’expliquent en partie par la filière de traitement. 26 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 Certaines filières ont entamé cette démarche depuis longtemps. C’est le cas des produits de la mer. A Lorient, par exemple, l’institut ID Mer apporte son savoir-faire aux entreprises de la région. Citons aussi Atlantique Petfood à Concarneau. Second acteur breton de la transformation des sous-produits du poisson, l’entreprise traite environ 15 000 tonnes de déchets de thon et de saumon, transformés en hachis à destination du petfood humide. Depuis 1990, Jean-Guillaume Badiola s’approvisionne “auprès de partenaires fidèles” qu’il rémunère. Il travaille avec des groupes industriels, comme Nestlé ou Mars, sur toute l’Europe. “C’est pour mon entreprise de négoce un débouché secondaire. Les filières sont très installées, la raréfaction de la matière première va poser un sérieux problème, celui de la question de l’économie de la pêche, avant même de penser à dépenser l’argent public pour des projets à l’avenir incertain”. Un aspect du problème que l’on va retrouver partout. La valorisation des déchets des productions végétales n’est pas la plus problématique, même si elle interroge l’avenir des projets de méthanisation : “Si, pour assurer la pérennité des installations et trouver les volumes nécessaires au fonctionnement des unités de traitement, il faut produire par exemple plus de maïs, l’agriculteur doit-il pour autant se transformer en producteur d’énergie ?”, souligne Philippe Robert, responsable environnement chez Stalaven et membre de la Mission régionale. L’embarrassant problème des graisses Mais “les graisses, c’est l’urgence”, poursuit notre interlocuteur. Les projets de méthanisation qui peuvent accueillir certaines graisses piétinent, le biodiesel ne démarre pas alors qu’il se développe en Espagne. En regard de l’envolée des prix des BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:01 Page 27 Les sites industriels SVA - Jean Rozé à Cornillé : à gauche, la société armoricaine d’incinération reliée par un circuit vapeur à la SNC Cornillé (à droite), unité de traitement des co-produits d’abattoirs énergies fossiles, il est important de se rappeler qu’une tonne de graisse purifiée est équivalente à une tonne de fuel”. Et l’on retrouve la difficulté exprimée plus haut : l’innovation coûte cher, elle n’est pas forcément accessible à des PME. Des solutions propres Des sociétés bien établies ont pu développer leurs solutions propres. Citons SVA Jean Roze à Vitré. Certifiée ISO 14001, l’entreprise a créé une unité de valorisation énergétique des boues de station d’épuration et de déchets organiques à Cornillé (35). La Société Armoricaine d’Incinération fonctionne en zéro rejet et fournit une partie de l’énergie, sous forme de vapeur, nécessaire au site voisin, SNC Cornillé. Cette unité traite les coproduits d’abattoirs (graisses et os) en mettant en oeuvre des procédés performants pour traiter ses propres rejets : système d’ultra filtration des eaux usées, oxydateur thermique et bio filtre pour traiter les odeurs. VEOLIA PROPRETÉ PORTEUR D’INNOVATION “Les industriels ont un cap à passer” “Les techniques de valorisation, notamment la méthanisation, sont au point mais elles sont financièrement coûteuses. On attend des professionnels qu’ils tiennent un discours clair avant d’aller plus loin”, déclare Martial Gabillard, adjoint au directeur de l’agence régionale Bretagne de Veolia Propreté. Cette branche du groupe Veolia Environnement est spécialisée “dans la collecte, le traitement et la valorisation de tous les types de déchets”. Elle emploie 960 salariés sur la Bretagne sur les quatre départements bretons. Dans le domaine des IAA, “les graisses animales constituent une catégorie particulière qui demande un traitement spécifique lié aux caractéristiques physico-chimiques de chaque type de déchet. C’est le client qui fait son choix sur des critères techniques et financiers en fonction des solutions proposées. Aujourd’hui, le maillage des équipements de Veolia est équivalent à l’accès à un plan d’épandage et se développe à la mesure de la demande, mais le mar- Plate-forme de compostage de déchets non-consommables ché est encore débutant. Même si les industriels sont conscients que l’avenir est à la restriction de plans d’épandage et que le risque sanitaire existe, le process industriel a un coût qu’ils ne veulent pas assumer”. Il existe des solutions locales, développées par les industriels en lien avec les stations d’épuration des collectivités mais celles-ci ne peuvent s’appliquer à des produits complexes qui demandent un traitement particulier : “Nos solutions sont complémentaires. Veolia est porteur d’innovation mais là encore c’est un calcul économique qui n’est pas totalement abouti. Par exemple, en matière de méthanisation, il existe un problème de pérennité de l’approvisionnement, le groupe développe plutôt le compostage. En quelque sorte, on attend que les tonnages sortent du bois”. 27 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:01 Page 28 DOSSIER Photo : Ademe Convoyage par bande transporteuse en usine d’incinération On peut encore citer la Cooperl à Lamballe qui a fait appel à Veolia en 2002 pour mettre en place une station de traitement des effluents capable de recycler une partie des effluents traités. La station s’appuie notamment sur un bioréacteur à membrane, Biosep™, combinant boues activées et filtration membranaire, afin d’assurer le traitement optimal et la finition des effluents en vue de leur recyclage. La capacité de la station atteint actuellement 16 000 m3/semaine et 30 tonnes/semaine de DCO (demande chimique en oxygène). Eléphants et pique-boeufs Maîtrisant l’innovation, les grands prestataires restent dans une situation d’oligopole, car l’Etat a été très content de trouver auprès d’eux une réponse aux obligations nées des suites de l’ESB, dite maladie de “la vache folle”. Alors que les industriels peuvent raisonnablement vouloir trouver un certain degré d’autonomie par rapport à ces entreprises, l’équilibre économique des solutions alternatives reste difficile à trouver. Et curieusement, les prestataires ne se sont pas montrés très empressés à répondre lorsque nous avons essayé de les interroger. Pour diffuser une innovation, il faut donc avoir de solides convictions. Comme le souligne Guillaume Birault, de la CCI des Côtes d’Armor, “la réglementation est très complexe et empêche de trouver ou n’encourage pas à tester des solutions innovantes”. Ainsi la Drire, en dépit d’une ouverture reconnue par ses interlocuteurs, a mis du temps pour arriver à un protocole car la combustion des déchets relève de la réglementation sur les installations classées. Il faut aussi convaincre les industriels : “On voit poindre des pistes d’avenir : méthanisation, alimentation animale ou petfood, épandage de produits normalisés, oléochimie et cosmétique, estiment par exemple les institutionnels, mais les industriels attendent des résultats avant de se décider à mettre en place les investissements nécessaires et ils continuent à solliciter en priorité les gros prestataires”. Ce constat explique les réactions des porteurs d’innovations que nous avons interrogés. Ainsi la société S3D estime que “quarante industriels attendent les résultats du pilote que nous avons installé chez Maillard la Banaise”, un producteur d’andouilles situé au Grand Fougeray (35). Créé en février 2007 par deux thésards de l’Ecole des Mines de Nantes, S3D exploite un brevet permettant “la transformation de façon simple et peu coûteuse des graisses animales en un biocarburant compatible avec un moteur diesel”. Trois ans de recherche ont abouti au procédé Valorfat. Le pilote traitera 50 tonnes de graisse par an qui “suffiront à rendre l’entreprise autonome sur le plan énergétique”. Et de SARIA DISPOSE DE SIX UNITÉS DE TRANSFORMATION EN BRETAGNE Une réflexion globale Filiale du Groupe allemand Rethmann (8,6 milliards d’euros de CA en 2007), Saria est présent dans huit pays européens. En France, il collecte environ 1,2 million de tonnes de matières premières, transformées en 450 000 tonnes de produits finis, pour un chiffre d’affaires dépassant 250 millions d’euros. Saria possède six sites unités de transformation en Bretagne (à Trémorel et Plouvara dans le 22, Concarneau dans le 29, Vitré dans le 35 et Guer et Locminé dans le 56) et trois en LoireAtlantique. En outre, le groupe dispose de deux sites d’équarrissage à Brest et Morlaix. “L’ensemble de notre palette d’outils, ateliers de déshydratation, de fonte ou de congélation, permet de traiter chaque matière collectée en fonction de ses caractéristiques et de répon- 28 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 dre à un grand nombre de marchés : alimentation pour chiens et chats, aquaculture, alimentation des animaux de modernes est un atout important face aux enjeux du métier, poursuit-il. Elle garantit un débouché pérenne et sécurisé aux professionnels des filières viande et pêche. Elle optimise les coûts de prise en charge des sousproduits en massifiant les flux. La spécialisation des outils lui permet d’accéder aux marchés les plus rémunérateurs. Chaque outil est équipé d’équipements de pointe en matière de prévention des pollutions”. Enfin, Saria s’est engagé dans la valorisation de la biomasse Le site de Plouvara (Côtes d’Armor) : en Loire Atlantique la construction de méthaniseurs (aptes à traiter rente, industrie des fertilisants, oloéochi- tout type de matières organiques) est mie (produits d’hygiène) et alimentation bien avancée. Le groupe mène actuellehumaine (graisses alimentaires)”, précise ment une réflexion sur la construction Patrick Coelenbier, directeur de la com- d’une unité de fabrication de biocarbumunication. “Cette concentration d’outils rants. BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:01 Page 29 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:02 Page 30 DOSSIER L’ATELIER DE L’ARGOAT TRANSFORME LE DÉCHET EN CO-PRODUIT PME citoyenne L’émulseur Biothermie mis au point par Jean Quentin roducteur d’andouilles et d’andouillettes à Plélan-le-Grand (35), l’Atelier de l’Argoat emploie 58 personnes et réalise un chiffre d’affaires de près de 5 millions d’euros. “Les 500 tonnes de produits finis qui sortent chaque année de nos laboratoires génèrent 200 tonnes de résidus puisqu’il faut envi- P ron 100 tonnes de matières premières pour aboutir à 30 tonnes d’andouille. La question de la valorisation des sous-produits s’est tout de suite posée”, explique Joël Teingaud, le dirigeant. Jusqu’ici, l’Atelier de l’Argoat traitait les eaux usées dans une station de prétraitement et faisait enlever les graisses animales cuites et crues (y compris les graisses de flottation) par un équarrisseur. L’entreprise a voulu poursuivre la réflexion et transformer le déchet en co-produit. Toutes les graisses sont fondues à la sortie de la table de parage, collectées et déphasées dans un décanteur. L’huile animale qui en sort est stockée dans une cuve et va venir alimenter une chaudière produisant la vapeur nécessaire à la production d’andouilles. “Nous avons accepté de travail- ches, entièrement financées sur mes ressources personnelles, et que la solution labellisée Valorial et Innoviande se trouve retardée par un Ubu administratif auquel il est difficile de résister”. Ce que tempère Guillaume Birault : “Les entreprises ne sont pas opposées à tester, mais veulent avoir des informations précises sur le retour sur investissement. De son côté, la Région a toujours la volonté de s’investir mais cherche encore des interlocuteurs. Est-ce que c’est à la puissance publique de financer les investissements qui sont rentables ? L’industriel sûr de sa technologie ne doit-il pas prendre ses risques ? Chaque solution devra trouver son marché et chaque déchet sa solution selon un optimum économique.” ■ Clotilde Chéron Photo : AEB - Méthafrance préciser : “C’est S3D qui a payé le pilote, car c’est pour nous l’occasion de faire nos preuves”. Bonus non négligeable, “après 500 heures d’utilisation, Caterpillar, son fabricant, a constaté l’absence d’usure du moteur diesel et a décidé de garantir son utilisation dans notre dispositif.” Pour Jean Quentin en revanche, les choses vont trop lentement : “les promesses tardent à se réaliser. Je constate une étonnante résistance à l’effort individuel quand bien même la rentabilité est assurée sur 4 ou 5 ans”. En lien avec l’UBO et l’Ensieta, le créateur a développé le procédé Biothermie, qui génère un biocombustible à partir des résidus graisseux. Installé à l’Atelier de l’Argoat (voir encadré), “le pilote industriel a pris du retard, je ne peux espérer facturer qu’à l’automne alors que mon projet est l’aboutissement de quatre ans de recher- ler avec Jean Quentin qui a mis au point le procédé de transformation. Biothermie représente une solution novatrice qui nous fait rentrer dans un cercle vertueux”, souligne le dirigeant. Suivons son raisonnement ! En piégeant les graisses de la table de travail, on améliore les conditions de travail (moins de graisse au sol, moins de risque d’accidents). Le nettoyage est moins consommateur d’eau. La décantation des eaux graisseuses permet de renvoyer une eau plus propre en station de traitement. Jusqu’ici, l’entreprise paie pour l’enlèvement de ses déchets, “demain, ils deviendront une source de profit car nous céderons à l’équarrisseur une graisse propre, prête à la transformation”. Avec l’utilisation du dispositif Biothermie, l’entreprise utilise une source d’énergie renouvelable, non fossile, qui lui permettra aussi de chauffer l’eau nécessaire au process. “Je suis personnellement convaincu que les entreprises doivent ainsi mettre en place une gouvernance citoyenne”, conclut Joël Teingaud. Unité de méthanisation 30 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:02 Page 31 ENTRETIEN AVEC MÉLANIE CHAUVIN, RESPONSABLE DE LA VALORISATION DES MATIÈRES ORGANIQUES AU SEIN DE L’ADEME BRETAGNE “Il faut trouver des solutions pour près d’un million et demi de tonnes de déchets” Photo : AEB - Méthafrance Une étude a été menée par la Mission IAA mandatée par la Région, l’Upib et l’Abea, démontrant que les déchets industriels constituent un véritable gisement à valoriser. Qu’est-ce qui a justifié cette démarche ? Suite à une enquête menée par le Conseil régional en 2003, la gestion des déchets organiques est apparue comme la première préoccupation environnementale des entreprises de l’agro-alimentaire. Les demandes des industriels ont porté sur l’organisation de l’élimination des déchets (identification de filières existantes, logistique, encouragement des filières alternatives) et la réduction de leur coût d’élimination, dans le respect de la réglementation. C’est un défi important pour les industriels car il s’agit de trouver des solutions pour près d’un million et demi de tonnes de déchets. Comment explique-t-on l’attentisme des industriels face aux solutions nouvelles ? Il faut distinguer deux catégories d’entreprises et deux types de demandes. D’un côté, les grosses structures ont les moyens d’installer une filière spécialisée dans le traitement de leurs déchets spécifiques. Elles se structurent en interne, avec leurs propres moyens et elles n’ont pas forcément envie de partager leurs solutions avec les autres entreprises, compte-tenu de la concurrence très forte qui existe au sein du secteur. De leur côté, les PME ont le plus souvent juste les moyens pour faire tourner leur entreprise et limitent la prise de risque. Elles sont preneuses d’information car elles commencent à réfléchir au sujet. En parallèle, on distingue aussi deux attitudes selon que la gestion des déchets représente ou non un enjeu stratégique. Certains sous-produits ou coproduits organiques végétaux peuvent retourner à la terre ou être valorisés comme des produits nobles (compost par exemple). Pour l’entreprise, ils ne constituent pas un souci direct et ne sont encadrés par aucune réglementation. Dans le cas des productions animales au contraire, la réglementation européenne qui s’est mise en place à partir de 2002 suite aux crises de l’ESB impose une bonne organisation, une traçabilité de la production, un tri réel des déchets. Les producteurs de déchets de catégorie 1 ne peuvent avoir recours qu’à des solutions chères (incinération). Pour les déchets de la catégorie 3 en revanche, plusieurs options s’offrent à eux : ils peuvent ainsi choisir entre des solutions plus ou moins éprouvées (méthanisation, compostage, valorisation). Finalement, c’est l’élimination des déchets de catégorie 2 qui présente le plus de difficultés et les solutions sont onéreuses. Comment se présente l’offre des prestataires de service ? On constate là aussi deux stratégies. Il existe des grands groupes, le plus souvent de taille internationale, capables d’organiser la collecte pour valoriser en matière ou énergie. Très structurants, ces groupes gèrent le marché. On note aussi les initiatives prises par des groupes industriels qui ont investi dans une solution personnelle (comme la Cooperl à Lamballe ou SVA à Cornillé). Ils se positionnent aussi comme prestataires et viennent proposer leur capacité de traitement aux industriels voisins. C’est peut-être une ouverture de la concurrence. Quelles sont les évolutions possibles à terme ? Demain, on espère voir apparaître de nouvelles solutions de méthanisation quand les équipements nécessaires seront construits. Le projet Geodexia démarre dans les Côtes d’Armor, il y a aussi des petits projets de méthanisation à la ferme. Il existe sans doute un avenir pour de petites expérimentations qui permettraient aux industriels de prendre leur indépendance vis-à-vis des gros fournisseurs de solutions. Mais il faut que les sociétés qui accueillent les pilotes industriels soient motivées par une volonté propre de diminuer leur consommation d’énergie. ■ Propos recueillis par Clotilde Chéron 31 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:02 Page 32 RÉGION LES CCI DÉVELOPPENT LA MARQUE “BRETAGNE DÉVELOPPEMENT DURABLE” INTERVIEW D’ALAIN DAHER, PRÉSIDENT DE LA CCI DES CÔTES D’ARMOR ET PILOTE DU GROUPE DE TRAVAIL "DÉVELOPPEMENT DURABLE" POUR L’ENSEMBLE DU RÉSEAU “Nous devons nous prendre en main” Le réseau des CCI de Bretagne vient de lancer la marque “Bretagne Développement Durable”. Quels en sont les principaux objectifs ? “Bretagne Développement Durable” n’est pas une énième structure. Il s’agit plutôt de communiquer sur des actions déjà existantes, en leur donnant une meilleure lisibilité. La finalité ultime étant de sensibiliser encore plus fortement les entreprises bretonnes au développement durable et leur donner des outils pour intégrer la démarche. En nous impliquant de la sorte, nous souhaitons les aider à prendre conscience qu’il leur faut prendre les devants pour éviter que d’autres ne leur imposent une vision irréalisable. Quelles actions concrètes allez-vous mettre en place ? Les actions concrètes, elles existent déjà. Les CCI bretonnes travaillent depuis plusieurs années déjà sur le développement durable. Pour exemple, la CCI des Côtes d’Armor avec Exceltys, qui a mis en place un système d’évaluation des déchets industriels et permet, ainsi, d’envisager plus efficacement leur traitement. Toutes les Chambres de commerce ont un domaine de prédilection : la gestion de l’eau, le bilan carbone, les éco-constructions ou encore les ressources humaines. L’idée de “Bretagne Développement Durable” c’est de faire un état des lieux et de mettre en commun nos connaissances et nos travaux pour en faire profiter toutes les PME, pas seulement celles présentes sur notre territoire. Dans un second temps, nous allons définir un plan d’actions pour accompagner les entreprises sur le terrain, créer une charte régionale et mettre en place des formations. 32 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 Selon vous, le Grenelle de l’Environnement qui s’est tenu en octobre dernier a-t-il été un révélateur de la problématique du développement durable auprès des PME bretonnes ? Je ne pense pas. Nous entendons parler du développement durable depuis un moment maintenant. Et notre groupe de travail au sein de la Chambre régionale de commerce et d’industrie existe depuis plus de deux ans. Je pense que le Grenelle de l’Environnement a plus servi à crédibiliser la démarche, à lui enlever l’étiquette “mode”. Les entreprises se méfient toujours des effets de mode ! Quels sont les enjeux pour les PME bretonnes ? Ils sont les mêmes que pour toutes les entreprises françaises. Je suis convaincu qu’une entreprise n’a aucun avenir si elle ne prend pas complètement en compte aujourd’hui les exigences du développement durable. Ce n’est pas seulement de la vertu. C’est dans notre propre intérêt. Nous devons nous prendre en main pour éviter que d’autres ne le fassent à notre place sans se soucier des contraintes que nous avons, nous, dirigeants. Nous devons définir dès aujourd’hui des pistes de progrès et de développement économiquement acceptables pour les entreprises. ■ Propos recueillis par Vanessa Ermel 18/04/08 16:02 Page 33 ■ Lancement du De G à D : Robert Jestin, Michel Morin, Jean Daubigny, Jean-Claude Moy contrat d’objectifs et lors de la signature du Contrat d’objectifs et de moyens le 28 mars de moyens (Com) pour le développement de l’apprentissage. Six actions prioritaires seront déployées par le réseau consulaire (CCI et Chambre des métiers et de l’artisanat) dans les mois à venir pour renforcer l’apprentissage en Bretagne. Soutenus par l’Etat et la Région, ces organismes vont nouer des partenariats ■ Services à la personne : une offre régionale de foravec des écoles ou des centres de formation européens afin mations proposée par le réseau des CCI. Sept chamde concevoir des cursus européens en apprentissage. bres de commerce et d’industrie bretonnes se sont associées Dans ce cadre, les jeunes apprentis pourront partir à pour lancer une offre commune de formations pour le secteur l’étranger découvrir de nouvelles facettes de leur métier. de la santé et des services à la personne. Monté en collaboCette sensibilisation à l’apprentissage débutera dès le ration avec des opérateurs pédagogiques spécialisés dans collège ou lycée afin de véhiculer une meilleure ce domaine, ce catalogue répond aux principales préoccupaconnaissance des métiers. Le Com prévoit également tions de ce secteur en plein développement, confronté au défi d’accompagner les maîtres d’apprentissage et d’individuali- de la professionnalisation de ses personnels. Les formations ser les parcours des apprentis. Enfin, pour stimuler l’esprit abordent les domaines de la connaissance des institutions et d’entreprendre auprès des plus jeunes, les formateurs des du cadre législatif, les techniques métier, la sécurité, les techCFA se déplaceront dans les entreprises et recevront une niques d’animation, le développement personnel, ainsi que le formation spécifique. management et l’encadrement. Contact : 02 99 25 41 85 Contact : le service formation de votre CCI RÉGION BAT BE 186 part2 - 170408 33 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:02 Page 34 Développement durable KERNE ELAGAGE SOIGNE SES HOMMES AUTANT QUE SES ARBRES RÉGION Copains des copeaux Comme d’autres font de la prose sans le savoir, Kerne Elagage pratique le développement durable depuis un temps où le terme n’avait pas encore été inventé. Pour l’environnement et d’abord pour les hommes. Quand au début des années 80, il a abandonné son activité forestière en Creuse pour s’installer à temps plein dans une Cornouaille qui lui tenait au cœur, Paul Puech a naturellement baptisé son entreprise Kerne Elagage. C’est une tragédie naturelle qui installera définitivement la société : en octobre 1987, un formidable ouragan met à terre la forêt bretonne. “En trois jours, 1 000 clients nous ont sollicités pour débiter leurs arbres. Nous étions 8 et nous nous sommes retrouvés à 21 pour deux ans et demi de travail sur tout l’ouest de la région. A cette époque, les broyeuses n’existaient pas et on devait brûler sur place. Ce gâchis me désolait et j’ai tout fait pour récupérer le maximum de ce bois perdu : on s’est chauffé avec, dans l’entreprise, pendant 12 ans !” Paul Puech, qui n’avait pas prévu de diriger autant de personnes, intègre en 1989 l’école de managers de Quimper. Aujourd’hui, Kerne Elagage a une filiale du côté de Brest, Bro Leon Elagage, et d’Auray, An Alre Elagage, et emploie au total 55 personnes pour un CA de 3 millions d’euros. Bien-être des hommes “Dans un métier où le recrutement est difficile, nous conservons notre effectif grâce aux plus humains apportés.” Paul Puech a ainsi signé en 2005 avec la Mutuelle Sociale Agricole la première convention de Bretagne pour des actions sur le bien-être et la prévention. Dorénavant, tous les salariés, y compris les secrétaires, sont secouristes et les grimpeurs-élagueurs formés à l’assistance à blessé dans les arbres. Avec des partenaires, Kerne Elagage a conçu un sac sécurisé pour les outils, un échafaudage électrique roulant qui évite de descendre pour l’avancer, un porte-outil à attache rapide, une échelle pour monter dans les bennes par l’arrière… Les nouveaux camions sont à double cabine pour offrir un vestiaire et au siège, une fontaine à osmose inversée permet de remplir les gourdes d’une eau pure sans avoir à porter des packs dont il faudra ensuite éliminer les bouteilles en plastique. “Cela a un coût, comme par exemple un surplus de 3 000 euros par camion ou une facture 34 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 Paul Puech, dirigeant de Kerne Elagage de 225 euros par paire de chaussures anti-coupe que nous fournissons, mais on s’y retrouve par la productivité, la cohérence de l’organisation et la baisse des arrêts de travail. Il faut y ajouter que chacun dispose de 3 tronçonneuses, 3 échelles, des harnais et vêtements que lui seul utilisera et aura toujours avec lui… finis les retours à l’entreprise pour un outil oublié ou en mauvais état.” Dernière innovation : les cours d’échauffement. Le lundi matin durant quatre mois, un préparateur de rugby est venu en un quart d’heure montrer comment chauffer chaque muscle en fonction des tâches. “A mon étonnement, ce sont les plus jeunes qui se sont montrés les plus gênés de pratiquer des mouvements avant de travailler, mais cela entre doucement dans les mentalités.” Sur les 215 000 euros investis dans les actions de prévention, la MSA aura apporté une contribution du tiers, soit 72 000 euros. Gestion des déchets “Depuis 15 ans, nous broyons les chutes de coupes pour en faire du paillage de jardin et depuis 6 ans, pour alimenter des chaudières de chauffage bois. Sont ainsi valorisés 70 % des déchets… qui rapportent de l’argent.” L’entreprise, qui a réalisé la première installation privée de l’ouest Bretagne de ce type de chauffage, mise sur son développement. Des aires de séchage sont en cours d’installation et se prépare, avec un partenaire, la commercialisation étendue de ce carburant vert auprès des particuliers. “Dans deux ans, Kerne Elagage déménagera à Briec dans des locaux qui concentreront toutes les initiatives de confort pour les salariés et d’économie d’énergie”, s’enthousiasme un Paul Puech heureux. ■ Yves Pouchard BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:02 Page 35 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:02 Page 36 Créer sa “boîte” quand on est jeune STÉPHANIE ET MATHURIN BALLAY, CONCIERGES D’ENTREPRISE GROS PLAN Avec Séréni’t,ils osent l’aventure Stéphanie et Mathurin font partie de ces conquérants enthousiastes, capables de tout lâcher pour se lancer dans un nouveau projet. C’est ce qu’ils ont fait il y a quelques mois, avec une assurance étonnante, en développant un concept novateur dans les Côtes d’Armor : la conciergerie d’entreprise. Dates clés Assis l’un face à l’autre à leurs bureaux respectifs, Stéphanie et Mathurin Ballay ont changé de vie en à peine plus d’un an. Ils avaient pourtant rapidement gravi les échelons au sein de l’entreprise de menuiserie industrielle dans laquelle ils travaillaient. Mais les postes de responsable du service commercial et responsable de production demeuraient trop étroits pour le jeune couple. Depuis quelques années déjà, un désir les titillait : devenir leur propre patron. Après la naissance de leur seconde fille, ils quittent leurs postes respectifs et se jettent corps et âme dans l’aventure, sans même une idée précise de leur projet. L’essentiel : vivre les choses pour ne pas regretter. “Nous ne savions pas du tout vers quoi nous allions nous orienter, se souvient Mathurin. Nous savions juste que nous voulions créer notre entreprise”. Pendant plusieurs semaines, ils s’informent tous azimuts pour trouver “l’idée”, analysent les marchés les plus porteurs… “Nous en avons conclu que les services à la personne étaient en plein essor mais que le marché arrivait à saturation, indique Stéphanie. Nous aurions été un parmi d’autres”. Aller de l’avant oui, mais en innovant… “En restant sur l’axe des services, nous avons trouvé, notamment dans les pays anglo-saxons, le Dates clés 1980 : Naissance à quelques mois d’intervalle 2002 : Stéphanie obtient son DUT de techniques de commercialisation, Mathurin son DUT de gestion des entreprises et administration 2002 et 2003 : Mathurin puis Stéphanie intègrent la même entreprise 2006 et 2007 : Mathurin puis Stéphanie démissionnent de leur poste Octobre 2007 : Séréni’t est créée Février 2008 : la conciergerie ouvre ses portes 36 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 concept de la conciergerie d’entreprise et nous nous sommes lancés”. Avec l’assurance, la conviction mais aussi la quiétude qui semblent le caractériser, le jeune couple met en place sa stratégie, sans autre souci que d’aller au bout de son objectif. La sérénité à deux Leur plan de financement en main, ils n’ont aucune difficulté à obtenir un crédit de la part des banques. “A nous deux, nous nous complétons, indique Mathurin. Stéphanie sait comment vendre et je sais comment gérer : cela fait la différence. Avec nos expériences et un projet sérieusement cadré, on a rassuré tout le monde…” Pourtant, ils n’oublient pas le combat qu’il a fallu mener et qu’ils mènent parfois encore, pour convaincre leur entourage de leurs compétences et de la validité de leur projet. “Sur 100 personnes, il n’y en avait que deux qui croyaient à notre projet, c’était nous ! confie Mathurin. Nous savions que ce serait difficile”. “Mais à 2, cela aide beaucoup, reprend Stéphanie. Même si c’est un pari, on n’a jamais douté qu’on y arriverait”. Estce un hasard s’ils ont choisi l’enseigne “Séréni’t” ? Sans autre appui que leur duo, ils sont parvenus au bout de leur stratégie : obtenir un bureau au très disputé centre d’affaires Eleusis à Plérin et convaincre ses chefs d’entreprise de compter parmi les premiers clients. Aujourd’hui, le groupe Céléos, l’institut de sondage Ipsos, Côtes d’Armor Développement et les maîtres d’œuvre Marcel Henri adhèrent à la conciergerie. “Cordonnerie, pressing, boulangerie… Les salariés n’ont plus besoin de quitter leur lieu de travail pour en bénéficier. Nous travaillons avec une dizaine de prestataires, tous spécialisés dans leurs domaines, précise Stéphanie. Ici, contrairement à une activité courante, il y a tout à faire et à imaginer : c’est là l’intérêt”. ■ Véronique Rolland BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:02 Page 37 “Je ne meaucune fixe limite” A 25 ans, Julien Colliaux crée et fabrique sur mesure escaliers, cheminées, bars, tables et autres accastillages de bateaux. Formé par les Compagnons du devoir, il recrute ce mois-ci après tout juste un an d’activité. outils sur mesure (débit et soudure), fabrication de cuves en inox pour le vin, fabrique de grosses pièces pour la maintenance industrielle. “Chaudronnier, peu de monde connaît ce métier ! Je travaille l’acier, l’inox et l’aluminium. Le cuivre, c’est pour l’art.” GROS PLAN AFFAIRE DE STEEL DONNE DE LA VALEUR À VOTRE INTÉRIEUR En 5 mois, Affaire de Steel voit le jour à Saint-Malo “Contre la volonté de mes professeurs mais avec le soutien de mes parents, j’ai choisi la voie de l’apprentissage en 3ème. J’avais 16 ans et je rêvais de devenir cuisinier ! Et puis j’avais déjà dans la tête d’être un jour mon propre patron. Après 4 mois très difficiles dans la restauration, j’ai opté pour un brevet professionnel en chaudronnerie. C’est le métier de mon père.” Toujours passionné de cuisine, il ne regrette pas son choix. Son Tour de France avec les Compagnons du devoir lui ont tellement appris ! Sur le plan professionnel, indiscutablement mais plus encore sur le plan humain. “L’essentiel chez les compagnons, ce sont les valeurs humaines, le respect de l’autre” expliqueJulien. Et du respect, il en faut, quand 4 ans durant, du matin au soir, week-end compris “on ne vit que pour apprendre l’art du métier : le formage du cuivre (ou dinanderie), la forge, le maniement de 4 ou 5 marteaux, bref toutes les techniques anciennes de la ferronnerie.” Pour des raisons financières mais aussi d’éloignement familial, il s’arrête avant les 7ans, durée normale d’un Tour de France. S’en suivent quatre années d’intérim où le travail tombe si facilement qu’il prend très vite conscience que le jour où il sera son propre patron est presque arrivé. En attendant, il accumule les expériences en entreprise : tuyauterie pour le réseau d’eau potable (lecture de plan, traçage et soudure), fabrication de petites machines En novembre 2006, à 24 ans, l’heure est venue. Il entame une formation pour jeune créateur à la CCI de Saint-Malo, prise en charge par l’ANPE : “C’est indispensable pour un jeune, comme moi, issu du technique. Pendant 5 mois au sein de la pépinière d’entreprises, j’ai réalisé l’étude de faisabilité de mon projet ainsi que l’étude de marché. J’ai pu vérifier que la décoration intérieure était en plein boom.” Avec 20 500 euros d’aides à la création (Eden, Acre et Assedic), 2 000 euros d’apport personnel, il emprunte sans aucune difficulté 18 500 euros à la banque. “Le fait d’être jeune, c’est ou tout l’un ou tout l’autre. Les banquiers, les fournisseurs et même les clients vous acceptent ou vous rejettent d’emblée ! Aujourd’hui j’ai du boulot jusqu’en août, preuve que le bouche à oreille fonctionne très bien. D’ailleurs, j’embauche ce mois-ci un chaudronnier de plus de 50 ans, quelqu’un qui a de l’expérience ! 80 % de ma clientèle est constituée de particuliers dans un rayon d’une centaine de kilomètres. Je fabrique entre autres, sur mesure et pour tous les budgets (de 2 700 euros à 17 000 euros), des escaliers. Si nécessaire, la partie verre ou bois est sous-traitée, mais c’est moi qui fais les plans, assure le montage et la livraison de l’escalier fini ! Ce que j’aime : mettre le métal en valeur ! Les Compagnons m’ont appris qu’il n’y a pas de limites. Dans le métier tout est possible !” Prochaine étape, pour Julien : il va créer, avec quelques autres artisans, un showroom à Cancale. Son souhait est de continuer à se développer “pour que d’ici 4 ans, Affaire de Steel compte 5 salariés !” conclut ce jeune créateur également passionné de planche à voile et de golf. ■ Véronique Maignant Julien Colliaux travaille le métal sur mesure pour tous budgets. 37 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:02 Page 38 Enquête LE COACHING FAIT SON ENTRÉE DANS LES PME Plus vite, plus loin… PRATIQUES avec mon coach Le coaching est un mot galvaudé. La presse et la publicité l’emploient à tort et à travers. Pourtant le terme n’a qu’un sens : améliorer les performances individuelles et collectives. Plus connu à l’origine dans le monde du sport, le coaching tend depuis la fin des années 90, en France, à se développer dans l’entreprise. Au même titre que la formation ou le mentoring, avec lesquels il se retrouve en pleine synergie. Rien que l’origine du mot “coach” en français révèle tout son sens. “Cocher” était l’ancêtre de nos taxis. Le cocher, loué à l’heure ou à la journée, recevait des primes lorsqu’il transportait au mieux et le plus rapidement possible ses passagers. D’abord pratiqué aux USA dans le milieu sportif, il s’est glissé en Europe par l’Angleterre et enfin dans les années 90 en France. En entreprise, les cadres dirigeants sont soumis à des pressions de plus en plus fortes, les enjeux chaque année sont plus élevés, la concurrence veille et la formation ne suffit plus. Un accompagnement sur mesure ou coaching devient de plus en plus nécessaire. Jacques Arnol-Stephan, coach de J2 Reliance dans le Finistère, donne sa définition : “Coacher, c’est accompagner et faire réfléchir !” orienté vers le futur, mobilise les ressources du client pour qu’il trouve une solution endogène. Robert Stahl, président de la branche Ouest d’ICF (International Coaching Fédération) précise d’ailleurs : “On aide les chefs d’entreprise ou les cadres dans les sujets de leur actualité, pour qu’ils prennent les bonnes décisions par rapport à ce qu’ils sont eux-mêmes. Le coaching est prévu pour ceux qui veulent aller plus vite !” Plus largement donc, on peut dire que le coaching répond à des situations d’adaptation au changement, de défis à relever ou d’amélioration de l’efficacité. Fusions, restructurations, émergence d’une nouvelle activité, internationalisation, situations de crise, les situations d’intervention des coachs sont extrêmement variées. Contrairement à l’ami, ou au collègue, le coach permet de prendre de la distance pour mieux faire face à l’événement, pour dégager une vision claire, définir une nouvelle stratégie et remettre en cause les schémas habituels de fonctionnement. Robert Stahl raconte : “j’ai rencontré un directeur industriel qui fonctionnait très bien avec une équipe de 50 salariés. La société s’est développée très vite et il s’est retrouvé à la tête de 500 personnes. A ce moment-là, il a atteint “Il y a des méthodes et des outils, mais c’est dans la souplesse et l’ajustement permanent que le coaching gagne en valeur…” Pourquoi prendre un coach ? La plupart des professionnels sont d’accord sur un point : il ne faut pas confondre coach et psy. La psychothérapie guérit les blessures passées, alors que le coach vise la performance. Il est 38 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:02 Page 39 Enquête SERGE PEDRON, PDG D’ATLANTIS SYSTEM PACK À QUIMPER Avant 2004, Serge Pedron travaillait chez Bolloré, dans le département films plastique, et il avait en charge le suivi du produit chez le client. Las de l’exercice professionnel dans un grand groupe, il désirait créer son entreprise et travailler dans un environnement à taille humaine. Après avoir pris conseil auprès de Christian Favennec de l’espace Entreprendre de la CCI de Quimper-Cornouaille, “Atlantis System Pack” est né. Axée sur le négoce de machines et de produits d’emballage, la société se porte de mieux en mieux depuis sa création. “Au bout de trois ans, ça a été l’explosion, confie Serge Pedron, tout a été très vite, le chiffre d’affaires a doublé à chaque exercice et je me suis retrouvé un peu submergé, tant au niveau personnel et familial qu’au niveau de l’entreprise. Je me suis alors confié à Christian Favennec qui avait déjà cocooné mon projet de création d’entreprise et il m’a conseillé deux “coachs” !” D’autres auraient peut-être fait le choix d’un psychothérapeute : “Moi, je voulais les conseils de quelqu’un qui soit au contact des entreprises et la démarche n’est pas du tout la même. J’avais besoin de faire une mise à plat sur plusieurs niveaux. D’abord, au niveau personnel. Ensuite par rapport à mon entreprise, et enfin il fallait que je fasse le point sur l’entreprise par rapport à son environnement.” Un programme de travail clair s’est établi entre le coach et le coaché. Depuis un an et demi, ils se rencontrent chaque mois. “Je rends des comptes dans les limites que l’on s’est fixé dès le départ et mon coach m’accompagne dans mes projets. Il m’a permis de canaliser mon énergie, car j’en ai à revendre. Même si le coût est de 450 euros par mois, je ne vois que des bénéfices à cette collaboration !” ses limites et nous lui avons permis de développer les qualités qu’il avait, mais avec une équipe multipliée par 10 !” Si certains pensent que le coaching n’est qu’un substitut à la formation, les professionnels répondent d’une seule voix : il intervient en complément. Jacques Arnol-Stephan apporte une précision : “La formation part d’un programme, tandis que le coaching prend sa source dans la personne !” Les dirigeants de 30-45 ans plus ouverts au coaching Les méthodes sont nombreuses, mais le coaching se présente sous 3 formes d’accompagnement. Le coaching à la personne, le coaching prescrit (lorsqu’un DRH ou un chef d’entreprise pense qu’un coach peut améliorer l’efficacité d’un collaborateur) et enfin le coaching d’équipe. Ces démarches visent cependant toujours des résultats pragmatiques et concrets, qui doivent être définis par le coach et son client. “Pour éviter les dérives, l’accompagnement doit se présenter sous forme de contrat, clair et écrit, insiste Paul Demurger, de DGE Conseil à Rennes, avec une durée et les moyens que l’on va mettre en œuvre. Comme aujourd’hui c’est un métier qui n’est pas réglementé, il faut que le coaching soit très professionnel pour que l’image de la profession ne s’apparente pas à celle d’apprenti sorcier !” Pour les entreprises, le coaching peut être un levier exceptionnel. “Le coaching, c’est la haute-couture par rapport au prêt-à-porter, explique Jacques Arnol-Stephan, on peut ajuster nos méthodes par rapport aux dynamiques de chaque personne et travailler sur les problématiques de l’entreprise.” Jeanne Arnol-Stephan, son associée et épouse, mais aussi historienne des entreprises, confie : “Même si notre philosophie est présente dans le coaching, tout dépend des attentes et de la sensibilité du client. Les méthodes de coaching ne sont pas des grilles que l’on pose. Il Le coaching a permis à Serge Pedron de faire le point sur lui-même, l’entreprise et son environnement PRATIQUES “Il m’a permis de canaliser mon énergie” y a des méthodes et des outils, mais c’est dans la souplesse et l’ajustement permanent que le coaching gagne en valeur…” Très développé dans les grands groupes et les entreprises du Cac 40, le coaching semble encore très discret dans les PME et les PMI et la Bretagne a encore beaucoup à découvrir dans ce domaine. “Le coaching est de moins en moins tabou dans les entreprises, constate Paul Demurger, aujourd’hui, surtout dans une nouvelle catégorie de dirigeants de 30-45 ans, il y a de plus en plus de preneurs.” ■ Anny Letestu Accompagnement - Formation - Stratégie et développement de projets RH Le coaching selon EVOL’ACTION… EVOL’ACTION conduit des démarches d’accompagnement individuel et collectif pour l’optimisation des performances de l’entreprise :coaching individuel, cohésion d’équipe, formations managériales sur mesure. Votre force vive est l’inépuisable potentiel humain. Tel: 06.03.32.63.55 Web : evolaction.com - [email protected] 6 rue Gustave Gilbert 22170 PLELO 39 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:02 Page 40 Petite méthodologie à l’usage des chercheurs de coach Pour sélectionner un bon professionnel, dans un univers où la profession de coach n’est pas réglementée, mieux vaut se poser, et poser, les bonnes questions. PRATIQUES Le coach doit avoir une formation et expérience ad hoc : un candidat à la mission de coaching a un CV et son niveau de formation doit être au moins égal à celui du coaché. Une formation spécifique en coaching est un point capital à vérifier (méthodologie, déontologie, démarche et types de coaching). Il maîtrise au moins 3 outils : l’écoute ne doit pas être le seul critère avancé par le coach. La sémantique générale, la neurolinguistique, la démarche systémique, la compréhension du monde de l’entreprise font partie des outils efficaces. Il aborde la mission avec méthode : en fonction des attentes du coaché, il doit faire un état des lieux, clarifier les objectifs, redéfinir la faisabilité du projet, afin d’établir les moyens qu’il emploiera. Il a une déontologie : le contenu des séances doit demeurer confidentiel. Il connaît le monde de l’entreprise : la culture de l’entreprise, ses enjeux, ses rouages et ses règles n’ont pas de secret pour lui. Le coaching est sa principale activité : le candidat doit justifier d’une activité de coach à 70%. Il reste toujours joignable entre deux séances : il peut apporter une aide téléphonique d’urgence sans la facturer. Il est libre de tout engagement sectaire : selon Eléna Fourès, spécialiste du coaching en Occident, il doit écrire qu’il “est totalement indépendant de toute cause de nature non professionnelle et notamment religieuse, associative, philosophique, politique ou ayant un lien avec des groupes classés par l’administration française comme sectes.” INTERVIEW DE JULIETTE QUERE, COACH CHEZ QUIBLIER CONSEIL À RENNES “L’attente du collaborateur doit être clairement formulée…” Juliette Quere est coach chez Quiblier Conseil à Rennes. “Je pratique plutôt le coaching en individuel, dans une phase où un collaborateur a besoin de faire évoluer son comportement professionnel”, déclare-t-elle d’emblée. La demande émane d’un dirigeant ou d’un directeur des ressources humaines et suppose qu’il y ait eu entretien préalable entre le demandeur et le collaborateur. “Une fois que l’on a détecté les attentes de l’entreprise, nous organisons une rencontre avec le futur coaché pour cerner chez lui son degré d’engagement.” Juliette Quere insiste bien sur cette phase : sans prise de conscience, par le salarié, des difficultés qu’il éprouve, toute mission de coaching est impossible. Une rencontre tripartite est ensuite organisée : “on se met d’accord sur les objectifs et l’attente du collaborateur doit être clairement formulée.” Ce moment décisif équivaut à un 40 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 contrat moral avec le coaché, le contrat écrit étant fixé avec l’entreprise. Juliette Quere prévoit généralement une dizaine de séances, de 2 heures chacune, à un rythme convenu avec l’entreprise. Le cabinet facture sur la base d’un forfait. La fourchette de prix se situe entre 5 000 et 7 000 euros pour dix rencontres, suivant le niveau de responsabilités du coaché. “Pour moi, précise la coach, le coaching n’est pas un nouveau type de formation, car la mission porte sur le savoir-être dans la profession, alors que la formation s’appuie sur les acquis professionnels !” Selon elle, les décideurs bretons sont encore timides par rapport au coaching, mais “la perception du métier évoluera si les coachs se mobilisent pour défendre une éthique et créer un réseau”. Enfin, détail important pour elle : “C’est indispensable d’être supervisé pour être clair par rapport à notre activité. Je peux, moi aussi, une fois par mois, parler des cas que je traite et des difficultés que je rencontre !” BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:02 Page 41 Juridique APPROBATION DES COMPTES Dans le cadre d’un formalisme plus ou moins rigoureux suivant le type de société, les dirigeants sociaux doivent établir des comptes (et un rapport de gestion) et les soumettre à l’approbation des associés. Cette obligation est pénalement sanctionnée. Un formalisme à respecter. Les associés doivent être consultés dans les 6 mois de la clôture de l’exercice. Il est toutefois possible de demander le report de ce délai au Tribunal de commerce avant son expiration. Contrepartie à la responsabilité limitée des associés, les comptes annuels des sociétés par actions, des SARL (et de certaines SNC) doivent être déposés au greffe du Tribunal de Commerce (si les comptes ne sont pas approuvés, une copie de la délibération de l’assemblée devra être déposée). A défaut, le Président du Tribunal de commerce peut, sur demande de tout intéressé ou du ministère public ou à sa propre initiative, enjoindre sous astreinte les dirigeants sociaux d’y procéder. Enfin, ce manquement est sanctionné par une amende (1 500 €). Il existe un processus simplifié pour les EURL dont le seul gérant est l’associé unique (dépôt au RCS du rapport de gestion, de l’inventaire et des comptes dûment signés), simplification qui s’avère toutefois sans portée pratique puisqu’elle ne dispense pas l’associé unique de se prononcer sur l’affectation du résultat (et de déposer cette décision au greffe). préserver la valeur de l’entreprise et ses éléments d’actifs. Si ce formalisme parait trop lourd, c’est peut-être que la forme sociale n’est pas adaptée ou que l’actionnariat n’apporte rien. Convientil alors de transformer la société en une forme plus souple (SAS, SASU, EURL), de “sortir” les minoritaires dormants et “inutiles” ? Enfin, le rapport de gestion peut être un instrument très utile. Mention spéciale pour les SCI. Trop souvent négligé, le secrétariat juridique est pourtant indispensable pour une SCI parce qu’il démontre la "non-fictivité" de la société et traduit le respect des obligations légales (voire statutaires) qui s’imposent aux gérants (obligation de rendre compte, approbation des conventions relevant de l’article L 612-5 du Code de commerce) mais aussi parce qu’il traduit les choix opérés dans le cadre d’une gestion patrimoniale de la SCI (amortissement ou non, affectation en réserve ou distribution…). Alors à vos Conseils… PRATIQUES Faire d’une contrainte un outil de gestion et de prévention Sophie BERNADAC et Jean pierre GILOIS, Avocats Cabinet GILOIS BERNADAC AVIGNON Pas d’“assemblées papiers” – “paper-meeting”. Cette pratique qui consiste à formaliser une assemblée qui ne s’est pas tenue est irrégulière et dangereuse en cas notamment de conflit à naître entre associés. Les risques y attachés sont réels (responsabilité pénale et civile des dirigeants sociaux). Pourquoi ? L’approbation des comptes permet un contrôle par les associés des opérations de l’exercice et de leur traduction comptable, mais aussi, le cas échéant, un contrôle et une validation par le commissaire aux comptes à travers l’opinion qu’il émet sur les comptes. C’est ainsi un gage de sécurité pour les associés et pour les tiers qui contractent avec la société. Enfin, l’approbation des comptes est le préalable indispensable à l’affectation des résultats et donc à une éventuelle distribution de dividendes. Optimiser. Plutôt que de se dévoyer dans des pratiques irrégulières ou de “bâcler” les processus d’arrêté et d’approbation des comptes, il convient, au contraire, d’en faire un moment privilégié pour s’extraire du quotidien. “C’est le temps de prendre le temps” et de faire le point avec ses associés et ses conseils (dans la complémentarité de leurs compétences) sur la stratégie, les perspectives, les développements, les risques et les mesures à prendre pour 41 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 18/04/08 PRATIQUES BAT BE 186 part2 - 170408 42 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 16:02 Page 42 18/04/08 S E L E C T I O N S BUREAUX A LOUER • 35 m2 - 2 pièces séparées, bon état - RENNES CENTRE • 49 m2 - RDC avec vitrine, bon état, un parking, libre rapidement RENNES CENTRE • 60 m2 - RDC, 3 pièces, réserve. Libre de suite - ZA RENNES EST • 65 m2 - Premier étage, 3 pièces, bon état, 1 garage. Libre rapidement - RENNES CENTRE • 75 m2 - Autonome avec accès RDC, 4 pièces, parfait état, libre - RENNES OUEST • 78 m2 - 4 pièces, bon état Libre de suite. Pour libéral RENNES NORD 16:02 Page 43 • 108 m2 - 6 pièces, bon état, libre au 15 juin - RENNES CENTRE • 130 m2 - 5 pièces, accueil, bon état, libre rapidement PLEIN CENTRE RENNES • 200 m2 - 7 pièces, accueil, 5 parkings, libre, location ou vente Zone RENNES EST • 249 m2 - RDC avec salles, bon état, 6 parkings, libre rapidement - RENNES SUD BUREAUX AUTONOMES A LOUER • 205 - 237 m2 - RDC, immeuble neuf, 15 parkings, libre - RENNES OUEST • 235 et 320 m2 - Bureaux standing, rénovation XVIIe pour Mars 2008 PLEIN CENTRE RENNES • 3 306 m2 ou 1 372 m2 et 1 935 m2 Bureaux neufs “ANTARES” Livraison aménagés fin 2008 LOCAUX ACTIVITES A LOUER • 580 m2 - Bureaux, atelier, dépôt. Plusieurs portes accès véhicules Libre - Zone RENNES EST Autres sites, nous consulter 14, rue de Plélo - Colombier - 35000 RENNES Tél. 02 23 42 42 42 - Fax 02 99 30 21 28 E. Mail : [email protected] - [email protected] Affaires à céder (Grand Ouest) 1. Négoce de fournitures électriques C.A. > 5 000 K€ - R.N. > 4% Image reconnue - Clientèle pro, sérieuse et récurrente 2. Négoce, installation matériel élevage C.A. > 2 700 K€ - R.N. retraité 8% Entreprise bien implantée Connaissances métiers IAA 3. Constructeur maisons individuelles C.A. > 4 400 K€ - R.N. > 4% 95% maisons neuves, 5% rénov. Expérience secteur du bâtiment. 4. Négoce de mobil homes C.A. > 3 000 K€ - R.N. > 160 k€ 5. Vente de matériel informatique C.A. > 1 400 K€ - R.N. > 5% 6. Négoce de fournitures industrielles pour l’industrie agro-alimentaire et pharmaceutique C.A. 1 000 K€ - R.N. 10% 1. Entreprise de motoculture de plaisance CA > 3 M€ 2. Entreprise de transport sur courtes distances de produits vinicoles CA > 500 K€ 3. Entreprise de transport de divers produits alimentaires en citernes exploitant 68 ensembles CA 14 M€ PRATIQUES BAT BE 186 part2 - 170408 4. Entreprise de lavage de citernes de transport réalisant 230 lavages/mois CA 1 M€ 5. Entreprise de négoce de machines et outillages CA 3 M€ Pour toute demande de renseignement, achat, cession JTB ENTREPRISES : RENNES Félix JOLIVET Le Quirinal • 16, mail Anne-Catherine 35000 Rennes Tél 02 23 400 400 - Fax 02 23 400 403 E-mail : [email protected] NANTES Jacques THIÉBAUT 16, rue Marie-Anne du Boccage 44000 Nantes Tél 02 40 69 29 90 ou 06 11 88 75 24 E-mail : [email protected] ABONNEZ-VOUS À BRETAGNE ÉCONOMIQUE 35 € au lieu de 41,20 € Bulletin d’abonnement à retourner à Bretagne Économique 1, rue du Général-Guillaudot - CS 14422 - 35044 RENNES Cedex - Tél. 02 99 25 41 37 1 an d’abonnement = 35 €* Je joins mon règlement à l’ordre de Bretagne Économique - *TVA 5,5 % incluse 8 numéros Offre valable jusqu’au 31 décembre 2008 Société ........................................................................................................................ Destinataire ................................................................................................................... Adresse ........................................................................................................................ Ville ............................................................................................................................. Code postal .............................. Tél. .......................................... Fax .......................................... Code APE ................................. Signature Date : .......... / .......... / .......... ou cachet 43 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008 BAT BE 186 part2 - 170408 18/04/08 16:02 Page 44