Des obstacles à franchir

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Des obstacles à franchir
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à32 Région
“Bretagne Développement Durable“
Kerne Elagage soigne ses hommes
à36 Gros plan
Ils sont jeunes et viennent
de créer leur “boîte“
à38 Enquête
Nº186àMAI 08à4,20 E
Le coaching, de moins en moins
tabou dans les PME
Valorisation des sous-produits de l‘agro-alimentaire
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édito
sommaire
“
ACTUALITÉS
A L’AFFICHE
FOCUS : Les cavistes professionnels indépendants
AILLEURS : Le pôle Prod’innov (Aquitaine)
5
12
16
....................................................................................................................................................................................
..................
...................................................
ENTREPRISES
Nexes Visio (22)développe la visio-conférence
21
Le cochon de Ty Neuden (29) réinvente la cochonnaille 22
Pièces Services Grue (56) travaille à l’international
23
.......................................
....
’avenir de l’industrie
dépend
de
la
capacité des PME à
garder les yeux ouverts sur
la mondialisation”. Tel est le
récent message qu’Alain
Juillet, haut responsable
à l’intelligence économique
lançait depuis la CCI de
Morlaix à l’occasion d’une conférence, la première
d’un cycle sur l’intelligence économique.
L
............................
DOSSIER
Valorisation des sous-produits
24
de l’agro-alimentaire
Entretien : Mélanie Chauvin, responsable de la valorisation
31
des matières organiques à l’Ademe Bretagne
...................................................................................................................................
................
RÉGION
Bretagne développement durable
Développement durable : Kerne Elagage (29)
.......................................................................................
.........................................
32
34
GROS PLAN
Séréni’t, conciergerie d’entreprise à Plérin (22)
Julien Colliaux a créé Affaire de Steel à Saint-Malo (35)
........................................
............
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PRATIQUES
ENQUÊTE : Le coaching fait son entrée dans les PME
JURIDIQUE : L’approbation des comptes
Bulletin d’abonnement
...................
...........................................................
....................................................................................................................................
Ce numéro comporte un encart Prevent’Ouest
Responsable Publication :
VÉRONIQUE MAIGNANT 02 99 25 41 39
Assistante rédaction et développement :
ANNIE RENAULT
Ont collaboré à ce numéro :
EDITION “BRETAGNE ECONOMIQUE”
CRCI : 1, RUE DU GÉNÉRAL GUILLAUDOT
CS 14422 • 35044 RENNES CEDEX
C. CHERON – A. DESSAUVAGES-GIARD
V. ERMEL – A. LETESTU – V. MAIGNANT
S. MARSHALL – Y. POUCHARD – V. ROLLAND
Publicité : 02 99 25 41 36
Rédaction :
Tél. 02 99 25 41 37 - Fax 02 99 63 35 28
e-mail : bret-eco@iway. fr
Couverture : VÉRONIQUE MAIGNANT
Directeur de la publication :
JEAN-FRANÇOIS LE TALLEC
Création, maquette & photogravure :
ODÉBI
Directeur délégué :
RÉMI BILGER
Impression : CLOÎTRE IMPRIMEURS
Comité de rédaction :
JACQUES FEUNTEUNA – YOUENN LE BOULC’H
PHILIPPE SERDET – VANESSA ERMEL –
MARIO PIROMALLI – RONAN PERENNOU –
PATRICK SOLO – FRANÇOIS CLÉMENT
38
41
43
Car l’intelligence économique est devenue au fil des
ans un instrument essentiel de la stratégie
d’entreprise. Elle consiste à utiliser tous les moyens
légaux d’information pour comprendre ce qui se
passe ailleurs et pour rester compétitif. Cela
signifie aussi, apprendre à innover tout en sachant
protéger ses innovations. Si les grandes
entreprises ont intégré depuis longtemps
ces dimensions dans leur mode d’organisation, il
n’en est pas de même dans la plupart des PME.
C’est pourquoi, dès aujourd’hui, nous engageons,
avec les CCI de Bretagne, en partenariat avec
la Drire, le Conseil régional et l’Agence de
développement économique, une opération
intelligence économique. Destinée aux dirigeants
de PME-PMI bretonnes, elle se déroulera sur les
années 2008-2010. Elle aura pour objet de les aider
à structurer leur système d’information. Cibler les
informations utiles, gérer en interne le flux
d’informations, protéger des éléments sensibles
matériels et immatériels, identifier des personnes
en charge de la veille sont des enjeux essentiels
pour demeurer compétitif et préserver notre tissu
industriel.
A travers cette opération régionale, 250
entreprises seront sensibilisées à cet enjeu dans
le cadre de réunions organisées dans toute
la Bretagne et une soixantaine bénéficiera d’un
pré-diagnostic réalisé par les CCI avec l’intervention d’un consultant pour la mise en place d’une
organisation adaptée d’intelligence économique.
Maquette de couverture : HOKUS POKUS
Je vous invite à participer nombreux, le 20 mai
prochain à partir de 17 heures à l’ESC Rennes, au
Forum de l’intelligence économique que nous
organisons dans le cadre de la présentation et
du lancement de cette action.
Jean-François LE TALLEC
Président de la CRCI Bretagne
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Le réseau des CCI
FINISTÈRE
IMAGERIE
Equipé depuis plus d’un an d’un tomographe, le CRT de Morlaix enregistre une croissance rapide de
son activité d’expertise et de contrôle 3D. Cette technologie qui utilise les rayons X, donc non destructive,
permet d’aller plus loin que les outils de numérisation “classiques” (laser, optique…). Les pièces sont
radiographiées et leurs volumes dévoilés dans leurs moindres détails.
En un an, plus de cinquante entreprises du Grand Ouest ont déjà fait appel à l’expertise 3D du CRT. Toutes les
activités industrielles (plasturgie, mécanique, électronique…) et tous les secteurs économiques (automobile,
télécommunications, aéronautique, nautisme, défense, génie thermique…) sont intéressés pour la mise au point
d’un prototype, l’analyse de dysfonctionnements ou encore le contrôle de conformité d’une pièce.
CONTACT : CRT de Morlaix 02 98 15 22 55
[email protected]
CÔTES D’ARMOR
MORBIHAN
INTERNATIONAL
TOURISME
13 entreprises bretonnes
au VIV Europe de Moscou
Fréquentation au beau fixe
A l’instar des années précédentes, le Morbihan arrive en tête des
quatre départements bretons pour la
fréquentation touristique régionale.
En 2007, le nombre de nuitées touristiques en Morbihan est estimé à
33,3 millions, un chiffre équivalent à
celui de l’année précédente. A noter
cependant une baisse du nombre de
nuitées des étrangers. Parallèlement,
l’étude révèle un taux d’occupation
disparate dans le secteur hôtelier, avec
une hausse sur les extrêmes (hôtels sans étoiles et hôtels classés en 3 ou 4 étoiles). Quant à la progression régulière de la fréquentation en mars-avril et en septembre, elle engagera les
acteurs du tourisme à œuvrer pour le déploiement d’offres adaptées pour ces périodes hors saison. L’ouverture de la Cité de la
Voile à Lorient y contribuera déjà très certainement pour 2008.
Photo : Belle Ile en Mer - Source CRT
Du 27 au 29 mai prochain, treize entreprises
bretonnes du secteur de l’élevage (alimentation animale,
santé, produits vétérinaires, équipements, génétiques
ou encore services) participeront au salon international
VIV Europe. Habituellement organisé aux Pays-Bas, cet
événement important pour le milieu de la production
animale aura lieu pour la première fois en Russie. Cette
action régionale, menée par CCI International en
partenariat avec UBIFRANCE, va permettre aux
exposants de développer, à terme, l’exportation sur les
marchés de la Russie et des pays d’Europe de l’Est.
CONTACT : CCI International Bretagne
Frédéric Barbier - 02 96 75 11 53
[email protected]
ACTUALITÉS
La 3D au service du développement
et de l’innovation dans les PME
ILLE-ET-VILAINE
INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE
Anticiper les attentes des consommateurs
Afin d’aider les acteurs de la chaîne alimentaire à anticiper les évolutions des marchés,
la CCI Rennes développe un dispositif d’intelligence économique basé sur la production de connaissances stratégiques. Cette expertise, mobilisée à travers l’accompagnement individuel, la formation et l’animation collective, permet aux entreprises d’identifier les facteurs clés de compétitivité
et de pérennité. Ainsi, en mars, la CCI a déployé et mis en scène ce dispositif à l’occasion de deux
opérations phare : au salon CFIA, avec un riche programme de tables-rondes réunissant au total
14 acteurs de l’agroalimentaire et visant à éclairer les marchés à haut potentiel de croissance et
le Café Concept. Organisé en partenariat avec l’Ifhor, sur le thème “Tendances from London”, cette
réunion a accueilli 70 professionnels de la restauration hors foyer. L’année 2008 s’annonce encore
riche en rendez-vous.
CONTACT : Nadège Clapham - 02 99 33 66 93 ou [email protected]
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ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
L’activité “inspection industrielle” bientôt localisée
sur le site de la Technopole de Brest
■ Nouvelle ligne de production pour Satimo
(Plouzané-29). Le rachat d’Antenessa aujourd’hui digéré
(conception-fabrication d’instruments de mesures de
champs électromagnétiques/design d’antennes), Satimo,
société issue de Sup Elec créée en 1986, fait profiter son site
brestois du “rapatriement de Paris, en deux étapes dont la
première avant cet été, d’une ligne de production au terme
de plus d’un an de tests,” confirme Pauline Bernière, responsable marketing & communication de Satimo, qui emploie
110 salariés entre son site parisien, son pôle brestois (22
ingénieurs), le reste se distribuant entre ses antennes internationales (USA, Japon, Italie). Cette nouvelle ligne atteste des
évolutions de l’expertise de Satimo (mesure des performances d’antennes). “Il s’agit de scanners qui envoient des
ondes au-dessus et sous les lignes de production. L’objectif
étant de déceler tous les défauts, poches d’air, caillots…
dans les matériaux. Autrement dit, la technologie du microondes appliquée aux matériaux de construction, composites,
bois…” Un gros marché en prévision : “quand les donneurs
Votre Agence Locale
partenaire de vos recrutements
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008
d’ordre adoptent la solution, ils peuvent vouloir la décliner en
douze mois sur l’ensemble de leurs sites.” A cet effet,
Satimo-Brest va opérer un déplacement dans de nouveaux
bâtiments sur la technopole locale avec salle de mesure, halle
de production…
Contact : 02 98 05 13 34
■ Après Paris et Lyon, ELOsystèmes (siège social à
Brest) souhaite ouvrir des agences à Bordeaux,
Nîmes, Strasbourg et Lille. Racheté en 2007 par Locken
(75), ELOsystemes est désormais filiale à 100 % du groupe
ELOmobile dirigé par Roland de la Chapelle. Avec une cinquantaine de personnes dont 40 basées à Brest, ELOsystèmes
conçoit et commercialise des solutions clé en main d’informatique embarquée destinées aux secteurs du
transport. Il est 2ème sur
le marché français.
Traçabilité des données
sociales (conduite, repos,
congés, travail), traçabilité des données moteurs
(régime moteur, coup de
frein, vitesse, ralenti),
géolocalisation, aide à la
navigation, capteurs spécifiques pour les poids
lourds BTP, gestion de
températures frigo avec
suivi de la chaîne du froid pour éviter toute rupture, gestion des
pesées, ces solutions coûtent entre 50 et 80 euros par mois
selon la formule choisie. Avec 400 clients répartis sur toute la
France, le CA 2007 se situe aux alentours de 4,5 millions d’euros. Les perspectives 2008 sont à la hausse. Il faut dire que face
à l’explosion du prix du carburant, les transporteurs sont de
plus en plus enclins à trouver des solutions leur permettant de
réduire la facture énergie.
Contact : 02 98 05 70 60
■ 500 000 euros d’investissements dans les lignes de
production et de conditionnement de La Compagnie
des Pêches (transformation et spécialisation dans le surimi et
la crevette). Avec deux sites à Saint-Malo (8 500 m2 dédiés au
bâtonnet de surimi avec 300 personnes/ 30 autres occupées à
la cuisson des crevettes), la Compagnie des Pêches de SaintMalo ne souffre ni sur le marché intérieur (75% de ses résultats)
ni sur sa zone export (25 %). “Là où d’autres importent des
USA ou d’Asie leur matière première, le poisson, nous le “fabriquons” explique Hubert Drieu La Rochelle, directeur industriel
R&D qui souligne en forme d’exemple que la compagnie, “c’est
27 navires dont deux pour la grande pêche mais également 24
crevettiers en Guyane.” La Compagnie des Pêches, c’est
aussi une unité de recherche Santé. Trois ingénieurs-chercheurs s’activent sur les peptides marins, “manière de valoriser
nos ressources en travaillant sur deux axes : la vieillesse et la
santé”. Un marché en devenir qui vise, “via la mise au point
d’ingrédients, et non pas de médicaments, la prévention des
maladies telles que l’obésité”. Un projet auquel collaborent
deux autres industriels bretons (dont LRBeva à Rennes), colabellisé depuis mars par le Pôle NSL (Nord Pas-de-Calais) et
par Valorial depuis décembre 2007.
Contact : 06 07 81 63 40
DEVELOPPEMENT
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tional. Europe de l’Ouest, Europe du Sud ? “Nous avons
déjà des clients à l’étranger. Il faut surtout bien définir sa
fenêtre de tir. S’engager hors de nos frontières doit
répondre à des critères : un pays accessible en moins de
2 heures depuis Paris, avec de bonnes rotations aériennes et dans lequel le haut débit est encore “devant nous.
Pas derrière nous.”
Contact : 02 99 32 02 84
■ 26 millions d’euros de
CA attendus en 2008 par
Niji qui réfléchit à répéter son “essai” lillois à
l’étranger. Depuis son
siège de Cesson-Sévigné
(35) où elle emploie plus de
■ Avec Cloître Rennes, le groupe brestois envisage
100 salariés, un site à Paris
1 million d’euros de CA supplémentaire pour son
(170 personnes) et depuis
prochain exercice. Implanté à Saint-Thonan (29) où il
l’an passé un 3ème à Lille (15
emploie une centaine de salariés, l’imprimeur compte
personnes), la société, spéaussi des bureaux commerciaux à Paris. En décidant de
Hugues Meili, PDG de Niji
cialisée dans les réseaux et
réintégrer aujourd’hui sa filiale rennaise Rennes Quadrie,
les applications pour les
renommée Cloître Rennes, le groupe “appuie sa logique
opérateurs de télécommunication, connaît une croissance de d’évolution et de progression”, témoigne Philippe Mérer,
l’ordre de 25 %. En 2007, Niji a réalisé un CA de 20,2 millions directeur commercial. “En 2007, entre le site brestois et notre
d’euros et un résultat net de 0,9 million d’euros. Des résultats entité parisienne, nous avons réalisé 12 millions d’euros de
à mettre au compte de 120 références clients, pointe Hugues CA, auxquels sont venus s’ajouter les 700 000 euros dégagés
Meili, PDG de la société. Niji se distingue aussi via son exper- par Rennes Quadrie. Avec aujourd’hui 3 personnes sur
tise dans la téléphonie sur IP pour les PME. L’entreprise s’ac- Rennes, dont une nouvelle attachée commerciale, nous
tive aussi au développement de la TV sur mobile et des ser- entendons muscler toute notre partie commerciale sur l’Ille et
vices liés au divertissement par l’image. Un peu à l’étroit dans Vilaine pour 1 million d’euros de résultat attendu.” Cloître, qui
ses locaux de 700 m2, Niji (qui poursuit le recrutement de 100 a investi l’an passé 760 000 euros dans une machine
personnes cette année) sait qu’elle devra déménager “au numérique et vient de passer commande pour une seconde,
détour de l’automne 2009”. D’ici là, son implantation à Lille, avoue qu’on parle beaucoup de normes environnementales et
“création ex-nihilo dédiée au domaine de la relation client sent une accélération des prises de conscience.
multi-canal”, lui donne des idées pour s’engager à l’interna- Contact : 02 99 84 57 57
ACTUALITÉS
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FINANCES
ACTUALITÉS
De gauche à droite :
Pierre Delourmel (président)
et Yves Breu (DG)
■ La Banque Populaire de l’Ouest achève son plan d’investissement matériel et poursuit sa politique de
recrutement auprès, notamment, des femmes de 45 à
55 ans. D’ici fin 2008, l’ensemble des 149 agences du réseau
BPO auront été transformées en
agences conseil libre-service. “Cela
représente, depuis 2006, 66 millions
d’euros d’investissement. Nous
avons ouvert deux agences en 2007
dont une à Plougastel-Daoulas (29)
et huit autres verront le jour cette
année”, développe Yves Breu, directeur général. 96 personnes ont été
recrutées en 2007, parmi elles des
femmes de plus de 45 ans. “Elles
seront 35 à la fin de l’année. Leur
maturité et leur stabilité correspondent aux attentes de notre clientèle”.
Avec un effectif total de 1 520
personnes, dont 45 % partiront en
retraite dans les 10 ans, la formation
reste un enjeu majeur pour attirer et
fidéliser de nouveaux salariés :
“nous dépensons 2 450 euros par
personne et par an en formation”
révèle Yves Breu. Côté résultats,
“nous avons gagné des parts de marché en crédits et en
ressources.” En 2007, le résultat net s’établit à 31,5 millions
d’euros en hausse de 8,7 %, l’encours moyen de crédits est
de 5,2 milliards d’euros en hausse de 12,2 % et les dépôts
gérés s’élèvent à 6,7 milliards d’euros, soit une hausse de
7 %. “Même si le coefficient d’exploitation à 67,8 % subit une
légère altération, le ratio de solvabilité reste élevé avec un taux
à 11,9 %, soit 3 points au-dessus de la moyenne constatée
dans le secteur. 2007 a été une bonne année car nous n’avons
pas subi de grosses défaillances”, conclut le directeur général.
Notons que la BPO reste proche des créateurs d’entreprise
puisqu’elle détient 23 % de parts de marché sur la distribution
de prêts à la création d’entreprise.
Contact : 02 99 29 79 79
■ “Nous misons sur 10 salariés d’ici fin 2008.
Implanter In&Fi Crédits à Rennes a été une très bonne
chose. Le marché est là.” Eric Menard et Jean-Philippe
Denizane, tous deux franchisés, négocient pour le compte
du particulier le meilleur crédit, pour un projet immobilier
comme l’achat d’un bien de consommation. “Le courtier est
devenu indispensable”, s’enthousiasme Philippe Denizane,
fort d’une centaine de dossiers traités pour le 1er exercice
2007-2008 et qui mise sur une équipe de 10 personnes d’ici
la fin de l’année. “Notre valeur ajoutée par rapport à une
recherche sur Internet du meilleur taux ? Nous négocions en
direct avec la banque pour notre client avec une obligation
de résultat puisque nous ne sommes payés (1 % du montant
emprunté) que si l’affaire est conclue.” D’où une sélection en
amont, au regard des revenus du client, du meilleur interlocuteur bancaire. “On ne met pas en concurrence 15 banques
par principe. On creuse le profil de notre client et si le taux
est un élément important, c’est le coût global du crédit qui
reste un facteur déterminant.” Une expertise qui va jusqu’à la
renégociation de prêts en cours et la restructuration de dettes, avec un pouvoir de négociation fort du réseau In&Fi qui
compte 110 agences dans l’hexagone.
Contact : 02 99 63 70 53
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DEVELOPPEMENT
■ 41 millions de CA pour Novatech
(Pont-de-Buis-29) qui jongle
entre ses approvisionnements et les besoins
des clients. “C’est
notre 6ème année
d’existence puisque
nous sommes nés
des cendres de
Solectron (groupe
US qui s’est
délesté de la PME
en 2002 NDLR),
souligne volontiers
Jean-Yves Bonnet,
dirigeant de cette
PME (solutions techniques de nouveaux produits, industrialisation technologique, process de production complexes) qui emploie 300
salariés contre 270 en 2005. Raison de
cette bonne santé ? “Nous avons étendu
le panel de nos clients en France avec, à
côté des télécoms, du médical et de
l’électroménager haut de gamme, le
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secteur de la Défense.” Valeur ajoutée
de l’entreprise ? “Ce que j’appelle le
multi-unitaire. Autrement dit, le produit
en petite et moyenne série.” D’où la
nécessité d’une “forte réactivité et de
compétitivité : on nous demande toujours plus de serrer les prix.” Et ce, dans
un contexte qui a vu le marché se franciser. “Les concurrents extra nationaux
disparaissent les uns après les
autres. En fait, les grands
groupes se recentrent sur
la France.” Avec de nouveaux
investissements opérés chaque
année,
Novatech
doit
résoudre
une
autre problématique : la prise de
risque.
“Nous
recevons
des
commandes
à
honorer en 15 jours.
Or, nous devons nous
approvisionner en pièces
des mois auparavant. D’où
des acrobaties au niveau des
stocks qui nous restent sur les bras.
On attend alors une prochaine commande ou on réussit à convaincre nos
donneurs d’ordre de nous les racheter…
en prévision de leurs futurs besoins.”
Contact : 02 98 81 32 00
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COUP DE POUCE
■ D’ici 2011, La Poste investira
■ “Invitation à la ferme”, une
81 millions en Bretagne pour
nouvelle gamme en ultra-frais
moderniser l’activité courrier et
de yaourts, fromages frais et
3,4 milliards à l’échelon natioautres crèmes dessert. A 36 ans,
nal. “Sur un CA 2007 de 11,5 milJean-Michel Péard (Rennes) a traliards d’euros, 3% sont issus du parvaillé 10 ans chez Masterfood. Il y a
ticulier et 97% strictement liés à l’acun an, il démissionne dans le cadre
tivité économique”, déclarait en avril
d’un congé création d’entreprise. Son
dernier Raymond Redding, directeur
projet : mettre sur pied un réseau de frangénéral délégué du groupe La Poste,
chise fermière pour agriculteurs désireux de
en déplacement à Rennes. Il venait
transformer eux mêmes leurs produits : “Beaucoup parmi la nouvelle génération veuannoncer la mutation industrielle et
lent créer des emplois, des produits sains à forte valeur ajoutée et vendre localement
sociale en cours à La Poste en vue
pour éviter par exemple qu’un yaourt parcourt 9 600 km avant d’être avalé.” Avec
de préparer l’ouverture du marché
son frère, ingénieur en transformation laitière, aujourd’hui agriculteur, et un autre
en 2011. Deux plates-formes indusassocié, ils testent depuis 8 mois son idée. Un premier laboratoire de transformation
trielles courrier (PIC) verront le jour
a été installé à la ferme. Pour la mise au point des recettes, il travaille avec le lycée
en 2011 en Bretagne. Celle de
professionnel de la Lande du Breil (Rennes). Rennes Atalante le soutient dans le
Rennes, d’une surface de 24 000 m2,
déploiement de son site Internet. Objectif de la première année : transformer 100 000
sera construite sur la Zac Mi voie-Le
litres de lait en 800 000 yaourts et autres desserts sans conservateurs, colorants ni
Vallon, au sud de Rennes, pour un
OGM. Pour être référencé par les grandes enseignes de distribution, il a créé la marmontant de 48 millions d’euros. A
que “Invitation à la ferme”. Les Leclerc et Super U situés dans un rayon très proche
Brest, il s’agira de l’agrandissement
de cette première unité de transformation laitière distribuent, aujourd’hui, en rayon
de l’actuel centre de traitement du
ultra-frais ces produits directement issus de la ferme. “Nous sommes à des niveaux
courrier de Brest Guipavas dont le
de prix plus élevés, mais en s’associant à nous, la grande distribution travaille son
coût se chiffre à 12 millions d’euros.
image auprès des consommateurs de plus en plus soucieux de manger sain, déveAvec ces nouveaux outils industriels,
loppe ce jeune créateur. Nous sommes sur un marché de niche mais les résultats
La Poste entend traiter 4 millions de
encourageants de cette première unité vont m’amener dans les mois à venir à déveplis par jour sur l’ensemble de la
lopper ce concept (labo transformation, recettes et marketing) auprès d’agriculteurs
région en garantissant une distribudésireux de retrouver une certaine maîtrise de leurs produits”.
tion à j+1. A Vannes, c’est un centre
Contact : 06 26 24 03 76 ou www.invitationalaferme.com
d’appels téléphoniques national
pour les clients particuliers qui verra
le jour en 2009 avec la création de 30 postes de téléopérateurs : montant de l’investissement : 400 000 euros. Enfin, à
Saint-Brieuc, c’est une plate-forme nationale relation
Entreprises qui sera créée avec, à la clé, 35 emplois
et 400 00 euros d’investissement. “Pour nous, la Bretagne
devient un pôle tertiaire de la relation client. Avec ces
De gauche à droite :
Raymond Redding, DG délégué du Groupe La Poste,
et Yvon Pinvidic, Directeur Courrier Haute Bretagne
investissements colossaux, 3,4 milliards programmés sur
l’ensemble de la France sur 3 ans, nous espérons être l’un
des trois acteurs européens qui resteront au final à l’ouverture totale de tous les marchés du courrier au 1er janvier
2011” déclarait Raymond Redding.
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LE VOLONTARIAT INTERNATIONAL EN ENTREPRISE (VIE),
UNE FORMULE SOUPLE POUR SE DÉVELOPPER À L’INTERNATIONAL
Une soixantaine d’entreprises bretonnes ont participé
au 1er Forum VIE organisé à Rennes par UBIFRANCE, CCI
International et la DRCE . L’objectif : proposer aux 250
étudiants présents une mission à l’international.
Malgré les nombreux avantages qu’offre la formule : un coût
mensuel net se situant entre 1 550 euros et 2 800 euros, une
gestion administrative, sociale et logistique prise en charge par
UBIFRANCE (le VIE n’est pas salarié de l’entreprise), un accès
possible à une aide régionale, un droit au crédit d’impôt export,
seulement 65 entreprises bretonnes utilisent aujourd’hui un
volontaire international en entreprise. Souvent réservées à la
prospection et au développement commercial, les missions
s’adressent à des étudiants autonomes, âgé de 18 à 28 ans,
désireux de mener une première expérience professionnelle à
l’étranger pour une durée maximale de 24 mois. A l’issue de
cette période, l’entreprise peut choisir de recruter le jeune en
CDI. C’est le cas de Pharmaouest, SAS créée en 1981, reprise
en 1998 par Fréderic Mittre et employant 83 salariés à MiniacMorvan (35). Spécialisée dans l’hygiène et le confort de la personne dépendante, l’entreprise a réalisé en 2007 un CA de 12,5
millions d’euros dont 12 % à l’export. “L’Allemagne représente
50 % des débouchés à l’international, précise Frédéric Mittre,
le reste est réparti sur
l’Europe. Aujourd’hui, je suis
à la recherche de deux VIE
pour compléter mon réseau
commercial en Allemagne.
J’en ai déjà deux en poste.
Ce pays est un marché naturel, le premier partenaire
commercial de la France et
pourtant peu de jeunes sont
intéressés par cette destination. Je viens d’embauFrédéric Mittre
cher en CDI, au poste de
responsable export, un jeune
volontaire. Basé à Hanovre, il a su, durant 18 mois et en toute
autonomie, développer mon portefeuille clients.” En effet, si l’expérience est concluante, beaucoup d’entreprises transforment
l’essai en CDI. Et le DG de poursuivre : “un volontaire me coûte
1 800 euros net par mois. 1 600 euros lui sont rétribués par UBIFRANCE qui gère tout : assurance, salaire, cotisations et autres
déclarations”, conclut ce dirigeant.
ACTUALITÉS
Pharmaouest cherche VIE pour l’Allemagne
Véronique Maignant
Contact : UBIFRANCE: 02 99 84 84 03
CCI International : 02 99 25 41 31 - DRCE : 02 99 84 84 00
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ACTUALITÉS
FOCUS
PETIT TOUR DE BRETAGNE DES CAVISTES PROFESSIONNELS INDÉPENDANTS
(Pour bien servir Bacchus
Foires aux vins en GMS ou salons gastronomiques,
“grosses réclames” dans les boîtes aux lettres,
vente sur Internet : boisson “culturelle” par excellence
en France, le vin est plus que jamais tiré par de multiples
acteurs. Il faut dire que le nectar de Bacchus rapporte
gros1 et suscite des fièvres qui n’ont d’équivalents
que les soldes ! Dans ce contexte, la résistance
des cavistes indépendants s’est très bien organisée.
Là où la boucherie-charcuterie a cédé,
le caviste n’a pas dévissé.
“Caviste ? Un métier où il y a à boire et à manger”
Avec quelque 400 cavistes adhérents, pour 2 500 à 3 000 professionnels identifiés dans l’hexagone, la Fédération nationale des
cavistes indépendants “n’a pas à rougir de ce nombre, souligne
Gérard Antoine, coprésident. Au contraire, avec pareil ratio, nous
sommes en tête des fédérations, par métier.” Créée en 1994, la
FNCI pointe d’emblée un problème de “périmètre”. De fait,
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008
qu’appelle-t-on un caviste indépendant ? “Si vous tenez compte
des grandes chaînes, des franchisés, des épiceries fines… on
atteint 6 000 points de vente. Prenez Saint-Emilion en pleine
saison, avec les châteaux qui ouvrent leur caveau aux touristes,
on recense sur place près de 55 cavistes… quand deux vrais indépendants exercent réellement toute l’année !” Ce phénomène de
multiplication des “cavistes” touche aussi la Bretagne, à l’image
de la capitale rennaise où Gérard Antoine dénombre “dans les
38 cavistes entre le centre et sa périphérie. Sauf qu’on trouve pas
mal d’opportunistes attirés par l’argent qu’il y a à se faire.” Car,
marché il y a bien. “Si dans les années 60 on buvait en moyenne
58 l. par personne par an, en 2007, le nombre est tombé à 28 l.
mais au profit de la qualité avec des spécialistes capables de vous
proposer un vin de Loire ou un Bourgogne à Montpellier”. Ajoutez
à cela les sommeliers qui, faute de trouver une place dans un restaurant, ouvrent leur affaire, et l’on comprend que “caviste” soit
aujourd’hui une tendance de fonds. Si la “part de gâteau” ne va
pas en s’accroissant – Gérard Antoine évoque une autorégulation à venir – il souligne dans le même temps “que lorsqu’une Foire
aux vins se targue de proposer sur 15 jours, 800 références…
un vrai caviste, lui, présente le même chiffre toute l’année. Et
si les cavistes ne “font” que 7 % en volume du vin vendu en
France, sur la production de qualité, en revanche, ils atteignent
près de 30 % !”
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Les Caves du Tregor à Saint-Quay Perros (22)
1 200 contacts relancés chaque année
Parti de “zéro” il y a 20 ans, Jacques Le Calvez “participe
aujourd’hui à la vie de 8 familles”. Comprendre qu’avec 8 salariés dans ses Caves du Trégor dont un responsable de cave, le
professionnel n’est pas peu fier “d’avoir tenu le coup dans cette
jungle qu’est devenue la distribution du vin. Je suis parti d’une
activité où j’étais seul à attendre le client, à un point de vente de
250 m2 dédié à deux activités : la vente au détail pour le particulier et une autre orientée vers le secteur CHR, 40 % de mes
résultats. Si j’ai réussi à mon niveau, c’est parce que je me suis
entouré de collaborateurs brillants. Mon premier salarié, formé à
Paris, je suis allé le chercher ! Je ne me permettrais pas de juger
ce qui se fait ailleurs, dans la GMS notamment… disons que j’ai
des doutes sur certaines compétences. Quant au marketing, ça
tombe bien que vous me posiez la question : tous les ans, le weekend du 9 mai, j’adresse un courrier nominatif basé sur mon
portefeuille clients qui s’appuie sur les règlements par chèque :
soit 1 200 contacts !” Une base de données sans cesse réévaluée au fil des nouveaux paiements. Un sens de la proximité –
“je suis avant tout le relais entre un terroir, des producteurs qui
ont les mains violettes et des clients” – et du service qui va
jusqu’à la mise à disposition dans le cadre de réception (du
mariage au méchoui) de tonnelets factices pour égayer les
tables, de carafes, de flûtes… “Croyez-le si vous voulez : en 20
ans, je n’ai jamais demandé d’acomptes et je n’ai pas été “trahi”
une seule fois. C’est aussi pour lever le stress de ce type de céré-
monies que le professionnel, après avoir estimé budget et
consommation, met 36 bouteilles à disposition quand 30 ont été
estimées raisonnables : le client ne payant que ce qu’il a
consommé au final.” A suivre le métier de Jacques Le Calvez, pas
de doute : “le caviste indépendant a encore une énorme place
dans le paysage”. Encore plus s’il propose du whisky à la vente
(200 références ici) et s’il dispose d’un parking (30 places dans
le cas présent). Situé en zone commerciale face à une grande surface du sport, Jacques Le Calvez s’est toujours tenu hors du centre-ville. Un choix et une politique commerciale qui ne
s’embarrassent pas des “modes” pour séduire. “Les vins bio ?
Bien sûr que j’en ai mais je ne les mets pas plus en avant que d’autres. Avant toute chose, on les goûte et on voit s’ils apportent,
ou non, quelque chose de gustatif. Et toujours dans une optique
de rapport qualité-prix.”
Cépages et Découverte à Vannes
“Un carton offert pour un acheté” ! Mais qu’est-ce
qu’on vous vend ?
ACTUALITÉS
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Un premier magasin Cépages et Découverte ouvert à Vannes il
y a 3 ans, un second à Sarzeau l’an passé : avec 250 000 euros
de CA pour, au total, 100 000 euros d’investissements, JeanFrançois Dubois, venu de l’événementiel sportif, n’a pas raté sa
reconversion. “J’avais fait une étude de marché. En France, on
boit moins, c’est vrai, mais on consomme mieux. Il y a de la place
pour nous, ça ne fait pas de doute. D’autant plus que la Bretagne
évolue. Il fut un temps où la majorité des cavistes proposait du
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Jean-François Dubois, Cépages et Découverte,
défend la qualité et le prix “plaisir”.
ACTUALITÉS
de vente. Via une mini-flotte de véhicules, de la fourgonnette au
6 tonnes. “Mon frère et moi avons passé notre permis poids lourd.
On a pu bénéficier de subventions mais, un camion, c’est tout de
même dans les 30 000 euros d’investissements.” Auxquels
s’ajoute chaque année le budget alloué aux deux mois de “tournée” dans les vignobles : “de 6 000 à 10 000 euros au minimum pour les frais de déplacement”.
600 références et au moins 450 fournisseurs n’empêchent pas
les deux professionnels de tout re-goûter chaque année. Un
gage de sérieux qui fait la différence auprès de la cinquantaine
de restaurateurs qu’ils fournissent aussi. “Croyez-nous, face à
France Boisson ou aux représentants, notre connaissance des
vins, toujours à jour, fait très bien la différence.” Beau parcours
pour un garçon qui, étudiant en Bourgogne, a commencé dans
le métier en organisant des soirées dégustation… à domicile.
Formule magique pour Les Vignes de Merlin (29)
vrac, c’est à dire du vin en cuve avec des clients qui venaient remplir leur “cubi”. A part dans les terres, les cavistes ferment
aujourd’hui leurs cuves.” Fort de ce constat en forme de changements de “mœurs”, le professionnel se “projette dans l’avenir. Je ne veux proposer que des vins pertinents. Des vins de terroir
qui racontent une vie.” Soit la rencontre d’un terroir et de vignerons alimentée par 400 références et une centaine de fournisseurs.
“La qualité et le prix “plaisir”, voilà ce que je défends. Certes,
je ne propose pas de vins à 2 euros comme en grande surface
mais je peux vous en faire découvrir à 4… 5 euros ! Les caves
ont la réputation de coûter plus cher. C’est faux et avec le développement du bag in box, ramené à la bouteille, alors oui,
vous avez un vin à deux euros ! De toute façon, quand je vois
des offres de GMS – “un carton de vin offert pour un acheté !”
– je me pose la question : mais qu’est ce qu’on vous vend ?
Qu’est-ce qu’on achète ?” Informatisé dès le début, JeanFrançois ouvre un compte fidélité pour chaque client et, s’il se
refuse aux promos “tête de gondole”, il a opté, via l’e-mail “plus
économique que l’affranchissement”, pour des opérationsdégustation ou découvertes de nouveaux produits… Ce qui lui
ramène des clients qui lui avaient fait “des infidélités”…
Ouverte en 1994 à Saint-Pol-de-Léon par Gilles Izoulet, la cave
Les Vignes de Merlin a dû compter avec 5 cavistes locaux “qui
se positionnent avec près de 300 m2 de surface de vente, des places de parking et visent la clientèle anglaise et irlandaise en faisant du Wine and Beer que les clients achètent directement sur
palette !” Nulle animosité pourtant dans la bouche de Gilles qui
a opté pour le qualitatif, voire le haut de gamme. “Non pas que
l’on marge énormément sur un grand cru et vous ne vendez pas
tous les jours une bouteille à 1 500 euros, mais c’est un vrai choix
qui me vaut une clientèle de connaisseurs, locale mais aussi
anglo-irlandaise.” Un positionnement qui passe aussi par un
“emplacement numéro 1” place de la cathédrale, un esprit “épicerie fine” avec les très sélects thés Kousmichoff et un vrai travail de …terrain. Bien décidé à associer le vin au sport, Gilles
Izoulet s’est très vite fait connaître de tournois de golf et autres
rallyes automobiles. Du café au coin du bivouac au… container
de bouteilles, il suffit parfois de savoir écouter. “J’apprends un
jour par un copilote que son oncle installé en Louisiane veut vendre du vin au secteur du CHR. Je me suis dit : il va devoir passer par de nombreux intermédiaires là où je peux lui faire une offre
globale et variée. J’ai pris 50 bouteilles et je suis monté le voir à
Paris.” Affaire conclue. Une première palette de 600 bouteilles déjà
partie, c’est un container de 1 200 autres qui va prendre la direction de la Louisiane. “Un marché de 50 000 euros”.
■ Serge Marshall
1
Même en “déclin”, le vin reste la principale source d’apport
Passage de “col” réussi pour Le Cellier vitréen (35)
d’alcool puisqu’il représente environ 60 % de la quantité totale
Trois caves, c’est aussi une entreprise. A suivre le rythme de travail et d’investissements de Jérôme Jeuland, on n’en doute
pas : dans la foulée de l’ouverture du Cellier vitréen en 1995, il
enchaîne sur une deuxième affaire à Fougères avant d’ouvrir en
2002 sa 3ème cave à Dinard. Au total, 12 salariés pour 1,8 million
d’euros de CA, toujours en progression. Avec une explication :
“en termes de prix d’achat, on est dans la colonne grossiste avec
des tarifs préférentiels et des conditionnements-transport excellents. Prenez un caviste qui n’a qu’une affaire : sur la base de 120
bouteilles achetées, on va lui facturer de 0,60 à 0,80 euro le colis.
Nous ? 25 centimes !” Une vraie force de frappe adossée à un
entrepôt de 450 m2 à Vitré d’où la marchandise part sur les 3 points
(hypermarchés et supermarchés) représente le circuit privilégié
d’alcool ingéré par nos compatriotes. La grande distribution
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008
(en volume) par les ménages français pour leur approvisionnement
en vin. Ce circuit (hors hard discounters) a représenté en 2004,
selon TNS Secodip, près de 60% des achats de vin/
Sources Onivins-Viniflhor
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DÉVELOPPEMENT
ACTUALITÉS
■ Avec une vingtaine de bateaux par an et un CA de
100 000 euros (réparation et hivernage compris), ACB
(Atelier Composites de la Baie) poursuit son développement depuis Saint-Pol-de-Léon (29). Son PDG, Serge Leroux,
emploie 3 salariés dans son local de 1 000 m2. “Dans le
Finistère nord, on ne compte qu’un autre chantier avec
nous.” Avec des clients - associations, clubs, écoles de
voile – dépendant des budgets alloués par les collectivités, le
chantier a observé ce premier semestre un attentisme en raison des élections tandis que le salon du nautisme de Paris,
“passage obligé”, a déçu “avec une vraie baisse de fréquentation à mettre en perspective avec la baisse du pouvoir
d’achat”. Grâce à son site Internet (qui lui ramène une clientèle nationale) et sa réputation pour des interventions sur la
caravelle, «le bateau du coin», ACB table aussi sur la signature en cours, au moment où nous bouclons notre numéro,
pour la construction de 2 à 3 bateaux supplémentaires. De
quoi alimenter l’atelier où quelque 15 000 euros vont être
investis “afin d’améliorer l’outil de travail et rendre les conditions d’hygiène et de sécurité encore meilleures”.
Contact : 02 98 15 85 33
Présence au salon BioFach à Nüremberg en Février
laquelle Celte et Nature a fait appel à une agence commerciale. Encore une question de maîtrise. “La mission de cette
agence ? Faire référencer nos produits en direct dans des
enseignes telles que Leclerc, Super U ou Champion”. En
défendant le “bon goût et le produit sain”, Celte et Nature,
dont les premières pâtes vont être mises sur le marché,
entend rester compétitive : “nous ne sommes pas frappés
par la hausse des matières premières ; nous n’utilisons pas
de beurre et cultivons nos céréales.”
Contact : 02 98 94 55 06
La Caravelle, une spécialité d’ACB
■ “Nous sommes sur une bonne pente. Nous profitons
à plein de la vogue du bio”. Beau motif de satisfaction
pour Vincent Bugnet et Serge Morineau. Après avoir lancé, il
y a 5 ans, la marque Celte et Nature (Tourch-29), ils viennent d’atteindre l’équilibre avec leurs derniers résultats
(150 000 euros). “Nous avons repéré une demande pour le
bio et nous avons fait certifier la moitié de notre gamme dont
nos articles au sarrasin et à l’épeautre qui ne contiennent ni
protéines de lait, ni gluten.” Avec à ce jour une centaine de
clients de détails en France et un grossiste qui distribue leurs
produits en région parisienne, la société a fait le choix de la
sous-traitance (biscuiteries de Bretagne, CAT de Rosporden
pour les emballages…). “A chacun sa maîtrise, défend
Vincent qui s’active déjà à relancer sa brioche à l’épeautre et
à développer une gamme de produits pour la GMS, cible pour
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AILLEURS
ACTUALITÉS
(
AQUITAINE : LE PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ PROD’INNOV NE S’APPUIE QUE SUR LES PME
3 QUESTIONS À JEAN ROQUAIN, PRÉSIDENT DU PÔLE
“Travailler avec
un pôle breton
ne me pose
aucun problème”
Unique par son association entre les industries agroalimentaires
et pharmaceutiques, en vue d’un meilleur partage de connaissances,
d’expériences et de savoir-faire en nutrition et santé, Prod’Innov,
pôle de compétitivité aquitain, ne s’appuie que sur les PME et TPE.
Explications de Jean Roquain, président du pôle,
qui ne comprend pas qu’il soit à ce point “exemplaire”.
BE : Depuis deux ans, Prod’Innov a labellisé au total plus
de 90 projets. “L’essentiel des partenaires de ces
projets sont des PME voire des TPE. Les grandes
entreprises en sont pratiquement absentes.” Vous
rendez-vous compte à quel point vous êtes atypique ?
Jean Roquain : Vous ne croyez pas si bien dire. Je me
souviens d’une réunion à Bordeaux sur le thème précisément
des aides aux PME. Etaient notamment présents des
étrangers quand soudain, au milieu de 300 personnes,
j’entends de la bouche d’un officiel espagnol : “les pôles
français ont la réputation de ne travailler qu’avec les
grosses entreprises !” Je me suis aussitôt levé pour
apporter un démenti… en m’appuyant sur ce qui se passe
chez nous. Je m’explique : notre pôle est à la croisée de
l’agroalimentaire et de ce que nous nommons la pharmatech-santé. Or, en Aquitaine, nous n’avons pas de grosses
entreprises dans ces secteurs. Certes, sont présents Lesieur
dans le premier cas et Sanofi et BMS-Upsa dans le second,
mais uniquement avec des sites de production : ces
entreprises n’ont pas leurs centres de R&D chez nous, ce ne
sont donc pas a priori des partenaires. En revanche, on
dénombre dans les IAA, 600 PME et dans les 50 à s’illustrer
en pharma-tech-santé. Ce que je ne comprends pas, c’est
que toutes les régions françaises sont ainsi “faites” de PME
et TPE. Nous le savons : tous secteurs confondus, au moins
80 % des sièges d’entreprise sont en Ile-de-France. Alors,
comment se fait-il que nous soyons à ce point “atypiques”
comme vous dites ? (rires).
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Jean Roquain,
président du Pôle Prod’innov
BE : “Venez partager notre ambition.” Dès la page
d’accueil de votre site, vous vous montrez très
encourageants. Peut-être avez-vous aussi une méthode
qui sait capter mieux que d’autres les PME ?
Jean Roquain : Et pourtant nous n’avons que deux ans.
Cela dit, nous avons pu nous appuyer sur deux associations
interprofessionnelles de la région : le Gipso qui existe depuis
plus de 30 ans et l’Ardia rattachée à l’association nationale
des industries agroalimentaires. Nous avons ainsi commencé par faire des tournées dans les départements et à
communiquer : newsletters, relais d’information sur les sites
de ces deux associations ou dans la presse régionale. Les
entreprises nous connaissent donc, même si je confesse
qu’on peut toujours faire mieux en communication. Autre
atout : nos chargés de mission. Nous disposons de 4
ingénieurs qui font ce que j’appelle de l’ingénierie de
projet et accompagnent les PME : où et comment trouver un
partenaire, développement d’une idée, pistes…
BE : Avec un tissu industriel riche de 1 000 partenaires,
de clients et sous-traitants et des laboratoires de recherche ciblés en nutrition humaine, vous n’hésitez pas à clamer : “Confiez-nous vos projets d’implantation ou de
développement”. Et si une PME bretonne ne veut pas
déménager mais tisser des liens avec ces acteurs ?
Jean Roquain : Je vous voir venir (rires). Vous voulez me
“pointer” sur un éventuel refus d’accueillir des PME
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Photo : Ellipse Pharmaceuticals
aidé à se faire labelliser et avec qui
nous signons une convention. Tout
simplement parce que nos champs
d’action ne connaissent pas de frontières ! Je me suis aussi rapproché
de l’Inra de Clermont-Ferrand, de
Toulouse et de Nantes. Vous me parlez de l’Inra-Agrocampus de Rennes ?
Je suis tout à fait ouvert à une rencontre. Qu’une école ou un pôle soit breton – je pense à Valorial – ou
strasbourgeois ne me pose aucun
problème. Prenez les projets du FUI1 :
ils sont par définition collaboratifs et
peuvent comporter des partenaires
Prod’innov, se sont 40 000 emplois industriels, 1 500
hors de la région, publics comme prichercheurs et plus de 1 000 entreprises représentées
vés. C’est le cas de la plupart de nos
dossiers, je le répète, et en particulier
extraterritoriales. Si tel est votre reproche “déguisé” concer- pour nos 8 projets financés par le FUI. C’est vrai aussi que
nant nos actions au seul nom d’UN territoire, sachez qu’il est les partenariats sont parfois le fait du hasard, que tout le
infondé ! Mon souhait personnel est que de plus en plus de monde ne “bouge” pas à la même vitesse, qu’il faut relanprojets soient inter-pôles, de façon à avoir une visibilité cer les interlocuteurs. Tout est toujours une question de
internationale beaucoup plus évidente – nous avons égale- désir… réciproque.
ment des accords de coopération avec d’autres pays – et je
■ Propos recueillis par Serge Marshall
vais vous le prouver. Nous sommes en relation avec deux
pôles de Midi-Pyrénées : Cancer-Bio-Santé et AgriMip
Fonds unique interministériel
Innovation, tout juste né en juillet dernier, que nous avons
ACTUALITÉS
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BRETAGNE EN RÉSEAU
AGENDA
ACTUALITÉS
■ Start-West - 8èmes rencontres
du capital et de l’innovation
les 13 et 14 mai à Nantes
Contact : 02 40 44 63 78
■ 3ème édition du colloque
européen sur les molécules
et ingrédients santé MIS
les 14 et 15 mai à Rennes
Contact : 02 99 38 33 30
■ Les Ateliers de Rennes
biennale d’art contemporain
du 16 mai au 20 juillet
www.lesateliersderennes.fr
■ 10ème édition du Carrefour
international du bois
du 28 au 30 mai à Nantes
Contact : 02 40 44 20 20
timbershow.com
■ 30 mai au 1er juin
salon Terralies,
salon de l’agriculture
en Côtes d’Armor
Parc de Brezillet à Saint-Brieuc
Contact : 02 96 79 21 30
[email protected]
■ 3 juin – journée-rencontre
“amélioration de la performance et prévention des TMS”
Maison de l’agriculture de Rennes
Contact : ABEA 02 99 25 41 50
■ 11 et 12 juin, 2èmes rencontres
nationales Ports de plaisance
et développement durable
au centre de congrès du Quartz
à Brest
Contact : 01 45 15 09 54 (presse)
■ Salon des solutions
techniques territoriales
(équipement de la ville, route
et voirie urbaine) du 11 au 13 juin
parc des expos de la Beaujoire
à Nantes
Contact : 02 40 52 08 11
■ Prévent’ouest 2008
les 18 et 19 juin Parc des expos
de la Beaujoire à Nantes
Contact : www.preventica.com
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008
STAGESOUEST.COM MET EN LIGNE ÉTUDIANTS ET ENTREPRISES
( Au cœur de la cible
Créé en novembre 2004,
le site www.stagesouest.com1
met aujourd’hui en ligne
plus de 10 000 offres de stages.
Une aubaine pour les 2 500
entreprises inscrites, qui souhaitent
avant tout cibler un profil de poste
pointu et dénicher la perle rare.
“De septembre 2006 à juillet 2007,
nous avons enregistré 15 000 demandes
de stages, explique Denis Hervé, un
des responsables du site, en poste chez
ouestfrance-emploi.com. Aujourd’hui, notre
priorité est de trouver pour tous les étudiants inscrits une entreprise en adéquation
avec les besoins exprimés. Ceux-ci se
concentrent autour de 4 pôles : le commercial-marketing-communication, la gestion
financière et juridique, le high-tech-Internet
-informatique et l’industrie-technique. Côté
entreprises, elles recherchent en priorité
les étudiants disposant d’un bac +3 ou 4
suivi par les bac +5 et bac +2.”
A 31 ans, Françoise Cloarec est adjointe RH
et responsable formation au sein du groupe
Locmaria dont le siège social est basé à
Rennes. 350 salariés y travaillent, répartis
sur 6 sites de production dont trois en
Bretagne. Etudiante, cette jeune femme
utilisait stagesouest.com pour sélectionner
les offres de stages et postuler aux offres.
C’est tout naturellement qu’à son arrivée
chez Locmaria, il y a plus de trois ans, elle
décide de s’y inscrire, cette fois en tant que
recruteur.
“Ce site a le gros avantage d’être entièrement gratuit. Les annonces sont faciles à
mettre en ligne. D’une manière génale, il est
ludique et souple, explique Françoise
Cloarec. Je dépose une quinzaine d’offres
de stages par an, tant pour l’export que la
Françoise Cloarec
du groupe Locmaria
qualité, le marketing ou encore le commercial. Pour chacune, nous recevons une
vingtaine de réponses, émanant d’étudiants
de bac +2 à bac +5 dont la durée de stage
de fin d’études varie de 3 à 6 mois. Ils sont
rémunérés au-dessus de ce que la loi prévoit et perçoivent en plus une petite indemnité pour leurs frais de déplacement et de
logement.” En effet, toute entreprise qui
s’inscrit sur stagesouest.com s’engage à
respecter la charte des stages telle que
définie, de façon à éviter toute offre d’emploi déguisée. “Un taux de réponses élevé
me permet de cibler au plus juste, poursuit
Françoise Cloarec. En fonction des besoins
des différents sites, je privilégie les candidatures locales.”
Enfin, un autre avantage non négligeable de
stagesouest.com est qu’il permet aux entreprises de se faire connaître auprès de nombreux étudiants en France et en Europe.
Bien connu auprès du public étudiant, le
site draine de nombreuses candidatures
spontanées qui permettent aux entreprises
d’effectuer des recrutements de qualité à
différents niveaux de responsabilité.
■ Véronique Maignant
1
Les partenaires à l’initiative du site sont : les
CRCI de Bretagne et des Pays de la Loire,
ouestfrance-emploi.com, Ouest-France,
l’Upib, le Medef des Pays de la Loire et Idées
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RÉGION
■ En 2007, seule une entreprise
familiale sur deux a préparé sa
transmission. C’est un des points qui
ressort de l’enquête sur les entreprises
familiales menée par le cabinet
PricewaterhouseCoopers dans 28 pays.
“C’est particulièrement vrai en France où
le système de gouvernance d’entreprise
qui est un vrai système de management
est en retard par rapport aux Anglosaxons”, explique Jean-Luc Brionne,
spécialiste de la transmission au sein de
la délégation bretonne. Les entreprises
familiales, c’est-à-dire celles dont 51 %
du capital sont détenus par une même
famille, représentent la moitié des entreprises en Europe. Elles réalisent 35 à
65 % du PNB selon les pays. “Les résultats de l’enquête montrent une certaine
incohérence entre les intentions des dirigeants en matière de succession et ce
qui se passe concrètement.” En effet, si
dans une grande majorité, les dirigeants
estiment que le capital restera dans le
giron familial, plus de 50 % d’entre eux
ne disposent d’aucun plan de succession sauf dans le cas du décès ou de
l’invalidité du dirigeant. Plus des deux
tiers des entreprises répondantes n’ont
adopté aucun processus pour la résolution de conflits entre les membres de la
famille. “En France, poursuit Jean-Luc
Brionne, nous sommes rentrés dans la
culture de la plus-value la meilleure. Les
PME bretonnes suivent la tendance et
privilégient de moins en moins la solution
familiale”. Faute également de solliciter
les cadres pour la reprise, les actionnaires ont tendance à vendre à des groupes
extérieurs ou étrangers. “Il nous est très
difficile d’arrêter ce mouvement même si
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■ Depuis le 1er avril, Air-France et KLM proposent aux entreprises du
Grand Ouest une ouverture sur l’international via Amsterdam. Relié
directement et quotidiennement au Hub d’Amsterdam-Schiphol, le Grand Ouest
a accès, aujourd’hui, depuis l’aéroport de Nantes, à de nouvelles destinations
desservies uniquement par KLM. 5ème ville d’affaire d’Europe après Londres,
Franckfort, Paris et Bruxelles, Amsterdam est une plaque tournante vers les marchés internationaux. Au total, ce sont 58 destinations uniques et nouvelles
(inexistantes au départ de Paris) qui sont désormais proposées via ce hub.
Dallas, Portland, Seattle (Amérique du Nord), Chengdu (Chine), Hyderabad (Inde),
Taipei (Taiwan), Koweit ou bien encore Nairobi sont parmi les 37 destinations uniques Longs courriers. 21 destinations uniques sur l’Europe (Maastricht, Riga…)
viennent aussi d’être ouvertes. La liaison s’effectue par la compagnie Régional à
raison de 2 vols quotidiens du lundi au vendredi. Les relations économiques
entre la Bretagne et les Pays-Bas sont loin d’être négligeables et n’ont cessé de
croître ces dernières
années : en 2007, le
Aéroport Amsterdam-Schiphol
montant de nos
exportations s’élève à
395 millions d’euros,
celui de nos importations à 420 millions.
De beaux fleurons de
notre économie sont
détenus majoritairement par des capitaux
néerlandais. C’est le
cas d’AES Chemunex
(Redon), Celtic nutrition animale (Crévin),
Isobox technologies
(Douarnenez), Néolait
(Yffiniac), Nowak (Guipry) ou encore Phillips à Rennes. Au final, en 2007, plus
d’une quarantaine de PME bretonnes sont ,en partie ou de façon majoritaire,
contrôlées par des capitaux d’origine néerlandaise. Elles étaient 25 en 2005
(source : CRCI Bretagne).
Contact : www.airfrance.fr
le dispositif des droits de succession va
dans le bons sens et tend à se simplifier.
La baisse d’un point de la valeur des
entreprises, constatée depuis quelques
mois, le durcissement des conditions
bancaires et le retour en Bretagne de
ACTUALITÉS
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cadres à la recherche de conversion
vont peut-être freiner le nombre croissant d’opérations de rachat d’entreprises bretonnes menées par des groupes
extérieurs et étrangers”, conclut ce spécialiste.
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ACTUALITÉS
Photo UPS
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DEVELOPPEMENT
■ UPS double ses capacités dans
l’Ouest. Numéro 1 mondial de la livraison de colis, UPS vient d’ouvrir à SaintJacques-de-la-Lande, à proximité de
Rennes, un nouveau centre d’une surface de 2 400 m2. C’est le seul centre
en France, à ce jour, à regrouper l’ensemble des activités d’UPS : un centre
d’enlèvement et de distribution des
colis, une plate-forme de transit routier
et un centre opérationnel aérien international. Equipé des dernières technologies, ce centre aérien international
traite jusqu’à 1 900 colis par heure soit
22 tonnes par jour. Il relie directement la
région Ouest au hub de Cologne. Un
Boeing 737 d’une capacité de 11,5 tonnes atterrit en provenance de Cologne
à 5h06 sur l’aéroport de Rennes-SaintJacques, pour en repartir à 22h20, cinq
jours sur sept. Le rayonnement géographique du centre UPS couvre la totalité
des départements bretons, auxquels
s’ajoutent pour certaines opérations les
départements de la Loire-Atlantique
(44), du Maine et Loire (49), de la
Manche (50), de la Mayenne (53) et de
la Vendée (85).
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Contact : 02 98 68 02 05
■ 7,7 millions d’euros de CA pour
Castel (Landivisiau-29) qui mise
sur sa R&D et la sous-traitance.
Forte d’une progression à deux chiffres, cette PME de 78 salariés joue
plus que jamais de la R&D et de l’innovation, confirme Bruno Madec, PDG,
“avec 2 à 3 % du chiffre d’affaire
investis chaque année à ce poste,
déployé entre recherche et opérationnel, et qui occupera sous peu 10 personnes.” Si le dirigeant souligne comment les clients ont enfin accepté de
“payer le prix dû, ce qui nous permet
de retrouver de la marge sur les produits alors que l’acier a encore progressé de 18 % depuis le début de
l’année”, il remarque aussi que le marché s’est assaini entre la concentration de ses clients et la disparition de
certains fournisseurs. Après une
année 2005 qui avait vu le marché
s’effondrer, Castel tire aujourd’hui son
épingle du jeu via sa spécialisation
dans 4 branches : équipement portuaire, industriel, agricole et pour la
manutention. Une polyvalence qui
paie : “cette année, le marché agricole
se tend, alors nous nous recentrons
plus dans l’industriel.”
RÉGION
■ Henri Civel (groupe Asteel-Redon)
prend la tête de la Meito jusqu’en
2010. Avec un budget 2008 en hausse
à 1,22 million d’euros et 270 entreprises
adhérentes, la Mission pour l’électronique, l’informatique et les télécommunications de l’Ouest entame une nouvelle
ère. Après trois années de turbulences,
la Meito est désormais financée par la
seule Région Bretagne, les quatre
Conseils généraux et les communautés
de communes de Brest, Quimper,
Vannes et Lorient. En déclinant sur trois
ans “Meito 2010”, ses représentants
souhaitent particulièrement développer
la veille en termes de marchés et d’usages pour toute la filière et fournir un soutien personnalisé aux PME. Pour l’heure,
dans le cadre de l’automobile embarquée et en lien avec la filière auto, elle
inaugure ce mois-ci la plate-forme
Opase. D’un montant total de 239 000
euros, cette plate-forme, basée au siège
de la Meito à Rennes, permet aux entreprises d’utiliser des équipements de
tests et de mesures à moindre coût
“dans le domaine du hard”.
Contact : 02 99 84 85 00
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NEXES VISIO DÉVELOPPE LA VISIOCONFÉRENCE VERS LES PME
Issus du monde des télécoms, ils ont flairé les premiers
frémissements d’un marché jusqu’alors réservé
aux multinationales. Depuis avril 2005, à la tête de
Nexes Visio à Trégueux (22), Arnaud Beyer et Frédéric
Grange s’attaquent aux PME et collectivités locales.
Depuis, les frémissements se sont transformés
en véritable mouvement de fond.
Dans les locaux de Nexes Visio, des écrans de toutes tailles investissent les bureaux. La Chine, l’Australie ou plus modestement Toulouse… Ils transportent le visiteur dans les lointains
bureaux de leurs partenaires. “Les télécommunications, la communication, c’était un peu notre background”, indique Arnaud
Beyer pour expliquer la création de Nexes Visio. “On sentait que
les échanges dans les entreprises se modifiaient, c’était le moment
de se lancer”. Issus du monde des télécoms, les deux associés
ont créé leur entreprise sous une approche nouvelle. “Avec le développement des réseaux haut-débit, un potentiel énorme s’ouvrait
aux PME, souligne Frédéric Grange. Mais pour l’exploiter, l’idée
était de monter une structure entièrement dédiée à la visioconférence pour les accompagner dans ce changement. Car autant les
multinationales disposent des services techniques nécessaires,
autant les PME réclament une palette de services qui n’existaient
pas vraiment sur le marché”. D’emblée, les deux hommes mènent
leur action selon 4 axes : parler “usages” et non technologie afin
de proposer des solutions sur-mesure ; être multi-marques, garant
de leur indépendance ; garder une notion de proximité par des partenariats régionaux ; faire de la visioconférence leur cœur de
métier. “Se spécialiser dans la visioconférence a été pris comme
une folie au départ, rappelle Frédéric Beyer. Car les entreprises qui
la proposaient avaient d’abord un cœur de métier dans l’audiovisuel ou les réseaux informatique. C’était un petit marché et peu
de monde savait de quoi il retournait précisément”. Aujourd’hui,
les choses ont sérieusement évolué… On peut même dater ce
retournement.
ENTREPRISES
Communications illimitées
Brieuc, ils parcourent le Grand Ouest, d’une installation à l’autre.
“Depuis septembre 2007, on a vraiment senti une prise de
conscience, constate Arnaud Beyer. Le nombre de nos installations,
notamment dans les collectivités locales, a augmenté de manière
impressionnante”. Ainsi, d’une année sur l’autre, sans pour autant
tout attribuer au Grenelle de l’environnement, Nexes Visio compte
plus 40 % d’installations pour un chiffre d’affaire de 600 000 euros
en 2007. Reconnue comme une alternative aux déplacements, renforcée par la flambée des prix du pétrole, la visioconférence
devient un outil majeur de la communication et de l’organisation
interne des entreprises. “Sans compter l’évolution des réseaux
ADSL, qui sont aujourd’hui notre support principal et offrent des
communications illimitées”, souligne Frédéric Grange. Une technologie qu’ils estiment urgent d’assimiler, la France souffrant d’un
sous-équipement important en la matière par rapport à ses voisins
européens. Conseils généraux et PME pour un usage courant, hôpitaux pour des consultations à distance, ANPE pour des antennes
de proximité dédiées aux entretiens mensuels, écoles primaires pour
l’enseignement à distance… Les installations de Nexes Visio sont
extrêmement variées. “Nous sommes conscients que nous avons
fait naître quelque chose ; il s’agit de le porter encore plus loin. Il
y a un tel potentiel sur le marché français aujourd’hui, de telles applications encore inexplorées, que nous n’en sommes encore qu’à
la première étape”, conclut Arnaud Beyer.
■ Véronique Rolland
De Grenelle à Saint-Brieuc
Depuis le Grenelle de l’environnement, on peut dire que les deux
techniciens de Nexes Visio ne chôment pas. Du siège près de Saint-
L’enseignement à distance dans les écoles,
une des applications de la visio-conférence
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ENTREPRISES
LE COCHON DE TY NEUDEN RÉINVENTE LA COCHONNAILLE
Cochon qui s’en dédit
Pour Magali Bernard, co-dirigeante,
priorité à la saveur
Pour revaloriser l’image de la production porcine et de la charcuterie en général,
Magali Bernard met les bouchées doubles à Lothey (29).
Son “Cochon de Ty Neuden” adossé à l’élevage de son mari est un vrai succès.
En plein champ, le bâtiment blanc de 300 m2, où mènent
les pancartes aux deux cochons roses dansant, logo de la maison, surprend le nouveau venu mais plus les nombreux habitués.
Dans la petite boutique de vente directe, une vitrine réfrigérée présente côtes et autres rôtis tandis que sur des étagères, les verrines de terrines aguichent le chaland. Par une vitre, s’aperçoivent
à l’œuvre des charcutiers souriants, loin de l’ambiance des usines
aux cadences folles. “Nous avons repensé la façon de travailler le
porc et les gens ont l’air d’apprécier, raconte Magali Bernard.
Pour cela, deux principes intangibles : innovation des produits et
priorité à la saveur.” La jeune femme qui rêvait de devenir prof de
gym a réorienté ses études vers la comptabilité pour assister son
mari et son beau-frère, descendants d’éleveurs de porcs depuis
trois générations. Une exploitation du coup atypique : seulement
250 truies-mères et 170 hectares pour produire leur alimentation
en interne. Rien à voir avec l’industriel hors-sol, nourri de produits
d’importation. “Malgré leur plus grande qualité, nos bêtes partaient
sur le marché sans distinction avec les autres. D’où l’idée de les
valoriser nous-mêmes sur place.”
Le cochon de Ty Neuden
nourrit aussi
la Garde Républicaine à Paris
Dix salariés
En 2000, Magali ouvre donc une modeste boutique à la ferme.
“Seule, je vendais de la viande fraîche découpée et un peu de charcuterie fabriquée en sous-traitance car nous n’avions pas de laboratoire aux normes. Je traitais un cochon par semaine.” Elle
commence à fournir des restaurants et court les marchés environnants avec un fourgon. Pour répondre à la demande croissante,
un bâtiment laboratoire-stockage-boutique-bureau est construit
dans un champ voisin en 2002. Aujourd’hui à la SARL Le Cochon
de Ty Neuden, ils sont dix à travailler, dont 5 charcutiers, un commercial et un livreur, pour traiter 50 porcs par semaine, soit la moitié de la production annuelle de la ferme. “L’initiative n’a pas été
forcément bien vue par certains éleveurs mais j’étais convaincue
d’avoir raison face aux crises du porc à répétition et aux attentes
des consommateurs.” Magali Bernard multiplie les circuits de distribution : la vente sur place qui représente toujours 10 % du CA,
la fourniture de restaurants, cantines scolaires, maisons de retraite,
cercles de la gendarmerie, la réalisation de buffets… mais aussi
la vente en entreprises via les CE ou avec l’aval des dirigeants pour
des commandes hebdomadaires livrées sur le lieu de travail quelle
que soit la quantité. “La viande fraîche ne représente plus que 35 %
des ventes au profit des verrines et plats préparés en pleine explo22
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°186 • MAI 2008
sion. Nous livrons sur tout le Finistère et de plus en plus bien audelà : pour l’anecdote, nous envoyons 300 à 400 kilos de produit
par semaine à Paris pour nourrir la Garde Républicaine !”
Reprendre pour s’étendre
Le chiffre d’affaires d’un million d’euros, en progression de 15 %
par an, devrait encore exploser. “Les verrines pour l’instant
conditionnées à l’extérieur vont l’être chez nous à la fin juin et les
plats préparés vendus sous vide aujourd’hui le seront alors en barquettes micro-ondables. Avant l’été, notre site marchand sur internet sera opérationnel.” Mais Magali Bernard regarde aussi en
dehors de ses murs : “pour augmenter notre gamme de 150
références, nous nous fixons comme objectif dans un à deux ans
de reprendre une autre entreprise complémentaire.” A un moment
où les consommateurs s’inquiètent des OGM et où on parle de
réintroduire les farines animales dans l’alimentation des porcs,
l’élevage au naturel des cochons des Bernard peut jouer une
belle carte personnelle.
■ Yves Pouchard
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ENTREPRISES
Le chantier de Dubaï City Center aux Émirats Arabes Unis
POUR PIÈCES SERVICES GRUE, TRAVAILLER À L’INTERNATIONAL EST UNE SECONDE NATURE
PSG prend de la hauteur !
Non, vous ne rêvez pas… c’est bel et bien du russe, de
l’espagnol ou de l’anglais que vous entendrez en entrant
chez Pièces Services Grues. Et pourtant, nous sommes à
Theix dans le Morbihan. 85% de l’activité de cette PME,
spécialisée dans la commercialisation de grues d’occasion et
de pièces détachées pour grues, s’effectuent à l’étranger.
“Ce n’est plus en Europe mais partout ailleurs dans le
monde que le marché de la construction explose”. Ce potentiel international, Eric Audrain, actuel dirigeant de la société,
l’avait très vite compris. En 2000, alors âgé de 29 ans, lui et sa
jeune épouse hésitent. Que faire ? Acheter une maison, pour
faire comme tout le monde, ou se lancer dans une toute autre
aventure : raccrocher leurs casquettes de vendeur automobile
et de coiffeuse pour celles d’entrepreneurs. Pas besoin de tergiverser trop longuement. En 2001, leur chemin croise celui de
Marcel et Geneviève Le Guern, fondateurs, en 1995, de PSG.
Pendant 18 mois, ils vont leur transmettre les moindres rouages du métier, avant de leur passer le flambeau.
Moyen-Orient, les chantiers ont besoin de mâts, les bâtiments
vont chatouiller le ciel à plus de 100 m !” Il décide alors d’ajouter à “la gamme de références de la société, des grues d’occasion complètes et des mâtures”. L’idée était là, la réussite plus
très loin. Un premier accord est signé avec un Libanais, pour
la livraison de sept engins sur un chantier au Qatar. L’équipe
solutionne les difficultés logistiques d’empaquetage… Un dernier obstacle reste néanmoins à surmonter : le vertige des
banques. “Le prix d’une grue avoisine le million d’euros, sans
parler des conditions de change entre une grue achetée en Chine
et revendue au Moyen-Orient !” Cette étape aura certainement
était la plus périlleuse pour le couple Audrain, contraint d’honorer seul, cette première commande, sans la moindre garantie financière. Après quelques mois sombres, PSG parvient à
se relever et les contrats avec les géants étrangers de la
construction se multiplient, l’entreprise sort de l’ombre et gagne
peu à peu du terrain dans le monde entier, en Russie, au
Moyen-Orient, en Amérique latine… Alors que le chiffre d’affaires plafonnait à 300 000 euros entre 1995 et 2001, il grimpe
depuis, en flèche : “multiplié par dix en 2007, il devrait atteindre 5 à 6 millions d’euros en 2008, dont 60 % pour le MoyenOrient et 15 % pour les pays de l’Est alors que l’activité ne s’y
développe que depuis 6 mois”.
Le rêve “américain”
Nouveau cap à l’horizon…
Emballé, Eric Audrain se lance pleinement dans ce nouveau
challenge. “J’ai commencé par faire ce que je maîtrisais le
mieux : le commercial. J’ai suivi pendant 6 mois un stage intensif d’anglais à la Chambre de commerce puis décidé, un samedi
matin, de voir plus loin. J’ai surfé sur Internet à la recherche
d’éventuels prospects. Au hasard, j’ai envoyé une vingtaine
de mailings à travers le Moyen-Orient. Le lundi, onze demandes de cotation m’attendaient au bureau”. Il saisit immédiatement l’opportunité. Le marché mondial se porte bien, partout
on construit de plus en plus, de plus en plus haut…. “Au
PSG entretient, depuis 2005, d’étroites relations avec un fournisseur en Chine. “Pour répondre à l’évolution du marché,
nous évoquons l’éventuelle création, fin 2008, d’une usine de
construction de grues neuves, certainement à proximité du
port de Shanghai pour faciliter le transit. Le marché chinois est
désormais incontournable. Il sait produire, en masse, mais
manque toujours la qualité, alors qu’un chantier immobilisé
parce qu’une grue est défectueuse coûte très cher. Nous avons
donc un rôle à jouer”.
■ Aurélie Dessauvages - Giard
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DOSSIER
VALORISATION DES SOUS-PRODUITS DE L’AGRO-A
Des obstacles à fra
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O-ALIMENTAIRE
ranchir
... Et qui va donner le coup d’envoi
de la seconde mi-temps ? En matière
de valorisation des déchets issus
de l’industrie agro-alimentaire,
la situation apparemment stable
est en constante évolution car
la réglementation européenne et
le raisonnement économique poussent
à trouver des solutions nouvelles.
Le problème, c’est que l’innovation
coûte cher. Si les pouvoirs publics
ne peuvent ni ne veulent porter
tout le risque industriel, qui va financer
les prototypes quand les porteurs
de projet s’épuisent ?
outes filières confondues, les industries agro-alimentaires bretonnes produisent 1 431 506 tonnes de déchets,
valorisés ou éliminés, estime la mission menée en 2003
par l’Upib, l’Abea et la Région Bretagne. Un gisement
de matières brutes qui se répartit à peu près également
entre le Finistère, le Morbihan et l’Ille-et-Vilaine, les
Côtes-d’Armor représentant 17 % des tonnages.
Si tous les secteurs sont concernés, le plus gros
pourvoyeur de déchets est représenté par les abattoirs (52 %),
suivis par l’industrie laitière (25 %) puis la conserverie et la transformation de fruits et légumes (11 %). Il est plutôt rassurant de
constater que les premiers déchets organiques produits en Bretagne
sont issus des sous-produits animaux (SPA) à savoir des déchets de
catégorie 3, “à bas risque”, représentant 34 % des tonnages. Viennent
ensuite les sous-produits des industries laitières puis les boues
d’épuration générées par les grosses unités industrielles.
T
Le respect des normes au prix fort
On constate que plus de la moitié (55 %) des sous-produits retournent vers l’agriculture. L’alimentation des animaux d’élevage (27 %),
l’épandage (près de 22 %) et le petfood (18 %) sont les débouchés
les plus “naturels” de ces déchets, en particulier les sous-produits
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DOSSIER
STALAVEN A DÉVELOPPÉ UNE SOLUTION PROPRE
“La vertu a un prix”
On distingue les circuits courts, de plus en plus limités mais
intéressants pour les produits végétaux, et les circuits industriels impliquant un traitement.
En fonction de la nature des déchets, la démarche commence
par un tri efficace, la détermination de l’intérêt agronomique,
nutritif et énergétique, du déchet, la garantie d’innocuité et la
traçabilité de circuits afin de trouver les solutions adaptées,
explique l’Ademe.
L’offre de solutions est également limitée par le coût du transport et la nécessité de massifier les flux pour trouver un optimum économique. Les filières ne sont pas non plus forcément
pérennes. On sait que la réglementation s’alourdit en permanence, que les plans d’épandage connaissent une restriction
de plus en plus sévère et que la demande sociale évolue. Les
notions de développement durable interrogent en profondeur
tous les acteurs, et pas seulement les associations de défense
de l’environnement. Il y a donc un défi à relever pour transformer des déchets en sous-produits.
Du déchet au sous-produit
Des co-produits végétaux destinés aux éleveurs
Producteur de salades composées, Stalaven traite essentiellement des déchets de légumes et a développé une
solution propre, explique Philippe Robert, responsable
environnement. Tout démarre par le tri. Les coproduits non
contaminés par des produits animaux sont directement
incorporés à l’alimentation animale chez des éleveurs avec
qui l’entreprise a passé une convention. Stalaven prend en
charge le transport et cède gratuitement les déchets “pour
éviter les conflits si l’agriculteur détectait un problème de
qualité”. Les déchets animaux et végétaux en suspension
dans les eaux de lavage sont tamisés et partent en compostage sur une plate-forme gérée par un syndicat de
gestion des déchets. Là encore, l’entreprise paie le coût du
transport. Ils contribuent à la production d’un compost
certifié Cerafel, vendu par le syndicat. Les eaux résiduelles subissent un prétraitement physico-chimique à l’usine,
éliminant 90% de matières en suspension et 80% de la
charge polluante organique (DCO). Elles sont ensuite acheminées vers la station intercommunale, un service payant
en fonction des volumes traités. Les boues résiduelles
sont incinérées “et c’est très cher”. La vertu a donc un prix.
provenant des conserveries de fruits et légumes. Les sous-produits animaux sont soumis à une réglementation particulière
qui les soustrait d’office à ces filières. Jusqu’à aujourd’hui, les
filières de traitement semblent bien établies et les industriels
acceptent de payer les services de prestataires pour se mettre en accord avec une réglementation fortement resserrée suite
aux diverses crises sanitaires. Mais ces solutions sont chères :
selon l’étude citée plus haut, la destruction des boues séchées
par incinération coûte en moyenne 331 euros la tonne, celle
des graisses de flottation s’élève à 134 euros et la récupération des sous-produits animaux de catégorie 1 (les plus
dangereux) par les équarrisseurs se monte à 121 euros
la tonne. En parallèle, le coût moyen de l’épandage n’est
que de 11 euros la tonne. Les prix s’expliquent en partie par
la filière de traitement.
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Certaines filières ont entamé cette démarche depuis longtemps. C’est le cas des produits de la mer. A Lorient, par
exemple, l’institut ID Mer apporte son savoir-faire aux entreprises de la région.
Citons aussi Atlantique Petfood à Concarneau. Second acteur
breton de la transformation des sous-produits du
poisson, l’entreprise traite
environ 15 000 tonnes de
déchets de thon et de
saumon, transformés en
hachis à destination du
petfood humide. Depuis
1990, Jean-Guillaume
Badiola s’approvisionne
“auprès de partenaires
fidèles” qu’il rémunère. Il
travaille avec des groupes
industriels, comme Nestlé ou Mars, sur toute l’Europe. “C’est
pour mon entreprise de négoce un débouché secondaire. Les
filières sont très installées, la raréfaction de la matière première
va poser un sérieux problème, celui de la question de l’économie de la pêche, avant même de penser à dépenser l’argent
public pour des projets à l’avenir incertain”. Un aspect du
problème que l’on va retrouver partout. La valorisation des
déchets des productions végétales n’est pas la plus problématique, même si elle interroge l’avenir des projets de méthanisation : “Si, pour assurer la pérennité des installations et
trouver les volumes nécessaires au fonctionnement des unités
de traitement, il faut produire par exemple plus de maïs, l’agriculteur doit-il pour autant se transformer en producteur d’énergie ?”, souligne Philippe Robert, responsable environnement
chez Stalaven et membre de la Mission régionale.
L’embarrassant problème des graisses
Mais “les graisses, c’est l’urgence”, poursuit notre interlocuteur. Les projets de méthanisation qui peuvent accueillir certaines graisses piétinent, le biodiesel ne démarre pas alors qu’il
se développe en Espagne. En regard de l’envolée des prix des
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Les sites industriels SVA - Jean Rozé à Cornillé : à gauche, la société armoricaine d’incinération
reliée par un circuit vapeur à la SNC Cornillé (à droite), unité de traitement des co-produits d’abattoirs
énergies fossiles, il est important de se rappeler qu’une tonne
de graisse purifiée est équivalente à une tonne de fuel”. Et l’on
retrouve la difficulté exprimée plus haut : l’innovation coûte cher,
elle n’est pas forcément accessible à des PME.
Des solutions propres
Des sociétés bien établies ont pu développer leurs solutions
propres. Citons SVA Jean Roze à Vitré. Certifiée ISO 14001,
l’entreprise a créé une unité de valorisation énergétique des
boues de station d’épuration et de déchets organiques à
Cornillé (35). La Société Armoricaine d’Incinération fonctionne
en zéro rejet et fournit une partie de l’énergie, sous forme de
vapeur, nécessaire au site voisin, SNC Cornillé. Cette unité traite
les coproduits d’abattoirs (graisses et os) en mettant en oeuvre des procédés performants pour traiter ses propres rejets :
système d’ultra filtration des eaux usées, oxydateur thermique
et bio filtre pour traiter les odeurs.
VEOLIA PROPRETÉ PORTEUR D’INNOVATION
“Les industriels ont un cap à passer”
“Les techniques de valorisation,
notamment la méthanisation, sont
au point mais elles sont financièrement coûteuses. On attend des
professionnels qu’ils tiennent un
discours clair avant d’aller plus
loin”, déclare Martial Gabillard,
adjoint au directeur de l’agence
régionale Bretagne de Veolia
Propreté. Cette branche du
groupe Veolia Environnement est
spécialisée “dans la collecte, le
traitement et la valorisation de
tous les types de déchets”. Elle
emploie 960 salariés sur la
Bretagne sur les quatre départements bretons. Dans le domaine
des IAA, “les graisses animales
constituent une catégorie particulière qui demande un traitement spécifique lié aux caractéristiques
physico-chimiques de chaque type de
déchet. C’est le client qui fait son choix
sur des critères techniques et financiers
en fonction des solutions proposées.
Aujourd’hui, le maillage des équipements de Veolia est équivalent à l’accès
à un plan d’épandage et se développe
à la mesure de la demande, mais le mar-
Plate-forme de compostage
de déchets non-consommables
ché est encore débutant. Même si les
industriels sont conscients que l’avenir
est à la restriction de plans d’épandage
et que le risque sanitaire existe, le process industriel a un coût qu’ils ne veulent pas assumer”. Il existe des solutions
locales, développées par les industriels
en lien avec les stations d’épuration des
collectivités mais celles-ci ne peuvent
s’appliquer à des produits complexes
qui demandent un traitement particulier :
“Nos solutions sont complémentaires.
Veolia est porteur d’innovation mais là
encore c’est un calcul économique qui
n’est pas totalement abouti. Par exemple, en matière de méthanisation, il existe
un problème de pérennité de l’approvisionnement, le groupe développe plutôt
le compostage. En quelque sorte, on
attend que les tonnages sortent du bois”.
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Photo : Ademe
Convoyage par bande transporteuse en usine d’incinération
On peut encore citer la Cooperl à Lamballe qui a fait appel à
Veolia en 2002 pour mettre en place une station de traitement
des effluents capable de recycler une partie des effluents traités. La station s’appuie notamment sur un bioréacteur à membrane, Biosep™, combinant boues activées et filtration
membranaire, afin d’assurer le traitement optimal et la finition
des effluents en vue de leur recyclage. La capacité de la station atteint actuellement 16 000 m3/semaine et 30
tonnes/semaine de DCO (demande chimique en oxygène).
Eléphants et pique-boeufs
Maîtrisant l’innovation, les grands prestataires restent dans une
situation d’oligopole, car l’Etat a été très content de trouver
auprès d’eux une réponse aux obligations nées des suites de
l’ESB, dite maladie de “la vache folle”. Alors que les industriels
peuvent raisonnablement vouloir trouver un certain degré
d’autonomie par rapport à ces entreprises, l’équilibre économique des solutions alternatives reste difficile à trouver. Et
curieusement, les prestataires ne se sont pas montrés très
empressés à répondre lorsque nous avons essayé de les
interroger. Pour diffuser une innovation, il faut donc avoir de
solides convictions. Comme le souligne Guillaume Birault, de
la CCI des Côtes d’Armor, “la réglementation est très complexe
et empêche de trouver ou n’encourage pas à tester des solutions innovantes”. Ainsi la Drire, en dépit d’une ouverture
reconnue par ses interlocuteurs, a mis du temps pour arriver
à un protocole car la combustion des déchets relève de la réglementation sur les installations classées. Il faut aussi convaincre les industriels : “On voit poindre des pistes d’avenir :
méthanisation, alimentation animale ou petfood, épandage
de produits normalisés, oléochimie et cosmétique, estiment par
exemple les institutionnels, mais les industriels attendent des
résultats avant de se décider à mettre en place les investissements nécessaires et ils continuent à solliciter en priorité les
gros prestataires”. Ce constat explique les réactions des porteurs d’innovations que nous avons interrogés.
Ainsi la société S3D estime que “quarante industriels attendent
les résultats du pilote que nous avons installé chez Maillard la
Banaise”, un producteur d’andouilles situé au Grand Fougeray
(35). Créé en février 2007 par deux thésards de l’Ecole des
Mines de Nantes, S3D exploite un brevet permettant “la transformation de façon simple et peu coûteuse des graisses
animales en un biocarburant compatible avec un moteur diesel”. Trois ans de recherche ont abouti au procédé Valorfat. Le
pilote traitera 50 tonnes de graisse par an qui “suffiront à rendre l’entreprise autonome sur le plan énergétique”. Et de
SARIA DISPOSE DE SIX UNITÉS DE TRANSFORMATION EN BRETAGNE
Une réflexion globale
Filiale du Groupe allemand Rethmann
(8,6 milliards d’euros de CA en 2007),
Saria est présent dans huit pays européens. En France, il collecte environ 1,2 million de tonnes de
matières premières, transformées
en 450 000 tonnes de produits finis,
pour un chiffre d’affaires dépassant
250 millions d’euros. Saria possède
six sites unités de transformation en
Bretagne (à Trémorel et Plouvara
dans le 22, Concarneau dans le 29,
Vitré dans le 35 et Guer et Locminé
dans le 56) et trois en LoireAtlantique. En outre, le groupe dispose de deux sites d’équarrissage
à Brest et Morlaix. “L’ensemble de notre
palette d’outils, ateliers de déshydratation,
de fonte ou de congélation, permet de
traiter chaque matière collectée en fonction de ses caractéristiques et de répon-
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dre à un grand nombre de marchés : alimentation pour chiens et chats, aquaculture, alimentation des animaux de
modernes est un atout important face
aux enjeux du métier, poursuit-il. Elle
garantit un débouché pérenne et sécurisé
aux professionnels des filières
viande et pêche. Elle optimise les
coûts de prise en charge des sousproduits en massifiant les flux. La
spécialisation des outils lui permet
d’accéder aux marchés les plus
rémunérateurs. Chaque outil est
équipé d’équipements de pointe
en matière de prévention des pollutions”. Enfin, Saria s’est engagé
dans la valorisation de la biomasse
Le site de Plouvara (Côtes d’Armor)
: en Loire Atlantique la construction
de méthaniseurs (aptes à traiter
rente, industrie des fertilisants, oloéochi- tout type de matières organiques) est
mie (produits d’hygiène) et alimentation bien avancée. Le groupe mène actuellehumaine (graisses alimentaires)”, précise ment une réflexion sur la construction
Patrick Coelenbier, directeur de la com- d’une unité de fabrication de biocarbumunication. “Cette concentration d’outils rants.
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L’ATELIER DE L’ARGOAT TRANSFORME LE DÉCHET
EN CO-PRODUIT
PME citoyenne
L’émulseur Biothermie mis
au point par Jean Quentin
roducteur d’andouilles et d’andouillettes à Plélan-le-Grand (35),
l’Atelier de l’Argoat emploie 58
personnes et réalise un chiffre d’affaires
de près de 5 millions d’euros. “Les 500
tonnes de produits finis qui sortent chaque année de nos laboratoires génèrent
200 tonnes de résidus puisqu’il faut envi-
P
ron 100 tonnes de matières premières pour aboutir à 30 tonnes d’andouille.
La question de la valorisation des sous-produits
s’est tout de suite posée”,
explique Joël Teingaud, le
dirigeant.
Jusqu’ici,
l’Atelier de l’Argoat traitait
les eaux usées dans une
station de prétraitement
et faisait enlever les graisses animales cuites et
crues (y compris les graisses de flottation) par un
équarrisseur. L’entreprise a
voulu poursuivre la
réflexion et transformer le
déchet en co-produit. Toutes les graisses sont fondues à la sortie de la table
de parage, collectées et déphasées dans
un décanteur. L’huile animale qui en sort
est stockée dans une cuve et va venir alimenter une chaudière produisant la
vapeur nécessaire à la production d’andouilles. “Nous avons accepté de travail-
ches, entièrement financées sur mes ressources personnelles,
et que la solution labellisée Valorial et Innoviande se trouve
retardée par un Ubu administratif auquel il est difficile de
résister”. Ce que tempère Guillaume Birault : “Les entreprises
ne sont pas opposées à tester, mais veulent avoir des
informations précises sur le retour sur investissement. De son
côté, la Région a toujours la volonté de s’investir mais cherche
encore des interlocuteurs. Est-ce que c’est à la puissance
publique de financer les investissements qui sont rentables ?
L’industriel sûr de sa technologie ne doit-il pas prendre ses
risques ? Chaque solution devra trouver son marché et chaque
déchet sa solution selon un optimum économique.”
■ Clotilde Chéron
Photo : AEB - Méthafrance
préciser : “C’est S3D qui a payé le pilote, car c’est pour nous
l’occasion de faire nos preuves”. Bonus non négligeable,
“après 500 heures d’utilisation, Caterpillar, son fabricant, a
constaté l’absence d’usure du moteur diesel et a décidé de
garantir son utilisation dans notre dispositif.”
Pour Jean Quentin en revanche, les choses vont trop lentement : “les promesses tardent à se réaliser. Je constate une
étonnante résistance à l’effort individuel quand bien même la
rentabilité est assurée sur 4 ou 5 ans”. En lien avec l’UBO et
l’Ensieta, le créateur a développé le procédé Biothermie, qui
génère un biocombustible à partir des résidus graisseux.
Installé à l’Atelier de l’Argoat (voir encadré), “le pilote industriel
a pris du retard, je ne peux espérer facturer qu’à l’automne alors
que mon projet est l’aboutissement de quatre ans de recher-
ler avec Jean Quentin qui a mis au point
le procédé de transformation. Biothermie
représente une solution novatrice qui
nous fait rentrer dans un cercle vertueux”, souligne le dirigeant. Suivons
son raisonnement ! En piégeant les graisses de la table de travail, on améliore les
conditions de travail (moins de graisse au
sol, moins de risque d’accidents). Le
nettoyage est moins consommateur
d’eau. La décantation des eaux graisseuses permet de renvoyer une eau plus
propre en station de traitement. Jusqu’ici,
l’entreprise paie pour l’enlèvement de
ses déchets, “demain, ils deviendront
une source de profit car nous céderons
à l’équarrisseur une graisse propre, prête
à la transformation”. Avec l’utilisation du
dispositif Biothermie, l’entreprise utilise
une source d’énergie renouvelable, non
fossile, qui lui permettra aussi de chauffer l’eau nécessaire au process. “Je suis
personnellement convaincu que les
entreprises doivent ainsi mettre en place
une gouvernance citoyenne”, conclut
Joël Teingaud.
Unité de méthanisation
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ENTRETIEN AVEC MÉLANIE CHAUVIN,
RESPONSABLE DE LA VALORISATION DES MATIÈRES ORGANIQUES AU SEIN DE L’ADEME BRETAGNE
“Il faut trouver des solutions pour près
d’un million et demi de tonnes de déchets”
Photo : AEB - Méthafrance
Une étude a été menée par la Mission IAA
mandatée par la Région, l’Upib et l’Abea,
démontrant que les déchets industriels
constituent un véritable gisement à valoriser.
Qu’est-ce qui a justifié cette démarche ?
Suite à une enquête menée par le Conseil régional en
2003, la gestion des déchets organiques est apparue comme
la première préoccupation environnementale des entreprises de
l’agro-alimentaire. Les demandes des industriels ont porté sur
l’organisation de l’élimination des déchets (identification de
filières existantes, logistique, encouragement des filières alternatives) et la réduction de leur coût d’élimination, dans le respect de la réglementation. C’est un défi important pour les
industriels car il s’agit de trouver des solutions pour près d’un
million et demi de tonnes de déchets.
Comment explique-t-on l’attentisme
des industriels face aux solutions nouvelles ?
Il faut distinguer deux catégories d’entreprises et deux types de
demandes. D’un côté, les grosses structures ont les moyens
d’installer une filière spécialisée dans le traitement de leurs
déchets spécifiques. Elles se structurent en interne, avec leurs
propres moyens et elles n’ont pas forcément envie de partager
leurs solutions avec les autres entreprises, compte-tenu de la
concurrence très forte qui existe au sein du secteur. De leur côté,
les PME ont le plus souvent juste les moyens pour faire tourner
leur entreprise et limitent la prise de risque. Elles sont preneuses d’information car elles commencent à réfléchir au sujet. En
parallèle, on distingue aussi deux attitudes selon que la gestion
des déchets représente ou non un enjeu stratégique. Certains
sous-produits ou coproduits organiques végétaux peuvent
retourner à la terre ou être valorisés comme des produits nobles
(compost par exemple). Pour l’entreprise, ils ne constituent pas
un souci direct et ne sont encadrés par aucune réglementation.
Dans le cas des productions animales au contraire, la réglementation européenne qui s’est mise en place à partir de 2002 suite
aux crises de l’ESB impose une bonne organisation, une traçabilité de la production, un tri réel des déchets. Les producteurs
de déchets de catégorie 1 ne peuvent avoir recours qu’à des
solutions chères (incinération). Pour les déchets de la catégorie 3 en revanche, plusieurs options s’offrent à eux : ils peuvent
ainsi choisir entre des solutions plus ou moins éprouvées
(méthanisation, compostage, valorisation). Finalement, c’est
l’élimination des déchets de catégorie 2 qui présente le plus de
difficultés et les solutions sont onéreuses.
Comment se présente l’offre
des prestataires de service ?
On constate là aussi deux stratégies. Il existe des grands
groupes, le plus souvent de taille internationale, capables
d’organiser la collecte pour valoriser en matière ou énergie. Très
structurants, ces groupes gèrent le marché. On note aussi les
initiatives prises par des groupes industriels qui ont investi dans
une solution personnelle (comme la Cooperl à Lamballe ou SVA
à Cornillé). Ils se positionnent aussi comme prestataires et
viennent proposer leur capacité de traitement aux industriels
voisins. C’est peut-être une ouverture de la concurrence.
Quelles sont les évolutions possibles à terme ?
Demain, on espère voir apparaître de nouvelles solutions de
méthanisation quand les équipements nécessaires seront
construits. Le projet Geodexia démarre dans les Côtes d’Armor,
il y a aussi des petits projets de méthanisation à la ferme. Il existe
sans doute un avenir pour de petites expérimentations qui
permettraient aux industriels de prendre leur indépendance
vis-à-vis des gros fournisseurs de solutions. Mais il faut que les
sociétés qui accueillent les pilotes industriels soient motivées par
une volonté propre de diminuer leur consommation d’énergie.
■ Propos recueillis par Clotilde Chéron
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RÉGION
LES CCI DÉVELOPPENT LA MARQUE
“BRETAGNE DÉVELOPPEMENT DURABLE”
INTERVIEW D’ALAIN DAHER,
PRÉSIDENT DE LA CCI
DES CÔTES D’ARMOR ET
PILOTE DU GROUPE DE TRAVAIL
"DÉVELOPPEMENT DURABLE"
POUR L’ENSEMBLE DU RÉSEAU
“Nous devons nous prendre en main”
Le réseau des CCI de Bretagne vient de lancer
la marque “Bretagne Développement Durable”.
Quels en sont les principaux objectifs ?
“Bretagne Développement Durable” n’est pas une énième
structure. Il s’agit plutôt de communiquer sur des actions déjà
existantes, en leur donnant une meilleure lisibilité. La finalité
ultime étant de sensibiliser encore plus fortement les
entreprises bretonnes au développement durable et leur
donner des outils pour intégrer la démarche. En nous impliquant
de la sorte, nous souhaitons les aider à prendre conscience qu’il
leur faut prendre les devants pour éviter que d’autres ne leur
imposent une vision irréalisable.
Quelles actions concrètes
allez-vous mettre en place ?
Les actions concrètes, elles existent déjà. Les CCI bretonnes travaillent depuis plusieurs années déjà sur le développement
durable. Pour exemple, la CCI des Côtes d’Armor avec Exceltys,
qui a mis en place un système d’évaluation des déchets industriels et permet, ainsi, d’envisager plus efficacement leur traitement. Toutes les Chambres de commerce ont un domaine de
prédilection : la gestion de l’eau, le bilan carbone, les
éco-constructions ou encore les ressources humaines. L’idée de
“Bretagne Développement Durable” c’est de faire un état des
lieux et de mettre en commun nos connaissances et nos travaux
pour en faire profiter toutes les PME, pas seulement celles
présentes sur notre territoire. Dans un second temps, nous
allons définir un plan d’actions pour accompagner les
entreprises sur le terrain, créer une charte régionale et mettre
en place des formations.
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Selon vous, le Grenelle de l’Environnement
qui s’est tenu en octobre dernier a-t-il été
un révélateur de la problématique du développement
durable auprès des PME bretonnes ?
Je ne pense pas. Nous entendons parler du développement
durable depuis un moment maintenant. Et notre groupe de travail au sein de la Chambre régionale de commerce et d’industrie existe depuis plus de deux ans. Je pense que le Grenelle de
l’Environnement a plus servi à crédibiliser la démarche, à lui
enlever l’étiquette “mode”. Les entreprises se méfient toujours
des effets de mode !
Quels sont les enjeux pour les PME bretonnes ?
Ils sont les mêmes que pour toutes les entreprises françaises. Je
suis convaincu qu’une entreprise n’a aucun avenir si elle ne
prend pas complètement en compte aujourd’hui les exigences
du développement durable. Ce n’est pas seulement de la vertu.
C’est dans notre propre intérêt. Nous devons nous prendre en
main pour éviter que d’autres ne le fassent à notre place sans se
soucier des contraintes que nous avons, nous, dirigeants.
Nous devons définir dès aujourd’hui des pistes de progrès
et de développement économiquement acceptables pour les
entreprises.
■ Propos recueillis par Vanessa Ermel
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■ Lancement du
De G à D : Robert Jestin, Michel Morin, Jean Daubigny, Jean-Claude Moy
contrat d’objectifs et
lors de la signature du Contrat d’objectifs et de moyens le 28 mars
de moyens (Com)
pour le développement de l’apprentissage. Six actions prioritaires seront déployées
par le réseau consulaire
(CCI et Chambre des
métiers et de l’artisanat)
dans les mois à venir
pour renforcer l’apprentissage en Bretagne.
Soutenus par l’Etat et la
Région, ces organismes vont nouer des partenariats ■ Services à la personne : une offre régionale de foravec des écoles ou des centres de formation européens afin mations proposée par le réseau des CCI. Sept chamde concevoir des cursus européens en apprentissage. bres de commerce et d’industrie bretonnes se sont associées
Dans ce cadre, les jeunes apprentis pourront partir à pour lancer une offre commune de formations pour le secteur
l’étranger découvrir de nouvelles facettes de leur métier. de la santé et des services à la personne. Monté en collaboCette sensibilisation à l’apprentissage débutera dès le ration avec des opérateurs pédagogiques spécialisés dans
collège ou lycée afin de véhiculer une meilleure ce domaine, ce catalogue répond aux principales préoccupaconnaissance des métiers. Le Com prévoit également tions de ce secteur en plein développement, confronté au défi
d’accompagner les maîtres d’apprentissage et d’individuali- de la professionnalisation de ses personnels. Les formations
ser les parcours des apprentis. Enfin, pour stimuler l’esprit abordent les domaines de la connaissance des institutions et
d’entreprendre auprès des plus jeunes, les formateurs des du cadre législatif, les techniques métier, la sécurité, les techCFA se déplaceront dans les entreprises et recevront une niques d’animation, le développement personnel, ainsi que le
formation spécifique.
management et l’encadrement.
Contact : 02 99 25 41 85
Contact : le service formation de votre CCI
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Développement durable
KERNE ELAGAGE SOIGNE SES HOMMES AUTANT QUE SES ARBRES
RÉGION
Copains des copeaux
Comme d’autres font de la prose sans le savoir,
Kerne Elagage pratique le développement durable
depuis un temps où le terme n’avait pas encore été inventé.
Pour l’environnement et d’abord pour les hommes.
Quand au début des années 80, il a abandonné son activité forestière en Creuse pour s’installer à temps plein dans une
Cornouaille qui lui tenait au cœur, Paul Puech a naturellement baptisé son entreprise Kerne Elagage. C’est une tragédie naturelle
qui installera définitivement la société : en octobre 1987, un formidable ouragan met à terre la forêt bretonne. “En trois jours,
1 000 clients nous ont sollicités pour débiter leurs arbres. Nous
étions 8 et nous nous sommes retrouvés à 21 pour deux ans et
demi de travail sur tout l’ouest de la région. A cette époque, les
broyeuses n’existaient pas et on devait brûler sur place. Ce
gâchis me désolait et j’ai tout fait pour récupérer le maximum de
ce bois perdu : on s’est chauffé avec, dans l’entreprise, pendant
12 ans !” Paul Puech, qui n’avait pas prévu de diriger autant de
personnes, intègre en 1989 l’école de managers de Quimper.
Aujourd’hui, Kerne Elagage a une filiale du côté de Brest, Bro Leon
Elagage, et d’Auray, An Alre Elagage, et emploie au total 55
personnes pour un CA de 3 millions d’euros.
Bien-être des hommes
“Dans un métier où le recrutement est difficile, nous conservons
notre effectif grâce aux plus humains apportés.” Paul Puech a ainsi
signé en 2005 avec la Mutuelle Sociale Agricole la première
convention de Bretagne pour des actions sur le bien-être et la
prévention. Dorénavant, tous les salariés, y compris les secrétaires, sont secouristes et les grimpeurs-élagueurs formés à
l’assistance à blessé dans les arbres. Avec des partenaires,
Kerne Elagage a conçu un sac sécurisé pour les outils, un
échafaudage électrique roulant qui évite de descendre pour
l’avancer, un porte-outil à attache rapide, une échelle pour
monter dans les bennes par l’arrière… Les nouveaux camions
sont à double cabine pour offrir un vestiaire et au siège, une fontaine à osmose inversée permet de remplir les gourdes d’une eau
pure sans avoir à porter des packs dont il faudra ensuite
éliminer les bouteilles en plastique. “Cela a un coût, comme par
exemple un surplus de 3 000 euros par camion ou une facture
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Paul Puech, dirigeant de Kerne Elagage
de 225 euros par paire de chaussures anti-coupe que nous fournissons, mais on s’y retrouve par la productivité, la cohérence de
l’organisation et la baisse des arrêts de travail. Il faut y ajouter que
chacun dispose de 3 tronçonneuses, 3 échelles, des harnais et
vêtements que lui seul utilisera et aura toujours avec lui… finis les
retours à l’entreprise pour un outil oublié ou en mauvais état.”
Dernière innovation : les cours d’échauffement. Le lundi matin
durant quatre mois, un préparateur de rugby est venu en un quart
d’heure montrer comment chauffer chaque muscle en fonction
des tâches. “A mon étonnement, ce sont les plus jeunes qui se
sont montrés les plus gênés de pratiquer des mouvements avant
de travailler, mais cela entre doucement dans les mentalités.” Sur
les 215 000 euros investis dans les actions de prévention, la MSA
aura apporté une contribution du tiers, soit 72 000 euros.
Gestion des déchets
“Depuis 15 ans, nous broyons les chutes de coupes pour en faire
du paillage de jardin et depuis 6 ans, pour alimenter des
chaudières de chauffage bois. Sont ainsi valorisés 70 % des
déchets… qui rapportent de l’argent.” L’entreprise, qui a réalisé
la première installation privée de l’ouest Bretagne de ce type de
chauffage, mise sur son développement. Des aires de séchage
sont en cours d’installation et se prépare, avec un partenaire, la
commercialisation étendue de ce carburant vert auprès des
particuliers. “Dans deux ans, Kerne Elagage déménagera à Briec
dans des locaux qui concentreront toutes les initiatives de confort
pour les salariés et d’économie d’énergie”, s’enthousiasme
un Paul Puech heureux.
■ Yves Pouchard
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Créer sa “boîte” quand on est jeune
STÉPHANIE ET MATHURIN BALLAY, CONCIERGES D’ENTREPRISE
GROS PLAN
Avec Séréni’t,ils osent l’aventure
Stéphanie et Mathurin
font partie de ces conquérants
enthousiastes, capables de
tout lâcher pour se lancer
dans un nouveau projet.
C’est ce qu’ils ont fait
il y a quelques mois,
avec une assurance étonnante,
en développant un concept novateur
dans les Côtes d’Armor :
la conciergerie d’entreprise.
Dates clés
Assis l’un face à l’autre à leurs bureaux respectifs,
Stéphanie et Mathurin Ballay ont changé de vie en à peine plus
d’un an. Ils avaient pourtant rapidement gravi les échelons au sein
de l’entreprise de menuiserie industrielle dans laquelle ils travaillaient. Mais les postes de responsable du service commercial et
responsable de production demeuraient trop étroits pour le
jeune couple. Depuis quelques années déjà, un désir les titillait :
devenir leur propre patron. Après la naissance de leur seconde
fille, ils quittent leurs postes respectifs et se jettent corps et âme
dans l’aventure, sans même une idée précise de leur projet.
L’essentiel : vivre les choses pour ne pas regretter. “Nous ne
savions pas du tout vers quoi nous allions nous orienter, se souvient Mathurin. Nous savions juste que nous voulions créer notre
entreprise”. Pendant plusieurs semaines, ils s’informent tous
azimuts pour trouver “l’idée”, analysent les marchés les plus porteurs… “Nous en avons conclu que les services à la personne
étaient en plein essor mais que le marché arrivait à saturation, indique Stéphanie. Nous aurions été un parmi d’autres”. Aller de
l’avant oui, mais en innovant… “En restant sur l’axe des services,
nous avons trouvé, notamment dans les pays anglo-saxons, le
Dates clés
1980 : Naissance à quelques mois d’intervalle
2002 : Stéphanie obtient son DUT de techniques de commercialisation,
Mathurin son DUT de gestion des entreprises et administration
2002 et 2003 : Mathurin puis Stéphanie intègrent la même entreprise
2006 et 2007 : Mathurin puis Stéphanie démissionnent de leur poste
Octobre 2007 : Séréni’t est créée
Février 2008 : la conciergerie ouvre ses portes
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concept de la conciergerie d’entreprise et nous nous sommes lancés”. Avec l’assurance, la conviction mais aussi la quiétude qui
semblent le caractériser, le jeune couple met en place sa stratégie, sans autre souci que d’aller au bout de son objectif.
La sérénité à deux
Leur plan de financement en main, ils n’ont aucune difficulté à
obtenir un crédit de la part des banques. “A nous deux, nous nous
complétons, indique Mathurin. Stéphanie sait comment vendre
et je sais comment gérer : cela fait la différence. Avec nos expériences et un projet sérieusement cadré, on a rassuré tout le
monde…” Pourtant, ils n’oublient pas le combat qu’il a fallu
mener et qu’ils mènent parfois encore, pour convaincre leur
entourage de leurs compétences et de la validité de leur projet.
“Sur 100 personnes, il n’y en avait que deux qui croyaient à
notre projet, c’était nous ! confie Mathurin. Nous savions que ce
serait difficile”. “Mais à 2, cela aide beaucoup, reprend Stéphanie.
Même si c’est un pari, on n’a jamais douté qu’on y arriverait”. Estce un hasard s’ils ont choisi l’enseigne “Séréni’t” ? Sans autre
appui que leur duo, ils sont parvenus au bout de leur stratégie :
obtenir un bureau au très disputé centre d’affaires Eleusis à
Plérin et convaincre ses chefs d’entreprise de compter parmi les
premiers clients. Aujourd’hui, le groupe Céléos, l’institut de sondage Ipsos, Côtes d’Armor Développement et les maîtres d’œuvre Marcel Henri adhèrent à la conciergerie. “Cordonnerie,
pressing, boulangerie… Les salariés n’ont plus besoin de quitter leur lieu de travail pour en bénéficier. Nous travaillons avec une
dizaine de prestataires, tous spécialisés dans leurs domaines, précise Stéphanie. Ici, contrairement à une activité courante, il y a
tout à faire et à imaginer : c’est là l’intérêt”.
■ Véronique Rolland
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“Je ne meaucune
fixe
limite”
A 25 ans, Julien Colliaux crée et fabrique sur mesure escaliers,
cheminées, bars, tables et autres accastillages de bateaux.
Formé par les Compagnons du devoir, il recrute ce mois-ci
après tout juste un an d’activité.
outils sur mesure (débit et soudure), fabrication de cuves en
inox pour le vin, fabrique de grosses pièces pour la maintenance industrielle. “Chaudronnier, peu de monde connaît ce
métier ! Je travaille l’acier, l’inox et l’aluminium. Le cuivre, c’est
pour l’art.”
GROS PLAN
AFFAIRE DE STEEL DONNE DE LA VALEUR À VOTRE INTÉRIEUR
En 5 mois, Affaire de Steel voit le jour à Saint-Malo
“Contre la volonté de mes professeurs mais avec le soutien de mes parents, j’ai choisi la voie de l’apprentissage en
3ème. J’avais 16 ans et je rêvais de devenir cuisinier ! Et puis j’avais
déjà dans la tête d’être un jour mon propre patron. Après 4 mois
très difficiles dans la restauration, j’ai opté pour un brevet professionnel en chaudronnerie. C’est le métier de mon père.” Toujours
passionné de cuisine, il ne regrette pas son choix. Son Tour de
France avec les Compagnons du devoir lui ont tellement appris !
Sur le plan professionnel, indiscutablement mais plus encore sur
le plan humain. “L’essentiel chez les compagnons, ce sont les
valeurs humaines, le respect de l’autre” expliqueJulien. Et du respect, il en faut, quand 4 ans durant, du matin au soir, week-end
compris “on ne vit que pour apprendre l’art du métier : le formage
du cuivre (ou dinanderie), la forge, le maniement de 4 ou 5 marteaux, bref toutes les techniques anciennes de la ferronnerie.”
Pour des raisons financières mais aussi d’éloignement familial,
il s’arrête avant les 7ans, durée normale d’un Tour de France. S’en
suivent quatre années d’intérim où le travail tombe si facilement
qu’il prend très vite conscience que le jour où il sera son propre
patron est presque arrivé. En attendant, il accumule les expériences en entreprise : tuyauterie pour le réseau d’eau potable (lecture de plan, traçage et soudure), fabrication de petites machines
En novembre 2006, à 24 ans, l’heure est venue. Il entame une formation pour jeune créateur à la CCI de Saint-Malo, prise en
charge par l’ANPE : “C’est indispensable pour un jeune, comme
moi, issu du technique. Pendant 5 mois au sein de la pépinière
d’entreprises, j’ai réalisé l’étude de faisabilité de mon projet ainsi
que l’étude de marché. J’ai pu vérifier que la décoration intérieure
était en plein boom.”
Avec 20 500 euros d’aides à la création (Eden, Acre et Assedic),
2 000 euros d’apport personnel, il emprunte sans aucune difficulté 18 500 euros à la banque. “Le fait d’être jeune, c’est ou tout
l’un ou tout l’autre. Les banquiers, les fournisseurs et même les
clients vous acceptent ou vous rejettent d’emblée ! Aujourd’hui
j’ai du boulot jusqu’en août, preuve que le bouche à oreille fonctionne très bien. D’ailleurs, j’embauche ce mois-ci un chaudronnier de plus de 50 ans, quelqu’un qui a de l’expérience ! 80 % de
ma clientèle est constituée de particuliers dans un rayon d’une
centaine de kilomètres. Je fabrique entre autres, sur mesure et
pour tous les budgets (de 2 700 euros à 17 000 euros), des
escaliers. Si nécessaire, la partie verre ou bois est sous-traitée,
mais c’est moi qui fais les plans, assure le montage et la
livraison de l’escalier fini ! Ce que j’aime : mettre le métal en
valeur ! Les Compagnons
m’ont appris qu’il n’y a pas de
limites. Dans le métier tout
est possible !”
Prochaine étape, pour Julien :
il va créer, avec quelques
autres artisans, un showroom à Cancale. Son souhait est de continuer à se
développer “pour que d’ici 4
ans, Affaire de Steel compte
5 salariés !” conclut ce jeune
créateur également passionné de planche à voile et
de golf.
■ Véronique Maignant
Julien Colliaux travaille le métal sur mesure pour tous budgets.
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Enquête
LE COACHING FAIT SON ENTRÉE DANS LES PME
Plus vite, plus loin…
PRATIQUES
avec mon coach
Le coaching est un mot galvaudé.
La presse et la publicité l’emploient à tort
et à travers. Pourtant le terme n’a qu’un sens :
améliorer les performances individuelles
et collectives. Plus connu à l’origine
dans le monde du sport, le coaching tend
depuis la fin des années 90, en France,
à se développer dans l’entreprise.
Au même titre que la formation ou le mentoring,
avec lesquels il se retrouve en pleine synergie.
Rien que l’origine du mot “coach” en français révèle
tout son sens. “Cocher” était l’ancêtre de nos taxis. Le cocher,
loué à l’heure ou à la journée, recevait des primes lorsqu’il
transportait au mieux et le
plus rapidement possible ses
passagers. D’abord pratiqué
aux USA dans le milieu sportif, il s’est glissé en Europe
par l’Angleterre et enfin dans
les années 90 en France. En
entreprise, les cadres dirigeants sont soumis à des
pressions de plus en plus fortes, les enjeux chaque année
sont plus élevés, la concurrence veille et la formation ne
suffit plus. Un accompagnement sur mesure ou coaching devient de plus en plus nécessaire. Jacques Arnol-Stephan, coach de J2 Reliance dans le
Finistère, donne sa définition : “Coacher, c’est accompagner et
faire réfléchir !”
orienté vers le futur, mobilise les ressources du client pour qu’il
trouve une solution endogène. Robert Stahl, président de la branche Ouest d’ICF (International Coaching Fédération) précise
d’ailleurs : “On aide les chefs
d’entreprise ou les cadres
dans les sujets de leur actualité, pour qu’ils prennent les
bonnes décisions par rapport
à ce qu’ils sont eux-mêmes.
Le coaching est prévu pour
ceux qui veulent aller plus
vite !” Plus largement donc,
on peut dire que le coaching
répond à des situations
d’adaptation au changement,
de défis à relever ou d’amélioration de l’efficacité. Fusions,
restructurations, émergence d’une nouvelle activité, internationalisation, situations de crise, les situations d’intervention des
coachs sont extrêmement variées. Contrairement à l’ami, ou au
collègue, le coach permet de prendre de la distance pour mieux
faire face à l’événement, pour dégager une vision claire, définir
une nouvelle stratégie et remettre en cause les schémas habituels de fonctionnement. Robert Stahl raconte : “j’ai rencontré
un directeur industriel qui fonctionnait très bien avec une équipe
de 50 salariés. La société s’est développée très vite et il s’est
retrouvé à la tête de 500 personnes. A ce moment-là, il a atteint
“Il y a des méthodes et des outils,
mais c’est dans la souplesse
et l’ajustement permanent
que le coaching gagne en valeur…”
Pourquoi prendre un coach ?
La plupart des professionnels sont d’accord sur un point : il ne
faut pas confondre coach et psy. La psychothérapie guérit les
blessures passées, alors que le coach vise la performance. Il est
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Enquête
SERGE PEDRON, PDG D’ATLANTIS SYSTEM PACK À QUIMPER
Avant 2004, Serge Pedron travaillait chez Bolloré, dans le département films
plastique, et il avait en charge le suivi du produit chez le client. Las de l’exercice
professionnel dans un grand groupe, il désirait créer son entreprise et travailler dans
un environnement à taille humaine. Après avoir pris conseil auprès de Christian
Favennec de l’espace Entreprendre de la CCI de Quimper-Cornouaille, “Atlantis
System Pack” est né. Axée sur le négoce de machines et de produits d’emballage,
la société se porte de mieux en mieux depuis sa création. “Au bout de trois ans,
ça a été l’explosion, confie Serge Pedron, tout a été très vite, le chiffre d’affaires
a doublé à chaque exercice et je me suis retrouvé un peu submergé, tant au niveau
personnel et familial qu’au niveau de l’entreprise. Je me suis alors confié à
Christian Favennec qui avait déjà cocooné mon projet de création d’entreprise et
il m’a conseillé deux “coachs” !” D’autres auraient peut-être fait le choix d’un psychothérapeute : “Moi, je voulais les conseils de quelqu’un qui soit au contact des
entreprises et la démarche n’est pas du tout la même. J’avais besoin de faire une
mise à plat sur plusieurs niveaux. D’abord, au niveau personnel. Ensuite par rapport à mon entreprise, et enfin il fallait que je fasse le point sur l’entreprise par rapport à son environnement.” Un programme de travail clair s’est établi entre le coach
et le coaché. Depuis un an et demi, ils se rencontrent chaque mois. “Je rends des
comptes dans les limites que l’on s’est fixé dès le départ et mon coach m’accompagne dans mes projets. Il m’a permis de canaliser mon énergie, car j’en ai à revendre. Même si le coût est de 450 euros par mois, je ne vois que des bénéfices à cette
collaboration !”
ses limites et nous lui avons permis de développer les qualités
qu’il avait, mais avec une équipe multipliée par 10 !” Si certains
pensent que le coaching n’est qu’un substitut à la formation, les
professionnels répondent d’une seule voix : il intervient en complément. Jacques Arnol-Stephan apporte une précision : “La formation part d’un programme, tandis que le coaching prend sa
source dans la personne !”
Les dirigeants de 30-45 ans plus ouverts au coaching
Les méthodes sont nombreuses, mais le coaching se présente
sous 3 formes d’accompagnement. Le coaching à la personne,
le coaching prescrit (lorsqu’un DRH ou un chef d’entreprise
pense qu’un coach peut améliorer l’efficacité d’un collaborateur)
et enfin le coaching d’équipe. Ces démarches visent cependant
toujours des résultats pragmatiques et concrets, qui doivent être
définis par le coach et son client. “Pour éviter les dérives, l’accompagnement doit se présenter sous forme de contrat, clair et
écrit, insiste Paul Demurger, de DGE Conseil à Rennes, avec une
durée et les moyens que l’on va mettre en œuvre. Comme
aujourd’hui c’est un métier qui n’est pas réglementé, il faut que
le coaching soit très professionnel pour que l’image de la profession ne s’apparente pas à celle d’apprenti sorcier !” Pour les
entreprises, le coaching peut être un levier exceptionnel. “Le coaching, c’est la haute-couture par rapport au prêt-à-porter, explique Jacques Arnol-Stephan, on peut ajuster nos méthodes par
rapport aux dynamiques de chaque personne et travailler sur les
problématiques de l’entreprise.” Jeanne Arnol-Stephan, son
associée et épouse, mais aussi historienne des entreprises,
confie : “Même si notre philosophie est présente dans le coaching, tout dépend des attentes et de la sensibilité du client. Les
méthodes de coaching ne sont pas des grilles que l’on pose. Il
Le coaching a permis
à Serge Pedron
de faire le point
sur lui-même,
l’entreprise et
son environnement
PRATIQUES
“Il m’a permis de canaliser mon énergie”
y a des méthodes et des outils, mais c’est dans la souplesse et
l’ajustement permanent que le coaching gagne en valeur…”
Très développé dans les grands groupes et les entreprises du
Cac 40, le coaching semble encore très discret dans les PME
et les PMI et la Bretagne a encore beaucoup à découvrir dans
ce domaine. “Le coaching est de moins en moins tabou dans
les entreprises, constate Paul Demurger, aujourd’hui, surtout
dans une nouvelle catégorie de dirigeants de 30-45 ans, il y a
de plus en plus de preneurs.”
■ Anny Letestu
Accompagnement - Formation - Stratégie et développement de projets RH
Le coaching selon EVOL’ACTION…
EVOL’ACTION conduit des démarches d’accompagnement
individuel et collectif pour l’optimisation
des performances de l’entreprise :coaching individuel,
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Petite méthodologie à l’usage des chercheurs de coach
Pour sélectionner un bon professionnel, dans un univers où la profession de coach n’est pas réglementée, mieux vaut se poser,
et poser, les bonnes questions.
PRATIQUES
Le coach doit avoir une formation et expérience ad hoc : un candidat à la mission de coaching a un CV et son niveau de
formation doit être au moins égal à celui du coaché. Une formation spécifique en coaching est un point capital à vérifier
(méthodologie, déontologie, démarche et types de coaching).
Il maîtrise au moins 3 outils : l’écoute ne doit pas être le seul critère avancé par le coach. La sémantique générale, la
neurolinguistique, la démarche systémique, la compréhension du monde de l’entreprise font partie des outils efficaces.
Il aborde la mission avec méthode : en fonction des attentes du coaché, il doit faire un état des lieux, clarifier les objectifs,
redéfinir la faisabilité du projet, afin d’établir les moyens qu’il emploiera.
Il a une déontologie : le contenu des séances doit demeurer confidentiel.
Il connaît le monde de l’entreprise : la culture de l’entreprise, ses enjeux, ses rouages et ses règles n’ont pas de secret pour lui.
Le coaching est sa principale activité : le candidat doit justifier d’une activité de coach à 70%.
Il reste toujours joignable entre deux séances : il peut apporter une aide téléphonique d’urgence sans la facturer.
Il est libre de tout engagement sectaire : selon Eléna Fourès, spécialiste du coaching en Occident, il doit écrire qu’il “est
totalement indépendant de toute cause de nature non professionnelle et notamment religieuse, associative, philosophique,
politique ou ayant un lien avec des groupes classés par l’administration française comme sectes.”
INTERVIEW DE JULIETTE QUERE, COACH CHEZ QUIBLIER CONSEIL À RENNES
“L’attente du collaborateur
doit être clairement formulée…”
Juliette Quere est coach chez
Quiblier Conseil à Rennes. “Je pratique plutôt le coaching en individuel, dans une
phase où un collaborateur a besoin de
faire évoluer son comportement professionnel”, déclare-t-elle d’emblée. La
demande émane d’un dirigeant ou d’un
directeur des ressources humaines et suppose qu’il y ait eu entretien préalable entre
le demandeur et le collaborateur. “Une
fois que l’on a détecté les attentes de
l’entreprise, nous organisons une rencontre avec le futur coaché pour cerner chez
lui son degré d’engagement.” Juliette
Quere insiste bien sur cette phase : sans
prise de conscience, par le salarié, des difficultés qu’il éprouve, toute mission de
coaching est impossible. Une rencontre tripartite est ensuite organisée : “on se met
d’accord sur les objectifs et l’attente du
collaborateur doit être clairement formulée.” Ce moment décisif équivaut à un
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contrat moral avec le coaché, le contrat
écrit étant fixé avec l’entreprise. Juliette
Quere prévoit généralement une dizaine de
séances, de 2 heures chacune, à un
rythme convenu avec l’entreprise. Le cabinet facture sur la base d’un forfait. La
fourchette de prix se situe entre 5 000 et
7 000 euros pour dix rencontres, suivant
le niveau de responsabilités du coaché.
“Pour moi, précise la coach, le coaching
n’est pas un nouveau type de formation,
car la mission porte sur le savoir-être dans
la profession, alors que la formation s’appuie sur les acquis professionnels !” Selon
elle, les décideurs bretons sont encore
timides par rapport au coaching, mais “la
perception du métier évoluera si les
coachs se mobilisent pour défendre une
éthique et créer un réseau”. Enfin, détail
important pour elle : “C’est indispensable d’être supervisé pour être clair par
rapport à notre activité. Je peux, moi aussi,
une fois par mois, parler des cas que je
traite et des difficultés que je rencontre !”
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Juridique
APPROBATION DES COMPTES
Dans le cadre d’un formalisme
plus ou moins rigoureux suivant le type
de société, les dirigeants sociaux doivent
établir des comptes (et un rapport de gestion)
et les soumettre à l’approbation des associés.
Cette obligation est pénalement sanctionnée.
Un formalisme à respecter. Les associés doivent être consultés dans les 6 mois de la clôture de l’exercice. Il est toutefois possible de demander le report de ce délai au Tribunal de commerce
avant son expiration. Contrepartie à la responsabilité limitée des
associés, les comptes annuels des sociétés par actions, des
SARL (et de certaines SNC) doivent être déposés au greffe du
Tribunal de Commerce (si les comptes ne sont pas approuvés, une
copie de la délibération de l’assemblée devra être déposée). A
défaut, le Président du Tribunal de commerce peut, sur demande
de tout intéressé ou du ministère public ou à sa propre initiative,
enjoindre sous astreinte les dirigeants sociaux d’y procéder.
Enfin, ce manquement est sanctionné par une amende (1 500 €).
Il existe un processus simplifié pour les EURL dont le seul gérant
est l’associé unique (dépôt au RCS du rapport de gestion, de l’inventaire et des comptes dûment signés), simplification qui s’avère
toutefois sans portée pratique puisqu’elle ne dispense pas l’associé unique de se prononcer sur l’affectation du résultat (et de
déposer cette décision au greffe).
préserver la valeur de l’entreprise et ses éléments d’actifs. Si ce
formalisme parait trop lourd, c’est peut-être que la forme sociale
n’est pas adaptée ou que l’actionnariat n’apporte rien. Convientil alors de transformer la société en une forme plus souple (SAS,
SASU, EURL), de “sortir” les minoritaires dormants et “inutiles” ?
Enfin, le rapport de gestion peut être un instrument très utile.
Mention spéciale pour les SCI. Trop souvent négligé, le secrétariat juridique est pourtant indispensable pour une SCI parce
qu’il démontre la "non-fictivité" de la société et traduit le respect
des obligations légales (voire statutaires) qui s’imposent aux
gérants (obligation de rendre compte, approbation des conventions
relevant de l’article L 612-5 du Code de commerce) mais aussi
parce qu’il traduit les choix opérés dans le cadre d’une gestion patrimoniale de la SCI (amortissement ou non, affectation en réserve
ou distribution…).
Alors à vos Conseils…
PRATIQUES
Faire d’une contrainte
un outil de gestion et de prévention
Sophie BERNADAC et Jean pierre GILOIS, Avocats
Cabinet GILOIS BERNADAC AVIGNON
Pas d’“assemblées papiers” – “paper-meeting”. Cette pratique qui consiste à formaliser une assemblée qui ne s’est pas tenue
est irrégulière et dangereuse en cas notamment de conflit à naître entre associés. Les risques y attachés sont réels (responsabilité pénale et civile des dirigeants sociaux).
Pourquoi ? L’approbation des comptes permet un contrôle par
les associés des opérations de l’exercice et de leur traduction
comptable, mais aussi, le cas échéant, un contrôle et une validation par le commissaire aux comptes à travers l’opinion qu’il émet
sur les comptes. C’est ainsi un gage de sécurité pour les associés
et pour les tiers qui contractent avec la société. Enfin, l’approbation des comptes est le préalable indispensable à l’affectation des
résultats et donc à une éventuelle distribution de dividendes.
Optimiser. Plutôt que de se dévoyer dans des pratiques irrégulières ou de “bâcler” les processus d’arrêté et d’approbation des
comptes, il convient, au contraire, d’en faire un moment privilégié
pour s’extraire du quotidien. “C’est le temps de prendre le temps”
et de faire le point avec ses associés et ses conseils (dans la complémentarité de leurs compétences) sur la stratégie, les perspectives, les développements, les risques et les mesures à prendre pour
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PRATIQUES
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immeuble neuf, 15 parkings,
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• 235 et 320 m2 - Bureaux standing,
rénovation XVIIe pour Mars 2008
PLEIN CENTRE RENNES
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Livraison aménagés fin 2008
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Plusieurs portes accès véhicules
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C.A. > 3 000 K€ - R.N. > 160 k€
5. Vente de matériel informatique
C.A. > 1 400 K€ - R.N. > 5%
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pour l’industrie agro-alimentaire
et pharmaceutique
C.A. 1 000 K€ - R.N. 10%
1. Entreprise de motoculture
de plaisance
CA > 3 M€
2. Entreprise de transport
sur courtes distances
de produits vinicoles
CA > 500 K€
3. Entreprise de transport
de divers produits alimentaires
en citernes exploitant
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ou cachet
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