TOPICS GEO – Catastrophes naturelles 2013

Transcription

TOPICS GEO – Catastrophes naturelles 2013
TOPICS
GEO
Catastrophes naturelles 2013
Analyses – Évaluations – Positions
Édition 2014
Une année marquée
par les inondations
Les pluies diluviennes ont causé des crues
records. Que faire pour mieux se protéger des
inondations. PAGE 16
Haiyan
Le super-typhon
dévaste une partie
des Philippines
Chute de météorite
Plus de peur que de
mal en Russie
Changement climatique
Aucun signe
d’atténuation de la
tendance en vue
AVANT-PROPOS
Chères lectrices, chers lecteurs,
Du point de vue assurantiel, en 2013 les sinistres causés par des catastrophes naturelles ont été inférieurs à la moyenne. Notons qu’il ne s’est pas
produit de gros séisme et que l’activité cyclonique en Amérique du Nord a
été nettement inférieure à la moyenne des années précédentes. Hormis au
Mexique, touché par 2 cyclones qui ont pénétré à l’intérieur des terres, il
n’y a pas eu de dégâts considérables. Mais la situation a été toute différente
à l’autre bout du monde, où le typhon Haiyan, un cyclone tropical, a causé
la plus grande catastrophe de l’année. Aux Philippines, l’onde de tempête a
coûté la vie à des milliers de personnes et détruit des régions entières.
De façon générale, l’année a été dominée par des catastrophes liées à l’eau,
notamment par de nombreuses inondations régionales sur presque tous
les continents. C’est curieusement en Allemagne que s’est produit le plus
gros sinistre assuré. Les chutes de grêle survenues fin juillet ont coûté en
l’espace de 48 heures environ 3,7 milliards de $US à l’industrie des assurances (soit 2,8 milliards d’€). La chute de météorite sur la ville de Tcheliabinsk, en Sibérie, a constitué un évènement exceptionnel montrant qu’il ne
faut pas ignorer les risques « exotiques ».
Même si le bilan de l’année passée est sans aucun doute plus favorable
que celui des années précédentes, nous devons nous garder de tirer des
conclusions trop hâtives. La sinistralité étant soumise à des variations
naturelles, il y aura toujours certaines années au cours desquelles les
sinistres se situeront en bas de l’échelle des fluctuations.
J’espère que ce numéro des Topics Geo vous sera utile dans votre quotidien professionnel et que vous y trouverez par ailleurs des informations
précieuses sur des thèmes qui ne font pas partie de votre propre domaine
d’activité. Je vous souhaite une intéressante lecture.
Munich, mars 2014
Torsten Jeworrek
Membre du Directoire de Munich Re et
Président du Comité de réassurance
NOT IF, BUT HOW
Munich Re Topics Geo 2013
1
Sommaire
GROS PLAN : Le typhon Haiyan a balayé
plusieurs îles des Philippines avec des rafales
de vent atteignant jusqu’à 380 km/h. Même
les bâtiments en pierres n’ont pas pu résister
à la tempête et aux vagues de crue.
6
PORTRAITS DE CATASTROPHES : Après
plusieurs semaines de pluie, les rivières sont
sorties de leur lit en Autriche, en République
tchèque et en Allemagne. Dans certaines
localités, les maisons étaient inondées jusqu’au
toit.
6
Gros plan
16
Portraits de catastrophes
6
Le supertyphon Haiyan
Le plus violent cyclone tropical jamais observé
jusqu’ici s’est abattu en novembre sur les Philippines. Plus de 6 000 personnes sont mortes,
le montant des dommages a dépassé 10 milliards
de $US.
16
Inondations en Europe centrale
De fortes pluies persistantes ont
provoqué des inondations dans
plusieurs régions d’Europe centrale.
24
L’année des inondations
Dans le monde entier, des précipitations
extrêmement abondantes ont été à
­l’origine de lourds dommages.
26
Tempêtes de grêle en Allemagne
Quelques orages accompagnés de
chutes de grêle ont suffit pour causer
en Allemagne le sinistre Grêle le plus
important de l’histoire.
30
Tornades et ouragans aux États-Unis
Les raisons pour lesquelles en 2013
la saison des grosses tempêtes a été
inhabituellement calme.
34
Impact de météorite en Russie
13
15
2
L’assurance aide les économies nationales
Si le marché assurantiel des Philippines était plus
fortement développé, la reconstruction serait
plus facile. C’est ce que montrent diverses études
portant sur le rapport entre l’assurance et les
conséquences des catastrophes.
Les catastrophes touchent les pauvres
Peter Höppe s’exprime sur le devoir qu’ont
les pays industriels d’aider les pays plus pauvres
à développer le secteur des assurances.
Munich Re Topics Geo 2013
16
CLIMAT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE :
Les vagues de froid qui ont traversé l’Europe,
l’Amérique du Nord et la Russie au début
de l’année font espérer aux sceptiques que le
changement climatique ralentit. Mais ce n’est
qu’un répit.
38
Climat et changement
climatique
38
Le changement climatique fait-il
une pause ?
42
Chiffres, faits et contexte
Standards
1
4
61
38
NATCATSERVICE/RECHERCHE : Selon
diverses études, les écarts de plus en plus
importants caractérisant les dommages
générés par les orages violents aux ÉtatsUnis peuvent être considérés avec certitude
comme la conséquence du changement
­climatique.
46
46
NatCatSERVICE et
Geo-Risks-Insights
46
Violents orages aux États-Unis
50
Enseignements à tirer des séismes
52
Le nouveau Global Earthquake Model
54
Désagrégation des données relatives
aux engagements
56
Photos de l’année
58
L’année 2013 en chiffres
Avant-propos
Actualités
Mentions légales
Munich Re Topics Geo 2013
3
ACTUALITÉS
© JBA Risk Management Limited
DONNÉES RELATIVES AUX
SINISTRES
Informations en ligne
extraites de NATHAN
MCII
L’assurance indicielle
climatique démarre dans
les Caraïbes
FIXATION DES ZONES
­D’EXPOSITION AU RISQUE
Nouvelles zones
d’inondation globales
Les partenaires commerciaux de
Munich Re peuvent consulter dans
NATHAN-Online les informations
statistiques relatives aux principales
catastrophes naturelles survenues
depuis 1980. Les données relatives
aux sinistres complètent les renseignements sur les risques et permettent une meilleure gestion des
risques de catastrophes naturelles.
Les données historiques permettent
souvent de pouvoir tirer des conclusions sur la période de récurrence
d’évènements graves et sur leur
potentiel de sinistres.
C’est à la mi-2013 que le lancement
de la « Livelihood Protection Policy »
(LPP) a démarré à Sainte-Lucie, puis
un peu plus tard à la Jamaïque et à la
­Grenade. Cette politique a été développée sous la direction de la Munich
Climate Insurance Intiative (MCII), en
collaboration avec la Caribbean
Catastrophe Risk Insurance Facility
(CCRIF) et le consultant de microassurance MicroEnsure. Le concept
de couverture qui prévoit les prestations d’assurance sur la base des données météorologiques (« Assurance
indicielle climatique »), permet un
paiement rapide après une tempête
sans mise en œuvre d’un processus
de règlement de sinistre compliqué.
NATHAN Risk Suite mettra prochainement les zones d’inondation à
­disposition sur la base d’un modèle
numérique de terrain avec une résolution de 30 m ; jusqu’ici, l’observation
mondiale des risques naturels s’effectuait avec une précision de 100 m.
Les zones représentent les évènements avec des périodes de récurrence de 100 et 500 ans. La haute
résolution sera tout d’abord disponible pour l’Amérique du Nord,
l’Amérique Centrale et les Caraïbes.
D’autres régions seront intégrées
progressivement.
>> Plus
d’informations sur :
Munich Re Connect : https://nathan.
munichre.com
>> Pour plus d’informations,
veuillez consulter le site
www.climate-insurance.org
>> Plus
d’informations sur :
Munich Re Connect : https://nathan.
munichre.com
Brèves
Project Risk Rating
C’est en collaboration avec TÜV Süd que Munich Re a
développé un nouveau système de notation. Le Project
Risk Rating (PRR) permet aux participants au projet de
bénéficier de la combinaison du savoir-faire technique
du TÜV Süd et de la vaste connaissance des risques de
Munich Re, en particulier dans le domaine des risques
naturels. Les différents sujets sont traités par les experts
des 2 sociétés. La base de la notation est un système
modulaire composé de différents modules de risque, qui
représentent les principaux risques d’un projet d’investissement. Ce système prend en compte les aspects macroéconomiques, techniques, environnementaux et contractuels du projet.
4
Munich Re Topics Geo 2013
Risques météorologiques
Fin 2013, Munich Re a repris l’unité opérationnelle spécialisée dans les risques météorologiques RenRe Energy
Advisors Ltd. (REAL) du réassureur Renaissance Re Holdings Ltd., Bermudes. L’équipe d’experts de REAL travaille
depuis plus de 16 ans dans le domaine des risques météorologiques et est dans ce segment l’un des fournisseurs
leaders du marché.
Nouvelle forme du transfert des risques
Munich Re et la International Finance Corporation (IFC),
un membre du groupe de la banque mondiale, ont conclu
un accord concernant une nouvelle forme de transfert des
risques. À cette fin, IFC met jusqu’à 100 millions de $US à
la disposition de Munich Re, dans le but de soutenir des
projets d’infrastructure en Amérique latine.
Série de publications « Severe Weather »
L’année dernière, pratiquement aucune région du
monde n’a été épargnée par les évènements météorologiques extrêmes. De nombreuses régions, en particulier les régions côtières et montagneuses gravement exposées, se sont développées rapidement ; les
mesures de prévention et de protection ne peuvent
pas suivre ; les changements climatiques augmentent
en outre la vulnérabilité dans de nombreuses régions.
Le secteur de l’assurance est soumis à des défis
importants, mais elle doit trouver des réponses sous
la forme de solutions d’assurance innovantes.
Dans une nouvelle série, Munich Re s’intéresse aux
risques connaissant une aggravation de plus en plus
rapide. Les publications « Severe weather in North
America » et « Severe weather in Eastern Asia »
­(disponibles en anglais seulement) étudient de
manière approfondie les risques météorologiques de
ces 2 régions. Les experts de différents secteurs de
Munich Re éclairent avec divers auteurs de renom les
principes physiques fondamentaux des phénomènes
naturels redoutés, expliquent la genèse des phénomènes météorologiques extrêmes, en analysent les
conséquences et décrivent comment la variabilité
du climat et le changement climatique modifient les
risques. Les publications formulent en outre des
recommandations sur la manière de se préparer aux
évènements extrêmes et de les appréhender. Les
connaissances des marchés respectifs de l’assurance
complètent le tableau.
Les publications distinguent 3 thèmes importants :
Vulnérabilité, Risque et Assurance.
La première partie est consacrée à la définition des
différents phénomènes météorologiques et de leurs
effets et à la description de sinistres importants du
passé. Les méthodes de réduction des risques sont
tout autant prises en considération que les questions
techniques. La deuxième section évoque les différents
aspects du risque, y compris les effets du climat.
La dernière partie traite de l’assurance des risques
commerciaux et privés ainsi que de certains thèmes
spéciaux de l’assurance.
Le message clef est ici la nécessité d’une alliance
entre les assurés, les scientifiques, les chercheurs, les
autorités gouvernementales et les assureurs. L’alliance
doit permettre d’améliorer la prévoyance et de réduire
les effets des évènements météorologiques exceptionnels. Tous les participants doivent développer une
plus grande prise de conscience des risques croissants
dans les régions exposées et comprendre comment
se préparer au mieux aux catastrophes naturelles.
>> Pour plus d’informations, veuillez consulter le site
www.munichre.com/en/weather-asia
www.munichre.com/en/weather-north-america
Munich Re Topics Geo 2013
5
GROS PLAN
Un typhon dévastateur
s’abat sur les Philippines
En novembre, le plus violent typhon jamais
observé sur les terres a coûté la vie à de nombreuses personnes en Asie du Sud-Est et a
dévasté des régions entières, en particulier aux
Philippines. Le supertyphon Haiyan a atteint
des vents bien supérieurs à 300 km/h et des
bourrasques allant jusqu’à 380 km/h.
Doris Anwender et Eberhard Faust
Avec les 9 tempêtes qui on touché terre sur les côtes
du Pacifique Ouest, le pays a subi en 2013 une saison
de typhons beaucoup plus intense qu’entre 2008 et
2012, période durant laquelle 5 à 9 typhons ont traversé les terres chaque année. Le cyclone tropical probablement le plus puissant ayant touché terre à ce
jour s’est abattu sur les Philippines le 7 novembre. Le
supertyphon Haiyan, appelé localement Yolanda, s’est
formé à environ 100 km à l’est de Pohnpei, l’île principale de Micronésie. Le soir du 3 novembre, la dépression tropicale a évolué en tempête tropicale, pour se
transformer en typhon le jour suivant. Le 5 novembre
en début de soirée, Haiyan a crû rapidement en intensité, et les vitesses du vent ont augmenté d’au moins
80 km/h en l’espace de 24 heures. Dans le même
temps, la pression au centre du typhon est descendue
d’environ 970 à 905 hPa. Le 6 novembre, Haiyan a
atteint la catégorie 5 de l’échelle de classification de
Saffir-Simpson.
Une onde de tempête de
6 mètres de haut s’est abattue
sur la côte est de l’île de Leyte,
laissant sur son passage de
­nombreux morts et la désolation.
Munich Re Topics Geo 2013
7
GROS PLAN
Températures de surface
de la mer
30 N
Températures dans les régions
tropicales et subtropicales dans
l’ouest du Pacifique Nord, le
6 novembre : à proximité de l’endroit où le typhon a touché terre,
la température de surface de la
mer se situait entre 28 et 29 °C.
20 N
10 N
0N
100 E
120 E
140 E
160 E
180
160 W
Source : NOAA/PMEL, Pacific
Marine Environmental Laboratory
Température de surface de la mer en °C :
30 29 28 27 26 25 24 23 22 21 20 18 16 14
50 N
Cisaillement vertical du vent
45 N
Le 6 novembre, la différence
entre la force et la direction des
vents à 11 km et à 1,5 km d’altitude, c’est-à-dire le cisaillement
vertical, était relativement faible
dans la région où sévissait le
typhon Haiyan (carré rouge).
40 N
35 N
30 N
25 N
Cisaillement vertical du vent, en
nœuds (1 nœud = 1,852 km/h) :
20 N
15 N
> 60
60–55
55–50
50–45
45–40
40–35
35–30
10 N
5N
EQ
5S
30–25
25–20
20–15
15–10
10– 5
< 5
Trajectoire du typhon Haiyan
90 E
100 E
110 E
120 E
130 E
140 E
L’énergie des typhons, qui se traduit par des vents
­violents, provient de la surface chaude des océans.
Lorsque l’intensité de la tempête augmente, les
couches d’eau en profondeur, généralement plus
froides, remontent et se mélangent, limitant alors une
plus grande amplification de l’intensité. L’impressionnante augmentation de la violence du typhon s’explique par la présence, sous la surface de la mer, d’une
importante masse d’eau chaude aux températures
inhabituellement élevées et dépassant les 26 °C.
Dans la zone où Haiyan s’est intensifié, la température
de surface de la mer était d’environ 28 °C, ce qui n’est
pas inhabituel dans cette région. C’est certainement
le faible cisaillement vertical qui a le plus contribué à
l’énorme puissance de Haiyan ; autrement dit, la force
et la direction du vent à proximité de la surface et audessus de celle-ci étaient à peine différentes l’une de
l’autre. L’anneau parfaitement symétrique formé de
nuages plus élevés que l’on voit sur les images satellite met en évidence la forte divergence dans la zone
supérieure du typhon.
8
Munich Re Topics Geo 2013
150 E
160 E
170 E
180
Source : U.S. Naval Research
Laboratory, Marine Meteorology
Division Monterey, California
Le 7 novembre, en début de soirée, Haiyan a atteint
son pic d’intensité avec une vitesse de 314 km/h en
moyenne sur une minute, et des bourrasques de
379 km/h (Joint Typhoon Warning Center, JTWC). La
pression minimale au centre du typhon est descendue
à des valeurs situées entre 862 hPa (Japan Meteorological Agency, JMA) et 884 hPa (JTWC). À 20 h 40
UTC, le typhon Haiyan, qui avait atteint la catégorie 5,
s’est abattu sur la pointe sud de l’île de Samar, aux
Philippines, à proximité de Guiuan. Les valeurs record
des bourrasques et de la pression au centre du typhon
ont fait de Haiyan le cyclone tropical probablement le
plus violent de tous les temps à avoir touché terre.
Lorsqu’il a traversé les Philippines, Haiyan n’a pas faibli en intensité et s’est maintenu dans la catégorie 5
des cyclones tropicaux jusqu’au 8 novembre. Le jour
suivant, le typhon a poursuivi sa route au nord-ouest
de l’île de Palawan aux Philippines, dans le sud de la
mer de Chine, puis s’est affaibli progressivement
GROS PLAN
Plusieurs gros bateaux ont
été projetés sur la terre par les
fortes vagues. L’Eva Jocelyn
s’est retrouvé à 500 m de la côte,
à l’intérieur des terres, sur les
ruines des maisons de Tacloban
City, dans la province de Leyte.
jusqu’à la catégorie 3. Le typhon a continué sa trajectoire vers le nord-ouest et, entre le 10 et le 11 novembre, alors qu’il était redescendu à la catégorie 1,
il a touché terre une dernière fois à proximité de Hai
Phong, dans le nord du Vietnam.
précipitations ont été observées à Surigao, avec un
pic de 248 mm en 24 heures. Dans le centre des Philippines, entre le 6 et le 12 novembre, les chutes de
pluie on atteint 500 mm, selon les données du satellite TRMM.
Énormes sinistres dus à l’onde de tempête
Environ 70 à 80 % des bâtiments sur l’île de Leyte ont
été détruits ; les zones les plus basses de Tacloban
City ont été les plus touchées. L’infrastructure de la
ville et les terminaux de l’aéroport ont été presque
entièrement détruits, ainsi qu’une grande partie des
20 000 bâtiments endommagés. Des bateaux se sont
échoués, des voitures se sont empilées les unes sur
les autres et des arbres ont été déracinés. Les fortes
précipitations ont provoqué des glissements de terrain qui ont endommagé les maisons et les infrastructures. De nombreux villages et villes sur les îles de
Samar et Leyte sont restés près d’un mois sans électricité.
Alors qu’à Taïwan, en Chine et au Vietnam, les
sinistres ont été relativement peu importants et que
l’on a déploré 34 morts, Haiyan a complètement
dévasté les Philippines. Lorsqu’il a touché pour la première et la deuxième fois les terres, sur les îles de
Samar et Leyte, une onde de tempête de 6 mètres
s’est formée et s’est enfoncée jusqu’à plus d’un kilomètre à l’intérieur des terres. Malgré les vents qui ont
soufflé à des vitesses extrêmes, la plupart des dévastations ont été la conséquence de l’onde de tempête.
En outre, Haiyan a apporté de fortes précipitations
persistantes dans la région : sur de large zones, il est
tombé entre 50 et 100 mm de pluie. Les plus fortes
Munich Re Topics Geo 2013
9
GROS PLAN
IV-A
MINDORO
V
BICOL
REGION
IV-B
MIMAROPA
VIII
EASTERN
VISAYAS
MASBATE
SAMAR
Tacloban
Typhoon
Haiyan
PANAY
LEYTE
CEBU
VI
WESTERN
VISAYAS
NEGROS
VII
CENTRAL
VISAYAS
BOHOL
XIII
CARAGA
MINDANAO
Les dommages aux bâtiments causés par le typhon Haiyan
Sur sa trajectoire au-dessus des Philippines,
le supertyphon Haiyan a touché terre plusieurs
fois, laissant sur son chemin un sillon de désolation. La carte montre le nombre de maisons
endommagées dans les secteurs touchés.
Maisons endommagées
> 10 000
5 000–10 000
2 000– 5 000
1 000–2 000
< 1 000
Aucune donnée
Source : Bureau de la coordination des affaires
humanitaires des Nations Unies (UN-OCHA),
situation au 18 novembre 2013.
10
Munich Re Topics Geo 2013
CAR
1,1 million
de maisons
endommagées
I
III
48 % de
sinistres
totaux
52 % de
sinistres
partiels
33
12
1
1
< 1
142
379
IV-A
Manila
V
Nombre de maisons endommagées
par région (en milliers)
VIII
VI
VII
IV-B
V
IV-A
XIII
X
II
505
VIII
IV-B
VI
VII
IX
X
XIII
XI
XII
GROS PLAN
Selon les données du National Disaster Risk Reduction and Management Council (NDRRMC), le typhon a
fait plus de 6 000 victimes. Environ 27 000 personnes
ont été blessées et près de 1 700 sont portées disparues. Plus de 4 millions de personnes ont dû quitter
leurs maisons et appartements. Près de 600 000 bâtiments ont été entièrement détruits et, d’après les estimations, 600 000 autres ont été endommagés. Au
total, 17 millions de personnes environ ont été touchées
par la catastrophe.
Les secours n’ont pu atteindre que difficilement les
zones qui ont subi le plus de dégâts. Les dommages
considérables causés aux infrastructures publiques,
les décombres, la boue dans les rues et sur les voies
ferrées ainsi que les moyens de transport très endommagés ont aggravé les conditions d’accès pour les
organisations humanitaires. Les habitants ont souffert non seulement des coupures de courant et de la
destruction des moyens de communication, mais
aussi et principalement du manque de nourriture,
d’eau potable et de moyens médicaux. L’état des bâtiments en partie détruits s’est encore dégradé, et en
l’absence d’ordre public, les habitants désemparés en
sont venus à agir de manière extrême. Le chaos et les
activités criminelles des prisonniers échappés de
Tacloban et d’autres secteurs sont venus aggraver
encore davantage les conséquences de la catastrophe.
Des rumeurs sur l’effondrement total de l’ordre public
se sont répandues.
Par la suite, des milliers d’habitants ont tenté de fuir
le centre des Philippines et en particulier Tacloban à
bord d’avions d’évacuation. Pour des raisons de sécurité, un grand nombre d’organisations humanitaires
ont évité la région autour de Tacloban, et les Nations
Unies ont rappelé une partie de leurs collaborateurs.
Un correspondant de la BBC a qualifié la région de
« zone de guerre ». Dans ce contexte marqué par le
combat pour la survie et par le désespoir ambiant, des
pillages ont eu lieu dans de nombreuses régions, ce
qui a eu pour conséquence d’amplifier les dégâts
matériels et le déclin de l’ordre public. Les forces militaires philippines sont arrivées à Tacloban City une
semaine après le passage de Haiyan, pour empêcher
les pillages et rétablir un minimum d’ordre et de calme.
Les dommages directs subis par les Philippines ont
été estimés au total à 9,7 milliards de $US. La part
assurée se monte à quelque 7 %, c’est-à-dire à
700 millions de $US, car le marché des assurances
privées n’est pas encore bien développé aux Philippines.
Économie de la catastrophe
La catastrophe causée par le typhon Haiyan constitue
un nouvel exemple du mécanisme d’amplification des
sinistres dans les grandes catastrophes, un mécanisme qui s’est fait jour suite à l’ouragan Katrina. Les
catastrophes comme les violents cyclones tropicaux
peuvent déclencher des catastrophes secondaires
lorsque, par exemple, certaines zones restent longtemps inaccessibles en raison de la destruction des
Répartition des entrées dans les terres du typhon Haiyan et des sinistres causés
Sinistres causés par le typhon,
Nombre d’entrées du typhon
dans les terres
60 normalisés sur l’année (Mds de $US)
55
16
50
45
14
40
35
12
30
25
10
20
15
8
10
5
6
0
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
2020
Les barres représentent la chronologie
des dommages directs normalisés
provoqués par le typhon dans l’est de
l’Asie depuis 1980, répartis par pays.
Asie du Sud-Est
Philippines
Taïwan
Chine
Corée du Sud
Japon
Entrées dans les terres du typhon
(lissées)
Entrées fictives du typhon dans
les terres
Source : Munich Re, 2013. Données sur
les entrées dans les terres des typhons,
par Weinkle, J., R. Maue et R. Pielke,
Jr. (2012) : Historical global tropical
cyclone landfalls. Journal of Climate,
25, 4729–4735
Munich Re Topics Geo 2013
11
GROS PLAN
infrastructures. Dans le cas des Philippines, vient
s’ajouter à cela le fait que, en raison du chaos social et
des rumeurs concernant une possible anarchie et
absence de lois, de nombreuses personnes se sont
rendues dans les grandes villes comme Cebu ou
Manille, en particulier les jeunes et les travailleurs
qualifiés, ce qui a retardé la reconstruction des zones
sinistrées.
Aux Philippines, les assureurs ne participent que de
façon limitée au financement privé des risques ; le
marché privé des assurances est donc relativement
petit. Au lieu d’un financement ex ante des risques,
les foyers et les entreprises privées subissent une
charge financière énorme après une catastrophe, ce
qui pénalise l’économie régionale. Cela rend les pays
comme les Philippines dépendant des dons et des
programmes publics de reconstruction basés sur des
crédits. Une analyse macro-économique récemment
réalisée a montré que dans les pays émergents où le
marché des assurances privées est très petit, on
observe après la survenue d’une catastrophe une
menace de marasme économique et une augmentation du déficit public. Contrairement aux pays dans
lesquels le marché des assurances est bien développé,
et qui sont donc en mesure d’assumer eux-mêmes
une partie des coûts de la catastrophe, ce qui contribue à accélérer la reconstruction (voir page suivante).
Augmentation de l’activité des typhons violents
Outre le nombre de typhons qui ont touché terre en
2013, il existe d’autres paramètres qui reflètent un
léger regain d’activité par rapport aux années précédentes. En 2013, 16 typhons au total (y compris ceux
qui n’ont pas atteint les terres) ont été enregistrés dans
le nord-ouest du Pacifique ; c’est 1 de plus que le
nombre maximum de 15 typhons relevé annuellement
au cours des 7 années précédentes. Cependant, la
moyenne à long terme (1965–2012) étant de 16,3,
2013 ne peut pas être considérée comme une année
particulièrement intense. Mais si l’on inclut toutes les
tempêtes citées dans la catégorie des typhons, on
obtient une tout autre perspective : non seulement les
29 cyclones tropicaux observés entre 1965 et 2012 se
situent au-dessus de la moyenne à long terme (26,1),
mais c’est également la valeur la plus élevée depuis
2004, année durant laquelle 30 cyclones tropicaux ont
été enregistrés. Un regain d’activité s’observe également dans la catégorie des typhons violents. En 2013,
5 supertyphons (soufflant à au moins 240 km/h) se sont
formés, alors que la moyenne à long terme (1965–2012)
n’était que de 3,9.
Comme cela est expliqué dans la publication de
Munich Re intitulée « Severe weather in Eastern
Asia », on trouve dans la partie ouest du bassin du
Pacifique Nord des signes attestant de la fluctuation
de l’activité typhonique sur plusieurs décennies, avec
les conséquences qui en découlent en termes de
sinistres probables. En effet, les données montrent que
l’on relève un lien très clair entre les phases présentant
12
Munich Re Topics Geo 2013
un nombre plus élevé de typhons ayant atteint les terres
et les dommages également plus élevés résultant des
typhons, dès que les sinistres enregistrés depuis 1980
sont normalisés au niveau actuel des valeurs exposées.
Même si la saison 2013 s’est avérée un peu plus
intense que les années précédentes, il est impossible
de tirer à partir de l’observation d’une année des
conclusions solides sur une activité croissante. Il faudrait environ 5 années d’observations supplémentaires pour pouvoir constater clairement un éventuel
changement de l’oscillation multidécennale. La saison
des typhons 2013 pourrait être considérée comme le
premier signe de l’augmentation attendue si l’on garde
à l’esprit qu’il est rare de voir se produire 5 supertyphons
sur une saison pendant des périodes calmes. Si l’on
considère les variations du nombre de typhons observés depuis 1950 qui ont touché terre, et si l’on part du
principe que ce cycle va continuer (sans que ce soit
obligatoirement le cas), nous serions face à un scénario dans lequel un nouveau pic relatif serait atteint au
cours des années 2020.
Dans un tel scénario, la plupart des sinistres seraient
localisés en Chine, au Japon, en Corée du Sud et aux
Philippines. La Chine serait tout particulièrement
concernée en raison de la longueur totale de ses côtes
et de son exposition qui s’est rapidement accrue au
cours des dernières décennies. Au-delà de l’augmentation des biens destructibles due à la croissance économique dans cette région, ce scénario est celui d’une
activité typhonique en hausse qui, à l’avenir, peut
contribuer significativement à l’accroissement du
risque en Asie de l’Est.
NOS EXPERTS :
Dr. Doris Anwender, consultante
pour les risques atmosphériques au
sein du département Corporate
­Under­writing/Accumulation Risks
Management/Geo Risks. Son domaine
de ­responsabilité inclut l’analyse de
risque des cyclones tropicaux.
[email protected]
Dr. Eberhard Faust, expert leader
pour les risques naturels au sein du
département Geo Risks Research/
Corporate Climate Centre. Il s’occupe
entre autres des risques résultant
des variations climatiques naturelles
et du changement climatique.
[email protected]
GROS PLAN
Le caractère essentiel de l’assurance en
cas de catastrophes naturelles dans les pays
émergents et en voie de développement
Dans le contexte de la menace que représentent les catastrophes naturelles
pour les économies nationales des pays émergents et en voie de développement, la mise en place d’assurances pour protéger leur développement économique est vraiment efficace. C’est ce qu’ont démontré les résultats d’une étude
qui a analysé l’évolution de la sinistralité au cours des dernières décennies.
Hans-Jörg Beilharz, Benedikt Rauch et Christina Wallner
Dans la base de données des catastrophes naturelles, NatCatSERVICE,
de Munich Re, les chiffres corrigés de
l’inflation dessinent une nette tendance : les dommages directs assurés subis par l’ensemble de l’économie et résultant de catastrophes
naturelles ont augmenté au cours
des dernières décennies. Une des raisons principales à cela est la croissance économique rapide dans de
nombreux pays émergents et en voie
de développement. Mais l’urbanisation des régions côtières et fluviales
fortement exposées ainsi que l’augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes
ont aussi contribué à cette évolution.
à leur poids économique, doivent en
règle générale faire face à de plus
importants sinistres économiques
dus aux catastrophes naturelles que
les pays dont le revenu par habitant
est plus élevé. Et ce sont justement
les pays les plus pauvres qui manquent
souvent de moyens financiers pour la
prévention et l’assistance en cas de
catastrophes. À lui seul, le tsunami
survenu dans l’océan Indien en
décembre 2004, qui a laissé derrière
lui 220 000 victimes, a provoqué globalement un préjudice économique
direct de plus de 11 milliards de $US.
Les répercussions financières ont été
encore plus élevées dans le cas du
tremblement de terre et du tsunami
qui ont touché le Chili en 2010, avec
des dommages se chiffrant au total à
30 milliards de $US (soit 14 % du
PIB), ainsi que pour les inondations
en Thaïlande en 2011 (43 milliards de
Conséquences économiques nationales des catastrophes naturelles
C’est justement les pays à faible
revenu par habitant qui, par rapport
Le tsunami ralentit l’économie des Maldives
25 in %
20
15
Fin 2004 : l’océan
Indien frappé par le
tsunami
+19,6 %
+12,5 %
10
5
0
–5
–8,7 %
–10
–15
1999
2001
2003
En 2005, l’économie s’est effondrée suite au tsunami survenu fin
2004. Le redressement en 2006
est probablement dû aux effets
de la reconstruction.
2005
2007
2009
Croissance réelle du
PIB comparée à l’année
­précédente, en %
2011
2013
$US, 12 % du PIB). 65 des 77 provinces de Thaïlande avaient été touchées, des centaines de milliers de
maisons, de nombreuses surfaces
agricoles et d’importantes zones
industrielles avaient été inondées.
À cela s’ajoutent les dommages indirects résultant des catastrophes
naturelles, comme les retards ou les
interruptions de la production. Ainsi,
pendant la pire phase des inondations, le PIB de la Thaïlande avait
diminué de 2,5 % lors du quatrième
trimestre 2011 par rapport au trimestre précédent. De plus, la
Banque mondiale estime que les
dommages indirects liés aux typhons
réduisent la croissance du PIB des
Philippines de 0,8 point de pourcentage par an. Les effets négatifs indirects se répercutent également sur
certains paramètres macroéconomiques importants, comme l’endettement national ou le commerce
extérieur. Si l’on prend l’exemple du
Chili, l’endettement a augmenté
d’environ 70 % en 2010, l’année du
tremblement de terre, et la balance
commerciale s’est effondrée. Dans
une vaste étude réalisée en 2011, les
auteurs Martin Melecky et Claudio
Raddatz de la Banque mondiale ont
démontré la présence d’un écart statistique considérable de la courbe de
l’endettement public par habitant
dans les pays émergents après la survenance de « grosses » catastrophes
naturelles. Selon cette étude, la dette
publique augmente de près de 30 %
sur 5 ans.
Source : IHS Global Insight
Munich Re Topics Geo 2013
13
GROS PLAN
Croissance et reconstruction
Souvent, on présume que les catastrophes naturelles peuvent avoir un
effet positif sur l’économie nationale,
malgré les conséquences humanitaires tragiques, car la reconstruction
est alors comparable à un véritable
programme conjoncturel. Les nouvelles installations de production et
les infrastructures sont souvent de
meilleure qualité que celles qui ont
été détruites. Plusieurs exemples
viennent étayer cette théorie. Durant
l’année qui a suivi les inondations, la
Thaïlande a connu un important
essor. Après le tsunami fin 2004,
l’économie des Maldives avait baissé
de 8,7 % en 2005. En 2006, elle a
enregistré une très forte croissance
de 19,6 %, autrement dit le taux le
plus élevé depuis plus de 20 ans.
Cependant, il ne faut pas oublier que
cette croissance supérieure à la
moyenne est au moins en partie le
résultat d’une comparaison avec la
période précédente faible en raison
de la catastrophe, et que les valeurs
relevées après celle-ci ne peuvent
donc être que plus élevées.
Les pays émergents et en voie de
développement subissent des pertes
totales moyennes (directes et indirectes) bien plus importantes par rapport au PIB que les pays industrialisés.
Aucune compensation
Les résultats d’études scientifiques
indiquent incontestablement que
les marchés des assurances et des
finances qui fonctionnent bien ont un
rôle très positif. Une couverture d’assurance suffisante peut réduire les
effets catastrophiques des évènements
naturels au moins de 2 manières :
d’une part, il y a les effets préventifs,
comme l’élaboration des conditions
contractuelles ou la mise à disposition d’informations. L’action préventive de la couverture d’assurance
découle surtout de la fonction de
signalisation jouée par les primes
d’assurance. Elles attribuent un prix
au risque à assurer et incitent aussi
davantage à la prise de mesures
visant à réduire le risque et par con­
séquent son prix. D’autre part, les
assurances, par un paiement rapide,
apportent un soulagement financier
immédiat permettant de limiter les
dommages indirects, en donnant par
exemple la possibilité de reconstruire
sans délai les usines.
Des études empiriques démontrent
en outre que les effets positifs indirects de richesse ne peuvent pas
compenser les dommages indirects
subis en moyenne dans l’ensemble
des pays, toutes catastrophes naturelles confondues. Goetz von Peter et
al. l’ont démontré en 2012 à l’aide de
la base de données NatCatSERVICE
de Munich Re pour les catastrophes
naturelles « graves, dévastatrices et
majeures » (plus de 100 morts ou
plus de 250 millions de $US de dommages directs corrigés des effets de
l’inflation). Ils ont constaté une
réduction statistiquement significative du niveau du PIB de près de 4 %
après 5 ans, par comparaison à l’évolution du PIB sans catastrophe.
Des études récentes prouvent que,
sur 2 pays au revenu par habitant
identique, celui qui résiste le mieux
aux catastrophes naturelles est celui
qui est le plus assuré. Les études
portent surtout sur les catastrophes
naturelles d’une certaine gravité ou
amplitude, et avec des méthodes
d’analyse différentes, elles parviennent
toutes à la même conclusion : indépendamment de facteurs comme la
prospérité, la puissance institutionnelle, l’homogénéité sociale etc.,
­l’assurance a un effet positif que les
statistiques prouvent. Cela vaut non
seulement pour les individus et
entreprises assurés, mais aussi
pour l’économie nationale dans sa
totalité.
M. Melecky et C. Raddatz, 2011 : How Do Governments Respond
after Catastrophes? Natural-Disaster Shocks and the Fiscal
Stance, Policy Research Working Paper 5564, World Bank
G. von Peter, S. von Dahlen et S. Saxena, 2012 : Unmitigated
disasters? New evidence on the macroeconomic cost of natural
catastrophes, BIS Working Papers No 394, Bank for International
Settlements
F. Englmaier et T. Stowasser, 2013 : The Effect of Insurance Markets on Countries’ Resilience to Disasters, Mimeo, Université de
Würzburg
14
Munich Re Topics Geo 2013
De la même manière, quand la
­couverture d’assurance pour les
catastrophes naturelles est élevée,
l’endettement national, le déficit du
commerce extérieur et les effets
macroéconomiques sont faibles.
Effet de diminution des pertes
La supposition selon laquelle les
pays émergents tirent particulièrement profit d’une couverture d’assurance supplémentaire est surtout
étayée par une étude d’Englmaier
et Stowasser (2013) à laquelle
Munich Re Economic Research a
apporté un soutien constant pendant
les recherches. Selon les estimations
des 2 auteurs, les effets de diminution des pertes dans les pays avec un
taux de pénétration de l’assurance
« moyen » ont été les plus tangibles,
comme cela est souvent le cas dans
les pays émergents. Cependant, le
bénéfice supplémentaire de la couverture d’assurance dans les pays en
voie de développement ne doit pas
non plus être négligé. La seule mise
en place de mesures préventives
obligatoires dans les contrats d’assurance permettrait probablement de
réduire fortement le nombre de
morts.
Nos experts :
Hans-Jörg Beilharz
[email protected]
Benedikt Rauch
[email protected]
Christina Wallner
[email protected]
Au sein du service Munich Re
Economic Research, les auteurs
étudient, entre autres, les effets
des catastrophes naturelles sur
l’économie nationale.
CHRONIQUE
Typhon Haiyan
Les pays pauvres sont
à nouveau touchés
Prof. Dr. Dr. Peter Höppe, directeur du département Recherche en géorisques/
Centre Entreprise Sciences du Climat de Munich Re.
[email protected]
Le typhon Haiyan, qui a fait plus de
6 000 morts, a été considéré comme
la catastrophe naturelle la plus
meurtrière de l’année 2013. Et c’est
encore un pays en développement,
les Philippines, qui enregistre ce
triste record.
À l’échelle mondiale, sur les 20 500
personnes décédées au total lors de
catastrophes naturelles, 83 % se trouvaient dans les 2 groupes de pays affichant les revenus les plus bas. Même
si les dégâts matériels causés par
Haiyan paraissent peu importants – ils
se chiffrent à une dizaine de milliards
de $US tandis que l’ouragan Katrina,
survenu en 2005 aux États-Unis, avait
coûté plus de 125 milliards de $US de
dommages directs –, ils portent
sérieusement atteinte à l’économie
nationale des Philippines. Des biens
équivalant à environ 4 % du produit
intérieur brut (PIB) ont été détruits ;
quelque 7 % seulement des dégâts
étaient assurés et peuvent être réparés sans que cela pèse davantage sur
la population ou le budget de l’État.
Par conséquent, l’économie philippine
va s’en trouver impactée pendant
encore plusieurs années.
Les tempêtes de grêle qui se sont
abattues sur l’Allemagne pendant l’été
2013 offrent un contraste frappant
avec ce premier cas : bien que l’ensemble des dégâts se soit élevé à 4,8
milliards de $US – un record absolu à
l’échelle mondiale pour un épisode de
grêle –, ils n’ont eu aucun impact
notable sur l’économie nationale allemande. Près de 80 % des dégâts
étaient assurés, la part restante se
chiffrant à environ 1 milliard de $US,
soit à peine 0,03 % du PIB allemand.
Toutefois, la distinction entre pays
riches et pays pauvres ne se fait pas
uniquement au niveau de l’impact
plus ou moins grand que peuvent
avoir sur eux les catastrophes naturelles, mais aussi sur le plan des
efforts déployés pour la prévention
des sinistres. Dans la mesure où les
pays en développement manquent
tout simplement de moyens pour
prendre de telles mesures, ils sont,
relativement parlant, de plus en plus
vulnérables face aux catastrophes
naturelles, par rapport aux pays
riches. Pire encore, le raz-de-marée
provoqué par le passage d’Haiyan a
été particulièrement dévastateur, non
seulement en raison du manque de
dispositifs de protection tels que des
digues, mais aussi parce qu’à certains
endroits, les forêts de mangroves
avaient été défrichées à grande
échelle pour installer des fermes d’élevage de crevettes, faute d’autres
sources de revenus.
« Puisqu’il est impossible de
prévenir tous les sinistres, il
faut se concentrer davantage
sur l’élaboration de solutions
d’assurance. »
En revanche, nombreux sont les pays
riches qui, par le biais d’investissements importants, ont réduit leur vulnérabilité face aux raz-de-marée et
aux crues fluviales au cours des dernières décennies. Le succès de ces
efforts a été notamment démontré
lors de la tempête hivernale Xaver qui
a provoqué un raz-de-marée dans la
ville d’Hambourg en décembre 2013.
Bien que le niveau de l’eau ait été
supérieur de presque 50 centimètres
à la crue catastrophique de 1962,
aucun dégât notable n’a été enregistré cette fois-ci. Les investissements à
hauteur de quelque 2 milliards d’€ qui
ont été réalisés, depuis les années 60,
dans la protection contre les crues ont
déjà été plusieurs fois rentabilisés.
Comment peut-on aider les pays les
plus pauvres ? Il serait d’abord important de renforcer la prévention pour
éviter la survenue des sinistres. Une
grande part de l’aide au développement doit être spécifiquement consacrée à ce but. Bien entendu, la priorité
numéro 1, dans ce cadre, est de
prendre des mesures qui sauveront
des vies humaines. Puisqu’il est
impossible de prévenir tous les
sinistres avec des efforts économiquement défendables, il faut aussi se
concentrer davantage sur l’élaboration de solutions d’assurance. Sur ce
plan, les pays industrialisés peuvent
offrir au moins le capital de départ
pour la mise en place de systèmes
adaptés. C’est un fait avéré que de
telles assurances ont un effet stabilisateur, dans la mesure où un règlement rapide des sinistres après une
catastrophe permet d’éviter la survenue de dommages secondaires. Le
« Mécanisme international de Varsovie », établi en décembre 2013 par la
Conférence sur le changement climatique, pourrait également contribuer,
à moyen terme, à la création de solutions d’assurance. Finances et expertise pourraient ainsi être mises à la
disposition des pays en développement pour leur permettre de mieux
gérer les sinistres croissants causés
par des phénomènes climatiques
extrêmes (« Loss and Damage ») qui
ne cessent de se multiplier.
L’obligation qui incombe aux pays
industrialisés d’aider à la mise en
place de mesures préventives et à la
gestion des risques a posteriori par le
biais d’assurances en faveur des pays
pauvres est notamment dictée par
leur responsabilité dans le changement climatique. À long terme, la
situation plus stable des pays touchés
aura de toute façon des retombées
positives pour les pays donateurs.
Munich Re Topics Geo 2013
15
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Inondations
en Europe centrale
De fortes pluies persistantes ont provoqué des
­inondations dans de vastes régions d’Europe centrale
fin mai et début juin 2013. Les inondations se sont
principalement concentrées sur le sud et l’est de
­l’Allemagne. La République tchèque et l’Autriche ont
également été fortement touchées.
Tobias Ellenrieder et Alfons Maier
Un mois de mai 2013 particulièrement humide, avec
des précipitations bien au-dessus des moyennes historiques, ont eu pour conséquence que le sol n’était
quasiment plus en mesure d’absorber la pluie. Dans
certaines régions, l’humidité des sols enregistrée était
la plus élevée depuis plus de 50 ans. En Allemagne,
au mois de mai, il est tombé l’équivalent de 178 % des
moyennes mensuelles historiques de précipitations,
soit le deuxième record le plus élevé depuis 1881. À la
fin du mois, une dépression s’est lentement déplacée
vers l’est, puis un air humide subtropical constant
s’est aussi déplacé en large courbe du sud de l’Europe
vers l’Europe centrale. Avec de forts courants venant
du nord, ces masses d’air ont provoqué des précipitations intenses sur les faces nord des montagnes
moyennes et des Alpes. En quelques jours seulement,
il est tombé plus de 400 mm de pluie par endroits.
Comme les sols étaient déjà saturés d’eau, le surplus de
précipitations s’est déversé dans les rivières. Dans un
premier temps, cela a eu pour conséquence la formation
de petits cours d’eau secondaires débordant au-dessus
des berges. Puis, des ondes de crues se sont formées
dans les grands fleuves tels que le Danube et l’Elbe.
Alors que seules des inondations modérées sont survenues dans le sud-ouest de l’Allemagne sur les bords
du Neckar, de la Moselle et du Rhin, les communes
situées au sud de la Bavière et en Autriche ont déclenché l’alerte. La ville de Rosenheim, située en HauteBavière au confluent de la Mangfall et de l’Inn, a dû être
partiellement évacuée après la rupture d’une digue.
L’un des lieux les plus durement touchés,
le quartier de pêcheurs de Deggendorf,
sur les bords du Danube, complètement
submergé après la rupture d’une digue.
Munich Re Topics Geo 2013
17
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Valeurs extrêmes de l’humidité des sols le 26 mai 2013
Kiel
Hambourg Schwerin
Brême
Hanovre
Potsdam
Magdebourg
Düsseldorf
Erfurt
Wiesbaden
Mayence
Sarrebruck
Stuttgart
Munich
Dépassement de la valeur d’humidité des sols la plus élevée
Dépassement de la deuxième valeur d’humidité des sols la
plus élevée
Dépassement de la troisième valeur d’humidité des sols la
plus élevée
Aucun dépassement d’une valeur maximale
Source : Service allemand de la météorologie/Agrométéorologie
18
Munich Re Topics Geo 2013
Entre les villes de Ratisbonne et de Passau, des milliers
de maisons ont été envahies par les eaux. Les habitants de Deggendorf et des environs ont lutté contre
de sévères inondations. À Passau, où se rejoignent le
Danube, l’Inn et l’Ilz, le niveau du fluviomètre a atteint
12,89 m – un niveau qui n’avait pas été relevé depuis
1501. Une grande partie de la vieille ville était sous les
eaux.
L’est de l’Allemagne a également été fortement touché,
en particulier les Länder de Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringe. De petites rivières ont inondé des villages et des
villes, comme Zwickau et Chemnitz. À Meissen, dans
la nuit du 3 au 4 juin, l’Elbe a submergé les barrages de
protection contre les inondations. À Dresde, le fleuve a
atteint 8,75 m, niveau correspondant à un débit de
4 370 m3/s. L’Elbe est ainsi restée en-dessous des
valeurs record établies en août 2002 (niveau du fluviomètre à 9,40 m, débit > 4 500 m3/s). Le cœur historique de Dresde a cette fois-ci été largement épargné
grâce à une meilleure protection contre les inondations. Comme l’Elbe n’a pas été désengorgée par des
débordements ou des ruptures de digue, contrairement à 2002, une onde de crue plus importante s’est
cette fois-ci propagée vers l’aval. De nombreux fluviomètres dans le Land de Saxe-Anhalt ont indiqué des
niveaux d’eau plus élevés qu’en 2002. À Magdebourg,
l’Elbe a même atteint un nouveau record, avec 7,48 m.
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Niveaux de précipitations en Europe centrale du
27 mai au 2 juin
Malgré des précipitations abondantes, la Suisse n’a
été touchée que par des crues plus modérées et
locales. Il apparaît clairement que les mesures de protection prises après les évènements de 2005 et 2007
ont permis d’éviter le pire. Des coulées de boue sont
survenues localement.
En Autriche, des inondations et des coulées de boue
ont également eu lieu, principalement dans les Länder
du Tyrol et de Salzbourg. Toutefois, de grandes rivières
comme l’Inn ont atteint des niveaux extrêmes. En
Haute- et Basse-Autriche, le Danube a inondé de
nombreuses régions. Les inondations sont arrivées,
depuis Passau, jusqu’aux villes de Schärding, Melk et
Linz. Les fluviomètres ont atteint des niveaux que l’on
attend environ une fois tous les 100 ans. À Vienne, une
partie des masses d’eau a été déversée dans le canal
de décharge « Nouveau Danube », ce qui a permis de
limiter les inondations à un minimum de rues.
0–10 mm
10–50 mm
50–90 mm
90–130 mm
130–170 mm
170–210 mm
> 210 mm
En République tchèque, ce sont principalement les
régions de l’ouest qui ont été touchées par les inondations. Des avis de crue ont été annoncés dans 400
villes ; au moins 11 personnes ont perdu la vie. À Prague,
la Vltava a atteint une hauteur critique. Toutefois, le
débit, de 3 000 m3/s, était inférieur au débit de près
de 5 000 m3/s qui avait été atteint lors des inondations
catastrophiques survenues en 2002. Sur les bords de
l’Elbe, une partie de la ville industrielle de Ústí nad
Labem a été submergée.
Source : Service allemand de la météorologie/Hydro­
météorologie
Munich Re Topics Geo 2013
19
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Pas d’explications faciles à ce phénomène
Après des inondations, certains commentateurs ne
perdent pas de temps pour désigner des responsables
ou suggérer des solutions. Ils ont souvent tendance à
faire des généralisations et des surestimations en ce
qui concerne l’impact des facteurs d’influence et des
mesures correctrices. La gestion des crues est complexe
et doit être adaptée à chaque situation. Une mesure
peut être très efficace dans un cas, mais être quasiment
sans effet dans un autre. Trois supputations particulièrement répandues, confrontées aux faits véritables.
1. Erreur d’appréciation
2. Erreur d’appréciation
Les grandes crues sont essentiellement dues à
­l’imperméabilisation des sols dans le cadre de la
construction d’habitations et de routes.
Les reculs de digues et les aménagements semi-naturels des rivières empêchent les inondations. À l’inverse,
la canalisation des cours d’eau les favorise.
Sols
imperméabilisés
Pluies fortes et
persistantes
Affluent
corrigé­
Onde de crue
de la rivière
principale
Digue
Onde de crue
de l’affluent
Sols gorgés
d’eau de pluie
Surfaces alluviales
(rétention incontrôlée)
1. Faits
2. Faits
Dans le cas d’évènements à grande échelle, l’imperméabilisation des sols ne fait quasiment aucune différence. La capacité
d’absorption du sol est fortement altérée après de fortes précipitations, de sorte que la pluie s’écoule directement vers les
cours d’eau, même sur des surfaces naturelles. Dans le cas de
précipitations intenses sur une très courte période dans de
petites zones urbaines, l’imperméabilisation des sols jouent a
contrario souvent un rôle décisif.
La restauration des cours d’eau peut être d’un grand secours,
mais son effet est très limité en cas d’inondations extrêmes. Le
principal objectif de la gestion des crues est d’écrêter la pointe
de débit. Les zones alluviales se remplissant dès le début de
l’onde de crue en cas de débordement incontrôlé, elles ne sont
plus disponibles quand la situation devient sérieuse. La temporisation du pic de crue favorise toutefois les mesures de défense.
Des mesures de gestion
des inondations peuvent
modifier l’évolution temporelle d’une onde de
débit. Il est essentiel que
le niveau de la pointe de
l’onde soit aussi bas que
possible.
Explication :
20
1. Impact de l’imperméabilisation
Onde de crue naturelle
Munich Re Topics Geo 2013
Les pointes de débit du cours d’eau principal et de son affluent
ne doivent pas survenir ensemble. Cela peut toujours arriver,
que la rivière soit canalisée ou s’écoule de manière naturelle, car
la trajectoire des précipitations joue là aussi un rôle.
2. Impact de la rétention
­incontrôlée (zones alluviales)
Onde de crue modifiée
3. Impact de la rétention contrôlée
(polders, barrages)
Équilibrage des volumes au moyen du facteur d’influence
PORTRAITS DE CATASTROPHES
En Pologne, les inondations ont touché le sud-ouest
du pays. Seules des zones rurales ont été évacuées.
En Slovaquie, les dégâts ont également été contenus,
bien qu’à Bratislava, le Danube ait atteint une valeur
record avec un débit de 10 530 m3/s. Après la Slovaquie, les inondations ont touché pour finir la Hongrie
et des villes telles que Györ et Esztergom. À Budapest,
le 9 juin, le fluviomètre a atteint un niveau maximum
de 8,91 m. Bien que ce niveau ait été de 30 cm supérieur au record mesuré en 2006 (et 40 cm supérieur
au niveau de 2002), les dégâts ont été relativement peu
importants. Les dispositifs de protection aménagés le
long du Danube permettent une hauteur jusqu’à 9,30 m.
Tout au plus, des inondations locales ont été provoquées par la remontée des eaux souterraines et des
débordements de canalisations.
3. Erreur d’appréciation
Les polders artificiels détériorent le paysage fluvial et
entravent l’utilisation des surfaces à des fins agricoles.
Comparaison avec des phénomènes antérieurs
Ouvrage de
prise d’eau
Polder
(rétention
contrôlée)
Ouvrage
de vidange
Digue
Digue
3. Faits
La rétention contrôlée au moyen de bassins de retenue
­(barrage) ou de polders (écoulement latéral de l’eau) est la
méthode la plus efficace pour agir sur une onde de crue.
Elle nécessite des prévisions fiables. La rétention est effectuée de manière à ce que le volume de la zone de retenue soit
optimal pour l’écrêtement. Les polders, conçus pour les phénomènes importants, peuvent être cultivés (prairie) et sont
rarement inondés (par exemple en moyenne tous les 20 ans).
Si des indemnisations sont ensuite versées, toutes les parties
concernées peuvent en bénéficier.
La crue de 2013, après les crues de 1954 et 2002,
s’est avérée être le troisième évènement grave à avoir
frappé simultanément le bassin du Danube et celui de
l’Elbe au cours des 60 dernières années. Une analyse
plus fine révèle toutefois des différences entre ces
crues. Cette fois-ci, les débits du Danube étaient en
général plus élevés qu’en 2002 ou 1954. En 2002, les
inondations ont principalement été alimentées par les
affluents du cours supérieur (Iller et Lech). En 1954,
les affluents à l’est du Danube (Isar, Inn et Naab) ont
apporté de grosses masses d’eau. En 2013 en revanche,
presque tous les affluents du Danube ont contribué
aux inondations. Des niveaux d’eau nettement plus
élevés qu’en 2002 ont également été atteints en aval,
en Autriche, en Slovaquie et en Hongrie. En revanche,
cette fois-ci, de nombreux affluents ont été épargnés
par les crues.
L’onde de crue de l’Elbe en provenance de la République tchèque a été moins importante qu’en 2002.
Cependant, en 2013, le bassin de la Saale a également
été touché. Comme les crues se sont rejointes à la
confluence de l’Elbe, de la Mulde et de la Saale, l’Elbe
a provoqué des inondations en aval de l’embouchure
de la Saale beaucoup plus importantes qu’en 2002.
Conséquences et dommages
En matière d’hydrologie, les inondations survenues en
Allemagne dépassent nettement les 2 évènements
précédents de crues de 1954 et 2002, en termes de
vigueur et d’étendue, selon les données du Center for
Disaster Management and Risk Reduction Technology
(CEDIM, Centre de gestion des catastrophes et de la
technologie de réduction des risques). Près de la moitié du réseau hydrographique allemand a été touchée
par des inondations avec une période de récurrence
supérieure à 5 ans.
Source : Munich Re
Munich Re Topics Geo 2013
21
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Intensité des crues des cours d’eau d’Europe centrale
L’intensité des crues découle du
niveau et de la période de récurrence de la pointe de débit, ainsi
que de la durée du phénomène.
non touché
inondations modérées
inondations importantes
inondations très importantes
inondations extrêmes
Source : CEDIM, Munich Re
Germany
Czech Republic
Slovakia
Austria
Hungary
Les inondations ont généré en Europe centrale un
préjudice économique total de 11,7 milliards d’€, dont
10 milliards rien que pour l’Allemagne. La catastrophe
a coûté la vie à 25 personnes. Cette inondation est
légèrement moins grave que celle de 2002 avec 39
décès et des dégâts qui s’élevaient à 17 milliards d’€
(valeurs brutes non corrigées de l’inflation). Cela s’explique en partie par le fait que les crues présentaient
des caractéristiques différentes. En 2013, l’intensité
plus faible des précipitations dans le bassin de l’Elbe
a provoqué moins de crues éclair et ainsi moins de
dégâts sur les infrastructures, (sapement de routes ou
de voies ferroviaires, par exemple). À cela s’est ajoutée
une meilleure protection contre les crues avec la
construction de nouvelles digues ou le renforcement
de celles existantes. À Prague, Dresde, Bratislava et
Budapest, les barrages de protection mobiles ont résisté
aux masses d’eau.
Les dommages assurés s’élèvent à environ 2,4 milliards d’€, dont 1,8 milliard d’ € pour l’Allemagne,
235 millions d’€ pour l’Autriche et 300 millions d’€
pour la République tchèque. Les coûts sont estimés
à 45 millions de CHF pour la Suisse et à environ
3,5 millions d’€ pour le reste des autres pays touchés.
Les dommages assurés ont ainsi été inférieurs à ceux
de 2002. La République tchèque et l’Autriche ont
bénéficié du fait qu’en 2013, moins de zones ont été
submergées et que les limites ont été revues à la
baisse pour les différents dommages avec les nouvelles polices introduites après 2002 – en République
tchèque notamment.
22
Munich Re Topics Geo 2013
Même si en Allemagne, les dommages assurés, représentant 1,8 milliard d’€, sont quasiment équivalents à
ceux de 2002, la charge enregistrée en 2013 pour les
assureurs (corrigée de l’inflation) a été inférieure. Non
seulement les différentes caractéristiques des crues
de 2002 et de 2013, mais aussi l’application de meilleures mesures de prévention contre les crues et de
réduction des dommages peuvent y avoir contribuer.
La gestion des risques du distributeur d’eau de Dresde,
qui a bénéficié, après 2002, de modifications au niveau
de la construction, de changements techniques et
organisationnels, démontre combien il est essentiel
de tirer des leçons des évènements survenus dans le
passé. Grâce à la rapide formation d’une cellule de
crise, à la communication intense entre toutes les
parties concernées et à l’amélioration de la protection
contre les crues sur les installations (protection contre
la poussée verticale, protection de l’approvisionnement
en électricité), les dommages survenus en 2013 représentent environ un quart des dommages de 2002.
Même l’interruption de l’activité d’une usine hydraulique a pu être réduite de 160 jours en 2002 à 18 jours
en 2013.
Les sociétés immobilières étaient elles aussi mieux
préparées contre les inondations. Après les dommages
considérables survenus en 2002 dans les parkings
souterrains et au niveau des systèmes d’exploitation
électrique, les propriétaires de 3 logements locatifs ont
développé un plan d’alerte. Grâce à l’application de ce
plan, les dommages ont pu cette fois-ci être réduits de
50 % malgré des inondations comparables.
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Même si les assurances Catastrophes naturelles, qui
interviennent en cas d’inondation, sont aujourd’hui
plus répandues en Allemagne qu’elles ne l’étaient en
2002, le taux de pénétration dans la moyenne nationale s’élève toujours seulement à 33 % – avec de
grandes différences régionales. Alors que dans les
Länder de Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringe, près de
40 % des propriétaires sont assurés contre les inondations, ce pourcentage tombe à 21 % en Bavière et à
seulement 13 % dans le Land de Basse-Saxe. De nombreux dommages ont dû être pris en charge par les
personnes concernées elles-mêmes, ou par les collectivités, à l’aide de programmes d’aide publique. Cela a
relancé le débat sur la mise en place d’une assurance
obligatoire contre les dommages dus aux catastrophes
naturelles.
Dommages potentiels et prévention des sinistres
La stratégie la plus sûre pour éviter les dommages
dus aux inondations est en premier lieu de ne pas
construire du tout dans les zones à risque. Dans les
zones inondables où il existe déjà des constructions,
le risque de dommages peut être réduit à 3 niveaux :
par la dérivation des masses d’eau dans un polder de
rétention, des zones de rétention ou des bassins de
retenue ; par la protection défensive (obturateurs
contre un refoulement, protections aux fenêtres et aux
portes) et par la tolérance contrôlée (inondations d’un
bâtiment).
De nombreux dommages surviennent dans les zones
à haut risque. Les cartes des zones inondables contribuent ici à renforcer la conscience du danger. Après la
survenance d’un dommage, il est important, lors de la
reconstruction, de penser à prendre des mesures de
protection contre les inondations.
La mise en place d’un plan d’alerte a de nouveau fait
ses preuves. Celui-ci permet une préparation adaptée
et l’intégration des mesures dans un concept global.
En outre, les mesures doivent régulièrement faire l’objet d’exercices et de vérifications.
De plus, des changements sur le plan de la construction
et des modifications techniques permettent d’éviter
ou de réduire les dommages. Par exemple, il faudrait
transférer les installations techniques dans des zones
protégées contre les inondations, aménager les intérieurs en fonction des risques d’inondations et mieux
protéger les ouvertures des bâtiments. Notamment
dans les régions exposées, la couverture d’assurance
pourrait être accompagnée de mesures de protection
correspondantes. Avec leur expertise approfondie, les
assureurs sont des interlocuteurs privilégiés pour
éclaircir les questions se posant dans le cadre de la
réduction des risques en cas d’inondations.
NOS EXPERTS :
Tobias Ellenrieder occupe le poste de
Consultant senior pour les risques
hydrologiques au sein du département Corporate Underwriting. Il met
au point et teste des modèles d’inondations et établit des estimations de
dommages après de grands évènements Inondation.
[email protected]
Dr. Alfons Maier occupe le poste de
consultant senior chez HSB Loss
Control Engineering et d’expert en
gestion des risques liés aux catastrophes naturelles pour les assurances et entreprises industrielles.
[email protected]
Munich Re Topics Geo 2013
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PORTRAITS DE CATASTROPHES
2013 – l’année des inondations
Les inondations ont touché de vastes étendues de terre non seulement
en Europe centrale, mais aussi dans d’autres parties du monde.
Ce risque naturel a rarement autant dominé les statistiques annuelles
que durant l’année 2013.
Wolfgang Kron
Pratiquement tous les types et causes d’inondations
étaient représentés lors des plus grands évènements :
crues éclair à petite échelle, précipitations intenses
pendant plusieurs jours dans les régions montagneuses, pluie combinée à la fonte des neiges, crues
fluviales de grande ampleur et de longue durée ainsi
que crues éclair destructeurs lors des cyclones tropicaux. L’aperçu suivant présente une sélection des évènements les plus marquants.
Janvier : Australie et Indonésie
Comme c’est devenu presque une l’habitude, l’année a
débuté avec des inondations dans le Queensland et
sur l’île de Java. Alors que l’Australie a été légèrement
épargnée par rapport aux années précédentes, la
région située autour de Jakarta a été frappée par des
précipitations saisonnières d’une violence inhabituelle. Les débordements de fleuve et une rupture de
digue ont causé des dommages d’un montant de 3
milliards de $US. Environ 10 % des sinistres étaient
assurés. Plus de 100 000 maisons ont été endommagées ou détruites, 47 personnes ont trouvé la mort.
Juin : Uttarakhand/Inde
Au mois de mai de chaque année, les pèlerins hindous
se rendent dans les plaines de l’Himalaya situées dans
l’État du Nord de l’Inde, Uttarakhand, afin de visiter
des lieux sacrés ainsi que la ville du temple de Kedarnath. En juin 2013, près de 100 000 personnes étaient
en pèlerinage. Elles ont été surprises par les pluies de
mousson les plus violentes des 80 dernières années,
survenues de plus de manière brusque et inattendue.
Il a plu à verse 50 heures durant et, localement, les
précipitations ont dépassé 500 mm. Les eaux d’inondation ont transformé des gorges étroites en torrents
impétueux, provoqué des glissements de terrains,
emporté routes, ponts et bâtiments – entraînant avec
elles des centaines de personnes. Des dizaines de milliers de pèlerins ont été bloqués, des jours durant,
dans l’humidité et le froid, menacés par des ruisseaux
de montagne torrentiels et affaiblis par la faim et le
froid. Comme les hélicoptères ne pouvaient pas décoller en raison des conditions difficiles, les survivants
n’ont pu être secourus que plusieurs jours plus tard.
24
Munich Re Topics Geo 2013
Les pèlerins bloqués à Uttarakhand
attendent d’être secourus.
Cet évènement a parfois été appelé le « tsunami de
l’Himalaya ». Cependant, l’ampleur de la catastrophe
est aussi imputable à la construction imprudente ou
illégale de routes et d’habitations. Avec plus de 5 500
victimes, elle occupe – après le typhon Haiyan – la
deuxième place des catastrophes naturelles les plus
meurtrières de l’année 2013.
Juin/juillet : Alberta et Ontario/Canada
De fortes chutes de pluie ininterrompues durant 3
jours ont probablement déclenché à la mi-juin les
pires inondations de l’histoire d’Alberta, une province
de l’Ouest canadien. Les rivières sorties de leur lit ont
arraché ponts et routes, inondé des maisons et transformé les rues en rivières boueuses. L’inondation a été
favorisée par l’humidité du sol au début des précipitations. La fonte des neiges était en cours et il restait
des quantités considérables de neige non fondue. La
situation de « pluie sur la neige », qui se produit assez
rarement dans l’Alberta, a rapidement fait monter le
niveau des rivières. Le débit de la rivière Bow a décuplé en un temps record, ce qui s’est révélé fatal pour la
métropole de Calgary de plus d’un million d’habitants
ainsi que pour Medicine Hat au sud de la province.
Dans le centre-ville de Calgary, dans la patinoire de
hockey Saddledome et sur le célèbre terrain de rodéo
du Stampede de Calgary, le niveau de l’eau atteignait
plusieurs mètres. Le zoo a dû être en partie évacué.
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Les dommages ont presque atteint 6 milliards de $US,
dont seulement 1,6 milliard était assuré. Il s’est ainsi
agit de la catastrophe naturelle la plus coûteuse du
Canada. De nouvelles inondations sont survenues au
Canada seulement 2 semaines plus tard, cette fois-ci
à Toronto et autour de la ville : le montant des dommages causés par la tempête et les crues éclair s’est
élevé à 1,6 milliard de $US et le montant des dommages
assurés à près d’un milliard de $US.
Août/septembre : Russie et Chine du Nord-Est
La métropole sibérienne Chabarowsk, à l’est de la Russie, est située sur l’Amour, le fleuve marquant la frontière avec la Chine, où il porte le nom de Heilongjiang.
La ville a pendant plusieurs jours fait la une des journaux, suite aux inondations les plus terribles des dernières décennies. Les inondations ont touché non seulement la Sibérie mais aussi le nord-est de la Chine, où
les dommages ont été encore plus importants. Le secteur de l’agriculture a particulièrement été touché dans
les régions fluviales du Liao, du Songhua et de leurs
affluents. Le montant total du sinistre de près de 4 milliards de $US a été supporté par la Russie à raison d’ un
milliard, et, par la Chine, à hauteur de 3 milliards. Un
part minime était assurée – exception faite des 400 millions de $US pour les dommages agricoles.
Septembre : Colorado/États-Unis
Pendant une semaine, une zone de basse pression
quasi stationnaire située sur les Grandes Plaines a
amené de l’air humide en provenance du sud vers les
Montagnes Rocheuses. La pluie continue s’est accumulée sur les versants des montagnes, dans certaines
régions à raison de plus de 500 mm. Les masses d’eau
dévalant les gorges ont souvent pénétré directement
dans les zones habitées, et ont parfois creusé de tout
nouveaux passages. La crue a bientôt atteint la plaine,
inondant de vastes surfaces agricoles, en particulier le
long de la rivière South Platte. Après l’inondation de
plusieurs entrepôts, l’eau a été contaminée par plus de
100 000 litres d’huile. Les autorités ont déclaré l’état
d’urgence dans 17 comtés, le long d’une bande de
quelque 300 km. Le montant total des dommages
s’élève à environ 1,5 milliard de $US. La réparation des
120 ponts abîmés et des 800 km de route coûtera, à
elle seule, environ un demi-milliard. Le montant restant concerne les 20 000 maisons, bâtiments commerciaux et publics endommagés ou détruits ainsi
que les mobile homes et les voitures. Un montant de
155 millions de $US était assuré par le biais de couvertures privées et près de 10 millions par le National
Flood Insurance Program. La catastrophe a fait 9
morts.
Septembre : Littoral pacifique et littoral du Golf du
Mexique
Contrairement aux États-Unis, le Mexique n’a pas été
épargné par les cyclones en 2013. En septembre, l’ouragan Ingrid (en provenance de l’Atlantique) et l’ouragan Manuel (en provenance du Pacifique) ont tenu le
pays à leur merci. En l’espace de 10 jours, la hauteur
Mobil homes emportés par les crues.
des pluies a atteint près de 1 000 mm dans presque
toutes les régions côtières. En particulier les centres
touristiques Culiacán et Acapulco, sur le Pacifique,
ainsi que l’État de Veracruz, sur le golfe du Mexique,
ont été durement frappés. Des dizaines de milliers de
personnes ont été bloquées pendant plusieurs jours à
Acapulco, les glissements de terrain et les effondrements ayant rendu les routes impraticables et les
aéroports étant partiellement inondés. 13 500 maisons
ont été inondées. 157 personnes ont trouvé la mort,
bon nombre d’entre elles en raison des glissements de
terrain. Le dommage assuré s’est élevé à près d’un milliard de $US, ce qui représente environ un sixième du
dommage total.
Novembre : Sardaigne/Italie
Le 19 novembre, un front de tempête d’une violence
exceptionnelle (« Cléopâtre ») s’est abattu sur la Sardaigne. Plus de 300 mm de pluie sont tombés en l’espace de quelques heures. L’eau a transformé ­ruisseaux,
fossés et routes en puissants torrents, a emporté maisons et voitures et inondé de nombreuses caves. 16 personnes ont trouvé la mort dans les crues éclair.
Décembre : Onde de tempête en mer du Nord
La bonne nouvelle : bien que la dépression Xaver ait
déclenché au début du mois de décembre une onde de
tempête grave sur la côte allemande de la mer du
Nord, il n’y a pratiquement eu aucun dommage. Et ce,
bien qu’à Hambourg, le niveau de pointe ait dépassé
de 39 cm celui de la catastrophe de 1962 – le deuxième plus haut niveau depuis le début des enregistrements. L’amélioration de la protection contre les inondations durant les 60 dernières années a empêché le
pire et s’est donc avérée utile.
NOTRE EXPERT :
Dr.-Ing. Wolfgang Kron est au sein
du département Geo Risks Research,
responsable de la thématique
« L’eau en tant que risque naturel ».
[email protected]
Munich Re Topics Geo 2013
25
PORTRAITS DE CATASTROPHES
La grêle occasionne des dégâts record
Des grêlons plus gros que des balles de golf ont occasionné fin juillet/
début août 2013 d’importants dégâts dans plusieurs parties de l’Alle­
magne. Des façades écaillées, des vitres brisées et des véhicules bosselés :
selon la Fédération allemande des sociétés d’assurance (GDV), ces dégâts
ont coûté aux assurances 4 milliards d’€ sur l’ensemble de la saison de
grêle en Allemagne – un montant qui n’avait encore jamais été atteint.
Après les tempêtes de grêle, les bâches
tendues provisoirement pour protéger
les toitures en tuiles détruites ont créé un
mélange de couleurs inhabituel dans la
région de Tübingen-Reutlingen. À certains
endroits, 90 % des bâtiments ont été touchés.
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Munich Re Topics Geo 2013
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Peter Miesen et Alfons Maier
Les averses de grêle sont faciles à délimiter tant au
niveau géographique que temporel lorsque les grêlons sont d’une taille de 4 cm et plus. À partir de ce
seuil, il faut s’attendre à ce que les bâtiments soient
endommagés. C’est ce qui est arrivé le 27 juillet en
Rhénanie-du-Nord-Westphalie et en Basse-Saxe. Cet
orage de grêle, avec des grêlons mesurant jusqu’à
8 cm, a principalement touché les régions situées sur
une ligne s’étendant du nord-ouest de la Ruhr jusqu’à
Wolfsbourg. Le 28 juillet, des grêlons faisant même
jusqu’à 10 cm sont tombés principalement sur le
Bade-Wurtemberg, sur une ligne allant de VillingenSchwenningen jusqu’à Schwäbisch Hall. Le 6 août,
outre le Bade-Wurtemberg, ce sont également la Saxe
et la Bavière qui ont été touchées par un épisode de
grêle. Lors de cet événement, un grêlon de 14 cm de
diamètre a été découvert à Undingen, petite localité
du Jura souabe – on n’avait encore jamais vu d’échantillon de cette taille en Allemagne. À l’échelle mondiale,
le plus gros spécimen observé est un grêlon d’environ
20 cm de diamètre trouvé aux États-Unis (Vivian,
Dakota du Sud) le 23 juillet 2010.
Hamburg
Berlin
Hannover
Wolfsburg
Düsseldorf
Frankfurt am Main
Stuttgart
Reutlingen
München
Des conditions météorologiques idéales pour
des orages
C’est un creux barométrique persistant au-dessus de
l’Atlantique Est qui a été responsable de ces orages et
qui a déterminé les conditions météorologiques en
Europe occidentale à la fin du mois de juillet. De fait,
les conditions idéales pour l’apparition d’orages
­violents étaient réunies, sans qu’aucun événement
concret ne puisse être rattaché à une dépression précise. Le 27 juillet, ce sont plutôt plusieurs systèmes
convectifs de méso-échelle (SCM) qui se sont formés
en raison de petites perturbations prises dans un courant de fond sud-ouest chaud et humide. Nichées dans
ces SCM, ce sont des supercellules (mésocyclones)
qui ont déclenché les averses de grêle extrêmes, les
vents descendants et les fortes précipitations.
Le SCM du 27 juillet s’est formé dans la partie ouest
de l’Allemagne et a été responsable des dégâts occasionnés par la grêle dans la partie nord. Le 28 juillet
après-midi, dans le Bade-Wurtemberg, la ligne d’orages
supercellulaires a rencontré, comme cela est souvent
le cas, le front alors en place (front froid de la dépression Andreas), le long d’une ligne dite « ligne de
convergence ». L’épisode du 6 août ressemblait fortement aux orages de fin juillet, car il s’est formé lui
aussi suite à un creux barométrique.
Des dégâts importants dans des zones densément
peuplées
Selon les données de la GDV, les violentes tempêtes
de grêle ont laissé derrière elles des dommages s’élevant au total à plus de 4 milliards d’€. Sur ce montant,
près d’1 milliard d’€ incombe aux assurances Automobile, tandis que les assureurs Dommages ont enregistré près d’1 million de sinistres causés aux habitations
Orages en Allemagne, 27–28 juillet et 6 août 2013
Chutes de grêle avec des
grêlons de plus de 4 cm les 27 et
28 juillet ainsi que le 6 août
Source : Munich Re, sur la base
des données de l’ESSL (Euro­
pean Severe Storms Laboratory)
4–5 cm
5–6 cm
6–7 cm
7–8 cm
8–12 cm
27 juillet 2013
28 juillet 2013
6 août 2013
ainsi qu’aux entreprises et à leurs équipements, et se
chiffrant à 3,1 milliards d’€. Deux facteurs ont favorisé
l’étendue des dégâts : la taille exceptionnelle des grêlons et le passage des tempêtes de grêle au-dessus de
zones densément peuplées.
Les dommages types constatés sur les bâtiments – en
particulier les anciennes constructions – ont été des
tuiles démolies ou transpercées sur les toits, laissant
passer de l’eau de pluie à l’intérieur des bâtiments.
D’importants dégâts ont notamment été occasionnés
dans le Bade-Wurtemberg, qui, le 29 juillet, c’est-àdire le lendemain de la violente averse de grêle, a été
traversé par un épisode pluvieux étendu. La station
météo de Stuttgart-Echterdingen a enregistré la deuxième plus forte valeur (30 mm) en termes de précipitations journalières des 12 mois précédents.
De manière générale, les installations solaires – aussi
bien la thermie solaire que le photovoltaïque – n’ont
pas résisté aux violentes averses de grêle. En effet, les
panneaux ne sont pas conçus pour résister à des grêlons de 8 cm et plus.
Munich Re Topics Geo 2013
27
PORTRAITS DE CATASTROPHES
­
Une réaction rapide permet de
réduire les dégâts liés à la grêle
Peter Philipp dirige depuis plusieurs années le département des
sinistres au sein de la SV SparkassenVersicherung avec pour ­
mission de développer la gestion des sinistres active et orientée vers
le client. Après le passage de 2 tempêtes de grêle violentes, son
équipe a pu démontrer qu’une planification proactive porte ses fruits.
Munich Re : Monsieur Philipp, les
épisodes de grêle survenus en 2013
ont conduit à un sinistre record de
4 milliards d’€. En tant que principal
assureur de bâtiments d’une région
touchée, comment catégoriseriezvous ces sinistres ?
P. Philipp : La tempête de grêle survenue à la fin du mois de juillet 2013
était un évènement exceptionnel. Les
grêlons étaient pour certains aussi
gros qu’une balle de tennis. Ils se
sont abattus sur la région quasiment
à l’horizontale en raison de la tempête, et ont transpercé les vitres et
les volets roulants. Certaines maisons semblaient avoir subi des tirs
d’artillerie. Immédiatement après la
tempête de grêle, la SparkassenVersicherung a dû prendre en charge
plus de 70 000 sinistres, tout particulièrement dans le Bade-Wurtemberg.
Le 6 août, nous avons subi une nouvelle tempête qui a causé plus de
15 000 sinistres supplémentaires.
Quelle est votre priorité après un tel
sinistre de masse ?
Lors de tels orages, le plus important
est de constater aussi vite que possible les dégâts, afin d’en venir rapidement au règlement. Après la tempête
de grêle, nous avons immédiatement
envoyé 300 inspecteurs-régleurs et
experts. Ils ont été à l’œuvre sur le terrain même le samedi et le dimanche.
Après une semaine, nous avions déjà
enregistré 33 000 sinistres et ainsi
entamé le règlement pour la moitié
d’entre eux.
28
Munich Re Topics Geo 2013
Étiez-vous préparé à de tels chiffres ?
Quand les clients sont-ils indemnisés ?
Le grand défi de ce sinistre massif
a été, d’une part, de définir des priorités. D’autre part, nous devions soutenir nos clients afin que les dégâts
puissent être rapidement réparés. Et
ce, même en période de vacances.
Nous avons pris la décision d’inspecter tous les sinistres à partir de
3 000 € et nous avons d’ailleurs
réussi à le faire.
Notre devise a toujours été : « inspection plus un jour ». Cela signifie que
les clients ont été indemnisés le lendemain des expertises. Lorsqu’il nous
était impossible de prévoir le montant total du sinistre, nous sommes
convenus d’un paiement partiel. En
revanche, lorsque les dommages
étaient immédiatement calculables,
nous avons versé l’intégralité de l’indemnisation aux clients.
Comment se déroule une expertise
de dommages occasionnés par la
grêle ?
Nos experts regardent ce qui, précisément, a été endommagé : tuiles,
façades, isolations, mobilier ; et dans
le cas de bâtiments industriels ou
d’entreprises, bien entendu les installations techniques et commerciales.
Les manques à gagner sont également pris en compte. Ensuite, ils
vérifient immédiatement s’il est possible de réduire les dommages, si
une réparation est envisageable ou si
un élément doit être totalement remplacé. À la fin de l’expertise, ils calculent à combien s’élèvent les dommages et en discutent avec le client.
Avez-vous déjà eu des retours positifs de la part de vos clients, vous
disant combien ils ont été satisfaits
de la manière dont vous avez géré le
règlement de ce sinistre ?
La procédure mise en place a été très
bien accueillie, aussi bien par nos
clients que par nos partenaires commerciaux. Fin 2013, nous avions déjà
fini de régler la moitié des sinistres.
Le montant des indemnisations
atteignait plus de 300 millions d’€ à
ce stade. Comme nous avons effectué
de nombreuses inspections et des
règlements rapides, et que nous avons
obtenu le soutien concret d’entreprises spécialisées, il y a eu plusieurs
effets positifs. La comparaison avec
d’autres montants de sinistres après
des épisodes de grêle d’une violence
semblable montre que nous avons
réalisé des économies de près d’un
tiers. Et pourtant, la tempête de grêle
qui s’est abattue fin juillet s’est avérée
être la plus grande catastrophe naturelle jamais traitée par notre société.
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Les façades des maisons, isolées au moyen d’un système de gestion thermique, se sont elles aussi révélées être vulnérables. L’enduit supérieur est nettement
plus fin que celui qui était utilisé sur les anciennes
façades, ce qui réduit la résistance à la grêle. Les grêlons peuvent décrépir les façades jusqu’au tissu armé.
En raison du tournant énergétique, les dommages de
ce type – par exemple sur les installations solaires –
surviendront plus fréquemment à l’avenir.
Étant donné que la vulnérabilité de certaines parties
précises des bâtiments, telles que les installations
solaires, augmente de façon globale, celles-ci sont
désormais testées de manière beaucoup plus intensive. Le secteur de l’assurance apporte dans ce cadre
son soutien au centre de recherche de l’Insurance Institute for Business & Home Safety (IBHS), situé en
Caroline du Sud (États-Unis). Des vidéos impressionnantes montrant certains tests peuvent être visualisées sur le site Internet www.disastersafety.org.
Les orages de grêle survenus en Allemagne ont également pesé sur les assurances Transport et Automobile.
Non seulement de nombreuses concessions mais aussi
de grandes aires de stockage de fabricants de voitures
ont été durement touchées. La violence de la grêle a
bosselé de nombreuses carrosseries et fait voler en
éclats de nombreux pare-brise. Un constructeur automobile à Wolfsbourg a dénombré à lui seul plus de
10 000 véhicules endommagés. Une aire couverte a
été spécialement aménagée pour pouvoir expertiser
les véhicules. Dans les environs de Zwickau, des zones
de stockage avec plusieurs milliers de véhicules ont
aussi été touchées.
Fin juillet, dans une aire de stockage en France, on a pu
constater les dégâts considérables que peut provoquer
la grêle. Les pare-brise d’environ 70 % des véhicules
entreposés ont été brisés, laissant ainsi l’eau pénétrer
à l’intérieur des véhicules. En raison des dommages
électriques causés, les coûts des réparations ont augmenté de manière considérable, et pour 80 % environ
des véhicules, un sinistre total a été déclaré.
Les façades récentes bien isolées
avec un enduit supérieur fin
se révèlent vulnérables à la grêle.
Le nombre considérable de déclarations de sinistres a
mis à rude épreuve le service de gestion des sinistres
des compagnies d’assurance. Les plans d’urgence en
cas de sinistres de masse ont toutefois bien fonctionné. Les sinistres ont été réglés rapidement et les
paiements effectués promptement. Pour procéder
aux réparations, des couvreurs et des entreprises
d’échafaudages sont venus de toute l’Allemagne.
Dans le cadre de cet évènement extrême, les services
chargés des sinistres au sein des compagnies d’assurance ont pu démontrer toutes leurs compétences.
Non seulement les assurés ont été rapidement pris en
charge, mais la coordination et l’intervention des
prestataires se sont déroulées sans heurt.
NOS EXPERTS :
Peter Miesen est consultant senior
pour les risques météorologiques
au sein du département Souscription
Entreprise. Il conçoit et teste des
modèles de tempête et établit les
­estimations des dommages après les
grandes tempêtes.
[email protected]
Dr. Alfons Maier occupe le poste
de consultant senior chez HSB Loss
Control Engineering.
[email protected]
Munich Re Topics Geo 2013
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PORTRAITS DE CATASTROPHES
Une année calme en ouragans
et en tornades
Au cours des 10 dernières années, le centre et l’est des États-Unis ont
souvent subi d’importantes catastrophes météorologiques. Après les
années cycloniques désastreuses 2004, 2005 et 2008, après l’ouragan
Sandy de 2012 et les violents épisodes de tornades en 2008 et 2011,
2013 a été une année relativement calme. Mais, pourquoi ce calme ?
Andrew Moore et Mark Bove
La saison cyclonique sur l’Atlantique Nord en 2013 a été
l’une des moins actives des dernières années : 13 tempêtes baptisées, 2 ouragans de catégorie 1 sur l’échelle
Saffir-Simpson et aucun ouragan violent (de catégorie 3 à 5). L’activité s’est située à environ 30 % de la
valeur normale, selon l’indice Accumulated Cyclone
Energy (ACE), qui mesure la durée et l’intensité des
cyclones tropicaux sur une année. Même si le nombre
des tempêtes se situait légèrement au-dessus de la
valeur moyenne de longue durée, la plupart a rencontré des conditions météorologiques défavorables et
est donc restée faible, et n’ont pas duré longtemps.
Le nombre d’ouragans (2) fut le plus faible depuis 1982,
et l’intensité maximale atteinte par une tempête pendant la saison est restée autour de 75 kn (140 km/h),
la valeur la plus faible depuis 1968. La saison des
ouragans de 2013 a été la première depuis 1994 à ne
pas enregistrer d’ouragan violent. Compte tenu de
cette saison relativement inactive, cela fait 8 ans
qu’aux États-Unis, il n’y a pas eu d’ouragan violent qui
se soit abattu sur les terres, et cela correspond à la
pause la plus longue depuis le début des enregistrements, en 1878.
Avant la saison, on s’était attendu à une activité considérablement plus importante car, en raison des conditions ENSO neutres, le cisaillement du vent attendu
était faible. En outre, les températures attendues à la
surface de l’Atlantique tropicale devaient être supérieures à la normale. Même si le cisaillement du vent
en Atlantique centrale s’est maintenu effectivement
en dessous des valeurs normales, ce qui a réduit le
développement des cyclones tropicaux, il a été supérieur aux normales dans les Caraïbes et dans le Golfe
du Mexique, ce qui a été également défavorable au
développement des tempêtes dans ces régions. La
température de la surface de la mer pour l’Atlantique
tropicale a été légèrement supérieure aux normales,
mais moins élevée que prévu. Ce sont essentiellement
d’autres facteurs atmosphériques qui ont empêché
la formation de cyclones tropicaux en 2013, et la plupart ne sont prévisibles actuellement que quelques
semaines à l’avance.
Pourquoi y a-t-il eu aussi peu d’ouragans ?
Les ouragans ont besoin d’un environnement où
constamment de l’air chaud et humide en surface de
la mer afflue dans le système, ce qui peut extraire
d’énormes quantités d’énergie de l’océan. C’est ce qui
Saison cyclonique 2013 : tableau comparatif
Période
Tempêtes tropicales
Ouragans
baptisées
Ouragans violents
(cat. 3 à 5)
Indice ACE
Moyenne
1950–2012
11,6 6,3
2,7103
Moyenne de phases
chaudes (1995–2012)
15,2
8
3,7
139
144
Saison 2008
16
8
5
Saison 2009
9
3
2
51
Saison 2010
19
12
5
165
Saison 2011
19
7
4
125
Saison 2012
19
10
2
133
Saison 2013
13
2
0
33
30
Munich Re Topics Geo 2013
Comparaison de l’activité cyclonique dans l’Atlantique pendant
la saison 2013 avec celle des 5
années précédentes et 2 valeurs
moyennes historiques. Bien que
le nombre des tempêtes baptisées
pour 2013 se situe entre les
valeurs moyennes sur le long
terme et la période active la plus
récente, le nombre d’ouragans et
d’ouragans violents a été largement inférieur à la valeur normale.
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Anomalies dans l’humidité relative de l’air pendant la période d’août à octobre à 500 hPa
(environ 5 000 m d’altitude) pour 2013 (à gauche) et pour les saisons cycloniques actives (à droite)
2013
35 N
35 N
Saisons cycloniques actives
30 N
30 N
25 N
25 N
20 N
20 N
15 N
15 N
10 N
10 N
5N
5N
EQ
EQ
5S
100 W 90 W 80 W 70 W 60 W 50 W 40 W 30 W 20 W 10 W
5S
100 W 90 W 80 W 70 W 60 W 50 W 40 W 30 W 20 W 10 W
0
–12 –9–6–3 0 3 6 9 12
–12 –9 –6 –3 0
3
6
0
On note l’absence d’humidité dans les couches
moyennes en 2013 par rapport aux années actives.
9 12
Intensité de l’African Easterly Jet (AEJ) pendant la période d’août à octobre en 2013 (à gauche) et
pour les saisons cycloniques actives (à droite)
Au pic de la saison 2013, l’AEJ était de 2 à 4 m/s plus faible, ce qui a induit une plus faible formation
de tourbillons et limité la formation potentielle de cyclones.
2013
30 N
Saisons cycloniques actives
30 N
25 N
25 N
20 N
20 N
15 N
15 N
10 N
10 N
5N
5N
EQ
EQ
5S
5S
10 S
50 W 40 W 30 W 20 W 10 W
2 3 4 5 6
7 8
0
10 E
20 E 30 E 40 E 50 E
9 10 11
entretient la convection qui sert de moteur à l’ouragan. Un environnement sec entraîne l’évaporation et
le refroidissement, ce qui fait que l’air froid descend à
la surface et la source d’énergie de l’ouragan s’épuise.
Le mélange d’air froid alimentant la zone et d’air descendant dans les couches supérieures a entraîné une
sécheresse extrême au-dessus de l’Atlantique tropical
pendant le pic de la saison cyclonique 2013. C’est la
cause principale du calme qui a caractérisé la saison.
Une zone de haute pression inhabituellement forte au
large des côtes espagnoles a entraîné de l’air sec et
continental de l’Europe et du Sahara vers le sud de
l’Atlantique tropical. De ce fait, les zones de convergence intertropicales ont aussi été entraînées plus
vers le sud que d’habitude. Cela a réduit le flux d’humidité au-dessus de l’équateur, dans la région de la
côte ouest de l’Afrique, là où la plupart des ouragans
se forment. Dans les couches supérieures de l’atmosphère, un schéma de vents convergents s’est maintenu
pendant la majeure partie de la saison et, par un
réchauffement adiabatique, ces vents ont provoqué
un fort mouvement descendant et un assèchement de
l’atmosphère. Normalement, une convergence dans
les couches supérieures n’a lieu que provisoirement et
10 S
50 W 40 W 30 W 20 W 10 W
2 3 4 5 6
7 8
9 10 11
0
10 E
20 E 30 E 40 E 50 E
Source : NOAA
est toujours remplacée par un courant divergent qui
permet à l’air de monter, ce qui favorise la formation
de l’ouragan. Des indications provisoires provenant de
travaux de recherche permettent de supposer que des
anomalies chaudes de la mer au niveau de l’Asie du
Sud-Est pourraient avoir contribué à cette situation.
Un autre facteur expliquant le calme d la saison cyclonique pourrait être l’affaiblissement exceptionnel en
2013 de l’African Easterly Jet (AEJ), responsable de la
formation des tourbillons au large des côtes africaines.
Ce jet-stream qui souffle de l’est vers l’ouest, est
entraîné par les fortes différences de température
entre la chaleur du Sahara et l’eau relativement froide
du Golfe de Guinée. Plus de 80 % des ouragans
sévères ayant lieu dans l’Atlantique naissent des tourbillons qui se forment au large de l’Afrique. Cependant, au pic de la saison des ouragans de 2013, l’AEJ
se situait à 2-4 m/s en dessous de la moyenne, ce qui
offrait une impulsion de tourbillonnement amoindrie
pour la formation des cyclones tropicaux.
Munich Re Topics Geo 2013
31
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Une faible saison de tornades au printemps
En 2013, les États-Unis ont enregistré moins de
1 000 évènements sur tout le territoire, ce qui est le
nombre le plus faible de tornades depuis plus de
2 décennies. Selon le recensement des prévisions de
tempêtes de la NOAA, l’activité aux États-Unis des
3 risques que représentent les tornades, la grêle et les
vents forts est restée en 2013 bien en dessous de la
moyenne 2003–2012, le plus grand écart par rapport
à la moyenne ayant été enregistré pour les tornades.
Une comparaison du nombre de tornades en 2013
avec les valeurs de 2003 à 2012 montre qu’au cours
de la période de mars à mai, pendant laquelle survient
normalement la moitié au moins des tornades de l’année, il s’est produit en 2013 environ 260 tornades de
moins qu’en moyenne. Cela représente le nombre de
tornades le plus faible depuis 1989.
L’absence d’activité de tornades au printemps a été
due en partie à une forte zone de haute pression audessus du nord-est du Pacifique, ce qui a conduit le
jet stream polaire à évoluer largement plus vers le
nord que d’habitude, jusqu’en Alaska, avant de tourner vers le sud au-dessus de l’est des États-Unis.
D’après ce schéma, les masses d’air froid arctiques
ont pu se déplacer du centre des États-Unis vers le
sud et stabiliser l’atmosphère. Cela a permis également d’éviter que de l’air tropical chaud et humide
provenant du golfe du Mexique se déplace vers l’intérieur des terres. Il y a donc eu moins de chaleur et
d’humidité nécessaires à la formation d’orages violents.
Par contre, les 3 années de tornades les plus actives
des dernières années (2004, 2008, 2011) ont été
caractérisées par le fait qu’au printemps, le jet stream
s’est déplacé depuis les Montagnes Rocheuses vers le
sud pour revenir ensuite vers le nord par les Plaines
Centrales et l’est des États-Unis. Du fait de ce profil
d’évolution, souvent associé au phénomène La Niña,
de l’air tropical chaud et instable est parvenu au
centre de l’Amérique du Nord et a favorisé la formation d’orages violents. Le calme de la saison des tornades de 2013 a été l’écho d’une année ENSO neutre.
Évènements importants
En 2013 ont été enregistrés 4 épisodes d’intempéries
violentes qui ont occasionné des dommages assurés
de plus d’un milliard de $US chacun. Le premier évènement du 18 mars a compté 10 tornades qui, accompagnées de grêlons gros comme des balles de tennis,
ont frappé plusieurs villes du sud-est des États-Unis.
On estime les pertes assurés à 1,6 milliard de $US,
principalement dues à la grêle. Le quatrième évènement a été l’épisode de tornades le plus important
jamais observée en novembre : 75 tornades qui ont
entraîné des sinistres à grande échelle dans les zones
de l’Illinois et de la vallée de l’Ohio.
Les deuxième et troisième évènements de la saison
ont été les plus importants. Ils sont survenus l’un et
l’autre fin mai, au-dessus du Midwest des États-Unis,
32
Munich Re Topics Geo 2013
Vague de froid
Les anomalies de températures de surface, de mars à mai 2013, montrent des
conditions inhabituellement froides dans
une grande partie de l’est des États-Unis.
–3 –2–1 0 1 2 3
Source : NOAA
à une période où plusieurs perturbations importantes
se déplaçaient le long d’un front pratiquement stationnaire sur toute la zone et ont déclenché des orages
violents consécutifs pendant 2 semaines. Les tempêtes
ont laissé derrière elles de nombreux dégâts du Texas
jusqu’au Michigan, mais surtout dans et autour de
l’Oklahoma. Le 20 mai, une tornade EF5 a traversé les
villes de Newcastle et de Moore dans l’Oklahoma. Elle
a constitué la quatrième tornade grave ayant frappé
ces sites depuis 1999. Elle a dévasté en grande partie
les 2 villes, détruit plus d’un millier de maisons et
endommagé fortement l’hôpital local et 2 écoles primaires. À elle seule, la tornade de Moore a coûté la vie
à 26 personnes et fait presque 400 blessés. Le préjudice total s’est élevé à près de 2 milliards de $US.
Deux semaines plus tard, un autre front d’intempéries
a entraîné une tornade à l’ouest de la ville d’El Reno,
dans l’Oklahoma. Avec une largeur de 4,2 km, c’est la
plus large tornade jamais observée. Par chance, cette
tornade EF3 a balayé essentiellement des terrains non
habités, les dommages aux bâtiments ont donc été
limités. Toutefois, en raison de sa taille et de sa trajectoire imprévisible, cette tornade a coûté la vie à 3
observateurs météorologiques qui ont été surpris par
la violence de la tempête. Au total, les violents orages
de la fin mai ont généré des sinistres assurés de plus
de 3,2 milliards de $US.
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Aspects liés à l’assurance et à la souscription
La gestion des risques d’orages violents dans un portefeuille comportant des risques immobiliers reste une
tâche compliquée. Les sinistres escomptés peuvent
certes être atténués par une modification des conditions contractuelles, par exemple l’introduction de
franchises en cas de grêle, mais le problème de l’accumulation des risques assurés n’en est pas résolu pour
autant. L’une des méthodes les plus efficaces de limitation des dégâts potentiels liés à des orages violents
reste la limitation de l’exposition aux risques de cumul
sur un espace réduit et la diversification du portefeuille
avec des risques immobiliers de différents types. Ce
type de gestion géographique peut permettre de
réduire l’accumulation des sinistres lors d’épisodes
importants et l’impact d’une petite tornade violente ou
du passage dune tempête de grêle quand les mesures
sont appliquées pour l’ensemble d’un portefeuille.
Le montant des dommages assurés causés par les
phénomènes d’intempéries aux États-Unis en 2013
est estimé à 10,5 milliards de $US. Cela représente
environ 4 milliards de $US de moins par rapport à la
moyenne de 14,8 milliards de $US pour 2008–2012.
La moyenne actuelle sur 5 ans est supérieure de
presque 8 milliards de $US à celle d’il y a encore 10
ans, et correspond à plus de 7 fois la moyenne des
années 1980–1984.
Les facteurs socio-économiques sont en majorité à
l’origine de l’augmentation des dégâts provoqués par
les orages violents. La migration vers le sud de la
population des États-Unis a entraîné une croissance
rapide dans les zones vulnérables au cours des 50
dernières années, ce qui accroît la probabilité que des
personnes se trouvent touchées par un évènement.
Les prix de l’immobilier et de la construction ont
continué de monter, et les normes de construction
sont insuffisantes dans de nombreuses zones vulnérables aux intempéries. Les changements climatiques
jouent, eux aussi, un rôle important (voir l’article sur
les orages violents, page 46).
NOS EXPERTS :
Andrew Moore est Senior Catastrophe
Risk Analyst dans le département
Underwriting Services/Risk Accumulation chez Munich Reinsurance America,
Inc. Il est spécialisé dans le domaine
des risques météorologiques.
[email protected]
C’est la grêle qui provoque la plupart des dégâts lors
d’orages violents. C’est pour cela que, même si l’activité
des tornades est faible, les dommages assurés peuvent
se chiffrer en milliards de $US. Cependant, il est possible de minimiser facilement les dégâts dus à la grêle
par l’utilisation de matériaux de construction appropriés, par exemple des couvertures de toits robustes,
des revêtements résistants sur les murs extérieurs et
l’utilisation de fenêtres solides. Des techniques de
construction appropriées comme les protections antitempête aux jonctions entre les murs et le toit peuvent
également réduire le risque de dégâts dus au vent sur
un bâtiment. Mais ces moyens ne peuvent pas offrir
une protection totale face à une tornade violente.
80
Mark Bove est Senior Research Meteorologist dans le département Underwriting Services/Risk Accumulation
chez Munich Reinsurance America, Inc.
Son domaine de compétence est la
modélisation des risques liés aux
catastrophes naturelles aux États-Unis.
[email protected]
Valeurs annuelles 1 400
Valeurs quotidiennes
1 350 jusqu’au 31 décembre
70
60
1 200
1 000
898 jusqu’au 31 décembre
50
800
40
600
30
400
20
200
10
0
0
Janv.
Fév.
Mar.
Avr.
Mai
Juin
Juil.
Août
Sep.
Oct.
Nov.
Déc.
Nombre de jours de tornades et
fréquence cumulée
La courbe de la fréquence cumulée
annuelle des tornades observées par jour
en 2013 a évolué bien en dessous de la
courbe moyenne de la période 2003–2012.
Les valeurs moyennes quotidiennes et
annuelles ressortent de rapports locaux
provisoires concernant les tempêtes.
Fréquence cumulée annuelle
moyenne (2003–2012)
Fréquence cumulée 2013
Moyennes quotidiennes (2003–2012)
Valeurs quotidiennes 2013
Source : NOAA, National Weather Service,
Storm Prediction Center
Munich Re Topics Geo 2013
33
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Un flash de lumière
dans le ciel de Tcheliabinsk
Le matin du 15 février 2013, une lumière éblouissante est apparue dans le
ciel au-dessus de la ville russe de Tcheliabinsk. Peu après est survenue
une déflagration violente qui a fait voler des milliers de vitres de fenêtres
en éclats et causé des dégâts qui se sont chiffrés en millions. Il s’est
avéré qu’il s’agissait d’une météorite de plusieurs milliers de tonnes qui a
explosé en pénétrant dans l’atmosphère.
Du fait que, par un matin d’hiver froid et dégagé,
de nombreuses personnes ont filmé la lumière
du météoroïde avec leurs téléphones portables
ou des caméras de recul, cet événement de Tchebarkoul constitue la chute de météorite la mieux
documentée de l’histoire de l’humanité. Les
météoroïdes sont appelés météorites dès lors
qu’ils s’écrasent sur la Terre.
34
Munich Re Topics Geo 2013
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Jan Eichner
À 9 h 20 (heure locale), un corps céleste de quelque
17 m de diamètre est entré en angle plat dans l’atmosphère terrestre, au-dessus du sud de l’Oural, dans la
région de Tcheliabinsk, ville russe comptant plus d’un
million d’habitants. L’objet venait du sud-est, à une
vitesse de 18,5 km/s. Le bolide estimé à plus de
12 000 t a explosé à une altitude de 25 km environ,
libérant une énergie équivalente à environ 500 kt de
TNT (soit 30 fois la puissance dégagée par la bombe
atomique d’Hiroshima). La luminosité provoquée par
l’explosion a été pendant un bref instant 30 fois plus
vive que celle du soleil.
Cette lumière dans le ciel a éveillé la curiosité de
nombreuses personnes qui ont couru vers les fenêtres
et dans les rues. Il a fallu environ 3 minutes pour que
l’onde de choc arrive du point de l’explosion, à 60 km
de distance, jusqu’à Tcheliabinsk. D’innombrables
fenêtres ont explosé et les éclats de verre ont blessé
de nombreux habitants. L’événement, notamment la
traînée lumineuse et l’explosion, a été filmé par de
nombreuses caméras de recul et téléphones portables et diffusé peu après sur Internet. Ces images
constituent la documentation la plus importante
obtenue jusqu’à présent sur l’impact d’une météorite.
Au regard de ses caractéristiques, cet « airburst »
(explosion aérienne) peut être clairement qualifié de
petit « Toungouska », un événement survenu en 1908.
À l’époque, un météoroïde ou une comète de vraisemblablement 40 à 70 m de diamètre avait explosé à une
altitude comprise entre 8 et 10 km au-dessus de la
région de la Toungouska, en Sibérie, peu avant de
s’écraser. Avec une puissance équivalente à plus de
1 000 fois celle de la bombe d’ Hiroshima, l’onde de
choc avait détruit une forêt d’environ 80 millions
d’arbres sur un rayon de 30 km.
Dans un contexte d’imprécisions, on attribue à l’événement de Tchebarkoul une période de retour de 40 à
100 ans, bien que des indices montrent qu’il s’agit
plutôt d’un événement qui revient tous les 40 ans. En
termes d’ampleur, la force explosive était inférieure à
celle de l’événement de la Toungouska, mais comparable à celle de l’impact de Curuçá (Brésil) survenu en
1930, et plus puissante que celle enregistrée par des
mesures d’infrasons lors de l’événement survenu en
1963 à proximité de l’archipel du Prince-Édouard situé
au sud de l’Afrique.
Panorama des dommages
Rôle des assurances
Malgré l’éloignement du lieu de l’explosion, l’onde de
choc a été si violente que les fenêtres d’environ 7 000
bâtiments ont volé en éclats et que des dommages ont
aussi été causés à la structure des bâtiments. Cela a
même provoqué l’effondrement du toit d’une usine. La
majorité des quelque 1 500 blessés ont subi des coupures par éclats de verre ; plus de 40 personnes ont
dû être hospitalisées. Aucun décès n’a été signalé. En
raison des très basses températures à cette période à
Tcheliabinsk – dans les nuits qui ont suivi l’impact, le
thermomètre est descendu jusqu’à –15 °C –, d’autres
dommages sont survenus. Par exemple, dans les logements où des fenêtres avaient été brisées, des conduites
d’eau ont gelé.
Les dégâts matériels (en majorité bris de verre, mais
aussi quelques dommages au niveau de la structure
des bâtiments) ont été estimés à plus d’un milliard de
roubles (35 millions de $US). Cela n’a eu aucune incidence sur le secteur mondial des assurances, notamment parce que l’assurance russe des bâtiments n’est
pas réassurée. Les coûts relatifs aux traitements des
blessés pour la plupart légers ont été pris en charge
par l’assurance sociale d’État, l’assurance médicale
obligatoire russe (OMS).
Analyse scientifique
Des fragments de la météorite de quelques millimètres jusqu’à des fragments de la taille d’un poing
ont été retrouvés immédiatement après le phénomène à proximité du lac Tchebarkoul, qui a donné son
nom à la météorite. À la mi-octobre 2013, soit 8 mois
après l’évènement, des plongeurs sont parvenus à
extraire un fragment de plus de 600 kg hors du lac.
Lors de l’impact, il avait formé un trou d’environ 6 à
7 m dans la couche de glace. Les analyses ont révélé
que la roche relève de la classe des « chondrites ordinaires » et appartient donc au type de météorites le
plus répandu dans notre système solaire, dont l’origine
est localisée au niveau de la ceinture d’astéroïdes.
Contexte historique
Les impacts de météorites peuvent relever d’une
variété de polices d’assurance. Dans les polices d’assurance Tous risques, les dommages causés par un
impact, une onde de choc ou un incendie sont couverts
intégralement. Dans les polices d’assurance dites « de
péril dénommé », les dommages causés par un incendie sont généralement couverts intégralement, mais
pas les dommages occasionnés par un impact ou une
onde de choc. À l’inverse, les assurances contre les
risques naturels ne couvrent généralement pas les
impacts de météorites. L’assurance Incendie pour bâtiments d’habitation comprend les dommages occasionnés par l’incendie, même lorsque celui-ci découle
d’une explosion ou d’un impact de météorite. Les
assurances des risques industriels étendues ne prévoient pas de couvertures pour les dommages occasionnés par un impact, dans la mesure où il n’a été
convenu explicitement d’aucune couverture. Les
assurances Corps couvrent les incendies et les bris de
verre, mais peuvent aussi exclure les chutes de pierres.
Dans le cadre d’une assurance RC Automobile et
assurance Tous risques automobile, les accidents de la
circulation survenus suite à un impact sont couverts.
Munich Re Topics Geo 2013
35
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Greenland
La trajectoire du météoroïde de Tchebarkoul
60˚E
65˚E
70˚E
75˚E
80˚E
85˚E
90˚E
Iceland
Sweden
Sverdlovsk
Denmark
Neth.
Poland
Belarus
BelgiumGermany
Lux. Czech Rep
Slovakia
Ukraine
Moldova
AustriaHungary
France Switz. Slovenia
Croatia Romania
Italy
Bosnia &
Serbia &
Herzg.
Andorra
Montenegro
Bulgaria
Macedonia
U. S. A.
Omsk
Novossibirsk
Portugal
Azores
(Portugal)
Albania
Spain
The Bahamas
Cuba
Guatemala
El Salvador
Jamaica
Haiti
Belize
Honduras
Costa Rica
Astana
Mali
Cape Verde
Senegal
Gambia
Guinea Bissau
Guinea
Venezuela
Guyana
French Guiana
Burkina
Nigeria
FasoBenin
Cote
Togo
Sierra Leone
D'Ivoire
Ghana
Cameroon
Liberia
Equatorial Guinea
Sao Tome & Principe
Colombia
500 km
Karaganda
Peru
Niger
Angola
Zambia
Namibia
1 000 km
Chile
South Africa
Chine
Falkland Islands
Almaty
Il en va de même pour les assurances Vie et Invalidité.
Les assurances Annulation de manifestations peuvent
également couvrir des impacts de météorites, mais
elles se limitent aux éventuels manques à gagner et
excluent les dommages matériels.
Situation générale du risque lié aux météorites
Les impacts de gros astéroïdes sont très rares. En
principe, la règle selon laquelle les plus petits sont les
plus fréquents s’applique, mais les objets d’un diamètre
inférieur à 20 m n’ont généralement aucune chance
de pénétrer dans l’atmosphère terrestre ou de causer
de gros dégâts au sol. L’illustration ci-après montre
l’état actuel des connaissances sur le rapport qu’il
existe entre la fréquence des impacts de météorites et
l’énergie cinétique générée. Les petits objets ne laissent
derrière eux aucune trace ni dommages (ils percutent
tout au plus des satellites ou des stations spatiales).
L’impact d’un objet d’environ 1 km de diamètre serait
en revanche tellement grave qu’il faudrait s’attendre,
en plus de la dévastation locale, à des conséquences
au niveau mondial (émissions de poussières suivies
de gel en été, altération de la couche d’ozone).
60˚E
65˚E
70˚E
75˚E
Le 15 février 2013, c’est-à-dire le jour de l’événement
de Tchebarkoul, un astéroïde d’environ 40 m, portant
la désignation 2012 DA14, est passé à seulement
27 000 km de distance de la Terre. Cette distance
représente moins d’un dixième de la distance TerreLune et est plus proche que l’orbite des satellites géostationnaires. Bien avant l’événement de Tchebarkoul,
cet astéroïde avait déjà fait l’objet d’une attention
médiatique considérable, même en dehors des médias
spécialisés dans ce sujet. Les reconstitutions de trajectoire excluent tout rapport entre la météorite de Tchebarkoul et l’astéroïde 2012 DA14, qui provient égale36
Munich Re Topics Geo 2013
Nepal
Taiwan
Myanmar Laos
Thailand
Vietnam
Philippines
Cambodia
Djibouti
Somalia
Sri Lanka
Brunei
Malaysia
Singapore
Uganda Kenya
Burundi
Tanzania
Malawi
I
Comoros
Mayotte (Fr.)
Mozambique
n
d
o
n
e
s
i
Papua
New Guinea
a
East Timor
Madagascar
Mauritius
Reunion (Fr.)
Source : Programme NEO NASA
South Georgia
Island
ment de la ceinture d’astéroïdes. La météorite n’est pas
un suiveur ou un fragment du 2012 DA14, comme cela
peut souvent être le cas avec les astéroïdes.
A n t a r c t i c a
La dernière fois que la Terre a échappé de justesse à
une grosse collision date du 23 mars 1989 : une roche
de 300 m d’épaisseur, portant la désignation 1989FC
(Asclepius) a raté la Terre de 700 000 km environ, ce
qui correspond à 2 fois la distance Terre-Lune. De
prime abord, cela ne semble pas particulièrement critique au niveau de l’espace. Mais au niveau du temps,
l’astéroïde n’a raté la Terre que de 6 heures, car il croisait exactement sa trajectoire.
Évaluation synthétique des risques
Bien que très rares, les impacts de météorites sont de
réelles menaces pour la Terre. Si l’on décompose
l’évaluation globale des risques (risque = menace x
vulnérabilité x valeurs exposées) en ses facteurs et
qu’on envisage ces derniers individuellement, on
obtient les évaluations suivantes :
En termes de danger, il n’existe actuellement pas de
menace élevée
Toutefois, il faut tenir
85˚E ou sérieuse.
90˚E
compte des limites de la prévisibilité : certes, plus de
90 % des astéroïdes potentiellement dangereux sont
pris en compte par ces prévisions (les astéroïdes qui,
au cours de leur trajectoire, pourraient frôler la Terre
de très près). Néanmoins, les prévisions de trajectoire
sont sujettes à de petites variations constantes, qui
peuvent, au fil des ans, se transformer en écarts
importants. La prévisibilité est également limitée par
les comètes. Les comètes proviennent pour la majorité de l’extérieur du système solaire et du fait de leur
orbite elliptique, on ne peut les observer directement
qu’au bout d’un temps extrêmement long (plusieurs
80˚E
Bhutan
Lieu de l’explosion
Ouroumtsi
Japan
Bangladesh
India
Swaziland
Lesotho
Argentina
Uruguay
Bahrain
Qatar Oman
U. A. E.
Pakistan
Trajectoire du météoroïde le 15 février
2013 : les chiffres indiqués en bleu
désignent l’altitude au-dessus de la
surface terrestre. La pénétration dans
l’atmosphère terrestre a eu lieu dans
la zone limitrophe entre le Kazakhstan
et la Russie.
Zimbabwe
Botswana
North Korea
South
Korea
Afghanistan
Ethiopia
Congo
Gabon
Rwanda
Dem. Rep.
Of Congo
Brazil
Kyrgyzstan
Tajikistan
Oman
Yemen
Eritrea
Sudan
Central African
Republic
Bolivia
Paraguay
Kazakhstan
Iran
Kuwait
Egypt
Chad
Uzbekistan
Turkmenistan
C h i n a
Saudi Arabia
Mauritania
Suriname
Ecuador
Libya
Western Sahara
(Occupied by Morocco)
Dom. Rep.
Nicaragua
Panama
Algeria
Mongolia
Georgia
Azerbaijan
Armenia
Turkey
North Cyprus
Syria
Cyprus
Lebanon
Israel
Iraq
Jordan
Malta
Canary Islands
(Spain)
Kazakhstan
Greece
Tunisia
Morocco
Mexico
Latvia
Lithuania
U. K.
Ireland
100 km
R u s s i a
R u s s i a
Estonia
Russie
Tcheliabinsk
Finland
Norway
C a n a d a
Australia
PORTRAITS DE CATASTROPHES
décennies voire plusieurs siècles). Cela implique que
la plupart des objets n’ont pas encore été découverts.
En cas d’impact d’astéroïde ou de comète, les conséquences de la chute d’objets de 30 à 500 m de ­diamètre
environ ressemblent (selon la composition chimique)
à celles de catastrophes naturelles classiques, comme
les tsunamis, tempêtes, incendies, séismes et éruptions
volcaniques (en partant du p
­ rincipe que chacune d’entre
elles soit d’une ampleur extrême).
En raison de la multiplicité des risques, l’exposition en
cas d’éventuelles chutes de météorites s’étend à quasiment toutes les catégories de polices d’assurance
courantes (Tous risques, Incendie, Corps, Vie, etc.). Si
la météorite tombe sur une région urbanisée, il y a lieu
de supposer que l’événement sera cumulatif. Mais la
probabilité de survenance d’un tel sinistre reste inférieure, dans une large proportion, à la probabilité de
gros dommages occasionnés par des catastrophes
naturelles telles que des tempêtes ou des séismes.
En termes de vulnérabilité, toutes les mesures de protection prises sur la Terre restent inefficaces face à de
telles énergies. Les stratégies et technologies de
défense envisageables ressortent presque exclusivement du secteur de l’aéronautique, mais il faut d’abord
les développer et les tester. En extrapolant les progrès
réalisés jusqu’à présent en termes d’investissement et
de développement, il faudra encore plusieurs années
avant qu’une technologie de défense efficace contre les
météorites soit disponible et testée. Dans ce contexte,
les aspects de responsabilité individuelle restent à
clarifier : quelle nation (ou groupe de nations) estime
disposer des compétences techniques pour endosser
la responsabilité de la mise en place d’une stratégie
de défense, même si d’après les prévisions, son propre
territoire n’est pas directement menacé par l’impact ?
Que se passe-t-il si la stratégie de défense échoue et
qu’ainsi, seul le lieu de l’impact change ?
NOTRE EXPERT :
Dr. Jan Eichner dirige le NatCat­
SERVICE au sein du département Geo
Risks Research/Corporae Climate
Centre. Il est physicien et est chargé
entre autres des risques liés aux modifications et des risques émergents
dans le domaine des risques naturels.
[email protected]
L’événement de Tchebarkoul comparé à d’autres impacts de météorites
1 Md Mt de TNT
Chicxulub, Mexique
100 M
10 M
1M
Source : NASA
Cratère du Ries, Allemagne
100 000
Rapport entre la fréquence et l’énergie
libérée par les impacts de météorites.
L’ajout de l’airburst de Tchebarkoul
dans ce graphique a été effectué par
Geo/CCC.
10 000
1 000
100
10
1
0,1
Toungouska, Russie
2012 DA14
Meteor Crater, É.-U.
(a seulement frôlé la
Terre en 2013)
Tchebarkoul, Russie (2013)
Explosion comparable à la bombe d’Hiroshima
0,01
0,001
année
siècle
10 000 ans
1 million
d’années
100 millions
d’années
Munich Re Topics Geo 2013
37
CLIMAT ET RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Peut-on parler d’un
arrêt du réchauffement
climatique ?
Le fait que la température globale n’augmente plus
que modérément ces derniers temps pourrait amener
à conclure que le réchauffement climatique touche
à sa fin. Les dernières découvertes portent cependant
à croire que ce ralentissement est dû à des facteurs
temporaires. Le Groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat (GIEC) estime qu’à long terme,
l’augmentation des températures devrait reprendre de
plus belle.
Eberhard Faust
Le réchauffement climatique a considérablement
ralenti au cours des 15 dernières années. Entre 1998
et 2012, la température moyenne globale n’a augmenté
que de 0,04 °C par décennie, soit environ un tiers des
valeurs enregistrées entre 1951 et 2012 (0,11 °C/décennie). La concentration en gaz à effet de serre dans l’atmosphère n’a cependant cessé de croître. On pourrait
en conclure que le réchauffement climatique toucherait à sa fin.
Dans la partie consacrée aux éléments scientifiques
de son 5e rapport d’évaluation (AR5 GIEC), publié en
septembre 2013, le GIEC arrive toutefois à d’autres
conclusions. Selon lui, il y a déjà eu par le passé des
phases de stabilisation de la température moyenne
mondiale. On retrouve d’ailleurs ce phénomène dans
les modèles climatiques qui simulent les changements
climatiques survenus dans le passé.
Les fortes précipitations augmentent particulièrement dans
les zones climatiques tempérées
et les zones tropicales humides,
en raison du réchauffement
­climatique.
Munich Re Topics Geo 2013
39
CLIMAT ET réchauffement CLIMATIQUE
Changements lors d’épisodes extrêmes
Phénomène
et tendance
Estimation d’un
­changement effectif
(généralement depuis
1950)
Estimation d’une
contribution
anthropogène au
changement
Probabilité que le changement perdure
Période 2016–2035
Période 2081–2100
Jours et nuits plus
chauds et/ou moins
froids sur la plupart des
territoires
Très probable
Très probable
Probable
Presque certain
Plus de jours et de nuits
plus chauds et/ou caniculaires sur la plupart
des territoires
Très probable
Très probable
Probable
Presque certain
Épisodes de chaleur/
vagues de chaleur.
­Augmentation de la
­fréquence et/ou de la
durée sur la plupart des
territoires
Confiance moyenne
à l’échelle mondiale.
Probable dans certaines régions (parties
de l’Europe, de l'Asie,
de l'Australie)
Probable
Non évalué
Très probable
Épisodes de fortes précipitations. Augmentation par fréquence,
intensité et/ou quantité
totale
Probablement plus
de régions affichant
une augmentation
qu’une diminution ;
très probable notamment au centre de
l’Amérique du Nord.
Confiance moyenne
Probable dans de
nombreuses régions
Très probable sur la
­plupart des territoires
dans les zones climatiques tempérées et
dans les zones tropicales humides
Sécheresse. Augmentation en intensité et/ou
en durée
Confiance faible à
l’échelle mondiale, probable dans certaines
régions
Confiance faible
Confiance faible
Probable à une échelle
régionale, voire mondiale
Augmentation des
cyclones tropicaux
­violents
Confiance faible sur les
100 dernières années ;
presque certain dans
l’Atlantique Nord
depuis 1970
Confiance faible
Confiance faible
Plus probable qu’improbable dans l’ouest du
Pacifique Nord et
l’Atlantique Nord
Augmentation des
occurrences ou de la
hauteur d’un niveau
extrêmement élevé
des mers
Probable
(depuis 1970)
Probable
Probable
Très probable
40
Munich Re Topics Geo 2013
CLIMAT ET réchauffement CLIMATIQUE
Le ralentissement temporaire de la hausse des températures s’explique entre autres par la variation naturelle, sur une période de plusieurs décennies, de la
température dans l’océan Pacifique, connue sous le
nom d’oscillation décennale du Pacifique (ODP). Au
cours de la phase négative de l’ODP, telle qu’elle s’observe depuis la fin des années 90, l’océan absorbe une
part plus importante de l’énergie thermique supplémentaire que pendant les phases positives, ce qui se
traduit par une diminution de la hausse de la température dans l’atmosphère. Certains modèles climatiques qui ont été initiés avec des données provenant
d’observations faites à la fin des années 90 – soit peu
avant le changement de phase de l’ODP – indiquent
ainsi une augmentation un peu plus faible de la température moyenne mondiale depuis 1998 que les
modèles ne tenant pas compte de ces données.
Outre la variation de température dans le Pacifique,
le rapport AR5 GIEC explique aussi le ralentissement
du réchauffement par la diminution du rayonnement
solaire : d’une part, son intensité a légèrement diminué
entre le maximum solaire de l’an 2000 et le minimum
solaire de 2009. D’autre part, de petites éruptions volcaniques ont, depuis l’an 2000, augmenté la quantité
d’aérosols dans l’atmosphère qui captent, de ce fait,
davantage le rayonnement du soleil.
Si l’on étudie le phénomène sur une période plus
longue, entre 1951 et 2012, l’ensemble de nouveaux
modèles climatiques utilisé pour le rapport illustre
assez bien la tendance effective au réchauffement.
On peut donc supposer que le réchauffement climatique n’est pas terminé et que la faible hausse des
températures enregistrée dernièrement n’atteste
aucunement de la défaillance des modèles. Dans la
mesure où tous les facteurs qui freinent actuellement
l’augmentation de la température mondiale sont en
principe réversibles, les auteurs du rapport escomptent
une nouvelle accentuation du réchauffement à longue
échéance.
À en croire le dernier rapport du GIEC, il est extrêmement probable que l’humanité soit responsable de
plus de la moitié de l’augmentation de la température
moyenne mondiale depuis 1951. Le groupe d’experts
appuie cette allégation sur un grand nombre d’observations et de résultats fournis par les modèles climatiques. Si l’on considère l’évolution de la concentration
en gaz à effet de serre, la fonte de la banquise arc-
tique, de la couverture neigeuse dans l’hémisphère
nord au printemps, des inlandsis, et du pergélisol
proche de la surface va aller croissant. Pour ce qui est
du niveau de la mer, les prévisions de l’AR5 GIEC sont
pessimistes. Jusqu’à la période allant de 2081 à 2100,
une hausse d’au maximum 82 cm par rapport à la
période courant de 1986 à 2005 serait possible, dans
le pire des cas. Le dernier rapport d’expertise prévoyait encore 59 cm seulement. Les habitats et les
infrastructures situés à proximité des côtes sont donc
de plus en plus menacés, particulièrement par des
raz-de-marée dont la hauteur est susceptible d’aller
en augmentant. Les systèmes de mousson risquent,
quant à eux, de durer plus longtemps avec une circulation moins importante, et de s’accompagner d’un
plus grand nombre de précipitations extrêmes.
Le rapport AR5 GIEC estime également que les
conditions météorologiques critiques vont probablement se multiplier sur le long terme, notamment les
fortes précipitations et, dans certaines régions, également les vagues de chaleur et les sécheresses, ainsi
que les orages violents ou les cyclones tropicaux. Certaines observations et prévisions peuvent désormais
être mieux délimitées sur le plan régional. Les incertitudes sont exposées avec transparence. Cependant, il
apparaît nettement que l’évolution du climat va probablement intensifier les risques dans de nombreuses
régions du globe.
La deuxième partie du rapport AR5 GIEC, consacrée
aux répercussions du réchauffement climatique sur
les secteurs socio-économiques et les régions paraîtra en mars 2014, suivie plus tard par une troisième
partie sur les mesures à prendre pour limiter le
réchauffement climatique.
NOTRE EXPERT :
Dr. Eberhard Faust est expert leader
pour les risques naturels au sein du
département Recherche en géorisques/Centre Entreprise Sciences
du Climat.
[email protected]
IPCC 2013 : Working Group I Contribution to the IPCC Fifth Assessment Report, Technical Summary, Climate Change 2013 :
The Physical Science Basis (http://www.ipcc.ch/report/ar5/wg1/)
Munich Re Topics Geo 2013
41
CLIMAT ET réchauffement CLIMATIQUE
Chiffres, faits et contexte
Selon les météorologues et les climatologues, l’année 2013 a
été ­marquée par des situations de pluies persistantes et des
températures extrêmes. L’étendue des glaces de mer en Antarctique
a connu un nouveau record, pour la deuxième fois consécutive.
Ernst Rauch et Eberhard Faust
D’après les données provisoires de la World Meteorological Organization (WMO), l’année 2013 compte,
tout comme l’année précédente, parmi les 10 années
les plus chaudes depuis 1850. La température moyenne
globale a dépassé de 0,5 °C celle de la période de
référence de 30 ans (de 1961 à 1990) définie par la
WMO et est ainsi proche de la valeur moyenne des 10
années les plus chaudes. Tandis qu’il faisait beaucoup
trop chaud dans de vastes parties de l’Europe du Nord
et de l’Est, en Asie centrale et orientale, en Australie
et dans certaines zones du Brésil, seules quelques
régions du Canada et du Nord de la Russie ont connu
des températures plus fraîches, comparées à la période
de référence. Sur une base mensuelle, l’image s’avère
cependant beaucoup plus nuancée, avec des vagues
de chaleur estivales régionales dans de nombreux
pays d’Asie et en Australie. À ces pôles de chaleur se
sont opposées, pendant l’hiver et le printemps boréal,
des poussées d’air froid massives dans de nombreuses
parties de l’Europe et à l’Est de l’Amérique du Nord.
Le niveau global de la mer a atteint un nouveau record
en 2013. L’augmentation de 3 mm/an observée entre
2001 et 2010, a presque doublé par rapport à la tendance séculaire du 20e siècle de 1,6 mm/an.
Les précipitations mondiales (données des stations
terrestres uniquement) ont été en général légèrement
inférieures à celles de la période de référence (19611990) définie par le service météorologique américain
NOAA. Cela a en particulier été le cas pour une partie
de l’Australie, pour l’ouest des États-Unis et pour le
Brésil. Plus importantes, eu égard aussi à leur impact
sur les bilans de sinistres des assureurs, ont été dans
certaines régions les précipitations persistantes qui
ont entraîné de graves inondations. L’Europe, l’ouest
du Canada ainsi que la zone frontalière entre la Russie
et la Chine ont été particulièrement touchés.
En Australie, par contre, l’année a commencé par une
vague de chaleur les plus terribles de ces dernières
années. Ainsi, la température journalière maximale
jamais mesurée au niveau national en janvier a été de
40,3 °C, Sydney et Hobart ont connu de nouvelles
valeurs maximales avec 41,8 et 45,8 °C. Au nord-est
du Brésil, le plateau brésilien a subi la sécheresse la
plus extrême des 50 dernières années. Les pertes de
récoltes et la réduction de la production d’électricité
d’origine hydraulique ont entraîné des pertes économiques se chiffrant à plusieurs milliards.
L’indice El Niño/Southern Oscillation (indice ENSO)
est resté à un niveau neutre pendant toute l’année
2013. Le phénomène météorologique sous-jacent,
basé sur les fluctuations de la température à la surface de la mer dans le Pacifique équatorial, n’a donc
eu aucune influence significative sur les conditions
météorologiques et les extrêmes climatiques.
42
Munich Re Topics Geo 2013
Vague de froid au Nord
Au début de l’année, la majeure partie de l’Europe a
été dominée par des températures douces, qui au
nord-est de l’Islande ont battu de nouveaux records.
Au cours du mois de janvier, la situation météorologique a complètement changé. L’afflux d’air froid
polaire jusqu’au mois de mars a entraîné une des
vagues de froid les plus intenses de ces dernières
décennies en Europe centrale et en Russie. Les températures étaient de 10 °C (maximum) en dessous de
la moyenne à long terme. Dans de vastes régions de la
Russie, le mois de mars a été plus froid que le mois de
février. En Amérique du Nord, l’air froid de l’Arctique a
prédominé à l’est du continent jusqu’au mois d’avril.
La fonte des glaces de mer favorise-t-elle les
­poussées d’air froid ?
Le froid en fin d’hiver et au début du printemps dans
les latitudes moyennes de l’hémisphère nord résulte
d’une phase négative de l’oscillation arctique. Une
telle phase est dominée par des différences de températures et de pressions atmosphériques relativement
faibles entre l’Arctique et les latitudes plus australes ;
ce qui n’a que des vents d’ouest faibles pour conséquence. Pour l’Europe, par exemple, cela signifie que
les différences de températures et de pressions
atmosphériques entre la zone de haute pression subtropicale dans le sud de l’Atlantique nord-est et la
CLIMAT ET réchauffement CLIMATIQUE
Écart régional entre la température moyenne annuelle de 2013 et la moyenne
pour la période 1981–2010
Par rapport à la période de référence,
il a fait trop chaud en Europe du Nord
et en Europe orientale, en Asie centrale et en Australie en 2013 ; cependant, à l’est des États-Unis et au
Canada, les températures annuelles
moyennes étaient en dessous de la
moyenne à long terme. À l’échelle globale, l’année 2013 a été l’année la plus
chaude depuis 1850.
Réchauffement
Refroidissement
Source : NCDC/NESDIS/NOAA
°C–5 –4 –3 –2 –1
0
1
2
3
4
5
Écart régional entre les précipitations annuelles de 2013 et la moyenne pour la période 1961–1990
Écart régional des sommes de précipitations annuelles de 2013 par rapport
à la période de référence 1961–1990.
Les ratios d’humidité supérieurs à la
moyenne se situent principalement en
Europe et dans l’est des États-Unis.
Plus sec
Plus humide
Source : NCDC/NESDIS/NOAA
%–100
–80
–60
–40
–20
0
20
40
60
80
100
Écarts annuels des températures annuelles moyennes mondiales de 1950 à 2013
par rapport à la moyenne pour la période 1961–1990
°C
Les 10 années les plus chaudes de la
période 1850–2013 étaient toutes comprises dans la période à partir de 1998.
La série chronologique commence en
1850, la période représentée est celle
de 1950 à 2013.
0,5
0,4
0,3
0,2
Source : HadCRUT4, Met Office/­
Climate Research Unit de l’University
of East Anglia, 2014
0,1
0,0
–0,1
–0,2
–0,3
–0,4
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
Munich Re Topics Geo 2013
43
CLIMAT ET réchauffement CLIMATIQUE
Changement de la température hivernale
avec l’indice de l’oscillation arctique
3 °C
80 N
2 °C
1 °C
60 N
0 °C
–1 °C
40 N
20 N
180
–2 °C
–3 °C
120 W
60 W
0
60 E
zone de basse pression en Islande ne sont pas très
prononcées. Les masses d’air de l’Atlantique douces
et tempérées ne parviennent donc pas à travers le
continent, des conditions froides peut ainsi s’y développer. En Amérique du Nord, la zone de ces poussées
d’air froid s’étend au-delà des parties centrales et
orientales du continent, comme à la fin de l’hiver
2013. Certains groupes de chercheurs présument que
les poussées d’air froid sont en rapport avec la diminution des glaces de mer dans l’océan Arctique. Ils
ont constaté que cette évolution météorologique
caractérisée par un hiver froid à l’intérieur du continent sera plus probable si moins de glace couvre
l’Arctique. Cela conduit à une amplification de la zone
de haute pression sibérienne à l’automne avec un
impact sur le régime de la circulation atmosphérique
jusqu’aux mois d’hiver (voir Cohen et al. 2012). Cependant, les mécanismes physiques derrière ces corrélations sont encore insuffisamment compris.
Graves inondations en Europe centrale
En Russie, en avril les conditions météorologiques
anormalement froides sont devenues brusquement
inhabituellement chaudes, avec des écarts régionaux
de température représentant jusqu’à 9 °C par rapport
à la moyenne à long terme. Il faisait également trop
chaud au début de l’automne australien. Fin mai/début
juin s’est développé en Europe centrale un creux barométrique avec une zone de forte basse pression dirigeant l’air chaud et humide de la Méditerranée autour
des Alpes. Dans certaines régions, les fortes précipitations (400 litres par m2) tombées en quelques jours
seulement ont constitué, compte tenu des pertes économiques globales, la catastrophe naturelle la plus
coûteuse de l’année. Dans le sud-ouest de l’Asie, la
mousson a commencé très tôt en juin et a causé à la
frontière de l’Inde et du Pakistan, les inondations les
plus extrêmes des 50 dernières années.
44
Munich Re Topics Geo 2013
Si l’indice de l’oscillation arctique diminue
d’un écart-type, la température moyenne pour
la saison décembre-février est alors modifiée
en fonction de la carte. Le refroidissement dans
de nombreuses parties de l’Europe et de l’Asie
du Nord ainsi que dans la moitié orientale de
l’Amérique du Nord est net.
Source : Cohen et al. 2012
120 E 180
Record de glace en Antarctique
Tant l’été boréal que l’hiver austral ont été caractérisés
par de longues périodes de chaleur avec des écarts
de température représentant jusqu’à 5 °C par rapport
à la période de référence de la NASA de 1981 à 2010.
L’Europe centrale et orientale, l’ouest de l’Amérique
du Nord et l’Australie ont été particulièrement touchés. À l’opposé, l’étendue des glaces de mer dans
l’Antarctique a atteint un nouveau record pour la deuxième fois. La superficie maximale de 19,5 millions
de km2 calculée à l’aide de satellites, était de 2,6 %
supérieure à la moyenne de la période de référence.
Comparée à l’année dernière, la fonte des glaces d’été
a été plus modérée au pôle Nord. Alors qu’avec 3,4
millions de km2, l’étendue minimale en 2012 avait
atteint le niveau le plus bas jamais enregistré, le processus de fonte en septembre 2013 s’est déjà interrompu à 5,1 millions de km2. Il s’agissait toutefois de
presque 18 % (1,1 millions de km2) de moins que la
moyenne de la période de référence de 1981 à 2010.
Les précipitations intensives et de longue durée tombées entre la fin du mois de juillet et la mi-août, ont
entraîné des inondations importantes à la frontière
entre la Chine et la Russie, en particulier aux abords du
fleuve Amour. Son niveau a atteint un nouveau record.
Les conditions météorologiques persistantes
ont le vent en poupe
Les systèmes de haute et basse pression stationnaires
ont, en 2013, déclenché une série de phénomènes
météorologiques extrêmes. Des creux barométriques
persistants accompagnés d’une forte activité de précipitations ont été à l’origine des inondations en Europe
centrale, ainsi qu’à la frontière russo-chinoise. Suite
au creux en Europe centrale, une zone de haute pression stationnaire s’est en outre développée plus à l’est
en Russie et en Scandinavie et a été à l’origine d’une
période prolongée de chaleur.
CLIMAT ET réchauffement CLIMATIQUE
Selon les résultats des recherches les plus récentes,
ces conditions météorologiques persistantes pourraient être liées au réchauffement des hautes latitudes sous l’influence du changement climatique.
Habituellement une bande sinueuse de forts vents de
haute altitude circulant sous forme de vagues autour
de la Terre, détermine la formation des grandes zones
de haute et de basse pression dans les latitudes
moyennes ainsi que leur déplacement – généralement
de l’ouest vers l’est. L’analyse d’évènements extrêmes
des étés passés (vague de chaleur aux États-Unis en
2011 ; inondations en Europe en 2002) a fait apparaître des indices sur le renforcement résonant d’une
forme fixe de cette structure d’ondes, qui révélait des
amplitudes particulièrement grandes. Les zones de
haute et de basse pression pouvaient ainsi, en raison
de la durée de leur séjour, influer plus intensément
régionalement. Les conditions aux limites décrites
par les chercheurs pour une structure d’ondes déterminant la météo stationnaire sont survenues 2 fois
plus souvent entre 2002 et 2012 que dans les périodes
1991–2001 et 1980–1990. On suppose l’existence d’un
lien avec l’écart de température réduit entre les latitudes supérieures et inférieures par suite du changement climatique (Petoukhov et al., 2013), mais cela n’a
pas pu être encore prouvé de manière concluante. Les
recherches futures doivent expliquer dans quelle
mesure le changement climatique favorise la formation de structures d’ondes stationnaires.
Cyclones tropicaux à faible énergie
Les 86 cyclones tropicaux observés dans le monde
ont correspondu en grande partie à la moyenne à long
terme (1981–2010, 89 cyclones). Dans l’Atlantique
Nord, avec 13 tempêtes tropicales pour la phase
chaude, commencée en 1995, de l’« Oscillation atlantique multidécennale », l’activité a été inférieure à la
moyenne (moyenne depuis 1995 : 15). La faible éner-
gie de la tempête a été encore plus surprenante : la
« Accumulated Cyclone Energy » (ACE) qui est déterminée par l’intensité et la durée des trajectoires des
tempêtes, n’a représenté qu’environ 30 % de la valeur
moyenne à long terme.
Il y a cependant eu plus de cyclones qu’à l’habitude
dans le nord-ouest du Pacifique. L’un d’entre eux, le
super typhon Haiyan, qui, avec des vitesses parfois
largement supérieures à 300 km/h, a atteint le sud
des Philippines en novembre, a déclenché la plus
grande catastrophe humanitaire de l’année. Une description détaillée se trouve sous la rubrique « Gros
plan », à partir de la page 6.
NOS EXPERTS :
Ernst Rauch dirige le Munich Re
Corporate Climate Centre (Climate &
Renewables). Cette unité se charge du
développement et de la direction de la
stratégie climatique de Munich Re. Sa
mission inclut également des solutions
d’assurance dans le domaine des
mesures d’adaptation et des concepts
de réduction des émissions de CO2.
[email protected]
Eberhard Faust est expert en chef
des risques naturels pour le département Geo Risks Research/Corporate
Climate Centre.
[email protected]
Cohen, J.L. et al., 2012 : Arctic warming, increasing snow cover and
widespread boreal winter cooling. Environmental Research Letters, 7
Jaiser, R. et al., 2012 : Impact of sea ice changes on the Northern
Hemisphere atmospheric winter circulation. Tellus A, 64
Outten, S.D. et I. Esau, 2012 : A link between Arctic sea ice and recent
cooling trends over Eurasia. Climatic Change, 110, 1069–1075
Petoukhov, V. et Semenov, V.A., 2010 : A link between reduced BarentsKara sea ice and cold winter extremes over northern continents. JGR, 115
Petoukhov, V. et al., 2013 : Quasiresonant amplification of planetary
waves and recent Northern Hemisphere weather extremes. PNAS, 110,
5336–5341
Tang, Q. et al., 2013 : Cold winter extremes in northern continents
­linked to Arctic sea ice loss. Envirnomental Research Letter, 8
Munich Re Topics Geo 2013
45
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
Variabilité croissante des
sinistres dus à des orages
violents
Au cours des dernières décennies, les dommages
­normalisés dus à des orages violents aux États-Unis
ont présenté une variabilité toujours plus importante.
Selon une étude récente, le changement climatique
en est la principale raison.
Eberhard Faust
En 2011 aux États-Unis, les épisodes d’orages violents
ont occasionné des sinistres s’élevant à 47 milliards
de $US, les dommages assurés équivalant à 26 milliards. Cela correspond à peu près à l’étendue des
dommages causés par l’ouragan Sandy. L’année 2013,
relativement peu marquée par les orages, a cependant
été marquée par un certain nombre d’événements
graves isolés. En mai, plusieurs tornades violentes ont
sévi sur la ville d’Oklahoma (Moore, El Reno). En
novembre, un épisode de 75 tornades, extrêmement
inhabituel pour la saison, s’est abattu sur le nord-est
du pays.
Compte tenu de cette évolution, il y a lieu de se demander quelle a été la progression du nombre d’orages
violents aux États-Unis et des dommages occasionnés,
au cours des dernières décennies. Une étude publiée
en octobre 2013 dans la revue spécialisée « Weather,
Climate, and Society » de l’American Meteorological
Society apporte quelques réponses à ce sujet. Des
auteur(e)s de Munich Re et de l’Institut de physique de
l’atmosphère du Centre allemand pour l’aéronautique
et l’aérospatiale (DLR) ont travaillé conjointement sur
cette étude, afin de rapprocher les observations
météorologiques et les données relatives aux dommages émanant du NatCatSERVICE de Munich Re.
Le potentiel de dommages des
orages violents avec grêle, forte
pluie, tornades et bourrasques
de vent, est considérable.
Munich Re Topics Geo 2013
47
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
L’étude a porté sur les phénomènes
d’orages violents survenus entre les
mois de mars et septembre de 1970 à
2009 dans une région située à l’est
des montagnes Rocheuses (109° W).
Afin de prendre en considération le
fait qu’il existe aujourd’hui des
valeurs destructrices plus élevées
qu’il y a environ 40 ans, les auteurs
ont aligné tous les dommages depuis
1970 sur le niveau des valeurs destructrices de la fin de la série chronologique. Ce « pré-traitement » des
données permet de garantir qu’une
éventuelle modification dans la chronologie des données de dommages
ne repose pas uniquement sur l’augmentation de la valeur.
Ont spécialement été visés les événements générant un préjudice total
normalisé de 250 millions de $US ou
plus et des dommages assurés d’au
moins 150 millions de $US. Seuls
des phénomènes étendus, en règle
générale, sur plusieurs États fédéraux, dépassent ces valeurs seuils
relativement élevées. Les événements ont ainsi l’ampleur suffisante
pour être enregistrés avec une haute
vraisemblance sans lacunes, sur l’ensemble de la série chronologique.
Sur tous les événements sélectionnés, 80 % des sinistres correspondaient à la période comprise entre
1970 et 2009.
L’étude montre que le préjudice total
et les dommages assurés normalisés
varient de plus en plus dans le temps.
Mesurée par l’écart-type, cette variabilité du préjudice total normalisé
est, pour la période de 1990 à 2009,
1,4 fois supérieure à celle de la période
1970–89. La moyenne sur plusieurs
années des sinistres est même 2 fois
plus élevée.
Le potentiel d’orages violents
­augmente
Ces changements dans le signal de
sinistres vont de pair avec les modifications du potentiel d’orages violents,
qui ont été déduits d’observations
météorologiques. Deux facteurs
entrent dans la définition du potentiel
d’orages violents : l’énergie potentielle
de convection disponible dans l’atmosphère, et les changements de
direction du vent avec l’altitude
(cisaillement du vent vertical). Ce
sont 2 conditions préalables essentielles pour la formation d’orages violents. La similitude entre les variabilités du potentiel d’orages violents et
du signal de sinistres est d’autant
plus flagrante si on lisse les fluctuations annuelles avec une moyenne
glissante, en se concentrant ainsi sur
la variabilité à long terme des séries
chronologiques.
En se basant sur cette représentation
lissée, il ressort que les changements
du préjudice à long terme sont clairement liés aux changements du potentiel météorologique d’orages violents
et par là-même au changement climatique. Il reste encore à clarifier s’il
s’agit d’une variabilité naturelle du climat ou d’un changement climatique
anthropogène. Des études récentes
fondées sur des modèles climatiques
et relatives au changement des orages
violents aux États-Unis montrent que
l’énergie potentielle de convection
disponible augmente notamment
dans le cadre des changements climatiques, car la teneur en humidité
de l’air est en hausse dans la basse
atmosphère (Trapp et al. 2009).
Cette augmentation de l’humidité, qui
était déjà mesurable ces 40 dernières
années, est probablement due au
changement climatique anthropogène, selon des études de modélisation climatique (Willett et al. 2010).
L’étude actuelle sur les dommages
occasionnés par les orages violents
montre elle aussi que l’énergie potentielle de convection disponible (supérieure à une valeur seuil élevée) a augmenté de manière significative au
cours des dernières décennies. En
conclusion, les résultats de l’étude
concordent avec les connaissances
dont on dispose sur le changement
climatique anthropogène.
Dommages directs normalisés dus à des orages violents aux États-Unis pour
des événements occasionnant un montant de sinistre supérieur à 250 millions de $US
14 000
Sinistres agrégés par année dus
à des orages (États-Unis) dépassant le seuil de 250 millions
de $US, après normalisation.
Zone étudiée : à l’est de 109° W.
Durant la période de mars à septembre, 1970 à 2009.
Sinistre agrégés de mars à septembre, en millions de $US
12 000
10 000
8 000
Source : Munich Re
6 000
4 000
2 000
0
1970
48
1975
1980
Munich Re Topics Geo 2013
1985
1990
1995
2000
2005
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
Mieux protéger les bâtiments
Pour les compagnies d’assurance,
cette variabilité croissante des dommages dus aux orages violents a des
conséquences, entre autres au niveau
des normes de la construction des
bâtiments : le potentiel des dommages
liés aux bourrasques orageuses peut
être considérablement réduit lorsque
les portes s’ouvrent vers l’extérieur au
lieu de s’ ouvrir vers l’intérieur, si les
fenêtres sont résistantes aux vents
violents et aux chocs de débris projetés ou que les portes de garage sont
renforcées, pour ne citer que quelques
exemples. Des toits et façades protégés contre la grêle réduisent également de manière significative les
dommages éventuels. Des campagnes
d’information nationales devraient
informer la population à ce sujet.
Concernant la gestion assurantielle
des risques, il va falloir à l’avenir
accorder une importance de plus en
plus grande au contrôle des cumuls.
NOTRE EXPERT :
Dr. Eberhard Faust est expert leader
des risques naturels au sein du département Geo Risks Resarch/Corporate
Climate Centre.
[email protected]
Trapp, R.J., Diffenbaugh, N.S. and Gluhovsky, A., 2009: Transient
­response of severe thunderstorm forcing to elevated greenhouse gas
concentrations. Geophysical Research Letters, 36
Willett, K.M., Jones, P.D., Thorne, P.W. and Gillett, N.P., 2010: A comparison of large scale changes in surface humidity over land in observations and CMIP3 general circulation models. Environmental Research
Letters, 5
La grêle accompagnant les
orages violents occasionne souvent de gros dégâts matériels.
Évolution du potentiel d’orages violents aux États-Unis
et des dommages
1
Nombre normalisé
Nombre annuel de dommages
dus à des orages aux États-Unis
s’élevant à au moins 250 millions
de $US après normalisation selon
le PIB et le parc immobilier, comparé au nombre de dépassements
de la valeur seuil d’un paramètre
météorologique représentant le
potentiel d’orages violents.
0,8
0,6
0,4
0,2
0
Source : Sander et al., 2013 :
Rising variability in thunderstormrelated U.S. losses as a reflection
of changes in large-scale thunder­
storm forcing, WCAS 5, 317–331
–0,2
–0,4
–0,6
–0,8
–1
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
Nombre annuel de dommages dus aux orages > 250 millions de $US (normalisation selon le PIB)
Nombre annuel de dommages dus aux orages > 250 millions de $US (normalisation selon le parc immobilier)
Nombre de dépassements de la valeur seuil pour le potentiel d’orages violents
Munich Re Topics Geo 2013
49
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
Enseignements tirés de
2 séries de tremblements de terre
Les séries de tremblements de terre rapprochées dans
le temps, conjuguées à leurs effets secondaires, peuvent
représenter une menace sérieuse. Deux évènements
­relativement récents livrent des enseignements importants
à ce sujet : le séisme de Nouvelle-Zélande de 2010/11 et
celui d’Italie de mai 2012.
Marco Stupazzini
Habituellement, lorsque l’on parle
d’évènement catastrophique, on
s’imagine plutôt un séisme unique de
grande envergure. Mais comme nous
l’avons vu dernièrement en NouvelleZélande et en Italie, les séries de temblements de terre très rapprochées
conjuguées à leurs effets secondaires
peuvent également représenter un
risque majeur et apporter leur lot de
défis supplémentaires.
Christchurch, Nouvelle-Zélande
Lorsque la terre a tremblé en Nouvelle-Zélande à l’automne 2010, personne ne se doutait qu’il s’agissait là
du début d’une série de tremblements
de terre qui allait atteindre son apogée plus de 5 mois plus tard. La série
a débuté le 4 septembre 2010 avec le
séisme de Darfield d’une magnitude
de 7,1, dont l’épicentre se trouvait sur
la faille de Greendale, jusqu’alors
inconnue, à 40 km à l’ouest de Christchurch. Le point culminant de la série
a été atteint le 22 février 2011, lors du
séisme de Lyttelton. D’une magnitude
de 6,2, ce dernier a dévasté le centreville de Christchurch. La série de
tremblements de terre du Canterbury,
en particulier le séisme de Lyttelton, a
soulevé de nombreuses questions, et
a mis à rude épreuve la « Earthquake
Commission » néozélandaise, la
compagnie d’assurance publique
contre les séismes la plus ancienne au
monde, ainsi que l’ensemble du secteur de l’assurance. Le séisme a
ébranlé une structure géologique
ancienne dont la dernière activité
remonte vraisemblablement à plus de
5 000 ans. Sur les 185 victimes, la plu50
Munich Re Topics Geo 2013
part ont perdu la vie dans l’effondrement de 2 immeubles. Les dommages
matériels (environ 30 milliards de
$US, en majeure partie assurés) sont
colossaux pour une ville de cette taille.
Émilie-Romagne, Italie
Le dernier séisme que la région de
l’Émilie-Romagne a connu est celui
particulièrement destructeur de Ferrara, en 1570. Plus récemment, la dernière série de tremblements de terre
en date a commencé le 19 mai 2012
avec des secousses d’une magnitude
de 4,1 et a atteint un pic avec les
séismes du 20 mai (magnitude 5,9) et
du 29 mai (magnitude 5,8). Ces évènements ont entraîné les plus importants dommages jamais assurés dus
à un séisme en Italie, d’un montant
estimé à 1,3 milliards d’€. Cela peut
paraître surprenant dans la mesure
où de grandes villes comme Modène
et Bologne n’ont pratiquement pas été
touchées. Bien que la région qui a été
le plus durement frappée soit majoritairement rurale, toutes les communes
abritent de grandes zones industrielles
comptant au total plusieurs milliers
de bâtiments.
Quels enseignements peut-on donc
en tirer ? Quelques points pertinents
sont développés ci-après de façon non
exhaustive.
Identification des risques
Des cartes comme la Carte mondiale
des catastrophes naturelles de
Munich Re sont particulièrement
adaptées pour représenter les risques
de façon schématique. Toutefois,
sont principalement considérés les
risques majeurs, comme les secousses
sismiques lors des tremblements de
terre ou la vitesse du vent lors des
tempêtes. Pourtant, les événements
récents ont clairement montré que les
séismes peuvent être accompagnés
d’effets secondaires (comme la directivité ou la liquéfaction des sols) pouvant
avoir des répercussions considérables.
Évaluation des risques
Dans le domaine de l’évaluation des
risques, plusieurs aspects nécessitent
d’être examinés.
Il est très complexe d’intégrer les
effets secondaires dans les modèles
de risques probabilistes. Plus le
nombre d’effets intégrés est élevé,
plus les résultats sont incertains.
Changement de l’aléa sismique dans
le temps : des effets différents se produisent suivant les périodes considérées. Si les cycles sismiques ont un
effet à long terme sur l’activité sismi­
que, les champs de contrainte modifiés ont un effet à court terme et peu­
vent même déclencher des répliques.
Il est nécessaire de clarifier le degré
de changement transitoire du risque
après des évènements importants.
Essaim de séismes : comme l’a montré la série de tremblements de terre
du Canterbury, les essaims de séismes
posent un problème similaire. Les
problèmes engendrés par de telles
séries commencent dès l’évaluation
des risques.
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
La Torre dei Modenesi, érigée il y a 800 ans
dans la petite commune italienne de
Finale, avant le premier séisme du 20 mai
2012 et après.
Et pour finir, l’inflation post-sinistre
(en anglais Post Loss Amplication
ou PLA) : elle n’a rien à voir avec les
risques matériels, mais plutôt avec
la résilience et la dimension politicosociale des catastrophes.
Gestion des risques
La gestion des risques fournit d’autres
enseignements. Dans ce cadre, il
convient de faire attention aux points
suivants :
Prévention des sinistres : Les événements récents ont montré que même
les dommages sortant du cadre des
pertes matérielles jouent un rôle fondamental. Les normes de construction modernes permettent d’éviter
l’effondrement de bâtiments et les
décès qui en résultent. Par conséquent, il est nécessaire d’introduire
des critères de limitation des risques
dans les normes de construction.
Primes adaptées au risque : Certaines grosses catastrophes ont
montré que des facteurs de coûts,
pour certains imprévisibles, n’ont pas
été pris en compte de façon adéquate.
La série de séismes du Canterbury va
coûter environ 20 fois plus que ce
que l’assurance Dommages de l’ensemble de la Nouvelle-Zélande – y
compris les assurances autres que
celles contre les tremblements de
terre – a perçu en primes en 2011.
Contrôle des cumuls : Les catastrophes mettent en évidence des
lacunes dans les informations sur les
engagements. Cela est notamment
le cas lorsque plusieurs sites sont
assurés dans une même police et que
la totalité de la somme assurée est
inscrite pour le site principal.
Franchise : Les séismes du Canterbury ont été un exemple éclatant de
l’efficacité ou de l’inefficacité des
franchises. Une franchise trop basse
annule les 2 principaux objectifs de
la franchise : le nombre de sinistres
déclarés ne diminue pas, et l’incitation à la prévention des dommages
est moindre.
Libellé des polices : Dans ce cadre,
il convient de tenir compte des 2
­facteurs que sont la définition des
­évènements dommageables et la
somme assurée. Pour la définition
des évènements, un choix minutieux
des termes employés peut contribuer
à éviter de fâcheuses surprises.
Néanmoins, cela ne résout pas tous
les problèmes survenant lors d’une
série d’évènements. L’affectation des
dommages aux différents évènements
est toujours arbitraire et, le plus souvent, non vérifiable. La somme assurée retenue correspond généralement à la valeur de remplacement.
Mais qu’entend-on par là ? Un rétablissement de la situation antérieure
à l’évènement ? Ou faut-il tenir compte
des modifications des normes de
construction introduites après la
catastrophe ? Qu’en est-il de la valeur
de remplacement des bâtiments classés ? Ces questions doivent être clarifiées de façon claire par le biais d’une
formulation précise.
Règlement des sinistres : Les plans
d’urgence sont essentiels pour un
règlement efficace, dans la mesure
où ils garantissent la possibilité de
recours à un nombre suffisant d’experts en sinistres professionnels.
Conclusion
Les évènements récents ont mis en
lumière des lacunes évidentes malgré les progrès considérables réalisés au terme de nombreuses années.
Lors de l’évaluation des risques, les
risques secondaires et les changements en termes d’exposition au
risque dans le temps doivent être pris
en compte. En ce qui concerne la
­vulnérabilité, il est de plus en plus
important d’avoir les dommages
structuraux et non structuraux sous
contrôle. Enfin, la gestion des risques
doit prendre en considération les
séries d’évènements.
NOTRE EXPERT :
Dr. Marco Stupazzini est consultant
pour les tremblements de terre et
autres catastrophes naturelles au
sein du département Corporate
Underwriting/Accumulation Risks
Management/Geo Risks.
[email protected]
Munich Re Topics Geo 2013
51
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
Démarrage du
Global Earthquake Model
Le Global Earthquake Model (GEM) est le premier modèle
uniforme à l’échelle mondiale pour le calcul des risques de
tremblements de terre. Les fondements de ce modèle ont
été élaborés pendant 5 ans par les scientifiques du monde
entier. Le test de mise en pratique commence à présent.
Alexander Allmann
Pendant des années, les géoscientifiques ont réclamé un modèle de
calcul uniforme à l’échelle mondiale
pour l’analyse des risques de tremblement de terre. Les chercheurs en
risque des régions menacées et des
régions pauvres sans propre modèle
de risque n’ont pas accès aux données
et aux outils de calcul nécessaires à
la prise de mesures préventives, à la
définition de codes de construction
ou à l’élaboration de plans d’urgence.
Même les pays industrialisés et les
assureurs opérant globalement ne
disposent pas d’un système mondial
uniforme. Les comparatifs régionaux
sont difficiles, les dommages potentiels ne peuvent pas toujours être calculés avec précision. Des faits qui
limitent sévèrement l’assurabilité dans
les régions sujettes aux séismes.
Dans ce contexte, le Global Science
Forum de l’OCDE a lancé en 2007 un
projet devant permettre à la collecte de
données liées aux risques de tremblement de terre d’être effectuée selon
une norme mondiale uniforme : le Global Earthquake Model, en abrégé GEM.
Les acteurs de la première heure sont
Jochen Zschau, expert du risque sismique du Deutsches GeoForschungs­
Zentrum de Postdam, Ross Stein,
géophysicien de l’US Geological Survey (USGS), Domenico Giardini de
l’Eidgenössische Technische Hoch­
schule de Zurich (ETHZ) et Anselm
Smolka, responsable des géorisques
au sein du Corporate Underwriting
de Munich Re jusqu’en septembre
2013, et Secrétaire général du GEM
depuis le début de l’année. Le
nombre de scientifiques apportant
leur contribution au modèle global
des risques est passé de 4 à 500.
Le GEM va devenir un standard à
l’échelle mondiale
Le cœur du GEM est constitué par
« OpenQuake », une plateforme en
open source à travers laquelle différents modules sont mis à disposition
pour le calcul uniforme à l’échelle mondiale des risques de séismes. L’indépendance économique de OpenQuake,
l’architecture ouverte de son logiciel et
l’accès gratuit pour toute personne
souhaitant utiliser les données à des
fins non commerciales, devraient permettre au projet de devenir un standard à l’échelle mondiale.
« Avec le GEM et la plateforme OpenQuake, nous espérons développer la
sensibilisation aux risques, en particulier dans les pays moins développés. Parallèlement, nous souhaitons
améliorer l’assurabilité du risque de
séisme dans les zones sévèrement
touchées », Anselm Smolka explique
ainsi l’idée de base du projet.
GEM peut également être utilisé à un
niveau commercial : à cette fin, les
entreprises telles que les conseillers
en risques ou les assureurs, doivent
devenir des sponsors officiels.
Table ronde sur le GEM avec
Anselm Smolka (à gauche),
Haruo Hayashi (Université de
Kyoto) et Mary Comerio (UC
­Berkeley) lors de la Conférence
mondiale des ingénieurs spécialisés en sismologie, à Lisbonne
en 2012.
52
Munich Re Topics Geo 2013
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
180°
160°W
140°W
120°W
100°W
80°W
60°W
40°W
20°W
0°
20°E
40°E
60°E
80°E
100°E
120°E
140°E
160°E
90°
70°N
70°N
50°N
50°N
30°N
30°N
10°N
10°N
10°S
10°S
30°S
30°S
50°S
50°S
70°S
70°S
Magnitude
Catalogue historique des tremblements de terre de
l’année 1000 à l’année 1903
180°
160°W
140°W
120°W
100°W
80°W
60°W
40°W
20°W
0°
20°E
40°E
60°E
80°E
100°E
120°E
L’une des premières tâches que le GEM s’est fixée, a été
le développement d’un catalogue historique mondial des
tremblements de terre (Global Historical Earthquake
Catalogue – GHEC). La carte présente les tremblements
de terre ayant une magnitude Mw > 7,0, durant la période
allant de 1000 à 1903.
140°E
≥ 8,5
160°E
8,0–8,4
7,5–7,9
7,0–7,4
< 7,0
90°
Source : Munich Re, se basant sur les données GEM
« Les réassureurs s’attendent à ce que
le GEM permette une plus grande
transparence en matière de risques,
et ce au niveau mondial. Ils peuvent
alors obtenir une meilleure répartition
des risques et offrir une protection plus
élevée dans les zones à haut risque »,
selon Anselm Smolka. Munich Re
soutient le projet depuis sa mise en
place, et ce tant que point de vue
financier que personnel. Actuellement,
8 de nos experts en géorisques sont
impliqués dans les projets du GEM.
Les premiers modules de calcul sont
en ligne depuis juillet 2013.
Après plus de 5 années de travaux de
développement, le GEM est proche
d’une étape décisive. À la fin de l’année 2013, OpenQuake est entrée dans
la phase test avec un total de 10
modules de calcul globaux. À la fin
de l’année 2014, la plateforme sera
officiellement accessible pour une
utilisation non commerciale.
Projets régionaux en cours
OpenQuake offre le cadre sur lequel
les projets régionaux peuvent s’établir.
Ce n’est qu’avec les projets régionaux
que le GEM deviendra un outil pratique. En effet, les calculs des risques
– basés sur la méthodologie et les
normes des modules globaux – seront
alors utilisés au niveau local et leurs
résultats pourront être mis à profit.
En Europe par exemple, les résultats
de SHARE (Seismic Hazard Harmonization in Europe) ont été publiés à
la mi-2013. Le travail de l’EMME
(Eastern Mediterranean Middle East)
pour la région s’étendant de la Turquie au Pakistan est également terminé. D’autres projets régionaux pour
l’Amérique latine, l’Asie centrale,
l’Asie du Sud-Est, l’Afrique et les
Caraïbes sont en cours de démarrage.
GEM II est dans les « startingblocks ». La première phase du projet
a pris fin avec la présentation des
résultats des 10 composants mondiaux à la fin de 2013. La phase de
test et le lancement officiel de OpenQuake à la fin de l’année 2014, font
déjà partie du GEM II, qui est prévue
jusqu’en 2018. L’objectif majeur de
cette deuxième phase concerne l’expansion des projets régionaux et l’extension de OpenQuake pour l’évaluation des risques successifs tels que
les tsunamis.
La deuxième phase nécessitera au
moins 15 millions d’€. Munich Re
continuera à soutenir le projet et a
déjà confirmé l’octroi d’un million d’€.
NOTRE EXPERT :
Alexander Allmann est responsable
du département Geo Risks au sein
Corporate Underwriting/Accumulation Risks Management et membre
du Governing Board du GEM.
[email protected]
Munich Re Topics Geo 2013
53
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
Ce que la désagrégation a à voir
avec les modèles de risques
Afin de modéliser les risques naturels dans l’assurance Dommages, des
données spatiales à haute résolution concernant les engagements sont
nécessaires. Cependant, lorsque ces données sont seulement disponibles
de manière agrégées par zones, elles doivent faire l’objet d’une répartition
intelligente sur la base de certaines hypothèses.
Jutta Schmieder
De nos jours, tous les lieux à risques
assurés devraient pouvoir être exactement positionnés à l’adresse exacte.
Cela n’est cependant pas toujours le
cas. Lorsque l’on ne connaît que la
position géographique approximative
d’un risque assuré, la « désagrégation » peut s’avérer utile. Les données
d’un niveau de zone agrégé sont ainsi
« déclinées » dans une résolution spatiale élevée, à l’échelle des sites où les
risques de responsabilité sont susceptibles de se trouver.
Chez Munich Re, cette méthode est
utilisée lors de l’examen des risques
naturels dans le secteur de l’immobilier, lorsqu’il n’existe pas de donnée
relative aux engagements spatialement agrégée, mais seulement des
données spécifiques à chaque site.
Le rapprochement à la réalité a lieu en
fonction de la branche d’assurance.
Les risques industriels sont répartis
sur les sites industriels, les risques
commerciaux et industriels sur les
centres commerciaux et les zones
commerciales, les engagements
concernant les bâtiments d’habitation
sur les zones à usage résidentiel.
Pourquoi une telle approche est-elle
pertinente ? Les inondations en
Thaïlande en 2011 ont à nouveau
montré que la répartition spatiale des
risques a un impact significatif sur la
précision de l’estimation des dommages. À cette époque, une grande
partie des valeurs industrielles assurées n’était disponible qu’en somme
globale pour tout le pays.
Ce n’est pas la même chose si ces
sommes, pour l’analyse ultérieure,
sont géographiquement réparties de
54
Munich Re Topics Geo 2013
façon égale ou si l’on peut concentrer
les risques industriels sur des zones
industrielles spécifiques. Les parcs
d’activité industrielles sont souvent
situés près des rivières et sont donc
plus exposés au risque d’inondation.
Dans les modèles de risques naturels,
les données de portefeuille sont désagrégées dès que les éléments de
risque – telles que les surfaces d’inondation ou les zones de couverture
d’une tempête – sont disponibles avec
une bonne résolution. Ce n’est que
lorsque les données relatives aux
engagements et les paramètres de
modélisation sont disponibles au
même niveau spatial que les différences réelles dans les tailles de
risque peuvent être représentées.
Si les intervenants du marché ne sont
pas en mesure de fournir les données
de haute précision requises concernant les engagements, les modèles de
risques naturels de Munich Re utilisent une redistribution intelligente
permettant d’obtenir de cette façon
aussi les meilleurs résultats de modélisation, sur la base des données de
sortie. À cette fin, les données agrégées relatives aux engagements sont
réparties sur une grille de calcul à
haute résolution, les points de modélisation. Ces points sont placés de telle
sorte qu’ils représentent d’une part,
toutes les variations importantes –
même à petite échelle – dans les paramètres du modèle (comme l’exposition), tout en assurant d’autre part une
bonne performance du modèle. La
distance entre les points de modélisation est généralement comprise entre
50 m (par exemple pour les inondations localisées) et un kilomètre (pour
les tempêtes d’hiver à grande échelle),
en fonction du pays et du type de
risque.
Comment fonctionne exactement la
désagrégation ? Afin de représenter
les données relatives aux engagements de manière aussi proche de la
réalité que possible, les valeurs
doivent être redistribuées, et ce séparément par secteur. Pour les engagements concernant les bâtiments d’habitation, on prend généralement en
compte la densité de population,
éventuellement combinée avec des
indicateurs économiques significatifs,
tels que le produit intérieur brut ou le
pouvoir d’achat.
Cela n’est cependant pas recommandé pour les risques industriels et
commerciaux. Pour ces risques, toute
une variété de sources de données
doit être préparée et combinée. Les
indicateurs possibles pour la répartition des risques commerciaux et
industriels peuvent être extraits des
informations relatives à l’exploitation
des terres, des banques de données
commerciales, des attributs de données d’adresse ou d’autres informations statistiques, telles que la valeur
ajoutée par parc d’activités industrielles ou région.
Les sources accessibles au public
s’avèrent souvent insuffisantes. C’est
pour cette raison que Munich Re a
extrait et préparé d’autres informations industrielles détaillées en provenance de nombreuses banques de
données, cartes, images satellites,
pages d’accueil de parcs d’activités
industrielles.
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
Exemple de création de répartitions des valeurs
(plus la couleur est foncée, plus la valeur est haute)
Énergie
INDUSTRIE
Parc d’activités
industrielles
HABITAT
Indicateur : densité de
la population
Répartition de valeurs
pour les engagements
concernant les bâtiments
d’habitation au niveau des
points de modélisation
Avec la Munich Re Industry Location
Database (ILD), une banque de données globale de sites industriels divers
(automobile, chimique, électronique
etc.) est disponible ; la Munich Re Critical Infrastructure Database (CID)
relie les données de sites aux risques
d’infrastructure. Ces banques de données sont vérifiées et étendues en permanence, permettant ainsi d’obtenir
une couverture globale actualisée.
qu’avec la moyenne du marché. Cela a
une incidence en particulier sur les
zones à grande superficie : les
concentrations individuelles d’engagements, telles que celles d’assureurs
régionaux souscrivant de façon limitée, ne peuvent pas être détectées et
sont dispersées sur toute la zone.
rance. C’est sur leur base qu’il est
alors possible de calculer des pondérations par zones pour chaque point
de modélisation. Lors de la modélisation, les sommes assurées sont
ensuite fragmentées en conséquence
pour une zone particulière – et les
données de portefeuille agrégées
subissent à nouveau une désagrégation spatiale proche de la réalité.
La question de savoir quelles sont les
données de base à disposition, dépend
toujours du marché respectif. Ces données ne peuvent être saisies et traitées que dans le cadre de recherches
coûteuses. En fonction de la disponibilité des données, il est parfois
nécessaire d’adapter individuellement la méthodologie d’évaluation.
Répartition de valeurs
pour les engagements
concernant l’industrie
au niveau des points de
modélisation
Différents indicateurs
pour les risques industriels
Ce problème peut seulement être
contourné si, dès le début, on affecte
les données relatives aux engagements à un site précis. Cela permet
d’obtenir une répartition des engagements spécifique aux clients et des
résultats de modélisation individuels
qui correspondant autant que possible à la réalité.
Il ne faut pas oublier que ces données
et la méthodologie correspondante
permettent au mieux une approximation de la position spatiale réelle des
objets assurés. Même avec des données de base optimales, la répartition
ne sera toujours en conformité
NOTRE EXPERTE :
Jutta Schmieder est spécialiste
des systèmes de géoinformations
au sein du Département Corporate
Underwriting/Accumulation Risks
Management/Exposure Analytics.
[email protected]
Les données de base sont ensuite
combinées entre elles, ce qui permet
d’obtenir, comme résultat intermédiaire, une répartition de valeurs à
haute résolution par secteur d’assu-
Répartition des valeurs agrégées sur la base de la pondération
20
60
100
0 %
0 %
50 %
0
CP 1234
50
10
10 %
25 %
5 %
110
20
70
0 %
10 %
0 %
Exemple zone postale 1234 :
déduction des pourcentages
pour la zone
2,5 mio
CP 1234
20
Répartition de valeurs par
points de modélisation
0
0,5 mio
0
1,25 mio
0,25 mio
0,5 mio
0
Répartition de la somme
assurée de 5 millions d’€ au
sein de la zone
Munich Re Topics Geo 2013
55
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
Photos de l’année
15–22 janvier
Inondations : Indonésie
Préjudice total : 3 000 millions de $US
Dommages assurés : 300 millions de $US
Victimes : 47
15 février
Chute de météorites : Russie
Préjudice total : 35 millions de $US
22 mars
Tornades : Bangladesh
Victimes : 38
20 avril
Tremblement de terre : Chine
Préjudice total : 6 800 millions de $US
Dommages assurés : 23 millions de $US
Victimes : 196
18–22 mai
Intempéries, tornades : États-Unis
Préjudice total : 3 000 millions de $US
Dommages assurés : 1 800 millions
de $US
Victimes : 28
30 mai–19 juin
Inondations : Europe centrale
Préjudice total : 15 200 millions de $US
Dommages assurés : 3 100 millions
de $US
Victimes : 25
14–30 juin
Inondations, crues éclair : Inde
Préjudice total : 1 500 millions de $US
Dommages assurés : 600 millions de $US
Victimes : 5 500
19–24 juin
Inondations, intempéries : Canada
Préjudice total : 5 700 millions de $US
Dommages assurés : 1 650 millions
de $US
Victimes : 4
Juillet
Vague de chaleur : Grande-Bretagne
Victimes : 760
56
Munich Re Topics Geo 2013
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
27 juin–28 juillet
Grêle, intempéries : Allemagne
Préjudice total : 4 800 millions de $US
Dommages assurés : 3 700 millions
de $US
7 août–20 septembre
Inondations : Chine, Russie
Préjudice total : 4 000 millions de $US
Dommages assurés : 550 millions de $US
Victimes : 170
12–21 septembre
Ouragans Ingrid et Manuel : Mexique
Préjudice total : 5 800 millions de $US
Dommages assurés : 950 millions de $US
Victimes : 139
21–26 septembre
Typhon Usagi : Chine, Philippines, Taïwan
Préjudice total : 3 000 millions de $US
Dommages assurés : 75 millions de $US
Victimes : 36
15 octobre
Tremblement de terre : Philippines
Préjudice total : 90 millions de $US
Victimes : 222
27–30 octobre
Tempête d’hiver Christian (Saint Jude) :
Europe
Préjudice total : 2 150 millions de $US
Dommages assurés : 1 550 millions de $US
Victimes : 17
8–12 novembre
Typhon Haiyan : Philippines, Viêt Nam,
Chine, Taïwan
Préjudice total : 10 500 millions de $US
Dommages assurés : 700 millions de $US
Victimes : 6 235
18–20 novembre
Crues éclair : Italie
Préjudice total : 780 millions de $US
Victimes : 16
5–7 décembre
Tempête d’hiver Xaver : Ouest de l’Europe
Préjudice total : 1 700 millions de $US
Dommages assurés : 970 millions de $US
Victimes : 12
Munich Re Topics Geo 2013
57
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
L’année en chiffres
Petra Löw
En 2013, le NatCatSERVICE a enregistré 890 catastrophes dans le
monde entier, avec un préjudice total
de 135 milliards de $US et des dommages assurés de 35 milliards de
$US. À l’instar de 2012, 2013 peut
ainsi être qualifiée d’année relativement modérée. En 2013, le nombre
d’évènements a été inférieur à celui
de l’année précédente (920), mais a
dépassé la moyenne des 10 et
30 dernières années (respectivement 790 et 630).
Le préjudice total, causé aux économies nationales du monde entier
directement par les catastrophes
naturelles, est resté nettement inférieur à la moyenne calculée sur
10 ans, et n’a pas atteint les quelque
175 milliards de $US de l’année précédente. Si les dommages assurés
ont atteint le niveau des 10 dernières
années, ils sont néanmoins également restés inférieurs au chiffre de
l’année précédente.
Le nombre de victimes, environ
20 500, a été 2 fois plus élevé qu’en
2012, mais est resté bien en dessous
de la moyenne des 10 dernières
années qui s’établissait à plus de
100 000 morts.
Nombre d’évènements
Sur les 890 catastrophes enregistrées au total, 90 % entraient dans la
catégorie des catastrophes météorologiques, et 10 % étaient de nature
géophysique. À cela s’ajoute un évènement non terrestre : une chute de
météorite en Russie. La répartition
en pourcentage des principaux
risques entre les catégories géophysique, météorologique, hydrologique
et climatique a correspondu approximativement à la moyenne des
30 dernières années, à de légères
différences près. Les évènements
tels que les vagues de chaleur et de
froid, les sécheresses et les incendies
de forêts n’ont représenté qu’une
faible part avec 9 % (au lieu de 13),
tout comme les évènements géophysiques avec 10 % (au lieu de 13).
Concernant les tempêtes et inondations, une légère différence à la
hausse est à noter, de respectivement 5 et 2 %.
Si l’on considère la répartition des
catastrophes entre les continents,
l’Amérique a atteint sa moyenne à
long terme avec 32 %, tout comme
l’Afrique et l’Australie avec chacune
8 %. En Europe, à l’inverse, le nombre
de catastrophes a reculé de 6 %, et
l’Asie a enregistré un plus de 5 %.
Évènements : 890
Répartition mondiale
en pourcentage
10 %
44 %
37 %
9 %
Victimes : 20 500
Répartition mondiale
en pourcentage
5 %
38 %
49 %
8 %
Préjudice total :
135 milliards de $US
Répartition mondiale
en pourcentage
7 %
49 %
37 %
7 %
Dommages assurés :
35 milliards de $US
Répartition mondiale
en pourcentage
<1 %
71 %
27 %
2 %
La base de données NatCatSERVICE
de Munich Re permet de classer les
évènements d’une année dans des
catégories de catastrophes, en fonction de leurs répercussions financières et humanitaires. En 2013, nous
Nombre de catastrophes de 1980 à 2013
É
vènements géophysiques :
tremblement de terre, tsunami, éruption volcanique
1 000
Évènements météorologiques : tempête tropicale,
tempête extratropicale,
­tempête convective, tempête
locale
800
600
Évènements hydrologiques :
inondation, mouvement de
masse
400
200
É
vènements climatiques :
températures extrêmes,
sécheresse, incendie de forêt
0
198019851990 1995200020052010
58
Munich Re Topics Geo 2013
Source : Munich Re
NATCATSERVICE ET RECHERCHE
avons complètement remanié cette
classification. Les 6 catégories que
comptait jusqu’à présent la classification ont été réduites à 4, et le classement se fait désormais selon des
seuils propres à chaque pays. Nous
sommes ainsi en mesure de comparer
les évènements entre eux de façon
plus objective, en fonction du degré
de développement de chaque pays.
Victimes
Deux catastrophes naturelles seulement ont été à l’origine de 56 % des
20 500 victimes dénombrées à travers le monde. En juin, des pluies de
mousson diluviennes ont provoqué
des crues éclairs destructrices et des
inondations à grande échelle en Inde,
au cours desquelles 5 500 personnes
ont péri. En novembre, le typhon
Haiyan a frappé les Philippines, la
Chine et le Vietnam. Les îles des Philippines Leyte et Samar ont été les
plus dévastées ; on a déploré plus de
6 200 victimes.
Dommages
On constate des écarts parfois considérables par rapport à la moyenne à
long terme en ce qui concerne la
répartition du préjudice total de 135
milliards de $US entre les 4 principaux risques naturels. En 2013, 49 %
du préjudice total étaient liés aux
tempêtes (1980–2012 : 40 %) et 37 %
aux inondations (1980–2012 : 22 %).
En 2013, près de la moitié du préjudice économique total a été subi par
le continent asiatique. Les typhons
Haiyan et Fitow, et les séismes, inondations et sécheresses en Chine en
ont été les principaux responsables.
D’un montant de 15 milliards de $US,
les inondations survenues en mai et
juin en Europe centrale et de l’Est ont
constitué les évènements de 2013 les
plus coûteux pour les économies
nationales, suivies par le typhon
Haiyan, en novembre, en Asie du SudEst, qui a lourdement grevé le budget
avec plus de 10 milliards de $US. Le
Deux vagues de chaleur ont également compté parmi les évènements
les plus meurtriers de 2013. Entre
avril et juin, plus de 550 personnes
sont décédées à cause de la canicule
en Inde. En juillet, les températures
ont grimpé à plus de 33,5 °C pendant
plusieurs jours en Grande-Bretagne ;
760 décès ont été attribués à la chaleur. Un tremblement de terre au
Pakistan a coûté la vie à près de
400 personnes, tandis qu’un autre
séisme, cette fois aux Philippines, a
fait plus de 200 victimes.
séisme qui s’est produit en Chine,
en avril, a causé un dommage de
6,8 milliards de $US, les inondations
au Canada, en juin, un dommage de
5,7 milliards de $US, et le typhon
Fitow qui a frappé la Chine et le
Japon en octobre, un dommage de
5 milliards de $US.
Les dommages assurés d’un montant
de 35 milliards de $US ont été engendrés principalement par des inondations et de la grêle en Europe centrale,
et par de violents orages et des inondations en Amérique du Nord. Parmi
tous les évènements mondiaux, celui
qui a été le plus onéreux pour les compagnies d’assurance a été un orage de
grêle en Allemagne, d’un coût de
3,7 milliards de $US.
>> Les données, statistiques et graphiques actuels sont téléchargeables
gratuitement à partir de la rubrique
« Touch Natural Hazards » sur notre site
www.munichre.com/touch
NOTRE EXPERTE :
Petra Löw est spécialiste des catastrophes naturelles et de l’analyse
de tendances. Elle travaille au sein
du département Recherche en géorisques/Centre Entreprise Sciences
du climat en tant que consultante
NatCatSERVICE.
[email protected]
Préjudice total et dommages assurés en milliards de $US pour la période 1980–2013
Préjudice total (valeurs de
2013)*
350
Dont dommages assurés
(valeurs de 2013)*
300
Évolution du préjudice total
250
200
Évolution des dommages
assurés
150
Source : Munich Re
100
50
* Corrigé de l’inflation au moyen de
l’indice des prix à la consommation
du pays concerné
0
1980 1985 1990 1995 200020052010
Munich Re Topics Geo 2013
59
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Téléfax : +49 89 38 91-7 5260
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Wolfgang Kron, Munich Re
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Allemand 302-08120
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Photo de la couverture, p. 56 (7) : AFP
P. 1 : Robert Brembeck
P. 2, 3, 6, 9, 18, 25 (1), 46, 51 (2, 3), 56 (1, 5, 6, 8),
57 (3, 4, 5, 7) : Corbis
P. 4 : UN Photo
P. 12, 23, 25 (2), 29 (2), 33, 37, 45, 51 (4), 53,
55, 59 : Fotostudio Meinen, Munich
P. 15 : Kevin Sprouls
P. 16, 24, 34, 49, 51 (1), 56 (2, 4, 9), 57 (2, 6, 8) :
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P. 29 (1) : Peter Miesen
P. 38 : Minden Picture
P. 52 : GEM Foundation
P. 56 (3) : reuters
P. 57 (1) : Sebastian Werner
P. 57 (9) : Brigitte Rauch, WR Presse-Medien-Studio
Topics Geo – 50 catastrophes naturelles graves survenues en 2013
No Date
Évènement
Région
1 Janv.–avril
Inondations
2 1–20/1
3 15–22/1
Vague de froid, intem­
péries hivernales
Inondations
Zimbabwe,
Mozambique
Mexique,
États­Unis
Indonésie
4 21–31/1
Inondations
Australie
5 6/2
Séisme, tsunami
Îles Salomon
10
6 15/2
Chute de météorite
7 Mars–juin
8 18–19/3
9 22/3
Inondations
Intempéries
Tornades
Fédération de
Russie
Colombie
États­Unis
Bangladesh
3
2
38
10 Avril–juin
11 2–4/4
Vague de chaleur
Crues éclair
Inde
Argentine
557
70
500
12 9/4
13 20/4
Séisme
Séisme
Iran
Chine
42
196
6 800
23
14 20/4
Intempéries
60
40
15 29/4–2/5
16 18–22/5
Crues éclair
Intempéries, tornades
Nouvelle­
Zélande
Arabie saoudite
États­Unis
24
28
3 100
1 800
17 22/5
18 28–31/5
20
45
2 100
15
1 425
19
25 15 200
3 100
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Crues éclair
Bahamas
Intempéries, tornades, États­Unis
tempêtes de grêle
30/5–19/6 Inondations
Europe de
l’Ouest et de
l’Est
14–30/6
Inondations, crues
Inde
éclair
15–30/6
Inondations
Népal
18–19/6
Intempéries,
France,
crues torrentielles
Espagne
19–24/6
Intempéries,
Canada
inondations
Juillet
Vague de chaleur
Royaume­Uni
Juillet–
Vague de froid
Amérique du
août
Sud
2/7
Séisme
Indonésie
8–9/7
Intempéries, crues
Canada
éclair
19/07
Intempéries
Canada
29 21/7
Séisme, glissements
de terrain
30 27–28/7
Tempêtes de grêle,
intempéries
31 Août−sept. Inondations
32 01/8–12/9
33 7/8–20/9
Inondations
Inondations
34 Sept.
35 9–16/9
Gel, vague de froid
Inondations, crues
éclair
Ouragans Ingrid et
Manuel
36 12–21/9
Chine
Morts Préju- Domdice
mages
total
assurés
en millions
de $US
269
30
47
3 000
300
6
2 000
1 000
35
1 500
600
50
3
690
360
4
5 700
1 650
760
80
42
130
1 600
1
400
95
1 000
4 800
98
234
170
1 500
4 000
9
1 000
1 500
Mexique
139
5 800
168
500
4
125
36
3 000
37 16/09–
16/10
38 21–25/9
Inondations
Cambodge
Intempéries, tornade
Brésil, Paraguay
39 21–26/9
Typhon Usagi,
inondations
Chine, Philip­
pines, Taïwan
40 24–28/9
Série de tremblements Pakistan
de terre
Typhon Fitow
Asie de l’Est
(Quedan), inondations
400
12
5 000
42 15/10
Séisme
Philippines
222
90
43 16–29/10
Incendies de forêt
Australie
2
270
44 27–30/10
17
2 150
41 5–9/10
47 18–20/11
Tempête d’hiver Chris­ Europe de
tian (St Jude)
l’Ouest, du Nord
et de l’Est
Typhon Haiyan
Philippines,
Vietnam, Chine,
Taïwan
Cyclone tropical Three, Somalie
crues éclair
Crues éclair
Italie
48 Déc.
Raz­de­marée, orages
49 5–7/12
Tempête d’hiver Xaver Europe de
l’Ouest, du Nord
et de l’Est
Tempête d’hiver/de
Asie de l’Ouest/
neige Alexa, crues
Moyen­Orient
éclair
45 8–12/11
46 10–15/11
50 11–16/12
Brésil
1 600
5 500
Allemagne
Soudan,
Soudan du Sud
Pakistan
Chine, Fédéra­
tion de Russie
Chili
États­Unis
150
2 200
Fortes pluies persistantes. > 630 écoles endommagées. > 6 260 logements et infrastructures détruits.
Températures basses, tempêtes de neige, gel. Conduites d’eau éclatées, casinos touchés. Dégâts dans
l’agriculture.
Fortes pluies saisonnières. 80 villages sous les eaux. Installations d’assainissement détruites. Dommages
industriels et agricoles.
Pluies torrentielles (570 mm/24 h). Maisons, rues endommagées. Mines de charbon noyées. Dommages
dans le secteur agricole et le secteur de l’élevage.
Mw 8,0. Répliques. Vague de tsunami pénétrant jusqu’à 500 m à l’intérieur des terres. Nombreux bateaux de
pêche et maisons détruites. Aéroport sous les eaux. Réseaux d’alimentation en eau et en électricité touchés.
Explosion de météorite (diamètre estimé : 17 m, 10 000 t), onde de choc. > 7 400 bâtiments endommagés.
Réseau de communication coupé, coupures de courant. Blessés : > 1 100.
Fortes pluies saisonnières, glissements de terrain. Dommages matériels, aux infrastructures et à l'agriculture.
Orages, tornades, grêle. Des centaines de bâtiments et de véhicules endommagés. Vols annulés.
Intempéries, tempêtes de grêle. Logements et véhicules détruits. Transport ferroviaire, transport terrestre et
agriculture touchés.
Températures élevées, jusqu’à 46 °C, pendant plusieurs semaines.
Pluies torrentielles (300 mm/2 h). Des milliers de maisons et de véhicules endommagés. Rues et voies
ferrées sous les eaux. Arbres déracinés. 250 000 personnes privées d’électricité.
Mw 6,3. 92 villages touchés. > 3 100 maisons détruites. Réseau de communication coupé.
Mw 6,6. > 700 000 maisons endommagées/détruites, hôpitaux, écoles, digues, 450 ponts, rues et conduites
de gaz endommagés. Coupures de courant. Sans­abri : > 237 600, personnes touchées : 2 millions.
Orages violents, tornade. 1 500 maisons, bâtiments, stades et magasins endommagés. Arbres déracinés.
Dommages aux infrastructures et à l'agriculture.
Fortes pluies. Rupture de digue, plaines inondées. Maisons, fermes endommagées/détruites.
Tornade EF­5 (échelle de Fujita améliorée) à Moore, dans l’Oklahoma, > 70 tornades. > 20 000 maisons,
théâtres, écoles, conduites de gaz et des milliers de véhicules endommagés/détruits.
Orages, fortes pluies. Dommages matériels et aux infrastructures. Débordement du réseau d’égouts.
Tornade EF­3 (échelle de Fujita améliorée) à El Reno, dans l’Oklahoma, grêle (7 cm de diamètre). Dégâts
matériels considérables. Bâtiments universitaires (Centre de technologie, Oklahoma) endommagés/détruits.
> 60 débordements de fleuves (Danube, Inn, Elbe). Nombreux villages sous les eaux. Des milliers de maisons
et de véhicules endommagés/détruits. Dommages aux infrastructures. Pertes dans l’agriculture. Personnes
évacuées : 73 500.
Violentes pluies de mousson. Biens, magasins, écoles, centrales hydrauliques, infrastructures, secteur de
l’agriculture et de la pêche considérablement endommagés.
Fortes pluies de mousson, coulées de boue. Maisons endommagées et pertes de bétail.
Orages, grêle, fortes pluies. Quelques maisons, > 30 hôtels, églises, magasins, véhicules endommagés.
Rues bloquées. Réseau d’électricité coupé. Dommages considérables dans le secteur viticole.
Orages violents, 70 effondrements géologiques. Bâtiments, rues et site du Stampede de Calgary sous les eaux.
Déraillement d’un train. 2 pipelines fermés. 30 000 clients sans électricité. Personnes évacuées : 100 000.
Températures élevées (33,5 °C). Voies, signalisations touchées. Nombre de blessés : 10.
Températures basses, fortes chutes de neige, gel. Agriculture et élevage touchés.
Mw 6,1. > 20 400 maisons, écoles, mosquées, rues et ponts endommagés. 2 réservoirs mobiles d’eau détruits.
920 Tempêtes de pluie, orages, fortes pluies (106 mm/3 h). Biens publics et privés endommagés. Transports
ferroviaire, terrestre et aérien touchés. Coupures de courant.
195 Vents intenses, grêle, fortes pluies, crues torrentielles. Des centaines de maisons et de véhicules
endommagés. Cultures et récoltes détruites.
Mw 5,9, répliques, glissements de terrain, éboulements. 8 villages touchés. Sans­abri : > 220 000.
3 700 Orages, vents très forts, grêle. Des dizaines de milliers de bâtiments endommagés, caves inondées.
Transports ferroviaire et routier touchés. Récolte détruite.
Fortes pluies persistantes, orages, foudre. > 85 000 maisons, écoles et rues endommagées/détruites.
Fortes pluies de mousson. > 7 800 villages et > 5 800 km2 de terres agricoles inondés, animaux d’élevage tués.
550 Fortes pluies. Débordement de fleuves. 229 000 maisons inondées. 1 600 km de rues, > 170 ponts,
> 26 000 km2 de terres agricoles endommagés/détruits. Personnes évacuées : des centaines de milliers.
Températures basses (gel le plus vigoureux en septembre depuis 84 ans). Lourds dégâts dans l’agriculture.
160 Fortes pluies (244 mm/36 h), coulées de boue, éboulements. Ruptures de digues et canaux. > 19 400 maisons,
> 200 magasins, bâtiments endommagés/détruits. Fuites de gaz et de pétrole. Personnes évacuées : 12 000.
950 Nombreux villages sous les eaux, > 40 000 maisons endommagées/détruites. Graves dommages aux
infrastructures, aéroport d’Acapulco fermé. Coupures de courant. > 5 300 km2 de terres agricoles touchées.
Personnes évacuées/sans­abri : > 75 000.
De nombreux bâtiments endommagés/détruits. Secteur agricole et secteur de l’élevage touchés.
Personnes évacuées : > 60 600.
Orages, tempêtes de grêle, tornade, crues éclairs. > 27 000 maisons, 100 écoles endommagées, magasins
détruits par la tornade. Silos et autres équipements agricoles détruits, récoltes touchées.
75 Supertyphon de catégorie 5, typhon de catégorie 2 lorsqu’il a touché la Chine. Graves dommages matériels
et dans le secteur agricole. Rues sous les eaux, interruption du trafic ferroviaire, aérien et maritime.
Mw 7,7, répliques de magnitude jusqu’à Mw 6,8. > 46 000 maisons d’argile endommagées/détruites.
6 235 10 500
162
16
Commentaires, description du sinistre
780
64
12
1 700
30
420
750 Typhon de catégorie 2, ruptures de digues. Des milliers de maisons et de voitures endommagées/détruites.
Transports ferroviaire, routier et aérien touchés. Pertes de récoltes. 11 millions de foyers sans électricité.
Personnes évacuées : > 1 million.
Mw 7,1. > 72 000 maisons endommagées/détruites. Bâtiments gouvernementaux, ports, hôpitaux, églises
endommagés. Dommages aux infrastructures.
170 > 100 foyers d’incendie, > 1 200 km2 partis en fumée. > 200 maisons détruites, > 100 autres endommagées.
Des douzaines de véhicules détruits. Trafic aérien interrompu. Écoles fermées. Personnes évacuées : des
milliers.
1 550 Vents très forts, fortes pluies, onde de tempête, vagues atteignant 7,5 m de hauteur. Des centaines de
milliers de maisons sans électricité. Télécommunications et trafics ferroviaire, routier, aérien et maritime
interrompus.
700 Pointes de vents soufflant jusqu’à 380 km/h. > 1,1 M de maisons endommagées/détruites. 80 % de la ville
de Tacloban détruits. Très lourdes pertes aux niveaux des infrastructures et de l'agriculture. Pénurie d’eau
et de nourriture. Nombre de disparus : > 1 700, personnes évacuées/sans­abri : > 4,9 millions.
Fortes pluies, onde de tempête, crues éclair, débordements de fleuves. Des villages entiers emportés, de
nombreuses maisons endommagées. Pertes dans l’agriculture et l’élevage.
Dépression Cleopatra. Des villages entiers sous les eaux. Importants dommages matériels, aux infrastruc­
tures et à l’élevage. Ruptures de digues. Proclamation de l’état d’urgence.
Fortes pluies, orages, crues éclair, glissements de terrain. Des centaines de maisons, magasins, véhicules
endommagés/détruits. Dommages aux infrastructures. Personnes évacuées/sans­abri : > 70 000.
970 Vents intenses, onde de tempête. Maisons endommagées. Inondations dans les villes côtières,
des centaines de maisons sous les eaux. Trafic ferroviaire, routier, aérien, des ferries interrompus.
290 Fortes pluies/chutes de neige, onde de tempête. Des milliers de maisons inondées/détruites. Nombreux
accidents de la circulation. Trafic aérien et ferroviaire et transport par bus interrompus. Alimentation en
eau, canalisations, télécommunications touchées. Pertes considérables dans l’agriculture.
Topics Geo – Carte mondiale des évènements naturels 2013
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10
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26
45
42
38
3
25
48
34
890 évènements naturels, dont
50 évènements importants (sélection)
5
1
11
Évènements géophysiques : séisme, tsunami, éruption volcanique
Évènements météorologiques : tempête tropicale, tempête extra­
tropicale, tempête convective, tempête locale
Évènements hydrologiques : inondation, mouvement de terrain
Évènements climatologiques : températures extrêmes, sécheresse,
incendie de forêt
Évènements extraterrestres : chute de météorite
4
43
14
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