Portrait de carrière d`Arturo Gatti

Transcription

Portrait de carrière d`Arturo Gatti
Le seul magazine au Québec
dédié uniquement à la 1boxe
Magazine La Zone de Boxe
5ième année – numéro 25
Août, 2009
Numéro 25
Portrait de carrière d’Arturo Gatti
La petite histoire de la Zone de Boxe
Classement livre pour livre québécois
2
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Magazine La Zone de Boxe
2755 Clermont
Mascouche (Québec) J7K 1C1
[email protected]
Éditeur
François Picanza
Rédacteur en chef
Pascal Roussel
Collaborateurs
Maxime Chartrand
Vincent Morin
Pascal Lapointe
Karim Renno
Pascal Lapointe
Karim Reno
3 – L’éditorial
4 – Le mot du médium format géant
6 – La petite histoire de la zone de la boxe
10 – Entrevue avec Marc Ramsay
16 – Arturo « Thunder » Gatti 1972-2009
Correcteur/Réviseur
Pascal Lapointe
Véronique Lacroix
Traducteur
Pascal Lapointe
Photo page couverture
Vincent Ethier
Mise en pages / Infographie Martin Laporte
Le magazine la Zone de boxe fut fondé en 2004 à Mascouche par
François Picanza. Ce magazine est maintenant offert gratuitement
sur le web.
20 – 25 surnoms de boxeurs
23 – Deux espoirs colombiens chez GYM
26 – Profession : Promoteurs de boxe
d’envergure internationale
31 – Classement livre pour livre Québécois
La Zone de Boxe magazine
4e année, numéro 25
Aout 2009
33 – Classement La zone de boxe
3
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
L’Éditorial
Lorsque Pascal Roussel m’a demandé de parlé un peu de l’histoire du magazine La Zone de
Boxe pour ce 25e numéro, je ne m’attendais pas au déluge de souvenirs qui ressurgiraient au
cours de ma recherche. Je dis recherche car, possédant une mémoire que même un poisson
rouge n’envierait pas, j’ai du creuser dans de vieilles archives de courriels et déterrer d’anciens
numéros. Enfin ceux qui existent encore en format imprimé, car à l’époque le magazine n’était
pas offert en format PDF.
En fait, j’ai une copie en format PDF du tout premier numéro paru en septembre 2004 (que les
nostalgiques pourrons consulter grâce à un lien à cet effet sur notre page Web), mais non de
ceux qui suivirent jusqu’à ce que le format du magazine évolue éventuellement.
La raison pour laquelle le premier numéro existe en format PDF est parce que ce fut grâce à ce premier document que j’ai
vu et approuvé ce dont le magazine aurait l’air une fois imprimé.
Pour les numéros qui suivirent, le cocréateur du magazine, un imprimeur de Senneterre nommé Christian Péloquin qui se
chargeait également de la distribution postale, m’envoyait plutôt une version sur papier. Malheureusement, j’ai tendance
à oublier de conserver une copie pour moi-même lorsque c’est sur papier. Donc, je ne possède malheureusement pas une
copie imprimée en bon état de chacun des magazines que La Zone de Boxe a produit, ce qui en rétrospective n’est
probablement pas très brillant de ma part.
Bon, j’ai assez radoté sur mes inepties. En faire le tour prendrait un numéro complet. Pour ceux voulant lire la petite
histoire du magazine, je vous propose ma chronique dans ce numéro qui marque 5 années de couverture de boxe en
format magazine. Un fait historique en soit au Canada. D’ailleurs, je ne crois pas qu’un autre magazine canadien sur la
boxe a tenu la route plus de 3 ans jusqu’ici. Si vous en connaissez, vous seriez les bienvenus de m’en faire part par
courriel au [email protected]
Bonne boxe!
Francois Picanza
Éditeur
4
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Le mot du médium format géant
Joyeux
Je vous vois dans ma boule de cristal, vous êtes tous là à chanter en chœur,
e
Merci! Notre magazine est rendu à son 25 numéro.
anniversaire, nos vœux les plus sincères!
Lorsque vous tournerez cette page, vous pourrez lire un texte de notre éditeur, François Picanza,
qui vous expliquera l’histoire du magazine.
Surnoms
Pour souligner ce chiffre magique, je vous ai concocté un petit texte spécial sur les surnoms de
nos boxeurs. Devinez combien de surnoms j’ai retenus? Allez, pensez-y. C’est ca, 25! Que voulezvous, je suis un homme de concept (je vais attendre quelques secondes pour que les
applaudissements diminuent). C’est bien beau d’avoir un surnom quand on est un boxeur, mais ce
n’est pas tous les surnoms qui sont un succès. Vous pourrez y voir nos préférés, ceux qui passent
le test et ceux qui échouent.
Ramsay, l’homme de l’heure
L’homme que vous voyez sur la page couverture, Marc Ramsay, traverse une période fructueuse dans sa vie
professionnelle. Il est maintenant entraîneur d’un champion du monde, soit Jean Pascal. Nous avons voulu lui parler, lui
donner l’éclairage qu’il méritait. Mais ce n’est pas tout. Ramsay a aussi dans les dernières semaines fait « l’acquisition »
de deux nouveaux boxeurs aux grandes ambitions. Deux Colombiens, d’anciens participants aux Jeux olympiques, qui ont
quitté leur pays pour venir s’installer à Montréal et boxer sous la gouverne de Ramsay. Lisez cet autre texte, écrit par
Pascal Lapointe, afin de faire connaissance avec ces deux espoirs de haut niveau!
Classement livre pour livre Québec
Notre dernier classement livre pour livre de nos boxeurs évoluant au Québec datait du mois de janvier. Je croyais bien
que ce classement deviendrait pour le magazine un dossier annuel. Mais en raison de tous les combats importants des six
derniers mois, nous n’avons pas eu le choix. Nous avons dû mettre à jour notre classement. Lisez le compte-rendu de
notre collaborateur Karim Renno. Et contrairement aux précédentes éditions où les collaborateurs s’entendaient sur les
positions au classement, cette fois-ci, c’est la zizanie! Vous ne serez probablement pas d’accord avec notre classement
cumulatif, tout comme moi! Sur un million de gens à qui nous aurions demandé leur classement, nous aurions pu recevoir
un million de classements différents. J’exagère à peine.
Les grands promoteurs de ce monde
Voici un texte que j’attendais depuis longtemps. Voulez-vous savoir qui sont les promoteurs les plus importants sur la
planète boxe? Un nouveau collaborateur au magazine, Maxime Chartrand nous offre ce brillant texte où il nous présente
les dix plus importants promoteurs de boxe au monde, ceux avec qui Interbox et GYM devront faire affaire pour jouer
dans les grandes ligues.
Le retour d’Alcine sera-t-il convaincant?
Joachim Alcine fera son retour au casino de Montréal le 28 août prochain. Il annonce clairement son intention de
redevenir champion du monde. GYM et Alcine lui-même savent-ils à quel point « Ti-Joa » a perdu de fans? Avec ses
péripéties de la dernière année (religion, problèmes avec son entraîneur, entraînement seul à la maison), plusieurs
personnes ont perdu confiance en Joachim et ne croient plus qu’il a ce qu’il faut pour retourner au sommet. Auparavant,
tout le monde était fan de Joachim. Mais à présent, plusieurs partisans ont descendu de l’Express Alcine. Et je dois avouer
que je fais partie de ce deuxième groupe. Alors ce que je souhaite à Joachim le 28 août, c’est une performance éclatante
pour ramener ses fans perdus. Une prestation ne serait-ce qu’ordinaire, même dans la victoire, permettra aux détracteurs
de dire que Joachim n’a plus la flamme. Nous verrons si un camp d’une semaine ou deux en Floride avec Buddy McGirt
sera suffisant. Je ne suis pas habituellement si pessimiste, mais je crois que ca va prendre en plus une rangée de
lampions à l’Oratoire St-Joseph.
5
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Surnom encore
Au cours des derniers numéros, le nombre de lecteurs du magazine a grandement augmenté. Et plusieurs me demandent
l’explication pour le titre de cette chronique. Les « vieux de la vieille » qui lisent le magazine depuis longtemps et qui
vont sur le forum de discussion de La Zone de Boxe en connaissent la raison, mais pas les nouveaux lecteurs. Voici
l’explication.
J’utilise le terme « médium » dans le sens de voyant. Parce que lorsque j’ai un scoop ou une histoire qui me provient de
quelqu’un du milieu mais qui préfère garder l’anonymat, je prétends tout simplement avoir vu cette nouvelle dans ma
boule de cristal! C’est une façon pour moi de dire aux gens que ma source est fiable, mais qu’elle restera secrète. Et si je
me qualifie de « format géant », il vous suffirait de me rencontrer pour comprendre! Si je vous dis que Jean-François
Bergeron et Patrice L’Heureux doivent un peu se lever les yeux pour me regarder, je vous donne un léger indice.
Pascal Roussel
Rédacteur en chef format géant
6
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
La petite histoire de La Zone de Boxe
par François Picanza, éditeur
Le magazine La Zone de Boxe, comme presque tout ce que je finis par accomplir, a vu le jour de façon improviste.
Il me serait difficile de parler du magazine sans parler de La Zone de Boxe elle-même, alors débutons par celle-ci.
La mise sur pied de La Zone de Boxe en tant qu’entreprise privée axée sur la distribution médiatique fut accidentelle, sans
planification aucune. Il faut dire qu’au moment où La Zone de Boxe a vu le jour, la boxe était loin d’être aussi populaire et
accessible qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Les années pauvres de la boxe
Au début des années 2000, je me plaisais à fréquenter le forum RDS mais à l’époque, il n’était visité que par une poignée
d’amateurs – rappelez-vous que la boxe était moins populaire et qu’Internet était moins répandu qu’aujourd’hui – dont
plusieurs internautes disons…. assez bizarres. Ceci m’a amené à plutôt fréquenter un forum mieux modéré et appartenant
à Ti-Yan qui est devenu un ami personnel bien que l’on ne se voit que très rarement. Son forum, Le monde à Ti-Y@n,
couvre plusieurs sports de combat en général.
C’est en fréquentant ce forum que j’ai rencontré quelques passionnés, principalement François Bouchard et Nicolas Bailey
avec qui j’ai collaboré sur QuébecBoxe, un défunt site alors dédié à publication sur le Web de chroniques sur la boxe.
Quelques semaines plus tard, au début de 2003, je décidais d’ouvrir un forum de discussion qui serait exclusivement
dédié à la boxe et qui serait fortement modéré afin de réunir ceux qui désiraient discuter de boxe de façon sérieuse.
À l’époque, nous ne pouvions compter que sur deux ou trois galas de boxe par année au Québec, ce qui n’était pas grand
chose pour aider à conserver de façon continue une masse d’amateurs envers le noble art. J’avais la ferme conviction que
le forum La Zone de Boxe serait un bon outil pour maintenir l’intérêt des passionnés entre deux galas. C’était la seule idée
derrière la création de La Zone de Boxe. Tout ce qui en découla par la suite, le magazine, les vidéos, etc., fut une suite
d’évènements non planifiés.
Au fil des semaines qui suivirent la création du forum La Zone de Boxe, des sections s’y ajoutèrent : une pour l’histoire de
la boxe, une pour indiquer où trouver diverses ressources reliées au monde pugilistique, etc.
Je ne me rappelle plus exactement la chronologie exacte, mais je crois que ce fut environ deux mois plus tard, à l’été de
2003, que la première évolution majeure de La Zone de Boxe arriva. Ne désirant plus diviser mon temps entre deux
mondes et ayant l’impression de porter deux sites sur mes épaules, je quittai QuébecBoxe et commençai à mettre des
articles de façon journalière dans une section à cet effet sur le forum de la Zone.
Puis peu après, en septembre 2003, je changeai complètement le logiciel du forum pour quelque chose de plus convivial
à mes yeux et qui me permettait de pouvoir créer un site Web où seraient affichés les articles paraissant sur certaines
sections du forum. Ceci permettrait à ceux qui ne désiraient pas prendre le temps de s’inscrire sur le forum de pouvoir
suivre tout de même les articles sur le noble art.
La Zone de Boxe enregistrée
Lors de l’ouverture du forum, La Zone de Boxe espérait pouvoir compter sur 150 membres pour sa première année. Je le
répète souvent mais le contexte de la boxe et du Web était différent de ce qu’il est aujourd’hui. Néanmoins, ce but fut
rapidement dépassé et au printemps 2004, La Zone de Boxe comptait déjà 540 membres. Ceci était positif et négatif en
même temps. Plus de bande passante et d’espace disque étaient nécessaires, et maintenir un site et un forum en ligne
devenait onéreux pour ce qui devait n’être au début qu’un passe-temps.
Regardant alors ce qui se faisait sur le site américain MaxBoxing où les membres pouvaient, moyennant un versement
mensuel, avoir accès à du contenu exclusif, je décidai de tenter l’expérience. Le marché québécois, francophone de
7
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
surcroît, représentait une mince fraction du marché anglophone américain; je savais bien que contrairement à MaxBoxing,
je ne pourrais gagner ma vie à couvrir la boxe. Cependant, je me disais que cela pourrait servir à justifier auprès de ma
patiente épouse, qui me perdait si souvent au profit du Web, que ce hobby était aussi un travail rémunéré. Ou à défaut
de profit, je pourrais peut-être à tout le moins couvrir mes dépenses.
C’est ainsi que La Zone de Boxe devint une entreprise légalement enregistrée. La partie payante du site, nommée La
Zone Platine, consistait alors en entrevues vidéo et combats en gymnase entre boxeurs qui deviendraient éventuellement
reconnus. Les abonnés de l’époque eurent droit à notre série Les Guerres cachées où l’on pouvait voir des combats du
genre de ceux opposant Sébastien Demers à Jean Pascal à leurs débuts pros.
La Zone de Boxe Platine
Avec sa visibilité qui prenait de l’ampleur, tant grâce à son contenu que par la façon dont le forum était modéré, La Zone
de Boxe attira l’attention de « nouveaux » promoteurs tel Interbox deuxième édition, Starbox et principalement Yvon
Michel et son équipe de promotion GYM.
Grâce à leur support, La Zone de Boxe fut bientôt capable de permettre à ses membres Platine de pouvoir également
accéder à des combats ayant lieu lors de galas, autant les combats diffusés à la télé que ceux de sous-carte. Ce qui était
une chose assez spéciale avant l’ère de YouTube et du piratage par les sites de partage.
C’est vers cette époque, je crois, que j’ai délaissé la composition de comptes rendus aux mains très capables de Pascal
Lapointe pour me concentrer sur les entrevues et la production de vidéos. Pascal fut d’un grand support à l’époque et
encore plus aujourd’hui grâce à sa disponibilité et son dévouement au forum La Zone de Boxe qui font de lui la personne
que je considère comme mon homme de confiance dans l’administration de La Zone de Boxe.
Pour terminer avec cette section sur La Zone de Boxe Platine, j’aimerais mentionner que La Zone Platine fut l’endroit
d’une autre première en sol canadien. C’est en août 2004, bien avant les Vidéotron et Radio-Canada, que nous avons
diffusé le premier gala de boxe québécois en direct sur le Web. Ceci était une initiative d’Alexandre Choko qui lançait alors
les galas Starbox. L’expérience ne fut tentée que deux fois et n’avait attiré qu’une
poignée d’internautes qui pouvaient converser sur le même écran où ils visionnaient
les combats, mais comme je le radote souvent, c’était une autre époque et nous
étions des pionniers traçant de nouveaux chemins.
J’aimerais également profiter de ce passage pour remercier Jonathan Beaudry. Avec
les YouTube et autres sites de ce monde qui affichent gratuitement du contenu ne
leur appartenant pas en faisant fi des droits de diffusion, le temps des sections
payantes comme La Zone Platine sera peut-être bientôt révolu. Mais sans le support
de Jonathan et de ses serveurs, La Zone Platine n’aurait jamais duré aussi
longtemps.
Le magazine La Zone de Boxe
Outre les vidéos, La Zone Platine de l’époque offrait également des articles inédits et
un magazine accessible sur le Web nommé « Le ‘Zine de La Zone », dont le premier
numéro paru en mars 2004.
Le ‘zine de la Zone, est d’une
La Zone Platine doit donc être considérée comme la mère du magazine La Zone de
certaine
façon l’ancêtre du
Boxe, car c’est le «‘zine» qui attira l’attention d’un imprimeur de Senneterre nommé
magazine
actuel
Christian Péloquin. Ce dernier communiqua avec moi au printemps de 2004 pour me
proposer de mettre sur pied une version imprimée. Je répliquai à ce moment que
mon « vrai » boulot ne me laissait pas le temps de fournir du contenu pour mon site Web et pour un magazine en plus.
Mais ceci ne découragea pas cet entrepreneur, que je n’ai jamais rencontré en personne à ce jour, de me recontacter à
l’été de 2004 pour me montrer une ébauche de sa nouvelle idée. Cette fois-ci, il me proposait que le magazine imprimé
utilise le même contenu que celui disponible sur le site. Bien que ce magazine n’aurait pas autant d’intérêt pour les
internautes, ceci ferait découvrir La Zone de Boxe à de nouveaux lecteurs plus âgés qui ne sont pas confortables avec le
8
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Web. Péloquin n’avait pas tort. Il y a quelques jours à peine, j’ai de nouveau reçu un courriel d’une dame qui me
demandait s’il y avait moyen d’abonner son père à La Zone de Boxe en format imprimé. En 2009, le Web rejoint
beaucoup plus de gens qu’en 2004, mais il y en aura toujours qui préfèrent le papier.
Puisque cette nouvelle approche proposée par Christian Péloquin ne devait pas cannibaliser le site ni prendre trop de mon
temps, je donnai mon accord à ce projet. Le premier numéro paru en septembre 2004. Bien qu’affreux en comparaison
avec ce qui est produit aujourd’hui, je fus bien content du résultat à l’époque.
Cependant, la partie du concept voulant que le magazine n’utilise que du contenu du site ne fit pas long feu. Presque
immédiatement, je me suis dit que nos lecteurs devaient pouvoir lire du contenu exclusif. Je me suis donc mis à écrire et
éditer plus que prévu. Heureusement que plusieurs membres du forum se mirent à participer eux aussi à la composition
du magazine.
Avoir un magazine imprimé apportait une certaine légitimité à La Zone de Boxe. Perçu jusqu’alors par plusieurs médias
dont je tairai les noms comme les « ti-culs du Web qui n’ont pas d’affaires là » lors des galas et conférences de presse, La
Zone de Boxe devenait… respectable.
Nous n’étions ni meilleurs ni pires qu’avant, mais être imprimé aidait à diminuer le snobisme dont La Zone de Boxe était
victime par certains individus qui trouvaient difficile à accepter que des gens puisse couvrir gratuitement et avec passion
des évènements pour lesquels eux étaient rémunérés.
Il est également possible que leurs réaction initiales tenaient plus de l’appréhension de voir leur travail être comparé à
celui de bénévoles qu’au snobisme proprement dit… Il est difficile de demander une augmentation à son patron si ce
dernier peut faire des remontrances sur le fait que d’autres individus font le même boulot que leurs employés pour moins
cher.
Quoi qu’il en soit, être sur papier et acheté par abonnement procurait enfin à La Zone de Boxe ses lettres de noblesse et
une plus grande acceptation.
La ceinture La Zone de Boxe et le Conseil Québécois de Boxe
Quelques temps après le lancement du magazine, sur une idée de quelques
membres du forum, La Zone de Boxe introduisait même un nouveau
championnat provincial avec la ceinture La Zone de Boxe. Ceci permettrait aux
boxeurs débutants d’avoir un premier objectif à atteindre en carrière. Le
premier championnat fut remporté par David Whittom aux dépens de Martin
Desjardins.
La ceinture changea rapidement de nom à la suite d’un judicieux conseil d’Yvon
Michel. Du fait que La Zone de Boxe était une entreprise privée et un média de
surcroît, certains pourraient hésiter à reconnaître ce titre pour ne pas
encourager un média compétiteur. Yvon me recommanda de songer à fonder
un organisme à but non lucratif pour en faciliter l’adoption générale.
David Whittom premier boxeur à
détenir la ceinture de la Zone de
Boxe. (photo Joël Tripp)
Le but initial du titre n’était pas de promouvoir outre mesure La Zone de Boxe,
même si toute publicité est bonne, mais plutôt de donner un tremplin à la
relève de la boxe qui s’organisait tranquillement – les promoteurs démarraient
encore leurs nouvelles écuries en 2004. La décision de fonder le Conseil
Québécois de Boxe fut alors prise et la ceinture changea de nom et devint la
ceinture du CQB (et non « la ceinture de Frank » comme se plaît à me taquiner
mon copain Russ Anber à chaque fois qu’il en a l’occasion).
Ce fut une bonne décision, car avec les années la ceinture du CQB fut même
adoptée et reconnue par le Journal de Montréal et autres médias qui la
dénigraient au début. L’Ontario a récemment emboîté le pas pour la mise sur pied de « Ontario Boxing Council » en citant
le Conseil Québécois de Boxe comme un modèle de succès.
9
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Il faut dire que la liste de champions qui lui ont fait honneur a bien aidé. Les plus connus du public étant Jean Pascal,
Benoit Gaudet, Sébastien Demers, Patrice L’Heureux, David Cadieux, Dierry Jean et David Lemieux.
Le Conseil Québécois de Boxe se distingue des autres associations par deux points :
1. Aucun pourcentage de la bourse des boxeurs n’est saisi par le CQB. Seuls les promoteurs défraient les coûts de
sanction et ces coûts minimes ne servent qu’à payer la fabrication de la ceinture et les frais comptables pour opérer
l’organisme à but non lucratif.
2. L’autre point de distinction a trait à la méthode de classement. Afin d’être à l’abri de soupçons de corruption qui pèsent
parfois sur les autres organismes, le CQB a choisi de n’être en charge que de la décision finale de sanctionner ou non un
combat de championnat. Le classement du CQB est effectué par des reporters de plus d’un média tel : La Zone de Boxe,
NetBoxe et Fightnews. En évitant d’être tout puissant au niveau décisionnel, le CQB améliore ses chances de demeurer
pur.
L’évolution du magazine jusqu’à aujourd’hui
Pour revenir au magazine, ce dernier a subi de nombreux changements au fil des ans. L’un des plus importants fut celui
de le rendre plus accessible en l’offrant gratuitement sur le Web. Il rejoint ainsi un plus grand public et ne tue pas
d’arbres.
Alors que je participais jadis au montage, à la rédaction et à la composition, mes obligations professionnelles et familiales
grandissantes ont fait en sorte que j’ai eu à me fier à d’autres individus
pour maintenir le magazine en santé.
Et ce fut pour le mieux! J’aimerais avouer publiquement que tous ceux qui
contribuent au magazine font un super boulot et j’irais même jusqu’à dire
que plus on me remplace, meilleur se porte le magazine.
Je veux éviter de nommer ici les noms de ceux qui y ont participé au fil des
ans, car je veux éviter de blesser des gens que je vais sûrement oublier de
mentionner faute de mémoire. Cependant, sachez que je vous remercie
tous pour votre contribution, qu’elle soit passée ou présente.
Pour ce qui est du moment actuel, je continue d’éditer le magazine car je
veille au grain pour la réputation de La Zone de Boxe. Cependant, si vous
trouvez que ce magazine est bon, cela est surtout dû aux autres noms que
vous pouvez voir à la page du magazine qui suit la couverture et au labeur
de Pascal Roussel qui trime fort à courir après chaque article et photo.
Si le magazine La Zone de Boxe est le magazine de boxe avec la plus
longue durée de vie de l’histoire du Québec, c’est parce qu’il est écrit par
des auteurs passionnés en fonction de vous, notre public tout aussi
passionné. Bonne boxe et bonne lecture !
Le premier numéro du
magazine, septembre 2004
10
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Entrevue avec Marc Ramsay
Marc Ramsay lors de la conférence de presse du combat Diaconu-Pascal
(photo Vincent Ethier)
Dans une entrevue accordée au magazine La Zone de Boxe en 2006 (numéro 13, novembre 2006, p. 8-11), Marc
Ramsay a déclaré à Samuel D.-Drolet : « J’ai des rêves et je ne serai pas en paix avec moi-même, tant et aussi longtemps
que je ne les aurai pas réalisés. » Avec la victoire de son protégé, Jean Pascal, sur Adrian Diaconu en juin dernier,
Ramsay peut rayer un important élément de la liste de ses aspirations, « Entraîner un boxeur qui décrochera un titre
mondial ». Mais il n’a nullement l’intention de s’arrêter là. C’est ce qu’il clairement expliqué au magazine La Zone de Boxe,
entre autres, lorsque nous l’avons rencontré.
Zone De Boxe : Marc, un de tes protégés est maintenant titulaire d’un titre mondial, un rêve que
relativement peu d’entraîneurs arrivent à concrétiser. Comment ta vie a-t-elle changé ou comment
t’attends-tu à ce qu’elle change?
Marc Ramsay : Je ne pense pas qu’elle va changer. C’est sûr que le titre mondial, c’est une aspiration à laquelle un
entraîneur peut s’accrocher. Mais une fois qu’elle se
réalise, il y a d’autres étapes ensuite. Je veux aller plus loin
avec Jean. Je veux réaliser la même chose avec Décarie
(Antonin) et avec les Colombiens (Eleider Alvarez et Oscar
Rivas). Je travaille aussi avec Kevin Bizier et Didier Bence.
Chacun de mes boxeurs est un projet en tant quel. J’essaie
de faire en sorte qu’ils atteignent leur plein potentiel.
« Chacun de mes boxeurs est un
projet en tant quel. J’essaie de
faire en sorte qu’ils atteignent
leur plein potentiel »
ZDB : Donc, tu as toujours eu des objectifs allant
au-delà d’un titre mondial? Tu ne t’es pas réveillé le lendemain de la victoire de Pascal en te disant : « Bon,
on fait quoi maintenant? »
MR : J’ai souvent visualisé cette situation. J’avais prévu le coup. C’est sûr que la conquête d’un championnat du monde
est un objectif majeur. Quantité de boxeurs qui réussissent cet exploit ont le sentiment d’avoir gravi l’Everest. Si un
athlète n’est pas capable de s’automotiver et de se donner de nouveaux buts, il va avoir des problèmes. Sa carrière de
titulaire mondial va être courte. C’est à l’entraîneur et surtout au boxeur de se dire : « On vise les défenses de titre, on
vise l’unification. » Ça peut aller jusqu’au temple de la renommée.
11
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
ZDB : Pour ce qui est de Jean, on sait que ce qui l’attend à court terme, c’est son aspirant obligatoire,
l’Italien Sylvio Branco.
MR : En effet. Si son groupe et lui ne se défilent pas, comme ils ont l’ont fait avec Diaconu, Branco est aspirant
obligatoire. Je ne suis pas dans le secret des dieux pour ces choses-là, mais on me dit que si Branco veut se battre, le
combat va avoir lieu à l’automne. Sinon, nous allons sûrement faire une défense contre quelqu’un d’autre.
ZDB : Que penses-tu de Branco?
MR : C’est un bon boxeur. Il ne faut pas se laisser
aveugler par son âge. Il s’est passé un peu la même
chose avec Diaconu. Certaines personnes disaient que
Diaconu était puissant, point. Cependant, penser
qu’Adrian est fort mais peu habile, c’est tomber dans le
panneau. C’est un peu le même principe en ce qui
concerne Branco. Il est peut-être vieux (43 ans), mais sa
principale qualité est encore sa rapidité. C’est un bon
boxeur technique, un peu droit, mais avec des mains
vives et un bon jeu de jambes. Il n’est pas
nécessairement facile à boxer.
ZDB : Alors, qu’est-ce qui te met en confiance?
MR : Je pense que Jean est supérieur à Branco en tous
points. Même si l’atout principal de ce dernier est sa
vitesse de mains et de pieds, Jean fait partie de l’élite de
la division sur ce plan. Jean a beaucoup d’outils. Nous
allons avoir beaucoup d’options, plusieurs stratégies vont
s’offrir à nous.
L’entraineur du nouveau champion du monde
ZDB : Revenons à la préparation du combat
recevant la bise d’Alexandra Croft!
Pascal-Diaconu. Le camp s’est déroulé à ton
(photo Vincent Éthier)
goût?
MR : Tout à fait. La seule inquiétude que nous avons
eue, c’est que Jean a attrapé un rhume dans les derniers jours. Son nez était bouché la journée de la pesée et il toussait
un peu. Nous étions inquiets, mais nous gardions notre calme. Nous avons fait appel à un médecin pour trouver un
décongestionnant qui ne contenait pas de substances interdites. Nous avons bien pris le problème en charge, mais de
toute façon, une heure avant le combat, tout le monde avait oublié le rhume, y compris Jean.
ZDB : Tu me disais avant que nous commencions qu’il est important pour toi que ton boxeur, et par
extension son équipe, soit « dans sa bulle » à l’approche d’un combat?
MR : Très important. Tout s’est bien passé sur ce plan. Que ce soit à Miami ou à Montréal, je n’ai pratiquement rien lu,
rien écouté de ce qui s’est écrit ou dit sur le combat. À notre retour de Floride, on nous a dit que le combat ne recevait
pas autant d’attention des médias et du public qu’il le devrait et cela nous préoccupait quand même un peu. Jean a
donné un gros show à la conférence de presse d’avant-combat. J’ai néanmoins continué à ignorer l’ensemble des articles
et des reportages. Je ne voulais pas laisser mon esprit s’empoisonner.
ZDB : Que veux-tu dire par « laisser mon esprit s’empoisonner »?
MR : À dix jours ou une semaine du combat, ce n’est plus le temps de se remettre en question. Il faut foncer avec les
décisions qui ont été prises. Par exemple, supposons qu’un entraîneur n’est pas certain de la stratégie que le camp
adverse va employer parce que ce dernier a trois options valables à sa disposition. À force de lire les déclarations et les
analyses dans les médias, l’entraîneur peut se laisser entraîner, consciemment ou inconsciemment, dans une direction
12
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
précise. Et avoir de mauvaises surprises pendant le combat. Il vaut mieux y aller avec sa propre opinion que de tenter de
traiter la masse d’information qui est disponible. On peut se noyer là-dedans.
J’aurais quand même pu prendre connaissance de l’opinion des médias tout en restant conscient du fait que je ne devais
pas me laisser influencer, mais, vu le risque de néanmoins me laisser imprégner d’informations néfastes, j’ai préféré me
tenir loin des journaux, des radios et des sites Web. C’est ce que Jean a fait aussi. En arrivant à Montréal, nous nous
sommes enfermés dans un hôtel du centre-ville et y sommes restés jusqu’au combat. Toute l’équipe y était : Jean, moi, le
psychologue sportif (Rob Schinke) et Pedro Diaz. Tous les soirs, nous faisions des réunions pour réviser la stratégie.
ZDB : Peux-tu de décrire le plan de match qui avait été établi?
MR : C’est un peu délicat, car il pourrait y avoir une revanche. Mais il reste que les gens ont pu voir en bonne partie
notre plan de match pendant le combat. L’idée de base, c’est que
nous disposions de plus d’outils qu’Adrian, alors nous voulions être
prêts pour tout ce qu’il avait à offrir. Au départ, en raison des
styles, c’était certain que Jean allait se déplacer et frapper et
qu’Adrian allait foncer. Nous savions que ce dernier était encadré
par des professionnels intelligents, alors nous nous doutions qu’ils
allaient lui conseiller de ne pas passer en cinquième vitesse dès le
départ, afin qu’il ait l’énergie nécessaire pour être dangereux le
plus longtemps possible. Cette tactique a fonctionné : Adrian a été
dangereux tout le combat. Mais si Adrian avait choisi de se lancer en fou dès le premier round, nous étions prêts pour ça
aussi.
« Si Adrian avait choisi de
se lancer en fou dès le
premier round, nous étions
prêts pour ça aussi »
ZDB : Est-ce que tu t’attends à ce que ce soit ce qu’il essaie s’il y a un combat revanche?
MR : C’est sûr qu’Adrian et son équipe vont regarder le combat et essayer d’effectuer des ajustements. Mais que peut-il
faire? Il ne peut quand même pas courir après Jean! Si Jean se déplace, Jean se déplace, c’est tout. Le coffre à outils
d’Adrian n’est pas assez garni pour qu’il effectue des ajustements susceptibles de transformer le combat en profondeur.
De plus, Jean va être confiant, il saura qu’il est le favori. Sans être trop confiant, je vois un combat moins compliqué la
prochaine fois.
ZDB : Certaines personnes, toi y compris, ont déjà reproché à Pascal sa tendance à s’éloigner de la
stratégie préparée. Comment évalues-tu son respect du plan de match?
MR : Pendant le camp d’entraînement, Jean faisait exactement ce que nous lui demandions, ce qui m’a rassuré. Il ne
restait donc que l’application de la stratégie le jour du combat. J’avais une certaine crainte que l’émotion et la foule lui
fasse perdre la maîtrise, mais nous avons fait en sorte qu’il soit le plus concentré possible. Il a bien appliqué la stratégie
durant les premiers rounds, puis pendant tout le combat. Je peux dire que son respect du plan de match a dépassé mes
attentes.
ZDB : Jusqu’à l’annonce de la décision, est-ce qu’il restait un doute dans ton esprit?
MR : Non. Même sachant qu’Adrian était le champion et qu’il semblait jouir d’un appui un peu plus enthousiaste de la
foule au début du combat, il ne m’est jamais venu à l’esprit que la victoire pouvait aller de l’autre côté. Jean en avait trop
fait. Dans un combat de championnat, quand j’ai droit à quatre hommes de coin, le quatrième me sert toujours de juge.
Je peux m’aider de son pointage pour déterminer si je demande à mon boxeur d’en faire plus ou au contraire d’être plus
prudent. La consigne est de donner les points à l’adversaire s’il y a le moindre doute. Et même en appliquant cette
consigne, mon « juge », Pietro Napolitano, nous a donné quatre points d’avance.
ZDB : Quels aspects de la boxe de Jean aimerais-tu améliorer, disons dans la prochaine année?
MR : Il y a toujours des points à améliorer, c’est certain. Mais je ne veux pas faire connaître ce que je considère comme
les faiblesses de Jean [sourire]. Ce que je peux dire, c’est que j’ai une équipe extraordinaire, surtout compte tenu de ma
collaboration avec Pedro Diaz.
ZDB : Quelle incidence Pedro Diaz a-t-il sur l’équipe?
13
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
MR : Pour commencer, Diaz est l’entraîneur qui a la plus vaste qualification professionnelle que je connaisse. Il est le plus
complet. Il a un doctorat en éducation physique. Il a des notions en médecine et en nutrition. Tout cela en plus d’une
feuille de route étoffée qui témoigne de sa science de boxe. Ses méthodes sont très pédagogiques, surtout par rapport au
sparring. En Amérique du Nord, les entraîneurs ont tendance à considérer le combat simulé comme un outil de mesure.
On s’entraîne, puis on fait un sparring pour voir à quel point le boxeur est prêt pour son prochain combat. Tandis que la
méthode cubaine, du moins la méthode de Pedro Diaz, repose davantage sur la pédagogie. Diaz aime fractionner les
séances de sparring pour ensuite réunir tous les éléments à la fin du camp d’entraînement. Il fait ainsi en sorte que le
boxeur, en l’occurrence Pascal, puisse réagir à tout ce que son adversaire peut lui présenter.
ZDB : Peux-tu me donner un exemple de fractionnement?
MR : Je vais donner un exemple simple. Pour environ les quatre premiers rounds de combat simulé, nous faisions appel à
un boxeur qui était rapide, plus que Diaconu, pour forcer Jean à être extrêmement alerte en début de combat. Il
s’agissait généralement d’un des frères Augustama, Azea et Eli, deux talentueux boxeurs d’origine haïtienne. Ensuite,
Jean croisait les gants avec David Lemieux, sauf que Jean ne pouvait se servir que de son jab, tandis que Lemieux
pouvait l’attaquer à volonté au corps. De cette façon, Jean serait prêt si Diaconu décidait de se concentrer au corps pour
le ralentir. Et nous complétions les douze rounds avec Curtis Stevens, un bon bagarreur de 5 pieds 9 pouces qui avance
les mains hautes, ce qui lui donne un style similaire à Diaconu.
ZDB : Vous avez donc eu accès à de l’excellent sparring
pendant le camp d’entraînement?
MR : Effectivement. Avec les Augustama, Lemieux et Stevens,
en plus de quelques autres boxeurs qui nous ont donné un coup
de pouce de temps en temps, je ne pouvais pas vraiment
demander mieux. Pour chaque caractéristique que nous avions
relevée chez Adrian, nous avons été en mesure de trouver un
boxeur qui lui ressemblait et de lui faire faire du combat simulé
contre Jean.
Antonin (Décarie) a également profité d’excellents partenaires
de sparring. Il a notamment croisé les gants avec Felix Diaz,
médaillé d’or chez les super-légers aux Jeux olympiques de
2008, et le Colombien Juan Camilo Novoa (13-3-1, 11 K.-O.),
qui a fait match nul avec Lester Gonzalez, espoir cubain
invaincu en onze combats, pendant que nous étions là-bas.
ZDB : Au sujet de Décarie, on sait qu’il est dans les
bonnes grâces de la WBO, mais sa situation demeure
nébuleuse. Peux-tu nous expliquer ce qui s’en vient pour
lui?
Marc Ramsay (à gauche) et son équipe
portant Antonin Décarie
(photo Joel Tripp)
MR : Je t’avoue que le fait qu’il soit premier, deuxième ou
troisième aspirant nous importe peu. Dans sa catégorie, les
vedettes se battent entre elles à l’heure actuelle. Il y a
beaucoup d’action. Il est donc important que nous soyons
patients. Bien entendu, si on nous fait une offre alléchante,
nous allons nous présenter, mais seulement si nous croyons
avoir des chances de gagner. Nous n’irons pas seulement
chercher un chèque. Il y a notamment un champion – que je ne
nommerai pas – que nous croyons être capables de mettre en
danger. Mais la bourse doit être intéressante et le moment doit
être propice.
Bien des choses peuvent se passer. Par exemple, supposons
14
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
que Miguel Cotto fasse un combat contre Manny Pacquiao et qu’il doive laisser tomber son titre. Antonin pourrait
facilement se retrouver dans un combat pour le titre vacant contre Jesus Soto-Karass ou un autre boxeur du peloton de
tête. Bref, la patience est de mise. De plus, si j’avais à choisir, je préférerais qu’Antonin fasse deux ou trois autres
combats avant de plonger.
ZDB : Qu’as-tu pensé de la prestation de
Bizier contre Cesar Soriano?
MR : Honnêtement, je ne l’ai pas encore regardée.
Les vacances que j’ai prises après le combat de
Jean viennent de se terminer. Comme je voulais
me concentrer à 100 % sur Jean pendant sa
préparation, ce sont mes collaborateurs, Mike
Moffa et Pietro Napolitano, qui ont pris Kevin en
charge pour le combat. Kevin et son père étaient
au courant de la situation. Ils savent que si un jour
il se bat en championnat du monde, je vais lui
accorder toute mon attention.
J’étais aussi conscient que je ne lui donnais pas un
rival facile. Soriano était le dernier adversaire de
JoJo Dan. Je l’ai quand même donné à Kevin très
tôt dans sa carrière, parce que je savais que mon
boxeur avait toutes les habiletés pour le battre. Je
ne pensais pas que Soriano possédait ce qu’il faut
pour mettre Kevin en danger, mais je savais qu’il
lui ferait un combat un peu plus difficile.
Marc Ramsay et ses nouveaux boxeurs colombiens (Oscar
Rivas complètement à gauche et Eleider Alvarez à sa
droite) (photo François Couture)
ZDB : Tu as fait preuve d’une certaine confiance en Bizier, parce que tu savais que le combat se déroulerait
à l’intérieur et que Soriano est à l’aise à courte distance.
MR : Oui, mais je savais aussi que mon gars était très fort à l’intérieur. Je n’étais pas vraiment inquiet. Kevin s’est battu
avec des gars beaucoup plus habiles que Soriano sur la scène internationale en boxe olympique. Je sais ce qu’il est
capable de faire. Il reste pas mal de travail à faire, mais c’est normal, il est en début de carrière. Je pense qu’on va
s’amuser un bon bout de temps avec Kevin. Si j’ai accepté de travailler avec lui, c’est que je pense qu’il peut se rendre au
bout du chemin.
« On dit souvent que
bons entraîneurs font
bons boxeurs, mais
bons boxeurs font aussi
bons entraîneurs »
les
les
les
les
ZDB : On sait que tu as récemment commencé à travailler
avec deux espoirs colombiens, Eleider Alvarez et Oscar
Rivas. C’est un jalon important dans ta carrière?
MR : M’associer avec Eleider et Oscar, c’est comme embrayer en
deuxième vitesse dans ma carrière d’entraîneur. On dit souvent
que les bons entraîneurs font les bons boxeurs, mais les bons
boxeurs font aussi les bons entraîneurs. C’est sûr que j’ai travaillé
fort pour des athlètes comme Jean et Antonin, mais ils m’ont aussi
amené à un certain niveau en tant qu’entraîneur. C’est un travail
d’équipe. Pour moi, comme je disais, les deux Colombiens, c’est
un peu la deuxième vitesse. Je vais travailler avec des athlètes qui ont de vastes habiletés naturelles, des pur-sang. Non
seulement ils ont du talent, mais ils ont fait leurs preuves en boxe olympique sur la scène internationale. Bref, j’ai
l’occasion de travailler avec deux des meilleurs espoirs disponibles sur le marché à l’heure actuelle. Cela me permet
assurément de continuer à construire ma carrière d’entraîneur.
15
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
ZDB : Parle-moi un peu de ce qu’ils montrent en gymnase.
MR : Je suis très emballé. Alvarez me rappelle Moncef « Buddy » Askri, sauf qu’il est encore meilleur sur la plupart des
points – vitesse, puissance, expérience, etc. Pourtant, je considère Askri, avec Jean Pascal, comme le boxeur le plus
talentueux avec qui j’ai travaillé. Je ne vois pas vraiment de limite aux horizons d’Eleider.
Rivas fait moins dans la dentelle, son approche est un peu plus brute, mais ses aptitudes demeurent impressionnantes. Il
est notamment doté d’une force herculéenne qui lui permet, même s’il n’est pas très grand, de s’imposer physiquement
face à n’importe quel rival. Le public va aimer son style sans compromis. Une fois que le gong retentit, il vise la
destruction.
ZDB : Et le dernier boxeur de ton équipe est le seul à être encore amateur?
MR : Oui. Didier Bence est le numéro un chez les super-lourds (plus de 91 kg) au Canada depuis son passage en
catégorie ouverte, il y a environ trois ans. De prime abord, c’est son potentiel qui frappe. Il me rappelle un peu Jean au
même âge, en ce sens qu’on ne voit pas la limite de ce qu’il pourrait accomplir. Mais il reste beaucoup d’éléments à polir.
Pour un gars qui évolue sur la scène mondiale des super-lourds en boxe olympique, il a très peu de combats, une
quarantaine. Il faut qu’il prenne de la maturité et de l’expérience.
J’adore mon aventure en boxe professionnelle, que j’ai entamée en 2004, mais revenir à la boxe olympique, c’est un peu
comme un retour aux sources. Les voyages me manquaient, tout comme le fait d’entraîner en fonction du style amateur.
Cela me plaît autant que de guider des professionnels.
ZDB : Bence a une compétition d’importance dans quelques semaines, les championnats mondiaux [du 1er
au 12 septembre à Milan, en Italie]. Quels sont vos objectifs?
MR : J’aimerais qu’il s’installe dans les 8 à 10 premiers. Il faut tenir compte du fait qu’il n’est pas aussi mature
physiquement que la plupart de ses adversaires potentiels. Je voudrais qu’il y ait une progression d’ici les Jeux
olympiques de Londres en 2012. Qu’il s’impose comme l’un des 10 meilleurs au monde cette année, puis parmi les 5 ou 6
premiers en 2010, pour ensuite faire partie du trio ou du quatuor d’élite en 2011. Si cela se produit, tous les espoirs sont
permis pour les Jeux olympiques en 2012.
ZDB : Ton poulain fait environ 6 pieds 1 (1 m 85) pour quelque 225 livres (102 kg). Tu as évidemment un
parti pris, mais, à la lumière de ce que tu vois en boxe professionnelle et olympique, crois-tu qu’il y a
encore de la place pour un athlète de cette taille dans l’élite mondiale?
MR : Il y a encore de la place, mais il faut être très mobile de même que fort physiquement pour éviter de se faire
épuiser par les mastodontes. Même s’il ne s’agit, en boxe olympique, de combats de trois rounds, neuf minutes avec
David Price, qui mesure 6 pieds 8 (2 m 03), ça peut être très long s’il est capable de t’écraser physiquement. En outre, il
faut beaucoup d’habiletés naturelles, et c’est le cas de Didier.
ZDB : Merci pour le temps que tu nous as donné, Marc.
MR : De rien.
16
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Arturo « Thunder » Gatti 1972-2009
Par Vincent Morin
Gatti le guerrier. Sa trilogie de combats contre
Mickey Ward passera à l’histoire.
(photo boxrec.com)
17
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
The Ultimate Blood and Guts Warrior... Si Hong Kong a laissé au monde Bruce Lee comme icône du sport de combat,
Montréal aura donné naissance à tout un personnage en Arturo Gatti, un tough s'il en est un!
Celui dont les paupières et les sourcils s’ouvraient et se refermaient comme une fermeture éclair et dont les poings
avaient la puissance du tonnerre n'aura laissé personne indifférent, avec des bagarres épiques dignes du pugilat des
années 40.
Une inspiration pour la majorité des boxeurs amateurs et professionnels d'ici, Gatti est celui qui nous a fait dire un jour ou
l'autre au gymnase : « Encore un autre round, Arturo Gatti ne serait pas en train de chialer qu'il est fatigué! »
Il est le héros moderne des Québécois, celui qui est parti de rien pour réussir aux États-Unis, le Rocky Balboa de tous les
jours...le Human Highlight Film.
En fait, il est tellement respecté dans sa ville adoptive d'Atlantic City et un peu partout au pays de l'Oncle Sam que
lorsqu’un boxeur livre un combat spectaculaire, on dit qu'il a connu une performance Gattiesque.
Après tout, quatre de ses duels ont été nommés combats de l'année au sud de la frontière (1997, 1998, 2002 et 2003).
Deux fois champion du monde (IBF super-plumes et WBC super-légers), il aura tout de même combattu une fois à
Montréal dans sa carrière. Voici donc un petit survol de sa carrière sous forme d'un top 10 des grands combats de celui
qui a été un guerrier absolu dans le ring et malgré les circonstances entourant sa mort, un gentleman auprès de ses fans,
amis et famille.
Carrière amateur au Québec
Certains amateurs de boxe ont connu Arturo Gatti lorsqu’il était un petit homme d’à peine huit ans qui tapait sur les sacs
du défunt club de boxe olympique de Montréal, véritable école de champions (Michele Moffa, Vittorio Salvatore et j’en
passe), sous la supervision de Dave Campanile.
Champion canadien juvénile en 1988 et champion canadien junior en 1990, le point culminant de la carrière amateur du
pugnace bagarreur originaire de la région de Calabre en Italie, mais qui a grandi à Montréal-Nord, aura été une
participation au Championnat du monde junior à Lima au Pérou en 1990.
Évoluant à l’époque chez les poids coqs (54 kg), il avait été défait aux points à son premier combat par le Portoricain
Gilberto Otero.
New Jersey, terre d’accueil pour Thunder
Bien qu’il était destiné à monter chez les seniors de l’équipe olympique canadienne, Arturo Gatti a plutôt décidé de suivre
son frère Joe au New Jersey afin de fouler les rings de la boxe monnayée.
Le 10 juin 1991, il débutera ce qui sera une illustre carrière professionnelle avec une victoire par T-.K-.O. sur Jesus
Rodrigues. Il a monté graduellement les échelons de la boxe professionnelle de 1991 à 1994, malgré une courte défaite
par décision partagée le 17 novembre 1992 au légendaire Blue Horizon de Philadelphie face à un boxeur qui ne passera
pas à l’histoire (King Salomon).
Il obtiendra son premier titre régional (titre USBA des super-plumes) grâce à une victoire par décision unanime en 12
rounds sur l’Américain Peter Taliaferro. Il défendra ce titre deux fois et remportera trois combats à un poids plus élevé
avant de se voir offrir la chance qu’il souhait : livrer un combat de championnat du monde.
Le champion IBF des super-plumes (130 livres), Tracy Harris Patterson, est moins célèbre que son père adoptif (l’ancien
champion poids lourd Floyd Patterson), mais est tout de même un champion solide et expérimenté, avec 58 combats
derrière la cravate avant de croiser le fer avec Gatti. Thunder lui ravira la ceinture grâce à un gain par décision unanime,
18
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
dans une belle bataille. Ce combat lui donnera un contrat télévisuel avec le réseau de télévision HBO, qui éventuellement
l’amènera au statut de semi-dieu du ring en territoire américain.
Voici les principales bagarres diffusées qui demeureront gravées comme des classiques pugilistiques.
Quatre combats de l’année et demi
*-1996 vs Wilson Rodriguez, MSG Theater, New York, New York : Ce combat, en nomination comme combat de
l’année par The Ring Magazine, a été un vrai feu d’artifice. Seulement devancé par le choc Mike Tyson/Evander Holyfield
1 selon la prestigieuse publication, le duel Gatti/Rodriguez a été court mais explosif. Pour plusieurs, c’était le combat de
l’année en 1996.
Au tapis au deuxième assaut, perdant en plus un point pour coup bas au cinquième round, Thunder réplique et envoie
son adversaire au tapis avec un crochet de gauche au foie. Rodriguez se relève et compter se bagarrer. L’œil droit
complètement bouché et mené aux points, Gatti, fils adoptif de Jersey City, termine le combat d’un coup de tonnerre à la
sixième reprise : un crochet de gauche au menton.
Il s’agissait de la première défense du titre mondial IBF des poids super-plumes (130 livres) pour Gatti. C’est également
ce combat qui allait lui attirer le regard des partisans : c’était le premier combat télévisé du Montréalais d’origine italienne
sur le réseau HBO.
-1997 vs Gabriel Ruelas, Ceasar’s Hotel & Casino, Atlantic City, New Jersey : Officiellement le premier combat
de l’année au palmarès d’Arturo Gatti, ce combat a été à son image : intense et haut en rebondissements.
Dans une guerre de tranchée, Gatti retiendra pour une dernière fois sa couronne IBF des poids super-plumes avec une
victoire arrachée d’une claque. Sonné par un uppercut au quatrième round, la coqueluche d’Atlantic City a reçu pas moins
de 15 coups de puissance consécutifs avant de voir la cloche sonner. Alors que le combat est à couper le souffle et que
c’est égal au pointage, Gatti laissera une autre fois le tonnerre frapper au cinquième engagement. Un crochet de gauche
cueillera Ruelas et le marchand de sable accompagnera l’ancien champion d’origine mexicaine au pays des rêves.
Gatti a également obtenu l’honneur du K.-O. de l’année par The Ring Magazine pour ce combat.
-1998 vs Ivan Robinson 1, Convention Hall, Atlantic City, New Jersey: Revenant d’une défaite par coupure face
à Angel Manfredy, Arturo Gatti voulait revenir sur le chemin de la victoire. Il allait croiser un compétiteur féroce en la
personne d’Ivan Robinson, un poids léger ultra rapide de Philadelphie. La première rencontre entre les deux belligérants a
été carabinée du début à la fin.
Si Robinson a porté plus de coups à Gatti qu’il en a reçu, il a visité le tapis au quatrième round et s’est fait solidement
sonner les cloches au dernier round, finissant le combat de peine et de misère, avec les jambes aussi molles qu’Amy
Winehouse pourrait avoir après une cuite. Le Montréalais a perdu une décision partagée, mais son effort n’aura pas été
vain, puisque The Ring Magazine nommera le duel combat de l’année. Il aura également une revanche face à ce même
Robinson (défaite par décision quatre mois plus tard).
-2002 vs Mickey Ward 1, Mohegan Sun Casino, Uncasville, Connecticut: Quand l’essence et le feu se croisent,
l’explosion survient naturellement. Voici donc ce qui allait être, selon plusieurs amateurs et journalistes, le combat du
siècle… et le début d’une trilogie. De l’avis même de l’auteur de ces lignes, ce choc a été ce qui s’est fait de plus
dramatique, brutal et mémorable en boxe professionnelle.
Quand on pense au mot bagarre, le premier duel entre Gatti et Ward devrait être assigné au dictionnaire Larousse
comme définition. Le ring aura été, le 18 mai 2002, le témoin d’une fiesta enchaînant cuir, sang, sueur, intensité, ténacité
et férocité. Rarement a-t-on vu autant de volonté de gagner dans un combat. Il fallait toutefois s’en attendre, puisque les
deux bagarreurs étaient reconnus comme étant pugnaces.
19
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Gatti visita le tapis avec un crochet de gauche au foie, la marque de commerce de Ward, au neuvième assaut. Après avoir
tout encaissé ce que Irish Mickey avait à lui envoyer, le Phoenix, nouveau surnom de Gatti après ce combat (pour sa
capacité à toujours revenir dans un duel même en extrême difficulté), est revenu avec ses charges, remportant même le
10e et dernier round de l’affrontement.
Ward a remporté une décision partagée, mais personne n’a vraiment perdu ce soir du 18 mai, ni Gatti, ni les partisans
qui ont assisté à cette historique bataille.
-2003 vs Mickey Ward 3, Boardwalk Hall, Atlantic City, New Jersey : Bien qu’Arturo ait remporté plutôt
facilement le deuxième affrontement entre les deux guerriers, comme Ward avait gagné le premier combat, un troisième
duel a donc eu lieu question de déterminer un vainqueur de ce deux de trois, pour le grand plaisir des amateurs de boxe.
Contrairement au deuxième affrontement, où l’Américain de descendance irlandaise a visité le tapis, c’est Gatti qui ira au
sol dans ce troisième épisode pugilistique sanglant. Toutefois, malgré cette chute et une main brisée dès la quatrième
reprise, le combatif athlète du groupe Main Event remportera une décision unanime. Il aura toutefois dû puiser dans ses
réserves pour venir à bout d’un Mickey Ward tenace, comme à l’habitude.
Mot de la fin
Si je n’ai pas personnellement la prétention de faire un mot de la fin pour Arturo Gatti, un véritable gladiateur des temps
modernes qui m’aura fait vivre toutes sortes d’émotions, particulièrement lors de sa seule présence à Montréal, le
chroniqueur de boxe du réseau de télévision américain ESPN, Dan Rafael, a su le dire en ondes, le 17 juillet dernier :
« Il était sans aucun doute le combattant le plus spectaculaire de notre génération et probablement un des trois boxeurs
amenant le plus d’action dans le ring de tous les temps. »
Repose en paix champion
(photo Vincent Ethier)
20
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
25 surnoms de boxeurs
par Pascal Roussel
Pour ce 25e numéro de votre magazine de boxe préféré, nous avons pensé vous offrir cette liste.
Comment définit-on un bon surnom? Un bon surnom de boxeur doit répondre, selon nous, à au moins un des critères
suivants :
9
9
9
9
9
démontrer un côté de la personnalité du boxeur, par exemple Dale « Cowboy » Brown;
avoir une bonne sonorité, comme par exemple « Double Trouble » pour Sébastien Demers ou « The Real Deal »
pour l’américain Evander Holyfield;
démontrer un aspect des qualités pugilistiques du boxeur, comme « l’ouragan » pour parler d’Eddy Melo dans les
années 70-80 ou Arturo « Thunder » Gatti;
être utilisé par l’annonceur sur le ring;
être original sans être trop extravagant.
Comment définit-on un surnom qui ne fonctionne pas?
9
9
9
Les surnoms qui viennent de la vie du boxeur en dehors de la boxe sont souvent une mauvaise idée, comme par
exemple « Ti-Joa » pour Joachim Alcine.
Un surnom qui sonne tout simplement mal est une mauvaise idée.
Un surnom qui ne reflète pas du tout les qualités pugilistiques d’un boxeur ou qui ne reflète pas sa personnalité
est encore une fois une mauvaise idée.
Notre top 5
Yvon Durelle, The Fighting Fisherman : Voici un surnom qui sonne bien et qui représente
la personnalité de ce boxeur acadien qui a grandi dans un petit village de pêcheurs. Le
10 décembre 1958, Durelle est opposé à Archie Moore au Forum de Montréal, dans l’un des
combats les plus mémorables de l’histoire de la boxe professionnelle au Canada. Il est membre
du Temple de la renommée du sport canadien et du Temple de la renommée de la boxe
canadienne.
Arturo Thunder Gatti : Gatti frappait comme le tonnerre, demandez à Joey Gamache et
d’autres adversaires si vous avez besoin d’une confirmation. Et son entrée sur Thunderstruck
de AC/DC complétait le tout. Un surnom parfait!
Sébastien Double Trouble Demers : Le surnom de Sébastien est dû à un annonceur de ring
qui se sentait très inspiré un soir de décembre 2003. C’était lors d’une compétition chez les
amateurs, un duel Ontario-Québec à Saint Catharines. . L’annonceur avait inventé des
surnoms pour tous les boxeurs en compétition, dont Double Trouble pour Demers. Le surnom
lui est resté, il l’utilise depuis ce jour. Excellente sonorité et surnom agressif et représentatif
pour Demers.
Yvon Durelle, The
Fighting Fisherman
(photo cqb.ca)
Adrian The Shark Diaconu : Adrian nous a déjà expliqué en entrevue au magazine qu’il avait choisi ce surnom quand il
est passé professionnel. Quelqu’un lui avait dit qu’il devait se trouver un surnom et à ce moment-là, il portait un chandail
avec un requin dessus. Ce fut aussi simple que ça. Chez les amateurs, Diaconu avait comme surnom The Barbarian, mais
il ne l’aimait pas vraiment. The Shark représente bien le style de boxeur qu’est Adrian.
Walid La tempête de sable Smichet. Ce surnom en est un que nous affectionnons particulièrement! Il provient d'un
concours organisé sur le forum de discussion du site Web de la Zone de Boxe! Il représente à la fois le style de boxeur
qu’est Walid et fait aussi référence à ses origines tunisiennes.
21
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Ceux qui passent le test
Robert Cléroux, Le Bœuf de Chomedey : Surnom très représentatif de cet ancien
champion canadien des poids lourds (1960-1962) qui est aussi intronisé au Panthéon
des sports du Québec.
Dale Cowboy Brown : Ce surnom qui sonne bien représentait de belle façon ce
boxeur venu de l’Ouest canadien pour faire carrière à Montréal. Et ses entrées avec
son chapeau de cowboy rendaient tout cela plus éclatant!
Léonard Dorin, Le lion : Ce surnom le représentait bien. Surnom agressif, court et
qui sonne bien. De plus, ce surnom s’utilisait aussi bien en anglais qu’en français.
Ali L'ange du ring Chebah : Ce surnom, qui a aussi été utilisé par Donato Paduano
au Québec dans les années 70, a été attribué à Chebah par son entourage pour la
simple et unique raison qu’il a une gueule d’ange. Pas le meilleur surnom du monde,
mais juste assez pour être dans notre liste de ceux qui passent le test.
Adam Green, The Green Machine : Le québécois anglophone Adam Green n’est
pas le seul à utiliser ce surnom. Pensons seulement à l’australien Danny Green venu
affronter Éric Lucas à Montréal en décembre 2003. Nous aimons l’allitération de ce
surnom.
Robert Cléroux, le Bœuf de
Chomedey a une fiche de 2-1
contre George Chuvalo
(photo boxrec.com)
Otis Magic Grant : Otis nous a raconté l’origine de son surnom. Plus jeune, son sport préféré était le basketball et son
joueur préféré était Magic Johnson des Lakers de Los Angeles. Il jouait au basketball dans la rue et parfois, il essayait
d’apprendre quelques trucs à son entraîneur de boxe de l’époque, Russ Anber. Et Russ, qui était beaucoup moins bon
(voir même très mauvais selon Otis!), s’est mis à l’appeler Magic. Le surnom lui est toujours resté. Ce surnom sonne très
bien et cadre aussi avec le style de boxe qu’utilisait Otis. Étant gaucher, ses adversaires ne voyaient probablement pas
toujours venir les coups de Magic!
Lucian Le tombeur Bute : Ce surnom est à double sens. Il fait tomber ses adversaires sur le ring, mais avec son
charme, il fait aussi tomber les femmes. Par contre, il semble que Bute ne voudrait plus l’utiliser car l’équivalent roumain
a un sens différent que Lucian n’aime pas.
Adonis Superman Stevenson : Un peu prétentieux comme surnom,
n’est-ce pas? Il faut avoir du culot pour porter ce surnom, mais avec sa
fiche vierge jusqu'à présent, personne n’a pu encore lui reprocher. Avec
son entrée sur la musique de Superman, il sait attirer l’attention. Son
surnom provient du temps où il était amateur. Il avait participé en Ontario
à une compétition Canada vs Écosse. Stevenson affrontait le champion
écossais Craig McEwan (maintenant pro, fiche de 16-0, entraîné par Freddie
Roach et ayant GBP comme promoteur). Adonis a remporté le duel. Les
spectateurs l’ont interpellé après le combat comme le « Black Superman ».
Et depuis ce jour, il utilise Superman comme surnom.
Eddie Melo, l’ouragan
(photo boxrec.com)
Eddy Melo L'ouragan : Les gens le surnommait L’ouragan, car il était
doté d’une grande rapidité et il lançait ses coups en rafale. Ce boxeur a
connu des débuts fracassants avant de rafler le Championnat canadien des
poids moyens en mars 1979, à l'âge de 17 ans. Par contre, sa carrière sur le ring se termina très rapidement : à l’âge de
25 ans, il accrocha les gants avec ses meilleures années déjà derrière lui.
Patrice Le granit L'Heureux : Le granit est quelque chose de solide. Et Patrice travaille pour une compagnie de granit
à Grand-Mère. Voilà la plus simple explication pour cet étrange surnom de l’ancien champion poids lourds du Canada
(2004-2006).
22
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Stéphane Brutus Tessier : Lorsqu’il faisait du kick-boxing, son entraîneur l’avait surnommé Brutal, qui s’est par la suite
transformé en Brutus. Simple et efficace comme surnom.
Hermann La panthère noire Ngoudjo : Ce surnom lui a été attribué par ses
parents quand il était jeune. D’habitude, les surnoms venant de l’extérieur de la
boxe ne sont pas très adaptés à la boxe, mais ce n’est pas le cas ici. Surnom
agressif qui représente bien Hermann. Par contre, il n’est pas le seul à utiliser ce
surnom. L’australien Lovemore N’dou l’utilise aussi.
Bermane B-Ware Stiverne : Ce boxeur ayant grandi à Montréal mais évoluant
maintenant aux États-Unis sous Don King nous amène un surnom amusant.
« Beware » signifie en français prendre garde. Stiverne, reconnu pour sa force de
frappe et ses K.O., a un nom qui le représente bien et qui est original.
Troy The Boss Ross : Le champion de la dernière série « The Contender », dont
les droits appartiennent en partie à GYM, possède un surnom dont nous aimons la
sonorité, l’allitération. Surnom qui veut tout dire : il est le patron sur le ring, que
ses adversaires le sachent!
Les flops ou ceux qui ne fonctionnent tout simplement pas!
Bermane B-Ware Stiverne, le
11 juillet 2008 au Stade Uniprix
(photo Richard Cloutier)
Olivier Lontchi, La tradition : Lorsque nous lui avons demandé d’où venait ce surnom, Olivier nous expliqua que ce
surnom est sorti à la suite d’une discussion avec Otis Grant sur la culture camerounaise. Depuis, il l’utilise de temps en
temps. Malgré cette belle explication, pour nous ce surnom ne fonctionne pas. On ne peut pas utiliser un surnom
seulement à l’occasion. De plus, il ne veut pas dire grand chose et ne sonne pas bien.
Éric Lucas, Lucky Luke : Ce surnom était issu d'un concours sur RDS.ca. Lucas ne l’a utilisé que quelques combats et il
l’a ensuite rapidement laissé tomber. Mis à part la ressemblance avec son nom, il ne ressemblait en rien au boxeur.
Stéphane Ouellet, Le poète : Le surnom du poète semblait plus désigné
pour décrire Ouellet en dehors du ring. Les annonceurs sur le ring ne l’ont
jamais vraiment utilisé. Il représentait bien la personnalité de Ouellet, mais
avouons qu’il n’avait rien de bien effrayant pour l’adversaire! Vers le début de
sa carrière, les annonceurs ont aussi quelques fois présenté Ouellet comme
« l'espoir blanc ». Cependant, Ouellet lui-même détestait ce prétentieux
surnom et il a demandé qu’on arrête de l’utiliser.
Stéphane Ouellet, le poète
(photo Herby Whyne)
Joachim Ti-Joa Alcine : Comme nous l’avons mentionné plus haut, les
surnoms qui nous viennent de nos amis en dehors du ring sont rarement
adéquats. Et Ti-Joa en est la preuve. Ce surnom ne représente pas ses
qualités, ne sonne pas très bien et n’est surtout pas effrayant pour
l’adversaire.
Dierry Jean, Douggy ou Douggystyle : Pour ce qui est de Douggy, on
peut imaginer facilement que ce surnom vient de ses amis. Pas très représentatif ou intimidant pour l’adversaire. Pour ce
qui est de Douggystyle, contentons-nous de l’explication polie qu’il a déjà donné au Canal Vox : il a du style quand il
boxe… Nous suggérons à ses adversaires de ne pas ramasser leur protecteur buccal s’ils l’échappent sur le ring!
Pier-Olivier Côté, Apou : Ce surnom lui vient de l’école secondaire. Quelqu’un l’a tout simplement interpellé comme ça
et ce surnom lui est resté. Très amusant pour un surnom entre amis, mais complètement ridicule pour ce qui est d’un
surnom de boxeur!
23
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
GYM enrôle deux espoirs colombiens
Par Pascal Lapointe
[email protected]
NDLR : Cet article a été produit à partir de texte publiés sur le site Web de La Zone de Boxe le 20 mai dernier.
À compter des championnats du monde de boxe amateur 2007, le Groupe Yvon Michel (GYM) a mené un programme de
recrutement international dont le public savait peu de choses, exception faite de l’échec des démarches du promoteur
auprès du Russe Matvey Korobov. Au printemps 2009, soit plus de six mois après les Jeux olympiques 2008 à Pékin, les
efforts n’avaient toujours débouché sur aucune réalisation concrète, et il y avait lieu de croire qu’ils ne conduiraient peutêtre à rien, à court ou à moyen terme. Mais la situation a changé du tout au tout à la mi-mai, lorsque La Zone de Boxe a
appris que GYM avait mis sous contrat deux Colombiens remplis de promesses. En effet, Eleider Alvarez et Oscar Rivas
ont abouti début mai à Montréal, via le Venezuela, après avoir quitté le camp d’entraînement de leur équipe nationale.
Eleider Alvarez
(Photo François Couture)
Alvarez, 25 ans, a terrorisé les mi-lourds des Amériques au
cours des deux dernières années. Doté d’une force de frappe
peu commune, il a en effet décroché l’or à 81 kg aux Jeux
panaméricains en 2007 et aux championnats panaméricains en
2008, battant chaque fois le représentant cubain. Il a aussi
participé l’an dernier aux Jeux olympiques de Pékin. À son
premier combat, il s’est incliné au départage (le pointage était
de 5-5 à l’issue des quatre rounds) devant l’Anglais Tony
Jeffries, qui a finalement remporté une médaille de bronze.
Selon Marc Ramsay, qui sera l’entraîneur-chef des deux
boxeurs, « les principaux atouts d’Alvarez sont sa force de
frappe et son agressivité. Ses habiletés sont au-dessus de la
moyenne, son expérience de la compétition de haut niveau est
au-dessus de la moyenne et sa puissance est vraiment audessus de la moyenne. Il a donc pu enregistrer d’excellents
résultats dans les tournois internationaux, même si son style
bagarreur était mal adapté à la boxe amateur. »
Pour sa part, à seulement 21 ans, Rivas est un peu la version
colombienne de Didier Bence, champion canadien de boxe
olympique dans la catégorie des plus de 91 kg qui, lui aussi
dans la jeune vingtaine, est promis selon les observateurs à un
bel avenir. Rivas montre un impressionnant dossier compte tenu
de son âge. De plus, « les boxeurs de son gabarit qui ont de
telles aptitudes sont très rares », affirme Ramsay. L’on peut
prétendre que le principal fait d’armes de Rivas est sa conquête
du championnat panaméricain 2008 aux dépens, en finale, du
solide Cubain Roberto Alfonso. Cependant, on pourrait aussi
souligner sa deuxième place aux Jeux panaméricains de 2007
ou son parcours olympique qui l’a mené à un combat de la
ronde des médailles; il a toutefois été victime de la poussée
irrésistible de celui qui allait décrocher la médaille d’or, l’Italien
Roberto Cammarelle.
Oscar Rivas
(Photo François Couture)
Bernard Barré, qui à titre de vice-président de GYM est chargé du
recrutement pour le promoteur, n’est pas peu fier de ses deux nouveaux poulains : « Marc [Ramsay] et moi les avions
dans le collimateur depuis longtemps. Nous les avons suivis des championnats du monde de Chicago aux Jeux
olympiques de Pékin, en passant par les tournois de qualification de Port of Spain et de Guatemala. Ce sont des boxeurs
de haut calibre, pour qui la transition à la boxe professionnelle ne sera pas difficile parce qu’ils sont portés sur l’attaque.
Alvarez a une “grosse claque” et son style me rappelle celui d’Eddy Melo, en plus talentueux. Pour ce qui est de Rivas, à
24
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
21 ans et avec une telle force physique, son potentiel saute aux yeux. Il a déjà battu le Cubain Alfonso et, à Pékin, il a
été le seul boxeur à vraiment donner de la difficulté à Cammarelle. »
Alvarez et Rivas ont signé avec GYM des contrats de 3 ans, dont une année d’option, prévoyant en tout quelque 18
combats. Mais comment, au juste, se sont-ils retrouvés à Montréal? La question est pertinente, et l’histoire mérite d’être
racontée...
Bien branchés sur la scène amateur, Ramsay et Bernard ont collaboré à un projet qui a débouché, dans la foulée des Jeux
olympiques de 2008, sur l’établissement d’un palmarès des 15 boxeurs amateurs les mieux outillés pour effectuer la
transition à la boxe professionnelle. Comme il s’agissait de recruter des athlètes pour GYM, ne figurait sur la liste aucun
pugiliste issu de Cuba, totalitarisme oblige, ou de pays où la boxe professionnelle est trop bien structurée pour que les
vedettes locales envisagent de s’expatrier afin de faire carrière, comme Puerto Rico, la Grande-Bretagne et bien entendu
l’Allemagne et les États-Unis.
Dans les mois qui ont suivi les Jeux de Pékin, la première cible définie par les deux acolytes, le Russe Matvey Korobov, a
échappé à GYM lorsqu’il a choisi de signer une entente avec une organisation américaine. Les négociations avec leur
deuxième choix, dont nous ne pouvons révéler l’identité parce que son passage chez les professionnels n’est pas encore
chose faite, ont aussi achoppé.
Il fallait donc passer aux prochains noms dans le palmarès. Quelques boxeurs faisaient l’objet d’évaluations similaires,
mais un facteur en particulier a aiguillé les actions de Barré et Ramsay : le fait qu’ils savaient que la filière colombienne
comportait deux espoirs de haut niveau plutôt qu’un seul, soit Rivas et Alvarez.
Parallèlement à leurs démarches, un heureux hasard a huilé les engrenages. En octobre et novembre 2008, Ramsay a
supervisé la préparation de son protégé, Jean Pascal, qui allait tenter de devenir titulaire mondial WBC aux dépens de
Carl Froch. L’un des partenaires d’entraînement du Lavallois était le vétéran colombien et dur cogneur Epifanio Mendoza.
Les conversations entre Ramsay et lui ont fini par porter sur Alvarez et Rivas, Mendoza affirmant que ses deux
compatriotes étaient de bons amis et Ramsay expliquant que GYM serait intéressé à les faire boxer au Québec.
Au fil des mois, les contacts n’ont jamais été rompus, ni entre GYM et Mendoza, ni entre ce dernier et les deux boxeurs
amateurs. Mais c’est lorsque Ramsay a appris qu’un représentant d’une organisation de boxe de la côte Est américaine se
trouvait à Barranquilla, où s’entraînaient les membres de l’équipe nationale colombienne, que les événements se sont
bousculés : les modalités de l’offre de GYM ont rapidement été communiquées à Alvarez et Rivas. C’était à la mi-avril.
L’histoire a alors pris une tournure digne d’une série imaginée par Réjean Tremblay!
Sur la foi d’une simple offre verbale, les deux Colombiens ont pris tout le monde par surprise et ont immédiatement
déserté leur équipe nationale. Ils se disaient que le Canada serait peut-être un meilleur endroit pour faire carrière que
leur pays natal, puisque la boxe colombienne est en bonne partie sous le joug d’individus peu recommandables. On
raconte par exemple que certains des boxeurs professionnels les plus en vue du pays font l’objet d’un racket et doivent
en remettre aux auteurs une part plus qu’appréciable de leurs bourses. L’activité est lucrative et ceux qui en profitent
auraient sans doute été fort contrariés d’apprendre que deux des plus beaux fleurons du programme olympique national
avaient mis le cap sur le Canada. À Barranquilla, Alvarez et Rivas ont donc pris contact avec Mendoza, qui les a conduits à
Bogotá, capitale du pays.
Là-bas, les boxeurs ne se sentaient toujours pas suffisamment à l’aise pour passer plusieurs jours à attendre que les
formalités administratives nécessaires à leur entrée au Canada soient remplies. « Je me sentais comme Marcel Aubut »,
raconte avec humour Ramsay évoquant le « passage à l’Ouest » des frères Stastny au tournant des années 80. Rivas,
Alvarez et Mendoza ont donc sauté dans un autobus à destination de Caracas, au Venezuela. Comme quoi rien n’allait
être simple pour les pugilistes et leur accompagnateur, le véhicule a fait l’objet d’une opération policière qui a mené à
l’arrestation d’un des passagers, qui tentait d’introduire de la drogue au Venezuela!
Par pur hasard, Rivas, Alvarez et Mendoza sont tombés à Caracas sur Memin Ramos, principal contact de GYM au pays de
Hugo Chavez. Il a accueilli le trio chez lui le temps que les documents pertinents soient délivrés, ce qui a finalement été
fait le lundi 4 mai. Trois jours plus tard, toujours accompagnés de Mendoza, Alvarez et Rivas ont atterri à l’aéroport de
Dorval, après un vol de dix heures avec escale à Mexico, prêts à vivre leur rêve de gagner leur vie, voire de devenir riches
et célèbres – et champions du monde –, grâce à la boxe. La première question qu’ils ont posée est : « C’est quand notre
25
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
premier combat? ». Étant donné que GYM organise relativement peu d’événements pendant l’été, ils ont dû patienter
pendant plus de trois mois, mais tout est maintenant en place : Oscar Rivas et Eleider Alvarez deviendront officiellement
des boxeurs professionnels le 28 août prochain.
Alvarez et Rivas, deux espoirs de haut niveau colombiens
(Photo François Couture)
26
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Profession : Promoteurs de boxe d’envergure internationale
Par Maxime Chartrand
Jusqu'à tout récemment, la boxe professionnelle était en majeure partie contrôlée par une poignée de promoteurs
riches et puissants tels que Bob Arum (Top Rank) et Don King (Don King Productions). Puis, au tournant du nouveau
millénaire, débuta l’émergence des boxeurs/promoteurs, avec en tête de liste la mégastar Oscar De La Hoya (Golden Boy
Promotions) et les frères Klitschko (K2 Promotions).
L’arrivée en scène de ces pugilistes devenus hommes d’affaires changea le statu quo. En quelques années seulement la
balance du pouvoir fut modifiée de façon significative. Certains promoteurs légendaires se virent reléguer en arrière-plan
alors que les nouvelles recrues se frayèrent un chemin vers le sommet.
Afin de démystifier la hiérarchie actuelle, nous avons crû bon de vous concocter une liste des dix promoteurs les plus
importants de la planète.
Top Rank : Le Parrain.
Top Rank a vu le jour en 1973. Son fondateur, Bob Arum, est sans contredit l’un des plus puissants et prolifiques
promoteurs que la boxe n’ait jamais connus. Il peut se vanter d’avoir mis sur pied plus de 9000 combats dans pas moins
de 22 pays durant une carrière s’échelonnant sur plus de 40 ans.
Surnommé le « Bobfather » à cause de son immense influence dans le milieu de la boxe et des tactiques souvent peu
catholiques qu’il utilise pour arriver à ses fins, Bob Arum a participé à la présentation de la majorité des plus grands
combats que la boxe ait connus depuis les années 70.
La liste des boxeurs qui ont fait partie de l’écurie de Top Rank est sans égale. On y retrouve des noms tels que
Muhammad Ali, Joe Frazier, George Foreman, Larry Holmes, Sugar Ray Leonard, Roberto Duran, Thomas Hearns, Marvin
Hagler, Carlos Monzon, Oscar De La Hoya, Manny Pacquiao et Floyd Mayweather fils.
L’édition actuelle de l’écurie Top Rank n’est pas en reste. Elle compte plus de 75 boxeurs dont quelques-uns des meilleurs
du monde, comme Manny Pacquiao, Miguel Cotto et Kelly Pavlik.
Bob Arum et Oscar de La Hoya, deux des plus
importants promoteurs sur la planète
27
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Golden Boy Promotions : La poule aux œufs d’or.
Fondé en 2001 par la superstar Américaine Oscar De La Hoya et l’homme d’affaires californien Richard Schaefer,
Golden Boy Promotions a connu une ascension fulgurante. Après seulement 5 années d’existence, la jeune entreprise a
établi un record en vendant à elle seule plus de 2 millions de combats à la carte pour des revenus excédant 100 millions
de dollars.
Fort du succès initial de son entreprise. De La Hoya n’a pas tardé à collaborer avec d’autres boxeurs cherchant eux aussi
à devenir maîtres de leur destin. C’est alors que Bernard Hopkins, Shane Mosley et Marco Antonio Barrera se sont joints à
l’équipe.
Par la suite, Golden Boy Promotions s’est associée avec Ricky Hatton (Punch Promotions), Ronald Wright (Winky Wright
Promotions), Jeff Lacy (Left Hook Promotions) et David Haye (Hayemaker Promotions).
En 2008, Golden Boy Promotions a continué à s’implanter dans le monde de la boxe en mettant la main sur le magazine
The Ring, véritable bible du noble art depuis plus de 87 ans. Puis, au mois de mai dernier, on a annoncé la création du
« Fight Night Club », série d’événements mensuels présentés sur les ondes de VERSUS mettant en vedette les jeunes
espoirs de l’écurie De La Hoya.
Avec plus d’une cinquantaine de boxeurs dans son écurie, dont de nombreuses vedettes comme Floyd Mayweather fils,
Shane Mosley, Juan Manuel Marquez et Manny Pacquiao (copromotion avec Top Rank), l’avenir de la compagnie est
assurée malgré la retraite de De La Hoya.
Gary Shaw Productions, LLC : Le négligé.
Gary Shaw a fait son entrée dans le monde de la
boxe en 1971 en tant qu’inspecteur pour le département
des contrôles de la régie des sports du New Jersey.
Après 28 ans au sein de celle-ci, Gary Shaw s’est joint à
Main Events en 1999 en tant que chef des opérations.
Puis, en 2002, il a fondé sa propre compagnie de
promotion.
Gary Shaw Productions, forte de la très grande
expérience de son fondateur, n’a pas tardé à s’imposer
dans le milieu de la boxe. Plusieurs boxeurs
spectaculaires se sont joints à l’équipe, dont Rafael
Marquez et le regretté Diego Corrales. Ceux-ci ont été
impliqués dans les combats de l’année en 2005, 2007 et
2008. L’écurie de Gary Shaw compte plus d’une
vingtaine de boxeurs talentueux, y compris Vic
Darchinyan, Tim Bradley, Chad Dawson et Andre Dirrell.
Ces derniers combattent de façon régulière sur les
grandes chaînes câblées américaines HBO et Showtime.
Gary Shaw et le regretté Diego Corrales
Il ne fait aucun doute que Gary Shaw Productions
occupe une place de choix dans le milieu, même si elle
est souvent oubliée lorsque l’on mentionne les grosses
pointures de la boxe. Son écurie de boxeurs est
caractérisée par un équilibre presque parfait entre
champions du monde et jeune boxeurs prometteurs.
28
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Sauerland Events : Le magouilleur.
La première aventure de Wilfried Sauerland en boxe professionnelle n’a pas eu
lieu en Allemagne comme certains pourraient le croire. À l'époque, Sauerland était un
prospère homme d'affaires comptant une demi-douzaine d'usines d'embouteillage dans
autant de pays du continent africain.
C’est ainsi que Wilfried Sauerland a mis sur pied son premier gala de boxe dans la ville
de Lusaka, capitale de Zambie, le 30 septembre 1978. Une trentaine d’années plus tard,
Sauerland est reconnu comme l’un des promoteurs de boxe les plus influents de la
planète.
Si influent qu’on le pointe souvent du doigt, à tort ou à raison, lorsqu’il y a de la
magouille. On peut se rappeler la décision très controversée du combat Lucas-Beyer en
2003. Et, plus récemment, le combat Valuev-Holyfield, qui a créé des remous des deux
côtés de l’Atlantique.
Une chose est certaine, Sauerland est un sacré homme d’affaires. Son expérience et ses
grands moyens financiers en font un promoteur redoutable. Le seul bémol à sa fiche est
qu’il n’a toujours pas réussi à percer le marché nord-américain.
Le promoteur allemand
Wilfried Sauerland.
(photo boxrec.com)
L’écurie de Sauerland Events compte une trentaine de boxeurs dont trois champions du monde (Arthur Abraham, Nicolai
Valuev et Cecilia Braekhus). Sans oublier le médaillé d’or des Jeux olympiques d’Athènes chez les poids super-lourds,
Alexander Povetkin.
Dibella Entertainment : La grande gueule.
Lou Dibella a été directeur de la programmation des sports
de la chaîne câblée HBO durant près de onze ans avant de se
lancer dans l'aventure de la promotion de boxe.
En quittant HBO, Dibella a laissé derrière lui un héritage encore
visible à se jour. C'est lui que nous devons remercier pour la
création de « Boxing After Dark », la populaire série du samedi
soir mettant en vedette les jeunes espoirs de la boxe
professionnelle.
Lou DiBella (à droite) et un de ses boxeurs,
Paulie Malignaggi
Dibella Entertainment a été fondée en 2000 quelques mois à peine
après que Dibella a quitté HBO. Durant les années qui ont suivi, la
jeune compagnie n’a pas tardé pas à s'imposer avec la mise sous
contrat du champion unifié des poids moyens, Bernard Hopkins, et
d'un jeune espoir à peine sorti des Jeux olympiques de Sydney,
Jermain Taylor.
À l’heure actuelle, Dibella Entertainment compte plus d'une trentaine de boxeurs sous son aile. Alors que certaine grosses
pointures telles que Jermain Taylor et Paul Malignaggi ont perdu des plumes, plusieurs autres jeunes de talent, comme
Andre Berto, Kermit Cintron et Allan Green, se sont récemment illustrés.
Bien que son tempérament bouillant lui ait valu la réputation d'une grande gueule qui pète souvent les plombs, Lou
DiBella a tous les outils nécessaires pour assurer la prospérité de son entreprise.
29
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Don King Productions : Le roi déchu.
Don King est sans aucun doute le promoteur le plus charismatique et le
plus célèbre de l’histoire de la boxe. Son imposante stature, sa tignasse grise et
son style flamboyant en font un personnage plus grand que nature.
King a effectué une entrée fracassante en boxe professionnelle en 1974 avec la
mise sur pied du désormais célèbre « Rumble in the Jungle », qui a mis aux
prises Muhammad Ali et le champion poids lourd George Foreman. L’année
suivante il a présenté « The Thrilla in Manilla », opposant pour une troisième
fois Muhammad Ali à Joe Frazier.
Après une trentaine d’années à l’avant-scène de la boxe professionnelle – il a été
le promoteur de quelques-uns des plus grands boxeurs de l’histoire, comme
Mike Tyson, Evander Holyfield, Julio Cesar Chavez, Bernard Hopkins et Roberto
Duran –, Don King a vu son empire commencer à perdre des plumes au début
des années 2000.
Don King n’est plus le roi
Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. Tout d’abord, la catégorie des poids
lourds n’est plus ce qu’elle était depuis la retraite de Lennox Lewis. Non seulement elle a perdu beaucoup de son lustre,
mais King a également perdu la mainmise qu’il avait sur celle-ci. En effet, trois des quatre ceintures de champion du
monde des poids lourds sont contrôlés par les frères Klitschko (K2 Promotions). La quatrième est quant à elle détenue par
Nicolai Valuev dont King est le copromoteur avec Wilfried Sauerland.
King a également dû faire face à la justice à de nombreuses reprises alors que certains de ses boxeurs lui ont réclamé des
centaines de millions de dollars en bourses impayées. Don King a floué beaucoup de gens au cours des trente dernières
années. Cela explique probablement pourquoi la plupart refusent maintenant de s’associer à lui.
Goossen-Tutor Promotions : Jamais deux sans trois.
Fondée au début des années 2000 par Daniel Goossen et Ronald Tutor, Goossen-Tutor Promotions est arrivée à
s’imposer rapidement dans cet univers très compétitif qu’est la boxe professionnelle. Ce succès revient en grande partie à
l’énorme expérience de Daniel Goossen.
L’aventure de Goossen en boxe professionnelle a débuté dans les années 80 alors qu’il faisait des affaires sous la
bannière « Ten Goose Boxing » dans le sud de la Californie. Après avoir fait ses classes durant une dizaine d’années,
Goossen a accepté de se joindre à l’équipe de Bob Arum en tant que directeur des opérations de Top Rank.
Il a quitté Top Rank deux ans plus tard afin de tenter sa chance pour une deuxième fois en tant que promoteur. Durant
les cinq années suivantes, Goossen s’est occupé de la carrière de David Tua, Bernard Hopkins et David Reid par
l’entremise de sa nouvelle compagnie de promotion, American Presents.
Actuellement, Goossen Tutor Promotions compte une vingtaine de boxeurs dont plusieurs poids lourds comme James
Toney, Chris Arreola, Tony Thompson et Eddie Chambers. Sans oublier plusieurs jeunes boxeurs très talentueux, dont
Paul Williams, Andre Ward et Shawn Estrada.
Universum Box-Promotion : Les surprotecteurs.
Le 24 février 1984 marque le début d’une grande aventure pour Klaus-Peter Kohl. C’est ce jour-là qu’il a organisé
son premier gala de boxe à Hambourg, en Allemagne.
Vingt-cinq ans plus tard, Universum Box-Promotion peut se vanter d’avoir mis sur pied plus de 2100 combats dont
environ 200 combats de championnat du monde.
30
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Durant la même période, Universum a produit plus d’une vingtaine de champions du monde, tels que Dariusz
Michalszewski, Wladimir Klitschko et Vitali Klitschko.
L’écurie actuelle d’Universum compte huit champions du monde dans ses rangs, sur une
vingtaine de boxeurs. Le total est de trente-six si on inclut les boxeurs de l’écurie
« Spotlight », un partenaire d’Universum.
Personne ne peut nier la capacité d’Universum de produire des champions du monde.
Malheureusement, le règne de ces champions est plus souvent qu’autrement composé de
défenses faciles contre des adversaires peu crédibles.
Arena Box-Promotions : Les visionnaires.
Klaus-Peter Kohl,
patron de Universum
Box-Promotion.
(photo boxrec.com)
Ahmet Oener, le fondateur et président d'Arena Box-Promotions, est soit un génie de
la promotion, soit l'homme d'affaires le plus veinard de la planète. C'est en 2006 que ce
passionné de boxe turc de trente-sept ans a mis sur pied la compagnie de promotion Arena
Box-Promotions.
Basée en Allemagne, cette jeune entreprise n'a pas tardé à faire tourner les têtes des
amateurs de boxe et de ses rivaux un peu partout dans le monde. Ce qui a propulsé Arena
Box-Promotions à l'avant-plan a été la mise sous contrat de cinq vedettes cubaines de boxe
olympique, dont quatre avaient remporté l'or aux Jeux olympiques d'Athènes.
Armet Öner a de nouveau surpris tout le monde en prenant la décision de faire boxer ses nouveaux joyaux aux États-Unis
plutôt qu’en Allemagne. Au lieu de gonfler la fiche de ses boxeurs loin des regards critiques des médias nord-américains,
Öner a plutôt décidé de s'associer avec des grosses pointures telles que Top Rank et Gary Shaw afin que ses jeunes
Cubains boxent en Amérique sur ESPN, SHOWTIME et HBO.
Après seulement trois années d'existence, Arena Box-Promotion a réussi à se positionner avantageusement dans l’univers
ultra-compétitif de la boxe. Avec plus d'une vingtaine de boxeurs dans ses rangs, notamment les vedettes montantes
Yoriorkis Gamboa, Erislandy Lara, Guillermo Rigondeaux et Breidis Prescott, on ne peut qu'entrevoir un brillant avenir
pour Armet Öner et son entreprise.
K2 East Promotions : Les géants qui voient grand.
K2 East Promotions a été fondée en 2007 à la suite de la fusion de K2 Promotions,
propriété des frères Klitschko, et de National Box Promotion, propriété de Vadim Bukhkalov.
Wladimir et Vitali Klitschko font partie des rares boxeurs qui ont réussi à faire le saut de
l'autre côté de la clôture sans se casser la margoulette. L'un des facteurs qui expliquent leur
succès en tant que promoteurs est qu'ils bénéficient d'une grande popularité en Europe. Les
frères Klitschko sont peut-être peu connus en Amérique, mais ils sont littéralement plus
grands que nature de l'autre côté de l'océan Atlantique.
Bien entendu, le succès à long terme d'une entreprise comme K2 Promotions ne peut reposer
que sur les épaules de ces géants de l'ancienne Union soviétique. Cela explique donc l'entrée
en scène de National Box Promotion. Depuis la fusion, la nouvelle compagnie a multiplié les
événements de boxe, principalement en Europe de l'Est.
À ce jour, près d'une vingtaine de boxeurs forment l'écurie de K2 East Promotions. Aucun
des jeunes espoirs de la compagnie n'a encore réussi à faire sa marque sur le plan
international, mais cela ne saurait tarder.
Ahmet Oner, le
promoteur visionnaire
(photo boxrec.com)
31
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Les meilleurs boxeurs québécois
Par l’équipe du magazine La Zone de Boxe
Résultats compilés par Karim Renno
Coutume oblige, puisque six mois se sont écoulés depuis le dernier exercice, notre classement québécois livre pour livre
est de retour. Vous remarquerez rapidement une foule de changements au sein de notre classement résultant tantôt de la
participation de certains pugilistes dans des combats d’envergure (Bute, Pascal, Diaconu, Ngoudjo, Gaudet, Lontchi) et
parfois de l’inactivité inquiétante de certains autres (Alcine, Stevenson et Jean).
Autre fait à noter, outre le roi Bute qui conserve son trône et son dauphin Jean Pascal, la zizanie règne au sein de nos
panélistes. En effet, il est tributaire de la profondeur des rangs locaux que nos experts semblent loin de s’entendre sur la
juste hiérarchie à appliquer. Chose certaine, avec deux champions du monde et presque une dizaine d’aspirants légitimes
aux grands honneurs, le verre proverbial est plus qu’à moitié plein pour la boxe québécoise.
Pour la confection de ce classement, notre rédacteur en chef s’est adjoint les services de plusieurs connaisseurs, dont
Philippe St-Martin (éditeur canadien du site boxrec.com), Richard Cloutier (éditeur et chef de rubrique – Canada de
netboxe.com), Dave Spencer (directeur de la rédaction de fightnews.ca), Vincent Morin (journaliste du 24 heures), Martin
Dion (RDS) et Pascal Lapointe (l’éminence grise de LaZonedeBoxe.com). Vous trouverez les classements individuels de
chacun, de même que le barème utilisé, à la fin de cet article.
Finalement, seuls les boxeurs qui évoluent régulièrement au Québec sont éligibles pour notre classement. Pour les fins de
cette édition, nous avons jugé que ni Troy Ross, ni Ali Chebah ne remplissaient ce critère.
Nos dix meilleurs
1.
Lucian Bute (96 pts)
Le proverbe veut qu’il soit plus facile d’atteindre le sommet que d’y demeurer.
Peut-être faudrait-il en glisser un mot au « Tombeur » Lucian Bute qui
demeure le choix unanime des chroniqueurs au 1er rang du classement. Bute
semble avoir mis son round cauchemardesque contre Librado Andrade derrière
lui, démolissant Fulgencio Zuniga beaucoup plus facilement que prévu le 13
mars dernier. Lors de ce combat, on a retrouvé l’artiste roumain gaucher
d’antan, contrôlant l’action et punissant sévèrement chacune des incursions de
son adversaire colombien.
Bien qu’on ait d’abord parlé d’une autre défense optionnelle cet été à Québec
et ensuite d’un possible combat d’unification contre le champion WBC Carl
Froch, ces deux possibilités sont tombées à l’eau. Se profile donc à l’horizon le
combat revanche tant attendu avec Librado Andrade. Le promoteur de ce
dernier, Golden Boy Promotions, a remporté les enchères pour le combat
Lucian Bute maintient sa première
revanche, ce qui va assurer à Bute non seulement sa plus belle bourse en
position de notre classement
carrière, mais également une autre présence sur un réseau télévisuel
(photo Stéphane Lalonde)
américain d’envergure.
Une autre victoire donnerait à Bute des options particulièrement intéressantes : combat d’unification possible avec Carl
Froch, duel avec le monarque américain des mi-lourds Chad Dawson, duel avec Arthur Abraham en Allemagne ou
affrontement local de rêve contre le nouveau champion WBC des 175 livres Jean Pascal. Vous diriez non à un de ces
combats vous?
2.
Jean Pascal (80 pts)
C’est peut-être dans la défaite contre Carl Froch que Jean Pascal a fait taire ses détracteurs, mais c’est grâce à sa victoire
spectaculaire contre Adrian Diaconu en juin dernier que Pascal a convaincu les amateurs locaux qu’il allait faire honneur à
32
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
son immense potentiel. La plus belle preuve de ce fait réside dans l’attribution unanime du 2e rang à Pascal par nos
chroniqueurs.
Non seulement le nouveau champion WBC a réussi à esquiver continuellement les lourdes charges de son adversaire,
mais ses contre-attaques étaient incisives et précises. C’est un Jean Pascal plus mature et en meilleur condition physique
que les amateurs ont applaudi le 19 juin.
Son avenir immédiat semble confortable, puisque son premier adversaire sera l’Italien de 42 ans Silvio Branco, un combat
que Pascal devrait facilement remporter. Se dessinent ensuite un combat revanche contre Diaconu et possiblement un
duel explosif contre Lucian Bute. Une chose est certaine, l’avenir de Pascal s’annonce drôlement lucratif.
3É.
Adrian Diaconu (54 pts)
Le manque d’activité et une superbe performance ont finalement eu raison du « Shark ». En effet, une victoire par
décision unanime face à David Whittom le 13 mars dernier n’aura pas suffi à adéquatement préparer Diaconu pour le défi
qui l’attendait contre Jean Pascal, lequel l’a dépouillé de son titre le 19 juin dernier. Il n’en reste pas moins que Diaconu
conserve son 3e rang dans notre classement livre pour livre.
Plusieurs facteurs expliquent ce classement. D’abord, même dans la défaite, le « Shark » a donné une performance tout à
fait honorable et n’a jamais baissé les bras face à un adversaire très talentueux. Ensuite, ses principaux rivaux (Ngoudjo
et Alcine) souffrent également de leur inactivité. Ces éléments conjugués ont amené nos chroniqueurs à classer Diaconu
3e ou 4e sur sept des huit bulletins de vote. Seul Martin Dion, extrêmement sévère en classant le Roumain au 8e rang, ne
semble pas convaincu de ses attributs.
Même s’il a perdu sa ceinture, les perspectives d’avenir sont bonnes pour Diaconu. Celui-ci bénéficie d’un droit contractuel
à un combat revanche contre Pascal et il évolue dans une division qui manque présentement de profondeur, de telle sorte
que son retour parmi les premiers échelons des divers classements devrait n’être qu’une formalité. Reste à savoir si, tout
comme son vainqueur, il saura tirer les leçons qui s’imposent de sa première défaite.
3É.
Herman Ngoudjo (54 pts)
Non seulement est-ce que la « panthère noire » n’a pu saisir sa deuxième
opportunité de remporter un championnat du monde lorsqu’il s’est incliné face à Juan
Urango en janvier dernier, mais comble de malheur il a subi une fracture de la
mâchoire qui le tiendra loin du ring pendant une période prolongée.
Même s’il s’est avoué vaincu pour une troisième fois en cinq combats, Ngoudjo a fait
amende honorable contre Urango, survivant à deux chutes au plancher pour finir le
combat nonobstant sa mâchoire fracturée. Dans une division qui n’a pas de
monarque clair depuis la chute de Ricky Hatton (sauf si on y considère Manny
Pacquiao), il reste plusieurs opportunités intéressantes pour Ngoudjo s’il réussit à se
remettre de sa blessure.
C’est sans compter le duel local naturel entre Ngoudjo et Jo Jo Dan qui fait saliver
les amateurs québécois depuis plusieurs années. Peut-être que d’ici la fin
2009/début 2010, le terrain sera propice pour un tel affrontement.
Hermann Ngoudjo saura-t-il
rebondir ? (photo GYM)
5.
Joachim Alcine (28,5 pts)
Surprenant que les amateurs de boxe québécois n’ont pas encore émis un avis de recherche pour « Ti-Joa », lui qui n’a
pas remis les pieds dans un ring depuis sa défaite face à Daniel Santos en juillet 2008 et n’a pas remporté la victoire
depuis décembre 2007. Plus inquiétant encore, il semble qu’Alcine ait pris la décision de s’entraîner chez lui et qu’il snobe
le gymnase. À ce stade, il est légitime de se questionner sur les perspectives d’avenir de ce dernier.
Comment alors expliquer qu’Alcine conserve sa 5e place? Et bien, sept des huit panélistes croient toujours qu’il possède la
détermination nécessaire pour remonter sur le ring et qu’il réussira à rétablir avantageusement ses classements
internationaux pour obtenir une ultime chance au titre de champion du monde. Un seul chroniqueur (qui classe Alcine
15e) semble perdre espoir.
33
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Reste que les Lontchi, Dan et Gaudet se rapprochent dangereusement de l’ancien champion du monde dans notre
classement. On lui souhaite une deuxième moitié de 2009 plus active (on parle d’un retour en fin août) s’il désire
conserver sa place parmi les cinq premiers.
6.
Olivier Lontchi (20 pts)
Surprise assez importante dans notre classement alors que Lontchi devance
Jo Jo Dan au 6e rang grâce au bulletin de Martin Dion, qui classe le
Camerounais au 4e rang. Certes, la performance très courageuse de Lontchi
face à Juan Manuel Lopez le 27 juin dernier y est pour beaucoup, mais il ne
faut pas non plus oublier l’excellente victoire de Lontchi sur Cecilio Santos à
peine deux mois auparavant par mise hors de combat au septième
engagement.
Sélectionné parmi les dix meilleurs boxeurs québécois par tous nos
panélistes, Lontchi fait maintenant solidement partie du top 10 québécois, lui
qui ne récoltait même pas un point lors de notre classement inaugural.
L’avenir de Lontchi reste somme toute nébuleux. Contrairement à son
homologue Camerounais, Herman Ngoudjo, Lontchi n’a pas encore réussi à
se tailler une place comme boxeur qui peut faire les frais d’une grande finale
sur la scène locale. Reste qu’il figure parmi les 30 meilleurs boxeurs de sa
catégorie et mérite un autre défi à la hauteur de son talent.
Olivier Lontchi, heureux après sa
victoire sur Cecilio Santos au Casino
de Montréal le 4 avril 2009
(photo Vincent Ethier)
7.
Jo Jo Dan (18 pts)
Certains de nos panélistes semblent perdre patience avec la carrière de Jo Jo
Dan. Le gaucher roumain continue de dominer des adversaires respectables, a maintenant effectué trois défenses de son
titre NABA et bénéficie de classements internationaux particulièrement avantageux (4e WBC, 8e WBA et 8e IBF), mais
son promoteur ne semble pas pressé de lui donner une occasion de faire valoir son grand talent à l’échelle internationale.
Ainsi, même si cinq des huit panélistes lui accordent toujours le 6e rang sur leur bulletin, Dan chute derrière Lontchi à la
7e place de notre classement.
Tout au long de sa carrière, Dan a perdu un grand total de trois rounds en 25 combats. Il semble grand temps qu’on lui
donne la chance de se battre pour un titre mondial. Même si les six premiers mois de 2009 n’ont pas fait grand chose
pour aider Dan à atteindre cet objectif, il est permis d’espérer que les six prochains mois seront plus avantageux. On
parle entre autre de la possibilité pour Dan d’affronter Ajose Olusegun dans un combat éliminatoire pour devenir l’aspirant
obligatoire de Devon Alexander, récemment couronné champion
WBC à 140 livres. D’autres rêvent à un duel Dan-Chebah. Croisonsnous les doigts…
8.
Benoît Gaudet (15 pts)
Une défaite aux allures de victoire a permis à Gaudet de conserver
son 8e rang dans notre classement. D’ailleurs, Gaudet obtient même
un vote de 6e place de la part de Dave Spencer.
L’athlète de Drummondville en a convaincu plus d’un grâce à sa
performance inspirée face à Humberto Soto en mai dernier. Après un
premier round difficile au cours duquel il a visité le plancher, Gaudet
s’est ressaisi et a donné un dur combat à celui que The Ring classe
comme le meilleur boxeur actif à 130 livres. Un des trois juges avait
même Gaudet en avance sur sa carte de pointage avant le neuvième
round fatidique.
Toujours classé 15e par la WBC, Gaudet profitera certainement des
prochains mois pour rebâtir ses classements internationaux. Il
Que sera l’après-Soto pour Benoît Gaudet?
(photo Stéphane Lalonde)
34
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
semble que le premier pas serait possiblement la conquête du titre NABF ou NABA (les deux étant vacants et Gaudet
étant classé premier par ces deux organismes de sanction). D’ici là, le Drummondvillois a bien mérité quelques mois de
repos.
9.
Antonin Décarie (14 pts)
La progression constante de Décarie s’est poursuivie lors des six premiers mois de 2009. Deux autres défenses réussies
de son titre NABO ont permis au protégé de Marc Ramsay de se hisser au 2e rang du classement de la WBO (il est
également classé 34e par la WBC) et, beaucoup plus important, de passer de la 10e à la 9e place de notre classement. En
effet, huit top 10 (dont un top 5 dans le classement de Martin Dion) permettent à Décarie de coiffer Demers, à peine 1
point derrière Gaudet, et de se hisser à la 8e place.
À ce stade, il semble probable que Décarie soit le prochain boxeur local à obtenir une chance de remporter un titre
mondial ou à participer à un combat éliminatoire. On est loin du boxeur qui était au bas de la liste des priorités d’Interbox
il y a à peine plus de deux ans.
Le fan club de Décarie ne cesse de grandir : plusieurs amateurs apprécient son ardeur au travail et sa technique de boxe
impeccable, et ce, même s’il ne génère pas des mises hors de combat spectaculaires. Il ne reste plus qu’à savoir s’il
pourra faire le bond sur la scène mondiale tout comme les huit pugilistes qui le devancent au classement.
10.
Sébastien Demers (9,5 pts)
Même si Demers a continué à accumuler les victoires au cours des six
derniers mois, une majorité des chroniqueurs est d’avis que sa carrière
ne se dirige pas dans la bonne direction. D’abord, il semble que
Demers a de plus en plus de difficulté à respecter la limite des poids
moyens (160 livres), ce qui est particulièrement inquiétant puisque
« Double Trouble » n’est certes pas reconnu comme un gros cogneur
ou un bon encaisseur. Ensuite, sa performance contre Alfredo
Contreras le 6 juin en a laissé plusieurs sur leur appétit. Il semble donc
que la fenêtre de Demers en tant qu’aspirant au titre mondial soit en
voie de se refermer.
Néanmoins, six de nos huit panélistes classent Demers parmi leur top
10, une nette amélioration depuis notre dernier classement. Les
attributs indéniables de Demers (excellente main avant, courage et
détermination) convainquent en effet le trois quart de nos
chroniqueurs d’inclure Demers dans leur classement.
Les rumeurs d’un affrontement contre Éric Lucas se font persistantes
et il s’agirait là d’une très belle occasion pour Demers de donner un
second vent à sa carrière. D’ici là, le boxeur de St-Hyacinthe demeure
un incontournable sur la scène locale.
Une victoire de Sébastien Demers lors
d’un probable combat contre Éric Lucas
lui ferait-il remonter dans notre
classement? Assurément!
(photo GYM)
Ceux qui frappent à la porte
Beaucoup de talent suit nos dix premiers pugilistes. Adonis Stevenson (7 pts) aurait sans aucun doute fait partie de notre
top 10 si une blessure ne l’avait pas gardé loin du ring depuis août 2008. Nonobstant cette longue période d’inactivité,
quatre de nos huit chroniqueurs le classent parmi le top 10. Pour leur part, Renan St-Juste et Dierry Jean se classent ex
aequo au 12e rang pour la deuxième fois consécutive, récoltant chacun 4 points. Tout comme Stevenson, leur faible
niveau d’activité leur a coûté des votes. Jean-François Bergeron (3,5 pts) se retrouve quant à lui à la 14e place, lui dont
la carrière est incertaine depuis sa cuisante défaite contre Dominic Guinn. On parle d’un possible combat de championnat
canadien pour le géant de St-Jérôme et l’on espère que ça se concrétise.
David Lemieux (3 pts) fait sa première apparition sur les bulletins de vote. Le protégé de Russ Anber montre une belle
progression alors qu’on augmente tranquillement, mais sûrement le calibre de ses adversaires. Il faudra se montrer
patient avec le jeune Lemieux, mais ses habiletés nous font déjà rêver.
35
Magazine La Zone de Boxe
ième
5
année – numéro 25
Finalement, un favori du magazine, Sébastien Gauthier (1,5 pts), ferme la marche au 16e rang. La carrière de celui-ci a
subi tout un contrecoup aux mains de Mario Macias le 19 juin dernier. Reste à savoir si le guerrier Gauthier saura se
relever de cet échec.
La deuxième moitié de 2009 nous permettra de suivre l’évolution des boxeurs ci-dessus et des autres aspirants au titre de
meilleur boxeur québécois. L’un d’entre eux pourra-t-il ravir la couronne de Bute? Soyez assurés que les chroniqueurs du
magazine suivront les développements à venir avec enthousiasme!
Les choix de nos chroniqueurs
PTS
Philippe St-Martin
Dave Spencer
Martin Dion
Richard Cloutier
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
12
10
8
6
4
3
2
2
1
1
.5
.5
.5
.5
.5
Lucian Bute
Jean Pascal
Adrian Diaconu
Herman Ngoudjo
Joachim Alcine
Jo Jo Dan
Olivier Lontchi
Benoît Gaudet
Antonin Décarie
Sébastien Demers
Renan St-Juste
Adonis Stevenson
Jean-François
Dierry Jean
David Lemieux
Pascal Roussel
Lucian Bute
Jean Pascal
Adrian Diaconu
Herman Ngoudjo
Joachim Alcine
Benoît Gaudet
Olivier Lontchi
Antonin Décarie
Sébastien Demers
Jo Jo Dan
Renan St-Juste
Adonis Stevenson
Jean-François
Dierry Jean
Sébastien Gauthier
Pascal Lapointe
Lucian Bute
Jean Pascal
Herman Ngoudjo
Olivier Lontchi
Antonin Décarie
Jo Jo Dan
Adonis Stevenson
Adrian Diaconu
Sébastien Demers
Benoît Gaudet
Dierry Jean
Renan St-Juste
Sébastien Gauthier
David Lemieux
Joachim Alcine
Vincent Morin
Lucian Bute
Jean Pascal
Herman Ngoudjo
Adrian Diaconu
Joachim Alcine
Olivier Lontchi
Benoît Gaudet
Antonin Décarie
Jo Jo Dan
Adonis Stevenson
Sébastien Demers
Renan St-Juste
Dierry Jean
David Lemieux
Jean-François
Karim Renno
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
12
10
8
6
4
3
2
2
1
1
.5
.5
.5
.5
.5
Lucian Bute
Jean Pascal
Adrian Diaconu
Herman Ngoudjo
Joachim Alcine
Jo Jo Dan
Sébastien Demers
Antonin Décarie
Benoît Gaudet
Olivier Lontchi
Renan St-Juste
Dierry Jean
Adonis Stevenson
Jean-François
David Lemieux
Lucian Bute
Jean Pascal
Adrian Diaconu
Herman Ngoudjo
Joachim Alcine
Jo Jo Dan
Olivier Lontchi
Benoît Gaudet
Adonis Stevenson
Antonin Décarie
Jean-François
Sébastien Demers
Renan St-Juste
Dierry Jean
David Lemieux
Lucian Bute
Jean Pascal
Herman Ngoudjo
Adrian Diaconu
Joachim Alcine
Sébastien Demers
Benoît Gaudet
Olivier Lontchi
Jo Jo Dan
Antonin Décarie
Renan St-Juste
Dierry Jean
Adonis Stevenson
Sébastien Gauthier
Jean-François
Lucian Bute
Jean Pascal
Adrian Diaconu
Herman Ngoudjo
Joachim Alcine
Jo Jo Dan
Benoît Gaudet
Olivier Lontchi
Adonis Stevenson
Antonin Décarie
Jean-François
Renan St-Juste
Dierry Jean
Sébastien Demers
David Lemieux