Le conseil général du Lot agit pour la valorisation du patrimoine lotois

Transcription

Le conseil général du Lot agit pour la valorisation du patrimoine lotois
Un patrimoine
de lumière
Les vitraux du Lot
du Moyen Âge
à nos jours
Le conseil général du Lot
agit pour la valorisation
du patrimoine lotois
2
Un patrimoine riche
de sens et de couleurs
Si l’Ile-de-France est le berceau du vitrail français, les quelques
900 églises que compte le Lot abritent presque toutes des verrières,
d’une qualité parfois remarquable.
Une production
lotoise majeure
e
au XIX siècle
Quelques vestiges épars attestent de la
production de vitraux au Moyen Âge dans
le département. Mais certaines verrières
anciennes ont été détruites et d’autres
irrémédiablement mutilées par le manque
d’entretien et les conflits humains.
Au XIXe siècle, la majorité des églises lotoises
a été ornée de vitraux réalisés par des maîtres
verriers du sud-ouest de la France ce qui leur
confère une grande unité stylistique.
Vitrail circulaire daté du XIIIe siècle provenant de la basilique SaintSauveur de Rocamadour. Il représente saint Martin mourant et déjouant
les embûches du Diable. Cette œuvre est le témoignage le plus ancien de
l’art du vitrail dans le Lot.
Le vitrail au fil du temps
Dans le chœur de la cathédrale Saint-Étienne de Cahors, la verrière
datée du XIXe siècle présente des vestiges de vitraux médiévaux.
Ve siècle après JC
Apparition du vitrail en France, selon
Grégoire de Tours (539-594), évêque, historien
et chroniqueur.
Les multiples
fonctions du vitrail
-Un usage avant tout pratique : le vitrail
permet de fermer et de protéger l’édifice
contre des agents extérieurs (intempéries ou
pollution) tout en laissant entrer la lumière.
Art monumental, il entretient un lien
étroit avec l’architecture d’où la fréquente
collaboration entre les maîtres verriers et
les architectes, maçons et ferronniers.
XII siècle
e
Développement du vitrail dans les cathédrales
et les abbayes du Nord de la France. Mais les
vitraux, coûteux, sont rares dans les églises
romanes aux baies étroites et aux murs épais.
XIII siècle
e
Des fragments archéologiques de vitraux médiévaux ont été
retrouvés dans certaines maisons du Lot comme ici à Figeac (5 place
Champollion) : deux verres bleus entourent un verre circulaire rouge.
-Un élément décoratif : simple décor
géométrique ou véritable tableau figuré,
chaque vitrail est une création originale,
témoin des particularités techniques et
iconographiques de son époque et de
son créateur.
-Le porteur d’un message religieux :
chargé dans les églises de créer une ambiance
propice au recueillement, le vitrail se fait
aussi l’illustration de thèmes bibliques,
hagiographiques ou typologiques, en rapport
avec le programme iconographique de
l’édifice. Le vitrail n’est pas un objet de culte
contrairement aux statues ou aux reliques.
Cependant, en faire don est pour les fidèles
une façon de contribuer à l’embellissement
de leur église, individuellement ou
collectivement, avec peut-être la satisfaction
de voir leur nom apparaître au bas du vitrail.
Âge d’or du vitrail : il devient une technique
artistique majeure. Dans l’architecture
gothique percée de baies, les vitraux sont
conçus comme une continuité plastique du
mur. L’homme comprend alors la relation entre
l’espace architectural et la lumière incolore dans
l’édifice.
XVe-XVIe siècles
La mairie de Saint-Céré est décorée de vitraux datés du XIXe siècle.
Ces allégories inspirées de la Renaissance représentent l’agriculture,
les arts, les sciences et le commerce.
À la Renaissance, les pièces de verre
s’agrandissent et les couleurs s’enrichissent.
Certaines « écoles » sont très vivantes (Troyes,
Rouen, Paris...) et des noms deviennent célèbres
(Arnaud de Moles à l’église Saint-Maur de
Martel). Après 1560, l’art du vitrail subit une
longue période de décadence. Les guerres de
Religion et les difficultés économiques stoppent
de nombreux chantiers.
XVIII siècle
e
Paradoxalement, le siècle dit « des Lumières »
est fatal à l’art du vitrail. L’architecture
classique prône la sobriété, l’épure et la lumière
blanche dans les églises.
XIX siècle
e
Au milieu du siècle, grâce au dynamisme de
la foi catholique et au développement urbain,
l’art du vitrail connaît une véritable renaissance.
XX-XXIe siècles Entre rupture et continuité, le vitrail réinvestit
les questions de l’iconographie et de la
symbolique dans l’art sacré contemporain.
Exposition produite par le Conseil général du Lot, écrite par Alexandra Moreau (service Culture-Patrimoine
historique, mai 2011) avec la collaboration scientifique des ateliers de restauration et de création de vitraux
Creunier et Le Bras-Girault et le soutien financier du Conseil régional Midi-Pyrénées.
Sauf mentions contraires, clichés du Conseil général du Lot et de l’atelier Le Bras-Girault.
Découvrez le patrimoine du Lot sur www.patrimoine-lot.com et sur www.patrimoines.midipyrenees.fr
Le conseil général du Lot
agit pour la valorisation
du patrimoine lotois
t
3
Une technique
d
e fabrication
complexe et minutieuse
Contrairement à la peinture à l’huile, la fabrication d’un vitrail ne laisse aucune place
à l’improvisation. Découverte au Moyen Âge, cette technique a été décrite par le moine
rhénan Théophile au début du XIIe siècle (Traité des Divers Arts). Théoriquement, le
maître verrier doit pouvoir réaliser l’ensemble des étapes, de la maquette au montage
du vitrail proprement dit. En fait, il existe, au sein de la profession, plusieurs spécialités :
le maquettiste, le cartonnier, le coupeur, le metteur en plombs, le peintre-verrier et le
poseur.
I. La réalisation
de documents graphiques
La conception de supports graphiques est
un préalable indispensable à la réalisation
de vitraux :
- le relevé de la fenêtre : les panneaux
doivent reprendre les dimensions exactes de
la baie, les vitraux n’étant ni extensibles ni
compressibles.
-une esquisse à échelle réduite (1/10°),
indiquant la forme du vitrail, les lignes
du dessin, les modelés, la répartition
des couleurs et le tracé des plombs.
-un modèle à grandeur d’exécution, le carton
(1/1), précisant chaque couleur par une lettre
pièce après pièce.
II. Le choix du verre
Le verre est obtenu par la fusion du sable
mêlé de chaux et de potasse ou de soude.
Au Moyen Âge, il était fabriqué par des verriers
près des forêts, les fours à pots étant chauffés
au bois. L’invention à la fin du XIXe siècle du
four à bassin a conduit à un accroissement
de la production de vitraux mais aussi à
une certaine standardisation. Les pièces
généralement peu épaisses (2 à 4 mm) sont
composées de verre coloré, de verre plaqué,
ou de verre soufflé dit verre « antique ». Ce
dernier, fabriqué en feuilles, est encore produit
aujourd’hui par la verrerie de Saint-Just-surLoire (Rhône-Alpes).
III. La coupe
La coupe au fer rouge s’effectue « à vue »,
en suivant un dessin sur le verre, ou « aux
calibres » en suivant les contours du
patron. L’utilisation depuis le XVIe siècle
du diamant, aujourd’hui du coupe-verre,
permet certaines audaces (incrustations ou
mises « en chef-d’œuvre » dans des pièces).
Les irrégularités de la coupe sont
corrigées à l’aide d’une pince plate
nommée grugeoir ou grésoir.
IV. la coloration
Au Moyen Âge, la peinture sur verre était
considérée comme une science d’alchimistes
reposant sur des procédés mystérieux.
En fait, les techniques de la peinture sur vitrail
s’inspirent de la peinture murale. Une fois
assemblées, les pièces de verre sont colorées
dans la masse grâce à un mélange d’agents
colorants à base d’oxydes métalliques (fer,
cuivre ou manganèse) ou de minerais (cobalt),
d’un fondant (verre broyé) et d’un liant.
La teinte obtenue dépend de l’épaisseur
du verre, de la concentration d’oxyde
métallique, de la composition de la pâte,
de l’intensité (500 à 600 degrés), de la durée
et de la méthode de cuisson. Au Moyen Âge,
les maîtres verriers ne disposaient que de la
grisaille, poudre d’oxyde de fer ou de cuivre
d’un ton gris-brun. À partir du XIVe siècle,
l’influence de la peinture à
l’huile et des inventions
techniques a permis d’élargir
la palette chromatique des
vitraux.
Au musée départemental Rignault à
Saint-Cirq-Lapopie, un vitrail daté du XVeXVIe siècles et représentant Siméon illustre
la technique de peinture sur verre dite
« des trois valeurs » décrite par le moine
Théophile au début du XIIe siècle : un premier
lavis très léger laissant à nu certaines zones du
verre, un second plus dense pour les ombres et
enfin un trait opaque.
V.
La grisaille à base de sanguine est une couleur vitrifiable brun-rouge
constituée d’hématite de fer, improprement nommée « Jean Cousin »
du nom d’un peintre de Sens. Le jaune d’argent, mélange d’ocre et de sels
d’argent, est appliqué sur le revers du vitrail pour colorer partiellement le
verre en jaune sans recourir à la coupe et à la résille de plombs (église SaintEtienne d’Albas).
Les couleurs du vitrail résultent
d’une savante composition entre
la teinte du verre, les effets de
la lumière et l’orientation du
vitrail dans l’édifice. Lorsqu’elle
traverse des couleurs translucides,
la lumière produit des effets
d’optique comme l’irradiation.
Certaines couleurs s’estompent,
s’animent ou s’étendent.
La mise en plombs
Panneton
Le plomb fait partie intégrante du vitrail.
Il participe à sa tenue en raison de sa
malléabilité et de son bas point de fusion
mais aussi à son esthétique, accentuant
les lignes de la composition, isolant les
tonalités, intensifiant les contrastes.
Une fois cuites puis refroidies, les pièces
sont disposées sur une table pour y être
assemblées. Chaque pièce de verre est
encastrée dans des baguettes de plomb
étirées dont la section est en forme de H.
Lorsque toutes les pièces d’un panneau
sont reliées par le réseau de plomb,
les points de jonction des différentes
baguettes sont soudés à l’étain.
Vergette
Feuillard
Clavette
Barlotière
Attache
Les panneaux sont montés dans la fenêtre grâce à une grille métallique
scellée dans la maçonnerie de la baie. Ces éléments superposés,
généralement fabriqués par un serrurier, maintiennent la verticalité
et la planéité du panneau vitré.
Pour assurer son étanchéité et sa rigidité,
le panneau est enduit à la brosse ou à la
spatule d’un mastic (composé de blanc
d’Espagne, d’huile de lin et de siccatif)
sous les ailes du plomb.
Rocamadour : revers du vitrail
représentant saint Martin.
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Un art
à vocation monumentale
Le vitrail a accompagné l’architecture religieuse au fil de
son évolution dès l’apparition des fenêtres dans les abbayes
romanes. Au milieu du XIIIe siècle, l’invention de la croisée d’ogive
et l’avènement du style gothique ont offert plus de place à
l’expression vitrée, transformant les parties hautes des façades
en dentelle de pierre.
Les lancettes étroites,
difficilement utilisables sont
souvent compartimentées en
registres ou en médaillons
superposés (église Saint-Pierreès-Liens aux Junies)
La verrière du chœur de l’église Saint-Pierre de Gourdon
est composée de 6 diptyques et d’un triptyque central.
Ajour de réseau
Lancette
Meneau
Le respect
du cadre
architectural
Le vitrail a pour fonction première
d’aménager une fenêtre. Il ne prend donc
son sens que dans l’édifice qui l’accueille.
Le maître verrier doit donc, pour créer une
œuvre, s’adapter à différentes contraintes
architecturales : la composition de la baie
(dimension, style, divisions internes), la
situation de cette dernière dans l’édifice
(hauteur, orientation, points cardinaux,
plan), l’architecture du bâtiment (volume,
style, luminosité), la présence éventuelle
de verrières anciennes (cohérence du
programme iconographique), l’affectation
de l’édifice.
Le dialogue
du verre avec
l’architecture
Face aux nombreuses contraintes architecturales, le
talent du maître verrier consiste à trouver des motifs
ornementaux ou figurés en parfaite adéquation
avec la forme des baies. Si, par principe, les
personnages représentés sur les vitraux n’ont
jamais les dimensions du réel, les maîtres verriers
privilégient généralement de petites figures sur
des surfaces réduites et à l’inverse des proportions
plus importantes sur de larges surfaces verrières.
Mais l’armature métallique doit toujours respecter
l’intégrité du décor vitré.
Le remplage du vitrail (église Saint-Pierre de Luzech).
Les représentations dépassent parfois
leurs cadres ! (église Saint-Sauveur
de Figeac).
Les ajours (ouvertures) du réseau présentent différentes formes
selon leur emplacement dans la composition : trèfle (trilobe),
quatre-feuilles (quadrilobe), mouchette (tracé à courbe et contrecourbe comme une flamme ou goutte d’eau), soufflet (axe
rectiligne), polylobes (cinq lobes et plus), écoinçon (triangle)
(église Saint-Sauveur de Figeac).
La « rose » ou « rosace », vitrail circulaire de plus de 50 cm
souvent située au dessus des portails, peut comporter un
réseau de 5 lobes ou plus (église Saint-Pierre de Gourdon).
Au XIXe siècle, le motif du vitrail
s’est progressivement affranchi
des contraintes architecturales en
envahissant les fenêtres. Dans ce
vitrail de église Saint-Germain de
Mercuès représentant la Nativité,
la même scène se répartit entre
différentes fenêtres d’une même
baie, indépendamment de la coupure
occasionnée par les meneaux.
Exemple des verrières-tableaux peintes
à l’émail coloré et dépourvues de plomb
(église Notre-Dame-des-Récollets de
Saint-Céré).
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Le vitrail ancien
Quelques chefs-d’œuvre
Les nombreuses destructions pendant la guerre de Cent Ans
et les guerres de Religion, la désaffection pour l’art du vitrail
et le manque d’entretien des verrières expliquent la rareté
des vitraux antérieurs à la Révolution française dans le Lot.
Les vitraux des églises des Junies, de Martel et de la collégiale
de Prudhomat sont d’autant plus précieux qu’ils sont rares.
Les Junies
dans la mouvance
médiévale languedocienne
Les grandes verrières du chœur de l’église SaintPierre-ès-Liens des Junies, contemporaines
de la construction de l’édifice (1350-1360),
retracent en trois lancettes le cycle de l’Enfance
et de la Passion du Christ. La composition en
médaillon avec alternance de fonds rouges ou
bleus s’inspire des vitraux réalisés au XIIIe siècle
dans le nord de la France. Mais l’épaisseur des
verres, la coloration dans la masse, la grisaille,
les rehauts de jaune d’argent, les décors
fleuris, le traitement réaliste des personnages
ou encore leur encadrement par des éléments
architecturaux se retrouvent sur les vitraux de la
cathédrale Saint-Nazaire de Carcassonne et
de la primatiale Saint-Just et Saint-Pasteur de
Narbonne. Ces œuvres sont certainement dues
au même atelier : les évêques De Jean, seigneurs
des Junies et fondateurs du monastère, se sont
succédés à la chaire épiscopale de Carcassonne.
Vue générale
Couronnement du Christ :
Arnaud de Moles fut
l’un des précurseurs à la
fin du Moyen Âge de la
représentation de Dieu
le Père sous des traits
humains, alors que
la religion catholique
l’interdisait.
Le cardinal Gaucelme de Jean porte la
soutane rouge (habit des cardinaux
depuis 1294) et le chapeau cardinalice
(coiffure de cérémonie). La maquette
de l’église et la bourse témoignent de
son rang de haut dignitaire de la cour
pontificale d’Avignon. Quel souci du
détail pour des baies dont le réseau
s’élève à plus de sept mètres de hauteur !
En bas du vitrail, un
médaillon représente
les armes du cardinal
Gaucelme de Jean : deux
lions dans un écusson
surmonté d’un chapeau
de cardinal avec deux
cordons retombant de
chaque côté.
Au bas du vitrail figurent trois membres
de la famille des de Jean :
- le chevalier Philippe de Jean qui acheta
la terre où fut construit le monastère,
- le cardinal Gaucelme de Jean, évêque
d’Albano et légat du pape, qui décida
de l’installation des religieuses
- l’évêque Gisbert de Jean qui aurait
commandé les vitraux.
Or la représentation de donateurs est assez
rare dans le vitrail du XIVe siècle du sud de
la France.
Prudhomat
Martel
à la charnière du Moyen Âge
et de la Renaissance
Détruit lors de la guerre de Cent Ans, le chœur
de l’église Saint-Maur de Martel a été restauré
et pourvu de vitraux en 1511-1512 par un certain
Redon, que la tradition dit membre de l’atelier
d’Arnaud de Moles lui-même à l’origine des
vitraux de la cathédrale Sainte-Marie d’Auch.
Si la représentation de la Passion du Christ relève
du corpus médiéval traditionnel, les vitraux
de Martel imposent les nouvelles normes de la
Renaissance italienne : architectures antiques,
souci du détail vestimentaire et ornemental et
début de la perspective.
ou l’esthétique italienne
Le chœur de la collégiale Saint-Louis de Prudhomat possède quelques vitraux datés du XVIe siècle.
Mais l’installation au XVIIe siècle d’un grand retable dans le chœur a contribué à la disparition
de la verrière centrale. La très grande richesse des étoffes et la composition architecturale font de
ces vitraux des œuvres caractéristiques de la Renaissance.
Sur le mur sud de la nef restent
deux têtes et quelques fragments
des vitraux en remploi représentant
sainte Catherine et sainte Agnès.
Les vitraux de Prudhomat représentent le baron Jean II de Castelnau-Caylus,
chambellan de Louis XI, fondateur de la collégiale, agenouillé devant son saint
patron Jean-Baptiste, et son épouse Anne de Culan en orante devant sainte Anne,
Jésus et Jean-Baptiste.
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Le vitrail ancien
Membra disjecta
Certaines verrières anciennes
e
ont fait l’objet au XIX siècle de
l’intervention de maîtres verriers
peu compétents ou peu soucieux
de l’historicité des œuvres.
Ces vestiges qui ornent certaines
églises et châteaux du Lot bien
que déplacés, démantelés ou
transformés, constituent des
œuvres d’art à part entière.
Salviac
Les couleurs chaudes, le rendu des
reliefs, l’expression des visages
et les motifs architecturaux
s’inscrivent dans le même style,
caractéristique du début de la
Renaissance, que les vitraux de
l’église Saint-Maur de Martel.
Vandalisés pendant la Révolution
française, les vitraux de l’église SaintJacques-le-Majeur de Salviac, datés
de la seconde moitié du XIVe siècle, ont
été maladroitement recomposés en 1870 et
forment un puzzle inintelligible.
Les vitraux de Salviac rendent hommage à saint Eutrope, premier
évêque de Saintes, fouetté, lapidé et frappé d’un coup de hache
sur la tête pour avoir converti au christianisme Eustelle, fille d’un
gouverneur romain au Ier siècle après JC. Une légende née au XIXe
siècle croyait reconnaître pourtant dans ce vitrail le supplice de
l’évêque de Cahors, Hugues de Géraldi, condamné par la famille de
Jean en 1317 après JC à être écorché vif et brûlé.
Gourdon
L’église Saint-Pierre présente dans son chœur
des fragments de vitraux datés certains du
XIVe siècle, d’autres du XVIe siècle. En 1610-1611,
un verrier gourdonnais, Olivier Rey, aurait quant
à lui « raccommodé » les vitraux du chœur
en remployant des verres anciens.
Médaillon polylobé de style XIVe siècle
représentant un personnage mené
par des soldats.
Le Vigan
Médaillon architecturé de style
XVIe siècle représentant un baptême.
Les châteaux de
Castelnau-Bretenoux
et Montal
Dans l’église Notre-Dame-de-l’Assomption,
la chapelle absidiale présente un vitrail où ont
été réunis au XIXe siècle des fragments datés de
la fin du XVe siècle.
Les vitraux anciens ont fait l’objet au XIXe siècle d’un
commerce florissant approvisionné par des antiquaires
et marchands d’art passionnés. Des mécènes lotois
ont ainsi acquis des vitraux datés du XVe-XVIe siècles
pour orner leurs demeures : Mouliérat au château
de Castelnau-Bretenoux à Prudhomat, Fenaille au
château de Montal à Saint Jean-Lespinasse, mais
aussi un siècle plus tard le collectionneur Joseph
Rignault dans sa maison de Saint-Cirq-Lapopie
aujourd’hui devenue musée départemental. L’objectif
était souvent de restituer des fenêtres Renaissance de
façon « archéologique » en insérant dans leur réseau
de plomb des panneaux complets ou des fragments
de verrières sélectionnés en raison de leur format
et de leur composition colorée.
Aux tons bleu, rouge et jaune,
ces fragments de vitraux
représentent saint Pierre,
saint Jean et la Vierge.
Le voile et la mentonnière de
la Vierge sont caractéristiques
du XVe siècle.
Mouliérat acheta ce vitrail représentant
la Crucifixion à Quimper lors d’une
campagne de vente organisée pour la
restauration de la cathédrale. Une copie
quimpéroise permet de dater le vitrail du
début du XVe siècle. Mouliérat fit percer
une lucarne pour installer cette œuvre
dans la salle à manger du château
de Castelnau-Bretenoux ainsi transformée
en oratoire !
Les autres salles du château de
Castelnau-Bretenoux sont ornées
de vitraux dits « macédoine »
ou « antiquaire », montages
esthétiques à partir de pièces
disparates formant des sortes
de puzzles inintelligibles.
Le conseil général du Lot
agit pour la valorisation
du patrimoine lotois
La majorité des vitraux du
château de Montal sont
des rondels, vitraux taillés
dans une seule pièce de
verre transparente. Apparus
au XIVe siècle et faits en
série au XVe et XVIe siècles
essentiellement en Allemagne
et aux Pays-Bas, ils étaient très
appréciés de la clientèle laïque
de par leur format réduit et
la délicatesse de leurs coloris
(grisaille et jaune d’argent).
7
Le vitrail au XIX siècle
e
D 11
A20
D9
6
une production florissante
et homogène
9
D803
Gagnac
sur-Cère
Teyssieu
D43
D20
D23
Souillac
Belmont
Bretenoux
D19
D2 3
D90
40
D8
D6
73
D32
D17
D14
D13
Catus
1
D3
D19
D8
20
D21
D8
40
Vitraux du XIXème siècle
Gesta
Saint-Blancat
Villiet-Feur
Dagrand
D7
D662
D8
D8
Saint-Cirq-Lapopie
Cahors
11
D9
D24
D27
D2
Capdenac
le-Haut
D19
D 662
Pradines
D 911
Douelle
D22
D65
6
D9
11
D7
D65 6
Figeac
La Madeleine
D17
D41
D19
Saint-Vincent
D23 Rive-d’Olt
2
Faycelles
11
Albas
N122
D6 62
D8
4
40
D49
Mercuès
D8
D4
D8
D41
D13
D12
D8
D80
D 653
D9
Soturac
Issepts
Camboulit
D5
Luzech
Saint-Cirgues
D10
D 13
D811
3
D13
D17
A20
Puy-L’Évêque
D40
D677
D 12
Cassagnes
D65
Assier
Gigouzac
D6
73
D6
Le-Bourg
Saint-Simon
D802
D10
Frayssinet
Saint-Germain
du-Bel-Air
Peyrilles
Lherm
Reillhac
D820
D2
D 84
0
D2
D2
D1
7
D704
D13
D801
D2
3
D 67
Sainte
Colombe
40
Carlucet
D1
D
Flaujac-Gare
D48
Saint-Projet
Lauresses
Labathude
40
D9
D673
D801
Sousceyrac
D19
D8
20
D40
D12
04
D7
Gourdon
D8
D 39
D39
D15
07
D8
D673
Sénaillac
Latronquière
Lacam
d’Ourcet
Latronquière
D48
Rocamadour
D36
D67
L’essor démographique dans les campagnes et le renouveau
de la foi dans le Lot au XIXe siècle ont permis la reconstruction
et l’embellissement de nombreuses églises paroissiales.
Des vitraux furent commandés en grand nombre à des
ateliers du sud-ouest de la France tels Gesta, Saint-Blancat,
Villiet, Feur et Dagrand.
D3
D 653
D4
3
D14
D43
Comiac
D3
D15
03
D8
D 653
Baladou
D911
Cremps
4
D2
D653
D10
59
D6
D6
D19
D4
A20
D4
7
D4
D6
59
Les manufactures toulousaines
Deux manufactures toulousaines sont intervenues
dans le Lot dans la seconde moitié du XIXe siècle :
Louis-Victor Gesta et Saint-Blancat. Reconnue en
France et dans le monde, leur production industrielle
s’appuyait sur une véritable stratégie commerciale.
Il était fréquent, pour réduire les coûts et la durée
du chantier, que ces ateliers travaillent en même
temps ou se succèdent dans la même église sans
rompre pour autant l’unité thématique et stylistique
du programme iconographique, comme à l’église
Saint-Vincent de Flaugnac.
L’atelier de Louis-Victor Gesta à Toulouse, gravure extraite de L’album
de la manufacture de vitraux peints de L.V. Gesta, Toulouse, 1864.
Copyright : Service Patrimoine de la ville de Figeac.
Pour identifier sa production,
Louis-Victor Gesta insérait
habituellement son nom dans un
cartouche, au bas du vitrail, ou
l’apposait en ligne le long de la
barlotière inférieure (détail d’un
vitrail de la chapelle Notre-Damede-Rocamadour).
Les vitraux de Gesta dits
« archéologiques » reprennent des
formules médiévales comme les
bordures en palmettes ou les grands
personnages en pied sous arcatures.
Les fonds damassés sont ornés de
motifs floraux inspirés du répertoire
oriental du XVIe siècle (église SaintVincent de Flaugnac).
D55
D6
Flaugnac
D19
D5 5
Les descendants de Louis-Victor
Gesta (Louis et Henri) reprirent
l’atelier jusque dans les années 30
mais les vitraux paraissent d’une
qualité moindre (église SainteMarie-Madeleine de Teyssieu).
Carte des interventions des maîtres
verriers dans le Lot au XIXe siècle, d’après
« L’iconographie des vitraux du XIXe siècle
dans les églises du Lot », Pierre Dalon,
in Bulletin de la Société des Études du Lot,
1991, CXII, p.215
Imprégné des recherches sur
les vitraux médiévaux, SaintBlancat ornait l’encadrement
des personnages de motifs
néo-gothiques, de fleurons et
de feuillages très stylisés (église
Saint-Vincent de Flaugnac).
Des artistes
bordelais
La ville de Figeac, et plus particulièrement
l’église Saint-Sauveur, a vu l’intervention
du maître verrier Joseph Villiet, formé
chez Thibault et Thévenot à ClermontFerrand puis installé à Bordeaux, et de
son élève Henri Feur. Ce dernier reprit
l’atelier en 1877 et devint maître dans l’art
d’adapter les cartons de son prédécesseur
aux dimensions des fenêtres et d’en
modifier le sens iconographique au gré
du commanditaire.
La signature de Gustave-Pierre Dagrand
apparaît de 1871 à 1914 sur les vitraux
d’une soixantaine de paroisses du Lot.
Membre influent de l’Ecole des Beaux-Arts
à Bordeaux, il est à l’origine des vitraux
des cathédrales de Bayonne, Bilbao,
Port-au-Prince, Lima, Valparaiso…
Eglise Saint-Pierre-ès-Liens des
Junies : vitrail signé Dagrand
représentant le thème des « Sept
douleurs de la Vierge » : la Vierge
est représentée avec sept épées
lui transperçant la poitrine, selon
la prophétie de Siméon.
Villiet et Feur peignaient le plus
souvent leur monogramme
à l’intérieur même de la
composition du vitrail.
Villiet a réalisé d’après une commande de
l’abbé Massabie les vitraux de la nef de
l’église Saint-Sauveur à Figeac en 1872.
Les épisodes de la Vie de la Vierge sont
figurés dans des médaillons superposés sur
fond de résille colorée, selon l’esthétique
médiévale. Les compositions sages,
l’expression alanguie des visages et les
paysages qui reflètent les sentiments des
personnages s’inspirent du répertoire
classique et romantique de la peinture du
XIXe siècle.
L’œuvre de Feur se distingue de
celle de son prédécesseur Villiet
par l’adoption systématique
d’un fond bleu paysagé à la fois
réaliste et lyrique, par l’irruption
d’éléments pittoresques aux pieds
des personnages comme des oiseaux
ou des bouquets de fleurs et par la
multiplication des détails comme
les joyaux colorés incrustés dans
les étoffes (église Saint-Sauveur de
Figeac).
Le conseil général du Lot
agit pour la valorisation
du patrimoine lotois
Détail d’un vitrail de l’église
Saint-Etienne d’Albas signé
Dagrand.
8
Le vitrail
e
au XIX siècle
u simple décor ornemental
d
au tableau figuré
Certains édifices présentent un programme iconographique
global cohérent, du plus élémentaire au plus étudié, les choix des
représentations de la statuaire, des peintures et des vitraux se
faisant écho.
Un riche
répertoire
géométrique
et végétal
Le faible coût des verrières décoratives, leur
rapidité d’exécution grâce à la technique
du pochoir et la lumière diffuse qu’elles
transmettent sont les trois principales raisons
de leur fréquence dans les églises du Lot
au XIXe siècle. Entrelacs qui rappellent les
claustra byzantines ou islamiques, mosaïques,
losanges… : ces motifs stylisés évoquent les
schémas de composition des grisailles médiévales
décrits par Viollet-le-Duc dans son « Dictionnaire
raisonné ». Certains vitraux sont ornés de
motifs floraux inspirés du répertoire botanique
(rinceaux, palmettes, bouquets et feuillages,
feuilles d’acanthe, branche de lys…).
Entrelacs avec motifs
floraux (église Saint-Martin
de Sousceyrac).
Une iconographie
religieuse
diversifiée
Les vitraux des églises du Lot du XIXe siècle
forment un inépuisable répertoire d’images
pieuses inspirées des nombreux traités
d’iconographie édités par l’Église mais aussi de
la peinture religieuse de la Renaissance (MichelAnge, Raphaël). Le choix de la représentation
sur le vitrail dépend étroitement de son
emplacement dans l’édifice : cheminement
christique et purification au Nord, Rédemption et
Résurrection au Sud, manifestation de la divinité
dans le chœur et Marie dans la chapelle de
l’abside ou du chevet.
Église Saint-Siméon de Gourdon : les quatre Évangélistes, représentés avec
un rouleau de parchemin ou un livre à la main, sont identifiables par leurs
costumes et leurs attributs : Matthieu et un ange, Marc et un lion, Luc et un
taureau, Jean et un aigle.
“Imago”
La représentation de grandes figures de l’Église,
en buste ou en pied, est généralement réservée
aux fenêtres hautes, difficilement accessibles à
l’œil. Aux évangélistes, apôtres et prophètes
s’ajoutent les images de saints dont le culte
connaît un certain renouveau dans la seconde
moitié du XIXe siècle. Les vitraux rendent
hommage au saint patron de l’église, le saint
titulaire auquel l’édifice est dédié ainsi qu’au
patron secondaire, protecteur de la paroisse, ou
à d’autres saints dont les vertus thaumaturgiques
ou prophylactiques sont évoquées contre
les maladies, les guerres, les morts et autres
catastrophes.
Église de Sénaillac-Latronquière :
sainte Cécile, patronne de l’église
et des musiciens, est représentée
avec son orgue. Un texte du XIIe
siècle compare en effet la douceur
de sa prière à celle de la musique.
Église de Saint-Projet : ce vitrail
associe saint Projet, évêque de
Clermont-Ferrand et patron principal
de l’église, à saint Bonaventure,
moine franciscain devenu cardinal et
patron secondaire de l’édifice.
“Historia”
Quadrilobes avec motifs floraux en
arrière-plan (église de Saint-Simon). Dans les verrières mixtes,
le décor figuratif n’occupe
que le centre du vitrail.
Il s’agit souvent d’un
personnage en buste
(parfois un simple
visage) circonscrit dans
un rond ou un losange,
entouré de motifs
floraux et géométriques
(église Saint-Vincent de
Flaugnac).
Aux fenêtres basses de l’église, plus lisibles,
sont généralement illustrés les préceptes
de la Foi chrétienne en quelques scènes.
Le déroulement du récit pictural sur les vitraux
respecte généralement l’enchaînement des
épisodes bibliques, de l’Ancien ou du Nouveau
Testament. Verrières mariales, christiques,
hagiographiques : le même personnage peut
être représenté plusieurs fois dans le même
édifice, à travers différentes scènes de sa vie.
Au XIXe siècle, les maîtres verriers insistent sur
les missions et le rôle du prêtre (le Bon Pasteur,
saint Jean-Baptiste, le Christ accueillant les
enfants) et les figures à résonance affective
comme la sainte Famille.
Église Saint-Siméon de
Gourdon : l’Annonciation et
le Couronnement de la Vierge :
l’archange Gabriel vient
annoncer à Marie qu’elle va
enfanter le fils de Dieu. Dans
un geste d’humilité, Marie
répond qu’elle est la servante du
Seigneur. La Vierge est reçue aux
cieux par la Trinité (Jésus, Dieu
le père et le saint Esprit) qui lui
pose une couronne sur la tête.
Le conseil général du Lot
agit pour la valorisation
du patrimoine lotois
L’église Saint-Sauveur
de Figeac présente un
programme iconographique
cohérent. Dans la nef,
une procession de saints
s’avance vers le chœur.
Dans le transept sont
évoqués les sacrements de
l’Église et la filiation entre
l’Ancien et le Nouveau
Testament. Ici vitrail
représentant Adam et Eve
chassés du paradis.
L’église de Saint-Germaindu-Bel-Air, entièrement
reconstruite en 1888,
possède dans le chœur des
vitraux représentant des
scènes de la vie de son saint
titulaire saint Germain
l’Auxerrois : la bénédiction
de sainte Geneviève et
la visite à l’Empereur à
Ravenne.
9
Le vitrail au XIX siècle
e
commanditaires
et donateurs
Si au Moyen Âge toute la société participait à l’édification
e
et à l’ornementation des églises, au XIX siècle, donner
un vitrail était un acte de piété doublé bien souvent d’une
démarche sociale. Beaucoup de vitraux lotois ont été offerts
par des paroissiens -familles, groupes de fidèles, corporations
de métiers et confréries religieuses- spontanément ou en
réponse à des souscriptions lancées par les fabriques.
Église Saint-Siméon de Gourdon :
la dévotion au Sacré-Cœur
apparaît sur les vitraux à travers
l’image du Christ portant le SacréCœur ici ou celle de MargueriteMarie Alacoque, visitandine de
Paray-le-Monial au XVIIe siècle,
béatifiée en 1864 et canonisée en
1920, à genoux devant l’apparition
du Christ.
L’illustration
des dévotions
à la mode au XIX siècle…
e
Les évêques, les curés « éclairés » et les fabriques
ont joué au XIXe siècle un rôle parfois dirigiste
dans le choix et l’agencement du décor des
vitraux. Ceux-ci témoignent donc du succès
de certaines dévotions comme celle des saints
fondateurs d’ordre (François de Sales, François
d’Assise, Vincent de Paul, Louis de Gonzague,
Charles Borromée), du Sacré-Cœur, du
pèlerinage de Lourdes et de Jeanne d’Arc.
Ce vitrail reprend l’iconographie
de la Vierge telle qu’elle apparût à
Bernadette Soubirous à Lourdes en
1858 et telle qu’elle était véhiculée par
les médailles miraculeuses : manteau
blanc, écharpe bleue en ceinture,
couronne et pieds ornés de roses
(église Saint-Hilaire de Reilhac).
La représentation de Pie IX
est associée au dogme de
l’Immaculée Conception qu’il
institua en 1854 et au triomphe
de l’ultramontanisme (église
du bourg de Cézac).
Un don
ou le témoignage
inscrit dans le vitrail
d’une piété populaire locale
Certains vitraux du Lot, plus originaux,
révèlent la piété populaire et les dévotions
locales nombreuses au XIXe siècle envers
les saints quercynois (saint
Namphaise, sainte Spérie,
saint Perboyre, sainte
Germaine de Pibrac ou sainte
Philomène) ou le pèlerinage
de Rocamadour. Par ailleurs,
les vitraux commandités par
les paroissiens, confréries
religieuses ou les corporations
de métiers rendent souvent
hommage aux saints patrons
de ces derniers.
Église Saint-Saturnin du Bourg :
vêtue d’une armure, Jeanne
d’Arc tient l’oriflamme portant
sa devise « Jésus Maria ». Une
citation extraite d’un registre
consulaire de la ville de Cahors
en 1429 apparaît sous le
personnage. Ce culte, encouragé
par la République à des fins
idéologiques après 1870,
s’inscrit dans le mouvement
de féminisation de la religion
catholique au XIXe siècle.
Rares sont les donateurs qui ont souhaité garder
l’anonymat. Leur nom est souvent placé comme
celui du maître verrier ostensiblement le long
de la barlotière inférieure ou dans un cartouche
en bas de la fenêtre, avec parfois des précisions
sur le rang social du donateur ou son rôle au
sein de la paroisse (curé, fabricien, missionnaire,
regroupements paroissiaux, associations de
prière…).
Dans l’église Saint-Hilaire de
Reilhac, l’oculus de la façade ouest
est pourvu d’un vitrail représentant
l’ermite lotois saint Namphaise
et un bûcheron. Dans le fond de
la scène un petit lac fait référence
aux aménagements que ce saint
du VIIIe siècle aurait entrepris sur le
causse de Gramat afin d’abreuver
les animaux.
Vitrail de l’église Sainte-Marie-Madeleine
de Teyssieu : précédés de la mention
« don de », noms de plusieurs donateurs
dont un curé, un maire et un fabricien.
Un membre du clergé pouvait offrir un
vitrail dans une église sans pour autant
officier dans la paroisse concernée.
Sur un vitrail de l’abside centrale
de l’église Saint-Sauveur de Figeac
consacré aux travaux de la vigne,
la représentation de saint Fiacre,
patron des jardiniers, rappelle que
la chapelle a été restaurée grâce au
don de la confrérie du dit saint.
Le choix de la représentation d’un
saint est parfois uniquement lié à
l’existence d’un paroissien éponyme :
un vitrail de l’église de Goujounac
figurant saint Cérède, inconnu des
hagiographes, aurait été offert
par un paroissien étrangement
prénommé Cérède !
Ce vitrail de l’église Saint-Clair
honore saint Jean-Gabriel
Perboyre, prêtre lotois qui,
parti en mission en Chine, fut
livré aux soldats de l’Empereur
et mourut par strangulation
sur un gibet en forme de croix
le 11 septembre 1840. Il est vêtu
d’une tunique rouge (tunique
des condamnés à mort en
Chine), lié à un poteau et à
une corde autour du cou.
Vitrail de l’église de Saint-Germaindu-Bel-Air représentant le blason
de Monseigneur Grimardias.
Les armoiries d’une commune ou
d’un personnage témoignent de
leur implication dans la commande
de vitraux.
Le conseil général du Lot
agit pour la valorisation
du patrimoine lotois
Le mécénat apostolique joint à un souci
de fierté conduisait parfois certains
curés à se faire représenter sur leurs
vitraux. Monseigneur Grimardias,
évêque de Cahors à la fin du XIXe siècle
et à l’origine de la construction ou de
la reconstruction d’une soixantaine
d’édifices dans son diocèse, fut
« vitraillisé » de son vivant (église
de Cézac).
10
Le vitrail
e
au XX siècle
l’inscription
dans son époque
L’aventure du vitrail contemporain a débuté en France
et dans le Lot par une prodigieuse inventivité technique
et esthétique, mais aussi par l’influence des grands
courants picturaux.
Église Saint-Quirin
de Lalbenque : vitrail
représentant le combat
de saint Georges et du
dragon, réalisé par
les frères Mauméjean.
Fondée à Pau en 1860 et
active jusqu’en 1957, cette
entreprise familiale de
renommée internationale
a travaillé sur la texture et
l’épaisseur des verres pour
tirer le maximum d’effet
de la matière. Leurs vitraux
illustrent les textes bibliques
par des symboles simples,
chargés d’une grande
puissance évocatrice.
Les couleurs vives et
harmonieuses rendent
la fluidité et la richesse
des tissus.
Le début
e
du XX siècle
du style saint-sulpicien
à l’Art nouveau
La séparation de l’Église et de l’État en 1905
avec la disparition des conseils de fabrique et
de la commande publique, a délivré la création
de vitraux du contrôle tatillon de l’État en lui
permettant de s’ouvrir à la modernité. Les
ateliers régionaux encore en activité dans le
Lot comme Saint-Blancat ou Gesta perpétuent
le style saint-sulpicien, néogothique et
l’iconographie religieuse du siècle précédent,
tandis que de nouveaux maîtres verriers comme
Charles Champigneulle et Félix Gaudin marquent
vers 1925 l’influence de l’Art nouveau sur le
vitrail.
Les années 50
L’influence du cubisme
et de l’Art déco
Dans les années 50, le vitrail a profité du renouveau
en France de l’art chrétien promu par le père
Couturier et la revue L’Art sacré. Des maîtres verriers
qualifiés collaborent avec des peintres totalement
étrangers à l’art du vitrail comme Henri Matisse,
Fernand Léger, Georges Braque ou encore
Marc Chagall. Le vitrail lotois est alors marqué par
l’influence de deux styles : le cubisme qu’incarnent
les frères Mauméjean, visant à l’essence
même des formes, et l’Art déco qu’a introduit
Francis Chigot dans l’art sacré.
Église Saint-Hilaire de Reilhac : vitrail signé
Saint-Blancat daté de 1924 présentant un Poilu
expirant dans les bras d’un ange. L’inscription
« Dieu et Patrie » (Pro Deo pro Patria) souligne
le lien qui unissait alors sentiment religieux et
devoir patriotique. En 1918, beaucoup d’églises
lotoises se sont dotées d’un espace commémoratif
dédié à la Grande Guerre avec des vitraux
rendant hommage au courage des soldats.
Vitrail signé Félix Gaudin
à l’église Saint-Étienne de
Calviac. Cet ancien officier
d’artillerie reconverti
au travail du verre et à
la mosaïque, disciple de
Viollet-le-Duc, a eu recourt
au début du XXe siècle à des
matériaux nouveaux comme
le verre américain.
Église Saint-Barthelémy de Thégra :
vitrail représentant la mort du
Christ tel un écorché anatomique
signé Mauméjean. Le traitement
presque cubiste des visages leur
confère une force sculpturale,
de même que la décomposition
des personnages en facettes
juxtaposées.
Vitrail de l’église Saint-Pierre de Gramat signé
Champigneulle : sur le côté droit, la République
française met le genou à terre devant la Foi et tend
ses bras vers le Sacré-Cœur du Christ. Le maître
verrier parisien et son prolongement, la Société
artistique de peinture sur verre, évoquent ici la loi
du 24 juillet 1873 votée par l’Assemblée nationale
qui décréta l’édification de la basilique du Sacré
Cœur de Montmartre d’utilité publique. Ce vitrail
est l’un des trois consacrés à ce thème en France !
Le conseil général du Lot
agit pour la valorisation
du patrimoine lotois
Dans l’église de Goudou à
Labastide-Murat, la fenêtre
axiale du chœur représentant
la décollation de saint JeanBaptiste, patron de l’église,
est l’œuvre du maître verrier
Chigot en 1941 d’après un
dessin de Georges Lebacq.
Francis Chigot a rénové l’art
du vitrail français en ayant
recourt à des verres industriels
(verres imprimés, goutte
d’eau, diamant, cathédrale,
opalescent). À la limite entre
le figuratif et l’abstrait, son
œuvre donne une large place
aux formes géométriques.
11
Le vitrail aujourd’hui, un champ d’investigation
de l’art contemporain
Entre rupture et continuité, une nouvelle génération
de maîtres verriers réinvestit aujourd’hui les questions
de l’iconographie et de la symbolique dans l’art sacré
contemporain. Grâce à une grande diversité de techniques
et une plus grande liberté de composition, le vitrail est
devenu un nouveau lieu d’expression où l’abstraction prend
une part grandissante.
Une création lotoise
dynamique et créative
L’atelier Creunier, situé à Albas, se positionne
dans la lignée des maîtres verriers médiévaux.
Il met le vitrail au service du bâtiment et de ses
bâtisseurs. Ses créations respectent l’histoire de
l’édifice et son style afin d’assurer la cohérence
de l’ensemble et sa compréhension par le public.
Elles mettent en avant le rôle de la lumière,
l’importance de la matière, l’esthétique et le rôle
didactique du vitrail.
Vitraux du XIXe siècle
Dans la fenêtre nord du chœur de l’église de Lhospitalet, l’atelier Creunier
a réalisé un vitrail orné de rameaux d’olivier et de feuillages. Il présente
les mêmes teintes que les vitraux des autres fenêtres du chœur datées du
XIXe siècle mais la composition est vivifiée par l’apport de taches jaunes
(chlorure d’argent). Comme ces fenêtres étaient munies de «défenses» en
fer datant du XIVe siècle, formant «chaînage» dans les baies, ces éléments,
très présents visuellement, ont été «intégrés» dans la mise en plombs qui
reprend exactement leur position.
Création de Creunier
Les vitraux de l’atelier Le Bras-Girault, installé
à Figeac, tendent d’avantage vers l’abstraction.
Les tons et les couleurs sont distribués en vue
d’une harmonie générale et en accord avec
l’architecture.
Dans la chapelle Saint-Jean-des-Arades à Belfort-duQuercy, les créations de l’atelier Le Bras-Girault suggèrent un
mouvement (celui du visiteur dans l’église). Dans la première
baie, les lignes, évocatrices du vent, sont dirigées vers le
bas. Elles accompagnent les touches de rouge (représentant
le Saint-Esprit) qui grandissent tout au long du parcours,
s’élèvent progressivement pour culminer dans le chœur et
redescendre à la sortie. Elément de cohésion, le camaïeu
de bleu et de gris (évocateur du ciel) souligne la sobriété
du paysage qui pénètre ainsi librement les lieux par la
transparence, les reflets et les projections.
Vue générale du chœur de la cathédrale Saint-Étienne de Cahors
Le rôle de
la commande
publique
Dialogue entre patrimoine
et art contemporain
La commande publique joue un rôle
majeur dans l’évolution du vitrail religieux
contemporain dans les églises. Le programme
iconographique, choisi généralement par
les évêques en lien avec les Architectes des
Bâtiments de France, doit s’insérer dans des
monuments parfois millénaires sans effacer ni
dénaturer leur fonction de témoin historique.
Si les interventions en Midi-Pyrénées de Pierre
Soulages (abbaye de Conques en 1994) n’ont pas
toujours fait l’unanimité, elles témoignent de
cette dynamique créative.
À Cahors, a été lancé en 2010 un appel à projet
pour la création de vitraux dans la nef de la
cathédrale Saint Étienne, classée Monument
Historique en 1862. Ces baies munies de verres
blancs losangés, réalisés il y a 50 et 80 ans,
laissent en effet pénétrer une lumière crue et
brutale, en très fort contraste avec le chœur riche
de vitraux colorés du XVIIIe siècle. La perception
fragmentée des volumes et la mauvaise
lecture de l’architecture et des décors nuisent
au caractère exceptionnel de ce bâtiment.
Une commande publique, sur la base d’un
programme iconographique précis, a été élaboré
et a permis de retenir cinq lauréats devant
chacun produire une maquette. Résultats en
2012…
Baies nord (7 et 5, nef / 3, transept / 1, chœur)
Baies sud (2 chœur, 4 transept, 6 et 8 nef)
5 / 70 cm / 210 cm, 1 / 70 cm 190 cm (Baie 1)
Baie axiale de la nef ouest
100 / 100 cm
Le conseil général du Lot
agit pour la valorisation
du patrimoine lotois
12
Conservation
et restauration
« La valeur intrinsèque d’un vitrail est comparable à celle d’une œuvre d’art ou d’un monument patrimonial, indépendamment
de son époque de création ou de sa valeur marchande »
(ICOMOS ou Conseil international des monuments et des sites).
Église de Figeac : cassures du verre.
Un patrimoine
fragile et menacé
Les matériaux constitutifs du vitrail sont la
première cause de leur altération. Les verres
médiévaux à fondant potassique et à faible
teneur en silice ont tendance à brunir, à devenir
opaques et donc illisibles. Les vitraux du
XIXe siècle ont certes un fondant sodique mais
leurs plombs plus légers ont une durée de vie
plus courte d’environ cent ans. Le vitrail peut être
menacé par la corrosion de l’armature métallique
(calfeutrement, mastic, cadre en pierre de la
baie, réseau des plombs).
Église des Carmes de Figeac : la pièce de verre peut être altérée dans sa
translucidité et sa transparence (corrodée), dans sa couleur (décolorée
ou opacifiée) ou dans son intégrité (amincie, effritée, fissurée, cassée).
La dépigmentation est liée à l'emploi de certains constituants de la grisaille
ou de liants utilisés en peinture.
De plus, comme toute œuvre d’art, les vitraux
sont sensibles aux outrages du temps et aux
agressions atmosphériques (pollution,
intempéries, oiseaux, lichens, dépôt de microorganismes, champignons, algues et bactéries…).
Le climat est souvent instable dans les églises :
humidité forte et condensations, élévation
brusque de la température due au chauffage
dominical.
Enfin, les vitraux sont parfois exposés aux
méfaits de l’homme (changement de goût,
modifications des aménagements liturgiques,
vandalisme) et souffrent d’un manque
d’entretien dû à la baisse de fréquentation
des églises.
Vitrail de l’église Saint-Pierre de Luzech avec grillage anti-pigeons.
L’importance
de la conservation préventive
Les vitraux les plus fragiles ne peuvent souvent
plus assurer leur fonction mécanique de clôture
de l’édifice et donc d’étanchéité. Deux outils
permettent d’assurer leur conservation in situ
sans les soumettre aux dégradations, à l’usure et
au phénomène de condensation :
- une grille métallique fixée à un cadre et
attachée à la maçonnerie ou sur les ferrures
derrière la verrière, discrète et esthétique aussi
bien dans son aspect extérieur que dans sa vision
par transparence
- une double verrière composée de feuilles
de verre trempé et de verre feuilleté, posée
parallèlement au vitrail (utilisée essentiellement
pour protéger les vitraux anciens).
Les techniques
de restauration
Au XIXe siècle, les maîtres verriers restauraient
comme ils créaient : ils réparaient avec des
plombs de casse en rognant les pièces anciennes,
complétaient les pièces manquantes avec du
verre neuf, faisaient clôturer les vitraux détruits
par des couvreurs ou des maçons.
Aujourd’hui, l'éthique moderne de la
restauration des vitraux, dictée par le Corpus
Vitrearum, organisme international fondé
en 1952, exige que les interventions sur les
vitraux soient lisibles, réalisées a minima et
réversibles. Le remplacement d’une pièce
manquante ou la copie de pièces ne sont tolérés
que pour restituer la lisibilité de l’œuvre. Les
méthodes employées par les ateliers aujourd’hui
font appel à des procédés scientifiques issus
des dernières technologies (nettoyages chimiques
par compresses, loupe binoculaire).
Le nettoyage d’un vitrail permet de supprimer des dépôts divers (poussières,
suies, résidus de mastic, patines artificielles). Le refixage de la grisaille se
fait avec des résines synthétiques ou à froid (huile, vernis). Les pièces cassées
peuvent être réparées par la pose d’un cuivre de casse (« montage Tiffany »),
collées bord à bord ou doublées par un verre transparent. La restauration du
réseau de plomb consiste à remplacer les plombs usagés par des plombs neufs
avec une armature en matériau moins oxydable. Les mises en plombs anciennes
qui présentent un intérêt historique doivent être préservées.
Détail du vitrail de l’église
de Douelle représentant la
Crucifixion, avant restauration.
Avant restauration
Après restauration
Restauration d’un vitrail de l’église d’Assier par l’atelier
Le Bras-Girault : toute intervention sur des vitraux exige
l’établissement d’un dossier de restauration.
Légende : ……… Plomb de casse
Comblement de lacune en plomb
Remplacement pièce neuve
Protection grisaille (paraloïd B72)
•
•
•
Vitrail de l'église de Douelle après restauration par l'atelier Creunier.
Le conseil général du Lot
agit pour la valorisation
du patrimoine lotois
13
Des chantiers
de restauration
dans le Lot
Le vitrail médiéval
l’église des junies
Dates du chantier : 2006-2007
Maître d’ouvrage :
Direction Régionale des Affaires Culturelles
de Midi-Pyrénées
Maître d’œuvre : Agence Rebière
(Architecte en Chef des Monuments Historiques)
Entreprise : Atelier Pinto (Tusson, Charente)
Coût HT : 24 786 euros
Financements : État, commune, Conseil général,
Gaz de France
La grande verrière de la baie d’axe de l’église
Saint-Pierre-ès-Liens des Junies, datée du
XIVe siècle, présentait depuis plusieurs années
des altérations dues à l’importance et à la
fréquence des phénomènes de condensation :
obscurcissements des verres, disparition des
grisailles et développement d’algues.
Les panneaux ont été déposés en 2006 pour
une restauration dans l’atelier charentais Pinto.
Celui-ci a privilégié la conservation de l’œuvre
et mis l’accent sur le nettoyage minutieux des
verres (suppression des coulures de mastic et des
dépôts de surface, application d’un biocide).
Les plombs des restaurations précédentes,
trop larges, ont été remplacés par des plombs
reprenant le dessin du réseau de plomb
originel. Les verres cassés ont été recollés bord à
bord. La grille métallique, après traitement antirouille, a été reposée, consolidée à l’extérieur
de l’édifice par une verrière de protection. Avant
la repose des vitraux, la maçonnerie des baies
a été restaurée (jambages et meneaux en pierre
de taille) : nettoyage et rejointoiement des
glacis, remplacement des pierres altérées, mise
en place d’une bande de protection en plomb
sur le glacis.
Cette intervention a bénéficié du mécénat de
la Fondation d’entreprise Gaz de France.
Relevé après restauration
Le vitrail
contemporain
Le vitrail renaissance
le château de Castelnau-Bretenoux
l’église Saint-Barthélemy
de Cahors
Dates du chantier : 2007
Maître d’ouvrage : Centre des Monuments Nationaux
Maître d’œuvre : Architecte des Bâtiments de France
Entreprise : Atelier Le Bras-Girault (Figeac, Lot)
Financements : État, Gaz de France
Dates du chantier : travaux de strict entretien :
campagne pluri-annuelle de 2007 à 2010
Maître d’ouvrage : commune de Cahors
Maître d’œuvre : Architecte des Bâtiments de France
Entreprise : Atelier Creunier (Albas, Lot)
Coût TTC : 5 106,64 euros HT
Financements : État, commune, Conseil général
Achetés au XIXe siècle par Mouliérat pour la salle dite
de l’oratoire du château de Castelnau-Bretenoux,
deux vitraux représentant des anges musiciens
avaient pâti de leur exposition sur les façades sud et
ouest (soleil, vent, intempéries).
Le démontage des panneaux a été précédé d’une
prise d’empreinte des plombs par frottage. Les vitraux
ont été débarrassés des restaurations anciennes.
L’ancien mastic d’étanchéité a été retiré par un
lessivage à l’eau déminéralisée. Les scènes de grisaille
ont été consolidées par masticage. Les petites casses
ont été résorbées par collage à la résine. Pour les
cassures plus importantes, le plomb de casse a été
remplacé grâce à la technique « tiffany » (bande de
cuivre munie d’adhésif, complétée par une soudure
à l’étain). Une opération de balayage doux à la
brosse a été effectuée sur chaque panneau avant
leur réinstallation au château pour éliminer les traces
de poussières et de salissures.
Relevé avant restauration
Avant restauration
Leur teinte verte, leur découpe par grugeage et leur décor
de grisaille sont autant d’éléments de datation du XVIe siècle.
Dominant la partie haute de la ville médiévale
de Cahors, l’église Saint-Barthélemy a pris ce
nom au XIVe siècle lorsqu’elle fut reconstruite sous
l’impulsion du pape Jean XXII à partir de 1320.
De l’édifice originel qui s’appelait Saint-Etiennedes-Soubirous, il ne reste qu’un pan de mur sur
la façade nord.
Ses vitraux contemporains ornés de motifs
géométriques ont fait l’objet de travaux de
strict entretien au cours d’une campagne pluriannuelle entre 2007 et 2010 : coupe et cintrage
des armatures, brasure des éléments (cadres et
traverses), découpe et couture des grillages au
fil de cuivre et pose des fourches de fixation en
cuivre forgé. Ces travaux ont été menés par la
commune de Cahors, avec le soutien financier
du Conseil général du Lot qui agit depuis plusieurs
années pour la connaissance, la protection et
la valorisation des vitraux du département.
Après restauration
Grillage de protection
Vitrail avant restauration
Le conseil général du Lot
agit pour la valorisation
du patrimoine lotois