LES SCANDALES DU XIX EME SIECLE VUS PAR LA PRESSE
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LES SCANDALES DU XIX EME SIECLE VUS PAR LA PRESSE
LES GRANDS DOSSIERS DE L'HISTOIRE PRESENTENT : LES SCANDALES DU XIX EME SIECLE VUS PAR LA PRESSE Les procès de Flaubert et de Baudelaire en avantpremière ! Demandez les grandes nouvelles ! Rien ne va plus à Panama ! Hugo et Zola ont encore fait scandale ! Demandez les dernières nouvelles de Dreyfus ! Les étranges tableaux des nouveaux peintres impressionistes ! L'Eglise en colère ! Demandez les nouvelles ! La classe de 4ème 1 du LFM de Coyoacan, promotion 2011-2012 Sont : la classe de 4ème 1 du LFM de Coyoacan, promotion 2011-2012 SOMMAIRE · en couverture . LES GRANDS SCANDALES À TRAVERS LA PRESSE DU XIXE SIÈCLE DOSSIER SPECIAL Dessin de Jean Veber, dans L’Assiette au beurre, 1901 RUBRIQUES ART . Les sources de cette édition Le scandale impressionnisme, par A. D. L’éditorial, par Cécile Medina et Angélique Rosset Cano, Regina Godoy et Nathalie Moya. e L’invitée - Léonore Mahieux, par la classe de 4 2. DOSSIER SPECIAL La tour d’Eiffel, le monstre de l’exposition universelle, par Paulina Hernandez et Soleil Bonnet. LITTERATURE SOCIETE . . Victor Hugo : la bataille d’Hernani, par Diego Du scandale à l’Affaire Dreyfus, par Olivier Villareal, Elia Chedraoui et J.-P. Pellat. La difficile mise en place d’une république laïque, par Nicolas Haro, Mathias Lopez et Andrès Poire. ECONOMIE 1857 : Charles Baudelaire et Gustave Flaubert mis en procès, par Camila Palomo, Patrick Fasterling et Raphaël Sebastian Les romans d’Emile Zola : des romans immoraux ? par Claude Constant et Ollin Bardies . Panama : un scandale financier et Politique, par Mara Lozano, Nathalie Höfle et Emilia Prieto. Espinosa, Nathalie Montcharmont et Luis Demay LE MOIS PROCHAIN DOSSIER SPÉCIAL Le siècle d es Lu m ières Les sources Du scandale à l’Affaire Dreyfus ▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Affai Panama : un scandale financier et politique re_Dreyfus, fr.wikipédia.org ▪ « L’affaire Dreyfus », Science et vie de la terre junior, Emmanuel DESLOUIS, Dessins de MIG, n*203, août 2006, pp 60-65. ▪ « L’affaire Dreyfus, (1er partie) », Citoyen Junior, L. CORNOU, n°7, mars 2011, pp 34-37. ▪ « L’affaire Dreyfus, (2ème partie)», Citoyen Junior, L. CORNOU, n°8, avril 2011, pp 34-37. ▪ « L’affaire Dreyfus », Histoire Géographie 4ème – progr. 2011, NATHAN, sous direction d’A.-M. HAZARD-TOURILLON et A. FELLAHI, pp 142-143. ▪http://www.assembleenationale.fr/histoire/dreyfus/dreyf us-chrono.asp, www.l’assembleenational.fr ▪http://hgc.accreteil.fr/spip/IMG/pdf/presse_Dr eyfus.pdf, hgc.ac-creteil.fr ▪http://ml.hss.cmu.edu/courses/mj west/French_Graduate_Reading/L 'Affaire.htm, ml.hss.cmu. ▪http://expositions.bnf.fr/zola/zola /pedago/fiches/dreyfus2.pdf, www.bnf.fr ▪Ça m’intéresse n°277 pp 70-74. ▪ Le petit Larousse. ▪ Encyclopédie Microsoft Encart 2002. ▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Scanda La difficile mise en place d’une république laïque ▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Tour_ ▪www.fr.wikipedia.org ▪Histoire-Géographie 4ème, C. BOUVET et J.-M. LAMBIN, Hachette Éducation, p 190. ▪Histoire-Géographie 4ème, A.M. HAZARD-TOURILLON et A. FELLAHI, Nathan, p 144. ▪http://mesgrainsdesel.canalblog.c om/archives/2010/week17/index. html le_de_Panama ▪http://www.universalis.fr/encyclop edie/affaire-de-panama/ ▪Histoire/géographie 4e, J-M LAMBIN, Hachette Collège. p 170. ▪http://www.herodote.net/histoire/ evenement.php?jour=18930320 Le scandale de l’impressionnisme ▪Petite encyclopédie de l’impressionisme, GRABIELE, Solar, 2006 ▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Impres sionnisme ▪“ L’impressionnisme”, J. WALES, http://fr.wikipedia.org/wiki/Impress ionnisme. ▪“Impressionnisme”, http://www.rmn.fr/francais/decouv rir-l-histoire-de-l-art/quelquesthemes/les-grands-mouvements/LImpressionnisme La Tour Eiffel, le monstre de l’exposition universelle Eiffel ▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Exposi tion_universelle_de_Paris_de_1889 ▪http://www.tour-eiffel.fr/ ▪http://www.histoire-enligne.com/spip.php?article9 ▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Scanda le_artistique ▪http://www.youtube.com/watch?v =sobkqME5RR8 : « C'est pas Sorcier » sur la Tour Eiffel. · Victor Hugo : la bataille d’Hernani ▪XIXe siècle, LAGARDE ET MICHARD, Bordas, 1969, pp 236-9 ▪Hernani, Victor HUGO, Hatier, 2007, pp 225-287 ▪ La “Bataille d’Hernani”, Heredote.net, http://www.herodote.net/histoire/ev enement.php?jour=18300225 ▪ « Le Romantisme », Michel ESNAULT, Les Grands Auteurs Romantiques du XIXe, http://romantis.free.fr ▪ « Hernani », Jimmy WALES, Wikipedia l’encyclopédie libre, www.wikipedia.com C. Baudelaire et G. Flaubert mis en procès ▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_fle urs_du_mal ▪http://www.linternaute.com/diction naire/fr/definition/realisme/ ▪http://www.madamebovary.com/m adame_bovary-trial.htm ▪http://es.wikipedia.org/wiki/Madam e_Bovary ▪http://flaubert.univrouen.fr/etudes/madame_bovary/mb _dur.php Les romans d’Emile Zola : romans immoraux ? ▪ le discours des caricaturistes – presse de l’époque : http://expositions.bnf.fr/Zola/dreyfus /01.htm ▪http://expositions.bnf.fr/Zola/portra its/01.htm : caricature, Daumier, ▪http://expositions.bnf.fr/daumier/pe dago/02_1.htm ▪http://www3.ac-nancymetz.fr/clemilorraine/spip.php?rubrique3 L’équipe · Directeurs de la rédaction : MEDINA Cécile et ROSSET Angélique Journalistes : BARDIES PEREZ Ollin Jacques, BONNET CARIÑO Soleil, CANO LEDESMA Ana Daniela, CHEDRAOUI BRAVO Elia, CONSTANT MARIN Claude Marie, DEMAY CARRANZA Luis, ESPINOSA GONZALEZ Diego, FASTERLING USSEL Patrick, GODOY DIAZ Regina, HARO REFUVEILLE Nicolas, HERNANDEZ ROUSSET Paulina Yvonne, HÖFLE PINDTER Natalie, LOPEZ RULL Matias, LOZANO MARTINEZ Mara, MONTCHARMONT SADA Nathalie, MOYA HERNANDEZ Nathalie, PALOMO DIAZ DEL CASTILLO Camila, PELLAT FONS Jean Philippe, POIRE COUTO Andres, PRIETO RIQUELME Emilia, RAPHAEL PRIEGO Sebastian, VILLAREAL RODRIGUEZ Olivier Maquettistes : PALOMO DIAZ DEL CASTILLO Camila, FASTERLING USSEL Patrick, RAPHAEL PRIEGO Sebastian Correcteurs-réviseurs : MEDINA Cécile et ROSSET Angélique L’éditorial · . Scandaleusement… nouveau ! par Cécile Medina et Angélique Rosset La Révolution Française et la fin de l’Ancien Régime, la mise en place chaotique de la liberté de la presse au cours du siècle suivant permettent à cette dernière de jouer pour la première fois les fonctions que nous sommes habitués à lui voir tenir de nos jours : rôle de contrepouvoir qui révèle les scandales financiers et les corruptions « La presse au XIXe siècle », http://tnhistoirexix.tableau-noir.net/presse.html politiques (constructi-on du canal de Panama ; dégradation de Dreyfus), rôle de transcripteur et de catalyseur des débats culturels et artistiques qui agitent cette nouvelle notion émergeante : « l’opinion publique », confrontée aux grands bouleversements des techniques et des mentalités de l’époque. Il est bien plaisant en effet de retrouver dans les journaux d’alors les premières réactions qui saluèrent l’installation à Paris de la Tour Eiffel ou l’exposition des œuvre de Manet, Monet, Renoir. Il est fort étonnant de se pencher sur les articles commentant avec flammes la parution d’œuvres appartenant aujourd’hui au patrimoine littéraire français : Hernani, Les Fleurs du Mal, Madame Bovary, Germinal… Nous sommes loin des discours unanimes ! Quelle vision la presse du XIXe nous donne-t-elle de sa propre entrée dans « l’aire de la modernité » ? Quels scandales éclatent dans les journaux, accusent, divisent, insultent, font frémir les mains qui les lisent et roidir les moustaches qui s’y penchent ? C’est avec ces questions que nous avons entrepris de composer le dossier spécial de ce mois : « Les grands scandales à travers la presse du XIXe » et de restituer, par la reproduction commentée d’articles du moment, les enjeux des « batailles » d’idées qui croisent le mot et meurent sur papier en ce XIXe siècle inventif et bousculé par ses propres inventions. Il semble en effet que rien dans les arts, en ce siècle de révolution industrielle, ne soit plus propre à susciter un scandale que… la nouveauté ! Notre invitée · Léonore Mahieux, par la classe de 4e1 Lors d’un reportage, un journaliste doit montrer : - - de l’objectivité : il essaie de montrer un peu toutes les opinions sur un même sujet. de l’honnêteté : il doit surveiller ses sources, en avoir au moins deux qui se recoupent avant de publier une information. du sérieux : il doit travailler son sujet en amont, écouter des interviews avant d’aller sur le terrain. Le 25 octobre 2011, nous avons eu le plaisir de recevoir dans notre classe la jeune journaliste Léonore Mahieux. Elle s’est prêtée de bon cœur à notre jeu des questionsréponses. ensuite sur internet les spécialistes du sujet, puis je demande un premier rendezvous. Il est très important d’aller sur place et de parler avec les gens. ▪ Qu’est-ce que la presse pour vous ? En avez-vous une bonne ou une mauvaise image ? ▪ Pourquoi êtes-vous devenue journaliste ? J’ai une vision assez idéaliste Cela dépend du choix du sujet : il de mon métier : il permet de y a beaucoup de faits divers sur la donner la parole à ceux qui violences et la . . ne l’ont pas. presse parfois Léonore Mahieux, Grâce à lui, je cherche à choquer peux voyager, Parfois, un scandale médiatique naît E par les photos pour une Zola du XX j’ai accès à des parce qu’un journaliste, à la base, n’a pas intéresser le siècle ? mondes variés: travaillé correctement : vérifier ses lecteur. Mais on un politique, sources, connaître son sujet pour avoir . . peut traiter un un artiste, un de l’esprit critique vis-à-vis de sa source. Eléonore Mahieux est une migrant… Je sujet de manière aussi plus intéressante en expliquant le contexte, pourquoi et jeune journaliste. Formée par trouve e comment cela est arrivé. La presse a aussi une fonction de 4 l’école de journalisme de gratifiant de pouvoir ou de contre-pouvoir : elle doit aller au-delà des discours Toulouse, elle est en résidence transmettre depuis trois ans au Mexique et des officiels. Il faut faire attention car publier est un pouvoir. travaille avec différents médias informations. - ▪ Est-ce dangereux d’être journaliste ? Cela dépend du lieu. En France, non. Au Mexique, oui, dans certains endroits. Le Mexique est considéré comme un des pays les plus dangereux au monde (après l’Irak) pour les journalistes. En tant que correspondante étrangère, je suis moins exposée que les journalistes mexicains car je ne « creuse pas à fond » les sujets puisque je travaille pour des journaux européens. Parfois, pour se protéger, un journaliste peut s’auto-censurer. ▪ Comment un journaliste peut-il être protégé ? comme la radio française (Europe 1), des journaux français (L’Express) ou encore les télévisions belge et suisse. Elle est venue nous parler de son métier, de sa quête de la vérité et de son travail d’investigation dans « l’Affaire Florence Cassey ». Cela dépend des pays, si la liberté de la presse est ou n’est pas reconnu. Ensuite, il y a la protection des sources : personne ne peut obliger un journaliste à révéler sa source, y compris un tribunal. Enfin, le journaliste peut publier sous un autre nom, un pseudonyme. ▪ Quelles sont vos sources ? Les autres journaux. Il faut lire tous les matins la presse. Comme je suis correspondante, je choisis mon sujet parmi ceux qui me plaisent. Je cherche ▪Pourquoi vous êtes-vous intéressée à « l’Affaire Cassey » ? Cette affaire a commencé avec un rôle direct des médias car elle a été arrêtée en direct. Or, il s’agissait d’un montage. J’ai rencontré F. Cassey et j’ai lu son dossier judiciaire. Pourquoi toutes ces irrégularités dans sa situation ? C’est mon rôle d’aller voir « derrière » et de comprendre. SOCIETE Du scandale à l'Affaire Dreyfus Par Elia Chedraoui, Jean-Philippe Pellat et Olivier Villareal. Pour accéder à la bibliographie, cliquez ici. Les faits majeurs de l'Affaire Dreyfus Alfred Dreyfus est un capitaine de l’armée française. Il est accusé de trahison en 1894 pour avoir livré des documents secrets aux Allemands, notamment le document que l'on appelle « le bordereau ». Son accusation s'est faite sans recherches ni preuves. Dreyfus est juif, et il est devenu un coupable évident pour la France antisémite de l'époque. Le tribunal militaire le condamne à la prison et lui retire son grade. La France est devenue anti-allemande depuis sa défaite dans la guerre de 1870, et l'Etat-major de l'armée est quant à lui un groupe faisant preuve d'antisémitisme. Emile Zola s'insurge contre les accusateurs de Dreyfus et fait publier son article « J'accuse ! » dans le journal L'aurore en 1898. En s'adressant directement au président de la République, il milite pour la libération de Dreyfus au nom de la justice et de la liberté. Dreyfus est finalement libéré et réhabilité dans son statut en 1904, près de dix ans plus tard. Cette affaire a divisé la France en deux groupes : les dreyfusards et les antidreyfusards. Cette affaire a mise en valeur le rôle de l'intellectuel engagé. L’affaire Dreyfus est un conflit social et politique majeur de la troisième République, qui a lieu à la fin du 19ème siècle. C’est l’accusation erronée du capitaine Alfred Dreyfus pour avoir vendu des informations aux allemands ; ce scandale a divisé la France en deux groupes : dreyfusards et antidreyfusards. Bordereau : lettre adressée à un militaire allemand de l'Ambassade d'Allemagne, Max von Schwartzkoppen, et qui disait que des documents militaires confidentiels étaient sur le point d'être transmis à une puissance étrangère. Antisémitisme : doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles aux juifs et proposent contre eux des mesures discriminatoires. Alfred Dreyfus est né le 9 octobre 1859 à Mulhouse D'ascendance alsacienne et juive, il décide, après l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine par l'Allemagne en 1871, de prendre la nationalité française. Il s'engage dans l'armée française en 1878. Victime de l'injustice qui l'a rendu célèbre, il est réhabilité puis participe à la Première Guerre Mondiale. Il meurt le 12 juillet 1935 à Paris. Dreyfusard : partisan de l'innocence de Dreyfus. Antidreyfusard : partisan de la culpabilité de Dreyfus. SOCIETE Du scandale à l'Affaire Dreyfus CHRONOLOGIE CHRONOLOGIE DE DE L'AFFAIRE L'AFFAIRE Septembre Septembre 1894 1894 : : Découverte Découverte du du bordereau. bordereau. 19 19 décembre décembre 1894 1894 : : Dégradation Dégradation et et déportation déportation au au bagne, bagne, en en Guyane, Guyane, du du capitaine capitaine Dreyfus. Dreyfus. 11 11 janvier janvier 1897 1897 : : Jugement, Jugement, puis puis acquittement acquittement du du commandant commandant Esterhazy. Esterhazy. 13 13 janvier janvier 1898 1898 : : Article Article d’Émile d’Émile Zola Zola intitulé intitulé “J’accuse” “J’accuse” .. Il Il apporte apporte pour pour la la première première fois fois toutes toutes les les données données existantes existantes sur sur l'Affaire, l'Affaire, et et est est accusé accusé de de diffamation diffamation pour pour cet cet article. article. Il Il est est contraint contraint de de s'exiler à Londres. s'exiler à Londres. Août Août 1899 1899 : : Révision Révision du du procès, procès, et et nouvelle nouvelle condamnation d’Alfred Dreyfus. condamnation d’Alfred Dreyfus. Emile Zola est né le 2 avril 1840 à Paris et meurt le 29 septembre 1902. Journaliste engagé dans la vie politique de l’époque, il prend la défense d’Alfred Dreyfus en écrivant son célèbre article « J'accuse! » adressé au président de la République Felix Faure en 1898. 1906 1906 : : Réhabilitation Réhabilitation de de Dreyfus. Dreyfus. Voici un extrait du célèbre article « J'accuse ! » d'Emile Zola, publié dans le journal L'Aurore du 13 janvier 1898. « (...) Ah ! cette première affaire, elle est un cauchemar, pour qui la connaît dans ses détails vrais ! Le commandant du Paty de Clam arrête Dreyfus, le met au secret. Il court chez madame Dreyfus, la terrorise, lui dit que, si elle parle, son mari est perdu. Pendant ce temps, le malheureux s'arrachait la chair, hurlait son innocence. Et l'instruction a été faite ainsi, comme dans une chronique du XVe siècle, au milieu du mystère, avec une complication d'expédients farouches, tout cela basé sur une seule charge enfantine, ce bordereau imbécile, qui n'était pas seulement une trahison vulgaire, qui était aussi la plus impudente des escroqueries, car les fameux secrets livrés se trouvaient presque tous sans valeur. (...) Voilà donc, monsieur le Président, les faits qui expliquent comment une erreur judiciaire a pu être commise ; et les preuves morales, la situation de fortune de Dreyfus, l'absence de motifs, son continuel cri d'innocence, achèvent de le montrer comme une victime des extraordinaires imaginations du commandant du Paty de Clam, du milieu clérical où il se trouvait, de la chasse aux " sales juifs ", qui déshonore notre époque. (...)» SOCIETE Du scandale à l'Affaire Dreyfus DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe AU CŒUR DE LA POLEMIQUE « Amnistie populaire ». Dessin de V. Lenepveu. Le Musée des Horreurs, n°35, 20 juin 1900 Zola caricaturé par Forain dans le journal anti-dreyfusard "Pstt". Analyse de l'image : Dreyfus est pendu, avec une langue qui ressemble à celle d'un serpent, et affublé d'une pancarte qui dit « traître ». Le message : Cette caricature utilise l'ironie pour montrer que Dreyfus est non seulement considéré comme traître, mais aussi comparé à un serpent pour avoir dévoilé des secrets militaires à « l'ennemi », et qu'il mérite d'être pendu. Ce message peut être compris, à l'inverse, comme une preuve d'ironie à l'égard des antidreyfusards dont est montrée ici l'exagération, confirmée par l'expression « amnistie populaire », c'est-à-dire le pardon du peuple. Le Musée des horreurs est un journal satirique, qui se moque et critique tous les faits de l'époque. Analyse de l'image : Emile Zola est en train de se noyer en essayant de sauver des eaux son article « J'accuse ! » ; il s'adresse à un homme en noir. L’homme en noir est un militaire, représentant de l'Etat-major allemand, portant un couvre-chef pointu caractéristique de l’uniforme militaire prussien. Le message : Cette caricature montre bien comment Zola a été attaqué par la presse nationaliste, patriotique. C’est un résumé de "J’accuse". Zola est l’homme qui trahit, qui va vers l’Allemagne, vers ce soldat prussien dont l’ombre va accueillir l’auteur de "J’accuse". Zola est l’homme qui met en cause l’unité de la France. SOCIETE Du scandale à l'Affaire Dreyfus Jean Ajalbert. « Ca commence ! », Les droits de l’Homme, 28 février 1898 « Zola n’est pas seul. Qu’on raille les intellectuels, il les a avec lui. Il a avec lui les hommes de pensée contre les hommes de pouvoir. Tous les regards qui ne sont pas déviés par les bas intérêts de la politique et du fanatisme politique et religieux sont tournés vers l’Ile du Diable, vers un rocher où agonise un homme, jeté là, au mépris des lois et du droit le plus élémentaire. » Analyse du document Vocabulaire péjoratif : « les bas intérêts de la politique », le « fanatisme politique et religieux » → se rapportent aux antidreyfusards Vocabulaire péjoratif utilisé à des fins contraires : « agonise un homme, jeté là », « mépris des lois et du droit le plus élémentaire » → défense de Dreyfus et de la justice Prise de position de l’auteur dans le débat Il déplore le manque d'esprit critique de la part des gens qui sont devenus antidreyfusards pour en tirer profit, il critique aussi la classe politique corrompue qui ne pense qu'à gagner du pouvoir avec cette affaire. Arguments pour défendre sa position : ● Il prend la défense de Zola et de Dreyfus en disant que Zola est accompagné par les « hommes de pensée », c'est-à-dire ceux qui font preuve d'intelligence. ● Il victimise Dreyfus en parlant de sa situation afin de convaincre ses lecteurs de le défendre. Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme, 1925 «Les amis de Dreyfus […] injurient tout ce qui nous est cher, notamment la patrie et l’armée […] Leur complot divise et désarme la France et ils s’en réjouissent. Quand même leur client serait innocent, ils demeureraient des criminels. » Maurice Barrés, nationaliste français, était un essayiste, romancier, et politique français né en 1862 et mort en 1923. Il fait partie du groupe des grands antidreyfusards, principalement parce qu’il était très antisémite : "Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race". Analyse du document Vocabulaire mélioratif : « tout ce qui nous est cher » → se rapporte aux valeurs de la droite française, ici « la patrie et l'armée », les valeurs des antidreyfusards Vocabulaire péjoratif : « injurient », « complot » « criminels » → se rapportent aux dreyfusards Prise de position de l’auteur dans le débat : Maurice Barrès, représentant du groupe antidreyfusard, est aussi un homme appartenant à l'extrême droite française. Il est antisémite et défend ici l'armée et le nationalisme français, contre Dreyfus parce qu'il est juif, contre Zola parce qu'il le défend, et contre l'Allemagne parce qu'il est nationaliste. Arguments pour défendre sa position : ● Les critiques faites par Maurice Barrès sont représentatives du discours antisémite et nationaliste de l'époque : la gauche française est synonyme de complot, Dreyfus est un ennemi de la patrie. ● Il utilise un argument clé, celui de la division de la société française, pour en rendre coupable le groupe des dreyfusards : il veut émouvoir les lecteurs en disant que le problème de cette affaire est surtout la division de la société française. SOCIETE La difficile mise en place d'une République laïque La mise en place de la laïcité en France commence au XIXème siècle : ponctuée de dates charnières, elle a fait l'objet d'âpres luttes entre l'Eglise et l'Etat. Du Concordat signé par Napoléon à la séparation des Eglises et de l'Etat, quels sont les enjeux de la laïcité au XIXème siècle ? Par Nicolas Haro, Matias Lopez et Andrès Poiré. Pour accéder à la bibliographie, cliquez ici. Les faits majeurs de la mise en place de la laïcité en France au XIXème siècle 1801: Concordat signé entre le Pape et Napoléon Bonaparte. 1882: loi sur l'école primaire, gratuite, laïque et obligatoire, et la laïcité de l'enseignement. 1884: loi rétablissant le divorce. 1886: loi sur la laïcité obligatoire du personnel des écoles publiques. Les clés pour comprendre Tout au long du XIXème siècle, des luttes s'engagent entre l'Eglise et l'Etat : l'Etat, et surtout les Républicains, veulent diminuer le rôle de l'Eglise, en particulier dans le domaine de l'enseignement. L'Eglise catholique, qui dépend du Pape et du Vatican, tente tant bien que mal de conserver ses prérogatives. Les Républicains, dans les années 1880, et jusqu'en 1905, établissent une série de lois mettant en place la laïcité. Les lois scolaires rendent l'école primaire gratuite, laïque et obligatoire : cela permet de diminuer le 1901: loi proclamant la liberté des associations, sauf pour les congrégations religieuses, qui doivent demander une autorisation. pouvoir des religieux sur la société. Rendre l'école obligatoire et gratuite 1904: loi interdisant l'enseignement à toutes les congrégations religieuses, rupture des relations diplomatiques avec le Vatican. Il s'agit aussi pour les Républicains socialistes et progressistes de limiter 1905, 9 décembre: loi sur la séparation des Eglises et de l'Etat. visait aussi à éviter que les parents envoient leurs enfants travailler dans les usines ou les champs. l'influence des partis de la droite cléricale, qui s'opposent aux idées libérales de la Révolution Française. C'est donc autour de la question de l'enseignement que s'est cristallisée le problème des relations entre les Eglises et l'Etat. Les nouveaux maîtres d'école sont alors appelés les « hussards de la République », le terme hussard désignant un soldat, pour souligner l'importance du combat qui s'est déroulé à cette époque. Lois scolaires : ensemble des lois mises en place par Jules Ferry, établissant la laïcité de l'enseignement, la gratuité de l'école et l'obligation d'être scolarisé. Congrégation religieuse : communauté de prêtres ou de religieux pouvant assurer une mission d'enseignement. Républicains socialistes : groupe des républicains de la Chambre des députés favorables au socialisme, à une société d'hommes libres et égaux. Progressistes : autre groupe de républicains de la Chambre des députés, favorables au progrès social. Cléricalisme : idéologie qui vise Laïcité : à donner au clergé un statut indépendance vis-à- public et un rôle politique. vis de toute religion. Laïcisation : politique volontaire d'un Etat qui vise à ôter aux religions tout rôle public. SOCIETE La difficile mise en place d'une République laïque Les acteurs de la Séparation de l’Église et de l’État Aristide Briand Il est né le 28 mars 1862 à Nantes et mort le 7 mars 1932 à Paris. Il joue un rôle important dans le processus de laïcisation en tant que rapporteur de la loi de séparation des Églises et de l'État. Son talent de négociateur a finalement permis une application mesurée et un accord de fait entre la République laïque et une partie du clergé français, malgré l'opposition du Vatican. Jules FerryNé le 5 avril 1832 à Saint-Dié Émile Combes (Vosges) et mort le 17 mars 1893 à Paris, Émile, Justin, Louis Combes (18351921) est un homme politique français. Il succède à Waldeck-Rousseau à la présidence du Conseil. Il finit par s'engager dans un conflit avec le Vatican et profite de l'arrivée d'un pape intransigeant, Pie X, pour relancer le débat sur le Concordat de 1801 Les républicains se divisent sur cette question. La séparation des Eglises et de l'Etat en 1905 y mettra un terme. homme politique français. Opposant à l'Empire, membre du gouvernement provisoire en 1870 et maire de Paris en 1871, il est l'auteur des lois de la IIIe République rendant l’instruction obligatoire, gratuite et l’enseignement laïc. Considéré comme le promoteur de l'«école gratuite, laïque et obligatoire», il est devenu plusieurs décennies après sa mort, une figure emblématique de la laïcité française et l'un des pères fondateurs de l'identité républicaine.Très critiqué pour sa politique coloniale, il a été contraint de démissioner. Emile Loubet Il est élu député de la Drôme le 20 février 1876 et siège à gauche de l'hémicycle de l'Assemblée Nationale en 1876. En 1896, Émile Loubet devient le président du Sénat. Il a pris des décisions marquantes dans l'histoire de la République française : grâce du Capitaine Dreyfus, promulgation de la loi sur les associations et, surtout, de la loi sur la séparation des Eglises et de l'Etat. Waldek_Rousseau 1846-1904, homme d'Etat français. Il est célèbre pour avoir participé à la légalisation des syndicats (loi Waldeck-Rousseau de 1884) ainsi que la loi 1901 sur les associations. En juin 1899, il est appelé par le président Emile Loubet à former un gouvernement alors que l' Affaire Dreyfus bat son plein. Waldeck-Rousseau, qui fut l'un des représentants éminents des républicains opportunistes. Son cabinet, qui, en durant près de trois ans, fut le plus long de la IIIème République, marque un tournant dans l' Affaire Dreyfus. SOCIETE La difficile mise en place d'une République laïque DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe AU CŒUR DE LA POLEMIQUE La Séparation de l'Eglise et de l'Etat, lithographie anonyme, 1905. Musée Jean Jaurès. La Séparation de l'Eglise et de l'Etat, Léandre, journal Le Rire, mai 1905. Analyse de l'image : Marianne, allégorie de la Liberté et symbole de la République, est ici séparée du Pape Pie X par Emile Combes, « le petit père Combes », tandis que Voltaire, philosophe de Lumières, éclaire la situation. Un prêtre ivre est couché sur le devant de la scène. Le message : Cette caricature montre bien que son auteur est favorable à la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat : le Pape est représenté comme une personne faible, qui ne sait pas voir ; le prêtre ivre donne une très mauvaise image de l'Eglise, tandis que l'influence de Voltaire sur Combes évoque un héritage culturel irréprochable : celui des Lumières, de la liberté et des droits. Analyse de l'image : L'Eglise est représentée par un curé, en noir, à gauche ; l'Etat est représenté par Marianne, symbole de la République, à droite. Le ministre de l'Instruction Publique, des beaux-arts et des cultes, M. Bienvenu-Martin, tente de les séparer avec un couteau. Le message : La représentation de la République, avec une Marianne bien en chair, et de l'Eglise, avec un curé dodu, sont toutes deux ironiques : il semble que l'auteur ne prend pas parti. Cependant, le coq, symbole de la France, se lève sur un soleil radieux, ce qui peut faire penser que l'auteur est favorable à la loi de séparation. SOCIETE La difficile mise en place d'une République laïque L'Univers, quotidien catholique et conservateur 2 octobre 1882. “Dans l'école laïque, le crucifix et l'image de la sainte Vierge ont été enlevés, les pieuses sentences, les préceptes sur la morale chrétienne inscrits sur les murs ont été enlevés. Le maître a commencé sa classe sans invoquer le nom de Dieu; et si quelque écolier a fait, par habitude, le signe de la croix, il a été repris aussitôt et peut-être puni pour faute. Pour le début, un commentaire sur la Déclaration des droits de l'homme, un éloge du régime républicain, a remplacé la leçon de catéchisme et d'histoire sainte. “ Discours d'Aristide Briand à la chambre des députés, 3 juillet 1905, extrait « Dans ce pays, où des millions de catholiques pratiquent leur religion, (...) il était impossible d'envisager une séparation qu'ils ne puissent accepter. (...) La loi que nous aurons faite ainsi est une loi de bon sens et d'équité, combinant justement les droits des personnes et l'intérêt des Eglises avec les intérêts et les droits de l'Etat. » Analyse du document Analyse du document Prise de position de l’auteur dans le débat Il déplore les changements dont à fait l'objet l'école devenue publique après les lois scolaires de Jules Ferry ; le journal l'Univers est donc défavorable à la laïcité et à la séparation des Eglises et de l'Etat. Vocabulaire mélioratif à l'égard de la loi : « bon sens », « équité », « justement ». Arguments pour défendre sa position : ● Il évoque le passé, les références religieuses qui étaient présentes dans les écoles auparavant : crucifix, images saintes, préceptes de la morale chrétienne. ● Il utilise un ton plaignant, triste, pour victimiser l'Eglise et rendre coupable la République : « si quelque écolier (...) peut-être puni pour faute ». Arguments pour défendre sa position : ● Il se défend de critiquer l'Eglise et la religion catholique : il veut rassembler la population et éviter les divisions au sein de la société. Il veut donc réconcilier tout le monde. ● Il précise que l'Etat a des droits que n'a pas l'Eglise, et pose ainsi l'Etat comme institution supérieure à l'Eglise catholique. Il défend donc la position de la République dans sa politique anticléricale. Prise de position de l’auteur dans le débat : Aristide Briand est le rapporteur de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat, il y est donc favorable. ECONOMIE Panama : un scandale financier et politique Par Nathalie Hofle, Mara Lozano, et Emilia Prieto. Pour accéder à la bibliographie, cliquez ici. La construction du Canal de Panama, mise en marche par Ferdinand de Lesseps dans les années 1880, est une affaire de corruption sans précédent. Touchant ainsi la mise en place de la toute jeune IIIème République, cette affaire, en devenant scandale, a finalement permis la consolidation de ses valeurs. Les faits majeurs de la construction du Canal de Panama En 1879, le Congrès approuva le projet de Ferdinand de Lesseps qui fut choisi pour lancer les travaux de percement de l'Isthme de Panama, lequel devait permettre de relier l'Océan Atlantique à l'Océan Pacifique par l'Amérique Centrale. Le coût de sa construction fut estimé à 600 millions de francs. Lesseps constitua le 8 juillet 1879 la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama, une compagnie destinée à réunir les fonds nécessaires et à conduire le projet. Mais on ne récolta que 300 millions sur les 400 nécessaires. Les travaux débutèrent en 1881 et rencontrèrent plusieurs difficultés : épidémies de malaria et de fièvre jaune occasionnant une très forte mortalité parmi le personnel, accidents de terrain, etc. Gustave Eiffel accepta de reprendre le projet, à l'appel de Lesseps. Ferdinand de Lesseps (18051894), est un diplomate et entrepeneur français. Il est connu pour la construction du Canal de Suez, et l'échec scandaleux du Canal de Panama. Souscription : engagement pris par une personne de verser une somme d'argent à une date fixée, afin de soutenir une œuvre, un projet. Dans la plupart des cas, la personne bénéficie ensuite du paiement de cette somme avec des intérêts. Corruption : détournement Les travaux ayant pris beaucoup de retard, Lesseps voulu alors mettre en place une levée de fonds auprès des petits épargnants, par l'intermédiaire d'une souscription. Le Baron Jacques de Reinach, ami de Lesseps, donna de l'argent à la presse pour faire de la publicité pour le projet, et mit en place un système de corruption de nombreux hommes politiques afin de débloquer des fonds publics pour soutenir le projet. d'un processus, d'un fonctionnement, afin d'en tirer Malgré cela, il s'avéra impossible de redresser la situation, et la Compagnie fut mise en liquidation judiciaire en février 1889, provoquant la ruine de 85 000 souscripteurs. s'oppose à l'existence d'un parlement pour équilibrer Le scandale éclate dans la presse, lorsqu'en 1892, Edouard Drumont, journaliste antisémite et antiparlementaire qui avait reçu des documents confidentiels de Reinach, révéla le scandale dans son quotidien La Libre Parole. Ferdinand de Lesseps et Gustave Eiffel furent condamnés, mais échappèrent à la prison. Le ministre de l'Intérieur Emile Loubet démissionna. La construction du Canal fut alors cédée aux Américains. des avantages, notamment financiers. Fonds publics : ensemble de l'argent qui appartient à l'Etat. Antisémite : doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles au juifs et proposent contre eux des mesures discriminatoires. Antiparlementaire : qui les pouvoirs. Gustave Eiffel (18321923), est un ingénieur et industriel français qui a participé à la construction de la Tour Eiffel à Paris, de la Statue de la Liberté à New York, du Canal de Suez et du Canal de Panama. ECONOMIE Panama : un scandale financier et politique Carte du Canal de Panama Titre vendu aux épargnants pour financer le projet. ECONOMIE Panama : un scandale financier et politique DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe AU CŒUR DE LA POLEMIQUE Ferdinand de Lesseps par André Gill, La Lune, 29 septembre 1887 Analyse de l'image : Ferninand de Lesseps se trouve sur un crocodile, dans l’eau. Il est représenté avec une « grosse tête », dans une toge romaine, comme un empereur. Il tient à la main un petit drapeau à carreaux rouges et blancs qui signifie « danger » en langage marin. Les trois pyramides égyptiennes rappellent son succès lors de la construction du Canal de Suez, en Egypte. Le message : Cette caricature montre un Lesseps prétentieux, ambitieux, qui se retrouve maintenant en danger, face à l'échec de la construction du Canal de Panama. Cette caricature utilise l'ironie et de nombreuses références graphiques pour se moquer de Lesseps : la référence aux empereurs romains pour rappeler l'ambition démesurée de Lesseps ; les pyramides toutes petites et éloignées, pour évoquer le succès du Canal de Suez ; le drapeau marin du danger. ECONOMIE Panama : un scandale financier et politique La République Française et Le Figaro, juillet 1886 La République Française « Le rapport de M. de Lesseps analyse exactement, avec un évident effort vers la vérité, la situation de l’entreprise qui a passé par tant de vicissitudes diverses mais qui va être menée à bonne fin, comme Suez. » Le Figaro « Pas une seule voix discordante ; pas une seule main levée contre la série des résolutions présentées. Une longue acclamation patriotique ! » La Libre Parole et Le Gil Blas, 1892 La Libre Parole, 10 septembre 1892 « À qui Charles de Lesseps faisait-il cette faveur (les primes des syndicats de garantie) ? Est-ce aux actionnaires ? Oh, non, mais à toute une bande de vautours, à commencer par les administrateurs, les hommes politiques dont on payait ainsi le concours, les directeurs des établissements financiers, la bande juive et toute la séquelle des serviteurs louches … Voulait-on, par exemple, payer un ministre ? Sous, un nom d’emprunt quelconque, mais ordinairement par l’intermédiaire d’un établissement financier, ou lui attribuait le nombre de parts représentant la somme promise, et Charles de Lesseps levait les bras au ciel, jurant ses grands dieux qu’il n’avait jamais payé un député quelconque. » Le Gil Blas « Tous ceux qui ont assisté à cette réunion en emportent cette impression. Cette armée de capitalistes est décidée à suivre jusqu’au bout le chef qu’elle s’est choisi. » Analyse des documents Analyse des documents Vocabulaire mélioratif : « évident effort », « vérité », « bonne fin », « pas une seule voix discordante », « acclamation patriotique ». Vocabulaire péjoratif : « toute une bande de vautours », « serviteurs louches », « armée de capitalistes ». Prise de position de l’auteur dans le débat : Ces deux revues prennent clairement position contre le projet. La Libre Parole est la revue qui a dénoncé le scandale. Prise de position de l’auteur dans le débat : La presse est favorable à l'oeuvre de Ferdinand de Lesseps. Critique : Il est important de rappeler que de nombreux journaux de l'époque ont été subventionnés de manière illégale par Reinach afin de produire une publicité favorable à la construction du Canal par Lesseps, et convaincre les petits épargnants d'acheter les bons de la souscription. Arguments pour défendre sa position : ● La République Française reprend la référence au succès du Canal de Suez réalisé par Lesseps pour défendre son nouveau projet. ● Le Figaro n'utilise aucun argument particulier, mais seulement un vocabulaire mélioratif. Critique : La Libre Parole est un journal antisémite, qui associe Lesseps à ce qui est appelé « la bande juive ». Il est important de noter que ce journal antisémite a fait ici un amalgame hautement condamnable. Le Gil Blas est un journal socialiste, auquel ont participé des auteurs connus, comme Emile Zola en y faisant paraître son roman Germinal. Arguments pour défendre sa position : ● Les critiques faites par La Libre Parole vont aussi bien à l'encontre de Lesseps que des hommes politiques, tous taxés de corruption. ● L'argument utilisé par Gil Blas est celui de la théorie capitaliste, qui a pour victime les petits épargnants. ARTS Le scandale impressionnisme par Ana Daniela Cano, Regina Godoy et Nathalie Moya Pour accéder à la bibliographie, cliquer ici. De l’injure à la gloire La 1ère exposition eut lieu en 1874 à Paris. Elle présenta des œuvres d’Edgar Degas, Paul Cézanne, Renoir. Aujourd’hui très appréciées par un large public, les peintures impressionnistes furent vivement critiquées au XIXe pour leur modernité scandaleuse. IL fallut 30 ans pour , sinon les aimer, du moins les admettre. Qu’avaient-elles de révolutionnaire ? L’IMPRESSIONNISME est un mouvement de peinture qui cherche à exprimer des impressions fugitives par l’intermédiaire des objets et de la lumière. Ils essaient donc de reproduire leurs impressions personnelles Auguste Une des peintures de Claude Monet porte le titre d’Impression soleil levant ; le journaliste L. Leroy la critique et intitule son article avec trait d’ironie: "L’exposition des impressionnistes" ; il donne sans le savoir son nom à ce type de peinture qui entend peindre non selon les canons classiques mais selon les impressions du peintre. Ce n’est qu’en 1886, date de la dernière exposition impressionniste à Paris et de la 1ère à New York que les impressionnistes atteignent la reconnaissance. Rapidement alors, leur influence s’étend en Europe et en Amérique du Nord. Claude Monet Il nait à Paris le 14 novembre 1840 et meurt le 5 décembre 1926.Il peint des paysages et portraits en plein air (comme dans la forêt de Fontainebleau) selon les techniques impressionnistes. Ses œuvres : ● Le déjeuner sur l’herbe (1865) ● La liseuse (1871) ● Les nymphéas (1903) Auguste Renoir Il nait à Limoges le 25 février 1841 et meurt le 3 décembre 1919.Peintre impressionniste, Renoir est aussi graveur et sculpteur. Il se lit avec Monet en 1862 et les deux travaillent souvent côte à côte. Ses œuvres : ● Le déjeuner des canotiers (1882) ● La Grenouillère (1869) ● La lecture (1890) 2. prolifique : qui produit beaucoup 3. héréditaire : qui se transmet d’une génération à une autre ARTS Le scandale impressionnisme Pourquoi les peintures impressionnistes firent-elles scandale ? En quoi sont-elles « révolutionnaires », marquant ainsi le début de l’ère de l’ »Art Moderne » ? La peinture classique La peinture impressionniste La jeune fille à la perle - l’huile sur toile (45x140cm) Johannes Vermeer (vers 1665) La Femme à l’ombrelle - l’huile sur toile (131x88cm) Claude Monet (vers 1886) Au XVIIe siècle, les peintres A la fin du XIXe siècle, les peintres cherchent à peindre les détails. Ils impressionnistes travaillent sur des dessinent nettement les contours toiles des visages, des paysages, des corps permettent de peindre en plein air et des objets. et utilisent la et ainsi de saisir la lumière et technique par contraste : le clair l’instant éphémère. Ils appliquent obscur. Ici, J. Vermeer joue sur le la couleur en touches juxtaposées contraste entre le fond noir et la et renoncent aux contours. Ils couleur claire de la peau. utilisent des couleurs plus vives. Ils obéissent à des canons de Ils veulent peindre le monde réel, beauté jugés universels. tel transportables qu’ils personnellement. le qui leur voient ARTS Le scandale impressionnisme ? DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe AU CŒUR DE LA POLEMIQUE Analyse du document Ce que l’on voit : On peut observer un peintre, le pinceau à la main, qui est debout à côté d’un tableau posé sur un chevalet ; on voit aussi une chaise devant le tableau. Dans le tableau, on observe une façade de maison avec une porte et des fenêtres. Une barrière sépare la façade de son reflet dans l’eau, un peu flou. Une légende apparaît dessous du dessin : en « LE “VRAI” PEINTRE Peint des portes, de volets, des fenêtres, des murs et tout ce qui demande à être peint » Interprétation de la caricature : ● Ce dessin se moque des impressionnistes qui peignent des extérieurs, ici, un vulgaire devant de maison. ● La légende est ironique. Elle nous dit que les impressionnistes sont des ouvriers de la peinture (comme les peintres en bâtiments) et non des artistes. ARTS Le scandale impressionnisme ?? Le critique A. Wolf critique la 2e exposition impressionniste dans Le Figaro, le 3 avril 1876 : « Dimanche 2- La rue Le Pelletier a du malheur. Après l’incendie de l’Opéra, voici un nouveau désastre qui s’abat sur le quartier. On vient d’ouvrir chez Durand Ruel une exposition qu’on dit être de peinture. Le passant inoffensif, attiré par les drapeaux qui décorent la façade, entre, et à ses yeux épouvantés, s’offre un spectacle cruel. Cinq ou six aliénés dont une femme, un groupe de malheureux atteints de la folie de l’ambition, s’y sont donné rendez-vous pour exposer leur œuvre. Il y a des gens qui pouffent de rire devant ces choses. Moi, j’en ai le cœur serré. Ces soi-disant artistes s’intitulent les intransigeants, les impressionnistes ; ils prennent des toiles, de la couleur et des brosses, jettent au hasard quelques tons et signent le tout. C’est ainsi qu’à la ville Evrard des esprits égarés1 ramassent les cailloux sur leur chemin et se figurent qu’ils ont trouvé des diamants ; effroyable spectacle de la vanité humaine s’égarant jusqu’à la démence. Faîtes donc comprendre à M. Pissarro que les arbres ne sont pas violets, que le ciel n’est pas d’un ton beurre frais, que dans aucun pays on ne voit les choses qu’il peint et qu’aucune intelligence ne peut adopter de pareils égarements ! Autant perdre votre temps à vouloir faire comprendre à un fou, se croyant le pape, qu’il habite les Batignolles et non le Vatican ; (…) Essayez donc d’expliquer à M. Renoir que le torse d’une femme n’est pas un amas de chairs en décomposition avec des taches vertes violacées qui dénotent l’état de complète putréfaction dans un cadavre ! » Analyse du document → se rapportent aux artistes impressionnistes. peintres Arguments pour défendre sa position : ● Il leur reproche de ne pas avoir de technique : « jettent au hasard quelques tons » ● Il dit qu’ils ne peignent pas la réalité, en particulier qu’ils n’utilisent pas les bonnes couleurs. 1. égarés : fous, qui a perdu la raison. 2. putréfaction : décomposition, pourriture. Impressionniste dans ses « Notes Parisiennes » d’avril 1877 : : « […] Je crois qu'il faut entendre par des peintres impressionnistes des peintres qui peignent la réalité et qui se piquent de donner l'impression même de la nature, qu'ils n'étudient pas dans ses détails, mais dans son ensemble. Exemple pour illustrer l’idée de vision d’ensemble : il est certain qu'à vingt pas on ne distingue nettement ni les yeux ni le nez d'un personnage. Pour le rendre tel qu'on le voit, il ne faut pas le peindre avec les rides de la peau, mais dans la vie de son attitude, avec l'air vibrant qui l'entoure. (…) Je veux dire qu'il y a de véritables peintres, des artistes doués du plus grand mérite. Ce qu'ils ont de commun entre eux, je l'ai dit, c'est une parenté de vision. Ils voient tous la nature claire et gaie, sans le jus de bitume et de terre de Sienne des peintres romantiques. Ils peignent le plein air, révolution dont les conséquences seront immenses. Ils ont des colorations blondes, une harmonie de tons extraordinaire, une originalité d'aspect très grande. D'ailleurs, ils ont chacun un tempérament1 très différent et très accentué. Je ne puis, dans cette correspondance, leur accorder à chacun l'étude qu'ils mériteraient. La preuve que les peintres impressionnistes déterminent un mouvement, c'est que le public tout en riant va voir en foule leur exposition. C'est un succès pour qui connaît les choses. Non seulement les frais de l'exposition seront couverts, mais il y aura peut-être des bénéfices. Bon courage et bon succès aux peintres impressionnistes !” Analyse du document Vocabulaire mélioratif : … . → se rapporte aux artistes impressionnistes. Vocabulaire péjoratif : … . Comparaison péjorative : …. . Prise de position de l’auteur dans le débat : A. Wolf attaque violemment les impressionnistes et les compare à des fous. Emile Zola fait le compte-rendu de l'Exposition Prise de position de l’auteur dans le débat : E Zola trouve que les peintres impressionnistes ont du talent et les encourage. Arguments pour défendre sa position : ● D’abord, Zola dit que de loin, peindre une vue générale est plus réaliste que de peindre en détails. ●Ensuite, Zola dit que les impressionnistes sont des artistes doués, avec chacun leur particularité. ● Enfin, il dit qu’ils ont changé l’histoire de la peinture (« révolution ») en allant peindre dehors et plus en atelier. 1. tempérament : caractère ARTS La Tour Eiffel, le monstre de l'Exposition Universelle Par Soleil Bonnet et Paulina Hernandez. Pour accéder à la bibliographie, cliquez ici. De l'Exposition au scandale C'est à l'occasion de l'Exposition Universelle de Paris, en 1889, que la fameuse tour de 324 mètres construite par Gustave Eiffel fait son apparition au grand public. Si elle est aujourd'hui appréciée de milliers touristes chaque année et fait figure de symbole pour Paris, son exposition a véritablement créée le scandale à la fin du XIXème siècle. La tour Eiffel fut construite au du XIXème siècle, siècle d’inventions et découvertes, période appelée la «révolution industrielle». Sa nouveauté repose sur son design et les matériaux utilisés(fer puddlé). En raison de l’exposition universelle de 1889, la France décide de démontrer les techniques les plus avancées en métallurgie qu’ils possèdent : l'exposition est pour le pays accueillant, l’opportunité de démontrer son progrès et sa supériorité technique sur les autres pays. Elle a été construite par Gustave Eiffel, toute en fer, pendant 2 ans 2 mois et 5 jours. Elle possède 4 pieds et 3 étages, elle est couleur bronze, et mesure 324 mètres de haut. Elle se trouve dans le Champ de Mars a Paris. Elle fut donc construite pour l’exposition universelle, qui avait cette année-là pour thème la révolution française. Elle commença le 6 mai 1889 et finit le 31 octobre 1889. Pendant l’exposition beaucoup d’ autres inventions ont été présentées : la machine à vapeur, la galerie des machines, etc. Durement critiquée avant et après son inauguration, on disait qu'elle opacifiait l’art ancien des structures parisiennes comme la cathédrale de Notre Dame de Paris, l’Arc de Triomphe, le Sacré Cœur… elle était trop « moderne » et faite de matériaux moins nobles que la pierre. Le 28 janvier 1887 une lettre de protestation signée par une cinquantaine d'artistes (écrivains, peintres, compositeurs, architectes, etc.) fut publiée dans le journal «Le Temps» en critiquant la tour. Guy de Maupassant (écrivain), Charles Gounod (compositeur), ou encore Alexandre Dumas fils (écrivain) font partie des artistes qui critiquèrent la tour. Gustave Eiffel (1832-1923), est un ingénieur et industriel français qui a participé à la construction de la Tour Eiffel à Paris, de la Statue de la Liberté à New York, du Canal de Suez et du Canal de Panama. ARTS La Tour Eiffel Dimensions de la Tour Eiffel Premier croquis du pylône de 300 mètres, devenu plus tard la Tour Eiffel, réalisé par Maurice Koechlin. On peut voir à droite la comparaison faite avec la Statue de la Liberté réalisée par Eiffel, et la Cathédrale de NotreDame. ARTS La Tour Eiffel DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe AU CŒUR DE LA POLEMIQUE Le Temps, 14 février 1887 Analyse de l'image : Gustave Eiffel est ici représenté avec une grosse tête car il pensait que sa tour était un exploit beaucoup plus extraordinaire que les pyramides « qui ne sont après tout que des monticules artificiels. » Dans la pyramide qu’il tient à son côté il y a une inscription qui dit :« A la grandeur de l’œuvre, on mesure la grandeur de l’homme. » Avec cette inscription on se moque de Gustave Eiffel et de la taille de sa tour. On peut apercevoir, devant le sexe masculin de M. Eiffel, l'image de la cathédrale de Notre Dame. Ceci est une manière de montrer que Gustave Eiffel ne respectait, ni n'admirait l’architecture classique. Le message : Le comique d'exagération utilisé ici, avec la représentation d'Eiffel dans des proportions dépassant ses propres œuvres, a pour but de se moquer de la Tour Eiffel et de son auteur. ARTS La Tour Eiffel Guy de Maupassant, La Vie errante, 1890. « J’ai quitté Paris et même la France, parce que la tour Eiffel finissait par m’ennuyer trop*. Non seulement on la voyait de partout, mais on la trouvait partout,[…], exposée à toutes les vitres, cauchemar inévitable et torturant. […]Comment tous les journaux vraiment ont-ils osé nous parler d’architecture nouvelle à propos de cette carcasse métallique [...]. Il a eu ce privilège à travers les siècles de symboliser pour ainsi dire chaque époque, de résumer, par un très petit nombre de monuments typiques, la manière de penser, de sentir et de rêver d’une race et d’une civilisation. Quelques temples et quelques églises, quelques palais et quelques châteaux contiennent à peu près toute l’histoire de l’art à travers le monde, […], toute la grâce et la grandeur d’une époque. Mais je me demande ce qu’on conclura de notre génération si quelque prochaine émeute ne déboulonne pas cette haute et maigre pyramide d’échelles de fer, squelette disgracieux et géant, dont la base semble faite pour porter un formidable monument de Cyclopes et qui avorte en un ridicule et mince profil de cheminée d’usine. » Analyse du document Vocabulaire péjoratif surligné en bleu ciel. Prise de position de l’auteur dans le débat Maupassant dit que la tour Eiffel est un monument qui finit par ennuyer et devenir pénible. Il dit qu’il l’a trouve partout, journaux, affiches. Elle est tellement présente dans sa vie qu’il arrive à penser que la tour le poursuit, parce qu'à cause de sa hauteur, il est impossible de ne point la voir. Arguments pour défendre sa position : Il dit que les générations sont souvent représentées par leurs monuments et leur grâce, mais que cette génération sera vue comme ridicule et indigne à cause de la tour Eiffel qui est trop moderne et s’oppose aux structures classiques. Finalement il critique la modernité de la tour qui la fait ressembler à une usine, à cause de sa forme innovatrice ainsi que les matériaux utilisés. Edmond et Jules de Goncourt, Journal, 2 juillet 1889. « Ce soir, dîner sur la plate-forme de la tour Eiffel, avec les Charpentier, les Hermant, les Zola, les Dayot. La montée en ascenseur : la sensation d’un bâtiment qui prend la mer […]. Làhaut, la perception bien au-delà de sa pensée au ras de terre, de la grandeur, de l’étendue, de l’immensité babylonienne de Paris, et sous le soleil couchant, et parmi les grandes lignes planes de l’horizon, de la colline de Montmartre prenant au crépuscule l’aspect d’une grande ruine qu’on aurait illuminée. Un dîner un peu rêveur… puis l’impression toute particulière de la descente à pied, l’impression de la descente sur ces échelons à jour dans la nuit, avec des semblants de plongeons, ça et là, dans l’espace illimité, et où il vous semble qu’on est fourmi. » Analyse du document Vocabulaire mélioratif surligné en gris clair. Prise de position des auteurs dans le débat : Dans le texte, on voit que les frères Goncourt racontent leur séjour à Paris, ils semblent particulièrement attirés par la tour Eiffel. Ils commentent qu’un soir, ils sont allés manger sur la plate-forme de la tour Eiffel. La montée en ascenseur est décrite comme quelque chose de majestueux et qui les fait penser à la mer. Arguments pour défendre leur position : L'argumentation des frères Goncourt est ici plutôt une éloge très poétique à la Tour Eiffel. Elle est ici comparée à la Tour de Babel, majestueuse et permettant à l'auteur de relativiser son existence, de se sentir tout petit. La Tour Eiffel prend donc ici un aspect universel, dépassant toutes les dimensions, touchant presque l'espace. LITTERATURE Victor Hugo : la bataille d’Hernani par Diego Espinosa, Nathalie Montcharmont et Luis Demay Pour accéder à la bibliographie, cliquer ici. La bataille d’Hernani La première d’Hernani Le 25 février 1830 se déroule à Paris la plus fameuse bataille jamais livrée par des hommes de plume et des artistes. Elle reste connue sous le nom de « bataille d’Hernani », du nom d’une pièce de Victor Hugo qu’on jouait ce soir-là. Le ROMANTISME est un La 1 représentation mouvement littéraire de la 1ère moitié du XIXe siècle qui prône eu lieu à la Comédie l’expression des sentiments et Française et fut très l’abolition des règles classiques. agitée ; elle se déroula au milieu des chahuts1 entre les « classiques » et les romantiques venus défendre leur Il nait le 26 février 1802 à champion. La polémique2 qui suivit Besançon et meurt le 22 mai prit le nom de « Bataille d’Hernani ». ère Victor Hugo : Pourquoi ce scandale ? Les « classiques » reprochaient à Hugo de ne pas respecter les règles observées depuis le XVIIe siècle pour écrire « une bonne pièce de théâtre ». En particulier, Hugo ne respectait pas les différences entre le genre tragique et le genre comique. Un nouveau genre théâtral venait de naître : le drame romantique. Les reprises de la pièce : La pièce fut censurée sous l’Empire. Il fallut attendre 1977, avec Sarah Bernhardt, pour redécouvrir la pièce. 1885à Paris. Engagé dans la vie politique, il soutient la candidature de LouisNapoléon Bonaparte en 1848 avant de s’opposer lui, le considérant comme un tyran. Il doit s’exiler après le coup d’état. Poète, dramaturge et romancier, il est considéré comme le chef de file du romantisme dont il définit les canons3 dans « La préface de Cromwell ». Très controversé4 au début de sa carrière, il meurt très reconnu et est enterré au Panthéon français. 1. chahut : tapage, agitation 2. polémique : débat avec de vives critiques 3. les canons : une controverse, un débat avec de vives critiques 4. controversé : contesté, objet d’un débat LITTERATURE Victor Hugo : la bataille d’Hernani Quelques autres œuvres célèbres de Hugo : ● romans : Notre-Dame de Paris (1831), Les Misérables (1862). ● poésie : Les Feuilles d'automne (1831), Les Contemplations (1856). ● théâtre : Ruy Blas (1838) Voici le résumé de pièce de V. Hugo qui déclencha la fameuse bataille et consacra le genre romantique : HERNANI, 1830 L'action se situe en Espagne au moment de l'accession à l'empire du roi Don Carlos qui deviendra Charles Quint. Hernani est un jeune noble proscrit par le roi et en lutte contre lui. Il est amoureux et aimé de Doña Sol, pupille et fiancée du vieux duc Don Ruy Gomez. Le duc et Hernani complotent contre le roi mais celui-ci en est averti. Néanmoins, le roi Carlos choisit la clémence et unit Hernani, en réalité grand d’Espagne, à la femme qu’il aime. Mais Don Ruy rappelle à Hernani son ancienne promesse et celui s’empoisonne. Doña Sol suit son amant dans la mort. « Les Romains échevelés à la première représentation d'Hernani », gravure de Grandville (1836) Règle 1 : un seul lieu Règle 2 : DURée maximum de l’action : 24h Règle 3 : unE seulE INTRIGUE L’action d’Hernani se déroule dans 3 lieux différents. « La pensée est une terre vierge et féconde dont les productions veulent croître librement, et, pour ainsi dire, au hasard, sans se classer. » V. Hugo, préface de 1826 aux Odes et ballades. L’action d’Hernani se déroule sur plusieurs mois. L’action d’Hernani mélange une intrigue sentimentale (histoire d’amour) et une intrigue politique (complot). LITTERATURE Victor Hugo : la bataille d’Hernani DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe AU CŒUR DE LA POLEMIQUE V. Hugo caricaturé par Benjamin Roubaud en 1842, détail du « Grand chemin de la postérité » V. Hugo caricaturé par Amand Vaché en 1876 Cette caricature montre Victor Hugo chevauchant un monstre mi-cheval, mi-dragon ; il tient dans sa main une bannière1 où est inscrit un slogan : « Le laid ? c'est le beau » ; de nombreuses personnes hirsutes2 le suivent en cortège. Victor Hugo apparaît ici comme un leader suivi par ses fidèles. Au dessus, une personne est couchée sur un nuage en train de donner sa bénédiction. La caricature de Benjamin Roubaud montre ici Victor Hugo en chef de file des Romantiques. Il entraîne derrière lui son cortège de fidèles où l'on reconnaît les auteurs romantiques, Théophile Gautier, Eugène Sue (accroché au mât), Alexandre « Cette caricature montre Victor Hugo élégamment assis dans un fauteuil, une grande plume à la main, entouré de livres, et avec, au dessus de sa tête, une étoile. Dumas, Honoré Balzac, Alfred de Vigny comme pour La caricature d’Amand Vaché représente Victor Hugo dans quelque croisade fabuleuse. Les romantiques apparaissent ici son métier d’écrivain, d’où la grande plume d’oie. Il est comme les défenseurs du mauvais goût puisque sur la entouré de livres, cela veut dire que c’est un écrivain bannière est inscrit : « Le laid c'est le beau ». Le cortège est prolifique1. L’étoile au-dessus de la tête symbolise le génie. béni par le poète Alphonse de Lamartine. Amand Vaché a mis à gauche de la veste de Victor Hugo la Cette caricature critique le romantisme et met en évidence le rosette d’officier de la Légion d’honneur. reproche qu’on lui faisait le plus fréquemment : la défense du Cette caricature est un éloge de Victor Hugo qui le présente mauvais goût. comme un grand écrivain du 19e siècle reconnu. 1. bannière : étendard, drapeau. 2. hirsute : les cheveux dans tous les sens, négligés, d’où : apparence peu aimable. 1. prolifique : qui produit beaucoup. LITTERATURE Victor Hugo : la bataille d’Hernani ? J. P. Guillaume Viennet (1777-1868), député et pair de France attaque V. Hugo : « Si, dans le temps où le goût régnait, on eût présenté au parterre ce tissu d’invraisemblances, de niaiseries, d’absurdités, les sifflets de Paris auraient fait un beau tapage. Mais aujourd’hui c’est autre chose. Racine et Voltaire sont bafoués, et voilà ce qu’une faction littéraire prétend substituer à Athalie1 et à Mérope2.Voilà ce qu’on nous prônait depuis un an, voilà ce qu’on applaudit à tout rompre. Les gens de l’ancien régime poétique ont eu beau protester par des murmures, des sifflets, des exclamations, le lien était en force et l’auteur a été proclamé. Ce n’était rien que le sujet! C’est le style et les vers qu’il fallait entendre! Victor Hugo ne dit rien comme un autre. Il lui passe quelquefois de grandes pensées: mais il les rend, à dessein, d’une manière si ridicule que le rire étouffe immédiatement l’admiration. Dès que le sublime se montre, la trivialité de l’expression le fait disparaître. Je ne veux rien citer. L’imprimerie assure la perpétuité de cette immense rhapsodie4, mais la postérité française sera bien étonnée qu’on fait dire tant de pauvretés à notre belle langue et qu’une de nos générations ait pris cela pour un chef-d’œuvre. » Analyse du document Vocabulaire péjoratif : …… Marques d’ironie :…… → se rapportent aux œuvres théâtrales de V. Hugo. V. Pavie (1808-1886) raconte la première représentation d’Hernani, la pièce de son ami V. Hugo : « Je craignais quelque peu pour le premier acte, et maintenant, une fois la toile baissée sur lui, au milieu des bravos, mon violent serrement de cœur se détendit, et je me dis : << Nous avons gagné. >> Le second acte, j’en étais sûr. Il ronfle comme un tuyau d’orgue. Au troisième acte, opposition de rigueur, et un sifflet à la plus belle scène, mais englouti à cent pieds dans la mer, sous des algues de bravos conjurés. Mon front ruisselait de sueur et mes vêtements étaient trempés comme ceux d’un naufragé. Le quatrième acte n’était pas une scène de ce monde; c’était plutôt une scène d’ombres jouée sur des tombeaux. Le monologue de Charles Quint atterra toute la salle. Ce n’était plus des acclamations, c’était un brasier de oh! comprimés et sourds. Ce quatrième acte est la réverbération la plus puissante du génie d’Hugo. Un tonnerre d’applaudissements l’accueillit au baisser du rideau. Il n’y avait que l’entraînement de la passion qui pût produire quelque chose après le grandiose concentré du quatrième acte, et, de toute manière, cet effet dépassa l’attente. Le son du cor fut un navrement universel pour les quatre points de la salle; et quand doña Sol fut retombée sur le corps d’Hernani, son fiancée, que la toile fut tombée pour toujours avec eux, un seul cri d’enthousiasme effréné partit de l’enceinte, jusqu’à ce que Firmin eût amené l’auteur de ce monumental et décisif chef-d’œuvre. Tout le monde se leva et personne ne sortit. Jamais de notre vie de jeunes hommes, succès pareil n’avait eu lieu. » Analyse du document Prise de position de l’auteur dans le débat Il critique très durement Victor Hugo et trouve son théâtre ridicule. Vocabulaire mélioratif : …… → se rapporte aux réactions des spectateurs et à l’admiration de l’auteur pour son ami Hugo. Arguments pour défendre sa position : ● Il prend partie pour la manière classique d’écrire (Racine, Voltaire) contre celle nouvelle des romantiques. ● Il utilise l’invective3 en disant que le théâtre d’Hugo est ridicule et ne peut attirer que la moquerie. Il est persuadé qu’Hugo sera oublié dans le futur. Prise de position de l’auteur dans le débat Il admire Hugo et la pièce de théâtre Hernani. Il transmet son admiration en utilisant des hyperboles2. 1. Athalie : tragédie de Racine 2. Mérope : tragédie de Voltaire 3. invective : parole agressive et injurieuse Arguments pour défendre sa position : ● Il décrit l’enthousiasme des spectateurs pendant la 1 ère représentation. ● Il raconte comment les spectateurs vibrent aux malheurs des personnages et regardent le spectacle avec des émotions fortes. 1. grotesque : ridicule, extravagant 2. Hyperboles : exagérations LITTERATURE .: 1857 : Charles Baudelaire et Gustave Flaubert mis en procès par Camila Palomo, Patrick Fasterling et Raphaël Sebastian Pour accéder à la bibliographie, cliquer ici. "Offense à la morale publique" La justice impériale poursuit en procès les deux œuvres pour « offenses à la morale publique » et à la religion ». Napoléon III et son Ministre de l’Intérieur sont les maîtres censeurs du XIXe » : ils décident si une œuvre peut paraître. En effet, les deux auteurs défendent chacun à leur manière l’idée que l’art et la beauté sont indépendants de la morale. Leurs œuvres ne cherchent pas En 1857 paraissent deux œuvres majeures de la littérature française : le recueil de poèmes de C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, et le roman de G. Flaubert, Madame Bovary. Leur parution est aussitôt suivi d’un scandale et d’un procès. Charles Baudelaire : Il nait le 9 avril 1821 à Paris et y meurt le 31 août 1867. Son père meurt alors qu’il n’a que 6 ans et l’année suivante, sa mère se remarie avec le général Aupick qui représente tout ce que Charles n’aime pas : l’autorité et la discipline. Figure du poète maudit et torturé, Charles Baudelaire meurt à l’âge de 46 ans à cause de la syphilis, l’abus d’alcool et d’autres drogues. Son œuvre : • Les Fleurs du mal (1857) • Le spleen de Paris (1869) à dire ce qu’il est bien ou mal de penser ou de faire mais d’aborder tous les sujets, même tabous1 (les drogues, l’adultère, l’homosexualité…) et de montrer la vérité humaine, même laide. Les verdicts : Baudelaire et ses éditeurs sont condamnés à payer une amende (300 F pour l'écrivain), et sont privés de leurs droits civiques2. 6 poèmes sont censurés. Flaubert est acquitté3 et Madame Bovary est publiée quelques mois après la fin du procès. Gustave Flaubert : Il nait en décembre 1821 à Rouen et meurt en mai 1880 d’une hémorragie cérébrale, laissant inachevé son roman Boulevard et Pécuchet. Fils d’un chirurgien en chef, il renonce en 1844 à ses études de droits à cause d’une maladie nerveuse. Il se réfugie dans l’écriture et mène une vie assez solitaire dans un village de campagne. Il séjourne cependant régulièrement à Paris où il rejoint la poétesse Louise Colet. Son œuvre : • Madame Bovary (1857) • La tentation de St Antoine • Salammbô (1862) (1874) • L’éducation sentimentale (1869) • Trois contes (1877) 1. tabous : dont on ne doit pas parler. 2. « privés de leurs droits civiques » : privés de leur droit de vote 3. acquittés : jugés innocents du chef d’inculpation. LITTERATURE 1857 : Charles Baudelaire et Gustave Flaubert mis en procès Voici un résumé de ces deux œuvres célèbres désormais classiques accompagné d’un des extraits « choquants » selon le contrôle moral exercé par la censure : « Elle était donc couchée et se [laissait aimer, Et du haut du divan elle souriait [d’aise À mon amour profond et doux [comme la mer, Qui vers elle montait comme vers [sa falaise. » Extrait de « Les bijoux », poème condamné par la censure impériale à être retirée du recueil. Les Fleurs du Mal, 1857 La structure du recueil : les Fleurs du mal se composent de six sections et d'un poème initial, "Au Lecteur" : ● Spleen et Idéal montre la déchirure du poète entre un désir d’"Idéal" et la réalité du "Spleen", forme d’angoisse. ● Tableaux Parisiens sont une description de Paris qui reflète l’état intérieur malheureux du poète. ● Le vin constitue le premier paradis artificiel1. ● Fleurs du mal est le second paradis, celui de la luxure, le vice et les amours interdits (homosexualité féminine).● ● Révolte renvoie à un monde où l’on célèbre l'alliance avec Satan (prince des déchus). ● La mort apparaît comme le dernier espoir ; 1. paradis artificiel : état provoqué par les drogues. « Elle se répétait: j'ai un amant! un amant! se délectant à cette idée comme à celle d'une autre puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc enfin posséder ces plaisirs de l'amour, cette fièvre de bonheur dont elle avait désespéré. Elle entrait dans quelque chose de merveilleux, où tout serait passion, extase, délire ». « Madame Bovary glorifie l'adultère », estime Ernest Pinard, l’avocat impérial au procès. Madame Bovary, 1857 Fille d'un riche fermier, Emma Rouault épouse Charles Bovary, médecin de campagne doux mais médiocre. Or, Emma aspire à vivre dans le monde de rêve dont parlent les romans à l'eau de rose qu'elle a lu au couvent. Bientôt Emma cède aux avances de Rodolphe. Elle veut s'enfuir avec lui qui, lâche, l'abandonne. Emma croit en mourir, traverse d'abord une crise de mysticisme. Plus tard, elle revoit Léon, revenu de Paris. Elle devient très vite sa maîtresse,. Installée dans sa liaison, Emma Bovary invente des mensonges pour revoir Léon et dépense des sommes importantes, qu'elle emprunte à un marchand trop complaisant1, Heureux. Un jour, celui-ci exige d'être remboursé. Emma tente d'emprunter auprès de Léon, puis de Rodolphe. Tous deux la repoussent, et Emma s'empoisonne avec l'arsenic dérobé chez le pharmacien. 1. complaisant : indulgent, disposé à plaire. LITTERATURE 1857 : Charles Baudelaire et Gustave Flaubert mis en procès? DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe AU CŒUR DE LA POLEMIQUE CHARLES BAUDELAIRE Le journaliste G. Bourdin déclenche le procès des Fleurs du Mal par cet article paru dans Le Figaro le 5 juillet 1857 Le photographe Nadar justifie Les Fleurs du mal dans Le Moniteur Universel le 14 juillet 1857 « Il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M. Baudelaire, il y en a où l'on n'en doute plus - c'est, la plupart du temps, la répétition monotone des mêmes mots, des mêmes pensées -. L'odieux y coudoie1 l'ignoble, le repoussant s'y allie à l'infect 2. (...) Jamais on n'assista à une semblable revue de démons, de fœtus, de diables, de chloroses3, de chats et de vermines4 (Ce livre est un hôpital ouvert à toutes les démences5 de l'esprit, à toutes les putridités6 du cœur). Si l'on comprend qu'à vingt ans, l'imagination d'un poète puisse se laisser entraîner à de semblables sujets, rien ne peut justifier d'un homme de plus de trente, d'avoir donné la publicité du livre à de semblables monstruosités. » « (…) Je cherche à rendre l’impression du livre, je tâche d’être compris plutôt que je n’explique ma pensée. Le feuilleton parle pour tout le monde. Un livre comme Les Fleurs du mal ne s’adresse pas à tous ceux qui lisent le feuilleton. En donnerai-je une idée plus précise ? En rattacherai-je la forme au souvenir de quelque forme littéraire ? (…) Le poète ne se réjouit pas devant le spectacle du mal. Il regarde le vice(1) en face, mais comme un ennemi qu’il connaît bien et qu’il affronte. (…) Il a écrit la vérité dernière. Il ne s’est pas menti à lui-même. Il n’a menti à personne. Les fleurs du mal ont un parfum vertigineux. Il les a respirées, il ne calomnie2 pas ses souvenirs. Il aime son ivresse en se la rappelant, mais son ivresse est triste à faire peur. Il n’accuse pas autrement, il ne se plaint pas autrement, il est triste. Une lumière manque à son livre pour l’éclairer, une sorte de fable pour en déterminer le sens. (…) Les Fleurs du mal, un chef-d’œuvre de réalité sauvage, un livre du plus grand style et d’une férocité magistrale, on le fait (quand on peut le faire), on ne le recommence plus.» Analyse du document Vocabulaire péjoratif : « monotone », « odieux », « ignoble », « repoussant », « infect », « démons », « diables », « chloroses », « vermines », « démences », « putridités », « monstruosités » → se rapportent au contenu des Fleurs du mal. Prise de position des l’auteur dans le débat Il critique Les Fleurs du mal et leur auteur avec une grande violence. Arguments pour défendre sa position : ● Il dit que le livre est ennuyant car les mêmes thèmes et le même vocabulaire reviennent d’un poème à l’autre. ● Il dit que le contenu de l’œuvre est laid. ● Il attaque la personne de Baudelaire en insinuant que Baudelaire est fou : « on doute de l’état mental de M. Baudelaire ». Il insinue aussi qu’il est possédé (présence incessante du vocabulaire du diabolique). 1. coudoyer : être côte à côte 2. infect : qui dégoûte 3. chlorose : maladie du sang 4. vermine : parasites 5. démence : folie 6. putridité : caractère de [ ce qui pourrit Analyse du document Vocabulaire mélioratif : « vérité », « parfum vertigineux », « un chef-d’œuvre », « grand style », « magistrale ». → se rapportent aux Fleur du mal. Prise de position de l’auteur dans le débat : Nadar admire les Fleurs du mal pour la vérité qu’on y trouve. Arguments pour défendre sa position : ● Le poète est un homme courageux car il est honnête avec lui-même : « il regarde le vice en face ». ● La tristesse que l’on trouve dans le recueil est envoûtante car vraie : « il aime son ivresse en se la rappelant mais son ivresse est triste à faire peur ». ● Le recueil des Fleurs du mal plaît donc pour sa tristesse même, sa « réalité sauvage ». 1. vice : disposition naturelle à faire le mal. 2. calomnie : fausse accusation qui blesse la réputation, LITTERATURE 1857 : Charles Baudelaire et Gustave Flaubert mis en procès? GUSTAVE FLAUBERT Armand de Pontmartin critique Madame Bovary dans Le correspondant paru le 25 juin 1857 E. Faguet commente G. Flaubert dans son livre Flaubert paru en 1899 : « Madame Bovary, c'est l'exaltation maladive des sens et de l'imagination dans la démocratie mécontente. (…) Auguste Émile Faguet (1847« Mme Bovary, l’immor1916) est un écrivain et telle Mme Bovary, aussi critique littéraire français. Il immortelle que l’immortel écrivit de nombreux Homais, est le plus complet ouvrages qui ont formé des portrait de femme que je générations d’étudiants. connaisse dans toute la littérature, y compris Shakespeare, y compris Blazac. Pour elle Flaubert ne s’est pas contenté de nous suggérer sa biographie ; il a fait sa biographie toute entière, minutieusement, patiemment, année par année, quelquefois jour par jour (…). C’est la vie entière d’une âme qui se déroule sous nos yeux, avec la logique immanente1 qui préside aux démarches d’une âme humaine. (…) Placez une femme, une fille de fermier, (…), vulgaire avec de faux instincts d'élégance, disposée par une éducation incomplète à toutes les fâcheuses influences d'un idéal bâtard, d'un roman frelaté1 et d'un mysticisme2 de bas étage, mariée à un homme besogneux et borné qui lui donne les semblants du bien-être sans lui en assurer les douceurs ; (…) se débattant dans le contraste de la petitesse de ses joies avec l'immensité de ses songes, et y persistant jusqu'au désespoir, jusqu'à la ruine, jusqu'au crime, jusqu'au suicide ; vous aurez Madame Bovary. C'était là le sujet, et, (…) nous pensions que l'idée d'une grande leçon s'était jointe chez M. Flaubert à la manie de tout peindre, et avait pu faire pardonner, ou du moins acquitter quelques peintures excessives. Mais non, cela n'est pas et ne pouvait pas être. Ce système tout impersonnel qu'on a salué chez l'auteur de Madame Bovary lui interdisait de prendre parti pour ce qui aurait pu protéger et sauver son héroïne contre ce qui la déprave et la perd. Cet égalitarisme sans bornes s'oppose à toute manifestation, à toute préférence religieuse ou morale de la conscience ou du cœur, de même qu’il assigne exactement la même valeur aux objets inanimés, voire aux choses immondes et grossières, qu'à la figure de l'homme et aux sentiments humains. Aussi l'idée d'une leçon, même incomplète, chez les écrivains de cette école3, est inadmissible. » Analyse du document Quand à la moralité de l’œuvre, je n’en dirai rien du tout. Madame Bovary peut être funeste ou salutaire. (…) Si l’on veut, en reprenant le mot célèbre qui n’est pas juste du tout, ce livre est moral comme l’expérience. Seulement l’expérience n’est pas morale. Elle n’est pas immorale non plus. (…) Elle enseigne un entre-deux, qui est fait de prudence et de soin d’éviter l’excès en toutes choses, en bien comme en mal. Elle enseigne l’ordre, la régularité, la probité2, l’exactitude et la prévoyance. Tout livre réaliste, par définition, s’il est bien fait, enseignera cela et n’enseignera pas autre chose. Madame Bovary est un livre réaliste très bien fait. » » Analyse du document Vocabulaire péjoratif : …. → se rapportent au personnage d’Emma et à la manière d’écrire le roman. Prise de position de l’auteur dans le débat : Armand de Pontmartin ne comprend pas le succès de Madame Bovary qu’il critique. Vocabulaire mélioratif : « immortelle », « le plus . complet », « l’expérience », « l’ordre », « la régularité », « la probité », « l’exactitude », « prévoyance », « très bien fait » → se rapportent au personnage d’Emma et au roman. Prise de position de l’auteur dans le débat : Emile Faguet considère que Madame Bovary est un chef-d’œuvre du réalisme. Arguments pour défendre sa position : ● Il dit que les personnages du livre sont médiocres. ● Il critique l’abondance des descriptions (« la manie de tout peindre ») et l’objectivité avec laquelle les auteurs réalistes font le récit : « ce système tout impersonnel », « l’idée d’une leçon… est inadmissible ». Arguments pour défendre sa position : ● Il dit que le portrait d’Emma est le meilleur jamais fait par un écrivain (cf. les superlatifs). ● Il dit que Madame Bovary n’est pas un roman immoral mais un roman montrant la réalité. Donc, comme l’expérience, il sert d’exemple pour penser avant d’agir et faire le bon choix. 1. frelaté : falsifié, factice 2. mysticisme : exaltation religieuse 2 les écrivains de cette école : les écrivains du mouvement réaliste 1. immanent : qui existe à l’intérieur même des êtres. 2. probité : honnêteté, intégrité LITTERATURE Les romans d’Emile Zola : romans immoraux ? par Claude Constant et Ollin Bardies Pour accéder à la bibliographie, cliquer ici. Le naturalisme d’Emile Zola Emile Zola regroupe une vingtaine de romans sous le titre général Les Rougon- Macquart. Le NATURALISME est un mouvement littéraire né vers 1860. Il cherche à décrire la réalité telle qu’elle est sans l’embellir et s’inspire des sciences. Emile Zola prend pour modèle les sciences et la médecine expérimentale de son époque : il cherche à montrer, à travers les personnages d’une même famille, que la vie d’un homme est influencée, déterminée par le milieu où il naît et les défauts héréditaires de sa famille comme l’alcoolisme. Ainsi, E. Zola prend un an pour fabriquer l’arbre généalogique de la famille des Rougon-Macquart. Il s’intéresse. aux classes sociales pauvres et n’hésite pas à montrer la misère sociale ou sentimentale sans l’embellir. Son objectif n’est pas de créer du beau mais de montrer la réalité. Ainsi, il passe beaucoup de temps à se documenter. Emile Zola est aujourd’hui l’un des écrivains français les plus populaires, traduit et lu dans le monde entier. Mais en 1876, lorsqu’il fait paraître L’Assommoir, Emile Zola est au cœur de toutes les polémiques 1. POURQUOI ? Emile Zola : Il nait le 2 avril 1840 à Paris et meurt le 29 sept. 1902. Journaliste engagé dans la vie politique de l’époque (il prend la défense d’Alfred Dreyfus), il est également un journaliste littéraire et un écrivain prolifique2. Il écrit de nombreux romans dont la grande fresque romanesque des Rougon-Macquart. Il est considéré comme le chef de fil du mouvement naturaliste. Ses romans sont devenus très populaires et ont connu de très nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision. 1. une polémique : une controverse, un débat avec de vives critiques 2. prolifique : qui produit beaucoup 3. héréditaire : qui se transmet d’une génération à une autre LITTERATURE Les romans d’Emile Zola : romans immoraux ? Voici le résumé de deux célèbres romans d’Emile Zola. Chacun montre la condition misérable de la classe ouvrière et l’influence du milieu sur l’avenir des personnages. L’ASSOMMOIR, 1877 L’héroïne de l’histoire s’appelle Gervaise ; elle est une blanchisseuse qui attend en vain le retour de son mari, Auguste Lantier, un ouvrier tanneur qui l’a abandonnée avec ses deux enfants pour fuir avec une amante. Finalement, Gervaise accepte d'épouser Coupeau, un ouvrier avec qui elle a une fille, Anna Coupeau. Gervaise et son mari travaillent dur et commencent à réussir mais un jour, Coupeau tombe d’un toit qu’il réparait. A partir de ce moment-là, il ne veut plus travailler et commence à boire. Ses dettes augmentent ; il meurt misérablement à l’hôpital Sainte-Anne d’une crise de délire et Gervaise finit par mourir de faim et de misère. GERMINAL, 1885 Le héros de l’histoire se nomme Etienne Lantier. Il est mécanicien mais s’est fait licencier de son travail. Il va alors travailler dans une mine du nord de la France, aux mines de Montsou, où découvre les horribles conditions de travail. Etienne pousse les mineurs à se mettre une grève lorsque la Compagnie décrète une baisse des salaires. La grève est très dure, les soldats tirent sur les ouvriers affamés pour rétablir l’ordre. Le travail reprend mais un jour, un ouvrier anarchiste appelé Souvarine sabote la mine et Etienne reste bloqué. Etienne réussit à sortir grâce aux sauveteurs mais Catherine, la femme qu’il aime, meurt. Il quitte l’enfer des mines et revient vivre à Paris. Emile zola cherche a nous montre la situation de mines dans le XIX siècle LITTERATURE Les romans d’Emile Zola : romans immoraux ?? DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe AU CŒUR DE LA POLEMIQUE E. Zola caricaturé par Gill dans L’Eclipse, 1880 E. Zola caricaturé dans La Petite Lune en avril 1879 Cette caricature de Gill représente Zola dans son travail d’écrivain : il est assis sur des livres, un encrier à côté de Cette caricature représente aussi Zola dans son travail lui. Il est muni d’une loupe et de pincettes pour observer d’écrivain : il a une plume dans un encrier derrière lui. le derrière d’une personne habillée en bourgeois. Elle montre Emile Zola qui essaie de faire tomber une Cette caricature fait référence au naturalisme d’Emile personne qu’on ne voit pas car elle est debout sur un Zola qui considère que l’écrivain est un observateur et piédestal ; on peut l’identifier grâce au nom écrit sur le met dans ses livres ce qu’il voit. Or, ici, Zola regarde le piédestal : c’est V. Hugo, le chef de fil du mouvement derrière des gens ! C’est donc une manière de dire romantique, le mouvement de la 1ère moitié du XIXe. qu’Emile Zola s’occupe des « mauvaises odeurs », des sujets honteux, de ceux qu’on devrait cacher. Il s’agit d’une critique du naturalisme. Cela représente donc l’ambition d’Emile Zola qui entend abattre le romantisme, symbolisé ici par la statue de son chef de fil, Victor Hugo, pour laisser place au naturalisme. LITTERATURE Les romans d’Emile Zola : romans immoraux ?? P. Bonnetain, J-H Rosny, L. Descaves, P. Margueritte, G. Guiches attaquent Zola dans le Manifeste des cinq, paru dans Le Figaro en 1887 : « On l'avait vu si fort, si superbement entêté, si crâne, que notre génération, malade presque tout entière de la volonté, ne l'avait aimé rien que pour cette force, cette persévérance, cette crânerie. Même les pairs, même les précurseurs, les maîtres originaux, qui avaient préparé de longue main la bataille prenaient patience en reconnaissance des services passés. […] E. Zola répond à ses détracteurs dans la préface de L’Assommoir, parue en 1977 : « Je ne me défends pas, d'ailleurs. Mon œuvre me défendra. C'est une œuvre de vérité, le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l'odeur du peuple. Et il ne faut point conclure que le peuple tout entier est mauvais, car mes personnages ne sont pas mauvais, ils ne sont qu'ignorants et gâtés par le milieu de rude besogne et de misère où ils vivent. La Terre a paru. La déception a été profonde et Seulement, il faudrait lire mes romans, les comprendre, voir douloureuse. Non seulement l'observation est superficielle, les trucs démodés, la narration commune et dépourvue de caractéristiques, mais la note ordurière est exacerbée1 encore, descendue à des saletés si basses que, par instants, on se croirait devant un recueil de scatologie:2 le Maître est descendu au fond de l'immondice3. […] nettement leur ensemble, avant de porter les jugements tout Il est nécessaire que, de toute la force de notre jeunesse laborieuse, de toute la loyauté de notre conscience artistique, nous adoptions une tenue et une dignité en face d'une littérature sans noblesse, que nous protestions au nom de notre amour profond, de notre suprême respect pour l'art. » est un digne bourgeois, un homme d'étude et d'art, vivant faits, grotesques1 et odieux, qui circulent sur ma personne et sur mes œuvres. Ah ! Si l'on savait combien mes amis s'égayent de la légende stupéfiante dont on amuse la foule ! Si l'on savait combien le buveur de sang, le romancier féroce, sagement dans son coin, et dont l'unique ambition est de laisser une œuvre aussi large et aussi vivante qu'il pourra ! Je ne démens aucun conte, je travaille, je m'en remets au temps et à la bonne foi publique pour me découvrir enfin sous l'amas des sottises entassées. » Analyse du document Analyse du document Vocabulaire péjoratif : « entêté », « crâne », « déception », « superficielle », « démodés », « commune », « ordurière », « saletés si basses », « scatologie », « immondice », « sans noblesse » → se rapportent à Zola et à son œuvre. Vocabulaire mélioratif : « vérité », « digne », « homme d’études », « art », « bonne foi », « sagement » → se rapportent à Hugo et à son œuvre. Vocabulaire mélioratif : « superbement », « persévérance », « reconnaissance » → emploi ironique « laborieuse », « loyauté », « conscience », « dignité », « noblesse », « respect », « art » → se rapportent aux auteurs de l’article Prise de position des auteurs dans le débat Ils critiquent la manière dont E. Zola a écrit La Terre qui fait partie des Rougon Macquart. Arguments pour défendre sa position : ● Ils disent que La Terre est décevante car sans originalité : « trucs démodes », « superficiels ». ● Ils disent que son roman est dépravé et choquant : « des saletés si basses », « un recueil de scatologie ». 1. la note ordurière est exacerbée : la note obscène est intensifiée. 2. scatologie : relatifs aux excréments 3. immondices : ordures Vocabulaire péjoratif : « jugements », « grotesques », « odieux », « amas », « sottises », « ignorants », « gâtés », « légende stupéfiante dont on amuse la foule », « amas des sottises entassées » → se rapportent aux gens qui critiquent son œuvre. Prise de position de l’auteur dans le débat : Zola défend son œuvre et sa personne de critiques qu’il juge injustes. Arguments pour défendre sa position : ● Les critiques que l‘on fait sur sa personne ne sont pas vraies : Zola les qualifie de «légende stupéfiante dont on amuse la foule », d’« amas des sottises entassées » et de « jugements grotesques et odieux ». ● Les critiques que l’on fait sur ses œuvres ne sont pas valables car les personnes qui les font n’ont pas toujours lues ses œuvres ou ne les ont pas comprises. 1. grotesque : ridicule, extravagant .