LES SCANDALES DU XIX EME SIECLE VUS PAR LA PRESSE

Transcription

LES SCANDALES DU XIX EME SIECLE VUS PAR LA PRESSE
LES GRANDS DOSSIERS DE L'HISTOIRE PRESENTENT :
LES SCANDALES DU XIX EME SIECLE
VUS PAR LA PRESSE
Les procès de Flaubert et de
Baudelaire en avantpremière !
Demandez les grandes
nouvelles ! Rien ne va plus à
Panama ! Hugo et Zola ont
encore fait scandale !
Demandez les
dernières nouvelles de
Dreyfus !
Les étranges tableaux
des nouveaux peintres
impressionistes !
L'Eglise en colère !
Demandez les
nouvelles !
La classe de 4ème 1 du
LFM de Coyoacan,
promotion 2011-2012
Sont : la classe de 4ème 1 du LFM de Coyoacan, promotion 2011-2012
SOMMAIRE
·
en couverture
.
LES GRANDS SCANDALES À
TRAVERS LA PRESSE
DU XIXE SIÈCLE
DOSSIER SPECIAL
Dessin de Jean Veber, dans L’Assiette au beurre, 1901
RUBRIQUES
ART
.
Les sources de cette édition
Le scandale impressionnisme, par A. D.
L’éditorial, par Cécile Medina et Angélique Rosset
Cano, Regina Godoy et Nathalie Moya.
e
L’invitée - Léonore Mahieux, par la classe de 4 2.
DOSSIER SPECIAL
La tour d’Eiffel, le monstre de
l’exposition universelle, par Paulina
Hernandez et Soleil Bonnet.
LITTERATURE
SOCIETE
.
.
Victor Hugo : la bataille d’Hernani, par Diego
Du scandale à l’Affaire Dreyfus, par
Olivier Villareal, Elia Chedraoui et J.-P. Pellat.
La difficile mise en place d’une
république laïque, par Nicolas Haro,
Mathias Lopez et Andrès Poire.
ECONOMIE
1857 : Charles Baudelaire et Gustave
Flaubert mis en procès, par Camila Palomo,
Patrick Fasterling et Raphaël Sebastian
Les romans d’Emile Zola : des romans
immoraux ? par Claude Constant et Ollin Bardies
.
Panama : un scandale financier et
Politique, par Mara Lozano, Nathalie Höfle et
Emilia Prieto.
Espinosa, Nathalie Montcharmont et Luis Demay
LE MOIS PROCHAIN
DOSSIER SPÉCIAL
Le siècle d es Lu m ières
Les sources
Du scandale à l’Affaire Dreyfus
▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Affai
Panama : un scandale financier et
politique
re_Dreyfus, fr.wikipédia.org
▪ « L’affaire Dreyfus », Science et
vie de la terre junior, Emmanuel
DESLOUIS, Dessins de MIG,
n*203, août 2006, pp 60-65.
▪ « L’affaire Dreyfus, (1er partie) »,
Citoyen Junior, L. CORNOU, n°7,
mars 2011, pp 34-37.
▪ « L’affaire Dreyfus, (2ème partie)»,
Citoyen Junior, L. CORNOU, n°8,
avril 2011, pp 34-37.
▪ « L’affaire Dreyfus », Histoire
Géographie 4ème – progr. 2011,
NATHAN, sous direction d’A.-M.
HAZARD-TOURILLON et A.
FELLAHI, pp 142-143.
▪http://www.assembleenationale.fr/histoire/dreyfus/dreyf
us-chrono.asp, www.l’assembleenational.fr
▪http://hgc.accreteil.fr/spip/IMG/pdf/presse_Dr
eyfus.pdf, hgc.ac-creteil.fr
▪http://ml.hss.cmu.edu/courses/mj
west/French_Graduate_Reading/L
'Affaire.htm, ml.hss.cmu.
▪http://expositions.bnf.fr/zola/zola
/pedago/fiches/dreyfus2.pdf,
www.bnf.fr
▪Ça m’intéresse n°277 pp 70-74.
▪ Le petit Larousse.
▪ Encyclopédie Microsoft Encart
2002.
▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Scanda
La difficile mise en place d’une
république laïque
▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Tour_
▪www.fr.wikipedia.org
▪Histoire-Géographie 4ème, C.
BOUVET et J.-M. LAMBIN,
Hachette Éducation, p 190.
▪Histoire-Géographie 4ème, A.M. HAZARD-TOURILLON et A.
FELLAHI, Nathan, p 144.
▪http://mesgrainsdesel.canalblog.c
om/archives/2010/week17/index.
html
le_de_Panama
▪http://www.universalis.fr/encyclop
edie/affaire-de-panama/
▪Histoire/géographie
4e,
J-M
LAMBIN, Hachette Collège. p 170.
▪http://www.herodote.net/histoire/
evenement.php?jour=18930320
Le scandale de l’impressionnisme
▪Petite encyclopédie de l’impressionisme, GRABIELE, Solar, 2006
▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Impres
sionnisme
▪“ L’impressionnisme”, J. WALES,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Impress
ionnisme.
▪“Impressionnisme”,
http://www.rmn.fr/francais/decouv
rir-l-histoire-de-l-art/quelquesthemes/les-grands-mouvements/LImpressionnisme
La Tour Eiffel, le monstre de
l’exposition universelle
Eiffel
▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Exposi
tion_universelle_de_Paris_de_1889
▪http://www.tour-eiffel.fr/
▪http://www.histoire-enligne.com/spip.php?article9
▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Scanda
le_artistique
▪http://www.youtube.com/watch?v
=sobkqME5RR8 :
« C'est
pas
Sorcier » sur la Tour Eiffel.
·
Victor Hugo : la bataille d’Hernani
▪XIXe
siècle,
LAGARDE
ET
MICHARD, Bordas, 1969, pp 236-9
▪Hernani, Victor HUGO, Hatier,
2007, pp 225-287
▪
La
“Bataille
d’Hernani”,
Heredote.net,
http://www.herodote.net/histoire/ev
enement.php?jour=18300225
▪ « Le Romantisme », Michel
ESNAULT, Les Grands Auteurs
Romantiques
du
XIXe,
http://romantis.free.fr
▪ « Hernani », Jimmy WALES,
Wikipedia l’encyclopédie libre,
www.wikipedia.com
C. Baudelaire et G. Flaubert mis en
procès
▪http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_fle
urs_du_mal
▪http://www.linternaute.com/diction
naire/fr/definition/realisme/
▪http://www.madamebovary.com/m
adame_bovary-trial.htm
▪http://es.wikipedia.org/wiki/Madam
e_Bovary
▪http://flaubert.univrouen.fr/etudes/madame_bovary/mb
_dur.php
Les romans d’Emile Zola : romans
immoraux ?
▪ le discours des caricaturistes –
presse
de
l’époque :
http://expositions.bnf.fr/Zola/dreyfus
/01.htm
▪http://expositions.bnf.fr/Zola/portra
its/01.htm : caricature, Daumier,
▪http://expositions.bnf.fr/daumier/pe
dago/02_1.htm
▪http://www3.ac-nancymetz.fr/clemilorraine/spip.php?rubrique3
L’équipe
·
Directeurs de la rédaction : MEDINA Cécile et ROSSET Angélique Journalistes : BARDIES PEREZ Ollin Jacques,
BONNET CARIÑO Soleil, CANO LEDESMA Ana Daniela, CHEDRAOUI BRAVO Elia, CONSTANT MARIN Claude
Marie, DEMAY CARRANZA Luis, ESPINOSA GONZALEZ Diego, FASTERLING USSEL Patrick, GODOY DIAZ
Regina, HARO REFUVEILLE Nicolas, HERNANDEZ ROUSSET Paulina Yvonne, HÖFLE PINDTER Natalie, LOPEZ
RULL
Matias, LOZANO
MARTINEZ
Mara, MONTCHARMONT
SADA
Nathalie, MOYA
HERNANDEZ
Nathalie, PALOMO DIAZ DEL CASTILLO Camila, PELLAT FONS Jean Philippe, POIRE COUTO Andres, PRIETO
RIQUELME Emilia, RAPHAEL PRIEGO Sebastian, VILLAREAL RODRIGUEZ Olivier Maquettistes : PALOMO
DIAZ DEL CASTILLO Camila, FASTERLING USSEL Patrick, RAPHAEL PRIEGO Sebastian Correcteurs-réviseurs :
MEDINA Cécile et ROSSET Angélique
L’éditorial
· .
Scandaleusement… nouveau !
par Cécile Medina et Angélique Rosset
La
Révolution
Française et la fin de
l’Ancien Régime, la
mise
en
place
chaotique de la liberté
de la presse au cours
du
siècle
suivant
permettent à cette
dernière de jouer pour
la première fois les
fonctions que nous
sommes habitués à lui
voir tenir de nos
jours : rôle de contrepouvoir qui révèle les
scandales financiers et
les
corruptions
« La presse au XIXe siècle », http://tnhistoirexix.tableau-noir.net/presse.html politiques (constructi-on du canal de Panama ; dégradation de Dreyfus), rôle de transcripteur et de catalyseur des débats
culturels et artistiques qui agitent cette nouvelle notion émergeante : « l’opinion publique », confrontée
aux grands bouleversements des techniques et des mentalités de l’époque. Il est bien plaisant en effet de
retrouver dans les journaux d’alors les premières réactions qui saluèrent l’installation à Paris de la Tour
Eiffel ou l’exposition des œuvre de Manet, Monet, Renoir. Il est fort étonnant de se pencher sur les
articles commentant avec flammes la parution d’œuvres appartenant aujourd’hui au patrimoine littéraire
français : Hernani, Les Fleurs du Mal, Madame Bovary, Germinal… Nous sommes loin des discours
unanimes !
Quelle vision la presse du XIXe nous donne-t-elle de sa propre entrée dans « l’aire de la modernité » ?
Quels scandales éclatent dans les journaux, accusent, divisent, insultent, font frémir les mains qui les lisent
et roidir les moustaches qui s’y penchent ? C’est avec ces questions que nous avons entrepris de composer
le dossier spécial de ce mois : « Les grands scandales à travers la presse du XIXe » et de restituer, par la
reproduction commentée d’articles du moment, les enjeux des « batailles » d’idées qui croisent le mot et
meurent sur papier en ce XIXe siècle inventif et bousculé par ses propres inventions. Il semble en effet que
rien dans les arts, en ce siècle de révolution industrielle, ne soit plus propre à susciter un scandale que… la
nouveauté !
Notre invitée
·
Léonore Mahieux, par la classe de 4e1
Lors d’un reportage, un journaliste doit
montrer :
-
-
de l’objectivité : il essaie de
montrer un peu toutes les
opinions sur un même sujet.
de l’honnêteté : il doit surveiller
ses sources, en avoir au moins
deux qui se recoupent avant de
publier une information.
du sérieux : il doit travailler son
sujet en amont, écouter des
interviews avant d’aller sur le
terrain.
Le 25 octobre 2011, nous avons eu
le plaisir de recevoir dans notre
classe la jeune journaliste Léonore
Mahieux. Elle s’est prêtée de bon
cœur à notre jeu des questionsréponses.
ensuite sur internet les
spécialistes du sujet, puis je
demande un premier rendezvous. Il est très important
d’aller sur place et de parler
avec les gens.
▪ Qu’est-ce que la presse pour
vous ? En avez-vous une bonne ou
une mauvaise image ?
▪ Pourquoi êtes-vous devenue
journaliste ?
J’ai une vision assez idéaliste
Cela dépend du choix du sujet : il
de mon métier : il permet de
y a beaucoup de faits divers sur la
donner la parole à ceux qui
violences et la .
. ne l’ont pas.
presse
parfois
Léonore
Mahieux, Grâce à lui, je
cherche à choquer
peux voyager,
Parfois, un scandale médiatique naît
E
par les photos pour une Zola du XX j’ai accès à des
parce qu’un journaliste, à la base, n’a pas
intéresser
le siècle ?
mondes variés:
travaillé correctement : vérifier ses
lecteur.
Mais
on
un politique,
sources, connaître son sujet pour avoir
.
.
peut traiter un
un artiste, un
de l’esprit critique vis-à-vis de sa source.
Eléonore Mahieux est une migrant… Je
sujet de manière
aussi
plus intéressante en expliquant le contexte, pourquoi et jeune journaliste. Formée par trouve
e
comment cela est arrivé. La presse a aussi une fonction de 4 l’école de journalisme de gratifiant de
pouvoir ou de contre-pouvoir : elle doit aller au-delà des discours Toulouse, elle est en résidence transmettre
depuis trois ans au Mexique et des
officiels. Il faut faire attention car publier est un pouvoir.
travaille avec différents médias informations.
-
▪ Est-ce dangereux d’être journaliste ?
Cela dépend du lieu. En France, non. Au Mexique, oui, dans
certains endroits. Le Mexique est considéré comme un des pays
les plus dangereux au monde (après l’Irak) pour les journalistes.
En tant que correspondante étrangère, je suis moins exposée que
les journalistes mexicains car je ne « creuse pas à fond » les sujets
puisque je travaille pour des journaux européens. Parfois, pour se
protéger, un journaliste peut s’auto-censurer.
▪ Comment un journaliste peut-il être protégé ?
comme la radio française
(Europe 1), des journaux
français (L’Express) ou encore
les télévisions belge et suisse.
Elle est venue nous parler de
son métier, de sa quête de la
vérité et de son travail
d’investigation dans « l’Affaire
Florence Cassey ».
Cela dépend des pays, si la liberté de la presse est ou n’est pas reconnu. Ensuite,
il y a la protection des sources : personne ne peut obliger un journaliste à révéler
sa source, y compris un tribunal. Enfin, le journaliste peut publier sous un autre
nom, un pseudonyme.
▪ Quelles sont vos sources ?
Les autres journaux. Il faut lire tous les matins la presse. Comme je suis
correspondante, je choisis mon sujet parmi ceux qui me plaisent. Je cherche
▪Pourquoi
vous êtes-vous
intéressée
à
« l’Affaire
Cassey » ?
Cette affaire a
commencé
avec un rôle
direct des
médias car elle a été arrêtée en
direct. Or, il s’agissait d’un
montage. J’ai rencontré F.
Cassey et j’ai lu son dossier
judiciaire. Pourquoi toutes ces
irrégularités dans sa situation ?
C’est mon rôle d’aller voir
« derrière » et de comprendre.
SOCIETE
Du scandale à l'Affaire Dreyfus
Par Elia Chedraoui, Jean-Philippe Pellat et Olivier Villareal.
Pour accéder à la bibliographie, cliquez ici.
Les faits majeurs de l'Affaire Dreyfus
Alfred Dreyfus est un capitaine de
l’armée française. Il est accusé de
trahison en 1894 pour avoir livré des
documents
secrets
aux
Allemands,
notamment le document que l'on appelle
« le bordereau ».
Son
accusation
s'est
faite
sans
recherches ni preuves. Dreyfus est juif,
et il est devenu un coupable évident
pour la France antisémite de l'époque.
Le tribunal militaire le condamne à la
prison et lui retire son grade.
La France est devenue anti-allemande
depuis sa défaite dans la guerre de
1870, et l'Etat-major de l'armée est
quant à lui un groupe faisant preuve
d'antisémitisme.
Emile
Zola
s'insurge
contre
les
accusateurs de Dreyfus et fait publier
son article
« J'accuse ! » dans
le
journal L'aurore en 1898. En s'adressant
directement
au
président
de
la
République, il milite pour la libération
de Dreyfus au nom de la justice et de la
liberté.
Dreyfus
est
finalement
libéré
et
réhabilité dans son statut en 1904, près
de dix ans plus tard. Cette affaire a
divisé la France en deux groupes : les
dreyfusards et les antidreyfusards.
Cette affaire a mise en valeur le rôle
de l'intellectuel engagé.
L’affaire Dreyfus est un conflit social et
politique majeur de la troisième République, qui
a lieu à la fin du 19ème siècle. C’est
l’accusation erronée du capitaine Alfred
Dreyfus pour avoir vendu des informations aux
allemands ; ce scandale a divisé la France en
deux groupes : dreyfusards et antidreyfusards.
Bordereau : lettre adressée à un militaire
allemand de l'Ambassade d'Allemagne,
Max von Schwartzkoppen, et qui disait
que
des
documents
militaires
confidentiels étaient sur le point d'être
transmis à une puissance étrangère.
Antisémitisme :
doctrine ou attitude
systématique de
ceux qui sont hostiles
aux juifs et proposent
contre eux des
mesures
discriminatoires.
Alfred Dreyfus est né le 9 octobre 1859 à Mulhouse
D'ascendance alsacienne et juive, il décide, après l'annexion
de l'Alsace et de la Lorraine par l'Allemagne en 1871, de
prendre la nationalité française. Il s'engage dans l'armée
française en 1878. Victime de l'injustice qui l'a rendu célèbre,
il est réhabilité puis participe à la Première Guerre Mondiale.
Il meurt le 12 juillet 1935 à Paris.
Dreyfusard : partisan de l'innocence de Dreyfus.
Antidreyfusard : partisan de la culpabilité de Dreyfus.
SOCIETE
Du scandale à l'Affaire Dreyfus
CHRONOLOGIE
CHRONOLOGIE DE
DE L'AFFAIRE
L'AFFAIRE
Septembre
Septembre 1894
1894 : : Découverte
Découverte du
du bordereau.
bordereau.
19
19 décembre
décembre 1894
1894 : : Dégradation
Dégradation et
et déportation
déportation
au
au bagne,
bagne, en
en Guyane,
Guyane, du
du capitaine
capitaine Dreyfus.
Dreyfus.
11
11 janvier
janvier 1897
1897 : : Jugement,
Jugement, puis
puis acquittement
acquittement
du
du commandant
commandant Esterhazy.
Esterhazy.
13
13 janvier
janvier 1898
1898 : : Article
Article d’Émile
d’Émile Zola
Zola intitulé
intitulé
“J’accuse”
“J’accuse” ..
Il
Il apporte
apporte pour
pour la
la première
première fois
fois toutes
toutes les
les
données
données existantes
existantes sur
sur l'Affaire,
l'Affaire, et
et est
est accusé
accusé de
de
diffamation
diffamation pour
pour cet
cet article.
article. Il
Il est
est contraint
contraint de
de
s'exiler
à
Londres.
s'exiler à Londres.
Août
Août 1899
1899 : : Révision
Révision du
du procès,
procès, et
et nouvelle
nouvelle
condamnation
d’Alfred
Dreyfus.
condamnation d’Alfred Dreyfus.
Emile Zola est né le 2 avril 1840 à Paris et
meurt le 29 septembre 1902. Journaliste
engagé dans la vie politique de l’époque, il
prend la défense d’Alfred Dreyfus en
écrivant son célèbre article « J'accuse! »
adressé au président de la République Felix
Faure en 1898.
1906
1906 : : Réhabilitation
Réhabilitation de
de Dreyfus.
Dreyfus.
Voici un extrait du célèbre article
« J'accuse ! » d'Emile Zola, publié dans le
journal L'Aurore du 13 janvier 1898.
« (...) Ah ! cette première affaire, elle est un cauchemar, pour qui
la connaît dans ses détails vrais ! Le commandant du Paty de
Clam arrête Dreyfus, le met au secret. Il court chez madame
Dreyfus, la terrorise, lui dit que, si elle parle, son mari est perdu.
Pendant ce temps, le malheureux s'arrachait la chair, hurlait son
innocence. Et l'instruction a été faite ainsi, comme dans une
chronique du XVe siècle, au milieu du mystère, avec une
complication d'expédients farouches, tout cela basé sur une seule
charge enfantine, ce bordereau imbécile, qui n'était pas
seulement une trahison vulgaire, qui était aussi la plus
impudente des escroqueries, car les fameux secrets livrés se
trouvaient presque tous sans valeur. (...)
Voilà donc, monsieur le Président, les faits qui expliquent
comment une erreur judiciaire a pu être commise ; et les preuves
morales, la situation de fortune de Dreyfus, l'absence de motifs,
son continuel cri d'innocence, achèvent de le montrer comme
une victime des extraordinaires imaginations du commandant du
Paty de Clam, du milieu clérical où il se trouvait, de la chasse
aux " sales juifs ", qui déshonore notre époque. (...)»
SOCIETE
Du scandale à l'Affaire Dreyfus
DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe
AU CŒUR DE LA POLEMIQUE
« Amnistie populaire ».
Dessin de V. Lenepveu.
Le Musée des Horreurs, n°35, 20 juin 1900
Zola caricaturé par Forain
dans le journal anti-dreyfusard "Pstt".
Analyse de l'image :
Dreyfus est pendu, avec une langue qui ressemble à celle
d'un serpent, et affublé d'une pancarte qui dit « traître ».
Le message : Cette caricature utilise l'ironie pour montrer
que Dreyfus est non seulement considéré comme traître,
mais aussi comparé à un serpent pour avoir dévoilé des
secrets militaires à « l'ennemi », et qu'il mérite d'être
pendu. Ce message peut être compris, à l'inverse, comme
une preuve d'ironie à l'égard des antidreyfusards dont est
montrée ici l'exagération, confirmée par l'expression
« amnistie populaire », c'est-à-dire le pardon du peuple.
Le Musée des horreurs est un journal satirique, qui se
moque et critique tous les faits de l'époque.
Analyse de l'image :
Emile Zola est en train de se noyer en essayant de sauver des
eaux son article « J'accuse ! » ; il s'adresse à un homme en noir.
L’homme en noir est un militaire, représentant de l'Etat-major
allemand, portant un couvre-chef pointu caractéristique de
l’uniforme militaire prussien.
Le message :
Cette caricature montre bien comment Zola a été attaqué par la
presse nationaliste, patriotique. C’est un résumé de "J’accuse".
Zola est l’homme qui trahit, qui va vers l’Allemagne, vers ce
soldat prussien dont l’ombre va accueillir l’auteur de "J’accuse".
Zola est l’homme qui met en cause l’unité de la France.
SOCIETE
Du scandale à l'Affaire Dreyfus
Jean Ajalbert. « Ca commence ! »,
Les droits de l’Homme, 28 février 1898
« Zola n’est pas seul. Qu’on raille les intellectuels,
il les a avec lui. Il a avec lui les hommes de
pensée contre les hommes de pouvoir. Tous les
regards qui ne sont pas déviés par les bas
intérêts de la politique et du fanatisme politique et
religieux sont tournés vers l’Ile du Diable, vers un
rocher où agonise un homme, jeté là, au mépris
des lois et du droit le plus élémentaire. »
Analyse du document
Vocabulaire péjoratif : « les bas intérêts de la
politique », le « fanatisme politique et religieux »
→ se rapportent aux antidreyfusards
Vocabulaire péjoratif utilisé à des fins contraires :
« agonise un homme, jeté là », « mépris des lois et du
droit le plus élémentaire »
→ défense de Dreyfus et de la justice
Prise de position de l’auteur dans le débat
Il déplore le manque d'esprit critique de la part des
gens qui sont devenus antidreyfusards pour en tirer
profit, il critique aussi la classe politique corrompue
qui ne pense qu'à gagner du pouvoir avec cette
affaire.
Arguments pour défendre sa position :
● Il prend la défense de Zola et de Dreyfus en disant
que Zola est accompagné par les « hommes de
pensée », c'est-à-dire ceux qui font preuve
d'intelligence.
● Il victimise Dreyfus en parlant de sa situation afin
de convaincre ses lecteurs de le défendre.
Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme,
1925
«Les
amis de Dreyfus […] injurient tout ce qui nous
est cher, notamment la patrie et l’armée […] Leur
complot divise et désarme la France et ils s’en
réjouissent. Quand même leur client serait innocent,
ils demeureraient des criminels. »
Maurice Barrés, nationaliste français, était
un essayiste, romancier, et politique français
né en 1862 et mort en 1923. Il fait partie du
groupe
des
grands
antidreyfusards,
principalement parce qu’il était très
antisémite : "Que Dreyfus est capable de
trahir, je le conclus de sa race".
Analyse du document
Vocabulaire mélioratif : « tout ce qui nous est cher »
→ se rapporte aux valeurs de la droite française, ici « la
patrie et l'armée », les valeurs des antidreyfusards
Vocabulaire péjoratif : « injurient », « complot »
« criminels »
→ se rapportent aux dreyfusards
Prise de position de l’auteur dans le débat :
Maurice Barrès, représentant du groupe antidreyfusard,
est aussi un homme appartenant à l'extrême droite
française. Il est antisémite et défend ici l'armée et le
nationalisme français, contre Dreyfus parce qu'il est
juif, contre Zola parce qu'il le défend, et contre
l'Allemagne parce qu'il est nationaliste.
Arguments pour défendre sa position :
● Les critiques faites par Maurice Barrès sont
représentatives du discours antisémite et nationaliste de
l'époque : la gauche française est synonyme de complot,
Dreyfus est un ennemi de la patrie.
● Il utilise un argument clé, celui de la division de la
société française, pour en rendre coupable le groupe des
dreyfusards : il veut émouvoir les lecteurs en disant que
le problème de cette affaire est surtout la division de la
société française.
SOCIETE
La difficile mise en place
d'une République laïque
La mise en place de la laïcité en France commence au
XIXème siècle : ponctuée de dates charnières, elle a
fait l'objet d'âpres luttes entre l'Eglise et l'Etat. Du
Concordat signé par Napoléon à la séparation des
Eglises et de l'Etat, quels sont les enjeux de la laïcité
au XIXème siècle ?
Par Nicolas Haro, Matias Lopez et Andrès Poiré.
Pour accéder à la bibliographie, cliquez ici.
Les faits majeurs de la mise en place
de la laïcité en France au XIXème
siècle
1801: Concordat signé entre le Pape et
Napoléon Bonaparte.
1882: loi sur l'école primaire, gratuite, laïque
et obligatoire, et la laïcité de l'enseignement.
1884: loi rétablissant le divorce.
1886: loi sur la laïcité obligatoire du personnel
des écoles publiques.
Les clés pour comprendre
Tout au long du XIXème siècle, des luttes s'engagent entre l'Eglise et
l'Etat : l'Etat, et surtout les Républicains, veulent diminuer le rôle de
l'Eglise, en particulier dans le domaine de l'enseignement.
L'Eglise catholique, qui dépend du Pape et du Vatican, tente tant bien
que mal de conserver ses prérogatives.
Les Républicains, dans les années 1880, et jusqu'en 1905, établissent une
série de lois mettant en place la laïcité. Les lois scolaires rendent l'école
primaire gratuite, laïque et obligatoire : cela permet de diminuer le
1901: loi proclamant la liberté des
associations, sauf pour les congrégations
religieuses, qui doivent demander une
autorisation.
pouvoir des religieux sur la société. Rendre l'école obligatoire et gratuite
1904: loi interdisant l'enseignement à toutes
les congrégations religieuses, rupture des
relations diplomatiques avec le Vatican.
Il s'agit aussi pour les Républicains socialistes et progressistes de limiter
1905, 9 décembre: loi sur la séparation des
Eglises et de l'Etat.
visait aussi à éviter que les parents envoient leurs enfants travailler dans
les usines ou les champs.
l'influence des partis de la droite cléricale, qui s'opposent aux idées
libérales de la Révolution Française. C'est donc autour de la question de
l'enseignement que s'est cristallisée le problème des relations entre les
Eglises et l'Etat. Les nouveaux maîtres d'école sont alors appelés les
« hussards de la République », le terme hussard désignant un soldat, pour
souligner l'importance du combat qui s'est déroulé à cette époque.
Lois scolaires : ensemble des lois mises en place par
Jules Ferry, établissant la laïcité de l'enseignement, la
gratuité de l'école et l'obligation d'être scolarisé.
Congrégation religieuse :
communauté de prêtres ou de
religieux pouvant assurer une
mission d'enseignement.
Républicains socialistes : groupe des républicains de la Chambre des députés
favorables au socialisme, à une société d'hommes libres et égaux.
Progressistes : autre groupe de républicains de la Chambre des députés,
favorables au progrès social.
Cléricalisme : idéologie qui vise
Laïcité :
à donner au clergé un statut
indépendance vis-à-
public et un rôle politique.
vis de toute religion.
Laïcisation : politique
volontaire d'un Etat qui vise à
ôter aux religions tout rôle
public.
SOCIETE
La difficile mise en place d'une République laïque
Les acteurs de la Séparation de l’Église et de l’État
Aristide Briand
Il est né le 28 mars 1862 à Nantes et mort le 7 mars 1932 à Paris.
Il joue un rôle important dans le processus de laïcisation en tant que rapporteur de la loi de
séparation des Églises et de l'État. Son talent de négociateur a finalement permis une application
mesurée et un accord de fait entre la République laïque et une partie du clergé français, malgré
l'opposition du Vatican.
Jules FerryNé le 5 avril 1832 à Saint-Dié
Émile Combes
(Vosges) et mort le 17 mars 1893 à Paris,
Émile, Justin, Louis Combes (18351921) est un homme politique français.
Il succède à Waldeck-Rousseau à la
présidence du Conseil. Il finit par
s'engager dans un conflit avec le
Vatican et profite de l'arrivée d'un
pape intransigeant, Pie X, pour
relancer le débat sur le Concordat de
1801 Les républicains se divisent sur
cette question. La séparation des
Eglises et de l'Etat en 1905 y mettra un
terme.
homme politique français.
Opposant
à
l'Empire,
membre
du
gouvernement provisoire en 1870 et maire de
Paris en 1871, il est l'auteur des lois de la IIIe
République rendant l’instruction obligatoire,
gratuite et l’enseignement laïc. Considéré
comme le promoteur de l'«école gratuite,
laïque et obligatoire», il est devenu plusieurs
décennies après sa mort, une figure
emblématique de la laïcité française et l'un
des
pères
fondateurs
de
l'identité
républicaine.Très critiqué pour sa politique
coloniale, il a été contraint de démissioner.
Emile Loubet
Il est élu député de la Drôme le 20 février 1876 et siège à gauche de l'hémicycle de l'Assemblée Nationale en
1876. En 1896, Émile Loubet devient le président du Sénat. Il a pris des décisions marquantes dans l'histoire
de la République française : grâce du Capitaine Dreyfus, promulgation de la loi sur les associations et, surtout,
de la loi sur la séparation des Eglises et de l'Etat.
Waldek_Rousseau
1846-1904, homme d'Etat français. Il est célèbre pour avoir participé à la légalisation des syndicats
(loi Waldeck-Rousseau de 1884) ainsi que la loi 1901 sur les associations. En juin 1899, il est appelé
par le président Emile Loubet à former un gouvernement alors que l' Affaire Dreyfus bat son plein.
Waldeck-Rousseau, qui fut l'un des représentants éminents des républicains opportunistes. Son
cabinet, qui, en durant près de trois ans, fut le plus long de la IIIème République, marque un
tournant dans l' Affaire Dreyfus.
SOCIETE
La difficile mise en place d'une République laïque
DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe
AU CŒUR DE LA POLEMIQUE
La Séparation de l'Eglise et de l'Etat,
lithographie anonyme, 1905. Musée Jean Jaurès.
La Séparation de l'Eglise et de l'Etat, Léandre,
journal Le Rire, mai 1905.
Analyse de l'image :
Marianne, allégorie de la Liberté et symbole de la
République, est ici séparée du Pape Pie X par Emile
Combes, « le petit père Combes », tandis que Voltaire,
philosophe de Lumières, éclaire la situation. Un prêtre
ivre est couché sur le devant de la scène.
Le message : Cette caricature montre bien que son auteur
est favorable à la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat :
le Pape est représenté comme une personne faible, qui ne
sait pas voir ; le prêtre ivre donne une très mauvaise image
de l'Eglise, tandis que l'influence de Voltaire sur Combes
évoque un héritage culturel irréprochable : celui des
Lumières, de la liberté et des droits.
Analyse de l'image :
L'Eglise est représentée par un curé, en noir, à gauche ; l'Etat est
représenté par Marianne, symbole de la République, à droite. Le
ministre de l'Instruction Publique, des beaux-arts et des cultes, M.
Bienvenu-Martin, tente de les séparer avec un couteau.
Le message :
La représentation de la République, avec une Marianne bien en
chair, et de l'Eglise, avec un curé dodu, sont toutes deux ironiques :
il semble que l'auteur ne prend pas parti. Cependant, le coq,
symbole de la France, se lève sur un soleil radieux, ce qui peut faire
penser que l'auteur est favorable à la loi de séparation.
SOCIETE
La difficile mise en place d'une République laïque
L'Univers, quotidien catholique et conservateur
2 octobre 1882.
“Dans l'école laïque, le crucifix et l'image de la sainte
Vierge ont été enlevés, les pieuses sentences, les
préceptes sur la morale chrétienne inscrits sur les
murs ont été enlevés. Le maître a commencé sa classe
sans invoquer le nom de Dieu; et si quelque écolier a
fait, par habitude, le signe de la croix, il a été repris
aussitôt et peut-être puni pour faute. Pour le début, un
commentaire sur la Déclaration des droits de l'homme,
un éloge du régime républicain, a remplacé la leçon de
catéchisme et d'histoire sainte. “
Discours d'Aristide Briand
à la chambre des députés,
3 juillet 1905, extrait
« Dans ce pays, où des millions de catholiques pratiquent leur
religion, (...) il était impossible d'envisager une séparation
qu'ils ne puissent accepter. (...) La loi que nous aurons faite
ainsi est une loi de bon sens et d'équité, combinant justement
les droits des personnes et l'intérêt des Eglises avec les
intérêts et les droits de l'Etat. »
Analyse du document
Analyse du document
Prise de position de l’auteur dans le débat
Il déplore les changements dont à fait l'objet
l'école devenue publique après les lois scolaires
de Jules Ferry ; le journal l'Univers est donc
défavorable à la laïcité et à la séparation des
Eglises et de l'Etat.
Vocabulaire mélioratif à l'égard de la loi : « bon
sens », « équité », « justement ».
Arguments pour défendre sa position :
● Il évoque le passé, les références religieuses
qui étaient présentes dans les écoles
auparavant : crucifix, images saintes, préceptes
de la morale chrétienne.
● Il utilise un ton plaignant, triste, pour
victimiser l'Eglise et rendre coupable la
République : « si quelque écolier (...) peut-être
puni pour faute ».
Arguments pour défendre sa position :
● Il se défend de critiquer l'Eglise et la religion
catholique : il veut rassembler la population et
éviter les divisions au sein de la société. Il veut
donc réconcilier tout le monde.
● Il précise que l'Etat a des droits que n'a pas
l'Eglise, et pose ainsi l'Etat comme institution
supérieure à l'Eglise catholique. Il défend donc la
position de la République dans sa politique
anticléricale.
Prise de position de l’auteur dans le débat :
Aristide Briand est le rapporteur de la loi de
séparation des Eglises et de l'Etat, il y est donc
favorable.
ECONOMIE
Panama : un scandale financier et
politique
Par Nathalie Hofle, Mara Lozano, et Emilia Prieto.
Pour accéder à la bibliographie, cliquez ici.
La construction du Canal de Panama, mise en marche par
Ferdinand de Lesseps dans les années 1880, est une
affaire de corruption sans précédent. Touchant ainsi la
mise en place de la toute jeune IIIème République, cette
affaire, en devenant scandale, a finalement permis la
consolidation de ses valeurs.
Les faits majeurs de la construction du Canal de
Panama
En 1879, le Congrès approuva le projet de Ferdinand de Lesseps qui fut
choisi pour lancer les travaux de percement de l'Isthme de Panama,
lequel devait permettre de relier l'Océan Atlantique à l'Océan Pacifique
par l'Amérique Centrale.
Le coût de sa construction fut estimé à 600 millions de francs. Lesseps
constitua le 8 juillet 1879 la Compagnie universelle du canal
interocéanique de Panama, une compagnie destinée à réunir les fonds
nécessaires et à conduire le projet. Mais on ne récolta que 300 millions
sur les 400 nécessaires. Les travaux débutèrent en 1881 et rencontrèrent
plusieurs difficultés : épidémies de malaria et de fièvre jaune
occasionnant une très forte mortalité parmi le personnel, accidents de
terrain, etc. Gustave Eiffel accepta de reprendre le projet, à l'appel de
Lesseps.
Ferdinand
de
Lesseps
(18051894),
est
un
diplomate
et
entrepeneur français.
Il est connu pour la
construction du Canal
de Suez, et l'échec
scandaleux du Canal
de Panama.
Souscription : engagement pris par une personne de
verser une somme d'argent à une date fixée, afin de
soutenir une œuvre, un projet. Dans la plupart des cas,
la personne bénéficie ensuite du paiement de cette
somme avec des intérêts. Corruption : détournement
Les travaux ayant pris beaucoup de retard, Lesseps voulu alors mettre en
place une levée de fonds auprès des petits épargnants, par
l'intermédiaire d'une souscription. Le Baron Jacques de Reinach, ami de
Lesseps, donna de l'argent à la presse pour faire de la publicité pour le
projet, et mit en place un système de corruption de nombreux hommes
politiques afin de débloquer des fonds publics pour soutenir le projet.
d'un processus, d'un fonctionnement, afin d'en tirer
Malgré cela, il s'avéra impossible de redresser la situation, et la
Compagnie fut mise en liquidation judiciaire en février 1889, provoquant
la ruine de 85 000 souscripteurs.
s'oppose à l'existence d'un parlement pour équilibrer
Le scandale éclate dans la presse, lorsqu'en 1892, Edouard Drumont,
journaliste antisémite et antiparlementaire qui avait reçu des
documents confidentiels de Reinach, révéla le scandale dans son
quotidien La Libre Parole.
Ferdinand de Lesseps et Gustave Eiffel furent condamnés, mais
échappèrent à la prison. Le ministre de l'Intérieur Emile Loubet
démissionna. La construction du Canal fut alors cédée aux Américains.
des avantages, notamment financiers. Fonds publics :
ensemble de l'argent qui appartient à l'Etat.
Antisémite : doctrine ou attitude systématique de
ceux qui sont hostiles au juifs et proposent contre eux
des mesures discriminatoires. Antiparlementaire : qui
les pouvoirs.
Gustave Eiffel (18321923),
est
un
ingénieur et industriel
français qui a participé
à la construction de la
Tour Eiffel à Paris, de
la Statue de la Liberté
à New York, du Canal
de Suez et du Canal
de Panama.
ECONOMIE
Panama : un scandale financier et politique
Carte du Canal de Panama
Titre vendu aux épargnants pour financer le projet.
ECONOMIE
Panama : un scandale financier et politique
DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe
AU CŒUR DE LA POLEMIQUE
Ferdinand de Lesseps par André Gill, La Lune,
29 septembre 1887
Analyse de l'image :
Ferninand de Lesseps se trouve sur un
crocodile, dans l’eau. Il est représenté avec
une « grosse tête », dans une toge romaine,
comme un empereur. Il tient à la main un
petit drapeau à carreaux rouges et blancs qui
signifie « danger » en langage marin.
Les trois pyramides égyptiennes rappellent
son succès lors de la construction du Canal
de Suez, en Egypte.
Le message :
Cette caricature montre un Lesseps
prétentieux, ambitieux, qui se retrouve
maintenant en danger, face à l'échec de la
construction du Canal de Panama. Cette
caricature utilise l'ironie et de nombreuses
références graphiques pour se moquer de
Lesseps : la référence aux empereurs romains
pour rappeler l'ambition démesurée de
Lesseps ; les pyramides toutes petites et
éloignées, pour évoquer le succès du Canal
de Suez ; le drapeau marin du danger.
ECONOMIE
Panama : un scandale financier et politique
La République Française et Le Figaro,
juillet 1886
La République Française
« Le rapport de M. de Lesseps analyse exactement, avec un
évident effort vers la vérité, la situation de l’entreprise qui
a passé par tant de vicissitudes diverses mais qui va être
menée à bonne fin, comme Suez. »
Le Figaro
« Pas une seule voix discordante ; pas une seule main levée
contre la série des résolutions présentées. Une longue
acclamation patriotique ! »
La Libre Parole et Le Gil Blas, 1892
La Libre Parole, 10 septembre 1892
« À qui Charles de Lesseps faisait-il cette faveur (les primes des
syndicats de garantie) ? Est-ce aux actionnaires ? Oh, non, mais à
toute une bande de vautours, à commencer par les
administrateurs, les hommes politiques dont on payait ainsi le
concours, les directeurs des établissements financiers, la bande
juive et toute la séquelle des serviteurs louches … Voulait-on, par
exemple, payer un ministre ? Sous, un nom d’emprunt
quelconque, mais ordinairement par l’intermédiaire d’un
établissement financier, ou lui attribuait le nombre de parts
représentant la somme promise, et Charles de Lesseps levait les
bras au ciel, jurant ses grands dieux qu’il n’avait jamais payé un
député quelconque. »
Le Gil Blas
« Tous ceux qui ont assisté à cette réunion en emportent cette
impression. Cette armée de capitalistes est décidée à suivre
jusqu’au bout le chef qu’elle s’est choisi. »
Analyse des documents
Analyse des documents
Vocabulaire mélioratif :
« évident effort », « vérité », « bonne fin », « pas une
seule voix discordante », « acclamation patriotique ».
Vocabulaire péjoratif :
« toute une bande de vautours », « serviteurs louches »,
« armée de capitalistes ».
Prise de position de l’auteur dans le débat :
Ces deux revues prennent clairement position contre le
projet. La Libre Parole est la revue qui a dénoncé le
scandale.
Prise de position de l’auteur dans le débat :
La presse est favorable à l'oeuvre de Ferdinand de
Lesseps.
Critique :
Il est important de rappeler que de nombreux
journaux de l'époque ont été subventionnés de
manière illégale par Reinach afin de produire une
publicité favorable à la construction du Canal par
Lesseps, et convaincre les petits épargnants
d'acheter les bons de la souscription.
Arguments pour défendre sa position :
● La République Française reprend la référence au
succès du Canal de Suez réalisé par Lesseps pour
défendre son nouveau projet.
● Le Figaro n'utilise aucun argument particulier,
mais seulement un vocabulaire mélioratif.
Critique :
La Libre Parole est un journal antisémite, qui associe
Lesseps à ce qui est appelé « la bande juive ». Il est
important de noter que ce journal antisémite a fait ici
un amalgame hautement condamnable.
Le Gil Blas est un journal socialiste, auquel ont participé
des auteurs connus, comme Emile Zola en y faisant
paraître son roman Germinal.
Arguments pour défendre sa position :
● Les critiques faites par La Libre Parole vont aussi bien
à l'encontre de Lesseps que des hommes politiques, tous
taxés de corruption.
● L'argument utilisé par Gil Blas est celui de la théorie
capitaliste, qui a pour victime les petits épargnants.
ARTS
Le scandale impressionnisme
par Ana Daniela Cano, Regina
Godoy et Nathalie Moya
Pour accéder à la bibliographie, cliquer ici.
De l’injure à la gloire
La 1ère exposition
eut lieu en 1874 à
Paris. Elle présenta
des œuvres d’Edgar
Degas, Paul Cézanne,
Renoir.
Aujourd’hui très appréciées par un large
public, les peintures impressionnistes furent
vivement critiquées au XIXe pour leur
modernité scandaleuse. IL fallut 30 ans pour ,
sinon les aimer, du moins les admettre.
Qu’avaient-elles de révolutionnaire ?
L’IMPRESSIONNISME est un mouvement de
peinture qui cherche à exprimer des
impressions fugitives par l’intermédiaire des
objets et de la lumière. Ils essaient donc de
reproduire leurs impressions personnelles
Auguste
Une des peintures de Claude Monet
porte
le
titre
d’Impression
soleil levant ; le journaliste L. Leroy la
critique et intitule son article avec
trait d’ironie: "L’exposition des
impressionnistes" ; il donne sans le
savoir son nom à ce type de peinture
qui entend peindre non selon les
canons classiques mais selon les
impressions du peintre.
Ce n’est qu’en 1886, date de la
dernière exposition impressionniste à
Paris et de la 1ère à New York que les
impressionnistes
atteignent
la
reconnaissance. Rapidement alors,
leur influence s’étend en Europe et en
Amérique du Nord.
Claude Monet
Il nait à Paris le 14 novembre 1840 et
meurt le 5 décembre 1926.Il peint des
paysages et portraits en plein air (comme
dans la forêt de Fontainebleau) selon les
techniques impressionnistes.
Ses œuvres :
● Le déjeuner sur l’herbe (1865)
● La liseuse (1871)
● Les nymphéas (1903)
Auguste Renoir
Il nait à Limoges le 25 février 1841 et
meurt le 3 décembre 1919.Peintre
impressionniste, Renoir est aussi graveur
et sculpteur. Il se lit avec Monet en 1862
et les deux travaillent souvent côte à côte.
Ses œuvres :
● Le déjeuner des canotiers (1882)
● La Grenouillère (1869) ● La lecture (1890)
2. prolifique : qui produit beaucoup
3. héréditaire : qui se transmet d’une génération à une autre
ARTS
Le scandale impressionnisme
Pourquoi les peintures impressionnistes firent-elles scandale ? En quoi sont-elles
« révolutionnaires », marquant ainsi le début de l’ère de l’ »Art Moderne » ?
La peinture classique
La peinture impressionniste
La jeune fille à la perle - l’huile sur toile (45x140cm)
Johannes Vermeer (vers 1665)
La Femme à l’ombrelle - l’huile sur toile (131x88cm)
Claude Monet (vers 1886)
Au XVIIe siècle, les peintres
A la fin du XIXe siècle, les peintres
cherchent à peindre les détails. Ils
impressionnistes travaillent sur des
dessinent nettement les contours
toiles
des visages, des paysages, des corps
permettent de peindre en plein air
et des objets. et utilisent la
et ainsi de saisir la lumière et
technique par contraste : le clair
l’instant éphémère. Ils appliquent
obscur. Ici, J. Vermeer joue sur le
la couleur en touches juxtaposées
contraste entre le fond noir et la
et renoncent aux contours. Ils
couleur claire de la peau.
utilisent des couleurs plus vives.
Ils obéissent à des canons de
Ils veulent peindre le monde réel,
beauté jugés universels.
tel
transportables
qu’ils
personnellement.
le
qui
leur
voient
ARTS
Le scandale impressionnisme ?
DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe
AU CŒUR DE LA POLEMIQUE
Analyse du document
Ce que l’on voit :
On peut observer un peintre,
le pinceau à la main, qui est
debout à côté d’un tableau
posé sur un chevalet ; on voit
aussi une chaise devant le
tableau.
Dans le tableau, on observe
une façade de maison avec
une porte et des fenêtres. Une
barrière sépare la façade de
son reflet dans l’eau, un peu
flou.
Une légende apparaît
dessous du dessin :
en
« LE “VRAI” PEINTRE
Peint des portes, de volets, des
fenêtres, des murs et tout ce
qui demande à être peint »
Interprétation de la caricature :
● Ce dessin se moque des
impressionnistes qui peignent
des extérieurs, ici, un vulgaire
devant de maison.
● La légende est ironique.
Elle nous dit que les
impressionnistes
sont
des
ouvriers de la peinture
(comme les peintres en
bâtiments) et non des artistes.
ARTS
Le scandale impressionnisme ??
Le critique A. Wolf critique la 2e exposition
impressionniste dans Le Figaro, le 3 avril 1876 :
« Dimanche 2- La rue Le Pelletier a du malheur. Après
l’incendie de l’Opéra, voici un nouveau désastre qui s’abat
sur le quartier. On vient d’ouvrir chez Durand Ruel une
exposition qu’on dit être de peinture. Le passant inoffensif,
attiré par les drapeaux qui décorent la façade, entre, et à ses
yeux épouvantés, s’offre un spectacle cruel. Cinq ou six
aliénés dont une femme, un groupe de malheureux atteints
de la folie de l’ambition, s’y sont donné rendez-vous pour
exposer leur œuvre.
Il y a des gens qui pouffent de rire devant ces choses. Moi,
j’en ai le cœur serré. Ces soi-disant artistes s’intitulent les
intransigeants, les impressionnistes ; ils prennent des toiles,
de la couleur et des brosses, jettent au hasard quelques tons
et signent le tout. C’est ainsi qu’à la ville Evrard des esprits
égarés1 ramassent les cailloux sur leur chemin et se figurent
qu’ils ont trouvé des diamants ; effroyable spectacle de la
vanité humaine s’égarant jusqu’à la démence. Faîtes donc
comprendre à M. Pissarro que les arbres ne sont pas violets,
que le ciel n’est pas d’un ton beurre frais, que dans aucun
pays on ne voit les choses qu’il peint et qu’aucune
intelligence ne peut adopter de pareils égarements ! Autant
perdre votre temps à vouloir faire comprendre à un fou, se
croyant le pape, qu’il habite les Batignolles et non le
Vatican ; (…) Essayez donc d’expliquer à M. Renoir que le
torse d’une femme n’est pas un amas de chairs en
décomposition avec des taches vertes violacées qui
dénotent l’état de complète putréfaction dans un cadavre ! »
Analyse du document
→ se rapportent aux artistes impressionnistes.
peintres
Arguments pour défendre sa position :
● Il leur reproche de ne pas avoir de technique :
« jettent au hasard quelques tons »
● Il dit qu’ils ne peignent pas la réalité, en particulier
qu’ils n’utilisent pas les bonnes couleurs.
1. égarés : fous, qui a perdu la raison.
2. putréfaction : décomposition, pourriture.
Impressionniste dans ses « Notes Parisiennes » d’avril 1877 : :
« […] Je crois qu'il faut entendre par des peintres
impressionnistes des peintres qui peignent la réalité et qui se
piquent de donner l'impression même de la nature, qu'ils
n'étudient pas dans ses détails, mais dans son ensemble.
Exemple pour illustrer l’idée de vision d’ensemble : il est
certain qu'à vingt pas on ne distingue nettement ni les yeux
ni le nez d'un personnage. Pour le rendre tel qu'on le voit, il
ne faut pas le peindre avec les rides de la peau, mais dans la
vie de son attitude, avec l'air vibrant qui l'entoure. (…)
Je veux dire qu'il y a de véritables peintres, des artistes doués
du plus grand mérite. Ce qu'ils ont de commun entre eux, je
l'ai dit, c'est une parenté de vision. Ils voient tous la nature
claire et gaie, sans le jus de bitume et de terre de Sienne des
peintres romantiques. Ils peignent le plein air, révolution
dont les conséquences seront immenses. Ils ont des
colorations blondes, une harmonie de tons extraordinaire,
une originalité d'aspect très grande. D'ailleurs, ils ont chacun
un tempérament1 très différent et très accentué. Je ne puis,
dans cette correspondance, leur accorder à chacun l'étude
qu'ils
mériteraient.
La
preuve
que
les
peintres
impressionnistes déterminent un mouvement, c'est que le
public tout en riant va voir en foule leur exposition. C'est un
succès pour qui connaît les choses. Non seulement les frais de
l'exposition seront couverts, mais il y aura peut-être des
bénéfices. Bon courage et bon succès aux peintres
impressionnistes !”
Analyse du document
Vocabulaire mélioratif : … .
→ se rapporte aux artistes impressionnistes.
Vocabulaire péjoratif : … .
Comparaison péjorative : …. .
Prise de position de l’auteur dans le débat :
A. Wolf attaque violemment les
impressionnistes et les compare à des fous.
Emile Zola fait le compte-rendu de l'Exposition
Prise de position de l’auteur dans le débat :
E Zola trouve que les peintres impressionnistes ont du
talent et les encourage.
Arguments pour défendre sa position :
● D’abord, Zola dit que de loin, peindre une vue
générale est plus réaliste que de peindre en détails.
●Ensuite, Zola dit que les impressionnistes sont des
artistes doués, avec chacun leur particularité.
● Enfin, il dit qu’ils ont changé l’histoire de la peinture
(« révolution ») en allant peindre dehors et plus en
atelier.
1. tempérament : caractère
ARTS
La Tour Eiffel, le monstre de
l'Exposition Universelle
Par Soleil Bonnet et Paulina Hernandez.
Pour accéder à la bibliographie, cliquez ici.
De l'Exposition au scandale
C'est à l'occasion de l'Exposition Universelle de
Paris, en 1889, que la fameuse tour de 324
mètres construite par Gustave Eiffel fait son
apparition au grand public. Si elle est
aujourd'hui appréciée de milliers touristes
chaque année et fait figure de symbole pour
Paris, son exposition a véritablement créée le
scandale à la fin du XIXème siècle.
La tour Eiffel fut construite au du XIXème siècle, siècle
d’inventions et découvertes, période appelée la
«révolution industrielle». Sa nouveauté repose sur son
design et les matériaux utilisés(fer puddlé).
En raison de l’exposition universelle de 1889, la France
décide de démontrer les techniques les plus avancées en
métallurgie qu’ils possèdent : l'exposition est pour le pays
accueillant, l’opportunité de démontrer son progrès et sa
supériorité technique sur les autres pays.
Elle a été construite par Gustave Eiffel, toute en fer,
pendant 2 ans 2 mois et 5 jours. Elle possède 4 pieds et
3 étages, elle est couleur bronze, et mesure 324 mètres
de haut. Elle se trouve dans le Champ de Mars a Paris.
Elle fut donc construite pour l’exposition universelle, qui
avait cette année-là pour thème la révolution française.
Elle commença le 6 mai 1889 et finit le 31 octobre 1889.
Pendant l’exposition beaucoup d’ autres inventions ont
été présentées : la machine à vapeur, la galerie des
machines, etc.
Durement critiquée avant et après son inauguration, on
disait qu'elle opacifiait l’art ancien des structures
parisiennes comme la cathédrale de Notre Dame de
Paris, l’Arc de Triomphe, le Sacré Cœur… elle était
trop « moderne » et faite de matériaux moins nobles que
la pierre.
Le 28 janvier 1887 une lettre de protestation signée par
une
cinquantaine
d'artistes
(écrivains,
peintres,
compositeurs, architectes, etc.) fut publiée dans le journal
«Le Temps» en critiquant la tour. Guy de Maupassant
(écrivain), Charles Gounod (compositeur), ou encore
Alexandre Dumas fils (écrivain) font partie des artistes
qui critiquèrent la tour.
Gustave Eiffel (1832-1923), est un ingénieur et
industriel français qui a participé à la construction de la
Tour Eiffel à Paris, de la Statue de la Liberté à New York,
du Canal de Suez et du Canal de Panama.
ARTS
La Tour Eiffel
Dimensions de la Tour Eiffel
Premier croquis du pylône de 300
mètres, devenu plus tard la Tour Eiffel,
réalisé par Maurice Koechlin.
On peut voir à droite la comparaison
faite avec la Statue de la Liberté réalisée
par Eiffel, et la Cathédrale de NotreDame.
ARTS
La Tour Eiffel
DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe
AU CŒUR DE LA POLEMIQUE
Le Temps, 14 février 1887
Analyse de l'image :
Gustave Eiffel est ici représenté avec une grosse tête
car il pensait que sa tour était un exploit beaucoup plus
extraordinaire que les pyramides « qui ne sont après
tout que des monticules artificiels. »
Dans la pyramide qu’il tient à son côté il y a une
inscription qui dit :« A la grandeur de l’œuvre, on
mesure la grandeur de l’homme. » Avec cette
inscription on se moque de Gustave Eiffel et de la
taille de sa tour.
On peut apercevoir, devant le sexe masculin de M.
Eiffel, l'image de la cathédrale de Notre Dame. Ceci est
une manière de montrer que Gustave Eiffel ne
respectait, ni n'admirait l’architecture classique.
Le message :
Le comique d'exagération utilisé ici, avec la
représentation d'Eiffel dans des proportions dépassant
ses propres œuvres, a pour but de se moquer de la Tour
Eiffel et de son auteur.
ARTS
La Tour Eiffel
Guy de Maupassant, La Vie errante, 1890.
« J’ai quitté Paris et même la France, parce que la tour
Eiffel
finissait
par
m’ennuyer
trop*.
Non seulement on la voyait de partout, mais on la
trouvait partout,[…], exposée à toutes les vitres,
cauchemar
inévitable
et
torturant.
[…]Comment tous les journaux vraiment ont-ils osé nous
parler d’architecture nouvelle à propos de cette carcasse
métallique [...]. Il a eu ce privilège à travers les siècles de
symboliser pour ainsi dire chaque époque, de résumer,
par un très petit nombre de monuments typiques, la
manière de penser, de sentir et de rêver d’une race et
d’une civilisation. Quelques temples et quelques églises,
quelques palais et quelques châteaux contiennent à peu
près toute l’histoire de l’art à travers le monde, […], toute
la
grâce
et
la
grandeur
d’une
époque.
Mais je me demande ce qu’on conclura de notre
génération si quelque prochaine émeute ne déboulonne
pas cette haute et maigre pyramide d’échelles de fer,
squelette disgracieux et géant, dont la base semble faite
pour porter un formidable monument de Cyclopes et qui
avorte en un ridicule et mince profil de cheminée
d’usine. »
Analyse du document
Vocabulaire péjoratif surligné en bleu ciel.
Prise de position de l’auteur dans le débat
Maupassant dit que la tour Eiffel est un monument
qui finit par ennuyer et devenir pénible.
Il dit qu’il l’a trouve partout, journaux, affiches. Elle
est tellement présente dans sa vie qu’il arrive à
penser que la tour le poursuit, parce qu'à cause de
sa hauteur, il est impossible de ne point la voir.
Arguments pour défendre sa position :
Il dit que les générations sont souvent représentées
par leurs monuments et leur grâce, mais que cette
génération sera vue comme ridicule et indigne à
cause de la tour Eiffel qui est trop moderne et
s’oppose aux structures classiques.
Finalement il critique la modernité de la tour qui la
fait ressembler à une usine, à cause de sa forme
innovatrice ainsi que les matériaux utilisés.
Edmond et Jules de Goncourt, Journal, 2 juillet 1889.
« Ce soir, dîner sur la plate-forme de la tour Eiffel, avec les
Charpentier, les Hermant, les Zola, les Dayot. La montée en
ascenseur : la sensation d’un bâtiment qui prend la mer […]. Làhaut, la perception bien au-delà de sa pensée au ras de terre, de la
grandeur, de l’étendue, de l’immensité babylonienne de Paris, et
sous le soleil couchant, et parmi les grandes lignes planes de
l’horizon, de la colline de Montmartre prenant au crépuscule
l’aspect d’une grande ruine qu’on aurait illuminée. Un dîner un
peu rêveur… puis l’impression toute particulière de la descente à
pied, l’impression de la descente sur ces échelons à jour dans la
nuit, avec des semblants de plongeons, ça et là, dans l’espace
illimité, et où il vous semble qu’on est fourmi. »
Analyse du document
Vocabulaire mélioratif surligné en gris clair.
Prise de position des auteurs dans le débat :
Dans le texte, on voit que les frères Goncourt racontent
leur séjour à Paris, ils semblent particulièrement attirés
par la tour Eiffel.
Ils commentent qu’un soir, ils sont allés manger sur la
plate-forme de la tour Eiffel. La montée en ascenseur
est décrite comme quelque chose de majestueux et qui
les fait penser à la mer.
Arguments pour défendre leur position :
L'argumentation des frères Goncourt est ici plutôt une
éloge très poétique à la Tour Eiffel.
Elle est ici comparée à la Tour de Babel, majestueuse et
permettant à l'auteur de relativiser son existence, de se
sentir tout petit. La Tour Eiffel prend donc ici un aspect
universel, dépassant toutes les dimensions, touchant
presque l'espace.
LITTERATURE
Victor Hugo :
la bataille d’Hernani
par Diego Espinosa, Nathalie
Montcharmont et Luis Demay
Pour accéder à la bibliographie, cliquer ici.
La bataille d’Hernani
La première d’Hernani
Le 25 février 1830 se déroule à Paris la plus
fameuse bataille jamais livrée par des hommes
de plume et des artistes. Elle reste connue sous
le nom de « bataille d’Hernani », du nom d’une
pièce de Victor Hugo qu’on jouait ce soir-là.
Le ROMANTISME est un
La 1 représentation
mouvement littéraire de la 1ère
moitié du XIXe siècle qui prône
eu lieu à la Comédie
l’expression des sentiments et
Française et fut très
l’abolition des règles classiques.
agitée ; elle se déroula
au milieu des chahuts1
entre les « classiques » et les
romantiques venus défendre leur
Il nait le 26 février 1802 à
champion. La polémique2 qui suivit
Besançon et meurt le 22 mai
prit le nom de « Bataille d’Hernani ».
ère
Victor Hugo :
Pourquoi ce scandale ?
Les « classiques » reprochaient à Hugo
de ne pas respecter les règles
observées depuis le XVIIe siècle pour
écrire « une bonne pièce de théâtre ».
En particulier, Hugo ne respectait pas
les différences entre le genre tragique
et le genre comique. Un nouveau
genre théâtral venait de naître : le
drame romantique.
Les reprises de la pièce :
La pièce fut censurée sous l’Empire. Il
fallut attendre 1977, avec Sarah
Bernhardt, pour redécouvrir la pièce.
1885à Paris. Engagé dans
la vie politique, il soutient
la candidature de LouisNapoléon Bonaparte en 1848
avant de s’opposer lui, le considérant comme un
tyran. Il doit s’exiler après le coup d’état.
Poète, dramaturge et romancier, il est considéré
comme le chef de file du romantisme dont il définit
les canons3 dans « La préface de Cromwell ». Très
controversé4 au début de sa carrière, il meurt très
reconnu et est enterré au Panthéon français.
1. chahut : tapage, agitation 2. polémique : débat avec de vives critiques
3. les canons : une controverse, un débat avec de vives critiques
4. controversé : contesté, objet d’un débat
LITTERATURE
Victor Hugo : la bataille d’Hernani
Quelques autres œuvres célèbres de Hugo :
● romans : Notre-Dame de Paris (1831), Les
Misérables (1862).
● poésie : Les Feuilles d'automne (1831), Les
Contemplations (1856).
● théâtre : Ruy Blas (1838)
Voici le résumé de pièce de V. Hugo qui
déclencha la fameuse bataille et consacra le
genre romantique :
HERNANI, 1830
L'action se situe en Espagne au moment de l'accession à l'empire
du roi Don Carlos qui deviendra Charles Quint. Hernani est un
jeune noble proscrit par le roi et en lutte contre lui. Il est
amoureux et aimé de Doña Sol, pupille et fiancée du vieux duc
Don Ruy Gomez. Le duc et Hernani complotent contre le roi
mais celui-ci en est averti. Néanmoins, le roi Carlos choisit la
clémence et unit Hernani, en réalité grand d’Espagne, à la femme
qu’il aime. Mais Don Ruy rappelle à Hernani son ancienne
promesse et celui s’empoisonne. Doña Sol suit son amant dans la
mort.
« Les Romains échevelés à la première représentation d'Hernani »,
gravure de Grandville (1836)
Règle 1 :
un seul lieu
Règle 2 : DURée
maximum de
l’action : 24h
Règle 3 :
unE seulE INTRIGUE
L’action d’Hernani se
déroule dans 3 lieux
différents.
« La pensée est une terre vierge et
féconde dont les productions veulent
croître librement, et, pour ainsi dire,
au hasard, sans se classer. » V. Hugo,
préface de 1826 aux Odes et ballades.
L’action d’Hernani se déroule
sur plusieurs mois.
L’action d’Hernani mélange une
intrigue sentimentale (histoire
d’amour) et une intrigue politique
(complot).
LITTERATURE
Victor Hugo : la bataille d’Hernani
DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe
AU CŒUR DE LA POLEMIQUE
V. Hugo caricaturé par Benjamin Roubaud en 1842,
détail du « Grand chemin de la postérité »
V. Hugo caricaturé par Amand Vaché en 1876
Cette caricature montre Victor Hugo chevauchant un
monstre mi-cheval, mi-dragon ; il tient dans sa main une
bannière1 où est inscrit un slogan : « Le laid ? c'est le beau » ;
de nombreuses personnes hirsutes2 le suivent en cortège.
Victor Hugo apparaît ici comme un leader suivi par ses
fidèles. Au dessus, une personne est couchée sur un nuage en
train de donner sa bénédiction.
La caricature de Benjamin Roubaud montre ici Victor Hugo
en chef de file des Romantiques. Il entraîne derrière lui son
cortège de fidèles où l'on reconnaît les auteurs romantiques,
Théophile Gautier, Eugène Sue (accroché au mât), Alexandre
«
Cette caricature montre Victor Hugo élégamment assis dans
un fauteuil, une grande plume à la main, entouré de livres,
et avec, au dessus de sa tête, une étoile.
Dumas, Honoré Balzac, Alfred de Vigny comme pour
La caricature d’Amand Vaché représente Victor Hugo dans
quelque croisade fabuleuse. Les romantiques apparaissent ici
son métier d’écrivain, d’où la grande plume d’oie. Il est
comme les défenseurs du mauvais goût puisque sur la
entouré de livres, cela veut dire que c’est un écrivain
bannière est inscrit : « Le laid c'est le beau ». Le cortège est
prolifique1. L’étoile au-dessus de la tête symbolise le génie.
béni par le poète Alphonse de Lamartine.
Amand Vaché a mis à gauche de la veste de Victor Hugo la
Cette caricature critique le romantisme et met en évidence le
rosette d’officier de la Légion d’honneur.
reproche qu’on lui faisait le plus fréquemment : la défense du
Cette caricature est un éloge de Victor Hugo qui le présente
mauvais goût.
comme un grand écrivain du 19e siècle reconnu.
1. bannière : étendard, drapeau.
2. hirsute : les cheveux dans
tous les sens, négligés, d’où : apparence peu aimable.
1. prolifique : qui produit beaucoup.
LITTERATURE
Victor Hugo : la bataille d’Hernani ?
J. P. Guillaume Viennet (1777-1868), député et pair de
France attaque V. Hugo :
« Si, dans le temps où le goût régnait, on eût présenté au
parterre ce tissu d’invraisemblances, de niaiseries,
d’absurdités, les sifflets de Paris auraient fait un beau
tapage. Mais aujourd’hui c’est autre chose. Racine et
Voltaire sont bafoués, et voilà ce qu’une faction littéraire
prétend substituer à Athalie1 et à Mérope2.Voilà ce qu’on
nous prônait depuis un an, voilà ce qu’on applaudit à tout
rompre. Les gens de l’ancien régime poétique ont eu beau
protester par des murmures, des sifflets, des exclamations,
le lien était en force et l’auteur a été proclamé.
Ce n’était rien que le sujet! C’est le style et les vers qu’il
fallait entendre! Victor Hugo ne dit rien comme un autre. Il
lui passe quelquefois de grandes pensées: mais il les rend, à
dessein, d’une manière si ridicule que le rire étouffe
immédiatement l’admiration. Dès que le sublime se montre,
la trivialité de l’expression le fait disparaître. Je ne veux
rien citer. L’imprimerie assure la perpétuité de cette
immense rhapsodie4, mais la postérité française sera bien
étonnée qu’on fait dire tant de pauvretés à notre belle
langue et qu’une de nos générations ait pris cela pour un
chef-d’œuvre. »
Analyse du document
Vocabulaire péjoratif : ……
Marques d’ironie :……
→ se rapportent aux œuvres théâtrales de V. Hugo.
V. Pavie (1808-1886) raconte la première représentation
d’Hernani, la pièce de son ami V. Hugo :
« Je craignais quelque peu pour le premier acte, et
maintenant, une fois la toile baissée sur lui, au milieu des
bravos, mon violent serrement de cœur se détendit, et je me
dis : << Nous avons gagné. >> Le second acte, j’en étais sûr. Il
ronfle comme un tuyau d’orgue. Au troisième acte,
opposition de rigueur, et un sifflet à la plus belle scène, mais
englouti à cent pieds dans la mer, sous des algues de bravos
conjurés. Mon front ruisselait de sueur et mes vêtements
étaient trempés comme ceux d’un naufragé. Le quatrième
acte n’était pas une scène de ce monde; c’était plutôt une
scène d’ombres jouée sur des tombeaux. Le monologue de
Charles Quint atterra toute la salle. Ce n’était plus des
acclamations, c’était un brasier de oh! comprimés et sourds.
Ce quatrième acte est la réverbération la plus puissante du
génie d’Hugo. Un tonnerre d’applaudissements l’accueillit au
baisser du rideau. Il n’y avait que l’entraînement de la
passion qui pût produire quelque chose après le grandiose
concentré du quatrième acte, et, de toute manière, cet effet
dépassa l’attente. Le son du cor fut un navrement universel
pour les quatre points de la salle; et quand doña Sol fut
retombée sur le corps d’Hernani, son fiancée, que la toile fut
tombée pour toujours avec eux, un seul cri d’enthousiasme
effréné partit de l’enceinte, jusqu’à ce que Firmin eût amené
l’auteur de ce monumental et décisif chef-d’œuvre. Tout le
monde se leva et personne ne sortit. Jamais de notre vie de
jeunes hommes, succès pareil n’avait eu lieu. »
Analyse du document
Prise de position de l’auteur dans le débat
Il critique très durement Victor Hugo et trouve son
théâtre ridicule.
Vocabulaire mélioratif : ……
→ se rapporte aux réactions des spectateurs et à
l’admiration de l’auteur pour son ami Hugo.
Arguments pour défendre sa position :
● Il prend partie pour la manière classique d’écrire
(Racine, Voltaire) contre celle nouvelle des
romantiques.
● Il utilise l’invective3 en disant que le théâtre
d’Hugo est ridicule et ne peut attirer que la
moquerie. Il est persuadé qu’Hugo sera oublié dans le
futur.
Prise de position de l’auteur dans le débat
Il admire Hugo et la pièce de théâtre Hernani. Il
transmet son admiration en utilisant des hyperboles2.
1. Athalie : tragédie de Racine
2. Mérope : tragédie de
Voltaire
3. invective : parole agressive et injurieuse
Arguments pour défendre sa position :
● Il décrit l’enthousiasme des spectateurs pendant la 1 ère
représentation.
● Il raconte comment les spectateurs vibrent aux
malheurs des personnages et regardent le spectacle avec
des émotions fortes.
1. grotesque : ridicule, extravagant
2. Hyperboles : exagérations
LITTERATURE
.:
1857 : Charles Baudelaire et
Gustave Flaubert mis en procès
par Camila Palomo, Patrick Fasterling
et Raphaël Sebastian
Pour accéder à la bibliographie, cliquer ici.
"Offense à la morale publique"
La justice impériale
poursuit en procès
les deux œuvres
pour « offenses à la
morale publique »
et à la religion ».
Napoléon III et son
Ministre de l’Intérieur
sont les maîtres
censeurs du XIXe » :
ils décident si une
œuvre peut paraître.
En effet, les deux auteurs défendent
chacun à leur manière l’idée que l’art et
la beauté sont indépendants de la
morale. Leurs œuvres ne cherchent pas
En 1857 paraissent deux œuvres majeures de la
littérature française : le recueil de poèmes de
C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, et le roman
de G. Flaubert, Madame Bovary. Leur parution
est aussitôt suivi d’un scandale et d’un procès.
Charles Baudelaire :
Il nait le 9 avril 1821 à Paris et y meurt le
31 août 1867. Son père meurt alors qu’il
n’a que 6 ans et l’année suivante, sa mère se
remarie avec le général Aupick qui représente
tout ce que Charles n’aime pas : l’autorité et
la discipline. Figure du poète maudit et torturé, Charles Baudelaire
meurt à l’âge de 46 ans à cause de la syphilis, l’abus d’alcool et
d’autres drogues.
Son œuvre :
• Les Fleurs du mal (1857)
• Le spleen de Paris (1869)
à dire ce qu’il est bien ou mal de penser
ou de faire mais d’aborder tous les
sujets, même tabous1 (les drogues,
l’adultère, l’homosexualité…) et de
montrer la vérité humaine, même laide.
Les verdicts :
Baudelaire
et
ses
éditeurs
sont
condamnés à payer une amende (300 F
pour l'écrivain), et sont privés de leurs
droits
civiques2.
6
poèmes
sont
censurés. Flaubert est acquitté3 et
Madame Bovary est publiée quelques
mois après la fin du procès.
Gustave Flaubert :
Il nait en décembre 1821 à Rouen et meurt en
mai 1880 d’une hémorragie cérébrale, laissant
inachevé son roman Boulevard et Pécuchet.
Fils d’un chirurgien en chef, il renonce en 1844
à ses études de droits à cause d’une maladie
nerveuse. Il se réfugie dans l’écriture et mène
une vie assez solitaire dans un village de campagne. Il séjourne
cependant régulièrement à Paris où il rejoint la poétesse Louise Colet.
Son œuvre :
• Madame Bovary (1857)
• La tentation de St Antoine
• Salammbô (1862)
(1874)
• L’éducation sentimentale (1869)
• Trois contes (1877)
1. tabous : dont on ne doit pas parler.
2. « privés de leurs droits civiques » : privés de leur droit de vote
3. acquittés : jugés innocents du chef d’inculpation.
LITTERATURE
1857 : Charles Baudelaire et Gustave Flaubert mis en procès
Voici un résumé de ces deux œuvres célèbres désormais classiques accompagné d’un des
extraits « choquants » selon le contrôle moral exercé par la censure :
« Elle était donc couchée et se
[laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait
[d’aise
À mon amour profond et doux
[comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers
[sa falaise. »
Extrait de « Les bijoux », poème
condamné par la censure impériale
à être retirée du recueil.
Les Fleurs du Mal, 1857
La structure du recueil : les Fleurs du mal se composent
de six sections et d'un poème initial, "Au Lecteur" :
● Spleen et Idéal montre la déchirure du poète entre un
désir d’"Idéal" et la réalité du "Spleen", forme d’angoisse.
● Tableaux Parisiens sont une description de Paris qui
reflète l’état intérieur malheureux du poète.
● Le vin constitue le premier paradis artificiel1.
● Fleurs du mal est le second paradis, celui de la luxure,
le vice et les amours interdits (homosexualité
féminine).●
● Révolte renvoie à un monde où l’on célèbre l'alliance
avec Satan (prince des déchus).
● La mort apparaît comme le dernier espoir ;
1. paradis artificiel : état provoqué par les drogues.
« Elle se répétait: j'ai un amant!
un amant! se délectant à cette
idée comme à celle d'une autre
puberté qui lui serait survenue.
Elle allait donc enfin posséder ces
plaisirs de l'amour, cette fièvre de
bonheur dont elle avait
désespéré. Elle entrait dans
quelque chose de merveilleux, où
tout serait passion, extase,
délire ».
« Madame Bovary glorifie
l'adultère », estime Ernest Pinard,
l’avocat impérial au procès.
Madame Bovary, 1857
Fille d'un riche fermier, Emma Rouault épouse Charles
Bovary, médecin de campagne doux mais médiocre.
Or, Emma aspire à vivre dans le monde de rêve dont
parlent les romans à l'eau de rose qu'elle a lu au
couvent.
Bientôt Emma cède aux avances de Rodolphe. Elle
veut s'enfuir avec lui qui, lâche, l'abandonne. Emma
croit en mourir, traverse d'abord une crise de
mysticisme. Plus tard, elle revoit Léon, revenu de
Paris. Elle devient très vite sa maîtresse,. Installée dans
sa liaison, Emma Bovary invente des mensonges pour
revoir Léon et dépense des sommes importantes, qu'elle
emprunte à un marchand trop complaisant1, Heureux.
Un jour, celui-ci exige d'être remboursé. Emma tente
d'emprunter auprès de Léon, puis de Rodolphe. Tous
deux la repoussent, et Emma s'empoisonne avec l'arsenic
dérobé chez le pharmacien.
1. complaisant : indulgent, disposé à plaire.
LITTERATURE
1857 : Charles Baudelaire et Gustave Flaubert mis en procès?
DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe
AU CŒUR DE LA POLEMIQUE
CHARLES
BAUDELAIRE
Le journaliste G. Bourdin déclenche le procès des Fleurs
du Mal par cet article paru dans Le Figaro le 5 juillet 1857
Le photographe Nadar justifie Les Fleurs du mal dans
Le Moniteur Universel le 14 juillet 1857
« Il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M.
Baudelaire, il y en a où l'on n'en doute plus - c'est, la
plupart du temps, la répétition monotone des mêmes
mots, des mêmes pensées -. L'odieux y coudoie1 l'ignoble,
le repoussant s'y allie à l'infect 2. (...) Jamais on n'assista à
une semblable revue de démons, de fœtus, de diables, de
chloroses3, de chats et de vermines4 (Ce livre est un
hôpital ouvert à toutes les démences5 de l'esprit, à toutes
les putridités6 du cœur). Si l'on comprend qu'à vingt ans,
l'imagination d'un poète puisse se laisser entraîner à de
semblables sujets, rien ne peut justifier d'un homme de
plus de trente, d'avoir donné la publicité du livre à de
semblables monstruosités. »
« (…) Je cherche à rendre l’impression du livre, je tâche
d’être compris plutôt que je n’explique ma pensée. Le
feuilleton parle pour tout le monde. Un livre comme Les
Fleurs du mal ne s’adresse pas à tous ceux qui lisent le
feuilleton. En donnerai-je une idée plus précise ? En
rattacherai-je la forme au souvenir de quelque forme
littéraire ? (…) Le poète ne se réjouit pas devant le spectacle
du mal. Il regarde le vice(1) en face, mais comme un ennemi
qu’il connaît bien et qu’il affronte. (…) Il a écrit la vérité
dernière. Il ne s’est pas menti à lui-même. Il n’a menti à
personne. Les fleurs du mal ont un parfum vertigineux. Il les
a respirées, il ne calomnie2 pas ses souvenirs. Il aime son
ivresse en se la rappelant, mais son ivresse est triste à faire
peur. Il n’accuse pas autrement, il ne se plaint pas autrement,
il est triste. Une lumière manque à son livre pour l’éclairer,
une sorte de fable pour en déterminer le sens. (…) Les Fleurs
du mal, un chef-d’œuvre de réalité sauvage, un livre du plus
grand style et d’une férocité magistrale, on le fait (quand on
peut le faire), on ne le recommence plus.»
Analyse du document
Vocabulaire péjoratif : « monotone », « odieux »,
« ignoble », « repoussant », « infect », « démons »,
« diables »,
« chloroses »,
« vermines »,
« démences », « putridités », « monstruosités »
→ se rapportent au contenu des Fleurs du mal.
Prise de position des l’auteur dans le débat
Il critique Les Fleurs du mal et leur auteur avec une
grande violence.
Arguments pour défendre sa position :
● Il dit que le livre est ennuyant car les mêmes
thèmes et le même vocabulaire reviennent d’un
poème à l’autre.
● Il dit que le contenu de l’œuvre est laid.
● Il attaque la personne de Baudelaire en insinuant
que Baudelaire est fou : « on doute de l’état mental
de M. Baudelaire ». Il insinue aussi qu’il est possédé
(présence incessante du vocabulaire du diabolique).
1. coudoyer : être côte à côte
2. infect : qui dégoûte
3. chlorose : maladie du sang
4. vermine : parasites
5. démence : folie
6. putridité : caractère de
[ ce qui pourrit
Analyse du document
Vocabulaire
mélioratif
:
« vérité »,
« parfum
vertigineux », « un chef-d’œuvre », « grand style »,
« magistrale ».
→ se rapportent aux Fleur du mal.
Prise de position de l’auteur dans le débat :
Nadar admire les Fleurs du mal pour la vérité qu’on y
trouve.
Arguments pour défendre sa position :
● Le poète est un homme courageux car il est honnête
avec lui-même : « il regarde le vice en face ».
● La tristesse que l’on trouve dans le recueil est
envoûtante car vraie : « il aime son ivresse en se la
rappelant mais son ivresse est triste à faire peur ».
● Le recueil des Fleurs du mal plaît donc pour sa
tristesse même, sa « réalité sauvage ».
1. vice : disposition naturelle à faire le mal.
2. calomnie : fausse accusation qui blesse la réputation,
LITTERATURE
1857 : Charles Baudelaire et Gustave Flaubert mis en procès?
GUSTAVE
FLAUBERT
Armand de Pontmartin critique Madame Bovary
dans Le correspondant paru le 25 juin 1857
E. Faguet commente G. Flaubert dans son livre
Flaubert paru en 1899 :
« Madame Bovary, c'est l'exaltation maladive des sens et de
l'imagination dans la démocratie mécontente. (…)
Auguste Émile Faguet (1847« Mme Bovary, l’immor1916) est un écrivain et
telle Mme Bovary, aussi
critique littéraire français. Il
immortelle que l’immortel
écrivit
de
nombreux
Homais, est le plus complet
ouvrages qui ont formé des
portrait de femme que je
générations d’étudiants.
connaisse dans toute la
littérature, y compris Shakespeare, y compris Blazac. Pour
elle Flaubert ne s’est pas contenté de nous suggérer sa
biographie ; il a fait sa biographie toute entière,
minutieusement, patiemment, année par année, quelquefois
jour par jour (…). C’est la vie entière d’une âme qui se
déroule sous nos yeux, avec la logique immanente1 qui
préside aux démarches d’une âme humaine. (…)
Placez une femme, une fille de fermier, (…), vulgaire avec
de faux instincts d'élégance, disposée par une éducation
incomplète à toutes les fâcheuses influences d'un idéal
bâtard, d'un roman frelaté1 et d'un mysticisme2 de bas
étage, mariée à un homme besogneux et borné qui lui
donne les semblants du bien-être sans lui en assurer les
douceurs ; (…) se débattant dans le contraste de la petitesse
de ses joies avec l'immensité de ses songes, et y persistant
jusqu'au désespoir, jusqu'à la ruine, jusqu'au crime, jusqu'au
suicide ; vous aurez Madame Bovary.
C'était là le sujet, et, (…) nous pensions que l'idée d'une
grande leçon s'était jointe chez M. Flaubert à la manie de
tout peindre, et avait pu faire pardonner, ou du moins
acquitter quelques peintures excessives. Mais non, cela n'est
pas et ne pouvait pas être. Ce système tout impersonnel
qu'on a salué chez l'auteur de Madame Bovary lui
interdisait de prendre parti pour ce qui aurait pu protéger
et sauver son héroïne contre ce qui la déprave et la perd.
Cet égalitarisme sans bornes s'oppose à toute manifestation,
à toute préférence religieuse ou morale de la conscience ou
du cœur, de même qu’il assigne exactement la même valeur
aux objets inanimés, voire aux choses immondes et
grossières, qu'à la figure de l'homme et aux sentiments
humains. Aussi l'idée d'une leçon, même incomplète, chez
les écrivains de cette école3, est inadmissible. »
Analyse du document
Quand à la moralité de l’œuvre, je n’en dirai rien du tout.
Madame Bovary peut être funeste ou salutaire. (…) Si l’on
veut, en reprenant le mot célèbre qui n’est pas juste du tout,
ce livre est moral comme l’expérience. Seulement
l’expérience n’est pas morale. Elle n’est pas immorale non
plus. (…) Elle enseigne un entre-deux, qui est fait de
prudence et de soin d’éviter l’excès en toutes choses, en bien
comme en mal. Elle enseigne l’ordre, la régularité, la
probité2, l’exactitude et la prévoyance. Tout livre réaliste, par
définition, s’il est bien fait, enseignera cela et n’enseignera
pas autre chose. Madame Bovary est un livre réaliste très bien
fait. »
»
Analyse du document
Vocabulaire péjoratif : ….
→ se rapportent au personnage d’Emma et à la
manière d’écrire le roman.
Prise de position de l’auteur dans le débat :
Armand de Pontmartin ne comprend pas le succès de
Madame Bovary qu’il critique.
Vocabulaire mélioratif : « immortelle », « le plus .
complet », « l’expérience », « l’ordre », « la régularité »,
« la probité », « l’exactitude », « prévoyance », « très bien
fait »
→ se rapportent au personnage d’Emma et au roman.
Prise de position de l’auteur dans le débat :
Emile Faguet considère que Madame Bovary est un
chef-d’œuvre du réalisme.
Arguments pour défendre sa position :
● Il dit que les personnages du livre sont médiocres.
● Il critique l’abondance des descriptions (« la manie
de tout peindre ») et l’objectivité avec laquelle les
auteurs réalistes font le récit : « ce système tout
impersonnel »,
« l’idée
d’une
leçon…
est
inadmissible ».
Arguments pour défendre sa position :
● Il dit que le portrait d’Emma est le meilleur jamais fait
par un écrivain (cf. les superlatifs).
● Il dit que Madame Bovary n’est pas un roman
immoral mais un roman montrant la réalité. Donc,
comme l’expérience, il sert d’exemple pour penser avant
d’agir et faire le bon choix.
1. frelaté : falsifié, factice 2. mysticisme : exaltation religieuse
2 les écrivains de cette école : les écrivains du mouvement réaliste
1. immanent : qui existe à l’intérieur même des êtres.
2. probité : honnêteté, intégrité
LITTERATURE
Les romans d’Emile Zola :
romans immoraux ?
par Claude Constant et Ollin Bardies
Pour accéder à la bibliographie, cliquer ici.
Le naturalisme d’Emile Zola
Emile Zola regroupe
une vingtaine de
romans sous le titre
général Les Rougon-
Macquart.
Le NATURALISME est un
mouvement littéraire né vers
1860. Il cherche à décrire la
réalité telle qu’elle est sans
l’embellir et s’inspire des sciences.
Emile Zola prend pour modèle les
sciences et la médecine expérimentale
de son époque : il cherche à montrer,
à travers les personnages d’une même
famille, que la vie d’un homme est
influencée, déterminée par le milieu
où il naît et les défauts héréditaires de
sa famille comme l’alcoolisme. Ainsi,
E. Zola prend un an pour fabriquer
l’arbre généalogique de la famille des
Rougon-Macquart.
Il s’intéresse. aux classes sociales
pauvres et n’hésite pas à montrer la
misère sociale ou sentimentale sans
l’embellir. Son objectif n’est pas de
créer du beau mais de montrer la
réalité. Ainsi, il passe beaucoup de
temps à se documenter.
Emile Zola est aujourd’hui l’un des écrivains
français les plus populaires, traduit et lu dans
le monde entier. Mais en 1876, lorsqu’il fait
paraître L’Assommoir, Emile Zola est au cœur
de toutes les polémiques 1. POURQUOI ?
Emile Zola :
Il nait le 2 avril 1840 à
Paris et meurt le 29 sept.
1902. Journaliste engagé
dans la vie politique de
l’époque (il prend la défense
d’Alfred Dreyfus), il est
également un journaliste littéraire et un écrivain
prolifique2. Il écrit de nombreux romans dont la
grande fresque romanesque des Rougon-Macquart.
Il est considéré comme le chef de fil du mouvement
naturaliste.
Ses romans sont devenus très populaires et ont connu
de très nombreuses adaptations au cinéma et à la
télévision.
1. une polémique : une controverse, un débat avec de vives critiques
2. prolifique : qui produit beaucoup
3. héréditaire : qui se transmet d’une génération à une autre
LITTERATURE
Les romans d’Emile Zola : romans immoraux ?
Voici le résumé de deux célèbres romans d’Emile Zola. Chacun montre la condition
misérable de la classe ouvrière et l’influence du milieu sur l’avenir des personnages.
L’ASSOMMOIR, 1877
L’héroïne de l’histoire s’appelle Gervaise ; elle est une blanchisseuse qui
attend en vain le retour de son mari, Auguste Lantier, un ouvrier tanneur
qui l’a abandonnée avec ses deux enfants pour fuir avec une amante.
Finalement, Gervaise accepte d'épouser Coupeau, un ouvrier avec qui
elle a une fille, Anna Coupeau. Gervaise et son mari travaillent dur et
commencent à réussir mais un jour, Coupeau tombe d’un toit qu’il
réparait. A partir de ce moment-là, il ne veut plus travailler et commence
à boire. Ses dettes augmentent ; il meurt misérablement à l’hôpital
Sainte-Anne d’une crise de délire et Gervaise finit par mourir de faim et
de misère.
GERMINAL, 1885
Le héros de l’histoire se nomme Etienne Lantier. Il est mécanicien
mais s’est fait licencier de son travail.
Il va alors travailler dans une mine du nord de la France, aux mines
de Montsou, où découvre les horribles conditions de travail.
Etienne pousse les mineurs à se mettre une grève lorsque la
Compagnie décrète une baisse des salaires. La grève est très dure,
les soldats tirent sur les ouvriers affamés pour rétablir l’ordre. Le
travail reprend mais un jour, un ouvrier anarchiste appelé
Souvarine sabote la mine et Etienne reste bloqué. Etienne réussit à
sortir grâce aux sauveteurs mais Catherine, la femme qu’il aime,
meurt.
Il quitte l’enfer des mines et revient vivre à Paris.
Emile zola cherche a nous montre la situation de mines dans le
XIX siècle
LITTERATURE
Les romans d’Emile Zola : romans immoraux ??
DECRYPTER LA PRESSE DU XIXe
AU CŒUR DE LA POLEMIQUE
E. Zola caricaturé par Gill dans L’Eclipse, 1880
E. Zola caricaturé dans La Petite Lune en avril 1879
Cette caricature de Gill représente Zola dans son travail
d’écrivain : il est assis sur des livres, un encrier à côté de
Cette caricature représente aussi Zola dans son travail
lui. Il est muni d’une loupe et de pincettes pour observer
d’écrivain : il a une plume dans un encrier derrière lui.
le derrière d’une personne habillée en bourgeois.
Elle montre Emile Zola qui essaie de faire tomber une
Cette caricature fait référence au naturalisme d’Emile
personne qu’on ne voit pas car elle est debout sur un
Zola qui considère que l’écrivain est un observateur et
piédestal ; on peut l’identifier grâce au nom écrit sur le
met dans ses livres ce qu’il voit. Or, ici, Zola regarde le
piédestal : c’est V. Hugo, le chef de fil du mouvement
derrière des gens ! C’est donc une manière de dire
romantique, le mouvement de la 1ère moitié du XIXe.
qu’Emile Zola s’occupe des « mauvaises odeurs », des
sujets honteux, de ceux qu’on devrait cacher.
Il s’agit d’une critique du naturalisme.
Cela représente donc l’ambition d’Emile Zola qui entend
abattre le romantisme, symbolisé ici par la statue de son chef
de fil, Victor Hugo, pour laisser place au naturalisme.
LITTERATURE
Les romans d’Emile Zola : romans immoraux ??
P. Bonnetain, J-H Rosny, L. Descaves, P. Margueritte, G.
Guiches attaquent Zola dans le Manifeste des cinq,
paru dans Le Figaro en 1887 :
« On l'avait vu si fort, si superbement entêté, si crâne, que
notre génération, malade presque tout entière de la volonté,
ne l'avait aimé rien que pour cette force, cette
persévérance, cette crânerie. Même les pairs, même les
précurseurs, les maîtres originaux, qui avaient préparé de
longue main la bataille prenaient patience en
reconnaissance des services passés. […]
E. Zola répond à ses détracteurs dans la préface de
L’Assommoir, parue en 1977 :
« Je ne me défends pas, d'ailleurs. Mon œuvre me défendra.
C'est une œuvre de vérité, le premier roman sur le peuple,
qui ne mente pas et qui ait l'odeur du peuple. Et il ne faut
point conclure que le peuple tout entier est mauvais, car mes
personnages ne sont pas mauvais, ils ne sont qu'ignorants et
gâtés par le milieu de rude besogne et de misère où ils vivent.
La Terre a paru. La déception a été profonde et
Seulement, il faudrait lire mes romans, les comprendre, voir
douloureuse. Non seulement l'observation est superficielle,
les trucs démodés, la narration commune et dépourvue de
caractéristiques, mais la note ordurière est exacerbée1
encore, descendue à des saletés si basses que, par instants,
on se croirait devant un recueil de scatologie:2 le Maître est
descendu au fond de l'immondice3. […]
nettement leur ensemble, avant de porter les jugements tout
Il est nécessaire que, de toute la force de notre jeunesse
laborieuse, de toute la loyauté de notre conscience
artistique, nous adoptions une tenue et une dignité en face
d'une littérature sans noblesse, que nous protestions au
nom de notre amour profond, de notre suprême respect
pour l'art. »
est un digne bourgeois, un homme d'étude et d'art, vivant
faits, grotesques1 et odieux, qui circulent sur ma personne et
sur mes œuvres. Ah ! Si l'on savait combien mes amis
s'égayent de la légende stupéfiante dont on amuse la foule ! Si
l'on savait combien le buveur de sang, le romancier féroce,
sagement dans son coin, et dont l'unique ambition est de
laisser une œuvre aussi large et aussi vivante qu'il pourra ! Je
ne démens aucun conte, je travaille, je m'en remets au temps
et à la bonne foi publique pour me découvrir enfin sous
l'amas des sottises entassées. »
Analyse du document
Analyse du document
Vocabulaire
péjoratif :
« entêté »,
« crâne »,
« déception »,
« superficielle »,
« démodés »,
« commune », « ordurière », « saletés si basses »,
« scatologie », « immondice », « sans noblesse »
→ se rapportent à Zola et à son œuvre.
Vocabulaire mélioratif : « vérité », « digne », « homme
d’études », « art », « bonne foi », « sagement »
→ se rapportent à Hugo et à son œuvre.
Vocabulaire
mélioratif :
« superbement »,
« persévérance », « reconnaissance »
→ emploi ironique
« laborieuse », « loyauté », « conscience », « dignité »,
« noblesse », « respect », « art »
→ se rapportent aux auteurs de l’article
Prise de position des auteurs dans le débat
Ils critiquent la manière dont E. Zola a écrit La
Terre qui fait partie des Rougon Macquart.
Arguments pour défendre sa position :
● Ils disent que La Terre est décevante car sans
originalité : « trucs démodes », « superficiels ».
● Ils disent que son roman est dépravé et choquant :
« des saletés si basses », « un recueil de scatologie ».
1. la note ordurière est exacerbée : la note obscène est intensifiée.
2. scatologie : relatifs aux excréments 3. immondices : ordures
Vocabulaire péjoratif : « jugements », « grotesques »,
« odieux », « amas », « sottises », « ignorants », « gâtés »,
« légende stupéfiante dont on amuse la foule », « amas
des sottises entassées »
→ se rapportent aux gens qui critiquent son œuvre.
Prise de position de l’auteur dans le débat :
Zola défend son œuvre et sa personne de critiques qu’il
juge injustes.
Arguments pour défendre sa position :
● Les critiques que l‘on fait sur sa personne ne sont pas
vraies : Zola les qualifie de «légende stupéfiante dont on
amuse la foule », d’« amas des sottises entassées » et de
« jugements grotesques et odieux ».
● Les critiques que l’on fait sur ses œuvres ne sont pas
valables car les personnes qui les font n’ont pas toujours
lues ses œuvres ou ne les ont pas comprises.
1. grotesque : ridicule, extravagant
.