Blanche Neige - Théâtre des Salins
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Blanche Neige - Théâtre des Salins
REVUE DE PRESSE BLANCHE NEIGE Angelin Preljocaj 27 septembre 2008 Danse ** Preljocaj et Gaultier relookent «Blanche-Neige» à la Biennale de Lyon. Aneelin l'enchanteur chorégraphie pour 26 danseurs dANGELÏN PRELJOCAJ dans le cadre de la Biennale de b danse de Lyon Kaison de la danse 8 rue Jean Mermoz 69008 jusqu au 4 octobre Rere, 0472781800 Puis a Paris du 10 au 25 octobre au "Tieâtre national de Chailtot omme si l'on atten dall une méchante averse, on pressentait le retour du meri veilleux sur k scene chorégraphique, en craignant que cela ne dure quèlques années Angelin Preljocaj, directeur du Centre chorégraphique national d'Aix en-Provence, démarre la séné en créant Blanche Neige sur la musique de Gustav Mahler Pièce imaginée pour 26 danseurs ce spectacle est un véritable enchantement Sans doute guide par la main délicate d'une fée bienfaitrice, le chorégraphe a visiblement pris plaisir a raconter une histoire, apres avoir signe deux pieces tres abstraites, Empty Maves pins Eldorado Couche-culotte. Sa Blanche Neige dans les décors féeriques de Thierry Leproust est un ravissement , surtout son inquiétante forêt et son miroir noir comme un gouffre Tout est parfaitement agence, les rôles bien distribues, les symboles justement marnes et la danse respire jusque dans des pas de deux amoureux ou mortels «C'est un risque que f ai eu envie de prendre, dit Angehn Preljocaj celui de creer un grand boîlet Nagisa Shirai (au centre) dans la creation d Angelin Preljocaj sur une musique de Mahler PHOTO VINCENT DARGENT CITEN SCENE contemporain et romantique » Objectif atteint avec pomme et miroir, nains (sexuellement timides, si l'on s en réfère aux détournements pornographiques du conte), cerf gamba dant, lutins maléfiques, Tout est la sans que cela vire au Disneyland Jean Paul Gaultier qui signe les costumes, a évite les notes trop enfantines Seul le shp de Blanche-Neige, entre la couche-culotte et le drape du sumo, laisse perplexe Cela n'est peut-être pas si innocent, car les créateurs ne semblent pas trop attires par la princesse des freres Gnmm Ils préfèrent la marâtre, Domina gainée de noir majestueuse D'ailleurs, c'est elle qui clôt le ballet avec un solo furieux qui ne laisse guère de chance a la tendre Blanche-Neige plutôt dans le registre de l'evanescence ou de l'évanouissement -même si le prince en habit de torero de salon vient prendre sa defense Glace. Cette version du conte cette mise en ballet est réfléchie, bien tournée, on passe un bon moment Et l'on se sou- vient que quèlques jours avant on a vu Next qfKm du chorégraphe finlandais Tera Saannen une autre féerie, cette fois au pays de la glace, de Murnau et de Fritz Lang Un ballet gothique superbement éclaire et obscurci par Mikki Kunttu N'est-ce pas merveilleux Envoyée speciale à Lyon » MARIE CHRISTINE VERNAY 28-29 septembre 2008 Le décolleté de Blanche-Neige Angelin Preljocaj et Jean Paul Gaultier bousculent le mythe à la Biennale de la danse Danse Lyon Envoyée spéciale B esoin d'une histoire d'un soir ? Blanche-Neige, pourquoi pas ! Envie d'un grand ballet narratif? BlancheNeige, encore une fois. Le BlancheNeige chorégraphié par Angelin Preljocaj et costume par Jean Paul Gaultier est le phénomène de la rentrée, très attendu, trop même. A l'affiche de la Biennale de' la danse de Lyon, qui se clôt mardi 30 septembre, ce spectacle d'une heure cinquante, limpide, rassembleur, a sagement emballé le public de la Maison de la danse jeudi 25 septembre. Depuis son fameux Roméo et Juliette (1990) sur la musique de Serge Prokofiev, on sait que le directeur du Centre chorégraphique national d'Aix-en-Provence connaît la chanson. Livret découpe au millimètre, illustration presque littérale d'une histoire, troupe de choc (vingt-six danseurs), décor et décorum. Preljocaj apprécie cet exercice de haute école pour sa précision. Conçu avec Erùa Bilal, Roméo et Juliette a conquis la planète. Cousu main Gaultier, BlancheNeige possède les mêmes atouts et bien des points communs : emportée par le lyrisme appuyé du compositeur Gustav Mahler, la scène du Prince enlaçant sa BlancheNeige empoisonnée par la pomme rappelle celle de Roméo et de sa Juliette inanimée. Pour cette histoire trop rarement chorégraphiée - une version a été signée par Serge Lifar en 1951 -, Angelin Preljocaj a bien relu le conte des frères Grimm, mais aussi La Psychanalyse des contes de fées, de Bruno Bettelheim. Le déroulé du spectacle, à ranger derrière les classiques comme La Belle au bois dormant, enchaîne scène de bal, tableaux Nagisa Shirai (Blanche-Neige) et Sergio Diaz (le Prince) sur la scène dè la Maison dè la danse, à Lyon. JEAN CLAUDE CARBONNE/ARTCOMART d'ensemble et pas de deux - toujours des pics d'excellence chez Preljocaj. Le chorégraphe a envie de tout dire au risque d'une certaine lenteur démonstrative. Volontairement naïf, il s'offre le bonheur enfantin d'une histoire et vérifie, après nombre de pièces abstraites, qu'il peut toujours la raconter avec sa danse. Son livre d'images recèle des séquences éclatantes de beauté. La ronde des nains (des moines-mineurs de fond) et de Blanche-Neige sautant sur leurs fesses en claquant des mains fait sourire. Le duo entre la jeune fille et sa marâtre - elle lui enfonce la pomme dans la bouche en la faisant danser - est parfait dans sa sadique volupté. Sans complexe L'écriture de Preljocaj, toujours taillée en biais, fait dans la citation classique sans complexe. La partition toute en sauts vifs, fentes sèches, moulinets des bras et changements multiples de direction, s'émaille de tours, de piqués et autres pas académiques. Jamais, en revanche, on a vu une Blanche-Neige aussi échancrée ! Si Jean Paul Gaultier a somptueu- sement réussi à se faire (presque) oublier dans les costumes, il ose une Blanche-Neige en string. La peau transparente de l'héroïne, jambes dénudées jusqu'en haut des fesses par un drapé savant, attirent l'œil. Ce « décolleté » rappelle que la sexualité est au cœur du conte. Plus que sa beauté, la méchante reine sait qu'elle va perdre son attrait sexuel. Elle doit accepter de vieillir. A l'heure du lifting qui joue la confusion des âges, des générations et des saisons, ce conte rappelle tout bonnement que le temps est inéluctable, que la fille remplace la mère, fût-elle sa belle-mère, ainsi va la vie, aussi implacable soit-elle. Manque peut-être chez Preljocaj une dose de cruauté, de cette terreur palpable qui fait la saveur violente de Blanche-Neige. Un conte n'est pas une tragédie. Quoique. • ROSITA BOISSEAU Blanche-Neige, d'Angelm Prel|0caj. Biennale delà danse. Maison de la danse Lyon-8 Jusqu'au 4 octobre. 20 h 30. Tél 04-72263801 De 26 € à 35 € Puis, du lu au 25 octobre, Theâtre de Chaillot place du Trocadero Pans-16' Tél 01-53-65-30-00 De 12 € à 27 50 € 28 septembre - 04 octobre 2008 Danse. Le ballet erotique de Preljocaj et Gaultier Blanche, mais pas comme neige Lyon Envoyée spéciale ^ Amateurs de la version aseptisée de Disney, abstenez-vous. Fans de danse pointue, passez votre chemin. La Blanche-Neige, que réinventent à la Biennale de Lyon le chorégraphe Angelin Preljocaj et le couturier Jean-Paul Gaultier, est un grand ballet populaire comme on n'en a pas vu depuis Béjart. Preljocaj réussit, avec les 26 danseurs de sa compagnie, un ballet romantique moderne, ll se débarrasse de toute féerie sucrée et analyse en profondeur, à la lumiêre du psychanalyste Bruno Bettelheim, le conte des frères Grimm. Entre les trois chasseurs et les sept nains, notre BlancheNeige, habillée-déshabillée par Gaultier, serait plutôt une vraie coquine, un brin délurée. Ce n'est pas tous les jours qu'on voit une Blanche-Neige erotique ! La danseuse asiatique (Nagisa Shirai) irradie d'une beauté austère, puissante, décalée, qui obsède et dérange. Techniquement magnifique, elle subjugue dans plusieurs pas de deux. On craignait qu'avec les sym- phonies de Manier et surtout le célèbre Adagietto de la 5", le chorégraphe ne nous fasse larmoyer. Il reste dans une émotion contenue. Le ton relève d'une sorte de magie noire : les décors sombres présentent quèlques trouvailles comme le mur d'escalade percé de trous troglodytiques, d'où jaillissent les sept nains gymnastes autant que danseurs et baraqués. Et l'on comprend Blanche-Neige ! Evidemment, il y a la marâtre, autour de laquelle tourne l'essentiel: la chorégraphie en tension que lui a écrite Preljocaj est saisissante dans l'interrogation du miroir (« Mon beau miroir... ») et plus encore dans le désespoir hystérique. En cuissardes et cravache dignes d'une BD, Céline Galli met de l'esprit dans son corps. Jusqu'à la frénésie. Un conte en forme de rêve enchanté-désenchanté, peut-être promis - avec quèlques coupes au début - à un bel avenir. Il se déploiera encore mieux sur l'immense scène de Chaillot, à partir du 10 octobre. Nicole Duault Blanche-Neige. Compagnie Preljocaj. Maison dè la Danse à Lyon. Jusqu'au 4octobre. Tél. :04 72263801. Chaillot. Du W au 25 octobre. Tél. : Ol53653000. 10 octobre 2008 DANSE • Blanche Neige, au Théâtre national de Chaillot Une héroïne violente et sombre breàlafois Les sept nains font également leur apparition Ils s'illustrent au cours d'une chorégraphie spectaculaire, mêlant danse et escalade Usa Gougué Créée dans le cadre de la Biennale de la danse de Lyon, Blanche Neige enchante Paris, avant d'entamer une carrière européenne. L'histoire de Blanche Neige peut paraître dépassée L'innocence de la plus belle du royaume, l'hospitalité des sept nains et le recours à la pomme empoisonnée par la marâtre jalouse semblent appartenir à des temps bien lointains Pourtant, Angelm Preljocaj a su donner un coup déjeune au tonte des freres Gimm Le chorégraphe a composé unballet fidèle ald version originale, enrichi de quèlques variations personnelles Le résultat savant mélange de symboles universels et de danse contemporaine, peut ainsi convemratous les publics Aucun episode de l'histoire de Blanche Neige n est epargne Bien souvent, la belle-mère est au cœur de l'action Sans cesse flanquée de deux chats souples et agiles, interprètes par deux danseuses menues d'une grâce feline, elle apparaît sublime et som- Vingt-six danseurs Sur scene, vmgt-sixdanseurs font vivre les costumes créés par Jean-Paul Gaultier Le révolutionnaire de la mode a imaginé pour l'occasion des tenues intemporelles La robe-toge de Blanche Neige et autres créations d'inspiration guerrière valent à elles seules le déplacement Les décors de Thierry Leproust servent le déroulement de l'histoire sans être trop présents L'immense miroir reflet de la beaute de Blanche Neige, reste emgmauque Mois que la danse contemporaine tend souvent vers l'abstrait, Blanche Neige d'Angelm Preljocaj aborde sanarrationpar le visuel La musique de Gustav Manier fait pencher le spectacle vers le classique La participation de Jean-Paul Gaultier et le traitement d'un mythe universel rendent le ballet contemporain accessible à un large public D'autant plus que, maigre la noirceur, e est l'aspect romantique et féerique qui l'emporte • Ayo Jackson, Céline Galli,Lorena O'Neill. Photo J G Cartonne Jusqu'au 25 octobre au Théatre national de Chaillot Tarifs 12 a 27,50 euros Res Ol 53 65 30 00 13 octobre 2008 Blanche-Neige eternelle DANSE • Angel in Preljocaj s'attaque au conte de Grimm. Les costumes sont de Jean-Paul Gaultier. ngelm Preljocaj présente Blanche-Neige à Chaillot (I) II s'attaque au conte universellement célèbre de Grimm avec sa troupe de vingt-six danseurs au complet Le chorégraphe a choisi la musique des symphonies de Gustav Mahler Jean-Paul Gaultier signe les costumes Le travail du couturier donne d'ailleurs un grand relief à cette création inspirée qui semble passer comme un rêve II y a de pittoresques danses de groupe et des duos lyriques pieds nus • Blanche-Neige est jouée et dansée par une jeune asiatique au teint clair et aux cheveux d'ébène, vêtue d'une petite robe blanche juvénile Elle lui donne un peu l'allure d'une danseuse de butô Une part de l'étoffe légère s'enroulant autour de son fessier n est pas toujours du meilleur effet Dommage car les autres A costumes sont parfaitement réussis La méchante Reine est en cuir et cuissardes Une cape rouge et noire cache à peine cette panoplie sado-masochiste Elle danse peu Elle marche de long en large en agitant ses bras Tout ravit l'œil dans ce conte franchement mis au goût du jour. Il y a la forêt où Blanche-Neige se perd avec ces arbres au fût immense, pourvoyeurs d'ombres effrayantes dans le clair-obscur du plateau Avec leur lampe au front, les nains ressemblent à des mineurs de fond Leur maison, qui occupe le mur en fond de scène, ressemble à ces gîtes troglodytes creusés à même la roche, comme dans l'Or du Rhin. l'opéra de Wagner Ils y circulent du haut en bas, la taille prise dans un film Le drame féerique culmine lorsque la Reine, jalouse de la beauté de l'héroïne, la contraint à man- ger la pomme rouge empoisonnée Elle la lui met en bouche et l'y maintient en gestes lents, implacables L'ensemble tient du cinéma expressionniste et la séquence est plus mimée que dansée Angelme Preljocaj a opté pour l'adagietto de la Cinquième symphonie de Mahler quand le prince découvre Blanche-Neige étendue morte dans son cercueil de verre II met à profit cette visite du conte pour feuilleter quèlques pages de l'histoire de la danse Ainsi le prince adopte la posture du FauneNijinski prosterné sur le mouchoir de la nymphe Muriel Steinmetz (I) Au théâtre national de Chaillot jusqu'au 25 octobre, à 20 h 30 Salle Jean- Vilar Di m anche à 15 heures Relâche lundi Renseignements au Ol 53 65 30 00 16 octobre 2008 Blanche-Neige selon Preljocaj DANSE BLANCHE-NEIGE A Pans, Théâtre de Chaillot, jusqu au 25 octobre (complet) Puis en tournée a Rouen, SamtQuentm-en-Yvelmes, Aixen-Provence, Arcachon, Sceaux, Montpellier, Grenoble, Dijon, Annecy, Valence, Créteil, AAaubeuge, Blagnac, Metz, Clermont-Ferrand, La Rochelle, Caen. ROMÉO ET JULIETTE Opéra de Lyon, du 6 au 15 novembre, www preljocaj.org. Angelin Preljocaj signe une fresque chorégraphique d'ampleur qui n'oublie jamais le merveilleux. En s'attaquant au conte des frères Grimm dévoyé par Walt Disney, Angehn Preljocaj confirme son statut de choiégraphe prodigue Le public ne s'y est pas ti ompé qui tait un triomphe à ce ballet pour Dans une scène, très galets -posés sur scène - et galipettes - cholégiapluques -, le ciioiégiaphe étale son talent entre ronde el corps lovés II nous prédisait une Reine dc feu • dommage que sous ses atours tres Domina, le personnage, flanqué de deux «catvvomen » à ses ordres, soit caricatural Dut ant cette heure cinquante sans entracte, vont défiler un paysage de forêt, un mu oil géant avec effet de doubles intel pi êtes ou une paroi vertigineuse. Les sept nains du conte ont cédé la place à d'étranges mineurs qui n'hésitent pas à courtiser l'héi cine. Musique, Gustav Mahler Angehn Preljocaj a imaginé une danse aérienne, les interprètes accroches à des films. On aura droit à la pomme empoisonnée et au baiser salvateur Blanche-Neige peut dormir tranquille. Ou se réveiller, c'est selon Quant aux costumes signes Jean Paul Gaultier, dc belle facture, ils manquent juste d'une touche de tohe Saluons en revanche la musicalité de Pieljocaj La Reine de feu, sous ses atours très Domina, danse avec une de ses deux « catwomen ». 2fi danseurs Le chorégraphe rcpiend l'histoire de « BlancheNeige », optant poui une lectuie plus qu'une relectuie. Sa gestuelle est essentiellement néoclassique, sans esbroufe, à défaut d'éblouir On sait depuis « Le Paic » ou « Casanova » pour le Ballet de l'Opéra de Pans que Pieljocaj excelle dans le genre Pourtant, sa « BlancheNeige » cherche un peu son rythme dans un décor stylisé dc Thierry Leproust Plus que les ensembles, brouillons, ce sont les duos iiicainant les émois amouieux qui enchantent. Mouvement comme lalenti, détail d'un pied qui joint une main dans un duo entre danseuses, tout est ici dans le détail qui accentue l'émotion dégagée pai sa danse en choisissant Gustav Mahler Non sans audace Nagisa Shirai, une des deux Blanche-Neige en alternance avec Viigmie Caussin, est magnifique Au début des années 1990, Angelin Prel)ocaj avait croqué uneautre héroïne, Juliette, et son Roméo Ce ballet, où le politique pienait le pas sur le romantique dans une scénograjihie a p o c a l y p t i q u e d'Enki Bnal, est une de ses plus belles réussites Le Ballet de l'Opéia de Lyon le lepiend. Comme un automne chorégraphiqucsclon Prcl|ocaj sous Ic signe des amours contrariées PHILIPPE NOISETTE 06-12 septembre 2008 Preljocaj refait son conte Le chorégraphe propose une relecture prometteuse de "Blanche-Neige". La surprise dè la Biennale de Lyon ? BIENNALE DE LA DANSE DE LYON BLANCHE-NEIGE D'ANGELIN PRELJOCAJ AVEC LE BALLET PRELJOCAJ Sur ce point du moins, Paris n'est pas la capitale du monde. Treizième édition donc pour une manifestation dédiée à l'amour de la danse et du spectacle, absolument seule en son genre et parfaitement installée dans le paysage. Cette fois encore, et dans le droit fil de ses origines, la Biennale de la danse de Lyon associe plus qu'elle ne sépare les esthétiques et les publics. Depuis quèlques années certes, on l'aimerait plus aventureuse, quelquefois plus guerrière, mais c'est sans doute lui demander ce qu'elle n'a jamais prétendu donner. Un mois durant, les Maguy Marin succéderont aux Montalvo-Hervieu, les Forsythe aux Kader Attou, les Keersmaeker aux Kubilai Khan, ou encore les Wayne McGregor aux Carolyn Carlson... Tous artistes fort respectables, auxquels s'ajouteront notamment Angelin Preljocaj et les vingtsix danseurs du Centre chorégraphique national d'Aix-en-Provence qu'il dirige pour la création d'une Blanche-Neige très prometteuse (I). A première vue, même accolé à Jean Paul Gautier (pour les costumes), ou à Gustav Mahler (pour la musique), le projet surprend. Il agacera certainement les ultracontemporains de la danse. Raison de plus pour en comprendre le sens et les enjeux. Tout se passe comme si Preljocaj, un artiste toujours orphelin de la pièce qu'il n'a pas encore écrite, un cho- régraphe également partage entre l'abstraction et la narration, cherchait le pendant exact d'Empty Moves, un travail chorégraphique au long cours qu'il a engagé en 2004 autour de l'héritage du minimalisme. Cette même dialectique, qui le fait aller du cérébral au charnel, ou de l'Amérique à la vieille Europe, traverse la construction de son œuvre. A l'autre bout du spectre, Blanche-Neige ? En tout cas, un conte philosophique pour maintenant qui parle de grandissement et de mortalité alors que nous n'en voulons rien savoir. Au-delà de ça ? Deux autres choses des plus intéressantes. D'abord, une manière de forcer, avec une production inhabituellement lourde, l'économie de la danse, que l'on sait fragile et timide, et de la contraindre à repenser ses ambitions, et donc ses contenus : elle en a besoin. Ensuite, à travers l'étrange association des frères Grimm, les deux auteurs de Blanche-Neige, et de Gustav Mahler, le désir d'articuler le romantisme des premiers à la modernité du second : ce pourrait être un programme pour aujourd'hui. DANIEL CONROD (I) D'après les répétitions auxquelles nous avons pu assister Du 25 septembre au 4 octobre a Lyon (Biennale de la danse, 04-72-26-38-01), du 10 au 25 octobre a Paris (Chaillot), les 30 et 31 a Rouen (76), du 6 au 9 novembre a Saint-Quentin-en-Yvehnes (78) BIENNALE DE LA DANSE DE LYON BLUE LADY DE CAROLYN CARLSON PAR TERO SAARINEN Que reste-t-il quand on a tout oublié (ou presque) ? Que reste-t-il par exemple de Blue Lady, chorégraphié et dansé en solo par Carolyn Carlson (1983), et devenu la signature d'une artiste ? L'image d'une femme qui se met à découvert, quitte à s'enlaidir avec un affreux chapeau. Une femme très seule qui s'écrit en majuscule une danse pour elle, rien qu'à elle, une danse qui lui tient chaud partout. Il reste des sensations de danger, de douleur, l'idée même d'une guerre intime qui Icn- 18-24 octobre 2008 LES RENCONTRES La parenthèse féerique d'Angelin Preljocaj : S I ur le plateau nu de Chaillot, Angelin Preljocaj sak voure le triomphe qu'on vient de réserver à son derN_Jr' nier bailet - il revendique ce terme -, Blanche-Neige. Il aurait aimé quèlques rectifications et un peu plus de précision, mais il est heureux et comblé par sa compagnie, g II nous a raconte une histoire, et c'est ce qu'il voulait « Vous f êtes finalement très romantique et vous l'assumez id ? » « Oui, lj je n'ai pas hésité, je ne voulais pas de scénographie mais des lieux, laforêt, les rochers... et j'ai osé la musique de Mahler ! » Angelin en sourit comme s'il ne parvenait pas à croire que lui, le chorégraphe des grandes pièces abstraites, avec parfois la dureté du silex, puisse cette fois ouvrir une parenthèse féerique. Et c'est tellement réussi : merveilleux pas de deux avec Blanche-Neige endormie, nains spéléologues qui multiplient les figures acrobatiques, comme des élastonautes, et costumes de Jean Paul Gaultier dessinés un à un sur les danseurs en mouvement, pour mieux évoquer encore l'univers élégiaque et violent des contes de Grimm. L'inquiétude furieuse et tendre de Julie Depardieu C DE CLAIRE CHAZAL L'énergie créatrice de l'infatigable Pierre Arditi I y a du Louis de Funès et du Jean Poiret en lui. C'est simple, l'autre soir, au Théâtre Edouard-Vil, Pierre Arditi nous a tous emballés ! Il en riait, en sortant de scène, de nous avoir pris au piège de Guitry, de ses bluettes et de ses grosses ficelles. Tous ses amis parisiens avaient marché. Faisons un rêve est la quintessence du vaudeville, mécanique brillante, portes qui claquent et amants dans le placard. Délirant jusqu'à l'absurde. C'est pourquoi Arditi y va, frôlant la démesure, la folie. Il emporte sa partenaire, Clotilde Courau, parfaite dans ses gloussements de fausse femme du monde et qui ne cache pas son bonheur d'apprendre à ses côtés. Car Pierre Arditi ne méprise aucun rôle. Pourvu que le public soit là, content, diverti, il lui en donne sans compter, qu'il interprète Beckett, Molière ou Beaumarchais. Il n'a peur de rien et surtout pas de ce monologue éblouissant dont on est sortis rincés mais épatés. Ce soir, il était sur les planches. Dans la journée, il avait tourné un film. Un comédien infatigable. Un amoureux du jeu. I; William Christie ou la révolution baroque permanente 'était un jour gris sur Bucarest. Josée Dayan tournait Les Rois maudits dans un studio roumain. Grande aventure dans la'illiam Christie est peut-être l'Américain (d'origine) qui quelle toute la famille Depardieu était embarquée. Mais ce aime le plus la France et, quand je lui parle de nos doumercredi, Guillaume manquait à l'appel. Il était attendu le soir, de retes, de nos inquiétudes, il répond avec son accent détour de Paris et il était injoignable. Sa soeur Julie avait appelé déses- licieux : « Mais c'est un bonheur d'être ici, la culture y conserve une telle pérément tous ses amis. Nous étions autour d'elle. Elle, tendre, at- place ! (...) Et puis, je ne laisserais pour rien au monde ma maison en Vententive, tellement inquiète, furieuse aussi de le voir s'extraire ainsi dée et son jardin qui est mon œuvre. » II faut dire que ce claveciniste du monde, s'échapper de ceux qui l'aimaient envers et contre tout. chef d'orchestre à la tête des Arts Florissants incarne au mieux le Etre solaire et unique, beau, souffrant. Nous avions tout imagine. raffinement musical et l'art de vivre. Il goûte notre langue. Et c'est Avait-il encore eu un accident ? Avait-il suivi ses démons familiers un peu pour cela qu'il a choisi de nous faire découvrir le compoet destructeurs ? Refusait-il de s'accepter en siteur Jean-Baptiste Lully : « Un courtisan malin, me dit-il, mais surcomédien doué ? Le tournage avait tout un génie du théâtre et le musicien qui a su tirer le meilleur parti du pourtant bien commencé. Josée Julie texte et des mots. » William Christie avait dirigé Atys en 1987 et ce fut Dayan et Jeanne Moreau m'avaient Depardieu, une révolution. L'explosion du baroque. Aujourd'hui, il nous prodit leur admiration pour lui. A au nom pose Armide, au Théâtre des Champs-Elysées, avec son complice, force de persuasion et d'amour du frère. le metteur en scène Robert Carsen. Et tous deux ont ciselé l'opéra : autour de Guillaume, O avait « Nous nous sommes beaucoup amusés car la musique de Lully est l'une repris son rôle magnifiquedes rares à laisser une totale liberté d'improvisation étonne s'en est pas ment. Josée m'avait dit alors : privés ! », conclut William Christie d'un sourire gourmand. «Je me suis tellement attachée à lui, si senPierre Arditi, sible et mmpassionnel, maisjesavaisquej'auun comédien rais mal avec lui el que je le perdrais un jour. » aimant frôler la démesure, la folie. Rendez-vous avec Claire Chazal Tous les vendredis de IS h à 18 h 30 A Paris sur 101.1 Toutes les fréquences sur www.radiodassique.fr 06 octobre 2008 (1/2) Classique « Blanche Neige », parle Ballet Preljocaj Fantasmatique fications pour la rendre plus lisible par le biais de la danse et touche avec une précision chirurgicale à des sujets d'aussi brûlante actualité que la préoccupation de vivre toujours plus longtemps, toujours plus beau, ainsi que la rivalité compétitive entre parents et enfants, aujourd'hui sans cesse rendue plus forte dans les nouveaux schémas familiaux émergents. Ces contes, issus d'un patrimoine LA TRÈS BONNE nouvelle est le re- populaire et archaïque, ont étés coltour d'Angelin Preljocaj au narratif ligés par les premiers romantiques qui marqua ses débuts de grand cho- germaniques comme von Arnim ou régraphe avec des chefs d'œuvre Grimm, lesquels ont inspiré le rocomme « l'Anoure » (1995) et « Ro- mantisme tardif des premières symméo et Juliette » (1990). Sa création phonies de Gustav Mahler, créateur 2008, présentée en première mon- d'espaces sonores infinis, évocateur diale à la Maison de la danse, aura idéal de forêts profondes. Ainsi s'est été l'événement de cette édition du imposé le choix musical, rehaussé vingt-cinquième anniversaire de la d'un soupçon de musique électronique, pour le plus grand bonheur Biennale dè la danse à Lyon. Il revient aux sources mêmes de ce d'une chorégraphie qui respire le conte passé à l'état de mythe, même bonheur de danser et dè raconter. et surtout si sa lecture s'est faite au prisme de celle du psychanalyste Des costumes et un décor specautrichien Bruno Bettelheim, qui en taculaires. Le récit s'appuie sur a souligné le caractère éminem- quèlques images fortes, dans lesment œdipien. Quand s'ouvre dans quelles entre en scène Jean Paul une semi-pénombre cette pièce Gaultier. H a imagine quèlques cospour vingt-six danseurs qui dure tumes forts en signifiant fantasmaprès de deux heures, on est au plus tique, comme la robe de Blanche près de la fable et de son extraordi- Neige, dont un pan ramené en arnaire concision : « Un jour, c'était rière qui lui donne un aspect d'enau beau milieu de l'hiver et les flo- fant langé, souligne l'état initiatique cons de neige tombaient du ciel qu'elle vit dans le conte. La marâtre comme un duvet, une reine était reine est spectaculaire en femme assise auprès d'une fenêtre en- dominatrice où prédomine le très castrée d'ébène noir, et cousait ». sexuel rouge avec deux cat women Preh'ocaj donne à voir et introduit noires rampantes à son service. dans le fil de l'histoire de rares modi- Le décor de Thierry Leproust est Angelin Preljocaj, Jean-Paul Gaultier et Gustav Mahler, un trio choc pour faire revivre « Blanche Neige », conte phare des Frères Grimm ! Le résultat est à la hauteur de l'espoir, loin de l'édulcoration de Disney mais au plus proche de ses sources romantiques. Un grand et fort ballet qui s'apprête à faire le tour de France et du monde. spectaculaire et réserve quèlques surprises de taille. Et le travail de Preljocaj est proprement stupéfiant, tant sur le plan des idées chorégraphiques que de leur réalisation technique. Le duo entre Blanche Neige et son salvateur prince sur l'Adagietto pour cordes et harpe de la Cinquième, un moment de pure grâce en apesanteur. Et, puisque c'est elle qui est au centre de ce conflit oedipien qui se résout pour le mieux à son grand désavantage, Preh'ocaj réserve à la méchante reine, magistralement interprétée par Céline Gall, les scènes les plus spectaculaires. Les interrogations au miroir, quasi-cinématographiques, un solo d'une sensualité bestiale, le duo de la pomme empoisonnée et la scène finale de la mort dans des mules d'acier chauffées sur des charbons ardents (image fort peu anodine dans l'imaginaire d'un danseur), sont les clous d'un spectacle dont la plus grande vertu est d'embarquer le spectateur de la première image jusqu'à ce dénouement heureux dans un voyage à la fois magnifique pour les sens et initiatique pour l'esprit. > OLIVIER BRUNEL Theâtre iie Chaillct (Ol 53 65 30 00 et www théâtre-chariot fr) du 10 au 25 octobre Tournee en France Rouen (30-31 10), Saint-Quentin en Yvelines (6 au 9 ll), Aixen-Provence (12 au 16 ll), Arcachon (6-712), Sceaux (ll au 14 ll), Montpellier (17-18 lê), Grenoble (7 au 9 I), Dijon (15-161), Annecy (20-211), Valence (24-251), Créteil (291 au I'2), Maubeuge (5-6 2), Blagnac (27 2 au I" 3), Metz (6-73), Clermont-Ferrand (ll au 13 3), Caen (16 au 2012) 06 octobre 2008 (2/2) La marâtre reine (Céline Gali) et une cat woman à son service Blanche-Neige et son prince : un moment de pure grâce en apesanteur 14-20 août 2008 (1/3) Angelin PRELJOCAJ . fcrm C Princes charmants pour conte de fées mm: I .e choré an sur une muSïqdetlc Mahler. Fl c'est le couturier qui habille les 26 danseurs du spectacle. Rencontre entre deux légendes dc la création .— contemporaine. PHOTOS •* HUBERT FANTHOMME ST. 14-20 août 2008 (2/3) Ci-contre. Blanche Neige et sa robe de bal a crinoline Ci dessous une courtisane «cmet a I épreuve «son costume Ce sera l'un des événements de la Biennale de la danse de Lyon en septembre. Angelin Preljocaj a inventé la chorégraphie, Jean Paul Gaultier les costumes, de «Blanche-Neige», le célèbre conte de fées des frères Gnmm, devenu conte moderne entre leurs mains. Ces enfants de la banlieue - l'un est né à Sucy-en-Brie et l'autre à Arcueil - ont séduit Paris puis le monde entier. Preljocaj est l'un des chorégraphes actuels les plus importants et l'un des plus prolifiques. Outre les pièces pour sa compagnie, montee en 1985, il produit pour les plus grands lieux de danse de la planète. Son oeuvre, qui chamboule les bases habituelles et les codes contemporains, entre au répertoire de l'Opéra de Paris au début des années 90. Gaultier, « lenfant terrible de la mode », s'inspire de l'univers urbain. Il coud, découd, mélange les styles. En 1978, sa première collection casse l'image trop sage de la mode Les années 80 verront l'arrivée des « classiques» du couturier: la manmère, les jupes pour hommes et la robe-corset Interview en miroir de ces deux provocateurs qui ont donné naissance à la Blanche-Neige du XXIe siècle. Paris Match. Pourquoi avez-vous choisi Jean Paul Gaultier ' Angelin Preljocaj. Avec 'Blanche-Neige", je voulais faire un spectacle leenque, magique, fantastique Pourmoi,lccoutunerqm incarne le plus la fantaisie et le fantasme c'est lm Jean Paul Gaultier devait faire les costumes, c'était une évidence ' Vous aimez que d'autres artistes influencent votre danse avec leur univers. Comment vouliez-vous qu'il nourrisse votre inspiration ? Chacune de ses créations a la capacite de raconter une histoire. Ce ne sont pas uniquement une robe ou un pull Ce sont des personnages Je voulais donc laisser un maximum d'espace à son imagination et essayer ses propositions jusqu'au bout Concrètement, comment s'est déroulée votre association ? La première séance, je lui ai dévoilé "mon" histoire de Blanche-Neige Je lui ai montré les décors, le palais, la forêt,la mine et je lui ai décrit comment mes personnages allaient interagir entre eux. Quand nous nous sommes revus, il avait des croquis qui étaient une réponse a notre première conversation Ce qu'il avait imagine révélait qu'il était à l'écoute de mon univers et généreux envers les danseurs. Les costumes sont pensés pour assurer la fluidité du mouvement Cependant, j'aimerais qu'il soit fier du résultat et qu'il ne se soit pas bndé dans sa créativité. Avez-vous rejeté certaines de ses propositions ? Non, j'ai pu faire évoluer certains personnages Par exemple, la méchante reine avait une connotation un peu cabaret, selon moi Je la voulais plus "manga" Elle est à mi-chemin Comment qualifienez-vous rapport de Gaultier? Ce qui m'intéresse, c'est de voir comment les costumes vont pouvoir prolonger les mouvements et comment ds vont les suggérer dans une dynamique esthetique. L'habit va forcément influencer la gestuelle Jean Paul Gaultier vous a-t-il surpris7 Dans ma pièce, il y a un jardin des amoureux Les couples s'y retrouvent et s'adonnent a des rituels de séduction. Je voulais quelque chose de très charnel et de très dénudé. ENTRETIENS FLORENCE Jean Paul a conçu des costumes avec de la lingerie apparente. Le sous-vêtement est subluné, rêve, presque onirique c'est très poétique ct très sensuel en même temps Quelle est votre interprétation de Blanche-Neige ? C'est un personnage de tragédie et non une jeune fille de conte. L'histoire est plus noire, sexuellement plus ambiguë et psychanalytiquement plus complexe, presque un thriller. La problématique est très actuelle. Les femmes sont de plus en plus belles et paraissent de plus en plus jeunes, plus longtemps. Il existe une rivalité entre mères et filles, liée à la séduction ct au fait qu'une mère ne veut pas être réduite à cette simple fonction ; elle ne veut pas renoncer à son statut d'amante C'est le conflit intérieur d'une mère qui, voyant grandir sa fille, a peur de perdre sa place dans la société.! \ ANGELIN PRELJOCAJ Blanche-Neige est un personnage sexuellement ambigu 14-20 août 2008 (3/3) Paris Match. Pourquoi avez-vous accepté de collaborer avec Angelin Preljocai? Jean Paul Gaultier. J'avais subi un choc, il y a quèlques années, en voyant sa pièce "Helikopter" au Festival d'Avignon La sensibilité, le regard, la gestuelle, la sensualité qui se dégagent de ses créations font sa force et sa modernité Travailler sur "Blanche Neige" me semblait d'autant plus intéressant que c'est à l'opposé de mon univers. Cela devenait tres excitant ' Vous a-t-il imposé des contraintes ? Angehn ne m'a rien imposé ' J'ai même ressenti une plus grande liberte que lorsque je cree pour une collection ou je suis limité par les diktats de la mode et de l'industrie de la haute couture ou du prêt-à-porter Comment Angelm Preljocaj a-t-il orienté votre travail? Nous avions des échanges denses et précis. Il m'a d'abord donné sa lecture de "Blanche-Neige" et des personnages II voit la méchante reine en femme sexy et forte II m'a parlé d'une scene de bal Je devais donc imaginer des courtisans dans des costumes qui suggèrent le côté Historique J'ai pensé à des manches bouffantes pour qu'ils soient gorgés de suffisance Et leurs vêtements portent des traces de brûlures, comme endommages par le temps, ce qui donne un côté vintage, customisé La chorégraphie a-t-elle influence votre réflexion ? Pour la robe de la mère de BlancheNeige, c'est véritablement la danseuse qui, parce qu elle jouait son rôle dans une ébauche de costume, a imposé la forme, la matière et la ligne définitive de sa tenue. J'étais parti sur une idée qui était une erreur, et la chorégraphie nous a amenés a faire parler le vêtement C'est très jouissif de m'offrir ce luxe de pouvoir changer les choses Rien n'est arrêté ni définitif. A votre tour, pensez-vous avoir altère, par votre univers, le travail du chorégraphe7 Mon rôle n'est pas d'induire la chorégraphie Je n'ai pas cette prétention Je reste a ma place Je devais coller à ses attentes et à ses besoins pour son spectacle, son "bébé" Je devais être a son écoute et le servir. Vous a-t-il refuse un vêtement? Pour la scene du bal,j'avais pensé à des crinolines pour les femmes. L'idée l'a effrayé II avait peur que les danseuses ne puissent pas bouger Je lui ai dit qu'il ne fallait pas voir ça comme une armature rigide J'ai insisté dans cette direction, maîs dans une mesure raisonnable II a ete convaincu Que vous a apporte cette expérience ? Je suis tres influence par le corps et la morphologie Les tenues des danseurs sont tres inspirantes ils roulent leurs vêtements, remontent leurs manches ou leurs bas de pantalons, ils mélangent les matières et les couleurs, font dcs superpositions. Je suis nourri par l'observation du mouvement et de la vie Je me suis noum de les regarder évoluer Quelle est votre interprétation du personnage de "Blanche-Neige"? Cette collaboration m'a réconcilié avec les contes de fées. Je n'aime pas ce qui relevé dc l'irréel ou de la science-fiction. Cette Blanche-Neige est charnelle et s'inscrit dans notre réalité d'aujourd'hui, moderne et vraisemblable La méchante reine est une femme confrontée au problème de l'âge, de la beauté qui se fane, ct a la nouvelle géneration qui met en péril son pouvoir de séduction II faudrait faire une suite avec des hommes qui, eux aussi, commencent à connaître la méchante reine qui est en eux. • Biennale dè la [lame A. B au 30 sep'aiwe Renseignements sw mv biennale * lyon org JEAN PAUL GAULTIER Ce travail m'a réconcilié avec les contes de fées 2, ^ Au début de I ete pres d Aix er Provence au Pavillon noir le centre de répétition de la compagnie de Preljocai essayages et dernieres retouches sur les costumes en presence du couturier En ht deux félines gargouilles Ajustements a mëme les danseuses manche de la courtisane (ci-dessus) et robe de la reine mere (a g ) 25 septembre - 01 octobre 2008 (1/3) A R T S E T S P E C T A C L E Méchante reine SM « Avec Preljocaj, j'entre dans une autre histoireque la mienne,expliquejean Paul Gaultier. Les repères sont différents. Travailler pour lascène me permet de rebondirdans un autre univers. Sans doute en resterat-il quelquechosedans mes prochaines collections. » Comme cette splendide tenue de dominatrice SM, imaginée pour la méchante reinexorsetdecuirsouple, manches ballon et col façon cage, le tout surmonté d'une haute couronne de cheveux noirs. S 25 septembre - 01 octobre 2008 (2/3) Preljocaj réveille Blanche'Neige llétaitunefoisunchorégraphequiavaitenviedes'amuser...Lesorcierd'Aix livre une version décapante du conte de Grimm, rythmée par Manier et relOOkée par Gaultier. Répétitions. «LAURENCELIBAN/PHOTOS:JCCARBONNE n jour, le bruit courut qu'Aiigelin Preljocaj allait créer un nouveau ballet, intitulé BlancheNeige. La mythique princesse des frères Grimm allait-elle vraiment prendre sa place à la suite de Cendrillon au répertoire de la danse universelle ? C'était une drôle de nouvelle, assez déstabilisante, il faut le dire, au regard du palmarès preljocajien, pas spécialement porte sur la bluette. Mais le bruit se fit évidence lorsqu'on annonça que les costumes seraient signés Jean Paul Gaultier. Là, c'était le pompon ! Blanche-Neige en pull marin avec des seins pointus comme des missiles ? Il fallait en avoir le cœur net. On fit donc le voyage à Aix-en-Provence par un jour de canicule où le Pavillon-Noir, siège de la compagnie du maître, tremblait dans l'air surchauffé. Un-deux-trois / Deux-deux-trois De loin comme de près, le PavillonNoir ressemble au palais de la méchante reine. Sombre comme une caverne, caparaçonné de vitres fumées et bardé de poutrelles métalliques, il domine de sa froide beauté les toits roses de la ville. Une fois la porte poussée, deux volées de marches conduisent au saint des saints, autrement dit au studio, d'où s'échappent des lambeaux de musique aux couleurs fortes et au rythme puissant. Auraient-ils embringué le compositeur Gustav Mahler dans l'affaire ? Ces gens-là sont capables de tout. Sur chaque marche, un nom est imprimé en noir sur le béton gris. Il s'agit de la liste des danseurs appartenant, ou ayant appartenu, à la compagnie. Une ultime porte et nous voilà dans la place, en pleine lumière. Assis sur une chaise, arborant un survêtement bleu à bandes blanches et une barbe de deux jours, un homme compte tout haut : « Un-deux-trois / Deux-deuxtrois... Un-deux-trois / Deux-deuxtrois... Ça change, les comptes, mais c'est le même mouvement », lancet-il aux danseurs essoufflés. Preljocaj - car c'est bien lui - gagne le centre de la scène. Faisant passer ses bras en arceau au-dessus de sa tête en commençant par l'arrière, il cherche un enchaînement avec les gestes précédents. Tout le monde se met à l'imiter. « C'est clair ? Si oui, vous avez de la chance, car moi, je n'y suis pas. Il faut que je dorme plus. Vous êtes capables de faire ça ? » Ils le sont. Yakati-yakatam-pa-pa Pris entre deux portes à la pause, le Franco-Albanais avoue : « J'avais envie de réenchanter ma danse. » Elégante façon de dire qu'il souhaitait ••« Mahler mène la danse \ Pour la danse des chasseurs, Preljocaj a choisi une séquence cadencée, utilisée en leitmotiv.» Intuitivement, je mesuis tourne vers Gustav Mahler, dont la musique est porteuse d'un imaginaire fort. Mais il faut veiller à ne pas se laisser emporter par la ligne mélodique en contrant le côté mielleux decertains passages. «Patchwork d'extraits d'une dizaine de symphonies, la partition a été enregistrée par l'Orchestre de l'Opéra de Berlin,où le ballet est programme. 25 septembre - 01 octobre 2008 (3/3) La princesse et le chorégraphe ,r Interprétée ici par NagisaShirai, BlancheNeige gambade sous le regard du chorégraphe. Cest la première fois que les 26 danseurs delà compagnie sont mobilisés pour un seul ballet. Ilssont, la plupartdu temps,en tournéeaveclesspectacles du répertoire, tels Eldorado, Noces, EmptyMoves, Les 4 Saisons, etc. Tenues de chasse signées JPG Cuissardes, harnais, I u nettes d'aviateur... les chasseurs découvrentavec ravissement la panoplie imaginée parGaultier et com plétée par l'éq u i pe de costu m iers et couturiers du Pavillon-Noir, pas en reste d'imasi nation. Prince ou torero ? Première séance d'essayage, un jour de juillet, juste avant le départ en vacances des danseu rs. Ici, l'habit d u Pri nee (Sergio Diaz sur la photo) trahit des influences tau romachiques.Gaultiera pu, jusqu'à la fin du mois d'août, retravailler ses patrons, 63 au total. ••• s'amuser un peu, offrir un plaisir simple a sa compagnie D'ailleurs, au dejeuner, les filles confirment « Pour une fois, quand des copains nous de mandent ce qu'on fait, ils situent tout de suite le truc Ça permet de discuter » A la reprise de 15 heures, les garçons répètent la scène des chasseurs tan dis que Manier met la gomme, boumboum-boum, musique superefficace qui vous vrille le cerveau Taillée au carre, la séquence est amusante a regarder Et haute en couleur tee shirts multicolores, avec ou sans manches, shorts courts et pantalons a une jambe dévoilant des mollets ronds ou longs Toutes les morphologies sont permises ici - on n est pas a I Opera de Paris On jurerait une equipe de rugby fantaisiste Comme le sport, la danse est l'un des rares métiers d'équipe aussi physiques Sauf que la, il n'y a pas de violence seulement la joie palpable de creer quelque chose ensemble « Yakati-yakatam pa-pa on le refait en musique ? » demande le chorégraphe Hahi-haho Avant de partir on furète un peu Et on tombe sur une sorte de mur d'escalade de 10 metres de hauteur Dans ce mur sont ménagées des cavités d ou jaillissent les sept nains de retour dè la mme hahi-haho ' Harnaches comme des grimpeurs en mon tagne, les garçons s'exercent a sortir de leurs trous pour arpenter la verti- cale, se propulsant d'un coup au som met de la paroi, redescendant aussi vite, effectuant d'aériennes roulades et autres precieuses gracieusetés Enfin pas vraiment Pour le moment, ils ont tendance a se cogner les uns aux autres Pourtant, reconnaît l'un d'eux, « quelqu'un de l'école du cirque de Châlons [ en Champagne] est venu nous donner des cours » Maîs lou jours pas de Blanche Neige ni de ma ratte a l'horizon Début septembre on décide de re tourner a Aix pour une descente sur prise au Pavillon Et là, on tombe dans le mille, en plein filage La méchante reine (elles sont deux , d ailleurs, presque tous les rôles sont doubles) se livre a une danse d'un erotisme lor ride II faut dire que Gaultier a mis la gomme et que les danseuses sont superbes Elles ne feront qu'une bouchée de la gamme revêtue, elle d une simple robe blanche Alors le cerf fait son entree confiant puis affole Les chasseurs lui arracheront le cœur afin de le rapporter a la reine comme preuve de la mort de Blanche-Neige « C'est une histoire tragique », re connaît Preljocaj « Une histoire de sexe », assurait le psychanalyste Bruno Bettelheim De toute façon, elle est trop méchante la méchante reine ' • L. L. Biennale de /a danse de Lyon, Maison de la danse Du 25 septembre au 4 octobre Theâtre national de Chai I lot, Paris (XVIe) Du 10 au 25 octobre 22 septembre 2008 (1/2) leauideculturBH Quand le plus inventif des chorégraphes, Angelin Prel|oca|, et le plus facétieux des couturiers, Jean Paul Gaultier, s'allient pour reinventer un conte de fées, cela donne un « Blanche-Neige » aussi détonant qu'enchanté « Réenchanter ma danse », c'est ce que dit immédiatement Angelin Preljoca| de « Blanche-Neige », ta nouvelle création. « Après quèlques spectacles plus abstraits, fai ressenti le besoin de raconter simplement une histoire, de puer avec la machinerie, les illusions du theâtre, et de revenir aux fondements de ma danse » Bizarre, comme si Prel|oca| s'était perdu de vue, alors mème qu'il signait encore dernièrement un « Empty Moves » magnifique sur une conference de John Cage, et que le cinéaste Olivier Assayas filmait sa pièce « Eldorado » sur la musique magistrale de Karlhemz Stockhausen En Fait, c'est peut-être bien la qu'il faut chercher la raison de ce « Blanche-Neige » magnifié par les symphonies postromantiques de Gustav Mahler Prel|oca| veut se focaliser sur sa danse, sur sa gestuelle, sans qu'elles doivent repondre a desmusiquesexpenmentales «Reenchanter la danse », c'est alors choisir de raconter une histoire magique, connue de tous pour toucher chacun, a fortiori un conte passe entre les mains de Walt Disney Et le défi n'est pas absent, car comment s'approprier un univers que le dessin anime a définitivement fixe dans nos memoires et trouver la possibilité d'un nouveau ballet classique ' « ll faut travailler l'intemporel, repond le chorégraphe De la même manière que les freres Gnmm n'ont pas voulu faire de la litterature, maîs qu'ils ont choisi d'écrire la langue la plus simple et directe qui soit, sans figures de style, c'est en travaillant l'épure qu'on touche à l'essentiel » « Epure » certes, maîs, comme toujours, Angelin Prel(oca) s'est arrange pour trouver un contre-pouvoir. D'où le choix ébouriffant de Jean Paul Gaultier pour les costumes Celui qu'on a dé|à connu délirant dans ses dix annees de collaboration avec une autre chorégraphe, Régine Chopmot, se lâche ici tout en suivant précisément les directives du maître à danser « Dans mes der meres collections, il y avait des Peau d'Ane, des princesses qui étaient des princes, des petites sirènes Bref, le conte de fées était partout present Alors, bien sûr, on verra des allers retours avec mon travail, mes obsessions la reine mère en dominatrice SM, les courtisans tout en boursouflures, et des tas de crinolines en cage J'ai beaucoup "encagé", normal quand le chorégraphe s'appelle Prel|oca| I Maîs fai aussi compris son souci de s'éloigner de l'univers Technicolor de Disney, et même d'aller vers quelque chose de plus sombre Par exemple, rompre avec le pittoresque burlesque des nains, et en faire des personne ges inquiétants, comme les membres d'une secte troglodyte » Le conte danse se pare alors d'une dimension fantastique qui n'est pas sans rappeler le supplice final de la méchante reine inventée par les frères Gnmm, évacue par Disney une reine en mules de Fer chauffées a blanc condamnée à « danser jusqu'à ce que mort s'ensuive » I Et on se dit que Prel|oca| retrouve là ce qu'il travaille depuis des annees, depuis « Paysage apres la bataille » en passant par « N » la violence et la cruauté, qui sont aussi le cœur des contes de fées LAURENT GOUMARRE • « Blanche-Neige », d'Angelin Preijoca) Du 25 septembre au 4 octobre, Biennale de la danse, Lyon 10-25 octobre, Theâtre national de Chaillot, Pans-1 à*. 30 et 31 octobre. Opera de Rouen. 22 septembre 2008 (2/2) Le chorégraphe Preljocaj et les merveilleux costumes de Gaultier : la marâtre SM et son roi ténébreux. Septembre 2008 (1/2) Parenthèse féerique dans l'œuvre d Angelm Preljocaj, cette Blanche Neige créée à la Biennale, est un ballet narratif, avec une histoire fidèle jusqu'au bout à la version des frères Gnmm Et les costumes de Jean-Paul Gaultier en décuplent l'atmosphère fantastique. Par Laurent Goumarre Une Blanche Neige très noire Septembre 2008 (2/2) « Je voulais revenir a la narration », déclare Angelm Preljocaj pour expliquer le choix de Blanche Neige, sa creation pour la Biennale de Lyon Apres les Quatre Saisons, Empty Moves, Eldorado, il fallait donc operer un retour Ces changements de cap définissent suffisamment le parcours du chorégraphe en aller et retour entre pieces abstraites et formes narratives — Questions à Jean-Paul Gaultier Comment travailler les costumes de Blanche Neige quand ils ont eté fixes dans l'imaginaire collectif par le dessin animé de Malt Disney? J.-P. G C est incontestable, on a tous en tête les robes de Blanche-Neige, de la d'une collaboration avec le Ballet de Méchante Reine, ete Mon travail a ete de ne pas me laisser déborder par ça, maîs d'en jouer parfois et de savoir m'en éloigner aussi Par exemple, Angelm ne voulait pas que l'Opéra de Paris, dernier exemple en date le Songe de Medee (2004) — pour qu'on ait tes, rien de burlesque Pour la Cour, j'ai pu travailler des costumes boursoufles qui a y revenir Maîs s'appuyer sur un conte, donnent l'idée de fanfaronnade Le nom "Blanche Neige ' est déjà en soi un programme une des formes matricielles de la littera- de costume qui éloigne du jaune et bleu de la robe de Disney Le costume quej'ai adore faire reste celui de la Méchante Reine qui est, jusque dans la danse que lui a ecrite Angelm, un vrai personnage avec une belle ntensite dramatique La, j'ai pu lais- notamment travaillées dans le cadre ture, signifie peut-être autre chose qu'un simple retour au récit Travailler Blanche Neige, soit un conte peu danse (1) contrai- les nains rappellent Disney ll les voyait plutôt comme une secte d'étranges troglody- ser aller des fantasmes de dominatrice dans un costume de maîtresse SM rement aux versions de ta Belle au bois dormant, de Casse Noisette et autre Cendnllon, ce serait pour Preljocaj cher- Vous aviez déjà réalisé des costumes pour la danse : dix ans de collaboration avec cher d'une part a élaborer ce que pourrait être un nouveau 'classique', d'autre part Avec Karole Armitage, il n'y pas vraiment eu de collaboration, on disait amen à tout ce a retravailler les fondements de sa propre danse £t c'est dans ce sens qu'on com sionnant Au depart, j'avais tente de coller aux quèlques directions qu elle me don- prendra son désir d'opérer, je cite, « un reenchantement de ma danse », une for mule étrange qui pourrait être entendue, en sous-texte, comme le constat d'une danse désenchantée Régine Chopinot, une fois avec Karole Armitage pour Pinocchio .. queje faisais, ça n'avait pas grand interêt Avec Régine, ce fut autrement plus pas nait, tres vite, j'ai compris quej avais une totale liberte et qu'elle était suffisamment forte pourfaire avec ce queje lui proposais et d enjouer, même quand les costumes pouvaient a priori empêcher la danse Je pense au Défile, ou le rapport costumes/ danse s'était inverse Avec Angelm, I histoire est différente il y a un conte un univers, des d rect ves et le plus réjouissant, c'est que cela est venu croiser ce que je tra vaillais de mon côte pour la mode une petite sirène, des princesses qui sont des prin ces, Peau d'Ane Bref l'univers de conte de fées était IQ, ne manquait plus que le Danser jusqu'à ce que mort s'ensuive passage a la scene Comme avec Régine, on pourra retrouver des elements de ce ll y aurait donc la le souci de vouloir retrou- Une derniere chose par rapport a Angelm son nom "Preljocaj" m'a particulièrement ver un plaisir premier a la danse, qui n'est pas sons évoquer les dernieres prises de positon d'autres chorégraphes, on pense dans un autre registre a Mathilde Monmer qui, depuis sa pièce "rock" Publique jusque dans sa "comedie musicale" 2008 Vallee avec Philippe Katenne, pointe ce désir du prmc pe de plaisir deculpab lise dont elle inspire, j'ai beaucoup ' encage' ça donne des crinolines à ma façon, en forme de cage, ce sont des volumes qui ne sont pas encombrants que le regard traverse Quand vous trouvez l'idée de vêtements dans le nom même du chorégraphe, c'est magique quej ai é l a b o r e pour la danse dans mes prochaines collections, notamment la, en septembre et pas seulement de bal de Cour, maîs de cette ultime danse de mort sur laquelle souliers qui mènent la danse au risque de la mort, voila une dimension violente qui s'était peut-être ela gnee s'achève cruellement l'histoire — ce qui explique peut-être que les chorégraphes fait de ce conte le récit d'un rapport personnel a la danse entre principe de plaisir Travailler le conte c'est aussi réfléchir sur s'en soient méfiés, du moins qu'ils l'aient et pulsion de mort le parcours d'une écriture qu'on veut faire évoluer vers une épure « Pour rester maintenue lom de leur travail comme une intemporel, analyse Preljocaj, le conte Méchante Reine que se termine le conte, doit l'image chorégraphique de la Marâtre chaussee de mules de fer chauffées a malédiction Car c'est sur la torture de la * (I) A/ D i R Citons la version de Serge Lt f or sur la par titton de Serge Prokofiev créée en 1951 a I Opera de Gnmm n'avaient surtout pas l'ambition de faire de la litterature » Ce rapport a l'intemporel témoigne bien de cette volonté de trouver les bases d'un nouveau classi- blanc, qui devra « danser jusqu'à ce que le lien avec celle d'un autre conte, les Paris avec Liane Dayde dans le rôle titre et Nina Vyrou bova dans celui de la Reine une SHOW White de Paul Taylor (1983) sur une mus que de Donald York ainsi qu une version de 2005 de Ricardo Cue sur une créât on musicale d Cmilio Aragon avec Tamara ROJO dans le rôle titre et le Ballet du Theatre Arnaga de Bilbao que I on peut trouver en DVD chez Deutsch Gramophon (?) H D L R Maîs souvenons nous que le terme dan ser a longtemps ete synonyme de souffrir sous la for que A ce niveau, le choix de faire danser Chaussons rouges de Nans Christian Andersen, a l'origine d'un 'classique" du film de danse signe Michael Powell Les ture ou de contraindre qtietqu un a esqu ver des coups et que mettre les brodequins est le nom d un supplice célèbre qu consista t a serrer entre deux planches de bois les jambes d un condamne soumis a la question passer par une langue précise, dépouillée, sans effet de style Les Freres Blanche Neige n'est pas innocent, car il est bien question de danse dans ce conte, mort s'ensuive » (2) Or, cette danse menée pas les souliers chez les Frères Gnmm fait Novembre 2008 CARNET CRITIQUE Dansez, maintenant par Paul Hilarïon a peau blanche comme la neige, les levres rouges 'mme le sang, les yeux et les cheveux noirs comme l'ebene On pourrait ajouter a la description de Gnmm gracile comme une gazelle, légère comme une ballerine Au theâtre de Chaillot a Pans, fin octobre, Blanche Neige est apparue plus vraie que nature, a moitié dénudée dans un drape immacule conçu par Jean-Paul Gaultier (les nains n'étaient pas indifférents), incarnation magique de l'innocence et de la sexualité mêlées En s'attaquant a ce conte celebnssime, Angelin Preljocaj aurait pu tomber dans la mièvrerie ou la vulgarité Une bonne fée l'a inspire Le chorégraphe a eu l'intelligence de coller au plus pres a l'histoire, et d'en restituer ainsi toute la richesse symbolique l'omniprésence du désir, la fuite du temps qui altère, la jalousie meurtrière La gestuelle est inventive, magnifiquement interprétée par la troupe de Preljocaj, et la mise en scene, bourrée de belles idees ainsi, le passage a l'âge adulte de l'héroïne qui grandit en quèlques secondes grâce a d'habiles substitutions d'interprètes, l'envol de la belle-mère, métaphore de la mort qui emporte sa proie, les evolutions acrobatiques des troglodytes nains qui virevoltent a la verticale avec une légèreté inouïe, et le duo désespère du prince avec le corps inerte de sa belle Tout est réussi dans ce bailet les costumes d'un Gautier inspire (la terrible bellemère juchée sur ses talons hauts est sexy en diable), les décors superbes de Thierry Leproust qui jouent eux auss avec les symboles, I utilisation des symphonies de Mahler qui semblent écrites pour le drame Apres une rentree chorégraphique abondante (le spectacle Jerome Robbins du ballet de I Opera de Pans a Garnier était sublime), Blanche Neige ressuscitee par Preljocaj est une perle scintillante, un spectacle enchante, qui célèbre la réconciliation de la creation contemporaine avec la narration, l'esthétique, et surtout le sens N'est ce pas ce que nous attendons de la danse qu elle nous raconte une histoire, et réveille en nous des sentiments profonds que les mots sont impuissants a dire' Nul doute que ce beau ballet romantique (qui entame une longue tournee en France et en Europe) ne devienne tres vite un classique BALLET PRELJOCAJ CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL 1985 : la naissance d’une compagnie Créée en décembre 1984, la Compagnie Preljocaj devient Centre Chorégraphique National de Champigny-sur-Marne et du Val-de-Marne en 1989. En 1996, elle est accueillie à la Cité du Livre à Aix-en-Provence et devient Ballet Preljocaj - Centre Chorégraphique National de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, du Département des Bouchesdu-Rhône, de la Communauté du Pays d’Aix, de la Ville d’Aix-en-Provence. Une renommée internationale Le Ballet Preljocaj est aujourd’hui constitué de 26 danseurs permanents, plus de 100 représentations par an sont effectuées en France comme à l’étranger. Depuis la création de sa compagnie, Angelin Preljocaj a créé 46 chorégraphies, du solo aux grandes formes. Angelin Preljocaj s’associe volontiers avec d’autres artistes parmi lesquels Enki Bilal (Roméo et Juliette, 1990), Goran Vejvoda (Paysage après la bataille, 1997), Air (Near Life Experience, 2003), Granular Synthesis (« N », 2004) et Fabrice Hyber (Les 4 saisons…, 2005), Jean Paul Gaultier (Blanche Neige, 2008), Constance Guisset (Le funambule, 2009), ), Claude Lévêque (Siddharta, 2010), Laurent Garnier et Subodh Gupta (Suivront mille ans de calme, 2010). Ses créations sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies, dont il reçoit également des commandes. C’est le cas notamment de La Scala de Milan, du New York City Ballet, du Staatsoper de Berlin et du Ballet de l’Opéra national de Paris. Une implantation locale Outre la diffusion de ses pièces dans le monde entier, le Ballet Preljocaj multiplie les actions de proximité à Aix-en-Provence et dans la région afin de faire découvrir la danse au plus grand nombre : lectures, vidéodanse, répétitions publiques, stages et ateliers de pratique, interventions dansées dans l’espace urbain… un dispositif complet a été mis en place pour permettre au public de voir la danse autrement. 2006 : l’ouverture d’un lieu pour la danse à Aix-en-Provence En octobre 2006, le Ballet Preljocaj a investi son nouveau lieu conçu par l’architecte Rudy Ricciotti : le Pavillon Noir est le premier centre de production construit pour l’activité qu’il abrite où les artistes peuvent mener leur processus de création en intégralité, du travail en studio à la représentation sur scène. Dans son Théâtre et ses quatre studios, des rencontres et des spectacles de danse sont proposés toute l’année : ceux d’Angelin Preljocaj et de compagnies invitées. www.preljocaj.org BLANCHE NEIGE ANGELIN PRELJOCAJ CRÉATION 2008 N Nagisa Shirai © Jean-Claude Carbonne CONTACTS Direction ⎟ Nicole Saïd, [email protected] Production / diffusion ⎟ Emmanuelle Mandel, [email protected] Alice Dumas, [email protected] Communication ⎟ Sophie Paul, [email protected] Tél : + 33 (0)4 42 93 48 00 - Fax : + 33 (0)4 42 93 48 01 26/03/14 BLANCHE NEIGE CRÉATION 2008 À la Biennale de la danse de Lyon Pièce pour 25 danseurs Chorégraphie Angelin Preljocaj Costumes Jean Paul Gaultier Musique Gustav Mahler Musique additionnelle 79 D Décors Thierry Leproust Lumières Patrick Riou assisté de Cécile Giovansili-Vissière et Sébastien Dué Assistant, adjoint à la direction artistique Youri Van den Bosch Assistante répétitrice Natalia Naidich Choréologue Dany Lévêque Conseiller acrobaties verticales Alexandre del Perugia Danseurs (distribution à confirmer) Réalisation décors Atelier Atento Réalisation costumes Les Ateliers du Costume Spectacle créé en résidence au Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence Coproduction Biennale de la danse de Lyon / Conseil Général du Rhône, Théâtre National de Chaillot (Paris), Grand Théâtre de Provence (Aix-en-Provence), Staatsballet Berlin (Allemagne) Remerciement à Jean Paul Gaultier Chorégraphie primée aux Globes de Cristal 2009 Le Ballet Preljocaj, Centre Chorégraphique National, est subventionné par le Ministère de la culture et de la communication – DRAC PACA, la Région Provence-Alpes-Côte dʼAzur, le Département des Bouches-du-Rhône, la Communauté du Pays dʼAix et la Ville dʼAix-enProvence. Il bénéficie du soutien du Groupe Partouche - Casino Municipal dʼAix-Thermal, de la Fondation dʼentreprise Total, des entreprises membres du Carré des mécènes, des individus et entreprises membres du Cercle des mécènes, pour le développement de ses projets. BLANCHE NEIGE Pourquoi Blanche Neige ? Jʼavais très envie de raconter une histoire. Avant cela, avec Empty moves puis Eldorado (Sonntags Abschied), jʼai conçu des pièces très abstraites et, comme souvent, jʼavais le désir de prendre le contre-pied, dʼécrire quelque chose de très concret et dʼouvrir une parenthèse féerique et enchantée. Pour ne pas tomber dans mes propres ornières sans doute. Et aussi parce que, comme tout le monde, jʼadore les histoires. Un ballet narratif Blanche Neige est un ballet narratif, avec une dramaturgie. Les lieux sont représentés par les décors de Thierry Leproust. Les danseurs incarnent les personnages dans des costumes de Jean Paul Gaultier. Ce nʼest pas Le mythe ou La légende de Blanche Neige mais bel et bien Blanche Neige. Cʼest vraiment son histoire… Raconter une histoire avec la danse Cʼest délicat et cʼest cela qui est passionnant. Comment faire comprendre lʼhistoire ? Dans LʼAnoure, jʼavais choisi de faire entendre le texte de Pascal Quignard dans la bande-son. Mais avec Blanche Neige, je me repose sur un argument que tout le monde connaît, ce qui me permet de me concentrer sur ce que disent les corps, les énergies, lʼespace et sur ce que les personnages ressentent et éprouvent afin de donner à voir la seule transcendance des corps. Et puis Blanche Neige contient des objets merveilleux pour lʼimaginaire dʼun chorégraphe. Les symboles du conte Je suis fidèle à la version des frères Grimm, à quelques variations personnelles près, fondées sur mon analyse des symboles du conte. Bettelheim décrit Blanche Neige comme le lieu dʼun Œdipe inversé. La marâtre est sans doute le personnage central du conte. Cʼest elle aussi que jʼinterroge à travers sa volonté narcissique de ne pas renoncer à la séduction et à sa place de femme, quitte à sacrifier sa belle-fille. Lʼintelligence des symboles appartient aux adultes autant quʼaux enfants, elle parle à tous et cʼest pour cela que jʼaime les contes. Un ballet contemporain et romantique Ce ballet revêt une importance particulière pour moi - et je revendique le terme de « ballet » puisquʼil réunit tous les danseurs de la compagnie. Ils dansent sur les symphonies de Mahler dont les débordements magnifiques sont dʼessence romantique. Historiquement, les contes de Grimm le sont aussi, même si leur style épuré nous ramène à une forme de contemporanéité. Cʼest une entreprise délicate que de chercher à émouvoir. La musique de Mahler est à manipuler avec une immense précaution mais cʼest un risque que jʼai envie de prendre. Angelin Preljocaj Entretien avec Agnès Freschel Mars 2008 ANGELIN PRELJOCAJ CHORÉGRAPHIE Né en France en 1957, de parents albanais, Angelin Preljocaj débute des études de danse classique avant de se tourner vers la danse contemporaine auprès de Karin Waehner. En 1980, il part pour New York afin de travailler avec Zena Rommett et Merce Cunningham, puis continue ses études en France auprès de la chorégraphe américaine Viola Farber et du français Quentin Rouillier. Il rejoint ensuite Dominique Bagouet jusquʼà la création de sa propre compagnie en décembre 1984. Il a chorégraphié depuis 46 pièces, du solo aux grandes formes. Angelin Preljocaj sʼassocie régulièrement avec dʼautres artistes parmi lesquels Enki Bilal (Roméo et Juliette, 1990), Goran Vejvoda (Paysage après la bataille, 1997), Air (Near Life Experience, 2003), Granular Synthesis (« N », 2004), Fabrice Hyber (Les 4 saisons…, 2005), Karlheinz Stockhausen (Eldorado - Sonntags Abschied, 2007), Jean Paul Gaultier (Blanche Neige, 2008), Constance Guisset (Le funambule, 2009), Claude Lévêque (Siddharta, 2010), Laurent Garnier et Subodh Gupta (Suivront mille ans de calme, 2010)… Ses créations sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies, dont il reçoit également des commandes, cʼest le cas notamment de La Scala de Milan, du New York City Ballet et du Ballet de lʼOpéra national de Paris. Il a réalisé des courts-métrages (Le postier, Idées noires en 1991) et plusieurs films, notamment Un trait dʼunion et Annonciation (1992 et 2003) pour lesquels il a reçu, entre autres, le « Grand Prix du Film d'Art » en 2003, le « Premier prix Vidéo-danse » en 1992 et celui du Festival de Vidéo de Prague en 1993. En 2009, il réalise le film Blanche Neige et en 2011 il signe, pour Air France, le film publicitaire LʼEnvol, qui reprend la chorégraphie du Parc. Il a également collaboré à plusieurs réalisations cinématographiques mettant en scène ses chorégraphies : Les Raboteurs avec Cyril Collard dʼaprès lʼœuvre de Gustave Caillebotte en 1988, Pavillon Noir avec Pierre Coulibeuf en 2006 et Eldorado / Preljocaj avec Olivier Assayas en 2007. Plusieurs ouvrages ont été édités autour de son travail, notamment Angelin Preljocaj en 2003, Pavillon Noir en 2006, Angelin Preljocaj, Topologie de lʼinvisible en 2008 et Angelin Preljocaj, de la création à la mémoire de la danse en 2011. Au cours de sa carrière, il a reçu plusieurs reconnaissances parmi lesquelles le « Grand Prix National de la danse » décerné par le Ministère de la culture en 1992, le « Benois de la danse » pour Le Parc en 1995, le « Bessie Award » pour Annonciation en 1997, « Les Victoires de la musique » pour Roméo et Juliette en 1997, le « Globe de Cristal » pour Blanche Neige en 2009. Il est Officier des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion dʼhonneur et a été nommé Officier de lʼordre du Mérite en mai 2006. Aujourdʼhui composé de 26 danseurs permanents, le Ballet Preljocaj est installé depuis octobre 2006 au Pavillon Noir à Aix-en-Provence, un lieu entièrement dédié à la danse dont Angelin Preljocaj est le directeur artistique. Photo © Lucas Marquand-Perrier JEAN PAUL GAULTIER COSTUMES Né à Arcueil en 1952. Cʼest enfant déjà quʼil fait ses premiers dessins de modèles haute couture, puisant son inspiration dans l'univers urbain qui l'entoure. La mode se révèle être une véritable passion. Dès 18 ans, il rejoint l'équipe de Pierre Cardin, passe chez Jacques Esterel puis chez Jean Patou, pour finalement revenir chez Cardin en 1974. Il lui faut attendre 1976 pour voir ses idées se concrétiser. Sa première collection de vêtements fait une entrée fracassante dans l'univers de la mode. Le style Gaultier est né. Le créateur aime étonner et mélanger les styles. Son propre look (pull marin, kilt et coupe brosse blond platine) fait de lui un personnage culte. Celui que l'on appelle "l'enfant terrible de la mode française" révolutionne sans cesse cette dernière, avec en 1980 la récupération de la mode : cuirs de voitures et boîtes de conserve deviennent vêtements et bijoux, la Robe Corset en 1983, suivis de la jupe pour homme deux ans plus tard. Son succès triomphal lui permet d'affirmer son combat contre les barrières raciales et géographiques, contre l'intolérance. Les thèmes de ses collections illustrent bien sa volonté de mélanger les genres et de rompre les codes : La concierge est dans lʼescalier, Les Rock-Stars, Une garde-robe pour 2, Black Beauties, Barbes... Devenu le « chouchou » du show-business, il a collaboré avec plusieurs vedettes, dont Madonna pour qui il a créé le fameux corset aux bouts coniques. Il réalise aussi des costumes pour des longs-métrages tels que Le Cinquième Elément de Luc Besson, et d'autres pour la chorégraphe Régine Chopinot. Après la mode, les accessoires et les costumes de scène, il crée le parfum qui garde sa place parmi les best-sellers depuis plus dʼune décennie. En 1997 il réalise son rêve dʼenfance avec la présentation de son premier défilé haute couture et la fondation de sa maison Haute Couture Gaultier Paris. www.jeanpaulgaultier.com Photo © DR THIERRY LEPROUST DÉCORS Né en 1948 dans la Nièvre, Thierry Leproust sʼest formé à lʼEcole Boulle en architecture intérieure, design et sculpture. Il vit et travaille à Paris. Parallèlement à son activité de plasticien, il mène depuis 1983 une carrière de scénographe pour lʼopéra, le théâtre, la danse et de chef décorateur au cinéma. Depuis 1975, il expose régulièrement son travail de plasticien en France et à lʼétranger. Ses oeuvres figurent dans plusieurs collections publiques et privées. Il a déjà réalisé les décors de plusieurs créations dʼAngelin Preljocaj : Amer America (1990), La Peau du Monde (1992), Le Parc (1994), LʼAnoure et LʼOiseau de feu (1995), Casanova (1998), Le Sacre du printemps (2001), Le Songe de Médée (2004). Il a également collaboré avec les chorégraphes Nadine Hernu, Blanca Li et Patrick Salliot. Au théâtre, il a créé des décors pour Roger Planchon : Ionesco (TNP), Le triomphe de LʼAmour, LʼAvare (Théâtre de Berlin), Le Radeau de la Méduse (TNP), La Dame de chez Maxime (Opéra Comique) et Jacques Rosner : Le Mariage de Gombrowicz (Comédie-Française), Ivanov de Tchékhov (Théâtre 14 Paris) et Gorki (Moscou). Il a également travaillé pour Garance, Marie Hermès et Simone Amouyal (Théâtre de la Criée, Marseille). Pour lʼopéra, il a signé les décors pour Christian Gangneron, dans les productions de Don Giovanni et Cosi fan tutte de Mozart, Orfeo de Monteverdi, Carmen de Bizet (Opéra de Lisbonne), Pia de Tolomei de Donizetti (Fenice de Venise), Riders to the Sea (Opéra de Reims) jusquʼà sa dernière création, Les Sacrifiées (Maison de la Musique, Nanterre). Au cinéma, il a signé les décors de 7 films de Michel Deville dont La Lectrice et Le Paltoquet ainsi que Dandin de Roger Planchon. Il a également travaillé pour Roger Coggio, Eric Heumann et Marion Hansel dont il a créé les décors de 4 réalisations, la dernière étant Si le vent soulève les sables en 2006. Photo © DR PATRICK RIOU LUMIÈRES Après plusieurs années dʼétudes au Conservatoire de Musique de Toulon et de formation en lutherie, Patrick Riou débute sa carrière dans le monde du spectacle aux côtés du chorégraphe François Verret. Il se découvre alors une passion pour la danse auprès de grands éclairagistes tels que Rémy Nicolas, Jacques Chatelet, Pierre Colomère… Ces expériences lui permettent de travailler dans les univers variés des chorégraphies de Joseph Nadj, François Raffinot, Karine Saporta, Kubilaï Khan Investigation, Catherine Berbessous, Philippe Genty et Angelin Preljocaj, pour qui il signe les lumières de Personne nʼépouse les méduses (1999), Portraits in Corpore (2000), Helikopter et MC 14/22 - Ceci est mon corps (2001), Near Life Experience (2003). ASSISTÉ DE CÉCILE GIOVANSILI-VISSIÈRE ET SÉBASTIEN DUÉ Après avoir travaillé avec Hans Peter Cloos, Peter Brook ou Alexis Moati, Cécile GiovansiliVissière rejoint le Ballet Preljocaj en 2001. Elle participe aux créations dʼAngelin Preljocaj et signe les lumières de Eldorado (Sonntags Abschied) et Haka en 2007, Suivront mille ans de calme en 2010, Royaume Uni et Ce que jʼappelle oubli en 2012, Les Nuits en 2013. Après des études de musicologie, Sébastien Dué rejoint le Ballet Preljocaj comme régisseur lumière. En tant quʼéclairagiste, il a signé les lumières des créations de Samir Elyamni. EXTRAITS DE PRESSE Angelin lʼenchanteur Preljocaj et Gaultier relookent « Blanche Neige » à la Biennale de Lyon. Sa Blanche Neige dans les décors féeriques de Thierry Leproust est un ravissement : surtout son inquiétante forêt et son miroir noir comme un gouffre. Tout est parfaitement agencé, les rôles bien distribués, les symboles justement maniés, et la danse respire jusque dans des pas de deux amoureux ou mortels. « Cʼest un risque que jʼai eu envie de prendre, dit Angelin Preljocaj, celui de créer un grand ballet contemporain… et romantique ». Objectif atteint avec pomme et miroir, nains (sexuellement timides, si lʼon se réfère aux détournements pornographiques du conte), cerf gambadant, lutins maléfiques… Tout est là sans que cela vire au Disneyland. Jean Paul Gaultier qui signe les costumes, a évité les notes trop enfantines. (…) Les créateurs ne semblent pas trop attirés par la princesse des frères Grimm. Ils préfèrent la marâtre, Domina gainée de noire, majestueuse. Dʼailleurs, cʼest elle qui clôt le ballet avec un solo furieux qui ne laisse guère de chance à la tendre Blanche Neige plutôt dans le registre de lʼévanescence ou de lʼévanouissement – même si le prince en habit de torero de salon vient prendre sa défense. Cette version du conte, cette mise en ballet est réfléchie, bien tournée, on passe un bon moment. Marie-Christine Vernay Libération, 27 septembre 2008 Le décolleté de Blanche Neige Angelin Preljocaj et Jean Paul Gaultier bousculent le mythe à la Biennale de la danse. Son livre dʼimages recèle des séquences éclatantes de beauté. La ronde des nains (des moines-mineurs de fond) et de Blanche Neige sautant sur leurs fesses en claquant des mains fait sourire. Le duo entre la jeune fille et sa marâtre - elle lui enfonce la pomme dans la bouche en la faisant danser -est parfait dans sa sadique volupté. (…) Lʼécriture de Preljocaj, toujours taillée en biais, fait dans la citation classique sans complexe. La partition toute en sauts vifs, fentes sèches, moulinets des bras et changements multiples de direction, sʼémaille de tours, de piqués et autres pas académiques. Jamais, en revanche, on a vu une Blanche Neige aussi échancrée ! Si Jean Paul Gaultier a somptueusement réussi à se faire (presque) oublier dans les costumes, il ose une Blanche Neige en string. La peau transparente de lʼhéroïne, jambes dénudées jusquʼen haut des fesses par un drapé savant, attire lʼoeil. Ce « décolleté » rappelle que la sexualité est au coeur du conte. Plus que sa beauté, la méchante reine sait quʼelle va perdre son attrait sexuel. Elle doit accepter de vieillir. à lʼheure du lifting qui joue la confusion des âges, des générations et des saisons, ce conte rappelle tout bonnement que le temps est inéluctable, que la fille remplace la mère, fût-elle sa belle-mère, ainsi va la vie, aussi implacable soit-elle. Rosita Boisseau Le Monde, 28/29 septembre 2008 Blanche, mais pas comme neige Le ballet érotique de Preljocaj et Gaultier La Blanche Neige, que réinventent le chorégraphe Angelin Preljocaj et le couturier Jean Paul Gaultier, est un grand ballet populaire comme on nʼen a pas vu depuis Béjart. Preljocaj réussit, avec les 26 danseurs de sa compagnie, un ballet romantique moderne. Il se débarrasse de toute féerie sucrée et analyse en profondeur, à la lumière du psychanalyste Bruno Bettelheim, le conte des frères Grimm. Entre les trois chasseurs et les sept nains, notre Blanche Neige, habillée-déshabillée par Gaultier, serait plutôt une vraie coquine, un brin délurée. (…) Techniquement magnifique, elle subjugue dans plusieurs pas de deux. (…) Le ton relève dʼune sorte de magie noire : les décors sombres présentent quelques trouvailles comme le mur dʼescalade percé de trous troglodytiques, dʼoù jaillissent les sept nains gymnastes autant que danseurs et baraqués. (…) Évidemment il y a la marâtre, autour de laquelle tourne lʼessentiel : la chorégraphie en tension que lui a écrite Preljocaj est saisissante dans lʼinterrogation du miroir (« Mon beau miroir… ») et plus encore dans le désespoir hystérique. Nicole Duault Le Journal du Dimanche, 28 septembre/4 octobre 2008 Une héroïne violente et sombre Créée dans le cadre de la Biennale de la danse de Lyon, Blanche Neige enchante Paris, avant dʼentamer une carrière européenne. Aucun épisode de lʼhistoire de Blanche Neige nʼest épargné. Bien souvent, la belle-mère est au cœur de lʼaction. Sans cesse flanquée de deux chats souples et agiles, interprétés par deux danseuses menues dʼune grâce féline, elle apparaît sublime et sombre à la fois. Les sept nains font également leur apparition. Ils sʼillustrent au cours dʼune chorégraphie spectaculaire, mêlant danse et escalade. Sur scène, vingt-six danseurs font vivre les costumes créés par Jean Paul Gaultier. Le révolutionnaire de la mode a imaginé pour lʼoccasion des tenues intemporelles. La robe-toge de Blanche Neige et autres créations dʼinspiration guerrière valent à elles seules le déplacement. Les décors de Thierry Leproust servent le déroulement de lʼhistoire sans être trop présents. Lʼimmense miroir reflet de la beauté de Blanche Neige, reste énigmatique. Alors que la danse contemporaine tend souvent vers lʼabstrait, Blanche Neige dʼAngelin Preljocaj aborde sa narration par le visuel. La musique de Gustav Mahler fait pencher le spectacle vers le classique. La participation de Jean Paul Gaultier et le traitement dʼun mythe universel rendent le ballet contemporain accessible à un large public. Dʼautant plus que malgré la noirceur, cʼest lʼaspect romantique et féerique qui lʼemporte. Lisa Gougué France soir, 10 octobre 2008 Blanche Neige éternelle Angelin sʼattaque au conte de Grimm. Les costumes sont de Jean Paul Gaultier. Tout ravit lʼoeil dans ce conte franchement mis au goût du jour. Il y a la forêt où Blanche Neige se perd avec ces arbres au fût immense, pourvoyeurs dʼombres effrayantes dans le clair-obscur du plateau. Avec leur lampe au front, les nains ressemblent à des mineurs de fond. Leur maison, qui occupe le mur en fond de scène, ressemble à ces gîtes troglodytes creusés à même la roche, comme dans lʼOr du Rhin, lʼopéra de Wagner. Ils y circulent du haut en bas, la taille prise dans un filin. Le drame féerique culmine lorsque la Reine, jalouse de la beauté de lʼhéroïne, la contraint à manger la pomme rouge empoisonnée. Elle la lui met en bouche et lʼy maintient en gestes lents, implacables. Lʼensemble tient du cinéma expressionniste et la séquence est plus mimée que dansée. Angelin Preljocaj a opté pour lʼadagietto de la Cinquième symphonie de Mahler, quand le prince découvre Blanche Neige étendue morte dans son cercueil de verre. Il met à profit cette visite du conte pour feuilleter quelques pages de lʼhistoire de la danse. Ainsi le prince adopte la posture du Faune Nijinski prosterné sur le mouchoir de la nymphe… Muriel Steinmetz LʼHumanité, 13 octobre 2008 Dansons, maintenant Le chorégraphe a eu lʼintelligence de coller au plus près à lʼhistoire, et dʼen restituer ainsi toute la richesse symbolique : lʼomniprésence du désir, la fuite du temps qui altère, la jalousie meurtrière. La gestuelle est inventive, magnifiquement interprétée par la troupe de Preljocaj, et la mise en scène, bourrée de belles idées : ainsi, le passage à lʼâge adulte de lʼhéroïne qui grandit en quelques secondes grâce à dʼhabiles substitutions dʼinterprètes, lʼenvol de la bellemère, métaphore de la mort, qui emporte sa proie, les évolutions acrobatiques des nains troglodytes qui virevoltent à la verticale avec une légèreté inouïe, et le duo désespéré du prince avec le corps inerte de sa belle… Tout est réussi dans ce ballet : les costumes dʼun Gautier inspiré (la terrible belle-mère juchée sur ses talons hauts est sexy en diable), les décors superbes de Thierry Leproust qui jouent eux aussi avec les symboles, lʼutilisation des symphonies de Mahler qui semblent écrites pour le drame. (…) Blanche Neige ressuscitée par Preljocaj est une perle scintillante, un spectacle enchanté, qui célèbre la réconciliation de la création contemporaine avec la narration, lʼesthétique, et surtout le sens. Nʼest-ce pas ce que nous attendons de la danse : quʼelle nous raconte une histoire, et réveille en nous des sentiments profonds que les mots sont impuissants à dire ? Nul doute que ce beau ballet romantique (qui entame une longue tournée en France et en Europe) ne devienne très vite un classique. Paul Hilarion Classica répertoire, décembre 2008 La parenthèse féérique de Preljocaj Cʼest tellement réussi : merveilleux pas de deux avec Blanche Neige endormie, nains spéléologues qui multiplient les figures acrobatiques, comme des élastonautes, et costumes de Jean Paul Gaultier dessinés un à un sur les danseurs en mouvement, pour mieux évoquer encore lʼunivers élégiaque et violent des contes de Grimm. Claire Chazal Figaro Magazine, 18/24 octobre 2008 PARTENAIRES Le Ballet Preljocaj, Centre Chorégraphique National, est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC PACA, la région Provence-Alpes-Côte dʼAzur, le département des Bouches-du-Rhône, la Communauté du Pays dʼAix, et la ville dʼAix-en-Provence et bénéficie du soutien du Groupe Partouche – Casino Municipal dʼAix-Thermal, de la Fondation dʼentreprise Total, des entreprises membres du Carré des mécènes, des individus et entreprises membres du Cercle des mécènes, pour le développement de ses projets. BALLET PRELJOCAJ – PAVILLON NOIR Centre Chorégraphique National 530 avenue Mozart CS 30824 13627 Aix-en-Provence cedex 1 - France Tel: +33 (0)4 42 93 48 00 - Fax: +33 (0)4 42 93 48 01 www.preljocaj.org
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