éCRAN TOTAL10 - SMALA Cinéma

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éCRAN TOTAL10 - SMALA Cinéma
Belgique - Belgïe
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mensuel
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TOTAL
10
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Arenberg
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COLINE SERREAU
ECRITURE IMAGE RÉALISATION COLINE SERREAU - PRODUCTEURS MATTHIEU WARTER GUILLAUME PARENT - MONTAGE IMAGE CATHERINE RENAULT CLAUDE TRINQUESSE - CONSEILLER ENVIRONNEMENT CYRIL DION - MONTAGE SON MATTHIEU DENIAUX - MIXAGE PHILIPPE GRIVEL
MUSIQUE ORIGINALE GARDEN TRIO MADELEINE BESSON - PRODUCTION DÉLÉGUÉE CINEMAO - EN COPRODUCTION AVEC ENILOC STUDIO 37 MONTPARNASSE PRODUCTIONS KINO FACTORY - AVEC LA PARTICIPATION DE ORANGE CINEMA SERIES - EN COLLABORATION AVEC
COLIBRIS MOUVEMENT POUR LA TERRE ET L’HUMANISME - DISTRIBUTION FRANCE MEMENTO FILMS DISTRIBUTION EDITIONS MONTPARNASSE - VENTES INTERNATIONALES STUDIO 37 MEMENTO FILMS INTERNATIONAL
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To
“L’histoire est le témoin du temps, la lumière de la vérité, la vie de la mémoire, la
maîtresse de la vie.” Cicéron, De Oratore
classiques
p. 08
inédits
p. 30
Peut-être est-ce un hasard si cette année nos choix éditoriaux illustrent que le cinéma
est un témoin de son temps, de notre temps qui a furieusement besoin de mémoire.
Peut-être est-ce un hasard si la folie, sa liberté et son intégration dans la société se
sont imposés à nous comme une illustration presque métaphorique de ce rôle de
témoin.
Peut-être est-ce un hasard si cette année nos comédies distillent, au-delà de leur
maîtrise formelle, une certaine folie douce … comme en roue libre.
Peut-être est-ce un hasard si nombre de cinéastes présents à cette édition se sont
toujours distingués par un souci de revendiquer leur droit à la liberté, qu’elle soit
intellectuelle, artistique ou politique.
Peut-être est-ce un hasard si Chris Marker et Nanni Moretti dialoguent avec Jonathan
Nossiter et John Cassavetes.
Peut-être est-ce un hasard si justement cette année… ou peut-être pas.
reprises
p. 44
carte blanche
à jonathan Nossiter
p. 56
cycle chris marker
p. 66
cycle John cassavetes
p. 72
cycle comédies italiennes
p. 80
cycle fous à délier
p. 86
cycle documentaires
p. 94
prolongations
p. 100
“Geschiedenis is getuige van de tijd, het licht der waarheid, het leven der herinnering, de meesteres
van het leven.” Cicero, De Oratore
horaires
p. 103
séances exceptionnelles
p. 107
Misschien is het toevallig dat dit jaar onze keuze uitgaat naar cinema die getuigt van zijn eigen tijd, net
in een periode die dringend nood heeft aan een geheugen ?
Is het toeval dat waanzin, vrijheid en integratie in de samenleving ons bijna op metaforische wijze
voorgeschoteld worden ?
Dat de komedies van dit jaar elk, naast hun formele vorm, een zekere waanzin toelaten ?
Misschien is het toeval dat zoveel van onze gasten dit jaar net die cineasten zijn die altijd gevochten
hebben voor een zekere vorm van vrijheid, zij het intellectueel, artistiek of politiek ?
Is het toeval dat Chris Marker en Nanni Moretti in dialoog gaan met Jonathan Nossiter en John
Cassavetes ?
Misschien ligt het aan dit jaar.. of misschien is het gewoon toeval.
a-z
p. 108
E.G.
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les vidéos des différentes rencontres qui parsèment le Festival Ecran Total 2010 :
01.07 Le bateau du père - en présence de la réalisatrice
04.07 Plein Sud - en présence du réalisateur
08.07 San Clemente (Cycle FOUS A DELIER)
20.07 Le temps des grâces
11.08 Vous êtes servis + 10 minutes - en présence du réalisateur
02.09 Elle s’appelle Sabine (Cycle FOUS A DELIER)
03.09 Terre d’usage - en présence des réalisateurs
…Et n’hésitez pas à vous inscrire à notre newsletter hebdomadaire,
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© photo Claudine Doury / Agence VU’ graphic design Michel Welfringer
La SRF, Société des Réalisateurs de Films
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de la Quinzaine des Réalisateurs
Cannes 2010
au Cinéma Arenberg
tous les soirs
à 19h15
du 16 au 29 juin
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valable pour 10 séances au choix
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* Le pourboire (0,40 €) est compris dans le prix du ticket
Cinéma Arenberg
Galerie de la Reine, 26
1000 Bruxelles
Renseignements
et Horaires :
02 512 80 63
www.arenberg.be
édité par Cinédit asbl
éditeur resp. : Thierry Abel,
28 Galerie de la Reine
1000 Bruxelles
[email protected]
éCRAN TOTAL
Programmation :
EMMANUEL GASPART,
BERNARD NOËL
et Caroline Pauwels
Coordination :
EMMANUEL GASPART
Rédaction et Compilation
(textes Fr) :
Grégory Escouflaire,
Thierry et marc Horguelin
Rédaction (textes Nl ) :
Martine Vancutsem
(classiques, cycles),
Luc Joris
(inédits, documentaires,
reprises, prolongations).
avec le soutien de :
L’échevinat de la culture de la ville de bruxelles, L’échevinat du tourisme de la ville de bruxelles la commission
communautaire française de la région bruxelloise, la communauté française de belgique,
europa cinémas - une initiative du programme média des communautés européennes.
Remerciement :
La Cinémathèque Royale
de Belgique
Graphisme :
Nathalie Pollet
(Pam&Jenny)
Un grand merci à
Jean-Charles Tatum
pour sa précieuse
collaboration
01
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C la
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Réalisé en 1979 par Helma Sanders-Brahms, ce film provoque, aujourd’hui encore, un
choc insensé. Non qu’on y apprenne quoi que ce soit de nouveau sur la Seconde Guerre
mondiale, ou sur l’Allemagne. Ce qui saisit, c’est la frontalité et l’audace avec lesquelles
la cinéaste aborde, d’une manière éminemment subjective, la période la plus noire de
l’histoire de son pays, qui est aussi celle qui l’a vue naître.
Allemagne, mère blafarde se déroule en deux parties. Dans la première, la future mère
de Helma Sanders-Brahms, à l’écran Eva Mattes, rencontre son mari, qui est très vite
envoyé au front. Elle accouche seule, élève seule son bébé, puis se jette sur les routes de
l’Allemagne en ruines. Malgré des conditions de vie misérables, elle va connaître, pendant que l’horreur de la Shoah dévaste le hors-champ, l’ivresse de la liberté. Sur fond de
paix restaurée, la seconde partie associe l’écrasante culpabilité des survivants du Reich
avec la recomposition de la famille et le retour de l’ordre patriarcal.
Allemagne,
mère blafarde
Helma
Sanders-Brahms
Isabelle Regnier, Le Monde
Avant d’être tout ce qu’il est aussi – un film de femme, un film sur l’Histoire, un film
allemand –, Allemagne, mère blafarde est un beau film qui renoue avec cette vérité
première, un peu oubliée : que le cinéma est avant tout, par vocation, un art de la singularité. C’est d’ailleurs le sujet même d’Helma Sanders, le défi de la singularité à toutes
les illusions de la maîtrise et du savoir sur l’Histoire. […] La matière première, si j’ose dire,
de la singularité au cinéma, a toujours été le corps de l’acteur. Aussi la pauvreté relative
de la production finit-elle par servir le film en contraignant Helma Sanders à centrer
rigoureusement le filmage sur ses acteurs, remarquablement choisis. Le véritable travail
de la cinéaste a été de filmer quelques états différents de ces corps dans la traversée
de l’Histoire.
Alain Bergala, Cahiers du cinéma
1939. Hans (Ernst Jacobi, die recent zijn stem leende aan de oude leraar in Das weisse Band van
Michael Haneke), de kersverse echtgenoot van Lene (een uitstekende Eva Mattes) vertrekt naar het
Duitse front. Lene overleeft de oorlogsjaren, maar krijgt na de capitulatie van Duitsland een verbitterde
en brutale echtgenoot terug, waarmee het zeer moeilijk samenleven is. Regisseur Helma SandersBrahms, geboren in 1940, baseert zich voor verschillende van haar films op de ervaringen van haar
eigen moeder tijdens en na de oorlog. Zo ook voor Deutschland, Bleiche Mutter (1980), waarvan ze de
titel ontleent aan de eerste regel uit Bertold Brecht’s gedicht Deutschland, uit 1933. Niet meteen een
thema waar je vrolijk van wordt, maar zeer zeker een beklijvend, persoonlijk eerbetoon aan de kracht
van een vrouw. De stem op de voice-over is die van Sanders-Brahms.
Deutschland Bleiche Mutter
Avec
Eva Mattes
Ernst Jacobi
Elisabeth Stepanek
RFA
1980
123’
VO ST.FR
Classiques
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Bon Ecran Total !
en attendant la sortie des films…
BEYOND THE STEPPES
HITLER À HOLLYWOOD
ILLÉGAL
MARIEKE, MARIEKE !
NOIR OCÉAN
QUARTIER LOINTAIN
RONDO
LE VERTIGE DES POSSIBLES
VIVA RIVA!
LE VOYAGE
EXTRAORDINAIRE DE SAMY
Vanja d’Alcantara // Need Productions
Frédéric Sojcher //Saga Film
Olivier Masset-Depasse //Versus production
Sophie Schoukens //Sophimages
Marion Hänsel //Man’s Films
Sam Garbarski //Entre Chien et Loup
Olivier Van Maelderghem //Saga Film
Vivianne Perelmuter //Iota Production
Djo Tunda Wa Munga //MG Productions
Ben Stassen //nWave Distributiona
Le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel, Communauté française de Belgique
44 Boulevard Léopold II, B-1080 Bruxelles, T +32 (0)2 413 22 19
11
Antonio das Mortes évolue sur le terrain partagé de trois champs de forces proches
mais non strictement réductibles : l’histoire, le mythe et la politique. La puissance du
propos naît de l’entrechoquement de ces trois dynamiques. […] Sans surprise, on est ici
aux antipodes d’un cinéma engagé lénifiant ; Antonio das Mortes est un film de corps en
mouvement (danses, combats, empoignades, embrassades…), de couleurs et de musiques éclatantes. La scène du combat d’Antonio et Coïrana en est un excellent exemple.
Hormis un court métrage documentaire de commande, Antonio das Mortes est le premier film en couleur de Rocha. Et le cinéaste ne se prive pas d’utiliser les possibilités
de cette nouvelle palette technique. Les ocres de ses paysages arides sont bariolés de
taches de couleurs vives : la tunique rouge du nègre Saint-Georges/Oxossi, le chapeau,
le foulard et les lèvres rouges de Coïrana, la robe mauve de Laura, la femme du colonel,
ou le foulard rose d’Antonio… Bout d’étoffe dont la tension se retrouve au centre de la
scène du duel, cordon ombilical, viscère textile flamboyant reliant les bouches des deux
hommes, dansant et se battant – entre chorégraphie et boucherie – au milieu du chant
obsédant des beatos – cette “musique du diable” inécoutable par le coronel et qu’il
s’évertue donc à faire taire par ses sbires. Mais la musique ne se taira pas parce que
le film de Rocha est fondamentalement – et comme peu d’autres films de l’histoire du
cinéma – un film musical. Un film vraiment – profondément – musical. Pas des images
auxquelles on aurait rajouté de la musique ni l’inverse, mais un film qui sans les musiques (musiques du folklore de Bahia et de Minas, música popular brasileira de Sergio
Ricardo, musique contemporaine de Marlos Nobre, blues historiographiques et chansons de gestes nordestines…) qui le structurent, l’innervent et le font avancer, mourrait
sur place.
Philippe Delvosalle, www.lamediatheque.be
O Drogão da Maldade contra O Santo Guerreiro, kortweg Antonio Das Mortes (1969) is het vervolg op
Deus e o Diablo no Terra do Sol (1964), waarin we voor het eerst kennismaken met huurmoordenaar
Antonio, die door grootgrondbezitters word ingelijfd om lastige onderdanen te elimineren. Al kiest hij dit
keer uiteindelijk de kant van de arme landbouwers in hun strijd tegen de meedogenloze landeigenaars.
Net als z’n voorganger speelt Antonio Das Mortes (1969) zich af in het dorre noordoosten van Brazilië.
Ook omstandigheden en personages zijn gelijkaardig. De verwijzing naar de repressie van het dictatoriale regime mag duidelijk zijn. Het werd Glauber Rocha’s laatste kreet van verontwaardiging, voor hij
Brazilië verliet en soelaas zocht in het buitenland. Een verbanning die tien jaar zou duren. Rocha werd
voor Antonio Das Mortes bekroond als beste regisseur op het filmfestival van Cannes.
Antonio
das Mortes
Glauber Rocha
O Dragão da Maldade
contra o Santo Guerreiro
Avec
Mauricio do Valle
Odette Lara
Othon Bastos
Brésil
1969
95’
VO ST.FR
Classiques
12
Cinquième
Colonne
Alfred Hitchcock
Saboteur
Avec
Priscilla Lane
Robert Cummings
Otto Kruger
États-Unis
1942
105’
VO ST.BIL
Cinquième film américain d’Alfred Hitchcock, Saboteur (Cinquième Colonne) est une
œuvre foisonnante d’idées et de péripéties. Le film reprend la structure des Trente-Neuf
Marches : la fuite à travers le pays d’un faux coupable accompagné d’une blonde d’abord
suspicieuse, puis compatissante. Tous les éléments de ce que le maître du suspense
aimait appeler un “scénario itinéraire” sont ici réunis. Cette structure hitchcockienne
connaîtra dix-sept années plus tard son aboutissement dans La Mort aux trousses, Cary
Grant, Eva Marie-Saint et le mont Rushmore se substituant à Robert Cummings, Priscilla
Lane et la statue de la Liberté. […] On peut ajouter que Saboteur installe le style américain d’Hitchcock dans ses choix de mise en scène et ses audaces techniques. Seule
la distribution se démarque du système hitchcockien. Époque oblige, dans sa fuite en
avant, le héros n’aura de cesse de sauver tout ce qui représente l’Amérique face à la
menace nazie : sa défense (l’usine d’aviation), son énergie (le barrage), son art (le cirque),
son divertissement (le cinéma), sa mobilité (le bateau), son économie (les buildings), son
histoire (le ranch) et pour finir son symbole absolu (la statue de la Liberté). […]
Saboteur est l’œuvre majeure d’une période du cinéma d’Hitchcock au cours de laquelle
les ambitions techniques sont encore prédominantes par rapport à l’expression de sa
vision du monde. Cette tendance s’inversera à partir de Notorious, mais on peut tout
de même considérer ce film comme la deuxième étape du perfectionnement de son
schéma favori, le scénario itinéraire. On peut donc parler de tournant esthétique, car
c’est à partir de là qu’il utilisera pleinement les conditions techniques exceptionnelles
offertes par Hollywood et fera de l’expérimentation son outil essentiel pour traduire ses
idées en plans.
Sélim Gharbi, dvdclassik.com
Copie neuve
Classiques
Barry Kane (Robert Cummings) wordt valselijk beschuldigd van sabotage. Om de echte
saboteurs(fascisten die het land willen destabiliseren) te ontmaskeren en zijn eigen naam te zuiveren,
doorkruist Kahn Amerika van de west- naar de oostkust. De afrekening gebeurt in New-York, bij Lady
Liberty. Het is de eerste keer dat Alfred Hitchcock een Amerikaans icoon – het vrijheidsstandbeeld –
gebruikt in zijn plot, maar het is zeker niet de eerste maal dat hij een onterecht beschuldigde tot onderwerp neemt. Saboteur (1942) wordt wel eens ‘de Amerikaanse 39 Steps’ genoemd (Alfred Hitchcock
draaide The 39 Steps in 1935 in zijn thuisland Engeland). Het is één van Hitchcock’s mindere goden,
geprangd tussen Suspicion (1941) en Shadow of a Doubt (1943). Saboteur wordt ook wel eens verward
met Sabotage, die Hitch in 1936 maakte. Maar het is geen remake, beide films hebben maar één ding
gemeen. Het zijn onvervalste ‘Hitchcocks’.
13
Troisième volet de la trilogie de Michelangelo Antonioni sur la vie moderne au milieu de
siècle (après L’Avventura et La Nuit), L’Éclipse est probablement son plus grand film mais
aussi, ce qui n’est peut-être pas innocent, celui dont la trame est la plus ténue : à Rome,
une traductrice, se remettant d’une liaison malheureuse, se lie brièvement à un courtier
en Bourse. Toutefois, ils n’apparaissent à aucun moment de l’éblouissante scène finale,
peut-être ce qu’Antonioni a réalisé de plus puissant. L’absence des deux acteurs principaux, qui donnent sans doute ici la performance la plus nuancée et charismatique de
leur carrière, joue un rôle clef dans l’effet dévastateur de cette fin.
L’Éclipse
Michelangelo
Antonioni
Jonathan Rosenbaum, 1001 Films
À deux ans d’intervalle, L’Éclipse prend le relais de La Nuit, à la fin duquel un couple se
défaisait. La séparation sert ici de prologue où l’écriture d’Antonioni, plus visuelle que
narrative, n’a jamais aussi bien traduit l’indicible d’une vie émotionnelle. Le “flottement”
de Vittoria, ses moments solitaires et fortuits de fruste hédonisme, son amitié avec les
choses : dirigée par un véritable artiste figuratif, la caméra nous rend tout cela sensible.
Tout comme cette même camera prend des airs de documentaire pour filmer l’agitation
de la Bourse – “Un bureau, un marché ou un ring de boxe ?”, s’interroge le metteur en
scène par la voix de son héroïne. De l’idylle avec Piero, l’agent de change, nous ne verrons pas trop le prévisible épilogue. Tout laconisme consommé, le dernier mot revient à
des images comme vidées de commentaire : aux volumes, aux angles, aux contrastes
d’une ville inquiétante et déserte. Ainsi se clôt un film construit comme un long poème,
où les séquences procèdent l’une de l’autre non par continuité dramatique, mais par
correspondance.
L’Eclisse
Avec
Monica Vitti
Alain Delon
Francisco Rabal
Italie / France
1962
125’
VO ST.FR
Thierry Trani, Guide Télérama du cinéma
Vittoria (Monica Vitti) verlaat haar minnaar (Francisco Rabal) en begint een relatie met Piero (Alain
Delon), maar verkiest uiteindelijk de eenzaamheid boven een huwelijk of een manke relatie. L’Eclisse
(1962) gaat over het gebrek aan emoties in de relatie tussen mannen en vrouwen in onze moderne
tijden. Het is tevens het laatste deel van wat nu wel eens ‘ Michelango Antonioni’s trilogie van de
vervreemding’ wordt genoemd. Die begon met L’Avventura en werd vervolgd met La Notte (beiden uit
1960). De film focust op de immer charmante Monica Vitti. Het is door haar ogen dat we de leegheid van
gebouwen en landschappen zien. Misschien symbolisch gezien een iets te makkelijke keuze, maar je
kan niet anders dan onder de indruk raken van bijvoorbeeld de beurssequentie of de angstaanjagende
schoonheid van de finale shots van een stad verstoken van elk levend wezen.
Classiques
14
Extérieur,
nuit
Jacques Bral
Avec
André Dussollier
Gérard Lanvin
Christine Boisson
France
1980
112’
VO FR
Copie neuve
Classiques
Comme un éclair dans la nuit. Près de trente ans après la révélation Extérieur, nuit,
l’effet produit par le film de Jacques Bral se trouve comme décuplé. Plus aveuglant
encore, en ceci qu’aujourd’hui plus qu’hier il semble sortir d’un nulle part qui nous serait
étrangement familier, sentiment qui au plaisir de la découverte fait se mêler celui de la
reconnaissance. En ce temps-là, il était permis de fumer dans les bars et dans les taxis,
ce dont les personnages du film ne se privent pas. En ce temps-là, Gérard Lanvin (Léo)
déployait une énergie, une envie, un désir d’exister qui se ressourçaient dans la nonchalance à demi feinte d’André Dussollier (Bony), écrivain auquel la présence encombrante
de son pote servait de prétexte à ne pas écrire. Entre eux, il y avait Cora, avec eux il y
a Christine Boisson. Cora, peut-être le plus beau personnage de femme qui se puisse
rêver, chauffeur de taxi qui à l’occasion dévalise ses clients, parfois les rejoint sur la banquette arrière, qui ne veut pas qu’on l’aime, qui s’emporte quand on lui parle d’amour, et
qui au petit matin d’une sale journée partira en emportant... non, vous verrez par vousmême. Incandescente Cora, sublime Christine Boisson. Le film saisit d’emblée, rythme
affûté, dialogues au rasoir, il ne vous lâche plus, humour coupant, acteurs dont on ignorait alors, forcément, tout en le pressentant pourtant, que jamais ils ne seraient autant à
leur avantage, car des rôles comme ceux de Léo, de Bony, de Cora ne se retrouvent pas.
Il y a la nuit, le grain de la pellicule, les lumières de la ville, la caméra portée de PierreWilliam Glenn, la musique de Karl-Heinz Schafer, qui à force d’exigence paraît si simple,
comme naturelle, et emballante, étourdissante. Il y a dans Extérieur, nuit le meilleur du
cinéma des années à venir, Kaurismaki en petit frère surdoué, il y a aussi tout ce qui a
fait que bientôt le monde allait basculer du côté du fric, du propre sur soi, du quant-àmoi, sans que pour autant les Léo, les Bony, les Cora cessent d’exister, seulement les
cinéastes français ont renoncé à les filmer. Pascal Mérigeau, Le Nouvel Observateur
Het is niet zozeer het verhaal als wel de toon, tussen zachtaardig en gewelddadig, en de sfeer – het
nachtelijke Parijs gehuld in een geelachtig licht (schitterend werk van cameraman Pierre-William
Glenn), voorzien van huilende violen en een melancholische bandoneon – die Extérieur, nuit (1980)
zo bijzonder maken. En er is de opmerkelijke vertolking van nieuwkomer Christine Boisson. Boisson,
een kruising van Louise Brooks en Jeanne Moreau, is de koele minnares die kortstondig opduikt in het
nachtelijke leven van twee vrienden, Léo (Gérard Lanvin) en Bony (André Dussolier, die momenteel
schittert als Stalin in Une exécution ordinaire van Marc Dugain). Maar vriendschap en seks doorbreken
het cynische individualisme van het trio niet en Cora vertrekt opnieuw. Extérieur, nuit is een prachtig
vrouwenportret in de beste traditie van A Woman under the Influence (1974, van John Cassavetes) of
Wanda (1970, van Barbara Loden).
15
Bien sûr, il est toujours un peu facile de considérer l’opus ultime d’un cinéaste comme
son “film-testament”. Mais il faut reconnaître qu’en portant à l’écran The Dead, John
Huston ne nous écarte pas vraiment de l’hypothèse mortuaire. The Dead, donc, et non
pas Dubliners comme pourrait l’indiquer le titre français, le film s’attachant uniquement
à la dernière des nouvelles composant le célèbre recueil signé James Joyce.
Adapter Joyce : Huston, ce vieux pirate, était bien l’un des rares à pouvoir tenter le coup,
lui qui s’était mesuré à Moby Dick, cassé les dents sur La Bible et sorti victorieux du
maelström Au-dessous du volcan – l’exploit étant d’avoir tiré du chef-d’œuvre ébouriffé de Lowry un film rectiligne et limpide, presque une épure. C’est le même Huston
tardif, inspiré et resserré qui se penche sur la nouvelle irlandaise. Son intrigue, ténue,
permet au cinéaste de creuser une atmosphère avec une infinie minutie – économie
des décors et précision d’une mise en scène à la fois revenue de tout et cependant
jamais lasse. Creuser une atmosphère : comme on creuse une tombe. Sans jamais se
placer au-dessus de personnages dont on devine qu’il partage en partie une forme de
nostalgie, Huston se montre pourtant implacable. Le contexte a beau être supposément
festif, les attitudes sont aussi amidonnées que les costumes, et les regards hospitaliers
en surface se font promptement inquisiteurs. Les “bonnes valeurs” de la vieille Irlande
louées autour de l’oie qu’on découpe semblent aussi vivantes que l’infortuné animal.
C’est presque une inquiétante – et lugubre – étrangeté qui s’installe au sein d’une soirée
des plus convenues, à laquelle nous avons la sensation de participer, bien plutôt que
d’être invités à suivre une quelconque intrigue.
Rémi Boiteux, culturopoing.com
Gens
de Dublin
John Huston
The Dead
Avec
Anjelica Huston
Donal McCann
Dan O’Herlihy
Royaume-Uni / Eire / États-Unis
1987
83’
VO ST.FR
“His soul swooned slowly as he heard the snow falling faintly through the universe and faintly falling,
like the descent of their last end, upon all the living and the dead.” John Huston’s testament werd een
werk van liefde. Liefde voor zijn familie, zijn Ierse roots en zijn favoriete schrijver, James Joyce. Zoon
Tony schreef het scenario voor The Dead (1987), gebaseerd op het gelijknamige verhaal van Joyce,
dochter Anjelica is bijzonder ontroerend als Gretta, één van de sleutelpersonages in dit ingetogen,
sublieme ensemblestuk. Kerstnacht 1905 in Dublin: familie en vrienden komen samen in het huis van
twee ongehuwde zussen. Er wordt gepraat, gedanst, gegeten, gedronken en vooral…gezongen. Eén
lied roept bij Gretta herinneringen op aan een lang geleden gestorven geliefde. Een openbaring voor
haar echtgenoot Gabriel (Donal McCann), die met een mengeling van jaloezie en melancholie het verschil tussen ‘gewoon bestaan’ en ‘echt leven’ ontdekt.
Classiques
Si on n’est pas curieux,
on est foutu.
Georges Charpak
Nobel de physique 1992
ANN_CURIEUX_186x241_ENFANT.indd 1
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17
Considéré comme le film le moins réussi d’Ingmar Bergman, L’Œuf du serpent, s’il manque incontestablement de cohérence, n’en est pas moins une œuvre remarquable, et
c’est d’ailleurs cette hétérogénéité même qui concourt à son inquiétant attrait.
Suivant, dans le Berlin des années vingt, juste avant le putsch raté d’Hitler, la déchéance
d’Abel Rosenberg après le suicide de son frère, le cinéaste en effet, semble hésiter entre
ses préoccupations habituelles, à savoir l’incommunicabilité foncière entre les sexes
et sa tentative de sublimation dans la création artistique (les scènes d’intérieur entre
Rosenberg et sa belle-sœur avec qui il cohabite ; les séquences de cabaret), et une autre
matière, les passages obligés de la reconstitution historique comme la recherche convenue des causes de l’avènement du nazisme (il s’agit à notre connaissance du seul film
de l’auteur situé dans un lieu et un temps précis). Ces deux thématiques s’allient avec
difficulté, et c’est justement ce qui crée le malaise du spectateur, car leur seul lien véritable, à savoir le dérèglement psychique du personnage principal, hystérise les conflits du
couple (et l’on est alors plus proche du mélodrame que de la tragédie) et dans le même
temps, connote excessivement l’environnement architectural ou politique de celui-ci (on
est moins dans une adaptation de Kafka par Lang, contrairement à ce qu’on peut lire un
peu partout sur ce film, et ce malgré les labyrinthes et les allusions à Mabuse, que dans
une série B qu’aurait tournée Losey). Cette outrance est à l’origine même de l’effroi que
l’on ressent devant ce film, sorte de version hardcore du Cabaret de Bob Fosse. […]
Radical dans son illustration du drame intérieur du cinéaste, L’Œuf du serpent est bien
le grand film d’épouvante d’Ingmar Bergman.
Ludovic Maubreuil, cinematique.com
L’Œuf
du serpent
Ingmar Bergman
Das Schlangenei
Avec
Liv Ullmann
David Carradine
Heinz Bennent
RFA / États-Unis
1977
119’
VO ST.FR
The Serpent’s Egg (1977) volgt een week in het leven van Abel Rosenberg (de vorig jaar overleden David
Carradine), een werkeloze Amerikaanse circusartiest in het door armoe geteisterde Berlijn van na WOI.
Na de zelfmoord van zijn broer betrekt hij een appartement van de vreemde professor Vergerus (Heinz
Bennent), die hem ook een job in zijn kliniek aanbiedt. Daar ontdekt Rosenberg het ijselijke geheim
dat zijn broer tot wanhoop dreef. Neem regisseur Ingmar Bergman weg uit het hoge noorden en de
algemene misvatting is dat hij zijn filmmagie verloor. Bergman maakte deze film in Engeland, en het
werd een groter opgezette productie dan we van hem zijn gewend, maar voor het overige blijft dit een
klassieke, degelijke Bergman, die zijn vertrouwde thema’s aankaart. In dit geval: hulpeloze figuren die
speelbal worden van de oncontroleerbare kracht van de geschiedenis.
Classiques
18
On the Bowery
Lionel Rogosin
États-Unis
1957
65’
VO ST.FR
Dans le sillage de Flaherty et du néoréalisme italien, On the Bowery et Come Back,
Africa, les deux premiers films de Lionel Rogosin, sont deux documentaires et beaucoup
plus que cela, puisqu’ils sont l’un et l’autre bâtis sur une trame de fiction très simple : un
homme arrive en un lieu, et il est confronté à des situations pour lui inconnues. Comment
va-t-il se comporter ?
Juif new-yorkais héritier d’un grand patron du textile, marqué par la guerre et l’Holocauste, Rogosin avait décidé de faire des films pour lutter contre de possibles retours à
la barbarie. Son premier projet fut alors de tourner en Afrique du Sud contre l’apartheid
dont on ne parlait pas assez selon lui et c’est pour “apprendre le cinéma” qu’il résolut
de filmer d’abord en Amérique même. Ainsi naquit On The Bowery. On y suit un ouvrier
itinérant, Ray, un de ces déboussolés des lendemains de la Seconde Guerre mondiale
que l’alcool aide à vivre. Ayant terminé un travail sur un chantier de chemin de fer, il
débarque un matin sur le Bowery, dans le Lower East Side de New York, cour des miracles hantée de clochards. Il en rencontre quelques-uns, se lie le temps d’une cuite avec
eux. Il est grugé, et parfois aidé par les mêmes. Cette découverte, avec lui, d’un enfer de
la décrépitude, pourrait être sordide. Elle est une leçon de vie. Pour deux raisons sans
doute : ce sous-monde est comme une caricature de l’autre, celui de la libre entreprise,
du chacun-pour-soi. Et la deuxième, la plus importante : Rogosin, qui passa des mois
dans les bistrots du Bowery avec eux avant de tourner son film, partageant leurs beuveries, à écouter leurs histoires de naufrages, aime ses personnages. Il y a du savoir-vivre
chez ces condamnés à mort. Ce film d’amour fait avec eux, pour eux, est impitoyable
pour la société qui tolère de telles situations.
d’après Émile Breton, L’Humanité
Classiques
John Cassavetes zei ooit dat Lionel Rogosin ‘wellicht de grootste documentairemaker aller tijden is’.
Nochtans is Rogosin geen huishoudnaam. Onder ‘documentaire’ werd in de jaren ’50 immers vooral
de prachtige natuurbeelden van Robert J. Flaherty (Nanook of the North, 1922) of de gesofisticeerde
kunst van Walter Ruttman (Berlin: die Sinfonie der Grosstadt, 1927) verstaan. On the Bowery (1957),
is een portret van het leven aan de zelfkant van toenmalig New York. Tegen een achtergrond van bars
met pratende, drinkende en ruziënde mensen maken we kennis met Ray. Hij is net gearriveerd in New
York en na een nachtje loosgaan, wordt hij wakker zonder geld en zonder koffer. Net als Flaherty werkt
Rogosin tot op zekere hoogte met een script en gebruikt hij niet-professionele acteurs. Maar hij wijkt
af van Flaherty in zijn keuze van het onderwerp waardoor ‘realiteit’ een meer hedendaagse invulling
kreeg. In dat opzicht effende hij de weg voor de moderne documentaire.
19
Le 14 février 1900, quatre adolescentes et une institutrice disparaissent au cours d’une
excursion à Hanging Rock. Trois d’entre elles ne seront jamais retrouvées.
Ce film au charme envoûtant tire le meilleur parti des thèmes chers à son réalisateur :
l’intrusion de l’étranger dans un système qu’il dérange, et l’opposition de la culture à la
barbarie. Celle-ci est magnifiquement symbolisée par une énorme masse volcanique
aux pouvoirs mystérieux, dominant de toute éternité la nature sauvage au-dessus de
laquelle les jeunes filles veulent s’élever, selon les principes victoriens qu’on leur a inculqués. Mais lorsqu’elles quittent le monde de la répression en cédant aux pulsions de
l’instinct et du désir, c’est pour se fondre organiquement à l’endroit où elles ont découvert la volupté. De l’horreur qu’elles ont vécue, nous ne percevons que les retombées.
Virtuose de l’ellipse, Weir revient parmi ceux que la mort n’a pas transformés en anges
de Botticelli, et nous frustre doublement : par l’énigme et par le refus de nous retourner
sur l’attirant lieu du crime. Le spectateur devient ainsi la dernière victime de Hanging
Rock, saisi par la sensualité de la photo, l’utilisation des ahurissants décors naturels,
le dérapage du romantisme au fantastique, et l’attrait d’un mystère qui le lance fiévreusement dans toutes les directions rationnelles, avant de le rabattre, par la force d’une
vague mystique, sur les hypothèses les plus folles. Geneviève Picard, Voir
Hanging Rock fait partie de ces films qui, comme Mulholland Drive, suscitent les passions et les spirales interprétatives en raison du noyau impénétrable autour duquel il
tourne et bute admirablement. Mais ce n’est pas seulement en tant que support à fantasmes que le film est captivant, c’est aussi et surtout en tant que forme hybride, au
carrefour de deux tendances majeures du cinéma contemporain : la modernité antonionienne, pour laquelle il n’y a pas de vérité possible de l’image, et un certain maniérisme
ne croyant plus qu’à la réalité de l’image, de sa surface. Amélie Dubois, Les Inrockuptibles
Picnic at Hanging Rock (1975) oogt bedrieglijk eenvoudig. Een groep meisjes van een exclusieve school
gaat op Valentijnsdag 1900 op picknick in ‘the outback’, het wilde hinterland van Australië. Het leuke
uitje is afgelopen als na een klimtocht naar de top van Hanging Rock drie meisjes en een lerares
spoorloos verdwijnen. Wie hoopt op een logische afwikkeling, komt bedrogen uit. Regisseur Peter Weir
weigert vastberaden alle mysteries op te helderen. Hij blijft trouw aan het fait divers waarop hij zich
baseerde. De natuur heeft nooit haar geheim prijsgegeven. Angst voor het onbekende is immers veel
doeltreffender dan een rondsluipende gemaskerde gek met een grote bijl. De indrukwekkende soundtrack, bevreemdende elecronische muziek van Bruce Smeaton, doet de nekharen overeind staan. Deze
tweede film van Weir betekende de doorbraak van de Australische cinema in Europa en de rest van de
wereld.
Picnic
at Hanging
Rock
Peter Weir
Avec
Rachel Roberts
Dominic Guard
Helen Morse
Australie
1975
108’
VO ST.FR
Classiques
20
Play Misty
For Me
Clint Eastwood
Avec
Clint Eastwood
Jessica Walter
Donna Mills
États-Unis
1971
104’
VO ST.FR
Animateur de radio en Californie, Dave reçoit régulièrement la même demande d’une
auditrice : diffuser Misty. Il finit par la rencontrer et passe la nuit avec elle. Les fans de
jazz vous le diront : Misty est un des sommets de l’art d’Errol Garner, une mélodie sirupeuse qui recèle des trésors, des langueurs qui frisent la dissonance. À l’image de cette
histoire où, sous l’apparente paix de la petite ville californienne, couvent des poussées
de violence. Clint Eastwood, qui signait là sa première mise en scène – très inspirée –,
s’est offert un rôle inhabituel d’homme sexuellement harcelé.
Aurélien Ferenczi, Le Guide Télérama du cinéma
Ce personnage de Dave offre à Eastwood le moyen de prendre le contre-pied du rôle
qu’il vient de tenir dans Les Proies. C’est encore un homme-objet, un mâle qui éveille
le désir sexuel de la femme, mais ici, il peut agir et choisir à sa guise. Rien ne l’aliène
physiquement. S’il se laisse coloniser, oppresser, dominer et molester par Evelyn, c’est
parce qu’il manque de volonté. Play Misty For Me est, dans la moindre de ses fibres, le
récit d’un exorcisme. En marge du scénario, c’est aussi celui du comédien Eastwood qui
rejette son mythe pour entrer dans un univers qui ressemble à ses aspirations artistiques.
Ce qui frappe d’emblée dans sa mise en scène, c’est qu’elle ressemble à sa manière de
jouer : une nonchalance, un rythme coulé, “cool”, avec des accélérations soudaines et
des éclairs d’hystérie. C’est très différent de la cadence syncopée de Donald Siegel ou
de la musicalité graphique de Sergio Leone. Tout s’y fait au tempo d’une respiration
humaine, avec des digressions contemplatives sur la beauté des sites et l’intrusion du
documentaire : Cannonbal Adderley au festival de jazz de Monterey. Il est encore trop tôt
pour cerner un style précis, mais on sent une volonté permanente d’éviter les redondances et les explications par le dialogue.
d’après Noël Simsolo, Clint Eastwood
Classiques
Tachtig wordt Clint Eastwood dit jaar, maar hij blijft aan een verbluffend tempo films van hoge kwaliteit
maken, zij het recent vooral als regisseur. Zijn regiedebuut, Play Misty for Me (1971) dateert van bijna
veertig jaar geleden. In deze voorloper van Fatal Attraction (1987, van Adrian Lyne) toont Eastwood
meteen zijn regisseurskwaliteiten. En dat hij zijn eigen beste regisseur is. Er is nog ruimte voor verbetering - de long shots met toegevoegde dialoog ogen ondertussen nogal passé – maar dat hij een prima
verteller is die behoorlijk vaart in zijn films brengt, werd meteen duidelijk. Eastwood is Dave Garver,
een radiopresentator die een losse flodder heeft met Evelyn (Jessica Walter), om te laat te merken dat
zij een even krankzinnige number one fan is als Annie Wilkes in Misery (1990, Rob Reiner). 1971 is
trouwens ook het jaar waarin Eastwood de wereld verblijdt met de one liner spuwende inspecteur ‘Dirty
Harry’ Callahan.
21
Querelle de Rainer Werner Fassbinder est une œuvre qui ne ressemble qu’à elle-même
avec derrière la caméra un cinéaste majeur allant au bout de ses obsessions en achevant chaque plan comme s’il s’agissait du dernier et, devant, un acteur (Brad Davis). Le
cinéaste allemand s’inspire d’un roman de Jean Genet et plaque ses fantasmes sur celui
de l’écrivain pour créer une fusion maladive. Fassbinder se met à nu et utilise à son tour
l’art du “chant d’amour” pour exorciser ses derniers démons. Mais, attention aux contresens : s’il voue la même fascination pour le héros Querelle en le dépeignant comme une
bête cruelle au beau cul mais au regard destructeur, il se moque aussi de la légèreté
romantique – parce qu’il ne peut pas s’empêcher d’être méchant – et de la prose pompeuse de l’écrivain poète français. Ici, pas de sentimentalisme gnangnan, juste la crudité
des mots et des postures. Une manière d’être lucide avec l’“amour”, un mot qu’il faut
bannir du vocabulaire maison. C’est son dernier film, entre pastiche et ironie, cérébralité
et instinct. Il est aussi important que Salo ou les 120 journées de Sodome dans la filmographie de Pier Paolo Pasolini. Comme toutes les pièces uniques, il ne s’oublie pas. […]
Querelle doit avant tout être vu comme une parabole sur les apparences au sens premier. Apparence physique bien sûr, entre beauté extérieure et mal intérieur, mais aussi
apparence du décor totalement factice, entièrement reconstitué en studio. Apparence
du leurre et donc du songe. Car Querelle n’est qu’un lent et somptueux songe. […] Il est
de ces voyages dont on ne revient pas. Et l’on ne revient pas de Querelle, empire des
sens qui suinte le désir et la frustration de partout. Ce grand film fantasque, où chacun
se donne corps et âme, a quelque chose de bouleversant.
Querelle
Rainer Werner
Fassbinder
Avec
Brad Davis
Franco Nero
Jeanne Moreau
RFA-France
1982
108’
VO ST.FR
Romain Le Vern, excessif.com
Velen voelden zich geroepen om de schandaalroman van Jean Genet, Querelle de Brest, te verfilmen,
maar enkel Rainer Werner Fassbinder bleek uitverkoren. Zijn Querelle (1982) werd een zeer persoonlijke
adaptatie van het werk van Genet. Brad Davis speelt met een mengeling van bravoure en onschuld de
matroos die iedereen verbaast met zijn schoonheid en bijwijlen hardhandig in aanraking komt met de
realiteit van de herenliefde. De enige plaats voor een vrouw in de mannenwereld van Genet is Lysiane,
vertolkt door een zingende ‘Each Man Kills the Thing He Loves’ Jeanne Moreau. Fassbinder draaide
Querelle volledig in de Berlijnse CCC-studio’s. Een terrein dat zich uitermate leende voor Fassbinders
antinaturalistische aanpak van Brest. De bordkartonnen havenbuurt wordt uitgelicht in vlammende
kleuren die de kunstmatigheid benadrukken van het niemandsland waar zeelieden, schandknapen,
havenarbeiders en politiemannen elkaar vinden.
Classiques
22
La Rage
du tigre
Chang Cheh
Xin du bi dao
Avec
David Chiang
Ti Lung
Ku Feng
Hong Kong
1971
102’
VO ST.FR
Classiques
En 1969, Sam Peckinpah, pape amerloque de l’ultraviolence, décroche le pompon
maniériste en coiffant sa Horde sauvage d’un apogée final en montage éclaté et ralentis
esthètes. L’afterchoc asiatique d’une telle bravade ne se fait pas attendre : conscient du
potentiel qu’un tel découpage du temps, aussi bien dans l’espace que dans le lard, pourrait fournir au cinéma de sabre, les Shaw commandent à Chang Cheh une adaptation
d’un conte ancestral racontant les exploits de Lei Li, un guerrier solitaire qui, à la suite
d’un pari perdu, a promis de se couper le bras. Pas manchot pour autant, mais devenu
entre-temps l’homme à tout faire d’un aubergiste miteux, il reprend la lame pour dépecer
une bande armée jusqu’aux dents emmenée par un vieux maître sanguinaire. Obi-Wan
Kenobi, où es-tu ? Eh oui, c’est déjà en herbe la tragédie grecque revisitée par Star Wars.
Stylistiquement en revanche, ce qui s’invente là, c’est tout simplement le “grand cinéma
du corps”, jouissif et félin, celui qu’explorent depuis, avec un acharnement chorégraphique qui force le respect, les Johnny To, John Woo, Tsui Hark. Trente-cinq ans séparent
La Rage du tigre des Kill Bill ou de l’aveugle Zaitochi : on ne les sent pas vraiment. Mais
ce qui sidère, à revoir aujourd’hui cet opus séminal, c’est la légèreté, l’insolence, avec
laquelle il s’empare du genre. En inventant un cinéma de danseur acrobate, en filmant
les combats à la toupie, il crée un kung-fu pop, presque funky. La BO mélange toutes
sortes d’influences, sans se soucier des lourdeurs historiques : rythmiques blaxploitation, groove seventies cuisiné à la thaï pop. Le poids du costume n’embarrasse pas
Chang Cheh. Comme une cerise sur la boule coco, le dossier de presse nous renseigne
sur cette cotation technique : le film est tourné en “Shawscope”. Accidentelle poésie, on
vous dit.
Philippe Azoury, Libération
U dacht dat Bruce Lee het hoogtepunt in gevechtskunsten vertegenwoordigde? Arme Bruce maakte
helaas maar een handvol films. De ware godfather van de kungfufilm, zeker in de jaren ’70, is regisseur
Chang Cheh, met een honderdtal films op zijn palmares. Chang Cheh was een inspiratiebron voor Bruce
Lee en voor John Woo, die in het begin van zijn carrière assistent van de meester was. Xin du bi dao
(1971) was een sequel, met als hoofdpersonage een eenarmige krijger, die de dood van zijn broer door
een kungfumeester met een slecht karakter (dezelfde die hem zijn arm kostte) wil wreken en daarvoor
eigenhandig een klein leger verslaat. Chang’s lieveling Jimmy Wang Yu werd ingeruild voor nieuwe
vondst David Chiang. Dit spectaculaire historische drama werd gefilmd in de studio’s van Shaw Bros.,
de grootste producent van Hong Kong films. Chang Cheh was één van hun topregisseurs.
23
Le Salon de musique est le récit d’une “vanité” ; ou plutôt faudrait-il qu’il en trace le
tableau, tant les éléments plastiques et symboliques ont d’importance dans ce film.
L’argument est d’une extrême simplicité : il s’agit de la passion ruineuse d’un riche propriétaire terrien, de noblesse ancienne, pour les fêtes musicales. Cette passion, sans
cesse ravivée par le voisinage d’un parvenu aux façons vulgaires, mais amateur, lui aussi,
de musique, conduira le protagoniste à la perte de sa fortune, à la mort de son épouse
et de son fils, enfin à la sienne propre. La raison dynamique de cette évolution vers la
catastrophe est en fait la rivalité symbolique entre l’aristocrate, Roy, dilettante de droit
divin, et son voisin parvenu, fils d’usurier. On peut ainsi considérer le film comme l’exposition du conflit entre l’ancienne classe des propriétaires fonciers, enfermés orgueilleusement dans les rites immuables de leur caste, et la classe montante des nouveaux
capitalistes, entrepreneurs et industriels. Cette lecture ne rend cependant pas compte
de l’intense poésie du film, construit selon une temporalité cyclique.
Le climat torpide et envoûtant du film doit beaucoup à la demeure de Roy, construction
étrange évoquant aussi bien un temple grec qu’un palais oriental. On pense irrésistiblement à l’atmosphère funèbre de La Chute de la maison Usher de Poe. Il se peut que le
réalisateur ait pensé à ce conte. Mais l’espace du film ne ressemble à aucun autre. On
se souviendra longtemps, par exemple, de ce plan stupéfiant où le maître, sortant dans
la lumière du matin de son palais croupissant, contemple avec satisfaction, au loin, vers
l’horizon absolument plat et blanc, l’unique silhouette de son vieil éléphant. La magie, la
poésie la plus singulière sont là, irrécusables, souveraines.
d’après Pascal Bonitzer, Supplément à l’Encyclopédie Universalis
“De films van Satyajit Ray niet zien, is als leven zonder ooit de zon of de maan te zien”. Een uitspraak
van Akira Kurosawa, slechts één beroemde fan van het werk van één van de belangrijkste regisseurs
van India. Ray kwam uit een familie van intellectuelen, zijn vader was een bekend auteur/poëet . Hij was
zelf een componist, en het is dus niet vreemd dat muziek altijd een belangrijke rol speelt in zijn films.
Maar zelden meer als in Jalsaghar (1958), de muziekkamer. Een aristocratische, provinciale landeigenaar (Chhabi Biswas) ziet zich door zijn excessieve levensstijl verplicht zijn verwaarloosde landgoed te
verkopen. Met zijn laatste centen organiseert hij een concert van klassieke Indische muziek. Het is mee
de verdienste van Biswas dat Jalsaghar een klein meesterwerk werd. Als legende van het theater in
Calcutta, belichaamt hij de charme, trots, maar ook dwaze hoogmoed van één van de prominenten uit
een teloorgegaan tijdperk.
Le Salon
de musique
Satyajit Ray
Jalsaghar
Avec
Chhabi Biswas
Padma Devi
Gangapada Basu
Inde
1958
100’
VO ST.FR
Classiques
Votre rendez-vous culturel du mercredi.
25
Film révéré aux États-Unis, The Shop Around the Corner fut longtemps invisible en
France avant sa triomphale réédition en 1985. Chef-d’œuvre absolu mais atypique, aux
antipodes de la sophistication luxueuse qui caractérisait alors Lubitsch, il s’agit moins
d’une rupture de ton que d’un retour aux sources. Le cinéaste revient à la miniature
boutiquière de ses débuts. Délicat, modeste, limité tant en ambition qu’en décor, ce film
forme avec Le ciel peut attendre et Cluny Brown une trilogie nuancée où la Lubitsch touch
dernière manière se pare d’accents élégiaques, de tendres demi-teintes. Magistrale, la
mise en scène tend vers l’invisible. Lubitsch passe moins de temps à ironiser derrière les
portes ; la précision du cadrage et de la matière temporelle enchantent sans se montrer,
et l’emportent sur le goût d’afficher la virtuosité : comme si la mise en scène elle-même
était devenue une ellipse lubitschienne. La justesse et la parcimonie des mouvements
de caméra mériteraient d’être étudiées dans le détail, tant le réglage en est minutieux, de
la première séquence, où la caméra va saisir chacun des employés pour l’accompagner
à l’entrée de la boutique, jusqu’à la dernière qui, pour signifier l’intimité naissante du
couple, passe très progressivement du plan d’ensemble au champ-contrechamp serré.
Le scénario est à la hauteur de cette perfection formelle, ne sacrifiant aucun personnage
à la description du groupe, assumant toutes les fluctuations du récit, que celui-ci se
nimbe d’émotion ou s’enrichisse de pirouettes comiques. Fable sur le comportement
humain, le film s’efforce de comprendre chacun sans épargner personne : flagornerie,
servilité, abus de petit patron, opportunisme sont épinglés, mais masquent la peur de la
solitude et engendrent paradoxalement la générosité, la tolérance et la reconnaissance.
Pessimisme individuel et optimisme social : le film prend le contre-pied de Ninotchka, ou
en fournit le complément.
N.T. Binh et Christian Viviani, Lubitsch
Een jaar nadat hij Ninotchka maakte, met Greta Garbo, regisseerde Ernst Lubitsch The Shop Around the
Corner (1940). Deze komedie, die zich afspeelt in Boedapest, is meer ingelopen dan andere films, maar
even schalks gesofisticeerd. Maar daarom niet minder charmant. James Stewart en Margaret Sullavan
zijn pennenvrienden die, zonder het van elkaar te weten, co-workers worden in het warenhuis van de
bazige, maar goedmenende meneer Matuchek (een heerlijke Frank Morgan). Zo goed als Klara en Frank
op papier met elkaar opschieten, zo vliegen ze elkaar in de zaak op regelmatige basis in de haren. Dat
levert vaak hilarische oneliners op als ‘Ik denk dat mensen die naar snoep luisteren en muziek roken
deze muziekdoos geweldig zullen vinden’! Alles verandert als Frank de identiteit van zijn pennenvriendin
ontdekt. Vaak geïmiteerd, denk maar aan You’ve Got Mail (1998 van Nora Ephron, met Tom Hanks en
Meg Ryan) maar nooit geëvenaard!
The Shop
Around
the Corner
Ernst Lubitsch
Avec
James Stewart
Margaret Sullavan
Frank Morgan
États-Unis
1940
99’
VO ST.BIL
Classiques
26
La Solitude
du coureur
de fond
Tony Richardson
The Loneliness
of the Long Distance Runner
Avec
Michael Redgrave
Tom Courtenay
Avis Bunnage
Royaume-Uni
1962
104’
VO ST.BIL
Classiques
La Solitude du coureur de fond illustre à merveille les qualités particulières à Richardson,
chaleur humaine, discrétion, sens cutané de la drôlerie la plus insaisissable, mais surtout la spontanéité totale dans le registre du lyrisme.
Colin Smith, pour le cambriolage d’une boulangerie, est envoyé menottes aux mains
dans un Borstal, sorte de maison de correction dont les brutalités anachroniques sont
acceptées en Angleterre comme une part saine de l’administration pénitentiaire. Or Colin
a de la chance : le directeur de la prison, un pompeux m’as-tu-vu, a la manie des sports.
Il médite d’arracher, à une école publique de l’aristocratie, la coupe de la course sur longue distance. Et Colin, semble-t-il, a si souvent couru, devant la police surtout, qu’il est
infatigable. […] La Solitude du coureur de fond accomplit cette gageure de décrire l’un
des portraits les plus achevés de cette personnalité psychopathique propre à l’adolescent, tout en incarnant en lui, par une sorte de paraphe, les forces les plus libres d’une
société écrasée par le banal. Colin est à l’âge du refus, à l’âge suicidiel où l’on préfère se
blesser, s’anéantir plutôt que de céder un pouce de terrain à l’injustice. C’est un héros
libertaire, dans son irréalisme : il détruirait le monde, il le détruit dans sa pensée pour
pouvoir l’arpenter seul dans sa course. Cette force de refus, cette graine de subversion
est plus exemplaire que les tourments passagers d’Arthur Seaton dans Samedi soir, ou
ceux de Jimmy Porter dans Les Corps sauvages. Colin Smith est le jeune homme en
colère dans son acceptation la plus pure, la plus intransigeante.
Le mérite de Richardson est d’avoir conservé à ce film profondément moral une forme
capricieuse, enjouée. Rien ici ne semble convenu, ou accompli, aucun morceau de bravoure. Même les scènes du Borstal, qui ont été tournées avec de vrais détenus, n’ont
rien d’apparemment contrôlé.
Robert Benayoun, Positif
De verfilming van The Loneliness of the Long Distance Runner (1962) leek een logische keuze voor
‘angry young man’ Tony Richardson. Al in de intro vertelt langeafstandsloper Colin (Tom Courtenay),
dat (ervan weg) lopen de enige manier is waarop zijn familie met problemen omgaat, maar dat lopen in
wezen een eenzame bezigheid is waarbij je zelf je eigen weg moet zoeken. De voorlopige laatste halte
van Colin’s uitzichtloze bestaan is de strafinrichting (waar hij na een inbraak belandt). Hij werkt zich als
atleet in de gratie van de directeur: in ruil voor de ultieme beloning – de vrijheid om op zijn eentje in de
omgeving van de instelling te trainen – moet hij een chique school de wisselbeker langeafstandslopen
afhandig maken. Tijdens zijn oefenlopen in de vrije natuur overloopt Colin zijn leven tot nu toe. En welke
keuze nu te maken: rebels blijven of buigen voor het establishment.
27
Témoins malchanceux du massacre de la Saint-Valentin, les jazzmen Joe et Jerry fuient
Chicago avec un orchestre exclusivement féminin en route pour Miami, déguisés respectivement en “Joséphine” et “Daphné”. Tous deux sont attirés par Sugar Kane Kowalczyk,
chanteuse vulnérable portée sur la bouteille.
Angela Errigo, 1001 Films
Le plus grand succès commercial de Billy Wilder, précédant ses échecs des années
1960 et 1970. L’intrigue de Certains l’aiment chaud unit le burlesque le plus échevelé
à une cascade de situations assez audacieuses pour l’époque, le tout placé dans le
contexte violent d’un film de gangsters de la Prohibition. Ce cocktail original et explosif
ravit le public. Pour en valoriser les composantes, Wilder et I.A.L Diamond évitent la
complication dans la conduite du récit et dans le détail des scènes. Chacune d’entre
elles est traitée sans détour et sans ruse, dans une très grande franchise d’approche
et avec cette relative lenteur qu’affectionne Wilder car elle lui permet d’explorer à fond
les possibilités comiques de ses personnages. De nombreuses scènes sont ainsi traitées comme un tout et ce qui serait ailleurs un défaut n’en est pas un chez Wilder. Ses
comédies peuvent se diviser en deux catégories selon qu’elles comportent ou non un
élément mélodramatique. Certains l’aiment chaud appartient évidemment à la deuxième
catégorie, mais sous la caricature perce souvent ce qu’on pourrait appeler les “bons
sentiments” des personnages. Amitié de Joe pour Jerry dont les témoignages concrets
ne manqueront pas. Naïveté et même une sorte d’innocence chez Sugar que pourtant Wilder n’épargne pas (alcoolisme, cupidité, etc.). Marilyn Monroe, dirigée pour la
seconde fois par Wilder, trouve ici un de ses rôles les plus attachants.
Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma
Some
Like It Hot
Billy Wilder
Certains l’aiment chaud
Avec
Jack Lemmon
Tony Curtis
Marilyn Monroe
États-Unis
1959
120’
VO ST.BIL
Copie neuve
“Nobody’s perfect”. Ware woorden en meteen de sprankelende eindrepliek uit Some Like It Hot (1959),
een komedie die vijftig jaar later nog steeds de perfectie in grappigheid benadert. Twee muzikanten
(Jack Lemmon en Tony Curtis) in het Chicago van tijdens de drooglegging, vermommen zich als vrouwen
om uit de handen van de maffia te blijven. Uiteraard vallen ze allebei voor de zangeres (Marilyn Monroe
in haar enige filmoptreden dat jaar) van de ‘all women’ band waarvan ze deel uitmaken. De inbreng van
zowel regisseur Billy Wilder als Marilyn Monroe en Jack Lemmon werd wereldwijd bekroond (misschien
had Jack Lemmon mooiere benen als Tony Curtis?). Een quote uit deze ‘crispy battle of the sexes’ lichten is onmogelijk. Vinniger dialogen zijn zelden geschreven. De cast, en dan vooral Lemmon en Curtis
amuseren zich geweldig. Tenminste als ze niet gefocust zijn op overeind blijven op hoge hielen.
Classiques
28
Stalker
Andrei Tarkovski
Avec
Alexandre Kaïdanovsky
Alisa Frejndlikh
Anatoli Solonitsine
RFA / URSS
1979
163’
VO ST.FR
Lieu de tous les fantasmes et de toutes les légendes, tabou absolu dont les autorités
interdisent l’accès et dans lequel ils n’osent pas même se risquer, la Zone fascine. Qui
a créé cette Zone ? Pour quelle raison ? Inconnue effrayante, beaucoup n’en sont pas
revenus. Aucune rationalité ne semble avoir de prise sur elle. Les règles de la physique
la plus élémentaire ne s’appliquent pas là où la ligne droite n’est pas le plus court chemin
et où l’on ne peut revenir sur ses pas. Mais que viennent y chercher ceux qui bravent le
danger ? “Le bonheur”, suppose le Stalker. Car elle laisse passer “ceux qui n’ont plus
aucun espoir ; ni les bons ni les mauvais, mais les malheureux”. Lui-même est de ceuxlà, laissé pour compte de la société ne vivant que pour la Zone. “Je me sens partout en
prison”, et la Zone est son refuge, son Éden, le seul endroit où il se sente vivre, ce que les
hommes n’ont pas souillé, l’endroit le plus calme du monde, l’espace du dernier espoir.
[…] Tarkovski oppose formellement la vision d’un monde en déliquescence, pollué et
stérile, filmé dans un sépia maladif, à une Zone verdoyante et sauvage – où la nature a eu
raison des entreprises humaines, où les voitures, les édifices ne sont plus que des ruines
envahies par l’herbe virginale –, magnifiée par l’usage d’une couleur pure et apaisante.
[…] Apprentissage de la foi, plaidoyer pour la renaissance de l’espoir, métaphore de la
création artistique, éloge de la nature et de ceux qui souffrent, Stalker est tout cela et
bien plus encore. Sa charge humaniste et métaphysique en font une réflexion intemporelle et inépuisable, sa puissance esthétique et sa densité poétique une œuvre rare et
déroutante, qui nous fait perdre pied de la réalité pour lui substituer une vérité sublime,
fragile et rédemptrice.
Sergius Karamzin, dvdclassik.com
Classiques
Een ‘stalker’ (Aleksandr Kaidanovsky) is de enige die de mentale kwaliteiten heeft om zijn weg te vinden
naar het hart van een gevaarlijke, desolate, verboden zone waar zich een geheime ruimte bevindt die
‘al je wensen vervult’. Hij riskeert de toorn van zijn vrouw en een celstraf om een uitgebluste schrijver
(Anatoly Solonitsin) en een wetenschapper (Nikolai Grinko) door het zwaar gecontroleerde gebied te
gidsen. Om, eenmaal aangekomen bij de kamer, te realiseren dat niemand een idee heeft van wat
hij wil. Andrei Tarkovsky’s Stalker (1979) drijft niet zozeer op de dialogen – veelal discussies tussen
schrijver en wetenschapper – maar op de indringendheid en schoonheid van Tarkovsky’s beelden. Voor
hem betekent de kamer verschillende dingen voor verschillende mensen en de zware weg ernaar toe
verbeeldt de angsten die de mens nauwelijks durft confronteren.
29
Un des classiques incontestés de la comédie musicale hollywoodienne. À la demande
du producteur Arthur Freed, les scénaristes Comden et Green ont bâti leur histoire à
partir de revues écrites par Howard Dietz et Arthur Schwartz durant les trente années
précédentes. Fred Astaire s’intéressant au projet, les scénaristes créent un rôle pour lui
en rapport avec son âge et certaines de ses manies (ex. son allergie vis-à-vis des partenaires de grande taille). Minnelli, ici, ne cherche nullement à révolutionner la structure
ou le contenu de la comédie musicale. Au contraire, Tous en scène représente l’apogée
de la forme la plus traditionnelle du genre, celle qui est basée sur la préparation d’un
spectacle. Mais il l’enrichit en y introduisant les thèmes du vieillissement, de l’échec et
du nécessaire renouvellement, qu’il traite avec une émotion discrète, un humour dynamique et presque cinglant. Se renouveler, ce n’est pas afficher des ambitions extravagantes, saper systématiquement les vieilles traditions (au passage, Minnelli égratigne
l’avant-gardisme de Broadway). C’est, par un retour aux sources qui exige humilité et
courage, revitaliser de l’intérieur son domaine et son propre talent. C’est aussi, comme
l’a dit Mamoulian à propos d’Astaire, “améliorer la perfection”. Tous les numéros dansés
du film sont passés dans la légende du genre : le solo d’Astaire au parc d’attractions, ou
bien le duo Dancing in the Dark avec Cyd Charisse. Le ballet final de treize minutes, “Girl
Hunt”, évocation de l’univers de la série noire, est avec celui de Chantons sous la pluie
et d’Un Américain à Paris, le plus célèbre morceau de bravoure de la comédie musicale
hollywoodienne. Quant à la chanson That’s Entertainement, écrite spécialement pour le
film, elle contient toute la philosophie du genre et mérite d’être mise en exergue à l’ensemble des musicals Metro.
d’après Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma
Producer Arthur Freed en MGM creëerden met pareltjes als Annie Get your Gun (1950), An American in
Paris (1951), Singing in the Rain (1952), The Band Wagon (1953) en vele, vele anderen het gouden tijdperk van de musical in Hollywood. In The Band Wagon is Fred ‘danst een beetje’ Astaire een musicalster
op zijn retour die in New York op zoek gaat naar een nieuwe carrière. Die krijgt hij – en veel meer – als
hij zich door een stelletje vrienden laat overhalen de ster van hun nieuwe show te worden. Regisseur
Vincente Minnelli – trouwens ook ‘verantwoordelijk’ voor An American in Paris – zorgt voor verrukkelijk,
kleurrijk en hoogstaand amusement waarin de hoogtepunten moeiteloos aan elkaar worden geregen.
Kijk alvast uit naar het elf minuten durende ‘Girl Hunt: A Murder Mystery in Jazz’ en het vuurwerk tussen Astaire en Cyd Charisse in het algemeen. That’s entertainment!
Tous
en scène
Vincente Minnelli
The Band Wagon
Avec
Fred Astaire
Cyd Charisse
Oscar Levant
États-Unis
1953
112’
VO ST.FR
Classiques
02
s
t
i
d
é
n
I
31
La caméra de Frederick Wiseman semble posée depuis des lustres dans l’enceinte du
Palais Garnier. Elle ne dérange personne, d’ailleurs il serait vain de perturber l’institution, la grande maison de la danse. Le cinéaste américain n’est pas venu pour en savoir
plus ou pour imposer un point de vue. Ce n’est pas sa manière de procéder. Inutile
donc d’espérer des révélations d’étoiles, des apartés croustillants et rebelles. Pas de
“pipolisation”, ni même de relation journalistique. Wiseman n’a rien à dire de plus que
ce qui est, que ce qui fabrique la danse. Le seul extérieur qu’il s’autorise, c’est une vue
de Paris, des légendaires toits de la maison, d’où l’on aperçoit une autre hiérarchie,
cette fois architecturale, qui trace la ville. Sinon, que du dedans, jusqu’à la cantine avec
gros plans sur l’assiette, aussi banale que celle d’un autre estaminet de collectivité. Des
arrêts aussi dans les escaliers, dans les couloirs de bois. […] Pour le reste, il se concentre sur les danseurs et la direction ou l’administration. Les répétitions ne sont pas ici ce
qui précède le moment sublime, elles portent la danse même, pleine d’humeur et de
sueur. Une courte séquence et tout est là, posé sans commentaire. Delphine Moussin
répète seule sa partie solo du Songe de Médée d’Angelin Preljocaj. On verra des images
du spectacle ensuite, comme pour la plupart des répétitions, mais tout est déjà présent,
notamment une colère qui la met hors d’elle. Le souci du détail n’est nullement voué à
l’ornementation : qu’il s’agisse de Mme la directrice, Brigitte Lefèvre, qui reçoit les confidences de ses ouailles, d’une séance d’organisation du gala pour les American Friends
ou des élans de Laurent Hilaire, maître de ballet. Une immersion captivante et rare.
Marie-Christine Vernay, Libération
Frederick Wiseman is een monument binnen de Amerikaanse documentaire en de documentaire tout
court. Die reputatie heeft hij vooral te danken aan zijn scrupuleuze kijk – noem het een geduldige maar
gedisciplineerde vlieg-aan-de-muur-aanpak – op de manier waarop instituten eigenlijk werken. In zijn
jongste opus La Danse gunt hij ons een blik achter de schermen van het prestigieuze balletgezelschap
van de Opera van Parijs, het oudste ter wereld. Het gros van de beelden concentreert zich op de dansers
en topchoreografen als Wayne McGregor en Pina Bausch terwijl ze klassieke repertoriumstukken of
nieuw werk inoefenen. Maar Wiseman heeft ook oog voor de repetitieve cyclus van administratief werk
en stafvergaderingen in het imposante Palais Garnier. Op die manier krijgen we een fascinerend, haast
antropologisch document en een glorieuze studie van de balletkunst en sierlijke lichamen in beweging.
La Danse –
Le Ballet
de l’Opéra
de Paris
Frederick Wiseman
France
2009
158’
VO FR
Inédits
32
France
tour détour
deux enfants
Jean-Luc Godard
& Anne-Marie
Miéville
France
1979
12 x 26’
VO FR
Vers 1973-1974, après avoir sillonné l’Europe à la recherche de télévisions prêtes à produire les films militants de l’après-68, Godard éprouve le besoin de se poser quelque
part et choisit de faire escale à Grenoble avant de s’installer dans la petite ville de Rolle,
à côté de ses lieux d’enfance, où il vit encore. Dans ces deux lieux de vie et de travail,
il achètera les machines et installera l’atelier qui lui permet de fabriquer à domicile, en
toute autonomie et indépendance, ces émissions et de les envoyer en cassettes, “par la
poste”, à la chaîne qui les a produites. C’est là, entre 1976 et 1978, qu’il tourne avec l’INA
les six émissions en deux parties de FTD2E (pour Antenne 2). Comme si Godard avait
entrepris une sorte de cure de rééducation pour sortir des années Mao en reprenant
contact avec la réalité la plus humble et la plus anonyme. Il s’empare de la vidéo (très
lourde !) pour se mettre à l’écoute de ceux qu’il filme après toutes ces années passées
à tenir des discours sur et pour les autres. […] Après avoir cru dur comme fer que le
cinéma politique pouvait et devait “déplacer les montagnes”, Godard se contente de
mobiliser toute son attention et de se donner tout le temps pour observer et écouter
deux enfants, un cinéaste amateur, un paysan, un mathématicien… Ce sera sa façon
à lui de redescendre de la montagne ou de revenir du désert, comme on voudra, avant
de reprendre contact avec le cinéma en 1979 avec Sauve qui peut (la vie). Un cinéma
qui ne se fera jamais plus comme avant, mais le plus possible à la maison, en reprenant
en mains (au sens propre) tout ce qui peut l’être de la chaîne-cinéma, et toujours avec
la vidéo en deuxième équipe. [...] Godard pose tout au long de cette série la question
(protestante ?) de la responsabilité individuelle dans le malheur social et politique des
hommes.
Il y a une vraie cruauté dans ce miroir renvoyé à chacun des spectateurs : qu’as-tu fait,
toi, pour changer ta vie ? N’es-tu pas complaisant à l’égard de ta propre aliénation ?
Es-tu vraiment disposé à aider à ta propre libération ? N’y a-t-il pas en toi, une part
d’État, de patron, d’agent de la répression ? Mais ce qu’il y a de donneur de leçons dans
cette série de Godard relève de la mise en crise des sujets idéologiques, du décapage
des défenses et des discours tout prêts, et n’est jamais hautain : Godard manifeste au
contraire une attention et une générosité émouvantes, une infinie patience pour détecter
chez quelqu’un la parcelle de liberté, d’intelligence, qu’il va s’attacher, au prix du malaise
et de la provocation, à faire surgir au terme d’une pédagogie qui n’appartient qu’à lui.
Mais la plus grande redécouverte de cette série est celle de la puissance du geste cinématographique à l’œuvre, et la capacité de Godard à créer des émotions de pur cinéma
avec des moyens minimalistes. […] Le filmage des deux enfants est la plus belle et la
plus émouvante des leçons de cinéma en ce qui concerne la primauté de la décision
juste, ferme, inspirée, sur la quantité de moyens mis en œuvre. Le minimalisme technique – deux projecteurs, une toute petite équipe avec de grands bonshommes (comme
William Lubtchansky et Dominique Chapuis, à l’image) – et le souci de ne pas déranger
rendent plus visibles que jamais chez Godard la puissance de décision artistique, la
sûreté du trait qui vaut celle d’un coup de crayon de Matisse dessinant en une fraction
de seconde un visage aimé ou une fleur.
Alain Bergala, Cahiers du cinéma
Inédits
33
Een nieuwe film (Socialisme) en een pas verschenen biografie: JL. Godard – de man die de conventies
van de cinema op zijn kop heeft gezet – lijkt terug van nooit weggeweest. France / tour / détour / deux /
enfants – een tv-serie van 12 afleveringen van telkens 26 minuten – dateert van het einde van de jaren
zeventig, maar is nog heel actueel. Voor deze radicaal onconventionele tv-serie lieten Godard en AnneMarie Miéville zich inspireren door Le Tour de la France par deux enfants: een oud schoolboek, opgevat
als een reis doorheen de industrie, agricultuur, geografie en geschiedenis van Frankrijk. In hun handen
en in hun poging om eens ‘andere televisie’ te maken, leidt dat tot een intellectueel scherp en speels
complex geformuleerde sociale annalyse van de samenleving en kritiek op de macht van het beeld in
de hedendaagse cultuur en het dagelijkse leven. Eigenlijk volgen Godard & Miéville in deze telkens symmetrisch gestructureerde afleveringen – met titels als Obscur/Chemie, Impression/Dictée en Pouvoir/
Musique – twee kinderen, Camille en Arnaud, in hun dagelijkse routine thuis en op school. Die met
typografie doorsneden beelden en vranke interviews met zowel practische als meer filosofische vragen,
worden gevolgd door de ironische commentaar van twee volwassen tv-journalisten (een man en een
vrouw). Zo deconstrueren Godard en Miéville in dit buitengewoon onderzoek niet alleen het medium
televisie. Met veel zin voor metaforen leggen ze provocerend bloot dat de massamedia en instituten
als de familie en het onderwijs kinderen ‘programmeren’ om later te functioneren in de keten van onze
technologische consumptie- en prestatiemaatschappij.
Partie 1 (156’)
1. Obscur/Chimie
2. Lumière/Physique
3. Connu/Géométrie/Géographie
4. Inconnu/Technique
5. Impression/Dictée
6. Expression/Français
Partie 2 (156’)
7. Violence/Grammaire
8. Désordre/Calcul
9. Pouvoir/Musique
10. Roman/Economie
11. Réalité/Logique
12. Rêve/Morale
Deux incontournables sur J.L. Godard :
—
Antoine De Baecque,
“Godard”,
Ed. Grasset, 944 p.
—
Alain Fleischer,
“Morceaux de conversation
avec Jean-Luc Godard”,
4 DVD, Editions Montparnasse.
> En vente au cinéma Arenberg
Inédits
34
La nana
Sebastián Silva
Avec
Catalina Saavedra
Claudia Celedon
Alejandro Goic
Chili
2008
95’
VO ST.FR
La nana, en espagnol, c’est la berceuse, la nounou. Un euphémisme pour dire ce qu’est
en pratique Raquel dans la grande maison où elle travaille et dort depuis plus de vingt
ans : la bonne à tout faire. On est à Santiago du Chili, mais pour la plus-value exotique, on repassera. Le film (multiprimé au festival de Sundance) montre une bourgeoisie
mondialisée, à peu près identique à celle de nos quartiers chic. L’altérité, la différence,
ça se passe d’abord et avant tout entre les riches et les pauvres, entre les dominants
et les dominés. Malgré toute la tendresse compassionnelle que la famille aisée témoigne à sa domestique, Raquel est profondément asservie. Sa condition sociale a fini par
s’inscrire dans sa chair (fatigue, malaises, médocs), dans sa façon de penser : elle est
devenue son identité même. Sebastián Silva, jeune réalisateur chilien qui, dit-il, a grandi
entouré de bonnes, réussit donc, d’abord, ce constat clinique glaçant, perçant : sous
l’apparence de la normalité, voire de l’harmonie, une relation maître-esclave. […] Cela se
corse encore quand on lui adjoint une aide, avec qui elle doit partager son territoire – la
maison, la famille, c’est sa chose. Mais la fracture sociale est si bien intégrée par tout le
monde comme une donnée indépassable que les envies de meurtre ne sont plus dirigées contre les bourgeois : la nana n’en veut qu’à ses semblables, ses doubles... Au lieu
d’un rebondissement à résonance révolutionnaire, le film s’achemine ainsi vers la simple
possibilité d’un moindre mal. Une manière de s’accommoder de l’ordre du monde ? Pas
si simple. Car d’un bout à l’autre de cette chronique d’une belle acuité, le cinéaste se
tient du côté de son héroïne opprimée. Et l’élan qu’il sait lui communiquer in extremis,
c’est déjà une petite déclaration d’indépendance.
Louis Guichard, Télérama
Inédits
Cineasten als Chabrol en Buñuel hebben al scherpe cynische films gedraaid over de figuur van de
meid, denk maar aan La Cérémonie en Le Journal d’une femme de chambre. La nana van de Chileense
regisseur Sebastián Silva hoort in dezelfde rij thuis, al lijkt het ook op een soort insiders kijk want
Silva groeide zelf in Santiago op met een meid die bij hem thuis inwoonde. In de film wordt gefocust
op Racquel (de in Sundance bekroonde actrice Catalina Saavedra), een vrouw die al 23 jaar voor de
Valdessen werkt en in de illusie leeft dat ze een familielid is. Tot strubbelingen met de oudste dochter er
voor zorgen dat er een extra hulp aangenomen wordt. Klassenstrijd in schortuniform? Zoiets, al is een
omschrijving als Sabottage in Bitchland ook niet misplaatst want Racquel ontpopt zich in dit komische
drama vol psychologische oorlogsvoering ook bitsig tot een kreng die haar territorium met veel nijd
verdedigt.
35
Recette du road-movie à la norvégienne : du blanc, et encore du blanc, à perte de vue.
Là, tout en haut du pays, Jomar, doux géant dépressif, glisse sur sa fidèle motoneige vers
une hypothétique nouvelle vie... Pour sa première fiction, Rune Denstad Langlo s’écarte
de son expérience de documentariste : son odyssée contemplative semble flotter, bien
au nord de la réalité, avec des personnages, tous un peu à côté de leurs Moon boots...
À commencer par le héros, Jomar, ancien champion de ski : on le découvre coincé dans
un trou perdu, en bas d’une remontée mécanique qu’il est vaguement censé surveiller.
Ce boulot, il s’en fout comme de sa première luge. Plus mou et imbibé qu’une omelette
norvégienne, et plus groggy que le Jeff de Jacques Brel, il végète depuis que sa femme
est partie. Il lui faudra une révélation (il a un enfant, qui vit là-bas, dans le Nord) et un
accident (il met le feu à son chalet de fonction) pour l’arracher à cet avachissement
mortifère. Tout ce qui s’annonçait dans ce drôle de préambule se confirme et s’épanouit ensuite : une drôlerie déconcertante, un goût pour l’absurde et l’insolite qui frôle
l’onirisme sans jamais s’attarder. Jomar non plus ne traîne pas. Il suit sa piste, malgré
les pannes et les blizzards, prétexte à un marabout d’ficelle de saynètes poétiques et
cocasses, presque sans paroles, une série de rencontres plus farfelues les unes que
les autres. […] Juste avant de retrouver son gamin, notre Ulysse des grands froids fait
sa plus belle découverte : tout seul dans son tipi sur un lac gelé, un vieillard attend, une
grosse chaîne accrochée à la cheville. Cet épisode, quasi métaphysique, résume à lui
seul l’esprit de cette comédie givrée, qui parle avec légèreté d’angoisse et de solitude.
Un bel exemple d’humour... blanc !
Cécile Mury, Télérama
Een melancholische off-roadmovie uit het besneeuwde Hoge Noorden: dat krijg je in North, het door
David Lynchs The Straight Story geïnspireerde fictiedebuut van de Noorse documentaire filmmaker
Rune Denstad Langlo. De basisidee van deze louterende en droogkomische odyssee is even simpel als
pretentieloos: een depressieve, aan drank en pillen verslaafde ex-skikampioen vertrekt per sneeuwmobiel vanuit Trondheim voor een 1100 km lange tocht per sneeuwmobiel richting Poolcirkel, op zoek naar
zijn zoontje en een nieuw leven. Die barre reis door fraai gefotografeerde winterse landschappen waarbij de sfeer van isolement en depressie bijzonder goed is getroffen, wordt koel-laconiek opgevrolijkt
door vluchtige ontmoetingen met excentrieke zonderlingen en minimalistische deadpanhumor. Maar
hoe absurd en tragisch het wereldbeeld van Langlo ook is, finaal is North een troostend humanistisch
sprookje over de schrik voor de leegte
Nord
Rune Denstad
Langlo
north
Avec
Anders Baasmo Christiansen
Marte Aunemo
Lars Olsen
Mads Sjogard Pettersen
Norvège
2008
78’
VO ST.FR
Inédits
36
Plein Sud
Sébastien Lifshitz
Avec
Yannick Renier
Léa Seydoux
Nicole Garcia
Théo Frilet
France
2009
90’
VO FR ST.EN
Jamais le Sud n’aura tant saisi sa possibilité d’être l’Ouest. Un personnage (Sam), un
véhicule (une vieille Ford pourrie), un mobile (la vengeance), un paysage (une France
cousine du Texas) et un point de mire (l’Espagne – le Mexique du Vieux Continent) (…).
Dans son livre sur le road-movie, Timothy Corrigan résume ainsi les enjeux identitaires
du genre : “La voiture devient une maison authentique, une origine perdue où ce que l’on
voit est ce que l’on est.” Et c’est peu dire que le cinéma de Sébastien Lifshitz est marqué
de cette thématique de la quête d’une origine perdue et de l’obsession de se recréer
un monde à soi. Le récit : Sam (Yannick Renier) est hanté par un souvenir d’enfance, le
suicide de son père et ce qui en découla : la folie de sa mère, son placement en famille
d’accueil et la perte de tous ses repères. Alors qu’il vient d’avoir 27 ans, sa mère (Nicole
Garcia, d’une grande justesse), fraîchement sortie de l’hôpital psychiatrique, l’invite dans
une lettre à la retrouver en Espagne après tout ce temps perdu. Mais, toujours hanté par
le trauma, c’est armé d’un flingue que Sam va prendre la route, sur laquelle il rencontre
Mathieu et sa sœur Léa (Théo Frilet et la démente Léa Seydoux). De là, Plein Sud s’offre
une mosaïque de genres : de road-movie, il devient teen puis encore beach-movie, avant
de revenir à la vengeance. De ces glissements et partis pris se dégage une candeur très
attachante, celle-là même qu’on trouve dans ces personnages parmi lesquels aucun
n’est adulte ni ne sait ce qu’il fait ou doit faire. Et cette fascination pour les corps […]
donne aussi une manière de relire le film dans toute sa force : le territoire est traversé à
contre-courant, du nord vers le sud, et si l’on part du plus froid (la tête) c’est pour aller
vers le chaud (le vagin originel). Là où les corps se découvrent et se répondent pour ne
plus s’interrompre.
Thomas Pietrois-Chabassier, Les Inrockuptibles
04.07.10 - 18h50
en présence du réalisateur
Retrouvez la vidéo
de la rencontre
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Inédits
Met de sensuele road movie Plein sud maakt de Franse regisseur Sébastien Lifshitz (Wild Side, La
Traversée) zijn versie van de Amerikaanse western. De codes en de iconografie van het genre, van
weidse mythologische landschappen tot de zwijgzame protagonist die uit is op wraak, transponeert
hij naar een reisverhaal dat zich afspeelt tijdens de zomer op de zonnige wegen tussen Frankrijk en
Spanje. Het hoofdpersonage Sam, een mysterieuze en verbitterde drifter die in zijn oude Ford op weg
is naar het Zuiden, wordt prachtig vertolkt door de Belgische acteur Yannick Renier. Terwijl hij over de
verlaten wegen stuift pikt hij een drietal jonge lifters op. Tussen het kwartet ontspint zich een spel van
liefde en afstoten waarbij Lifshitz met veel gevoel voor erotiek en aantrekkelijke mannen- en vrouwenlichamen zijn gekneusde personages observeert. Op de sfeervolle soundtrack vinden we John Parish en
Kubrickcomponiste Jocelyn Pook terug.
37
Une femme et un homme, anonymes, sont liés par un atroce fait divers : la fille adolescente de l’une a poignardé à mort celle de l’autre. Sans que l’on sache s’il s’agit d’une
torture qu’il lui inflige ou s’il cherche à établir un contact, le père (interprété par Masahiro
Kobayashi lui-même) va occuper une chambre dans le foyer où la femme est cuisinière.
Passées les premières minutes où les deux personnages témoignent de leur douleur, le
film, sans dialogues, est pris dans une logique de répétition extrême. Combien de fois
voyons-nous le père entrer dans l’usine, prendre son repas à la cantine du foyer et se
reclure dans sa chambre ? Le décompte est impossible et vertigineux. […] La vision de
The Rebirth, harassante, pesante, s’avère néanmoins fascinante, rappelant certaines
expériences minimalistes comme la Jeanne Dielman de Chantal Akerman. Les actions
sont ici indifférenciées et quasiment dénuées de progression, proprement infernales
donc. Si l’adolescente emprisonnée reste invisible, le couple maudit est piégé dans une
logique carcérale. L’expérience devient presque scientifique : à quel stade de la répétition les deux mécaniques humaines finiront-elles par entrer en contact ? Leurs espaces
respectifs (la cuisine et le réfectoire), à première vue sans raccord, s’unifient peu à peu,
puis les corps s’atteignent avec une violence gauche. La ville enneigée et peuplée d’ombres où s’épuisent les personnages n’est pas si éloignée du monde spectral d’Hideo
Nakata ou de Kiyoshi Kurosawa. […] Si l’homme représente le souvenir torturant du
meurtre de sa fille, c’est la mère qui est figurée en fantôme, voûtée, ses cheveux recouvrant ses yeux. Comme une inversion d’Orphée, ce que doivent atteindre l’homme et la
femme, pour sortir des limbes, est le regard de l’autre, le face-à-face redouté.
The Rebirth
Masahiro
Kobayashi
Ai no yokan
Avec
Masahiro Kobayashi
Makiko Watanabe
Japon
2007
102’
VO ST.FR
Stéphane du Mesnildot, Cahiers du cinéma
In het in Locarno met de Gouden Luipaard bekroonde The Rebirth / Ai No Yokan duiken opnieuw enkele
vaste thema’s op van de Japanse regisseur Masahiro Kobayashi (Bashing en The Man Who Walked
on Snow): vervreemding, de dood, het verdriet en de alles verpletterende eenzaamheid. Dit strakke
minimalistische drama vertelt in een strenge en sobere stijl de toevallige en ongemakkelijke ontmoeting tussen een man en vrouw in crisis die alle twee gekozen hebben voor een vlucht in de afstompende arbeidsroutine. Kobayashi speelt zelf de rol van de man, een vader wiens tienerdochter vermoord
werd. De door schuldgevoelens geplaagde vrouw is de moeder van de jonge moordenaar. Toch kiest
Kobayashi niet voor een voorspelbaar drama over schuld, boete en vergiffenis. Zonder één noot muziek
en met nauwelijks dialogen dwingt hij de kijker juist ongemakkelijk in de positie en de gevoelens van
pijn van deze gekwelde mensen.
Inédits
38
Le Temps
des grâces
Dominique
Marchais
France
2009
123’
VO FR
Voici un film qui rend intelligent. Vous y entrez par un petit bout : la crise des petites exploitations agricoles en France. De là, une vaste et passionnante opération de dépliage se
produit, qui embrasse dans un même mouvement l’histoire, la géopolitique, la science,
l’urbanisme, l’économie, la littérature, la théologie, questionnant de manière neuve, à
la fois globale et extrêmement précise, le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.
Ancien critique de cinéma aux Inrockuptibles, le réalisateur, Dominique Marchais, a
sillonné la France pour filmer ses paysages et donner la parole à une large palette d’interlocuteurs : agriculteurs, ingénieurs agronomes, chercheurs, intellectuels... Avec eux,
il relie un écheveau de problématiques ayant trait à l’agriculture française contemporaine qui sont habituellement appréhendées comme autant de questions autonomes :
uniformité plane des paysages agricoles, uniformisation et perte du goût des aliments,
disparition des petites exploitations, développement frénétique des zones pavillonnaires, pollution chimique, élevage hors-sol, exploitation du Sud par le Nord... Le film ne
fait pas le procès de la modernité. Il pointe en revanche, avec beaucoup de pédagogie,
l’impasse à laquelle elle a conduit. La destruction du sous-sol qui en a résulté se traduit
par le fait que l’espérance de vie d’une vigne, qui était jadis de cent ans, s’est réduite
à quarante dans le meilleur des cas, souvent vingt-cinq. Rendre la terre fertile à nouveau, retrouver un équilibre écologique doit passer par une volonté politique assez forte
pour s’opposer aux lobbies agrochimiques. Comme le résume une microbiologiste : “Le
microbe travaille gratuit. Le vivant n’est pas brevetable. Le durable n’est pas rentable. La
nature a une gratuité qui est gênante aujourd’hui.”
Isabelle Régnier, Le Monde
20.07.10 - 18h50
rencontre avec Marc Dufumier
Professeur de développement
agricole à AgroParisTech
Retrouvez la vidéo
de la rencontre
sur www.Arenberg.be
Inédits
Welke invloed heeft de moderne landbouw op het ecosysteem ? Was het vroeger voor de industrialisatie
van de landbouw beter? Moeten we terug naar een meer artisanale agricultuur ? Het zijn pertinente
vragen die allemaal aan bod komen in Le temps des grâces, een documentaire van Dominique Marchais
waarvoor hij la douce France doorkruiste van noord tot zuid. Via interviews met landbouwers, agronomen, biologen en intellectuelen schetst hij in dit zowel wetenschappelijk als pedagogisch stevig
onderbouwde document de historische band van de Fransman met het platteland en de landbouw. Om
vervolgens tot de dramatische conclusie te komen dan het dringend anders moet willen de aarde en het
milieu niet verder verknoeien. Samengevat: een waardig ecologisch pleidooi en een soms onthutsende
wake up call. Of de perfecte neef van La vie moderne, Raymond Depardons liefdevolle kijk op het ouderwetse boerenleven dat aan het verdwijnen is.
39
La sortie de ce film est endeuillée par la mort de son auteur. Le photoreporter et documentariste Christian Poveda, 53 ans, a été assassiné le 2 septembre dernier, abattu de
quatre balles dans la tête sur une route au nord de San Salvador, à cause de ces images
qu’il avait filmées dans l’enfer des gangs de la capitale d’Amérique centrale, et qui dérangeaient. Durant deux ans, dans la misère des bidonvilles, Christian Poveda a filmé cette
guerre des gangs qui sème la terreur dans le pays et aux alentours. Poussée par une violence aveugle, cette guerre civile oppose et décime la jeunesse de deux clans ennemis :
la Mara Salvatrucha et la Mara 18. Les maras sont des bandes nées dans les années
1930 aux États-Unis, à Los Angeles, où s’étaient réfugiés des ancêtres qui fuyaient les
remous politiques, afin de se défendre des mafias mexicaines. Le corps et le visage
tatoués à l’effigie du clan qui leur sert de famille, ces mareros se criblent de balles à tout
bout de champ, pour le contrôle d’un territoire, d’un trafic de drogue, d’un réseau d’enlèvements contre rançons. Fières de leurs exploits, ces armées invisibles sèment une
terreur quotidienne. Images hallucinantes, que ces gamins qui relatent leur exploits, et
sortent brutalement leurs fusils en voyant débarquer leurs adversaires dans une voiture.
Fusillade. […] Puis des funérailles, les morts portés dans un cercueil vitré, les camarades
hurlant vengeance dans une atmosphère de prière : “Réglons ça dans le sang !” [...] Voici
des gamins qui frappent aux portes pour mendier quelques sous qui aideront la famille
de leur pote trucidé. Voici une femme qui a perdu un œil lors d’un échange de coups
de feu, condamnée à plusieurs interventions chirurgicales qui ne lui épargneront pas la
prothèse. Christian Poveda, pour ce film clairvoyant et terrifiant, a, lui, perdu la vie.
La Vida Loca
Christian Poveda
Mexique-France-Espagne
2008
90’
VO ST.FR
Jean-Luc Douin, Le Monde
Retrouvez
une interview
de Christian Poveda
sur www.Arenberg.be
De fameuze Mara 18 – en mara komt van marabuntas, een carnivore mier uit Centraal-Amerika die
elk leven op haar pad vernietigt – geldt als één van de meest gewelddadige gangs ter wereld. In La
vida loca volgt de Frans-Spaanse journalist en documentaire filmmaker Christian Poveda het dagelijkse
leven van enkele leden van deze gang uit San Salvador, een spiraal van drugsconsumptie en brutaal
geweld. De kapstok voor Poveda was een sociaal reïntegratieproject waarin enkele ex-leden in het hart
van het M18-territorium – de gangsymbolen die elk lid ritueel op zich moet laten tatoeëren – een bakkerij proberen op te zetten. Zijn ontdekkingstocht is nooit sensationeel maar wel uitzonderlijk boeiend
en verschrikkelijk fascinerend. Ondanks het feit dat Poveda het vertrouwen van de gang had weten te
winnen, werd hij vorig jaar in september doodgeschoten in het hart van één van de wijken waarin M18
actief is.
Inédits
40
Violent Days
Lucile Chaufour
Avec
Lucile Chaufour
Frédéric Beltran
François Mayet
Franck Musard
France
2004
104’
VO FR
Violent Days est un film qui joue à contretemps. Ses héros, des garçons et des filles
désœuvrés appartenant à différentes tribus de la sphère rockabilly, vivent en circuit
fermé dans une époque et un pays quasi imaginaire (l’Amérique fantasmée des fifties :
bubblegum et creepers), qui n’est pas le leur. Violent Days pourtant se sert d’eux pour
ausculter une France qui n’a plus droit à l’image depuis longtemps : le prolétariat, le
monde ouvrier, les mecs qui sont caristes en usine ou qui bossent au garage ou à la
boulange. Si leur imaginaire est le décalque de celui de leurs aînés, c’est aussi parce
que rien, de leur situation sociale, n’a évolué depuis les années 1950. Il n’y a pas d’horizon. Seule échappatoire : la musique, le rock. Sa douceur (la jolie bonde aux allures
de pin-up : “Je rêvais d’un homme comme Gene Vincent, d’un homme doux”). Sa violence. [...] La cinéaste filme un rêve de fille dans un monde de mecs, un rêve en noir et
blanc qui trouve son rythme dans des entre-chocs au montage qui la rapprochent du
premier Cassavetes. Celui de Shadows, qui brouillait les pistes fiction, documentaire,
noir, blanc, jazz, blues en prenant comme modèle formel la puissance de la musique.
Lucile Chaufour aime passionnément le rock’n’roll. Ça s’entend et surtout ça se voit :
avec un budget certainement riquiqui, elle a refusé l’option naturaliste pour inventer un
entre-deux, faisant venir des sons de partout. En somme, elle a monté Violent Days
comme Phil Spector produisait des disques : partir d’une base simple, comme nue, et
lui offrir une ampleur de chapelle Sixtine. Violent Days, une fois vu, ne s’efface pas. Un
peu comme ces tatouages indélébiles sur des avant-bras qui redoutent en silence le jour
fatal où il va falloir baisser la garde.
Philippe Azoury, Libération
Inédits
De Teddy’s, vetkuiven en de geest van de Elvis Presley van de fifties zijn weer van de partij in Violent
days, een gestileerde docufictie in zwart-wit over de Franse rockabilly-scène. Al zeggen we er meteen
met een shake in de heupen bij dat dit geen gewone muziekfilm is. Want Lucile Chaufours inventieve
duik in deze subcultuur is ook een politieke film met een sterk uitgesproken sociaal accent. De door de
Amerikaanse Droom gefascineerde rock’n’roll-fans die Chaufour volgt – via interviews op de werkvloer
en een fictieverhaal over drie kerels en een blonde pin-up die met de wagen op weg zijn naar een
concert in Le Havre – komen allemaal uit het arbeidersmilieu. Voor hen is rock dus nog een echte vorm
van rebellie en een bepaald idee van vrijheid maar ook een soort vlucht en uitlaatklep voor geweld. Net
die rock is cool-attitude wordt doorprikt want dit rockdrama is evengoed een subtiele analyse van een
geconditioneerde klasse.
41
Comment ? Vous n’avez pas vu Old Joy, merveille de film américain indépendant, au
budget minuscule ? Un, il est disponible en DVD. Deux, sa réalisatrice, Kelly Reichardt,
confirme aujourd’hui la particularité de son talent : savoir captiver avec un minimum.
Cette prof de cinéma new-yorkaise, soutenue notamment par Todd Haynes, a tourné
Wendy & Lucy en dix-huit jours. Une économie qui sied au dénuement de l’héroïne,
fille pauvre en route pour l’Alaska (où elle espère trouver du travail) et dont la voiture
tombe en panne dans un bled de l’Oregon. Un parking de supérette est l’épicentre du
film. La disparition d’un chien bien-aimé, son quasi unique rebondissement. Un vieux
vigile, l’interlocuteur principal de la jeune Wendy... Depuis un périmètre aussi réduit, la
cinéaste fait pourtant apercevoir avec une netteté sidérante la pétrification de l’Amérique
profonde, sa résignation face à une misère de moins en moins marginale. Immobilisée
contre son gré, sans aucune ressource, Wendy suscite à peine quelques gestes de solidarité – d’autant plus émouvants. Dans ce monde-là, rien n’est prévu pour le cas où l’on
n’a pas d’argent du tout. Au-delà de l’acuité documentaire, il y a le petit miracle de l’incarnation, le pouvoir du cinéma face à la fatalité sociale. Découverte en épouse trompée
dans Le Secret de Brokeback Mountain, Michelle Williams, aux traits enfantins et au jeu
très intériorisé, préserve la tenue du film – une fille privée de son chien, ça pourrait virer
pathétique –, mais lui donne aussi son humanité, et son horizon. Ni ravagé ni conquérant, le visage de Wendy exprime la volonté éperdue de résister à la dureté de la vie et au
piège des sentiments. Mais il reflète aussi on ne sait quelles promesses d’avenir, envers
et contre tout.
Wendy & Lucy
Kelly Reichardt
Avec
Michelle Williams
Will Oldham
Will Patton
John Robinson
États-Unis
2008
80’
VO ST.BIL
Louis Guichard, Télérama
Precies zoals het grote voorbeeld, de neorealistische Italiaanse klassieker Umberto D., is de minimalistische roadmovie Wendy and Lucy een soort rustige reflectie over én commentaar op de groeiende
kloof tussen rijk en arm in het huidige Amerika. Wendy, een twentysomething met veel naturel gespeeld
door Michelle Williams, heeft het moeilijk om de eindjes aan elkaar te knopen. En net als ze in haar
oude wagen op weg is naar Alaska om een nieuw leven te beginnen, komt ze vast te zitten in een gat
in Oregon en verdwijnt haar trouwe labrador waardoor ze in al haar sombere hopeloosheid ook geconfronteerd wordt met haar eigen broos bestaan. Gus Van Sant is een fan van het werk van de New Yorkse
indiecineaste Kelly Richardt (Old Joy). En we begrijpen waarom. Haar spaarzaam verteld verhaal over
het strompelen aan de zelfkant van de VS-samenleving is een delicaat dramatisch miniatuur en een
verstild portret dat onderhuids aan je blijft kleven.
Inédits
42
Winnipeg
mon amour
Guy Maddin
my winnipeg
Avec
Ann Savage
Louis Negin
Darcy Fehr
Canada
2007
79’
VO ST.FR
Inédits
Winnipeg mon amour pourrait bien être la grande œuvre charnière du cinéaste. Une voix
off affirme d’emblée que le film, véritable mais paradoxale city symphony, n’existe que
pour libérer Maddin du pouvoir de sa ville natale, milieu de nulle part déjà amplement
fantasmé d’un bout à l’autre de son œuvre. Jamais le foisonnement maddinien n’a semblé aussi cohérent qu’à travers cette fiction documentaire qui exhibe comme une nécessité l’étendard de l’hybridation. Si le spectateur trouve à se repaître du talent de faussaire
de l’éternel adorateur du muet, d’autres types d’images – comme les plans en couleurs
évoquant les désastres urbains de la fin du siècle dernier – cohabitent désormais avec
ceux qui convoquent Buñuel ou Murnau. Et plusieurs séquences d’animation de silhouettes, juxtaposées aux prises de vues réelles, confirment que le portrait d’une ville
est d’abord celui de ses fantômes. Tout aussi spectaculaire est le recours à l’archive qui,
loin de forclore le sens du film, semble inviter à la fabrication d’autres documents. Ainsi
est sans cesse valorisée l’exploration de nouveaux possibles. En ce sens, le recours
fréquent aux transparences caractérise à merveille le travail de Maddin, pour lequel le
montage désormais se fait également dans le plan. Le procédé renvoie aussi au nouvel
horizon référentiel, étroitement lié à l’expérience familiale du cinéaste, que constituent le
film noir et les premières séries télévisées. L’événement afférent est ici le retour à l’écran
de l’actrice Ann Savage, autrefois fatale dans Detour d’Edgar G. Ulmer, qui devient sous
nos yeux la comédienne choisie pour incarner la mère du cinéaste. Peu importe dès
lors que Maddin ne puisse jamais vraiment échapper au charme hypnotique de sa ville :
Winnipeg abrite le cinéma et sans doute le monde.
Thierry Méranger, Cahiers du cinéma
Van Archangel tot The Saddest Music in the World: de cinema van de Canadese regisseur en cultauteur Guy Maddin is er één die zowel formeel als inhoudelijk magisch flirt met het (film)verleden. In My
Winnipeg, Maddins eigenzinnige portret van zijn jeugd en vooral zijn geboortestad (‘een stad waarin
tien keer meer geslaapwandeld wordt dan in eender welke andere stad’), is dat niet anders. Opnieuw
toont hij zich een meester in het recreëren van verschillende filmstijlen, van de Sovjetmontage tot de
film noir. Het geeft deze docufantasie in hypnotiserend zwart-wit de allure van een visueel duizelingwekkende liefdesbrief. Maar Maddin mengt ook geïnspireerd mythen, nostalgie, fictie en feiten. Zo laat
hij B-filmster Ann Savage, bekend van de noirklassieker Detour, de rol van zijn eigen moeder spelen.
Het resultaat is een verpletterend mooie en mysterieuze droomfilm die vaak verteld wordt vanuit het
standpunt van een rijdende treinwagon.
43
L’une des tendances les plus identifiables du cinéma israélien contemporain est la “chronique sociale de gauche”, et le premier long métrage d’Eran Merav, 34 ans, frais émoulu
de l’école de cinéma de Jérusalem, y souscrit à son tour : une veine plutôt minimaliste,
un héritage discrètement revendiqué du néoréalisme italien, une manière directe, sans
fioritures, d’aller au cœur des choses forcent ici le respect. L’histoire est celle d’une
famille modeste de Haïfa, luttant pour survivre en ordre dispersé. La mère, coiffeuse
fantasque séparée d’un mari qu’on suppose sous les verrous, tente de reconstruire quelque chose avec un homme plus âgé, qui a du mal à se faire accepter des enfants. Ce
sont deux frères, qui occupent le centre du récit. L’aîné, Meir, 17 ans, est une forte tête
qui semble prêt à suivre le chemin du père. Le cadet, Zion, 14 ans, plus malléable, plus
délicat, et sans soute plus intelligent, subit la loi de son frère en même temps qu’il voue
à sa mère l’amour de l’enfant qu’il est encore. Un drame va brutalement nouer le destin
des deux frères. Zion se fait voler sur la plage son unique paire de chaussures et croit la
reconnaître aux pieds d’un jeune immigré éthiopien qui fréquente le même collège que
lui. Rossé par ce dernier alors qu’il tente de les récupérer, il revient avec son frère, qui
se déchaîne sur l’enfant, jusqu’à la survenue du drame. La connivence qui va désormais
les unir alors même que leur relation se défait et qu’ils conjuguent leurs efforts pour ruiner les espoirs de leur mère, donne au film sa tonalité. Eran Merav y travaille, dans une
palette sombre et désaturée, à une métaphore collective : celle d’une société rongée par
une faute originelle, exaltée par une fraternité empoisonnée, souffrant d’une affliction
d’autant plus amère qu’elle la sait vouée à ne pas connaître d’échappatoire.
Zion
et son frère
Eran Merav
Avec
Ronit Elkabetz
Reuven Badalov
Ofer Hayoun
France / Israël
2008
84’
VO ST.BIL
d’après Jacques Mandelbaum, Le Monde
Veel sociale kronieken met een discreet neorealistisch accent zal je niet terugvinden binnen de nieuwe
Israëlische film. Net van die bescheiden stroming maakt Zion and His Brother deel uit, het verrassende
en gevoelig geriedebuut van Eran Merav. De spil van deze tragedie over een bescheiden familie met
problemen die in een grimmige arbeiderswijk van kuststad Haïfa vecht om te overleven, zijn de 14-jarige
Zion en zijn drie jaar oudere broer Meir. Die twee door de hormonendans geplaagde gasten gedragen
zich altijd als kat en hond. Hun complexe, door de accidentele dood van een boefje op de proef gestelde
band vormt het dramatische hart van deze soms licht sentimentele maar met veel inzicht en pijnlijk juist
vertelde vergiftigde broederrelatie. Een kleine maar bijzondere én aanstekelijk vertolkte film over de
familiale dorens en de groeipijnen van de adolescentie.
Inédits
s
e
s
i
r
p
e
R
05
45
Un escroc de petite envergure, Philippe Miller (François Cluzet), bourlingue dans le Nord
de la France en se faisant passer pour le représentant de sociétés connues. Le hasard le
fait tomber sur un chantier d’autoroute abandonné deux ans auparavant, l’arrêt soudain
du projet ayant planté là nombre de petites entreprises locales. En se faisant passer
pour un cadre de la CGI (filiale de la Société générale), l’impassible Philippe Miller fait
reprendre espoir à toute une communauté qui, de l’ouvrier de base aux secrétaires et
aux ingénieurs, bénéficie de plus du soutien d’une municipalité prompte à mettre en
scène sa contribution, au demeurant réelle, à la création d’emplois. Point très fort du
film. Alors qu’eût été assurée la réussite de scènes comiques autour du ridicule des
emberlificotés face à l’arnaqueur, c’est tout un peuple incarné qui s’anime sur l’écran
cinémascope de Xavier Giannoli : les acteurs sont dirigés dans la vérité de leurs personnages, jamais dans le clin d’œil amusé. À l’origine fonctionne alors sur deux plans.
Premier étage, la valeur d’échange, l’économie, le financement, la finance. La mécanique mise en marche par l’escroc va réellement enclencher une mobilisation de tous et
la réouverture du chantier. Deuxième étage, la valeur d’usage. L’élan créé crée de l’élan
et de la vie, pas nécessairement de la richesse, ou alors “seulement” de la richesse
humaine. Achevée, la passerelle d’autoroute ne mène à aucun tronçon, se termine dans
le vide. Mais qu’est-ce qui compte vraiment ? Pas l’échange – le plus souvent inégal, il
dérive vers un modèle de prédation –, ni même l’usage – héritage utilitariste dont les
contenus sont largement à revoir. Héros inexorablement collectif d’un travail qui gagne
à se voir déconnecté du capital, il n’y aurait donc plus que l’homme ? Généreux, inutile,
grandiose, pathétique.
À l’origine
Xavier Giannoli
Avec
François Cluzet
Emmanuelle Devos
Gérard Depardieu
Stéphanie Sokolinski
France
2008
131’
VO FR
Éric Derobert, Positif
Nee, de titel À l’origine is geen verwijzing naar het beroemde doek van Courbet al ligt de basis van
het door regisseur en scenarist Xavier Giannoli (Une aventure) vertelde verhaal ook in Frankrijk: een
vreemd faits divers over een oplichter die zich autoritair uitgeeft voor een werfleider om in the middle of nowhere van een door werkloosheid geteisterde regio met de hulp van subsidies, leningen en
smeergeld een stuk autostrade te bouwen. De rol van de bedrieger wordt heel overtuigend gespeeld
door een charismatische François Cluzet, een eenzaat die niemand heeft om op terug te vallen en die
roept om aandacht en liefde. À l’origine is bijgevolg niet zomaar een portret van een zwendelaar of
non-conformistische opportunist maar een sterke sociaaleconomische en symbolische politieke film
over een man die op zoek is naar een identiteit en de menselijk nood om collectief te geloven in en te
werken aan een project.
Reprises
46
A Serious Man
Joel & Ethan Coen
Avec
Michael Stuhlbarg
Sari Lennick
Richard Kind
États-Unis
2009
105’
VO ST.BIL
Les Coen ont autant lu Kafka que regardé Saturday Night Live ou écouté les Stones.
Cette rencontre entre le territoire physique et métaphysique des bouseux rednecks et
leur regard de fins lettrés fait toute la saveur de leur cinéma décalé et de A Serious Man.
Le personnage central, Larry Gopnik, est un professeur de physique soudain assailli
par une multitude de problèmes banals. Sa femme veut divorcer. Ses enfants ados ne
l’écoutent plus et se disputent sans arrêt. Un de ses étudiants qu’il a mal noté le menace.
Une société de vente par téléphone le harcèle. Cet engrenage est autant dramatique
qu’hilarant. Comme Barton Fink, Jerry Lundegaard de Fargo ou le Dude Lebowski, Larry
Gopnik est un brave type moyen soudain enseveli sous une coulée d’événements qu’il
ne parvient plus à maîtriser. A Serious Man ravira le fan des Coen : il y retrouvera tout ce
qu’il aime dans leur cinéma. Mais ce film apporte une nouvelle dimension : l’autobiographie. Les Coen ont probablement mis beaucoup d’eux-mêmes dans le fils Gopnik, ce
jeune garçon rouquin qui prépare sa bar-mitsva tout en écoutant Jefferson Airplane et
en fumant de la beuh en cachette… “67, année problématique”, pourrait chanter Gopnik.
Dans une époque de toutes les trouilles, rongée par la montée des communautarismes
et le retour de la religion, où des gouvernements en échec tentent de nous embrouiller
avec d’oiseux débats hors sujet, A Serious Man fait du bien : il diffuse en mode mineur
sa version de l’identité nationale. Et elle est une aventure à la fois individuelle et collective, qui se construit et se transforme au long d’une vie, mute d’une génération à l’autre.
Tel est le propos fort et sage émis par les Coen dans leur nouvelle comédie tragique.
Géniaux, qu’on vous dit.
d’après Serge Kaganski, Les Inrockuptibles
Reprises
Overloop de films van de Coens, nog altijd de meest getalenteerde filmbroers van Hollywood, en je kan
na A Serious Man maar tot één conclusie komen: dit is hun meest persoonlijke film, in de strikte zin van
het woord. Hoe absurd of ingehouden grotesk deze parabel over het mysterie van het leven ook is, hij is
wel degelijk een soort verslag – met Jefferson Airplane op de soundtrack – van hun herinneringen aan
de Joodse cultuur uit het suburbane Minnesota van de sixties waarin ze opgroeiden. De protagonist van
hun existentiële satire is Larry Gopnik, een universiteitsprofessor wiskunde die plots de aarde onder
zijn voeten voelt verdwijnen wanneer zijn vrouw wil scheiden en zijn kinderen beginnen te rebelleren.
Meteen de opstap voor een bevreemdende farce waarin vreemde toevalligheden, buren en rabbijnen
een opmerkelijke rol spelen en de Coens zich weer laten kennen als de verfijnde karikaturisten die ze
zijn.
47
“C’est un effort de déchiffrer un poème”, dit Fanny Brawne, la jeune héroïne de Bright
Star. En l’occurrence, elle a raison. Son amoureux est le poète John Keats, dont les vers,
puissamment ressentis, n’en sont pas moins entortillés. Le plus mauvais service qu’on
puisse rendre à Bright Star est d’en résumer l’intrigue comme suit : l’histoire vraie de
la liaison tragique et non consommée entre l’un des plus grands poètes romantiques
britanniques du XIXe siècle et la pure jeune fille qui devint sa muse, au point qu’il lui
dédia un poème, Bright Star. De quoi redouter l’académisme du film historique... Ce
serait omettre le talent de Jane Campion, experte dans les passions d’époque depuis
La Leçon de piano (1993) ou Portrait de femme (1996), à retrouver la vérité frémissante
de cet amour-là. À en exprimer la force émotionnelle.
Le soin porté au détail, l’intelligence de la mise en scène comme la qualité des acteurs,
pourtant débutants, donnent aux premières scènes une intensité peu commune. Rien,
pourtant, n’est favorable à cette union. John n’a pas les moyens d’épouser Fanny, et sa
pauvreté même rend sa santé chancelante. Il s’éloigne. Jane Campion excelle alors à
montrer l’angoisse de celle qui attend désespérément un signe. La force du film est de
provoquer chez le spectateur une puissante empathie. S’agit-il pour lui, à la vision de
Bright Star, d’éprouver les sentiments contrastés, joie puis désespoir intense, des deux
protagonistes ? Ou, plus sûrement encore, de se souvenir à travers eux de son propre
vécu, des enthousiasmes affectifs et des chagrins passés, de ces moments précieux
d’hypersensibilité qui ont semblé décupler son rapport au monde ? Quel spectateur
quittera la salle sans rêver de les revivre à nouveau ? Bright Star est un film qui rend
irrésistiblement amoureux de l’amour.
Bright Star
Jane Campion
Avec
Abbie Cornish
Ben Whishaw
Paul Schneider
Royaume-Uni
2009
119’
VO ST.BIL
Aurélien Ferenczi, Télérama
Zeven films heeft de Nieuw-Zeelandse cineaste Jane Campion inmiddels achter haar naam staan en
stuk voor stuk zijn het sterke portretten over vrouwelijke sensualiteit en liefdesverlangens. Ook het
discreet lyrische Bright Star hoort in dat rijtje thuis al wordt er vertrokken van de drie laatste levensjaren van de jonge, tuberculooszieke dichter John Keats en de moeizame liefdesaffaire die hij vanaf
1818 in het Londense Hampstead had met de mooie, vrijgevochten Fanny Brawne, zijn muze die hem
voor enkele van zijn mooiste gedichten inspireerde. Het zijn juist de zintuiglijke gevoelens die uit Keats
gedichten spreken die Campion in deze gecultiveerde liefdesballade even fraai als onberispelijk naar
het doek heeft weten te vertalen. De sfeer van dit superieur subtiele kostuumdrama in de scènes tussen Ben Whishaw en Abbie Cornish, alle twee voortreffelijk als de kwetsbare kuise geliefden, heeft
daardoor iets uitgesproken delicaat tactiel.
Reprises
48
Cargo 200
Alexeï Balabanov
Avec
Agniya Kouznetsova
Leonid Bichevin
Alexeï Poluyan
Leonid Gromov
Russie
2007
89’
VO ST.BIL
Avec Cargo 200, Alexeï Balabanov revient sur la période qui sépare la fin de l’ère communiste proprement dite (mort de Tchernenko) de l’avènement de la Russie capitaliste
d’aujourd’hui. En 1984, juste avant l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev, le cinéaste dépeint
la fin d’un régime. C’est tout le ciment social qui part en morceaux avec ses valeurs, et
ses repères. Plus de morale, plus d’autorité, plus de contraintes sociales, les instincts
les plus primaires refont surface. Sans prendre position dans le débat sur l’éventuelle
complaisance du réalisateur envers la violence et la dégénérescence morale, il nous faut
bien constater que Balabanov ne détourne en rien son regard et, à l’instar d’un Gaspar
Noé dans Seul contre tous, contraint son spectateur horrifié à l’accompagner jusqu’au
fond de sa vision d’apocalypse baignée de quelques touches d’ironie funèbre et d’humour noircissime et glacé. Avec la différence que le réalisateur français brossait le portrait d’un individu qui atteignait peu à peu le fond de la misère morale. Chez Balabanov,
le naufrage est collectif. Tous les participants, sans exception, sont confrontés à ce
néant. À la limite du regardable, le film fascine cependant par son absence totale de
concession. Une volonté de ne rien épargner dans l’horreur, une rage destructrice qui
balaye sur son passage tout habillage social, laissant à nu une nature humaine qui, chez
Balabanov, est tout sauf rousseauiste. Pour qu’au final, il ne reste rien, et que sur ce rien,
quelque chose de totalement nouveau puisse renaître. Voyage collectif au bout de la nuit
qui n’épargne rien à son spectateur, Cargo 200 est un film coup de poing.
d’après Marceau Verhaeghe, Cinergie
Reprises
L’Âge d’Or-winnaar Cargo 200 is een onthutsende en surrealistische afrekening met de pre-Perestroikaperiode. Deze sombere thriller waarmee regisseur Alexei Balabanov (Of Freaks and Men) het morele
verval en het huidige fenomeen van Sovjetnostalgie wil aanklagen, behoort zonder twijfel tot één van
de meest opmerkelijke en provocerende films die de afgelopen jaren in Rusland is gedraaid. Zijn donkerzwarte film plaatst een agnostische wetenschapper, een boer die illegale wodka produceert, een
monsterlijke politieagent en feestende jongeren tegenover elkaar in Leninisk, een industriële schrootstad. Wat volgt is een cynische en grotesk-sinistere rit in vale kleuren door een zowel politiek, moreel,
ecologisch als religieus ontregelde maatschappij waarin Balabanov aanstuurt op een memorabele horrorfinale waarin de betekenis van het woord schokeffect in de cinema opnieuw wordt uitgevonden.
49
L’histoire de Crazy Heart a déjà été racontée cent fois. Peu importe : sa force, comme
celle des country songs qu’il célèbre, est de réussir à nous faire croire qu’il s’agit d’une
première fois, encore et toujours. L’Amérique, ses vieilles gloires et ses jeunes loups, ses
histoires d’amour impossibles et pourtant effectives… Scott Cooper, le jeune auteur du
film, ne cherche jamais à éviter les clichés. Au contraire, il leur fonce droit dessus, les
embrasse, s’y plaît – mais jamais ne s’y complaît, animé par le seul désir de sculpter un
écrin pour ses acteurs. À commencer par Jeff Bridges, qui joue un chanteur de country
has-been et alcoolique, écumant sans illusions les petites salles du sud des États-Unis,
jusqu’au jour où il tombe amoureux d’une jeune journaliste (Maggie Gyllenhaal) venue
l’interviewer… Au cours des années 2000, les épaves ont eu tendance à remplacer
les vieux beaux, les Redford, Costner ou Gere, qui se sont fait voler la vedette par les
Stallone, Rourke ou Depardieu – Quand j’étais chanteur de Xavier Giannoli étant à la
variété ce que Crazy Heart est à la country, c’est-à-dire ce que Michel Delpech est à
Johnny Cash. Jeff Bridges parvient, lui, à réconcilier les deux modèles : rocailleux et
aérien à la fois. Il faut voir comment, assis sur le capot de son vieux truck, il répond à
son rival et ancien élève (Colin Farrell), venu lui proposer de le remettre en selle. Les deux
loups se jaugent, se reniflent, et, alors que le conflit d’ego attendu semble sur le point
d’advenir, c’est soudain comme si la mise en scène prenait le plus vieux des deux par la
main et lui chuchotait, au creux de l’oreille : “It’s gonna be all right.” Et le faisait ensuite
glisser doucement sur les arêtes d’un film lumineux qui, à la dramatisation factice et aux
effets de manche, préfère l’insolente tranquillité de ceux qui n’ont rien à prouver.
Crazy Heart
Scott Cooper
Avec
Jeff Bridges
Maggie Gyllenhaal
Colin Farrell
Robert Duvall
États-Unis
2009
112’
VO ST.BIL
d’après Jacky Goldberg, Les Inrockuptibles
Fans van The Big Lebowski – en dat zijn er nog al wat – zullen het er wellicht niet mee eens zijn maar
Crazy Heart wordt door heel wat mensen voorgedragen als de film met de beste vertolking ooit uit
de carrière van Jeff ‘Dude’ Bridges. Het Amerikaanse tijdschrift Vanity Fair noemde zijn interpretatie van de door whiskeyproblemen aan lager wal geraakte countrymuzieklegende Bad Blake zelfs zo
ongekunsteld – hij kreeg er een Oscar voor - dat je de film er van zou kunnen verdenken dat het een
documentaire-achtige registratie is van Bridges geheim leven. Scott Coopers debuut, naar de roman
van Thomas Cobb, is misschien een bedrieglijk simpel verlossingsverhaal. Maar de fraaie, warme fotografie van de landschappen van New Mexico en de angstvallig precieze regie van Cooper zetten de band
die er langzaam groeit tussen de destructieve en verwarde Blake en zijn redster Maggie Gyllenhaal nog
meer teder en zielvol in de verf.
Reprises
50
Fantastic
Mr. Fox
Wes Anderson
Avec
George Clooney
Meryl Streep
Bill Murray
Owen Wilson
États-Unis
2007
86’
VO ST.BIL
Reprises
La nouveauté du dernier film de Wes Anderson tient à la plasticité de son univers qui tâte
maintenant de l’animation en stop-motion. Anti-Mickey Mouse par excellence, Mister
Fox a tous les traits de caractère devant le tenir écarté de l’univers enfantin. Fier-à-bras
chapardeur et chasseur appâté par les poulaillers, il met fin à sa carrière après un coup
qui aurait pu lui coûter la vie ainsi que celle de son épouse enceinte. Mais, la nuit tombée, l’instinct tourbillonne dans l’âme corsetée de Mister Fox qui n’est, de son propre
aveu, qu’un animal sauvage. Nature et culture, moi intérieur et moi social : Anderson
joue avec maestria d’oppositions clichés, feignant la naïveté, pour glisser vers la profondeur existentielle. C’était là le point fort de l’écrivain Roald Dahl, dont Fantastic Mr.
Fox est l’adaptation du livre éponyme. […] Et voyant qu’à l’échelle d’une vie animale l’âge
adulte et l’enfance se tiennent au coude à coude, il n’est pas étonnant que Mister Fox se
laisse aller à sa vraie nature. Mais le jeu est plus complexe qu’il n’y paraît. Comme souvent lorsqu’il s’agit de personnification, l’animal renvoie à l’homme son portrait travesti
et monstrueux en bovidé bête et laid imposant la tyrannie de son espèce au reste du
monde. Les hommes renvoient donc aux animaux leur propre animalité, et vice versa,
tandis que le casting cinq étoiles du film (George Clooney, Meryl Streep, Bill Murray
notamment) dissimule son image derrière des peluches animées. Que faut-il conclure
de ce jeu de chausse-trapes ? Que Clooney est un loup pour l’homme ? ou l’homme, un
Clooney pour l’animal ? Sans verser outre mesure dans le délire à la Ésope ou la mièvrerie, ce conte moral, brillant et enthousiasmant, rappelle à qui l’aurait oublié que l’humour
est une philosophie de vie. Aussi absurde soit-il.
d’après Nicolas Bauche, Positif
Dat de stopmotiontechniek – denk aan Aardman en Paniek in het dorp – opnieuw in trek is bij filmmakers, daar getuigt ook Wes Anderson van in het volwassen sprookje Fantastic Mr. Fox. Het is zelfs
de eerste animatiefilm van Anderson, de dandy achter cartooneske en absurde tragikomedies over
disfunctionele families zoals The Life Aquatic with Steve Zissou en The Darjeeling Limited. Het verhaal
over een sluwe vos (stem van George Clooney) die drie boeren besteelt en door hen achtervolgd wordt
waardoor hij het leven van zijn familie en vrienden in gevaar brengt, is gebaseerd op een klassiek kindersprookje van Roald Dahl. Met dat verschil dat Anderson het verwerkt heeft tot een droogkomische
en excentrieke ironische fabel in herfstige kleuren over voor hem dierbare thema’s als familieperikelen
en het leven als vrijbuiter in de natuur. De fantasiewereld die hij daarbij met de hulp van stoffen poppen
met vacht creëert is gewoon wonderlijk.
51
Depuis quelques années, Tommy Lee Jones n’en finit plus d’étonner. Derrière son visage
buriné et son regard d’une noirceur inquiétante, s’agite un comédien de la trempe des
plus grands, longtemps sous-estimé pour cause de rôles pas vraiment à la hauteur de
son talent. Aujourd’hui, tout change. Et l’acteur donne de bonnes raisons de penser qu’il
est une des personnalités les plus passionnantes du cinéma américain. Nouveau coup
d’éclat dans la carrière du comédien : Dans la brume électrique. Un film 100 % américain réalisé par un cinéaste 100 % français : Bertrand Tavernier. Rien d’étonnant à cette
alliance mondialiste qui, pour une fois, ne rime avec aucun compromis artistique.
Adaptation d’un roman de James Lee Burke, le nouveau Tavernier met en scène l’enquête et la quête de Dave Robicheaux (personnage récurrent de Burke), un flic atypique,
alcoolo, dépressif, ravagé par de terribles souvenirs et un passé qui ne passe pas. Rayon
enquête, il cavale après un serial killer qui s’attaque avec sauvagerie à de très jeunes
femmes. Rayon quête, il essaie de recoller les morceaux de son identité fracassée et,
par la même occasion, effectue un vertigineux voyage dans l’histoire de son pays.
Fantomatique et envoûtant, Dans la brume électrique ne ressemble évidemment en rien
aux multiples films de genre formatés qui encombrent les écrans. Voici une fiction qui sait
prendre son temps sans jamais barber. Entraîne dans son intrigue sans jamais sacrifier
les atmosphères et les états d’âme. Au cœur de ce film poisseux et envoûtant, Tommy
Lee Jones, encore plus laconique et économe d’effets que d’ordinaire, batifole dans son
élément. Le flic Robicheaux et son interprète ne font vraiment qu’un. C’est ce que l’on
appelle, pour de vrai, une incarnation. On n’en voit pas souvent de si convaincantes.
Olivier de Bruyn, rue89
Voor In the Electric Mist trok Bertrand Tavernier, de Franse regisseur met de meest encyclopedische
filmbagage, voor het eerst de Atlantische Oceaan over voor een studiofilm. Het uitgangspunt van zijn
broeierige thriller is een roman van James Lee Burke, de Amerikaanse mysterieauteur wiens werk
sterk verankerd is in de sfeer van Louisiana. Datzelfde door de orkaan Katrina getroffen Louisiana met
zijn vochtige en duisters bayous speelt dan ook een pertinente rol in deze intrigerende film noir waarin
Tavernier de grenzen van het genre aftast. Hoofdpersoon is Robicheaux (Tommy Lee Jones), een eigenwijze speurder die tijdens zijn onderzoek naar de moord op een hoertje op een netwerk van corruptie
en oude geheimen stuit. Of hoe een onderwerp als racisme en het verdringen van de geschiedenis in
de handen van een meester als Tavernier tot een originele Cajunthriller met een donkere sociopolitieke
en magisch-realistische toets leidt.
In the
electric
mist
Bertrand Tavernier
Avec
Tommy Lee Jones
John Goodman
Peter Sarsgaard
États-Unis
2009
117’
VO ST.BIL
Reprises
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53
Sur la Lune, tout nous est familier. Les sas mornes et platement éclairés, le robot (Gerty)
doté d’une voix de star plus qu’humaine (Kevin Spacey), l’homme (Sam Rockwell) seul
sur la planète qui s’accroche à quelques photos d’une femme et d’un bébé… On pense
connaître le topo : c’est un film paranoïaque sur les dangers de la technologie, etc. Et
puis non. Au cours d’une mission, Sam a un accident. Il se réveille sous les soins de
Gerty. Il retourne sur le lieu de son accident et trouve un homme. Cet homme, c’est lui.
Un deuxième Sam se réveille sous les yeux d’un premier Sam pour le moins crispé et
l’on passe de Kubrick à Polanski. Dans les tunnels blancs de la base, deux hommes qui
sont le même homme se tournent autour. Le spectateur ne sait plus qui il regarde ni par
qui il regarde. Qui est le protagoniste qu’il suivait, auquel il s’identifiait docilement ? Il y a
donc pire que se retrouver naufragé sur la Lune : se retrouver seul avec soi-même. Je et
un autre je. Ne plus savoir à qui s’identifier. Cette histoire de sosie nous invite à prendre
le film par le bout philosophique (apprendre à se connaître), thérapeutique (apprendre
à s’aimer), mais fonctionne surtout au niveau de la sensation pure, d’une désorientation
totale mais calmement amenée qui ferait pâlir d’envie les tortionnaires de Guantanamo.
[...] Dans sa manière d’utiliser un concept choc tout en restant ancré dans l’ordinaire,
Moon rappelle Birth de Jonathan Glazer. Un cinéma où l’étrange est abordé de manière
contemplative, laissant la force de l’idée décupler ses effets sans abuser de la caméra,
et où ce qui semble dépasser les limites du possible scrute l’humain. Duncan Jones a
même été invité à présenter son film à la Nasa. Belle consécration pour un cinéaste féru
de science-fiction réaliste, minimaliste et paradoxalement humaniste.
Moon
Duncan Jones
Avec
Sam Rockwell
Kevin Spacey
Matt Berry
Royaume-Uni
2009
97’
VO ST.BIL
d’après Nicholas Elliott, Cahiers du cinéma
Het lijkt wel op een sacrale rite, maar een sf-film is blijkbaar geen serieuze sf-film meer zonder
een hommage aan ruimteklassiekers als Kubricks 2001: A Space Odyssey of Tarkovski’s Solaris.
Dergelijke eerbetonen zitten ook aardig in Moon verpakt, het vooral in Engeland luid bejubelde debuut
van Duncan Jones – de zoon van Ziggy Stardust-ster David Bowie. Een uitstekende Sam Rockwell is
een astronaut die al drie jaar helemaal alleen op de kraterige maan zit waar hij van een industrieel
mijncomplex het graven naar helium 3-gas leidt. Na een werkongeval wordt hij geconfronteerd met
een mysterieuze dubbelganger van zichzelf. Het leidt tot een vrij onvoorspelbare en hypnotiserende
mysteriethriller in sneeuwwitte decors over clonen – of is het waanzin in de ruimte? – met een boeiende metafysische context in de vorm van een reflectie over identiteit en de relatie tussen mens en
zelfdenkende machines.
Reprises
54
Le Père de
mes enfants
Mia Hansen-Løve
Avec
Louis-Do de Lencquesaing
Chiara Chaselli
Alice de Lencquesaing
Eric Elmosnino
France
2009
110’
VO FR
À chaque vie son mystère. Et pourtant celle de Grégoire semblait limpide. Fils de famille
d’industriels, ce bel homme, rayonnant, élégant, avait décidé de n’en faire qu’à sa tête.
Passionné de cinéma, il était devenu producteur, l’un de ces producteurs indépendants
et cinéphiles qui se décarcassent pour permettre aux auteurs de tourner des films, sans
autre ambition que de rebondir d’un budget à l’autre, pour continuer à financer des
œuvres qu’il est heureux, parfois, de présenter. Sans le citer, Mia Hansen-Løve fait ici
le portrait d’Humbert Balsan, dépeint les derniers jours de sa vie, avant son suicide en
2005. Le film ne s’adresse pas pour autant aux seuls professionnels du cinéma. C’est
d’abord un film sur la famille. Grégoire en laisse deux, éplorées : le clan radieux formé
par sa femme et ses filles, qui se plaignaient de le voir trop souvent le téléphone portable
à l’oreille ; la ruche de ses collaboratrices, bourdonnante et inquiète. Conscients l’un et
l’autre du caractère héroïque de leur “chef”, ces deux clans vivent dans le bonheur. Ils
seront tous deux anéantis par la disparition brutale de Grégoire. […] Mais la réalisatrice
sait rester simple, loin du pathos, dans le respect poignant de ce qu’elle évoque : le
vide soudain créé par le deuil, la dignité d’un destin privé, la cohabitation chez le même
homme du désir et du désespoir, de la force et de la vulnérabilité, de la lumière et de la
noirceur. Tout cela est orchestré avec un tact extrême, dans une mise en scène douce et
mélodique, pétrie d’une émotion qui surgit de la vérité des êtres. Magnifique directrice
d’acteurs, Mia Hansen-Løve évite le piège du film crépusculaire (mort d’un homme, fin
d’un mode de production cinématographique). Elle filme Paris comme au temps de la
Nouvelle Vague, et n’a pas son pareil pour capter l’énergie des enfants. La grâce, tout
simplement.
Jean-Luc Douin, Le Monde
Reprises
Vijf jaar geleden stapte de zwaar depressieve Humbert Balsan uit het leven. Balsan was een Frans filmproducent, afkomstig uit een aristocratische familie en bekend om het financieren van auteursfilm van
Claire Denis, Elia Suleiman en Youssef Chahine. De Franse cineaste en ex-criticus Mia Hansen-Løve liet
zich voor Le Père de mes enfants inspireren door zijn leven en dood. Toch is dit ontroerende en gevoelige portret geen louter cinefiele hagiografie geworden. Hansen-Løve neemt je met zachte hand mee
in de draaikolk van het leven van een filmproducent (een charismatische Louis-Do de Lencquesaing,
gemodelleerd naar Balsan). Maar eens als de door schulden getroffen Canval zelfmoord pleegt, wordt
de camera met eenzelfde liefdevolle blik gericht op zijn vrouw, kinderen en het filmbedrijf dat hij achtergelaten heeft. Om die manier groeit dit drama uit tot een mooie schets van het filmmilieu en de emoties
bij onbegrijpelijk verlies.
55
C’est un peu en revenant que réapparaît le cinéma de Kiyoshi Kurosawa – un revenant en
pleine forme, après une petite baisse de régime. La surprise, c’est que son dernier film
n’est pas cette fois un film de fantômes (Kaïro) mais s’inscrit dans la banalité contemporaine en racontant le délitement d’une famille ordinaire. Tout part du licenciement
du père, séquence d’une brutale épure : un entretien où il comprend vite qu’on veut le
placardiser et hop ! plan suivant, il range ses affaires et quitte définitivement la boîte.
Mais au lieu de se prolonger comme un “film engagé” à la Ken Loach ou Laurent Cantet,
Tokyo Sonata adopte une tonalité beaucoup plus mystérieuse où la volonté de faire passer un “message” est très diffuse, voire incertaine. Ainsi, le licencié cache son sort à ses
proches [...] et de quitter tôt le domicile comme s’il continuait normalement de travailler,
alors qu’il erre dans la ville, déjeune à la soupe populaire et croise parfois d’autres quidams au chômage. L’énorme non-dit du père amplifie les conflits familiaux latents. La
mère au foyer devient neurasthénique, le fils aîné s’engage dans l’armée américaine (là,
on est dans la pure fiction) alors que le cadet, en conflit avec son prof, veut se réfugier
dans l’étude du piano. Cette absence de parole au sein du foyer est problématique pour
les personnages mais tout au bénéfice du film, qui saisit le glissement progressif d’une
famille dans la folie par tout un limpide édifice mêlant architecture précise des plans,
silences expressifs et travail remarquable des acteurs. En s’appropriant un matériau plus
réaliste qu’à l’accoutumée, Kiyoshi Kurosawa préserve toute sa puissance anxiogène,
toute son élégance formelle, ajoutant une autre couleur à sa palette : une force émotionnelle aussi nue que contagieuse. La marque des grands.
Tokyo Sonata
Kiyoshi Kurosawa
Tôkyô sonata
Avec
Teruyuki Kagawa
Haruka Igawa
Kai Inowaki
Koji Yakusho
Japon
2008
119’
VO ST.BIL
d’après Serge Kaganski, Les Inrockuptibles
Herinnert u zich nog de ophefmakende zaak rond Jean-Claude Romand, de Fransman die zich voor doktor uitgaf terwijl hij eigenlijk werkloos was en waarop Laurent Cantet zich liet inspireren voor L’Emploi
du temps? Tokyo Sonata is een even indringende Japanse variant op datzelfde landschap van de leugen
tegen de achtergrond van de mythologie van het werk. Alleen trekt de tot nu toe in J-horror gespecialiseerde cineast Kiyoshi Kurosawa – geen familie van – in zijn kroniek de impact van het verzwijgen
van het plotse verlies van een job en het dubbelleven dat volgt beheerst open naar het hele, een door
een economische crisis en kleine drama’s getroffen gezin. Het beklemmende familiedrama dat hij er uit
distilleert is dan ook opgevat als een aangrijpende, licht bijtende kritiek op de Japanse maatschappij,
een moeras waarin iedereen langzaam wegzinkt omwille van hypocrisie, isolement en prestatiezucht.
Reprises
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04
Réalisateur, sommelier et écrivain américain, Jonathan Nossiter
a notamment réalisé Sunday, Signs and wonders et Mondovino
(Sélection officielle de Cannes 2004)
Jonathan Nossiter, filmregisseur, sommelier en Amerikaans schrijver, realiseerde onder meer Sunday, Signs and wonders en Mondovino (Officiële
selectie op het festival van Cannes, 2004)
57
Sept films de Résistance dans un moment
de grande Collaboration
Des choix d’amour de Jonathan Nossiter
Sommes-nous déjà en train de vivre un totalitarisme mou, une
version light des années 1930-1940 ? Peut-être trouvez-vous
cette question absurde ou simplement provocatrice. Mais si
vous pensez vivre un moment historique complètement libre et
tolérant toute expression non conformiste, vous n’aurez alors
pas besoin de voir ces sept films provenant de France, Russie,
Italie, Cameroun, Sénégal et Japon.
Si par contre vous avez de sérieux doutes quant à la liberté
actuelle, venez voir ces aventures jubilatoires issues de ces six
dernières décennies et pour la plupart censurées, chacune à la
sauce de son époque et de son pays d’origine. Ces films osent
nous proposer aujourd’hui encore la liberté spirituelle, sexuelle,
sociale et, par conséquent, cinématographique.
Il est évident qu’il n’y a aucun lien ni esthétique ni idéologique
entre le grand maître du plaisir narratif Max Ophuls et son fils
Marcel, documentariste acide du grand mensonge français de
la seconde guerre mondiale. Et entre Kira Muratova, formellement la plus radicale des cinéastes de l’après-guerre (faisant
passer à mon avis, Tarkovski pour un réalisateur hollywoodien)
construisant une fable de la chute du monde soviétique digne
d’ “Alice au pays des merveilles”, et Pier Paolo Pasolini, dont
la méditation sur les limites de la barbarie (et de notre désir
parfois de cette dernière) reste toujours aussi cruelle et choquante, il n’y a pas plus de proximité. Sans rapport également,
le Easy Rider africain de Djibril Diop Mambety (décidément plus
radical, joyeux et libre que le film américain de Dennis Hopper)
et le documentaire drôlissime et impitoyable du Camerounais
contemporain Jean-Marie Teno sur le délire colonialiste. Enfin,
aucun de ces films ne peut être comparé à un des grands
classiques de l’histoire du cinéma comique : Tampopo, réalisé
par Juzo Itami, un des cinéastes japonais les moins connus à
l’étranger (et pourtant si “grand public” dans son radicalisme).
Et heureusement tout cela. Car, si l’usage de la liberté d’expression est l’acte de résistance le plus noble à tout moment
historique, c’est parce qu’elle est intrinsèquement sans étiquettes ni restrictions.
Jonathan Nossiter
Retrouvez en podcast l’interview de jonathan
nossiter sur www.arenberg.be
Beleven we reeds een zachte vorm van totalitarisme, een “light” versie
van de jaren 30-40 ? Misschien vindt u deze vraag absurd of simpelweg
provocatief ? Indien u gelooft te leven in een uniek historisch moment vol
vrijheid en verdraagzaamheid voor elke vorm van non-conformisme, zal
u deze zeven films uit Frankrijk, Rusland, Italië, Kameroen, Senegal en
Japan liever niet zien.
Indien u echter de actuele vrijheid wel in vraag stelt, moet u zeker komen
kijken naar dit overzicht van mijlpalen van de afgelopen zes decennia. Elke
gebeurtenis werd zorgvuldig gecensureerd in de periode en plaats waar
ze plaatsvond. Enkel deze films durven het ons nog te tonen, vrijheid op
spiritueel, seksueel, sociaal en cinematografisch vlak.
Het is evident dat er geen groter verschil is op esthetisch of ideologisch
vlak tussen meester-verteller Max Ophuls en zijn zoon Marcel, documentairemaker voor de leugen van de tweede wereldoorlog. Zo is er ook geen
groter verschil tussen Kira Muratova, vormelijk één van de meest radicale naoorlogse cineasten (zelfs meer nog dan Tarkovski) die een fabel
bouwt rond de val van de Sovjet Unie, vergelijkbaar met “Alice in wonderland”, en Pier Paolo Pasolini die met een gruwelijke meditatie de grenzen
van barbaarsheid onderzoekt (en onze lust daarvoor) blijft obsceen en
choquerend. Datzelfde geldt voor de Afrikaanse “Easy Rider” uit Djibril
Diop Mambety (beslist veel radicaler, vrolijk en liberaal dan de film van
Dennis Hopper) en de documentaire van de medogenloze hedendaagse
Kameroense Jean-Marie Teno over de koloniale droom. Ook kan één
van deze films behoren tot het rijtje komische filmklassiekers en dat is
Tampopo, gerealiseerd door Juzo Itami, één van de in het buitenland minst
gekende Japanse cineasten (nochtans zo’n ster). Het vrijheidsdenken is
in al deze films gelijk en één van de meest nobele zaken, waarbij de filmmakers zichzelf labels noch beperkingen opleggen.
A lire et à voir pour en savoir plus :
Jonathan Nossiter, “Le goût et le pouvoir”, Ed. Grasset.
Jonathan Nossiter, Mondovino – Coffret 4 DVD, Ed. Arte vidéo.
Jonathan Nossiter, 3 films :
“Resident Alien, Sunday, Signs and Wonders”, Ed. MK2
> En vente au cinéma Arenberg.
Nossiter
58
Afrique,
je te
plumerai...
Jean-Marie Teno
Avec
Jean-Marie Teno
Narcisse Kouokam
Marie Claire Dati
Cameroun-France-Allemagne
1993
88’
VO ST.FR
Nossiter
Réalisé il y a dix ans, cet amer réquisitoire n’a pas pris une ride. Bien sûr, l’Histoire reste
ce qu’elle a été : centré sur le Cameroun, le film évoque la colonisation, le travail forcé, les
tirailleurs et les désillusions de l’indépendance, cette “démocratie truquée” qu’évoquait
Célestin Monga dans une lettre au président Paul Biya. Mais ce qui n’a pas vieilli, c’est
le génocide culturel orchestré en Afrique et la dépendance vis-à-vis de l’étranger. Teno
enquête dans les bibliothèques des centres culturels français à la recherche des auteurs
africains, dénonce la dépendance du marché du livre, balade sa caméra sur les “librairies par terre” pour y trouver comme dans sa jeunesse des bandes dessinées comme
Akim, encore dévorées par des jeunes qui se forgent ainsi une bien triste image de soi.
Le devoir de civiliser prôné par les colons s’adressait à des gens qui ne manquaient ni de
créativité ni de culture ! L’alphabet bamoun en témoigne. Où était donc l’obscurantisme
qui motive encore aujourd’hui un esprit missionnaire bien intentionné ? Car c’est contre
la persistance des représentations et des rapports coloniaux que s’érige ce film, et c’est
malheureusement en cela qu’il a encore toute son actualité. Sa nécessité reste inchangée : opposer une réflexion critique aux préjugés qui fondent le racisme et la condescendance, contribuer à l’enseignement de l’Histoire par des images trop rares, participer au
débat sur la multiculturalité dans la société française. […] Porté comme dans tous ses
documentaires par un commentaire qui se fait davantage méditation personnelle qu’illustration des images, Afrique, je te plumerai... reste un document essentiel mais aussi
une vivifiante réflexion sur l’Histoire contemporaine.
Olivier Barlet, africultures.com
Laten we het even niet hebben over 50 jaar onafhankelijkheid van Congo, maar focussen op een ander
Afrikaans land, Kameroen. Jean-Marie Teno is een toonaangevende documentairemaker die al twintig
jaar aandacht besteedt aan de koloniale en postkoloniale geschiedenis van Afrika en zijn land. Afrique,
je te plumerai (1993) gaat over de politieke realiteit, lees repressie, in zijn thuisland. De documentaire
opent met een oproep tot een nationale conferentie aan president Biya, die enkel resulteert in de aanhouding van de briefschrijver en de uitgever. Daarna volgt de bewogen geschiedenis van Kameroen: de
komst van de Duitse missionarissen, de Franse bezetting, het gebrek aan eigen literatuur, de onderdrukking van de linkse oppositie… En steeds is de bevolking de klos. Vroeger gepluimd door de kolonialen, nu door de eigen sterke man: ‘Alouette, je te plumerai’.
59
Conçu pour le petit écran, ce film dut sa carrière cinématographique à la pusillanimité
de la télévision française qui le censura douze ans, jusqu’à l’automne 1981. Parce qu’il
pulvérise le mythe gaullo-communiste d’une France résistant comme un seul homme,
on a voulu en faire l’archétype d’un discours de souillure nationale. Il s’agit, en fait, d’une
chronique de l’Occupation, vue à travers Clermont-Ferrand et sa région. Les entretiens,
menés en compagnie d’André Harris, montés selon une précision d’orfèvre, révèlent
l’époque avec un charme romanesque et une précision entomologique. Figures attachantes : Pierre Mendès France relatant une évasion, les frères Grave, paysans auvergnats, le doux résistant Emmanuel d’Astier de La Vigerie, prêchant la tolérance à l’orée
de sa mort. Mais aussi le portrait de certains salauds, repentis flamboyants comme le
Waffen SS Christian de la Mazière. On enfile la défroque de chaque personnage, on trébuche avec eux sur les obstacles, dans la grisaille et la cacophonie de l’Histoire. Même
si Marcel Ophuls éclaircit, avec un talent grinçant, ce qui demeurait enténébré.
Antoine Perraud, Guide Télérama du cinéma
Ophuls avait choisi une ville de la zone libre afin de mieux comprendre le fonctionnement
du gouvernement collaborationniste de Vichy. Ses témoins vont de l’aristocrate au paysan en passant par l’ancien soldat allemand photographié bardé de médailles. Limitant
au maximum la narration et les généralisations trompeuses, Le Chagrin et la pitié saisit
les contradictions et les ambiguïtés de la période. Les deux sentiments évoqués par le
titre émergent au fil des questions insistantes de l’interviewer et des mensonges ou distorsions qui deviennent évidents au travers des différents témoignages et des réactions
spontanées face à des demandes délicates et embarrassantes.
Le Chagrin
et la pitié
Marcel Ophuls
France-Suisse-RFA
1969
256’
VO FR
R. Barton Palmer, 1001 Films
Vier en een half uur materiaal dat voornamelijk bestaat uit interviews met inwoners van ClermontFerrand die vertellen over WOII. Het vraagt niet enkel een begaafd interviewer, maar tevens een excellent documentairemaker om het gehalte aan collaboratie in deze Franse stad aan de oppervlakte te
krijgen. Dat is wat Marcel Ophuls (zoon van Max) met Le Chagrin et la pitié (1971) doet. Hij praat
ook met voormalige verzetstrijders en enkele Nazibezetters. De gesprekken worden afgewisseld met
beeldmateriaal van Hitler in Parijs en bekende Fransen voor wie de bezetting ‘business as usual’ lijkt.
Danielle Darrieux die een tour naar Duitsland onderneemt, bijvoorbeeld. Gemaakt voor de Franse televisie. Toen die de documentaire weigerde uit te zenden, verhuisde het explosieve materiaal naar de
filmzaal. Geprezen en verguisd, maar goed om de controverse rond collaboratie opnieuw op de agenda
te plaatsen.
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éCRAN TOTAL
2010
La sélection du
La vida loca
Christian Poveda
Un documentaire fort sur les gangs de San Salvador qui a coûté la vie à son réalisateur.
Fantastic Mister Fox
Wes Anderson
Dans la lignée de la déjantée Vie aquatique, ce film d’animation bizarrement passé inaperçu
reste à voir absolument.
Le Zinéglüb des 15/25 ans du Cinéma
Arenberg vous a concocté une petite
zélection de films pour passer l’été en
beauté et vous retrouve en force
à la rentrée pour la pourzuite de ses
zactivités…
Bonnes vacances à tous
et surtout bon écran Total !
Plus d’infos sur le Zinéglüb et ses activités ?
Foncez sur le site de l’Arenberg
ou retrouvez-nous sur facebook.
A women under the influence
John Cassavetes
Le film à voir pour découvrir le grand Cassavetes. Avec l’incroyable Gena Rowlands
et mister Columbo alias Peter Falk.
Vol au-dessus d’un nid de coucou
Milos Forman
Classique qui continue à marquer les générations depuis 1975 et qui a révélé Jack Nicholson,
époustouflant… Bienvenue au pays des fous !
61
En décembre 1955, Max Ophuls présentait au public parisien Lola Montès qui n’eut pas
l’heur de plaire. Retiré de l’affiche, Lola Montès a été montré ensuite, monté et doublé
de différentes façons. Les efforts de la Cinémathèque française ont permis de redonner
vie à un film très proche de la version que voulut Ophuls. Ce qui ne suffira pas à dissiper
un parfum de malédiction. Bien sûr, les spectateurs d’aujourd’hui seront moins déroutés
par la chronologie désarticulée du récit, par la violence chromatique des images. Mais
ce qui fit fuir les spectateurs du Marignan, il y a plus d’un demi-siècle, effraie encore
aujourd’hui. La déchéance livrée en pâture de la célèbre courtisane du XIXe siècle, le trafic marchand des sentiments et du plaisir restent des objets de scandale qu’Ophuls met
en scène avec violence, dans une fièvre qui confine parfois au délire, sans prétendre à la
compassion. C’est le plus malheureux et le moins aimable des chefs-d’œuvre. […]
Quand il filme le cirque, Max Ophuls fait cavaler des nains peints en rouge, galoper des
écuyères légèrement vêtues dans un charivari permanent qui tourne autour d’une figure
immobile, celle de Lola, qui tient à peine debout et s’exprime d’une voix inaudible. […]
Cet enfer n’est pas celui qui guette les filles perdues. C’est celui où l’amour et l’argent
s’échangent indifféremment, où la célébrité est une marchandise. Ophuls avait appris
à connaître Hollywood (le cirque de Lola est américain), où il s’était exilé pendant la
Seconde Guerre mondiale, et l’on peut discerner dans Lola Montès une parabole du viol
de la culture et de l’histoire européenne par le show-business américain. Ce n’est qu’un
contre-chant. Lola Montès est avant tout le récit d’une agonie. C’est le dernier film de
Max Ophuls, mort deux ans plus tard.
Lola Montès
Max Ophuls
Avec
Martine Carol
Peter Ustinov
Anton Walbrook
France-RFA-Luxembourg
1955
116’
VO FR ST.NL
Thomas Sotinel, Le Monde
Lola Montès (1955) bleek bij de première zoveel heisa te veroorzaken dat de film opnieuw werd gemonteerd. Eerder stukgeknipt, volgens verbolgen regisseur Max Ophuls. Het zou tot 1968, elf jaar na zijn
dood, duren voor zijn werk in ere werd hersteld. In 2008 gebeurde dat zelfs in volle glorie met een
volledig gerestaureerde versie. Lola Montès, blijkbaar echt bestaan, draaide hopen mannen rond haar
mooie vingertje en deed zelfs ongewild aan politiek op hoog niveau toen ze de koning van Beieren
versierde. Later op haar leven wordt Lola echter gedegradeerd tot circusattractie die door ringmeester Peter Ustinov als mannenverslindster aan het publiek wordt gesleten. Regisseur Ophuls was geen
fan van Martine Carol, die hij ‘niet talentvol’ en ‘leeghoofdig’ noemde, maar moest haar wel als Lola
accepteren, omdat hij zonder haar deze peperdure superproductie niet gefinancierd kreeg. Het werd
zijn laatste film.
Nossiter
62
SalÒ
ou les
120 journées
de Sodome
Pier Paolo Pasolini
SalÒ o le 120 giornate di Sodoma
Avec
Paolo Bonacelli
Hélène Surgère
Sonia Saviange
Giorgio Cataldi
Umberto Paolo Quintavalle
Dernier film réalisé par Pier Paolo Pasolini, Salò ou les 120 journées de Sodome est sans
aucun doute l’un des films les plus polémiques de l’histoire du cinéma, aux côtés de La
Grande Bouffe de Marco Ferreri. Adapté des écrits du marquis de Sade, que Pasolini
transpose au cœur de la république fasciste de Salò proclamée par Mussolini, cette
œuvre politique choque et déconcerte.
Pour Pasolini, il est entendu que le sadomasochisme est une catégorie qui fait partie
de l’homme. Mais c’est moins cette pulsion qui est l’objet du film que le sexe comme
métaphore du rapport entre pouvoir et soumission. Le sadomasochisme de Sade est ici
utilisé pour représenter ce que le pouvoir peut faire du corps humain : trafic des corps,
réduction du corps à l’état de chose et annulation de la personnalité de l’autre.
C’est un film sur le pouvoir mais aussi sur l’anarchie du pouvoir lorsqu’il est totalement
arbitraire ou dicté par des nécessités économiques échappant aux choix sociaux. C’est
là tout le contraire des valeurs démocratiques défendues par Pasolini cinq ans plus tôt
dans Carnets de notes pour une Orestie africaine et des plaisirs sensuels développés
dans la trilogie de la vie.
Salo est le versant noir ce ces quatre films. Il pourrait être comme les supplices de l’enfer, le panneau de droite du Jardin des délices de Jérôme Bosch. On y note le même
pessimisme foncier après l’espoir d’une création harmonieuse et envers les plaisirs
abondants et sensuels de la terre.
C’est aussi un film sur l’inexistence de l’Histoire, du moins l’histoire telle qu’elle est perçue dans la culture européenne : rationalisme et empirisme d’un côté et marxisme de
l’autre. Pasolini constate que l’homme est conformiste. Il se conforme au type de pouvoir
qu’il trouve en naissant. C’est la société qui lui fait courber l’échine.
Jean-Luc Lacuve, cineclubdecaen.com
Italie-France
1975
116’
VO ST.BIL
Nossiter
Salò o le centoventi giornate di Sodoma (1975), kortweg Salò, is losweg gebaseerd op een boek van
Markies de Sade, grootmeester van het perverse. Net als de markies is regisseur Pier Paolo Pasolini
geen vriend van de katholieke kerk, maar zijn doelwit is toch vooral de Italiaanse geschiedenis. Salò
was korte tijd een republiek en Mussolini’s laatste bolwerk op het einde van WOII. Pasolini’s broer
werd er vermoord. In de film hebben vier fascistische libertijnen totale macht over een groep jonge
gevangen (men kan niet anders dan aan het recente misbruik in Abu Ghraib denken): ze onderwerpen
de mannen en vrouwen aan seksuele martelingen en vernederingen. Voor Pasolini is het ongebreideld
machtsmisbruik een metafoor voor het fascisme. Kort nadat de film werd voltooid, werd Pasolini, die
nogal met zijn eigen seksualiteit in de knoei lag, vermoord. De film werd aanvankelijk in vele landen
verboden wegens te expliciet.
63
D’abord un film dans le film : on y voit une femme d’âge mûr, Natacha, osciller entre la
dépression et l’agressivité à la suite de la mort de son mari. La deuxième partie se recentre sur un des spectateurs de la première partie, qui s’est endormi durant la projection.
Professeur d’anglais, Nikolaï est en effet atteint d’un “syndrome asthénique”, qui pourrait
bien être la conséquence de la grisaille engendrée par une vie passive et dénuée de
sens. Suivent une multitude de scènes dont le seul lien semble être précisément la difficulté de vivre. Le film de Kira Mouratova fut bloqué pendant quelques semaines pour
obscénité au moment de sa sortie projetée. On lui reprochait d’une part le langage grossier utilisé par certains personnages et d’autre part d’avoir montré des hommes nus.
Le Syndrome
asthénique
Kira Mouratova
d’après kinoglaz.fr
Comme beaucoup de cinéastes russes (soviétiques) de son époque, Kira Mouratova a
joué un rôle non négligeable dans la critique du système soviétique et son effondrement
futur. Mais son cinéma, entre carnaval et mélancolie, se distingue par son langage neuf,
moderne, poétique. Cinéma dans le cinéma, Le Syndrome asthénique, sur lequel s’est
particulièrement acharnée la censure, décrit le désarroi de la société soviétique et l’incommunicabilité quotidienne entre citoyens, dans une sorte de fureur hémorragique :
hémorragie d’histoires (on en compte au moins trois), d’images (en noir et blanc et en
couleur) et de paroles (dont l’emploi d’un argot russe très vulgaire et violent qui a fait
frémir le pouvoir). Sa structure, hachée, chaotique, déchaînée, renvoie l’image d’un pays
au bord à la fois de l’asphyxie et du fascisme le plus insidieux. Un film sans pitié (dans
le portrait d’une société) et sans concession (sur le plan cinématographique). Dans ce
“sans” se tient toute la morale de Kira Mouratova.
André Roy, 24 images
Sommige filmmakers wijken geen millimeter af van hun artistieke visie, ongeacht of het publiek de
boodschap eenvoudig kan begrijpen. De Russische Kira Muratova stoort zich zelfs niet aan de opinie
van de censuur. Met Astenicheskiy sindrom (1989) maakte zij een gitzwarte satire met een hoog ‘je
m’en fou’ gehalte. Naked (1993, van Mike Leigh) wordt wel eens genoemd als vergelijkingspunt. Haar
film, bekroond in Berlijn met de Zilveren Beer, bestaat uit twee segmenten, waarvan eentje in zwartwit. In het eerste deel zien we hoe een vrouwelijke dokter de pedalen verliest na het overlijden van haar
man. In het tweede deel wordt een klas, waarvan de leerlingen niet minder geïnteresseerd kunnen zijn,
ondervraagt over de film die zij, en wij, net hebben gezien. Daartussen pareltjes van wrange schoonheid: een vrouw, compleet genegeerd door haar zoon, speelt Strangers in the Night op haar trompet.
Astenicheskiy sindrom
Avec
Olga Antonova
Natalia Bouzko
Sergueï Popov
URSS
1989
153’
VO ST.FR
Nossiter
64
Tampopo
Juzo Itami
Avec
Nobuko Miyamoto
Tsutomu Yamazaki
Ken Watanabe
Japon
1985
114’
VO ST.FR
Un gangster en complet blanc se prépare à voir un film tandis que ses comparses lui
offrent un savoureux repas qu’il mangera avec sa maîtresse pendant la projection. Le
film commence en montrant deux camionneurs en tenue de cow-boy, Gen et Goro, lisant
un livre de cuisine sur les diverses manières de préparer les ramen (nouilles japonaises).
Ils s’arrêtent bientôt dans un petit restaurant de ramen et y rencontrent la patronne,
une jeune veuve surnommée Tampopo (Pissenlit). Celle-ci demande à Goro de l’aider
à sauver son restaurant en lui enseignant à préparer convenablement les ramen. Cette
collaboration entraînera de nombreuses péripéties, et l’intervention d’une multitude de
personnages, toujours en relation avec la nourriture, allant des dégustations érotiques
du gangster en blanc avec sa maîtresse à la commande embarrassée d’hommes d’affaires dans un restaurant français de luxe, en passant par des clochards gourmets campant derrière les cuisines d’un grand hôtel.
films-sans-frontieres.fr
Le regretté Juzo Itami qualifiait sa deuxième comédie de western ramen (nouilles japonaises). Sans perdre son sens de la satire sociale, Itami y élargit notablement le champ
de son premier film, Funérailles, en adoptant une narration libre rappelant les derniers
films de Buñuel. Il entraîne le spectateur dans une fête délirante, en se frayant un chemin
à travers un entrelacs de digressions qui témoignent d’un humour à la fois désopilant et
perturbant. La bouffe, le sexe et la mort sont les sujets de ce film dont tous les personnages ne vivent que pour la nourriture. Comme dans Funérailles, Itami semble vouloir
explorer et tourner en ridicule certains paradoxes de la société japonaise, concernant
notamment les classes sociales et l’étiquette, et il le fait avec énergie et inventivité.
d’après Jonathan Rosenbaum, 1001 Films
Nossiter
Tampopo (1985) is een hardwerkende weduwe die probeert van haar bescheiden noedelrestaurant
een succes te maken. Eén klein probleem: haar noedels lijken nergens op. Intro Gun (charmante Ken
Watanabe) die samen met een aantal andere noedelexperten Tampopo (ook de naam van haar restaurant) naar een hoger niveau tilt. Doorsneden met een aantal andere verwijzingen naar het genot van
voedsel, maakte regisseur Juzo Itami een, in zijn eigen woorden, ‘noodle western’. Itami is een grondige
observator van dagelijkse dingen. Hij is er zich tevens van bewust dat humor taal- en cultuurverschillen
niet alleen overstijgt, maar ook een kritische boodschap hapklaar verpakt. Tampopo werd wereldwijd
een succes. Zijn echtgenote Nobuko Miyamoto, aanwezig in al zijn films, vertolkt eens te meer op zeer
overtuigende wijze de best wel sterke ‘everywoman’ die vaak centraal staat bij Itami.
65
Touki Bouki, premier long métrage de Djibril Diop Mambety, est un hymne à la jeunesse.
Débordant d’énergie, c’est un film qui mord dans la vie à belles dents comme ses personnages, rebelles et insatisfaits, à la recherche d’un ailleurs forcément synonyme de
vérité et de bonheur. Le film lui-même, sorti en 1973, marque un tournant, voire une rupture, dans le cinéma africain de l’époque. Avec Touki Bouki, Mambety apporte la preuve
que les films africains ne doivent pas nécessairement être des “films de calebasses”.
C’est ainsi qu’on appelait à l’époque ces films nostalgiques d’un mythique âge d’or de
l’Afrique d’avant la colonisation... qui n’avait bien sûr probablement jamais existé. Avec
Touki Bouki, Mambety propulse le cinéma africain dans la modernité. Modernité de la
mise en scène et du montage. Mambety rompt avec la linéarité traditionnelle du récit
pour imprimer à son film un rythme que certains qualifieront de chaotique ou d’irrationnel. Mais nous sommes dans la danse de la vie avec ses contradictions, ses soubresauts et surtout ses rêves. Car nous sommes ici avant tout dans le rêve de l’ailleurs. Et
l’ailleurs commence à notre porte.
Mory, le jeune berger, commence par n’être plus berger. Du village à la ville, premier
ailleurs, première frontière. Synonyme bien sûr de perte de repères. Son troupeau de
buffles disparu, comment va-t-il se définir ? De la lenteur à la vitesse, du calme au bruit,
de la flûte à la radio, de la routine à la découverte. C’est l’ivresse de cette liberté du nouveau départ. Mais peut-on vraiment choisir ce que l’on va devenir ? Tout le film tient dans
cette tension entre l’ici et l’ailleurs, le connu et l’inconnu, les racines et l’arrachement, le
rêve et la réalité.
Josiane Scoleri, cinemasansfrontieres.free.fr
Mory (Magaye Niang), een koeienhoeder die op een motor met de schedel van een koe rijdt, en Anta
(Mareme Niang), een universiteitsstudente ontmoeten elkaar in Dakar. Ze zijn het leven in Senegal
beu en willen naar Frankrijk. Alle middelen – legaal en minder legaal – zijn goed om het geld voor de
boottocht naar Frankrijk te bekostigen. Touki Bouki (1973) van de Senegalese filmmaker Djibril Diop
Mambety wordt wel eens de eerste Afrikaanse avant-garde film genoemd. Feit is dat Mambety een
geschiedenis in het avant-gardetheater heeft. Touki Bouki was zijn langspeeldebuut en werd, alles in
aanmerking genomen, een hit. Het zou twintig jaar duren voor Mambety opnieuw een film maakte,
Hyènes (1992), het vervolg op Touki Bouki. Hoewel zijn werk als politiek geïnspireerd wordt gezien,
verwierp hij het realisme van de meeste Afrikaanse filmers. Hij verkoos een aanpak die meer aan de
verbeelding van de toeschouwer overlaat.
Touki Bouki
Djibril
Diop Mambety
le voyage de la hyène
Avec
Magaye Niang
Mareme Niang
Aminata Fall
Sénégal
1973
89’
VO ST.FR
Nossiter
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C yc le
Ch
Romancier, essayiste et globe-trotter infatigable, cinéaste et
photographe, pionnier du multimédia, vieux complice d’Alain
Resnais, grand amoureux des chats ; auteur d’un film mythique,
La Jetée, qu’on revoit toujours avec une égale fascination, et
d’une formule passée en proverbe (“L’humour est la politesse
du désespoir”) ; inventeur de formes inclassables, entre documentaire et film-essai à la première personne, pour mieux interroger le vertige du Temps, l’Histoire et la mémoire ; monteur hors
pair passé maître dans l’art des rapprochements inattendus et
révélateurs entre les images, dont il n’a cessé de questionner le
rôle : tel est Christian François Bouche-Villeneuve, dit Jacopo
Berenizi, dit Chris Marker, homme aussi secret qu’insaisissable
et grand témoin de notre temps, dont les films, à force d’ausculter le monde, ses violences, ses luttes et ses contradictions,
ont fini par dessiner le plus captivant des autoportraits.
05
Romanschrijver, essayist, onvermoeibare globetrotter, cineast en fotograaf, multimedia pionier, oude kompaan van Alain Resnais, kattenliefhebber… Chris Marker is de filmmaker van het meesterlijke La Jetée,
een film die we telkens met een even grote fascinatie herbekijken. Hier
doen we graag beroep op het spreekwoord “humor is het fatsoen van het
leed”. Chris Marker is de uitvinder van niet te klasseren films, iets tussen
documentaire en een filmessay vanuit de eerste persoon. Hij is meesterlijk
in het leggen van onverwachte beeldverbanden en hij houdt niet op zichzelf in vraag te stellen, of het nu onder zijn aangeboren naam Christian
François Bouche-Villeneuve is, onder zijn pseudoniem Jacopo Berenizi, of
als Chris Marker. Hoewel de man even mysterieus als onbereikbaar blijft,
is hij één van de belangrijkste getuigen van zijn tijd, met zijn films, voortdurend verzet en contradicties slaagt hij erin één van de meest boeiende
autoportretten te scheppen.
Pour en savoir plus :
www.chrismarker.org
—
Arnaud Lambert,
“Also Known as Chris Marker”,
Ed. Le point du jour.
—
André Habib et Viva Paci,
“Chris Marker et l’imprimerie du regard”,
Ed. L’Harmattan.
> En vente au cinéma Arenberg
67
La Jetée est un film cultissime, un roman-photo de science-fiction en noir et blanc qui
dure à peine une demi-heure : il a inspiré à Terry Gilliam son Armée des douze singes et
à David Bowie le clip de Jump They Say. Ajoutons que La Jetée est également, dans le
quartier de Shinjuku, un bar minuscule, créé en l’honneur du film, où Tokyoïtes et touristes viennent s’en jeter un depuis quarante ans. La Jetée raconte l’histoire d’un homme
qui est obsédé par une scène de son enfance, un meurtre se déroulant sous ses yeux
sur la “jetée” de l’aéroport d’Orly. Par ailleurs, après une guerre nucléaire, cet homme est
envoyé depuis le futur dans le passé (soit dans le présent du film) pour tenter de changer
le cours du futur. Dans le passé, c’est-à-dire dans le présent, il vit un début d’idylle...
Non, pas besoin d’aspirine, le récit du film est beaucoup plus limpide que ma maladroite
tentative de résumé : une façon poétique de prendre acte de la mélancolie fondamentale
du cinéma, cet art du présent qui est toujours déjà un peu du passé.
Le plus important n’est peut-être pas le scénario (encore qu’il y en ait peu d’aussi
brillants et inventifs dans le cinéma contemporain) mais la façon dont Marker filme ce
récit : une série de photos, parfois légèrement trafiquées, de la musique, une voix off,
des silences... C’est pas du cinéma, direz-vous ? Le cinéma, il est justement entre ces
images fixes, dans votre cerveau... Marker nous donne quelques éléments, très forts,
très captivants, très puissants, et le reste, c’est à nous de le rêver. Essayez, vous verrez,
c’est prodigieux. Vous qui n’avez jamais vu La Jetée, uno, je vous envie, deuzio, je vous
garantis que vous n’avez jamais rien vu de tel au cinéma.
La Jetée
Chris Marker
Avec
Davos Hanich
Hélène Chatelain
Jacques Ledoux
France
1962
28’
VO FR
Serge Kaganski, Les Inrockuptibles
Chris Marker werd in 1921 in Frankrijk geboren als Christian François Bouche-Villeneuve. De naam
Marker zou hij hebben ontleend aan de ‘Magic Marker’ pen. Marker is erg op z’n privacy gesteld: hij
geeft geen interviews. Zijn portret is de foto van een kat. Marker gaat dit jaar zijn 6e decennium als filmmaker in. Tijd dus voor een overzicht. Het begon in 1960 met La Jetée, een kortfilm die meteen ook zijn
enige echte fictiefilm is (en Terry Gilliam inspireerde voor 12 Monkeys, uit 1995). De film bestaat volledig uit een fotomontage, uitgezonderd één bewegend beeld. Niet echt een artistieke keuze, beweert
Marker zelf. Hij kon tijdens de opnamen slechts één namiddag een filmcamera lenen. “Dit is het verhaal
van een man getekend door een beeld uit zijn jeugd”. Zo begint de fotoroman. In een post WOIII wereld,
vernield en uitzichtloos, gaat hij op zoek naar dat utopisch verleden.
Marker
68
Le fond de
l’air est rouge
Chris Marker
France
1977
177’
VO FR
Des images de Potemkine, teintées rouge sang, font lien avec des signes de victoire ou
de protestation des manifestations contre la guerre du Vietnam, puis sur les marches où
plonge le landau d’Eisenstein, il semble qu’on retrouve assise une jeune manifestante
de 68. Le fond de l’air est rouge commence par une leçon de montage, qui est à la fois
une illustration du titre choisi par Chris Marker en 1977, et un commentaire visuel de
son projet : raconter en trois heures dix années d’histoire de la gauche mondiale, de la
mort du Che en 1967 à la rupture du Programme commun en 1977, comme le journal
intime d’un magnifique échec. C’est la mort et la mélancolie qui dominent ce paysage
révolutionnaire de crépuscule, telle une chronique lyrique de la défaite d’une idée et des
disparitions successives des grands héros de la révolte. […]
Marker définit lui-même son travail comme un “montage des attractions”, étincelles politiques produites par la confrontation des images du passé et du présent, de la fiction et
du document, des silences, des sons, des huit voix off et du commentaire, des témoignages et du direct, de la couleur et du noir et blanc, de l’amitié et des adversités.
Ce travail considérable empile et soude les images les unes aux autres comme une
forme de “montage feuilleté” : avers et revers d’une même réalité, montrés ensemble, qui
restituent de la profondeur aux événements, loin du sens univoque que prend toute réalité lorsqu’elle est présentée par exemple par l’information-spectacle télévisuelle. Marker
explicite ce projet en disant : “J’ai voulu construire ce dialogue enfin possible entre toutes ces voix que seule l’illusion lyrique de 68 avait fait se rencontrer un court moment. Le
montage restitue à l’histoire sa polyphonie. Chaque pas de ce dialogue imaginaire vise à
créer une troisième voix produite par la rencontre des deux premières. Après tout, c’est
peut-être bien ça la dialectique ?”
Antoine de Baecque, rue89
Marker
Het werk van Chris Marker omvat ruim dertig titels, waarvan hij het merendeel zelf schreef en verfilmde
(zij het onder een andere naam). Het zijn voornamelijk essayistische documentaires waaruit een sterk
engagement spreekt. Dat is ook het geval met Le fond de l’air est rouge (1977), Markers treurzang voor
Nieuw Links, wiens ondergang wordt gedocumenteerd met beeldmateriaal van belangrijke gebeurtenissen uit de jaren ’60 en ’70: de oorlog in Vietnam, de dood van Che Guevara, mei ’68, opstand in
Praag, repressie in Chili... De film opent met beelden van politiek protest die worden afgewisseld met
de ‘trappensequentie’ uit Pantserkruiser Potemkin (1925, van Sergei M. Eisenstein). De originele versie
duurde ongeveer vier uur, maar werd later door Marker zelf teruggebracht tot drie uur. Voorzien van de
stemmen van ‘ hardcore lefties’ als Simonne Signoret, Yves Montand en Jorge Semprun.
69
Une femme lit les lettres envoyées par un cameraman, Sandor Krasna, au cours de ses
voyages au Japon, en Guinée-Bissau, au Cap-Vert et en Islande. On comprend vite que
la femme, Sandor Krasna et Chris Marker ne font qu’un. Ce voyageur-cinéaste nous
fait part de ses multiples impressions : les rites ancestraux du Japon et sa modernité
foudroyante, la beauté énigmatique et bouleversante du sourire des femmes de GuinéeBissau, les idéaux révolutionnaires et anticoloniaux qui tournent vinaigre...
Avec une vitesse et une densité de pensée proprement sidérantes, Chris Marker galope
des petites histoires à la grande, du trivial au sacré, de la métaphysique au prosaïsme,
du passé au futur en passant par le présent, du quotidien à l’éternité ; il zappe entre
les concepts, les niveaux d’approche, les idées, les digressions, il fait du copier-coller
entre carnet de voyage, essai philosophique, théorie et romanesque, poétique psychédélique... Les images de Sans soleil ne sont pas extraordinaires en soi ; ce qui l’est,
c’est la dialectique entre ces images et un texte aussi sublime que celui d’un Proust
qui aurait vécu à l’âge cybernétique et multimédiatique qui est le nôtre. Chris Marker
semble réussir à filmer là les multiples synapses et complexes réseaux d’un cerveau
au moment où celui-ci est impressionné par les informations que l’œil lui envoie. C’est
assez vertigineux.
Sans soleil
Chris Marker
France
1982
100’
VO FR
Au fait, La Jetée et Sans soleil citent tous les deux le même film, un film “vu dix-neuf fois”
par Chris Marker, un film qui s’enroule autour des frontières poreuses entre la vie et la
mort, le passé et le présent, le désir et la mémoire, un film qui est leur parrain proche/
lointain idéal : son nom est Vertigo.
Serge Kaganski, Les Inrockuptibles
“Omdat ik weet dat tijd voortdurend tijd is/En plaats altijd en alleen maar plaats”. Zo opent één van de
bekendste films van Chris Marker, Sans soleil (1982). Chris Marker had met dichter T.S Eliot niet alleen
een liefde voor katten gemeen. Het citaat van Eliot past ook uitstekend bij het belangrijkste thema
van Marker: de rol van de filmmaker als geschiedschrijver en de (on)mogelijkheid om met beelden de
wereld te verbeteren of te veranderen. Marker is een veelzijdig artiest. Met Sans soleil verlaat hij de
grenzen van de documentaire. Het werd een montage van fictie, documentaire en filosofisch commentaar, een mix die een gevoel van vervreemding en zelfs sciencefiction oproept. Belangrijke thema’s zijn
Japan, Afrika, (het wissen van) geheugen en tijdreizen. In het midden zit een sequentie die zich afspeelt
in San Francisco en herinnert aan Hitchocks Vertigo (1958).
Marker
70
Level Five
Chris Marker
Avec
Catherine Belkhodja
France
1997
106’
VO FR
Comme souvent avec Chris Marker, on se retrouve plongés dans une zone incertaine où
nos repères habituels de spectateurs se troublent. Qu’est-ce donc que Level Five ? Un
documentaire historique, un essai sur les nouvelles technologies, un journal intime, une
peinture cybernétique, un film de guerre ? Sans doute tout cela à la fois.
Dans un bureau sombre et exigu, une femme pianote sur un ordinateur. Elle s’appelle
Laura, comme l’héroïne fantomatique d’un célèbre double classique américain (un film
et une chanson) ; elle essaie de reconstituer informatiquement la bataille d’Okinawa,
boucherie vaguement occultée qui aurait servi de prélude à Hiroshima ; régulièrement,
elle lève les yeux de son écran pour regarder la caméra bien en face et s’adresser à un
ex-amant nettement hors champ (du cadre mais aussi du présent du film), faisant le bilan
mélancolique d’une histoire d’amour morte. Venant d’un au-delà filmique et temporel, le
compagnon fantôme (Chris Marker ou son double virtuel) lui répond en voix off, l’aidant
notamment à décrypter les événements d’Okinawa et à en faire resurgir la vérité.
Un peu à la façon du Hiroshima, mon amour de Resnais, Level Five déroule les trois fils
entremêlés d’une pelote : transmission de l’Histoire, réflexion sur l’image et la matière
filmique, dialogue intime. Pour Marker, ces trois pistes sont indissociables et agissent
les unes sur les autres de façon permanente. Il est réconfortant de voir un homme qui a
connu tous les combats (et toutes les défaites) de l’après-guerre ne pas sombrer dans
le blues des images. Au contraire, on ressent ici toute l’énergie et le plaisir de Marker
à découvrir les nouvelles technologies pour tenter d’en faire un usage intelligent. Les
ordinateurs sont autant prétexte à un patchwork d’images abstraites que nouvel outil
de recherche historique ou dernier moyen de communication au sein d’un couple – leur
interface ultime.
Serge Kaganski, Les Inrockuptibles
Marker
Vanaf de jaren ’80 – de periode van Sans Soleil (1982) ontwikkelt Chris Marker een milde obsessie voor
digitale technologie. Dat merken we ook in Level Five (1997). Laura, een computerprogrammator, moet
een computerspel opbouwen rond de slag van Okinawa tijdens WOII. Ze surft op het internet en ondervraagt Japanse experts en getuigen. Zo diep ingaan op deze uitzonderlijke materie doet Laura intens
nadenken over haar eigen leven, de mensheid en de invloed daarop van geschiedenis en herinnering.
Japan, en reizen in het algemeen, was een ander stokpaardje van Marker. Eerst met zijn Rolleiflex,
later met een lichte 16mm camera en tegenwoordig met een videocamera, reist hij de wereld af. Het
zijn caleidoscopische documenten, waardoor je, soms door schoonheid en dan weer door gruwel, bij
de keel wordt gegrepen. En telkens weer dwingt hij de toeschouwer verantwoording af te leggen over
zijn kijkgedrag.
71
“C’est ainsi qu’avance l’histoire, disait Marker dans Sans soleil, en se bouchant la
mémoire comme on se bouche les oreilles.”
C’est bien encore et toujours ce qui intéresse Marker lorsqu’il filme, dans Chats perchés,
les grandes manifestations populaire dans ce Paris du XXIe siècle : mobilisation contre
la guerre en Irak, révolte des lycéens, mouvements des altermondialistes ou des intermittents du spectacle, happening d’Act Up en souvenir des victimes du sida, jusqu’aux
obsèques de Marie Trintignant. La foule crie, hurle, scande des slogans, marche, s’indigne, défile et l’homme, lui, pris dans ce grand flux ininterrompu, devenu plus confus
encore par la déferlante médiatique, perd la mémoire.
Mais pendant ce temps, les chats veillent… Ces chats, dessinés sur les murs, flottant
au dessus de Paris, qui apparaissent jour après jour et sur les traces desquels part le
cinéaste vagabond. On reconnaît dans ce jeu de pistes, sous forme d’enquête, la touche
ludique propre à Marker. […] Pour Marker, le réel, sans cette distance face au “chaos” du
monde, se trouve englouti par l’impermanence des choses. Le réel s’écrit par la poésie,
et la poésie n’existe, ne surgit que par le montage, art suprême chez ce cinéaste. Partir,
comme ici, de cette foison de signes que lui renvoie sa ville : images, impressions, sons,
discours de politicien, slogans, graffitis, affiches, etc., mais aussi, bien sûr, toutes ces
figures de chats qui apparaissent puis disparaissent inopinément, et construire ce qui
peut garder trace de l’histoire (petite et grande) en train de se faire. Car pour lui, seul l’art
peut “retenir” le temps, et tant que subsisteront ces éclats de mémoire, l’utopie aura
encore une place dans ce monde.
Chats perchés
Chris Marker
France
2004
59’
VO FR
Marie-Claude Loiselle, 24 images
Last but not least: Markers werk in de 21ste eeuw. Chats perchés (2005) is zijn voorlopig laatste film,
een reflectie op kunst, cultuur en politiek aan de start van het nieuwe millennium. Een gele kat met een
brede grijns verschijnt op de muren van Parijs. De graffiti trekt Markers aandacht (misschien ook omdat
hij gek is op katten). Marker gebruikt M. Chat om het veranderende sociale klimaat in Parijs te meten –
van de sympathie voor de VS kort na 9/11 tot de anti-Bush sentimenten naar aanleiding van de oorlog
in Irak. Uiteindelijk blijken de artiesten achter M. Chat een kunstcollectief te zijn. We zien hen aan het
werk terwijl ze een monsteruitvoering van M. Chat op de plaza voor het Centre Pompidou schilderen.
Niet voor niets: voor Marker zijn zulke expressies van kunst en verbeelding in de stad van vitaal belang.
Wat van toepassing was in 1968 geldt nog steeds: “La poésie est dans la rue”.
Marker
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h
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C as
C yc le
06
Traquer derrière le masque social la vérité des visages, des
corps, des gestes et des sentiments, la soif éperdue d’un bonheur instable et fragile : tel aura été le pari de ce franc-tireur
obstiné, qui aura lutté contre vents et marées pour construire
une œuvre farouchement personnelle, en rupture de ban aussi
bien avec Hollywood qu'avec un cinéma indépendant souvent
aussi conventionnel que l’autre. Cinéma charnel, passionné
jusqu’au vertige – mais où l’on rit beaucoup aussi, les beuveries dantesques aidant –, constamment sur le fil du rasoir, mais
qui ne doit presque rien, malgré les apparences, à l’improvisation, et tout à une spontanéité recréée dans et par le tournage (dix-sept heures de rushes pour aboutir aux deux heures
de Faces !), avec la complicité d’un clan de fidèles, techniciens
et interprètes – Peter Falk, Ben Gazzara, Seymour Cassel et,
bien sûr, Gena Rowlands. Des films qui vous lavent le regard.
Het speuren naar de waarheid achter het sociale masker van gezichten,
gebaren, gevoelens, hongerig naar ongekunsteld en fragiel geluk: dat zal
vermoedelijk het doel geweest zijn voor deze koppige filmmaker die een
waarlijk eigen filmisch œuvre wilde opbouwen. Hij brak met Hollywood en
startte een onafhankelijke cinema, die daarom niet altijd minder conventioneel moet zijn. Deze duizelingwekkend passionele cinema, waar veel
gelachen wordt en de zuippartijen talrijk zijn, is haarscherp, zonder dat er
echt veel moeite om gedaan lijkt te zijn gedaan. De improvisaties en het
draaien zelf (17 uur aan één stuk voor het twee uur durende Faces !) kwamen tot stand door de medeplichtigheid van een schare vertrouwelingen:
acteurs en techniekers – Peter Falk, Ben Gazzara, Seymour Cassel en
natuurlijk Gena Rowlands. Deze films verfrissen uw geest.
Deux incontournables:
“John Cassavetes, Autoportraits”, Ed. Cahiers du Cinéma
Thierry Jousse, “John Cassavetes”, Ed. Cahiers du Cinéma
> en vente au cinéma arenberg
Retrouvez John Cassavetes
dans le Dick Cavett Show du 21.09.1970
sur www.arenberg.be
73
Sensible et poignant, le premier film de John Cassavetes, tourné en 16 mm et gonflé
par la suite, met en scène deux frères et une sœur vivant ensemble à Manhattan. L’aîné,
chanteur dans un night-club de troisième zone, a la peau noire, les deux autres peuvent
passer pour des Blancs. C’est le seul Cassavetes tourné sans scénario proprement dit,
bien que Ray Carney, spécialiste de son cinéma, ait démontré que le qualificatif d’“improvisation” tient davantage de l’argument de vente que de la réalité. En fait, le cinéaste
a écrit Shadows avec Robert Alan Aurthur en partant d’un atelier d’improvisation qu’il
avait supervisé. Une version antérieure et plus courte (quarante minutes), et que l’on a
longtemps cru perdue, a été présentée en première mondiale au festival de Rotterdam
en 2004.
Shadows est le seul film de son auteur consacré à de jeunes gens, les acteurs utilisant
leurs propres prénoms pour faciliter le sentiment de proximité. On a rarement vu autant
de chaleur humaine, de délicatesse, de subtilité et de sentiments à fleur de peau, véhiculés avec un tel naturel par des acteurs américains. Ce film, contemporain des chefsd’œuvre de la Nouvelle Vague, mérite d’être rangé à côté d’eux pour sa fraîcheur et sa
liberté de ton. Décrivant un Manhattan à présent disparu, celui de la période beatnik, il
fait aussi office de poignante capsule témoin. Tony Ray (fils de Nicholas), Rupert Crosse,
Dennis Sallas, Tom Allen, Davis Jones complètent la distribution, avec des apparitions
de Seymour Cassel (acteur régulier des films à venir) et de Cassavetes en personne.
La magnifique partition jazz de Charles Mingus, avec Shafi Hadi au saxophone alto, joue
un rôle essentiel dans le haut degré d’émotion qu’atteint Shadows.
Shadows
John Cassavetes
Avec
Ben Carruthers
Lelia Goldoni
Hugh Hurd
États-Unis
1959
87’
VO ST.BIL
Copie neuve
Jonathan Rosenbaum, 1001 Films
John Cassavetes (1929-1989) was één van de meest gedreven en visionaire artiesten in de filmwereld,
voor velen de godfather van de Amerikaanse onafhankelijke cinema. Hoewel Shadows (1959), zijn
doorbraakfilm en ‘cinema vérité’ debuut, niet de eerste film was die buiten het systeem werd gemaakt,
blijft het een ijkpunt voor generaties filmmakers. Shadows is een inkijk in het leven van drie jonge
(zwarte) mensen en onderzoekt, voorzien van een intrigerende jazzscore, interraciale vriendschappen
en de Beat Era in het New York van de jaren ’50. Het is de enige film van Cassavetes die, maar het is
een omstreden opinie, niet op een script zou gebaseerd zijn. Geïnspireerd door de experimentele film,
maakte Cassavetes uitbundig gebruik van de toen revolutionaire handcamera. Fris, vitaal en volledig
tegen de tijdgeest in, zette deze film de toon voor de verdere carrière van de cineast.
Cassavetes
74
Faces
John Cassavetes
Avec
Gena Rowlands
John Marley
Lynn Carlin
États-Unis
1968
130’
VO ST.BIL
Quel était le secret de John Cassavetes ? Son rapport aux comédiens était si total, son
travail avec eux si intense et si précis qu’il était capable de capturer la réalité vécue
mieux que n’importe quel cinéaste américain. Après la tentative Shadows (1959) et les
expériences déplaisantes de Cassavetes avec le système hollywoodien, Faces marqua
avec beaucoup de confiance en soi la vraie naissance de sa signature. Dans ce film qu’il
a tourné chez lui, il restitue des scènes pleines de vie de l’existence de gens qui sont
à la fois désespérément pleins de désir et de tendresse, et furieusement aliénés. Des
personnages échoués, comme toujours chez Cassavetes, entre les difficiles responsabilités de la routine quotidienne et les griseries insouciantes de la vie nocturne.
Cassavetes filme toujours ses comédiens sensationnels (John Marley et Lynn Carlin
sont particulièrement mémorables) au milieu d’une séquence, le corps décentré dans
le cadre, les mots et les gestes tronqués par le montage. Chaque scène repose sur
un “tour” imprévisible et souvent effrayant, un changement soudain dans l’humeur ou
l’attitude d’un personnage à l’égard d’un autre. Faces invente une autre manière de faire
ressentir le temps au cinéma, où des pauses soudaines font penser (c’est Cassavetes
qui parle) “que l’on saute d’un train en marche”.
Parfois considéré comme la condamnation d’une classe moyenne, matérialiste et sans
âme, Faces est plutôt le récit douloureusement intime et compatissant de la souffrance
quotidienne. Cassavetes délimite le terrain qu’il revisitera souvent – crise conjugale, sexe
occasionnel, désinvolture hédoniste, liens familiaux…
Adrian Martin, 1001 Films
Cassavetes
John Cassavetes heeft altijd zijn authenticiteit bewaard en nooit veel toegevingen ten opzichte van
Hollywood gedaan. Dat resulteerde in energieke, menselijke, memorabele films die onbekende gebieden ontgonnen en acteurs tot hun beste prestaties leidden. Maar waarvoor de cineast vaak zelf de
centen moest verzamelen. Ook het relatiedrama Faces (1968) werd door Cassavetes gefinancierd. Het
werd op luid applaus ontvangen, speelde een jaar lang in de bioscopen van New York en kreeg zelfs
een paar Oscarnominaties. Cassavetes maakte in totaal tien films met zijn echtgenote en muze, Gena
Rowlands. Godzijdank, want Rowlands, onder de begeesterende regie van Cassavetes, is één van de
beste actrices ooit. Hun samenwerking scheen hun relatie alvast niet te schaden. Die hield 35 jaar
stand, tot zijn dood in 1989. Al zei ze ooit over hem: “Hij is een perfectionist. Als artiest hou ik van hem,
als echtgenoot haat ik hem”.
75
Production indépendante élaborée loin des studios entre complices de longue date,
home movie où le clan Cassavetes poursuit un jeu de la vérité qui tourne par moments
au psychodrame, document quasi anthropologique sur une cellule familiale de la lower
middle class, description minutieuse, parfois insoutenable, de la fêlure qui mène à l’aliénation une femme soumise à trop d’“influences” (celles de son environnement, mais
aussi de son mari et de ses enfants)… Il n’est certes point aisé d’inventorier toutes les
richesses d’une œuvre magistrale, la plus fermement contrôlée de son auteur, qui nous
fait vivre pendant 155 minutes, davantage qu’un spectacle, une aventure existentielle
unique, exténuante, terrifiante et en fin de compte superbement tonique.
Unique car il ne s’agit pas de reproduire une réalité préexistante mais de confondre durée
filmée et durée vécue en créant devant les caméras une situation où les comédiens (mais
ce mot n’a ici guère plus de sens que chez Altman) puissent s’exprimer en toute impunité
et donc en toute impudeur. Exténuante car à épouser leurs comportements (imprévisibles) et le rythme de leur parole (intarissable), la fiction dévale de la screwball comedy
la plus débridée au mélo le plus sombre, toute la gamme des sentiments dramatiques,
au mépris bien sûr des usages arbitraires de la psychologie au cinéma mais en accord
avec l’insécurité de personnages qui doivent être constamment en représentation pour
se voir reconnus par leur entourage. Terrifiante car une telle mise en scène s’attache aux
seuls épiphénomènes, grimaces, larmes, bouffées d’angoisse, crises d’hystérie, comme
si la caméra ne pouvait se détacher de ces visages et de ces corps dont elle capte les
vibrations avec une sorte de rage désespérée.
Tonique malgré tout car du chaos et de l’excès, de la cacophonie et de la dérision, surgit
une vérité émotionnelle qui dépasse infiniment le “cas” présenté.
d’après Michael Henry, Positif
A Woman
Under
the Influence
John Cassavetes
Avec
Peter Falk
Gena Rowlands
Fred Draper
États-Unis
1974
155’
VO ST.BIL
Copie neuve
A Woman under the Influence (1974) was oorspronkelijk opgevat als toneelstuk. Maar Gena Rowlands
vond het thema te zwaar en vreesde niet avond na avond de veeleisende rol te kunnen spelen. Een
bezwaar waar je meteen kan inkomen als je de film ziet. Gena is Mabel Longhetti, een Amerikaanse
huisvrouw die ogenschijnlijk veel heeft om dankbaar om te zijn, maar toch in de waanzin wegzinkt. Veel
heeft ook te maken met de desastreuze onhandigheid van haar goedbedoelende echtgenoot (Peter
Falk). Je kan niet anders dan machteloos, maar ontroerd toekijken hoe deze twee mensen veel van
elkaar houden, maar elkaar evengoed beschadigen. Er is al veel geschreven over Cassavetes als improvisator, maar niets is minder waar. Al zijn films zijn tot op de letter uitgeschreven. Maar het zegt veel
over de naturel waarmee hij zijn onderwerpen benadert en zijn overtuigingskracht als acteursregisseur.
Cassavetes
La terrasse
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77
Ce film-là, on y entre par effraction. Dès le premier plan, dans le sillage d’une caméra qui
rôde autour de sa proie, on fait irruption dans la vie de Cosmo Vitelli. Sa vie ? Le Crazy
Horse West, la boîte à strip-tease la plus minable de la côte Ouest. Film noir ? Si l’on s’en
tient à l’intrigue – un homme cerné par un gang –, assurément. Mais d’un dépouillement
absolu : à côté des mafieux de Cassavetes, ceux de Scorsese, même démystifiés, semblent folkloriques. Cosmo lui-même n’est qu’un petit besogneux de la nuit, un petit indépendant qui n’aurait pas la pointure, mais qui chercherait malgré tout, dans cet univers
triste et sans glamour, à maintenir une parcelle de rêve. Comme Cosmo, Cassavetes
aimait les coups de poker : chacun de ses films en était un. Au bout de la nuit, tout deux
savent qu’il n’y a qu’ici que l’amour, et qu’ils n’ont rien d’autre à donner. Même s’ils laissent un meneur de revue, un pauvre clown, Mr Sophistication, le dire à leur place : “I can’t
give you anything but love.”
Pierre Murat, Télérama
À de nombreux égards, ce film pourrait faire office de testament. Ce qui rend le personnage tragi-comique de Cosmo si émouvant, c’est son statut d’alter ego du réalisateur :
impresario et figure paternelle d’une troupe minable (voir les acteurs et l’équipe de tournage de Cassavetes) qui doit composer avec sa morale pour garder sa petite famille
à flot (voir la carrière d’acteur hollywoodien de Cassavetes). Peter Bogdanovich utilisa
Gazzara dans un rôle semblable pour Jack le magnifique mais, aussi bon que soit ce
film, il n’a pas la chaleur et la délicatesse de la sombre comédie de Cassavetes.
Jonathan Rosenbaum, 1001 Films
The Killing
of a Chinese
Bookie
John Cassavetes
Meurtre d’un bookmaker chinois
Avec
Ben Gazzara
Timothy Carey
Seymour Cassel
États-Unis
1976
110’
VO ST.BIL
Copie neuve
Met The Killing of a Chinese Bookie (1976) waagde John Cassavetes zich aan het misdaadgenre. Niet
meteen een instant succes. Noch de eerste versie, noch de tweede – twee jaar later opnieuw gemonteerd en ingekort – werd een commercieel succes. Nochtans is dit toch meer een persoonlijke, doorleefde karakterstudie dan een film noir. Cosmo Vitelli (Ben Gazarra, wel vaker op post in Cassavetes’
films) is de charismatische eigenaar van een striptent in Los Angeles. Door zijn gokdrift raakt hij diep
in de schulden. De enige manier om zijn rekening te vereffenen, is een Chinese bookmaker om zeep
helpen. Wat het personage van Gazzarra ontroerend maakt, is de relatie met zijn alter ego, de filmmaker (er zijn wel meer verwijzingen naar Cassavetes, zijn manier van werken en zijn entourage), die zijn
moraal geweld moet aandoen om zijn ‘familie’ (een allegaartje van showbizzlui) vlottende te houden.
Cassavetes
78
Opening Night
John Cassavetes
Avec
Gena Rowlands
John Cassavetes
Ben gazzara
Joan Blondell
États-Unis
1977
144’
VO ST.BIL
Copie neuve
Opening Night est le film le plus ambitieux de John Cassavetes. Sa mise en scène sert
une vertigineuse mise en abyme qui viole sans cesse la frontière entre l’acteur, le personnage et le rôle qu’il interprète dans une pièce dont les thèmes sont ceux du film.
Cette singulière descente aux enfers est l’éblouissant portrait d’une femme en crise, à
l’heure où l’on prend conscience que les camarades ne sont pas des amis, et qu’on est
déserté par ce que l’on croyait tenir, qu’il s’agisse de beauté, d’amour ou de génie…
Cassavetes s’acharne à multiplier les points de vue pour nous rendre celui de l’actrice
dans toute la schizophrénie inhérente à son métier. Le film est construit comme un dérapage audacieux et contrôlé dont chaque image est adaptée au propos, comme l’illustration d’un manifeste revendiquant un esthétisme cubique et déroutant. Son incursion
magistrale dans le fantastique, qu’il prend à bras-le-corps et filme à bout portant, offre
des séquences choc où un spectre nous apparaît aussi réel que terrifiant.
Opening Night est un film marquant, un film à voir. Pour l’émouvante tendresse de la
séquence qui précède le générique, pour la férocité de l’affrontement entre une femme
et ses démons, pour la drôlerie d’un duel de comédiens réglant leurs comptes sur
scène, pour la justesse de ce portrait de famille reconstituée et dysfonctionnelle qu’est
une troupe de théâtre liguée contre l’adversité, pour la métamorphose électrisante de
Rowlands qui passe de l’enfant chéri à la paria redoutée, et pour cette vie qui bat dans
chaque plan dont Cassavetes n’a jamais eu peur de sonder les angoisses ou d’épouser
la folie.
Geneviève Picard, Voir
Cassavetes
Myrtle Gordon (Gena Rowlands) is een talentvolle actrice die leeft voor haar kunst. Of zo lijkt het alvast.
Nadat een toegewijde fan verongelukt vlak nadat zij haar liefde voor de actrice heeft beleden (een scène
die Pedro Almodovar lijkt te inspireren voor Todo sobre mi madre uit 1999. Die film droeg hij op aan
prachtige vrouwen als Gena Rowlands, Bette Davis en Romy Schneider), gaat Myrtle’s leven aan het
wankelen. Het helpt ook niet dat ze op dat moment repeteert voor een toneelstuk, The Second Woman,
dat ze haat. De vrouw die worstelt met het ouder worden, niet meer in staat tot verliefd worden of kinderen baren, is een thema dat haar al dan niet onbewust te dicht op het lijf zit. De frustraties bereiken
hun hoogtepunt op Opening Night (1977). Regisseur John Cassavetes, die ook letterlijk samen met zijn
eega op de bühne staat, begeleidt Rowlands handvast door deze emotionele rollercoaster.
79
Love Streams, qu’on peut considérer comme le dernier vrai film de Cassavetes, est le
troisième volet d’une sorte de trilogie du mal-être féminin commencée avec A Woman
Under the Influence et continuée dans Opening Night. Mais la sollicitude du cinéaste pour
les personnages féminins en perdition est compensée ici par celle qu’il éprouve aussi
pour les hommes plus ou moins paumés. C’est, en ce sens, son film le plus équilibré, si
l’on peut user d’un tel terme à propos de ce cinéaste du déséquilibre. Les rapports entre
frères et sœurs, esquissés dans Shadows (peut-être parce que Cassavetes, comme il l’a
souligné lui-même, n’a pas de sœur), fournissent ici un point focal au film. Néanmoins,
l’approche de Cassavetes est plus que jamais oblique et tortueuse. Pendant le premier
tiers du film, il passe d’un personnage à l’autre sans établir le moindre rapport entre eux
ou leurs situations respectives. […]
L’un des miracles de Love Streams est l’osmose qui s’établit entre deux univers à la fois
fictionnels et autobiographiques, celui de Cassavetes et celui de Ted Allan, le coscénariste du film. À l’origine lointaine de Love Streams se trouve en effet My Sister’s Keeper
(1970), pièce de Ted Allan à deux personnages qui décrivait ses rapports “amoureux
mais non incestueux” avec sa sœur, dont le personnage présente des affinités frappantes avec celui joué par Gena Rowlands dans plusieurs films de Cassavetes. Celui-ci
découvre la pièce en 1980 et demande à Ted Allan de l’élargir en introduisant tous les
personnages qui n’y étaient pas mentionnés. Le résultat fut deux pièces, Love Streams
et Third Day Comes, que Cassavetes monta en double programme à Los Angeles, avec
Gena Rowlands et Jon Voight. Puis vinrent trois ans de travail sur un scénario d’adaptation, Love Streams, qui connut huit versions successives, et qui développe le personnage du frère.
Love Streams
John Cassavetes
Avec
Gena Rowlands
John Cassavetes
Diahnne Abbott
États-Unis
1984
141’
VO ST.BIL
Copie neuve
Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, 50 ans de cinéma américain
Love Streams (1984) is één van de mooiste voorbeelden van Cassavetes’ fascinatie met menselijke
interactie. De film wordt ook wel eens zijn definitieve meesterwerk genoemd. Net als in Shadows (uit
1959) staat de (liefdevolle) verhouding tussen familieleden centraal. Het echtpaar Cassavetes speelt
voor de gelegenheid broer en zus. Zij versmoort haar geliefden met haar genegenheid, hij is een schrijver die weigert zich aan iemand te binden. De liefde die voor haar altijd stroomt, is voor hem gestopt.
Het is ook in die tegenstelling dat broer en zus elkaar vinden. De film bestaat uit twee delen: er is een
lange introductie waarin broer en zus afzonderlijk hun leven leiden, tot hun pad in Los Angeles samenkomt. Dan verandert ook de stijl van de film. Het ‘op de huid’ cameragebruik gaat over in surrealistische
taferelen. Al raakt Cassavetes nooit uitgekeken op het mooie, door het leven getekende gezicht van
Gena Rowlands.
Cassavetes
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07
81
L’une des meilleures surprises de l’année dernière : une petite comédie italienne, dans la
tradition des Comencini-Risi-Scola, avec personnages pittoresques, péripéties tendres,
répliques souriantes... Le réalisateur, Gianni Di Gregorio, bon à rien professionnel (il a été
scénariste de quelques comédies, assistant, régisseur, accessoiriste, figurant, décorateur), est parti d’un événement réel – son propriétaire lui a proposé d’effacer l’ardoise
des charges impayées contre un week-end passé à surveiller sa vieille maman – pour
imaginer un sexagénaire (bon à rien) qui se retrouve avec quatre vieilles dames en pension pendant le week-end du 15 août. Les bonnes femmes ne s’entendent guère, elles
ont des régimes alimentaires différents, des habitudes opposées, des prétentions à la
séduction et... le malheureux hôte se transforme en cuisinier, en diplomate, en gentil
organisateur, sans avoir le temps de souffler. Le film est d’une tendresse absolument
formidable, et les quatre grands-mères, actrices improvisées, sont merveilleuses.
Gianni Di Gregorio a retrouvé le secret de la recette : il panache l’ironie et la dolce vita, la
lassitude et l’humour, et glisse un certain fatalisme. Comment résister à ces savoureuses grands-mères qui se disputent, jouent aux cartes, bravent les ordres du médecin,
et n’oublient pas le rouge à lèvres ? Le réalisateur est également devenu acteur par une
sorte d’évidence : “J’ai joué le rôle principal, dit-il, parce que durant la préparation du
film, alors que j’expliquais à l’équipe qu’il fallait trouver un homme d’âge mûr, plus ou
moins alcoolique, ayant vécu des années avec sa mère, tous les visages se sont tournés
vers moi.”
François Forestier, Le Nouvel Observateur
Gianni Di Gregorio schreef het scenario, regisseerde en schittert in Pranzo di ferragosto (2008), een
heerlijke komedie waarin de gemiddelde leeftijd van de personages rond de tachtig jaar ligt. Maar
laat dat vooral de pret niet drukken! Vrijgezel Gianni woont met zijn moeder in Rome. Om de kosten
van het appartement te drukken, neemt hij voor een paar dagen drie oude dames in huis. Geen van de
oude dames is beroepsacteur. Eentje is de tante van Gianni, een andere een familielid. De twee andere
dames, geen van allen is jonger dan negentig, vond hij in een bejaardenhuis. “Het was een moeilijke
keuze” gaf hij later toe “er waren een honderdtal gegadigden en ze waren allemaal verrukkelijk”. En dat
zie je: de dames hebben het overduidelijk naar hun zin in een film die di Gregorio heel nauw aan het hart
ligt. Hij woonde zelf met zijn moeder in het appartement uit de film.
Le Déjeuner
du 15 août
Gianni Di Gregorio
Pranzo di ferragosto
Avec
Valeria De Franciscis
Marina Cacciotti
Maria Calì
Italie
2008
75’
VO ST.BIL
Italie
Mobilisation générale !
Soutenez le Cinéma Arenberg
en achetant des actions
de la Société des Spectateurs.
L'asbl Cinédit
remet en vente 700 actions (50 euros l'action)
La société des spectateurs a comme buts principaux :
• d
e soutenir l’ensemble des activités socioculturelles développées
par le cinéma Arenberg et d’en assurer les développements
• de garantir la pérennité de ses activités et de maintenir
son indépendance et sa ligne éditoriale
>Pour plus d'informations, consultez notre site:
www.arenberg.be à la page Société des Spectateurs
Par la présente, je soussigné :
Nom Prénom
Adresse Téléphone E-Mail
Achèteaction(s)
de la société anonyme SOCIéTé DES SPECTATEURS DU CINEMA ARENBERG
sise au 26 Galerie de la Reine à 1000 Bruxelles à l’asbl CINEDIT,
28 Galerie de la Reine à 1000 Bruxelles au prix de 50 euros l’action ;
En conséquence, je m’engage à verser la somme de
sur le compte 001-5961753-15 de l’association.
Fait le
/
/2010 à
euros
83
Coiffure gommée, démarche hautaine, regard distant, lèvres pincées sur un fumecigarette, le baron Ferdinando Cefalù, Fefé pour les intimes, promène sa morgue dans
les rues de Catane et affiche en sa demeure décatie un ennui qu’il voudrait distingué.
L’observer déambulant, le regarder s’ennuyer, l’œil allumé seulement par le spectacle de
sa jeune cousine (Stefania Sandrelli), est déjà un bonheur. Rien de ce qu’un acteur peut
exprimer n’échappe à Marcello Mastroianni, qui lâche ses mots comme à regret et lance
ses regards comme par mégarde, fourguant sans paraître y penser les informations
nécessaires à la compréhension de son personnage, et davantage encore. Ferdinando
est Mastroianni et Marcello est Fefé, l’un n’existerait pas sans l’autre. L’acteur se trouve
placé au centre du dispositif, moteur qu’il n’est jamais nécessaire de relancer d’un
cinéma qui carbure à la liberté. C’est bien simple, dans cette petite merveille de quarante-neuf ans d’âge qu’est Divorce à l’italienne, histoire d’un homme mal marié qui tente
de se débarrasser de sa moitié en la guidant vers l’adultère, tout le monde s’amuse, des
vedettes aux accessoiristes, des machinos aux scénaristes, des producteurs au réalisateur, l’incomparable Pietro Germi. Tout le monde s’amuse parce qu’en ce temps-là un
film n’était jamais qu’un film, et pas une machine calibrée pour exploser le box-office, ce
qu’un film perdrait, un autre le gagnerait, c’était dans la nature du cinéma. Jusque dans
la description qu’il donne de l’effet produit sur une petite ville de Sicile par la présentation de La Dolce Vita, après que le curé de la paroisse eut favorisé la promotion du film
de Fellini en enjoignant à ses ouailles de s’en tenir éloignées, Divorce à l’italienne respire
la liberté.
Pascal Mérigeau, Le Nouvel Observateur
Divorzio All’Italiana (1961), één van de beste komedies uit de jaren ’60, zette eigenhandig een trend: de
‘comedia all’Italiana’. Deze pittige zedenschets steekt de draak met de zelfingenomen Italiaanse man
en de bekrompen (katholieke) wetten van het land. De Siciliaanse Baron Fefé (Marcello Mastroianni)
is zijn vrouw (Daniela Roca) beu. Hij wil haar graag inruilen voor zijn aantrekkelijke nichtje (Stefania
Sandrelli). Maar echtscheiding is verboden in Italië. Dus gaat hij voor een mindere misdaad: moord.
Als hij zijn vrouw doodt omwille van de eer, ontsnapt hij wellicht aan zijn straf. Dus gaat Fefé naar een
minnaar voor zijn vrouw op zoek. Marcello Mastroianni is onweerstaanbaar als de even pathetische als
cynische baron. Hij blijft met zijn uitzinnig personage aan de juiste zijde van karikatuur. Deze sprankelende komedie is trouwens ook een feest van hilarische visuele humor.
Divorce
à l’italienne
Pietro Germi
Divorzio all’italiana
Avec
Marcello Mastroianni
Daniela Rocca
Stefania Sandrelli
Italie
1961
105’
VO ST.FR
Italie
84
Ecce Bombo
Nanni Moretti
Avec
Nanni Moretti
Lorenza Ralli
Fabio Traversa
Italie
1978
103’
VO ST.FR
Michele vit à Rome avec ses parents et sa sœur. Dépressif et constamment frustré, il se
comporte en tyran, aussi bien avec sa famille qu’avec sa petite amie Silvia qui travaille
dans un cinéma. Le reste du temps, Michele traîne avec son groupe d’amis. Ensemble,
ils écoutent les premières radios libres et se laissent surtout aller à leur désœuvrement
et leur mal-être, qu’ils expriment lors de “séances d’auto-conscience”.
Les trois premiers longs métrages de Nanni Moretti – Je suis un autarcique (1976), Ecce
Bombo (1978) et Sogni d’Oro (1981) – permettent de remonter aux sources du dilemme
morettien. Ces trois films sont de magnifiques méditations, très drôles en plus, sur la
difficulté pour la jeunesse de prendre part au monde, de trouver la porte d’entrée vers un
monde adulte qui puisse paraître un tant soit peu satisfaisant. On y voit naître l’alter ego
de Nanni Moretti jusqu’à Palombella Rossa (1989), Michele Apicella, dont l’arrivée sur les
écrans coïncide avec un moment charnière de l’histoire et de la culture politiques italiennes, celui d’une sorte de gueule de bois pour une jeunesse désillusionnée, dans un pays
sclérosé et une société privée de repères aussi bien éthiques qu’idéologiques. Ce jeune
homme irascible et touchant a une question chevillée au corps : comment appartenir
au monde sans s’y compromettre ? On pourrait parler de documents sur ces années,
bien que la situation politique ne soit évoquée qu’en creux, ou par quelques mots pour
formuler son mépris envers la DC ou Enrico Berlinguer qui initia le fameux “compromis
historique”. Nanni Moretti se place, comme il le fera dans Le Caïman pour pourfendre le
berlusconisme, à un poste bien particulier : la sphère intime comme cadre et observatoire de la révolte et des désillusions.
d’après Arnaud Hée, critikat.com
Italie
Ecce Bombo (1978) stamt uit het vroege werk van (veelal) autobiografisch filmer Nanni Moretti. Hij was
pas vijfentwintig toen hij dit portret van een jonge generatie Italianen in crisis maakte. Niemand gelooft
nog in de idealen van ’68 en vermits er niets in om ze door te vervangen, leidt iedereen z’n eigen ongeïnspireerd leventje. Ruzie met de ouders, misverstanden met de meisjes, verveling met de vrienden.
Niet meteen een thema om vrolijk te worden, behalve als het door Moretti wordt uitgewerkt. Met zijn
typische galgenhumor wordt de ondraaglijke lichtheid van het bestaan van Romeinse jongeren licht te
verteren en interessante kost. Moretti maakte deze film op 16 mm en voor een minibudget, maar het
werd een megasucces. Moretti’s carrière was vertrokken.
85
Le premier grand chef-d’œuvre de la “comédie italienne” des années 1960. C’est une
satire de mœurs autant qu’une étude de caractères. Au cinéma, les caractères, quand
ils sont dessinés avec cette acuité, ce relief, cette profondeur, deviennent immanquablement des destins. C’est donc la rencontre de deux destins que présente ce film brillant
et acide, parfaitement classique, où l’ironie dissimule bien l’ambition et le sérieux, où
l’improvisation et la rigueur font bon ménage. Les deux personnages, l’outrecuidant et
le timoré, l’extraverti et l’introverti, celui qui est à l’aise partout et celui qui ne l’est nulle
part, sont si opposés qu’ils deviennent complémentaires et bientôt inséparables. Mais
Roberto commet la faute suprême en se laissant influencer. Toute influence étant maléfique, en pénétrant dans l’univers de Bruno, Roberto perd son identité et – dans un
dénouement choquant mais logique – la vie. Les deux personnages sont caractéristiques de leur environnement : une société amorale, superficielle, qui en est au début de
sa surconsommation, qui ne tardera pas à être déçue et qui est déjà déséquilibrée.
“Dans le film, dit Risi, Gassman est quelqu’un qui détruit parce qu’il n’a pas su construire,
c’est un Italien typique, superficiel, fasciste. C’est un impuissant, un velléitaire, son pouvoir tient tout entier dans sa présence physique, une force de choc mais sans qualité profonde ni morale. Il Sorpasso est né d’une histoire vraie ; dans le personnage de
Gassman j’ai cousu ensemble deux ou trois personnes que j’ai connues, avec lesquelles
j’ai vécu ce genre d’aventures, dans le rôle, pour moi, de Trintignant. Le personnage de
Gassman est celui de quelqu’un qui remplit toujours le vide, mais on sent qu’il a peur de
vivre ; son allure, toujours vivace, cache la peur de se connaître.”
Le Fanfaron
Dino Risi
Il Sorpasso
Avec
Vittorio Gassman
Jean-Louis Trintignant
Catherine Spaak
Italie
1962
105’
VO ST.FR
Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma
Bruno (Vittorio Gassman), bijna veertig en een tweederangs oplichter, is een ‘vitellone’: luid, hyperactief,
egoïstisch, onverantwoordelijk en onweerstaanbaar. In de mooie zomer van 1962 ontmoet hij student
Roberto (Jean-Louis Trintignant), in alles zijn tegendeel. Bruno sleept Roberto mee in zijn Lancia Aurelia
naar het platteland van Toscane. Roberto zal het leven ‘à la Bruno’ leren kennen. En passant, leert
Roberto ook de échte Bruno kennen. Il sorpasso (1962) is een heerlijke combinatie van een Italiaanse
komedie en een roadmovie. Regisseur Dino Risi, met een diploma psychologie op zak, en het bekwame
schrijversduo Ettore Scola en Ruggero Macari, creëerden twee van de meest charmante, menselijke
personages uit de filmgeschiedenis. Die door Gassman, die Bruno tot één van zijn lievelingspersonages
rekende, en Trintignant met bijzonder veel gusto worden vertolkt.
Italie
r
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F
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08
Cinéma et psychiatrie
L’obscure énigme de la folie, de la déraison, de l’aliénation mentale, le cinéma n’a cessé de s’y frotter, de toutes les manières
possibles, depuis le portrait clinique jusqu’au thriller freudien.
L’abondance de fictions centrées sur l’institution psychiatrique
et ses patients est là pour le démontrer. Un programme entier
de l’Écran total ne suffirait pas à en faire le tour. Plus modestement, voici quelques fictions qui ont marqué leur temps et
des documentaires où se révèle la force exemplaire du cinéma :
celle de donner à voir, avant tout jugement ou toute explication
préconçue, des gestes, des regards, des comportements, des
êtres irréductiblement singuliers.
Waanzin, verstandsverbijstering en razernij hebben zich al altijd binnen het
domein van de cinema genesteld: van het portretteren van de psychiatrisch
patiënt tot de Freudiaanse thriller. Er is een overvloed aan films om dat
te bewijzen. Een heel luik over het thema in Écran Total volstaat dan ook
zeker niet om de hele ronde te doen. Zeer bescheiden hebben we enkele
voorbeeldfilms van het genre op het programma gezet, van fictie tot documentaire. Deze films geven zonder veroordelend te zijn een inkijk op gedragingen, blikken van toch wel opvallende en zeer eigenaardige mensen.
2 Rencontres :
8/07 - 19h00 - autour de "SAN CLEMENTE" :
la représentation de la folie
et son intégration dans la société actuelle
Pour en savoir plus :
—
Henri Grivoix, “Parler avec les fous”,
Ed. Empêcheurs de Penser en Rond.
—
Patrick Coupechoux, “Un monde de fous. Comment notre société
maltraite ses malades mentaux”, Ed. Seuil.
—
Mario Colucci et Pierangelo Di Vittorio,
“Franco Basaglia, portrait d’un psychiatre intempestif”, Ed. Erès.
> En vente au Cinéma Arenberg.
—
Un podcast interpellant sur Arteradio.com :
Claire Hauter, “Psychoses. L’ordinaire de la folie”
(documentaire audio en 5 épisodes)
Claire Hauter, “L’ambulance” (documentaire audio en 3 épisodes)
Yves-Luc Conreur - Association Recherche-Action sur la Psychiatrie
et les Alternatives / L'Autre "lieu"
Etienne Joiret - Psychologue au Centre Hospitalier Jean Titeca
Benoît Majerus - Historien à l'Université libre de Bruxelles
Edith Stillemans (sous réserve) - Médecin-chef du Centre Hospitalier Jean Titeca
2/09 - 18h50 - autour de "ELLE S’APPELLE SABINE" :
la prise en charge hospitalière,
ses possibles dérives et ses alternatives
Marie-Françoise Meurisse - Médecin, philosophe et médiatrice à la Plate-forme
de Concertation en Santé Mentale de Bruxelles-Capitale.
Pierre Smet - Psychanalyste et membre de l'équipe thérapeuthique au Service
de Santé mentale Le Sas
Frédérique Van Leuven - Psychiatre, Centre Psychiatrique St Bernard à Manage
et Parcours d'Accueil à Ixelles.
Modérateur des rencontres :
Olivier Sebasoni- Coordinateur de la Commission psychiatrie de La Ligue des droits
de l’Homme.
87
La Devinière s’ouvre sur les images d’un film tourné il y a longtemps, en Super-8, une
sorte de home movie tourné sans le moindre souci du cadre : des enfants qui courent
dans tous les sens, des visages grimaçants, à moitié flous, pris en gros plans qui disparaissent brutalement pour réapparaître en plans moyens, de travers, bousculés par
d’autres plans, bref, une caméra en folie qui rappelle les essais du cinéma expérimental
des années soixante. Sur ce pré-générique se greffe la voix off de Michel Hocq, animateur et directeur de La Devinière : “Jean-Claude et les autres, c’étaient dix-neuf enfants
réputés incurables, refusés par tous. Certains à quinze ans avaient déjà l’expérience
d’une vingtaine d’établissements. C’est pour ces gosses – en somme exilés – que nous
avons ouvert le 18 février 1976, dans la région de Charleroi, un refuge, un lieu où l’on
peut vivre sans grilles, sans chimie, un lieu où l’on peut vivre sa folie, un asile sûr en
quelque sorte. Nous l’avons appelé La Devinière. Ces gosses, nous avons fait le pari de
ne les rejeter sous aucun prétexte. Plus de vingt ans après ils sont toujours là ensemble
et solidaires alors que rien ne les reliaient.” Nous allons assister pendant 90 minutes
aux gestes de la vie quotidienne, aux rituels complexes de ces adultes enfermés dans
leur univers propre. Ils peignent, dessinent, bricolent, manifestent leur angoisse dans le
mutisme ou par des cris. Pas d’interview bateau ni la moindre explication à ce qui peut
paraître un non-sens au bon sens. Benoît Dervaux s’est immergé dans le groupe et filme
l’intimité des êtres au plus près, leur vie dans ce qu’elle a de plus singulier, sans jamais
interrompre le fil du vécu par un discours médical, psychiatrique voire antipsychiatrique.
À l’instar de Michel Hocq, le réalisateur se garde bien d’expliquer ou de juger. À l’instar
de San Clemente de Raymond Depardon, nulle trace de voyeurisme dans La Devinière.
Le film allie le souci de la vérité à la démarche de captation. L’acte de filmer est fondé sur
un respect mutuel entre le cinéaste et ses personnages. Jean-Michel Vlaeminckx, www.cinergie.be
Het verhaal van La Devinière (1999) begint twintig jaar eerder. Met Super 8 beelden van jongeren die
zich uitleven. Niks bijzonder, ware het niet dat deze kinderen, ‘hopeloze gevallen’ waren die door de
psychiatrie waren opgegeven en nergens terecht konden. Maar in La Devinière, in 1976 uit de grond
gestampt door Michel Hock, mogen de kinderen volkomen zichzelf zijn, er is geen gedrag erg genoeg
om uitgesloten te worden. Ze zijn er veilig en mogen er met hun gekte leven. Benoît Dervaux had, als
assistent van Manu Bonmariage, kennisgemaakt met een ‘klassieke’ psychiatrische inrichting. “Toen
ik in La Devinière kwam, namen de patiënten me bij de hand : ‘Kom eens naar mijn schilderijen kijken’!
Het voelde zo bijzonder aan dat ik zeker wist dat ik hierover een film wilde maken”. En zo maken we
uitgebreid kennis met de nu volwassen bewoners van deze opmerkelijke instelling.
La Devinière
Benoît Dervaux
Belgique
1999
90’
VO FR ST.NL
Fous
88
Elle s’appelle
Sabine
Sandrine Bonnaire
France
2007
85’
VO FR ST.NL
Cannes, 2007. Les lumières de la salle où vient d’être projeté le premier film de Sandrine
Bonnaire se rallument, dans un tonnerre d’applaudissements. Beaucoup d’yeux sont
rouges. Le documentaire que vient de découvrir le public de la Quinzaine n’est pas
commun : un portrait par l’actrice de sa sœur autiste, Sabine. À travers un montage de
scènes quotidiennes dans un centre et d’images d’archives accumulées depuis plus de
vingt ans, Elle s’appelle Sabine évoque le destin tragique d’une personnalité aux dons
multiples broyée par un système de prise en charge défaillant. Tragique ? L’actrice pose
la question : “Les conséquence de son internement sont-elles réparables ? La dégradation de ses capacités est-elle inhérente à sa maladie ?”
Avec une économie de moyens, Sandrine Bonnaire campe un portrait auquel on ne peut
que faire face. Question de distance. Celle qu’elle adopte est parfaite : entre insistance
et détachement. Ne rien dissimuler, même le plus dérangeant. Ne rien trop souligner
non plus, au risque d’imposer sa propre vision des choses. Pour autant, cette justesse,
si louable soit-elle, n’est pas ce qui fait du film une œuvre complexe, inassimilable à un
reportage d’Envoyé spécial sur l’autisme en France. Ce que l’équilibre subtil du choix
des plans et de leur durée révèle, c’est une présence décisionnelle hors champ : un
corps qu’on a vu se mouvoir chez Pialat, l’une des actrices les plus incarnées (fossettes
et poitrine) du cinéma français, et dans le spectre de laquelle chaque image puise sa
charge émotionnelle. À chaque plan de Sabine, il y a à la fois Sabine et Sandrine, deux
forces contraires, mais inextricablement liées : sensualité et maladie, vie et mort. Bien
qu’invisible, Sandrine Bonnaire est au centre du dispositif filmique, formant avec Sabine
un couple de sœurs siamoises fascinant.
Émily Barnett, Les Inrockuptibles
02.09.10 - 18h50
débat (détail p.86)
retrouvez
la video de la rencontre
sur www.arenberg.be
Fous
Sabine is de zus van de Franse actrice Sandrine Bonnaire. Ze is geestesziek, maar dat weerhield haar
er als kind en jonge volwassene – vooral door de liefde en inzet van haar familie – niet van volop van
het leven te genieten. Ze studeert, breit, speelt piano en is gek op reizen. Tot haar gedrag zo ontspoort,
dat ze in een inrichting moet worden opgenomen. Elle s'appelle Sabine (2007) is een dieppersoonlijk
portret van Sabine, gemaakt door haar zus Sandrine, die een groot deel van haar leven op film heeft
vastgelegd. En zo zien we hoe de jonge, soms wel moeilijk handelbare, maar mooie en levenslustige
vrouw uiteindelijk in een triest, in zichzelf gekeerd, kwijlende hoopje ellende verandert. Omdat we in
deze maatschappij, waarin alles moet benoemd, behandeld en aangepast worden, te weinig tijd hebben
voor en te weinig geduld hebben met ‘anders’ zijn ?
89
Après avoir réalisé une série de photos effectuées en 1977 dans un hôpital psychiatrique
qui occupe depuis 1880 San Clemente, une petite île vénitienne, Raymond Depardon
décide d’y retourner deux ans plus tard avec une caméra et un magnétophone. Il est au
cadre, caméra à l’épaule, et Sophie Ristelhueber, qui signe le film avec lui, tient le Nagra
et le micro. Image en noir et blanc, son fruste... On pense tout de suite à La Moindre
des choses de Nicolas Philibert. Et pourtant, les deux films ne se ressemblent pas ;
autant le film de Philibert, posé et construit, est estival, presque joyeux, autant le film
de Depardon, brut de décoffrage, est hivernal, spectral. L’image, constituée en grande
partie de plans-séquences, donne l’impression d’émaner d’une caméra de surveillance
erratique qui filme tout ce qui se présente, suivant les allées et venues des pensionnaires, faisant des détours brusques en fonction des micro-événements qui surviennent
çà et là sur son passage. Un filmage qui souligne la liberté physique dont jouissent les
pensionnaires. Une liberté très déstructurée, dirait-on, qui laisse les fous face à leur
moi envahissant. Le film nous présente en même temps cette microsociété parallèle,
presque autarcique, comme une crèche pour vieux enfants, une grande famille dont le
cameraman fait presque partie : on lui offre une cigarette, on fait la bise à la preneuse de
son, une mégère les chasse avec un balai…
San Clemente
Raymond Depardon
& Sophie
Ristelhueber
France
1982
90’
VO ST.FR
L’œil de Depardon compose un récit sans commentaire, sans dramaturgie, sans volonté
didactique. La simplicité des moyens, l’absence de ligne directrice évidente, la rigueur
des plans dans leur durée produisent l’effet inverse d’un simple reportage : le film devient
avec le risque d’esthétisme que cela comporte un objet éminemment artistique.
© Raymond Depardon - Palmeraie et désert
Vincent Ostria, Les Inrockuptibles
08.07.10 - 19h00
débat (détail p.86)
retrouvez
la video de la rencontre
sur www.arenberg.be
San Clemente (1982) wordt wel eens een Frans-Italiaanse versie van Titicut Follies (1967, van Frederick
Wiseman) genoemd, maar die vergelijking gaat maar op in zoverre dat San Clemente ook een documentaire over een psychiatrische inrichting is – geïsoleerd op een klein eiland voor de kust van Venetië.
De camera van de talentvolle Franse fotograaf/journalist/filmer Raymond Depardon (medeoprichter van
fotoagentschap Gamma) – die deze documentaire in samenwerking met Sophie Ristelhueber maakte
– is meer prominent aanwezig als die van Wiseman. Hoewel hij, net als Wiseman, geen standpunt wil
innemen en zijn materiaal voor zich laat spreken. Zijn subjecten, in dit geval dokters, verplegers en
patiënten, lijken zich in alle geval meer bewust te zijn van de camera. Mensen praten tegen de camera
of geven een kleine voorstelling. Op het einde is er een vrouw die er zelfs met een honkbalknuppel naar
slaat!
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91
Le roman [était un livre] mélodramatique et réellement fou racontant l’histoire d’un fou
qui s’empare d’une maison de fous ! Dans le roman, même les infirmiers étaient fous et
faisaient toutes sortes de choses ! Mon intention était plus raisonnable, je voulais seulement tourner le premier film de psychanalyse. […] Quand nous sommes arrivés aux
séquences de rêve, j’ai voulu absolument rompre avec la tradition des rêves de cinéma
qui sont habituellement brumeux et confus, avec l’image qui tremble, etc. J’ai demandé
à Selznick de s’assurer la collaboration de Salvador Dali. Selznick a accepté mais je suis
convaincu qu’il a pensé que je voulais Dali à cause de la publicité que cela nous ferait.
La seule raison était ma volonté d’obtenir des rêves très visuels avec des traits aigus et
clairs, dans une image plus claire que celle du film justement. Je voulais Dali à cause
de l’aspect aigu de son architecture – Chirico est très semblable –, les longues ombres,
l’infini des distances, les lignes qui convergent dans la perspective, les visages sans
forme.
Alfred Hitchcock, Hitchcock Truffaut
La peinture des obsessions du malade n’a pas été seulement pour Hitchcock le prétexte
de composer quelques images terrifiantes. C’est au principe même de la psychanalyse qu’il s’intéresse. Il y voit l’équivalent médical de cette “confession” qui fournira le
thème de Under Capricorn et de I Confess. D’autre part, c’est la femme qui joue le rôle
de confesseur, de salvatrice. Nous voilà loin de la légendaire misogynie reprochée à
notre auteur. Au contact de la femme, le malade retrouvera l’intégrité de son esprit, ou
plus exactement l’unité de sa personne. Au contact de l’homme qu’elle aime, la froide
Constance, doctoresse à lunettes, deviendra toute féminité. Spellbound est un grand
film d’amour.
Spellbound
Alfred Hitchcock
La Maison du Dr. Edwardes
Avec
Ingrid Bergman
Gregory Peck
Michael Chekhov
États-Unis
1945
111’
VO ST.FR
Éric Rohmer et Claude Chabrol, Hitchcock
‘De jacht op een man verpakt in pseudopsychoanalyse’ noemde Alfred Hitchcock zijn Spellbound
(1945). Ingrid Berman is de psychiater die diep in het problematische verleden van Gregory Peck moet
graven om hem ervan te overtuigen dat hij geen moordenaar is. De klassieke spanning bij Hitchcock
maakt dit keer plaats voor een studie van het onderbewuste. Hitchcock vroeg surrealist Salvador Dali
om de droomscène te ontwerpen die Peck en Bergman op weg naar de oplossing van het mysterie
zet. De muziek van Miklos Rozsa werd bekroond met een Oscar. Hij gebruikte als eerst de elektronische klanken van de theremin, waarmee hij meteen een trend in thrillerscores zette. Producer David
O’Selznick wou eerst Dorothy McGuire en Joseph Cotton voor de hoofdrollen. Michael Chekhov, als de
wijze, vaderlijke prof van Bergman, was de neef van theaterauteur Anton Chekhov.
Fous
92
Titicut
Follies
Frederick Wiseman
États-Unis
1967
84’
VO ST.FR
Un spectacle musical intitulé Titicut Follies est donné par des détenus et une partie du
personnel hospitalier, dans la prison de Bridgewater (Massachusetts) réservée aux criminels malades mentaux. La séquence d’ouverture se termine en gros plan sur le visage
de l’animateur du spectacle qui se révèle être... le gardien chef. Les images de ce spectacle auquel l’éclairage donne une touche expressionniste vont ponctuer la progression du film qui nous fait découvrir la vie quotidienne de la prison : dans des bâtiments
vétustes, la routine de l’inspection des cellules et des fouilles, des visites “médicales”,
des “entretiens” avec le psychiatre de service. Misère physique et mentale, désespoir
morne, solitude absolue. Quelques détenus noirs. On ne saura rien des délits ou crimes
reprochés aux pensionnaires.
En choisissant d’être un témoin vigilant mais toujours en retrait, en refusant les interviews, le commentaire en voix off et la musique additionnelle, puis en travaillant des
mois au montage “pour comprendre ce qui a été filmé”, Wiseman a mis au point, dès son
premier film documentaire, les bases de la méthode qui restera la sienne au fil des ans.
Titicut Follies dérange, au point que les autorités du Massachusetts qui avaient donné
leur feu vert et reconnu la pertinence du film après un premier visionnement, vont se
retourner contre le cinéaste.
“Le film a suscité la colère dans le Massachusetts, non pas contre la prison de
Bridgewater, mais contre Wiseman ! En ce moment, Titicut Follies est interdit à Boston
et dans le reste de l’État.” De procès en procès, le film restera interdit au grand public
pendant plus de vingt ans. Aujourd’hui, Titicut Follies est un classique qui n’a pas pris
une ride.
Philippe Pilard, cinematheque.fr
Fous
Frederick Wiseman heeft een lange carrière als gewaardeerd documentairemaker achter de rug. Hij
is een zeer sociaal geïnspireerd filmer die mensen die niet worden gehoord in de maatschappij, een
stem geeft. Zijn onderwerpen zijn vaak instellingen: scholen, gevangenissen, ziekenhuizen… Titicut
Follies (1967) is zijn regiedebuut. Wiseman kreeg toestemming om in de Bridgewater State Prison for
the Criminally Insane te filmen. De publieke opinie was zo geschokt dat de documentaire tot 1992 niet
mocht worden vertoond. Het lijkt soms een geval van ‘the inmates taking over the asylum’, je weet niet
wie het meest gestoord is, de patiënten of de dokters en het personeel die hen behandelen. Je kan
alleen maar hopen dat zulke mensonterende toestanden inmiddels lang verleden tijd zijn. Als dat zo is,
is dat zeker ook de verdienste van Frederick Wiseman.
93
Je reçus, un jour, un paquet posté en Californie. Il contenait un livre dont je n’avais
jamais entendu parler, accompagné d’une lettre d’un producteur dont j’ignorais l’existence. J’ouvris le livre, et fus tout de suite captivé. Je ne savais pas qu’il s’agissait non
seulement d’un best-seller mais d’un véritable phénomène d’édition, mais je compris
immédiatement que j’avais entre les mains le meilleur sujet de film sur lequel je sois
tombé depuis mon arrivée en Amérique. Vol au-dessus d’un nid de coucou se passe
dans un asile d’aliénés. Ken Kessey s’est inspiré de sa propre expérience, et le résultat
est magnifique. L’histoire est racontée par l’un des patients de l’établissement, un vieil
Indien appelé le Chef, qui se fait passer pour sourd et muet. Il observe McMurphy, un
nouvel arrivant à la personnalité charismatique, quand celui-ci défie la chef infirmière
puritaine, Ratched, qui fait régner l’ordre à coup de drogues et d’électrochocs. […]
Le livre met en scène, avec force, l’éternel conflit entre l’individu et l’institution. Nous
inventons des institutions destinées à rendre le monde plus juste, plus rationnel. La
vie en société ne serait pas possible sans les orphelinats, les écoles, les tribunaux,
les administrations et les hôpitaux psychiatriques ; mais à peine existent-elles que ces
institutions se mettent à nous contrôler, à nous enrégimenter, à diriger nos existences.
Elles poussent à la dépendance pour se perpétuer elles-mêmes, et les fortes personnalités sont pour elles une menace. […] J’avais, pour la première fois de ma carrière, des
acteurs professionnels dans les rôles principaux et dans les seconds rôles. Mes acteurs
ne pouvaient plus se contenter d’être eux-mêmes. Je décidai, en manière de compensation, de mettre dans le film, tout autour de l’action, le plus possible de gens “vrais”, si
bien que la plupart des patients, des infirmières et des autres membres du personnel
hospitalier que l’on voit à l’écran furent recrutés sur place pour tenir leur propre rôle.
Milos Forman (avec Jan Novak), … Et on dit la vérité (mémoires)
Als je een Oscar wil winnen, zo gaat het gerucht, moet je een film over zieke of mindervalide mensen
maken. One Flew Over het Cuckoo’s Nest (1975), van Milos Forman, lijkt die thesis alvast te bevestigen
met vijf ‘belangrijke’ beeldjes, waaronder beste film. Het verhaal is genoegzaam bekend: McMurphy
(Jack Nicolson) hoopt zijn celstraf comfortabel uit te zitten door zich gek te laten verklaren. Grote vergissing, want het gaat er in de inrichting waar McMurphy belandt, al bijna even erg aan toe als in Titicut
Follies. Patiënten die vaak niet meer mankeren dan dat ze een eigen wil hebben, worden lamgeslagen
met geneesmiddelen en elektroshocks. Louise Fletcher, die voor haar vertolking van de gevreesde
Nurse Ratched ook een Oscar kreeg, is zo overtuigend weerzinwekkend dat ze wellicht ook naast de
set van haar leven niet meer zeker was. Geen wonder dat actrices als Anne Bancroft of Ellen Burstyn
bedankten voor de eer.
Vol au-dessus
d’un nid
de coucou
Milos Forman
One Flew Over the Cuckoo’s Nest
Avec
Jack Nicholson
Louise Fletcher
Danny DeVito
États-Unis
1975
134’
VO ST.FR
Fous
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C
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r
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09
En partenariat
avec
Depuis maintenant 15 ans l’association
bruxelloise Le P’tit Ciné porte le cinéma
documentaire dans les salles de cinéma,
jouant avec un bonheur sans cesse
renouvelé son rôle de passeur entre
des cinéastes qui pensent leur art pour
interroger au mieux les évolutions du
monde et un public citoyen.
[email protected]
http://www.leptitcine.be
95
Esquissant en creux le portrait de son père disparu, portant à bout de caméra un lent
travail de deuil, se retournant enfin sur une histoire familiale lourde de secrets, la réalisatrice du Bateau du père n’a, c’est le moins qu’on puisse dire, pas eu froid aux yeux. Sa
manière de filmer les membres de sa famille, de les écouter parler et se taire, de respecter toujours leur propre rythme, en dit long à la fois sur son évidente bienveillance et sur
sa ténacité à aller jusqu’au bout des choses, des sentiments, des non-dits. Les secrets
de famille, aussi durs soient-ils, ne sont révélés que progressivement au spectateur,
sans jamais chercher l’effet dramatique. Passant finalement au second plan, ils laissent
l’avant de la scène à un subtil travail de reconstruction du tissu familial. À cet égard,
Le Bateau du père fait figure de modèle car il est une leçon de parole. Et si cette prise
de parole peut paraître exemplaire, c’est parce qu’elle est saisie dans une forme – une
mise en image très personnelle, un montage inventif, une bande sonore travaillée – qui
la grandit, la rend porteuse d’une humanité qui dépasse, et de beaucoup, les anecdotes. On est loin du déballage obscène que les télévisions nous infligent sous prétexte
de témoignage, en réalité à seule fin d’exploiter à des fins mercantiles la naïveté des
témoins et le voyeurisme des téléspectateurs. D’ailleurs, il m’étonnerait – je forme le vœu
de me tromper – que Le Bateau du père trouve facilement place dans les programmes
des chaînes généralistes. Ce film-là est d’une autre trempe. Son propos comme sa mise
en scène du réel forcent plus le silence et le retour sur soi que le divertissement ou l’embarras qu’engendre généralement le spectacle de la difficulté à vivre des autres.
Le Bateau
du père
Clémence Hébert
Belgique
2009
75’
VO FR
Olivier Smolders
01.07.10 - 19h00
en présence de la réalisatrice
Retrouvez la vidéo
de la rencontre
sur www.arenberg.be
Hoe pijnlijk de autopsie op film van het eigen familieverleden of de familiale erfenis kan zijn, wordt perfect geïllustreerd in Le Bateau du père. Cineaste Clémence Hébert keert terug naar haar geboortestad
Cherbourg voor zowel een soort rouwproces als een portret van haar verdwenen vader, een fotograaf
met alcoholproblemen die omkwam bij een brand. Als een archeologe gaat ze er aan het werk, vertrekkend van enkele foto’s, een paar aan haar gerichte brieven vol wanhoop van haar vader en videobanden
met familiale taferelen. Het is het sleutelmateriaal waarmee ze naar haar moeder trekt, haar broer,
tweelingzus en oma. Om te peilen naar hun herinneringen, gevoelens en de donkere familiegeheimen.
En om de stiltes te laten spreken. Dat Hébert er tegelijk in slaagt om elke vorm van exhibitionisme of
voyeurisme te mijden, maakt deel uit van het mirakel van deze documentaire verlossingsfilm.
Docu
96
La république
Marseille
Denis Gheerbrant
France
2009
VO FR
La Totalité du monde (14’)
Les Quais (53’)
L’Harmonie (53’)
Les Femmes de la cité Saint-Louis (53’)
Le Centre des Rosiers (64’)
Marseille dans ses replis (45’)
La République (90’)
Marseille sera bientôt la ville la plus documentée de France. Après l’imposante somme de
Jean-Louis Comolli, Denis Gheerbrant ajoute un regard plus social dans La République
Marseille, ensemble de sept courts, moyens et longs métrages tournés dans et autour
de la ville entre 2006 et 2007. Cette série magistrale a un goût persistant de nostalgie et
de bilan. Bilan politique à l’Estaque, où des “résistants” du parti communiste tentent de
préserver une ancienne salle des fêtes (L’Harmonie) ; bilan social, toujours à l’Estaque,
où les dockers ont le blues (Les Quais) ; bilan urbanistique dans un paradis communautaire de petits pavillons (Les Femmes de la Cité Saint-Louis)... À côté de ces épisodes
nostalgiques et militants, où les photos souvenir en noir et blanc circulent devant l’objectif, il y a les films centrés sur le présent. Mais un présent plein de bruit et de fureur,
vu du côté des cités-ghettos (le formidable Le Centre des Rosiers) ou bien des parias
(Marseille dans ses replis, traversée du Nord au Sud). Au total, un tableau synoptique
et polymorphe qui évite allègrement les clichés de carte postale (la Canebière, le VieuxPort, la Bonne Mère). Une épopée à la fois passéiste et vivante, statique et mobile, parfois très bavarde, parfois pas, ponctuée par des échappées paysagères dont la beauté
réside dans la banalité. Certains préféreront le regard ému sur la mémoire ouvrière et
populaire ; d’autres seront plus sensibles à l’exploration et aux déambulations au cours
desquelles Gheerbrant, fidèle à son ancienne manière, furète, hèle, rencontre des gens
de passage, porteurs de drame ou d’espoir. En tout cas, une œuvre de référence qui
redessine la cosmogonie d’une ville célèbre mais occultée par sa mythologie et sa sempiternelle bonhomie.
Vincent Ostria, Les Inrockuptibles
1 ère partie (1h53)
15.07 - 21h30
La Totalité du monde
Les Quais
L’Harmonie
2 e partie (1h57)
17.07 - 21h30
Le Centre des Rosiers
Les Femmes de la Cité Saint-Louis
3 e partie (2h08)
19.07 - 21h30
Marseille dans ses replis
La République
Tarif réduit 3 séances :
3 x 5,40 e au lieu de 3 x 8,00 e
Docu
Brussel en de sloop? Ook Marseille wordt er door getroffen. In het zowel poëtische als geëngageerde
La République Marseille, een serie van zeven films, neemt cameraman en documentair filmmaker Denis
Gheerbrant ons mee naar de inwoners van de populaire wijken in het centrum van de grootstad, getroffen als ze zijn door de wilde plannen – in naam van de vooruitgang – van bouwpromotoren en stedenbouwkundigen. Gheerbrant laat zowel dokwerkers, militante arbeiders als huisvrouwen, immigranten
en oude junkies aan het woord: eenvoudige en oprechte getuigenissen die een nooit clichématig maar
vaak pakkend, amusant en kleurrijk tableau scheppen van kleine lui die hun eigen wereld willen tonen
en die opkomen om hun eigen identiteit te verdedigen. Met andere woorden: een documentaire in puzzelvorm waarin passioneel de idee wordt geëxploreerd van wat een gemeenschap nu eigenlijk is.
97
Le film est difficile à résumer ou à réduire. Le titre, peut-être, serait une porte d’entrée, une clé pour comprendre de quoi il s’agit ?
Sophie Bruneau – C’est un titre à plusieurs sens, ouvert, ce qui convient à la figure et à
l’esprit mosaïque de notre film. Terre d’usage, cela fait appel à l’expérience des choses.
C’est l’usage que chacun fait de l’espace dans lequel il vit, travaille, jouit. Ce qu’il y fait et
ce qu’il en fait. Il y a l’idée de territoire, et comment on pense le monde de là où on est.
Quelle est l’origine de ce projet sur l’Auvergne ?
SB – C’est une région avec laquelle on est en lien de façon familiale et personnelle,
surtout Marc-Antoine puisque sa famille est auvergnate depuis plusieurs générations,
et on y va assez souvent, ce qui fait que c’est un territoire qui nous travaille de plusieurs
manières. Et puis il y a eu la rencontre avec Pierre Juquin. Quand il parle, le politique,
l’engagement et la poésie souvent se mêlent, tout comme l’Auvergne et l’état du monde.
Il est né en Auvergne, a travaillé chez Michelin, il connaît le pays comme sa poche, et
quand on se balade avec lui, c’est aussi bien une leçon de géologie que d’histoire. Il
formule et articule à sa façon les thématiques qui traversent le film, et il est autant personnage principal que passeur, conteur, intermédiaire... C’est une sorte de portrait à
plusieurs couches.
Terre d’usage
Sophie Bruneau
& Marc-Antoine
Roudil
Belgique/France
2009
112’
VO FR
Vous faites confiance au spectateur pour dégager le sens entre les séquences.
SB – C’est un film assez exigeant par rapport au spectateur. Il y a comme une succession de détails qui seront recomposés ensuite par l’imaginaire des gens. Et puis l’enjeu
c’est qu’ils continuent à travailler le film par la suite, qu’ils y reviennent. Nous croyons
beaucoup à la conception d’un spectateur actif.
Propos recueillis par Julien Meunier, journal du festival Cinéma du Réel
03.09.10 - 18h50
en présence des réalisateurs
Retrouvez la vidéo
de la rencontre
sur www.arenberg.be
Waar staat de Auvergne eigenlijk voor, die regio in het centrum van Frankrijk met Clermont-Ferrand als
administratief, economisch (want thuishaven van Michelin) en cultureel centrum? Dat is de vraag die
Sophie Bruneau en Marc-Antoine Roudil stellen in hun als een mozaïek opgevatte documentaire Terre
d’usage. De centrale figuur is Pierre Juquin, een militante communist en deputé die momenteel meer
aanleunt bij de ecologische partij van Daniel Cohn-Bendit. Zijn herinneringen en overtuigingen zijn de
rode draad van dit document. Maar Juquin fungeert ook als een soort leidsman. Want hij gidst ons
mee naar diverse Auvergnats, van een gepensioneerde Michelinarbeider tot een dokter. Interesante
met sfeerbeelden doorspekte getuigenissen – ononderbroken diepte-interviews van een tiental minuten – onderstrepen de ambitie van de makers: een film als sonde waarmee ook gepeild wordt naar de
toestand van de Franse maatschappij van vandaag.
Docu
LE FESTIVAL /
HET FESTIVAL /
DU 01 JUILLET /
AU 27 AOÛT /
VAN 01 JULI /
TOT 27 AUGUSTUS /
ÉGLISE DES MINIMES &
CONSERVATOIRE /
MINIEMENKERK &
CONSERVATORIUM /
12:15’
À/
VINGT-QUATRIÈME ÉDITION /
VIERENTWINTIGSTE EDITIE /
ÉTÉ /
ZOMER /
2010
CONCERT
QUOTIDIEN /
OM /
INFORMATIONS :
INFORMATIE :
02/512
30 79
www.midis-minimes.be
DAGELIJKS
CONCERT /
op.3
MM 10 Ecran Total 186X118 Q.indd 1
11/05/10 15:44:45
99
Un lieu, un lieu unique, une école, quelque part en Indonésie, sur l’île de Java. Une école
parmi d’autres où des femmes enseignent à d’autres femmes plus jeunes comment servir et obéir à des maîtres. Autrement dit, comment, au plus près de la servitude, devenir
des bonnes à tout faire, futures marchandises humaines vouées à l’exportation vers les
nantis des émirats du Golfe, de Taiwan ou d’ailleurs. Pour son nouveau documentaire,
Vous êtes servis, Jorge León a partagé la vie de ces jeunes femmes pendant les quelque
six mois de leur apprentissage en domesticité. Il les a filmées au plus près de leur quotidien, trouvant une justesse de ton et d’approche faite d’empathie et de pudeur. Son travail à la caméra, loin de décrire ce lent mouvement de bascule vers la perte de soi, nous
le fait vivre comme de l’intérieur, nous conduisant à ressentir de plus en plus intimement
l’univers de ces femmes et l’inacceptable de leur vie. Dans le regard de Jorge León, pas
d’apitoiement, pas de jugement, mais une rare lucidité faite de chaleur et de présence
et qui se traduit dans sa façon si particulière de saisir la fragilité des gestes, la fatigue
des corps pour mieux nous rendre les tremblements d’une âme, les hésitations d’une
conscience. Là, devant un four à micro-ondes ou une machine à laver, il laisse un temps
s’installer, celui où une femme lit quelques lettres de celles qui travaillent à l’étranger et
qui disent, avec des mots simples, l’horreur et l’épuisement, le travail et la honte. Avec
une apparente simplicité dans la mise en scène, Jorge León réussit, en faisant corps
avec ce qui se passe dans cette école, à nous parler du monde, de notre monde avec
une force qui détonne. Grand moment de cinéma, Vous êtes servis est un film abouti,
dépouillé de tout artifice, parfaitement maîtrisé et en cela vrai et terriblement essentiel.
Vous êtes
servis
Jorge León
Belgique
2009
57’
VO ST.BIL
+ court métrage :
"10 minutes" de Jorge León,
2008, 19', VO NL ST.FR
Philippe Simon, Cinergie
11.08.10 - 19h00
en présence du réalisateur
Retrouvez la vidéo
de la rencontre
sur www.arenberg.be
Dit dubbelprogramma maakt voor een stuk deel uit van een driedelig project van de Belgische fotograaf
en filmmaker Jorge León over mensenhandel en het wereldwijde ‘fenomeen’ van het huishoudpersoneel. In Vous êtes servis laat León zien hoe jonge meisjes uit arme gezinnen op Java gerekruteerd en
opgeleid worden om als dienstmeid in Azië en het Midden-Oosten te gaan werken. Maar geleidelijk
worden die opleidingsbeelden afgewisseld met ‘onzichtbare’ beelden – via de voice off – van de getuigenissen van Indonesische vrouwen die na hun opleiding als huismeid in Damascus of Taïwan zijn
gaan werken. Die draaien allemaal om uitbuiting en mishandeling. León legt zo met veel pudeur een
complexe trafiek bloot van moderne slavernij of lijfeigenschap. 10 min. tenslotte is een door Josse De
Pauw ingesproken kortfilm, een volledig uit stille shots opgebouwde reconstructie van de gedwongen
prostitutie van een Bulgaarse vrouw in Brussel.
Docu
Pro
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101
Todd Solondz est une valeur sûre. Life During Wartime (littéralement “la vie en temps de
guerre”) prouve que le cinéma indépendant américain ne se limite pas à des comédies
proprettes dont l’impertinence formatée n’est qu’une façon clandestine de célébrer des
valeurs conservatrices. Le réalisateur a mis onze ans à monter cette suite de Happiness
(1998), où l’on retrouve les mêmes personnages interprétés par des acteurs différents.
Le retour dans cette famille qui semble avoir inventé le mot “dysfonctionnel” est de
nature à réjouir les familiers du premier volet comme à séduire les nouveaux venus. Todd
Solondz a peint en noir ce portrait de groupe autour d’un pré-ado traumatisé depuis que
son père a été incarcéré pour pédophilie. Sa mère rêve de refaire sa vie. Et ses deux
tantes – l’une perdante chronique collectionneuse de tuiles, l’autre tout aussi mal dans
sa peau malgré sa réussite apparente – préparent le gamin à un avenir de complexes et
de névroses. La “guerre” dont parle Todd Solondz est celle que chacun mène, aux ÉtatsUnis et ailleurs, pour survivre en milieu hostile. Sa vision sans concession du monde
moderne dans lequel se débattent des êtres fragiles témoigne d’une lucidité féroce. Le
réalisateur prend ses sujets à la hussarde pour aborder des thèmes comme la religion,
la mort ou la pédophilie. Charlotte Rampling ou Paul Reubens se sont mis au diapason
de sa musique grinçante. Ce bonheur de causticité et d’insolence dérange parce qu’il
renvoie impitoyablement le spectateur à ses propres faiblesses. Solondz rappelle que
faire de son mieux n’est pas toujours suffisant pour s’en sortir. C’est en ne fai-sant aucun
effort pour se rendre aimable que son cinéma se fait aimer.
Caroline Vié, 20 Minutes
Twaalf jaar geleden liet indie-auteur Todd Solondz de diepzwarte komedie Happiness op de wereld
los. Daarin keek hij liefdevol naar eenzame suburbane zielen waaronder een pedofiele vader met tienerzoon. Life During Wartime is het vervolg, met dezelfde personages maar met een totaal andere
cast. De draad met het vorige verhaal wordt opgepikt wanneer kinderverkrachter Bill uit de gevangenis
ontslagen wordt. Voor zijn gezin en vooral zijn 11-jarig zoontje die op het punt staat om zijn bar mitzvah
te doen, het moment om zich te bezinnen over zoiets als vergeving. Of beter: de dilemma’s er omtrent.
Solondz is nog altijd geïnteresseerd in sociale taboe’s en zijn kijk op de wanhoop, eenzaamheid en het
verwerken van trauma’s is even pijnlijk emotioneel als droog hilarisch. Maar de algemene toon van deze
originele sequel, waarin ook de zeitgeist van Amerika in oorlog doorsluimert, is minder sardonisch en
zelfs warmer omwille van de melancholie.
Life During
Wartime
Todd Solondz
Avec
Shirley Henderson
Michael K. Williams
Roslyn Ruff
Allison Janney
États-Unis
2009
96’
VO ST.BIL
Prolongation
102
Cold Souls
Sophie Barthes
Avec
Paul Giamatti
David Strathairn
Dina Korzun
Emily Watson
États-Unis
2009
101’
VO ST.BIL
Dans Cold souls, Paul Giamatti joue… Paul Giamatti, acteur névrosé, bloqué à l’approche de sa prochaine pièce : Oncle Vania, de Tchekhov. Pour se libérer, il requiert les
services d’une société pratiquant l’extraction de l’âme et son stockage. Temporaire ou
définitif, c’est au client de voir. Inspirée par Carl Jung, Woody Allen et – si ça n’est pas
européen –, le surréalisme des Michel Gondry, Charlie Kaufman ou Spike Jonze, Sophie
Barthes illustre avec sa comédie philosophico-SF le bizness ultime. “Ça fait dix ans que
je vis aux Etats-Unis. Par moments, on se dit effectivement que tout y est à vendre. En
même temps, c’est un pays très religieux, d’où des paradoxes extraordinaires. J’ai écrit
le film sous l’ère Bush. Je sentais que mon âme était dans un étau. Une sorte de mélancolie, d’atmosphère un peu sombre régnait sur New York. Le pays était en guerre… Et au
lendemain du 11 septembre, Bush poussait les Américains à consommer ! C’était tellement choquant d’entendre ça. Cold souls reflète un peu mes sentiments de l’époque.”
Didier Stiers, Le Soir
On n’arrête pas le progrès. À New York, il existe aujourd’hui des “garde-âmes”, comme
il existe des garde-meubles. Pour le prix d’une psychanalyse, un labo high-tech l’extrait,
l’entrepose, et vous en propose une autre à la place. Mais voilà que l’entreprise a égaré
l’âme d’un acteur qui triomphe dans Oncle Vania avec l’âme d’un poète russe. On imagine sans peine le scénario américain aux effets spéciaux et aux poursuites haletantes
du héros à la recherche de son âme mais Sophie Barthes a choisi une comédie existentielle, à la fois drôle et vertigineuse. Et Paul Giamatti y met tout son cœur et toute une
âme.
Fernand Denis, La Libre Belgique
Prolongation
Stel dat we in de plaats van een psycholoog te consulteren, Prozac of uppers te slikken, gewoon af en
toe even van ziel zouden kunnen veranderen, zou dat het leven niet dragelijker maken? Het is de aardige
en intrigerende premisse van Cold Souls, een opmerkelijke metafysische mysteriefabel waarin cineaste Sophie Barthes heel onderhoudend haar liefde voor de Russische literatuur, de psychoanalyse en
design uit Kubricks 2001 heeft verwerkt. Die zielen kan je in deze aantrekkelijk gefilmde tragikomedie
huren bij een Russisch-Amerikaans high-techbedrijf in New York. Daar gaat ook een overigens prima
Paul Giamatti aankloppen wanneer hij tijdens de repetities van Oom Vanya overvallen wordt door angsten en twijfels. Maar tot zijn grote ergernis is zijn ziel niet groter dan een kikkererwt en raakt ze zelfs
zoek. Slotsom? Intelligente, licht satirische existentiële fun met zowel een stimulerend donkerkomisch
als fantastisch en poëtisch randje.
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s
e
r
i
a
r
o
H
POur éviter les files,
arrivez un quart d'heure avant la séance
ou réservez vos places à l'avance
pour tout le festival si vous le désirez.
—
Om de wachtfiles te vermijden komt u best
een kwartiertje voor de voorstelling aan
of reserveren u uw plaatsenvooral
voor het hele festival als u dat wenst.
30/06Mercredi
14:00 Cold Souls
14:10 Cinquième Colonne
16:30 Crazy Heart
16:40 Life During Wartime
18:50Divorce à l’italienne
19:10The Killing of a Chinese Bookie
21:10 San Clemente
21:30 On the Bowery
16:30 Cold Souls
16:40 Cinquième Colonne
18:50Divorce à l’italienne
19:00 Le Bateau du père
21:10Plein sud Séance Genres d'à côté
21:30 Life During Wartime
16:30Divorce à l’italienne
16:40Extérieur, nuit
18:50Touki Bouki
19:10 On the Bowery
21:30 Cold Souls
21:00The Killing of a Chinese Bookie
16:30Plein sud
16:40 Life During Wartime
18:50Touki Bouki
19:10 Cinquième Colonne
21:10 Crazy Heart
21:30Extérieur, nuit
16:30 Cold Souls
17:00 On the Bowery
18:50Plein sud
19:10 Life During Wartime
21:40Divorce à l’italienne
21:30 Cinquième Colonne
16:30Plein sud
16:40 Life During Wartime
18:50 Cold Souls
19:10Extérieur, nuit
21:10 Crazy Heart
21:30 Cinquième Colonne
16:30 Cold Souls
16:40The Killing of a Chinese Bookie
18:50Divorce à l’italienne
19:10 Cinquième Colonne
21:10 Le Salon de musique
21:30 Life During Wartime
16:30Divorce à l’italienne
16:50 Life During Wartime
18:50 La Nana
19:00Allemagne, mère blafarde
21:10 Crazy Heart
21:30 Le Salon de musique
16:50 Cold Souls
16:40Extérieur, nuit
19:00 San Clemente
19:10 Le Salon de musique
21:40Plein sud
21:30 Life During Wartime
16:30 Crazy Heart
16:40The Killing of a Chinese Bookie
18:50Touki Bouki
19:20 Life During Wartime
21:10 La Nana
21:30 Cinquième Colonne
16:50 Cold Souls
16:40 Life During Wartime
19:00Touki Bouki
19:10Extérieur, nuit
21:10 La Nana
21:30 Le Salon de musique
16:30 San Clemente
16:40 Life During Wartime
18:50Plein sud
19:00The Killing of a Chinese Bookie
21:10 Opening Night
21:30 Le Bateau du père
1/07Jeudi
14:00 Crazy Heart
14:10Extérieur, nuit
2/07Vendredi
14:00Plein sud
14:10 Life During Wartime
3/07Samedi
14:00 Cold Souls
14:10 Le Salon de musique
4/07Dimanche
14:00 San Clemente
14:10The Killing of a Chinese Bookie
5/07 Lundi
14:00Touki Bouki
14:10 Le Bateau du père
6/07Mardi
14:00Plein sud
14:10 On the Bowery
7/07Mercredi
14:00 Cold Souls
14:10The Killing of a Chinese Bookie
8/07Jeudi
14:00 Opening Night
14:10 Cinquième Colonne
9/07Vendredi
14:00Divorce à l’italienne
14:10 Le Salon de musique
10/07Samedi
14:00 Opening Night
14:10Allemagne, mère blafarde
11/07Dimanche
14:00 La Nana
14:10 Cinquième Colonne
104
12/07 Lundi
14:00Divorce à l’italienne
14:10 Le Salon de musique
16:30Plein sud
16:40Allemagne, mère blafarde
18:50 Opening Night
19:10 Life During Wartime
21:40 Cold Souls
21:20The Killing of a Chinese Bookie
16:30 La Nana
16:40 Cinquième Colonne
18:50 Crazy Heart
19:10 Le Salon de musique
21:10Plein sud
21:30Extérieur, nuit
16:50Nord
16:40Bright Star
18:50Moon
19:10 Life During Wartime
21:10 Opening Night
21:30 Saló, ou les 120 journées de Sodome
16:30 Love Streams
16:40 Saló, ou les 120 journées…
19:20 La Nana
19:10 La Devinière
21:20Moon
21:30 La République Marseille (1)
16:50 Le Temps des grâces
16:40Allemagne, mère blafarde
19:20Nord
19:10Bright Star
21:10 Love Streams
21:40 Saló, ou les 120 journées…
16:30Divorce à l’italienne
16:40 Cinquième Colonne
18:50 Love Streams
19:00 Saló, ou les 120 journées…
21:40 La Nana
21:30 La République Marseille (2)
16:30 Opening Night
16:40 La Devinière
19:20Divorce à l’italienne
19:00The Killing of a Chinese Bookie
21:30 Le Temps des grâces
21:20 Life During Wartime
16:50Nord
16:40 Saló, ou les 120 journées…
18:50 Opening Night
19:10 Cinquième Colonne
21:40Moon
21:30 La République Marseille (3)
16:50 La Nana
16:40 Life During Wartime
18:50 Le Temps des grâces
19:00Allemagne, mère blafarde
21:50Nord
21:30 Saló, ou les 120 journées de Sodome
16:30Ecce bombo
16:40 Violent Days
18:40 Stalker
19:00 Vol au-dessus d’un nid…
21:50Nord
21:40 La Devinière
16:50Titicut Follies
16:40 Le Père de mes enfants
18:50Ecce bombo
19:00 Sans soleil + La Jetée
21:10Moon
21:40Querelle Séance Genres d'à côté
16:50Nord
16:40 Le Déjeuner du 15 août
18:40Tous en scène
19:00 Saló, ou les 120 journées…
21:00 Stalker
21:30 Violent Days
17:10Nord
16:40Bright Star
19:00Ecce bombo
19:10Querelle
21:10 Opening Night
21:30 Vol au-dessus d’un nid…
16:30 Le Temps des grâces
16:50 Le Père de mes enfants
19:00Moon
19:10Bright Star
21:10 Love Streams
21:40Querelle
16:10 Stalker
16:40Querelle
19:20Nord
19:10 Violent Days
21:10 Le Temps des grâces
21:30 Saló, ou les 120 journées…
16:30Tous en scène
16:50 Violent Days
18:50 Opening Night
19:00 Le Père de mes enfants
21:40Titicut Follies
21:20 Sans soleil + La Jetée
17:10Winnipeg, mon amour 17:00 Le Déjeuner du 15 août
19:00The Shop Around the Corner
19:10 Violent Days
21:10Ecce bombo
21:30 La Rage du tigre
13/07Mardi
14:00Touki Bouki
14:10 Life During Wartime
14/07Mercredi
14:00 Love Streams
14:10 La Devinière
15/07Jeudi
14:00 Le Temps des grâces
14:10The Killing of a Chinese Bookie
16/07Vendredi
14:00 Opening Night
14:10 Life During Wartime
17/07Samedi
14:00Moon
14:10Bright Star
18/07Dimanche
14:00Moon
14:10Allemagne, mère blafarde
19/07 Lundi
14:00 Love Streams
14:10 Life During Wartime
20/07Mardi
14:00 Love Streams
14:10Bright Star
21/07Mercredi
14:00 Le Temps des grâces
14:10 Le Déjeuner du 15 août
22/07Jeudi
14:00 Opening Night
14:10Bright Star
23/07Vendredi
14:00 Love Streams
14:10 Le Père de mes enfants
24/07Samedi
14:00 Stalker
14:10 Le Déjeuner du 15 août
25/07Dimanche
14:00Tous en scène
14:10 Sans soleil + La Jetée
26/07 Lundi
13:50Tous en scène
14:10 Le Déjeuner du 15 août
27/07Mardi
14:00Ecce bombo
14:10 Vol au-dessus d’un nid…
28/07Mercredi
14:00 Stalker
14:10 Sans soleil + La Jetée
105
29/07Jeudi
14:00 Love Streams
14:10Antonio das mortes
16:50Titicut Follies
16:40Afrique, je te plumerai...
18:50Tous en scène
19:00 Vol au-dessus d’un nid …
21:10 Cargo 200
21:40Querelle
16:30 Stalker
16:40 Violent Days
19:40Winnipeg, mon amour 19:10Antonio das mortes
21:30Titicut Follies
21:20 Le Père de mes enfants
16:30Tous en scène
16:40 Sans soleil + La Jetée
18:50 Love Streams
19:20 Le Déjeuner du 15 août
21:40Winnipeg, mon amour
21:30 La Rage du tigre
16:30The Shop Around the Corner
16:50 Le Père de mes enfants
18:50Ecce bombo
19:10Querelle
21:00 Stalker
21:30Afrique, je te plumerai...
16:30 Cargo 200
16:40Antonio das mortes
18:50Tous en scène
19:00 Sans soleil + La Jetée
21:10The Shop Around the Corner
21:40 Le Déjeuner du 15 août
16:30The Shop Around the Corner
16:40Querelle
18:40 Stalker
19:10 Le Déjeuner du 15 août
21:50Winnipeg, mon amour
21:20 Vol au-dessus d’un nid…
16:30Tampopo
16:50Afrique, je te plumerai...
18:50 Faces
19:10 Spellbound
21:30 La Solitude du coureur de fond
21:40Antonio das mortes
16:30 L’Éclipse
16:40 Le Fanfaron
19:00The Shop Around the Corner
21:10Winnipeg, mon amour
19:10 Le fond de l’air est rouge
16:30 La Solitude du coureur de fond
16:40Antonio das mortes
18:50 Cargo 200
19:00 Vol au-dessus d’un nid…
21:10 Faces
21:40 La Rage du tigre
16:30The Shop Around the Corner
16:40 Vol au-dessus d’un nid…
18:50 L’Éclipse
19:20A Serious Man
21:20 Cargo 200
21:30Afrique, je te plumerai...
18:50Tampopo
19:10 Le Fanfaron
21:10 L’Éclipse
21:30A Serious Man
16:30 Cargo 200
16:40A Serious Man
18:50 La Solitude du coureur de fond
19:10Antonio das mortes
21:10The Shop Around the Corner
21:20 Vol au-dessus d’un nid …
16:30 Faces
16:40 Le Fanfaron
19:10Winnipeg, mon amour 19:00 Vous êtes servis + 10 minutes
21:10Tampopo
21:30 La Rage du tigre
16:40 La Solitude du coureur de fond
16:50 Le Fanfaron
18:50Tampopo
19:00 Vous êtes servis + 10 minutes
21:10 Some Like It Hot Séance Genres d'à côté
21:30 Lola Montès
16:30A Serious Man
16:40 Spellbound
18:50A Woman Under the Influence
19:10 Lola Montès
21:50 La Solitude du coureur de fond
21:30Play Misty For Me
16:30 Faces
16:40In the Electric Mist
19:10A Serious Man
19:20Play Misty For Me
21:20Tampopo
21:30 Le Fanfaron
19:00 La Solitude du coureur de fond
19:10 Spellbound
21:10A Woman Under the Influence
21:30Play Misty For Me
30/07Vendredi
14:00Ecce bombo
14:10Querelle
31/07Samedi
14:00The Shop Around the Corner
14:10 Violent Days
1/08Dimanche
14:00Tous en scène
14:10 Vol au-dessus d’un nid…
2/08 Lundi
14:00Ecce bombo
14:10 Le Père de mes enfants
3/08Mardi
14:00 Cargo 200
14:10Antonio das mortes
4/08Mercredi
14:00 L’Éclipse
14:10 Vol au-dessus d’un nid…
5/08Jeudi
14:00 La Solitude du coureur de fond
14:10A Serious Man
6/08Vendredi
14:00Tampopo
14:10A Serious Man
7/08Samedi
14:00Winnipeg, mon amour 14:10 Spellbound
8/08Dimanche
14:00 Faces
16:40Winnipeg, mon amour 14:10 Le fond de l’air est rouge
9/08 Lundi
14:00 L’Éclipse
14:10 Le Fanfaron
10/08Mardi
14:00The Shop Around the Corner
14:10Antonio das mortes
11/08Mercredi
14:00 Faces
13:50 Le Syndrome Asthénique
12/08Jeudi
14:00 L’Éclipse
14:10 Le Fanfaron
13/08Vendredi
14:00 Some Like It Hot 14:10 Spellbound
14/08Samedi
14:00Tampopo
16:30 Some Like It Hot 14:10 Le fond de l’air est rouge
106
15/08Dimanche
14:00 Some Like It Hot 14:10 Vous êtes servis + 10 minutes
16:30Tampopo
16:20 Lola Montès
18:50 Faces
18:40 Le Syndrome Asthénique
21:30 L’Éclipse
21:40 Spellbound
15:50A Woman Under the Influence
16:40Play Misty For Me
18:50 L’Éclipse
21:20A Serious Man
19:10 Le fond de l’air est rouge
16:40In the Electric Mist
16:50 Vous êtes servis + 10 minutes
19:00 Some Like It Hot 18:40 Le Fanfaron
16:30In the Electric Mist
16:50Picnic at Hanging Rock
19:00 Le Chagrin et la pitié
19:10 Spellbound
21:30 L’Œuf du serpent
16:30 La Solitude du coureur de fond
16:40Wendy and Lucy
18:40A Woman Under the Influence
18:50 Le Syndrome Asthénique
21:40 Shadows
21:50Picnic at Hanging Rock
16:30 Some Like It Hot 16:40 Spellbound
19:00 Shadows
19:10Play Misty For Me
21:10A Woman Under the Influence
21:30Wendy and Lucy
16:50 Shadows
16:40Play Misty For Me
18:50In the Electric Mist
19:10Wendy and Lucy
21:20Tokyo Sonata
21:30Picnic at Hanging Rock
18:50 Some Like It Hot 19:10Picnic at Hanging Rock
21:20Tokyo Sonata
21:30 L’Œuf du serpent
16:20A Woman Under the Influence
16:40 L’Œuf du serpent
19:20 Level Five
19:10Wendy and Lucy
21:30In the Electric Mist
21:00 Le Syndrome Asthénique
16:30Tokyo Sonata
16:40Wendy and Lucy
19:00 La Solitude du coureur de fond
19:10 Lola Montès
21:10 Level Five
21:30 Spellbound
16:50 La Vida loca
16:40À l’origine
18:50 Le Chagrin et la pitié
19:20Picnic at Hanging Rock
21:40 Fantastic Mr. Fox
16:30 Shadows
16:40 L’Œuf du serpent
18:50 La Vida loca
19:10 Fantastic Mr. Fox
21:10 Level Five
21:30À l’origine
16:20A Woman Under the Influence
16:40 Fantastic Mr. Fox
19:20 Shadows
19:00 L’Œuf du serpent
21:10 Some Like It Hot
21:30Wendy and Lucy
16:30The Rebirth
16:50 Lola Montès
18:50 La Vida loca
19:10 Fantastic Mr. Fox
21:10A Woman Under the Influence
21:30 L’Œuf du serpent
18:40A Woman Under the Influence
19:10 Lola Montès
21:40 La Vida loca
21:30The Rebirth
16:30 La Vida loca
16:40 Fantastic Mr. Fox
18:50Tokyo Sonata
19:10 Zion et son frère
21:20 Shadows
21:30Picnic at Hanging Rock
16:30Tokyo Sonata
16:40Wendy and Lucy
19:00 Le Chagrin et la pitié
18:50À l’origine
21:30 Zion et son frère
16/08 Lundi
13:40 La Solitude du coureur de fond
14:10 Lola Montès
17/08Mardi
13:40A Woman Under the Influence
14:10Play Misty For Me
21:30 Faces
21:00 Le Syndrome Asthénique
18/08Mercredi
14:00Tokyo Sonata
13:50 Le Syndrome Asthénique
19/08Jeudi
14:00 Some Like It Hot 14:10 Spellbound
20/08Vendredi
14:00In the Electric Mist
14:10Picnic at Hanging Rock
21/08Samedi
13:50A Woman Under the Influence
14:10 Lola Montès
22/08Dimanche
14:00 Le Chagrin et la pitié
14:10Wendy and Lucy
16:10 Le Syndrome Asthénique
23/08 Lundi
14:00 Shadows
14:10Play Misty For Me
24/08Mardi
14:00In the Electric Mist
14:10 L’Œuf du serpent
25/08Mercredi
13:50A Woman Under the Influence
14:10 Lola Montès
26/08Jeudi
14:00Tokyo Sonata
14:10 Zion et son frère
27/08Vendredi
14:00 La Vida loca
14:10Picnic at Hanging Rock
28/08Samedi
14:00 Some Like It Hot 14:10À l’origine
29/08Dimanche
14:00 Le Chagrin et la pitié
14:10 Fantastic Mr. Fox
16:30À l’origine
30/08 Lundi
14:00 Level Five
14:10 L’Œuf du serpent
31/08Mardi
14:00 Shadows
14:10 Lola Montès
107
1/09Mercredi
14:00Terre d’usage
16:30The Rebirth
18:40 France tour détour… (1)
21:40 Zion et son frère
16:10À l’origine
18:50Elle s’appelle Sabine
21:40Gens de Dublin
16:30 Chats perchés
18:50Terre d’usage
21:40 Zion et son frère
16:50Terre d’usage
19:10 La Vida loca
21:40The Rebirth
16:50 Zion et son frère
18:40 France tour détour… (2)
21:40Terre d’usage
16:30Gens de Dublin
18:40 La Danse…
21:40 Fantastic Mr. Fox
16:50 Zion et son frère
18:50À l’origine
21:20Gens de Dublin
16:20Terre d’usage
18:40 France tour détour… (1)
21:40 Chats perchés
15:40 La Danse…
18:50Elle s’appelle Sabine
21:40Terre d’usage
16:50 Zion et son frère
18:40 France tour détour… (2)
21:40Gens de Dublin
16:50 Zion et son frère
18:50Gens de Dublin
20:40 La Danse…
16:50Gens de Dublin
18:50 Zion et son frère
20:40 La Danse…
16:50Terre d’usage
19:10Gens de Dublin
21:10 Zion et son frère
16:10Terre d’usage
18:30 La Danse…
21:40Gens de Dublin
2/09Jeudi
14:00 La Vida loca
3/09Vendredi
14:00Gens de Dublin
4/09Samedi
14:10 Chats perchés
5/09Dimanche
13:50 La Danse…
6/09 Lundi
14:00Elle s’appelle Sabine
7/09Mardi
14:10 Fantastic Mr. Fox
8/09Mercredi
14:00Gens de Dublin
9/09Jeudi
14:00 Chats perchés
10/09Vendredi
13:40 La Danse…
11/09Samedi
13:50 France tour détour… (1)
12/09Dimanche
13:50 France tour détour … (2)
13/09 Lundi
13:40 La Danse…
14/09Mardi
14:00Elle s’appelle Sabine
Séances exceptionnelles
DOCUmentaires (le Ptit ciné)
01.07
11.08
03.09 19h00
19h00
18h50
Le bateau du père - en présence de la réalisatrice
Vous êtes servis + 10 minutes - en présence du réalisateur
Terre d’usage - en présence des réalisateurs
18h50
18h50
Plein Sud - en présence du réalisateur
Le temps des grâces - débat
INéDITS
04.07 20.07 CYCLE FOUS à DéLIER
08.07 02.09 19h00
18h50
San Clemente - débat
Elle s’appelle Sabine - débat
Toutes nos rencontres se dérouleront en français. Merci de votre compréhension.
Al onze ontmoetingen verlopen in het Frans. Wij danken u voor uw begrip.
108
A…Z
À l’origine P.45
25/08
26/08
28/08
29/08
31/08
2/09
7/09
16:40
21:30
14:10
16:30
18:50
16:10
18:50
A Serious Man P.46
Joel & Ethan Coen
1h45 VO ST. BIL
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Jeudi
Vendredi
Lundi
5/08
6/08
7/08
8/08
9/08
12/08
13/08
16/08
14:10
14:10
19:20
21:30
16:40
16:30
19:10
21:20
John Cassavetes 2h35 VO ST. BIL/COPIE NEUVE
12/08
14/08
16/08
17/08
19/08
20/08
21/08
23/08
25/08
27/08
28/08
29/08
18:50
21:10
15:50
13:40
18:40
21:10
13:50
16:20
13:50
16:20
21:10
18:40
Afrique, je te plumerai... P.58
Jean-Marie Teno
1h28 VO ST.FR
Jeudi
Dimanche
Mercredi
Samedi
29/07
1/08
4/08
7/08
Déjeuner du 15 août, le P.81
Chris Marker
0h58 VO FR
Gianni Di Gregorio
1h15 VO ST. BIL
Mercredi
Samedi
Lundi
Vendredi
Dimanche
Mardi
Vendredi
Samedi
Mercredi
Jeudi
7/07
10/07
12/07
16/07
18/07
20/07
19:00
14:10
16:40
16:40
14:10
19:00
Glauber Rocha
1h35 VO ST.FR
Jeudi
Vendredi
Lundi
Mardi
Mercredi
Vendredi
Lundi
Mardi
29/07
30/07
2/08
3/08
4/08
6/08
9/08
10/08
14:10
19:10
16:40
14:10
21:40
16:40
19:10
14:10
Bateau du père, le P.95
A Woman Under
the Influence P.75
Jeudi
Samedi
Lundi
Mardi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Lundi
Mercredi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Chats perchés P.71
Helma Sanders-Brahms
2h03 VO ST.FR
Antonio das mortes P.11
X avier Giannoli 2h11 VO FR
Mercredi
Jeudi
Samedi
Dimanche
Mardi
Jeudi
Mardi
Allemagne, mère blafarde P.9
16:40
21:30
16:50
21:30
Clémence Hébert
1h15 VO FR
Jeudi
Lundi
Dimanche
1/07
5/07
11/07
19:00
14:10
21:30
Bright Star P.47
Jane Campion
1h59 VO ST. BIL
Mercredi
Vendredi
Samedi
Mardi
Jeudi
Samedi
Dimanche
14/07
16/07
17/07
20/07
22/07
24/07
25/07
16:40
19:10
14:10
14:10
14:10
16:40
19:10
21:10
16:30
14:00
18:50
21:20
16:30
Chagrin et la pitié, le P.59
Marcel Ophuls
4h16 VO FR
Mercredi
Dimanche
Mercredi
Dimanche
Mardi
18/08
22/08
25/08
29/08
31/08
Cinquième Colonne P.12
Alfred Hitchcock
1h45 VO ST. BIL/COPIE NEUVE
Mercredi
Jeudi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Jeudi
Vendredi
Dimanche
Mardi
Samedi
Lundi
30/06
1/07
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4/07
5/07
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17/07
19/07
14:10
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19:10
21:30
21:30
19:10
14:10
21:30
14:10
16:40
16:40
19:10
Cold Souls P.102
Sophie Barthes
1h41 VO ST. BIL
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Samedi
Lundi
30/06
1/07
2/07
3/07
4/07
5/07
6/07
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8/07
10/07
12/07
14:00
16:30
21:30
14:00
16:30
18:50
16:30
14:00
16:50
16:50
21:40
Scott Cooper
1h52 VO ST. BIL
Alexeï Balabanov
1h29 VO ST. BIL
29/07
2/08
3/08
6/08
7/08
9/08
16:30
14:10
21:40
14:00
Crazy Heart P.49
Cargo 200 P.48
Jeudi
Lundi
Mardi
Vendredi
Samedi
Lundi
3/09
4/09
8/09
9/09
19:00
14:00
18:50
14:00
19:00
Mercredi
Jeudi
Samedi
Lundi
Mercredi
Vendredi
Mardi
30/06
1/07
3/07
5/07
7/07
9/07
13/07
16:30
14:00
21:10
21:10
21:10
16:30
18:50
Danse, la – Le Ballet
de l’Opéra de Paris P.31
Frederick Wiseman
2h38 VO FR
Dimanche
Lundi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
5/09
6/09
9/09
10/09
11/09
12/09
13/09
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13:50
18:40
15:40
13:40
20:40
20:40
13:40
18:30
Mercredi
Vendredi
Samedi
Lundi
Mercredi
Samedi
Lundi
Mardi
21/07
23/07
24/07
26/07
28/07
31/07
2/08
3/08
14:10
16:40
14:10
14:10
17:00
19:20
21:40
19:10
Devinière, la P.87
Benoît Dervaux
1h30 VO FR ST. NL
Mercredi
Jeudi
Dimanche
Mercredi
14/07
15/07
18/07
21/07
14:10
19:10
16:40
21:40
Divorce à l’italienne P.83
Pietro Germi
1h45 VO ST.FR
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Dimanche
Mardi
Mercredi
Vendredi
Lundi
Samedi
Dimanche
30/06
1/07
2/07
4/07
6/07
7/07
9/07
12/07
17/07
18/07
18:50
18:50
16:30
21:40
18:50
16:30
14:00
14:00
16:30
19:20
Ecce bombo P.84
Nanni Moretti
1h43 VO ST.FR
Mercredi
Jeudi
Samedi
Mardi
Mercredi
Vendredi
Dimanche
Lundi
21/07
22/07
24/07
27/07
28/07
30/07
1/08
2/08
16:30
18:50
19:00
14:00
21:10
14:00
18:50
14:00
Éclipse, l’ P.13
Michelangelo Antonioni
2h05 VO ST.FR
Mercredi
Jeudi
Samedi
Dimanche
Lundi
Jeudi
Dimanche
Lundi
4/08
5/08
7/08
8/08
9/08
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15/08
16/08
14:00
16:30
18:50
21:10
14:00
14:00
21:30
18:50
109
Elle s’appelle Sabine P.88
Sandrine Bonnaire
1h25 VO FR ST. NL
Jeudi
Lundi
Jeudi
Mardi
2/09
6/09
9/09
14/09
18:50
14:00
18:50
14:00
Extérieur, nuit P.14
Jacques Bral
1h52 VO FR/COPIE NEUVE
Jeudi
Vendredi
Samedi
Lundi
Jeudi
Samedi
Mardi
1/07
2/07
3/07
5/07
8/07
10/07
13/07
14:10
16:40
21:30
19:10
16:40
19:10
21:30
John Cassavetes
2h10 VO ST. BIL
4/08
6/08
8/08
10/08
11/08
13/08
15/08
17/08
18:50
21:10
14:00
16:30
14:00
16:30
18:50
21:30
Jean-Luc Godard
et Anne-Marie Miéville
2 x 2h36 VO FR
John Cassavetes
1h50 VO ST. BIL/COPIE NEUVE
Mercredi
(1ère partie)
Dimanche
(2ème partie)
Mercredi
(1ère partie)
Vendredi
(2ème partie)
Samedi
(1ère partie)
Dimanche
(2ème partie)
1/09
18:40
5/09
18:40
8/09
18:40
10/09
18:40
11/09
13:50
12/09
13:50
2/09
3/09
6/09
7/09
8/09
10/09
11/09
12/09
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14:00
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16:50
19:10
21:40
Bertrand Tavernier
1h57 VO ST. BIL
Dino Risi
1h45 VO ST.FR
5/08
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18:40
Vendredi
Mardi
Mercredi
Vendredi
Samedi
Lundi
Mardi
13/08
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23/08
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21:30
14:00
Jetée, la P.67
Fantastic Mr. Fox
Chris Marker
0h29 VO FR
P.50
+
Wes Anderson
1h26 VO ST. BIL
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Lundi
Mardi
25/08
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7/09
21:40
19:10
16:40
19:10
14:10
16:40
21:40
14:10
Sans soleil P.69
Chris Marker
1h40 VO FR
Jeudi
Dimanche
Mardi
Mercredi
Samedi
Lundi
30/06
2/07
4/07
6/07
7/07
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18/07
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22/07
25/07
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28/07
31/07
2/08
19:00
14:10
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16:40
19:00
Lola Montès P.61
Max Ophuls
1h56 VO FR ST. NL
Mercredi
Jeudi
Dimanche
Lundi
Samedi
Mardi
Mercredi
Samedi
Dimanche
Mardi
11/08
12/08
15/08
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19:10
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16:50
19:10
14:10
Love Streams P.79
Chris Marker
2h57 VOFR
Gens de Dublin P.15
Jeudi
Vendredi
Lundi
Mardi
Mercredi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Vendredi
Dimanche
Mardi
Mercredi
Vendredi
Dimanche
Lundi
Jeudi
Dimanche
Le fond de l’air est rouge P.68
In the Electric Mist P.51
Fanfaron, le P.85
Jeudi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Mardi
Killing of a Chinese Bookie,
the P.77
John Huston
1h23 VO ST.FR
Faces P.74
Mercredi
Vendredi
Dimanche
Mardi
Mercredi
Vendredi
Dimanche
Mardi
France tour détour deux
enfants P.32
Jeudi
Dimanche
Samedi
Lundi
5/08
8/08
14/08
16/08
19:10
14:10
14:10
19:10
Level Five P.70
Chris Marker
1h46 VOFR
Lundi
Mardi
Jeudi
Lundi
23/08
24/08
26/08
30/08
19:20
21:10
21:10
14:00
Life During Wartime P.101
Todd Solondz
1h36 VO ST. BIL
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Vendredi
Dimanche
Lundi
Mardi
30/06
1/07
2/07
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19:10
14:10
19:10
14:10
21:20
14:10
16:40
John Cassavetes
2h21 VO ST. BIL/COPIE NEUVE
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Lundi
Mardi
Vendredi
Dimanche
Jeudi
Samedi
14/07
15/07
16/07
17/07
19/07
20/07
23/07
25/07
29/07
31/07
14:00
16:30
21:10
18:50
14:00
14:00
14:00
21:10
14:00
18:50
Moon P.53
Duncan Jones 1h37 VO ST. BIL
Mercredi
Jeudi
Samedi
Dimanche
Lundi
Jeudi
Dimanche
14/07
15/07
17/07
18/07
19/07
22/07
25/07
18:50
21:20
14:00
14:00
21:40
21:10
19:00
Nana, la P.34
Sebastian Silva
1h35 VO ST.FR
Mercredi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Mardi
Jeudi
Samedi
Mardi
7/07
9/07
10/07
11/07
13/07
15/07
17/07
20/07
18:50
21:10
21:10
14:00
16:30
19:20
21:40
16:50
110
Nord P.35
Picnic at Hanging Rock P.19
Rage du tigre, la P.22
Sans soleil P.69
Rune Denstad Langlo
1h18 VO ST.FR
Peter Weir
1h48 VO ST.FR
Chang Cheh
1h42 VO ST.FR
Chris Marker
1h40 VO FR
Mercredi
Vendredi
Lundi
Mardi
Mercredi
Vendredi
Samedi
Lundi
14/07
16/07
19/07
20/07
21/07
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24/07
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21:50
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Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Mercredi
Vendredi
Lundi
18/08
19/08
20/08
21/08
22/08
25/08
27/08
30/08
Œuf du serpent, l’ P.17
Play Misty For Me P.20
Ingmar Bergman
2h00 VO ST.FR
Clint Eastwood
1h44 VO ST.FR
Mercredi
Dimanche
Lundi
Mardi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Lundi
18/08
22/08
23/08
24/08
26/08
27/08
28/08
30/08
On the Bowery
21:30
21:30
16:40
14:10
16:40
19:00
21:30
14:10
Plein sud
P.18
Lionel Rogosin
1h05 VO ST.FR
Mercredi
Vendredi
Dimanche
Mardi
30/06
2/07
4/07
6/07
21:30
19:10
17:00
14:10
John Cassavetes
2h24 VO ST. BIL/COPIE NEUVE
8/07
10/07
11/07
12/07
14/07
16/07
18/07
19/07
22/07
24/07
27/07
14:00
14:00
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21:10
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14:00
21:10
18:50
Père de mes enfants, le P.54
Mia Hansen-Løve
1h50 VO FR
Jeudi
Vendredi
Dimanche
Mardi
Vendredi
Dimanche
Lundi
22/07
23/07
25/07
27/07
30/07
1/08
2/08
12/08
13/08
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16:50
14:10
28/07
31/07
6/08
10/08
21:30
21:30
21:40
21:30
Rebirth, the P.37
Masahiro Kobayashi
1h42 VO ST.FR
28/08
29/08
1/09
4/09
16:30
21:30
16:30
21:40
République Marseille, la P.96
Denis Gheerbrant
6h00 VO FR
Jeudi
(1ère partie)
Samedi
(2ème partie)
Lundi
(3ème partie)
15/07
21:30
17/07
21:30
19/07
21:30
P.36
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Jeudi
Dimanche
Lundi
Mardi
1/07
2/07
3/07
4/07
5/07
6/07
8/07
11/07
12/07
13/07
21:10
14:00
16:30
18:50
16:30
14:00
21:40
18:50
16:30
21:10
Querelle P.21
Rainer Werner Fassbinder
1h48 VO ST.FR
Jeudi
Samedi
Dimanche
Lundi
Jeudi
Vendredi
Dimanche
Mardi
Mercredi
Samedi
Vendredi
Mardi
Samedi
Dimanche
Mercredi
Samedi
Sébastien Lifshitz
1h30 VO FR ST. ANGL
Opening Night P.78
Jeudi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mercredi
Vendredi
Dimanche
Lundi
Jeudi
Samedi
Mardi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Lundi
Mardi
Vendredi
Samedi
Lundi
16:50
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22/07
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3/08
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16:40
21:40
14:10
19:10
16:40
Saló, ou les 120 journées
de Sodome P.62
Pier Paolo Pasolini
1h57 VO ST. BIL
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Lundi
Mardi
Vendredi
Lundi
14/07
15/07
16/07
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20/07
23/07
26/07
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16:40
21:30
19:00
21:30
Salon de musique, le P.23
Satyajit Ray
1h40 VO ST.FR
Samedi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Lundi
Mardi
3/07
6/07
7/07
8/07
9/07
10/07
12/07
13/07
14:10
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21:30
19:10
14:10
21:30
14:10
19:10
San Clemente P.89
Raymond Depardon
et Sophie Ristelhueber
1h30 VO ST. FR
Mercredi
Dimanche
Jeudi
Dimanche
30/06
4/07
8/07
11/07
21:10
14:00
19:00
16:30
+
Jetée, la P.67
Chris Marker
0h29 VO FR
Jeudi
Dimanche
Mardi
Mercredi
Samedi
Lundi
22/07
25/07
27/07
28/07
31/07
2/08
19:00
14:10
21:20
14:10
16:40
19:00
Shadows P.73
John Cassavetes
1h27 VO ST. BIL/COPIE NEUVE
Jeudi
Vendredi
Samedi
Lundi
Jeudi
Vendredi
Lundi
Mardi
19/08
20/08
21/08
23/08
26/08
27/08
30/08
31/08
21:40
19:00
16:50
14:00
16:30
19:20
21:20
14:00
Shop Around the Corner,
the P.25
Ernst Lubitsch
1h39 VO ST. BIL
Mercredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Jeudi
Samedi
Lundi
Mardi
28/07
31/07
1/08
2/08
3/08
5/08
7/08
9/08
10/08
19:00
14:00
16:30
21:10
16:30
19:00
16:30
21:10
14:00
Solitude du coureur
de fond, la P.26
Tony Richardson
1h44 VO ST. BIL
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Lundi
Mercredi
Jeudi
Samedi
Lundi
Jeudi
Mardi
4/08
5/08
6/08
9/08
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21:50
19:00
13:40
16:30
19:00
Some Like It Hot P.27
Tampopo P.64
Billy Wilder
2h01 VO ST. BIL/COPIE NEUVE
Juzo Itami
1h54 VO ST.FR
Mercredi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Mardi
Jeudi
Vendredi
Dimanche
Vendredi
Samedi
Mercredi
Vendredi
Dimanche
Mardi
Mercredi
Vendredi
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Dimanche
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14:00
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21:10
14:00
Alfred Hitchcock
1h51 VO ST.FR
Stalker
4/08
7/08
12/08
13/08
14/08
15/08
18/08
19/08
20/08
24/08
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21:40
19:10
14:10
16:40
21:30
P.28
Andrei Tarkovski
2h43 VO ST.FR
Mercredi
Vendredi
Samedi
Lundi
Mercredi
Vendredi
Dimanche
Mardi
21/07
23/07
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3/08
18:40
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16:10
14:00
16:30
21:00
18:40
Syndrome Asthénique, le
P.63
Kira Mouratova
2h33 VO ST.FR
Mercredi
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Mardi
Mercredi
Jeudi
Dimanche
Lundi
11/08
15/08
17/08
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16:30
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18:50
21:20
14:00
16:30
Temps des grâces, le P.38
Dominique Marchais
2h03 VO FR
Spellbound P.91
Mercredi
Samedi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Mercredi
Jeudi
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4/08
6/08
8/08
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Jeudi
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Dimanche
Mardi
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Dimanche
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18/07
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25/07
26/07
14:00
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18:50
14:00
16:30
21:10
Touki Bouki
(Le voyage de la Hyène) P.65
Vous êtes servis
+ 10 minutes P.99
Djibril Diop Mambety
1h29 VO ST.FR
Jorge Leon
0h59vo st.bil
0h19 VO nl st.fr
Vendredi
Samedi
Lundi
Vendredi
Samedi
Mardi
2/07
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10/07
13/07
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18:50
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18:50
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Mardi
Mercredi
Dimanche
Mardi
10/08
11/08
15/08
17/08
19:00
19:00
14:10
16:50
Wendy and Lucy P.41
Tous en scène
Kelly Reichardt
1h20 VO ST. BIL
P.29
Vincente Minnelli
1h52 VO ST.FR
Vendredi
Dimanche
Lundi
Mardi
Jeudi
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25/07
26/07
27/07
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1/08
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18:50
Jeudi
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Samedi
Dimanche
Lundi
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Vendredi
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27/08
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16:40
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19:10
14:10
19:10
16:40
21:30
16:40
Winnipeg, mon amour P.42
Terre d’usage P.97
Vida loca, la
Sophie Bruneau
& Marc-Antoine Roudil
1h51 VO FR
Christian Poveda
1h30 VO ST.FR
Mercredi
Vendredi
Samedi
Dimanche
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Jeudi
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1/09
3/09
4/09
5/09
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9/09
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16:10
16:50
21:40
16:50
21:30
Tokyo Sonata P.55
Kiyoshi Kurosawa
2h00 VO ST. BIL
Mercredi
Samedi
Dimanche
Mardi
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Mardi
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18:50
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Mercredi
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Samedi
Mardi
Jeudi
Samedi
Dimanche
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31/07
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Zion et son frère P.43
Eran Merav
1h24 VO ST. BIL
Lucile Chaufour
1h44 VO FR
Frederick Wiseman
1h24 VO ST.FR
22/07
27/07
29/07
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25/08
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27/08
28/08
29/08
30/08
2/09
4/09
Violent Days P.40
Titicut Follies P.92
Jeudi
Mardi
Jeudi
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Mercredi
Jeudi
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Guy Maddin
1h19 VO ST.FR
P.39
Mercredi
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Vol au-dessus
d’un nid de coucou P.93
Milos Forman
2h14 VO ST.FR
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