Félicien Rops - Musée Royal de Mariemont
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Félicien Rops - Musée Royal de Mariemont
Photo de couvemire :FelliOle de Nénuphar. Eau-forte, vemts mou, aquatinte. - - Evocation de l'œuvre de Félicien Rops Dessins - Gravures - Lithographies Musée royal de Mariemont 14 octobre 1983 - 29 janvier 1984 Catalogue : P.-J. Foulon Photographies : M. Lechien Photocomposition et montage : Cl. Werquin-Lacroix Photogravure et impression :Copie tout, Jambes Dépôt légal : D/ 19831045 1/35 a Copyright by Musée royal de Mariemont 65 10 - Morlanwelz (Belgium) Mors syphilitica. Pointe sèche. Introduction Adulé par certains, critiqué voire vilipendé par d'autres, Félicien Rops, devenu depuis bien longtemps figure de légende, reste pourtant toujours à découvrir. Peintre, dessinateur, graveur et lithographe wallon parisianisé, animateur de journaux et de mouvements artistiques, illustrateur fécond et vénéré, épistolier brillant et caustique, ami d'une pléiade d'écrivains et d'artistes tels que Baudelaire, Barbey d'Aurevilly, Mallarmé, Villiers de l'Isle-Adam, Bracquemart ou Jacquemont, Rops, aujourd'hui, ne cesse d'étonner, de surprendre, d'effrayer : il défie le critique, il provoque l'historien d'art. En 1969, la préface ouvrant le catalogue d'une exposition rétrospective tenue au Musée d'Ixelles affirmait : " Démystifier, faire table rase, une fois pour toutes, de la littérature pittoresque qui l'entoure, .. . il semble que ce soit là l'essentiel de la tâche des biographes futurs de Rops ". Écrites il y a près de quinze ans, ces lignes restent vraies. Car malgré les études et les catalogues d'exposition venus compléter depuis lors la déjà très longue bibliographie consacrée à l\uteur des " Sataniques ", l'image de Rops demeure floue, presque voilée; le visage du " beau Fély " continue à se dérober un peu comme en ces pointes sèches où le sujet s'évapore sous l'énigme des traits veloutés et l'irréalité des tailles ouatées. Rops est un personnage ambigu. Éminent technicien de la morsure à l'acide, il apparaît parfois, aux yeux de certains, comme quasi " fraudeur ", par goût de la mystification. Décadent délicatement donjuanesque et pervers, il est encore, pour d'autres, le religieux dénonciateur de " ce spiritualisme de la luxure qu'est le Satanisme " (Huysmans). Mondain raffolant du demi-monde, dandy habitué des salons, il aime aussi le spleen et les chevauchées errantes à travers les forêts " car, dit-il, je ne suis pas le monsieur gai que vous connaissez.. . ". Au juste, quel " monsieur " est-il ? L'exposition présentée à Mariemont n'apportera certes pas de réponse. Bien au contraire, envisagée à la manière d'un constat brut, elle suscitera plus d'interrogations que de certitudes, plus de mises en doute que de mises en forme. En cette année où l'on célèbre le cent cinquantième anniversaire de la naissance de Félicien Joseph Victor Rops, le Musée royal de Mariemont se devait de consacrer une exposition à l'œuvre du graveur namurois. Le Musée possède en effet une des plus importantes collections publiques d'estampes et de dessins signés par Rops. Cette collection, c'est Raoul Warocqué, le fondateurdu Musée, qui, vers la fin du siècle dernier, l'a constituée avec passion, sagacité et clairvoyance. En 1892 déjà, donc six ans avant la mort de l'artiste, Raoul Warocqué pouvait écrire au fameux libraire Pellet : " Je puis sans me vanter dire que j'ai ici en Belgique une des plus belles collections de Rops ". Et c'est vrai : l'ensemble frappe par son ampleur -plusieurs centaines de dessins, gravures et lithographies -et par sa richesse -la plupart des planches les plus célèbres figurent dans la collection. Ainsi, pour la gravure sur métal :Le Vice suprême, Satan semant l'ivraie, Le Sacr$ce, Mors syphilitica, La Mort qui danse, Pomokratès, Plénipotentiaire, L'Experte en dentelles. .., pour les lithographies : Un Enterrement en pays wallon, L'Ordre règne à Varsovie, La dernière Incarnation de Vautrin, ainsi que de nombreuses planches tirées, notamment, du journal L' Uylenspiegel. Parmi les dessins -pour la plupart des sujets traités par ailleurs en gravure -, on peut citer : Impudence, La Dame au cochon, le frontispice de Curieuse, roman décadent de Joséphin Péladan. La bibliothèque de Mariemont est riche aussi en livres illustrés par Félicien Rops. Parmi les hors-texte et les frontispices, il faut retenir la planche réalisée pour Les Épaves, de Baudelaire. les illustrations des Diaboliques, de Barbey d'Aurevilly, les eaux-fortes en couleurs de Zadig ou la destinée, de Voltaire ou encore les illustrations de la fameuse première édition de Ln Légende d'ulenspiegel de Charles De Coster (dont par ailleurs le musée possède le manuscrit original). L'exposition propose un choix d'une centaine d'œuvres sélectionnées en fonction de critères stylistiques, techniques ou iconographiques. Ce sont bien entendu les pièces les plus remarquables qui ont été retenues d'abord. Toutefois et pour permettre au visiteur de se faire une idée plus nuancée et plus complète de l'œuvre multiforme de l'artiste namurois, des pièces secondaires ont été aussi choisies, surtout lorsque, dans la collection, elles se présentent en plusieurs états, sont garnies de remarques ou pourvues de textes manuscrits. Sept lettres autographes conservées dans les collections de Manemont complètent cette évocation que l'on voudrait de nature à exalter l'œuvre fascinante et déroutante de ' ' Ce tant folâtre monsieur Rops Qui n'est pas un grand prix de Rome Mais dont le talent est haut comme La pyramide de Chéops ". (Charles Baudelaire). Félicien Rops (1833-1898) :éléments biographiques Naissance à Namur. Enfant unique venu tardivement dans un milieu bourgeois et aisé. Début des études secondaires à Namur (Collège Notre-Dame de la Paix). Mort de son père. Quitte le Collège pour l'Athénée de Namur. S'inscrit à l'Académie des Beaux-Arts de Namur. S'inscrit à l'université Libre de Bruxelles (droit)et fréquente les cercles d'étudiants, où il fait notamment la connaissance de l'écrivain Charles De Coster (1827- 1879), auteur de La légende d' Ulenspiegel ( 1868). Fréquente l'Académie Saint-Luc où il rencontre de nombreux peintres et dessinateurs. Collabore, en tant qu'illustrateur, à la revue satirique " Le Crocodile ". Un Enterrement au pays wallon (lithographie). Fonde le journal L' Ulenspiegel, gazette des débats artistiques et littéraires, où il publie des lithographies traitées à la manière de Daumier et de Gavarni. Mariage avec Charlotte Polet. Il en aura un fils, Paul, et une fille (morte en bas âge). Vers cette époque, premiers essais de gravure à l'eau-forte. Quitte le journal L' Ulenspiegel,qui cesse bientôt de paraître. Abandonne la lithographie. Fonde le " Royal Cercle nautique de l'Entre-Sambre-et-Meuse " . Commence à être connu à Paris où il séjourne fréquemment. Y rencontre des graveurs tels que Bracquemond, Jacquemart et Lalanne, qui viennent de fonder la " Société des Aquafortistes ". C'est l'époque, en France, du renouveau de l'eau-forte. Fait la connaissance de Baudelaire. Buveuse d'absinthe (eau-forte). Illustrations pour des œuvres libres paraissant clandestinement chez l'éditeur PouletMalassis. Participe à la création de la " Société libre des Beaux-Arts de Bruxelles ". A Bruxelles, fonde la " Société internationale des Aquafortistes ". La Mort au bal (peinture). S'installe définitivement à Paris chez les sœurs Duluc. De Léontine Duluc, il aura une fille, Claire, future épouse de l'écrivain belge E. Demolder. Vers cette époque, peint et grave beaucoup. Sa réputation est de plus en plus solide. Fréquente les artistes et les écrivains les plus en vue. Pour ces derniers, réalise de 7 1878 vers 1880 1882 1883 1885-1893 1887-1895 nombreuses illustrations. Voyage beaucoup (Europe, Afiique, Amérique). Pornokratès. Recherches sur le vernis mou. Illustration pour Les Diaboliques, de Barbey d'Aurevilly. Les Sataniques. Membre du groupe " Les XX." à Bruxelles. Erastène Rarniro publie le premier catalogue complet de l'œuvre lithographiée et gravée de Félicien Rops. Le gouvernement français décerne à Rops la Croix de la Légion d'honneur. Rencontre avec Armand Rassenfosse, graveur liégeois et disciple de Rops. La revue " La Plume " consacre un numéro spécial à Félicien Rops. Ces articles, complétés par d'autres, sont rassemblés et publiés l'année d'après en un volume par l'éditeur bruxellois Edmond Deman sous le titre " Félicien Rops et son œuvre ". Mort à Essonnes (Corbeil), près de Paris. Ses cendres reposent aujourd'hui au cimetière de Mettet (province de Namur). Quelques opinions concernant Félicien Rops Charles BAUDELAIRE ' ' Vous savez quelle importance j'attache à l'art badin et profond, au sérieux masqué de frivolité. Si jamais homme fut marqué pour exécuter cet ambitieux programme, c'est vous ". Lettre à Félicien Rops, 2 1 février 1866. Joris-Karl HUYSMANS " 1 1 a restitué à la Luxure si niaisement confinée dans l'anecdote, si bassement matérialisée par certaines gens, sa mystérieuse omnipotence, il l'a religieusement replacée dans le cadre infernal où elle se meut, et, par cela même, il n'a pas créé des œuvres obscènes et positives, mais bien des œuvres catholiques, des œuvres enflammées et terribles ". (Certains, 1889; nouvelle édition : Paris, Coll. 10.18, 1975, p. 362). Henri BERALDI " Au moment où il devenait maître du procédé lithographique, il y renonça net. Fut-il tout simplement entraîné par le grand courant qui, vers 1860, se détournait du dessin sur pierre et portait vers l'eau-forte ? Quoi qu'il en soit, l'abandon de la lithographie, si souple, si riche en ressources, permettant sans effort les sujets grands, compliqués, peuplés de personnages, avec étude fouillée de la figure humaine, -comme L'Enterrement au pays wallon - est à regretter pour Rops : moins à l'aise dans le difficile métier de graveur, il dut descendre au format restreint, aux sujets simplifiés, à la vignette, souvent à ces simples babioles aquafortiques dont surabondent les œuvres de peintres-graveurs ". (Les Graveurs du XIXe siècle, X I , 189 1, p. 2372.
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