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Lettre d’information du
GUIDE DE LA BOURSE
publié par
Le bonheur au risque La nouvelle cosmétique
N°24 – Mercredi 11 novembre 2009
de l’innovation ?
Les nouvelles tendances de la cosmétique
Avec la cosmétique, la
technique et le marketing ont
quitté le terrain du besoin
essentiel comme la
nourriture, l’habillement, la
santé, l’habitat pour entrer
dans le besoin ressenti, la
mode et la différenciation
sociale. Pour autant, ce
besoin de paraître n’en est
pas moins impératif car il est
supposé être l’une des clefs
du bonheur ; l’industrie
cosmétique y répond par
une innovation marketing
continue intégrant très
rapidement les innovations
issues de la chimie. C’est
ainsi que les
nanotechnologies ont trouvé
dans les cosmétiques des
applications surprenantes.
Le marketing a permis de
spécialiser les produits et
ainsi d’accompagner les
courants de la mode :
ethnique, masculin ou antiâge.
Ce faisant, dans ce combat
quasi-faustien, l’industrie du
cosmétique est conduite à
prendre des risques
importants qui la
rapprochent parfois de la
dermatologie et de la
pharmacie.
C’est probablement là que
se trouve l’évolution
naturelle de l’industrie
cosmétique dans les années
à venir : toujours plus
technique et complexe au
point qu’il est probable que
certains produits seront
progressivement soumis à
des procédures qui se
rapprocheront
progressivement des AMM
pour garantir l’absence de
nocivité, voire une efficacité
thérapeutique. Le bonheur
sera à ce prix !
La cosmétique est née avec l’être humain : se parfumer, se maquiller, se protéger ont
toujours fait partie des pratiques humaines aussi loin que l’on puisse remonter. Ainsi, les
huiles parfumées, les onguents, le maquillage et le dentifrice étaient utilisés par les
Egyptiens 3000 ans avant J.-C. Au XIVème siècle, les nobles s’appliquaient crèmes et
fonds de teint et se parfumaient. Il faudra atteindre le XXème siècle pour qu’apparaisse la
production à grande échelle de cosmétiques, rendue possible par l’utilisation de parfums de
synthèse, de dérivés pétroliers et de stabilisateurs d’émulsion notamment. L’industrie
cosmétique moderne regroupe un large panel de produits : hygiène quotidienne, produits
de soin de la peau et des lèvres, produits capillaires, maquillage, parfums, crèmes solaires,
produits pour le rasage et la dépilation pour les principaux.
Avec l’enrichissement des sociétés au Nord et les préoccupations croissantes des individus
pour le corps, la beauté et la jeunesse, les cosmétiques ont pénétré le champs des produits
de consommation courante. La parfumerie, encore souvent associée au domaine du luxe,
est la branche la plus populaire du secteur : selon une étude du Ministère de l’Economie
français, 90% des femmes déclarent se parfumer quotidiennement. Selon Euromonitor
International, les produits de toilette et les soins pour la peau représentent la plus grande
part des ventes de l’industrie au niveau mondial avec respectivement 28% et 26% du total.
C’est dans les pays développés que l’industrie cosmétique réalise la plus grande part de
son chiffre d’affaire : en 2006, l’Union Européenne captait 47% des ventes et les Etats-Unis
28%. Sur ces marchés matures et très concurrentiels, les entreprises doivent redoubler
d’énergie pour augmenter leur parts de marché. L’innovation est au cœur de la machine
cosmétique : trouver de nouveaux produits, surfer sur les nouvelles tendances, améliorer
l’efficacité et la qualité des substances sont devenus des enjeux capitaux pour survivre.
Ainsi l’ensemble des entreprises du secteur investissent une part non négligeable de leur
chiffre d’affaire en recherche et développement : 3,4% pour L’Oréal en 2006 ; 2,5% pour
Shisheido ; 1,9% pour Beiersdorf. Si les pays en développement ne compte encore que
pour une faible part du chiffre d’affaire du secteur, ils représentent une manne pour les
entreprises qui parviendront à s’y implanter compte tenu de leur dynamisme.
L’industrie cosmétique devra pourtant faire face dans un futur proche à la montée d’autres
préoccupations liées à la protection de l’environnement, la sécurité des produits et les
risques sanitaires. Si les consommateurs sont toujours plus avides d’efficacité, ils sont aussi
soucieux de la qualité de leur environnement et leur propre santé. Ainsi, la décision de la
Commission Européenne d’interdire les expérimentations des produits sur les animaux
risque de poser un certain nombre de difficultés pour les entreprises du secteur. Le débat
récent sur l’utilisation des nanotechnologies dans les produits cosmétiques et les risques
qui pourraient en résulter pour l’environnement et les individus représente également un
enjeu de plus pour le secteur qui devra parvenir à concilier des enjeux parfois
contradictoires.
Top-10 des entreprises de l’industrie cosmétique (2006) – Source : Commission Européenne
Entreprise
Ventes 2006 (en Mds€)
Parts de marché (en %)
L’Oréal Group (FR)
15
10,1%
Estée Lauder Cos Inc (USA)
5,3
3,9%
Avon Products Inc (USA)
4,8
3,3%
Beiersdorf AG (DE)
4,3
3,1%
Shisheido Co Ltd (JAP)
4,3
2,6%
Procter & Gamble Co (USA)
18,4
12,7%
Unilever Group (UK)
10,3
7,1%
Colgate-Palmolive Co (USA)
5,8
4%
Johnson & Johnson Inc (USA)
4
2,8%
Kao Corp (JAP)
3,2
2,5%
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Dir.Publication P. Noailles - Dir. éditorial : Antoine Nodet - Rédaction : Charlotte Lajoux - Abonnement p 5
Quelques chiffres
Selon une enquête menée par l’INSEE
en 2006, les français dépensent en
moyenne 205,45 euros par an et par
habitant en produits de beauté et
d’hygiène corporelle. Selon la FEBEA
(Fédération des entreprises de la
Beauté), sont vendus quotidiennement
en France en moyenne : 544 000
produits pour la douche (hors
shampooings), 525 000 shampooings,
309 000 produits de soins pour le
visage, 157 000 flacons de parfums
dont 45 000 pour hommes.
La folie de la beauté
Selon une enquête menée par des
chercheurs de l’université de San
Francisco, les patients américains
doivent attendre trois fois plus
longtemps pour l’examen d’un grain de
beauté présentant les risques d’être
cancérigènes que pour une opération
de lifting. Les chercheurs ont téléphoné
à 900 dermatologues de 12 villes
américaines afin d’obtenir un rendezvous soit pour un examen de grain de
beauté soit pour une piqûre antirides : il
fallait attendre environ trois semaines et
demi pour l’examen d’un grain de
beauté contre seulement huit jours pour
une injection de Botox ®.
REACH
REACH est une réglementation
européenne entrée en vigueur en 2007
ayant pour objectif la régulation de
l’utilisation des produits chimiques. Elle
oblige les fabricants, importateurs et
utilisateurs de substances chimiques à
recenser, déclarer et évaluer les
risques posés par les produits
chimiques qu’ils utilisent et à fournir des
informations de sécurité adéquates aux
consommateurs. Parallèlement, l’Union
Européenne pourra prendre des
mesures supplémentaires en ce qui
concerne les substances extrêmement
dangereuses.
Des soins pour bébé non
toxiques
Suite à la polémique qui avait éclaté en
2008 sur la toxicité des produits
cosmétiques pour bébés, l’AFSSAPS
(Agence française de sécurité sanitaire
des produits de santé) a tranché et lève
les suspicions sur la nocivité de
certains de ces produits. Les produits
ne contiennent aucune substances
interdites par la législation en vigueur.
L’enquête souligne en revanche les
progrès qu’il reste à accomplir en terme
de qualité de l’évaluation pour la santé
humaine : sur les 47 produits étudiés,
l’absence d’évaluation a été constatée
pour 3 produits et 44 évaluations ont été
jugées perfectibles.
L’Oréal
L’Oréal est la seconde entreprise de
cosmétique au niveau international avec
10,1% des parts de marché mondiales
en 2006. Elle réalise la moitié de son
chiffre d’affaire en Europe et un quart
sur le territoire nord américain. L’Asie
est également un marché important pour
l’entreprise qui y réalise 9,3% de ses
ventes en 2006 en croissance de 7,4%
par rapport à 2005. Les femmes
asiatiques sont très préoccupées par le
soin de leur peau, qu’elles considèrent
très différente de celle des
Européennes. La stratégie pour une
entreprise comme L’Oréal passe par la
création de produits spécifiques au
marché asiatique, notamment les soins
pour la peau (éclaircissants, antiâge) qui
représentent 45% du marché japonais et
38% du marché chinois. Le succès de
L’Oréal s’explique en grande partie par
sa grande diversification, sa capacité de
reconversion et de pénétration de
nouveaux segments du marché.
L’acquisition en 2006 de The Body Shop
pour 1,14 milliards de dollars a ainsi
permis à L’Oréal de pénétrer la branche
des cosmétiques naturels. L’Oréal avait
déjà été dénoncée à plusieurs reprises
pour ses pratiques entrepreneuriales
peu éthiques et le rachat de The Body
Shop a fait l’objet de nombreuses
critiques, les consommateurs y voyant
une façon pour l’entreprise de s’acheter
l’image de responsabilité sociale de The
Body Shop. Le business model de The
Body Shop est en effet basé sur les cinq
principes suivants : la non expérimentation animale, le commerce équitable,
la défense des droits humains, la
protection de l’environnement et
l’amélioration de l’estime de soi.
évalue à 3 milliards d’euros de pertes
annuelles le coût de la contrefaçon
dans la parfumerie et les cosmétiques.
Selon la Commission Européenne, 70%
des produits contrefaits arriveraient
d’Asie et en particulier de Chine. Sur
les 100 millions de produits contrefaits
saisis en 2003, 1,1 millions d’entre eux
étaient des produits de l’industrie
cosmétique et de la parfumerie.
Le risque nanotechnologique
En 2006, l’association écologiste
« Amis de la Terre » a publié un rapport
détaillant l’utilisation de matériaux
nanotechnologiques dans plus de 116
crèmes solaires, produits cosmétiques
et soins corporels commercialisées par
les plus grands noms du secteur
comme L’Oréal, Revlon et Estée
Lauder, alors même que l’effet de
certains de ces matériaux sur
l’organisme est encore incertain. Le
dioxyde de titane, le produit le plus
souvent utilisée sous forme nano est
connu pour sa capacité à réfléchir,
disperser et absorber les rayons ultraviolets et est utilisé dans les produits de
protection solaire sous forme de
nanomatériaux depuis près de 20 ans.
Selon la FEBEA, il a fait l’objet de
nombreuses études qui ont démontré
l’absence de passage transcutané.
Toutefois, le CICR ( Centre
International de Recherche sur le
Cancer) a classé le dioxyde de titane
dans la catégorie des cancérigènes
possibles en cas de contact avec des
cellules pulmonaires. Selon le CICR
(Comité Scientifique des Produits de
Consommation), le dioxyde de titane
est un élément sûr lorsqu’utilisé dans le
cadre des produits cosmétiques.
Des produits cosmétiques
labellisés équitables
Max Havelaar, le bien connu label du
commerce équitable se fait une place
dans le secteur des produits
cosmétiques. Pour être labellisés, les
produits doivent contenir au minimum
95% d’ingrédients issus du commerce
Le paradis de la contrefaçon
équitable et être peu transformés. On
peut déjà voir le label sur des produits
Une étude de 2000 publiée par le Center de The Body Shop, Lush et Themis
for Economics and Business Research
entre autres.
du Global Anti-Counterfeiting Group
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ÉMERGENCES, la lettre des pays, des secteurs et des marchés émergents© - La lettre d’analyse financière de MemoPage.com / n°24 - 11 nov. 2009
Un marché dynamique bien que
mature…
Dans les pays développés, la cosmétique est une grande
industrie, mature et déjà bien implantée. Les pays
émergents représentent quant à eux de nouveaux marchés
particulièrement dynamiques qui offrent de belles
perspectives de croissance pour les entreprises qui sauront
s’y implanter. La croissance des grandes entreprises de
l’industrie répond donc à un double objectif : pénétrer des
nouveaux marchés et créer de nouvelles opportunités sur
les marchés matures.
Un marché mature au Nord…
Au niveau mondial, l’Union Européenne représente le plus
grand marché avec 63,5 milliards d’euros de chiffre d’affaire
en 2006, loin devant les Etats-Unis (38,2 milliards d’euros),
le Japon (23,7 milliards d’euros) et la Chine (8,2 milliards
d’euros). Au sein de l’Union Européenne, cinq pays
concentrent 70% des parts de marché de l’industrie
cosmétique : l’Allemagne arrive à la première place avec
11,7 milliards d’euros, soit 18,5% du total, suivi de la France
(10,4 milliards d’euros soit 16,4% des parts de marché), le
Royaume Uni (10 milliards d’euros, soit 15,7% du total),
l’Italie et l’Espagne (8,8 et 7,4 milliards d’euros, soit 13,9%
et 11,7% des parts de marché). La comparaison des
dépenses par tête annuelles en 2006 calculées en parité de
pouvoir d’achat révèle que les japonais sont les plus gros
consommateurs de produits cosmétiques avec 174 euros
par an et par personne. Les étasuniens et les européens ont
une consommation comparable à 124 et 127 euros
respectivement.
… et dynamique dans les pays émergents
Au sein de l’Union Européenne, les nouveaux Etats
membres sont les plus gros consommateurs de produits
cosmétiques : Chypre arrive en première place avec 233
euros par personne et par année, suivi de Malte (187 euros)
et de la Slovaquie (162 euros). L’Espagne est le seul des
« non nouveaux Etats membres » à faire partie du top-5
avec 153 euros par personne et par an. De plus, le marché
espagnol des cosmétiques a su tirer profit de la hausse des
revenus intervenue avant la crise : entre 2000 et 2006,
l’industrie des cosmétiques a enregistré une croissance
annuelle moyenne de 6,3%. Les grandes entreprises du
secteur ont commencé à s’intéresser depuis quelques
années au marché chinois qui, s’il ne représente encore que
8,2 milliards d’euros est aussi un des plus dynamiques avec
une croissance moyenne annuelle de 4,6% sur la période
2001-2006.
Stratégie de développement : l’exemple de l’industrie
cosmétique française
Compte tenu des différents stade de développement du
marché des cosmétiques en fonction des pays, les
stratégies des entreprises du secteur ne sont pas les
mêmes selon les zones géographiques. Le marché français,
par exemple, un des plus matures, a enregistré entre 2004
et 2005 une croissance décevante par rapport à celle du
revenu disponible. Ainsi, selon la Commission Européenne,
en 2006 les français ont dépensé moins en produits de soins
qu’en 2000. Ceci a poussé les entreprises à adopter une
stratégie de développement de nouveaux segments du
marché : comme dans le reste de l’Union Européenne, les
secteurs les plus dynamiques ont été ceux des soins
pour hommes, les cosmétiques bio et les soins
antivieillissement. Le marché français s’oriente également
vers un segment de nature ethnique qui cherche à
développer les produits conçus spécifiquement pour les
peaux foncées. La renommée des
cosmétiques françaises au niveau international a fait de la
France un leader international de l’industrie : selon FEBEA
(Fédération des entreprises de la Beauté), les exportations
françaises s’élevaient à 9,4 milliards d’euros en 2007 en
hausse de 6,8% par rapport à 2006, pour un excédent
commercial de 7,5 milliards d’euros. C’est le 4ème secteur
exportateur de l’économie française.
…qui se doit d’être innovant
Si l’industrie cosmétique européenne est la plus importante
au niveau mondial, elle n’échappe pourtant pas au poids des
législations et régulations dont elle fait l’objet, dont
l’interdiction de certaines substances et l’interdiction de
l’expérimentation animale sont les plus porteuses de
conséquences. De plus, l’ampleur de la concurrence et
l’exigence de qualité et d’efficacité des consommateurs
obligent les entreprises du secteur à investir en recherche et
développement afin d’être les plus innovantes possibles.
La législation européenne
Au niveau européen, la directive de 1976 sur les cosmétiques
introduit un certain nombre d’interdictions s’appliquant à
chaque Etat membre. Les plus importantes recouvrent
l’interdiction de 1233 substances dans l’industrie cosmétique
ainsi que l’interdiction de l’expérimentation animale qui
fait l’objet du 7ème amendement de la Directive sur
les cosmétiques introduit en septembre 2004. Cette dernière
établit une interdiction de l’expérimentation animale des
produits cosmétiques finis et des ingrédients cosmétiques,
ainsi qu’une interdiction de mise sur le marché de la
Communauté européenne de produits et ingrédients
cosmétiques qui ont été expérimentés sur les animaux. Du
point de vue des entreprises, ce dernier point sera
particulièrement coûteux pour le secteur qui devra s’atteler à
développer des alternatives à l’expérimentation des produits
sur les animaux. De plus, certains experts craignent que ce
7ème amendement ne représente un frein à l’innovation parce
qu’il empêcherait la commercialisation de nouvelles
substances ou produits qui n’auraient pas fait l’objet de tests
suffisants. Enfin, cela représente une distorsion de
concurrence à l’égard de pays qui ne font pas l’objet de cette
interdiction comme la Chine.
L’innovation est aujourd’hui la seule façon pour l’industrie
cosmétique de maintenir sa compétitivité internationale,
d’améliorer sa performance, de renforcer la sécurité humaine
et environnementale de ses produits et d’évoluer en fonction
des préférences parfois contradictoires des consommateurs.
Le développement des secteurs les plus porteurs de
l’industrie, à savoir les soins antivieillissement, la cosmétique
masculine, la cosmétique naturelle (bio) et la différenciation
ethnique des produits, implique un effort de recherche et
développement considérable de la part des entreprises si
celles-ci souhaitent maintenir leur position dans un univers
hautement concurrentiel. Enfin, l’implantation sur les
nouveaux marchés dépendra en grande partie de la capacité
des entreprises à fidéliser un consommateur novice.
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Un marché aux tendances
contradictoires
Evoluer dans un marché mature impose aux acteurs de savoir
développer des capacités d’innovation et de reconversion tout
en s’appuyant sur les grandes tendances sociales. C’est ce
que sont parvenues à faire les entreprises du secteur de la
cosmétique, même si cette stratégie impose parfois des choix
contradictoires, souvent dictés par le consommateur lui-même
qui réclame à la fois retour au naturel et plus grande efficacité.
La cosmétique bio
La vague du biologique et du naturel investit largement le
domaine de la cosmétique depuis quelques années. Et pour
cause, l’armada chimique présente dans la grande majorité
des produits de beauté (sels d’aluminium, huiles minérales et
parabènes pour les plus connus) a poussé le consommateur à
réclamer des produits plus naturels, a priori moins dangereux
pour l’organisme. La Commission européenne a d’ailleurs
établit une liste de produits chimiques considérés comme
dangereux, dont l’utilisation en cosmétique est désormais
interdite. En 2005, le marché français des cosmétiques bio
explose de 40% et depuis, il ne cesse d’enregistrer de belles
performances de l’ordre de 10 à 20% par an : la France est
aujourd’hui le second marché européen (après l’Allemagne) et
le plus dynamique avec 23% de croissance en 2008. Selon
Organic Monitor, le chiffre d’affaire européen de la cosmétique
bio devrait atteindre 1,7 milliards d’euros en 2009, en hausse
de 13% par rapport à 2008, et pourrait enregistrer 2 milliards
d’euros de chiffre d’affaire en 2010. Les cosmétiques bio
devraient ainsi tripler leurs parts de marché en Europe dans
les années à venir passant de 3% aujourd’hui à 10% à
l’horizon 2012 (elles représentent déjà 10% des parts de
marché aux Etats-Unis). Face à ce poids grandissant du
marché des cosmétiques bio, les marques traditionnelles ont
fait le choix de plusieurs stratégies. La première consiste à
lancer sa propre gamme bio à l’exemple de Nuxe avec sa
nouvelle gamme Beauté. La seconde stratégie vise à
repositionner la marque traditionnelle vers plus de naturel et
moins de chimique : ainsi les grandes marques lancent-elles
de nouveau produits sans parabène à l’image de Caudalie ou
sans sels d’aluminium comme Les laboratoires Vichy. Enfin,
la dernière stratégie consiste à racheter des marques de
cosmétiques bio déjà bien implantées sur le marché : l’Oréal
a ainsi racheté Sanoflore, fabriquant historique de produits
biologiques et The Body Shop, qui a su se construire une
image d’entreprise verte et responsable en ventant
notamment la non expérimentation animale de ses produits.
L’Oréal a également pris possession de YSL beauté, luimême propriétaire de la marque bio Care de Stella Mc
Cartney. Par ailleurs, on a pu remarquer depuis quelques
années l’arrivée de stands dédiés à la cosmétique bio chez
les grands distributeurs : Juice Beauty et Care de Stella Mc
Cartney chez Sephora par exemple.
Les nanotechnologies
Pour faire face à la demande toujours plus grande pour des
produits plus efficaces et plus agréables à l’utilisation,
l’industrie cosmétique a dû s’appuyer sur des techniques
innovantes toujours plus performantes. En particulier,
l’introduction ces dernières années des nanotechnologies
dans le domaine de la cosmétique est très controversée. En
effet, l’utilisation de nanoformulations permet une plus grande
efficacité des produits car les éléments actifs comme les
vitamines, sont protégés au seins de systèmes
nanométriques (liposomes ou nano-capsules) et ne sont
libérés qu’au contact de la peau. Par exemple, les nanoparticules permettent d’obtenir des produits avec une forte
teneur en huile en évitant l’inconvénient de la texture grasse,
ou encore des crèmes solaires plus efficaces qui ne laissent
pas de traces blanches. D’un point de vue sécuritaire, les
problèmes de réactivité cellulaire et tissulaire, ainsi que le
risque de passage des barrières physiologiques (peau,
poumons) fait craindre pour la santé des consommateurs.
Bien que ces nouvelles techniques soient déjà utilisées en
cosmétique, les travaux sont en cours afin d’évaluer le
danger de l’utilisation des nanotechnologies dans les
cosmétiques.
La cosmétique au masculin
Les femmes n’ont plus du tout le monopole des produits de
beauté. Avec la banalisation du métrosexuel ces dernières
années, le marché de la cosmétique a largement pénétré le
milieu masculin qui ne se limite plus désormais à la simple
consommation d’aftershave. Crèmes antirides de Nivea for
Men, crèmes antiâge de Biotherm Homme, traitements
antifatigue de Sephora Men, crèmes hydratantes de
Clinique et crèmes dépilatoires de Taky Nair for men sont
quelques-uns des nombreux exemples de la masculinisation
du secteur de la cosmétique. Le marché de la cosmétique
masculine reste encore modeste : en France, il représentait
10,4% du marché total cosmétique en 2005 selon la
Fédération des Industries de la Parfumerie. Néanmoins, il
progresse 1,5 fois plus rapidement que celui des femmes
et connaît un véritable décollage ces dernières années.
Les professionnels ne se sont véritablement lancés sur
le marché au milieu des années 90, à l’exception de
Biotherm Homme qui existe depuis 1985. En 1996, la
création de la marque parisienne Nickel spécialiste des
soins pour homme et leur gamme « lendemain de fête »
décoince les hommes vis-à-vis des soins masculins et ouvre
une brèche dans le secteur de la cosmétique jusqu’alors
réservé aux femmes. Les années 2000 marquent l’arrivée
d’acteurs incontournables de la cosmétique féminine :
Clarins créée en 2002 sa gamme Clarins for Men, suivi par
L’Oréal en 2004 avec L’Oréal Men Expert. Aujourd’hui,
toutes les grandes marques de cosmétiques possèdent leur
propre gamme dédiée aux soins masculins.
Le vieillissement de la peau
Aujourd’hui, les crèmes anti-âge occupent une large place au
sein de l’industrie cosmétique. Elles vont de la crème
hydratante la plus basique aux crèmes les plus élaborées et
représentent pour beaucoup de consommateurs une
alternative au moins partielle à la chirurgie invasive. Selon
une étude publiée par la Commission européenne en 2006,
les traitements cosmétiques non invasifs ont connu une
croissance de 43% entre 2003 et 2004. Ce secteur de la
cosmétique doit néanmoins faire face à la concurrence
croissance des interventions peu invasives telles les
injections de Botox ® très prisées en particulier sur le
marché étasunien. L’efficacité de la technique et sa rapidité
d’exécution séduisent de plus en plus de consommateurs en
Asie, en Europe et en Amérique Latine, bien que de
nombreux cas d’injections de contrefaçons aient été révélés.
Selon les experts, 5% des injections de Botox ® faites sur le
territoire des Etats-Unis seraient frauduleuses.
ÉMERGENCES, la lettre des pays, des secteurs et des marchés émergents© - La lettre d’analyse financière de MemoPage.com / n°24 - 11 nov. 2009
Six valeurs de référence
Y. Gattaz – Ancien Président du CNPF / Président de l’Association Jeunesse &
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Voilà un livre capital et opportun,…ton analyse détaillée de l’innovation est tout à fait remarquable, ainsi
que les exemples historiques très éloquents !
Jean-Jacques Duby ancien Directeur Général de Supélec et Président du Conseil
d’Administration de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan
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Charles W. Wessner, Ph.D. - Director, Technology, Innovation, and Entrepreneurship
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