dossier pédagogique - Artotheque de Caen

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dossier pédagogique - Artotheque de Caen
SEULS /
ENSEMBLE
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
23 AVR - 25 SEP 2016
DANS LE CADRE DU FESTIVAL
NORMANDIE IMPRESSIONNISTE
Palais Ducal
Impasse Duc Rollon, 14000 Caen
tél + 33 (0)2 31 85 69 73
[email protected]
www.artotheque-caen.net
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
SOMMAIRE
SEULS/ENSEMBLE,
Le portrait à l'œuvre dans l'art contemporain, présentation
p. 3-4
Notices par artistes p. 5 à 12
Petite histoire du portrait
p.13 à 15
Le portrait photographique
p. 16-17
Références artistiques
La figure de l'artiste
p. 18-19
Portraits de génération
p. 20-21
Les laissés pour compte
p. 22 à 24
Liens avec les programmes scolaires Pistes pédagogiques
Renseignements pratiques
p. 25
p. 26 à 34
p. 35
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
SEULS/ENSEMBLE
LE PORTRAIT À L'ŒUVRE DANS L'ART CONTEMPORAIN
Le portrait, l’autoportrait et plus largement la représentation de la figure
humaine sont des sujets majeurs et omniprésents dans l’histoire de l’art. Les Impressionnistes,
libérés des carcans antérieurs, dans l’héritage des tenants du réalisme, se sont attachés dans la
seconde moitié du 19ème siècle à peindre le portrait d’une société en pleine mutation sociale et
technique, tant du point de vue de ses grandes et nouvelles composantes, que du point de vue
de l’intime, désormais dévoilé. L’avènement alors récent de la photographie a également permis
d’aborder la figure humaine sous un nouvel aune. Société bourgeoise, petites gens, travailleurs
de toutes catégories (paysans, pêcheurs, artisans, ouvriers, etc.), mais aussi le cercle restreint de
leur entourage propre, ont inspiré les Impressionnistes.
Dans un lieu dédié à l’art d’aujourd’hui, la thématique du portrait et de l’autoportrait
apparaît comme un sujet extrêmement riche. Les mutations actuelles de notre société et leurs
conséquences sur l’individu ne laissent pas d’interroger et de nourrir le travail des artistes
contemporains. Notre époque au sein de laquelle la logique de réseau et de circulation des modèles
est omniprésente, génère cependant un système qui valorise l’individu, voire l’individualisme.
Les évolutions technologiques et l’importance de la communication ont depuis bien longtemps
accrédité la prévision d’Andy Wharol : « À l'avenir, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité
mondiale. ».
Tandis que nous semblons être reliés d’un bout à l’autre de la planète, et à chaque instant,
par l’appropriation commune d’outils de communication, nous appartenons à des sociétés où
l’individu prime sur le groupe. Des sociétés dans lesquelles chacun construit, au sein de réseaux
dits « sociaux », une place et rayonnement personnels parallèles à ceux que la vie « réelle »
peut offrir. Des sociétés aux attributs extrêmement codifiés dans lesquelles les générations et les
différents groupes sociaux se reconnaissent entre eux. Des sociétés aussi, qui laissent sur le côté
des individus qui ne parviennent pas à y trouver leur place. Des sociétés au sein desquelles le
narcissisme rime avec le « selfie » quotidien produit et diffusé dans un même temps. Des sociétés
enfin dans lesquelles les échelles de temps et d’espace se sont profondément modifiées.
Toutes ces évolutions sont de nature à largement inspirer et nourrir le travail des artistes
des années 2000. «Seuls/Ensemble» entend explorer au fil du travail d’une quinzaine d’artistes
l’importance accordée au portrait, en tant que témoin d’une époque et de la place que l’individu
y occupe.
Dominique ANGEL, Adrien BELGRAND, Jean BONICHON, Mohamed
BOUROUISSA, John CASEY, Gaël DAVRINCHE, Alexis DEBEUF, Léo DORFNER,
Charles FRÉGER, Laura HENNO, Ettore LABBATE & Axelle RIOULT, Florent
LAMOUROUX, Iris LEVASSEUR, Thomas LÉVY-LASNE, Florence OBRECHT,
Moussa SARR.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
SEULS/ENSEMBLE
LE PORTRAIT À L'ŒUVRE DANS L'ART CONTEMPORAIN
L'exposition Seuls/Ensemble se construit autour de trois axes majeurs de réflexion :
LA FIGURE DE L’ARTISTE dans notre société contemporaine, à travers des
autoportraits dont l’apanage peut aussi bien être le burlesque, que la poésie, et qui tous
interrogent leur propre condition de créateurs.
(Alexis Debeuf, Dominique Angel, Jean Bonichon, Florent Lamouroux, John Casey,
Moussa Sarr,…).
LA REPRÉSENTATION D’UNE GÉNÉRATION, celle de trentenaires urbains
saisis dans leurs vies quotidiennes, avec leurs codes vestimentaires et leurs habitudes
culturelles. Cet axe sera principalement exploré par de jeunes peintres, trentenaires
également, qui tous explorent ce médium, dont la génération précédant la leur s’était
éloignée.
(Thomas Lévy-Lasne, Gaël Davrinche, Léo Dorfner, Adrien Belgrand, Florence Obrecht,
Charles Fréger, Laura Henno...)
LE REGARD PORTÉ SUR LES « LAISSÉS POUR COMPTE » DE NOTRE
SOCIÉTÉ au travers, là encore, de jeunes artistes qui donnent à voir la vie des périphéries
urbaines, le visage des « oubliés »
(Iris Levasseur, Mohamed Bourouissa, Ettore labbate et Axelle Rioult)
À l’instar de la diversité qui caractérise les pratiques artistiques contemporaines, l’exposition
réunira des œuvres faisant appel à des médiums variés : peinture, dessin, photographie,
installation et vidéo.
Comme lors de la précédente édition de Normandie Impressionniste, l’exposition Seuls/
Ensemble occupera la totalité des espaces de L’Artothèque, Espaces d’art contemporain au
Palais Ducal.
RÉSIDENCE
Présent dans l'exposition, Thomas Lévy-Lasne sera accueilli en résidence au sein de l'Espace
Projet de L'Artothèque. D'une durée de 2 mois, cette résidence sera pour lui l’occasion de
produire des pièces inédites.
Elle sera, comme lors de toutes les résidences se déroulant à L’Artothèque, l’occasion pour
les visiteurs de découvrir au quotidien le processus de création d’un artiste.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
NOTICES BIOGRAPHIQUES
DOMINIQUE ANGEL
Né en 1942 à Briançon. Il vit et travaille à Marseille.
Sculpteur, bricoleur, "installateur", photographe, vidéaste,
écrivain : Dominique Angel est tout cela à la fois, et bien
d'autres choses encore. Son œuvre multiforme et généreuse,
caustique et sérieuse ("Je mets dans mon œuvre autant
de grandes causes que de petits plaisirs" D. A.) forme un
vaste projet théorique que compose une multitude de
"Pièces supplémentaires" activées et "arrangées" lors de ses
expositions. Cette photographie de Dominique Angel nous
donne à voir l'artiste lors d'une de ses actions où son propre
corps devient l'objet et le support même d'une sculpture.
Surgissant d'un socle, l'artiste en démiurge se construit
lui-même par l'ajout de terre à modeler. L'utilisation de la
photographie permet à Dominique Angel de rendre compte
du processus de création d'une sculpture sans en accomplir
sa matérialisation.
© Dominique Angel - Pièce supplémentaire,
photographie, 2003
ADRIEN BELGRAND
Né en 1982 à Paris. Il vit et travaille à Paris.
Il est représenté par la galerie ALB, Paris
©Adrien Belgrand - La lecture, acrylique sur toile,
2015
Adrien Belgrand est ce que l’on nommerait un peintre
de son temps.
Il se sert de la peinture pour documenter
le temps présent et décrit la vie contemporaine pour en
montrer la permanence.
Les cadrages, les perspectives, les
représentations d'un temps suspendu, d'une contemplation
immobile, amènent à fixer le regard sur une banalité du
quotidien pour en dégager de la poésie.
Et au delà de
ponctuations matérielles de ces lieux du plein, de surcharge,
d’excitation, de ces instantanés de la vie quotidienne, Adrien
décrit, dans ses nouvelles natures mortes contemporaines, la
présence humaine.
On trouve alors une peinture maitrisée,
séductrice qui nous transporte dans une atmosphère
quotidienne sublimée où nous sommes interpellés, devenons
rêveurs voir gourmands.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
NOTICES BIOGRAPHIQUES
JEAN BONICHON
Né en 1973 à Montluçon. Il vit et travaille à Nantes.
© Jean Bonichon - C'est seau, photographie
Les œuvres de Jean Bonichon (dessins, sculptures,
performances) jouent sur des dispositifs de décalage où le
banal est transcendé. C’est seau regroupe un ensemble de
photographies et une vidéo mettant en scène l’artiste chaussé
de bottes en plastique blanches et casqué d’un banal seau en
étain. Ainsi privé de la vision, aveugle et sourd au monde qui
l’environne, ce personnage malhabile évolue, seul, dans des
paysages brumeux ou enneigés. Sa déambulation se révèle
périlleuse : il se cogne systématiquement aux arbres d’un
square, suit le tracé d’une voie ferré, parcourt des terrains
accidentés (un champ boueux, un toit, un amoncellement
de troncs d’arbres, un ruisseau). Si le caractère burlesque de
ces situations est ici totalement assumé, il émane cependant
de ces photographies une inquiétante étrangeté.
MOHAMED BOUROUISSA
Né en 1978 à Blida, Algérie. Il vit et travaille à Paris.
Il est représenté par la galerie Kamel Mennour, Paris.
© Mohamed Bourouissa- Shoplifters, photographies
Il s’est fait connaître avec une série de photographies mettant
en scène des jeunes de banlieue (Périphérique, 2007-2008),
avant d’être repéré dans l’exposition « Dynasty » en 2010
avec Temps Mort (2009), vidéo réalisée avec un téléphone
portable dans une cellule de prison, et Legend (2010), filmée
avec des caméras cachées par des vendeurs de cigarettes à
Barbès.
La série Shoplifters donne à voir des portraits de personnes
prises en flagrant délit de vol à l’étalage dans une épicerie newyorkaise, photographies prises par les gérants du magasin
et affichées au regard de tous en guise d’avertissement.
Tout autant impressionné que choqué par cette pratique
humiliante et par le caractère disproportionné de la
punition infligée, Bourouissa se ré-approprie ces images
en les rephotographiant. En faisant passer dans le champ
de l’art des photographies de médiocre qualité (mal cadrées,
pixelisées, floues…) l’artiste renverse l’intention punitive
initiale en témoignant de la violence du système capitaliste
qui contraint des personnes à voler pour se nourrir au
risque d’être, littéralement, cloués au pilori et livrés, sans
ménagement, à la vindicte populaire.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
NOTICES BIOGRAPHIQUES
JOHN CASEY
Né en 1964 à Salem (USA).
Il est représenté par la galerie Polaris, Paris.
Les dessins de l’Américain John Casey reposent sur un
questionnement des êtres et sur l’expression d’un état
intérieur à l’aide de signes graphiques porteurs d’une forte
valeur émotionnelle. Mains, têtes disproportionnées, fleurs,
bouches grimaçantes, et regards absents sont les éléments de
base de son langage, qu’il assemble au gré de son inspiration
dans un fabuleux jeu de construction.
© John Casey - Blue Flag, dessin, 2013
John Casey est un conteur qui ne redoute pas les monstres
et les êtres marqués par une difformité. Son univers est
directement connecté à une terrible beauté, qui fascine en
même temps qu’elle effraie.
GAËL DAVRINCHE
Né en 1971. Il vit et travaille à Paris.
Il est représenté par la galerie Magda Danysz, Paris.
© Gaël Davrinche - l'ambassadrice, huile sur toile, 2012
La peinture de Gaël Davrinche, riche en références et
en citations, rend compte avec beaucoup d’humour et
d’autodérision, de la place de l’individu dans notre monde
contemporain. Après Les Revisités, une importante série
où seront convoquées les grandes œuvres des maîtres de
l’histoire de la peinture, de Velasquez à Goya, de Léonard de
Vinci à Van Eyck, l’artiste propose avec Georges Washington
(2007) une suite de 101 monotypes, déclinant autant de
variations du portrait de Washington peint par Gilbert
Stuart en 1796. Cet intérêt pour la sérialité se retrouve
dans d’autres ensembles réalisés par Gaël Davrinche :
Kalachnikov, série de portraits littéralement défigurés,
maltraités par des gestes énergiques et rageurs, Under the
skin où l’artiste sonde les états d’âme de ses modèles, au delà
de leurs apparences physiques et sociales.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
NOTICES BIOGRAPHIQUES
ALEXIS DEBEUF
Né en 1984.
Vit et travaille à Caen.
© Alexis Debeuf - Autoritratto, sculpture, 2015
Artiste bricoleur, volontairement touche à tout, Alexis
Debeuf manipule ce qu’il trouve autour de lui pour s’exprimer
sur le monde qui l’entoure.
Avec un regard citoyen sur les situations économiques
et politiques de nos sociétés, il invente ses propres règles,
détourne les signes, les usages creant un décalage avec le réel.
Réalisé à partir d’objets familiers et toujours au contact
des matériaux, son "bric à brac", souvent bancal, propose
des situations burlesques, des petits moments de poésie
pour survivre à la routine et tourner en dérision le monde
contemporain.
Joueurs, rieurs, « optimistes » les objets d’Alexis Debeuf font
alors acte de résistance.
LÉO DORFNER
Né en 1985 à Paris.
Il vit et travaille à Paris.
Il est représenté par la galerie ALB, Paris
© Léo Dorfner - Sébastien décocha un regard plein
de dédain..., aquarelle sur papier, 2015
L’œuvre de Léo Dorfner ouvre une infinité de portes sur un
univers quotidien d’où il puise ses références, ses figures, ses
mots et ses sons. On y trouve des paquets de Gitanes, des
peaux tatouées, du texte, du rock, des femmes, son quartier
(le XIIIe arrondissement) et ses amis. Un microcosme,
le sien, qu’il restitue par la photographie, qu’il transpose
sur le papier, au pinceau ou au stylo, et qu’il grave sur des
objets. Pour sa première exposition personnelle à la Galerie
ALB, il nous invite à entrer dans un sanctuaire profane et
baroque & roll. Inspiré par la générosité des accrochages dixneuvièmistes, par la magie des cabinets de curiosité et par les
murs tapissés de vinyles d’un studio d’enregistrement, l’artiste
s’empare de l’espace de la galerie comme il s’empare de la peau
de ses modèles. Vivre dans la peur, Rock’n’roll Runaways
engage une immersion du corps, du regard, de l’esprit et des
sens. Par le recouvrement, il appose sa signature. Ainsi, nous
pénétrons son imaginaire, ce qui le nourrit et le construit.
(...) Julie Crenn
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
NOTICES BIOGRAPHIQUES
CHARLES FRÉGER
Né en 1975 à Bourges.
Il vit et travaille à Rouen. Il est représenté par la galerie
Gabrielle Maubrie, Paris
Depuis 1999, Charles Fréger représente des individus,
souvent jeunes, appartenant à des structures collectives qui
impliquent le port d’une tenue vestimentaire uniforme.
Son travail est à la fois intrinsèquement photographique,
c’est-à-dire répétitif et systématique, et pictural, à la manière
des portraitistes classiques.
Charles Fréger photographie selon un protocole immuable
– fond anonyme trouvé sur place, éclairage neutre, cadrages
frontaux en plan américain ou gros plan – des personnes
appartenant à des corps constitués. Juxtaposées, ces
photographies dressent le portrait du groupe sociétal
qui s'affirme par ses signes extérieurs tout en oblitérant
l'individualité de ses membres. C'est précisément en
travaillant à l'intérieur des “corporations”, où il trouve la
rigidité que les uniformes symbolisent, que Charles Fréger
recherche le décalage entre l'individu et l'archétype.
© Charles Fréger - Little Steps,
photographies, 2002
LAURA HENNO
Née en 1976 à Blida, Algérie. Elle vit et travaille à Paris.
Elle est représentée par la galerie Les Filles du Calvaire,
Paris.
© Laura Henno- IRainy Silence, photographie, 2007
Ce sont des adolescents ou de très jeunes gens, isolés dans
leur rêverie ou soudainement immobilisés par quelque
chose qui nous échappe. Ils nous apparaissent clairement
comme des personnages sortis d’une narration. Mais nous
ne saurons rien de leur histoire, de ce qu’ils regardent, de ce
à quoi ils pensent. Et, parfois, nous ne connaîtrons même
pas leur visage car ils nous tournent le dos ou sont happés
par l’obscurité. Les photographies de Laura Henno sont en
effet souvent construites sur des contrastes très marqués
de clair-obscur, le personnage étant seul dans la lumière, et
ce qui l’environne délibérément laissé dans l’ombre.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
NOTICES BIOGRAPHIQUES
AXELLE RIOULT & ETTORE LABBATE
Vivent et travaillent à Caen
© Ettore Labbate & Axelle Rioult - Hors Voir,
livre d'artiste, 2016
Depuis plusieurs années, Ettore Labbate, écrivain, et Axelle Rioult,
artiste plasticienne, ont engagé un travail commun sur la question
de l'errance. Sensibles à la question des migrants, ils ont séjourné
à plusieurs reprises en Tunisie et en Italie, plus particulièrement en
Sicile, porte d'entrée de l'Europe pour des milliers de clandestins
candidats à l'exil. Hors Voir se présente sous la forme d'un livre d'artiste
qui associent 29 portraits écrits de Ettore Labbate et 29 paysages
photographiés par Axelle Rioult. Ettore Labbate s'est procuré des
photographies réalisées par la Marine italienne lors d'opérations de
sauvetage au large des côtes siciliennes. De ces portraits, interdits
à la publication, il en livre une description factuelle, d'une écriture
objective et quasi clinique, qui donne corps à des individualités
qu'oblitèrent les chiffres énoncés quotidiennement dans la presse. En
écho, Axelle Rioult a photographié des graines de Volubilis : plante
proliférante dans le bassin méditérrannéen, considérée là-bas comme
une "mauvaise herbe", elle est en revanche, prisée et commercialisée
en Europe. Ce paradoxe résonne avec le sort des migrants rejettés
par une partie de la population. Métaphore de l'errance, les graines
franchissent librement les frontières tandis que des hommes risquent
leur vie pour les traverser.
FLORENT LAMOUROUX
Né en 1980 à Decize. Il vit et travaille en Indre et Loire.
Il est représenté par la galerie Isabelle Gounod, Paris.
Florent Lamouroux questionne la représentation de « l’Autre » par le
biais de sa propre identité. Sa démarche consiste à rejouer avec ironie
les stéréotypes que notre société de l’image contribue à produire et
tend ainsi à interroger le monde sur sa possible uniformisation.
Pour lui, ce n’est plus la télé qui est le reflet de notre société mais
bien l’inverse. Conscient du monde qui l’entoure, l’artiste privilégie
l’autonomie de création et l’économie de moyen en réaction aux
superproductions spectaculaires et lissées.
© Florent Lamouroux - Le sens de la vie,
installation, 2014
Le sens de la vie est une installation composée de 12000 figurines
en plastique bleu qui représentent des ouvriers dont les formes sont
étudiées selon 3 postures de travail différentes. "Mon geste artistique
consiste à enlever l'outil de travail tenu par l'ouvrier. Dépourvus de
leurs attributs, les ouvriers se retrouvent dans des postures devenant
alors équivoques. Grâce à un scanner 3D de mon corps et de mon
visage, l’aspect irréaliste et grossier définissant habituellement ces
figurines laisse place ici à une grande finesse de détails : mon visage
apparaît alors comme standard d’un ensemble, diluant ainsi mon
identité dans l’anonymat d'une foule."
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
NOTICES BIOGRAPHIQUES
IRIS LEVASSEUR
Née en 1972 à Paris, France. Elle vit et travaille à Arcueil.
Elle est représentée par la galerie Odile Ouizeman.
© Iris Levasseur - Bbp- Miroir, acrylique sur toile, 2014
Figurative, la peinture d'Iris Levasseur met en scène
des personnages, souvent allongés tels des gisants qui,
immanquablement, évoquent les dépositions du Christ
ou les mises au tombeau de la peinture classique. Les
mouvements sont suspendus, les corps, représentés plus
grands qu’ils ne le sont dans la réalité, occupent l’espace
de la toile, isolés ou en groupe, s’imbriquant dans des
dispositifs épurés. Enigmatiques, les œuvres d’Iris
Levasseur n’imposent pas de lecture univoque, l’artiste
laissant à chacun le soin de se forger sa propre narration.
THOMAS LÉVY-LASNE
Né en 1980 à Paris. Il vit et travaille aux Lilas.
Il est représenté par la galerie Backslack, Paris.
© Thomas Lévy-Lasne - Le couple, huile sur toile, 2011
Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Paris en 2004,
Thomas Lévy-Lasne a été pendant 4 ans l’assistant du
critique d’art Hector Obalk avec lequel il sillonnera les
musées européens pour la réalisation d’une série de
documentaires sur la peinture. Cette fréquentation des
grands maîtres de l’histoire de l’art le confortera dans sa
décision de se consacrer pleinement à la peinture, seul
médium lui permettant, selon ses propres termes, de rendre
compte du réel. Du réel il est en effet question dans le choix
de ses sujets qui font écho aux grandes classifications de la
peinture : portraits de ses proches, autoportraits, natures
mortes, paysages, représentations d’animaux. Maitrisant
avec brio les techniques picturales, Thomas Lévy-Lasne
renoue avec une figuration qui fut longtemps considérée
comme suspecte, voire réactionnaire dans le milieu de
l’art contemporain. L’artiste n’en a cure et creuse son sillon
: peintre de son temps, il s’empare alors de sujets propres
à la vie moderne.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
NOTICES BIOGRAPHIQUES
FLORENCE OBRECHT
Née en 1976 à Metz. Elle vit et travaille à Berlin
Elle est représentée par la galerie ALB, Paris.
©Florence Obrecht - Autoportrait, huile
et acrylique sur papier, 2015
Diplômée en 2001 de l’école des Beaux-arts de Paris, Florence
Obrecht pratique une peinture figurative qui se nourrit
de diverses influences puisées dans l’histoire de l’art, de la
peinture préraphaélite au réalisme soviétique. Oscillant entre
visions oniriques et cauchemardesques, ses œuvres mettent
souvent en scène la figure de la femme : gymnastes parées de
leurs cerceaux, danseuses en tutu, jeunes filles à peine sorties
de l’enfance exhibant fièrement leurs peluches préférées. Elles
posent en pied, vêtues de robes somptueuses ou d’aubes de
communiantes, souvent maquillées, le regard fixe, les joues
rosies, l’air un peu gauche. Elles imposent un face à face avec
le spectateur sans rien livrer de leur état d’esprit, impassibles,
sans un sourire sur leurs visages. L’univers de la fête et du
cirque sont parfois convoqués : masques d’arlequin, nez de
clown, maquillage outrancier. Mais la fête a tourné court, la
boule à facettes est éteinte, les guirlandes et les décorations
gisent, abandonnées telles des vanités contemporaines.
MOUSSA SARR
Né en 1984 à Ajaccio. Il vit et travaille à Paris .
Il est représenté par la galerie VNH, Paris
Vidéo-performeur, acteur et sujet principal de ses œuvres,
Moussa Sarr dresse là une iconographie à la fois grave et
burlesque qui témoigne d’une mythologie personnelle et
d’histoires universelles comme autant de tragi-comédies
pointant le drame des mascarades humaines, et mettant le
corps – à la fois intime, social et politique – à l’épreuve. Figures
allégoriques, instincts animaux, postures irrévérencieuses,
les œuvres de Moussa Sarr se présentent comme des fables
sans morale dont lui même ne connaît pas la fin. La chute,
ambiguë, reste libre d’arbitrage.
© Moussa Sarr- Invisible man, photographies, 2014
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
PETITE HISTOIRE DU PORTRAIT
Le portrait pendant l'antiquité
Anonyme, Portrait du Roi Jean Le Bon,
milieu du XIVe siècle.
Les portraits du Fayoum, datant du IIème siècle après J.-C, portent le nom
du site situé en Egypte où ils ont été retrouvés en 1888. Ce sont les portraits
peints les plus anciens que l’on connaisse. Ils sont effectués du vivant des
modèles sur des planchettes de bois et placés sur leurs momies. Ils sont
considérés comme les premiers portraits intimes ; ils n’étaient pas destinés
à être vus du public et sont donc différents d'une représentation sociale.
En Grèce, le portrait rend hommage aux grands hommes de la cité, il en
perpétue le souvenir. La civilisation grecque n’a pas développé l’art du
portrait réaliste : les représentations sont très idéalisées. Les personnes
représentées sont éternellement jeunes et belles.
Les hommes politiques ou les bienfaiteurs de la cité se font faire des statues
ou des bustes destinés à figurer dans les lieux publics. Les effigies des
empereurs sont aussi véhiculées par les monnaies et les médailles, accompagnées d’inscriptions.
Portrait funéraire d'un jeune homme,
découvert à Fayoum, IIe après JC
Deux fonctions différentes coexistent : les portraits publics qui représentent des empereurs ou
des notables et les portraits funéraires de citoyens ordinaires.
Les personnes se font représenter par la sculpture, sur des fresques, des tableaux (bois ou tissu)
mais aussi sur des pièces de monnaie, moyen commode de faire de la
propagande pour l'empereur en place.
Le moyen-âge : l'individu disparaît sous le poids de la religion
La société du moyen âge instaure une distance à l’égard du réel et
les individus ne sont plus portraiturés. L’église estimant que l’on
doit accorder peu d’intérêt à l’individu en tant que tel condamne
ce type de représentation.
Si les puissants sont représentés sur les monnaies, les sceaux
ou les manuscrits enluminés, les peintres ne privilégient pas la
ressemblance et les personnes sont essentiellement identifiées
par les attributs propres à leurs fonctions et les inscriptions qui
l’accompagnent.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
PETITE HISTOIRE DU PORTRAIT
Jan Van Eyck, Les époux Arnolfi, 1434
XIVe - XVe siècle : la naissance du portrait
En peinture, la représentation de personnes identifiables
apparaît tardivement. Au XIVe siècle, les peintres
italiens commencent à individualiser leurs personnages.
Progressivement, les commanditaires des œuvres
religieuses apparaissent dans les compositions. Mais
ce n’est qu’au début du XVe siècle que le portrait s'érige
en genre autonome. Il se développe principalement à
Florence et en Flandres. En Italie, les personnalités sont
le plus souvent représentées en buste. Le fond évolue
rapidement : d’abord neutre ou décoratif, dans la tradition
gothique, il représente ensuite un intérieur ou encore un
paysage. De leur côté, les primitifs flamands peignent
leurs sujets avec un grand réalisme. A la suite de Jan Van
Eyck, ils les placent dans leur cadre domestique.
XVIe siècle : le développement du portrait de cour
Au XVIe siècle, ce genre se transforme essentiellement en
art de cour. De grands peintres le pratiquent, sans toutefois
s’y consacrer exclusivement. D’autres en font leur spécialité,
jusqu’à devenir parfois « peintre du roi ». Au XVIIe siècle,
Petrus Paulus Rubens et surtout Antoon Van Dyck, en
Angleterre, rénovent les formules du portrait du prince. Ils lui
apportent une vivacité parfois absente des tableaux d’apparat.
La pose se diversifie. L’ensemble de la composition concourt
à mettre en valeur les qualités du monarque. En Angleterre,
Jean Clouet, Portrait de François Ier, roi de France,
vers 1530
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
XVIIIe siècle : l’âge d’or
Au XVIIIe siècle, le portrait connaît un âge d’or. Si
les puissants continuent à commander leur portrait,
l’intimité, la sensibilité gagnent leurs lettres de noblesse.
Les représentations de la famille et de l’enfance se
multiplient. La représentation des gens de théâtre devient
aussi un thème de prédilection. Une approche plus
psychologique des individus voit également le jour. Aux
côtés de la peinture, la mode du portrait au pastel connaît
un essor sans précédent, sous l’influence de Quentin de
La Tour. Celui-ci ne traite souvent que la tête du modèle
qui, quelle que soit sa condition sociale, est toujours
représentée de façon expressive et fouillée.
Maurice Quentin de Latour, Autoportrait à la toque d’atelier, 1742,
PETITE HISTOIRE DU PORTRAIT
Jean-Auguste Dominique Ingres, Princesse Albert de Broglie, 1853
XIXe siècle : le déclin
Au début du XIXe siècle, tous les grands peintres font des portraits, quels que soient leur style
ou leurs thèmes favoris. Le portrait à l'huile connaît
un succès jamais atteint et les formats s’agrandissent.
Mais la révolution picturale (l'impressionnisme) que
voit naître la fin de ce siècle modifie également l’intérêt
et la nature même du genre. Si les artistes continuent
à réaliser des portraits, l’objectif s’est déplacé. Le genre
devient un prétexte, un moyen comme un autre de
déterminer l’attitude du peintre vis-à-vis du monde réel,
de la société et de l'art.
Avec l'invention de la photographie qui permet alors
d’enregistrer une image fidèle du sujet, l’art de la
figuration va se trouver fortement bouleversé.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
LE PORTRAIT PHOTOGRAPHIQUE
"Dès les premières décennies de son histoire, la photographie explore déjà la totalité des sousgenres du portrait que nous pratiquons encore actuellement : des portraits officiels commandés
par les puissants de ce monde au nu – qu’il soit académique, intime, érotique ou pornographique
-, en passant par les images de célébrités artistiques ou intellectuelles, le portrait social, le portrait
documentaire, le portrait "scientifique", le portrait familial – et notamment le portrait de mariage
et les portraits d’enfants -, l’autoportrait, le portrait de groupe, le portrait historisant, le portrait
fictif… L’évolution ultérieure ne fera que reconduire cette place importante du portrait : il sera
de tout temps un des usages sociaux majeurs de la photographie.
En témoigne par exemple la vogue du portrait-carte qui commence vers 1860 et dont le succès
ne se démentira qu’au début du XXe siècle. Toutes les villes, toutes les bourgades même, ont
bientôt leurs "studios photographiques" où, toutes classes sociales confondues, on va se faire
tirer le portrait. Même les endroits les plus isolés sont touchés puisque, dès les années cinquante,
des portraitistes ambulants se mettent à parcourir les campagnes reculées. Ajoutons encore que,
dans le sillage du colonialisme et du développement des moyens de locomotion, les photographes
rapportent très vite des portraits de tous les coins de la Terre : dès 1856, Louis Rousseau réalise
ainsi pour le Muséum d’histoire naturelle toute une série de portraits "ethnographiques" de
Russes, de Hottentots et d’Esquimaux. Enfin, il faut rappeler que peu à peu le portrait se voit doté
d’une fonction d’outil de contrôle social, avec l’anthropométrie signalétique de Bertillon d’abord,
puis avec la photo d’identité. Aussi, lorsque le portrait-carte commence à décliner au début du
XXe siècle, ceci ne correspond-il nullement à une perte d’attrait du genre. Simplement, du fait
des développements techniques et économiques, c’est la photographie d’amateur pratiquée en
famille qui va peu à peu prendre le relais du portraitiste professionnel – à l’exception des portraits
à usage public (presse, relations publiques, etc.), du portrait de cérémonie (baptême, mariage...)
ou encore du portrait
d’identification juridique
(la
photo
d’identité,
dans le cas de laquelle
la machine, c’est-à-dire
le photomaton, finira
d’ailleurs par remplacer le
portraitiste humain).
Anonymes, portrait-cartes, fin XIXe siècle
16
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
LE PORTRAIT PHOTOGRAPHIQUE (SUITE)
À ce déplacement du professionnel vers l’amateur et de l’espace public vers le privé correspond
un glissement important dans les modalités fonctionnelles du portrait. Il sera conçu de plus en
plus fortement comme un genre familial, puis (en relation avec la déstabilisation de la structure
familiale traditionnelle que nous connaissons depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale)
comme un genre personnel. Ce glissement vers le pôle de l’intimité s’accompagne d’une
transformation de ses modalités symboliques : sa fonction traditionnelle, qui était de souligner
des moments forts du temps social (baptême, première communion, service militaire, mariage)
fera place peu à peu à une scansion temporelle plus erratique et plus "existentielle": à tel point
qu’aujourd’hui la pratique d’amateur du portrait a souvent le statut d’un journal intime visuel.
Philippe Bazin, Triplés, photographie, 1997, collection Artothèque de caen
Enfin – et ce à l’opposé de ce qui est le cas dans la pratique artistique du portrait -, les frontières
entre portrait "posé" et instantané "volé" ont fini par s’effacer dans cet usage privé : peut-être
que ceci témoigne du fait que, comparés à nos ancêtres, nous entretenons une relation plus
détendue avec la mise en image de notre identité subjective. En tout cas, l’amour pour notre
"triviale image", bien que déploré par Baudelaire, semble désormais enraciné si profondément
dans notre être social et individuel que notre prédilection pour le portrait photographique
n’est sans doute pas près de s’éteindre. (...)"
Jean-Marie Schaeffer
Extrait du catalogue de l’exposition
Portraits, singulier pluriel
Edition Mazan/Bibliothèque nationale de France – 1997
17
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
RÉFÉRENCES ARTISTIQUES
LA FIGURE DE L'ARTISTE
Rembrandt Harmenszoon Van Rijn, dit Rembrandt (1606-1669)
Pourquoi Rembrandt s'est-il si souvent
représenté, avec une régularité que l'on
pourrait qualifier d'obsessionnelle ?
En quarante ans de carrière, depuis ses
débuts à Leyde jusqu'à sa mort, en 1669,
à Amsterdam, il a peint, dessiné ou gravé
les traits de son visage une centaine de fois.
Les artistes de son époque l'ont rarement
fait à plus de deux ou trois reprises.
Comment expliquer également son goût
du travestissement ? Dans chacun de ses
autoportraits, il semble prendre un malin
plaisir à s'exhiber dans un accoutrement
Autoportrait en jeune homme, huile sur toile, 1629
différent, parfois même extravagant, coiffé
Autoportrait avec béret, huile sur toile, 1659
d'un béret, d'une toque ou d'un turban,
vêtu de guenilles ou d'un élégant pourpoint, tour à tour prince ou mendiant, apôtre ou soldat.
Vincent van Gogh (1853-1890)
Comme Rembrandt et Goya, Vincent van Gogh s'est fréquemment pris lui-même pour modèle ; on
compte plus de 43 autoportraits, peints ou dessinés, en une dizaine d'année de travail. Comme ces
maîtres du passé, il s'observe dans le miroir sans complaisance. Se peindre soi-même n'est pas un
acte anodin : il s'agit d'une interrogation qui, souvent, débouche sur les vertiges de l'identité.
Ainsi écrit-il à sa soeur: "Je recherche
une ressemblance plus profonde que celle
qu'obtient le photographe". Et plus tard à son
frère : "On dit et je le crois volontiers, qu'il
est difficile de se connaître soi-même. Mais
il n'est pas aisé non plus de se peindre soimême. Les portraits peints par Rembrandt,
c'est plus que la nature, ça tient de la
révélation".
Autoportrait, huile sur toile, 1887
Autoportrait à l'oreille bandée, 1889
sources : www.musee-orsay.fr
18
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
RÉFÉRENCES ARTISTIQUES
Frida Kahlo (1907-1954)
" Je peins des autoportraits parce que je me sens si souvent seule et parce que je suis la personne que
je connais le mieux. " (Frida Kahlo).
Frida Kahlo est née en 1907 au Mexique. Suite à un terrible
accident de tramway, la jeune femme agée de 18 ans se
retrouve brisée en mille morceaux. Alitée dans la maison
familiale, Frida survit grâce à la peinture qu'elle pratique en
autodidacte. Un miroir accroché en ciel de lit et un chevalet
adapté à sa position allongée lui permettront de commencer
un travail autour de son image, de sa perception d'ellemême. Sa peinture dévoilera sans concession une analyse
profonde de ses maux, angoisses et fragilités.
«Ma peinture porte en elle le message de la douleur» (Frida
Kahlo).
L’autoportrait tiendra une place importante dans la vie de
Frida Kahlo. On en compte plus de cinquante-cinq sur les
cent cinquante tableaux qu’elle a peints.
La colonne brisée, huile sur toile, 1944
Cindy Sherman (1954)
Cindy Sherman est une artiste et photographe américaine vivant
à New-York. Son travail, qui se présente sous forme de séries
d'autoportraits, mène entre autre une réflexion sur le medium
photographique, en rapport avec la peinture, et sur la place de la
femme et sur sa représentation dans la société contemporaine.
Ses autoportraits, où elle se met en scène dans des costumes et des
attitudes variées, sont autant de questionnements sur l'identité et ses
modes de représentations.
Les influences de son œuvre sont nombreuses et se réfèrent à des
imageries très différentes, de l'image picturale et cinématographique
à l'image de publicité, de magazine, ou encore à l'image érotique.
Untitled #225, photographie, 1990
19
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
RÉFÉRENCES ARTISTIQUES
PORTRAITS DE GÉNÉRATION
Fantin-Latour, un atelier aux batignolles, huile sur toile, 1870
Les Batignolles étaient le quartier où vivaient Manet et
un certain nombre des futurs impressionnistes. FantinLatour, témoin discret de cette époque, rassemble autour
de Manet, consacré chef d'école, de jeunes artistes aux
idées novatrices. De gauche à droite, on peut reconnaître
Otto Schölderer, peintre allemand venu en France
rencontrer les disciples de Courbet ; Manet, le visage aigu,
assis devant son chevalet ; Auguste Renoir, coiffé d'un
chapeau ; Zacharie Astruc, sculpteur et journaliste ; Emile
Zola, porte-parole du renouveau de la peinture ; Edmond
Maître, fonctionnaire à l'Hôtel de Ville ; Frédéric Bazille,
qui sera fauché quelques mois plus tard, à l'âge de vingt-six
ans, pendant la guerre de 1870 ; enfin, Claude Monet.
Les attitudes sont sobres, les costumes sévères, les visages presque graves. Fantin-Latour souhaite
que ces jeunes artistes, alors très décriés, soient perçus comme des personnalités sérieuses et
respectables.
source : www.musee-orsay.fr
Auguste Renoir, le déjeuner des canotiers, 1880
La scène se déroule sur la terrasse de la Maison
Fournaise à Châtou. Renoir peint ici un rassemblement
de jeunes gens, qui font tous partis de son cercle d'amis
proches et de modèles fidèles. On y retrouve, entre
autre, Alphonse Fournaise le propriétaire de l'auberge,
adossé à la balustrade, Gustave Caillebotte, grand
ami du peintre, au premier plan, ou encore Aline
Charigot, future épouse du peintre. Cette toile reflète
l’insouciance des dimanches dans les guinguettes au
bord de l’eau où toute une génération de jeunes gens,
canotiers, bourgeois, ouvriers et cocottes mènent une
vie insouciante.
20
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
RÉFÉRENCES ARTISTIQUES
La Factory d'Andy Warhol
En 1964, Andy Warhol crée la factory. Ce lieu
ouvert va devenir le centre névralgique de la
scène underground new-yorkaise en multipliant
les collaborations dans toutes les disciplines (Art,
danse, cinéma, théatre expérimental, musique...). Le
groupe The Velvet Underground s'y produisit.
Ainsi de la même manière que la Factory avait servi
à produire à la chaîne ses sérigraphies pop, ce lieu
devait aussi servir à Warhol à produire du mythe
de l’image sociale en
quantité industrielle, et
propulser dans la grande
constellation des VIP,
quiconque mettrait les
pieds chez lui. La Factory se devait d’être cet endroit où on entre
anonyme et d’où on sort «Superstar» (selon la terminologie de
Warhol).
Martin Parr, série Common Senses, 1995-1999
Extraits de la série Common Senses, 1995-1999
Photographe anglais né en 1952, Martin Parr est
membre de la coopérative photographique Magnum
Photos depuis 1994. Ses séries photographiques, ayant
pour thème l'Angleterre, les touristes, les musées, etc...
sont un large portrait de notre monde actuel, avec
toutes ses absurdités et ses excès. Les cadrages serrés
et les couleurs criardes sous flash confèrent à ces
photographies un sens aïgu de la dérision et de l'ironie.
Un regard accéré à l'humour anglais grinçant, porté sur
une multitude de sujets d'une banalité déconcertante.
Ces petites choses de la vie quotidienne anglaise sont
capturées dans une série intitulée "Common senses"
réalisée entre 1995 et 1999. Tel un imagier de l'ordinaire
et du kitsch, Martin Parr présente tout ce qui constitue
la culture populaire dans la société de consommation
occidentale.
21
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
RÉFÉRENCES ARTISTIQUES
LES LAISSÉS POUR COMPTE
Bartolomé Esteban Murillo, le jeune mendiant (1645-1650)
Le Jeune Mendiant est une des principales œuvre et le premier
tableau représentant un garçon des rues du peintre espagnol
Esteban Murillo (1618-1682). Murillo fait parti du mouvement
baroque espagnol du XVIIeme siècle. Il est, avec les peintres
Diego Velazquez, Francisco Zurbaran et José de Ribera, l'un des
principaux représentants du siècle d'Or espagnol (période de
rayonnement culturel de l'Espagne au XVIIeme siècle en Europe)
et le chef de fil de l'école de Séville, second centre artistique
de l'Espagne après Madrid. Bien que l'essentiel de ses œuvres
soient religieuses, il est très reconnu pour ses peintures de genre,
particulièrement ses portraits de femmes et d'enfants pauvres.
Murillo eut une grande influence sur le réalisme et le rococo du
XVIIIeme siècle espagnol.
Le jeune Mendiant est souvent appelé "le jeune pouilleux" car il
est en train de se débarrasser de ses puces. Le goût de Murillo
pour les figures de nécessiteux n'est peut-être pas non plus sans
lien avec la doctrine de la charité des Franciscains, pour lesquels
le peintre a beaucoup travaillé.
Honoré Daumier, le wagon de troisième classe, 1864
Les révolutions industrielles du XIXe siècle mirent soudain le petit peuple sans identité sur le
devant de la scène et les peintres, dans le sillage des utopistes et des romanciers (Victor Hugo,
Émile Zola...) osèrent alors, sans pudeur, montrer leur souffrance. Grâce au talent de peintres tels
que Georges Rouault, Honoré Daumier, Félicien
Rops, ou Alfred Roll, l’extraordinaire témoignage
sociologique présenté ici renvoie à l’évolution d’un
monde en mutation accéléré par la révolution
industrielle et rend compte de l’engagement de ces
artistes, témoins de leur temps.
Dans ce tableau réaliste, Daumier n'a pas choisi
de représenter les riches bourgeois voyageant en
première classe, mais le petit peuple de la troisième
classe, afin de dénoncer la misère qui régnait dans
une grande partie de la société française à cette
époque. C'est, pour l'artiste, le reflet d'une réalité
que certains préféraient occulter.
22
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
RÉFÉRENCES ARTISTIQUES
Dorothea Lange (1895-1965),
Les travaux les plus connus de Dorothea Lange ont été réalisés
dans le cadre d'une mission confiée par la Farm Security
Administration (FSA) : cet organisme américain a été créé par
le ministère de l'agriculture en 1937, afin d'aider les fermiers les
plus pauvres touchés par la Grande Dépression. Le médium de
la photographie permis à Dorothea Lange d'être le témoin d'une
époque sombre, et de dévoiler aux yeux de tous la dure réalité
sociale et économique d'une grande partie des américains. Ces
photographies de commande appartiennent donc à L’Etat, et
seront diffusées à vitesse grand V grâce à leur publication dans
les journaux de tout le pays. L'impact des images de Dorothea
Lange sera donc immédiat.
La photographie intitulée Migrant Mother, prise en 1936,
deviendra le portrait symbole de la Grande Dépression. Les
photographies réalisées pour la FSA inscriront les clichés de
Lange dans les prémices du photojournalisme.
Migrant mother, photographie, 1936
Diane Arbus (1923-1971)
" Diane Arbus a révolutionné l’art de la photographie. L’audace de sa thématique et son approche
photographique ont donné naissance à une œuvre souvent choquante par sa pureté. Par son
talent à rendre étrange ce que nous considérons comme extrêmement familier, mais aussi à
dévoiler le familier à l’intérieur de l’exotique, la photographe
ouvre de nouvelles perspectives à la compréhension que nous
avons de nous-mêmes.
Arbus puise l’essentiel de son inspiration dans la ville de New
York, qu’elle arpente à la fois comme un territoire connu et une
terre étrangère, photographiant tous ces êtres qu’elle découvre
dans les années 1950 et 1960.
La photographie qu’elle pratique est de celle qui se confronte
aux faits. Cette anthropologie contemporaine – portraits
de couples, d’enfants, de forains, de nudistes, de familles des
classes moyennes, de travestis, de zélateurs, d’excentriques
ou de célébrités – correspond à une allégorie de l’expérience
humaine, une exploration de la relation entre apparence et
identité, illusion et croyance, théâtre et réalité. "
Jeune homme en bigoudis chez lui, New-York,source : www.jeudepaume.org
photographie, 1966
23
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
RÉFÉRENCES ARTISTIQUES
Pierre Gonnord
Pierre Gonnord est né en 1963 à Cholet en france.
Il vit et travaille à Madrid depuis 1988.
"Pierre Gonnord aime les marginaux. Ses modèles sont
souvent des Gitans, des voyous, ou des immigrés de
l'Europe de l'Est qui survivent de petits boulots dans les
capitales occidentales. Ils nous imposent leur présence –
tranquille, sans agressivité ni colère – et semblent évoluer
dans un temps suspendu. Echappant aux contingences.
Comme dans la peinture religieuse du XVIIe siècle. Avec
ses fonds noirs, ses clairs-obscurs, son traitement des
couleurs, qu'on croirait couvertes d'un glacis, Gonnord en
fait des personnages bibliques – Christ, larrons, aveugles,
martyrs et saints – échappés d'une toile de Zurbarán ou du
Caravage. D'autres images évoquent des portraits de Soutine
ou ceux des daguerréotypes du XIXe siècle. En puisant dans
l'histoire de l'art, Gonnord ennoblit ses personnages, leur
donne une aura.
Trop simpliste à ses yeux, la remarque lui déplaît. Il admire la
peinture, fréquente régulièrement les musées, mais, insistet-il, sa démarche est purement photographique. « J'ai soif
de rencontres avec des gens à part ou les oubliés de notre
société. J'en ai besoin. Ils m'aident à avoir un comportement
juste, sans faux-fuyants ni hypocrisie. Avec eux, inutile de tricher. On doit se présenter tel qu'on
est, sans fausse compassion, ou c'est le rejet. Surtout les Gitans. Ils ont l'art de vous gratter la peau
pour voir ce qu'il y a dessous. Si la photographie ne me permettait pas cela, je ferais autre chose. »"
Luc Desbenoit - Télérama n° 3052 - 12/07/2008
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
LIENS AVEC LES PROGRAMMES SCOLAIRES
PROGRAMME MATERNELLE & ÉLÉMENTAIRE
Agir, s'exprimer, comprendre à travers les activités artistiques
Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions
Pratiques artistiques et histoire des arts
PROGRAMME COLLÈGE
• ARTS PLASTIQUES
Classe de 6e : l'objet
Classe de 4e : la citation
• FRANÇAIS
Classe de 5e-4e : le portrait
Classe de 3e : l'autobiographie
• HISTOIRE
Différents champs de l’histoire sont abordés : économique, social, politique et culturel, avec une
place particulière pour l’histoire des arts.
De la Sixième à la Troisième, toutes les grandes périodes de l'histoire peuvent être perçues par le
prisme de l'art du portrait. (cf voir petite histoire du portrait).
PROGRAMMES LYCÉE
• ARTS PLASTIQUES
Classe de Seconde : Le dessin, l’observation et la ressemblance
• HISTOIRE DES ARTS
Figuration et image
Œuvre, filiation et ruptures
• FRANÇAIS
Le personnage de roman, du XVIIème siècle à nos jours
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
PISTES PÉDAGOGIQUES
Après l'exposition
Propositions d'activités pour approfondir la visite :
POUR LES PLUS PETITS
1 / Charles FRÉGER, Les patineuses.
Objectifs - Apprendre à observer, écouter, s'exprimer à l'oral
- Manipuler le vocabulaire du portrait
Little Steps, photographies, 2002
Le jeu des différences
On peut le proposer à partir des trois ou seulement de deux supports. Il s'agit d'amener les élèves
à formuler des différences physiques ce qui les obligera à recourir à un vocabulaire précis.
Qui est-ce ?
Il s'agit d'un exercice de « devinette » à l'oral qui vise à développer l'écoute, enrichir le vocabulaire
et la maîtrise de la langue.
Un élève propose à l'oral à ses camarades le portrait d'un enfant de la classe, il commence par le
portrait physique, il est obligé d'employer un vocabulaire précis donné au préalable.
On peut aussi imaginer proposer d'abord l'exercice à partir des « Patineuses » de Fréger comme
exercice de réinvestissement, puis à partir des portraits des enfants de la classe, ce qui élargit la
palette de termes à manipuler.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
PISTES PÉDAGOGIQUES
Boîte à outils pour rédiger un portrait :
Le Vocabulaire du Visage
Les noms :
les cheveux , le front, les sourcils, les arcades sourcilières, les paupières, les yeux,
la pupille, l'iris, le lobe, le nez, les joues, les pommettes, les tempes, la bouche, la
commissure des lèvres, le menton...
Les adjectifs et expressions pour qualifier un visage :
•
•
Le visage : rond, carré, allongé, fin, plein, épanoui,
Le teint : blafard, blême, bronzé, cireux, clair, congestionné, éclatant, frais,
hâlé, livide, lumineux, mat, rougeaud...
•
Les cheveux : auburn, blancs, blonds, châtains, cendrés, gris, noirs, poivre et
sel, roux, bouclés, clairsemés, crépus, drus, frisés, frisottés, hérissés, lisses,
ondulés...
•
•
Le front : bas, bombé, étroit, fuyant, haut, lisse, ridé...
Le nez : aquilin, busqué, court, délicat, droit, écrasé, en trompette, épaté, fin,
large, long, retroussé
Les joues : caves, creuses, empourprées, granuleuses, lisses, pâles, pleines,
saillantes
Les lèvres : boudeuses, charnues, fines, gourmandes, minces, ourlées,
pincées...
Le menton : fuyant, avancé, avec une fossette, en galoche, pointu, rond..
•
•
•
2 / John Casey : faire un portrait à la manière de...
John Casey par l'invention de signes graphiques figuratifs ou non, rend compte des sentiments
ou de l'état d'esprit des personnages représentés.
On pourra demander aux enfants de travailler un portrait qu'on leur fournit qui pourra être
une œuvre d'art, une photographie d'eux ou de quelqu'un d'autre et de modifier ce portrait en
ajoutant des éléments qui représentent selon eux l'état d'esprit du visage ou personnage choisi.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
PISTES PÉDAGOGIQUES
3 / Laura Hennot, Rainy Silence, de la série Land’s End, 2007
Objectifs :
- Comprendre la notion de hors champ
- Voir comment celui-ci participe à la construction du sens que l'on donne à une œuvre
- Raconter une histoire à partir d'une œuvre et de l'implicite offert par le hors-champ
On propose une activité en trois temps :
1 - On fournit une copie de l'œuvre de Laura Hennot aux enfants et on leur demande après avoir
postionné cette œuvre sur une feuille, de prolonger et dessiner le hors-champ.
2 - On confronte les productions des enfants et les interprétations ; on leur demande de justifier
leurs choix. Quel sens auront-ils donné au regard de la jeune fille ? Interrogateur ? Angoissé ?
Réprobateur ?
3 - On pourra proposer un exercice d'écriture individuelle ou en groupe. La jeune fille de l'œuvre,
plus âgée, se remémore ce qu'elle faisait ce jour-là avant et après la prise de vue.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
PISTES PÉDAGOGIQUES
4 / L'influence de l'histoire des arts sur les artistes contemporains
On pourra, pour aborder la notion d'héritage avec les élèves, leur proposer un jeu d'associations
à partir d'un ensemble d'œuvres (voir page suivante), l'intérêt étant de réussir à justifier leurs
choix. Cette activité leur permettra de développer une culture artistique, de comprendre les
rapports de filiation entre les artistes, les principes de citations et/ou d'influences et de mesurer
ce qu'on appelle un imaginaire culturel collectif.
Tous niveaux :
- Dès le CM, le principe d'association est envisageable.
- Les élèves de collège, réussiront mieux à justifier ces associations en employant un vocabulaire
approprié (couleurs, cadrage, lignes de force, posture....). On pourra, de plus, leur proposer des
travaux de recherches autour des artistes ou courants convoqués (Vélasquez, Vermeer, Frida
Kalho ou Antonello de Messine).
Adrien Belgrand propose des scènes d'intérieur très statiques et silencieuses qui
évoquent la méditation et proposent en même temps au spectateur un non-dit entre les
personnages qu'il reste à interpréter. On y retrouve l'atmosphère de certains Vermeer, tant en
raison des postures et occupations des personnages représentés qu'à cause de certains effets
de construction : reprise du motif de la fenêtre, si présent chez Vermeer dont le cadre vient
structurer l'œuvre.
Les portraits de Gaël Davrinche, en empruntant à la modernité un objet insolite
détourné de sa fonction première, n'est pas pour autant dans une démarche de rupture ; au
contraire, l'objet en question permet au tableau de fonctionner comme un palimpseste. On
retrouve l'influence de la peinture de cour de Velasquez. Le cabas rouge retourné vient remplacer
l'armure des portraits en armes et rappeler aussi les robes à vertugadin portées par les nobles de la
cour d'Espagne. Dans le choix des couleurs, on retrouve les mêmes connotations, en particulier
avec le rouge qui évoque le pouvoir. La cadrage, la raideur hautaine reprennent aussi les codes
de ces portraits aristocratiques.
Léo Dorfner, dans un esprit rock et provocateur, revisite l'iconographie du martyr de
Saint Sébastien On retrouve le torse du martyr que les artistes ont fait si souvent le choix de
représenter mais Dorfner choisit, non sans humour, de décaler la scène dans le temps. Nous
sommes avant le supplice. D'où le titre : Sébastien décocha un regard plein de dédain tandis que
sifflaient déjà les premières flèches.
Florence Obrecht, par le choix de son modèle et de la mise en scène, juxtapose
plusieurs inspirations : souvenirs des Vanités par la présence des fruits et des fleurs mais aussi
des scénographies des autels de dévotion à la santa muerte, où la beauté des fleurs se confronte
à la noirceur des squellettes. Une culture qui inspirera toute sa vie la peintre mexicaine Frida
Kalho.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
PISTES PÉDAGOGIQUES
• Consigne : associez chaque œuvre contemporaine de la colonne de gauche à une
œuvre classique de la colonne de droite et justifiez votre rapprochement.
Florence Obrecht,
Maya
Adrien Belgrand,
Dans le bureau
Léo Dorfner, Sébastien
décochant un regard
plein de dedain tandis
que sifflaient les
premières flèches.
Gaël Davrinche,
L'ambassadrice
J. Vermeer, La maîtresse et la
servante, 1667
Vélasquez, Philippe IV, 1628
Portrait photographique de
Frida Kahlo
Antonello da Messina,
Saint-Sébastien, 1478
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
PISTES PÉDAGOGIQUES
POUR LES PLUS GRANDS
5 / Seuls/ensemble : portrait individuel ou collectif ?
Pour revenir sur la polysémie du titre de l'exposition, on pourra proposer aux élèves de revoir
certaines des œuvres et de s'interroger à chaque fois sur ces questions :
- S'agit-il du portrait d'un individu unique ?
- L'artiste cherche-t-il à y exprimer sa singularité ou le portrait est-il celui d'un groupe ? Si, oui,
lequel ?
- Quelle image d'une société ou d'une génération laisse à voir l'artiste ?
2
1
3
1 - Mohamed Bourrissa, Shoplifters, photographies, 2011
2 - Florent Lamouroux, Le sens de la vie, installation, 2014
3 - Thomas Levy-Lasne, Le couple, huile sur toile, 2011
L'intérêt de ce questionnement est de montrer qu'un portrait individuel peut aussi être une sorte
de portrait de groupe au sens où il est aussi portrait d'une société ou d'une génération.
C'est ainsi avec le travail de Mohamed Bourouissa. L'homme est seul sur le cliché mais
cette photographie a été prise par le gérant du magasin que l'homme venait de voler. Cliché de
flagrant délit qui trahit un malaise social observable à la nature dérisoire de l'objet du larcin,
mais aussi à l'arrière-plan.
À l'inverse, l'armée d'ouvriers bleus de Florent Lamouroux saute aux yeux comme un
portrait collectif, une armée de travailleurs mais dont les outils sont hors d'usage. Curieusement,
il s'agit aussi d'une sorte d'autoportrait puisque chaque figurine moulée est une représentation
de l'artiste lui-même.
31
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
PISTES PÉDAGOGIQUES
6 / Comment l'objet participe au portrait ? (6ème)
Dans un premier temps, on pourra demander aux élèves de lister les objets qu'ils reconnaissent :
- Sont-ils intègres ? Ou transformés ?
- Sont-ils placés à un endroit logique ou pas ?
- Ont-ils leur fonction utilitaire habituelle ?
1
2
3
1 - Alexis Debeuf, autoritratto, sculpture, 2015
2 - Gaël Davrinche, Benny, huile sur toile, 2012
3 - Florence Obrecht, Maya, huile et acrylique sur toile, 2014
L'objet participe au portrait, en infléchit le sens. Objets traditionnels des vanités et des natures
mortes chez Florence Obrecht, l'objet (boîte métallique de bobine de film) est détourné par
Gaêl Davrinche de sa fonction première, utilitaire mais n'en participe pas moins à la force
symbolique du portrait. Quant au rateau détourné par Alexis Debeuf, il devient le matériau
même du portrait.
32
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
PISTES PÉDAGOGIQUES
7 / L'arrière-plan dans les portraits a-t-il de l'importance ?
1
2
3
1 - Adrien Belgrand, La lecture, acrylique sur toile, 2015
2 - Gaël Davrinche, L'ambassadrice, huile sur toile, 2013
3 - Laure hennot, A Tree Of Night, in « Land’s End », photographie, 2004
On proposera aux élèves de voir à nouveau quelques-unes des œuvres pour montrer la fonction
esthétique et structurelle de l'arrière plan mais aussi sa dimension symbolique :
Chez Laura Hennot, on pourrait dire qu'il n'y a pas d'arrière-plan ; or, le choix du fond
noir couplé à la posture de trois-quart qui dérobe le visage et entraîne le regard vers l'arrière,
offre à ce fond toute une charge symbolique d'étrangeté et d'inquiétude.
Dans les 2 autres œuvres, les arrières-plans sont pleins. Aussi décalée soit-elle, l'armée
de playmobil qui offre un cadre au portrait de Gaël Davrinche rehausse la notion de pouvoir et
d'autorité qui émane de la figure représentée.
Chez Adrien Belgrand, l'arrière plan est très structuré par les montants de la baie vitrée
qui font écho aux pans des rideaux et aux étagères sur lesquelles on aperçoit des livres. Cet
intérieur ordonné souligne alors l'état d'esprit du personnage et construisent le rapport que
celui-ci entretient avec la lecture. À l'instar de la fenêtre ouverte, elle est évasion, thème que l'on
retrouve dans le choix des objets environnants (la carte et les lampions) et source de sérénité, ce
que l'on peut ausi lire dans l'association du plein et du vide de la bibliothèque.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
PISTES PÉDAGOGIQUES
8 / Artistes : autoportrait et autodérision !
1
3
2
1 - Moussa Sarr- Invisible man, photographies, 2014
2 - Florence Obrecht - Autoportrait, huile et acrylique sur papier, 2015
3 - Jean Bonichon - C'est seau, photographie
Les œuvres de Dominique Angel, Florent Lamouroux et d'Alexis Debeuf sont également à intégrer à
cette liste d'autoportraits.
Nombreux sont les artistes de l'exposition qui ont travaillé à la représentation de leur propre
image. Après avoir observé ces œuvres dans l'exposition, on proposera aux élèves de s'interroger
sur l'image qu'ont voulu donner les artistes dans leurs autoportraits. Humour burlesque, cynisme,
autodérision, absurdité...
9 / Raconter une histoire « à faire peur » : 4ème / 3ème
Laura Henno, A Tree Of Night, in « Land’s End », 2004
A tree of night and others stories est une série de nouvelles
inquiétantes ou fantastiques publiées en 1949 par Truman
Capote et c'est le titre choisie par Laura Hennot pour cette
photographie.
Celle-ci sera le point de départ de votre récit. Vous raconterez
une frayeur nocturne injustifiée. Votre texte pourra être à
la première ou à la troisième personne et inclure l'œuvre de
Henno.
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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
DATES ET HORAIRES
du 23 AVRIL AU 26 SEPTEMBRE 2016
Du mardi au samedi de 14h00 à 18h30
Vernissage le samedi 23 avril 2016, à partir de 18h30
à L'Artothèque, Espaces d'art contemporain de Caen
MÉDIATIONS
Accueil des groupes scolaires du mardi au vendredi sur rendez-vous, matins et après-midis
Visites commentées de l'exposition : 25 € / groupe (établissements non abonnés à
L'Artothèque)
GOÛTEZ L’ART!
UN NOUVEAU RENDEZ-VOUS FAMILIAL !
Tous les premiers mercredis du mois, L'Artothèque vous invite de 15h à 16h à découvrir l'art
en famille autour d'un goûter.
Tarif : 2 € par personne
Réservation conseillée
SAMEDI DE L'ART
Le dernier samedi de chaque mois, de 15h00 à 16h00, un médiateur accueille le
public dans l’exposition pour une visite accompagnée.
Gratuit - Sans réservation
RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATIONS
Marie Leloup, chargée de médiation
[email protected]
02 31 85 69 73
Dossier réalisé par Marie Leloup, Chargée de médiation et pistes pédagogiques rédigées
par Vanessa Rattez, enseignante-relais.
L’Artothèque de Caen est financée par la Ville da Caen, avec la participation du Ministère de la
Culture et de la Communication, Drac de Basse-Normandie, du Conseil général du Calvados et du
Conseil Régional de Basse-Normandie.
Palais Ducal
Impasse Duc Rollon, 14000 Caen
tél + 33 (0)2 31 85 69 73
[email protected]
www.artotheque-caen.net
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