dossier pédagogique - Artotheque de Caen
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SEULS / ENSEMBLE DOSSIER PÉDAGOGIQUE 23 AVR - 25 SEP 2016 DANS LE CADRE DU FESTIVAL NORMANDIE IMPRESSIONNISTE Palais Ducal Impasse Duc Rollon, 14000 Caen tél + 33 (0)2 31 85 69 73 [email protected] www.artotheque-caen.net DOSSIER PÉDAGOGIQUE SOMMAIRE SEULS/ENSEMBLE, Le portrait à l'œuvre dans l'art contemporain, présentation p. 3-4 Notices par artistes p. 5 à 12 Petite histoire du portrait p.13 à 15 Le portrait photographique p. 16-17 Références artistiques La figure de l'artiste p. 18-19 Portraits de génération p. 20-21 Les laissés pour compte p. 22 à 24 Liens avec les programmes scolaires Pistes pédagogiques Renseignements pratiques p. 25 p. 26 à 34 p. 35 2 DOSSIER PÉDAGOGIQUE SEULS/ENSEMBLE LE PORTRAIT À L'ŒUVRE DANS L'ART CONTEMPORAIN Le portrait, l’autoportrait et plus largement la représentation de la figure humaine sont des sujets majeurs et omniprésents dans l’histoire de l’art. Les Impressionnistes, libérés des carcans antérieurs, dans l’héritage des tenants du réalisme, se sont attachés dans la seconde moitié du 19ème siècle à peindre le portrait d’une société en pleine mutation sociale et technique, tant du point de vue de ses grandes et nouvelles composantes, que du point de vue de l’intime, désormais dévoilé. L’avènement alors récent de la photographie a également permis d’aborder la figure humaine sous un nouvel aune. Société bourgeoise, petites gens, travailleurs de toutes catégories (paysans, pêcheurs, artisans, ouvriers, etc.), mais aussi le cercle restreint de leur entourage propre, ont inspiré les Impressionnistes. Dans un lieu dédié à l’art d’aujourd’hui, la thématique du portrait et de l’autoportrait apparaît comme un sujet extrêmement riche. Les mutations actuelles de notre société et leurs conséquences sur l’individu ne laissent pas d’interroger et de nourrir le travail des artistes contemporains. Notre époque au sein de laquelle la logique de réseau et de circulation des modèles est omniprésente, génère cependant un système qui valorise l’individu, voire l’individualisme. Les évolutions technologiques et l’importance de la communication ont depuis bien longtemps accrédité la prévision d’Andy Wharol : « À l'avenir, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale. ». Tandis que nous semblons être reliés d’un bout à l’autre de la planète, et à chaque instant, par l’appropriation commune d’outils de communication, nous appartenons à des sociétés où l’individu prime sur le groupe. Des sociétés dans lesquelles chacun construit, au sein de réseaux dits « sociaux », une place et rayonnement personnels parallèles à ceux que la vie « réelle » peut offrir. Des sociétés aux attributs extrêmement codifiés dans lesquelles les générations et les différents groupes sociaux se reconnaissent entre eux. Des sociétés aussi, qui laissent sur le côté des individus qui ne parviennent pas à y trouver leur place. Des sociétés au sein desquelles le narcissisme rime avec le « selfie » quotidien produit et diffusé dans un même temps. Des sociétés enfin dans lesquelles les échelles de temps et d’espace se sont profondément modifiées. Toutes ces évolutions sont de nature à largement inspirer et nourrir le travail des artistes des années 2000. «Seuls/Ensemble» entend explorer au fil du travail d’une quinzaine d’artistes l’importance accordée au portrait, en tant que témoin d’une époque et de la place que l’individu y occupe. Dominique ANGEL, Adrien BELGRAND, Jean BONICHON, Mohamed BOUROUISSA, John CASEY, Gaël DAVRINCHE, Alexis DEBEUF, Léo DORFNER, Charles FRÉGER, Laura HENNO, Ettore LABBATE & Axelle RIOULT, Florent LAMOUROUX, Iris LEVASSEUR, Thomas LÉVY-LASNE, Florence OBRECHT, Moussa SARR. 3 DOSSIER PÉDAGOGIQUE SEULS/ENSEMBLE LE PORTRAIT À L'ŒUVRE DANS L'ART CONTEMPORAIN L'exposition Seuls/Ensemble se construit autour de trois axes majeurs de réflexion : LA FIGURE DE L’ARTISTE dans notre société contemporaine, à travers des autoportraits dont l’apanage peut aussi bien être le burlesque, que la poésie, et qui tous interrogent leur propre condition de créateurs. (Alexis Debeuf, Dominique Angel, Jean Bonichon, Florent Lamouroux, John Casey, Moussa Sarr,…). LA REPRÉSENTATION D’UNE GÉNÉRATION, celle de trentenaires urbains saisis dans leurs vies quotidiennes, avec leurs codes vestimentaires et leurs habitudes culturelles. Cet axe sera principalement exploré par de jeunes peintres, trentenaires également, qui tous explorent ce médium, dont la génération précédant la leur s’était éloignée. (Thomas Lévy-Lasne, Gaël Davrinche, Léo Dorfner, Adrien Belgrand, Florence Obrecht, Charles Fréger, Laura Henno...) LE REGARD PORTÉ SUR LES « LAISSÉS POUR COMPTE » DE NOTRE SOCIÉTÉ au travers, là encore, de jeunes artistes qui donnent à voir la vie des périphéries urbaines, le visage des « oubliés » (Iris Levasseur, Mohamed Bourouissa, Ettore labbate et Axelle Rioult) À l’instar de la diversité qui caractérise les pratiques artistiques contemporaines, l’exposition réunira des œuvres faisant appel à des médiums variés : peinture, dessin, photographie, installation et vidéo. Comme lors de la précédente édition de Normandie Impressionniste, l’exposition Seuls/ Ensemble occupera la totalité des espaces de L’Artothèque, Espaces d’art contemporain au Palais Ducal. RÉSIDENCE Présent dans l'exposition, Thomas Lévy-Lasne sera accueilli en résidence au sein de l'Espace Projet de L'Artothèque. D'une durée de 2 mois, cette résidence sera pour lui l’occasion de produire des pièces inédites. Elle sera, comme lors de toutes les résidences se déroulant à L’Artothèque, l’occasion pour les visiteurs de découvrir au quotidien le processus de création d’un artiste. 4 DOSSIER PÉDAGOGIQUE NOTICES BIOGRAPHIQUES DOMINIQUE ANGEL Né en 1942 à Briançon. Il vit et travaille à Marseille. Sculpteur, bricoleur, "installateur", photographe, vidéaste, écrivain : Dominique Angel est tout cela à la fois, et bien d'autres choses encore. Son œuvre multiforme et généreuse, caustique et sérieuse ("Je mets dans mon œuvre autant de grandes causes que de petits plaisirs" D. A.) forme un vaste projet théorique que compose une multitude de "Pièces supplémentaires" activées et "arrangées" lors de ses expositions. Cette photographie de Dominique Angel nous donne à voir l'artiste lors d'une de ses actions où son propre corps devient l'objet et le support même d'une sculpture. Surgissant d'un socle, l'artiste en démiurge se construit lui-même par l'ajout de terre à modeler. L'utilisation de la photographie permet à Dominique Angel de rendre compte du processus de création d'une sculpture sans en accomplir sa matérialisation. © Dominique Angel - Pièce supplémentaire, photographie, 2003 ADRIEN BELGRAND Né en 1982 à Paris. Il vit et travaille à Paris. Il est représenté par la galerie ALB, Paris ©Adrien Belgrand - La lecture, acrylique sur toile, 2015 Adrien Belgrand est ce que l’on nommerait un peintre de son temps. Il se sert de la peinture pour documenter le temps présent et décrit la vie contemporaine pour en montrer la permanence. Les cadrages, les perspectives, les représentations d'un temps suspendu, d'une contemplation immobile, amènent à fixer le regard sur une banalité du quotidien pour en dégager de la poésie. Et au delà de ponctuations matérielles de ces lieux du plein, de surcharge, d’excitation, de ces instantanés de la vie quotidienne, Adrien décrit, dans ses nouvelles natures mortes contemporaines, la présence humaine. On trouve alors une peinture maitrisée, séductrice qui nous transporte dans une atmosphère quotidienne sublimée où nous sommes interpellés, devenons rêveurs voir gourmands. 5 DOSSIER PÉDAGOGIQUE NOTICES BIOGRAPHIQUES JEAN BONICHON Né en 1973 à Montluçon. Il vit et travaille à Nantes. © Jean Bonichon - C'est seau, photographie Les œuvres de Jean Bonichon (dessins, sculptures, performances) jouent sur des dispositifs de décalage où le banal est transcendé. C’est seau regroupe un ensemble de photographies et une vidéo mettant en scène l’artiste chaussé de bottes en plastique blanches et casqué d’un banal seau en étain. Ainsi privé de la vision, aveugle et sourd au monde qui l’environne, ce personnage malhabile évolue, seul, dans des paysages brumeux ou enneigés. Sa déambulation se révèle périlleuse : il se cogne systématiquement aux arbres d’un square, suit le tracé d’une voie ferré, parcourt des terrains accidentés (un champ boueux, un toit, un amoncellement de troncs d’arbres, un ruisseau). Si le caractère burlesque de ces situations est ici totalement assumé, il émane cependant de ces photographies une inquiétante étrangeté. MOHAMED BOUROUISSA Né en 1978 à Blida, Algérie. Il vit et travaille à Paris. Il est représenté par la galerie Kamel Mennour, Paris. © Mohamed Bourouissa- Shoplifters, photographies Il s’est fait connaître avec une série de photographies mettant en scène des jeunes de banlieue (Périphérique, 2007-2008), avant d’être repéré dans l’exposition « Dynasty » en 2010 avec Temps Mort (2009), vidéo réalisée avec un téléphone portable dans une cellule de prison, et Legend (2010), filmée avec des caméras cachées par des vendeurs de cigarettes à Barbès. La série Shoplifters donne à voir des portraits de personnes prises en flagrant délit de vol à l’étalage dans une épicerie newyorkaise, photographies prises par les gérants du magasin et affichées au regard de tous en guise d’avertissement. Tout autant impressionné que choqué par cette pratique humiliante et par le caractère disproportionné de la punition infligée, Bourouissa se ré-approprie ces images en les rephotographiant. En faisant passer dans le champ de l’art des photographies de médiocre qualité (mal cadrées, pixelisées, floues…) l’artiste renverse l’intention punitive initiale en témoignant de la violence du système capitaliste qui contraint des personnes à voler pour se nourrir au risque d’être, littéralement, cloués au pilori et livrés, sans ménagement, à la vindicte populaire. 6 DOSSIER PÉDAGOGIQUE NOTICES BIOGRAPHIQUES JOHN CASEY Né en 1964 à Salem (USA). Il est représenté par la galerie Polaris, Paris. Les dessins de l’Américain John Casey reposent sur un questionnement des êtres et sur l’expression d’un état intérieur à l’aide de signes graphiques porteurs d’une forte valeur émotionnelle. Mains, têtes disproportionnées, fleurs, bouches grimaçantes, et regards absents sont les éléments de base de son langage, qu’il assemble au gré de son inspiration dans un fabuleux jeu de construction. © John Casey - Blue Flag, dessin, 2013 John Casey est un conteur qui ne redoute pas les monstres et les êtres marqués par une difformité. Son univers est directement connecté à une terrible beauté, qui fascine en même temps qu’elle effraie. GAËL DAVRINCHE Né en 1971. Il vit et travaille à Paris. Il est représenté par la galerie Magda Danysz, Paris. © Gaël Davrinche - l'ambassadrice, huile sur toile, 2012 La peinture de Gaël Davrinche, riche en références et en citations, rend compte avec beaucoup d’humour et d’autodérision, de la place de l’individu dans notre monde contemporain. Après Les Revisités, une importante série où seront convoquées les grandes œuvres des maîtres de l’histoire de la peinture, de Velasquez à Goya, de Léonard de Vinci à Van Eyck, l’artiste propose avec Georges Washington (2007) une suite de 101 monotypes, déclinant autant de variations du portrait de Washington peint par Gilbert Stuart en 1796. Cet intérêt pour la sérialité se retrouve dans d’autres ensembles réalisés par Gaël Davrinche : Kalachnikov, série de portraits littéralement défigurés, maltraités par des gestes énergiques et rageurs, Under the skin où l’artiste sonde les états d’âme de ses modèles, au delà de leurs apparences physiques et sociales. 7 DOSSIER PÉDAGOGIQUE NOTICES BIOGRAPHIQUES ALEXIS DEBEUF Né en 1984. Vit et travaille à Caen. © Alexis Debeuf - Autoritratto, sculpture, 2015 Artiste bricoleur, volontairement touche à tout, Alexis Debeuf manipule ce qu’il trouve autour de lui pour s’exprimer sur le monde qui l’entoure. Avec un regard citoyen sur les situations économiques et politiques de nos sociétés, il invente ses propres règles, détourne les signes, les usages creant un décalage avec le réel. Réalisé à partir d’objets familiers et toujours au contact des matériaux, son "bric à brac", souvent bancal, propose des situations burlesques, des petits moments de poésie pour survivre à la routine et tourner en dérision le monde contemporain. Joueurs, rieurs, « optimistes » les objets d’Alexis Debeuf font alors acte de résistance. LÉO DORFNER Né en 1985 à Paris. Il vit et travaille à Paris. Il est représenté par la galerie ALB, Paris © Léo Dorfner - Sébastien décocha un regard plein de dédain..., aquarelle sur papier, 2015 L’œuvre de Léo Dorfner ouvre une infinité de portes sur un univers quotidien d’où il puise ses références, ses figures, ses mots et ses sons. On y trouve des paquets de Gitanes, des peaux tatouées, du texte, du rock, des femmes, son quartier (le XIIIe arrondissement) et ses amis. Un microcosme, le sien, qu’il restitue par la photographie, qu’il transpose sur le papier, au pinceau ou au stylo, et qu’il grave sur des objets. Pour sa première exposition personnelle à la Galerie ALB, il nous invite à entrer dans un sanctuaire profane et baroque & roll. Inspiré par la générosité des accrochages dixneuvièmistes, par la magie des cabinets de curiosité et par les murs tapissés de vinyles d’un studio d’enregistrement, l’artiste s’empare de l’espace de la galerie comme il s’empare de la peau de ses modèles. Vivre dans la peur, Rock’n’roll Runaways engage une immersion du corps, du regard, de l’esprit et des sens. Par le recouvrement, il appose sa signature. Ainsi, nous pénétrons son imaginaire, ce qui le nourrit et le construit. (...) Julie Crenn 8 DOSSIER PÉDAGOGIQUE NOTICES BIOGRAPHIQUES CHARLES FRÉGER Né en 1975 à Bourges. Il vit et travaille à Rouen. Il est représenté par la galerie Gabrielle Maubrie, Paris Depuis 1999, Charles Fréger représente des individus, souvent jeunes, appartenant à des structures collectives qui impliquent le port d’une tenue vestimentaire uniforme. Son travail est à la fois intrinsèquement photographique, c’est-à-dire répétitif et systématique, et pictural, à la manière des portraitistes classiques. Charles Fréger photographie selon un protocole immuable – fond anonyme trouvé sur place, éclairage neutre, cadrages frontaux en plan américain ou gros plan – des personnes appartenant à des corps constitués. Juxtaposées, ces photographies dressent le portrait du groupe sociétal qui s'affirme par ses signes extérieurs tout en oblitérant l'individualité de ses membres. C'est précisément en travaillant à l'intérieur des “corporations”, où il trouve la rigidité que les uniformes symbolisent, que Charles Fréger recherche le décalage entre l'individu et l'archétype. © Charles Fréger - Little Steps, photographies, 2002 LAURA HENNO Née en 1976 à Blida, Algérie. Elle vit et travaille à Paris. Elle est représentée par la galerie Les Filles du Calvaire, Paris. © Laura Henno- IRainy Silence, photographie, 2007 Ce sont des adolescents ou de très jeunes gens, isolés dans leur rêverie ou soudainement immobilisés par quelque chose qui nous échappe. Ils nous apparaissent clairement comme des personnages sortis d’une narration. Mais nous ne saurons rien de leur histoire, de ce qu’ils regardent, de ce à quoi ils pensent. Et, parfois, nous ne connaîtrons même pas leur visage car ils nous tournent le dos ou sont happés par l’obscurité. Les photographies de Laura Henno sont en effet souvent construites sur des contrastes très marqués de clair-obscur, le personnage étant seul dans la lumière, et ce qui l’environne délibérément laissé dans l’ombre. 9 DOSSIER PÉDAGOGIQUE NOTICES BIOGRAPHIQUES AXELLE RIOULT & ETTORE LABBATE Vivent et travaillent à Caen © Ettore Labbate & Axelle Rioult - Hors Voir, livre d'artiste, 2016 Depuis plusieurs années, Ettore Labbate, écrivain, et Axelle Rioult, artiste plasticienne, ont engagé un travail commun sur la question de l'errance. Sensibles à la question des migrants, ils ont séjourné à plusieurs reprises en Tunisie et en Italie, plus particulièrement en Sicile, porte d'entrée de l'Europe pour des milliers de clandestins candidats à l'exil. Hors Voir se présente sous la forme d'un livre d'artiste qui associent 29 portraits écrits de Ettore Labbate et 29 paysages photographiés par Axelle Rioult. Ettore Labbate s'est procuré des photographies réalisées par la Marine italienne lors d'opérations de sauvetage au large des côtes siciliennes. De ces portraits, interdits à la publication, il en livre une description factuelle, d'une écriture objective et quasi clinique, qui donne corps à des individualités qu'oblitèrent les chiffres énoncés quotidiennement dans la presse. En écho, Axelle Rioult a photographié des graines de Volubilis : plante proliférante dans le bassin méditérrannéen, considérée là-bas comme une "mauvaise herbe", elle est en revanche, prisée et commercialisée en Europe. Ce paradoxe résonne avec le sort des migrants rejettés par une partie de la population. Métaphore de l'errance, les graines franchissent librement les frontières tandis que des hommes risquent leur vie pour les traverser. FLORENT LAMOUROUX Né en 1980 à Decize. Il vit et travaille en Indre et Loire. Il est représenté par la galerie Isabelle Gounod, Paris. Florent Lamouroux questionne la représentation de « l’Autre » par le biais de sa propre identité. Sa démarche consiste à rejouer avec ironie les stéréotypes que notre société de l’image contribue à produire et tend ainsi à interroger le monde sur sa possible uniformisation. Pour lui, ce n’est plus la télé qui est le reflet de notre société mais bien l’inverse. Conscient du monde qui l’entoure, l’artiste privilégie l’autonomie de création et l’économie de moyen en réaction aux superproductions spectaculaires et lissées. © Florent Lamouroux - Le sens de la vie, installation, 2014 Le sens de la vie est une installation composée de 12000 figurines en plastique bleu qui représentent des ouvriers dont les formes sont étudiées selon 3 postures de travail différentes. "Mon geste artistique consiste à enlever l'outil de travail tenu par l'ouvrier. Dépourvus de leurs attributs, les ouvriers se retrouvent dans des postures devenant alors équivoques. Grâce à un scanner 3D de mon corps et de mon visage, l’aspect irréaliste et grossier définissant habituellement ces figurines laisse place ici à une grande finesse de détails : mon visage apparaît alors comme standard d’un ensemble, diluant ainsi mon identité dans l’anonymat d'une foule." 10 DOSSIER PÉDAGOGIQUE NOTICES BIOGRAPHIQUES IRIS LEVASSEUR Née en 1972 à Paris, France. Elle vit et travaille à Arcueil. Elle est représentée par la galerie Odile Ouizeman. © Iris Levasseur - Bbp- Miroir, acrylique sur toile, 2014 Figurative, la peinture d'Iris Levasseur met en scène des personnages, souvent allongés tels des gisants qui, immanquablement, évoquent les dépositions du Christ ou les mises au tombeau de la peinture classique. Les mouvements sont suspendus, les corps, représentés plus grands qu’ils ne le sont dans la réalité, occupent l’espace de la toile, isolés ou en groupe, s’imbriquant dans des dispositifs épurés. Enigmatiques, les œuvres d’Iris Levasseur n’imposent pas de lecture univoque, l’artiste laissant à chacun le soin de se forger sa propre narration. THOMAS LÉVY-LASNE Né en 1980 à Paris. Il vit et travaille aux Lilas. Il est représenté par la galerie Backslack, Paris. © Thomas Lévy-Lasne - Le couple, huile sur toile, 2011 Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Paris en 2004, Thomas Lévy-Lasne a été pendant 4 ans l’assistant du critique d’art Hector Obalk avec lequel il sillonnera les musées européens pour la réalisation d’une série de documentaires sur la peinture. Cette fréquentation des grands maîtres de l’histoire de l’art le confortera dans sa décision de se consacrer pleinement à la peinture, seul médium lui permettant, selon ses propres termes, de rendre compte du réel. Du réel il est en effet question dans le choix de ses sujets qui font écho aux grandes classifications de la peinture : portraits de ses proches, autoportraits, natures mortes, paysages, représentations d’animaux. Maitrisant avec brio les techniques picturales, Thomas Lévy-Lasne renoue avec une figuration qui fut longtemps considérée comme suspecte, voire réactionnaire dans le milieu de l’art contemporain. L’artiste n’en a cure et creuse son sillon : peintre de son temps, il s’empare alors de sujets propres à la vie moderne. 11 DOSSIER PÉDAGOGIQUE NOTICES BIOGRAPHIQUES FLORENCE OBRECHT Née en 1976 à Metz. Elle vit et travaille à Berlin Elle est représentée par la galerie ALB, Paris. ©Florence Obrecht - Autoportrait, huile et acrylique sur papier, 2015 Diplômée en 2001 de l’école des Beaux-arts de Paris, Florence Obrecht pratique une peinture figurative qui se nourrit de diverses influences puisées dans l’histoire de l’art, de la peinture préraphaélite au réalisme soviétique. Oscillant entre visions oniriques et cauchemardesques, ses œuvres mettent souvent en scène la figure de la femme : gymnastes parées de leurs cerceaux, danseuses en tutu, jeunes filles à peine sorties de l’enfance exhibant fièrement leurs peluches préférées. Elles posent en pied, vêtues de robes somptueuses ou d’aubes de communiantes, souvent maquillées, le regard fixe, les joues rosies, l’air un peu gauche. Elles imposent un face à face avec le spectateur sans rien livrer de leur état d’esprit, impassibles, sans un sourire sur leurs visages. L’univers de la fête et du cirque sont parfois convoqués : masques d’arlequin, nez de clown, maquillage outrancier. Mais la fête a tourné court, la boule à facettes est éteinte, les guirlandes et les décorations gisent, abandonnées telles des vanités contemporaines. MOUSSA SARR Né en 1984 à Ajaccio. Il vit et travaille à Paris . Il est représenté par la galerie VNH, Paris Vidéo-performeur, acteur et sujet principal de ses œuvres, Moussa Sarr dresse là une iconographie à la fois grave et burlesque qui témoigne d’une mythologie personnelle et d’histoires universelles comme autant de tragi-comédies pointant le drame des mascarades humaines, et mettant le corps – à la fois intime, social et politique – à l’épreuve. Figures allégoriques, instincts animaux, postures irrévérencieuses, les œuvres de Moussa Sarr se présentent comme des fables sans morale dont lui même ne connaît pas la fin. La chute, ambiguë, reste libre d’arbitrage. © Moussa Sarr- Invisible man, photographies, 2014 12 DOSSIER PÉDAGOGIQUE PETITE HISTOIRE DU PORTRAIT Le portrait pendant l'antiquité Anonyme, Portrait du Roi Jean Le Bon, milieu du XIVe siècle. Les portraits du Fayoum, datant du IIème siècle après J.-C, portent le nom du site situé en Egypte où ils ont été retrouvés en 1888. Ce sont les portraits peints les plus anciens que l’on connaisse. Ils sont effectués du vivant des modèles sur des planchettes de bois et placés sur leurs momies. Ils sont considérés comme les premiers portraits intimes ; ils n’étaient pas destinés à être vus du public et sont donc différents d'une représentation sociale. En Grèce, le portrait rend hommage aux grands hommes de la cité, il en perpétue le souvenir. La civilisation grecque n’a pas développé l’art du portrait réaliste : les représentations sont très idéalisées. Les personnes représentées sont éternellement jeunes et belles. Les hommes politiques ou les bienfaiteurs de la cité se font faire des statues ou des bustes destinés à figurer dans les lieux publics. Les effigies des empereurs sont aussi véhiculées par les monnaies et les médailles, accompagnées d’inscriptions. Portrait funéraire d'un jeune homme, découvert à Fayoum, IIe après JC Deux fonctions différentes coexistent : les portraits publics qui représentent des empereurs ou des notables et les portraits funéraires de citoyens ordinaires. Les personnes se font représenter par la sculpture, sur des fresques, des tableaux (bois ou tissu) mais aussi sur des pièces de monnaie, moyen commode de faire de la propagande pour l'empereur en place. Le moyen-âge : l'individu disparaît sous le poids de la religion La société du moyen âge instaure une distance à l’égard du réel et les individus ne sont plus portraiturés. L’église estimant que l’on doit accorder peu d’intérêt à l’individu en tant que tel condamne ce type de représentation. Si les puissants sont représentés sur les monnaies, les sceaux ou les manuscrits enluminés, les peintres ne privilégient pas la ressemblance et les personnes sont essentiellement identifiées par les attributs propres à leurs fonctions et les inscriptions qui l’accompagnent. 13 DOSSIER PÉDAGOGIQUE PETITE HISTOIRE DU PORTRAIT Jan Van Eyck, Les époux Arnolfi, 1434 XIVe - XVe siècle : la naissance du portrait En peinture, la représentation de personnes identifiables apparaît tardivement. Au XIVe siècle, les peintres italiens commencent à individualiser leurs personnages. Progressivement, les commanditaires des œuvres religieuses apparaissent dans les compositions. Mais ce n’est qu’au début du XVe siècle que le portrait s'érige en genre autonome. Il se développe principalement à Florence et en Flandres. En Italie, les personnalités sont le plus souvent représentées en buste. Le fond évolue rapidement : d’abord neutre ou décoratif, dans la tradition gothique, il représente ensuite un intérieur ou encore un paysage. De leur côté, les primitifs flamands peignent leurs sujets avec un grand réalisme. A la suite de Jan Van Eyck, ils les placent dans leur cadre domestique. XVIe siècle : le développement du portrait de cour Au XVIe siècle, ce genre se transforme essentiellement en art de cour. De grands peintres le pratiquent, sans toutefois s’y consacrer exclusivement. D’autres en font leur spécialité, jusqu’à devenir parfois « peintre du roi ». Au XVIIe siècle, Petrus Paulus Rubens et surtout Antoon Van Dyck, en Angleterre, rénovent les formules du portrait du prince. Ils lui apportent une vivacité parfois absente des tableaux d’apparat. La pose se diversifie. L’ensemble de la composition concourt à mettre en valeur les qualités du monarque. En Angleterre, Jean Clouet, Portrait de François Ier, roi de France, vers 1530 14 DOSSIER PÉDAGOGIQUE XVIIIe siècle : l’âge d’or Au XVIIIe siècle, le portrait connaît un âge d’or. Si les puissants continuent à commander leur portrait, l’intimité, la sensibilité gagnent leurs lettres de noblesse. Les représentations de la famille et de l’enfance se multiplient. La représentation des gens de théâtre devient aussi un thème de prédilection. Une approche plus psychologique des individus voit également le jour. Aux côtés de la peinture, la mode du portrait au pastel connaît un essor sans précédent, sous l’influence de Quentin de La Tour. Celui-ci ne traite souvent que la tête du modèle qui, quelle que soit sa condition sociale, est toujours représentée de façon expressive et fouillée. Maurice Quentin de Latour, Autoportrait à la toque d’atelier, 1742, PETITE HISTOIRE DU PORTRAIT Jean-Auguste Dominique Ingres, Princesse Albert de Broglie, 1853 XIXe siècle : le déclin Au début du XIXe siècle, tous les grands peintres font des portraits, quels que soient leur style ou leurs thèmes favoris. Le portrait à l'huile connaît un succès jamais atteint et les formats s’agrandissent. Mais la révolution picturale (l'impressionnisme) que voit naître la fin de ce siècle modifie également l’intérêt et la nature même du genre. Si les artistes continuent à réaliser des portraits, l’objectif s’est déplacé. Le genre devient un prétexte, un moyen comme un autre de déterminer l’attitude du peintre vis-à-vis du monde réel, de la société et de l'art. Avec l'invention de la photographie qui permet alors d’enregistrer une image fidèle du sujet, l’art de la figuration va se trouver fortement bouleversé. 15 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT PHOTOGRAPHIQUE "Dès les premières décennies de son histoire, la photographie explore déjà la totalité des sousgenres du portrait que nous pratiquons encore actuellement : des portraits officiels commandés par les puissants de ce monde au nu – qu’il soit académique, intime, érotique ou pornographique -, en passant par les images de célébrités artistiques ou intellectuelles, le portrait social, le portrait documentaire, le portrait "scientifique", le portrait familial – et notamment le portrait de mariage et les portraits d’enfants -, l’autoportrait, le portrait de groupe, le portrait historisant, le portrait fictif… L’évolution ultérieure ne fera que reconduire cette place importante du portrait : il sera de tout temps un des usages sociaux majeurs de la photographie. En témoigne par exemple la vogue du portrait-carte qui commence vers 1860 et dont le succès ne se démentira qu’au début du XXe siècle. Toutes les villes, toutes les bourgades même, ont bientôt leurs "studios photographiques" où, toutes classes sociales confondues, on va se faire tirer le portrait. Même les endroits les plus isolés sont touchés puisque, dès les années cinquante, des portraitistes ambulants se mettent à parcourir les campagnes reculées. Ajoutons encore que, dans le sillage du colonialisme et du développement des moyens de locomotion, les photographes rapportent très vite des portraits de tous les coins de la Terre : dès 1856, Louis Rousseau réalise ainsi pour le Muséum d’histoire naturelle toute une série de portraits "ethnographiques" de Russes, de Hottentots et d’Esquimaux. Enfin, il faut rappeler que peu à peu le portrait se voit doté d’une fonction d’outil de contrôle social, avec l’anthropométrie signalétique de Bertillon d’abord, puis avec la photo d’identité. Aussi, lorsque le portrait-carte commence à décliner au début du XXe siècle, ceci ne correspond-il nullement à une perte d’attrait du genre. Simplement, du fait des développements techniques et économiques, c’est la photographie d’amateur pratiquée en famille qui va peu à peu prendre le relais du portraitiste professionnel – à l’exception des portraits à usage public (presse, relations publiques, etc.), du portrait de cérémonie (baptême, mariage...) ou encore du portrait d’identification juridique (la photo d’identité, dans le cas de laquelle la machine, c’est-à-dire le photomaton, finira d’ailleurs par remplacer le portraitiste humain). Anonymes, portrait-cartes, fin XIXe siècle 16 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LE PORTRAIT PHOTOGRAPHIQUE (SUITE) À ce déplacement du professionnel vers l’amateur et de l’espace public vers le privé correspond un glissement important dans les modalités fonctionnelles du portrait. Il sera conçu de plus en plus fortement comme un genre familial, puis (en relation avec la déstabilisation de la structure familiale traditionnelle que nous connaissons depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale) comme un genre personnel. Ce glissement vers le pôle de l’intimité s’accompagne d’une transformation de ses modalités symboliques : sa fonction traditionnelle, qui était de souligner des moments forts du temps social (baptême, première communion, service militaire, mariage) fera place peu à peu à une scansion temporelle plus erratique et plus "existentielle": à tel point qu’aujourd’hui la pratique d’amateur du portrait a souvent le statut d’un journal intime visuel. Philippe Bazin, Triplés, photographie, 1997, collection Artothèque de caen Enfin – et ce à l’opposé de ce qui est le cas dans la pratique artistique du portrait -, les frontières entre portrait "posé" et instantané "volé" ont fini par s’effacer dans cet usage privé : peut-être que ceci témoigne du fait que, comparés à nos ancêtres, nous entretenons une relation plus détendue avec la mise en image de notre identité subjective. En tout cas, l’amour pour notre "triviale image", bien que déploré par Baudelaire, semble désormais enraciné si profondément dans notre être social et individuel que notre prédilection pour le portrait photographique n’est sans doute pas près de s’éteindre. (...)" Jean-Marie Schaeffer Extrait du catalogue de l’exposition Portraits, singulier pluriel Edition Mazan/Bibliothèque nationale de France – 1997 17 DOSSIER PÉDAGOGIQUE RÉFÉRENCES ARTISTIQUES LA FIGURE DE L'ARTISTE Rembrandt Harmenszoon Van Rijn, dit Rembrandt (1606-1669) Pourquoi Rembrandt s'est-il si souvent représenté, avec une régularité que l'on pourrait qualifier d'obsessionnelle ? En quarante ans de carrière, depuis ses débuts à Leyde jusqu'à sa mort, en 1669, à Amsterdam, il a peint, dessiné ou gravé les traits de son visage une centaine de fois. Les artistes de son époque l'ont rarement fait à plus de deux ou trois reprises. Comment expliquer également son goût du travestissement ? Dans chacun de ses autoportraits, il semble prendre un malin plaisir à s'exhiber dans un accoutrement Autoportrait en jeune homme, huile sur toile, 1629 différent, parfois même extravagant, coiffé Autoportrait avec béret, huile sur toile, 1659 d'un béret, d'une toque ou d'un turban, vêtu de guenilles ou d'un élégant pourpoint, tour à tour prince ou mendiant, apôtre ou soldat. Vincent van Gogh (1853-1890) Comme Rembrandt et Goya, Vincent van Gogh s'est fréquemment pris lui-même pour modèle ; on compte plus de 43 autoportraits, peints ou dessinés, en une dizaine d'année de travail. Comme ces maîtres du passé, il s'observe dans le miroir sans complaisance. Se peindre soi-même n'est pas un acte anodin : il s'agit d'une interrogation qui, souvent, débouche sur les vertiges de l'identité. Ainsi écrit-il à sa soeur: "Je recherche une ressemblance plus profonde que celle qu'obtient le photographe". Et plus tard à son frère : "On dit et je le crois volontiers, qu'il est difficile de se connaître soi-même. Mais il n'est pas aisé non plus de se peindre soimême. Les portraits peints par Rembrandt, c'est plus que la nature, ça tient de la révélation". Autoportrait, huile sur toile, 1887 Autoportrait à l'oreille bandée, 1889 sources : www.musee-orsay.fr 18 DOSSIER PÉDAGOGIQUE RÉFÉRENCES ARTISTIQUES Frida Kahlo (1907-1954) " Je peins des autoportraits parce que je me sens si souvent seule et parce que je suis la personne que je connais le mieux. " (Frida Kahlo). Frida Kahlo est née en 1907 au Mexique. Suite à un terrible accident de tramway, la jeune femme agée de 18 ans se retrouve brisée en mille morceaux. Alitée dans la maison familiale, Frida survit grâce à la peinture qu'elle pratique en autodidacte. Un miroir accroché en ciel de lit et un chevalet adapté à sa position allongée lui permettront de commencer un travail autour de son image, de sa perception d'ellemême. Sa peinture dévoilera sans concession une analyse profonde de ses maux, angoisses et fragilités. «Ma peinture porte en elle le message de la douleur» (Frida Kahlo). L’autoportrait tiendra une place importante dans la vie de Frida Kahlo. On en compte plus de cinquante-cinq sur les cent cinquante tableaux qu’elle a peints. La colonne brisée, huile sur toile, 1944 Cindy Sherman (1954) Cindy Sherman est une artiste et photographe américaine vivant à New-York. Son travail, qui se présente sous forme de séries d'autoportraits, mène entre autre une réflexion sur le medium photographique, en rapport avec la peinture, et sur la place de la femme et sur sa représentation dans la société contemporaine. Ses autoportraits, où elle se met en scène dans des costumes et des attitudes variées, sont autant de questionnements sur l'identité et ses modes de représentations. Les influences de son œuvre sont nombreuses et se réfèrent à des imageries très différentes, de l'image picturale et cinématographique à l'image de publicité, de magazine, ou encore à l'image érotique. Untitled #225, photographie, 1990 19 DOSSIER PÉDAGOGIQUE RÉFÉRENCES ARTISTIQUES PORTRAITS DE GÉNÉRATION Fantin-Latour, un atelier aux batignolles, huile sur toile, 1870 Les Batignolles étaient le quartier où vivaient Manet et un certain nombre des futurs impressionnistes. FantinLatour, témoin discret de cette époque, rassemble autour de Manet, consacré chef d'école, de jeunes artistes aux idées novatrices. De gauche à droite, on peut reconnaître Otto Schölderer, peintre allemand venu en France rencontrer les disciples de Courbet ; Manet, le visage aigu, assis devant son chevalet ; Auguste Renoir, coiffé d'un chapeau ; Zacharie Astruc, sculpteur et journaliste ; Emile Zola, porte-parole du renouveau de la peinture ; Edmond Maître, fonctionnaire à l'Hôtel de Ville ; Frédéric Bazille, qui sera fauché quelques mois plus tard, à l'âge de vingt-six ans, pendant la guerre de 1870 ; enfin, Claude Monet. Les attitudes sont sobres, les costumes sévères, les visages presque graves. Fantin-Latour souhaite que ces jeunes artistes, alors très décriés, soient perçus comme des personnalités sérieuses et respectables. source : www.musee-orsay.fr Auguste Renoir, le déjeuner des canotiers, 1880 La scène se déroule sur la terrasse de la Maison Fournaise à Châtou. Renoir peint ici un rassemblement de jeunes gens, qui font tous partis de son cercle d'amis proches et de modèles fidèles. On y retrouve, entre autre, Alphonse Fournaise le propriétaire de l'auberge, adossé à la balustrade, Gustave Caillebotte, grand ami du peintre, au premier plan, ou encore Aline Charigot, future épouse du peintre. Cette toile reflète l’insouciance des dimanches dans les guinguettes au bord de l’eau où toute une génération de jeunes gens, canotiers, bourgeois, ouvriers et cocottes mènent une vie insouciante. 20 DOSSIER PÉDAGOGIQUE RÉFÉRENCES ARTISTIQUES La Factory d'Andy Warhol En 1964, Andy Warhol crée la factory. Ce lieu ouvert va devenir le centre névralgique de la scène underground new-yorkaise en multipliant les collaborations dans toutes les disciplines (Art, danse, cinéma, théatre expérimental, musique...). Le groupe The Velvet Underground s'y produisit. Ainsi de la même manière que la Factory avait servi à produire à la chaîne ses sérigraphies pop, ce lieu devait aussi servir à Warhol à produire du mythe de l’image sociale en quantité industrielle, et propulser dans la grande constellation des VIP, quiconque mettrait les pieds chez lui. La Factory se devait d’être cet endroit où on entre anonyme et d’où on sort «Superstar» (selon la terminologie de Warhol). Martin Parr, série Common Senses, 1995-1999 Extraits de la série Common Senses, 1995-1999 Photographe anglais né en 1952, Martin Parr est membre de la coopérative photographique Magnum Photos depuis 1994. Ses séries photographiques, ayant pour thème l'Angleterre, les touristes, les musées, etc... sont un large portrait de notre monde actuel, avec toutes ses absurdités et ses excès. Les cadrages serrés et les couleurs criardes sous flash confèrent à ces photographies un sens aïgu de la dérision et de l'ironie. Un regard accéré à l'humour anglais grinçant, porté sur une multitude de sujets d'une banalité déconcertante. Ces petites choses de la vie quotidienne anglaise sont capturées dans une série intitulée "Common senses" réalisée entre 1995 et 1999. Tel un imagier de l'ordinaire et du kitsch, Martin Parr présente tout ce qui constitue la culture populaire dans la société de consommation occidentale. 21 DOSSIER PÉDAGOGIQUE RÉFÉRENCES ARTISTIQUES LES LAISSÉS POUR COMPTE Bartolomé Esteban Murillo, le jeune mendiant (1645-1650) Le Jeune Mendiant est une des principales œuvre et le premier tableau représentant un garçon des rues du peintre espagnol Esteban Murillo (1618-1682). Murillo fait parti du mouvement baroque espagnol du XVIIeme siècle. Il est, avec les peintres Diego Velazquez, Francisco Zurbaran et José de Ribera, l'un des principaux représentants du siècle d'Or espagnol (période de rayonnement culturel de l'Espagne au XVIIeme siècle en Europe) et le chef de fil de l'école de Séville, second centre artistique de l'Espagne après Madrid. Bien que l'essentiel de ses œuvres soient religieuses, il est très reconnu pour ses peintures de genre, particulièrement ses portraits de femmes et d'enfants pauvres. Murillo eut une grande influence sur le réalisme et le rococo du XVIIIeme siècle espagnol. Le jeune Mendiant est souvent appelé "le jeune pouilleux" car il est en train de se débarrasser de ses puces. Le goût de Murillo pour les figures de nécessiteux n'est peut-être pas non plus sans lien avec la doctrine de la charité des Franciscains, pour lesquels le peintre a beaucoup travaillé. Honoré Daumier, le wagon de troisième classe, 1864 Les révolutions industrielles du XIXe siècle mirent soudain le petit peuple sans identité sur le devant de la scène et les peintres, dans le sillage des utopistes et des romanciers (Victor Hugo, Émile Zola...) osèrent alors, sans pudeur, montrer leur souffrance. Grâce au talent de peintres tels que Georges Rouault, Honoré Daumier, Félicien Rops, ou Alfred Roll, l’extraordinaire témoignage sociologique présenté ici renvoie à l’évolution d’un monde en mutation accéléré par la révolution industrielle et rend compte de l’engagement de ces artistes, témoins de leur temps. Dans ce tableau réaliste, Daumier n'a pas choisi de représenter les riches bourgeois voyageant en première classe, mais le petit peuple de la troisième classe, afin de dénoncer la misère qui régnait dans une grande partie de la société française à cette époque. C'est, pour l'artiste, le reflet d'une réalité que certains préféraient occulter. 22 DOSSIER PÉDAGOGIQUE RÉFÉRENCES ARTISTIQUES Dorothea Lange (1895-1965), Les travaux les plus connus de Dorothea Lange ont été réalisés dans le cadre d'une mission confiée par la Farm Security Administration (FSA) : cet organisme américain a été créé par le ministère de l'agriculture en 1937, afin d'aider les fermiers les plus pauvres touchés par la Grande Dépression. Le médium de la photographie permis à Dorothea Lange d'être le témoin d'une époque sombre, et de dévoiler aux yeux de tous la dure réalité sociale et économique d'une grande partie des américains. Ces photographies de commande appartiennent donc à L’Etat, et seront diffusées à vitesse grand V grâce à leur publication dans les journaux de tout le pays. L'impact des images de Dorothea Lange sera donc immédiat. La photographie intitulée Migrant Mother, prise en 1936, deviendra le portrait symbole de la Grande Dépression. Les photographies réalisées pour la FSA inscriront les clichés de Lange dans les prémices du photojournalisme. Migrant mother, photographie, 1936 Diane Arbus (1923-1971) " Diane Arbus a révolutionné l’art de la photographie. L’audace de sa thématique et son approche photographique ont donné naissance à une œuvre souvent choquante par sa pureté. Par son talent à rendre étrange ce que nous considérons comme extrêmement familier, mais aussi à dévoiler le familier à l’intérieur de l’exotique, la photographe ouvre de nouvelles perspectives à la compréhension que nous avons de nous-mêmes. Arbus puise l’essentiel de son inspiration dans la ville de New York, qu’elle arpente à la fois comme un territoire connu et une terre étrangère, photographiant tous ces êtres qu’elle découvre dans les années 1950 et 1960. La photographie qu’elle pratique est de celle qui se confronte aux faits. Cette anthropologie contemporaine – portraits de couples, d’enfants, de forains, de nudistes, de familles des classes moyennes, de travestis, de zélateurs, d’excentriques ou de célébrités – correspond à une allégorie de l’expérience humaine, une exploration de la relation entre apparence et identité, illusion et croyance, théâtre et réalité. " Jeune homme en bigoudis chez lui, New-York,source : www.jeudepaume.org photographie, 1966 23 DOSSIER PÉDAGOGIQUE RÉFÉRENCES ARTISTIQUES Pierre Gonnord Pierre Gonnord est né en 1963 à Cholet en france. Il vit et travaille à Madrid depuis 1988. "Pierre Gonnord aime les marginaux. Ses modèles sont souvent des Gitans, des voyous, ou des immigrés de l'Europe de l'Est qui survivent de petits boulots dans les capitales occidentales. Ils nous imposent leur présence – tranquille, sans agressivité ni colère – et semblent évoluer dans un temps suspendu. Echappant aux contingences. Comme dans la peinture religieuse du XVIIe siècle. Avec ses fonds noirs, ses clairs-obscurs, son traitement des couleurs, qu'on croirait couvertes d'un glacis, Gonnord en fait des personnages bibliques – Christ, larrons, aveugles, martyrs et saints – échappés d'une toile de Zurbarán ou du Caravage. D'autres images évoquent des portraits de Soutine ou ceux des daguerréotypes du XIXe siècle. En puisant dans l'histoire de l'art, Gonnord ennoblit ses personnages, leur donne une aura. Trop simpliste à ses yeux, la remarque lui déplaît. Il admire la peinture, fréquente régulièrement les musées, mais, insistet-il, sa démarche est purement photographique. « J'ai soif de rencontres avec des gens à part ou les oubliés de notre société. J'en ai besoin. Ils m'aident à avoir un comportement juste, sans faux-fuyants ni hypocrisie. Avec eux, inutile de tricher. On doit se présenter tel qu'on est, sans fausse compassion, ou c'est le rejet. Surtout les Gitans. Ils ont l'art de vous gratter la peau pour voir ce qu'il y a dessous. Si la photographie ne me permettait pas cela, je ferais autre chose. »" Luc Desbenoit - Télérama n° 3052 - 12/07/2008 24 DOSSIER PÉDAGOGIQUE LIENS AVEC LES PROGRAMMES SCOLAIRES PROGRAMME MATERNELLE & ÉLÉMENTAIRE Agir, s'exprimer, comprendre à travers les activités artistiques Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions Pratiques artistiques et histoire des arts PROGRAMME COLLÈGE • ARTS PLASTIQUES Classe de 6e : l'objet Classe de 4e : la citation • FRANÇAIS Classe de 5e-4e : le portrait Classe de 3e : l'autobiographie • HISTOIRE Différents champs de l’histoire sont abordés : économique, social, politique et culturel, avec une place particulière pour l’histoire des arts. De la Sixième à la Troisième, toutes les grandes périodes de l'histoire peuvent être perçues par le prisme de l'art du portrait. (cf voir petite histoire du portrait). PROGRAMMES LYCÉE • ARTS PLASTIQUES Classe de Seconde : Le dessin, l’observation et la ressemblance • HISTOIRE DES ARTS Figuration et image Œuvre, filiation et ruptures • FRANÇAIS Le personnage de roman, du XVIIème siècle à nos jours 25 DOSSIER PÉDAGOGIQUE PISTES PÉDAGOGIQUES Après l'exposition Propositions d'activités pour approfondir la visite : POUR LES PLUS PETITS 1 / Charles FRÉGER, Les patineuses. Objectifs - Apprendre à observer, écouter, s'exprimer à l'oral - Manipuler le vocabulaire du portrait Little Steps, photographies, 2002 Le jeu des différences On peut le proposer à partir des trois ou seulement de deux supports. Il s'agit d'amener les élèves à formuler des différences physiques ce qui les obligera à recourir à un vocabulaire précis. Qui est-ce ? Il s'agit d'un exercice de « devinette » à l'oral qui vise à développer l'écoute, enrichir le vocabulaire et la maîtrise de la langue. Un élève propose à l'oral à ses camarades le portrait d'un enfant de la classe, il commence par le portrait physique, il est obligé d'employer un vocabulaire précis donné au préalable. On peut aussi imaginer proposer d'abord l'exercice à partir des « Patineuses » de Fréger comme exercice de réinvestissement, puis à partir des portraits des enfants de la classe, ce qui élargit la palette de termes à manipuler. 26 DOSSIER PÉDAGOGIQUE PISTES PÉDAGOGIQUES Boîte à outils pour rédiger un portrait : Le Vocabulaire du Visage Les noms : les cheveux , le front, les sourcils, les arcades sourcilières, les paupières, les yeux, la pupille, l'iris, le lobe, le nez, les joues, les pommettes, les tempes, la bouche, la commissure des lèvres, le menton... Les adjectifs et expressions pour qualifier un visage : • • Le visage : rond, carré, allongé, fin, plein, épanoui, Le teint : blafard, blême, bronzé, cireux, clair, congestionné, éclatant, frais, hâlé, livide, lumineux, mat, rougeaud... • Les cheveux : auburn, blancs, blonds, châtains, cendrés, gris, noirs, poivre et sel, roux, bouclés, clairsemés, crépus, drus, frisés, frisottés, hérissés, lisses, ondulés... • • Le front : bas, bombé, étroit, fuyant, haut, lisse, ridé... Le nez : aquilin, busqué, court, délicat, droit, écrasé, en trompette, épaté, fin, large, long, retroussé Les joues : caves, creuses, empourprées, granuleuses, lisses, pâles, pleines, saillantes Les lèvres : boudeuses, charnues, fines, gourmandes, minces, ourlées, pincées... Le menton : fuyant, avancé, avec une fossette, en galoche, pointu, rond.. • • • 2 / John Casey : faire un portrait à la manière de... John Casey par l'invention de signes graphiques figuratifs ou non, rend compte des sentiments ou de l'état d'esprit des personnages représentés. On pourra demander aux enfants de travailler un portrait qu'on leur fournit qui pourra être une œuvre d'art, une photographie d'eux ou de quelqu'un d'autre et de modifier ce portrait en ajoutant des éléments qui représentent selon eux l'état d'esprit du visage ou personnage choisi. 27 DOSSIER PÉDAGOGIQUE PISTES PÉDAGOGIQUES 3 / Laura Hennot, Rainy Silence, de la série Land’s End, 2007 Objectifs : - Comprendre la notion de hors champ - Voir comment celui-ci participe à la construction du sens que l'on donne à une œuvre - Raconter une histoire à partir d'une œuvre et de l'implicite offert par le hors-champ On propose une activité en trois temps : 1 - On fournit une copie de l'œuvre de Laura Hennot aux enfants et on leur demande après avoir postionné cette œuvre sur une feuille, de prolonger et dessiner le hors-champ. 2 - On confronte les productions des enfants et les interprétations ; on leur demande de justifier leurs choix. Quel sens auront-ils donné au regard de la jeune fille ? Interrogateur ? Angoissé ? Réprobateur ? 3 - On pourra proposer un exercice d'écriture individuelle ou en groupe. La jeune fille de l'œuvre, plus âgée, se remémore ce qu'elle faisait ce jour-là avant et après la prise de vue. 28 DOSSIER PÉDAGOGIQUE PISTES PÉDAGOGIQUES 4 / L'influence de l'histoire des arts sur les artistes contemporains On pourra, pour aborder la notion d'héritage avec les élèves, leur proposer un jeu d'associations à partir d'un ensemble d'œuvres (voir page suivante), l'intérêt étant de réussir à justifier leurs choix. Cette activité leur permettra de développer une culture artistique, de comprendre les rapports de filiation entre les artistes, les principes de citations et/ou d'influences et de mesurer ce qu'on appelle un imaginaire culturel collectif. Tous niveaux : - Dès le CM, le principe d'association est envisageable. - Les élèves de collège, réussiront mieux à justifier ces associations en employant un vocabulaire approprié (couleurs, cadrage, lignes de force, posture....). On pourra, de plus, leur proposer des travaux de recherches autour des artistes ou courants convoqués (Vélasquez, Vermeer, Frida Kalho ou Antonello de Messine). Adrien Belgrand propose des scènes d'intérieur très statiques et silencieuses qui évoquent la méditation et proposent en même temps au spectateur un non-dit entre les personnages qu'il reste à interpréter. On y retrouve l'atmosphère de certains Vermeer, tant en raison des postures et occupations des personnages représentés qu'à cause de certains effets de construction : reprise du motif de la fenêtre, si présent chez Vermeer dont le cadre vient structurer l'œuvre. Les portraits de Gaël Davrinche, en empruntant à la modernité un objet insolite détourné de sa fonction première, n'est pas pour autant dans une démarche de rupture ; au contraire, l'objet en question permet au tableau de fonctionner comme un palimpseste. On retrouve l'influence de la peinture de cour de Velasquez. Le cabas rouge retourné vient remplacer l'armure des portraits en armes et rappeler aussi les robes à vertugadin portées par les nobles de la cour d'Espagne. Dans le choix des couleurs, on retrouve les mêmes connotations, en particulier avec le rouge qui évoque le pouvoir. La cadrage, la raideur hautaine reprennent aussi les codes de ces portraits aristocratiques. Léo Dorfner, dans un esprit rock et provocateur, revisite l'iconographie du martyr de Saint Sébastien On retrouve le torse du martyr que les artistes ont fait si souvent le choix de représenter mais Dorfner choisit, non sans humour, de décaler la scène dans le temps. Nous sommes avant le supplice. D'où le titre : Sébastien décocha un regard plein de dédain tandis que sifflaient déjà les premières flèches. Florence Obrecht, par le choix de son modèle et de la mise en scène, juxtapose plusieurs inspirations : souvenirs des Vanités par la présence des fruits et des fleurs mais aussi des scénographies des autels de dévotion à la santa muerte, où la beauté des fleurs se confronte à la noirceur des squellettes. Une culture qui inspirera toute sa vie la peintre mexicaine Frida Kalho. 29 DOSSIER PÉDAGOGIQUE PISTES PÉDAGOGIQUES • Consigne : associez chaque œuvre contemporaine de la colonne de gauche à une œuvre classique de la colonne de droite et justifiez votre rapprochement. Florence Obrecht, Maya Adrien Belgrand, Dans le bureau Léo Dorfner, Sébastien décochant un regard plein de dedain tandis que sifflaient les premières flèches. Gaël Davrinche, L'ambassadrice J. Vermeer, La maîtresse et la servante, 1667 Vélasquez, Philippe IV, 1628 Portrait photographique de Frida Kahlo Antonello da Messina, Saint-Sébastien, 1478 30 DOSSIER PÉDAGOGIQUE PISTES PÉDAGOGIQUES POUR LES PLUS GRANDS 5 / Seuls/ensemble : portrait individuel ou collectif ? Pour revenir sur la polysémie du titre de l'exposition, on pourra proposer aux élèves de revoir certaines des œuvres et de s'interroger à chaque fois sur ces questions : - S'agit-il du portrait d'un individu unique ? - L'artiste cherche-t-il à y exprimer sa singularité ou le portrait est-il celui d'un groupe ? Si, oui, lequel ? - Quelle image d'une société ou d'une génération laisse à voir l'artiste ? 2 1 3 1 - Mohamed Bourrissa, Shoplifters, photographies, 2011 2 - Florent Lamouroux, Le sens de la vie, installation, 2014 3 - Thomas Levy-Lasne, Le couple, huile sur toile, 2011 L'intérêt de ce questionnement est de montrer qu'un portrait individuel peut aussi être une sorte de portrait de groupe au sens où il est aussi portrait d'une société ou d'une génération. C'est ainsi avec le travail de Mohamed Bourouissa. L'homme est seul sur le cliché mais cette photographie a été prise par le gérant du magasin que l'homme venait de voler. Cliché de flagrant délit qui trahit un malaise social observable à la nature dérisoire de l'objet du larcin, mais aussi à l'arrière-plan. À l'inverse, l'armée d'ouvriers bleus de Florent Lamouroux saute aux yeux comme un portrait collectif, une armée de travailleurs mais dont les outils sont hors d'usage. Curieusement, il s'agit aussi d'une sorte d'autoportrait puisque chaque figurine moulée est une représentation de l'artiste lui-même. 31 DOSSIER PÉDAGOGIQUE PISTES PÉDAGOGIQUES 6 / Comment l'objet participe au portrait ? (6ème) Dans un premier temps, on pourra demander aux élèves de lister les objets qu'ils reconnaissent : - Sont-ils intègres ? Ou transformés ? - Sont-ils placés à un endroit logique ou pas ? - Ont-ils leur fonction utilitaire habituelle ? 1 2 3 1 - Alexis Debeuf, autoritratto, sculpture, 2015 2 - Gaël Davrinche, Benny, huile sur toile, 2012 3 - Florence Obrecht, Maya, huile et acrylique sur toile, 2014 L'objet participe au portrait, en infléchit le sens. Objets traditionnels des vanités et des natures mortes chez Florence Obrecht, l'objet (boîte métallique de bobine de film) est détourné par Gaêl Davrinche de sa fonction première, utilitaire mais n'en participe pas moins à la force symbolique du portrait. Quant au rateau détourné par Alexis Debeuf, il devient le matériau même du portrait. 32 DOSSIER PÉDAGOGIQUE PISTES PÉDAGOGIQUES 7 / L'arrière-plan dans les portraits a-t-il de l'importance ? 1 2 3 1 - Adrien Belgrand, La lecture, acrylique sur toile, 2015 2 - Gaël Davrinche, L'ambassadrice, huile sur toile, 2013 3 - Laure hennot, A Tree Of Night, in « Land’s End », photographie, 2004 On proposera aux élèves de voir à nouveau quelques-unes des œuvres pour montrer la fonction esthétique et structurelle de l'arrière plan mais aussi sa dimension symbolique : Chez Laura Hennot, on pourrait dire qu'il n'y a pas d'arrière-plan ; or, le choix du fond noir couplé à la posture de trois-quart qui dérobe le visage et entraîne le regard vers l'arrière, offre à ce fond toute une charge symbolique d'étrangeté et d'inquiétude. Dans les 2 autres œuvres, les arrières-plans sont pleins. Aussi décalée soit-elle, l'armée de playmobil qui offre un cadre au portrait de Gaël Davrinche rehausse la notion de pouvoir et d'autorité qui émane de la figure représentée. Chez Adrien Belgrand, l'arrière plan est très structuré par les montants de la baie vitrée qui font écho aux pans des rideaux et aux étagères sur lesquelles on aperçoit des livres. Cet intérieur ordonné souligne alors l'état d'esprit du personnage et construisent le rapport que celui-ci entretient avec la lecture. À l'instar de la fenêtre ouverte, elle est évasion, thème que l'on retrouve dans le choix des objets environnants (la carte et les lampions) et source de sérénité, ce que l'on peut ausi lire dans l'association du plein et du vide de la bibliothèque. 33 DOSSIER PÉDAGOGIQUE PISTES PÉDAGOGIQUES 8 / Artistes : autoportrait et autodérision ! 1 3 2 1 - Moussa Sarr- Invisible man, photographies, 2014 2 - Florence Obrecht - Autoportrait, huile et acrylique sur papier, 2015 3 - Jean Bonichon - C'est seau, photographie Les œuvres de Dominique Angel, Florent Lamouroux et d'Alexis Debeuf sont également à intégrer à cette liste d'autoportraits. Nombreux sont les artistes de l'exposition qui ont travaillé à la représentation de leur propre image. Après avoir observé ces œuvres dans l'exposition, on proposera aux élèves de s'interroger sur l'image qu'ont voulu donner les artistes dans leurs autoportraits. Humour burlesque, cynisme, autodérision, absurdité... 9 / Raconter une histoire « à faire peur » : 4ème / 3ème Laura Henno, A Tree Of Night, in « Land’s End », 2004 A tree of night and others stories est une série de nouvelles inquiétantes ou fantastiques publiées en 1949 par Truman Capote et c'est le titre choisie par Laura Hennot pour cette photographie. Celle-ci sera le point de départ de votre récit. Vous raconterez une frayeur nocturne injustifiée. Votre texte pourra être à la première ou à la troisième personne et inclure l'œuvre de Henno. 34 DOSSIER PÉDAGOGIQUE RENSEIGNEMENTS PRATIQUES DATES ET HORAIRES du 23 AVRIL AU 26 SEPTEMBRE 2016 Du mardi au samedi de 14h00 à 18h30 Vernissage le samedi 23 avril 2016, à partir de 18h30 à L'Artothèque, Espaces d'art contemporain de Caen MÉDIATIONS Accueil des groupes scolaires du mardi au vendredi sur rendez-vous, matins et après-midis Visites commentées de l'exposition : 25 € / groupe (établissements non abonnés à L'Artothèque) GOÛTEZ L’ART! UN NOUVEAU RENDEZ-VOUS FAMILIAL ! Tous les premiers mercredis du mois, L'Artothèque vous invite de 15h à 16h à découvrir l'art en famille autour d'un goûter. Tarif : 2 € par personne Réservation conseillée SAMEDI DE L'ART Le dernier samedi de chaque mois, de 15h00 à 16h00, un médiateur accueille le public dans l’exposition pour une visite accompagnée. Gratuit - Sans réservation RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATIONS Marie Leloup, chargée de médiation [email protected] 02 31 85 69 73 Dossier réalisé par Marie Leloup, Chargée de médiation et pistes pédagogiques rédigées par Vanessa Rattez, enseignante-relais. L’Artothèque de Caen est financée par la Ville da Caen, avec la participation du Ministère de la Culture et de la Communication, Drac de Basse-Normandie, du Conseil général du Calvados et du Conseil Régional de Basse-Normandie. Palais Ducal Impasse Duc Rollon, 14000 Caen tél + 33 (0)2 31 85 69 73 [email protected] www.artotheque-caen.net 35