Société festivals politique culturelle

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Société festivals politique culturelle
93
DU 27.02 AU 26.03.2016
exemplaire offert avec la Marseillaise le 27 février 2016
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2€
Société
politique culturelle
festivals
Remaniement ministériel
Métropole, épisode 2
Les boues rouges : toxique !
La Busserine en lutte contre le FN
Le Contrat lecture de Marseille
Les Variétés en danger
Mars en Baroque + de danse Babel Med
Région en scène Les Écritures du réel
Avec le Temps Les Élancées Fest’hiver
Giorgio
Griffa
TRÈS
TRAITS
EUGÈNE LEROY — CHRISTOPHER WOOL
ANDREAS GURSKY — SILVIA BÄCHLI
ADRIAN GHENIE — ISABELLE CORNARO
ROY LICHTENSTEIN
SASKIA ERS
OLDE WOLB
VINCENT
VAN GOGH
13 février - 24 avril 2016
FONDATION-VINCENTVANGOGH-ARLES.ORG
35TER RUE DU DOCTEUR FANTON – 13200 ARLES
FÉVRIER
MARS
2016
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CULTURE ET SOCIÉTÉ
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Crédit couverture : Alouette sans tête © Yann Marquis
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Secrétaire de rédaction
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Vers des lendemains
qui chantent
L’
actualité culturelle du début d’année conjugue toutes les musiques, populaires et écrites, anciennes et d’aujourd’hui, à paroles et abstraites... Un
signe sans doute, mais de quoi ? Du désir de chanter ?
Les pratiques culturelles témoigneraient-elles de nos inconscientes voies d’évasion ?
Ici, nos dernières illusions s’envolent au vu de la réforme du code du travail
qui s’annonce. On sait désormais que la trahison a eu lieu, que le gouver-
06 25 54 42 22
LIVRES
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MUSIQUE ET DISQUES
Jacques Freschel
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CINÉMA
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nement socialiste veut à coup de 49.3 imposer ce que le MEDEF avait
imaginé de pire pour asservir les travailleurs en 2012 ; que l’État
06 82 84 88 94
06 20 42 40 57
d’urgence est prolongé, les réformes territoriales imposées,
la déchéance de nationalité adoptée contre les valeurs
fondamentales de notre démocratie. Le paysage poli-
06 86 94 70 44
Élise Padovani
[email protected]
93
tique est si dévasté qu’on ne peut plus attendre de
gagner par les urnes : si la Droite avait osé faire cela le
André Gilles
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ÉDITO
ARTS VISUELS
Claude Lorin
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peuple serait dans la rue.
Car la France est un pays riche ! La sixième puissance économique
Polyvolants
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Gaëlle Cloarec
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mondiale, un PIB en croissance, un revenu par habitant de l’ordre de
3000 € mensuels.... Comment nous a-t-on convaincus qu’il fallait sacrifier
nos retraites, l’avenir de nos enfants, notre système de santé, notre droit du
06 62 10 15 75
Marie-Jo Dhô
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Marie Godfrin-Guidicelli
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Jan Cyril Salemi
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travail ? Comment nous sommes-nous habitués à nos 5 millions de chômeurs
qui dissimulent 6,5 millions de demandeurs d’emploi ? Comment avons-nous
accepté un Pacte de responsabilité qui ne sert que les grandes entreprises, et
des dictats européens qui attaquent profondément nos vies ?
Nous nous acheminons, de reculades en décisions arbitraires, vers le désastre
Maquettiste
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économique, dans un champ de ruine démocratique. Car la désaffection des
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Français pour les urnes n’est pas le signe d’un désintérêt, mais le résultat d’une
méfiance justifiée envers ceux qui nous gouvernent à contresens de leurs engagements, et restent obstinément sourds à ceux qui les ont élus.
On peut s’habituer à la souffrance et en mourir. Mais les Français ont su aussi,
lorsque la coupe était pleine, faire chanter les lendemains. Se débarrasser des
oppresseurs cyniques ou aveugles, et prendre en main leur destin.
AGNÈS FRESCHEL
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Lénio Kakléa, Sandra Iché, Argyro Chioti,
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Les Grands Entretiens de WRZ avec Marie-Josée
Mondzain, Patrick Boucheron, Sudhir Hazareesingh
Comme Au MuCEM #13,...
sommaire
93
SociÉtÉ
Remaniement ministériel (P.6)
Métropole Aix-Marseille, épisode 2 (P.7)
Les boues rouges (P.8-9)
Politique culturelle
Cinémas César/Variétés (P.10-11)
Entretien avec Sophie Joissains (P.12-13)
Espace culturel Busserine (P.13)
Réforme de l’orthographe (P.14)
Résidences d’écriture (P.15)
Contrat lecture de la Ville de Marseille (P.16)
Entretien avec Fabienne Pavia (P.17)
Les boues rouges © Gaëlle Cloarec
Évènements
MuCEM (P.18)
Biennale des écritures du réel (P.19)
+ de danse à Klap (P.20)
Mars en Baroque (P.21)
Festival d’Aix, XXIe Semaine sainte (P.22)
Babel Med (P.23)
Région en Scène, Avec le temps (P.24)
Mon élue noire, Germaine Acogny © François Stemmer
critiques
Spectacles (P.25-28)
Festivals (P.30-31)
Musique (P.32-33)
Quand j’étais Charles © Tristan Jeanne-Valès
au programme
Musique (P.34-40)
Spectacles (P.42-67)
La Véritable histoire des Super-héros © Dulce Pinzón KEP
cinéma [P.68 À 74]
Arts visuels [P.76 À 81]
livres [P.82-85]
patrimoine [P.86]
6
Société
Changements de têtes,
à droite toute !
Après la déroute du PS aux
élections régionales, on espérait un véritable changement
de politique. Il n’aura pas lieu
D
e la photo du gouvernement de 2012, il
ne reste plus grand monde. De remaniement en remaniement, de démission en
démission, les forces de Gauche s’en vont,
laissant le pouvoir exécutif aux mains de l’aile
droite d’un PS qui n’a plus rien de socialiste.
François Hollande refuse de se déclarer de
Gauche, reniant par trois fois, comme Judas,
le peuple qui l’a élu. Manuel Valls et Emmanuel Macron restent, Jean-Marc Ayrault est
de retour, Jean-Michel Baylet revient. Les
Écologistes Jean-Vincent Placé et Barbara
Pompili, qui ont quitté EELV parce qu’ils
refusaient l’alliance avec le Front de Gauche,
oublient la mort de Rémi Fraisse et l’aéroport
de Nantes, et rejoignent le Gouvernement,
avec Emmanuelle Cosse, contre l’avis de
son parti.
On se souvient des déclarations de Cécile
Duflot après son refus d’entrer au gouvernement Valls : « Avoir un ministère de l’Écologie sans
changement de cap (du Gouvernement), c’est comme
avoir un couteau sans lame. Il ne faut pas tenter
une synthèse au trébuchet entre le productivisme
de Bercy et l’écologie ».
Quant à Christiane Taubira elle a écrit de très
beaux Murmures à la Jeunesse qui s’insurgent
contre la déchéance de la nationalité et pointent
les défaillances de la République envers certains
de ses enfants. Et les leurs envers elle.
Pendant ce temps, Aurélie Filippetti tweete :
« Comment annoncer, avant même le début d’un
débat démocratique, que l’on passera en force sur un
sujet qui touche des millions de salariés ? » Car non
contents de maintenir un état d’urgence qui
plombe nos libertés démocratiques, les Socialistes, au parlement comme au Gouvernement,
s’apprêtent à modifier considérablement le droit
du travail le 9 mars : le projet de loi de Myriam
El Khomri, la nouvelle ministre du Travail
verrouille les indemnités de licenciement,
interdit aux salariés de refuser un ajustement
du temps de travail, met fin aux maxima de
temps de travail y compris pour les mineurs,
amenuise le pouvoir des syndicats dans les
accords d’entreprise... et permet le licenciement
économique dès lors qu’un baisse passagère
d’activité ou de trésorerie, même dans une
entreprise en large bénéfice, est constatée.
Appât de gauche ?
Côté culture, encore un changement de tête,
mais plutôt vers la gauche. Si l’on a regretté
Aurélie Filippetti, il n’en sera sans doute pas de
même pour Fleur Pellerin : même si elle a su
régler de nombreux dossiers et obtenir enfin
que le Budget 2016 de la Culture ne soit pas en
baisse, elle avait bien du mal à communiquer
avec les acteurs culturels...
Que pourra faire Audrey Azoulay ? Enarque
de 44 ans, dont le père était conseiller du Roi
du Maroc, elle se définit comme une femme
de Gauche. Son passage à la tête du Centre
National du Cinéma a été salué par la profession, parce qu’il a permis de consolider
des dispositifs indispensables à la création
et à la diffusion des œuvres dans un monde
globalisé, et de garantir la rémunération des
artistes. Mais le budget dont elle hérite n’est
pas le sien, la loi sur la Création est en cours
d’examen, la nouvelle attaque du régime des
intermittents promet encore un été houleux,
la décentralisation des crédits n’a pas réussi
et Paris reste scandaleusement consommateur
des deux tiers du budget de l’État... Et, surtout,
les baisses des dotations d’État et la réforme
territoriale (exit aussi Marylise Lebranchu,
qui défendait les fonctionnaires...) amènent
toutes les collectivités à tailler allègrement
dans les budgets de la Culture...
Bref, Audrey Azoulay hérite d’un champ de
mines, de ruines par endroits, dont elle ne
pourra rien faire d’ici la présidentielle. Sinon
ramener le milieu culturel vers les urnes, ce
qui est sans doute le but de cette nomination
surprise ? Un gage en tous les cas pour la
Gauche. Qui pourra avoir quelques effets
sur quatre ou cinq nominations à venir, au
Théâtre National de la Colline, au Domaine
de Versailles...
En « province », on continuera de compter
les structures qui ferment, qui vivotent, de
constater que les propositions de spectacles
se réduisent, que les cinémas indépendants
ferment, que les expositions se font rares,
que le patrimoine bâti court le risque de se
dégrader, et que rien de neuf ne parvient à
sortir. Que notre avidité de paroles, de débats,
trouve encore sa place, parce que cela coûte
moins cher que l’art. Mais que ces quelques
initiatives ne tiennent que par l’abnégation
de quelques obstinés, qui n’ont plus d’argent
pour produire...
AGNÈS FRESCHEL
© Présidence de la République-M. Etchegoyen
7
© Jan-Cyril Salemi
Métropole :
Marseille marque un point
L
a décision était attendue avec impatience
de part et d’autre. Opposants et partisans
à la métropole Aix-Marseille-Provence
(AMP) savaient qu’un round décisif se jouerait dans la salle de délibération du Conseil
Constitutionnel. L’instance examinait la validité
de « l’amendement Gaudin ». Ainsi nommé
car c’est le sénateur Jean-Claude Gaudin,
maire de Marseille, qui le fit voter, ce qui
accroît le nombre de conseillers marseillais
dans l’assemblée de la métropole (108 sur 240).
Contestant cette répartition trop favorable
à Marseille selon eux, Robert Dagorne et
Roger Pellenc, maires d’Eguilles et Pertuis,
avaient déposé un recours. Tous deux membres
de la Communauté du Pays d’Aix (CPA), ils
étaient soutenus par Maryse Joissains, maire
d’Aix-en-Provence, présidente de la CPA, et
opposante résolue à la métropole (voir Zib’ 92).
Écarts et proportions
Le 19 février, les Sages ont tranché et estimé
que la disposition n’était pas contraire à la
constitution, qu’elle n’entravait pas au principe
d’égalité et, au contraire, qu’elle permettait
une plus juste répartition des conseillers entre
les communes. Le Conseil Constitutionnel a
argumenté en assurant que la mesure préservait
l’intérêt des petites communes en réduisant
« les écarts de représentation entre les communes
les plus peuplées et les autres. » Résultant « des
écarts démographiques particulièrement prononcés
entre les communes membres », cette répartition
proportionnelle permet que « la représentation
des communes les plus peuplées de la métropole se
rapproche de la représentation moyenne de l’ensemble
des communes. »
Autrement dit, si la mesure avantage Marseille,
qui à elle seule représente plus de 40% des
1,8 millions d’habitants d’AMP, elle favorise
également, en proportion, les petites communes.
Très difficile à entendre dans les communes
moyennes comme Martigues ou Aix qui vont
entrer dans une métropole gérée par une ville
aux écoles délabrées, aux transports publics
déficients, à la saleté légendaire, aux écarts
territoriaux record.
Légalement, le débat est clos. Sur le terrain,
c’est une autre histoire. Certains opposants
historiques se sont résolus à accepter la décision.
La « monstropole », comme ils l’appellent, est
sur les rails, il faut composer avec et tenter de
peser de l’intérieur. Sur cette ligne, Georges
Cristiani, maire de Mimet et président de
l’Union des Maires des Bouches-du-Rhône,
indique que « les maires doivent désormais faire
en sorte que l’intérêt communal soit entendu dans
ce nouvel étage administratif français ».
« Guerre totale »
Pour d’autres, la nouvelle ne passe pas et
ils sont déterminés à maintenir le blocage.
Ainsi, le maire de Pertuis envisage de porter
l’affaire devant la Cour Européenne des Droits
de l’Homme. Dès la délibération des Sages
annoncée, Maryse Joissains a, quant à elle,
promis « une guerre totale ». Particulièrement
remontée, elle s’est indignée contre « des décisions
autoritaires et arbitraires », refusant de « donner
les clefs du coffre-fort ». Car, surtout pour le
prospère Pays d’Aix, l’enjeu majeur est là : ne
pas laisser s’échapper ce que son territoire a
su construire au profit de Marseille. Et ne pas
perdre la souveraineté sur des choix stratégiques
de développement. La maire d’Aix demande à
son conseil municipal de « refuser d’entrer dans
la métropole » et appele le Gouvernement à
« organiser un référendum », façon Notre-Dame
des Landes. Une requête qui a peu de chances
d’aboutir : au sommet de l’État, où est né le
projet AMP, on s’est félicité de la décision
du Conseil.
« Au travail »
À Marseille également, on savoure la victoire,
à droite comme à gauche. AMP a ceci de singulier : elle explose les clivages politiques,
chez les opposants comme chez les partisans.
« Assez perdu de temps, mettons-nous au travail »
déclaraient en substance les ténors socialistes
et ceux de la majorité municipale.
Reste encore à régler la situation de la présidence d’AMP. L’élection de Jean-Claude
Gaudin a été annulée, mais il a fait appel et
reste en poste. Gaby Charroux, maire de
Martigues, souhaite sa démission pour procéder
à une nouvelle élection. En attendant, AMP est
censée se réunir d’ici fin avril pour voter son
premier budget. Ambiance garantie...
JAN-CYRIL SALEMI
À noter
Nous poursuivrons notre enquête dans
les prochains numéros de Zibeline
8
Société
L’amer rouge
Très politique, le dossier des
« boues rouges » toxiques
tapissant les fonds marins des
calanques muselle les uns et
atterre les autres
I
l faut imaginer une surface énorme tapissée
de rouge, sur les fonds marins entre Toulon
et le Golfe de Fos. Les résidus industriels
de l’usine d’alumine de Gardanne, rejetés en
mer Méditerranée via une longue canalisation,
aboutissant dans le canyon de Cassidaigne,
en plein Parc National des Calanques. Sur
terre, ce serait impensable : les Écrins ou le
Mercantour, ainsi utilisés comme déversoir ?
Sous l’eau, c’est beaucoup plus discret, tant
que les flots à la surface gardent leur horizon
bleu. Pendant 50 ans, les fameuses « boues
rouges » ont colonisé un écosystème précieux,
soulevant la colère des riverains, pêcheurs
et amoureux de la nature. L’industriel Altéo
devait cesser tout rejet au 31 décembre 2015,
cependant il a demandé, et obtenu du Préfet des
Bouches-du-Rhône, l’autorisation de continuer
à déverser en mer ce qui n’est plus désormais
une boue, mais un liquide.
Réticences
Désirant connaître l’impact sur l’environnement de ces rejets, nous avons contacté
divers scientifiques, écologues, biologistes ou
toxicologues, en nous heurtant à d’étonnantes
difficultés. Certains n’ont simplement pas
répondu à nos sollicitations, le MIO (Institut Méditerranéen d’Océanologie) a d’abord
accepté de s’exprimer avant de se rétracter,
et Denise Bellan-Santini, présidente du
Conseil scientifique du Parc National des
Calanques, a refusé tout commentaire sur les
rapports mis à disposition du public, invoquant
le droit de réserve. Jean-Claude Dauvin,
blessé de n’avoir pas été remercié suite à sa
participation au Comité scientifique de suivi,
a cessé de s’intéresser à la question, et nous
a renvoyé à ses conclusions de 2010 : « pas
de perturbation majeure de l’écosystème, hormis
d’ordre mécanique ». Nous avons donc étudié
la documentation publiée par la société Altéo,
les expertises demandées par la ministre de
l’Écologie, et appelé les collectifs de défense
de l’environnement, pour savoir si oui ou non
il est dangereux de se baigner, ou si l’on peut
consommer du poisson pêché dans cette zone...
État des lieux
La Méditerranée est une mer globalement très
polluée, surtout aux abords des grandes villes
comme Marseille. Dans le Golfe du Lion se
cumulent déversements d’égouts colossaux,
et effluence du Rhône charriant toutes les
scories accumulées sur son long parcours. À
cela s’ajoute donc le dépôt visqueux des boues
rouges, épais de plus de 30 mètres à certains
endroits, soit 30 à 40 millions de tonnes...
Gérard Carrodano, pêcheur de La Ciotat,
explique que dans les années 87-90, il n’atteignait le fond souillé avec ses engins qu’à
plus de 300 m de profondeur ; aujourd’hui, « à
122 m on est dans la boue ». « On avait la chance
d’avoir cet entonnoir, bourré de vie, d’éléments
planctoniques, d’oligo-éléments, on pêchait des
langoustes, des lottes, des congres... Il n’y a plus
rien, la zone est brûlée ». Selon lui, les seuls
poissons que l’on trouve dans cet écosystème
anéanti sont des espèces pélagiques comme les
sardines ou les anchois, qui y passent lors de
leurs migrations. Un rapport de l’Anses (Agence
nationale de sécurité sanitaire), rendu public fin
2015, a confirmé que les poissons, mollusques
et oursins sont bel et bien contaminés par
les rejets d’Altéo, et la liste des polluants est
longue : arsenic, cadmium, cobalt, chrome,
mercure, manganèse, nickel, plomb, aluminium,
titane, vanadium...
Quelles conséquences ?
Avec les courants marins, cette nappe de boue
continue de se répandre, même si l’industriel
a cessé de déverser des solides, en les filtrant,
pour ne plus rejeter que des liquides décolorés. Pour Gérard Rivoire, océanographe
à la retraite, « cela risque d’être pire, car l’eau
douce remonte à la surface, et se propage encore
plus loin ». Le thorium et l’uranium contenus
dans les résidus d’extraction de l’alumine sont
des éléments radioactifs : radioactivité que
l’organisme (humain, entre autres) stocke
sans pouvoir l’évacuer... Les perturbateurs
endocriniens sont également mis en cause.
Selon Gilles Nalbone de l’Inserm, outre les
métaux lourds, bien d’autres toxiques sont
présents dans les eaux des calanques : PCB,
phtalates, composés benzéniques et autres
joyeusetés... Il ne croit pas que tous les polluants
aient pu être éliminés des rejets liquides par
l’industriel, « car la plupart sont des molécules
solubles ». Les conséquences d’une exposition
aux perturbateurs endocriniens sont glaçantes :
cancers hormono-dépendants (sein, prostate,
thyroïde, utérus), diabète, obésité, maladies
neuro-dégénératives (Alzheimer ou Parkinson),
toutes pathologies qui explosent... et cela ne fait
que commencer. On est loin de la toxicologie
classique remontant à Paracelse, où la dose
fait le poison : ces molécules ont un impact
biologique à très faible dose, l’effet cocktail
est redoutable.
Que faire pour se protéger ?
On peut se baigner sans crainte dans les
calanques, à condition de ne pas trop boire
la tasse. On peut aussi consommer les produits de la mer, en sachant que les poissons
gras et ceux qui sont en haut de la chaîne
alimentaire présentent les plus forts taux de
concentration de polluants (notamment de
mercure, neurotoxique). Quant aux enfants,
il vaut mieux d’une manière générale limiter
© Gaëlle Cloarec
© Gaëlle Cloarec
leur exposition aux perturbateurs endocriniens,
qui peuvent affecter le fonctionnement des
gènes. Toujours d’après Gilles Nalbone, de
la vie intra-utérine à l’adolescence, le système
immunitaire en construction et le développement de l’appareil reproductif peuvent être
lourdement affectés, avec des modifications
qui n’apparaissent pas forcément tout de suite :
« ce sont des bombes à retardement »... Prudence
donc pour les femmes enceintes.
Et l’industriel ?
On ne peut pas dire qu’Altéo n’ait rien fait.
Joint par téléphone, Fabrice Orsini, chef de
projet gestion des résidus de bauxite, évoque
les « gros moyens » alloués à la recherche par
l’entreprise, qui ne peut plus déverser ses boues
en mer et entend donc les rentabiliser. De la
terre importée de Guinée depuis les années 90 (à
l’origine, elle provenait des Baux-de-Provence),
on extrait l’alumine sur le site de Gardanne. Ce
qui reste après extraction, commercialisé sous
le nom de Bauxaline, a servi de revêtement de
route, ou d’étanchéisation (ainsi sur la décharge
d’Entressen). Mais les débouchés restent limités,
et la concurrence rude : les travaux tunneliers
intensifs en région marseillaise produisent
beaucoup d’argile. L’industriel vise donc à
présent le bâtiment (tuiles, briques, bétons
phoniques) et… les marchés de dépollution.
Fabrice Orsini s’en amuse (« avec notre image,
c’est plutôt paradoxal »). Mais la Bauxaline a « des
propriétés fixatrices de pollutions métalliques », et
mélangée à des sols industriels contaminés
permet de les revégétaliser... Quant à savoir
si ces métaux passent alors dans les plantes,
« on a besoin de temps pour le vérifier ».
Altéo travaille aussi sur les affluents liquides
« qui ne seront jamais supprimés mais peuvent être
améliorés » (pour le moment ils sont impropres à
l’irrigation). Notons en passant que la consommation d’eau de l’usine est énorme : 270 m3/
heure émergent de la canalisation, jour et
nuit, toute l’année.
Politiques
Les associations de défense de l’environnement
se réjouissent du maintien de Ségolène Royal au
ministère de l’Écologie, et sont très remontées
contre le passage en force de Manuel Valls :
c’est le pouvoir central qui a tranché en faveur
d’une prolongation des rejets, que la ministre
désapprouvait. Les opposants cherchent les
réelles motivations de cette politique, derrière l’argument classique de préservation
des emplois. L’usine, depuis 2012, appartient
au fonds d’investissement américain HIG, et
certains s’en étouffent : « ils travaillent avec
Pour aller plus loin
Expertise Ifremer 26/01/15 :
http://archimer.ifremer.fr/
doc/00260/37099/35615.pdf
Rapport de l’Anses 21/12/15 :
https://www.anses.fr/fr/system/files/
ERCA2015sa0107.pdf
Documentaire de Valérie Simonet :
http://www.vodeo.tv/documentaire/
calanques-une-histoire-empoisonnee#
toutes les dictatures africaines, et 80% de leurs
bénéfices se font dans des succursales en Asie ! ».
Quant au silence des chercheurs, le professeur
Henry Augier, président d’Union Calanques
Littoral et ancien directeur du laboratoire
de biologie marine à la Faculté des sciences
de Luminy se dit « atterré » par ses collègues
qui ont appuyé l’autorisation de rejets. « Si
j’avais été membre du Conseil scientifique, j’aurais
démissionné sur l’heure ! » Selon lui, les études
les plus fiables sont celles publiées par l’Anses
et l’Ifremer, « dont personne n’a tenu compte » :
« ce sont des organismes sérieux qui ne prêtent
pas le flanc à la critique, mais ils ont manqué du
temps et de l’argent nécessaire ».
À l’heure où nous bouclons, la mobilisation
citoyenne s’intensifie. Après la manifestation
du 30 janvier devant la Préfecture des Bouchesdu-Rhône, c’est sur le terrain juridique qu’elle
se porte. Le 23 février, le premier recours est
présenté en référé au Tribunal Administratif de
Marseille. Altéo a réuni des ténors du barreau,
face à Me Benoît Candon qui représentera les
opposants, lesquels « n’attaquent pas l’industriel,
mais l’État, via le Préfet ». En dernière instance,
les collectifs solliciteront l’Europe, considérant
que la France est « hors la loi des rejets en mer,
de la loi littorale, du code de l’environnement, de
la loi sur les Parcs nationaux, la convention de
Barcelone et le protocole d’Athènes ».
GAËLLE CLOAREC
10 Politique Culturelle
37, Rue Vincent Scotto
Le Mépris
Le 13 janvier, les personnels des cinémas César/
Variétés se sont mis en grève. La plupart
n’avaient perçu ni leur salaire de décembre,
ni le treizième mois conventionnel. Ces derniers mois, les retards de paiement, récurrents
depuis de nombreuses années, étaient devenus
systématiques et intolérables. Les courriers
adressés à leur patron, Galeshka Moravioff,
restent sans réponse. « Cela ne nous étonne pas,
nous a déclaré le délégué du personnel, c’est son
mode de gestion habituel. Cynisme et irrespect.
On ne sait rien. Les rumeurs courent, laissant les
personnels dans le stress. M. Moravioff se moque
du code du travail et de la relation sociale avec
les personnes. Pas de formation continue, et des
complémentaires retraite pour lesquelles nous
sommes très inquiets ». Cette inquiétude est
d’autant plus vive que les huissiers passent
régulièrement au César, qu’une procédure
avec la Mairie est en cours pour défaut de
paiement des loyers des locaux dont elle est
propriétaire, et qu’après les fermetures des
salles du groupe Moravioff à Lyon en 2009,
Rouen en 2014, le cinéma St Lazare Pasquier
à Paris a fait l’objet tout récemment d’une
procédure d’expulsion. Cette fois, à la suite de
leur grève, les salariés des Variétés ont déposé
10 dossiers aux prud’hommes pour l’obtention
du 13e mois.
À bout de souffle
Contacté par téléphone, Galeshka Moravioff
impute ses difficultés au CNC qui ne lui aurait
pas accordé les subventions accompagnant le
passage au numérique auxquelles il prétendait,
et à qui il a intenté un procès pour les récupérer.
En attendant cette hypothétique manne, il
serait en pourparlers avec un autre groupe
susceptible de le remettre à flot, mais dont il
n’a pas souhaité révéler le nom. Il s’engage
à régler les salaires de janvier et envisagerait
même de venir voir ses salariés à Marseille, ce
qu’il n’a pas fait depuis bientôt 3 ans ! Peut-être
pourrait-il rencontrer à cette occasion JeanClaude Gaudin, un rendez-vous qu’il appelle
de ses vœux nous a-t-il dit, tout en déplorant
l’absence d’une vraie politique nationale de
gauche et la fermeture de salles indépendantes
en France, y compris quand elles sont rentables,
à l’instar de celle du Star de Cannes.
© Annie Gava
Il était une fois Artplexe
Face à ce discours, Mme d’Estienne d’Orves, en
charge de la Culture à la Mairie de Marseille, a
réagi. Selon elle, M. Moravioff a déjà été reçu
plusieurs fois à la Mairie qui a déployé tous
les efforts possibles pour trouver des solutions
et lui a proposé des échéanciers. Le montant
actuel des arriérés dus par la SARL atteignant
300 000 euros, elle ne voit pas comment, malgré
le « travail formidable » de l’équipe, négocier
avec M. Moravioff.
Anne-Marie d’Estienne d’Orves, qui parle
déjà du cinéma Les Variétés à l’imparfait, se
montre enthousiaste sur le projet Artplexe, ce
« complexe culturel à dominante cinématographique
sur la partie haute de la Canebière » approuvé
par le Conseil municipal du 13 avril 2015
et le trouve « plus réaliste, plus raisonnable »
que feu le projet MK2 de Karmitz défendu
en son temps par M. Mennucci : 7 salles, un
parking, un resto, une librairie, une galerie et...
un fleuriste (?) en lieu et place de la mairie de
secteur 1/7 avec l’ambition confiante d’obtenir
11
le label art et essai. Nous aurions aimé demander à Jean Jacques
Léonard et Gérard Vaugeois, porteurs de ce projet ce qu’ils
entendaient par «art et essai», leurs déclarations dans la presse,
parlant de Woody Allen et de Spielberg, qui, s’ils relèvent bien
de l’art, n’en sont vraiment plus à l’essai ! Leur demander aussi
s’ils ont prévu de programmer les films du cinéma indépendant
qui ne sont pas en DCP ou des œuvres sans distributeur.
Galeshka Moravioff doute du montage financier de l’opération
Artplexe et de sa faisabilité. Et, semble-t-il, il n’est pas le seul. De
plus, de l’accord de principe d’une mairie au permis de construire
soumis à la décision des Bâtiments de France et au recours des
tiers, la route est parfois longue. Malgré notre demande, nous
n’avons pu obtenir de réponse de la mairie de secteur.
À MARSEILLE ET ALENTOUR
02 26
MARS
Match point
Pour les salariés du César/Variétés, la situation semble inextricable.
Outre les problèmes financiers qui génèrent des conflits avec
certains distributeurs que M. Moravioff ne paie pas et qui lui
refusent les films, seules 4 salles sur 5 fonctionnent aux Variétés
(problèmes de chauffage, de vétusté des équipements). Le lifting
des deux cinémas demanderait des fonds conséquents. L’équipe en
place fait des prouesses. Malgré la perte du label Art et Essai en
2011 et de la subvention afférente, elle multiplie les événements,
les avant-premières (quand c’est possible !), invite des réalisateurs
défendant un cinéma fragile qui ne trouve plus guère d’écran à
Marseille. Le dernier cinéma encore présent sur La Canebière
(dont les élus ne cessent de prôner la « redynamisation »), accueille
de nombreux festivals comme le FID, Cinepage, FFM, ZeFestival…
Il est devenu un lieu que le public et toutes ces associations
partenaires ont fait leur. Qu’adviendra-t-il de ces manifestations
si « leur » cinéma disparaît ? Mme d’Estienne d’Orves s’engage à
recevoir les partenaires pour trouver des solutions. Et il semblerait
que certains salariés pensent déjà à la possibilité de reprendre,
en cas de liquidation, leur outil de travail.
L’Enjeu
Il y a là, manifestement, des enjeux de politique culturelle majeurs.
Face au déficit de places ciné à Marseille (9,6 fauteuils pour 1000
habitants alors que Lyon en compte 36), les projets ont fleuri :
celui quatre étoiles de Luc Besson à La Joliette qui a obtenu
son permis ou Bleu Capelette, un cinéma de 12 salles, exploité
par Pathé et le groupe Tarizzo. Des multiplexes aux démarches
essentiellement commerciales. Il ne reste plus à Marseille qu’un
seul cinéma Art et Essai, l’Alhambra dans le 16e arrondissement.
La Buzine, subventionnée par la Ville n’a pas tenu ses promesses.
Et à côté du beau travail du Gyptis à la Belle de Mai, serait-ce
si « irréaliste » de maintenir en centre-ville une structure qui
saurait imposer son modèle en s’appuyant sur la compétence
des équipes et la curiosité bien réelle des cinéphiles marseillais ?
THÉÂTRE / DANSE
LITTÉRATURE / CINÉMA
EXPOSITIONS / CONFÉRENCES
La Biennale des écriture du réel #3 est une initiative du Théâtre la cité
partagée avec deRENCONTRES
nombreux partenaires.
www.theatrelacite.com
La Biennale des écriture du réel #3 est une initiative du Théâtre La Cité
partagée avec de nombreux partenaires. www.theatrelacite.com
MARSEILLE
-
PANIER
15 mars > 2 avril 2016
VOYAGES EN
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#3
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12 Politique Culturelle
Les promesses
de Sophie Joissains
Il se murmure que l’attribution
de la délégation culture à la
vice-présidente régionale
est ce qui pouvait arriver
de mieux… L’élue UDI a en
effet mené à la Ville d’Aix une
politique attentive aux publics
et tournée vers la création
Sophie Joissains © Marc Voiry
E
lle vient de prendre ses fonctions, et tient
des propos rassurants, au moment où toute
une profession s’interroge sur son avenir. Et
où la nomination, comme conseillère culture de
Christian Estrosi, de Mandy Graillon, une Reine
d’Arles de 23 ans qui défend un provençalisme
identitaire1, sidère le milieu culturel.
Zibeline : Que pensez-vous de la politique
culturelle régionale de vos prédécesseurs, et
comment voulez la poursuivre, ou l’infléchir ?
Sophie Joissains : J’en pense beaucoup de
bien ! Mais ce que je voudrais accentuer,
c’est sa continuité. Que la culture ne soit pas
essentiellement de l’évènementiel, qu’elle se
travaille avec les acteurs concernés, avec la
population. Qu’il y ait de véritables dispositifs
d’appropriation en direction de la jeunesse par
exemple, comme avec Trop Puissant...
La Région est en responsabilité des Lycées.
Ces dispositifs, vous les destinez surtout aux
lycéens ?
Bien sûr que non, la culture concerne toutes les
générations, tous les territoires aussi, ruraux ou
urbains, les centres-villes, les quartiers excentrés
ou prioritaires...
À la Ville d’Aix vous avez mis au point la politique du Bois de l’Aune, assez remarquable, à
entrée gratuite. Vous avez aussi créé le Centre
international des arts du mouvement, bientôt
une grande scène de musiques actuelles... Est-ce
que c’est dans la ligne de ce que vous voulez
construire à la Région ?
Oui, sincèrement oui. Je crois que c’est une
politique dont personne n’a à se plaindre. Le
Bois de l’Aune rassemble au Jas de Bouffan,
dans un quartier prioritaire, des gens de tous
horizons, qui viennent du quartier, de la ville,
des communes alentour... Cela avec une programmation de grande qualité. C’est ce que
je veux pour la Région. Qu’on ait la même
exigence de qualité et de mixité des publics
dans une manifestation de cultures urbaines
comme le CIACU, ou au Festival d’Art Lyrique.
Que voulez-vous mettre en place pour soutenir
les festivals ?
Le Président de la Région a l’idée d’un Pass
Festival qui pourrait à terme concerner tous
les festivals et en faciliter l’accès à l’ensemble
de la population régionale. Je trouve l’idée
formidable...
La Région est actuellement, en volume, le
premier financeur des compagnies régionales.
Voulez-vous poursuivre cette politique, vitale
pour les acteurs culturels ?
Dans la mesure où c’est possible sur le plan
budgétaire, évidemment. La création et l’égalité d’accès sont mes priorités. La formation
professionnelle est aussi dans le programme du
Président, il s’y est engagé, comme de soutenir
la création.
Par rapport aux agences financées par la Région,
c’est à dire l’ARCADE, l’Agence régionale
du Livre et la Régie Culturelle, voulez-vous
poursuivre leur financement, les faire évoluer,
changer leur destination ?
Elles font bien leur travail. Néanmoins une
évolution est toujours souhaitable. Sur l’Arcade je veux travailler davantage la formation
professionnelle, qui est utile à l’ensemble des
professionnels du spectacle vivant. Avec l’ARL
il faut tout faire pour que les gens aient plus
envie de lire, la jeunesse et les autres.
Quant à la Régie culturelle, elle fait des choses
magnifiques sur l’ensemble de la Région. Elle
est peut-être un petit peu trop, à mon goût, sur
l’événementiel, et je voudrais qu’elle inscrive
ses propositions dans un suivi plus grand. Ces
dispositifs de suivi existent déjà d’ailleurs, je
voudrais les soutenir davantage.
Pensez-vous que le Fonds Régional d’Art
Contemporain fonctionne bien ?
Lui aussi dépend principalement de la Région.
Il faut que ses expositions sortent et tournent.
Il va actuellement dans les Lycées, mais il
faut accroitre le nombre de lieux de façon
stratégique, pour que le plus de population
possible soit amené à voir ces expositions.
Et qu’il y ait une véritable communication
sur ce qui se passe dans ce bâtiment, avec des
outils pédagogiques. Tout le monde n’aborde
pas naturellement l’Art contemporain, il faut
tendre la perche de façon à ce qu’on ait envie
de venir à ces expositions.
La Reine d’Arles vient d’être choisie par Christian Estrosi comme son conseiller culture.
Est-ce que vous pensez qu’une jeune femme
de 23 ans, provençaliste, est susceptible de le
conseiller correctement sur les dossiers difficiles,
et de siéger dans les Conseils d’Administration
des grandes institutions ?
13
L’Espace Busserine
est en danger
Il faut faire confiance à la jeunesse. C’est quelqu’un qui a une
compétence et qui a une grande soif d’apprendre.
Vous pensez que c’est le bon poste pour apprendre ?
Elle n’est jamais collée sur les questions qu’on lui pose... Elle
étudie les dossiers...
Christian Estrosi a parlé entre les deux tours du fait qu’il voulait
travailler avec toutes les forces démocratiques... Vous êtes à
l’UDI, donc centriste. Est-ce que votre habitude de travail
vous pousse à donner une dimension républicaine et ouverte
à votre politique culturelle ?
C’est un axe majeur. À Aix-en-Provence j’avais deux délégations,
la culture et la politique de la Ville, je les ai toujours menées
ensemble, cherchant à les joindre dès que c’était possible. Pour
le meilleur, toujours. L’accès à tous, l’égalité des chances est
évidemment une valeur républicaine que je défends.
Le territoire est très vaste et varié. Certaines zones sont éloignées,
mais il y a des initiatives formidables dans les territoires alpins,
au fond du Pays d’Aix... Êtes-vous attachée à ces territoires
excentrés, hors métropole ?
Bien sûr. La culture ce sont des imaginaires mis en commun,
ceux des territoires isolés comme ceux des quartiers, des centresvilles, des villages, des jeunes et des autres...
Au niveau des Pôles régionaux, allez-vous leur donner un
cahier des charges particulier, leur assigner des missions de
développement territorial ?
Je pense qu’ils ont déjà une grande attention à ce développement, et à leur public. Evidemment il y a toujours des aspects
perfectibles. Mais je ne peux pas vous répondre précisément, je
n’ai pas encore eu les évaluations concernant ces diverses scènes.
D
epuis début janvier, l’Espace Culturel Busserine (ECB), dans le
14e arr. de Marseille, est fermé au public. Ce lieu, chargé de 30
ans d’histoires au cœur des quartiers nord, a dû cesser ses activités
(accueil de spectacles tout public et scolaires, résidences d’artistes,
ateliers de danse, théâtre, informatique) sur décision de la mairie Front
national des 13-14. Gestionnaire de l’ECB, le maire de secteur, Stéphane
Ravier, entend clairement remettre la main sur le site. En plus des
coupes budgétaires déjà opérées, il a également profité d’une situation
particulière pour « instaurer un nouveau partenariat, avec un choix appuyé
de la mairie de secteur », selon ses propres mots.
En résumé, des travaux, prévus de longue date par l’Agence Nationale
de Rénovation Urbaine, devaient avoir lieu à l’ECB début 2016. Ils
ont été repoussés et ne commenceront probablement pas avant 2017.
Malgré ce report, les salariés de l’ECB, qui sont tous fonctionnaires
municipaux, ont été affectés en poste à la mairie de secteur en février,
contraints de laisser vacant et éteint leur lieu de travail.
Ce que Stéphane Ravier avait certainement sous-estimé, c’est la mobilisation qui a surgi en faveur de l’ECB. Très rapidement, une pétition
de soutien a rassemblé près de 3000 signatures, et des artistes tels
Imothep, Philippe Carrese, Geneviève Sorin, tous liés à la Busserine
par leurs parcours, se sont engagés contre cette fermeture. Et si l’ECB
est en danger, à la mairie des 13-14, on a réalisé aussi que l’ECB est un
danger. Non seulement car il a ouvert un accès à la culture à des milliers
de jeunes des quartiers nord, en distillant « la poudre d’intelligence »,
comme le notait joliment la réalisatrice Bania Medjbar, mais aussi
parce que la population, et tous ceux qui tiennent à ce lieu, ne resteront
pas sans réagir.
Revenant sur ses premières positions, le maire a indiqué le 22 février
qu’une partie des spectacles scolaires prévus seraient accueillis d’ici
juin à la Busserine. Il faudra alors bien que le personnel reprenne les
lieux. Mais le flou demeure sur ce point, tout comme sur l’accueil du
reste de la programmation scolaire. Quant au site lui-même, des habitants, associatifs et artistes envisagent d’y tenir une présence régulière,
déterminés à montrer que l’ECB reste un lieu d’ouverture.
Et avez-vous un grand projet que vous voulez mettre en place ?
Oui, j’en ai même plusieurs, sauf que je ne peux pas encore vous
en parler... parce qu’il faut d’abord que j’en parle au Président !
ENTRETIEN RÉALISÉ EN JANVIER 2016
PAR AGNÈS FRESCHEL
Lors de son élection comme Reine d’Arles elle a défendu
le Provençal et qualifié l’Occitan de « langue fabriquée de
toutes pièces ». Elle a également repris le slogan du Collectif Provence : « siam una regien, una lenga, una identitat ».
(nous sommes une région, une langue, une identité).
1
Vous pouvez écouter l’intégralité
de l’entretien en ligne sur WZR
journalzibeline.fr/les-promesses-de-sophie-joissains
JAN-CYRIL SALEMI
© KP
14 Politique Culturelle
LES DEUX AILES
D’IMBÉCILLITÉ
La dite réforme de l’orthographe, élaborée en 1990 par des lexicologues
et des grammairiens soucieux de corriger des difficultés inutiles,
soulève aujourd’hui des passions identitaires...
Q
vient pas du grec mais de l’arabe, et veulent
que les solos et les lieds ne soient plus des
termes allemand ou italien, mais des mots
français prenant des « s » au pluriel...
La levée de boucliers n’a pourtant rien d’étonnant. Elle relève d’un réflexe de protection,
celui-là qui rend difficile de renoncer à un
bien durement acquis : certains ont trimé des
années pour mettre un tréma sur la bonne lettre
d’ambiguë (qui devient enfin ambigüe!), ou
pour distinguer ceux qui se sont laissé faire de
ceux qui se sont laissés tomber. Aujourd’hui
Le Cardi
nal d
e
Ric
hel
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85
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1639. 2,22 x 1,55. ©
M
u
s
ée
du
Lo
uv
re
Gardons nos erreurs ?
Aujourd’hui le Gouvernement français a décidé
d’appliquer enfin, dans l’enseignement du français à l’école, des simplifications de bon sens, qui
corrigent des erreurs anciennes, harmonisent
des séries où l’exception à l’exception rendait
les règles absurdes. Il rend ainsi aux locuteurs
de la langue française la possibilité de ne pas se
débattre pendant des dizaines d’années pour
maîtriser l’usage absurde du tiret dans l’écriture
des nombres (pourquoi garderait-on « cinq
cent quatre-vingt-douze » ?), du pluriel dans
les mots composés, du doublement aléatoire
des consonnes dans les verbes en « oter »...
Rien de révolutionnaire, à peine une réformette, écrite et approuvée il y a 25 ans par
des grammairiens qui savent que nénufar ne
de prendre un accent ; le fait que gageüre sera
prononcé correctement par ceux qui savent lire.
Mais si la mise en application des ajustements de
1990 n’est qu’un premier pas vers l’acceptation
du fait que notre langue doit évoluer, nous
aurons gagné beaucoup ! La francophonie,
peut-être, y retrouvera du sens, parce que les
locuteurs québécois ou belges, ivoiriens ou
arabes, et de toutes les langues régionales et
les créoles français, auront l’impression que
leurs inventions verbales entreront un jour
dans nos bons usages, comme le chocolat, les
assassins, l’abricot, l’alchimie y sont entrés
avant le filtrage de l’Académie. À quand bezef,
bled, kif-kif, boloss dans le dictionnaire de
l’Académie ? Pas comme des termes d’argot,
mais comme des mots français ?
Un élargissement lexical est nécessaire :
cela fait trop longtemps que notre langue
se contente d’intégrer des mots anglais
parce qu’elle est incapable de nommer
les parkings et les weekends. Les seuls
mots étrangers acceptés par l’Académie
au XXe siècle sont anglais, en dehors
des nems et goulaschs comestibles.
Pour qu’une langue soit vivante, il
faut qu’elle évolue, et que sa graphie
reflète son usage parlé. Les Allemands,
les Américains, les Hispanophones adaptent
leur grammaire et leur lexique pour qu’ils
soient en accord avec l’usage que les peuples
en font. Sans brutalité, parce qu’une langue
se doit d’être plastique. La place du Français
dans le monde et l’appropriation de la langue
française par les jeunes ont tout à gagner à ce
que notre bon usage sorte enfin de ses réflexes
aristocratiques, de ses ors académiques, et de la
nostalgie. Pour regarder ensemble quel peuple
nous sommes, rien de mieux que l’élaboration
d’une langue commune.
pe
lip
hi
,P
2)
uel est, pour les Français, le plus évident
des marqueurs de classe ? Certainement
la maîtrise parfaite de l’orthographe française, et de ses subtilités parfois imbéciles (avec
un seul l). Son fantasme d’intégrer dans ses
graphies une étymologie imaginaire, et un
lexique strict fixé par une Académie inventée
sous le règne de Louis XIII, par Richelieu.
Depuis quatre siècles la langue d’un peuple
tout entier a été centralisée, épurée de ses
particularismes régionaux et populaires, latinisée pour réaffirmer une origine antique et
impériale, fixée dans le marbre froid et dur
qui était le symbole du bon goût aristocrate,
avant de devenir celui des bourgeois enrichis.
Et cette langue qui jusque là était mouvante,
inventive, plurielle, que Villon et Rabelais
empoignaient pour la trafiquer et la faire
vivre, est devenue un moyen de distinction sociale, incroyablement complexe,
jamais phonétique alors que l’ancien
français s’écrivait comme il se parlait.
Par là même le Français est devenu
impossible à maîtriser ailleurs que
dans les Cours d’Europe, qui s’en
sont emparé pour se distinguer des
moujiks, et des indigènes.
ces distinctions-là n’ont plus cours. Qu’y
perd-on ? Rien. Ceux-là pourront continuer
d’écrire comme ils l’ont appris, s’ils y parviennent. Mais ne pourront plus considérer
comme fautive une imbécilité enfin alignée
sur l’imbécile qui la crée.
Faire vivre la langue
Qu’y gagne-t-on ? À cette réformette, pas
grand-chose. Le temps que nos enfants ne
perdront plus à apprendre des listes de verbes
en « eter » et « eler » qui doublent le l au lieu
AGNÈS FRESCHEL
Ventre «L
affamé
n’a pas
de plume
e temps, c’est un luxe ! », déclare Claire
Castan, chargée de mission Vie
littéraire à l’ARL. Permettre à un
auteur, sur une période de quelques mois, de
se consacrer à son travail en étant dégagé des
contraintes matérielles, tout en animant des
ateliers, des rencontres, complémentaires à son
travail d’écriture, facilite souvent la finalisation
des projets d’édition.
Les écrivains vivent-ils de leur plume ? Accueillis
auprès de riches patriciens aux temps antiques,
à la Villa Médicis au XVIe siècle (les écrivains
de Cour touchaient des pensions !)... mais
dès la fin des temps aristocrates, les écrivains
sortis de l’assujettissement ont souvent dû
publier leurs romans en feuilletons, et vivre
d’autres métiers. La plupart aujourd’hui sont
enseignants, bibliothécaires, journalistes, mais
encore barmen, livreurs, éducateurs... C’est
pour offrir un temps libre de travail qu’ont
émergé les résidences d’auteurs.
Au nombre de 20 en PACA, ces structures
peuvent être des associations ; certaines sont
des lieux permanents, d’autres n’offrent qu’une
seule résidence par an ; d’autres encore sont des
fondations privées. D’après le Centre National
du Livre c’est en 1981 qu’a été accordée la
première bourse d’écrivain-résident. Depuis
la demande est forte tant du côté des auteurs
que des territoires qui favorisent ainsi l’égalité
d’accès au livre et à la lecture.
Bibliothèque Armand Gatti, La Seyne © X-D.R
Début décembre, l’Agence
Régionale du Livre réunissait à La Friche les structures
qui, en PACA, accueillent
des auteurs en résidence.
Un dispositif qui accorde
aux auteurs des conditions
de création convenables, à
savoir le gîte et le couvert,
fréquemment assortis de Des conditions
bourses d’écriture
très variables
Chaque lieu d’accueil a son fonctionnement
propre, mais l’auteur qui sollicite une résidence
doit présenter son projet d’écriture et, dans
la plupart des cas, avoir déjà été publié. Il
lui est demandé de consacrer 30% de son
temps à des ateliers, des lectures, des échanges
avec les publics. Ainsi le contrat remédie à
l’isolement de l’écrivain et des zones rurales.
Les frais de transports ne sont pas toujours
pris en compte, ni les repas ; cependant le
Monastère de Saorge demandait jusqu’à
présent une participation et étudie une nouvelle
formule. Prises en charge par les mairies ou
les bibliothèques, elles-mêmes subventionnées
par la Région, la DRAC, les départements, les
rémunérations sous forme de droits d’auteurs
varient entre 800€ et 2 000€ par mois. Mais
plusieurs n’offrent que gîte et couvert, ou
que gîte...
Les résidences ont aussi des finalités et des
visages multiples. L’association ATLAS
d’Arles propose des résidences de traduction ;
en 2015, 123 résidents de 50 pays différents
ont occupé les 10 chambres. La Fondation
15
des Treilles, dans le Parc du Verdon, et la
Fondation Camargo à Cassis fonctionnent
exclusivement avec des financements privés, et
chercheurs, artistes et auteurs s’y croisent, dans
un esprit d’émulation et des décors de rêve.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence,
Croq’livres et Éclats de lire hébergent de
jeunes auteurs et illustrateurs jeunesse. Les
résidences qui leur sont dédiées ont doublé
depuis 2012, sans doute parce que la médiation
avec le public y est plus naturelle. À Marseille,
Peuple et Culture, réseau d’éducation populaire, s’intéresse aux relations textes/image
documentaire ; la Marelle, qui ne veut pas
formater ses propositions, vient de lancer un
nouvel échange avec l’Argentine ; le CIPM
accueille les poètes méditerranéens et édite la
collection Le refuge. À La Tour d’Aigues, Les
Nouvelles hybrides confrontent la littérature
et la musique dans les bibliothèques du sud
Lubéron. À la Seyne, Orphéon privilégie
l’écriture de textes dramatiques et leur création
tandis que Plaine Page à Barjols confie à
chaque résident la réalisation éditoriale de
la revue GPS...
Peut mieux faire !
En constante augmentation, ces structures
associatives ou privées permettent l’épanouissement de réseaux qui protègent les auteurs
et favorisent la transmission. Mais au regard
des financements publics, les écrivains (et
les plasticiens) restent les parents pauvres
du monde de la culture. Jamais salariés (sauf
en Suède, d’où la belle santé de la littérature
suédoise), touchant de faibles droits sur leurs
ventes... En région PACA, pas de dispositifs
de résidence d’écriture centralisés comme
en Île-de-France ou en région Centre, pas
de centre national de résidences d’auteur,
comme la Chartreuse de Villeneuve (région
Languedoc)... Les structures accueillantes sont
souvent amenées à ne pas rémunérer les auteurs,
voire à ne leur offrir que l’hébergement. Faute
à la très faible dotation au livre de la DRAC
PACA, et à l’absence de dispositif régional
d’envergure !
CHRIS BOURGUE
Lire également l’entretien avec Sophie
Joissains p. 10 et l’article sur le Plan
lecture de la Ville de Marseille p. 14
www.livre-paca.org
16 Politique Culturelle
Lire
à Marseille,
enfin
LE CONTRAT LECTURE DE LA
VILLE DE MARSEILLE VEUT
COMBLER LE DÉFICIT D’ÉQUIPEMENT ACCUMULÉ DURANT
DES ANNÉES
À
Marseille, la lecture publique est très
en retard. La Ville de Marseille en a
conscience, et a commandé en 2014 un
rapport à une agence qui pointait clairement
les déficiences : les bibliothèques sont très en
deçà de la moyenne nationale1, les librairies
sont très rares et concentrées en centre-ville,
et Marseille n’a pas de festival du livre d’envergure. Un constat sans appel, qui méritait
des réponses conséquentes. Cette fois la Ville
n’a pas reculé, et a mis en place un plan lecture
susceptible de commencer à rattraper le retard.
Dans le détail, l’étude pointait que L’Alcazar
avait concentré les moyens, au détriment des
autres équipements : ainsi 50% des prêts s’y
effectuent, le reste relevant essentiellement de
Bonneveine et du Merlan ; l’Alcazar représente
Bientôt
les beaux
jours
Zibeline : Vous êtes éditrice. Comment en
êtes-vous venue à organiser, avec une libraire,
une manifestation littéraire ?
Fabienne Pavia : C’est bien de fabriquer des
livres. Mais c’est bien aussi de se demander
pourquoi les gens lisent, ou ne lisent pas. Nous
voulons partir des thèmes qui intéressent les
Marseillais, et voir comment ils peuvent
Ce que devraient être les bibliothèques dans 10 ans © Agence abcd pour la Ville de Marseille
à lui seul 70% de la surface des 8 bibliothèques
marseillaises, dans une ville très étendue, aux
transports publics déficients ; les actions culturelles y sont également concentrées.
Un véritable réseau
Le plan adopté par la Ville de Marseille repose
tout d’abord sur la création de la médiathèque
de Saint Antoine, équipement majeur qui
rééquilibre le territoire et devrait être suivi
par un équipement du même ordre dans les
quartiers Est. Il s’agit aussi de rénover les
bibliothèques qui en ont besoin (Le Merlan
puis la Grognarde), de transférer Bonneveine,
Saint André et les 5 avenues, de créer des
« médiamétros » sur le type de celui de Castellane, puis, sur un terme plus long, de prévoir
des équipements de proximité aux Catalans,
à Saint Loup, à La Rose, à Cadenat.
Un plan ambitieux2 : près de 40 millions
d’investissement en 10 ans, qui doivent s’accompagner de recrutements importants, pour
que l’accueil y soit plus chaleureux et que les
irriguer la littérature. On a mené une enquête,
pour savoir quelle était l’attente thématique
générale. On nous a parlé de mondialisation,
de cuisine, de la conquête de l’espace, de la
mélancolie... On a décidé de partir vraiment
de ces réponses, et de mêler les écrivains avec
des astrophysiciens, des cuisiniers, des penseurs
hors de leur champ.
Pas de rencontre littéraire classique donc, avec
un modérateur et des écrivains qui présentent
leur dernier livre ?
Si, il y en aura, mais on veut proposer aux
auteurs des images d’archives, ou d’actualité,
pour croiser les paroles. Et qu’ils réagissent
aussi à de petites formes que l’on aura préparées avec des jeunes lors d’ateliers autour de
leur œuvre. On travaille sur des e-ku (haïku
numérique ndlr) que les jeunes partagent très
vite... Si l’on veut intéresser les Marseillais à
un festival littéraire, il faut travailler en amont,
et inventer ! Nous avons déjà commencé les
ateliers, et dès septembre il y aura des auteurs
en résidence, des rencontres, pour préparer
le festival durant 9 mois.
Le festival aura lieu quand ?
En mai 2017. Cela s’appellera Oh les beaux
jours !, parce que nous voulions de la gaité !
Mais dans l’immédiat nous aurons des rendus
d’ateliers à la Criée et au MuCEM.
Pourquoi cette difficulté selon vous à rassembler
sur un événement littéraire ?
C’est une constante, à Marseille. On y parvient
17
horaires d’ouverture s’élargissent. Il s’agit
donc, au delà de l’investissement, d’augmenter aussi de façon conséquente le budget de
fonctionnement, ce qui ne pourra se réaliser
qu’avec l’aide du ministère de la Culture, qui
vient abonder à l’ensemble des dépenses de
façon conséquente. Un Contrat Territoire
Lecture a été signé entre la Ville et l’État,
l’une s’engageant à planifier et rendre compte
des investissements, l’autre à les financer « à
parité ».
Il reste donc à espérer que le tout arrive à terme,
dans une ville où les retards sont fréquents, et
les reculades légion. Peut-on rêver pour demain
de bibliothèques marseillaises ouvertes régulièrement, voire le matin et certains dimanches,
où l’on puisse se rendre durant les vacances,
et où le prêt puisse s’effectuer depuis chaque
lieu ? Des bibliothèques vivantes, avec des
ateliers d’écritures, de lecture, des expositions,
des conférences, des concerts décentralisés ?
Il semble que c’est l’ambition de la Ville !
Qui, d’ores et déjà, a confié les rênes d’une
grande manifestation littéraire à Fabienne
Pavia (éditrice, le Bec en l’air) et Nadia
Champesme (libraire, Histoire de l’oeil)...
AGNÈS FRESCHEL
En 2014, le nombre de m2 de bibliothèque par
habitant était deux fois inférieur à la moyenne
nationale, et le budget d’acquisition des documents
était presque 3 fois inférieur. Les horaires d’ouverture, un peu inférieurs à la moyenne nationale, ont
fortement baissé depuis. Le nombre d’inscrits dans
les bibliothèques est très faible (7,7% des Marseillais, contre 17% de moyenne nationale), et en chute
constante (1000 inscrits de moins par an depuis
20 ans). Le taux de prêt est également très bas.
1
Pour comparaison, le nouveau stade
Vélodrome a coûté 220 millions d’euros,
dont 134 millions d’argent public.
2
moins bien qu’à Manosque, à Aix. Les Littorales
avaient une programmation irréprochable,
intéressante... mais pas les moyens d’installer en
amont leur festival ; qui rassemblait du monde,
mais essentiellement des lecteurs avertis. Nous
voulons élargir le public, et en particulier faire
venir la jeunesse au plaisir du livre.
Votre association reprend aussi l’organisation
des Rencontres d’Averroès...
Oui, Thierry Fabre et France Culture organisent
bien sûr les Tables rondes, mais nous allons
reprendre l’organisation d’Averroès Junior,
et de la programmation artistique.
Cela fait beaucoup de travail pour Des livres
comme des idées, votre association naissante !
Oui !
Taux d’inscrits dans le réseau de lecture publique municipale © Agence abcd pour la Ville de Marseille
Vous avez un budget arrêté pour tout cela ?
Pas encore... Mais pour 2016, c’est-à-dire la
préfiguration de Oh les beaux jours !, nous avons
80 000€, pour Averroès autour de 200 000€ sans
doute. En 2017 pour le festival nous espérons
avoir 700 000€.
De la Ville de Marseille ?
Entre autres, et principalement. Mais nous
devons trouver d’autres financements, de l’État,
du Centre National du Livre, des collectivités,
et puis du mécénat. Nous sommes en pleine
recherche encore.
Et où se déroulera le festival ?
Autour du Vieux Port, en itinérance : à la
Criée, à l’Opéra, à la Chambre de Commerce,
au MuCEM, avec un thème pour chaque lieu,
des formes participatives et ludiques dans les
halls, des débats dans les salles. Et aussi des
concerts littéraires, des lectures...
Avec des gens d’ici ?
Oui, c’est un de nos engagements : faire
travailler les acteurs du territoire. Bien sûr
nous ferons venir les écrivains de l’actualité
du livre. Mais en mai on est loin de la rentrée
littéraire, et les enjeux seront différents....
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
18 événements
Fleurir
au MuCEM
Nouveautés, visites
et spectacles
U
n nouveau cycle démarre au MuCEM, qui
invite de grands artistes à travailler sur ses
collections. Objets déplacés débute les 4 et
5 mars avec Angelica Liddell. L’auteure
et metteuse en scène espagnole présentera
El Orgullo de la Nada (L’Orgueil du rien),
spectacle en espagnol surtitré en français.
Elle a choisi trois objets reflétant « l’absurdité
même de l’idée de conservation », délicieux
paradoxe qui hante tout musée.
D’autres artistes auront précédemment investi
les lieux : le 2 mars, les vidéastes Zineb Sedira
et Katia Kameli proposent une visite guidée
et filmée de l’exposition Made in Algeria.
Le lendemain, c’est une critique d’art qui
nous convie à la suivre sur ce parcours :
Nadira Aggoune-Laklouche enseigne
Le mois de février à peine achevé, c’est un
printemps avant le printemps au Musée
des Civilisations et de la Méditerranée
aux Beaux-arts d’Alger, et son propos promet
d’être passionnant. Les deux événements, sur
entrée libre mais dans la limite de 25 places,
seront diffusés ultérieurement sur le site et
les réseaux sociaux du MuCEM. Le 12 mars,
Paris-Alger-Tombouctou... et retour, un carnet
de voyage à danser de Saïda Naït-Bouda,
sera suivi d’un atelier participatif.
Cours, rencontres
et conférences
Le 10 mars, l’Institut Méditerranéen des
Métiers du Patrimoine organise une journée
de séminaire consacrée à La fabrique des
images dans les mondes arabe et musulman
contemporain : les choses bougent, de nouvelles pratiques et de nouveaux modes de
diffusion se font jour, les sciences sociales permettent de mieux les cerner (sur inscription :
Angelica Liddell © Angelica Liddell
Une traversée réelle du monde
P
lus qu’un festival, la 3e Biennale des écritures du réel s’annonce comme « une
incitation à faire ensemble une traversée
généreuse et curieuse des autres et du monde ».
Pour ce faire, l’équipe du Théâtre La Cité,
initiatrice de la manifestation, poursuit et
amplifie la nécessité « d’aller à la rencontre de
nouveaux publics » en inventant de nouvelles
formes d’expérimentation et de rencontres
« entre artistes, amateurs, chercheurs et
acteurs du monde de l’éducation et du social »,
dans les théâtres mais aussi dans la ville. La
Biennale, cette année encore, dira comment
s’écrit, s’écoute et se montre le réel. Par le
biais des artistes invités tout d’abord, et de
leurs propositions, parmi lesquelles, entre
autres, celles de la metteure en scène Serbe
Sanja Mitrovic, Do you Still Love Me ?, de
David Lescot qui propose Ceux qui restent
et La Commission Centrale de l’enfance, de
Philippe Boronad qui s’appuie sur le texte
magnifique de Catherine Verlaguet, Braises,
de Laurent de Richemond et son Curiosity…
Par le biais, aussi, de spectacles produits par
le Théâtre La Cité, écrits et inventés avec des
habitants de la ville, enfants, adolescents et
adultes, et notamment celui de Jérôme Bel
et Cédric Andrieux, Faisons l’histoire, l’installation orchestrée par
la cinéaste Narimane
Mari avec la complicité
du musicien Cosmic
Neman qui entraîne
dans le tourbillon de La
Vie courante, ou encore
le dialogue qu’instaure
l’auteur-metteur en
scène Julien Mabiala
Bissila avec une
couturière des quartiers nord dans Jazz,
dentelle et taffetas. Par
Curiosity
© Sigrun Sauerzapfe
le biais encore du mouvement le Continent
jeunesse, soit une semaine de spectacles,
de films, de débats autour et avec la jeunesse
(avec les cinéastes Anne Alix pour Ce Tigre
qui sommeil en moi qui rend compte de la
création Frontières, et Dominique Cabrera
qui réalise actuellement Corniche Kennedy
d’après le roman éponyme de Maylis de
Kerangal), et qui interrogent aussi les relations
entre art et éducation. Par le biais enfin de la
l’École éphémère, initiée lors de dernière
Biennale par Bernard Stiegler, qui propose
conférences et rencontres avec des philosophes, chercheurs et acteurs de la société
civile. Pour compléter ces propositions, le
cinéma Les Variétés programme un cycle de
films intitulé Le Cinéma des ailleurs, qui offre
un « Voyage sur les routes d’exils volontaires
ou contraints ».
DO.M.
Biennale des écritures du réel
du 2 au 26 mars
Divers lieux, Marseille
Théâtre La Cité, Marseille
04 91 53 95 61 theatrelacite.com
19
[email protected]). Le soir, dans le cadre du
temps fort Algérie, entre la carte et le territoire,
on pourra rester au MuCEM pour entendre le
poète Habib Tengour évoquer l’œuvre du
Saïda Naït-Bouda © Philippe Ferrant
Théâtre
©Julien Piffaut
Et le diable
vint dans mon coeur
grand écrivain et journaliste Mohamed Bib.
Le lendemain et le surlendemain, d’autres
rencontres-débats poursuivent ce temps fort.
Notamment avec les historiennes Hélène
Blais et Florence Deprest, et les géographes
Sid-Ahmed Souiah, Nadir Bouzama,
Bouziane Semmoud et Marc Côte : ils
étudieront la « violence géographique » de
l’impérialisme, l’utilisation de la cartographie
au temps des colonies, et l’urbanisme qui
en est issu.
La deuxième conférence du cycle Pensées du
monde se tiendra le 14 mars avec l’historien
américain Rashid Khalidi, qui traitera du
Moyen-Orient et ses frontières « recomposées-décomposées ». Pour prolonger le cycle
consacré à l’économie des déchets par l’i2mp,
on ne manquera pas le 15 mars le séminaire
consacré au renouvellement des approches
entre écologie et sciences sociales. Ces travaux
préparent une future exposition prévue en
2017 au MuCEM.
Enfin, clou de la période, le Forum de la Méditerranée aura lieu du 17 au 19 mars. Introduit
par un professeur d’Oxford, Laurence Whitehead, il brossera le panorama des études
MAR 8 MARS À 20H30 & MER 9 MARS À 19H30
Mise en scène et dramaturgie : Alexis Moati
www.theatre-arles.com / 04 90 52 51 51
méditerranéennes en sciences humaines et
sociales et sciences de l’environnement. Trois
jours de tables rondes, présentations de projets
de recherches et projections, avec une centaine
d’intervenants traitant de sujets captivants :
savoirs, langages, religions, appartenances,
droits et gouvernances.
GAËLLE CLOAREC
Retrouvez comme chaque mois sur
notre Webradio Comme au MuCEM,
une émission sous forme de traversée,
consacrée aux temps forts, découvertes
et coulisses du Musée des Civilisations d’Europe et de Méditerranée.
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13 mucem.org
20 événements
Ecouter les voix de la danse
Michel Kelemenis
veut + de danse à
Marseille. Et programme un autre
temps fort, qui s’annonce formidable...
L
a quatrième édition de ce festival sera
riche, et affirmera plus encore sa musicalité. Olivier Dubois en sera l’invité
d’honneur, avec trois pièces... Mais ce ne
sera pas le seul bonheur de ce temps fort.
Cela commence le 1er mars avec Stimmlos,
d’Arthur Perole, une pièce subtile qui
retravaille les élans romantiques de Wagner
par des jeux de lumières et d’apparition, et
des mimiques expressionnistes. Puis le 5
mars il y aura un duo de danseurs de chez
Preljocaj, baroque et étrange, comme aime les
rêver (cauchemarder ?) Baptiste Coissieu.
De chez Preljocaj aussi Liam Warren, que
l’on avait remarqué dans Post Human, et qui
revient avec deux pièces : un duo musical et
un solo qui met ses pas dans La dignité de
penser de Roland Gori.
Le 10 mars un programme réunira des danseurs sublimes de l’Opéra de Paris et de la
compagnie Kelemenis, pour 5 pièces (deux
de Kelemenis, deux de Bruno Bouché, une
d’Yvon Demoi) qui Dansent Bach, Schubert,
Ravel, Debussy. On retrouvera Kelemenis
avec Christian Sébille (directeur du GMEM
et électroacousticien), deux danseurs et un
vibraphoniste le 14 mars, pour un « échange
à vocation laborantine » écrit, sans doute très
serré, à partir d’improvisations enregistrées...
Une mise en oreilles dansantes avant une
semaine de résidence pour 2 chorégraphes
(Arthur Perole et Wendy Cornu), une trentaine
de danseurs, 4 musiciens, 12 étudiants en
Métiers techniques du spectacle. Résultat
de la session : Bouge ! le 21 au KLAP !
Il y aura aussi le 26 mars Edmond Russo
et Schlomi Tuizer qui font danser une très
belle promotion de Coline (Formation professionnelle basée à Istres), puis Post disaster
Dance people, une proposition de Mathieu
Hocquemiller pour danser ensemble, comme
on aime le faire à KLAP...
La dernière soirée (le 31 mars) proposera un
projet porté par deux femmes (enfin!) : la
danseuse indienne de Bharata Natyam Jessie
Veera et la chanteuse Ophélie Bayol qui
Prêt à baiser © Boris Munger
Mon élue noire, Germaine Acogny © François Stemmer
croisent leurs deux univers
artistiques ; pour finir par un
projet en cours de Dodescaden, autour du travail
déshumanisant.
Entre-temps, trois pièces
d’un artiste majeur, Olivier
Dubois (Ballet du Nord),
qui puise dans Stravinsky
et Debussy, mais surtout
dans la mémoire tourmentée
de la danse. Prêt à Baiser,
un premier duo autour du
Sacre, des lèvres, du désir,
du don de soi (le 4 mars).
À nos Faune, un autre duo
masculin autour de la passation de la pièce historique (et
si surprenante aujourd’hui
encore !) de Nijinski, puis
Mon élue noire, à nouveau autour de Sacre,
avec Germaine Acogny, sublime danseuse
et chorégraphe africaine de 70 ans (le 23 mars).
Une fois encore Kelemenis sait conjuguer
les énergies d’ici et d’ailleurs, croiser les
compagnies et les lieux, les découvertes,
les performances et les spectacles. À vos
agendas !
AGNÈS FRESCHEL
Des gestes et des sons
du 25 février au 1er mars
Les Bernardines, Marseille
Klap, maison pour la danse, Marseille
04 96 11 11 20 kelemenis.fr
Passacaille, Bruno Bouché
© Agathe Poupeney
21
Baroque sur la ville
Films, débats, conférences, rencontres,
ateliers, cuisine,
spectacles, chants,
concerts, opéra, et
un seul dénominateur commun : le
baroque !
P
endant tout le mois de mars, et pour la
14e année, Marseille se métamorphose
en carrefour des expressions de ce mot
fourre-tout. Le baroque, qui naît au XVIe
siècle en Italie, évoque aujourd’hui à la fois
le classique et la fantaisie, l’exubérance et le
rituel, l’extravagance et le solennel. Mars en
Baroque joue à merveille de l’ambiguïté de
ce terme. La programmation proposée sera
vaste et éclectique sur tous les registres. Dans
les espaces variés où se tiendra le Festival,
tout comme dans la diversité des propositions
qui le composent.
Du 3 au 27 mars, la manifestation, portée
par l’association Concerto Soave, aura
pour thème « Le Peuple, le Roi : de l’Église
à l’Opéra ». Les églises Saint-Cannat et
Saint-Michel, le Temple Grignan, La Criée,
La Friche, l’Alcazar, les Variétés, le Musée
Borély ou la Villa Méditerranée compteront
parmi les lieux d’accueil.
Après la soirée de lancement le 3 mars à
l’U.Percut, entre musique, vidéo et tapas, le
Festival s’ouvrira véritablement avec deux
concerts à la Villa Méditerranée. Le 5, un projet
original croisera deux expressions musicales
a priori éloignées : la tradition populaire
des polyphonies corses, avec l’ensemble
Tavagna, et le chant de cathédrale, codifié
par le clergé, porté par l’Ensemble Gilles
Binchois. Cette fusion singulière se fera
autour du répertoire religieux, Requiem, Vêpres
de la Vierge et Salut du Saint-Sacrement. Le
lendemain, Dominique Vellard, l’un des
membres de l’Ensemble Gilles Binchois, ainsi
qu’Alessandra Rossi Lürig, musicienne
et directrice de la Fondation Arcadia, et
Noureddine Tahiri, musicien de l’ensemble
du même nom, tiendront une conférence
sur la place de la musique dans les religions
chrétienne, musulmane et juive. Un peu plus
tard, l’Ensemble Noureddine Tahiri donnera
un concert, interprétant les chants soufis
Profeti della Quinta © X-D.R
des répertoires du Samaa et de la tradition
arabo-andalouse de Fès.
Le programme à la Villa Méditerranée se
conclura le 8 mars, avec une conférence menée
de nouveau par Alessandra Rossi Lürig, sur le
statut du musicien juif dans l’Italie du Seicento,
suivie, sur le même thème, d’un concert des
Profeti della quinta sur les œuvres pour
synagogue composées à cette époque par
Salomone Rossi.
Créer, chanter, cuisiner
Le temps fort du Festival aura lieu les 11 et 13
mars, à La Criée, avec la recréation mondiale
de L’Oristeo de Francesco Cavalli. Cet opéra
comique vénitien n’a quasiment jamais été
repris depuis sa création au XVIIe siècle. Ce
sera la première production baroque entièrement réalisée à Marseille, notamment grâce
aux musiciens du Concerto Soave, sous la
direction musicale de Jean-Marc Aymes
et sur une mise en scène d’Olivier Lexa,
Parallèlement, le 12 aura lieu au MuCEM
une journée consacrée à Cavalli et à l’opéra
à Venise. Et le 13, un acte final imaginaire
de L’Oristeo prendra la forme d’un repas de
noces mêlant protagonistes de l’œuvre et
spectateurs aux Grandes Tables de La Criée.
Autre programme gourmand, le 19 mars,
Un dîner chez la Baronne, à la Bastide de
la Magalone. En plus d’un mix des cuisines
d’hier et d’aujourd’hui, la soirée mêlera la
musique du clavecin aux scratchs de la DJ
Pé Pé, accompagnées par les comédiens
du collectif La Conspiration et l’artiste
culinaire Emmanuel Perrodin. Le même
jour et le lendemain, rendez-vous pour Une
vie de château au Musée Borély avec un
concert et un parcours musical au milieu
d’œuvres d’art contemporain.
À noter encore, le 22, Le Fantôme de l’Opéra,
en projection aux Variétés, les Lamentations
pour la Semaine Sainte, le 24 en l’église
Saint-Cannat, Le Chant des Révolutions, le
26 au Mémorial de la Marseillaise. Et enfin,
Friche en Baroque, et son thème « Improvisez,
maintenant !», le 27 dans divers espaces de La
Friche Belle-de-Mai. Avec ateliers culinaires,
conférences, improvisations musicales autour
de Bach, et pour clore le Festival, Bach en
balles, alliance d’un jongleur et d’un joueur
de luth.
JAN-CYRIL SALEMI
Mars en Baroque
3 au 27 mars
Marseille
04 91 90 93 75 marsenbaroque.com
22 événements
« Donner un imaginaire commun »
À
ses côtés, Sophie Joissans,
vice-présidente à la Région, en
charge de la culture et du patrimoine culturel, insiste « il s’agit de
donner un imaginaire commun ».
Cette « expérience d’une humanité
partagée » (B. Foccroulle) vécue
grâce à l’opéra et aux œuvres d’art,
est rendue possible par la multiplication des soutiens, des bénévoles,
du mécénat, des partenariats, dont
le remarquable investissement de la
© Vincent Pontet
DRAC représentée par son directeur Marc
Ceccaldi. Le 20 janvier, lors de la présentation
du festival, était signée une convention cadre
triennale entre le Festival d’Aix et Aix-Marseille
Université (représentée par son directeur Yvon
Berland). Transmission, partage… un travail
de démocratisation qui s’attache aussi aux
tarifs, accessible aux plus grands nombres.
Symbole fort, l’ouverture d’Aix en Juin, le
prélude au Festival d’Aix, devenu un classique
depuis 2013, aura lieu au Jas de Bouffan, avant
PARADE(S) sur le cours Mirabeau avec African
Angels, le chœur de l’Opéra de Cape Town.
Enfin, juillet et ses concerts, ses récitals, et
le bonheur des opéras : Cosi fan tutte, mis
Le Festival d’Aix-enProvence dévoile sa
programmation, se
plaçant sous le triple
signe des réalités des
illusions et des utopies,
selon les termes de son
directeur général, Bernard Foccroulle
Musiques
de l’âme
X
XXIe Semaine sainte en Arles, et l’association du Méjan, fidèle à ses ambitions,
propose dans l’écrin de la Chapelle du Méjan,
une programmation prestigieuse et éclectique
avec trois concerts répartis entre le 18 et le 22
mars. D’abord, l’Ensemble Musicatreize,
dirigé par Roland Hayrabédian et le quatuor
Gustave interpréteront Les Litanies pour
Ronchamp de Gilbert Amy (disque paru en
2013 chez Soupir Éditions). Entre architecture
et musique se tissent des échos, une démarche
esthétique voisine. La composition de Gilbert
Amy est conçue en hommage à la chapelle de
Ronchamp, construite par Le Corbusier et en
emprunte les techniques. Matériaux divers
pour le bâtiment, écritures multiples pour la
musique, polyphonie médiévale, chant lyrique,
percussions, quatuor à cordes, textes latin puis
français… un vibrant pèlerinage sonore. C’est
l’orchestre tout nouvellement reconstitué par
Julien Chauvin (violon et direction) en 2015,
Le Concert de la Loge Olympique (fondé
en 1795 par le Chevalier de Saint-George)
qui, après la Symphonie en si bémol G.497
de Boccherini et les Lamentations du Jeudi
Saint de Francesco Corselli, se glissera, avec
la soprano Eduarda Melo, dans les volutes
délicates du Stabat Mater de Luigi Boccherini,
sur un texte du XIIIe siècle attribué à Jacopone
da Todi, méditation sur la souffrance de Marie
lors de la crucifixion, passage quasi obligé
lors d’une semaine sainte. L’Ensemble La
Rêveuse, composé de solistes, s’attachera
en scène par Christophe Honoré ; séduit
par la sensualité, les faits simples auxquels
la musique de Mozart accorde une délicate
profondeur, il situe l’action en Érythrée, à
l’époque mussolinienne ; Katie Mitchell
amplifie la dimension onirique du Pelléas
et Mélisande de Maeterlinck et Debussy ;
la Beauté et le Plaisir affronteront le Temps
dans le Trionfo del Tempo e del Disinganno de
Haendel ; avant Mozart, Rameau s’inspire des
idéaux maçonniques pour son Zoroastre ; la
Symphonie de Psaumes de Stravinski répondra
à son Œdipus Rex sur un livret de Cocteau,
adapté par Peter Sellars ; on applaudira la
création mondiale de Seven Stones d’Ondrej
Adámek, véritable parcours initiatique ; puis,
autre création mondiale, Kalîla wa Dimna de
Moneim Adwan, opéra chanté en arabe,
dit en français, sur un texte du VIIIe siècle
écrit par Ibn Al-Muqaffa d’après un recueil
de fables et contes animaliers venus de l’Inde.
MARYVONNE COLOMBANI
Prélude au festival d’Aix
4 au 26 juin
Festival d’Aix
30 juin au 20 juillet
08 20 922 923 festival-aix.com
enfin à un programme de cantates et sonates
dans la tradition des Abendmusiken, concerts
spirituels, nés à Lübeck au XVIIe sous l’impulsion de Franz Thunder et dont Dietrich
Buxtehude fit un évènement annuel, sur les
cinq dimanches précédant la période de
l’Avent. Lors de cet Abendmusik, la viole de
gambe de Florence Bolton, le théorbe de
Benjamin Perrot, les violons de Stéphan
Dudermel et Stéphanie Paulet, la voix de
la soprano Hasnaa Bennani, apporteront
leur sensible poésie aux œuvres de Johann
Adam Reiken et Buxtehude.
M.C.
XXXIe Semaine
sainte
18 au 22 mars
Chapelle du
Méjan, Arles
04 90 49 56 78
lemejan.com
Loge Olympique
© Franck Juery
23
L’incontournable
Forum des Musiques
du monde revient au
Dock des Suds du 17
au 19 mars
Le phare
marseillais
des musiques
planétaires
Alif Naaba au festival des vendanges de Suresnes © Tiphaine Lanvin
femmes dans l’histoire de la musique qui sera
analysée pour aboutir, on l’espère, à des pistes
d’actions à mettre en œuvre pour réduire les
inégalités ; les « Coups de cœur musiques du
monde » de l’Académie Charles Cros seront
également décernés ce jour-là.
Scènes musicales la nuit
Maria Simoglou © X-D.R
E
n trois petits jours et nuits, la 12e édition de
Babel Med Music accueillera artistes et
professionnels venus des quatre coins du
monde pour développer et échanger autour du
panorama actuel de la world music. C’est au
cœur de la Méditerranée et de l’Europe, dans
la ville-monde par excellence, que s’installe
ce marché unique, éthique, artistique, et festif
bien sûr avec ses 30 concerts, dont la direction
artistique est assurée par Bernard Aubert
et Sami Sadak. « Nous sommes tous du
monde ! assurent-ils dans l’édito, en 2016,
les Musiques, les corps et les économies,
donc les cultures, se mélangent. Le monde
n’est plus comme avant et nous ne sommes
plus seulement dans notre niche notre clan,
notre frontière : si nous voulons survivre, il faut
nous adapter ». Toute la famille des musiques
du monde sera représentée et rassemblée au
Dock des Suds, auquel se greffera pour la 2e
édition un Babel Minots dédié au jeune
public (16 au 19 mars).
Marché professionnel
le jour
Conférences et rencontres auront lieu en
journée pour débattre du marché économique
avec toutes les filières musicales internationales, d’Europe, d’Afrique, du Moyen-Orient
jusqu’en Océanie, rassemblant plus de 2000
professionnels, une douzaine de tables rondes,
750 structures de l’industrie musicale et du
secteur culturel, 150 stands et 2 sessions de
speed-meetings.
À noter le 17 mars, une réflexion sur le rapprochement des fédérations régionales et du
soutien des collectivités avec le PAM (pôle de
coopération des acteurs de la filière musicale
en Région PACA). Le 18 mars, Jean-Michel
Lucas livrera son interprétation de la nouvelle
loi NOTRe sur les droits culturels ; le Festival
d’Aix proposera une rencontre autour d’un
nouveau genre dans l’opéra, entre forme occidentale et musique orientale ; une table ronde
mettra en réseau les structures et festivals
travaillant à l’intégration des minorités et
des réfugiés. Le 19 mars, ce sera la place des
Chaque soir, les spectateurs pourront assister à
plus d’une dizaine de concerts découvertes…
avant que les artistes soient repérés et diffusés
par les professionnels en présence (c’est aussi
le but !).
Un tour du monde qui débutera le 17 mars par
la folk de la Québecoise Alejandra Ribera,
le métissage heureux à la sauce algéroise de
Djmawi Africa ou encore La nuit d’Antigone, une odyssée méditerranéenne des
femmes résistantes qui relie Marseille, Berlin,
Le Caire, Paris Tunis et Istanbul. Le lendemain,
direction le Burkina Faso avec Alif Naaba,
la Jordanie avec Autostrad, l’Ecosse avec
Breabach et Marseille avec Temenik Electric. Pour finir le 19 mars, Imhotep, Korea
percussion, Maria Simoglou, Paille, Turbo
sans visa, entre autres, feront à leur tour
résonner le monde.
DELPHINE MICHELANGELI
Babel Med Music
17 au 19 mars
Docks des Suds, Marseille
Dock-des-suds.orgs/babelmedmusic2016
24 événements
Marseille
en temps
et en musique
D
La vitrine
des Scènes Paca
et Corse
L
e festival itinérant Région en Scène 2016
du Cercle de Midi, qui regroupe 24 structures de diffusion dans la fédération Paca &
Corse, c’est déjà une affaire de chiffres : 2
départements (Bouches-du-Rhône et Vaucluse), 3 jours (23 au 25 mars), 9 spectacles
sélectionnés dans 2 régions (Paca et Corse)
dont 2 invités, 7 lieux.
C’est aussi un vivier de repérages de compagnies, accompagnées par les fédérations
Raphaële Lannadère © Yann Rabanier
de l’œil recevra pour sa part, sur le thème
« Les chansons de Bataille », Sylvain Vanot
avec ses compositions et son livre Johnny
Cash I walk the line (éditions Le Mot et le
reste, mars 2016 / 13€). À l’avant-garde du
festival (spectacle jeune public), Vincent
Malone, chanteur malicieux et déjanté, père de
régionales, pour une meilleure circulation
des œuvres sur les territoires régionaux, et
plus si affinités !
À Marseille, le Théâtre de la Joliette
accueillera, le 23 mars, Les filles aux mains
jaunes1 du Dynamo Théâtre, qui connaît
un beau succès, amplement mérité, depuis
sa création. Joëlle Cattino met en scène
le texte de Michel Bellier sur les prémices
d’une émancipation féminine pendant la
Grande Guerre.
Le lendemain, l’Alpilium de St-Rémy-de-Provence ouvrira avec Ah ! Anabelle de la Cie
Eclats de Scènes tiré d’un texte jeunesse
de Catherine Anne, suivi d’une rencontre
professionnelle. Le théâtre mouvementé
de la Cie Corps de passage déplacera le
festival jusqu’à Avignon, au Théâtre des
Carmes, avec King du
Ring 2, le monologue
intérieur imaginaire de
Mohammed Ali écrit par
Rémi Checchetto, joué
par la dynamique Adeline Walter. La Cie Le
Chat du Désert (issue du
Maillon, fédération Rhône-Alpes) jouera en fin de
soirée Pourvu qu’il nous
arrive quelque chose,
une création autour de
Les Filles aux mains jaunes © Bruno Mullenaerts
u 1er au 6 mars, le Festival Avec le temps
se décline en musique et en chiffres, avec
l’accueil en sept jours de dix-neuf artistes en
douze lieux différents de Marseille. Un parcours
chansons vous conduira notamment sur les
lieux qui ont marqué l’histoire de la chanson
à Marseille avec des artistes surprise : on
croisera sur le Parvis de la bibliothèque de
l’Alcazar l’homme accordéon BatpointG ;
des as de la « chanson bricolée » à la Maison
Empereur (sic !), Gildas Etevenard, Guillaume Rannou et David Poudlard ; au
Waaw, la chanson de la plaine avec Massy
Inc. et Armelle Ita, tandis que le métro
Vieux Port se mettra au « Hip Hop de Mars »
sous l’impulsion d’Iraka, Joos, Undercontrol
et Marc Nammour et que la chanson fera
son cinéma aux Variétés grâce à Ottilie
et Zoufris Maracas. La librairie Histoire
l’anti-héros Merdocu, se produira au Cabaret
aléatoire le 24 février. Les rythmes africains,
créoles, latinos, manouches de Zoufris Maracas empliront le Dock des Suds ainsi que
le folk mélancolique d’Igit et sa guitare (2
mars) ; l’Espace Julien verra deux concerts
et pléthore d’artistes, douceur envoûtante
d’Izia et de Raphaële Lannadère, alias L
(3 mars), puis, dans un art du décalage épris
de rythmes et de mots, Odezenne, Zone
Libre Polyurbaine et Grand Blanc (4 mars).
Le goût des textes se retrouve encore à La
Meson avec Massy Inc. et Cléa Vincent (4
mars), Hildebrandt et Fishbach (5 mars), ou
au Cabaret aléatoire où déferlent L’Impératrice, Bagarre et Juniore (5 mars). Enfin,
Montevideo conclura la fête (6 mars) avec
Gravitations qui réunit le batteur compositeur
interprète Gildas Etevenard, le musicien pop
Gérald Kurdian et le musicien poète Silvain
Vanot.
MARYVONNE COLOMBANI
Festival Avec le Temps
24 février & du 1er au 6 mars
Marseille
04 96 17 57 26 festival-avecletemps.com
la figure du comédien adaptée du Petit lexique
amoureux du théâtre de Philippe Torreton.
Le 25 mars, la journée sera bien remplie avec,
dès 10h15 au Théâtre Golovine, le Cartoun
Sardines Théâtre dans une formidable version musicale et théâtrale du film de F.W.
Murnau, Le Dernier des hommes3 ; au Théâtre
des Doms, invités hors sélection, les belges
du Collectif Mensuel adaptent la censure
et la révolte décrite par Sam Mills dans 2014.
Retour dans les Bouches-du-Rhône avec le
merveilleux vagabondage poétique pour jeune
public La grenouille au fond du puits croit
que le ciel est rond4 du Vélo théâtre, au
Théâtre Fontblanche de Vitrolles. C’est au
Forum de Berre que se clôturera l’édition
avec un plateau musical partagé par Joulik,
Les Têtes de Linettes et Armelle Ita.
DELPHINE MICHELANGELI
à , les chroniques des spectacles
à retrouver sur journalzibeline.fr
1
4
Région en Scène est inscrit dans le
projet du réseau national Chaînon/
FNTAV (Fédération des Nouveaux Territoires des Arts Vivants) qui organise
chaque année, en début de saison, son
festival national Le Chaînon Manquant
Région en Scène
23 au 25 mars
cercledemidi.com
25
Poésie
ensachée
U
ne artiste en bure noire, grande prêtresse
d’un culte mystérieux, découpe avec de
grands ciseaux les coins d’un banal sachet
plastique, de ceux qui ne sont plus distribués
depuis le 1er janvier. Elle le retaille et le scotche,
jusqu’à former un petit personnage anthropomorphe, puis laisse un cercle de ventilateurs
lui prêter vie par leur puissante et silencieuse
respiration. Le bonhomme semble sortir d’une
chrysalide et, à peine éclos, danse.
Entre un second personnage : la musique
se colore de rose, et ils valsent ! Trois, puis
quatre... c’est une ronde, ils s’envolent quand
le vent forcit, les spectateurs retiennent leur
souffle, happés par cette magie de poète,
enthousiasmante. Fleur, chrysanthème, tête
de méduse, esprits d’air et de plastique...
Ils sautent comme un seul homme dans un
parapluie retourné, mais on dirait plutôt des
enfants, qui courent parfois se réfugier dans
les amples jupes de leur mère.
Surgit une tour dorée, un dragon des airs,
serpent ondulant de fête chinoise : objet
inatteignable du désir pour un si petit être
contrarié par le vent ; ses bras n’ont pas de
force pour l’attraper. C’est donc cela, la vie ?
On n’en finit avec la frustration que lorsqu’on
retombe inanimé ? Oui, cela, et plus encore : il
arrive que l’air se gonfle de sacs noirs, nuages
agressifs, alors la couleur semble disparaître
avec toute joie.
Pas celle du public, réuni autour de la piste
ronde, presque à la toucher : lorsque le spectacle jeunesse de Phia Ménard s’achève, le
plus poseur des collégiens ne retient pas son
cri époustouflé.
GAËLLE CLOAREC
L’après-midi d’un Foehn a été joué à La
Criée, Marseille du 28 au 30 janvier, dans
le cadre de la programmation « Invasion ! »
L’Après-midi d’un foehn, Cie Non Nova © Jean-Luc Beaujault
Ils sont beaux nos ados !
M
ickaël Phelippeau fait partie de la Bande,
celle que Francesca Poloniato a constituée en arrivant à la direction du Merlan. Des
artistes, trentenaires, qui travaillent autrement
l’écriture. Pour Ethan et Avec Anastasia sont
deux portraits d’adolescents saisis sur le vif.
Comme tout portrait ils mettent en scène le
réel, choisissent l’angle, la lumière, la matière
qu’ils veulent exposer. Mickaël Phelippeau
a rencontré Ethan, il y a dix ans. Un jeune
garçon qui chantait en breton, dansait, jouait
au basket. Il est devenu à présent un adolescent de 16 ans, au corps précis, mais un peu
maladroit comme tous ces garçons dont les
déplacements montrent que leur enveloppe
trop grande reste encore inconnue. Lui, seul
en scène, dessine l’espace d’un terrain de jeu,
dribble, s’entraîne, et les passes peu à peu
deviennent des danses, et lorsqu’il se met à
chanter aigu comme l’enfant qu’il était, puis
avec sa voix muée d’adulte, on saisit, comme
dans un portrait peint, quelque chose de son
être. C’est émouvant, surtout quand Mickaël
Phelippeau vient danser près de lui fugacement,
et qu’on perçoit ce qui les rapproche et les
sépare : un corps jeune en pleine vitesse et
amplitude, un corps plus mature qui plus
doucement courbe ses nuances... Quoi de
mieux pour faire voir la jeunesse ?
Celle d’Anastasia est plus bavarde, extravertie,
drôle. Franco-Guinéenne, elle raconte son
arrivée en France, suggère la violence de la
guerre à laquelle elle a échappée, campe un
concours de jeunes Miss, hilarant, danse le
coupé-décalé, joue avec son mobile, fait sentir
tout le poids d’une grand-mère africaine qui
vénère son fils et offre une casserole à sa petite
fille... Anastasia est une sacrée comédienne ! Et
son portrait, moins nuancé que celui d’Ethan,
finit par une apothéose annoncée, la danse
de ses cheveux, immenses nattes blondes
tressées qu’elle porte, dit-elle, comme un voile,
mais qui loin de la cacher révèlent aux jeunes
filles hilares du quartier que la liberté peut se
saisir à bras le corps !
AGNÈS FRESCHEL
Pour Ethan et Avec Anastasia ont été joués
au Merlan, Marseille, les 23 et 24 janvier ;
Pour Ethan sera donné au Théâtre
d’Arles le 27 février
Avec Anastasia
© Mickaël Phelippeau
26 critiques
spectacles
Le chagrin, Caroline Guiela Nguyen © Jean-Louis Fernandez
Capter l’
D
ans l’édito de la 6e édition du Festival
Parallèle, Lou Colombani, grande
ordonnatrice de l’événement, évoquait
l’improbable figure du fantôme pour donner
une forme aux lignes mouvantes qui devaient
dessiner la programmation, suscitant ainsi
une attention particulière à sa matière subtile ! Belle intuition confirmée par certains
des projets teintés parfois d’un ailleurs en
visite. Une semaine à la teneur en spectre
garantie qui aura (re)vitalisé bien des affinités
mystérieuses.
Inquiétudes et figures
en creux
En ouverture comme avertissement, préparation du regard, le Margin Release de
Lenio Kaklea avec son titre invitant à porter
attention à la mise en forme, suscitait quelques
interrogations : que voit-on au-delà des mouvements ondoyants de ces deux femmes qui
se cherchent, s’imbriquent, se façonnent ou
explorent sur leur corps la place de cette pièce
en plâtre (sexe-masque-origine d’un monde
en tout cas et peut-être pas si lointain pour
la chorégraphe athénienne) ? qu’entend-on
sous les murmures, souffles et grincements ?
De l’énigmatique c’est sûr mais le grand
Mystère n’y était pas. Venu de Grèce aussi,
et plus lisible, Sangs (Emata) mis en scène
par Argyro Chioti : inépuisable, le sang
s’écoule de la plaie à la gorge de Dimitris,
comme il le raconte dans ses lettres à son
ami Yorgos. Par cette métaphore de l’histoire
contemporaine de son pays, l’auteur, Efthymis
Filippou, signe une pièce qui joue avec les
codes de l’absurde, de la tragédie antique, de
la culture populaire des chansons, en une série
de tableautins qui revisitent le théâtre avec
humour et cruauté. Tout est mis à distance, par
la pauvreté des échanges, l’excès des réactions,
les commentaires du « coryphée », les chants
du chœur, les clins d’œil à la mythologie, le
rythme rapide des mots, la mise en scène
sobre et efficace. Dépassant la prison des
conventions, d’un ordre qui n’apporte plus
de réponses, Sangs dénonce l’absurdité des
temps modernes. Les comédiens de la Cie
Vasistas interprètent cette œuvre quasi
surréaliste avec un incomparable brio. Et
Stravinsky alors ? qui l’attendait du côté
de ces éternelles petites filles que sont les
pom-pom girls ? L’astucieuse chorégraphe
Maud Blandel associe le tragique du génial
et grinçant Sacre du Printemps aux gestes
répétitifs jusqu’au vertige de cinq vaillantes
cheerleaders ; la pulvérisation de l’ingénuité
des corps par l’épuisement (séquence douce de
la reprise du souffle à la cinquantième minute
juste avant de replonger) rend attentif à la
dissolution de l’individu(e) dans la vacuité du
codage des gestes. Une dramatisation liée à
la fatigue « légitime » et surtout l’absence de
dérision qui rendent ce projet bien troublant.
Des voix en transit
Faire entendre la sienne devant le rideau tiré
sur la scène du Gymnase, Pierre Mifsud s’y
applique dans l’une de ces Conférences de
choses au fil des mots qu’il concocte avec
François Grémaud depuis quelque temps ;
convoquer le monde en zig-zag, c’est drôle
C’est l’imprimerie...
mais ça ne va pas très loin ; déambuler pour de vrai dans
le quartier des Bernardines avec Pierre-Louis Gallo qui
éveille tout un monde sous chaque pas et dans les interstices
de la raison, c’est risqué car ce sont parfois nos monstres
ensommeillés qui répondent présents ; parfois seulement des
réminiscences du Dictionnaire des Mots Tordus… Étape de
travail. Fin (provisoire ?) de chantier pour le finement azimuté
Arnaud Saury qui entre extase et délire propose avec ses petits
camarades une incursion jubilatoire chez les mystiques et les
psychotiques ; les voix du dedans se confondent aussi avec
l’appel des coulisses et sous la transe se devine doucement un
autre discours capté en dépit de la distance qui nous sépare !
Chez Adrien Béal la parole de Michel Vinaver, mêlée à la
liberté de l’improvisation, circule dans les corps des acteurs
qui courent (souvent littéralement) pour prendre tour à tour
place dans le vertigineux questionnement sur le refus du
jeune Bême -jamais incarné- de jouer le jeu ; l’insaisissable,
l’abstention du sujet sont autant de mises en mouvement sur
plateau nu d’une sidérante fluidité.
Dans Speak ! la performeuse Sanja Mitrovic et son compère
hantés par de grands discours politiques en enchaînent des
extraits en 8 rounds vibrants ; le spectateur désigne à l’aveugle
un vainqueur : terrible piège lorsqu’il s’avère que l’enthousiasme
d’Hitler peut l’emporter sur l’humaniste modération de Vaclav
Havel… mauvais joueurs, nous pensons l’avoir toujours su !
Le revenant ou comment « le »dire
Deux expériences encore, les plus fortes en émotion, l’une
fouillant l’intime et raclant le fond de ce sentiment universel
qu’est Le Chagrin -la mort du père et tous les mots pour la
taire-, l’autre brodant, cousant bord à bord ou superposant des
lambeaux de mémoire dans un dispositif hétéroclite (vidéo,
aspirine effervescente, poussière) dont Samir Kassir, journaliste
libanais assassiné, est le centre troué. La pudeur du spectacle
de Caroline Guiela Nguyen tient au détour débridé par
l’enfance et ses signes les plus régressifs : un décor bleu
étouffant de poupées ligotées, de fleurs artificielles, de matières
qui souillent et une forte odeur de terre ; une famille humble
dont le deuil se faufile à travers le labyrinthe des gestes forcés
et le foisonnement des mots creux ; les acteurs formidables
sur le fil ténu de la sous-conversation font remonter l’essentiel.
Les Wagons Libres de Sandra Iché apportent aussi un bel
espoir de résurrection dans ce futur antérieur rétrospectif d’un
Beyrouth 2030 où disparitions et manques, erreurs historiques
et violences politiques sont reprises de volée par une jeune
femme rayonnante et bien là qui bricole à vue une autre façon
d’ouvrir des perspectives.
Alors oui c’est un bien bel esprit qui s’est infiltré dans Parallèle
6e et nous assure de sa tacite reconduction !
MARIE JO DHO
Le Festival Parallèle s’est déroulé dans divers
lieux et théâtres à Marseille, Arles
et Cavaillon du 14 janvier au 5 février
Carte
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28 critiques
spectacles
Sensations d’Oktobre
E
st-il nécessaire de tout comprendre à
un spectacle pour l’apprécier ? Non. En
matière d’art, d’autres champs de lecture
existent. Sensations, sentiments, émotions,
interprétations, une œuvre conduit vers tous
ces possibles. Oktobre est de cette veine.
Entre absurde et banalité, cruauté et douceur,
le spectateur oscille. Des tableaux décousus
mêlent cirque, magie, danse, théâtre, dans une
ambiance délirante et angoissante.
Trois personnages vêtus de noir se confrontent,
s’attirent, se menacent. Quelques balles rouges,
comme des nez de clowns éparpillés, cassent
ce noir austère. On est peut-être dans une
auberge.
Un voyageur est accueilli par deux étranges
individus. La maîtresse de maison, stricte,
semble sortie d’une pièce de Lorca, comme
une fille de Bernarda Alba. Son serviteur est
un acrobate déjanté.
Le voyageur (Yann Frisch) tente de briser
la glace. Magicien d’exception, il revisite l’art
de l’illusion avec des techniques de jonglage.
Les balles rouges disparaissent, rebondissent,
se multiplient à la vitesse de l’éclair. L’héroïne
de Lorca (Eva Ordonez-Benedetto) n’y est
guère sensible. La comédienne, capable de
ruptures brutales, est aussi une trapéziste
au registre extrême. Equilibres sur nuque,
mollets, talons, séries de figures toujours à la
© Daniel Michelon
limite. L’acrobatie de Jonathan Frau, proche
de la danse, est faite de torsions, alternant
contraintes et libérations.
Des éclats de poudre rouge simulent la mort.
Rires nerveux, peur, colère, joie, érotisme,
attirance, hostilité, la palette des attitudes
humaines est exposée. Elle se traduit bien plus
par des ressentis que par les mots. Jusqu’au
final explosif, où surgit une quatrième interprète,
Pauline Dau, en danseuse hallucinante et
hallucinée.
Le spectacle, vu l’an passé à Marseille, lors de
la Biennale des Arts du Cirque, péchait par
trop d’individualisme. Les artistes jouaient
leur partition un peu en solo. Ils ont gagné en
cohésion, en fluidité et en rythme, pour une
prestation parfaitement maîtrisée.
JAN-CYRIL SALEMI
Oktobre a été joué les 5 et 6 février
au Théâtre Durance de
Château-Arnoux/Saint-Auban
Doudous monstrueux
P
lace de l’Opéra pour le traditionnel spectacle
du premier mercredi du mois organisé par
Lieux Publics. Premier spectacle de l’année
2016. Une estrade est occupée par un amoncellement de volumes informels aux couleurs
beige et rose. Au moment où la sirène publique
démarre, cette masse se met à trembloter
puis les sons violents d’une batterie invisible
éclatent. Que se passe-t-il ? Les amoncellements bougent de plus en plus, trépignent,
des formes s’élèvent peu à peu tandis que
la batterie de François Rossi est dévoilée à
l’arrière et qu’une bande-son faite de cris, de
grognements, de halètements dérangeants s’y
mêle. Peu à peu trois corps se soulèvent qui
brandissent ces sortes de coussins/sculptures
de tissu créés par Elisabeth Saint-Jalmes,
plasticienne, qui les appelle « mitsis ». Une
sorte de frénésie anime les trois corps qui se
trémoussent. La chorégraphie de Mathilde
Montfreux se fait proche de la transe. La
tension monte, la batterie s’affole, le public
frissonne. Un corps se développe et domine
peu à peu les autres, sorte de King Kong
contemporain. Les deux créatrices ont-elles
voulu dire que notre société s’infantilise ou
qu’elle accouche de monstres ? La question
reste en suspens.
CHRIS BOURGUE
Next s’est donné le 3 février à midi pile
sur le parvis de l’Opéra de Marseille
Prochaine Sirène le 2 mars
avec la Cie Malaxe
© Adrien Bargin
ÉVÉNEMENT
JAZZ
HUGH COLTMAN
SAISON 15/16
11 / 03 / 16
11/03/16
©DR
2016
2016
CONCERT
t arif s : 15 / 1 0 / 5 / 3 €
duré e ± 1h20
VENDREDI 11 MARS 2016 > 20H30
HUGH COLTMAN
SHADOWS - SONGS OF NAT KING COLE
Avec cet album unanimement encensé par la presse
française et étrangère, le crooner à la voix suave et
rocailleuse livre un hommage subtil et puissant aux
chansons de Nat King Cole. Loin de la nostalgie, Hugh
Coltman défriche les standards du chanteur noir
américain des années 40 - révélant la part d’ombres
d’une société gangrenée par le racisme et la ségrégation
- et creuse ainsi le sillon d’un jazz sous tension, plein
de nuances, et magnifiquement désenchanté…
SAISON 15/16
« Hugh Coltman met Nat King Cole en apesanteur »
Le Monde
« Il est de ceux, bien rares, qui peuvent encore activer
le phénomène de chair de poule. »
Jazz Mag
30 critiques
spectacles
Sur la lancée de Scènes et Cinés
Durant 10 jours, la 18e
édition des Élancées a
offert une programmation riche et variée sur
les 6 communes du territoire de Ouest Provence
1
8 ans que ce Festival des arts du geste met
à l’honneur le cirque et la danse, et plus
largement le corps et le mouvement, en faisant
se croiser les disciplines, les rencontres avec
des artistes qui viennent de tous les pays et en
offrant des découvertes toujours très riches !
Fidèle au Festival, la Cie espagnole Aracaladanza a présenté à l’Olivier (Istres) en
avant-première en France sa dernière création
Vuelos, inspirée des œuvres de Léonard de
Vinci. Naviguant entre les incrustations vidéos
de dessins, sculptures, peintures, plans et
machines de tous ordres, les danseurs sont
tour à tour pantins de bois, chevaux ingénieux, oiseaux magnifiques… Les tableaux
se succèdent, visuellement impressionnants,
Clockwork © Einar Kling Odencrants
et se fondent en une foisonnante créativité
qui rend compte d’un rêve somme toute
universel : voler !
Toujours à l’Oliver, c’est la drôle de Cie suédoise
Sisters qui a envahi le plateau. Suédoise,
mais composée d’un Français, d’un Danois et
d’un Espagnol, mélange propice à toutes les
extravagances, qui transforme le mouvement
en une danse complexe qui les allie les uns
aux autres, et fait d’un simple contact une
exploration corporelle. Les acrobaties les
plus folles (autour d’un mât chinois, leur
agrès de prédilection) se succèdent avec
un semblant de maladresses extrêmement
maîtrisées qui font tout le sel de Clockwork,
ce spectacle hors normes. L’histoire racontée
Le festival qui réchauffe l’hiver
Le Fest’hiver a ensoleillé les théâtres d’Avignon :
un avant-goût de déambulation spectaculaire
avant le bouillonnant été !
Les aventures de Pinocchio © Geoffrey Fages
C
inq spectacles de compagnies régionales
ont parcouru les Scènes d’Avignon soudées autour de ce projet commun cohérent et
vivifiant. Manquait à l’appel de ce réjouissant
rassemblement la danse, grande absente de
cette 8e édition.
Au Théâtre des Halles, c’est l’histoire initiatique d’un « pantin qui voulait être autre
chose », admirablement revisitée, qui a ouvert
la semaine théâtrale. Dans Les Aventures de
Pinocchio, on suit dans son épopée pourtant
familière cette attachante marionnette, et son
double de chair animé bondissant, qui nous
déplace dans l’artisanat d’une BD vivante.
Des personnages adroitement incarnés, des
images numériques précises qui servent
sans affectation l’imaginaire, un plaisir du
jeu communicatif, pour une pièce graphique
réglée avec soin : Frédéric Garbe et L’autre
Compagnie ont renouvelé les couleurs de
la fable !
Au Chêne Noir, la compagnie corse 1er Acte
a présenté Les monologues du brocciu, un
seul-en-scène existentiel de Daniel Delorme.
Son personnage bipolaire et hypocondriaque,
Scène conventionnée pour
la création jeune public tout public
n’est rien d’autre que celle de la rencontre
de trois corps qui fusionnent pour donner le
vertige, physiquement ressenti par chacun
et qui bouscule durablement les perceptions
connues de tous…
Sous chapiteau, à Miramas, la Cie Le P’tit
Cirk s’annonce aux sons d’un bandonéon et
d’un saxophone, musiciens perchés et petite
piste de rigueur. Ce qui s’apparente à un
spectacle circassien « classique » va rapidement prendre un tournant surprenant, entre
anneaux chinois, trapèze et arceaux. Quatre
circassiens -deux générations différentes-,
entament un dialogue qui se passe de mots
et fait de leurs acrobaties le plus merveilleux
des langages ! En breton Hirisinn désigne
les poils qui se hérissent. C’est le cas, mais
ce n’est pas forcément dû à la performance,
pourtant très réelle : ces quatre-là racontent
une histoire sous-jacente de filiation, de respect
et de confiance qui dit simplement la joie et
l’envie d’être ensemble, et l’indestructible
certitude que sans l’autre on n’est rien.
À l’Espace Robert Hossein, à Grans, il fallait
pouvoir revenir à l’âge des cours de récré pour
saisir tout le sel du spectacle de la Cie De
Stilte, Flying Cow. Car il était bien question
des rapports que filles et garçons entretiennent
entre eux lorsqu’on est trois (deux filles un
garçon) et qu’on doit s’accorder sur un jeu, une
lutte, une amitié ! La danse des trois artistes
met en mouvement les taquineries, jeux de
partage, les enfants rient à gorge déployée,
jusqu’au hoquet, et l’on suit joyeusement le
cours de l’histoire, jusqu’à voir s’envoler une
vache, figurée par une barrière coloriée de
blanc et noir et un gant gonflé qui n’attend
que la traite… Le pouvoir de l’imagination
n’a pas d’âge, quelle joie !
On attend impatiemment la 19e édition, déjà en
préparation. Mais quelle sera sa configuration ?
Suite à la mise en place de la Métropole et à
la fin des intercommunalités, Les Élancées
pourraient voir leur territoire élargi, bien au-delà
de Ouest Provence.
amateur de littérature, prend la parole dans un
groupe (de 200 spectateurs !) en thérapie, pour
raconter ses passions inassouvies. Derrière
les montagnes russes de la confession aux
jeux de mots et calembours parfois réchauffés,
percent les rêves d’acteur d’un stand-uper
qu’on aimerait voir jouer, sans rire, les mots
de Molière ou Rostand auxquels il fait impétueusement référence.
Beau tour de chant que ce Gainsbourg
Confidentiel par Les Musiciens Associés,
réunis au Chien qui Fume autour du récit
de Jean-François Brieu sur les années jazz,
et de dèche, de l’homme à la (future) tête de
chou. Accompagné par un duo musical solide,
Stéphane Roux s’est fondu avec élégance
dans le rôle-titre et ses chansons casse-gueules.
Un fauteuil en skaï, un lampadaire vintage, un
nuage de fumée, et nous voilà à la fin des années
50 dans les mélodies nouvelle vague entêtantes
et l’angoisse des lendemains qui déchantent
du « joli cœur de la chanson française », avant
la légende Gainsbarre.
Mêlée également au récit en toute délicatesse,
de la chanson avec Christina Rosmini au
Balcon dans El nino Lorca : un bel hommage
sur les « poussières d’étoiles déposées sur
l’enfance » du poète assassiné Garcia Lorca
(lire chronique sur journalzibeline.fr).
Pour finir, Bidoch’ Market par la Cie Eclats
de Scènes, sur un texte de Michel Bellier
monté par Joëlle Cattino, a énergisé le
Théâtre des Carmes. En bonimenteur exalté,
Christian Mazzuchini, sur une musique
puissante de guyrOOts, a mené tonitruant
cette farce tragique autour du travail et d’une
société nourrie à la compétition. Si le message
de « combat social » pouvait se flouter dans
la caricature clownesque, la scénographie
circassienne, l’engagement des comédiens,
la volonté d’en découdre avec le politique et
de réfléchir à la dignité des travailleurs, ont
amené à une réflexion salutaire. Une pièce
un brin brouillonne, sauvée par son humour
et sa punkitude rafraîchissante… autour d’un
sujet très sérieux !
DOMINIQUE MARÇON
Les Elancées se sont déroulées
du 29 janvier au 7 février dans les
communes de Ouest Provence
2016
11 MARS
Théâtre + 8 ans
MON FRÈRE, MA PRINCESSE
LES VEILLEURS - CATHERINE ZAMBON
16 > 18 MARS
Théâtre d’objet et d’ombre + 5 ans
ICI ET AILLEURS
ODRADEK / CIE PUPELLA-NOGUÈS
29 > 31 MARS
Théâtre + 15 ans
SOUDAIN LA NUIT
DU ZIEU - NATHALIE GARRAUD
D’OLIVIER SACCOMANO
EN PARTENARIAT AVEC
LE THÉÂTRE DU GYMNASE - BERNARDINES
Friche la Belle de Mai
41 rue jobin / 12 rue François Simon 13003 Marseille
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DELPHINE MICHELANGELI
Le Fest’hiver a eu lieu à Avignon
du 27 janvier au 3 février
32 critiques
musiques
Musique vivante
La programmation de musique contemporaine était riche en ce mois
de février, et a tout fait pour attirer le public, au rendez vous !
Les petites oreilles pour Télémaque, un public rajeuni au GMEM,
les amateurs d’art choral pour Musicatreize...
De vives voix
e Temple Grignan fait le plein le 5 février
pour un concert donné par l’ensemble
Musicatreize autour d’œuvres de Zad
Moultaka et de jeunes compositeurs promus
par « Tenso » (The European network for
professional chambers choir).
Zad Moultaka, Français né au Liban, est un
compositeur privilégié parmi les nombreux
créateurs attachés au groupe vocal de musique
contemporaine dirigé par Roland Hayrabedian. Sa musique explore et chemine, au gré
d’un langage moderne, à la croisée des cultures
occidentale et orientale. Ce sont Maadann,
Ikhtifa et Cadavres exquis qui sont chantés :
trois opus qui seront enregistrées, dans la
foulée, pour une sortie en CD à l’automne
2016 ! Les voix s’y élèvent, solitaires, se fondent
dans les résonances métalliques d’un piano,
d’un cymbalum, avant de s’agréger dans un
alchimique tutti. Elles scandent, plus loin, haletantes, l’arabe du poète Abdul-ala-al-Maari,
de développement de l’art
vocal qui participe à l’exploration du répertoire
patrimonial, favorise la circulation des œuvres vocales
à travers l’Europe et soutient
la création d’un nouveau
répertoire ». À ce jeu-là
c’est le roumain Sebastian Androne qui
l’emporte après l’écoute de Lucent Relics, une
œuvre qui recèle d’étonnantes réminiscences
de musiques anciennes. On a cependant
découvert, sous la direction de James Wood,
deux autres musiciens : Sofia Borges (Portugal) avec un assez conventionnel Schrei et
Léo Collin (France) pour son surprenant et
quasi-dadaïste « que c’est beau toutes ces
fusées.. » où le ténor (Xavier de Lignerolles)
a, comme souvent, endossé le « beau » rôle !
© Léo Samama
L
sur une pulsation asymétrique, obstinée, avant
de s’étirer, suspendues, comme soulagées
après une peur primitive... Elles s’unissent
enfin au Chœur contemporain, disséminé
dans l’espace à l’image des multiples chœurs
des frères Gabrielli à San Marco, à Venise au
XVIe siècle, pour empiler ses feuillets chorals
en re-recording (l’opus est joué d’ordinaire
avec une bande magnétique préenregistrée)
et mettre en « je » la mémoire du sonore.
On choisit aussi parmi trois jeunes compositeurs, celui auprès duquel sera passée une
commande du réseau Tenso, un « programme
JACQUES FRESCHEL
Romantique pour tous
Le 2 février à la cité de la
Musique, l’ouverture de
la première édition du
Festival jeune public
de Télémaque, intitulé
Grandes musiques pour
petites oreilles, s’adressait à des lycéens et
plus…
A
vec Les Errants de l’univers, Raoul Lay
proposait un cycle de mélodies conçu sur
des poèmes de Shelley, et dont la structure, l’atmosphère générale font penser à un « Voyage
d’hiver » moderne. La forme est pensée à
trois voix de femmes dont les registres et les
styles de déclamations, divers, s’imbriquent
miraculeusement, dès les premiers échos
parlés, susurrés, en canons serrés...
Agnès Audiffren, comédienne au timbre
profond, distille de beaux graves granuleux,
Marion Rampal, toute en suavité jazzy,
colore au naturel la polyphonie contemporaine,
tandis que la soprano Brigitte Peyré ajoute
au tableau sonore un lyrisme vibrant. On
passe de l’anglais au français, ce qui permet
au public de percevoir le sens des poèmes,
chantés ou scandés, le tout rythmé par les
percussions ondulatoires et colorées de Christian Bini, mâtiné des platines du DJ Philippe
Petit, enrobé d’effets électroacoustiques par
Solange Baron et dans lesquels on reconnaît
des bribes d’œuvres anciennes de Raoul Lay.
Ce « voyage » recèle de brillantes montées en
puissance hypnotiques, des suspensions haletantes, et du déferlement sonore à l’épure…
Le 5 février : les gradins de l’auditorium départemental Gaston Defferre sont garnis d’une
jeunesse impatiente de découvrir Le Chevalier
déconcertant, spectacle musical inspiré des
aventures du Baron de Münchhausen, héros
historique de la littérature allemande (R.E.
Raspe) ayant donné lieu à de nombreuses
adaptations cinématographiques, de Méliès
à Terry Gilliam... Le légendaire affabulateur
qui aurait voyagé dans la Lune sur un boulet
de canon ou dansé avec Vénus, a inspiré le
tandem Charles-Eric Petit et Raoul Lay
(livret et musique) pour une transposition
contemporaine du récit dans un univers de
collégiens. Sept représentations étaient à
l’affiche du 4 au 11 février sur différents sites
de Marseille.
Dès l’entrée (en courant !) du sextuor de
musiciens, dirigé du piano par Raoul Lay,
puis celle énergique et farfelue de la comédienne Agnès Audiffren (en frac et bottes
XVIIIe, perruque de Cruella), le ton est donné,
haletant, palpitant, fourmillant d’idées, de jeux
de mots et de notes ! Dès l’entrée le jeune
public est captivé par un récit dans lequel
33
Paysages sonores
électro-plastiques
L
e festival Reevox 2016, organisé par le
Gmem-Centre National de Création
Musicale de Marseille, s’est déroulé du 2 au
6 février. La manifestation a connu un beau
succès public (comme au Cabaret aléatoire
en clôture), attirant des jeunes en particulier,
pour des prestations variées et riches en
expériences acoustiques et visuelles !
il peut se reconnaître. Car Rudolph est une
tête de turc, de ces rêveurs forcément boucs
émissaires à l’école ! Lui, épris de plume et
de littérature, grâce à l’art du verbe (voire
du rap), à son imaginaire et une solidarité
humaniste, résiste au harcèlement de la plus
© Pierre Gondard
théoricien du « Paysage sonore » à la fin des
années 1970...
Extravagant bric à brac que celui de Lionel
Marchetti, manipulant à Montévidéo des
boucles acoustiques sur un antique magnéto
« Reevox », en partie détourné de sa fonction
originelle ! Les sons amplifiés et gravés sur
le vif sont récupérés, retouchés, réemployés
par Xavier Garcia au clavier assisté d’un
ordinateur. Un travail à quatre mains empreint
de lyrisme et animé d’un souffle vital bienvenu !
Clou de la soirée sur le grand plateau de la
Friche, le spectaculaire Ruines subjugue
autant par la qualité des créations vidéos
(Kurt d’Haeseleer & Félicie d’Estienne
d’Orves), des animations visuelles (Cyrille
Henry), projections, spots et lumières mouvantes (Perrine Cadot) dessinant dans
l’espace des figures géométriques, ombres
et fumées, la chorégraphie (performers Yuta
Ishikawa & Azusa Takeuchi), que par la
conception musicale de Frank Vigroux,
électronique jouant d’espaces persistants ou
alternatifs, matinée de textes poétiques en
anglais (Ben Miller) évoquant des mondes
écroulés, vides, déchets, fantômes ou fossiles
contemporains… Fascinant !
belle des manières : la culture, si souvent
décriée, méprisée ou attaquée, triomphe ici
de la bestialité !
La parabole, profonde, mise en forme (et en
scène par Olivier Pauls) est cependant présentée sur un mode léger, qui n’infantilise pas
pour autant. Bourré
de références, le
texte excite les
neurones et peutêtre appréhendé par
chacun, enfant (dès
8/9 ans) ou adulte,
selon son propre
degré de « lecture ».
La musique, foisonnante, décrit, figure,
rebondit, chuinte
et bruite, chante et
enchante, pulse et
explose... s’adapte
à chaque situation
et personnage, à l’image des célèbres contes
musicaux de l’histoire de la musique. Le
langage est moderne et accessible... et si la
trompette (Gérard Occello), la clarinette
(Linda Amrani), la flûte (Charlotte Campana), l’accordéon (Solange Baron), les
percussions (Christian Bini) et le piano
(Raoul Lay) déconcertent fugacement, c’est
pour mieux rendre compte du conte, de sa
fantaisie onirique !
De fait, les jeunes arborent un smiley au sortir
du spectacle. Certains participeront à la reprise
de ce Chevalier déconcertant, le 19 mai à
L’Alhambra pour une représentation en
« ciné-concert » avec des chœurs d’enfants
et une projection du film de Méliès...
Les Errants de l’Univers © Stéphanie Têtu
Les soirées des 3 et 4 février ont débuté
par des performances artistiques en solo,
Felicia Atkinson (au Grim à Montévidéo) ou Franck Paskine (à La Friche) se
revendiquant autant de l’art plastique, visuel,
que de celui des sons. Le regard plongé dans
leur écran d’ordinateur, ils transforment, au
gré de leur langage singulier, développent
ou superposent en live des propositions
acoustiques, en manipulant avec dextérité
les potentiomètres d’une table de mixage : il
en résulte des trames sonores évoluant lentement, en continuité, par phases successives,
bariolées parfois d’impacts et turbulences,
d’objets acoustiques étonnants organisés
en plans phoniques... Tout un univers que
n’auraient pas renié R. Murray Schafer, le
J.F.
J.F.
34 au programme musiques bouches-du-rhône var
Madame Butterfly
Fort du succès de l’édition fondatrice 2015, le
festival international de piano à Grans
récidive avec trois concerts gratuits d’une
exceptionnelle qualité et des pianistes aux
carrières internationales. Marie-Josèphe
Jude, remarquée par Cziffra, pianiste d’élection
d’Ohana, interprète avec la précision et la
fougue de sa double formation, piano harpe,
des pièces de Beethoven, Chopin et Ravel
(17 mars). Célimène Daudet apporte sa
finesse lyrique à Bach, Liszt et Franck (20
mars), tandis que Marta Zabaleta offre un
concert commémoratif des cent ans de la
disparition de Granados avec, subtile palette,
un chef-d’œuvre du compositeur, la suite pour
piano Goyescas, inspirée de tableaux de Goya
(24 mars).
Présences féminines
La puissance créatrice, marque phallique par
excellence, a longtemps été déniée aux femmes.
Le Festival fondé en 2011 par l’association
Présences féminines et sa directrice artistique
Claire Bodin, renvoie les idées reçues au placard, conjuguant concerts, créations, rencontres,
conférences et humour, essaimés sur la région
toulonnaise. Témoignage de la pratique des
femmes aux claviers avec le premier concert
D’hier à aujourd’hui, détour par les Contes
fantastiques, incursion dans les mers du nord
avec la soprano Karen Vourc’h, escapade
contemporaine en Corée avec Un chemin de
sable blanc de la compositrice Marie-Hélène
Bernard, l’humour caustique de la soprano
Anne Baquet, les partitions d’orchestre avec
des contemporains et contemporaines… en
parité parfaite, n’est-ce pas un idéal ?
Romain Dayez © Sacha Deuquet
L’Orsiteo
Évènement ! Donné en recréation mondiale
(depuis 1651), l’Oristeo, premier opus de la
« tétralogie du Sant’Aponal », première salle
lyrique de l’histoire fondée par un compositeur
et son librettiste, Cavalli et Faustini, annonce
à la fois l’opéra buffa et le dramma giocoso
du XVIIe. La princesse Diomeda a fait vœu
de chasteté, alors que le roi Oristeo devait
l’épouser. Il se déguise en jardinier… on devine
la suite. Dans le cadre de Mars en Baroque, le
Concerto Soave jouera cet ouvrage inédit à la
Criée en partenariat avec l’opéra de Marseille
(voir aussi p21).
11 & 13 mars
Théâtre de la Criée, Marseille
04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com
08 92 68 36 22 marsenbaroque.com
Du délicat duo entre la fragile Madame Butterfly
et l’officier américain Pinkerton « Viene la sera »
au bouleversant Un bel dì, vedremo ou au cri de
désespoir du Con onor muore final, l’opéra de
Puccini n’a cessé de nous émouvoir. Il revient à
Marseille sous la direction musicale de Nader
Abbassi, Svetla Vassileva interprètera CioCio San, Cornelia Onciou Suzuki, et Teodor
Ilincăi Pinkerton. Une coproduction entre
l’Opéra de Marseille et l’Opéra national de
Bordeaux.
Karen Vourc’h © Caroline Doutre
17, 20 & 24 mars
Grans
04 90 59 13 75
unpianoagrans.musiquealaferme.com
Madame Butterfly © Christian Dresse
Célimène Daudet © Hadrien Daudet
Un piano à Grans
15 au 20 mars
Toulon, Saint-Mandrier, La
Valette du Var, Le Pradet
6 13 06 06 82 presencefeminine.org
Madame Chrysanthème
Inspiré comme Madame Butterfly du roman
éponyme de Pierre Loti, Madame Chrysanthème
connaît une fin moins douloureuse. Loti s’était
« marié » sur un contrat d’un mois renouvelable
(coutume réelle au Japon encore à l’orée du
XXe), qui n’empêchait pas sa femme, après
son départ de se trouver un vrai mari. L’opéra
de Messager, qui rappelle aux européens un
monde qui leur est inaccessible, est plus souvent
considéré comme une comédie lyrique. Elle
sera présentée dans sa version concertante
sous la direction de Victorien Vanoosten.
23 mars
Opéra de Marseille, Marseille
04 91 55 10 ou 04 91 55 20 43
opera.marseille.fr
16 au 24 mars
Opéra de Marseille, Marseille
04 91 55 10 ou 04 91 55 20 43
opera.marseille.fr
Pâques en Méditerranée
Le répertoire méditerranéen qu’il soit sacré ou
populaire regorge de chants et de musiques
composés autour de Pâques. Extraits de la
liturgie orthodoxe grecque et arabe, des chansons populaires de Pâques, des berceuses,
des lamentations baroques ou encore des
cantigas d’Espagne, tout un riche programme
est concocté par l’ensemble Baroques-Graffiti,
avec la voix de soie d’Eleni Bratsou, le oud
virtuose et le chant de Fouad Didi, l’orgue
et le clavecin inventifs de Jean-Paul Serra.
11 mars
Cité de la Musique, Marseille
04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com
SCène Conventionnée
PôLe régionaL
de déveLoPPement CuLtureL
PôLe tranSfrontaLier
ven 04 mars 21:00
jazz
mer 09 mars 16:00
muSiQue
PANORAMA
LiCenCeS 1-1083117 2-1083118 3-1083119
avishai
Cohen Quartet
dark nightS
minifoCus
1 montreur d’ourS
jeu 17 mars 21:00
Fos-sur-Mer - Grans - Istres - Miramas - Port-Saint-Louis-du-Rhône
muSiQue
mar 22 mars 19:00
théâtre
ven 25 mars 21:00
CirQue/danSe
Création © breSt breSt breSt
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– juLiette deSChamPS
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mars 2016
#
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36 au programme musiques bouches-du-rhône
Caroline Sageman
Trios à cordes
Délicieuse folie que celle qui a rendez-vous
au PIC, avec le groupe Maluca Beleza,
qui navigue entre jazz et Brésil. Improvisations, musiciens virtuoses et complices,
vous entraînent dans une aventure colorée
de rythmes et de mélodies. La chanteuse
Caroline Tolla est accompagnée dans ce
beau voyage par Roman Gigoi (clarinette),
Wim Welker (guitare), Pierre Fenichel
(contrebasse) et Julien Heurtel (batterie).
La chapelle du Couvent de Pourrières accueille
l’Ensemble des Équilibres avec Agnès
Pyka (violon), Blandine Leydier (alto), Dimitri Maslennikov (violoncelle) pour un concert
de trios à cordes : trio D 581 en si majeur,
œuvre de jeunesse de Franz Schubert, puis un
trio expressif, nourri d’influences voyageuses
de Jean Cras (celui-là même qui outre une
carrière de compositeur bien remplie inventa,
officier de marine expérimenté, la règle qui
porte son nom), enfin un trio de l’organiste
et compositeur Ermend Bonnal.
Lauréate à dix-sept ans du concours Chopin de
Varsovie, disciple de Claudio Arrau, la pianiste
Caroline Sageman a conçu des spectacles
où les textes de Musset se mêlaient aux pièces
de Chopin dont elle est spécialiste (entre
autres). Ce sont ses Mazurkas ainsi que ses
vingt-quatre préludes qu’elle interprètera à
la Criée, lors d’un enregistrement live. Intelligence de la partition, refus de la langueur
et des boursouflures, elle livre un Chopin en
épure, saisissant.
13 mars 17h 30
PIC, L’Estaque
ensemble-telemaque.com
Flowers
Le concert Matins sonnants n°2 esquisse des
échos entre les œuvres de John Cage et de
Jean-Christophe Feldhandler. En regard
des « expériences vivantes de la vibration » de
But what about the noise of Crumpling paper...,
A Flower, A child of tree de Cage, on entendra
trois compositions de J.-C. Feldhandler, Chant,
L’alphabet des augures et La Nuit, c’est…,
commande du GMEM-CNCM-Marseille.
Histoire de vérifier que « l’on questionne le
son comme on questionne le monde ».
04 91 54 70 54
22 mars
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
Solistes de Zagreb © Romano Grozic.
Musiques au GTP
© Eric Sneed
6 mars 11h
Opéra de Marseille
04 96 20 60 10 gmem.org
Agnès Pyka © X-D.R
04 91 39 29 13
© Frédérique Le Calvez
Maluca Beleza
Les formations prestigieuses et les grands noms
se succèdent au Grand Théâtre de Provence.
L’ensemble de chambre des Solistes de
Zagreb accompagnera ainsi le violoncelle
virtuose de Marc Coppey (à la direction) sur un
programme Mozart, Haydn, Barber (1er mars).
C’est Beethoven que Laurence Equilbey a
choisi pour le piano de Nicolas Angelich
et l’orchestre Insula Orchestra (5 mars),
tandis que le Concert d’Astrée dirigé par
Emmanuelle Haïm se consacrera aux œuvres
de Haendel et Purcell avec la mezzo-soprano
Anne Sofie von Otter et le baryton-basse
Laurent Naouri (12 mars).
GTP, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
20 mars, 17h
Chapelle du Couvent de Pourrières, Pourrières
06 73 30 23 62 desequilibres.fr
Don Giovanni
L’Opéra Nomade revient à Miramas avec
Don Giovanni de Mozart. Mais un sous-titre
est ajouté, par le metteur en scène Pierre
Thirion-Vallet : « ou l’éloge de la fuite ».
Comme dans un polar, nous nous retrouvons
sur une scène de crime et le coupable ne
cesse de fuir en un mouvement éperdu que
rien ne semble pouvoir ralentir avant la chute
dernière. La fuite, comme une tentative de
vivre ? Le chœur et les musiciens de l’Opéra
Nomade jouent de tous les registres sous la
houlette d’Amaury du Closel. (surtitrage
en français)
17 mars
Théâtre La Colonne, Miramas
4 90 50 66 21 scenesetcines.fr
var vaucluse musiques au programme 37
La vie parisienne
Sur les pas du Roy René
Sabine Devieilhe © Marc Ribes
Rivaux en amour, mais également trahis, Gontran Raoul de Gardefeu et Bobinet décident
d’un commun accord d’aller à la conquête
des « femmes du monde ». Entre subterfuges,
cocufiages, quiproquos, il y a des bulles de
champagne et les pas du Cancan. Cet hymne
à la légèreté et à la joie de vivre d’Offenbach
est mis en scène par Nadine Duffaut, avec
l’Orchestre régional Avignon-Provence, les
chœurs et le ballet de l’Opéra du Grand Avignon
sous la baguette de Dominique Trottein.
Les amours tragiques de la douce Lakmé,
fille de Nilakantha, brahmane, et de l’officier
britannique Gérald, inspirées d’une nouvelle
de Pierre Loti, Raharu ou le Mariage de Loti,
sont devenues l’objet du sublime opéra de
Léo Delibes, Lakmé. Délicatesse de L’air des
clochettes ou du Duo des fleurs ! Laurent
Campellone dirige l’Orchestre Régional
Avignon-Provence dans une mise en scène
de Lilo Baur qui met en avant le décalage
des cultures qui rend impossible cette grande
histoire d’amour.
Roy René © X-D.R
Clémence Tilquin © Marie sophie Leturcq
Lakmé
20 & 22 mars
Opéra d’Avignon, Avignon
04 90 14 26 42 operagrandavignon.fr
27 & 28 février
Opéra d’Avignon, Avignon
04 90 14 26 42 operagrandavignon.fr
Mal aimé parmi les instruments à cordes,
l’alto fut cependant le préféré de Mozart
qui avouait l’aimer par-dessus tout. Agnès
Pyka, directrice artistique de l’Ensemble
Des Équilibres, au violon, et Blandine
Leydier à l’alto proposent un ensemble
de duos où la tessiture des cordes de l’un
apporte puissance et élan à l’autre. Moments
interrompus de Graciane Finzi (2012) qui
évoquent Debussy et Schubert, Passacaille de
Haendel Halvorsen, Duo n°1 K423 en sol mineur
de Mozart, Madrigaux (1947) de Martinu…
4 mars
Opéra d’Avignon, Avignon
04 90 14 26 42 operagrandavignon.fr
Pour la première fois sur la scène toulonnaise
le chef-d’œuvre de Kurt Weil, interprété par
l’orchestre et les chœurs de l’opéra de Toulon, est dirigé par Nicolas Krüger. Choral
luthérien, musique d’opéra, chanson populaire,
cabaret, jazz se mêlent… dans cette histoire
de gangsters et de putains, de trahisons et
d’amours, de coups de théâtre (dont le final
qui ennoblit le condamné à mort et le sauve).
Sur la question centrale « qui est le plus grand
criminel : celui qui vole une banque ou celui
qui en fonde une ? ».
5 mars
Temple Protestant, Toulon
06 73 30 23 62 desequilibres.fr
© BM Palazon 2010
Rémi Geniet © Marc Roger
En mode apéritif pour ce grand concert,
l’Orchestre Régional Avignon-Provence
interprète les onze minutes ou plus de la Petite
suite pour orchestre op. 39 d’Albert Roussel,
palette colorée, inventivité des rythmes…
puis offre le lyrisme du concerto pour piano et
orchestre opus 54 de Schumann avec le jeune
et virtuose Rémi Geniet au clavier. Enfin,
la Pastorale, symphonie n°6 de Beethoven,
donnera à entendre, passés au filtre de l’âme,
les divers mouvements de la nature, du calme
champêtre aux orages.
1er, 4 & 6 mars
Opéra de Toulon, Toulon
04 94 93 03 76 operadetoulon.fr
1er mars à 12h
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
En compagnie de l’alto
L’opéra de quat’sous
Concert Symphonique
Plus que convivial le concert Sur les pas du
Roy René, concocté avec talent et intelligence par les Voix animées ! Ayant lieu à 12h
au théâtre Liberté, le repas est prévu dans
l’histoire. Le Bon Roy René aimait les arts et
fut un des plus grands mécènes de la fin du
Moyen-âge, participant à l’éclosion de l’esprit
de la Renaissance. Six chanteurs a capella,
de l’Ensemble Les Voix Animées, nous
feront partager cette effervescence avec des
musiques de Josquin, Dufay, Mouton, Nola,
Willaert…
38 au programme musiques bouches-du-rhône
Vincent Peirani & Guests
Diwan Trio
© Sylvain Gripoix
Hugh Coltman
© X-D.R.
Le nouvel album du crooner anglais (qui vit
à Paris) Hugh Coltman, Shadows – Songs
of Nat King Cole, est un hommage subtil et
puissant aux chansons de Nat King Cole.
C’est la part d’ombre de ce légendaire musicien noir ayant percé pendant la ségrégation
aux Etats-Unis qu’il met en lumière et en
valeur, et dont on a célébré en 2015 les 50
ans de la disparition. Il creuse ainsi le sillon
d’un jazz sous tension, plein de nuances et
magnifiquement désenchanté…
Le Diwan Trio, composé de Jean-Baptiste
Boussougou, Serge Pesce et Jean-Luc
Danna, donne rendez-vous dans leurs compositions à un groove afro contemporain, dont
les influences multiples relient New York à
Bénarès, en passant par l’Afrique. En naviguant
d’un continent à l’autre, cette géographie
métissée donne vie à une création musicale
du présent, à l’image du nom de ce groupe
qui signifie germer en breton, mais aussi un
lieu où l’in discute de musique, de poésie, de
littérature et de sagesse en persan !
C’est une création jazz explosive que programme la Criée, avec un plateau de rêve réunit
autour du brillant accordéoniste Vincent
Peirani ! Pour l’accompagner dans ce véritable tour du monde des musiques qui met
l’accordéon à l’honneur, les accordéonistes
Marc Berthoumieux et Daniel Mille, Pierre
Perchaud à la guitare, Jérôme Regard à
la contrebasse, André Ceccarelli à la batterie, Emile Parisien au saxo et François
Salque au violoncelle, sur des compositions
personnelles et des reprises, allant de Piazzolla
à Grappelli en passant par Sydney Bechet.
Julia Palombe + Ottilie (B)
15 mars
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
© Colas Declercq
© X-D.R
Safara
11 mars
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
Ottilie (B) © X-D.R.
04 91 54 70 54
11 mars
Cité de la Musique, Marseille
04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com
Tintamarres #4
Avec Safara, le musicien Patrick Cascino
nous convie à un voyage musical au cours
duquel le Cascino trio (complété par Charlie
Tomas à la contrebasse et Luca Scalambrino à
la batterie et aux percussions) explore un jazz
métissé de résonnances méditerranéennes,
latines et africaines où la transe et la mélodie
se côtoient. Au centre de ce ballet sonore, les
mots, les images et la danse afro contemporaine d’Amédé Nwatchok et les danses
flamenca et contemporaine d’Hélène Balalas
donnent corps à l’imaginaire.
Pour la 4e édition des Tintamarres, Maxime
Barthélemy, professeur de composition
électroacoustique à la Cité de la musique,
invite Pierre Boeswillwald, pionnier dans
la composition de ce genre musical pour une
carte blanche où compositeurs professionnels
et « en devenir » dévoilent leurs œuvres à travers
un dispositif de haut-parleurs. Par ailleurs le
rendez-vous trimestriel Electrochocs permettra
d’entendre les réalisations des étudiants de
la classe de composition électroacoustique
dirigée par Maxime Barthélemy le 9 mars.
Plateau 100% féminin à l’Escale, avec deux
artistes qui placent le corps dans un axe
plaisir-amour irrésistible ! Julia Palombe
offre dans ses créations un rock brut associé
à des textes poétiques et charnels. Dans son
nouvel album, Docteur Love, elle chante en
toute décomplexion les corps non aseptisés et
l’amour sans carcans, multipliant les identités,
les genres, et les désirs. Ottilie (B) quant à
elle vibre toujours au son de l’amour et du
désir aussi, et le transmet dans des chansons
qui ne peuvent laisser indifférent !
4 mars
Cité de la Musique, Marseille
04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com
7 mars
Cité de la Musique, Marseille
04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com
4 mars
MJC l’Escale, Aubagne
04 42 18 17 17 mjcaubagne.fr
Auditorium Jean Moulin - Le Thor . Mars > mai 2016
CIE YTUQUEPINTAS
Rêves de sable
AGENCE DE FABRICATION PERPÉTUELLE
Dès
6 ans
(Arts de sable, marionnettes et musique)
Ven 4 mars • 18h30
(Conte musical)
Sam 26 mars • 16h
Dès
6 ans
(RASTEAU • Centre départemental)
GROUPE ÉMILE DUBOIS
CIE JEAN-CLAUDE GALLOTTA
L’Enfance de Mammame
(Danse contemporaine)
Une semaine du petit elfe Ferme-l’Oeil
Dès
Ven 11 mars • 20h30
5 ans
NOCHE DE ARTE FLAMENCO
Association andalouse Alhambra
Sam 19 mars • 20h30
CATHERINE LARA & ses musiciens
Sur la corde
Ven 29 avril • 20h30
SPECTACUL’ART
Grain2phonie chante la nouvelle
scène francophone
(Chorale)
Samedi 28 mai • 20h30
www.ar tsvivants84.fr
04 90 33 96 80
40 au programme musiques bouches-du-rhône vaucluse
Sanseverino
Énergies rythmes et rap
L’âme des pianos
En deux soirées, la Maison du Peuple de
Gardanne développe son thème « énergies
rythmes et rap » : le 11 mars, quatre groupes
de musiques actuelles sélectionnés dans
le cadre du tremplin courteÉchelle se
relaieront sur scène pour une grande soirée de
concert gratuits, avec un vote du public à la
clé pour attribuer le Prix Public. Le lendemain,
le talentueux rappeur Némir déversera ses
rimes et son flow, le tout agrémenté d’un
rythme soul plutôt singulier dans le paysage
actuel du hip hop français, pour un concert
à petit prix (5 €).
Pluie d’artistes pour cette comédie musicale de
Luc Brian autour des états d’âme des pianos :
Gérard Vantaggioli à la mise en scène,
Aïni Iften à la direction d’acteurs, Mélody
Debono aux arrangements piano, avec les
musiciens Laure Donnat, Armelle Ita et
Grégoire Richard. Dans l’arrière-boutique
d’un magasin de pianos, ils se retrouvent
pour se raconter des histoires de pianos…
et celles des humains qui les accompagnent.
© Daniel Gleyzolle
© Philippe Delacroix
Némir © Toma Abuzz
11 & 12 mars
Maison du peuple, Gardanne
04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr
Caravane
Spectacle musical créé par le Voyage
des 10 autour des collections du Museon
Arlanten (Arles), et dirigé par la chanteuse
compositrice Guylaine Renaud avec ses
deux complices, le guitariste Guillaume
Franceschi et la contrebassiste Christiane
Ildebert. Cette Caravane, inspirée par les
anciennes embarcations de marchandises
(et d’idées) qui naviguaient le long des côtes
méditerranéennes, est elle aussi itinérante
pendant la rénovation du musée départemental d’ethnographie. Après une semaine de
résidence, les artistes dévoileront leur vision
artistique de cet univers, avec la participation
des élèves du Conservatoire de Martigues.
En entrée libre.
11 mars
Site Pablo Picasso
Conservatoire Musique et
Danse, Martigues
04 42 07 32 41 ville-martigues.fr museonarlaten.fr
On connaissait le pétillant musicien à la mèche
rebelle, qualifié régulièrement de « nouveau fou
chantant », en émule et admirateur de Django
Reinhardt. On le retrouve, toujours avec sa
vieille guitare, sur la scène de la Salle Guy
Obino pour un concert festif et enthousiaste.
Après avoir frayé du côté du bluegrass dans
son album Honky Tonk, Sanseverino poursuit dans les sonorités folk et country avec
l’adaptation de l’histoire d’Henri Charrière,
un caïd montmartrois surnommé « Papillon ».
Entre les deux, notre cœur balancera pour
l’auteur-compositeur, électron libre de la
chanson française.
5 mars
Salle Guy Obino, Vitrolles
04 42 02 46 50 vitrolles13.fr
11 au 13 mars
Le Chien qui Fume, Avignon
04 90 85 25 87 chienquifume.com
Javier Paxariño Trio
Dans le cadre du 15e Festival Andalou
organisé dans le Vaucluse par l’association
Alhambra (10 au 20 mars), le Balcon accueille
Javier Paxariño, l’un des meilleurs saxophonistes et flûtistes d’Espagne, pour un projet
autour des musiques du creuset méditerranéen.
Il est accompagné par le guitariste Josete
Ordoñez et le percussionniste Manuel de
Lucena. Un trio dont la musicalité nous
transporte dans les sons de la Mare Nostrum
et des trois cultures monothéistes issues de
la musique ibérique…
Si Moh
Dans le cadre d’une soirée « Cinémusique
Peuple Berbère », l’artiste compositeur poète
Si Moh, une étoile de la chanson kabyle
contemporaine, offrira un concert à 21h30
au Forum de Berre. Avec la douceur de sa voix
chargée d’émotions, ses textes qui parlent
d’amour, d’amitié, de racines, qui dénoncent
les inégalités, la beauté de son répertoire à
fleur de peau emportera le public dans un
voyage au son berbère. En amont, à 18h30
au Ciné 89, projection du film algérien inédit
Si Mohand U M’hand l’insoumis de Lyazid
Khodja et Rachid Benallal.
10 mars
Forum des Jeunes, Berre-l’Étang
04 42 10 23 60 forumdeberre.com
© Diane Zillmer
04 90 85 00 80
18 mars
Le Balcon, Avignon
theatredubalcon.org
© Carlos Thomas - Licence n°2-102-7568 / n°1-102-2068
Du 18 au 22 mars 2016
Chapelle du Méjan
XXXIe
Semaine
sainte
LE GRAND BALÈTI
Dimanche 28 Février
16H00 - LA MAGALONE
JAZZ’N CITÉ
en Arles
Les lundis 29 Février & 14 Mars
21H00 - LA CAVE
Association du Méjan – Tél. : 04 90 49 56 78 – www.lemejan.com
CASCINO TRIO - SAFARA
Vendredi 4 Mars
20H30 - AUDITORIUM
emaineSainte.indd 1
04/02/16 17:20
TINTAMARRES #4
7 MARS : Pierre Boeswillwarld
18H15 / 20H30 > AUDITORIUM
9 MARS : Électrochocs
19H00 - AUDITORIUM
DIWAN TRIO - DIETSOU
Vendredi 11 Mars
20H30 - AUDITORIUM
du 3 au 27 mars
2016
PÂQUES EN MEDITERRANÉE
Vendredi 11 Mars
20H30 - LA MAGALONE
LE TEMPS DES SECRETS…
•
Une production Concerto Soave
www.marsenbaroque.com
•
Musique en prose
Vendredi 18 Mars
permeable.org
Le Peuple, le Roi
De l’Église à l’Opéra
20H30 - LA MAGALONE
CITÉ DE LA MUSIQUE
Auditorium / La Cave (Marseille 1er) - La Magalone (Marseille 9e)
04 91 39 28 28
Billetterie en ligne :
www.citemusique-marseille.com
42 au programme Spectacles MArseille
Light Bird © Virginie Pontisso
Animal ! Animal !
Le théâtre national de Marseille s’ouvre au
monde animal ? C’est ce que promet l’un
des temps forts de la saison... Tout commencera par un repas, l’appétit étant (presque)
le dernier bastion de l’instinct chez un être
humain « civilisé ». Le troisième épisode des
Exquis-mots de Marie-Jo, ces « dîners littéraires
et gourmands » aura lieu au restaurant les
Grandes Tables, dans le hall de La Criée. Œufs,
poules, voire petits insectes sont inscrits au
menu, encore très mystérieux.
Clou de l’événement, la venue du chorégraphe
Luc Petton et ses grues de Mandchourie,
évoluant parmi des danseurs familiarisés, par
une longue phase de préparation, au rythme
des élégants échassiers. Light bird est le
3e volet de son triptyque animal, après La
confidence des oiseaux et Swan. Précisons
Africa
si besoin était, qu’il ne s’agit pas d’un spectacle-exhibition, mais d’un compagnonnage
empreint de respect... La danseuse et sociologue argentine Marilén Iglesias-Breuker
a travaillé en collaboration avec Luc Petton,
co-signant la chorégraphie.
Pour conclure ce cycle en laissant ample
matière à réflexion au public, le chef du service
Idées-Débats du journal Le Monde, Nicolas
Truong, invite diverses personnalités à sonder
la question animale durant toute une Journée
des bêtes. On y entendra la voix profonde et
radiophonique de Jean-Claude Ameisen
(la fameuse émission de France Inter Sur les
épaules de Darwin, c’est lui), Boris Cyrulnik, psychiatre et éthologue, ou encore la
philosophe Elisabeth de Fontenay.
Les Exquis-mots de Marie-Jo #3
29 février
Light bird
3 au 6 mars
La journée des Bêtes
6 mars
04 91 54 70 54
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
Le Misanthrope
Bien des occidentaux sont tombés amoureux
de l’Afrique, une passion parfois dévorante,
souvent destructrice. Oscar Van Rompay,
nu jusqu’à l’os, interprète ici un texte de
Peter Verhelst. Ce monologue écrit pour
lui plonge l’artiste -et le spectateur avec luidans un fantasme de continent : brûlant,
exotique, empreint de sexe et de violence. Un
voyage au cœur du désir dont on ne revient
pas indemne.
04 91 54 70 54
11 & 12 mars
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
Dans un pays dévasté par une catastrophe
nucléaire, un paralytique se lève, et plus rien
ne sera jamais pareil... Magda Lena Gorska
et Bruno de La Salle adaptent Antoine
Volodine avec la force que requiert ce « chant
épique pour notre époque ». L’histoire d’Ilia
Mouromietz s’inspire du patrimoine oral russe,
remontant à l’époque médiévale, mais les
préoccupations humaines résonnent d’âge
en âge !
04 91 54 70 54
9 mars
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
© Matthieu Wassik
© Kurt Van der Elst
Le chant du rossignol brigand
Atrabilaire, misanthrope... mais jeune et amoureux. L’Alceste d’Alexis Moati et Pierre
Laneyrie est comme chacun de nous : pris
dans une pièce qu’il se joue à lui même, où
il excelle parfois, et parfois moins ! Après
Le malade imaginaire et L’Avare, la Cie Vol
plané revient avec une distribution rajeunie,
joue en alexandrins, et gomme plus encore la
distance entre le spectateur et les interprètes.
27 février au 5 mars
La Criée, Marseille
04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com
La porte à côté
© Emmanuel Murat
«Je croyais que la première qualité d’une psy, c’était la tolérance...»
s’exclame Edouard Baer. «C’est bien une opinion de vendeur de
yaourt, ça !» réplique Léa Drucker. Voisins de paliers, célibataires
en quête d’âme sœur, ils s’écharpent au quotidien mais finiront,
c’est une évidence, par tomber dans les bras l’un de l’autre. Puisque
le suspens est éventé, tout le plaisir réside dans le crescendo de
leur joute verbale : le charme de bien des gens se cache sous
leurs défauts !
1er au 5 mars
Le Gymnase, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
T H É Â T R E
J O L I E T T E
M i n o T E R i E
SCÈNE CONVENTIONNÉE
POUR LES EXPRESSIONS
CONTEMPORAINES
2 place Henri Verneuil
13002 Marseille
saison III
2015-2016
Métro 2 Joliette
Tram T2 et T3 Euroméditerranée
Bus 35, 55, 82
King size
Christoph Marthaler orchestre une œuvre théâtrale presque
entièrement chantée par un quatuor de comédiens multi-talents.
Tous travaillent joyeusement sur fond de mélancolie, tandis que
sur scène trône… un lit king size. Symbole bourgeois de la routine
conjugale, il abrite encore des surprises, de l’espoir, un entêtement
à ne renoncer ni à la vie, ni à l’amour. Quitte à en faire la démonstration par l’absurde.
LE CAbARET dE LA dERNIÈRE CHANCE
JACqUES REbOTIER / CIE VOqUE
© Simon Hallström
Dans le cadre du temps fort consacré à Jacques Rebotier du 16 au 26 mars
15 au 18 mars
Le Gymnase, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
« S’ouvrir à l’univers de Jacques Rebotier, c’est être suspendu dans le vide sans
avoir peur, c’est boire un Gevrey Chambertin dans un gobelet en plastique, c’est
admettre que le non sens en a un et que tout peut voler en éclat dans une bonne
rigolade très sérieuse... » Le Petit bulletin
VENdREdI 18 MARS 20h
SAMEdI 19 MARS 19h
au THéâTRE JoliETTE-MinoTERiE
www.theatrejoliette.fr
04 91 90 74 28 / [email protected]
photo © voQue
44 au programme Spectacles MArseille
Les armoires normandes
Comment épouser
un milliardaire
© Christophe Raynaud de Lage
Les Chiens de Navarre « préfèrent ne pas
se mettre à dos un auteur, surtout s’il est
vivant ». Chacune de leurs créations est donc
collective, cent fois remise sur le métier, nourrie
d’improvisation, et susceptible d’évolution
jusque sur le plateau. Jean-Christophe
Meurisse assure la mise en scène de ce
spectacle inclassable et féroce : dix chiens
lâchés dans un théâtre, ça fait du bruit, même
s’ils sont là pour parler d’amour.
Un « théâtre-document, sans réécriture ni
artifice, au plus près du témoignage » : Marie
Desgranges et Antoine Mathieu restituent
la parole de Paul Felenbok et Wlodka Blit-Robertson, recueillie par David Lescot. Récit
de vie de deux enfants grandissant en temps
de guerre, qui survivent et en connaîtront
l’après, Ceux qui restent est présenté dans le
cadre de la Biennale des ecritures du réel.
Une rencontre avec Paul Felenbok, David
Lescot et l’équipe artistique est prévue à
l’issue de la représentation.
© X-D.R
© Philippe Lebruman
Ceux qui restent
22 au 26 mars
Le Gymnase, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
Quand j’étais Charles
04 91 91 52 22
5 mars
Le Lenche, Marseille
theatredelenche.info
« Il y en a seulement 1226 dans le monde ;
s’ils étaient des animaux, ce serait une espèce
protégée .» Audrey Vernon, didactique, livre
son expérience de chasseuse de milliardaire.
Au passage elle souligne avec humour les
mécanismes confondants du capitalisme :
les ultrariches, comme une pointe d’iceberg,
n’émergent que si la masse énorme des « petits
sous » le leur permet.
Ce spectacle a lieu dans le cadre des Voyages
en solitaire.
04 91 91 52 22
15 & 16 mars
Le Lenche, Marseille
theatredelenche.info
Ulysse Bataille
Fabrice Melquiot met en scène son propre
texte, avec un acteur exceptionnel, Vincent
Garanger, dans le rôle-titre. Un homme de
la France profonde, représentant en matériel
agricole, apprend que la femme de sa vie vient
de le quitter. Adepte du karaoké le week-end,
il chante son chagrin, son amour, ses espoirs,
reprenant les airs connus de Charles Aznavour.
On dit que la musique peut sauver des vies,
et c’est valable aussi bien pour Mozart que
pour la variété...
La CCE, c’est une structure créée par des juifs
communistes après-guerre, pour emmener les
enfants de disparus en colonie de vacances.
Sous forme de « revue parlée-chantée » -on
chante beaucoup en colo-, David Lescot
revient sur cette expérience formatrice : vivre
en collectivité, se confronter à l’idéologie,
s’ouvrir aux autres... Ce spectacle a reçu le
Molière de la révélation théâtrale en 2009.
© X-D.R.
8 au 12 mars
Les Bernardines, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
04 91 91 52 22
6 mars
Le Lenche, Marseille
theatredelenche.info
© Nilo Pardo Garcia
© Tristan Jeanne-Valès
La Commission Centrale
de l’Enfance
Un clown qui tombe amoureux, ça arrive
souvent, ils ont le cœur tendre. Mais là, l’heureuse élue est spéciale, « drapeau à la main et
poitrine nue, debout sur une barricade ». Alors
forcément, pour l’impressionner, il faut mettre
le paquet : perles de pluie, bonbons, bikinis,
et une bague. Tout ça coûte des sous, il faut
donc travailler, demander une augmentation...
Une vraie bataille livrée par Les Matapeste.
Ce solo de clown, interprété par Francis
Lebarbier, a lieu dans le cadre des Voyages
en solitaire.
04 91 91 52 22
18 & 19 mars
Le Lenche, Marseille
theatredelenche.info
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R
PA
RT
I
À
à l’Amicale Zibeline, comprenant
l’envoi de Zibeline associé à
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La petite bibliothèque de
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1 livre = 1.90€ de frais de port.
17-19, cours d’Estienne d’Orves
13001 MARSEILLE
Ecrivons ensemble l’histoire populaire de Marseille
Sous l’égide de Robert Guédiguian,
La Marseillaise, l’association Promémo et
les Editions de l’Atelier préparent un livre
s’appuyant sur les photos d’archives
familiales pour raconter l’histoire
du peuple de Marseille et de sa ville.
Nous avons besoin de vos photos
et témoignages, qui seront recueillis par
des historiennes et des historiens.
Les photos vous seront immédiatement
restituées après avoir été scannées.
Des permanences sont assurées dans les locaux de La Marseillaise
et annoncées dans le journal. Vous pouvez contacter l’historien Gérard Leidet,
au 06 27 75 17 44 et sur [email protected]
Zibeline est en vente dans nos librairies
et théàtres partenaires.
À L’ENCRE BLEUE
86 boulevard Roger Chieusse - 13016
MARSEILLE
04.91.51.46.96 alencrebleue.fr
HISTOIRE DE L’OEIL
25 rue Fontange - 13006 MARSEILLE
04.91.48.29.92 histoiredeloeil.com
LA SALLE DES MACHINES
Friche La Belle de Mai - 41 rue Jobin - 13003
MARSEILLE
04.95.04.95.95
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LIBRAIRIE DE L’ARBRE
38 rue des 3 mages - 13006 MARSEILLE
09.50.14.68.18 librairiedelarbre.blogspot.com
LIBRAIRIE L’ATINOIR
4 rue Barbaroux - 13001 MARSEILLE
04.91.02.80.70 latinoir.fr
LIBRAIRIE L’ATTRAPE-MOTS
212 rue Paradis - 13006 MARSEILLE
04.91.57.08.34 facebook.com/pages/
Librairie-L-Attrape-Mots/143693392341002
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3 bis rue du puits - 83400 HYÈRES
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11 rue du Général de Gaulle - 83470
SAINT-MAXIMIN-LA-SAINTE-BAUME
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2 bis rue Mirabeau - 83470
SAINT-MAXIMIN-LA-SAINTE-BAUME
04.94.37.85.94
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LIBRAIRIE DE L’ÉTOILE
9 place Gambetta - 84300 CAVAILLON
04.90.78.01.65 librairie-etoile-cavaillon.com
THEATRE DU CHÊNE NOIR
8 Rue Sainte-Catherine, 84000 AVIGNON
04 90 86 58 11
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L’ORANGE BLEUE
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La ronde de nuit
© Laurence Fragnol
Occident
04 91 91 52 22
@Christophe Le Dévéhat
Jean-François Matignon met en scène le
livre éponyme de Patrick Modiano, recentrant l’intrigue sur le personnage principal,
un membre de la Gestapo qui infiltre un réseau
de la Résistance. Thomas Rousselot est ce
double traître, trop faible pour réussir même
sa sortie. Une plongée éprouvante dans la
conscience d’un homme somme toute banal :
l’ambivalence est la chose au monde la mieux
partagée. Dans un tel contexte, elle a des
conséquences démesurées. Ce spectacle a
lieu dans le cadre des Voyages en solitaire.
On dit que la haine est l’autre face de l’amour,
parfois ce qui maintient le plus longtemps un
lien entre deux êtres. Stéphanie Marc et
Christian Mazzuchini attaquent à fleurets
non mouchetés, tant la frustration les a aigris :
il est alcoolique, misogyne et raciste, elle ne se
laisse pas faire mais ne s’en sort pas mieux.
Dag Jeanneret dirige un duel au sommet
sordide, fouillant la conjugalité dans ce qu’elle
a de pire. Vous voilà prévenus !
10 au 12 mars
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr
22 & 23 mars
Le Lenche, Marseille
theatredelenche.info
Concerts
gratuits
Le Cabaret de
la dernière chance
Marie-Laure Favry se voit multiple en son
miroir. Appuyée sur les œuvres de Dario Fo
et d’autres auteurs contemporains sensibles
à la condition féminine, elle incarne tour à
tour leurs personnages : mère de famille nombreuse, femme vieillissante, violée, trompée
ou meurtrière, séductrice ou stérile... À toutes
elle prête son corps et sa voix, puisqu’on est
là pour l’entendre, elle. Ce spectacle a lieu
dans le cadre des Voyages en solitaire.
04 91 91 52 22
25 & 26 mars
Le Lenche, Marseille
theatredelenche.info
Jacques Rebotier aime travailler l’humour,
le verbe, la politique, et en musique s’il vous
plaît. Son Cabaret, bardé de tous ces ingrédients, répond au cahier des charges d’un
poète et compositeur malicieux. En l’amicale
compagnie d’artistes, musiciens et invités
surprises, il pioche dans ses précédentes
œuvres, l’encyclopédique Description de
l’omme (oui, sans « h »), et 2 x 66 brèves pour
126 instrumentistes-parlants.
2ème édition
du 17 au 24
mars 2016
Marie-Josèphe Jude
Célimène Daudet
Marta Zabaleta
© Cie Voque
© X-D.R.
Miroir d’elles
Entrée libre
sans réservations
et dans la limite
des places
disponibles
Direction artistique :
Jérémie Honnoré
18 & 19 mars
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr
renseignements : 04
90 59 13 75
www.unpianoagrans.fr
50 au programme spectacles
marseille
Les filles aux mains jaunes
La Maison
Cette œuvre du Dynamo Théâtre, mise en
scène par Joëlle Cattino sur un texte de
Michel Bellier, éclaire un angle particulier
de la Grande Guerre : les prémices d’une
émancipation féminine qui se structure par le
biais des luttes des ouvrières -du droit de vote
à l’égalité des salaires- qui manipulaient la
poudre de TNT dans les usines de fabrication
d’obus. Une merveille de théâtre ! (lire notre
critique sur journalzibeline.fr)
Chez certains enfants, l’adolescence arrive
comme un boulet de canon, chez d’autres,
progressivement, elle s’installe. Elle est toujours cruciale, un moment où l’on rebat les
cartes avant d’entrer dans le grand jeu de la
vie. Pauline Bureau de la compagnie La part
des anges a écrit son texte en collaboration
avec les acteurs du spectacle : deux pré-ados
s’y rencontrent en rêve, et tout devient possible.
À partir de 8 ans.
© Pierre Grosbois
19 mars
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
16 au 18 mars
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
29 avril
Espace Gérard Philippe, Port
Saint-Louis du Rhône
04 42 48 52 31 scenesetcines.fr
23 mars
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
« J’ai envie de faire une expérience, comme
si j’étais scientifique, avec un protocole en
place, et des épreuves par thématique » lance
le maître de cérémonie. Rituel classique de la
danse hip hop, qui voit s’affronter deux équipes
alternativement sur scène, le battle se frotte
ici de théâtre, avec une réelle interprétation.
Sans perdre de son énergie, ni s’éloigner de
l’improvisation ! Rencontre à l’issue de la
représentation avec les artistes de la Cie Un
autre angle de rue.
4 mars
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
Parmi vous /
Fragment d’entr(EUX)
©Malaxe
30 & 31 mars
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51 theatredeshalles.com
L’expérience battle
Après les ponts, Gustavo Giacosa s’intéresse
à la maison. Il s’est entouré de cinq partenaires
pour cette recherche en symbolisation de
l’espace : avoir une demeure, un logis, l’habiter,
qu’est-ce que cela signifie ? La compagnie
SIC.12 a enquêté en maison d’arrêt et foyer
de sans-abri pour confronter le vécu intime
du lieu de vie, partagé par la majorité des
humains, à l’expérience empêchée qu’en
ont certains d’entre nous.
25 mars
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
23 au 26 mars
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr
04 93 40 53 00
© David Richard
© Bruno Mullenaerts
Dormir 100 ans
Et le diable vint
dans mon cœur
Dernier volet d’une trilogie consacrée par
Alexis Moati à la fin de l’enfance, après
le refus de grandir de Peter Pan et le dangereux marché conclu par la Petite sirène,
ce spectacle fait appel à sept comédiens
-adultes- pour composer « une fable endiablée
sur la transformation ». Tout à tour enfants,
adolescents ou figures d’autorité, ils font
dialoguer les générations, en ne recourant
ni à la sociologie, ni à la psychologie. Plutôt
en considérant l’adolescence... comme une
période de création.
22 & 23 mars
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
04 90 52 51 51
8 & 9 mars
Théâtre d’Arles
theatre-arles.com
Pour son rituel urbain des Sirènes et midi
net, le premier mercredi du mois de mars,
Lieux Publics a fait appel à la compagnie
Malaxe (« matière à pétrir et à inventer »).
Danseuse et diplômée des Beaux-Arts, Emeline Guillaud, sa fondatrice, travaille ici sur
une installation de vêtements, considérant
le linge étendu aux fenêtres comme un trait
d’union entre les gens. D’une fenêtre à l’autre,
d’un intérieur à la rue qu’il surplombe, c’est
de l’intime que l’on veut bien donner à voir !
2 mars
Parvis de l’Opéra
Lieux Publics, Marseille
04 91 03 81 28 lieuxpublics.com
51
Festival Russe
Ici et ailleurs
Rares sont les spectacles qui reviennent d’une
année sur l’autre, mais la délicate interprétation, la force du texte adapté d’une nouvelle
de Suzanne Tamaro, la réaction unanime
d’un public bouleversé, permettent à ceux
qui désirent revoir ou découvrir Martine
Amanieu dans un récit de vie où renaît l’histoire de survivants de l’holocauste. Souvenirs,
silences, monologue pluriel de voix qui se
sont tues, dans l’écrin de l’espace Léo Ferré.
Dans le cadre de la Biennale des écritures
du réel #3 (voir p. 19), la compagnie Pupella-Noguès crée un spectacle accessible dès
5 ans, Ici et ailleurs. Les maisons recèlent des
objets qui ne sont pas forcément utilitaires,
mais qui, par leur simple présence, racontent
l’histoire familiale, des voyages, des rêves, des
souvenirs. Avec une délicieuse fantaisie se
construit un musée imaginaire dont la force
d’évocation nous convie à un parcours où il est
question de transmission, de construction de
soi à travers ces bibelots si merveilleusement
singuliers.
© Xavier Cantat
© X-D.R.
Pour voix seule
1 au 5 février
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
S’il est un classique au Toursky, c’est bien
le Festival Russe, avec ses cabarets, son
cinéma, son théâtre, ses concerts. Le 21e anniversaire ne déroge pas à la coutume, outre les
huit films, on aura l’occasion d’applaudir le
Théâtre Académique dramatique d’Etat
Russe de Kazan dans la comédie L’Éléphant
d’or, le Théâtre Ainsi de Suite dans Orekhov,
d’après Un dissident du KGB de Nicolas
Jallot, le Théâtre Dramatique National
de Samara et les artistes de l’Académie
d’art dramatique de Saint-Pétersbourg
dans le théâtre musical Notre Cuisine d’Alla
Korovkina. Enfin, le duo Darius Milhaud
(Anaït et Arminé Sogomonyan) offrira
sa légèreté et son élégance dans un riche
programme de Schubert à Liszt.
16 au 18 mars
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
Barocco
Le théâtre Nono va bientôt faire une pause, en
raison de travaux. En guise d’horizon d’attente,
une étape de travail de sa nouvelle création,
Barocco, sur un texte de Marion Coutris
dans une mise en scène de Serge Noyelle
est proposée en mars. 17 artistes, français,
espagnols, grecs, allemands vous feront plonger dans l’univers protéiforme du baroque,
jonglant entre danse, musique et théâtre.
Mouvement et immobilité, silence et fureur,
dans l’esprit d’un baroque contemporain, qui
est bien tout sauf une convention !
11 au 26 mars
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
Festi’femmes
Deux spectacles de la 21e édition de Festi’femmes, festival d’humour au féminin
fondé par Éliane Zayan en 1996, se joueront
au théâtre Toursky. Anne Cangelosi sera
Mémé Casse-Bonbons, personnage vert
acide. Le duo d’Emma Gattuso et Thibaud
Choplin passe à la moulinette d’un humour
déjanté les célébrités comme les anonymes,
dans un festival de sketchs jubilatoires. En
mignardises, chaque spectacle est précédé
d’une scène ouverte aux nouveaux talents…
mais aussi à un avant-goût de La Vraie vie
d’Honorine d’Edmonde Franchi.
© X-D.R.
4 & 5 mars
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
Alyan a cinq ans, il voudrait être un jour une
maman, une princesse, même si sa sœur, Nina,
lui certifie que « c’est nul les princesses ».
Porter des robes de fée quand on est un petit
garçon suscite la cruauté des autres… part
féminine ou masculine en chacun de nous,
comment la définir en toute liberté ? Le poids
social est là, avec les limites de sa capacité à
accepter l’autre, qui par essence est différent.
Émilie Le Roux met en scène et dirige les
acteurs avec subtilité dans cette adaptation
de Mon frère, ma princesse de Catherine
Zambon (pour les plus de 8 ans).
10 & 11 mars
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
© Cordula Treml et Ben Colibri
© Adrien Patry
Mon frère, ma princesse
12 mars
Théâtre Nono, Marseille
04 91 75 64 59 theatre-nono.com
52 au programme spectacles
bouches-du-rhône
La grenouille
au fond du puits…
Precious ridiculous
« Ah ! Non ! C’est un peu court, jeune
homme ! » Qui ne murmure ou ne déclame
à la suite la célébrissime tirade des nez ! Le
Badaboum Théâtre reprend la pièce culte
d’Edmond Rostand au Théâtre de Fontblanche.
On retrouvera la belle Roxane qui croit aimer
Christian, car il est beau, alors que ce sont
les mots de Cyrano écrits ou prononcés dans
l’ombre qui la subjuguent… Une pièce qui fait
aimer le théâtre à partir de 8 ans. Un grand
moment de verve et de panache !
La pièce de Molière, Les précieuses ridicules,
revisitée par Jeanne Béziers et sa compagnie (Ma compagnie), prend un coup
de fraîcheur et de jeunesse jubilatoire. Ces
féministes avant l’heure, mettent l’accent sur
la liberté des femmes, et, par leurs exigences,
certes saugrenues, soulignent l’indigence de
leur condition qui les fait passer de la tutelle
d’un père à celle d’un époux. La musique
de chambre jouée sur scène devient « rock
libérateur et libertaire ». C’est drôle, vivifiant,
sur un sujet plus sensible qu’il n’en a l’air.
8 mars
Théâtre Fontblanche, Vitrolles
04 42 02 46 50 vitrolles13.fr
La grenouille au fond du puits croit que le
ciel est rond, voici le titre complet de ce
spectacle composé avec une imagination
poétique délicieuse par le Vélo Théâtre.
Monsieur Brin d’Avoine a collectionné toute
sa vie durant des maisons, plus de quatre
cents ; ce qu’il ignore, c’est qu’il a toujours
recherché sa première maison, au bord de la
mer, étrangement sans toit, sans murs, sans
fenêtres… ses deux serviteurs découvrent cette
curieuse collection… La visite commence !
Ouvrons les portes du rêve (à partir de 6 ans).
© Lau Hebrard
© Laurence Jannar
© X-D.R.
Cyrano
23 au 25 mars
Théâtre Fontblanche, Vitrolles
04 42 02 46 50 vitrolles13.fr
5 mars
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
Rêves de sable
Le roman d’Henri Frédéric Blanc (publié
chez Actes Sud), mis en scène et adapté au
théâtre par Ludovic Laroche, brosse une
satire pétillante de verve acide et drôle de
la société. Les personnages se retrouvent en
tête à tête dans un grand restaurant parisien.
Victor Pontier, éditeur aux dents longues
et sans scrupules, y a invité la séduisante
romancière Léa Belmont. Un feu d’artifice où
cynisme et idéalisme s’affrontent en un duel
jubilatoire, mettant à bas les faux-semblants.
© Arthur Oudar
Prenez une plaque de verre rétroéclairée,
du sable, un écran qui projette les images,
et le tour est joué… Simple direz-vous ? La
délicatesse, la précision poétique des images
éphémères dessinées avec le sable qui coule
entre les doigts du marionnettiste, circassien
et plasticien, Borja González, émerveillent.
Le rêve visuel s’accorde aux musiques du
pianiste Roc Sala Coll, sur scène. De la magie
pure avec la compagnie Ytuquepintas. À
partir de 5 ans.
18 & 19 mars
Théâtre Fontblanche, Vitrolles
04 42 02 46 50 vitrolles13.fr
2 mars
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
22 mars
Théâtre Durance,
Château-Arnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
1 mars
L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence
04 90 92 70 37
mairie-saintremydeprovence.fr
4 mars
Auditorium Jean Moulin, Le Thor
04 90 33 96 80 artsvivants84.fr
© L’instant d’un regard
Nuit gravement au salut
Ils se nomment Cerveau, Chacal, Guarana,
La Graille, ils ont dix-huit ans, des rêves, une
vieille 2CV rouillée… L’un d’entre eux, seul
sur scène (Baptiste Toulemonde), raconte
avec une nostalgique tendresse et beaucoup
d’humour ce voyage initiatique, véritable
road-trip déjanté… le départ, les soirées d’été,
les rencontres, la soif de vie et d’aventures
de cette bande de copains…. Souvenirs,
souvenirs ! Une création de la Compagnie
Renards. (Attention ! à partir de 13 ans).
© Marta G. Cardellac
Bonjour on est un tsunami
10 mars
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
53
La douceur perméable
de la rosée
La belle Vera EK, serveuse au café du coin
était courtisée par tous, mais s’est éprise
d’un footballeur… Elle vieillit, et se retrouve
seule. Cette histoire inspire au metteur en
scène Mladen Materic et à la danseuse et
chorégraphe Azusa Takeuchi, un portrait
de femme superbe dans ses élans et ses
déceptions. Par cette danse intime qui sait
évoquer avec force images et états d’âme,
subsiste encore la beauté de Vera EK.
Le Bois de l’Aune laisse carte blanche au
metteur en scène et auteur, Lazare, et sa
compagnie Vita Nova. Amour des mots,
verve cinglante et tendre, avec ses mots « tordus », se déclineront au travers de textes, de
chansons, d’extraits de pièces… sans doute.
Le mystère de la représentation reste entier.
L’aventure est là. Entrons dans l’univers de
ce poète qui sait rendre possible l’impossible
par la vertu du verbe.
© Pierre Ricci
Parlez-nous de la nature, de la douceur, de
l’harmonie. Face à la violence qui s’empare
du monde, la bouffée d’air pur apportée par le
spectacle de la compagnie Paco Dècina, La
douceur perméable de la rosée, est bienvenue
et revigorante. Le chorégraphe s’interroge,
après une résidence aux îles Crozet, sur notre
capacité à revenir à une plénitude qui se
voudrait originelle. La danse devient le lieu
salvateur, où nous retrouvons nos propres
vibrations.
Pour Vera EK
© J-.L. Fernandez
© Laurent Schneegans et Laurent Philippe
Carte blanche à Lazare
23 mars
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
8 & 9 mars
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 88 71 74 80
aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune
Coloriage
22 mars
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 88 71 74 80
aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune
Noces de sang
Lune, Colorin et Larmélie sont les trois protagonistes de ce livre d’images, dont on tourne
les pages avec délices. Créativité, légèreté
primesautière… tout est là, dans une danse
contemporaine où fantaisie et liberté espiègle
composent une série de saynètes drôles et
poétiques. Un spectacle de la compagnie
La Locomotive sur des chorégraphies et
scénographie de Yan Giraldou, accompagné
d’Amélie Port et Yui Mitsuhashi, accessible
dès 4 ans.
25 mars
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
© Juliette Parisot
Dans l’univers du vaudeville, le placard sert
communément à dissimuler un amant au
moment opportun. Le titre détourné du « Ciel
mon mari ! », dessine tout un programme ! Ce
sont portes qui claquent, quiproquos, rythme
endiablé qui sont convoqués dans la pièce
délirante de Nicole Genovese qui se joue du
théâtre du boulevard, avec un anticonformisme
jubilatoire. Décapant, cocasse, ludique dans
une mise en scène de Claude Vanessa.
© Contre Mireille
© JC Carbonne
Ciel mon placard
18 au 20 mars
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 88 71 74 80
aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune
Noces de sang, Yerma, La maison de Bernarda
Alba composent la trilogie rurale de Federico
Garcia Lorca. Daniel San Pedro, après le
succès de son adaptation de Yerma en 2013,
s’attache au premier volet de la trilogie, Noces
de sang. Le jour de ses noces, la fiancée part
avec celui qu’elle aime, abandonnant son
promis. Il y a la danse, la joie de la fête, la
mort, et par-dessus tout la poésie de Lorca,
magnifiée par la troupe talentueuse menée par
Nada Strancar, Clément Hervieux-Léger
et Stanley Weber.
3 au 5 mars
Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
54 au programme Spectacles bouches-du-rhône
Larmes blanches /
Spectre de la rose
Au nom du père et du fils
© Francesca Torracchi
Entre tradition et modernité, le beau programme des 11 et 12 mars au Pavillon Noir
permettra aux jeunes danseurs de la Cellule
de professionnalisation (le Ballet Preljocaj
s’inscrit avec force dans la transmission et la
formation) d’interpréter deux pièces d’Angelin Preljocaj : Larmes blanches (1995) et son
chassé-croisé amoureux sur des musiques de
Bach, Balbastre et Purcell, qui détourne avec
humour la grammaire classique, puis hommage
aux Ballets russes de Serge Diaghilev, une
« revisitation » de l’envoûtant Spectre de la
rose. La danse, une rencontre amoureuse.
C’est le matin de son mariage. Leila et sa
sœur Neïma évoquent avec leur mère, leur
passé, leur vie, les secrets, les espoirs, l’éveil
du sentiment amoureux incompatible avec
le respect des règles ancestrales… Clivage
entre les générations, la modernité et la tradition. Le texte de Catherine Verlaguet,
mis en scène par Philippe Boronad sait
avec finesse échapper à tout manichéisme,
à tout cliché dans l’évocation de la difficulté
des adolescentes françaises musulmanes à
vivre la liberté amoureuse et sexuelle des
autres filles de leur âge.
11 & 12 mars
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
04 42 93 48 14 preljocaj.org
8 mars
Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76 theatre-vitez.com
Le carnaval de Saëns
© Frédéric Iovino
1er mars
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
La suite musicale pour orchestre, Le carnaval
des animaux de Saint-Saëns, met en scène un
bestiaire fantasque où une zoologie fantaisiste
est mise en scène, du lion au kangourou, en
passant par hérons, hémiones, éléphant, poissons et j’en passe. Gilles Verièpe s’en inspire
sur une nouvelle composition de Vlad RodaGil qui offre une version « électro-glitchée ».
Douze cubes colorés, une danseuse classique
sur pointes, une danseuse contemporaine, un
acrobate… une version magique et virtuose.
19 au 25 mars
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
04 42 93 48 14 preljocaj.org
Lectures contemporaines
L’auteure Sonia Chiambretto encadre un
atelier d’écriture à l’AMU, depuis plusieurs
années. La soirée Lectures contemporaines
est construite comme une carte blanche
où se retrouvent des textes des étudiants
(Grands espaces, dans la lignée du genre
fondé par Thoreau, le Nature writing), de
l’artiste (fragments d’Etat civil), d’Arnaud
Maïsetti (Saint-Just, pour en finir avec la
terreur), d’Alexandra Badea (Breaking the
news), sur des mises en espace de Louis
Dieuzayde et d’Agnès Regolo.
16 mars
Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76 theatre-vitez.com
© Baudouin Mouanda
© Jean-Claude Carbonne
Braises
Ultime rempart contre la barbarie, la culture
de la SAPE (Société des Ambianceurs et Personnes Élégantes)… Les deux frères, Criss
et Cross, cherchent dans les décombres de
leur pays ravagé par la guerre une paire de
J.M. Weston, emblème de leur passé. Cette
quête leur fait remonter le temps, véritable
dédale où surgissent par le biais d’un verbe
virtuose, l’histoire coloniale, la dictature, les
atrocités de la guerre civile. Un texte flamboyant de Julien Mabiala Bissila joué à
Aix et Villeneuve-lez-Avignon, sous l’égide
des ATP.
7 & 8 mars
Théâtre des Ateliers, Aix-en-Provence
04 42 38 10 45 theatre-des-ateliers.com
ATP, Aix-en-Provence
04 42 63 46 22 atp-aix.net
12 mars
La Chartreuse, Villeneuve-lez-Avignon
04 90 15 24 24 chartreuse.org
ATP, Avignon
04 86 81 61 97
Gertrud
Godard écrivait dans les Cahiers du Cinéma
« Gertrud est égale, en folie et en beauté, aux
dernières œuvres de Beethoven ». Ce portrait
de femme, cantatrice exigeante, qui revendique tout autant la liberté musicale que la
liberté amoureuse, critique avec brio la société
bourgeoise de la fin du XIXe. Entre son mari,
son amant actuel, son amant passé, Gertrud
(Cécile Coustillac) campe un personnage
fougueux et désespéré. La pièce est mise en
scène par Jean-Pierre Baro.
15 mars
Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
ATP, Aix-en-Provence
04 42 63 46 22 atp-aix.net
55
Contact
Angelo, tyran de Padoue
Le trio déjanté du Cirque Inextremiste a
donné une suite au spectacle Extrêmités : dans
Extension, Rémi Lecocq troque son fauteuil
roulant contre une mini pelle dont il prend
les commandes ! Véritable exosquelette, elle
devient le prolongement de lui-même et lui
permet de devenir le porteur superpuissant
de ses deux compères, dans une aventure
toujours aussi hautement acrobatique…
Cette pièce est à voir « comme une pièce
féministe. » Faire prendre conscience de son
urgente nécessité, c’est ce à quoi s’est attelé
Julien Kosellek, avec la Cie Estarre, en
se laissant guider par son amour pour les
femmes, sa haine du fait social et sa passion
pour la musique populaire. Chaque séquence
est ainsi rythmée par la musique, « affirmation
des émotions des acteurs, ou contrepoint »,
et met en lumière la force de deux femmes
face au pouvoir masculin.
© Laurent Philippe
Extension
© Romain Kosellek
Seize danseurs, acteurs, chanteurs et musiciens explosent les codes des métiers du spectacle dans la comédie musicale de Philippe
Decouflé qui évoque aussi bien les grandes
heures des comédies Hollywoodiennes qu’un
hommage au Kontakthof de Pina Bausch. De
part et d’autre de la scène, Nosfell et Pierre
Le Bourgeois interprètent en direct leur
musique originale.
© X-D.R
10 au 12 mars
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
2 mars
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
18 mars
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com
Je serai Macbeth
Ballet jazz de Montréal
© Philippe Houssin
Guillaume Vincent a tiré le texte de
cette pièce, qu’il met aussi en scène, de ses
conversations avec une femme trentenaire,
malade, maniacodépressive. Emilie Incerti
Formentini restitue sur scène cette parole
avec force et sincérité, un portrait sans concession et d’une étonnante lucidité qui émeut
et fait aussi sourire.
© E. Carecchio
Avec son théâtre d’objets, Christian Carrignon prouve que « Le petit théâtre a les
mêmes droits que le grand théâtre », dans
une mise en scène qui entremêle l’œuvre
de Shakespeare avec des réflexions sur sa
vie d’artiste. Aidé de Paolo Cafiero, qui
transforme les jouets/chevaux-soldats-forêt-château en ombres chinoises, il mêle
le texte à ses propres émotions, dans une
fascinante déclaration d’amour au théâtre !
À noter qu’un « musée des objets ordinaires »,
résultant de rencontres avec des habitants
de la ville, sera exposé au Théâtre ce jour-là.
2 au 4 mars
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
4 mars
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com
La célèbre troupe revient à La Colonne
avec deux œuvres inédites : Mono Lisa, duo
chorégraphié par Itzik Galili qui actualise
avec brio le pas de deux classique avec des
mouvements acrobatiques époustouflants ;
Kosmos, pièce de groupe pour laquelle le
chorégraphe Andonis Foniadakis s’est
inspiré de la frénésie que les gens éprouvent
au quotidien dans une ville. Il en résulte une
danse énergique, festive, qui célèbre la beauté
et la force créative de l’être humain.
© Bob Garcia
Rendez-vous gare de l’Est
4 mars
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21 scenesetcines.fr
56 au programme spectacles
bouches-du-rhône
Infinita
Suites curieuses
L’héroïne romantique de Victor Hugo oscille
entre la raison du cœur et la raison d’État, entre
son mariage de raison avec le Roi d’Espagne
Charles Quint et son amour passionnel pour
le bel italien Fabiano, dont elle va découvrir
qu’il lui est infidèle… Dans une mise en scène
épurée, Philippe Calvario met l’accent sur
cette femme (Cristiana Reali) qui tente
de rester debout et lutte pour avoir le droit
d’aimer.
La Cie québécoise Cas Public s’inspire
librement du Petit Chaperon rouge dans
cette pièce qui signe leur 25 ans d’existence !
Trois loups espiègles et malicieux partent à
la rencontre du petit chaperon, dans un jeu
d’ombres et de lumières surprenant, et sur
une chorégraphie d’Hélène Blackburn.
11 mars
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21 scenesetcines.fr
5 mars
Palais des Festivals, Cannes
04 92 98 62 77 palaisdesfestivals.com
04 42 11 01 99
Bagatelle
22 mars
Le Rocher, La Garde
04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr
Les Ballets Trockadero
de Monte Carlo
12 mars
Théâtre de Fos
scenesetcines.fr
Les danseurs de cette compagnie exclusivement masculine présentent un spectacle
ludique, décalé et ironique du ballet classique.
Avec une technique irréprochable, ils dansent
les sylphides, les cygnes ou les princesses
effarouchées en équilibre sur des pointes.
Irrésistible !
En inversant les rapports parents/enfants, la
Cie La Cordonnerie interroge les rapports que
nous avons avec les personnes âgées et plus
généralement avec la vieillesse. Magiciens à
la retraite, Hansel et Gretel vivent avec leur fils
Jacob et sa femme, eux-mêmes au chômage…
Ainsi germe l’idée de les abandonner dans la
forêt, où vit une sorcière qui dévore les vieux !
En mêlant théâtre, cinéma, et musiques, les
comédiens brodent une version moderne et
poétique du conte de Grimm.
04 42 56 48 48
1er mars
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
© Zoran Jelenic
© X-D.R.
© Ines Heinen
04 42 11 01 99
2 mars
Espace 22, Istres
04 42 56 48 48 scenesetcines.fr
Hansel et Gretel
Cornelius n’a plus de maison, il dort dans un
endroit différent chaque nuit. Ancien fermier, il
raconte ses endroits de passage, ses rencontres
avec les gens qu’il croise, du bonheur qu’il
a et de ce qu’il faut pour être heureux. Kurt
Pothen met en scène cet être sans maison
qu’incarne Roland Schumacher, ruiné et
endetté et qui a tout perdu. Sans pathos ni
moralisme, mais avec beaucoup de sensibilité,
l’Agora Theater interroge sur ce qui fait de
chacun un être humain heureux.
9 mars
Théâtre de Fos
scenesetcines.fr
Quatre comédiens du collectif berlinois
Familie Flöz évoquent dans cette pièce
les grandes étapes de la vie, entre jeunesse
et grand âge, de la garderie à la maison de
retraite. Par un geste, une mimique, masqués
et sans parler, ils passent du réalisme à l’onirisme, avec douceur et légèreté, privilégiant
et sollicitant l’imagination du spectateur.
Un pur bonheur !
© X-D.R.
© Florian Fromentin.
© Simona Fossi
Marie Tudor
04 42 56 48 48
16 mars
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
20 mars
Palais des Festivals, Cannes
04 92 98 62 77 palaisdesfestivals.com
08 201302013
17 & 18 mars
GTP, Aix
lestheatres.net
57
Caroline Vigneaux
quitte la robe
Des Gens bien
Les Petits doigts qui touchent
04 42 56 48 48
22 mars
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
Le Joueur d’échecs
Francis Huster campe brillamment ce seulen-scène dans lequel il interprète les trois
protagonistes issus du roman de Stefan Zweig
qu’a adapté Eric-Emmanuel Schmitt. Il
est à la fois un champion du monde d’échecs
qui n’a jamais perdu une partie, face à son
partenaire de jeu, le mystérieux Monsieur B.
qui vient d’échapper à la gestapo. Il incarne
aussi l’auteur lui-même, passager du navire où
se déroule la partie, qui suit cette confrontation
comme une allégorie de son opposition au
régime barbare.
11 mars
Espace Robert Hossein, Grans
04 90 55 71 53 scenesetcines.fr
Louis XVI,
ils me prennent la tête !
Le Tour du monde des danses
urbaines en dix villes
Seul en scène Laurent Bariohay interprète un
Roi qui ne voulait pas l’être, maladroit et indécis
mais soucieux du bien-être de son peuple,
et à l’écoute des nouvelles technologies ! ; il
interprète aussi une pléiade de personnages
-la Cour, les ministres, la Reine…-, d’une
inflexion de voix ou d’une contorsion. Le
texte fourmille de références historiques, de
mots et d’expressions rappelant la terrible fin
du Roi, maniés avec un humour savoureux
qui fait mouche !
3 mars
Espace Robert Hossein, Grans
04 90 55 71 53 scenesetcines.fr
19 mars
Espace Pièle, Cornillon-Confoux
04 90 55 71 53 scenesetcines.fr
Elle était avocate au Barreau de Paris, elle
est devenue humoriste ! Dans un seul-enscène truculent et réjouissant, la pétillante
Caroline Vigneaux revient sur ce choix de
vie atypique en évoquant moult péripéties
et personnages qui ont façonné sa courte
carrière d’avocate en droit des affaires. Avec
une nature comique indéniable !
10 mars
Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis
04 42 48 52 31 scenesetcines.fr
Conçue par les chorégraphes Cecilia
Bengolea et François Chaignaud et la
danseuse Ana Pi, qui interprète, commente
et incarne une sélection de danses urbaines,
cette conférence dansée autour des danses
urbaines tisse des liens entre le plateau et la
rue. Du krump à Los Angeles au dancehall en
Jamaïque, de la tektonik à Paris au voguing
à New York, le public est invité à un voyage
dans 10 villes cosmopolites du monde entier
où ces danses ont été inventées, avec des
vidéos et des photographies à l’appui.
© Jean-Louis Alessandra
Dans les quartiers pauvres de Boston, Margie
(Miou-Miou), mère célibataire d’une adulte
handicapée, se bat pour s’occuper de sa fille
et trouver du travail. Sur les conseils d’amies,
elle retrouve la trace de Mike, amour d’antan
devenu médecin chez qui elle s’invite en
pensant qu’il peut l’aider… Anne Bourgeois
met en scène la pièce de David Lindsay-Abaire
qui interroge sur les critères qu’il faut réunir
pour être quelqu’un de bien, et porte une
réflexion acide sur la condition humaine.
© Doume
© Lot
© Sylvain Gripoix
L’accordéoniste Gérard Baraton se raconte
en alternant les anecdotes, les souvenirs d’enfance et les moments musicaux. De son rêve
de petit garçon qui voulait à tout prix jouer de
cet instrument à son accomplissement la quête
fut longue, semée d’embûches, de contraintes
et de frustrations qui, il le comprendra plus
tard, l’aideront à grandir.
04 90 52 51 51
15 mars
Théâtre d’Arles
theatre-arles.com
22 au 24 mars
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
58 au programme spectacles
bouches-du-rhône
gard
B&B
Les Ombres blanches
Pour leur nouvelle création adressée au jeune
public, les deux danseurs et chorégraphes de
la Cie La Zampa font danser La Belle et la
Bête dans une adaptation onirique qui conte
le véritable amour avec magie et miracles.
Accompagnés d’une narratrice complice ou
ambigüe, qui souligne de ses chants ou de
ses paroles des situations à la fois absurdes et
comiques, ils vont se rencontrer, se découvrir,
et finalement s’apprivoiser, au cours d’une
danse très articulée et déterminée.
22 mars
Théâtre d’Arles
theatre-arles.com
© Sylvie Veyrunes
04 90 52 51 51
Inspiré, captivant, à vif, Mitia Fedotenko
livre un solo électrisant à partir du personnage
de Shakespeare, Hamlet, revu par Heiner
Müller. Créée lors d’un Sujet à vif au Festival
d’Avignon (2012) après une collaboration
avec François Tanguy, la pièce traverse le
royaume corrompu du Danemark, la chute
du mur de Berlin et la Russie de Poutine.
Visage masqué, corps cabré, contorsionné,
tables renversées, guitare live saturée… le
danseur chorégraphe russe livre une fresque
dansée poignante qui laisse jaillir les mots
pour raconter la machine infernale du pouvoir.
Opium
04 66 36 65 10
8 & 9 mars
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
La chorégraphe Nathalie Pernette poursuit
son travail sur les créatures fantastiques et
les ambiances mystérieuses en mettant à
l’honneur le monde fascinant des fantômes.
Avec la complicité du magicien Thierry
Collet, elle (re)donne un corps dansant au
monde invisible, parsème sa chorégraphie
d’évènements inexpliqués pour nous transporter dans un voyage entre deux mondes,
hanté par un duo de danseurs qui dresse
une galerie de figures spectrales. Un ballet
hypnotique et burlesque, visible dès 6 ans.
04 66 36 65 10
15 mars
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
23 mars
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
Cuisine & Confessions
30/40 Livingstone
Véritable gourmandise acrobatique offerte
par la compagnie de cirque québécoise Les
7 doigts de la main qui s’adresse à tous
nos sens dans ce spectacle où la cuisine est
au cœur de la rencontre des cultures. Une
dose de toucher, un brin d’odorat et beaucoup
de goût pour raconter des instants de vie
enivrants et inoubliables. Et pour appliquer
la recette, les danseurs acrobates, contorsionnistes et voltigeurs, puisent dans la mémoire
inconsciente où sont enfouis les souvenirs
d’enfance. Une expérience sensitive exquise
qui met les sens en éveil !
Dans un univers absurde et drolatique (écrit,
mis en scène et interprété par l’acteur césarisé
Sergi López et le danseur Jorge Picó),
deux monstres sacrés du théâtre inventent
un duo d’équilibristes autour de la quête
désespérée d’un animal légendaire… Une
fable jubilatoire dans laquelle un explorateur
en pleine ébullition existentielle souhaite
s’émanciper ; il rencontrera dans une suite de
scènes plus déjantées les unes que les autres
un tennisman, un danseur… et un cerf. Une
poésie loufoque aux accents humanistes pour
un plaisir communicatif porté joyeusement
par les deux acteurs catalans.
5 mars
L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence
04 90 92 70 37
mairie-saintremydeprovence.fr
© Alexandre Galliez
© Anya Tikhomirova
04 66 36 65 10
Associés au Théâtre de Nîmes, les artistes
de La Zampa, Magali Milian et Romuald
Luydlin, renouent pour cette nouvelle création
avec la forme populaire du cabaret, « lieu
d’articulation politique, de transgression et de
divertissement », pour interroger le fonctionnement de la société et de la nature humaine.
En scène, 8 danseurs et 3 musiciens mêlent les
genres, convoquent Nina Simone et Hannah
Arendt pour observer « les va-et-vient qui
dessinent les mondes », à l’image de l’opium,
enivrant, puis sédatif et analgésique jusqu’à
la chute. Un fonctionnement proche de nos
sociétés contemporaines…
© Philippe Laurençon
© Anya Tikhomirova
Sonata Hamlet
04 66 36 65 10
16 au 18 mars
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
11 mars
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 t theatre-liberte.fr
15 au 19 mars
Les Bernardines, Marseille
08 2013 2013 l lestheatres.net
vaucluse spectacles
au programme 59
L’étranger
L’enfance de Mammame
Expérience humaine profondément enivrante
avec ce nouvel opus concocté par le conteur
Sébastien Barrier, qui embarque le public
pour un voyage inédit sur la route des vins
naturels du Val-de-Loire et des vignerons et
vigneronnes amoureux qui les fabriquent.
Qui buvons-nous ? Après une dégustation
des nectars issus de ces productions locales
(et une durée variant entre 4 et 7 heures),
nous voilà sous le charme des mots d’un
artiste qui nous grise de sa vision du monde.
Étourdissant !
La pièce fétiche du chorégraphe JeanClaude Gallotta, Mammame, après avoir
parcouru le monde depuis 1985, avait déjà
été enrichie en 2002 d’éléments narratifs pour
être accessible au jeune public. Voici la tribu
hétéroclite, toute de shorts vêtue, de retour
sur scène pour des tribulations pittoresques
et joyeuses, emmenée par un frétillant lutin
conteur. Une variation pour jeune public et
un accès ludique à la danse contemporaine
qui sonnent comme un hymne à la différence
et à la fraternité.
© Pierre Vandewaeter
Savoir enfin qui nous buvons
Accueillie en partenariat avec la scène jazz
et musique improvisée L’Ajmi, la pièce adaptée de l’œuvre d’Albert Camus par Olivier
Malrieu, est portée par le comédien metteur
en scène Pierre-Jean Peters, qui voue une
véritable passion à l’auteur iconique. Pour ce
2e opus, sous-titré Réminiscences #2, l’univers
sonore, jazz, rock, lyrique, poétique… dirigé
par Guillaume Séguron se mêlera à la
dramaturgie et au théâtre pour emmener
« la réflexion sur le son et la relation intime
que nous entretenons avec la lecture ».
11 mars
Auditorium Jean Moulin, Le Thor
04 90 33 96 80 artsvivants84.fr
Festival Festo Pitcho
25 mars
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
Déjà la 10e édition du festival de spectacles
vivants pour publics jeunes, le temps fort
printanier du Vaucluse, organisé par un collectif de structures culturelles (ou éducatives)
et des collectivités territoriales. Plus de 20
propositions, de 6 mois à l’adolescence, se
dérouleront sur 15 jours dans le département.
Parmi eux, notons Gramme d’âme (Théâtre
Golovine), Là sans sol de la Cie Point C
(Théâtre du Balcon), une spectaculaire
adaptation de 20 000 lieues sous les mers
(Théâtre du Chien qui Fume), le thriller
d’anticipation 2043 (Théâtre des Doms)
ou encore Andersen revisité poétiquement
par l’Agence de Fabrication Perpétuelle
(Claep de Rasteau).
© Angelique Lyleire
Souvenirs d’un gratteur
de têtes
© Sandrine Chapuis
4 & 5 mars
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
Noun
12 mars
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
Intarissable dès qu’il s’agit d’évoquer la langue
française, Bernard Pivot livre dans cette
lecture-spectacle ses souvenirs littéraires.
Humour et esprit sont évidemment convoqués par ce passionné de lettres, président
de l’Académie Goncourt, critique littéraire,
journaliste culturel qui tweete ses bons mots
quotidiennement et traque les fautes d’orthographe dans des dictées mémorables (aux
accents circonflexes ?), et ajoute ainsi à son
palmarès hors norme la qualité de conteur
hors pair.
28 février
Auditorium Jean Moulin, Le Thor
04 90 33 96 80 artsvivants84.fr
© François Darasse
Le percussionniste Philippe Foch revient
à la Scène nationale de Cavaillon pour un
nouveau spectacle destiné aux tout-petits, dès
18 mois, mêlant voix, corps et percussions. Un
conte musical et dansé, inspiré du mythe de
la légende de Nout, la déesse égyptienne du
ciel et des étoiles, mère du soleil, qui revient
délicatement sur l’histoire universelle et intemporelle des origines. Fondateur et sensitif.
19 mars au 2 avril
Divers lieux, Vaucluse
festopitcho.com
60 au programme spectacles
vaucluse
L’homme aux petites pierres
encerclé par les gros canons
La vraie vie de Gennaro
Costagliola
4 & 5 mars
Chêne Noir, Avignon
04 90 86 74 87 chenenoir.fr
Francis Huster se glisse dans
la peau d’Albert Camus
« Plaidoyer vibrant pour un humanisme
contemporain contre la barbarie » : en
se glissant dans la peau d’Albert Camus,
le comédien Francis Huster fait revivre
l’auteur insoumis au destin tragique, à qui il a
consacré l’ouvrage Un combat pour la gloire.
Il revient aussi sur les années sanglantes des
deux Guerres et la déchirure de la Guerre
d’Algérie. Une performance engagée qui
laisse entendre la voix d’un homme, Nobel
de littérature, intègre et révolté.
19 & 20 mars
Théâtre des Carmes, Avignon
04 90 82 20 47 theatredescarmes.com
Week-end Francophonirique
© Christine Renaudie
17 mars
Chêne Noir, Avignon
04 90 86 74 87 chenenoir.fr
Commandée par le directeur du Théâtre des
Carmes, cette nouvelle création du Bleu
d’Armand s’empare du texte emblématique
d’André Benedetto qui questionne les rapports
d’oppression au cœur des conflits de territoires
et, implicitement, le conflit israélo-palestinien.
Un sujet terriblement actuel que traitera
collectivement, comme à son habitude, la
compagnie formée au Conservatoire d’Avignon, après avoir effectué un voyage d’étude
en Israël et Palestine. Les jeunes comédiens
avaient déjà impressionné par leur maturité
dans Chienne de vie, la surprise n’en est que
plus attendue…
Deux rendez-vous concoctés par la nouvelle
direction du Théâtre des Doms, pour mettre
en lumière le lien qui unit la présence de la
Fédération Wallonie-Bruxelles dans la cité
des Papes, avec un week-end dédié à la francophonie. Le 19 mars, la tragédie poétique
Sank évoquera le président assassiné Thomas
Sankara. Le 20, ce sont les élèves de classe à
horaire aménagé théâtre du collège Viala qui
liront leurs propres « rêveries littéraires autour
d’une Belgique onirique ». En entrée libre.
Sur une idée originale et une mise en scène
de Kristian Frédric, la compagnie Lézards
qui bougent monte le texte de François
Douan créé à partir du Scapin de Molière et
nous propose un voyage dans le temps en
compagnie de ce personnage célèbre (incarné
par Gianmarco Toto), dont on célébrait
autrefois la ruse et les fourberies et qui ne
veut plus répondre à ce sobriquet. Un être
aux multiples vies qui voudrait vaincre Scapin
et faire revivre Gennaro. Arrivera-t-il à se
débarrasser du mythe… ?
© JP Guimbretiere
© Thierry Mondet
© Meyer/Tendance Floue
Le directeur du Théâtre du Balcon, Serge
Barbuscia, invité à jouer avec sa compagnie
sur la scène du Chêne Noir par son directeur,
Gérard Gelas ! Voilà le signe d’une belle fraternité au sein des Scènes d’Avignon. Créés
à partir des textes et chansons de Bertolt
Brecht, ces Chants d’exil mettent en lien la
vie intime de l’auteur allemand exilé avec ses
poèmes et chansons, en s’adressant à tous les
citoyens du monde. Une leçon d’humanité qui
commence par une invitation entre humains
de qualité !
29 février & 1 mars
Le Chien qui Fume, Avignon
04 90 85 25 87 chienquifume.com
Acte e(s)t parole
Deux soirées organisées autour de l’écriture
théâtrale, en collaboration avec l’Association Beaumarchais SACD, à travers un
déroulé précis : un texte à découvrir, un
thème à débattre, une histoire à écouter et
des impromptus surprenants qui se concluent
autour d’un buffet dinatoire. Pour la première
soirée, Serge Barbuscia mettra en voix les
textes féministes (le 8 mars étant la Journée
des droits des femmes) de Marine Bachelot Nguyen dont Ecchymoses et 3430. Le
19, Christophe Ferré (La plage Miramar)
et Matei Visniec (Lettres d’amour à une
princesse chinoise et autres pièces courtes)
seront les auteurs mis à l’honneur.
Matei Visniec © Andra Badulescu
Chants d’exil
19 & 20 mars
Théâtre des Doms, Avignon
04 90 14 07 99 lesdoms.be
04 90 85 00 80
8 & 19 mars
Le Balcon, Avignon
theatredubalcon.org
vaucluse alpes spectacles au programme 61
Un petit pas de deux
sur ses pas
The word’s room
8 mars
Théâtre Golovine, Avignon
04 90 86 01 27 theatre-golovine.com
Bienheureux sont ceux
qui rêvent debout...
Ils tanguent, glissent, s’accrochent et se
relèvent… Boris Gibé et Florent Hamon,
faiseurs d’illusion surdoués pour la compagnie
Les Choses de Rien, sont des funambules
du présent qui donnent corps à la fragilité
de l’humanité, interrogeant depuis 2009 dans
leur projet Mouvinsitu le croisement entre
danse, cirque et cinéma. Une pièce inventive
et virtuose dans laquelle se trame la fabrication
« in situ » de la mise en abîme d’un rêve, une
machinerie d’une grandiose poésie. Quand
le merveilleux se construit à vue et laisse le
talent sauter aux yeux !
Bienheureux sont ceux qui rêvent
debout sans marcher sur leurs vies
25 mars
Théâtre Durance,
Château-Arnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
© Claire Marie Leroux
© Geraldine Aresteanu
Miroirs des obsessions d’une jeune femme, du
papier et des mots calligraphiés envahissent
la pièce dans laquelle elle se trouve enfermée,
prisonnière de sa mémoire. Assaillie par les
souvenirs, elle cherche à retracer le cours
des événements. Un solo dansé de Ioulia
Plotnikova, auquel s’ajoutent les traces
vidéo de Johann Fournier. En amont de
la représentation, la chorégraphe donnera
un atelier de théâtre physique (le 7 mars).
Soumis à la force centrifuge et au balancement d’un espace de jeu suspendu, six
circassiens réagissent et résistent aux
contraintes d’une imprévisible mécanique
vivante. Un jeu de vertige conçu par Yoann
Bourgeois qui poursuit sa recherche sur le
point de suspension. Ici, une structure de
bois accrochée par des filins s’incline à l’envi
ou s’arrête brutalement : aux interprètes de
trouver, ensemble, le juste équilibre. Instabilité,
risque et qui-vive s’entrecroisent : un ballet
hypnotique et somptueux sur la solidarité
humaine. Immanquable !
04 92 52 52 52
4 & 5 mars
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
La Belle
Avec cette pièce chorégraphique sur le
rêve, destinée au jeune public (dès 7 ans), la
compagnie La Vouivre navigue entre les
mondes. À partir du long sommeil (100 ans !)
de la Belle imaginée par les frères Grimm,
un trio de danseurs donne corps au monde
intérieur de la jeune dormeuse… qui sera
bientôt propulsée dans un nouvel âge de la
vie par la magie d’un baiser. Mais avant cela,
il lui faudra combiner avec la complexité du
sentiment amoureux et du désir de ses deux
princes charmants. Un vrai conte de fées…
04 92 52 52 52
9 mars
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
En tournée itinérante dans les villes des
Excentrés, la pièce du chorégraphe Aurélien
Kairo (dès 8 ans) ressuscite Bourvil par la
magie des nouvelles technologies : un pas
de deux plein d’humour et de tendresse dans
les traces de l’artiste à la gouaille rieuse. En
pleine audition, un couple de fous dansants
donne corps au spectacle que l’interprète du
Petit bal perdu aurait pu avoir dans la tête,
et alternent valse, java, tango, claquettes,
hip hop… Ils savent tout faire ! Burlesque,
léger et poétique !
04 92 52 52 52
18 au 26 mars
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
Les Veufs
© Marine Drouard
© Johann Fournier
Celui qui tombe
Quand les chemins d’un Veuf et d’une Veuve
se croisent au coin de la tombe de leurs chers
disparus, qu’est-ce que les deux protagonistes
peuvent bien se raconter ? À demi-mot au
départ, puis sans complexes, un dialogue
drôle et salvateur se noue pour faire éclater
toutes les récriminations possibles. Sur le
texte de Louis Calaferte, dont le sens comique
éclate à chaque réplique, un accordéoniste
accompagne les deux solitaires vers leur
nouvelle vie. Par le collectif L’Isba et Alliage
Théâtre, mis en scène par José Renault.
1er au 4 mars
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu
62 au programme spectacles
alpes
var
Trissotin ou les femmes
savantes
Sakalapeuch
Entre électro technoïde, BO vintage et funk
du Bénin, la bande son hétéroclite sur laquelle
rebondit la compagnie Undercover donne
le ton. Quatre jeunes danseurs hip hop, à
l’énergie débordante, débarquent de leur
pays imaginaire : le Bogoland. En quête du
graal mystérieux, qu’ils intitulent tout aussi
mystérieusement le sakalapeuch, les prouesses
collectives vont primer sur le talent individuel.
À Bogoland, l’union fait la force ! Dès 6 ans.
Elena Sergueievna, une professeure, a la surprise de voir débarquer quatre de ses élèves
chez elle pour lui souhaiter son anniversaire.
Elle les convie à partager un gâteau, mais
très vite l’atmosphère s’alourdit. Les lycéens
ne sont pas là seulement pour faire la fête.
Myriam Boyer, actrice au registre fascinant,
incarne la professeure aux côtés de jeunes
comédiens. Ils donnent corps à ce texte de
Ludmilla Razoumovskaïa qui, en 1983,
décrivait avec pessimisme la société soviétique, et y fut alors censurée.
En l’adaptant de façon décalée et déjantée,
Macha Makeieff actualise et renouvelle la
comédie de Molière. Dans la version créée
par la directrice de La Criée, la condition des
femmes en ce XXIe siècle est au cœur du
propos. Dans une société patriarcale affirmée
et assumée, comment l’émancipation féminine
peut-elle trouver sa place ? Et quel est le degré
de terreur qu’elle inspire aux hommes ? Le
tout joué dans une sorte de folie burlesque
et frénétique.
© Pascal Gely
11 mars
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
theatre-du-brianconnais.eu
© LoLL Willems
© Grégory Brandel.
Chère Elena
27 février
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
Niama Niama
2 & 3 mars
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
Un obus dans le cœur
15 & 19 mars
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
theatre-du-brianconnais.eu
© iFou
La troupe itinérante La Fabrique des Petites
Utopies mêle théâtre, danse et musique
pour raconter les origines de la Terre et de
l’Homme. Une fable inventive, généreuse,
éminemment poétique, inspirée d’un recueil
de contes issus du Burkina-Faso, du Mali, de
la Mer des Caraïbes, du Pérou... 1001 histoires
où le secret de la vie se révèle sous l’arbre
à palabres, au son de la kora et du balafon,
sur un texte de Bruno Thircuir, qui signe
également la mise en scène, et une création
musicale de Moussa Sanou. Pour les petites
oreilles et grands cœurs dès 6 ans.
Avec son propre texte, qu’il met en scène et
interprète, David Geselson évoque la vie de
son grand-père comme un récit historique. Le
destin de Yehouda, parti de Lituanie dans les
années 30 pour émigrer en Palestine, est une
véritable traversée du XXe siècle. Avec toutes
les fractures qui l’ont jalonné, et les impacts
qu’ils causent sur les hommes. Documentaire
mêlé d’autofiction, le spectacle s’interroge sur
la liberté de choisir sa vie malgré le poids de
la grande Histoire.
© Charlotte Corman
© Clément Vesco
En route-Kaddish
2 & 3 mars
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
L’écriture de l’auteur libanais Wajdi
Mouawad est à la fois écorchée, remplie
de poésie et de réalisme. Dans ce texte, il
nous conte le voyage intérieur d’un homme
qui se rend à l’hôpital en pleine nuit pour
veiller sa mère agonisante. Dans sa mémoire
revient la blessure intime et profonde causée
par un attentat meurtrier alors il n’avait que
7 ans. Sur une mise en scène de Catherine
Cohen, l’interprétation subtile de Grégory
Baquet a été récompensée par le Molière de
la révélation masculine en 2014.
9 & 10 mars
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
var
spectacles
au programme
63
En avant marche !
La visite de la vieille dame
José Montalvo, le chorégraphe du Théâtre
National de Chaillot, crée son Sacre du
Printemps, mais en agrémentant sa version
d’épices hip hop, flamenco, voire de… claquettes. L’œuvre du compositeur Igor Stravinski se voit rajeunie également, par l’apport
de pop anglaise et chants traditionnels du
monde entier. José Montalvo a puisé dans ses
souvenirs pour mettre en scène son « Musée
chorégraphique imaginaire », décor baroque
pour 16 danseurs virtuoses.
La pièce de Friedrich Dürrenmatt est devenue
un classique pour le Teatro Malandro, la
troupe d’Omar Porras. Pour célébrer les 25
ans de la compagnie, le metteur en scène-acteur et ses comédiens reprennent cette farce
teintée de cynisme. Omar Porras interprète
avec jubilation une vieille dame loufoque
qui ne compte plus le nombre de ses maris.
Entre extravagance, grotesque et gravité, le
spectacle pointe tous les travers d’une société
minée par l’argent.
© Phile Deprez
Y olé
© Marc Vanappelghem
Non, il ne s’agit pas d’une injonction militaire ! Cet ordre donné incite bien à marcher
ensemble, mais au rythme d’une musique
qui n’a rien de guerrière. Alain Platel, chorégraphe flamand, et Frank Van Laecke,
auteur et metteur en scène, tous deux Belges,
cultivent une tradition vive dans leur pays,
celle de la fanfare locale. Ils embarquent dans
l’aventure La Lyre Provençale, ensemble
musical d’Ollioules. Steven Prengels signe
les compositions, et acteurs et musiciens
nous mènent sur les pas de leur harmonie.
26 & 27 février
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
10 au 12 mars
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
Semianyki express
Le dernier jour du jeûne
Deuxième volet d’un cycle commencé par
Pénélope ô Pénélope écrit et mis en scène
par Simon Abkarian, la pièce se situe 30
ans auparavant, même lieu, même famille.
Six femmes dressent une fresque familière,
rythmée par les coups de gueule des hommes,
les révoltes, et tissée sur la trame des tragédies antiques. Cette véritable tragi-comédie
de quartier est portée avec passion par une
dizaine de comédiens, dont l’auteur, Ariane
Ascaride ou Judith Magre.
23 au 25 mars
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
© giovanni cittadini.
19 mars
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
Les clowns déjantés de Saint-Petersbourg sont
de retour ! Dans une gare, dans un train, sur
un quai, les Semianyki jouent des personnages loufoques, qui ne se connaissent pas,
et dont les rencontres provoquent les rires en
cascade. Sans recours à la parole, les artistes
russes enchaînent les gags et les situations
désopilantes. Le tout imprégné de touches
de poésie. Dérapages incontrôlés et énergie
délirante garantis !
2 au 5 mars
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
6 mars
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
La danse traditionnelle palestinienne, nommée « dabke » est à la source de ce spectacle
qui porte une profonde dimension politique.
À l’origine, il y a donc la dabke -dont deux
lettres sont volontairement inversées dans
le titre- une danse expressive, enjouée et
populaire. Un collectif de danseurs, belges et
palestiniens, décuple l’énergie de cette riche
tradition. S’ajoute à leur interprétation toute
la dure et violente réalité de l’occupation.
© Danny Willems
© Patrick Berger
Badke
15 mars
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
64 au programme var
Bit
Gilles & Bérénice
© Zachary Belamy
La dernière création de la compagnie de
Maguy Marin réunit six interprètes autour
d’une sorte de farandole folle où se mêlent
sirtaki, flamenco ou danse macabre. Les
danseurs forment à la fois une solide chaîne
humaine et des individus toujours plus seuls
au monde. De cette fusion du groupe et de
l’isolement naît une pièce qui parle du fragile
équilibre des choses et des gens. Sur des
planches inclinées ou au sol, les danseurs
avancent, se rencontrent ou se heurtent, mais
ne séparent pas.
La Valette magique est de retour ! Pendant
trois jours, la ville va s’animer de mystères,
de disparitions, de lectures de pensées et
autres lévitations ! Au programme, la magie
théâtrale de Laurent Piron dans 13, rue du
Hasard (Prix du public Avignon Off 2014), les
expériences mentalistes de Fabien Olicard,
et le concert d’illusions de Guillaume Vallée.
Et pour les plus jeunes, un spectacle d’éveil
à la magie dès 3 ans, et des ateliers gratuits
d’initiation à la prestidigitation, à partir de
10 ans.
© Sébastien Armengol
© Didier Grappe
Festival magie Mystère
& Boul2gom
18 mars
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
18 au 20 mars
Terrain Allio
Théâtre Marelios, La Valette-du-Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
4 au 6 mars
Théâtre Marelios, La Valette-du-Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
L’autre chemin des dames
15 mars
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr
La vie matérielle
© JC Fraicher
Prix 2015 du Festival Momix, ce spectacle
est comme un OVNI dans l’air du temps. Son
auteur, Julien Candy, tient à respecter un
rythme oublié à l’heure de l’instantanéité des
nouvelles technologies, et pratique un « cirque
du dénuement ». Il jongle avec des avions en
papier ou lance des fourchettes, tandis que
ses compères pratiquent le chant lyrique et
la haute voltige.
© Vincent d’Eaubonne
© Sarah Oday
Le cirque poussière
Quand les hommes partent à la mort, les
femmes restent à la vie. Créé à partir du texte
de Marcelle Capy Des hommes passèrent,
et agrémenté de documents historiques,
chansons et lettres de poilus, ce spectacle
fait revivre un village en pleine guerre de
14. La compagnie Ecart Théâtre s’attache
à révéler avec justesse ce que fut la réalité
de la Der des Ders pour ceux et celles qui
n’étaient pas au front. Et le rôle décisif, et
pourtant enfoui par l’histoire, que jouèrent
alors les femmes.
Déjà, il y a le plaisir d’être assis dans l’herbe, et
sous un chapiteau en plus ! Et puis il y a celui
d’entendre flotter la poésie. Gilles Cailleau
a appris par cœur la pièce de Racine à l’âge
de 20 ans. Et parfois, Bérénice et sa « poésie
crépusculaire » lui ont permis de ne pas couler.
Seul en piste, sur le terrain de sa compagnie
Attention Fragile -et désormais aussi son
Ecole Fragile- le comédien se régale et nous
régale de mots et de sens.
8, 12 & 13 mars
Théâtre Marelios, La Valette-du-Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
16 & 19 mars
dans le cadre de Festo Pitcho (voir p. 59)
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 theatredecavaillon.com
Pour créer ce spectacle, Irina Brook a mêlé
les textes de deux illustres femmes de lettres.
La Vie matérielle de Marguerite Duras, et Une
Chambre à soi de Virginia Woolf. L’œuvre de
Duras est un recueil de pensées sur la vie
des femmes au foyer, celle de Woolf est un
essai, féministe bien avant l’heure, autour
des embûches rencontrées par les femmes
qui voudraient devenir romancières. Cinq
comédiennes épluchant des légumes dans
une cuisine matérialisent ces écrits.
8 mars
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
65
Ouasmok ?
Ne vous fiez pas au titre ! Cette Tête de linotte
n’a rien d’une cervelle d’oiseau ! C’est celle
de Pénélope, une ado un peu paumée. Sa
mémoire lui joue des tours, son père s’en
préoccupe. Et veut savoir justement ce qui
se passe dans le cerveau de sa fille. Avec
cette pièce, Laurent Contamin présente
au jeune public la mécanique cérébrale. La
mise en scène, conçue par Patrick Simon,
avec recours à la vidéo, révèle les capacités
infinies et inexplorées qui se cachent sous
notre boîte crânienne.
© Arnaud Troalic
Tête de linotte
Cinq spectacles à l’affiche des Vents du
Levant, le Festival de danse en Dracénie qui
offre une large palette de la création dansée
actuelle et combine la puissance et la grâce
du classique et l’énergie du contemporain,
en confrontant les danses traditionnelles du
monde entier. En ouverture, le dernier opus du
Corps du Ballet National de Marseille, conçu
par Emio Greco et Pieter Scholten. Puis
Welcome, par Josette Baïz pour la compagnie Grenade, qui sera joué uniquement en
séances scolaires. Suivront la fusion généreuse
de Bien sûr, les choses tournent mal (Kubilai
Khan Investigations), la poésie Para-ll-èles
du duo étoilé Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta (sur une composition musicale
originale de Matthieu Chedid), et enfin
Kaash, danse des origines, par Akram Khan
Company, avec une nouvelle distribution
de cinq danseurs. Pendant plus de 10 jours,
prouesse et ivresse battront la cadence !
Derrière cet étrange titre se cache une phrase
d’arabe, qui signifie tout simplement « comment tu t’appelles ? » La pièce de Sylvain
Levey raconte la rencontre de deux ados,
qui vont tomber amoureux, puis faire leur vie
ensemble, se marier, fonder une famille, puis...
Puis, comme en général les histoires d’amour
finissent mal, eux aussi vont se séparer. Dans
une scénographie très proche du cinéma, les
tableaux s’enchaînent, sur la mise en scène
d’Anne-Sophie Pauchet.
© X-D.R.
14 mars
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
15 mars
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
Enquête de notre enfance
Tartuffe ou l’imposteur
© X-D.R.
18 au 30 mars
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
Deux hommes tout nus
Un vaudeville très XXIe siècle, né sous la
plume de Sébastien Thiery. L’auteur de la
pièce -qui en est également l’interprète, avec
François Berléand dans l’autre rôle-titrerenouvelle le traditionnel triangle amoureux
avec beaucoup de fantaisie et une pointe
d’absurde. Comment cet avocat, fidèle à
son épouse, se retrouve-t-il ce matin-là nu
dans son lit, aux côtés d’un homme dans le
même appareil ? Et quand madame débarque,
comment sauver les apparences ?
28 février
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
Mélange entre installation, danse, musique,
théâtre, ce spectacle interroge toutes nos
perceptions, en particulier celle que les
enfants ont du monde. Après avoir retiré ses
chaussures, le public entre dans le décor,
conçu à partir des livres-objets inventés par
le designer japonais Katsumi Komagata.
Comme dans une galerie d’art en guise d’espace scénique, élaboré par Aurélie Leroux,
enfants et adultes se laissent emporter vers
le territoire des sensations.
7 au 9 mars
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
La pièce de Molière, revue par la mise en scène
de Benoît Lambert, révèle des aspects de
l’œuvre rarement mis en avant. Le Tartuffe
est bien cet abuseur, hypocrite, dévot par
intérêt et fanatique par calcul. Mais le parti
pris du metteur en scène est aussi de montrer
le charme et l’intelligence du personnage,
pas seulement sa part malsaine. Pour mieux
exposer le comportement d’Orgon, qui, dans
sa folie, mène toute sa famille vers le chaos.
© Vincent Arbelet
Kaash © Jean Louis Fernandez
Les Vents du Levant
18 & 19 mars
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
66 au programme var alpes-maritimes
Un caillou dans la botte
Dialogue with Rothko
Un grand classique de Feydeau, à découvrir, ou
à redécouvrir, dans la version concoctée par La
Comédie d’un Autre Temps. Christophe
Gorlier, directeur artistique de la compagnie
marseillaise signe l’adaptation du texte, et
sa complice Katia Barcelo est à la mise en
scène. Au menu, du théâtre de boulevard
dans la plus grande tradition, porté par un
rythme tonique et des comédiens qui s’en
donnent à cœur joie pour faire éclater les
rires du public.
Avec tout le charisme et l’immense talent
qu’on lui connait, la chorégraphe Carolyn
Carlson présente son solo épuré, intense et
formidablement poétique autour de la peinture
de Rothko. Sur une toile du peintre de 1964
(Black, Red over Black on Red), précise et
inspirée, elle invite dans le même mouvement
que l’artiste américain à un « jaillissement
d’une mystique intuitive et pure et non à la
lecture logique de l’œuvre ». En communion
avec la musique de Jean-Paul Dessy, c’est
à une réelle méditation au croisement des
arts que la danseuse nous engage. Au plus
près de l’émotion.
© Traversant
La dame de chez Maxim’s
Tout le monde connaît l’histoire du Petit Poucet. La compagnie Traversant 3 en propose
une lecture originale et change de point de
vue. Dans ce spectacle, tout en marionnettes
et théâtre d’ombre, le conte est vécu par celui
qui en est la victime : l’ogre. Il se souvient, et
nous raconte comment, il y a bien longtemps,
il fut abusé, et même littéralement humilié,
par un petit garçon à la malice diabolique.
28 février
La Croisée des Arts, Saint-Maximin
04 94 86 18 90 st-maximin.fr
1er mars
La Croisée des Arts, Saint-Maximin
04 94 86 18 90 st-maximin.fr
La Stravaganza
& Spectral evidence
Deux pièces d’Angelin Preljocaj, créées pour
le New York City Ballet à seize ans d’intervalle,
se succèdent dans ce spectacle. Spectral
evidence, la plus récente (2013), réunit quatre
hommes et quatre femmes. Les danseurs
stricts et austères, les danseuses expressives
et sensuelles. Jusqu’à la rencontre de deux
d’entre eux. La Stravaganza (1997), sur fond
de Vivaldi mêlé à des musiques américaines,
évoque l’immigration et mixe époques, peuples
et cultures dans une intense extravagance.
© Laurent Paillier
4 mars
Espace des Arts, Le Pradet
04 94 01 77 34 le-pradet.fr
1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes
04 93 40 53 00
12 & 13 mars
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
© Jean-Claude Carbonne
© Pascal Gely
L’Unijambiste
8 mars
La Croisée des Arts, Saint-Maximin
04 94 86 18 90 st-maximin.fr
Le duo de Tout est normal, mon cœur scintille
récidive avec ce spectacle aussi sportif que
poétique. Jacques Gamblin et Bastien
Lefèvre (danseur issu de la promotion de
la formation professionnelle istréenne Coline
2008) s’affronte dans un face-à-face construit
autour du défi physique et du dépassement
de soi : le premier est un coach irascible qui
harangue et repousse les limites du second
qui joue sa partition gestuelle avec légèreté
dans un bel élan vital.
04 93 40 53 00
3 & 4 mars
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
8 mars
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48 scenesetcines.fr
La Cie L’Unijambiste présente deux spectacles à Cannes, que met en scène David
Gauchard : Ekatérina Ivanovna, de Léonid
Andréïev, entraîne son héroïne dans un monde
en perdition et voit s’effondrer un couple au
milieu d’une société aveugle et cruelle. Tout
en restant dans l’univers du théâtre russe,
L’Abécédaire est un spectacle rythmé par
un QCM qui s’adresse à tous, mené par la
comédienne Bérengère Lebâcle.
Ekatérina Ivanovna
4 mars
Théâtre de la Licorne, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
L’Abécédaire illustré du théâtre russe
5 mars
Théâtre Alexandre III, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
Pulvérisés
© X-D.R.
Le T de N-1
Frédéric Fisbach met en scène, avec l’auteure
du texte Alexandra Badea, les récits de
quatre salariés travaillant à l’étranger pour
les sous-traitants d’une entreprise multinationale française, en proie à des souffrances
et ambitions contrariées. La pièce dresse le
portrait lucide et inquiétant du monde de
l’entreprise contemporaine.
Tout chez Clémence Gandillot est sujet
à la mise en équation. À la manière d’un jeu
d’enfant, entourée de deux manipulateurs,
d’un tableau, d’un piano, d’un poisson rouge
et d’une théière, elle tente de mettre à jour
l’obscur mystère qui relie l’homme, les choses
et les mathématiques, et répondra, entre autres
à cette question fondamentale : comment
l’homme a-t’-il pu inventer les maths ?
© Philippe Martins
11 mars
Espace Miramar, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
19 mars
Théâtre Alexandre III, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
Kakine, la lumière
Le Porteur d’histoire
© Cie Didascalie
La pièce de la Cie Mises en capsules,
ENCART ZIBELINE-RENCONTRES CINE SALON 01-16.indd
mise en scène par Alexis Michalik, nous
invite à relire l’Histoire, la nôtre, au travers
d’un feuilleton à la Dumas, un périple à travers
le temps qui mêle personnages célèbres et
illustres inconnus. Cinq comédiens, sur un
plateau nu, nous entraînent dans une quête
vertigineuse à travers l’histoire et les continents
par le biais des écrits d’un carnet mystérieux…
18 mars
Espace Miramar, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
© X-D.R
Kakine était sur le surnom de la grand-mère de
la chorégraphe Marion Lévy, qu’elle adorait.
Avec le créateur de lumières Olivier Modol
et le compositeur-musicien Piers Faccini,
elle explore un monde fait de tendresse, de
transmission, de liberté et s’appuie sur la notion
de trace et de mémoire. De quoi illuminer les
yeux et les oreilles des tout-petits auxquels
s’adresse cette chorégraphie.
19 mars
Théâtre Croisette, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
1
10/02/2
68 au programme cinéma marseille
Fenêtre sur l’Algérie
contemporaine
Ça va saigner !
Polars pour rire
Les huit salopards de Quentin Tarentino © The Weinstein Company
Du 24 février au 22 mars, avec Variations sur le
même thème, Le Gyptis explore les films de
genre qui jouent sur les codes ou s’en jouent,
suivent ou détournent la partition imposée,
la répètent parfois en remake, procurant au
spectateur cinéphile un plaisir complice. Le
12 mars dès 17h15, soirée « Western » avec les
deux derniers films de Quentin Tarentino :
Les huit salopards, un western-cluedo à ciel
ouvert puis en huis clos, avec arguties et
carnage garantis ! Et le virtuose, le ravageur,
le percutant Django Unchained, un western
spaghetti où se règlent les comptes et s’accomplissent les vengeances à coups de poings
et coups de feu dans un Sud esclavagiste.
Une journée de projections gratuites le 6
mars au cinéma Le Gyptis, avec au menu
5 comédies policières à savourer en famille
de 11h à 19h45, en gros ou en détail ! Une
Vie de chat, le bondissant et félin polar animé
d’Alain Gagnol et J-L. Felicioli, Qui veut la
peau de Roger Rabbit ? de Robert Zemeckis
où toons et acteurs réels dialoguent à l’écran
dans un parfait naturel, suivi par La Cité de la
peur d’Alain Berbérian et Alain Chabat
dont on retrouvera le sens de la dérision.
Puis, avec un titre presque semblable, un
film de J-P. Mocky toujours aussi atypique
et désopilant : La Cité de l’indicible peur.
Enfin, en dessert, La Panthère rose de Blake
Edwards, où pointe la cultissime moustache
de l’inspecteur Clouseau.
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25
lafriche.org/content/le-gyptis
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25
lafriche.org/content/le-gyptis
Beau travail
Cinéma l’Alhambra, Marseille
04 91 03 84 66 alhambracine.com
jection le 12 mars à 11h, au MuCEM, de
Perdus entre deux rives, les chibanis oubliés
de Rachid Oujdi. Portraits de chibanis,
venus d’Algérie pour travailler en France, qui
connaitront exil, déracinement, puis solitude.
À 21h, Contre-pouvoirs de Malek Bensmaïl
nous plonge dans la rédaction du quotidien El
Watan. Le 13 mars à 14h30, Combien je vous
aime dresse un portrait ironique de la colonisation. Ce montage d’archives d’Azzedine
Meddour sera suivi à 17h de la projection
d’un programme de courts métrages, Ahmed
Zir, un cinéaste en liberté. Ahmed Zir, « Le »
cinéaste algérien à (re)découvrir.
Tournez jeunesse !
Qui veut la peau de Roger Rabbit ? de Robert Zemeckis © Warner Bros
Grand prix de la compétition française au FID
2015, le film du réalisateur algérien Hassen
Ferhani, Dans ma tête un rond-point, est
projeté au cinéma L’Alhambra en sortie
nationale à partir du 24 février. Deux séances
spéciales, le 26 février à 20h, en partenariat
avec le FID en présence du réalisateur, et le
15 mars à 20h en partenariat avec le MuCEM,
en lien avec l’exposition Made in Algeria, pour
un ciné-repas hors les murs. Dans le plus
grand abattoir d’Alger, des hommes vivent
et travaillent au rythme lancinant de leurs
tâches et de leurs rêves. Pas de rond-point,
mais des mélodies de Chaabi et de Raï qui
cadencent leur vie.
En prolongement de Made in Algeria, pro-
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13 mucem.org
Rond-point
Dans ma tête un rond-point de Hassen Ferhani © Allers Retours Films
Perdus entre deux rives, les chibanis oubliés de Rachid Oujdi © Comic
Strip Production
Un film de femme sur la Légion étrangère,
l’entraînement à la guerre, les corvées
quotidiennes, les chambrées de soldats :
Claire Denis prend à revers les clichés sur
un cinéma féminin de dentelles psychologique
et sociale. Dans Beau Travail projeté le 11
mars à 19h30 au Gyptis, en partenariat avec
Alphabetville, la cinéaste, qui a travaillé avec
le chorégraphe Bernado Montet, saisit les
corps des hommes, les paysages africains, la
chaleur, dans un ballet fascinant. La projection
sera suivie d’une rencontre avec Jean-Pol
Fargeau, scénariste de Claire Denis qui
travaille actuellement sur le nouveau projet
de la réalisatrice.
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25
lafriche.org/content/le-gyptis
Samedi 19 mars à 20h30 au Gyptis, place à
deux réalisatrices qui ont tourné à Marseille
sur et avec de jeunes gens ! Dominique
Cabrera, accompagnée des ados qu’elle a
dirigés l’automne dernier, racontera l’aventure
du tournage de Corniche Kennedy. Un film
en cours d’achèvement, adapté du roman
de Maylis de Kerandal, où une bande de
teenagers défient la gravité de Newton et
celle des forces de l’ordre. Anne Alix présentera quant à elle Ce tigre qui sommeille
en moi, un documentaire qui suit pendant
un an l’expérience théâtrale menée au sein
de la troupe du Théâtre de la Cité par Karine
Fourcy avec de jeunes Marseillais.
Dominique Cabrera © Annie Gava
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25
lafriche.org/content/le-gyptis
marseille
bouches-du-rhône
var
cinéma
au programme 69
Le 8 mars, un procès
Fatima n’a pas dit
son dernier mot
De Charlot aux pharaons
Nouveau rendez-vous avec la cinémathèque
de Bologne le 25 mars au MuCEM. À 19h,
Charlot joue Carmen, une œuvre de 1915, libre
adaptation de Mérimée et de Bizet, comédie
burlesque où Chaplin tient le rôle de Don José.
À 21h, autre exotisme et tonalité avec un
film égyptien rarissime, le seul du réalisateur
Shadi Abdel Salam, La Momie. Depuis sa
sortie en 1969, le film est considéré comme
un des films égyptiens les plus importants. À
travers l’histoire d’une tribu qui vit du pillage
des tombes pharaoniques, se pose la question
de savoir à qui appartient la culture.
Le Procès de Viviane Amsalem de Ronit et Shlomi Elkabetz © Les
Films du Losange
Pour le 8 mars, Journée Internationale des
Droits des Femmes, Art et Essai Lumière
propose à 20h30, à l’Eden-Théâtre, Le Procès
de Viviane Amsalem, le dernier volet de la
trilogie de Ronit et Shlomi Elkabetz, un
huis clos sous haute tension. Viviane Amsalem
demande le divorce depuis trois ans, et son
mari, Elisha, le lui refuse. Or en Israël, seuls
les Rabbins peuvent prononcer un mariage et
sa dissolution, qui n’est elle-même possible
qu’avec le plein consentement du mari… La
projection sera suivie d’un échange animé
par Xavier Nataf, spécialiste du cinéma
israélien.
Dans le cadre du Thema Ève n’a pas dit son
dernier mot, le 15 mars au Théâtre Liberté à
Toulon, projection du dernier film de Philippe
Faucon, Fatima, le portrait d’une femme
d’origine marocaine qui vit seule avec ses
deux filles et se bat pour leur offrir un avenir
meilleur. À l’issue de la projection, rencontre
avec le réalisateur, accompagné de Khadra
et Nesrine Boumezaar, deux Toulonnaises
qui ont inspiré les personnages du film. Fatima de Philippe Faucon © Pyramide Films
Art et Essai Lumière, La Ciotat
06 64 85 96 40 artetessailumiere.fr
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
La Momie de Shadi Abdel Salam © Abdel Aziz Fahmy
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13 mucem.org
Ève n’a pas dit son dernier mot
Femmes solidaires
Le 4 mars à 20h30, à l’Eden-Théâtre,
l’association Femmes solidaires propose
À peine j’ouvre les yeux, le premier longmétrage de Leyla Bouzid. La cinéaste « saisit
l’atmosphère délétère des derniers mois du
régime de Ben Ali à travers l’initiation à la
réalité de la tonique, radieuse, sensuelle, belle
et rebelle Farah, inconsciente du danger
qu’elle court » (lire critique d’octobre 2015 sur
journalzibeline.fr). La séance sera présentée par
Asma Kouki, ancienne militante de l’UGTT
de Tunis, membre fondateur de l’association
des Tunisiens en France/Bouches-du-Rhône.
Thema Ève n’a pas dit son dernier mot © Théâtre Liberté
Dans le cadre du Thema Ève n’a pas dit son
dernier mot, le 7 mars au Théâtre Liberté
à Toulon, des artistes de différents pays et
disciplines confronteront leurs visions sur la
parole et la place de la femme dans l’art et la
société : Dorothée Munyaneza une jeune
chanteuse danseuse, originaire du Rwanda ;
04 96 18 52 49
Eden Théâtre, La Ciotat
edencinemalaciotat.com
Du 5 au 13 mars, les cinémas de Scènes et
Cinés accueillent un Panorama du cinéma
latino-américain, pour un voyage culturel et
humain ouvert aux connaisseurs et néophytes.
Un cinéma engagé, énergique, qui aborde tous
les sujets, après avoir subi la censure. Près
30 films projetés, des avant-premières, des
documentaires, des hommages mais aussi
des rencontres, une carte blanche à l’Aspas,
un ciné-gouter. Notons à l’Odyssée de Fos la
soirée d’ouverture, le 5 mars, avec Argentina
de Carlos Saura (2015), et un concert de
Trosman Maguna. Le 7 mars, au Coluche
d’Istres, une soirée présentée par Ariane
Allard sera dédiée aux portraits de femmes.
Macha Makeïeff, directrice de La Criée ;
Zabou Breitman, comédienne, Pascale
Boeglin-Rodier, codirectrice du Théâtre
Liberté avec Charles Berling. La table ronde
sera modérée par Éric Garandeau qui
dirige actuellement au Festival de Cannes le
programme Women In Motion sur la place
des femmes au cinéma. À peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid © Shellac
Cinémas d’Amérique Latine
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
Alias Maria de José Luis Rugeles © Urban Distribution
Fos, Grans, Istres, Miramas, Port-Saint-Louis
scenesetcines.fr
70 au programme cinéma bouches-du-rhône
Aubagne,
capitale de la
musique de film
D
u 14 au 19 mars, se tiendra au cinéma
Le Pagnol et au Théâtre Comoedia la
17e édition du Festival International du
Film d’Aubagne (FIFA), qui met en valeur
la création cinématographique et à la création musicale pour l’image. C’est donc tout à
fait logique qu’on y croise des compositeurs
comme Gilles Alonzo, Amine Bouhafa,
Bruno Coulais, Marc Marder, Philippe
Rombi ou Stephen Warbeck, mais aussi
des cinéastes venus de toute l’Europe.
Comme chaque année, une Carte Blanche
est donnée à trois festivals européens, d’Allemagne, de Slovaquie et de Hongrie. On
pourra aussi découvrir le travail de quatre
écoles européennes de cinéma de Pologne,
des Pays- Bas, de Bulgarie et de France.
Quatre séances « Coups de cœur » permettront
de (re)voir Timbuktu d’Abderahmane Sissako, Mustang de Deniz Gamze Ergüven
(lire chronique sur journalzibeline.fr), Brooklin
de Pascal Tessaud et Keeper de Guillaume
Senez (lire chronique sur journalzibeline.fr).
Quant à La Nuit du Court, elle nous réjouira
avec les 10 ans des courts qui rendent heureux.
Et bien sûr on attend tous avec impatience de
découvrir les 10 longs métrages en compétition parmi les 233 reçus. Dans Banat l’Italien,
Adriano Valerio évoque la crise de l’emploi
et ses conséquences, exil et mal du pays.
Dans Flocking, la Suédoise Beata Gårdeler,
le viol. Dans Life is a Trumpet, Antonio Nuić
dépeint le Zagreb d’aujourd’hui à travers une
famille de la classe moyenne ; et Clément
Cogitore s’attache au quotidien des soldats
français en Afghanistan attendant le retrait
des troupes, dans Ni le ciel, ni la terre. Un
ancien champion de boxe est-allemand,
réduit à travailler comme videur et collecteur
de dettes, est obligé de réfléchir sur sa vie
lorsqu’il apprend qu’il gravement malade,
dans A heavy heart de Thomas Stuber, et
dans Paradise Trips de Raf Reyntjes, Mario,
un chauffeur du bus, est confronté, lors d’un
voyage, à son fils avec lequel il a rompu les
liens depuis longtemps. Le Tournoi d’Élodie
Namer est une plongée dans le monde de
jeunes joueurs d’échecs…
Côté courts, 71 dont 38 premiers films sont
en compétition sur les 1 183 reçus.
Aubagne, c’est aussi un hommage à la musique
de film, avec le ciné-concert la Tête dans les
nuages, une création de la 10e Master class
Banat l’Italien d’Adriano Valerio © Movimento Film
dirigée par Bruno Coulais et Gilles Alonzo
lors de la soirée de clôture, le 19 mars. Sans
oublier la Carte Blanche au label Chinese
Man Records pour les soirées, les leçons de
musique, les ateliers, les projections pour les
scolaires et les rencontres professionnelles.
Bref, de quoi contenter mélomanes, cinéphiles
et tout public, de 7 à 77 ans !
FIFA
14 au 19 mars
Cinéma Le Pagnol, Théâtre
Comoedia, Aubagne
04 42 18 92 10
aubagne-filmfest.fr/fifa2016/fr
ANNIE GAVA
Le monde en partage
D
u 7 au 13 mars, le monde s’affiche sur grand
écran à Rousset et en Pays d’Aix, grâce
au Festival nouv.o.monde. Longs, courts,
doc ou fictions, la plupart inédits ou proposés
en avant-première, accompagnés par leurs
réalisateurs, les films de cette édition franchiront les frontières sans autre passeport
que l’amour du cinéma.
Belle soirée d’ouverture le 10 mars à 20h30
avec le premier long métrage de Farid Bentoumi, Good Luck Algéria. Le cinéaste et
ses principaux acteurs présenteront cette
comédie dramatique où Sami, un binational
franco-algérien parfaitement « intégré » est
amené à retrouver ses racines, et pour sauver
la petite entreprise de skis haut de gamme
qu’il gère avec Stéphane, son ami de toujours,
à défendre les couleurs de l’Algérie aux J.O.
d’hiver. Une success story drôle, émouvante,
auquel Cinemed 2015 a octroyé le Prix du
Public et qui sort en salles le 30 mars.
Même mélange d’humour et d’émotion, le 13
mars, avec Umrika de Prashant Nair, Prix du
Public lui-aussi, à Sundance. Une fable sur le
rêve américain qui suit, de Jivatpur à Bombay,
le périple d’un jeune Indien recherchant un
frère parti conquérir le fantasmatique pays
de l’Oncle Sam, dans les années 80. Entre
les deux, notons le 11 mars, en primeur, le
Baden Baden de Rachel Lang, un retour au
pays pour Ana, qui, par un été caniculaire, se
retrouve à Strasbourg avec sa grand-mère, une
baignoire à changer et d’anciennes amours.
Ou encore, le doc participatif En quête de
sens de Nathanaël Coste et Marc de la
Ménardière, rapprochant « les messages
d’un biologiste cellulaire, d’un jardinier urbain,
d’un chamane itinérant et d’une cantatrice
présidente d’ONG pour interroger nos visions
du monde ».
Sans oublier, à côté d’actions pédagogiques,
les trois séances « spéciales » en pays aixois qui
nous transporteront sur les terrasses d’Alger
(Les Terrasses de Merzak Allouache, le 7
mars à Sciences-Po Aix), au Brésil (Une
seconde mère d’Anna Muylaert, le 8 mars
à Trets) et en Afghanistan (Ni le ciel ni la
terre de Clément Cogitore, le 10 mars à
71
Que les lumières
soient !
« C
laros/Clareiras/Clairières », c’est le
thème lumineux et fédérateur que se
sont choisies les 18e Rencontres du Cinéma
Sud-Américain, proposées par l’ASPAS.
Accueillies du 18 au 26 mars à la Friche de
la Belle de Mai, elles se poursuivront dans
15 villes en PACA durant tout le mois d’avril.
Parmi la trentaine de films programmés (dont
le calendrier sera en ligne dès le 1er mars), cinq
rendent hommage à ce cinéma sud-américain
qui fait comprendre, espérer et agir. Brecha
de Silencio de Luis et Andrès Rodriguez,
éclairé par Ana qui décide de sauver ses frères
de la perversité de leur beau-père. Vengo
viviendo de Gabriel Paez, animé par les
légendes que découvre l’équatorien Ismaël
dans son périple pour gagner l’argent de l’exil
aux USA. Relampago en la Oscuridad de German Fernandez et Pablo Montlau, portant
les projecteurs sur la vie et l’œuvre d’Alberto
Zamarbide, chanteur argentin de Heavy Metal.
Dibujando Memorias de Marianne Eyde
entretenant la flamme vacillante et brûlante
des souvenirs des communautés paysannes de
Huancavelica, sur le sanglant conflit péruvien
entre armée et guérilla des années 80-2000.
Et enfin Milagro en Jujuy de Miguel Pereira,
projeté en solidarité avec Milagro Sala,
actuellement incarcérée, fondatrice d’une
organisation sociale où
les plus pauvres ont pu
s’organiser pour bâtir
leurs maisons et leur
vie.
Comme chaque année,
les Rencontres se
veulent lieu d’échanges
(table ronde le 24 mars,
leçon de cinéma le 26
mars par le réalisateur
uruguayen Pablo
Martinez Pessi)
ainsi qu’un carrefour Vengo volviendo de Gabriel Paez © Filmarte
des arts : le 23 mars, théâtre pour la jeunesse La cérémonie de clôture et la remise des prix
avec la compagnie Les Anachroniques, sera couplée avec la projection en avant-prelittérature avec La Marelle qui honorera mière du long métrage brésilien Tudo que
Eduardo Galeano récemment disparu par la aprendemos Juntos de Sérgio Machado.
lecture de textes choisis ; et la projection de Et suivies de la traditionnelle Peña.
Mujeres de la mina de Malena Bystrowicz Avant l’extinction des feux, que les écrans
et Loreley Unamuno, un doc où le grand s’éclairent et nous éclairent !
ELISE PADOVANI
écrivain uruguayen raconte l’histoire des
travailleuses des mines.
C’est au cinéma Le Gyptis que s’ouvrira
Rencontres du Cinéma Sud-Américain
la manifestation le 18 mars à 19h30 par un
18 au 26 mars
Friche de la Belle de Mai, Marseille
film péruvien : Magallanes de Salvador del
Solidarité Provence-Amérique du Sud
Solar, entre les horreurs des conflits passés
04 91 48 78 51 aspas-provence.org
et une rédemption espérée. L’histoire souvent
douloureuse de l’Amérique latine comme un
inépuisable réservoir de fictions !
Good Luck Algéria de Farid Bentoumi © Ad Vitam
l’Université Aix-Marseille). À ne pas rater,
samedi 12, la sélection de courts métrages
concoctée par Courts-Bouillon, où on pourra
voir Les Bosquets, œuvre-vidéo de JR qui
rend hommage aux banlieues françaises, dix
ans après les émeutes de 2005.
Associée à cette programmation
transfrontalière, une exposition photo en
partenariat avec Arc Image sur la représentation de cette ligne réelle ou imaginaire,
géopolitique ou socioculturelle que le cinéma
a toujours explorée et parfois fait bouger.
ÉLISE PADOVANI
Festival nouv.o.monde
7 au 13 mars
Rousset et Pays d’Aix
04 42 53 49 69 filmsdelta.com
festivalnouvomonde.com
72 au programme cinéma bouches-du-rhône
Regard de femmes
à Martigues
D
u 2 au 5 mars, le Cinéma Jean Renoir et
la Cinémathèque Prosper Gnidzaz à
Martigues proposent leur 9e Festival Regard
de femmes. Une riche sélection qui dresse des
portraits de femmes de toutes générations, de
tous horizons, de toutes cultures et de toutes
conditions. Onze films avec un débat à l’issue
de chaque séance, ponctuée de surprises sur
scène. Les plus jeunes pourront découvrir
Arrietty, le petit monde des Chapardeurs de
Hiromasa Yonebayashi. Les autres (re)
verront les récents et magnifiques portraits de
femmes avec l’émouvant Fatima de Philippe
Faucon, le stimulant Mustang de Deniz
Gamze Ergüven et le tonique À peine j’ouvre
les yeux de Leyla Bouzid.
Les courts métrages seront au rendez-vous
avec Maman(s) de Maïmouna Doucouré,
Maman de Victoria Musiedlak, Nue de
Fatima de Philippe Faucon © Pyramide films.
Catherine Bernstein, Wasp d’Andrea
Arnold, La Chair de ma chère de Calvin
Antoine Blandin.
On passera par le documentaire avec De
Guerre Lasses de Laurent Bécue-Renard.
On pourra choisir de voir deux adaptations,
La Tête en friche de Jean Becker et Wild
de Jean-Marc Vallée.
Ce festival conçu comme un espace d’échanges
et de réflexion, un temps pour apprendre à
regarder les choses et le monde autrement,
a la particularité d’être (co)
construit avec les bénévoles
et adhérents des Maisons
de Quartiers de Martigues,
pour une société humaine,
intelligente et solidaire
où les femmes peuvent
exister et s’exprimer sans
contrainte.
À noter dans un prolongement logique, hors programmation pour la Journée
internationale des droits
de la femme, le 8 mars à 15h, Allez Yallah
de Jean-Pierre Thorn à la Cinémathèque
Prosper Gnidzaz et, à 20h30, le combatif No
land’s song de l’Iranien Ayat Najafi, en
avant-première au Cinéma Jean Renoir
ANDRÉ GILLES
Festival Regard de femmes
2 au 5 mars
Cinéma Le Renoir, Martigues
09 63 00 37 60
cinemajeanrenoir.blogspot.fr
Le monde à Salon
fidèle à ses convictions. On pourra voir aussi
des films de pays dont on connait moins la
cinématographie, comme l’Estonie représentée par Kertu d’Ilmar Raag, une histoire
d’amour hors du commun au sein d’une petite
communauté qui cultive les secrets et les
préjugés. Ou venu de Nouvelle Zélande, un
inédit, The Dark Horse de James Napier
Robertson, l’histoire d’un ex-champion
d’échecs néo-zélandais atteint de troubles
bipolaires qui va devenir l’entraîneur d’un club
d’échecs pour jeunes défavorisés du quartier.
Un focus sera porté cette année sur le cinéma
asiatique, avec des films récents comme
Au-delà des montagnes du Chinois Jia
Zhang-Ke ou Un jour avec, un jour sans,
Nu Guo de Francesca Rosati Freeman et Pio d’Emilia © Dharma Productions
D
u 8 au 15 mars, se tiendront les 26e Rencontres Cinématographiques de Salon :
47 films, venus du monde entier, dont certains
ont déjà un beau parcours comme Mustang
de Deniz Gamze Ergüven (lire critique
sur journalzibeline.fr), Pride de Matthew
Warchus ou Much Loved de Nabil Ayouch
(lire également sur journalzibeline.fr).
Mais seront aussi présentés des films en avant
première, comme Dégradé de Tarzan et
Arab Nasser, une sorte de Vénus Beauté
(Institut)… palestinien, ou le Grand Prix de
la semaine de la critique 2015 : Paulina du
Colombien Santiago Mitre, l’histoire d’une
jeune enseignante dans une région rurale
d’Argentine qui, malgré les embûches, reste
le 17e long métrage du Coréen Hong SanSoo. Des films qu’on savourera avec plaisir
en compagnie de Bastian Meiresonne,
spécialiste du cinéma d’Asie, comme Les
délices de Tokyo de la Japonaise Naomi
Kawase ou Salé sucré du Taïwanais Ang Lee.
Un coup de cœur pour un jeune réalisateur
belge Bernard Bellefroid qui présentera ses
deux films, La Régate et Melody ainsi qu’une
Carte Blanche donnée à Films Femmes
Méditerranée qui présentera trois films
accompagnés d’invitées : Vierge sous Serment
de Laura Bispuri avec la comédienne Flonja
Kodheli, No land’s song d’Ayat Najafi avec
la productrice Anne Grange, et À peine
j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid avec la
co-scénariste Marie-Sophie Chambon,
soutenus par le Portail Coucou.
Les Rencontres, ce sont aussi des ateliers, une
soirée de courts métrages, des animations
musicales, des séances pour les plus jeunes
et des échanges avec les réalisateurs et les
spécialistes invités.
Le monde entier à découvrir au cinéma Les
Arcades !
ANNIE GAVA
Rencontres Cinématographiques
8 au 15 mars
Cinéma Les Arcades, Salon-de-Provence
04 90 17 44 97 rencontres-cinesalon.org
cinéma critiques 73
Tous les chemins
du monde
Les Rencontres Cinéma
de Manosque sont
chaque année un lieu
de découvertes et de
moments de partage
avec des réalisateurs,
venus des 4 coins du
monde
Kaili blues de Bi Gan © Capricci Films
L
a 29 édition n’a pas dérogé à la ligne
que s’est donnée le réalisateur Pascal
Privet, qui programme les Rencontres
Cinéma de Manosque au sein d’Œil Zélé.
e
Quêtes, venues d’Asie
… de Corée
Jeon Soo-il est un habitué des Rencontres
de Manosque. Son dernier long métrage, Un
Homme coréen, suit l’errance onirique, hébétée, d’un jeune marié coréen dont l’épouse
a disparu pendant leur voyage de noces à
Paris et qui, devenu SDF, vit sous les ponts,
cherche sa femme parmi les prostituées de
Pigalle, du Bois de Vincennes puis de Marseille. Dès la première séquence, le plan pausé,
posé, composé, s’affirme comme principe :
un intérieur, une cloison divise le cadre. À
gauche, une pièce vide où un miroir fragmente,
duplique, crée d’autres lignes de fuite. À droite,
le protagoniste Chang-Soo assis de profil,
mutique et la voix d’une femme hors champ
qui s’adresse à lui, ouvrant un troisième lieu
invisible. On retrouve avec bonheur, la rigueur
formelle et la virtuosité de ce réalisateur venu
de Busan qui ne cesse de décliner dans son
œuvre quelque chose qui pourrait se définir
comme un road-movie existentiel.
… de Chine
C’est d’une quête encore dont il est question
dans le film chinois de Bi Gan, Kaili blues.
Là, un médecin part à la recherche de son
neveu abandonné par un père défaillant. Tous
les ingrédients du drame réaliste voire du
mélo sont là : un enfant livré à lui-même, une
mère décédée, une autre disparue, un héritage
contesté, un passé de bagnard, un ex chef de
clan, une main coupée et d’anciennes amours
dont une vieille doctoresse se souvient ; la
Chine en chantier collectif et en bricolage
individuel, les taudis, la nature en majesté,
les joueurs de guzheng et les légendes des
montagnes. Tous ces éléments ne construisent
pas une histoire linéaire. Ils coexistent, passés
et présents, liés par la poésie, le rêve, les objets
transitionnels, l’extraordinaire liberté de la
caméra. Les plans-séquences vertigineux (dont
un de près de 40’ !) lient acteur, réalisateur et
spectateur dans le même espace-temps, le
même danger, la même fragilité. Époustouflant
Conversations
... dans le bois
« On est passé du trottoir au sentier et voilà le
bois. » C’est par ces mots murmurés à notre
oreille que Claire Simon nous emmène pour
un tour au bois de Vincennes, au fil des saisons,
attentive à la nature et surtout aux « fidèles
de ce temple ». Employés qui l’entretiennent,
urbanistes que le redessinent, promeneurs,
sportifs qui s’entrainent, amateurs du sexe
à la sauvette, prostituées, communautés qui
font la fête et même solitaires qui ont choisi
d’y habiter.
La cinéaste a réussi à entamer avec eux
une conversation qu’elle nous fait partager.
Deux pêcheurs qui relâchent leurs prises,
un dragueur qui rêve de rencontrer un mec
sympa, un peintre qui continue son tableau
à la nuit tombée, un amoureux des pigeons,
Stéphanie, une prostituée qui paie cher son
indépendance, une ancienne couturière
cambodgienne, rescapée des Khmers rouges
étonnée qu’une Française s’intéresse à elle…
Et tous les autres, rêveurs, qui retrouvent
dans ces lieux une part d’enfance ou pansent
leurs blessures. Et, sur les lieux oubliés de
l’Université de Vincennes, le fantôme de Gilles
Deleuze, une des plus belles scènes de ce film,
Le bois dont les rêves sont faits.
… en haute mer
Pour d’autres, le lieu où l’on se retrouve, où
l’on a le temps de réfléchir, c’est la mer. David
Kremer nous immerge dans le quotidien de
l’équipage de la Grande Hermine, le dernier
hauturier français, qui quitte son port d’attache
Saint-Malo pour des pêches au cabillaud de
trois mois, au large des côtes de Norvège. Dans
Seuls, ensemble, son premier long métrage,
il filme les rouages de ce chalutier-usine, les
gestes du travail, les filets pleins à craquer, le
réveil des ouvriers pêcheurs à qui il donne la
parole, une parole d’autant plus forte qu’elle
est rare. Devant les images du bateau, des
cordages, des mouettes, des vagues, des
marins en ciré coloré, telles des marines en
mouvement, nous revient en mémoire le vers
du poète : « Homme libre, toujours tu chériras
la mer ! »
ÉLISE PADOVANI ET ANNIE GAVA
Les Rencontres Cinéma de Manosque
se sont déroulées du 2 au 7 février au
théâtre Jean Le Bleu et au cinéma Le Lido
74 critiques cinéma
Nous
les avons
tant
aimés !
Réalisme critique
et fable politique
aux Rencontres du
Cinéma Européen
Un maledetto imbroglio de Pietro Germi © Carlotta Films
I
l a fallu refuser du monde le 22 janvier à
l’Alcazar où Jeanne Baumberger accueillait
Michel Ciment, directeur de la revue Positif,
lors de l’ouverture des 7es Rencontres du
Cinéma Européen organisées par Cinépage,
dédiées cette année au cinéma italien « civile
e di denuncia ». Et cette affluence ne devait
jamais faiblir durant toute la semaine.
Ce jour-là était projeté Main basse sur la ville
de Francesco Rosi dont le réalisme critique
fait toujours mouche. Réalisme né de la vision
des rues miséreuses de Naples et de l’emploi
de comédiens non-professionnels associés ici
à l’acteur américain Rod Steiger, étonnant en
entrepreneur immobilier napolitain. Critique
dans la façon dont la narration met à jour les
mécanismes par lesquels les politiques se
vendent au marché, le discours de l’onctueux
démocrate-chrétien De Angelis, si bien nommé,
pour qui l’indignation morale ne sert à rien
en politique, éveillant bien des échos !
Le cinéma Les Variétés projetait ensuite
Viva la libertà de Roberto Andò. Qu’il ait été
l’assistant de Rosi ne suffit pas pour assurer
la confrontation des deux films. Viva la libertà
de 2013 parle d’un pays qui vit au bord de
l’abîme et dont la plupart des politiques ont
perdu tout sens moral. Il faut retrouver une
certaine candeur ou admettre les conventions
du genre pour entrer dans cette fable où un
leader de l’opposition s’évanouit dans la
nature pour être remplacé par son jumeau,
un philosophe excentrique qui sort d’un internement psychiatrique mais parle vrai. Porté
par l’impeccable Toni Servillo, ce film, telle
une bulle d’optimisme, s’inquiète des dérives
et montre le cap. Les images d’un Federico
Fellini vitupérant contre les coups portés à
l’expression culturelle, rappelle que Roberto
Andò fut son assistant sur E la nave va.
Polars et comédies :
entre amertume et rire
Après un passage par le Vidéodrome, Cinépage avait invité, le 29 janvier, Jean Gili,
critique à Positif, créateur du Festival d’Annecy.
Sa petite conférence à bâtons rompus, historisante et volontiers digressive, a développé
l’assertion du directeur de la Cinémathèque
de Bologne, Gianlucca Farinelli : « L’Italie
a comme une vocation à produire du cinéma
citoyen. Cette vocation est apparue après
guerre, a connu son zénith dans les années
60-70 et n’a pas dit son dernier mot. » Les
dysfonctionnements de la société italienne
ont nourri les scenarii de cet âge d’or, de 1960
à 1980, pour produire une quantité de films de
qualité, dont quelques chefs-d’œuvre qui ont
raflé de 71 à 78 les palmes cannoises, servis
par des comédiens exceptionnels, auxquels
se sont ajoutés de grands acteurs américains
ou français, que les tournages sans prise
de son directe permettaient d’engager. Le
Commissaire de Luigi Comencini sorti en
1962, sans faire partie de ces chefs-d’œuvre,
a illustré les propos de Gili sur un cinéma
utilisant toutes les ressources de la dramaturgie y compris le burlesque, pour montrer
le monde tel qu’il va (mal), mettant en scène
un génialissime Sordi et procurant au public
conquis de l’Institut Culturel Italien, le
plaisir d’une satire acidulée et d’une réflexion
morale. Autres comédies policières, toujours
à l’Institut Italien, Un maledetto imbroglio
de Pietro Germi, adaptation du roman de
Gadda, et In nome del popolo italiano où Dino
Risi oppose de manière complexe Vittorio
Gassman et Ugo Tognazzi.
Le succès de cette manifestation confirme
que le cinéma italien est une valeur sûre.
Mais ce constat amène aussi à regretter que
l’indignation portée par ces films-là résonne
encore si fort et si juste avec notre actualité.
ANDRÉ GILLES ET ÉLISE PADOVANI
Les 7es Rencontres du Cinéma
Européen se sont déroulées à
Marseille du 22 au 30 janvier
FM_MORNING_250x330_89_2_FM.indd 1
FM
89.2
22/01/2016 18:10
76 critiques arts visuels
Cent portraits
A
près Oser la photographie couvrant cinquante années de photographie du musée
Réattu, Imago opère un focus foisonnant
sur le thème du portrait, avec en bonus une
sélection des tirages de Jean-François
Bauret.
Faut-il rappeler que grâce à Lucien Clergue et
un petit groupe d’amis, le musée Réattu fut la
première expérience d’une véritable collection
photographique dans un musée français, qui
contribua par ailleurs à la reconnaissance
artistique du médium, adossée aux fameuses
rencontres ? L’exposition précédente et son
excellent catalogue Oser la photographie
en témoignent (lire page 82), comme celle
qui vient de s’ouvrir autour du portrait. Plus
d’une centaine de clichés abordent les différents genres : officiel, familial, intime, social,
documentaire, de mode ou plasticien... pour
la majorité tirages d’origine, en noir et blanc
hormis le plus ancien, un autoportrait d’Hippolyte Bayard, calotype de 1843-45, et le portrait
du peintre Bonnard par Gisèle Freund. En
évitant chronologie et pédagogisme rebutants,
la sobriété de l’accrochage favorise la lisibilité
d’un parcours rhizomatique par des mises en
résonance et jeux de miroirs : photographes
photographiés, artistes célèbres (Churchill
ou Gainsbourg sans leur appendice fumant,
récurrence de Picasso) ou moins connus
comme ces petites gens vues par Tomas
Montserrat ou le Lituanien Romualdas
Pozerskis. Documentaire, social, ethnologique
le portrait se veut aussi plasticien pour Cecil
Beaton, Marianne Adelmann. Certains
clichés sont extraits de séries ou portfolios,
une des richesses du fonds arlésien rarement
montrés, comme ce travail auprès de Martin
Vue partielle de l’exposition Jean-François Bauret, musée Réattu, 2016 © C. Lorin/Zibeline
Luther King par Ben Fernandez, ou Denise
Coulomb.
L’exposition laisse place au dernier étage à une
sélection centrée sur l’œuvre de Jean-François Bauret, notamment une série d’hommes
nus des années soixante-dix et plusieurs tirages
de la série Isabelle, réalisés en 1986 dont un
grand format, donation de son épouse, qui
s’apprête à rejoindre un fonds riche de cinq
mille œuvres.
Dans les autres salles, en redescendant, un
Complicités
A
ussi surprenante que son titre, Super Goütte, la nouvelle exposition
de l’Artothèque propose à première vue des œuvres très diverses.
Puis la déambulation et le déplacement du regard laissent deviner
entre elles certaines affinités. Les cinq peintres se sont rencontrés
dans leurs ateliers autour de leurs travaux sur toile et papier lors
des ouvertures des ateliers d’artistes en automne 2015. Le partage
d’un verre (l’une des explications du titre humoristique de l’expo),
une certaine connivence, l’intérêt bienveillant des responsables de
l’Artothèque ont permis le projet d’une expo commune.
Le doyen d’entre eux, Charles Gouvernet, présente de grands
formats aux tons feutrés, aux mauves doux animés de traces larges
et molles dessinant d’improbables paysages, parfois traversés par un
objet usuel comme ce fauteuil de jardin planté en regardeur attentif.
À gauche Gouvernet & Brun-à droite de haut
en bas, de gauche à droite Gouvernet, Desplats,
Montchamp, Boursault © MC Garcin
regard attentif saura croiser d’autres figurations et médiums sur la figure humaine avec
Javier Perez, Jan Svenungsson, Nancy
Wilson-Pajic, les séries de Picasso ou
Christian Lacroix.
CLAUDE LORIN
Imago
jusqu’au 5 juin
Musée Réattu, Arles
04 90 49 37 58 museereattu.arles.fr
77
Bouger les lignes
L’exposition de rentrée de la Fondation Vincent Van Gogh se plaît
à faire bouger les lignes. Tirer un trait, pas si simple !
A
u fil des expositions conçues par la directrice
artistique de la fondation, Bice Curiger,
on pourrait croire que la commissaire prend
un plaisir certain (et subtil) à faire entrer le
visiteur de plain pied dans son sujet jusqu’à
à lui suggérer une expérience des limites.
Ceci n’est pas un trait
L’exposition actuelle joue manifestement de
cet étirement du concept, ici du trait et de sa
trace, et peut laisser quelque peu perplexe le
visiteur face à certaines propositions. Ainsi,
la vidéo de Saskia Olde Wolbers, étrange
récit mêlant documentaire et fiction qui fait
de la maison où Vincent Van Gogh vécut à
Londres le personnage principal, semble hors
thématique du moment. En introduction au
parcours, une photographie monumentale
d’Andreas Gursky nous plonge au plus
près de la touche de Van Gogh, vision à la
fois macroscopique, paysagère, abstraite et
très matériologique de La Moisson. À côté,
par contraste, Le Semeur revu par Roy
Lichtenstein (collection Yolande Clergue)
aplanit le geste d’empâtement. Le geste et
son ancrage dans la matière picturale s’épuise
aux confins de la figuration pour Adrian
Ghenie, très « baconien » ou Christopher
Wool en noir et blanc, par excès d’empâtement
chez Eugène Leroy ou bien, a contrario,
devient vision évanescente avec les projections
murales à l’aérographe d’Isabelle Cornaro.
On revient à la ligne, moins convaincu par les
graphismes minimalistes de Silvia Bächli
mais davantage avec l’exposition monographique et un catalogue consacrés à Giorgio
Griffa. Proche un temps de l’Arte povera et
de Supports/Surfaces, l’artiste italien poursuit depuis les années soixante une œuvre
dépouillée construite à partir de signes et
d’inscriptions aquarellées sur toile libre, pliée,
non apprêtée et épinglée au mur. Pour Arles, il
présente notamment un hommage à La Nuit
étoilée, très rythmique, évocation de la pulsion
que peut contenir l’écriture picturale. Une
rencontre/discussion avec Claude Viallat
est programmée le 19 avril à 19h.
Très traits
jusqu’au 24 avril
Fondation Vincent Van Gogh, Arles
04 90 93 08 08
fondation-vincentvangogh-arles.org
CLAUDE LORIN
Bice Curiger et Giorgio Griffa devant les œuvres de l’artiste © C. Lorin/Zibeline
On remarque une parenté troublante avec les teintes pâles et les
matières diluées de Nicolas Desplats et sa série de montagnes,
de pans de murs aux larges à-plats traversés de lignes sombres ou
les neuf petites toiles (55x38 cm), Contrairement à toutes réponses,
qui jouent sur l’apparition et la disparition. Mathieu Montchamp
aime mélanger huile et acrylique très fluides dans ses séries (Oiseaux
exotiques et Jardins) et son grand format (200x160 cm), Paysage
avec montagne et chevaux de frise, construction éblouissante de
blancheur. Christophe Boursault offre une série de grotesques aux
visages déformés, aux lignes faussement malhabiles, aux touches
légères qui laissent beaucoup de place à la toile brute, point avec les
trois artistes précédents ainsi qu’un goût marqué pour la nouvelle
peinture expressionniste allemande. Denis Brun se distingue par
l’utilisation d’objets du commerce comme cette bouée noire en forme
de requin, accrochée au plafond, couverte d’écritures colorées et par
des pièces en terre cuite émaillée, deux lièvres étonnants.
Une exposition qui joue des singularités comme des complicités
entre les personnes et les œuvres dont rendent compte la publication
du Cahier d’exposition N° 63 et une vidéo de Denis Brun en ligne
prochainement.
CHRIS BOURGUE
Super Goütte
jusqu’au 10 mars
Artothèque du Lycée Antonin Artaud, Marseille
artothequeantoninartaud.fr
78 critiques
arts visuels
Toulon démasquée
En 2000 la photographe Jacqueline Salmon avait percé l’armure de
l’Arsenal à Toulon à l’occasion d’une commande de l’Hôtel des Arts.
Récidiviste consentante, elle porte cette fois son regard sur les mutations
de la ville, des chantiers à ciel ouvert aux façades ripolinées, et sur ses
habitants. Durant deux ans de résidence nomade, elle a arpenté
les 42,84 km2 de la cité pour lui tirer un portrait vérité
U
ne ville, une architecture, un
peuple : une trilogie restituée
par fragments dans des photos
aux formats multiples qui, mises
bout à bout, constituent un fidèle
miroir. Toute l’histoire toulonnaise
est là : les vents et le climat qui
structurent sa topographie ; les
habitants qui en sont l’âme ; les
bâtiments réhabilités ou abandonnés et les bars à marins en voie
de disparition qui la définissent.
« La ville en pleine transformation
a été un cadeau» pour Jacqueline
Salmon qui s’intéresse aux «éléments architecturaux qui ne sont pas
toujours remarquables. » Du coup,
cette nouvelle identité se dessine par
petites touches sensibles, repérables
pour qui connaît bien la basse ville,
les artères modernes plus commerciales, les places enchevêtrées, les
vitrines au bric-à-brac indescriptible,
les terrains de la Défense nationale
le long du port… La scénographie
de l’exposition rend tangible cette
lame de fond, empruntant au reportage vidéo le mouvement continu.
Plan après plan, on entre dans les
appartements à la rencontre des
Carte des vents port Saint Louis, 80 x 100 cm © Jacqueline Salmon
habitants, on se faufile dans une
procession, on se mêle aux fêtes
traditionnelles « qui raniment des rites sacrés doigté : « Ce sont des petits récits qui ont
dont les maisons ou les rues sont le théâtre », autant d’importance que les photographies,
on effleure du regard l’élégance intérieure de qui racontent autant de l’héritage de la ville. »
la résidence du Cap Brun, rare témoin de la
haute bourgeoisie locale. On remonte l’horloge
du temps à la découverte des fonds anciens Des visages vivants,
de la bibliothèque ; on relit l’histoire récente balayés eux aussi par les
relatée par Var-Matin (réélection d’Hubert vents, tatouent la ville de
Falco, premier citoyen de la ville, manifestation leur présence
«Je suis Charlie», la liesse populaire quand Notoirement connue pour ses travaux sur
le RCT entre dans l’histoire). Chaque pho- les espaces publics, on oublie parfois que
tographie s’accompagne d’un commentaire Jacqueline Salmon a obtenu en 1993 le Prix de
de Jacqueline Salmon qui nous guide avec la Villa Médicis hors les murs pour une série
alliant portraits et lieux. Ici, quelque
120 portraits déroulent presque bord
à bord les Âges de la vie, ponctués
de respirations symboliques -des
pins méditerranéens secoués par
le mistral-, mêlant inconnus croisés
dans les ruelles ou personnalités
locales de tous bords. À ce trombinoscope très classique, on préfère
la série des Cartes des vents offerte
telle une parenthèse poétique dans
le parcours. Des « photographies
comme des cahiers d’écriture » à
l’instar des cartes de navigation
où figurent les flux et les courants
des marées. Après la lecture d’ouvrages spécialisés, la découverte
des codes et l’apprentissage du
dessin des vents, Jacqueline Salmon
a réalisé une édition limitée qui
allie calligraphie et photographie.
Une recomposition illusoire des
ciels, immenses, abandonnés aux
graphes météorologiques. Des
données savantes mais lisibles, des
paysages réels mais transfigurés.
Une ville, une architecture, un
peuple, des vents : cette constellation d’images personnelles dit
l’identité et la particularité de
Toulon, avec ou sans les clichés
qu’elle véhicule.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
42,84 km2 sous le ciel
30 janvier au 24 avril
Hôtel des Arts, Toulon
04 83 95 18 40 hdatoulon.fr
À lire
42,84 km2 sous le ciel,
textes de Jean-Christophe Bailly
éd. Loco, 35 € À voir
Jacqueline Salmon, ou l’art d’avancer masquée
film de Teri Wehn-Damisch (54 mn)
79
Le parti pris
de la fragilité
des choses
L
es murmures de Francis Ponge, Pascal Quignard mais également de Franz Schubert,
ne sont pas restés lettre morte à l’oreille de
Frédérique Nalbandian. Ils se sont écoulés
lentement, poétiquement et musicalement
jusqu’à surgir d’entre ses doigts sous la forme
d’une installation plastique et sonore métaphoriquement nommée L’oreille qui tombe.
Malentendante parce que la membrane de
son tympan est percée, et pourtant bruyante,
bruissant des filets d’eau tombés du ciel, de
leur disparition dans le bassin de rétention
muni de micro-émetteurs, des musiques et
des voix enregistrées lors de la performance
de Pascal Quignard. L’oreille qui tombe est
plus encore un ensemble polymorphe composé
d’une sculpture au sol, donc, de travaux sur
papier « maculés d’empreintes de mousse et
de bulles de savon » et de sculptures-totems
érigées tels des pions dans un jeu d’échecs.
Monolithes fragiles à la tête éclatée, fissurée,
ajourée dont l’élévation ressemble à un tour
Plus Durr est
la réalité !
D
epuis sa sélection à Mediterranea 16 à
Ancône1, le travail plastique et photographique de Léna Durr ne quitte pas notre
objectif. On l’a suivie en Italie (Zib’64), croisée
au Festival VRRR pour un marathon de dessin
(Zib’91) et, aujourd’hui, on la retrouve à la
Maison de la Photographie à Toulon.
Diplômée de l’École Supérieure d’Art et de
Design de TPM, la jeune artiste révèle un travail
cohérent sur les thèmes du retournement et
du détournement. Précisément nommée Zone
de retournement, l’exposition s’articule autour
d’une caravane des années 60/70 dressée
au centre de l’espace, pivot de l’accrochage
elliptique de ses mises en scène photographiques. Car contrairement à l’identité du lieu,
Léna Durr n’est pas photographe : « Je suis
plasticienne, je ne dis pas photographe car je
ne photographie pas le réel. » Non, elle préfère
le travestir dans des tirages numériques où
des anonymes acceptent d’offrir une autre
le papier évoque le geste
artisanal : on imagine
ses mains et ses bras
recouverts de résidus
blancs et pâteux, ses
doigts glissants entre les
bulles mouillées, entaillés par des coupures,
tâchés par des mines
HB imprudentes…
Autant d’indices parcellaires sur un univers sans limites, aux
confins de la matière
et de l’immatériel, de
la littérature et de la
spiritualité. Déjà en 2015
à l’église Sainte-Marie à
Puyloubier, invitée par
Voyons Voir, comme en
2009 au Domaine d’AviExposition L’oreille qui tombe, Frédérique Nalbandian, Le Moulin, La Valette-du-Var, 2016 © MGG/Zibeline
gnon pour Château en
de force ! En écho, des silhouettes d’oreilles chantier, l’œuvre de l’artiste niçoise avait
ailées pareilles à des anges sans corps ni imprimé notre rétine.
M.G.-G.
têtes, suspendues au mur par l’opération du
Saint-Esprit… Au mur encore un bas-relief
emprisonne des éclats de verre : un poisson L’oreille qui tombe
phosphorescent apparaît d’entre la masse com- jusqu’au 23 avril
pacte, sorte d’animal fantastique aux allures Espace d’art Le Moulin, La Valette-du-Var
04 94 23 36 49 lavalette83.fr
de bijou précieux. La manière dont Frédérique
Nalbandian manie le plâtre, le savon, le verre et
image d’eux-mêmes et d’endosser, le temps
de la pose, une nouvelle identité (Travesti
et Divine). De même qu’elle demande à des
Teen-Agers de déplacer leur univers dans un
environnement inconnu, le plus souvent dans
la rue ou dans des aires en chantier, avec un
cortège d’objets insignifiants et populaires
récupérés aux puces. Ainsi détournée et
retournée, la réalité dénonce l’artifice et
le factice de la société de consommation,
mettant en tension la culture de masse et la
culture populaire. Léna Durr fouille ainsi les
zones de l’entre-deux -identitaire, sociétal,
humain- jusque dans la réinterprétation
de la peinture classique, Otto Dix et Ingres
notamment. Sa propre représentation du Bain
turc intitulée Femmes au bain, cadrée dans
une salle de bains débordante de chair et de
produits, est l’un des clous de la « pièce ».
Un tableau photographique conçu comme
une installation recontextualisée qui joue
des codes de la peinture, de la photographie
et du nu. Par ailleurs Léna Durr s’aventure
dans le champ de l’édition à tirage limité
avec deux ouvrages compulsant l’ensemble
de sa collection « d’objets à usage unique »
et son calendrier perpétuel Pin-Up Grrrls au
casting pré-pubère et à l’imagerie populaire.
Une manière irrévérencieuse de revendiquer
l’émancipation des corps et de leurs images.
À rebrousse-poil.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Biennale des Jeunes créateurs
d’Europe et de la Méditerranée
organisée en 2013 par l’Espace
culture_Marseille (6 juin-7 juillet)
1
Léna Durr
Zone de retournement
28 janvier au 2 avril
Maison de la Photographie, Toulon
04 94 93 07 59
Léna Durr, exposition Zone de détournement,
Maison de la Photographie Toulon 2016
© Léopold Trouillas
80 au programme
arts visuels marseille
bouches-du-rhône
Ostkreuz
Fondée en 1990 et basée à Berlin, l’agence Ostkreuz représente
un des collectifs de photographes les plus importants et renommés
d’Allemagne. Conçue avec le Goethe-Institut de Marseille, l’exposition
constitue un parcours rétrospectif en 250 photographies représentatif
de l’éclectisme des membres de l’agence, dont la moitié sont des
femmes ! C.L.
25 ans Ostkreuz
jusqu’au 10 avril
Friche de la Belle de Mai, Marseille
04 95 04 96 35 lafriche.org
Manhattan_Sans titre, 2012 © Stephanie Steinkopf_Ostkreuz
Sophie Menuet
En 2013 au Pavillon de Vendôme à Aix, Sophie Menuet tissait des
liens avec des artistes au féminin ; en 2015 elle nous ouvrait les
portes de la nuit au CAC d’Istres. À présent, l’artiste nous murmure
à l’oreille une nouvelle histoire où s’entremêlent sculpture en soie
blanche ou en satin noir, masques et visages plissés et piqués,
autoportraits photographiques composant « une sorte de vanité
moderne, dressée dans un décor d’une délicate et transgressive
poétique ». M.G.-G.
Murmure
jusqu’au 11 mars
Galerie Passage de l’art, Marseille 7e
04 91 31 04 08 lepassagedelart.fr
Vue de l’exposition Murmure, Sophie Menuet, Le Passage de l’art 2016 © X-D.R
Sylvain Héraud
C’est un livre d’Italo Calvino, Le città invisibili, qui a nourri ce travail
de six années de Sylvain Héraud. De constructions abandonnées
de par le monde, le photographe révèle des « lieux marqués par
l’influence culturelle, industrielle ou politique propre à chaque région ».
Vernissage le 2 mars avec lectures de portfolios par Roxane Dumas
et Mickaël Serfati. Parution de l’ouvrage éponyme en auto-édition
en mars. C.L.
Les Demeures invisibles
1 au 31 mars
La Fontaine Obscure, Aix-en-Provence
04 42 27 82 41 fontaine-obscure.com
Les Demeures Invisibles, Maurillia © Sylvain Héraud
Et si les super-héros…
… vivaient parmi nous, déplaçant leurs récits fantastiques dans notre
réalité ? Et s’ils avaient des ancêtres ? Et si nous mêmes étions des
super-héros ? Depuis l’apparition de Superman en 1938, on ne cesse
d’inventer des figures quasi-mythiques à la puissance XXL. Face
à cette nouvelle « mythologie », 6 photographes et 10 dessinateurs
se réapproprient avec beaucoup d’humour et d’imagination tous
ces personnages pour les placer dans des situations communes,
drôles, parfois anachroniques. M.G.-G.
19 mars au 4 juin
Bibliothèque départementale, Marseille 3e
04 13 31 82 00 culture-13.fr
La Véritable histoire des Super-héros
© Dulce Pinzón KEP
bouches-du-rhône
alpes
var
arts visuels
au programme
81
Matière
De l’art antique à la création contemporaine, la matière devient
sculpture, en relief ou souple, installation, investie d’expérimentations
les plus diverses. L’exposition entrecroise des œuvres de collections
publiques et privées -Musée Départemental de l’Arles Antique,
Sébastien Peyret, Bernar Venet- ainsi que des productions conçues
in situ, complétée d’un workshop non stop et des Vitrines de l’art
en centre ville. C.L.
Quand la matière devient forme
7 mars au 1 juillet
Centre d’art contemporain intercommunal, Istres
04 42 55 17 10 ouestprovence.fr
Olga Balema, collection Sébastien Peyret © X-D.R
Julien Blaine
Long temps fort pour Julien Blaine qui a conçu un espace expérimental évolutif pour le Musée Muséum. L’exposition présente un
panorama de sa production, manifestes, affiches publicitaires de
cirque maculées, masques d’animaux écrasés, édition, vidéos et
un hommage à Giordano Bruno... Le poète-performeur interviendra
auprès du public lors de résidences-ateliers. Prochain rendez-vous
le 5 mars. C.L.
jusqu’au 30 septembre
Musée Muséum départemental, Gap
04 92 51 01 58 museum.hautes-alpes.fr
Julien Blaine,
autoportrait en CHAM’âNE
© J.C. Lett
Maia Flore & Guillaume Martial
Être lauréats du Prix HSBC pour la Photographie est un gage de
qualité et la promesse d’un bel avenir comme en témoigne la sélection
2015. Maia Flore se met en scène dans des paysages dépouillés,
les survole suspendue à des objets improbables tel un rêve éveillé ;
Guillaume Martial s’immisce dans l’espace urbain affublé de drôles
d’indices perturbateurs avec, on l’imagine, le sourire aux lèvres. Une
exposition à prolonger dans deux ouvrages. M.G.-G.
jusqu’au 16 avril
Galerie du Théâtre, Gap
04 92 52 50 20 théâtre-la-passerelle.eu
Situations © Maia Flore_Agence VU’
Sophie Calle
Première apparition de Sophie Calle à Toulon et qui plus est au
Théâtre Liberté ! L’occasion de se familiariser avec des fragments
de la série Histoires vraies dont le propos est aussi intime que son
impact est partagé par tous. Et une invitation qui tombe à pic à
l’heure où « Ève n’a pas dit son dernier mot », temps fort féminin
qui donne la parole aux artistes par le verbe, l’image, la musique,
le corps… M.G.-G.
jusqu’au 31 mars
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 théâtre-liberte.fr
Girafe en H
© Sophie Calle
82 critiques livres
NOTRE CŒUR
INDIQUE
LE SUD
N
ils Gascuel cite cette phrase de Sigmund
Freud, lorsqu’à la fin de son ouvrage il se
demande pourquoi, au fond, il a choisi d’écrire
Dans le midi de Lacan. Une « géo-histoire » de
la psychanalyse à distance de Paris, quand la
capitale n’était pas encore à trois heures de
train, entre 1940 et 1990. L’intérêt est là, dans cet
échelon local qui n’échappa pas aux enthousiasmes ni aux luttes intestines du mouvement
psychanalytique, cette « pratique sulfureuse
et ultraminoritaire » avant-guerre, devenue
avec Jacques Lacan un aimant intellectuel
puissant. L’auteur a interrogé des centaines
de praticiens, même s’il le dit lui-même,
l’histoire de la psychanalyse appartient aux
analysants, et tous ne passent pas de l’autre
côté du divan. Il dessine avec la tentation de
l’exhaustivité un tableau de famille foisonnant :
le sud de la France a vu naître ou hébergé
bien des personnalités, liées entre elles par un
jeu subtil de transferts peu ou prou liquidés.
Débats théoriques, « ravages des interprétations
entre confrères », points d’accroche avec le
surréalisme, la phénoménologie, la psychiatrie, le féminisme, le marxisme ou le monde
académique cohabitent dans ce livre avec
une foule d’anecdotes, parfois drôles, parfois
émouvantes, souvent tragiques. Au centre, le
personnage flamboyant de Jacques Lacan,
dont Nils Gascuel écrit que « les perroquets
ne pouvaient que le suivre, et ses élèves non
par mépris ou par rejet mais par nécessité,
que le trahir ».
GAËLLE CLOAREC
Dans le midi de Lacan
Éditions Erès, 28 €
Nils Gascuel
PRÉCURSEURS
L
’exposition vient de se clore en janvier
dernier* mais les oublieux se rattraperont
grâce à l’imposant catalogue comme un
prolongement indispensable à l’événement.
Oser la photographie, sous-titrée 50 ans d’une
collection d’avant-garde à Arles, faisait le point
sur la construction singulière et les enjeux
du premier département de photographie
initié dans un musée français dès les années
soixante, riche aujourd’hui de plus de cinq
mille œuvres d’ampleur internationale. Sous
l’impulsion du conservateur Jean-Maurice
Rouquette et du photographe débutant
Lucien Clergue, la Section d’Art Photographique du musée Réattu est inaugurée le 28
mai 1965, et en été 1970 lors des fêtes d’Arles
s’ouvre une première exposition qui préfigure
les futures rencontres de la photographie. Sous
la responsabilité de Pascale Picard, directrice
actuelle du musée, et par le truchement de
plusieurs signatures, l’ouvrage ne se contente
pas de retracer l’historique singulier du projet
et de ses prolongements contemporains.
Il interroge nécessairement la place de la
photographie dans un établissement muséal,
dans le champ de la création artistique et de sa
reconnaissance comme un art à part entière et,
CONNAISSEZ-VOUS
JEREMIAH REYNOLDS ?
I
l y a bien peu de chances de répondre à
cette question par l’affirmative sans avoir
lu le dernier roman de Christian Garcin !
Car c’est sous sa plume vagabonde et fort
inspirée que cet aventurier méconnu resurgit
du passé pour le plus grand plaisir des mordus
de romans d’aventure : Jeremiah Reynolds
(1799-1858), orphelin de père, fut « rouleur
de troncs » en Ohio, journaliste, conférencier
à travers les Etats-Unis et probablement le
premier homme à avoir marché sur le continent
antarctique. Colonel au Chili, il fit ensuite un
demi-tour du monde, devint avocat, fut proche
d’Edgar Allan Poe, écrivit un récit de chasse
au cachalot blanc intitulé Mocha Dick.
On entre dans le livre par un personnage
secondaire, John Cleves Symmes Jr, ce qui de
prime abord laisse impatient, mais finalement
ménage le suspens... Les chapitres sont courts
et ramassés, les phrases et les événements
s’enchaînent avec vélocité. L’écriture, par
son aisance, ses circonvolutions et sa fuite
en avant, accompagne les destins singuliers
et aléatoires de Jeremiah et de ses acolytes.
Deux Interludes digressent sur la Théorie de
la Terre Creuse, tirant un fil, le reste venant
avec (car ici tout est lié), convoquant Edmond
Halley, Jules Verne, Willis George Emerson,
Umberto Eco et les autres pour un détour dans
l’imaginaire… L’auteur insère : « Le lecteur se
lasse peut-être. Il a raison : un tel recensement
devient vite fastidieux. » Non ! Le lecteur
ne se lasse pas, il jubile et se prend à rêver.
MARION CORDIER
Les vies multiples de Jeremiah Reynolds
Christian Garcin
Éditions Stock, 17 €
83
À CHACUN
SON YÉTI
en filigrane, s’esquisse la question rémanente
d’une politique culturelle à l’échelle d’une
ville et au-delà. On constate quel chemin a
été parcouru depuis cette déclaration d’un
ancien maire de la ville rappelant au jeune
Lucien Clergue « qu’un conservateur était
là pour conserver et non pour montrer des
expositions de photographies ». L’ouvrage
s’appuie sur de nombreux documents, notices
et annexes ad hoc et on appréciera la qualité
de reproduction des œuvres imposée par
un tel projet.
CLAUDE LORIN
*L’exposition Oser la photographie
s’est déroulée du 4 juillet au 3 janvier
Oser la photographie, 50 ans d’une
collection d’avant-garde à Arles
Silvana Editoriale/Musée Réattu, 39 €
DERRIÈRE
LA PORTE
U
n soir de Noël, place de la République,
Édouard cède aux avances de Reda. Dans
le petit appartement parisien du narrateur, les
D
idier Tronchet est un touche-à-tout
sympathique. Ancien journaliste, écrivain,
réalisateur, créateurs de nombreuses BD... L’an
dernier il a publié un roman graphique qui
aborde un domaine à la fois plus sensible et
plus sérieux, et s’inspire d’assez près de sa
propre vie. En effet comme son personnage,
Didier Tronchet a perdu son père alors qu’il
n’avait que 3 ans. Pour le protéger sa mère
ne lui a pas expliqué la situation et l’a tenu à
l’écart. Du coup un pan entier de sa vie, de ses
origines lui a manqué ; il n’a pas eu de modèle
paternel et, adulte, s’est senti doublement
deux hommes se confient, rient, font l’amour. À
l’aube, tout bascule. La complicité amoureuse
s’évanouit. C’est l’irruption de la violence.
Reda l’insulte, l’étrangle, le viole. Histoire de la
violence, le second roman d’Édouard Louis,
raconte cette agression et les bouleversements
qu’elle provoque dans la vie de l’auteur d’En
finir avec Eddy Bellegueule.
La puissance et la beauté de ce livre tiennent
beaucoup à l’entre-deux familial que l’auteur
instaure pour tenter de saisir la vérité de cette
nuit-là. Un an a passé depuis l’agression. Le
narrateur n’est plus sous l’emprise de cette
« folie de la parole » qui s’est emparée de lui
dès le départ de Reda. « Ma volonté de tout
dire s’est transformée peu à peu en un essoufflement constant, une fatigue indifférente […]
c’est cet état qui m’a décidé à monter dans le
train et à faire route jusque chez Clara. » Caché
derrière la porte, Édouard écoute. Clara relate
à son mari l’histoire que son frère qu’elle n’a
orphelin. Aussi à partir de cette expérience
douloureuse, de ce manque, a-t’il écrit un
roman en 2011 et une BD en 2014. Avec un
dessin simple en noir, gris et blanc, proche de
la caricature. Tout commence par un incendie
qui se déclare dans l’immeuble du narrateur
qui réalise qu’il n’a rien à sauver, et c’est
« le vide de (son) existence qui lui saute au
visage ». Finalement il se saisit d’un gros sac
dans lequel se trouvent des albums photos
qu’il n’a pas ouverts depuis longtemps. C’est
le point de départ d’une plongée dans son
passé qui se poursuit avec l’enterrement de
sa grand-mère où il revoit sa mère et sa sœur,
mais aussi la maison de son enfance. Une
escapade avec son jeune neveu lui permet de
s’accepter en tant qu’adulte et d’envisager
son avenir avec apaisement. Cet album placé
sous le signe de Tintin au Tibet émeut tout en
restant plein d’humour ; il peut se lire comme
un récit initiatique qui parle de la difficulté
de devenir adulte et de l’importance de dire
la vérité aux enfants.
CHRIS BOURGUE
Le fils du yéti Didier Tronchet
Casterman, 16 €
Cette BD fait partie de la sélection
pour le Prix littéraire des lycéens et
des apprentis de la Région PACA
pas vu depuis deux ans lui a confiée. C’est
autour de ce monologue et des digressions
de Clara sur le comportement du narrateur,
sur sa jeunesse dans le village picard qu’il
a fui mais où elle est restée, que s’enroule le
propre récit d’Édouard. Comme s’il lui avait
fallu en repasser par le lien avec cette sœur
« qui te force à voir ce que tu ne peux pas
voir de toi », par « cette voix toujours mêlée de
fureur, de ressentiment, d’ironie aussi », pour
faire émerger l’un des mystères qui hantent
le récit : « La volonté réelle de fuir, qui aurait
dû se manifester dès les prémices de la colère
de Reda, fut ma réaction la plus tardive. »
MARIE MICHAUD
Histoire de la violence
Seuil, 18 €
Edouard Louis
84 critiques livres
NOUS SOMMES S
TOUS KHALED
SAÏD
La maison d’édition
marseillaise Le bec en
l’air publie Génération
Tahrir : des photos, des
dessins et des textes
pour ne pas oublier
U
ur la couverture noire, le titre claque en lettres
jaune vif : Génération Tahrir, en français au
recto, en arabe au verso. Jaune soleil sur le
noir de la répression. Le livre a l’allure d’un
carnet moleskine. Carnet des voyages et des
nombreux séjours que la jeune photographe
belge Pauline Beugnies a faits en Égypte
dès 2008. Bien que contrainte de rentrer
en Europe en 2013, elle y est fréquemment
retournée et n’a eu de cesse de concrétiser
son projet, qu’elle explique dans le prologue :
« proposer une vision personnelle de ce temps
de l’histoire égyptienne », dans un livre qui soit
« la trace d’une histoire inachevée ». Car « la
jeunesse, étincelle de la révolution égyptienne,
star ou anonyme, a disparu des écrans, mais
pas seulement. La rue lui a été confisquée. Sa
parole réduite au silence, muselée, bâillonnée,
étouffée. » Le livre entend donc rendre vie et
parole à ces jeunes qui ont occupé la place
Tahrir en janvier 2011. Certains, comme
Khaled Saïd, y sont morts. D’autres cherchent
aujourd’hui à inventer une nouvelle Égypte,
malgré les violences policières, en dépit du
chaos. À tous ces jeunes au « courage insensé »
Pauline Beugnies rend un hommage émouvant dans un album qui couvre les années
2010-2015. Ses photographies et ses textes,
colorés, vibrants, montrent que le débat se
poursuit vaille que vaille, que de nouvelles
DE L’AUTRE
CÔTÉ DE
LA LUMIÈRE
ne aventure déroutante et un sujet sérieux
auraient pu déstabiliser ou repousser des
adolescents. Il n’en est rien : le livre d’Antonio
Moresco a intrigué les jeunes lecteurs du
Prix littéraire des lycéens et des apprentis
de la Région PACA. Qu’en est-il ? « Venu ici
pour disparaître », un homme adulte, peutêtre déjà vieux, s’installe loin des hommes
dans un village perdu, pour contempler la
nature et dialoguer avec les hirondelles et les
lucioles. Cependant il remarque chaque nuit
une « petite lumière qui s’allume soudain ». Or
nulle habitation n’est mentionnée dans cette
partie de la forêt montagneuse. D’où vient
cette lumière ? Quelqu’un l’allume-t-il ? Le
narrateur décide de partir à sa recherche et
fait une étrange rencontre, celle d’un enfant
formes artistiques émergent, que des voix
contestataires parviennent à se faire entendre,
qu’on peut encore espérer et aimer en Égypte
aujourd’hui. Les dessins éloquents d’Ammar
Abo Bakr accompagnent les images, les
envahissent parfois, comme il continue (envers
et contre tout) d’envahir les murs de la ville
de ses fresques satiriques. Et c’est à l’écrivain
blogueur Ahmed Nagy que la photographe a
laissé le dernier mot : « Disons adieu aux peines
et aux fantômes. Cherchons, de l’intérieur, une
révolution, une trajectoire nouvelle. Le pire
danger serait de s’abandonner à la nostalgie.
[…] Le pire de tout, ce serait de sacraliser
une image donnée », écrit-il dans son féroce
et lucide Adieu jeunesse.
Preuve que cette génération Tahrir est bien
là, qu’elle résiste, qu’elle avance et qu’elle
brille… comme une petite lumière dans la nuit.
FRED ROBERT
Génération Tahrir (bilingue français arabe)
Pauline Beugnies (textes, photographies)
Ammar Abo Bakr (illustrations)
Ahmed Nagy (textes)
Éditions Le bec en l’air, 30 €
Le livre a été présenté à La Friche
Belle de Mai le 29 janvier. Exposition
des photographies en grand format,
vidéos, fresque murale et concert
ont accompagné l’événement
surprises, nous obligeant à lâcher prise et à
frôler le fantastique. Le narrateur est-il en
dialogue avec l’enfant qu’il a été, comme s’il
revoyait défiler sa vie, essaie-t-il de dialoguer
avec des âmes perdues, comme si c’était
normal, cherche-t-il un sens aux forces de
vie qui habitent les hommes et la nature ?
Certainement très proche de son personnage,
l’auteur a déclaré avoir écrit ce texte après
une période assez obscure pour lui. Un film
est en train de se tourner dans lequel il joue
le rôle du narrateur, comme s’il voulait un peu
plus encore nous dérouter... Qui êtes-vous
vraiment Antonio Moresco ?
en culottes courtes qui vit seul dans une
maison de pierres. S’ensuivent de nouvelles
visites qui laissent le narrateur et le lecteur
perplexes, naviguant entre réel et imaginaire
sans que les frontières soient clairement
définies. C’est ce qui fait le charme de ce
livre, charme multiplié par la langue riche
et poétique de cet auteur venu assez tard
à la littérature. Il nous introduit peu à peu
dans un monde mystérieux, ménageant des
CHRIS BOURGUE
La petite lumière Antonio Moresco
traduit de l’italien par Laurent Lombard
Verdier, 14 €
Ce roman est sélectionné pour le
Prix littéraire des lycéens et des
apprentis de la Région PACA
85
PIRATES
ET UTOPIE
C’est un roman flamboyant que nous offre
Sylvain Pattieu avec Et que celui qui a
soif, vienne : roman de la flibuste avec tous
les ingrédients du genre, capitaines au long
cours impitoyables, mutineries, abordages,
batailles, assaut de forteresse pour délivrer
des compagnons promis à la corde, escales,
tripots, esclaves, ivrognes, enfants des rues,
repris de justice, hommes enrôlés de force,
femmes envoyées au nouveau monde, mystiques illuminés… sans compter crochet,
jambe de bois et l’indispensable perroquet.
Une foule de personnages dont on entend
les voix, tour de force stylistique, sans aucun
dialogue. Mais il serait injuste de limiter ces
belles pages à un simple récit de pirates, même
génialement raconté. Avec l’Enterprise, bateau
négrier, le Batavia, marchand hollandais, le
Florissant et son équipage enrôlé de force,
se tissent, trois trajectoires parallèles, unies
VIVRE,
MAIS VIEILLIR…
Soixante-dix ans, et veuve depuis un an,
Judith, ancienne actrice, est une Française
lectures (ainsi Manon Lescaut), anachronismes,
échos bouleversants de la vie de l’auteur, et
en contrepoint esquisse la destinée de l’anguille, les implacables batailles entre crabes
et fourmis. Le temps de la nature et celui des
hommes suivent des rythmes différents, tout
aussi cruels et sauvages. On rejoint alors la
parabole, dessinée par le titre, tandis qu’un
souffle homérique traverse l’ensemble.
MARYVONNE COLOMBANI
dans la piraterie dans la deuxième partie. Un
panorama de l’histoire de la « première mondialisation » est ainsi brossé, évocation des
premières compagnies maritimes, ancêtres
des multinationales, enjeux liés à la maîtrise
des mers. Grain de sable dans ces rouages, la
piraterie crée ses propres règles. Les pirates de
Sylvain Pattieu instaurent, sur une île déserte,
une démocratie dotée de sa constitution votée
par tous, « cité idéale », vouée à la destruction. Roman aux multiples entrées, Et que
celui qui a soif, vienne mêle personnages
imaginaires, historiques, réminiscences de
expatriée aux États-Unis, fuyant une famille
qui a détruit son premier amour. Pas le temps
de s’apitoyer, sa voisine Janet, une pétulante
octogénaire l’invite à un voyage organisé…
une sorte de bref « séjour sous-vide », spécial
troisième âge ! Un cauchemar ! À travers ces
deux portraits, sourd une analyse sociologique
du regard porté sur les corps vieillissants,
acide et amusée. Si les formes s’affaissent les
pensées non, et ce sont elles que la société
tend à déconstruire, mise en adéquation à
l’usure physique ? Janet se bat, vole dans les
supermarchés, « pour se sentir vivre », va sur
les sites de rencontre, le sexe n’est pas qu’une
affaire de jeunesse ! Judith qui s’engourdissait
dans son deuil, fuyait les miroirs, réagit alors,
retrouvant une photo de son frère glissée
entre les pages du Voyage au Bout de la nuit
de Céline, décide de retourner en France,
de parler enfin avec lui. Régler ses comptes
avant qu’il ne soit trop tard. Les fantômes de
la mémoire surgissent, les passions, les choix,
les colères, les révoltes, secrets de famille,
amours, préjugés, histoires qui échappent
Et que celui qui a soif, vienne
Sylvain Pattieu
Éditions du Rouergue, collection La brune, 21,80 €
au tragique par leur banalité même. Judith
recherche dans les lieux les traces d’un passé
révolu, sur les visages marqués par le temps,
les traits anciens de leur jeunesse. La plume
de Céline Curiol rapide, légère, a le sens du
détail signifiant, brosse caractères et situations
avec une intelligence aigüe, aborde le sujet de
la vieillesse, le passant au crible de l’humour,
dénonçant une société qui, englobant cet
âge au consumérisme général, lui a enlevé
l’apanage de la sagesse. En quête d’une réelle
fraternité humaine.
M.C .
Les vieux ne pleurent jamais
Actes Sud, 21 €
Céline Curiol
86 critiques patrimoine
Découvrir, mais
comment ?
Comme en écho à la belle
exposition 2015 Néo !
Marins-bergers de Provence il y a 8 000 ans, le
Musée de la Préhistoire
de Quinson présente On
s’installe ? Moments de
Préhistoire entre Jabron,
Artuby et Verdon, une
formule légère du fait de
sa volonté d’itinérance
C
ette exposition est le fruit d’une collaboration étroite entre le Musée de
Quinson et le laboratoire CEPAM (CNRS,
Université Nice Sophia Antipolis), réunissant
quatre commissaires d’exposition, Sophie
Marchegay (directrice du Musée de Quinson),
Guillaume Porraz (UMIFRE 25, CNRS Institut
français d’Afrique du Sud), Louise Purdue
et Antonin Tomasso (tous deux membres
du CEPAM, CNRS, Université Nice Sophia
Antipolis). Ce projet d’exposition régionale
PACA, réunit des œuvres prêtées par le Service
Régional d’Archéologie de PACA, le Musée
d’Anthropologie préhistorique de Monaco,
le Musée de Quinson qui présente des objets
de ses réserves, et le Laboratoire CEPAM.
Présentation en épure, des panneaux explicatifs, agrémentés de dessins (Carole Cheval)
mettent en scène l’homme du paléolithique,
s’ajoutent des vitrines et des bornes munies
d’écrans interactifs. L’originalité du propos est
de nous mêler au cœur même de la recherche.
Ce pourrait être indigeste et ardu, mais tout
est rendu avec un esprit ludique.
Laissons-nous guider par le personnage
d’enfant qui désigne Le Lieu où tout sera
découvert quelques millénaires plus tard.
Ombre fraîche, rivière poissonneuse, troupeaux,
chevaux que l’on mange plutôt que de les
entraîner au saut d’obstacles, on fait un feu,
on monte un abri, on taille des silex, on se
spécialise dans le racloir (vive la modernité
du paléolithique supérieur !), on ne range pas
trop avant de repartir, la gestion des déchets
se régule par l’effet de la crue, qui enveloppe
tous les restes, charbons, mandibules, rebuts,
Crâne de Capridé Musée de Monaco © Maryvonne Colombani
dans sa gangue de terre, une aubaine pour
nos archéologues contemporains !
De la contextualisation
à la prospection
L’exposition commence par la contextualisation, détermine les conditions de vie,
l’environnement géographique et climatique
lors du dernier maximum glaciaire… des glaciers jusqu’à Sisteron et un niveau de la mer
qui vous laisse le Vieux-Port de Marseille
à sec. Cro-Magnon s’installe sur le littoral
provençal, ayant bien conscience que ce
serait une région privilégiée plus tard. Il se
déplace, cueille, chasse… aurochs, bouquetins,
rennes bisons… Dont des restes, trouvés sur
le site de la grotte des Enfants à Vintimille,
sont exposés, ainsi que les outillages issus
de sites du Verdon : Baume Bonne, grotte
Sainte-Maxime (Quinson, 04) et abri Breuil
(Montmeyan, 83), dont on apprend à reconnaître les différences selon leur appartenance
au paléolithique moyen ou au paléolithique
supérieur. Une carte semée d’éclats de pierres
indique les points de découverte et l’infinie
variété des silex et de leurs usages : le silex
de Ciotti ou de Périnado, l’orthoquartzite, le
rhyolithe de l’Estérel, la maiolica, le calcare
con selce, les radiolarites, assortis de +++
selon leur aptitude à la taille.
Une question taraude alors l’archéologue :
pourquoi aucun site n’est connu dans cette
région qui a pourtant été fréquentée très régulièrement par des groupes humains depuis
au moins 100 000 ans ?
Nous voilà initiés à la prospection, à ses difficultés, à la découverte avec celle exceptionnelle
du site des Prés de Laure, à Comps-sur-Artuby,
en 2012, ses centaines de silex, mais aussi
les traces de l’occupation humaine…il y a
plus de 20 000 ans.
La fouille ne va bientôt plus avoir de secrets
pour le visiteur, pas plus que la quantité
incroyable de métiers qu’elle génère, bénévoles
qui suivent les campagnes, grattant avec précautions (truelles spatules, balayettes), passant
au tamis, respectant la maxime d’André Leroi
Gourhan « une fouille idéale serait celle qui 20
ans après, on pourrait remettre à leur place le
moindre objet la moindre esquille d’os et le
plus petit grain de sable », géomorphologues,
géoarchéologues, archéobotanistes, anthracologues, palynologues, archéozoologues et
j’en passe.
Tout cela pour un puzzle géant et
enthousiasmant !
MARYVONNE COLOMBANI
On s’installe ? Moments de Préhistoire
entre Jabron, Artuby et Verdon
jusqu’au 16 mai
Musée de Préhistoire des
gorges du Verdon, Quinson
04 92 74 09 59 museeprehistoire.com
Kellylee Evans. Photographie : Arnaud Compagne
AIX-EN-PROVENCE 96.2
MARSEILLE 92.8
jazzradio.fr
QUEL AVENIR
POUR NOS
FRONTIÈRES ?
CYCLE DE GRANDES
CONFÉRENCES
PENSÉES DU MONDE 2016
MUCEM.ORG
© Mona Hatoum, photo Agostino Osio/Courtesy the artist and Fondazione Querini Stampalia, Venice
MICHEL FOUCHER - 25 février à 19 h
RASHID KHALIDI - 14 mars à 19 h
ACHILLE MBEMBE - 28 avril à 19 h
MILAD DOUEIHI - 19 mai à 19 h
BARBARA CASSIN - 2 juin à 19 h