Frédéric Lago - laboratoire plasma et conversion d`energie
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Frédéric Lago - laboratoire plasma et conversion d`energie
Université Paul Sabatier U.F.R. Physique Chimie Automatique THESE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L'UNIVERSITE TOULOUSE III Discipline : Physique et ingénierie des plasmas de décharge Présentée et soutenue Par Frédéric LAGO Modélisation de l'interaction entre un arc électrique et une surface : application au foudroiement d'un aéronef. Soutenue le 26 Mars 2004 devant la commission d'examen : Président : M. Gilles FLAMANT, Directeur de recherche au C.N.R.S., I.M.P. Odeillo Rapporteurs : M. Bruno CHERON, Professeur de l'Université de Rouen M. Daniel HENRY, Chargé de recherche au C.N.R.S., Ecole centrale de Lyon Examinateurs : Mlle. Natacha LUCIUS, Ingénieur d'étude, EADS CCR Suresnes M. Manitra RAZAFINIMANANA, Professeur de l'Université Paul Sabatier, Toulouse M. Jean-Jacques GONZALEZ, Chargé de recherche au C.N.R.S., Toulouse Centre de physique des Plasmas et de leurs Applications de Toulouse – UMR 5002 – 118, Route de Narbonne – 31062 TOULOUSE cedex 4 -1- -2- -3- -4- Université Paul Sabatier U.F.R. Physique Chimie Automatique THESE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L'UNIVERSITE TOULOUSE III Discipline : Physique et ingénierie des plasmas de décharge Présentée et soutenue Par Frédéric LAGO Modélisation de l'interaction entre un arc électrique et une surface : application au foudroiement d'un aéronef. Soutenue le 26 Mars 2004 devant la commission d'examen : Président : M. Gilles FLAMANT, Directeur de recherche au C.N.R.S., I.M.P. Odeillo Rapporteurs : M. Bruno CHERON, Professeur de l'Université de Rouen M. Daniel HENRY, Chargé de recherche au C.N.R.S., Ecole centrale de Lyon Examinateurs : Mlle. Natacha LUCIUS, Ingénieur d'étude, EADS CCR Suresnes M. Manitra RAZAFINIMANANA, Professeur de l'Université Paul Sabatier, Toulouse M. Jean-Jacques GONZALEZ, Chargé de recherche au C.N.R.S., Toulouse Centre de physique des Plasmas et de leurs Applications de Toulouse – UMR 5002 – 118, Route de Narbonne – 31062 TOULOUSE cedex 4 -5- -6- A ma famille, à tout ceux qui me sont chers. -7- -8- Ce travail a été effectué au sein de l'équipe "Arc électrique et procédés plasmas thermiques" du Centre de physique des Plasmas et de leurs Applications de Toulouse. Je tiens à remercier Monsieur Alain GLEIZES, Directeur de recherche au C.N.R.S., de m'avoir accueilli au sein de son laboratoire et de son groupe de recherche. Ses compétences scientifiques et ses conseils avisés ont permis l'accomplissement de ce travail dans d'excellentes conditions. Je tiens à exprimer ma profonde reconnaissance à Monsieur Jean-Jacques GONZALEZ, Chargé de recherche au C.N.R.S., qui a dirigé ce travail de thèse. Sa disponibilité et ses discussions fructueuses ont permis l'aboutissement de ce mémoire. Je le remercie aussi pour sa bonne humeur et sa confiance qu'il a su m'accorder tout au long de ce travail. J'exprime ma gratitude à Monsieur Gilles FLAMANT, Directeur de recherche au C.N.R.S., pour m'avoir fait l'honneur de présider le jury de ma thèse. Je remercie aussi Monsieur Bruno CHERON, Professeur à l'Université de Rouen et Monsieur Daniel HENRY, Chargé de recherche au C.N.R.S., pour m'avoir fait l'honneur d'examiner ce travail en tant que rapporteur et d'avoir participer au jury. Leurs critiques ont permis la rédaction finale de ce mémoire. Ma reconnaissance va également à Monsieur Manitra RAZAFINIMANANA, Professeur de l'Université Paul Sabatier de Toulouse, pour l'attention et les conseils apportés à ce travail. Je remercie Mademoiselle Natacha LUCIUS, ingénieur d'étude chez EADS CCR à Suresnes, qui a eu la gentillesse de participer à mon jury de thèse, pour l'attention et le soutien qu'elle a su manifester à l'égard de ce manuscrit. J'exprime aussi toute ma reconnaissance à Monsieur Pierre FRETON, pour avoir participé à l'accomplissement de ce mémoire. Je le remercie pour ses discussions fructueuses qui ont permis de faire avancer mon travail ainsi que mes connaissances scientifiques, le tout dans une bonne humeur inoubliable. Je tiens à exprimer ma profonde sympathie à Monsieur Jacques ROLLAND, Assistant Ingénieur C.N.R.S., pour son immense gentillesse et sa joie de vivre. J'exprime, ensuite, tout ma sympathie aux personnes que j'ai pu côtoyer durant ces années de thèse au sein du laboratoire : Philippe, Yann, Laurence, Mathieu, Béa, Xavier… et tant d'autres qui me pardonneront, je l'espère, de ne pas les avoir cités. Enfin, je remercie vivement mes amis qui m'ont apporté une aide morale précieuse durant ces années passées à Toulouse et notamment Pascale (pour ses talents de cuisinière) et Emilie (Miss Mémé-téo). Ma reconnaissance va, enfin, à Monsieur Albert DONY pour la réalisation matérielle de ce mémoire. -9- - 10 - AUTEUR : Frédéric LAGO TITRE : Modélisation de l'interaction entre un arc électrique et une surface : application au foudroiement d'un aéronef. DIRECTEUR DE THESE : Jean-Jacques GONZALEZ LIEU ET DATE DE SOUTENANCE : Centre de physique des Plasma et de leurs Applications de Toulouse, le 26 Mars 2004. RESUME : Ce travail porte sur l’étude de l’interaction d’un arc électrique avec une surface. Il a pour finalité la mise en place d’une modélisation prenant en compte les différents mécanismes intervenants dans le transfert d’énergie, principalement par conduction, rayonnement, flux électrique. Le modèle développé à partir du code commercial FLUENT (méthode des volumes finis) permet l’étude de configurations bidimensionnelles (2D) et tridimensionnelles (3D). Après une étape de comparaison et de validation des résultats avec des données expérimentales, une étude paramétrique est présentée : nature du matériau, distance inter électrodes, intensité du courant, gaz ambiant. Enfin dans un dernier temps le modèle 3D en transitoire est appliqué sur des matériaux hétérogènes utilisés dans l’aéronautique afin d’estimer les flux de chaleur et la dégradation de l’anode. MOTS-CLES : Arc électrique 2D/3D Modélisation numérique Transitoire Transferts d’énergie Matériaux composites Vapeurs métalliques Déviation du pied d’arc DISCPLINE : Physique et ingénierie des plasmas de décharge. - 11 - - 12 - Table des matières - TABLE DES MATIERES - INTRODUCTION GENERALE. ......................................................................................... 19 CHAPITRE I : LA FOUDRE. .............................................................................................. 27 I) HISTORIQUE................................................................................................................................................. 29 II) CONNAISSANCES ACTUELLES DU PHENOMENE ............................................................................ 32 1°) DIFFERENTS TYPES D’ORAGE ....................................................................................................................... 32 2°) DISTRIBUTION STATISTIQUE DES ORAGES ET MOYENS DE DETECTION ......................................................... 33 3°) LE NUAGE D’ORAGE ET PHENOMENES PRECURSEURS .................................................................................. 34 4°) DEROULEMENT D’UN COUP DE FOUDRE ....................................................................................................... 36 a) Classification des coups de foudre.......................................................................................................... 36 b) Mécanismes du coup de foudre descendant ............................................................................................ 37 III) LA FOUDRE EN AERONAUTIQUE........................................................................................................ 38 1°) LES EFFETS DE LA FOUDRE SUR UN AERONEF............................................................................................... 39 a) Effets indirects de la foudre .................................................................................................................... 39 b) Effets directs de la foudre........................................................................................................................ 40 2°) LA REGLEMENTATION INTERNATIONALE ..................................................................................................... 41 a) Onde de courant foudre pour l’aéronautique ......................................................................................... 41 b) "Zoning" d’un aéronef............................................................................................................................. 44 IV) CONCLUSION............................................................................................................................................. 45 CHAPITRE II : DONNEES DE BASE. ............................................................................... 47 I) PROPRIETES DE TRANSPORT DU PLASMA......................................................................................... 49 II) PROPRIETES DE TRANSPORT DU MATERIAU.................................................................................. 54 1°) MATERIAUX METALLIQUES ......................................................................................................................... 54 2°) MATERIAU COMPOSITE ................................................................................................................................ 57 a) Chaleur spécifique .................................................................................................................................. 58 b) Conductivités thermiques longitudinales et transversales ...................................................................... 59 c) Conductivités électriques longitudinales et transversales....................................................................... 61 d) Autres propriétés utilisées....................................................................................................................... 62 III) PROPRIETES DE TRANSPORT DES VAPEURS METALLIQUES – LOIS DE MELANGE.......... 62 - 13 - Table des matières IV) AUTRES PROPRIETES UTILES.............................................................................................................. 66 V) CONCLUSION .............................................................................................................................................. 68 CHAPITRE III : MODELISATION EN DEUX DIMENSIONS. ..................................... 69 I) MODELE MATHEMATIQUE...................................................................................................................... 71 1°) HYPOTHESES ............................................................................................................................................... 71 2°) EQUATIONS UTILISEES ................................................................................................................................. 72 3°) MODELISATION DE L’ANODE ....................................................................................................................... 74 a) La couche de transition "plasma-matériau"............................................................................................ 75 b) Condition sur la surface de l’anode. ....................................................................................................... 76 4°) DOMAINE DE CALCUL ET CONDITIONS AUX LIMITES .................................................................................... 79 5°) METHODE NUMERIQUE ................................................................................................................................ 82 a) Quelques rappels sur "la méthode de Patankar" – Diffusion pure ......................................................... 82 b) Schémas numériques pour les problèmes de convection-diffusion.......................................................... 84 c) Algorithmes de résolution pour le couplage pression-vitesses................................................................ 87 d) Schéma à l'interface plasma-matériau .................................................................................................... 88 II) RESULTATS ET DISCUSSIONS................................................................................................................ 90 1°) ETUDE EXPERIMENTALE DE HSU [HS] ......................................................................................................... 90 2°) ETUDE EXPERIMENTALE DE SCHMIDT ET SPECKHOFER [SC-1] .................................................................... 93 3°) ETUDE EXPERIMENTALE DE NESTOR [NE]................................................................................................... 94 4°) BILAN SUR LA COMPARAISON AVEC LES TRAVAUX DE LA LITTERATURE ..................................................... 96 III) RESULTATS ET ETUDES PARAMETRIQUES .................................................................................... 96 1°) INFLUENCE DU MAILLAGE ........................................................................................................................... 96 2°) CHAMP DE TEMPERATURES ET DENSITES DE COURANT ................................................................................ 98 3°) COMPOSANTES DU FLUX APPLIQUE A L'ANODE .......................................................................................... 100 4°) INFLUENCE DU FLUX RAYONNE PAR LE PLASMA ........................................................................................ 101 5°) INFLUENCE DU FLUX RAYONNE PAR LE MATERIAU .................................................................................... 106 6°) BILAN EN PUISSANCES ............................................................................................................................... 107 7°) INFLUENCE DE L'EFFET JOULE ................................................................................................................... 109 8°) INFLUENCE DU MATERIAU D’ANODE.......................................................................................................... 110 9°) INFLUENCE DES VAPEURS METALLIQUES ................................................................................................... 111 10°) INFLUENCE DU MODELE DE RAYONNEMENT ............................................................................................ 115 11°) INFLUENCE DU PASSAGE DU COURANT DANS L’ANODE ............................................................................ 122 III) CONCLUSION........................................................................................................................................... 123 - 14 - Table des matières CHAPITRE IV : MODELISATION EN TROIS DIMENSIONS. .................................. 127 I) MODELE MATHEMATIQUE.................................................................................................................... 129 1°) HYPOTHESES UTILISEES............................................................................................................................. 129 2°) EQUATIONS UTILISEES ............................................................................................................................... 130 3°) MODELISATION DE L’ANODE ..................................................................................................................... 132 II) DOMAINE DE CALCUL ET CONDITIONS AUX LIMITES............................................................... 134 III) COMPARAISON 2D/3D ........................................................................................................................... 136 IV) COMPARAISON AVEC LA LITTERATURE....................................................................................... 139 1°) COMPARAISON AVEC L'ETUDE DE SPECKHOFER ET SCHMIDT [SP] ............................................................ 139 2°) COMPARAISON AVEC L'ETUDE DE BLAIS [BL-2] ........................................................................................ 140 V) APPLICATION D'UNE FORCE CONVECTIVE EXTERIEURE ........................................................ 149 VI) CONCLUSIONS......................................................................................................................................... 153 CHAPITRE V : APPLICATION DU MODELE AU MATERIAU COMPOSITE....... 155 I) MODELE MATHEMATIQUE DE L'ETUDE EN DEUX DIMENSIONS ............................................. 157 1°) HYPOTHESES ............................................................................................................................................. 157 2°) EQUATIONS UTILISEES ............................................................................................................................... 158 3°) MODELISATION DE L’ANODE ..................................................................................................................... 159 4°) DOMAINE DE CALCUL ET CONDITIONS AUX LIMITES .................................................................................. 160 5°) METHODE NUMERIQUE .............................................................................................................................. 161 6°) PROCEDURE DE CONVERGENCE EN TEMPOREL........................................................................................... 162 II) RESULTATS ET DISCUSSIONS SUR L'ETUDE EN DEUX DIMENSIONS ..................................... 163 1°) VALIDATION DES DEVELOPPEMENTS DANS LE MATERIAU COMPOSITE ....................................................... 163 2°) ETUDE PARAMETRIQUE SUR L'INTENSITE DE L'ARC .................................................................................... 166 3°) ETUDE PARAMETRIQUE SUR L'EFFET JOULE DANS LE MATERIAU COMPOSITE ............................................ 174 4°) CONCLUSION SUR L'ETUDE EN DEUX DIMENSIONS ..................................................................................... 175 III) MODELE MATHEMATIQUE DE L'ETUDE EN TROIS DIMENSIONS ......................................... 175 1°) HYPOTHESES ............................................................................................................................................. 175 2°) EQUATIONS UTILISEES ............................................................................................................................... 176 3°) MODELISATION DE L’ANODE ..................................................................................................................... 177 4°) DOMAINE DE CALCUL ET CONDITIONS AUX LIMITES .................................................................................. 178 5°) SIMULATION DU DEPLACEMENT DE L'AVION.............................................................................................. 179 6°) ETUDE DE L'ARC DE FOUDRE DEVIE PAR UN PROFIL DE VITESSES DE BLASIUS ........................................... 181 - 15 - Table des matières IV) CONCLUSION........................................................................................................................................... 189 CONCLUSION GENERALE. ............................................................................................ 191 BIBLIOGRAPHIE. .............................................................................................................. 197 - 16 - - 17 - - 18 - Introduction générale. - 19 - - 20 - Introduction générale Les plasmas sont considérés comme le quatrième état de la matière. Ils complètent les autres états, généralement plus connus, que sont les solides, les liquides et les gaz. Un plasma est un milieu ionisé électriquement neutre composé d'électrons, d'ions et de particules neutres comme les atomes ou les molécules. Il se distingue d'un gaz ordinaire de par sa capacité à conduire l'électricité. Dans les plasmas, on distingue deux grandes catégories : les plasma chauds et les plasmas froids. Les plasmas chauds sont les plasmas de fusion nucléaire et se retrouvent, à l'état naturel, composant les étoiles ou les magnétosphères des planètes. Leur température est de l'ordre du million de degrés. Les plasmas froids, quant à eux, ont une température qui peut atteindre au maximum quelques dizaines de milliers de degrés. Ils peuvent se diviser en deux branches : les plasmas hors équilibre et les plasmas thermiques. Les plasmas hors équilibre se caractérisent par le fait que les particules lourdes ont une température de l'ordre de la température ambiante alors que les électrons ont une énergie suffisante pour assurer l'ionisation du milieu. Ils sont souvent créés à basse pression (P<1atm) et servent essentiellement au niveau du traitement de surface, dépollution,… Dans les plasmas thermiques, les collisions sont suffisantes pour assurer l'équipartition de l'énergie entre les différentes espèces du système. Ils se caractérisent par une température unique et sont souvent générés, à pression atmosphérique, sous forme d'arcs électriques. Ce sont ces arcs électriques que nous allons étudier tout au long de ce travail. Plus précisément, un arc électrique peut être défini comme une décharge à fort courant traversant un gaz entre deux électrodes [Va]. Il se caractérise par le fait qu'il génère des écoulements gazeux de fortes importances (de l'ordre de la centaine de mètres par seconde) par combinaison du courant qui le traverse et du champ magnétique auto-induit. Il existe, principalement, trois gros types de génération d'arcs électriques : les arcs libres, les arcs soufflés et les décharges RF. Les arcs libres sont créés entre une cathode pointue ou plate et une anode. Aucun mécanisme extérieur ne vient stabiliser la décharge : l'écoulement stabilisateur étant généré par effet Maecker. Les arcs soufflés sont basés sur le même principe que les arcs libres. La seule différence est l'injection d'un gaz qui stabilise la colonne de plasma. Cette injection se fait le plus souvent au proche voisinage de la cathode et peut s'effectuer ou axialement, ou en vortex. On obtient ainsi une décharge bien stable et gainée. Enfin, les décharges RF sont, quant à elles, maintenues par un système extérieur de type capacitif ou inductif, qui par son champ électromagnétique a un effet stabilisateur de la décharge. A l'heure actuelle, les arcs électriques sont présents dans de nombreuses applications industrielles telles que la métallurgie (la découpe plasma et la soudure) ou le traitement des - 21 - Introduction générale déchets. Dans ces configurations, l'anode est souvent représentée par la plaque à couper ou à souder et le plasma constitue la source d'énergie. Les arcs électriques sont aussi présents dans certains dispositifs comme les disjoncteurs haute et basse tensions. Dans ces procédés, l'arc électrique est créé par séparation de contacts lors d'une surtension dans le système électrique. Le plasma n'est plus utilisé en tant que source mais il permet l'évacuation de l'excès d'énergie engendré par la surtension. Suivant les applications ou les dispositifs précédemment cités, différents gaz plasmagènes sont utilisés : pour la soudure ou la découpe, l'argon est le plus souvent employé car il est peu réactif avec le métal à traiter. Son utilisation est généralement complétée par d'autres gaz comme l'azote, l'oxygène ou l'hélium. Pour ce qui est des disjoncteurs, le SF6 est le gaz le plus utilisé de par son fort pouvoir de coupure. Malgré cela, son utilisation dans les disjoncteurs a tendance à diminuer car ce gaz génère, lors de la création de l'arc, des composés fluorés néfastes pour l'environnement. Et puis il existe des phénomènes naturels comme la foudre qui sont à l'origine de décharges électriques. Parmi les effets indésirables, on peut citer le foudroiement en vol d'un aéronef. C'est à ce dernier phénomène que nous allons nous intéresser dans le cadre de ce travail de thèse. Etant donnée la complexité des mécanismes physiques à étudier, le caractère temporel, l'aspect tridimensionnel, nous démarrerons notre étude avec un certain nombre d'hypothèses et une géométrie simplifiée. Tout au long de ce travail, nous inclurons progressivement les mécanismes tout en nous rapprochant de la configuration du foudroiement de l'aéronef. Pour étudier et optimiser un procédé ou contrôler les effets engendrés dans le plasma, la seule connaissance de la décharge n'est pas suffisante et l'interaction de l'arc avec des parois environnantes ou des électrodes doit être prise en compte. Cependant, tous les exemples cités ci-dessus présentent des géométries souvent extrêmement complexes où l'arc ne possède plus forcément un axe de symétrie naturel. Avec l'amélioration des capacités de calcul des ordinateurs, les modèles et les simulations ont permis de meilleures connaissances au niveau macroscopique et microscopique des décharges. Les premiers codes de calcul étaient unidimensionnels (1D). Moyennant certaines hypothèses et la résolution de l'équation d'Elenbaas-Heller, ils permettaient, via l'obtention du profil de la température, de caractériser et d'étudier de nombreuses situations et paramètres. Avec l'amélioration des puissances de calcul, sont arrivés ensuite les codes bidimensionnels (2D) où l'axisymétrie de l'arc était supposée. Ces outils 2D sont encore très utilisés de nos jours, et interviennent dans des cas où la symétrie de l'arc est conservée. Ces développements commencent à être bien maîtrisés et sont souvent couplés avec des modules plus complexes en vue de se rapprocher des problématiques telles que l'interaction avec le réseau (application aux lampes, aux - 22 - Introduction générale disjoncteurs haute tension), le couplage avec un modèle PSI-cell (application projection) ou le couplage avec des codes ANSYS (effets électromagnétiques pour disjoncteurs basse tension). En tenant compte de la puissance actuelle des processeurs, les temps de calculs relatifs à ces modèles 2D deviennent très abordables. De nos jours, les modélisations tridimensionnelles (3D) de l'arc commencent à apparaître dans des géométries souvent simplifiées mais elles permettent de mieux caractériser les écoulements et de remettre en question certains comportements prédits par les modèles 2D. EADS CCR à Suresnes a, dans ses attributions, le souci de caractériser le phénomène du foudroiement d'un aéronef et de quantifier les dégâts occasionnés sur les matériaux de fuselage. Devant la lourdeur et le peu d'accessibilité de certaines valeurs par les manipulations, le modèle reste un outil complémentaire de l'expérience. EADS CCR a donc eu besoin de la mise en place d'un modèle permettant d'étudier l'interaction d'un arc avec un matériau et de déterminer la dégradation occasionnée par l'arc de foudre. Ce travail va donc avoir pour objectif final de modéliser l'interaction de l'arc de foudre avec le fuselage d'un avion. Comme nous le verrons plus en détail, le foudroiement d'un avion n'est pas un phénomène rare et peut entraîner d'importants dégâts sur les matériaux de fuselage et notamment sur les matériaux composites. Nous montrerons aussi qu'il existe une réglementation internationale qui a mis en place un profil d'onde de courant type utilisable par les avionneurs et qui permet de mieux représenter l'arc de foudre. Nous nous intéresserons plus précisément à une partie continue de cette onde de courant qui peut être légitimement modélisée par le biais d'un arc libre de quelques centaines d'ampères selon Larsson [La-1], [La-2] et Uhlig [Uh]. Nous avons utilisé, pour cette modélisation, le code commercial FLUENT version 4.5 car c'est un outil numérique bien maîtrisé par l'équipe du CPAT "Arc électrique et procédés plasmas thermiques" et qui possède les éléments indispensables pour l'analyse des résultats tridimensionnels via les interfaces utilisateurs. La modélisation de l'interaction de l'arc de foudre étant un problème complexe, nous l'abordons progressivement, par étapes successives. Ainsi, afin de procéder à la modélisation du foudroiement, nous étudions une géométrie simple d'arc libre dans de l'argon impactant une anode en matériau métallique. C'est une configuration très étudiée dans la littérature et qui permettra une première étape de validation de notre code. Ce code permet aussi de tenir compte de la présence de vapeurs métalliques issues de la vaporisation de l'anode et de quantifier les flux d'énergie apportés au matériau par le plasma. Comme l'arc, dans la configuration d'un foudroiement, subit une force convective le déflectant, il perd alors sa symétrie naturelle et un modèle tridimensionnel est nécessaire - 23 - Introduction générale pour le représenter. Nous passerons, donc, à une modélisation 3D de l'interaction d'un arc libre, soumis à des forces extérieures, avec un matériau d'anode. Nous prendrons en compte la présence des vapeurs métalliques dans la colonne de plasma ainsi que les effets qu'ils peuvent générer. Nous appliquerons enfin nos développements à une configuration plus réaliste de foudroiement en considérant l'interaction d'un plasma d'air avec une anode en matériau composite. Dans le premier chapitre, nous ferons un bref rappel historique sur "la foudre" qui aboutira aux connaissances actuelles sur cette manifestation. Nous verrons que la foudre n'est pas un phénomène rare et qu'elle présente une menace réelle pour les avionneurs. C'est encore plus vrai avec l'utilisation des matériaux composites qui ont fait leur apparition au niveau du fuselage des avions et qui, de par leurs propriétés non conductrices, peuvent entraîner des dégâts importants sur les appareils. Dans le deuxième chapitre, nous ferons un bilan de toutes les propriétés thermodynamiques et de tous les coefficients de transport nécessaires pour les différentes étapes de la modélisation. Nous ferons ainsi un récapitulatif des données de base des matériaux métalliques utilisés puis nous définirons les matériaux composites et présenterons les données de base enregistrées par EADS CCR à Suresnes. Dans le troisième chapitre, nous modéliserons l'arc libre en deux dimensions et son interaction avec un matériau d'anode. Les matériaux utilisés seront, dans cette partie, le cuivre, le fer ou l'aluminium. Ils permettront de comparer et de valider les développements au niveau de la colonne de plasma, au niveau des flux ainsi que des densités de courant transférés à l'anode avec des résultats expérimentaux issus de la littérature. Ces validations ainsi effectuées, nous procèderons à des études paramétriques sur cette configuration d'arc et notamment, nous nous attarderons sur l'influence de vapeurs métalliques sur les flux transférés et sur l'influence du passage du courant dans l'anode. Dans le quatrième chapitre, nous effectuerons la modélisation tridimensionnelle de la configuration d'arc libre lorsque la colonne de la décharge est soumise à une force extérieure. Tout d'abord pour valider les développements 3D de l'arc ou du transfert d'énergie nous utiliserons un arc non déflecté et comparerons nos résultats avec ceux obtenus en 2D. Ensuite, nous appliquerons une force d'origine magnétique qui permettra de valider indirectement le transfert d'énergie via le déplacement du pied d'arc à l'anode en comparant avec des résultats obtenus expérimentalement. Nous appliquerons aussi une force convective extérieure, configuration sur laquelle nous regarderons plus précisément le transfert d'énergie à l'anode. - 24 - Introduction générale Enfin, dans le cinquième chapitre, nous nous placerons dans la configuration plus réaliste du foudroiement d'un avion. Nous étudierons la configuration d'arc libre où un plasma d'air impactera une anode en composite. Tout d'abord, nous effectuerons des développements 2D où nous examinerons plus particulièrement les flux d'énergie transférés à l'anode. Enfin, dans une dernière partie, nous étudierons l'accrochage de l'arc sur un matériau composite lorsque la colonne est soumise à une force extérieure convective simulant le déplacement de l'avion dans l'air. - 25 - - 26 - Chapitre I : La foudre. - 27 - - 28 - Chapitre I : La foudre Depuis l’aube de l’humanité, la foudre et le tonnerre ont inspiré crainte et émerveillement à l’homme. Ce dernier a longtemps rattaché ces phénomènes à une cause surnaturelle contre laquelle on ne résiste pas. Ainsi la foudre était associée à la colère des dieux et à la notion de châtiment pour les fautes ou les pêchés. On en retrouve des représentations chez tous les peuples et dans toutes les religions [He]. De nos jours, grâce aux progrès scientifiques, l'on sait que les orages proviennent des décharges électriques initiées par un nuage électrisé. Les principaux aspects physiques deviennent assez bien connus notamment les phénomènes précurseurs ainsi que la décharge à proprement parler. Malheureusement, malgré toutes ces avancées scientifiques effectuées au niveau de la connaissance de l’arc de foudre, l’orage reste un phénomène que l’homme ne peut maîtriser. Il essaye donc d'en contrôler et limiter les effets. C'est le cas notamment pour le foudroiement des habitations par l'utilisation de systèmes parafoudres, des disjoncteurs sur les réseaux de distributions, ou encore des systèmes de protection utilisés sur les lignes téléphoniques [Ro]. L'arc de foudre peut aussi être néfaste dans l'aviation, lorsqu'il perturbe l'électronique embarquée ou lorsqu'il impacte la voilure des aéronefs. Dans ce dernier cas, la problématique est d'autant plus sérieuse avec l'avènement, dans l'aéronautique, des matériaux composites (peu conducteurs électriquement). Les avionneurs, à l’heure actuelle, n'empêchent pas l'avion d’être foudroyé mais essayent de quantifier l’impact de l’éclair sur l'avion par une meilleure connaissance des phénomènes régissant le transfert d'énergie et sa propagation. I) Historique Dès l’époque préhistorique, des peintures rupestres décrivent la foudre comme une pierre ou une hache lancée du ciel, détruisant tout sur son passage. Dans le Mercantour, plusieurs motifs datant de quelques 2500 ans avant notre ère peuvent être observés : sur le site de Fontanalbe, ce sont des motifs représentant des personnages dont les bras levés vers le ciel sont prolongés par ce qui peut être interprété comme des éclairs qui ont été découverts. Ce sont les plus anciennes représentations de la foudre qui ne sont liées à aucune divinité mais qui correspondent à des observations de la nature faites par les premiers hommes. Pendant l’antiquité, en Mésopotamie, la plus ancienne représentation de la foudre se trouve sur un sceau de la première époque de Babylone datant d’environ 2000 ans avant J.C. Elle fut découverte lors des fouilles d’Isin et représente une divinité féminine tenant des éclairs dans - 29 - Chapitre I : La foudre ses mains. Durant cette période, la foudre représente l’instrument des divinités mythologiques comme : Seth en Egypte, Indra en Inde, Ishkur chez les Sumériens ou bien Teshup chez les Hourrites. En Chine, la divinité qui présidait au mystère de la foudre était Lei-Tsu. Il avait pour adjoints, le prince du tonnerre Lei-Kung et la reine de la foudre Tien-Mu, qui est représentée tenant dans chaque main un miroir à l’aide desquels elle émet de la lumière et des éclairs. Sur le continent américain, les Aztèques croyaient au dieu Tlaloc tandis que les Indiens d’Amérique du Nord pensaient que les éclairs provenaient de la lumière réfléchie par les ailes d’un oiseau mythique, le battement des ailes produisant le son du tonnerre. En Afrique noire, depuis des siècles et aujourd'hui encore, la puissance de la foudre est détenue par le sorcier du village. En Europe, chez les Grecs, le maître des dieux était Zeus et son attribut distinctif était la foudre, symbole de sa divinité. Chez les romains, l’équivalent était Jupiter et chez les anciennes peuplades germaniques Thor. Dans la Grèce antique, des philosophes comme Aristote ou, plus tard, Sénèque dans ses "Questions naturelles" vont essayer de donner des explications plus rationnelles du phénomène : selon eux, la foudre résulterait de la transformation de l’air réchauffé en feu. Malheureusement, les connaissances de l’époque ne peuvent donner d’interprétations valables. Néanmoins, une distinction est déjà faite entre éclairs (décharge entre deux nuages) et foudre (décharge entre nuage et sol). Au Moyen Age, une très ancienne coutume des paysans français consistait à porter dans sa poche par temps d’orage une pierre de foudre : une fulgurite (roche formée par la vitrification de sols siliceux sous l’effet de la forte chaleur produite par le courant de foudre lors de son impact au sol). Ils récitaient en même temps : "Pierre, pierre, gardes-moi du tonnerre !" ou adressaient des prières à des saints comme sainte Barbe, saint Donat ou saint Théodore. Toujours au Moyen Age, selon l’église, une "catastrophe naturelle" était avant tout la punition d’une faute individuelle ou collective. Aussi, pour lutter contre le pêché, les ecclésiastiques proposaient des exempla qui devaient contribuer à imposer des croyances et des modèles de comportement. La foudre y joue un grand rôle et ils sont la source de récits spectaculaires mais peu rigoureux. Au XVIème siècle on retrouve une multitude d’informations provenant de traités de naturalistes physiciens ou de météorologues. Notamment, il y est décrit des phénomènes précurseurs d’un orage appelés les "feux de Saint Elme", qui apparaissaient aux sommets d’aspérités ou de pointes de toute nature. Ceux-ci avaient une application pratique pour les navigateurs et dans certains châteaux. Dès que le temps se couvrait, l’apparition de couronnes lumineuses au sommet de piques verticales avertissait de l’approche d’un orage. - 30 - Chapitre I : La foudre Le XVIIème siècle va essayer de proposer des interprétations rationnelles du phénomène orageux. Ainsi, pour Descartes, dont la théorie s’est inspirée de celle de Sénèque, "le tonnerre se manifeste lorsque les nuages tombent sur d’autres situés plus bas. L’air contenu entre ces deux nuages, étant comprimé par cette chute soudaine, produit un dégagement de chaleur, d’où résulte l’apparition de l’éclair et le bruit qui caractérise le tonnerre". Cette période ne sera pas marquée par des découvertes majeures au niveau de la foudre mais par une meilleure connaissance d’un autre phénomène : l’électricité. Le XVIIIème siècle, siècle des lumières, marque le début de l’ère scientifique. C’est l’Anglais William Walle, en 1708, qui va émettre, en premier, la relation qui existe entre l’éclair et l’étincelle électrique. En 1745, une invention capitale va rapprocher un peu plus la foudre de l’électricité : la bouteille de Leyde par P. Van Musschenbroek. La nature électrique de la foudre va se concrétiser par l’expérience de Marly-la-ville initiée par Buffon et Dalibard, le 10 mai 1752. Benjamin Franklin (1707-1790) entreprend les premières expériences sur les décharges atmosphériques et met, lui aussi, en évidence la nature électrique de la foudre au cours de la fameuse expérience du cerf volant, le 2 septembre 1752. De 1755 à 1760, ses travaux basés sur l’observation de bâtiments frappés par la foudre permettent la mise au point du paratonnerre dont plusieurs monuments vont être équipés. Cette invention se propage et se vulgarise à tel point que la mode s’en empare et que l’on propose des parapluies ou des chapeaux paratonnerres. La prise de conscience du danger de ces paratonnerres et plus généralement des expériences effectuées sur le foudroiement se fait lors de l’accident mortel du physicien de Saint-Pétersbourg, le professeur G.W. Richmann en 1753. A cette époque, la plupart des expériences liées à la foudre se faisaient dans ce que l’on appelait des "salons de physique". Le physicien allemand tentait de mesurer l’intensité électrique d’un nuage d’orage par le biais d’une tige de Franklin isolée du sol et installée dans son propre salon. La barre métallique a été frappée par la foudre, a accumulé les charges et c’est le corps de Richmann qui a servi de conducteur électrique et écoulé les charges vers le sol. Le XIXème siècle n’apporta que peu de nouvelles connaissances sur la physique de la foudre et des orages. La photographie naissante avait toutefois permis de prendre de nombreux clichés d’éclairs et de coups de foudre, ce qui rendit possible de préciser des paramètres tels que leur trajectoire, la longueur de leur partie visible, et leur durée. Mais, le XIXème siècle s’attacha surtout à rassembler des statistiques concernant le nombre, la répartition des victimes de la foudre, et les diverses manifestations par lesquelles elle frappe êtres vivants, édifices et objets. On enregistre durant ce siècle, en France uniquement, plus de dix milles tués, soit 100 par an en moyenne, avec un maximum de 187 tués en 1892. - 31 - Chapitre I : La foudre Au XXème siècle, une percée importante dans les techniques d’observation photographique de la décharge de foudre fut rendue possible grâce à l’invention de Sir Charles Vernonboys en 1926 : la caméra à objectifs tournants. Elle permettait d’analyser avec beaucoup plus de finesse la trajectoire et le nombre de décharges successives au cours d’un même coup de foudre. C’est aussi à cette époque qu’apparaît un dispositif qui, pour la première fois, va permettre une estimation correcte de l’amplitude des courants de foudre : le barreau magnétique. Mais c’est à partir de la deuxième guerre mondiale que la connaissance du phénomène électrique a fait le plus de progrès de par la nécessité de protéger les installations électriques et téléphoniques notamment. Ce rappel historique sur la foudre a été synthétisé et extrait de quelques auteurs spécialistes du phénomène [He], [Ro], [Uh]. II) Connaissances actuelles du phénomène De nos jours, la foudre est la principale cause de mise hors service des installations électriques ainsi que téléphoniques. Elle est aussi la source majeure d’interférences au niveau des communications radio. Cependant, ces effets sur l’environnement ne sont pas tous aussi néfastes. En effet, elle joue aussi un rôle important dans le maintien de la charge électrique au sol et c’est donc un composant essentiel du circuit électrique terrestre global. Le nuage orageux est généralement un cumulo-nimbus : un nuage dont le sommet a la forme d’une enclume et dont la base est plate. Sa base peut se situer à une altitude comprise entre 500 et 2000m tandis que son sommet peut atteindre des altitudes de 15000m. Il existe différents types d’orage parmi lesquels on peut distinguer les orages de type frontaux, les orages orographiques ou bien les orages thermiques. 1°) Différents types d’orage Les orages frontaux sont issus de la rencontre de deux masses d’air dont les températures et les taux d’humidité présentent des différences plus ou moins marquées. Dans cette classe d’orages, on peut distinguer les orages de type front chaud, et les orages de type front froid. Les orages à front chaud se forment lorsque l’air instable s’élève puis parcourt la surface frontale de ce phénomène. Leur front peut occuper des centaines de kilomètres, et est donc très étendu. Leur largeur ne dépasse pas, la plupart du temps, une cinquantaine de kilomètres. - 32 - Chapitre I : La foudre Le ciel se charge alors de cumulo-nimbus sporadiques avec des courants ascensionnels peu intenses. Ces nuages ont une forme avec des contours gonflés à cause de ces mouvements convectifs. Les orages à front froid sont issus de la montée rapide et brutale d’un air chaud et humide le long de la ligne frontale entraînant ainsi d’énormes et intenses courants d’air. Ces orages sont pour la plupart d’une violence extrême. Les orages orographiques sont généralement causés par la poussée vers le haut d’un air chaud et humide dû à la topographie de la région (montagne, …) : les cumulo-nimbus qui se forment grâce au vent montent alors toujours à des altitudes de plus en plus élevées par rapport au relief environnant. Par contre, ces nuages se dissolvent sous l’effet de ce même vent. Le réchauffement de l’air près du sol est un autre facteur venant s’ajouter à la topographie du terrain. Ces orages se produisent surtout en période chaude. Ils éclatent principalement sur les reliefs et restent toujours au même endroit. Si les conditions météorologiques restent stationnaires, il peut arriver qu'ils se produisent pendant plusieurs jours et toujours au même moment de la journée. Les orages thermiques ou de chaleur surviennent lorsque les sols sont surchauffés et l’air saturé en humidité, comme au niveau des tropiques par exemple. D’importants mouvements convectifs peuvent engendrer des supercellules orageuses provocant des précipitations abondantes et des coups de foudre exceptionnellement intenses et durables. La particularité de ces orages est qu’ils peuvent éclater à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit également, contrairement aux autres orages. Ils n’éclatent qu’en saison chaude, l’après-midi sur la terre ferme et la nuit en mer. Ces orages peuvent se répéter plusieurs jours de suite. 2°) Distribution statistique des orages et moyens de détection La sévérité orageuse d’une région est caractérisée par son niveau kéraunique (keraunos signifie foudre en grec). Le niveau kéraunique d’un lieu représente le nombre de jours par an où le tonnerre a été entendu. Cela ne fournit aucune indication sur la densité de foudroiement de ce lieu. La connaissance de cette donnée permet l’établissement de statistiques. En France, le niveau kéraunique moyen est d’environ 20. Il dépend fortement de la morphologie du terrain : il dépasse 30 au niveau des régions montagneuses et est inférieur à 10 au niveau des régions côtières [He]. Au niveau mondial, le niveau kéraunique est assez hétérogène : il peut dépasser les 200 en Ouganda, en Indonésie ou dans la forêt amazonienne et est très faible dans les zones de hautes pressions océaniques ainsi qu’au niveau des pays situés au-dessus du 60ème parallèle. - 33 - Chapitre I : La foudre La notion de niveau kéraunique est trop peu adaptée pour donner une mesure utilisable de la sévérité orageuse. Les mesures de détection actuelles donnent une information plus intéressante : la densité de coup de foudre au sol. Elle est exprimée en nombre de coups par kilomètre carré et par an. Ce nombre est de deux en moyenne sur notre territoire. En France, il existe un réseau national nommé "Météorage" qui rassemble sous forme de base de données les amplitudes et les densités des coups de foudre. Grâce à des capteurs situés au sol, Météorage détecte les impacts de foudre nuage-sol à partir de l’onde électromagnétique émise et envoie les informations à un centre de traitement en temps réel. Ces données sont bien plus fiables que celle obtenues grâce au niveau kéraunique. Un autre réseau, complémentaire de Météorage est implanté en France : c’est le système Safir. Il permet de détecter, l’activité électrique des nuages et en particulier les éclairs intra-nuages qui précèdent les coups de foudre au sol. Des relations empiriques plus ou moins complexes ont été établies entre la densité de foudroiement au sol Nd et le niveau kéraunique Nk suivant les caractéristiques météorologiques locales. Pour la France, on admet que [Ro] : N d = 0.04 N 1k.25 (Eq. I-1) Pour un niveau kéraunique moyen de 20 on obtiendrait avec cette formule une densité de foudroiement d’environ 1.7 coups de foudre par an et par kilomètre carré. Cette densité de foudroiement est de l’ordre de 0.2 à 4 pour l’Europe et peut atteindre des valeurs de 10 pour les Etats-Unis, l’Afrique du Sud ou le Mexique. Malheureusement, cette valeur de la densité peut varier d’une région à l’autre, influencée par des facteurs locaux topologiques ou géologiques. 3°) Le nuage d’orage et phénomènes précurseurs Le phénomène orageux se situe principalement au niveau de la troposphère. Cette dernière se situe à des altitudes de l’ordre de 20km au niveau de l’équateur et de 6km au niveau des pôles. La troposphère est constituée d’air instable avec des courants ascendants chauds et humides. Au sein d’un nuage orageux typique, de violents courants ascendants provoque la collisions de différents types d’hydrométéores (grêlons, eau surfondue, neige, cristaux de - 34 - Chapitre I : La foudre glace, …). Le frottement entre ces hydrométéores engendre une électrisation suivie d’une séparation de charges variant avec la taille de ces derniers. Les particules les plus légères, porteuses de charges positives, sont attirées vers le sommet du nuage par des effets convectifs ascendants tandis que les particules lourdes, porteuses de charges négatives, sont attirées vers la base du nuage par des effets gravitationnels. Ces charges sont réparties dans deux zones (Figure I-1) : - Une zone inférieure, chargée négativement, composée de gouttes d’eau et de neige qui se situe à des altitudes de l’ordre de 4 à 8 km et où règnent des températures de l’ordre de -10°C à -20°C. Il est à noter qu’au niveau de la base du nuage se situe souvent une poche de charges positives. - Une zone supérieure, chargée positivement, composée essentiellement de cristaux de glace qui se situe à des altitudes de 8 à 16 km et où les températures avoisinent les -25°C jusqu’à -60°C. Le nuage d’orage ressemble donc à un véritable dipôle. Lorsque le champ électrique de claquage dans l’air est atteint, une décharge électrique peut s’opérer soit entre deux zones du nuage (éclair), soit entre le nuage et le sol (foudre). Figure I-1 : Répartition des charges électriques au sein d'un cumulonimbus ordinaire. Au niveau du sol, la différence de charges entre le nuage et le sol permet d’avoir un champ électrique qui, par beau temps, est de l’ordre de 100V/m (champ orienté de l’atmosphère vers - 35 - Chapitre I : La foudre le sol). Lors de l’approche du nuage d’orage, ce champ électrique commence à s’inverser et croître pour atteindre des valeurs de l’ordre de -10 à -15kV/m. A partir de ce moment, on peut dire qu’une décharge au sol est imminente. Ceci est valable pour un sol totalement plan. On sait que la présence d’aspérités peut augmenter le champ local par effet de pointe. Ce champ local ainsi augmenté est souvent largement suffisant pour déclencher des avalanches électroniques et ainsi ioniser l’air ambiant à ces aspérités : c’est l’effet couronne. Ce phénomène se manifeste sous la forme d’effluves bleutées et de crépitements. Leur longueur peut varier de quelques centimètres à quelques dizaines de centimètres, selon la taille de l’aspérité. Ce sont les feux de Saint-Elme. Ces décharges couronnes ont pour influences de diminuer le champ électrique pour qu’une décharge au sol puisse se produire. 4°) Déroulement d’un coup de foudre a) Classification des coups de foudre La plupart des coups de foudre sont initiés par une prédécharge intermittente et faiblement lumineuse appelée traceur par bond (stepped leader) qui se déplace, comme son nom l’indique, par bonds avec une vitesse proche de 105m.s-1. La distance parcourue entre chaque bond est de l’ordre de la dizaine de mètres. Au cours de sa progression, ce traceur se ramifie pour emprunter les chemins de moindre résistance. Avant d’expliciter les mécanismes de déroulement d’un coup de foudre (décharge entre nuage et sol) il est nécessaire de les classifier selon le sens de propagation du traceur : - les coups de foudre descendants : développement du traceur à partir du nuage. - les coups de foudre ascendants : développement du traceur à partir du sol. En pays plat, le coup de foudre descendant est le plus fréquent. C’est son mécanisme que nous allons étudier dans le paragraphe suivant. Pour qu’un coup de foudre ascendant se produise, il faut la présence d'une proéminence importante telle qu’une tour, un immeuble ou une montagne. C’est une des raisons pour lesquelles le coup de foudre ascendant se produit généralement en zone montagneuse. De plus, on classe les coups de foudre selon le sens d’écoulement du courant principal. Conventionnellement, on définira : - le coup de foudre négatif lorsque la partie négative du nuage se décharge. - le coup de foudre positif lorsque la partie positive du nuage se décharge. - 36 - Chapitre I : La foudre Dans l’étude qui suit, on se limitera aux coups de foudre négatifs car ils représentent près de 90% du foudroiement, en France. La Figure I-2 décrit les différents types de coups de foudre existants répertoriés par Berger [Be]. Figure I-2 : Les différents types de traceurs : a) Traceur négatif descendant normal; b) Traceur positif ascendant; c) Traceur positif descendant; d) Traceur négatif ascendant. b) Mécanismes du coup de foudre descendant Dans le cadre du déroulement d’un coup de foudre descendant et négatif, le traceur (dans ce cas négatif) prend naissance au sein du nuage et progresse en direction du sol par bonds successifs (Figure I-3). Lors de la progression de ce traceur, on observe des ramifications vers le bas ainsi qu’un accroissement au niveau de sa luminosité. Lorsque le traceur descendant se rapproche du sol, les décharges couronnes vont se transformer en traceurs ascendants et vont alors se diriger vers le traceurs descendant. Lorsque la jonction est effectuée entre un traceur par bonds et un traceur ascendant, il s’établit un canal conducteur entre le nuage et le sol qui va permettre le passage d’un courant de forte intensité. On observe alors un trait d’une forte intensité lumineuse qui progresse depuis le sol jusqu’au nuage avec une vitesse de l’ordre de 108m.s-1 : c’est l’arc en retour (return stroke). En empruntant le canal formé par la rencontre des deux traceurs, les charges positives neutralisent, au cours de leur progression, les charges négatives emmenées par le traceur descendant. Le diamètre moyen du canal conducteur a été estimé à 2 ou 3 centimètres au maximum. Le courant véhiculé par cet arc en retour peut varier de quelques dizaines à plusieurs centaines de milliers d’ampères. La température atteinte est, elle, de l’ordre de 30000K. Le réchauffement brutal et extrêmement élevé de l’air entraîne une formidable surpression de ce dernier. La pression du canal étant plus élevée que celle de l’air environnant, il s’ensuit une forte dilatation, une explosion du canal qui se propage sous forme d’onde de choc acoustique : c’est le tonnerre. - 37 - Chapitre I : La foudre Figure I-3 : Phases caractéristiques de l'évolution d'un coup de foudre négatif descendant : a) descente du traceur par bonds; b) initiation des traceurs ascendants; c) rencontre entre un traceur ascendant et le traceur descendant par bonds, puis écoulement du courant d'arc en retour. L’arc en retour dure près d’une dizaine de millisecondes. Dans le canal fortement ionisé, donc conducteur, formé par le premier arc en retour, plusieurs décharges peuvent alors se développer : ce sont les arcs subséquents. Alors que la première décharge est précédée du traceur par bonds, les décharges subséquentes sont précédées d’un traceur continu, beaucoup plus rapide (des vitesses de l’ordre de 106m.s-1) et qui est appelé trait pilote (dart leader). En général, un coup de foudre dure de 0.2 à 2s et comporte en moyenne 4 arcs en retour. La première décharge est souvent la plus importante au niveau de l'amplitude du courant. Mais il existe un faible courant non négligeable, de l’ordre de quelques centaines d’ampères, qui continue à s’écouler lors des décharges subséquentes : c’est le courant persistant. Une bonne maîtrise des connaissances des mécanismes non seulement de l’initiation de la décharge mais aussi de sa propagation a permis l'obtention de paramètres pour la mise en place d'études expérimentales et théoriques. Ces avancées ont donné une meilleure restitution de la description des phénomènes de l’arc de foudre et ont permis aux chercheurs d’appliquer ces résultats à des domaines différents pour l’amélioration des systèmes de protections des appareils électriques ou des avions. Dans le paragraphe suivant, nous proposons de regarder plus en détails la prise en compte de la menace foudre dans l'aéronautique. III) La foudre en aéronautique Le phénomène de foudroiement d’un avion n’est pas un phénomène rare : un avion de ligne, par exemple, est foudroyé en moyenne 1 à 2 fois par an. Ce type d'accident se situe - 38 - Chapitre I : La foudre dans 95% des cas dans les phases ascendantes ou descendantes de l'appareil : c'est à dire pour des vitesses d'avion de l'ordre de 100m.s-1 et des altitudes inférieures à 5km [Um]. La construction aéronautique actuelle se caractérise par l’utilisation de systèmes électroniques ainsi que de matériaux légers. La tendance à réduire la taille des systèmes électroniques ainsi que leur puissance de fonctionnement à pour effet d’augmenter leur sensibilité aux perturbations électromagnétiques telles que celles engendrées par la foudre. De plus, les structures constituées de matériaux partiellement ou non conducteurs tels que les matériaux composites offrent une protection moins efficace contre la foudre que les structures en aluminium classique. En même temps, la compréhension du phénomène de foudroiement en vol a fait une avancée considérable notamment grâce aux campagnes menées en vol dans les années 80 aux Etats-Unis et en France [Um]. Néanmoins, il est impossible de représenter un foudroiement d’avions dans son ensemble que ce soit par essai expérimental ou par modélisation numérique. Cela est dû au caractère stochastique de l’arc de foudre. Une façon de contourner le problème a été la mise en place, au travers d’une réglementation internationale, d’un coup de foudre typique ainsi que d’un protocole expérimental sur lesquels les avionneurs peuvent se baser. De plus, les paramètres utilisés par cette réglementation ont été maximisés afin d’être sûr que dans la réalité ces maxima ne seront pas atteints simultanément. 1°) Les effets de la foudre sur un aéronef La foudre peut donc soit être à l’origine de perturbations électromagnétiques au niveau de l’électronique embarquée (effets indirects) soit causer des dégâts thermomécaniques au niveau du fuselage de l’aéronef (effets directs). Ce sont ces effets que nous allons décrire à présent. a) Effets indirects de la foudre Ce sont les effets induits par le courant foudre dans les câblages et les équipements par couplage électromagnétique (induction, agressions en champs électriques et magnétiques). Ces effets restent relativement importants : avec l’apparition des matériaux composites, l’avion ne constitue plus une cage de Faraday comme avec un avion entièrement métallique. Ainsi, le passage du courant foudre au travers d’un avion induira sur les différents câblages, - 39 - Chapitre I : La foudre essentiellement par couplage électromagnétique, des phénomènes transitoires de tension et de courant et éventuellement des claquages localisés. De plus, il est important de connaître ces phénomènes transitoires pour se protéger de leurs effets possibles : au-delà de la destruction du composant qu’ils peuvent engendrer, il ne faudrait pas qu’une perturbation transitoire soit perçue par un calculateur électronique comme une information. b) Effets directs de la foudre Les effets directs de la foudre sur un aéronef rassemblent l’ensemble des dommages physiques perçus par l’avion ou par les équipements embarqués dus à l’attachement direct du canal de foudre ou par la conduction du courant de foudroiement à l’intérieur du fuselage. Ces effets directs sont surtout de type thermomécanique et peuvent être répertoriés par la liste suivante : - Echauffement par effet Joule : cela représente la puissance dissipée sous forme de chaleur dans un conducteur à la suite d’un passage du courant. Elle est égale à RI2. - Dommages thermiques au point d’attachement de l’arc : une perforation par brûlure ou une érosion du matériau peut se produire au point d’attachement de l’arc. La plus grande partie de l'énergie est dissipée dans la proximité immédiate ou à la surface même du matériau par conduction. La chaleur régnant au point d’attachement peut être telle qu’il est possible d’avoir fusion voire vaporisation du métal. - Formations de points chauds : des points chauds peuvent se former au niveau de la surface interne du revêtement d’un aéronef. Le risque associé à ces points chauds est l’inflammation de carburant ou d’autres substances hautement inflammables. - Dommages provoqués par onde de choc acoustique : L’échauffement brutal du canal de foudre en lui même va provoquer une onde de choc axiale. La sévérité du choc va dépendre de la valeur crête du courant ainsi que du temps de montée de celui-ci. En général, les ondes de choc acoustiques sont sans effets sur les revêtements métalliques mais peuvent engendrer des ruptures sur les revêtements en composite qui, eux, sont plus rigides. - Pression magnétique de l’arc : cette pression est proportionnelle au carré de l’intensité de l’arc et inversement proportionnelle à sa surface conductrice. Elle va jouer un rôle important pour de très fortes intensités d’arc et pour de faibles sections de conducteur. - 40 - Chapitre I : La foudre - Formation d’étincelles : Des étincelles peuvent se produire lorsque des courants de hautes intensités traversent la jonction entre deux matériaux conducteurs. La plupart des étincelles de type thermique se produisent à proximité des points chauds au niveau de la jonction des pièces lorsque la pression entre ces dernières est nulle ou voisine de zéro. Ces effets directs vont être à l’origine de dommages considérables au niveau du fuselage et vont faire l’objet de notre étude notamment pour ceux qui concernent l’effet Joule et la dissipation de l’énergie par conduction. Malheureusement, l’interaction foudre-aéronef est un phénomène difficile à quantifier de par l’aspect probabiliste et fortement non répétitif du phénomène. La mise en place d'une réglementation internationale a permis de normaliser l'ensemble de ces statistiques. 2°) La réglementation internationale La première version de la réglementation internationale date de 1972 et a été établie par la SAE (Society of Automotive Engineers) pour développer l’amélioration des protections foudre des aéronefs et pour standardiser les tests en laboratoire [Fi]. Celle que les avionneurs utilisent actuellement n’est qu’une évolution et une amélioration de cette dernière. a) Onde de courant foudre pour l’aéronautique La première étape a été de définir une menace foudre qui soit majorante des cas de foudroiement qu’un aéronef est susceptible de subir. Cette menace est définie à l’aide de données de foudroiement au sol [Be]. En effet, c’est uniquement dans cette configuration que l’on dispose de données statistiques conséquentes. Par ailleurs, les résultats obtenus lors des campagnes d’essais en vol suggèrent que les foudroiements en vol sont minorants par rapport à ceux au sol. Dans la normalisation en vigueur, l’environnement naturel du foudroiement est représenté par les composantes A, B, C et D (Figure I-4). L’onde ainsi définie couvre 99% des coups au sol en sévérité. Les différents paramètres permettant de définir cette onde sont : - l’intensité crête du courant - les temps de montée et de descente du front d’onde - la charge transférée égale à ∫ idt (en C) - 41 - Chapitre I : La foudre - l’intégrale d’action égale à ∫i 2 dt (en A2.s) : cela représente l’habilité du courant à déposer de l’énergie sur un objet résistif. Figure I-4 : Onde de courant type appliquée lors d’un foudroiement d’un avion. Chaque composante représente une phase différente du courant de foudroiement : - Composante A – courant de la première décharge en retour : cette composante a une amplitude crête de 200kA ± 10% , une intégrale d’action de 2 × 10 6 A 2 .s ± 20% et une durée totale de 500µs au plus. Le temps de montée (à rapprocher de celui de la composante D) de 10% à 90% de la valeur crête doit être inférieure à 50µs. Cette composante peut causer des dommages par effets directs ou par effets indirects. - Composante B – courant intermédiaire : cette composante a une amplitude moyenne de 2kA ± 20% et un transfert de charges de 10C ± 10% en 5ms ± 10% . Cette composante correspond à une phase de transition de la décharge et n’est applicable que pour l’analyse des effets directs. - Composante C – courant continu : cette composante transfère une charge de 200C ± 20% en un temps compris entre 0.25 et 1 seconde, d’une amplitude de 200 à 800 Ampères. Cette composante d’amplitude limitée peut causer des dégâts, - 42 - Chapitre I : La foudre notamment thermiques, très importants du fait de la grande quantité de charges qu’elle dépose. Il s'agit de cette composante que nous allons étudier tout au long de ce travail. - Composante D – courant des décharges secondaires : cette composante a une amplitude crête de 100kA ± 10% , une intégrale d’action de 0.25 × 10 6 A 2 .s ± 20% et une durée totale de 500µs au plus. Le temps de 10% à 90% de la valeur crête doit être inférieur à 25µs. On définit également les formes d’onde H et I qui correspondent aux phénomènes de multiple burst et de multiple stroke. Cela correspond respectivement aux phénomènes précédant l’attachement initial de l’arc et aux phénomènes de décharges en retour. De façon beaucoup plus mathématique, ces composantes peuvent se mettre sous la forme d’une différence d’exponentielles [Fi] : I (t ) = I 0 [exp(− αt ) − exp(− β t )] (Eq. I-2) Les paramètres inhérents à chaque composante sont récapitulés dans le Tableau I-1 cidessous : Composante Composante Composante Composante Composante Composante A B C D H I I 0 ( A) 218810 11300 400 109405 10572 54703 α ( s −1 ) 11354 700 NA 22708 187191 22708 β ( s −1 ) 647265 2000 NA 1294530 19105100 1294530 I crête ( A) 200000 4173 400 100000 10000 50000 1.4 × 1011 NA NA 1.4 × 1011 2 × 1011 0.7 × 1011 NA NA NA NA Paramètres (di dt ) max à -1 t=0 (A.s ) (di dt ) max (A.s-1) 1.0 × 1011 à t=0.5µs 1.0 × 1011 à t=0.25µs NA 0.5 × 1011 à t=0.25µs Intégrale d’action 2.0 × 10 6 0.5 × 10 6 NA (A2.s) Tableau I-1 : Paramètres de l'onde de courant utilisée dans l'aéronautique. - 43 - 0.0625 × 10 6 Chapitre I : La foudre Les diverses parties d’un avion ne sont pas exposées de façon identique au risque de foudroiement. Un aéronef est donc découpé en zones exposées à une partie de la menace décrite par l’onde de courant précédente correspondant à une ou plusieurs phases du foudroiement. b) "Zoning" d’un aéronef La définition de ces zones a aussi constitué une étape de la réglementation internationale. Elles sont représentées sur la Figure I-5 suivante : Figure I-5 : Représentation du "zoning" d'un aéronef tel qu'il est définit par la réglementation internationale [Go]. La zone 1 (A et B) correspond aux parties de l’avion pour lesquelles il y a une forte probabilité d’attachement initial de l’arc de foudre. La zone 2 (A et B) correspond aux parties de l’avion pour lesquelles il y a une forte probabilité d’être traversées par le pied d’arc apparu initialement en zone 1 et qui a été soufflé de par le déplacement de l’aéronef (zone de balayage). - 44 - Chapitre I : La foudre La zone 3 correspond aux autres parties de l’avion. Elle correspond donc aux parties de l’avion ou il y a une faible probabilité d’attachement de l’arc de foudre. Les suffixes A et B pour les zones 1 et 2 correspondent aux probabilités de stagnation de l’arc de foudre au niveau de la zone considérée. Pour le suffixe A, le temps de stagnation du pied d’arc dans la zone sera court tandis que pour le suffixe B, le temps de stagnation sera élevé. On peut constater que les parties de l'avion les plus exposées à l'attachement de l'arc de foudre sont le radôme (coupole qui se situe au niveau du nez de l'avion), les bouts des ailes et des empennages ainsi que les réacteurs. La partie principale où va se déplacer l'arc, une fois celui-ci attaché, est essentiellement le fuselage et une partie des ailes. Ainsi, le "zoning" d’un avion permet d’avoir la cartographie de l’avion corrélée avec les niveaux d’énergie attendus au niveau de chacune des zones (Figure I-6) : Figure I-6 : Ondes de courant requises sur les différentes zones d'un aéronef [Go]. IV) Conclusion Dans ce chapitre, nous avons présenté l'évolution des connaissances sur la foudre : partant des mythes et légendes pour arriver aux acquis actuels plus rigoureux et scientifiques. Ces derniers ont permis à l'homme de mettre en place une meilleure protection au niveau de l'individu et de son environnement : les habitations, les installations électriques et téléphoniques, les avions,... - 45 - Chapitre I : La foudre Nous avons ensuite rappelé les connaissances actuelles sur l'arc de foudre et le nuage d'orage. Nous avons aussi expliqué, de façon plus détaillée, les différentes étapes du déroulement d'un coup de foudre. Nous avons vu que le foudroiement d’un aéronef n’est pas un phénomène rare et qu'il représente une menace réelle pour le fuselage d’un avion. La réglementation internationale a permis de mettre en place une uniformisation au niveau des normes pour les avionneurs. Son but n’est pas d’éviter aux matériaux de fuselage d’être foudroyés mais d’assurer leur tenue lors du foudroiement. Pour cela, de nombreux tests expérimentaux ont lieu afin d’assurer la validité du matériau et de certifier leur mise en application au niveau de l’aéronef. Ces essais restent cependant relativement lourds et nécessitent de nombreuses précautions de manipulation. L'outil numérique s'avère donc indispensable pour épauler l'étude et la compréhension du transfert d'énergie, notamment de la composante continue C. Il permet, une fois validé, d'appréhender les mécanismes du transfert d'énergie dans de multiples configurations sans cumuler les essais expérimentaux. Il permet aussi d'obtenir des informations plus microscopiques non accessibles par l'expérience. C'est dans cette optique que s'inscrit ce travail de thèse, dont l'objectif est de modéliser l'interaction arc-matériau afin de quantifier les flux transférés et d'en déduire les possibles dommages. - 46 - Chapitre II : Données de base. - 47 - - 48 - Chapitre II : Données de base L'étude que nous allons mener, fait intervenir différentes natures de milieux : un milieu gazeux dans lequel l'arc électrique va se créer, un milieu solide sur lequel l'arc impacte. Sous l'effet de l'interaction de l'arc avec le matériau, des vapeurs viendront, suivant les conditions opératoires, ensemencer le milieu plasma. De nombreuses propriétés thermodynamiques et coefficients de transport sont donc nécessaires pour la description de notre problématique. La finalité de notre étude concerne l'analyse du transfert d'énergie provenant d'un arc électrique dans l'air sur un matériau en composite. Cependant, les phases de développement et de validation de notre modèle font intervenir, afin de se caler sur les configurations expérimentales de la littérature, d'autres milieux gazeux (argon) ou solides (fer, cuivre ou aluminium). Si les conditions opératoires sont telles qu'elles conduisent à la vaporisation des matériaux, interviennent alors les phases vapeurs du fer, du cuivre et de l'aluminium. Nous nous trouvons alors en présence d'un milieu hétérogène ensemencé de vapeurs métalliques. Les coefficients de transport nécessaires à la mise en place du modèle, décrit dans les chapitres suivants, sont alors la viscosité µ ( kg.m −1 .s −1 ), la conductivité thermique κ ( W.m −1 .K −1 ), la conductivité électrique σ ( S.m −1 ), le coefficient d’émission nette ε N ( W.m −3 .ster −1 ) et le coefficient de diffusion de la vapeur dans le gaz plasmagène D ( m 2 .s −1 ). Les propriétés thermodynamiques utilisées sont : la densité de masse ρ ( kg.m −3 ), la chaleur spécifique C P ( J.kg −1 .K −1 ), l'enthalpie spécifique hi (J.kg-1), la chaleur latente d’évaporation du matériau Lmat ( J.kg −1 ) ainsi que la pression de vapeur saturante Pvap . I) Propriétés de transport du plasma Les viscosités, les coefficients d’émission nette, les densités de masse, les conductivités thermique et électrique des gaz purs ont été utilisés pour la modélisation de la colonne de plasma. Pour l’argon, les données sont issues du Thermal Plasma [Bo] et de la thèse d'Erraki [Er] pour le coefficient d’émission nette. Pour l’air, elles sont issues du Thermal Plasma [Bo] et de la thèse de Naghizadeh [Na] pour le coefficient d’émission nette. Ces grandeurs ont été calculées pour la pression atmosphérique en supposant une équirépartition de l'énergie entre les électrons et les autres particules, soit l'existence d'une seule température pour l'ensemble des espèces [Va], [Bo]. Les propriétés de transport et thermodynamiques du gaz sont fortement dépendantes de la température. Elles ont été tabulées en fonction de la température par pas de 100K. Une interpolation linéaire permet de retrouver les valeurs entre deux pas. - 49 - Chapitre II : Données de base Les figures suivantes (Figures de II-1 à II-7) représentent respectivement la conductivité thermique, électrique, la viscosité, la chaleur spécifique, la densité massique, l'enthalpie et enfin le coefficient d'émission nette - pris pour un rayon de 5 mm - de l'argon et de l'air. Sur la Figure II-1, on peut remarquer que les conductivités thermiques des deux gaz augmentent avec la température. Celle de l'air est supérieure à celle de l'argon pour quasiment toute la gamme de température considérée. On constate que sur les deux courbes apparaissent des pics. Ils sont dus, pour l'air, à la dissociation de la molécule d'O2 (vers 3500K), la dissociation de la molécule de N2 (vers 7000K) et à l'ionisation de l'oxygène et de l'azote vers 15000K. Pour l'argon, on peut remarquer la présence d'une bosse vers 15000K qui correspond à un pic d'ionisation. Figure II-1 : Conductivités thermiques de l'argon et de l'air en fonction de la température. Sur la Figure II-2, on constate que les conductivités électriques des deux gaz, données en fonction de la température, croissent. Elles présentent une forte variation jusqu'à, approximativement, 15000K puis connaissent une croissance plutôt faible à partir de cette température. En fait, la conductivité électrique est directement proportionnelle au carré de la densité électronique qui croît fortement à partir de 5000K avec l'ionisation du milieu. Elle commence à stagner dès l'apparition des premières espèces deux fois ionisées, vers 15000K, dans notre cas. - 50 - Chapitre II : Données de base Figure II-2 : Conductivités électriques de l'argon et de l'air en fonction de la température. Sur la Figure II-3, nous donnons l'évolution de la viscosité en fonction de la température pour l'air et l'argon. La viscosité augmente avec la température puis décroît à partir de 10000K pour l'argon et 12000K pour l'air. La viscosité dépend essentiellement des particules lourdes. Lorsque la température du plasma augmente, la viscosité est d'abord contrôlée par les molécules et/ou par les particules neutres (pente ascendante) puis par les particules chargées lorsque ces dernières deviennent majoritaires (pente descendante). On peut dire que le maximum de viscosité représente le passage d'un milieu neutre vers un milieu ionisé. Le pic de l'argon se situe à des températures plus faibles que celui de l'air du fait que son énergie d'ionisation est plus faible que celle de l'oxygène et de l'azote. Figure II-3 : Viscosités de l'argon et de l'air en fonction de la température. - 51 - Chapitre II : Données de base Sur la Figure II-4 sont représentées les chaleurs spécifiques de l'argon et de l'air. Ces courbes ressemblent à celles de la conductivité thermique et sont à corréler avec ces dernières. En effet, sur la courbe relative à l'air, les deux premiers pics correspondent à des pics de dissociation et le troisième à un pic d'ionisation. Pour l'argon : le pic à 15000K représente un pic d'ionisation. Figure II-4 : Chaleurs spécifiques de l'argon et de l'air en fonction de la température. Sur la Figure II-5, les courbes de densités massiques de l'air et de l'argon sont représentées. Elles diminuent avec la température. Celle de l'argon se situe au-dessus de celle de l'air de par le fait que sa masse molaire ( M Ar = 39.948 × 10 −3 kg.mol −1 ) est supérieure à celle de l'air ( M Air = 28.8 × 10 -3 kg.mol -1 ). Figure II-5 : Densités massiques de l'argon et de l'air en fonction de la température. - 52 - Chapitre II : Données de base Les enthalpies spécifiques de l'argon et de l'air sont représentées sur la Figure II-6. On constate que l'enthalpie augmente avec la température pour les deux gaz considérés. Nous rappelons que : T h(T ) = h0 + ∫ C P dT (Eq. II-1) 273 Avec : h0 = h(T = 273K ) = 0 J .kg −1 (Eq. II-2) Ces courbes présentent donc des variations brutales vers 15000K lors de l'ionisation ou encore, dans le cas de l'air, vers 8000K lors de la dissociation. Figure II-6 : Enthalpies massiques de l'argon et de l'air en fonction de la température. La Figure II-7 regroupe les courbes du coefficient d'émission nette de l'argon et de l'air pris pour un rayon de 5mm. Le cas R=0mm correspondrait au cas fictif où il n'y aurait pas d'absorption. On peut constater sur la Figure II-7 que le coefficient d'émission nette de l'air est supérieur à celui de l'argon sur quasiment toute la gamme de température considérée. Pour les deux milieux, le coefficient d'émission nette augmente avec la température de par l'ionisation et les collisions radiatives qui en découlent. - 53 - Chapitre II : Données de base Figure II-7 : Coefficients d'émission nette de l'argon et de l'air en fonction de la température, pris pour un rayon de 5mm. Nous venons de nous intéresser aux propriétés de transport des composés en phase gazeuse de l'air et de l'argon. Dans le paragraphe suivant, nous allons étudier les propriétés de transport des matériaux métalliques utilisés. II) Propriétés de transport du matériau Les matériaux étudiés peuvent être séparés en deux groupes : les matériaux métalliques (cuivre, fer et aluminium) conducteurs du courant et le matériau composite. Dans le cas des métaux, les données de base sont relativement faciles à trouver dans la littérature tandis que pour le matériau composite, ces données nous ont été fournies par EADS CCR Suresnes [Ra1]. 1°) Matériaux métalliques Les coefficients de transport des phases condensées des différents matériaux (la chaleur spécifique, les conductivités thermiques et électriques) sont fonction de la température mais aussi des phases. Ils sont tabulés tous les 100K. D’autres données spécifiques du matériau sont répertoriées dans le Tableau II-1. Les températures de fusion et d’ébullition, la densité de masse, le travail de sortie des électrons et la masse molaire y sont répertoriés en fonction des différents types de matériau étudiés. Elles sont issues du NIST [Ni] et du CRC Handbook of Chemistry and Physics (3rd Electronic Edition) [Ha-3]. - 54 - Chapitre II : Données de base Cuivre Fer Aluminium T fus [Ni] 1357 K 1811K 933K Tébu [Ni] 2840K 3134K 2329K ρ [Ja] 8920kg.m -3 7874kg.m -3 2700kg.m -3 Φ W [Ha-3] 4.65V 4 .7 V 4 .2 V M mol [Ja] 65.546 × 10 −3 kg.mol -1 55.845 × 10 −3 kg.mol -1 26.98 × 10 −3 kg.mol -1 Tableau II-1 : Propriétés thermodynamiques et électriques des différents matériaux étudiés. La Figure II-8 présente les conductivités électriques du cuivre, du fer et de l’aluminium. On peut constater que le fer est bien moins conducteur que les deux autres matériaux. Figure II-8 : Conductivités électriques des différents matériaux d’anode. La Figure II-9 représente les conductivités thermiques du cuivre, du fer et de l’aluminium. Le cuivre a un pouvoir de conduction de la chaleur supérieur à celui de l'aluminium ou bien du fer. Cela signifie qu'il évacuera mieux la chaleur que les deux autres métaux. - 55 - Chapitre II : Données de base Figure II-9 : Conductivités thermiques des différents matériaux d’anode. La Figure II-10 présente les chaleurs spécifiques du cuivre, du fer et de l’aluminium. Ces trois courbes présentent toutes un pic plus ou moins prononcé lors du changement de phase (fusion). Figure II-10 : Chaleurs spécifiques des différents matériaux d’anode. Les coefficients de transport du matériau solide (la chaleur spécifique, les conductivités thermiques et électriques) sont issus des tables de Janaf [Ja], du Handbook [Ha-2] et de la thèse de Trenty [Tr]. - 56 - Chapitre II : Données de base 2°) Matériau composite Un matériau composite est constitué d'un arrangement de fibres de matériau résistant qui sont noyées dans une matrice dont la résistance mécanique est beaucoup plus faible (Figure II-11). De ce fait, un matériau composite est très hétérogène et fortement anisotrope. Figure II-11 : Représentation d'un matériau composite type en trois dimensions. Cela signifie que ses propriétés sont différentes suivant les directions. Dans cette étude, le matériau étudié est appelé TC1; il s'agit d'un composite utilisé dans l'industrie aéronautique. Il est constitué de fibres de carbone tissées baignant dans une résine époxyde. Sur la Figure II-11, nous avons représenté trois directions suivant lesquelles les propriétés de transport sont différentes. Par la suite, nous allons considérer que les coefficients de transport dans la direction 1 seront identiques à ceux dans la direction 2. Ils ne dépendront donc que des directions longitudinales et transversales. De plus, ces coefficients sont homogénéisés suivant chacune de ces directions. Les coefficients de transport de ce matériau ont été fournis par EADS CCR de Suresnes [Ra-1]. Elles sont fonction de la température, de la direction et des phases. Pour un matériau composite, c'est un abus de langage de parler de phases car bien évidemment, il n'existe pas de phases solides, liquides ou gazeuses. Ce terme sera tout de même utilisé pour désigner une phase de résine non dégradée, dégradée ou encore une phase de dégradation totale. Comme pour les autres grandeurs, nous avons tabulé ces coefficients de transport tous les 100K. - 57 - Chapitre II : Données de base a) Chaleur spécifique La Figure II-12 représente la chaleur spécifique du matériau composite considéré. Figure II-12 : Chaleur spécifique du matériau composite en fonction de la température. On peut tout d'abord constater que la chaleur spécifique massique du composite est constante sur deux plages de température et qu'elle présente une variation brutale entre ces deux plages. Le saut, situé vers 723K, représente un "changement de phase". La chaleur spécifique n'a pas été prise en fonction des directions. Cette hypothèse peut s'expliquer par le fait que la chaleur spécifique d'un matériau est une propriété thermodynamique correspondant à l'énergie qu'il faut fournir à 1kg de ce matériau pour que sa température augmente de 1K. Cela représente plus un effet en volume qu'un effet lié à un transport dû à un gradient et donc lié à une direction spécifique. L'estimation de la chaleur spécifique a été effectuée à partir d'Analyse Calorimétrique Différentielle (A.C.D.). Son principe consiste à placer dans un calorimètre un échantillon de masse connue puis à imposer à cet échantillon une variation de température connue. Le calcul de la chaleur massique se fait en effectuant le rapport entre la quantité de chaleur injectée et la variation de température imposée. Ce rapport nous est donné par la relation [Uh] : CP = 1 WR mR (Eq. II-3) - 58 - Chapitre II : Données de base C P est la chaleur massique de l'échantillon, m est la masse de l'échantillon, R est la vitesse de chauffage et WR est la puissance thermique apportée à l'échantillon. b) Conductivités thermiques longitudinales et transversales Les conductivités thermiques longitudinales et transversales du matériau composite sont représentées sur les Figures II-13 et II-14. Figure II-13 : Conductivité thermique longitudinale du matériau composite en fonction de la température. Figure II-14 : Conductivité thermique transversale du matériau composite en fonction de la température. - 59 - Chapitre II : Données de base On remarque que les deux courbes de conductivité thermique présentent la même allure : elles augmentent linéairement entre 300 et 723K, présentent une décroissance brutale puis sont constantes sur le reste de la gamme des températures. Le saut, situé vers 723K, représente, comme dans le cas de la chaleur spécifique, un "changement de phase" du composite. En comparant ces deux figures, on peut aussi constater que la conductivité thermique longitudinale du matériau est près de quatre fois plus importante que sa conductivité thermique transversale. Cela signifie que l'évacuation de la chaleur sera beaucoup plus efficace radialement que axialement. Si on compare maintenant les conductivités thermiques du composite à celles d'un matériau métallique, on peut remarquer qu'il existe presque deux ordres de grandeurs entre elles, ce qui signifie que le matériau composite conduit moins bien la chaleur qu'un métal. Expérimentalement, la grandeur qui a été obtenue n'est pas la conductivité thermique mais la diffusivité thermique du matériau. Connaissant la chaleur spécifique massique, on obtient alors la conductivité thermique par la relation : κ = aρ C P (Eq. II-4) Où a est la diffusivité thermique, κ est la conductivité thermique, ρ la densité massique du matériau et C P la chaleur spécifique massique. La diffusivité thermique a été obtenue à partir de la méthode "flash". Cela consiste à appliquer à la surface d'un matériau une impulsion brève de flux de chaleur avec soit un laser, soit une lampe flash et à analyser la réponse en température du matériau sur la face opposée. Pour le composite qui a des composantes transversales et longitudinales différentes, il est nécessaire que le flux de chaleur ait une forme géométrique bien précise (le plus souvent une ligne flash suffit) pour pouvoir analyser la répartition bidimensionnelle transitoire de la température sur la face opposée grâce à une caméra infrarouge. Les mesures seront effectuées pour différentes températures du matériau pour obtenir une valeur des conductivités thermiques en fonction de la température. - 60 - Chapitre II : Données de base c) Conductivités électriques longitudinales et transversales Les Figures II-15 et II-16 représentent les conductivités électriques longitudinales et transversales du matériau composite utilisé. Figure II-15 : Conductivité électrique longitudinale du matériau composite en fonction de la température. Figure II-16 : Conductivité électrique transversale du matériau composite en fonction de la température. En comparant les conductivités électriques longitudinales et transversales du matériau composite, on constate que la conductivité longitudinale est supérieure de trois ordres de grandeur par rapport à la conductivité transversale. Cela montre que le matériau composite est - 61 - Chapitre II : Données de base un meilleur conducteur électrique radialement que axialement. Le courant aura donc tendance à rester à la surface du matériau plutôt qu'à y pénétrer. Pour mesurer les conductivités électriques du matériau composite ou plutôt les résistivités, il faut injecter, dans le matériau, un courant soit suivant le sens transversal, soit suivant le sens longitudinal et ensuite mesurer, à l'aide de prises de tension, la différence de potentiel entre les bornes du matériau. Connaissant le courant injecté, on en déduit la résistivité du matériau et ensuite sa conductivité. Les mesures seront répétées pour différentes températures du composite pour obtenir les conductivités électriques en fonction de la température. d) Autres propriétés utilisées Les autres données relatives au matériau, et nécessaires pour sa description, sont prises constantes et sont répertoriées dans le Tableau II-2. La densité massique ainsi que les températures de changement de "phase" ont été fournies par EADS CCR [Ra-1]. Pour la masse molaire et pour le travail de sortie des électrons, le manque de données spécifiques au matériau composite nous a conduit à utiliser celles du carbone pur. Elles sont issues du NIST [Ni] et du CRC Handbook of Chemistry and Physics (3rd Electronic Edition) [Ha-3]. On peut s'interroger sur la légitimité de prendre le travail de sortie des électrons du carbone pur à la place de celui du matériau composite étant donné que la première couche d'un matériau composite est une couche de résine. Cependant, il est nécessaire de rappeler que ce genre de donnée n'est pas disponible pour le matériau étudié. Nous utiliserons donc pour les propriétés de cette couche celles du carbone pur. T phase1 [Ra-1] T phase 2 [Ra-1] ρ [Ra-1] Φ W [Ra-1] M mol [Ra-1] 723K 1173K 1500kg.m -3 5.00V 12.01kg.mol −1 Tableau II-2 : Propriétés thermodynamiques et électriques du matériau composite. III) Propriétés de transport des vapeurs métalliques – lois de mélange La prise en compte des vapeurs issues de la vaporisation de l'anode au sein du plasma se fait au travers de l'utilisation des coefficients de transport des composés purs considérés en phase gazeuse. Pour le matériau composite, on a considéré que seul le carbone se retrouvait en - 62 - Chapitre II : Données de base phase gazeuse. Les coefficients ont été tabulés tous les 100K. Les vapeurs métalliques issues de l'érosion de l'anode vont modifier les propriétés de transport du plasma. Pour calculer, localement, les nouveaux coefficients de transport, les lois de Wilke [Wi] ont été utilisées pour la viscosité et la diffusion, les relations données par Bird [Bi] pour la conductivité thermique et la densité massique, et Bauchire [Ba] pour la conductivité électrique. Ces lois de mélange sont fonction des propriétés des composés à l’état gazeux pur. Pour les calculs on va considérer que seuls, la conductivité électrique, la conductivité thermique et le coefficient d’émission nette vont être modifiés par la présence de ces vapeurs comme cela a pu être montré par Abdelhakim [Ab]. Les nouveaux coefficients de transport ϕ sont calculés, pour la plupart, au prorata des fractions molaires xi , à partir de lois que nous présentons maintenant. ϕ = ϕ 1 x1 + ϕ 2 x 2 (Eq. II-5) Cependant, pour la conductivité thermique [Bi], la viscosité [Bi], [Wi] et la densité [Bi], les relations utilisées sont : xiκ i n κ mix = ∑ i =1 n ∑ x j Φ ij (Eq. II-6) et Φ ij = j =1 xi µ i n µ mix = ∑ i =1 ∑x Φ j =1 ρ mix = (Eq. II-7) n j M 1 1+ i 8 M j −1 2 1 + µ i µ j ρi + 2 Mj Mi 1 4 2 ij 1 Xi 1 (Eq. II-8) Xj ρj Où X i et X j sont les fractions massiques des différents composés. Le rayonnement du mélange ne se calcule pas avec les lois de Wilke mais avec une relation issue de la thèse de Bauchire [Ba] : - 63 - Chapitre II : Données de base ϕ = y1' ϕ 1 + y 2' ϕ 2 (Eq. II-9) Avec : y1' = x1 x2 et y 2' = = 1 − y1' x1 + x 2 x1 + x 2 (Eq. II-10, II-11) Nous avons utilisé ces relations car elles donnent de bons résultats, au niveau de la viscosité et de la conductivité thermique, comparés au calcul direct pour un même pourcentage [Au]. Pour ce qui est du coefficient d'émission nette et de la conductivité électrique, nous avons comparé les résultats obtenus avec les lois de mélange et ceux calculés directement par certains auteurs de la littérature [Cr], [Ad], [Li]: les deux types de résultats ne diffèrent que de quelques pourcents. Les Figures II-17 et II-18 montrent l’influence de différents pourcentages de vapeurs de cuivre sur le coefficient d’émission nette pour un rayon de 5mm ainsi que sur la conductivité électrique de l’argon. Ces deux grandeurs ont été calculées à partir des relations (équations II6 et II-9) présentées précédemment. Figure II-17 : Influence des vapeurs de cuivre sur le coefficient d’émission nette de l’argon. - 64 - Chapitre II : Données de base On peut constater que la conductivité électrique d’un mélange argon-cuivre est plus importante que celle de l’argon pur, pour des températures inférieures à, approximativement, 16000K. Cela est dû au faible potentiel d’ionisation du cuivre qui conduit, pour une température donnée, à une densité électronique plus importante et donc à une conductivité électrique plus élevée. Pour des températures supérieures à 16000K, on peut remarquer une inversion au niveau des courbes : la conductivité du mélange argon-cuivre diminue et devient moins importante que celle de l’argon pur à cause de l’apparition de l'espèce ionique Cu + + . Ces ions, doublement chargés, augmentent les interactions sur de plus longues distances ce qui augmente alors les fréquences de collisions inélastiques et diminue donc la conductivité électrique. Figure II-18 : Influence des vapeurs de cuivre sur la conductivité électrique de l’argon. Au niveau du coefficient d’émission nette, pour une valeur de la température fixée, la présence de vapeurs augmente considérablement le rayonnement. Ce phénomène est nettement marqué pour les faibles températures. Ceci est dû au faible potentiel d’ionisation du cuivre par rapport à l’argon. A des températures plus élevées, le degré d’ionisation est relativement peu dépendant du type de gaz ou de la présence de vapeurs ainsi le coefficient d’émission nette n’est plus aussi affecté par la proportion de cuivre comme c’est le cas pour des températures plus faibles. Les propriétés de transport des vapeurs de fer, ont été extraites d’Adachi [Ad], des données de Chervy [Ch-1] et d’Erraki [Er]. Pour les vapeurs de cuivre et d’aluminium, les coefficients - 65 - Chapitre II : Données de base de transport ont été calculés et tabulés par Cressault [Cr]. Pour le matériau composite, nous avons supposé que sa vaporisation ne pouvait produire que des vapeurs de carbone pur. Les données relatives au carbone ont été calculées et tabulées par Swierczynski [Sw]. Pour l’aluminium, la comparaison avec les valeurs obtenues par Dassayanake et Etemadi [Da] montre un bon accord avec des différences inférieures à 10%. Les coefficients de diffusion entre deux espèces ont été obtenus à partir de la formule donnée par Wilke [Wi] et utilisée par Etemadi [Zh-1] ou Menart [Me] : D= 2 2 1 + 1 M M i j ρ i2 1.385 2 µ i2 M i 0.25 0.5 ρ 2j + 1.385 2 µ 2 M j j 0.25 2 (Eq. II-12) M i , ρ i , µ i sont, respectivement, la masse molaire, la densité de masse et la viscosité de l’espèce i . IV) Autres propriétés utiles Afin de tenir compte également, de l’évaporation de l’anode, il faut connaître la chaleur latente d’évaporation du matériau considéré (en J .kg −1 ). La chaleur latente de fusion représente la quantité d'énergie qu'il faut fournir à 1kg d'un matériau pour le faire passer de l'état solide à l'état liquide tout en gardant sa température constante. Nous avons obtenu cette grandeur à partir des travaux de Kaddani [Ka-1] pour le cuivre, de Yoshida [Yo] pour le fer et du CRC Handbook of Chemistry and Physics (3rd Electronic Edition) [Ha-3] pour l’aluminium. Pour le matériau composite, elle est issue du rapport interne à EADS [Ra-1] et est supposée constante en fonction de la température. Les expressions des chaleurs latentes pour les différents matériaux sont données ci-dessous : LCu (T ) = 4.84589 × 10 6 8390 − T 8390 − 2868 (Eq. II-13) LFe (T ) = 7.514 × 10 6 − 4.425 × 10 2 T + 1.514 × 10 −2 T 2 - 66 - (Eq. II-14) Chapitre II : Données de base T L Al (T ) = 6.31953 × 10 1 − 7151 0.38 6 (Eq. II-15) LTC1 (T ) = 5.10 7 J.kg −1 (Eq. II-16) Nous avons aussi utilisé Pvap : la pression de vapeur saturante du matériau. Elle représente la pression partielle d'un gaz lorsque celui-ci est en équilibre avec son liquide. Cette dernière a été tirée du Handbook ([Ha-3], Eq. II-17 et II-19) pour le cuivre et l’aluminium, et de Yoshida ([Yo], Eq. II-18) pour le fer : [ ] 1.12 × 10 4 log Pvap (T ) = −82.62 + + 3.1336 × 101 log(T ) − 8.9074 × 10 −3 T T (Eq. II-17) 4.33 × 10 4 Pvap (T ) = exp13.8 − T (Eq. II-18) [ ] log Pvap (T ) = 9.988 − 1.38 × 10 4 − 3.4595 × 10 −1 log(T ) + 1.1361 × 10 −11 T T (Eq. II-19) Pour le matériau composite, étant donné le manque de données sur cette grandeur, nous B avons utilisé, une expression du type Pvap (T ) = exp A + . Cette expression se base sur la T forme des expressions de la pression de vapeur saturante des autres composés et notamment de celle du fer. Les coefficients A et B ont ensuite été déterminés à partir des points singuliers de changement de phase : - à T=723K (T phase1 ), Pvap (T ) = 1 × 10 −8 . (Eq. II-20) - à T=1173K (T phase 2 ), Pvap (T ) = 0.98 . (Eq. II-21) Les valeurs de la pression de vapeur saturante utilisées comme points singuliers de changement de phase pour le matériau composite (Equations II-20 et II-21), proviennent des valeurs que l'on obtiendrait dans le cas de matériaux conducteurs, si l'on remplaçait la - 67 - Chapitre II : Données de base température par leur température de changement de phase dans leur expression de la pression de vapeur saturante (Equations II-17, II-18 et II-19). Ce qui nous donne A=29.54 et B=-34677K. On obtient alors la relation pour le composite TC1 : 34677 Pvap (T ) = exp 29.54 − T (Eq. II-22) Ces expressions de la pression de vapeur saturante et de la chaleur latente de fusion, seront utiles, comme nous le verrons plus tard, pour déterminer le taux de vapeurs produites par le bain liquide du matériau considéré grâce à l’équation de bilan au niveau de la surface de l’anode. V) Conclusion Dans cette partie, nous nous sommes familiarisés avec les coefficients de transports des phases gazeuses et condensées. Nous avons aussi introduit quelques grandeurs et propriétés thermodynamiques que nous allons utiliser dans les chapitres suivants. Nous avons présenté et définit les propriétés particulières du matériau composite TC1 ainsi que les approximations que nous avons effectuées sur ce matériau dues aux manques de données sur les composites dans la littérature. Nous avons pu constater que ce matériau est peu conducteur aussi bien thermiquement qu'électriquement et notamment dans le sens transversal. Ces données, tabulées, sont ensuite utilisées comme paramètres d'entrée dans les modèles que nous allons développer dans les chapitres III, IV et V. Ils permettront la mise en place du code de calcul décrivant l'interaction entre un arc électrique et un matériau en deux et trois dimensions. - 68 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions. - 69 - - 70 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Dans ce chapitre, nous présentons la modélisation en deux dimensions (2D) de l'interaction entre un arc électrique et une surface. Ce modèle ne sera appliqué, dans cette partie, que pour les matériaux conducteurs que sont le cuivre, le fer et l'aluminium. Le traitement du matériau composite se fera, de façon détaillée, dans le chapitre V. Dans un premier temps, on explicitera le modèle mathématique, la géométrie ainsi que les conditions aux limites utilisées. On appliquera ensuite ce modèle à des cas simples afin de comparer, voire de valider, les résultats obtenus avec ceux de la littérature. Ensuite, nous passerons à une étude paramétrique, plus générale, relative au modèle mis en place. I) Modèle mathématique Lorsqu’un arc transféré n’est soumis à aucune force extérieure (magnétique, convective,…), il présente un axe de symétrie naturel et peut donc être modélisé en deux dimensions axisymétriques (r, z). Généralement, les équations utilisées pour décrire le comportement d’un plasma thermique sont celles utilisées par la mécanique des fluides (équations de Navier-Stokes) auxquelles on ajoute les équations de l’électromagnétisme (équations de conservation du courant et résolution des potentiels vecteurs pour le calcul du champ magnétique azimutal). Dans notre cas, l’arc est symétrique axialement et les équations de la magnétohydrodynamique peuvent s’écrire en 2D cylindriques. 1°) Hypothèses Afin de simplifier le problème, on va appliquer les hypothèses suivantes : - La colonne de plasma est supposée être en E.T.L. : malgré les pertes par rayonnement, les processus collisionnels sont suffisamment nombreux pour assurer seuls un équilibre thermique local des différentes espèces (électrons, ions, particules neutres,…) et donc impliquer une seule température du milieu. - Le plasma est un fluide newtonien et son écoulement est considéré laminaire et stationnaire. - Les effets de gravité sont négligés. En effet, pour des arcs de forte intensité (supérieure à 30A pour un arc dans l'air) où l'effet Maecker (pompage magnétique au - 71 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions niveau de la pointe de la cathode) est important, le terme de gravité ( ρg ) est très faible devant celui de gradient de pression ( - ∂P ) et peut être donc omis [Lo]. ∂z On supposera que la surface de l’anode est indéformable spatialement et temporellement. - On ne modélisera pas les effets au niveau du bain liquide (Effet Marangoni, pression de l’arc, pression magnétique, traînée de viscosité,…). - On négligera, dans le bilan de flux au niveau de l’anode, le rayonnement du plasma vers l’anode ainsi que de l’anode vers le plasma. Cette hypothèse sera étudiée et vérifiée dans les paragraphes III-4 et III-5 de ce chapitre. - La gaine cathodique ne sera pas représentée. 2°) Equations utilisées Les équations de conservation, en stationnaire, peuvent être écrites sous la forme généralisée proposée par Patankar [Pa] : ( ) r r r r ∇.(ρv Φ ) = ∇. ΓΦ ∇Φ + S Φ (Eq. III-1) r Où ρ est la densité du fluide considéré, v est le vecteur vitesse, ΓΦ est le coefficient de diffusion, S Φ le terme source et Φ représente les grandeurs scalaires qui doivent être résolues dans les différentes équations de conservation. Ces trois dernières variables sont données pour chacune des équations de conservation résolues dans le Tableau III-1 : Equations de conservation Φ ΓΦ SΦ Masse 1 0 0 Moment axial u µ − ∂P ∂ ∂u 1 ∂ ∂u ∂v µr + + 2 µ + ∂z ∂z ∂z r ∂r ∂r ∂z − 2 ∂ ∂u 1 ∂ (rv ) + j r .Bθ µ + 3 ∂z ∂z r ∂r - 72 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Moment radial v µ − ∂P 2 ∂ ∂v ∂ ∂v ∂u µ + + µr + ∂r r ∂r ∂r ∂z ∂z ∂r − 2 1 ∂ ∂u 1 ∂ (rv ) − µ 2v2 − j z .Bθ µr + 3 r ∂r ∂z r ∂r r j r2 + j z2 5 k B ∂T ∂T + jr jz σ 2 e ∂z ∂r ∂X κ ∂ (hi − ha ) i + ρD − ∂z ∂z CP ∂X 1 ∂ κ (hi − ha ) i + r ρD − ∂r r ∂r CP Energie T κ Potentiel électrique V σ 0 Potentiel vecteur axial Az 1 µ0 jz Potentiel vecteur radial Ar 1 µ 0 jr − −U + Ar r2 Tableau III-1 : Equations de conservation mises sous la forme généralisée de Patankar. Dans les équations du Tableau III-1, µ , κ , C P , et σ sont, respectivement, la viscosité, la conductivité thermique, la chaleur spécifique massique et la conductivité électrique du gaz considéré. D est le coefficient de diffusion de la vapeur métallique dans le gaz plasmagène. hi et ha sont les enthalpies spécifiques de la vapeur métallique et du gaz plasmagène. Ce sont des grandeurs qui dépendent de la température locale du gaz et de la nature du milieu. P représente la pression du gaz, u et v sont les composantes axiales et radiales du vecteur vitesse, V est le potentiel électrique. Le terme source de l’équation de l’énergie, S Φ , est composé respectivement du chauffage par effet Joule, des pertes par rayonnement ( U ), du flux enthalpique des électrons et des termes de diffusion enthalpique dus aux vapeurs métalliques. Le terme de pertes radiatives de l’équation de l’énergie se mettra sous la forme 4πε N où ε N est le coefficient d’émission nette pris, dans notre cas, pour un rayon de 5mm. X i représente la fraction massique du matériau évaporé dans le plasma. j z et j r sont les densités de courant axiale et radiale, Ar et Az sont les composantes radiale et axiale du - 73 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions potentiel vecteur qui permettent le calcul de la composante azimutale du champ magnétique Bθ . r Afin de fermer le système d’équations, on rajoute, le calcul du champ magnétique B : r r r B = ∇× A soit dans notre cas axisymétrique: Bθ = ∂Ar ∂Az − ∂z ∂r (Eq. III-2) ainsi que le calcul des composantes de la densité de courant : j z = −σ ∂V ∂z et j r = −σ ∂V ∂r (Eq. III-3) Il est à préciser que pour le calcul du champ magnétique, nous avons utilisé deux méthodes : la première utilise la résolution des potentiels vecteurs tandis que la seconde passe par la loi d’Ampère. Cette dernière méthode permet de remonter au champ magnétique azimutal directement à partir de la relation : Bθ = µ0 r R ∫j z (Eq. III-4) (r )rdr 0 Ces deux méthodes donnent des résultats relativement identiques en terme de champ de température, ce qui n'est pas le cas au niveau des valeurs des vitesses : la loi d’ampère donne des valeurs de vitesses plus importantes que la formulation par les potentiels vecteurs. Ce point sera discuté plus en détail dans le paragraphe II-1 de ce chapitre. 3°) Modélisation de l’anode Les équations résolues dans le matériau d’anode sont les équations de conservation de l’énergie et du courant : 1 ∂ ∂T ∂ ∂T j r2 + j z2 =0 rκ + κ + ∂r ∂z ∂z r ∂r σ (Eq. III-5) - 74 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions 1 ∂ ∂V ∂ ∂V =0 rσ + σ r ∂r ∂r ∂z ∂z (Eq. III-6) Dans la plupart des articles scientifiques issus de la littérature [Am], [Me], [Zh-1], [Fr], [Hs], [Sc-1], [Ko], la résolution de l'équation de l'énergie n'est effectuée que dans le plasma. L'anode se présente donc comme une simple surface en limite de domaine sur laquelle un profil de température [Me], [Zh-1], [Hs], [Sc-1], une condition de flux nul [Fr], [Bl] ou bien un bilan de flux [Am] sont imposés. Une des particularités de l'approche présentée, réside dans la prise en compte du matériau d'anode dans le domaine de résolution. Ainsi l'équation de l'énergie est aussi résolue (Eq. III5) dans l'électrode. Nous pouvons voir que l'effet Joule est ajouté comme terme source. Il est à noter que le terme en effet Joule a très peu d'influence dans les matériaux conducteurs mais va avoir un rôle prépondérant dans les matériaux composites. Nous discuterons de ce point dans le paragraphe III-7 de ce chapitre. Pour prendre en compte cet effet, nous devons donc assurer la continuité du courant entre les deux milieux : plasma et anode qui présentent des conductivités électriques qui diffèrent de plusieurs ordres de grandeur. Ainsi, dans notre modèle, l'accrochage de l'arc sur l'anode est libre et n'est déterminé que par la tâche de passage du courant qui est fonction des caractéristiques du matériau. Cette approche est essentielle pour l'étude de nos développements en trois dimensions (3D) avec l'application de forces magnétiques ou d’un soufflage latéral qui vont perturber la symétrie naturelle de l'écoulement et de l'arc. Pour permettre la modélisation de l'ensemble plasma-anode, il est nécessaire de modéliser la couche qui correspond à la zone de transition entre la colonne de l'arc et le matériau. a) La couche de transition "plasma-matériau". Physiquement, il existe une fine couche (d'épaisseur λ ≈ 10 −4 m ) séparant l’anode et la colonne de plasma, à l’intérieur de laquelle les gradients sont très importants. Cette couche, composée de la gaine ( λ ≈ λ D ≈ 10 −7 - 10 -9 m ), de la pré-gaine ( λ ≈ λe ≈ 10 −6 - 10 -7 m ) et de la zone frontière ( λ ≈ 10 −4 m ), n’est pas en E.T.L. [Ta] : la température des particules lourdes est proche de celle du matériau d’anode (typiquement de l’ordre de 2000-3000K) tandis que - 75 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions celle des électrons est bien plus élevée afin de maintenir un chemin conducteur entre plasma et anode. λ D représente la longueur de Debye et λe le libre parcours moyen des électrons. L'existence de cette couche discutée dans la littérature [Wu-2], [Di], [Ka-1], [Tr], [Me], [Go-4] permet d’assurer la conservation du courant entre le plasma et le matériau. Les deux premiers auteurs, Wu [Wu-2] et Dinulescu [Di], utilisent une modélisation complète et complexe de la gaine anodique mais ne modélisent ni l'arc, ni le matériau. Kaddani [Ka-1] et Trenty [Tr], quant à eux, utilisent un modèle de gaine relativement simplifié mais modélisent l'ensemble de l'arc et de l'anode. Gonzalez [Go-4] et Menart [Me], utilisent une solution plus simple qui consiste à ne pas modéliser cette couche d'une façon particulière mais d'utiliser sur cette épaisseur, non pas la conductivité électrique du plasma, mais celle du matériau. Ces diverses méthodes donnant des résultats, en terme de flux anodiques, relativement similaires, nous avons choisi d'utiliser la méthode proposée par les deux derniers auteurs [Me], [Go-4] car elle est plus simple à mettre en place et moins coûteuse en temps de calcul. Elle a aussi l'avantage d'être facilement transposable en 3D. Elle est décrite, plus en détails, dans le paragraphe suivant. Pour simplifier la modélisation de cette couche, les gradients radiaux sont négligés par rapport aux gradients le long de l’axe (c’est une hypothèse admise et utilisée par de nombreux auteurs comme Kaddani [Ka-1] ou Trenty [Tr]). La zone anodique est considérée comme étant un conducteur ohmique qui fait la transition entre la colonne de plasma et l’électrode. Pour cela, sur la dernière couche de cellules du plasma dont l'épaisseur est adaptée à 10-4m dans notre code de calcul, nous allons utiliser comme coefficients de transport, la conductivité électrique du matériau mais laisser la viscosité, la conductivité thermique ainsi que la chaleur spécifique relative au gaz plasmagène. b) Condition sur la surface de l’anode. Pour maintenir la conservation des valeurs (courant électrique et énergie), entre plasma (indice pla) et électrode (indice mat), on impose à l’interface la conservation du flux de potentiel (ce qui équivaut à la conservation de la densité de courant) ainsi que celui de la température. Pour cela, on utilise les relations données par : - 76 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions ∂T ∂T 5 kB − κ ∂z = − κ ∂z + j z 2 e (Tmat − T pla ) + Va + Φ a − Lmat Φ v pla mat S + ∫ rad2 cos(Ψ )dV j − εσ SB T 4 V j 4πri , j ∂V ∂V − σ ∂z = − σ ∂z mat pla (Eq. III-7) (Eq. III-8) où, Va , Φ a et Lmat sont respectivement, la chute de tension anodique (en V ), le travail de sortie effectif (en V ) et la chaleur latente d’évaporation du matériau (en J.kg −1 ). S rad représente le terme de pertes radiatives qui, dans notre cas, sera calculé à partir du coefficient d’émission nette. ri, j est la distance entre l'élément de surface de l'anode ( S i ) et l'élément de volume du plasma ( V j ). Ψ représente l'angle effectué entre ces deux éléments et la normale à l'élément de surface S i . ε est l'émissivité de la surface et σ SB est la constante de StefanBoltzmann ( σ SB = 5.67 × 10 −8 W.m -2 .K −4 ). Le terme Φ v est proportionnel à un flux de masse de vapeur métallique et est donné par la relation : Φv = 1 (ρD )a ∂X i 1 − ( X i )a ∂z a (Eq. III-9) L'indice "a" signifie que les grandeurs que l'on va utiliser se situent à la surface du matériau d'anode. Explicitons plus en détail chaque terme de l'Equation III-7. Le terme de gauche représente le terme de perte par conduction dans le matériau. A droite de l'équation, le premier terme est l'apport du flux par conduction provenant du plasma sur la surface du matériau. Le deuxième terme, quant à lui, peut être découpé en trois parties. La première représente le flux enthalpique des électrons : c'est l'apport d'énergie des électrons au niveau de l'anode dû à leur gain d'énergie cinétique dans la colonne de plasma. Le deuxième, j zV A , est l'énergie potentielle gagnée par les électrons en traversant la gaine anodique. Et enfin, le dernier, j z Φ A , est l'énergie restituée par l'électron lors de son intégration dans le matériau. En effet, pour extraire un électron d'un matériau, c'est-à-dire, pour le faire passer du niveau de Fermi au niveau du vide, il faut lui appliquer une certaine énergie : c'est le travail de sortie. Cette - 77 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions énergie sera restituée au matériau lorsqu'un électron viendra s'y intégrer. Enfin, le dernier terme de cette équation représente le flux évaporé et tient compte de la chaleur latente de fusion du matériau ainsi que de sa pression de vapeur saturante comme on va le voir un peu plus loin dans ce paragraphe. Les deux derniers termes représentent, respectivement, le flux rayonné par le plasma et apporté à l'anode et le flux rayonné par le matériau. Kaddani [Ka-1] et Trenty [Tr] n'ont pas pris en compte, dans leur calcul, les deux derniers termes de l'équation III-7. Nous discuterons de ces deux termes et de leur influence sur le flux total, de façon plus détaillée, dans le paragraphe III. La chute de potentiel dans la gaine anodique est supposée constante et vaut 3.5V. Cette valeur est généralement acceptée dans la littérature pour ce genre de configuration [Gl], [Ka1], [Sa], [Tr]. Pour tenir compte de la présence des vapeurs dans le milieu plasmagène, il est nécessaire de résoudre une équation supplémentaire qui est celle de la conservation de la fraction massique. Conformément à l'Equation III-1, elle va s’écrire : Equations de conservation Φ ΓΦ SΦ Fraction massique Xi ρD 0 Tableau III-2 : Equation de la conservation de la fraction massique mise sous la forme généralisée de Patankar. Où X i est la fraction massique du matériau dans le plasma et D, le coefficient de diffusion de la vapeur métallique dans le gaz. A la surface du matériau, la fraction massique va être calculée à partir de la relation donnée dans la littérature [Gl], [Go-2], [Go-3], [Me] : (X i ) = Pv M mat Pv M mat + (1 − Pv ) M pla (Eq. III-10) Où M mat et M pla sont les masses molaires respectivement des composés du matériau et du plasma et Pv est la pression de vapeur saturante du matériau. - 78 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions 4°) Domaine de calcul et conditions aux limites Comme nous l’avons indiqué dans l’introduction, une des premières étapes de nos développements consiste à valider notre modèle. Pour cela, nous utilisons une géométrie d’arc libre, classiquement utilisée dans la littérature, et dont les dimensions sont données sur la Figure III-1. Figure III-1 : Géométrie étudiée Afin de modéliser la configuration d’arc libre en deux dimensions représentée par la Figure III-1, nous avons utilisé un domaine de 15 × 18mm (r, z). La droite (BD) représente un axe de symétrie. Il comprend une cathode en tungstène de 60o d’angle au sommet et d’une longueur de 3mm. L’anode étudiée est d’une épaisseur de 5mm et d’un rayon de 15mm. La distance inter-électrode est, typiquement, de quelques millimètres. Les matériaux d’anode étudiés sont le cuivre, le fer et l’aluminium. Suivant le cas étudié, l’intensité pourra varier entre 100A et 800A. La pression du milieu est la pression atmosphérique. Afin de modéliser cette configuration d’arc libre, nous avons utilisé une grille de 40 × 32 cellules de 18mm de hauteur et 15mm de largeur représentée par la Figure III-2. Nous avons employé un maillage exponentiel qui a été affiné dans la "zone d'arc" ainsi qu’à l’interface plasma-anode. - 79 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Figure III-2 : Maillage de 40 × 32 cellules utilisé pour notre code de calcul 2D. La cathode n'a pas été modélisée. Les conditions aux limites utilisées sont reportées dans le Tableau III-3. Comme conditions aux limites en potentiel au niveau de la pointe de la cathode (BG) nous avons pris la distribution de densité de courant utilisée par bon nombre d’auteurs : Gonzalez [Go-2], [Go-3], Hsu [Hs]. Elle s'exprime sous la forme de l'Equation III-11 : j z (r ) = J max exp(− br ) (Eq. III-11) J max et b sont des constantes. J max , la densité de courant maximale sur l'axe, est communément prise à 1.4 × 10 8 A.m −2 pour une cathode en tungstène, dans de l'argon, et b est calculée à partir de la relation : I = 2π RC ∫ j (r )rdr (Eq. III-12) z 0 RC est le rayon de conduction de l’arc. Il est pris égal à 3mm pour le calcul de b . Ce choix de RC ne modifie pas significativement la solution finale de b du fait de la décroissance exponentielle du profil de densité de courant. - 80 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions BD DE EF CF FH AH AB BG u ∂u =0 ∂r u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 ∂ρu =0 ∂z u = 0m.s −1 v v = 0m.s −1 v = 0m.s −1 v = 0m.s −1 v = 0m.s −1 ∂ρv =0 ∂r v = 0m.s −1 v = 0m.s −1 T ∂T =0 ∂r T = 1000 K T = 1000 K Eq. III-7 T = 1000 K T = 1000 K T = 3500 K V ∂V =0 ∂r V = 0V V = 0V Eq. III-8 ∂V =0 ∂r ∂V =0 ∂z ∂V r =0 ∂n Ar ∂Ar =0 ∂r ∂Ar =0 ∂z ∂Ar =0 ∂r ∂Ar =0 ∂z ∂Ar =0 ∂r ∂Ar =0 ∂z ∂Ar r =0 ∂n Az ∂Az =0 ∂r ∂Az =0 ∂z ∂Az =0 ∂r ∂Az =0 ∂z ∂Az =0 ∂r ∂Az =0 ∂z ∂Az r =0 ∂n Xi ∂X i =0 ∂r Xi =1 Xi =1 Eq. III-10 ∂X i =0 ∂r ∂X i =0 ∂z Xi = 0 Eq. III-11 Tableau III-3 : Conditions aux limites typiques pour un arc libre. Nous utilisons aussi des conditions aux limites en température sur les bords (DE) et (FE) qui correspondent à des températures de refroidissement de l’anode et qui nous permettrons de contrôler la présence de vapeurs dans le plasma. Nous pourrions aussi utiliser une condition de Newton : ∂T − κ = h[T ( z = z o ) − T∞ ] ∂z z = z0 (Eq. III-13) Cette relation représente mieux l'échange d'énergie au niveau de la paroi mais est très peu utilisée dans la littérature car elle nécessite pour sa mise en place la connaissance de grandeurs expérimentales. La plupart des auteurs ne possédant pas de moyens de mesures par thermocouples au sein du matériau ou de systèmes calorimétriques, la condition en température imposée est préférée. Afin de comparer les résultats obtenus avec ceux des autres - 81 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions auteurs de la littérature, nous adopterons pour nos développements une température fixe, comme condition aux limites, afin de se placer dans la même configuration. Le temps de calcul pour amener un cas en deux dimensions à convergence est de l'ordre de quatre heures avec un Pentium IV 1.5GHz avec 512Mo de mémoire vive. 5°) Méthode numérique Pour résoudre le système d’équations, nous utilisons le code commercial en volumes finis FLUENT version 4.5 qui est basé sur l’algorithme SIMPLE, décrit en détails par Patankar [Pa]. a) Quelques rappels sur "la méthode de Patankar" – Diffusion pure A partir de l'Equation III-1, les équations de conservation en stationnaire, lorsque les effets de convection sont négligeables, peuvent s'écrire sous la forme généralisée suivante : ( ) r r ∇. ΓΦ ∇Φ + S Φ = 0 (Eq. III-14) Figure III-3 : Schéma d'un volume de contrôle défini par la méthode des volumes finis. La méthode de Patankar permet alors de résoudre des équations du type de l'Equation III14 par une discrétisation sur un domaine bien déterminé. Pour cela, on intègre les équations sur chaque volume de contrôle défini par le maillage et représenté par la zone hachurée sur la Figure III-3. Pour une équation à une dimension, on obtient : - 82 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions d dΦ dΦ ∫ dx Γ dx dV + ∫ SdV = ΓA dx ∆V ∆V e dΦ − ΓA + S ∆V = 0 dx w (Eq. III-15) Où S est la valeur moyenne du terme source S sur le volume de contrôle. A est l'aire de la face normale au volume de contrôle représentée en gris sur la Figure III-3. Les termes diffusifs sont évalués à partir des relations : Φ − ΦP dΦ ΓA = Γe Ae E dx e ∆x e Φ − ΦW dΦ ΓA = Γw Aw P dx w ∆x w (Eq. III-16) (Eq. III-17) On discrétise enfin les équations obtenues pour les mettre sous la forme : a P Φ P = a E Φ E + aW Φ W + b (Eq. III-18) On remarque que le point central P, où est calculée la grandeur Φ P à déterminer, est fonction des points environnants W (west), E (east). La méthode des volumes finis stipule, dans les règles de base à satisfaire, que les coefficients a N doivent être positifs pour avoir une bonne stabilité. Dans l'Equation III-18, la variable b est déterminée par la relation : b = S ∆V (Eq. III-19) Ce terme source S est, dans beaucoup de cas, fonction de la variable Φ P que l'on cherche à obtenir. Dans de telles situations, la méthode des volumes finis préconise d'approximer le terme source par une forme linéaire : b = SU + S P Φ P (Eq. III-20) - 83 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions SU est la partie constante du terme source. S P est le coefficient dépendant de la variable Φ P et doit être négatif. La méthode de Patankar revient ainsi à résoudre un système linéaire d'équations plutôt qu’un système différentiel. La résolution de ce système d'équations linéaires permet de déterminer les coefficients Φ N et s'effectue à partir d'une méthode itérative : le TDMA (TriDiagonal Matrix Algorithm) [Pa]. b) Schémas numériques pour les problèmes de convection-diffusion Dans les cas où les écoulements jouent un rôle significatif, on doit tenir compte des effets de convection et les équations de conservation en stationnaire s'écrivent sous la forme généralisée (Equation III-1) : ( ) r r r r ∇.( ρv Φ ) = ∇. ΓΦ ∇Φ + S Φ Lorsqu'on intègre et que l'on discrétise les équations à une dimension, la relation suivante est obtenue : (ρvAΦ )e − (ρvAΦ )w = ΓA ∂Φ ∂Φ − ΓA + S ∆V ∂x e ∂x w (Eq. III-21) Comme dans le paragraphe précédent, S représente la valeur moyenne du terme source S sur le volume de contrôle et A est l'aire de la face normale au volume de contrôle représentée sur la Figure III-3. Si on pose F = ρv et D = Γ on obtient alors : ∆x Fe Φ e − Fw Φ w = De (Φ E − Φ P ) − Dw (Φ P − Φ W ) (Eq. III-22) Dans cette relation, on peut se rendre compte qu'il est aussi nécessaire de calculer les variables Φ sur les faces e et w . Pour ces calculs, de nombreux schémas numériques ont été mis au point. Nous allons présenter les plus connus et les plus utilisés dans le domaine de la mécanique des fluides et des plasmas thermiques : - 84 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions - Le schéma des différences centrées : ce schéma se base sur l'interpolation linéaire pour calculer les valeurs des variables Φ sur les faces e et w . On obtient alors pour un maillage uniforme : Φe = 1 (Φ P + Φ E ) 2 (Eq. III-23) Φw = 1 (Φ W + Φ P ) 2 (Eq. III-24) Ce schéma est simple d'utilisation et de programmation mais ne tient pas compte dans sa formulation de la direction privilégiée du flux. - Le schéma upwind : ce schéma tient compte de la direction de l'écoulement et calcule les valeurs aux faces à partir de la valeur au point amont. Le terme amont ne désigne pas forcément l'amont au sens géométrique du terme mais amont par rapport à la direction de l'écoulement. Figure III-4 : Schéma de principe du schéma convectif upwind. On obtient les relations : Si u w > 0 et u e > 0 ( Fw > 0 et Fe > 0 ) alors : Φ w = ΦW (Eq. III-25) Φe = Φ P (Eq. III-26) Si u w < 0 et u e < 0 ( Fw < 0 et Fe < 0 ) alors : Φw = ΦP (Eq. III-27) Φe = Φ E (Eq. III-28) - 85 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Ce schéma est simple à programmer et tient compte de la direction du flux. Par contre, en 2D ou 3D, lorsque l'écoulement, n'est pas parfaitement parallèle au sens du maillage, il peut produire des résultats erronés par l'apparition de diffusion dont l'origine est purement numérique. - Le schéma power-law : Ce schéma de discrétisation mis en place par Patankar [Pa] calcule la valeur de la variable Φ en utilisant la solution exacte de l'équation de convection-diffusion à une dimension. On obtient comme relation pour la variable Φ: x exp Pe − 1 Φ(x ) − Φ 0 L = Φ L − Φ0 exp(Pe ) − 1 (Eq. III-29) Avec Φ 0 = Φ ( x = 0) , Φ L = Φ ( x = L ) et Pe = - F (nombre de Péclet). D Le schéma QUICK : Ce schéma, contrairement aux précédents, est un schéma du second ordre. Cela signifie que les valeurs de la variable Φ aux faces e et w sont calculées, non seulement à partir des variables les entourant, mais aussi des variables encore adjacentes. Il emploie une interpolation quadratique entre les deux voisins amont et un voisin aval afin d'estimer la variable Φ (Figure III-5). De plus, il tient compte de la direction du flux. Figure III-5 : Schéma de principe du schéma convectif QUICK. - 86 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Les valeurs de la variable Φ aux faces e et w s'écrivent : Si u w > 0 et u e > 0 ( Fw > 0 et Fe > 0 ) alors : Φw = 6 3 1 Φ W + Φ P − Φ WW 8 8 8 (Eq. III-30) Φe = 6 3 1 Φ P + Φ E − ΦW 8 8 8 (Eq. III-31) Si u w < 0 et u e < 0 ( Fw < 0 et Fe < 0 ) alors : Φw = 6 3 1 Φ P + ΦW − Φ E 8 8 8 (Eq. III-32) Φe = 6 3 1 Φ E + Φ P − Φ EE 8 8 8 (Eq. III-33) Ce schéma est d'une plus grande précision que les précédents notamment pour la capture des ondes de choc mais reste néanmoins très instable [Ve], [Fr]. c) Algorithmes de résolution pour le couplage pression-vitesses Dans la méthode présentée, les vitesses, la densité de masse, la température sont résolues à partir des équations de conservation. La pression, elle, n'est pas calculée directement à partir d'une équation de conservation mais c'est une correction de pression qui est résolue à partir d'une équation déduite de l'équation de conservation de la masse. Figure III-6 : Décalage des mailles pour le calcul des vitesses. - 87 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions De plus, les composantes des vecteurs vitesses au niveau des termes convectifs de l'équation généralisée devront être calculées pour les faces e et w (Equation III-22). Par contre, les autres variables seront directement calculées au niveau des centres des volumes de contrôle. Pour remédier à ce problème, un maillage décalé est utilisé. L'idée est de calculer les variables telles que la densité de masse, la température et la pression au centre des volumes de contrôle et de calculer les vitesses en leur face. La pression et les vitesses ne se calculent pas sur le même maillage pour éviter des effets d'oscillation numérique de la pression. La Figure III-6 permet de visualiser le principe du maillage décalé en 2D. Comme nous l'avons dit précédemment, la pression n'est pas résolue directement à partir d'une équation de conservation. L'algorithme SIMPLE, introduit par Patankar, permet de résoudre la pression à partir d'un champ de pression estimé et d'une équation de correction de pression. Cet algorithme peut se résumer ainsi : 1 – On estime le champ de pression P*. 2 – On résout les équations de conservation des moments pour obtenir les champs de vitesse v*. 3 – On résout l'équation de correction de pression déduite de l'équation de conservation de la masse qui nous donne P'. 4 – On corrige la pression recherchée en ajoutant P' à P*. Ce qui nous donne P=P*+P'. 5 – On calcule ensuite les valeurs de v à partir des équations de correction des vitesses et des v* estimées en (2). 6 – On calcule toutes les autres variables du problème (température, potentiel, fraction massique de la vapeur métallique,…). 7 – On prend la pression corrigée comme nouvelle valeur de pression et on revient ensuite à l'étape 2. Par itérations successives, l'algorithme SIMPLE permet de remonter à la solution exacte. d) Schéma à l'interface plasma-matériau Comme nous l'avons mentionné, une des originalités de ce travail est relative à la prise en compte du matériau dans le domaine de calcul. Cela suppose donc d'être capable d'assurer la continuité du courant entre les deux sous domaines : plasma et matériau. Entre ces deux domaines, le maillage est affiné afin de mieux prendre en compte les forts gradients. Le calcul - 88 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions des dérivées est alors pondéré par une grandeur FX (L ) qui est un facteur d'interpolation permettant de tenir compte d'un maillage non-uniforme (Figure III-7) : FX (L ) = ∆x M (si le pas est constant FX (L ) = 0.5 ) ∆x M + ∆x P (Eq. III-34) Figure III-7 : Distances associées au noeud L. Au niveau de l'interface plasma-matériau vient se rajouter au maillage non régulier une difficulté supplémentaire liée à la différence des propriétés des deux milieux : les températures du plasma à la surface de l'anode sont de l'ordre de 6000K avec σ pla ≈ 1000 S.m −1 et celles du matériau de l'ordre de 2000K à 3000K environ, avec σ mat ≈ 1.10 6 − 1.10 7 S.m −1 . D'un point de vue numérique, il est alors difficile de par la différence des ordres de grandeur sur la conductivité électrique d'assurer la conservation du courant. Nous avons donc développé, pour cette grandeur, une interpolation pondérée par les conductivités électriques et les épaisseurs de maille. Soit : AX (L ) = ∆x M σ ( L M ) ∆x M σ ( L M ) + ∆x P σ ( L ) (Eq. III-35) En fonction des FX (L ) , on obtient : σ (L ) 1 AX (L ) = 1 + − 1 σ (LM ) FX (L ) −1 (Eq. III-36) - 89 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions On remplace ensuite, dans la numérisation du gradient du potentiel, l’interpolation en FX (L ) par celle en AX (L ) . Nous allons présenter, dans le paragraphe suivant, les résultats théoriques obtenus pour la configuration d'arc libre ainsi qu'une comparaison avec des résultats expérimentaux issus de la littérature. II) Résultats et discussions Les résultats suivants ont été obtenus à partir d’une configuration d’arc libre dans de l’argon en présence d’anodes en cuivre, en fer ou en aluminium suivant la théorie et les hypothèses énoncées précédemment. Comme nous l’avons déjà mentionné, un tel dispositif a été utilisé car il est légitime pour étudier la phase continue de l’onde de courant de la réglementation internationale. Cette configuration étant par ailleurs très souvent étudiée dans la littérature, elle nous permettra de valider certaines grandeurs comme le champ de température et de voir l’influence de paramètres comme les flux et les densités de courant à l’anode. 1°) Etude expérimentale de Hsu [Hs] Une des premières étapes de validation a consisté à comparer les résultats trouvés par notre modèle à ceux théoriques et expérimentaux obtenus par Hsu [Hs], pour un arc dans l’argon à 200A. Les champs de température du plasma obtenus par notre code (à droite) par la formulation des potentiels vecteurs et ceux obtenus par Hsu (à gauche) sont présentés sur la Figure III-8. Dans notre cas, le matériau d’anode utilisé est le cuivre tandis que dans l’étude de Hsu [Hs], ce point n’est pas précisé. On obtient, toutefois, une bonne concordance entre les deux ensembles de résultats. Cette comparaison avec les résultats expérimentaux de Hsu [Hs] a été faite dans un plasma d’argon non ensemencé en vapeurs métalliques. On a toutefois pu vérifier que quelle que soit la nature de l’anode utilisée, on ne remarquait pas ou peu de différences au niveau des champs de température dans le plasma. Les différences apparaissent, de façon minime au niveau de l’interface avec l’anode car la conductivité électrique du matériau influence la tâche d’accrochage. - 90 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Figure III-8 : Isothermes d’un plasma d’argon (I=200A). Résultats expérimentaux de Hsu (à gauche) et de notre modèle avec anode en cuivre (à droite). La zone la plus chaude du plasma est située près de la cathode et atteint une température maximale de 21000K dans les deux cas. Radialement, la zone chaude matérialisée par la dernière isotherme 11000K est identique pour la configuration théorique et celle expérimentale. Le plus gros écart est relevé pour l'isotherme 15000K qui expérimentalement s'étend plus le long de l'axe. On peut toutefois relever que cette courbe expérimentale ne comporte pas de barres d'erreurs (car non fournies par l'auteur) et que la différence reste minime, de l'ordre de quelques centaines de kelvins. La Figure III-9 représente l’évolution de la vitesse axiale de la colonne de plasma suivant l’axe. Nos résultats sont comparés avec ceux théoriques de Hsu [Hs]. Comme nous l’avons expliqué précédemment, nous avons utilisé deux méthodes pour calculer le champ magnétique Bθ : le formalisme des potentiels vecteurs ou la loi d’Ampère. Les travaux de la littérature utilisent indifféremment l'une ou l'autre des formulations sans justifications majeures mis à part le gain en temps. Nous avons donc testé ces deux méthodes. Nous obtenons, à partir de ces formulations, des valeurs de vitesses sur l’axe différentes. Ces courbes sont représentées sur la Figure III-9 et sont comparées aux résultats obtenus par le modèle de Hsu [Hs]. - 91 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Figure III-9 : Vitesses axiales au centre de la colonne d’un plasma d’argon (I=200A). Une première constatation est que le calcul de la vitesse par la méthode des potentiels vecteurs donne des valeurs inférieures à celles obtenues par Hsu [Hs] alors que le calcul de la vitesse par la loi d’Ampère donne des valeurs supérieures. Les données que Hsu [Hs] obtient sont extraites de son modèle et ne sont comparées avec aucunes autres valeurs expérimentales. Toujours pour la même configuration, d’autres auteurs comme Wu [Wu-1], Menart [Me] ou Gonzalès [Go-5] trouvent des profils de vitesse très proches dans leur forme mais avec des valeurs de vitesses maximales très différentes : respectivement 235, 360 et 190 m.s-1. Il est utile de préciser que les premiers codes de calcul tel celui que Hsu [Hs] a mis en place, utilisaient des contrôles de volume rectangulaires indéformables : les pointes de cathode se présentaient alors en forme d’escalier. Actuellement, les codes intègrent des volumes de contrôle déformables, ce qui permet de créer des bords de cathodes lisses avec de réels angles au sommet. Goodarzi [Go-6] a montré dans son article que l’angle au sommet de la cathode influençait considérablement la position et la valeur du maximum de la vitesse du plasma sur l’axe. Les valeurs de la vitesse, données par Hsu [Hs], du fait de leur incertitude, ne sont utilisées qu’à titre de comparaison et non de validation. La Figure III-10 montre l’influence du type de calcul utilisé pour la résolution du champ magnétique sur les champs de température d’un plasma d’argon à 200A. On peut remarquer que le choix des potentiels vecteurs ou de la loi d’Ampère n’a d’effet qu’au voisinage de l'anode et peu au voisinage de la cathode. - 92 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Figure III-10 : Isothermes de la colonne d’un plasma d’argon (I=200A) fonctions du calcul de la vitesse par les potentiels vecteurs (pointillés) ou par la loi d’Ampère (trait plein). Ramirez [Ra-2] a lui aussi comparé les deux méthodes et a aussi trouvé des disparités au niveau des vitesses. Il explique que l'approche par les potentiels vecteurs est plus légitime que celle de la loi d'Ampère de par la présence d'une singularité sur l'axe dans cette dernière formulation. Ainsi, la validation en température (Figure III-8) ayant été effectuée en utilisant la formulation des potentiels vecteurs, et devant la disparité des champs de vitesse donnés par différents auteurs de la littérature, nous appliquons pour la suite de cette étude systématiquement le calcul du champ magnétique via l’utilisation des potentiels vecteurs. Cette méthode sera utilisée en 2D et 3D. 2°) Etude expérimentale de Schmidt et Speckhofer [Sc-1] Le modèle de Hsu [Hs] ne permet pas d’aller plus loin dans la validation de notre code. Nous l’avons utilisé car il sert souvent de cas test dans la littérature. Nous allons à présent adapter notre code à d’autres configurations de la littérature pour lesquelles il est possible d’obtenir d’autres grandeurs comme les densités de courant et les flux déposés par le plasma à la surface de l'anode. - 93 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions La configuration utilisée par Schmidt [Sc-1] comprend un plasma d’argon de 100A pour une distance inter-électrode de 3mm, une cathode d’angle au sommet de 60°, de diamètre 5mm et une anode en cuivre de 40mm de diamètre. Les champs de température obtenus sont représentés sur la Figure III-11. Les résultats de notre code sont représentés par les courbes noires continues, celles de Schmidt [Sc-1] sont en pointillées. On remarque une bonne concordance entre nos données et celles trouvées par les auteurs. En effet, les isothermes étant représentées tous les 1000K, on peut s’apercevoir que des barres d’erreur de 500K permettraient amplement une superposition des isocontours. Cette valeur de 500K correspond tout à fait à la barre d’erreur minimale qu’il existerait dans les mesures expérimentales. Cette configuration et ces résultats ne sont pas originaux, mais ils amènent un plus : ce sont des résultats expérimentaux qui sont plus récents que ceux de Hsu [Hs] et qui permettront ultérieurement une confrontation avec le code en configuration 3D car ces auteurs ont aussi réalisé des résultats expérimentaux sur une configuration disymétrique que nous étudierons dans le chapitre suivant. Figure III-11 : Isothermes d’un plasma d’argon (I=100A). Résultats expérimentaux de Schmidt (en blanc) et de notre modèle avec anode en cuivre (en noir). 3°) Etude expérimentale de Nestor [Ne] Les résultats présentés dans les paragraphes précédents ont montré que les valeurs des températures seules ne pouvaient permettre de vérifier la validité de nos développements. Nous avons donc changé une nouvelle fois de configuration pour pouvoir comparer nos résultats sur des grandeurs telles que les flux d’énergie ou sur des estimations de profil de densités de courant. Pour cela, nous avons modifié la configuration de base : nous avons pris - 94 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions un arc libre de 200A dans de l’argon avec une anode en cuivre, pour une distance interélectrode de 6.3mm, configuration correspondante à celle de Nestor [Ne]. Cette comparaison est telle qu'elle n'engendre pas de vapeurs métalliques au niveau du plasma. Nous avons reporté nos résultats sur les figures suivantes (III-11 et III-12). Figure III-12 : Densités de flux anodiques. Au niveau des flux anodiques représentés sur la Figure III-12, Nestor a décomposé le flux total en deux flux : un flux relatif au travail de sortie des électrons ( jΦ ) et un flux ( q k ) qui correspond à : q k = qtotal − jΦ . Nous pouvons constater que les valeurs de flux total ainsi que les différents flux ( q k et jΦ ) correspondent assez bien avec les résultats obtenus avec notre modèle. Figure III-13 : Densités de courant à la surface de l’anode. - 95 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Sur la Figure III-13, nous remarquons un bon accord entre les valeurs de la densité de courant prédites par le modèle et celles obtenues expérimentalement par Nestor. Le maximum de la densité de courant est pratiquement identique sur l'axe de la décharge : 5.2 × 10 6 A.m −2 donné par l'expérience pour 5.7 × 10 6 A.m −2 par le modèle. Ces valeurs de la densité de courant sont représentatives de la tâche d'accrochage sur l'anode. Notre modèle donne une densité de courant légèrement supérieure au niveau de l'axe; l'intensité totale devant être conservée, nous obtenons une zone de passage de courant inférieure à celle obtenue expérimentalement. 4°) Bilan sur la comparaison avec les travaux de la littérature Une fois notre modèle développé, nous avons cherché à comparer et valider les résultats obtenus avec différents travaux de la littérature. Pour cela, nous avons dû utiliser différentes configurations afin d'en extraire le plus de grandeurs possibles. La configuration de Hsu [Hs] étant largement répandue dans notre communauté, nous l'avons-nous aussi utilisée afin de comparer les champs de température dans le plasma. Cependant, cet auteur ne précisant pas la nature de l'électrode utilisée ni les ordres de grandeur des flux appliqués sur le matériau, nous avons adapté notre modèle à la configuration de Nestor [Ne]. La comparaison sur les flux et sur les densités de courant est très satisfaisante, validant ainsi nos développements. Ceci nous permet maintenant d'utiliser notre code pour une étude paramétrique. III) Résultats et études paramétriques 1°) Influence du maillage Avant d'aborder l'étude sur les paramètres physiques, nous allons nous intéresser à l'influence que peut avoir le maillage sur les résultats. Pour cela, nous avons utilisé deux grilles : une première qui comporte 40 × 32 cellules et une deuxième qui possède 84 × 51 cellules. Cette dernière est représentée par la Figure III-14 : - 96 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Figure III-14 : Maillage de 84 × 51 cellules. Il faut noter que le raffinement de la nouvelle grille par rapport à l'ancienne a été effectué dans le matériau et moins au niveau de l'arc. Les résultats obtenus en terme de champs de température sont présentés sur la Figure III15. Figure III-15 : Influence du maillage sur les isothermes d'un plasma et du matériau pour une configuration Ar-Cu à 200A. - 97 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions On remarque que dans le plasma et le matériau, les isothermes restent quasiment inchangées. On peut cependant noter, dans le matériau, pour la grille raffinée, une diminution de la température maximale et donc une diminution de la taille du bain liquide (isotherme l). Figure III-16 : Influence du maillage sur les flux anodiques pour une configuration Ar-Cu à 200A. Si on regarde maintenant, plus en détail, au niveau des flux déposés par le plasma au niveau de l'anode, on peut remarquer sur la Figure III-16 que le flux total déposé lors du raffinement de la grille est de l'ordre de 4.4 × 10 6 W .m −2 alors que dans le cas de la grille de base le flux total est de l'ordre de 4.8 × 10 6 W .m −2 . Par contre, le rayon d'application de ce flux le long de l'anode reste quasiment inchangé et est de l'ordre, dans les deux cas, de 7mm. Tout au long de notre étude, nous allons donc continuer à utiliser le maillage 40 × 32 car il permet un bon compromis entre les valeurs obtenues et le temps de calcul (avec le maillage raffiné le temps de calcul est multiplié par, environ 5). 2°) Champ de températures et densités de courant Pour cette étude paramétrique, nous revenons à la configuration de Hsu [Hs], à savoir : un arc à 200 Ampères pour une distance inter-électrode de 10mm, pour laquelle nous discutons plus en détail nos résultats. La Figure III-17 présente les isothermes dans la colonne de plasma d'argon et dans l’anode. Les températures dans le plasma atteignent au maximum 21000K et 1370K dans l’anode. Sachant que la température de fusion du cuivre est de 1357K (isotherme n sur la Figure III-17), on peut donc en déduire la présence d’un petit bain liquide - 98 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions au niveau de l’anode et la présence de quelques vapeurs métalliques venant ensemencer le plasma. Toujours au niveau de l’anode, on peut observer un écrasement des isothermes dû à la valeur de température imposée en condition à la limite inférieure (dans ce cas 1000K) qui gouverne le refroidissement de l’anode et donc le taux de production de vapeurs. Figure III-17 : Isothermes d’un plasma d’argon (I=200A) et d’une anode en cuivre. L’isotherme 1357K est représentée par la courbe "n" et correspond à la température de fusion du cuivre. La Figure III-18, représente les densités de courant axiales dans le plasma et dans l’anode (en cuivre), pour de l’argon à 200A. Figure III-18 : Densités de courant axiales d’un plasma d’argon (I=200A) et d’une anode en cuivre. - 99 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions On peut remarquer une bonne continuité des grandeurs entre le milieu plasma et le matériau. La forme particulière des isovaleurs dans l’électrode vient du fait que nous n’avons pas laissé s’échapper le courant sur les bords latéraux (bords EF de la Figure III-1) : pour cela nous avons imposé sur les bords de l’anode une conductivité électrique très faible ( ≈ 10 −15 S.m −1 ). Une étude paramétrique sur les différentes configurations de passage du courant sera détaillée dans les sections suivantes. Les figures suivantes représentent des résultats de flux au niveau de la surface anodique fonctions du type de matériau ou du gaz plasmagène. 3°) Composantes du flux appliqué à l'anode La Figure III-19 montre les différents flux calculés (les flux électrique et de recombinaison 5 k ∂T J e (Va + Φ a ) , le flux par conduction − κ , le flux enthalpique j z B (Tmat − T pla ) , le ∂z 2 e flux rayonné par le plasma S rad ∫ 4πr Vj 2 i, j cos(Ψ )dV j et le flux par vaporisation − Lmat Φ v ) ainsi que leur contribution dans le flux total arrivant sur l’anode. Figure III-19 : Flux à la surface de l’anode pour un arc dans l’argon (I=200A) et une anode en cuivre refroidie à 1000K. On peut observer que les flux électrique et de recombinaison sont largement majoritaires sur l'axe, ils sont de l’ordre de 65% du flux total. Le flux par conduction au centre de l’anode - 100 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions ne représente que 35% du flux total. Par contre, il devient majoritaire sur ses bords. Le flux enthalpique, quant à lui, représente 10% du flux total. Le flux rayonné par le plasma est, lui, légèrement inférieur à 10%. Enfin, le flux perdu par vaporisation est négligeable dans ce cas car il n’y pas ou alors très peu de vapeurs métalliques dans le milieu. Nous retrouvons, sur ces résultats de flux, des tendances obtenues par Zhu [Zh-2] à savoir des flux électrique et de recombinaison très majoritaires au centre de l’anode devant le flux par conduction qui lui est majoritaire sur les bords de l’anode. Toutefois, cette conclusion doit être prise avec précaution car la composante majoritaire du flux total est fortement dépendante de la chute de tension anodique (le travail de sortie du matériau est supposé connu et constant). Une incertitude de cette valeur de l'ordre de 1 ou 2V ne changerait pas la prépondérance de ce flux. Par contre, pour des valeurs d'incertitude supérieures, nous devons pondérer cette conclusion car le flux par conduction deviendrait lui aussi important. Une comparaison peut-être faite pour un arc dans de l’argon à 200A, entre nos résultats de flux et ceux obtenus par Goodarzi [Go-6]. Même s’il ne possède pas le même matériau d’anode que celui de notre étude (dans son cas, il utilise de l'acier AISI 304), cela permettra tout de même d’avoir un ordre de grandeur des différentes composantes du flux. Comme de nombreux auteurs (Zhu [Zh-2] ou Choo [Ch-2]), Goodarzi [Go-6] intègre le flux enthalpique et de recombinaison dans le flux électrique. Goodarzi trouve alors une contribution du flux électrique de l’ordre de 73% du flux total au centre de l'anode. Si nous additionnons, les flux électrique, de recombinaison et enthalpique calculés par notre modèle sur une anode en cuivre, on obtiendrait alors une valeur de l'ordre de 75% du flux total (dont 10% de flux enthalpique) au centre de cette même anode. On peut constater que l'on a le même ordre de grandeur au niveau de ces flux. Dans la suite de ce travail, nous engloberons sous la terminologie de flux électrique, la contribution du flux électrique et celui par recombinaison. 4°) Influence du flux rayonné par le plasma Dans le calcul du flux total sur l’anode, la plupart des auteurs dans la littérature [Go-3], [Go-4] ne tiennent pas compte des flux rayonnés par le plasma vers le matériau et réciproquement. Nous proposons de vérifier la légitimité de ces approximations pour deux configurations Ar-Fe et Ar-Cu. Dans les deux configurations, nous avons utilisé des températures de - 101 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions refroidissement du matériau d'anode de 1000K. Dans le cas de l'anode en cuivre, il n'y a pas de production de vapeurs pour cette température là. Par contre, pour l'anode en fer, des vapeurs viennent ensemencer le plasma et modifier son rayonnement. Ces deux cas extrêmes nous permettrons de quantifier les flux rayonnés vers le plasma et vers l'anode et de les comparer au flux total. Le flux rayonné par le plasma a été calculé par certains auteurs [Go-6], [Gu] et peut se mettre sous la forme : Φ RP = S rad ∫ 4πr Vj 2 i, j cos(Ψ )dV j (Eq. III-37) Ce flux peut-être déterminé à partir de la méthode des "view factors" [Ch-2]. L’intégrale est évaluée pour chaque élément de surface donnée et est sommée pour chaque élément de volume du milieu étudié (Figure III-20). S rad représente le terme de pertes radiatives qui, dans notre cas, sera calculé à partir du coefficient d’émission nette. ri, j est la distance entre l'élément de surface de l'anode (i) et l'élément de volume du plasma (j). Figure III-20 : Principe schématique de la méthode des "views factor" Les résultats obtenus pour les configurations étudiées (Ar-Cu et Ar-Fe) sont représentés par les figures de III-20 à III-25. - 102 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Figure III-21 : Influence du flux rayonné par le plasma sur le flux total pour une configuration Ar-Cu à 200A. Dans la configuration de l'anode en cuivre, nous avons utilisé un refroidissement en fond d’anode de 1000K afin d’éviter la présence en grande quantité de vapeurs métalliques et d’influencer le rayonnement du plasma. Dans ce cas, le flux rayonné par le plasma ne représente que 10% du flux total (Figure III-19). Le fait de le négliger ne change donc pas de façon significative le flux total (Figure III-21) sur l’axe de la décharge. Figure III-22 : Influence du flux rayonné sur les isothermes d'un plasma et du matériau pour une configuration Ar-Cu à 200A. Regardons plus en détails son influence au niveau des isothermes dans le plasma et dans le matériau. Le fait de négliger le flux rayonné par le plasma sur l'anode ne change pas de façon significative la distribution de températures dans le plasma et dans le matériau (Figure III-22). - 103 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Dans le cas de l'anode en fer, nous avons imposé un refroidissement de 1000K sur les bords latéraux et inférieur du matériau pour avoir, dans le plasma, une grande quantité de vapeurs métalliques et modifier considérablement le rayonnement du milieu. La Figure III-23 représente une répartition de ces vapeurs au dessus du matériau d'anode. La fraction massique de ces vapeurs est de l'ordre de 1% à quasiment 1mm au dessus de l'anode. Figure III-23 : Champ de vapeurs métalliques pour une configuration Ar-Fe (I=200A) et avec un refroidissement de 1000K en fond d’anode. Les composantes du flux anodique, pour cette configuration, sont représentées par la Figure III-24 et l’on peut remarquer que le flux rayonné est plus important dans ce cas que dans le cas d’une configuration Ar-Cu. Cependant, sa proportion dans le flux total reste faible et de l’ordre de 15%. Figure III-24 : Flux à la surface de l’anode pour un arc dans l’argon (I=200A) et une anode en fer refroidie à 1000K. - 104 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Figure III-25 : Influence du flux rayonné par le plasma sur le flux total pour une configuration Ar-Fe à 200A. On remarque donc que la présence des vapeurs métalliques augmente le rayonnement du milieu et ainsi la valeur du flux total sur l’anode. Le fait de négliger le flux rayonné par le plasma, en présence de vapeurs métalliques, ne change pas de façon significative le flux total (Figure III-25) notamment au centre où le flux total est maximum. Si on regarde plus précisément au niveau des champs des températures du plasma et du matériau, on se rend compte que seules les isothermes de l'anode sont légèrement modifiées par la prise en compte dans le bilan, du flux rayonné par le plasma (Figure III-26). Dans le cas de l'anode en fer, le bain liquide, plus important que dans le cas de l'anode en cuivre, est représenté par la zone en gris clair. Figure III-26 : Influence du flux rayonné sur les isothermes d'un plasma et du matériau pour une configuration Ar-Fe à 200A. - 105 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions En conclusion, pour deux configurations, l’une Ar-Cu sans production de vapeurs métalliques, l’autre Ar-Fe avec présence de vapeurs dans le plasma, nous avons quantifié le flux rayonné vers l’anode afin de voir sa contribution dans le flux total. Dans les deux cas, le flux rayonné ne représente pas plus de 15% du flux total transféré à l’anode pour des vapeurs de l'ordre de 1% dans le milieu plasmagène. Ainsi, par la suite, cette contribution sera négligée afin de ne pas alourdir le temps de calcul : en effet, on obtient une multiplication du temps de calcul de quasiment dix lors de la prise en compte du flux rayonné par le plasma. Cette augmentation est due au fait que, pour chaque point à la surface de l'anode, on intègre la contribution des pertes radiatives de chaque point du volume du plasma. 5°) Influence du flux rayonné par le matériau Intéressons nous maintenant au flux rayonné par le matériau. Il est donné par quelques auteurs comme Haïdar [Ha-1] à partir de la relation du rayonnement du corps noir : Φ RM = εσ SB T 4 (Eq. III-38) ε : émissivité de la surface. σ SB : constante de Stefan-Boltzmann ( σ SB = 5.67 × 10 −8 W.m -2 .K −4 ). Pour cette étude, nous avons utilisé une configuration d'arc dans de l'argon avec une anode en cuivre, pour une intensité de 200A. Sur la Figure III-27, le flux rayonné par le matériau est comparé au flux rayonné par le plasma. Pour le calcul, l'émissivité du cuivre est issue de la littérature [Ni] et égale à 0.023. Le flux rayonné par le matériau est de l’ordre de 1 à 10% du flux rayonné par le plasma pour la configuration étudiée. Le flux rayonné par le plasma étant négligeable devant le flux total, nous pouvons donc aussi négliger le flux rayonné par le matériau. - 106 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Figure III-27 : Comparaison entre le flux rayonné par le plasma et le flux rayonné par le matériau 6°) Bilan en puissances Après cette étude sur les flux, regardons maintenant la répartition des puissances au sein de notre configuration. La Figure III-28 schématise les différentes composantes qui rentrent en jeu. Figure III-28 : Bilan en puissance au niveau d'un arc libre. Ptot représente la puissance totale injectée et peut être estimée à partir de : Ptot = U .I + (Va + Φ a ).I (Eq. III-39) - 107 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Dans les deux cas, nous avons rajouté une "puissance anodique" injectée dont nous avons tenu compte dans le bilan de flux et qui correspond à la chute de tension anodique ainsi qu'au travail de sortie des électrons. Psurf est la puissance perdue par l'arc et donnée au niveau de la surface de l'anode par flux électrique, flux enthalpique et flux de conduction : ∫q Psurf = anode (Eq. III-40) dS Sanode Pradia est la puissance perdue par rayonnement : r r Pradia = ∫ ∇.q radia dV = ∫ 4πε N dV V (Eq. III-41) V Pconv est la puissance perdue par convection sur les bords du domaine : Pconv = ∫ ρhv dS (Eq. III-42) r S ext Pcond est la puissance perdue par conduction sur les bords de ce même domaine : Pcond = ∂T ∫ κ ∂r dS (Eq. III-43) S ext Ce bilan nous permet d'écrire l'Equation III-44 : Ptot = Psurf + Pradia + Pconv + Pcond + Pvap + Pradpla + Pradsurf (Eq. III-44) Analysons plus en détail les différentes composantes de la puissance au travers de deux exemples : Ar-Al et Air-Al, l'aluminium étant le matériau d'anode. Pour cela, nous avons travaillé à puissance constante en injectant Ptot = 3666W dans les deux configurations. Cela conduit à injecter 137.76A dans le cas Air-Al (la tension étant de 26.61V) et 200A dans le cas Ar-Al (la tension étant de 18.33V). Dans ces deux exemples, les conditions en puissance injectée font qu'il n'y pas ou très peu de production de vapeurs à la surface de l'anode : Pvap - 108 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions est donc négligeable. Il en est de même pour les deux termes de l'Equation III-45 comme nous l'avons vu précédemment ( Pradpla et Pradsurf ). Le bilan, estimé pour les deux configurations, est donné par la Figure III-29. Figure III-29 : Quantification des termes en puissance dans deux configurations : Air-Al et Ar-Al pour une puissance injectée de 3666W. On peut constater que la plus grande part de puissance est celle dissipée vers la surface de l'anode (75% de la puissance totale) devant celles perdues par rayonnement et par convection. Enfin, les puissances perdues par conduction et convection sont, quant à elles, négligeables (de l'ordre de la dizaine de watts). On peut aussi remarquer que pour une même puissance totale injectée, la puissance d'un plasma d'air dissipée vers l'anode est plus importante que celle d'un plasma d'argon. A contrario, la puissance perdue par rayonnement d'un plasma d'argon est plus importante que celle d'un plasma d'air. Cela peut s'expliquer par le fait que le plasma d'argon est nettement plus chaud que celui d'air. Il va donc rayonner beaucoup plus. Les autres contributions restent quasiment inchangées, quel que soit le gaz plasmagène utilisé. 7°) Influence de l'effet Joule Dans ce paragraphe, nous avons étudié l'influence de l'effet Joule dans les matériaux conducteurs. Les travaux de la littérature n'incluent pas en général ce terme dans l'équation de l'énergie. Il est considéré être négligeable de par l'importance des valeurs de la conductivité électrique. Cependant, dans le cas des matériaux composites que nous aborderons dans le chapitre V, ce terme a un rôle prépondérant. Nous allons maintenant vérifier son influence pour les matériaux métalliques. - 109 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Pour cela, nous avons utilisé une configuration Ar-Cu à 200A. Dans un cas, nous avons résolu l'équation de conservation de l'énergie, à l'intérieur de l'anode, avec comme terme source, l'effet Joule et dans l'autre cas, nous avons résolu cette même équation sans prendre en compte ce terme source. La Figure III-30 présente les résultats obtenus au niveau des champs de température dans le matériau comme dans la colonne de plasma pour les deux cas considérés. Figure III-30 : Influence de l'effet Joule sur les isothermes d'un plasma et du matériau pour une configuration Ar-Cu à 200A. On peut constater que dans le cas du cuivre (et dans les matériaux conducteurs en général) l'effet Joule n'a aucun rôle significatif au niveau des champs de températures aussi bien dans le matériau que dans le plasma. 8°) Influence du matériau d’anode Dans ce paragraphe, nous étudions l’influence du matériau d’anode sur les composantes du flux. Pour cela, nous avons appliqué notre code pour une anode en cuivre et en fer à 200A, en l'absence de vapeurs, en ajustant le refroidissement de l’anode : dans les deux configurations, il a été pris à 300K sur les bords latéraux et sur le fond du matériau. Les résultats sont donnés sur la Figure III-31. Les propriétés du matériau jouent légèrement sur les flux anodiques (notamment les flux électriques) ainsi que sur la tache d’accrochage au niveau du matériau. Cela s’explique par la différence de conductivité électrique du matériau qui influence les densités de courant entrantes. La conductivité électrique du fer solide étant plus faible que - 110 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions celle du cuivre, l’arc a tendance à s’accrocher sur une zone légèrement plus grande sur une anode en fer que sur une anode en cuivre. Figure III-31 : Influence du type de matériau d’anode sur les flux anodiques (I=200A) pour un refroidissement de 1000K. Ces derniers résultats permettent d'expliquer le bon accord avec les travaux de Hsu [Hs], qui ne précise pas la nature du matériau de son électrode. Donc quel que soit le matériau métallique de l'anode, le champ de température obtenu au niveau de la décharge sera sensiblement le même, lorsque le plasma n'est pas ensemencé de vapeurs métalliques. 9°) Influence des vapeurs métalliques Nous allons maintenant étudier l’influence des vapeurs métalliques sur des grandeurs telles que les températures, les densités de courant et les flux anodiques. La Figure III-32 montre un champ de vapeurs métalliques pour un plasma d'argon et une anode en fer avec un refroidissement de 1000K en fond d'anode. On peut constater la propagation des vapeurs suivant l’axe de la décharge par diffusion et suivant le rayon de la décharge par des effets conjugués de diffusion et de convection. Ces vapeurs sont de l'ordre de 1% à presque 1mm au dessus de l'anode et s'étendent radialement sur tout le domaine de calcul. - 111 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Figure III-32 : Champ de vapeurs métalliques pour une configuration Ar-Fe (I=200A) avec un refroidissement de 1000K au niveau de l’anode. Dans les figures suivantes (III-32 et III-33), nous étudions l'influence des vapeurs métalliques sur les températures et les densités de courant pour une configuration Ar-Fe à 200A. Une condition aux limites de refroidissement de 1000K a été appliquée en fond et sur les bords de l'anode pour obtenir des vapeurs dans le plasma. Pour prendre en compte ou non la présence des vapeurs dans le milieu on a résolu ou non l’équation de conservation de la fraction massique du fer. Tout d'abord, nous avons remarqué que la présence de vapeurs augmente, en valeur absolue, la chute de tension de la colonne de plasma d'à peu près 1.5V. Ainsi, la puissance injectée dans le plasma, pour les deux cas, n'est pas la même. Pour effectuer une étude comparative, nous avons donc travaillé à puissance constante ( P = 3927W ). Figure III-33 : Influence des vapeurs métalliques sur les isothermes d’un plasma Ar-Fe (I=200A). - 112 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Les champs de température pour les deux configurations (avec et sans prise en compte des vapeurs) sont présentés sur la Figure III-33. Nous avons ajouté en pointillés l'iso-valeur de la fraction massique de fer ( X i = 0.01 ). Les champs de température obtenus dans les deux cas ont des valeurs très proches près de la cathode. Dans la zone où se situent essentiellement les vapeurs (entre la courbe représentant l'iso-valeur X i = 0.01 et l'anode), on remarque que leur présence tend à refroidir la colonne de plasma sur les bords de cette dernière. En fait, les vapeurs métalliques ont une influence significative sur le coefficient d'émission nette pour des températures comprises entre 5000K et 10000K. L'augmentation du coefficient d'émission nette entraîne une augmentation des pertes radiatives et ainsi une diminution de la température au niveau de ces zones. Ce résultat a aussi été trouvé par Menart [Me] et Gonzalez [Go-1], [Go-2]. Cette diminution de température sur les bords de la colonne a pour effet de diminuer localement la conductivité électrique du milieu et de réduire ainsi le rayon de conduction. En présence de vapeurs, l'augmentation de la température au centre de l'arc peut s'expliquer par la conservation de l'intensité du courant sur chaque section : la densité de courant tend à augmenter au centre de la colonne de plasma pour compenser la diminution du rayon de conduction : proche de l'anode, les densités de courant sont de − 9.2 × 10 6 A.m −2 pour le cas avec vapeurs métalliques contre − 3.85 × 10 6 A.m −2 pour le cas sans vapeurs. Figure III-34 : Influence des vapeurs métalliques sur les densités de courant d’un plasma Ar-Fe (I=200A). Sur la Figure III-34, on constate que les densités de courant augmentent au centre de l'arc et diminuent sur les bords de la colonne de plasma, en présence de vapeurs. L'augmentation - 113 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions des densités de courant provient de l'augmentation des conductivités électriques au centre tandis que leur réduction sur les bords est due à la prédominance des pertes radiatives. C'est un résultat qui est en contradiction avec ceux donnés par Menart [Me] : cet auteur a trouvé une augmentation des densités de courant sur les bords de la colonne de plasma et une réduction au centre due aux vapeurs métalliques. Pour compléter cette étude paramétrique, nous montrons sur la Figure III-35 l’influence des vapeurs métalliques sur les flux anodiques. Dans le cas où l'on résout l'équation de conservation de la fraction massique, la présence des vapeurs augmente les densités de courant et donc le flux électrique. Comme ce dernier représente la part prépondérante du flux total, la présence des vapeurs l'augmente. Au contraire, sur les bords du plasma (r>3mm), la présence de vapeurs va entraîner la diminution du flux total. Cela provient de l'abaissement du rayon de conduction et donc des flux électriques. Effectivement, dans cette zone, il y a deux effets concurrentiels dus à la présence de vapeurs métalliques : le premier effet tend à augmenter la conductivité électrique car il est directement lié à la présence des vapeurs tandis que le second effet tend à diminuer la conductivité électrique car il est dû à l'accroissement des pertes radiatives qui entraîne une réduction de la température. Le second effet semble être supérieur au premier, entraînant ainsi une diminution de la conductivité électrique. Figure III-35 : Influence des vapeurs métalliques sur les flux anodiques pour une configuration Ar-Fe à puissance constante P=3927W. - 114 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions 10°) Influence du modèle de rayonnement Le terme de pertes radiatives de l’équation de l’énergie peut se mettre, comme nous l’avons vu précédemment, sous la forme 4πε N où ε N est le coefficient d’émission nette. Il peut aussi se calculer à partir de la méthode P-1. L’intérêt de cette dernière méthode est de tenir compte de l'auto-absorption du rayonnement par les régions froides du plasma. Cette méthode nécessite, tout de même, la résolution de 5 à 12 équations supplémentaires suivant le nombre de bandes de fréquences utilisées lors du découpage du coefficient d’absorption du gaz considéré. Le principe de la méthode peut se résumer de la façon suivante [Mo]. L’équation du transfert radiatif s’écrit : σ )r s .∇I λ = κ λ I bλ − (κ λ + σ Sλ )I λ + Sλ 4π ) ) ) ∫π I λ (s )Φ λ (s , s )dΩ i i i (Eq. III-45) 4 ) s : vecteur unitaire décrivant les angles azimutal Ψ et polaire θ . I λ : intensité radiative spectrale. κ λ : coefficient d’absorption spectrale. σ Sλ : coefficient de diffusion. I bλ : intensité spectrale du corps noir. Φ λ : fonction de diffusion spectrale. Ω i : angle solide. En approximation P-N, l’intensité radiative est décomposée en série de Fourier généralisée : ∞ r ) I λ (r , s ) = ∑ +l r ) ∑ I (r )Y (s ) l = 0 m = −l m l m (Eq. III-46) l ) Yl m (s ) sont des harmoniques sphériques. Dans la méthode P-1, seul le premier terme de r) l’expression est gardé et I λ (r ,s ) peut s’écrire : - 115 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions r ) 1 (G λ + 3qr λ .s) ) I λ (r , s ) = 4π (Eq. III-47) Gλ : radiation incidente. r qλ : flux radiatif. En substituant I λ par sa valeur dans l’Equation III-45 et en intégrant sur tout l’angle solide, on obtient alors : r v ∇G λ = −3κ λ q λ v 1 r ⇒ ∇. − ∇Gλ = κ λ (4πI bλ − Gλ ) 3κ λ (Eq. III-48) r v ∇.q λ = κ λ (4πI bλ − Gλ ) ( ) r r Cette équation peut se mettre sous la forme généralisée de Pantakar : ∇. ΓΦ ∇Φ + S Φ = 0 , en posant : Φ = Gλ , ΓΦ = 1 3κ λ et S Φ = κ λ (4πI bλ − Gλ ) . Au niveau numérique, l’intégration sur toutes les longueurs d'onde λ est impossible du fait d’un temps de calcul très important. La principale difficulté provient du spectre d’absorption qui inclut beaucoup de raies superposées à un fond continu. Pour limiter le temps de calcul, on va découper ce spectre d’absorption en bandes de fréquences : G= N bandes ∑ Gl N bandes ∑ ql q= l =1 l =1 N bandes r r ∇.q = ∑ ∇.ql l =1 Finalement, les pertes radiatives se mettent sous la forme : r S rad = ∇.q = N bandes ∑ κ (4πI l =1 l bl − Gl ) (Eq. III-49) - 116 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions I bl = 2hν 3 n² hν c02 exp − 1 kT (luminance du corps noir). (Eq. III-50) Pour montrer l'influence du modèle P-1 par rapport à l'utilisation du coefficient d'émission nette, nous avons utilisé une configuration Ar-Cu à 200A, sans vapeurs métalliques. Pour le coefficient moyen d'absorption de l'argon par bandes de fréquences, nous avons utilisé celui calculé par Erraki [Er], pour un rayon de 5mm, représenté sur la Figure III-36. Figure III-36 : Coefficient moyen d'absorption de l'argon par bandes de fréquences. Pour vérifier la validité du code mis en place nous avons, tout d'abord, calculé la divergence du flux radiatif pour un cylindre uniforme de 15000K par la méthode P-1 et par celle du coefficient d'émission nette. La configuration utilisée est représentée sur la Figure III37. Figure III-37 : Configuration utilisée pour la validation du modèle P-1. - 117 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Nous avons étudié le rayonnement d'un cylindre de 3mm de rayon et d'une température de 15000K à l'intérieur d'un domaine de calcul cylindrique de 15mm de rayon et d'une température uniforme de 1000K. Les résultats obtenus à partir des deux modèles sont représentés sur les Figures III-37 et III-38. Figure III-38 : Divergence du flux radiatif suivant l'axe du cylindre. Figure III-39 : Divergence du flux radiatif suivant le rayon du domaine. Nous ne remarquons pas de différences notoires au niveau de la divergence du flux radiatif entre les deux modèles, suivant l'axe du domaine (Figure III-38). Nous constatons aussi (Figure III-39) que le modèle P-1 présente une forte émission sur la zone chaude puis une absorption du rayonnement par la zone froide sur les premiers millimètres. - 118 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Cela correspond bien aux résultats attendus et nous permet donc de valider le modèle P-1, que nous avons mis en place. En effet, suivant l'axe, nous avons une température chaude uniforme de 15000K : les résultats du calcul avec le modèle P-1 et le coefficient d'émission nette donnent des valeurs constantes de la divergence du flux qui se superposent. Suivant le rayon, il existe un gradient de température qui passe brutalement de 15000K à 1000K. Dans cette direction là, la divergence du flux va d'abord être importante sur un rayon de 3mm de la zone chaude et va décroître pour avoir une valeur nulle (coefficient d'émission nette) ou négative (modèle P-1) sur les premiers millimètres au niveau de la zone froide Ce modèle est ensuite appliqué à la configuration Ar-Cu explicitée précédemment. Les résultats obtenus en terme de champ de températures et de flux anodiques sont représentés sur les Figures III-39 et III-40 suivantes. Figure III-40 : Influence du P-1 sur les isothermes d'un plasma d'argon à 200A. Figure III-41 : Influence du P-1 sur les flux anodiques d'un plasma d'argon pour une anode en cuivre à 200A. - 119 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions On peut remarquer que l'utilisation du modèle P-1, comparé à celui du coefficient d'émission nette, a tendance à refroidir le plasma, essentiellement, au niveau de l'axe de la décharge. Sur la Figure III-42, la température de l'arc obtenue sur l'axe de la colonne de plasma est représentée. Elle a été déterminée en utilisant les deux méthodes : coefficient d'émission nette et P-1. Il existe un écart de température qui est au maximum de 500K pour z=5mm. Une explication est donnée par la Figure III-43 qui montre que sur l'axe du plasma les pertes radiatives calculées à partir de la méthode P-1 sont plus importantes que celles calculées à partir du coefficient d'émission nette ce qui aura pour conséquence de refroidir le plasma dans cette zone. Sur la Figure III-43, on peut aussi remarquer que pour un rayon supérieur à 1.5mm, les pertes radiatives obtenues à partir du P-1 sont moins importantes que celles obtenues à partir du coefficient d'émission nette. Cela aura pour conséquence de réchauffer le plasma dans ces zones là. Ainsi, sur la Figure III-40, on peut constater que, pour les isothermes inférieures à 12000K, les températures calculées en utilisant la méthode P-1 sont légèrement plus importantes que celles calculées à partir du coefficient d'émission nette. Figure III-42 : Influence du P-1 sur la température de l'axe d'un plasma d'argon à 200A. - 120 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Figure III-43 : Divergence du flux radiatif calculée sur un rayon d'arc dans de l'argon à 200A pour z=5mm. Figure III-44 : Flux rayonnés par un plasma d'argon sur une anode en cuivre à 200A. L'utilisation du modèle P-1 n'a que peu d'influence sur les flux anodiques (Figure III-44) mais son application augmente légèrement le flux rayonné par le plasma vers l'anode qui reste somme toute négligeable (Figure III-45). Nous avons étudié, dans cette partie, deux modèles permettant d'estimer les pertes radiatives au niveau de la colonne de plasma. Le modèle du coefficient d'émission nette est suffisant pour décrire les zones chaudes du plasma et ne nécessite pas de mise en place particulière d'équation car il est tabulé comme un coefficient de transport et il est de plus peu coûteux en temps de calcul. Par contre, si on veut étudier plus précisément les phénomènes radiatifs de l'arc, le modèle P-1 est nécessaire mais il demande la résolution d'équations supplémentaires et donc des temps de calcul beaucoup plus importants. On a pu aussi - 121 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions constater que le calcul des flux radiatifs, effectué à partir des deux méthodes, donnait des résultats similaires. Cela signifie que l'utilisation du coefficient d'émission nette pour estimer les pertes radiatives est totalement justifiée dans notre étude en terme de flux radiatif transféré à l'anode. 11°) Influence du passage du courant dans l’anode Dans ce paragraphe, nous avons étudié différentes configurations de passage de courant dans l’anode et leur influence sur le comportement de l’arc et des transferts d’énergie au niveau du matériau. Pour cela, nous avons testé trois zones de passage : par le fond de l’anode, sur les côtés et enfin par une couronne en fond d’anode. Cette couronne possède un rayon interne de 10mm et un rayon externe de 15mm. La configuration étudiée est un arc dans de l’argon avec une anode en cuivre à 200A. Afin de favoriser le passage du courant dans certaines zones, nous avons imposé une conductivité électrique sur les autres bords de l’anode à 1 × 10 −15 S .m −1 . Les différents résultats obtenus au niveau de la surface de l’anode ont été représentés par les figures suivantes. Figure III-45 : Influence du passage du courant dans l’anode sur la densité de courant radiale à la surface de l’anode. On a pu constater que seules les densités de courant radiales à la surface de l’anode sont modifiées par les différentes zones de passage de courant. Sur la Figure III-45 nous avons représenté la composante radiale de la densité de courant pour les trois configurations de passage du courant au sein de l’anode. On peut voir que les composantes sont directement influencées par la zone de circulation avec des valeurs plus - 122 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions élevées sur les bords lorsque le courant y circule, puis des valeurs intermédiaires lorsque l’évacuation a lieu en couronne. La Figure III-46 montre la circulation des vecteurs densité de courant dans le matériau pour les trois configurations d’échappée du courant : en fond de l'anode, sur les bords latéraux de l'anode et sous forme d'une couronne en fond d'anode. Figure III-46 : Echappée de courant du matériau par a) le fond de l'anode, b) les bords latéraux de l'anode, c) sous forme d'une couronne en fond d'anode. Nous pouvons remarquer que les vecteurs densités de courant, au niveau de la surface de l'anode, ne sont quasiment pas influencés par les différentes zones de passage du courant. III) Conclusion Dans ce chapitre, nous avons modélisé l’interaction d’un arc électrique avec différents matériaux sous polarité anodique et nous avons quantifié les transferts d’énergie à la surface de ces derniers. Dans un premier temps, nous avons utilisé des configurations décrites dans la littérature [Hs], [Sc-1], [Ne] avec lesquelles nous avons pu comparer et valider les résultats de notre modèle en terme de champ de température dans le plasma et de flux anodiques. Au niveau du matériau, il n'existe pas de champs de température expérimentaux sur lesquels nous - 123 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions avons pu nous baser pour valider la propagation de la température dans l'anode. Cependant, des comparaisons entre des résultats obtenus avec le logiciel FLUENT et le logiciel SYSTUS, utilisé par EADS Suresnes, dans des configurations identiques de flux appliqués au niveau de l'anode ont montré un bon accord au niveau des isothermes dans le matériau. Dans un deuxième temps, une fois notre modèle validé, nous avons étudié l’influence de divers paramètres, aussi bien géométriques que physiques, sur la colonne de plasma, les flux ou encore sur les températures de l’anode. Tout d’abord, nous avons analysé l'influence du maillage sur les résultats obtenus par notre modèle et en particulier sur les champs de température : nous avons constaté que ces derniers sont peu modifiés par une grille raffinée et c'est pour cette raison que nous avons utilisé pour une géométrie à deux dimensions un maillage qui permettait un bon compromis entre un temps de calcul raisonnable et une bonne approximation des résultats obtenus. Nous avons remarqué, par la suite, que les flux électriques, au niveau de la surface de l’anode sont prépondérants devant le flux par conduction, le flux enthalpique et le flux par vaporisation. De même, nous avons estimé le flux rayonné par le plasma ainsi que celui rayonné par le matériau et nous avons constaté que nous pouvions les négliger car ils ne représentent, respectivement, que 10 et 0.1% du flux total. Nous avons aussi vérifié que la prise en compte de l'effet Joule dans l'anode n'avait aucune influence au niveau des matériaux métalliques. Nous avons quand même conservé ce terme dans l'équation de l'énergie en vue de l'étude sur le matériau composite car il n'était pas pénalisant en temps de calcul. Nous avons ensuite étudié l’influence de la nature du matériau d’anode sur les flux anodiques. Cette étude a été effectuée à courant constant. Nous avons constaté que les flux restent quasiment inchangés mais qu'ils présentent des étalements plus ou moins importants suivant la nature du matériau. Moins le matériau est conducteur, plus l’arc a tendance à s’accrocher sur une plus large zone et donc plus les flux sont étalés. Nous avons aussi étudié l’influence des vapeurs métalliques issues de la fusion du matériau d’anode sur la colonne de plasma ainsi que sur les flux anodiques. La présence des vapeurs a tendance à refroidir le plasma essentiellement sur les bords. Les densités de courant, en présence de vapeurs métalliques, augmentent au centre de l’arc et diminuent sur les bords. Au niveau des flux anodiques, la présence de vapeurs augmente le flux total. On constate aussi que les vapeurs augmentent les termes électriques et donc les densités de courant au niveau de l’anode. L'augmentation du flux total provient de l’accroissement du flux électrique dû en grande partie à l’augmentation des conductivités électriques. - 124 - Chapitre III : Modélisation en deux dimensions Nous avons ensuite étudié l’influence du modèle de rayonnement sur la colonne de plasma ainsi que sur les flux anodiques. Nous avons constaté que l'application du modèle P-1 ne modifie pas de façon significative les isothermes et les flux d'un plasma d'argon à 200A. Nous sommes arrivés à la conclusion que l'application d'un tel modèle n'est pas nécessaire dans notre configuration d'arc libre car elle n'y apporte aucune modification pour un temps de calcul plus important qu'avec l'utilisation du coefficient d'émission nette. Enfin, nous avons étudié l’influence du passage du courant sur les flux anodiques et nous avons remarqué que suivant les cas étudiés, les différentes configurations de passage n’influençaient pas les flux à la surface de l’anode. Ces études ont eu pour effets d’approfondir et d'analyser l’influence de divers paramètres sur le plasma ainsi que sur le matériau. Une fois notre modèle validé en deux dimensions et l’influence de divers paramètres étudiés, nous avons modifié notre code pour passer en trois dimensions. Cette étude en trois dimensions n’est légitime que si l’arc perd sa symétrie naturelle. Pour cela, nous allons appliquer un champ magnétique extérieur pour pouvoir déflecter notre arc et le comparer avec des données expérimentales de la littérature [Sp]. - 125 - - 126 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions. - 127 - - 128 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Dans ce chapitre, nous présentons la modélisation en trois dimensions (3D) de l'interaction entre un arc électrique et un matériau. Ce code est appliqué, comme dans le chapitre précédent, à différentes configurations et pour des anodes en matériaux conducteurs : le cuivre, le fer et l'aluminium. Le cas d'un matériau composite sera traité dans le chapitre V. La première partie du chapitre est consacrée à la présentation du modèle 3D, au domaine de calcul et aux conditions aux limites utilisées. Le code, ainsi mis en place, est premièrement utilisé pour une configuration d'arc libre (sans force extérieure appliquée) afin de conserver la symétrie naturelle de l'arc. Les résultats obtenus sont comparés à notre modèle à deux dimensions (2D). Nous appliquons ensuite, sur la colonne de plasma, une force extérieure magnétique ou convective, qui nous permet de comparer les résultats obtenus avec ceux de la littérature et d'effectuer diverses études paramétriques. Cette dernière partie permet de valider indirectement le transfert d'énergie à l'anode à partir du déplacement du pied d'arc. I) Modèle mathématique Lorsque la symétrie naturelle de l’arc libre est brisée (par un soufflage latéral ou une déflection magnétique), il devient nécessaire de modéliser l’arc en trois dimensions. L’arc sera alors décrit par des équations hydrodynamiques en 3D cartésiennes (x, y, z). 1°) Hypothèses utilisées Afin de simplifier les calculs, il nous faut poser quelques hypothèses : - La colonne de plasma est supposée être en E.T.L. tout comme nous l'avions supposé pour le modèle 2D. - Le plasma est un fluide newtonien et son écoulement est considéré laminaire et stationnaire. - Les effets de gravité sont négligés . - L’anode est indéformable spatialement et temporellement. - Les effets au niveau du bain liquide (Effet Marangoni, pression de l’arc, pression magnétique, traînée de viscosité, …) ne sont pas pris en compte. - On négligera, dans le bilan de flux au niveau de l’anode, le rayonnement du plasma vers l’anode ainsi que de l’anode vers le plasma, conformément aux études paramétriques effectuées dans le chapitre III. - 129 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions - Les gaines, au niveau des électrodes ne seront pas modélisées. Néanmoins, on tiendra compte de la gaine anodique sous forme de termes sources et de conditions aux limites inclus dans le modèle de l’arc 2°) Equations utilisées Les équations de conservation en stationnaire, comme en deux dimensions, vont s'écrire sous la forme généralisée proposée par Patankar [Pa] : ( ) r r r r ∇.(ρv Φ ) = ∇. ΓΦ ∇Φ + S Φ (Eq. IV-1) Les différents termes, sont répertoriés dans le Tableau IV-1 : Equations de conservation Masse Moment suivant x Moment suivant y Moment suivant z Φ ΓΦ SΦ 1 0 0 µ − ∂P ∂ ∂u 2 r r ∂ ∂u ∂v + µ 2 − ∇.v + µ + ∂x ∂x ∂x 3 ∂y ∂y ∂x + ∂ ∂u ∂w µ + + j y Bz − j z B y ∂z ∂z ∂x − ∂P ∂ ∂v 2 r r ∂ ∂v ∂u + µ 2 − ∇.v + µ + ∂y ∂y ∂y 3 ∂x ∂x ∂y + ∂ ∂v ∂w + j z B x − j x B z µ + ∂z ∂z ∂y − ∂P ∂ ∂w 2 r r ∂ ∂w ∂u − ∇.v + µ + + µ 2 ∂z ∂z ∂z 3 ∂x ∂x ∂z + ∂ ∂w ∂v + + j x B y − j y B x µ ∂y ∂y ∂z u v w µ µ - 130 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Energie T κ Potentiel V σ j x2 + j y2 + j z2 ∂T ∂T ∂T + j x + jy + jz σ ∂y ∂z ∂x ∂X κ ∂ (hi − ha ) i + ρD − CP ∂x ∂x ∂X κ ∂ (hi − ha ) i + ρD − CP ∂y ∂y ∂X κ ∂ (hi − ha ) i − U ρD − ∂z CP ∂z + 5 kB 2 e 0 Tableau IV-1 : Equations de conservation mises sous la forme généralisée de Patankar. Afin de fermer le système, on rajoute à ces équations, le calcul des densités de courant : j x = −σ ∂V ∂V ∂V , j y = −σ et j z = −σ . ∂x ∂y ∂z (Eq. IV-2- IV-4) Pour le calcul du champ magnétique, nous avons utilisé la résolution des potentiels vecteurs. Equations de conservation Φ ΓΦ SΦ Potentiel vecteur suivant x Ax 1 µ0 jx Potentiel vecteur suivant y Ay 1 µ0 jy Potentiel vecteur suivant z Az 1 µ0 jz Tableau IV-2 : Equations de conservation des potentiels vecteurs mises sous la forme généralisée de Patankar. Nous remontons ensuite aux composantes du champ magnétique à partir de la relation : r r r B = ∇× A Soit : B x = (Eq. IV-5) ∂Ay ∂Ax ∂A ∂Az ∂Ay ∂A − , B y = x − z , Bz = − ∂y ∂z ∂z ∂x ∂x ∂y - 131 - (Eq. IV-6- IV-8) Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Il est à noter que nous aurions pu, comme certains auteurs de la littérature [Sp-2], [Sc-2], r [Sc-3], calculer le champ magnétique B , à partir de la loi intégrale de Biot et Savart [Pe] : r r µ B (r ) = 0 4π r v r r r − r′ ( ) j r × r v 3 dV ∫∫∫ − r′ r V (Eq. IV-9) Nous n'avons pas utilisé cette formulation parce qu'elle présente des temps de calcul élevés en 3D : en effet, il faut, en chaque point du domaine de calcul, intégrer les densités de courant sur tous les autres points de ce même domaine, ce qui, en trois dimensions, rajoute un nombre d'opérations très importants. De plus, par souci d'uniformité, nous avons gardé la formulation des potentiels vecteurs utilisée en 2D. 3°) Modélisation de l’anode Dans les quelques articles scientifiques issus de la littérature traitant de modélisation tridimensionnelle, soit seule la colonne de l'arc est modélisée [Ka-2], soit seule l'anode est modélisée [Te]. Dans ce deuxième article, les auteurs s'intéressent à la modélisation du foudroiement d'une plaque en aluminium. Ils représentent l'arc comme une simple tâche de flux à la surface de l'anode mais aucun couplage avec la colonne de plasma n'est effectué. La modélisation de l’anode en trois dimensions s'appuie sur le même principe que celle en deux dimensions : les équations de la conservation de l’énergie et du courant dans le matériau sont résolues dans un système cartésien. En trois dimensions, comme en deux dimensions, le chauffage par effet Joule à l'intérieur du matériau est pris en compte. Cela se traduit par la résolution des équations IV-10 et IV-11 suivantes : 2 2 2 ∂ ∂T ∂ ∂T ∂ ∂T j x + j y + j z + κ =0 + κ + κ σ ∂x ∂x ∂y ∂y ∂z ∂z ∂ ∂V ∂ ∂V ∂ ∂V + σ σ + σ =0 ∂x ∂x ∂y ∂y ∂z ∂z (Eq. IV-10) (Eq. IV-11) Pour maintenir la conservation des valeurs - courant et flux d'énergie - entre plasma et électrode, on utilise à l’interface la conservation du flux de potentiel (ce qui correspond à la - 132 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions conservation de la densité de courant) et un bilan de flux pour la température. Pour simplifier la modélisation de cette couche, les gradients le long des axes x et y sont négligés par rapport aux gradients le long de l’axe d'écoulement z. On aura donc, à l’interface les mêmes équations qu'en 2D : ∂T ∂T 5 kB − κ ∂z = − κ ∂z + j z 2 e (Tmat − T pla ) + Va + Φ a − Lmat Φ v mat pla (Eq. IV-12) ∂V − σ ∂z (Eq. IV-13) ∂V = − σ mat ∂z pla Dans l'équation IV-12, les termes de flux radiatifs du plasma et du matériau n'ont pas été intégrés. Les études paramétriques, du chapitre III, ont montré que ces termes pouvaient être négligés. Ils ne seront donc pas pris en compte dans toute l'étude en 3D. De plus, afin de tenir compte de la présence éventuelle de vapeurs métalliques dans le plasma, nous résolvons l’équation de conservation de la fraction massique : Equations de conservation Φ ΓΦ SΦ Fraction massique Xi ρD 0 Tableau IV-3 : Equation de la conservation de la fraction massique mise sous la forme généralisée de Patankar. A la surface du matériau, la fraction massique est calculée à partir de la relation donnée dans le chapitre précédent : (X i ) = Pv M mat Pv M mat + (1 − Pv ) M pla (Eq. IV-14) Nous utilisons, les mêmes grandeurs et coefficients de transport en trois dimensions qu’en deux dimensions. - 133 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions II) Domaine de calcul et conditions aux limites Pour modéliser la configuration de 18mm de hauteur et 30mm de largeur et longueur, présentée sur la Figure IV-1, nous avons utilisé une grille de (63× 63× 41) cellules. Figure IV-1 : Géométrie utilisée pour la modélisation 3D. Nous avons appliqué un maillage exponentiel qui a été raffiné au centre du domaine ainsi qu’à l’interface plasma-anode. Une coupe de ce maillage sur le plan (x = 0 ) est représentée sur la Figure IV-2 : Figure IV-2 : Coupe sur le plan x = 0 du maillage utilisé pour notre code de calcul 3D. - 134 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Cette géométrie et ces dimensions ont été utilisées afin de comparer avec la configuration d’arc libre en deux dimensions. La cathode, d’une longueur de 3mm, possède un angle au sommet de 60o. L’épaisseur de l'anode est de 5mm, sa longueur et sa largeur sont de 30mm. La distance inter-électrode est de 10mm. Les matériaux d’anode utilisés sont le cuivre, le fer et l’aluminium. L’intensité appliquée est de l'ordre de la centaine d'ampère. Typiquement, la pression du milieu est la pression atmosphérique. Les conditions aux limites sont les mêmes qu’en deux dimensions si ce n'est qu’elles ont été adaptées à trois dimensions en passant en coordonnées cartésiennes. Ainsi, le profil de densité de courant à la cathode [Fr] - plan parallèle (KF) - est donné par : ( j z (r ) = J max exp − b x 2 + y 2 ) (Eq. IV-15) Où J max = 1.4 × 10 8 A.m −2 et b = 3mm . Ces valeurs sont identiques à celles utilisées pour le code en 2D. Les autres conditions aux limites ont été reportées dans le Tableau IV-4 et corrélées avec la Figure IV-3. Figure IV-3 : Conditions aux limites pour la configuration 3D sur le plan x = 0 . - 135 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions AB, BC, CD LA, DE EF, FG, LK, KJ GH, HI, IJ JG u u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 v v = 0m.s −1 v = 0m.s −1 ∂ρv =0 ∂y v = 0m.s −1 v = 0m.s −1 w w = 0m.s −1 ∂ρw =0 ∂z w = 0m.s −1 w = 0m.s −1 w = 0m.s −1 T T = 3500 K T = 1000 K T = 1000 K T = 1000 K Eq. IV-12 V ∂V r =0 ∂n ∂V =0 ∂z ∂V =0 ∂y V = 0V Eq. IV-13 Xi Xi = 0 Xi = 0 ∂X i =0 ∂y Xi =1 Eq. IV-14 Ax ∂Ax r =0 ∂n ∂Ax =0 ∂z ∂Ax =0 ∂y ∂Ax r =0 ∂n ∂Ax r =0 ∂n Ay ∂A y r =0 ∂n ∂A y ∂A y =0 ∂A y r =0 ∂n ∂A y r =0 ∂n Az ∂Az r =0 ∂n ∂Az =0 ∂z ∂Az =0 ∂y ∂Az r =0 ∂n ∂Az r =0 ∂n ∂z =0 ∂y KF Eq. IV-15 Tableau IV-4 : Conditions aux limites typiques pour un arc libre en 3D. Le temps de calcul pour amener un cas en trois dimensions à convergence est de l'ordre de deux jours avec un Pentium IV 1.5GHz avec 512Mo de mémoire vive. III) Comparaison 2D/3D Dans un premier temps, pour s'assurer de la validité du modèle 3D développé, il a été nécessaire de comparer les résultats obtenus sans application de forces extérieures avec ceux obtenus avec notre code en deux dimensions. Pour cela, nous avons utilisé la configuration Ar-Cu à 200A du paragraphe III-2 du chapitre III. Cette configuration, avec les paramètres utilisés, ne conduit qu'à peu de vapeurs métalliques. - 136 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Figure IV-4 : Comparaison 2D-3D des isothermes d’un plasma d’argon avec une anode en cuivre à 200A. La Figure IV-4 présente la comparaison entre les champs de température d’un plasma d’argon à 200A et d'une anode en cuivre obtenus avec le code 2D et 3D. On peut constater un bon accord entre les deux modèles aussi bien au niveau du matériau que dans le plasma. Les disparités les plus importantes sont obtenues, sur l'axe de la décharge, pour les isothermes 14000K et 15000K. L'isotherme "l" correspond à la température de fusion du cuivre et délimite la taille du bain liquide représenté par la surface grisée. Figure IV-5 : Comparaison 2D-3D entre les flux anodiques d’un plasma d’argon et une anode en cuivre à 200A. La Figure IV-5 représente la comparaison entre les flux anodiques pour les mêmes conditions. Les résultats du code 2D et 3D sont représentés respectivement en symboles - 137 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions blancs et en symboles pleins noirs. On peut remarquer, ici aussi, un bon accord entre les deux types de courbes aussi bien au niveau de l'intensité de chacune des composantes du flux du plasma vers l'anode qu'à leur rayon d'influence. Figure IV-6 : Comparaison 2D-3D de la température à la surface de l'anode. Sur la Figure IV-6, nous avons présenté les températures de surface de l'anode en 2D et 3D. On peut les corréler avec les flux anodiques et constater qu'au niveau de ces températures, il existe aussi un bon accord entre les deux types de résultats. L'écart maximum se situe au centre où le code 3D donne une température d'anode inférieure d'une vingtaine de kelvins par rapport au code 2D. Les modules de la vitesse sur l’axe sont représentés sur la Figure IV-7 pour les deux configurations. Dans les deux cas, nous avons utilisé la formulation des potentiels vecteurs. On retrouve bien, pour la configuration 3D, les résultats obtenus en 2D avec somme toute, des vitesses inférieures sur l'axe de la décharge, de l'ordre de 10m.s-1 pour le modèle tridimensionnel. Cette différence peut s'expliquer par le fait que la grille en trois dimensions inclut une cellule centrale ce qui n'est pas le cas en deux dimensions ce qui induit donc un décalage entre les deux maillages. Cela signifie aussi que le profil de densité de courant imposé en deux et trois dimensions est décalé. La valeur de j z (r ) est plus importante en 3D, néanmoins, en 2D, nous imposons ∂j z ∂r = 0 et donc la valeur de j z sur l'axe de symétrie est reportée sur la cellule juste à côté ce qui entraîne un meilleur pompage du gaz ambiant. - 138 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Figure IV-7 : Comparaison 2D-3D entre vitesses axiales au centre de la colonne d’un plasma d’argon (I=200A). Nous avons montré, dans une configuration 3D présentant un axe de symétrie naturel, le bon accord entre les résultats du modèle en deux dimensions avec celui en trois dimensions. Nous avons testé notre code au niveau des champs de température, des vitesses sur l'axe de la décharge et sur les flux déposés à l'anode. Ceci valide indirectement nos développements 3D sur une configuration sans déflection de la colonne de plasma. Dans le chapitre suivant, nous allons comparer nos résultats avec ceux de Speckhofer [Sp] et de Blais [Bl-1], [Bl-2] qui ont étudié l’influence d’un champ magnétique sur un plasma. IV) Comparaison avec la littérature Dans l'étape précédente, nous avons vérifié la validité de notre code lorsque la colonne de plasma n'était soumise à aucune force extérieure et qu'elle gardait sa symétrie naturelle. Maintenant, nous allons continuer l'étape de validation en appliquant une force magnétique extérieure à la colonne de l'arc afin de la déflecter et de pouvoir comparer nos résultats avec ceux obtenus dans la littérature. 1°) Comparaison avec l'étude de Speckhofer et Schmidt [Sp] Afin de mener cette étude comparative avec les travaux de Speckhofer et Schmidt [Sp], nous avons changé de configuration pour nous placer dans des conditions similaires. Nous avons donc étudié un arc dans de l’argon, à 100A et à la pression atmosphérique, avec une - 139 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions anode en cuivre de 5mm d’épaisseur et pour une distance inter-électrode de 3mm. L’arc est déflecté par l'application d'un champ magnétique externe constant B x = 3.5mT . Les résultats expérimentaux de Speckhofer [Sp] ont été obtenus par tomographie avec 13 angles de vue et 31 positions axiales en se déplaçant de la cathode vers l’anode. Les isothermes obtenues par notre modèle sur le plan x = 0 ont été reportées sur la Figure IV-8, et comparées avec les résultats expérimentaux de Speckhofer [Sp]. Un bon accord a été trouvé entre les deux types de données. Figure IV-8 : Comparaison entre les champs de température obtenus par notre modèle 3D (en pointillés) et ceux obtenus expérimentalement par Speckhofer (en trait plein). 2°) Comparaison avec l'étude de Blais [Bl-2] La comparaison avec les résultats de Speckhofer [Sp] nous a permis de valider le déplacement de l'arc sous l'effet d'une force magnétique constante. Nous allons maintenant poursuivre l'étape de comparaison avec les travaux de Blais [Bl-2]. Dans cet article, les auteurs modélisent la déflection d'un arc sous l'influence d'une distribution de champ magnétique, créée par la circulation du courant dans un fil conducteur parallèle à la colonne d'arc et placé, sur l'axe x, à une distance xC = 20mm . La configuration utilisée par cet auteur est un arc dans de l'argon à 200A. L'intensité injectée dans ce fil est de l'ordre de la centaine d'ampère ce qui permet de créer un champ magnétique non constant de l'ordre du millitesla. Les valeurs suivant x et y des composantes du champ magnétique sont données par les relations : - 140 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Bx = By = µ 0 I conducteur cos arctan y x (Eq. IV-16) 2π x 2 + y 2 µ 0 I conducteur sin arctan y x 2π x + y 2 (Eq. IV-17) 2 Bz = 0 (Eq. IV-18) Où µ 0 la perméabilité magnétique du vide vaut µ 0 = 4π × 10 −7 H .m −1 . Les Figures IV-9 et IV-10 représentent les valeurs des composantes du champ magnétique calculées sur les plans x = 0 et y = 0 . Les valeurs maximales de ces champs se situent au proche voisinage du fil conducteur. Figure IV-9 : Composantes du champ magnétique appliquées sur le plan x = 0 . - 141 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Figure IV-10 : Composantes du champ magnétique appliquées sur le plan y = 0 . Dans ses travaux, Blais [Bl-2] ne modélise pas l'interaction avec le matériau et seule une condition de flux nul est appliquée à la surface de l'anode. La déviation du pied d'arc est définie à partir de la distance entre l'axe naturel de la colonne et la cellule qui contient la plus haute température. Cette distance est calculée au voisinage de l'anode. Les valeurs du champ magnétique, calculées en "préprocessing", ont ensuite été injectées dans notre code afin de simuler les travaux de Blais. Les résultats obtenus au niveau de la déflection du pied d'arc sont reportés sur la Figure IV-11 : Figure IV-11 : Déviations du pied d'arc dans le cas de Blais (cercles blancs) et données par notre modèle avec modélisation de l'anode (carrés noirs). On constate que les résultats obtenus par notre modèle ne sont pas en accord avec ceux de Blais. La seule différence entre les deux modèles provient du traitement de l'anode : dans - 142 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions notre cas, elle est modélisée et l'accrochage dépend des propriétés intrinsèques du matériau tandis que dans le cas de Blais, seule une condition de flux nul est appliquée. Afin de nous assurer que les différences proviennent bien de la description faite au niveau de l'anode, nous avons, nous aussi, utilisé une condition de flux nul, sans considérer le matériau dans notre domaine de calcul. Les résultats obtenus sont reportés sur la Figure IV-12 et comparés à ceux obtenus par Blais pour les mêmes configurations. Figure IV-12 : Déviations du pied d'arc dans le cas de Blais (cercles blancs) et données par notre modèle avec flux nul (triangles noirs). On peut noter, maintenant, un bien meilleur accord avec des différences voisines de un demi-millimètre. Dans le cas précédent, elles étaient de l'ordre de 2 à 3 millimètres. Pour terminer la comparaison et finalement valider notre modèle de transfert d'énergie à l'anode via le calcul du déplacement du pied d'arc, nous allons utiliser une configuration non plus d'arc libre mais d'arc transféré soufflé. En effet, dans les années 70, à Odeillo, des études expérimentales ont été effectuées sur cette configuration [Bl-1]. La colonne de plasma était déflectée par un champ magnétique créé par un fil traversé par un courant continu. Blais a aussi modélisé cette configuration toujours par l'application d'une condition de flux nul au niveau de l'anode. Nous nous sommes alors placés dans la configuration présentée sur la Figure IV-13 afin de déterminer, par comparaison avec les résultats expérimentaux, si la modélisation de l'interaction de l'anode est nécessaire à la prédiction de la déflection de l'arc. - 143 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Figure IV-13 : Configuration 3D utilisée par Blais [Bl-1]. Nous avons utilisé une grille de 139 × 139 × 100 ce qui représente 1932100 cellules. La configuration comprend une cathode en tungstène de 60° d'angle au sommet et une longueur de 15mm. La cathode est insérée dans une tuyère selon le schéma de la Figure IV-13. Au sommet de cette tuyère est injecté de l'argon. La configuration comprend aussi une anode en cuivre de 45mm de largeur et de longueur et de 5mm d'épaisseur. La distance inter-électrode est de 80mm. Le champ magnétique extérieur est créé à partir d'un fil situé à 22mm de l'axe de la torche et traversé par un courant continu identique en intensité au courant servant à alimenter la torche. Nous allons étudier le cas où l'intensité injectée est de 100A (dans le fil et dans le plasma) et le débit de gaz de 5l.min-1. Ces paramètres ont été choisis afin de pouvoir comparer les résultats obtenus par notre modèle avec ceux donnés expérimentalement [Bl-1]. Les autres côtes (en mm) sont représentées sur la Figure IV-14 : - 144 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Figure IV-14 : Coupe sur le plan x = 0 de la configuration 3D utilisée par Blais [Bl-1]. Les conditions aux limites associées à la Figure IV-15 et utilisées ont été répertoriées dans le Tableau IV-5. Figure IV-15 : Conditions aux limites pour la configuration 3D sur le plan x = 0 . - 145 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Une pression d'entrée Pin de 9.8 × 10 −3 atm est appliquée afin d'obtenir un débit d'argon de 5l.min-1. ABML BC CD DE EFGH HI P = Pin P IJ JKL P = 1atm u u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 u = 0m.s −1 v v = 0m.s −1 v = 0m.s −1 v = 0m.s −1 v = 0m.s −1 v = 0m.s −1 ∂ρv =0 ∂y v = 0m.s −1 w ∂w =0 ∂y w = 0m.s −1 ∂w =0 ∂y w = 0m.s −1 w = 0m.s −1 w = 0m.s −1 w = 0m.s −1 T ∂T =0 ∂y T = 3500 K V ∂V =0 ∂y Xi Ax Ay Az Eq. IV- MJ T = 500 K T = 500 K T = 500 K T = 500 K T = 1000 K Eq. IV-12 ∂V r =0 ∂n ∂V =0 ∂z ∂V =0 ∂z ∂V =0 ∂z ∂V =0 ∂z V = 0V Eq. IV-13 ∂X i =0 ∂y ∂X i r =0 ∂n ∂X i =0 ∂z ∂X i =0 ∂z ∂X i =0 ∂z ∂X i =0 ∂z Xi =1 Eq. IV-15 ∂Ax =0 ∂y ∂Ax r =0 ∂n ∂Ax =0 ∂z ∂Ax r =0 ∂n ∂Ax =0 ∂z ∂Ax r =0 ∂n ∂Ax r =0 ∂n ∂A y =0 ∂A y r =0 ∂n ∂A y =0 ∂A y r =0 ∂n ∂A y =0 ∂A y r =0 ∂n ∂A y r =0 ∂n ∂Az =0 ∂y ∂Az r =0 ∂n ∂Az =0 ∂z ∂Az r =0 ∂n ∂Az =0 ∂z ∂Az r =0 ∂n ∂Az r =0 ∂n ∂y 14 ∂z ∂z Tableau IV-5 : Conditions aux limites pour la configuration 3D. Le temps de calcul pour amener une telle configuration à trois dimensions à convergence est de l'ordre de quinze jours avec un serveur Compaq Alpha à huit processeurs avec 8Go de mémoire vive. Les résultats obtenus en terme de champs de température dans le plasma et dans le matériau sont représentés sur la Figure IV-16. Dans la colonne de l'arc, la température maximale est de 21231K et dans l'anode elle est de l'ordre de 1100K. - 146 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Figure IV-16 : Isothermes dans un plasma d'argon à 100A et dans une anode en cuivre soumis à un champ magnétique induit par un fil traversé par un courant de 100A. Sur la Figure IV-17, est représenté un isocontour du champ de vitesse pour une valeur v = 20m.s −1 . On constate que les forces de Laplace modifiées par le champ magnétique extérieur vont changer le champ de vitesses dans la colonne de plasma et ainsi déflecter l'arc. Proche de la cathode, là où les forces de Lorentz sont très importantes, le champ magnétique n'aura pas une influence suffisante pour déflecter l'arc. Plus on s'éloigne de la cathode, plus la colonne de plasma va s'expanser entraînant ainsi un étalement des densités de courant et donc une diminution des forces de Lorentz. Le champ magnétique extérieur a alors suffisamment d'influence pour déflecter l'arc. Proche de l'anode, le champ magnétique extérieur est très faible du à l'augmentation de la distance fil-colonne et il n'induit qu'une déviation peu significative. - 147 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Figure IV-17 : Isocontour v=20m.s-1. Sur la Figure IV-18, nous avons reporté les déviations du pied de l'arc données par notre modèle, en fonction du courant et comparé ces valeurs avec les résultats expérimentaux et théoriques [Bl-1]. La déviation du pied d'arc a été déterminée à partir de la distance entre l'axe naturel de la colonne et la cellule qui contient la plus haute température au niveau de l'anode. Figure IV-18 : Déviations du pied d'arc issues de [Bl-1] (carrés blancs), du modèle sans modélisation de l'anode de [Bl-1] et données par notre modèle avec modélisation de l'anode (carrés noirs). - 148 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Dans le cas expérimental [Bl-1], la valeur de déplacement du pied d'arc est de 17.9mm et de 23.5mm, pour des intensités injectées respectivement de 100 et 125A. Le déplacement calculé par le code 3D prenant en compte l'interaction avec l'anode est de 15.2mm et de 20.6mm, pour les mêmes intensités. Les barres d'erreur ne sont pas fournies par l'auteur, mais on peut noter un bon accord entre les résultats de notre code et ceux expérimentaux. Les valeurs du déplacement du pied d'arc estimées par le modèle de l'auteur, avec une condition de flux nul à la surface de l'anode, sont, quant à elles, assez éloignées des valeurs expérimentales. Bien que cette étape de comparaison avec les résultats de Blais [Bl-2] ait été développée afin de valider notre code avec des travaux de la littérature, elle montre clairement que la prise en compte de la modélisation globale - plasma plus matériau - est nécessaire pour toute prédiction du déplacement de l'arc soumis à une force magnétique extérieure. La prédiction du déplacement de l'arc avec les travaux expérimentaux d'Odeillo [Bl-1] constitue pour nous une validation indirecte du transfert d'énergie et de la modélisation du domaine anodique. V) Application d'une force convective extérieure Une fois l'étude sur l'application d'une force magnétique présentée, nous avons testé l'influence d'une force convective transverse appliquée sur l'arc libre. L'étude a été menée dans de l'argon avec une anode en cuivre, pour une intensité de 200A. Les vitesses appliquées sont de 2, 5 et 10m.s-1. Elles sont constantes sur toute une face en bord de domaine tridimensionnel. La Figure IV-19 représente les isothermes du plasma et de l'anode lorsque la colonne est soumise à une force convective de 5m.s-1. - 149 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Figure IV-19 : Isothermes du plasma et de l'anode pour une configuration Ar-Cu à 200A et pour une force convective de 5m.s-1. On peut remarquer, sur la Figure IV-19, que la température maximale dans le plasma est de 21000K et dans le matériau de l'ordre de 1350K. Ce sont sensiblement les mêmes températures que dans le cas où il n'y a pas de forces latérales. On peut aussi constater que les isothermes de l'arc et du matériau sont déflectées. Ces déviations sont calculées pour différentes vitesses transverses appliquées, suivant le même principe que pour la force magnétique, et sont représentées sur la Figure IV-20. Figure IV-20 : Déplacement du pied d'arc pour une configuration Ar-Cu à 200A et pour différentes valeurs de forces convectives. Le déplacement ainsi évalué est de 8.75 × 10 −4 m, 1.79 × 10 −3 m et 2.72 × 10 −3 m pour une force convective de, respectivement, 2, 5 et 10m.s-1. On peut remarquer que les résultats ne - 150 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions sont pas linéaires suivant la vitesse appliquée. Cette non-linéarité dans les résultats peut s'expliquer par le fait que ce n'est pas la vitesse qui déflecte l'arc mais la force convective associée. Selon Bernouilli, cette force convective est proportionnelle à ρv 2 et donc la linéarité du déplacement est fonction du carré de la vitesse et non de la vitesse. Sur les Figures IV-21 à IV-23, sont représentés les flux anodiques déposés par la colonne de plasma suivant les vitesses appliquées en bord de domaine. Ces flux ont été relevés sur le plan x = 0 . La droite R = 0 correspond à l'axe de symétrie naturel de l'arc lorsque ce dernier n'est pas déflecté. Si l'on regarde plus en détail, on peut constater que le profil des flux a été modifié par les vitesses extérieures appliquées. On peut aussi noter que la valeur maximale du flux total a augmenté en fonction des vitesses : elle vaut 4.6 × 10 7 W .m −2 pour une vitesse appliquée de 2m.s −1 , 5.1 × 10 7 W .m −2 pour 5m.s −1 et 5.5 × 10 7 W .m −2 pour 10m.s −1 . Figure IV-21 : Flux anodiques pour une configuration Ar-Cu à 200A et pour une force convective de 2m.s-1. Figure IV-22 : Flux anodiques pour une configuration Ar-Cu à 200A et pour une force convective de 5m.s-1. - 151 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Figure IV-23 : Flux anodiques pour une configuration Ar-Cu à 200A et pour une force convective de 10m.s-1. Si l'on regarde maintenant les températures à la surface de l'anode, on peut voir, sur la Figure IV-24 que ces dernières, ont un maximum qui est décalé et qui présente une valeur plus importante, suivant la force latérale appliquée. En effet, pour des vitesses de 2, 5 et 10m.s-1, on observe une température maximale à la surface de l'anode de 1350K, 1379K et 1385K. Cela traduit bien les résultats que l'on a trouvés au niveau des flux anodiques. Figure IV-24 : Températures en surface d'anode pour une configuration Ar-Cu à 200A et pour différentes valeurs de forces convectives. Pour expliquer cette augmentation de la température en fonction de la vitesse injectée, il faut regarder les composantes des flux anodiques. Sur les Figures IV-21, IV-22 et IV-23, seule la valeur maximale de la composante du flux électrique est notablement modifiée par la - 152 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions force convective. Cela signifie qu'à un facteur multiplicatif près, les densités de courant au niveau de l'anode ont augmenté avec les vitesses transverses appliquées. On peut en effet remarquer sur ces mêmes figures que, l'application des flux électriques a diminué sur l'axe x = 0 : elle passe de quasiment 12.5mm suivant l'axe des vitesses pour une valeur de 2m.s −1 à près de 10mm pour une vitesse de 10m.s −1 . Une diminution du rayon d'influence va alors entraîner, pour une même intensité, une augmentation locale des densités de courant. VI) Conclusions Les développements effectués en trois dimensions, nous ont permis d'étudier l’influence de l'application d’un champ magnétique extérieur ou d'une force convective sur la colonne de plasma. Tout d'abord, nous avons utilisé une configuration simple d'arc libre en 3D, sans déflection et comparé les résultats avec ceux obtenus en 2D. Un bon accord a été trouvé aussi bien dans le plasma que dans le matériau en terme de champ de température et de vitesses, validant ainsi nos développements. Nous avons ensuite modifié la configuration et appliqué une force magnétique constante. Les résultats obtenus par le modèle ont été comparés avec ceux donnés expérimentalement par des auteurs comme Speckhofer [Sp]. Là aussi, un bon accord a été obtenu sur les champs de température et sur les valeurs de déplacement du pied d'arc. Pour terminer cette étape de validation et de comparaison, nous avons ensuite appliqué un champ magnétique extérieur induit par le passage de courants dans un fil. Nous avons ainsi validé indirectement le transfert d'énergie via les déplacements de pied d'arc mesurés tout en montrant la nécessité de la prise en compte d'un modèle global (plasma+anode) pour la prédiction des déplacements des arcs sous l'influence d'une force magnétique extérieure. Nous avons ensuite appliqué une force extérieure de type convective et noté son influence sur la colonne de plasma ainsi que sur le déplacement du pied d'arc. Nous avons ainsi observé l'influence de cette force sur les flux appliqués à l'anode et sur les températures à la surface de celle-ci. Dans les prochaines étapes de cette thèse, nous allons nous rapprocher du problème relatif au foudroiement d'un aéronef. Pour cela, la mise en place des développements 2D et 3D que nous avons présentés s'avérait indispensable. Dans le cas d'un foudroiement d'avion les pieds d'arc sur la voilure sont soumis à des forces convectives; nous allons donc appliquer une force convective latérale afin de simuler l'influence de l'avancée d'un aéronef. - 153 - Chapitre IV : Modélisation en trois dimensions Comme nous l'avons déjà mentionné, nous allons étudier une des phases de dégradation que représente la composante continue "C". Nous devons donc appliquer des intensités comprises entre 200 et 800A pendant un temps caractéristique de 0.25 et 1s (Figure I-4). Ce code sera alors appliqué sur des anodes en matériau composite. - 154 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite. - 155 - - 156 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Ce chapitre est consacré à la modélisation en deux et trois dimensions, en régime transitoire, de l'interaction entre un arc électrique et un matériau composite. Le matériau composite étudié est identique à celui que nous avons décrit dans le chapitre II. L'objectif principal consiste à se placer dans des configurations similaires à celles définies par la réglementation internationale afin de caractériser au mieux les matériaux lors du foudroiement. Comme nous l'avons déjà précisé, seule la composante continue C sera appliquée tout au long de ce chapitre comme cela est fait lors des essais expérimentaux. Dans un premier temps, nous effectuerons une modélisation en deux dimensions permettant de caractériser les dommages subis par le matériau composite. Dans un deuxième temps, nous étudierons l'ensemble arc-composite en trois dimensions sous l'effet d'un soufflage latéral. I) Modèle mathématique de l'étude en deux dimensions Dans ce paragraphe, nous allons procéder à l'étude en deux dimensions de l'interaction entre un arc électrique initié dans l'air et une anode en composite. Cette analyse s'effectuera en transitoire afin de se positionner dans la réglementation internationale et de quantifier l'énergie déposée par le plasma. Les équations utilisées pour décrire le comportement de l'arc sont les mêmes que celles utilisées dans le chapitre III (équations de Navier-Stokes auxquelles on ajoute les équations de l’électromagnétisme) avec un terme temporel supplémentaire. Sans l'application d'une force perturbatrice extérieure, l’arc est symétrique axialement ce qui signifie que les équations de la magnétohydrodynamique vont s’écrire en 2D cylindriques (r, z). 1°) Hypothèses Afin de simplifier le traitement de ces équations, on utilise les hypothèses suivantes : - La colonne de plasma est supposée être en E.T.L.. - L’écoulement est considéré laminaire. - Les effets de gravité sont négligés. - On supposera que la surface de l’anode est indéformable spatialement et temporellement. - On négligera, dans le bilan de flux au niveau de l’anode, le rayonnement du plasma vers l’anode ainsi que de l’anode vers le plasma. - 157 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite - Les gaines anodiques et cathodiques ne seront pas représentées. 2°) Equations utilisées Les équations de conservation, en transitoire, vont s'écrire sous la forme généralisée proposée par Patankar [Pa] : r r ∂ ( ρΦ ) r r + ∇.(ρv Φ ) = ∇. ΓΦ ∇Φ + S Φ ∂t ( ) (Eq. V-1) r Où ρ est la densité du fluide considéré, v est le vecteur vitesse, ΓΦ est le coefficient de diffusion, S Φ le terme source et Φ représente les grandeurs scalaires qui doivent être résolues dans les différentes équations de conservation. Ces trois grandeurs sont explicitées pour chacune des équations de conservation résolues dans le Tableau II-1 du chapitre II. Le terme en temporel, ne sera rajouté que pour les équations de Navier-Stokes et n'interviendra pas dans les équations de l'électromagnétisme. Afin de boucler le système d’équations, on y rajoute, le calcul du champ magnétique : r r r B = ∇× A soit Bθ = ∂Ar ∂Az − ∂z ∂r (Eq. V-2) ainsi que le calcul des densités de courant dans la colonne de plasma : j z = −σ ∂V ∂z et j r = −σ ∂V ∂r (Eq. V-3) Dans la configuration étudiée en régime transitoire, les densités de courant, en incluant les ∂V ∂Az ∂V ∂Ar termes temporels, devraient s'écrire : j z = −σ + + et j r = −σ ∂t ∂t ∂z ∂r . Les termes temporels, variant très peu dans la colonne de plasma, seront négligés durant toute l'étude. - 158 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite 3°) Modélisation de l’anode Les équations résolues dans le composite sont un peu plus complexes que celles résolues pour la phase condensée du matériau conducteur car les propriétés de transport dépendent des directions du fait de l'anisotropie du milieu. Les équations de conservation de l'énergie et du courant vont alors s'écrire [Je] : ∂ ( ρC P T ) 1 ∂ j z2 ∂T ∂ ∂T j r2 = + rκ r + κ z + ∂t r ∂r ∂r ∂z ∂z σ r σ z (Eq. V-4) 1 ∂ ∂V ∂ ∂V =0 + σ z rσ r r ∂r ∂z ∂r ∂z (Eq. V-5) Dans les équations V-4 et V-5, κ r et κ z représentent les conductivités thermiques longitudinales et transversales du matériau et σ r et σ z sont les conductivités électriques longitudinales et transversales. Le calcul des densités de courant dans le matériau se fera à partir des relations données par l'Equation V-3 modifiées pour tenir compte de l'anisotropie du matériau : j z = −σ z ∂V ∂z et j r = −σ r ∂V ∂r (Eq. V-6) Pour maintenir la conservation du courant et du flux de chaleur entre le plasma et l'électrode, on utilise les mêmes équations que celles décrites dans les chapitres précédents, en négligeant toujours les gradients radiaux par rapport aux gradients le long de l’axe, au voisinage de l'anode. On aura donc, à l’interface : 5 kB ∂T ∂T − κ z ∂z = − κ z ∂z + j z 2 e (Tmat − T pla ) + Va + Φ a − Lmat Φ v mat pla ∂V − σ z ∂z ∂V = − σ z ∂z mat pla (Eq. V-7) (Eq. V-8) - 159 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Afin de tenir compte de la présence de vapeurs de carbone dans le plasma, il faut résoudre l’équation de conservation de la fraction massique (voir Tableau V-1). Equation de conservation Φ ΓΦ SΦ Fraction massique Xi ρD 0 Tableau V-1 : Equation de la conservation de la fraction massique mise sous la forme généralisée de Patankar. Où X i est la fraction massique du matériau dans le plasma et D, le coefficient de diffusion du carbone dans le gaz plasmagène, en l'occurrence, ici, l'air. A la surface du matériau, la fraction massique va être calculée de la même façon que pour les matériaux conducteurs, à partir de la relation : (X i ) = Pv M mat Pv M mat + (1 − Pv ) M pla (Eq. V-9) 4°) Domaine de calcul et conditions aux limites Nous utiliserons la géométrie d’arc libre en deux dimensions que nous avons déjà présentée dans les chapitres précédents et dont les dimensions sont rappelées sur la Figure V1: Figure V-1 : Géométrie étudiée. - 160 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Elle comprend une cathode en tungstène de 60o d’angle au sommet et d’une longueur de 3mm. L’anode a une épaisseur de 2mm et un rayon de 15mm. La distance inter-électrode est de 10 millimètres. L’intensité pourra varier entre 200A et 800A et la durée de vie de l'arc va varier de 1s à 250ms. La pression du milieu est la pression atmosphérique. Afin de modéliser cette configuration, nous avons utilisé un maillage de (299 × 52) pour 15mm de hauteur et 15mm de largeur. Ce maillage exponentiel est affiné aux bords du domaine ainsi qu’à l’interface plasma-anode. De plus, comme l'a suggéré Jennings [Je], nous σ avons appliqué dans l'anode un maillage tel que ∆z ≈ z σr 1 2 ∆r . Cela signifie que pour l'anode de 15mm de rayon et de 2mm de hauteur, nous avons utilisé une grille de 250 × 52 cellules. Les conditions aux limites utilisées pour la modélisation sont identiques à celles décrites dans le chapitre III. Seule la condition de refroidissement en fond et sur le bord latéral de l'anode va être modifiée : en effet, on va appliquer une température de refroidissement de 300K dans le cas du composite contre une température de 1000K pour les matériaux métalliques. La température de "vaporisation" du matériau composite étant de 1173K, cette valeur de la température de refroidissement permet d'éviter la présence excessive de vapeurs de carbone. Le temps de calcul pour amener une configuration avec anode en composite, à deux dimensions et en transitoire, à convergence est de l'ordre de six heures avec un Pentium IV 2.66MHz avec 512Mo de mémoire vive. 5°) Méthode numérique Pour résoudre le problème en transitoire, la discrétisation du terme temporel se fera de la façon suivante : t + ∆t ∫ t ∂ (ρΦ )dt = (ρΦ )1 − (ρΦ )0 ∂t (Eq. V-10) Φ est la grandeur scalaire à résoudre et les indices 1 et 0 correspondent respectivement aux valeurs des grandeurs au temps t + ∆t et t . - 161 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Le terme convectif sera discrétisé en fonction de ses valeurs à l'instant t et t + ∆t , et s'exprimera de la façon suivante : ∫ (ρuΦ )dt = [ f (ρuΦ ) + (1 − f )(ρuΦ ) ]∆t t + ∆t 1 0 (Eq. V-11) t Pour f = 0 , le schéma utilisé est appelé schéma explicite. Pour f = 1 , il s'agit du schéma implicite complet. Le schéma explicite peut conduire à des résultats physiquement non réalistes. Il est alors contrôlé par un critère de stabilité [Pa], [Ve] : ∆t < ρC P (∆x )2 2κ (Eq. V-12) κ , ρ , C P , ∆x et ∆t sont respectivement la conductivité thermique, la densité massique, la chaleur spécifique, le pas spatial et le pas de temps. La résolution temporelle va donc varier comme le carré de la résolution spatiale. Donc si l'on veut raffiner une grille, il faudra aussi fortement raffiner le pas de temps. Ainsi, pour des pas de temps extrêmement fins, il est possible d'utiliser le schéma explicite. Cependant, une forte diminution du pas de temps va augmenter considérablement le temps de calcul global. Le logiciel FLUENT utilise uniquement le schéma implicite complet ce qui signifie que c'est la nouvelle valeur en t + ∆t qui prévaut. L'avantage du schéma implicite complet est qu'il est inconditionnellement stable. 6°) Procédure de convergence en temporel Pour mettre en place le modèle de transfert d'énergie en transitoire, une première étape d'accrochage de l'arc à la surface de l'anode a été nécessaire. Ainsi, nous avons modélisé l'arc en stationnaire s'accrochant sur l'anode avec une condition de flux nul. Une fois la colonne de plasma établie, nous avons enclenché la variation temporelle avec la résolution du transfert d'énergie et des équations de conservation dans le matériau et dans le plasma. - 162 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite II) Résultats et discussions sur l'étude en deux dimensions Les résultats du code 2D ont été obtenus à partir d'une configuration d'arc libre présentée sur la Figure V-1. Le gaz plasmagène est de l'air et l'anode est constituée par le matériau composite qui a été présenté dans le chapitre II. L'intensité pour ces études sera de 200, 400 et 800 Ampères. Comme la charge déposée doit être de 200C, conformément à la réglementation internationale sur la composante continue C, les temps appliqués seront donc de 1, 0.5 et 0.25s. Avant de présenter l'étude paramétrique réalisée dans cette configuration, nous allons comparer les résultats obtenus dans le matériau composite avec ceux présentés par Jennings [Je]. 1°) Validation des développements dans le matériau composite Afin de valider la propagation de l'énergie dans le matériau, nous avons effectué une recherche bibliographique. Il s'avère qu'il n'existe que très peu de travaux relatifs à ce sujet et les résultats théoriques ne sont que rarement comparés et validés avec l'expérience. Nous avons toutefois trouvé les résultats de Jennings [Je] que nous allons utiliser maintenant. Nous avons, pour cela, modifier le code en deux dimensions. Le domaine de calcul a été restreint au matériau seul. Dans cette anode en composite, seules les équations de conservation de l'énergie et du courant seront résolues. Le domaine de calcul sera identique à celui utilisé par l'auteur et est représenté sur la Figure V-2 : il est constitué d'une anode de 2mm de hauteur et de 40mm de rayon. Le maillage utilisé comprend 40 cellules de 1mm dans la direction radiale et 32 cellules de 0.0625mm dans la direction axiale. Figure V-2 : Géométrie étudiée par Jennings [Je]. - 163 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite En surface de ce matériau nous avons appliqué une condition en densité de courant et en densité de flux thermique dont les variations sont présentées sur les Figures V-3 et V-4 suivantes. Figure V-4 : Densité de courant injectée à la surface de l'anode. Figure V-3 : Densité de flux injectée à la surface de l'anode. Les conditions aux limites sont répertoriées dans le Tableau V-3 suivant. AB BC CD DA T ∂T =0 ∂r T = 300 K T = 300 K Fig. V-3 V ∂V =0 ∂r V =0 V =0 Fig. V-4 Tableau V-3 : Conditions aux limites utilisées par Jennings [Je]. Les coefficients de transport et les propriétés thermodynamiques nécessaires à la modélisation ont été repris de l'article de Jennings. Ils sont donnés dans le Tableau V-4. 1800kg.m −3 Densité Température de vaporisation 573K Chaleur latente de vaporisation Chaleur spécifique 0 J .kg −1 1000 J .kg −1 .K −1 Conductivité électrique radiale 25600S .m −1 Conductivité thermique radiale 6W .m −1 .K −1 100S .m −1 Conductivité thermique axiale 0.4W .m −1 .K −1 Conductivité électrique axiale Tableau V-4 : Coefficients de transport utilisés par Jennings [Je]. - 164 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Enfin, nous avons aussi utilisé les mêmes pas de temps que cet auteur, à savoir : 60 périodes de durée ∆t = 8.3333 × 10 −3 s pour une durée totale 0.5s. Les résultats en terme de champ de température, ou plus exactement de dégradation du matériau, sont représentés au bout de 0.5s sur la Figure V-5 suivante : Figure V-5 : Dégradation du matériau obtenue par notre code (à gauche) et donnée par Jennings [Je] (à droite). Sur la Figure V-5, les résultats obtenus par notre code 2D sont comparés à ceux donnés par Jennings et issus d'expériences. En gris foncé sont représentées les zones de dégradation totale du matériau. Dans notre calcul cela correspond au fait que la température de vaporisation du composite a été atteinte. Nous obtenons des résultats similaires à ceux expérimentaux, aussi bien au niveau du rayon de la détérioration que de sa profondeur. Figure V-6 : Dégradation du matériau obtenue numériquement (à gauche) et expérimentalement (à droite) par Jennings [Je]. Sur la Figure V-6, sont représentés les résultats numériques et expérimentaux obtenus par Jennings [Je]. On constate que les résultats issus du modèle diffèrent en terme de dégradation par rapport à ceux expérimentaux. Les différences se situent aussi bien au niveau de la profondeur de la zone dégradée qu'au niveau de son rayon. Cette première partie nous a permis de comparer, avec la littérature, les résultats issus des développements mis en place dans le matériau composite. Un bon accord en terme de dégradation de matériau a été trouvé en comparaison avec ceux expérimentaux donnés par Jennings. Nous allons maintenant utiliser ces développements pour les appliquer à trois valeurs de l'intensité : 200, 400 et 800A. - 165 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite 2°) Etude paramétrique sur l'intensité de l'arc Dans cette partie, nous allons revenir à la configuration d'arc libre présentée dans le paragraphe I-4 de ce chapitre. Nous allons étudier un arc dans l'air pour des intensités de 200, 400 et 800A et pour des durées de 1, 0.5 et 0.25s. Chaque période a été divisée en 20 pas de temps identiques. Les résultats pour chacun des cas, en terme de champ de température ainsi qu'en terme de flux injectés à l'anode, sont représentés pour chaque intensités par les figures suivantes : Figure V-6 : Isothermes d'un plasma d'air et d'une anode en composite, à 200A, pour une durée de 0.2s. - 166 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Figure V-7 : Isothermes de dégradation du matériau d'anode (à gauche) et flux anodiques (à droite) pour une configuration air-composite à 200A - 167 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Sur la Figure V-6 sont représentées les isothermes du plasma d'air et celles de l'anode en composite pour une configuration à 200A et pour une durée de 0.2s. Au niveau de la colonne du plasma, on peut constater que la température maximale est de l'ordre de 18000K et qu'elle varie peu au cours du temps. Nous nous sommes donc focalisés (Figure V-7) sur la dégradation dans le matériau composite. Les résultats présentés, sur la Figure V-7, ont été enregistrés pour des temps de 0.2, 0.4, 0.6, 0.8 et 1.0s. Les surfaces grisées dans le matériau composite (côté gauche Figure V-7) correspondent aux différentes phases de dégradation du matériau. La couleur gris foncé correspond à la phase de dégradation totale du matériau, la couleur gris clair, correspond à la dégradation partielle et la couleur blanche correspond à la partie du matériau qui n'a pas subi de dégradation. Ces zones ont été évaluées à partir des températures de changement de phase du matériau. Pour des températures égales à 1173K, nous avons considéré que l'anode était totalement dégradée, elle est donc représentée par la couleur gris foncé. Cette couleur n'est visible que pour les cas de 400 et 800A. Pour des températures comprises entre 723K et 1173K, nous avons considéré le matériau partiellement dégradé et nous lui avons attribué la couleur gris clair. Enfin, pour des températures inférieures à 723K, nous avons considéré que le matériau n'était pas dégradé et nous l'avons représenté par la couleur blanche. La dégradation dans le matériau composite est surtout radiale et peu axiale. Cela s'explique par le fait que les conductions thermiques et électriques se font préférentiellement dans la direction radiale. Dans la partie de droite (Figure V-7) sont représentés les flux anodiques enregistrés aux mêmes instants que les champs de température. On peut tout d'abord constater que le flux total ainsi que ses composantes varient très peu au cours du temps. La valeur maximale du flux total appliqué est voisine de 1.2 × 10 8 W .m −2 et son rayon d'application est de l'ordre de 6mm. On peut aussi noter que la composante majoritaire du flux anodique appliqué, est le flux électrique comme pour les matériaux métalliques. Le flux par conduction est le deuxième flux le plus influant au centre de la décharge mais reste le plus important sur les bords du domaine. Les composantes du flux enthalpique sont quasiment négligeables comparées aux autres composantes que sont le flux électrique et le flux par conduction. - 168 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Figure V-8 : Isothermes d'un plasma d'air et d'une anode en composite, à 400A, pour une durée de 0.1s. - 169 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Figure V-9 : Isothermes de dégradation du matériau d'anode (à gauche) et flux anodiques (à droite) pour une configuration air-composite à 400A Sur la Figure V-8 sont représentées les températures du plasma d'air et du matériau composite pour une configuration à 400A et pour une durée de 0.1s. Au niveau des isothermes du plasma d'air, la température maximale enregistrée est de l'ordre de 22000K. Les isothermes du plasma variant peu au cours du temps, comme dans le cas à 200A, nous allons nous focaliser sur les champs de température du matériau d'anode (Figure V-8). Les résultats présentés ont été obtenus pour les temps de 0.1, 0.2, 0.3, 0.4 et 0.5s. Dans le matériau composite (partie de gauche), le code de couleur dans l'anode est le même que pour - 170 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite le cas à 200A. Dans la partie de droite, sont représentés les flux anodiques associés aux mêmes instants. Au niveau de la dégradation dans le matériau, on peut constater que les extensions radiales et axiales sont différentes de celles du cas à 200A. Au niveau des flux anodiques, les profils enregistrés sont sensiblement les mêmes que pour les cas précédents et varient peu au cours du temps. Les composantes majoritaires du flux total restent le flux électrique et le flux par conduction. Le flux électrique a augmenté par rapport au cas à 200A, ce qui signifie que les densités de courant à la surface de l'anode ont aussi augmenté amplifiant ainsi l'effet Joule dans le matériau. La dégradation a donc augmenté par rapport à la configuration précédente. La valeur maximale du flux total est de l'ordre de 1.9 × 10 8 W .m −2 sur 0.2s puis cette valeur diminue pour atteindre ensuite 1.7 × 10 8 W .m −2 . La diminution du flux total est due à la diminution du flux électrique sur les temps considérés puisque le flux par conduction ne varie pas sensiblement durant toute l'étude à 400A. Les rayons d'application de ces flux sont identiques au cas à 200A et valent environ 6mm. Le profil du flux électrique est différent de ce que l'on a vu jusqu'à présent : il n'a plus tout à fait un profil gaussien et présente un léger plateau au niveau de l'axe de la décharge. Cela signifie que les densités de courant à la surface de l'anode possèdent aussi ce même type de profil. Leurs valeurs maximales ayant diminué et leur rayon d'application restant le même, le profil s'est donc adapté pour conserver le courant total dans le plasma. Les flux enthalpiques et le flux par vaporisation restent négligeables. - 171 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Figure V-10 : Isothermes d'un plasma d'air et d'une anode en composite, à 800A, pour une durée de 0.05s. - 172 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Figure V-11 : Isothermes de dégradation du matériau d'anode (à gauche) et flux anodiques (à droite) pour une configuration air-composite à 800A Sur la Figure V-10 sont représentées, les températures du plasma d'air et du matériau composite pour une configuration à 800A et pour une durée de 0.25s. La température maximale du plasma d'air est de 28000K. Les résultats présentés, ici, ont été obtenus pour les temps de 0.05, 0.1, 0.15, 0.2 et 0.25s. Dans l'anode, le même code de couleur que pour les cas précédents (partie gauche) a été utilisé. La dégradation dans l'anode est peu différente de celle obtenue avec 400A, que ce soit dans le sens axial ou dans le sens radial. - 173 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Dans la partie droite de la Figure V-11, les flux anodiques sont représentés. On peut remarquer que les flux ne sont quasiment pas modifiés au cours du temps. La valeur maximale du flux total est de l'ordre de 3.4 × 10 8 W .m −2 . Son rayon d'application est légèrement plus important dans le cas à 800A que dans les cas précédents : de l'ordre de 7.5mm. Le flux par conduction est devenu maintenant la composante majoritaire sur l'axe de la décharge devant le flux électrique et le flux enthalpique. On peut aussi constater que dans ce cas-ci, le flux électrique redevient majoritaire pour un rayon de 3mm environ puis relaisse la part dominante du flux total à la conduction, sur le bord du domaine. 3°) Etude paramétrique sur l'effet Joule dans le matériau composite Dans ce paragraphe, nous allons regarder, l'influence de l'effet Joule dans le matériau composite. Nous avons déjà constaté qu'il ne possédait aucun effet sur les matériaux métalliques conducteurs. Pour cela nous avons utilisé le cas d'un arc libre dans l'air à 400A et le matériau composite étudié précédemment. Nous allons résoudre l'équation de conservation de l'énergie dans l'anode avec et sans la prise en compte du terme source dû à l'effet Joule. Nous avons représenté les champs de température au niveau du plasma et de l'anode sur la Figure V-12. Figure V-12 : Températures du plasma et dans l'anode pour une configuration air-composite à 400A sans effet Joule dans le matériau (à gauche) et avec effet Joule dans le matériau (à droite). La Figure V-12 est obtenue pour le temps 0.50s. On peut constater que dans le cas du matériau composite l'effet Joule possède un effet significatif dans le matériau composite. - 174 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Cette différence d'effet entre un matériau conducteur et le composite s'explique par les conductivités électriques faibles de ce dernier. Le terme de chauffage par effet Joule, rarement pris en compte dans les modèles au niveau des matériaux, doit donc impérativement être pris en compte s'il s'agit d'un composite. 4°) Conclusion sur l'étude en deux dimensions Dans cette partie, nous avons étudié une configuration d'arc libre dans l'air venant impacter une anode en matériau composite. Après avoir validé nos développements dans le matériau composite, nous avons étudié plusieurs intensités de courant. En même temps, nous avons adapté le temps d'application du transfert d'énergie pour se conformer à la réglementation internationale. Durant cette étude paramétrique, nous avons pu remarquer qu'au niveau des flux anodiques, plus on augmente l'intensité plus le flux par conduction devient majoritaire. Nous avons aussi constaté que la dégradation au niveau du composite s'effectue préférentiellement dans la direction radiale. Nous avons ensuite démontré l'influence significative de l'effet Joule dans ce type de matériau. Par la suite, nous allons étudier cette configuration d'arc libre en appliquant une force convective pour déflecter la colonne de plasma. Cette étude sera donc tridimensionnelle. III) Modèle mathématique de l'étude en trois dimensions Nous passons maintenant à l'étude du matériau composite à trois dimensions. Cette étude va comprendre l'analyse du comportement de la colonne de plasma sous l'effet d'une force extérieure convective simulant le déplacement de l'avion dans l'air, lors d'un foudroiement. Cela nous permettra de regarder plus en détails le comportement de l'arc et du matériau. Pour tenir compte de la dissymétrie de la colonne de plasma, on va résoudre les équations de conservation en 3D cartésienne (x, y, z). Cette analyse s'effectuera en stationnaire et nous permettra de quantifier les flux anodiques déposés par notre plasma. 1°) Hypothèses Afin de simplifier le traitement de ces équations tridimensionnelles, on va utiliser les hypothèses suivantes : - 175 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite - La colonne de plasma est supposée toujours être en E.T.L.. - L’écoulement est considéré laminaire. - Les effets de gravité sont négligés. - La surface de l’anode est, indéformable spatialement et temporellement. - Dans le bilan de flux au niveau de l’anode, le rayonnement du plasma vers l’anode ainsi que de l’anode vers le plasma seront négligés. - Les gaines, au niveau des électrodes ne seront pas modélisées. Néanmoins, on tiendra compte de la gaine anodique sous forme de termes sources et de conditions aux limites inclus dans le modèle de l’arc 2°) Equations utilisées Les équations de conservation vont s'écrire sous la forme généralisée proposée par Patankar [Pa] : r r ∂ ( ρΦ ) r r + ∇.(ρv Φ ) = ∇. ΓΦ ∇Φ + S Φ ∂t ( ) (Eq. V-13) r Où ρ est la densité du fluide considéré, v est le vecteur vitesse, ΓΦ est le coefficient de diffusion, S Φ le terme source et Φ représente les grandeurs scalaires qui doivent être résolues dans les différentes équations de conservation. Ces trois derniers termes sont donnés pour chacune des équations de conservation résolues dans le Tableau III-1 du chapitre III. Afin de boucler le système d’équations, on y rajoute, le calcul du champ magnétique : r r r B = ∇× A (Eq. V-14) Soit : Bx = ∂Ay ∂Ax ∂A ∂A ∂Az ∂Ay − − , B y = x − z , Bz = ∂x ∂y ∂z ∂z ∂x ∂y Ainsi que le calcul des densités de courant dans le plasma : - 176 - (Eq. V-15) Chapitre V : Application du modèle au matériau composite j x = −σ ∂V ∂V ∂V , j y = −σ et j z = −σ . ∂y ∂x ∂z (Eq. V-16) 3°) Modélisation de l’anode Les équations résolues dans le matériau composite sont identiques à celles résolues en 2D mais adaptées pour être en 3D cartésiennes. Les équations de conservation de l'énergie et du courant vont alors s'écrire : j y2 j2 ∂ ∂T ∂ ∂T ∂ ∂T j x2 + κ z + + z =0 + κ y + κ x ∂x ∂x ∂y ∂y ∂z ∂z σ x σ y σ z (Eq. V-17) ∂ ∂V ∂ ∂V ∂ ∂V + σ z σ x + σ y =0 ∂x ∂x ∂y ∂y ∂z ∂z (Eq. V-18) Dans les équations V-17 et V-18, κ x , κ y , κ z , σ x , σ y et σ z représentent les conductivités thermiques puis électriques suivant les axes x, y et z. Nous allons supposer pour la suite de notre calcul en 3D que les propriétés de transport suivant l'axe x sont identiques à celles suivant l'axe y. Les densités de courant sont évaluées, dans le matériau composite, par la relation : j x = −σ x ∂V ∂V ∂V , j y = −σ y et j z = −σ z . ∂x ∂y ∂z (Eq. V-19) Pour maintenir la conservation du courant et du flux de chaleur entre le plasma et l'électrode, on utilise les mêmes équations que celles décrites dans les chapitres précédents, en négligeant toujours les gradients radiaux par rapport aux gradients le long de l’axe. On aura donc, à l’interface : 5 kB ∂T ∂T − κ z ∂z = − κ z ∂z + j z 2 e (Tmat − T pla ) + Va + Φ a − Lmat Φ v pla mat - 177 - (Eq. V-20) Chapitre V : Application du modèle au matériau composite ∂V ∂V − σ z ∂z = − σ z ∂z mat pla (Eq. V-21) De plus, afin de tenir compte de la présence de vapeurs de carbone dans le plasma, il faut résoudre l’équation de conservation de la fraction massique présentée dans le Tableau V-5 : Equations de conservation Φ ΓΦ SΦ Fraction massique Xi ρD 0 Tableau V-5 : Equation de résolution de la conservation de la fraction massique mise sous la forme généralisée de Patankar. X i est la fraction massique du matériau dans le plasma et D , le coefficient de diffusion du carbone dans l'air. A la surface du matériau, la fraction massique va être calculée à partir de la relation : (X i ) = Pv M mat Pv M mat + (1 − Pv ) M pla (Eq. V-22) 4°) Domaine de calcul et conditions aux limites Pour mener à bien cette étude tridimensionnelle, nous avons utilisé la configuration d'arc libre en trois dimensions que nous avons présentée au chapitre IV. Elle comprend une cathode en tungstène de 60o d’angle au sommet et d’une longueur de 3mm. L’anode a une épaisseur de 2mm et un rayon de 15mm. La distance inter-électrode est de 10 millimètres. L’intensité est de 200A. La pression du milieu est la pression atmosphérique. Afin de modéliser cette configuration, nous avons utilisé un maillage de (280 × 63 × 63) cellules pour 15mm de hauteur, de longueur et de largeur. Nous avons utilisé un maillage exponentiel qui a été affiné aux bords du domaine ainsi qu’à l’interface plasma-anode. De plus, comme nous l'avions indiqué dans l'étude en deux dimensions concernant le matériau composite, nous avons utilisé, dans l'anode, un maillage adapté à ses propriétés comprenant 250 × 63 × 63 cellules. Les conditions aux limites utilisées pour la modélisation sont identiques à celles décrites dans le chapitre IV. Seule la condition de refroidissement en fond et sur les bords latéraux de - 178 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite l'anode va être modifiée et avoir une valeur imposée de 300K. La force convective appliquée sur un bord de domaine va être décrite dans la partie suivante. Le temps de calcul pour faire converger une configuration avec anode en composite, à trois dimensions, en transitoire, est de l'ordre de vingt jours avec un serveur Compaq Alpha à huit processeurs avec 8Go de mémoire vive. 5°) Simulation du déplacement de l'avion Pour simuler le déplacement de l'avion dans l'air, on suppose que l'arc va être soumis à une force convective extérieure. Pour établir une telle force, nous nous sommes référés au cas d'une couche limite incompressible décrivant un écoulement bidimensionnel, stationnaire, incompressible d'un fluide sans force de masse. Pour le cas d'une plaque plane, représentant dans notre cas le fuselage de l'avion, Schlichting [Sc-4] a montré que les équations de la couche limite (déduites des équations de Navier-Stokes) s'écrivent : Equation de continuité : ∂u ∂v + =0 ∂x ∂y (Eq. V-23) Equation de quantité de mouvement en x : u ∂u ∂v 1 ∂p ∂ 2u +v =− +ν 2 ∂x ∂y ρ ∂x ∂y (Eq. V-24) Equation de quantité de mouvement en y : 0=− 1 ∂p ρ ∂y (Eq. V-25) Les conditions aux limites sont : A la paroi: y = 0, u = v = 0 . - 179 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite A l'extérieur de la couche limite: y → ∞, u → u e , p → p e . Avec u e et p e qui viennent de la solution des équations d'Euler : ue ∂u e 1 ∂p e =− ∂x ρ ∂x (Eq. V-26) L'écoulement au-dessus d'une plaque plane représente l'exemple le plus simple de la description d'une couche limite. C'est le cas de Blasius (Figure V-13). Figure V-13 : Couche limite dans un écoulement longitudinal au dessus d'une plaque plane. Du fait que u e est constante, on obtient avec l'équation d'Euler que ∂p e = 0 . Donc dans les ∂x équations de la couche limite le gradient de pression va être nul. Les équations V-23 et V-24 vont donc s'écrire : ∂u e ∂ve + =0 ∂x ∂y ue (Eq. V-27) ∂u e ∂v ∂ 2ue + ve e = ν e ∂x ∂y ∂y 2 (Eq. V-28) En adimensionnant le système, Blasius a montré que le profil de la vitesse suivant la couche limite va pouvoir être représenté selon l'évolution donnée par la Figure V-14 : - 180 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Figure V-14 : Profil des vitesses de Blasius représentant les vitesses d'un écoulement au dessus d'une plaque plane en fonction de la distance au dessus de cette plaque. La vitesse normalisée représente le rapport entre la vitesse au point considéré et la vitesse maximale u e . La distance normalisée est fonction des positions, de la viscosité et de la vitesse maximale. Selon Larsson [La-2], la couche limite d'un avion en vol est typiquement de l'ordre de 10 à 20mm ou moins. Dans notre cas, nous appliquerons notre profil de Blasius sur 10mm, c'est-à-dire sur toute la distance inter électrode. C'est ce profil de vitesse que nous allons appliquer en bord de domaine afin de déflecter la colonne de plasma qui impacte l'anode en matériau composite. 6°) Etude de l'arc de foudre dévié par un profil de vitesses de Blasius Dans cette partie, nous allons étudier l'interaction entre un arc électrique dans l'air et une anode en matériau composite, en régime stationnaire puis en régime transitoire. Cet arc sera soumis à une force transverse dont le profil de vitesse est représenté par le profil de Blasius, profil typique en aéronautique, dont nous avons discuté dans le paragraphe précédent. Dans un premier temps, nous avons appliqué, en stationnaire, une valeur maximale du profil de vitesse de 20m.s −1 afin de simuler le déplacement de l'avion dans l'air. Cette valeur est inférieure à 100m.s −1 typiquement donnée dans la littérature [Um] pour les vitesses d'avion en phase de décollage ou d'atterrissage, moments où il est le plus vulnérable. Nous n'appliquerons donc qu'une intensité de 200A afin que l'arc puisse être déflecté sans être chassé hors de la géométrie. - 181 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Les isothermes du plasma d'air et la zone de dégradation partielle dans le composite sont représentées sur la Figure V-15 : Figure V-15 : Isothermes du plasma et de l'anode pour une configuration air-composite à 200A et pour une force convective de type Blasius avec une valeur maximale v=20m.s-1. La valeur maximale de la température dans le plasma d'air est environ de 18000K. La zone grisée dans le matériau correspond à la zone de dégradation partielle. La répartition des vitesses au niveau de la colonne de plasma est présentée sur la Figure V-16 : Figure V-16 : Vecteurs vitesse du plasma pour une configuration air-composite à 200A et pour une force convective de type Blasius avec une valeur maximale v=20m.s-1. La norme maximale des vecteurs vitesse est de 330m.s-1 et est située en pointe de cathode. On peut remarquer que les forces de Laplace tendent à redresser l'arc au niveau de cette pointe de cathode alors que les effets convectifs de la force extérieure déplacent l'arc au niveau de la colonne et réduisent leur influence au proche voisinage de l'anode où la vitesse de Blasius tend vers zéro. - 182 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Dans un deuxième temps, nous sommes placés dans une configuration plus réaliste de foudroiement en vol en appliquant un profil de vitesses de Blasius avec pour valeur maximale : 100m.s −1 . Cette étude est menée en régime transitoire. Nous n'appliquerons une intensité de 800A que pendant 0.25s afin de tenir compte de la réglementation internationale et de la charge de 200C qu'il faut déposer à la surface du matériau. Le profil de Blasius, représenté en bord de la Figure V-17 (côté droit), a été appliqué sur toute une face en limite du domaine tridimensionnel. Pour amener à convergence notre code de calcul, nous avons utilisé la même procédure que pour le code en deux dimensions : à savoir, nous avons supposé comme instant initial, un arc dans de l'air établi entre les deux électrodes (Figure V17) et déjà soumis au profil de vitesses de Blasius avec une condition de flux nul à la surface de l'anode, le matériau n'étant pas résolu. Nous avons ensuite enclenché simultanément : la résolution des équations en régime transitoire dans le plasma et le matériau ainsi que le transfert d'énergie. Figure V-17 : Champ de température dans la colonne de plasma pour une configuration air-composite à 800A et pour une force convective de type Blasius avec une valeur maximale de la vitesse v=100m.s-1. Sur toute la hauteur de la cathode, une vitesse constante ue est appliquée. Sur la Figure V18, sont représentés les vecteurs vitesse sur un plan horizontal se situant à mi-hauteur de la - 183 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite cathode (z = 1.5mm ) . Les vitesses issues du profil de Blasius et imposées en bord de domaine, viennent heurter la cathode. L'électrode créant un obstacle dans l'écoulement, une partie du fluide contourne la cathode, l'autre est entraînée par les forces de Laplace et cela d'autant plus facilement que la cathode est conique. Il se crée alors une dépression du côté opposé à l'écoulement qui engendre une recirculation du gaz et qui déflecte à son tour le plasma, expliquant l'allure générale du champ de température donné Figure V-17. Figure V-18 : vecteurs vitesse (z=1.5mm) dans la colonne de plasma pour une configuration air-composite à 800A et pour une force convective de type Blasius avec une valeur maximale de la vitesse v=100m.s-1. Toujours pour cette configuration, nous montrons, Figure V-19, l'évolution du champ de température dans la colonne de plasma et dans le matériau pour différents instants. L'échelle des températures est la même que celle Figure V-17. - 184 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite - 185 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Figure V-19 : Evolution des champs de température dans la colonne de plasma pour une configuration air-composite à 800A et pour une force convective de type Blasius avec une valeur maximale de la vitesse v=100m.s-1. La première constatation que nous pouvons faire est relative au comportement instable du plasma. A partir de sa position initiale, pour laquelle une condition de flux est applqiuée à la surface du matériau, l'arc se met en mouvement. En effet, la condition d'accrochage est maintenant donnée par la résolution du domaine anodique et fait intervenir les propriétés du matériau. Les conductivités électriques étant plus importantes dans la direction transversale, le courant circule plus facilement en surface et a tendance à s'étaler. L'accrochage devenant plus diffus, l'arc moins résistif se déplace dans le sens de la force appliquée. La vitesse moyenne de déplacement de l'arc, calculée entre deux instants est de v ≈ 3 × 10 −2 m.s −1 . La longueur de l'arc augmentant au cours du temps, on peut observer une diminution de la tension (Figure V-20) jusqu'à une valeur nominale de -86V. Nous observons ensuite, un reclacage de l'arc vers une position voisine de sa position initiale, l'arc ayant tendance à s'accrocher de façon à vouloir minimiser cette chute de tension. La vitesse moyenne de l'arc entre les deux positions extrêmes est voisine de v ≈ 5 × 10 −2 m.s −1 . - 186 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Figure V-20 : Evolution temporelle de la chute de tension dans la colonne de plasma pour une configuration air-composite à 800A et pour une force convective de type Blasius avec une valeur maximale de la vitesse v=100m.s-1. Si l'on regarde maintenant l'évolution des puissances injectées dans le matériau composite en fonction du temps (Figure V-21), on constate que leur variation correspond à celle des différences de potentiel (Figure V-20) : c'est-à-dire que, pour le temps de 0.15s qui correspond à l'instant de quasi-décrochage de l'arc, on observe sur la Figure V-20 une forte diminution de la différence de potentiel ce qui se traduit par une forte augmentation de la puissance injectée au niveau de la surface de l'anode. Figure V-21 : Evolution temporelle des puissances injectées à l'anode pour une configuration aircomposite à 800A et pour une force convective de type Blasius avec une valeur maximale de la vitesse v=100m.s-1. - 187 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite La Figure V-22 (côté gauche) représente l'évolution du champ de température dans l'anode en matériau composite en fonction du temps. Les proportions des dimensions du matériau ont été modifiées de façon à pouvoir observer plus précisément les isothermes du matériau en composite. Les champs de température ont été représentés dans un plan de coupe et sont comparés à ceux obtenus dans le matériau composite pour une configuration air-composite à 800A en deux dimensions (partie de droite). - 188 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite Figure V-22 : Evolution temporelle des champs de température dans le matériau composite pour une configuration air-composite à 800A et pour une force convective de type Blasius avec une valeur maximale v=100m.s-1 (à gauche) et pour une configuration air-composite à 800A sans force convective en 2D (à droite). Nous avons représenté sur chacune de ces figures, en courbe noire, l'isotherme 723K qui correspond à la température de dégradation partielle du matériau composite. On peut constater, tout d'abord que dans le cas où l'on applique une force de Blasius sur la colonne de plasma (à gauche) et dans le cas où l'arc n'est pas déflecté (à droite), la dégradation augmente préférentiellement de manière radiale. A l'instant final, la dégradation obtenue lors de l'application du profil de Blasius (côté gauche) est sensiblement plus importante dans la profondeur du matériau que dans le cas 2D sans force convective extérieure (côté droit). Ceci provient de l'augmentation de la puissance injectée, au cours du temps due à l'allongement de l'arc. IV) Conclusion Dans ce chapitre, nous avons appliqué le modèle que nous avons développé à une configuration plus proche du foudroiement d'un avion : c'est-à-dire à des arc électriques dans l'air impactant une anode en matériau composite, en régime transitoire. Dans un premier temps, nous avons modifié le code en deux dimensions pour tenir compte de l'anisotropie du matériau. Pour valider ces développements, nous avons comparé les résultats obtenus par notre code avec ceux expérimentaux donnés par Jennings [Je]. Pour cette étude, seul le matériau a été modélisé et un bon accord en terme de dégradation de l'anode a été trouvé entre les deux types de résultats. Le code ainsi validé a été ensuite appliqué à trois intensités d'arc 200, 400 et 800A pour des durées de 1, 0.5 et 0.25s afin de tenir compte des exigences de la réglementation internationale. Les champs de température et les flux apportés à l'anode par le plasma ont été présentés. Durant cette étude, nous avons pu remarquer qu'au niveau des flux anodiques, plus on augmente l'intensité plus le flux par conduction devient majoritaire. Nous avons aussi constaté que la dégradation au niveau du - 189 - Chapitre V : Application du modèle au matériau composite composite s'effectue préférentiellement dans la direction radiale. Nous avons ensuite démontré l'influence significative de l'effet Joule dans ce type de matériau. Dans un deuxième temps, nous avons appliqué une force convective extérieure à l'arc. Cette force de type Blasius possède, tout d'abord, une vitesse maximale de 20m.s-1. Les forces de Laplace proche de la cathode tendent à redresser l'arc tandis que dans la colonne, les effets convectifs de cette force extérieure déplacent le pied d'arc. La déflection observée étant faible, nous n'avons pas détaillé le transfert d'énergie dans le matériau composite. Les conclusions sont en effet très proches de celles obtenues, dans le paragraphe II, en deux dimensions. Nous avons ensuite augmenté la vitesse nominale du profil de Blasius permettant de déflecter l'arc. Cette configuration, proche d'un cas de foudroiement d'un avion en vol, a permis d'estimer la dégradation du matériau composite soumis à un arc, initié dans l'air, à 800A. Les dégâts estimés sont proches de ceux obtenus par le code en deux dimensions. Dans cette étude sur l'interaction et la dégradation des matériaux composites, il ne faut pas perdre de vue que les dégâts sont surtout occasionnés par le laminage et l'arrachement (par expulsion thermique) [Re] de la structure du composite. Ceci explique pourquoi la réglementation internationale ne soit définie qu'en terme d'intensité appliquée sur un laps de temps et non en terme de puissance. La chute de tension principalement due à la longueur de l'arc n'intervient donc pas dans les flux transférés aux matériaux qui produisent sa vaporisation partielle. Les dégâts occasionnés par le terme d'effet Joule restant prépondérants [Av-2]. - 190 - Conclusion générale. - 191 - - 192 - Conclusion générale Cette étude portait sur la modélisation de l'interaction entre un arc électrique et un matériau sous polarité anodique. Elle a ensuite été adaptée au cas du foudroiement d'un aéronef. Dans la première partie, nous avons effectué un bref rappel historique, portant sur l'arc de foudre, qui nous a permis d'aboutir aux connaissances actuelles concernant ce phénomène. Nous avons aussi décrit les différentes étapes du déroulement d'un coup de foudre. Nous avons montré que le foudroiement d'un avion n'est pas un phénomène exceptionnel puisqu'un avion civil est en moyenne foudroyé une à deux fois par an. Une réglementation internationale a permis la mise en place d'une onde de courant type, définissant plus précisément le phénomène pour les avionneurs, afin de caractériser et de certifier les matériaux. L'arc de foudre occasionne de nombreux dégâts au niveau des matériaux de fuselage, notamment depuis l'avènement des matériaux composites, peu conducteurs. Parmi, les différentes composantes de l'onde de courant, nous avons étudié la composante continue C, qui peut être modélisée sous forme d'un arc libre de quelques centaines d'ampères, car c'est l'une des composantes qui occasionne le plus de dégâts. Devant la difficulté de reproductibilité de ce phénomène en laboratoire et des constantes de temps, l'outil informatique s'avère être indispensable afin de cerner la physique et le comportement de la décharge. Cependant, les modèles nécessitent au cours de leur développement de s'appuyer sur des données expérimentales afin d'être confrontés et validés. Cela explique la démarche que nous avons suivie, en adaptant au cours de son développement notre modèle à différentes configurations, changeant la nature du gaz utilisé ou la nature des matériaux afin d'obtenir le maximum de recoupements possibles avec les travaux de la littérature. Dans une deuxième partie, nous avons regroupé les différentes données de base, coefficients de transport ou propriétés thermodynamiques nécessaires et utilisées dans le modèle développé. Nous avons, tout d'abord, évoqué les différents gaz plasmagènes utilisés (argon et air), les différents matériaux métalliques (cuivre, fer et aluminium) et enfin le matériau composite dont EADS Suresnes nous a donné les caractéristiques. Nous avons ainsi constaté que pour ce matériau anisotrope, les propriétés longitudinales avaient un poids plus important que les propriétés transversales. Enfin, dans une dernière partie, nous avons montré l'importance de la prise en compte des vapeurs métalliques issues de l'évaporation de l'anode sur certains coefficients de transport du gaz plasmagène comme la conductivité électrique, la conductivité thermique et le coefficient d'émission nette. Dans une troisième partie, nous avons modélisé une configuration d'arc libre en deux dimensions. Nous avons utilisé comme gaz plasmagène de l'argon et comme matériaux d'anode des matériaux métalliques afin de comparer les résultats obtenus par notre code avec - 193 - Conclusion générale ceux donnés par la littérature. Un bon accord a été trouvé, en terme de champs de température dans le plasma, de densités de courant ou de flux d'énergie transféré à l'anode, entre les deux types de résultats. Une fois les développements validés sur cette configuration, nous avons aussi démontré le peu d'influence que pouvaient avoir les flux radiatifs issus du plasma et ceux issus du matériau sur le transfert d'énergie à l'anode. Il sont de l'ordre de, respectivement, 10% et 0.1% du flux total. Nous avons aussi appliqué notre code à différentes études paramétriques portant sur l'influence du maillage ou du matériau d'anode qui ont permis de montrer leurs effets sur les champs de température obtenus dans le matériau. Les vapeurs métalliques ont une influence qui n'est pas négligeable sur les flux totaux ainsi que sur les flux de type électronique. Nous avons aussi constaté que le passage du courant dans le matériau n'avait de véritable influence que sur les densités de courant radiales proches de la surface du matériau étudié. Dans la quatrième partie, nous avons adapté les développements de notre code bidimensionnel en trois dimensions afin de traiter les situations pour lesquelles la colonne de plasma était soumise à une force extérieure. Nous avons, dans un premier temps, étudié un arc libre qui n'était soumis à aucune force perturbatrice. Nous avons comparé nos résultats avec ceux établis en deux dimensions. Nous obtenons un bon accord sur les champs de températures dans le plasma et le matériau ainsi que sur les vitesses du plasma et le flux d'énergie transféré à l'anode. Nous avons ensuite appliqué à l'arc une force magnétique extérieure constante et comparé nos résultats avec ceux expérimentaux de Speckhofer [Sp]. Les champs de température obtenus dans la colonne de plasma sont en bon accord avec ceux obtenus par cet auteur, validant ainsi nos développements. Nous avons enfin utilisé les résultats de Blais pour démontrer l'importance de la modélisation du transfert d'énergie dans le matériau pour estimer correctement le déplacement du pied d'arc lorsque celui-ci est soumis à une force extérieure. Enfin, dans la dernière partie, nous nous sommes placés dans une configuration de foudroiement, c'est-à-dire une configuration transitoire d'arc dans l'air impactant une anode en composite. Nous avons utilisé, tout d'abord un modèle en deux dimensions grâce auquel nous avons pu valider les développements effectués dans le matériau composite. Pour cela, nous avons comparé les résultats donnés par notre code pour le matériau d'anode avec ceux estimés expérimentalement par Jennings [Je]. Nous avons appliqué ensuite notre code bidimensionnel à plusieurs configurations d'arc libre stipulées par la réglementation internationale : c'est-àdire des arcs dans l'air avec des ampérages de 200, 400 et 800A pour des durées de 1, 0.5 et 0.25s respectivement. On a constaté que lorsque l'on augmentait l'intensité de l'arc, le flux - 194 - Conclusion générale majoritaire sur l'anode en composite passait du flux électrique au flux par conduction. On a pu observer que pour les flux appliqués, les dégradations obtenues dans le matériau composite sont plus importantes dans le sens longitudinal que transversal. Ensuite, nous avons appliqué une force extérieure convective à la colonne de plasma afin de simuler le déplacement de l'avion dans l'air. Pour cela, nous avons utilisé un profil de Blasius (profil de vitesse typique en aéronautique) pour déflecter la colonne de plasma. On a pu mettre en évidence le rôle des forces de Laplace au niveau de la cathode qui tendent à redresser l'arc et à le faire revenir sur son axe naturel. Nous avons, au cours de cette thèse mis au point et développé une modélisation d'arc transféré en deux et trois dimensions fonctionnant en stationnaire et transitoire. Cet outil, élaboré à l'aide du logiciel commercial FLUENT, permet de prédire le transfert d'énergie dans les matériaux sous polarité anodique. Les développements effectués permettent, de plus, d'estimer la dégradation dans les matériaux hétérogènes tels que ceux en composite, moyennant la connaissance de leurs caractéristiques physiques. Cette étude sur le foudroiement d'un aéronef, pour être complète, devrait inclure l'étude du matériau composite sous sa polarité cathodique. En effet, lorsque l'avion est foudroyé, il fait partie intégrante du canal de foudre et son fuselage possède un point d'entrée et un point de sortie. Cela signifie qu'une des interactions arc-matériau s'effectue sous polarité cathodique. Dans ce cas, un modèle de gaine au niveau de la cathode serait incontournable. Ceci constitue un travail à part entière. Un stage de DEA a donc débuté cette année et devrait donner lieu au commencement d'une thèse dès septembre prochain. Le second point qui devrait être approfondi est relatif au matériau impacté. De nombreuses comparaisons et validations ont pu être effectuées sur la colonne de plasma ainsi qu'à la surface du matériau mais aucune à l'intérieur de celui-ci. Le manque de données expérimentales dans les matériaux étudiés ne nous a donc pas permis une validation complète du champ de température. Pour être caractérisé, le matériau devrait être muni de thermocouples dans son épaisseur. Ainsi par développements de méthodes inverses, les mesures ponctuelles de la température en temporel permettraient de remonter au flux appliqué à la surface du matériau et donc au champ de température à l'intérieur de celui-ci. Une double étude expérimentale et théorique a donc débuté dans cette direction et constitue le sujet de thèse de Mathieu Masquère. - 195 - - 196 - Bibliographie. - 197 - - 198 - Bibliographie [Ab] "The influence of copper vapour on the transport coefficients in a nitrogen arc plasma". H. Abdelhakim, J.P. Dinguirard, S. Vacquie J. Phys. D : Appl. Phys. 13, (1980), 1427-1438. [Ad] "Voltage of wall-stabilized argon arc injected with iron powder". K. Adachi, T. Inaba, T. Amakawa ISPC-10 Bochum, (1991). [Am] "Anode-boundary-layer behaviour in a transferred, high-intensity arc". M. Amakawa, J. Jenista, J. Heberlein, E. Pfender J. Phys. D : Appl. Phys. 31, (1998), 2826-2834. [Au] "Transport properties in non-equilibrium argon, copper and argon-copper thermal plasma". 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Finally, in a last time, a transient 3D model is applied to heterogeneous materials used in aeronautics in order to estimate the heat flows and the degradation of the anode. KEYWORDS : Electric arc 2D/3D Numerical modelling Transient Energy transfers Heterogeneous materials Metallic vapours Arc root deflection DISCPLINE : Physics and engineering of plasma discharges. - 211 - -2- -3- AUTEUR : Frédéric LAGO TITRE : Modélisation de l'interaction entre un arc électrique et une surface : application au foudroiement d'un aéronef. DIRECTEUR DE THESE : Jean-Jacques GONZALEZ LIEU ET DATE DE SOUTENANCE : Centre de physique des Plasma et de leurs Applications de Toulouse, le 26 Mars 2004. RESUME : Ce travail porte sur l’étude de l’interaction d’un arc électrique avec une surface. Il a pour finalité la mise en place d’une modélisation prenant en compte les différents mécanismes intervenants dans le transfert d’énergie, principalement par conduction, rayonnement, flux électrique. Le modèle développé à partir du code commercial FLUENT (méthode des volumes finis) permet l’étude de configurations bidimensionnelles (2D) et tridimensionnelles (3D). Après une étape de comparaison et de validation des résultats avec des données expérimentales, une étude paramétrique est présentée : nature du matériau, distance inter électrodes, intensité du courant, gaz ambiant. Enfin dans un dernier temps le modèle 3D en transitoire est appliqué sur des matériaux hétérogènes utilisés dans l’aéronautique afin d’estimer les flux de chaleur et la dégradation de l’anode. MOTS-CLES : Arc électrique 2D/3D Modélisation numérique Transitoire Transferts d’énergie Matériaux composites Vapeurs métalliques Déviation du pied d’arc DISCPLINE : Physique et ingénierie des plasmas de décharge. -4-
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