7 exemples d`agriculture paysanne en Pays de la Loire
Transcription
7 exemples d`agriculture paysanne en Pays de la Loire
7 exemples d’agriculture paysanne en Pays de la Loire L’agriculture paysanne en 10 principes Répartir les volumes de production afin de permettre au plus grand nombre d’accéder au métier et d’en vivre : Prendre en compte que dans un contexte où les besoins sont globalement satisfaits, le développement de la production des uns se fait au détriment des autres. Être solidaire des paysans des autres régions d’Europe et du monde : Refuser une politique agressive à l’exportation et prôner la souveraineté alimentaire de chaque pays ou groupe de pays. Respecter la nature Valoriser les ressources abondantes et économiser les ressources rares Rechercher la transparence dans les actes d’achat, de production, de transformation et de vente des produits agricoles : Informer chaque consommateur et citoyen des conditions de production et de valorisation Assurer la bonne qualité gustative et sanitaire des produits Viser le maximum d’autonomie dans le fonctionnement des exploitations agricoles : Permettre aux paysans d’être maître de leurs choix techniques et économiques, dans le respect de l’intérêt collectif. Rechercher les partenariats avec d’autres acteurs du monde rural : Contribuer à une vie économique et sociale satisfaisante dans tous les territoires Maintenir la diversité des populations animales élevées et des variétés végétales cultivées. Raisonner toujours à long terme et de manière globale : Prendre en compte simultanément et dans la durée l’ensemble des principes de l’agriculture paysanne « l’Agriculture Paysanne doit permettre à un maximum de paysans répartis sur tout le territoire de vivre décemment de leur métier en produisant sur des exploitations à taille humaine une alimentation saine et de qualité, sans remettre en cause les ressources naturelles de demain. Elle doit participer avec les citoyens à rendre le milieu rural vivant dans un cadre de vie apprécié par tous ». p6 Lait p8 p14 Lait apiculture p10 p16 Volailles, ovins, huile p12 Lait, vin Fromages de chèvre p18 maraîchage Nous avons passé au crible de l’analyse 23 exploitations sur la région. Vous avez entre les mains un opus de ces présentations. Les personnes qui m’ont accueilli et qui ont partagé leur expérience sont révélateurs de l’agriculture paysanne : ouverts sur les autres, solidaires et impliqués dans leur métier, ils souhaitent montrer à travers leur exemple que la course à l’agrandissement et à l’intensification n’est pas une fatalité et que d’autres façons de penser et de vivre leur métier sont possibles. Pourquoi l’agriculture paysanne? Performance économique des systèmes Les paysans du groupe parviennent à vivre correctement de leurs produits sur des systèmes à dimension humaine. Souhaitant agir pour maintenir des paysans nombreux, ils ont fait en sorte de rendre leurs exploitations transmissibles, grâce à des immobilisations mesurées: l’actif immobilisé moyen du groupe est de 99 500 € contre 137 500 € pour la région. L’efficacité du système est bon, puisque les agriculteurs obtiennent de bon revenus : 19763 € /UTAF en moyenne (contre 17000 € de moyenne régionale). Ramenée à la surface, cette efficacité économique est forte, puisque la moyenne du groupe est de 777 € / ha contre 492 € / ha pour la région L’agriculture paysanne propose une ouverture vers l’extérieur et une plus grande disponibilité en temps de travail des paysans pour être partie prenante de la société. Grâce à l’efficience de leurs systèmes de production, la rémunération horaire moyenne des producteurs du groupe est de 9 € / heure. Une forte volonté d’autonomie alimentaire Les 23 producteurs enquêtés font preuve d’une forte volonté d’autonomie vis-à-vis de leurs fournisseurs et souhaitent maîtriser, en élevage, l’alimentation de leur troupeau. Moins dépendantes des subventions Les subventions représentent en moyenne pour le groupe 27 % de l’EBE contre 44 % de moyenne à l’échelon régional (moyenne nationale 36 %). Des systèmes écologiquement viables groupe Région N organique 86 87 N chimique 15 70 Total N 101 157 % organique 85% 55% P205 org 46 48 P205 chimique 2 20 Total P 48 68 % org 96% 71% UF* Autonomie alimentaire totale Prot 6 Autonome à 90 % ou plus 6 3 Autonome à 80% 2 3 Autonome à 66 % 0 4 + de 50 % de dépendance alimentaire 4 2 *UF: Unités Fourragères, Prot. : protéines Face à l’urgence environnementale, mais également par pragmatisme économique, ils minimisent leurs interventions et leurs apports d’intrants ( 10 d’entre eux n’utilisent aucun pesticide ) et maximisent le recours aux ressources abondantes (herbe et matière organique par exemple) ce qui rend leurs modes de production moins gourmands en énergie indirecte. Ils se sont équipés pour diminuer leur consommation énergétique (prérefroidisseur de tank à lait, chaudières solaires, panneaux photovoltaïques, chaudières à bois déchiqueté…) Méral (53) (Bassin de l’Oudon) Stéphane GAULTIER 40 ans. 1,2 UTA 156 000 L de lait SAU : 30 ha Raisonner le système de production à partir du bilan énergétique « Mon métier correspond à mon engagement. Je milite pour une façon de produire moins énergétivore. Je vends mon lait en conventionnel sans mettre aucun intrant chimique sur mes cultures, et je pense gagner correctement ma vie. C’est possible. J’ai envie de bien vivre, de ne pas me surcharger de travail et de respecter l’environnement. Au quotidien, je mets en pratique les notions de développement durable. Installé depuis 1998. sur la ferme familiale, 180 000 L de quota et taurillons. Il abandonne les taurillons et augmente la surface en herbe. Signature d’un CTE en 2000. Produire 30 VL Normandes, Montbéliardes, Prim’Holstein Rendements: Céréales : 80 qx / ha Prairies : 8TMS / ha Maïs ensilage : 13TMS/ ha 156 000 L (Celia) Achat de protéines : 3% des besoins Achat de fourrages : 8% des besoins Chargement : 1.54 UGB / ha SFP Productivité : 5200 L / vache Prix moyen du lait : 301 € / 1000L Coût en concentrés : 14,76 € / 1000 L MB de l’atelier : 296 € / 1000 L Témoigner Le « scénario NEGAWATT » de Stéphane Gaultier Sobriété : l’herbe pâturée est un aliment simple que l’on trouve en abondance au printemps et à l’automne. Les vaches sont taries l’hiver et ne mangent alors que du foin. Efficacité : Pour produire 100 litres de lait, il me faut 5 L éq fioul / an. La moyenne est de 13,4 L. Mon coût alimentaire est de 33 € / 1000L, et de 94 € pour les exploitations du CER 53. Energies renouvelables : j’ai d’abord installé des chauffe-eau solaires pour la laiterie et le camping, Analyser Stéphane, seul sur une exploitation de taille réduite parvient à dégager un bon revenu sur une surface modeste. Il pourrait selon lui atteindre l’autonomie alimentaire stricte et passer en bio avec 5 ha supplémentaires. Originalité du système : Stéphane arrête la machine à traire pendant deux mois d’hiver, période où le coût énergétique induit par l’alimentation est le plus élevé » puis un prérefroidisseur de lait. J’utilise également de l’huile issue du pressage à la ferme de graines de colza et actuellement, nous installons une chaudière à bois déchiqueté afin de valoriser les haies bocagères de l’exploitation. « Mon inquiétude? Les agricarburants » La concurrence entre alimentaire et non alimentaire est forte. Si le fait de continuer à conduire implique que des gens ne peuvent plus faire de cultures vivrières à l’autre bout du monde, je dis non. Nous créons de gros déséquilibres, et il faut y penser. » Consommation électrique: éq. 96 L de fioul / ha Equipements énergétiques : - Prérefroidisseur de tank à lait - Chaudière à bois déchiqueté Revenu : 20 526 € / UTAF Actif immobilisé : 85 k€/ UTAF Tps de travail : 1694h/UTAF/an Taux d’endettement : 56 % Aides directes/ EBE : 14 % Dominique et Josiane MOUNIER 45 ans. 1,75 UTA 216 000 L – SAU: 35 ha Pommerieux (53) Un bon revenu à deux avec 190 000 L et 35 ha « Si j’ai choisi d’être paysan, c’est pour prendre les rênes, prendre mes propres décisions, et ne pas dépendre de quelqu’un d’autre . Notre outil de production n’appartient pas à la banque. Nous avons une structure légère qui marche Nous faisons un gros effort de maîtrise de charge, ce qui nous permet de dégager un bon revenu. » Dominique s’installe en 1988 avec 95 000 L et 20 ha. Le couple acquiert 10 ha et 50 000 L pour installer Josiane en 95. La mise aux normes est faite 2 ans plus tard et ils signent un CAD en 2004. Produire Rendements: Céréales : 50 qx / ha Prairies : 7 TMS / ha Maïs ensilage : 10 TMS/ ha 30 VL 190 000 L Prim’Holstein (Colaima) Achat de protéines : 5% des besoins Achat de fourrages : 3% des besoins Chargement : 1.4 UGB / ha SFP Productivité : 6300 L / VL Prix moyen du lait : 296 € / 1000L Coût concentrés : 11 € / 1000 L MB de l’atelier : 317 € / 1000 L Témoigner « Ne vous installez pas dans des cathédrales! » « Si j’avais un conseil à donner aux jeunes, ça serait de ne pas forcément s’installer dans des grosses exploitations clef en main, criblées de dettes. Personnellement, ce que j’ai trouvé excitant dans le métier, c’est de monter progressivement en puissance. Les parents construisent des cathédrales à des prix exorbitants soit disant pour assurer la succession, mais ce sont des structures très difficilement reprenables et très lourdes financièrement. Si le jeune se plante, ça sera de sa faute, alors que si il réussit, le mérite en reviendra à son père qui avait prévu la succession ! » « Rester extensif » « Notre quota est de 216 000 L mais nous produisons en réalité entre 170 et 190000L, pour garder l’extensivité. Nous réduisons les charges au maximum. Aujourd’hui, les vaches sont nourries à l’herbe de début mars jusqu’à Noël les années moyennes. Outre les économies dues à la diminution de la culture du maïs, le faible chargement engendre une meilleure gestion globale du troupeau : il y a moins de maladies, ce qui diminue les frais vétérinaires. Analyser Une exploitation en phase avec les principes de l’agriculture paysanne : volume de production et taille d’exploitation modestes, avec une forte autonomie en intrants. L’organisation du travail à deux permet de dégager du temps libre tout en assurant un bon revenu. Les objectifs sont maintenant de prévoir à moyen terme une succession sans pression en maintenant un rythme de croisière. Consommation électrique : éq. 91 L de fioul / ha Revenu : 20 560 € / UTAF Actif Immobilisé : 57 k€ /UTAF Tps de travail : 1632 h/UTAF/an Taux d’endettement : 9 % Aides directes/ EBE : 16 % Daniel et Réjanne DURAND 51 et 46 ans. 2 UTA Ovins all., volailles et huile AB SAU : 40, 2 ha La Meilleray de Bretagne (44) Un projet de proximité pour une autre agriculture « Nous croyons en ce que nous faisons. L’avenir est dans l’agriculture paysanne. C’est important qu’il y aient des paysans qui ouvrent leurs portes pour faire passer ce message. Nous avons atteint un objectif : des salaires corrects pour vivre tout en respectant le voisin : nous n’avons pas besoin qu’il disparaisse ; nous ne voulons pas nous agrandir! » Produire Installés en 1981 en ovins viande. En 1986, ils commencent la production de volailles plein air vendues en direct. L’exploitation passe en bio en 96. 10% marchés 3800 volailles bio 25% (poulets,pintades oies, canards et dindes) livraisons 65% Vente à la ferme Coût alim. : 1,73 € / kg MB de l’atelier : 4,20 € / kg 166 brebis 169 agneaux bio (grivettex IdF) (Terrena) 2500 L d’huile bio dont 50 % vendue en alimentaire. Prix de revient : 0,55 € / L MB : 2 € L tournesol et 2,50 €/ L colza 1,6 UGB / ha SFP 1 agneau vendu / brebis Prix moyen : 5,48 € / kg MB de l’atelier : 93 € / brebis Témoigner « Rémunérer le travail plutôt que le capital » « Il est important que le produit rémunère de la main d’œuvre plutôt que du capital. Plus nous irons vers des systèmes durables, écologiques, plus nous emploierons de la main d’œuvre, ce qui doit être une opportunité plutôt qu’une contrainte. Je pense que les jeunes qui s’installent aujourd’hui doivent avoir cette démarche économe et autonome ; il doivent faire en sorte de ne pas avoir d’immenses capitaux. » « Vive la transparence! » « Nous sommes excédentaires en bois. Nous pourrions chauffer deux maisons et demi avec le bois que nous avons. Nous souhaiterions mettre en place une plate forme pour commercialiser le bois, mais il faudrait des chaudières dans les collectivités. C’est en train de se mettre en place. On travaille également sur l’éolien et la récupération du méthane. Nous pouvons devenir producteurs d’énergie. Analyser Les agneaux de bergerie et les volailles font que la dépendance alimentaire est relativement forte et la dépense énergétique assez importante. Les équipements et la maîtrise de l’outil de production permettent toutefois à l’exploitation d’être énergétiquement autonome à 70 %. Les associés souhaitent renforcer encore cette autonomie. Ils souhaitent également ouvrir leur exploitation à un jeune en production diversifiée type maraîchage, pour créer de l’emploi tout en se libérant du temps. Equipements énergétiques: - Chauffe eau solaire - Presse à huile - Chaudière à bois déchiqueté - Capteurs photovoltaïques, vente de courant à EDF Consommation électrique : éq. 1 25L de fioul / ha Revenu : 17 500€ / UTAF Actif Immobilisé : 59 k€ / UTAF Taux d’endettement : 6 % Tps de travail : 2200h/UTAF/an Aides directes/ EBE : 33 % Michèle GRABETTE Denis GABORIEAU 51 et 55 ans. 3 UTA Lait bio et vin bio SAU 70 ha St Philbert de Bouaine (85) Réduire les charges pour augmenter la valeur ajoutée «Ce qui compte pour nous est de faire ce que nous aimons et de sentir que nous avons une place dans la société, tout en répondant aux attentes des consommateurs en terme de qualité des produits et de respect de l’environnement. Le temps libre fait aussi partie de nos objectifs. Nous prenons six semaines par an et on le dit ! Pour le temps de travail, nous souhaitons que l’agriculture soit un métier comme un autre. Denis s’installe en 77 avec ses parents, 200000 L 46 ha (2 ha de vignes) et 200 brebis. En 92, les parents de Denis partent en retraite, remplacés par Michèle.. En 2000, ils passent en bio et arrêtent les brebis. Ils embauchent pour faire face au passage en bio. ¾ Vente directe Produire 200 € / Hl 90 hl de vin bio ¼ Négoce Rendement : 47 hl / ha MB de l’atelier : 114 € / hl Rendements: 60€/Hl 30 VL 190 000 L Prim’Holstein (Colaima) Céréales : 50 qx / ha Prairies : 7 TMS / ha Maïs ensilage : 10 TMS/ ha Achat de protéines : 15% des besoins Achat de fourrages : 15% des besoins Chargement : 1. 3 UGB / ha SFP Productivité : 6276 L / VL Prix moyen du lait : 344 € / 1000L Coût en concentré : 32 € / 1000 L Témoigner « L’agriculture environnementale crée de l’emploi! » Le passage à l’agriculture biologique nous a fait embaucher un salarié non pas à mi temps, mais en CDI à temps plein. L’agriculture environnementale crée de l’emploi ! Nous tentons de mettre en place une agriculture respectueuse de son environnement, à la fois naturel et social. Nous pensons bilan énergétique et qualité de l’eau, de l’air et de la terre. Sur le plan économique, la clef de la réussite pour nous est la reconquête de l’autonomie et de la valeur ajoutée. » Analyser Les associés appartiennent à un groupe de réflexion économique mettant en avant l’importance de la maîtrise des charges. L’excellente gestion économique permet d’avoir un salarié et de dégager un bon revenu. La sensibilité environnementale est également forte, ce qui se traduit par une empreinte écologique réduite. « Jeunes en phase d’installation: prendre le temps de réfléchir » « Pour un jeune qui s’installe, il faut trouver un bon équilibre entre les capitaux et le revenu disponible. Il faut confronter le projet avec d’autres, faire le tour des cartes qu’on a en main, des leviers dont on dispose. Il faudrait se réserver une année pratique avant de s’installer, pour prendre du recul, aller voir ailleurs et bien réfléchir à ses propres aspirations. Equipements énergétiques - Chauffe eau photovoltaïque - Chauffage solaire (60 % d’autonomie) Consommation électrique : éq. 103 L de fioul / ha Revenu : 34 504 € / UTAF Actif Immobilisé : 95 k€ / UTAF Tps de travail : 2074h/UTAF/an Taux d’endettement : 0 % Aides directes/ EBE : 8 % Michel et Florence MEUNIER 50 et 42 ans. 2 UTA Apiculture et accueil Pruillé le Chétif (72) Innovation permanente à la maison des abeilles « Ce qui sauvera le paysan de demain, c’est de transformer et travailler en réseau, le plus localement possible. Pour mes ateliers de cuisine, je n’utilise que des produits des paysans locaux. Nous militons en permanence pour la proximité. Il faut produire, transformer et vendre au pays. Le contact direct, la fidélisation des clients nous obligent à faire sans cesse attention à ce que nous faisons» Michel s’installe en 99, puis rentre dans le réseau fermes pédagogiques 72. Devant le succès de leur projet, Florence s’installe à son tour en 2004 et s’occupe des accueils de classe Produire 200 ruches Cire (bougies: 5 % CA) Abeilles noires (race locale) Ferme pédagogique 12%* Goûters à la ferme 3%* 2,5 tonnes de miel Miel** Pain d’épices 20%* 21%* Chocolats Cakes Sablés 15%* 6%* 5%* Direct magasin 86% Crème noisette 11%* * En pourcentage du chiffre d’affaire ** Miels monofloraux: tilleul et châtaignier; miels multifloraux: toutes fleurs, forêt GIE Chèvrefeuille 14 % Témoigner «Voir ce qui se faire ailleurs » « Je m’inspire de ce qui se fait ailleurs. De temps en temps, je pars faire un marché loin de chez moi pour voir comment ils fonctionnent. Bien sûr, j’espère que d’autres feront pareil avec mon cas ! » «Nous gérons notre temps sans stress » Je sais que jamais je ne parviendrai au niveau de salaires que j’avais en tant que salarié, mais ce n’est pas une priorité, car nous avons une super qualité de vie. Nous gérons notre temps sans stress, en prenant 4 semaines de vacances par an. » « Un seul mot d’ordre : diversifier » «La gamme de produits ne cesse de s’étendre, avec des cakes, des sablés, une autre recette de chocolat, une crème de noisettes. D’autres produits sont à l’étude… Nous faisons des ateliers de cuisines qui permettent de sensibiliser les consommateurs et leur faire acheter nos produits. Nous misons beaucoup sur l’accueil et la pédagogie. Il faut éduquer les consommateurs si nous voulons qu’ils continuent à acheter nos produits par la suite ». Analyser Michel n’applique aucun traitement sur les ruches et l’unique alimentation des abeilles est leur propre miel de printemps. Le système est donc très économe, y compris en énergie et ce malgré l’activité d’accueil. La maîtrise des circuits de commercialisation est totale grâce à la très grande inventivité des producteurs pour diversifier. Cette innovation permanente va être continuée, avec une augmentation de l’accueil. Equipements énergétiques : Panneaux solaires Revenu : 15 629 € / UTAF Actif immobilisé : 49 k€/UTAF Taux d’endettement : 15 % Tps de travail : 1621h/UTAF/an Aides directes/ EBE : 0 % Jean Paul DILE et Laurence THOMAS 45 ans.2 UTA Fromage de chèvre bio (38 000 L) SAU : 40 ha St Georges sur Layon (49) « Nous sommes des tailleurs de pierre » « Nous sommes des tailleurs de pierre. Un tailleur de pierres sculpte en fonction de la pierre qu’il a, sans essayer de la modeler. Nous avons adapté tout notre système de production en fonction des contraintes et atouts de ce que nous possédions. Il y a complémentarité parfaite entre les besoins alimentaires, les cultures et les conditions pédoclimatiques. C’est cela aussi la spécificité bio pour laquelle nous militons. » Après une 1ère expérience en gaec de 5 ans, Jean Paul et Laurence s’installent en 98, construisent la chèvrerie et la laitterie grâce à un PAM de 150 000 €. En 2000, ils reprennent la clientèle du MIN et finissent de construire leur maison en 2003. Produire 68 chèvres (maj. alpines + Saanen et Poitevines) 38 000 L bio 30 000 chabis et 2500 bûches 70% MIN de Nantes Rendements : -Tournesol et féverole : 25 qx/ ha - Blé et mél. Céréales : 40 qx / ha - Herbe : 7 TMS / ha Biocarburant : 600 L d’huile de tournesol autoconsommés 20 % magasins 10% Ferme + livraisons Aucun achat d’aliment Chargement : 0, 9UGB / ha Productivité : 550 L / chèvre Prix : MIN : 1,90 € /chabis et 3,40 € / bûche. A la ferme : 2,50 € et 4 € Témoigner « Une ferme bio qui marche, c’est une manif tous les jours! » « En bio, nous avons dix ans d’avance, entre autres sur des logiques d’économie d’énergie. Les résultats sur les cultures sont bons, même sans traiter. Cela nous pose question : jusqu’où doit on aller pour que les agriculteurs prennent conscience ? Le changement est trop lent par rapport à l’urgence planète. Dans dix ans, les collègues seraient bien capables de nous dire « pourquoi ne l’avez-vous pas dit plus tôt ? » Pour moi une ferme bio qui marche, c’est une manif tous les jours. » « Vive la transparence! » « Il y a toujours des enfants ou des clients pour assister à la traite. Les chèvres ne sont même pas perturbées, tellement elles ont l’habitude. J’aime bien que les gens sachent comment on bosse. On n’est pas de bons commerciaux, les gens nous voient comme on est. Nous n’avons rien à cacher de notre façon de produire, au contraire. » Analyser Jean Paul et Laurence sont des paysans heureux de leur métier et convaincus de la production bio. Leur ferme est à 100 % autonome en alimentation et en fertilisation, l’emprunt lourd qui pesait sur leur comptabilité a été absorbé et le revenu dégagé est correct. Malgré la transformation fromagère, la consommation énergétique reste faible, grâce à des équipements adaptés. La prochaine étape sera de récupérer les eaux de pluies et les eaux usées. Equipements énergétiques: - Chauffe eau solaire - Isolation chèvrerie en monomur Consommation électrique : éq. 108 L de fioul / ha Revenu : 13 507 € / UTAF Actif immobilisé : 54 k€ / UTAF Tps de travail : 2088h/ UTAF/an Taux d’endettement : 18 % Aides directes/ EBE : 32 % Françoise CLEMOT et Pierre BODET 50 et 54 ans. 3,8 UTA Maraichage bio SAU 4.2 ha St Georges sur Layon (49) Quatre emplois sur quatre hectares « Nous avons une certaine liberté dans ce métier. Être paysan est stimulant, équilibrant. Le fait que les végétaux sortent comme ça d’un coup de terre a un côté magique, presque mystique. Je prends beaucoup de plaisir à me laisser surprendre, à me dire que je ne maîtrise pas tout. » En 83, Françoise et Pierre cultivent des légumes bio sur 85 ares, puis les commercialisent en 84. Ils s’installent à plein temps sur 2,5 ha en 88. Ils embauchent un 1er salarié en 91, suivi d’un 2ème à mi temps en 2002, devant l’augmentation de surface et d’activité. Produire Cultures surf (ares) qté prix /kg CA Salade 30 12 000 pcs 1€/ pcs 12 000 € Radis 20 5000 bottes 1 €/ botte 5 000 € Pomme de terre 40 7T 1,30 € 9100 € Choux 50 5T 1,60 € 8000 € Poireaux 20 4T 2,20 € 8800 € Carottes 20 4T 1,80 € 7200 € Betterave 20 2T 2,20 € 4400 € Navet 10 1T 2,20 € 2200 € Tomates 12 2,5 T 2,20 € 5500 € Potirons 10 3T 1,70 € 5100 € Toute la production est vendue sur 3 marchés hebdomadaires : Angers, Saumur et Doué la fontaine Témoigner «Moins on traite, mieux on se porte » « Moins on intervient sur les cultures, mieux on se porte. Finalement, nous nous rendons compte que les traitements ne sont pas si utiles que ça. L’impact financier n’est pas positif. Nous préférons donner un stimulant aux plantes, un peu comme à une personne, pour favoriser leur système immunitaire, pour éviter au maximum de les soigner. » «Expérimenter » « Il y a toujours des choses à découvrir dans ce métier. Moi ce que j’aime, c’est expérimenter. On échange avec les collègues, notamment sur les variétés. Malheureusement on manque parfois de temps pour réellement appliquer les expériences et les innovations. « Des opportunités pour les jeunes » « Il y a des opportunités pour les jeunes qui veulent s’installer sur des petites unités demandant peu d’investissement et un contact avec l’extérieur. La demande du public est très forte, pour l’achat bio, de proximité, à travers notamment les AMAP. Pour devenir agriculteur, il faut être tenace, persévérant et aimer la nature. Bien sûr, il faut veiller à dégager un revenu décent. » Analyser L’irrigation est gourmande en énergie et l’activité de vente directe en temps. Les associés souhaiteraient stabiliser un mi temps pour envisager l’avenir plus sereinement. La ferme de Françoise et Pierre fait déjà vivre quasiment une personne par hectare, sans être intensive. La structure est très légère, avec de faibles investissements. Revenu : 14 510 €/ UTAF Actif immobilisé : 29 k€ /UTAF Tps de travail : 1960h/UTAF/an Taux d’endettement : 71 % Aides directes/ EBE : 0 % « Face aux nouveaux besoins de notre société, aux enjeux du chômage, du réchauffement de la planète, de l’énergie, du bien être auquel chacun d’entre nous aspire, il nous faut anticiper une réorientation des pratiques agricoles. Les exploitations présentées dans ce référentiel ne sont pas des modèles, mais s’inscrivent dans une démarche vers une agriculture économiquement performante, socialement équitable et environnementalement durable. La réorientation de leurs pratiques agricoles fait qu’elles participent à la reconquête de la qualité de l’eau, de l’air, du sol et des produits de nos fermes… » Louis Marie Briffaud (Président de l’ARDEAR) René Ferré (Porte Parole de la Confédération Paysanne des Pays de la Loire) Etude, analyse et conception graphique : Charles Lesage Association Régionale de Développement de l’Emploi Agricole et Rural Rue de la Géraudière, 44 939 Nantes cedex 9 – 06 73 63 06 53 Confédération Paysanne des Pays de la Loire