programme des rencontres de la mode 2013

Transcription

programme des rencontres de la mode 2013
Rencontres
de la Mode
29 et 30 mars
2013
Conformisme
et transgression
dans la culture
des apparences,
du XVIIIe siècle
à nos jours.
Conférences
mairie du iii
arrondissement
salle Odette Pilpoul
2 Rue Eugène Spuller
75003 Paris
e
organisées par
l’École Duperré
et l’Université
de Lille
inscription obligatoire
[email protected]
IRHIS UMR 8529
Comité scientifique
Manuel Charpy, chargé de recherche au CNRS en histoire, Université Lille3
Sarah Sekaly, enseignante, école Duperré
Anne-Cécile Sonntag, enseignante, école Duperré
PROGRAMME
DES RENCONTRES DE LA MODE
assistés par :
David Meyer, enseignant, école Duperré
Patrice Verdière, enseignant et président de l’association des anciens élèves de l’école Duperré
VENDREDI 29 mars 2013
sous la direction de :
Annie Toulzat, proviseure de l’école Duperré
première édition des rencontres de la mode
Conformisme et transgression dans la culture des apparences,
du XVIIIe siècle à nos jours.
« J’œuvre à l’intérieur des normes qui me constituent. Ces normes sont les conditions de ma puissance d’agir,
mais elles la limitent aussi ; elles sont à la fois sa limite et sa condition. » écrit Judith Butler en 2003. C’est ce
rapport complexe aux normes telles qu’il se manifeste dans le registre des apparences, que nous souhaiterions interroger à travers ce cycle de conférences.
Avant que la Révolution française ne proclame la liberté du costume, l’avènement de l’individu contemporain conjugué au déclin des lois somptuaires laissent imaginer que les normes qui régissent la culture
des apparences ont perdu de leur puissance. Or, dans le même temps, de nouvelles normes sociales se
redéfinissent autour de la bourgeoisie, nouvelle classe dominante qui consolide sa puissance. Les manuels
de savoir-vivre enseignent la bienséance, les identités de genre se figent dans une opposition tranchée,
l’essor de la confection contribue à la standardisation des tailles. Le vêtement cristallise ainsi des enjeux de
différentes natures : identitaires, techniques, économiques, politiques et culturels.
Normes sociales / normes industrielles
14h00
Quentin Deluermoz : Quand l’uniforme fait (aussi) la norme : l’exemple des policiers en tenue (Paris 1854-1914)
15h00
Nicolas Divert : être un garçon à la mode, être un garçon dans la mode
16h00
Florence brachet et manuel charpy : Des corps à tailles fixes. L’invention des normes dans l’industrie du vêtement à l’âge industriel
17h00
William Berrebi (société Léo minor) : EN 13595-1, EN 1621. Vêtir les motards de la gendarmerie nationale
SAMEDI 30 mars 2013
Normes politiques et normes de genre
Comment, dans le registre des apparences, se fabrique une norme et, souvent dans le même temps,
le désir et la possibilité de la transgresser ?
9h30
Thierry Pastorello : L’homosexuel et son apparence vestimentaire : du XIXe siècle jusqu’à 1914 : des représentations transgressives et caricaturales
Plusieurs champs contigus sont alors à explorer :
L’assignation à un genre donné est une des césures fondatrices de l’histoire de la mode. Face au dimorphisme radical qui caractérise les vestiaires masculins et féminins au XIXe siècle, d’autres expressions identitaires s’affirment en questionnant la pensée dominante et, notamment, la norme hétérosexuelle. Plus largement, la période est aussi celle d’une nouvelle normalisation sociale : les cycles des phénomènes
de mode pour le vêtement féminin et l’uniforme masculin quasi immobile fixent des manières de se vêtir
mais plus encore de se tenir, de se conduire en société. À chaque lieu et à chaque moment correspond un
vêtement. Le contrôle des corps, jusque dans l’érotisme et la sexualité, passe par le vêtement et sa codification. En retour, rien de surprenant à voir naître le fétichisme ou le jeu avec les codes, du détournement
au débraillé en passant par l’étriqué ou le trop ample, autant de signes de dérèglements volontaires ou non
des codes sociaux et culturels.
Enfin, l’essor progressif de la confection industrielle puis l’avènement du prêt-à-porter conduisent à une
normalisation sans précédent dans son étendu. Tailles fixes standardisées, baisse des coûts, production en
série et distribution massive sont autant de facteurs qui placent la question des normes au cœur du système
de la mode.
10h30
Larissa Zakharova : La mode soviétique des années 1950-60, entre normes socialistes et goût occidental
11h30
Farid Chenoune : Bal des folles et ronde des genres. Le bal de Magic City dans l’entre-
deux-guerres
12h30
François Chaignaud : Inventer un corps marginal et rayonnant
Normes sociales / normes industrielles
Normes sociales / normes industrielles
Quand l’uniforme fait (aussi) la norme :
Des corps à tailles fixes.
l’exemple des policiers en tenue
L’invention des normes dans l’industrie
(Paris 1854-1914)
du vêtement à l’âge industriel
Quentin Deluermoz
Florence brachet Champsaur et Manuel charpy
vendredi 29 mars 2013 : 14h00-14h45
vendredi 29 mars 2013 : 16h00-16h45
Avec la réforme policière de 1854, la police visible devient la principale actrice de l’ordre quotidien de la
capitale. L’uniforme, et notamment en l’absence de formes solides de professionnalisation, fait alors l’objet
d’une attention toute particulière : c’est lui en effet qui fait l’ordre, qu’il s’agisse de l’autorité (supposée) exercée sur les populations, mais aussi de la retenue du comportement de l’agent, ainsi placé sous le regard de
tous. Espace matériel d’interaction, la «seconde peau» du policier s’avère ainsi un objet privilégié d’analyse
de la construction des formes d’autorité dans la ville.
Quentin Deluermoz, Maître de conférences en histoire à l’Université Paris 13/Nord (CRESC), chercheur
associé au CRH (EHESS). Il travaille sur l’histoire sociale et culturelle des ordres et des désordres en Europe au XIXe siècle. Il a notamment dirigé Norbert Elias et le XXe siècle (Tempus, Perrin, 2012) et publié
Policiers dans la ville. La construction d’un ordre public à Paris (1854-1914) (Publications de la Sorbonne,
2012) ; et Le Crépuscule des révolutions ? France, 1848-1871 (Seuil, 2012).
Normes sociales / normes industrielles
être un garçon à la mode,
être un garçon dans la mode
Nicolas Divert
Avec la naissance de la confection industrielle au milieu du XIXe siècle, la question des tailles se pose à neuf.
Les industrielles doivent définir des tailles fixes pour produire en série, se substituant au sur-mesure des
tailleurs. Mais la mise en place est lente et tâtonnante. Si pour les hommes, on accepte l’idée que l’on peut
déterminer des moyennes anthropométriques auxquelles correspondent des tailles – pour les vêtements
militaires ou professionnels –, la société n’accepte pas que la silhouette féminine puissent être standardisée,
normalisée, notamment du fait de la haute couture. Cependant, dans la distribution, la normalisation fluidifie
les échanges. La vente par correspondance des grands magasins passe par des référents universels permettant de commander sans essayage. Il faut attendre les années 1950 et le prêt-à-porter pour que les tailles se
standardisent ce qui débouche en 1962 sur la normalisation des tailles par la Fédération Française du Prêt à
Porter, normalisation impulsée par les grands magasins. Dans les années 1990, la standardisation prend une
ampleur nouvelle avec la mondialisation du prêt-à-porter. Se joue dans cette histoire longue une normalisation nouvelle des corps par l’industrie.
Florence brachet Champsaur, chercheur en histoire des entreprises et de la mode (EHESS, IHTP-CNRS), a
notamment publié Madeleine Vionnet and Galeries Lafayette. The unlikely marriage of a couture house and
a French department store. 1922-1940 (Business History, 2012); De l’odalisque de Poiret à la femme nouvelle
de Chanel : une victoire de la femme ? (1914-1918 Combats de femmes, 2004) et Un grand magasin à la
pointe de la mode : les Galeries Lafayette (La mode des sixties, 2007). Elle a créé le département Patrimoine
& archives historiques du groupe Galeries Lafayette. En 2012, elle a assuré avec OMA/Rem Koolhaas le
commissariat de l’exposition 100 ans sous la coupole. Chroniques d’un parcours créatif.
Manuel Charpy, chargé de recherches au CNRS (IRHIS Lille 3), travaille sur la culture matérielle, la culture
visuelle et la consommation au XIXe siècle en Europe et aux États-Unis, et a publié plusieurs articles sur l’histoire de la mode (Fashion Theory, Revue d’histoire du XIXe siècle, Oxford International Studies in Social History…). Il publiera en 2013 un ouvrage sur les liens entre culture matérielle et identité sociale au XIXe siècle
(Le Théâtre des objets, Flammarion). Il a en outre réalisé des émissions radiophoniques sur la mode.
vendredi 29 mars 2013 : 15h00-15h45
Bien que le vêtement soit un marché économique qui tente de conquérir aussi bien les hommes que les
femmes, la valorisation de la mode relève, depuis la fin du XIXe siècle, davantage du féminin. Parallèlement,
elle conserve son rôle de différenciation des sexes, tant par les usages que les hommes et les femmes
peuvent faire de la mode mais aussi et surtout par la manière dont ils sont autorisés légitimement ou non
à s’investir dans ce domaine de l’activité. Dans la période contemporaine, le rapport socialement construit
des hommes à la mode apparaît paradoxal : la valorisation de la culture des apparences ne s’extrait que
rarement de la mobilisation de références la renvoyant à un monde efféminé. Dès lors, la mode illustre bien
comment les pratiques sociales apparaissent sexuées et sont toujours pensées selon une vision binaire de
la société : le masculin d’une part et le féminin d’autre part.
Nicolas Divert, sociologue, maître de conférences, Université Paris Est Créteil, étudie la construction de
l’offre de formation aux métiers de la mode et développe une approche qui conjugue sociologie historique
et sociologie du genre. Ses publications portent sur les diplômes et la formation professionnels et l’identité
sexuée et sexuelle en relation avec les trajectoires scolaires et professionnelles.
Normes sociales / normes industrielles
EN 13595-1, EN 1621. Vêtir les motards de la
gendarmerie nationale
William Berrebi
vendredi 29 mars 2013 : 17h00-16h45
Leo Minor est une entreprise de conception et de confection spécialisée en produits techniques de protection essentiellement pour les armées, la police et la gendarmerie. William Berrebi présentera le processus
de conception, de fabrication et de progressive mise au point de l’uniforme des motards de la gendarmerie
nationale. À travers l’exposé d’un cas, il sera question de normalisation industrielle mais aussi des usages et
des pratiques liés à ce type produit hautement performant.
William Berrebi, gérant de la société Leo Minor.
Normes politiques et normes de genre
Normes politiques et normes de genre
La mode soviétique des années 1950-60, entre
Bal des folles et ronde des genres.
les normes socialistes et le goût occidental
Le bal de Magic City dans l’entre-deux-guerres
Larissa Zakharova
farid chenoune
samedi 30 mars 2013 : 9h30-10h15
samedi 30 mars 2013 : 11h30-11h15
La mode soviétique des années 1950-60, arme de la Guerre froide ? Après la mort de Staline en 1953, en
Union soviétique, la mode revient sur le devant de la scène politique. Le programme de réformes centré
sur l’amélioration des conditions matérielles de la population permet aux créateurs de promouvoir la mode
socialiste qu’ils proclament différente et supérieure par rapport à la mode «capitaliste». La compétition
avec l’Ouest touche donc jusqu’à l’univers vestimentaire qui est censé prouver aux Soviétiques, de façon
immédiatement perceptible, les avantages du socialisme. Cette compétition se passe dans le cadre de la
coexistence pacifique annoncée par Khrouchtchev, qui permet de renouer les contacts entre les créateurs
occidentaux et soviétiques. De ces contacts est née une fascination des professionnels de mode soviétique
par la haute couture française. Le concept de la mode socialiste se révèle alors comme un tour de passepasse discursif, tandis que la réalité de la création de mode en URSS trahit une reprise des tendances de
la mode occidentale.
On l’appelait le «bal des folles». Dans les années 1920 et 1930, une fois par an, se tenait à Paris le bal de
Magic City, le bal de travestis le plus populaire de l’entre-deux-guerres. Magic City était, avec Luna Park, un
des deux grands parcs d’attractions de la capitale créés sur le modèle américain au début du XXe siècle.
Situé sur la rive gauche, près du pont de l’Alma, il disparut à la fin des années 1920 et ne resta que sa salle de
bal. C’est là qu’avait lieu le célèbre bal des travestis, dit encore «bal des invertis».
Le département des arts du spectacle de la BnF possède une série de photographies de travestis prises
lors de ces soirées. Ces photos ont été rarement montrées, certaines jamais. L’exposé s’appuiera sur ces
documents pour interroger ce moment particulier d’inversion des normes et des codes.
Farid Chenoune enseigne l’histoire de la mode à Paris.
Larissa Zakharova, docteur en histoire et civilisations de l’école des Hautes études en Sciences Sociales,
maître de conférences à l’EHESS/Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC). Auteure de S’habiller à la soviétique. La mode et le Dégel en URSS, Paris, CNRS éditions, 2011.
Normes politiques et normes de genre
Normes politiques et normes de genre
L’homosexuel et son apparence vestimentaire :
Inventer un corps marginal
du XIX siècle jusqu’à 1914 : des représentations
et rayonnant
transgressives et caricaturales
François Chaignaud
Thierry Pastorello
samedi 30 mars 2013 : 12h30-13h15
e
samedi 30 mars 2013 : 10h30-11h15
L’homosexuel masculin au cours du XIXe siècle devient un personnage transgressif de normes fondamentales, notamment celles liées à ce que l’historien Alain Corbin nomme la naturalisation du concept de virilité
à partir de la fin du XVIIIe siècle. à travers des sources littéraires et issues des entrepreneurs de morale
(police, justice), nous dégagerons trois thématiques majeures : l’inversion vestimentaire et l’homosexualité
masculine, les liens entre dandysme et homosexualité, et la figure du marin.
Thierry Pastorello est bibliothécaire au département Philosophie histoire de la Bibliothèque nationale de
France. Docteur en histoire de L’université de Paris VII – Denis Diderot Laboratoire Identités cultures et
territoires, avec lequel il collabore.
Lors de ces rencontres, je souhaite évoquer les pistes de recherche qui ont nourri et guidé le travail que
je fais seul, ou en collaboration notamment avec Cecilia Bengolea. Des syntaxes identitaires issues de la
culture des Ballrooms américains aux enjeux, exigences et questions de la pratique du travestissement, en
passant par l’exubérance nostalgique et gloutonne des drag queen hippie des années 70 en Californie, nous
discuterons de la manière dont le vêtement, l’attitude, la danse, la posture concourent à inventer un corps,
marginal, rayonnant, invitant et spécifique.
François Chaignaud, diplômé du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris en
2003, danseur et chorégraphe, il est toujours à la limite extrême de la représentation, utilisant son corps
comme matière première, développant un art étrange qui s’impose comme résolument transgressif et poétique.
Mairie
du IIIe
L’école supérieure des arts appliqués Duperré, fondée il y a plus de 150 ans et située près
du Carreau du Temple dans le IIIe arrondissement, forme des étudiants aux métiers du design, de la mode
et de la création. C’est un établissement public qui dépend à la fois de la Mairie de Paris et des ministères
de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur.
L’école Duperré est reconnue comme étant l’une des principales écoles de mode françaises, mais elle forme
également aux design d’espace et design graphique, aux métiers d’art en textile (broderie, tissage et tapisserie) et en céramique. Elle accueille par ailleurs une Classe préparatoire aux Grandes écoles.
Les Rencontres de la Mode sont organisées conjointement par l’École Duperré et l’Université de
Lille 3 (laboratoire de recherches historiques IRHIS) avec le soutien de la Ville de Paris. Autour d’un thème
défini, un programme de conférences et d’échanges offre la possibilité à des chercheurs, historiens, sociologues, conservateurs, créateurs et industriels de contribuer à une réflexion sur la mode et le vêtement.
Elles se tiendront à la Mairie du IIIe arrondissement, salle Odette Pilpoul.
INSCRIPTION AUX RENCONTRES DE LA MODE
Ces rencontres sont publiques et gratuites, dans la limite des places disponibles (180 places).
Inscription obligatoire par mail : [email protected]
précisez vos nom et prénom, ainsi que le(s) cycle(s) choisi(s) : vendredi et/ou samedi.
école Duperré
11 rue Dupetit-Thouars
75003 Paris
www.duperre.org