Programme de salle - Automne en Normandie 2012

Transcription

Programme de salle - Automne en Normandie 2012
7e Festival
Automne EN NORMANDIE
Devant l’histoire
Patrick Le Mauff
© Patrick Fabre
vérité de soldat
Compagnie Blonba
21 I NOV 2012
22 I NOV 2012
théâtre – docu-fiction
texte Jean-Louis Sagot-Duvauroux
inspiré du récit de soungalo samaké ma vie de soldat
équipe de conception Patrick Le Mauff
Alioune Ifra Ndiaye
Jean-Louis Sagot-Duvauroux
mise en scène Patrick Le Mauff
assistant mise en scène Ndji Traoré
régisseur Oliver Dusnasi
vidéo Chiaka Ouattara
directeur de blonba Alioune Ifra Ndiaye
avec
Michel Sangaré
Maïmouna Doumbia
Adama Bakayoko
ma vie de soldat est publié aux éditions la ruche à livres, bamako
durée 1h45
>
neuville-lès-Dieppe, Le Drakkar
© Patrick Fabre
Mercredi 21 novembre – 20h30
jeudi 22 novembre – 20h30
Production BlonBa
Coproductions Théâtre français du Centre National des Arts d’Ottawa (Canada) | ARCADI
Vérité de soldat a reçu le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie et de l’Institut Français
La compagnie BlonBa est subventionnée par Le Conseil régional d’île-de-France | le Conseil général de l’Essonne | La Communauté d’Agglomération du Val-d’Orge
Directeur de la publication : Robert Lacombe | Coordination éditoriale : Muriel Dubos, Faustine Le Bras, Stéphanie Malnuit, Anna Messager | Création graphique : Jérôme Le Scanff | Réalisation graphique: Martine Rousseaux
Impression Imprimerie Conseil Général de Seine-Maritime
Licences d’entrepreneur de spectacles Licence 2 : 2-1054802 Licence 3 : 3-105480 | Tous droits réservés EPCC Arts 276
en collaboration avec Dieppe Scène Nationale
L’adaptation que Jean-Louis Sagot-Duvauroux a réalisée des mémoires de Soungalo Samaké,
soldat malien putschiste qui fut un des fusils armés du coup d’état et de la répression militaire de Moussa Traoré, la mise en scène imaginée par Patrick Le Mauff, l’interprétation sans
maniérisme des trois acteurs de Vérité de soldat concourent à une même utilisation politique
et cathartique du théâtre. La sobriété de la pièce, rédigée sur le mode brechtien du récit et du
commentaire, n’en évacue pas pour autant la complexité des enjeux : la difficile cohabitation
des valeurs laïques, catholique, bambaras ; la déculturation ; les blessures intergénérationnelles entre ceux qui ont connu le Soudan français et une jeunesse plus encline à s’identifier
à Barack Obama qu’aux valeurs traditionnelles.
« Docu-fiction » au sens premier, la pièce opère un montage économe d’images d’archives avec
les témoignages de Soungalo qui ont été recueillis par son éditeur Amadou Traoré, ancien responsable politique de la République socialiste du Mali, et que Soungalo tortura de ses propres
mains dans les geôles du régime militaire. L’auteur et co-directeur de la compagnie Blonba a
inséré dans cette trame documentaire un personnage fictif incarnant les interrogations et les
aspirations du jeune Mali sous les traits d’une femme déterminée : Catherine, enfant d’un viol
collectif perpétré par les soldats sous les ordres de Soungalo, est la conscience dans laquelle
tente de se résoudre ces traumatismes : « Le viol du pays s’est fait devant moi ». Si la pièce
donne la parole au bourreau Soungalo, ce n’est nullement pour lui donner un quelconque pouvoir de séduction, mais, en faisant état du professionnalisme meurtrier du soldat, pour dresser le procès-verbal et recueillir les minutes de l’Histoire. La pièce nous fait pénétrer dans une
zone trouble où les valeurs cornéliennes (et féodales) d’honneur et de vertu cautionnent des
actes tortionnaires. Les anecdotes des trois interlocuteurs finissent par tisser le tableau d’un
grand récit. La réduction des effets, l’évacuation du pathos, mettent en lumière la parole et
son impact sur les visages et les corps. Sans linéarité historique simpliste, les bribes de récit
montrent le travail de la conscience historique avec pour seul objectif le nécessaire dépassement du « chacun sa vérité », comme seule condition du vivre-ensemble.
© Patrick Fabre
Crever la plaie
Vérité de soldat est une production malienne de la compagnie Blonba, ce qui explique peutêtre que la pièce soit débarrassée de bien-pensance et aille à l’essentiel en maintenant le
cap de l’efficacité politique du théâtre. « Révulsée » par l’émotion, Catherine « se méfie des
prières » parce que la question n’est pas celle du pardon, mais de la vérité. Rendant visite à
Traoré pour empêcher la publication des mémoires de Soungalo contenant le récit du viol de
sa mère, elle finira par s’en remettre à la conscience de l’éditeur, et à accepter de laisser courir « le diable du récit ».
Théâtre documentaire, entre palabre et témoignage, Vérité de soldat délivre sa conviction
dans la puissance des mots. Cette quête de justesse réunit Soungalo et Traoré, le bourreau et
la victime, et leur permet cette inédite cohabitation. La pièce est scandée par des saillies verbales, où la vérité de l’insulte sauve les personnages en faisant douter et vaciller l’adversaire.
La violence des mots, plutôt que celle des armes.
Isabelle Barbéris
Patrick Le Mauff
© DR
Formé à l’école du Théâtre National de
Strasbourg, Patrick Le Mauff participe en
tant que comédien à l’aventure du Théâtre
de la Reprise, dirigé par Robert Gironès
à Paris. Il cofonde ensuite la compagnie
L’Attroupement, révélée par un Jules César
retentissant au Festival d’Avignon en 1975.
Au théâtre, il évolue sous la direction de
Luis Pasqual, Denis Guénoun, Wladislaw
Znorko, Nicole Garcia… et récemment Wajdi
Mouawad dans la trilogie Littoral, Incendies,
Forêts donnée dans la Cour d’honneur du
Palais des papes (Festival d’Avignon, 2009).
Patrick Le Mauff est également présent au
cinéma. En 2000, il devient directeur du festival des Francophonies en Limousin qu’il
dirige jusqu’en 2006. Après Bougouniéré
invite à dîner puis Sud-Nord, le kotèba des
quartiers, Vérité de soldat est la troisième
collaboration de Patrick Le Mauff avec la
compagnie BlonBa.
Compagnie BlonBa
La compagnie BlonBa est fondée en 1998
à Bamako par Alioune Ifra Ndiaye, qui en
assure la direction depuis l’origine, et son
ami l’écrivain Jean-Louis Sagot-Duvauroux.
Depuis, la compagnie a créé une dizaine de
pièces qui s’inscrivent dans les traditions
du kotèba (farces burlesques de critique
sociale) et du maana (grand récit historicolégendaire), en renouvelant ces genres pour
la scène. Parmi elles, Antigone (1998), Le
retour de Bougouniéré (2000), Ségou fassa
(2002), Bougouniéré invite à dîner (2005),
etc. D’abord imaginés pour le public malien,
les spectacles de la compagnie BlonBa
sont diffusés dans plusieurs pays d’Afrique
et font l’objet de tournées en Europe et en
Amérique du Nord. Jusqu’en avril dernier, la
compagnie disposait d’une des plus belles
salles d’Afrique de l’Ouest, devenue un des
cœurs de la vie culturelle malienne. Les
récents événements qu’a connus le Mali,
et dont Vérité de soldat donne certaines
clefs, ont contraint à fermer cet équipement. Toutefois, l’activité de la compagnie
se poursuit, avec une soixantaine de représentations prévues en France pour la saison
2012-2013, deux nouvelles créations et une
ouverture sur la danse contemporaine. En
parallèle, BlonBa intervient également dans
d’autres secteurs comme l’audiovisuel (production de programmes télévisés) et l’action
culturelle.
Prochainement
02 32 10 87 07
automne-en-normandie.com
automne en normandie
théâtre
Isabelle Lafon IGISHANGA
Dans cette pièce inspirée de Dans le nu de la vie de Jean Hatzfeld,
recueil de témoignages de rescapés du génocide rwandais, Isabelle Lafon
donne corps à deux voix de femmes devenues personnages, non plus
victimes de génocides, mais figures héroïques.
> espace culturel françois-mitterand, Canteleu
© Fred Kihn
Lundi 26 novembre 20h30
danse – première mondiale
compagnie ariadone / Carlotta Ikeda / Ko Murobushi
Isabelle Lafon IGISHANGA
UN COUP DE DON Deux icônes du Butô plongent leur regard dans l’irreprésentable, de la
monstruosité du choc d’Hiroshima au grotesque de la crise nucléaire de
Fukushima.
dsn – Dieppe Scène Nationale
> Le Rayon Vert, Saint-Valery-en-Caux
LA CHUTE DE LA MAISON USHER
Mardi 27 – mercredi 28 novembre 20h30
Texte d’Edgar Allan Poe / mise en scène Sylvain Maurice
théâtre – création 2012
Tennessee Williams
American Blues
Juliette de Charnacé
Deux pièces de Tennessee Williams : la première est marquée par la Crise, les
années noires. La deuxième se déroule après la Seconde guerre mondiale.
Le chômage, la violence du monde de la nuit dans la grande ville de New York.
En contrepoint du Rêve Américain.
> Théâtre du Château, Eu
Jeudi 29 novembre 20h
théâtre
Dans La Chute de la maison Usher, la peur se dispute à l’humour, la magie
noire à la magie blanche. A partir de cette nouvelle d’Edgar Allan Poe,
Sylvain Maurice a créé une partition hallucinatoire qu’il distribue aux
comédiens, aux musiciens, aux vidéastes, au scénographe. Tout y est
vision, sans que l’on sache l’origine exacte de l’altération de la réalité :
la drogue ? la maladie ? la folie ?
jeudi 15 novembre 20h
magie nouvelle
VIBRATIONS
de Raphaël Navarro et Clément Debailleul
Initiatrice d’un nouveau mouvement artistique, la magie nouvelle,
la compagnie 14 : 20 propose avec Vibrations une expérience hors du
commun. Trois soli se succèdent et nous plongent dans un autre univers, à la
frontière du réel : une danseuse en apesanteur explore un nouveau langage
gestuel, un danseur-jongleur se démultiplie et joue avec son ombre, ou encore
un homme jongle avec une pluie de balles phosphorescentes…
jeudi 29 novembre 20h
les partenaires du festival