béliers - Cinéma Utopia

Transcription

béliers - Cinéma Utopia
PLACE DE LA MAIRIE À St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org
BÉLIERS
(HRUTAR)
Écrit et réalisé par
Grimur HAKONARSON
Festival de Cannes 2015 :
Grand Prix « Un certain regard ».
C’est un magnifique film d’hiver, un
film de neige et de froid, de vent et de
glace, une sorte de conte de Noël rude
et gaillard, qui aurait oublié d’être niais,
qui cacherait sa chaleur humaine sous
Islande 2015 1h33mn VOSTF
les barbes rousses hirsutes et les gros
avec Sigurour Sigurjonsson, Theodor Julius- pulls en laine sauvage. C’est beau, c’est
son, Charlotte Boving, Gunnar Jonsson...
singulier, c’est vivifiant ! Le film à voir
GAZETTE no 258 du 9 décembre au 19 janvier 2016 - Entrée : 6,50€ Abonnement : 48 € les 10 places Étud. : 4 €
COUP DE
PROJECTEUR
SUR LE FILM
« BÉLIERS »
Retrouvez la présentation
de ce film dans le journal
d’informations locales
BÉLIERS
d’urgence pour échapper à tout ce que
cette « période des fêtes » peut avoir
de convenu, de contraint, d’étouffant…
Cette histoire aurait sans doute pu prendre racine au plus profond des Cévennes, ou bien sur les contreforts des Alpes ou des Pyrénées, dans un de ces
coins de France de plus en plus rares où
les hommes vivent dans des conditions
parfois hostiles, au contact de la nature
et des bêtes, aussi sauvages l’une que
les autres. Des coins où les humains,
souvent confrontés à la solitude, deviennent des taiseux, vivent des relations
familiales compliquées et, histoire d’être
encore plus seuls, peuvent avoir la rancune tenace jusqu’à ne plus parler à leur
voisin ou voisine des décennies durant…
fait l’aller et retour entre les deux maisons. Sacrés Gummi et Kiddi ! Ils sont
fâchés. À mort. Depuis quarante ans.
Pour une raison qu’on ne vous dévoilera
pas mais qui ne peut évidemment pas
justifier ces années de brouille intégrale
entre voisins… qui par dessus le marché sont frères ! Des frères qui bien sûr
élèvent tous deux des béliers et qui sont
donc des concurrents acharnés quand
vient le moment du fameux concours…
Cette situation qui flirte avec l’absurde
va prendre un tour plus dramatique
quand la maladie de la tremblante va
être repérée chez les bêtes de Kiddi, ce
qui signifie l’abattage de tous les troupeaux de la vallée, principe de précaution oblige… Et rien que l’idée de perdre leurs animaux, pour des éleveurs
Mais ici nous sommes loin de la Fran- qui leur ont consacré leur vie et leur
ce, nous sommes dans une vallée iso- amour… c’est le monde qui s’écroule…
lée du centre de l’Islande, bien loin de
la partie maritime et touristique du pays. Ce formidable Béliers commence comUne vallée où les éleveurs vivent aux me une comédie à l’humour très scancôtés de leurs moutons sur des lan- dinave, autrement dit décalé, introverti,
des magnifiques, battues par les vents, désarçonnant, qui nous rend immédiarecouvertes d’un épais tapis de neige tement attachants ces étranges personune grande partie de l’année. Dans ces nages qui vivent franchement hors du
contrées, l’élevage des moutons est monde… et puis le film prend une autre
une religion : on les bichonne comme dimension, plus lyrique, plus grave, et
les émirs leurs purs sangs, les mamies s’ouvre à une ample réflexion – jamais
leurs chiens de genoux. A plus forte théorique, toujours physique et sensible
raison les béliers, dont force et virilité – sur le rapport de l’homme à la nature,
font l’objet de concours fort disputés. de l’humain à l’animal, sur le lien fraterParmi ces éleveurs, deux figures se- nel qui peut renaître dans l’adversité.
ront au centre du film. Gummi et Kiddi, La mise en scène exalte à merveille la
tous deux sexagénaires, tous deux cé- beauté dantesque de ces paysages inlibataires, qui vivent dans des fermes croyables, qui rendent plus impressioncontigues, tout juste séparées par un nant encore le combat des hommes,
portail. Ils se croisent forcément mais ne particulièrement dans une scène finale
s’adressent pas même un regard. S’ils stupéfiante d’émotion et de force.
ont un besoin impératif de communiquer,
DU 9/12 AU 18/01
ils confient leur message à un chien, qui
Le mercredi 9/12
à partir de 18h45 sur
radio RGB 99.2 fm
Disponible en podcast
sur radiorgb.net
TARIFS :
Tous les jours à toutes les séances
Normal : 6,50 euros
Abonné : 4,80 euros ( par 10
places, sans date de validité et non
nominatif)
Enfant -14 ans : 4 euros
Collégien : 4 euros ( avec la carte
cine pass VO disponible dans les établissements scolaires du département)
Étudiant : 4 euros
Pass culture : 3 euros
Sans-emploi : 4 euros
Sur présentation d’un justificatif
SÉANCE DE GROUPE À LA DEMANDE :
3 EUROS PAR ÉLÈVE / ENFANT
À PARTIR DE 30 PERSONNES, GRATUIT
POUR LES ACCOMPAGNATEURS.
RENSEIGNEMENT : 0130377552
TOUT LE PROGRAMME SUR :
www.cinemas-utopia.org/saintouen
MIA MADRE
JUSQU’AU 11/01
Réalisé par Nanni MORETTI
Italie 2015 1h47mn VOSTF
avec Margherita Buy, John Turturro, Giulia Lazzarini, Nanni Moretti...
Scénario de Nanni Moretti, Francesco
Piccolo et Valia Santella.
Festival de Cannes 2015,
Prix du jury oecuménique.
Cette patte, ce style à nul autre pareil, ce
regard plein d’un humour tendre qui ne
baisse jamais sa garde… C’est du grand
Moretti, du très bon Nanni, petit garnement anxieux qui se cache dans l’ombre du grand réalisateur. Il nous entraîne
dans son univers gracieux où l’intime
flirte avec l’universel ! Savoureuse fiction
diablement personnelle : quelle est la part
de rêve, d’imaginaire, d’autobiographie ?
Qu’importe ! Tout s’imbrique dans un récit
qui diffracte la réalité de la même façon
qu’un kaléidoscope joue avec la lumière.
Premières images… On est au cœur d’un
rang de CRS… Au travers des visières
on scrute les manifestants. Ils scandent
« … lavoro per tutti ! » Tiens ? Cela résonne comme un écho : « Une terre, un
toit… un travail pour tous » petit clin d’œil
au pape François (Habemus papam !) ?
Aux victimes de la crise ? Les ouvriers
partent à l’affrontement, coups de ma-
traque, canons à eau… Images prises
sur le vif, réalistes et pourtant… Quelque
chose sonne faux… « - Coupez ! » On est
sur un tournage ! Cette voix qui ordonne, c’est celle de Margherita ! Elle aussi
trouve que quelque chose cloche. Est-ce
le débit de l’eau, le débit des mots, les
ouvrières trop apprêtées ? Elle analyse,
s’angoisse, se démultiplie, rabroue le
caméraman, rouspète contre les techniciens, passe à la question son assistante,
gourmande gentiment une actrice : « Tu
joues très bien. Mais ne sois pas ton personnage, n’oublie pas que tu es juste à
côté. » - Ah oui ! Euh… » La comédienne admirative s’efforce de comprendre,
mais dès que la réalisatrice tourne le
dos, une telle moue dubitative s’empare
de sa frimousse qu’on explose de rire !
Être le personnage, tout en restant à
côté ? Nébuleux leitmotiv schizophrénique que Margherita martèle désespérément à chacun de ses acteurs, qui
prennent dès lors des airs inspirés pour
cacher la tempête qu’elle provoque sous
leur crâne ! C’est fichtrement drôle…
Nanni Moretti se projette dans cette
femme, ses angoisses, ses colères, ses
incohérences, son envie de tout maîtriser qui la rend tyrannique. À travers elle,
il raconte sa passion du cinéma, ses
agacements, caricature le milieu avec
tendresse, se moque de lui-même…
La journée de tournage achevée, rien
n’entame son rythme frénétique. Margherita continue de vouloir tout gérer
comme un plateau de tournage : sa famille, ses amours… Mais les personnages de la vraie vie sont moins malléables,
on ne maîtrise pas le scénario, certaines
choses vous dépassent comme la maladie, la mort… C’est au chevet d’Ada,
sa vieille mère subtile et espiègle, coincée à l’hôpital, que peu à peu les choses se dénouent, que tout est remis en
perspective. C’est là que ses liens avec
son frère Giovanni (interprété par Nanni
Moretti) se renforcent. Pourtant, elle le
trouve exaspérant, avec ses airs de premier de la classe, son calme, sa patience, sa présence constante et dévouée…
Tout ce qu’elle ne parvient pas à être !
Ada (Giulia Lazzarini, géniale !), quant à
elle, curieuse et gourmande de tout, dévore chaque instant avec bonhommie.
Elle passe chaque événement au crible des enseignement des philosophes
grecs, des belles lettres. Et on comprend
d’où tout ce petit monde a tiré ce sens
de l’auto-dérision, le recul nécessaire
pour affronter avec élégance les affres de la vie. C’est la grande classe !
Et le tableau serait incomplet si on oubliait
Barry Huggins (John Turturro), acteur italo-américain qui tient le premier rôle du
film tourné à l’intérieur du film ! Hâbleur
intarissable, fanfaron insupportable, il
cabotine jusqu’à épuiser son entourage
et principalement Margherita ! Moments
irrésistiblement drôles qui permettent de
parler de choses graves à la légère, en
ne sombrant jamais dans l’auto-apitoiement. Une belle leçon de vie, comme de
cinéma.
que Noël qui, comme chacun
sait, ne tombe qu’une fois par
Tant de choses ont déjà été dites an (d’ailleurs on ne se laisse
depuis le 7 Janvier. Et bien plus pas décourager et on maintient
encore depuis le 13 Novembre. évidemment notre célèbre soirée
Paroles d’écrivains, d’anonymes, « Réveillon anticipé » le Vendredi
de philosophes, d’artistes, de 11 Décembre).
politiques, d’experts de toute
nature et en tout genre…
Mais cette année, depuis le
Que dire de plus ? De plus lundi 16 Novembre, les sorties
intelligent, de plus malin, de plus « occasionnelles » des élèves sont
approprié, de plus pertinent, de supprimées. Pourquoi interdire le
plus sincère ? Quelle modeste cinéma de Noël une fois par an et
contribution vouloir ajouter à pas la sortie piscine ou gymnase
tout ce qui a déjà été écrit dans « habituelle », tous les jeudis
l’urgence de l’émotion ou dans matin ? En quoi une activité
cet instant de réflexion de l’après, pose-t-elle plus de problèmes de
sécurité que les autres ? Et au-delà,
à peine plus distancié ?
pourquoi autoriser les marchés de
Peut-être tout bêtement ajouter Noël et pas les distributions de rue
quelques éléments tout factuels, des Restos du Cœur ? Pourquoi
laisser se tenir, trois jours après les
tout concrets, tout proches.
attentats, le Milpol, salon mondial
Dire simplement que les mesures de la sécurité et des marchands
de sécurité prises en Ile de France d’armes, et pas les manifestations
dans le cadre du plan « Vigipirate, en marge de la COP 21 ?
alerte attentat » nous touchent
doublement. C’est un coup rude Mystère et boule de gomme,
porté à un moral déjà meurtri les voies de l’état d’urgence sont
après ces évènements autant
qu’un coup dur pour l’état de nos
finances.
Edito
La période mi-Novembre /
mi-Décembre est en effet
traditionnellement une période
très chouette à Utopia où d’un
coup, comme sous l’effet d’un
joyeux élixir de jouvence, la
moyenne d’âge fait une chute de
plusieurs décennies en quelques
semaines. Ecoles maternelles et
primaires qui viennent pour « la
sortie de fin d’année », mais aussi
pour les dispositifs nationaux
« Ecole et Collège au cinéma » : le
jeune public arrive en masse dès 9h
du mat. C’est vivant, c’est bruyant,
c’est aussi un peu le bazar, ça court
partout, ça s’émerveille avec ce
mélange de naïveté curieuse, de
joyeuse innocence, un truc rare
et précieux propre à l’enfance.
7000 gamins (nombre d’inscrits
sur le carnet de bal d’Utopia pour
la période pré-citée) ce n’est pas
tout à fait rien. C’est un moment
de l’année où les enseignants
nous font une confiance totale
pour ce rendez-vous festif qui est
aussi parfois, pour les tout-petits,
leur première séance de cinéma.
Une sortie aussi exceptionnelle
juste accepter la clé que proposait
le gérant), fouiller sans précaution
des bureaux qui, surprise, ne
contenaient que des dossiers et
des papiers, bref pour ne rien
trouver de suspect et repartir
en souhaitant une bonne fin de
soirée à l’équipe du restaurant
médusée et en laissant pas mal de
dégâts et des clients pour le moins
choqués.
Sans juger de l’opportunité
ou de l’efficacité de ce genre
d’opération ciblée, il est toutefois
permis, comme bon nombre de
juristes, journalistes, philosophes,
sociologues, femmes ou hommes
politiques, indispensables veilleurs
de cette démocratie pensante et
vivante à laquelle nous sommes
tant attachés, de s’interroger
sur les conséquences de cet
état d’urgence prolongé sur nos
libertés individuelles et leur impact
sur le quotidien des citoyens que
nous sommes. D’ailleurs, c’est
ce que nous ferons ensemble le
Jeudi 7 Janvier à 20h30 à Utopia
Saint-Ouen l’Aumône autour
du film documentaire « Même
pas peur » sur le thème « La
démocratie à l’épreuve de l’état
d’urgence ».
Et sinon?
Sinon, sachez que toutes les
séances scolaires annulées sur cette
période pourront être reportées
dès que ce sera possible.
impénétrables.
Aussi, dire simplement que cet
état d’urgence prolongé nous pose
bien des questions.
Sinon, sachez que pour compenser
le manque à gagner des annulations
de ces séances scolaires, il nous
faudra (juste) vous vendre 437,5
carnets d’abonnements en plus :
vous savez donc ce qu’il vous reste
à faire pour les cadeaux de Noël.
Tiens, par exemple, à quelques
dizaines de mètres du cinéma,
dans la rue principale de Saint- Sinon, sachez que nous sommes
Ouen l’Aumône, la presse locale là, avec notre brassée de beaux
(Le Parisien du 23/11) et nationale films.
(Le Monde du 24/11) s’est fait
l’écho d’une perquisition façon L’équipe d’Utopia (29/11/2015)
western, digne du dernier film de
Tarantino (à l’affiche chez nous le
et n’oubliez
6 Janvier) : des policiers armés qui
déboulent à 21h en plein service
pas, pour NOËL :
dans le restaurant « Pepper Grill »
OFFREZ DES
pour… enfoncer des portes (qui
étaient pourtant) ouvertes (il fallait
abonnements !
LE RÉVEILLON D’UTOPIA : VENDREDI 11 décembre à 20h30 à Utopia Saint-Ouen
AVANT-PREMIÈRE DU FILM + RIPAILLES PARTICIPATIVES : vous apportez saumon, terrines, foie gras,
fromages, gâteaux etc... nous, on se charge des boissons.
LA VIE TRÈS PRIVÉE DE M. SIM
ET DU 16/12 AU 12/01
Réalisé par Michel LECLERC
France 2015 1h42
avec Jean-Pierre Bacri, Vimala Pons, Isabelle Gelinas, Valeria Golino, Vincent Lacoste, Mathieu Amalric...
Scénario de Michel Leclerc et Baya
Kasmi, d’après le roman de Jonathan
Coe.
C’est l’histoire d’un type ordinaire, Monsieur Sim (« comme la carte », ajoute-til invariablement pour se présenter), qui
est persuadé d’être « ennuyeux à mourir », d’être un loser absolu. Et à force
d’en être convaincu lui-même, il a fini par
en convaincre les autres… Quand le film
commence, il rentre de vacances, un séjour tout compris dans un hôtel-club familial au bord de la Méditerranée. Mais
il y est allé seul après avoir été plaqué
par sa femme… Et chacun sait que rien
n’est plus sinistre qu’un hôtel-club quand
on est célibataire. Et sa conversation est
à l’avenant : il est capable de disserter
sur la diversité des menus dans chaque
« Léon de Bruxelles » ou sur les vertus
comparées des cafétérias d’autoroute…
Prenez son père, à qui il rend visite lors
d’une escale en Italie : il doit tellement
redouter sa compagnie qu’il ne trouve
même pas le temps de déjeuner avec lui… mique de situation mais qui donne d’emblée une réelle épaisseur humaine à son
Heureusement la vie réserve des surpri- personnage. À partir de ce singulier Franses, même aux cas désespérés. Mon- çois Sim auquel on s’attache de plus en
sieur Sim (comme la carte) rencontre plus au fil du récit, Michel Leclerc (souainsi, un peu par hasard, un étonnant venez-vous de son savoureux Le Nom
personnage (Mathieu Amalric, second des gens, dans lequel Jacques Gamblin
rôle idéal) qui va lui raconter l’histoire du incarnait le « dernier jospiniste », un loser,
navigateur britannique amateur Donald déjà…) nous donne une comédie pinceCrowhurst, parti en course en solitaire et sans-rire qui est aussi une fable philosoqui préféra se perdre en mer plutôt que phique tendre et mélancolique, qui anad’abandonner et de décevoir son entou- lyse avec lucidité, malice et tendresse
rage… Ce destin certes tragique mais notre société volontiers absurde, où
romanesque va lui donner une sorte de des moyens de communication sophissecond souffle (un peu court mais c’est tiqués à l’extrême sont censés unir les
déjà ça) : François (on découvre qu’il a gens et ne font que les isoler. Ultra-moun prénom !) Sim décroche un improba- derne solitude, comme chantait l’autre…
ble boulot de représentant en brosses à
dents durables et, au volant d’une ruti- Monsieur Sim espionne sa femme sur
lante voiture hybride de fonction, équipée Facebook en se faisant passer pour une
d’un GPS dangereusement omniscient, il copine ; quand il mange avec sa fille, elle
part sur les routes, ce qui va lui permettre a le nez sur son portable en permanence
de prendre la tangente et d’essayer de re- et il faut qu’il l’enlève et l’emmène en
conquérir sa vie et les siens quelque part boîte de nuit pour éveiller chez elle un
entre Bourg en Bresse et la Méditerranée. peu d’intérêt pour son ringard de père…
Un voyage à la découverte des secrets Et tout au long de ses journées de VRP,
de familles et des plaies à cicatriser… c’est finalement avec la voix féminine du
Ce rôle de solitaire dépressif mais volu- GPS qu’il parle le plus souvent… Pas
bile, capable de parler au premier venu étonnant dans ces conditions si c’est en
même si son interlocuteur n’a rien de- se replongeant dans le passé, ses carmandé, est évidemment taillé sur mesure tons d’archives et ses vieilles bobines en
pour l’extraordinaire Jean-Pierre Bacri, 16mm que Sim va retrouver un certain
qui excelle dans toutes les scènes de co- sens, un certain goût à sa vie…
LES COWBOYS
JUSQU’AU 22/12
Réalisé par Thomas BIDEGAIN
France 2015 1h45
avec François Damiens, Finnegan Oldfield, Agathe Dronne, John C. Reilly, Ellora Torchia, Antoine Chappey...
Scénario de Thomas Bidegain et Noé
Debré
Thomas Bidegain n’est pas un inconnu
dans le cinéma français. En tant que scénariste, il possède même une sacrée carte
de visite. Rien qu’avec Jacques Audiard,
il a signé Un prophète, De rouille et d’os
et Dheepan. Mais, visiblement, il ne se
contentait pas d’écrire, il devait aussi
observer, apprendre, emmagasiner avec
le désir de passer derrière la caméra.
Les Cowboys est donc son premier film
en tant que réalisateur Et pour un coup
d’essai, c’est un coup de maître.
Rarement un titre aura été aussi bien
choisi. Du début à la fin, en effet, sous
des aspects différents, nous sommes
renvoyés, non seulement à l’univers des
cowboys, même si les personnages principaux sont bien français, mais aux références du western en tant que genre
cinématographique.
Le film débute en 1994, dans l’est de
la France, lors d’un festival de musique
country, ce genre de rassemblement où
vous passez pour un zombie si vous ne
portez pas votre stetson, votre veste à
franges et vos santiags, avec ou sans
éperons. Alain – François Damiens, aussi
convaincant que dans Suzanne – figure
importante de cette petite communauté,
monte sur scène pour interpréter un morceau puis danse avec sa fille Kelly, sous
le regard attendri de sa femme et de son
fils Georges, dit Kid. Mais quelques heures plus tard, alors que la fête touche à sa
fin, Kelly a disparu. La vie de cette famille
va basculer quand ils vont apprendre très
rapidement qu’elle est partie avec le garçon qu’elle aime, Ahmed, et qu’elle s’est
convertie à l’islam. Le père s’engage
alors dans une quête obsessionnelle à
laquelle participera son fils.
Thomas Bidegain ne cache pas les films
qui ont inspiré le sien. Hardcore de Paul
Schrader d’abord, dans lequel un père,
calviniste intégriste, retrouve la trace de
sa fille disparue dans le milieu du cinéma
pornographique. La Prisonnière du désert de John Ford ensuite, où le personnage raciste interprété par John Wayne
part à la recherche de sa nièce enlevée
par des Indiens. Cela dit, ces références
avouées n’empêchent pas Thomas Bidegain de réaliser une œuvre originale et
profonde. C’est un film populaire et ambitieux qu’il nous propose, démontrant
que l’on peut s’adresser au plus grand
nombre avec intelligence et délicatesse.
Les codes du western sont bien entendu
présents : héros solitaire, chevauchées
vers des horizons infinis, guet-apens des
Indiens, échange de squaws, calumet de
la paix, pistolets, arcs et flèches … Mais,
au-delà de ce cadre, ce que raconte Les
Cowboys, c’est l’histoire d’un homme
ordinaire, déterminé à retrouver sa fille,
mais totalement désarmé face à des
événements qui le dépassent. C’est également l’histoire d’un fils qui, alors qu’il
cherchait la reconnaissance de son père,
se trouvera lui-même en s’émancipant
des représentations binaires de celui-ci.
Il aura fallu pour cela passer des fausses évidences d’un cowboy à la pleine
conscience de la complexité du monde.
Le jeune Finnegan Oldfield, qui joue le rôle
du fils, tient parfaitement sa place auprès
de François Damiens, définitivement un
grand acteur à qui il ne reste plus qu’à
sélectionner ses rôles avec davantage
de rigueur. Quant à Thomas Bidegain, il a
franchi avec aisance l’écueil du « film de
scénariste », c’est-à-dire celui où l’histoire prend le dessus. Certes, l’histoire
qu’il nous raconte est forte, mais elle est
menée de main de maître par un réalisateur à part entière, qui devrait rencontrer
un succès public mérité.
AU-DELÀ DES MONTAGNES
DU 23/12 AU 12/01
Écrit et réalisé par JIA Zhang-ke
Chine 2015 2h06 VO (chinois surtout et
anglais) STF
avec Zhao Tao, Zhang Yi, Liang Jingdong, Dong Zijiang, Sylvia Chang...
Deux hommes aiment une femme. Elle
choisit. Et à travers l’histoire de ce trio,
dans les conséquences de leurs décisions, dans les chemins qu’ils empruntent et ceux qu’ils délaissent, c’est tout
le destin de la Chine d’aujourd’hui et de
demain, entre 1999 et 2025, qui nous est
raconté. Au-delà des montagnes allie la
beauté poignante d’un grand mélodrame et l’acuité d’un regard politique sur
son époque. On connaît son auteur, Jia
Zhang-Ke, 45 ans et déjà immense cinéaste, pour son habileté à jauger l’état
de son pays et de ses concitoyens. Ce
fut l’objet de tous ses films jusqu’ici,
tous plus remarquables les uns que les
autres, de Still life au récent A touch of
sin. Il y ajoute aujourd’hui une dimension
temporelle passionnante puisque son
récit s’étale sur deux générations, celle
du trio puis de sa descendance, et nous
conte l’itinéraire d’individus qui ont vu la
Chine passer de la promesse d’une libération à l’aveuglement capitaliste complet. Avec ce nouvel opus, Jia Zhang-Ke
réalise une fresque familiale entre passé
proche et futur imminent, aussi simple
que vertigineuse, aussi maîtrisée que
profondément émouvante.
L’histoire se déroule en trois chapitres.
Le premier se situe en 1999 dans la ville
de Fenyang, au nord du pays. La jeunesse chinoise danse alors sur le tube
« Go West » des Pet Shop Boys, scandé
comme un hymne à la liberté d’un Occident fantasmé. A la veille du 21ème
siècle, les feux d’artifices pétaradent de
toutes parts et la population s’impatiente
plus que jamais de basculer dans une
nouvelle ère, loin du régime autoritaire
encore au pouvoir. Tout oppose les deux
amis d’enfance qui courtisent la jeune
et belle Tao : Liangzi, au tempérament
réservé, est un ouvrier modeste; Zhang,
le flambeur, a investi dans une station
service lucrative. L’un trime à la mine,
l’autre déboule en berline rouge éclatant.
Tao hésite mais son choix est probablement davantage motivé par l’effervescence de l’époque que par l’écoute du
tréfonds de son coeur. En choisissant
Zhang, elle opte pour l’impératif d’une
rupture, pour la promesse du nouveau
millénaire. Liangzi a tout d’un homme
bon et attentionné, mais elle choisit le
plus ambitieux, le plus étincelant. Il se
révélera être le plus cupide aussi... Et
assez vite, ce choix inaugural irriguera
toute la vie de Tao du sentiment amer
d’être passée à côté de quelque chose.
Liangzi quitte la région pour faire sa vie
autrement, vers un sort de misère. Tao et
Zhang ont un enfant que le père tient à
prénommer Dollar (!)...
Les deuxième et troisième parties se déroulent respectivement en 2014 où s’ap-
profondit l’atomisation du trio d’amis
d’enfance, puis en 2025 pour un déracinement sobrement futuriste situé en
Australie, où Dollar connaîtra un sursaut
affectif et identitaire.
C’est un monde en proie à une graduelle
déshumanisation et au règne de l’argent
que nous peint Jia Zhang-Ke. Avec une
liberté formelle permanente, l’esthétique
même du film en témoigne : les couleurs franches du début laissent peu à
peu place à des teintes lissées, le cadre de l’image s’élargit progressivement
jusqu’à acculer les protagonistes dans
les recoins isolés de l’image. De même,
la narration se révèle d’une grande ingéniosité, en multipliant les ellipses, en
essaimant ses personnages avant de
mieux les retrouver. Plein d’empathie
pour eux, Jia Zhang-Ke revient sans
cesse sur le noyau de son histoire : l’inconsolable sensation que nous avions
toutes les cartes en main mais que quelque chose a raté. Certes, c’est bien de
la Chine que nous parle Jia Zhang-Ke.
Mais il faut bien reconnaître que ce sentiment, ainsi qu’une certaine marche du
monde, confère à son récit un caractère
d’universalité. Au-delà des montagnes
se déploie alors comme une fable intime
autant que politique, inquiète des imbrications que les mutations économiques
provoquent dans nos manières de vivre
et dans notre capacité à aimer. Et s’épanouit la beauté d’une mélancolie exprimée, noire et lyrique à la fois.
LE PONT DES ESPIONS
DU 30/12 AU 19/01
(BRIDGE OF SPIES)
Réalisé par Steven SPIELBERG
USA 2015 2h22mn VOSTF
avec Tom Hanks, Mark Rylance, Scott
Sheperd II, Amy Ryan, Sebastian Koch,
Alan Alda...
Scénario de Matt Charman, Joel et
Ethan Coen.
Avec Le Pont des espions, une histoire de
prisonniers russes et américains échangés pendant la guerre froide, le cinéaste
célèbre une délivrance qui est d’abord
la sienne… Paralysé par la reconnaissance tous azimuts dont il est l’objet, et
qui a culminé avec la sortie de Lincoln
fin 2012, le réalisateur a depuis passé
son temps à hésiter entre différents projets de films, pour mieux y renoncer. Il a
même enterré « Robopocalypse », une
superproduction futuriste qu’il présentait,
pendant la promotion de Cheval de guerre (2011), avec un sourire amusé et une
formule clé en main : « Du popcorn avec
un message dedans ». C’est donc finalement Le Pont des espions qu’il a jugé
possible d’emprunter, sans doute rassuré par la formule, plus sage, de ce film
qui délivre un grand et beau message,
avec juste un peu de popcorn dedans.
Le premier plan, superbe et saisissant,
montre un homme qui semble avoir
trois visages : le sien, celui qu’un miroir
lui renvoie et celui de l’autoportrait qu’il
est en train de peindre… Cet artiste est
un espion. Une superbe scène de filature le confirme, dans le New York de
1957, jusqu’à l’arrestation de cet étrange
Russe prénommé Abel (Mark Rylance).
S’ouvre alors vraiment un scénario touffu, co-écrit par les frères Coen, avec un
certain sens de la paranoïa et quelques
pointes d’humour en contrebande. Pour
faire condamner à mort Abel (comme
les époux Rosenberg, qui finirent sur la
chaise électrique en juin 1953, accusés
d’espionnage au profit de l’URSS), l’Etat
américain veut mettre les formes et lui
paye donc un avocat commis d’office.
Mais ce James Donovan (Tom Hanks),
bon père de famille spécialisé dans les
problèmes d’assurance, décide de pousser l’illusion de justice jusqu’à l’épreuve
de vérité : pour faire respecter les droits
de son client, il devient le plus brillant,
le plus courageux des négociateurs, haï
par ses concitoyens, mais droit dans ses
principes. Et c’est lui que la CIA vient
chercher en secret, quand un de ses
agents tombe aux mains des Russes,
pour tenter un grand marchandage…
Parce qu’elle est vraie, l’histoire de James
B. Donovan (1916-1970) donne matière
à bien plus qu’un simple film d’espionnage. A travers cet homme ordinaire en
mission secrète, c’est une certaine idée
de l’engagement qui est mise en exergue, en même temps que de grandes
valeurs (liberté, justice) se transforment
en actes. Cette partition est évidemment
parfaite pour Spielberg, qui peut ici fai-
re vibrer sa fibre humaniste… Avec son
ami Tom Hanks, lui-même dans un rôle
idéal, il donne à ce Pont des espions la
tonalité et la tenue d’un cinéma classique, enveloppant, d’une sobre élégance.
[…] Le film, dans ses bonnes intentions
comme dans sa réalisation, frôle toujours
la convention, mais y résiste aussi le plus
souvent. La force du plan d’ouverture
n’est, en effet, jamais perdue tout au long
du Pont des espions, qui est bel et bien
un autoportrait, non pas d’Abel, mais de
Spielberg lui-même. Entre le prisonnier
et l’avocat, un échange nourrit une sorte
de gag à froid, qui revient à plusieurs reprises. « Vous n’avez pas peur ? », demande l’Américain au Russe, qui joue
sa tête sans jamais perdre son calme et
répond avec une autre question : « Cela
aiderait ? ». Spielberg est alors, bien sûr,
du côté de Tom Hanks et de Donovan :
il est l’homme qui a peur que les choses
tournent mal, que la justice ne soit pas
rendue, qu’elle oublie d’autres hommes,
prisonniers des guerres, froides ou pas,
qui se jouent par-dessus eux, au mépris
de leur vie. Et si le sang-froid du Russe
laisse l’Américain sans voix, le film répond pour lui : oui, avoir peur, ça aide.
Avoir peur, c’est penser aux autres, c’est
s’engager. Pour ce portrait de Spielberg
en homme inquiet, Le Pont des espions
est, dans une carrière spectaculaire, un
moment secrètement essentiel.
(Télérama)
SEUL SUR MARS
DU 16 AU 29/12
Réalisé par Ridley Scott
USA 2015 2h21 VOSTF
Avec Matt Damon, Jessica Chastain,
Mackenzie Davis, Sean Bean, Naomi
Scott, Chiwetel Ejiofor...
Scénario de Drew Goddard, d’après
l’oeuvre de Andy Weir
La semaine où la Nasa annonce avoir
trouvé de l’eau à l’état liquide sur Mars,
Ridley Scott sort son nouveau film aux
Etats-Unis, dans lequel un astronautebotaniste, abandonné par son équipage,
se construit un potager sur la planète
rouge, en attendant un hypothétique
sauvetage. La coïncidence laisse songeur sur la puissance du marketing hollywoodien. La Nasa n’a plus les moyens
d’envoyer autre chose qu’un minuscule
robot sur Mars ? Qu’à cela ne tienne,
Hollywood déroule sa collection de space movies pour jouer le rôle euphorisant
et patriotique que l’agence spatiale endossait dans les années 1960, du temps
des missions Apollo.
Peu importe que Seul sur Mars pioche
allègrement dans le scénario de Gravity
et dans la distribution d’Interstellar (Matt
Damon et Jessica Chastain). Seul compte le voyage dans l’espace, le « trip » visuel. Et il faut reconnaître qu’en matière
de spectacle rien ne manque au cahier
des charges : ni les décors grandioses
(du désert jordanien), ni l’humour noir
et l’autodérision d’un Matt Damon plus
charmeur que jamais. A 77 ans, sir Ridley Scott est bien le patron du film de
science-fiction.
Ironie du sort : celui qui a bâti sa carrière
en faisant de l’espace l’endroit le plus
anxiogène de l’univers avec Alien — qui
reste encore, après 2001 : l’Odyssée de
l’espace, la référence absolue du genre
— revient à ses amours de jeunesse avec
un feel good movie où un néo-Robinson
Crusoé fait pousser des patates sur le
sol martien, fertilisé avec ses propres
excréments lyophilisés. La fin heureuse
ne fait évidemment aucun doute, en dépit des légitimes difficultés rencontrées
par le « Martien » pour survivre pendant
les nombreuses années nécessaires à
ses camarades pour faire demi-tour. Les
Etats-Unis n’ont jamais abandonné un
de leurs soldats, c’est bien connu. Entre
deux séances de jardinage cosmique,
on assiste aux réunions de crise dans les
bureaux de la Nasa avec leur palette de
personnages aussi invraisemblables que
savoureux : le geek qui résout l’équation
magique sous caféine, le chef bricoleur
chargé d’imaginer le retour de la navette
avec des maquettes. L’absence notable
du traditionnel traître ou de l’agent double est le signe d’un optimisme assumé.
Comme l’est un certain pragmatisme
géopolitique qui fait de la Chine, avec
ses ingénieurs aérospatiaux, l’alliée indispensable de la Nasa. Eloge naïf de la
collaboration internationale, seule capable de couronner de succès une mission
impossible sur le papier. Ou habile tentative de Hollywood pour séduire le gigantesque marché chinois, nouvel eldorado
des blockbusters ?
Jérémie Couston pour Télérama
BLADE RUNNER
DU 23/12 AU 5/01
Réalisé par Ridley SCOTT
USA 1982 1h57mn VOSTF
avec Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean
Young, Daryl Hannah, Joanna Cassidy,
Edward J. Olmos, M. Emmet Walsh,
William Sanderson, Brion James, Joe
Turkel...
Scénario de Hampton Fancher et David Peoples, d’après le roman de Philip K. Dick, Les Androïdes rêvent-ils de
moutons électriques ?.
VERSION DÉFINITIVE FINAL CUT
COPIE NUMÉRIQUE RESTAURÉE.
Ceci est donc la version définitive de
Blade Runner, peaufinée en 2007 par
Ridley Scott, et présentée pour la première fois en copie numérique. Il faut
rappeler que le film avait été modifié au
dernier moment à l’époque de sa sortie,
en 1982, par crainte de trop bousculer
les petites habitudes des spectateurs
américains. Scott avait donc ajouté la
voix off de Harrison Ford qui explicitait
les méandres de l’intrigue, ainsi qu’un
dénouement qui imposait une improbable happy end. Escamotée la voix off,
balancé le happy end, l’œuvre prend
toute sa dimension, visionnaire, prophétique, et profondément tragique.
À l’heure où on attend avec une inquiétude légitime un opus deux, les aficionados qui ont vu le film dix huit fois dans
ses différentes versions le verront une
dix-neuvième, les nouveaux venus seront subjugués pour le compte et viendront grossir les rangs des adorateurs de
Blade Runner.
Blade Runner est d’une beauté visuelle
exceptionnelle, qui vous frappe dès les
premiers plans : la ville, véritable monstre grouillant et fumant… Et puis il y a
deux acteurs magnifiques (entre autres),
au summum de leur charisme : Harrison
Ford et Rutger Hauer… Et puis… Et puis
c’est formidable et voilà tout !
Séance exceptionnelle le mardi 15 décembre à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l’Aumône
autour de la résistance des paysans aux grands travaux inutiles en présence de Michèle Roux, paysanne en Dordogne sur une ferme en polyculture élevage (vignes, élevage laitier), secrétaire nationale
de la Confédération paysanne et administratrice de la FADEAR (Fédération des Associations pour le
développement de l’emploi agricole et rural).
Soirée organisée par les Amis de la Confédération Paysanne avec le soutien d’Europe Ecologie les Verts, le Parti de Gauche et le NAP
LE DERNIER CONTINENT
Réalisé par Vincent Lapize
agricoles en lieu et place des anciennes.
documentaire France 2015 1h15
Musique géniale de Pierre-Laurent Bertolino du collectif Dupain.
Là est l’intérêt du documentaire de Vincent Lapize qui s’est immergé durant
deux ans dans la ZAD : nous faire découvrir comment, dans des conditions
hostiles, on parvient avec des gens d’horizons sociaux, d’âges et d’origines très
différents à construire une utopie collective devenue concrète. Cadres ayant
envie de faire un pas de côté, jeunes en
quête de sens, mères de famille en rupture, agriculteurs conquis par une autre
manière de voir leur métier que celle imposée par les marchands de pesticides
et le Crédit Agricole, tout ce petit monde
coexiste, parvient à trouver des instances de décision collectives, organise la
vie au quotidien et la résistance toujours
nécessaire quand les gendarmes mobiles et les pelleteuses pointent leur nez.
Sans jamais tomber dans l’angélisme,
le film de Vincent Lapize nous donne à
voir des pistes de réflexion et d’espoir
bien au delà du problème de Notre-Dame-des-Landes qui donnent chaud au
cœur dans ces périodes de désarroi politique.
Le film commence comme un rêve
éveillé - celui d’un homme qui s’enfonce
dans la forêt et découvre des habitations de fortune certaines juchées dans
les arbres et où semble régner un bonheur simple et ascétique. Bienvenue à
Notre Dame des Landes. Pour ceux qui
seraient coupés de toute source d’information depuis quarante ans, Notre
Dame des Landes est ce charmant coin
du bocage nantais où les élus locaux et
les gouvernements successifs se sont
mis en tête, au mépris de toute logique
économique, écologique et sociale, de
construire le méga-aéroport dont le développement de Nantes et sa région ne
saurait à leur sens se passer. Là que
depuis quelques années, des résistants
ont installé sur les zones déjà expropriées une ZAD (Zone à Défendre), où
ils ont construit de bric et de broc des
espaces de vie et de micro productions
Le mot des Amis de la Confédération
Paysanne
La FADEAR a pour vocation de promouvoir l’Agriculture paysanne, antithèse de
l’agriculture agro-industrielle productiviste. Elle est née de la réflexion des
paysans de la Confédération Paysanne
et propose des solutions afin que des
paysans nombreux vivent de leur travail et en retrouvent le sens : «Produire
pour nourrir et non produire pour produire».
On trouve le terme d’Agriculture paysanne dans un acronyme maintenant
répandu : les AMAP (Associations pour
la Maintien de l’agriculture paysanne).
Cet outil doit permettre aux paysans
d’avoir une vision d’ensemble de leur
travail et de leur place dans la société. Il s’adresse à tous ceux qui veulent
s’installer ou changer de pratique : des
paysans plus autonomes, fiers de la
qualité de leurs produits et du lien développé avec les consommateurs et les
acteurs du monde rural, innovant pour
préserver la nature et transmettre leurs
fermes aux générations futures.
LE GRAND JEU
DU 16/12 AU 5/01
Écrit et réalisé par Nicolas PARISER
France 2015 1h39
avec Melvil Poupaud, André Dussolier,
Clémence Poésy, Sophie Cattani, Antoine Chappey...
Melvil Poupaud incarne parfaitement un
quarantenaire assez bien fait de sa personne, Pierre Blum, un écrivain en panne
habitué aux mondanités. De ces garçons
classieux, un peu vains mais charmants,
qui hantent les salons et dont on se demande à quoi ils croient, à quoi ils jouent,
éventuellement à quoi ils servent… Encore drapé dans l’aura de l’instant de
gloire remporté lors du succès littéraire
de son premier et unique roman – publié dix ans auparavant, ça commence
à dater –, il semble devoir glisser irrémédiablement dans l’oubli. Peu à peu
les étoiles du passé s’éteignent et briller
en société devient de plus en plus aléatoire. De fait tout et tous peu à peu le
lâchent, à commencer par sa dulcinée,
lassée d’attendre qu’il devienne enfin
l’auteur à la carrière prolifique dont on
pouvait rêver après ses débuts prometteurs. Le cynisme élégant derrière lequel
il tente de camoufler sa durable vacance
ne fait plus trop illusion. Le voilà destiné
à retourner au plus triste anonymat, in-
carné par le studio minuscule qu’il est
contraint d’intégrer, loin du strass, des
paillettes et des humains, sans doute
condamné à se désocialiser lentement.
C’est dans cet état d’esprit de chien
désabusé qu’il est abordé un soir, sur
la terrasse d’un casino, par un étrange
personnage qui semble en savoir long
sur lui. Joseph Pasquin (campé par l’impeccable André Dussolier) est trop poli
pour être complètement honnête. Sa
mise soignée, son affabilité à l’ancienne,
ses sourires insistants peinent à camoufler le regard d’acier qui darde sous ses
cheveux blancs : un œil acéré qui scrute, déshabille, jauge ses interlocuteurs.
Parfois, sans crier gare, son visage se
referme et devient alors plus impénétrable qu’un centre d’interrogatoire. Pierre
d’abord se méfie et essaie de se montrer
distant. Mais rien n’y fait ! Non seulement
Joseph est pugnace mais il sait comment
appâter l’écrivain à la dérive. À force de
flatteries, de propositions alléchantes, il
obtient que Pierre entre dans son jeu et
accepte une étrange commande qui peut
lui permettre de renflouer ses finances
mais aussi de remettre incognito un pied
à l’étrier après son interminable panne
d’inspiration. Pierre finit par accepter et
presque à s’attacher à cet homme qui
l’intrigue. Le voilà donc en charge de
donner du style et de la crédibilité à un
ouvrage sensé semer le désordre dans le
grand jeu politique, jusqu’à redistribuer
les cartes du pouvoir. Il devient ainsi le
rouage fragile d’un complot pour le moins
hasardeux et nébuleux, aux enjeux incontrôlables et de plus en plus inquiétants.
Tandis que le commun des mortels préfèrerait sagement cultiver ses salades,
voilà nos compères en train de jouer aux
apprentis sorciers, au risque de se mettre
en péril. Car peu à peu la vision de Joseph
se brouille, ses mystérieux appuis se dérobent et il semble maîtriser à grand peine les règles du jeu alambiqué qu’il a lui
même initié. De moins en moins serein, il
se sent menacé et on ne sait si ses craintes sont fondées ou s’il tombe dans une
étrange paranoïa. En tout cas il y entraîne Pierre qui part se mettre au vert chez
une bande de gauchistes qui, eux, ont la
sagesse de les cultiver, leurs salades !
Inspiré d’affaires et de faits divers plus
ou moins récents, troubles et non résolus (les affaires Tarnac et Boulin entre
autres), Le Grand jeu impose une voix et
une manière tout à fait originales dans le
cinéma français actuel. Préférant la carte
du romanesque à celle du film-dossier
réaliste et documentaire, il crée un univers aussi prenant qu’inquiétant, avec un
sens aigu de l’atmosphère et des dialogues ciselés. Le débutant Nicolas Pariser
s’inscrit sous le patronage de Balzac et
de Chabrol : on a connu plus mauvaises
influences… et il ne les trahit pas. C’est
un beau compliment.
LOLO
DU 23/12 AU 5/01
Écrit et réalisé par Julie Delpy
France 2015 1h39
avec Vincent Lacoste, Julie Delpy, Dany
Boon, Karin Viard...
En thalasso à Biarritz avec sa meilleure
amie, Violette, quadra parisienne travaillant dans la mode, rencontre Jean-René, un modeste informaticien fraîchement
divorcé. Après des années de solitude,
elle se laisse séduire. Il la rejoint à Paris,
tentant de s’adapter au microcosme parisien dans lequel elle évolue. Mais c’est
sans compter sur la présence de Lolo, le
fils chéri de Violette, prêt à tout pour détruire le couple naissant et conserver sa
place de favori… Lol aux stéréotypes. Les
personnalités de Lolo sont à l’image donnée par ses comédiens vedettes depuis
des années. Julie Delpy en gourou de la
mode parisienne, le langage cru et vrai,
avec sa copine Karin Viard, prédatrice indomptable, revient à la réalisation après
2 Days in Paris et 2 Days in New York.
Cette fois-ci elle relate son coup de foudre avec un provincial un peu tendre et
benêt (Dany Boon !) que son fils à l’écran,
Vincent Lacoste, aussi cynique que dans
JC comme Jésus Christ, va essayer
d’écarter de sa vie de la façon la plus
machiavélique possible… Les univers
contraires se côtoient dans Lolo, par op-
portunisme commercial, peut-être, mais
avec complémentarité, certainement.
La crudité indie, mais toujours bienveillante, de Delpy parvient à rendre
acceptable la présence iconoclaste de
Dany Boon que l’on ne s’attendait pas à
retrouver dans son monde arty et bobo
où se croisaient surtout jusqu’alors de
vieux routiers de Mai 68 et des New-yorkais un peu névrosés au flow intarissable.
Mais le portrait de brave type qu’incarne
Boon depuis Bienvenue chez les Ch’tis,
colle en fait plutôt bien à la peinture
beauf voulue par l’auteure. Alors pourquoi pas ? Quant à l’étiquette de « petit
con » que Lacoste aime se coller au front
depuis Les Beaux gosses, elle permet à
l’acteur capable d’écarts remarquables
(Hippocrate), et que l’on déjà vu chez Delpy (Le Skylab), d’inviter le teen movie à la
française, décalé et verbal, et de le mêler
aux affaires des grands avec l’insolence
sardonique de sa génération acerbe.
Dans cette farce sur la famille recomposée, accessible à tous, Julie Delpy vise
un public plus large qu’auparavant, audelà de la présence de Dany Boon, de
par des situations de comédie à rebondissements rocambolesques qui vont
multiplier les fous rires collectifs dans
les salles. Le ton est à la bonne humeur
communicative et l’énergie est débordante, tout ici désopile, des premiers
instants girlie et bitchy, au final parodiant
de près le Tanguy de Chatiliez qui aurait
rencontré le Damien de La Malédiction.
Bref, Lolo, c’est un peu le mariage pour
tous, celui de toutes les comédies, un divertissement généreux qui assoit un peu
plus le talent d’écriture de Julie Delpy qui
peaufine les dialogues truculents, avec
une spontanéité feinte qui caractérise
son style.
(Frédéric Mignard, avoir-alire.com)
MY SKINNY SISTER
DU 16/12 AU 5/01
Écrit et réalisé par Sanna LENKEN
Suède 2015 1h35 VO (suédois et anglais) STF
avec Rebecka Josephson, Amy Deasimont, Annika Hallin, Henrik Norlén,
Maxim Mehmet...
Vous n’êtes pas prêts d’oublier la gouaille
et la bouille joufflue de la rouquine Stella,
épatant personnage de collégienne amenée à basculer trop vite dans l’âge adulte
alors qu’elle est loin d’en avoir fini avec
l’enfance. Stella a 12 ans et c’est une
pré-ado comme bien d’autres: grande
gueule, un peu trop boulotte, pas assez
conforme aux modèles imposés pour
être à la fois la fille populaire et celle qui
attire les regards des garçons. Et comme bien d’autres encore, elle souffre du
syndrome bien connu de la petite sœur,
celle qui grandit à l’ombre de la grande,
d’autant que Katya, son aînée, a comme
on dit tout pour elle: grande et svelte, un
visage de nymphe scandinave, elle s’est
en plus hissée, à force de travail opiniâtre, au rang d’espoir local du patinage
artistique, un sport prestigieux entre tous
dans son pays, un sport auquel elle sacrifie tout son temps libre et l’essentiel de
son énergie, aux côtés de son entraîneur
étranger qui fait rêver la môme Stella, en
vain bien sûr...
Tout pourrait continuer ainsi, dans cette
espèce de déséquilibre familial harmonieux où chacun trouve finalement sa
place, cahin-caha, malgré petites bisbilles et menues jalousies... Mais on sent
bien, dans le volontarisme forcené de la
patineuse, sa soif perpétuelle d’exercice,
ses obsessions culinaires que s’installe
un malaise de plus en plus palpable.
My skinny sister, au titre évocateur même
pour l’anglophile balbutiant (skinny =
maigre), pose un très beau regard sur un
fléau qui touche des millions d’adolescentes, leur famille, leurs amies : l’anorexie, une maladie qui s’accompagne le
plus souvent du terrible déni de l’intéressée, laquelle finit par se couper du reste
du monde, parfois avec agressivité, toute
à son obsession morbide. Il montre aussi
à quel point les proches ne se doutent
pas de la gravité de la situation jusqu’au
jour, souvent tardif, où la maladie a fait
des ravages profonds, tant physiologiques que psychologiques.
Tout cela est traité avec une grande
authenticité, une grande justesse et on
n’est pas du tout étonné que la réalisatrice déclare « avoir une expérience personnelle des troubles alimentaires... Mais ce qui est très beau dans My skinny
sister, c’est qu’il échappe avec grâce au
film à thèse sur l’anorexie pour s’épanouir en une très belle et très délicate
chronique de l’amour entre deux sœurs
et des tourments de l’adolescence. Avec
ses moments bouleversants mais aussi
ses moments extrêmement drôles et impertinents, à l’image de l’imprévisible et
craquante Stella. On rit de bon cœur à
l’audace de la gamine qui drague ouvertement le prof de patinage de sa sœur à
qui elle dédie des poèmes licencieux. Et
face au désarroi des parents qui, entre
coercition et dialogue, ne savent plus
quoi faire pour enrayer la spirale infernale dans laquelle s’enferme leur fille aînée,
c’est bien leur irréductible benjamine qui,
avec son énergie et son appétit de vivre,
va peu à peu sauver Katya, envers et
contre tout, et d’abord envers et contre
elle-même...
L’HERMINE
JUSQU’AU 11/01
Ecrit et réalisé par Christian VINCENT
France 2015 1h38
avec Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen, Chloé Berthier, Corine Masiero, Miss
Ming, Aurore Clément...
Festival de Venise 2015 – Prix d’interprétation pour Fabrice Luchini
et Prix du meilleur scénario
Il y a les retours à Ithaque. Et puis il y a
plus court : les retours vers l’amour. Avec
là aussi des embûches et des obstacles,
avec d’interminables silences et des
grandes plages de solitude. Mais quand
la fin du voyage annonce les premiers
pas sur des terres inexplorées qui promettent la lune, c’est encore plus beau
qu’une Odyssée...
Beau, le film de Christian Vincent l’est
assurément, pas d’une beauté plastique, pas d’une beauté classique, d’une
beauté humaine, terriblement bouleversante parce que terriblement simple. Et
si l’on est autant touché au cœur, presque malgré nous, c’est parce que cette
humanité qui se révèle, qui se dévoile,
qui veut se cacher, qui ne peut se soustraire... se manifeste dans un lieu a priori
peu propice : une cour d’assise. C’est la
très bonne idée de L’Hermine : choisir
ces murs promis aux histoires les plus
sordides, ou les plus douloureuses, ou
les plus pathétiques pour y faire naître de
la grandeur d’âme, de la dignité, du sentiment amoureux.
Mais c’est aussi un film à double facette : à la fois le portrait d’un homme
complexe qui semble blasé et revenu
de tout (et quand l’homme en question
est interprété par un Fabrice Luchini au
meilleur de sa forme, c’est déjà en soi
toute une aventure) et le récit captivant
d’un procès. L’équilibre entre l’intime et
le judiciaire, entre l’affectif et le social,
est toujours savamment dosé, sans que
l’un prenne le pas sur l’autre, et les deux
finissent par se nourrir, se répondre, s’interroger au fil d’une mise en scène qui
semble être d’une simplicité limpide mais
qui est en réalité aussi complexe qu’une
partition symphonique.
Et ce qui ne gâche rien, tout est conté
avec une telle délicatesse, avec tant
d’humour en filigrane que ce qui pourrait
être plombant ne l’est jamais, car toujours allégé par un soupçon de fantaisie.
Même dans les scènes les plus difficiles
– c’est un infanticide que juge ce procès
d’assises –, Christian Vincent s’en tire
toujours avec intelligence et panache et
ne tombe pas dans le panneau d’un cinéma platement réaliste : tous ses personnages, dans le box, sur le banc des
accusés ou parmi les jurés, existent bien
plus par leur tempérament que par leur
déterminisme social.
Michel Racine est un Président de cour
d’assises redouté. Aussi dur avec lui
qu’avec les autres, on l’appelle « le Président à deux chiffres » parce qu’avec lui,
on en prend toujours pour dix ans minimum. Un nouveau procès commence
et Michel a la grippe, autant dire que ça
n’arrange pas vraiment son tempérament
naturel qui n’est pas des plus avenants,
ni des plus joyeux. En même temps, le
Président Racine n’est pas là pour se
marrer. Les mauvaises langues pensent
que c’est un emmerdeur gris, aigri, sans
amis. En même, temps, le Président Racine n’est pas là pour discuter le bout de
gras.
C’est un nouveau procès, pas vraiment
banal mais dont le déroulé va se faire
suivant une procédure parfaitement huilée que le Président Racine mène comme un chef d’orchestre, avec un sens du
rythme, de la répartie, et ce petit truc en
plus qui n’appartient qu’à lui. Mais une
femme (c’est l’irrésistible Sidse Babett
Knudsen), venant d’une plage lointaine,
a rapporté dans les plis de sa robe de
dentelles quelques grains de sable…
exactement le genre d’imprévu que Michel Racine n’avait pas anticipé.
PETIT-DÉJEUNER DÉCOUVERTE DIMANCHE 10 JANVIER
EN PRÉSENCE DU RÉALISATEUR ALEXANDER NANAU
à partir de 10h45 à Utopia Saint-Ouen (rendez-vous au café Stella à 10h45, séance à 11h15)
LE CONCEPT : à vous les croissants, à nous le café, thé et jus de fruits Tarif unique : 3,50 euros
TOTO et ses soeurs
DU 6 AU 19/01
Film documentaire écrit et réalisé par
Alexander NANAU
Roumanie 2015 1h33 VOSTF
avec l’incroyable Totonel et ses sœurs
Andrea et Ana...
Grand Prix,
Festival Premiers Plans d’Angers
Grand Prix, Festival International du
Film des Droits de l’Homme de Paris
Ça commence par une séquence qui
aurait pu figurer en bonne place dans
Les 400 coups de François Truffaut ou
dans Zazie dans le métro de Louis Malle,
ces deux bijoux de la Nouvelle Vague
dont les héros sont des enfants. Un
enfant escalade un muret pour chaparder une pomme, hélé par sa sœur qui
s’inquiète pour lui. La suite sera moins
champêtre mais non moins formidable,
en tout cas aussi bouleversante que revigorante. Il faut dire qu’on est ici bien
loin des faubourgs parisiens populaires
et insouciants des années 1960 où évoluaient Antoine Doinel et Zazie. Toto, le
gamin chapardeur de pommes (son prénom entier est Totonel), vit dans une des
banlieues misérables de Bucarest où
s’entassent les familles roms, dans des
logements sociaux en partie à l’abandon. On comprend vite que la mère a été
incarcérée il y a déjà plusieurs années
pour trafic de drogue et depuis, Toto et
ses sœurs Andrea et Ana, l’aînée, survivent tant bien que mal dans un appartement au confort minimal, sous la « surveillance » d’oncles qui sont d’affreux
junkies n’hésitant pas à se piquer devant
les enfants.
Ce qui est tout à fait fascinant, c’est
qu’au vu des situations, on met du
temps à se rendre compte que nous ne
sommes pas dans une fiction mais bien
dans un documentaire, ce qui démontre
le degré d’intimité incroyable que le réalisateur Alexander Nanau (Allemand née
en Roumanie) a su construire avec ses
protagonistes pour faire accepter à ce
point sa caméra dans des circonstances
parfois extrêmement délicates. Et alors
que le contexte aurait pu tirer le film vers
un misérabilisme plombant, tant ce que
subissent les enfants nous paraît violent,
c’est tout le contraire qui se produit :
Toto et ses sœurs est un film lumineux et
plein d’espoir, une véritable ode à la vie
même quand elle semble vaciller, grâce à
l’énergie de ses deux jeunes héros, Toto,
toujours plein de rire et d’amour pour
ses sœurs, et Andrea, la cadette prête à
tout bien qu’analphabète pour sauver sa
fratrie de la misère et de la toxicomanie.
Grâce aussi à l’énergie des éducateurs,
des professeurs, qui déploient, avec les
moyens du bord, des trésors de compréhension, de patience, pour sauver ces
enfants perdus.
Ce long et difficile chemin vers la lumière
est truffé de scènes magnifiques : celle
où la cadette de 15 ans tente de sauver
son aînée prostrée dans un appartement
en plein chaos, ou encore les retrouvailles compliquées avec la mère éloignée par la prison. Au-delà de la force
de ses personnages, le film d’Alexander Nanau brille aussi par ses audaces
de mise en scène, notamment par ses
changements de dispositifs filmiques :
dans des moments d’intimité qui excluent la présence d’un regard extérieur,
la caméra a été confiée à Andrea pour
atteindre encore plus d’authenticité ; une
autre fois, le réalisateur intègre des archives de la police montrant la perquisition que subit la famille... Impressionnant
dans sa manière d’appréhender le réel
pour en faire une construction narrative
palpitante, Toto et ses soeur a bien mérité la moisson de prix récoltés dans de
nombreux festivals en Europe : Angers
et Paris cités plus haut, mais aussi Varsovie, Sarajevo, Leigpzig, Zurich...
FILM PROGRAMMÉ UNE SEULE SEMAINE
IXCANUL
amoureuse furtive avec Pépé, un jeune
homme qui comme des milliers de ses
compatriotes rêvent de l’autre Amérique,
celle de l’autre côté comme il dit… mais il
oublie qu’entre les États-Unis prospères
et lui, il y a le Mexique et tous les dangers
de la longue route de l’immigration. Maria
quant à elle, habitée par la soif de liberté
DU 30/12 AU 5/01
et l’envie d’ailleurs, ignore tous les obstacles et veut coûte que coûte partir… se
Écrit et réalisé par
donner pleinement à Pepe (ce qu’elle fait
Jayro BUSTAMANTE
d’ailleurs lors d’une très belle scène) et
vivre sa vie… Mais la réalité sera cruelle,
Guatemala 2015 1h31mn VOSTF
avec Maria Mercedes Coroy, Maria Telon, les hommes seront toujours les hommes avec leur lâcheté et leur égoïsme…
Manuel Antun, Justo Lorenzo...
Ours d’Argent, Festival de Berlin 2015
• Grand Prix, Festival du Cinéma
d’Amérique latine de Biarritz 2015.
Dès la première séquence, on est saisi
par la beauté et la puissance de ce visage de jeune fille pris en plan serré alors
que les mains de sa mère tressent ses
cheveux et les ornent de fleurs. Un regard sombre et empreint de tristesse,
peut être de résignation… On découvre
ainsi Maria, jeune paysanne qui vit sur
les contreforts d’un volcan des hauts
plateaux guatémaltèques et que sa famille a promise au propriétaire terrien du
coin… Maria vit dans une famille pauvre
de paysans saisonniers, lointaine descendante des prestigieux Mayas, réduits
à être des Indiens indigènes dans un
pays désormais exclusivement dominé
par les héritiers des conquistadores espagnols… Des paysans si pauvres, vivant chichement de leur travail sur les
plantations de café, qu’ils ne peuvent
refuser le mariage arrangé pour leur fille.
Mais derrière le visage marmoréen de
Maria, qui ne montre ni satisfaction ni
révolte, il y a en secret la ferme détermination de ne pas se laisser piéger par le
destin qu’on lui a promis. Maria veut partir au-delà du volcan, loin, très loin, pour
échapper à ce déterminisme qui veut
l’enfermer. Et elle entretient une relation
Le jeune réalisateur guatémaltèque Jayro
Bustamante, qui a longtemps vécu en
France, signe là un magnifique retour
au sein de son peuple, très rarement représenté à l’écran. C’est une splendide
peinture naturaliste de la vie paysanne
(on pense par exemple à une des premières scènes qui montre un verrat que l’on
saoule au rhum pour le pousser à saillir
la truie), une étude sans complaisance
des croyances ancestrales qui peuvent
paraître absurdes, telle celle qui voudrait
qu’une femme enceinte fasse fuir les ser-
pents… Jayro Bustamante nous donne
une vision terriblement lucide de la situation de ses frères et sœurs indigènes,
considérés comme des citoyens de seconde zone, comme dans cette séquence
terrible où la famille doit se rendre aux urgences à la ville et où elle est traitée avec
indifférence, voire mépris, du fait de sa
méconnaissance de la langue espagnole.
Ce premier long métrage témoigne d’une
maîtrise remarquable du cadre, aussi
bien dans les scènes d’extérieur qui magnifient le volcan que dans les scènes
d’intérieur, filmées en plan serré dans
une lumière parfois irréelle, comme dans
ce passage extrêmement tendre et sensuel où la mère s’occupe de sa fille au
bain dans les volutes de fumée. Si le film
dégage une telle force, une telle authenticité, il le doit notamment au jeu des
acteurs – pour la plupart non professionnels et presque tous mayas : le film est
d’ailleurs essentiellement parlé en maya
cakchiquel – et tout particulièrement de
Maria Mercedes Coroy, dont le réalisateur a su pendant de longues semaines
dompter la pudeur et la timidité pour arriver à ce merveilleux résultat…
AVANT-1ÈRE LE MARDI 29/12 à 20h30 à UTOPIA St-Ouen l’Aumône:
PRÉCÉDÉE D’UNE SOIRÉE CRÊPE AVEC LULU dès 19h00 au Stella Café
FORMULE 12 euros : Film+ Galette salée + salade + crêpe sucrée
(prévente vivement conseillée dès le 9/12)
ET TA SOEUR ?
ET À PARTIR DU 13/01
Écrit et réalisé par Marion VERNOUX
France 2015 1h35
avec Virginie Efira, Géraldine Nakache,
Grégoire Ludig...
D’après le scénario de Lynn Shelton
pour son film Ma meilleure amie, sa
sœur et moi
C’est un cas de figure assez rare : Marion Vernoux s’attaque ici au remake d’un
film américain indépendant, un film qu’on
avait bien aimé d’ailleurs, sorti discrètement en plein été 2013: Ma meilleure
amie, sa sœur et moi de Lynn Shelton,
un trio amoureux un peu paumé, avec un
garçon dépressif affublé d’une meilleure
amie, qui croise un peu par hasard la
sœur a priori lesbienne de la dite meilleure amie lors d’une retraite hivernale sur
une île passablement déserte... Marion
Vernoux, dont on a présenté il y a deux
ans l’excellent Les Beaux jours, chroni-
que du réveil à la vie d’une jeune retraitée
incarnée par Fanny Ardant, a respecté
assez scrupuleusement le scénario
américain mais l’a évidemment adapté
à notre géographie nationale. On se retrouve donc au début du film dans un
Brest nocturne, automnal et fatalement
pluvieux, lors d’une soirée où l’on rend
hommage à un homme prématurément
disparu, le frère de Pierrick, lequel frère
était l’ancien fiancé de sa meilleure amie,
Tessa. Tout le monde y va de son souvenir ému jusqu’à ce que Pierrick casse
l’ambiance en présentant son frère comme un fieffé salaud repenti. On découvre
ainsi ce personnage brisé et en colère,
qui traîne sa déprime avec une bonne
dose d’alcoolisme. Face à la situation,
Tessa, un tantinet désespérée de l’état
de son ami, lui propose de se mettre au
vert dans une maison de famille inhabitée sur l’île sauvage de Molène. Faute de
mieux, il s’exécute et débarque en plein
milieu de la nuit par un temps... comment
dire... épouv... breton. Surprise : il découvre derrière la baie vitrée une jolie blonde
fort dévêtue, et manque de se ramasser
un coup de pagaie par la jeune femme
qui a la trouille de sa vie devant cette apparition inattendue. C’est Marie, la sœur
de Tessa, qui est venue passer quelques
jours à l’improviste après une séparation
douloureuse. Une fois la surprise passé,
on fait connaissance, on discute, on se
rapproche... mais a priori pas de risque
de rapprochement inconvenant : Marie
est lesbienne. Mais les déterminismes
sont fait pour être brisés et arrive bel et
bien ce qui ne devait pas arriver. Et tout
va se compliquer avec l’arrivée tout à fait
imprévue, le lendemain... de Tessa.
On ne vous en dira pas plus sinon que le
vrai charme du film tient à son superbe
duo d’actrices: Géraldine Nakache, plus
que parfaite en fausse bonne copine qui
va enfin péter les plombs pour se révéler
à elle même, et Virgine Efira, tout bonnement formidable en fille franc du collier
à la vanne assassine. Quant au personnage masculin, incarné par Grégoire Ludig, il est tout à fait savoureux. Dialogues
volontiers désopilants et acides, regard
aiguisé sur une histoire familiale contrariée, explosion à tout va des préjugés,
mise en scène mettant joliment en valeur
les paysages sauvages de la Bretagne insulaire: tous les ingrédients sont là pour
un moment fort plaisant ma foi.
MON ROI
3 SÉANCES LES 19/12, 29/12 et 2/01
Réalisé par MAÏWENN
France 2015 2h04 - avec Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel, Isild Le Besco...
Scénario de Maïwenn et Étienne Comar
Cannes 2015 : Prix d’Interprétation féminine pour Emmanuelle Bercot
Tony est admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski. Dépendante du personnel médical et des antidouleurs, elle prend le temps de se remémorer l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec Georgio. Pourquoi se sontils aimés ? Qui est réellement l’homme qu’elle a adoré? Comment a-t-elle pu se
soumettre à cette passion étouffante et destructrice ? Pour Tony c’est une difficile
reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peutêtre de définitivement se libérer …
Il y a quelque chose d’extrêmement honnête, une spontanéité rafraîchissante qui
se permet une impudeur totale, dérangeante et qui devient progressivement hypnotique. C’est presque comme un thriller psychologique et même s’ils font souvent
plus que frôler le ridicule, l’humanité maladroite des protagonistes nous bouscule.
Entre rires et larmes, calme et hystérie, agacement et apitoiement, le cinéma organique de Maïwenn n’est décidément pas un havre de tout repos, il garde toujours
les sentiments et les acteurs sur la brèche. On ressent une véritable jubilation dans
le jeu de Vincent Cassel et d’Emmanuelle Bercot qui interprètent les deux rôles
principaux.
NOTRE PETITE SOEUR
3 SÉANCES LES 19/12, 27/12 et 3/01
Écrit et réalisé par Hirokazu KORE-EDA
Japon 2015 2h08 VOSTF - avec Haruka Ayase, Masami Nagasawa, Kaho, Suzu
Hirose...
D’après le roman graphique de la mangaka Yoshida Akimi.
Trois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à Kamakura. Par devoir, elles
se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées une quinzaine
d’années auparavant. Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur, Suzu,
âgée de 14 ans. D’un commun accord, les jeunes femmes décident d’accueillir
l’orpheline dans la grande maison familiale…
C’est une histoire aérienne, enjouée, qui se laisse porter au gré de brises légères.
Un récit gracieux sur les choses simples et joyeuses de la vie. L’odeur discrète
d’une fleur qui fait remonter les parfums de l’enfance. Les saveurs des petits plats
de mère-grand à tout jamais inscrits dans nos papilles. Les arbres fruitiers qui enneigent le printemps de leurs flocons de pétales immaculés… Le cinéma de KoreEda, c’est l’invitation à l’eudémonisme, au carpe diem : savoir déguster et embellir
le temps qui nous conduit inéluctablement vers la poussière. C’est aussi une leçon
de zénitude d’où l’on ressort conquis et apaisé. Un film qui donne faim et soif de
nourritures terrestres et de tendresse.
MUSTANG
3 SÉANCES LES 26/12, 1er/01 et 9/01
Réalisé par Deniz Gamze ERGÜVEN
Turquie 2015 1h37 VOSTF - avec Günes Sensoy, Doga Zeynep Doguslu, Tugba
Sunguroglu, Elit Iscan, Ilayda Akdogan, Ayberk Pekcan...
Scénario de Deniz Gamze Ergüven et Alice Winocour
Mustang nous plonge dans une Turquie qui, depuis quelques années, subit une
lente mais indéniable refonte sociale qui ne va pas forcément dans le bon sens...
Le film traduit la fougue contagieuse d’une jeune réalisatrice qui manifestement ne
se reconnaît pas dans ces transformations. C’est le dernier jour de l’année dans
ce collège d’un village de bord de mer. Un moment bien particulier qui draine son
lot d’émotions fortes et de sentiments contradictoires. Après les séparations et les
embrassades, place à l’euphorie de ceux qui restent : les cinq sœurs et quelques
garçons se dirigent vers une plage magnifique pour se prêter à des batifolages
aquatiques gentiment chahuteurs. Mais ces jeux innocents et joyeux ne sont pas
du goût de tout le monde et suscitent un scandale aux conséquences inattendues.
Ne vous y trompez pas, Mustang est bien plus un appel à l’affirmation, et si nécessaire à la révolte, des filles et des femmes que le constat fataliste d’une société en
régression. À travers cette chronique vivifiante d’adolescence rebelle, la réalisatrice
nous dit clairement qu’il faut garder l’espoir, qu’il y a des espaces de liberté à sauvegarder ou à conquérir. Même si le combat quotidien est difficile...
argentina
À PARTIR DU 13/01
(ZONDA)
Film documentaire musical de
Carlos SAURA
Argentine/Espagne 2015 1h27 VOSTF
avec El Chaqueno Palavecino, Soldedas
Pastoruti, Jairo, Liliana Herrero, Luis Salinas, Jaime Torres, Metabombo, Ballet
Nuevo Arte Nativo, Lito Vitale…
Et des hommages à Mercedes Soza et
Athualpa Yupanqui
« J’ai toujours eu l’envie de faire un film
sur la musique argentine, spécialement
pour la richesse de ses Zambas et de ses
Chacareras. Ce que vous appelez folklore. »
Carlos Saura
De la Pampa aux Andes, de l’univers des
indiens Mapuche à celui des villageois qui
chantent leur nostalgie dans les cafés, du
monde des gauchos à celui des grandes
villes d’aujourd’hui, c’est un voyage fascinant que nous propose Carlos Saura,
grand admirateur et connaisseur des
musiques et danses populaires d’Espagne et d’Amérique latine. Un voyage en
Argentine sous forme d’un poème musical où passé et présent se répondent,
où les danses et les chants s’enchaînent
et composent un riche panorama de
l’immense culture de cet immense pays.
Saura a fait appel à quelques-uns des
meilleurs artistes et groupes d’Argentine,
qui nous offrent un regard particulier sur
un art aussi ancien que les villages dans
lesquels il est né.
Mais Carlos Saura, qui n’a plus à prouver
sa virtuosité quand il s’agit de filmer le
spectacle vivant, ne se contente pas de
poser sa caméra devant l’art en action.
Son regard est avant tout celui d’un cinéaste et la mise en scène, toujours
fluide, toujours savamment étudiée, utilise à merveille les tableaux vivants, les
effets de lumières et de couleurs, la projection d’images, et surtout la sensualité
et la force des corps en mouvement pour
un résultat d’une incroyable vivacité.
Le « zonda » du titre original du film est
un vent chaud qui traverse l’Argentine
du nord-ouest au sud-est et embrase
tout sur son passage, des Andes à l’Atlantique. Carlos Saura a voulu assimiler
les vagues successives d’immigration
qui ont constitué peu à peu l’identité de
l’Argentine en mélangeant des rythmes
d’origine espagnole, italienne et parfois
même d’Europe de l’Est avec des musiques indiennes, antérieures à l’arrivée
des Espagnols. Saura ajoute par petites
touches, comme un peintre, des cou-
leurs aux différentes couches musicales
qui se superposent les unes aux autres,
des musiques ancestrales les plus minimalistes jusqu’à des variations presque
« jazzy », prélude à ce qui, de nos jours,
se retrouve dans les mix de la World
Music.
Argentina nous montre, au travers de
la musique et de la danse traditionnelles argentines, un pays et un peuple, un
paysage et une histoire, un art de vivre
qui se renouvelle et continue à fasciner.
S’inspirant du legs des « Chalchaleros »
(un des groupes folkloriques les plus importants d’Argentine), tout en intégrant
les meilleurs musiciens, chanteurs et
danseurs actuels ainsi que leurs réinterprétations sur scène, Argentina met en
lumière cette connexion intime entre les
chansons et la terre, entre la tradition et
l’avenir... et tout cela par la grâce du cinéma.
Séance unique le jeudi 7 janvier à 20h30 à Utopia St-Ouen l’Aumône
Un an après les attentats du 7 janvier, quelques semaines après ceux du 13
novembre, en présence de la réalisatrice Ana Dumitrescu autour de la thématique
« la démocratie à l’épreuve de l’Etat d’urgence ».
Soirée soutenue par Europe Ecologie Les Verts, le Parti de Gauche et le NPA
même pas peur !
Réalisé par Ana Dumitrescu
chés à la hâte. Chacun distribuant bons
et mauvais points, chacun désignant ses
coupables, chacun s’efforçant à son gré
France 2015 1h40
Avec les interventions passionnantes de dé-contextualiser, dé-sociologiser,
de Samia Orosemane, Didier Heiderich, déshumaniser l’histoire.
Natalie Maroun, Odon Vallet, Halim MahC’est à peu près là que Même pas peur !
moudi, Yannis Youlountas et d’autres...
prend racine. Après l’effroi, donc, le film
Il y a eu, le 7 janvier, comme une déflagra- se veut comme un déclencheur d’alerte,
tion. Puis le 11 janvier. Aux drames ont un réflexe citoyen devenu essentiel pour
succédé les manifestations, les marches, la réalisatrice, afin d’éviter que la peur ne
à la peur s’est substituée l’émotion – dicte la raison. Prendre à rebours le proavant de réapparaître, savamment entre- blème, essayer, au travers d’une « phototenue. Les accusations, les anathèmes, graphie sociale » sans pathos mais sans
les injonctions ont fleuri – au rythme où angélisme, de remonter les fils de l’hisl’éditocratie commençait si rapidement à toire pour comprendre quelles sont les
digérer l’événement, les articles de pres- mailles qui ont lâché. Et de plus en plus
ses incantatoires se muant sur les étals largement, de fil en aiguille, de quel projet
des libraires en piles de bouquins, de de société il est question. À la manière de
Philippe Val en Emmanuel Todd, enquê- son précédent documentaire d’urgence,
tes vite bâclées, essais torchés ou retou- Khaos, les visages humains de la crise
grecque, où elle captait les ravages de
l’austérité, Ana Dumitrescu opte pour le
témoignage presque impulsif. Avec ses
interlocuteurs, elle reprend, mais à une
autre échelle, la question de l’identité nationale, cristallisée par les attentats, de
la manipulation de la peur. Elle interroge
indifféremment des citoyens, des chercheurs et des acteurs de la société civile comme Natalie Maroun, analyste des
médias, qui parlera de sa propre difficulté
à être acceptée en tant que Française sur
notre territoire. Pour l’essentiel, des voix
plutôt rares, dans le débat public. Et leur
laisse le temps de faire cheminer leur
pensée. Elle pointe aussi la responsabilité de la République dans l’enfantement
de tels « monstres », auteurs des attentats.
« Cette peur collective de l’autre est un
enfumage face à des réalités économiques bien réelles avec des diminutions
des droits sociaux, des suppressions
de postes dans les hôpitaux… quand le
pouvoir d’achat des actionnaires ne cesse d’augmenter. »
(avec Audrey Loussouarn, l’Humanité)
FILM PROGRAMMÉ UNE SEULE SEMAINE
la chambre interdite
DU 13 AU 19/01
(FORBIDDEN ROOM)
Guy MADDIN et Evan JOHNSON
Canada 2015 1h59 VO (anglais essentiellement et français) STF
avec Maria de Medeiros, Udo Kier, Mathieu Amalric, Amira Casar, Jean-François Stévenin, Slimane Dazi, Géraldine
Chaplin, Jacques Nolot, Adèle Haenel,
Charlotte Rampling, Ariane Labed, André
Wilms, Roy Dupuis, Clara Furey, Louis
Negin...
Scénario de Guy Maddin, Evan Johnson, Robert Kotyk et Kim Morgan
Le cinéma du canadien Guy Maddin, cinéaste cher à notre cœur, c’est la promesse à chaque film renouvelée d’un
voyage à nul autre pareil, dans des
contrées inexplorées, dans des univers
parallèles aux couleurs irréelles, même
quand les images sont en noir et blanc !
(Ceci dit, La Chambre interdite est en
couleur, et quelles couleurs !)
Guy Maddin est un éternel aventurier
du cinéma, il est donc tout à fait naturel que son nouvel opus (co-réalisé avec
son complice Evan Johnson) soit un film
d’aventures à la Jules Vernes sous haute
influence surréaliste, plein de surprises
et de rebondissements, peuplé de personnages fantasques livrés au grandhuit de leurs émotions contradictoires,
de leurs rêves inaccessibles, soumis aux
caprices d’un destin farceur qui a un sacré sens de l’humour noir ! C’est d’une
beauté renversante, d’une invention visuelle incroyable, d’une liberté d’écriture qui cultive avec jubilation le sens
du coq-à-l’âne, de l’association d’idées,
du récit à tiroirs, du jeu de miroirs. Pour
entrer dans cette Chambre interdite, ce
n’est pas une hypothétique clef dont le
spectateur a besoin, c’est de curiosité,
c’est de goût du mystère et du frisson,
c’est d’envie d’ailleurs. Une fois franchie
la porte, attendez-vous à tout, ne vous
accrochez à rien, laissez-vous gagner
par le vertige des cimes, par l’ivresse des
profondeurs, vous entrez en territoire
filmique non identifié. Comme le recommande Guy Maddin lui-même: « Attachez vos ceintures ! J’espère que vous
en aurez besoin. »
Dans le sous-marin SS Plunger, l’oxygène se fait rare. Le submersible descend,
la panique monte. Le compte à rebours
vers une mort certaine est enclenché.
L’équipage désemparé cherche en vain
le capitaine, le seul capable de les sauver. Mais il reste introuvable, il s’est volatilisé... ou il se cache, encore plus terrifié que ses hommes... L’atmosphère
devient irrespirable, la tension atteint son
paroxysme quand soudain, de manière
improbable, apparaît dans le poste de
commandement... un bûcheron complètement perdu, œil clair, épaules d’athlète
et chemise à carreaux ! Sans s’étonner
le moins du monde de se retrouver impromptu vingt mille lieues sous les mers,
l’homme à la hache raconte aux marins
subjugués comment il a échappé à un redoutable clan d’hommes des cavernes,
comment ces êtres malfaisants ont enlevé sa bien-aimée et à quel point il est
prêt à tout pour la sortir de là...
Et voilà c’est parti ! Embarquer à bord du
sous-marin SS Plunger, c’est se lancer
dans un tour du monde en deux petites
heures, c’est partir à l’assaut des montagnes les plus hautes et des chimères
les plus folles, c’est côtoyer des femmes
fatales et des fous à lier, des amateurs
de bains et des amoureux plus ou moins
transis, c’est voir des acteurs jouer plusieurs rôles, c’est ouvrir des yeux de
gamin émerveillé devant des paysages
oniriques reconstitués en studio, c’est
s’abandonner au plaisir du cinéma des
origines réinventé par les images numériques, c’est vivre une expérience unique
comme seuls peuvent nous en offrir des
cinéastes aussi irréductiblement singuliers que Guy Maddin. Et autant vous dire
qu’ils ne sont pas nombreux !
FATIMA
3 SÉANCES LES 20/12, 28/12 ET 2/01
Écrit et réalisé par Philippe FAUCON
France 2015 1h19
avec Soria Zeroual, Zita Hanrot, Kenza Noah Aïche, Chawki
Amari, Mehdi Senoussi, Franck Andrieux, Yolanda Mpele...
Scénario librement inspiré des ouvrages de Fatima
Elayoubi : Prière à la lune et Enfin, je peux marcher seule.
Fatima, c’est un magnifique portrait de femme, c’est le portrait
d’une foultitude d’autres personnages attachants et naturellement en filigrane, celui de notre société. C’est un film qui
vient plonger au plus profond de nous-mêmes, nous bousculer à tel point qu’il sera impossible de regarder de la même
manière les passantes inconnues que l’on croise dans la rue
têtes nues ou discrètement voilées.
Fatima, un prénom de princesse presque devenu un nom
commun tant on l’associe aux dames de ménage corvéables
à merci, prolétaires de l’ombre destinées à la serpillière.
Notre Fatima ne rompt pas avec ce cliché. Le pâle sourire qui
illumine son visage débonnaire, son allure de quarantenaire
plantureuse, vêtue soigneusement mais sans souci d’effets
de mode, son foulard qui cache ses cheveux : tout contribue
à en faire une Fatima semblable à ces milliers d’autres qu’on
voit circuler dans l’indifférence générale de nos cités.
Le soir, rentrée à l’appartement, il lui reste encore à affronter l’arrogance de sa plus jeune fille, Souad, qui du haut de
ses quinze ans la juge de manière tranchante. Comme si
Fatima était le symbole de l’entrave à son intégration, l’empêcheuse de se normaliser en rond. Sa révolte se trompe
d’ennemie, elle est le fruit d’une société qui l’incite à avoir
honte d’une mère qui n’est bonne qu’à « laver la merde
des Français » et qui ne sait même pas parler leur langue…
Heureusement, son aînée, Nesrine, remet un peu sa cadette
en place. Elle connaît le prix de l’ascension sociale, les sacrifices maternels pour qu’elle parvienne jusqu’au concours
de médecine… Et puis c’est l’accident, le bête accident de
travail qui cloue Fatima au lit. Alors Fatima décide d’écrire, ce
qu’elle est, ce qu’elle ressent, pour ses filles, pour elle.
Plus on entre dans son intimité, plus on dépasse sa difficulté
à s’exprimer, cette barrière de la langue qui crée un fossé infranchissable entre les humains, plus sa beauté intérieure se
dévoile, irradie. Personnage complexe et subtil, à l’intelligence vive, aux propos pertinents. On souhaiterait tous avoir une
telle Fatima dans sa vie ! Pour l’heure Philippe Faucon nous
l’offre dans son film : ne la laissons pas passer !
LE BOUTON DE NACRE
3 SÉANCES LES 27/12, 27/12 ET 3/01
Écrit et réalisé par Patricio GUZMAN
documentaire Chili 2015 1h22 VOSTF
Festival de Berlin 2015,
Ours d’argent du meilleur scénario
et Prix du Jury oecuménique.
Patricio Guzman nous offre un film documentaire d’exception, qui nous subjugue par son intelligence et sa beauté.
Le cinéaste chilien parvient à nous raconter plusieurs histoires qui n’ont a priori rien à voir : celle d’une goutte d’eau
coincée dans un bloc de quartz depuis quelques milliers
d’années, celle des Indiens des terres australes décimés
par les colons et les maladies et enfin celle tout aussi terrible des victimes du régime sanglant de l’infâme général Pinochet… Et tout ça avec une fluidité incroyable, une maîtrise éblouissante des images et de l’agencement du récit.
Ça commence avec une séquence splendide : l’interminable
(4000 kilomètres !) façade littorale pacifique du Chili vue du
ciel. On découvre à quel point le sud du pays est un labyrinthe
aquatique, construit autour d’un estuaire. Puis la caméra redescend de la stratosphère et s’enfonce dans les fjords où les
glaces s’effondrent dans les eaux limpides. C’est grandiose…
Mais au lieu de se laisser aller plus longtemps à l’observation
de la nature dans toute sa splendeur, le narrateur nous raconte
le destin des peuples indigènes, des Indiens arrivés là il y a
probablement 10 000 ans, navigant sur des canoës une grande partie du temps et vivant de ce que pouvait leur offrir la mer.
Des peuples qui furent quasiment exterminés par les colons
sanguinaires mais aussi par les bactéries dont les envahisseurs étaient porteurs. Etrange bégaiement de l’histoire, c’est
sur ces mêmes terres inhospitalières, sur l’île Dawson plus
précisément, que le gouvernement Pinochet a installé un des
principaux camps de concentration où furent entassés, torturés, assassinés les compagnons de route de Salvador Allende.
Ce cheminement pourrait paraître artificiel s’il n’y avait la mise
en scène de Guzman, qui utilise aussi bien des images d’archives que des reconstitutions étonnantes, insufflant à ce récit
multiple une poésie exaltante qui ne nuit jamais à sa cohérence.
Dans la lignée directe de son remarquable Nostalgie de la lumière, qui lui se déroulait dans l’extrême-nord désertique du
Chili, terre de cimetières indiens et de sépultures improvisées
d’opposants à Pinochet, il évoque en un puzzle fascinant l’histoire mouvementée de son pays, mêlant l’histoire, la géographie et la métaphysique. Incroyable Guzman, ancien prisonnier
des tortionnaires du régime fasciste, qui réussit la prouesse de
perpétuer inlassablement la mémoire douloureuse mais indispensable des drames passés tout en se renouvelant magnifiquement à chacun de ses films.
allende mon grand-père
DU 9 AU 22/12
(ALLENDE MI ABUELO ALLENDE)
Film documentaire de
Marcia TAMBUTTI ALLENDE
Chili 2014 1h37 VO (espagnol) STF
Écrit par Marcia Tambutti Allende,
Bruni Burres, Paola Castillo et Valeria
Vargas
C’est l’histoire d’une famille. On pourrait
presque ajouter: « c’est l’histoire banale
d’une famille qui ne l’est pas ». Une famille qui ressemble à tant d’autres : la
famille Allende.
Il y a dans toutes les familles des secrets
bien enfouis sur lesquels le temps a posé
inlassablement des strates de non-dits.
Il y a dans toutes les familles des figures
charismatiques qui s’imposent plus que
d’autres, laissant bien après leur disparition des traces indélébiles dans l’esprit
des vivants. Il y a dans toutes les familles
d’indicibles chagrins qui se transmettent
en héritage.
Le nœud tragique et terrible de la famille Allende s’enracine ce 11 Septembre 1973 de triste mémoire : Salvador
Allende, premier président socialiste, élu
démocratiquement au Chili, est renversé
par un coup d’état militaire. Il se suicide
quelques heures après dans le palais de
la Moneda, laissant le pays entrer dans
les pages les plus noires et les plus terrifiantes de son histoire et une famille
contrainte à l’exil. Le parcours politique
de Salvador Allende a été raconté dans
bien des films, notamment ceux de Patricio Guzman (La Bataille du Chili, Salvador Allende, Le Cas Pinochet) et pour
beaucoup, celui que l’on appelait « Presidente Allende » reste associé à cette
image célèbre: un homme derrière un
pupitre, exalté, pris dans la sincérité de
son engagement, le doigt levé face à la
foule.
Mais l’histoire que nous raconte Marcia
n’est pas celle du Chili, ni celle du président Allende, c’est l’histoire de l’homme
Allende, c’est celle de « Chicho », son
grand-père.
Près de 40 ans après le coup d’état militaire et après des années d’un silence
familial pesant, Marcia estime qu’il est
temps d’ouvrir l’album de famille. Faire
parler les vivants tant qu’ils le sont, repêcher à la surface du temps présent
les souvenirs douloureux autant que la
beauté fugace des instants de bonheur
pour tenter non pas de réécrire l’histoire,
mais simplement de redonner une place à l’intime, enterré sous la transcendance politique d’Allende. Le projet est
ambitieux, douloureux, difficile car si les
enfants et petits enfants de Salvador Allende ne vivent plus en exil et peuvent
librement se réunir autour de Hortensia
Bussi, son épouse, magnifique et digne
très vieille dame, les mots ont bien du
mal à sortir.
Mais avec délicatesse et respect pour
les pudeurs et les souffrances de chacun, à force de persévérance et grâce
aux milliers de photos qui ont gravé à
tout jamais la vie privée de cet homme
complexe et aimant, la parole va se partager. Les fantômes du passé vont enfin
pouvoir s’inviter aux souvenirs et aux
chagrins des vivants, allégeant le lourd
fardeau d’une blessure familiale qui a
tant de mal à se refermer.
Sans pathos excessif, sans grandiloquence admirative, Allende mon grandpère bouleverse par la sincérité tendre
de ses attentions qui, dépassant le
champ du politique, redonnent au mythe
Allende une dimension fragile, imparfaite
et ô combien humaine.
ERRATUM MARDI 8/12 : DEMAIN + débat 20H30 à Pontoise/
21 nuits avec Pattie 20h40 à St-Ouen
SAINT-OUEN
mer
9
DÉC
14h20
16h30
BACK HOME
ALLENDE MON G...
14h30
16h20
BÉLIERS
Marguerite & Julien
14h15
16h00
17h00
Oups!j’ai… surprise pour Noël Oups!j’ai
16h15
MIA MADRE
14h30
16h30
Belle & Sébastien 2 Belle & Sébastien 2
18h30
EL CLUB
18h20
L’étage du dessous
18h40
...SUFFRAGETTES
18h20
DEMAIN
18h30
L’HERMINE
18h30
20h40
Marguerite & Julien 21 nuits avec Pattie
PONTOISE
16h00
BACK HOME
16h00
BÉLIERS
SAINT-OUEN
JEU
10
16h00
L’HERMINE
DÉC
18h40
LES COWBOYS
18h30
ALLENDE MON G...
18h30
BÉLIERS
18h20
21 nuits avec Pattie
18h20
MIA MADRE
18h30
LES COWBOYS
18h30
DEMAIN
18h20
BACK HOME
18h20
21 nuits avec Pattie
18h15
Marguerite & Julien
20h40
22h30
ALLENDE MON G... L’étage du dessous
20h45
22h45
...SUFFRAGETTES
LES COWBOYS
20h30
22h30
MIA MADRE
21 nuits avec Pattie
20h40
22h40
Marguerite & Julien BACK HOME
20h30 avant-1ère + repas
22h45
La vie très privée de M. Sim
EL CLUB
18h40
L’HERMINE
20h45
BÉLIERS
18h20
...SUFFRAGETTES
18h45
L’étage du dessous
18h45
ALLENDE MON G...
18h30
Marguerite & Julien
18h30
Belle & Sébastien 2
20h30
DEMAIN
20h40
21 nuits avec Pattie
20h50
L’HERMINE
20h40
BÉLIERS
20h30
MIA MADRE
18h40
MIA MADRE
21h00
BACK HOME
14h15
16h20
Marguerite & Julien DEMAIN
14h20
16h20
AVRIL et le monde… ALLENDE MON G...
14h15
16h00
17h00
Oups! j’ai …surprise pour Noël BÉLIERS
14h20
16h30
BACK HOME
21 nuits avec Pattie
14h30
16h30
L’HERMINE
Belle & Sébastien 2
18h40
LES COWBOYS
18h20
...SUFFRAGETTES
18h50
BÉLIERS
18h45
Marguerite & Julien
18h30
MIA MADRE
20h40
L’étage du dessous
20h30
DEMAIN
20h45
21 nuits avec Pattie
20h45
EL CLUB
20h40
BACK HOME
14h20
Belle & Sébastien 2
16h20
MIA MADRE
18h30
BACK HOME
20h40
ALLENDE MON G...
16h15
L’étage du dessous
16h15
Marguerite & Julien
16h15
MIA MADRE
16h15
BÉLIERS
18h30
(D)
EL CLUB
18h20
LES COWBOYS
18h30
ALLENDE MON G...
18h20
21 nuits avec Pattie
18h40
BACK HOME
20h30
DEMAIN
20h40
L’HERMINE
20h30
MIA MADRE
20h40
Marguerite & Julien
20h45
BÉLIERS
SAINT-OUEN
VEN
16h00
ALLENDE MON G...
16h00
MIA MADRE
16h00
DEMAIN
16h00
BÉLIERS
11
DÉC
PONTOISE
SAM
12
DÉC
14h15
16h15
LES COWBOYS
AVRIL et le monde…
14h30
16h30
EL CLUB
DEMAIN
14h15
16h00
17h00
Oups!j’ai surprise pour Noël Oups! J’ai
14h30
16h20
BÉLIERS
BACK HOME
14h20
16h20
Belle & Sébastien 2 MIA MADRE
PONTOISE
SAINT-OUEN
DIM
13
DÉC
PONTOISE
SAINT-OUEN
LUN
14
DÉC
PONTOISE
SAINT-OUEN
MAR
15
DÉC
PONTOISE
20h45
EL CLUB
20h40
L’étage du dessous
20h30
DEMAIN
20h40
Marguerite & Julien
20h30
BACK HOME
PONTOISE
SAINT-OUEN
20h40
LES COWBOYS
20h30
ALLENDE MON G...
20h45
BÉLIERS
20h40
BACK HOME
20h30
MIA MADRE
16h15
ALLENDE MON G...
16h15
...SUFFRAGETTES
16h15
BÉLIERS
16h15
BACK HOME
18h40
(D)
L’étage du dessous
18h20
DEMAIN
18h30
MIA MADRE
18h30
Marguerite & Julien
18h20
L’HERMINE
18h30
BÉLIERS
20h45
(D)
...SUFFRAGETTES
20h40
ALLENDE MON G...
20h40
BACK HOME
20h30
21 nuits avec Pattie
20h30 soirée débat
Le dernier continent
20h30
LES COWBOYS
22h40
Marguerite & Julien
22h45
EL CLUB
22h40
21 nuits avec Pattie
22h30
ALLENDE MON G...
22h30
LES COWBOYS
5 salles à Saint-Ouen l’Aumône: 5 lignes en
blanc dans la grille
1 salle à Pontoise:
1 ligne colorée dans la grille
ATTENTION : l’heure indiquée est celle du
début du film.
(D)= dernière projection
TOUS LES FILMS:
Les 8 salopards
À partir du 6/01
21 nuits avec Pattie
Jusqu’au 4/01
L’affaire Salah Hamouri
Séance unique + débat le 15/01
Allende mon grand-père
Du 9 au 22/12
À peine j’ouvre les yeux
Du 6 au 19/01
Argentina
À partir du 13/01
Au-delà des montagnes
Du 23/12 au 12/01
Back home
Du 9 au 29/12
Béliers
Du 9/12 au 18/01
Blade runner
Du 23/12 au 5/01
Le bouton de nacre
3 séances les 22 et 27/12 et 3/01
Carol
À partir du 13/01
Casse-noisette
Ballet le 28/12
Cavalleria Rusticana & Pagliacci
Opéra le 14/01
La chambre interdite
Du 13 au 19/01
Les cowboys
Jusqu’au 22/12
Demain
Jusqu’au 22/12 et tous les samedis
Le dernier continent
Séance unique + débat le 15/12
Le dernier jour d’Yitzhak Rabin
Du 6 au 12/01
El Club
Jusqu’au 14/12
L’étage du dessous
Du 9 au 15/12
L’étreinte du serpent
Du 23/12 au 19/01
Et ta soeur ?
Soirée crêpes de LULU +
Avt-1ère le 29/12
Et à partir du 13/01
Fatima
3 séances les 20 et 28/12 et 2/01
La fille du patron
À partir du 6/01 + rencontre le 12/01
Le grand jeu
Du 16/12 au 5/01
Hector
Avt-1ère le 22/12
Et du 30/12 au 19/01
L’hermine
Jusqu’au 11/01
Ixcanul
Du 30/12 au 5/01
Lolo
Du 23/12 au 5/01
Marguerite et Julien
Jusqu’au 22/12
Même pas peur !
séance unique + débat le 7/01
Mia Madre
Jusqu’au 11/01
Mon roi
3 séances les 19 et 29/12 + 3/01
Mustang
3 séances les 26/12 + 1er et 9/01
My skinny sister
Du 16/12 au 5/01
Notre petite soeur
3 séances les 19 et 27/12 + 3/01
Le pont des espions
Du 30/12 au 19/01
Seul sur Mars
Du 16 au 29/12
Soirée Courts-Métrages
Le 18/12
Les suffragettes
Jusqu’au 15/12
Toto et ses soeurs
Du 6 au 19/01 + petit déj le 10/01
Vérités et mensonges sur la SNCF
Séance unique + débat le 19/01
La vie trés privée de Monsieur Sim
Avt-1ère - Réveillon le 11/12
et du 16/12 au 12/01
LE COIN DES ENFANTS
Avril et le monde truqué
Jusqu’au 2/01
Belle et Sébastien
Du 9/12 au 17/01
L’hiver féérique
Du 16/12 au 2/01
+ciné-goûter le 21/12
Neige et les arbres magiques
Du 30/12 au 17/01
Oups ! j’ai raté l’arche
Du 9/12 au 3/01
Tout en haut du monde
Avt-1ère / petit déj le 10/01
Une surprise pour Noël
Jusqu’au 28/12
Le voyage d’Arlo
Du 23/12 au 17/01
+ ciné-goûter spécial LULU le 29/12
TOUT LE PROGRAMME SUR :
www.cinemas-utopia.org/saintouen
SAINT-OUEN
mer
16
DÉC
15h20
17h10
My skinny sister …surprise pour Noël
14h30
16h30
LE GRAND JEU
BACK HOME
14h15
16h10
…vie très privée de LES COWBOYS
14h15
16h00
17h00
Oups!j’ai raté L’hiver féérique BÉLIERS
14h30
16h30
Belle & Sébastien 2 L’HERMINE
18h20
DEMAIN
18h40
Marguerite & Julien
18h10
SEUL SUR MARS
18h50
ALLENDE MON G...
18h30
21 nuits avec Pattie
20h40
My skinny sister
20h40
BACK HOME
20h50
BÉLIERS
20h45
MIA MADRE
20h45
…vie très privée de…
18h30
20h40
…vie très privée de LE GRAND JEU
PONTOISE
16h15
21 nuits avec Pattie
16h15
My skinny sister
16h15
…vie très privée de
16h15
LE GRAND JEU
SAINT-OUEN
JEU
17
DÉC
18h45
My skinny sister
18h30
BACK HOME
18h40
MIA MADRE
18h40
BÉLIERS
18h30
…vie très privée de
20h40
ALLENDE MON G...
20h40
Marguerite & Julien
20h45
LE GRAND JEU
20h30
DEMAIN
20h30
SEUL SUR MARS
PONTOISE
16h15
My skinny sister
16h15
BACK HOME
16h15
…vie très privée de
16h15
BÉLIERS
18h40
ALLENDE MON G...
18h30
LES COWBOYS
18h20
LE GRAND JEU
18h20
DEMAIN
18h30
Marguerite & Julien
20h40
22h30
My skinny sister
L’HERMINE
20h30
22h40
21 nuits avec Pattie LE GRAND JEU
20h30
SOIRÉE COURTS-MÉTRAGES
20h40
22h40
BACK HOME
…vie très privée de
20h30
22h30
La vie très privée de SEUL SUR MARS
18h45
BÉLIERS
20h45
MIA MADRE
14h20
16h40
DEMAIN
ALLENDE MON G...
14h20
16h20
Marguerite & Julien BÉLIERS
14h30
16h40
AVRIL et le monde… LE GRAND JEU
14h15
16h00
17h00
Oups!j’ai… L’hiver f… surprise pour Noël
14h30
16h30
…vie très privée de... Belle & Sébastien 2
18h40
My skinny sister
18h15
Notre petite sœur
18h40
21 nuits avec Pattie
18h15
MON ROI
18h30
…vie très privée de..
20h40
LE GRAND JEU
20h45
BÉLIERS
21h00
SEUL SUR MARS
20h40
L’HERMINE
20h30
MIA MADRE
PONTOISE
14h30
Belle & Sébastien 2
18h40
BACK HOME
21h00
…vie très privée de…
SAINT-OUEN
14h30
16h30
18h30
LE GRAND JEU
My skinny sister
LES COWBOYS
14h20
16h20
18h20
ALLENDE MON G...
Marguerite & Julien BACK HOME
14h20
17h00
18h45
SEUL SUR MARS
Oups! J’ai raté l’ar… LE GRAND JEU
14h15
16h10
17h10
18h45
BÉLIERS L’hiver féérique
FATIMA
BÉLIERS
14h30
16h30
18h30
Belle & Sébastien 2 …vie très privée de MIA MADRE
SAINT-OUEN
VEN
18
DÉC
PONTOISE
SAINT-OUEN
SAM
19
DÉC
DIM
20
DÉC
16h30
MIA MADRE
14h30
L’HERMINE
16h30
18h30
20h30
Belle & Sébastien 2 …vie très privée de SEUL SUR MARS
SAINT-OUEN
14h20
LES COWBOYS
14h30
LE GRAND JEU
14h30 ciné-goûter
L’HIVER FÉÉRIQUE
14h20
…vie très privée de
14h15
Belle & Sébastien 2
16h20
18h30
AVRIL et le monde… DEMAIN
16h30
18h20
BÉLIERS
BACK HOME
15h30
16h40
18h30
surprise pour N… Oups!j’ai… le grand jeu
16h20
18h40
21 nuits avec Pattie My skinny sister
16h10
18h45
SEUL SUR MARS
…vie très privée de
21
DÉC
MAR
22
DÉC
PONTOISE
20h45
ALLENDE MON G...
20h30
Marguerite & Julien
20h30
L’HERMINE
20h40
BÉLIERS
20h45
MIA MADRE
PONTOISE
SAINT-OUEN
22h40
LES COWBOYS
22h30
BACK HOME
20h30
ALLENDE MON G...
20h30
My skinny sister
20h40
21 nuits avec Pattie
20h40
DEMAIN
20h45
…vie très privée de
PONTOISE
LUN
22h40
My skinny sister
22h30
ALLENDE MON G...
14h30
16h30
Marguerite & Julien BACK HOME
14h30
16h45
DEMAIN
BÉLIERS
14h20
16h20
…vie très privée de…LE GRAND JEU
14h15
16h10
17h10
skinny sister L’hiver f… surprise pour N
14h20
16h20
Belle & Sébastien 2 L’HERMINE
18h40
My skinny sister
18h40
Le bouton de nacre
18h30
(D)
Marguerite & Julien
18h15
SEUL SUR MARS
18h20
MIA MADRE
14h30
16h20
18h30
(D)
Oups! J’ai raté l’ar… AVRIL et le monde… ALLENDE MON G...
20h40
BACK HOME
20h30
21 nuits avec Pattie
20h40
LE GRAND JEU
20h50
(D)
LES COWBOYS
20h30 avant-1ère
HECTOR
20h30
…vie très privée de…
UTOPIA / PANDORA MÊME COMBAT : NOS ABONNEMENTS SONT VALABLES LÀ-BAS ET INVERSEMENT
14h20
16h40
étreinte du serpent My skinny sister
14h15
16h40
Au-delà des monta… LE GRAND JEU
14h15
16h00
17h10
Oups!j’ai… surprise pour Noël L’hiver f…
14h20
16h15
L’HERMINE
AVRIL et le monde…
14h30
16h30
Le voyage d’ARLO
…vie très privée de
18h30
BACK HOME
18h40
BÉLIERS
18h20
21 nuits avec Pattie
18h20
MIA MADRE
18h30
BLADE RUNNER
20h40
My skinny sister
20h30
étreinte du serpent
20h40
…vie très privée de…
20h30
SEUL SUR MARS
20h45
LOLO
PONTOISE
14h30
Belle & Sébastien 2
18h30
LE GRAND JEU
20h30
Au-delà des monta…
SAINT-OUEN
14h15
16h20
MIA MADRE
LE GRAND JEU
14h20
16h10
My skinny sister
BACK HOME
14h10
15h50
16h45
Oups!j’ai… L’hiver f… surprise pour Noël
14h20
16h10
BÉLIERS
BLADE RUNNER
14h30
16h30
Belle & Sébastien 2 Le voyage d’ARLO
SAINT-OUEN
mer
23
DÉC
JEU
24
DÉC
16h30
Le voyage d’ARLO
18h15
étreinte du serpent 18h15
Au-delà des monta… 18h00
SEUL SUR MARS
18h30
…vie très privée de…
18h30
LOLO
PONTOISE
SAINT-OUEN
VEN
25
DÉC
16h20
18h20
20h30
BÉLIERS
BACK HOME
21 nuits avec Pattie
16h00
17h00
18h45
20h40
…surprise pour Noël Oups! J’ai raté l’ar… My skinny sister
LE GRAND JEU
16h30
18h30
20h30
Le voyage d’ARLO
L’HERMINE
SEUL SUR MARS
16h15
18h15
20h45
LOLO
Au-delà des monta… étreinte du serpent
16h30
18h30
20h40
Belle & Sébastien 2 …vie très privée de BLADE RUNNER
PONTOISE
14h30
BACK HOME
14h20
AVRIL et le monde…
14h20
LOLO
14h40
étreinte du serpent
14h30
Belle & Sébastien 2
16h40
18h45
MIA MADRE
My skinny sister
16h30
18h45
DEMAIN
BACK HOME
16h15
18h40
Au-delà des monta… LE GRAND JEU
17h00
18h00
L’HIVER FÉÉRIQUE
21 nuits avec Pattie
16h30
18h30
…vie très privée de…MUSTANG
20h45
22h30
BÉLIERS
My skinny sister
20h50
22h40
L’HERMINE
21 nuits avec Pattie
20h40
22h40
MIA MADRE
BLADE RUNNER
20h20
22h45
Au-delà des monta…LE GRAND JEU
20h30
22h20
…vie très privée de SEUL SUR MARS
PONTOISE
14h30
Le voyage d’ARLO
16h30
18h30
Oups! J’ai raté l’ar… étreinte du serpent
21h00
LOLO
SAINT-OUEN
14h20
16h15
My skinny sister
Notre petite sœur
14h30
16h50
Au-delà des monta… LE GRAND JEU
14h20
16h20
L’HERMINE
étreinte du serpent
14h15
16h00
17h00
Oups!j’ai… L’hiver f… surprise pour Noël
14h30
16h30
Belle & Sébastien 2 Le voyage d’ARLO
18h40
21 nuits avec Pattie
18h50
Le bouton de nacre
18h40
BÉLIERS
18h20
MIA MADRE
18h30
…vie très privée de
PONTOISE
14h20
16h20
…vie très privée de LOLO
18h20
20h45
Au-delà des monta… BLADE RUNNER
SAINT-OUEN
14h20
My skinny sister
14h15
MIA MADRE
14h30
Le voyage d’ARLO
14h20
SEUL SUR MARS
14h30
Belle & Sébastien 2
SAINT-OUEN
SAM
26
DÉC
DIM
27
DÉC
LUN
28
DÉC
PONTOISE
14h30 Ballet
CASSE-NOISETTE
SAINT-OUEN
14h15
Au-delà des monta…
14h30
étreinte du serpent
14h20
AVRIL et le monde…
14h20
21 nuits avec Pattie
14h30 ciné-crêpes
Le voyage d’ARLO
MAR
29
DÉC
PONTOISE
16h15
18h40
Au-delà des monta… BACK HOME
16h20
18h40
étreinte du serpent FATIMA
16h30
18h30
…vie très privée de L’HERMINE
17h00
(D)
18h30
…surprise pour Noël LE GRAND JEU
16h30
18h20
Oups! J’ai raté l’ar… BLADE RUNNER
18h30
My skinny sister
16h40
BACK HOME
16h50
L’HIVER FÉÉRIQUE
16h20
BÉLIERS
16h30
LE GRAND JEU
16h30
Belle & Sébastien 2
14h20
16h10
Oups! J’ai raté l’ar… BLADE RUNNER
20h50
My skinny sister
20h40
BACK HOME
20h30
étreinte du serpent
20h40
LE GRAND JEU
20h30
SEUL SUR MARS
20h45
BÉLIERS
20h30
21 nuits avec Pattie
20h40
…vie très privée de…
20h30
Au-delà des monta…
20h40
LOLO
20h30
étreinte du serpent
18h45
20h40
(D)
My skinny sister
BACK HOME
18h20
20h40
MON ROI
LE GRAND JEU
18h20
20h45
Au-delà des monta… MIA MADRE
18h30
20h50
étreinte du serpent L’HERMINE
18h30
20h30 avant-1ère bretonne
LOLO
ET TA SŒUR?
18h30
20h30
(D)
…vie très privée de SEUL SUR MARS
LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS
café débat
au Stella Café
le jeudi 10 décembre
de 20h à 22h
Paroles et musique autour
de l’écosocialisme proposé
par le NPA
Le mot du NPA Cergy :
Pour sauver le climat, sortir
VRAIMENT du capitalisme par
l’écosocialisme.
- parce que nous sommes sur
l’ultime autoroute avant l’abîme!
- parce que les irresponsables
qui nous gouvernent sont à la
botte des multinationales !
- parce que nous sommes pour
l’extinction des requins de la finance et des vautours du CAC
40 !
- parce que nous devons faire
monter... le niveau de la mobilisation internationale !
- enfin, parce que nous sommes
pour une véritable transition sociale et écologique rompant
réellement avec le système productiviste inhérent au capitalisme mondialisé.
apéro en fin de soirée
avec un camarade musicien.
SAINT-OUEN
mer
30
DÉC
14h20
16h45
Au-delà des monta… My skinny sister
14h30
16h20
HECTOR
étreinte du serpent
14h15
16h00
17h10
Oups!j’ai… NEIGE ET LES… L’hiver f…
14h30
16h30
…vie très privée de…21 nuits avec Pattie
14h15
16h15
Belle & Sébastien 2 LOLO
18h40
LE GRAND JEU
18h40
BÉLIERS
18h20
MIA MADRE
18h45
L’HERMINE
18h15
BLADE RUNNER
PONTOISE
14h30
Le voyage d’ARLO
SAINT-OUEN
14h20
16h10
18h30
IXCANUL
Au-delà des monta… 21 nuits avec Pattie
14h20
16h10
17h10
18h20
My skinny sister L’hiver f… NEIGE et… étreinte du serpent
14h15
16h15
18h00
Le voyage d’ARLO
Oups! J’ai raté l’ar… Le pont des espions
14h30
16h30
18h20
LE GRAND JEU
HECTOR
…vie très privée de
14h30
16h30
18h30
Belle & Sébastien 2 L’HERMINE
LOLO
JEU
31
DÉC
16h30
18h40
AVRIL et le monde… IXCANUL
16h00
17h10
18h50
NEIGE et les… Oups!j’ai… le grand jeu
16h00
17h00
18h50
L’hiver f… BÉLIERS My skinny sister
16h30
18h30
L’HERMINE
…vie très privée de
16h30
18h40
MIA MADRE
HECTOR
16h15
18h20
Le voyage d’ARLO
LOLO
SAINT-OUEN
VEN
1er
JAN
2
JAN
20h45
IXCANUL
20h40
21 nuits avec Pattie
20h40
MUSTANG
20h30
Au-delà des monta…
20h30
BLADE RUNNER
16h00
18h00
20h45
Belle & Sébastien 2 Le pont des espions étreinte du serpent
PONTOISE
SAM
20h40
LOLO
PONTOISE
SAINT-OUEN
20h40
étreinte du serpent
20h30
Au-delà des monta…
20h40
…vie très privée de…
20h45
HECTOR
20h30
Le pont des espions
14h20
16h10
(D)
17h10 (D)
BÉLIERS L’hiver féérique FATIMA
14h30
16h20
(D)
IXCANUL
AVRIL et le monde…
14h15
16h15
Le voyage d’ARLO
LOLO
14h20
16h30
21 nuits avec Pattie HECTOR
14h15
16h10
Belle & Sébastien 2 Le pont des espions
18h45
My skinny sister
18h30
LE GRAND JEU
18h10
DEMAIN
18h20
étreinte du serpent
18h50
L’HERMINE
20h40
HECTOR
20h30
(D)
MON ROI
20h30
…vie très privée de
20h45
MIA MADRE
20h50
LOLO
PONTOISE
14h45
16h45
18h30
21h00
…vie très privée de Oups! J’ai raté l’ar… Au-delà des monta… Le pont des espions
SAINT-OUEN
14h15 (D) 16h00
17h10
Oups!j’ai… NEIGE &… My skinny sister
14h15
16h40
(D)
Au-delà des monta… Le bouton de nacre
14h20
16h30
MIA MADRE
L’HERMINE
14h20
16h15
HECTOR
étreinte du serpent
14h30
16h30
Le voyage d’ARLO
Belle & Sébastien 2
DIM
3
JAN
19h00
IXCANUL
18h20
(D)
Notre petite sœur
18h30
…vie très privée de
18h40
HECTOR
18h30
LOLO
PONTOISE
14h15
LOLO
SAINT-OUEN
16h00
18h40
My skinny sister
LE GRAND JEU
16h00
18h20
Au-delà des monta… MIA MADRE
14h00
16h00
18h30
…vie très privée de BÉLIERS
BLADE RUNNER
14h00
18h20
étreinte du serpent
étreinte du serpent
18h30
LOLO
LUN
4
JAN
16h15
18h50
Le pont des espions BÉLIERS
MAR
5
JAN
PONTOISE
20h45
Au-delà des monta…
20h45
21 nuits avec Pattie
20h30
Le pont des espions
20h40
étreinte du serpent
20h30
BLADE RUNNER
20h45
LE GRAND JEU
20h40
IXCANUL
20h30
Au-delà des monta…
20h45
(D)
21 nuits avec Pattie
20h40
HECTOR
20h30
Le pont des espions
PONTOISE
SAINT-OUEN
22h30
étreinte du serpent
22h45
BÉLIERS
22h30
Au-delà des mont
22h45
21 nuits avec Pattie
22h40
BLADE RUNNER
16h00
LE GRAND JEU
16h00
MIA MADRE
14h00
Le pont des espions
14h00
16h00
HECTOR
LOLO
18h30
20h40
(D)
L’HERMINE
My skinny sister
18h40
(D)
20h30
IXCANUL
étreinte du serpent
18h30
20h30
…vie très privée de BÉLIERS
18h20
20h45
(D)
Au-delà des monta… LE GRAND JEU
18h15
20h50
(D)
Le pont des espions LOLO
18h30
HECTOR
20h30
(D)
BLADE RUNNER
LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS
SAINT-OUEN
mer
6
JAN
14h40
À peine j’ouvre les…
14h20
Toto et ses soeurs
14h30
Belle & Sébastien 2
14h30
La fille du patron
14h20
LES 8 SALOPARDS
16h45
18h00
20h50
NEIGE ET LES…
…d’Yitzhak RABIN Toto et ses soeurs
16h20
18h20
20h40
HECTOR
étreinte du serpent HECTOR
16h30
18h30
20h30
Le voyage d’ARLO
À peine j’ouvre les… Le pont des espions
16h30
18h30
20h30
…vie très privée de BÉLIERS
Au-delà des monta…
17h30
20h40
LES 8 SALOPARDS
La fille du patron
18h20
MIA MADRE
PONTOISE
16h00
…d’Yitzhak RABIN
SAINT-OUEN
JEU
7
JAN
20h30
LES 8 SALOPARDS
14h00
La fille du patron
14h00
LES 8 SALOPARDS
18h50
20h40
Toto et ses soeurs L’HERMINE
18h30
20h30
La fille du patron
étreinte du serpent
18h20
20h15
HECTOR
LES 8 SALOPARDS
16h00
18h20
20h45
Toto et ses soeurs Au-delà des monta… À peine j’ouvre les…
17h10
20h30 soirée débat
LES 8 SALOPARDS
MÊME PAS PEUR!
PONTOISE
SAINT-OUEN
VEN
8
JAN
14h00
L’HERMINE
14h00
LES 8 SALOPARDS
18h30
20h40
22h30
BÉLIERS
Toto et ses soeurs HECTOR
18h30
20h30
22h45
HECTOR
étreinte du serpent L’HERMINE
16h00
18h20
20h45
22h45
À peine j’ouvre les… Au-delà des monta… MIA MADRE
La fille du patron
16h00
18h20
21h00
Toto et ses soeurs Le pont des espions …d’Yitzhak RABIN
17h10
20h30
22h30
LES 8 SALOPARDS
À peine j’ouvre les……vie très privée de
18h30
La fille du patron
PONTOISE
SAINT-OUEN
SAM
9
JAN
14h15
Toto et ses soeurs
14h20
DEMAIN
14h30
Belle & Sébastien 2
14h20
À peine j’ouvre les…
14h30
LES 8 SALOPARDS
16h10
19h00
20h50
…d’Yitzhak RABIN HECTOR
L’HERMINE
16h40
18h15
20h40
NEIGE ET LES…
étreinte du serpent …vie très privée de
16h30
18h30
20h40
(D)
Le voyage d’ARLO
MIA MADRE
MUSTANG
16h20
18h15
20h45
La fille du patron
Au-delà des monta… La fille du patron
17h40
20h50
LES 8 SALOPARDS
Le pont des espions
SAINT-OUEN
10
JAN
11h p’tit déj.
Toto et ses soeurs
11h p’tit déj.
Tout en haut du
monde (avant-1ère)
14h20
16h10
HECTOR
Toto et ses soeurs
14h15
16h15
À peine j’ouvre les… MIA MADRE
14h20
17h00
Le pont des espions NEIGE ET LES…
14h30
16h30
La fille du patron
L’HERMINE
14h30
16h30
Le voyage d’ARLO
Belle & Sébastien 2
14h10
LES 8 SALOPARDS
PONTOISE
SAINT-OUEN
LUN
14h00
…d’Yitzhak RABIN
JAN
14h00
LES 8 SALOPARDS
11
MAR
12
JAN
PONTOISE
18h00
…d’Yitzhak RABIN
18h20
étreinte du serpent
18h30
BÉLIERS
18h40
La fille du patron
18h30
…vie très privée de
17h20 LES 8 SALOPARDS
20h50
Toto et ses soeurs
20h40
HECTOR
20h30
Au-delà des monta
20h40
À peine j’ouvre les
20h30
Le pont des espions
20h30
LES 8 SALOPARDS
18h20
20h45
Au-delà des monta… Toto et ses soeurs
18h30
20h30
À peine j’ouvre les… HECTOR
16h00
18h40
20h40
(D)
Le pont des espions La fille du patron
L’HERMINE
16h00
18h20
20h40
(D)
Toto et ses soeurs étreinte du serpent MIA MADRE
17h10
20h15
LES 8 SALOPARDS
LES 8 SALOPARDS
PONTOISE
SAINT-OUEN
22h45
Toto et ses soeurs
22h30
Au-delà des monta
22h30
étreinte du serpent
22h40
BÉLIERS
18h30
20h45
À peine j’ouvre les… LES 8 SALOPARDS
PONTOISE
DIM
20h30
LES 8 SALOPARDS
18h40
20h30
(D)
HECTOR
…d’Yitzhak RABIN
18h20
20h40
(D)
étreinte du serpent Au-delà des monta…
16h00
18h30
20h30
La fille du patron
BÉLIERS
Le pont des espions
14h00
16h00
18h30
20h30
(D)
À peine j’ouvre les… HECTOR
À peine j’ouvre les… …vie très privée de…
14h00
17h10
20h30 soirée débat
LES 8 SALOPARDS
LES 8 SALOPARDS
La fille du patron
18h20
Toto et ses soeurs
20h20
LES 8 SALOPARDS
LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS
Ecrire au Stella café
avec l’atelier d’écriture
«couleurs de plume»
SAINT-OUEN
mer
13
JAN
14h30
La fille du patron
14h40
ET TA SŒUR?
14h20
Belle & Sébastien 2
14h20
CAROL
14h15
LES 8 SALOPARDS
16h30
18h20
HECTOR
…chambre interdite
16h40
18h00
NEIGE ET LES…
Le pont des espions
16h20
18h20
Le voyage d’ARLO
CAROL
16h40
18h30
Toto et ses soeurs La fille du patron
17h20
LES 8 SALOPARDS
18h30
ARGENTINA
PONTOISE
SAINT-OUEN
JEU
Ecrire pour le plaisir au moyen de jeux
d’écriture et de contraintes littéraires
Libérer son imagination et sa créativité en jouant avec les mots
Tous les jeudis
3-10-17 décembre / 7-14-21-28 janvier
/4-18-25 février de 9h30 à 11h30 à la
Maison des Associations, Salle Prune,
Place du Petit Martroy à Pontoise
14
JAN
18h40
20h40
Toto et ses soeurs …chambre interdite
18h20
20h40
étreinte du serpent HECTOR
18h30
20h30
ET TA SŒUR?
Le pont des espions
18h30
20h45
À peine j’ouvre les… La fille du patron
18h15
20h30
CAROL
LES 8 SALOPARDS
19h45 Opéra
Cavalleria rusticana & Pagliacci
SAINT-OUEN
VEN
15
PONTOISE
15 euros l’atelier
SAINT-OUEN
contact :
[email protected]
20h30
CAROL
PONTOISE
Les samedis 12 décembre , 9 janvier,
20 février et 12mars de 14h 30 à 16h 30
au Stella café d’Utopia
à Saint-Ouen l’Aumône
Chaque séance est indépendante.
14h00
CAROL
14h00
LES 8 SALOPARDS
16h00
BÉLIERS
16h00
ARGENTINA
16h00
ET TA SŒUR?
JAN
SAM
16
JAN
14h00
ET TA SŒUR?
14h00
LES 8 SALOPARDS
18h30
20h30
22h45
BÉLIERS
étreinte du serpent Toto et ses soeurs
18h20
20h40
22h20
…chambre interdite ARGENTINA
…chambre interdite
16h00
18h30
20h30
22h40
La fille du patron
À peine j’ouvre les… CAROL
La fille du patron
16h00
18h40
20h40
22h15
Toto et ses soeurs HECTOR
ET TA SŒUR?
Le pont des espions
17h15
20h30 soirée débat
LES 8 SALOPARDS
L’AFFAIRE SALAH HAMOURI
18h20
CAROL
14h20
…chambre interdite
14h40
HECTOR
14h30
Belle & Sébastien 2
14h15
CAROL
14h30
LES 8 SALOPARDS
18h00
étreinte du serpent
18h30
Toto et ses soeurs
18h30
CAROL
18h20
ARGENTINA
17h40
LES 8 SALOPARDS
18h30
DEMAIN
DIM
17
JAN
PONTOISE
14h40
À peine j’ouvre les…
14h30
La fille du patron
14h30
(D)
Le voyage d’ARLO
14h20
ET TA SŒUR?
14h15
LES 8 SALOPARDS
15h00
CAROL
16h40
HECTOR
16h30
Toto et ses soeurs
16h30
(D)
Belle & Sébastien 2
16h10
Le pont des espions
17h20
(D)
NEIGE ET LES…
18
JAN
14h00
ARGENTINA
14h00
LES 8 SALOPARDS
(D)
18h40
ARGENTINA
18h30
BÉLIERS
18h40
ET TA SŒUR?
18h50
La fille du patron
18h30
CAROL
17h20
LES 8 SALOPARDS
SAINT-OUEN
LUN
20h45
LES 8 SALOPARDS
16h40
NEIGE ET LES…
16h40
BÉLIERS
16h30
Le voyage d’ARLO
16h30
ET TA SŒUR?
PONTOISE
SAINT-OUEN
16h00
ET TA SŒUR?
16h00
CAROL
16h00
Le pont des espions
MAR
PONTOISE
21h00
CAROL
20h40
Toto et ses soeurs
20h30
…chambre interdite
20h30
Le pont des espions
20h45
étreinte du serpent
20h45
HECTOR
20h30
LES 8 SALOPARDS
SAINT-OUEN
JAN
20h30
22h30
À peine j’ouvre les…BÉLIERS
20h30
22h20
La fille du patron
étreinte du serpent
20h50
22h40
ET TA SŒUR?
ET TA SŒUR?
20h15
22h45
Le pont des espions ARGENTINA
20h50
LES 8 SALOPARDS
18h15
20h30
…chambre interdite étreinte du serpent
18h40
20h40
Toto et ses soeurs ET TA SŒUR?
18h30
20h30
À peine j’ouvre les… CAROL
18h40
20h40
(D)
HECTOR
BÉLIERS
18h20
20h20
La fille du patron
LES 8 SALOPARDS
PONTOISE
19
20h40
étreinte du serpent
20h45
Toto et ses soeurs
20h40
ET TA SŒUR?
20h30
À peine j’ouvre les…
20h30
LES 8 SALOPARDS
14h00
Toto et ses soeurs
14h00
LES 8 SALOPARDS
18h40
(D)
Toto et ses soeurs
16h00
18h30
(D)
étreinte du serpent HECTOR
16h00
18h15
À peine j’ouvre les… CAROL
16h00
18h20
(D)
La fille du patron
étreinte du serpent
18h30
ARGENTINA
18h30
ET TA SŒUR?
20h40
(D)
…chambre interdite
20h45
La fille du patron
20h30
(D)
Le pont des espions
20h40
(D)
À peine j’ouvre les…
20h30 soirée débat
Vérités et mensonges sur la SNCF
20h30
LES 8 SALOPARDS
SÉANCES DE GROUPES AU: 01 30 37 75 52 (tarif: 3 euros)
L’HIVER FÉÉRIQUE
OUPS !
J’AI RATÉ L’ARCHE
DU 9/12 AU 3/01
Film d’animation réalisé par Toby Genkel & Sean McCormack
2014 Allemagne, Luxembourg, Belgique, Irlande 1h26 VF
Pour les enfants à partir de 4 ans
CINÉ-GOÛTER LUNDI 21 DÉCEMBRE à St-Ouen
à l’issue de la séance de 14h30 :
JUS POMME + 1 COOKIE BIO (PATIBIO): + 1,50 euros
**********************************************************************
DU 16/12 AU 2/01
Programme de 7 courts métrages
film d’animation 2015 40mn
Pour les enfants à partir de 3 ans.
TARIF UNIQUE 3,50 EUROS
Un programme pour fêter joyeusement la venue de l’hiver féerique ! Découvrez la douceur, la poésie et la magie hivernales de
ces sept petits films qui mettent en œuvre des techniques originales (animation de dentelles ou de tissus…) ou plus traditionnelles
(dessins au crayon, peintures, papiers découpés), composant un
très beau programme qui réunit des petits trésors de créativité.
L’Hiver est arrivé
(Russie 5mn40) : une élégante renarde vole à l’automne ses
couleurs : l’hiver est arrivé. Les animaux s’endorment ou s’emmitouflent et une petite fille se blottit dans ses couvertures.
Toutes les étoiles
(USA 3mn) : un garçon qui vit dans un monde magnifique
récolte dans les flaques des étoiles qu’un rêne distribue
aux enfants des villes le soir, avant qu’ils ne s’endorment.
Le Temps des enfants
(Russie 6mn) : alors que la nuit et la neige tombent, de drôles
d’animaux rendent visite à un petit garçon et à son grand-père.
Une petite étoile
(Russie 6mn) : c’est la veille de Noël. Une famille d’étoiles joue dans les nuages. Mais l’une des petites étoiles dégringole de son nuage ! Comment remonter ?
Qui pourra l’aider à rejoindre ses frères et sœurs ?
Les Moineaux sont des bébés pigeons
(Russie 5mn) : c’est une triste journée d’hiver, il fait très
froid. Mais en observant bien, un petit garçon aperçoit des couleurs et des animaux fantastiques…
Lapins des neige
(Russie 4mn40) : une maman lapin part à la recherche
d’un arbre de Noël à décorer en compagnie de ses trois
petits, mais en chemin ils devront braver bien des dangers : cette nuit de Noël leur réserve des surprises !
La Petite moufle rouge
(Corée du Sud 6mn40) : dans la neige, une petite fille construit
patiemment son bonhomme de neige. Une de ses moufle disparaît. Elle se lance à sa recherche. Aurait-elle été volée ?
La fin du monde est proche : le grand déluge arrive. Heureusement, un chouette type qui aime les animaux et l’humanité, Noé, a construit une Arche pour y accueillir toutes
les espèces du règne animal. Toutes… sauf une : la race des
Nestrians, de curieuses et adorables créatures à la fourrure colorée que personne n’a jugé utile d’inviter à bord.
Grymps et Hazel, bien décidés à quitter la terre ferme pour
sauver leur peau parviennent toutefois à ruser et à embarquer clandestinement, grâce à l’aide involontaire de deux
farouches Grymps, Hazel et sa fille Leah. Mais, au moment
du départ, Finny et Leah tombent accidentellement du
bateau. Ils vont dès lors devoir s’unir pour échapper au
déluge et survivre dans un monde hostile et peuplé de prédateurs sauvages.
Pas facile de proposer un nouveau film d’animation avec
des animaux sauvages qui tentent de sauver leur peau. Il
faut dire que de L’âge de glace à La prophétie des grenouilles (qui reste notre chouchou) en passant par les multiples opus de Madagascar et autres Wild, il y a de quoi
faire. Pourtant Oups ! j’ai raté l’arche réussit à séduire.
D’abord par sa paire d’anti-héros, un père et son fils, des
Nestrians, à la fois maladroits, curieux dans leur aspect, et
touchants par leur naïveté. Puis par leurs interactions avec
les autres personnages : Grymp et sa fille, deux vraies pestes solitaires qui pour rien au monde ne s’attacheraient à
leurs congénères, sans compter les autres membres de
l’arche ( un flamant rose susceptible, un lion prétentieux,
un majordome maniéré et un rien bigleux...) qu’ils font tourner en bourrique, jouant à la fois sur la roublardise et la
complicité.
La bonne idée consistant à séparer, au moment de l’arrivée
de la vague, les petits des adultes, permet de lancer le
scénario dans une double quête au discours bien huilé sur
l’acceptation de la différence et la nécessité de trouver sa
place dans le monde.. oups que c’est joli !
UNE SURPRISE
POUR NOËL
JUSQU’AU 28/12
Deux contes d’hiver sur lesquels souffle
l’esprit de Noël.
Réalisé par Chel White,
USA VF 2015
Durée totale du programme : 45 minutes
Pour les enfants à partir de 3 ans
Tarif unique : 3,50 euros
Joyeux Nöel Jingle !
Les préparatifs de Noël battent leur plein à
Sapinville. Quelques jours avant Noël, Andrew va choisir un sapin avec ses parents. À
la pépinière, il tombe sous le charme de Jingle, un bébé husky qui cherche une maison
d’adoption. Mais la maman d’Andrew refuse
catégoriquement de repartir avec le chiot.
Pourtant, Jingle va chercher à retrouver le
petit garçon et entame un long et périlleux
parcours à travers la forêt.
Jingle et Andrew réussiront-ils à fêter Noël
ensemble ?
Joyeux Noël Jingle et Belle !
Un an plus tard, tout le monde se prépare
à fêter Noël...Sofia et sa chienne Belle ont
quitté les plages et le soleil de Californie et
viennent d’emménager à Sapinville. Ce premier Noël loin de la chaleur et de ses amis
s’annonce bien triste pour la fillette... Mais,
grâce à Andrew et Jingle, elle va retrouver le
sourire et découvrir les joies que lui réserve
une fin d’année sous la neige..
NEIGE ET LES ARBRES MAGIQUES
DU 30/12 AU 17/01
Programme de 4 courts métrages
d’animation des Studios Folimage
France 51 minutes,
À partir de 4 ans
Tarif unique 3,50 euros
Montrer des images à des enfants,
dès l’âge de 4 ans, des images autres
que celles que l’on peut voir à la télévision, des images qui n’agressent pas,
des images qui tentent de raconter
autre chose que des bleuettes insignifiantes ou des combats d’humanoïdes
incroyablement laids, des images qui
s’attachent au contraire à montrer
toute la beauté et la poésie de notre
monde est un pari risqué mais diablement salutaire. C’est à cette gageure
que s’attaque le studio Folimage avec
ce très joli Neige et les arbres magiques. Si nous en ressortons heureux
d’avoir fait le plein d’histoires simples
et de très belles illustrations, il y a fort
à parier que nos chers bambins ne
puissent qu’adhérer à ce projet.
Ce programme du studio Folimage
nous propose trois courts métrages
et un moyen métrage (ou simplement
un court un peu plus long), le tout en
animation. Benoît Chieux met en scène, dans Tigres à la queue leu leu, un
petit garçon qui n’aime que dormir et
aller sur le pot. Face au courroux de
sa mère, il décide de se lancer dans
un grand projet : ramasser toutes les
crottes d’animaux qu’il trouve, en faire
un compost puissant pour pouvoir
récolter rapidement des graines de
sésame. Hymne à la nature, au recyclage (avec un grand respect pour les
matières fécales), à l’ingéniosité et à
la paresse, Tigres à la queue leu leu,
servi par un graphisme très doux, est
un petit bijou d’animation.
La réalisatrice Chaïtane Conversat livre, de son côté, un court métrage
qui tend encore plus que le précédent
vers une poésie du monde qui s’éloigne du réel, intitulé La petite pousse.
Une jeune fille se coud des robes en
capturant des motifs fleuris à l’aide
d’un drap magique. Jusqu’au jour où
de jeunes pousses apparaissent dans
son nombril après qu’elle a avalé quelques graines et qu’un monde différent
puisse naître, dans lequel les paysages se parent de mille couleurs. Yulia
Aronova réalise le troisième court métrage, One, Two, Tree (titre que seuls
les adultes comprendront) et nous invite à suivre la promenade d’un arbre
et de rencontrer avec lui un coiffeur,
une vache, un joueur de guitare et des
danseuses de flamenco. Furieusement gai, One, Two, Tree est une invitation à sortir des sentiers battus, à
ne pas hésiter à prendre des chemins
de traverse, souvent synonyme de découvertes étonnantes.
Enfin, le moyen métrage, Neige, qui,
accompagné des arbres magiques
rencontrés dans les trois courts métrages, donne son titre à ce programme,
est signé Antoine Lanciaux et Sophie
Roze. De la neige lorsqu’on ne l’attend
pas peut engendrer des rencontres
étonnantes : avec des Inuits, avec un
ours, des animaux qui ne devraient
pas être là. Au sein de notre époque
compliquée, notamment dans son
rapport à l’Autre, Neige ne peut être
qu’un grand bol d’air frais. Qu’estce que l’Autre a à nous apprendre, à
nous apporter ? Que peut-on donner
à l’Autre ? Pourquoi tout semble plus
simple lorsqu’on a envie de se frotter à
l’Autre ? Autant de questions auxquelles répond très simplement, et très joliment, Neige.
BELLE ET SÉBASTIEN
L’AVENTURE CONTINUE
DU 9/12 AU 17/01
Réalisé par Christian DUGUAY
France 1h38
Sortie nationale le 9 décembre
Avec Félix Bossuet, Tchéky Karyo, Thierry Neuvic, Margaux
Chatelier, Thylane Blondeau
Scénario de Juliette Sales et fabien Suarez
Nous voilà de retour dans le petit village de Sébastien et de
sa fidèle Belle. Niché tout là-haut, dans les Alpes, là où les
sommets tutoient les nuages, le petit village de Saint-Martin
fête la fin de la guerre. Nous sommes en septembre 1945 et
cette rentrée des classes est joyeuse et animée, sauf pour
Sébastien qui préfère faire l’école buissonnière et les 400 coups
avec Belle. Pour lui une seule date compte vraiment et ce n’est
pas celle du retour de son maître d’école, des cartables et des
tables de multiplication, mais bien celle du retour de la belle
Angelina. Mais Angelina ne revient pas. L’avion qui la ramenait
a disparu dans un accident au cœur des forêts transalpines.
Tout le village a perdu espoir. Tout le village sauf César, le
grand-père de Sébastien. Le grincheux au grand cœur veut
croire à l’impossible et il est prêt à tout tenter. Même demander
de l’aide à “l’autre”... Celui-là pourtant, c’est rien de dire qu’il
ne le porte pas dans son cœur, croix de bois, croix de fer, il
avait même juré qu’il ne lui adresserait plus jamais la parole.
Oui, mais voilà, Pierre est le seul dans la région à posséder un
avion (trésor de guerre volé aux Allemands) et à être capable
de survoler la zone de l’accident.
Mais, avant de sauver la jeune femme, César, l’enfant et son
chien vont devoir braver mille dangers, traverser mille épreuves
et affronter un secret. Un secret qui va changer la vie de Belle
et de Sébastien à tout jamais.
Avec ce nouveau chapitre, les auteurs du premier film toujours
fidèles à l’univers de Cécile Aubry, poursuivent l’exploration
de l’enfance de Sébastien, l’amenant peu à peu aux portes de
l’adolescence…
Christian Duguay est québécois et passionné de grandes
fresques à caractère humaines et de nature, le réalisateur
de Jappeloup est un habitué de la montagne et des grands
espaces. Il réalise ici un grand film d’aventure familial aux
décors majestueux, une histoire qui va mener Belle et Sébastien
vers de nouvelles rencontres. Après avoir trouvé le chemin de
l’amitié dans le premier film, Sébastien doit cette fois renouer
les liens de sa famille. Un défi qui propulse notre jeune héros
dans le monde des adultes, et qui va l’obliger à se poser la
question de ses origines. Aidé par Belle, Sébastien va devoir
grandir…
TOUT EN HAUT DU MONDE
AVANT-1ÈRE - PETIT-DÉJEUNER DIMANCHE 10 JANVIER
à partir de 10h45 à Utopia Saint-Ouen (rendez-vous au café Stella à 10h45, séance à 11h15)
LE CONCEPT : à vous les croissants, à nous le chocolat chaud et les ejus de fruits
Tarif unique : 3,50 euros
Film d’animation réalisé par Rémi
Claye
France 2015 1h20
Avec les voix de Christa Théret, Feodor
Atkine, Thomas Sagols, Rémi Caillebot,
Audrey Sablé, Fabien Briche
D’après un scénario original de Claire
Paoletti, Patricia Valeix
Festival international
du film d’animation d’Annecy 2015 :
PRIX DU PUBLIC
1892, Saint-Pétersbourg. Sacha, une
jeune fille de l’aristocratie russe, a toujours été fascinée par la vie d’aventure
de son grand-père, Oloukine. Explorateur renommé, concepteur du Davaï, son
magnifique navire de l’Arctique, il n’est
jamais revenu de sa dernière expédition
à la conquête du Pôle Nord. Et maintenant son nom est sali et sa famille déshonorée. Pour laver l’honneur de la famille,
Sacha s’enfuit. En route vers le Grand
Nord, elle suit la piste de son grand-père
pour retrouver le fameux navire.
Autant dire qu’on a un véritable coup de
cœur pour ce film qui nous fait frissonner
avec cette aventure heureuse, épique,
drôle et rythmée à la « Jack London » dans
la trace des grands explorateurs polaires
du 19ème siècle. Que dire de Sacha, si
ce n’est qu’on adore cette jeune héroïne
qui va devoir s’émanciper à rebours de
sa condition de fille élevée dans la soie
pour apprendre à se débrouiller toute
seule en apprenant à travailler, dur dur !
Elle va devoir s’intégrer avec courage, en
se retroussant les manches, au sens propre comme au figuré, dans la réalité de
son époque pour réussir à atteindre avec
pugnacité son objectif et son rêve.
L’univers artistique et graphique original
du film de Rémi Chayé est très finement
métissé des peintures des Fauves et Nabis et influencé par le côté aplat des affiches publicitaires de voyages.
La technique des trichromes russes de
l’époque du tsar a même permis à Patrice Suau, le directeur artistique, qui a
oeuvré aussi pour Le Jour des corneilles
de Jean-Christophe Dessaint, de créer la
méthodologie de fabrication des décors.
Rémi Chayé, même si c’est son premier
long-métrage, n’est pas tout à fait un novice, bien au contraire, il est issu de La
Poudrière, tout simplement la meilleure
écoles d’animation européenne qui forme chaque année 10 jeunes issus de la
crème des meilleures écoles mondiales.
Il s’est aguerri, excusez du peu, comme
assistant réalisateur de Brendan et le secret de Kells de Tomm Moore, ou auprès
du grand réalisateur français Jean-François Laguionie comme assistant réalisateur du Tableau, après avoir travaillé à
ses côté sur L’Île de Blak Mor.
On se réjouit de ce vrai compagnonnage
artistique croisé entre Rémi Chayé et
Jean-François Laguionie y compris dans
une parenté de style.
Rien d’étonnant à ce que Tout en haut du
monde, Rémi Chayé et son équipe aient
été récompensés par le prix du public au
festival international de cinéma d’animation d’Annecy en juin 2015.
LE MARDI 29 DECEMBRE
JOURNEE SPECIALE LULU
6€
FORMULE DINER
« Et ta sœur »
Séance 20h30
+
1 Galette Bretonne
Accompagnement salade
+
1 Crêpe
12 €
Au sucre ou à la confiture
RDV à partir de 19h
Pour déguster votre repas
PREVENTE vivement conseillée
au cinéma UTOPIA
de Saint Ouen L’Aumône
CINÉ-GOÛTER AVEC LES CRÊPES DE
LULU À L’ISSUE DE LA PROJECTION
DU MARDI 29/12 à 14h30
FORMULE 6 euros :
Film + Galette sucrée + Jus de Pomme
(prévente vivement conseillée dès le 9/12)
LE VOYAGE
D’ARLO
DU 23/12 AU 17/01
Film d’animation réalisé par Peter Sohn
USA 2015 1 h 35 Version Française
avec les voix d’Eric Cantona, Olivia Bonamy...
Pour tous à partir de 6 ans.
Et si la catastrophe cataclysmique qui a bouleversé la Terre
et provoqué l’extinction des dinosaures n’avait jamais eu
lieu ? Et si les dinosaures ne s’étaient jamais éteints, et
vivaient parmi les hommes ? Disney et Pixar nous emmènent dans un nouveau voyage original et inattendu : un
monde dans lequel les dinosaures n’auraient pas disparu.
Ils parlent, vivent tranquillou et côtoient des humains un
peu sauvages. Découvrez le grand voyage d’Arlo, jeune
Apatosaure au grand cœur, maladroit et craintif, qui décide
d’entamer un voyage extraordinaire dans des terres sauvages et mystérieuses. Il y fera une rencontre étonnante
qui bouleversera son expédition : celle d’un petit garçon
sauvage et astucieux répondant au nom de Spot. Le problème c’est que le jeune Arlo va se paumer dans la pampa.
Il devra compter sur son nouvel ami, Spot, pour l’aider à
rentrer chez lui.
Comme d’habitude avec Pixar, le film déborde de poésie,
d’aventure, d’humour et bien sûr l’animation est de haute
volée. Le voyage d’Arlo est une très chouette épopée qui
mêle des personnages aussi drôles qu’attachants, de folles aventures et beaucoup d’émotion.
Avril
et le monde truqué
JUSQU’AU 2/01
Réalisé par Franck Ekinci, Christian Desmares
Avec les voix de Marion Cotillard, Philippe Katerine, Jean Rochefort, Olivier Gourmet, Bouli Lanners...
Scénario de Franck Ekinci
et Benjamin Legrand
POUR TOUS À PARTIR DE 7/8 ANS
Création et univers graphiqueJacques Tardi
L’univers de Tardi magnifiquement adapté au cinéma : plaisir
garanti pour les enfants pas trop petits et tous les amateurs du
trait unique d’un des plus grands dessinateurs français en activité…
1941. Le monde est radicalement différent de celui décrit par
les livres et les professeurs d’histoire… Napoléon cinquième du
nom règne sur la France où, comme dans beaucoup d’autres
pays, les plus grands savants disparaissent mystérieusement.
Et ça fait 70 ans que ça dure ! Du coup l’humanité est privée de
découvertes capitales : pas d’électricité, pas d’avions, pas de
moteurs à explosion, pas de radio… L’époque est enlisée dans
une panne technologique, comme endormie dans un savoir du
siècle passé, gouverné par le charbon et la vapeur.
C’est dans ce monde étrange et ralenti qu’une jeune fille intrépide, Avril, décide de partir à la recherche de ses parents,
eux-mêmes scientifiques disparus. Elle est accompagnée dans
sa mission volontaire par Darwin, son chat qui parle, et Julius,
sympathique chenapan des rues qui a le béguin pour elle. Le
trio devra affronter les dangers et les mystères de cet inquiétant
Monde Truqué. Qui donc enlève les savants depuis des décennies ? Dans quel sinistre but ?
Le film est beau à voir et très plaisant à suivre : les trouvailles
fourmillent, les rebondissements se ramassent à la pelle, entre
suspense bien tenu et fantaisie débridée. La trame rétro-futuriste offre matière à une imagination visuelle réjouissante : ainsi
ces trains semblables à des paquebots, qui font Paris-Berlin en
72 heures « à peine ! », ces véhicules automobiles qui fonctionnent grâce à des chaudières ou encore ce chêne majestueux,
quasi-dernier de son espèce, préservé dans un musée…
C’est très réussi et ça méritait bien le Grand Prix du Festival du
film d’animation d’Annecy.
FILM PROGRAMMÉ UNE SEULE SEMAINE
L’ÉTAGE DU DESSOUS
DU 9 AU 15/12
Réalisé par Radu MUNTEAN
Roumanie 2015 1h33mn VOSTF
avec Teodor Corban, Iulian Postelnicu,
Oxana Moravec, Ionut Bora...
Scénario de Razvan Radulescu,
Alexandru Baciu et Radu Muntean.
Allez savoir pourquoi, le lâche n’a pas
souvent bonne presse au cinéma…
Dès que la caméra scrute la face livide
et cireuse du lâche, c’est toujours pour
en dire du mal ! D’où l’originalité, la rareté, l’humanité de L’Étage du dessous,
film peu spectaculaire, malaisé à saisir, dénué de toute démagogie morale,
mais qui insinue dans le ressenti de son
spectateur une tension dérangeante,
croissante, pénétrante. L’idée-force de
Radu Muntean, c’est de ne pas lui faire raser les murs, à son lâche, mais de
le cadrer bien au centre de l’écran. De
ne pas l’écraser de savants jeux d’ombres mais de l’éclairer d’un jour lumineux de printemps roumain. De ne pas
le perdre dans des décors oppressants
mais de l’installer dans la quiétude d’un
agréable appartement bucarestois.
Au centre, donc, Sandra Patrascu… Son
acte de lâcheté fondateur, quel est-il ? Là
encore, Muntean a la subtilité de ne pas
accabler son héros. Vous avez promené
votre chien. Il faisait beau. Vous passez
devant la porte d’un appartement, un
étage sous le vôtre. Des cris. Un couple
qui s’engueule parce qu’il se sépare. Un
bruit sourd. Silence. Mais les criaillements reprennent. L’homme sort du logis,
vous toise. Un bref salut. Vous continuez
à grimper l’escalier. Aucun spectateur de
L’Étage du dessous, devant cette scène
tranquille filmée tranquillement, ne peut
certifier en son for intérieur qu’il aurait
agit autrement que Patrascu. Mais l’hésitation se mue en culpabilité quand est
diffusée la nouvelle que la jeune voisine
de l’étage inférieur a été retrouvée morte
chez elle, quelques heures plus tard.
Pourquoi Patrascu ne témoigne-t-il pas
devant la police ? Puisque le personnage
ne dit rien, même à nous, se mure dans sa
modeste respectabilité, puisque la mise
en scène sciemment lisse de Muntean
ne diffuse guère d’indices, il faut supposer. Honte de ne pas être intervenu ? Réticence peureuse à impliquer un voisin,
car l’homme de l’escalier se révèle habiter l’immeuble, lui aussi ? Ou simple refus
pusillanime de prendre part, même de
loin, à un vrai fait divers de la vraie vie ?
Cette question, le présumé coupable, Vali,
qui continue à vaquer à ses occupations
mais se sait sous le coup d’une possible dénonciation, se la pose et n’ose pas
la poser à Patrascu, dans une tension
d’obédience dostoïevskienne. Comment
le malaise se répand-il ? Parce que toute
réponse est différée. Ce que l’on voit à
l’écran, c’est un portrait moral à petites
touches diffuses. Qui est Patrascu ?…
À l’écran, souvent en temps réel, car
c’est le génie de la nouvelle vague roumaine, des scènes de presque rien. Un
employé qui tamponne… Une voiture
qui prend une file… Des logiciels dont on
égrène les noms incompréhensibles…
La sœur de la défunte qui, geste stressant à souhait, tente de saisir une enveloppe dans une boîte aux lettres dont
la clef ne fonctionne plus… Et pourtant,
insensiblement, Patrascu évolue…
(F. Baumann, Positif)
back home
DU 9 AU 29/12
(LOUDER THAN BOMBS)
Réalisé par Joachim TRIER
Norvège/Danemark
2015
1h49mn
VOSTF - avec Jesse Eisenberg, Isabelle
Huppert, Gabriel Byrne, Devin Druid...
Scénario de Joachim Trier et Eskil
Vogt.
Si Joachim Trier nous avait intrigué avec
son premier film Nouvelle donne, il nous
avait particulièrement ébloui avec le suivant, Oslo, 31 Août (disponible en Vidéo
en Poche), adaptation aussi lumineuse
que crépusculaire du Feu follet de Pierre
Drieu la Rochelle, magnifique portrait
d’un jeune homme rongé par la solitude
et la culpabilité. Aucun doute que c’est
la réussite de ce dernier qui a permis
au réalisateur norvégien de faire appel
pour son troisième film à un casting
international de première classe : Isabelle Huppert, Gabriel Byrne, le toujours
remarquable Jesse Eisenberg, sans
oublier un petit nouveau, Devin Druid,
impressionnant pour sa première apparition à l’écran. Tournage américain donc
– l’intrigue du film se déroule principale-
ment à New-York – mais dans lequel le
cinéaste continue de creuser les thèmes
qui habitaient ses précédents opus : la
solitude, l’incommunicabilité, le poids
du passé et la puissance de l’écriture.
Trois ans après sa mort accidentelle, une
exposition est organisée en hommage
à la célèbre photo-reporter de guerre
Isabelle Reed. Son mari et ses deux
enfants se retrouvent dans la maison
familiale pour préparer cet événement.
Les liens entre eux se sont distendus
depuis la disparition de leur femme et
mère. Jonah, l’aîné, revient dans le giron
familial nimbé de sa réussite professionnelle (il est professeur d’université) et
de sa récente paternité. Il pense sans
doute pouvoir prendre les choses en
main aussi rapidement que sûrement,
et organiser au mieux cette exposition.
Mais ces préparatifs s’avèrent bien plus
compliqués que prévu, l’obligeant à se replonger dans les vestiges d’un passé qui
réveille en lui les souvenirs de sa mère et
de leur relation, et éveille des doutes sur
les circonstances de sa mort. Face à lui,
son père Gene tente de donner le change mais semble plus préoccupé par son
fils cadet Conrad, qui s’est enfermé dans
le mutisme et les jeux vidéos violents.
L’organisation de l’expo-hommage va
obliger ces trois personnages, qui ont
laissé le silence et les non-dits s’installer
entre eux, qui s’épient en cachette pour
essayer de se comprendre, à se confronter de nouveau au deuil et aux blessures
que la mort d’Isabelle a occasionnés, pour
pouvoir enfin se réconcilier, se réconforter
et affronter la vérité sur cette disparition.
Pour décrire l’évolution de ses personnages, pour exprimer leur trouble et la
confusion de leurs sentiments, Joachim
Trier choisit une mise en scène en forme
de puzzle, la narration se construisant
de subtils allers-retours entre différentes
époques et différents points de vue, tout
en mélangeant différentes strates d’images : images réelles ou fantasmées,
photographies d’Isabelle ou parties de
jeux vidéos de Conrad (dans lequel son
père essaie de le retrouver), souvenirs,
rêves et projections mentales des divers
personnages… « En somme, ce que je
veux, c’est émouvoir le public en espérant avoir trouvé une forme où l’intellect
et l’émotion se rejoignent dans un même
film » dit le cinéaste norvégien. Et, en effet, la construction de son film épouse
parfaitement le propos qu’elle entend
servir. D’abord distanciée et d’une élégante froideur, la réalisation de Joachim
Trier laisse peu à peu, à l’instar des ses
personnages, s’exprimer les émotions,
atteignant par moments la grâce de son
film précédent, comme dans cette scène
prodigieuse où les écrits de Conrad, découverts par son frère, prennent vie sous
nos yeux…
En partenariat avec l’association
Les Lumières de la ville Soirée spéciale courts - métrages
vendredi 18 décembre à 20h30 à Utopia St-Ouen l’Aumône
L’association Les Lumières de la ville, nous a concocté une soirée de courts-métrages qui sont de vraies
petites perles rares à découvrir. Au programme cinq courts-métrages qui ont tous fait l’objet de sélections
et ont reçu des prix dans de nombreux festivals dont Clermont-Ferrand. La séance sera suivie d’un débat
avec les réalisateurs (sous réserve) et ce sera peut-être également l’occasion d’échanger sur le court-métrage.
Tarifs habituels UTOPIA - durée totale : 1h47
Pointe Noire
28 minutes, 2013
Un film de Ludovic Vieuille
avec Sophie Cattani et Jacques Boudet
Aline, 43 ans, vit avec ses enfants dans un modeste appartement de banlieue. Fille de coopérants, elle a grandi en Afrique noire où sont toujours
restés vivre ses parents. Aline s’apprête à accueillir pour quelques jours son
père, Michel, qu’elle n’a pas revu depuis de longues années.
Manu
25 minutes, 2011
Un film de Jérémy Elkaïm
avec Valérie Donzelli et Jérémy Elkaïm
Vincent et Julie acceptent d’héberger Manu, un Indien ami du frère de Julie. Alors
que Julie se comporte comme si de rien n’était, Vincent est excédé par cette présence étrangère et la tension monte entre eux. Arriveront-ils à surmonter ce que
Manu va leur révéler d’eux-mêmes ?
Footing
17 minutes 2013
Un film de Damien Gault
avec Manuel Vallade, Philippe de Jacquelin Dulphé
Un matin d’hiver, Marco, 33 ans, part avec son père de 60 ans pour un footing de huit
kilomètres. La conversation est difficile. En chemin, on comprend qu’un fossé s’est
creusé entre Marco, parisien venu passer quelques jours à la campagne, et JeanClaude, gendarme à la retraite à priori peu ouvert au dialogue. Pourtant l’amour est
bien présent, mais les barrières et la pudeur de chacun l’empêchent de s’exprimer.
Shadow
2014 23mn, VOSTF
Un film de Lorenzo Recio
avec Liu Yueh Ming et Aviss Zhong
Taipei. Xiao Shou est un garçon timide qui exerce le métier de montreur d’ombres
itinérant. Un jour, il croise la sublime Anne dont il tombe immédiatement amoureux.
Mais un terrible accident va plonger le jeune homme dans un monde de ténèbres... Aïssa
2014 8mn
Un film de Clément Tréhin-Lalanne
avec Manda Touré et Bernard Campan
Aïssa est congolaise. Elle est en situation irrégulière sur le territoire français. Elle dit avoir
moins de 18 ans mais les autorités la croient majeure. Afin de déterminer si elle est expulsable, un médecin va examiner son anatomie.
FILM PROGRAMMÉ UNE SEULE SEMAINE
LE DERNIER JOUR D’YITZHAK RABIN
DU 6 AU 12/01
Réalisé par Amos GITAÏ
Israël 2015 2h33mn VOSTF
avec Yitzhak Hiskiya, Pini Mittelman,
Tomer Sisley, Michael Warshviak, Einat
Weizman...
Scénario d’Amos Gitaï et Marie-José
Sanselme.
4 Novembre 1995. Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, l’homme des
accords d’Oslo, le Prix Nobel de la
paix, est assassiné sur la place des
Rois d’Israël à Tel Aviv après un long
et vibrant discours contre la violence
et pour la paix. Son assassin : un étudiant juif religieux d’extrême-droite…
« Vingt ans après, Amos Gitaï réalise
un film passionnant et important, clairement intitulé Le Dernier jour d’Yitzhak
Rabin, qui mêle images d’archives et
fiction. Un film qui décompose, jour
après jour, parfois même minute après
minute, les semaines ayant précédé et
suivi le drame. Un film choc pour tous
ceux qui suivent les déchirements du
conflit israélo-palestinien. Pourquoi
choc ? Parce que la plupart de ceux qui,
à l’époque, ont crié leur haine de Rabin
– accusé de trahir le peuple juif au profit de l’ennemi palestinien, avec lequel il
avait entrepris de négocier la paix –, la
plupart de ceux-là sont aujourd’hui au
pouvoir en Israël. Les religieux, les nationalistes, les colons, et surtout Benyamin
Nétanyahou, l’actuel Premier ministre.
« En deux heures et trente minutes, Amos
Gitaï nous fait revivre vingt ans de lente
déconstruction d’un rêve, celui de deux
Etats, Israël et la Palestine, vivant côte
à côte et en paix. Ce rêve se serait-il
concrétisé si Rabin n’avait pas été assassiné ? On ne le saura jamais. Ce qui est
certain en revanche, c’est que l’on n’en
a jamais été aussi loin qu’aujourd’hui.
« Méthodiquement, Nétanyahou a déconstruit tout ce que Rabin avait commencé à construire, désespérant ce qui
reste de la gauche israélienne, transformant les Palestiniens en ennemis
et accélérant la colonisation de la Cisjordanie. Encore 800 logements situés
dans quatre colonies juives ont été légalisés fin Octobre, alors que la tension
est à un de ses pics dans les territoires.
“Sous Nétanyahou, les Palestiniens
n’ont plus rien à perdre. Ils n’ont ni horizon ni espoir, uniquement l’occupation,
la saisie de terres, la misère et le chômage”, écrit début Novembre Nehemia
Shtrasler dans le quotidien Haaretz.
« Pire, compte tenu du rapport de forces au sein de son gouvernement, Nétanyahou pourrait laisser monter au
pouvoir ces religieux radicaux qui militent pour aller prier sur l’Esplanade
des mosquées. Menaçant de transformer un conflit territorial en conflit religieux. Ce qui, dans le contexte régional
actuel, serait pure folie. C’est ce que
raconte Le Dernier jour d’Yitzhak Rabin : la catastrophe passée et à venir. »
(Alexandra Schwartzbrod, Libération)
Séance exceptionnelle le vendredi 15 janvier à 20h30 à Utopia Saint-Ouen
en présence du sémillant réalisateur Nadir Dendoune .
Soirée soutenue par le Collectif Urgence Palestine ( CUP ) , l’Association France
Palestine Solidarité, le Parti de Gauche, Europe Ecologie les Verts et le NPA.
TARIF UNIQUE POUR CETTE SÉANCE : 4 EUROS
Film documentaire de
Nadir DENDOUNE
France 2015 40 mn
C’est un petit film diablement intelligent
et efficace, qui aurait pu être signé par
les comparses Halimi et Balbastre des
Nouveaux chiens de garde, tant il analyse avec impertinence le « deux poids
deux mesures » des médias et des politiques français dès qu’il s’agit du conflit
israélo-palestinien. Le film s’ouvre sur
l’intervention culte du comédien François Cluzet face au non regretté JeanFrançois Copé, au JT dominical de
Laurent Delahousse. Nous sommes en
2009 et l’acteur, plutôt que d’assurer la
promo de son film du moment, préfère
évoquer quelque chose qui le scandalise : le silence des médias et des politiques sur le cas du franco-palestinien
Salah Hamouri, alors emprisonné sans
preuve dans les geôles israéliennes pour
le prétendu projet d’assassinat du rabbin
extrémiste Ovadia Yossef. Il a suffi que
le jeune homme de 24 ans, soupçonné
d’appartenir au Front Populaire de Libération de la Palestine, organisation
marxiste révolutionnaire, soit passé avec
des amis devant le domicile du rabbin
pour qu’il soit arrêté, jugé et condamné
à sept ans de prison par un tribunal militaire d’exception.
Depuis 2005, la mère grenobloise de
Salah se bat, un comité de soutien s’est
constitué dans l’indifférence quasi générale jusqu’à l’intervention télévisuelle de
François Cluzet. Le silence est d’autant
plus choquant que, peu de temps auparavant, Nicolas Sarkozy avait déclaré
vouloir se porter au secours de n’importe lequel de nos concitoyens incarcérés,
où qu’il se trouve. Et surtout, dès 2006,
avec la prise de guerre par un groupe
palestinien du soldat franco-israélien
Gilad Shalit, qui lui a toutes les faveurs
des médias et fait l’objet d’initiatives
de nombreuses mairies qui font de lui
un citoyen d’honneur et dont le visage
s’affiche en façade des hôtels de ville,
la distorsion est flagrante. Le film du tonitruant journaliste Nadir Dendoune, un
étonnant personnage, marathonien, alpiniste et journaliste tellement free-lance
qu’il a été emprisonné plusieurs jours en
Irak, a été réalisé après la libération de
Salah Hamouri, qui a fini par intervenir
en 2011 dans le cadre de l’échange de
prisonniers après que Gilad Shalit a été
relâché. Il revient avec pertinence, en
compagnie de nombreux intervenants,
sur les aberrations médiatiques : les ténors du Monde Diplomatique Alain Gresh
ou Dominique Vidal analysent admirablement le cheminement des faits, mais
aussi l’ancien correspondant à Jérusalem de France 2, Charles Enderlin, qui
fut longtemps la tête de turc des lobbies
sionistes et qui, fort de plusieurs décennies de présence sur place, nous livre le
tableau terrible d’une justice israélienne
qui n’en est pas une et de l’efficacité des
lobbies qui font pression sur les médias
occidentaux. S’expriment d’ailleurs aussi dans le film Richard Prasquier, président du CRIF, qui justifie sans vergogne
l’absence de justice impartiale en Israël
au profit de la sécurité, et le président du
comité de soutien à Gilad Shalit, qui explique tranquillement les mécanisme de
son travail de lobbying.
à peine j’ouvre les yeux
DU 6 AU 19/01
Réalisé par Leyla BOUZID
Tunisie 2015 1h42 VOSTF
avec Baya Medhaffar, Ghalia Benali,
Montassar Ayari...
Scénario de Leyla Bouzid et MarieSophie Chambon
Beaucoup de prix dans beaucoup de
festivals, notamment le Prix du Public
et le Prix Label Europa Cinémas à la
Mostra de Venise.
Le cinéma est un outil formidable, un
moyen incomparable de s’immerger
dans des réalités éloignées des nôtres,
de représenter des parties du monde qui
nous seraient sinon invisibles, de raconter des histoires qui nous permettent de
mieux appréhender des moments clés
de l’Histoire. Sur les révolutions qui ont
émergé dans de nombreux pays arabes
au début de cette décennie, beaucoup
de choses ont été dites et montrées.
Nous avons vu les images documentaires des immenses manifestations et du
renversement des pouvoirs en place, de
la répression et des échecs. Nous avons
en quelques sortes vécu, via nos écrans,
les événements de ces Printemps Arabes, et nous suivons encore leurs conséquences sur les pays concernés. Mais
nous fûmes sans doute nombreux à être
surpris par ces mouvements, et à ne pas
forcément comprendre, par méconnaissance de la situation de ces pays, les rai-
sons de ces soulèvements. La jeune réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid a donc
décidé de situer l’action de son premier
film quelques mois à peine avant la révolution de Jasmin, avec la volonté de faire
ressentir ce qu’était la vie des Tunisiens
– et particulièrement de la jeunesse –
sous l’ère Ben Ali: « J’ai voulu revenir
sur la sensation d’étouffement, la peur
continue qu’on ressentait alors. Il ne faut
pas oublier ces émotions. Je parle plus
particulièrement de l’atmosphère des
derniers mois du régime. Alors que la
corruption rongeait tout, les gens étaient
agressifs, ils évoluaient dans l’incertitude. C’était un peu une fin de règne.
Tout cela explique, au moins en partie,
énormément de choses, notamment les
raisons de l’explosion qui ont conduit à
la révolution ».
Tunis, été 2010. Farah est une jeune fille
brillante qui vient de réussir son bac avec
succès et que sa famille imagine déjà
médecin. Mais Farah est aussi une fille
à l’énergie débordante – et au caractère
bien trempé – qui veut profiter de la vie
et de sa jeunesse. Elle sort dans les bars,
s’enivre, découvre l’amour dans les bras
d’un des musicien du groupe de rock
dans lequel elle chante des textes engagés, qui parlent des problèmes de son
pays, de sa frustration et de ses rêves
qui sont aussi ceux de ses compatriotes. Libre et impulsive, Farah s’oppose à
la volonté de sa mère Hayet, qui connaît
les interdits de son pays et tente de la
protéger en l’éloignant de son groupe.
Car dans la Tunisie de Ben Ali, Farah
est considérée comme une rebelle, les
membres de son groupe sont d’ailleurs
surveillés par la police. Mais le désir de
liberté est trop fort pour être contenu. Et
c’est peu à peu les rouages de la machine répressive qui vont se refermer sur la
jeune fille, symbole d’une jeunesse fière
et vivante qui veut rester debout, mais
risque d’en payer le prix...
À peine j’ouvre les yeux est donc le portrait d’une jeune fille trop libre pour un
système autoritaire qui n’a plus d’autres
solutions que la répression et la violence pour perpétuer son règne, étendard
d’une jeunesse qui fera entendre sa voix
quelques mois plus tard. Le film de Leyla
Bouzid suit à un rythme effréné la tignasse bouclée et le visage poupin de son
héroïne, plongeant à sa suite dans la vie
nocturne tunisienne, ses rues, ses bars
et ses boîtes de nuits. Il laisse une grande place à la puissance de la musique
– rock inspiré des rythmes du mezoued,
musique populaire tunisienne – et aux
textes chantés par Farah. Et offre deux
magnifiques personnages à deux sublimes actrices autour desquelles le récit
se resserre peu à peu: la jeune Baya
Medhaffar, dont c’est la première apparition, incarne Farah avec une énergie
ébouriffante face à la célèbre chanteuse
tunisienne Ghalia Benali, remarquable
dans le rôle de sa mère Hayet.
21
NUITS
LES SUFFRAGETTES
AVEC PATTIE
JUSQU’AU 15/12
Réalisé par Sarah GAVRON
GB 2015 1h46 VOSTF
avec Carey Mulligan, Helena Bonham Carter, Meryl Streep,
Brendan Gleeson, Anne-Marie Duff…
Scénario d’Abi Morgan
Suffragettes... Le mot a un petit côté léger et désuet, comme
s’il évoquait une réalité certes sympathique mais sans grande
conséquence, sans grand enjeu. Et pourtant! Il faut se rappeler
que ce nom de « suffragettes » désigne des femmes audacieuses et courageuses, des guerrières ordinaires qui se sont
battues pour le droit de vote des femmes dans l’Angleterre du
début du 20ème siècle.
La grande force de cet excellent film, outre sa dimension purement historique (et pédagogique: avis aux enseignants, c’est
un support idéal pour travailler avec les élèves), c’est de nous
plonger au cœur de ce combat, en s’attachant non pas à une
figure charismatique, celle en l’occurrence d’Emmeline Pankhurst, célèbre féministe anglaise incarnée par Meryl Streep,
mais à une activiste de l’ombre, une anonyme, une ouvrière.
Là où l’on aurait pu craindre une éventuelle grandiloquence du
propos, scènes de foules, grands discours et violons à l’appui, on saisit ainsi au vol la naissance hésitante mais sincère
d’une conscience politique, avec tout ce que cela suppose de
fragilité, de fougue, de fraîcheur mais aussi de blessures et de
désillusions. Et Carey Mullighan campe à la perfection celle
par laquelle cette histoire à la fois rude et exaltante nous est
contée.
Maud est ouvrière dans une blanchisserie industrielle. C’est
dans ce quartier qu’elle est née, c’est dans cette entreprise
que sa mère avant elle a trimé toute sa vie, dans cette entreprise qu’elle a rencontré son mari, qu’elle gagne son salaire, sans
faire de vagues, et apporte sa contribution, même modeste, au
quotidien du ménage. Autour d’elle, à l’usine, dans la ville, les
revendications des femmes de tous âges et de toutes conditions résonnent comme un appel à la rébellion. Le combat pour
le droit de vote des femmes, mené par la Women’s Social and
Political Union (WSPU), est à un tournant décisif. Prise un peu
par hasard dans le mouvement, Maud va découvrir plus qu’un
combat légitime, une véritable communauté humaine et hétéroclite de femmes en lutte.
Des femmes soumises rêvant de liberté, des femmes libres rêvant de justice pour toutes, des femmes modernes rêvant de
progrès social. Maud va devenir militante, avec tout ce que ça
suppose de violences psychologiques et physiques, d’humiliations, d’heures de prison et de solitude.
JUSQU’AU 4/01
Écrit et réalisé par Arnaud et Jean-Marie LARRIEU
France 2015 1h55
avec Isabelle Carré, Karin Viard, André Dussollier, Laurent Poitrenaux, Philippe Rebbot, Denis Lavant, Sergi Lopez, Mathilde
Monnier…
A Lourdes, ville dont est originaire la famille Larrieu, la légende
raconte que, lassée des pèlerins et des statues en plastique à
son effigie, la vierge Marie est apparue dans la chambre d’Arnaud et Jean-Marie, alors enfants, pour leur prodiguer en douce quelques conseils : ne jamais se prendre trop au sérieux ; se
fier sans crainte au vent frais de la liberté pour indiquer la voie
(lactée, sans issue, ferrée, elle ne précisa pas) ; manier l’humour comme un rempart à la bêtise humaine ; aimer l’odeur
des sous-bois ; oser être un peu barge (il est possible qu’elle
n’utilisa pas exactement ce terme).
Isabelle est morte. Endormie à tout jamais dans son grand mas
de l’Aude alors que les travaux de rénovation ne sont même
pas encore finis. Sa fille Caroline arrive dans ce trou paumé
au milieu des montagnes (très très belles, les montagnes) pour
s’occuper du corps de cette mère qu’elle n’a jamais vraiment
connue, qu’elle n’a jamais vraiment aimée. Et c’était réciproque. Parachutée malgré elle dans ce coin de paradis où tout,
même la mort, semble si simple, la timide Caroline va devoir
composer contre son penchant naturel à la maîtrise des choses, faits et émotions inclus. Il faut dire qu’il est difficile de
résister à l’énergie contagieuse, au franc parler cru et à la délicieuse impudeur verbale de Pattie. Pattie qui va de Caroline
faire la confidente de ses nombreuses et trépidantes aventures
amoureuses. Mais coup de théâtre : le corps d’Isabelle disparaît !
Quand on sait que chez les frères Larrieu, on peut peindre,
faire l’amour et rencontrer des ours qui parlent russe au fin
fond des Pyrénées, une telle péripétie est finalement assez
normale. C’est intelligent et vif, malicieux sans jamais faire le
malin, impudique sans jamais être vulgaire, avec en plus cette
insouciance presque enfantine qui ne s’excusera de rien, ni de
faire danser les morts, ni de faire vibrer les vivants, ni de parler
de sexe sans pourtant ne jamais rien montrer.
Flirtant doucement avec le fantastique, 21 nuits avec Pattie est
aussi un voyage intime qui raconte comment deux femmes
vont, par la seule force du récit, qu’il soit littéraire ou de comptoir, réunir le frisson de la chair et l’incandescence de l’esprit…
Merci Marie, merci Pattie.
LA SÉANCE DU MARDI 12 JANVIER À 20H30 À UTOPIA SAINT-OUEN L’AUMÔNE
SERA SUIVIE DU RENCONTRE AVEC LE RÉALISATEUR OLIVIER LOUSTAU ET LES
COMÉDIENNES CHRISTA THÉRET, FLORENCE THOMASSIN ET MERIEM SERBAH
LA FILLE DU PATRON
À PARTIR DU 6/01
Réalisé par Olivier LOUSTAU
France 2015 1h38
avec Christa Théret, Olivier Loustau, Florence Thomassin, Patrick Descamps, Stéphane Rideau, Lona Dueñas, Pierre Berriau, Vincent Martinez, Meriem Serbah...
Scénario d’Olivier Loustau, Bérénice
André et Agnès Caffin
« J’ai besoin que tu sois gentil pour faire
l’amour et tu as besoin de faire l’amour
pour être gentil. »
Même si, dans le film, elle s’exprime en
termes un peu plus crus, c’est par cette
jolie figure de style (un chiasme pour les
spécialistes) que Madeleine résume l’impasse dans laquelle se trouve le couple
qu’elle forme avec Vital. Madeleine –
l’excellente Florence Thomassin, qu’on
aimerait voir de temps en temps en tête
d’affiche – et Vital – Olivier Loustau qui
réalise aussi le film – forment un couple
d’ouvriers qui, arrivés à la quarantaine,
ne semblent plus partager que l’amour
pour leur fille. Elle a travaillé et il travaille
encore dans une usine textile moderne,
mais en grande difficulté économique.
Ils vivent dans le sud-ouest de la France
avec tout ce que cela veut dire de sociabilité festive, particulièrement autour
de l’équipe de rugby de l’entreprise dont
Vital est l’entraîneur (on me souffle qu’en
occitan, on dit « coach »).
La fin annoncée d’un couple et celle possible d’une entreprise, ce n’est pas très
engageant comme début de film. Mais
nous allons très rapidement être emportés dans l’aventure collective d’hommes
et de femmes qui, d’une part, luttent pour
la préservation de leur emploi et, d’autre
part, espèrent remporter le championnat
de rugby opposant des clubs d’entreprises. Ces combats, ils les mènent ensemble et en font un tout indissociable.
Mais qu’en sera-t-il du groupe quand
un de ses membres, son leader, rompra
l’équilibre sur lequel il reposait?
Toutes les scènes de groupes – barbecues, matches de rugby y compris la
troisième mi-temps, rigolades ou engueulades au travail – sont particulièrement réussies. Le mélange d’acteurs
professionnels et amateurs fonctionne
parfaitement. Dans le cinéma français,
plus à l’aise dans les portraits individuels, ce n’est pas tous les jours qu’un
groupe social, ici des prolos, est montré
avec une telle justesse, aussi bien dans
le quotidien que dans les moments de
crise.
Et puis il y a Alix, une jeune femme de
passage, venue réaliser dans l’usine une
étude ergonomique visant à améliorer
les conditions de travail des ouvriers.
Amenée dans le cadre de sa mission à
se rapprocher de Vital, elle va être attirée
par l’assurance avec laquelle il exerce
sa fonction de contremaître et l’autorité
qu’il dégage à son poste d’entraîneur,
jusqu’à tomber sous le charme. Pour lui
la barrière de classe sera plus difficile à
franchir. Et il ne sait pourtant pas encore
qui elle est...
Quoi? Un film qui se passe dans la classe
ouvrière, à des centaines de kilomètres
de Paris, et sans un seul membre des
familles Garrel ou Le Besco à l’affiche !
Voilà suffisamment d’éléments susceptibles de causer une poussée d’urticaire
chez un critique cinématographique des
Inrocks. De quoi, en revanche, susciter
l’intérêt du spectateur utopien qui n’a jamais craint de sortir des beaux quartiers
parisiens. D’autant plus quand il saura
qu’Alix est interprétée par la lumineuse
Christa Théret, qui jouait le rôle d’une
vraie chanteuse dans Marguerite de Xavier Giannoli et surtout celui de la muse
du peintre dans le Renoir de Gilles Bourdos. Et en plus, Olivier Loustau viendra
en voisin puisqu‘il habite par ici !
Séance exceptionnelle le mardi 19 janvier à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l’Aumône
en présence de syndicalistes cheminots. Soirée soutenue par la CGT, le Parti de Gauche et Europe Ecologie les Verts
VÉRITÉS ET MENSONGES SUR LA SNCF
Le mot du Parti de Gauche
Les infrastructures de transport font
l’objet de nombreuses communications promotionnelles actuellement.
Tout est beau, tout est merveilleux
pour le capital quand il lance de nouveaux produits de déplacement !
Ce documentaire est intéressant
dans la mesure où il rappelle que la
déconstruction d’un service public
par les profiteurs du capital se fait
sur une longue période. Il montre la
communication partagée entre ces
capitaines d’industrie capitalistes, les
élus ou nommés politiques, les organes de communications internes des
entreprises et les médias aux ordres
permettant la construction d’une acceptation sur la durée. A la sortie de
ce documentaire, vous comprendrez
mieux pourquoi la déconstruction
des discours fait partie des premières taches à accomplir.
Ce documentaire décrit également
les conséquences générales sur le
travail de la logique de profit à tout
prix du capital :
• au travers des conditions de travail (organisationnelles et en moyens
matériels)
• au travers des structures de sociétés mises en place pour faire monter
la concurrence des travailleurs entre
eux
• à la notion de risques calculés, ou
comment définir le nombre de morts
acceptables pour ne pas nuire au
profit
Film documentaire de Gilles BALBASTRE
France 2015 56 mn
Il y a près de 15 ans, notre cher Ken
Loach évoquait avec The Navigators la
destruction de British Rail orchestrée
par le gouvernement conservateur de
John Major, qui avait décidé de privatiser ainsi le transport ferroviaire britannique. Le film décrivait la disparition des
solidarités ouvrières chez les cheminots
précarisés mais aussi, conséquence collatérale, la perte de la notion de service
public, qui mettait en danger la sécurité
des personnels et des passagers. Le film
de Ken Loach s’est avéré prémonitoire
puisque le transport ferroviaire britannique est actuellement un des moins sûrs
d’Europe, au nom du profit immédiat.
Quand on pense à Sherlock Holmes qui
se faisait fort de se rendre dans toute
l’Angleterre sans jamais une minute de
retard, sur ce sujet et bien d’autres, le
royaume a bien régressé...
Gilles Balbastre, co-réalisateur des fameux Nouveaux chiens de garde, a réalisé, à la demande du CE des cheminots
de sa région Nord Pas de Calais, un
documentaire édifiant sur la situation du
rail aujourd’hui en France. Car si la situation britannique pouvait nous paraître en
2002 de la science-fiction, les gouvernements successifs, de droite comme de
gauche, ont contribué à nous en rapprocher et, ultime bourreau, Macron devrait
donner le coup de grâce.
Avec intelligence, Balbastre a confronté
les déclarations télévisuelles lénifiantes
des responsables de la SNCF, Guillaume Pépy en tête, marchand de sable
en chef, et les réalités du terrain auprès
des cheminots écoeurés qui, pour beaucoup, sont bien obligés de témoigner
anonymement. Et la réalité est terrible,
on découvre des voies ferrées très peu
ou pas entretenues (avec ces scènes
surnaturelles où les cheminots arrachent
les boulons à mains nues ou maintiennent avec du chatterton un candélabre
qui menace de s’effondrer à la première
tempête), au point que certaines lignes
secondaires sont passées à une vitesse
maximum de 100 à 30 km /h, les matériels roulants qui font l’objet, à cause
des flux tendus, de révisions on ne peut
plus sommaires... Résultat : des retards
endémiques en dépit des protestations « tout va très bien madame la marquise »
de la direction, et parfois des accidents,
comme le déraillement terrible de Brétigny-sur-Orge. Tout allant dans le sens
d’une réduction maximum des lignes
prétendument moins rentables au profit
de l’autocar, dans un contexte de marché du transport dérégulé. Avec en face
un Macron qui, avec une démagogie à
vomir, dit oeuvrer pour les passagers les
moins argentés...
ERRATUM : LA SOIRÉE DÉBAT DU MARDI 8/12 À 20H30 EST À PONTOISE
DEMAIN
JUSQU’AU 22/12 puis chaque samedi
Cyril DION et Mélanie LAURENT
documentaire France 2015 2h
Qui n’a pas eu envie de changer le monde ? Au moins de le rendre meilleur ?
Qui n’a pas rêvé d’un monde où chacun mangerait à sa faim, et sainement,
aurait un toit, de qualité, pourrait circuler librement, où l’argent ne serait plus
le roi, mais juste un moyen, où l’air ne
serait plus pollué jusqu’à l’asphyxie, où
les océans ne seraient plus pillés par
la pêche industrielle ni envahis par le
pétrole ou le plastique, où les champs,
les arbres, les animaux ne seraient plus
empoisonnés par les pesticides, infectés
par la radioactivité invisible, inodore ? Un
monde où l’intérêt commun serait compris de toutes et tous : la nécessité de
nous inventer une nouvelle et belle vie,
maintenant, pendant qu’il est encore
temps, pour que demain ne soit pas le
résultat inéluctable de nos errements…
Loin de l’écologie triste et punitive, loin
du discours sur le développement durable cher au greenwashing, vous allez
voir un film formidable, vivant, enthousiasmant sur notre extraordinaire capacité à rebondir face à l’adversité, notre
extraordinaire capacité à imaginer, notre
extraordinaire capacité à faire. Mélanie
Laurent et Cyril Dion sont allés rencontrer
des gens passionnants à travers le monde, qui œuvrent au quotidien à ce changement indispensable : Inde, États-unis,
Canada, Danemark, Allemagne, Islande,
Scandinavie, Finlande, Grèce, France…
Le film est composé de cinq chapitres :
agriculture, énergie, économie, démocratie et éducation. Construction intelligente et pédagogique, dans le meilleur
sens du terme, qui nous montre bien que
tout est lié, qu’il s’agit bien d’un problème politique, là aussi dans le sens noble
du terme. Et il présente des actions, des
alternatives concrètes qui sont mises en
œuvre, avec succès, dans tous ces domaines. Mélanie Laurent : « Mises bout
à bout, les initiatives comme la permaculture, les monnaies locales, les énergies renouvelables, dessinent un monde
possible. Ce qui peut paraître démotivant, c’est qu’il ne s’agit que d’initiatives isolées, mais en même temps elles
ne demandent qu’à être réunies ! Il y a
déjà un monde qui tient la route, qui
existe, où tout est possible. Des solutions sont déjà disponibles, dans tous les
domaines, c’est forcément inspirant ! »
Tout s’enchaîne judicieusement et vient
renforcer la certitude qu’il faut d’urgence opérer une rupture symbolique,
mais aussi pratique avec notre système
actuel fondé sur le pétrole et les autres
énergies fossiles, sur le nucléaire, sur
le productivisme, sur le consumérisme,
sur la financiarisation de l’économie, sur
l’éducation normative et compétitive…
Pas de doute, Cyril Dion, co-fondateur
avec Pierre Rabhi du mouvement Colibris, et Mélanie Laurent, actrice et réalisatrice, tous deux activistes pour un
monde meilleur, ont réussi leur coup : sur
les thématiques qu’il aborde, Demain est
un film-somme, essentiel, un outil d’information et d’action qui est aussi un
spectacle passionnant et exaltant.
« Royal Opera House au Royal Utopia » :
LUNDI 28 DÉCEMBRE À 14h30 : CASSE-NOISETTE
JEUDI 14 JANVIER à 19h45: CAVALLERIA RUSTICANA & PAGLIACCI
au Royal Utopia de Pontoise :
Tarification spéciale : Tarif normal : 13 euros
Tarif réduit : 8 euros (enfants et jeune jusqu’à 14 ans, étudiants, demandeurs d’emploi)
- Les tickets Utopia ne sont pas acceptés -
CASSE-NOISETTE
PRÉVENTE VIVEMENT CONSEILLÉE POUR CE BALLET
dès le 9 décembre à la caisse d’Utopia Saint-Ouen.
(et pour Noël, on vous offre même la pochette
cadeau si c’est pour offrir !!!)
Ballet en 2 actes de Tchaïkovsky, chorégraphies
de Peter Wright (d’après Lev Ivanov)
Durée : 2h15 (avec un entracte)
Le soir de Noël, Clara reçoit de son oncle un casse-noisette.
Pendant la nuit, une merveilleuse féerie commence : dans le
salon, les jouets s’animent et le casse-noisette se transforme
en prince qui, après avoir protégé Clara du Roi des Souris,
l’amène au Royaume des Délices où les festivités commencent.
LE PROGRAMME DE LA SAISON AU ROYAL UTOPIA DE PONTOISE:
• LA TRAVIATA : jeudi 10/03
• BORIS GODUNOV : jeudi 14/04
• LUCIA DI LAMMERMOOR : jeudi 26/05
• WERTHER: jeudi 21/07
CAVALLERIA RUSTICANA
&
PAGLIACCI
Deux opéras, respectivement de
Pietro Mascagni et Ruggero Leoncavallo.
Mise en scène de Damiano Michieletto.
Chantés en italien avec sous-titres français
Durée totale : 3h25 (avec un entracte)
On considère Cavalleria rusticana comme le premier exemple du vérisme en musique. Adapté d’une nouvelle de l’écrivain italien Giovanni Verga, cet opéra traite d’un fait divers, dont il surligne les passions tirées à
l’excès : le sentiment de l’honneur et la jalousie.
Pagliacci est également un opéra de la jalousie, inspiré d’un fait divers.
Dans cette nouvelle production du Royal Opera House,
la mise en scène de Damiano Michieletto imagine que
les deux opéras se déroulent dans un village sous l’emprise de la mafia, dans l’Italie du sud des années
80. Le chef d’orchestre Antonio Pappano dirige
l’un des ténors de pointe du répertoire italien, le letton
Aleksandrs Antonenko, ainsi que la soprano néerlandaise
Eva-Maria Westbroek (Cavalleria rusticana) et la soprano
italienne Carmen Giannattasio (Pagliacci).
Pendant l’entracte, un petit bar sera ouvert :
1 euro le verre de jus de pommes bio,
4 euros la coupe de crémant.
MARGUERITE ET JULIEN
JUSQSU’AU 22/12
Réalisé par Valérie DONZELLI
France 2015 1h50
avec Anaïs Demoustier , Jérémie Elkaïm, Frédéric Pierrot, Catherine Mouchet,
Aurelia Petit, Sami Frey...
Scénario de Jérémie Elkaïm et Valérie
Donzelli, d’après le scénario écrit en
1971 par Jean Gruault pour François
Truffaut
« Ci-gisent le frère et la sœur. Passant ne
t’informe pas de la cause de leur mort,
mais passe et prie Dieu pour leur âme. »
Epitaphe du tombeau de Marguerite et
Julien de Ravalet dans l’Eglise Saint-Jean
en Grève
C’est devenu un rituel au Festival de Cannes : certains journalistes, après avoir
porté au pinacle un réalisateur ou une
réalisatrice quelques années plus tôt,
semblent se donner le mot pour détruire
l’objet de leur enthousiasme passé. Cette
année, c’est Valérie Donzelli, réalisatrice
du tonique et bouleversant La Guerre est
déclarée, qui a fait les frais de cet exercice un brin pervers. Son adaptation de
l’histoire du couple maudit formé par Marguerite et Julien de Ravalet, décapités en
place de Grève en 1603, était, selon ces
grincheux, trop pop, trop kitsch et tué par
ses artifices. Eh bien oubliez toutes ces
mauvaises ondes, tous les écrits des plumitifs aigris car tout ce qu’ils ont détesté,
c’est ce que nous avons adoré ! Oui Valérie Donzelli ose tous les artifices de mise
en scène et nous on marche à fond...
Mais revenons au commencement. Valérie
Donzelli s’est inspirée d’un scénario écrit
par le grand Jean Gruault (qui vient de
disparaître) pour son complice François
Truffaut... qui finalement ne réalisa jamais
le film. Tout part de l’histoire bien réelle, à
la fin du 16ème siècle, de Marguerite et
Julien de Ravalet, jeunes enfants du seigneur de Tourlaville, dans le Contentin.
Deux enfants dont l’attachement fusionnel devint rapidement suspect aux yeux
de leurs parents, qui s’empressèrent de
les séparer, mariant de force la jeune fille
à un riche collecteur d’impôts de trente
ans son aîné. Mais arriva ce qui devait arriver, le mariage n’était pas heureux et la
jeune fille s’enfuit pour rejoindre secrètement son frère à Fougères puis Paris, où
les incestueux tourtereaux furent arrêtés.
De cette histoire aussi romanesque que
dramatique, Valérie Donzelli a décidé de
faire un conte, qui flirte parfois avec l’univers de Jacques Demy, tendance Peau
d’Âne. Ça commence d’ailleurs par la
lecture du récit par une bande de fillettes,
pensionnaires dans un quelconque collège. Toutes ces demoiselles chuchotent
à la tombée de la nuit l’histoire interdite
de Marguerite et Julien, les deux enfants
qui s’aimaient trop. On retrouve le frère et
la sœur devenus jeunes adultes, incarnés
par Anaïs Demoustier, parfaite d’innocence puis de sensualité passionnée, et
Jérémie Elkaïm, complice de toujours de
Valérie Donzelli, impeccable lui aussi en
amoureux intraitable. Ce qui étonne tout
de suite, ce qui perturbe un peu et amuse
beaucoup, c’est le choix délibéré de l’anachronisme et de l’étrangeté. On pourrait
penser que l’on est au 19ème siècle au
vu des costumes, s’éloignant ainsi de la
période originelle du récit, mais en même
temps les fugitifs seront poursuivis par
des hélicoptères et des meutes de policiers équipés de torches électriques. On
verra aussi apparaître des postes de radio
etc... Ce choix aussi fantaisiste qu’audacieux rappelle que l’histoire de cet amour
impossible est éternelle et universelle,
comme celle de Tristan et Yseult...
On sait gré à Valérie Donzelli de ne pas
céder à la réflexion plombante sur l’inceste, qui est finalement pour elle un sujet secondaire: et puis après tout, Zeus
culbutait bien sa sœur Héra, et Cléopâtre
épousa même successivement deux de
ses frères ! Pour renforcer la singularité
joyeuse de son film, Donzelli, utilise des
artifices étonnants, notamment des images figées pendant que seule la lueur des
bougies continue de trembler, et une bande son résolument contemporaine, notamment l’imparable « Midnight summer
dream », tube des années 80 des Stranglers, pour couvrir la fuite des amoureux.
Marguerite et Julien devient ainsi un conte
pop aérien, sensuel, tragique et parfaitement abouti.
EN AVANT-PREMIÈRE LE MARDI 22 DÉCEMBRE À
20H30 À UTOPIA SAINT-OUEN L’AUMÔNE
HECTOR
ET À PARTIR DU 30/12
Écrit et réalisé par Jake GAVIN
GB 2015 1h27 VOSTF
avec Peter Mullan, Keith Allen, Natalie
Gavin, Sharon Rooney, Sarah Solemani,
Ewan Stewart,
Laurie Ventry, Stephen Tompkinson,
Gina McKee...
Ce film anglais d’un réalisateur inconnu
(et pour cause : c’est un premier long
métrage), on avait envie de le voir rien
que pour son acteur principal : l’écossais Peter Mullan, dont on suit la carrière
avec une véritable affection, n’ayons pas
peur des mots, et qui ne nous a jamais
déçus. Il a bien sûr été l’un des comédiens fétiches de Ken Loach: il a début
dans Riff Raff en 1991, avant d’obtenir
un magnifique premier rôle dans My
name is Joe, qui lui valut consécration
et Prix mérité d’interprétation au Festival
de Cannes. Depuis l’acteur est aussi devenu un réalisateur de premier plan, avec
Orphans puis surtout The Magdalene
Sisters (2001), mémorable plongée au
cœur d’un établissement scolaire religieux dans l’Irlande des années 1960,
et l’impressionnant Neds (2010), vision impitoyable du système d’éducation à deux vitesses en Grande Bretagne, qui rappelait son enfance dans le
Glasgow des années 1970.
Ce qu’on aime chez Peter Mullan, c’est
sa présence immédiate, sa densité, son
authenticité sans esbroufe, sans pathos.
Autant de qualités qui sont à l’oeuvre ici.
Peter Mullan est Hector McAdam, un
étrange SDF des environs de Glasgow.
On est à l’approche de Noël, le froid se
fait mordant, la neige commence à recouvrir le paysage... C’est le moment que
choisissent Hector et deux compagnons
de route pour entreprendre un long et
éprouvant voyage vers Liverpool, Birmingham et enfin Londres, destination
finale où les attendent comme chaque
année d’autres SDF qui fêtent Noël tous
ensemble dans la capitale illuminée.
Le périple est évidemment l’occasion de
rencontres éventuellement heureuses
– dans cette Angleterre victime d’inégalités de plus en plus monstrueuses,
la solidarité est parfois au rendez vous
– mais aussi d’épisodes difficiles voire
dramatiques. Mais le temps du trajet est
aussi pour le spectateur le moyen de découvrir peu à peu Hector et ses secrets.
Qui est-il ou plutôt qui était-il? Comment
en est il arrivé là ? Alors qu’il arrive dans
la dernière ligne droite de sa vie, alors
que la fatigue et la maladie le gagnent,
ce voyage sera t-il l’occasion pour lui de
revenir sur un passé enfoui, peut-être sur
une famille oubliée ? Comment franchir le
pas, comment renouer des liens, quand
on croit qu’on a toujours tout gâché ?
Jake Gavin a longtemps été photographe de guerre, et on ressent tout au long
du film son sens aiguisé du cadre qui
saisit aussi bien les paysages du Nord
de l’Angleterre que les quartiers de Londres. Avec ce premier film, il nous livre
un instantané de l’Angleterre en temps
de crise, une autre forme de guerre, économique et sociale celle là, qui voit des
familles entières poussées à la rue par
le libéralisme sauvage et la spéculation
immobilière. On comprend aisément que
Peter Mullan, dont les choix d’acteur et
de réalisateur ont toujours marqué un
engagement du côté des sans grade,
des opprimés, ait pu être passionné par
un tel rôle.
Et même si la route vers la lumière est
longue et semée d’embûches, Hector
s’avère un beau conte de Noël qui passera votre petit cœur à l’essoreuse, tout
en vous redonnant paradoxalement la
patate, puisqu’en en ces temps sombres, ce film chaleureux choisit de défendre une vision positive de notre humaine
condition : quand on touche le fond, on
ne peut que remonter!
EL CLUB
JUSQU’AU 14/12
Réalisé par Pablo LARRAIN
Chili 2015 1h37 VOSTF
avec Alfredo Castro, Roberto Farias, Antonia Zegers, Jaime
Vadell, Alejandro Goic, Alejandro Sieveking, Marcelo Alonso,
José Soza, Francisco Reyes
Scénario de Guillermo Calderon, Daniel Villalobos et Pablo
Larrain
Ours d’Argent, Festival de Berlin 2015
C’est un fait divers et un petit article sur une maison appartenant au Vatican et destinée à des curés ayant maille à partir avec la justice qui ont inspiré au réalisateur cet apologue
brillant, grinçant et tragicomique. Nous sommes quelque part
au sud du Chili, dans une petite station balnéaire de la côte
Pacifique. Les premières images montrent l’entraînement sur
la plage d’un lévrier qui court obstinément en cercle jusqu’à
l’épuisement. Puis l’homme et son chien rejoignent une étrange maison où vivent trois autres hommes d’un certain âge et
une femme qui semble diriger tout ce petit monde d’une main
de fer. On ne comprend que peu à peu que cette étrange communauté est en fait composée de prêtres et d’anciens prêtres,
reclus là bon gré mal gré, loin de leur ancienne paroisse. Tout
ce petit aréopage cohabite tant bien que mal dans un relatif
relâchement. Certains ne sont pas franchement réticents à un
petit verre, et tous, y compris la sœur qui les surveille, se passionnent pour les paris sur les courses de lévriers.
Jusqu’au jour où arrive un envoyé du Vatican, accompagné
d’un nouveau pensionnaire qui sera malgré lui le déclencheur
d’une succession d’événements qui vont faire basculer la maison et toute la petite ville dans le chaos et la psychose.
C’est d’abord un étrange personnage qui vient régulièrement
hurler sous les fenêtres de la communauté, évoquant de manière très crue les relations sexuelles que lui ont imposées des
prêtres par le passé. Des révélations qui vont conduire l’émissaire du Vatican à enquêter et à vouloir remettre de l’ordre
coûte que coûte.
Ce que montre remarquablement Pablo Larrain, qui s’est juste
inspiré de scandales bien réels dans l’Église d’Amérique latine,
c’est non seulement la manière sidérante dont celle-ci isole
ses brebis galeuses (ici ce sont autant des pédophiles et des
escrocs que d’anciens complices des crimes de la dictature)
pour les protéger de la justice et surtout des médias, mais
aussi à quel point la priorité des curés, mêmes rénovateurs
et moralistes, est de protéger l’institution, même si cela doit
passer par le crime.
Larrain installe de main de maître un univers oppressant, peuplé de personnages troubles et troublants, avec en premier lieu
cette religieuse apparemment bienveillante mais qui, pour se
protéger, peut se révéler glaçante de violence et de machiavélisme.
les 8 salopards
À PARTIR DU 6/01
(THE HATEFUL 8)
Écrit et réalisé par Quentin TARANTINO
USA 2015 2h47 VOSTF
avec Samuel L. Jackson, Kurt Russel,
Jennifer Jason Leigh, Tim Roth, Bruce
Dern, Michael Madsen, Walton Goggins,
Demian Bichir...
Musique originale du vétéran et léonien Ennio Morriconne, agrémentée
comme d’habitude chez Tarantino de
quelques contributions extérieures,
dont celle des White Stripes et de Roy
Orbison...
Trois ans après le sensationnel Django
unchained, Quentin Tarantino est de
retour avec un nouveau western, que
nous n’avons pas eu la possibilité de
voir au moment où nous bouclons cette
gazette... Mais Tarantino fait partie des
quelques cinéastes dont on prend le
risque de programmer le nouveau film
sans l’avoir vu, en confiance, tant il est
vrai que le réalisateur de Resevoir dogs,
de Jackie Brown, de Kill Bill... s’est toujours montré à la hauteur. Nous savons
que quelques uns, voire nombre d’entre
vous ne seront pas d’accord... et ils ont
bien le droit!
Voici donc The Hateful 8, huitième film
de Tarantino, devenu en français Les 8
salopards, référence à un certain cinéma
de genre mal élevé, titre volontiers trivial
que ne reniera sûrement pas Quentin le
garnement.
Un bref synopsis pour commencer:
Quelques années après la Guerre de
Sécession, le chasseur de primes John
Ruth, dit « Le bourreau », fait route vers
Red Rock, où il conduit Daisy Domergue, « La prisonnière », se faire pendre
haut et court.
Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat,
démobilisé ou déserteur, devenu « Le
chasseur de primes », et Chris Mannix, «
Le shérif » nouvellement nommé de Red
Rock. Surpris par le blizzard, les quatre
trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis
par un autre quatuor énigmatique : le Général Sandy Smithers, alias « Le confédéré », Bob « Le Mexicain », Joe Gage
« Le cowboy » et Oswaldo Mobray « Le
court-sur-pattes ». Chaque personnage
a son sobriquet, on se doute bien que ce
n’est pas un hasard et que Tarantino va
nous entraîner dans une sorte de Cluedo
à tiroirs dont on peut espérer qu’il sera
jouissif...
Alors que la tempête s’abat sur les sommets enneigés, l’auberge va abriter une
série de coups fourrés et de trahisons.
L’un de ces huit salopards – parmi lesquels, remarquons-le, une saloparde,
incarnée par l’excellente et trop rare
Jennifer Jason Leigh – n’est pas celui
qu’il prétend être ; il y a fort à parier qu’ils
ne seront pas huit à sortirs vivants de
l’auberge de Minnie…
Tarantino, qui n’est pas seulement cinéphage mais aussi téléphage, dit que ses
principales sources d’inspiration pour
The Hateful 8 se situent moins du côté du
cinéma que de celui des séries western
dans années 1960, comme Bonanza,
The Virginian et The High Caparral, dont
pas mal d’épisodes mettaient en scènes
leurs héros isolés avec des personnages
inquiétants dans des lieux clos perdus
dans la nature : « Le spectateur passe
la moitié du temps à se demander quel
personnage est bon et quel personnage
est mauvais, et ils ont tous un passé trouble qui se révèle progressivement. Je me
suis alors dit que je pourrais faire un film
basé sur ce genre de personnages. Une
bande de hors-la-loi piégés dans une
pièce, avec une tempête de neige à l’extérieur, leur donner des flingues et voir ce
qu’il se passe ensuite... » On a hâte de
voir nous aussi.
STELLA café
****************
Les horaires du Stella
café : tous les jours
de 15h00 à 21h00
service jusqu’à 23h les
vendredis et samedis
fermeture hebdomadaire
le mardi
LA FAMILLE DES FOOD
TRUCK S’AGRANDIT
RETROUVEZ LES
CRÊPES DE LULU
TOUS LES SAMEDIS
ET
LES VENDREDIS
LES BURGERS BIO DE
CAROL
son scénario et volontairement moins
sophistiqué dans son traitement, Carol
pourrait presque être une sorte de suite
symbolique à Loin du paradis : comme si
la trajectoire du personnage de l’un commençait là où celle de l’autre n’avait pas
osé s’aventurer ; un passage à l’acte en
somme, dénouant tous les possibles d’un
désir interdit. Mais il va sans dire qu’il
n’est pas nécessaire d’avoir vu le paradis
pour se laisser charmer par Carol...
Carol est une femme qui est en train de
s’écrouler. Elle ne tient plus que par l’artifice de son statut social d’épouse et de
mère, elle n’est reliée au monde que par
les innombrables fils invisibles que son
rang, sa beauté, sa mondanité ont tissés.
Carol est une femme qui sait qu’elle est en
train de s’écrouler mais elle a conscience
aussi que sa chute est indispensable à
sa renaissance, dont elle ne doute pas.
En attendant de pouvoir se sortir d’une
procédure de divorce ô combien difficile
pour l’époque (nous sommes en 1952),
elle tente tant bien que mal de faire bonne
figure, au prix d’efforts contraints et de
sourires forcés.
Therese est une femme qui est en train
d’éclore. Elle a encore un pied dans cette jeunesse insouciante et légère mais
autour d’elle, entourage, société... tout
la pousse à se couler sans réfléchir dans
le moule que l’époque a choisi pour elle :
se marier, être une gentille épouse et une
maman modèle. Sans être rebelle ni forcément réfractaire à l’idée d’un fiancé,
Therese a pourtant l’intime conviction que
sa destinée ne peut pas déjà, si vite, être
toute tracée et qu’il doit bien y avoir une
possibilité de simplement suivre son instinct, ses désirs.
Quand elle croise le regard un peu froid de
cette femme à la silhouette parfaite, à l’allure distinguée et aux manières classieuses, Therese est subjuguée. Carol est un
continent lointain et inaccessible, l’incarnation divinement séduisante d’un monde
auquel elle n’appartient pas et auquel elle
n’appartiendra sans doute jamais, elle la
petite vendeuse de jouets derrière son
comptoir.
Lorsqu’elle croise le regard curieux de ce
petit bout de nana frêle à l’allure encore
juvénile, Carol est fascinée. Therese est
une promesse de candeur et d’espoirs pas
encore broyés sous le poids des convenances et des conventions, un appel au
rêve pour elle qui depuis trop longtemps
est prisonnière d’un mariage raté.
Avancer en territoire inconnu. Oser
s’aimer, peut-être. Partir. Fuir. Mais tenter
de demeurer fidèles à leur propre vérité en
dépit du tourbillon émotionnel et du climat pesant de ces années d’après-guerre
où tout demeure figé mais où le vernis
commence à se fissurer...
Magistralement filmées, les deux comédiennes forment un duo troublant de sensualité et de douceur contenues, les mouvements des corps et les croisements de
regards occupent tout le cadre... Du grand
cinéma.
À PARTIR DU 13/01
TARIFS :
Tous les jours à toutes les séances
Normal : 6,50 euros
Abonné : 4,80 euros ( par 10 places,
sans date de validité et non nominatif)
Enfant -14 ans : 4 euros
Collégien : 4 euros ( avec la carte
cine pass VO disponible dans les établissements scolaires du département)
Étudiant : 4 euros
Pass culture : 3 euros
Sans-emploi : 4 euros
Sur présentation d’un justificatif
TOUT LE PROGRAMME SUR :
www.cinemas-utopia.org/saintouen
L’ÉTREINTE DU SERPENT
DU 23/12 AU 19/01
(EL ABRAZO DE LA SERPIENTE)
Réalisé par Ciro GUERRA
Colombie 2015 2h05 VO (dialectes amazoniens et espagnol) STF Noir & Blanc
avec Jan Bijvoet, Brionne Davis, Nilbio
Torres, Antonio Bolivar, Yauenkü Migue…
Scénario de Ciro Guerra et Jacques
Toulemonde Vidal, inspiré des journaux des premiers explorateurs de
l’Amazonie colombienne, l’ethnologue
allemand Theodor Koch-Grünberg et
le biologiste américain Richard Evans
Schultes
Tel un immense serpent, le fleuve rampe
au milieu d’arbres centenaires, enracinés dans une terre de mystères. La nature vigilante semble tenir à l’œil celui
qui s’aventure à la lisière de ses songes.
La jungle amazonienne renvoie celui
qui y pénètre à sa condition chétive et
vulnérable. Evans fait partie de ceuxlà. Ethno-botaniste passionné, il n’a pu
résister à braver les dangers pour venir
vérifier les dires de ses livres et partir à la
recherche de la « yakruna », liane sacrée
rarissime, réputée pour ces fortes vertus
hallucinogènes. « Jamais un blanc n’a
dit un truc aussi sensé! » s’exclame Karamate, le chamane qu’on lui a indiqué
comme guide. Un étranger qui quémande son aide et s’intéresse aux végétaux?
Ça c’est exotique ! Pourtant, il en a vu
passer des conquistadors venus là pour
prendre ou pour évangéliser. Il les as vus,
puis les a oubliés, comme il a oublié de
se souvenir. Peu à peu il est devenu ce
« chullachaqui », ce corps vide, dépourvu
d’émotions, presque hors du temps, qui
hante la forêt, se remplit d’elle. Dernier
représentant de son peuple, dépositaire
d’un savoir unique, précieux, forgé dans
des années d’oubli de soi et d’écoute de
la nature, de ses plus infimes murmures
comme de ses plus dévorantes colères,
de ses orages déchaînés.
Habitué aux duperies de ceux qui cherchent à s’accaparer la terre et ses richesses, Karamate, méfiant, observe, jauge,
écoute Evans et accepte en définitive
de l’accompagner, même s’il sait qu’il
est dans nature de la fourmi d’aimer l’argent.
Voici nos deux hommes qui s’enfoncent
au coeur de la forêt et de ses envoûtements. Dérisoire équipage d’un petit
canoë fragile qui glisse sur des eaux
sombres, faussement calmes. Parfois
ils effleurent des rives qui regorgent de
plantes étranges, de vie grouillante, de
serpents qui se faufilent. Observateurs
observés auxquels la nature n’accorde
aucun répit. Les souvenirs de Karamate
remontent régulièrement à la surface,
le voilà jeune guidant un autre homme,
Théo… Ici le temps n’est pas linéaire,
comme en occident. Pour les Indiens il
est comme une série d’événements qui
ont lieu simultanément dans plusieurs
univers parallèles. Ce nouveau rythme,
cette expérimentation constante pénètre
peu à peu chaque fibre des deux explorateurs, Evans et Théo, bouleverse leurs
sens, leurs croyances. Il n’y a qu’à se laisser porter, consentir au dépouillement et
tâcher d’apprendre à rêver comme ils ne
l’ont jamais fait… Leur périple se transforme en quête initiatique hallucinante,
hallucinogène, à des années de distance.
Là où ils croyaient trouver quelques sauvages attardés, c’est tout une humanité
luxuriante qu’ils découvrent, qui possède
un savoir peut-être à tout jamais perdu
pour l’homme blanc. Certes ce dernier
sait se servir d’une boussole, mais dans
cet espace sans repères, à quoi servirait
le Nord ? Il faut accepter de le perdre. Les
communautés Cohiuano, les Ocaina, les
Huitoto… n’ont pas besoin des notions
occidentales pour trouver leur route dans
la moiteur de leur contrée. Leur science
est puissante, ils ont l’art de la survie,
l’art de vivre en bonne intelligence avec
les éléments, les esprits, de respecter et
de protéger l’ordre naturel des choses. Si
fragiles face à l’infini…
Tout cela est superbement interprété, mis
en scène dans un noir et blanc profond,
sensuel. On s’enfonce nous aussi dans
la beauté intimidante de l’Amazonie, pris
au piège d’un royaume intemporel dominé par une nature qui ne nous appartient
pas et tout juste nous tolère, où seuls les
humbles peuvent subsister.
Magnifique fable sur la vulnérabilité de
l’homme...
PLACE DE LA MAIRIE à St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org
CAROL
Réalisé par Todd HAYNES
GB / USA 2015 1h58
avec Cate Blanchett, Rooney Mara, Sarah Paulson, Kyle
Chandler, Carrie Brownstein…
Scénario de
Phyllis Nagy,
d’après le roman de Patricia
Highsmith
Festival de Cannes 2015
Prix d’interprétation féminine
pour Rooney Mara
Todd Haynes fait partie de ces
réalisateurs dont on attend chaque film avec fébrilité. Parce
qu’il est un brillant directeur
d’acteurs, et surtout d’actrices,
parce qu’il est d’une exigence
extrême avec son art, parce
qu’il est toujours surprenant,
tant dans le choix de ses sujets que dans ses partis pris de
mise en scène, grands écarts
parfois déconcertants mais toujours maîtrisés. Quoi de plus
diamétralement opposé en effet
qu’une libre biographie de Bob
Dylan (I am not there) et un mélo
flamboyant à la Douglas Sirk
(Loin du paradis) ?
S’il fallait trouver une filiation à
Carol, c’est justement vers Loin
du paradis qu’il faudrait chercher : un sublime portrait de
femme(s), une mise en scène ultra soignée, et les très guindées
autant que glamour années cinquante comme écrin à une histoire d’amour contrariée. Mais
Todd Haynes n’est pas du genre
à se répéter et les similitudes
s’arrêteront là.
Résolument plus moderne dans
GAZETTE no 258 du 9 décembre au 19 janvier 2016 - Entrée : 6,50€ Abonnement : 48 € les 10 places Étud. : 4 €