béliers - Cinéma Utopia
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béliers - Cinéma Utopia
PLACE DE LA MAIRIE À St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org BÉLIERS (HRUTAR) Écrit et réalisé par Grimur HAKONARSON Festival de Cannes 2015 : Grand Prix « Un certain regard ». C’est un magnifique film d’hiver, un film de neige et de froid, de vent et de glace, une sorte de conte de Noël rude et gaillard, qui aurait oublié d’être niais, qui cacherait sa chaleur humaine sous Islande 2015 1h33mn VOSTF les barbes rousses hirsutes et les gros avec Sigurour Sigurjonsson, Theodor Julius- pulls en laine sauvage. C’est beau, c’est son, Charlotte Boving, Gunnar Jonsson... singulier, c’est vivifiant ! Le film à voir GAZETTE no 258 du 9 décembre au 19 janvier 2016 - Entrée : 6,50€ Abonnement : 48 € les 10 places Étud. : 4 € COUP DE PROJECTEUR SUR LE FILM « BÉLIERS » Retrouvez la présentation de ce film dans le journal d’informations locales BÉLIERS d’urgence pour échapper à tout ce que cette « période des fêtes » peut avoir de convenu, de contraint, d’étouffant… Cette histoire aurait sans doute pu prendre racine au plus profond des Cévennes, ou bien sur les contreforts des Alpes ou des Pyrénées, dans un de ces coins de France de plus en plus rares où les hommes vivent dans des conditions parfois hostiles, au contact de la nature et des bêtes, aussi sauvages l’une que les autres. Des coins où les humains, souvent confrontés à la solitude, deviennent des taiseux, vivent des relations familiales compliquées et, histoire d’être encore plus seuls, peuvent avoir la rancune tenace jusqu’à ne plus parler à leur voisin ou voisine des décennies durant… fait l’aller et retour entre les deux maisons. Sacrés Gummi et Kiddi ! Ils sont fâchés. À mort. Depuis quarante ans. Pour une raison qu’on ne vous dévoilera pas mais qui ne peut évidemment pas justifier ces années de brouille intégrale entre voisins… qui par dessus le marché sont frères ! Des frères qui bien sûr élèvent tous deux des béliers et qui sont donc des concurrents acharnés quand vient le moment du fameux concours… Cette situation qui flirte avec l’absurde va prendre un tour plus dramatique quand la maladie de la tremblante va être repérée chez les bêtes de Kiddi, ce qui signifie l’abattage de tous les troupeaux de la vallée, principe de précaution oblige… Et rien que l’idée de perdre leurs animaux, pour des éleveurs Mais ici nous sommes loin de la Fran- qui leur ont consacré leur vie et leur ce, nous sommes dans une vallée iso- amour… c’est le monde qui s’écroule… lée du centre de l’Islande, bien loin de la partie maritime et touristique du pays. Ce formidable Béliers commence comUne vallée où les éleveurs vivent aux me une comédie à l’humour très scancôtés de leurs moutons sur des lan- dinave, autrement dit décalé, introverti, des magnifiques, battues par les vents, désarçonnant, qui nous rend immédiarecouvertes d’un épais tapis de neige tement attachants ces étranges personune grande partie de l’année. Dans ces nages qui vivent franchement hors du contrées, l’élevage des moutons est monde… et puis le film prend une autre une religion : on les bichonne comme dimension, plus lyrique, plus grave, et les émirs leurs purs sangs, les mamies s’ouvre à une ample réflexion – jamais leurs chiens de genoux. A plus forte théorique, toujours physique et sensible raison les béliers, dont force et virilité – sur le rapport de l’homme à la nature, font l’objet de concours fort disputés. de l’humain à l’animal, sur le lien fraterParmi ces éleveurs, deux figures se- nel qui peut renaître dans l’adversité. ront au centre du film. Gummi et Kiddi, La mise en scène exalte à merveille la tous deux sexagénaires, tous deux cé- beauté dantesque de ces paysages inlibataires, qui vivent dans des fermes croyables, qui rendent plus impressioncontigues, tout juste séparées par un nant encore le combat des hommes, portail. Ils se croisent forcément mais ne particulièrement dans une scène finale s’adressent pas même un regard. S’ils stupéfiante d’émotion et de force. ont un besoin impératif de communiquer, DU 9/12 AU 18/01 ils confient leur message à un chien, qui Le mercredi 9/12 à partir de 18h45 sur radio RGB 99.2 fm Disponible en podcast sur radiorgb.net TARIFS : Tous les jours à toutes les séances Normal : 6,50 euros Abonné : 4,80 euros ( par 10 places, sans date de validité et non nominatif) Enfant -14 ans : 4 euros Collégien : 4 euros ( avec la carte cine pass VO disponible dans les établissements scolaires du département) Étudiant : 4 euros Pass culture : 3 euros Sans-emploi : 4 euros Sur présentation d’un justificatif SÉANCE DE GROUPE À LA DEMANDE : 3 EUROS PAR ÉLÈVE / ENFANT À PARTIR DE 30 PERSONNES, GRATUIT POUR LES ACCOMPAGNATEURS. RENSEIGNEMENT : 0130377552 TOUT LE PROGRAMME SUR : www.cinemas-utopia.org/saintouen MIA MADRE JUSQU’AU 11/01 Réalisé par Nanni MORETTI Italie 2015 1h47mn VOSTF avec Margherita Buy, John Turturro, Giulia Lazzarini, Nanni Moretti... Scénario de Nanni Moretti, Francesco Piccolo et Valia Santella. Festival de Cannes 2015, Prix du jury oecuménique. Cette patte, ce style à nul autre pareil, ce regard plein d’un humour tendre qui ne baisse jamais sa garde… C’est du grand Moretti, du très bon Nanni, petit garnement anxieux qui se cache dans l’ombre du grand réalisateur. Il nous entraîne dans son univers gracieux où l’intime flirte avec l’universel ! Savoureuse fiction diablement personnelle : quelle est la part de rêve, d’imaginaire, d’autobiographie ? Qu’importe ! Tout s’imbrique dans un récit qui diffracte la réalité de la même façon qu’un kaléidoscope joue avec la lumière. Premières images… On est au cœur d’un rang de CRS… Au travers des visières on scrute les manifestants. Ils scandent « … lavoro per tutti ! » Tiens ? Cela résonne comme un écho : « Une terre, un toit… un travail pour tous » petit clin d’œil au pape François (Habemus papam !) ? Aux victimes de la crise ? Les ouvriers partent à l’affrontement, coups de ma- traque, canons à eau… Images prises sur le vif, réalistes et pourtant… Quelque chose sonne faux… « - Coupez ! » On est sur un tournage ! Cette voix qui ordonne, c’est celle de Margherita ! Elle aussi trouve que quelque chose cloche. Est-ce le débit de l’eau, le débit des mots, les ouvrières trop apprêtées ? Elle analyse, s’angoisse, se démultiplie, rabroue le caméraman, rouspète contre les techniciens, passe à la question son assistante, gourmande gentiment une actrice : « Tu joues très bien. Mais ne sois pas ton personnage, n’oublie pas que tu es juste à côté. » - Ah oui ! Euh… » La comédienne admirative s’efforce de comprendre, mais dès que la réalisatrice tourne le dos, une telle moue dubitative s’empare de sa frimousse qu’on explose de rire ! Être le personnage, tout en restant à côté ? Nébuleux leitmotiv schizophrénique que Margherita martèle désespérément à chacun de ses acteurs, qui prennent dès lors des airs inspirés pour cacher la tempête qu’elle provoque sous leur crâne ! C’est fichtrement drôle… Nanni Moretti se projette dans cette femme, ses angoisses, ses colères, ses incohérences, son envie de tout maîtriser qui la rend tyrannique. À travers elle, il raconte sa passion du cinéma, ses agacements, caricature le milieu avec tendresse, se moque de lui-même… La journée de tournage achevée, rien n’entame son rythme frénétique. Margherita continue de vouloir tout gérer comme un plateau de tournage : sa famille, ses amours… Mais les personnages de la vraie vie sont moins malléables, on ne maîtrise pas le scénario, certaines choses vous dépassent comme la maladie, la mort… C’est au chevet d’Ada, sa vieille mère subtile et espiègle, coincée à l’hôpital, que peu à peu les choses se dénouent, que tout est remis en perspective. C’est là que ses liens avec son frère Giovanni (interprété par Nanni Moretti) se renforcent. Pourtant, elle le trouve exaspérant, avec ses airs de premier de la classe, son calme, sa patience, sa présence constante et dévouée… Tout ce qu’elle ne parvient pas à être ! Ada (Giulia Lazzarini, géniale !), quant à elle, curieuse et gourmande de tout, dévore chaque instant avec bonhommie. Elle passe chaque événement au crible des enseignement des philosophes grecs, des belles lettres. Et on comprend d’où tout ce petit monde a tiré ce sens de l’auto-dérision, le recul nécessaire pour affronter avec élégance les affres de la vie. C’est la grande classe ! Et le tableau serait incomplet si on oubliait Barry Huggins (John Turturro), acteur italo-américain qui tient le premier rôle du film tourné à l’intérieur du film ! Hâbleur intarissable, fanfaron insupportable, il cabotine jusqu’à épuiser son entourage et principalement Margherita ! Moments irrésistiblement drôles qui permettent de parler de choses graves à la légère, en ne sombrant jamais dans l’auto-apitoiement. Une belle leçon de vie, comme de cinéma. que Noël qui, comme chacun sait, ne tombe qu’une fois par Tant de choses ont déjà été dites an (d’ailleurs on ne se laisse depuis le 7 Janvier. Et bien plus pas décourager et on maintient encore depuis le 13 Novembre. évidemment notre célèbre soirée Paroles d’écrivains, d’anonymes, « Réveillon anticipé » le Vendredi de philosophes, d’artistes, de 11 Décembre). politiques, d’experts de toute nature et en tout genre… Mais cette année, depuis le Que dire de plus ? De plus lundi 16 Novembre, les sorties intelligent, de plus malin, de plus « occasionnelles » des élèves sont approprié, de plus pertinent, de supprimées. Pourquoi interdire le plus sincère ? Quelle modeste cinéma de Noël une fois par an et contribution vouloir ajouter à pas la sortie piscine ou gymnase tout ce qui a déjà été écrit dans « habituelle », tous les jeudis l’urgence de l’émotion ou dans matin ? En quoi une activité cet instant de réflexion de l’après, pose-t-elle plus de problèmes de sécurité que les autres ? Et au-delà, à peine plus distancié ? pourquoi autoriser les marchés de Peut-être tout bêtement ajouter Noël et pas les distributions de rue quelques éléments tout factuels, des Restos du Cœur ? Pourquoi laisser se tenir, trois jours après les tout concrets, tout proches. attentats, le Milpol, salon mondial Dire simplement que les mesures de la sécurité et des marchands de sécurité prises en Ile de France d’armes, et pas les manifestations dans le cadre du plan « Vigipirate, en marge de la COP 21 ? alerte attentat » nous touchent doublement. C’est un coup rude Mystère et boule de gomme, porté à un moral déjà meurtri les voies de l’état d’urgence sont après ces évènements autant qu’un coup dur pour l’état de nos finances. Edito La période mi-Novembre / mi-Décembre est en effet traditionnellement une période très chouette à Utopia où d’un coup, comme sous l’effet d’un joyeux élixir de jouvence, la moyenne d’âge fait une chute de plusieurs décennies en quelques semaines. Ecoles maternelles et primaires qui viennent pour « la sortie de fin d’année », mais aussi pour les dispositifs nationaux « Ecole et Collège au cinéma » : le jeune public arrive en masse dès 9h du mat. C’est vivant, c’est bruyant, c’est aussi un peu le bazar, ça court partout, ça s’émerveille avec ce mélange de naïveté curieuse, de joyeuse innocence, un truc rare et précieux propre à l’enfance. 7000 gamins (nombre d’inscrits sur le carnet de bal d’Utopia pour la période pré-citée) ce n’est pas tout à fait rien. C’est un moment de l’année où les enseignants nous font une confiance totale pour ce rendez-vous festif qui est aussi parfois, pour les tout-petits, leur première séance de cinéma. Une sortie aussi exceptionnelle juste accepter la clé que proposait le gérant), fouiller sans précaution des bureaux qui, surprise, ne contenaient que des dossiers et des papiers, bref pour ne rien trouver de suspect et repartir en souhaitant une bonne fin de soirée à l’équipe du restaurant médusée et en laissant pas mal de dégâts et des clients pour le moins choqués. Sans juger de l’opportunité ou de l’efficacité de ce genre d’opération ciblée, il est toutefois permis, comme bon nombre de juristes, journalistes, philosophes, sociologues, femmes ou hommes politiques, indispensables veilleurs de cette démocratie pensante et vivante à laquelle nous sommes tant attachés, de s’interroger sur les conséquences de cet état d’urgence prolongé sur nos libertés individuelles et leur impact sur le quotidien des citoyens que nous sommes. D’ailleurs, c’est ce que nous ferons ensemble le Jeudi 7 Janvier à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l’Aumône autour du film documentaire « Même pas peur » sur le thème « La démocratie à l’épreuve de l’état d’urgence ». Et sinon? Sinon, sachez que toutes les séances scolaires annulées sur cette période pourront être reportées dès que ce sera possible. impénétrables. Aussi, dire simplement que cet état d’urgence prolongé nous pose bien des questions. Sinon, sachez que pour compenser le manque à gagner des annulations de ces séances scolaires, il nous faudra (juste) vous vendre 437,5 carnets d’abonnements en plus : vous savez donc ce qu’il vous reste à faire pour les cadeaux de Noël. Tiens, par exemple, à quelques dizaines de mètres du cinéma, dans la rue principale de Saint- Sinon, sachez que nous sommes Ouen l’Aumône, la presse locale là, avec notre brassée de beaux (Le Parisien du 23/11) et nationale films. (Le Monde du 24/11) s’est fait l’écho d’une perquisition façon L’équipe d’Utopia (29/11/2015) western, digne du dernier film de Tarantino (à l’affiche chez nous le et n’oubliez 6 Janvier) : des policiers armés qui déboulent à 21h en plein service pas, pour NOËL : dans le restaurant « Pepper Grill » OFFREZ DES pour… enfoncer des portes (qui étaient pourtant) ouvertes (il fallait abonnements ! LE RÉVEILLON D’UTOPIA : VENDREDI 11 décembre à 20h30 à Utopia Saint-Ouen AVANT-PREMIÈRE DU FILM + RIPAILLES PARTICIPATIVES : vous apportez saumon, terrines, foie gras, fromages, gâteaux etc... nous, on se charge des boissons. LA VIE TRÈS PRIVÉE DE M. SIM ET DU 16/12 AU 12/01 Réalisé par Michel LECLERC France 2015 1h42 avec Jean-Pierre Bacri, Vimala Pons, Isabelle Gelinas, Valeria Golino, Vincent Lacoste, Mathieu Amalric... Scénario de Michel Leclerc et Baya Kasmi, d’après le roman de Jonathan Coe. C’est l’histoire d’un type ordinaire, Monsieur Sim (« comme la carte », ajoute-til invariablement pour se présenter), qui est persuadé d’être « ennuyeux à mourir », d’être un loser absolu. Et à force d’en être convaincu lui-même, il a fini par en convaincre les autres… Quand le film commence, il rentre de vacances, un séjour tout compris dans un hôtel-club familial au bord de la Méditerranée. Mais il y est allé seul après avoir été plaqué par sa femme… Et chacun sait que rien n’est plus sinistre qu’un hôtel-club quand on est célibataire. Et sa conversation est à l’avenant : il est capable de disserter sur la diversité des menus dans chaque « Léon de Bruxelles » ou sur les vertus comparées des cafétérias d’autoroute… Prenez son père, à qui il rend visite lors d’une escale en Italie : il doit tellement redouter sa compagnie qu’il ne trouve même pas le temps de déjeuner avec lui… mique de situation mais qui donne d’emblée une réelle épaisseur humaine à son Heureusement la vie réserve des surpri- personnage. À partir de ce singulier Franses, même aux cas désespérés. Mon- çois Sim auquel on s’attache de plus en sieur Sim (comme la carte) rencontre plus au fil du récit, Michel Leclerc (souainsi, un peu par hasard, un étonnant venez-vous de son savoureux Le Nom personnage (Mathieu Amalric, second des gens, dans lequel Jacques Gamblin rôle idéal) qui va lui raconter l’histoire du incarnait le « dernier jospiniste », un loser, navigateur britannique amateur Donald déjà…) nous donne une comédie pinceCrowhurst, parti en course en solitaire et sans-rire qui est aussi une fable philosoqui préféra se perdre en mer plutôt que phique tendre et mélancolique, qui anad’abandonner et de décevoir son entou- lyse avec lucidité, malice et tendresse rage… Ce destin certes tragique mais notre société volontiers absurde, où romanesque va lui donner une sorte de des moyens de communication sophissecond souffle (un peu court mais c’est tiqués à l’extrême sont censés unir les déjà ça) : François (on découvre qu’il a gens et ne font que les isoler. Ultra-moun prénom !) Sim décroche un improba- derne solitude, comme chantait l’autre… ble boulot de représentant en brosses à dents durables et, au volant d’une ruti- Monsieur Sim espionne sa femme sur lante voiture hybride de fonction, équipée Facebook en se faisant passer pour une d’un GPS dangereusement omniscient, il copine ; quand il mange avec sa fille, elle part sur les routes, ce qui va lui permettre a le nez sur son portable en permanence de prendre la tangente et d’essayer de re- et il faut qu’il l’enlève et l’emmène en conquérir sa vie et les siens quelque part boîte de nuit pour éveiller chez elle un entre Bourg en Bresse et la Méditerranée. peu d’intérêt pour son ringard de père… Un voyage à la découverte des secrets Et tout au long de ses journées de VRP, de familles et des plaies à cicatriser… c’est finalement avec la voix féminine du Ce rôle de solitaire dépressif mais volu- GPS qu’il parle le plus souvent… Pas bile, capable de parler au premier venu étonnant dans ces conditions si c’est en même si son interlocuteur n’a rien de- se replongeant dans le passé, ses carmandé, est évidemment taillé sur mesure tons d’archives et ses vieilles bobines en pour l’extraordinaire Jean-Pierre Bacri, 16mm que Sim va retrouver un certain qui excelle dans toutes les scènes de co- sens, un certain goût à sa vie… LES COWBOYS JUSQU’AU 22/12 Réalisé par Thomas BIDEGAIN France 2015 1h45 avec François Damiens, Finnegan Oldfield, Agathe Dronne, John C. Reilly, Ellora Torchia, Antoine Chappey... Scénario de Thomas Bidegain et Noé Debré Thomas Bidegain n’est pas un inconnu dans le cinéma français. En tant que scénariste, il possède même une sacrée carte de visite. Rien qu’avec Jacques Audiard, il a signé Un prophète, De rouille et d’os et Dheepan. Mais, visiblement, il ne se contentait pas d’écrire, il devait aussi observer, apprendre, emmagasiner avec le désir de passer derrière la caméra. Les Cowboys est donc son premier film en tant que réalisateur Et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Rarement un titre aura été aussi bien choisi. Du début à la fin, en effet, sous des aspects différents, nous sommes renvoyés, non seulement à l’univers des cowboys, même si les personnages principaux sont bien français, mais aux références du western en tant que genre cinématographique. Le film débute en 1994, dans l’est de la France, lors d’un festival de musique country, ce genre de rassemblement où vous passez pour un zombie si vous ne portez pas votre stetson, votre veste à franges et vos santiags, avec ou sans éperons. Alain – François Damiens, aussi convaincant que dans Suzanne – figure importante de cette petite communauté, monte sur scène pour interpréter un morceau puis danse avec sa fille Kelly, sous le regard attendri de sa femme et de son fils Georges, dit Kid. Mais quelques heures plus tard, alors que la fête touche à sa fin, Kelly a disparu. La vie de cette famille va basculer quand ils vont apprendre très rapidement qu’elle est partie avec le garçon qu’elle aime, Ahmed, et qu’elle s’est convertie à l’islam. Le père s’engage alors dans une quête obsessionnelle à laquelle participera son fils. Thomas Bidegain ne cache pas les films qui ont inspiré le sien. Hardcore de Paul Schrader d’abord, dans lequel un père, calviniste intégriste, retrouve la trace de sa fille disparue dans le milieu du cinéma pornographique. La Prisonnière du désert de John Ford ensuite, où le personnage raciste interprété par John Wayne part à la recherche de sa nièce enlevée par des Indiens. Cela dit, ces références avouées n’empêchent pas Thomas Bidegain de réaliser une œuvre originale et profonde. C’est un film populaire et ambitieux qu’il nous propose, démontrant que l’on peut s’adresser au plus grand nombre avec intelligence et délicatesse. Les codes du western sont bien entendu présents : héros solitaire, chevauchées vers des horizons infinis, guet-apens des Indiens, échange de squaws, calumet de la paix, pistolets, arcs et flèches … Mais, au-delà de ce cadre, ce que raconte Les Cowboys, c’est l’histoire d’un homme ordinaire, déterminé à retrouver sa fille, mais totalement désarmé face à des événements qui le dépassent. C’est également l’histoire d’un fils qui, alors qu’il cherchait la reconnaissance de son père, se trouvera lui-même en s’émancipant des représentations binaires de celui-ci. Il aura fallu pour cela passer des fausses évidences d’un cowboy à la pleine conscience de la complexité du monde. Le jeune Finnegan Oldfield, qui joue le rôle du fils, tient parfaitement sa place auprès de François Damiens, définitivement un grand acteur à qui il ne reste plus qu’à sélectionner ses rôles avec davantage de rigueur. Quant à Thomas Bidegain, il a franchi avec aisance l’écueil du « film de scénariste », c’est-à-dire celui où l’histoire prend le dessus. Certes, l’histoire qu’il nous raconte est forte, mais elle est menée de main de maître par un réalisateur à part entière, qui devrait rencontrer un succès public mérité. AU-DELÀ DES MONTAGNES DU 23/12 AU 12/01 Écrit et réalisé par JIA Zhang-ke Chine 2015 2h06 VO (chinois surtout et anglais) STF avec Zhao Tao, Zhang Yi, Liang Jingdong, Dong Zijiang, Sylvia Chang... Deux hommes aiment une femme. Elle choisit. Et à travers l’histoire de ce trio, dans les conséquences de leurs décisions, dans les chemins qu’ils empruntent et ceux qu’ils délaissent, c’est tout le destin de la Chine d’aujourd’hui et de demain, entre 1999 et 2025, qui nous est raconté. Au-delà des montagnes allie la beauté poignante d’un grand mélodrame et l’acuité d’un regard politique sur son époque. On connaît son auteur, Jia Zhang-Ke, 45 ans et déjà immense cinéaste, pour son habileté à jauger l’état de son pays et de ses concitoyens. Ce fut l’objet de tous ses films jusqu’ici, tous plus remarquables les uns que les autres, de Still life au récent A touch of sin. Il y ajoute aujourd’hui une dimension temporelle passionnante puisque son récit s’étale sur deux générations, celle du trio puis de sa descendance, et nous conte l’itinéraire d’individus qui ont vu la Chine passer de la promesse d’une libération à l’aveuglement capitaliste complet. Avec ce nouvel opus, Jia Zhang-Ke réalise une fresque familiale entre passé proche et futur imminent, aussi simple que vertigineuse, aussi maîtrisée que profondément émouvante. L’histoire se déroule en trois chapitres. Le premier se situe en 1999 dans la ville de Fenyang, au nord du pays. La jeunesse chinoise danse alors sur le tube « Go West » des Pet Shop Boys, scandé comme un hymne à la liberté d’un Occident fantasmé. A la veille du 21ème siècle, les feux d’artifices pétaradent de toutes parts et la population s’impatiente plus que jamais de basculer dans une nouvelle ère, loin du régime autoritaire encore au pouvoir. Tout oppose les deux amis d’enfance qui courtisent la jeune et belle Tao : Liangzi, au tempérament réservé, est un ouvrier modeste; Zhang, le flambeur, a investi dans une station service lucrative. L’un trime à la mine, l’autre déboule en berline rouge éclatant. Tao hésite mais son choix est probablement davantage motivé par l’effervescence de l’époque que par l’écoute du tréfonds de son coeur. En choisissant Zhang, elle opte pour l’impératif d’une rupture, pour la promesse du nouveau millénaire. Liangzi a tout d’un homme bon et attentionné, mais elle choisit le plus ambitieux, le plus étincelant. Il se révélera être le plus cupide aussi... Et assez vite, ce choix inaugural irriguera toute la vie de Tao du sentiment amer d’être passée à côté de quelque chose. Liangzi quitte la région pour faire sa vie autrement, vers un sort de misère. Tao et Zhang ont un enfant que le père tient à prénommer Dollar (!)... Les deuxième et troisième parties se déroulent respectivement en 2014 où s’ap- profondit l’atomisation du trio d’amis d’enfance, puis en 2025 pour un déracinement sobrement futuriste situé en Australie, où Dollar connaîtra un sursaut affectif et identitaire. C’est un monde en proie à une graduelle déshumanisation et au règne de l’argent que nous peint Jia Zhang-Ke. Avec une liberté formelle permanente, l’esthétique même du film en témoigne : les couleurs franches du début laissent peu à peu place à des teintes lissées, le cadre de l’image s’élargit progressivement jusqu’à acculer les protagonistes dans les recoins isolés de l’image. De même, la narration se révèle d’une grande ingéniosité, en multipliant les ellipses, en essaimant ses personnages avant de mieux les retrouver. Plein d’empathie pour eux, Jia Zhang-Ke revient sans cesse sur le noyau de son histoire : l’inconsolable sensation que nous avions toutes les cartes en main mais que quelque chose a raté. Certes, c’est bien de la Chine que nous parle Jia Zhang-Ke. Mais il faut bien reconnaître que ce sentiment, ainsi qu’une certaine marche du monde, confère à son récit un caractère d’universalité. Au-delà des montagnes se déploie alors comme une fable intime autant que politique, inquiète des imbrications que les mutations économiques provoquent dans nos manières de vivre et dans notre capacité à aimer. Et s’épanouit la beauté d’une mélancolie exprimée, noire et lyrique à la fois. LE PONT DES ESPIONS DU 30/12 AU 19/01 (BRIDGE OF SPIES) Réalisé par Steven SPIELBERG USA 2015 2h22mn VOSTF avec Tom Hanks, Mark Rylance, Scott Sheperd II, Amy Ryan, Sebastian Koch, Alan Alda... Scénario de Matt Charman, Joel et Ethan Coen. Avec Le Pont des espions, une histoire de prisonniers russes et américains échangés pendant la guerre froide, le cinéaste célèbre une délivrance qui est d’abord la sienne… Paralysé par la reconnaissance tous azimuts dont il est l’objet, et qui a culminé avec la sortie de Lincoln fin 2012, le réalisateur a depuis passé son temps à hésiter entre différents projets de films, pour mieux y renoncer. Il a même enterré « Robopocalypse », une superproduction futuriste qu’il présentait, pendant la promotion de Cheval de guerre (2011), avec un sourire amusé et une formule clé en main : « Du popcorn avec un message dedans ». C’est donc finalement Le Pont des espions qu’il a jugé possible d’emprunter, sans doute rassuré par la formule, plus sage, de ce film qui délivre un grand et beau message, avec juste un peu de popcorn dedans. Le premier plan, superbe et saisissant, montre un homme qui semble avoir trois visages : le sien, celui qu’un miroir lui renvoie et celui de l’autoportrait qu’il est en train de peindre… Cet artiste est un espion. Une superbe scène de filature le confirme, dans le New York de 1957, jusqu’à l’arrestation de cet étrange Russe prénommé Abel (Mark Rylance). S’ouvre alors vraiment un scénario touffu, co-écrit par les frères Coen, avec un certain sens de la paranoïa et quelques pointes d’humour en contrebande. Pour faire condamner à mort Abel (comme les époux Rosenberg, qui finirent sur la chaise électrique en juin 1953, accusés d’espionnage au profit de l’URSS), l’Etat américain veut mettre les formes et lui paye donc un avocat commis d’office. Mais ce James Donovan (Tom Hanks), bon père de famille spécialisé dans les problèmes d’assurance, décide de pousser l’illusion de justice jusqu’à l’épreuve de vérité : pour faire respecter les droits de son client, il devient le plus brillant, le plus courageux des négociateurs, haï par ses concitoyens, mais droit dans ses principes. Et c’est lui que la CIA vient chercher en secret, quand un de ses agents tombe aux mains des Russes, pour tenter un grand marchandage… Parce qu’elle est vraie, l’histoire de James B. Donovan (1916-1970) donne matière à bien plus qu’un simple film d’espionnage. A travers cet homme ordinaire en mission secrète, c’est une certaine idée de l’engagement qui est mise en exergue, en même temps que de grandes valeurs (liberté, justice) se transforment en actes. Cette partition est évidemment parfaite pour Spielberg, qui peut ici fai- re vibrer sa fibre humaniste… Avec son ami Tom Hanks, lui-même dans un rôle idéal, il donne à ce Pont des espions la tonalité et la tenue d’un cinéma classique, enveloppant, d’une sobre élégance. […] Le film, dans ses bonnes intentions comme dans sa réalisation, frôle toujours la convention, mais y résiste aussi le plus souvent. La force du plan d’ouverture n’est, en effet, jamais perdue tout au long du Pont des espions, qui est bel et bien un autoportrait, non pas d’Abel, mais de Spielberg lui-même. Entre le prisonnier et l’avocat, un échange nourrit une sorte de gag à froid, qui revient à plusieurs reprises. « Vous n’avez pas peur ? », demande l’Américain au Russe, qui joue sa tête sans jamais perdre son calme et répond avec une autre question : « Cela aiderait ? ». Spielberg est alors, bien sûr, du côté de Tom Hanks et de Donovan : il est l’homme qui a peur que les choses tournent mal, que la justice ne soit pas rendue, qu’elle oublie d’autres hommes, prisonniers des guerres, froides ou pas, qui se jouent par-dessus eux, au mépris de leur vie. Et si le sang-froid du Russe laisse l’Américain sans voix, le film répond pour lui : oui, avoir peur, ça aide. Avoir peur, c’est penser aux autres, c’est s’engager. Pour ce portrait de Spielberg en homme inquiet, Le Pont des espions est, dans une carrière spectaculaire, un moment secrètement essentiel. (Télérama) SEUL SUR MARS DU 16 AU 29/12 Réalisé par Ridley Scott USA 2015 2h21 VOSTF Avec Matt Damon, Jessica Chastain, Mackenzie Davis, Sean Bean, Naomi Scott, Chiwetel Ejiofor... Scénario de Drew Goddard, d’après l’oeuvre de Andy Weir La semaine où la Nasa annonce avoir trouvé de l’eau à l’état liquide sur Mars, Ridley Scott sort son nouveau film aux Etats-Unis, dans lequel un astronautebotaniste, abandonné par son équipage, se construit un potager sur la planète rouge, en attendant un hypothétique sauvetage. La coïncidence laisse songeur sur la puissance du marketing hollywoodien. La Nasa n’a plus les moyens d’envoyer autre chose qu’un minuscule robot sur Mars ? Qu’à cela ne tienne, Hollywood déroule sa collection de space movies pour jouer le rôle euphorisant et patriotique que l’agence spatiale endossait dans les années 1960, du temps des missions Apollo. Peu importe que Seul sur Mars pioche allègrement dans le scénario de Gravity et dans la distribution d’Interstellar (Matt Damon et Jessica Chastain). Seul compte le voyage dans l’espace, le « trip » visuel. Et il faut reconnaître qu’en matière de spectacle rien ne manque au cahier des charges : ni les décors grandioses (du désert jordanien), ni l’humour noir et l’autodérision d’un Matt Damon plus charmeur que jamais. A 77 ans, sir Ridley Scott est bien le patron du film de science-fiction. Ironie du sort : celui qui a bâti sa carrière en faisant de l’espace l’endroit le plus anxiogène de l’univers avec Alien — qui reste encore, après 2001 : l’Odyssée de l’espace, la référence absolue du genre — revient à ses amours de jeunesse avec un feel good movie où un néo-Robinson Crusoé fait pousser des patates sur le sol martien, fertilisé avec ses propres excréments lyophilisés. La fin heureuse ne fait évidemment aucun doute, en dépit des légitimes difficultés rencontrées par le « Martien » pour survivre pendant les nombreuses années nécessaires à ses camarades pour faire demi-tour. Les Etats-Unis n’ont jamais abandonné un de leurs soldats, c’est bien connu. Entre deux séances de jardinage cosmique, on assiste aux réunions de crise dans les bureaux de la Nasa avec leur palette de personnages aussi invraisemblables que savoureux : le geek qui résout l’équation magique sous caféine, le chef bricoleur chargé d’imaginer le retour de la navette avec des maquettes. L’absence notable du traditionnel traître ou de l’agent double est le signe d’un optimisme assumé. Comme l’est un certain pragmatisme géopolitique qui fait de la Chine, avec ses ingénieurs aérospatiaux, l’alliée indispensable de la Nasa. Eloge naïf de la collaboration internationale, seule capable de couronner de succès une mission impossible sur le papier. Ou habile tentative de Hollywood pour séduire le gigantesque marché chinois, nouvel eldorado des blockbusters ? Jérémie Couston pour Télérama BLADE RUNNER DU 23/12 AU 5/01 Réalisé par Ridley SCOTT USA 1982 1h57mn VOSTF avec Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, Daryl Hannah, Joanna Cassidy, Edward J. Olmos, M. Emmet Walsh, William Sanderson, Brion James, Joe Turkel... Scénario de Hampton Fancher et David Peoples, d’après le roman de Philip K. Dick, Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?. VERSION DÉFINITIVE FINAL CUT COPIE NUMÉRIQUE RESTAURÉE. Ceci est donc la version définitive de Blade Runner, peaufinée en 2007 par Ridley Scott, et présentée pour la première fois en copie numérique. Il faut rappeler que le film avait été modifié au dernier moment à l’époque de sa sortie, en 1982, par crainte de trop bousculer les petites habitudes des spectateurs américains. Scott avait donc ajouté la voix off de Harrison Ford qui explicitait les méandres de l’intrigue, ainsi qu’un dénouement qui imposait une improbable happy end. Escamotée la voix off, balancé le happy end, l’œuvre prend toute sa dimension, visionnaire, prophétique, et profondément tragique. À l’heure où on attend avec une inquiétude légitime un opus deux, les aficionados qui ont vu le film dix huit fois dans ses différentes versions le verront une dix-neuvième, les nouveaux venus seront subjugués pour le compte et viendront grossir les rangs des adorateurs de Blade Runner. Blade Runner est d’une beauté visuelle exceptionnelle, qui vous frappe dès les premiers plans : la ville, véritable monstre grouillant et fumant… Et puis il y a deux acteurs magnifiques (entre autres), au summum de leur charisme : Harrison Ford et Rutger Hauer… Et puis… Et puis c’est formidable et voilà tout ! Séance exceptionnelle le mardi 15 décembre à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l’Aumône autour de la résistance des paysans aux grands travaux inutiles en présence de Michèle Roux, paysanne en Dordogne sur une ferme en polyculture élevage (vignes, élevage laitier), secrétaire nationale de la Confédération paysanne et administratrice de la FADEAR (Fédération des Associations pour le développement de l’emploi agricole et rural). Soirée organisée par les Amis de la Confédération Paysanne avec le soutien d’Europe Ecologie les Verts, le Parti de Gauche et le NAP LE DERNIER CONTINENT Réalisé par Vincent Lapize agricoles en lieu et place des anciennes. documentaire France 2015 1h15 Musique géniale de Pierre-Laurent Bertolino du collectif Dupain. Là est l’intérêt du documentaire de Vincent Lapize qui s’est immergé durant deux ans dans la ZAD : nous faire découvrir comment, dans des conditions hostiles, on parvient avec des gens d’horizons sociaux, d’âges et d’origines très différents à construire une utopie collective devenue concrète. Cadres ayant envie de faire un pas de côté, jeunes en quête de sens, mères de famille en rupture, agriculteurs conquis par une autre manière de voir leur métier que celle imposée par les marchands de pesticides et le Crédit Agricole, tout ce petit monde coexiste, parvient à trouver des instances de décision collectives, organise la vie au quotidien et la résistance toujours nécessaire quand les gendarmes mobiles et les pelleteuses pointent leur nez. Sans jamais tomber dans l’angélisme, le film de Vincent Lapize nous donne à voir des pistes de réflexion et d’espoir bien au delà du problème de Notre-Dame-des-Landes qui donnent chaud au cœur dans ces périodes de désarroi politique. Le film commence comme un rêve éveillé - celui d’un homme qui s’enfonce dans la forêt et découvre des habitations de fortune certaines juchées dans les arbres et où semble régner un bonheur simple et ascétique. Bienvenue à Notre Dame des Landes. Pour ceux qui seraient coupés de toute source d’information depuis quarante ans, Notre Dame des Landes est ce charmant coin du bocage nantais où les élus locaux et les gouvernements successifs se sont mis en tête, au mépris de toute logique économique, écologique et sociale, de construire le méga-aéroport dont le développement de Nantes et sa région ne saurait à leur sens se passer. Là que depuis quelques années, des résistants ont installé sur les zones déjà expropriées une ZAD (Zone à Défendre), où ils ont construit de bric et de broc des espaces de vie et de micro productions Le mot des Amis de la Confédération Paysanne La FADEAR a pour vocation de promouvoir l’Agriculture paysanne, antithèse de l’agriculture agro-industrielle productiviste. Elle est née de la réflexion des paysans de la Confédération Paysanne et propose des solutions afin que des paysans nombreux vivent de leur travail et en retrouvent le sens : «Produire pour nourrir et non produire pour produire». On trouve le terme d’Agriculture paysanne dans un acronyme maintenant répandu : les AMAP (Associations pour la Maintien de l’agriculture paysanne). Cet outil doit permettre aux paysans d’avoir une vision d’ensemble de leur travail et de leur place dans la société. Il s’adresse à tous ceux qui veulent s’installer ou changer de pratique : des paysans plus autonomes, fiers de la qualité de leurs produits et du lien développé avec les consommateurs et les acteurs du monde rural, innovant pour préserver la nature et transmettre leurs fermes aux générations futures. LE GRAND JEU DU 16/12 AU 5/01 Écrit et réalisé par Nicolas PARISER France 2015 1h39 avec Melvil Poupaud, André Dussolier, Clémence Poésy, Sophie Cattani, Antoine Chappey... Melvil Poupaud incarne parfaitement un quarantenaire assez bien fait de sa personne, Pierre Blum, un écrivain en panne habitué aux mondanités. De ces garçons classieux, un peu vains mais charmants, qui hantent les salons et dont on se demande à quoi ils croient, à quoi ils jouent, éventuellement à quoi ils servent… Encore drapé dans l’aura de l’instant de gloire remporté lors du succès littéraire de son premier et unique roman – publié dix ans auparavant, ça commence à dater –, il semble devoir glisser irrémédiablement dans l’oubli. Peu à peu les étoiles du passé s’éteignent et briller en société devient de plus en plus aléatoire. De fait tout et tous peu à peu le lâchent, à commencer par sa dulcinée, lassée d’attendre qu’il devienne enfin l’auteur à la carrière prolifique dont on pouvait rêver après ses débuts prometteurs. Le cynisme élégant derrière lequel il tente de camoufler sa durable vacance ne fait plus trop illusion. Le voilà destiné à retourner au plus triste anonymat, in- carné par le studio minuscule qu’il est contraint d’intégrer, loin du strass, des paillettes et des humains, sans doute condamné à se désocialiser lentement. C’est dans cet état d’esprit de chien désabusé qu’il est abordé un soir, sur la terrasse d’un casino, par un étrange personnage qui semble en savoir long sur lui. Joseph Pasquin (campé par l’impeccable André Dussolier) est trop poli pour être complètement honnête. Sa mise soignée, son affabilité à l’ancienne, ses sourires insistants peinent à camoufler le regard d’acier qui darde sous ses cheveux blancs : un œil acéré qui scrute, déshabille, jauge ses interlocuteurs. Parfois, sans crier gare, son visage se referme et devient alors plus impénétrable qu’un centre d’interrogatoire. Pierre d’abord se méfie et essaie de se montrer distant. Mais rien n’y fait ! Non seulement Joseph est pugnace mais il sait comment appâter l’écrivain à la dérive. À force de flatteries, de propositions alléchantes, il obtient que Pierre entre dans son jeu et accepte une étrange commande qui peut lui permettre de renflouer ses finances mais aussi de remettre incognito un pied à l’étrier après son interminable panne d’inspiration. Pierre finit par accepter et presque à s’attacher à cet homme qui l’intrigue. Le voilà donc en charge de donner du style et de la crédibilité à un ouvrage sensé semer le désordre dans le grand jeu politique, jusqu’à redistribuer les cartes du pouvoir. Il devient ainsi le rouage fragile d’un complot pour le moins hasardeux et nébuleux, aux enjeux incontrôlables et de plus en plus inquiétants. Tandis que le commun des mortels préfèrerait sagement cultiver ses salades, voilà nos compères en train de jouer aux apprentis sorciers, au risque de se mettre en péril. Car peu à peu la vision de Joseph se brouille, ses mystérieux appuis se dérobent et il semble maîtriser à grand peine les règles du jeu alambiqué qu’il a lui même initié. De moins en moins serein, il se sent menacé et on ne sait si ses craintes sont fondées ou s’il tombe dans une étrange paranoïa. En tout cas il y entraîne Pierre qui part se mettre au vert chez une bande de gauchistes qui, eux, ont la sagesse de les cultiver, leurs salades ! Inspiré d’affaires et de faits divers plus ou moins récents, troubles et non résolus (les affaires Tarnac et Boulin entre autres), Le Grand jeu impose une voix et une manière tout à fait originales dans le cinéma français actuel. Préférant la carte du romanesque à celle du film-dossier réaliste et documentaire, il crée un univers aussi prenant qu’inquiétant, avec un sens aigu de l’atmosphère et des dialogues ciselés. Le débutant Nicolas Pariser s’inscrit sous le patronage de Balzac et de Chabrol : on a connu plus mauvaises influences… et il ne les trahit pas. C’est un beau compliment. LOLO DU 23/12 AU 5/01 Écrit et réalisé par Julie Delpy France 2015 1h39 avec Vincent Lacoste, Julie Delpy, Dany Boon, Karin Viard... En thalasso à Biarritz avec sa meilleure amie, Violette, quadra parisienne travaillant dans la mode, rencontre Jean-René, un modeste informaticien fraîchement divorcé. Après des années de solitude, elle se laisse séduire. Il la rejoint à Paris, tentant de s’adapter au microcosme parisien dans lequel elle évolue. Mais c’est sans compter sur la présence de Lolo, le fils chéri de Violette, prêt à tout pour détruire le couple naissant et conserver sa place de favori… Lol aux stéréotypes. Les personnalités de Lolo sont à l’image donnée par ses comédiens vedettes depuis des années. Julie Delpy en gourou de la mode parisienne, le langage cru et vrai, avec sa copine Karin Viard, prédatrice indomptable, revient à la réalisation après 2 Days in Paris et 2 Days in New York. Cette fois-ci elle relate son coup de foudre avec un provincial un peu tendre et benêt (Dany Boon !) que son fils à l’écran, Vincent Lacoste, aussi cynique que dans JC comme Jésus Christ, va essayer d’écarter de sa vie de la façon la plus machiavélique possible… Les univers contraires se côtoient dans Lolo, par op- portunisme commercial, peut-être, mais avec complémentarité, certainement. La crudité indie, mais toujours bienveillante, de Delpy parvient à rendre acceptable la présence iconoclaste de Dany Boon que l’on ne s’attendait pas à retrouver dans son monde arty et bobo où se croisaient surtout jusqu’alors de vieux routiers de Mai 68 et des New-yorkais un peu névrosés au flow intarissable. Mais le portrait de brave type qu’incarne Boon depuis Bienvenue chez les Ch’tis, colle en fait plutôt bien à la peinture beauf voulue par l’auteure. Alors pourquoi pas ? Quant à l’étiquette de « petit con » que Lacoste aime se coller au front depuis Les Beaux gosses, elle permet à l’acteur capable d’écarts remarquables (Hippocrate), et que l’on déjà vu chez Delpy (Le Skylab), d’inviter le teen movie à la française, décalé et verbal, et de le mêler aux affaires des grands avec l’insolence sardonique de sa génération acerbe. Dans cette farce sur la famille recomposée, accessible à tous, Julie Delpy vise un public plus large qu’auparavant, audelà de la présence de Dany Boon, de par des situations de comédie à rebondissements rocambolesques qui vont multiplier les fous rires collectifs dans les salles. Le ton est à la bonne humeur communicative et l’énergie est débordante, tout ici désopile, des premiers instants girlie et bitchy, au final parodiant de près le Tanguy de Chatiliez qui aurait rencontré le Damien de La Malédiction. Bref, Lolo, c’est un peu le mariage pour tous, celui de toutes les comédies, un divertissement généreux qui assoit un peu plus le talent d’écriture de Julie Delpy qui peaufine les dialogues truculents, avec une spontanéité feinte qui caractérise son style. (Frédéric Mignard, avoir-alire.com) MY SKINNY SISTER DU 16/12 AU 5/01 Écrit et réalisé par Sanna LENKEN Suède 2015 1h35 VO (suédois et anglais) STF avec Rebecka Josephson, Amy Deasimont, Annika Hallin, Henrik Norlén, Maxim Mehmet... Vous n’êtes pas prêts d’oublier la gouaille et la bouille joufflue de la rouquine Stella, épatant personnage de collégienne amenée à basculer trop vite dans l’âge adulte alors qu’elle est loin d’en avoir fini avec l’enfance. Stella a 12 ans et c’est une pré-ado comme bien d’autres: grande gueule, un peu trop boulotte, pas assez conforme aux modèles imposés pour être à la fois la fille populaire et celle qui attire les regards des garçons. Et comme bien d’autres encore, elle souffre du syndrome bien connu de la petite sœur, celle qui grandit à l’ombre de la grande, d’autant que Katya, son aînée, a comme on dit tout pour elle: grande et svelte, un visage de nymphe scandinave, elle s’est en plus hissée, à force de travail opiniâtre, au rang d’espoir local du patinage artistique, un sport prestigieux entre tous dans son pays, un sport auquel elle sacrifie tout son temps libre et l’essentiel de son énergie, aux côtés de son entraîneur étranger qui fait rêver la môme Stella, en vain bien sûr... Tout pourrait continuer ainsi, dans cette espèce de déséquilibre familial harmonieux où chacun trouve finalement sa place, cahin-caha, malgré petites bisbilles et menues jalousies... Mais on sent bien, dans le volontarisme forcené de la patineuse, sa soif perpétuelle d’exercice, ses obsessions culinaires que s’installe un malaise de plus en plus palpable. My skinny sister, au titre évocateur même pour l’anglophile balbutiant (skinny = maigre), pose un très beau regard sur un fléau qui touche des millions d’adolescentes, leur famille, leurs amies : l’anorexie, une maladie qui s’accompagne le plus souvent du terrible déni de l’intéressée, laquelle finit par se couper du reste du monde, parfois avec agressivité, toute à son obsession morbide. Il montre aussi à quel point les proches ne se doutent pas de la gravité de la situation jusqu’au jour, souvent tardif, où la maladie a fait des ravages profonds, tant physiologiques que psychologiques. Tout cela est traité avec une grande authenticité, une grande justesse et on n’est pas du tout étonné que la réalisatrice déclare « avoir une expérience personnelle des troubles alimentaires... Mais ce qui est très beau dans My skinny sister, c’est qu’il échappe avec grâce au film à thèse sur l’anorexie pour s’épanouir en une très belle et très délicate chronique de l’amour entre deux sœurs et des tourments de l’adolescence. Avec ses moments bouleversants mais aussi ses moments extrêmement drôles et impertinents, à l’image de l’imprévisible et craquante Stella. On rit de bon cœur à l’audace de la gamine qui drague ouvertement le prof de patinage de sa sœur à qui elle dédie des poèmes licencieux. Et face au désarroi des parents qui, entre coercition et dialogue, ne savent plus quoi faire pour enrayer la spirale infernale dans laquelle s’enferme leur fille aînée, c’est bien leur irréductible benjamine qui, avec son énergie et son appétit de vivre, va peu à peu sauver Katya, envers et contre tout, et d’abord envers et contre elle-même... L’HERMINE JUSQU’AU 11/01 Ecrit et réalisé par Christian VINCENT France 2015 1h38 avec Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen, Chloé Berthier, Corine Masiero, Miss Ming, Aurore Clément... Festival de Venise 2015 – Prix d’interprétation pour Fabrice Luchini et Prix du meilleur scénario Il y a les retours à Ithaque. Et puis il y a plus court : les retours vers l’amour. Avec là aussi des embûches et des obstacles, avec d’interminables silences et des grandes plages de solitude. Mais quand la fin du voyage annonce les premiers pas sur des terres inexplorées qui promettent la lune, c’est encore plus beau qu’une Odyssée... Beau, le film de Christian Vincent l’est assurément, pas d’une beauté plastique, pas d’une beauté classique, d’une beauté humaine, terriblement bouleversante parce que terriblement simple. Et si l’on est autant touché au cœur, presque malgré nous, c’est parce que cette humanité qui se révèle, qui se dévoile, qui veut se cacher, qui ne peut se soustraire... se manifeste dans un lieu a priori peu propice : une cour d’assise. C’est la très bonne idée de L’Hermine : choisir ces murs promis aux histoires les plus sordides, ou les plus douloureuses, ou les plus pathétiques pour y faire naître de la grandeur d’âme, de la dignité, du sentiment amoureux. Mais c’est aussi un film à double facette : à la fois le portrait d’un homme complexe qui semble blasé et revenu de tout (et quand l’homme en question est interprété par un Fabrice Luchini au meilleur de sa forme, c’est déjà en soi toute une aventure) et le récit captivant d’un procès. L’équilibre entre l’intime et le judiciaire, entre l’affectif et le social, est toujours savamment dosé, sans que l’un prenne le pas sur l’autre, et les deux finissent par se nourrir, se répondre, s’interroger au fil d’une mise en scène qui semble être d’une simplicité limpide mais qui est en réalité aussi complexe qu’une partition symphonique. Et ce qui ne gâche rien, tout est conté avec une telle délicatesse, avec tant d’humour en filigrane que ce qui pourrait être plombant ne l’est jamais, car toujours allégé par un soupçon de fantaisie. Même dans les scènes les plus difficiles – c’est un infanticide que juge ce procès d’assises –, Christian Vincent s’en tire toujours avec intelligence et panache et ne tombe pas dans le panneau d’un cinéma platement réaliste : tous ses personnages, dans le box, sur le banc des accusés ou parmi les jurés, existent bien plus par leur tempérament que par leur déterminisme social. Michel Racine est un Président de cour d’assises redouté. Aussi dur avec lui qu’avec les autres, on l’appelle « le Président à deux chiffres » parce qu’avec lui, on en prend toujours pour dix ans minimum. Un nouveau procès commence et Michel a la grippe, autant dire que ça n’arrange pas vraiment son tempérament naturel qui n’est pas des plus avenants, ni des plus joyeux. En même temps, le Président Racine n’est pas là pour se marrer. Les mauvaises langues pensent que c’est un emmerdeur gris, aigri, sans amis. En même, temps, le Président Racine n’est pas là pour discuter le bout de gras. C’est un nouveau procès, pas vraiment banal mais dont le déroulé va se faire suivant une procédure parfaitement huilée que le Président Racine mène comme un chef d’orchestre, avec un sens du rythme, de la répartie, et ce petit truc en plus qui n’appartient qu’à lui. Mais une femme (c’est l’irrésistible Sidse Babett Knudsen), venant d’une plage lointaine, a rapporté dans les plis de sa robe de dentelles quelques grains de sable… exactement le genre d’imprévu que Michel Racine n’avait pas anticipé. PETIT-DÉJEUNER DÉCOUVERTE DIMANCHE 10 JANVIER EN PRÉSENCE DU RÉALISATEUR ALEXANDER NANAU à partir de 10h45 à Utopia Saint-Ouen (rendez-vous au café Stella à 10h45, séance à 11h15) LE CONCEPT : à vous les croissants, à nous le café, thé et jus de fruits Tarif unique : 3,50 euros TOTO et ses soeurs DU 6 AU 19/01 Film documentaire écrit et réalisé par Alexander NANAU Roumanie 2015 1h33 VOSTF avec l’incroyable Totonel et ses sœurs Andrea et Ana... Grand Prix, Festival Premiers Plans d’Angers Grand Prix, Festival International du Film des Droits de l’Homme de Paris Ça commence par une séquence qui aurait pu figurer en bonne place dans Les 400 coups de François Truffaut ou dans Zazie dans le métro de Louis Malle, ces deux bijoux de la Nouvelle Vague dont les héros sont des enfants. Un enfant escalade un muret pour chaparder une pomme, hélé par sa sœur qui s’inquiète pour lui. La suite sera moins champêtre mais non moins formidable, en tout cas aussi bouleversante que revigorante. Il faut dire qu’on est ici bien loin des faubourgs parisiens populaires et insouciants des années 1960 où évoluaient Antoine Doinel et Zazie. Toto, le gamin chapardeur de pommes (son prénom entier est Totonel), vit dans une des banlieues misérables de Bucarest où s’entassent les familles roms, dans des logements sociaux en partie à l’abandon. On comprend vite que la mère a été incarcérée il y a déjà plusieurs années pour trafic de drogue et depuis, Toto et ses sœurs Andrea et Ana, l’aînée, survivent tant bien que mal dans un appartement au confort minimal, sous la « surveillance » d’oncles qui sont d’affreux junkies n’hésitant pas à se piquer devant les enfants. Ce qui est tout à fait fascinant, c’est qu’au vu des situations, on met du temps à se rendre compte que nous ne sommes pas dans une fiction mais bien dans un documentaire, ce qui démontre le degré d’intimité incroyable que le réalisateur Alexander Nanau (Allemand née en Roumanie) a su construire avec ses protagonistes pour faire accepter à ce point sa caméra dans des circonstances parfois extrêmement délicates. Et alors que le contexte aurait pu tirer le film vers un misérabilisme plombant, tant ce que subissent les enfants nous paraît violent, c’est tout le contraire qui se produit : Toto et ses sœurs est un film lumineux et plein d’espoir, une véritable ode à la vie même quand elle semble vaciller, grâce à l’énergie de ses deux jeunes héros, Toto, toujours plein de rire et d’amour pour ses sœurs, et Andrea, la cadette prête à tout bien qu’analphabète pour sauver sa fratrie de la misère et de la toxicomanie. Grâce aussi à l’énergie des éducateurs, des professeurs, qui déploient, avec les moyens du bord, des trésors de compréhension, de patience, pour sauver ces enfants perdus. Ce long et difficile chemin vers la lumière est truffé de scènes magnifiques : celle où la cadette de 15 ans tente de sauver son aînée prostrée dans un appartement en plein chaos, ou encore les retrouvailles compliquées avec la mère éloignée par la prison. Au-delà de la force de ses personnages, le film d’Alexander Nanau brille aussi par ses audaces de mise en scène, notamment par ses changements de dispositifs filmiques : dans des moments d’intimité qui excluent la présence d’un regard extérieur, la caméra a été confiée à Andrea pour atteindre encore plus d’authenticité ; une autre fois, le réalisateur intègre des archives de la police montrant la perquisition que subit la famille... Impressionnant dans sa manière d’appréhender le réel pour en faire une construction narrative palpitante, Toto et ses soeur a bien mérité la moisson de prix récoltés dans de nombreux festivals en Europe : Angers et Paris cités plus haut, mais aussi Varsovie, Sarajevo, Leigpzig, Zurich... FILM PROGRAMMÉ UNE SEULE SEMAINE IXCANUL amoureuse furtive avec Pépé, un jeune homme qui comme des milliers de ses compatriotes rêvent de l’autre Amérique, celle de l’autre côté comme il dit… mais il oublie qu’entre les États-Unis prospères et lui, il y a le Mexique et tous les dangers de la longue route de l’immigration. Maria quant à elle, habitée par la soif de liberté DU 30/12 AU 5/01 et l’envie d’ailleurs, ignore tous les obstacles et veut coûte que coûte partir… se Écrit et réalisé par donner pleinement à Pepe (ce qu’elle fait Jayro BUSTAMANTE d’ailleurs lors d’une très belle scène) et vivre sa vie… Mais la réalité sera cruelle, Guatemala 2015 1h31mn VOSTF avec Maria Mercedes Coroy, Maria Telon, les hommes seront toujours les hommes avec leur lâcheté et leur égoïsme… Manuel Antun, Justo Lorenzo... Ours d’Argent, Festival de Berlin 2015 • Grand Prix, Festival du Cinéma d’Amérique latine de Biarritz 2015. Dès la première séquence, on est saisi par la beauté et la puissance de ce visage de jeune fille pris en plan serré alors que les mains de sa mère tressent ses cheveux et les ornent de fleurs. Un regard sombre et empreint de tristesse, peut être de résignation… On découvre ainsi Maria, jeune paysanne qui vit sur les contreforts d’un volcan des hauts plateaux guatémaltèques et que sa famille a promise au propriétaire terrien du coin… Maria vit dans une famille pauvre de paysans saisonniers, lointaine descendante des prestigieux Mayas, réduits à être des Indiens indigènes dans un pays désormais exclusivement dominé par les héritiers des conquistadores espagnols… Des paysans si pauvres, vivant chichement de leur travail sur les plantations de café, qu’ils ne peuvent refuser le mariage arrangé pour leur fille. Mais derrière le visage marmoréen de Maria, qui ne montre ni satisfaction ni révolte, il y a en secret la ferme détermination de ne pas se laisser piéger par le destin qu’on lui a promis. Maria veut partir au-delà du volcan, loin, très loin, pour échapper à ce déterminisme qui veut l’enfermer. Et elle entretient une relation Le jeune réalisateur guatémaltèque Jayro Bustamante, qui a longtemps vécu en France, signe là un magnifique retour au sein de son peuple, très rarement représenté à l’écran. C’est une splendide peinture naturaliste de la vie paysanne (on pense par exemple à une des premières scènes qui montre un verrat que l’on saoule au rhum pour le pousser à saillir la truie), une étude sans complaisance des croyances ancestrales qui peuvent paraître absurdes, telle celle qui voudrait qu’une femme enceinte fasse fuir les ser- pents… Jayro Bustamante nous donne une vision terriblement lucide de la situation de ses frères et sœurs indigènes, considérés comme des citoyens de seconde zone, comme dans cette séquence terrible où la famille doit se rendre aux urgences à la ville et où elle est traitée avec indifférence, voire mépris, du fait de sa méconnaissance de la langue espagnole. Ce premier long métrage témoigne d’une maîtrise remarquable du cadre, aussi bien dans les scènes d’extérieur qui magnifient le volcan que dans les scènes d’intérieur, filmées en plan serré dans une lumière parfois irréelle, comme dans ce passage extrêmement tendre et sensuel où la mère s’occupe de sa fille au bain dans les volutes de fumée. Si le film dégage une telle force, une telle authenticité, il le doit notamment au jeu des acteurs – pour la plupart non professionnels et presque tous mayas : le film est d’ailleurs essentiellement parlé en maya cakchiquel – et tout particulièrement de Maria Mercedes Coroy, dont le réalisateur a su pendant de longues semaines dompter la pudeur et la timidité pour arriver à ce merveilleux résultat… AVANT-1ÈRE LE MARDI 29/12 à 20h30 à UTOPIA St-Ouen l’Aumône: PRÉCÉDÉE D’UNE SOIRÉE CRÊPE AVEC LULU dès 19h00 au Stella Café FORMULE 12 euros : Film+ Galette salée + salade + crêpe sucrée (prévente vivement conseillée dès le 9/12) ET TA SOEUR ? ET À PARTIR DU 13/01 Écrit et réalisé par Marion VERNOUX France 2015 1h35 avec Virginie Efira, Géraldine Nakache, Grégoire Ludig... D’après le scénario de Lynn Shelton pour son film Ma meilleure amie, sa sœur et moi C’est un cas de figure assez rare : Marion Vernoux s’attaque ici au remake d’un film américain indépendant, un film qu’on avait bien aimé d’ailleurs, sorti discrètement en plein été 2013: Ma meilleure amie, sa sœur et moi de Lynn Shelton, un trio amoureux un peu paumé, avec un garçon dépressif affublé d’une meilleure amie, qui croise un peu par hasard la sœur a priori lesbienne de la dite meilleure amie lors d’une retraite hivernale sur une île passablement déserte... Marion Vernoux, dont on a présenté il y a deux ans l’excellent Les Beaux jours, chroni- que du réveil à la vie d’une jeune retraitée incarnée par Fanny Ardant, a respecté assez scrupuleusement le scénario américain mais l’a évidemment adapté à notre géographie nationale. On se retrouve donc au début du film dans un Brest nocturne, automnal et fatalement pluvieux, lors d’une soirée où l’on rend hommage à un homme prématurément disparu, le frère de Pierrick, lequel frère était l’ancien fiancé de sa meilleure amie, Tessa. Tout le monde y va de son souvenir ému jusqu’à ce que Pierrick casse l’ambiance en présentant son frère comme un fieffé salaud repenti. On découvre ainsi ce personnage brisé et en colère, qui traîne sa déprime avec une bonne dose d’alcoolisme. Face à la situation, Tessa, un tantinet désespérée de l’état de son ami, lui propose de se mettre au vert dans une maison de famille inhabitée sur l’île sauvage de Molène. Faute de mieux, il s’exécute et débarque en plein milieu de la nuit par un temps... comment dire... épouv... breton. Surprise : il découvre derrière la baie vitrée une jolie blonde fort dévêtue, et manque de se ramasser un coup de pagaie par la jeune femme qui a la trouille de sa vie devant cette apparition inattendue. C’est Marie, la sœur de Tessa, qui est venue passer quelques jours à l’improviste après une séparation douloureuse. Une fois la surprise passé, on fait connaissance, on discute, on se rapproche... mais a priori pas de risque de rapprochement inconvenant : Marie est lesbienne. Mais les déterminismes sont fait pour être brisés et arrive bel et bien ce qui ne devait pas arriver. Et tout va se compliquer avec l’arrivée tout à fait imprévue, le lendemain... de Tessa. On ne vous en dira pas plus sinon que le vrai charme du film tient à son superbe duo d’actrices: Géraldine Nakache, plus que parfaite en fausse bonne copine qui va enfin péter les plombs pour se révéler à elle même, et Virgine Efira, tout bonnement formidable en fille franc du collier à la vanne assassine. Quant au personnage masculin, incarné par Grégoire Ludig, il est tout à fait savoureux. Dialogues volontiers désopilants et acides, regard aiguisé sur une histoire familiale contrariée, explosion à tout va des préjugés, mise en scène mettant joliment en valeur les paysages sauvages de la Bretagne insulaire: tous les ingrédients sont là pour un moment fort plaisant ma foi. MON ROI 3 SÉANCES LES 19/12, 29/12 et 2/01 Réalisé par MAÏWENN France 2015 2h04 - avec Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel, Isild Le Besco... Scénario de Maïwenn et Étienne Comar Cannes 2015 : Prix d’Interprétation féminine pour Emmanuelle Bercot Tony est admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski. Dépendante du personnel médical et des antidouleurs, elle prend le temps de se remémorer l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec Georgio. Pourquoi se sontils aimés ? Qui est réellement l’homme qu’elle a adoré? Comment a-t-elle pu se soumettre à cette passion étouffante et destructrice ? Pour Tony c’est une difficile reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peutêtre de définitivement se libérer … Il y a quelque chose d’extrêmement honnête, une spontanéité rafraîchissante qui se permet une impudeur totale, dérangeante et qui devient progressivement hypnotique. C’est presque comme un thriller psychologique et même s’ils font souvent plus que frôler le ridicule, l’humanité maladroite des protagonistes nous bouscule. Entre rires et larmes, calme et hystérie, agacement et apitoiement, le cinéma organique de Maïwenn n’est décidément pas un havre de tout repos, il garde toujours les sentiments et les acteurs sur la brèche. On ressent une véritable jubilation dans le jeu de Vincent Cassel et d’Emmanuelle Bercot qui interprètent les deux rôles principaux. NOTRE PETITE SOEUR 3 SÉANCES LES 19/12, 27/12 et 3/01 Écrit et réalisé par Hirokazu KORE-EDA Japon 2015 2h08 VOSTF - avec Haruka Ayase, Masami Nagasawa, Kaho, Suzu Hirose... D’après le roman graphique de la mangaka Yoshida Akimi. Trois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à Kamakura. Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées une quinzaine d’années auparavant. Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur, Suzu, âgée de 14 ans. D’un commun accord, les jeunes femmes décident d’accueillir l’orpheline dans la grande maison familiale… C’est une histoire aérienne, enjouée, qui se laisse porter au gré de brises légères. Un récit gracieux sur les choses simples et joyeuses de la vie. L’odeur discrète d’une fleur qui fait remonter les parfums de l’enfance. Les saveurs des petits plats de mère-grand à tout jamais inscrits dans nos papilles. Les arbres fruitiers qui enneigent le printemps de leurs flocons de pétales immaculés… Le cinéma de KoreEda, c’est l’invitation à l’eudémonisme, au carpe diem : savoir déguster et embellir le temps qui nous conduit inéluctablement vers la poussière. C’est aussi une leçon de zénitude d’où l’on ressort conquis et apaisé. Un film qui donne faim et soif de nourritures terrestres et de tendresse. MUSTANG 3 SÉANCES LES 26/12, 1er/01 et 9/01 Réalisé par Deniz Gamze ERGÜVEN Turquie 2015 1h37 VOSTF - avec Günes Sensoy, Doga Zeynep Doguslu, Tugba Sunguroglu, Elit Iscan, Ilayda Akdogan, Ayberk Pekcan... Scénario de Deniz Gamze Ergüven et Alice Winocour Mustang nous plonge dans une Turquie qui, depuis quelques années, subit une lente mais indéniable refonte sociale qui ne va pas forcément dans le bon sens... Le film traduit la fougue contagieuse d’une jeune réalisatrice qui manifestement ne se reconnaît pas dans ces transformations. C’est le dernier jour de l’année dans ce collège d’un village de bord de mer. Un moment bien particulier qui draine son lot d’émotions fortes et de sentiments contradictoires. Après les séparations et les embrassades, place à l’euphorie de ceux qui restent : les cinq sœurs et quelques garçons se dirigent vers une plage magnifique pour se prêter à des batifolages aquatiques gentiment chahuteurs. Mais ces jeux innocents et joyeux ne sont pas du goût de tout le monde et suscitent un scandale aux conséquences inattendues. Ne vous y trompez pas, Mustang est bien plus un appel à l’affirmation, et si nécessaire à la révolte, des filles et des femmes que le constat fataliste d’une société en régression. À travers cette chronique vivifiante d’adolescence rebelle, la réalisatrice nous dit clairement qu’il faut garder l’espoir, qu’il y a des espaces de liberté à sauvegarder ou à conquérir. Même si le combat quotidien est difficile... argentina À PARTIR DU 13/01 (ZONDA) Film documentaire musical de Carlos SAURA Argentine/Espagne 2015 1h27 VOSTF avec El Chaqueno Palavecino, Soldedas Pastoruti, Jairo, Liliana Herrero, Luis Salinas, Jaime Torres, Metabombo, Ballet Nuevo Arte Nativo, Lito Vitale… Et des hommages à Mercedes Soza et Athualpa Yupanqui « J’ai toujours eu l’envie de faire un film sur la musique argentine, spécialement pour la richesse de ses Zambas et de ses Chacareras. Ce que vous appelez folklore. » Carlos Saura De la Pampa aux Andes, de l’univers des indiens Mapuche à celui des villageois qui chantent leur nostalgie dans les cafés, du monde des gauchos à celui des grandes villes d’aujourd’hui, c’est un voyage fascinant que nous propose Carlos Saura, grand admirateur et connaisseur des musiques et danses populaires d’Espagne et d’Amérique latine. Un voyage en Argentine sous forme d’un poème musical où passé et présent se répondent, où les danses et les chants s’enchaînent et composent un riche panorama de l’immense culture de cet immense pays. Saura a fait appel à quelques-uns des meilleurs artistes et groupes d’Argentine, qui nous offrent un regard particulier sur un art aussi ancien que les villages dans lesquels il est né. Mais Carlos Saura, qui n’a plus à prouver sa virtuosité quand il s’agit de filmer le spectacle vivant, ne se contente pas de poser sa caméra devant l’art en action. Son regard est avant tout celui d’un cinéaste et la mise en scène, toujours fluide, toujours savamment étudiée, utilise à merveille les tableaux vivants, les effets de lumières et de couleurs, la projection d’images, et surtout la sensualité et la force des corps en mouvement pour un résultat d’une incroyable vivacité. Le « zonda » du titre original du film est un vent chaud qui traverse l’Argentine du nord-ouest au sud-est et embrase tout sur son passage, des Andes à l’Atlantique. Carlos Saura a voulu assimiler les vagues successives d’immigration qui ont constitué peu à peu l’identité de l’Argentine en mélangeant des rythmes d’origine espagnole, italienne et parfois même d’Europe de l’Est avec des musiques indiennes, antérieures à l’arrivée des Espagnols. Saura ajoute par petites touches, comme un peintre, des cou- leurs aux différentes couches musicales qui se superposent les unes aux autres, des musiques ancestrales les plus minimalistes jusqu’à des variations presque « jazzy », prélude à ce qui, de nos jours, se retrouve dans les mix de la World Music. Argentina nous montre, au travers de la musique et de la danse traditionnelles argentines, un pays et un peuple, un paysage et une histoire, un art de vivre qui se renouvelle et continue à fasciner. S’inspirant du legs des « Chalchaleros » (un des groupes folkloriques les plus importants d’Argentine), tout en intégrant les meilleurs musiciens, chanteurs et danseurs actuels ainsi que leurs réinterprétations sur scène, Argentina met en lumière cette connexion intime entre les chansons et la terre, entre la tradition et l’avenir... et tout cela par la grâce du cinéma. Séance unique le jeudi 7 janvier à 20h30 à Utopia St-Ouen l’Aumône Un an après les attentats du 7 janvier, quelques semaines après ceux du 13 novembre, en présence de la réalisatrice Ana Dumitrescu autour de la thématique « la démocratie à l’épreuve de l’Etat d’urgence ». Soirée soutenue par Europe Ecologie Les Verts, le Parti de Gauche et le NPA même pas peur ! Réalisé par Ana Dumitrescu chés à la hâte. Chacun distribuant bons et mauvais points, chacun désignant ses coupables, chacun s’efforçant à son gré France 2015 1h40 Avec les interventions passionnantes de dé-contextualiser, dé-sociologiser, de Samia Orosemane, Didier Heiderich, déshumaniser l’histoire. Natalie Maroun, Odon Vallet, Halim MahC’est à peu près là que Même pas peur ! moudi, Yannis Youlountas et d’autres... prend racine. Après l’effroi, donc, le film Il y a eu, le 7 janvier, comme une déflagra- se veut comme un déclencheur d’alerte, tion. Puis le 11 janvier. Aux drames ont un réflexe citoyen devenu essentiel pour succédé les manifestations, les marches, la réalisatrice, afin d’éviter que la peur ne à la peur s’est substituée l’émotion – dicte la raison. Prendre à rebours le proavant de réapparaître, savamment entre- blème, essayer, au travers d’une « phototenue. Les accusations, les anathèmes, graphie sociale » sans pathos mais sans les injonctions ont fleuri – au rythme où angélisme, de remonter les fils de l’hisl’éditocratie commençait si rapidement à toire pour comprendre quelles sont les digérer l’événement, les articles de pres- mailles qui ont lâché. Et de plus en plus ses incantatoires se muant sur les étals largement, de fil en aiguille, de quel projet des libraires en piles de bouquins, de de société il est question. À la manière de Philippe Val en Emmanuel Todd, enquê- son précédent documentaire d’urgence, tes vite bâclées, essais torchés ou retou- Khaos, les visages humains de la crise grecque, où elle captait les ravages de l’austérité, Ana Dumitrescu opte pour le témoignage presque impulsif. Avec ses interlocuteurs, elle reprend, mais à une autre échelle, la question de l’identité nationale, cristallisée par les attentats, de la manipulation de la peur. Elle interroge indifféremment des citoyens, des chercheurs et des acteurs de la société civile comme Natalie Maroun, analyste des médias, qui parlera de sa propre difficulté à être acceptée en tant que Française sur notre territoire. Pour l’essentiel, des voix plutôt rares, dans le débat public. Et leur laisse le temps de faire cheminer leur pensée. Elle pointe aussi la responsabilité de la République dans l’enfantement de tels « monstres », auteurs des attentats. « Cette peur collective de l’autre est un enfumage face à des réalités économiques bien réelles avec des diminutions des droits sociaux, des suppressions de postes dans les hôpitaux… quand le pouvoir d’achat des actionnaires ne cesse d’augmenter. » (avec Audrey Loussouarn, l’Humanité) FILM PROGRAMMÉ UNE SEULE SEMAINE la chambre interdite DU 13 AU 19/01 (FORBIDDEN ROOM) Guy MADDIN et Evan JOHNSON Canada 2015 1h59 VO (anglais essentiellement et français) STF avec Maria de Medeiros, Udo Kier, Mathieu Amalric, Amira Casar, Jean-François Stévenin, Slimane Dazi, Géraldine Chaplin, Jacques Nolot, Adèle Haenel, Charlotte Rampling, Ariane Labed, André Wilms, Roy Dupuis, Clara Furey, Louis Negin... Scénario de Guy Maddin, Evan Johnson, Robert Kotyk et Kim Morgan Le cinéma du canadien Guy Maddin, cinéaste cher à notre cœur, c’est la promesse à chaque film renouvelée d’un voyage à nul autre pareil, dans des contrées inexplorées, dans des univers parallèles aux couleurs irréelles, même quand les images sont en noir et blanc ! (Ceci dit, La Chambre interdite est en couleur, et quelles couleurs !) Guy Maddin est un éternel aventurier du cinéma, il est donc tout à fait naturel que son nouvel opus (co-réalisé avec son complice Evan Johnson) soit un film d’aventures à la Jules Vernes sous haute influence surréaliste, plein de surprises et de rebondissements, peuplé de personnages fantasques livrés au grandhuit de leurs émotions contradictoires, de leurs rêves inaccessibles, soumis aux caprices d’un destin farceur qui a un sacré sens de l’humour noir ! C’est d’une beauté renversante, d’une invention visuelle incroyable, d’une liberté d’écriture qui cultive avec jubilation le sens du coq-à-l’âne, de l’association d’idées, du récit à tiroirs, du jeu de miroirs. Pour entrer dans cette Chambre interdite, ce n’est pas une hypothétique clef dont le spectateur a besoin, c’est de curiosité, c’est de goût du mystère et du frisson, c’est d’envie d’ailleurs. Une fois franchie la porte, attendez-vous à tout, ne vous accrochez à rien, laissez-vous gagner par le vertige des cimes, par l’ivresse des profondeurs, vous entrez en territoire filmique non identifié. Comme le recommande Guy Maddin lui-même: « Attachez vos ceintures ! J’espère que vous en aurez besoin. » Dans le sous-marin SS Plunger, l’oxygène se fait rare. Le submersible descend, la panique monte. Le compte à rebours vers une mort certaine est enclenché. L’équipage désemparé cherche en vain le capitaine, le seul capable de les sauver. Mais il reste introuvable, il s’est volatilisé... ou il se cache, encore plus terrifié que ses hommes... L’atmosphère devient irrespirable, la tension atteint son paroxysme quand soudain, de manière improbable, apparaît dans le poste de commandement... un bûcheron complètement perdu, œil clair, épaules d’athlète et chemise à carreaux ! Sans s’étonner le moins du monde de se retrouver impromptu vingt mille lieues sous les mers, l’homme à la hache raconte aux marins subjugués comment il a échappé à un redoutable clan d’hommes des cavernes, comment ces êtres malfaisants ont enlevé sa bien-aimée et à quel point il est prêt à tout pour la sortir de là... Et voilà c’est parti ! Embarquer à bord du sous-marin SS Plunger, c’est se lancer dans un tour du monde en deux petites heures, c’est partir à l’assaut des montagnes les plus hautes et des chimères les plus folles, c’est côtoyer des femmes fatales et des fous à lier, des amateurs de bains et des amoureux plus ou moins transis, c’est voir des acteurs jouer plusieurs rôles, c’est ouvrir des yeux de gamin émerveillé devant des paysages oniriques reconstitués en studio, c’est s’abandonner au plaisir du cinéma des origines réinventé par les images numériques, c’est vivre une expérience unique comme seuls peuvent nous en offrir des cinéastes aussi irréductiblement singuliers que Guy Maddin. Et autant vous dire qu’ils ne sont pas nombreux ! FATIMA 3 SÉANCES LES 20/12, 28/12 ET 2/01 Écrit et réalisé par Philippe FAUCON France 2015 1h19 avec Soria Zeroual, Zita Hanrot, Kenza Noah Aïche, Chawki Amari, Mehdi Senoussi, Franck Andrieux, Yolanda Mpele... Scénario librement inspiré des ouvrages de Fatima Elayoubi : Prière à la lune et Enfin, je peux marcher seule. Fatima, c’est un magnifique portrait de femme, c’est le portrait d’une foultitude d’autres personnages attachants et naturellement en filigrane, celui de notre société. C’est un film qui vient plonger au plus profond de nous-mêmes, nous bousculer à tel point qu’il sera impossible de regarder de la même manière les passantes inconnues que l’on croise dans la rue têtes nues ou discrètement voilées. Fatima, un prénom de princesse presque devenu un nom commun tant on l’associe aux dames de ménage corvéables à merci, prolétaires de l’ombre destinées à la serpillière. Notre Fatima ne rompt pas avec ce cliché. Le pâle sourire qui illumine son visage débonnaire, son allure de quarantenaire plantureuse, vêtue soigneusement mais sans souci d’effets de mode, son foulard qui cache ses cheveux : tout contribue à en faire une Fatima semblable à ces milliers d’autres qu’on voit circuler dans l’indifférence générale de nos cités. Le soir, rentrée à l’appartement, il lui reste encore à affronter l’arrogance de sa plus jeune fille, Souad, qui du haut de ses quinze ans la juge de manière tranchante. Comme si Fatima était le symbole de l’entrave à son intégration, l’empêcheuse de se normaliser en rond. Sa révolte se trompe d’ennemie, elle est le fruit d’une société qui l’incite à avoir honte d’une mère qui n’est bonne qu’à « laver la merde des Français » et qui ne sait même pas parler leur langue… Heureusement, son aînée, Nesrine, remet un peu sa cadette en place. Elle connaît le prix de l’ascension sociale, les sacrifices maternels pour qu’elle parvienne jusqu’au concours de médecine… Et puis c’est l’accident, le bête accident de travail qui cloue Fatima au lit. Alors Fatima décide d’écrire, ce qu’elle est, ce qu’elle ressent, pour ses filles, pour elle. Plus on entre dans son intimité, plus on dépasse sa difficulté à s’exprimer, cette barrière de la langue qui crée un fossé infranchissable entre les humains, plus sa beauté intérieure se dévoile, irradie. Personnage complexe et subtil, à l’intelligence vive, aux propos pertinents. On souhaiterait tous avoir une telle Fatima dans sa vie ! Pour l’heure Philippe Faucon nous l’offre dans son film : ne la laissons pas passer ! LE BOUTON DE NACRE 3 SÉANCES LES 27/12, 27/12 ET 3/01 Écrit et réalisé par Patricio GUZMAN documentaire Chili 2015 1h22 VOSTF Festival de Berlin 2015, Ours d’argent du meilleur scénario et Prix du Jury oecuménique. Patricio Guzman nous offre un film documentaire d’exception, qui nous subjugue par son intelligence et sa beauté. Le cinéaste chilien parvient à nous raconter plusieurs histoires qui n’ont a priori rien à voir : celle d’une goutte d’eau coincée dans un bloc de quartz depuis quelques milliers d’années, celle des Indiens des terres australes décimés par les colons et les maladies et enfin celle tout aussi terrible des victimes du régime sanglant de l’infâme général Pinochet… Et tout ça avec une fluidité incroyable, une maîtrise éblouissante des images et de l’agencement du récit. Ça commence avec une séquence splendide : l’interminable (4000 kilomètres !) façade littorale pacifique du Chili vue du ciel. On découvre à quel point le sud du pays est un labyrinthe aquatique, construit autour d’un estuaire. Puis la caméra redescend de la stratosphère et s’enfonce dans les fjords où les glaces s’effondrent dans les eaux limpides. C’est grandiose… Mais au lieu de se laisser aller plus longtemps à l’observation de la nature dans toute sa splendeur, le narrateur nous raconte le destin des peuples indigènes, des Indiens arrivés là il y a probablement 10 000 ans, navigant sur des canoës une grande partie du temps et vivant de ce que pouvait leur offrir la mer. Des peuples qui furent quasiment exterminés par les colons sanguinaires mais aussi par les bactéries dont les envahisseurs étaient porteurs. Etrange bégaiement de l’histoire, c’est sur ces mêmes terres inhospitalières, sur l’île Dawson plus précisément, que le gouvernement Pinochet a installé un des principaux camps de concentration où furent entassés, torturés, assassinés les compagnons de route de Salvador Allende. Ce cheminement pourrait paraître artificiel s’il n’y avait la mise en scène de Guzman, qui utilise aussi bien des images d’archives que des reconstitutions étonnantes, insufflant à ce récit multiple une poésie exaltante qui ne nuit jamais à sa cohérence. Dans la lignée directe de son remarquable Nostalgie de la lumière, qui lui se déroulait dans l’extrême-nord désertique du Chili, terre de cimetières indiens et de sépultures improvisées d’opposants à Pinochet, il évoque en un puzzle fascinant l’histoire mouvementée de son pays, mêlant l’histoire, la géographie et la métaphysique. Incroyable Guzman, ancien prisonnier des tortionnaires du régime fasciste, qui réussit la prouesse de perpétuer inlassablement la mémoire douloureuse mais indispensable des drames passés tout en se renouvelant magnifiquement à chacun de ses films. allende mon grand-père DU 9 AU 22/12 (ALLENDE MI ABUELO ALLENDE) Film documentaire de Marcia TAMBUTTI ALLENDE Chili 2014 1h37 VO (espagnol) STF Écrit par Marcia Tambutti Allende, Bruni Burres, Paola Castillo et Valeria Vargas C’est l’histoire d’une famille. On pourrait presque ajouter: « c’est l’histoire banale d’une famille qui ne l’est pas ». Une famille qui ressemble à tant d’autres : la famille Allende. Il y a dans toutes les familles des secrets bien enfouis sur lesquels le temps a posé inlassablement des strates de non-dits. Il y a dans toutes les familles des figures charismatiques qui s’imposent plus que d’autres, laissant bien après leur disparition des traces indélébiles dans l’esprit des vivants. Il y a dans toutes les familles d’indicibles chagrins qui se transmettent en héritage. Le nœud tragique et terrible de la famille Allende s’enracine ce 11 Septembre 1973 de triste mémoire : Salvador Allende, premier président socialiste, élu démocratiquement au Chili, est renversé par un coup d’état militaire. Il se suicide quelques heures après dans le palais de la Moneda, laissant le pays entrer dans les pages les plus noires et les plus terrifiantes de son histoire et une famille contrainte à l’exil. Le parcours politique de Salvador Allende a été raconté dans bien des films, notamment ceux de Patricio Guzman (La Bataille du Chili, Salvador Allende, Le Cas Pinochet) et pour beaucoup, celui que l’on appelait « Presidente Allende » reste associé à cette image célèbre: un homme derrière un pupitre, exalté, pris dans la sincérité de son engagement, le doigt levé face à la foule. Mais l’histoire que nous raconte Marcia n’est pas celle du Chili, ni celle du président Allende, c’est l’histoire de l’homme Allende, c’est celle de « Chicho », son grand-père. Près de 40 ans après le coup d’état militaire et après des années d’un silence familial pesant, Marcia estime qu’il est temps d’ouvrir l’album de famille. Faire parler les vivants tant qu’ils le sont, repêcher à la surface du temps présent les souvenirs douloureux autant que la beauté fugace des instants de bonheur pour tenter non pas de réécrire l’histoire, mais simplement de redonner une place à l’intime, enterré sous la transcendance politique d’Allende. Le projet est ambitieux, douloureux, difficile car si les enfants et petits enfants de Salvador Allende ne vivent plus en exil et peuvent librement se réunir autour de Hortensia Bussi, son épouse, magnifique et digne très vieille dame, les mots ont bien du mal à sortir. Mais avec délicatesse et respect pour les pudeurs et les souffrances de chacun, à force de persévérance et grâce aux milliers de photos qui ont gravé à tout jamais la vie privée de cet homme complexe et aimant, la parole va se partager. Les fantômes du passé vont enfin pouvoir s’inviter aux souvenirs et aux chagrins des vivants, allégeant le lourd fardeau d’une blessure familiale qui a tant de mal à se refermer. Sans pathos excessif, sans grandiloquence admirative, Allende mon grandpère bouleverse par la sincérité tendre de ses attentions qui, dépassant le champ du politique, redonnent au mythe Allende une dimension fragile, imparfaite et ô combien humaine. ERRATUM MARDI 8/12 : DEMAIN + débat 20H30 à Pontoise/ 21 nuits avec Pattie 20h40 à St-Ouen SAINT-OUEN mer 9 DÉC 14h20 16h30 BACK HOME ALLENDE MON G... 14h30 16h20 BÉLIERS Marguerite & Julien 14h15 16h00 17h00 Oups!j’ai… surprise pour Noël Oups!j’ai 16h15 MIA MADRE 14h30 16h30 Belle & Sébastien 2 Belle & Sébastien 2 18h30 EL CLUB 18h20 L’étage du dessous 18h40 ...SUFFRAGETTES 18h20 DEMAIN 18h30 L’HERMINE 18h30 20h40 Marguerite & Julien 21 nuits avec Pattie PONTOISE 16h00 BACK HOME 16h00 BÉLIERS SAINT-OUEN JEU 10 16h00 L’HERMINE DÉC 18h40 LES COWBOYS 18h30 ALLENDE MON G... 18h30 BÉLIERS 18h20 21 nuits avec Pattie 18h20 MIA MADRE 18h30 LES COWBOYS 18h30 DEMAIN 18h20 BACK HOME 18h20 21 nuits avec Pattie 18h15 Marguerite & Julien 20h40 22h30 ALLENDE MON G... L’étage du dessous 20h45 22h45 ...SUFFRAGETTES LES COWBOYS 20h30 22h30 MIA MADRE 21 nuits avec Pattie 20h40 22h40 Marguerite & Julien BACK HOME 20h30 avant-1ère + repas 22h45 La vie très privée de M. Sim EL CLUB 18h40 L’HERMINE 20h45 BÉLIERS 18h20 ...SUFFRAGETTES 18h45 L’étage du dessous 18h45 ALLENDE MON G... 18h30 Marguerite & Julien 18h30 Belle & Sébastien 2 20h30 DEMAIN 20h40 21 nuits avec Pattie 20h50 L’HERMINE 20h40 BÉLIERS 20h30 MIA MADRE 18h40 MIA MADRE 21h00 BACK HOME 14h15 16h20 Marguerite & Julien DEMAIN 14h20 16h20 AVRIL et le monde… ALLENDE MON G... 14h15 16h00 17h00 Oups! j’ai …surprise pour Noël BÉLIERS 14h20 16h30 BACK HOME 21 nuits avec Pattie 14h30 16h30 L’HERMINE Belle & Sébastien 2 18h40 LES COWBOYS 18h20 ...SUFFRAGETTES 18h50 BÉLIERS 18h45 Marguerite & Julien 18h30 MIA MADRE 20h40 L’étage du dessous 20h30 DEMAIN 20h45 21 nuits avec Pattie 20h45 EL CLUB 20h40 BACK HOME 14h20 Belle & Sébastien 2 16h20 MIA MADRE 18h30 BACK HOME 20h40 ALLENDE MON G... 16h15 L’étage du dessous 16h15 Marguerite & Julien 16h15 MIA MADRE 16h15 BÉLIERS 18h30 (D) EL CLUB 18h20 LES COWBOYS 18h30 ALLENDE MON G... 18h20 21 nuits avec Pattie 18h40 BACK HOME 20h30 DEMAIN 20h40 L’HERMINE 20h30 MIA MADRE 20h40 Marguerite & Julien 20h45 BÉLIERS SAINT-OUEN VEN 16h00 ALLENDE MON G... 16h00 MIA MADRE 16h00 DEMAIN 16h00 BÉLIERS 11 DÉC PONTOISE SAM 12 DÉC 14h15 16h15 LES COWBOYS AVRIL et le monde… 14h30 16h30 EL CLUB DEMAIN 14h15 16h00 17h00 Oups!j’ai surprise pour Noël Oups! J’ai 14h30 16h20 BÉLIERS BACK HOME 14h20 16h20 Belle & Sébastien 2 MIA MADRE PONTOISE SAINT-OUEN DIM 13 DÉC PONTOISE SAINT-OUEN LUN 14 DÉC PONTOISE SAINT-OUEN MAR 15 DÉC PONTOISE 20h45 EL CLUB 20h40 L’étage du dessous 20h30 DEMAIN 20h40 Marguerite & Julien 20h30 BACK HOME PONTOISE SAINT-OUEN 20h40 LES COWBOYS 20h30 ALLENDE MON G... 20h45 BÉLIERS 20h40 BACK HOME 20h30 MIA MADRE 16h15 ALLENDE MON G... 16h15 ...SUFFRAGETTES 16h15 BÉLIERS 16h15 BACK HOME 18h40 (D) L’étage du dessous 18h20 DEMAIN 18h30 MIA MADRE 18h30 Marguerite & Julien 18h20 L’HERMINE 18h30 BÉLIERS 20h45 (D) ...SUFFRAGETTES 20h40 ALLENDE MON G... 20h40 BACK HOME 20h30 21 nuits avec Pattie 20h30 soirée débat Le dernier continent 20h30 LES COWBOYS 22h40 Marguerite & Julien 22h45 EL CLUB 22h40 21 nuits avec Pattie 22h30 ALLENDE MON G... 22h30 LES COWBOYS 5 salles à Saint-Ouen l’Aumône: 5 lignes en blanc dans la grille 1 salle à Pontoise: 1 ligne colorée dans la grille ATTENTION : l’heure indiquée est celle du début du film. (D)= dernière projection TOUS LES FILMS: Les 8 salopards À partir du 6/01 21 nuits avec Pattie Jusqu’au 4/01 L’affaire Salah Hamouri Séance unique + débat le 15/01 Allende mon grand-père Du 9 au 22/12 À peine j’ouvre les yeux Du 6 au 19/01 Argentina À partir du 13/01 Au-delà des montagnes Du 23/12 au 12/01 Back home Du 9 au 29/12 Béliers Du 9/12 au 18/01 Blade runner Du 23/12 au 5/01 Le bouton de nacre 3 séances les 22 et 27/12 et 3/01 Carol À partir du 13/01 Casse-noisette Ballet le 28/12 Cavalleria Rusticana & Pagliacci Opéra le 14/01 La chambre interdite Du 13 au 19/01 Les cowboys Jusqu’au 22/12 Demain Jusqu’au 22/12 et tous les samedis Le dernier continent Séance unique + débat le 15/12 Le dernier jour d’Yitzhak Rabin Du 6 au 12/01 El Club Jusqu’au 14/12 L’étage du dessous Du 9 au 15/12 L’étreinte du serpent Du 23/12 au 19/01 Et ta soeur ? Soirée crêpes de LULU + Avt-1ère le 29/12 Et à partir du 13/01 Fatima 3 séances les 20 et 28/12 et 2/01 La fille du patron À partir du 6/01 + rencontre le 12/01 Le grand jeu Du 16/12 au 5/01 Hector Avt-1ère le 22/12 Et du 30/12 au 19/01 L’hermine Jusqu’au 11/01 Ixcanul Du 30/12 au 5/01 Lolo Du 23/12 au 5/01 Marguerite et Julien Jusqu’au 22/12 Même pas peur ! séance unique + débat le 7/01 Mia Madre Jusqu’au 11/01 Mon roi 3 séances les 19 et 29/12 + 3/01 Mustang 3 séances les 26/12 + 1er et 9/01 My skinny sister Du 16/12 au 5/01 Notre petite soeur 3 séances les 19 et 27/12 + 3/01 Le pont des espions Du 30/12 au 19/01 Seul sur Mars Du 16 au 29/12 Soirée Courts-Métrages Le 18/12 Les suffragettes Jusqu’au 15/12 Toto et ses soeurs Du 6 au 19/01 + petit déj le 10/01 Vérités et mensonges sur la SNCF Séance unique + débat le 19/01 La vie trés privée de Monsieur Sim Avt-1ère - Réveillon le 11/12 et du 16/12 au 12/01 LE COIN DES ENFANTS Avril et le monde truqué Jusqu’au 2/01 Belle et Sébastien Du 9/12 au 17/01 L’hiver féérique Du 16/12 au 2/01 +ciné-goûter le 21/12 Neige et les arbres magiques Du 30/12 au 17/01 Oups ! j’ai raté l’arche Du 9/12 au 3/01 Tout en haut du monde Avt-1ère / petit déj le 10/01 Une surprise pour Noël Jusqu’au 28/12 Le voyage d’Arlo Du 23/12 au 17/01 + ciné-goûter spécial LULU le 29/12 TOUT LE PROGRAMME SUR : www.cinemas-utopia.org/saintouen SAINT-OUEN mer 16 DÉC 15h20 17h10 My skinny sister …surprise pour Noël 14h30 16h30 LE GRAND JEU BACK HOME 14h15 16h10 …vie très privée de LES COWBOYS 14h15 16h00 17h00 Oups!j’ai raté L’hiver féérique BÉLIERS 14h30 16h30 Belle & Sébastien 2 L’HERMINE 18h20 DEMAIN 18h40 Marguerite & Julien 18h10 SEUL SUR MARS 18h50 ALLENDE MON G... 18h30 21 nuits avec Pattie 20h40 My skinny sister 20h40 BACK HOME 20h50 BÉLIERS 20h45 MIA MADRE 20h45 …vie très privée de… 18h30 20h40 …vie très privée de LE GRAND JEU PONTOISE 16h15 21 nuits avec Pattie 16h15 My skinny sister 16h15 …vie très privée de 16h15 LE GRAND JEU SAINT-OUEN JEU 17 DÉC 18h45 My skinny sister 18h30 BACK HOME 18h40 MIA MADRE 18h40 BÉLIERS 18h30 …vie très privée de 20h40 ALLENDE MON G... 20h40 Marguerite & Julien 20h45 LE GRAND JEU 20h30 DEMAIN 20h30 SEUL SUR MARS PONTOISE 16h15 My skinny sister 16h15 BACK HOME 16h15 …vie très privée de 16h15 BÉLIERS 18h40 ALLENDE MON G... 18h30 LES COWBOYS 18h20 LE GRAND JEU 18h20 DEMAIN 18h30 Marguerite & Julien 20h40 22h30 My skinny sister L’HERMINE 20h30 22h40 21 nuits avec Pattie LE GRAND JEU 20h30 SOIRÉE COURTS-MÉTRAGES 20h40 22h40 BACK HOME …vie très privée de 20h30 22h30 La vie très privée de SEUL SUR MARS 18h45 BÉLIERS 20h45 MIA MADRE 14h20 16h40 DEMAIN ALLENDE MON G... 14h20 16h20 Marguerite & Julien BÉLIERS 14h30 16h40 AVRIL et le monde… LE GRAND JEU 14h15 16h00 17h00 Oups!j’ai… L’hiver f… surprise pour Noël 14h30 16h30 …vie très privée de... Belle & Sébastien 2 18h40 My skinny sister 18h15 Notre petite sœur 18h40 21 nuits avec Pattie 18h15 MON ROI 18h30 …vie très privée de.. 20h40 LE GRAND JEU 20h45 BÉLIERS 21h00 SEUL SUR MARS 20h40 L’HERMINE 20h30 MIA MADRE PONTOISE 14h30 Belle & Sébastien 2 18h40 BACK HOME 21h00 …vie très privée de… SAINT-OUEN 14h30 16h30 18h30 LE GRAND JEU My skinny sister LES COWBOYS 14h20 16h20 18h20 ALLENDE MON G... Marguerite & Julien BACK HOME 14h20 17h00 18h45 SEUL SUR MARS Oups! J’ai raté l’ar… LE GRAND JEU 14h15 16h10 17h10 18h45 BÉLIERS L’hiver féérique FATIMA BÉLIERS 14h30 16h30 18h30 Belle & Sébastien 2 …vie très privée de MIA MADRE SAINT-OUEN VEN 18 DÉC PONTOISE SAINT-OUEN SAM 19 DÉC DIM 20 DÉC 16h30 MIA MADRE 14h30 L’HERMINE 16h30 18h30 20h30 Belle & Sébastien 2 …vie très privée de SEUL SUR MARS SAINT-OUEN 14h20 LES COWBOYS 14h30 LE GRAND JEU 14h30 ciné-goûter L’HIVER FÉÉRIQUE 14h20 …vie très privée de 14h15 Belle & Sébastien 2 16h20 18h30 AVRIL et le monde… DEMAIN 16h30 18h20 BÉLIERS BACK HOME 15h30 16h40 18h30 surprise pour N… Oups!j’ai… le grand jeu 16h20 18h40 21 nuits avec Pattie My skinny sister 16h10 18h45 SEUL SUR MARS …vie très privée de 21 DÉC MAR 22 DÉC PONTOISE 20h45 ALLENDE MON G... 20h30 Marguerite & Julien 20h30 L’HERMINE 20h40 BÉLIERS 20h45 MIA MADRE PONTOISE SAINT-OUEN 22h40 LES COWBOYS 22h30 BACK HOME 20h30 ALLENDE MON G... 20h30 My skinny sister 20h40 21 nuits avec Pattie 20h40 DEMAIN 20h45 …vie très privée de PONTOISE LUN 22h40 My skinny sister 22h30 ALLENDE MON G... 14h30 16h30 Marguerite & Julien BACK HOME 14h30 16h45 DEMAIN BÉLIERS 14h20 16h20 …vie très privée de…LE GRAND JEU 14h15 16h10 17h10 skinny sister L’hiver f… surprise pour N 14h20 16h20 Belle & Sébastien 2 L’HERMINE 18h40 My skinny sister 18h40 Le bouton de nacre 18h30 (D) Marguerite & Julien 18h15 SEUL SUR MARS 18h20 MIA MADRE 14h30 16h20 18h30 (D) Oups! J’ai raté l’ar… AVRIL et le monde… ALLENDE MON G... 20h40 BACK HOME 20h30 21 nuits avec Pattie 20h40 LE GRAND JEU 20h50 (D) LES COWBOYS 20h30 avant-1ère HECTOR 20h30 …vie très privée de… UTOPIA / PANDORA MÊME COMBAT : NOS ABONNEMENTS SONT VALABLES LÀ-BAS ET INVERSEMENT 14h20 16h40 étreinte du serpent My skinny sister 14h15 16h40 Au-delà des monta… LE GRAND JEU 14h15 16h00 17h10 Oups!j’ai… surprise pour Noël L’hiver f… 14h20 16h15 L’HERMINE AVRIL et le monde… 14h30 16h30 Le voyage d’ARLO …vie très privée de 18h30 BACK HOME 18h40 BÉLIERS 18h20 21 nuits avec Pattie 18h20 MIA MADRE 18h30 BLADE RUNNER 20h40 My skinny sister 20h30 étreinte du serpent 20h40 …vie très privée de… 20h30 SEUL SUR MARS 20h45 LOLO PONTOISE 14h30 Belle & Sébastien 2 18h30 LE GRAND JEU 20h30 Au-delà des monta… SAINT-OUEN 14h15 16h20 MIA MADRE LE GRAND JEU 14h20 16h10 My skinny sister BACK HOME 14h10 15h50 16h45 Oups!j’ai… L’hiver f… surprise pour Noël 14h20 16h10 BÉLIERS BLADE RUNNER 14h30 16h30 Belle & Sébastien 2 Le voyage d’ARLO SAINT-OUEN mer 23 DÉC JEU 24 DÉC 16h30 Le voyage d’ARLO 18h15 étreinte du serpent 18h15 Au-delà des monta… 18h00 SEUL SUR MARS 18h30 …vie très privée de… 18h30 LOLO PONTOISE SAINT-OUEN VEN 25 DÉC 16h20 18h20 20h30 BÉLIERS BACK HOME 21 nuits avec Pattie 16h00 17h00 18h45 20h40 …surprise pour Noël Oups! J’ai raté l’ar… My skinny sister LE GRAND JEU 16h30 18h30 20h30 Le voyage d’ARLO L’HERMINE SEUL SUR MARS 16h15 18h15 20h45 LOLO Au-delà des monta… étreinte du serpent 16h30 18h30 20h40 Belle & Sébastien 2 …vie très privée de BLADE RUNNER PONTOISE 14h30 BACK HOME 14h20 AVRIL et le monde… 14h20 LOLO 14h40 étreinte du serpent 14h30 Belle & Sébastien 2 16h40 18h45 MIA MADRE My skinny sister 16h30 18h45 DEMAIN BACK HOME 16h15 18h40 Au-delà des monta… LE GRAND JEU 17h00 18h00 L’HIVER FÉÉRIQUE 21 nuits avec Pattie 16h30 18h30 …vie très privée de…MUSTANG 20h45 22h30 BÉLIERS My skinny sister 20h50 22h40 L’HERMINE 21 nuits avec Pattie 20h40 22h40 MIA MADRE BLADE RUNNER 20h20 22h45 Au-delà des monta…LE GRAND JEU 20h30 22h20 …vie très privée de SEUL SUR MARS PONTOISE 14h30 Le voyage d’ARLO 16h30 18h30 Oups! J’ai raté l’ar… étreinte du serpent 21h00 LOLO SAINT-OUEN 14h20 16h15 My skinny sister Notre petite sœur 14h30 16h50 Au-delà des monta… LE GRAND JEU 14h20 16h20 L’HERMINE étreinte du serpent 14h15 16h00 17h00 Oups!j’ai… L’hiver f… surprise pour Noël 14h30 16h30 Belle & Sébastien 2 Le voyage d’ARLO 18h40 21 nuits avec Pattie 18h50 Le bouton de nacre 18h40 BÉLIERS 18h20 MIA MADRE 18h30 …vie très privée de PONTOISE 14h20 16h20 …vie très privée de LOLO 18h20 20h45 Au-delà des monta… BLADE RUNNER SAINT-OUEN 14h20 My skinny sister 14h15 MIA MADRE 14h30 Le voyage d’ARLO 14h20 SEUL SUR MARS 14h30 Belle & Sébastien 2 SAINT-OUEN SAM 26 DÉC DIM 27 DÉC LUN 28 DÉC PONTOISE 14h30 Ballet CASSE-NOISETTE SAINT-OUEN 14h15 Au-delà des monta… 14h30 étreinte du serpent 14h20 AVRIL et le monde… 14h20 21 nuits avec Pattie 14h30 ciné-crêpes Le voyage d’ARLO MAR 29 DÉC PONTOISE 16h15 18h40 Au-delà des monta… BACK HOME 16h20 18h40 étreinte du serpent FATIMA 16h30 18h30 …vie très privée de L’HERMINE 17h00 (D) 18h30 …surprise pour Noël LE GRAND JEU 16h30 18h20 Oups! J’ai raté l’ar… BLADE RUNNER 18h30 My skinny sister 16h40 BACK HOME 16h50 L’HIVER FÉÉRIQUE 16h20 BÉLIERS 16h30 LE GRAND JEU 16h30 Belle & Sébastien 2 14h20 16h10 Oups! J’ai raté l’ar… BLADE RUNNER 20h50 My skinny sister 20h40 BACK HOME 20h30 étreinte du serpent 20h40 LE GRAND JEU 20h30 SEUL SUR MARS 20h45 BÉLIERS 20h30 21 nuits avec Pattie 20h40 …vie très privée de… 20h30 Au-delà des monta… 20h40 LOLO 20h30 étreinte du serpent 18h45 20h40 (D) My skinny sister BACK HOME 18h20 20h40 MON ROI LE GRAND JEU 18h20 20h45 Au-delà des monta… MIA MADRE 18h30 20h50 étreinte du serpent L’HERMINE 18h30 20h30 avant-1ère bretonne LOLO ET TA SŒUR? 18h30 20h30 (D) …vie très privée de SEUL SUR MARS LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS café débat au Stella Café le jeudi 10 décembre de 20h à 22h Paroles et musique autour de l’écosocialisme proposé par le NPA Le mot du NPA Cergy : Pour sauver le climat, sortir VRAIMENT du capitalisme par l’écosocialisme. - parce que nous sommes sur l’ultime autoroute avant l’abîme! - parce que les irresponsables qui nous gouvernent sont à la botte des multinationales ! - parce que nous sommes pour l’extinction des requins de la finance et des vautours du CAC 40 ! - parce que nous devons faire monter... le niveau de la mobilisation internationale ! - enfin, parce que nous sommes pour une véritable transition sociale et écologique rompant réellement avec le système productiviste inhérent au capitalisme mondialisé. apéro en fin de soirée avec un camarade musicien. SAINT-OUEN mer 30 DÉC 14h20 16h45 Au-delà des monta… My skinny sister 14h30 16h20 HECTOR étreinte du serpent 14h15 16h00 17h10 Oups!j’ai… NEIGE ET LES… L’hiver f… 14h30 16h30 …vie très privée de…21 nuits avec Pattie 14h15 16h15 Belle & Sébastien 2 LOLO 18h40 LE GRAND JEU 18h40 BÉLIERS 18h20 MIA MADRE 18h45 L’HERMINE 18h15 BLADE RUNNER PONTOISE 14h30 Le voyage d’ARLO SAINT-OUEN 14h20 16h10 18h30 IXCANUL Au-delà des monta… 21 nuits avec Pattie 14h20 16h10 17h10 18h20 My skinny sister L’hiver f… NEIGE et… étreinte du serpent 14h15 16h15 18h00 Le voyage d’ARLO Oups! J’ai raté l’ar… Le pont des espions 14h30 16h30 18h20 LE GRAND JEU HECTOR …vie très privée de 14h30 16h30 18h30 Belle & Sébastien 2 L’HERMINE LOLO JEU 31 DÉC 16h30 18h40 AVRIL et le monde… IXCANUL 16h00 17h10 18h50 NEIGE et les… Oups!j’ai… le grand jeu 16h00 17h00 18h50 L’hiver f… BÉLIERS My skinny sister 16h30 18h30 L’HERMINE …vie très privée de 16h30 18h40 MIA MADRE HECTOR 16h15 18h20 Le voyage d’ARLO LOLO SAINT-OUEN VEN 1er JAN 2 JAN 20h45 IXCANUL 20h40 21 nuits avec Pattie 20h40 MUSTANG 20h30 Au-delà des monta… 20h30 BLADE RUNNER 16h00 18h00 20h45 Belle & Sébastien 2 Le pont des espions étreinte du serpent PONTOISE SAM 20h40 LOLO PONTOISE SAINT-OUEN 20h40 étreinte du serpent 20h30 Au-delà des monta… 20h40 …vie très privée de… 20h45 HECTOR 20h30 Le pont des espions 14h20 16h10 (D) 17h10 (D) BÉLIERS L’hiver féérique FATIMA 14h30 16h20 (D) IXCANUL AVRIL et le monde… 14h15 16h15 Le voyage d’ARLO LOLO 14h20 16h30 21 nuits avec Pattie HECTOR 14h15 16h10 Belle & Sébastien 2 Le pont des espions 18h45 My skinny sister 18h30 LE GRAND JEU 18h10 DEMAIN 18h20 étreinte du serpent 18h50 L’HERMINE 20h40 HECTOR 20h30 (D) MON ROI 20h30 …vie très privée de 20h45 MIA MADRE 20h50 LOLO PONTOISE 14h45 16h45 18h30 21h00 …vie très privée de Oups! J’ai raté l’ar… Au-delà des monta… Le pont des espions SAINT-OUEN 14h15 (D) 16h00 17h10 Oups!j’ai… NEIGE &… My skinny sister 14h15 16h40 (D) Au-delà des monta… Le bouton de nacre 14h20 16h30 MIA MADRE L’HERMINE 14h20 16h15 HECTOR étreinte du serpent 14h30 16h30 Le voyage d’ARLO Belle & Sébastien 2 DIM 3 JAN 19h00 IXCANUL 18h20 (D) Notre petite sœur 18h30 …vie très privée de 18h40 HECTOR 18h30 LOLO PONTOISE 14h15 LOLO SAINT-OUEN 16h00 18h40 My skinny sister LE GRAND JEU 16h00 18h20 Au-delà des monta… MIA MADRE 14h00 16h00 18h30 …vie très privée de BÉLIERS BLADE RUNNER 14h00 18h20 étreinte du serpent étreinte du serpent 18h30 LOLO LUN 4 JAN 16h15 18h50 Le pont des espions BÉLIERS MAR 5 JAN PONTOISE 20h45 Au-delà des monta… 20h45 21 nuits avec Pattie 20h30 Le pont des espions 20h40 étreinte du serpent 20h30 BLADE RUNNER 20h45 LE GRAND JEU 20h40 IXCANUL 20h30 Au-delà des monta… 20h45 (D) 21 nuits avec Pattie 20h40 HECTOR 20h30 Le pont des espions PONTOISE SAINT-OUEN 22h30 étreinte du serpent 22h45 BÉLIERS 22h30 Au-delà des mont 22h45 21 nuits avec Pattie 22h40 BLADE RUNNER 16h00 LE GRAND JEU 16h00 MIA MADRE 14h00 Le pont des espions 14h00 16h00 HECTOR LOLO 18h30 20h40 (D) L’HERMINE My skinny sister 18h40 (D) 20h30 IXCANUL étreinte du serpent 18h30 20h30 …vie très privée de BÉLIERS 18h20 20h45 (D) Au-delà des monta… LE GRAND JEU 18h15 20h50 (D) Le pont des espions LOLO 18h30 HECTOR 20h30 (D) BLADE RUNNER LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS SAINT-OUEN mer 6 JAN 14h40 À peine j’ouvre les… 14h20 Toto et ses soeurs 14h30 Belle & Sébastien 2 14h30 La fille du patron 14h20 LES 8 SALOPARDS 16h45 18h00 20h50 NEIGE ET LES… …d’Yitzhak RABIN Toto et ses soeurs 16h20 18h20 20h40 HECTOR étreinte du serpent HECTOR 16h30 18h30 20h30 Le voyage d’ARLO À peine j’ouvre les… Le pont des espions 16h30 18h30 20h30 …vie très privée de BÉLIERS Au-delà des monta… 17h30 20h40 LES 8 SALOPARDS La fille du patron 18h20 MIA MADRE PONTOISE 16h00 …d’Yitzhak RABIN SAINT-OUEN JEU 7 JAN 20h30 LES 8 SALOPARDS 14h00 La fille du patron 14h00 LES 8 SALOPARDS 18h50 20h40 Toto et ses soeurs L’HERMINE 18h30 20h30 La fille du patron étreinte du serpent 18h20 20h15 HECTOR LES 8 SALOPARDS 16h00 18h20 20h45 Toto et ses soeurs Au-delà des monta… À peine j’ouvre les… 17h10 20h30 soirée débat LES 8 SALOPARDS MÊME PAS PEUR! PONTOISE SAINT-OUEN VEN 8 JAN 14h00 L’HERMINE 14h00 LES 8 SALOPARDS 18h30 20h40 22h30 BÉLIERS Toto et ses soeurs HECTOR 18h30 20h30 22h45 HECTOR étreinte du serpent L’HERMINE 16h00 18h20 20h45 22h45 À peine j’ouvre les… Au-delà des monta… MIA MADRE La fille du patron 16h00 18h20 21h00 Toto et ses soeurs Le pont des espions …d’Yitzhak RABIN 17h10 20h30 22h30 LES 8 SALOPARDS À peine j’ouvre les……vie très privée de 18h30 La fille du patron PONTOISE SAINT-OUEN SAM 9 JAN 14h15 Toto et ses soeurs 14h20 DEMAIN 14h30 Belle & Sébastien 2 14h20 À peine j’ouvre les… 14h30 LES 8 SALOPARDS 16h10 19h00 20h50 …d’Yitzhak RABIN HECTOR L’HERMINE 16h40 18h15 20h40 NEIGE ET LES… étreinte du serpent …vie très privée de 16h30 18h30 20h40 (D) Le voyage d’ARLO MIA MADRE MUSTANG 16h20 18h15 20h45 La fille du patron Au-delà des monta… La fille du patron 17h40 20h50 LES 8 SALOPARDS Le pont des espions SAINT-OUEN 10 JAN 11h p’tit déj. Toto et ses soeurs 11h p’tit déj. Tout en haut du monde (avant-1ère) 14h20 16h10 HECTOR Toto et ses soeurs 14h15 16h15 À peine j’ouvre les… MIA MADRE 14h20 17h00 Le pont des espions NEIGE ET LES… 14h30 16h30 La fille du patron L’HERMINE 14h30 16h30 Le voyage d’ARLO Belle & Sébastien 2 14h10 LES 8 SALOPARDS PONTOISE SAINT-OUEN LUN 14h00 …d’Yitzhak RABIN JAN 14h00 LES 8 SALOPARDS 11 MAR 12 JAN PONTOISE 18h00 …d’Yitzhak RABIN 18h20 étreinte du serpent 18h30 BÉLIERS 18h40 La fille du patron 18h30 …vie très privée de 17h20 LES 8 SALOPARDS 20h50 Toto et ses soeurs 20h40 HECTOR 20h30 Au-delà des monta 20h40 À peine j’ouvre les 20h30 Le pont des espions 20h30 LES 8 SALOPARDS 18h20 20h45 Au-delà des monta… Toto et ses soeurs 18h30 20h30 À peine j’ouvre les… HECTOR 16h00 18h40 20h40 (D) Le pont des espions La fille du patron L’HERMINE 16h00 18h20 20h40 (D) Toto et ses soeurs étreinte du serpent MIA MADRE 17h10 20h15 LES 8 SALOPARDS LES 8 SALOPARDS PONTOISE SAINT-OUEN 22h45 Toto et ses soeurs 22h30 Au-delà des monta 22h30 étreinte du serpent 22h40 BÉLIERS 18h30 20h45 À peine j’ouvre les… LES 8 SALOPARDS PONTOISE DIM 20h30 LES 8 SALOPARDS 18h40 20h30 (D) HECTOR …d’Yitzhak RABIN 18h20 20h40 (D) étreinte du serpent Au-delà des monta… 16h00 18h30 20h30 La fille du patron BÉLIERS Le pont des espions 14h00 16h00 18h30 20h30 (D) À peine j’ouvre les… HECTOR À peine j’ouvre les… …vie très privée de… 14h00 17h10 20h30 soirée débat LES 8 SALOPARDS LES 8 SALOPARDS La fille du patron 18h20 Toto et ses soeurs 20h20 LES 8 SALOPARDS LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS Ecrire au Stella café avec l’atelier d’écriture «couleurs de plume» SAINT-OUEN mer 13 JAN 14h30 La fille du patron 14h40 ET TA SŒUR? 14h20 Belle & Sébastien 2 14h20 CAROL 14h15 LES 8 SALOPARDS 16h30 18h20 HECTOR …chambre interdite 16h40 18h00 NEIGE ET LES… Le pont des espions 16h20 18h20 Le voyage d’ARLO CAROL 16h40 18h30 Toto et ses soeurs La fille du patron 17h20 LES 8 SALOPARDS 18h30 ARGENTINA PONTOISE SAINT-OUEN JEU Ecrire pour le plaisir au moyen de jeux d’écriture et de contraintes littéraires Libérer son imagination et sa créativité en jouant avec les mots Tous les jeudis 3-10-17 décembre / 7-14-21-28 janvier /4-18-25 février de 9h30 à 11h30 à la Maison des Associations, Salle Prune, Place du Petit Martroy à Pontoise 14 JAN 18h40 20h40 Toto et ses soeurs …chambre interdite 18h20 20h40 étreinte du serpent HECTOR 18h30 20h30 ET TA SŒUR? Le pont des espions 18h30 20h45 À peine j’ouvre les… La fille du patron 18h15 20h30 CAROL LES 8 SALOPARDS 19h45 Opéra Cavalleria rusticana & Pagliacci SAINT-OUEN VEN 15 PONTOISE 15 euros l’atelier SAINT-OUEN contact : [email protected] 20h30 CAROL PONTOISE Les samedis 12 décembre , 9 janvier, 20 février et 12mars de 14h 30 à 16h 30 au Stella café d’Utopia à Saint-Ouen l’Aumône Chaque séance est indépendante. 14h00 CAROL 14h00 LES 8 SALOPARDS 16h00 BÉLIERS 16h00 ARGENTINA 16h00 ET TA SŒUR? JAN SAM 16 JAN 14h00 ET TA SŒUR? 14h00 LES 8 SALOPARDS 18h30 20h30 22h45 BÉLIERS étreinte du serpent Toto et ses soeurs 18h20 20h40 22h20 …chambre interdite ARGENTINA …chambre interdite 16h00 18h30 20h30 22h40 La fille du patron À peine j’ouvre les… CAROL La fille du patron 16h00 18h40 20h40 22h15 Toto et ses soeurs HECTOR ET TA SŒUR? Le pont des espions 17h15 20h30 soirée débat LES 8 SALOPARDS L’AFFAIRE SALAH HAMOURI 18h20 CAROL 14h20 …chambre interdite 14h40 HECTOR 14h30 Belle & Sébastien 2 14h15 CAROL 14h30 LES 8 SALOPARDS 18h00 étreinte du serpent 18h30 Toto et ses soeurs 18h30 CAROL 18h20 ARGENTINA 17h40 LES 8 SALOPARDS 18h30 DEMAIN DIM 17 JAN PONTOISE 14h40 À peine j’ouvre les… 14h30 La fille du patron 14h30 (D) Le voyage d’ARLO 14h20 ET TA SŒUR? 14h15 LES 8 SALOPARDS 15h00 CAROL 16h40 HECTOR 16h30 Toto et ses soeurs 16h30 (D) Belle & Sébastien 2 16h10 Le pont des espions 17h20 (D) NEIGE ET LES… 18 JAN 14h00 ARGENTINA 14h00 LES 8 SALOPARDS (D) 18h40 ARGENTINA 18h30 BÉLIERS 18h40 ET TA SŒUR? 18h50 La fille du patron 18h30 CAROL 17h20 LES 8 SALOPARDS SAINT-OUEN LUN 20h45 LES 8 SALOPARDS 16h40 NEIGE ET LES… 16h40 BÉLIERS 16h30 Le voyage d’ARLO 16h30 ET TA SŒUR? PONTOISE SAINT-OUEN 16h00 ET TA SŒUR? 16h00 CAROL 16h00 Le pont des espions MAR PONTOISE 21h00 CAROL 20h40 Toto et ses soeurs 20h30 …chambre interdite 20h30 Le pont des espions 20h45 étreinte du serpent 20h45 HECTOR 20h30 LES 8 SALOPARDS SAINT-OUEN JAN 20h30 22h30 À peine j’ouvre les…BÉLIERS 20h30 22h20 La fille du patron étreinte du serpent 20h50 22h40 ET TA SŒUR? ET TA SŒUR? 20h15 22h45 Le pont des espions ARGENTINA 20h50 LES 8 SALOPARDS 18h15 20h30 …chambre interdite étreinte du serpent 18h40 20h40 Toto et ses soeurs ET TA SŒUR? 18h30 20h30 À peine j’ouvre les… CAROL 18h40 20h40 (D) HECTOR BÉLIERS 18h20 20h20 La fille du patron LES 8 SALOPARDS PONTOISE 19 20h40 étreinte du serpent 20h45 Toto et ses soeurs 20h40 ET TA SŒUR? 20h30 À peine j’ouvre les… 20h30 LES 8 SALOPARDS 14h00 Toto et ses soeurs 14h00 LES 8 SALOPARDS 18h40 (D) Toto et ses soeurs 16h00 18h30 (D) étreinte du serpent HECTOR 16h00 18h15 À peine j’ouvre les… CAROL 16h00 18h20 (D) La fille du patron étreinte du serpent 18h30 ARGENTINA 18h30 ET TA SŒUR? 20h40 (D) …chambre interdite 20h45 La fille du patron 20h30 (D) Le pont des espions 20h40 (D) À peine j’ouvre les… 20h30 soirée débat Vérités et mensonges sur la SNCF 20h30 LES 8 SALOPARDS SÉANCES DE GROUPES AU: 01 30 37 75 52 (tarif: 3 euros) L’HIVER FÉÉRIQUE OUPS ! J’AI RATÉ L’ARCHE DU 9/12 AU 3/01 Film d’animation réalisé par Toby Genkel & Sean McCormack 2014 Allemagne, Luxembourg, Belgique, Irlande 1h26 VF Pour les enfants à partir de 4 ans CINÉ-GOÛTER LUNDI 21 DÉCEMBRE à St-Ouen à l’issue de la séance de 14h30 : JUS POMME + 1 COOKIE BIO (PATIBIO): + 1,50 euros ********************************************************************** DU 16/12 AU 2/01 Programme de 7 courts métrages film d’animation 2015 40mn Pour les enfants à partir de 3 ans. TARIF UNIQUE 3,50 EUROS Un programme pour fêter joyeusement la venue de l’hiver féerique ! Découvrez la douceur, la poésie et la magie hivernales de ces sept petits films qui mettent en œuvre des techniques originales (animation de dentelles ou de tissus…) ou plus traditionnelles (dessins au crayon, peintures, papiers découpés), composant un très beau programme qui réunit des petits trésors de créativité. L’Hiver est arrivé (Russie 5mn40) : une élégante renarde vole à l’automne ses couleurs : l’hiver est arrivé. Les animaux s’endorment ou s’emmitouflent et une petite fille se blottit dans ses couvertures. Toutes les étoiles (USA 3mn) : un garçon qui vit dans un monde magnifique récolte dans les flaques des étoiles qu’un rêne distribue aux enfants des villes le soir, avant qu’ils ne s’endorment. Le Temps des enfants (Russie 6mn) : alors que la nuit et la neige tombent, de drôles d’animaux rendent visite à un petit garçon et à son grand-père. Une petite étoile (Russie 6mn) : c’est la veille de Noël. Une famille d’étoiles joue dans les nuages. Mais l’une des petites étoiles dégringole de son nuage ! Comment remonter ? Qui pourra l’aider à rejoindre ses frères et sœurs ? Les Moineaux sont des bébés pigeons (Russie 5mn) : c’est une triste journée d’hiver, il fait très froid. Mais en observant bien, un petit garçon aperçoit des couleurs et des animaux fantastiques… Lapins des neige (Russie 4mn40) : une maman lapin part à la recherche d’un arbre de Noël à décorer en compagnie de ses trois petits, mais en chemin ils devront braver bien des dangers : cette nuit de Noël leur réserve des surprises ! La Petite moufle rouge (Corée du Sud 6mn40) : dans la neige, une petite fille construit patiemment son bonhomme de neige. Une de ses moufle disparaît. Elle se lance à sa recherche. Aurait-elle été volée ? La fin du monde est proche : le grand déluge arrive. Heureusement, un chouette type qui aime les animaux et l’humanité, Noé, a construit une Arche pour y accueillir toutes les espèces du règne animal. Toutes sauf une : la race des Nestrians, de curieuses et adorables créatures à la fourrure colorée que personne n’a jugé utile d’inviter à bord. Grymps et Hazel, bien décidés à quitter la terre ferme pour sauver leur peau parviennent toutefois à ruser et à embarquer clandestinement, grâce à l’aide involontaire de deux farouches Grymps, Hazel et sa fille Leah. Mais, au moment du départ, Finny et Leah tombent accidentellement du bateau. Ils vont dès lors devoir s’unir pour échapper au déluge et survivre dans un monde hostile et peuplé de prédateurs sauvages. Pas facile de proposer un nouveau film d’animation avec des animaux sauvages qui tentent de sauver leur peau. Il faut dire que de L’âge de glace à La prophétie des grenouilles (qui reste notre chouchou) en passant par les multiples opus de Madagascar et autres Wild, il y a de quoi faire. Pourtant Oups ! j’ai raté l’arche réussit à séduire. D’abord par sa paire d’anti-héros, un père et son fils, des Nestrians, à la fois maladroits, curieux dans leur aspect, et touchants par leur naïveté. Puis par leurs interactions avec les autres personnages : Grymp et sa fille, deux vraies pestes solitaires qui pour rien au monde ne s’attacheraient à leurs congénères, sans compter les autres membres de l’arche ( un flamant rose susceptible, un lion prétentieux, un majordome maniéré et un rien bigleux...) qu’ils font tourner en bourrique, jouant à la fois sur la roublardise et la complicité. La bonne idée consistant à séparer, au moment de l’arrivée de la vague, les petits des adultes, permet de lancer le scénario dans une double quête au discours bien huilé sur l’acceptation de la différence et la nécessité de trouver sa place dans le monde.. oups que c’est joli ! UNE SURPRISE POUR NOËL JUSQU’AU 28/12 Deux contes d’hiver sur lesquels souffle l’esprit de Noël. Réalisé par Chel White, USA VF 2015 Durée totale du programme : 45 minutes Pour les enfants à partir de 3 ans Tarif unique : 3,50 euros Joyeux Nöel Jingle ! Les préparatifs de Noël battent leur plein à Sapinville. Quelques jours avant Noël, Andrew va choisir un sapin avec ses parents. À la pépinière, il tombe sous le charme de Jingle, un bébé husky qui cherche une maison d’adoption. Mais la maman d’Andrew refuse catégoriquement de repartir avec le chiot. Pourtant, Jingle va chercher à retrouver le petit garçon et entame un long et périlleux parcours à travers la forêt. Jingle et Andrew réussiront-ils à fêter Noël ensemble ? Joyeux Noël Jingle et Belle ! Un an plus tard, tout le monde se prépare à fêter Noël...Sofia et sa chienne Belle ont quitté les plages et le soleil de Californie et viennent d’emménager à Sapinville. Ce premier Noël loin de la chaleur et de ses amis s’annonce bien triste pour la fillette... Mais, grâce à Andrew et Jingle, elle va retrouver le sourire et découvrir les joies que lui réserve une fin d’année sous la neige.. NEIGE ET LES ARBRES MAGIQUES DU 30/12 AU 17/01 Programme de 4 courts métrages d’animation des Studios Folimage France 51 minutes, À partir de 4 ans Tarif unique 3,50 euros Montrer des images à des enfants, dès l’âge de 4 ans, des images autres que celles que l’on peut voir à la télévision, des images qui n’agressent pas, des images qui tentent de raconter autre chose que des bleuettes insignifiantes ou des combats d’humanoïdes incroyablement laids, des images qui s’attachent au contraire à montrer toute la beauté et la poésie de notre monde est un pari risqué mais diablement salutaire. C’est à cette gageure que s’attaque le studio Folimage avec ce très joli Neige et les arbres magiques. Si nous en ressortons heureux d’avoir fait le plein d’histoires simples et de très belles illustrations, il y a fort à parier que nos chers bambins ne puissent qu’adhérer à ce projet. Ce programme du studio Folimage nous propose trois courts métrages et un moyen métrage (ou simplement un court un peu plus long), le tout en animation. Benoît Chieux met en scène, dans Tigres à la queue leu leu, un petit garçon qui n’aime que dormir et aller sur le pot. Face au courroux de sa mère, il décide de se lancer dans un grand projet : ramasser toutes les crottes d’animaux qu’il trouve, en faire un compost puissant pour pouvoir récolter rapidement des graines de sésame. Hymne à la nature, au recyclage (avec un grand respect pour les matières fécales), à l’ingéniosité et à la paresse, Tigres à la queue leu leu, servi par un graphisme très doux, est un petit bijou d’animation. La réalisatrice Chaïtane Conversat livre, de son côté, un court métrage qui tend encore plus que le précédent vers une poésie du monde qui s’éloigne du réel, intitulé La petite pousse. Une jeune fille se coud des robes en capturant des motifs fleuris à l’aide d’un drap magique. Jusqu’au jour où de jeunes pousses apparaissent dans son nombril après qu’elle a avalé quelques graines et qu’un monde différent puisse naître, dans lequel les paysages se parent de mille couleurs. Yulia Aronova réalise le troisième court métrage, One, Two, Tree (titre que seuls les adultes comprendront) et nous invite à suivre la promenade d’un arbre et de rencontrer avec lui un coiffeur, une vache, un joueur de guitare et des danseuses de flamenco. Furieusement gai, One, Two, Tree est une invitation à sortir des sentiers battus, à ne pas hésiter à prendre des chemins de traverse, souvent synonyme de découvertes étonnantes. Enfin, le moyen métrage, Neige, qui, accompagné des arbres magiques rencontrés dans les trois courts métrages, donne son titre à ce programme, est signé Antoine Lanciaux et Sophie Roze. De la neige lorsqu’on ne l’attend pas peut engendrer des rencontres étonnantes : avec des Inuits, avec un ours, des animaux qui ne devraient pas être là. Au sein de notre époque compliquée, notamment dans son rapport à l’Autre, Neige ne peut être qu’un grand bol d’air frais. Qu’estce que l’Autre a à nous apprendre, à nous apporter ? Que peut-on donner à l’Autre ? Pourquoi tout semble plus simple lorsqu’on a envie de se frotter à l’Autre ? Autant de questions auxquelles répond très simplement, et très joliment, Neige. BELLE ET SÉBASTIEN L’AVENTURE CONTINUE DU 9/12 AU 17/01 Réalisé par Christian DUGUAY France 1h38 Sortie nationale le 9 décembre Avec Félix Bossuet, Tchéky Karyo, Thierry Neuvic, Margaux Chatelier, Thylane Blondeau Scénario de Juliette Sales et fabien Suarez Nous voilà de retour dans le petit village de Sébastien et de sa fidèle Belle. Niché tout là-haut, dans les Alpes, là où les sommets tutoient les nuages, le petit village de Saint-Martin fête la fin de la guerre. Nous sommes en septembre 1945 et cette rentrée des classes est joyeuse et animée, sauf pour Sébastien qui préfère faire l’école buissonnière et les 400 coups avec Belle. Pour lui une seule date compte vraiment et ce n’est pas celle du retour de son maître d’école, des cartables et des tables de multiplication, mais bien celle du retour de la belle Angelina. Mais Angelina ne revient pas. L’avion qui la ramenait a disparu dans un accident au cœur des forêts transalpines. Tout le village a perdu espoir. Tout le village sauf César, le grand-père de Sébastien. Le grincheux au grand cœur veut croire à l’impossible et il est prêt à tout tenter. Même demander de l’aide à “l’autre”... Celui-là pourtant, c’est rien de dire qu’il ne le porte pas dans son cœur, croix de bois, croix de fer, il avait même juré qu’il ne lui adresserait plus jamais la parole. Oui, mais voilà, Pierre est le seul dans la région à posséder un avion (trésor de guerre volé aux Allemands) et à être capable de survoler la zone de l’accident. Mais, avant de sauver la jeune femme, César, l’enfant et son chien vont devoir braver mille dangers, traverser mille épreuves et affronter un secret. Un secret qui va changer la vie de Belle et de Sébastien à tout jamais. Avec ce nouveau chapitre, les auteurs du premier film toujours fidèles à l’univers de Cécile Aubry, poursuivent l’exploration de l’enfance de Sébastien, l’amenant peu à peu aux portes de l’adolescence… Christian Duguay est québécois et passionné de grandes fresques à caractère humaines et de nature, le réalisateur de Jappeloup est un habitué de la montagne et des grands espaces. Il réalise ici un grand film d’aventure familial aux décors majestueux, une histoire qui va mener Belle et Sébastien vers de nouvelles rencontres. Après avoir trouvé le chemin de l’amitié dans le premier film, Sébastien doit cette fois renouer les liens de sa famille. Un défi qui propulse notre jeune héros dans le monde des adultes, et qui va l’obliger à se poser la question de ses origines. Aidé par Belle, Sébastien va devoir grandir… TOUT EN HAUT DU MONDE AVANT-1ÈRE - PETIT-DÉJEUNER DIMANCHE 10 JANVIER à partir de 10h45 à Utopia Saint-Ouen (rendez-vous au café Stella à 10h45, séance à 11h15) LE CONCEPT : à vous les croissants, à nous le chocolat chaud et les ejus de fruits Tarif unique : 3,50 euros Film d’animation réalisé par Rémi Claye France 2015 1h20 Avec les voix de Christa Théret, Feodor Atkine, Thomas Sagols, Rémi Caillebot, Audrey Sablé, Fabien Briche D’après un scénario original de Claire Paoletti, Patricia Valeix Festival international du film d’animation d’Annecy 2015 : PRIX DU PUBLIC 1892, Saint-Pétersbourg. Sacha, une jeune fille de l’aristocratie russe, a toujours été fascinée par la vie d’aventure de son grand-père, Oloukine. Explorateur renommé, concepteur du Davaï, son magnifique navire de l’Arctique, il n’est jamais revenu de sa dernière expédition à la conquête du Pôle Nord. Et maintenant son nom est sali et sa famille déshonorée. Pour laver l’honneur de la famille, Sacha s’enfuit. En route vers le Grand Nord, elle suit la piste de son grand-père pour retrouver le fameux navire. Autant dire qu’on a un véritable coup de cœur pour ce film qui nous fait frissonner avec cette aventure heureuse, épique, drôle et rythmée à la « Jack London » dans la trace des grands explorateurs polaires du 19ème siècle. Que dire de Sacha, si ce n’est qu’on adore cette jeune héroïne qui va devoir s’émanciper à rebours de sa condition de fille élevée dans la soie pour apprendre à se débrouiller toute seule en apprenant à travailler, dur dur ! Elle va devoir s’intégrer avec courage, en se retroussant les manches, au sens propre comme au figuré, dans la réalité de son époque pour réussir à atteindre avec pugnacité son objectif et son rêve. L’univers artistique et graphique original du film de Rémi Chayé est très finement métissé des peintures des Fauves et Nabis et influencé par le côté aplat des affiches publicitaires de voyages. La technique des trichromes russes de l’époque du tsar a même permis à Patrice Suau, le directeur artistique, qui a oeuvré aussi pour Le Jour des corneilles de Jean-Christophe Dessaint, de créer la méthodologie de fabrication des décors. Rémi Chayé, même si c’est son premier long-métrage, n’est pas tout à fait un novice, bien au contraire, il est issu de La Poudrière, tout simplement la meilleure écoles d’animation européenne qui forme chaque année 10 jeunes issus de la crème des meilleures écoles mondiales. Il s’est aguerri, excusez du peu, comme assistant réalisateur de Brendan et le secret de Kells de Tomm Moore, ou auprès du grand réalisateur français Jean-François Laguionie comme assistant réalisateur du Tableau, après avoir travaillé à ses côté sur L’Île de Blak Mor. On se réjouit de ce vrai compagnonnage artistique croisé entre Rémi Chayé et Jean-François Laguionie y compris dans une parenté de style. Rien d’étonnant à ce que Tout en haut du monde, Rémi Chayé et son équipe aient été récompensés par le prix du public au festival international de cinéma d’animation d’Annecy en juin 2015. LE MARDI 29 DECEMBRE JOURNEE SPECIALE LULU 6€ FORMULE DINER « Et ta sœur » Séance 20h30 + 1 Galette Bretonne Accompagnement salade + 1 Crêpe 12 € Au sucre ou à la confiture RDV à partir de 19h Pour déguster votre repas PREVENTE vivement conseillée au cinéma UTOPIA de Saint Ouen L’Aumône CINÉ-GOÛTER AVEC LES CRÊPES DE LULU À L’ISSUE DE LA PROJECTION DU MARDI 29/12 à 14h30 FORMULE 6 euros : Film + Galette sucrée + Jus de Pomme (prévente vivement conseillée dès le 9/12) LE VOYAGE D’ARLO DU 23/12 AU 17/01 Film d’animation réalisé par Peter Sohn USA 2015 1 h 35 Version Française avec les voix d’Eric Cantona, Olivia Bonamy... Pour tous à partir de 6 ans. Et si la catastrophe cataclysmique qui a bouleversé la Terre et provoqué l’extinction des dinosaures n’avait jamais eu lieu ? Et si les dinosaures ne s’étaient jamais éteints, et vivaient parmi les hommes ? Disney et Pixar nous emmènent dans un nouveau voyage original et inattendu : un monde dans lequel les dinosaures n’auraient pas disparu. Ils parlent, vivent tranquillou et côtoient des humains un peu sauvages. Découvrez le grand voyage d’Arlo, jeune Apatosaure au grand cœur, maladroit et craintif, qui décide d’entamer un voyage extraordinaire dans des terres sauvages et mystérieuses. Il y fera une rencontre étonnante qui bouleversera son expédition : celle d’un petit garçon sauvage et astucieux répondant au nom de Spot. Le problème c’est que le jeune Arlo va se paumer dans la pampa. Il devra compter sur son nouvel ami, Spot, pour l’aider à rentrer chez lui. Comme d’habitude avec Pixar, le film déborde de poésie, d’aventure, d’humour et bien sûr l’animation est de haute volée. Le voyage d’Arlo est une très chouette épopée qui mêle des personnages aussi drôles qu’attachants, de folles aventures et beaucoup d’émotion. Avril et le monde truqué JUSQU’AU 2/01 Réalisé par Franck Ekinci, Christian Desmares Avec les voix de Marion Cotillard, Philippe Katerine, Jean Rochefort, Olivier Gourmet, Bouli Lanners... Scénario de Franck Ekinci et Benjamin Legrand POUR TOUS À PARTIR DE 7/8 ANS Création et univers graphiqueJacques Tardi L’univers de Tardi magnifiquement adapté au cinéma : plaisir garanti pour les enfants pas trop petits et tous les amateurs du trait unique d’un des plus grands dessinateurs français en activité… 1941. Le monde est radicalement différent de celui décrit par les livres et les professeurs d’histoire… Napoléon cinquième du nom règne sur la France où, comme dans beaucoup d’autres pays, les plus grands savants disparaissent mystérieusement. Et ça fait 70 ans que ça dure ! Du coup l’humanité est privée de découvertes capitales : pas d’électricité, pas d’avions, pas de moteurs à explosion, pas de radio… L’époque est enlisée dans une panne technologique, comme endormie dans un savoir du siècle passé, gouverné par le charbon et la vapeur. C’est dans ce monde étrange et ralenti qu’une jeune fille intrépide, Avril, décide de partir à la recherche de ses parents, eux-mêmes scientifiques disparus. Elle est accompagnée dans sa mission volontaire par Darwin, son chat qui parle, et Julius, sympathique chenapan des rues qui a le béguin pour elle. Le trio devra affronter les dangers et les mystères de cet inquiétant Monde Truqué. Qui donc enlève les savants depuis des décennies ? Dans quel sinistre but ? Le film est beau à voir et très plaisant à suivre : les trouvailles fourmillent, les rebondissements se ramassent à la pelle, entre suspense bien tenu et fantaisie débridée. La trame rétro-futuriste offre matière à une imagination visuelle réjouissante : ainsi ces trains semblables à des paquebots, qui font Paris-Berlin en 72 heures « à peine ! », ces véhicules automobiles qui fonctionnent grâce à des chaudières ou encore ce chêne majestueux, quasi-dernier de son espèce, préservé dans un musée… C’est très réussi et ça méritait bien le Grand Prix du Festival du film d’animation d’Annecy. FILM PROGRAMMÉ UNE SEULE SEMAINE L’ÉTAGE DU DESSOUS DU 9 AU 15/12 Réalisé par Radu MUNTEAN Roumanie 2015 1h33mn VOSTF avec Teodor Corban, Iulian Postelnicu, Oxana Moravec, Ionut Bora... Scénario de Razvan Radulescu, Alexandru Baciu et Radu Muntean. Allez savoir pourquoi, le lâche n’a pas souvent bonne presse au cinéma… Dès que la caméra scrute la face livide et cireuse du lâche, c’est toujours pour en dire du mal ! D’où l’originalité, la rareté, l’humanité de L’Étage du dessous, film peu spectaculaire, malaisé à saisir, dénué de toute démagogie morale, mais qui insinue dans le ressenti de son spectateur une tension dérangeante, croissante, pénétrante. L’idée-force de Radu Muntean, c’est de ne pas lui faire raser les murs, à son lâche, mais de le cadrer bien au centre de l’écran. De ne pas l’écraser de savants jeux d’ombres mais de l’éclairer d’un jour lumineux de printemps roumain. De ne pas le perdre dans des décors oppressants mais de l’installer dans la quiétude d’un agréable appartement bucarestois. Au centre, donc, Sandra Patrascu… Son acte de lâcheté fondateur, quel est-il ? Là encore, Muntean a la subtilité de ne pas accabler son héros. Vous avez promené votre chien. Il faisait beau. Vous passez devant la porte d’un appartement, un étage sous le vôtre. Des cris. Un couple qui s’engueule parce qu’il se sépare. Un bruit sourd. Silence. Mais les criaillements reprennent. L’homme sort du logis, vous toise. Un bref salut. Vous continuez à grimper l’escalier. Aucun spectateur de L’Étage du dessous, devant cette scène tranquille filmée tranquillement, ne peut certifier en son for intérieur qu’il aurait agit autrement que Patrascu. Mais l’hésitation se mue en culpabilité quand est diffusée la nouvelle que la jeune voisine de l’étage inférieur a été retrouvée morte chez elle, quelques heures plus tard. Pourquoi Patrascu ne témoigne-t-il pas devant la police ? Puisque le personnage ne dit rien, même à nous, se mure dans sa modeste respectabilité, puisque la mise en scène sciemment lisse de Muntean ne diffuse guère d’indices, il faut supposer. Honte de ne pas être intervenu ? Réticence peureuse à impliquer un voisin, car l’homme de l’escalier se révèle habiter l’immeuble, lui aussi ? Ou simple refus pusillanime de prendre part, même de loin, à un vrai fait divers de la vraie vie ? Cette question, le présumé coupable, Vali, qui continue à vaquer à ses occupations mais se sait sous le coup d’une possible dénonciation, se la pose et n’ose pas la poser à Patrascu, dans une tension d’obédience dostoïevskienne. Comment le malaise se répand-il ? Parce que toute réponse est différée. Ce que l’on voit à l’écran, c’est un portrait moral à petites touches diffuses. Qui est Patrascu ?… À l’écran, souvent en temps réel, car c’est le génie de la nouvelle vague roumaine, des scènes de presque rien. Un employé qui tamponne… Une voiture qui prend une file… Des logiciels dont on égrène les noms incompréhensibles… La sœur de la défunte qui, geste stressant à souhait, tente de saisir une enveloppe dans une boîte aux lettres dont la clef ne fonctionne plus… Et pourtant, insensiblement, Patrascu évolue… (F. Baumann, Positif) back home DU 9 AU 29/12 (LOUDER THAN BOMBS) Réalisé par Joachim TRIER Norvège/Danemark 2015 1h49mn VOSTF - avec Jesse Eisenberg, Isabelle Huppert, Gabriel Byrne, Devin Druid... Scénario de Joachim Trier et Eskil Vogt. Si Joachim Trier nous avait intrigué avec son premier film Nouvelle donne, il nous avait particulièrement ébloui avec le suivant, Oslo, 31 Août (disponible en Vidéo en Poche), adaptation aussi lumineuse que crépusculaire du Feu follet de Pierre Drieu la Rochelle, magnifique portrait d’un jeune homme rongé par la solitude et la culpabilité. Aucun doute que c’est la réussite de ce dernier qui a permis au réalisateur norvégien de faire appel pour son troisième film à un casting international de première classe : Isabelle Huppert, Gabriel Byrne, le toujours remarquable Jesse Eisenberg, sans oublier un petit nouveau, Devin Druid, impressionnant pour sa première apparition à l’écran. Tournage américain donc – l’intrigue du film se déroule principale- ment à New-York – mais dans lequel le cinéaste continue de creuser les thèmes qui habitaient ses précédents opus : la solitude, l’incommunicabilité, le poids du passé et la puissance de l’écriture. Trois ans après sa mort accidentelle, une exposition est organisée en hommage à la célèbre photo-reporter de guerre Isabelle Reed. Son mari et ses deux enfants se retrouvent dans la maison familiale pour préparer cet événement. Les liens entre eux se sont distendus depuis la disparition de leur femme et mère. Jonah, l’aîné, revient dans le giron familial nimbé de sa réussite professionnelle (il est professeur d’université) et de sa récente paternité. Il pense sans doute pouvoir prendre les choses en main aussi rapidement que sûrement, et organiser au mieux cette exposition. Mais ces préparatifs s’avèrent bien plus compliqués que prévu, l’obligeant à se replonger dans les vestiges d’un passé qui réveille en lui les souvenirs de sa mère et de leur relation, et éveille des doutes sur les circonstances de sa mort. Face à lui, son père Gene tente de donner le change mais semble plus préoccupé par son fils cadet Conrad, qui s’est enfermé dans le mutisme et les jeux vidéos violents. L’organisation de l’expo-hommage va obliger ces trois personnages, qui ont laissé le silence et les non-dits s’installer entre eux, qui s’épient en cachette pour essayer de se comprendre, à se confronter de nouveau au deuil et aux blessures que la mort d’Isabelle a occasionnés, pour pouvoir enfin se réconcilier, se réconforter et affronter la vérité sur cette disparition. Pour décrire l’évolution de ses personnages, pour exprimer leur trouble et la confusion de leurs sentiments, Joachim Trier choisit une mise en scène en forme de puzzle, la narration se construisant de subtils allers-retours entre différentes époques et différents points de vue, tout en mélangeant différentes strates d’images : images réelles ou fantasmées, photographies d’Isabelle ou parties de jeux vidéos de Conrad (dans lequel son père essaie de le retrouver), souvenirs, rêves et projections mentales des divers personnages… « En somme, ce que je veux, c’est émouvoir le public en espérant avoir trouvé une forme où l’intellect et l’émotion se rejoignent dans un même film » dit le cinéaste norvégien. Et, en effet, la construction de son film épouse parfaitement le propos qu’elle entend servir. D’abord distanciée et d’une élégante froideur, la réalisation de Joachim Trier laisse peu à peu, à l’instar des ses personnages, s’exprimer les émotions, atteignant par moments la grâce de son film précédent, comme dans cette scène prodigieuse où les écrits de Conrad, découverts par son frère, prennent vie sous nos yeux… En partenariat avec l’association Les Lumières de la ville Soirée spéciale courts - métrages vendredi 18 décembre à 20h30 à Utopia St-Ouen l’Aumône L’association Les Lumières de la ville, nous a concocté une soirée de courts-métrages qui sont de vraies petites perles rares à découvrir. Au programme cinq courts-métrages qui ont tous fait l’objet de sélections et ont reçu des prix dans de nombreux festivals dont Clermont-Ferrand. La séance sera suivie d’un débat avec les réalisateurs (sous réserve) et ce sera peut-être également l’occasion d’échanger sur le court-métrage. Tarifs habituels UTOPIA - durée totale : 1h47 Pointe Noire 28 minutes, 2013 Un film de Ludovic Vieuille avec Sophie Cattani et Jacques Boudet Aline, 43 ans, vit avec ses enfants dans un modeste appartement de banlieue. Fille de coopérants, elle a grandi en Afrique noire où sont toujours restés vivre ses parents. Aline s’apprête à accueillir pour quelques jours son père, Michel, qu’elle n’a pas revu depuis de longues années. Manu 25 minutes, 2011 Un film de Jérémy Elkaïm avec Valérie Donzelli et Jérémy Elkaïm Vincent et Julie acceptent d’héberger Manu, un Indien ami du frère de Julie. Alors que Julie se comporte comme si de rien n’était, Vincent est excédé par cette présence étrangère et la tension monte entre eux. Arriveront-ils à surmonter ce que Manu va leur révéler d’eux-mêmes ? Footing 17 minutes 2013 Un film de Damien Gault avec Manuel Vallade, Philippe de Jacquelin Dulphé Un matin d’hiver, Marco, 33 ans, part avec son père de 60 ans pour un footing de huit kilomètres. La conversation est difficile. En chemin, on comprend qu’un fossé s’est creusé entre Marco, parisien venu passer quelques jours à la campagne, et JeanClaude, gendarme à la retraite à priori peu ouvert au dialogue. Pourtant l’amour est bien présent, mais les barrières et la pudeur de chacun l’empêchent de s’exprimer. Shadow 2014 23mn, VOSTF Un film de Lorenzo Recio avec Liu Yueh Ming et Aviss Zhong Taipei. Xiao Shou est un garçon timide qui exerce le métier de montreur d’ombres itinérant. Un jour, il croise la sublime Anne dont il tombe immédiatement amoureux. Mais un terrible accident va plonger le jeune homme dans un monde de ténèbres... Aïssa 2014 8mn Un film de Clément Tréhin-Lalanne avec Manda Touré et Bernard Campan Aïssa est congolaise. Elle est en situation irrégulière sur le territoire français. Elle dit avoir moins de 18 ans mais les autorités la croient majeure. Afin de déterminer si elle est expulsable, un médecin va examiner son anatomie. FILM PROGRAMMÉ UNE SEULE SEMAINE LE DERNIER JOUR D’YITZHAK RABIN DU 6 AU 12/01 Réalisé par Amos GITAÏ Israël 2015 2h33mn VOSTF avec Yitzhak Hiskiya, Pini Mittelman, Tomer Sisley, Michael Warshviak, Einat Weizman... Scénario d’Amos Gitaï et Marie-José Sanselme. 4 Novembre 1995. Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, l’homme des accords d’Oslo, le Prix Nobel de la paix, est assassiné sur la place des Rois d’Israël à Tel Aviv après un long et vibrant discours contre la violence et pour la paix. Son assassin : un étudiant juif religieux d’extrême-droite… « Vingt ans après, Amos Gitaï réalise un film passionnant et important, clairement intitulé Le Dernier jour d’Yitzhak Rabin, qui mêle images d’archives et fiction. Un film qui décompose, jour après jour, parfois même minute après minute, les semaines ayant précédé et suivi le drame. Un film choc pour tous ceux qui suivent les déchirements du conflit israélo-palestinien. Pourquoi choc ? Parce que la plupart de ceux qui, à l’époque, ont crié leur haine de Rabin – accusé de trahir le peuple juif au profit de l’ennemi palestinien, avec lequel il avait entrepris de négocier la paix –, la plupart de ceux-là sont aujourd’hui au pouvoir en Israël. Les religieux, les nationalistes, les colons, et surtout Benyamin Nétanyahou, l’actuel Premier ministre. « En deux heures et trente minutes, Amos Gitaï nous fait revivre vingt ans de lente déconstruction d’un rêve, celui de deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte et en paix. Ce rêve se serait-il concrétisé si Rabin n’avait pas été assassiné ? On ne le saura jamais. Ce qui est certain en revanche, c’est que l’on n’en a jamais été aussi loin qu’aujourd’hui. « Méthodiquement, Nétanyahou a déconstruit tout ce que Rabin avait commencé à construire, désespérant ce qui reste de la gauche israélienne, transformant les Palestiniens en ennemis et accélérant la colonisation de la Cisjordanie. Encore 800 logements situés dans quatre colonies juives ont été légalisés fin Octobre, alors que la tension est à un de ses pics dans les territoires. “Sous Nétanyahou, les Palestiniens n’ont plus rien à perdre. Ils n’ont ni horizon ni espoir, uniquement l’occupation, la saisie de terres, la misère et le chômage”, écrit début Novembre Nehemia Shtrasler dans le quotidien Haaretz. « Pire, compte tenu du rapport de forces au sein de son gouvernement, Nétanyahou pourrait laisser monter au pouvoir ces religieux radicaux qui militent pour aller prier sur l’Esplanade des mosquées. Menaçant de transformer un conflit territorial en conflit religieux. Ce qui, dans le contexte régional actuel, serait pure folie. C’est ce que raconte Le Dernier jour d’Yitzhak Rabin : la catastrophe passée et à venir. » (Alexandra Schwartzbrod, Libération) Séance exceptionnelle le vendredi 15 janvier à 20h30 à Utopia Saint-Ouen en présence du sémillant réalisateur Nadir Dendoune . Soirée soutenue par le Collectif Urgence Palestine ( CUP ) , l’Association France Palestine Solidarité, le Parti de Gauche, Europe Ecologie les Verts et le NPA. TARIF UNIQUE POUR CETTE SÉANCE : 4 EUROS Film documentaire de Nadir DENDOUNE France 2015 40 mn C’est un petit film diablement intelligent et efficace, qui aurait pu être signé par les comparses Halimi et Balbastre des Nouveaux chiens de garde, tant il analyse avec impertinence le « deux poids deux mesures » des médias et des politiques français dès qu’il s’agit du conflit israélo-palestinien. Le film s’ouvre sur l’intervention culte du comédien François Cluzet face au non regretté JeanFrançois Copé, au JT dominical de Laurent Delahousse. Nous sommes en 2009 et l’acteur, plutôt que d’assurer la promo de son film du moment, préfère évoquer quelque chose qui le scandalise : le silence des médias et des politiques sur le cas du franco-palestinien Salah Hamouri, alors emprisonné sans preuve dans les geôles israéliennes pour le prétendu projet d’assassinat du rabbin extrémiste Ovadia Yossef. Il a suffi que le jeune homme de 24 ans, soupçonné d’appartenir au Front Populaire de Libération de la Palestine, organisation marxiste révolutionnaire, soit passé avec des amis devant le domicile du rabbin pour qu’il soit arrêté, jugé et condamné à sept ans de prison par un tribunal militaire d’exception. Depuis 2005, la mère grenobloise de Salah se bat, un comité de soutien s’est constitué dans l’indifférence quasi générale jusqu’à l’intervention télévisuelle de François Cluzet. Le silence est d’autant plus choquant que, peu de temps auparavant, Nicolas Sarkozy avait déclaré vouloir se porter au secours de n’importe lequel de nos concitoyens incarcérés, où qu’il se trouve. Et surtout, dès 2006, avec la prise de guerre par un groupe palestinien du soldat franco-israélien Gilad Shalit, qui lui a toutes les faveurs des médias et fait l’objet d’initiatives de nombreuses mairies qui font de lui un citoyen d’honneur et dont le visage s’affiche en façade des hôtels de ville, la distorsion est flagrante. Le film du tonitruant journaliste Nadir Dendoune, un étonnant personnage, marathonien, alpiniste et journaliste tellement free-lance qu’il a été emprisonné plusieurs jours en Irak, a été réalisé après la libération de Salah Hamouri, qui a fini par intervenir en 2011 dans le cadre de l’échange de prisonniers après que Gilad Shalit a été relâché. Il revient avec pertinence, en compagnie de nombreux intervenants, sur les aberrations médiatiques : les ténors du Monde Diplomatique Alain Gresh ou Dominique Vidal analysent admirablement le cheminement des faits, mais aussi l’ancien correspondant à Jérusalem de France 2, Charles Enderlin, qui fut longtemps la tête de turc des lobbies sionistes et qui, fort de plusieurs décennies de présence sur place, nous livre le tableau terrible d’une justice israélienne qui n’en est pas une et de l’efficacité des lobbies qui font pression sur les médias occidentaux. S’expriment d’ailleurs aussi dans le film Richard Prasquier, président du CRIF, qui justifie sans vergogne l’absence de justice impartiale en Israël au profit de la sécurité, et le président du comité de soutien à Gilad Shalit, qui explique tranquillement les mécanisme de son travail de lobbying. à peine j’ouvre les yeux DU 6 AU 19/01 Réalisé par Leyla BOUZID Tunisie 2015 1h42 VOSTF avec Baya Medhaffar, Ghalia Benali, Montassar Ayari... Scénario de Leyla Bouzid et MarieSophie Chambon Beaucoup de prix dans beaucoup de festivals, notamment le Prix du Public et le Prix Label Europa Cinémas à la Mostra de Venise. Le cinéma est un outil formidable, un moyen incomparable de s’immerger dans des réalités éloignées des nôtres, de représenter des parties du monde qui nous seraient sinon invisibles, de raconter des histoires qui nous permettent de mieux appréhender des moments clés de l’Histoire. Sur les révolutions qui ont émergé dans de nombreux pays arabes au début de cette décennie, beaucoup de choses ont été dites et montrées. Nous avons vu les images documentaires des immenses manifestations et du renversement des pouvoirs en place, de la répression et des échecs. Nous avons en quelques sortes vécu, via nos écrans, les événements de ces Printemps Arabes, et nous suivons encore leurs conséquences sur les pays concernés. Mais nous fûmes sans doute nombreux à être surpris par ces mouvements, et à ne pas forcément comprendre, par méconnaissance de la situation de ces pays, les rai- sons de ces soulèvements. La jeune réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid a donc décidé de situer l’action de son premier film quelques mois à peine avant la révolution de Jasmin, avec la volonté de faire ressentir ce qu’était la vie des Tunisiens – et particulièrement de la jeunesse – sous l’ère Ben Ali: « J’ai voulu revenir sur la sensation d’étouffement, la peur continue qu’on ressentait alors. Il ne faut pas oublier ces émotions. Je parle plus particulièrement de l’atmosphère des derniers mois du régime. Alors que la corruption rongeait tout, les gens étaient agressifs, ils évoluaient dans l’incertitude. C’était un peu une fin de règne. Tout cela explique, au moins en partie, énormément de choses, notamment les raisons de l’explosion qui ont conduit à la révolution ». Tunis, été 2010. Farah est une jeune fille brillante qui vient de réussir son bac avec succès et que sa famille imagine déjà médecin. Mais Farah est aussi une fille à l’énergie débordante – et au caractère bien trempé – qui veut profiter de la vie et de sa jeunesse. Elle sort dans les bars, s’enivre, découvre l’amour dans les bras d’un des musicien du groupe de rock dans lequel elle chante des textes engagés, qui parlent des problèmes de son pays, de sa frustration et de ses rêves qui sont aussi ceux de ses compatriotes. Libre et impulsive, Farah s’oppose à la volonté de sa mère Hayet, qui connaît les interdits de son pays et tente de la protéger en l’éloignant de son groupe. Car dans la Tunisie de Ben Ali, Farah est considérée comme une rebelle, les membres de son groupe sont d’ailleurs surveillés par la police. Mais le désir de liberté est trop fort pour être contenu. Et c’est peu à peu les rouages de la machine répressive qui vont se refermer sur la jeune fille, symbole d’une jeunesse fière et vivante qui veut rester debout, mais risque d’en payer le prix... À peine j’ouvre les yeux est donc le portrait d’une jeune fille trop libre pour un système autoritaire qui n’a plus d’autres solutions que la répression et la violence pour perpétuer son règne, étendard d’une jeunesse qui fera entendre sa voix quelques mois plus tard. Le film de Leyla Bouzid suit à un rythme effréné la tignasse bouclée et le visage poupin de son héroïne, plongeant à sa suite dans la vie nocturne tunisienne, ses rues, ses bars et ses boîtes de nuits. Il laisse une grande place à la puissance de la musique – rock inspiré des rythmes du mezoued, musique populaire tunisienne – et aux textes chantés par Farah. Et offre deux magnifiques personnages à deux sublimes actrices autour desquelles le récit se resserre peu à peu: la jeune Baya Medhaffar, dont c’est la première apparition, incarne Farah avec une énergie ébouriffante face à la célèbre chanteuse tunisienne Ghalia Benali, remarquable dans le rôle de sa mère Hayet. 21 NUITS LES SUFFRAGETTES AVEC PATTIE JUSQU’AU 15/12 Réalisé par Sarah GAVRON GB 2015 1h46 VOSTF avec Carey Mulligan, Helena Bonham Carter, Meryl Streep, Brendan Gleeson, Anne-Marie Duff… Scénario d’Abi Morgan Suffragettes... Le mot a un petit côté léger et désuet, comme s’il évoquait une réalité certes sympathique mais sans grande conséquence, sans grand enjeu. Et pourtant! Il faut se rappeler que ce nom de « suffragettes » désigne des femmes audacieuses et courageuses, des guerrières ordinaires qui se sont battues pour le droit de vote des femmes dans l’Angleterre du début du 20ème siècle. La grande force de cet excellent film, outre sa dimension purement historique (et pédagogique: avis aux enseignants, c’est un support idéal pour travailler avec les élèves), c’est de nous plonger au cœur de ce combat, en s’attachant non pas à une figure charismatique, celle en l’occurrence d’Emmeline Pankhurst, célèbre féministe anglaise incarnée par Meryl Streep, mais à une activiste de l’ombre, une anonyme, une ouvrière. Là où l’on aurait pu craindre une éventuelle grandiloquence du propos, scènes de foules, grands discours et violons à l’appui, on saisit ainsi au vol la naissance hésitante mais sincère d’une conscience politique, avec tout ce que cela suppose de fragilité, de fougue, de fraîcheur mais aussi de blessures et de désillusions. Et Carey Mullighan campe à la perfection celle par laquelle cette histoire à la fois rude et exaltante nous est contée. Maud est ouvrière dans une blanchisserie industrielle. C’est dans ce quartier qu’elle est née, c’est dans cette entreprise que sa mère avant elle a trimé toute sa vie, dans cette entreprise qu’elle a rencontré son mari, qu’elle gagne son salaire, sans faire de vagues, et apporte sa contribution, même modeste, au quotidien du ménage. Autour d’elle, à l’usine, dans la ville, les revendications des femmes de tous âges et de toutes conditions résonnent comme un appel à la rébellion. Le combat pour le droit de vote des femmes, mené par la Women’s Social and Political Union (WSPU), est à un tournant décisif. Prise un peu par hasard dans le mouvement, Maud va découvrir plus qu’un combat légitime, une véritable communauté humaine et hétéroclite de femmes en lutte. Des femmes soumises rêvant de liberté, des femmes libres rêvant de justice pour toutes, des femmes modernes rêvant de progrès social. Maud va devenir militante, avec tout ce que ça suppose de violences psychologiques et physiques, d’humiliations, d’heures de prison et de solitude. JUSQU’AU 4/01 Écrit et réalisé par Arnaud et Jean-Marie LARRIEU France 2015 1h55 avec Isabelle Carré, Karin Viard, André Dussollier, Laurent Poitrenaux, Philippe Rebbot, Denis Lavant, Sergi Lopez, Mathilde Monnier… A Lourdes, ville dont est originaire la famille Larrieu, la légende raconte que, lassée des pèlerins et des statues en plastique à son effigie, la vierge Marie est apparue dans la chambre d’Arnaud et Jean-Marie, alors enfants, pour leur prodiguer en douce quelques conseils : ne jamais se prendre trop au sérieux ; se fier sans crainte au vent frais de la liberté pour indiquer la voie (lactée, sans issue, ferrée, elle ne précisa pas) ; manier l’humour comme un rempart à la bêtise humaine ; aimer l’odeur des sous-bois ; oser être un peu barge (il est possible qu’elle n’utilisa pas exactement ce terme). Isabelle est morte. Endormie à tout jamais dans son grand mas de l’Aude alors que les travaux de rénovation ne sont même pas encore finis. Sa fille Caroline arrive dans ce trou paumé au milieu des montagnes (très très belles, les montagnes) pour s’occuper du corps de cette mère qu’elle n’a jamais vraiment connue, qu’elle n’a jamais vraiment aimée. Et c’était réciproque. Parachutée malgré elle dans ce coin de paradis où tout, même la mort, semble si simple, la timide Caroline va devoir composer contre son penchant naturel à la maîtrise des choses, faits et émotions inclus. Il faut dire qu’il est difficile de résister à l’énergie contagieuse, au franc parler cru et à la délicieuse impudeur verbale de Pattie. Pattie qui va de Caroline faire la confidente de ses nombreuses et trépidantes aventures amoureuses. Mais coup de théâtre : le corps d’Isabelle disparaît ! Quand on sait que chez les frères Larrieu, on peut peindre, faire l’amour et rencontrer des ours qui parlent russe au fin fond des Pyrénées, une telle péripétie est finalement assez normale. C’est intelligent et vif, malicieux sans jamais faire le malin, impudique sans jamais être vulgaire, avec en plus cette insouciance presque enfantine qui ne s’excusera de rien, ni de faire danser les morts, ni de faire vibrer les vivants, ni de parler de sexe sans pourtant ne jamais rien montrer. Flirtant doucement avec le fantastique, 21 nuits avec Pattie est aussi un voyage intime qui raconte comment deux femmes vont, par la seule force du récit, qu’il soit littéraire ou de comptoir, réunir le frisson de la chair et l’incandescence de l’esprit… Merci Marie, merci Pattie. LA SÉANCE DU MARDI 12 JANVIER À 20H30 À UTOPIA SAINT-OUEN L’AUMÔNE SERA SUIVIE DU RENCONTRE AVEC LE RÉALISATEUR OLIVIER LOUSTAU ET LES COMÉDIENNES CHRISTA THÉRET, FLORENCE THOMASSIN ET MERIEM SERBAH LA FILLE DU PATRON À PARTIR DU 6/01 Réalisé par Olivier LOUSTAU France 2015 1h38 avec Christa Théret, Olivier Loustau, Florence Thomassin, Patrick Descamps, Stéphane Rideau, Lona Dueñas, Pierre Berriau, Vincent Martinez, Meriem Serbah... Scénario d’Olivier Loustau, Bérénice André et Agnès Caffin « J’ai besoin que tu sois gentil pour faire l’amour et tu as besoin de faire l’amour pour être gentil. » Même si, dans le film, elle s’exprime en termes un peu plus crus, c’est par cette jolie figure de style (un chiasme pour les spécialistes) que Madeleine résume l’impasse dans laquelle se trouve le couple qu’elle forme avec Vital. Madeleine – l’excellente Florence Thomassin, qu’on aimerait voir de temps en temps en tête d’affiche – et Vital – Olivier Loustau qui réalise aussi le film – forment un couple d’ouvriers qui, arrivés à la quarantaine, ne semblent plus partager que l’amour pour leur fille. Elle a travaillé et il travaille encore dans une usine textile moderne, mais en grande difficulté économique. Ils vivent dans le sud-ouest de la France avec tout ce que cela veut dire de sociabilité festive, particulièrement autour de l’équipe de rugby de l’entreprise dont Vital est l’entraîneur (on me souffle qu’en occitan, on dit « coach »). La fin annoncée d’un couple et celle possible d’une entreprise, ce n’est pas très engageant comme début de film. Mais nous allons très rapidement être emportés dans l’aventure collective d’hommes et de femmes qui, d’une part, luttent pour la préservation de leur emploi et, d’autre part, espèrent remporter le championnat de rugby opposant des clubs d’entreprises. Ces combats, ils les mènent ensemble et en font un tout indissociable. Mais qu’en sera-t-il du groupe quand un de ses membres, son leader, rompra l’équilibre sur lequel il reposait? Toutes les scènes de groupes – barbecues, matches de rugby y compris la troisième mi-temps, rigolades ou engueulades au travail – sont particulièrement réussies. Le mélange d’acteurs professionnels et amateurs fonctionne parfaitement. Dans le cinéma français, plus à l’aise dans les portraits individuels, ce n’est pas tous les jours qu’un groupe social, ici des prolos, est montré avec une telle justesse, aussi bien dans le quotidien que dans les moments de crise. Et puis il y a Alix, une jeune femme de passage, venue réaliser dans l’usine une étude ergonomique visant à améliorer les conditions de travail des ouvriers. Amenée dans le cadre de sa mission à se rapprocher de Vital, elle va être attirée par l’assurance avec laquelle il exerce sa fonction de contremaître et l’autorité qu’il dégage à son poste d’entraîneur, jusqu’à tomber sous le charme. Pour lui la barrière de classe sera plus difficile à franchir. Et il ne sait pourtant pas encore qui elle est... Quoi? Un film qui se passe dans la classe ouvrière, à des centaines de kilomètres de Paris, et sans un seul membre des familles Garrel ou Le Besco à l’affiche ! Voilà suffisamment d’éléments susceptibles de causer une poussée d’urticaire chez un critique cinématographique des Inrocks. De quoi, en revanche, susciter l’intérêt du spectateur utopien qui n’a jamais craint de sortir des beaux quartiers parisiens. D’autant plus quand il saura qu’Alix est interprétée par la lumineuse Christa Théret, qui jouait le rôle d’une vraie chanteuse dans Marguerite de Xavier Giannoli et surtout celui de la muse du peintre dans le Renoir de Gilles Bourdos. Et en plus, Olivier Loustau viendra en voisin puisqu‘il habite par ici ! Séance exceptionnelle le mardi 19 janvier à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l’Aumône en présence de syndicalistes cheminots. Soirée soutenue par la CGT, le Parti de Gauche et Europe Ecologie les Verts VÉRITÉS ET MENSONGES SUR LA SNCF Le mot du Parti de Gauche Les infrastructures de transport font l’objet de nombreuses communications promotionnelles actuellement. Tout est beau, tout est merveilleux pour le capital quand il lance de nouveaux produits de déplacement ! Ce documentaire est intéressant dans la mesure où il rappelle que la déconstruction d’un service public par les profiteurs du capital se fait sur une longue période. Il montre la communication partagée entre ces capitaines d’industrie capitalistes, les élus ou nommés politiques, les organes de communications internes des entreprises et les médias aux ordres permettant la construction d’une acceptation sur la durée. A la sortie de ce documentaire, vous comprendrez mieux pourquoi la déconstruction des discours fait partie des premières taches à accomplir. Ce documentaire décrit également les conséquences générales sur le travail de la logique de profit à tout prix du capital : • au travers des conditions de travail (organisationnelles et en moyens matériels) • au travers des structures de sociétés mises en place pour faire monter la concurrence des travailleurs entre eux • à la notion de risques calculés, ou comment définir le nombre de morts acceptables pour ne pas nuire au profit Film documentaire de Gilles BALBASTRE France 2015 56 mn Il y a près de 15 ans, notre cher Ken Loach évoquait avec The Navigators la destruction de British Rail orchestrée par le gouvernement conservateur de John Major, qui avait décidé de privatiser ainsi le transport ferroviaire britannique. Le film décrivait la disparition des solidarités ouvrières chez les cheminots précarisés mais aussi, conséquence collatérale, la perte de la notion de service public, qui mettait en danger la sécurité des personnels et des passagers. Le film de Ken Loach s’est avéré prémonitoire puisque le transport ferroviaire britannique est actuellement un des moins sûrs d’Europe, au nom du profit immédiat. Quand on pense à Sherlock Holmes qui se faisait fort de se rendre dans toute l’Angleterre sans jamais une minute de retard, sur ce sujet et bien d’autres, le royaume a bien régressé... Gilles Balbastre, co-réalisateur des fameux Nouveaux chiens de garde, a réalisé, à la demande du CE des cheminots de sa région Nord Pas de Calais, un documentaire édifiant sur la situation du rail aujourd’hui en France. Car si la situation britannique pouvait nous paraître en 2002 de la science-fiction, les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont contribué à nous en rapprocher et, ultime bourreau, Macron devrait donner le coup de grâce. Avec intelligence, Balbastre a confronté les déclarations télévisuelles lénifiantes des responsables de la SNCF, Guillaume Pépy en tête, marchand de sable en chef, et les réalités du terrain auprès des cheminots écoeurés qui, pour beaucoup, sont bien obligés de témoigner anonymement. Et la réalité est terrible, on découvre des voies ferrées très peu ou pas entretenues (avec ces scènes surnaturelles où les cheminots arrachent les boulons à mains nues ou maintiennent avec du chatterton un candélabre qui menace de s’effondrer à la première tempête), au point que certaines lignes secondaires sont passées à une vitesse maximum de 100 à 30 km /h, les matériels roulants qui font l’objet, à cause des flux tendus, de révisions on ne peut plus sommaires... Résultat : des retards endémiques en dépit des protestations « tout va très bien madame la marquise » de la direction, et parfois des accidents, comme le déraillement terrible de Brétigny-sur-Orge. Tout allant dans le sens d’une réduction maximum des lignes prétendument moins rentables au profit de l’autocar, dans un contexte de marché du transport dérégulé. Avec en face un Macron qui, avec une démagogie à vomir, dit oeuvrer pour les passagers les moins argentés... ERRATUM : LA SOIRÉE DÉBAT DU MARDI 8/12 À 20H30 EST À PONTOISE DEMAIN JUSQU’AU 22/12 puis chaque samedi Cyril DION et Mélanie LAURENT documentaire France 2015 2h Qui n’a pas eu envie de changer le monde ? Au moins de le rendre meilleur ? Qui n’a pas rêvé d’un monde où chacun mangerait à sa faim, et sainement, aurait un toit, de qualité, pourrait circuler librement, où l’argent ne serait plus le roi, mais juste un moyen, où l’air ne serait plus pollué jusqu’à l’asphyxie, où les océans ne seraient plus pillés par la pêche industrielle ni envahis par le pétrole ou le plastique, où les champs, les arbres, les animaux ne seraient plus empoisonnés par les pesticides, infectés par la radioactivité invisible, inodore ? Un monde où l’intérêt commun serait compris de toutes et tous : la nécessité de nous inventer une nouvelle et belle vie, maintenant, pendant qu’il est encore temps, pour que demain ne soit pas le résultat inéluctable de nos errements… Loin de l’écologie triste et punitive, loin du discours sur le développement durable cher au greenwashing, vous allez voir un film formidable, vivant, enthousiasmant sur notre extraordinaire capacité à rebondir face à l’adversité, notre extraordinaire capacité à imaginer, notre extraordinaire capacité à faire. Mélanie Laurent et Cyril Dion sont allés rencontrer des gens passionnants à travers le monde, qui œuvrent au quotidien à ce changement indispensable : Inde, États-unis, Canada, Danemark, Allemagne, Islande, Scandinavie, Finlande, Grèce, France… Le film est composé de cinq chapitres : agriculture, énergie, économie, démocratie et éducation. Construction intelligente et pédagogique, dans le meilleur sens du terme, qui nous montre bien que tout est lié, qu’il s’agit bien d’un problème politique, là aussi dans le sens noble du terme. Et il présente des actions, des alternatives concrètes qui sont mises en œuvre, avec succès, dans tous ces domaines. Mélanie Laurent : « Mises bout à bout, les initiatives comme la permaculture, les monnaies locales, les énergies renouvelables, dessinent un monde possible. Ce qui peut paraître démotivant, c’est qu’il ne s’agit que d’initiatives isolées, mais en même temps elles ne demandent qu’à être réunies ! Il y a déjà un monde qui tient la route, qui existe, où tout est possible. Des solutions sont déjà disponibles, dans tous les domaines, c’est forcément inspirant ! » Tout s’enchaîne judicieusement et vient renforcer la certitude qu’il faut d’urgence opérer une rupture symbolique, mais aussi pratique avec notre système actuel fondé sur le pétrole et les autres énergies fossiles, sur le nucléaire, sur le productivisme, sur le consumérisme, sur la financiarisation de l’économie, sur l’éducation normative et compétitive… Pas de doute, Cyril Dion, co-fondateur avec Pierre Rabhi du mouvement Colibris, et Mélanie Laurent, actrice et réalisatrice, tous deux activistes pour un monde meilleur, ont réussi leur coup : sur les thématiques qu’il aborde, Demain est un film-somme, essentiel, un outil d’information et d’action qui est aussi un spectacle passionnant et exaltant. « Royal Opera House au Royal Utopia » : LUNDI 28 DÉCEMBRE À 14h30 : CASSE-NOISETTE JEUDI 14 JANVIER à 19h45: CAVALLERIA RUSTICANA & PAGLIACCI au Royal Utopia de Pontoise : Tarification spéciale : Tarif normal : 13 euros Tarif réduit : 8 euros (enfants et jeune jusqu’à 14 ans, étudiants, demandeurs d’emploi) - Les tickets Utopia ne sont pas acceptés - CASSE-NOISETTE PRÉVENTE VIVEMENT CONSEILLÉE POUR CE BALLET dès le 9 décembre à la caisse d’Utopia Saint-Ouen. (et pour Noël, on vous offre même la pochette cadeau si c’est pour offrir !!!) Ballet en 2 actes de Tchaïkovsky, chorégraphies de Peter Wright (d’après Lev Ivanov) Durée : 2h15 (avec un entracte) Le soir de Noël, Clara reçoit de son oncle un casse-noisette. Pendant la nuit, une merveilleuse féerie commence : dans le salon, les jouets s’animent et le casse-noisette se transforme en prince qui, après avoir protégé Clara du Roi des Souris, l’amène au Royaume des Délices où les festivités commencent. LE PROGRAMME DE LA SAISON AU ROYAL UTOPIA DE PONTOISE: • LA TRAVIATA : jeudi 10/03 • BORIS GODUNOV : jeudi 14/04 • LUCIA DI LAMMERMOOR : jeudi 26/05 • WERTHER: jeudi 21/07 CAVALLERIA RUSTICANA & PAGLIACCI Deux opéras, respectivement de Pietro Mascagni et Ruggero Leoncavallo. Mise en scène de Damiano Michieletto. Chantés en italien avec sous-titres français Durée totale : 3h25 (avec un entracte) On considère Cavalleria rusticana comme le premier exemple du vérisme en musique. Adapté d’une nouvelle de l’écrivain italien Giovanni Verga, cet opéra traite d’un fait divers, dont il surligne les passions tirées à l’excès : le sentiment de l’honneur et la jalousie. Pagliacci est également un opéra de la jalousie, inspiré d’un fait divers. Dans cette nouvelle production du Royal Opera House, la mise en scène de Damiano Michieletto imagine que les deux opéras se déroulent dans un village sous l’emprise de la mafia, dans l’Italie du sud des années 80. Le chef d’orchestre Antonio Pappano dirige l’un des ténors de pointe du répertoire italien, le letton Aleksandrs Antonenko, ainsi que la soprano néerlandaise Eva-Maria Westbroek (Cavalleria rusticana) et la soprano italienne Carmen Giannattasio (Pagliacci). Pendant l’entracte, un petit bar sera ouvert : 1 euro le verre de jus de pommes bio, 4 euros la coupe de crémant. MARGUERITE ET JULIEN JUSQSU’AU 22/12 Réalisé par Valérie DONZELLI France 2015 1h50 avec Anaïs Demoustier , Jérémie Elkaïm, Frédéric Pierrot, Catherine Mouchet, Aurelia Petit, Sami Frey... Scénario de Jérémie Elkaïm et Valérie Donzelli, d’après le scénario écrit en 1971 par Jean Gruault pour François Truffaut « Ci-gisent le frère et la sœur. Passant ne t’informe pas de la cause de leur mort, mais passe et prie Dieu pour leur âme. » Epitaphe du tombeau de Marguerite et Julien de Ravalet dans l’Eglise Saint-Jean en Grève C’est devenu un rituel au Festival de Cannes : certains journalistes, après avoir porté au pinacle un réalisateur ou une réalisatrice quelques années plus tôt, semblent se donner le mot pour détruire l’objet de leur enthousiasme passé. Cette année, c’est Valérie Donzelli, réalisatrice du tonique et bouleversant La Guerre est déclarée, qui a fait les frais de cet exercice un brin pervers. Son adaptation de l’histoire du couple maudit formé par Marguerite et Julien de Ravalet, décapités en place de Grève en 1603, était, selon ces grincheux, trop pop, trop kitsch et tué par ses artifices. Eh bien oubliez toutes ces mauvaises ondes, tous les écrits des plumitifs aigris car tout ce qu’ils ont détesté, c’est ce que nous avons adoré ! Oui Valérie Donzelli ose tous les artifices de mise en scène et nous on marche à fond... Mais revenons au commencement. Valérie Donzelli s’est inspirée d’un scénario écrit par le grand Jean Gruault (qui vient de disparaître) pour son complice François Truffaut... qui finalement ne réalisa jamais le film. Tout part de l’histoire bien réelle, à la fin du 16ème siècle, de Marguerite et Julien de Ravalet, jeunes enfants du seigneur de Tourlaville, dans le Contentin. Deux enfants dont l’attachement fusionnel devint rapidement suspect aux yeux de leurs parents, qui s’empressèrent de les séparer, mariant de force la jeune fille à un riche collecteur d’impôts de trente ans son aîné. Mais arriva ce qui devait arriver, le mariage n’était pas heureux et la jeune fille s’enfuit pour rejoindre secrètement son frère à Fougères puis Paris, où les incestueux tourtereaux furent arrêtés. De cette histoire aussi romanesque que dramatique, Valérie Donzelli a décidé de faire un conte, qui flirte parfois avec l’univers de Jacques Demy, tendance Peau d’Âne. Ça commence d’ailleurs par la lecture du récit par une bande de fillettes, pensionnaires dans un quelconque collège. Toutes ces demoiselles chuchotent à la tombée de la nuit l’histoire interdite de Marguerite et Julien, les deux enfants qui s’aimaient trop. On retrouve le frère et la sœur devenus jeunes adultes, incarnés par Anaïs Demoustier, parfaite d’innocence puis de sensualité passionnée, et Jérémie Elkaïm, complice de toujours de Valérie Donzelli, impeccable lui aussi en amoureux intraitable. Ce qui étonne tout de suite, ce qui perturbe un peu et amuse beaucoup, c’est le choix délibéré de l’anachronisme et de l’étrangeté. On pourrait penser que l’on est au 19ème siècle au vu des costumes, s’éloignant ainsi de la période originelle du récit, mais en même temps les fugitifs seront poursuivis par des hélicoptères et des meutes de policiers équipés de torches électriques. On verra aussi apparaître des postes de radio etc... Ce choix aussi fantaisiste qu’audacieux rappelle que l’histoire de cet amour impossible est éternelle et universelle, comme celle de Tristan et Yseult... On sait gré à Valérie Donzelli de ne pas céder à la réflexion plombante sur l’inceste, qui est finalement pour elle un sujet secondaire: et puis après tout, Zeus culbutait bien sa sœur Héra, et Cléopâtre épousa même successivement deux de ses frères ! Pour renforcer la singularité joyeuse de son film, Donzelli, utilise des artifices étonnants, notamment des images figées pendant que seule la lueur des bougies continue de trembler, et une bande son résolument contemporaine, notamment l’imparable « Midnight summer dream », tube des années 80 des Stranglers, pour couvrir la fuite des amoureux. Marguerite et Julien devient ainsi un conte pop aérien, sensuel, tragique et parfaitement abouti. EN AVANT-PREMIÈRE LE MARDI 22 DÉCEMBRE À 20H30 À UTOPIA SAINT-OUEN L’AUMÔNE HECTOR ET À PARTIR DU 30/12 Écrit et réalisé par Jake GAVIN GB 2015 1h27 VOSTF avec Peter Mullan, Keith Allen, Natalie Gavin, Sharon Rooney, Sarah Solemani, Ewan Stewart, Laurie Ventry, Stephen Tompkinson, Gina McKee... Ce film anglais d’un réalisateur inconnu (et pour cause : c’est un premier long métrage), on avait envie de le voir rien que pour son acteur principal : l’écossais Peter Mullan, dont on suit la carrière avec une véritable affection, n’ayons pas peur des mots, et qui ne nous a jamais déçus. Il a bien sûr été l’un des comédiens fétiches de Ken Loach: il a début dans Riff Raff en 1991, avant d’obtenir un magnifique premier rôle dans My name is Joe, qui lui valut consécration et Prix mérité d’interprétation au Festival de Cannes. Depuis l’acteur est aussi devenu un réalisateur de premier plan, avec Orphans puis surtout The Magdalene Sisters (2001), mémorable plongée au cœur d’un établissement scolaire religieux dans l’Irlande des années 1960, et l’impressionnant Neds (2010), vision impitoyable du système d’éducation à deux vitesses en Grande Bretagne, qui rappelait son enfance dans le Glasgow des années 1970. Ce qu’on aime chez Peter Mullan, c’est sa présence immédiate, sa densité, son authenticité sans esbroufe, sans pathos. Autant de qualités qui sont à l’oeuvre ici. Peter Mullan est Hector McAdam, un étrange SDF des environs de Glasgow. On est à l’approche de Noël, le froid se fait mordant, la neige commence à recouvrir le paysage... C’est le moment que choisissent Hector et deux compagnons de route pour entreprendre un long et éprouvant voyage vers Liverpool, Birmingham et enfin Londres, destination finale où les attendent comme chaque année d’autres SDF qui fêtent Noël tous ensemble dans la capitale illuminée. Le périple est évidemment l’occasion de rencontres éventuellement heureuses – dans cette Angleterre victime d’inégalités de plus en plus monstrueuses, la solidarité est parfois au rendez vous – mais aussi d’épisodes difficiles voire dramatiques. Mais le temps du trajet est aussi pour le spectateur le moyen de découvrir peu à peu Hector et ses secrets. Qui est-il ou plutôt qui était-il? Comment en est il arrivé là ? Alors qu’il arrive dans la dernière ligne droite de sa vie, alors que la fatigue et la maladie le gagnent, ce voyage sera t-il l’occasion pour lui de revenir sur un passé enfoui, peut-être sur une famille oubliée ? Comment franchir le pas, comment renouer des liens, quand on croit qu’on a toujours tout gâché ? Jake Gavin a longtemps été photographe de guerre, et on ressent tout au long du film son sens aiguisé du cadre qui saisit aussi bien les paysages du Nord de l’Angleterre que les quartiers de Londres. Avec ce premier film, il nous livre un instantané de l’Angleterre en temps de crise, une autre forme de guerre, économique et sociale celle là, qui voit des familles entières poussées à la rue par le libéralisme sauvage et la spéculation immobilière. On comprend aisément que Peter Mullan, dont les choix d’acteur et de réalisateur ont toujours marqué un engagement du côté des sans grade, des opprimés, ait pu être passionné par un tel rôle. Et même si la route vers la lumière est longue et semée d’embûches, Hector s’avère un beau conte de Noël qui passera votre petit cœur à l’essoreuse, tout en vous redonnant paradoxalement la patate, puisqu’en en ces temps sombres, ce film chaleureux choisit de défendre une vision positive de notre humaine condition : quand on touche le fond, on ne peut que remonter! EL CLUB JUSQU’AU 14/12 Réalisé par Pablo LARRAIN Chili 2015 1h37 VOSTF avec Alfredo Castro, Roberto Farias, Antonia Zegers, Jaime Vadell, Alejandro Goic, Alejandro Sieveking, Marcelo Alonso, José Soza, Francisco Reyes Scénario de Guillermo Calderon, Daniel Villalobos et Pablo Larrain Ours d’Argent, Festival de Berlin 2015 C’est un fait divers et un petit article sur une maison appartenant au Vatican et destinée à des curés ayant maille à partir avec la justice qui ont inspiré au réalisateur cet apologue brillant, grinçant et tragicomique. Nous sommes quelque part au sud du Chili, dans une petite station balnéaire de la côte Pacifique. Les premières images montrent l’entraînement sur la plage d’un lévrier qui court obstinément en cercle jusqu’à l’épuisement. Puis l’homme et son chien rejoignent une étrange maison où vivent trois autres hommes d’un certain âge et une femme qui semble diriger tout ce petit monde d’une main de fer. On ne comprend que peu à peu que cette étrange communauté est en fait composée de prêtres et d’anciens prêtres, reclus là bon gré mal gré, loin de leur ancienne paroisse. Tout ce petit aréopage cohabite tant bien que mal dans un relatif relâchement. Certains ne sont pas franchement réticents à un petit verre, et tous, y compris la sœur qui les surveille, se passionnent pour les paris sur les courses de lévriers. Jusqu’au jour où arrive un envoyé du Vatican, accompagné d’un nouveau pensionnaire qui sera malgré lui le déclencheur d’une succession d’événements qui vont faire basculer la maison et toute la petite ville dans le chaos et la psychose. C’est d’abord un étrange personnage qui vient régulièrement hurler sous les fenêtres de la communauté, évoquant de manière très crue les relations sexuelles que lui ont imposées des prêtres par le passé. Des révélations qui vont conduire l’émissaire du Vatican à enquêter et à vouloir remettre de l’ordre coûte que coûte. Ce que montre remarquablement Pablo Larrain, qui s’est juste inspiré de scandales bien réels dans l’Église d’Amérique latine, c’est non seulement la manière sidérante dont celle-ci isole ses brebis galeuses (ici ce sont autant des pédophiles et des escrocs que d’anciens complices des crimes de la dictature) pour les protéger de la justice et surtout des médias, mais aussi à quel point la priorité des curés, mêmes rénovateurs et moralistes, est de protéger l’institution, même si cela doit passer par le crime. Larrain installe de main de maître un univers oppressant, peuplé de personnages troubles et troublants, avec en premier lieu cette religieuse apparemment bienveillante mais qui, pour se protéger, peut se révéler glaçante de violence et de machiavélisme. les 8 salopards À PARTIR DU 6/01 (THE HATEFUL 8) Écrit et réalisé par Quentin TARANTINO USA 2015 2h47 VOSTF avec Samuel L. Jackson, Kurt Russel, Jennifer Jason Leigh, Tim Roth, Bruce Dern, Michael Madsen, Walton Goggins, Demian Bichir... Musique originale du vétéran et léonien Ennio Morriconne, agrémentée comme d’habitude chez Tarantino de quelques contributions extérieures, dont celle des White Stripes et de Roy Orbison... Trois ans après le sensationnel Django unchained, Quentin Tarantino est de retour avec un nouveau western, que nous n’avons pas eu la possibilité de voir au moment où nous bouclons cette gazette... Mais Tarantino fait partie des quelques cinéastes dont on prend le risque de programmer le nouveau film sans l’avoir vu, en confiance, tant il est vrai que le réalisateur de Resevoir dogs, de Jackie Brown, de Kill Bill... s’est toujours montré à la hauteur. Nous savons que quelques uns, voire nombre d’entre vous ne seront pas d’accord... et ils ont bien le droit! Voici donc The Hateful 8, huitième film de Tarantino, devenu en français Les 8 salopards, référence à un certain cinéma de genre mal élevé, titre volontiers trivial que ne reniera sûrement pas Quentin le garnement. Un bref synopsis pour commencer: Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth, dit « Le bourreau », fait route vers Red Rock, où il conduit Daisy Domergue, « La prisonnière », se faire pendre haut et court. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat, démobilisé ou déserteur, devenu « Le chasseur de primes », et Chris Mannix, « Le shérif » nouvellement nommé de Red Rock. Surpris par le blizzard, les quatre trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par un autre quatuor énigmatique : le Général Sandy Smithers, alias « Le confédéré », Bob « Le Mexicain », Joe Gage « Le cowboy » et Oswaldo Mobray « Le court-sur-pattes ». Chaque personnage a son sobriquet, on se doute bien que ce n’est pas un hasard et que Tarantino va nous entraîner dans une sorte de Cluedo à tiroirs dont on peut espérer qu’il sera jouissif... Alors que la tempête s’abat sur les sommets enneigés, l’auberge va abriter une série de coups fourrés et de trahisons. L’un de ces huit salopards – parmi lesquels, remarquons-le, une saloparde, incarnée par l’excellente et trop rare Jennifer Jason Leigh – n’est pas celui qu’il prétend être ; il y a fort à parier qu’ils ne seront pas huit à sortirs vivants de l’auberge de Minnie… Tarantino, qui n’est pas seulement cinéphage mais aussi téléphage, dit que ses principales sources d’inspiration pour The Hateful 8 se situent moins du côté du cinéma que de celui des séries western dans années 1960, comme Bonanza, The Virginian et The High Caparral, dont pas mal d’épisodes mettaient en scènes leurs héros isolés avec des personnages inquiétants dans des lieux clos perdus dans la nature : « Le spectateur passe la moitié du temps à se demander quel personnage est bon et quel personnage est mauvais, et ils ont tous un passé trouble qui se révèle progressivement. Je me suis alors dit que je pourrais faire un film basé sur ce genre de personnages. Une bande de hors-la-loi piégés dans une pièce, avec une tempête de neige à l’extérieur, leur donner des flingues et voir ce qu’il se passe ensuite... » On a hâte de voir nous aussi. STELLA café **************** Les horaires du Stella café : tous les jours de 15h00 à 21h00 service jusqu’à 23h les vendredis et samedis fermeture hebdomadaire le mardi LA FAMILLE DES FOOD TRUCK S’AGRANDIT RETROUVEZ LES CRÊPES DE LULU TOUS LES SAMEDIS ET LES VENDREDIS LES BURGERS BIO DE CAROL son scénario et volontairement moins sophistiqué dans son traitement, Carol pourrait presque être une sorte de suite symbolique à Loin du paradis : comme si la trajectoire du personnage de l’un commençait là où celle de l’autre n’avait pas osé s’aventurer ; un passage à l’acte en somme, dénouant tous les possibles d’un désir interdit. Mais il va sans dire qu’il n’est pas nécessaire d’avoir vu le paradis pour se laisser charmer par Carol... Carol est une femme qui est en train de s’écrouler. Elle ne tient plus que par l’artifice de son statut social d’épouse et de mère, elle n’est reliée au monde que par les innombrables fils invisibles que son rang, sa beauté, sa mondanité ont tissés. Carol est une femme qui sait qu’elle est en train de s’écrouler mais elle a conscience aussi que sa chute est indispensable à sa renaissance, dont elle ne doute pas. En attendant de pouvoir se sortir d’une procédure de divorce ô combien difficile pour l’époque (nous sommes en 1952), elle tente tant bien que mal de faire bonne figure, au prix d’efforts contraints et de sourires forcés. Therese est une femme qui est en train d’éclore. Elle a encore un pied dans cette jeunesse insouciante et légère mais autour d’elle, entourage, société... tout la pousse à se couler sans réfléchir dans le moule que l’époque a choisi pour elle : se marier, être une gentille épouse et une maman modèle. Sans être rebelle ni forcément réfractaire à l’idée d’un fiancé, Therese a pourtant l’intime conviction que sa destinée ne peut pas déjà, si vite, être toute tracée et qu’il doit bien y avoir une possibilité de simplement suivre son instinct, ses désirs. Quand elle croise le regard un peu froid de cette femme à la silhouette parfaite, à l’allure distinguée et aux manières classieuses, Therese est subjuguée. Carol est un continent lointain et inaccessible, l’incarnation divinement séduisante d’un monde auquel elle n’appartient pas et auquel elle n’appartiendra sans doute jamais, elle la petite vendeuse de jouets derrière son comptoir. Lorsqu’elle croise le regard curieux de ce petit bout de nana frêle à l’allure encore juvénile, Carol est fascinée. Therese est une promesse de candeur et d’espoirs pas encore broyés sous le poids des convenances et des conventions, un appel au rêve pour elle qui depuis trop longtemps est prisonnière d’un mariage raté. Avancer en territoire inconnu. Oser s’aimer, peut-être. Partir. Fuir. Mais tenter de demeurer fidèles à leur propre vérité en dépit du tourbillon émotionnel et du climat pesant de ces années d’après-guerre où tout demeure figé mais où le vernis commence à se fissurer... Magistralement filmées, les deux comédiennes forment un duo troublant de sensualité et de douceur contenues, les mouvements des corps et les croisements de regards occupent tout le cadre... Du grand cinéma. À PARTIR DU 13/01 TARIFS : Tous les jours à toutes les séances Normal : 6,50 euros Abonné : 4,80 euros ( par 10 places, sans date de validité et non nominatif) Enfant -14 ans : 4 euros Collégien : 4 euros ( avec la carte cine pass VO disponible dans les établissements scolaires du département) Étudiant : 4 euros Pass culture : 3 euros Sans-emploi : 4 euros Sur présentation d’un justificatif TOUT LE PROGRAMME SUR : www.cinemas-utopia.org/saintouen L’ÉTREINTE DU SERPENT DU 23/12 AU 19/01 (EL ABRAZO DE LA SERPIENTE) Réalisé par Ciro GUERRA Colombie 2015 2h05 VO (dialectes amazoniens et espagnol) STF Noir & Blanc avec Jan Bijvoet, Brionne Davis, Nilbio Torres, Antonio Bolivar, Yauenkü Migue… Scénario de Ciro Guerra et Jacques Toulemonde Vidal, inspiré des journaux des premiers explorateurs de l’Amazonie colombienne, l’ethnologue allemand Theodor Koch-Grünberg et le biologiste américain Richard Evans Schultes Tel un immense serpent, le fleuve rampe au milieu d’arbres centenaires, enracinés dans une terre de mystères. La nature vigilante semble tenir à l’œil celui qui s’aventure à la lisière de ses songes. La jungle amazonienne renvoie celui qui y pénètre à sa condition chétive et vulnérable. Evans fait partie de ceuxlà. Ethno-botaniste passionné, il n’a pu résister à braver les dangers pour venir vérifier les dires de ses livres et partir à la recherche de la « yakruna », liane sacrée rarissime, réputée pour ces fortes vertus hallucinogènes. « Jamais un blanc n’a dit un truc aussi sensé! » s’exclame Karamate, le chamane qu’on lui a indiqué comme guide. Un étranger qui quémande son aide et s’intéresse aux végétaux? Ça c’est exotique ! Pourtant, il en a vu passer des conquistadors venus là pour prendre ou pour évangéliser. Il les as vus, puis les a oubliés, comme il a oublié de se souvenir. Peu à peu il est devenu ce « chullachaqui », ce corps vide, dépourvu d’émotions, presque hors du temps, qui hante la forêt, se remplit d’elle. Dernier représentant de son peuple, dépositaire d’un savoir unique, précieux, forgé dans des années d’oubli de soi et d’écoute de la nature, de ses plus infimes murmures comme de ses plus dévorantes colères, de ses orages déchaînés. Habitué aux duperies de ceux qui cherchent à s’accaparer la terre et ses richesses, Karamate, méfiant, observe, jauge, écoute Evans et accepte en définitive de l’accompagner, même s’il sait qu’il est dans nature de la fourmi d’aimer l’argent. Voici nos deux hommes qui s’enfoncent au coeur de la forêt et de ses envoûtements. Dérisoire équipage d’un petit canoë fragile qui glisse sur des eaux sombres, faussement calmes. Parfois ils effleurent des rives qui regorgent de plantes étranges, de vie grouillante, de serpents qui se faufilent. Observateurs observés auxquels la nature n’accorde aucun répit. Les souvenirs de Karamate remontent régulièrement à la surface, le voilà jeune guidant un autre homme, Théo… Ici le temps n’est pas linéaire, comme en occident. Pour les Indiens il est comme une série d’événements qui ont lieu simultanément dans plusieurs univers parallèles. Ce nouveau rythme, cette expérimentation constante pénètre peu à peu chaque fibre des deux explorateurs, Evans et Théo, bouleverse leurs sens, leurs croyances. Il n’y a qu’à se laisser porter, consentir au dépouillement et tâcher d’apprendre à rêver comme ils ne l’ont jamais fait… Leur périple se transforme en quête initiatique hallucinante, hallucinogène, à des années de distance. Là où ils croyaient trouver quelques sauvages attardés, c’est tout une humanité luxuriante qu’ils découvrent, qui possède un savoir peut-être à tout jamais perdu pour l’homme blanc. Certes ce dernier sait se servir d’une boussole, mais dans cet espace sans repères, à quoi servirait le Nord ? Il faut accepter de le perdre. Les communautés Cohiuano, les Ocaina, les Huitoto… n’ont pas besoin des notions occidentales pour trouver leur route dans la moiteur de leur contrée. Leur science est puissante, ils ont l’art de la survie, l’art de vivre en bonne intelligence avec les éléments, les esprits, de respecter et de protéger l’ordre naturel des choses. Si fragiles face à l’infini… Tout cela est superbement interprété, mis en scène dans un noir et blanc profond, sensuel. On s’enfonce nous aussi dans la beauté intimidante de l’Amazonie, pris au piège d’un royaume intemporel dominé par une nature qui ne nous appartient pas et tout juste nous tolère, où seuls les humbles peuvent subsister. Magnifique fable sur la vulnérabilité de l’homme... PLACE DE LA MAIRIE à St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org CAROL Réalisé par Todd HAYNES GB / USA 2015 1h58 avec Cate Blanchett, Rooney Mara, Sarah Paulson, Kyle Chandler, Carrie Brownstein… Scénario de Phyllis Nagy, d’après le roman de Patricia Highsmith Festival de Cannes 2015 Prix d’interprétation féminine pour Rooney Mara Todd Haynes fait partie de ces réalisateurs dont on attend chaque film avec fébrilité. Parce qu’il est un brillant directeur d’acteurs, et surtout d’actrices, parce qu’il est d’une exigence extrême avec son art, parce qu’il est toujours surprenant, tant dans le choix de ses sujets que dans ses partis pris de mise en scène, grands écarts parfois déconcertants mais toujours maîtrisés. Quoi de plus diamétralement opposé en effet qu’une libre biographie de Bob Dylan (I am not there) et un mélo flamboyant à la Douglas Sirk (Loin du paradis) ? S’il fallait trouver une filiation à Carol, c’est justement vers Loin du paradis qu’il faudrait chercher : un sublime portrait de femme(s), une mise en scène ultra soignée, et les très guindées autant que glamour années cinquante comme écrin à une histoire d’amour contrariée. Mais Todd Haynes n’est pas du genre à se répéter et les similitudes s’arrêteront là. Résolument plus moderne dans GAZETTE no 258 du 9 décembre au 19 janvier 2016 - Entrée : 6,50€ Abonnement : 48 € les 10 places Étud. : 4 €