communique de presse
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communique de presse
Reporters sans fronti_res Secr_tariat International Bureau Europe et ex-URSS 5, rue Geoffroy Marie - 75009 Paris France T_l : (33) 1 44 83 84 84 Fax : (33) 1 45 23 11 51 E-mail : [email protected] Web : www.rsf.fr diffusion : 25 mai 1999 COMMUNIQUE DE PRESSE R_publique f_d_rale de Yougoslavie Un Etat de censure Apr_s huit semaines de bombardements de l'Otan contre la Yougoslavie, le r_gime de Slobodan Milosevic a r_duit _ n_ant la presse albanaise tout en muselant les m_dias ind_pendants serbes. Quant aux m_dias du Mont_n_gro, ils se retrouvent au c_ur de la lutte de pouvoir que se livrent Podgorica et Belgrade. Depuis le 24 mars 1999, cinq m_dias ind_pendants yougoslaves ont _t_ ferm_s, dont la c_l_bre radio contestataire de Belgrade, B92. L'ensemble des m_dias serbes sont soumis _ la censure. Un journaliste d'opposition, Slavko Curuvija, a _t_ assassin_, le 11 avril 1999, apr_s avoir _t_ accus_ de "trahison" par les m_dias officiels. Un de ses confr_res, Nebojsa Ristic, d_tenu depuis le 23 avril, risque un an de prison pour avoir brandi une pancarte demandant la libert_ de la presse en Serbie. Au moins 80 journalistes _trangers ont _t_ interpell_s et expuls_s par les forces de police et des militaires serbes. Reporters sans fronti_res a recueilli un certain nombre de t_moignages faisant _tat de mauvais traitements et de violences _ leur _gard. Un journaliste croate, Antun Masle, accus_ "d'espionnage" est, _ ce jour, toujours d_tenu par les autorit_s militaires du Mont_n_gro. Dans un rapport rendu public le 25 mai, Reporters sans fronti_res fait le point sur les atteintes _ la libert_ de la presse dans le pays et rappelle que le r_gime de Milosevic s'est donn_ depuis les premi_res menaces de frappes de l'Otan, en octobre 1998, tous les moyens l_gaux pour venir _ bout de la presse ind_pendante. L'organisation adresse une s_rie de recommandations aux autorit_s yougoslaves et _ la communaut_ internationale. _______________________________________________________________________ Pour tout renseignement, contactez Reporters sans fronti_res au 33 1 44 83 84 84. R_publique f_d_rale de Yougoslavie Un Etat de censure Apr_s huit semaines de bombardements, le r_gime de Slobodan Milosevic a r_ussi _ r_duire _ n_ant la presse albanaise au Kosovo, _ verrouiller l'information sur la province tout en faisant taire les voix critiques en Serbie. Quant aux m_dias du Mont_n_gro, ils se retrouvent au c_ur de la lutte de pouvoir que se livrent Podgorica et Belgrade. En guerre contre les m_dias ind_pendants depuis dix ans, le r_gime s'_tait donn_, d_s les premi_res menaces de frappes de l'Otan, tous les moyens l_gaux pour venir _ bout de la presse critique. Ainsi depuis octobre 1998, suivant une technique d_sormais r_d_e, la menace ext_rieure a _t_ syst_matiquement utilis_e comme pr_texte pour museler les voix d_rangeantes dans le pays. Depuis le d_but des frappes de l'Otan, le 24 mars 1999, deux journalistes occidentaux ont _t_ emprisonn_s par les autorit_s militaires avant d'_tre lib_r_s sous forte pression internationale ; l'un deux affirme avoir _t_ battu "quotidiennement" en prison. Un journaliste croate, Antun Masle, est toujours d_tenu par les militaires au Mont_n_gro et son confr_re serbe Nebojsa Ristic, plac_ en d_tention provisoire le 23 avril, risque d'_tre condamn_ _ un an de prison pour avoir protest_ contre la censure en Serbie. A Belgrade, un journaliste d'opposition, Slavko Curuvija, accus_ de "trahison" par les m_dias officiels, a _t_ assassin_ devant son domicile, le 11 avril 1999. Les journalistes serbes ont per_u cet assassinat comme un ultime avertissement, le signal que les autorit_s entendaient bien en finir avec la presse ind_pendante. Au moins 80 journalistes _trangers ont _t_ interpell_s et interrog_s, parfois violemment, par les forces de police et des militaires serbes, un chiffre probablement inf_rieur _ la r_alit_. La plupart ont _t_ expuls_s, apr_s avoir _t_ d_tenus durant une p_riode de quelques heures _ quelques jours. Certains d'entre eux ont fait _tat de mauvais traitements, d'insultes et de violences _ leur _gard, dont des simulacres d'ex_cution. Selon des t_moignages concordants, des journalistes auraient _galement _t_ utilis_s comme boucliers humains, notamment sur le site de la Radiot_l_vision de Serbie (RTS). Les journalistes albanais du Kosovo, craignant pour leur vie, ont, pour la plupart, quitt_ le pays. Serbie : chronique d'une censure annonc_e Depuis dix ans la majorit_ des Serbes n'est inform_e que par la Radiot_l_vision de Serbie. Cette cha_ne de t_l_vision, purg_e _ plusieurs reprises de ses journalistes critiques, est enti_rement au service des int_r_ts du r_gime de Milosevic : ainsi, en janvier 1993, 1500 salari_s ont _t_ licenci_s pour avoir exprim_ leur d_saccord avec la ligne _ditoriale de la cha_ne. Le r_gime a tol_r_ l'existence de m_dias ind_pendants qui n'avaient qu'une diffusion limit_e, voire confidentielle dans le pays. La c_l_bre radio B92, par exemple, est capt_e _ Belgrade et quelques grandes villes contr_l_es par l'opposition, mais pratiquement pas dans le reste de la Serbie. Le r_seau des m_dias _lectroniques ind_pendants (ANEM), quoique tr_s actif, compte essentiellement parmi ses membres des cha_nes de t_l_vision et des stations de radio de divertissement. La proc_dure annuelle d'attribution des licences d'_mission permet traditionnellement aux autorit_s d'_carter les m_dias les plus impertinents. Ainsi, en juin 1997, les autorit_s ont ferm_ 55 radios et cha_nes de t_l_vision ; en mai 1998, seulement trois m_dias ind_pendants, sur les 426 dossiers d_pos_s aupr_s du minist_re des T_l_communications, avaient obtenu le droit d'_mettre sur le territoire de la RFY : B92 et les cha_nes de t_l_vision r_gionales RTV Pancevo et F Kanal. Les cha_nes de t_l_vision belgradoises, m_me priv_es, restent contr_l_es par des membres du gouvernement, du parti au pouvoir, ou de leurs proches. La presse _crite ind_pendante, ch_re et mal distribu_e en province, reste un privil_ge des habitants des grandes villes, notamment _ Belgrade. Aucun journal ind_pendant n'a une vraie dimension nationale. Tr_s lu dans la capitale, l'hebdomadaire ind_pendant Vreme tirait _ 20 000 exemplaires avant la guerre (10 000 aujourd'hui) et le quotidien Nasa Borba _ 15 000 exemplaires avant de d_poser le bilan en octobre 1998. Le prestigieux bi-mensuel Republika (2 500 exemplaires) _dit_ par le Cercle de Belgrade, groupe d'intellectuels dissidents oppos_s _ Milosevic, est surtout connu des chancelleries occidentales et des journalistes _trangers. L'ann_e 1998 a encore _t_ marqu_e par un verrouillage de l'information, notamment sur le Kosovo. D_s mars 1998, les r_dacteurs en chef des principaux m_dias ind_pendants ont _t_ convoqu_s par le ministre de l'Information qui leur a rappel_ la "grille d'interpr_tation" officielle du conflit. La nouvelle loi sur l'information, adopt_e en octobre 1998 _ l'initiative du Parti radical (RS, ultranationaliste) alors que l'Otan mena_ait la Serbie de frappes a_riennes, p_nalise de facto tout commentaire sur le Kosovo qui serait contraire _ l'id_ologie officielle. La retransmission des programmes des radios internationales a _t_ interdite. Peines d'amendes astronomiques, saisies _ r_p_tition, pr_somption de culpabilit_ : le r_gime a pu faire taire ainsi, d_s le mois d'octobre 1998, trois journaux et deux stations de radio. Le plus influent quotidien ind_pendant, Nasa Borba, et la radio contestataire des _tudiants, Indeks ont _t_ d_finitivement ferm_s. A partir du mois de novembre 1998 les proc_s en s_rie et les mesures de r_torsion ont mis en p_ril l'existence de l'ensemble des m_dias ind_pendants ; de nombreux quotidiens, dont Danas et Dnevni Telegraf, ont pr_f_r_ s'expatrier au Mont_n_gro afin d'_chapper aux repr_sailles des autorit_s de Belgrade. D_j_ insuffisante, leur diffusion s'en est trouv_e encore plus perturb_e. Le 24 mars, peu avant le d_clenchement des frappes de l'Otan, les autorit_s ont proc_d_ _ la fermeture de la radio ind_pendante B 92 et d_tenu pendant plus de huit heures son r_dacteur en chef, Veran Matic. Les stations de radio 021, Jasenica et Info Jet ainsi que la cha_ne de t_l_vision priv_e TV Soko ont _t_ ferm_es par la suite. Le directeur de TV Soko, Nebojsa Ristic, plac_ en d_tention provisoire depuis le 23 avril, risque d'_tre condamn_ _ un an de prison pour avoir brandi une pancarte demandant la libert_ de la presse en Serbie. Une censure de fait a _t_ impos_e _ l'ensemble des m_dias qui, par crainte des r_pressions, ne publient que les communiqu_s officiels du gouvernement et de l'_tatmajor de l'arm_e. Des repr_sentants des autorit_s militaires sont d_sormais pr_sents dans les locaux de chaque m_dia. Les cha_nes de t_l_vision Pink, Politika, Palma et BK, toutes contr_l_es par des hommes d'affaires proches du pouvoir, se sont faites le relais des programmes de la RTS dont les _metteurs et les locaux sont pris pour cibles par les bombardements alli_s. Le 25 avril, Vuk Draskovic, vice-Premier ministre f_d_ral et ancien opposant _ Milosevic, a d_nonc_ dans un entretien _ la cha_ne de t_l_vision Studio B (contr_l_e par son parti, le SPO) "l'incroyable d_ch_ance de la propagande anti-Otan des m_dias officiels serbes". Le lendemain, il a _t_ limog_ et Studio B oblig_e manu militari de retransmettre les programmes de la RTS et les bulletins d'information de l'agence de presse d'Etat Tanjug, autre voix officielle du r_gime. L'atteinte la plus brutale _ la libert_ de la presse en Serbie reste l'assassinat de Slavko Curuvija, le 11 avril 1999 _ Belgrade. Directeur du quotidien ind_pendant Dnevni Telegraf et fondateur du magazine Evropljanin (L'Europ_en), S. Curuvija faisait l'objet de pressions, de menaces et d'un harc_lement constant de la part des autorit_s pour avoir critiqu_ le r_gime de Milosevic. Dnevni Telegraf, puis Evropljanin ont _t_ interdits par les autorit_s, en octobre 1998, en vertu de l'application de la nouvelle loi sur l'information. Suite aux nombreuses saisies et aux amendes astronomiques qui lui ont _t_ inflig_es, Slavko Curuvija a fait enregistrer ses publications au Mont_n_gro tout en essayant de les diffuser sur le territoire serbe. Le 8 mars 1999, il a _t_ condamn_, avec deux autres journalistes de Dnevni Telegraf, _ cinq mois de prison pour la publication d'un article mettant en cause un vice-Premier ministre serbe, Milovan Bojic, membre influent de l'Union de la gauche yougoslave (JUL), dont la pr_sidente, Mira Markovic, est l'_pouse du pr_sident Milosevic. L'article accusait implicitement ce responsable politique d'_tre _ l'origine de la mort d'un m_decin. Accus_ fr_quemment de "trahison" par les autorit_s, le journaliste avait d_j_ fait l'objet de nombreuses menaces de mort. Certaines ont _t_ relay_es par la presse officielle, notamment apr_s le d_clenchement des frappes de l'Otan contre la Yougoslavie. Depuis le d_but de la guerre, Slavko Curuvija avait pourtant renonc_ _ publier son quotidien, d_clarant qu'il refusait de "faire un journal pour les censeurs". Les visas de journalistes ont toujours _t_ d_livr_s au compte-gouttes par les ambassades yougoslaves. Au cours de l'ann_e 1998, au moins quatre reporters _trangers ont _t_ expuls_s suite _ leurs reportages sur le Kosovo et d_clar_s "persona non grata" dans le pays. Depuis mars 1998 et l'intensification des op_rations arm_es au Kosovo, les autorit_s yougoslaves ont multipli_ les d_clarations agressives _ l'encontre de la presse internationale accus_e de d_former la r_alit_ et de prendre parti pour les s_paratistes kosovars. Ainsi, le 1er octobre, le ministre ultranationaliste Vojislav Seselj a d_clar_ que les journalistes de Radio Free Europe, BBC, Voice of America, Deutsche Welle et Radio France Internationale ainsi que leurs collaborateurs yougoslaves ne seraient pas prot_g_s par la Convention de Gen_ve en cas de conflit avec l'Otan. Au lendemain des premi_res frappes de l'Otan, les autorit_s militaires reconnaissent avoir expuls_ "37 reporters venant des pays les plus agressifs - Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne" auxquels s'ajoute une vingtaine de journalistes "expuls_s en vertu de mesures prises _ titre individuel". Au moins 80 journalistes ont _t_ ainsi expuls_s depuis le conflit, un chiffre probablement inf_rieur _ la r_alit_ en raison des difficult_s _ obtenir des informations du c_t_ serbe. Les journalistes _trangers pr_sents _ Belgrade ont pour consigne de ne pas se d_placer hors de Belgrade sans autorisation militaire ; les photographes et les _quipes de t_l_vision doivent demander _ l'arm_e une autorisation de filmer et faire visionner leurs cassettes. De nombreux journalistes occidentaux affirment avoir _t_ agress_s et intimid_s par les forces de l'ordre lors de leur interpellation et de leur expulsion du pays. Pour la plupart, ils se sont vu violemment reprocher l'attitude de leurs pays respectifs dans le conflit du Kosovo. Une dizaine de journalistes ont _t_ battus et arbitrairement d_tenus "pour l'exemple" par des forces arm_es r_guli_res ou des groupes paramilitaires serbes ; des t_moignages de harc_lement psychologique, voire de mauvais traitements, ont _t_ communiqu_s _ Reporters sans fronti_res (RSF) (voir aussi le chapitre "Kosovo", infra). Par exemple, le 16 avril 1999, Lucia Annunziata, journaliste de la cha_ne de t_l_vision nationale italienne RAI et des quotidiens Il Messaggero et Il Foglio, est arr_t_e par des militaires alors qu'elle s'appr_te _ quitter la Serbie. La journaliste d_clare avoir _t_ interrog_e pendant plus de huit heures, frapp_e, d_shabill_e et menott_e avant d'_tre conduite dans un lieu inconnu. Elle a pass_ la nuit encha_n_e _ un radiateur, les yeux band_s. Elle a subi des menaces et diverses tortures psychologiques avant d'_tre d_clar_e "persona non grata" et reconduite _ la fronti_re, le visage toujours recouvert. Le 25 mars, Catharina Nynke, envoy_e sp_ciale en Yougoslavie de la cha_ne de t_l_vision n_erlandaise Net 5 et son cameraman hongrois Zoltan Olah, sont arr_t_s par des policiers serbes aux environs de Novi Sad (nord de Belgrade). Joints par la r_daction de Net 5 sur le t_l_phone portable de la journaliste, les policiers d_clarent "qu'ils ne peuvent garantir sa s_curit_ et que son sort est entre leurs mains". Les deux journalistes sont rel_ch_s vingt-quatre heures plus tard apr_s avoir subi de nombreux interrogatoires et des menaces. Le 26 mars, Tvrtko Vuljity et Zoltan Gazsi, respectivement reporter et cameraman de la cha_ne de t_l_vision priv_e hongroise TV2, sont arr_t_s par des gardes-fronti_res yougoslaves _ Roeszke (fronti_re avec la Hongrie). Les journalistes sont s_v_rement battus. Tvrtko Vuljity doit _tre hospitalis_ suite _ l'agression : il souffre de nombreux h_matomes. Arr_t_ le 16 avril, Pit Schnitzler, correspondant de la cha_ne de t_l_vision allemande SAT1, a _t_ accus_ "d'espionnage" et d_tenu jusqu'au 12 mai par les autorit_s militaires de Belgrade. Il s'_tait vu confisquer, sous la menace d'une arme, la totalit_ de son mat_riel par la police militaire serbe. Rentr_ _ Bonn, le journaliste allemand a t_moign_ de ses conditions de d_tention : "Les coups faisaient partie du programme quotidien (...). La plupart du temps, on me frappait dans la r_gion des reins ou dans les c_tes (...). On me saluait d'un crochet au menton, de coups au visage aussi (...) En r_gle g_n_rale, c'est avec une matraque qu'on me tabassait, et toujours dans la cellule pour qu'il n'y ait pas de t_moin." "On m'a fait toucher le fond de l'_me humaine", r_sume-t-il. Isol_ dans une cellule de 4 m_tres sur 1,5 m_tre, il a _t_ interrog_ et menac_ quotidiennement pendant "sept ou huit heures" par des membres de la police secr_te. Sa lib_ration a _t_ obtenue _ la suite d'une intervention du chef de la diplomatie allemande, Joschka Ficher, aupr_s du pr_sident yougoslave. Le bombardement par l'aviation alli_e des b_timents de la RTS _ Belgrade a fait au moins huit morts parmi les employ_s de la cha_ne. Le bombardement, accidentel selon les responsables de l'Otan, de l'ambassade de Chine a _galement caus_ la mort de trois journalistes chinois qui se trouvaient dans le b_timent. Quatre journalistes roumains ont par ailleurs _t_ bless_s lors d'un raid de l'Otan visant le pont d'une autoroute reliant Belgrade _ la ville de Nis (Sud). Les journalistes accompagnaient une d_l_gation de la ville roumaine de Pitesti venue apporter de l'aide humanitaire en Serbie. Deux d'entre eux ont d_ _tre hospitalis_s suite _ leurs blessures. Kosovo : une guerre _ huis clos Relativement prot_g_s par la pr_sence des membres de la communaut_ internationale au Kosovo avant les frappes de l'Otan, les m_dias de langue albanaise avaient acquis une certaine ind_pendance par rapport au pouvoir serbe. N_anmoins, leurs journalistes _taient souvent victimes de la violence et de l'arbitraire policiers : au moins six d'entre eux ont _t_ battus, deux ont _t_ interpell_s et un grand nombre convoqu_s pour des "entretiens informatifs" dans les commissariats au cours de l'ann_e 1998. Le quotidien Rilindja a _t_ ferm_ d_but mars 1999 pour "publication ill_gale" alors que Bujku, proche de la Ligue d_mocratique du Kosovo (LDK) d'Ibrahim Rugova, avait _t_ ferm_ en janvier 1999. Les quotidiens albanais _taient r_guli_rement sanctionn_s par de lourdes amendes en vertu de l'application de la loi sur l'information serbe. Ainsi le 22 mars 1999, le principal quotidien de langue albanaise du Kosovo, Koha Ditore (30 000 exemplaires avant la guerre), a _t_ condamn_ _ une amende de 410 000 dinars (205 740 francs, 37 000 euros) et son r_dacteur en chef, Baton Haxhiu, _ une amende de 110 000 dinars (55 600 francs, 10 000 euros) suite _ une plainte du ministre de l'Information serbe, Alexandar Vucic. Le journal a _t_ accus_ d'avoir "propag_ l'intol_rance et la haine parmi les nations et minorit_s nationales en Serbie". Le m_me mois, deux autres publications en langue albanaise, le quotidien Kosova sot et le bimensuel Gazeta Shqiptare, ont _t_ condamn_s _ payer 1 600 000 dinars (957 760 francs, 146 000 euros) chacun. Kosova sot a suspendu sa parution apr_s que des exemplaires du journal ont _t_ saisis par la police. Apr_s la fermeture, fin mai 1998, de radio Kontakt, qui _mettait en serbe et en albanais, les seuls m_dias _lectroniques capt_s dans la province sont la radiot_l_vision de Belgrade et la t_l_vision d'Etat albanaise. Depuis le d_but des frappes a_riennes de l'Otan, les m_dias et les journalistes de langue albanaise du Kosovo sont devenus les premi_res cibles des repr_sailles serbes. Dans la nuit du 24 mars, des policiers ont saccag_ les locaux de Koha Ditore, tuant le gardien ; l'imprimerie du quotidien a _t_ incendi_e. L'avocat du journal, Bajram Kelmendi, ainsi que ses deux fils ont _t_ ex_cut_s par des militaires. Craignant pour leur vie, la plupart des journalistes albanais se sont r_fugi_s en Mac_doine ; d'autres, comme Veton Suro_, directeur de Koha Ditore, se cacheraient toujours _ l'int_rieur du Kosovo. De passage _ Paris, Baton Haxhiu, r_dacteur en chef de ce journal, donn_ pour mort par l'Otan le 29 mars, a racont_ sa fuite du Kosovo apr_s s'_tre cach_ plusieurs jours dans des caves afin d'_chapper aux paramilitaires serbes. D_s la premi_re nuit de frappes, des hommes en armes ont investi l'h_tel Grand o_ _taient log_s la plupart des journalistes _trangers _ Pristina. Un reporter grec, Christos Telidis, t_moigne : "Les Serbes, arm_s, forc_rent de nombreux journalistes _ se tenir debout contre un mur, les mains en l'air et dans le noir, et les fouill_rent de force. Au m_me moment, d'autres personnes for_aient les portes des chambres des journalistes qui avaient refus_ de leur ouvrir. Un journaliste bulgare travaillant pour Associated Press fut attaqu_ devant nous, et jet_ dans le couloir apr_s avoir _t_ battu. Le cameraman de la cha_ne de t_l_vision grecque 5, qui _tait seul dans sa chambre, fut _galement violemment agress_. Les Serbes le battirent et d_truisirent son mat_riel de travail, cassettes et cam_ras". Ce t_moignage est corrobor_ par celui de nombreux autres journalistes _trangers pr_sents dans l'h_tel qui ont d_, pour la plupart, quitter la province apr_s la premi_re nuit de bombardement. La police aurait agi munie d'une liste o_ figurait une dizaine de noms, essentiellement de journalistes travaillant pour des m_dias am_ricains ou britanniques, les plus expos_s aux repr_sailles. Ainsi, le 25 mars, Brent Sadler, reporter pour CNN, s'enfuit de justesse de Pristina apr_s que son v_hicule eut _t_ incendi_. Selon son t_moignage, lui et l'un de ses coll_gues auraient _t_ menac_s par des policiers en civil au moment o_ ils diffusaient un reportage. L'un des policiers lui aurait d_sign_ deux balles qu'il tenait dans sa main en d_clarant qu'elles lui _taient destin_es. D_but avril, Renate Flottau, correspondante de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, a d_ quitter elle aussi pr_cipitamment la province par peur d'_tre assassin_e. Auteur d'un c_l_bre reportage sur la d_tention d'Ibrahim Rugova par les forces serbes, elle a _galement t_moign_ de l'atmosph_re de menace permanente qui r_gne _ Pristina. D'autres journalistes font _tat de mauvais traitements et de violences _ leur _gard. Le 30 mars, Vili Einspieler et Tomi Lombar, respectivement journaliste et photographe du quotidien slov_ne Delo, subissent des tortures des miliciens serbes. Ils sont d_tenus dixhuit heures avant d'_tre expuls_s vers le Mont_n_gro. Arr_t_s par une dizaine de membres des unit_s paramilitaires yougoslaves, les deux journalistes sont jet_s hors de leur v_hicule, allong_s dans la boue, menott_s et longuement frapp_s _ coups de pied et de matraque. Puis, ils sont menac_s de mort, un fusil-mitrailleur plac_ sur le front. Leurs agresseurs tirent des rafales dans la terre _ quelques centim_tres de leur t_te. Le chef du groupe, pla_ant un couteau de boucher devant le visage de l'un des journalistes, d_clare qu'il va l'"_gorger comme un chien". Selon les journalistes, les paramilitaires agissaient de concert avec l'arm_e r_guli_re et utilisaient ses casernes et ses moyens de locomotion. Apr_s avoir _t_ battus de longues heures, les journalistes ont pass_ la nuit dans une caserne militaire sous la surveillance conjointe de soldats et de paramilitaires. Le v_hicule, le mat_riel de travail et les papiers d'identit_ des deux journalistes ont _t_ confisqu_s. Samuel Bolendorff, photographe ind_pendant, est appr_hend_, le 4 avril, par des paramilitaires, _ la fronti_re avec l'Albanie, pr_s du poste fronti_re de Morina. "J'_tais en train de prendre en photo les colonnes de r_fugi_s qui passaient _ c_t_ du panneau "SR Jugoslavija" du poste fronti_re, lorsque trois hommes en civil me sont tomb_s dessus", at-il racont_ _ RSF. "J'ai essay_ de m'_chapper, j'ai appel_ au secours, alors l'un d'eux a sorti son pistolet et me l'a pos_ sur la tempe. Tir_ par les cheveux, j'ai _t_ conduit au poste fronti_re o_ il y avait des militaires et des policiers qui m'ont accueilli avec des insultes. On me projeta contre un mur en m'annon_ant que j'allais _tre ex_cut_ parce que je venais d'un pays membre de l'Otan. L'un de mes agresseurs se saisit d'une mitraillette et la braqua contre moi. Face au mur, j'ai cru que ma derni_re heure _tait venue". Samuel Bolendorff pense qu'il a eu la vie sauve gr_ce _ son passeport luxembourgeois. Il a _t_ interrog_ pendant plus d'une heure et _ nouveau menac_. Ses agresseurs placent devant lui un pistolet et un couteau et lui proposent d'_tre tu_ par balle ou par _gorgement. On lui donne un t_l_phone pour qu'il dise adieu _ sa famille... "Ils voulaient savoir quels _taient les effectifs de l'UCK de l'autre c_t_ de la fronti_re, quels m_dias couvraient l'exode des r_fugi_s, quelles ONG _taient l_ (...). Finalement j'ai _t_ rel_ch_ mais toutes mes pellicules furent confisqu_es", raconte S. Bolendorff. Au m_me endroit, le 9 mai, Juha Metso, photographe du quotidien finlandais Helsingin Sanomat, est interpell_ et s_v_rement battu par des policiers serbes. Le journaliste a _t_ appr_hend_ du c_t_ albanais de la fronti_re alors qu'il photographiait l'arriv_e de r_fugi_s. Juha Metso a _t_ frapp_ _ coups de matraque puis conduit dans une pi_ce du poste fronti_re pour subir un interrogatoire. D_shabill_, de nouveau frapp_, il a _t_ menac_ de mort. Ses pellicules ont _t_ saisies. Quasiment tous les correspondants des m_dias occidentaux ont d_ quitter la province pour la Mac_doine ou le Mont_n_gro apr_s les premiers jours de bombardement. Convoqu_s par le pr_sident serbe du gouvernement provisoire du Kosovo, Zoran Andjelkovic, le 25 mars, les journalistes occidentaux sont d_clar_s ind_sirables. Quelques repr_sentants de la presse internationale, dont des journalistes de t_l_vision grecs, sont n_anmoins autoris_s _ rester. Ces quelques journalistes toujours pr_sents au Kosovo sont confin_s _ l'h_tel Grand de Pristina o_ si_ge _galement le Centre d'information serbe qui organise parfois des d_placements sur le terrain. Leur s_jour est soumis _ de nombreuses restrictions et n_cessite, outre les visas et accr_ditations d'usage, l'aval des responsables de la province et du directeur du Centre d'information serbe qui contr_le l'acc_s _ l'information. L'un des rares journalistes rest_ sur place est Paul Watson, correspondant du quotidien Los Angeles Times, qui est l'unique occidental pr_sent _ Pristina depuis deux mois sans discontinuer. Quelques journalistes, dont les Fran_ais R_my Ourdan du quotidien Le Monde, et Nicolas Poincar_, de la radio France-info, ont pu s'introduire clandestinement dans la province en suivant des membres de l'UCK. Depuis le 26 avril, le quotidien Koha Ditore a repris sa publication en Mac_doine gr_ce _ l'aide de la communaut_ internationale. Le journal, _dit_ par une petite _quipe de journalistes kosovars exil_s autour de Baton Haxhiu, est destin_ aux r_fugi_s et _ la diaspora kosovars. Mont_n_gro : l'arm_e contre la presse L'ind_pendance des m_dias est devenue l'un des enjeux du bras de fer entre le gouvernement mont_n_grin et les autorit_s militaires yougoslaves. Depuis l'_lection de Milo Djukanovic _ la pr_sidence de la R_publique, en octobre 1997, et la victoire de ses partisans aux l_gislatives de mai 1998, le Mont_n_gro dispose d'une l_gislation sur l'information particuli_rement lib_rale. A tel point que de nombreux journaux ind_pendants belgradois ont transf_r_, _ partir d'octobre 1998, leur si_ge social _ Podgorica afin d'_chapper aux repr_sailles des autorit_s serbes. Imprim_s dans la R_publique, ces journaux _taient alors fr_quemment saisis _ la fronti_re avec la Serbie. M_me l'hebdomadaire mont_n_grin ind_pendant Monitor a _t_ condamn_ _ une lourde amende par les autorit_s de Belgrade et interdit de diffusion en Serbie. Tandis que la Serbie s'enfonce dans un black-out m_diatique, le Mont_n_gro conna_t une situation plut_t satisfaisante en mati_re de libert_ de la presse, ce qui n'est pas du go_t des autorit_s militaires yougoslaves stationn_es dans la R_publique. En plus du prestigieux Monitor, v_ritable r_f_rence pour les d_mocrates de toute l'ex-Yougoslavie, trois quotidiens paraissent _ Podgorica : Pobjeda (Victoire), li_ au Parti d_mocratique des socialistes (DPS) du pr_sident Djukanovic, Vijesti (Les Nouvelles) qui se veut ind_pendant mais qui reste assez proche des positions gouvernementales et Dan (Le jour), lanc_ cet hiver par les partisans de l'ancien pr_sident de la R_publique et actuel Premier ministre yougoslave, Momir Bulatovic. Se voulant "patriote", ce quotidien d_nonce r_guli_rement la "trahison" du pr_sident Djukanovic et soutient l'effort de l'arm_e contre "l'agression de l'Otan". Les _missions des radios internationales sont retransmises par des stations de radio priv_es, telles que Antena M, Free Montenegro et Radio Cetinje. Radio Mir _met en langue albanaise. L'agence de presse Montenafax a su rester ind_pendante et les journalistes de la t_l_vision publique (RTCG) _vitent les _cueils propagandistes de leurs homologues serbes. Depuis le d_but des frappes de l'Otan, les responsables de l'arm_e yougoslave ont multipli_ les menaces et les mises en garde envers les m_dias locaux. Le 9 avril, le commandant de la 2e Arm_e stationn_e au Mont_n_gro a menac_ de sanctions les radios Free Montenegro, Antena M et Boje, pour avoir retransmis des programmes en langue serbe de Voice of America et Radio Free Europe. Les m_dias incrimin_s ont refus_ la censure de l'arm_e et demand_ la protection des autorit_s mont_n_grines. Selon Bozidar Jaredic, ministre de l'Information, le gouvernement se porte garant de l'ind_pendance des m_dias dans la R_publique. N_anmoins, les r_dactions de Monitor et du quotidien Vijesti ont re_u la visite de soldats en armes qui leur ont reproch_ la couverture "peu patriotique" du conflit. Le journaliste Miodrag Perovic, recherch_ par les autorit_s militaires, a _t_ oblig_ de se cacher _ partir du 24 avril avant de prendre la route de l'exil. Professeur _ l'universit_ de Podgorica et fondateur du magazine Monitor, M. Perovic a _t_ accus_ d'avoir "tourn_ en d_rision l'arm_e yougoslave et dissuad_ les citoyens de lutter contre l'ennemi", dans un texte paru le 16 avril 1999. Dans cet article, le journaliste _crivait notamment que "l'arm_e yougoslave d_fend h_ro_quement la patrie de l'aviation de l'Otan, mais attaque avec ses chars et ses blind_s les citoyens de son propre pays, elle jette des colonnes remplies d'enfants et de vieillards vers les fronti_res qu'elle est cens_e d_fendre". Une autre journaliste de Monitor, Beba Marusic, est _galement recherch_e par les militaires depuis le 11 mai pour avoir critiqu_ l'action de l'arm_e yougoslave. Le m_me jour, la police a perquisitionn_ les locaux de la radio Free Montenegro et l'appartement de son r_dacteur en chef, Nebojsa Redic. Ce dernier, recherch_ pour avoir diffus_ des programmes en serbe de radios _trang_res, a _galement pr_f_r_ s'expatrier. Cette situation de "double pouvoir" se retrouve dans le traitement r_serv_ aux journalistes _trangers. A la diff_rence de leurs homologues serbes, les autorit_s du Mont_n_gro ont d_livr_ des visas aux journalistes se pr_sentant _ la fronti_re. Le parlement mont_n_grin a m_me unilat_ralement d_cid_ de ne plus exiger de visas _ l'entr_e du Mont_n_gro _ compter du 15 mars. Ainsi, cette petite R_publique a accueilli les nombreux journalistes expuls_s de Serbie et du Kosovo d_s le d_clenchement des frappes a_riennes de l'Otan en leur offrant toutes les facilit_s pour travailler. De son c_t_, l'arm_e yougoslave a d_clar_, le 16 avril, qu'elle ne reconnaissait plus les accr_ditations d_livr_es par le gouvernement du Mont_n_gro et a multipli_ les arrestations et expulsions de journalistes _trangers d'autant plus facilement que, parall_lement _ la police fid_le au gouvernement, elle contr_le les postes fronti_res et les principaux axes du pays. Le quotidien Dan, proche du r_gime de Belgrade, s'en prend r_guli_rement aux "espions de l'Otan" que seraient les journalistes occidentaux et invite les citoyens _ les d_noncer aux forces de s_curit_ militaires. Selon un journaliste fran_ais pr_sent sur place, "les photographes et les cameramen sont les plus expos_s : ils peuvent _ tout moment se faire interpeller pour avoir pris ou voulu prendre un "site strat_gique" qui peut se limiter _ un bosquet d'arbres". Un cameraman fran_ais a _t_ ainsi d_tenu pendant plus de deux semaines ; un journaliste croate, est, _ ce jour, toujours prisonnier des militaires au Mont_n_gro. Eric Vaillant, cameraman de la cha_ne de t_l_vision fran_aise TF1, a _t_ arr_t_ avec son interpr_te, le 18 avril, par des militaires pr_s de la ville de Rozaje et son mat_riel saisi. Peu auparavant dans cette r_gion, l'arm_e yougoslave avait ouvert le feu sur une colonne de r_fugi_s au motif que des combattants de l'UCK se seraient infiltr_s parmi eux. Officiellement _crou_ pour une p_riode d'instruction de 30 jours avant son proc_s, le journaliste a _t_ lib_r_ le 1er mai gr_ce _ une forte pression des autorit_s fran_aises. Antun Masle, journaliste de l'hebdomadaire croate Globus, d_tenu depuis le 20 avril, est, _ ce jour, toujours prisonnier des militaires au Mont_n_gro. On lui reproche d'_tre entr_ sur le territoire de la Yougoslavie sans visa. Il a _t_ interpell_ par une patrouille militaire pr_s du poste fronti_re de Bozaj, _ la fronti_re avec l'Albanie. D_tenu au secret dans la prison de Spuz, il est accus_ d'espionnage. D'apr_s les premiers r_sultats de l'enqu_te communiqu_s par le colonel Vasilije Knezevic, pr_sident du tribunal militaire de Podgorica, il serait _galement soup_onn_ de "divulgation de secrets militaires". Les militaires affirment avoir pass_ au crible l'ensemble de ses articles publi_s dans Globus. Si cette inculpation est confirm_e, il est passible de dix ans de prison. Antun Masle a d_j_ _t_ arr_t_ et maltrait_ par l'arm_e populaire yougoslave (JNA) au moment du si_ge de Dubrovnik, en 1991. D'apr_s certaines sources, l'arm_e yougoslave, qui disposerait depuis d'un "dossier Masle", souhaiterait en faire un exemple et adresser un signal fort _ la communaut_ journalistique. Il semblerait que le gouvernement croate, soucieux d'_viter tout casus belli avec la Yougoslavie, ne d_ploie pas toute l'_nergie n_cessaire _ la lib_ration du journaliste. La pr_sidente de l'Union des journalistes croates, Jagoda Vukusic, a _t_ re_ue sans succ_s par le pr_sident du tribunal militaire en charge de l'affaire. Les autorit_s civiles mont_n_grines, comme dans l'affaire Eric Vaillant, demandent _nergiquement la lib_ration d'Antun Masle, mais n'ont visiblement pas de prise sur la proc_dure juridique militaire. Recommandations Aux autorit_s yougoslaves - Reporters sans fronti_res (RSF) demande aux autorit_s yougoslaves de respecter leurs engagements internationaux en mati_re de libert_ de la presse, notamment l'article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966), ratifi_ par la Yougoslavie le 2 juin 1971. RSF demande aux autorit_s yougoslaves de respecter la Convention de Gen_ve et notamment son article 79 du Premier Protocole additionnel (1977) qui pr_voit que les journalistes doivent _tre consid_r_s comme des civils et prot_g_s comme tels. - Concernant les violences et les mauvais traitements inflig_s aux journalistes, RSF demande l'ouverture imm_diate d'une enqu_te exhaustive et ind_pendante. RSF rappelle que la Yougoslavie est _galement signataire, depuis le 18 avril 1989, de la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou d_gradants. En vertu de l'article 22 de cette convention, la Yougoslavie a _galement reconnu la comp_tence du Comit_ contre la torture des Nations unies pour examiner les plaintes _manant des particuliers. - RSF demande aux autorit_s yougoslaves la mise en libert_ imm_diate de Nebojsa Ristic, directeur de TV Soko, plac_ en d_tention provisoire depuis le 23 avril, qui risque d'_tre condamn_ _ un an de prison pour avoir brandi une pancarte demandant la libert_ de la presse en Serbie. - RSF demande aux autorit_s yougoslaves la lib_ration imm_diate d'Antun Masle, journaliste de l'hebdomadaire croate Globus, d_tenu depuis le 20 avril et soup_onn_ de "divulgation de secrets militaires". Il risque dix ans de prison. - RSF demande que toute la lumi_re soit faite sur le meurtre de Slavko Curuvija et que les responsables soient retrouv_s et punis. Directeur du quotidien ind_pendant Dnevni Telegraf et fondateur du magazine Evropljanin , S. Curuvija a _t_ assassin_ le 11 avril 1999, _ Belgrade. A la communaut_ internationale - Tout en se f_licitant de l'aide apport_e aux journalistes kosovars en Mac_doine, RSF demande _ la communaut_ internationale de soutenir les m_dias ind_pendants du Mont_n_gro. Si RSF apporte d_j_ son concours _ l'hebdomadaire ind_pendant Monitor, c'est l'ensemble des m_dias du Mont_n_gro qui a un besoin urgent d'un support financier et politique _ long terme. - La communaut_ internationale devrait _galement faciliter l'obtention de visas pour les journalistes d'opposition serbes et leur famille. RSF demande que lors des n_gociations futures, la communaut_ internationale s'engage _ faire respecter la libert_ de la presse en Serbie tout en contribuant _ la reconstruction du paysage m_diatique serbe et kosovar. - RSF demande _ la communaut_ internationale d'intervenir aupr_s des autorit_s de Belgrade afin d'obtenir la lib_ration d'Antun Masle et de Nebojsa Ristic. - RSF demande au Comit_ contre la torture aupr_s des Nations unies de se saisir des affaires de mauvais traitements inflig_s _ des journalistes en Yougoslavie. L'organisation demande _galement au Tribunal p_nal international d'_tablir la responsabilit_ de certains m_dias dans la mont_e de l'intol_rence, terreau des exactions commises aujourd'hui.