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UFR de psychologie, Sociologie et Sciences de l’Education Département de Sciences de l’Education Master MÉTIERS DE LA FORMATION Parcours INGÉNIERIE ET CONSEIL EN FORMATION MÉMOIRE La construction des compétences à la relation de service Maxime BORDIER N° étudiant : 20911633 Sous la direction de S. SIMONIAN Septembre 2011 Sommaire SOMMAIRE ....................................................................................................................................1 INTRODUCTION .............................................................................................................................2 1. D’UNE ANALYSE DES BESOINS DE FORMATION A L’ETUDE DU PROCESSUS DE CONSTRUCTION DES COMPETENCES EN SITUATION PROFESSIONNELLE ...6 1.1 PREMIERES INVESTIGATIONS THEORIQUES ..............................................................................6 1.1.1 La compétence .........................................................................................................6 1.1.2 De la compétence à la professionnalisation..........................................................10 1.1.3 Employabilité et formation ....................................................................................12 1.2 FOCALISATION SUR UN ASPECT DE LA MISSION : LA RELATION DE SERVICE ....................14 1.2.1 Définir les contours d’une relation de service .............................................................15 1.2.2 Relation de service et compétence.........................................................................17 1.2.3 Les enjeux de la professionnalisation à la relation de service..............................18 1.3 LE CHOIX D’UN CADRE THEORIQUE : LA DIDACTIQUE PROFESSIONNELLE .......................22 1.3.1 La rencontre de plusieurs champs................................................................................22 1.3.2 La définition d’une compétence dynamique .................................................................23 1.3.3 La problématique..........................................................................................................24 2. LA RECHERCHE...............................................................................................................26 2.1 LE MODELE D’ANALYSE..................................................................................................26 2.1.1 Interroger les modalités de la construction des compétences...............................26 2.1.2 Activité, connaissance et savoir.............................................................................27 2.1.3 Le rôle de la pratique réflexive..............................................................................30 2.2 OU RECUEILLIR DES DONNEES PERTINENTES ? : LE TERRAIN ..........................................33 2.2.1 Interroger au CFA sur les processus à l’œuvre en entreprise ..............................33 2.2.2 Description de l’échantillon ..................................................................................33 2.2.3 La formation initiale en alternance .......................................................................35 2.3 COMMENT RECUEILLIR DES DONNEES ? : L’ENTRETIEN D’EXPLICITATION ......................38 2.3.1 Principes et intérêt ................................................................................................38 2.3.2 Le recueil des données...........................................................................................39 2.3.3 Repérer des savoirs d’action et les indices d’une activité réflexive......................41 3. L’ANALYSE DES DONNEES...........................................................................................48 3.1 LES SAVOIRS D’ACTION REPERES ..........................................................................................48 3.1.1 Description et analyse ..................................................................................................48 3.1.2 Analyse transversale.....................................................................................................61 3.1.3 la 1e sous-hypothèse est-elle validée ? .........................................................................63 3.2 LA PRATIQUE REFLEXIVE DES APPRENTIS ..............................................................................64 3.2.1 Description et analyse ..................................................................................................64 3.2.2 Analyse transversale.....................................................................................................72 3.2.3 La 2e sous hypothèse est-elle validée ?........................................................................74 3.3 DISCUSSION ET PISTES D’ACTION ..........................................................................................75 3.3.1 Une compétence décidément irréductible.....................................................................75 3.3.2 La perspective pragmatique .........................................................................................75 CONCLUSION ..............................................................................................................................79 BIBLIOGRAPHIE ..........................................................................................................................81 ANNEXES ....................................................................................................................................83 1 Introduction Une formation initiale en Histoire de l’Art ne me destinait pas a priori aux métiers de la formation, c’est donc d’abord par pragmatisme que je devins formatrice en insertion professionnelle en 2000, avant de rejoindre un Centre de Formation d’Apprentis pour y enseigner le français en 2002. Après quelques années de cette pratique, j’éprouvai l’envie d’évoluer professionnellement et en vins à m’intéresser notamment au poste de responsable pédagogique. C’est au niveau pédagogique que se situait la plus grande partie de mon expérience professionnelle (expérience construite sans base théorique ni méthodologique) mais je souhaitais alors aborder les aspects plus organisationnels de la formation. Je ne disposais pas des compétences suffisantes, le recours à la formation était indispensable et souhaité. Le master 2 pro Ingénierie et Conseil en Formation proposé par l’Université de Rouen correspondait à mes attentes, par son contenu comme par sa modalité à distance. Je choisissais de prendre un Congé Individuel de Formation afin d’accomplir une mission à l’extérieur du CFA et d’élargir ainsi mon horizon professionnel. Ce sont les caractéristiques du terrain de stage qui orientent la professionnalisation et l’élaboration d’un parcours professionnel au sein du master, le choix de celui-ci est donc déterminant. Le mien se porta en 2010 sur le projet Animal explora, création d’un parc de loisirs animalier avec hébergement. Le maître d’ouvrage est le Conseil général de la Haute-Marne via sa Direction de l’agriculture et de l’environnement. Ce projet de grande ampleur, en préparation depuis une dizaine d’années suscitait alors questions et attentes de la part de la population. Le parc devait ouvrir trois ans plus tard. Constatant qu’il faudrait préparer la population à occuper les nouveaux emplois (une soixantaine au moins), je proposai au Conseil général d’effectuer une mission d’ingénierie de formation au service de ce projet. A ce stade, le thème principal était celui de la compétence et le souci affiché était celui de l’employabilité de la population locale. Ma proposition de travailler sur les besoins de formation fut acceptée comme l’occasion d’initier une réflexion à ce sujet. 2 Cette mission se déroula donc dans un service qui n’avait aucun rapport avec la formation. Cependant la commande initiale (évaluer les besoins de formation) fut presque d’emblée considérée comme peu réalisable car elle formulée trop tôt par rapport à la succession obligée de certaines étapes du projet. Elle fut cependant donnée comme un premier fil conducteur. Pour évaluer des besoins de formation, il fallait dénombrer et caractériser les emplois qui seraient créés pour l’ouverture du parc et, en parallèle, mesurer les compétences des personnes susceptibles de se positionner pour ces emplois. Ces éléments seraient ensuite confrontés et les écarts éventuellement perçus pourraient être comblés par la formation. Hors, vu l’état d’avancement du projet, l’évaluation du nombre d’emplois et leur répartition par domaines professionnels (chiffres fournis par le cabinet assistant maître d’ouvrage) restait encore imprécise. Aucun référentiel de métier n’était encore connu. Par ailleurs des investigations plus importantes n’étaient pas forcément possibles et auraient fait basculer la mission dans le champ des ressources humaines. Nous choisissons de nous arrêter un peu plus longuement sur le contexte et le déroulement de la mission car ces aspects ne seront pas repris dans le corps du mémoire. Ils sont cependant nécessaires pour percevoir la logique de la construction de la recherche : la problématisation de la mission (et la proposition d’un contenu pour celle-ci) a orienté le choix de la problématique du mémoire. Lorsque la mission commence en février 2010, un contrat a déjà été signé avec un professionnel du tourisme pour l’hébergement, le marché de maîtrise d’œuvre de conception des ouvrages (architecture) est en cours et la délégation de service public pour la partie animalière sera bientôt lancée. Les étapes administratives se poursuivent, le projet ne sera définitivement validé qu’à l’issue de celles-ci, à la fin du mois de juin. La question de la formation, vue comme un sous projet, ne peut réellement se poser qu’à partir du moment où l’ensemble des délégataires – ils seront les recruteurs - sera identifié et que le projet entrera dans sa phase de réalisation. De même Animal Explora ne pourra être perçu par la population comme un projet professionnel potentiel qu’à partir du moment ou sa concrétisation sera manifeste. A ce stade, et après un premier diagnostic de territoire en début de mission, il fallut donc problématiser la situation pour tenter de construire une réponse dans le champ de l’ingénierie, on pouvait le faire à partir des constats suivants : 3 La formation est bien un sous projet important. Elle permettra l’adéquation entre le profil des personnes et les besoins des employeurs. L’enjeu est donc perceptible tant du point de vue des personnes (question de l’employabilité qui passe, éventuellement, par l’adaptation à un nouveau contexte professionnel) que du point de vue de la qualité des prestations et de l’accueil proposés dans le parc. Cependant, la formation des futurs personnels, étape du projet Animal explora, sera différée par rapport au temps de la mission du master ICF. Le Conseil Général ne recrutera directement aucun employé, le partenaire privé et le(s) délégataire(s) auront la totale responsabilité de la gestion des ressources humaines. Cette collectivité souhaite cependant « disposer des connaissances nécessaires pour orienter les décisions liées à l’emploi et à la formation ». Ces éléments d’information et de compréhension pourront éventuellement être utilisés lors de la contractualisation avec les différents partenaires. Le diagnostic de territoire ébauché en début de mission permet de percevoir le profil socioprofessionnel mais aussi culturel de la population locale : travailler dans le parc constituera souvent une conversion professionnelle. L’insertion des demandeurs d’emploi devra être favorisée. Les principaux domaines d’activité présents dans le parc sont identifiés : des métiers de l’accueil et de la vente à ceux de la restauration et de l’hébergement en passant par les différents types d’animation, l’encadrement des activités aquatiques, le soin aux animaux, l’entretien, la maintenance des différents pôles et l’administration. Une soixantaine d’emplois – hors résidence hôtelière – serait créée. Il apparaît que la relation de service est le point commun à la quasi-totalité des métiers présents sur le site et qu’elle caractérisera aussi les activités qui se développeront sur le reste du territoire (emplois induits). Ces différents éléments incitèrent à se positionner sur une mission de conseil plutôt que sur une intervention directe. La DEA souhaitait obtenir des informations sur la formation pour agir le moment venu : à partir de quand faudrait-il s’intéresser à la formation, quelles seraient les étapes à respecter ? Ce questionnement fut complété par une réflexion sur le lien qui pouvait exister entre la qualité des prestations dans le parc et la formation. 4 A ce stade, la Direction de l’environnement et de l’agriculture accepta ma proposition de travailler dans trois directions complémentaires : - La réalisation d’un guide méthodologique spécifique à ce contexte Il s’agissait de rendre lisibles les différentes étapes et démarches liées à la formation : « L’ingénieur de formation a donc à coordonner et à piloter quatre étapes principales dans la démarche d’ingénierie, en vue de mener une action de manière optimale pour le développement des personnes et de l’organisation »1 : Analyser, concevoir, réaliser et évaluer. - La constitution d’un répertoire des outils et des acteurs de la formation : Le survol des différentes étapes de l’ingénierie montre que la formation ne peut pas se penser en dehors d’un réseau d’acteurs. Le deuxième axe de la mission a pour but de faire connaître ce réseau à la Direction de l’environnement et de l’agriculture et de s’en faire connaître. Il s’agit donc à la fois de recueillir des informations et de commencer à communiquer, de manière encore informelle, sur le projet. - Des préconisations : Celles-ci sont portèrent d’abord sur la nécessité de créer un cadre pour agir au niveau de la formation : un comité de pilotage dédié à la formation et à l’emploi et réunissant les délégataires, la DEA, les partenaires institutionnels et les représentants des organismes de formation serait pertinent. Le deuxième axe fut celui plus spécifique de la formation et de la professionnalisation à la relation de service dans le cadre d’un projet d’accueil touristique. Compétence, formation, relation de service sont ainsi retenus comme les trois fils conducteurs du mémoire de master pro. Celui-ci s’articule en trois parties. La première montre l’élaboration progressive de la problématique en lien avec les lectures théoriques – dont celles relatives à la didactique professionnelle qui constituera finalement le cadre théorique de la recherche -, le travail réalisé dans le cadre de la mission, et la focalisation sur la relation de service. C’est finalement la construction des compétences à la relation de service qui sera au cœur du mémoire. La deuxième partie est consacrée à la mise en place de la recherche, elle pose et justifie le modèle d’analyse qui articule savoirs d’action et pratique réflexive, présente le terrain (différent de celui de la mission) et l’outil de recueil de données. Il s’agit enfin de décrire et d’analyser les données recueillies et de proposer en regard des pistes d’action qui, on le verra pourront dépasser le cadre de la seule mission. 1 ARDOUIN T., Ingénierie de formation pour l’entreprise, Dunod, Paris, 2008, p.35 5 1. D’une analyse des besoins de formation à l’étude du processus de construction des compétences en situation professionnelle 1.1 Premières investigations théoriques 1.1.1 La compétence a) La fortune du terme L’adjectif « compétent » est d’un usage courant. Les connotations du terme sont positives, il évoque le sérieux, la pertinence de la personne - pas seulement du professionnel - en qui on peut avoir confiance pour une intervention, un conseil, dans un domaine donné. L’étymologie latine est à l’origine de ce sens courant puisque le participe présent competens (du verbe cumpeto se rencontrer en un même point, coïncider), pris adjectivement, signifie approprié à, qui convient. Competentia, la compétence, désigne ainsi le juste rapport, la proportion. Dans le latin juridique, être compétent donne le droit de juger d’une affaire, ce sens spécifique perdure jusqu’à nos jours. Au sens figuré, depuis le XVIIe siècle, se dit d’un homme qui a toute connaissance pour juger d’une chose et, de là, signifie suffisant. L’apparition du mot dans le champ du travail est relativement récente. La crise qui s’installe à partir des années 1980, la concurrence accrue et les bouleversements des organisations liés aux restructurations comme aux progrès technologiques, ont des répercussions sur le contenu du travail et sur la gestion des ressources humaines. Cette crise économique est en partie celle du taylorisme et l’on va passer, dans certains cas, du modèle rigide du poste de travail et de sa qualification (réalisations de tâches prédéfinies et rationalisées) à un autre modèle orienté cette fois vers les « spécificités » de celui qui travaille (Zarifian, 2007b p.1) : Les salariés considérés comme ressource, peuvent influer sur la performance des entreprises. Ce n’est pas pour autant un retour au « métier » dans lequel s’exprime un savoir-faire. Dès lors il s’agit de mieux connaître ce qui est mis en œuvre par l’individu dans l’activité professionnelle et cette préoccupation se cristallisera autour d’un mot du vocabulaire courant, la compétence, qui 6 évoque l’efficacité en situation de travail et qui peut être vue comme une maille large d’activité par opposition au découpage tayloriste excessif (Le Boterf,1998, p.64). b) Du « juste rapport » à son explication Les domaines des ressources humaines et de la formation se dotent d’un terme qui se veut porteur d’un nouveau regard sur un travail qui évolue. Mais, à ce stade, l’approche peut relever surtout du behaviorisme : l’observation d’une action dans un environnement qui la détermine. La compétence désigne là encore un juste rapport, non expliqué, entre une personne et une activité. Mais rapidement, le contenu de la compétence va devenir l’objet d’analyse de la part des sciences humaines. Il s’agit de comprendre son fonctionnement pour favoriser son développement. Ce contenu reste cependant difficile à qualifier car le processus est soustrait au regard. Le recours à des comparaisons est ainsi fréquent : -Avec un iceberg : la partie émergée et visible du savoir-faire ne donne qu’une idée très fragmentaire et éventuellement fausse des connaissances immergées sur laquelle s’appuie l’activité opératoire. (Vergnaud, 1995). -Avec le modèle de développement des synapses qui souligne le caractère exponentiel du processus, en lien avec l’expérience (Le Boterf, 1998). -Le modèle de la compétence linguistique (Chomsky) est souvent requis pour permettre la compréhension et si on peut s’interroger sur la pertinence d’une transposition de celui-ci à toute compétence, l’intérêt est bien de souligner cette inférence de l’extérieur vers l’intérieur, de l’action efficace en situation vers ce qui permet celle-ci. C’est l’analyse du travail sous l’angle de la psychologie cognitive, de l’ergonomie ou encore de la didactique professionnelle (qui s’appuie sur les deux premières) qui va permettre d’opérer le déplacement du sens du mot « compétence » d’un résultat vers un contenu plus précis. La plupart des auteurs s’accordent sur l’aspect composite de la compétence, association de différents types de savoirs qui permettent d’agir dans une situation particulière. Le Boterf considère un équipement incorporé (connaissances, savoir-faire et aptitudes diverses) et des ressources externes (réseau relationnel, banque de données…). Certains évoquent des composants d’ordre cognitif (conscients ou non), d’ordre affectif et d’ordre éthique (Demailly, 1994 p.73) mais d’autres distinguent compétences et qualités (savoir-être) et ne les incluent pas 7 dans les « ingrédients » de la compétence2. Hébrard (2007) préfère ainsi parler de capacités transversales en parallèles de compétences vues comme des savoir-faire opérationnels et contextualisés. Habituellement quand il est question de savoirs pratiques ou de savoirs d’action, ils ne se superposent pas à la compétence mais en font partie. La compétence est le fruit d’une construction complexe, et non le résultat d’une simple addition de composants et elle devient à son tour un schème opératoire, une nouvelle ressource (Le Boterf, op.cit.). Il y a donc là un caractère exponentiel : Il existe une relation dialectique entre l’activité et la compétence (Montmollin,1994, p.39). Le caractère évolutif et dynamique de la compétence est donc à retenir dans toute tentative de définition. Pour Le Boterf, la compétence d’un individu réside dans son savoir combinatoire : l’aptitude à mobiliser et à combiner des ressources pour faire face à une situation complexe ou inédite3. Le résultat de cette combinatoire peut aussi être appelé paquets, modèles ou îlots de connaissance. Intervient alors un type particulier de ressources cognitives, les métaconnaissances car si la connaissance est structurée en modèles, il est nécessaire que l’opérateur sache quelque chose de ces îlots pour gérer son corpus de connaissances (Montmollin op.cit, p. 42). Malgré tous les efforts de théorisation, la compétence (en tant que contenu) conserve un aspect irréductible et continue d’être désignée de manière indirecte. On peut retenir qu’elle apparaît à la jonction de trois phénomènes - qu’il faut étudier dans leurs relations dès lors que l’on s’intéresse à elle - et qui sont : 1. Les caractéristiques de la personne 2. Les requis des situations de travail 3. La reconnaissance sociale (Demailly op.cit. p.73) L’actualisation de la compétence comporterait ainsi une part de « bricolage » au sens de création ingénieuse et adroite, celui-ci comblerait les angles morts des savoirs procéduraux pour s’adapter aux situations (Sorel, 1998 p.42). C’est, nous l’avons vu, ce que Le Boterf nomme savoir combinatoire et dont le mystère réside dans le caractère personnel, les mêmes ressources ne produisant pas nécessairement les mêmes compétences. Une discipline comme la didactique 2 Mais Champy (2007, p.38) note que, dans les activités de service, les qualités gagnent petit à petit leur statut de compétences, à ce sujet voir 1.2 3 Voir à ce sujet l’approche de la didactique professionnelle (2.1.2, activité et production de savoir) 8 professionnelle refuse néanmoins l’idée d’une metis totalement hermétique et voit dans l’analyse des processus d’apprentissage par l’activité une possibilité de compréhension (Pastré 2006, p.3). c) Résultats et enjeux de la « logique compétence » Avec la compétence naît un nouveau rapport à l’organisation, basé sur l’initiative et la responsabilité (répondre de, avoir le souci de). On s’éloigne du seul travail prescrit et ce d’autant plus que les situations de travail sont de plus en plus événementielles (Zarifian, 2007a, p.42). L’engagement personnel est plus important. Le principe de la qualification (du poste de travail) existe toujours mais la prise en compte des compétences le rend plus flexible. De même, le diplôme reste souvent une référence sans pourtant être garant de la compétence. Il constitue cependant un repère et on peut penser que la réflexion sur la compétence instaurée depuis près de 30 ans a d’ailleurs permis une meilleure adéquation formation/emploi. Mais si la compétence c’est le retour du travail dans l’individu (Zarifian, op.cit, p.39), il faut cependant s’assurer que celle-ci reste bien un attribut relatif à une personne et ne devienne pas une abstraction (Le Boterf, 2006, p.20). La compétence, c’est ce qui fait la différence entre les individus, les équipes, les entreprises (Vergnaud, 1995) mais encore faut-il savoir la mettre en valeur sur le marché du travail et la faire reconnaître. Cela doit souvent se faire par le biais d’un discours … ce qui suppose une compétence spécifique construite autour d’une capacité de réflexion sur l’action et d’un savoirdire4. Les démarches de validation des acquis de l’expérience, qui nécessitent souvent un accompagnement, l’illustrent bien. Des effets négatifs sont également soulignés. La compétence, signe distinctif, peut induire la gestion des individus au cas par cas dans les entreprises et donc susciter une mise en compétition (l’étymologie commune fait percevoir d’autant mieux la proximité sémantique des deux termes). Zarifian (2007a, p.62) pense que le modèle de la compétence est alors détourné. Pour lui, l’individualisation se révèle dans l’engagement personnel déjà évoqué mais le travail peut de moins en moins se passer du collectif et des réseaux qu’il faut absolument préserver pour que les compétences se développent. 4 On peut faire le lien avec la question de l’employabilité, 1.1.3 9 Le concept de compétence, progressivement construit depuis les années 1980, évoque donc aujourd’hui un contenu cognitif complexe et un rapport social distinctif. La variété des approches montre à quel point il est difficile de comprendre la compétence. Elle est relative, elle dépend du contexte mais aussi de celui qui l’observe, c’est une construction sociale. Et si la compétence-performance peut sembler suffire à l’entreprise, on voit bien l’intérêt d’une meilleure connaissance des processus de développement de celle-ci pour pouvoir la susciter ou la mobiliser dans les situations de travail ou de formation. 1.1.2 De la compétence à la professionnalisation Si la réflexion sur la compétence au travail est apparue en France, au début des années 1980, l’intérêt pour la professionnalisation semble un peu plus récent. C’est la conséquence de « la logique compétence » qui sous-entend un processus continu face à une évolution continue des situations de travail. Ce thème apparaît donc conjointement dans le domaine du travail et dans celui de la formation. a) Eléments de définition La polysémie du mot profession est le résultat d’une évolution historique. De la profes, d’abord religieuse, jusqu’au serment (ou la déclaration) qui, dès le XIIIe siècle, lie un homme à une corporation strictement réglementée dans le cadre d’une opposition entre métier libre et métier juré. Ces sens sont perceptibles aujourd’hui encore lorsque l’on parle d’un corps de métier en tant que profession avec la délimitation de compétences particulières, une culture et une éthique communes. On exerce une profession et l’on appartient à celle-ci. La dimension identitaire est donc importante. Si cette définition peut convenir à toute une variété de champs professionnels, celle de la sociologie anglo-saxonne est beaucoup plus restrictive et concerne les seules professions libérales. Le terme de professionnalisation évoque alors un processus qui peut intervenir à plusieurs niveaux : - Celui des activités : Dans le cadre des évolutions du travail évoquées précédemment, certaines professionnalités atypiques ne se reconnaissent plus dans un corps de métier identifiable mais seulement dans une 10 succession d’expériences/compétences. Il y a alors perte des repères collectifs. La professionnalisation revient alors à la construction, la définition d’une nouvelle profession, avec notamment la reconnaissance de son utilité par et pour la société - Celui des acteurs : Il s’agit ici de développer et de mettre à jour les compétences propres à une profession mais aussi de construire une identité professionnelle. La professionnalisation peut donc être perçue comme un accompagnement pour s’adapter à l’évolution et à la flexibilité du travail mais aussi comme le processus de fabrication d’un professionnel par la formation ; ce processus peut également être informel (Wittorski, 2001 p.4). b) Le professionnalisme Compétences, professionnel, ces mots appartiennent au même champ lexical et évoquent tous les deux l’efficacité et la pertinence au travail. Qu’est-ce qu’un professionnel ? Est-on nécessairement professionnel si l’on possède des compétences ? Le professionnel est celui en qui on peut avoir toute confiance, il atteint les objectifs fixés. Cette confiance est possible s’il y a une constance de cette efficacité quels que soient les événements de la situation professionnelle. Exercer une profession suppose une relation de service. Dans la mesure où toute action dans une situation professionnelle est orientée par les effets qu’elle produit sur autrui (Zarifian, 2008). Et l’on retrouve ici la notion d’utilité sociale propre à la profession. Il existe aussi un « professionnalisme pour soi » : savoir que l’on dispose des ressources nécessaires pour s’adapter à des situations variées, voire imprévues, permet de travailler sereinement (Ce qui amène à faire le lien entre métaconnaissances, sentiment d’efficacité et développement des compétences). Si de la compétence professionnelle au professionnalisme il n’y a qu’un pas (Le Boterf, 2006), il est difficile de définir ce qui fait la différence. On retrouve ici la même logique que pour la compétence. La professionnalisation est un processus d’agencement des compétences dans lequel intervient aussi une dimension supplémentaire. Il peut s’agir d’une « inventivité » ou encore d’une faculté d’adaptation, d’une acuité particulière pour anticiper et improviser en 11 utilisant les schèmes d’action préalablement construits (voir à ce sujet le débat sur les qualités, constitutives ou distinctes de la compétence). C’est ce que Le Boterf appelle une pratique professionnelle, c'est-à-dire le déroulé de choix, de décisions et d’actions mis en œuvre pour faire face à une situation donnée. Le professionnel a assimilé un genre (les règles du métier, les pratiques communes aux membres de sa profession). Il a aussi un style qui lui est propre, c’est son interprétation personnelle des références communes (Y.Clot, cité par Le Boterf). Le professionnalisme se développe d’abord au rythme de l’expérience - si celle-ci est réfléchie. Il faut formaliser, se détacher de la situation spécifique, pour transposer5 – même si des pratiques inconscientes, tacites, font aussi partie de l’expérience. Ce sont ensuite les relations avec les pairs et le partage d’une culture professionnelle commune qui participent de ce professionnalisme puisqu’il ne faut pas oublier le versant identitaire propre aux professions. L’augmentation des compétences ne suffit donc pas toujours à conduire au professionnalisme. Dans toute volonté de professionnalisation, par la formation notamment, il s’agit à la fois de construire des compétences et de prévoir une architecture d’ensemble pour celles-ci, une possible cohérence dans l’action, en lien avec l’identité professionnelle. 1.1.3 Employabilité et formation Le thème de la mission est, dans un sens très large, celui du lien entre la création de la station touristique animalière et l’emploi local. Ma proposition de travailler au repérage des besoins de formation a été acceptée comme l’occasion d’initier une réflexion à ce sujet. Le souci affiché est celui de l’employabilité de la population locale. Ce thème s’articule avec ceux de la compétence et de la professionnalisation et incite à définir plus précisément les champs d’intervention de ce que l’on appelle la formation. a) La notion d’employabilité Le terme désigne la capacité à accéder à l’emploi et à s’y maintenir. Il comporte aussi l’idée d’un seuil, d’un minimum requis en deçà duquel on n’arriverait pas accéder à un emploi. 5 Voir à ce sujet : 2.1.3, rôle de la pratique réflexive 12 Il s’intéresse donc aux caractéristiques des personnes dans un sens beaucoup plus large que celui des seules compétences professionnelles, même si celles-ci constituent évidemment des critères importants d’employabilité. Pour être employable, il faut aussi des compétences6 « transversales »: - « sociales » : pour entrer en relation et communiquer efficacement avec les recruteurs, pour participer à un collectif de travail, coopérer. - De transfert et d’adaptation pour travailler dans un contexte nouveau (activités nouvelles, mais aussi culture professionnelle nouvelle). Mais encore faut-il être en mesure de rendre visibles ces compétences pour accéder à l’employabilité. D’abord réservée à certaines catégories (chômeurs de longue durée, travailleurs handicapés) pour lesquelles le passage à l’emploi s’avérait difficile, la notion concerne aujourd’hui l’ensemble de la population active dans une volonté de gestion et de sécurisation des parcours. Elle doit être une préoccupation pour tous les acteurs de l’emploi : - Pôle emploi qui a vocation à améliorer l’employabilité des personnes7 - Les entreprises qui doivent la favoriser par la formation ou les actions du type de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC, soutenue par l’Etat). - Les personnes elles-mêmes qui doivent s’impliquer dans la gestion de leurs parcours professionnels par le biais, par exemple du droit individuel à la formation (DIF) ou du congé individuel de formation (CIF). - Les organismes de formation Les réformes successives de la formation professionnelle (2004 et 2009) insistent sur la notion de « formation tout au long de la vie » et son lien avec l’employabilité. b) La formation Une définition succincte du terme formation peut être utile. Cette activité fait partie du champ de l’éducation, elle a pour objet de : 6 C’est à dessein que nous choisissons ce terme qui, plus que capacité ou qualité, évoque un pouvoir agir permis par un ensemble de caractéristiques Loi du 12/02/08 relative au service public de l’emploi 7 13 Permettre l’adaptation des travailleurs au changement des techniques et des conditions de travail, de favoriser leur promotion sociale par l’adaptation aux différents niveaux de la culture et de la qualification professionnelle et leur contribution au développement culturel, économique et social. 8 Une telle définition détermine des champs d’intervention très vastes et peut être mise en parallèle avec les deux axes de la professionnalisation déjà évoqués. La formation inclut ainsi à la fois une dimension de développement humain et une dimension de développement professionnel : Formation qualifiante ou pré qualifiante, préparation à l’emploi, insertion, mobilisation … Elle est liée au changement, elle l’accompagne et/ou l’induit. Ses déclinaisons sont déterminées par un contexte (et les objectifs spécifiques émanant de celui-ci) et par les caractéristiques des personnes. Depuis les lois du 16 juillet 1971, l’éducation permanente est une obligation nationale et un droit pour chacun. Dans une société marquée par un taux de chômage qui reste élevé, le maintien et le développement de l’employabilité constituent donc des injonctions très fortes adressées à l’ensemble des acteurs de l’emploi et de la formation - et surtout à la personne elle-même, responsable de son parcours professionnel. La formation intervient dans la professionnalisation – et elle peut avoir un rôle d’anticipation à ce niveau - ce qui constitue déjà un vecteur d’employabilité mais elle doit aussi avoir toute sa place dans l’accompagnement vers l’employabilité. Au-delà des « techniques de recherche d’emploi » largement diffusées et souvent standardisées, que propose la formation pour développer de manière spécifique, chez une personne, les compétences « clés » précédemment évoquées ? 1.2 Focalisation sur un aspect de la mission : La relation de service Le questionnement sur le thème des besoins de formation liés à l’ouverture d’un parc de loisirs animalier a dû évoluer en fonction de la réalité de la mission au Conseil Général de la HauteMarne. En effet, il est trop tôt au printemps 2010 pour impliquer la population et susciter des attentes en terme d’emploi puisque le projet ne sera définitivement validé qu’en juin ( la mission 8 Art. L.900-1 du Code du travail. 14 sera terminée à cette date). De plus, même si les différents métiers ont été clairement identifiés, l’évaluation du nombre des emplois reste imprécise. Mais s’il est alors prématuré d’évaluer des besoins de formation, il est cependant possible de réfléchir au cadre général de l’emploi, au contexte de travail propre au futur parc animalier. Il apparaît ainsi que la relation de service, déclinée à différents degrés, est le point commun à l’ensemble des métiers qui seront présents sur le site. Cette relation caractérisera également les activités économiques qui se développeront sur le reste du territoire (emplois induits). La satisfaction de la clientèle touristique, la qualité de l’accueil, dépendront, en partie, de la qualité de ce service. 1.2.1 Définir les contours d’une relation de service a) Le contexte économique En économie, le secteur tertiaire est celui dit des « services » et l’on peut parler d’une tertiarisation progressive de l’économie et des emplois depuis les années 1950, au détriment des autres secteurs (plus de 80 % des emplois en France aujourd’hui). Protéiformes, ces services sont difficiles à définir conjointement : du commerce à l’administration en passant par les transports, la santé, l’éducation ou encore les activités de conseil … L’INSEE indique que le périmètre du secteur tertiaire est, de fait, défini par complémentarité avec les activités agricoles (primaires) et industrielles (secondaires). Les contours sont d’autant plus difficiles à repérer que l’on parle aujourd’hui de tertiarisation de l’industrie (prise en compte des souhaits de la clientèle) mais aussi d’industrialisation des services (application du taylorisme, dans les centres d’appel par exemple). Zarifian (2007a, p.54) évoque par ailleurs une économie de service au sens large qui repose sur « ce que le produit apporte et transforme pour le client » (du secondaire ou du tertiaire). b) Une approche par les connotations Si, dans le cadre de la sectorisation économique, le mot service semble d’un usage neutre, la définition plus complète du verbe servir montre, elle, une certaine ambiguïté et oscille entre engagement moral (servir une cause), notion d’utilité (ce qui sert à) ou encore aspect commercial (servir un client). L’origine latine, être esclave de, peut connoter de manière négative les représentations liées à certains métiers de service en évoquant un lien de sujétion. 15 Au contraire, les expressions « avoir le sens du service » ou « rendre service » évoquent plutôt une perception positive de ces activités. Le détour par la langue anglaise est par ailleurs intéressant. Le service (en plus des acceptions identiques à celles du mot français) désigne aussi un travail d’entretien, de maintenance. c) La spécificité du travail C’est sur cette définition que s’appuie le sociologue américain Goffman (1961) pour faire le lien entre service et réparation. Il souligne que la relation de service est liée à une activité professionnelle spécialisée : une aide spécifique, demandée par celui qui la reçoit. Pour lui, l’interaction est la caractéristique principale de cette relation dans laquelle interviennent un praticien/réparateur, un objet (matériel ou non) et un client actif - et reconnu comme tel par le professionnel. Gadrey, économiste, parle lui de coproduction du service (1992). Un des axes d’analyse des métiers de service est le niveau de relation instauré entre le professionnel et l’usager : des activités n’induisant que peu de contacts à ceux dits « relationnels » qui ont pour objet même l’humain (Demailly, 2008, p.20). Pour l’ergonomie, c’est l’irruption du non professionnel - c'est-à-dire du client ou du patient dans l’activité qui rend l’analyse de celle-ci singulière et la distingue des relations de collaboration (Cerf et Falzon, 2005, p8). La tâche comporte deux dimensions : l’une technique, l’autre relationnelle (dans laquelle l’interaction est physique et/ou langagière). La dimension relationnelle implique une sollicitation plus grande sur le plan émotionnel ou psychologique que dans d’autres métiers, en particulier parce que le travail s’effectue sous le regard du bénéficiaire et se trouve immédiatement évalué par lui (Ughetto, 2002, p.23). Dernier trait saillant des relations de service, les situations rencontrées dans le cadre d’un même emploi sont très variables puisqu’elles dépendent en partie du client, pluriel, de son besoin mais aussi de la manière dont il l’exprime. L’agent est donc amené à faire des choix, à s’adapter, à prendre des initiatives – c'est-à-dire initier, inventer, des réponses adéquates. 16 1.2.2 Relation de service et compétence Les caractéristiques des métiers de service que nous venons d’évoquer interpellent donc précisément le concept de compétence à la jonction, particulièrement manifeste dans ce cas, entre requis des situations, caractéristiques des personnes et reconnaissance sociale. Il faut alors s’interroger sur ce qui permet au professionnel d’agir efficacement dans les situations de service, et donc sur les composantes de ce type de compétences. a) Des qualités ? Les qualités relationnelles sont souvent évoquées. Elles constitueraient une base indispensable – et innée - et viendraient en parallèle de compétences techniques propres au métier qui, elles, feraient l’objet d’une acquisition préalable. Il y a là un paradoxe : les qualités – humaines - sont alors utiles/utilisées dans l’activité mais elles restent à la marge de la sphère professionnelle. Considérons donc plutôt que ces qualités, qui font partie des caractéristiques des personnes, sont une des composantes de leur compétence. A l’opposé une autre tendance tend à assimiler les unes et les autres : dès l’instant qu’on leur reconnaît un rôle important, dans des métiers eux-mêmes mieux connus et définis, et que l’on constate qu’elles peuvent prendre des formes très différentes selon les situations professionnelles, elles entrent dans le périmètre social de la compétence. Parce que de plus en plus prépondérantes dans les activités de service en fort développement, les qualités semblent ainsi gagner petit à petit leur statut de compétences (Champy, 2007, p.38). b) Des connaissances Pour remplir sa fonction relationnelle, le professionnel doit disposer de ressources cognitives parmi lesquelles : - La construction d’un modèle de l’autre qui est nécessaire à la maîtrise du processus d’interaction (Cerf et Falzon, op. cit. p.7). - Un répertoire de connaissances qui porte sur le lien qui unit le client et l’objet et sur le cadre institutionnel du service qui oriente le déroulement de celui-ci. - Un répertoire « conversationnel » professionnel 17 - Des connaissances qui concernent les caractéristiques techniques de l’objet. (Mayen, 2005, p.80) Ces quelques éléments incitent à s’interroger sur le mode d’acquisition de ces ressources et l’on perçoit a priori la place relative que peuvent occuper savoirs théoriques et savoirs d’action dans de telles compétences9. c) Des compétences « mixtes » Une autre question se pose au sujet d’une typologie possible des compétences dans les métiers de service : Doit-on distinguer compétences relationnelles et compétences techniques ? Faut-il voir trois types de compétences relatifs aux trois registres d’intervention – contractuel, des civilités et technique - identifiés par Goffman (op. cit.) tout en sachant que ces niveaux ne sont pas hermétiques ? Dépassant ces oppositions, Mayen (op.cit., p.67) montre qu’on ne peut dissocier les deux dimensions de l’activité et il recourt à des concepts frontières issus du domaine technique […] mais nourris d’un répertoire de connaissances sur les pratiques du client. En effet, si dans une volonté de description on peut être tenté de distinguer relationnel et technique, il faut bien concevoir que dans l’activité ces deux registres sont en permanence coordonnés. Il est ainsi possible de postuler qu’il existe bien des compétences à la relation de service et que celles-ci sont mixtes. Elles sont à opposer à de « simples » qualités, et l’on peut dès lors considérer que la formation peut participer à leur construction. 1.2.3 Les enjeux de la professionnalisation à la relation de service L’ouverture du parc de loisirs Animal Explora sera à l’origine de plus de quatre-vingts emplois. Les principaux domaines d’activité présents dans le parc sont identifiés : des métiers de l’accueil et de la vente à ceux de la restauration et de l’hébergement en passant par les différents types d’animation, l’encadrement des activités aquatiques, le soin aux animaux, l’entretien, la 9 Ce thème sera approfondi, voir par ex. 2.1.2, activité et savoirs 18 maintenance des différents pôles et l’administration. A peu d’exceptions près la relation de service constitue bien une dimension de chacun de ces métiers. Le Conseil général est le maître d’ouvrage de ce projet et souhaite favoriser l’emploi de la population locale, il est alors légitime de s’interroger sur l’employabilité de celle-ci dans le contexte spécifique du parc. a) Un diagnostic de territoire succinct On l’a déjà dit, il n’est envisageable, à ce stade du projet, de commencer à évaluer les compétences des personnes susceptibles de travailler dans le parc. Cependant différents éléments d’informations peuvent déjà être pris en compte pour se faire une idée plus précise du contexte10 : - Le niveau de formation dans le département (personnes de plus de quinze ans non scolarisées) est inférieur à la moyenne nationale. Près de la moitié de cette population n’a aucun diplôme ou le seul BEPC. - Il y a 1646 habitants dans la commune de Chateauvillain et 4276 dans le canton - On dénombre 253 emplois dans la commune et 308 dans le canton (avant la fermeture de l’entreprise ci-dessous). - En dehors, c’est le bassin de Chaumont qui emploie le plus de personnes - Une seule entreprise industrielle était présente sur le territoire et proposait une part importante de l’emploi local. Elle a vu ses effectifs chuter progressivement depuis plusieurs années et cinquante salariés ont été licenciés au moment de la fermeture définitive du site en 2010. - Le taux de chômage dans le bassin d’emploi est de 7, 8% - Le RSA concerne quelques 80 foyers - Par ailleurs les métiers de l’hôtellerie restauration et ceux de l’animation sont repérés comme « en tension » dans le département et les recrutements se font donc difficilement dans ces domaines. La création de quatre-vingts emplois dans cette zone, si elle constitue une opportunité, représente aussi en partie un changement de cap en termes d’activité. Cette nouvelle orientation touristique, est d’autant plus accentuée que les prochaines années verront, dans la même zone géographique, 10 Sources : INSEE et Unistatis (Pôle emploi) 19 une autre création, celle du Parc naturel national entre Champagne et Bourgogne, récemment décidée par le Premier ministre François Fillon. Les questions de l’accueil touristique et du développement des compétences à la relation de service devront donc être considérées avec beaucoup d’attention. Dans ce contexte, la formation a toute sa place pour accompagner le changement. b) Une question d’identité professionnelle La population locale susceptible de travailler dans le parc effectuera donc souvent une conversion professionnelle. On peut penser qu’elle ne disposera pas toujours des compétences nécessaires pour assumer de manière professionnelle une relation de service et qu’il s’agira parfois de passer d’une culture professionnelle à une autre. Le champ sémantique assez contrasté du mot « service » peut permettre de comprendre que les vécus des situations de service peuvent, de même, être très différents. Faisons alors l’hypothèse que c’est la posture professionnelle qui permet de vivre positivement ces situations. Se posera alors la question de la professionnalisation à la relation de service, dans sa double acception de montée en compétences et de construction d’une identité professionnelle. Dans une perspective d’employabilité ces deux dimensions sont bien sûr à articuler aux compétences transversales précédemment évoquées. Les formations proposées seront-elles bien construites autour de ces trois axes ? c) L’intérêt d’une « pré-formation » Les préconisations relatives à la formation à la relation de service composaient un des axes de la mission de conseil réalisée au Conseil général. En voici un exemple. Parmi les postes proposés, nombreux seront dits « peu qualifiés » et ne nécessiteront que des formations professionnelles brèves. Il serait alors pertinent de proposer une action de formation préalable, commune à l’ensemble des futurs employés et qui constituerait une préparation à l’emploi. Celle-ci, après un recrutement initial indifférencié (sans positionnement précis/poste) pourrait permettre d’agir dans deux directions : 20 Recueillir les représentations que peuvent avoir les personnes du projet Animal Explora et du travail dans le parc. Quel est le sens du projet pour elles, sur quoi repose leur motivation ? Cette étape pourra participer aussi à l’analyse des besoins et permettre une évaluation du potentiel des personnes plus complète que dans un entretien de recrutement ponctuel. Informer les employés de la réalité du travail, des différents types de postes, des enjeux de leurs tâches par rapport à la qualité des prestations. Cette information peut prendre la forme de visites de sites présentant des points communs avec Animal Explora ou encore d’interventions et de présentations de la part de différents acteurs du projet. Le but est de confronter représentations initiales et réalité pour donner du sens à l’engagement des personnes dans le projet : faire en sorte que la motivation ne soit pas forcément seulement extrinsèque (trouver du travail, avoir un revenu, le bénéfice tiré de l’activité) mais aussi intrinsèque (le fait de participer à une activité pour la satisfaction que l’on en retire pendant la pratique de celle-ci ). Cette période peut permettre de réfléchir collectivement à la notion de service : On peut imaginer concevoir, avec les futurs employés, un « référentiel service » ou encore une « charte d’accueil » qui déclinerait les objectifs de l’accueil et les compétences à utiliser/développer en regard. Ce travail favoriserait l’implication des employés et, par la suite, le respect de critères qu’ils auraient eux-mêmes formalisés. Les bases d’une identité professionnelle commune peuvent être posées grâce à ce type d’action de mobilisation. A l’issue de cette pré-formation « humaine » qui permettra d’enclencher le processus de professionnalisation, les personnes seront positionnées pour des postes spécifiques et des parcours de formation individualisés pourrons être proposés. 21 Pour conclure sur les enjeux de la professionnalisation dans ce contexte précis : On peut dire qu’elle aura une influence à la foi sur : - Les transitions professionnelles - L’employabilité - La qualité des prestations touristiques Et qu’elle concerne les trois niveaux suivants : - Le territoire : son développement économique et son identité touristique - Les organisations (les deux parcs, les autres employeurs) - Les personnes 1.3 Le choix d’un cadre théorique : la didactique professionnelle La didactique professionnelle s’intéresse au développement des compétences dans les situations de travail, en cela elle fournit un cadre théorique susceptible d’orienter le questionnement initial ( qui a déjà évolué des besoins de formation à l’acquisition des compétences à la relation de service) vers l’énoncé d’une problématique plus spécifique. 1.3.1 La rencontre de plusieurs champs Née en France dans les années 1990, elle est issue de deux champs théoriques principaux l’ergonomie cognitive et la didactique des disciplines - et d’un champ de pratiques, celui de l’enseignement professionnel et de la formation professionnelle continue, qui se retrouvent autour de préoccupations proches ou complémentaires et s’enrichissent mutuellement. Nos connaissances ne nous permettent pas d’analyser de manière très précise les apports des deux premières disciplines mais de seulement retenir les caractéristiques suivantes : - L’ergonomie souhaite comprendre les situations de travail pour les améliorer, elle apporte à la didactique professionnelle des concepts et des méthodes d’analyse du travail. - La didactique s’interroge sur la transmission et l’acquisition des savoirs, tant du point de vue de l’activité de l’élève que de celle de l’enseignant. Elle apporte, elle aussi, des concepts. Son intérêt, pour la didactique professionnelle, comme pour l’ergonomie, réside dans une approche développementale de l’activité. 22 En cela elles poursuivent des objectifs de transformation des systèmes et des processus qu’elles conceptualisent. Pour l’une comme pour l’autre, les problèmes de l’analyse, de l’identification et de la conceptualisation des variables sur lesquelles elles peuvent agir, ainsi que la construction et la mise en œuvre de levier d’action constitue l’objet de recherche. (Samurçay et Pastré, 1998) - On voit ainsi en quoi ces concepts et ces outils peuvent intéresser la formation professionnelle, qui se préoccupe quant à elle du mode d’acquisition et de développement des compétences. Mais il faut mentionner aussi le champ de la psychologie avec le constructivisme piagétien et le rôle de la médiation chez Vygotsky qui viennent compléter les soubassements théoriques de la didactique professionnelle. 1.3.2 La définition d’une compétence dynamique Nous ne faisons que citer ici des éléments de définition donnés par Samurçay et Pastré dans leurs différents ouvrages. Nous nous arrêterons ensuite11 plus précisément sur les différents concepts qui s’articulent en une « théorie de la conceptualisation dans l’action ». Etre compétent ce n’est pas savoir appliquer un ensemble de connaissances à une situation, c’est savoir organiser son activité pour s’adapter aux caractéristiques de la situation, quitte à transformer, plus tard et éventuellement, cette expérience acquise en savoir énonçable et donc plus facilement transmissible. (2004) La compétence est : Un ensemble organisé de représentations (conceptuelles, sociales et organisationnelles) et d’organisateurs d’activité (schèmes, procédures, raisonnements, prise de décision, coordination) disponibles en vue de la réalisation d’un but ou de l’exécution d’une tâche.[…]Les compétences au travail peuvent être implicites ou explicites et sont organisées en plusieurs niveaux et champs. Cette organisation en niveau ne doit pas être entendue comme une simple hiérarchisation ou modularité : elle exprime le fait que la structuration 11 2.1.2 Activité et savoirs et 2.1.3 Le rôle de la pratique réflexive 23 de l’action et des connaissances se font à des niveaux différents et avec des organisations multiples en relation avec les champs de l’expérience et des problèmes rencontrés. […] Ainsi le développement des compétences est le fruit d’un double processus : apport de connaissances opérationnelles socialisées et/ou antérieurement constituées et construction de compétences par l’activité propre du sujet. (1998 p.121). Ainsi : On ne peut réduire les compétences à un système de connaissances Il y a un processus par lequel une compétence se construit et se développe Analyser une compétence, c’est repérer ces organisateurs de l’activité (2004, p. 8) 1.3.3 La problématique (voir page suivante) 24 Un questionnement qui évolue au fil des apports théoriques successifs et de la définition progressive de la mission Le thème initial de la mission était celui de l’évaluation de compétences et du besoin de formation qui pourrait en être déduit. La préoccupation sous-jacente à ce choix était de s’assurer que les nouveaux emplois liés à l’ouverture du parc pourraient être, au moins en partie, pourvus par les ressources locales. Dans une perspective d’action, cette question se déclina de la manière suivante : - Comment favoriser l’employabilité de la population locale ? Puis, alors que les apports théoriques montraient le caractère composite de la compétence et les enjeux de la professionnalisation, la relation de service apparut comme le dénominateur commun de métiers par ailleurs très variés. Elle permit de canaliser une réflexion encore trop floue et de poser la question : - Comment forme-t-on à la relation de service ? Jusqu’alors formatrice dans un centre de formation d’apprentis, il me sembla que cet établissement pouvait me fournir un terrain susceptible d’apporter des éléments de réponse et qu’il concordait avec le champ de la didactique professionnelle. Ce qui amène à proposer la problématique suivante : Comment les compétences se construisent-elles dans les formations en alternance qui préparent aux métiers de service ? 25 2. La recherche 2.1 Le modèle d’analyse Les perspectives et les idées nouvelles [issues du travail exploratoire qui a mené à la formulation de la problématique] doivent pouvoir être exploitées au mieux pour comprendre et étudier de manière précise les phénomènes concrets qui préoccupent le chercheur. Il faut donc les traduire dans un langage et sous des formes qui les rendent propres guider le travail systématique de collecte et d’analyse des données d’observation ou d’expérimentation qui doit suivre. Tel est l’objet de cette phase de construction du modèle d’analyse. Elle constitue la charnière entre la problématique retenue par le chercheur d’une part et son travail d’élucidation qui porte sur un domaine d’analyse forcément précis et restreint d’autre part12. 2.1.1 Interroger les modalités de la construction des compétences Partons du principe, dans la perspective de la didactique professionnelle, que : C’est en entreprise que les apprentis développent des compétences ce qui constitue l’hypothèse principale de la présente recherche Et puisque ce qui nous intéresse ici c’est le processus de développement des compétences, il peut être pertinent de tester plus précisément les deux sous hypothèses suivantes, issues de la définition de la compétence : Les apprentis acquièrent des savoirs d’action dans le cadre de leur pratique professionnelle Ils font preuve d’une pratique réflexive 12 QUIVY R., VAN CAMPENHOUDT L., 2007, Manuel de recherche en sciences sociales, p.105 26 2.1.2 Activité, connaissance et savoir La première sous-hypothèse incite à s’arrêter plus précisément sur deux points : La théorie de la conceptualisation dans l’action proposée par la didactique professionnelle d’abord, la question des différents types de savoirs associés à l’action ensuite. a) Connaissance et activité organisée D’après Piaget, la première forme de la connaissance est celle qui provient de l’action du sujet sur son environnement. Connaître c’est s’adapter aux situations et cela suppose, premièrement, que cette activité est organisée et, deuxièmement, qu’elle induit un développement de la personne qui, en transformant le monde, se transforme elle-même. Toute activité comporte ainsi deux dimensions indissociables, l’une productive, l’autre constructive (Samurçay et Rabardel, 2004 p.164). Dans toute activité efficace il y a à la fois une organisation invariante, stable, et une part d’adaptation. Vergnaud emprunte à Piaget le concept de schème pour en rendre compte. Mais pour lui, au-delà de l’activité sensori-motrice, ce sont toutes les dimensions de l’activité, y compris intellectuelles ou relationnelles, qui sont concernées (1996, p.283). Avec la théorie de la conceptualisation dans l’action, la didactique professionnelle pose que tout acte de travail comporte des concepts - mais ceux-ci appartiennent à un registre pragmatique, à une forme opératoire de la connaissance. C'est-à-dire qu’ils sont orientés vers l’action car il faut bien retenir d’une situation quelques éléments conceptuels, objets, propriétés ou relations, qui vont servir à guider l’action (Pastré 2006). Le schème renvoie toujours à une classe de situation pour laquelle il règle la conduite en fonction d’un but mais en inférence avec la situation singulière. Il comporte des invariants opératoires qui peuvent être vus comme les outils de la connaissance : - Des concepts en acte qui permettent de prélever et d’analyser les éléments qui orienteront l’action par la mobilisation des règles d’action pertinentes. - Des théorèmes en acte qui sont des propositions tenues pour vraies pour un type de situation. Ces invariants constituent la partie cognitive du schème (Vergnaud, op.cit p.285). S’ils sont généraux pour Piaget, ils sont au contraire étroitement liés au domaine d’action pour Vergnaud. Ils ne sont pas innés mais « à prendre » dans l’action. 27 Tout schème est donc constitué de : - Buts et sous buts - Invariants opératoires (ou concepts pragmatiques) - Règles d’action - Inférence en situation La notion de situation est donc centrale ici, ses caractéristiques déterminent : Une connaissance-adaptation spécifique L’élaboration, au fil des vécus successifs, de classes ou de répertoires de classes, qui retiennent la structure commune aux situations parentes. Et en regard, l’élaboration de répertoires de schèmes et de répertoires d’invariants opératoires qui seront mobilisés et réorganisés selon les requis des nouvelles situations. Il existe une relation dialectique entre la connaissance et l’action (Samurçay et Pastré 1998). Evoquer la part constructive de l’activité, c’est parler du développement de l’expérience et du caractère exponentiel de la compétence13, c’est aussi s’interroger sur ce que l’on appelle de manière générique les « savoirs d’action ». b) Des connaissances d’origines différentes Nous avons vu que dans le développement des compétences intervenaient des connaissances opérationnelles socialisées et/ou des connaissances antérieurement constituées dans l’action (Samurçay et Pastré 1998, p.121), ce que l’on peut, à première vue, comparer à l’habituelle opposition entre savoirs théoriques et savoirs d’action. Donnons par ailleurs les deux définitions suivantes, empruntées à Wittorski (1998, p.62) : - Savoir : « énoncé communicable socialement validé » (CNAM). Il s’agit d’un énoncé descriptif ou explicatif d’une réalité, établi et reconnu par et dans une communauté scientifique et culturelle donnée à une époque donnée. Il est disponible dans les encyclopédies et les ouvrages spécialisés. - Connaissance : résultat du processus d’intériorisation et d’intégration par l’individu des savoirs qui lui sont transmis. De ce point de vue la connaissance est le produit du 13 En lien direct avec ce développement voir 2.1.3 le rôle de la pratique réflexive 28 processus de compréhension et de mémorisation : C’est ce que l’individu conserve du savoir qui lui a été transmis (qualitativement et quantitativement). Il apparaît alors que l’expression « savoir d’action » - puisque son pendant « connaissance d’action » n’est pas utilisée - désigne des réalités très différentes et présente donc une certaine ambiguïté14. Barbier (1996, p.3) parle de production de représentations et de savoirs sur les processus de transformation du réel […] ce qui suppose une activité intellectuelle sur et à partir des actions. Mais il oppose ensuite ces savoirs d’action objectivés, communicables et partageables, distincts de ceux qui les énoncent, à des savoirs d’action détenus, composantes identitaires, inférées à partir de la pratique15 … ne s’agit-il pas ici de connaissances ? L’auteur souligne d’ailleurs ensuite que selon ces deux grandes acceptions, le terme savoir d’action n’a évidemment pas du tout le même sens. La même remarque peut être faite au sujet des « savoirs tacites » et autres « savoirs informels » qui semblent, de fait, désigner des connaissances. De même le « savoir faire », en tant qu’assimilation personnelle du geste est plutôt du côté de la connaissance (même s’il est d’une certaine manière transmissible et partageable). On pourrait finalement qualifier de « savoir d’action » à la fois les ressources cognitives acquises dans l’action et à la suite de l’action16 (connaissances en cours d’action et savoirs sur l’action) et celles qui sont mobilisées pour l’action efficace. Ce qui oblige aussi à s’intéresser aux savoirs théoriques* et à leur intégration dans les processus de transformation du réel. Question qui se pose particulièrement dans toutes les situations de formation ou d’apprentissage dès lors que des savoirs sont d’abord appris pour être, ensuite seulement, utilisés dans le travail. *Savoirs disciplinaires constitués d’énoncés portant non pas sur des actes mais sur des propriétés d’objet ou des procédures (Wittorski, 1998, p. 66). Pour Vergnaud (op. cit., p. 278) le cadre qui permet de penser la liaison entre savoirs d’action et savoirs théoriques est celui du schème, la plasticité de celui-ci tenant aussi à l’hétérogénéité de ses invariants et de leurs sources. Nous avons déjà mentionné des « concepts pragmatiques », prélevés dans les situations. 14 15 16 Ambiguïté qui disparaît si l’on désigne par savoir toute « ressource » à disposition d’un sujet Chacune de ces deux catégories étant ensuite déclinée en différents savoirs Voir aussi 2.1.3 le rôle de la pratique réflexive 29 D’autres concepts organisateurs peuvent être tirés de la théorie mais dont ne sera retenu que ce qui permet spécifiquement de guider l’action. On parle alors de « concepts pragmatisés » (Pastré, 2009, p.806). Ainsi ce sont bien toujours des connaissances qui sont mobilisées et s’articulent dans l’action à travers la sélection des invariants opératoires : - Un savoir « théorique » intégré sous la forme de connaissance(s) opérationnelle(s), qui ne retient de lui que ce qui est utile dans l’action ciblée. - Une connaissance acquise dans l’action (qui a pu, éventuellement, effectuer le chemin inverse – vers le savoir - si elle a fait l’objet d’une formalisation). Ce qui importe n’est donc pas tant la nature du savoir que ce qui est retenu de celui-ci, sélectionné, pour agir dans une situation donnée. L’ensemble des concepts pragmatiques ou pragmatisés mobilisé pour orienter une action est appelé structure conceptuelle de la situation (Pastré, op. cit.). 2.1.3 Le rôle de la pratique réflexive Pour éclairer la deuxième sous hypothèse, il faut expliquer en quoi la pratique réflexive intervient dans la construction des compétences. Cet aspect apparaît aussi dans la théorie de la conceptualisation dans l’action. Cependant avant de l’aborder, il peut être utile de préciser ce que désignent les différents termes du champ lexical de la réflexion. a) De quoi parlons-nous ? Nous empruntons au texte d’une conférence de Pineau (2007), les éléments de compréhension suivants qui correspondent aux deux étapes de coordination qui seront ensuite décrites : - L’« action réfléchie » et la « pratique réflexive » ne sont pas équivalentes, ce qui les distingue c’est un niveau de conscience : Entre l’action réfléchie et la pratique réflexive, il y a toute la distance entre une conduite ponctuelle, s’ajustant spontanément de façon quasi réflexe, et son extension à un ensemble d’actions, à une conduite plus large nécessitant une autorégulation et un autopilotage plus conscient de ses multiples sens possibles. 30 Cependant lorsque nous faisons l’hypothèse d’une pratique réflexive chez les apprentis, c’est dans le sens plus large d’un recul, d’une prise de distance par rapport à l’action, quelle soit incidente ou suscitée. - Il faut ensuite distinguer « pensée », (qui correspond à l’action réfléchie en cours d’action ci-dessus), et « réflexion » cette dernière évoquant une plus grande distance entre le sujet et son objet : A la différence de la pensée, la réflexion lance dans le mouvement de la distanciation dédoublante appelant la formation d’une nouvelle unité, d’une nouvelle mise en forme et en sens des éléments dédoublés. On peut repérer trois niveaux de distanciation : Le reflet : le fait de donner une « image de » (le réfléchissement chez Piaget). La réflexion sur le reflet, dans un effort de compréhension ou de théorisation Celle-ci prise à son tour comme objet (l’abstraction réfléchissante chez Piaget) b) Coordination agie et coordination conceptuelle Pensée et action sont indissociablement liées. S’il y a coordination de l’action, c’est grâce à la représentation, c'est-à-dire la formation en pensées d’objets, de propriétés, de relations (Vergnaud, 1996 p.275). • La pensée en cours d’action aboutit à une première conceptualisation, avec l’identification des concepts pragmatiques qui vont guider et coordonner l’action. Cette première étape est appelée « coordination agie ». A ce stade la connaissance est tacite. • Un second travail de conceptualisation peut ensuite intervenir pour accéder à la compréhension de l’action, il s’agit alors de la « coordination conceptuelle ». A ce stade il peut y avoir une prise de conscience des connaissances, voir un partage si elles sont verbalisées. Samurçay et Pastré (1998, p.123) expliquent que ce second niveau renforce la construction des invariants de l’action à des niveaux supérieurs en les décontextualisant des situations particulières. Grâce à l’extension de ces organisateurs de l’activité, le sujet peut construire des 31 classes de situation de plus en plus riches qui lui permettent de traiter la variabilité des situations. Le recul par rapport à l’action permet ainsi de transposer à d’autres situations ce qui a été vécu, il est donc le vecteur du développement de l’expérience professionnelle. Au premier niveau de conceptualisation, celui de la pensée en cours d’action, la dimension constructive de l’activité est incidente, elle n’est qu’un effet de l’activité productive. Au contraire, dans le cadre d’une réflexion sur l’action, l’activité constructive se poursuit volontairement. Si l’acteur revient sur une action passée, la verbalise et la conceptualise, alors on peut considérer que le schème/la compétence sont bien validés comme ressource incorporée et qu’ils seront plus facilement mobilisables ultérieurement17. Mis en forme Il y a donc interrelation entre ces deux étapes : la coordination conceptuelle fournit à la coordination agie des invariants et schèmes plus facilement mobilisables, et la coordination agie propose toujours de nouveaux objets à réfléchir, de nouveaux invariants à reconfigurer. Si la première phase (pensée en cours d’action) peut être favorisée par le développement des ressources cognitives ou encore par l’environnement de travail au sens large, la seconde (le recul) peut faire l’objet de méthodes. Ainsi, dès l’instant que l’on souhaite favoriser la construction des compétences, on doit s’intéresser à ces méthodes qui provoquent le recul et permettent de démultiplier la dimension constructive de l’activité. Pour conclure cette partie consacrée au modèle d’analyse, il faut souligner que les deux sous hypothèses tendent à tester deux dimensions complémentaires de la compétence et que c’est donc dans leur articulation qu’elles doivent être considérées. 17 Cette approche est très proche de celles des courants de l’apprentissage expérientiel (avec Kolb par exemple) et de la science-action (Schön par exemple) qui insistent sur le rôle de la pratique réflexive dans le développement cognitif et professionnel : regarder sa pratique dans une perspective pragmatique 32 Supprimé : r 2.2 Où recueillir des données pertinentes ? : Le terrain 2.2.1 Interroger au CFA sur les processus à l’œuvre en entreprise L’hypothèse principale de la présente recherche, qui s’appuie sur le cadre théorique de la didactique professionnelle, se focalise sur l’importance de la pratique professionnelle des apprentis en entreprise. Pour des raisons tant d’organisation que de méthodologie, il est cependant difficile d’aller observer in situ ces pratiques. Le CFA interprofessionnel qui reste mon employeur pendant la durée de mon congé individuel de formation forme à différents métiers de service. Je choisis donc, après accord de la direction, d’interroger des apprentis au sujet de leur pratique professionnelle, sous la forme d’entretiens qui se dérouleront au sein du CFA. Les formations ciblées dans ce cadre sont celles qui préparent aux CAP de vente, de coiffure et de service en restauration. Ces métiers, même s’ils ne seront pas tous présents sur le site du parc animalier (la coiffure) ou s’ils ne reflètent pas la variété professionnelle réelle (animation, soins animaliers, accueil, entretien …) sont intéressants dans la mesure où ils présentent la dimension, retenue comme dénominateur commun, de relation de service. 2.2.2 Description de l’échantillon Huit personnes ont été interrogées entre le 17 et le 25 mai 2010. Le choix s’est porté sur des apprentis de deuxième année qui étaient alors sur le point de se présenter aux examens. Il serait ainsi possible de mesurer un éventuel développement de compétences après deux années de pratique professionnelle et de cours. A partir de ce critère, la sélection des apprentis s’est faite sur la base du volontariat. Une douzaine d’apprentis s’est positionnée et huit entretiens ont finalement été menés. Les différents cas sont désignés de la manière suivante : - Trois apprentis en service restaurant : SR1, SR2, SR3 - Trois en vente : V1, V2 et V3 - Deux en coiffure : C1 et C2 Deux garçons et 6 filles ont été interrogés. Cela reflète assez fidèlement la proportion hommes/femmes dans les formations ciblées. 33 L’amplitude des âges est assez importante : de 17 à 26 ans. Il est en effet possible de signer un contrat d’apprentissage entre 16 et 26 ans. Cependant pour l’ensemble des cas cette formation constituait bien une mise au travail initiale dans la branche professionnelle. Les cas SR1, V1 et V3 avaient déjà obtenu un autre diplôme auparavant mais dans un autre domaine. SR3 quant à elle étaient inscrite en Brevet Professionnel cuisine après un premier brevet en service mais pratiquait encore occasionnellement le service en salle. Le tableau suivant donne une vision synthétique de l’échantillon : Code entretien Sexe Age SR 1 H 26 ans SR2 F 18 ans SR3 F 20 ans V1 F 19 ans V2 H 18 ans V3 F 19 ans C1 F 17 ans C2 F 17 ans Section Service en restaurant Service en restaurant Service en restaurant Vente produits courants Vente produits alimentaires Vente produits courants Coiffure Coiffure Diplôme préparé18 BEP CAP BP CAP CAP CAP CAP CAP 18 BEP : Brevet d’études professionnelles (niv.V), CAP : Certificat d’aptitude professionnelle (niv.V), BP : Brevet Professionnel (Niv.IV) 34 2.2.3 La formation initiale en alternance a) L’Apprentissage : de la formation pratique à la formation alternée. L’immersion professionnelle a constitué la première forme d’apprentissage du métier. Apprendre en observant, apprendre en faisant, avec une gradation des tâches, des plus subalternes, confiées aux novices, jusqu’à la maîtrise. A partir du milieu du XIXe siècle, les apprentis illettrés doivent suivre des cours, cette obligation est ensuite étendue à l’ensemble des employés du commerce et de l’industrie de moins de 18 ans (Loi Astier, 1919). La création de la taxe d’apprentissage en 1925 permettra de financer cette mesure. Par ailleurs la législation du travail s’applique à l’apprentissage (obligation du contrat en 1928, durée du travail réglementée …). Après 1950, la scolarisation de l’apprentissage s’accentue avec l’augmentation progressive des heures de cours. Créés en 1961, les Centres de Formation d’Apprentis se généralisent à partir de 1971 et la tutelle de l’Education Nationale se renforce. A partir de 1987 (Loi Seguin), l’apprentissage - en tant que voie de formation institutionnalisée - permet d’accéder à l’ensemble des diplômes professionnels et techniques (Moreau, 2008). L’apprentissage a ainsi opéré un glissement progressif de la formation pratique à la formation alternée. En France, on semble aujourd’hui (re)découvrir les vertus de l’alternance alors qu’elle reste souvent une seconde voie. Elle est désormais perçue par les pouvoirs publics comme le moyen d’assurer, aux jeunes notamment, une meilleure insertion professionnelle. Des objectifs quantitatifs ambitieux sont fixés19, différentes mesures légales doivent favoriser son développement20. A noter qu’elle fait également son apparition dans les lycées professionnels avec la mise en place d’Unités de Formation par Alternance (UFA), ce qui constitue un changement culturel important pour l’Education nationale. 19 20 Plus 30% d’apprentis en 2015, ce qui porterait leur nombre à 600 000. Loi du 28 juillet 2011 sur le développement de l’alternance et la sécurisation des parcours professionnels 35 b) Former à la relation de service en CFA L’observation des référentiels de l’Education Nationale (caractère réglementaire) peut permettre une première approche du contenu de ces formations. A leur lecture deux remarques s’imposent : 1) Il ne s’agit pas, pour le domaine professionnel, de référentiels de formation mais de référentiels de diplôme qui déclinent les compétences, les savoirs et les savoir-faire à acquérir. Au-delà de cette déclinaison, les éléments pédagogiques sont donc peu présents, à l’exception, parfois, d’une certaine gradation et de l’indication de ressources mises à disposition. 2) Dans ces documents, le vocabulaire de la compétence n’est pas stabilisé, les termes « capacité » et « compétence » semblent utilisés de manière aléatoire puisqu’ils ne désignent pas toujours des contenus comparables. Les « savoirs associés » renvoient bien à des connaissances théoriques mais les savoir-faire sont assimilés à des compétences. Cependant la logique d’analyse/décomposition de la compétence (au sens défini dans la première partie) est bien présente. Pour chacune des trois formations considérées, la relation de service fait l’objet d’un domaine de compétence spécifique : « communiquer » (coiffure), « gérer la relation client » (vente), « communiquer et vendre » (service restaurant) auquel sont associés des savoirs. Si les compétences relationnelles et les compétences techniques caractéristiques du « cœur de métier » sont distinctes ici, c’est peut-être seulement dans une logique taxinomique. Cela ne permet pas de présumer de ce qui est réellement mis en œuvre dans les formations. Mais par ailleurs l’analyse des besoins du client est abordée dans le domaine « réaliser », ce qui montre bien l’imbrication, la mixité de certaines compétences. La dernière rénovation du référentiel de restauration indique que l’effort devra particulièrement porter sur la communication et la commercialisation, évaluées lors d’une épreuve pratique spécifique. Une telle épreuve a également été introduite en 2007 dans le CAP coiffure. A ce stade, les référentiels se révèlent donc insuffisants pour comprendre comment on forme à la relation de service. 36 c) Compétence du CFA et compétence de l’entreprise dans la formation Les directives officielles au sujet de la finalité des périodes en entreprises sont les mêmes pour tous les candidats qu’ils empruntent la voie scolaire ou la voie de l’apprentissage : Découvrir l’entreprise, acquérir des compétences professionnelles (savoir-faire et savoir-être), faciliter et développer des qualités professionnelles, assurer une complémentarité et une continuité pédagogique avec l’établissement de formation. (CNDP) • Les élèves des lycées professionnels passent 14 semaines en entreprise en deux ans. • Les apprentis y passent 70 semaines (pour 24 semaines en centre de formation). On le voit, malgré la scolarisation de l’apprentissage déjà évoquée, le temps principal (quantitativement), reste, surtout pour les CAP, celui de l’entreprise … Mais celle-ci doit être informée des objectifs de la formation en milieu professionnel par le CFA qui doit aussi, sur des périodes restreintes, mettre en place les enseignements des domaines professionnel et général imposés par les référentiels de diplôme. Il ne semble pas pertinent d’opposer schématiquement un temps théorique et un temps pratique dans cette alternance. Il existe une pratique professionnelle au CFA (avec des spécificités) et le maître d’apprentissage apporte des éléments théoriques. On peut aussi penser qu’une généralisation est possible au CFA (par rapport à un contexte professionnel singulier) alors que l’entreprise est un lieu d’actualisation des pratiques (requis spécifiques). Il faudrait donc que les compétences des apprentis se construisent dans ce jeu de répétitioncomplémentarité qui, parce qu’il peut susciter une dissonance cognitive, incite à se positionner. Dans la logique de la didactique professionnelle, pour améliorer l’apprentissage par immersion dans lequel le développement est incident (effet et non objet) il faudrait prévoir une continuité dans la construction de la compétence au travers : • d’un temps d’apprentissage par l’action • d’un temps d’apprentissage par l’analyse de l’action (Pastré, 2006) On voit bien ici la place possible des deux acteurs de la formation en alternance mais la réalité des pratiques reste à interroger. En quoi le CFA fait-il le lien entre les différents temps de la formation ? 37 2.3 Comment recueillir des données ? : L’entretien d’explicitation Il ne s’agit pas ici d’évaluer les résultats de la formation mais de percevoir un processus. Il faut donner des éléments de réponse à la question comment se construisent les compétences. La méthodologie choisie est donc de type qualitatif. Puisque l’on considère la compétence comme un phénomène dynamique, étudier sa construction nécessiterait un suivi longitudinal. Celui-ci est impossible à mettre en place dans le cadre du Master. 2.3.1 Principes et intérêt L’entretien d’explicitation21 peut alors constituer un outil intéressant car il met l’accent sur une situation passée particulière – la notion de situation est centrale dans l’analyse de la didactique professionnelle – et sur le vécu de l’action par le sujet. Il s’attache au déroulement procédural de celle-ci. Il cherche à rendre plus explicite l’activité constructive. Cet outil, mis au point par Vermersch, qui s’inspire notamment des théories de Piaget, permet d’atteindre des informations difficilement accessibles en favorisant la prise de conscience : Il s’agit de passer d’un plan implicite, c'est-à-dire pré-réfléchi, à un plan explicite, c'est-à-dire réfléchi, pour connaître les démarches précises et individuelles pour agir, apprendre, comprendre, résoudre et effectuer une tâche professionnelle. (Balas-Chanel, 2002). L’entretien d’explicitation peut viser trois buts : - renseigner l’interviewer - renseigner l’interviewé - apprendre à l’interviewé à se renseigner Les objectifs sont donc très proches de ceux de la didactique professionnelle : analyser l’activité constructive ; la comprendre pour pouvoir ensuite pouvoir la favoriser. L’EdE aide à recueillir des données en dehors de la situation de travail. Il peut cependant être comparé à l’observation en ce sens qu’il donne à voir une action en situation, par le biais d’une évocation. Mais la description (on devrait plutôt dire la narration puisqu’il y a dimension temporelle) se double/alterne avec un effort d’élucidation de l’action (comme celui qu’on peut 21 Egalement désigné dans la suite du texte par EdE 38 également trouver dans les entretiens d’auto confrontation) : Vers une prise de conscience de la manière d’agir. L’évocation est le fait de reprendre contact, de revivre une expérience passée. Les questions ou les relances doivent aller dans ce sens et induire, par exemple, une énonciation au présent. L’entretien est très directif au niveau de l’accession à l’évocation et du maintien dans celle-ci mais il doit être, en dehors de cela, peu directif. Il ne questionne pas sur des variables préétablies. Cependant la didactique professionnelle fournira une trame pour la lecture/transcription des informations obtenues puis pour leur analyse. En accédant au « comment j’ai fait » par le biais de l’entretien d’explicitation, on peut espérer accéder au niveau de mise en ouvre des compétences et tester les hypothèses retenues dans le modèle d’analyse : La présence de savoirs d’action L’activité réflexive des apprentis (On peut aussi se demander si ce type d’entretien ne participe pas, aussi, au prolongement de l’activité constructive évoqué précédemment.) 2.3.2 Le recueil des données a) Mise en œuvre Deux semaines avant les entretiens, je me suis rendue dans les trois sections que j’avais ciblées pour informer les élèves de ma démarche. Ces derniers me connaissaient puisque j’avais été leur formatrice jusqu’en novembre 2010. Ils savaient que je suivais une formation ; je leur ai expliqué mon besoin par rapport à celle-ci en leur précisant que je m’intéressais à la manière dont ils travaillaient et que je souhaitais interroger quelques-uns d’entre eux à ce sujet. J’ai indiqué qu’ils pouvaient me donner leur réponse durant la semaine en cours et quand auraient lieu les entretiens. J’ai enfin distribué un document qui formalisait de manière simple ma demande22 . Je leur ai donné un seul inducteur, non indispensable, au moment de la prise de rendez-vous : réfléchir à une situation professionnelle précise qui servirait de base à l’entretien. 22 Annexe n° 3 39 Le jour de l’entretien, j’ai demandé aux apprentis leur accord pour enregistrer leurs propos et je leur ai à nouveau expliqué brièvement le but visé. b) Un entretien de type semi-directif qui s’inspire de l’entretien d’explicitation Les questions ne sont pas prédéterminées, le but est de mieux comprendre la manière dont les compétences se construisent dans l’activité à travers la description du déroulement procédural de l’action. La compétence à la relation de service constitue un centre d’intérêt plus spécifique, les relances devront donc inciter à expliciter si possible cet aspect : quelles sont, par exemple, les prises d’information à ce niveau ? Il est nécessaire d’avoir une idée, même assez générale, des différentes tâches et opérations qui constituent une activité pour pouvoir se renseigner sur celle-ci via l’EdE : Une réflexion préalable sur les tâches qui composent les trois métiers et un regard sur le contenu de formation via les référentiels se sont donc avérés utiles. A cette préparation en amont, s’ajoute un guide d’entretien23 en deux parties : - Le contrat de communication et la focalisation initiale - Les types de relances c) Difficultés et limites Pour pertinent qu’il nous a paru par rapport à notre questionnement, l’EdE n’est pas pour autant un outil facile à utiliser. Il faut habituellement être formé à ce type de pratique. Dans un temps très restreint, il n’a pas été possible de commencer par expérimenter l’outil avant de l’utiliser plus spécifiquement dans la recherche. C’est le recueil de données de cette recherche qui constitue l’expérimentation. C’est pourquoi il est préférable de dire que l’outil que nous avons utilisé s’inspire de l’EdE. En effet, il est difficile de guider la personne vers l’évocation et de l’y maintenir. Nous y reviendrons, la plupart des verbalisations recueillies sont de l’ordre du discours général, déjà conscientisé24. 23 24 Annexe n°4 Ce qui présente un intérêt pour notre recherche, nous le verrons. 40 Dans un premier temps, il avait été prévu de noter les indices du type regard qui décroche, gestes : les éléments non verbaux. Il a cependant été impossible de le faire ET de se concentrer sur les relances adéquates (tout en gardant en tête l’orientation « relation de service »). A la réécoute des entretiens, on s’aperçoit d’ailleurs que celles-ci sont loin d’être toujours pertinentes : occasions inexploitées, questions sans intérêt réel par rapport aux objectifs … Une autre lacune réside dans le fait qu’aucun critère de fin précis n’avait été prévu. Certains entretiens ont duré près d’une heure … et d’autres une vingtaine de minutes. D’où un matériau très inégal au-delà des seules différences interindividuelles. Le traitement de l’info produite a donc été difficile, depuis le « piège » de transcriptions qui prennent un temps considérable (3 entretiens très longs) jusqu’au codage des informations. 2.3.3 Repérer des savoirs d’action et les indices d’une activité réflexive L’EdE n’interrogeant pas sur de variables préétablies, les deux thématiques des savoirs d’action et du recul par rapport à l’action n’ont pas orienté directement les relances. C’est le déroulement même de l’EdE qui, dans son principe d’élucidation de l’action, a permis de faire « émerger » des savoirs et les traces d’un recul. C’est donc en aval des entretiens que les variables précises ont été déterminées afin d’organiser les données en un corpus exploitable pour l’analyse. a) Des variables issues de l’EdE pour un premier classement des données Après la transcription et une lecture approfondie, ce travail a commencé, pour chaque cas, par un classement des informations dans les cinq dimensions de l’EdE. Ces dimensions constituent un réseau d’informations inter reliées se rapportant à la réalisation d’une action. 25 Nous précisons ci-dessous : L’intérêt que revêt chacune d’elle par rapport au thème de la recherche. Comment nous nous les sommes appropriées en les adaptant parfois. Et, de manière très générale, le poids relatif de la dimension considérée (par rapport à celui des autres dimensions). 25 Au sujet des informations satellites de l’action, Vermersch, 2003 pp 43-52 41 Dans le cadre strict de l’EdE, c’est la description du procédural qui est visée en premier lieu et toutes les autres dimensions sont dites satellites de l’action et sont même considérées comme concurrentes à sa verbalisation. Cependant, en lien avec les différentes définitions de la compétence données précédemment, nous nous intéresserons à l’ensemble de ces dimensions : - Le procédural : Il désigne le déroulement effectif d’une action spécifique - en l’occurrence un épisode professionnel dont une des caractéristiques est qu’il comportait une relation directe avec un client. Il s’agit de faire apparaître par la mise en évocation, la succession de toutes les actions mentales et matérielles qui permettent d’atteindre un but professionnel, de la prise d’information initiale jusqu’au contrôle final. D’après Vermersch, il est possible d’inférer des savoirs à partir de la description de la dimension procédurale qui est l’objet principal de l’EdE. L’accès et le maintien dans l’évocation sont cependant difficiles. Ce qui apparut à première vue relever de cette dimension, s’avéra dans la plupart des cas non spécifique à la situation. La description du déroulement de l’action était de l’ordre du « savoir procédural » et non de la « dimension procédurale », d’où un classement dans la dimension « déclaratif ». Au sens strict, les données recueillies relèvent donc assez peu de cette dimension (Voir cidessous). - Le contexte : Cette dimension est particulièrement importante si l’on souhaite étudier une compétence vue comme un « pouvoir agir » situé, la rencontre entre un acteur et une situation qui détermine en partie sa manière d’agir. On y trouve le client (qui apparaît aussi dans d’autres dimensions), les collègues, le lieu, le moment. Le contexte est décrit avec précision dans la plupart des cas. Notons qu’à un autre niveau, celui du cadre psychologique, la perception de la situation comme contexte d’apprentissage ou comme contexte de travail peut orienter la posture des personnes26. - Les jugements C’est l’évaluation subjective de ce qui s’est passé, l’énoncé de commentaires ou d’opinions périphériques à l’action qui ne renseignent pas directement sur elle mais peuvent aider à comprendre sa mise en œuvre. 26 Cf. 3.3, autres leviers de la compétence 42 Dans les entretiens toutes sortes de jugement apparaissent, sur les clients, sur le contexte. Nous élargissons donc cette dimension au jugement au sens large car les représentations qui en sont issues peuvent intervenir dans la mise en oeuvre de la compétence. Cette dimension prend une importance très variable selon les cas, nous y reviendrons dans l’analyse. - Le déclaratif Vermersch met dans cette dimension tous les savoirs énoncés censés fonder ou justifier l’action mais qui, de fait, ne lui sont pas toujours reliés : quand on a la description du faire, donc de la dimension procédurale, on peut inférer les savoirs théoriques effectivement mis en œuvre, on peut découvrir les savoirs qui sont fonctionnels. Alors que lorsqu’on interroge l’interviewé sur ses connaissances théoriques, rien ne permet d’être certain que ce sont des connaissances qu’il utilise dans l’action. (p. 49) Or dans la description de leurs actions les apprentis interrogés ont très rarement invoqué spontanément de tels savoirs. Par contre, alors qu’ils n’étaient pas guidés assez précisément vers/dans l’évocation et que leurs discours prenait parfois un caractère trop général27 (par rapport aux objectifs de l’EdE), il apparut que cet « entre deux » était intéressant : Le niveau de généralisation des descriptions (c'est-à-dire l’extension à une classe de situations) montre déjà un recul, une certaine formalisation des actions passées, qui trouve à s’énoncer par le biais de l’EdE. Nous classons donc dans cette dimension du « déclaratif » les éléments descriptifs de l’action, nombreux, qui sont devenus déclaratifs par l’EdE (et qui seront analysés à l’étape suivante sous l’angle des savoirs d’action). On y trouve notamment les savoirs procéduraux. - L’intentionnel Toute action est orientée par des buts mais Vermersch souligne qu’il peut y avoir un décalage important entre le but conscientisé et l’intention telle qu’elle est reflétée par l’exécution de la tâche. Le nombre d’items apparaissant sous cette rubrique est assez peu important. Cela tient sans doute autant à la manière de mener les entretiens qu’à l’existence d’une sorte d’implicite intentionnel dans une situation professionnelle donnée. 27 Indices dans l’énonciation, par exemple : « on », présent d’habitude, « toujours » . 43 Dans les propos recueillis apparaît également, de manière manifeste chez la majorité des apprentis, une conscience de la manière de travailler et d’apprendre. Un des buts visés par l’entretien est bien sûr de pouvoir attester d’un recul par rapport à l’action (2e sous-hypothèse) mais une telle formalisation n’avait pas été prévue a priori. Cela justifiait d’ajouter la rubrique : - Manière de travailler et d’apprendre Pour chaque cas, l’ensemble des propos à été codé de manière schématique, avec seulement les n° de prises de parole, dans le Tableau I comportant ces 6 rubriques28. La recherche concerne les compétences à la relation de service aussi un repérage transversal a-til été effectué et tous les extraits évoquant le client apparaissent en italique dans ce tableau. De la même manière, tous ceux qui ont trait au CFA sont soulignés car, si l’on s’intéresse ici plus spécifiquement au développement des compétences en entreprise, le centre de formation intervient dans le cadre de l’alternance. Ce premier tableau sert de base unique pour traiter ensuite indépendamment les données relatives aux deux sous-hypothèses. b) Typologie retenue pour les savoirs d’action Comme nous l’avons vu dans la deuxième partie29, nous désignons par savoirs d’action les ressources cognitives acquises dans l’action et/ou mises en œuvre dans celle-ci. Les données, issues de la description de l’action et classées dans le Tableau I, sont ensuite observées et sélectionnées sous ce critère du savoir d’action ( La dimension du « déclaratif » est la plus riche mais les autres dimensions fournissent aussi des informations intéressantes). Cellesci sont à leur tour classées en sept catégories30 dans le Tableau II31, complété pour chaque cas : 28 Annexe n°6, tableau I « catégorisation des verbalisations dans les dimensions de l’EdE » Cf 2.1.2 Activité, connaissance et savoir 30 En partie issues de la définition de la compétence donnée par la didactique professionnelle 31 Annexe n° 7 29 44 - Savoirs procéduraux : Perceptibles à travers des énoncés fluides qui montrent l’enchaînement habituel des actions, la coordination agie. Dans l’énonciation, la présence de nombreux adverbes ou conjonctions montrant la succession temporelle est, entre autre, un indice de tels savoirs. A la suite de l’EdE, il est parfois nécessaire de rétablir la chronologie des actions (l’élucidation ne se fait pas toujours de manière linéaire, il faut « remonter » le fil de l’action à l’aide des relances). - Gestes : La dimension corporelle de l’activité apparaît parfois dans l’entretien sous la forme de gestes mimés car elle est difficile à décrire avec des mots. Elle a été progressivement acquise dans la répétition jusqu’à être assimilée (Savoyant, 2005). - Repères pour l’action : Issus du contexte, ils correspondent à des invariants opératoires qui orientent l’action. Certains de ces repères auraient également pu être classés dans la catégorie « modèle du client ». Notons également que bien souvent les collègues, en tant que modèles ou que soutien, constituent une ressource externe. Cependant ils ne seront abordés que dans le traitement de la deuxième sous-hypothèse (à travers la catégorie « recul par rapport à la manière d’apprendre et à la manière de travailler »). - Règles d’action Les repères identifiés permettent de mobiliser les règles d’action pertinentes, valables pour une classe de situation, et qui sont le plus souvent associées à des buts : « il faut... pour ». Elles apparaissent plutôt dans la dimension « intentionnel » du Tableau I. Les règles dont il est question ici, sont soit imposées de l’extérieur (règlement à suivre, norme imposée) soit construites dans la pratique. La règle une fois découverte ou intégrée permet une « économie » de pensée en cours d’action et un investissement de celle-ci à des niveaux supérieurs ou différents de conceptualisation. On peut y ajouter dans certains cas des valeurs. Antérieures à l’activité professionnelle, elles peuvent fournir des repères (extérieurs à la situation) pour la guider. Comme pour les règles d’action, agir en fonction d’elles constitue un impératif. Elles sont donc souvent introduites par « il faut ». 45 - Modèle du client Une des ressources mises en œuvre dans la compétence à la relation de service est la mobilisation d’un modèle du client dont on a vu qu’il était nécessaire à la maîtrise du processus d’interaction. Ces éléments constituent aussi des repères pour l’action, il peuvent provenir des dimensions « jugement » ou « déclaratif ». - Connaissance des produits - Vocabulaire professionnel Les caractéristiques des produits utilisés, vendus ou servis sont appris par l’immersion en entreprise. De même, au contact de leurs collègues, les apprentis s’imprègnent du jargon usuel de leur métier et développent par imitation des compétences conversationnelles32. Il a parfois été difficile de choisir la rubrique dans laquelle affecter les savoirs. Mais dans cet exercice, la volonté taxinomique est subordonnée à la volonté de compréhension – les savoirs d’action peuvent être appréhendés sous différents angles. Ainsi, dans la logique du schème, les catégories du Tableau II ne sont pas hermétiques, elles se complètent et s’articulent. Elles peuvent donner l’impression de se superposer parfois (modèle du client/ repère pour l’action par exemple) mais nous avons veillé à ne classer les données qu’une seule fois. Notons à nouveau que les aspects techniques et relationnels ne sont pas séparés puisque la compétence à la relation de service à été précédemment analysée comme une compétence mixte. c) Les indices du recul Une ambiguïté à lever : Nous souhaitons repérer ce qui, dans la pratique professionnelle des apprentis, peut être le signe d’un recul par rapport à l’action. L’entretien d’explicitation est un outil permettant cette prise de distance : le réfléchissement et la verbalisation du vécu. Comment alors distinguer les produits de ces deux étapes distinctes ? Comme cela a déjà été précisé, il a été difficile de maintenir les interviewés dans l’évocation d’un vécu et le fait même qu’ils décrivent spontanément une manière d’agir générale, plutôt qu’un « faire » spécifique, montre qu’un recul a été opéré avant l’entretien. 32 Dans le sens donné par Goffman 46 L’analyse des données permettra cependant de nuancer le propos au cas par cas. Les propos qui évoquent un recul par rapport à la manière d’apprendre et/ ou de travailler – et qui sont « ressortis » des entretiens de manière manifeste - ont été codés dans le Tableau I. Les extraits les plus significatifs seront repris et analysés au cas par cas. Par ailleurs certains apprentis mémorisent de manière extrêmement précise les situations vécues. Cela peut être au moins l’indice d’une pensée en cours d’action (Cf. coordination agie) particulièrement efficace. Les savoirs procéduraux, le « modèle » du client, les règles tels qu’ils sont énoncés dans les entretiens, sont aussi le reflet d’un détachement de l’action et montrent que des classes de situations ont déjà été élaborées. Même si la perception de celles-ci peut sembler subjective, la spontanéité et la fluidité des verbalisations permettent aussi d’inférer qu’un recul a déjà été effectué. Ceci apparaît d’autant mieux, par contraste, dans les rares cas ou l’entretien semble avoir réellement provoqué le recul. Afin de disposer de toutes les clés de compréhension, il faut signaler, puisque les pratiques peuvent être très différentes d’un établissement à l’autre, que dans le CFA concerné la pratique réflexive n’est pas utilisée comme une méthode, un outil pédagogique. Cela ne veut pas dire pour autant que des pratiques informelles n’existent pas à ce niveau. Pour conclure cette deuxième partie : Le recul par rapport à la mise en oeuvre de la recherche Je n’avais jamais effectué ce genre de travail auparavant. Et il fut difficile de créer des passerelles entre la « méthodologie de recherche » mise à disposition dans le cadre du master et les données issues des entretiens d’explicitation, d’autant plus que le modèle d’analyse, s’il était posé dans ses grandes lignes, montrait encore une certaine incohérence. De perplexité en doutes, la construction de la recherche s’est faite sur le modèle essai/erreur. Il s’agissait d’expérimenter de manière personnelle ce genre 47 d’activité. Finalement il y a eu un étayage mutuel entre la « découverte » de critères de classement et l’affinement du modèle d’analyse ; La question de la fidélité à la réalité s’est posée à chaque étape de ce classement-reconstruction. La méthodologie mise en place est une expérimentation. Pour aller au bout du processus d’apprentissage, elle demanderait à être de nouveau utilisée. 3. L’analyse des données Dans tous les cas étudiés, il a été demandé aux interviewés de décrire une situation professionnelle spécifique, avec un client bien identifié, à un moment précis. De manière naturelle les propos tendaient rapidement vers une généralisation/extension à des classes d’activité. Ils étaient alors à nouveau orientés vers la situation choisie. Pour l’ensemble des entretiens, on trouve donc une alternance entre le spécifique et le général. 3.1 Les savoirs d’action repérés 3.1.1 Description et analyse Les données sont donc issues des huit « Tableau II » présents en annexes. Leur analyse ne se fera pas strictement catégorie par catégorie car, nous l’avons vu, celles-ci ne sont pas hermétiques et c’est aussi la logique de l’action qui nous intéresse. a) Cas SR1 (service en restauration) La situation qui sert de base à l’évocation est le service d’une grande table d’une vingtaine de couverts pour une fête de famille. Le cadre de travail est un restaurant gastronomique. Pour ce cas, l’ensemble des rubriques est rempli de manière homogène. L’apprenti effectue seul ce service, il doit organiser rigoureusement son activité. Parmi les savoirs procéduraux, on retrouve les différentes étapes du service. Souvent il y a un couplage 48 avec une intention : « je me déplace, comme ça ils peuvent continuer de parler »(50) ou encore « on débarrasse au fur et à mesure, pour eux, c’est plus agréable »(95). Les repères sont prélevés pour la plupart en cours d’action avec une grande importance du regard, que ce soit en salle : « quand la moitié des verres sont vides, je peux envoyer en cuisine », « souvent je reviens dans la salle pour voir si il manque pas du pain, de l’eau, pour voir où ils en sont dans leur plat »(156) Ou en cuisine « je vois avec les casseroles qui sont sur le feu »(166) pour ajuster le rythme du service. Plusieurs invariants opératoires sont ainsi relatifs à la durée : « ça se mange vite, en cinq minutes c’est mangé »(225). Cet apprenti sait coordonner son travail avec celui du chef : « je dis au chef ‘c’est bon pour les entrées, je peux débarrasser’, lui il me dit ‘attends deux minutes que j’envoie le chaud à côté’ ». Ici les règles d’action énoncées visent l’efficacité, la rapidité « Il faut que j’aille vite parce qu’il anticipe les actions suivantes « aller chercher les amuse-bouche »(88). Lorsqu’on s’adresse au chef « Il faut pas parler pour rien dire »(118) et cela est justifié par le fait qu’il est seul et qu’il doit rester concentré, « sinon il perd tous ses bons, parce qu’il s’occupe de tout »(119). Ces règles sont aussi souvent à rapprocher des savoirs procéduraux : « je les sers un par un pour éviter la casse ». Différents modèles du client, assez généraux, ont été appris dans la pratique et servent à leur tour à orienter celles-ci (les personnes qu’il faut laisser tranquille, celles qui au contraire demandent plus d’attention). Les personnes âgées en général « qui n’ont plus un grand appétit »(208) et pour lesquelles « on sait que le plat il sera pas mangé »(209). On peut noter également que le mode de communication avec les collègues est bien connu et repéré : « si elle est occupée, elle va faire un petit signe comme quoi la table là y’a quelque chose qui va pas »(159), « c’est un regard, en fait, comme on est encombré, c’est un petit regard en fait »(160). SR1 mime cette situation d’être « encombré », il a par ailleurs peu recours aux gestes pour se faire comprendre (comment porter les assiettes, 200) De même ils partagent un langage professionnel : « envoyer » ou encore « lancer » les plats, « attaquer un service » par exemple. 49 Les produits servis, leur composition, sont bien connus ce qui permet d’informer ou de conseiller les clients (26, 142, 178 par exemple). SR1 a bien développé des savoirs dans l’activité de la pratique professionnelle b) Cas SR2, service en restauration La situation choisie est le service d’un groupe de vingt-cinq personnes qui souhaitent déjeuner rapidement, cela se passe un jour férié, il y a beaucoup de clients dans ce restaurant de type « routier ». Chez SR2, la description du procédural est très riche car elle donne souvent à voir le déroulé des choix, des orientations possible de l’action, en relation avec la situation, avec des formulations du type : « si … alors je … », « soit … soit … ». Elle évoque ainsi deux ordres de service différent selon qu’elle est seule ou qu’une collègue intervient (21) et ces différents choix apparaissent dans la prise de commande des fromages : -« vu que c’est un groupe, j’ai pris un bloc notes, j’ai abrégé fromage blanc et fromage et j’ai fait des petits bâtons pour savoir exactement »(71) -« je passe un par un »(75), « je me mets toujours entre deux personne comme ça les quatre ils entendent et ils peuvent réfléchir / le temps que je fasse le tour »(76et77) -« je demande ‘fromage ou fromage blanc ?’ »(71) -« Une deuxième étape, (si tout le monde prend du fromage, je fais pas de deuxième étape), je me mets au bout et je demande ‘ceux qui prennent du sucre, levez la main !’ »(80) -« si ils sont dix, je mets trois sucriers [etc …] (80) Et elle détaille ensuite de même leur service et ses alternatives. Elle a développé une méthode personnelle33 pour être le plus efficace possible, c'est-à-dire, dans son cadre de travail, rapide, et toute l’organisation de l’action vise à optimiser les déplacements : -« J’ai une habitude, c’est de laisser leur couteau pour leur fromage, ça m’évite des pas et je perds moins de temps parce que quand je prends les fromages, je prends quatre assiettes »(57) -« elles débarrassent au fur et à mesure et moi non, je débarrasse tout en même temps, ça évite les pas »(61). -ou encore une gestion des plateaux qui « évite les aller-retours ». 33 Qu’elle perçoit telle, voir 3.2.1 : la pratique réflexive 50 Par ailleurs les connaissances liées aux clients sont « opératoires » : les préférences des hommes et des femmes pour les apéritifs, les desserts, permettent de mémoriser qui a pris quoi et de servir sans avoir à redemander (132, 139, 144). Des signes de satisfaction ou de mécontentement sont relevés au fur et à mesure et permettent d’anticiper : elle repère qu’un des clients n’apprécie pas son plat et qu’il va l’appeler(44). De manière générale, « [elle] regarde, [elle] surveille »(103). Les menus sont bien connus, les variantes sont proposées de manière automatique, « on a toujours deux légumes du jour […] »(26). L’utilisation du matériel est subordonnée à l’efficacité, elle utilise la desserte et les plateaux pour optimiser ses déplacements (215 par ex.) Les règles d’action indiquent les mêmes objectifs : « toujours prendre son carnet et noter ce qui reste »(120) avant de prendre la commande des desserts ; faire très attention aux bons en cuisine (30). SR2 s’appuie aussi sur des valeurs telles que le respect (entre les membres du groupe servi) (61) ; la politesse(164) lorsqu’elle retourne systématiquement s’excuser auprès des clients auquel elle pense avoir répondu trop vivement dans le feu de l’action. Les gestes, à l’exception du portage d’assiette, sont peu décrits(17). La dimension physique est cependant très présente avec les nombreux déplacements qui se font à un rythme soutenu. Le lexique professionnel n’apparaît pas spécifiquement. Ce déroulé de choix « déjà prêts » et de règles d’action, d’invariants-repères qui s’articulent de manière immédiate, permettent des prises de décision très rapides. Nous constatons donc que SR2 dispose de savoirs d’action. c) Cas SR3, service en restauration SR3 est apprentie dans un restaurant traditionnel. Elle propose d’évoquer une situation avec un client difficile parce qu’à la fois très pressé et très exigeant (il fait ramener son plat en cuisine plusieurs fois). C’est un midi, il y a beaucoup de monde dans le restaurant. A noter que dans le cadre de cet entretien il fut difficile d’obtenir des verbalisations précises. Les étapes du service sont décrites de manière succincte : « On l’installe, on lui propose l’apéritif, on le fait patienter un peu »(15). Il est pressé, SR3 note bien l’information et la transmet en cuisine(16). Par ailleurs, elle montre au client, qui appelle de nouveau, qu’elle 51 considère sa demande : « désolée, on a un petit peu de monde, donc ben on s’occupe de vous »(32). La plupart des repères pour l’action qui apparaissent à travers cet entretien sont relatifs à ce type de situations « critique » ils sont de deux ordres : - A quoi on reconnaît le client difficile : « il a du mal à dire bonjour »(12), « il nous dit qu’il est assez pressé »(16), « il se plaignait à chaque truc qu’on lui apportait »(10). - Comment on agit habituellement en retour : « ils passent avant, en cuisine, si ils sont vraiment pressés »(18), « des fois c’est vrai que ça peut ne pas convenir, on le ramène »(45). Ces repères s’inscrivent dans des modèles plus larges du client : ceux qui sont pressés parce qu’ils travaillent (17), ceux qui « veulent être aussi tranquilles que chez eux »(42). Mais au-delà de ces repères, il subsiste une certaine incompréhension chez SR3, perceptible quand elle dit « on a jamais eu de problème, on la fait tous les jours [cette sauce] »(22). Même si elle a l’intuition que « des fois ils pensent que c’est une sauce comme ça, pis en fait … »(71), elle ne la met pas à profit, ce n’est pas elle qui intervient pour expliquer mais le chef (70). Les règles d’action et les valeurs sont souvent relatives à l’attitude qu’il faut adopter avec les clients, elles sont répétées avec insistance dans l’énonciation. Elles n’évoquent pas forcément une posture personnelle mais sont générales : « être respectueuse, ne pas être impulsive »(93), « on se dit, faut se retenir, faut pas … »(97), « il faut faire tout pour que y reviennent »(118). Mais au-delà, lorsque la situation relationnelle devient trop compliquée, SR3 « passe le relais » à une collègue(55). On constate donc un décalage entre les ressources décrites et l’efficacité de l’action. Cela peut faire penser que le savoir est ici seulement déclaratif et ne correspond pas à ce qui est réellement investi dans l’action. L’entretien ne permet pas de faire apparaître une connaissance des produits servis. 52 Le choix de cette situation, que l’apprentie a conscience de ne pas avoir su gérer, révèle donc des carences en termes de savoir-agir avec le client. SR3 à acquis certains savoirs dans la pratique mais ceux qui concernent la relation avec le client sont insuffisants puisqu’ils ne lui permettent pas de toujours agir de manière autonome. d) Cas V1, vente V1 travaille dans une « moyenne surface » qui vend du petit mobilier et de la décoration. Dans la situation choisie, V1 a conseillé un client dans le choix de plusieurs articles qui étaient destinés à une chambre et qu’il s’agissait de coordonner. La prise de paroles suivante, qui résume l’action en début d’entretien, montre le déroulement procédural (depuis la prise d’informations dans le contexte jusqu’aux objectifs) et une connaissance des gammes de produits : « y’avait des coussins, des rideaux, des lampes …et puis une tringle à rideaux … et une parure de draps, donc rien n’allait ensemble, du coup, je lui ai dit que ce qu’il avait choisi en coussins, c’était des coussins avec des Bouddha dessus, on l’avait également en rideaux, donc on est parti en rayons choisir les rideaux qu’allaient avec, du coup il a pas pris les rideaux là, on a trouvé d’autres coussins, enfin on s’est arrangé pour que tout aille ensemble en fait »(5) Les relances suivantes ont donc porté sur le déroulement plus précis, étape après étape de cette vente. Les réponses ont permis d’élucider progressivement le déroulement de l’action avec notamment le recueil des besoins : « je lui ai demandé ce qu’il recherchait, la dimension, plus les couleurs qu’elle lui avait demandées, puis par rapport aux questions que je lui ai posées, j’ai recherché ce qu’on avait »(6). Puis la vente se poursuit en montrant plus qu’en parlant : « j’ai déjà pris tout ce qu’il avait trouvé d’autre, qui lui plaisait vraiment et puis avec les rideaux, j’ai mis les mêmes à côté, qu’il voit ce que ça pourrait donner »(8). Il s’agit bien d’une action orientée ici. Et l’on voit l’articulation entre prise d’information et action – l’information devient savoir pour agir ici : « Il voulait que quand les rideaux sont fermés on voit rien »(18) et « je savais quel type il voulait alors je lui en ai proposé »(19), ce qui suppose aussi qu’elle connaît les articles et qu’elle sait où les trouver dans le magasin. Elle sait également qu’elle peut se tourner vers les autres magasins de la chaîne, « j’ai appelé les autres magasins pour savoir si ils en avaient »(26). 53 Quelques règles d’action apparaissent, elles concernent le client mais, puisqu’elles semblent dépasser le seul cadre professionnel, on peut parler de valeurs : [regarder le client] « du moment qu’on veut intéresser quelqu’un, il faut savoir ce qu’il en pense même sans lui demander »(32) et « je le fais tout le temps en fait [regarder la personne] si je parle à quelqu’un de quelque chose qui me tient à cœur »(38). Ce qui permet une lecture des visages et des attitudes : « je vois au visage, en fait, aux mimiques, la gestuelle et tout, si il commence à regarder autre chose quand je parle, c’est qu’il s’intéresse pas du coup »(32). En l’occurrence, l’attitude du client la rassure sur l’efficacité de son action, et l’on pense à cette spécificité des relations de service : le travail se fait sous le regard du bénéficiaire et est immédiatement évalué par lui34 : -« A quoi tu voyais que tu te débrouillais bien ? -Parce qu’il avait l’air content, il suivait ce que je lui disais, il avait pas abandonné en se disant ‘c’est tout, je vais prendre ça parce que ça me fatigue’»(29) Au-delà de ce savoir être attentif aux signes non verbaux, V1 a aussi constitué des modèles du client : « En général, c’est un peu tous les mêmes [les casse-pieds], c’est ceux qui demandent conseil mais qui veulent rien … en fait ils viennent pour rien acheter »(52), « y’a ceux qui voudraient des choses impossibles… le moins cher possible, des choses qu’on peut pas faire »(54). Rien n’a été codé sous la rubrique gestes mais une dimension physique et/ou gestuelle de l’activité apparaît dans le discours et montre les déplacements dans le magasin ou encore la manière de rassembler les différents articles pour les assortir. Le lexique professionnel n’est pas très perceptible : « aller en rayon/en caisse». V1 a effectivement développé des savoirs dans la pratique de l’activité professionnelle e) Cas V2, vente Le cadre de travail est une pâtisserie traditionnelle. Une première description concerne un « habitué » qui achète toujours le même produit. Cependant cette situation est « critique » dans la 34 Cf. 1.2.1, c) - Ughetto (2002) 54 mesure où le client est une personne très sale. Il faut donc que le vendeur s’adapte à cette caractéristique. Une deuxième situation est ensuite décrite : le conseil pour le choix d’un gâteau. Dans la première situation, V2 est très réticent « c’est l’horreur »(6). Si les caractéristiques du client orientent l’action c’est ici parce qu’ils la perturbent – d’autant plus qu’il apporte sa propre boîte, très sale, pour la faire remplir de tuiles aux amandes. Il faut donc savoir « faire avec », d’un point de vue pratique (aspect sanitaire) mais aussi émotionnel (gérer la répulsion). Le vendeur met donc en place une procédure pour cette situation qui se répète souvent : « Ce n’est pas hygiénique, je laisse la boîte sur le comptoir, je vais prendre des gants derrière, je reviens la chercher – il vient, il nous demande ses tuiles, il va faire ses courses et il revient la chercher » (17). Puis un gant est enlevé pour prendre les gâteaux – mais il reste dans la main gantée - et il est remis pour fermer la boîte (47). Il s’agissait ensuite d’une famille, l’accueil des clients se fait toujours de la même manière : « je dis ‘bonjour messieurs dames, vous désirez ?’ et après ils m’ont dit, ‘on voudrait un gâteau pour huit personnes’, alors je leur propose toutes les gammes de gâteau, donc moi avant je suis allé voir [la mise en rayons n’était pas encore faite], je leur dis tous les gâteaux qu’on a reçus et ils me demandent des renseignements sur tel ou tel » (97 et 99). « après on leur demande si c’est pour un anniversaire … parce que on met une plaque joyeux anniversaire et on offre les bougies avec »(130). D’autres savoirs sont de l’ordre de la procédure (mais on peut dire qu’ils règlent l’action aussi) : - Les enfants qu’on fait passer derrière le comptoir pour choisir les bonbons (74) - Le fait de taper au fur et à mesure les articles sur la caisse quand il y en a beaucoup (163). Il faut être capable de dire de quoi sont faits les gâteaux pour renseigner les clients. C’est le cas de V2 qui connaît les ingrédients mis en œuvre dans les différents produits. Par exemple, « j’ai dit qu’il y avait un biscuit meringué souple aux amandes, du crémeux de vanille, du glaçage chocolat »(106). Le lexique professionnel se résume d’ailleurs au nom des différents ingrédients. Il sait qu’il peut aussi consulter un document qui les décrit tous (105). Lors de l’entretien, il n’évoque pas explicitement d’autres repères spécifiques pour l’action. Les règles d’actions concernent d’abord le rapport aux clients : « je m’arrête de travailler [de mettre en rayon] quand [les clients] arrivent »(80). Règle qui semble aussi issue d’un savoir plus théorique sans doute transmis au CFA quand elle est formulée ainsi : « Il faut avoir une écoute 55 active, faut toujours regarder le client, faut pas faire autre chose en même temps »(80) mais qui repose aussi sur « la politesse » (84) en général. S’il est nécessaire que la mise en rayon se fasse vite le matin, c’est pour que les clients « voient tout ce qu’il y a »(129). Cela est à mettre en relation avec une connaissance du client qui « si il ne voit pas, ne demande pas »(129). Par ailleurs V2 évoque peu de modèles du client : les enfants qui aiment le chocolat - le savoir permet de mieux conseiller (189) et, comme nous l’avons vu, il connaît les habitudes des clients qui viennent quotidiennement. La vente de pâtisserie au-delà du conseil demande de la dextérité pour faire les emballages et nouer les rubans. Cette activité est difficile à décrire et les gestes viennent rendre les mots plus explicites : « vous pliez le dessus du papier, en fait après vous repliez, carrément sur la boîte, vous appuyez des deux côtés de la boîte … »(147, 149). Il est donc possible de dire que V2 a développé des savoirs d’action pendant la durée de son contrat d’apprentissage. f) Cas V3, vente Cette apprentie travaille dans les rayons charcuterie et fromage d’une grande surface. Elle ne réussit pas à trouver une situation qui sorte de l’ordinaire et dont elle se souvienne précisément. Il faut noter cependant qu’il a été difficile de guider la verbalisation pendant cet entretien. Les clients se suivent, sont servis rapidement …et se ressemblent : « je dis ‘bonjour’, je dis ‘qu’est-ce qu’il vous fallait ?’, ils disent ce qu’ils veulent, tout ça … et ben moi je les sers et pis je leur dis ‘ben merci, au revoir’, pis après j’enchaîne, bah les autres clients pareil, en fait »(7). Elle sait cependant revenir sur le détail des différentes opérations et donner toute la procédure d’une vente (33). Mais alors que son activité suppose l’usage de matériels (trancheuse, caisse) et comporte des gestes spécifiques pour servir des portions des différents produits, les descriptions n’ont pas atteint ce niveau de précision. De même la connaissance des produits n’est pas mise en relief par l’entretien – alors que l’on peut penser qu’elle existe. C’est peut-être parce qu’elle ne trouve pas à être mobilisée dans une pratique d’où la dimension de conseil semble absente. 56 Les repères pour l’action qu’il a été possible de relever résident dans la documentation dont la vendeuse dispose pour proposer des formules de buffets (46) mais elle n’est pas en mesure de renseigner un client qui souhaiterait modifier l’une d’entre elles, pour cela, « il faudra voir avec la responsable, mais moi je pourrai pas savoir »(63) ce qui est vu par V3 plus comme une limite que comme une ressource. Elle dit aussi que « en général les gens y prennent toujours à peu près les mêmes trucs, donc on sait à peu près quoi »(61) (elle n’évoque pas les habitués mais bien les gens en général). Et elle « regarde sur quel ton lui parle » la personne qu’elle salue à son arrivée (12). Elle peut définir plusieurs types de clients selon les critères de l’âge, de l’attitude, des habitudes … ces catégories ne sont ni détaillées ni illustrées par des exemples plus concrets, « y’a plein de types de clients, quoi, c’est varié »(61). Deux règles apparaissent, la première dictée par l’encadrement : « il faut enchaîner pour pas qu’ils attendent trop longtemps parce que sinon y’a le patron qu’est là » ; la seconde, partagée avec les autres collègues concerne la manière de s’adresser aux clients impolis : « Quand ils disent pas bonjour, tu leur dis BONjour, comme ça pour qu’ils comprennent bien »(15). Sa pratique, qu’elle trouve elle-même assez pauvre35, semble n’avoir permis à V3 de ne développer que les savoirs « juste suffisants pour l’action ». g) Cas C1 coiffure C1 choisit de décrire la réalisation d’une coupe et d’une couleur sur une cliente qu’elle n’a jamais coiffée auparavant. Les savoirs procéduraux sont nombreux, la succession des différentes étapes – de l’accueil jusqu’au recueil de satisfaction - est décrite avec précision (même si l’entretien n’est pas poussé jusqu’aux opérations les plus techniques) : « Je lui demande ce qu’elle veut, ce qu’elle recherche dans la couleur, si c’est la brillance … »(8) ou encore « donc, j’ai été cherché une tablette, je l’ai habillée, donc, je lui ai mis une serviette et tout, je lui ai mis du cello. pour pas qu’elle soit tâchée et heu après j’ai commencé à appliquer la couleur »(38) et, plus technique : « Après j’ai coupé bien 1 cm partout, je fais une séparation et je commence à dégrader »(144). 35 Cf. 3.2.1 données concernant la pratique réflexive 57 A travers la description du procédural apparaissent aussi les formules de politesse qui accompagnent la plupart des étapes : « donc, j’ai dit à la cliente, ‘on va pouvoir passer au bac, s’il vous plait madame’, donc elle va au bac à shampoing, je commence à […] »(111) On constate aussi que plusieurs tâches peuvent être effectuées successivement sur plusieurs clientes : lors du temps de pause de la coloration de sa cliente, C1 prend en charge une autre personne tout en restant attentive à la première : « J’ai commencé à sécher la cliente de ma patronne et après ben j’ai été voir quelle heure il était, j’ai vu qu’il restait encore 10 mn, donc je continue à sécher, puis j’ai été re-voir et c’était l’heure donc j’ai dit à G. ‘faut que je m’occupe de ma cliente’ »(110). Nous avons classé dans les repères pour l’action les renseignements pris en interrogeant la cliente au sujet de ses souhaits ainsi que les informations concernant les caractéristiques de la chevelure, elles aussi nécessaires pour adapter l’action : « Elle voulait à peu près le même genre de couleur qu’elle avait mais avec un peu plus de reflets » (35) et, par exemple, « elle avait des cheveux assez épais donc c’est pour ça que j’ai préféré faire des séparations »(151). On voit ici le lien direct prise d’information – action, et C1 tente de préciser comment elle détermine la nature des cheveux : « quand on le touche, on le sent » (173) et « pis même quand on regarde »(174) Elle dispose aussi de repères pour mener la partie technique de son intervention : un savoir technique qu’elle a expérimenté comme lorsqu’elle affirme que « Verticalement c’est moins dégradé que en biais »(147) ou qu’elle évoque la « mèche témoin pour regarder ce qu’il y a à couper »(149). Elle sait également combien de temps il faut pour mener à terme chaque étape ce qui lui permet, comme nous l’avons vu, de s’occuper de plusieurs clientes (64). Les règles d’action concernent pour la plupart la dimension technique du métier, il est possible de les associer à des objectifs36 avec par exemple : « il faut toujours malaxer une couleur 5 mn (112) pour avoir beaucoup de brillance(115) », « il faut toujours faire deux shampoings, c’est pour stopper l’oxydation »(122). La règle suivante est déterminée par la posture d’apprentie : « Si je suis pas sûre [pour les coupes transformatrices], je préfère toujours demander à mes collègues parce que c’est ça que j’ai peur, de faire une bêtise à une cliente »(243). On perçoit le même souci à travers la manière de recueillir les souhaits de la cliente « A chaque fois, après dès qu’elle me dit, ‘je veux ça’ donc je lui ré-explique et je dis ‘c’est bien ça ?’, elle me dit ‘oui, oui’ alors je lui ré-explique encore une 36 L’EdE peut être utile pour faire apparaître les objectifs quand ils ne sont pas connus, voir 3.2.1 58 fois »(247). En effet, elle sait, parce qu’elle explique avoir eu l’occasion d’en faire l’expérience, que « des fois on se comprend mal aussi »(245)37. C1 sait donc être attentive au langage verbal mais elle repère aussi les signes non-verbaux : « ben, ça se voyait, elle était à l’aise, elle parlait bien, ça se voit quand les clients y sont heu … »(58) ou « quand elles sont stressées, elles parlent vite ou pas du tout »(62). Elle a remarqué que la plupart des clientes demandent si les colorations comportent de l’ammoniac(39) et qu’ « elles n’aiment pas beaucoup ça »(38). C1 montre alors qu’elle connaît les produits qu’il s’agisse de leurs effets ou de leur utilisation : « c’était du 5, 12[…] châtain irisé cendré, le 5 c’est tout ce qui est blond-châtain, après la virgule, c’est le reflet »(23) et « on a une nouvelle couleur qu’est sans ammoniac, donc elle abîme pas du tout le cheveu en fait »(44) ou encore « le temps de pause, c’est 35 mn »(91). Cependant on peut constater une limite des connaissances à ce sujet : « c’est quand même dangereux, je sais pas trop, c’est quand même agressif l’ammoniac »(74)38. Comme nous l’avons précisé en début d’analyse, l’élucidation de l’action n’a pas été menée jusqu’aux opérations les plus techniques ce qui explique que si les gestes viennent soutenir la description verbale, cela reste assez rare (141 et 148). Le lexique professionnel se remarque à l’utilisation des termes techniques. On dit bien par exemple « appliquer » la couleur et non l’étaler, comme C1 est amenée à le préciser (54). C1 a bien développé des savoirs dans le cadre de sa pratique en entreprise. h) Cas C2, coiffure L’apprentie interrogée ici a choisi d’évoquer la réalisation d’une coupe et d’une couleur. Elle semble avoir choisi cette situation parce qu’elle comporte un niveau de technicité important. Mais sa « cliente » fait ici partie de sa famille (sa tante) ce qui ne favorise pas le repérage de tous les savoirs spécifiques mis en œuvre, de manière professionnelle, dans la relation de service. De plus, C2 n’avait finalement que très peu de temps à consacrer à l’entretien qui a dû être mené « tambour battant ». 37 38 Ce qui évoque, déjà, un recul par rapport à l’action Voir rôle de l’EdE dans la compréhension 59 On peut parler de savoirs procéduraux, les différentes étapes – recueil des souhaits, coupe - sont évoquées rapidement mais avec précision semble-t-il : « j’ai demandé si les mèches elles étaient grosses ou petites, si elle en voulait beaucoup, la couleur, ce qu’on refaisait »(19) puis « je sépare, j’attache avec les pinces, donc j’ai fait le tour d’oreille, j’ai commencé à faire mon dégradé, derrière, j’avais attaché les deux trois mèches qu’elle laisse »(31). De nombreuses règles, d’ordre technique, expérimentées dans la pratique, sont énoncées comme par exemple : « On fait toujours une pointe pour pas couper les angles » (44), « il faut prendre en élévation pour pas que ça fasse la coupure nette »(53). Elle dit aussi qu’ « il faut se rappeler où c’est qu’on a coupé déjà »(39). Pour ce faire, elle « sait qu’[elle]commence toujours du côté gauche »(40). D’autres repères la guident encore, et notamment des invariants opératoires relatifs aux types de cheveux : « suivant les cheveux longs, les cheveux courts, on a différentes jonctions à faire »(36) et concernant la cliente choisie : « elle a un cheveu souple donc il se place très facilement »(27). Les goûts des clients l’orientent, elle doit tenir compte du fait que « la bordure devant, elle aime beaucoup que ce soit effilé »(30). Il n’a pas été possible de mettre en évidence des savoirs concernant l’utilisation des produits mais C2 sait qu’elle doit adopter une technique spécifique pour réaliser la couleur sur cette cliente : « sur des clientes ça prend super bien mais sur elle on n’arrive jamais à avoir le violet comme sur les autres clientes »(15). C2 montre à travers ce bref entretien qu’elle s’est appropriée le lexique technique de la coiffure ( les « angles de coupe », le « plateau », les «jonctions » …) mais aussi des habitudes de langage : « mes séparations », « elle a un cheveu ». C2 a bien développé des savoirs d’action dans le cadre de sa pratique mais il est impossible au vu de cet entretien de se prononcer sur des savoirs plus spécifiques qui guideraient la relation de service. 60 3.1.2 Analyse transversale Il s’agit à présent de confronter les résultats obtenus pour ces huit cas. Cette recherche est basée sur une méthodologie de type qualitatif qui vise à comprendre le phénomène de la construction des compétences à travers l’étude de cas particuliers. a) Relativiser les résultats En s’intéressant aux savoirs d’action, c’est la dimension individuelle, celle des composantes identitaires, que l’on aborde. Il s’agit de percevoir comment des individus différents, qui travaillent dans des entreprises différentes - mais suivent des cours identiques au CFA (dans les trois métiers considérés) acquièrent des savoirs dans l’action. De manière transversale, c’est la relation de service qui relie ces trois métiers. Au-delà de ce point commun, les activités sont très différentes et les savoirs d’action se développent donc dans des situations très différentes (au sein d’un même métier également). La coiffure se distingue ainsi de la restauration et de la vente par une dimension technique beaucoup plus prononcée - ce qui explique aussi qu’un lexique professionnel est plus mobilisé chez les deux apprenties coiffeuses et qu’elles ont recours aux gestes pour décrire leur activité. Par ailleurs, cela a déjà été noté, les entretiens n’ont pas été menés de manière uniforme qu’il s’agisse de leur durée, de la pertinence des relances, du type de situation choisie. A ce niveau, on remarque, a posteriori seulement qu’il n’était pas opportun, de donner l’alternative « une situation professionnelle dont vous vous souvenez, soit parce qu’elle s’est bien passée, soit parce que vous avez eu des difficultés ». SR3 est la seule à avoir choisi une situation difficile, peut-être d’autres savoirs seraient-ils apparus dans l’autre cas ? Des situations critiques ont parfois été évoquées, mais en parallèle de la situation choisie seulement ( chez SR2 et V1 notamment). De plus il existe des différences interindividuelles dans la manière de réagir à ce type d’entretien. Ainsi, SR1 mais surtout SR2 et C1 ont tout de suite saisi le principe d’élucidation de l’action et le niveau de leurs description était d’emblée assez fin. Au contraire SR3 et V3 se sont montrés beaucoup plus difficiles à guider dans l’évocation. 61 b) Des points communs Presque tous les apprentis ont développé dans l’action des « modèles du client ». Il n’y a que chez C2 que ce type de savoir n’apparaît pas directement (entretien trop bref) et chez V2 où ils sont peu développés. Souvent ces modèles sont assez généraux (clients agréables/désagréables) mais SR2 distingue de manière assez fine les habitudes des hommes et des femmes (préférences alimentaires) et V1 repère facilement les clients qui demandent conseil mais n’achèteront rien. SR1 et SR2 partagent un même modèle relatif aux personnes âgées qui ont peu d’appétit. La dimension relationnelle de ces métiers n’est pas neutre, au sens ou elle peut impliquer « émotionnellement », à différents niveaux : -SR2 et V2 doivent d’abord surmonter leur répulsion pour servir des clients très sales et ensuite, mettre en place une stratégie pour gérer la situation. Il s’agit de savoirs spécifiques qui participent de cette compétence mixte dont parle Mayen. A l’arrivée et au départ du client, quel que soit le métier, les mêmes formules de politesse et de recueil de besoin sont en usage. Il s’agit ici de savoir acquis par mimétisme auprès des collègues et qui font partie du savoir procédural au sens large. Dans les trois situations de service en restaurant, pourtant très différentes, les savoirs d’actions, qu’il s’agisse de règles ou de procédures, permettent l’organisation et la rapidité. Il s’agit pour tous « d’économiser des pas » et d’anticiper les besoins du client. Il faut pouvoir coordonner le service de plusieurs tables. Il y a aussi une dimension de collaboration avec les collègues. Cela passe par une communication verbale ou non verbale avec les (SR1 et SR2). Dans ces deux cas (service de grandes tables de plus de 20 personnes), les apprentis se déplacent de personnes en personne, répètent, pour prendre les commandes. Au-delà du rôle de la vue qui intervient la plupart du temps dans la prise de repère et donc la production de savoirs, notons aussi pour certains apprentis le lien avec d’autres sens : -SR1 et V2 disent qu’ils peuvent conseiller le vin(26) ou les gâteaux(187) parce qu’ils les ont goûtés. -SR2 souligne le rôle de l’audition dans la mémorisation des commandes(134, 145). -C1 connaît la nature des cheveux en les touchant et en les regardant. 62 c) Des styles propres à chacun Mais il y a aussi des différences : c’est peut-être là qu’est la connaissance acquise, découverte dans l’action la plus personnelle et qui serait un des ingrédients spécifiques de la compétence, à la rencontre de la personne et de la situation. Les seuls entretiens ne permettent pas, bien sûr, d’atteindre un tel degré de précision. Mais, selon les apprentis et le contexte professionnel dans lequel ils évoluent, on constate que les savoirs d’action apparaissent et se répartissent de manière sensiblement différente dans les rubriques du Tableau II. Certains pensent développer des manières de faire personnelle, c’est le cas de SR 2 qui laisse les couteaux sur la table pour gagner du temps (alors que ses collègues agissent différemment) ou de C1 qui donne toujours deux coups de ciseau pour désépaissir alors que l’on peut faire autrement. Comme on le voit, on aborde déjà la question du recul par rapport à l’action d) Et les savoirs théoriques ? L’hypothèse porte sur les savoirs d’action mais la grille de l’EdE pouvait également prendre dans ses mailles des savoirs théoriques, ils sont peu nombreux à apparaître, sous une forme explicite en tous cas (V2). Ils peuvent cependant affleurer dans le langage avec la gestuelle évoquée par V1 ou le fait que C1 dise « communiquer avec la personne » mais C1 évoque très précisément le principe de la reformulation sans jamais le désigner comme tel39. 3.1.3 la 1e sous-hypothèse est-elle validée ? A la question « les apprentis développent-ils des savoirs d’action en entreprise ? », on peut répondre par l’affirmative dans les huit cas traités. Cependant cette réponse doit être nuancée de la manière suivante pour trois cas : - SR3 n’a pas réussi à extraire de sa pratique les savoirs suffisants ou adéquats pour assumer efficacement la relation avec les clients « difficiles » qu’elle est amenée à servir. -V3 quant à elle a développé des savoirs mais de manière assez limitée, qu’il s’agisse de la dimension technique ou de la dimension relationnelle de son métier. 39 Le traitement de la 2e sous hypothèse fait apparaître dans certains cas des savoirs théoriques pragmatisés, voir ciaprès. 63 - C1 n’a donné à voir que la dimension technique de son activité pour laquelle sa pratique a été formatrice, l’aspect relationnel est peu apparu dans un entretien trop bref. La sous-hypothèse est validée, les apprentis interrogés ont effectivement développé des savoirs d’action dans le cadre de leur pratique professionnelle en entreprise. 3.2 La pratique réflexive des apprentis Les données sont directement issues de la catégorie « recul par rapport à la manière de travailler et par rapport à la manière d’apprendre » du Tableau I (catégorisation des verbalisations). Si je sais comment je travaille et comment j’ai appris, c’est bien qu’il y a eu un détachement par rapport à l’action. Rappelons que les extraits classés dans le Tableau II montrent également un recul. Les deux aspects (travailler et apprendre) seront étudiées en même temps, dans la logique de l’activité constructive puisque c’est bien en faisant que les apprentis développent des compétences. 3.2.1 Description et analyse a) Cas SR1 Dans ce cas, les propos qui évoquent un recul sont présents mais proportionnellement peu nombreux par rapport au déclaratif. Il semble très important pour SR1 de travailler de manière autonome depuis le début de son apprentissage : « ils m’ont laissé indépendant pratiquement au bout de la première semaine de travail »(104) et « ce qui est bien c’est qu’ils me laissent m’occuper de tout, de la commande à l’encaissement ». Il associe cela à un apprentissage « sur le tas »(191) avec une progression. Ainsi « c’est à force de faire »(100) qu’il a appris à lancer les plats en cuisine. « Je lançais trop tard, je pensais qu’il fallait attendre que tout le monde ait fini en fait, donc je me suis fais avoir ». 64 Son erreur l’oblige à réviser sa manière de travailler. Il identifie et teste des repères, ils sont explicites40 pour lui. On peut donc parler de coordination conceptuelle ici. Il n’y a pas d’échange à se sujet avec ses collègues, il ne sait pas quels sont leurs repères à eux (106). Cependant c’est au cours de l’EdE qu’il prend conscience qu’il observe très attentivement les clients : « ben en fait non, là en parlant, mais enfin je me rendais pas compte que je regardais les gens »(60). Ainsi il les « revoit », les « a en tête », se souvient de leurs places respectives (56, 58). Le rôle des collègues apparaît pour guider la relation avec les clients. Il apprend à répondre aux remarques des clients « à force de regarder la patronne et l’autre serveuse faire, ça s’entend »(73,74). Il sait aussi que c’est parce qu’il a goûté un vin qu’il est capable de le conseiller aux clients (26). Pour terminer, on peut noter qu’il n’y a pas de retour sur le service, après celui-ci « on parle pas travail »(108). Et, de même « ce que je fais en entreprise, j’en parle pas au CFA »(264) SR1 sait se détacher de l’action, cela est perceptible à travers la formalisation des savoirs du Tableau II et à travers la conscience qu’il a de sa manière d’apprendre. b) Cas SR2 De nombreux propos sont le reflet d’un recul par rapport à l’action, ils sont souvent énoncés spontanément. Le rôle des collègues dans l’apprentissage apparaît à plusieurs reprises. C’est « grâce aux collègues » qu’elle optimise ses déplacements (35), qu’elle sait comment agir avec les derniers clients au moment de faire le ménage. Elle le résume ainsi : « c’est pas écrit [le règlement]mais c’est transmis] (259) et « pis c’est en voyant faire aussi »(260). On peut parler de recul réflexif dans l’exemple suivant ou SR2 montre qu’elle sait comment elle sait : « je mémorise vite en fait au niveau des desserts […]c’est rien qu’en prenant, en écrivant ET en regardant, je fixe la personne et je mémorise tous les détails »(134). Puis au moment de servir : « j’entends la voix, je sais qui c’est »(145). Les préférences exprimées par SR2 montrent un recul : Utiliser un plateau plutôt que le chariot 242), attendre que le client qu’elle a repéré l’appelle (46). Elle sait qu’elle a des préférences et 40 Voir 3.1.1 à ce sujet 65 elle peut les expliquer, donner leur source. De même elle a des manières de faire qui lui sont propres (laisser les couteaux, 57) mais qui s’inscrivent dans les impératifs de rapidité. Elle montre également une posture réflexive quand elle revient sur les origines de son choix professionnel(191). Au fil de l’entretien, elle évoque les différences de pratique entre le CFA et l’entreprise dans laquelle elle travaille et les résume ainsi : « là où je suis, c’est un routier, c’est la rapidité, y’a pas de découpes, y’a rien de tout ça quoi, nous c’est hop, l’assiette sur la table, ils mangent, on débarrasse. Que là on apprend le correct, le droit, le brillant »(188,189). SR2 sait comment elle apprend et comment elle travaille, par ailleurs de nombreux savoirs d’action formalisés apparaissent dans le Tableau II. On peut donc dire que SR2 développe une activité réflexive. c) Cas SR3 Les propos évoquant un recul sont assez nombreux mais se pose pour SR3 la question du degré de détachement et des effets de celui-ci sur la pratique professionnelle. Pour rappel, il s’agissait dans la situation choisie de servir un client « difficile ». SR3 constate que sa collègue « elle, elle sait, elle réagit super bien / Comment elle fait ? / je sais pas, je sais pas du tout, elle a un truc »(57, 58). Puis au fil de l’entretien : « je me dis bah, elle fait ça quand même depuis plus de dix ans et donc elle a déjà l’expérience, et puis elle en a déjà vu pas mal qui défilent pareil et je pense qu’elle a moins de … Qu’elle se dit, ‘c’est le boulot’ quoi … je sais pas comment elle fait »(60) A travers ces deux extraits on voit bien : - Le constat (cela marque un premier recul) : la collègue sait faire - La réflexion à partir de cela, l’effort de compréhension : le rôle de la durée en lien avec l’expérience, la posture professionnelle. - L’incapacité à saisir vraiment ce qui fonde l’action efficace (la relation ici) chez sa collègue. Et l’entretien montre ainsi la difficulté à travailler avec des clients exigeants. SR3 est consciente de ce qui lui pose problème dans ce type de situation : « en plus il n’hésite pas à le dire franchement devant les autres clients »(51) et « tu te dis, ça y est les autres y vont croire que tu sais pas faire ton boulot »(52). Ses règles d’action à cet égard se résument à « Faut se retenir »(97), répété plusieurs fois. 66 Notons aussi que dans le tableau I, c’est dans la dimension « jugement » qu’apparaissent le plus d’items, (ce qui n’est pas le cas dans la plupart des autres entretiens). Il y a un recul mais celui n’induit pas une mise en mouvement, les représentations sont comme figées. Par ailleurs SR3 sait qu’elle a appris de sa collègue à ne pas « partir à vide », à ne pas « faire des pas dans le vide ». Elle suit ce modèle. SR3 se détache de l’action mais les effets n’apparaissent pas dans sa pratique auprès des clients difficiles. Elle semble disposer d’éléments de compréhension mais qui ne sont pas reliés, mis en cohérence par une réflexion suffisante. d) Cas V1 Les verbalisations relatives à la manière d’apprendre sont nombreuses par rapport à celles présentes dans les autres dimensions du Tableau I. V1 montre qu’elle mesure bien la différence entre la théorie, apprise au CFA et la réalité de sa pratique en entreprise : «En cours, on nous dit, il faut s’intéresser aux gestes, on nous dit, s’il se gratte la tête ça veut dire quelque chose, mais ça dépend du contexte en fait. Après on se rend compte par nous même, c’est pas du tout pareil en fait que ce qu’on nous explique »(40). Cependant on constate, quand elle décrit son action, qu’elle est attentive « aux mimiques, à la gestuelle du client »(32) Son recul lui permet simplement de constater qu’il ne peut y avoir de rapport d’application direct et que c’est bien la situation qui oriente l’usage de la théorie. On trouve donc ici une illustration de la pragmatisation des concepts pour/dans l’action. Elle note ensuite que « ce qui est intéressant au CFA, c’est qu’on profite de l’expérience des autres […]par rapport à ça, la prof lui dit, t’aurait dû réagir comme ça, faire ceci … et nous donc quand ça nous arrive après, on sait comment réagir »(42) On peut relever deux éléments importants : -Les cours au CFA donnent parfois l’occasion aux apprentis d’évoquer leur pratique. Ce qui permet de repérer un temps de formalisation en formation. -Il semble aussi que les répertoires de situation peuvent être partagés et, en tout cas, orienter les pratiques suivantes. 67 V1 fait le lien entre répétition des situations et apprentissage : « ça entraîne entre guillemets, à force on sait comment s’adapter …Mais les clients sont tous différents […] on apprend à reconnaître le client en fait »(64). Et elle dit qu’il lui a fallu presque deux ans pour construire ces repères(68). Elle montre aussi un recul par rapport à sa posture d’apprentie : il était difficile d’oser aller vers le client mais elle s’est dit « je suis là pour ça, faut oser »(73). Elle est consciente d’apprendre en regardant faire ses collègues (60). L’EdE a permis à V1 de formaliser des savoirs procéduraux. Elle sait faire mais n’a pas conscience de sa manière d’agir : -« Comment tu as fait pour le conseiller si t’étais pas habituée à faire ce genre de choses ? -En fait, je sais pas, ça c’est fait tout seul -Tout seul, ça fait comment, qu’est-ce qui vient en premier ? -Le réflexe, c’est de lui poser des questions pour savoir où se situer par rapport à ce qu’il veut, savoir comment est sa pièce …(16, 17) V1 donne ainsi la preuve d’une pratique réflexive antérieure à l’EdE mais celle-ci s’est également produite pendant l’entretien e) Cas V2 De nombreuses verbalisations concernent la manière d’apprendre. Il est possible que dans ce cas, le contexte du CFA, dans lequel se déroulent les entretiens, ait orienté certaines réponses. V2 souligne le rôle de la répétition qu’il s’agisse de faire les sandwichs ou de réaliser les emballages : « avec l’habitude, on apprend vite le geste »(42) et (147). Ce sont ses collègues qui lui ont montré comment faire. Il les a également observées dans leur manière de s’adresser aux clients, « après vous savez dire à peu près ce qu’il faut »(122). V2 met en perspective ce qu’il apprend en entreprise (en regardant les autres) et la théorie vue en cours. Cela reflète bien un recul : « C’est en stage que j’ai appris à faire ça parce que je voyais les autres faire … Donc au CFA, la reformulation, j’ai tout de suite vu ce que c’était »(201) De la même manière, il explique comment il met en pratique la notion d’ « écoute active ». (83) 68 Par ailleurs il fait preuve de recul réflexif puisqu’il sait comment il sait. Ainsi c’est en goûtant qu’il a appris à connaître les gâteaux et leurs propriétés (ceux qu’il faut sortir à l’avance …) : « on me l’a dit si, mais heu …, mais après quand on a goûté à tous les gâteaux, on sait encore mieux conseiller »(187). On voit ainsi comment les différentes ressources, qu’il s’agisse d’un savoir énoncé ou d’une connaissance-expérimentation personnelle, se combinent pour permettre le conseil. V2 a conscience d’avoir du mal à parler aux clients pendant qu’il fait les emballages : « a ce moment là je suis gêné parce que je suis tellement concentré sur le bolduc que … vous dites rien au client »(134) et « j’aime bien regarder les gens quand je leur parle mais je suis en train de regarder ce que je fais »(135). Enfin, l’expression de préférences montre qu’il prend son travail comme objet de réflexion : « je préfère conseiller qu’encaisser ou des trucs comme ça. C’est le principe de la vente, c’est ça »(188). A partir de ces exemples, on peut dire que V2 a développé une pratique réflexive. f) Cas V3 Dans le cas de V3, nous avons vu que les savoirs juste suffisants pour agir avaient été développés. Le recul qu’elle montre par rapport à son contexte d’apprentissage peut être éclairant à ce sujet. Dès le début de l’entretien, V3 déplore l’aspect répétitif de son activité : -« les autres clients pareils en fait » (7) et « c’est répétitif en fait »(8) -« les gens prennent tout le temps les mêmes trucs »(61) -« ils nous font faire tout le temps les mêmes trucs »(64) D’après elle c’est pour cette raison qu’elle n’a pas assez de connaissances(62). Elle n’arrive pas à se faire confier d’autres activités (67). De plus elle constate les différences qui existent entre ce qu’on lui inculque au CFA et la réalité des pratiques en entreprise, par exemple : « l’hygiène [au CFA] ils nous disent les règles de base puis après chaque entreprise a ses règles en particuliers : Par exemple laver à l’eau froide, c’est 69 un truc qu’on fait jamais »(86). Elle ne parvient pas à en faire une synthèse et s’en tient à cette juxtaposition(90). Il existe donc un recul mais celui-ci n’est pas investi dans un processus de développement de savoirs ou de compétences. g) Cas C1 Un recul déjà opéré par rapport à la manière de travailler est très présent chez C1. Pour elle, l’EdE a aussi été l’occasion de mieux comprendre l’origine de certaines pratiques ou de certains savoirs. C1 associe le développement de ses savoirs à la répétition des activités : « à force d’être dedans, vu que je fais tout le temps des couleurs, c’est vrai que ça rentre plus facilement quand même [les codes couleurs] »(31) ou encore « J’ai plus trop besoin de demander parce que vu que je suis souvent sur la clientèle, ben maintenant je sais ce qu’il faut »(89). Elle est consciente de sa pensée en cours d’action qui lui permet la coordination : « dès que j’ai fini d’appliquer ma couleur, je pense à ce qu’il y a à faire dans le salon, parce que c’est vrai, comme on a beaucoup de monde, faut être un petit peu partout »(96). De même, elle peut décrire ce qu’elle ressent lorsqu’elle se concentre sur une coupe : « je vois ma coupe, mais j’entends presque plus rien »(153) Elle met en avant le rôle de ses collègues : « j’ai appris au CFA [à faire des séparation]mais beaucoup plus en regardant mes collègues »(152) et « je regardais beaucoup, j’étais beaucoup attentive à regarder comment qu’y faisaient, et c’est là qu’on voit et puis elle m’expliquait [montrait] … j’ai tout enregistré »(153, 120). Ainsi, C1 regarde et se concentre pour apprendre. Si elle tire une expérience de son vécu, c’est bien parce qu’elle le réfléchit a posteriori. C’est le cas lorsqu’elle met en place une méthode de reformulation (qui n’est pas désignée comme telle) après avoir eu un problème de compréhension avec une cliente (245). 70 L’entretien d’explicitation à permis à C1 de : -Comprendre les fondement d’une technique apprise : justification de l’ordre des étapes du brushing qui participe ainsi à la coordination conceptuelle de l’action efficace, (204 à 207) -Prendre conscience de l’origine de son savoir adapter la coupe au visage (215 à 219). -Faire le lien entre les savoirs transmis au CFA et les effets constatés de l’ammoniac (80 à 85). L’analyse de ces extraits du discours permet de dire que C1 a développé une pratique réflexive h) Cas C2 L’entretien fut très bref avec C2 mais elle montre qu’elle sait se détacher de l’action. Comme beaucoup, elle souligne que « c’est au fur et à mesure qu’on apprend, en faisant les coupes »(36) et que regarder les autres faire aide à savoir faire à son tour, elle désigne un apprentissage vicariant lorsqu’elle dit : « j’avais regardé avant comment ma patronne elle faisait puis le jour ou je lui ai coupé, ben j’ai fait pis elle était à côté et je lui demandais dès qu’il y avait quelque chose »(22). Elle a conscience de son évolution, elle a besoin de beaucoup moins de temps(63) et « maintenant que ça va mieux dans les coupes », elle peut parler plus avec les clientes car elle a moins besoin de se concentrer(68). Elle dit aussi avoir « moins besoin de réfléchir à ce qu’il faut qu’[elle]fasse »(69) ce qui est la preuve d’une assimilation de l’activité et d’une coordination conceptuelle qui permet cette économie de pensée. De fait le Tableau II montre qu’elle a construit dans la pratique plusieurs règles d’action auxquelles elle peut se fier. C2 développe donc une activité réflexive 71 3.2.2 Analyse transversale Dans l’analyse transversale nous montrerons d’abord des points communs dans la perception qu’on les apprentis de leur manière d’apprendre avant de souligner que des différences peuvent être désignées en terme de degré de recul. a) Un processus commun d’apprentissage Le rôle de la répétition est souligné par l’ensemble des apprentis. C’est l’occasion selon les cas de parfaire un geste, de l’assimiler (coiffure, voire vente avec V2), de construire un modèle du client en repérant des constantes, de distinguer des invariants opératoires, de construire des règles d’action. La répétition peut elle-même provoquer la réflexion, la prise de conscience des dimensions invariantes de certaines situations. Elle n’est en tout cas formatrice que si elle s’accompagne de celle-ci. C’est la réflexion qui permet la généralisation et la transposition, par la reconfiguration des schèmes à des niveaux différents. Ce qui pose la question du développement de l’expérience : On le voit dans le cas de SR3 et de son client difficile, le vécu successif de plusieurs situations similaires ne suffit pas à apprendre à agir efficacement. De même, tous les apprentis disent qu’ils apprennent en regardant leurs collègues. Et en les écoutant lorsqu’ils s’adressent aux clients. Il s’agit ici du phénomène de l’apprentissage vicariant décrit par Bandura (1986) qui permet de s’approprier le déroulement d’une action sans passer par toutes les étapes d’élaboration par essai-erreur. Phénomène qui a également été éclairé par l’apport des neurosciences et la découverte des « neurones miroirs » : Quand nous regardons attentivement autrui agir, nous sollicitons les mêmes zones de notre cerveau que si nous agissions nous-même41. Les apprentis interrogés, qui suivent donc une formation en alternance, décrivent exclusivement un processus d’apprentissage par immersion. Nous notons ainsi que la place du centre de formation apparaît très peu lorsqu’ils évoquent leur manière d’apprendre – mais il est vrai que l’hypothèse s’intéresse à ce qui se passe en entreprise. 41 Découverte du neurologue italien Rizzolatti, 1996 72 b) Des reculs différents Ce « je sais comment je sais » est la marque d’un recul efficace chez les apprentis qui prennent leur apprentissage même comme objet. Mais s’ils semblent tous avoir cette distance, ils ne travaillent pas tous de manière aussi efficace semblent-t-il. Il apparaît alors que ce recul manifeste par rapport à la manière d’apprendre nous a peut être détourné du thème précis de notre 2e sous hypothèse, celui du recul par rapport à l’action. Et, alors même que nous voulions l’éviter, il est tentant d’inférer le niveau du recul à partir du constat des pratiques plus ou moins efficaces : Plus l’action est pertinente, plus le degré du recul est important. Est-il, à notre niveau, possible de procéder autrement pour repérer le recul ? -A partir donc de l’activité telle que décrite dans l’EdE, ce sont C1 et SR1 et SR2 qui semblent faire preuve du recul le plus efficace. En effet, ils font bien le lien entre leurs différents vécus professionnels et montrent l’aspect individuel, propre au sujet, de leur manière d’agir : C1 qui rencontre un problème lié à la communication/compréhension et SR1 qui a d’abord du mal à gérer le rythme du service reconstruisent leur modèle de la situation et parviennent, ensuite, à améliorer leur pratique. Le recul est suffisant pour permettre la coordination conceptuelle de leur action et le développement des schèmes, ils ont conscience de l’origine de leur savoir. -V1, V2 et C2 montrent également que leur activité réflexive est efficace mais SR1 et C2 semblent plus autonomes. -SR3 peut donner l’impression qu’elle opère un certain détachement de l’action mais sa pratique avec les clients difficiles restent inefficace. Elle ne sait pas pourquoi elle ne réussit pas. -V3 ne retient de son activité que l’aspect répétitif, elle n’a pas besoin de pratiquer le recul dans une situation de routine qui est également économe de coordination agie. 73 3.2.3 La 2e sous hypothèse est-elle validée ? Avec des objets différents (l’action elle-même, la manière d’apprendre), avec des degrés différents, et donc des effets différents, les apprentis font preuve d’un recul par rapport à l’action. La seconde sous-hypothèse est donc validée Ce qui incite désormais à s’intéresser à ce qui peut susciter ce recul chez les apprentis puisque aucune méthode spécifique n’est apparue à ce sujet dans le cadre des entretiens (à l’exception peut-être d’échanges ponctuels sur des cas pratiques dans les cours de vente). Faire le lien entre savoirs d’action et recul permet bien de distinguer deux types de savoirs liés à deux processus : -Les savoirs acquis dans et par l’action avec notamment le rôle de la répétition (et du recul-prise de conscience que celle-ci peut provoquer) : il serait donc préférable de les nommer connaissance d’action. -Les savoirs d’action transmis : apprentissage vicariant, savoirs énoncés par le maître d’apprentissage … Et intégrés en connaissance dans la pratique (c’est la distinction que fait Barbier entre savoirs d’action énoncés et savoirs détenus) Et si l’on a précisé que les deux sous-hypothèses devaient être considérées dans leur complémentarité, il s’avère que c’est la capacité réflexive qui semble primordiale dans le processus puisqu’elle « inscrit » le savoir d’action. L’hypothèse principale est validée : Parce qu’ils font preuve de recul par rapport à l’action et qu’ils développent des savoirs d’action de natures variées, on peut dire que Les apprentis construisent des compétences à la relation de service en entreprise Le champ de ces compétences n’est cependant pas identique d’un cas à l’autre, la dimension constructive de l’activité dépend des caractéristiques de la personne et du contexte d’acquisition. 74 3.3 Discussion et pistes d’action 3.3.1 Une compétence décidément irréductible Une posture de recherche difficile à tenir : On cherche à montrer que l’articulation savoirs d’action/recul permet de développer des compétences. Or on pourrait juger de la compétence des apprentis à la seule description qu’ils donnent de leur activité dans les EdE (une impression de compétence, d’efficacité dès l’écoute des propos) et ensuite inférer les savoirs ou le recul : Les deux démarches sont différentes : - Soit je vois la compétence et j’en déduis des savoirs d’action et du recul - Soit je mets en évidence des savoirs d’action et un recul et j’en déduis la compétence (ce qui correspond à notre modèle d’analyse) Et l’on cherche alors les autres leviers de la compétence … On déplace graduellement l’angle d’analyse, à chaque fois il y a « autre chose » à tester. La recherche nous a permis de confirmer, de faire l’expérience de cette irréductibilité de la compétence. Peut-être n’avons-nous pas su, justement, prendre du recul par rapport à la théorie ou analyser correctement les données mais les résultats de la recherche ne disent rien que l’on ne savait déjà (par le biais des lectures théoriques et des autres recherches) … Ce qui ne veut pas dire que la démarche a été vaine pour autant ! Ainsi les préconisations faites ci-dessous ne visent pas l’originalité mais sont-elles confortées par les résultats de la recherche. 3.3.2 La perspective pragmatique Au-delà de cet effort de compréhension qui pourra se poursuivre, il est possible de formuler des remarques propres à orienter l’action dans le contexte du CFA comme dans celui de la mission. Cela pourra se faire, toujours sous l’angle du conseil, dans le cadre d’un nouvel emploi, celui d’animatrice territoriale pour l’emploi et la formation dans une unité territoriale de la DIRECCTE42. 42 Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi 75 a) Des questions sur l’alternance A l’heure ou l’alternance est vue comme la solution aux problèmes d’insertion professionnelle, qu’il s’agisse des « jeunes » ou des « seniors », et où son développement quantitatif est incité, les pratiques restent très inégales : il se pose aussi la question d’un développement qualitatif de celle-ci. Lorsque les serveurs en restauration et les vendeurs nous donnent à voir leur activité dans cette recherche, on pense voir qu’ils sont des salariés à part entière, avec des objectifs d’efficacité et de rapidité. Le contrat d’apprentissage reste un contrat de travail et il est présenté comme tel, dans tous les supports de communication proposés par le ministère du travail et la DGEFP43 qui évoquent d’un côté les périodes d’enseignement général, technologique et professionnel et de l’autre le travail en entreprise44et, éventuellement la mise en application des savoir faire. Il est beaucoup plus rare de lire que les apprentis apprennent en entreprise. Ces remarques conduisent à poser la question de l’objectif du travail en entreprise : si c’est l’activité constructive qui prime, la part constructive n’est qu’incidente, et va dépendre en partie des caractéristiques motivationnelles du sujet qui déterminent aussi une « posture d’apprenti ». En lien avec la qualité du recul et ses différents degrés, il est possible de s’interroger sur la transférabilité des compétences à d’autres contextes de travail et donc sur l’employabilité : une autre raison de formaliser (de prévoir) les pratiques de recul par rapport à l’action. Par ailleurs les situations très routinières, le cas de V3 le montre bien, ne favorisent pas le développement des compétences, il n’y a pas de « grain à moudre » pour la réflexion. Dans tous les cas étudiés, les apprentis disent apprendre en regardant faire leurs collègues : ceuxci agissent-ils forcément de manière pertinente ? Est-ce alors l’enseignement reçu au CFA qui permet d’élargir le champ des compétences et d’avoir un regard critique, donc un recul par avoir à la pratique ? b) Les axes d’amélioration des formations en alternance Ceux-ci concernent les deux pôles de l’alternance : dans l’idéal, le centre de formation et l’entreprise sont mobilisés. Il faut que l’alternance soit dans tous les cas un dispositif ensemblier. 43 44 Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle Cf lien à la suite de la bibliographie 76 Quelques pistes : S’appuyer sur le livret d’apprentissage pour susciter le recul : au lieu de lister mécaniquement les activités faites en entreprise semaine après semaine, inciter à ne s’arrêter que sur une situation particulière, mais de manière plus détaillée dans la logique du portfolio. Ces éléments pourront par ailleurs être repris par le formateur. Inclure dans la formation des tuteurs, qui si elle commence à évoluer reste encore surtout tournée sur les caractéristiques du contrat, une approche de la dimension constructive de l’activité. Les apports de la didactique professionnelle sont importants à ce sujet. La DP a été présentée jusqu’ici surtout comme proposant des outils d’analyse de l’activité mais son but est bien, en regard, de proposer des moyens d’amélioration des apprentissages45. Et comme nous l’avons proposé, en vain pour l’instant, prévoir au tout début du contrat d’apprentissage, une période en centre de formation qui permette aux personnes de se placer dans la posture d’apprentis : la recherche a montré que l’entrée dans la compétence se faisait de manières différentes selon les cas. SR1, SR2 ou encore C1 se disent là « pour apprendre » et développent un grand sens de l’observation, ils donnent sens à cette situation d’immersion en entreprise. N’est-il pas possible de provoquer cette posture ? A l’heure actuelle, les nouveaux apprentis peuvent, s’ils signent leur contrat en juillet, passent trois mois uniquement en entreprise et l’orientation de l’activité est déjà prise alors. c) La formation des futurs salariés d’Animal explora Le rôle du facteur temps est important dans le développement des compétences liées à la relation de service. Il faut cependant nuancer les constats faits après les entretiens. L’échantillon interrogé n’est pas représentatif de l’ensemble de la population susceptible de vouloir travailler dans le parc. Si l’on considère les adultes, il faudra d’autant plus tenir compte, par exemple des modèles de l’autre déjà construits … et qui ne constituent pas forcément des modèles du client mobilisables dans le cadre d’une activité professionnelle. 45 La DP s’intéresse aussi à l’activité des tuteurs qu’elle analyse 77 Le conseil, donné dans le cadre de la mission, de travailler plus spécifiquement sur la construction de modèles qui permettent l’action et se démarquent de représentations figées – car la compétence réside bien dans l’adaptation – est à décliner au niveau pédagogique. Comme nous l’avions pressenti alors, par l’acquisition de compétences à la relation des service, c’est aussi l’identité professionnelle qui se construit : On peut alors parler de professionnalisation. 78 Conclusion La question de départ sur les besoins de formation a progressivement mené à s’intéresser aux compétences à la relation de service et à leur développement, dans la perspective de la professionnalisation des futurs salariés du parc Animal explora. En lien avec un essai de définition plus large des compétences professionnelles, ces compétences particulières ont été définies comme « mixtes » et leurs caractéristiques, liées aux requis de situations spécifiques, ont été soulignées. Le champ théorique de la didactique professionnelle a ensuite permis de proposer des hypothèses de réponse à la question problématique Comment les compétences se construisent-elles dans les formations en alternance qui préparent aux métiers de service ? avec un modèle d’analyse articulé autour des savoirs d’action (en partie associés aux invariants opératoires, outils de la connaissance) et du recul par rapport à l’action. La méthodologie mise en œuvre était de type qualitatif puisque l’on se pencha sur un processus, celui de l’activité constructive. Le CFA interprofessionnel fournit un terrain et permit d’interroger huit apprentis qui finissaient leur deuxième année de formation en Service en restaurant, Vente et Coiffure, trois métiers comportant une dimension de relation de service. L’outil mis en place pour recueillir les données s’inspira de l’entretien d’explicitation mis au point par Vermersch : Accéder à l’évocation du déroulement procédural de l’action pourrait permettre de mesurer la place des savoirs d’action et des pratiques réflexives dans la construction de la compétence des apprentis. Si la construction de la démarche semblait pertinente, le traitement des données s’avéra compliqué car l’entretien d’explicitation n’interroge pas sur des variables spécifiques – même s’il est bien sûr orienté – et il fournit ainsi des données nombreuses et parfois difficiles à catégoriser. A noter que les entretiens menés dans le cadre du master constituaient pour moi une expérimentation de l’EdE comme de la démarche recherche en sciences sociales. Les résultats obtenus permettent de valider le modèle d’analyse. On repère bien chez la plupart des apprentis des savoirs d’action qui se déclinent en règles et repères d’action, en modèle du client ou encore en connaissance des produits. Le lien entre 79 situation, production de savoir et caractéristiques des personnes est manifeste et l’on pourrait ainsi parler de connaissances d’action, en parallèle de savoirs partagés qui apparaissent aussi. Cependant on constate que le recul par rapport à l’action – qui constituait sans doute la partie la plus centrale de l’hypothèse – s’opère à des degrés très différents selon les personnes interrogées. Cela pose les questions de l’origine de ce recul - est-il incident ou provoqué ?- et des manières de la susciter. Les résultats amenèrent ainsi à poser de nouvelles questions sur le principe et le fonctionnement des formations en alternance. Les préconisations, qui n’ont pas été assez développées, proposent ainsi des axes d’amélioration de celles-ci. Les conseils donnés dans le cadre de la mission au sujet de la formation à la relation de service et de la nécessaire prise en compte de cette dimension ont été confortés par la recherche. Celle-ci permit de faire l’expérience de l’irréductibilité de la compétence initialement découverte dans les lectures théoriques. La mission a orienté la recherche et la manière de s’approprier les savoirs mis à disposition dans le cadre du master : pas d’intervention concrète, ciblée et délimité et donc toute liberté d’assouvir sa curiosité … et de se perdre. La rédaction du rapport de mission, qui donne un bon exemple de réflexion sur l’action, a constitué une étape importante car elle a permis de donner du sens à mission qui pouvait sembler « tâtonnante ». Je m’y interrogeais alors sur l’aspect professionnalisant du master 2 pro et notais que le processus avait été initié mais demandait encore à être validé. J’ai aujourd’hui réalisé en partie mon objectif d’évolution professionnelle. 80 Bibliographie -BALAS-CHANEL A., L’entretien d’explicitation. Accompagner l’apprenant vers la métacognition explicite [en ligne] URL : http://rechercheseducations.revues.org/index159.html, consulté le 06 avril 2010. -BARBIER J.M. (dir.), 1996, Savoirs théoriques et savoirs d’action, Paris, PUF -BARBIER J.M., BOURGEOIS E., CHAPELLE G., RUANO-BORBALAN J.C. (dir.), 2009, Encyclopédie de la formation, Paris, PUF -CERF M., FALZON P., Situations de service, Travailler dans l’interaction, Paris, PUF -CHAMPY-REMOUSSEMARD P., Mesurer les compétences ou produire de la connaissance sur les situations de travail ? Enjeux épistémologiques, in LEMAITRE D., HATANO M. (dir.), 2007, Usages de la notion de compétence en éducation et en formation, Paris, l’Harmattan. DEMAILLY L., Compétences et transformation des groupes professionnels, in MINET P., PARLIER M., DE WITTE S. 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PASTRE P., Apprendre à faire, in BOURGEOIS E., CHAPELLE G., 2006, Apprendre et faire apprendre, Paris, PUF. 81 SAMURCAY R., PASTRE P., 1998, L’ergonomie et la didactique, l’émergence d’un nouveau champ de recherche : la didactique professionnelle, in Actes du colloque « Recherche et Ergonomie », Toulouse, [en ligne] URL : www.ergonomie-self.org/media/media30399.pdf, consulté le 01 mars 2010. SAMURCAY R., PASTRE P., 2004, Recherches en didactique professionnelle, Toulouse, Octarès Editions. SOREL M., 2009 La question des compétences, laboratoire Civiic, Rouen UGHETTO P., 2002, Compétence de service : Etat des lieux d’une problématique, IRES, Document de travail n°02.0, consulté le 20 mars 2010.3 [en ligne] URL : http://halshs.archivesouvertes.fr/docs/00/33/15/03/PDF/2002DocTravIRESCompetenceService.pdf VERGNAUD G., 1995, Evolution du travail et formation des compétences, Le Monde, ( 20 déc.) 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ZARIFIAN P., 2007b, La logique compétence, un enjeu de société, débat organisé par le CIBC, Nîmes ZARIFIAN P., 2008, Les soubassements philosophiques de la compétence, Conférence Club Stratégies Et pour les référentiels de diplôme : http://eduscol.education.fr/cid47637/le-certificat-d-aptitude-professionnelle-cap.html http://cndp.fr/archivage Sur la présentation du contrat d’apprentissage : http://www.emploi.gouv.fr/_pdf/fiche_contrat_apprentissage.pdf Et la campagne 2011 de développement de l’alternance : http://www.emploi.gouv.fr/formation_professionnelle/apprentissage/index.php 82 Annexes - Annexe 1, p. 84 : Convention de stage - Annexe 3, p. 87 : Formalisation des prises de RDV de l’EdE - Annexe 4, p. 88 : Guide d’entretien EdE - Annexe 5, p. 90 : Transcriptions des entretiens - Annexe 6, p. 164 : Catégorisation des verbalisations : 8 « Tableaux I » - Annexe 7, p. 169 : Le repérage des savoirs d’action : 8 « Tableau II » 83 84 Annexes - Annexe 1, p. 84 : Convention de stage - Annexe 3, p. 87 : Formalisation des prises de RDV de l’EdE - Annexe 4, p. 88 : Guide d’entretien EdE - Annexe 5, p. 90 : Transcriptions des entretiens - Annexe 6, p. 164 : Catégorisation des verbalisations : 8 « Tableaux I » - Annexe 7, p. 169 : Le repérage des savoirs d’action : 8 « Tableau II » 83 Annexe 1 84 85 86 Annexe 3 CFA 29/04/10 Prise de rendez-vous : CAP Service en restauration Entretiens d’explicitation Construction des compétences à la relation de service 1) Dans le cadre de ma formation, je m’intéresse à la manière dont les compétences professionnelles se construisent dans le travail et dans la formation. Mon thème plus précis, en lien avec la mission que je fais en ce moment, est : LA RELATION DE SERVICE que l’on trouve dans les métiers qui supposent un contact direct avec une clientèle. 2) Je viens aujourd’hui au CFA parce que je cherche des apprentis volontaires pour participer à des entretiens qui me permettront de mieux comprendre comment vous devenez des professionnels de la relation de service. J’ai besoin d’interroger trois ou quatre personnes dans votre classe, les entretiens auront lieu en semaine C10, du 17 au 21 mai (ou en B ). Ils dureront au maximum une petite heure. …………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… Il ne s’agit pas d’un contrôle ou d’une évaluation mais seulement d’un essai de compréhension de ma part. 3) Une seule consigne Réfléchir à une situation professionnelle dans laquelle vous étiez en relation, en communication, avec un client et dont vous vous souvenez soit parce qu’elle s’est très bien passée, soit parce qu’au contraire, vous n’avez pas réussi à vous en sortir. 87 Annexe 4 : I. Entretien d’Explicitation CONTRAT DE COMMUNICATION ET FOCALISATION INITIALE Je te propose, si tu es d’accord, d’évoquer avec toi une activité professionnelle précise que tu as vécue. Je souhaite seulement que cette activité se soit déroulée en présence d’un client. Je m’intéresse à la manière dont les personnes travaillent dans les métiers de service Si tu veux bien … Ça m’intéresse de savoir comment … Et ensuite : Raconte moi comment ça se passe au début … RENEGOCIER LE CONTRAT SI NECESSAIRE II. TYPES DE RELANCES : Vers : Description du déroulement procédural et granularité/décomposition de l’action Intérêt pour LES PRISES D’INFORMATION INTERNES et EXTERNES Relances à partir : Des gestes que l’on reprend Des mots que l’on reprend : Echo Des mots non spécifiés, génériques : faire préciser : « comme il faut ça veut dire comment ? » « on, c’est qui ? » Questions descriptives : sur ce qui a pu faire l’objet d’une observation : Quoi, qu’est-ce que ? Où ? 88 Quand, à quel moment ? Comment ? Comment sais-tu ? A partir des dénégations (jugements sur performance) : Comment sais-tu que tu ne sais rien ? Et quand tu ne sais rien, comment fais-tu ? De quoi est-ce que tu te rappelles quand tu ne te rappelles pas ? DESCRIPTION DU DEROULEMENT TEMPOREL DESCRIPTION DES PRISES D’INFORMATION DESCRIPTION DES PERCEPTIONS DESCRIPTION DES APERCEPTIONS Informations satellites de l’action : Informations complémentaires parfois nécessaires sur : Contexte (Jugements) Déclaratif (savoirs) Intentionnel 89 Annexe 5 : Transcription des entretiens Entretien d’explicitation SR 1 (Entretien n°1 Service en restauration *E : enquêteur I : Interviewé E1 Je voudrais que tu me parles d’une situation spécifique avec un client, une table que tu vas évoquer pour moi, si tu veux I1 Une table spéciale qui m’a marqué ? E2 Voilà, qui t’a marqué, tout à fait I2 Oui ça j’en ai eu … J’ai toujours des bons clients … alors y’a pas forcément une table qui m’a marqué … E3 Le but c’est de parler d’une situation spécifique, je ne sais pas, y’a pas des gens qui reviennent souvent ? I3 Oui si si y’a des gens qui reviennent tous les dimanches… E4 Ce week-end et la semaine dernière tu as travaillé, tu peux peut-être te focaliser sur une table que tu as servie I4 oui bah ce week-end je me suis plus occupé des grosses tables … oui… si, enfin … je peux mais y’a rien eu de … C’était un service normal E5 Oui, oui pardon, j’ai dit un service spécifique : un service normal je n’ai pas été assez précise … I5 je croyais que vous vouliez un truc qui sortait de l’ordinaire E6Non non, pas forcément quelque chose qui sort de l’ordinaire mais justement une situation concrète, précise que tu vas pouvoir me décrire pour que moi qui connais rien … qui connais le métier de l’extérieur, je puisse voir comment tu procèdes, ce que tu mets en œuvre pour travailler I6 Ah d’accord moi je crois que vous vouliez parler d’une table qui m’avait marqué plus avec des clients chiants … E7 Oui c’est vrai que ça pourrait être ça mais si il n’y a pas ce genre de clients dans ta pratique, tant mieux pour toi ! Mais voilà il faut que tu sois en mesure de revoir la situation I7 Oui, je me suis occupé d’une grosse table c’était pour un banquet d’anniversaire E 8Alors est-ce que tu peux me rappeler dans quel établissement tu travailles ? I8 A V., aux T. P. E9 D’accord I9 Donc ce week-end y’avait une réunion de famille avec 20 personnes … Je vous parle de tout, de la mise en place ? E10 Moi ce qui m’intéresse c’est le contact avec les personnes, donc la mise en place, c’est bien tu peux l’évoquer, ça te remets dans le, dans l’ambiance on va dire si tu veux mais après on va détailler surtout sur dès l’instant que tu accueilles les gens, qu’ils arrivent … I10 Donc on fait une grosse mise en place, une belle table, on a décoré le milieu avec des fleurs, des décorations … Les gens sont arrivés, ils étaient contents de la table E11A quoi tu vois qu’ils sont contents ? I11 Ah bah ils le disent ! E12 Ils le disent … I12 Oui, oui, ils le disent, ils sont contents … Après on attend qu’ils arrivent tous, on parle un peu, on leur demande leur vin … pour qu’on puisse sortir les vins qu’ils se réchauffent un peu E13 Oui parce qu’ils avaient choisi leur menu déjà ... I13 Oui leur menu mais pas les vins E14 Tu m’as dit, c’était un anniversaire ... I14 Oui, oui, c’était une famille qui se réunissait le dimanche là E15 D’accord, tu peux me décrire un petit peu, y’avait plusieurs générations ... I15 Oui, y’avait plusieurs générations … Au moins quatre générations … Quand ils sont tous là, on commence pour les apéritifs E16 Alors, pour le vin finalement tu t’étais adressé à quelqu’un … ? I16 Ah au responsable, celui qui avait réservé E17Et donc à ce moment là, il est déjà à table, il est déjà installé ? I17 Non, généralement c’est les premiers arrivés donc dès qu’ils arrivent, on dit bonjour mais on essaie de prendre le vin le plus vite possible pour qu’il se réchauffe bien E18 D’accord pour faire choisir le vin, comment ça se passé , I18 On lui apporte la carte des vins et puis il nous demande de lui rappeler le menu qu’il a pris E19 Donc là … 90 I19 Alors le menu en plat c’était … Un sauté de veau aux morilles, en entrée c’était du homard, oui c’était du homard en entrée … Donc on voit ce qu’on peut proposer, faut toujours faire attention … E20 Tu sais proposer les vins toi ? I20 Ah oui, moi je fais tout E21 D’accord I21 Donc il faut rester dans des prix ... en fonction du menu, là c’était un beau menu mais ça montait pas non plus trop dans les prix … Donc j’ai proposé du vin qui passe bien quand même E22 Qu’est-ce que tu leur as … I22 Un Montagny en vin blanc … Un Auxey Duresse en vin rouge E23 Tu leur en as proposé plusieurs et ça c’est ceux qu’ils ont choisi ? I23 J’en ai proposé deux de chaque et c’est eux qui ont choisi, en fonction de leur … E24 D’accord, et ils s’y connaissaient ou tu as du les aider ? I24 J’ai du les aider parce que le blanc ils le connaissaient pas, donc j’ai du … E25 Alors c’est quoi les caractéristiques ? Je vais apprendre aussi … I25 C’est un vin fruité ; ça on le dit pas au client mais bon c’est un bon rapport qualité-prix quand même … C’est un vin blanc fruité qui passe bien avec le homard E26 Comment tu le sais ça ? I26 Ah bah parce que je l’ai goûté ! E27 D’accord, c’est ce que je voulais savoir ! I27Oui, tous les vins de notre carte, je les ai goûtés E28 C’est ton employeur qui t’incite à le faire ? I28 oui, oui, c’est l’employeur qui organise ça, on s’ouvre une bouteille de temps en temps ou alors y’a un fond de bouteille qui revient E29 D’accord, vous goûtez et vous en parler, comment vous faites ? I29 Ah si si on en parle un peu donc, on compare les vins de la carte les uns avec les autres E30 et avec quoi ça va bien … I30 Ca pas trop, on compare plus selon dans les autres vins en fait E31 D’accord I31 Là c’était du homard, après avoir conseillé, je vais toujours quand même demander à la patronne … E32 D’accord I32 Elle, elle s’y connait, je vais quand même demander à la patronne si … E33 Si elle valide … I33 Oui voilà … E34 …Ton choix I34 Oui, en général ça va E35 C’est quelque chose que tu aimes bien faire ça, conseiller sur les vins ? I35 Ah oui, oui, et ce qui est bien c’est là-bas ils me laissent m’occuper de tout … de la prise de commande jusqu’à l’encaissement … E36 Tu n’as pas toujours été dans cet établissement là I36 Si, Si mais je veux dire ... quand je vois par rapport à d’autres … je suis pas que le porte assiette, là je m’occupe vraiment de tout E37 et y’a d’autres ... Y’a combien de serveur ou serveuses sinon ? I37 Y’a la patronne et on est deux serveurs à côté. E38 Alors d’après ce que tu me dis ça a l’air d’être un restaurant gastronomique quand même… I38 Oui, c’est gastronomique … E39 Y’a aussi bien un effort sur la présentation, sur les mets … I39 oui surtout au niveau de la mise en place, (inaudible) du service … E40 Oui c’est un service comme ici, comme au CFA, c’est pas comme certains qui sont dans le décalage entre un restaurant plutôt … routier et puis ce qu’ils font là…Pour toi tout va dans le même sens … I40 Oui tout va dans le même sens. E41 d’accord, je sais pourquoi tu as conseillé le vin blanc avec le homard et ... le vin rouge, qu’est-ce qui t’a permis de … I41 Alors pour le vin rouge, ça reste un vin de bourgogne assez fruité mais bien sec. Comme c’était un sauté de veau, aux morilles … et puis pour rester dans des prix raisonnables …il fallait quand même trouver un bon vin pour les morilles … E42 là tu me parles des morilles, effectivement est-ce que c’est difficile parfois d’associer certains mets ..? I42 là ce qui était important c’était les morilles, avec un sauté de veau, ç’aurait pu être n’importe quoi aux morilles, fallait plus se baser sur les morilles en fait E43 Oui ... I43 A part si c’est un riz de veau … E44 Et ils semblaient content du vin ? I44Oui oui, ils étaient contents , à la fin, du vin bien choisi E45 OK, donc le vin est choisi avec les organisateurs du déjeuner, les autres continuent de s’installer… 91 I45 Oui les gens continuent à arriver, ils s’installent … E46 Et ensuite ? tu vas prendre la commandes ? I47 Les apéritifs ... Donc on fait le tour, quand c’est des grandes tables comme ça, on fait le tour parce que si ils commencent tous à lever la main … E48 Là tu prends tout seul, les commandes ? I48 Ah oui, oui, parce qu’à côté y’a l’autre salle E49 Donc tu te concentres sur ces vingt personnes ... tu fais le tour, tu notes … I49 Je fais le tour, je note E 50 Donc tu te déplaces ? I50 oui je me déplace comme ça ils peuvent continuer de parler entre eux …je me déplace, je prends leur commande apéritif, une fois terminé, je prépare les apéritifs E51Ok, donc c’est toi qui t’occupes de les préparer I51 Oui, après je vais leur servir E52 Là aussi t’as des règles pour agir ? je sais pas, tu commences toujours du même côté … I52 Oui, là généralement j’attaque le fond de la salle et puis je vais dans le sens des aiguilles d’une montre E53 D’accord, par qui tu as commencé là ? I53 Là, là, c’était des jeunes, je me rappelle c’était des jeunes, ils étaient au fond, j’ai commencé par un jeune en fait E54 D’accord, je ne sais pas, tu arrives à te souvenir qui a commandé quoi ? I54 Oui, ça va à peu près oui, disons sur vingt personnes y’a toujours … Mais généralement ça … E55 Tu dirais que sur vingt personnes, tu te souviens de combien ? I55 Quelle personne a pris … Si par exemple une personne elle m’a marqué, parce qu’elle avait les cheveux rouges. Bah celle qui avait les cheveux rouges et puis à côté y va y avoir … E56 D’accord, là c’était pas le cas dans ce repas là ? I56 Non, là je revois les jeunes et les plus anciens E57 D’accord, c’est ce qui te revient si tu revois ta table, donc les jeunes d’un côté … I 57 Oui, les moins anciens au milieu … E58 Est-ce que tu revois des visages, là comme ça, est-ce que … I58 Ah oui, bah là je les ai en tête, j’ai les jeunes, j’ai … Enfin peut-être pas tous non plus …J’ai les petits papy mamy, les plus vieux, j’ai la responsable du repas, oui j’ai encore l’image en tête .. E59 Oui c’est vrai que c’est encore assez récent mais ça veut dire que tu les as observés quand même I59 oui, voilà oui E60 tu te rends comptes que tu les observes ? I60 Ben en fait non là en parlant non mais enfin, non, je me rendais pas compte que je regardais les gens … ( inaudible) Mais je pense que ça fait partie du boulot de … regarder un peu les gens, rien que le fait d’arriver dans la pièce … E61 Déjà, tu les … tu les scannes entre guillemets ? I61 Oui, oui, parce que quand c’est un anniversaire de mariage par exemple, il faut tout de suite repérer les personnes qui vont se marier pour heu … parce qu’on leur met toujours une bougie à la fin E62 D’accord, donc dès le début …Ils arrivent : tu as déjà en tête des choses auxquelles il faut faire attention pour la suite I62 Oui E63 Qu’est ce que tu te dis quand tu vois arriver les gens : ces gens là ? I63 Bah rien, rien de spécial ...là ils avaient l’air d’être tous bien … C’est vrai, y’a des t^tes qui passent moins bien E64 Alors là je quitte un peu ce groupe là, qu’est-ce que ça fait, qu’est-ce que tu te dis quand il y a des tête qui passent moins bien ? I64 Je me dis ... « j’espère qu’ils vont pas être chiants » E65 Oui ... I65 Après, ça veut pas dire non plus qui peuvent pas être bien, enfin au premier visage, des fois… E66 Et est-ce que ça a une influence sur ton comportement ? I66 A ben non, faut … ça change rien … E67 Voilà mais Ah attention quand même … A quel indice, tu vois qu’il va peut-être être chiant ? I67 C’est à leur tête ou alors à leur façon d’arriver, un peu … E68Un peu comment alors ? I68 Qui veulent se montrer, qui veulent E69 Ah oui ... I69 Là on se dit va falloir essayer d’éviter les remarques, on se dit faut vraiment que tout soit nickel E70 Oui, tu te dis ça ... I70 (inaudible) E71 Il y en a beaucoup des gens comme ça ? I71 Non ça va en fait y’en a pas tant que ça, y’en a un peu mais y’en a pas … E72 T’as appris à … I72 Oui maintenant, c’est bon, j’ai appris … E73 « Maintenant c’est bon » ça a pas toujours été le cas ? 92 I73 Au début, c’était ... Mais là maintenant c’est bon. On apprend à répondre à leurs remarques en étant … E74 Comment on apprend ça ? I74 Ca s’entend en fait, à force de regarder l’autre serveuse, la patronne faire, à force ... E75 parce qu’elles, elles savent bien ? I75 Oui, elles savent bien, elles savent détourner des ... E76 Comment on peut détourner une tension ou … I76 Quand c’est des gens pressés, ils savent que c’est complet et ils sont pressés, ils regardent leur montre, ils nous font signe que c’est pressé … On leur dit gentiment b « vous n’êtres pas tout seuls, nous on a du travail »… E77 Tu les vois regarder leur montre ... I77 Oui, on les voit regarder leur montre, nous regarder pour voir si on arrive ...et au bout d’un moment (inaudible) il faut bien ... « Vous êtes arrivés les derniers … » E78 Donc les gens qui stressent, c’est parce qu’ils sont pressés, ça peut être à cause de quoi encore … Qu’il y a des casse-pieds ? I78 C’est dans leur nature E79 Oui ... I79 Mais bon à force… Au début, quand je suis arrivé, y’avait des gens, des habitués , ben ça a été dur quand même au début avec eux, oui, y avait une famille … mais en fait les patrons m’avaient prévenus, ils m’ont dit « eux, ils vont être chiants » E80 Et en quoi ils étaient chiants ? I80 C’est des gens qui veulent qu’on fasse attention qu’à eux … fallait qu’on serve que eux E81 Oui I81 Il leur fallait un serveur que pour eux E82 Et en général, tu sers combien de tables à la fois ? I82 En fait c’est un restaurant comment dire avec deux salles d’un côté et de l’autre côté soit c’est des grandes tables soit on en fait … soit y’a sept tables. Donc quand y’a les deux salles, moi je m’occupe de la salle d’à côté où y’a les sept tables … E83 Oui ça fait beaucoup, ça demande beaucoup de vigilance ... I83 En fait le plus chiant c’est de passer ... quand on est dans l’autre salle puis que les deux autres sont occupés ici, c’est de passer en cuisine et puis de dire heu « vas-y envoie le chaud parce qu’il y a personne » et puis là ça ( ?) on sait pas ce qui c’est passé avant, donc en fait on est … E84 Et vous n’avez pas forcément le temps de communiquer, de vous passer le relai avec les autres ... I84 Non, pas quand y’a du monde, moi je m’occupe de ma salle E85 OK, alors on va revenir à cette famille nombreuse de 20 personnes, donc tu as servi les apéritifs, tu les vois là les gens, ils sont comment à ce moment là ? I85 Ils se parlent entre eux … E86 Y’a beaucoup de bruit dans la salle ? I86 Oui, oui, surtout qu’ils viennent de se retrouver, faut qu’ils racontent leur vie … E87 Donc c’est le brouhaha, t’entends des bribes de conversation … I87 Bah, j’écoute pas trop, c’est les retrouvailles … E88 Et il y en a qui te parlent à ce moment … I88 Oui, oui, je leur donne l’apéritif …Mais il faut que j’aille vite car il faut encore que j’aille chercher les … Donc il faut que j’essaye de … E89 Parce que là, tes apéritifs, tu les as sur un plateau ? I89 J’amène le plateau, je le pose sur un guéridon et je les sers un par un pour éviter la casse E90 C’est une technique qui est propre à toi ou ?.. I90 Non, quand y’a beaucoup de verres ... E91 Alors, une fois qu’ils ont tous leur apéritif, est-ce qu’il y en a qui t’interpellent ou qui te demandent quelque chose ?.. I91 Oui, y’a ceux qui veulent de l’eau, je leur demande si ils veulent la bouteille, la carafe ... J’amène les amusesbouches, on me demande ce que c’est, je réponds … E92 Alors, qu’est-ce qu’il y avait comme amuse-bouche ? I92 C’était des morceaux de poulet grillé, les gens demandent parce qu’ils voient pas ça souvent E93 Oui I93 Après ils disent que c’est bon E94 Et toi tu restes relativement près d’eux pendant ce temps là ou après tu I94 une fois que j’ai servi, je continue, j’apporte le pain au fur et à mesure, j’apporte les bouteilles d’eau E95 D’accord I95 Enfin, je fais tout ce qu’il y a à a faire au fur et à mesure, je regarde dans la salle assez souvent pour savoir si y’a besoin de quelque chose E96 d’accord ... Là tu t’occupes que d’eux sur ce ... I96 Ah là je m’occupe que d’eux ! Enfin le temps que ça se mette en place, que les plats partent, je m’occupe que d’eux E97 D’accord ... Combien de temps tu leur laisses à peu près pour boire l’apéritif ? 93 I97 Bah ça dépend des gens, eux, ils ont vite bu l’apéritif, ça à duré peut-être ¼ d’heure, l’apéritif E98 Et à quoi tu vois, pour toi c’est quoi le signal que c’est terminé, que tu peux ?.. I98 Que je peux envoyer en cuisine, c’est … Qu’il y a plus d’amuse-bouche, la plupart, la moitié des verres sont vides, voilà sur les 20 personnes, une dizaine de verres est vide E99 Donc là ça veut dire … I99 Que je peux envoyer en cuisine, que c’est bon, ils peuvent démarrer E100 Et là encore, c’est une règle qu’on t’a donnée ou bien ?.. I100 Non, c’est à force de le faire parce que au début je lançais trop tard, je pensais qu’il fallait attendre que tout le monde ait fini en fait donc je me suis fait avoir E101 Oui, tu n’anticipais pas assez et après … I101 Oui, j’anticipais pas assez E102 Et, c’est un problème que les gens attendent un peu, après ? I102 Ben pour certains oui, mais bon là à la rigueur, ça va parce que c’est un repas de famille mais bon y’a toujours de gens même si c’est un repas de famille, même si ils sont pas pressés, ils veulent toujours …Ils ont faim ! E103 Oui, ils sont là pour ça ! I103 Oui ! E104 Ok, et à partir de quel moment … C’est ta deuxième année, à partir de quel moment t’as pensé à ça, tu t’es dit « tiens, je prends ce repère, quand la moitié des verres sont vides, je lance » I104 En pas longtemps , en fait ils m’ont laissé indépendant pratiquement au bout de la dernière semaine de travail, donc … Ma deuxième semaine de travail, j’attaquais un repas dans la salle d’à côté justement, après le restaurant a fermé pendant les vacances et j’ai continué … E105 Ce genre de petites choses, de repères, tu les as choisis tout de suite donc I105 Oui, voilà E106 Tu sais comment font tes collègues, tu leur as déjà demandé à quoi ils se repèrent eux pour justement lancer après l’apéritif ? I106 En fait, je pense qu’ils font la même chose en fait, oui, ça doit être ça E107 mais est-ce que vous en avez déjà parlé ? I107 Non on n’en a jamais parlé car en fait comme on dit la salle là, c’est ma salle en fait, dans l’autre salle, c’est jamais des grosses tables, c’est des tables individuelles, donc on n’en a jamais trop ... E108 Mais en même temps, vous parlez travail, après le service ? I108 Ah non, on parle pas travail, c’est fini enfin „ça c’est bien passé ...“ E109 D’accord. Mais parfois ce serait intéressant de savoir aussi comment font les autres, si ça se trouve, ils ont des repères complètement différents, je me dis ... I109 Non, on décompresse E110 Et au CFA ? sur ce point précis des apéritifs et de lancer en cuisine ? I110 Au CFA, c’est Mr L, il préfère que ça soit lui qui nous dise de lancer en fait E111 D’accord, ah vous n’avez pas cette autonomie … Donc c’est lui qui repère quelque chose I111 Mais ça doit être à peu près la même chose, c’est quand les apéritifs sont presque finis avec les amuse-bouche … E112 Tu lui demanderas ! I112 Oui, je lui demanderai. Il nous laisse pas … E113 Peut-être tout le monde ne serait pas capable de lancer … I113 Oui E114 Alors les apéritifs se terminent … Quand tu lances en cuisine, ça se passe comment exactement ? I114 Ben là il connaît déjà le menu, donc il sait ce qu’il y a à faire E115 Tout le monde prend la même chose I115 Oui tout le monde prend la même chose E116 On va dire que ça simplifie par rapport à un service ... I116 Oui ça simplifie pour le chef aussi pour ses commandes E117 On a déjà parlé de la communication avec les clients mais tu as aussi la communication avec la cuisine et estce … Quelles sont les règles de la communication avec la cuisine, est-ce que la aussi tu as dû apprendre certaines choses ? I117 Le chef, en fait, il est tout seul au chaud, il a deux autres apprentis mais lui est tout seul donc en fait déjà faut pas faire trop de bruit, pendant le service faut pas faire trop de bruit … E118 C’est à dire ? I118 Ah faut pas parler pour rien dire E119 Quand tu viens le voir, c’est juste pour … I119 juste pour les clients parce que sinon, il perd tous ses bons, parce qu’il s’occupe de tout, est tout seul… E120 Il faut pas le déconcentrer I120 Je lui dit “c’est bon pour les apéritif, vous pouvez lancer les homards », enfin les entrées et puis là ça enchaîne E121 D’accord I121 Sinon quand y’a vraiment trop de monde, enfin, là ça se passait comme ça pour les entrées, et entre l’entrée et le plat, je lui demande si je peux débarrasser les entrées pour que lui il puisse préparer pour le … 94 E122 D’accord, donc il y a une coordination, on pourrait dire quand même, tu réajustes au fur et à mesure I122Une fois qu’ils ont fini les entrées, j’attends un peu E123 Qu’ils digèrent un peu ... I123 Oui, voilà puis après je dis au chef, „c’est bon pour les entrées, je peux débarrasser“, lui il me dit : „attends deux minutes, le temps que j’envoie le chaud à côté » E124 D’accord I124 et puis il me dit, „c’est bon, tu peux“ E125 Donc là encore, comme tout à l’heure c’est des repères assez fins, des petits indices que tu prends d’un côté et de l’autre I126 Oui, et puis avant le service, je sais combien de temps il faut que le plat cuise E127 Comment tu le sais ? I127 Je demande ou … E128 Oui parce que tu savais ce qu’ils prenaient avant, mais sur une autre table, tu demandes aussi ? I128 Ah sur une autre table, c’est bon, sur une autre table à force de voir les menus E129 Là comme ça tu as en tête, les temps … I129 Ah les temps de cuisson, oui, oui ! Je sais qu’il y a des temps qui sont plus longs, donc là on peut se permettre de débarrasser assez rapidement … Quand c’est des plats qui vont vite à cuire, vaut mieux attendre un peu … En fait, maintenant, je lui demande plus, on voit avec les casseroles qui sont sur le feu E130 D’accord, donc tu fais attention à ça aussi ! I130 Ah oui, oui ! E131 Donc tu as une bonne visibilité sur … I131 Oui, on arrive à l’office, à la plonge pour poser l’assiette et on voit ce qu’il y a sur le …et là selon ce qu’il y a dans les poëles E132 Dis donc, là tu es en train de me dire qu’il faut être attentif … I132 Mais en fait c’est être serveur… E133 Donc le sens le plus important, c’est .. I133 C’est la vue et la mémoire, beaucoup de mémoire E134 Ca se travaille, ça, la mémorisation ? I134 Ben à force, oui enfin ça se travaille ... E135 Est-ce que tu as l’impression d’avoir évolué au niveau de la mémoire ? I135 J’ai une bonne mémoire, donc je l’utilise E136 OK, donc on va reprendre spécifiquement avec cette table là, donc une fois que tu as lancé pour les entrées, tu t’occupes ... I136 Ben, on sert le vin … si il y a encore des apéritifs, j’attend pour servir le vin mais je fais goûter le vin à … E137 A celui qui l’a choisi I137 A celui qui l’a choisi, ça dépend parce que là c’était une femme et généralement on fait goûter plus aux hommes. Donc j’ai demandé à la dame à qui je faisais goûter. Celui d’à côté ne voulait pas goûter alors du coup, je suis allé voir le petit papy, le plus ancien en fait, et je lui ai fait goûter et après j’ai fait le tour E138 D’accord et alors là quand il goûte, qu’est ce que tu regardes toi ? I138 J’essaie d’amener la bouteille au niveau de mon nez pour voir s’il est pas bouchonné, discrètement, faut le faire discrètement, puis j’attends sa réponse E139 Et toi tu as d’autres critères pour savoir si le vin il a un problème, à part l’odeur du bouchon ? I139 bah non, on a rien d’autre en fait, donc si le monsieur il me dit qu’il est bouchonné alors qu’on l’a senti ça va, s’il me dit alors qu’on l’a pas senti, faut qu’on aille à l’office le regoûter E140 Oui, en même temps ça sert à ça de faire goûter à quelqu’un, tu peux pas te permettre I140 Donc, on va à l’office, on prend une goutte, on goûte, si il est vraiment bouchonné on change la bouteille, s’il est pas bouchonné, on le dit E141 Ca arrive souvent ou pas ? I141Non, non, pas trop E142 Tu as le doute quand même, la petite inquiétude … I142 Le doute du bouchon, oui, en plus pendant les grands services il suffit qu’une bouteille soit bouchonnée, il faut retourner chercher une bouteille, il faut l’ouvrir et pendant ce temps là … E143 et il est pas forcément prêt à être bu … I143 Oui, voilà E 144 Donc les apéritifs sont débarrassés... tu débarrasses tout d’un coup ou au fur et à mesure ? I144 Non, au fur et à mesure pour débarrasser la table. Pour eux c’est plus agréable et pour nous ça nous permets de ne pas avoir rien à faire E145 Oui, tu continues d’être actif. Alors ensuite ? I145 Soit je fais goûter le vin avant d’envoyer les entrées si ils ont tous fini l’apéritif ou alors on envoie les entrées, je fais goûter le vin E146 Quand tu dis on envoie les entrées … I146 Parce que quand c’est des grosses tables comme ça, on envoient toujours à deux. Par contre on attend la deuxième personne en salle 95 E147 Alors « on envoie », ça veut dire « on sert » ? I147 Ah oui, oui, on sert, pardon ! E148 D’accord, vas-y … tu prends, tu as combien d’assiette, ça c’est toujours intéressant à voir, comment font les serveurs ... I148 Trois assiettes et il y a quelqu’un qui m’aide pour qu’ils soient tous servis rapidement E149 Quand tu sers, tu as des consignes à respecter ? des consignes que tu t’es d’ailleurs peut-être toi-même fixées I149 Quand c’est des grosses tables, on commence toujours par le fond et une fois qu’on a commencé une rangée, on fait la même rangée en fait. E150 Tu as d’autres règles ? I150 Sinon comme c’est un anniversaire de mariage… Les papy mamy, on les sert en premier pour plat et entrée et pour le dessert, comme on met la bougie dessus, on les sert en dernier. Pour les grosses tables on sert pas les dames en premier puis les hommes en deuxième sinon il faut croiser … E151 Mais sinon c’est ce que tu fais sur une table plus petite. Tu dis une grosse table, c’est à partir de combien de personnes ? I151 Ah bah, c’est ça, une grosse table, à peu près 20 personnes E152 Et là, tu te souviens, le plat comment il était présenté, l’assiette comment elle était présentée ? I152 Oui, oui, y’avais trois asperges ici, y’avait une petite salade verte, un assortiment de salades, une pince de homard, la patte de homard, là y’a une autre salade, un dôme, dessus il avait posé en décoration la moitié de la tête de homard et puis il avait mis sa petite vinaigrette dessus avec une petite louche … E153 C’était joli I153 Oui, oui, c’était joli E154 Et donc là aussi les gens montrent leur opinion ? I154 Oui, ils disent “c’est joli, ça a l’air d’être bon » E155 OK, donc même étape que tout à l’heure, tu les laisses déguster, manger ... et toi pendant ce temps là qu’est-ce que tu fais ? I155 Une fois qu’ils ont tout, le pain, tout ce qu’il faut, ils ont l’eau, je sais qu’ils ont tout pour un moment, je vais à côté : si y’a rien à faire en salle, ben je commence dans la plonge, dans les verres E156 D’accord, les verres ça fait partie de ton travail I156 oui, c’est ça, donc je m’avance dans les verres parce que entre temps y’a tous les apéro qui sont revenus dans tous les sens, donc on nettoie les verres ou alors j’envoie le chaud, si y’a du chaud, je l’envoie dans la salle d’à côté, souvent je reviens dans la salle pour voir si’il manque pas du pain … de l’eau …pour voir où ils en sont dans leur plat E157 Tu dis“ si y’a du chaud, j’envoie dans la salle d’à côté » donc là t’es obligé d’être en relation avec tes autres collègues I157 Ben en fait avec les autres serveuses mais plus avec la cuisine parce que si elles elles sont en salle et qu’on appelle pour dire qu’il y a du chaud à envoyer alors en fait faut que je regarde le bon de commande, à quelle table ça va … E158 Mais jamais vous vous bousculez entre guillemets ? Tu vas faire quelque chose que quelqu’un est déjà sur le point de faire … I158 Non, non parce qu’une fois qu’on commence quelque chose, on le termine tout de suite donc on peut pas faire deux fois la même chose E159 Et puis j’imagine que les autre elles regardent aussi … Vous échangez des regards avec les collègues quand vous vous retrouvez dans la même salle ? I159 Oui, par exemple si il manquait du pain là et que l’autre elle est occupée, elle va faire un petit signe comme quoi la table là y’a quelque chose qui va pas … et en passant on voit qui va manquer du pain ou … E160 C’est quoi le petit signe ? I160 C’est un regard en fait … On va voir qu’il va manquer du pain, du vin …ou de l’eau … E161 Un regard et un geste de la main aussi ? tu as fait le geste … I161 Ah non, non, c’est parce que moi je le fais ... E162 Ah oui, le geste d’être encombré ! I162 Voilà, comme on est encombré, c’est un petit regard E163 OK, et pendant qu’ils sont entrain de manger l’entrée, est-ce qu’ils sont amenés à t’appeler ? I163 Normalement non parce que je reviens souvent pour voir si ils ont tout ce qu’il faut en fait , je resserre du vin si y’a des verres de vide … Normalement ils ont rien à me demander. E164Et le vin, il reste sur la table ? I164 Non, non, il est … A part vraiment quand c’est des tables individuelles, il est sur table E165 Alors pour la suite, comment ça se passe ? I165 Ben donc, je vois qu’ils terminent, j’attends un peu quand même, je leur sers s’il leur reste encore du vin blanc par exemple, je termine le vin blanc … parce qu’après on passe au rouge, donc je termine le vin blanc, j’attends un peu …j’attends trois quatre minutes … Le temps de refaire le tour avec l’eau …le pain…Là je vais voir le chef, je lui dis « c’est bon pour les plats » donc puis là, je débarrasse E166 D’accord, donc là tu as dit que c’était bon pour le plat, le veau aux morilles, tu savais que ça allait prendre combien de temps ? 96 I166 Bah, le veau aux morilles, parce que lui il le fait en ... Il le fait cuire en croûte donc en fait y’a plus qu’à mettre au four et y faut compter à peu près ¼ h, 20mn E167 Pour le réchauffer en fait, il est déjà prêt I167 Voilà en fait, il est déjà cuit, il faut le réchauffer ¼ d’h donc ça me laisse largement le temps de débarrasser, de refaire encore un coup … E168 Et là en fait tous les couverts sont déjà mis sur la table I168 Oui, pour les grosses tables, on met déjà entrée et plat E169 Oui, donc là t’as pas à t’en occuper. Mais comment tu sais pour la mise en place, tu demandes ? I169 Non, non, c’est marqué sur le bon, sur le calendrier de réservation E170 Tu te réfères à ce document là… Donc … Tu laisses les personnes discuter tranquillement en attendant que le plat arrive … I170 Si le vin blanc est fini, je sers le vin rouge, je refais un tour de pain, un tour d’eau E171 Y’a de plus en plus de bruit, à ce stade là dans la salle ou … I171 Non au contraire, ils racontent moins leur vie qu’au début, ça parle mais beaucoup moins E172 Est-ce que certains dans ce groupe là essaient de te parler, de te poser des questions ? I172 Non, là ça a pas trop été le cas encore E173 Mais ça peut arriver ? I173 Oui, ça arrive que y’a des gens qui parlent « c’est bien ici » ou « vous vous plaisez » … E174 C’est agréable ça ? Ou tu te dis, bon, j’ai du boulot quand même I174 Non, non, c’est agréable enfin bon après même si on sait qu’il y a du boulot, faut … c’est un aspect du métier E175 Alors tu vas “envoyer” les plats, c’est ça ? I175 Oui, envoyer …Pareil, y’a la serveuse qui vient m’aider … donc on envoie les plats … On leur dit que c’est chaud, parce que c’est très chaud ! E176 Vous répétez à chaque fois ? I176 Généralement comme on a trois assiettes, les trois ils entendent donc les trois qu’on va servir vont entendre, les trois autres … E177 D’accord, et là aussi, c’est bien présenté, c’est joli ... I177 Ben en fait les gens sont étonnés parce qu’en fait il met ça dans une tête de lion, c’est des bols « tête de lion » E178 Oui ! I178 Et en fait, y’a une grosse pâte feuilletée dessus et en la cuisant ça gonfle E179 Oui, comment ça s’appelle ... I179 Lui, il appelle ça en croûte … ça cuit comme ça, et les gens sont étonnés parce que … E180 Ils s’attendaient pas à cette présentation là I180 Oui, ils se demandent comment on mange, comment on fait pour manger … On leur dit qu’il faut couper le milieu … Ils sont contents E181 Mais alors c’est difficile à servir … j’imagine ce petit plat sur une assiette I181 Sur une assiette, oui puis du coup … Voilà faut … Parce que ça glisse E182 Oui, ça a tendance à glisser, tu en prends quand même trois ? I182 Oui, j’en prends trois mais faut faire attention ... Faut vraiment dire aux gens de se pousser parce que … Le moindre truc, tout, tout tombe par terre, puis comme c’est chaud … E183 Et puis j’imagine qu’il y a juste le nombre de ... I183 Oui, y’a juste le nombre ! E184 Tu as déjà fait tomber quelque chose ? I184 Oui, une fois, un plateau d’apéritifs E185 Au début ? I185 Oh, même pas, ça faisait …ça faisait presque un an que j’étais dedans mais … c’est un coup, le plateau il est parti ! E186 Et tu sais pas pourquoi … Et j’imagine qu’après tu te concentres d’autant plus I186 Oui, ça a été embêtant sur le coup parce qu’il a fallu renettoyer … Il faut s’excuser près de la dame … E187 Tu avais pas renversé sur elle ... si ! I187 Si, Si, la dame en avait sur son chemisier donc faut s’excuser auprès de la dame et puis le chef dit faut … lui offrir l’apéritif et lui, dire qu’on prend en charge tout ce qui est pressing, tout … E188 Ah, ça veut dire qu’ils ont l’habitude, ça peut se produire I188 Oui, voilà ... La dame elle a été gentille, elle a rien fait de spécial … E189 Et ça tu y pense souvent ? I189 Oh ben non, du coup, j’y pense plus ... Fallait le faire au moins une fois, je pense ! E190 Tu dis « c’était au bout d’un an », c’est peut-être le stade où t’as une certaine pratique, tues assez à l’aise et donc il y a des choses auxquelles tu fais un petit peu moins attention I190 oui, à mon avis E191 ça oblige à se ressaisir, à rester toujours, toujours ...concentré … On apprend à porter un plateau, à porter, une assiette ? I191 Ben ça s’apprend sur le tas en fait E192 Sur le tas ... 97 I192 Oui ça s’apprend pas ... E193Et quand tu dis « sur le tas », ça veut dire que tu as quand même tes collègues ou ta patronne qui t’ont montré comment on faisait ? Le premières fois, c’est pas évident … I193 Ah ben non pareil, j’ai du … ils m’ont tout laissé … vraiment autonome, autonome dès le début, c’était … E194 Autonome ou tout seul ? I194 Ils m’ont pas dit de prendre des plateaux avec dix verres dessus mais … E195 Et pour les assiettes, t’en as pris trois directement ? I195 Non non, non, par contre j’ai pris deux, après, j’ai attaqué les assiettes froides parce que les assiettes froides, c’est heu … E196 Donc trois assiettes froides ? I196 Oui, et au bout d’un moment j’ai pu prendre les assiettes avec le liteau E197 Oui I197 Au début c’est chiant parce que ça glisse mais bon ça évite … E198 Est-ce qu’il y a une technique particulière pour que ça se fasse mieux ? I198 Non, c’est pareil que les assiettes froides mais faut prendre le coup de main, faut … E199 Oui mais au niveau de la position des mains … On ne t’a pas montré ? I199 Ah, si, si ! E200 Oui, ça te semble tellement évident ! I200 Oui, c’est évident ! On met une assiette là et l’autre assiette par-dessus, puis voilà E201 Et ça, c’est exactement pareil au CFA et ? I201 oui, généralement ici tout le monde a cette façon là. Y’a un autre façon mais en France on l’utilise pas : en fait ils prennent l’assiette là, ils passent une assiette là et c’est avec le doigt là qu’ils viennent chercher … E202 Ah oui, l’appui … I202 Voilà, on la voit beaucoup en Allemagne, en Allemagne, ils font comme ça E203 Oui, vous avez vu ça en Allemagne . C’est étonnant en fait, c’est des habitudes … Donc … Le veau aux morilles est dégusté … I203 Oui, je débarrasse, je resserre le vin rouge parce qu’après y’a le fromage donc je peux continuer sur le vin rouge E204 Question un peu bête mais il y a des gens qui en laissent beaucoup dans leur assiette et tu te demandes si ils ont terminé ou ?.. I204 ben en fait c’est ceux qui nous disent parce que bon quand c’est terminé bon ben c’est bon, ça a été et puis après quand on passe à côté des gens, qu’on veut leur prendre leur assiette, là ils nous disent « excusez-nous mais c’était trop copieux ou » … E205 et tu leur poses la question : est-ce que ça vous a plus ? I205 Oui, “est-ce que tout se passe bien, est-ce que ça vous plaît ? » E206 Et tu demandes plusieurs fois, à chaque plat ? I206 plus au moment de débarrasser, enfin, je propose une fois au milieu pour voir s’il y a pas de problèmes … si c’est pas trop cuit … donc je demande si tout va bien et à la fin du repas, je demande si ça a été. E207 Oui, oui ... Et tu observes les gens à ce niveau là, parce que leur demander c’est une chose mais tu peux peutêtre aussi voir à leur … I207 Ah oui, oui, on voit si ils ont aimé, si ils ont pas aimé ... E208 Et là, ces gens là ? I208 Oui, oui, à part les petits papys qui ont plus un grand appétit à leur âge E209 D’accord. Et ceux-là n’avaient plus un gros appétit ou c’est en général I209 Non, non, en général, parce qu’il fait des grosses assiettes, c’est quand même très copieux, donc quand il y a une entrée et un plat, on sait que le plat il sera pas mangé E210 Y’en a beaucoup des personnes agées qui viennent ? I210 Oui, oui, y’en a beaucoup E211 Donc, comment ça se passe ensuite ? I211 Bah ensuite, là j’ai tout débarrassé, bon je fais pas les miettes parce qu’avant on met des ardoises donc … Ca empêche de … c’est pour la décoration E212 D’accord I212 Ca empêche de faire les miettes donc on peut pas E213 Pourquoi ça empêche ? I213 Parce que sur les tables individuelles on fait toujours les miettes de pain E214 Avec une brosse , avec ?.. I214 Avec un rasoir ... Mais là avec toute la décoration qu’il y a on peut pas E215 Et là, c’est tes employeurs qui te disent „non, là c’est pas la peine“ ? I215 Oui, c’est eux qui me le disent, sur ce type de table, on peut pas E216 Donc ça fait une étape en moins I216 Oui, ça fait une étape en moins et puis je mets les couverts à fromage, je refais un tour de pain, un tour de vin et là le fromage, c’était le chef qui le préparait car c’est du fromage fondu, qu’il faisait cuire …c’est une préparation à lui 98 E217 Là, ça m’intrigue ! I217 En fait, c’est du fromage de Langres sur un toast mais dans une feuille de brick qu’il fait réchauffer au four, donc là c’est lui qui s’en occupe donc j’ai pas besoin de m’occuper du fromage, je sers seulement quoi. E218 En temps ordinaire tu as un plateau de fromage, un charriot ? I218 Ah non, pour les grosses tables comme ça on fait pas le plateau … E219 A l’assiette ? I219 oui, on fait pour tout le monde le même fromage E220 D’accord, sinon ça prendrait trop de temps I220 Voilà, donc j’ai envoyé les fromages, fait un tour de table, le vin, le pain … E221 Et il est quelle heure là à peu près ? I221 Hum … On a fini à cinq heures … , il devait être sur le coup de trois heures et quart … E222 Et ils sont arrivés vers midi … I222 Midi et demi E223 D’accord I223 Oui, donc là le fromage, on l’envoie, ils mangent leur fromage, ils sont contents … Bon, y’en a qui aiment pas le Langres donc ça ils le laissent ou ils le donnent à leur voisin … E224 Tu proposes autre chose ? I224 oui, on propose autre chose mais là, apparemment, il n’aimait pas le fromage donc ... E225 OK I225 Alors là, on range, on attend, on passe dans la salle d’à côté, on fait ce qu’on a à faire et puis comme ça se mange vite, en cinq minutes c’est mangé, après ben, je débarrasse et puis au moment où j’amène les premières assiettes à l’office, je regarde si c’est bon pour les desserts E226 C’était un dessert particulier ? I226 C’était une feuillantine de fruits, c’était une crème chiboutz avec des fruits frais : fraises, framboises, ananas … E227 Et avec, tu dis feuillantine, y’avait quelque chose de feuilleté ? I227 Oui, c’est parce qu’il y a une feuille avec de la cannelle … je sais plus le nom … E228 Une feuille de brick ou de filo ? I228 Oui ! Filo, c’est ça , c’est tout fin, c’est une feuille blanche … Il met du sucre et de la cannelle et il fait cuire ça, ça devient croquant et il met ça par dessus E229 Donc, tous le même dessert I229 Oui, un dessert léger E230 Alors au niveau des étapes, les couverts … I230 Oui, par contre là, je retire toutes les corbeilles de pain, tous les morceaux de pain qui traînent, tout ce qui va à la poubelle. Je débarrasse les verres à vin blanc qui sont finis, j’avais débarrassé au fur et à mesure E231 Oui, il n’y en avait plus beaucoup à ce stade I231 Puis après les gens mangent leur dessert E232 Et là, je repose la question de l’ambiance ... I232 On commence à sentir que c’est la fin car ça commence à s’exciter, quand même E233 D’accord, ça s’anime un petit peu ... et ça c’est habituel ou … I233 Ah oui, oui, c’est toujours comme ça ... Quand ils mangent y’a pas un bruit et vers la fin du plat ça repart un peu, y’a des phases … E234 Et là tu restes plus près d’eux pendant qu’ils mangent le dessert ? I234 Ah non, je suis dans l’autre salle E235 Au niveau des cafés, comment ça se passe, à quel moment ?.. I235 C’est après le débarrassage des desserts … A moins qu’ils me le demandent mais … E236 OK I236 Ils ont mange leur dessert, je débarrasse les desserts, je fais le café, donc au départ, je demande pas qui veut de café, j’en fait … je les envoie quatre par quatre au moins je suis sûr que ça passe et vers la fin, je demande qui en veut E237 Et tu as toujours fait comme ça ? I237 Oui, oui, j’ai toujours fait comme ça ! E238 Et les autres ? I238 Ah, si, elles font comme ça aussi E239 Et qu’est-ce qui te fait faire comme ça ? I239 Ben, c’est pour éviter de faire trop de cafés ! E240 Oui, mais tu pourrais aussi demander ... I240 Ah oui, mais ce serait trop long ! Y’a des gens qui vont lever la main, faut compter …Y’a des gens qui vont oublier de lever la main … E241 Donc là, le but c’est que ce soit efficace I241 Comme ça je fais le tour et si ils me disent qu’ils en veulent pas, ils en veulent pas E242 Ici au CFA, ça se passe comme ça aussi ? I242 Non, on demande 99 E243 Oui, les gens sont pas très nombreux … Et au moment du café, est-ce que c’est un moment où tu vas discuter plus avec les gens ou ?… I243 Oui, parce que quand les grosses tables comme ça en sont au café, les autres tables ont pratiquement aussi fini donc … E244 Il y a plus grand chose à faire pour toi I244Oui, voilà, donc là on va plus passer de temps … Ils m’ont demandé ce que j’étais, ce que j’avais fait … On va plus parler de moi et puis on va parler du restaurant, du cadre, du village … E245 Oui, V., c’est un joli village … C’était des gens du coin ? I245 Y’en a qui venaient du sud, d’autres d’à côté de D. … Donc là ça parle plus, la serveuse vient … Elle c’est une grande bavarde ! E246 D’accord ! I246 Donc là ça reparle et moi je peux m’occuper un peu de ... E247 Et toi, tu leur poses des questions des fois aux gens aussi ? I247 Non, je rentre pas trop dans ...J’aime pas trop ... si je leur demande pour les plats, si ils ont aimé mais …je réponds à leurs questions … je rentre pas trop dans les détails … E248 il arrive que ce soit difficile pour toi d’être en contact avec les clients ou c’est quelque chose de naturel ? I248 Non, ça va mais bon, après, y’a des gens qui veulent pas parler, des gens qui veulent manger, qui veulent qu’on les laisse tranquilles. Ces gens là on les ressent. E249 tu les ressens ? I249 oui, oui, donc on les embête pas plus. On les sert, on demande si ça va et on s’en va E250 D’accord. Donc, on disait tout à l’heure, y’a les gens, on voit, qui vont être « chiants », y’a ceux dont on repère qu’ils ont pas envie qu’on les dérange, y’a ceux qui ont envie … I250 De parler. Y’a ceux qui parlent affaires, faut pas non plus trop les embêter … Oui dès qu’ils arrivent, on sait à peu près à quoi s’en tenir E251 Oui, vraiment … et tu te le dis ? I251 oui, en fait on se le dit et tout de suite on va dire „tiens lui, il a une tête qui me … » Comme quand c’est des gens qu’on connaît pas … E252 Ah oui, vous échangez à ce niveau là avec les collègues ... I252 Oui, oui, on dit „lui, ça à l’air d’être un chiant » E253 Et en général, vous êtes d’accord ? I253 Oui, en général, on est d’accord, on est d’accord sur tous les clients, même après le service … E254 OK. Alors, ce déjeuner va se terminer, donc, comment ça se passe ? I254 Bah là ils reprennent du Champagne E255 Ah, ils REprennent ? I255 Non, c’est après le café, ils ont fini le café, et c’est au moment où on pensait qu’ils allaient nous demander l’addition … et ben, ils nous demandent du Champagne. E256 Et là qu’est-ce que tu te dis, c’est embêtant ? I256 Ce qui est embêtant, c’est que de l’autre côté, c’est fini donc en fait on attend plus que nous, mais après …Ils prennent du Champagne, ça fait toujours gagner de l’argent pour le patron ! Tant qu’il gagne de l’argent, on a notre salaire ! E257 Oui, oui … Donc c’est un repas qui a duré longtemps I257Donc ils ont bu leur coupe chacun après ils ont pas trop traîné E258 C’est toi qui leur a servi le champagne ? I258 Oui, enfin là on était à deux comme du coup ils avaient fini à côté, donc on a servi tous les deux le Champagne, ils ont bu et ils ont pas trop traîné … il faisait beau E259 D’accord, donc si on va jusqu’à la fin, tu les salues … Comment ça se passe… A quel endroit tu te mets ? I259 Ah, on se met à côté de la porte, enfin quand on entend la porte s’ouvrir, on y va, bon y’a toujours deux trois personnes qui sont déjà sorties mais … On leur dit au revoir, on reste à côté de la porte, on salue les gens … Là y’a pas de veste parce qu’il faisait chaud E260 Oui, sinon, y’a le vestiaire à … I261 Sinon on redonne les vestes, les gens nous disent « à bientôt » ( ?) E262 En général, tu sais quand les gens sont susceptibles de revenir, ça se voit ? I262 Ah oui, oui, ça se voit, ils demandent des cartes du restaurant ou … E263 Là tu as donné des cartes ? I263 Oui, on a donné des cartes E264 Donc c’était …Un bon service, on va dire. Je vais poser une dernière question peut-être sur … enfin, je voudrais savoir si tu as l’occasion de discuter de ta pratique en entreprise, au CFA ? I264 Ce que je fais en entreprise ? E265 Oui, ce que tu fais en entreprise, est-ce que tu en parles au CFA ? I265 Non, j’en parle pas au CFA E266 Alors, c’est vrai que pour toi, c’est deux pratiques qui se ressemblent un peu apparemment I266 oui, ça ressemble un peu, ça me change pas … 100 E267 et ça t’apporte quoi, alors, la pratique au CFA ? I267 Pouh … E268 Rien ? I268 Ben sans plus, bah si au début, ça m’a permis de rester … Quand même d’apprendre plus vite E269 Oui, ça, tu en as conscience ? Je sais pas si tu te souviens de quelque chose, au début, qui t’a été utile ? I269 En fait, moi j’ai fait une semaine en entreprise et j’ai enchaîné deux semaines de CFA dans la foulée donc … les deux semaines de CFA, ça m’a permis de … en fait je suis revenu après en entreprise, j’avais … E270 Plus sûr de toi ? I270 Oui, plus sûr de moi, et je savais comment c’était E271 Et en même temps, je trouve que c’est bien d’avoir fait une semaine en entreprise parce que ça te donnait quand même une idée … I271 Oui, voilà E272 … De ton rôle … c’est un métier que tu connaissais un peu avant ? I272 Non, je connaissais pas, j’ai voulu me lancer la dedans … Donc les deux semaines au CFA, elles m’ont bien été utiles … Enfin si au CFA, y’a tout ce qui est flambage qu’on apprend, tout ce qui est découpes E273 Parce que tu ne le pratique pas ? I273 Non, les restaurants maintenant ils le font plus E274 Mais c’est intéressant d’apprendre ça I274 Oui, oui, c’est intéressant ! tout ce qui est flambage, découpe comme on le fait pas non plus trop souvent E275 Et puis vous n’êtes plus testé sur ça à l’examen, je crois I275 Sur le flambage, si E 276 OK. Bon, écoute, je te remercie ! je vois comment tu t’y prends pour travailler. Transcription Entretien d’explicitation SR2 (Entretien n°2 Service en restauration) E1 I1 C’était le jeudi juste avant l’Ascension. On était toute seules, ma collègue était pas là, elle était en vacances. Donc on a eu du monde : C’était PLEIN, on a fait 190 le midi E2 Oui, 190, le midi I2 Oui, enfin, environ ...peut-être 193, un truc comme ça, y’avait du monde partout ! E3 Alors pour te suivre avec 2 personnes ? Vous étiez combien pour le service ? I3 C’était au restau …donc on était quatre, une collègue était pas là, le patron était pas là. E4 D’accord I4 D’habitude le patron il est là et il reste derrière le bar, donc il fait les verres, il prend les commandes, il fait les encaissements et tout, puis là il était pas là, il faisait des préparatifs pour la foire de C., donc il est parti et l’autre collègue elle était en vacances, c’était mon maître d’apprentissage et il y avait du monde PARTOUT, ça rentrait, ça ressortait, ça rouspétait ! E5 Ah ça rouspétait aussi … I5 J’en pouvais plus ! E6 Alors, si tu reprends les choses au début, comment ça s’est passé ? Est-ce que tu peux me décrire tout ce que tu as fait au fur et à mesure ? I6 Bah déjà, au début ça arrivait doucement, donc j’ai pris les commandes une par une, j’ai servi, j’ai débarrassé, j’ai redressé d’autres tables … Après bah ça rentrait de plus en plus vite, en fait donc au bout d’un moment ben moi je continuais à prendre des commandes, je finissais les clients que j’étais en train de faire, enfin en train de servir, ensuite heu j’ai installé la grande salle pour les autres clients : y’avait plusieurs groupes donc heu …j’installais la salle là-bas pour eux, en fait. Donc après on a pris les apéritifs, on a pris la commande de ce qu’ils voulaient. Heu, pour pas s’embêter, en fait, on a fait un menu pour tout le monde : ils avaient le choix entre poisson et puis, heu, de la bavette et en légumes, ils avaient le choix entre des frites et des haricots verts. E7 D’accord I7 Donc on a pris la commande, enfin, j’ai pris la commande. Avec une collègue, on a servi les apéritifs, quand ils sont partis se servir, et ben nous on débarrassait les autres, on débarrassait les tables pour redresser les autres 101 couverts et au bout d’un moment on a eu un groupe heu, ils attendaient trop longtemps, ils arrivent … ils sont arrivés vers 12h15, ils devaient repartir vers 12h45, donc heu … ça fait même pas une demie heure pour manger… E8 Et c’est des groupes qui avaient réservé, ça alors ? Ou, ils arrivaient comme ça ? I8 Ben y’a eu un groupe, ils étaient douze, ils avaient réservé, ils ont appelé le matin pour le midi, ils ont appelé vers 9 h, je venais juste d’arriver … Ils ont appelé, ils avaient réservé, les autres ils avaient pas réservé. Donc ils sont arrivés, ils étaient 27 … enfin entre 25 et 30. E9 Alors, c’est énorme, ça … Alors finalement, est-ce que tu pourrais me décrire, juste une partie de ce service là ? Ou un groupe que tu as servi, ou une table dont tu te souviendrais …Car tu ne vas pas pouvoir tout me détailler, moi je voudrais vraiment entrer dans des choses précises. Je peux te laisser une seconde pour te recentrer, c’est déjà bien d’avoir la situation générale et puis… I9 Ben, le groupe, j’ai juste la commande que j’ai pas prise mais sinon tout le reste, c’est moi qui l’ai fait E10 Alors si tu peux essayer, si tu peux te souvenir, chaque étape : Comment ça a commencé ? Tu les revois arriver … I10 Ils sont arrivés en même temps que tout le monde, donc le groupe, tout le monde est arrivé en même temps, ensuite ils se sont installés sur la table préparée pour eux … Donc ben ma collègue elle a pris la commande, j’ai servi les apéritifs E11 d’accord, donc c’est là que tu es intervenue, à partir des apéritifs I11 Oui, c’est à partir des apéritifs que je les ai servis, du début jusqu’à la fin. Donc, au niveau des apéritifs, quand ils ont vu qu’il y avait du monde, ils se sont mis à parler en disant « ouais, on est pressé, donc on veut être servi le plus rapidement possible » E12 D’accord, ils te parlaient pas spécialement à toi mais toi tu les entends dire … I12 oui, ils parlaient entre eux et tout et dès qu’ils avaient fini l’apéritif, nous heu, on les a laissés se servir les entrées E13 Parce que c’est une formule de buffet ? I13 Un self E14 D’accord I14 Oui, c’est un buffet froid en fait et donc ils se sont servis les entrées, dès qu’ils avaient fini les entrées, ils se sont quand même dépêchés à part un ou deux, une ou deux personnes qui ont pris un peu de temps mais tous les autres ils avaient terminé, ils se sont vraiment dépêchés E15 D’accord ... Alors, si ça ne te dérange pas, on va revenir sur chaque étape finalement : il faut imaginer que moi, je n’y connais rien et que je veux vraiment tout détailler. Donc toi tu es intervenue à partir des apéritifs, est-ce que tu peux me dire, voilà, comment ça se passe pour toi quand tu prends les apéritifs ? Comme si j’étais … une martienne qui n’avait jamais vu ça ! I15 Ah d’accord ! Donc au niveau des apéritifs, souvent ce qu’on fait [problème d’interruption de l’enregistrement pendant quelques minutes à partir de la 6è mn] Donc en fait, on a un double, un duplicata du bon qu’on accroche sur un tableau en cuisine, c’est un tableau aimanté en fait … Si c’est des bavettes où on demande la cuisson, donc on annonce, on fait : « on annonce une bavette saignante », vu que tout est abrégé, ça va vite après, si on oublie d’annoncer, eux ils le regardent E 16 Oui I16 Ils regardent tous les bons ; en fait, c’est dans l’ordre : la première c’est le passage ensuite c’est mon autre collègue et après c’est moi. Donc après, je descends le bon du (pot ?), j’attends un peu en cuisine, dès qu’une assiette est prête, je mets du persil, de la tomate …Si la personne a pris du poisson, je mets une rondelles de citron, donc ensuite, je prends les assiettes trois par trois donc deux puis un E17 Comment tu fais quand tu prends les assiettes ? I17 Comme ça, j’en glisse une entre mon auriculaire et mon pouce, j’en remets une au dessus des deux doigts, le pouce et l’auriculaire, et j’en prends une dans l’autre main E18 D’accord, ça se fait vite, ça, t’as l’habitude ? I 19 bah après, c’est une question d’habitude, au début , j’y arrivais pas et puis … et puis ça dépend des assiettes, y’en a elles sont chaudes, elles sont bouillantes parce qu’elles sont fines, c’est des nouvelles assiettes qu’il a acheté, donc elles sont super fines, donc c’est bouillant et quand c’est trop bouillant, j’en prends que deux parce que je me suis retrouvée … les deux premières personnes, enfin les six premières personnes que j’ai servies, la main ça a été, mais au bout des neuvièmes personnes … E20 Oui, c’est de plus en plus sensible … I20 C’était de plus en plus chaud, en fait. Donc, c’est suivant les assiettes, si elles sont trop chaudes, j’en prends deux par deux, si ça va on peut les prendre, j’en prends trois par trois, ça va plus vite ensuite heu … On fait pas comme ici au CFA, on sert toute une rangée et après l’autre rangée, en fait E21 D’accord ... I21 Au CFA, c’est toutes les femmes d’abord, en fait, déjà toutes les personnes âgées femmes, toutes les personnes âgées hommes et de plus en plus jeunes en fait que nous, au restaurant, en fait, si on est à deux, on fait face à face donc une collègue qui fait en face, l’autre qui fait de l’autre côté. 102 Mais dès que je suis toute seule, je commence, ben admettons, ben j’ai sur la table, je la divise en deux, je fais tout un côté, ensuite, je reprends en face- les personnes qui sont en face- et je reprends de l’autre côté en fait, sur l’autre moitié de la table et ça va beaucoup plus vite et les gens ils attendent pas E22 Donc, c’est ce que tu as fait, là I22 Oui, c’est ce que j’ai fait là, oui E23 Et il y avait que deux plats, donc c’était plus facile pour savoir … I23 Mais y’a quand même eu deux ou trois exceptions, des personnes qui mangent pas de viande, qui sont végétariennes donc ce qu’on a fait, c’est qu’on leur a proposé plusieurs légumes, ils ont dit, ben ils ont pris… E24 C’est toi qui leur a proposé … I24 Ben c’est eux qui m’ont demandé Alors moi, ce que j’ai fait, je suis allée en cuisine, j’ai demandé, ils m’ont dit “oui, y’a pas de soucis”donc moi je leur ai servi ce qu’ils voulaient sans viande, en fait E25 Et ils avaient l’air satisfaits ? I25 Ah bah, tout à fait, ils étaient contents, ils nous ont même remerciés, j’ai même transmis les compliments en cuisine E26 D’accord I26 parce que elle était bien garnie. D’habitude on met un beau morceau de viande en fait et très peu de légumes et là vu que c’était que des légumes, on a partagé en fait : on a toujours deux légumes du jour donc soit des féculents, des légumes et des frites ou des pommes vapeur, tout ce qui est à base de patate et du riz, du riz y’en a toujours. La dame, elle voulait du riz, y’avait des haricots au beurre puis elle voulait de la salade donc on lui a préparé de la salade, des tomates, y’avait des endives …donc ça a été, on lui a donné ça, ça a été et puis elle a été contente, ils ont été contents, ils étaient plusieurs. E27 Voilà, donc pour toi, ça s’est bien passé I27 et il y en avait un qui mangeait pas de porc … je sais pas comment on dit, c’est un musulman ? E28 Oui I28 Il mange pas de porc et dans les haricots beurre, y’a des lardons, donc, il me l’a dit parce qu’il a vu ses collègues à côté avoir …Donc on a fait le changement dernière minute, il a pris des frites à la place des haricots beurre donc ça a été E29 oui, pas de problème … et comment ça se passe, enfin tu m’en a déjà un peu parlé, quand y’a des demandes spécifiques, comme ça en salle ? En cuisine, est-ce que c’est facile de demander … I29 Oh oui, parce que, comment, il suffit juste d’être correct, doux, pas hurler en fait directement parce que là c’est sûr, ça passe pas, faut être gentil, poli … enfin, même si on tutoie la personne, faut pas directement l’agresser en disant « ouais, il veut ça ! », c’est plus « ouais, J. -parce que moi je l’appelle par son prénom, comme tout le mondebah y’a le monsieur, il voudrait changer, est-ce que tu peux heu… » E30 Donc tu es obligée de faire attention et en salle et en cuisine I30 Et il faut vraiment, en cuisine, quand on apporte les plats, faut vraiment faire attention aux bons parce que en fait, y’a par rapport aux collègues des fois, on a le bon côte à côte et on se trompe d’assiette, ça, ça arrive souvent ! Donc, c’est pour ça, on fait vraiment attention aux bons, on regarde bien nos assiettes et quand il y a un changement de dernière minute, si l’assiette elle a été préparée, soit, on la jette, suivant ce que c’est, si c’est de la bavette, on peut la récupérer, c’est pas grave, on la remet sur le grill et on la redonne à un autre client parce qu’elle a pas été touchée. Mais dès que c’est un truc de dernière minute, si c’était prêt et qu’il y a pas d’autre bons … E31 Identiques … I31 …de demandé, ben ça part à la poubelle, sauf la viande … Donc là, vu qu’ils avaient pas encore fait l’assiette, ça tombait bien donc, ça a été. Donc après voilà … Ah, il manquait du pain E32 D’accord, donc là ils en étaient au plat, c’est ça ? I32 Oui, au plat. Donc, quand il manque du pain, on va en rechercher, on le coupe, c’est la machine, en fait : on met le pain dans la machine, hop, ça coupe, c’est pratique, y’a juste à mettre la corbeille E33Ils ont dû demandé ou tu avais vu ? I33 Non, j’avais vu E34 Vraiment, dans tout ce que tu me dis, c’est la vue qui est la plus importante I34 Oui, tout se joue là dessus … de l’eau, y’en avait encore, ah ils ont demandé du vin aussi, du vin rouge, ça arrive assez souvent donc, comment, quand c’est comme ça, qu’on sait qu’ils veulent du pain et du vin, avant d’entrer en cuisine pour chercher le pain, on demande le vin au bar et on le prend en revenant, c’est faire moins de pas en fait, ça évite les pas, c’est plus rapide, ça coûte moins de temps E35 Donc, là tu te souviens avoir essayé de faire le moins de pas possible ? I35 Oui, ça c’est grâce aux collègues parce que … E36 Oui, là aussi, donc si je reprends, les collègues t’ont appris à être très attentive à tout ce que tu vois, à faire moins de pas … y’aurait d’autres choses ? I36 A voir, par rapport aux clients, si ils sont contents ou si ils sont pas contents parce que ça c’est un réflexe aussi que j’ai pris E37 Alors, sur cette table là, comment ça s’est passé ? Tu m’as parlé du monsieur d’un certain âge mais –essaie de te remettre un peu en tête ces gens là – à quoi tu as vu qu’ils étaient contents ou pas contents ? I37 Bah, ils avaient le sourire 103 E38 Oui I38 Ils avaient le sourire ... Quand ils parlent entres eux et qu’ils mangent en même temps, on voit que directement le plat, si il est bon mais il est pas, il est pas … comment vous dire ? Il est pas désagréable en fait, ils aiment bien, donc ils vont rien dire. E39 Oui I39 Si on voit qu’ils commencent à fixer le plat, leur assiette, qu’ils l’a fixent, c’est que ça leur plaît pas E40 Et là, ces gens là ? I40 Ben y’a juste un monsieur, parce que ça lui a peut-être pas plu, il a dit que sa viande elle était pas cuite, il avait pris de la bavette et il a dit que sa bavette n’était pas à la cuisson qu’il avait demandée donc il m’a redit sa cuisson, j’ai vérifié sur le bon et en fin de compte, il m’a dit qu’il l’a voulait à point et en fin de compte sur le bon, c’est marqué bleu donc ça fait un changement mais quand c’est comme ça, on la ramène en cuisine et après ils le font suivant le goût du client, ils disent rien, ils sont d’accord, ils le font. E 41 Et là, alors, c’était une erreur sur le bon ou c’est le client qui se souvenait plus de ce qu’il avait pris ? I41 Soit c’est le client qui se souvenait plus, soit c’est la personne qui a pris la commande qui a mal pris en fait mais bon, on s’arrange toujours en fait E42 Et là ? I42 C’était la collègue qui avait pris la commande ... E43 Alors c’est d’autant plus compliqué I43 Oui, faut vraiment faire attention, faut passer auprès de chaque personne, entre deux personnes en fait comme ça on demande aux deux en même temps, enfin aux quatre E44 Alors, si on reprend, ce monsieur, juste tout ce qui s’est passé avec lui, comment tu t’es aperçue ... il t’a appelée d’abord ou tu as déjà repéré quelque chose ? I44 Non j’avais déjà repéré E45Alors, qu’est ce qu’il faisait ? I45 Il regardait et puis avec sa fourchette, il piquait dans la viande, tout en regardant comment que le jus sortait en fait … Au niveau de la couleur de, de … si il était liquide, épais … Et c’est là que j’ai dit, ce monsieur, ça va pas lui plaire E46 Alors, tu as attendu la suite, qu’il t’appelle ou … I46 J’ai attendu qu’il m’appelle parce que j’aime pas aller près des clients dire “ça vous va ?” … J’aime pas. Moi, je préfère qu’ils m’appellent et comme ça au moins, je suis sûre. Donc, ben le monsieur, il m’a appelée discrètement, il fait « hé, mademoiselle » mais tout discrètement E47 Et tu te dis quoi ? I47 Je me dis, il veut que je change sa viande ou il a quelque chose qui lui va pas sur son assiette et donc il m’a dit : « vous pouvez faire cuire un peu plus la viande ? » donc je fais « oui, y’a pas de souci » tout en ayant le sourire donc ça passe bien et donc ben après je l’a ramène en cuisine, je lui rapporte, je reste à côté du client, je lui demande si ça va. Je lui demande si la cuisson ça lui va comme ça ou pas. Si il me dit non, il veut encore un peu plus cuit, je la ramène E48 D’accord, il peut y avoir comme ça plusieurs ... I48 Oui, il peut y avoir plusieurs navettes. Mais au bout, je crois de la troisième fois, on arrête et on remet une autre viande. Admettons, si c’est une bavette, on remet une autre bavette. E49 Vous êtes patients quand même ! I49 Oui E50 C’est des consignes que vous avez heu ... c’est pas comme ça dans tous les restaurants I50 Oui, c’est des consignes, c’est entre collègues, quand, quand une personne arrive en fait –moi, quand je suis arrivée, toutes mes collègues elles étaient là, elles m’ont expliqué …elles m’ont montré …y’a plein de trucs, même encore maintenant, j’apprends encore des choses. E51 D’accord, qu’est-ce que tu as appris justement récemment ? I 51 Ben récemment, parce qu’en fait, je faisais heu pour marquer de l’eau, moi je marquais « 1 », le chiffre 1 et un rond barré et en fait le soir ils font le récapitulatif en fait, vu qu’y a les entreprises, ils marquent tout dans un cahier et elle m’a dit « faut pas que tu mettes le 1 », j’ai dit d’accord, faut juste que je mette le O et pis barré. Pareil pour « Carola verte », c’est de l’eau gazeuse … moi je marquais « ½ Carola » ou des fois « ½ Caro » mais il fallait mettre le V et un point E52 Pourquoi ? I52 Pour dire verte, pour Carola verte, c’est la marque mais en fait E53 Alors, ça c’est des habitudes dans ce restaurant là mais c’est peut-être pas … ? I53 Non, c’est peut-être pas partout pareil mais c’est comme ça que j’ai appris moi. Et … au niveau des corbeilles de fruits aussi, j’en ai appris y’a pas longtemps. En général, je les fait pas souvent moi, les corbeilles de fruits donc au niveau des raisins, bon , comme tous les fruits faut les laver avant, les essuyer, prendre les essuie-mains et bien éponger l’eau, nettoyer la corbeille, c’est une habitude, ça je savais mais mettre le raisin sur le côté en fait, moi, je le mettais au milieu et puis je mettais les autres fruits à côté, en fait E54 Alors, comment ça se fait qu’il faut le mettre sur le côté ? I54 Comme ça les clients, ils voient plusieurs fruits en même temps. En fait, moi je le mettais au milieu, tout au début et puis ils m’ont fait la remarque après en fait, là, y’a pas longtemps. 104 Parce qu’en fait, les clients ils vont voir le raisin et les bananes E55 Oui I55 Parce que moi, je faisais comme ça, je mettais le pommes en dessous, les oranges, les kiwis, le raisin et deux bananes qui recouvraient par-dessus. Elles m’ont dit : « les raisins, t’essaie de les mettre sur le côté, si on peut pas on les met au milieu, c’est pas grave » qu’elles m’ont dit mais « quand tu peux, t’essaie de les mettre sur le côté, comme ça ils voient qu’il y a du raisin, des pommes, des oranges et des bananes ». Ils voient en fait tout ce qu’il y a dans la corbeille et si y’a des nouveaux fruits, qu’ils prennent des nouveaux fruits comme le kiwi ou des trucs comme ça en fait E56 Oui, donc c’est important pour toi les conseils de tes collègues I56 Oui, des fois je peux les respecter quand j’ai le temps mais quand j’ai pas le temps, c’est comme ça, pis elles disent rien parce qu’elles savent … E57 Et est-ce que toi, tu as tes propres manières de faire, aussi ? Parce que elles, elles te montrent des choses mais est-ce que toi tu, tu peux leur montrer des choses aussi ? I57 Ben, c’est au niveau des clients, moi j’ai une habitude, c’est de laisser le couteau pour leur fromage E58 Oui I58 Et heu, comment ...Bah, heu, mes collègues –ça les dérange pas hein- mais, elles, elles les enlèvent pis en remettent des autre parce que elles passent devant le frigo et pis y’a le bac à couteaux en fait et moi, je laisse le couteau, ça m’évite des pas et je perds moins de temps en fait parce que quand je prends les fromages, je prends quatre assiettes E59 D’accord I59 Donc, j’en ai là, là, là et pis ben une là ... Comment détailler, je sais pas ! Donc ensuite, pareil, j’ai mon habitude, c’est vraiment de bien regarder par rapport aux autres collègues : Des fois elles débarrassent … Sur le groupe, y’en avait qui avaient terminé et une ou deux personnes qu’avaient pas terminé E60 Donc, le groupe dont on parle depuis le début ? I60 Oui, donc moi, quand je vois que tout le reste a terminé, je vais attendre que les deux autres personnes terminent, ce que les autres collègues ne font pas : elles débarrassent ceux qui ont fini, et elles attendent après les autres E61 Au fur et à mesure I61 Oui, elles débarrassent au fur et à mesure, en fait et moi non, je débarrasse tout en même temps, comme ça, ça évite déjà des pas même si vu que c’est un groupe, on fait une rangée puis après l’autre rangée. Donc ben moi, c’est mon habitude c’est comme ça, même si les autres ils attendent, c’est le respect du groupe, en fait E62 Oui, aussi. Et, ça te vient d’où, cette idée du respect du groupe ? I62 J’ai appris ça quand j’étais, ben quand on est tout petit, en fait, c’est une marque de politesse, je vois, nous, ma mère, elle m’apprenait, à table, tant que papa, tant que mon père n’avait pas fini de manger, on restait à table, même si mon frère ou quelqu’un n’avait pas fini, on restait à table et après on pouvait sortir dès que tout le monde avait fini E63 Tu utilise des choses que tu as apprises … I63 Oui des choses que j’ai apprises toute petite, même pour le débarrassage, ça c’est venu comme ça instinctif, grâce à cet exemple, en fait E64 D’accord I64 Moi, j’ai toujours attendu que les autres terminent pour débarrasser en fait et ça vient comme ça quoi, c’est des petites habitudes qui ont toujours été en fait. Donc dès le début, je savais … enfin, je savais pas vraiment exactement comment faire mais j’avais ma petite idée E65 Donc ta technique, elle s’est affinée …au fur et à mesure ? I65 Oui, oui, elle s’est affinée … C’est pareil, au niveau des assiettes, je n’arrivais pas à les mettre et heu, quand elles m’ont montré, j’arrivais pas, donc je mettais déjà tous les couverts, je les prenais dans une main … E66 Pour débarrasser ? I66 Oui. Donc pour les couverts, je les prenais dans une autre main pis toutes les assiettes sur une mais c’était dur quoi, et quand j’ai vu que les gens n’avaient pas terminé, je fais « je suis désolée » donc après je suis repartie, j’ai, ben sur le groupe, j’étais …J’ai attendu quand même, vu que j’en avais que deux, j’avais enlevé que deux fourchettes et deux assiettes et en fait, c’est après qu’on voit heu …C’est après qu’on voit qu’ils ont terminé, c’est quand on se met dans les bouts en fait, sur les bouts … E67 Oui, voilà, la position dans la salle, elle est importante aussi, toujours pour avoir une vue heu … I67 Faut avoir une vue générale en fait, faut se mettre à chaque extrémité de la table pour voir si tout le monde a terminé parce qu’en fait ben moi quand j’ai pris les deux fourchettes et les deux assiettes, c’était les deux papy et mamy qu’étaient au bout, qu’étaient de l’autre côté et ils avaient plus rien dans leur assiette, mais c’était du pain qu’ils mangeaient …Donc on voit pas forcément si c’est leurs assiettes parce qu’ils mettent leurs mains … donc on voit pas forcément, donc c’est au niveau du visage qu’on regarde et au niveau de leurs gestes E68 D’accord I68 Donc, après, comment heu … 105 E69 Donc, là, ces grands parents dont tu parles, ils t’ont donné l’impression qu’ils avaient fini, à quoi tu pensais qu’ils avaient fini ? I69 Ils discutaient et puis ils avaient les mains croisées en fait, comme ça, en train de discuter E70 Donc avoir le mains croisée et être en train de discuter, ça veut dire pour toi … I70 Ben comme on dit, la mal politesse, c’est les coudes sur les tables et quand je vois les clients qui ont les coudes sur les tables, les mains sous le menton, c’est que ils ont terminé, c’est à ça que je vois E71 C’est un repère I71 Ouais, et quand je les vois comme ça la majorité ou comme ça (geste) sans un geste, qui bougent plus, qui mâchent plus ou qu’ils discutent, c’est qu’ils ont terminé. Et là, le papy et la mamy et ben, ils avaient terminé leur assiette mais c’était du pain qu’ils mangeaient. J’ai refais le tour, j’ai regardé, j’ai demandé pour être vraiment sûre, ils m’ont dit « oui, oui, on a terminé » donc j’ai débarrassé, j’ai apporté le fromage. En débarrassant, juste après, j’ai demandé « fromage ou fromage blanc ? », vu que c’est un groupe, j’ai pris un papier, un bloc notes, j’ai abrégé fromage blanc et fromage, j’ai marqué FB pour fromage blanc, « fr » pour fromage, j’ai fait de traits, enfin des « égale » et j’ai fait des petits bâtons pour savoir exactement, pour le fromage blanc, je leur ai demandé… E72 Oui, et c’est pas trop la cacophonie quand y’a, enfin y’a pas trop de brouhaha quand y’a plein de personnes ? I72 Non, ça va … E73 Alors, tu leur fais dire … I73 Je fais un par un en fait parce que mes collègues moi elles se mettent à l’extrémité et elles hurlent, c’est : « vous voulez des fromages, fromages blancs ? », c’est vraiment hurler, quoi ! Et moi, je peux pas. E74 D’accord I74 Déjà j’ai une petite voix douce donc heu, pis en ce moment, j’ai mal à la gorge alors c’est pas possible ! E75 Oui ! I75 Je passe un par un E76 Donc là, tu te revois ? Tu te déplaces ? I76 Oui, c’est moi qui me déplace, je me mets toujours entre deux personnes en fait, comme ça les quatre ils entendent et ils peuvent réfléchir. Je commence par un côté, ben, par un bout, et je fais tout le tour en fait. Et heu, mettons, si c’était le monsieur : le papy et la mamy. C’était le monsieur, par le premier papy que j’ai commencé, c’était un monsieur : Il a pris un fromage blanc aux herbes, il a changé en dernière minute E77 D’ accord I77 C’est pas grave ! Donc ensuite, la personne à côté a eu le temps de réfléchir, le temps que je fasse le tour, donc je me retourne près de la dame à côté, je lui demande, elle me répond, je regarde la dame –ou le monsieur qui était à côté- je sais plus, donc il sait pas donc, je refais le tour pour me mettre à chaque fois entre les deux que les deux personnes entendent … E78 Oui … I78 Et donc ensuite, je fais comme ça tout le long de la table, ça va assez vite quand même … Au bout d’un moment, on reprend le rythme donc ça va. Et si tout le monde a pris des fromages blancs, parce que je demande que les fromages –pas leurs herbes ou leur sucre ou ce qu’ils désirent- et c’est après en fait E79 Tu as une deuxième étape pour … I79 Une deuxième étape … Si tout le monde prend du fromage, je fais pas la deuxième étape. Au niveau du fromage blanc, je me mets au bout – j’avais une dizaine de fromages blancs …- je me mets au bout et en fait je vais transmettre le message, je dis déjà au début, je fais : « qui veut du sucre ? », donc, s’ils entendent tant mieux et s’ils entendent pas, ben en fait, c’est les papy mamy, ben le papy qu’a hurlé et qu’a fait transmettre le message en fait, c’est comme le téléphone arabe ! E80 Oui ! ça se passe souvent comme ça ? I80 Oui, et donc ben après, au bout d’un moment, le papy ben, il s’est pas vraiment énervé mais il voulait m’aider pour que ça aille plus rapidement donc il s’est levé, il a fait « ouais, taisez-vous ! » tout en restant poli et tout le monde a pas dit un mot et je leur ai demandé « sucre ou herbes ? » et je fais : « ceux qui prennent du sucre, levez la main » comme ça moi je compte et puis, je mets pas un sucrier par personne en fait, je compte environ si, si ils sont dix, je mets trois sucriers et ils se le font passer Si ils sont plusieurs à vouloir des herbes, suivant quels ramequins on a fait les herbes, si c’est les gros, j’en mets que deux, si c’est les petits, j’en mets plusieurs E81 D’accord I81 Donc après ça dépend du nombre de fromages blancs et du nombre de personnes qui veulent … E82 Mine de rien, y’a beaucoup d’étapes tout au long du repas, comme ça I82 Oui, et heu pour les servir, en fait, au niveau des fromages blanc, on met heu, c’est parce que c’est dans les ramequins et puis c’est déjà prêt sur un plateau, en fait. Le plateau, il est dans le frigo, on a juste à le sortir, à prendre ce qu’on veut et donc là c’est plus simple, on sort le plateau – moi, j’ai sorti le plateau de fromages blancs- je mets une pile d’assiettes du nombre de fromages blancs dont j’ai besoin, les cuillères dans les assiettes, enfin, au dessus, sur la première, le nombre de sucriers, le nombre d’herbes … Si je vois que j’ai plus de place sur le plateau, et que j’ai des fromages qui attendent, je mets ça sur un autre plateau, si j’ai que ça, je m’arrange pour tout mettre sur le même puis ben je vais déposer sur le meuble qui y’a à côté. 106 Après, je prends le fromage blanc, je le mets dans l’assiette avec la petite cuillère et je sers. Et quand je me souviens plus de qui, qui … E83 En général, tu te souviens ? I83 Ca dépend, c’est au niveau de la personne, si je parle pas beaucoup avec elle ou si je parle assez avec elle, je sais qu’elle a pris ça E84 Hum I84Si je parle pas … E85 Oui, c’est un repère … I85 C’est au niveau du physique déjà et au niveau si je parle beaucoup, si y’a un échange de paroles … E86 et là, sur ce groupe, y’a des gens dont tu te souviens bien ? I86 Ben oui, le monsieur et puis le papy et la mamy E87 Donc eux, tu pourrais me dire comment ils étaient I87 Oui, oui, j’ai leur tête … E88 Donc, si ils reviennent pour déjeuner, tu les reconnais ? I88 Oui, ça dépend, si ils reviennent longtemps après, je les reconnaîtrai pas mais si ils reviennent quinze jours, trois semaines, un mois après, ça va, j’y arrive mais plus d’un mois, je les reconnais pas E89 ça peut se comprendre I89 Mais après, si ils me racontent des blagues, ça va revenir E90 Hum, hum I90 Si ça fait longtemps qu’on l’a pas vu, qu’il est pas revenu et qu’il fait les mêmes blagues …du même style, ça revient direct ! E91 D’accord, ça déclenche I91 Ca vient automatique, ouais bah le monsieur, il est déjà venu, même si je me souviens pas quand, mais je sais où E92 Oui, tu les resitues dans la salle ? I92 Ouais si les tables elles sont installées comme ça, si elle sont pas comme eux elles étaient, et bah je sais à peu près… Donc bah là dès qu’on a fini les fromages, on les laisse un peu digérer, sauf si vraiment ils sont trop pressés E93 Donc là tu sais que le rythme se ralentit I93 Oui, c’est au niveau des fromages, ça ralentit parce qu’il veulent garder un peu de place pour le dessert. Ca a toujours été, c’est le dessert … Parce qu’en entrant, en fait, dans le restaurant, ils voient dans le frigo ce qu’il y a en dessert … Y’a un frigo vitrine E94 Ca leur donne envie I94 Oui, quand ils voient les babas au rhum, les bons desserts … ça donne envie quoi. Donc le groupe, ils attendaient, même si ils étaient pressés, ils attendaient … Quoi, même pas dix mn, le temps que les fumeurs ils allaient fumer, entre le fromage et le dessert E95 Donc il y a des gens dans ce groupe là qui sont partis I95 Oui, y’a pas mal, y’a eu deux trois femmes et les autres c’était pratiquement les hommes, dont le monsieur qui discutait beaucoup avec moi par rapport à la restauration E96 A son petit fils ... I96 Oui, son fils ou son petit fils, je me souviens plus. … Lui, il partait fumer et c’était un cigare, ça je le sais parce que ça se sentait et pis il avait laissé la boîte sur la table. E97 Oui I98 Donc, après, le temps qu’ils allaient fumer ou pareil, le temps qu’ils mangeaient –parce que ceux qui partaient fumer, c’est ceux qu’avaient terminé avant les autres, donc ils partaient et les autres ils mangeaient encore- moi, je retournais de l’autre côté pour resservir les autres E99 Ah oui, c’est vrai, moi, j’avais tendance à oublier que tu en servais d’autres en même temps ! I99 Donc, en même temps, dès qu’ils sont en train de manger, moi je vais de l’autre côté et je vais aider les autres parce que quand elles voient qu’il y a un groupe, les collègues elles s’occupent des clients en général. Quand c’est des groupes qu’ils ont pas envie de faire ou qu’ils ont pas le temps de faire , c’est moi qui le fait et heu comment … vu qu’ils connaissent les entreprises autant que moi… Enfin ils en connaissent plus mais bon E100 A force tu ... I100 Oui, à force, j’ai retenu donc, je vois, ben là quand on a eu le groupe, on a eu l’entreprise X, c’est de la toiture ou je sais pas quoi, comme les Y, les Z ... toutes les entreprises heu connues, enfin connues entre guillemets, mais qui voient qui sont encore à table, ils regardent l’heure, si il est trop tard, ils vont se dépêcher de les servir même si moi je suis à côté, c’est eux qui vont les faire en fait pour qu’ils soient vite fait partis. C’est pas pour les virer mais c’est pour leurs heures de travail en fait E101 Bien sûr … Vous connaissez les rythmes … I101 Oui, moi, je connais leur rythme et quand ils voient qu’ils sont en retard, ils boivent pas le café à table, ils vont directement au bar parce que ils ont une fiche à signer, eux, pour dire qu’ils étaient là et heu quand ils sont soit en retard, soit … Quand ils sont en retard, ils vont au bar, boire leur café, des fois ils le boivent pas puis ils disent « on en boira deux demain ». Donc si ils en boivent deux, ben ils viennent en avance ! E102 D’accord, oui ! I102 Parce que c’est marqué sur le bon pis nous, rayer, ça nous embête donc … Pis eux, ça les arrange. 107 E103 Oui, donc, y’a vraiment plein de petites habitudes à connaître I103 Et donc ben après si ils sont pas pressés, ils restent à table et soit ils appellent une collègue pour les servir, soit ils attendent que je revienne …ça dépend. Donc, dès que le groupe … Parce que, tout en servant les autres, je regarde, je surveille, en fait E104 Oui, tu as un oeil … Alors, moi je connais pas la salle, c’est des gens qui sont dans la même salle dont tu t’occupes ? I104 Non, en fait, c’est une grande salle et ensuite, y’a la salle commune en fait, là où qui y’a les entreprises et y’a un rideau qui sépare mais il est jamais fermé, à part le jeudi … Le jeudi parce qu’il y a les weight watchers … c’est heu, le truc de maigrir ou je sais pas quoi ? E105 Oui, oui … Ils font ça dans votre restaurant ? I105 Oui mais heu, quand ils arrivent, il faut que tous les clients soient partis, ben tous ceux qui sont dans la grande salle. C’est une salle pour les banquets, pour tout ça en fait mais quand on a du monde, on s’occupe de la salle là aussi. On les installe … En général, on les met plus par devant mais quand c’est des groupes, c’est au fond parce que au moins , ils auront pas le brouhaha des entreprises, ils auront pas les … on va pas dire les … je voudrais pas être mal polie, mais les clients … dégoûtants. E106 Donc vous faites attention à ça aussi I106 On fait attention que eux y soient pas mélangés avec les autres E107 D’accord, parce que ça a déjà posé des problèmes ou ...? I107 Bah oui ! Y’a un client qui sent vraiment mauvais, il vient tous les jours, tous les jours il sent mauvais, il est toujours habillé pareil, mal lave, mal rasé, enfin… E108 Alors, c’est délicat ça I108En tant que serveuse, moi ou que ce soit mes collègues, c’est : dépêche toi de manger, hop, on le sert, hop, puis on se dépêche. On fait en sorte qu’il mange le plus vite possible E109 Qu’il s’éternise pas là ... I109 Après, c’est…, c’est un rythme, en fait, on dit rien, on débarrasse quand on passe, hop E110 Ca l’incite à ... I110 Oui, à manger plus vite et à partir, hop ... Parce que y’a pas mal de clients qui se sont mis à côté de lui, en face en fait, à côté … Tout le petit carré qui l’entoure, ils se sont plaints qu’il sentait mauvais, ils se sont plaints carrément au patron. Le patron, il a dit « oui, oui, je vais faire en sorte de … » voilà ? Donc il va voir le client en disant « bon, bah, excusez moi mais vous sentez … enfin les clients acceptent pas votre odeur » E111 Oui, c’est délicat I111 Donc il a tourné ça de sa manière et vu qu’il est assez franc … E112 Et il a réussi quand même à rester poli et … I112 Il a réussi et le client il a dit, « oui, y’a pas de souci » donc en fin de compte ce qu’il a fait c’est que le patron, il a toujours du parfum sous le bar parce que c’est les clients, vu qu’on a les douches, ils oublient leur gel douche, leur machin donc on a toujours un flacon de parfum en dessous du bar, d’un client qui l’a oublié et qui l’a jamais réclamé, ça fait longtemps qu’on l’a, enfin, qu’ils l’ont parce que je suis arrivée, il y était déjà ! Et donc on lui a passé au client, il en a mis pis les autre ils se sont dépêchés de partir parce qu’ils avaient bientôt fini, mais bon ils voulaient prendre le temps de boire leur café et une personne comme ça, ben ça dérange …Donc, ils partent, mécontents E113 Donc il vaut mieux prévoir …des endroits plus tranquilles I113 Et heu, en fait, c’est pas … On les reconnaît, puis on les connaît, les gens comme ça … E114 Alors comment tu reconnais les gens comme ça I114 A sa coiffure, à ses cheveux comment qu’ils sont, s’ils sont gras, s’ils sont sales … Voilà, s’il est bien rasé … Enfin aussi, ça dépend, parce que nous on a des entreprises donc ils sont pas forcément tous rasés mais ça dépend de la grandeur, ça dépend de son haleine, parce que quand ils sont au bar pour prendre la commande, si nous on passe, on le sent, parce que c’est très petit, donc, on sent …Y’a quoi, aussi ? A sa façon d’habiller, enfin de s’habiller sauf si c’est des entreprises, c’est toujours pareil quoi E115 Oui, ils sont en tenue de travail I115 ensuite, y’a, y’a comment …La façon de manger, c’est … si ils mangent salement, enfin comme un cochon, on va dire, on sait direct que c’est un monsieur qui prend pas soin de lui, qui prend pas soin de ses habits E116 En général, vous voyez qu’il y a un lien entre les deux ? I116 oui, à part les entreprises, y’en a pas mal, ils ont pas le temps de manger donc ils mangent en vitesse, c’est sûr mais pis c’est pareil, le monsieur en question, on passe derrière lui, ça sent, même si on est à 1 m, 1m50 de lui, on le sent E 117 Oui, c’est pas très agréable pour toi ça I117 Pis on le suit partout où il va ! E 118Mais il y en a beaucoup des gens comme ça ? I118 Ben moi j’en connais deux, qui viennent régulièrement mais j’essaie de … des fois je les envoie à mon autre collègue, je dis « je viens de terminer, j’ai commencé le ménage, allez là-bas », j’essaie de m’arranger … Si ils se mettent vraiment là où ils veulent s’installer, je les laisse mais je les sers en vitesse E119 Voilà, tu as ta technique pour gérer ça. Alors si on en revient au … 108 I119 … au groupe E120 Ils ont fumé leur cigarette, tu attends que tout le monde ait fini I120 Oui, j’attends que tout le monde ait fini, après, ben, je vérifie qu’en même une deuxième fois même si je suis passée, que j’ai vu qu’ils ont terminé, je regarde, je passe derrière un par un, je regarde, je demande … si je vois qu’ils sont en train de mâcher, soit un chewing gum ou soit ils sont en train de manger, j’attends un petit peu, je leur demande. Si ils me disent « ouais on a terminé », je débarrasse, toujours en commençant d’un côté puis après reprendre de l’autre. Ensuite je leur propose tous les différents desserts mais avant de leur proposer, je prends toujours mon carnet et je vais noter ce qui reste parce qu’en général, vu que c’est des groupes, il faut qu’on prévoit, donc je note ce qu’il y a, mettons que si il reste que six éclairs au café, je vais marquer « 6 café », donc je vais noter et après au fur et à mesure, si il y en a qui prennent des éclairs café, je barre le 6 et je fais un bâton et donc, je marque toutes sortes, je marque combien qu’il y’a de fruits … E 121 alors, vous avez combien de desserts comme ça ? I121 Ben, ça varie ..., là je crois qu’on en avait, on en avait pas mal parce que … au milieu du du service on n’en avait plus donc la cuisinière en a refait, elle a refait de la salade de fruits puis de l’île flottante donc ça varie, des fois on en a deux, des fois on en a trois … Pis là y’en a eu, je peux pas vous dire exactement mais je crois qu’il y’en a eu quatre, ou cinq ou même six desserts … bah avec les fruits, c’est soit cinq, soit six desserts. E122 Donc là, tu annonces les desserts I122 J’annonce les desserts, toujours un par un, entre chaque personne, donc je passe et pis heu si y’en a il faut que je répète, ben, je répète parce que pour les desserts, j’hurle pas E123 Tu hurles jamais, je crois ! I123 Ben je, c’est pas que j’hurle mais quand je vois pour les fromages blancs, je me mets en bout de table, pour les desserts, je demande pas « levez la main », je sais pas, y’a que pour les cafés. E124 Oui, I124 Je passe et je leur redis, si ils ont pas entendu ou si ils sont en train de discuter, j’attends pis je repasse E125 Alors, quand ils sont en train de discuter et que manifestement ils ne te vois pas, qu’est-ce que tu te dis toi ? I125 Bah, je fais “excusez moi”, j’attends, pis quand je vois qui sont toujours en train de discuter, et ben, je passe à la personne d’à côté, je fais bah « vous désirez quoi ? » pis obligatoirement il demande à l’autre « ouais bah t’as pris quoi ? », obligatoirement c’est comme ça, c’est dans tous les groupes « t’as pris quoi ? » E126 et donc, dans ce groupe là, ils étaient attentifs ? Ils … I126 Ca a été, y’en a toujours deux ou trois qui discutent entre eux, c’est normal mais en général, ils me voyaient passer et pis ils déconnaient beaucoup, enfin, ils rigolaient … Comme ben le monsieur, il me voyait passer, à chaque fois il disait : « grand silence » et même si c’est tout bas, même si il le disait à ses voisins … Si y me voit arriver, hop « chut ! », des fois, c’est « la voilà ! », mais là, comment, ils étaient attentifs, à part deux trois, comme d’habitude, enfin, comme la majorité des clients, enfin, ils sont toujours en train de discuter … Voilà donc après, je prends les desserts et je demande les cafés en même temps parce que ils ont dit qu’ils étaient pressés donc E127 Sinon, tu demandes pas en même temps ? I127 Si je demande et on prépare les sous-tasses. Si c’est un groupe, si c’est un groupe, même si il est pressé ou il est pas pressé, on demande combien qu’y a de cafés et on note et on prépare les sous-tasses en fait E128 Voilà I128 Comme ça c’est déjà fait et on aura juste à faire couler le café. Et là, vu qu’ils voulaient le café en même temps, bah j’ai apporté les desserts … Y’avait deux plateaux parce que ils étaient quand même assez nombreux … Les deux plateaux de desserts, j’en ai apporté un, j’apporte le deuxième, ben après 129 Donc tu poses sur la desserte ou sur le meuble là … ? I129 Je pose toujours sur le meuble parce que vu que c’est sur plateau ça va plus vite et en fait, ça empile les plateaux et ça évite des aller retours, on peut débarrasser la table après E130 Oui, oui I130 Et donc toujours sur le meuble, je dépose les desserts, je sers un par un, je fais tout le tour … E131 Donc, en redemandant ? I131 En redemandant, sauf ceux que j’ai mémorisés parce que y’a très peu de gens qui prennent des fruits donc en général, c’est les fruits je les retiens plus que les autres E132 D’accord, et tu sais que tu les retiens plus I132 oui, je sais parce que, en général, c’est des femmes, qui prennent des fruits. Les hommes, c’est plus, mousse au chocolat, éclair, tout ce qui est bien … E133 Et ça tu t’en es rendue compte assez rapidement ou c’est maintenant, au bout de deux ans ...? I133 Non, c’est venu assez rapidement en fait E134 Et ça t’aide quand tu prends les commandes ou quand tu dois servir, tu te souviens, comme ça … ? I134 Non, c’est ben … Ouais ça m’aide mais comment … je mémorise vite, en fait, au niveau des desserts. Enfin, je sais qui c’est qu’a pris des fruits, c’est rien qu’en prenant, en écrivant et en regardant, même si ils sont mélangés … Je fixe la personne et je mémorise tous les détails … E135 Et le fait d’écrire, tu dis aussi ? I135 Oui, parce que j’entends leur voix en fait, si je vois que c’est une voix de femme, j’écoute et pis je dis “ha, celle là, c’est celle qu’est là”, même si je vois pas forcément, j’écoute parce que quand on sert les, les clients, ils discutent entre eux, on entend juste le son de leur voix… 109 E136 Distinctement ou ? Quand ils discutent tous … I136 Quand ils discutent tous, on entend comme des murmures en fait mais quand ils discutent pas fort, on entend assez bien en fait. Mais moi si j’ai pris une habitude, c’est de pas écouter leur conversation, à part quand ça parle de moi, c’est quand j’entends « la jeune » ou heu … E137 Tout de suite ça ... I137Ca se déclenche en fait, et tout le reste ça entre, ça sort, c’est du va et vient et pis, comment, en faisant ça en fait, j’ai mémorisé les voix E138 Oui I138 Rien qu’en faisant les apéritifs E139 D’accord I139Quand ils disent « oui » parce que je demande, vu que c’est pas moi qu’a pris la commande, j’ai demandé qui c’est qu’a pris quoi et d onc j’ai toujours un soupçon, un soupçon, c’est que les femmes prennent des kirs E140 Oui ! I140 En général ! E141 Quand tu dis „un soupçon“, tu te dis qu’elles vont en prendre, c’est ce qu’elles prennent en général I141 En général, je pense qu’elles ont pris ça en fait E142 D’accord I142 Mais bon... des fois je me trompe, des fois, je me trompe pas. Là j’ai quand même demandé pour être sûre … E143 Parce que tu n’avais pas pris la commande I143 là, je demande pour être sûre mais « là, je le savais ! ». C’est …les femmes, enfin, moi, je suis une femme donc je sais à peu près E144 Oui, et puis c’est toutes les clientes que tu as vues depuis que tu travailles … I144Oui, c’est avec tout, je mémorise, je fais, ben les femmes elles préfèrent plus ça que ça. Les hommes ils préfèrent plus tout ce qui est matière grasse comme les éclairs, les choux, les machins, et les femmes c’est plutôt des fruits ou des tartes aux pommes, c’est des trucs sans trop de calories E145 Ouais I145 Donc, bah là, pour les fruits, j’ai mémorisé en écrivant, si elles répondent « moi », j’entends la voix et je sais qui c’est E146 D’accord, dis donc c’est ! I146 Parce que j’ai entendu tout le long du repas en fait … faut vraiment être attentif au bruit, aux gestes … à leur façon de manger … : Tout, tout regarder quoi !, c’est de la vision, c’est plus de la vision que, que … E147 Et tu t’es améliorée là … à ce niveau là ? I147 Là, ouais, ça va nickel, je vois, au restau, je m’en sors pas mal quoi …y’a juste, là, quand je sers le groupe, les autres clients râlent parce qu’ils sont pas servis ! E148 Ha ! Donc : tu regardes ton groupe et tu entends I148 Ouais, les autres E149 Et là, qu’est ce que tu te dis ? I149 Je me dis, bon ben tant pis, ils attendrons et pis si ils sont vraiment pressés, ils appellent les autres, ils appellent les autres collègues ou si ils sont vraiment pas contents, ils partent E150 Et heu, est-ce que tu te sens énervée, dans ces cas là ? I150 ben quand c’est comme ça, c’est très très très embêtant. Parce que, on passe, ils vont t’appeler … E151Là, c’était le cas, là ? I151 Là c’était le cas pour les desserts : « ouais, on pourrait être servis ! », « on a faim ! », « on a soif !». Pis y’a même, ben ce jour là, y’ un client y m’a dit : « je suis en train de mourir de soif, j’ai soif, je veux à boire, je veux mon verre ! » E152 A une autre table ? I152 A autre table qu’était pas loin parce que en fait, y’a le rideau qui sépare, nous on dit « la grande salle » parce qu elle est derrière le rideau, la « salle normale » c’est parce qu’elle est avant le rideau en fait E153 D’accord I153 Et le monsieur, il était juste devant le rideau, en fait. Donc heu, c’est pour ça, je l’ai entendu. Je passe : « j’ai soif ! je suis en train de mourir de soif, j’ai faim ! » E154 Alors là, qu’est-ce que tu fais ? I154 Je fais « bah, attendez, si vous êtes pas content, vous appelez ma collègue ». Si je vois qu’il l’appelle pas, qui veut que ce soit moi qui serve, je fais : « vous savez quoi, j’ai vraiment pas le temps de vous servir », tout en restant polie. Des fois, ça monte, la voix elle monte … E155 Et là, c’est monté ? I155 Là, oui, c’est monté parce que il arrêtait pas et si c’était pas … E156 Il était tout seul ce monsieur ? I156 Non, il était en groupe mais bon y’avait que lui qu’était là à taquiner, quoi … et c’est à chaque fois au moment du dessert E157 D’accord … Oui, ça aussi, c’est une habitude ? 110 I157 C’est pas une habitude forcée, en fait mais en général quand ils voient que je suis en train d’apporter les desserts à des groupes, ils me regardent parce que j’ai les plateaux, c’est impressionnant, machin et c’est là qu’ils se disent, « ouais, elle passe devant, je vais luis demander » quoi. E158 D’accord I158 C’est heu … ou pareil pour les fromages, quand ils voient que j’ai les plateaux, parce que ça les impressionne, en fait, ils regardent ce que t’es en train de faire E159 Ils prennent conscience que tu es là et donc ils se disent « j’ai besoin d’elle » I159 Ouais, ouais, j’ai besoin de ça donc je vais l’appeler, quoi. Et là comme j’ai fait les desserts, le monsieur il voulait son vin, c’était un demi de rouge … Donc, voilà, je lui ai dit, s’il est pas content, il appelle la collègue, sinon, bah, il attend, si il veut pas attendre, et ben tant pis ! Et donc la voix elle est montée, je suis allée carrément chercher le quart de vin, enfin, le demi de rouge. Avant d’aller le chercher, j’ai posé le plateau, j’ai pas encore servi les clients avec leurs desserts, j’ai cherché le quart de vin E160 oui, tu as dû interrompre ton … I160 Oui, j’ai tout arrêté, j’ai tout posé, j’ai pris le vin, je l’ai posé sur la table (geste) E161 Fort, comme ça ? I161 Bah, pas aussi fort pour pas que ça gicle mais vraiment heu ... E162 Tu as montré ton mécontentement I162 J’ai montré que ça m’avait énervée, quoi ! et donc il a dit : « c’est bon, je l’ai énervée », quoi, pis au bout d’un moment, ben une fois que je suis énervée, ça va plus, c’est même pas la peine, il me demande encore un truc qui va pas, je dis : « vous savez quoi, partez ! » E163 Et là, ça s’est pas passé comme ça ? I163 Non, non parce que il a vu que je commençais à m’énerver et pis que je pouvais pas tout faire, quoi E164D’accord I164 Je fais : « vous savez quoi ? », parce que bon, après, une fois que ça se calme un peu, qu’ils ont eu leur dessert, je retourne voir le client, c’est … la politesse. E165 D’accord I165 Donc, je suis retournée le voir, je dis : « excusez-moi mais c’est pas pour être mal polie, mais c’est que vous m’avez gonflée », tout en restant correcte parce que, des fois, j’ai des mots qui sortent comme ça, là c’était pas le cas … Donc j’ai dit « ça m’avait gonflée donc je suis désolée de vous avoir donné le vin rouge comme ça mais je pouvais pas, j’ai du monde, vous voyez très bien que je suis dans le jus, que j’ai vraiment trop de choses à faire en même temps et que je peux pas, je suis pas Speedy Gonzales … E166 Alors, c’est important pour toi de retourner voir la personne ? I166 Ouais, c’est le respect E167Et ça, ça te vient d’où, comment t’as appris ? I167 Bah, toute petite, envers mon père parce que moi, j’étais „la fille à papa“ donc, chaque bêtise, je lui disais pas mais au bout d’un moment, j’étais tellement malade d’avoir fait cette bêtise … E168 Ah oui ! I168 Qu’il s’en rendait compte ou pas, j’étais malade donc j’allais le voir, je fais : « Papa, j’ai fait une bêtise ». Si il savait ce que c’était, bah tant pis, je me faisais disputer, si il savait pas, bah, je me faisais disputer quand même ou … des fois il disait : « c’est bien, merci de me l’avoir dit mais recommence plus, la prochaine fois t’as la fessée ». Et ça toujours été depuis toute petite donc pareil, c’est une habitude qu’est restée … Pis heu, je vais voir les clients E169 D’accord … mais on te demande pas de le faire ? I169 Non, et c’est pas le cas de tout le monde, c’est pas avec tout le monde … Parce que avec madame A (prof), je me suis pris la tête, je suis pas allée la voir ! Je l’ai vue, mais le lendemain … Parce que là avec le client, c’est directement, dès que je peux, avant qu’il parte, quoi. C’est soit avant qu’il parte, soit quand j’ai un tout petit temps … E170 Et si tu as pas le temps, ça t’embête de pas avoir heu … ? I170 Si j’ai pas le temps, je trouverais toujours E171 Hum I171 Soit, je dirai à la collègue de me remplacer le temps que j’aille voir ce client, soit je le croise, au lieu de faire, de finir ce que je suis en train de faire, je vais le voir, je fais : « excusez-moi mais désolée pour ma réaction tout à l’heure, j’avais pas le temps ... », je trouve toujours … E172 Et qu’est-ce que tu apprends au CFA à ce niveau là ? I172 Au CFA, c’est heu …par rapport à ça ? E173 Oui, pour gérer …les tensions … avec les clients … c’est de choses que vous faites ? I173 Bah, au CFA par rapport à monsieur L (formateur), comme je l’ai dit tout à l’heure, y’a …, c’est un peu stressant et … quand une fois qu’on s’énerve, on va à l’office : soit on se détend en faisant la vaisselle, soit on parle un peu avec le chef … E174 C’est lui qui vous incite …? I174 Non, ça vient comme ça. Quand ça va vraiment pas, monsieur L, il dit : « va à l’office » ou … Il va commencer à parler un peu plus doux. Quand y’a un moment de tension, il va, comme tout à l’heure … E175 Hum 111 I175 C’est ben : « dépêche toi, il est déjà onze heures, t’as pas fini, t’es en retard ! », y’a un moment de tension, ça, ça énerve, en fait E176 Mais à quel moment il commence à parler plus doucement ? I176 Quand il voit que ça va pas. Et vu qu’aujourd’hui, j’ai mal à la tête, j’étais pas bien … E177 Oui … I177 La totale ! Et que j’étais toute seule ! ça m’a déçue, j’étais toute seule de la classe, quoi. Il le voit, ça se voit parce que je deviens pas bien, j’écoute mais je réponds pas, quand ça va pas … Pis des fois, je reste à côté parce qu’il me parle mais je fixe mes chaussures, je fixe le mur, je le regarde pas … C’est un manque de respect, normalement, on me parle, je regarde en face … E178 c’est peut-être un moyen de pas exploser non plus I178 Ouais, c’est … Pis donc quand il le voit, il baisse d’un ton, il dit : « ouais ben tiens heu faudra que tu fasses ça » mais gentiment E179 Mais, mais comment on vous apprend à gérer la relation avec le client au CFA, est-ce qu’il y a des cours làdessus ou … ? I179 Ben, moi personnellement, je l’ai appris comme ça sur, sur … E180 Sur le tas ? I180 Oui E181 En entreprise ? I181 Oui, en entreprise . Au CFA, ça arrive pas souvent E182 Oui ! I182 Au CFA, c’est plus cool, on a plus de temps, les gens qui viennent manger ils sont pas pressés. Et vu que ça doit être fait dans, dans … la délicatesse, il faut prendre vraiment le temps, ça arrive pas souvent. E183 Est-ce que parfois, y’a des personnes qui sont heu „casse-pieds“ dans ceux qui viennent manger au CFA ? I183Oui ! E184 Et alors ? Donc là aussi, il faut apprendre à … I184 Quand ils sont casse-pieds, bah, je les fais, je les fais, j’écoute ce qu’ils disent, j’écoute leurs remarques, je vais voir monsieur L. et au bout d’un moment si ça va pas, je fais comme si …, enfin, si c’est que des petites critiques comme ça ou des moqueries ou des … ou leurs blagues qui me font pas rire, je laisse passer pis je vais à l’office … Si je suis toute seule, je reste en salle et heu si c’est les clients qui vraiment heu, ils m’ont gonflée et que je peux plus, ben je vais voir monsieur L mon prof et je fais : « écoutez, ils sont tout le temps là à me taquiner, à me poser des questions sur tout … ». Il me dit : « c’est les risques du métier, hein ! » E185 Hum, hum, mais y’a pas des conseils ou …? I185 Si, il me dit : « ben , t’inquiète pas, ça va aller, ce qu’il faut que tu fasses, c’est que t’écoutes sans vraiment faire attention, quoi ». Mais c’est très rare au CFA. E186 Oui ! C’est pas du tout pareil, pour toi, c’est deux choses, c’est deux mondes différents ? I186 Ouais, au CFA c’est plus cool, au boulot c’est la rapidité E187 Et alors, le CFA, il t’apporte quoi au niveau pratique ? I187 Ben il m’apporte plus ... parce que on fait pas dans tous les restaurants, ici, on fait des flambages, des découpes, des … enfin, un peu de tout, de la gastronomie E188 Oui I188 Que là où que je suis, c’est un routier, c’est la rapidité, y’a pas de découpes, y’a rien de tout ça quoi, nous c’est hop, l’assiette sur la table, ils mangent, on débarrasse ... C’est, c’est plus ça, c’est de la vitesse. Que là, c’est on apprend de la découpe, on apprend la propreté, le carré, enfin le … E189 La rigueur ? I189 Il faut que ça soit tout correct, droit, brillant … E190 Ca te plaît ça aussi ? I190 Ouais, ça me plaît mais bon, je finirai pas dans le service, j’arrêterai un jour ou l’autre, si c’est pas maintenant, ce sera plus tard, je verrai bien, je sais pas encore, je suis pas basée, j’ai pas mon but précis, je voulais faire de la cuisine, j’hésite, en fait parce que, si je continue dans le restauration, j’arriverais jamais à faire une vie de famille E191 Ouais … Et en même temps t’as l’air d’avoir heu quand même une bonne, un bon contact avec les gens, d’avoir des qualités pour ça, donc heu … I191 Oui, j’aime bien, oui, de toutes façons, j’ai fait le service, c’est parce que j’aime bien être en relation avec les clients, ça c’est clair, net et précis quoi ! J’ai toujours heu … Pis … E192 A quoi tu avais vu, avant de venir au CFA, que tu aimais bien la relation avec les gens ? I192 Ben, toute petite, j’ étais avec mon père, on était au bar, j’ai vu les femmes avec leur plateau, mais vraiment des gros plateaux … J’étais toute petite ! E193 Oui ! I193 Assise sur les hauts tabourets de bar, je les voyais servir d’une vitesse ! La pression, enfin les bières, j’adorais ça ! Voir comment qui faisaient, ça moussait ! J’étais, je rigolais quand ils faisaient ça, j’étais devant eux, je rigolais … parce qu’il y avait plein de mousse … Des fois ça débordait ! E194 Tu te souviens bien ! I194 Et, j’avais quoi, j’avais huit ans, un truc comme ça et depuis l’âge de huit ans, j’ai dit à mon père : « je veux faire ça », je savais pas comment que ça s’appelait,, je savais pas qu’est-ce qui fallait faire pour réussir … 112 E195 Oui, à huit ans I195 Donc, ben moi j’ai fait comme tous les jeunes, collège, enfin, primaire, collège et ainsi de suite … E196 Et après la troisième tu es venue I196Et après la troisième, je suis venue mais, j’ai eu mon rêve à huit ans, à peu près, environ vers huit ans et de … en quelle classe que j’étais ? je sais même plus … on va dire en primaire, jusqu’à la rentrée de collège … De huit ans jusqu’à la rentrée de collège, j’avais un peu zappé parce que ils te demandent, en CM2 qu’est-ce tu veux faire plus tard … E197 Oui I197 J’ai un peu zappé, j’ai hésité … coiffure …serveuse, enfin, je savais pas encore serveuse, j’ai dit coiffure, banque … E198 Y’avait plein d’idées, mais toujours dans les métiers de … en contact I198 Ouais : Coiffure, contact client, banque contact client … Toujours avec les clients quoi ! Et sans le faire exprès ! E199 Oui, après si tu continues pas en cuisine, tu peux trouver un autre métier comme ça I199 Ouais, ouais, j’ai trouvé … mais je suis pas, je suis pas sûre, j’hésite donc j’en parle pas pour l’instant, je sais pas, je verrai bien comme ça viendra. E200 Et puis, tu peux peut-être continuer en service un petit peu aussi quand même I200 Ouais, bah là il me faut des sous, donc, je vais continuer E201 Ils, ils te gardent là où tu es ? I201 Non, mais j’ai fait un dossier en marquant que je finis mon apprentissage, que je cherche un employeur, que … E202 D’accord I202 Enfin comme dans Pôle Emploi, c’est pas ça, c’est un autre truc, à C. E203 A la mission locale peut-être ? I203 Ouais, à la mission locale ! J’ai déjà fait mon dossier, j’attends une réponse. Je leur ai expliqué par téléphone, ils m’ont dit oui et ils m’ont dit, ils vont m’envoyer un document pour tout inscrire dessus, j’attends le document E204 Oui I204 Par contre, ils savent qu’est-ce que je veux faire, qu’est-ce que j’ai fait, donc j’attends E205 Oui I205 Si ils ont trouvé dans la restauration, ils me placent dedans, si ils ont pas trouvé, bon bah tant pis, je fais une autre formation pis … je verrais bien ! E206 C’est intéressant ce que tu me dis mais il faut qu’on finisse ce service ! I206 Et donc bah après, ils ont fini les desserts … Je me suis excusée auprès du client, j’apporte les cafés parce que pendant que je débarrasse, la collègue elle vient, elle me demande si elle fait couler les cafés, quoi. Parce qu’elle me regarde en même temps … E207 Toujours les regards ... I207 Tout le monde se regarde, tout le monde regarde tout heu, c’est la vue, en fait … Et, comment, elle vient me voir quand elle voit que je débarrasse, elle vient me voir, elle me demande si elle fait couler le café. Soit je lui dit oui, soit je lui dis non, ça dépend mais là, je lui dit oui pour le groupe. Donc elle a fait couler le café et pis dès qu’ils étaient prêts … Parce que elle fait couler par plateau, en fait E208 Oui I208 Alors si un plateau il était prêt, je le prenais, j’allais servir les clients E209 Tu a combien de cafés sur un plateau, là ? I209 Trois ... Six, six, neuf ... Douze. Parce que on peut en metttre plus, on peut en mettre trois de plus mais c’est risqué ! E210 Oui ! I210 Donc moi, j’en prends que douze ou des fois … dix, enfin, suivant heu, comment j’ai de force. Si j’ai encore assez de force, j’en prends douze E211 Oui, parce que en fin de service, tu te sens un peu … T’as plus de bras ? I211 Oui, j’ai plus de bras ! Plus de pieds ! Plus de tête ! Crevée ! E212 Oui, là c’est la période, là, c’est pour ça que c’est la partie critique. Quand tu disais, souvent y’a des problèmes, c’est peut-être parce que toi tu es plus … I212 Ouais, je suis plus fatiguée, je suis pas très très bien … Et donc, j’apporte un plateau, toujours sur le meuble, par contre, je le ramène au bar, après E213 D’accord, il va pas sur la pile, celui là I213 Donc celui là, je le ramène au bar pour que, eux, ils s’en servent pour les autres cafés, en fait E214 Oui I214 Pour faire les autres sous tasses parce qu’en général ... E215 C’est pas les mêmes plateaux ou … ? I215 Si, si, c’est les mêmes mais après, ceux que nous on prend, c’est des qui tiennent la route, que les verres ils glissent pas sur le plateau. Que là, c’est des sous tasses, c’est assez gros, ça tient. E216 Oui,oui I216 Ca bouge pas. Donc c’est pour ça, c’est une question de plateau … E217 Vous faites attention à ça ? 113 I217 Oui, même si on en prend un, tant pis, il glisse, il glisse, on fait plus attention quoi. Celui-là, il retourne au bar, ils remettent des sous tasses E218 D’accord I218 En général, c’est déjà prêt, les sous tasses E219 Bah oui, c’est ce que tu m’avais dit, quand tu prends la commande des … I219 On les fait à onze heures E220 Ah ? I220 Bah, les plateaux, en fait, dessous de tasse avec le sucre et le chocolat, on les fait vers dix heures, un truc comme ça E221 D ’accord I221 mais, là, vu que y’avait du monde, y’avait plus de plateaux E222 D’ accord I222 Si y’en a plus, on les fait quand on prend la commande des cafés et des desserts … Donc, là, ils en ont refait, donc j’ai servi heu … y’avait deux plateaux de cafés, parce qu’il y en a toujours qui veulent des décas, des thés … E223 Donc, là, toujours pareil, tu repères qui … I223 Oui, je repère … Ben le papy et la mamy, le papy il avait pris un déca, il a dit : « je vais faire la sieste après » donc …il pouvait, c’était un retraité ! Mais les autres ils repartaient travailler, je sais pas quoi, donc … Le monsieur, il a pris un déca et la mamy, elle à pris un thé varié, enfin c’est comme ça qu’on le tape, c’est citron …citron avec du tilleul ou un truc comme ça … E224 D’accord I224 On n’en a que deux sortes en fait : soit tisane, soit thé E225 Oui I225 j’ai juste demandé “noir ?” ou “fruit ?”. Et là, c’était citron-tilleul… Et donc, voilà, sur le deuxième plateau, c’est obligé, bah, là, y’avait le thé, la tasse avec la theïère, y’avait, bah, le déca. Pour différencier le déca, en fait, c’est au niveau du sucre, le sucre, on le met sur la petite cuillère E226 Oui I226 Et quand on le met pas sur la petite cuillère, c’est que c’est le déca. Ou on retourne la petite cuillère E227 Oui, il faut un petit repère … I227 Nous, c’est le sucre, quand on a le temps, c’est le sucre. Donc bah là, on envoie les cafés et heu, c’est pas eux qui vont se déplacer pour payer, c’est nous qu’allons nous déplacer E228 D’accord I228 Parce que en général, c’est eux qui vont à la caisse et là non … En fait, on prend le bon qu’on a laissé sur la table avec le repas, parce que les desserts et les fromages, c’est pas marqué comme on fait au CFA. Au CFA on lui note, que là on lui note pas parce que c’est d’office. Et heu, donc on passe près des personnes et heu ma collègue en général c’est elle qui s’en occupe, parce que c’est elle qu’était au bar, qui faisait les encaissements parce qu’il était pas là le patron. Donc, je fais « tu fais comment pour demander , ». Parce que ça dépend des groupes en fait E229 Oui I229 Y’a des groupes, on hurle, on demande … E230 On passe … I230 On passe, puis on divise tout en fait. Et là, bah, c’est elle qu’est venue, j’ai hurlé en même temps qu’elle … enfin hurlé, parlé fort on va dire parce qu’elle demandait : « pour le règlement, comment qu’on fait ? », c’est la phrase … E231 Oui, la phrase habituelle … I231 Oui, c’est la phrase habituelle, ça a toujours été et donc là personne écoutait au début et moi je faisais le tour pendant que elle, elle demandait. Je fais « excusez-moi, pour le règlement, on fait comment ? », je passais et puis, de plus en plus fort et au bout d’un moment quand j’ai fait le tour de la table, je revenais vers elle et pis bah, soit ils ont répondu et … si ils ont pas répondu, tant pis, on calcule tout et pis on divise par le nombre de personnes E232 Donc, là, ils avaient répondu ? I232 Oui, ils avaient répondu ... Par contre, c’était vachement compliqué parce que y’a le papy, la mamy y prenaient trois repas et ils sont que deux, ils prenaient le repas du voisin … et pareil en consommations, y’en a ils ont pas pris d’apéritifs, ils ont pris du vin, y’en a ils ont pris du vin et de l’apéritif, y’en a ils ont rien pris du tout, à part le menu et un café. E233 Comment tu fais alors ? I233 On demande, à moins, sauf, si on a mémorisé la personne . Mettons, comme une femme qui va prendre un kir, qu’a pris des fruits, on sait très bien quelle va payer son kir et ses fruits E234 Hum I234 C’est heu … A moins que quelqu’un d’autre paie à sa place, mais on saura que elle … E235 Et après, vous récapitulez ? I235 Oui, on note. On note soit au dos, soit sur une autre feuille et pis après, ceux qui veulent payer tout de suite, on leur apporte à table, ceux qui veulent attendre, ils viennent au bar E236 Donc là, ils peuvent venir 114 I236 Oui, là, ils peuvent venir mais avant, on demande, quand ils sont installés, au lieu qu’ils viennent tous un par un ... Après on s’en sort plus. Là on demande, on est sûr, on prépare, pis on demande si ils veulent une fiche avec la TVA marquée dessus ou pas … Donc c’est pour ça qu’on passe sur la table. E237 D’accord I237 Et bah là, ils sont tous passés, y’a juste le papy et la mamy, parce que eux ils sont passés par la petite porte, parce que y’a deux entrée en fait : la grande salle y’a une porte, les autres salles y’a une autre porte. Et le papy, la mamy, je leur ai fait la fiche avec le montant à payer, je leur ai posée sur une coupelle devant eux, en fait. Pis ils ont payé, ils ont laissé l’argent dedans, moi je l’ai pris, je l’ai emmené en caisse pis bah après, ils sont partis. J’ai débarrassé … Donc, avec mes fameux plateaux que j’ai mis sur le côté E238 D’accord, pratique ! I238 Donc, ben moi, j’ai une organisation, c’est de mettre tous les verres ensemble E239 Oui I239 Admettons, tous les petits verres, si ils ont pris l’apéritif, tous les verres apéritifs, sur le même plateau, sauf si j’ai plus de place, ce qui est pas arrivé, à part pour les cafés et heu … tous les verres apéritif, je les mets sur le même plateau, j’ai emmené au bar ou on peut prendre le chariot, aussi, mettre dessus mais moi, je m’en sers pas, c’est un grand chariot, y’a trois rayons, moi je m’en sers pas, j’aime pas … E240 Oui, ça te … I240 J’ai peur que ça tombe et puis j’ai toujours peur qui y’ait un client qui passe devant E241Qu’est-ce que ça fait si un client passe devant ? I241 ben, si il passe devant et que moi j’ai pas le temps d’arrêter parce que, si je m’arrête, ça fait comme ça (geste) et pis ça tombe … E242 Tu gères mieux avec le plateau I242 Je gère mieux avec le plateau parce que je peux, je peux au moins contourner le client, je peux soit repasser dans les rayons, soit … enfin entre les tables que là, avec le chariot, on peut pas. Donc, oui, c’est le plateau, direct ! Et donc, bah là, j’allais débarrasser tous les apéritifs, les verres apéritifs, ensuite j’ai débarrassé tous les verres normaux, les verres à vin : parce que quand c’est comme ça, ils ont qu’un verre sur la table … Donc si vraiment ils veulent changer de verre, ils nous demandent mais là ils ont pas demandé, donc … tous les verres sur le même plateau, les tasses à café sur un plateau et vu qu’y en avait pas beaucoup, enfin, y’en a mais on les empile, en fait E243 Oui, ça prend moins de place I243 Ca prend moins de place et les sous tasses, pareil, donc on met toutes les tasses, toutes les sous tasses sur le même plateau. Quand il y a de la place, on met les carafes d’eau ou les bouteilles selon ce qu’ils ont pris. Là ils avaient les deux, donc … Le premier, c’est les bouteilles d’eau, parce que c’est plus léger, on peut les compacter et mettre d’autres bouteilles E244 D’accord I244 Donc, c’est plus simple, c’est une organisation E245 Donc, c’est une habitude, aussi I245 Donc ouais, c’est une habitude et heu … enfin, et heu, comment, on a quoi, aussi ? On a les sets de table et les serviettes, c’est ce qu’on met comme d’habitude. Hop, on les prend, en fait, on les prend comme des feuilles, pis on les entasse E246 Ouais I246 Pis on les roule E247 D’accord I247 Pis hop, ça va poubelle. Ensuite heu, bah si il reste heu, on a des petits pics, comment, comment dire ? Avec la cuisson pour les viandes … E248 Ouais … I248 Comme bleu, saignant, à point. Pour « bleu », c’est une vache bleue et pis c’est marqué, pour « saignant », c’est un pic …comme un cure-dents, mais en forme de vache, de la couleur rouge, « à point », il est marron, c’est la même forme que pour saignant… E249 C’est des choses que vous gardez, ça ? I249 Ben, y’a que saignant et à point qu’on garde, bien cuit et bleu, on jette. C’est un truc, vu que ça coûte cher, enfin, ça coûte cher, d’après le patron E250 Oui, il a donné des consignes … I250 Il dit : « si on peut les garder, on les garde », si ils sont cassés, on les garde pas. Parce que après, nous on les passe en plonge, on les nettoie et pis on les redonne en cuisine. En général, il en reste toujours donc bah nous on repasse derrière, si ils sont emballés dans les sets de table, on le dit à la plongeuse et pis elle regardera, ça la dérange pas, donc E251 Et c’est plus pratique pour vous de faire comme ça I251 Oui. On enroule tout, on le met sur le plateau, donc, sur un autre plateau et on lui emmène en plonge et elle après, elle peut en ouvrir, un par un et ça évite qu’elle en mette partout, que ça fasse trop le chantier et qu’elle soit débordée, tout ça ... On s’arrange, si on voit qu’elle a pas le temps, on le fait, pis si on en jette, ben, tant pis. E252 Oui, c’est du travail d’équipe, aussi 115 I252 Ouais, et pis, comment, après bah heu, y’en a une, bah, là, moi, c’est ma collègue qu’est venue, elle a passé un coup de lavette sur mes tables, moi, j’ai monté toutes les chaises et après ben on a éteint la lumière, on a fini de servir les autres clients E253 Oui, il y avait encore du monde à finir de servir I253 Oui, bah, y’en avait plus très …Ils étaient, quoi, une vingtaine, on les sert quand même, et pis dès qu’ils commencent à partir, que le fond est vide, donc, toute la grande salle plus la limite des toilettes, on va dire : y’a le rideau, y’a les autres tables et y’a la porte des toilettes. Dès que c’est possible, ben nous on passe, enfin, on regarde, dès qu’on voit qu’ils ont bientôt fini ou qu’ils ont fini, on leur demande de partir ou de se dépêcher parce qu’on va fermer E254 Oui, ça va être le fin du service I254 Oui, en général, quand on leur demande ça, il est trois heures moins le quart et le service il fini à trois heures …Même si ils finissent à trois heures, c’est pas grave mais qu’on les ai au moins prévenus … E255 Bien sûr I255 Pas les virer comme ça ! leur dire, admettons si ils sont au plat, leur dire : « on s’excuse, on va balayer, on va vous laisser la table là ». Vu que c’est des tables de quatre, on leur laisse, si ils sont au milieu, on leur laisse un carré, donc admettons, là, eux ils sont au bout (geste), donc, ils sont face à face, on va leur laisser les deux là (geste) et pis les quatre autres chaises qui sont à côté, on les remonte E256 D’accord I256 Comme ça, eux, ils ont la table à eux tout seuls et pis, si par exemple, ils sont au milieu, ils sont de ce côté-là, pis y’a encore l’autre table, on les monte, que ceux de l’extrémité, en fait E257 Pour pas les gêner non plus … I257 pour pas les déranger, pour pas qu’il aient la saleté dans leurs assiettes, enfin tout ça ... E258 Oui I258 C’est tout réglementé, en fait E259 Alors comment tu le connais ce règlement ? I259 C’est grâce aux collègues parce que, c’est pas écrit mais c’est transmis E260 D’accord ! I260 C’est, les nouveaux arrivants, ils savent, on les met au courant, directement en fait, et pis c’est en voyant faire aussi, quand on … moi, je vois, j’ai appris en, bah, déjà, ils m’ont dit, et, en les voyant faire chaque jour E261 Hum I261 Et pis, comment, après, j’ai commencé à balayer et c’est tout le temps embêtant de balayer parce que en fait, j’ai une collègue, elle se faufile pour pas faire le ménage E262 Ah oui I262 Elle a quand même trente ans de métier ou quarante, je sais plus, enfin elle a une paire d’années dans le métier. Elle a 45, 46 ans, cette année et heu, depuis l’âge de 19 ans … elle a quand même une paire d’années ! E263 Oui, oui, oui I263 A chaque fois qu’elle voit qu’on fait le ménage, elle se faufile : soit elle va derrière le bar pour essuyer les verres, E264 D’accord I264 Ca a toujours été depuis que je suis là, c’est moi et puis mon maître d’apprentissage, donc L., qui font le ménage. Et quand elle est pas là, c’est moi qui me tape le ménage, toute seule ! Dans toutes les salles ! E265 Ah oui, ça fait beaucoup ! I265 C’est ... Ouais ! E266 Et, je reviens juste sur une étape … Quand les gens ils sont en train de payer …le départ, comment tu … comment tu fais ? I266 Bah en fait, dès qu’ils ont, vu qu’ils passent en caisse, bah, sauf ceux qui paient à table, je reste à côté d’eux, je discute, je leur demande si ça allait, si j’ai pas été trop longue ou trop vite… Si au niveau du brouhaha qui y’a de l’autre côté, ça les a pas trop gêné E267 Donc là, tu leur a posé ces questions, à ce groupe là ? I267 Oui, c’est après – parce que monsieur L (formateur), il le fait pendant et à chaque assiette, il demande si ça va … E268 Oui I268 Que moi, c’est à la fin, dès qu’ils ont terminé : si ça a été, si c’était pas trop long, c’est pour les occuper un peu, le temps que les autre arrivent E269 Oui, oui … I269 Tant que les autres payent. Ben, au bout d’un moment, qu’en ils partent, bah, là ils sont partis deux par deux, enfin en groupe, en fait. Le papy et la mamy, ils ont déposé les sous, ils sont partis … les autres ils sont partis, trois dans une voiture, ils ont payé les premiers. Donc, vu qu’ils passent au bar après, donc, moi je les rejoins au bar, je leur dis : « ben merci, bonne route, bonne journée » enfin, ça dépend … là, je disais « bon après-midi et à la prochaine ». Et puis, hop, dès que j’avais dit mes trois mots, hop, j’allais … E270 Voilà, t’avais d’autres occupations I270 Oui, le temps qu’ils partaient, moi, je débarrassais. Fallait que j’attende qu’ils soient partis pour débarrasser … Pis ben, c’est tout, après on lave, enfin, on balaie, on lave … Pis après, c’est la pause. 116 Entretien d’explicitation SR 3 (Entretien n°3 Service en restauration) E1 Alors, de quelle situation professionnelle tu veux bien me parler ? I1 Faut que ça soit bien, pas bien ou peu importe ? E2 Comme tu veux si ... I2 Y’en a UNE que je me rappellerai toujours … ça m’a choquée E3 Oui... I3 C’est, j’avais un client, donc, on avait beaucoup de couverts, avec un, avec des effectifs réduits E4 Alors, à l’époque tu étais où ? I4 Ah, en salle E5 Oui mais au grand … I5 J’étais en apprentissage non à SD, à l’hôtel L, et je faisais mon apprentissage en salle E6 Oui ... C’était un BP ? (Brevet Professionnel) I6 Oui, voilà, c’était pendant mon BP… Du coup, on avait beaucoup de monde au restaurant, c’était une journée heu … Et ensuite, on sert un client, donc on lui rapporte tout, tout ce qu’il nous demande, on prend la commande E7 Tu, tu te souviens de ce client ? Tu te souviens comment il était ? I7 Ouais, quand même : Assez âgé, assez costaud puis pas de bonne humeur ! Oh, lala quand il est arrivé … E8 Il était tout seul ? I8 Oui, tout seul. Alors on l’installe, on le fait patienter un peu avec l’apéritif, parce que on avait beaucoup de monde, donc on prenait les commandes E9 Tu dis « on », Parce que vous êtes plusieurs ? I9 On est plusieurs à, à le tourner, on n’a pas de rang défini, on n’a pas de table E10 D’accord I10 On tourne tout dépend du travail qu’on a. Donc, je m’en occupe, je prends sa commande, je l’emmène en cuisine … Et il se plaignait à chaque truc qu’on lui apportait, il se plaignait ! E11 D’accord, alors si tu veux, on va reprendre vraiment au fur et à mesure et essayer de détailler, donc, la description. Tu peux essayer de revoir la, la scène ? Il arrive, tu te revois : où tu étais dans cette salle ? I11 Oui, dans le hall, donc on accueille, à ce moment là c’était encore les coins fumeurs /non fumeurs E12 Oui, d’accord I12 Donc on lui demande si il préfère être en fumeur ou non fumeur, comme ça on lui donne des salles différentes … Donc il nous dit non fumeur, on le met en salle non fumeur, je l’installe. Déjà, il avait du mal à dire bonjour, déjà E13 Lui avait du mal à dire bonjour … I13 Ouais, du coup, on l’installe, je lui propose l’apéritif E14 Qu’est-ce que tu te dis, comme ça quand t’as quelqu’un qu’à du mal à dire bonjour ? I14 Ah, ben mal, hein ! C’est pas méchant de dire bonjour ! C’est la politesse ! Nous on lui dit, il nous répond même pas, alors on se dit : « ça commence déjà bien ! » E15 Ouais I15 Du coup, après on l’installe, on lui propose l’apéritif, il prend l’apéritif … Donc on le fait patienter un peu parce qu’on avait d’autres clients, donc, avant de prendre la commande, on prend déjà les premiers arrivés … premiers servis, comme on dit E16 D’accord I16 Du coup, donc y patiente, donc y commence à m’appeler, donc j’dis « bon je vais y aller prendre sa commande » Parce qu’il nous dit qu’il est assez pressé, donc je lui prend sa commande et je vais dire en cuisine « il est assez pressé le monsieur » E17 D’accord, ça c’est habituel ? I17 Oui, qu’ils soient pressés, oui parce qu’il y a des gens qui travaillent en même temps, ils ont une heure pour manger, ils viennent E18 C’est habituel de dire en cuisine ? I18 Voilà ! C’est assez rapide, comme ça eux ils passent avant les autres par exemple si ils sont vraiment pressés E19 Et alors, il avait pris un menu, il avait pris quoi ? I19 Non, juste un plat E20 D’accord, il était … I20 Vraiment pressé mais vraiment pressé jusqu’à temps qu’il était chiant parce que on lui apporte le plat, il se plaignait comme quoi que c’est pas ce qu’il voulait ! E21 Alors tu te souviens de ce qu’il avait commandé ? 117 I21 Il avait pris une pièce de bœuf, mais la cuisson ça lui plaisait pas donc je retourne, je lui dis faudra le faire un peu moins ou un peu plus, si je sais plus ce que c’était. Donc, on lui recommence une assiette E22 Oui I22 Il est toujours en train de se plaindre et tout … il dit « oh la sauce elle est pas bonne ! ». On a jamais eu de problème avec cette sauce, on la fait tous les jours ! E23 D’accord I23 Et, en fait, il était toujours en train de se plaindre E24 Alors, il commence à se plaindre, si on reprend : donc, tu lui apportes son, son … I24 Son assiette E25 Toi, qu’est-ce que tu fais, une fois que tu as déposée son assiette, tu repars …? I25 Oui, je lui apporte le pain et je repars vers d’autres clients pour servir d’autres clients E26 Voilà, j’imagine et, tu gardes, comment tu fais quand tu as commencé à servir un client et que tu vas en servir d’autres, qu’est-ce que tu regardes, comment tu fais pour savoir où t’en es ? I26 Déjà, je regarde, bah pour le pain, je regarde si ils en ont, pis pour les boissons pareil. On regarde et pis si y’en a plus, on repropose, on en remet E27 Et donc là, c’est lui qui t’appelle I27 Ben là, pour la commande oui, il fait un signe, il lève le bras et du coup donc j’y vais parce que, je savais pas qu’au départ quand il est rentré qu’il était pressé, il nous l’avait pas dit E28 Ah, oui, donc déjà, il a dû t’appeler pour la commande I28 Voilà, pour la commande, il dit : “Oh, c’est pas normal qu’on vous appelle pour prendre la commande », alors j’dis : « ben, désolée, msieur, désolée, on a les deux salles qui sont complets, on peut, on est trois en salle, on peut pas … » E29 C’était un midi, un soir ? I29 Un midi, ouais. On peut pas être un peu heu … E30 Y’a combien de couverts à peu près ? I30 On peut accueillir, dans la grande heu, une quarantaine de couverts et dans l’autre une vingtaine E31 Et vous êtes combien pour ... I31 On est trois, on était trois ce jour là E32 Oui, y’avait de quoi faire I32 Oui, ce jour là, on courait, je m’en rappellerai ! et du coup, j’y dis : « désolée, on a un petit peu de monde, donc, ben je m’occupe de vous ». Donc je m’occupe de lui et … E33 Et toi qu’est-ce que tu te dis quand t’as des gens qui commencent comme ça I33 Ah, tu te dis heu, si ils commencent déjà à râler ! On est mal partie pour toute la journée E34 Et alors, tu fais particulièrement attention ou ? I34 Ben tu te dis, il a l’air d’être quand même heu, c’est, faut prendre vraiment attention parce qu’il y en a qui sont … Donc tu te dis heu, on va faire attention quand même mais … E35 Alors, quand tu fais attention, tu fais, tu fais quoi ? I35 Ben on guette plus sa table que les autres ! E36 Ouais I36 Par exemple, ouais E37 Donc, quand tu le guettes, tu le regardes ... I37 Je regarde vraiment la table, voir si y manque rien parce que sinon y va ... E38 Tu le regardes lui I38 Ben ouais, lui ouais. Après il nous a dit : »oui, vous regardez les gens », ben, on peut pas faire autrement ! E39 Il n’était pas content parce que ça n’allait pas assez vite, pas content parce que tu le regardes I39 Nous, on dit : “désolée, on peut pas faire autrement, monsieur hein » E40 Hum I40 « Si y faut qu’on regarde sur la table si ils vous manque du pain, on est obligé de vous regarder hein » E41Hum, hum I41 et là, alors on rigolait avec mes collègues parce qu’on se disait « ça y est encore un qui … » E42 D’accord, ça arrive souvent et ... I42 C’est les gens, ils croient qu’ils sont chez eux en fait donc ils veulent leur intimité mais ! Ou qu’il y a trop de bruit aussi dans la salle, ben, on est 50 dedans hein, on n’est pas tout seul ! E43 Oui, oui I43 Si y veut tranquille, il vient le soir, oui, là le soir, c’est plus tranquille E44 Et ,est-ce que ça tu peux le dire, par exemple ? I44 Ah, non, non, je le disais pas, je le pensais. Je le pensais. Mais après quand il commençait à dire « la sauce , elle m’ plaît pas », j’dis « bah monsieur heu, on peut pas heu, on peut rien faire d’autre, on vous a tout ramené, on a refait une assiette, on a tout refait, on peut pas encore … C’est de la nourriture qu’on gâche quoi ! E45 Bah oui, oui, oui I45 Parce qu’en plus lui, on l’avait facturé qu’un plat, on l’a pas facturé la deuxième, parce que c’est vrai que des fois ça peut ne pas convenir, on le ramène … E46 Bien sûr 118 I46 Mais là, au bout de trois, on se dit, on peut pas ... « soit vous en revoulez un autre chose et on vous le facture, soit … » E47 Hum I47 Ah il était pas content ! E48 Il était pas content I48 « je reviendrais pas » qu’il nous dit. Je dis « désolée, monsieur, mais on peut pas faire mieux hein » E49 Hum … Et est-ce que il a tout mangé ? I49 Non E50 Donc, oui, c’est intéressant ça, de parler d’une situation avec un client désagréable, c’est, c’est plus difficile ! I50 Ouais ! A gérer, oui. E51 Alors … I51 Parce qu’en plus, il n’hésite pas a te le dire franchement devant les autres clients donc ils sont pas loin … E52 Ah, oui, donc, alors, qu’est ce que tu penses toi par rapport aux autres clients ? I52 Bah tu te dis, ça y est, les clients y vont croire que tu sais pas faire ton boulot, en fait E53 Oui, et alors après heu ... ça ? I53 Bah après les clients y me disent « Ah la vache, il est pas très gentil avec vous » E54 Donc finalement ... I54 Ouais, ça va …ils étaient pas … Oui, je dis : « y’a des gens qui sont pas très aimables » E55 Et, heu, comment tu sais agir avec les gens pas agréables ? I55 Ben, au début, ça va mais il faut pas que ça s’amplifie, parce que quand ça s’amplifie, moi je passe le relais parce que y’a un coup, ça m’est arrivé E56 Oui, c’est ta technique, tu passes le relais si tu sens que tu peux plus … I56 Si je peux plus et que je vais lui dire en face ce que je pense, je préfère passer le relai, je dis « attendez, ma collègue va s’occuper de vous » E57 Et, heu, est-ce que tu as déjà observé des collègues qui, qui au contraire, savent très très bien gérer les situations ...? I57 Oui, une collègue elle sait super bien elle, elle réagit super bien E58 Comment elle fait alors ? I58 Je sais pas ! E59 Ah, tu sais pas I59 Je sais pas du tout, elle a un truc E60 Mais quand tu la regardes ou quand tu l’entends, aussi ... enfin même si tu fais ton travail, tu dois … I60 Je me dis qu’elle, ah bah, elle ça fait quand même plus de dix ans qu’elle travaille dedans donc elle a déjà l’expérience et puis elle en déjà vu pas mal qui défilent pareil et je pense qu’elle a moins de, qu’elle se dit « bon, c’est le boulot quoi » E61 Ah oui, et ça toi tu peux pas te le dire toi ? I61 Moi, je pourrais pas ! Ah, je crois pas ! Quand ça, au début, ça va, tu te dis « c’est le boulot » mais quand ça amplifie, ça amplifie, tu te dis et pis après il repart vraiment sur nous quoi, parce qu’après, il dit « ouais, vous êtes, vous faites pas ci, vous faites pas ça ! », bah on lui dit, « monsieur, on fait ce qu’on peut » E62 Alors là, c’est le point sensible ? I62 Là, ça nous attaque nous alors que c’est pas notre ... E63 Mais sinon, à un moment donné, t’arrive à dire « c’est le boulot, c’est le boulot » I63 Voilà E64 Ca veut dire quoi, c’est le boulot ? I64 Que on s’en fout, que quand on quitte l’établissement … Moi, j’oublie, après. Dès que j’ai quitté l’établissement, ça y est, je suis plus au boulot, on peut pas être tout le temps au boulot E65 D’accord, mais t’as quand même envie que ça se passe bien I65 Je préfère quand ça se passe super bien même ! Parce que sinon, c’est chiant ! E66 Donc, la t’es en train de me dire qu’il faut de l’expérience pour ça I66 Voilà, plus on a de l’expérience, plus on arrive à gérer ces choses là, parce que E67 Ca aurait été intéressant de demander à cette collègue justement qu’est-ce qu’ elle pensait vraiment parce que peut-être qu’elle est aussi très très énervée mais que … I67 Mais qu’elle arrive ... Je sais pas comment elle fait ? E68 Il faudrait regarder plus précisément, enfin t’es plus auprès de cette collègue là mais ... I68 Mais je les vois de temps en temps, quand même parce que je vais dépanner les week-ends, quand il faut, dans l’établissement donc … E69 Donc tu es polyvalente, tu fais, tu fais les deux I69 Ouais, en ce moment, je fais la semaine au G à C et le week-end à S E70 Et ben dis donc ! I70 Oui, parce qu’en plus y’a un groupe, le groupe de F, donc, on peut bouger dans les établissements quand il faut quoi 119 E70 D’accord …Alors, si on revient à ce monsieur, il te fait changer le plat une première fois, après la sauce, ça ne va pas … Comment tu fais peut-être à ce moment là pour gérer les relations avec la cuisine parce que peut-être qu’à un moment donné, ils en ont marre aussi ? I70 Ouais, je lui dit, “il s’est encore plaint” alors lui, j’avais un chef, il, il montait au quart de tour, je pense que c’était son origine, il était … brésilien ! Alors il commence à dire « oh, il me fait chier ! j’en ai marre ! Il est pas content, j’ai jamais eu de problème avec ma sauce ! ». Moi je dis, « je te fais juste la commission hein ! ». Non, mais après, c’est vrai que les gens ils commencent à se plaindre, quand ils se plaignent de trop, il va même voir des fois les clients. E71 D’accord I71 Qu’il aille vraiment lui expliquer ce que c’est, parce que des fois ils pensent que c’est une sauce comme ça pis en fait ils fond pas … E72 Oui, c’est peut-être un problème de compréhension. Et toi, t’as été amenée avec ce monsieur là à expliquer que la sauce elle était faite comme ci ou comme ça ? I72 Non, on a laissé tomber, je lui ai ramené la facture et pis voilà E73 C’était pas la peine d’accord. Donc finalement, il a vraiment mangé vite qu’en même ? I73 Bah, ouais, heu vite, à force de changer, non, mais sinon … E74 Donc après, il a pris, il a pris quand même un dessert, il a pris … ? I74 heu, non, il avait pas pris de dessert, il avait juste pris le plat … donc avec du vin E75 Donc là après, tu termines ton service avec lui, ça se passe comment , I75 Bah, après, c’est heu, tout juste « au revoir » qu’il dit hein E76 Hum I76 C’est comme le « bonjour » hein, il a eu du mal. Et là, le « au revoir » hein, avec le service qu’on a eu ! il nous a dit « ah, vous étiez pas aimable, le service était pas très rapide » E77 Il a continué jusqu’au bout à ... I77 A critiquer, oui E78 Donc toi, tu lui a quand même dit « au revoir » aimablement I78 Ah bah oui ! E79 Et puis c’est après tu en parles avec les collègues ? I79 Ben après, on a rigolé, on dit « oh la la, si on en a encore un d’autre comme ça demain, on va rigoler !“ E80 Et, quelque part, tu les vois arriver les gens comme ça, tu ...? I80 Ben certains oui E81 A quoi tu les repères ? I81 Ben déjà à comment ils arrivent en fait. Quand ils arrivent soit à plusieurs et là tu te dis „ça y est ils vont chacun avoir leur exigence“; Mais sinon, c’est leur façon d’être. E82 Oui, alors, qu’est-ce que tu vois ? I82 Ben déjà quand tu leur dis bonjour qu’ils ont à peine répondu, ça, tu le sais déjà ... E83 Oui, premier indice I83 Ensuite, c’est, quand tu les installes, ils sont déjà là, hésitants : „on peut pas se mettre ailleurs ?“ ... Nous on dit oui, c’est pas grave, une table ou une autre ... Mais du coup tu te dis, ça va être déjà chaud E84 Oui I84 Oui, quand ils ont des exigences un peu plus sérieux que les autres clients E85 Et ils sont plus difficiles à servir alors ? I85 Oui, plus difficiles E86 Ca te demande plus d’attention ? I86 D’attention voilà E87 OK ... Alors, je sais pas avec un client avec qui ça se passe bien au contraire, qu’est-ce que ... Qu’est-ce qui fait que ça se passe bien ? Pour toi ? I87 ... E88 Qu’est-ce qui fait que tu es contente du service que tu as fait ? I88 Ben, quand les clients remercient du service, qu’ils sont contents de ... Ca, c’est super sympa, ça ... Quand ils nous félicitent aussi parce que y’en a des habitués, ils viennent tous les jours, ils discutent avec toi, y’a pas de problème à ... Tu parles de tout, de rien E89 Oui, tu aimes bien communiquer avec les gens I89 Oui, c’est ça la base, le service hein. Parce qu’en plus, quand ils sont aimables, tu parles de tout, de rien, de la journée, ils vont pas ... E90 Oui, finalement, toi, puisque tu as le choix maintenant entre la salle et la cuisine, tu commences à avoir des préférences ou ... I90 Je commence à préférer la cuisine, oui ! Maintenant que j’y suis ! E91 Ah oui, quand même I91 Ouais ! Mais bon, j’aime bien aussi la salle, y’a pas de ... J’arrêterai pas la salle, parce que j’adore mais heu, je commence à ... E92 Et heu ... Qu’est ce que t’as appris en formation, on va dire, qui t’aide dans ta pratique en salle et dans ta manière d’être avec les gens ? 120 I92 ... E93 Est-ce qu’il y a quelque chose que tu as appris ? I93 Etre respectueuse, ne pas être impulsive, ça c’est ... E94 Oui, vraiment ? I94 Oui, ça c’est ...ça, ça a une valeur E95 Et comment on t’as appris ça ? I95 Bah déjà, je l’ai fait en apprentissage, donc c’était plus simple parce que vu qu’en pratique, on a des clients de l’extérieur. Donc, ne pas, essayer de se retenir, de pas parler, de pas être vite fait heu sur le client quoi ! E96 Ouais, ça a mis du temps ça ? I96 Ouais, quand même. Mais je pense que ça met moins de temps en apprentissage qu’en lycée profesionnel quand même E97 Oui I97 Parce que on a beaucoup plus de pratique devant les clients, qu’on se dit „faut se retenir, faut pas ...“ E98 Et t’as des gens qui te disaient, et en entreprise et au CFA, qui te donnaient leur avis sur ce que tu faisais, enfin qui, qui t’observaient finalement ? I98 J’ai pas compris là ! E99 Pardon ! Tu dis „il faut se retenir, et ça je l’ai appris au CFA“ I99 Oui, au CFA E100 Et en entreprise aussi ? I100 Et en entreprise aussi avec mes collègues qui me disent „lève le pied parce que sinon tu ...“ E101 Voilà ! et ça c’est important d’avoir ça ? I101 Oui, d’avoir quelqu’un qui soit derrière pour dire „attention, bah là tu vas partir quoi“. Parce que maintenant quand je vois là, on a les stagiaires, y partent au quart de tour, on se dit „doucement !“. et eux, vu qui sont là à l’école professionnelle, les profs y sont moins, moins derrière eux pour dire heu E102 Ah, oui ? I102 Ben en pratique, ils en n’ont qu’une par semaine par exemple. Donc c’est moins ... Devant le client ils sont une fois par semaine. Les autres jours, c’est l’école, c’est l’école pratique, que nous c’est différent E103 Oui I103 Nous d’être devant tous les jours, devant le client, c’est, c’est un peu plus dur E104 Au début, c’était difficile ? I104 Oui ! A ben oui, de dire, c’est le client, faut qu’on soit respectueux, même quand ils sont chiants, faut pas ... Faut dire „oui monsieur“ ... E105 Hein, hein, et ça s’apprend ça ? I105 Ca s’apprend, ça c’est sûr et certain, ça s’apprend E106 OK, OK. Il t’a fallu combien de temps, toi, finalement ? I106 Bah, au bout de deux mois c’est bon hein. Deux mois hein mais tous les jours. E107 Au bout de deux mois. Au début, tu t’es posé des questions, tu t’es dit : „je vais jamais y arriver“ ...? I107 Ah oui ! Je vais jamis y arriver à rester calme, à ... Surtout quand ils sont là derrière, ils sont toujours en train de critiquer, ils sont toujours en train de se plaindre ... C’est chiant, mais bon, faut le faire ... E108 Et heu ensuite, au niveau technique, alors ... Je vais essayer de poser ma question clairement : est-ce que le fait de t’améliorer au point de vue technique, heu, ça te permet d’être plus à l’aise avec les clients ? I108 ... E109 Le fait de savoir bien porter les assiettes, le fait d’avoir tes habitudes etc ... est-ce que ça te permet d’être plus cool avec les clients ? I109 ben oui, parce que quand on a nos habitudes, quand t’as pris l’habitude de travailler comme ça, ben t’as plus de temps comme ça en fait avec les clients E110 Ouais I110 Parce que t’as un rituel, tu vois là, moi je vois, ça, maintenant les apprentis y font quinze mille pas, ils marchent pour rien ! Je leur dis, des fois E111 Oui I111 „Vous faites des pas pour rien, vous allez voir à la fin de la journée, vous allez avoir les pieds ! E112 oui I112 Parce qu’ils ont pas de technique, moi je passe à côté, j’vois faut débarrasser, bah tu débarrasses, tu vois que faut faire ci ... Comme on dit, faut pas partir à vide. E113 Oui I113 Donc du coup, plus tu fais ça, et donc plus tu fais ça, tu marches pas dans le vide, plus t’as heu... E114 Et comment tu as appris ça ? I114 Donc ben ma collègue ! C’est elle qui m’a dit : „ne pars jamais à vide !“ Alors à chaque fois, elle me disait „hop, reste pas là, vas voir là ailleurs“. Elle faisait : „tu fais des pas dans le vide !“ Maintenant c’est bon ! E115 Faut s’économiser ... I115 Elle me dit : „là tu fais un aller-retour, tu vas revenir t’auras rien dans la main alors que si tu fais ça, t’as des assiettes pour débarrasser, tu reviens avec des assiettes donc heu, les verres, et au moins tu fais moins de km après parce que là, c’est dix fois dans la journée ! Des fois t’as un service de 70 couverts, faut courir“ elle me dit. 121 E115 Et heu, Est-ce que t’es ... Enfin, tu regardes beaucoup les gens donc quand tu fais ton service ? I115 ... E116 Tu m’as dit tout à l’heure, pour ce monsieur casse-pieds que tu l’observais du coin de l’oeil parce que tu te disais, celui là il va pas être sympa. Et en général, les gens tu les regardes ? I116 Bah pas plus que ça en fait. On regarde beaucoup plus les gens qu’on l’air casse-pieds parce que tu te dis, faut vraiment les satisfaire pour qu’y reviennent après E117 Oui I117 Donc tu fais tout pour ... E118 Oui, ça tu l’as en tête ? I118 Oui, qui faut faire tout pour qu’y reviennent ... parce que ceux qui sont contents, ils reviendront ... Mais ceux qui sont difficiles à convaincre ... Faut être près d’eux en fait E119 Hum, hum; Et est-ce qu’il y a aussi une dimension de conseil dans ton métier ? Quand les gens hésitent, savent pas quoi choisir ? I119 Bah, faut leur proposer [voix basse, peu sûre] E120 Et ça donc tu connais bien ? Alors toi d’autant plus, maintenant que tu fais ... I120 Maintenant que je suis en cuisine, maintenant c’est encore plus facile ! E121 Oui, ça tu as senti que c’était plus ...? I121 Bah, quand t’as un peu de bases de cuisine, c’est plus facile à expliquer ce que c’est que quand t’as ... E122 Oui, alors ça c’est intéressant de voir que les deux s’entrecroisent et que ... I122 Bah oui, parce que les cuisiniers ont besoin des serveurs pour expliquer aux clients mais nous on a besoin des cuisiniers pour savoir ce qu’on doit expliquer, c’est ça qui fait que ... E123 Oui, tu as senti que ... T’explique mieux maintenant I123 Oui E124 OK, et bien écoute, je te remercie ! Entretien d’explicitation V2 (Entretien n°2 Vente) E1 Il s’agit donc d’évoquer une activité professionnelle précise que tu as vécue donc pas de me parler en général de ton savoir-faire, de ton métier. Est-ce que tu as eu le temps de repenser à quelque chose, est-ce que tu as pensé à une situation de vente particulière dont tu as envie de me parler, dont tu te souviennes suffisamment pour me parler ? I 1 si, y’a un homme un coup y vient chercher de la décoration pour refaire sa chambre, sa femme lui avait donné des indications précises sur les couleurs. E 2 tu me rappelles peut-être, ou tu travailles, chez Insolite, c’est ça ? I2 Il avait tout pris, il arrive en caisse, il me dit, « vous croyez que c’est bien ? » , y’avait au moins trois couleurs différentes, je lui dis bon bah ça va pas trop bien ensemble et du coup on est reparti dans les rayons et on a mis au moins 4h avant de tout trouver, avant qu’il se décide pour les couleurs … E3 D’accord, alors on va essayer de reprendre étape par étape et puis à chaque fois, je vais te demander comment tu fais, c’est ça le but, que tu me décrives toutes tes actions. Tu le revois ce monsieur, quand tu y penses ? Comment tu as fait pour le conseiller. Je te laisse reprendre au début, quand il est arrivé en caisse la première fois. I 3 Il m’a demandé entre guillemets conseil, il m’a demandé « est-ce que ça ira ? ». J’dis bah là les couleurs, rien ne va ensemble … E 4 Alors, qu’est-ce qu’il avait pris ? I 4 Y’avait du marron … du vert … du Bleu … du rose, donc je dis « ça va pas trop ensemble » E 5 Qu’est-ce qu’il avait acheté comme articles ? I 5 Y’avait des coussins des rideaux, des lampes … et puis une tringle à rideaux … et une parure de draps, donc rien n’allait ensemble, du coup je lui ai dit que ce qu’il avait choisi en coussins, c’était des coussins avec des bouddhas dessus, on l’avait également en rideaux, donc on est parti en rayon choisir les rideaux qu’allaient avec, du coup il a pas pris les rideaux là, on a trouvé d’autres coussins, enfin on s’est arrangé pour que tout aille ensemble en fait et sur les rideaux il bloquait, c’était pas exactement ce qu’il voulait E 6 Alors comment t’as fait pour savoir ce qu’il voulait ? I 6 Je lui ai demandé ce qu’il recherchait, la dimension, ce qu’il recherchait … plus les couleurs qu’elle lui avait demandées et puis après par rapport aux questions que je lui ai posées, j’ai recherché heu, ce qu’on avait, quoi. Bon après on n’est pas tombé dans la couleur exacte mais … 122 E 7 Alors lui, il a essayé de définir la couleur … I 7 Sa chambre il l’a refaisait, y’avait du marron et du … vert, il me semble. Ou du bleu peut-être ? E 8 si on se concentre sur la vente des rideaux, ça s’est passé comment ? Tu commences … I 8 J’ai déjà pris tout ce qu’on avait trouvé d’autre, qui lui plaisait vraiment pour mettre vraiment dans sa chambre, que c’était sûr qu’il allait prendre et puis avec les rideaux j’ai mis les mêmes à côté qu’il voit ce que ça pourrait donner E 9 Alors qu’est-ce qu’il avait choisi et dont il ne voulait pas se séparer ? I 9 Les coussins E10 Les coussins, c’était ça … I 10 On a dit on garde les coussins et on fait par rapport aux coussins E 11 C’était nouveau pour toi de faire toute une vente comme ça pour toute une pièce ou ça arrive souvent ? I 11 Non, c’était nouveau, ça arrive pas souvent E 12 Donc, tu t’es posé des questions, qu’est-ce que tu te disais ? I 12 Je me demandais est-ce que je vais y arriver parce que en plus au niveau prix il avait pas de … E 13 De limites ou … I 13 Oui , y regardait pas les prix E 14 Ca c’est une question que tu lui a posé ou … I 15 Non, je m’en suis rendue compte, il m’a vraiment pas parlé de prix, il m’a rien dit, j’osais pas trop lui demander E 16 Qu’est ce qui t’a servi pour le conseiller, comment t’as fait pour le conseiller si t’étais pas habituée à faire ce genre de choses ? I 16 En fait je sais pas ça s’est fait tout seul E 17 Tout seul, ça fait comment, qu’est-ce qui vient en premier ? I 17 Le réflexe , c’est de lui poser des questions pour savoir où se situer dans … par rapport à ce qu’il veut, savoir comment est sa pièce si elle est grande, si il veut de la lumière, si il veut … comment il l’a voit lui, quoi. Et puis après par rapport à ça, on sait ce qu’on a dans nos rayons donc. E 18 Donc sa pièce elle était comment ? I 18 Elle était, elle était grande et il voulait, il voulait assez lumineux et il voulait que quand les rideaux sont fermés on voit rien E 19 Donc ça t’avait aussi orientée vers un type de rideaux I 19 Voilà vers un type de rideaux, je savais quel type il voulait alors je lui en ai proposé E 20 Combien de sortes ? I 20 2 ou 3, il me semble E 21 Donc ça, ça s’est fait en combien de temps ? I 21 Ca , une bonne demie heure E 22 Donc, on a les rideaux I 22 Les coussins il a eu de l’ hésitation après il voulait changer parce qu’il avait revu des rideaux mais il quand même gardé ses coussins, je lui ai dit « vous êtes sûr ? parce que vous étiez décidé … » Après y’avait une moustiquaire, alors la moustiquaire il l’avait prise rose, il me semble, mais il en voulait une blanche E 23 Alors j’essaie de suivre … I 23 Alors les coussins étaient marrons et bleu et les rideaux étaient bleus et il voulait la moustiquaire bleue ou blanche sauf que les moustiquaires bleues y’avait des papillons dessus, il voulait pas de papillons … Du coup il a pris la moustiquaire blanche après on est passé aux lampes et c’est ce qui a pris le plus de temps E 24 Tu connais ce rayon là, tu connais tous les rayons ? I 24 Les lampes c’est mon rayon, enfin, c’est mon côté. Et les lampes c’est ce qui a pris le plus de temps parce que … on en a pas mal et …et il arrivait pas à se décider ! E 25 Alors comment tu as fait pour l’orienter ? I 25 Déjà il me disait qu’il voulait des lampes de chevets mais pas des petites lampes de chevet, il voulait des grosses lampes, j’étais un peu perdue … Je lui dis « vous voulez quoi exactement, vous voulez une petite lampe ?, c’est pour mettre sur les tables d e nuit, c’est pour mettre sur un meuble, sur une commode ? Vous les voulez plutôt moyennes ? » en fait c’était une taille moyenne E 26 Alors tu lui en montres … I 26 Voilà, dans les couleurs, je choisis mais le problème c’est qu’il en voulait deux, soit on en avait qu’une , soit c’était pas comme il voulait E 27 Vous avez beaucoup de choix ? I 26 Ben oui dans les lampes c’est assez varié Mais bon j’ai appelé les autres magasins, savoir si ils en avaient et en fait on est pas arrivé à en trouver … Il en a pris des moyennes mais simples, avec des galets E 27 Il y en avait deux … I 27 Mais il a eu du mal quand même parce que il savait pas si sa femme allait aimer ou … E 28 Et toi, tu avais l’impression de bien de te débrouiller ? I 28 Oui ! 123 E 29 A quoi tu voyais que tu te débrouillais bien ? I 29 Oui parce que il avait l’air content, il suivait ce que je lui disais, il avait pas abandonné en se disant « c’est tout, je vais prendre ça parce que ça me fatigue » E 30 Donc il suivait tes conseils … I 30 Oui, vraiment oui E 31 Et tu faisais attention à ça, tu le regardais … I 31 Oui, savoir comment il réagissait à ce que je lui disais, si je ne l’ennuyais pas ou si il se lassait pas de ce que je lui disais E 32 Et comment tu savais quand ça le lassait, ou ..? I 32 Au visage en fait … aux mimiques, la gestuelle et tout , si il commence à regarder autre chose quand je lui parle, c’est qu’il s’intéresse pas du coup E 33 Lui en particulier ou les clients en général ? I 33 Les clients en général E 34 Et ça, c’est quelque chose que tu fais naturellement, de regarder … ? I 34 Oui ! sourire même dans une conversation normale E 35 C’est un point fort, ça … I 35 Oui, mais je pense qu’on le fait tous, on se regarde tous E 36 Plus ou moins, y’a des gens plus ou moins attentifs… I 36 On fait attention … E 37 Comment tu sais que c’est important de faire attention ? I 37 Je sais pas, du moment qu’on veut intéresser quelqu’un, il faut qu’on … Il faut savoir ce qu’il en pense même sans lui demander E 38 Et comment t’es venue à prendre conscience de ça ? I 38 J’sais pas , moi je le fais tout le temps en fait si je parle à quelqu’un de quelque chose qui me tient à cœur en fait je vais regarder si ça l’intéresse ou … E 39 Et est-ce que ce sont des choses ça dont vous parlez en cours, en cours de vente avec Mme B. ? I 39 On parle oui de la gestuelle du client tout ça mais j’veux dire, on se dit pas si il baisse la tête c’est ceci ou si … E 40 Oui, tu veux dire, en cours tout est détaillé … I 40 Oui, en cours, faut s’intéresser aux gestes, y’a certaines choses … ou on nous dit, si il se gratte la tête qu’il fait si, ça veut dire cette chose là mais ça dépend du contexte en fait. A près on se rend compte nous même, c’est pas du tout pareil en fait que … que ce qu’on nous explique. Ce qu’on nous explique, nous on l’imagine d’une façon et en fait, non, quand on se retrouve en face des gens, ça se passe d’une autre façon et on se dit bah voilà lui y pense ça parce que je le vois mais … dans son visage, c’est très … E 41 La théorie suffit pas … Y’a plein de cas de figures qui sont pas dans la théorie … I 41 Ouais, voilà E 42 Et en formation justement, vous parlez de vos expériences au travail, c’est l’occasion, si vous faîtes un cours sur la gestuelle de dire « bah moi justement … » I 42 Oui … Ce qu’est intéressant parce qu’on profite des expériences des autres, si y’a quelqu’un qu’a eu une cliente qui avait des signes particuliers, si ça nous arrive à nous, on va se dire à ben … et puis après par rapport à ça la prof elle lui dit bah t’aurais dû réagir comme ça, faire ceci … et donc nous quand ça nous arrive après on sait comment réagir et pas envenimer les choses ou … E 43 Disons, oui, la bonne attitude, elle vient plus facilement I 43 Voilà E 44 On va revenir à ta vente, alors : les rideaux , les coussins, les lampes de chevet … I 44 C’était à peu près tout parce que la tringle elle était bonne quand même E 45 ça a été long, tu te souviens des questions ? … I 45 Oui, les couleurs qu’il souhaitait, quel type de chambre, si c’était pour lui ou sa fille, y’avait sa fille avec lui, si la pièce était grande, lumineuse, ce qu’il voulait apporter à la chambre … les tailles, les dimensions et puis après savoir si ça lui plaît E 46 Pour toi, t’as bien réussi cette vente là I 46 Oui et puis ma gérante elle est arrivée après, elle était satisfaite E 47 Et toi qu’est-ce qui t’as le plus satisfaite ? I 47 De la vente ? E 48 Oui I 48 C’était pas évident, je veux dire, on ne reçoit pas un ensemble qui fait coussin, rideau, lampe et tout et tout quoi E 49 Oui, il a fallu coordonner au fur et à mesure … Et tu as le temps de passer comme ça 4 h avec un client, ça pose pas de problème ? I49 Oui, oui mais là on avait vraiment mis longtemps à aboutir mais prendre bien une demie heure, trois quarts d’heure, ça arrive souvent parce que les gens demandent des conseils quoi E50 Et ça t’intéresse ? I50 Oui, je trouve c’est le plus intéressant 124 E51 Et là aussi, au niveau du conseil, c’est des choses que vous apprenez à faire au CFA ? Oui, je t’ai déjà posées ces questions là … C’est quand tu poses les questions sur les besoins, sur la pièce … Tu vois autre chose à me dire sur cette vente ? I51 Non, non … Il est reparti content. E52 Et sur d’autres situations, plus critiques, avec des clients « casse-pieds », il doit y en avoir … comment ça se passe ? si on peut reprendre juste quelques minutes pour en parler. I52 En général, c’est un peu tous les mêmes, c’est ceux qui demandent conseil mais qui veulent rien … en fait ils viennent pour rien acheter, ils demandent conseil mais en fait ils veulent rien, on aura beau tout leur montrer, ça leur plaira pas … E53 Et ça tu t’en rends compte rapidement ? I53 Ben de plus en plus parce que ça arrive souvent ! Mais on fait quand même l’effort de leur montrer et puis c’est tout. Y’a ceux qui viennent souvent, alors on le sait E 54 Ils ont surtout envie de parler … I54 Oui, ils ont plus envie de parler qu’autre chose. Sinon y’a ceux qui voudraient des choses impossibles et donc ils s’énervent après nous mais ils veulent les choses impossibles donc … Le moins cher possible, des choses qu’on peut pas faire … Ou alors ils nous ramènent des choses abîmées qu’on leur a pas vendues abîmées et il faudrait qu’on leur reprenne E 55 Oui, qu’il y ait un service après vente ... Alors comment tu fais, quand y’a quelqu’un qui arrive, qu’est pas content ? tu te souviens d’un exemple ? I55 Moi personnellement, je m’énerve pas trop, Je vais essayer de le calmer, de lui expliquer calmement que ça va pas être possible E56 Alors comment tu fais pour calmer quelqu’un ? I56 Je lui dis « calmez vous, on peut pas reprendre, il faut que vous compreniez que nous on a vendu ce produit en bon état et vous vous nous le ramenez abîmé, c’est pas possible … Des fois ça marche et des fois ça marche pas … E57 Et quand ça marche pas ? I57 Quand ça marche pas, j’appelle ma gérante E58 C’est elle qui s’occupe des cas un peu difficile ? I58 Oui parce que, je me sens pas … prête … à calmer quelqu’un ! E59 Et elle, elle sait faire ça ? … I59 Ca dépend parce que des fois y’a vraiment des gens qui insistent, tout le monde crie E60 Et est-ce qu’on peut dire que tu apprends ton métier, tu apprends les bonnes attitudes en observant tes collègues ? I60 Oui, oui, on apprend en regardant, en observant les autres, elles savent des choses, elles ont déjà vu des cas que nous on n’a pas vu, donc elles savent gérer … E61 Par exemple … I61 La première fois où quelqu’un est revenu en criant dans le magasin, je savais pas quoi faire, je regardais un peu partout … E62 Et dans ces cas là, qu’est-ce que tu penses quand tu sais pas quoi faire ? I62 Je suis restée sur place, je me demandais si c’était à moi qu’il parlait parce que j’avais jamais vu ça, je l’ai appelée directement : au secours. E63 OK tu m’as bien expliqué comment tu faisais, c’est bon, à moins que tu aies autre chose qui te revienne … Une dernière question : tu as l’impression qu’il y a des situations qui se répètent, des types de clients … I63 Ah oui oui, c’est sûr ! E64 Et est-ce que ça t’aide ça, à avoir la bonne attitude, le fait d’avoir déjà vécu une situation qui ressemblait ? I64 Bah oui, en fait ça entraîne entre guillemets, à force on sait comment s’adapter … Mais les clients sont tous différents, y’a ceux avec qui on peut rigoler, y’a ceux avec qui on n’ose pas trop la blague … On apprend à reconnaître le client rapidement en fait E65 Tu penses avoir progressé à ce niveau là en deux ans ? I65 Oui parce qu’à force de voir des gens tous les jours, on s’habitue à … décrire les gens, à trouver ce qui fait que lui il est comme ça … E66 Alors à quoi tu fais attention ? ça se fait très vite … I66 Oui, le fait qu’il regarde tout, s’il est attentif à tous, ou si il arrive, le grand sourire, la petite blague … Y’ a la personne qui va passer près de vous sans dire bonjour ou un bonjour, mais bref et puis celle qui est souriante, agréable… E67 Donc tu vas pas forcément les prendre de la même manière I67 Voilà … pas la même façon de les aborder E68 Tu as mis combien de temps à ton avis pour avoir ces repères là, pouvoir voir les types de clients ? I68 Ben presque deux ans rire E69 Presque deux ans, oui, tu sens que tu continues de progresser ? I69 Oui, oui, et puis on les connaît pas tous, enfin y’en a aussi quand on les voit, on ressent rien, on sait pas comment ils sont, on peut pas … E70 Tu parles de ça avec tes collègues ? 125 I70 Non, pas plus que ça … E71 Ce serait intéressant de savoir si celles qui ont plus d’expérience, elles arrivent à avoir une idée de chaque client. C’était difficile au début, la relation avec les clients ? I 71 Oui parce qu’il faut oser y aller E72 Oui, tu es assez réservée … I72 Il faut oser, se dire « bon bah c’est tout, j’y vais, courage ! » et puis on oublie et on y va. E73 Et ça se fait de mieux en mieux … Une petite chose au début, ça te permet d’en faire une plus difficile ensuite I73 Voilà. Au début on est renfermé, un peu froid, les clients ils apprécient peut-être pas trop, on se dit « j’ose pas », du coup ça se ressent en fait vis-à-vis du client, puis après on est plus à l’aise, plus agréable. E74 Comment t’as fait pour oser finalement ? I 74 Ben je me dis, « je suis là pour ça, faut oser » et puis on a envie mais on n’ose pas, en fait. E75 Tu as mis combien de temps pou y aller justement ? I75 Ben au début, c’était pas trop … tout doucement … je sais pas, trois mois on va dire E76 C’est raisonnable I76 Mais petit à petit E77 Et ton employeur te poussait un peu ? I77 Oui ! Oui, quand même, la gérante était là pour me rassurer et me dire qu’il faut y aller. E78 Donc c’est positif, ces deux années, tu as bien évolué. I78 Oui ! Entretien d’explicitation V2 (Entretien n°1 Vente) E1 Quand je dis, me parler d’un client, c’est me dire comment ça se passe avec ce client tel jour. Comment ça s’est passé avec ce client là, ce jour là. I1 Ca peut être un client habituel ou ... E2 Ben, un client habituel, ça peut être plus simple parce que tu l’as bien en tête. Après, moi, je sais pas, comment heu …Si tu as une grande attention visuelle, que tu … que tu mémorises bien les gens ou pas, je ne sais pas. Si tu veux, tu commences à me parler, et puis moi, je t’orienterai au fur et à mesure si c’est pas ce qui me convient. Parce que j’imagine, toi, tu, donc tu vends du pain et de la pâtisserie I2 Ouais, de la viennoiserie et un peu de traiteur E3 D’accord, donc c’est des gens qui sont pas là très longtemps dans le, dans la boutique, dans le magasin, donc c’est vrai ... Si je te demande de me parler d’une seule personne, dans deux minutes, tu retournes en cours ! Alors, tu peux essayer de te remettre en tête un moment particulier qui t’a marqué pour x raisons… soit parce que ça s’est très bien passé alors qu’il y avait du monde, soit parce que au contraire, ça a été le stress… Là, dans les derniers jours I3 Y’en a un qui vient, parce que pour venir chercher des tuiles aux amandes … E4 Oui I4 Et à chaque fois il remmène une boîte pleine de crottes de mouche et tout, c’est …bah ! E5 Alors ! C’est un monsieur … Il est comment ce monsieur ? I5 Oui, il est crade, il a plein de traces de terre sur la tête … E6 De la terre sur la tête ! I6 Oh oui, c’est un bonhomme qui se lave pas, il empeste à ...vous êtes à cinq mètres de lui, vous le sentez déjà ! C’est, c’est l’horreur hein ! E7 D’accord. Vous … vous êtes plusieurs à faire le service là, enfin à servir les clients ? I7 Oui, on est deux E8 Vous êtes deux. Alors, tu vois arriver cet agréable monsieur … I8 Ma collègue à chaque fois, elle me fait : « M., j’ai besoin de toi ! » E9 Ah ! I9 A chaque fois elle me fait ça donc … Non, mais il est sympa … E10Et alors ? Vas-y, tu le vois, il rentre dans le magasin … I10 Je lui dis : « bonjour, vous désirez ? », après il me demande ses tuiles aux amandes … E11 Il en prends beaucoup ? I11Ah, bah, il remplit sa boîte 126 E12 Mais, c’est une boîte à lui ? I12 Oui, c’est une boîte à lui, il la remmène et puis on lui remplit la boîte E13 D’accord, plutôt que de lui faire un emballage ... I13 Oui, c’est une boîte, elle est grande comme ça et large comme ça (gestes) E14 Oui, d’accord I14 Alors, à chaque fois on lui remplit mais on prend des gants, quoi (rire) E15 Parce que la boîte est sale ? I15 Ah, bah, oui ! On prend déjà des gants parce que, c’est vraiment une boîte … E16 Et comment tu sais qu’il faut faire ça ? I16 Comment je sais qu’il faut faire quoi, mettre des gants ? E17 Oui I17 Ah, bah, j’sais pas, c’est, j’sais pas, c’est pas hygiénique de prendre la boîte … Je laisse la boîte sur le comptoir, je vais prendre des gants derrière, je reviens la chercher … Parce que en général, il vient, il nous demande ses tuiles et puis après il va faire ses courses dans le centre commercial et il revient les rechercher après E18 D’accord, donc ça vous laisse le temps de préparer ... Lui ne voit pas que vous mettez des gants I18 Non, lui ne voit pas ! E19 D’accord, tu vois, il faut tout me dire en détails parce que sinon je risque de mal interpréter. Donc, il pose sa boîte … I19 Il pose sa boîte, il nous demande de remplir sa boîte et puis … Quoi que le dernier coup, il a pris un chausson aux pommes ! Il a pas fait remplir sa boîte E20 Ah I20 J’étais soulagé ! Mais bon quand j’ai vu la pièce ! E21 Tu étais surpris, et qu’est-ce que tu lui a dit ? I21 A ce moment là, j’ai dit : « tiens, vous prenez pas vos tuiles ! ». Il me fait : « non, j’ai oublié ma boîte » …Soulagement (rire) E22 (rire) donc, ensuite ? I22 Je lui pose le chausson sur le comptoir et pis il me donne sa pièce, j’encaisse et … à chaque fois, je prends la pièce du bout des doigts E23 Oui, et alors, qu’est-ce que tu te dis quand tu prends la pièce du bout des doigts ? I23 « ah, putain, faut que j’aille me laver les mains ! » E24 Et ça t’embête ? I24 De me laver les mains ? Non, ce qui m’embête, c’est de prendre la pièce … C’est sale, quoi. Parce que ses pièces, elles sont sales aussi E25 Elles sont plus sales que d’autres pièces ? I25 Ah oui ! Oui, oui, c’est pareil que lui, en fait E26 Mais il vit dans un terrier ? I26 Je sais pas, il doit pas avoir de … E27 Ou c’est toi qui t’imagine que …que la pièce elle est sale ? I27 Non, vous voyez des traces de sale dessus hein ! la pièce, elle est toujours un peu noire E28 D’accord I28 C’est comme ça, je sais pas pourquoi, il doit garder ces pièces et les donner à nous ! Parce que au supermarché, il leur donne jamais des pièces sales ! E29 Ah, tu as demandé aux gens du supermarché ? I29 Oui, je m’entends super bien avec pratiquement toutes les caissières E30 Et elles l’ont repéré aussi ? I30 Ah bah oui ! elles ont aussi une paire de clients qu’elles repèrent bien E31 Donc, celui là tu l’as repéré parce que effectivement j’ai bien compris qu’il sentait pas très bon … Il est comment physiquement, tu peux me le décrire ? I31 Oui, c’est un petit vieux. C’est un petit vieux, il a la tête dégarnie, des lunettes … E32 Petit vieux, petit en taille aussi ? I32 Ouais, un peu en taille. Puis, il est toujours tout rouge, avec des habits … la braguette est toujours ouverte, le bouton aussi … Puis heu, il est toujours habillé sale, il doit pas avoir de machine à laver E33 Et il est sympa avec vous ? I33 Ouais … il est sympa, il est pas désagréable … c’est embêtant E34 C’est embêtant ... et heu, y’a d’autres clients que tu, que tu reconnais comme ça ? I34 Du même style ? E35 Ben pas forcément du même style mais des gens qui fond que tu te souviens d’eux, quoi I35 Qui fond que je me souviens d’eux … oui, mais en général ceux que je me souviens, c’est les clients habituels donc … E36 Voilà … I36 Y’en a un, il vient chercher son pain complet, il nous demande de le trancher, il veut pas qu’on ferme le sac. On ferme pas le sac E37 D’accord 127 I37 A chaque fois, il a toujours sa petite pince E38 Et il a pas besoin de le dire ? I38Ah, il a pas besoin de la dire, c’est toujours la même chose E39 Voilà. Tu as mis du temps avant de te repérer dans les habitudes des clients ? I39 Ben au début, un peu, parce que ... je passais beaucoup de temps derrière à faire les sandwichs E40 Oui, t’étais pas en contact avec la clientèle I40 Mais maintenant ça va mieux parce que, j’ai pris de la rapidité sur les sandwichs et puis je passe plus tôt devant E41 Oui, comment tu as fait pour prendre de la rapidité ? I41 C’est l’habitude, en fait E42 Oui I42 Avec l’habitude, on apprend vite le geste et pis voilà E43 Tu as mis combien de temps ? I43 J’ai dû mettre à peu près … ouais, cinq ou six mois E44 Oui, quand même I44 C’était long E45 Et aujourd’hui, tu as le bon rythme ? Tes collègues ou ton patron … I45 Oui, ma collègue elle finit à la même heure quand c’est elle qui fait les sandwichs E46 D’accord, et quand tu fais les sandwichs, tu fais que les sandwichs, tu vas pas t’occuper des clients ? I46 Ca dépend, si ma collègue est au téléphone ou pas, heu … Si elle est en caisse centrale demander de la monnaie ou quelque chose comme ça, je passe devant E47 OK. Alors, on va reprendre avec ce monsieur, finalement tu m’as parlé du chausson aux pommes mais on en était sur les tuiles : il a laissé sa boîte, donc toi, tu vas chercher tes gants … I47 Je remplis la boîte, mais bon quand j’ai rempli la boîte, j’avais enlevé les gants parce que j’avais touché la boîte avec des … des gants. J’ai enlevé un gant, j’ai pris l’autre dans l’autre main, j’ai mis les tuiles dans la boîte, j’ai remis mon gant, j’ai refermé la boîte et j’ai pesé, puis après heu … E48 Alors il en prend combien, quel poids ? I48 En général, il en prend à peu près 300/400 g E49 D’accord. Et donc ensuite ? I49 Ben en fait, on croirait qu’il a pas de sous mais le dernier coût, il a sorti une liasse de billets, pouh ! E50 On croirait qu’il a pas de sous parce que, comme tu l’as décrit heu I50 Oui, pis comme il se tient, comme il parle quoi. Je sais pas, on voit pas que c’est … E51 Comment il parle ? I51 C’est un vrai campagnard ! « bah, ça tu m’mets ça, tu m’mets pas aut’chose », que des trucs comme ça, quoi. Mais …Il nous a sorti une liasse de billets … oh, la vache ! Il avait plein de billets de 100 et pis des, des 50 quoi E52 D’accord I52 A chaque fois qu’il vient, il nous donne un billet de 50. E53 Oui, c’est dans ses habitudes aussi I53 Et puis, en général, il vient tôt le matin, quand y’a pas de monnaie à la caisse, qu’on est entrain de mettre en rayons, donc … C’est pareil, le jour de l’examen, je vais avoir du mal … E54 Pourquoi ? I54 Bah, parce que ils viennent à 9h, c’est pendant qu’on met en rayons, quoi … Le patron, il arrive vers moins vingt E55 9h moins 20 ? I55 Ouais, pis le temps que je décharge le camion E56 D’accord, en fait tu es dans un lieu de vente mais c’est pas un lieu de production, tu es dans la zone commerciale ? I56 Ouais E57 Y a un autre magasin en centre ville, c’est ça ? I57 Y’en a un en centre ville et un à l’entrée de la place D. E58 D’accord. Donc ça t’inquiète d’être en train de mettre en rayons … Y’a pas moyen de s’organiser autrement ? I58 Ben je, je vais demander, parce que sinon … E59 Parce que lorsque vous mettez en rayon … Alors justement peut-être que, je sais pas heu ; est-ce que tu te souviens d’une mise en rayons assez récente, de la semaine dernière, par exemple ? I59 Heu … Oui … Que y’a un client qu’arrive ? E60 Oui, et est-ce que tu peux te souvenir un peu des gens qui sont arrivés, un jour précis ? I60 Ah, me souvenir des gens, non… je sais ce qu’ils ont pris … E61 Comment ça se fait ? Ah, tu sais ce qu’ils ont pris … I61 Oui, je sais ce qu’ils ont pris mais je me souviens plus de leur tête, je sais qu’ils ont payé par chèque … Mais je vois plus (effort), je vois plus la tête des clients. E62 Et qu’est-ce qu’ils ont pris, alors ? On est d’accord, t’es en train de mettre en rayons … I62 Oui, je suis en train de mettre en rayons, ils arrivent E63 Alors, décris moi ce que tu es en train de faire précisément, comme si ... 128 I63 J’étais en train de mettre la viennoiserie, en train de mettre les croissants … Ils arrivent et heu, ils me demandent un gâteau E64 Oui I64 Ils ont pris un XXX, alors je regarde dans toutes les cagettes, voir les gâteaux qu’on avait reçus E65 Oui, effectivement ... I65 Oui, oui, je suis en plein dedans E66 Vous en recevez combien ? Que moi je visualise aussi ? parce que là pour toi, c’est évident mais moi, je suis pas dans le magasin … Le camion, quand tu le décharges, ça fait combien de caisses ? I66 Alors, c’est simple, je décharge le pain en premier, donc à peu près trois à quatre cagettes, à chaque fois et la pâtisserie, la viennoiserie et le traiteur, c’est tout dans la même cagette, on en a à peu près, je sais pas, une trentaine, une quarantaine … Ca fait pas mal E67 Donc, là t’as déjà déchargé tout, j’imagine que tu décharges … I67 Là, je décharge le camion, ouais E68 Et puis ensuite, tu vas mettre en rayons … I68 Ouais E69 Alors les caisses, elles sont où …? I69 Dans le magasin, elles sont derrière, en général E70 D’accord I70 Parce qu’on a une palette en plastique exprès pour les poser dessus, on les pose là-dessus et on prends au fur et à mesure pour mettre en rayons E71Donc, t’étais en train de mettre en rayons la viennoiserie I71 Oui, les clients arrivent E72 Les clients : ils sont combien ? I72 Ils étaient ...deux, avec un enfant E73 Hum ... Ah, tu vois, ça te revient ! I73 Ah, ouais mais je vois, je vois ... Le nombre de personnes, mais je vois pas exactement les, les têtes des gens, donc … E74 Et l’enfant, tu le revois ? I74 C’était une petite fille, ouais, elle avait les cheveux …bouclés, elle avait un tout petit visage, ça je m’en souviens, parce qu’après, elle m’a demandé des bonbons … et heu, quand elle demande de bonbons, en fait, on les fait passer derrière, derrière le comptoir, en fait, pour choisir les bonbons E75 D’accord I75 Sinon, les parents, je m’en souviens pas … c’est … Oh, je me souviendrais peut-être après mais… E76 Et donc toi, à ce moment là, tu es derrière le, le comptoir ? I76 Ouais, parce que, si vous voulez, on a un comptoir, on a le passage pour servir les clients et derrière, on a encore un autre truc E77 Oui I77 Là où on fait les sandwichs, les trucs comme ça E78 Oui, oui. Donc, tu as d’abord servi les bonbons ? I78 Non, les bonbons, je les ai servis après E79 Donc, par quoi tu commences ? Ils arrivent ... I79 Ils arrivent, je leur dit « bonjour, vous désirez ? » E80 Tu les regardes ? I80 … heu, je sais pas si je les ai regardés ? Oui ! De toutes façons je m’arrête de travailler quand ils arrivent E81 C’est une habitude, ça ? I81 Ouais, parce qu’on m’a toujours dit que ...Fallait avoir une « écoute active » ! E82 Ah ! I82 J’ai appris ça aussi E83 C’est quoi, une écoute active ? I83 En fait, l’écoute active, heu, c’est, faut toujours regarder le client, faut pas faire quelque chose en même temps heu … E84 Et tu le fais ? Et heu, comment tu sais qu’il faut le faire ? I84 Bah, on me l’a dit et, je sais pas, c’est une question de politesse déjà et puis, ben j’ai appris ça aussi en cours avec madame B. E85 Et c’est efficace ? I85 A, bah oui, parce que les gens ils apprécient E86 Oui, et toi, ça t’apporte quoi ? I86 Bah, je sais pas, je suis moins gêné ... Parce que quand je suis en train de faire quelque chose et puis que je parle au client, je suis gêné parce que, je sais pas heu …Je suis pas en face en train de leur parler, donc … E87 Donc, en général, tu regardes beaucoup les clients. Donc ceux-là, tu les regardes, tu vois la petite fille, avec son petit visage, ses boucles …blondes ? I87 Ouais, je vois la petite, elle était châtain, avec des petites lunettes rouges, rondes E88 C’est précis, ça ! 129 I88 Ah oui, non mais … E89 Et elle est où, entre ses parents ? Devant, à côté ? I89 Non, elle était assise sur le comptoir. Oui, parce que si vous voulez, on a un comptoir, pis juste devant, ça fait un … Un gros rebord, en fait, large comme ça le rebord E90 Oui I90Alors en général, les enfants ils s’assoient là, de côté, et puis ils voient E91 Oui, quand ils sont petits. Donc, elle est assise sur le comptoir … Ses parents certainement pas très loin … I91 Non, ils étaient juste à côté. Mais heu, je me souviens de leurs habits mais je vois pas les têtes, c’est ça qui me … E92 Alors, vas-y, décris-moi leurs habits I92 Alors, la dame, elle était assez large, elle avait une espèce de tunique verte, verte, vert foncé E93 Ouais I93 Et heu, un pantalon blanc. Les chaussures, je peux pas dire, on les voit pas ! (rire) Et le monsieur, il avait une veste en cuir avec un , un pull rouge, qu’il avait ouvert comme moi, là, à peu près jusque là (geste), on voyait le pull rouge et il avait un jean normal et sinon, la tête, je m’en souviens pas E94 Donc, quand tu te souviens pas des têtes, là … Je te vois faire des efforts, ben tu revois quand même tous les vêtements I94 Oui, je vois les vêtement, je vois la petite fille … E95 Tu te revois toi ? I95 Moi, non, moi, je me vois pas E96 Toi, où tu étais, la place où tu étais I96 Oui, là, je sais où j’étais mais E97 Donc t’es dans …Donc, tu les a salués et puis qu’est-ce que tu dis après ? I97 Je dis : « bonjour messieurs dames, vous désirez ? » et après, ils m’ont dit, on voudrait un gâteau pour huit personnes. Alors je leur propose toutes les gammes de gâteaux, donc moi avant, je suis allé voir, voir … E98 Ce qu’il y avait. Vous n’avez pas tous les jours la même, la même, chose … ? I98 Non, ça varie E99 Ils savent ce qu’il veulent dès l’instant que … ? I99 Je leur dis tous les gâteaux qu’on a reçus et ils me demandent des renseignements sur tel gâteau, sur tel gâteau … E100 Tu te souviens sur quel gâteau ils t’ont … ? I100 Le Saint Honoré crème diplomate E101 Alors, c’est celui qu’ils ont choisi ? I101 Oui E102 Mais, avant, ils t’ont posé des questions sur quels gâteaux ? I102 Sur … un « Fruits d’été », et sur un « Manjari » E103 Alors, comment tu sais, tout ce qui y’a dans ces ... Tu les connais, ces gâteaux là ? I103 Le Manjari, j’ai du mal, c’est toujours celui-là, et pourtant, je l’ai appris pareil que les autres … Celui-là, j’ai du mal E104 Comment ça se fait ? I104 Ah, je sais pas, c’est … E105 Et comment tu fais pour te souvenir, finalement de ce qu’il y a dans ce gâteau là ? I105 On a un bouquin, exprès E106 D’accord. Donc, à ce moment là, tu es allé voir… Enfin, ils t’ont interrogé sur celui-là ? I106 Ouais …J’ai dit qu’y avait un biscuit, un biscuit meringue souple aux amandes, du crémeux de vanille, du glaçage chocolat mais après, je savais plus ce qu’il y avait d’autre E107 D’accord I107 Et en fait, c’était de la mousse chocolat E108 Ah, ben donc, tu t’en souviens I108 Ah oui, ça y est, il est en tête ! E109 Oui ! I109 Sinon, ils m’ont posé la question du Fruits d’été. Alors Fruits d’été, c’est tout simple, c’est du raisin, de la fraise, des trucs comme ça et heu y’a une génoise nature au fond et de la crème diplomate, tout ça c’est tout simple … E110 Plus simple que le Manjari ! I110 Ah, oui, largement ! parce que le Manjari, en plus, il est servi avec une crème anglaise, alors la plupart des gens, il nous demandent si c’est payant, c’est pas payant, c’est offert avec le gâteau E111 Ca fait partie du gâteau I111 Ouais, ça fait partie du gâteau E112 Donc tu regardes les gens quand tu leur dis tout ça … I112 Ouais E113 Et qu’est-ce que ... Quel est leur air ? 130 I113 Heu, bah, plutôt heu … Quand on voit pas le visage, c’est pas évident ! E114 Donc tu as dû parler de plusieurs gâteaux, deux, trois … ? I114 Bah, trois E115 Trois. Et après, ils se sont décidés rapidement, ils hésitaient ? I115 Ils se sont parlés entre eux, ça je m’en souviens, ils parlent entre eux et …après ben ils ont décidé mais bon pendant ce temps là, nous en fait, on est en face puis bon, si jamais y’a un truc qu’ils disent qu’est pas vraiment vrai par exemple sur un gâteau, ou … E116 Dans leurs propos, quand ils hésitent, tu, tu interviens ... I116 Ouais, par exemple : « celui là ça doit être écœurant le chocolat », là on dit « oui, mais avec la crème anglaise, ça … » E117 D’accord, et comment tu sais quoi dire toi dans ces cas là ? I117 Bah parce que la plupart des gâteaux, j’en ai mangé E118 D’accord, donc c’est vraiment heu, ton expérience personnelle ! C’est pas quelque chose que tu as appris ? I118 Non E119 Est-ce que tu observes tes collègues qui font la même chose, aussi ? I119 Ouais, avant de , avant de servir vraiment les clients, j’étais à côté, puis je regardais, quoi E120 Hum, t’as passé combien de temps à regarder, comme ça ? I120 Oh, à peu près, même pas un mois, quoi E121 D’accord, et donc, quand t’étais en observation, tu enregistrais un peu les … ? I121 Oui E122 … Les manières de faire. Ca t’aide, ça ? I122 Oh, bah oui, parce qu’après vous savez déjà dire à peu près ce qui faut et … E123 OK, donc finalement, ils se décident pour le Saint Honoré. Ca prend combien de temps, ça, à peu près ? I123 Ca, bah, ça dépend du client, en fait E124 Sur ces clients là I124 Sur ces clients là, j’ai dû mettre à peu près ¼ d’h … E125 D’accord, donc tu étais en train de faire ta mise en rayons, y’a ces gens là qui arrivent, alors ça dure ¼ d’h, est-ce qu’il y a d’autres clients qui rentrent pendant ce temps là ? I125 Ah bah oui ! E126 Et c’est quelqu’un d’autre qui les sert ? I126 Oui, c’est ma collègue qui les sert E127 D’accord. Et la mise en rayon, pendant ce temps là, elle se fait pas I127 Elle est suspendue E128 T’y pense à ça ? I128 Ah, bah oui hein ! E129 Oui, parce que c’est un peu speed, le matin ? I129 Oui, le matin, quand on met en rayons, on est obligé de speeder pour pouvoir servir les clients plus vite, que les clients voient tout ce qu’il y a en rayons. Si ils voient pas, ils demandent pas. E130 Oui, donc là, ils choisissent le Saint Honoré, comment ça se passe après ? I130 Bah, après, on leur demande si c’est pour un anniversaire … Parce que on met une plaque « joyeux anniversaire » puis on offre les bougies avec E131 Oui, d’accord I131 Là, ils avaient pas pris … E132 C’était pas pour un anniversaire I132 Ils ont juste demandé les bougies parce que c’était un, un anniversaire mais pas un anniversaire ... c’était un anniversaire de mariage E133 D’accord, pas la plaque mais I133 Ils demandé le bougies, ça faisait ... Vingt et un ! Donc, on va chercher les bougies, on les met dans la boîte avec le gâteau et après on met un bolduc autour E134 D’accord; A ce moment là ? I134 Bah, a ce moment là, je suis gêné parce que je suis tellement concentré sur, dans le bolduc que je suis en train de faire que, que vous dites rien au client … E135 Oui, et tu es gêné en général ou tu es gêné à ce moment là seulement , I135 C’est en général. Oui, parce que, en fait, comme j’aime bien regarder les gens quand je leur parle, alors je les regarde pas parce que je suis en train de regarder ce que je fais E136 Est-ce que ça dure longtemps ? I136 Non, ça dure même pas trente secondes E137 Et heu, t’aimerais bien améliorer ça, t’aimerais bien être capable de … I137 Pde pouvoir parler aux gens en les regardant et faire mon truc en même temps E138 Et, je sais pas, est-ce que tu leur jettes un coup d’œil quand même ? I138 Ouais, de temps en temps oui E139 Et ils te regardent eux ? ce jour là, ils te regardent ? I139 En général, ils regardent ce que je suis en train de faire, oui, ils voient 131 E140 Oui, c’est encore plus gênant I140 Oui ! C’est stressant, en fait, parce que vous vous dites, si jamais heu, je fais une connerie, ils le voient tout de suite E141 oui, et ce serait vraiment embêtant à ce moment là, toi, tu y mets beaucoup de soin ? I141 Ah, bah, oui, j’aime bien que ça soit bien fait E142 Oui, on t’a appris ça aussi à le faire, y’a une technique ? I142 Oui, ça on m’a appris. En fait, on m’a appris deux techniques mais la deuxième technique, j’y arrive pas, alors … en fait, si vous voulez, au début que j’ai appris, on m’a montré une technique, j’y arrivais pas, du coup, on m’a montré une autre façon de faire E143 D’accord, qu’ils utilisent aussi ? I143 Ouais, mais ma collègue, elle fait pas la même E144 D’accord. Et ... ta collègue, elle arrive à parler aux clients en même temps qu’elle fait ses paquets ou pas ? I144 Ben, ma collègue, elle est en train de faire, elle jette un coup d’œil, elle parle, puis hop, elle rebaisse tout de suite, donc E145 D’accord, donc tu te rends compte que c’est quand même quelque chose de difficile même pour ta collègue. Enfin, ta collègue, ça fait combien de temps qu’elle fait ce métier là, elle ? I145 Bah, ça fait cinq ans, voire six ans E146 Donc, c’est un point sur lequel … I146 Oui, parce qu’en fait, on a deux sortes d’emballage : Quand le client il prend des pâtisseries individuelles, on met ça dans une petite boîte sans couvercle et en fait, c’est du papier qu’on met autour et ça, c’est rapide E147 Oui. Et c’est facile à faire ? I147 Ah, oui ! Vous pliez le dessus du papier en fait, après vous repliez carrément sur la boîte, vous appuyez des deux côtés de la boîte, vous repliez et puis hop, vous remettez en dessous (gestes). Ca c’est facile. E148 Hum I148 Parce que là, on peut pas faire d’erreur. Parce que le bolduc en fait, si vous voulez, vous passez en dessous la boîte, vous faites tourner la boîte, vous remettez en dessous et après heu… E149 Alors, attends, tu passes en dessous, vas-y, depuis le début ! I149 Comment vous dire ? Ah, je vais sortir ma trousse, ce sera plus facile ! Ah, ça tombe bien, j’ai mon chargeur (fil), en plus ! E150 Je croyais que tu avais un gâteau ! I150 Je vais vous montrer en même temps, avec le chargeur, ce que ça va donner E151 Allez, c’est moi qui apprend I151 Oui, parce qu’en fait, c’est pas facile à expliquer, c’est plus facile à montrer, quand on a appris E152 Et toi, on t’a appris, on t’a montré, justement ? I152 Oui, on m’a montré. Oui, parce que c’est pas évident à dire « après faut que tu repasses là … ». On va y arriver (gestes avec la trousse/boîte et le chargeur/bolduc). E153 Alors, est-ce que tu vas réussir à me parler en même temps ? I153 Alors, on fait comme ça, on fait, voilà, il faut remonter le truc, faut tourner le gâteau, faut repasser comme ça, hop, vous repassez encore une fois sous le gâteau, voilà, et après faut que vous repassiez le fil là, en dessous carrément là, alors c’est pas évident quand c’est du bolduc … E154 Que ce soit bien serré I154 Oui, que ça reste serré, c’est ça le pire. Voilà, après vous faites … Toujours que ce soit serré, bon, c’est pas évident. Et après vous refaites un nœud là et vous refaites un nœud avec les boucles. E155 D’accord, oui I155 Faut vraiment bien être dans le truc, sinon à chaque fois vous vous trompez, quoi E156 Puis y’a des boîtes sur lesquelles c’est plus difficile ou …? I156 Les boîtes plates ! Parce qu’on a pas trop l’habitude, en général, les clients ils prennent plutôt des gâteaux assez hauts. Donc c’est moins évident, sur les boîtes plates, en plus l’habitude … E157 Pour les tartes … I157 Ou les petites pâtisseries individuelles mais qui sont plates, les tartelettes, les trucs comme ça. E158 OK, donc effectivement, c’est difficile de regarder les gens en faisant ça I158 Ah oui, oui, c’est … E159 Mais donc ça te gêne ? I159 Ah, oui! E160 Et tu as cherché à améliorer ? I160 Oui, je cherche, mais bon, je regarde pas le client quand je lui parle alors heu , c’est gênant E161 Mais quelque part, de toute façon, il est en train de regarder ce que tu fais. Donc ça peut être un moment de communication où les gens se regardent pas dans les yeux, donc c’est peut-être pas si gênant que ça ! I161 Ben, pour moi, si mais sinon pour eux ça doit pas être, ça doit pas être … très gênant pour eux, quoi. E162 Alors, le Saint Honoré est emballé I162 Alors le Saint Honoré est emballé, après je tape sur la caisse E163 Je croyais que la petite fille voulait des bonbons ? 132 I163 Oui, mais je tape déjà sur la caisse pour heu …Parce que sinon, après je me perds et heu, par exemple quand y’a des clients qui nous demandent cinquante trucs, je tape au fur et à mesure E164 C’est ce que font tes collègues aussi ou ... ? I164 Bah, ça dépend des fois parce que des fois elles arrivent à retenir, pis quand le client il prend encore plus de trucs et ben là elles tapent. E165 D’accord I165 Alors, je tape sur la caisse, puis là, la petite fille elle me dit heu, elle dit à sa mère : « maman, je peux avoir des bonbons ? » et puis elle fait alors : « mettez-lui des bonbons avec ». Alors, je l’invite à aller sur le côté pour me dire ce qu’elle veut et en quelle quantité quoi. Là, je l’ai servie et puis … E166 Elle en voulait beaucoup ? I166 Non, elle en a pris pour même pas un euro, elle a pris 70 centimes, je crois E167 C’est raisonnable I167 Oui, les bonbons ils font 5 centimes alors ça va vite E168 Et ensuite ? I168 Et je tape les 70 centimes sur la caisse, par contre, je me souviens plus du total. Après les clients ils me proposent la carte bleue mais on prenait pas la carte bleue. Je fais : « je suis désolée mais on ne prend pas, on n’accepte pas les cartes bleues », je propose de payer par chèque ou espèces sinon on leur dit d’aller au distributeur qu’il y a un peu plus loin E169 C’est fréquent ça j’imagine que les gens veuillent payer par carte I169 Oui, alors en général, ils payent par chèque E170 Quand il te sortent la carte, tu penses quoi, toi ? I170 Quand ils sortent la carte, bah c’est automatique, on leur dit direct, comme ça si jamais heu … Par exemple, quand on est en train de les servir et pis que ils ont la carte dans la main, on leur dit : “par contre on prend pas la carte” E171 D’accord I171 Comme ça, en fait on anticipe le, la chose, quoi. Comme ça quand on est en train d’emballer, ils peuvent aller retirer l’argent ou … E172 OK I172 Là, ils sortent le chéquier, ils m’ont demandé un stylo, puis ben après on leur conseille de le laisser bien au frais, de le sortir au dernier moment. E173 Donc, ça c’est ce que tu fais en dernier, avant de leur dire au revoir I173 Oui, avant de leur dire au revoir E174 Comment tu sais qu’il faut faire ça, finalement ? I174 C’est, ah y’a l’expérience, du moins personnelle et puis ... E175 Mais, pardon, elle te vient d’où cette expérience personnelle ? I175 Ben du magasin justement, parce qu’à chaque fois, j’ai pris à chaque fois des … j’ai pris toutes les sortes de gâteau pratiquement, à part le succès … E176 Ah, tu me dis que toi tu as goûté tous les gâteaux et que c’est pour ça que tu sais ! Ca, c’est vraiment de la conscience professionnelle ! I176 Ah, oui, oui ! E177 Et donc tu sais qu’il faut les mettre au frais, c’est pas tes collègues ou ton patron qui t’ont dit de… ? I177 Non, à part heu, heu, deux gâteaux que j’ai jamais goûté : C’est le Succès et le Moka E178 Ca te dit rien ? I178 Non, c’est pas, c’est crème au beurre … et pis meringue et crème au beurre : aah ! Ca doit être bien lourd ! E179 C’est quoi ce que tu préfères ? I179 Mon gâteau préféré, c’est le Fruits d’été et le Manjari E180 Ah, justement ! I180 Justement ! E181 Et tu n’arrives pas à te souvenir ! I181 Non ! E182 Ah, c’est fou, ça ! I182 Le Mogador est pas mal non plus, c’est d’ailleurs ce que j’ai pris pour l’examen E183 Oui, tu as déjà choisi ? I183 Oui, on a choisi ça en milieu d’année avec madame B. (formatrice) ; on a fait les fiches produits … E184 Alors le Mogador, justement ? I184 Génoise nature, ganache chocolat et des framboises E185 D’accord I185 En fait, c’est fort en chocolat mais avec les, les framboises, ça coupe le sucre du chocolat E186 Oui, l’intensité du chocolat I186 oui, et ça faut le sortir ¼ h à l’avance pour que la ganache elle soit un peu plus, un peu plus molle. E187 D’accord. Mais je suis surprise que ça on te l’ai pas appris heu, heu chez ton employeur. I187 Ah, on me l’a dit, si mais heu, mais après quand on a goûté à tous les gâteaux, on sait encore mieux conseiller E188 D’accord, c’est important ça. T’aimes bien conseiller ? 133 I188 Oui, je préfère conseiller que, qu’encaisser ou des trucs comme ça. C’est le principe de la vente, c’est ça E189 Bien sûr, oui. Oui, c’est vrai que c’est intéressant de conseiller sur des gâteaux …puisque le choix à l’air assez large I189 Après on demande si y’a plus d’enfants que …que d’adultes E190 Pour conseiller sur le nombre de parts etc I190 Oui, sur le nombre de parts et puis suivant les enfants, en général les enfants aiment le chocolat, donc, en général on propose plus du chocolat que … E191 Donc, tu as des règles d’action, comme ça on pourrait dire ? Quand les gens hésitent tu sais plutôt vers quoi les orienter … I191 Ouais, par exemple si c’est pour, heu, juste un anniversaire ou si c’est à la fin du repas, on propose plutôt un gâteau léger … E192 Hum . Alors, on en était à cette petite famille qui vient de payer par chèque, tu as donné ton conseil et puis ça se termine … I192 On souhaite une bonne journée et puis on leur dit au revoir. E193 OK, et ensuite tu repars faire ... I193 Ensuite on repart mettre en rayons E194 Et donc tu as pu la finir tranquille la mise en rayons ou tu t’es encore … ? I194 Non, parce que en général, quand je suis bien en retard dans le truc, c’est ma collègue qui reprend après. E195 D’accord, OK. Alors, peut-être des questions plus générales maintenant. Donc, tu m’as montré que tu avais appris heu, en fait sur le tas si on veut : en observant les collègues, avec ton expérience personnelle, quand tu goûtes les gâteaux … Que tu fais beaucoup d’efforts pour goûter tous les gâteaux I195 Dès qu’on a un nouveau gâteau, on le goûte, de toutes façons E196 D’accord, donc ça permet ça de pouvoir conseiller. Et puis le CFA dans tout ça, est-ce que, est-ce que ça t’apporte quelque chose dans ta pratique ? I196 Oui, parce que j’apprends des trucs que je fais pas, pas spécialement au boulot, donc ... E197 Comme quoi ? I197 Bah, je sais pas ... Si la reformulation je la fais toute de suite … E198 Mais c’est le CFA qui t’apprends que ça s’appelle la reformulation I198 Oui E199 C’est utile, ça ? De savoir comment ça s’appelle ? I199 Heu, utile pas vraiment, de savoir comment ça s’appelle. Mais c’est vraiment utile parce que des fois on comprend pas vraiment alors on redit, on redit en fait ce que l’on a compris et c’est là que le client nous dit : « non, j’ai demandé ça » E200 Et donc ça, tu l’as vu plus spécifiquement au CFA … Est-ce que tu l’avais observe chez tes collègues ? Est-ce que tu avais essayé de la faire, toi, naturellement ? I200 Alors ça, je l’ai fait bien avant pendant que je faisais des stages… Donc ça, j’ai observé des, des maîtres de stage le faire E201 Oui, tu te souviens ? I201 Oui, j’ai appris ça au … parce qu’en fait, j’avais fait un stage au café de V. et c’est là-bas que j’ai appris à faire ça, parce que je voyais les autres faire E202 D’accord, et donc quant tu es arrivé au CFA et que tu as eu un cours sur ça, tu t’es dit : « ah, oui » I202 Bah la reformulation, ça m’a tout de suite dit ce que c’était quoi E203 Et tu as vu que l’intérêt il était général, que c’était pas juste toi … OK, y’a d’autres choses encore au CFA comme ça ? I203 Heu, la réponse aux objections du client E204 Oui I204 C’est ce que je vous disais tout à l’heure : « c’est trop chocolaté » ou des trucs comme ça … E205 Et donc pour répondre aux objections, tu t’appuies sur ta propre expérience, le fait que tu connaisses les gâteaux I205 Oui E206 Tu penses que tu as évolué dans la réponse aux objections depuis que tu travailles ? I206 Oui, parce qu’avant, je demandais conseil à ma collègue, je lui disais, ça qu’est-ce qui fait que, qu’on peut couper, par exemple, le sucre du gâteau … En fait, je disais pas ça en face des clients, je demandais après E207 Voilà, tu étais pas complètement autonome, tu prenais le renseignement pour t’améliorer, OK. Je te remercie ! 134 Entretien d’explicitation V3 (Entretien n°3, Vente) E1 Pour essayer de trouver une situation, on va peut être partir du plus large pour arriver au plus précis : est-ce qu’il y a des moments dans la semaine qui sont plus difficiles à gérer ou plus compliqués pour toi ? I1 Ben toutes les périodes de fête, mais sinon après, le reste du temps c’est calme E2 Le reste du temps c’est calme, donc, j’sais pas si toi tu, tu peux, tu pourrais me parler d’une période comme ça, un peu agitée où il y a eu du monde, ou ça t’a demandé plus de … I2 Ouais … E3 Mais il faut que tu l’aies encore en tête un peu ou … I3 Ah, bah, la période dernière … Bah c’était à Noël E4 Oui, à Noël, ça remonte ! I4 Oui, ça remonte un petit peu ; oui, à Noël, les gens ils s’agglutinent devant le rayon quoi, pis ben … faut, faut enchaîner pour pas que ils attendent trop longtemps parce que sinon … Y’a le patron qu’est là E5 Ah oui, donc y’a le regard extérieur I5 Oui, ah bah oui, il est quand même là hein E6 Oui. Alors … Voilà : on est a Noël, tu te souviens les produits que tu as, là, dans ton rayon ? Les gens commencent à arriver, comment tu, comment tu t’y prends ? I6 Comment je les reçois ? E7 Oui, voilà ! Tu te repasses le film et puis tu me montres I7 Je dis « bonjour », je dis « qu’est-ce qu’il vous fallait ? », ils disent ce qu’ils veulent, tout ça … Et ben moi je les sers et pis je leur dis « ben merci et au revoir ». Pis après j’enchaîne, bah les autres clients pareil, en fait E8 D’accord, alors là, ça I8 C’est répétitif, en fait E9 C’est répétitif. Tu dois te dépêcher ? I9 Oui E10 Effectivement. Alors à quoi tu fais attention ? I10 A quoi je fais attention (rire) ? E11 C’est sûr que tu fais attention à des choses I11 Bah, c'est-à-dire que je fais attention à quoi … Bah, heu … E12 La personne arrive, qu’est-ce que, est-ce que tu fais attention à la personne qui …qui arrive, comment elle est … ? I12 Ah bah oui, je la regarde quand même ! Après je lui dis bonjour, tout ça, je regarde sur quel ton elle me parle aussi parce que ça heu E13 Ouais I13 Y’a des gens des fois ils sont pas très agréables E14 Hum I14 Y’en a qui disent pas bonjour, aussi E15 Hum, quand ils disent pas bonjour, tu penses quoi toi ? I15 Ah bah moi et mes collègues, on a toujours dit : « quant ils disent pas bonjour, tu leur dis BONjour, comme ça, pour qu’ils comprennent bien que y’a quand même heu … E16 La politesse I16 Oui, la politesse E17 Bien sûr I17 Sinon, ben, ça doit être tout E18 Donc, ça veut dire qu’il y a deux, deux types de … Y’a ceux qui disent bonjour et ceux qui disent pas bonjour … I18 Wah y’en a plein hein. Y’a ceux qui sont agréables, y’a ceux qui sont désagréables, y’en a qui vont causer avec vous pendant, pendant deux heures ! E19 Hum, hum I19 Y’en a c’est je veux ça, je veux ci après au revoir-merci mais après y’a plein de types de clients quoi, c’est, c’est varié E20 Alors ouais, qu’est ce qu’il y a comme … I20 Les jeunes et les moins jeunes … E21 ça, tu fais attention à ça ? I21 Les jeunes va y’en avoir très peu, les jeunes-jeunes. Après y’en a plus qui viennent, ceux qui sont dans la quarante, cinquantaine pis tous ceux qui sont après E22 Et ils réagissent pas de la même manière, ils ont pas les mêmes habitudes … I22 Non, pas du tout E23 Alors c’est quoi les habitudes ? 135 I23 Bah, y’en a qu’ont leurs habitudes, qui prennent toujours les mêmes choses pis y’en a y vont venir, ils prendront jamais les mêmes choses … ça dépend, en fait E24 Alors est-ce que justement, puisqu’il y a des gens qui ont des habitudes, donc des gens qui viennent souvent, est-ce que tu peux avoir en tête, là comme ça, est-ce que tu peux imaginer le visage de gens qui viennent assez souvent ? Des gens que tu vois souvent, des clients réguliers ? I24 Oui, ben oui E25 Et est-ce que justement on pourrait parler, prendre ça justement comme situation ? Des gens … Tu identifies bien la personne, à la limite tu peux être capable de me la décrire, que moi aussi je la vois. I25 Oui E26 Et puis, tu me décris tout ce que tu fais avec heu cette personne : de la phase d’accueil jusqu’à la conclusion et le au revoir I26 En fait, je dois vous dire tout ce que … E27 Ouais, ouais, ça peut sembler heu, un peu bizarre, mais voilà ! c’est pour que je vois vraiment tout le déroulement. I27 La personne elle arrive … E28 Alors cette personne, c’est qui ? Pas une personne en général, une personne PRECISE I28 Ben c’est un homme … entre … quel âge y peut ? Cinquante et soixante ans … E29 A quoi tu vois qu’il a cinquante ou soixante ans ? I29 Bah, ça se voit physiquement, c’est les traits de son visage, tout ça … La manière de s’habiller, tout ça ça se voit E30 Hum I30 Donc il arrive, il dit « bonjour » puis je lui demande ce qu’il veut, comme d’habitude. Il me dit … C’est quoi qu’il prend, lui d’habitude ? Généralement il prend pas grand-chose parce que, parce que ça coûte cher donc il prend pas grand chose E31 D’accord I31 Alors lui il me demande à chaque fois ses deux tranches de jambon, comme d’habitude … E32 Hum I32 Et pis, je le sers, je vais taper à la machine son produit E33 Alors quand tu le sers, comment ça se passe, comment tu … ? I33 Ben, je prends le jambon, je le mets dans la machine, je le coupe, je remets le jambon, je …prends les deux tranches de jambon, je les enveloppe, après je les mets sur la balance, je tape le prix au kg, pour avoir le prix, je les emballe dans un sac plastique et pis après je lui donne, je le remercie, pis je lui dis au revoir pis il me dit au revoir aussi E34 D’accord ! Là c’est quelqu’un qui vient souvent ? I34 Ouais E35 Et donc, tu bavardes pas plus avec lui ? I54 Non, non, je bavarde pas trop avec les clients en général, ça reste toujours heu E36 Parce que t’as pas le temps ou parce que c’est pas ton, c’est pas ton style ? I36 Discuter avec des gens que je connais pas de trop, c’est pas trop … non, je vois pas trop l’intérêt, en fait ! E37 Hum. Tes collègues, elles le fond, de discuter ? I37 Oui, oui, bah oui ! Des fois c’est une demie heure même ! E38 Ah oui. Parce que c’est des gens qu’elles connaissent ? I38 Oui, alors généralement ça dure longtemps et nous en attendant, on est obligées de servir à leur place E39 D’accord. Vous êtes combien à servir ? I39 Heu … Tous les jours, on est deux. E40 Deux en permanence ? I40 Deux pour trois rayons E41 Ah oui. Quand tu dis trois rayons ? I41 Ben c’est poisson, fromage et charcuterie E42 D’accord, et donc toi tu peux être sur ces trois rayons là finalement ? I42 Oui E43 Et c’est différent pour toi de servir … ? I43 Le poisson, généralement, le soir quand on rentre … E44 Ouais, c’est pas, ça te plaît pas trop ? I44 Non ! E45 Donc, tu es mieux dans lequel, dans quel rayon ? I45 Ben, je préfère le fromage et la charcuterie parce que au moins, on sent rien … E46 Et, est-ce que tu es amenée heu à conseiller les clients un petit peu justement sur les fromages, la charcuterie ? I46 Oui des fois ils nous demandent « qu’est-ce que je pourrais mettre pour faire un buffet ? », alors nous on leur propose des, des, des feuilles qu’on a fait nous même … E47 D’accord, tu as un support … I47 Oui, avec le prix des buffets, ce qu’il y a dedans E48 Hum, donc pour leur vendre le buffet complet I48 Voilà 136 E49 Et donc tu dis, c’est toi, enfin c’est vous qui avez fait le papier et les propositions I49 Ouais E50 Et alors comment vous avez fait ça ? I50 Ah ça après, je sais pas du tout parce que moi quand je suis arrivée, c’était déjà fait E51 Oui, alors « nous », c’est le magasin I51 Ouais, voilà, quand je suis arrivée, c’était déjà comme ça donc … E52 Et vous êtes incités justement à vendre ce genre de prestations, parce que j’imagine que c’est intéressant ? I52 Non, c’est après si les clients en veulent, c’est pas une obligation E53 D’accord I53 Toi tu aimes bien quand y’a des choses justement qui sortent un peu de l’ordinaire ? E54 Ah bah ouais, quand les gens demandent des buffets, des choses comme ça, ça change un peu …Parce que bon tout le temps faire la même chose … Bah de toutes façons, tous les jours c’est la même chose hein ! I54 Oui E55 Mais sinon, y’a des conseils qu’on vous demande aussi sur … sur heu, peut-être pas la cuisson sur la charcuterie mais sur … I55 Des fois ils nous demandent « ben, vos fromages, qu’est-ce que je pourrais mettre comme fromage … pour mon plateau ? ».Sinon en ce moment … E56 Et ça, tu sais y répondre, à la personne qui te demande … ? I56 En général, généralement c’est toujours les mêmes assortiments donc après heu … E57 Et les assortiments tu les connais comment ? I57 … E58 Toi, au départ ? I58 Bah … Je les connais heu , on va dire heu, comment dire ça ? E59 Comment t’as appris ça ? I59 … Heu, parce que, comment ? Généralement chez soi ou chez les autres, on voit toujours …C’est toujours les mêmes fromages on va dire E60 D’accord, donc en fait tu te bases sur ton habitude, c’est pas, t’as pas appris … ? I60 Non, j’ai pas appris vraiment … E61 Ni ici au CFA, ni en arrivant ? I61 Non. Non, généralement les gens y prennent un peu tout le temps les mêmes trucs donc … On sait à peu près quoi E62 d’accord, et des fois, t’aimerais pas avoir … Est-ce que tu as l’impression d’avoir assez de connaissances, finalement, pour servir les gens ? I62 Pas tout à fait, pas encore assez. Y’a des ( ?) des fois, je saurais pas les renseigner. Parce que des fois quand ils me demandent heu, par exemple pour les buffets : « si on remplace ça par ça, combien ça va me coûter ? » en fait E63 D’accord I63 Si ils disent ça en fait, après faudra voir avec la responsable mais moi je pourrai pas savoir E64 Oui, y’a des questions financières I64 Tout ce qui est comme ça, moi je pourrais pas savoir E65 Et tu aimerais bien pouvoir répondre à toutes les questions toi ? I65 Bah oui, ce serait plus pratique E66 Oui, et au fil des deux ans, y’a pas eu une évolution quand même ? I66 Ben non parce que ils nous fond faire tout le temps les même trucs et pis bah du coup E67 D’accord I67 C’est comme j’ai jamais d’après-midi parce que elle a jamais voulu me faire monter le rayon poisson le matin parce que le matin faut monter le rayon poisson … Ca elle a peur que j’y arrive pas ou quoi que ce soit mais j’ai jamais fait donc …je sais pas quoi E68 Oui, faudrait au moins le faire I68 Alors que je pourrais savoir le faire E69 Et tu n’as pas les arguments pour, pour justement lui dire, lui prouver que tu peux le, que tu peux le faire ? I69 Bah, j’ai déjà essayé mais … ça a jamais marché. Pourtant y’a rien, y’a rien de compliqué à mettre de la glace, à faire des trous, à mettre les poissons dedans … E70 Tu as eu le temps d’observer en plus I70 Ah oui, je sais comment qu’on fait mais non, ils, ils veulent pas E71 Oui, c’est les règles là-bas, c’est les règles I71 C’est comme ça E72 Et heu au niveau du, du CFA, est-ce que t’as l’impression qu’il y a des choses qui te servent vraiment dans ta pratique heu en entreprise, dans ce que t’apprends au CFA ? I72 … E73 Par exemple, je fais pas du contrôle là, je veux voir un peu la part … I73 Oui, oui … Ah c’est pas du tout la même chose hein. Parce que c’est pareil, en vente, on nous fait apprendre ça, ça, ça mais tout ça c’est pas appliqué en entreprise quoi E74 Alors par exemple, qu’est-ce qui n’est pas appliqué ? 137 I74 Bah, toutes les méthodes de vente …tout ce qui est comme ça, enfin tout ce qu’on apprend en vente quasiment c’est pas appliqué dans la vie réelle quoi E75 C’est pas appliqué dans ton entreprise ou en général I75 Bah après en général, je sais pas E76 Tu peux essayer de me donner un élément plus précis de quelque chose que t’as vu en cours et qu’est absolument pas appliqué. Moi je connais pas le domaine plus précisément. I76 Bah, comme je vous disais, les méthodes de vente, par exemple E77 Alors qu’est-ce que t’appelles une méthode de vente ? je joue les idiotes hein mais ! I77 Les méthodes de vente … Qu’est-ce qui y’a déjà ? Je me rappelle plus, j’sais pas, j’l’ai appris ! (rire) Je sais plus ce qui y’a comme méthode de vente … E78 Imagine, tu as Mme B en face de toi, elle est en train de te parler des méthodes de vente … I78 C’est compliqué … Parce que les profs de vente, on les écoute mais …le problème c’est que après … ça part ! E79 A aucun moment dans les cours de vente, tu te dis « ah oui, j’ai fait ça comme ça » … I79 Ben pendant les deux ans ça a été rare quand même E80 Et heu … Est-ce que dans les cours de vente, tu, vous avez l’occasion de parler de votre pratique en entreprise ? I80 Bah des fois oui, c’est pour ça que des fois, je lui ai dit à la prof, à la prof de vente, je lui ai dit « nous on fait pas du tout comme ça » quoi E81 Et alors, qu’est-ce qu’elle pense de vos méthodes, elle ? Est-ce que ça te conforte dans ton, dans ce que tu fais ou au contraire ça te fait réfléchir ? I81 Bah après elle nous dit « voilà, si vous faites pas comme ça ben après chacun a ses méthodes » E82 Oui, mais peut-être que ta méthode, elle est justifiée aussi, tu peux la justifier I82 Oui, après je sais pas si c’est vraiment aux normes tout ça donc … Après je dis rien quoi, parce que … E83 Y’a des connaissances à avoir j’imagine pour tout ce qui est alimentaire…sur l’hygiène, etc … I83 Bah oui, faut avoir, faut savoir les règles d’hygiène, comment il faut nettoyer, avec quel produit … E84 Et ça c’est en entreprise finalement que tu l’apprends ou est-ce que là pour le coup ce que tu peux faire … Tu fais de l’hygiène ici, je pense I84 Ouais, mais c’est plus en entreprise qu’on apprend E85 C’est quoi la différence entre les cours d’hygiène ici et puis l’hygiène, l’application en entreprise ? I85 … Alors l’hygiène ici, ils nous disent, on va dire, les règles de base, en général puis après, chaque entreprise a son, ses règles d’hygiène en particulier quoi E86 Hum I86 Parce que bon, nous … c’était quoi déjà, le dernier cours d’hygiène ? Oui, il parlait de l’hygiène des tables et des surfaces à trancher, tout ça : d’enlever le plus gros, de laver à l’eau froide surtout donc nous ça c’est un truc qu’on fait JAMAIS de laver à l’eau froide E87 Ah bon ? I87 Oui, c’est tout le temps à l’eau bouillante ! E88 Mais pourquoi vous le faites à l’eau bouillante vous ? I88 Bah nous parce que ça part mieux, c’est parce que ça part mieux, c’est tout hein. Bon, c’est plus en boucherie mais vu que des fois je vais les aider le soir, je me base dessus quoi E89 Oui, alors c’est une situation un peu bizarre finalement d’être heu … Au CFA on dit des choses, en entreprise t’en fait d’autres, comment, comment toi tu fais la jonction entre les deux ? I89 Généralement je le fais pas du tout ! E90 Ouais ? Alors ça doit être heu … I90 Mais j’apprends mes cours mais … Je me dis les cours c’est les cours et pis l’entreprise c’est l’entreprise quoi parce que ça n’a rien à voir E91 Et heu tu te vois faire quoi alors après le CAP ? I91 Ben, là après, je vais rien faire du tout parce que … Je vais être maman, donc je vais rien faire du tout pendant un an, le temps de l’élever E92 Félicitations ! Entretien d’explicitation C1 (Entretien n°1 Coiffure) E1 : Donc, heu, y s’agit, pour moi d’apprendre comment tu travailles. Et donc pour ça heu, je j’aimerai bien que tu décrives une situation professionnelle particulière. Puisque ce qui m’intéresse moi, c’est les métiers de la relation de service, donc la coiffure c’est bien un métier… I1 : ben oui 138 E 2 : … ou on est en relation de service avec un client, une cliente. Donc est-ce que tu peux évoquer, là dans ta tête, une… heu… une situation précise avec un client ou une cliente précise ? Retrouver une situation I 2 : Par rapport à quoi aussi ? E 3 : bah une heu on va dire… alors… comment ça ce passe pour toi, là en fin de deuxième année ? Tu fais des coupes toute seule, ou ? I 3 : ah oui, ça y est, là ouais E4 : sans problème t’es autonome, I 4 : ouais E 5 : donc peut être essaye de retrouver une cliente particulière qui t'a marqué… heu… et pour laquelle tu vas pouvoir me dire comment ça c’est passé, étape pas étape, moi je vais te poser des questions. I 5 : oui heu… ça y est c’est bon E 6 : oui t’en as une ? I 6 : oui E 7 : OK, bon, impeccable, donc je vais te demander d’évoquer cette situation, de te remettre dans la situation pour pouvoir m’en parler et me la décrire. Alors comment ça se passe heu au début ? Si on reprend vraiment le le tout début ? I 7 : Bon ben elle arrive, donc heu je prends son nom pour regarder dans le carnet de rendez- vous, donc je vois que c’est avec moi, donc c’est une couleur, je l’installe, je lui mets le peignoir et tout… E 8 : Alors je te fais ralentir tout de suite, si ça te dérange pas, alors quand elle arrive, comment ça se passe ? Qu’est ce que tu vois, qu’est-ce que tu dis ? heu on va rentrer vraiment dans le… I 8 : Ben « Bonjour Madame », heu « Vous avez rendez vous ?», donc elle me dit oui. J’dis… ben je vais prendre votre nom, donc elle va prendre heu donc j’vais prendre son nom, hop j’regarde sur le carnet, j’la barre …après je l’installe devant …puis ben communique avec elle, je lui demande ce qu’elle veut ce qu’elle recherche dans la couleur, si c’est la brillance si c’est … E 9 : Alors quand tu dis tu l’installes « devant » c'est-à-dire… I 9 : ah c’est heu, au coiffage E 10 : Au coiffage, d’accord …OK I 11 : Donc heu je lui demande ce qu’elle veux et tout, si elle recherche de la brillance, heu…si c’est une autre couleur, si elle veux vraiment changer, après je vais lui chercher le nuancier, le nuancier de couleurs E 12 : d’accord donc là cette personne là c’était pour une couleur, donc ! I 12 : Oui c’était pour une couleur et après coupe brushing E 13 : D’accord I 13 : Et heu, donc j’ai pris donc heu… on regarde la couleur ensemble, elle me dit ce qu’elle veut donc je vais préparer la couleur E 14 : Alors heu, moi il faut que je me représente bien la situation, alors est-ce que c’était le matin ? Est ce que c’était l’après midi ? Elle était comment cette dame ? I 14 : C’était l’après midi, donc elle était, ben, c’est une maîtresse… justement…haha, elle avait les cheveux milong E 15 : D’accord I 15 : Heu elle avait une couleur heu ... ce devait être du châtain, et puis voilà E 16 : Oui, c’est quelqu’un que tu connaissais déjà ? I 16 : Non, c'est à dire, non pas du tout E 17 : Non I 17 : Non, elle avait pris rendez vous par téléphone E 18 : Tu travailles où déjà, toi? E 19 : A S, d’accord I 19 : Heu ben après j’ai préparé la couleur, je l’ai habillé, donc j’ai mis une heu... E 20 : Alors comment elle a… elle a eu du mal a la choisir sa couleur, elle c’est décidée tout de suite ? I 20 : Non elle savait à peu près ce qu’elle voulait, E 21 : Elle savait tout de suite? I 21 : Elle savait, elle savait à peu près ce qu’elle voulait, parce que en fait elle l’avait déjà fait, elle avait déjà fait une couleur chez nous il y a quelques années, et nous on enregistre toutes les fiches des clients sur l’ordinateur. Et donc je lui ai ressortie, je lui ai montré et elle a réfléchi, elle a regardé les autres couleurs et en fait du coup elle a pris la couleur heu… E 22 … Qu’elle avait déjà faite I 22 : Oui E 23 : Et alors c’était qu’elle couleur ? I 23 : C’était du 5 - 12 E 24 : Ah du 5 - 12 I 24 : Oui E 25 : Alors ... je ne sais pas ce que c’est le 5 -12 I 25 : Alors heu, châtain heu, cendré heu, irisé 139 E 26 : Châtain cendré…Alors comment tu fais là pour… avec ces codes ? 5 - 12 ça veut dire quoi ? I 26 : En fait parce que on a des… on a des…alors le premier numéro donc le 5 c’est tout ce qui est blond heu châtain heu, en fait c’est rangé dans l’ordre. … et tout ce qui est après le 15, 25 en fait, on a le numéro, après on a une virgule et après on a … on peut avoir des autres chiffres et en fait après la virgule c’est les reflets E 27 : D'accord, tu les connais tous ces reflets, par cœur ? I 27 : Oui, mais par contre comme ça j’ai un petit peu du mal en fait de dire… E : 28 : Ah comment ça se fait ? I 28 : Ben j’sais pas, parce que en fait il faut que j’écrive à chaque fois, quand j’écris après… E 29 : Alors et là, c’est ce que tu as fait avec cette cliente là ? I 29 : Non, ben non parce que sur le nuancier en fait c’est marqué, quand on soulève la petite mèche, c’est marqué ce que c’est. E 30 : D’accord. Mais alors donc ce qui est marqué c’est juste la couleur principale et après ton reflet c’est sur une autre ? I 30 : Non c’est tout l’un derrière l’autre en fait, c’est en dessous de la mèche c’est marqué par exemple « cuivré »… E 31 : T’as mis du temps à apprendre tous ces codes là ? tous ces numéros ? I 31 : Ben quand même oui, mais à force d’être dedans vu que je fais tout le temps des couleurs, c’est vrai que ça rentre plus facilement quand même E 32 : D’accord, là ça fait combien de temps que tu les sais bien ces …? I 32 : ça va faire un an, normalement E 33 : Donc tu as mis une année I 33 : Ouais E 34 : D’accord. Donc la cliente est installée, elle a d’abord choisi sa couleur heu…est-ce que toi t’as été amenée à la conseiller ? Alors comment, qu’est-ce que tu as dis ? I 34 : Oui, ben donc comme je vous ai dit, je lui ai demandé ce qu’elle voulait et tout, après suivant ce qu’elle m’a dit moi je lui ai montré ce que je pensai et ce qui lui irait bien aussi E 35 : D’accord, alors qu’est ce qu’elle t’a dit ? I 35 : Ben qu’elle voulait un peu près le même genre de couleur qu’elle avait, mais avec un petit peu plus de reflets en fait. Donc moi je lui ai montré ce qui me semblait bien pour la cliente et après elle m’a dit : « ben je vais repartir sur ma couleur d’ il y a quelques années » en fait . E 36 : D’accord, donc toi ça te semblait bien donc I 36 : Oui E 37 : Donc c’est parti comme ça. OK. Alors heu ... étape suivante : une fois que la couleur est choisie I 37 : Ben je vais la préparer, on a un laboratoire. Donc j’ai été lui préparer. E 38 : Alors il est où ce… laboratoire ? Qu’est… I 38 : C’est en fait, c’est pour pas que les clientes voient qu’on…ce qu’on prépare en fait parce que c’est pas trop … y voient après ce qu’on prépare, quoi…l'ammoniac et tout, y s’aiment pas de trop de trop. Donc on prépare et y nous voient pas. Donc après j’ai été cherché une tablette, je l’ai habillée, donc j’lui ai mis la serviette et tout, j’lui ai mis du cello pour pas qu’elle soit tâchée et heu après j’ai commencé à lui appliquer la couleur. E 39 : OK, alors, je reviens, je suis un petit peu lente, heu sur le laboratoire, heu comment tu sais que la cliente elle aime pas heu voir les produits etc ? I 39 : Ben, y en a beaucoup qui nous disent ben « c’est avec ammoniaque ? », « c’est sans ammoniac ? » E 40 : D’accord, donc c’est les clients, tu te fies à ce que les clients heu ... disent ? I 40 : Puis même, c’est mieux quand même de pas ... E 41 : Alors, mais, qu’est ce qui te permet de dire que c’est mieux de pas ? I 41 : Ben, j’sais pas, parce qu’y voient comment qu’on fait, après c’est vrai que des fois après on se dit ben, j’ai peur que, on a peur que après les clientes disent « bon ben je vais pas en faire parce que si … » E 42 : Parce que alors, c’est comment ce que tu prépares…qu’est qui…qu’est qui peut faire peur à la cliente ? I 42 : Ben en fait là ça va, parce que on a des produits, une nouvelle couleur qui vient de sortir, donc qui est sans ammoniac, donc la couleur là ça fait… mais quand on prépare la, comment…le produit à contraste, à mèches, ça a une odeur vraiment forte, ou des fois on se dit ça peut beaucoup abîmer le cheveu… E 43 : La cliente peut ce dire ça, et en réalité ça abîme le cheveu ? I 43 : Oui quand même, y faut pas en faire trop souvent quand même E 44 : D’accord heu donc toi …(I : là)…vas-y... 140 I 44 : Là on a une nouvelle couleur qu’est sans ammoniac donc elle abîme pas du tout le cheveu en fait, c’est avec du gel et heu donc elle est très très bien quoi. Donc même les clientes y préfèrent la couleur là qui est sans ammoniac, y voient la différence. E 45 : D'accord, et cette cliente là elle s’inquiétait un peu, elle a posé des questions sur... justement ? Y'avait pas de …? I 45 : Non, mais moi je lui ai proposé la couleur sans ammoniac, je lui ai dit que c’était une nouvelle couleur, heu comment, elle piquait pas le cuir chevelu. Alors que les couleurs d’avant des fois ça pouvait, on pouvait avoir des démangeaisons, qu’elle avait un petit peu plus de brillance heu et elle tenait mieux quand même. E 46 : Et elle tient bien la … I 46 : Oui elle tient bien E 47 : Et alors, elle a quand même choisi celle avec ammoniaque, et pour qu’elles raisons ? I 47 : Non sans ammoniac E 48 : Ah sans ammoniac, elle a bien pris celle que tu lui proposais, donc ça a bien, ça a bien fonctionné I 48 : Pis on lui a dit aussi qu’elle était un petit peu plus cher à l’achat, donc elle a dit « j’ m’en fiche qu’elle soit un peu plus chère tant qu’il y a un bon résultat ». E 49 : d’accord. Donc tu as fait t’a petite mixture sans ammoniaque Donc même pour toi ça sent moins ? I 49 : Ah oui ben même nous on le voit, c’est… on a moins d’odeur et tout. Même parce que moi souvent j’ai mal la tête à la fin de la journée, là je vois j’ai moins mal la tête quand même. E 50 : Donc c’est quand même important pour tout le monde. I 50 : Oui. Et donc ben après le l’ai habillée, j’ai commencé à lui appliquer la couleur. Donc heu, on discutait donc heu, parce qu’elle était maîtresse. Donc on discutait beaucoup de ça en fait heu c’est… E 51 : Oui, tu te souviens plus précisément. I 51 : Ouais, ben comme quoi que les enfants…heu ils étaient très gentils, heu je sais plus à quelle école elle était par contre E 52 : Elle avait heu ... elle enseignait à des enfants de quel âge ? I 52 : C’était heu les …les moyennes sections E 53 : D’accord, oui, donc en maternelle, des petits I 53 : Oui c’était vraiment ouais et puis heu …/… E 54 : Alors à ce moment là tu discutes un peu avec elle pendant que tu étales... I 54 : Pendant que j’applique la couleur E 55 : …Que tu appliques heu la couleur, et qu’est ce que tu, qu’est ce que tu regardes en même temps, qu’est ce que…? I 55 : Ben quand j’applique je regarde ce que je fais en fait, et en même temps on discute E 56 : Ca te demande beaucoup d’attention d’appliquer la couleur, à quoi tu fais attention quand t’appliques la couleur ? I 56 : Ben, que j’en oublie pas, que j’oublie pas de mettre de la couleur quoi qu' y en ait bien partout. Parce que sinon ça se voit, ça fait pas joli si on en oublie. 141 E 57 : Et la cliente elle regarde ou pendant ce temps là ? I 57 : Ben comme on a le miroir souvent elle nous regarde nous, elle regarde comment qu’on fait. Quand on discute y regarde souvent nous quoi, dans le miroir E 58 : Et là à ce moment là, la cliente elle est plutôt… détendue, oui ? A quoi tu vois ça ? I 58 : Oui. Ben, ça se voyait elle était à l’aise, elle parlait bien, heu, ça se voit quand les clients y sont heu … pis souvent y nous disent « ah ben dis donc ça fait du bien de se reposer d’être assis, d’être au calme », au calme ben c’est un petit peu plus calme que où elle est à l’école quoi. E 60 : Bien sûr oui; donc ça tu l’entends souvent. I 60 : Oui, oui E 61 : Et il arrive que t’aies des clientes quand même un peu stressées… ou… ? I 61 : Oui . E 62 : Et à quoi tu le vois qu’elles sont stressées ? I 62 : Ben elles sont …j’sais pas, j’trouve qu’elles parlent vite… heu soit elles parlent vite ou soit elles parlent pas du tout. E 63 : D’accord oui. I 63 : Pis souvent, ben beaucoup les clientes quand même heu ceux ... les clientes qu’on connaît beaucoup, qu’on a souvent, souvent ben elles commencent à nous dire un petit peu quand ça va, quand ça va pas… on a beaucoup de clientes quand même qui nous disent beaucoup de trucs quand même, les clientes habituelles. E 64 : D’accord. Alors, donc, on en revient, heu à la couleur, tu mets combien de temps à l’appliquer à peu près cette…cette couleur ? I 64 : j’mets ben, tout dépend, quand je fais que les racines, ben je mets 10 minutes, et quand j’fais longueurs et pointes, tout dépend la masse qu’elle a en fait. E 65 : Et là ? I 65 : Là j’avais du mettre un quart d’heure à peu près. E 66 : Oui, c’était assez ... I 66 : Oui, ben elle avait quand même une bonne longueur hein. Mais bon j’me suis quand même… E 67 : Donc c’est d’autant plus difficile pour ne pas oublier de mèches I 67 : Oui , faut beaucoup ... bien... il faut bien malaxer et tout quoi E 68 : OK. Heu est- ce que tu expliques ce que tu fais à la cliente ou pas spécialement ...? I 68 : Non E 69 : Non ce n’est pas la peine ? I 69 : Nan elle nous demande pas E 70 : D’accord I 70 : Donc et puis comme elle a déjà appliqué, oui quand c’est des personnes qui n’ont jamais appliqué de couleur elle nous demande, comment si peut avoir des réactions, ou ... E 71 : D’accord donc toi tu sais quoi répondre 142 I 71 : Oui E 72 : Et comment tu sais quoi répondre ? I 72 : Ben tout dépend heu après si on fait la couleur sans ammoniac, j’leur dis « ben normalement avec la couleur là y, … j’pense pas qu’y ait une réaction ». Mais sinon avec les colorations heu avec ammoniaque, si ils ont peur comment, et ben en fait , c’qu’on peut faire, on fait une touche d’essai. Et heu y laissent 48 h et après y voient s’ils ont des rougeurs E 73 : D’accord. Et ça il t’arrive de le faire. Y en a certaines qui choisissent de faire ça, oui tu en as de temps en temps ? I 73 : Oui, c’est rare que ça nous arrive quand même. E 74 : Hum hum d’accord, et d’un point de vue, on va dire « technique », comment tu, comment tu sais qu’un produit peut être agressif, tu m’a parlé de l’ammoniac, en quoi l’ammoniaque c’est dangereux finalement? I 74 : Ben apparemment heu ça… c’est quand même dangereux, je sais pas trop, c’est quand même agressif heu l’ammoniac E 75 : D’accord. T’as pas des connaissances en en chimie un petit peu … ou …? Vous avez pas ce genre de matière au CFA …? Oui, et est-ce que vous parlez de ça ? I 75 : Oui un petit peu, mais c’est parce que en fait c’est agressif, c’est heu là je vois quand je fais des mèches, et ben des fois si je m’en met sur les doigts, je vais avoir le doigt tout blanc et ça va me démanger en fait. Pis j’ai eu le doigt tout blanc au moins pendant une heure en fait. Ca rentre à l’intérieur et ça vous démange. E : 76 : Alors qu’est ce qu'il y a dans le produit heu qui…? I 76 : Ben en fait ça doit être l’ammoniac qui… E 77 : Ca doit être l’ammoniaque… et du point de vu de la réaction chimique tu sais pas d’où ça …d’où ça vient ? Non ? Qu’est que vous faites, vous faites de la chimie au CFA ? I 77 : On fait de la science physique oui, oui bio, un petit peu de tout E 78 : Et qu’est-ce que vous… vous apprenez des choses dans ces matières là qui ont un petit peu un lien avec les produit que vous utilisez I 78 : Oui ben beaucoup en biologie, ben on nous parle beaucoup de tout ça. E . 79 : Alors par exemple ? I 79 : Ben tout ce qui est la couleur, la permanente, on nous dit ce que ça, ben ce qui y a dedans en fait. Parce que des fois en fait, ben au début, quand on vient d’arriver on utilise des produits mais on sait pas c’qui ya dedans en fait. Que là ben après comme on va à l’école, et ben c’est là qu’on voit c’qui y a dedans. E 80 : Donc il y a l’ammoniac qui est dangereux, il y a d’autres produits qui peuvent être dangereux ? I 80 : Ben l’oxydant, pas d’trop ça va, après oui y en a …mais je pense que y a beaucoup l’ammoniac quand même. E 81 : Et l’ammoniaque ça sert à quoi finalement ? Pourquoi y a ça dans les produits ? I 81 : Ben, c’est pour heu, pour les mèches, c’est pour éclaircir. E 82 : C’est un éclaircissant donc l’ammoniaque. I 82 : Ben tout dépend, pour les mèches oui, quand on fait un mélange ça éclaircit, pis pour la couleur, ça aide à prendre heu ... E 83 : d’accord et, et donc qu’est ce qui se passe au niveau du cheveu pour que la couleur elle prenne mieux ? j’me renseigne …. 143 I 83 : …/… je sais plus. E 84 : Tu sais plus, est-ce que ça le rend pas plus poreux ? ça ouvre (I : les écailles) les écailles peut être ? I 84 : Oui mais c’est pas dans la couleur, dans la couleur y a de l’oxydant… voilà a y est… dans la couleur y a de l’oxydant et dans les mèches c’est de l’ammoniac en fait. E 85 : D’accord, donc c’est deux principes différents. I 85 : Oui. Ben l’ammoniac, oui c’est pour éclaircir, et l’oxydant c’est pas pareil, c’est pour prendre la couleur en fait, c’est pour que la couleur prenne. E 86 : D’accord OK. Peut être qu’en entreprise on te donne des conseils aussi par rapport à ça ? I 86 : Ouais, mais bon c’est beaucoup quand heu j’demande quoi E 87 : Et tu demandes, t’es amenée à demander souvent ? I 87 : Ben quand heu j’sais pas oui. Je préfère demander plutôt que faire une bêtise. Donc c’est pour ça j’demande… E 88 : C’est vrai que faire une bêtise sur une cliente … I 88 : Ben oui c’est pour ça. E 89 : Et ça t’es déjà arrivé ou ? I 89 : Non, ben pas pour l’instant, comme heu j’demande non, mais bon maintenant j’ai pu trop besoin de demander parce que vu que je suis souvent sur clientèle ben maintenant je sais ce qui faut, ce qui faut pas faire. E 90 : Et donc tu es spécialisée dans la couleur toi ? tu fais beaucoup de couleurs ou ? I 90 : Ben j’fais un petit peu de tout, couleur, brushing, coupe, je fais un petit peu de tout. E 91 : Donc heu, notre cliente, institutrice a la couleur sur la tête, alors une fois que c’est, alors tu m’as dit que tu avais malaxé, alors qu’est-ce qui se passe après ? I 91 : Ben après y a un temps de pause, c’est 35 minutes, donc ben je lui propose un café, un capuccino, un chocolat, n’importe, ce qu’elle veut, je lui donne de la lecture si… E 92 : Alors ? elle a pris quelque chose ? I 92 : Oui elle a pris un capuccino, y m’semble, ben beaucoup de clientes prennent des capuccino. Donc elle a pris un capuccino, donc je lui ai amené, je lui ai demandé si elle le voulait sucré ou pas, donc je lui ai amené, et comment, après je lui ai donné aussi la lecture, et après ben moi si j’ai des autres clients, je vais m’occuper des autres clients heu. E 93 : Alors là tu avais d’autres clients ? I 93 : Non, donc je range, j’ai rangé un petit peu le salon, avant j’ai regardé sur heu sur la minuterie qu’elle heure il était, et après j’ai rincé le bol, le bol de couleur, je l’ai essuyé, je l’ai remis dans le laboratoire, puis après j’ai mis un petit coup de balai partout, après on s’occupe quoi… E 94 : Et est-ce que tu , est-ce que tu vois la cliente pendant ce temps là ? I 94 : Ben des fois oui je passe. E 95 : Oui mais heu a quoi tu penses ? I 95 : Ben à rien. E 96 : A ce que tu as à faire ? 144 I 96 : Voilà, c’est beaucoup ça, dès que j’ai fini d’appliquer ma couleur, je pense à autre chose, je veux dire, je pense a ce qui y a à faire dans le salon, parce que c’est vrai comme on a beaucoup de monde, faut être beaucoup un petit peu partout, je veux dire, nettoyer, E 97 : Et alors comment tu sais qu’il faut aller à tel endroit, tu as fini quelque chose, comment ça ce passe ? I 97 : je sais pas c’est une question d’habitude, je regarde toujours un petit peu partout ce qui y a à faire quoi. E 98 : Le regard c’est important ? I 98 : Oui. E 99 : Et … Est ce que tu as un ordre pour regarder ? Alors remets toi dans la situation, t’étais derrière la cliente, tu lui as appliqué sa couleur etc, tu lui proposes tout ça de la lecture, et puis après tu pars où ? I 99 : Après je suis partie au bac avec ma tablette, et puis ben j’ai rincé les bols, j’ai regardé si y en avais d’autres, parce que des fois par exemple y a mes collègues elles ont quelque chose, elles ont fait des mèches, et aussi tôt après fallait qu’elles fassent leurs clientes, donc elles ont pas nettoyé le bol, bon moi je leur nettoie… E 100 : ça, spontanément tu fais ce genre de chose. I 100 : Oui. E 101 : Et les autres le font aussi ? I 101 : Oui, si des fois moi aussi j’ai une cliente que j’ai un petit peu de retard des fois ça arrive, et ben elles font pareil. E 102 : Et ça tu as appris à le faire… ou ça c’est fait comment ? on te l’a transmis ou ?. I 102 : Non. Ben non j’sais pas c’est…, j’ai toujours été comme ça en fait. Même quand j’avais des stages avant que je sois dans la coiffure, j’avais des stages, bon je savais pas trop, mais je regardais toujours si je voyais quelque chose à faire, je le faisais quoi, je sais pas c’est instinctif E 103 : C’est instinctif… I 103 : oui je trouve E 104 : Et … et c’est basé sur … qu’est ce qui te permet d’avoir cet instinct ? I 104 : je sais pas, c’est peut être… ben … toujours ma mère elle me faisait ben toujours pas faire des trucs mais heu ma mère elle est beaucoup comme ça aussi. Donc de la voir comme ça j’ai pris des habitudes. E 105 : On pourrait dire qu’elle est comment ? I 105 : Ben, j’sais pas chez nous, chaque fois qu’elle voit quelque chose à faire elle le fait et, puis c’est vrai que nous après on prend l’habitude et que et ben du coup en gros ça fait pareil. E 106 : Donc on peut dire : active, organisée I 106 : oui, voilà, pis des fois ben quand j’oublie de faire quelque chose ma patronne elle me dit « ben Marion est ce que tu peux faire ça ou ?… » E 107 : D’accord, ça arrive souvent à l’heure actuelle heu au bout de deux ans là de… I 107 : Ben si des fois elle me dit « est-ce que vous pouvez me sécher ma cliente ? » des trucs comme ça, mais ça c’est pas des trucs heu que je fais toute seule je veux dire E 108 : Oui bien sûr, tu vas pas d’emblée… I 108 : Ben non, mais c’est souvent ça qu’elle me dit, ben tu peux me sécher ma cliente ou tout dépend ce qu’il y a à faire. E 109 : Et qu’est ce que tu te dis quand elle te propose ça toi .. ça te… ? 145 I 109 : Justement, ça me fait du boulot ben j’aime bien. Plutôt que rien faire, c’est vrai que.. E 110 : Donc là, donc pendant les 35 minutes de pause heu de la couleur, donc tu as tout rangé et puis heu ... I 110 : J’ai commencé à sécher la cliente à ma patronne. Et après ben j’ai été voir quelle heure il était, ben j’ai vu qui restait encore 10 minutes à peu près, donc je continue à sécher, puis après ben j’ai re été voir et c’était l’heure donc j’ai dis à Géraldine, faut que je m’occupe de ma cliente, donc elle a dit « ben vas y » E 111 : Donc Géraldine c’est la patronne ? I 111 : Voilà pardon, donc je lui ai dit qu’on allait, donc j’ai dit à la cliente : « bon on va pouvoir passer au bac s’il vous plait madame », donc elle va au bac à shampoing, j’lui comment, je commence à lui malaxer la couleur, bon avant j’ai mis des gants, E 112 : Oui c’est important, je pense qu’il faut pas les oublier, j’imagine I 112 : Donc j’ai commencé à lui malaxer, donc il faut toujours malaxer une couleur 5 minutes, donc je lui ai bien malaxé. E 113 : Alors pourquoi il faut la malaxer ? I 113 : ben déjà il faut bien décoller les bordures, parce que sinon quand c’est d’la couleur foncée, sinon les clientes après elle repartent avec une grosse trace de bordure, c’est pas beau quoi, c’est pas… E 114 : D’accord, donc tu insistes un petit peu sur la bordure comme tu dis. I 114 : C’est pas bien pour nous quoi, après si la cliente, même pour la cliente elle aime pas. E 115 : Bien sûr. I 115 :Et après faut bien malaxer pour avoir ben beaucoup de brillance dans la couleur E 116 : Alors quel est le lien entre le fait de malaxer et puis heu… I 116 : je sais pas. E 117 : C’est magique. I 117 : Oui ben non c’est vrai que E 118 : Et tu as déjà constaté qu’effectivement si on malaxait pas, c’était pas si brillant I 118 : Oui. On avait plus du mal à la rincer et tout E 118’ : Oui I 118‘ : Oui E 119 : Et heu ta patronne, je sais pas si c’est, c’est elle ton maitre d’apprentissage ta patronne, elle insiste sur ce genre de choses ? I 119 : Ben heu pas de trop E 120 : C’est elle qui t’a dit qu'il fallait malaxer, ou tu as appris ça… ? I 120 : Non ben au début, oui elle m’avait dit, ben au début que je suis arrivée, elle m’a tout expliqué ce qu’il fallait faire, j’ai tout enregistré E 121 : D’accord I 121 : Donc j’ai malaxé, j’ai remis un petit peu d’eau, j’ai re malaxé, après j’ai rincé, j’ai fait le shampoing, E 122 : ça dure donc, 5 minutes de malaxage, et puis le rinçage, c’est assez long, elle avait les cheveux longs ? 146 I 122 : Oui, un petit peu, ben après tout dépend, dès qu’on voit qu’y a plus de produit qui coule dans le bac, c’est bon, on peut faire le shampoing, mais il faut toujours faire deux shampoings en fait. C’est pour stopper l’oxydation. E 123 : Ah oui d’accord. I 123 : oui sinon la couleur elle peut toujours travailler. E 124 : Heu oui donc c’est intéressant tu me dis il faut stopper l’oxydation, donc là on en revient encore à la biologie ou à la chimie, c’est assez présent. I 124 : C’est heu ben parce que le produit y peu toujours faire effet en fait, donc faut toujours faire deux shampoing après la couleur, après les mèches, après n’importe, il faut toujours faire deux shampoings en fait. E 125 : d’accord et là le temps de pause c’était 30 – 35 minutes, ( I : oui), Qu’est qui se passe si t’oublies la cliente, si tu laisses trop ? I 125 : Ben ça, après 35 minutes normalement ça fait plus effet, ben la couleur ça fait plus rien. E 126 : donc il n’y a pas de risque ? I 126 : Non, normalement non, mais c’est mieux quand même de la rincer dans les temps. Pis même pour la cliente, elle a pas toute sa matinée non plus. E 127 : oui bien sûr. I 127 : Donc après je lui ai fait son shampoing, j’ai rincé le shampoing, je lui ai refait un shampoing. Je lui ai demandé si on faisait un soin. Donc elle m’a dis oui, donc je lui ai fait poser un soin pour les cheveux secs, j’ai laissé pauser 5 minutes, parce que ça aussi faut laisser pauser, parce que sinon ça sert à rien. Après j’ai rincé le soin, je lui… j’ai mis une serviette, je lui ai séché les cheveux, on a repassé devant, donc heu ou j’installe les clientes. E 128 : Tu lui as…tu lui parles pendant ce temps là ? ou t’es … ? (I oui ) t’es concentrée sur … I 128 : Non, non, on parle un petit peu de tout, quoi du temps de… E 129 : D’accord, est ce qui faut te forcer pour discuter avec les clientes ? I 129 : Non. C’est instinctif. E 130 : C’est instinctif aussi, donc instinctivement t’es bien organisée, tu es active et tu as les sens heu… I 130 : Ben je préfère parler aux clientes, même les clientes souvent… moi… c’est rare que… tout le temps, elle veulent tout le temps parler quand même. Pis même moi j’trouve que c’est mieux, j’aime bien parler. ( E : oui) et heu donc heu on est passé devant, je lui ai demandé ce quelle recherchait dans la coupe, donc je lui ai montré des modèles, elle m’a dit « on coupe juste les pointes, on refait un dégradé ». ( E : D’accord) Donc je lui ai coupé les pointes, par contre là je parle un petit peu moins, je suis plus concentrée quand je fais la coupe. E 131 : Alors tu te concentres heu sur quoi ? I 131 : Ben, sur la coupe… E 132 : Est-ce que tu peux reprendre les étapes, évoquer vraiment les étapes de la coupe, comment ça se…comment ça se passe ? I 132 : Ben je l’ai peignée, j’ai mis ben tout les cheveux, ben à la même…j’ai bien peigné pour que se soit bien lisse. Donc j’ai demandé combien qu’on retirait a peu près dans les pointes, ce quelle voulait. Donc elle m’a dit 1 centimètre, et là je sais pas il faut que je sois bien concentrée parce que on sait jamais, des fois que je sais pas, je suis obligé d’être bien concentrée. E 133 : oui, et tu t’aperçois, qu’est ce que tu te dis alors ? Quand t’es à ce stade là. I 133 : Ben je sais pas, je suis tellement concentrée, je pense à rien, je suis concentrée dans ma coupe, je regarde comment… 147 E 134 : Alors quand tu es concentrée, t’entends quoi, tu vois quoi ? I 134 : Ben je vois ma coupe, mais j’entends presque plus rien. Bon si ma cliente elle me parle, je vais entendre, mais je vais être obligée de m’arrêter et de lui parler. ( E : D’accord) Si elle me parle, je peux pas parler en même temps. Je peux mais j’aime pas de trop. Je préfère être bien concentrée dans ma coupe. E 135 : Et tes collègues qui travaillent depuis plusieurs années, heu elles sont comme toi ou ? I 135 : Ah non. E 136 : Ou elle arrivent à … I 136 : Non non elles arrivent à parler. E 137 : Oui à parler pendant qu’elles coupent. I 137 : Mais bon ça fait plus… ça fait des années donc c’est pour ça aussi que… E 138 : Bien sûr I 138 : Pis elles vont plus vite, ce qui est normal quoi. E 139 : Alors heu donc heu continue d’évoquer heu cette coupe I 139 : Donc, j’ai fait déjà toute sa base, après j’ai pris une pince E 140 : Alors faire la base ? Moi je n’y connais rien. I 140 : La base heu ben que se soit partout pareil en fait, droit partout, alors 1 centimètre partout en fait. E 141 : Alors comment tu fais pour être sûr que c’est bien droit ? I 141 : Ben par rapport à mes doigts, je prend mes doigts, je les mets comme ça (gestes), et je coupe, après je reprends ma mèche témoin, et en fait c’est par rapport à ma mèche témoin que je pourrai… E 142 : D’accord heu cette mèche témoin tu sais que c’est celle là et pas une autre I 142 : Voilà E 143 : C’est laquelle par exemple ? I 143 : Ben je sais pas, je commence souvent derrière, et après donc c’est ma mèche témoin, mais après, les mèches témoin c’est en suivant E 144 : D’accord il y en a pas une seule I 144 : Oui, donc après que j’ai coupé bien 1 centimètre partout dans ma longueur, je fais une séparation et je commence à dégrader. E 145 : Alors ça, comment on fait pour dégrader ? I 145 : Ben alors heu.. comment expliquer… E 146 : Alors la séparation déjà tu la…tu la fais comment ? I 146 : Ben je la prends comme ça(gestes), après en fait je prends mes ciseaux, je prends mes doigts et mon peigne et en fait je prends, ben je vais vous montrer par ce que je sais pas trop comment expliquer. En fait je prends comme ça (geste) et je coupe et après tout dépend le dégradé qu’elle veut, si elle veut un gros dégradé, si elle veut ... E 147 : Alors tu coupes heu verticalement ou en biais ? 148 I 147 : Après tout dépend, tout dépend si elle veut heu ouais, là j’avais coupé verticalement. Mais après verticalement c’est moins dégradé que en biais en fait. En biais on aura plus un dégradé vraiment… E 148 : …des différences entre les mèches. I 148 : Ouais, y se verra beaucoup plus en fait. Donc heu après donc heu je fais ma mèche témoin et ben après je continue toute la partie que j’avais détachée. Après je détache une autre partie, donc là par exemple, jusque là. En fait après je prends par rapport à ma mèche témoin du en dessous et heu je sais pas je fais comme ça (geste)… E 149 : Tu remets une 2ème mèche sur la mèche témoin I 149 : Voilà pour regarder en fait ben se sera ma mèche témoin pour regarder ce qu’il y a à couper, après ainsi de suite jusqu’ici. Et après je fais les cotés, en fait je prends partout, je prends, je fais pas du tout de séparation, je remonte toutes les mèches comme ça. Et je fais comme ça en fait jusqu'à la mèche là (gestes). Jusqu'à la mèche normalement qui devrait retomber là, et je coupe heu ce qui dépasse en fait. E 150 : D’accord, alors qu’est-ce qui fait que tu fais une séparation et des fois t’en fais pas ? I 150 : Tout dépend si elle a les cheveux beaucoup épais ou pas. E 151 : Et là elle avait les cheveux ? I 151 : Elle avait les cheveux quand même assez épais, donc c’est pour ça j’ai préféré faire des séparations. E 152 : D’accord, ça c’est quelque chose que t’apprends aussi au CFA, t’as appris ça…? I 152 : Ben j’ai appris au CFA, mais beaucoup plus en regardant mes collègues E 153 : Ah oui en regardant… I 153 : Oui parce que au début je faisait des trucs mais je regardais, j’étais beaucoup attentive à regarder, pour regarder comment qu’y faisait, et c’est là qu’on voit, puis elle m’expliquait. En fait je l’ai regardé et elle me disait ben là si tu veux ça tu fais comme ça, si tu veux un dégradé comme ça tu prends ta mèche comme ça. E 154 : Elle explique pourquoi elle fait comme ci, comme ça I 154 : Pourquoi qu’elle prend les méthodes là en fait. E 155 : D’accord, oui ce que tu as fait là avec moi, pour me dire là si c’est droit ça fait comme ci, si c’est oblique ça fait comme ça. I 155 : Oui E 156 : Et alors ça met combien de temps ça ? I 156 : Comme elle avait les cheveux épais j’ai du mettre un petit peu plus, j’ai dû mettre 30 minutes, un petit peu plus que quand y a des cheveux fins en fait. Donc, oui là j’ai dû mettre à peu près 30 minutes ( E : d’accord). Après, donc dès que j’ai fini la coupe en fait je lui ai désépaissis avec un ciseau sculpteur, en fait c’est pour pas qu’on voit les démarcations du dégradé, pour pas que ça fasse des barres. E 157 : D’accord, si on on, ça peut faire des barres, si on s’arrête là. I 157 : Pis comme elle avait les cheveux épais, c’est mieux de désépaissir un petit peu, mais sinon c’est pas obligé que ça fasse des barres, mais moi je préfère. E 158 : Et tu demandes à la clientes si elle veut désépaissir, ou c’est toi qui juge heu ? I 158 : Non, je juge que c’est mieux quand même, pis même les clientes elles me disent souvent quand heu « j’en ai marre de cette masse, je veux en retirer ». E 159 : D’accord, donc il y a des indices aussi dans ce qu’elle heu dans ce qu’elles disent I 159 : Oui voilà 149 E 160 : Elle, tu te souviens de ce qu’elle a pu dire, comment elle heu, quel regard elle portait sur ses cheveux ? I 160 : Ben déjà elle était pas contente de sa coupe qu’elle avait été faire avant. Je sais plus ou elle avait été, elle avait dit ben « vous pouvez me rattraper » parce que en fait ça faisait tout court là et là ça faisait des grosses baguettes (gestes) en fait, c’était tout plein ... Donc je lui ai repris toute sa coupe. E 161 : Et c’est plus difficile quand il faut reprendre une coupe un peu … et là ça te…? I 161 : Tout dépend après comment qu’elle est, la coupe, là ça allait, ça allait encore, c’était beaucoup, en fait, y fallait redégrader un petit peu là. Mais après tout dépend, c’est sûr que si c’est vraiment une coupe heu qui est vraiment mal faite heu on a un petit peu plus de mal. E 162 : D’accord, OK I 162 : Donc après j’ai fini ma coupe, donc j’ai désépaissis un petit peu partout, j’ai passé le sèche cheveux sur… E 163 : Comment tu sais que tu as assez désépaissi ? Qu’est ce qui te permet de dire « bon là je m’arrête ? » I 163 : Ben en fait, c’est… je refais pareil, je prends une pince, je refais comme le dégradé, j’attache, je fais comme si je fais mon dégradé sauf que je désépaissis en fait. E 167 : Donc une 2ème fois tu refais toute là… I 167 : Oui je refais pareil une 2ème fois en fait , mais là c’est pour désépaissir. E 168 : Et à chaque fois tu donnes…, c’est ces petits ciseaux crantés là non c’est ça ? I 168 : Oui voilà. E 169 : Et donc tu donnes combien de… I 168 : 2, à chaque fois 2 E 170 : voilà I 170 : 2 E 171 : Comment tu sais qui faut en donner 2 ? I 171 : Ben je sais pas, par rapport aux cheveux épais j’en mets toujours 2, et après je revois ma coupe à sec donc c’est là après que je vois si faut que je réduise. E 172 : Mais toi tu en mets toujours deux parce que tu as vu tes collègues faire comme ça, parce que Mme P. (formatrice) t’a dit de faire comme ça ? I 172 : Non c’est parce que, je sais pas c’est par rapport aux cheveux, c’est par rapport aux cheveux épais je mets toujours deux coups, parce que on peut même en mettre plus mais je mets toujours deux coups quand même, deux coups de ciseaux. Quand c’est des cheveux fins je mets que un coup, parce que les cheveux fins on voit beaucoup E 173 : Alors, a quoi, je pose des questions de base, à quoi tu vois qu’un cheveux il est épais ou fin ? I 173 : Ben quand on le touche, on le sent. E 174 : C’est le toucher beaucoup I 174 : Et pis même quand on regarde. E 175 : D’accord, alors tu commence par regarder et après tu touches ? I 175 : Ben déjà quand heu je vois la cliente arriver souvent je regarde tout de suite comment… 150 E 176 : Oui dès qu’elle arrive I 176 : Oui je regarde tout de suite, et après quand heu je l’installe devant ben je touche. E 177 : Et alors qu’est ce que tu peux déterminer avec, avec tes doigts heu avec le toucher, comme type de cheveux ? I 177 : Ben… je sais pas je le sens, je sais pas c’est ... ça fait beaucoup plus de masse quand c’est épais. E 178 : Cette cliente là tu te souviens ? I 178 : Oui, qu’elle avait le cheveu quand même assez épais. E 179 :: D’accord, donc des cheveux épais des cheveux fins, tu m’as dit, il y a encore d’autres cheveux que tu peux reconnaître comme ça au toucher ? I 179 : Ben après les cheveux frisés, les cheveux ben qui sont beaucoup, crépus, les cheveux sec heu… E 180 : Les cheveux frisés ont un touché particulier, bien sûr visuellement on voit que la personne elle est frisés, mais heu au toucher…? I 180 : Ben après, tout dépend, oui parce que les personnes qui ont les cheveux frisés ils ont beaucoup les cheveux secs, pis y sont beaucoup abimés et tout…souvent. E 181 : Comment ça se fait ça, t’as une … tu sais pourquoi les cheveux frisés sont… I 181 : C’est leur nature de cheveux, c’est toujours… E 182 : Et ça se vérifie, c’est presque toujours… I 182 : Ben pratiquement, pratiquement toutes les personnes quoi ont les cheveux frisés y ont des cheveux souvent quand même assez abimés. Ben beaucoup les personnes je sais pas comment dire. E 183 : Là on parle de, tu me parles des cheveux naturellement frisés ou des cheveux permanentés ? I 183 : Non, naturellement frisés, parce que quand ils sont permanentés, c’est normal qu’ils soient abimés parce que y a du produit quand même assez fort, donc c’est normal, mais là les cheveux… E 184 : Et donc là tu, donc là on n’est plus sur la cliente précisément dont tu me parlais depuis le début, heu le fait de regarder les cheveux, de les toucher est ce que quelque part ça te permet de savoir quel produit utiliser ? I 184 : Oui, par rapport au shampoing, par rapport … E 185 : Tu as beaucoup de sortes de shampoings différents ? I 185 : Oui, ben on a pour tout cheveux en fait, cheveux secs, cheveux gras, cheveux avec des pellicules, heu cheveux méchés, cheveux colorés, on a vraiment tout tout tout les … E 186 : D’accord, donc je sais pas, ça fait une dizaine de shampoings peut être ? I 186 : Ouais, on en a plein, alors, y en a plus, parce que après pour cheveux sec on va avoir le numéro 1, le numéro 2, le numéro 3 en fait. E 187 : Et ça correspond à quoi ? I 187 : Le numéro 1 c’est pour les cheveux pas tellement secs, qui commencent à être heu asséchés, le numéro 2 bon ben c’est quand même assez sec, le numéro 3 là c’est abimé en fait. E 188 : D’accord. I 188 : Après, pareil pour les…y a aussi anti démangeaisons, y a pour cheveux secs et pour cheveux normaux. 151 E 189 : Et toi tu observes aussi le cuir, donc tu touches les cheveux et tu regardes systématiquement le cuir chevelu ou pas forcément? I 189 : Ben je demande, je dis est ce que vous voulez un shampoing particulier et c’est eux qui me disent ben par exemple, c’est là que je vois, « ben oui ça me démange », et après si y me disent « ben j’ai les cheveux secs », je le sens de toutes façons donc je sais ce qui, quel numéro faut faire. Et souvent je demande… ou plutôt je demande heu « ça vous démange » et après y me disent « ben oui quand même » E 190 : D’accord, parce que là tu le vois, il y a un indice qui te dit que peut être ça les démange ? I 190 : Non c’est heu , je le dis souvent, mais souvent les clientes si des fois ça m’arrive d’oublier, elles me le disent « à ben ça me démange ». E 191 : D’accord, ça arrive souvent ça que les gens les… I 191 : Non pas d’trop. Mais c’est souvent les clientes, c’est les mêmes clientes, qui ont des cheveux qui… donc ça fait des années qu’on leur fait le même shampoing. E 192 : Et toi, tu suis tes clientes aussi ou…? Maintenant disons que quelqu’un que tu as coiffé une fois va redemander heu… I 192 : Oui, oui des fois, ça arrive souvent. E 193 : OK, oui parce que tu me disais que tu étais chez D., mais qu’il y avait des rendez-vous de pris, parce que à Chaumont c’est sans rendez-vous. I 193 : Ah, je sais pas, chez nous c’est… E 194 : Donc apparemment… I 194 : Chez nous c’est avec ou sans, on peut venir avec, on peu prendre rendez-vous. Des fois si y a des sans rendez-vous qui viennent on les prend aussi. E 195 : D’accord. Alors, on en revient à l’institutrice, t’as désépaissi… I 195 : Oui, donc après ben j’y ai mis un coup de sèche cheveux, un petit peu partout sur elle, histoire de retirer les cheveux, qu’elle soit présentable, qu’elle ait pas plein de cheveux de partout. J’ai passé un coup de balais, j’ai remis le balais au ou y s’met. Après j’lui ai demandé ben « vous voulez un brushing plutôt lisse, gonflé, heu séché naturellement? ». Donc elle m’a dit lisse donc… E 196 : Tu proposes toujours toutes ces sortes là ? I 196 : Ouais, parce quand c’est, comme c’était la première fois qu’elle venait, ben parce que c’était moi qui la coiffait ben je savais pas quel genre de brushing elle voulait … Donc elle m’a dit « un brushing lisse ». Donc je lui ai pré-séché les cheveux. Après je lui ai fait une séparation, j’ai pris la brosse heu une brosse moyenne, et j’ai commencé à lui lisser. Et après ben dès que j’ai tout lissé… E 197 : Alors comment tu t’y prends pour tout lisser, t’as fait ta séparation et tu fais partie par heu… I 197 : Ben j’fais une petite séparation et après je … dès que j’ai fini de sécher la nuque je je refais une séparation… E 198 : C’est toujours très progressif. I 198 : Je commence toujours l’arrière et après je fais les cotés à la fin. Dès que j’ai tout fini derrière, je fais les côté en fait. E 199 : D’accord et ça a quel avantage ça de commencer par l’arrière et de faire les côtés ensuite ? I 199 : Ben c’est toujours la nuque qui faut faire, parce que si on commence par le haut je sais pas, c’est pas bien. E 200 : Je sais pas moi ? I 200 : Ben si parce que je sais pas c’est … 152 E 201 : Tu as déjà essayé autrement ou…? I 201 : Non, c’est toujours par la nuque que je commence. E 202 : Et tes collègues elles font comme ça ? I 202 : Ben oui ben tout le monde. E 203 : Et au ? I 203 : Au CFA aussi. E 204 : Alors qu’est ce qui se passerait si tu si tu commençais par le dessus du crâne ? I 204 : Je sais pas parce que par exemple si on lisse dès qu’on commence par là, après va falloir qu’on lisse ça (geste), donc après en même temps on peut prendre des autres mèches qui y a encore en dessous. Alors que là on a vraiment notre séparation et voilà quoi. Et après donc on refait une séparation donc y a où c’est mouillé et on reprend par rapport ou c’est mouillé quoi. Après ça nous arrive de prendre des cheveux un petit peu secs quoi. Mais bon ça après c’est rien. E 205 : Peut être que c’est plus épais aussi heu dans la nuque ? I 205 : Oui aussi, c’est un petit peu plus épais aussi dans la nuque, pis même par exemple si on fait un brushing gonflé on va falloir qu’on fasse gonflé et après qu’on attache. Donc après ça va être tout… E 206 : Tu vas abîmer ce que tu as fais I 206 : Oui voilà en fait ça va servir à rien. E 207 : C’est les étapes logiques finalement pour, pour sécher, de ce qui est peut-être le plus éloigné jusque ce qui est plus sur le dessus I 207 : Oui E 208 OK, donc, un beau brushing, bien lisse I 208 Voilà ! E 209 Elle est comment là la cliente si tu la revois à ce moment là, elle a quel, quel, comment elles se sent ? I 209 Ben moi, elle était super, ben après, dès que j’ai fini de lisser en fait heu, je dis ben « ça va la coupe ? » , que je demande toujours après que j’aie séché « ça va la coupe ? ». Elle dit « ah oui, je suis contente, comparé à la dernière fois, vous avez bien réussi à le attraper » Donc je dis « vous voulez qu’on re désépaississe un petit peu ? » donc elle touche, elle dit « oui, je veux encore un petit peu ». Donc j’ai refais les séparations comme tout à l’heure E 210 D’accord I 210 Et j’ai refais juste un coup. Après je lui ai refait toucher, elle m’a dit que c’était bon. Donc je lui ai demandé si elle voulait que je lui passe le styler, donc c’est un lisseur qui fait des boucles en même temps. Donc elle m’a dit « oh bah oui, pourquoi pas », donc je lui ai passé le styler E 211 Donc pour la boucler ou pour la lisser ? I 211 Pour la lisser, pour bien lui re lisser, pour bien que ça tienne pour que ça lui dure longtemps quand même. Donc je lui ai repassé un coup de styler et puis voilà, je lui ai demandé si elle voulait qu’on mette un coiffant et elle m’a dit « bah comme vous voulez », je lui ai dit « je vais vous mettre quelque chose pour le maintien » … Et puis ben, voilà ! E 212 Hum, hum … Et donc ça au fur et à mesure tu regardes toujours, tu l’as regardée beaucoup, toi, tu m’as dit, y’a le miroir, donc tu regardes, tu te concentres beaucoup et est-ce que tu regardes beaucoup son visage aussi ? I 212 Bah par rapport à la coupe oui mais là vu que c’était que les pointes, j’ai pas trop … Comme c’est que les pointes, non, c’est pas une coupe transformatrice 153 E 213 Mais sinon, tu vas être plus attentive à la forme du visage ? I 213 Ouais, quand c’est une coupe transformatrice, oui E 214 Ca te demandes plus de concentration ? I 214 Ben quand même oui parce que elle nous demande « qu’est-ce qui m’irait bien par rapport à mon visage ? », donc après moi je, je lui dis E 215 Et ça, comment, comment t’as appris à conseiller heu à ce niveau là ? A adapter la bonne coupe au, au visage ? I 215 Ben heu, je sais pas. Je sais pas c’est … E 216 ça doit pas être évident I 216 Ben non parce que bon ben c’est vrai que après ça peut plaire comme ça ne peut pas plaire. C’est vrai que quand on a le visage assez rond après tout dépend de comment qu’il est, c’est vrai que ça c’est … E 217 Donc pour des clients en général est-ce que explique bien ce que tu proposes ou … I 217 heu oui souvent mais après souvent aussi je suis, si je vois pas ce qui pourrait vraiment bien lui aller, si je suis pas sûre, j’appelle ma patronne ou mes collègues E 218 D’accord I 218 Et je dis « ça irait bien, ça, si je fais ça à la cliente ? » et puis elles me disent « peut-être plus comme ça » ou heu … E 219 D’accord. Mais, ce savoir là, d’où il vient ? Comment elles font, elle pour savoir ? I 219 je sais pas, de toute façon les filles … je pense aussi c’est par rapport au dessin, par rapport au dessin, on fait les formes du visage, on fait les coupes qui pourront aller avec E 220 Ca vous faites ça en dessin avec monsieur S (prof) I 220 oui E221 D’accord, oui ça t’aide ? I 221 Oui moi je trouve que oui E 222 D’accord, donc comment ça se passe, y’a des grands types de visages ? I 222 Après y’en a qui ont le visage arrondi, y’en a qui ont le visage beaucoup plus tiré, tout fin, creusé … E 223 Et avec monsieur S, vous parlez des résultats « ça, ça va pour telles raisons ou ça ça va pas … » I 223 Non, pas de trop mais c’est … comme il nous montre beaucoup de modèles avec … C’est beaucoup des formes de visages donc c’est là que je regarde beaucoup en fait. E 224 Tu te fais l’œil comme ça I 224 Oui et puis beaucoup dans la rue, oui, je regarde beaucoup dans la rue E 225 Ah oui I 225 oui, je regarde beaucoup dans la rue E 226 oui, c’est intéressant ça aussi I 226 Oui, je regarde aussi beaucoup dans la rue, c’est vrai que … 154 E 227 Tu te souviens avoir vu quelqu’un récemment … ? I 227 Oui ! Avec un visage assez rond et une coupe, une belle coupe au carré E 228 Oui I 228 Pourtant elle avait le visage rond mais ça lui allait, ça lui faisait pas plus le visage rond je trouve E 229 Alors tu dis oui « pourtant elle avait le visage rond » parce que pour toi une coupe au carré ça va pas forcément I 229 Non, ça va pas à tout le monde E 230 Alors celui là, si tuas eu le temps de détailler, qu’est-ce qui faisait que ce carré là, il allait sur une, sur une personne au visage heu … I 230 Je sais pas parce que des fois quand on a le visage rond, quand on fait une coupe courte, ça nous fait encore plus, un visage encore plus … E 231 Ca souligne … I 231 Oui ; que là, je trouve que ça lui allait super bien E 232 Et la coupe là, elle était comment, enfin les cheveux ils étaient comment puisque toi tu as l’œil pour ça ? I 232 Ouais, ben je sais pas, elle avait un carré plongeant et heu en fait c’était quand même, c’était assez court dans la nuque mais je pense aussi que c’est par rapport aux longueurs qu’elle avait devant que ça faisait pas quand même le visage rond E 233 D’accord. Donc ça c’est quelque chose que toi tu pourras réutiliser un jour si … I 233 Voilà, quand heu et pis même mes collègues quand ils font des coupes et tout, je regarde souvent les clientes repartir parce que … E 234 Oui, pendant que tu es entrain de malaxer par exemple, tu regardes … I 234 Ouais des trucs comme ça E 235 oui, tu as conscience de ça. Et alors qu’est-ce que tu te dis, tiens tu vois une personne repartir … I 235 Ben ouis parce que des fois après je me dis ah bah la cliente là la dernière fois elle voulait une coupe mais en fait elle était pas sûre, souvent c’est ça « ben je verrai, je vais réfléchir pour la prochaine fois » donc je dis « ben la prochaine fois quand elles me redemanderont et que je leur ferai la coupe et ben par rapport au visage, et ben je leur dirai ça quoi » E 236 D’accord. Et ça, tu as conscience de te dire ça ? I 236 Oui E 237 Alors tu le notes mentalement mais est-ce que tu utilises aussi un carnet, quelque chose ? I 237 Non E 238 Non, et ça revient au bon moment, l’information revient … I 238 Ben oui parce que je vois le visage et … E 239 D’accord, c’est intéressant ça, c’est très personnel d’apprendre comme ça en regardant I 239 Ben oui, après on a chacun notre heu … E 240 OK. Donc, je pense qu’on a bientôt fini avec la cliente institutrice, elle est contente de sa coupe, elle a eu le lissage aussi donc avec l’appareil, 155 I 241 Le styler. Donc, je lui donne le miroir et en fait, je lui fait faire un tour sur elle-même et donc elle regarde, c’est elle qui tient le miroir et elle regarde. Je dis « ça va la longueur, j’ai pas trop coupé ? », « non, non, ça va, impeccable, c’est bien comme je vous avais demandé et tout ». donc après, elle me redonne le miroir, je lui retire le poncho ou le peignoir, la serviette … E 242 Quand elle te dit « c’est bien », elle a quel air ? I 242 Bah, elle avait le sourire. Bah là je me dis « oui, c’est bon ». Si elle m’aurait dit « oui c’est bien » et qu’elle aurait fait comme ça (grimace) … E 243 Ca arrive ça ? I 243 Oui, ben moi ça m’est jamais trop arrivé parce que si je suis pas sûre, je demande toujours à mes collègues, je préfère toujours demander à mes collègues parce que c’est ça que j’ai peur en fait, ça m’est jamais arrivé de faire une bêtise mais c’est ça que j’ai peur de faire, une bêtise à une cliente E244 Et tu y penses, ça, quand tu travailles ? I244 Oui, au début quand elle me demande, au début de la coupe, là, j’y pense, je me dis, faut que je fasse attention, que je coupe pas trop court … E245 Voilà, donc, quand tu fais attention, c’est « ne pas couper trop court ». Et ça peut être quoi d’autre encore quand tu fais attention ? I245 Pareil, dans le dégradé, quand elles me disent pas trop dégradé, on sait jamais parce que les clientes des fois, elles me disent … Des fois on se comprend mal aussi, elles vont me dire « bah je veux ça », alors c’est pour ça, maintenant ça m’est arrivé au CFA, oui ça m’est arrivé une fois au CFA, elle m’avait dit « je veux une frange de côté », bah je dis « d’accord » donc je dis « à peu près comme moi ? », elle me dit « oui », donc bah moi je lui fais la frange et après elle me dit « ben en fait c’est pas ça que je voulais ». Donc là je me suis sentie toute bête quoi, je me dis ben … Elle me dit « on s’est mal compris », donc ça va, elle a rien dit … On s’est mal compris nous deux. E246 D’accord … Alors, comment faire pour bien se comprendre ? C’est un point important en fait. I246 Ben là je ré explique tout le temps, du coup, je … E247 Depuis cet épisode là … I247 Oui, a chaque fois donc après dès elle me dit « je veux ça, je veux ça », donc je lui ré explique et je dis « c’est bien ça ? », elle me dit « oui, oui », alors je lui ré explique encore une fois E248 Et tu la regardes ? I248 Oui, je la regarde, dans le miroir, je dis « donc on fait ça, comme ça » et après je dis « je vais couper et si des fois c’est pas assez court, je préfère recouper plutôt que trop couper » ; ça je le dis tout le temps aussi E249 Oui, tu expliques au fur et à mesure I249 Oui E250 tu vois, j’ai l’impression que t’as des théories, comme ça, que tu suis, des démarches que tu suis pour faire les choses I250 Oui E251 Et effectivement tu n’as pas eu de problème depuis ? I251 Non, à part au CFA, c’est tout E252 Et au CFA, finalement qu’est-ce qui c’était passé pour qu’il y ait ce problème. Tu m’as expliqué « ben je veux une mèche, vous voulez la même que moi … oui » Et puis ça c’était arrêté là ? I253 Ben oui, c’est pour ça, je m’étais pas assez … C’est vrai qu’au CFA, je me sens pas, pas à l’aise E254 Moins qu’en entreprise ? I254 Oui parce que vu que y’a des filles que on s’entend pas trop bien et ben quand je fais la coupe, elles sont en train de me regarder et après elles vont parler entre elles donc c’est vrai que ça, je déteste ça E255 donc c’est un regard qui te gêne I255 Oui … Je me sens regardée en fait, ça se sent quand on nous regarde E256 D’accord. Et en entreprise, tes collègues elles doivent te regarder aussi ? I256 Oui mais discrètement, comme je disais à ma patronnes, la dernière fois, on a eu une réunion, je dis « c’est bien, j’aime bien, parce que chez vous, vous me regardez mais je le vois pas en fait ». Elle me regarde tout le temps en fait mais vu que déjà on n’est pas du même côté, elle me regarde de son poste de travail et je le vois pas en fait, elle me regarde quand elle coiffe en fait, elle va pas se mettre à côté de moi, me regarder comme ça … Parce que je lui ai déjà dit que si elle se mettait à côté de moi, je … E257 Tu perdrais tes moyens I257 Oui, j’y arriverai plus E258 D’accord I258 Donc elle le sait aussi, elle E 259 Et le regard de la cliente, pendant que tu travailles … ça te dérange pas ? I259 Non … Après y’a des clientes qui mettent un petit peu le stress parce que elles disent « par contre vous faites super attention, je veux pas comme ça … ». Donc là ça commence à me mettre la pression 156 E260 Oui. Est-ce que … quand la cliente elle arrive, que tu l’observes, même si tu l’as jamais vue, est-ce que tu es capable de dire « ah » … ? I260 Oui, des fois oui ! E261 Alors, qu’est-ce que … ? I261 Je sais pas, ça se voit par rapport à elle … Bah après des fois, je me dis « oh là ça va être une cliente chiante, qui va être assez … et en fait, non, je me trompe quoi. Des fois y’en a qui …, je le vois par rapport à si elles sont froides ou pas, c’est souvent comme ça que je vois. Mais après, des fois, je me trompe, des fois … E262 D’accord, tu ne portes pas le bon jugement I262 Bah des fois non ! Des fois je me dis, je vais dire bah « bonjour », pis elles vont me dire bonjour très froidement, pis souvent j’essaie de dire bon « ça va , avec le beau temps … » pendant que je prends leur vestiaire pis elles vont me répondre vraiment froidement … E263 Oui, tu essaie comme ça de communiquer dès le début I263 Oui E264 Et ça aussi, tu vois tes collègues le faire, ou c’est toi pour être à l’aise ? I264 Bah en fait, j’ai commencé par avoir des clientes habituelles qui viennent toutes les semaines. En fait à chaque fois que, qu’elles arrivaient, elles me disaient « ça va, M. ? » et tout, pis bah depuis j’ai pris l’habitude que quand une cliente arrive, maintenant c’est moi qui dit, j’essaye toujours de, de demander quelque chose quoi. Parce que les clientes habituelles c’est vrai que … je m’entends vraiment, toutes les clientes habituelles, c’est vrai qu’elles sont vraiment … E265 Et il y en a beaucoup, qui viennent régulièrement ? I265 Oui, toutes les semaines, mais pas avec moi, c’est beaucoup avec mes collègues ou avec ma patronne E266 OK, oui, mais c’est toi qui les accueille I266 Oui, voilà, pis je leur fais leur shampoing, des trucs comme ça … C’est vrai que les clientes habituelles, c’est celle que je préfère quand même, parce que je les vois toutes les semaines … E267 Tu les préfères parce que c’est plus facile aussi ? I267 Bah, c’est pas que je préfère mais je veux dire, oui bah voilà … elles savent, ben pas ma vie mais, je raconte pas ma vie, mais je veux dire, elles savent beaucoup de trucs … je sais pas … elles m’appellent par mon prénom … On se rends des services, y’a des avantages … E268 D’échanger avec les gens, ça apporte pour le métier et pour, pour l’extérieur I268 Oui E269 Donc apparemment, ça te plaît, y’a pas de problème I269 Oui ! E270 Tu ne fais pas partie de celles qui, qui ont des doutes I270 Ah non, pas du tout, j’ai toujours voulu faire ça depuis toute petite toute façon. Enfin à partir de onze ans, je commençais déjà pas à couper le cheveux, mais je veux dire, ma petite sœur, je lui faisais toujours des petites nattes, j’étais toujours après ses cheveux … E271 Et tu regardais déjà les gens … comment ils étaient coiffés ? I 271 Non, mais ma famille, je les conseillais beaucoup E 272 D’accord, c’était intéressant d’entendre toutes ces précisions ! Entretien d’explicitation C2 (Entretien n°2 Coiffure) E1 Est-ce que tu as en tête une cliente particulière dont tu pourrais me parler ? I1 Oui, ma tata E2 C’est ton modèle ? (pour l’examen pratique) I2 Non, c’est ma sœur mon modèle E3 D’accord I3 Et donc, c’est une coupe assez courte avec deux mèches là (geste) qu’on laisse … on laisse la nuque un petit peu plus longue , elle a aussi une mèche courte là et à côté long (gestes) E4 Hum I4 Au début, la coupe là, j’avais un peu du mal à la faire parce que en fait c’est, elle les met tout le temps en pétard et tout, donc, c’est pas … on fait d’abord aux ciseaux et puis après faut vachement effiler, c’est un travail vachement au rasoir E5 D’accord I5 Et du coup, c’est vrai qu’ au début, j’y allais beaucoup avec le rasoir 157 E6 Et c’est ce qu’elle voulait absolument comme coupe, elle avait déjà cette coupe là et toi, le but, c’est que tu lui fasses la même, que tu continues ? I6 Voilà E7 Tu lui a coupé les cheveux récemment ? I7 Heu, oui, y’a un mois et demi E8 Est-ce que tu as encore en tête la manière dont ça s’est passé ? I8 Oui E9 Donc, tu veux me raconter, vraiment … Tu te revois dans la situation ? I9 Oui ! Et en même temps, je m’étais coupée ! E10 Ah oui, bah alors …ça , c’est important ça, ça …marque aussi ! I10 Oui ! E11 Je t’écoute ! I11 Donc, j’ai fait une couleur avec des mèches avant. C’était une couleur noire avec des mèches, on l’a décolorée parce que elle veut de mèches violettes mais on a du mal à lui faire donc du coup … E12 Comment ça se fait ? I12 Ben, son cheveu, il a du mal à prendre E13 Ca arrive ça ? I13 Oui, sur des clientes, ça prend super bien mais elle on n’arrive jamais à avoir le violet comme sur les autres clientes E14 D’accord I14 Donc du coup, là on a essayé, on a décoloré et elle, y’a un produit qu’elle met qui marche bien, donc on la refait sur la mèche E15 D’accord I15 Et ça a été, ça a bien été. Du coup, j’ai rincé, j’ai fait le shampoing et après on est passé au fauteuil pour lui faire la coupe, donc j’ai fait mes séparations… E16 Alors, la discussion sur ce qu’elle voulait, elle avait eu lieu à quel moment ? Tu savais … ? I16 Au début, et puis elle m’en avait déjà parlé quand je l’avais vue, ce qu’elle voulait faire … E17 Donc, quelles questions tu lui avais posées heu ? I17 Bah le mèches si elle en voulait partout, des grosses, des petites, si elle voulait un bandeau parce qu’elle aime beaucoup les choses qui pètent E18 D’accord … Ce que tu appelles un bandeau, c’est ? I18 C’est … Vu que là (geste), elle a une grande mèche, on a pris une grosse mèche, une grosse bande de cheveux pour que ça fasse vraiment un bandeau E19 De couleur différente ? I19 Voilà. Donc les mèches, si elles étaient grosses, petites, si elle en voulait beaucoup …, la couleur, ce qu’on refaisait …Et pis voilà. E20 Et la coupe ? I20 La coupe, ben elle m’avait dit : « la même chose que d’habitude » E21 Et d’habitude, qui la coiffait, c’était une de tes collègues ? I21 Ben ça fait trois quatre fois que je la coiffe mais avant c’était ma patronne qui le faisait E22 OK, donc, voilà, c’est ce que tu me disais, c’était peut-être difficile pour toi au début de faire exactement ce quelle attendait surtout que ça a l’air assez compliqué, c’est pas un petit « carré » tout simple. Et, qu’est-ce que tu t’es dit la première fois que tu a dû la coiffer ? I22 j’avais regardé avant comment ma patronne elle avait fait et du coup, après, heu donc, j’ai regardé comment elle faisait, pis le jour ou je lui ai coupé les cheveux ben j’ai fait pis y’avait ma patronne à côté et je lui demandais dès qu’il y avait quelque chose E23 D’accord, et donc quand tu dis que t’as regardé ta patronne, c’est que tu as observé tout ce qu’elle faisait pendant toute la coupe, comment ... Qu’est-ce que tu regardes précisément ? I23 Je regardais comment elle a fait pour laisser les longues mèches dans le cou E24 Oui I24 Pour laisser la grande mèche devant parce qu’il faut quand même ( ?) alors j’ai regardé comment elle fait, comment elle a effilé, c’est un travail avec le rasoir E25 D’accord, donc tu t’es bien concentrée sur tout ça et le fait d’avoir regardé, ça t’a permis ...? I25 Ca aide : après pour refaire les gestes tout ça ... E26 D’accord. Et la première fois que tu l’as coiffée donc, ça n’a pas été trop difficile ? I26 Non, ça a été, c’est juste donc l’effilage au rasoir qu’était pas assez prononcé comme elle aime que ce soit. Donc ma patronne m’a remontré et maintenant, au fur et à mesure, ça va mieux, au fur et à mesure, ça … E27 D’accord. Elle a quel type de cheveux, tu te souviens justement ? I27 Elle a un cheveu … Il est pas raide, il est heu … Comment dire ? Un cheveu souple, qu’elle a quand même E28 Hum I28 Donc, qui se place très facilement, facile à manier E29 OK. Alors donc, on va reprendre les étapes de cette coupe là. Donc, tu as commencé par faire les mèches … ? 158 I29 Oui E30 Et puis on va s’es tenir à la coupe parce que comme tu n’as pas beaucoup de temps …Donc voilà, tu te remets, tu es dans ton salon, par quoi tu commences ? I30 Alors vu que devant, la bordure, elle aime beaucoup que ce soit effilé, que ça lui revienne avec, y’a une patte qu’est plus grande que l’autre aussi, donc j’ai laissé toute la bordure … E31 Oui … Comment tu fais pour laisser la bordure ? I31 Je sépare, j’attache avec des pinces. Donc, j’ai fait le tour d’oreille, j’ai commencé à faire mon dégradé, derrière, j’avais attaché les deux trois mèches qu’elle laisse E32 D’accord. Comment on fait un dégradé alors ? I32 Et bah là, j’ai pris comme ça (geste) vu que c’est des cheveux courts, donc on coupe comme ça et comme ça (gestes) E33 D’accord I33 et du coup donc, j’ai fait mon dégradé court partout, après j’ai pris mon plateau, donc j’avais laissé … E34 Excuse-moi, elle avait beaucoup de cheveux à couper, sa coupe avait vraiment rallongé ou c’était juste un rafraîchissement ? I34 Non, c’était couper de juste deux cm E35 D’accord, donc ensuite, pardon, je t’ai coupée, parce que j’essaie d’imaginer, en même temps ! I35 Donc, après, j’ai relaissé ma bordure, j’ai fait mon plateau avec les jonctions pour pas que ça fasse de barres ni de grands cheveux qui restent E36 d’accord. Comment tu sais comment faire la jonction ? I36 Bah c’est au fur et à mesure qu’on apprend en faisant des coupes, des choses comme ça, et pis suivant les cheveux longs, les cheveux courts, on a différentes jonctions à faire, différentes choses … E37 Y’a des grands types de jonction, c’est ce que tu me dis ? I37 Aussi sur les cheveux courts, donc là, on prend comme ça (geste)-donc c’est court là- ensuite on fait le plateau là, c’est le dessus, et après, on a fait notre plateau donc généralement, on prend un rectangle là E38 Hum I38 Après y’a les cheveux des côtés là qui faut relever pour qu’ils fassent la même longueur que le plateau et après donc, on fait la jonction avec le dégradé qu’on a déjà coupé E39 D’accord, faut être drôlement attentif, non ? I39 Oui, faut se rappeler où que c’est qu’on a coupé déjà E40 Alors comment tu fais pour te rappeler ou tu as coupé ? I40 Alors moi, je sais que je commence toujours du côté gauche, donc après si je pars faire quelque chose … et pis je fais des séparations donc si je pars faire quelque chose, par exemple répondre au téléphone, y’a mes séparations qui restent donc du coup, je sais … E41 Une séparation avec une pince, c’est ça ? I41 non, je sépare avec le peigne et puis ...et puis le côté que j’ai déjà fait, j’aplatis … E42 OK, et ça c’est quelque chose que t’as appris à faire comment finalement ? I42 C’est au fur et à mesure des coupes, des habitudes que moi j’ai pris pour, pour que ça aille mieux E43 D’accord, c’est pas forcément quelque chose qu’on t’a montré ? I43 Non, pas forcément, c’est plus pour moi, pour mieux gérer la coupe, que ça se passe mieux. E44 Et tu dirais que tu as été capable d’avoir ta technique, tes repères, à partir de quel moment dans la formation, dans les deux ans ? I44 Ah, bah je sais que déjà, au début, quand j’ai commence, ma patronne elle m’a conseillée pour, quand je fais des coupes courtes, de laisser tout le bas et donc de séparer là (geste) pour pas couper les angles. Et là aussi (geste), on fait toujours une pointe aussi pour pas couper la ( ?) derrière E45 Qu’est-ce que tu appelles l’angle ? I45 C’est parce que là (geste), y’a des angles de coupe sur les cheveux. Généralement on laisse et ça fait un peu carré. Donc du coup, j’ai déjà séparé et du coup, je vais toujours vers les même séparations et après, selon si on fait le tour d’oreille ou demie oreille, je refais une séparation là (geste) et (inaudible). J’ai appris comme ça et du coup, c’est vrai que j’ai toujours gardé cette habitude E46 Donc, au départ, c’est ta patronne qui t’a montré, tu as utilisé comme base ce qu’elle te disait mais tu te l’es approprié … I46 Oui E47 Tes collègues, elles font pas forcément exactement comme toi ? I47 Non, bah y’a une collègue qu’est arrivée ben qu’a un BP(Brevet Professionnel) et heu, comment dire ? Elle est arrivée, ça va faire un an au mois d’août qu’elle est là, et elle, c’est vrai que vu qu’elle a pas appris dans notre salon, elle fait pas comme nous. Alors que l’autre employé qu’il y a et ben elle, elle a toujours été … la patronne l’a prise comme apprentie et du coup maintenant, c’est l’employée et c’est vrai que c’est la patronne qui lui a appris donc … toutes les trois, on a presque la même technique. E48 Donc, tes histoires de repères quand même, les autres fond un petit peu comme toi aussi I48 Oui, c’est comme ça qu’on a appris, on a cette technique. E49 Et quand tu vois la dernière arrivée qui a une autre technique, qu’est-ce que tu te dis ? 159 I49 Au début, ça fait bizarre … Enfin maintenant, elle prend un peu plus nos habitudes parce qu’elle voit que ça va mieux. E50 Ah oui ! I50 Oui, sur certaines choses, oui. Mais c’est vrai qu’au début, oui, ça a fait bizarre de la voir couper … Nous, sur les coupes hommes, on commence toujours, on fait le tour d’oreille, elle, elle commençait directement au dessus … Dans son salon, elle l’avait appris comme ça. E51 Et elle pouvait le justifier, dire « je fais comme ça pour telles raisons » ou … ? I51 Bah, non, c’est parce que on lui avait appris comme ça. E52 Et dans ces manières de faire, y’en a pas pour lesquelles au contraire toi tu te dis : « ah, c’est vrai, c’est pas mal comme ça, je pourrais essayer comme elle fait » ? I52 Oui, dans certaines techniques, oui E53 Oui, c’est enrichissant. Donc on revient à la coupe I53 Oui, donc, j’avais fait ma séparation, j’ai fait les jonctions des côtés avec le plateau du dessus et après donc, j’ai enlevé les pinces que j’avais mis pour les deux mèches qu’il y a dans la nuque, j’ai coupé un petit peu la pointe. Mais par contre, il faut prendre en élévation pour pas que ça fasse la coupure nette E54 Alors, en élévation, c’est à dire ? Je ne connais pas le vocabulaire … I54 Au lieu de laisser la mèche droite comme ça (geste) et de couper, on la surélève un peu, on coupe et çà fait faire un petit côté effilé E55 D’accord I55 Ca fait moins la coupe droite. Et du coup après donc on coupe y’a la mèche longue devant. On a … donc on coupe pas trop généralement, enfin, là, je raccourcis le côté mais la mèche longue généralement on coupe juste la pointe … parce que elle pousse plus trop. E56 Ah, oui ? Elle pousse plus ? I56 Oui, elle s’est arrêtée à une longueur et c’est vrai que … De temps en temps la pointe et heu … E57 C’est habituel, ça arrive souvent que des cheveux poussent plus ? I57 Non ! Alors du coup, je fais la jonction. Je fais la jonction, donc je prends la mèche là que j’ai coupée. Donc la mèche là (geste) avec le côté long et on laisse nos doigts comme ça penchés (gestes) pour que ceux-là, c’est la partie courte, ceux-là, la partie longues (gestes) et on coupe ce qui y’a en plus. E58 D’accord I58 Sans couper la longueur, heu la même longueur E59 OK, donc il faut quand même maîtriser toutes sortes de techniques différentes hein, pour réaliser une coupe comme ça … et après, faut effiler encore? I59 Voilà ! Tout le côté heu, aux ciseaux, et après donc, je prends le rasoir, je fais les séparations avec les pinces E60 Et alors, excuse-moi, pendant que tu fais tout ça heu, est-ce que tu vois ta cliente ? I60 Oui, je regarde dans la glace assez fréquemment pour voir au niveau des côtés, la longueur si j’ai pas un côté plus long que l’autre …si heu … E61 D’accord, c’est vraiment le regard sur l’aspect technique. Et tu as l’impression de regarder beaucoup ou … ? I61 Il faut quand même assez parce que si on a un côté plus long que l’autre et qu’on s’en aperçoit à la fin au séchage, c’est embêtant, faut tout recommencer. E62 Oui. Et la dernière fois que tu l’as coiffée, ta tante, elle était ... elle avait quel air, elle était comment, elle se sentait comment ? I62 Bah bien ! Pis elle trouve que maintenant je gère vachement mieux la coupe …enfin la patronne avant, vu que au niveau de l’effilage je savais pas trop, elle reprenait alors que maintenant, elle regarde simplement, elle me dit : « bon, bah, c’est bon » ; Pis même ma tante, elle sent que je suis plus à l’aise, que ça va beaucoup mieux … E63 Et toi, tu te sens plus à l’aise ? Tu te le dis, enfin comment … ? I63 Oui, ça va beaucoup mieux, enfin pis même , je vois la coupe, je la fais en beaucoup moins de temps, ça va vite E64 Alors, c’est quoi, quand tu dis, tu as gagné du temps, tu la faisais en combien de temps au début ? I64 Au début, j’ai dû la faire la première fois en …1h1/4 pis maintenant, je mets 1/2h seulement E65 Oui, c’est vraiment une évolution, c’est satisfaisant. J’imagine que plus on y arrive bien, plus on est à l’aise … I65 On est à l’aise, le mieux, c’est pour nous, on se dit qu’on a eu des bonnes bases, qu’on a bien appris E66 Là, travailler « sur » ta tante, c’est, c’est plus confortable pour toi ? Le fait que ce soit quelqu’un que tu connaisses ? I66 Bah après, c’est vrai qu’on parle mieux, enfin on a plus de choses à se raconter mais avec les clients c’est pareil, y’a toujours un sujet de discussion E67 Tu parles, pendant que tu coupes les cheveux, en général, avec la cliente ? I67 Oui, j’essaie d’être … de parler un petit coup avec … E68 Non, parce qu’on m’a déjà dit : « ah bah moi je peux pas parler, je suis obligée de me concentrer sur la coupe » I68 Au début, c’est vrai que quand j’ai commencé à couper, je parlais pas trop et j’étais plus concentrée sur la coupe mais maintenant que ça va mieux dans les coupes, on peut parler plus E69 C’est un bon indice, si tu arrives à parler, c’est que l’aspect technique te pose moins de problème. I69 Maintenant j’ai moins besoin de réfléchir à ce qu’il faut que je fasse là ou là … E70 Moins besoin de réfléchir, tu t’en rends compte de ça 160 I70 Oui, parce que c’est vrai qu’au début, c’était « bon, j’ai fait ça, maintenant faut que je fasse ça, faut pas que j’oublie de faire ça » alors que maintenant, c’est instinctif, ça vient tout seul … E71 Oui. C’est aussi pour ça que tu gagnes du temps I71 Oui E72 C’est étonnant même de se dire, tiens, à un moment donné, y’a plus besoin de réfléchir ! Et ça s’est produit à quel moment ça pour toi dans la formation ? I72 Heu … vers le mois d’octobre … quelque chose comme ça E73 Oui, donc en cours de deuxième année I73 Oui E74 Tu as senti le cap I74 Oui, j’ai eu un petit coup de blues, ma patronne m’a reboostée et du coup, c’est vrai que maintenant ... ça va beaucoup mieux E75 D’accord! Alors je vais te laisser finir de dégrader, d’effiler, pardon ! I75 D’effiler : donc du coup, le mèches du bas, j’y touche pas, vu que elles sont toutes naturellement et vu que on coupe en élévation, ça les effile. Donc, je mets des pinces, je fais des lignes droites et pis …j’y vais E76 Donc ... au rasoir ? I76 Au rasoir. Donc, par contre, pour effiler, j’effile pas simplement la pointe pour pas que ça fasse de … de … comment on dit ? : de barres. C’est vraiment un travail plus, qu’il y est des mèches courtes, longues pour que elle, au coiffage, ça lui tienne mieux. E77 D’accord. Donc, ça aussi, t’as regardé quand ta patronne le faisait ? I77 Oui, après, selon les clients, le désir qu’ils veulent, on fait pas forcément … E78 Alors, justement, si on quitte juste un petit peu ton modèle spécifique là, heu, t’as l’impression de pouvoir satisfaire toutes les demandes des clients là, à l’heure actuelle ? I78 Heu, pas toutes puisque les carrés plongeants, j’en ai jamais trop faits, alors du coup ça c’est vrai que …c’est quelque chose que je sais pas faire E79 D’accord. Et tu as regardé par contre ? I79 Oui, je regarde comment on fait mais à proprement dit, j’en ai jamais fait un comme ça. E80 Et ça te semble compliqué ? I80 Bah, plus compliqué quand même que les autres E81 Pourtant la coupe de ta tante, elle a l’air super compliquée ! I81 Parce que le carré plongeant, j’vois, il faut faire attention qu’y est pas un côté plus long que l’autre, bah, au niveau du devant, ça va mais après dans les longueurs qui y’a entre court derrière et là (geste), ça me semble plus compliqué … E82 D’accord? Et ça c’est une technique que vous avez vue au CFA, le carré plongeant ? I82 Non, on l’a jamais fait encore au CFA E83 Donc j’ai l’impression qu’il te reste aussi des choses à apprendre pour la suite, tu fais quoi, après ? I83 Une mention complémentaire E84 D’accord. Et tu restes chez ta patronne actuelle ? I84 Non, parce que vu que elle a repris un BP encore au mois d’août, du coup, y’a plus assez de travail pour quatre E85 D’accord, et tu as trouvé ? I85 Oui, à S. J’avais deux possibilités. E86Très bien. Dernière question sur, comment dire ? Est-ce que pour toi, tu vois une grande différence entre ce que tu apprends au CFA et ce que tu apprends en entreprise ? I86 Oui ! Parce que, je vois, en entreprise quand on fait des coupes hommes, généralement ils veulent des crêtes, des choses comme ça … c’est plus moderne que ce qu’on fait au CFA. Donc du coup au CFA, ils nous disent toujours, madame P (formatrice de coiffure) elle vérifie si on a pas coupé les angles, que ça fasse vraiment bien … carré, si on peut dire E87 D’accord I87 Alors que maintenant la mode, enfin, des crêtes, c’est tout ramené au milieu, donc là faut vraiment tout couper quoi E88 Oui, oui. Et alors, comment ça se fait qu’on continue de vous apprendre ça ? I88 je sais pas du tout ! Enfin, je pense que… E89 Vous n’avez jamais posé la question ? I89 Non, on a jamais posé la question E90 Est-ce que ça peut-être utile, quand même, de savoir faire comme ça ? I90 Je sais qu’après on le voit en salon donc après au CFA, on voit plus ce qui nous sert pour le CAP. E91 Oui, tout a fait. Mais y’a bien certains hommes qui viennent dans votre salon pour faire autre chose que des crêtes, non ? I91 Oui, oui ! Y’en a des qui fond des coupes comme on apprend au CFA. E92 Y’a d’autres choses encore qui sont importantes au CFA ? Ou qui sont différentes de … ? I92 Ben, au niveau de la permanente, on en fait beaucoup au CFA E93 Et peu en entreprise ? 161 I93 Ben, moi je sais que j’en faisais une par jour mais après ça dépend de la clientèle E94 Et la technique ? I94 C’est pas pareil parce que nous en entreprise quand on roule sur les clients, on commence par le devant alors que au CFA vu que pour l’examen faut faire indirect, on commence par la nuque … E95 Indirect ? Pourquoi ça s’appelle comme ça ? I95 Heu, non ! En direct, pardon ! C’est quand on met directement le produit. Donc, vu que les cheveux de la nuque ont beaucoup plus de mal à prendre, on commence par la nuque. E96 pour que ça pose plus longtemps ? I96 Voilà. Que au salon, on fait en indirect, on met pas le produit directement, on commence par le front et seulement après on met le produit E97 D’accord I97 Alors qu’à l’examen faut commencer par heu … E98 Alors comment ça se fait ça ? I98 C’est la technique qui faut faire pour l’examen ! E99 OK ! Y’a pas de justification ? I99 Non, c’est comme ça … Mais au CFA on roule avec les gants alors qu’en entreprise on le fait pas E100 Oui, là c’est pour que la difficulté soit un peu plus grande I100 Et puis, y’a un temps à respecter … E101 Bien, bien, je te remercie. 162 Annexe 6 : Tableau I Catégorisation des verbalisations SR1 : Entretien n°1, service en restauration Numéros de ligne (transcription entretien) 7, 9, 10, 10, 14, 15, 19, 22, 24, 31, 35, 37, 41, 44, 45, 48, 56, 57, 58, Contexte 77, 82, 85, 90, 92, 93, 97, 98,115, 117, 152, 154, 177, 216, 223, 224, 226, 227, 232, 245, 255, 258, 259 Procédural 16, 23, 53, 137, 211, 220, 258 12, 15, 17, 18, 19, 21, 25, 28, 29, 30, 31, 32, 41, 42, 48, 50, 51, 52, 61, 65, 67, 69, 76, 80, 81, 84, 86, 88, 89, 91, 94, 95, 98, 99, 102, 114, 117, 118, 120, 121, 122, 123, 124, 126, 129, 131, 137, 138, 144, 145, 146, Déclaratif 149, 150, 155, 156, 157, 158, 159, 160, 162, 163, 165, 166, 167, 168, 169, 170, 175, 176, 179, 182, 186,187, 200, 201, 202, 203, 204, 206, 207, 208, 209, 211, 212, 213,214, 216, 217, 218, 219, 224, 225, 227, 230, 235, 236, 240 , 244, 245, 248, 249, 250, 251, 259, 262 Intentionnel 12, 17, 50, 61, 89, 95, 121, 138,139, 140, 144, 156, 239 Jugement 20, 21, 32, 35, 36, 44, 60, 63, 68, 71, 73, 74, 78, 79, 83, 100, 153, 177, 186, 197, 247, 256 Manière d’apprendre, 26, 40, 55, 60, 74, 100, 104, 108, 127, 128, 191, 192, 193, 196, 199, Manière de travailler 265, 268, 272 Code couleur : N°x : recul opéré antérieurement à l’EdE N°y : recul opéré en cours d’EdE En italique : lien avec le client x : lien avec le CFA 163 SR2 : Entretien n°2, service en restauration Numéros de lignes (transcription EdE) 1, 2, 3, 4, 6, 7, 8, 11, 14, 16, 19, 23, 26, 27, 28,31, 34, 37, 38, 40, Contexte 45,69, 94, 95, 96, 104, 107, 121, 126, 147,151, 152, 153, 181, 182 209, 221, 223, 231,232, 237, 269 Procédural 7, 10, 12, 44, 71, 126, 159, 160, 231, 237 15, 16, 17, 19, 20, 21, 24, 29, 30, 32, 34, 38, 39, 40, 43, 47, 48, 51, 52, 53, 54, 57, 60, 61, 66, 67, 71, 73, 76, 77, 79, 80, 82, 92, 93, 99, 100, 101, 105, 107, 108, 109, 114, 118, 120, 122, 125, 127, 128, 129, 130, Déclaratif 132, 139, 144, 146, 154,156, 157, 158, 164, 169, 171,186, 206, 207, 208, 210, 212, 213, 215, 216, 218, 220, 222, 225, 226, 233, 235, 236, 238, 239, 242, 243, 244, 255, 258, 266, 267, 268, 269 Intentionnel 6, 7, 21, 30, 34, 55, 58, 61, 67, 76, 128, 129, 142, 214, 257, 268 Jugement 5, 7, 25, 46, 65, 66, 73, 112, 142, 147, 149, 162, 182, 187, 189, 190, 191, 209, 211, 239, 240 33, 34, 35, 36, 50, 56, 62, 63, 64, 70, 83, 85, 103, 120, 131, 134, 135, Manière d’apprendre, 137, 138, 146, 166, 168, 179, 188, 192, 193, 194, 197, 198, 207, 259, Manière de travailler 260 SR3 : Entretien n°3, service en restauration Numéros de lignes (transcription entretien) Contexte 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 16, 19, 20, 21, 22, 27, 28, 30, 31, 32, 38, 48, 70, 74, 76 Procédural 8, 13, 15, 16, 21, 25, 26, 27, 39, 40, 44, 46, 48, 70, 72, Déclaratif 10, 11, 12, 17, 34, 35, 37, 54, 56, 71, 82, 83, 84, 93, 104, 110, 112, 116 Intentionnel 116, 118 Jugement 2, 7, 10, 12, 14, 20, 22, 33, 41, 42, 43, 44, 47, 51, 52, 57, 61, 62, 64, 65, 76, 88, 89, 90, 91, 94, 103, 107, 110, 112, 118 Manière d’apprendre, 55, 59, 60, 66, 67, 89, 95, 96, 97, 100, 102, 103, 106, 109, 114, 115, Manière de travailler 120,122 164 V1 : Entretien n°2, vente (produits courants) Numéros de lignes (transcription entretien) Contexte 1, 2, 3, 4, 5, 7, 12, 13, 15, 18, 20, 21, 22, 23, 24, 26, 29, 44, 45 Procédural 5, 8, 26 Déclaratif 6, 17, 19, 25, 32, 34, 36, 37, 38, 45, 49, 52, 53, 54, 55, 56, 63, 64, 66, Intentionnel 5, 8, 10, 17, 31, Jugement 3, 4, 12, 29, 35, 50, 73, Manière d’apprendre, 11,16, 25, 39, 40, 42, 43, 46, 48, 53, 57, 58, 60, 61, 64, 68, 69, 70, 71, Manière de travailler 72, 73, 74, 75, 76, 77 V2 : Entretien n°1, vente produits alimentaires Numéros de lignes (transcription entretien) 3, 4, 5, 7, 11, 12, 27, 31, 32, 36, 37, 53, 54, 57, 62, 63, 66, 67, 69, 70, Contexte 71, 72, 73, 76, 77, 87, 89, 91, 92, 93, 94, 96, 100, 102, 109, 115, 124, 126, 132, 165, 166,172, Procédural 80, 106, 168, 8, 9, 10, 13, 14, 17, 17, 19, 21, 22, 38, 46, 47, 48, 52, 53, 60, 61, 64, 66, 74, 79, 80, 81, 83, 86, 90, 97, 98, 99, 107, 109, 110, 111, 115, 116, Déclaratif 123, 129, 130, 133, 139, 146, 147, 153, 154, 156, 157, 162, 165, 168, 169, 170, 172, 189, 190, 191, 192, 193, 194, 195, Intentionnel 129, 130, 163, Jugement 5, 6, 9, 20, 23, 24, 25, 28, 32, 49, 50, 51, 85, 140, 141, 179, 182, 184, 185, 186, 188 Manière d’apprendre, 30, 35, 39, 40, 41, 42, 43, 45, 53, 82, 84, 103, 105, 117, 119, 122, 128, Manière de travailler 134, 135, 142, 143, 144, 151, 152, 155, 156, 160, 163, 171, 175, 187, 196, 197, 199, 201, 202, 203, 204, 206 165 V3 : Entretien n°3, vente Numéros de lignes (transcription entretien) Contexte 1,4, 21, 28, 29, 31, 39, 40, 41, 46, 55, 62 Procédural 30, 32 Déclaratif 4, 7, 12, 1, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 33, 35, 46, 47, 56, 61, 69, 70, 83, 85 Intentionnel 4,15 Jugement 8, 13, 14, 18, 30, 36, 43, 44, 45, 54, 65, 66, 67, 68, 69, 73, 80, 84, 90 Manière d’apprendre, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 66, 67, 74, 76, 77, 78, 79, 86, 89, 90 Manière de travailler C1 : Entretien n°1, coiffure Numéros de lignes (transcription entretien) Contexte 7, 12, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 21, 35, 47, 48, 51, 58, 62, 66, 90, 151, 156, 160, 161, 192, 194, 196, 209, 214, 242, 259 Procédural 34, 38, 50, 110, 111, 121, 127, 132, 139, 160, 162, 163, 195, 196, 209, 210, 241, Déclaratif 7, 9, 11, 13, 19, 21, 23, 25, 26, 29, 30, 37, 39, 41, 42, 43, 44, 45, 49, 55, 56, 58, 63, 64, 67, 70, 72, 73, 74, 75, 76, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 91, 92, 93, 96, 97, 99, 101, 111, 112, 113, 115, 116, 118, 122, 123, 124, 125, 126,130, 140, 141, 143, 144, 146, 147, 148, 149, 150, 151, 156, 161, 163, 167, 168, 171, 172, 173, 174, 177, 179, 180, 182, 183, 185, 186, 187, 189, 190, 191, 197, 198, 199, 204, 205, 206, 212, 215, 216, 222, 227, 230, 232, 235, 242, 244, 245, 246, 247, 248, 253, 264 Intentionnel 38, 56, 113, 114, 115, 122, 149, 156, 195, 211 Jugement 109, 130, 138, 157, 228, 231, 254, 266 Manière d’apprendre, 27, 28, 31, 32, 78, 79, 86, 87, 89, 102, 104, 105, 106, 107, 108, 109, Manière de travailler 120, 130, 132, 133, 134, 136, 137, 152, 153, 158, 175, 176, 184, 217, 219, 223, 224, 233, 238, 243, 166 C2 : Entretien n°2, Coiffure Numéros de lignes (transcription entretien) Contexte 3, 9, 11, 17, 18, 20,21, 27, 30, 34, 56 Procédural 14, 15, 17, 19, 30, 31, 33, 35, 53 Déclaratif 4, 11, 13, 28, 31, 32, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 44, 45, 50, 53, 57, 58, 59, 60, 61, 67, 75, 76, 77, 94, 95, 96, 97, 98, 99, 100 Intentionnel 18, 35, 38, 42, 43, 44, 53, 54, 55, 76 Jugement 4, 15, 26, 47, 49, 61, 65, 66, 80, 81, 86 Manière d’apprendre, 22, 23, 24, 25, 36, 42, 43, 44, 45, 50, 62, 63, 64, 68, 69, 70, 72, 74, 78, Manière de travailler 79, 86, 90 167 Annexe 7 : Tableau II (pages suivantes) 168 Annexe 7 Tableau II Les savoirs d’action Extraits significatifs du discours Savoirs procéduraux -on fait le tour quand c’est des grandes tables comme ça, on fait le tour parce que s’ils commencent tous à lever la main (47) -je me déplace, comme ça ils peuvent continuer de parler entre eux … je me déplace, je prends leur commande apéritif, une fois terminé, je prépare (50) -on débarrasse les apéritifs au fur et à mesure : pour eux c’est plus agréable et pour nous, ça nous permet de pas - enfin, je fais tout ce qu’il y a à faire au fur et à mesure, (95) - avoir rien à faire(144) -Quand c’est des grosses tables, on commence toujours par le fond et une fois qu’on a commencé une rangée, on fait la même(148) -je vois qu’ils terminent, j’attends un peu quand même, je leurs sers s’il leur reste du vin blanc. Je termine le vin blanc parce qu’après on passe au rouge ; j’attends trois Gestes -on met une assiette là et l’autre pardessus geste puis voilà(200) Repères pour l’action Règles d’action et valeurs -[savoir qui a commandé quoi]si par exemple une personne elle m’a marqué parce qu’elle avait les cheveux rouges, et puis à côté il va y avoir …(55) -je regarde dans la salle assez souvent pour savoir si y’a besoin de quelque chose(95) -[je vois que je peux] envoyer en cuisine, c’est qu’il y a plus d’amuse-bouche et que la moitié des verres sont vides(98) -avant le service, je sais combien de temps il faut que le plat cuise(126) et je lui demande plus, je vois avec les casseroles qui sont sur le feu(166) -[savoir comment dresser la table]c’est marqué sur le bon, sur le calendrier de -[pour les vins]il faut rester dans les prix, en fonction du menu(21) -après avoir conseillé, je vais toujours quand même demander à la patronne(31) -j’attaque le fond de la salle puis je vais dans le sens des aiguilles d’une montre(52) -il faut tout de suite repérer les personnes [dont c’est la fête]parce qu’on leur met une bougie à la fin(61) -là on se dit va falloir éviter les remarques, on se dit faut vraiment que tout soit nickel(69) -il faut que j’aille vite car il faut encore que j’aille chercher les …(88) -Je les sers un par un pour éviter la casse(89) -Le chef il est tout seul au chaud, donc en fait déjà faut pas faire trop de bruit, pendant le service faut pas faire trop de bruit … faut pas parler pour rien dire …il s’occupe de tout, il est tout Modèle du client -c’est des gens qui veulent qu’on fasse attention qu’à eux, fallait qu’on serve que eux(80) -Ils viennent de se retrouver, faut qu’ils racontent leur vie(86) -c’est à leur tête ou alors à leur façon d’arriver, un peu … qui veulent se montrer, qui veulent …(68) -les petits papis n’ont plus un grand appétit à leur âge(208) -Y’a des gens qui veulent pas parler, qui veulent manger, qui veulent qu’on les laisse tranquilles. Ces gens là on les ressent, on les embête pas plus(248) -y’a ceux qui parlent affaire, faut pas non plus trop les embêter … dès qu’ils arrivent, on sait à peu près à quoi s’en tenir Connaissance Lexique des produits, du professionnel matériel -envoyer les plats - les lancer -le chaud (pour les plats chauds) -attaquer un service -On leur demande leur vin pour qu’on puisse sortir le vin qu’il se réchauffe(12) -c’est un vin blanc fruité qui passe bien avec le homard, on le dit pas aux clients mais c’est un bon rapport qualité prix quand même(26) -là ce qui était important c’était le morilles, avec un sauté de veau…Fallait plus se baser sur les morilles en fait(42) -Le veau aux morilles, il le fait cuire en croûte donc en fait y’a plus qu’à le mettre au four et y faut compter à peu près ¼ d’h(166) -il y une grosse pâte feuilletée dessus et en cuisant ça 169 quatre mn, le temps de refaire le tour avec l’eau, le pain. Là je vais voir le chef, je lui dis « c’est bon pour les plats », donc puis là je débarrasse(165) -donc je demande si tout va bien, [au milieu]et à la fin du repas, je demande si ça a été(206) -ils ont mangé les desserts, je débarrasse les desserts, je fais le café, donc au départ je demande pas qui veut du café, j’en fais, je les envoie, 4 par 4, au moins je suis sûre que ça passe et vers la fin je demande qui en veut(236) réservation(169) -Pour les tables individuelles, on fait toujours les miettes de pain mais là [grande table] avec la déco on peut pas(213) seul(117) -généralement on fait plus goûter aux hommes(137) -quand c’est des grosses tables comme ça, on envoie toujours à deux, par contre on attend la deuxième personne en salle(146) -quand c’est des grosses tables, on commence toujours par le fond et une fois qu’on a commencé une rangée, on fait la même rangée en fait(149) -pour les grandes tables, on sert pas les dames en 1er et les hommes en 2e parce que sinon il faut croiser(150) -une fois qu’on commence quelque chose, on le termine tout de suite(158) gonfle(178) -c’était une feuillantine de fruits, c’était une crème chiboutz avec des fruits frais (226) 170 SR2 - Tableau II - Les savoirs d’action - Extraits significatifs du discours Repères pour l’action Savoirs procéduraux Gestes -J’attends un peu en cuisine, dès qu’une assiette est prête, je mets du persil, de la tomate …si la personne a pris du poisson, je mets une rondelle de citron, donc ensuite je prends les assiettes trois par trois, donc deux puis un(16) -si on est à deux[avec une collègue], on fait face à face. Mais quand je suis toute seule, la table je la divise en deux, je fais tout un côté, ensuite je reprends de l’autre côté, ça va beaucoup plus vite et les gens ils attendent pas(21) -quand on sait qu’ils veulent du pain Et du vin, on demande le vin au bar et on le prends en revenant, c’est faire moins de pas, ça coûte moins de temps(34) -j’ai une habitude, c’est de laisser leur couteau pour leur fromage[…]ça m’évite des pas et je perds moins de temps en fait parce que quand je prends les fromages, je prends 4 assiettes(57) -elles débarrassent au fur et à mesure et moi non, je débarrasse tout en même temps, ça évite les pas(61) -Les étapes pour proposer fromage et fromage blanc(71-79) - pour les servir(82) -[avec un client sale]En tant que serveuse, c’est dépêche toi de - C’est selon les assiettes, si elles sont trop chaudes, je prends deux par deux, si ça va je prends trois par trois, ça va plus vite(20) -[porter les -Si on voit que ils assiettes]j’en commencent à fixer le glisse une plat, leur assiette, qu’ils entre mon la fixent, c’est que ça auriculaire et leur plaît pas(39) mon pouce, -J’avais déjà repéré, il j’en remets regardait et puis avec sa une au fourchette, il piquait dessus des dans la viande tout en deux doigts regardant comment que et j’en prends le jus sortait en fait une dans […]et c’est là que j’ai l’autre dit, ce monsieur, ça va main(17) pas lui plaire(44) -[voir si les clients ont -recours aux terminé]On voit pas gestes pour forcément leurs assiettes montrer la parce qu’ils mettent manière de leurs mains. C’est au disposer les niveau des visages qu’on fruits dans les regarde et c’est au corbeilles(55) niveau de leurs gestes(67) - c’est au niveau du physique déjà et si il y a un échange de paroles(85) -tout en servant les Connaissance Lexique des produits, professionnel du matériel Règles d’action et valeurs Modèle du client -il faut, en cuisine, vraiment faire attention aux bons parce que en fait, y’a par rapport aux collègues des fois, on a le bon côte à côte et on se trompe d’assiette(30) -Avant de proposer les desserts, je prends toujours mon carnet et je vais noter ce qui reste(30) -[manière de faire les corbeilles] Comme ça les clients ils voient qu’il y a plusieurs fruits(54) - je débarrasse tout en même temps, même si les autres ils attendent, c’est le respect du groupe, en fait (61) - c’est une marque de politesse [attendre que tout le monde ait fini](62) -faut avoir une vue générale en fait, faut se mettre à chaque extrémité de la table pour voir si tout le monde a terminé(67) -c’est moi qui me déplace, je me mets toujours entre deux personnes, comme ça les quatre ils entendent et ils peuvent réfléchir(76) -[après « altercation »avec -Ils avaient le sourire… quand ils parlent entre eux et qu’ils mangent en même temps on voit directement si le plat il est bon(38) -au niveau des fromages, ça ralentit parce qu’ils veulent garder de la place pour le dessert, ça a toujours été … parce qu’en entrant, ils voient dans le frigo ce qu’il y a en dessert(92) -ceux qui partaient fumer, c’est ceux qu’avaient terminé avant les Pas de autres(98) « jargon » -moi, je connais leur rythme[ouvriers habitués](101) - les clients dégoûtants(105) et on les reconnaît puis on les connaît les gens comme ça(111) - il y a très peu de gens qui prennent les fruits donc en général c’est les fruits que je retiens [qui a commandé](131) - C’est les femmes qui prennent des fruits, les hommes c’est plus mousse au chocolat, éclair, tout ce -Donc, on a un duplicata du bon, qu’on accroche sur un tableau en cuisine, c’est un tableau aimanté en fait(15) -Le meuble(la desserte), les plateaux : ceux qui tiennent la route, que les verres ils glissent pas dessus(215) -On peut prendre le chariot, y’a trois rayons … mais moi j’aime pas(239)cf recul -les pics qui indiquent la cuisson des viandes(248) -On a toujours deux légumes du jour donc soit des féculents : des frites ou des pommes vapeur et du riz, y’en a toujours, et un légume(26) 171 manger, hop, on le sert, hop puis on se dépêche. On fait en sorte qu’il mange le plus vite possible(108) -j’annonce les desserts, toujours un par un, entre chaque personne, donc je passe et pis heu si y’en a il faut que je répète, ben, je répète parce que pour les desserts j’hurle pas(122) Je passe et je leur redis, si ils ont pas entendu ou si ils sont en train de discuter, j’attends pis je repasse(124) -je prends les desserts et je demande les cafés en même temps parce qu’ils on dit qu’ils étaient pressés(126) -j’apporte les plateaux de desserts, je pose toujours sur le meuble parce que vu que c’est sur plateau ça va plus vite en fait, ça empile les plateaux et ça évite les allerretours(128, 129) -Je dépose les desserts, je sers un par un, je fais tout le tour(131) -Ma collègue, elle vient me voir quand je débarrasse, elle me demande si elle fait couler les cafés, soit je dis oui, soit je lui dis non, ça dépend[…]je lui dis oui pour le groupe […]si un plateau était prêt, je le prenais, j’allais servir les clients(207, 208) -j’ai débarrassé donc avec mes fameux plateaux que j’ai mis de côté[sur la desserte, au fil du service](237) autres, je regarde, je surveille(103) lient]je retourne voir le client c’est la politesse(164), c’est le respect(166) -Moi c’est à la fin que je leur demande si ça a été, si c’était pas trop long (268) qui est bien …(132) et aussi(144) - les femmes prennent des kirs(139) -en général quand ils voient que je suis en train d’apporter les desserts à des groupes, il me remarquent et il se disent « j’ai besoin d’elle »(157) - le plateau il est dans le frigo, on a juste à le sortir, à prendre ce qu’on veut(82) -On en a pas mal, la salade de fruits, l’île flottante, les fruits …ça fait cinq ou six desserts(121) 172 SR3 - Tableau II - Les savoirs d’action - Extraits significatifs du discours Savoirs procéduraux -On l’installe, on lui propose l’apéritif, il prend l’apéritif, on le fait patienter un peu(15) -je lui prends sa commande et je vais dire en cuisine « il est assez pressé le monsieur »(16) -je regarde, bah pour le pain, je regarde si ils en ont, pis pour les boissons pareil. On regarde et pis si y’en a plus, on repropose, on en remet(26) -je dis « désolée, on a un petit peu de monde, donc ben, on s’occupe de vous »(32) Gestes Repères pour l’action Règles d’action et valeurs Modèle du client -il se plaignait à chaque truc qu’on lui apportait(10) -déjà, il avait du mal à dire bonjour(12) -alors on se dit « ça commence déjà bien »(14) -il nous dit qu’il est assez pressé(16) -eux [clients pressés] comme ça ils passent avant les autres [en cuisine] par exemple si Pas de description ils sont vraiment par geste pressés(18) -On a jamais eu de problème, on la fait tous les jours[une sauce qui ne convient pas](22) -parce que c’est vrai que des fois, ça peut ne pas convenir, on le ramène[le plat](45) -Quand ils se plaignent trop, il[le chef]va même voir des fois les clients(70) qu’il aille vraiment lui expliquer ce que c’est parce que des fois, ils pensent que c’est une sauce comme ça pis en fait …(71) -« Premiers arrivés, premiers servis » comme on dit (15) -Bah on guette plus sa table que les autres [client difficile](35) -[avec les clients difficiles]il faut pas que ça s’amplifie parce que quand ça s’amplifie, moi je passe le relais(55) -Etre respectueuse, ne pas être impulsive(93) -essayer de se retenir, de pas parler de pas être vite fait sur le client(95) -On se dit faut se retenir, faut pas …(97) -Dire « c’est le client », faut qu’on soit respectueux, même quand ils sont chiants, faut pas …(104) -Moi je passe à côté, j’vois faut débarrasser, bah tu débarrasses, tu vois que faut faire ci … comme on dit « faut pas partir à vide »(112) -y faut faire tout pour que y reviennent … Mais ceux qui sont difficiles à convaincre, y faut être près d’eux en fait(118) Lexique professionnel -des gens pressés, parce qu’ils travaillent en même temps, ils ont une heure pour manger, ils viennent(17) -C’est les gens ils croient qu’ils sont chez eux en fait donc ils veulent leur intimité mais on est cinquante, on est pas tout seul(42) N’apparaît pas -déjà quand tu leur dis spécifiquement bonjour, qu’ils ont à peine dans l’entretien répondu, ça, tu le sais déjà(82)ensuite c’est quand tu les installes, ils sont déjà hésitants : « on peut pas se mettre ailleurs ? » Du coup tu te dis, ça va être déjà chaud(83) Connaissance des produits, du matériel L’entretien ne permet pas de repérer des connaissances à ce niveau 173 V1 -Tableau II- Les savoirs d’action-Extraits significatifs du discours Savoirs procéduraux Gestes -je lui ai demandé ce qu’il recherchait, la dimension, ce qu’il recherchait, plus les couleurs qu’elle lui avait demandées, puis par rapport aux questions que je lui ai posées, j’ai recherché ce qu’on avait(6) -J’ai déjà pris tout ce qu’il avait trouvé d’autre, Pas de description des gestes qui lui plaisait vraiment et puis avec les rideaux, j’ai mis les mêmes à côté, qu’il voit ce que ça pourrait donner(8) -je lui dis, « vous voulez quoi exactement ? , vous voulez une petite lampe, c’est pour mettre sur les tables de nuit, c’est pour mettre sur un meuble ? »(25) -je lui dis « calmez-vous, on peut pas reprendre, il faut que vous compreniez que nous, on a vendu ce produit en bon état »(56) Repères pour l’action -y’ avait des coussins, des rideaux, des lampes …et puis une trigle à rideau … et une parure de drap, donc rien n’allait ensemble … sur les rideaux il bloquait, c’était pas exactement ce qu’il voulait(5) -y regardait pas les prix, je m’en suis rendue compte, il m’a vraiment pas parlé de prix(15) - la pièce était assez grande et il voulait, il voulait assez lumineux, il voulait que quand les rideaux sont fermés on voit rien(18) -je savais quel type il voulait, alors je lui en ai proposé (19) -et puis on sait ce qu’on a dans nos rayons (17) -j’ai appelé les autres magasins pour savoir si ils en avait(26) -il me disait qu’il voulait des lampes de chevet mais pas des petites(25) -il avait l’air content, il suivait ce que je lui disais(29) Règles d’action et valeurs -[regarder le client]du moment qu’on veut intéresser quelqu’un, il faut savoir ce qu’il en pense même sans lui demander(37) -je le fais tout le temps en fait [regarder la personne]si je parle à quelqu’un de quelque chose qui me tient à cœur(38) Modèle du client -je vois au visage, en fait, aux mimiques, la gestuelle et tout, si il commence à regarder autre chose quand je parle, c’est qu’il s’intéresse pas du coup (32) -les clients en général c’est un peu tous les mêmes, c’est ceux qui demandent conseil mais qui veulent rien … en fait ils viennent pour rien acheter(52) -y’a ceux qui voudraient des choses impossibles … le moins cher possible, des choses qu’on peut pas faire(54) - les clients sont tous différents, y’a ceux avec qui on peut rigoler, ceux avec qui on n’ose pas trop la blague …on apprend à reconnaître le client rapidement en fait (64) Lexique professionnel Connaissance des produits -je lui ai dit que ce qu’il avait choisi en coussin, c’était des coussins avec des boudahs dessus, on l’avait également en rideau(5) -Les lampes, c’est mon rayon, enfin, c’est mon côté… on en a pas mal(24) -dans les lampes, c’est assez varié 174 V2 Tableau II Les savoirs d’action Extraits significatifs du discours Savoirs procéduraux Gestes -Je laisse la boîte sur le comptoir, je vais prendre des gants derrière, je reviens la chercher (17) -je décharge le pain en 1er,, 3 ou 4 cagettes à chaque fois et la pâtisserie et la viennoiserie et le traiteur(66) -Par exemple, « celui-là doit être écœurant » là on dit « oui, mais avec la crème anglaise » … (116) -après on leur conseille de le laisser bien au frais et de le sortir au dernier moment(172) -on demande s’il y a plus d’enfant que d’adultes(189) -Si c’est pour la fin d’un repas, on propose plutôt un gâteau léger(191) -[montre comment on fait un emballage] Vous pliez le dessus du papier, en fait, après vous repliez carrément sur la boîte, vous appuyez les deux côtés de la boîte … -Description des gestes pour mettre le ruban (149) Repères pour l’action Règles d’action et valeurs -les enfants on les fait passer derrière le comptoir pour choisir les bonbons (74) -je m’arrête de travailler -on a un bouquin exprès [description des quand ils [les clients] gâteaux](105) arrivent(80) -Quand il y a des clients qui demandent 50trucs, je tape au fur et à mesure(163) -Il faut avoir une « écoute active », faut toujours regarder le client, faut pas faire -C’est pas facile à autre chose en même expliquer, c’est plus facile à monter(151) temps(83) -le matin quand on met en rayons, on est obligé de speeder pour pouvoir servir le clients plus vite et qu’ils voient tout ce qu’il y a en rayons(129) -me souvenir des gens, non…Mais je sais ce qu’il ont pris(60) Modèle du client Evoque plutôt des cas particuliers -Y’en a un il vient chercher son pain complet, il nous demande de le trancher, il veut pas qu’on ferme le sac(36) - la plupart des gens nous demandent si c’est payant[la crème anglaise](110) -Si ils voient pas[les produits en rayons]ils demandent pas(129) -en général les enfants aiment le chocolat[pour conseiller](189) Lexique professionnel Connaissance des produits, du matériel -On une palette en plastique exprès pour les [cagettes] poser dessus, on les pose la dessus et on les prends au fur et à mesure pour mettre en rayons(70) -J’ai dit qu’il y avait un biscuit meringué souple aux amandes, du crémeux de vanille, du glaçage chocolat(106) -Le « fruits d’été » c’est […](109) -On a deux sortes d’emballages 175 V3 Tableau II Les savoirs d’action Extraits significatifs du discours Savoirs procéduraux -Je dis « bonjour », je dis « qu’est ce qu’il vous fallait ? », ils disent …(7) -ben je prends le jambon, je le mets dans la machine, je le coupe, je remets le jambon, je perends les tranches, je les enveloppe, après je les mets sur la balance, je tape le prix au kg pour avoir le prix, je les emballe , dans un sac plastique pis après je lui donne, je le remercie, pis je lui dis au revoir (33) Gestes Repères pour l’action Règles d’action et valeurs -Je lui dis bonjour, je regarde sur quel ton elle me parle (12) (plutôt règlement ici) -il faut enchaîner pour pas qu’ils attendent trop longtemps parce que sinon y’a le patron qu’est là (4) -Nous on leur propose des feuilles, avec le prix, la composition(46) -il faudra voir avec la responsable mais moi je pourrai pas savoir [certains prix](63) Modèle du client - y’en a plein hein, y’a ceux qui sont agréables, y’a ceux qui sont désagréables, y’a ceux qui vont causer avec vous pendant deux heures(18) -Y’en a c’est « j’veux ça, -quand ils disent pas j’veux ci après « au revoirbonjour, tu leur dis merci », mais y’a plein de BONjour, comme ça types de clients, quoi, c’est pour qu’ils comprennent varié(19) bien que y’ a quand -les jeunes et les moins même heu…(15) jeunes … après y’en a plus qui viennent qui sont dans -je ne bavarde pas trop la quarante cinquantaine, avec les clients en pis tous ceux qui sont général(35) après(20) -y’en a qu’ont leurs habitudes, qui prennent toujours la même chose -en général les gens y prennent un peu tout le temps les mêmes trucs, donc on sait à peu près quoi(61) Lexique professionnel Connaissance des produits -en général c’est toujours le mêmes assortiments [de fromage, proposés](56) 176 C1 - Tableau II - Les savoirs d’action - Extraits significatifs du discours Savoirs procéduraux - « Bonjour madame, vous avez RDV ? » Elle me dit oui, « je vais prendre votre nom », je regarde sur le carnet, je la barre, après je l’installe devant puis ben je communique avec elle, je lui demande ce qu’elle veut, ce qu’elle recherche dans la couleur, si c’est la brillance … (8) - Donc j’ai été cherché une tablette, je l’ai habillée, donc, je lui ai mis la serviette et tout, j’lui ai mis du cello pour pas qu’elle soit tachée et heu après j’ai commencé à appliquer la couleur (38) -après je suis partie au bac avec ma tablette, et puis ben j’ai rincé les bols, j’ai regardé si y’en avait d’autres parce que des fois y’a mes collègues elles ont fait des mèches et aussitôt après fallait qu’elles fassent leur cliente donc elles ont pas nettoyé le bol, bon moi je leur nettoie(99) -j’ai commencé à sécher la cliente de ma patronne et après ben j’ai été voir quelle heure il était, j’ai vu Gestes -ben par rapport à mes doigts, je prends mes doigts, je les mets comme ça et après …(141) -Je sais pas, je fais comme ça(148) Repères pour l’action Règles d’action et valeurs -Elle avait les cheveux mi-longs(14) -Nous, on enregistre toutes les fiches clients sur l’ordi, donc je lui ai ressortie(21) -sur le nuancier, c’est marqué, en fait, ce que c’est(23) -Elle voulait à peu près le même genre de couleur qu’elle avait, mais avec plus de reflets(35) -J’mets ben tout dépend, quand je fais que les racines, ben je mets10 mn et quand j’fais longueur et pointes, tout dépend de la masse qu’elle a en fait(64) -dès qu’on voit qu’y a plus de produit qui coule dans le bac, c’est bon on peut faire le shampoing(122) -Verticalement, c’est moins dégradé que en biais(147) -ce sera ma mèche témoin pour regarder ce qu’y a à couper(149) -elle avait des cheveux assez épais donc c’est pour ça que j’ai préféré - Il faut toujours malaxer une couleur 5 mn(112) pour avoir beaucoup de brillance(115) -il faut bien décoller les bordures sinon les clientes quand c’est de la couleur foncée, elles repartent avec une grosse trace, c’est pas beau(113) -il faut toujours faire deux shampoings, c’est pour stopper l’oxydation(122) -Moi je trouve que c’est mieux [parler au client], j’aime bien parler(130) -Et là il faut que je sois bien concentrée parce qu’on sait jamais [pour couper](130) -Par rapport aux cheveux épais, je mets toujours deux coups[de ciseaux], quand c’est des cheveux fins, je mets que un coup parce que on voit beaucoup(172) -[sécher]je commence toujours l’arrière et après je fais les côtés à la fin(198) -c’est toujours la nuque qu’il faut faire, si on commence par le haut, je sais pas, c’est pas bien(199) -je demande toujours après que j’aie séché « ça va, la Modèle du client -L’ammoniac et tout, ils aiment pas de trop(38) -y’en a beaucoup qui nous disent, c’est avec, c’est sans ammoniac ?(39) -Ben ça se voyait, elle était à l’aise, elle parlait bien, heu, ça se voit quand les clients y sont heu …(58) -A quoi tu vois qu’elles sont stressées ? /ben, elles sont, j’sais pas, je trouve qu’elles parlent vite ou soit elles parlent pas du tout(62) - c’est mieux de rincer dans les temps et pis la cliente elle a pas toute sa matinée non plus(126) -elle avait le sourire, si elle m’aurait dit « c’est bien » mais qu’elle aurait fait comme ça [grimace]…(242) -Des fois on se comprend mal aussi(245) (= déjà recul) Lexique professionnel Connaissance des produits, du matériel -- c’était du 5,12[…]châtain cendré irisé, le 5 c’est tout ce qui est blond-châtain, après -Pendant que tu étales la couleur(I la virgule, c’est le 54)/pendant que reflet(23) -Y’a un temps de j’applique la pause, c’est 35 couleur(E 54) mn(91) -après 35 mn -Les termes normalement ça fait techniques plus effet, ben la couleur, ça fait plus rien(125) -Là on a une nouvelle couleur qu’est sans ammoniac donc elle abîme pas du tout le cheveu en fait(44) -même nous on le voit, on a moins d’odeur et tout ; même parce que moi j’ai souvent mal à la tête à la fin de la journée, là, je vois, j’ai moins mal à la tête(49) -C’est quand même dangereux, je sais pas trop, c’est quand même agressif 177 qui restait encore à peu près 10 mn, donc je continue à sécher, puis j’ai re été voir et c’était l’heure donc j’ai dit à Géraldine « faut que je m’occupe de ma cliente »(110) - donc, j’ai dit à la cliente, « on va pouvoir passer au bac, s’il vous plait, madame » donc elle va au bac à shampoing, je commence à lui malaxer la couleur, bon, avant, j’avais mis les gants(111) -après que j’ai coupé bien 1cm partout, je fais une séparation et je commence à dégrader(144) faire des séparations(151) -[déterminer nature du cheveux]ben quand on le touche, on le sent (173) et pis même quand on regarde(174) -y’en a qui ont le visage arrondi, y’en a qui ont le visage beaucoup plus tiré, tout fin …(222) coupe ? »(209) -Si je suis pas sûre, je préfère toujours demander à mes collègues parce que c’est ça que j’ai peur, de faire une bêtise à une cliente(243) -Oui, a chaque fois, après dès qu’elle me dit « je veux ça », donc je lui ré-explique et je dis « c’est bien ça ? », elle me dit « oui, oui », alors je lui ré-explique encore une fois(247) l’ammoniac(74) -je vois quand je fais des mèches, si j’en mets sur les doigts, je vais avoir les doigts tout blancs et ça va me démanger[…]ça rentre à l’intérieur et ça vous démange(75) -Le n°1 c’est pour cheveux pas tellement secs, le n°2 c’est assez sec, le n]3 c’est abîmé(187) 178 C2 - Tableau II Les savoirs d’action Extraits significatifs du discours Savoirs procéduraux Gestes Repères pour l’action Règles d’action et valeurs Modèle du client Lexique professionnel Connaissance des produits -J’ai rincé, j’ai fait le -J’ai pris comme ça -Elle a un cheveu, il est -j’ai fait mon plateau avec les jonctions pour pas que ça fasse des cheveu souple donc il barres (35) donc on coupe on est passé au comme ça et comme se place très -y’a les cheveux des côtés qu’il faut relever ça gestes (32) facilement(27) fauteuil pour lui faire -Donc la mèche là -La bordure devant elle pour qu’ils fassent la aime beaucoup que ce même longueur que le la coupe, j’ai fait mes geste avec le côté plateau(38) long et on laisse nos soit effilé(30) -Il faut se rappeler où -suivant les cheveux doigts penchés séparations (15) c’est qu’on a coupé comme ça geste(57) longs, les cheveux -J’ai demandé si les courts, on a différentes déjà(39) mèches elles étaient -On fait toujours une jonctions à faire(36) grosses ou petites, si elle - Je sais que je pointe pour pas couper en voulait beaucoup, la commence toujours du les angles(44) couleur, ce qu’on refaisait -Il faut prendre en côté gauche(40) (19) - je regarde assez élévation pour pas que -Je sépare, j’attache avec fréquemment dans la ça fasse la coupure les pinces, donc j’ai fait nette(53) glace pour voir au le tour d’oreille, j’ai niveau des côtés, la commencé à faire mon longueur, si j’ai pas un dégradé, derrière j’avais côté plus long que attaché les deux trois l’autre (60) mèches qu’elle laisse geste, vu que c’est pas raide, il est shampoing et après des cheveux courts, comment dire, un Ici en lien avec technique : les angles de coupe, le plateau, les séparations Et des habitudes de langage : mes séparations, elle a un cheveu … 179 Université de Rouen Département des Sciences de l’Education Mémoire de MASTER 2 PROFESSIONNEL Métiers de la formation, parcours ingénierie et conseil en formation Maxime BORDIER Titre du mémoire : La construction des compétences à la relation de service Sous la direction de : Stéphane SIMONIAN Mots clés : compétence, professionnalisation, activité productive et activité constructive, situations, alternance, réflexion par rapport à l’action, savoirs (d’action), connaissances. Résumé : En lien avec un projet de création de parc de loisirs et une mission de conseil, le questionnement porte sur la construction des compétences à la relation de service. En effet cette dimension relationnelle est identifiée comme le point commun à l’ensemble des métiers qui seront présents dans le parc. Le champ théorique principal est celui de la didactique professionnelle avec, notamment, la théorie de la conceptualisation dans l’action. On s’intéresse aussi plus spécifiquement aux savoirs d’action. La méthodologie choisie est qualitative, elle vise à mieux comprendre le processus de développement des compétences en situation professionnelle. Le terrain est un centre de formation d’apprentis. L’outil s’inspire de l’entretien d’explicitation mis au point par Vermersch, il permet d’interroger au CFA sur la pratique professionnelle en entreprise. Les résultats montrent que les savoirs d’action et la pratique réflexive participent à la construction des compétences. Au-delà des préconisations qu’il est possible de faire dans le cadre de la mission, ils interrogent aussi le fonctionnement des formations en alternance.