Approche de réadaptation gériatrique en soins postaigus

Transcription

Approche de réadaptation gériatrique en soins postaigus
Approche de réadaptation gériatrique en
soins postaigus
Recension des écrits
20 septembre 2013
(Révisée septembre 2014)
RÉDACTION
France Charles Fleury, courtier de connaissances, ASSS de la Montérégie
COLLABORATION À LA RÉDACTION
Isabelle Tardif, courtière de connaissances, ASSS de la Montérégie
COORDINATION DES TRAVAUX
Claire Harrisson, chef d’équipe courtage de connaissances, ASSS de la Montérégie
Jacques Fortin, directeur de la planification, de la performance et des connaissances,
ASSS de la Montérégie
Danielle Benoit, coordonnatrice, Unité des orientations aux aînés, MSSS
Sylvie Greco Le May, conseillère, Unité des orientations aux aînés, MSSS
RECHERCHE DOCUMENTAIRE
Hélène Bouchard, technicienne en documentation, ASSS de la Montérégie
Pascale Côté, technicienne en documentation, ASSS de la Montérégie
RÉVISION LINGUISTIQUE ET MISE EN PAGE
Claire Lavoie, agente administrative, ASSS de la Montérégie
Citation suggérée :
Fleury, F.C. (2013). Approche de réadaptation gériatrique – Recension des écrits. Longueuil : Agence de
santé et des services sociaux de la Montérégie, 28 pages.
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©Gouvernement du Québec (ministère de la Santé et Services sociaux) (2013)
TABLE DES MATIÈRES
MESSAGES CLÉS...................................................................................................................................................... 1
1.
MISE EN CONTEXTE ........................................................................................................................................ 3
2.
INTRODUCTION ............................................................................................................................................. 3
3.
PRINCIPES DE L’APPROCHE ADAPTÉE À LA PERSONNE ÂGÉE EN MILIEU HOSPITALIER ................................... 4
4.
DÉFINITION, EFFETS ET PRINCIPES DE LA RÉADAPTATION GÉRIATRIQUE ....................................................... 5
LA DÉFINITION .................................................................................................................................................... 5
LES EFFETS ......................................................................................................................................................... 6
LES PRINCIPES .................................................................................................................................................... 7
5.
CLIENTÈLE ...................................................................................................................................................... 8
LA PRÉSENCE DE COMORBIDITÉS ............................................................................................................................. 8
LA CONDITION DE FRAGILITÉ .................................................................................................................................. 8
LES CARACTÉRISTIQUES DE LA CLIENTÈLE PRIVILÉGIÉE POUR UNE TELLE APPROCHE ............................................................... 9
6.
OBJECTIFS GÉNÉRAUX.................................................................................................................................. 10
7.
CONCEPTS ASSOCIÉS .................................................................................................................................... 10
L’INDÉPENDANCE ..............................................................................................................................................
10
LE POTENTIEL DE RÉADAPTATION .......................................................................................................................... 11
LA MOTIVATION ............................................................................................................................................... 13
L’IMPLICATION DE L’AÎNÉ ET DE SES PROCHES AIDANTS...............................................................................................
8.
13
MODALITÉS.................................................................................................................................................. 14
L’INTERDISCIPLINARITÉ ....................................................................................................................................... 14
L’ÉVALUATION GÉRIATRIQUE GLOBALE ...................................................................................................................
16
LES COMPOSANTES ............................................................................................................................................ 16
9.
IMPORTANCE D’UNE FORMATION SUR L’APPROCHE DE RÉADAPTATION GÉRIATRIQUE ............................. 18
10. CONCLUSION : PARTICULARITÉS DE L’APPROCHE DE RÉADAPTATION GÉRIATRIQUE ................................... 19
ANNEXE : ÉTENDUE ET TERMES DE RECHERCHE ................................................................................................... 21
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ......................................................................................................................... 22
MESSAGES CLÉS
1. L’approche adaptée à la personne âgée en milieu hospitalier se fonde sur le modèle gériatrique,
soit un modèle d’intervention global et intégré qui se centre sur le pronostic, le fonctionnement, la
qualité de vie et les objectifs des aînés.
2. Les principes de base de l’approche gériatrique sont de
 Privilégier un modèle holistique;
 Prendre en compte l’environnement physique et social;
 Intervenir en partenariat avec les proches aidants;
 Se préoccuper de l’amélioration fonctionnelle;
 Et s’attarder aux problèmes susceptibles d’affecter le fonctionnement à long terme.
3. Trois principes premiers guident l’organisation des services de réadaptation adaptée aux aînés :
 La variété des portraits cliniques de la clientèle;
 L’importance de l’activité;
 Et la relation étroite entre santé et autonomie.
4. L’approche de réadaptation gériatrique puise dans les principes, objectifs et méthodes de la
réadaptation, ainsi que dans les principes de soins aux aînés.
5. L’approche de réadaptation gériatrique s’ajuste à une grande variété de caractéristiques cliniques
qui couvrent les changements normaux du vieillissement et les syndromes gériatriques.
6. Les aînés qui bénéficient le mieux de l’approche de réadaptation gériatrique présentent une
incapacité nouvelle ou chronique; de la fragilité avec des incapacités; et des comorbidités. Ils
nécessitent une individualisation de l’intensité des thérapies et un besoin d’intervention
interdisciplinaire.
7. La fragilité est un concept s’adressant à une personne qui présente une sommation de symptômes
et de pertes sur la base d’un risque de vulnérabilité, d’un équilibre précaire entre les demandes et
les capacités à y répondre. C’est un état dynamique avec lequel la réadaptation gériatrique doit
composer.
8. Le recours à une approche de réadaptation gériatrique permet d’améliorer les capacités
fonctionnelles, la santé et le sentiment de bien-être, tout en maximisant la satisfaction de la
personne.
9. Lors du traitement actif en réadaptation, les équipes de réadaptation gériatrique visent à
 Stabiliser la condition médicale;
 Prévenir les complications;
 Réduire les incapacités;
 Favoriser l’adaptation de la personne à ses incapacités;
 Adapter l’environnement à la personne;
 Et faciliter l’adaptation des proches.
1
10. L’organisation du service de réadaptation gériatrique s’établit sur les concepts
 D’indépendance de la personne;
 De potentiel de réadaptation;
 De motivation;
11. Et d’implication de la personne et de ses proches aidants. L’intervention se préoccupe des facteurs
prédictifs au moins en partie modifiables de la fragilité, dont la mobilité, la cognition, la nutrition,
l’activité physique et la force.
12. Les modalités concrètes de l’approche de réadaptation gériatrique comprennent
 Une évaluation gériatrique globale;
 Un outil standardisé d’évaluation de l’autonomie;
 Une intervention dispensée en interdisciplinarité, incluant
- Une description des rôles respectifs des membres de l’équipe;
- Un plan d’intervention interdisciplinaire;
- Des rencontres régulières d’équipe;
- Et un accès aisé aux notes d’évolution de chacun;
 Des objectifs de réadaptation définis avec la personne;
 Une planification du traitement incluant une sélection rigoureuse des thérapies avec
- Une bonne fréquence de traitement;
- Un accès aux bonnes pratiques et un partage de celles-ci en équipe;
 Une évaluation régulière de l’évolution du traitement;
 Un processus établi de planification du congé, réalisé en collaboration étroite avec l’aîné et
ses proches;
 Une mesure régulière de l’efficacité des services;
 Un maillage étroit avec les services en aval de l’épisode de réadaptation.
13. L’approche de réadaptation gériatrique devrait faire partie du corpus de connaissances de tout
intervenant œuvrant auprès des aînés.
2
1.
MISE EN CONTEXTE
Le MSSS a amorcé en 2012 une révision de l’organisation des services propres en soins postaigus. Pour
ce faire, l’Unité des orientations des services aux aînés a opté pour un processus appuyé sur les données
probantes et les meilleures pratiques. Dans ce contexte, une recension générale des écrits a été
produite1. Elle couvre les services à domicile, en ambulatoire et à l’interne. La présentation du résumé et
de propositions initiales de travail a suscité des questionnements de la part des experts impliqués qui
souhaitaient un complément d’informations.
La présente recension cible précisément l’approche de réadaptation gériatrique. Un énoncé de la
recension générale stipule en effet qu’ « une formation sur une approche de réadaptation pour la
dispensation des soins, soit une approche favorisant le maintien des acquis et le recouvrement des
habiletés fonctionnelles, est requise pour tout le personnel », et qu’il faut conséquemment « déterminer
des contenus et modalités de formation sur l’approche de réadaptation, à partir des principes et des
outils de l’Approche adaptée à la personne âgée en milieu hospitalier »1, p.13.
Les prochaines sections visent à décrire ce qui est entendu par « approche de réadaptation gériatrique ».
La recension s’attarde donc à la « manière d'aborder la réadaptation d'une personne ayant des
incapacités »2, ici un aîné. Elle couvre les principes, objectifs et préoccupations que partage l’équipe
interdisciplinaire dans le cadre exclusif d’un épisode de soins postaigus. Ainsi, face à la formation en soi,
elle ne couvre ni les programmes spécifiques ni les stratégies pédagogiques inhérentes à une formation
réussie du personnel.
La captation s’étend aux publications des dix dernières années, tirées du répertoire scientifique et de la
littérature grise. L’étendue et les termes de recherche se trouvent en annexe.
2.
INTRODUCTION
La manière d’aborder l’aîné en réadaptation puise à la fois dans les principes, objectifs et méthodes de la
réadaptation, à la fois dans les principes de soins aux aînés. La convergence de ces courants résulte en
une intervention efficace, parce qu’adaptée aux besoins nombreux et changeants d’une clientèle âgée
hétérogène.
La réussite de la réadaptation gériatrique ne peut toutefois pas être optimale sans une intégration des
différentes étapes du continuum de services. En effet, face à une personne qui présente des besoins
complexes, les soins et services se doivent d’être complets, coordonnés, accessibles, de qualité et
sécuritaires3,4.
3
Le prochain chapitre aborde les principes propres aux soins de l’aîné tel que décrit dans l’Approche
adaptée à la personne âgée. Les milieux hospitaliers du Québec implantent présentement cette
approche. La qualité de la publication, l’importance de proposer une intervention congruente tout au
long du continuum de soins et la valeur ajoutée du partage d’un même modèle de soins d’un service à
l’autre justifient d’y recourir pour asseoir l’approche de réadaptation privilégiée en soins postaigus.
Les chapitres suivants rapportent l’essentiel des propos retrouvés dans les écrits. Ils sont regroupés en
fonction de la définition et des principes de la réadaptation gériatrique, de la clientèle visée, des
objectifs généraux et des composantes de l’approche. Un chapitre décrit ensuite les concepts et
principales modalités. Il s’attarde sur l’indépendance, le potentiel de réadaptation, la motivation,
l’implication de la personne et de ses proches aidants, l’interdisciplinarité et l’évaluation gériatrique
globale. Des considérations relatives à la formation du personnel complètent la recension.
3.
PRINCIPES DE L’APPROCHE ADAPTÉE À LA PERSONNE ÂGÉE EN MILIEU
HOSPITALIER
Le cadre de référence de l’Approche adaptée à la personne âgée en milieu hospitalier, réalisé sous la
responsabilité de Dre Marie-Jeanne Kergoat, énumère les principes fondamentaux en gériatrie. Ils sont
énumérés au Tableau 1i.
Ces principes guident l’intervention et l’organisation des services. À la base même de ces principes, la
gériatrie se définit par un modèle d’intervention « global et intégratif qui focalise sur le pronostic, le
fonctionnement, la qualité de vie, ainsi que les valeurs, objectifs et préférences de la personne »3, p.462. En
plus du traitement actif lui-même, les équipes se préoccupent de prévenir le déclin fonctionnel et les
complications iatrogéniques. Considérant le partage de ce même modèle en soins postaigus, les
principes s’avèrent applicables dans ce contexte.
i
Le tableau regroupe les cinq principes généraux identifiés comme tel dans la publication, ainsi que les principes
qui complètent le chapitre 4.1.
4
TABLEAU 1 - PRINCIPES GÉNÉRAUX DE L’APPROCHE ADAPTÉE À LA PERSONNE ÂGÉE EN MILIEU HOSPITALIER 5, P.38 ET 39
L’approche de soins privilégie un modèle biopsychosocial global à un modèle biomédical.
L’équipe prend en compte l’environnement physique et social au regard du souhait de favoriser l’autonomie
fonctionnelle et le bien-être de l’aîné.
Les soins se centrent plus sur l’amélioration fonctionnelle que sur le traitement des organes atteints, l’objectif
premier étant « d’assurer la meilleure qualité de vie possible ».
Le modèle de soins repose sur une approche interprofessionnelle autour d’un plan d’intervention qui vise
l’optimisation de l’autonomie fonctionnelle.
L’épisode de soins représente une étape dans le continuum de soins et services, ce qui nécessite une planification
du congé dès l’admission. Par conséquent, l’équipe s’attarde aux problèmes susceptibles d’affecter le
fonctionnement à long terme, initie les traitements qui pourront être poursuivis dans la communauté et tient
compte des habitudes de vie de la personne comme du milieu de vie au congé.
Les interventions se font en partenariat avec l’aîné et ses proches. Elles sont ainsi individualisées au regard de ses
valeurs et de sa trajectoire de vie. Les interventions sont également proportionnelles aux résultats visés « compte
tenu de l’état de santé de la personne, de ses ressources physiques et psychoaffectives et de la thérapeutique
envisagée (but, complexité, risques et bénéfices associés). » Enfin, les interventions se fondent sur les données
probantes et les consensus d’experts.
4.
DÉFINITION, EFFETS ET PRINCIPES DE LA RÉADAPTATION GÉRIATRIQUE
LA DÉFINITION
La réadaptation appliquée à toute clientèle cherche à maximiser l’autonomie et à encourager le
potentiel physique, cognitif et psychosocial. Elle se traduit souvent par une période de traitement
intensif suite à l’apparition d’une incapacité neurologique ou musculosquelettique6. La réadaptation dite
gériatrique reprend naturellement cette philosophie et les modalités habituelles qui s’y rattachent, en
adaptant l’offre de service aux particularités du vieillissement6.
La réadaptation gériatrique peut se définir comme « des interventions évaluatives et thérapeutiques
dont le but est de rétablir la capacité fonctionnelle ou d’améliorer la capacité fonctionnelle résiduelle
des personnes âgées qui présentent des déficiences invalidantes »7. Elle est reconnue pour améliorer la
santé et la fonction chez les aînés fragiles7.
La fragilité est un concept multidimensionnel qui résulte des interactions complexes entre les forces et
les limites de la personne, tant du point de vue de la santé et de la maladie, des attitudes, des habitudes,
des ressources que du niveau de dépendance aux autres.
5
La complexité et la variété des conditions des aînés nécessitent un ensemble de modalités, incluant en
premier lieu une évaluation globale (comprehensive) et une approche intégrée8. L’offre de service doit
pouvoir s’ajuster pour répondre à un ensemble de caractéristiques cliniques, qui couvrent tant les
changements normaux accompagnant le vieillissement que les syndromes gériatriquesii 9, p.209.
Puisque les usagers en réadaptation gériatrique présentent des maladies intercurrentes, soit une
« complication ou une maladie qui survient au cours de l'évolution d'une maladie déjà existante »2, une
étroite supervision médicale et un traitement concomitant sont de mise10. L’intensité de la supervision
s’avère généralement plus forte que chez une clientèle plus jeune10.
LES EFFETS
La réadaptation gériatrique favorise la récupération de l’autonomie11-13. Une approche de réadaptation
gériatrique devrait être accessible aux aînés qui peuvent en bénéficier, qu’ils présentent une incapacité
nouvelle ou une incapacité chronique. Un service de qualité adressé aux aînés ne saurait compter sans
cette composante. Ainsi, l’irréversibilité de la perte d’autonomie fonctionnelle ne saurait être statuée
sans une période d’essai en réadaptation6,14.
Par ailleurs, au regard des résultats d’une récente méta-analyse sur l’effet d’une approche de
réadaptation gériatrique en soins postaigus à l’interne, les auteurs concluent qu’il faut préconiser dans
pareil contexte une réadaptation adaptée aux particularités des aînés13. Ils parviennent à cette
conclusion après avoir comparé les résultats chez des aînés ayant suivi leur réadaptation dans une unité
de réadaptation gériatrique (unité pour toute problématique ou uniquement orthopédique) ou dans une
unité de réadaptation recevant une clientèle de tous âges. L’unité de réadaptation gériatrique présente
en effet des avantages supérieurs : les aînés recouvrent une plus grande autonomie, sont moins souvent
admis en soins de longue durée suite au séjour et ont un plus faible taux de mortalité. La moyenne d’âge
des participants dans les différentes études allait de 74,2 ans à 86 ans. Les études excluaient pour la
plupart les usagers ayant une démence sévère. Les aînés suivis en unité de réadaptation pour toute
problématique avaient été admis à l’hôpital pour des troubles fonctionnels associés à une maladie aiguë,
une affection médicale aiguë ou une chirurgie. Ceux admis en unité orthopédique gériatrique
présentaient une fracture de hanche. Les auteurs soulignent certaines faiblesses : le peu d’études
répertoriées, les différences dans les durées de séjour et l’hétérogénéité des programmes. Malgré cela,
ils estiment qu’une unité de réadaptation gériatrique ne serait pas plus coûteuse et serait plus efficace
pour réduire les réadmissions à l’hôpital. Les connaissances actuelles limitent toutefois la possibilité de
ii
Les syndromes gériatriques comprennent le délirium, l’immobilisation, les troubles cognitifs, les chutes répétées,
l’incontinence, la polypharmacie, la dépression et les syndromes douloureux (Évaluation médicale globale en soins
de longue durée – Anamnèse, AH-405).
6
statuer sur les sous-groupes de clientèle âgée qui peuvent davantage bénéficier d’une approche de
réadaptation gériatrique13.
LES PRINCIPES
La réadaptation qui s’adresse aux aînés partage les principes habituels des services de réadaptation
dispensés à toute clientèle. Ces principes représentent des règles générales qui guident l’offre de
services.
Un principe important en réadaptation consiste en une vision holistique de la personne. Appliqué aux
aînés, cette vision se traduit initialement par une évaluation holistique de la condition médicale, des
incapacités fonctionnelles, des handicaps et de l’environnement, social comme physique8. Les cliniciens
se préoccupent par conséquent du fonctionnement physique, psychologique, social et cognitif de
l’individu dans sa vie de tous les jours12. Une telle évaluation est reconnue pour améliorer l’autonomie
des aînés8. Elle est détaillée au chapitre 8 qui porte sur les modalités.
La réadaptation gériatrique se particularise au regard des besoins et conditions des aînés. Trois principes
guident l’organisation des services et l’intervention : la variabilité des capacités, l’importance de
l’activité, de même que la relation entre santé et autonomie15.
La variabilité des capacités réfère au large éventail de portraits cliniques que présentent les aînés, sur
les plans combinés de la condition de santé et de l’état fonctionnel. C’est là une différence significative
avec les groupes d’âge plus jeunes. Par conséquent, l’organisation des services doit rendre disponible
une offre de service étendue pour répondre à cette variété de besoins15.
L’activité s’avère un concept important en réadaptation gériatrique. L’inactivité ou l’immobilité
représentent en effet les causes les plus fréquentes de perte des habiletés fonctionnelles15. La perte
survient par exemple suite à une immobilisation en soins aigus, à cause de barrières architecturales ou
d’une dépression. L’intervention elle-même en réadaptation présente des bénéfices supérieurs lorsque
les modalités thérapeutiques se centrent sur l’exécution des activités quotidiennes, autrement dit sur
des activités qui font sens pour la personne6,14,16,17.
Quant à la relation entre santé et autonomie, le clinicien en gériatrie s’attarde à l’une comme à l’autre.
La santé optimale apparaît en effet directement reliée à une capacité fonctionnelle optimale. En plus de
viser la restauration des habiletés perdues, les cliniciens se préoccupent de prévenir les maladies et les
incapacités en évitant des complications comme les plaies ou les contractures15.
7
5.
CLIENTÈLE
La réadaptation gériatrique s’adresse à la clientèle âgée et particulièrement aux aînés fragiles10. Le
spectre de variabilité des conditions pré-morbides avant un épisode aigu s’étend d’une bonne santé à
une incapacité fonctionnelle qui limite la réalisation des activités de la vie quotidienne, en passant par la
présence de maladies chroniques18. L’âge et la fragilité influencent directement l’approche de
réadaptation en phase postaiguë.
LA PRÉSENCE DE COMORBIDITÉS
La différence principale entre les jeunes adultes et les aînés réside dans le poids des comorbidités,
entendons des maladies concomitantes, chroniques ou qui se surajoutent au problème qui a conduit à
l’épisode aigu. Les incapacités chez les aînés sont souvent de nature multicausale6,10,14. La présence des
comorbidités requiert l’implication de plusieurs disciplines et spécialités pour investiguer puis gérer les
particularités médicales comme les besoins de réadaptation. Cela nécessite souvent un suivi médical et
infirmier plus étroit que pour une clientèle plus jeune6,10.
La clientèle rencontrée en réadaptation gériatrique démontre plus souvent des causes multifactorielles
d’incapacité, dont une condition de fragilité, des problèmes nutritionnels ou des motifs qui entravent la
motivation. Des troubles cognitifs et dépressifs peuvent réduire la capacité d’engagement de l’aîné dans
son traitement, lorsqu’une tolérance amoindrie à l’effort réduit l’intensité de la participation6,10. Ces
différentes particularités influencent la manière de définir l’offre de service de réadaptation6.
LA CONDITION DE FRAGILITÉ
Les différentes publications consultées rapportent l’absence de consensus au sujet d’une définition
précise de la fragilité. Malgré cela, il demeure que certains éléments constitutifs de la condition de
fragilité font consensus chez certains groupes d’auteurs17,19. Soulignons que la prévalence de la fragilité
s’élèverait à près de 40% chez les aînés de 85 ans et plus20.
Le qualificatif « fragile » s’adresse à une personne qui présente une sommation de symptômes et de
pertes sur la base d’un risque de vulnérabilité, d’un équilibre précaire entre les demandes et les
capacités à y répondre ainsi que d’une invalidité présente ou imminente21. La fragilité peut se définir
comme « un état dynamique qui affecte un individu expérimentant des pertes dans un ou plusieurs des
domaines du fonctionnement humain (physique, psychologique, social), état qui est influencé par
différentes variables et qui accroît le risque d’effets indésirables »17, p.175. Les capacités physiques et
fonctionnelles, la cognition et la qualité de vie de la personne peuvent être alors affectées. Les effets
indésirables comprennent les incapacités physiques, les chutes, l’hospitalisation et le décès 3.
8
Différents aspects doivent être pris en compte pour apprécier la fragilité : les incapacités fonctionnelles,
la complexité médicale, le fonctionnement psychologique et le soutien social10. Plus précisément, un
groupe d’experts internationaux rapporte les résultats de leur consensus sur les éléments qui devraient
composer une description opérationnelle de la fragilité. Il s’agit de : la force, l’équilibre, la nutrition,
l’endurance, la mobilité, l’activité physique et la cognition. Les auteurs ajoutent, inspirés par une
recension des écrits, les fonctions sensorielles, l’humeur, l’adaptation, les relations sociales et le soutien
social17. Un consensus plus récent reconnaît l’importance d’évaluer la performance physique, incluant la
vitesse de marche et la mobilité, le statut nutritionnel, la santé mentale et la cognition pour mieux
apprécier l’état de fragilité22.
La compréhension de la fragilité chez l’aîné passe par une vision intégrée des différentes facettes qui la
définissent et qui s’interinfluencent. Par conséquent, la dispensation des soins et services doit recourir à
une approche intégrée pour parvenir à répondre au mieux à la condition de fragilité17,19. Considérant que
plusieurs facteurs prédictifs de la fragilité sont au moins en partie modifiables, incluant la cognition, la
mobilité, la nutrition, l’activité physique et la force, les services devraient s’en préoccuper pour
améliorer le statut fonctionnel et de santé grâce à des interventions spécifiques23.
LES CARACTÉRISTIQUES DE LA CLIENTÈLE PRIVILÉGIÉE POUR UNE TELLE APPROCHE
Au regard des particularités exposées de la clientèle âgée et des définitions précédemment présentées,
les aînés qui paraissent le plus bénéficier d’une approche de réadaptation gériatrique en soins postaigus
présentent les caractéristiques suivantes14,24 :




Une pluripathologie et des comorbidités qui compliquent le processus de réadaptation et la prise
en charge;
Une fragilité avec des incapacités dans plus d’un domaine (physique, cognitif, nutritionnel,
sensoriel, psychologique et relationnel);
Un potentiel de réadaptation qui nécessite une individualisation de l’intensité des thérapies en
termes de fréquence, de durée et de modalités;
Et le besoin d’une approche interdisciplinaire.
L’offre de service pourra être plus spécifique au regard de problématiques particulières, déterminée sur
les bases des définitions, concepts et principes de l’approche décrite dans le présent ouvrage. À titre
d’exemple, des usagers présentent des troubles neurologiques (ex. : AVC), des amputations des
membres inférieurs, des fractures, des maladies chroniques ou ayant subi des chirurgies de
remplacement articulaire. Plusieurs publications évoquent les règles de l’art au regard des interventions
spécifiques pour chaque type de problème. Les cliniciens en réadaptation emploient alors les moyens qui
leur sont habituels en adaptant leur approche à la clientèle âgée6.
9
6.
OBJECTIFS GÉNÉRAUX
La réadaptation appliquée à toute clientèle vise « la recherche de l’autonomie maximale et (…)
encourage la mise en valeur du potentiel physique, cognitif et psychosocial »6, p.1077.
Les services spécifiques aux aînés cherchent à optimiser l’état de santé et améliorer au mieux le statut
fonctionnel. En effet, retarder le déclin fonctionnel impacte sur la préservation de la qualité de vie des
aînés, sur les admissions prématurées en soins de longue durée et sur les coûts pour le système de santé
13
. Ainsi, la réadaptation de l’aîné vise à maintenir et restaurer ses capacités fonctionnelles, à maximiser
sa satisfaction de vie, à améliorer son sentiment de bien-être ainsi qu’à préserver son statut social9,14.
Brummel-Smith (2003) énumère les six intentions premières de l’équipe interdisciplinaire lors d’une
période de traitement en réadaptation, applicables aussi avec une clientèle gériatrique (Tableau 2). Elles
sont reprises et adaptées dans le Précis pratique de gériatrie.
TABLEAU 2 - INTENTIONS DE LA RÉADAPTATION LORS DU TRAITEMENT ACTIF 6, p.1078
Stabiliser la condition médicale
Prévenir les complications
Réduire les incapacités
Favoriser l’adaptation de la personne à ses incapacités
Adapter l’environnement à la personne
Faciliter l’adaptation des proches
7.
CONCEPTS ASSOCIÉS
Les écrits consultés relatent quatre concepts principaux. Ce sont des idées utiles en guise de fondement
pour la planification des services de réadaptation aux aînés.
L’INDÉPENDANCE
L’intention d’optimiser le statut de santé nécessite de se préoccuper du concept d’indépendance dans la
prestation des services aux aînés. Lewis en décrit ainsi simplement l’idée générale : «Plus un individu fait
par lui-même, plus il est capable de faire indépendamment les choses. Plus on fait pour un aîné, moins il
devient capable de fonctionner de manière autonome et plus son incapacité s’accroît»25, p.162-163.
10
Pour ce faire, l’offre de service favorise une approche fondée sur l’indépendance plutôt que sur la
dépendance. Elle préconise une stimulation de l’autonomie avec la meilleure fréquence possible de
traitement. Elle s’assure de laisser un pouvoir optimal à l’aîné face à ses objectifs et à son traitement. De
plus, le soutien social influençant l’indépendance de l’aîné, le service se préoccupe d’impliquer les
proches aidants26.
LE POTENTIEL DE RÉADAPTATION
Plusieurs écrits évoquent l’importance en réadaptation gériatrique du concept de « potentiel de
réadaptationiii »6,10. Ce qui peut signifier d’exclure les personnes trop médicalement instables ou
nécessitant des soins palliatifs10.
Il est reconnu depuis plusieurs années que le repérage du potentiel de réadaptation auprès des usagers
fragiles constitue une pratique probante. Il contribue à déterminer les objectifs de réadaptation les plus
pertinents en focalisant étroitement sur les particularités de la personne10.
L’évaluation médicale est nécessaire pour établir ce potentiel. Pour y parvenir, les cliniciens considèrent
les aspects versés au Tableau 3.
TABLEAU 3 - ASPECTS ÉVALUÉS POUR ÉTABLIR LE POTENTIEL DE RÉADAPTATION6,10,26
Gravité et réversibilité des incapacités fonctionnelles
Comorbidités pouvant affecter la participation aux traitements
Niveau de fonctionnement antérieur
Environnement physique et psychosocial
Motivation de la personne à l’amélioration de son autonomie fonctionnelle
L’état cognitif doit être considéré dans l’évaluation du potentiel, non pas comme un facteur d’exclusion
de l’usager au regard des services de réadaptation, mais bien comme un facteur qui influence
iii
Les termes « potentiel de réadaptation » et « potentiel de récupération » s’avèrent synonymes dans les écrits
consultés. Nous avons privilégié le premier, employé dans le Précis pratique de gériatrie.
11
directement la prestation requise de services. Un tel repérage permet d’ajuster le plan d’intervention en
conséquence10.
L’appréciation du potentiel de réadaptation au regard de la mise en place d’une réadaptation intensive
est parfois influencée par la question de l’âge de l’usager. Bien que plusieurs études effectuées auprès
de personnes âgées rapportent de moins fortes améliorations par rapport aux usagers plus jeunes, il
demeure qu’une amélioration significative de l’autonomie est possible pour des aînés qui présentent par
exemple un AVC, une amputation ou une fracture de hanche6. Harvey et al. estiment que la réadaptation
d’un aîné qui « comprend et coopère » atteint généralement les objectifs visés dans un temps
comparable à la réadaptation de personnes plus jeunes. Ils expliquent que « la période de temps
nécessaire pour compléter les processus de rééducation, quoique rallongée par les atteintes physiques
concomitantes, est très semblable à celle de l’adulte plus jeune, puisque les objectifs poursuivis sont plus
limités. En effet, pour l’adulte jeune, la réintégration à un emploi rémunérateur, par exemple, peut
nécessiter un entraînement supplémentaire, alors que chez le vieillard, ce but est rarement recherché »6,
p.1079
.
Par ailleurs, l’endurance de l’aîné et son niveau d’incapacité lors du congé des soins aigus incitent à
proposer une réadaptation dite « de récupération lente »27, « à petite vitesse » ou « de faible
intensité »28. Ces différentes désignations paraissent synonymes dans les écrits dépouillés. L’intensité, en
termes de fréquence et de durée des traitements, est alors adaptée à la capacité de la personne.
L’INESSS décrit ainsi la « récupération lente » des usagers ayant subi un AVC :
« Selon leur degré d’atteinte, les usagers des services en réadaptation postaiguë ont des capacités et des
besoins différents. Les services offerts dans les établissements de réadaptation sont habituellement
intensifs (programme régulier prévoyant plusieurs heures par jour, 5 jours par semaine ou plus). Toutefois,
la réadaptation intensive peut être inappropriée pour certains usagers ayant un profil gériatrique, un état
médical grave, une pauvre tolérance ou une durée d’attention limitée. Une réadaptation moins intensive
de moyenne à longue durée est donc requise pour ces personnes ayant des atteintes graves puisqu’elles
peuvent en bénéficier même si leurs progrès tendent à être plus lents. »27, p.41
Les multiples influences sur le potentiel de réadaptation associées à la condition même des aînés très
fragiles incitent à demeurer vigilant face à l’échec de la réadaptation. Harvey et al.6 soulignent que des
personnes pourtant admises en soins de longue durée, au Québec, récupèrent suite à une tentative de
réadaptation échouée en soins aigus ou postaigus. Ils mentionnent en guise d’explication un potentiel
sous-estimé de récupération, des complications résolues tardivement ou un syndrome dépressif passé
inaperçu.
12
LA MOTIVATION
La motivation de la personne est essentielle pour déterminer les objectifs de réadaptation et pour
s’engager dans le processus de récupération9. Une faible motivation ne peut pas être considérée comme
un critère d’exclusion vu les causes cliniques probables de cette condition10.
L’absence ou l’insuffisance de motivation à investir le traitement doivent être documentées. Il s’avère
complexe de diagnostiquer puis de traiter les sources des problèmes de motivation vu l’enchevêtrement
de plusieurs dimensions. L’équipe se préoccupe alors de la présence possible d’un syndrome dépressif
que des interventions spécifiques peuvent améliorer6,7,10. Les cliniciens évaluent l’acceptation de l’aîné
face à sa situation de santé et à son état fonctionnel9. Ils repèrent également d’éventuels troubles
cognitifs qu’une intervention adaptée permet de compenser6,7,10.
L’IMPLICATION DE L’AÎNÉ ET DE SES PROCHES AIDANTS
Plusieurs écrits évoquent l’importance d’impliquer l’aîné et ses proches aidants dans le processus de
réadaptation6,9,15,29,30. Harvey et al. estiment qu’ils doivent être partie prenante de l’équipe de
réadaptation, ce qui tend à améliorer « les prises de décision, la réintégration sociale et le maintien des
gains réalisés »6, p.1081. L’aîné et ses proches aidants ont effectivement besoin de connaissances, de
développer leurs capacités et de jouer un rôle actif dans la récupération6,9.
La détermination des objectifs du séjour de soins postaigus s’avère le moyen premier pour assurer une
implication optimale de la personne et de ses proches. Parmi les autres moyens habituellement
reconnus, on retrouve :



La production d’une brochure remise à la personne qui explique les objectifs de la réadaptation,
les étapes du programme et l’implication attendue30-32;
La production d’un livret d’exercices auquel réfèrent les différents intervenants31-35, idéalement
transmis dès les premiers jours en soins aigus et employé tout au long des phases subséquentes
de soins;
L’entraînement des proches à accompagner l’aîné à réaliser ses exercices, voire même à
participer au traitement en compagnie du thérapeute36-38.
Une étude de 2011 recense les objectifs fixés par des aînés en réadaptation gériatrique lors d’un épisode
de soins postaigus (âge moyen = 79,9 ans; n = 209)29. Dans cette publication, les objectifs s’inspirent de la
Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé, anciennement la CIDIH, un
cadre de référence que les auteurs jugent utile pour standardiser la définition des objectifs. Les trois
principaux objectifs visent, en commençant par les plus fréquemment énoncés : la mobilité; la fonction
sensorielle et la douleur; l’autonomie; et le retour à la maison. Une étude québécoise39 rapporte des
objectifs comparables, les cinq principaux étant ainsi ordonnés : recouvrer et améliorer les habiletés à la
13
marche; maintenir les relations sociales; réduire la douleur; retrouver le niveau d’autonomie prémorbide; et conduire ou utiliser les moyens de transport.
8.
MODALITÉS
L’INTERDISCIPLINARITÉ
Plusieurs écrits affirment l’importance d’une approche interdisciplinaire en réadaptation, incluant les
professionnels et le personnel d’assistance. Elle est reconnue comme une pratique probante sur le plan
clinique, tant par la satisfaction de la personne et des intervenants, qu’en termes d’efficience pour le
réseau de la santé8,10,40,41.
Thouin et Voyer40 proposent la définition générique suivante :
« L’équipe interdisciplinaire est une unité fonctionnelle qui prend place dans un espace commun et se
compose de professionnels aux compétences variées, collaborant à la poursuite d’un même but ne
pouvant être atteint que par l’équipe. Les décisions s’obtiennent par consensus, et les activités sont
coordonnées selon une approche multidimensionnelle dédiée aux besoins de la personne. » (p.661)
L’interdisciplinarité, parce qu’elle favorise une combinaison des savoirs, une approche globale et une
compréhension intégrée de la personne, est nécessaire en réadaptation gériatrique. Cette modalité
permet de saisir la complexité des conditions des aînés et de coordonner les interventions d’un nombre
conséquemment plus grand de professionnels impliqués6,15,40. L’équipe professionnelle se compose
habituellement d’un médecin, d’une infirmière, d’un ergothérapeute, d’un physiothérapeute, d’un
nutritionniste, d’un orthophoniste, d’un pharmacien et d’un intervenant psychosocial10,11.
Les compétences diverses des différents cliniciens sont mises à profit de manière concertée, à partir de
la définition d’un objectif commun entendu avec l’aîné et souvent ses proches6,15. Toutefois, le partage
d’un objectif commun requiert au départ que tous les intervenants adoptent la même approche de
soins, soit l’intention d’optimiser la fonction en encourageant l’indépendance. Dans ce contexte, les
préposés aux bénéficiaires et les auxiliaires familiaux s’impliquent activement dans l’atteinte des
objectifs après avoir reçu les indications requises d’un membre professionnel de l’équipe31,32.
Concrètement, les membres de l’équipe prennent conjointement les décisions et partagent les
responsabilités. Ils établissent des objectifs communs. Les communications sont ouvertes, flexibles et
régulières. Les rôles et tâches à accomplir sont négociés en équipe, complémentaires au regard des
champs d’expertise professionnels et des compétences personnelles, pour parvenir à atteindre les buts
mutuellement définis8,40.
14
Les cliniciens disposent en commun de différents outils et moyens, énumérés au Tableau 4. Ils devraient
préconiser la sélection d’outils standardisés pour faciliter le diagnostic, l’évaluation et la mesure des
effets3,10,40,42. Par exemple, Demers et al. rapportent que le progrès dans les services de réadaptation
gériatrique à forte ou faible intensité peut être adéquatement capté par le TUG et le SMAF-mobilité, le
SMAF-activités de la vie quotidienne et le SMAF-activités de la vie domestique. Ces outils standardisés
permettent de mesurer le changement dans la mobilité et le fonctionnement occupationnel42.
TABLEAU 4 - OUTILS ET MOYENS PARTAGÉS PAR LES MEMBRES DE L’ÉQUIPE DE RÉADAPTATION GÉRIATRIQUE
Une description des rôles respectifs des différents professionnels6,15,16
26
Une évaluation gériatrique globale
Un plan ou programme d’intervention interdisciplinaire qui contient les différents bilans (santé, nutritionnel,
psychosocial, affectif, comportemental, cognitif, physique et fonctionnel)6,40, ainsi que les objectifs poursuivis,
moyens à utiliser et durée prévisible des services à fournir lors de l’épisode (LSSS, art. 102)
Un outil d’évaluation de l’autonomie dans les activités de la vie quotidienne, utile à l’équipe comme à l’aîné pour
suivre l’évolution de la réadaptation, mettant l’autonomie de ce dernier au cœur des échanges16,40
Des notes au dossier aisément accessibles qui comprennent les objectifs, une description de chaque intervention
26
et de fréquents états de situation sur la progression de l’usager
Une rencontre périodique pour apprécier les progrès, ajuster le plan d’intervention interdisciplinaire et préparer
le congé6,15
Un accès aux bonnes pratiques et un partage de celles-ci en équipe3
Des mesures régulières de l’efficacité des services dont les résultats sont partagés entre les membres dans un
souci d’amélioration continue de la qualité3
Le recours au plan d'intervention interdisciplinaire contribue à assurer la coordination des services
dispensés à l'usager (Loi sur les services de santé et les services sociaux, art. 102). L’usager et ses proches
s’impliquent activement dans l’élaboration du plan d’intervention. Les membres de l’équipe s’assurent
d’une part de saisir leurs attentes et objectifs. D’autre part, ils voient à ce que l’objectif visé soit
congruent avec leurs propres observations et estimations du pronostic de récupération6.
L’équipe de réadaptation investit rapidement la planification du congé en collaboration étroite avec
l’usager et ses proches6. Cette planification requiert souvent une visite à domicile d’un ergothérapeute
ou un congé temporaire, soit une période d’essai avant le congé final10.
15
Une particularité distingue le rôle de l’infirmière de celui des autres professionnels de l’équipe. Puisque
l’infirmière est la plus souvent en contact avec l’usager dans l’ensemble du 24 heures, elle exerce surtout
des activités dites de « réadaptation générale » en comparaison avec les autres professionnels tels
l’ergothérapeute et le physiothérapeute. Ces derniers offrent une réadaptation spécifique, entendons
plus ciblée sur des aspects particuliers de la réadaptation9,10.
L’ÉVALUATION GÉRIATRIQUE GLOBALE
La conception holistique de la personne se traduit notamment par l’utilisation d’une évaluation
gériatrique globale. L’évaluation gériatrique nécessite une approche multidimensionnelle en équipe pour
apprécier les besoins biomédicaux, psychosociaux et environnementaux de l’aîné, puis pour déterminer
le traitement ainsi que les suivis les plus appropriés.
L’évaluation globale permet de repérer des problèmes non documentés et se préoccupe des effets des
multiples problèmes de santé10,26. Dans ce contexte, le repérage s’attarde particulièrement à la nutrition,
à la cognition et aux états dépressifs de l’aîné10. Il doit être rapidement réalisé pour éviter les
complications 14. À titre d’exemple, le risque élevé de dénutrition ou de malnutrition chez les aînés incite
en effet l’équipe à repérer les problèmes nutritionnels et, le cas échéant, à intervenir. L’apport de
suppléments nutritifs, ainsi que l’évaluation et le traitement de la dysphagie sont parmi les interventions
présentant les meilleures niveaux de preuve de réussite10.
Le recours à une telle évaluation représente une pratique à fort niveau de preuve. La littérature
reconnaît les effets supérieurs d’une telle évaluation sur l’amélioration du statut fonctionnel, la
prévention d’un placement en soins de longue durée, la réduction des réadmissions à l’hôpital et une
plus faible mortalité en contexte de soins à l’interne. Ces résultats sont observés chez les usagers qui
reçoivent leurs services à l’interne ou en mode ambulatoire10.
LES COMPOSANTES
Une publication de 2010 rappelle la liste des composantes générales qui accroissent les chances de
réussite de la réadaptation. Elles sont versées au Tableau 5. Les auteurs s’inspirent du cadre conceptuel
du cycle de réadaptation de l’Organisation mondiale de la santé, un cycle établi pour toute clientèle13.
16
TABLEAU 5 - COMPOSANTES D’UN PROGRAMME RÉUSSI DE RÉADAPTATION GÉRIATRIQUE
Évaluation gériatrique globale, multidimensionnelle, qui sert de base à l’identification des problèmes
Sélection rigoureuse des thérapies proposées
Rencontres régulières d’équipe
Buts définis spécialement pour la personne
Interventions adaptées aux besoins de la personne
Évaluation régulière du traitement faite par l’équipe, avec l’usager
Maillage étroit avec les services en aval de l’épisode de soins
Par ailleurs, plusieurs publications récentes relatent les caractéristiques appliquées d’un programme dit
de « récupération à domicile »16. Ce programme propose des soins de réadaptation gériatrique suite à un
épisode de soins aigus ou suite à un événement indésirable, tel une chute. Le modèle se résume en sept
composantes précisées au Tableau 6. Les trois dernières, en italique, évoquent les changements requis
pour passer d’une intervention dont l’objectif général est le soutien ou la compensation, à une approche
qui vise l’optimisation de l’autonomie.
TABLEAU 6 - COMPOSANTES DU MODÈLE APPLIQUÉ DE SOINS DE RÉCUPÉRATION À DOMICILE 16, p.1522
Développement et implantation d’un plan de soins unique basé sur l’atteinte de buts
Identification de buts fondés sur l’avis de l’aîné, de sa famille et des observations de l’équipe
Planification du traitement en ciblant les incapacités physiques et les tâches de la vie quotidienne; les
changements comportementaux; l’adaptation de l’environnement et l’utilisation d’aides techniques; le counseling
et le soutien; l’entraînement des usagers et de leurs proches; ainsi que l’ajustement de la médication
Évaluation standardisée des usagers avec rapport de progression
Réorientation du point focal de l’équipe du traitement des maladies et du « prendre soin » vers la maximisation de
l’autonomie fonctionnelle
Réorganisation du travail à domicile d’une pratique individuelle de soins à une intervention en équipe
interdisciplinaire avec des buts partagés
Clarification des rôles et des responsabilités des dispensateurs de soins et services
17
9.
IMPORTANCE D’UNE FORMATION SUR L’APPROCHE DE RÉADAPTATION
GÉRIATRIQUE
Considérant les besoins de la clientèle visée et l’importance de préserver une autonomie fonctionnelle
optimale, l’approche de réadaptation « devrait être incluse au corpus de connaissances de tout soignant
travaillant auprès des personnes âgées »6, p.1077. Dans les écrits consultés, elle se distingue clairement
d’une approche centrée uniquement sur le soutien et la compensation des incapacités.
Deux évaluations de programme en soins postaigus rapportent l’importance de la formation sur la
réadaptation gériatrique comme critère de réussite de la récupération des aînés43,44. Par ailleurs,
différentes études relatent des expériences de transition en soins à domicile, d’une approche de soutien
à une approche de réadaptation en soins postaigus pour aînés. Les auteurs observent la valeur ajoutée
d’une formation au sujet de l’approche de réadaptation. Les différentes études et expériences
concernent le personnel professionnel et le personnel d’assistance.
Une évaluation nationale australienne du programme de soins de transition de 2008 rapporte des
conclusions positives, le programme étant jugé avantageux et apprécié1,43. Les auteurs observent par
exemple une amélioration de l’autonomie, une augmentation de la satisfaction des usagers et une
diminution des références en soins de longue durée, les effets positifs s’avérant plus forts en présence
d’un service de réadaptation spécifique aux aînés. Ils affirment également que la formation de tout le
personnel au sujet du modèle de réadaptation est requise.
Une expérience québécoise effectuée en 2010 parvient à la même conclusion. En effet, l’auteur rapporte
qu’une formation sur les principes de réadaptation s’est avérée nécessaire pour le personnel
d’assistance44. Toutefois, l’adaptation des soins aux besoins des personnes âgées vulnérables exige plus
que de la formation. La transformation des pratiques institutionnelles exige une approche concertée et
systémique45.
En ce qui concerne les expériences de transition d’une approche de soutien à une approche qui stimule
l’autonomie, par exemple à domicile16,26,46 ou en soins de longue durée47,48, les gestionnaires interviewés
remarquent que les meilleurs travailleurs, professionnels et non professionnels, sont ceux qui
démontrent une bonne compréhension des concepts et pratiques propres à l’approche de réadaptation.
Parmi ceux-ci, ils précisent la capacité des cliniciens à motiver l’aîné, à l’observer et à l’impliquer dans la
détermination de ses objectifs, des objectifs clairs ajustés en fonction de l’évolution des besoins26. Ils
reconnaissent de plus l’importance d’une bonne évaluation de départ, des rencontres d’équipe et de la
supervision professionnelle26,49. Les auteurs des études constatent des effets bénéfiques sur la qualité de
vie, l’autonomie fonctionnelle, la satisfaction des usagers 46 et une possible réduction des admissions16. Il
résulterait de plus en une possible économie de coûts pour les soins à domicile et les soins plus larges de
santé46. Toutefois, ils estiment que le programme serait peu approprié pour des aînés dépendants ou qui
présentent des troubles cognitifs sévères16.
18
10.
CONCLUSION : PARTICULARITÉS DE L’APPROCHE DE RÉADAPTATION
GÉRIATRIQUE
L’approche de réadaptation gériatrique constitue une manière particulière d’aborder l’aîné sur la base
des principes et modalités habituels de la réadaptation. Les pratiques s’adaptent alors aux changements
normaux qui accompagnent le vieillissement ainsi qu’aux syndromes gériatriques.
La différence première entre la réadaptation qui s’adresse à toute clientèle et la réadaptation spécifique
aux aînés réside dans les conditions mêmes de la clientèle. La variété des portraits cliniques et les risques
de déclin requièrent une gamme plus étendue de services et une individualisation des programmes
d’intervention.
À la lumière des publications dépouillées, il s’avère possible de préciser les particularités de l’approche
de réadaptation gériatrique en contexte de soins postaigus. Le Tableau 7 identifie ces particularités au
regard de l’approche générale de réadaptation.
19
TABLEAU 7 – PARTICULARITÉS DE L’APPROCHE DE RÉADAPTATION GÉRIATRIQUE
Définition
Offre de service adaptée aux particularités du vieillissement (changements normaux du
vieillissement et syndromes gériatriques)
Connaissances supplémentaires requises de la part des cliniciens au sujet des conséquences
normales du vieillissement et des syndromes gériatriques
Supervision médicale plus étroite et plus importante
Implication de plusieurs disciplines et spécialités
Principes
généraux
Adaptation des services au regard d’un large éventail de portraits cliniques
Importance de l’activité vu les risques significatifs de déclin des habiletés dus à l’immobilité
Préoccupation à la fois de la santé et de la capacité fonctionnelle
Clientèle
Grande variété des portraits cliniques en termes de santé et de fonctionnement
Présence plus grande de comorbidités par rapport aux usagers plus jeunes
Incapacités souvent de nature multicausale
Personnes qui présentent une fragilité, soit une sommation de symptômes et de pertes
Risque significatif de pertes supplémentaires
Endurance physique souvent plus faible que chez une clientèle adulte
Présence fréquente de troubles cognitifs ou de problèmes de motivation qui nécessitent
l’implication des proches aidants
Objectifs
Combinaison étroite d’objectifs qui visent à optimiser la santé et à optimiser l’autonomie
Prévention du déclin fonctionnel et des complications iatrogéniques
Rare formulation d’objectifs vocationnels
Concepts
associés
Soutien important des proches aidants pour optimiser l’indépendance
Vu la condition et les pertes possibles, questionnement plus fréquent sur le potentiel de
réadaptation et l’orientation subséquente vers des services de réadaptation
Importance du niveau de fonctionnement antérieur à un épisode aigu
Possibilité plus fréquente d’une récupération lente ou à petite vitesse
Difficulté plus grande à cerner les causes des problèmes de motivation
Modalités
Évaluation gériatrique globale qui comprend le repérage de problèmes non documentés
Intérêt particulier à la nutrition, la cognition et les états dépressifs
Individualisation de l’intensité des thérapies en termes de fréquence, de durée et de modalités
Meilleure fréquence de traitement possible au regard de l’endurance souvent limitée de la
personne âgée
Formation
Miser sur l’optimisation de l’autonomie plutôt que sur le soutien et la compensation
20
ANNEXE : ÉTENDUE ET TERMES DE RECHERCHE
Couverture



MEDLINE de 2003 à 2013
GOOGLE (Canada; fichiers .pdf), de 2003 à 2013
Textbooks de 2003 à 2013
TERMES DE RECHERCHE (MESH*)
Approche, approach
Modèle*, model*
Modèle de pratique médicale*, physician’s practice patterns*
Modèle de pratique infirmière*, Nurse’s practice patterns*
Personne âgée*, elderly*
Gériatrie*, geriatrics*
Réadaptation, rééducation et réadaptation*, rehabilitation*
Médecine physique et de réadaptation*, physical and rehabilitation medicine*, rehabilitation nursing*
Rétablissement, re-ablement, restorative
Soins postaigus, soins de suite*, subacute care*
21
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