Pauline - Sciences Po Service Carrières
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Pauline - Sciences Po Service Carrières
DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 Richmond Road School Teacheraid dans une école multilingue ToMeTTe NZ Ltd Chargée de communication dans une startup française de livraison de nourriture 1 Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 Sommaire I. Avant le stage ..................................................................................................................... 3 A. Pourquoi la Nouvelle Zélande ? Pourquoi faire un stage ? .......................................................... 3 B. Le calvaire des démarches de recherche ..................................................................................... 4 II. Les stages ............................................................................................................................ 5 A. Richmond Road School ................................................................................................................ 6 a. Histoire et description…………………………………………………………………………………………………………6 b. Mes missions ........................................................................................................................... 7 c. Mes réalisations, du spectacle aux cours du soir…………………………………………………8 B. TOMeTTe NZ …………………………………………………………………………………………………………………10 a.Histoire et description ……………………………………………………………………………………10 b. La polyvalence, au cœur de mes missions……………………………………………………….12 c. De la campagne marketing à l’écriture de contenu………………………………………….13 C. Connaissances et compétences acquises……………………………………………………15 III. Les différences culturelles à 18 000 km d’écart…………………………………………………18 A. Ma propre expérience de la différence dans mes stages……………………………………………..18 B. La vie politique et socio-culturelle en Nouvelle Zélande : un laboratoire social réussi ?...19 IV. Mes expériences hors stage………………………………………………………………………………………20 A. L’IceHouse Incubator…………………………………………………………………………………………………………..20 B. Jeune fille au pair et babysitter : la NZ à l’échelle des petits.…………………………………..21 C. D. V. A. B. VI. A. B. C. D. E. La vie de colloc’ à Auckland et les rencontres…………………………………………………………………..22 Les voyages……………………………………………………………………………………………………………………….23 L’heure du bilan……………………………………………………………………………………………25 Ouverture culturelle et apprentissage linguistique : objectif rempli !....................25 Evolution de mes projets académiques, personnels et professionnels…………………………………26 Annexes…………………………………………………………………………………………………………………………27 Des démarches administratives faciles………………………………………………………………………………..27 Gérer son budget en 3A en Nouvelle Zélande……………………………………………………………………..27 Petit dico de Te Reo……………………………………………………………………………………………………………..29 Album photo………………………………………………………………………………………………………………………31 Intéressé par ces deux stages ?..................................................................34 2 Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 « E Tipu mai te mauri, te mauri nui, te mauri roa, te mauri whakaaro, ki te whaiao, ki te ao marama, tihei mauri ora ! » Prière de l’école Richmond Road School. AVERTISSEMENT : Ce rapport est extrêmement long. Je m’en excuse d’avance auprès des personnes qui vont le lire et le corriger, mais j’espère qu’ils et elles apprendront quelque chose de ces 33 pages (rassurez vous, à la fin, il y a des photos). I. Avant le stage. A. Pourquoi la Nouvelle-Zélande ? Pourquoi faire un stage ? La troisième année étant l’un des points phares de la scolarité à Sciences Po, j’ai commencé à réfléchir à une destination dès la première année. A l’époque, j’hésitai entre l’Argentine et la Nouvelle-Zélande. En deuxième année, plusieurs facteurs m’ont poussé à prendre le second choix. Le premier était l’anglais : je me suis rendue compte que j’avais en effet du mal à suivre les cours en anglais un peu « techniques » de deuxième année, et que j’étais loin du bilinguisme que je pensais naïvement avoir acquis en Terminale, alors que je n’avais jamais séjourné dans un pays anglophone. Le second facteur était le dynamisme professionnel de la Nouvelle Zélande. Dans mon cours préféré de deuxième année (Initiation à l’Entreprenariat), j’avais appris que la Nouvelle Zélande était considérée par les classements internationaux comme le meilleur pays au monde pour démarrer une entreprise. Envisageant l’entreprenariat comme projet professionnel, ce facteur a été décisif. Enfin, la diversité des paysages néozélandais et leur grande beauté m’a également aidé à choisir ce pays comme destination. Dès la fin de ma première année, j’ai choisi de faire un stage professionnel en 3A plutôt qu’une année d’échange. Je n’avais pas le niveau d’anglais pour intégrer les meilleures universités, ni, pour être honnête, l’envie de payer de ma poche 150 euros d’IELTS alors que je pouvais le passer gratuitement en 4ème année. Qui plus est, mes rencontres avec des cadres 3 et des grands dirigeants d’entreprises dans le cadre de ma deuxième année m’ont conforté dans ce choix. Tous m’ont confirmé qu’ils préféraient, à l’expérience « traditionnelle » de l’année d’échange universitaire, celle du stage plus professionnalisant dans le cadre de Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 l’embauche de sciencepistes. Enfin, ne sachant pas quel master choisir, j’ai également décidé de faire un stage en pensant que cela m’aiderait dans mon choix. B. Le calvaire des démarches de recherche Pour être honnête, au départ, ce n’était pas tant le métier qui m’intéressait que la destination. J’avais bien évidemment en tête les métiers liés à l’entreprenariat en priorité (incubateurs, startups…) mais la recherche de stage s’est avérée si difficile que j’ai fini par me dire que j’allais accepter n’importe quel stage, pourvu qu’il soit en Nouvelle-Zélande. Je n’avais pas envie de verser 300 euros dans un organisme de recherche de stage comme on peut en trouver sur internet et aucun contact en Nouvelle-Zélande. La recherche s’annonçait mal. J’ai envoyé un mail à tous les sciencepistes en 3 ème année là-bas, mais aucun d’entre eux n’était en stage, alors cela s’est avéré contre-productif. J’ai ensuite contacté tous les étudiants néozélandais en échange à Sciences Po mais là aussi, cela n’a rien donné. J’ai demandé à mes professeurs (j’avais même choisi la seule professeure d’anglais néozélandaise de Sciences Po dans l’espoir que cela m’aide) et j’ai commencé à obtenir quelques pistes, mais qui n’ont pas été concluantes. Pour m’aider à appuyer ma candidature, j’ai même créé un genre de « CV blog » sur Wordpress, sobrement intitulé iwanttogotonewzealand, dans lequel j’ai détaillé toutes mes expériences professionnelles, ce que je cherchais comme stage et mes compétences, le blog étant écrit en anglais. Cela m’a aidé pour mes deux candidatures, car cela montrait ma motivation : je conseille à tout futur stagiaire de réaliser ce genre de blog. La fin de l’année approchant, désespérée, j’ai contacté Etienne Wasmer (qui m’a fourni également quelques pistes) et j’ai songé à envoyer un mail à Frédéric Mion. J’ai harcelé Sciences Po Avenir et ai fini par obtenir un rendez vous avec madame Laloy qui m’a parlé de Richmond Road School, ou une sciencepiste finissait son stage. J’ai alors 4 contacté l’école, qui m’a envoyé un mail le premier juillet en me disant que je commençais le 21. Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 J’avais prévu de ne faire « que » 5 mois à Richmond Road, car je savais que je n’envisageai pas l’enseignement comme objectif professionnel et que je souhaitais, une fois sur place, trouver quelque chose qui correspondait un peu plus à ce que je voulais faire plus tard. En outre, j’avais tout de même envie d’expérimenter le travail en entreprise, plutôt qu’en école. J’ai trouvé mon second stage une fois sur place, en démarchant mes contacts parmi les parents de l’école et en écumant les sites locaux de recherche d’emploi. Une des mamans m’a parlé de Tomette, startup française installée en Nouvelle-Zélande, qui correspondait en tout point à mon idéal de stage. Qui plus est, la perspective d’une rémunération m’a d’autant plus encouragée à postuler. J’ai donc envoyé plusieurs emails au CEO et ait été embauchée un mois après mon premier mail. II. Les stages A. Deux entreprises – Richmond Road School a. Histoire et description Richmond Road School est la plus ancienne école multilingue de Nouvelle Zélande, fondée en 1894. C’est l’une des plus vieilles de la planète. A sa fondation, les classes étaient dispensées en anglais, en Te Reo Maori et en Maori des îles Cook. Le quartier ou l’école a été fondée était à l’époque un quartier populaire, fréquenté en majorité par les populations polynésiennes plus pauvres. Les unités bilingues Maories répondaient donc à une forte demande locale. La population d’enfants Maoris des îles Cook a décru petit à petit au sein de l’école, jusqu’à disparaître, et, à peu près à cette période, l’unité Samoane a été créée, leur nombre étant grandissant. Quelques années plus tard, les français d’Auckland, n’ayant aucun lycée français vers lequel se tourner pour apprendre les cours en français à leurs enfants, ont décidé de créer l’unité française. L’école regroupe donc Mui Malae, l’aile Samoane, Te Whanau Whariki, l’aile Maorie, Kiwi Connection, l’aile kiwie et enfin l’Archipel, l’unité française. A l’exception de Kiwi Connection, toutes les unités sont bilingues, avec des semaines anglaises et des semaines en langue natale. 5 Le fonctionnement de l’école est un casse-tête aussi bien sur le plan financier qu’administratif : chaque unité (française, kiwi, maori et samoane) a ses fonds propres et, Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 selon l’unité, les parents doivent payer (ou non), et le budget diffère. Ainsi, Te Whanau Whariki, l’aile Maorie, financée par de puissants trusts et des aides gouvernementales, possède plus d’Ipads, d’ordinateurs et de moyens en général que l’unité française, financée par une association de Français en Nouvelle Zélande et avec parcimonie par le gouvernement. Au niveau administratif, chaque ropu (unité) peut organiser ses propres levées de fonds indépendamment des autres, choisir ses professeurs en interne (comme les Maoris) ou se les voir attribuer par la hiérarchie (comme les Kiwis). Les classes bilingues peuvent être des classes avec des enseignements différents, comme les Polynésiens qui accordent une grande importance à l’enseignement du chant, de la danse et de la musique, ou bien des classes kiwies simplement effectuées dans une autre langue, comme au sein de l’Archipel. En ce qui concerne l’Archipel, l’unité française de l’école, elle a fêté ses 20 ans quelques mois après la fin de mon stage en décembre. Sa création a été un vrai miracle, dans un contexte politique, à l’époque, extrêmement défavorable envers les Français en raison des essais nucléaires qui avait repris dans le Pacifique et du Rainbow Warrior, navire de Greenpeace kiwi coulé dix ans plus tôt par les services secrets français. Au départ constituée d’une seule classe allant des Year 1 (équivalent de la dernière section de maternelle) à 6 (équivalent du CM2), l’unité française a triplé son nombre d’élèves, et trois classes ont été constituées : la ruma 9, classe des petits, regroupant les Y 1 et 2 et dont les classes sont quasiment toutes enseignées en français, la ruma 12, classe des moyens (year 3) et la classe dans laquelle j’ai effectué mon stage, la ruma 13, classe des grands ( year 4 5- 6). L’Archipel, à mon arrivée, était dirigé par Vesna Nikolic, francophone d’origine serbe qui enseignait chez les moyens, et employait deux autres professeures, Alex et Axelle, ma maître de stage, ainsi qu’une « aide de vie de classe », Carole Couture-Brieu, responsable notamment de l’accueil des stagiaires. Hormis ces quatres employées, l’Archipel faisait également venir des substitute teachers anglophones en cas d’absence et dans la classe de Vesna lors des semaines en anglais, car elle n’avait pas le diplôme lui permettant d’enseigner en anglais. Les avantages d’être stagiaire à Richmond Road, professionnellement, ont été l’acquisition de 6 nombreuses compétences que je développe plus bas dans ce rapport. Personnellement, l’avantage principal a été d’avoir une « famille » pendant mes premiers mois ici : les enfants me considéraient globalement comme une sorte de grande sœur, étant trop jeune pour être « la Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 maîtresse ». J’avais droit à des démonstrations d’affection tous les jours, allant du câlin au dessin en passant par les cadeaux de parents, démonstrations bienvenues quand on est éloignée de sa famille par 18 000 kilomètres. Axelle m’avait, qui plus est, donné le rôle du « gentil flic » avec les enfants difficiles : en tant qu’enseignante elle se devait de les sanctionner, mais en tant que stagiaire je pouvais être l’adulte de confiance. J’ai pu découvrir, de cette manière, les raisons des problèmes de nombreux enfants : l’une assistait à des violences conjugales tous les jours chez elle, un autre était délaissé par ses parents… L’inconvénient correspondant à cette implication personnelle a été, comme on peut le deviner, de faire face à des situations que vivaient les enfants parfois très difficiles et d’être impuissante. Au niveau professionnel, je n’approuvais pas toujours la manière d’enseigner de ma maître de stage mais, n’étant pas vouée à l’enseignement plus tard, je me sentais assez mal placée pour la critiquer. Enfin, au niveau du fonctionnement de l’Archipel en général, il existait de grosses tensions au sein du corps enseignant auxquelles il était parfois difficile d’échapper. En tant que stagiaire, il m’est arrivé d’être prise à parti, ce qui n’est jamais agréable. Le dernier inconvénient, le principal, est l’absence de rémunération, décourageante face à la masse de travail fourni. b. Richmond Road School : des missions variées A Richmond Road, j’étais officiellement Teacher aid dans la classe des “grands”, regroupant les Year 4,5 et 6 de la section française de l’Archipel, des enfants allant de 8 à 11 ans, jusqu’à leur entrée à l’intermediate school, équivalent kiwi de notre collège. Mon travail consistait à aider l’enseignante à préparer ses cours, à corriger les devoirs, les dictées et les contrôles, à gérer les groupes de niveaux et à animer différents ateliers et jeux. Les groupes de niveaux, selon le système néozélandais, étaient différents selon les matières. En mathématiques, il y avait trois groupes, les Euclides, les Pythagores et les Mobius. Les Mobius étaient les plus faibles, les Euclides les meilleurs, bien que l’on préfère le terme de « en acquisition » pour les premiers et « avancés » pour les seconds. En lecture et en écriture, 7 il y avait aussi différents groupes de niveaux, sans distinction d’âge. Un enfant en year 6, niveau CM2, pouvait ainsi être chez les Mobius, et vice versa, un year 4 pouvait aller chez les Euclide, cas plus rare. L’avantage de ce système était de coller au plus près aux difficultés des Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 enfants et ne pas les intégrer dans une compétition par rapport aux autres : l’inconvénient était les grandes disparités, à la fin de leur scolarité en primaire, de leurs différents niveaux. La correction des devoirs se faisait rapidement, puisque les enfants en avaient généralement peu et – surtout – qu’ils étaient facultatifs. Là encore, une caractéristique kiwie visant à améliorer le bien être de l’enfant : les parents français, souvent, se plaignaient du manque de devoirs de leurs enfants. L’organisation de jeux et d’ateliers était l’une des tâches les plus amusantes : les enfants étant très dynamiques et enthousiastes, c’était un plaisir de les envoyer faire un relais ou de leur apprendre des danses comme le Logobitombo ou le Kuduro, danses typiquement européennes qui n’avaient pas encore touché la Nouvelle Zélande. Plusieurs fois, je me suis demandée ce que penserait Moussier Tombola, le chanteur du Logobitombo, en voyant que des petits Maoris de l’autre bout de la planète dansaient sur sa musique. J’aimais nettement moins les tâches administratives dont j’étais responsable : photocopies, scans, classements, rangements…Heureusement elles sont restées rares (pour une stagiaire) et je pouvais préparer des cours, chose qui m’intéressait plus. J’ai ainsi fait un petit cours de politique française aux enfants, Sciences Po oblige, à l’occasion de la visite à l’école du député des français de l’Outre Mer Thierry Mariani. Je devais en outre m’occuper d’un enfant autiste de huit ans et veiller à son intégration dans la classe en le suivant dans ses exercices. Cela m’a beaucoup appris sur le handicap et sa gestion dans un cadre scolaire : il y avait ainsi un protocole à mettre en œuvre pour l’aider à se re-concentrer. Par exemple : comme tous les enfants autistes, il était terrorisé par le bruit, et la cloche de l’école étant assez bruyante, il avait tendance à se recroqueviller plusieurs minutes avant la sonnerie et à se couvrir les oreilles. Pour le calmer, il fallait le sortir à l’extérieur en posant mes mains sur les siennes, sur ses oreilles, jusqu’à ce qu’il se détende. c.Richmond Road School : du spectacle aux cours du soir A Richmond Road, outre la mise en application de mes différentes missions, j’ai enseigné aux 8 enfants de nombreuses danses et chants. Avec une professeure kiwi-irakienne, j’ai organisé un spectacle intitulé « Richmond’s Got Talent », dans lequel des enfants des quatre ailes de l’école pouvaient faire un numéro de leur invention. Le spectacle, réalisé sans aucun budget et Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 totalement gratuit d’entrée, a été un vrai succès et a vu plus de 350 spectateurs de toutes origines réunies dans le hall de l’école. En outre, l’un de ses objectifs étant de réunir des enfants de différentes unités pour les numéros a également été atteint. Nous y tenions vraiment à cœur, afin que les enfants puissent mettre des talents très différents en commun. Je me suis beaucoup investie dans ce spectacle et cela a été un vrai combat, sachant que nous étions seules à gérer les quelques 60 enfants qui faisaient leurs numéros, et étions à ce titre responsables d’eux. Il a fallu entraîner les plus petits et savoir faire preuve de diplomatie avec les plus grands, dont certains à l’ego quelque peu surdimensionné rejouaient la séparation des Beatles chaque semaine dans leur groupe. Le reste du corps enseignant n’a pas été d’un grand soutien et parfois, cela a donné lieu à des scènes de grande frustration de ma part. Ainsi, une fois, une professeur a refusé de prêter son micro à un duo de petits Samoans extrêmement talentueux sous prétexte qu’ils étaient « des enfants » et allaient « le casser ». Heureusement, certains parents nous ont beaucoup aidés, les parents du petit garçon difficile dont je m’occupais durant les récréations acceptant de mener la cérémonie, d’autres ont proposé de faire les maquillages, d’autres de prêter des costumes. Le lendemain du spectacle, le principal m’a ainsi offert des chocolats, un bouquet de fleurs et une lettre me disant que c’était la meilleure production scolaire à laquelle il ait assisté depuis son entrée en fonction. En plus des heures de classe, j’ai organisé des cours de théâtre et d’histoire après l’école. Le théâtre a toujours été une grande passion que je souhaitais partager avec les enfants. Je leur ai fait découvrir des pièces modernes et d’autres plus classiques tel que Roméo et Juliette, et cela leur permettait d’améliorer leur français tout en s’amusant lors d’exercices d’improvisation théâtrale. Le cours d’histoire répondait, selon moi, à un véritable besoin : les enfants des classes françaises n’apprenaient pas l’histoire en classe et cela m’a choquée. L’histoire de France étant riche d’anecdotes et ma matière préférée de mes années de primaire, j’ai décidé de l’enseigner. Mon grand regret est que ce soit maintenu en tant que « cours du soir » et pas rajouté au programme, en raison de la spécificité de l’Archipel. L’histoire n’est pas considérée 9 comme une matière fondamentale en Nouvelle Zélande, et, à ce titre, n’est pas enseignée. Au sein de l’école, j’ai également organisé la French Week, ou tous les enfants ont assisté, en proposant de remplacer le thème vu et revu de la nourriture par celui du cinéma. Le Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 programme allait du déguisement en George Méliès, aux créations de Camera oscura pour les enfants, en passant par la confection d’une Palme d’Or pour la classe la mieux déguisée à l’occasion de la dernière journée. J’ai pour la première fois parlé « à toute l’école » en faisant une présentation sur le festival de Cannes : les enfants ont beaucoup comparé la Palme d’Or avec la Silver Fern, symbole de la Nouvelle Zélande ! B. TOMeTTe NZ a. Histoire et description TOMeTTe tire son nom original des prénoms des deux fondateurs, Thomas et Etienne, qui se sont associés pour fonder la première startup de plats français « prêts-à-manger » de Nouvelle-Zélande. La gamme initiale comportait des crêpes et des plats traditionnels allant du coq au vin au saumon à l’aneth, pour un prix de vente tournant autour de 15 dollars. Fondée en 2012, et ce malgré une séparation des deux fondateurs qui laissa Thomas seule aux commandes, l’entreprise a débuté comme un succès entreprenarial. Incubée au sein de l’IceHouse Incubator, le plus grand de Nouvelle Zélande et l’un des mieux côtés de la planète, TOMeTTe remporte plusieurs prix et élargit sa gamme avec des soupes françaises, vendue 7,50 dollars l’unité et servant deux personnes. La consécration arrive en 2013 quand les plats TOMeTTe remportent les très prestigieux NZ food awards avec le titre de Supreme Winner. A mon arrivée en février 2015, la situation de TOMeTTe, bien que toujours bonne, est moins rose : les plats se vendent mal du fait d’un prix beaucoup trop élevé dans un pays ou la boîte de sushis est à dix dollars, et de leur cible, trop restreinte (les célibataires aisés et sans enfants, le plat ne servant qu’une seule personne). La production de TOMeTTe au FoodBowl, usine de nourriture, avait été arrêté en raison du coût astronomique de la journée de location, et avait été déplacée dans la cuisine du Quay West Hotel, en centre ville. Par conséquent, il était possible de produire bien moins de plats, l’équipement n’étant pas correspondant, et en beaucoup plus de temps. Le saumon, l’un des plats les plus populaires de l’entreprise, avait ainsi été arrêté avant mon arrivée faute d’équipement correspondant dans la cuisine de l’hôtel. 10 Cependant, l’entreprise était en pleine levée de fond pour démarrer un nouveau projet : arrêter les plats et lancer une boîte de nourriture à livrer aux particuliers. Avec 300 000 dollars d’investissement, le projet est prévu pour juin 2015. Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 TOMeTTe était donc en plein tournant professionnel à mon arrivée, ce qui créait une atmosphère professionnelle, bien que pleine d’incertitudes, très dynamique et motivante. Thomas était le seul employé permanent (bien qu’en réalité, comme beaucoup de patrons de startups, il ne se payait pas) à mon arrivée. Son épouse, Jenifer, aidait l’entreprise de façon informelle, en participant de temps à autre au x réunions d’équipe ou en nous aidant en cuisine. L’entreprise bénéficiait en outre de l’appui de mentors et d’investisseurs. TOMeTTe fonctionnait, à l’époque, essentiellement sur le turn over de stagiaires restant de six mois à douze en moyenne, venus des meilleures écoles de commerce françaises (en particulier HEC, l’ESSEC et l’ESCP). Ce système permet d’économiser en payant les stagiaires le minimum vital (1000 dollars par mois) au lieu d’employer des locaux ou des personnes plus qualifiées, le salaire minimum néozélandais s’élevant à 2280 dollars par mois. Cette technique était critiquable d’un point de vue pratique, car les responsables communication, marketing et production changeant tous les 6 mois, difficile d’établir un lien durable avec les fournisseurs et les clients. Elle l’était, pour des raisons évidentes, d’un point de vue moral, s’apparentant à de l’exploitation de stagiaires, quand bien même ceux-ci étaient rémunérés. La décision a été donc prise d’embaucher un production manager et un marketing manager de façon durable, une fois les investissements obtenus, qui sont entrés en poste début Mai. Les avantages de travailler chez TOMeTTe étaient nombreux. Les missions étaient diverses, allant de la production à la gestion de projet, dont je parle plus tard dans ce rapport. Les horaires étaient assez flexibles, on pouvait demander à Thomas de partir plus tôt si l’on voulait, par exemple, partir en weekend. Parfois il était possible de travailler de chez soi étant donné que l’entreprise n’avait pas encore ses propres bureaux. Lorsqu’il fallait faire des réunions d’équipe, le « bureau » officiel était la maison de Thomas. L’ambiance était donc assez détendue et familiale. J’avais libre cours à ma créativité et je pouvais proposer toutes mes idées et trouver une oreille attentive. Le fait d’avoir seulement 19 ans ne posait aucun problème chez TOMeTTe et je pouvais avoir de grandes responsabilités en dépit de ma jeunesse et de mon expérience professionnelle assez maigre, bien que réelle. Être payée 11 « honnêtement », assez pour vivre, avec les transports et le téléphone remboursés par l’entreprise, était motivant et encourageait à faire confiance au maître de stage, surtout quand on voyait que lui-même ne se payait pas. Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 Au niveau des inconvénients, une mauvaise entente entre l’une des stagiaires et le CEO rendait les réunions d’équipes assez tendues. La pénibilité physique de certaines tâches, comme la vente directe, n’était pas toujours très comprise par ce dernier, et l’organisation n’étant pas parfaite, comme dans toute startup, passer des heures à rédiger un formulaire qui existait, en réalité, déjà, était extrêmement frustrant. De manière générale, on avait parfois l’impression que le CEO était très bon pour déléguer, mais beaucoup moins pour exécuter, ce qu’il admettait lui-même. Cela créait des tensions professionnelles, car dans une startup, on s’attend à ce que le CEO mette la main à la pâte et fasse aussi les tâches ingrates. b. La polyvalence au cœur de mes missions A mon arrivée chez ToMeTTe, j’ai du me charger de la production de nos plats. Cela consistait à cuisiner les plats que nous allions vendre ensuite aux différents supermarchés. Une tâche assez fatigante, dans la mesure où elle impliquait de cuisiner l’équivalent de 150 plats dans un temps limité, de porter des casseroles brûlantes de près de 5 kilos de nourriture, de peser constamment chaque ingrédient à rajouter et d’entrecouper le tout de régulières corvées de vaisselle, le tout en devant constamment respecter des règles d’hygiène très précises. Il fallait ainsi mesurer la température des plats pendant la cuisson ( minimum 90 degrés), après leur séjour au blastchiller qui les refroidissait ( maximum 10 degrés) et les packer et les mettre dans des cartons le plus rapidement possible avant de les remettre au réfrigérateur, afin qu’ils passent, en tout, moins d’une heure à température ambiante, pour respecter la chaîne du froid. Les plats n’étant pas congelés, cela rendait l’enjeu de leur conservation et de l’hygiène d’autant plus crucial. Il fallait bien sûr se laver les mains extrêmement régulièrement et porter une charlotte, un tablier, des bottes de protection et des gants en latex dès qu’on était en contact avec de la viande, à jeter immédiatement après. A la fin de la journée, il fallait passer toute la cuisine au kärcher. Je faisais également de la vente directe avec les invendus auprès d’entreprises ou de magasins de proximité : dans des boîtes réfrigérées, il fallait faire les rues d’Auckland et les proposer à ces clients potentiels. Cela nous permettait, en court-circuitant le circuit habituel de vente, de 12 vendre les plats pour un prix bien plus attractif (vingt dollars les deux). Ce système s’avérant plus efficace que la vente en magasin, la question de remplacer cette dernière uniquement par de la vente directe a été évoquée, avant d’être abandonnée. La vente était en effet Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 physiquement éreintante, du fait de devoir porter une charge lourde, à bout de bras, sur une courte distance, et le ratio coûts (temps passé, fatigue physique, démarchage) – avantages (vente plus importante) n’était pas bon. Ces ventes sont restées ponctuelles : elles permettaient, néanmoins, de faire rentrer de l’argent non taxé dans les caisses de l’entreprise et de nous faire connaître dans de nombreux quartiers d’Auckland. Une des missions les plus agréables, lorsque le projet de boîte de nourriture a été lancé, a été de tester les produits : les déjeuners de travail étaient de vrais repas « de chef », et cela permettait de cuisiner et goûter des produits « rares» en Nouvelle-Zélande aux frais de l’entreprise, notamment du fromage français ou du pain qui ne soit pas du pain de mie. Enfin, j’ai été community manager et chargée de gérer le marketing autour du futur nouveau produit de l’entreprise, un système de livraison de nourriture. En tant que rédactrice de contenu pour le nouveau site internet, j’ai également dû rechercher des copywriters professionnels afin de relire, corriger et harmoniser le contenu. Cette recherche était difficile, car nous devions trouver quelqu’un dont les tarifs entraient dans notre budget (assez maigre) sans pour autant mettre de côté la qualité, que nous estimions indispensable. c. Mes réalisations chez ToMeTTe : de la campagne marketing à l’écriture de contenu J’ai vite décidé de prendre des initiatives au sein de TOMeTTe, cette attitude étant valorisée à la fois par Thomas et par les autres stagiaires. Ma connaissance, déjà acquise au sein de l’école, de la culture néozélandaise et de la ville d’Auckland, m’a permis de trouver les meilleurs quartiers ou effectuer la vente directe, d’évoquer de nouvelles idées d’investisseurs, notamment parmi les parents les plus aisés de l’école, et enfin d’éclairer d’un point de vue local le manque de fonctionnement des plats : culture kiwi du take away et des fast foods, niche ciblée trop petite, etc… Au niveau marketing en particulier, j’ai conçu et je vais lancer une campagne digitale intitulée #whatsinthebox, pour préparer le lancement de notre nouveau concept. La campagne est simple : des photos présentant un couple dans différentes situations, mais toujours avec 13 une boîte cadeau mystérieuse quelque part dans le décor. Le but était de créer un teasing autour du produit et de terminer la campagne par une dernière photo intitulée #openthebox. Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 Une autre campagne que je prévois de lancer, en direct marketing, s’intitule « Tag the Trolley ». Elle consiste à parcourir le quartier ou nous lançons nos boîtes de nourriture avec un trolley recouvert de papier blanc et à proposer aux gens de le taguer ou de dessiner dessus : les dessins seront publiés sur Facebook et le gagnant recevra une boîte gratuite. Cela permet d’aller à la rencontre de nos futurs clients et de faire jouer leur créativité tout en limitant les coûts. J’ai également décidé de reprendre les pages Facebook et Twitter de TOMeTTe, laissées un peu à l’abandon et n’ayant pas de gestion réelle. J’ai conçu 4 catégories de posts : Tips (des astuces de cuisines), Taste ( des idées de recette facile), Tale (des anecdotes sur les plats) et Test (des photos de nos développements de produits). Je postais régulièrement, afin de relancer l’intérêt. Niveau ressources humaines, j’ai pu proposer mes contacts sur Auckland lorsqu’il fallait embaucher des « petites mains » supplémentaires en cuisine. C’était une grande responsabilité, car je devais faire venir des gens que j’estimais compétents et que, si leur productivité laissait à désirer, j’aurais pu être jugée derrière. Heureusement, mes choix ont été plutôt bons : j’ai embauché ainsi des couchsurfers, mon colocataire et un sciencepiste sur Auckland, qui s’est avéré extrêmement bon en cuisine, particulièrement dans la découpe de l’agneau. Enfin, j’ai rédigé des articles et du contenu, entièrement en anglais, pour le site internet de notre nouveau concept. A l’heure où j’écris ce rapport, j’ai imaginé une centaine de titres différents pour les prochains mois et rédigé déjà 6 articles pour le démarrage du site. La difficulté principale de l’écriture de contenu était d’associer clarté du message diffusé et concision, et de nombreuses heures ont été passées à réfléchir, en équipe, à des « mots clés » qui permettaient d’accrocher l’œil du visiteur du site et de l’inviter à acheter nos produits par la suite. Chacun de mes textes était soumis à la relecture et aux modifications de Thomas, ainsi que Darren et Chris, deux de ses investisseurs associés en charge de l’aspect « technique » du website. 14 C. Compétences et connaissances acquises Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 Ces stages m’ont permis de découvrir comment fonctionnaient les systèmes éducatifs et entrepreneuriaux d’une île au bout du monde. J’ai découvert le secteur de l’éducation en arrivant en Nouvelle Zélande. Je n’avais jamais, outre ma propre expérience en tant qu’élève, côtoyé les métiers de l’enseignement au cours de ma vie. L’éducation néozélandaise est extrêmement différente de l’éducation française. L’une de ses premières caractéristiques est l’accent mis sur les matières artistiques et sportives, au détriment de l’académisme si cher à la France. Chaque semaine, les enfants pratiquent un cours de sport, une « sport rotation » ou ils jouent au foot, au cricket ou au soft ball dans des équipes mixées avec les autres unités. La « art rotation » a le même principe, concernant le domaine des arts. Même dans les cours académiques, comme les mathématiques ou la lecture, les supports ludiques sont bien plus utilisés qu’en France : Ipads pour apprendre les soustractions, dessins pour étudier l’orthographe d’un mot…Une autre différence est la prise en compte constante du bien être de l’enfant, un point qui a ses défauts : on arrive vite à une espèce de culture de l’ « enfant-roi » qui crée des élèves parfois bien arrogants et irrespectueux pour leur âge. Le système éducatif néozélandais crée des enfants dynamiques, très vifs, et hyperactifs comparés aux petits français. En revanche, leurs connaissances en orthographe, mathématiques, histoire et sciences sont très maigres comparées aux standards hexagonaux et même européens en général. Certains enfants, à dix ans, ne connaissent toujours pas leurs tables de multiplications. L’orthographe des jeunes et des enfants en général est souvent catastrophique, car lors des premières années elle n’est pas corrigée afin d’encourager les enfants à écrire. Le secteur entrepreneurial est porteur en Nouvelle-Zélande : même en travaillant à Richmond Road, je pouvais voir à quel point les enfants avaient déjà l’esprit « business ». Le voisin de l’un d’entre eux lui avait offert des oranges, et il lui en restait beaucoup : quand j’ai demandé au petit ce qu’il allait faire de toutes ses oranges, il m’a dit le plus naturellement du monde qu’il allait les vendre et créer un magasin d’oranges ou il les vendrait 10 centimes de moins qu’au supermarché. Lors de la saison des feijoas (petits fruits locaux, croisement entre les 15 kiwis et les citrons) les stands de rue ou l’on pouvait en acheter pour un ou deux dollars étaient tenus par des enfants, sans que cela ne choque personne, prompts à négocier les prix et à alpaguer le client à coup de « Best feijoas in the whole world! ». Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 J’ai découvert, en me rendant au lancement du Lighning Lab, concours d’entreprenariat, à quel point le pays tout entier se tournait vers ce secteur pour assurer sa croissance. L’île ayant le plein emploi et étant éloigné du plus proche pays par 3h d’avion, cela permet de développer un certain protectionnisme qui permet le développement de ces entreprises, avant qu’elles attaquent l’Australie et le marché international. La confiance accordées par les néozélandais à leurs startups permet à ses dernières de se développer bien plus facilement et plus rapidement qu’en Europe : qui plus est, la petitesse et l’isolement du pays facilite la prise du contact avec des mentors et des investisseurs locaux et puissants. Ainsi, de nombreux géants de l’hémisphère Sud sont d’origine kiwies, telle Fonterra ou Spark, respectivement Danone local et opérateur de téléphonie mobile. Outre cette connaissance de deux secteurs professionnels qui m’étaient, au début, en partie ou totalement inconnus, j’ai acquis des compétences pratiques en management, en cuisine, et en enseignement. A Richmond Road, j’ai ainsi appris à faire une feuille de cours. Il faut différencier, et de beaucoup, ce genre de feuilles de celles françaises. A la catégorie « beaucoup de texte, peu d’image » française, s’oppose l’inverse kiwie. Il faut rajouter des jeux, donner un aspect ludique à tout ce que l’on enseigne. L’enfant doit aimer ce qu’il apprend. Il faut également faire appel à sa capacité créatrice, par exemple, en maths, les exercices de « reliage de points » ou de coloriages étaient légion. J’ai également appris à faire des présentations simples mais concises pour les enfants sur Powerpoint, en agrémentant les images de peu de mots et en utilisant beaucoup le langage du corps. Appeler les enfants à participer appuyait bien les propos et est une base de l’enseignement kiwi. J’ai, enfin, appris à enseigner la danse et le sport en ne sous-estimant pas l’importance de l’échauffement et, toujours, de l’aspect ludique : si les enfants doivent faire des tours de stades, il est fortement conseillé de les encourager à voix haute en imitant un commentateur sportif ou en promettant une récompense à la fin. Chez ToMeTTe, j’ai appris sur le terrain comment gérer une petite équipe en cuisine. Il fallait 16 être disponible quand les commis avaient besoin d’aide, vérifier avec eux la température et le goût des plats, la température des blastchillers. L’équipe, très performante, n’avait pas besoin d’encouragement à accélérer la cadence, mais parfois de motivation face à la longueur des Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 journées, presque sans pause. Mes compétences en cuisine sont passées d’assez médiocres à plutôt bonnes, et l’agneau à la provençale, le poulet basquaise ou encore le bœuf bourguignon n’ont désormais plus de secrets pour moi ! J’ai également appris à utiliser de nombreux outils informatiques de gestion de projets, comme Google Sheets ou Trello. J’ai découvert la signification et l’utilisation de nombreux anglicismes liés au milieu des startups, comme sprint meeting, guerilla marketing…J’ai appris à m’exprimer un peu mieux, à l’écrit comme à l’oral, en anglais, et à être prudente au niveau de mes choix de mots. Perdre la familiarité acquise tout naturellement à l’école a été notamment assez difficile à mon arrivée chez ToMeTTe. Je pense que mon comportement a également évolué grâce à ces deux stages. A l’école, j’ai appris la patience, qualité indispensable quand il faut gérer 26 enfants surexcités ou préparer un spectacle. J’ai également appris à m’adapter très rapidement à toutes sortes de situations imprévues : que faire, par exemple, lorsque la maîtresse est absente et que, son remplaçant n’arrivant pas, les vingt six enfants de la classe se mettent à hurler « PAULINE IS THE TEACHER ! » en sautant sur place et en tapant des poings sur la table ( cette anecdote est véridique, et pour répondre : je les ai envoyé faire trois tour de cour de récréation pour se calmer). Chez TOMeTTe, j’ai véritablement appris à faire preuve d’indépendance et d’esprit d’initiative dans mon travail, ce qui était extrêmement stimulant. Mes deux stages m’ont également appris à tempérer mon enthousiasme parfois débordant pour agir de façon plus réfléchie et prendre du recul. Ce détachement était parfois très difficile à avoir, surtout à l’école : le jour où j’ai appris qu’un enfant de ma classe était victime de maltraitance, il a été extrêmement dur de ne pas « faire justice moi-même » comme je l’aurais souhaité, et de déléguer la tâche à des services sociaux dont la lenteur n’a rien à envier à celle de la France. III. 17 Les différences culturelles à 18 000km de différence A. Ma propre expérience Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 Travailler à Richmond Road m’a permis de découvrir, quasiment dès mon premier jour, le mélange culturel entre Maoris, Kiwis blancs et Polynésiens. Le lendemain de mon arrivée en Nouvelle-Zélande, j’ai en effet été accueillie, comme tout nouvel arrivant à l’école, par le grand powhiri traditionnel : une cérémonie de bienvenue au cours de laquelle la doyenne chante le chant d’accueil en maori, le directeur fait un discours de bienvenue et les enfants chantent et dansent en l’honneur des nouveaux venus. Chaque nouvel arrivant reçoit ensuite le hongi : salutation maorie au cours de laquelle les deux personnes se placent nez contre nez et front contre front pour partager le souffle de vie. Outre cet accueil impressionnant, j’ai pu découvrir de nombreuses différences entre les français, les kiwis blancs et les polynésiens au sein de l’école. Au niveau des enfants, d’abord : les petits kiwis étaient généralement les plus aisés, l’école se situant dans l’un des quartiers les plus riches d’Auckland, alors que les petits Maoris et Samoans étaient les plus pauvres et les Français entre deux. Cependant, l’aile Maorie de l’école avait beaucoup plus de subventions que l’aile française, ce qui générait des tensions entre les enfants. Les maoris et les français se traitaient mutuellement de french fries et de kumara fries (variété de patate douce néozélandaise), ce que je trouvais assez drôle mais qu’ils prenaient vraiment comme des insultes. De façon générale, les Maoris se révélaient être les plus tatillons au niveau du respect des traditions et des convenances. Les professeurs maoris sont entrés en rébellion ouverte contre le nouveau principal de l’école, car ce dernier a renvoyé un enseignant maori et l’a remplacé sans qu’ils aient leur mot à dire dans le choix du nouvel enseignant : les Maoris l’ont vécu comme un affront envers leur aile tout entière. Te Whanau Whariki, l’aile Maorie, fonctionnait quasiment en autarcie par rapport aux autres ailes de l’école : les petits maoris apprenaient ainsi que les professeurs étaient équivalents à des membres de leur famille et qu’ils devaient les respecter et les aimer comme tels. Les petits français et kiwis n’avaient pas cette proximité avec leurs enseignants et l’école en général. J’ai découvert que les Pakehas (les néozélandais Blancs) étaient, bien que très polis et 18 amicaux, difficiles à approcher et très policés. A l’école, il était ainsi interdit d’écrire sur les bulletins scolaires quoi que ce soit de négatif à propos de l’enfant, car cela était jugé mauvais pour son bien-être. Les romances de cour de récré étaient également très mal vues et n’avaient Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 lieu que dans les classes françaises, d’où leur réputation de French lovers. J’ai déclenché, sans le vouloir, un scandale, en osant proposer des slows pour la disco party de l’école : en Nouvelle Zélande, les garçons restent loin des filles. B. La vie politique et socio-culturelle en Nouvelle Zélande : un laboratoire social réussi ? La Nouvelle-Zélande est une exception mondiale pour son traitement de la culture des « natifs », les Maoris. Ces derniers ont une visibilité dans l’espace culturel, politique et public incomparables avec d’autres civilisations pré-européennes, comme les Aborigènes d’Australie par exemple. Le Te Reo Maori, leur langue, est enseignée dans toutes les écoles, privées et publiques, de même que l’hymne national, mi-anglais, mi-maori. Les Maoris ont leur propre parti, leur propre chaîne de télévision, leur radio. Ils sont à la tête de nombreux trusts très puissants, généralement des exploitations agricoles s’étendant sur des centaines d’hectares, et bénéficient d’une aide du gouvernement pour leur développement. Cependant, les Maoris restent les populations les plus défavorisées de Nouvelle-Zélande et doivent faire face aux fléaux des guerres de gang, descendantes des guerres tribales, et de l’alcool et de la weed, étant de grands consommateurs de ces deux dernières substances. Dans leur ensemble, les Néozélandais détiennent le triste record de l’un des taux de suicide les plus élevés de la planète, véritable tabou que les pouvoirs publics ne peuvent ou ne veulent endiguer, par peur de parler de ce sujet très sensible. Parmi les explications avancées à ce problème, l’alcoolisme, bien sûr, mais aussi et surtout la solitude, la dépression et l’inhibition des sentiments prônée par la société kiwie. Comme je l’ai dit précédemment, l’éloignement entre les garçons et les filles est encouragé dès l’école primaire, et ne s’arrange pas lorsqu’à l’intermediate et en high school, où les écoles sont généralement non mixtes. A l’université, on rencontre ainsi des jeunes gens extrêmement maladroits dans le domaine de la séduction. Pour pallier à ce manque d’expérience avec le sexe opposé, la solution est, hélas, l’alcool, ou plutôt l’abus d’alcool. Côté binge drinking, les kiwis n’ont rien à envier à leurs cousins 19 anglais et, alors que la législation est très stricte (impossible de rentrer dans un bar, même pour un café, sans devoir présenter son passeport) l’alcool fait des ravages bien plus Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 conséquent qu’en France, et ceux, chez toutes les catégories sociales et toutes les classes d’âge. Cependant la Nouvelle Zélande reste un modèle social pour de nombreuses autres raisons ! Le traitement des cultures indigènes déjà mentionné plus haut en est une, et de manière générale, la NZ est très fière de son avance mondiale au niveau des lois sociales. Le pays se targue d’avoir été le premier de la planète a avoir légalisé le vote des femmes en 1893, soit 53 ans à peine après la création de l’Etat néozélandais et un demi-siècle avant la France. C’est également un des premiers états au monde à avoir autorisé le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, et, ayant travaillé dans une école primaire, j’ai été émerveillée de constater à quel point cette loi était rentrée dans les normes. Un enfant avait ainsi deux « dads » sans que personne ne s’en formalise. Le pays, relativement jeune, est en pleine construction de son identité nationale et le patriotisme est très important, à travers la célébration de l’ANZAC Day par exemple ou le culte voué aux All Blacks. Richie Mc Caw, le capitaine, fait l’objet d’une vénération dont même Zinedine Zidane en 1998 aurait été jaloux. De nombreux produits de supermarchés affichent l’étiquette « Proudly made in NZ », et l’hymne national est chanté en anglais et en Maori, une fois toutes les deux semaines, dans toutes les écoles du pays. IV. Mes expériences originales hors-stage A. L’IceHouse Incubator J’ai pu travailler au sein de l’IceHouse pendant mes premiers mois en Nouvelle Zélande, grâce à un contact obtenu par Jacques Henri Eyraut, l’un de mes professeurs de deuxième année. Je faisais partie de l’unité de Développement Maori et je travaillais à peu près trois heures par semaine, non rémunérées. Si mes missions n’étaient pas très exaltantes (tableaux Excel, relectures de documents), j’ai pu découvrir un autre aspect de la culture Maorie et cela a été extrêmement intéressant. Participer 20 à un business meeting avec un Trust maori reste une des meilleures expériences culturelles et professionnelles que j’ai eue en Nouvelle Zélande. J’ai notamment découvert que les Maoris ne distinguaient pas vie professionnelle et familiale : ainsi, cette réunion se fit avec une Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 famille (y compris les enfants et les grands parents) qui nous a préparé à dîner et évoquait aussi bien les questions professionnelles (où investir ?) que personnelles (comment protéger leur famille et assurer l’avenir des enfants ?). Cette expérience m’a aussi permis d’assister au Lighning Lab, déjà évoqué plus haut, et de rencontrer de nombreux entrepreneurs et investisseurs kiwis. Cela a été une véritable carte de visite lors de ma recherche de stage après Richmond Road, toutes les startups que j’ai contacté ayant été incubées ou voulant l’être par l’IceHouse. B. Jeune fille au pair et babysitter : la NZ à l’échelle des petits. J’ai été jeune fille au pair pendant mon premier mois en Nouvelle-Zélande, dans une famille franco-néozélandaise dont les enfants allaient à Richmond Road. Etant donné que c’était mon premier véritable grand voyage, et la première fois que je quittais le domicile familial, vivre dans une famille m’a beaucoup soutenu lors de mon premier mois. Cela m’a également permis de découvrir la vie des expatriés français à l’étranger, et notamment leurs désillusions : ma hostmum française m’a ainsi raconté qu’elle s’était retrouvée mère au foyer ici, un destin qu’elle n’envisageait pas du tout lorsqu’elle vivait encore en France, et qu’elle avait beaucoup de mal à vivre dans un pays aussi petit et ou il y avait si peu de choses à faire comparé à la France. Les enfants m’ont fait découvrir la Nouvelle-Zélande telle qu’ils la voyaient, les endroits qu’ils aimaient, comment ils géraient leur différence en tant que petits bilingues…Ils étaient très attachants et j’ai gardé tout au long de ce séjour un lien très fort avec la famille. Ils m’ont épaulé dans toutes mes démarches, notamment la recherche d’appartement, et ont été une véritable «seconde famille » pendant mon séjour. Je conseille cette expérience à tous les 3A qui aiment les enfants et veulent découvrir le pays avec la vision des locaux, cependant, elle n’est pas toujours compatible avec les horaires d’un stage et peut être très fatigante. Les petits kiwis sont hyperactifs comparés aux enfants français et s’en occuper peut s’avérer épuisant. 21 Pour me financer, j’ai également été babysitter pour des enfants de 2 à 13 ans. Là encore, je conseille cette expérience pour des raisons financières : le quartier de Grey Lynn, où je vivais, est l’un des plus aisés d’Auckland, et le babysitting me rapportait en moyenne 20 dollars de Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 l’heure, soit 6 de plus que le salaire minimum. Babysitter m’a permis de me faire de nombreux contacts qui se sont avérés très utiles par la suite, notamment une maman qui m’a aidé à trouver mon stage chez TOMeTTe. Cela m’a permis d’être en autonomie financière pendant la seconde moitié de ma 3A, ayant trouvé un babysitting régulier m’occupant deux heures par soir. Il y avait, en outre, de nombreux avantages en « nature » : lors des babysittings du soir, le repas était fourni par exemple. C. La vie en collocation et les rencontres Après avoir été au pair, j’ai été en collocation pendant le restant de mon séjour au croisement de deux rues majeures d’Auckland, Karangahape Road et Ponsonby. L’appartement avait un esprit bohème et artiste qui me plut immédiatement, outre sa situation idéale et son loyer très bas et très attractif. Mes premiers colocataires étaient un Français et un Sudafricain. Nous nous entendions tous les trois très bien, malgré des styles de vie assez différents : ils fumaient, moi non, le Français écoutait de la musique tout le temps assez fort, le Sudafricain était étudiant et pas nous… Ce dernier a malheureusement quitté l’appartement suite à une prise de LSD, à notre insu, qui s’est mal déroulée : il a fini à l’hôpital psychiatrique après m’avoir suivi dans les rues d’Auckland et harcelé en disant que j’étais la femme de sa vie. Cette expérience assez traumatisante m’a coupé toute envie de vivre avec des gens qui se droguent à l’avenir. Une collocation franco-française a suivi, avec tour à tour des chefs, des mécanos, des serveuses…Le partage des tâches se faisait très naturellement et n’a jamais causé de soucis. Nous mangions ensemble le soir, nous jouions régulièrement aux cartes, aux échecs, ou regardions des films, ce qui créait une atmosphère très familiale et confortable. Pour casser l’aspect francophone, nous faisions régulièrement venir des couchsurfers de tous les pays, une réussite. Nous avons hébergé des Tchèques, des Allemands, des Argentines, des musiciens de rue, des chefs ou des backpackers…et avons pu à chaque fois partager nos expériences de voyage. A l’heure à laquelle j’écris ces lignes, je suis en collocation avec une Française et un Kiwi. Je conseille à tous les futurs sciencepistes sur Auckland de faire extrêmement attention dans 22 leur choix de collocation, car les agences flairent les touristes et l’arnaque possible. Ainsi, notre agence immobilière a, entre autres, menacé de nous expulser de l’appartement parce que nous étions « trop nombreux », refusé de me mettre sur le bail si je ne payais pas 160 dollars Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 de frais supplémentaires totalement injustifiés (que je n’ai pas payé), et demandé d’espionner à son compte les autres locataires de l’immeuble. Il est très difficile de faire la part du légal et de l’illégal dans l’immobilier en Nouvelle Zélande. Je conseille à tous de ne pas faire les mêmes erreurs que moi et de signer le contrat seulement après l’avoir bien vérifié, de ne pas prendre le premier logement venu, de prendre des photos à son arrivée au moment de récupérer la caution et de bien se renseigner sur les droits des locataires en NZ avant de venir. Ma situation personnelle est enfin légale et régularisée à l’heure ou j’écris, mais cela a été beaucoup de stress et d’inquiétudes qui ont gâché un peu une location qui par ailleurs se passait très bien. D. Les voyages Mes deux stages m’ont beaucoup occupé durant cette année, mais j’ai néanmoins eu le temps de voyager tout autour de la Nouvelle Zélande. J’ai expérimenté pour la première fois l’autostop en solitaire, dans le pays ou il est le plus pratiqué au monde : une réussite. J’ai voyagé ainsi d’Auckland à Wellington (l’équivalent de Lille-Marseille) entièrement en stop et cela a été une très bonne expérience : j’ai notamment rencontré un français expatrié, une mère de famille Maorie et un kiwi dont le cousin travaillait pour Peter Jackson. Outre le stop, j’ai bien évidemment pris la voiture de nombreuses fois, l’avion, et, expérience incroyable, le ferry pour me rendre dans l’île du Sud. Bien que cher comparé à l’avion, ce dernier vous fait arriver dans un superbe fjord désertique, entourée par les orques qui nagent autour du bateau et sous un ciel bleu pur dû au micro-climat du nord de l’île du Sud. C’est un moment suffisamment magique pour débourser un peu d’argent. La beauté sauvage de ce pays, jalousement préservée par le Département de Conservation, est un de ses atouts majeurs. Parmi mes plus belles découvertes au niveau paysages, je citerais la plage de Cathedral Cove, dans l’île du Nord, vue dans la scène d’entrée du second film du Monde de Narnia, le Milford Sound, fjord de l’île du Sud, et la randonnée d’une journée du Tongariro Alpine Crossing ou ont été tournées les scènes du Mordor dans le Seigneur des 23 Anneaux. Les villes néozélandaises ne sont pas réputées pour leur architecture, cependant certaines d’elles valent vraiment le détour. Wellington, la capitale, surnommée Windy Welly, est ainsi Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 une ville très dynamique et agréable même quand il pleut, ce qui arrive assez souvent. Dunedin, dans l’île du Sud, est probablement la plus belle ville de Nouvelle Zélande au niveau architectural, et j’ai adoré sa gare et son université, de très beaux bâtiments datant du XIXème siècle dans un style art déco. J’ai découvert que je pouvais être sportive en expérimentant l’équitation dans la péninsule de Coromandel, le surf des sables sur les dunes géantes de Cape Reinga, la descente en canoë de 4 jours le long de la Whanganui River et enfin la marche, depuis les Pinnacles de Coromandel jusqu’à la marche côtière d’Abel Tasman dans l’île du Sud. Enfin, étant une grande fan du Seigneur des Anneaux, une partie de mes voyages s’est orientée autour de ce film, car la Nouvelle-Zélande y a dédiée une grande partie de son industrie touristique. J’ai ainsi visité Hobbiton, le village des Hobbits, décor majeur des premiers films, ainsi que les studios WETA. Les studios de Peter Jackson, outre les trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit ont travaillé pour des grosses productions comme Avatar, le Monde de Narnia, King Kong, le jeu vidéo DOTA, etc…Ma visite de Wellington a été agrémentée du visionnage du dernier Hobbit dans le cinéma de l’Embassy Theatre, ou les grandes avant premières avaient eu lieu. J’ai également vu le Roxy Theatre de Miramar, conçu comme une maison de Hobbit et flanqué d’une statue grandeur nature du magicien Gandalf, et, à l’aéroport de Wellington, des immenses représentations de Gandalf, toujours lui, chevauchant un aigle géant, de Gollum attrapant des poissons ou encore du terrible dragon Smaug. Toutes ces statues étaient faites afin d’accueillir dignement le touriste dans la capitale qui se considère modestement comme « Middle of Middle Earth ». V. L’heure du bilan. A. Ouverture culturelle et apprentissage linguistique: objectif rempli ! 24 L’apprentissage de l’anglais était l’un de mes principaux objectifs tout au long de la troisième année. Travailler dans des milieux francophones ou semi francophones n’aidait pas, à l’école Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 par exemple. J’ai alors décidé de ne pas tomber dans le piège dans lequel beaucoup de stagiaires français tombaient : rester dans la salle des professeurs et entre stagiaires. A la place, mon travail de surveillante d’un enfant kiwi difficile à la récréation me permettait d’approcher les enfants et les professeurs anglophones. De plus, vivre dans une famille bilingue lors de mon premier mois m’a aidé à faire en douceur la transition entre les deux langues, et, après avoir emménagé avec des anglophones, je me suis sensiblement améliorée. A la fin de mon premier stage, je maîtrisais déjà totalement l’anglais et avais, en plus, découvert le Te Reo Maori. Pendant ces cinq mois, j’avais eu l’occasion de fréquenter beaucoup d’enfants et d’adultes Maoris, et d’apprendre un peu leur langue. Si mes connaissances sont assez basiques (salutations, prière, nombres, formules de politesse), elles m’ont permis d’approcher, dans la suite, les Maoris de façon plus facile que bien des occidentaux. Chez TOMeTTe notamment, ces bases ont parfois été décisives lors de la vente de nos produits à des Maoris. Au niveau culturel, j’avais tout à apprendre d’un pays si éloigné du nôtre. J’ai découvert, tout au long de l’année, les différences des kiwis, blancs ou polynésiens, par rapport aux français. Cela s’est parfois accompagné de gaffes monumentales, comme la fois où, à peine arrivée à l’école, j’ai qualifié le tatouage sur le menton d’une vieille femme de « pas très beau » auprès des profs français. Ce que je prenais pour un symptôme de mauvais goût était en fait un tatouage tribal qui signifiait la grande importance de cette femme, fille de chef et de fait personnalité majeure de la communauté Maorie de l’école. Ma bêtise, ce jour là, m’a fait prendre conscience de l’extrême prudence à adopter lorsque l’on se trouve face à des us et coutumes totalement différents des siens. J’ai ainsi appris que s’asseoir sur une table, marcher dans un endroit « sacré » en chaussures et entrer dans une maison sans invitation était très mal vu par la communauté Maorie. Chez les kiwis blancs, la politesse courtoise est d’usage, et le « hi, how are you ? » obligatoire au départ d’une conversation. Cette politesse extrêmement agréable quand on vient de Paris a son revers : si l’on pense que la personne en face est extrêmement amicale, elle répond juste à une norme sociale et ne cherche pas à engager la 25 discussion plus loin. B. Evolution du projet académique, personnel et professionnel Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 Le choix de master est une étape que j’ai redoutée tout au long de l’année. La diversité des choix possibles permise par la variété des Masters à Sciences Po est en fait un piège, car trop de choix tue le choix. Mes expériences de stage m’ont cependant beaucoup aidé dans ma décision : l’entreprenariat, et le business en général, étaient deux voix qui me convenaient. Forte de cette certitude, j’ai pu me porter candidate au Master Economics and Business sans (trop) d’appréhension. J’ai pu porter un autre regard sur ma scolarité après cette année. Au fil des rencontres, je me suis rendue compte de la chance que j’avais de faire des études, peu chères qui plus est en comparaison de la Nouvelle Zélande, qui me permettaient de partir à l’étranger en étant assurée d’avoir une place « au chaud » l’an prochain, contrairement à beaucoup d’autres « backpackers » vivant dans l’inquiétude de ce qui les attendaient au retour. Au niveau académique comme au niveau professionnel, j’envisage beaucoup plus de me tourner vers l’international après mes deux stages : le master Economics and Business, avec ses cours en anglais et ses 60% d’étudiants internationaux, correspond parfaitement à cette orientation. Grâce à mon expérience chez TOMeTTe, j’envisage de me tourner dans le secteur de la nourriture plus tard, que ce soit dans le cadre d’une startup ou non. Premièrement, j’ai découvert que j’aimais bien la cuisine, et deuxièmement, c’est un secteur qui sera toujours « porteur » - tout le monde a besoin de manger ! – et lorsqu’on est Français à l’étranger, c’est LE secteur vers lequel se tourner car la confiance des locaux est presque assurée. Au niveau personnel, enfin, le fait d’avoir effectué mon premier grand voyage m’a motivé à en effectuer d’autres, et j’admets que l’idée de faire un tour du monde, certes très cliché, après ma scolarité à Sciences Po se profile de plus en plus dans ma tête. VI. 26 Annexes A. Démarches administratives Je n’avais pas de passeport. Cela prend environ un mois, donc il vaut mieux faire les formalités dès le mois d’avril pour partir tranquillement. Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 Le visa Vacances Travail, qui est celui que vous devrez avoir pour partir en stage, coûte 90 euros et est extrêmement facile à obtenir. Il n’y a quasiment aucune démarche à faire à part remplir le formulaire en ligne et attendre de recevoir le visa électronique via mail. Je l’ai obtenu en moins de deux semaines. Pour travailler de façon déclarée en Nouvelle Zélande, il faut un numéro IRD, Inland Revenue Department. Ce numéro vous sera demandé pour tous vos contrats professionnels et parfois pour d’autres formalités administratives, je conseille d’en obtenir un dès votre arrivée. Il faut remplir un formulaire au Post Office, avec une photocopie du passeport et du permis de conduire ou bien un justificatif d’emploi si vous n’avez pas le permis. N’espérez pas passer le permis de conduire en Nouvelle Zélande ! Il faut en effet compter 18 mois pour obtenir la full licence, seule à pouvoir être convertie après en permis français. Arriver en NZ avec son permis est un vrai plus, si ce n’est une nécessité, car les transports en commun sont chers et peu répandus dans le pays. Je vous conseille donc de le passer avant d’arriver, et, une fois sur place, de prendre une bonne journée pour vous habituer à la conduite à gauche. Les touristes se trompant de voie sont malheureusement une des principales causes d’accident en Nouvelle Zélande. B. Gérer son budget en 3A en Nouvelle-Zélande. Un dollar néozélandais vaut environ 0,6 euros, mais le taux variant constamment, difficile de dire si à votre arrivée en Nouvelle Zélande vous aurez plus de pouvoir d’achat avec des euros. C’était mon cas. Le billet d’avion m’a coûté 1700 euros, une fortune, car je m’y suis prise assez tard, ayant eu ma réponse de stage tardivement. Ma sœur qui est venue me voir pour Noël a payé 1200 euros de billet d’avion : comptez entre ces deux sommes pour le vôtre. Au niveau logement, je payais 160 dollars de loyer hebdomadaire pour une chambre à vingt minutes à pieds du centre ville d’Auckland, auxquels il faut rajouter l’électricité, vingt cinq dollars par mois, et Internet, environ vingt dollars par mois et par personne. Ce prix est très bas, aussi attendez vous plutôt 27 à du 200 dollars tout compris la semaine pour vivre en ville. Le loyer se paie par semaine, tout comme le salaire est reversé par semaine dans la plupart des entreprises kiwis, et il faut y ajouter une caution correspondant à 3 semaines de loyer. Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 Les prix de la nourriture ont de quoi scandaliser en ce qui concerne la viande et le poisson, qui abondent pourtant en Nouvelle Zélande : la viande de mouton avoisine dix dollars pour 500 grammes alors qu’il y a 14 moutons par habitants dans le pays ! Je conseille, pour optimiser les coûts, d’acheter ses fruits et légumes au supermarché asiatique, où ils sont très abordables. Pour les autres denrées, type pâtes, riz, sucre…Le supermarché le moins cher est le Pak’n’Save, suivi de près par le Countdown, plus répandu. Un plein de courses par semaine coûtait environ 20 dollars par personne, sachant que nous partagions les frais entre colocataires. Niveau forfait téléphonique, je payais 20 dollars par mois pour un Vodafone avec 1h30 d’appels et SMS illimités. En ce qui concerne les sorties, la nuit en auberge de jeunesse coûte entre 15 dollars en basse saison et le double en haute saison, il n’y a pas de boîtes de nuit mais des bars, à l’entrée gratuite mais à la consommation au prix astronomique. Il faudra constamment prouver que vous avez dix huit ans, dès que vous entrez dans un lieu ou l’on vend de l’alcool. Gardez votre passeport sur vous ! Mais comment se financer ? J’ai eu la chance d’obtenir la bourse Pierre Ledoux, d’un montant de 2000 euros, pour m’aider à financer mon premier stage. Vous devrez, pour l’avoir, avoir un stage non rémunéré et en lien avec le social, et justifier de vos ressources en remplissant un formulaire et en envoyant les fiches d’impôts de vos parents à la bourse. Avant de partir, j’ai travaillé à Sciences Po comme vacataire tout au long de ma deuxième année et suis ainsi partie avec environ 3000 euros d’économies, puis avec la bourse. Cela partant très vite, il m’a été nécessaire de trouver d’autres revenus : j’ai pu vivre grâce aux afterclasses que je proposais à l’école, aux babysittings et, plus tard, au salaire de TOMeTTe, en gagnant à peu près 1400 dollars mensuels. J’ai dû demander de l’aide à mes parents une seule fois, dans la période de creux entre mes deux stages. J’avais également demandé l’aide à la mobilité de Sciences Po, mais celle-ci était non 28 cumulable avec la bourse Pierre Ledoux et d’un montant risible quand on voit le prix que coûte un voyage en Nouvelle Zélande. Si la bourse à la mobilité est une aide, elle ne suffira pas à financer votre 3A, donc prévoyez d’autres sources de revenus. Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 C. Petit dico de Te Reo Cette annexe vous sera forcément utile si vous venez en Nouvelle Zélande, que vous soyez amené à fréquenter des Maoris ou non – elle vous permettra, au moins, de comprendre certains panneaux de signalisation et de briller en société. Voici quelques mots et expressions en Te Reo Maori qui sont très courantes en Nouvelle Zélande et auxquels vous serez forcément confrontés. Kia Ora : Bonjour, ou merci, c’est selon. Kia ora koutou est la version plurielle (quand on salue plusieurs personnes) Ka pai : D’accord Nau mai, Haere mai : Bienvenue. Extrêmement important, chez un peuple qui cultive le sens de l’accueil Aotearoa : Littéralement “Pays du long nuage blanc”. Plus simplement « NouvelleZélande ». Iwi : Tribu Whanau, Whenua, Wairoa : Respectivement “famille”, “terre”, “esprit”. Assemblez cette trinité et vous obtenez Tino Rangatiratonga, la « puissance ». Whaea : Formule de politesse s’adressant à une femme d’au moins une génération de plus que vous, suivie de son prénom. Matua : Idem, pour un homme. Ru ana te whenua ! : Littéralement « la terre tremble ! ». Vers commun à beaucoup de haka, connaître cette expression peut s’avérer très utile dans l’un des pays à l’activité sismique la plus élevée de la planète. On ne sait jamais. Kama te kama te : Connu dans le monde entier, le premier vers du haka des All Blacks 29 signifie, selon le contexte « suis-je mort ? » ou « à mort » ou « ça tue » (quand c’est sur les paquets de cigarettes). Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 Hongi : salutation traditionnelle, front contre front et nez contre nez. A ne pas confondre avec… Hangi : repas traditionnel, cuit sous terre à la vapeur (et délicieux). Kumara : Patate douce. Essayez les frites, c’est un délice. Tapu : Sacré. De nombreux endroits portent la mention « tapu » : cela veut dire qu’il ne faut pas y entrer ou ne pas toucher. Pakeha : Néozélandais blanc Tangata Whenua : nom par lequel se désignent eux-mêmes les Maoris, signifiant « peuple de la terre ». Maori : Connecté. 30 Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 D. Dix mois de photos. Des voyages à la vie de stagiaire, ces photos devraient vous donner un premier aperçu de ce qui vous attend en Nouvelle Zélande. Kia ora ! Le Ngauruohe, volcan du Tongariro Alpine Crossing, rendu célèbre pour son rôle de la Montagne du Destin dans le Seigneur des Anneaux. 31 Jaxin, 11 ans, leader masculin de Te Whanau Whariki, guidant le kapa haka, spectacle de chants et de danses traditionnel, dans le hall de Richmond Road School. Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 L’étonnante « Piscine Champagne » à Rotorua, sur l’île du Nord. L’équipe de ToMeTTe (je suis à droite), en plein travail, à Mission Bay, à l’Ouest d’Auckland. 32 Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 L’époustouflant Milford Sound, sur l’île du Sud. 33 Le célèbre « Cul-de-Sac », demeure du Hobbit Bilbon Sacquet, Hobbiton, Matamata, Ile du Nord. Auckland | Nouvelle Zélande DUCHATELET PAULINE Campus de Paris Année universitaire 2014-2015 E. Intéressé par ces deux stages ? Chers futurs 3A, je ne souhaite à aucun d’entre vous de passer des mois à angoisser dans votre recherche de stage. C’est pourquoi je souhaite vous confier, avec leur accord bien sûr, les adresses e-mail de mes anciens maîtres de stage et les conditions pour être leur stagiaire idéal. Axelle Faur était ma maître de stage à Richmond Road. Son poste n’étant pas maintenu avec certitude pour les prochaines années, je préfère vous confier directement l’adresse email de la responsable de l’Archipel : [email protected] Pour rentrer à Richmond Road, pas besoin de qualifications ou d’expérience particulière dans le milieu de l’éducation : il faut juste aimer les enfants et avoir envie de découvrir la société multiculturelle néozélandaise. Thomas Dietz est mon maître de stage chez TOMeTTe. Pour lui envoyer votre candidature, c’est à [email protected] ou directement à [email protected] . Faites preuve d’originalité et d’humour dans vos CVs et lettre de motivation, et surtout, d’esprit d’initiative ! Il vous faudra un grand amour du milieu de la food et être prêt à vous adapter à toute situation. La sélection des stagiaires est faite avec beaucoup d’attention chez TOMeTTe, vous êtes en concurrence avec des étudiants de HEC, l’ESSEC ou l’école hôtelière de Lausanne, donc il va falloir vous accrocher. Dans les deux cas, dites que vous venez de ma part, et n’hésitez pas à m’envoyer un mail si ces stages vous intéressent ! 34 Auckland | Nouvelle Zélande